(Dix
heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Leclair) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre leurs sonneries de téléphone cellulaire,
s'il vous plaît.
La commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 36, Loi sur la Banque de
développement économique du Québec.
Alors, Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements surlignés en jaune?
La Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Claveau (Dubuc) est remplacé par M. Chapadeau
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue).
Auditions (suite)
Le Président (M.
Leclair) : Merci beaucoup. Alors, bon matin à tous en ce vendredi
matin. Nous allons continuer nos travaux.
Alors, ce matin, nous recevons l'Alliance pour une économie verte, Univalor et
la Chambre de commerce et d'industrie du Québec.
Alors,
sans plus tarder, j'inviterais les représentants de l'Alliance pour une économie
verte à se présenter, à faire leur exposé. Je vous rappelle que vous
avez 10 minutes pour votre exposé. Alors, la parole est à vous.
Switch, l'Alliance pour une
économie verte
M. Couture (Étienne) : Bonjour. Mon nom est Étienne Couture, et je suis
le président du Réseau des ingénieurs du Québec. Je vais inviter ma
collègue, Mme Méthot, à se présenter.
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Andrée-Lise Méthot, fondatrice et associée
principale chez Cycle Capital. Ce matin, on va vous parler au nom de
l'alliance, donc de façon regroupée.
M. Couture
(Étienne) : Alors, l'Alliance pour une économie verte. Alors, M. le
Président, Mmes et MM. les députés, nous tenons à vous remercier, à remercier
la Commission de l'économie et du travail pour leur invitation à prendre part aux consultations sur le projet de
loi n° 36, la Loi sur la Banque de développement économique du
Québec.
D'entrée
de jeu, nous souhaitons saluer le dépôt de ce projet de loi visant la création
de la BDEQ, dont l'objectif vise à rendre plus cohérentes les actions du
gouvernement en matière de soutien aux entreprises.
D'abord, l'Alliance
pour une économie verte souhaite accélérer le virage vers une économie verte
afin de contribuer à une société québécoise
innovante, résiliente, concurrentielle, qui réconcilie équité sociale,
environnement et qualité de vie. L'alliance
travaille donc à l'émergence d'une vision et d'un leadership social, politique
et économique clairs, au
développement d'une plus grande cohérence dans les politiques et les
interventions de l'État et à la convergence des initiatives du secteur public, privé, associatif, coopératif et mutuel
et de la société civile en faveur d'une économie verte.
• (10 h 20) •
L'alliance
regroupe des organisations issues des milieux économiques, financiers,
associatifs et environnementaux, dont Cycle Capital Management, la
Fondation David-Suzuki, Écotech Québec — la grappe des technologies propres — Équiterre,
l'Association de l'aluminium du Canada et le Réseau des ingénieurs du Québec.
Elle est soutenue par le Mouvement Desjardins, Enerkem, Innergex et la
CSN.
Nous
avons également présenté un mémoire qui a été constitué par l'alliance et qui
décrit bien notre positionnement. Ce document est disponible en ligne,
mais on en a amené quelques copies pour vous aujourd'hui. Sur le projet de loi
de la Banque de développement, nous souhaitons saluer certainement quelques
éléments que nous trouvons particulièrement favorables, et ma collègue vous
présentera, là, l'essentiel de nos préoccupations.
L'intention de mieux
structurer l'action du gouvernement en matière de développement économique et
de faciliter l'émergence de nouveaux projets et de nouveaux entrepreneurs,
c'est, pour nous, un élément fort positif; la volonté
d'adopter une approche client pour les entreprises en mettant à disposition des
professionnels pour les accompagner dans
les méandres administratifs de l'État et en améliorant l'accès aux services sur
l'ensemble du territoire québécois; le soutien
à l'investissement privé, dont aux fonds spécialisés, à l'innovation et à la
productivité des entreprises, ainsi que l'appui à l'internationalisation et à l'exportation. Également fort
positif, la décision d'offrir du capital patient aux entreprises d'économie
sociale pour leur permettre de développer des produits financiers qui
combleront les besoins des organisations et des entreprises, la prise en compte
des grappes industrielles et des regroupements régionaux dans la définition des
priorités de la Banque de développement économique du Québec.
Nous croyons fermement au potentiel des
entreprises québécoises et voyons d'un bon oeil le mandat de Capital Émergence Québec qui, en plus de soutenir
les fonds privés spécialisés, les fonds de fonds et les anges financiers,
investira aussi
directement dans les entreprises du secteur manufacturier au stade de
démarrage. Cette approche est un complément essentiel pour assurer une
chaîne d'approvisionnement solide incluant des fournisseurs à valeur ajoutée.
Enfin, nous apprécions aussi la résolution du
gouvernement de développer de nouveaux créneaux liés notamment aux énergies
renouvelables et à l'électrification des transports, des créneaux prometteurs.
À ce titre, nous accueillons très
favorablement la création d'un titre d'un fonds dédié de 200 millions de
dollars pour l'électrification des transports et le développement de
technologies propres, tel qu'annoncé dans le dernier budget, que nous
retrouvons à l'article 130 du projet de loi n° 2...
du projet de loi, pardon.
Nous
profitons de l'occasion pour soulever un point important à propos de l'usage de
l'expression «technologies vertes».
Nous suggérons d'utiliser l'expression «technologies propres» pour s'arrimer
avec la terminologie internationale.
De surcroît, il nous apparaît également opportun
de ramener à l'alinéa 2° de l'article 2 le développement de technologies propres, car il s'agit là d'un
élément aussi transversal que peuvent l'être l'investissement privé,
l'innovation et la productivité dans les entreprises.
Pour nos préoccupations...
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Alors,
bonjour à tous. C'est à mon tour de vous dire merci. Évidemment, de la lecture du projet de loi découle un certain
nombre de préoccupations. Mon collègue vient de saluer les éléments que nous trouvons positifs, mais nous sentons aussi le
besoin de partager avec vous la réalité, d'une part, des entrepreneurs
ou des gens qui veulent voir cette économie verte se déployer plus rapidement
et plus activement au Québec.
D'abord, une
de nos préoccupations est l'harmonisation des orientations et des actions dans
toutes les régions du Québec. Alors,
pour déployer une économie verte solide, il faudra s'assurer que l'ensemble des
organisations de l'État soient cohérentes. Et on sait à quel point c'est
un enjeu pour l'ensemble des États, mais, à mon avis, il y a place à
amélioration.
L'intégration
du personnel provenant de plusieurs entités gouvernementales avec des cultures
différentes sera un grand défi, ainsi que la coordination avec les CLD
existants. Comme vous le savez, Investissement Québec et la SGF viennent de vivre une fusion récemment. L'ajout
des CLD, l'apport de certains fonctionnaires issus de l'ex-MDEIE sera vraiment un enjeu culturel important, et vous
n'êtes pas sans savoir que les entrepreneurs ressentent ces choses-là.
C'est une chose réelle qui, je dirais, colore les relations qu'on a avec
certaines organisations de l'État. Donc, moi, je vous invite à mettre toute l'énergie nécessaire pour s'assurer qu'il y ait un
arrimage des cultures, en sachant très bien que c'est un défi très
difficile pour l'ensemble des organisations, qu'elles soient privées ou
publiques.
On souhaiterait aussi l'identification
d'objectifs de performance, entre autres concernant l'allégement administratif
des processus. C'est une chose qu'on a dite à plusieurs reprises, l'alliance ou
différents groupes liés à l'alliance, l'allégement administratif est un enjeu
fondamental. Nous comprenons très bien l'objectif de reddition de comptes, il est bien qu'il en soit ainsi, mais nous
souhaitons voir allégés les processus et nous souhaitons que
l'élargissement de la BDEQ soit une occasion d'allégement de processus et non
de complexification de nos relations avec l'État.
L'élaboration
des critères de rendement de la BDEQ, le projet de loi n'en faisait pas mention
clairement. Donc, nous avons des attentes sur quels seront les critères
de rendement.
La participation d'intervenants compétents,
voire des experts pour bien accompagner les entreprises afin qu'elles atteignent leur plein potentiel, l'esprit
qu'on a ici, c'est s'assurer que ces experts soient vraiment au service
des entrepreneurs et des projets économiques et d'innovation liés à la BDEQ.
On souhaite aussi qu'il y ait la formation des
intervenants de première ligne pour ne pas créer de ressacs, qui engendreraient
leur lot de retards et de critiques. Alors, souvent, quand on fait des grandes
modifications dans les organisations, on
prend les ressources qu'on a et on les affecte à d'autres mandats, mais on fait
des métiers extrêmement spécialisés, en finance. Alors, quand vous
faites du financement de grands projets d'infrastructure, vous n'avez pas nécessairement la compétence ou l'expérience pour
gérer du capital de risque dans une petite entreprise, parce que les
prémisses de base sont différentes, parce que la façon de gérer le capital est
différente. Donc, nous vous invitons à prendre
l'occasion d'avoir un programme de formation bien structuré pour que les gens
qui sont face aux entrepreneurs et aux projets soient prêts à répondre
aux enjeux qui seront soulevés par eux.
On comprend
que la banque aura trois grandes divisions, dont le Capital Émergence Québec. Nous saluons l'arrivée de Capital
Émergence Québec. Je crois que c'est une bonne chose, c'est un signal clair.
Par contre, on se permettrait de souligner
l'importance d'alimenter tous les maillons de la chaîne de financement;
l'importance d'offrir du capital qui se veut complémentaire à l'offre actuelle
et ne pas faire concurrence déloyale aux institutions
financières ou aux fonds de capital de risque existants tout en assurant la
pérennité du modèle de capital de risque privé développé dans les dernières années, le jumelage des investissements
privés dans des grands projets d'immobilisations par l'entremise de
dettes subordonnées, prêts subordonnés.
Concernant
Ressources Québec, nous sommes très préoccupés par le verdissement des
activités associées aux ressources,
il y a là une occasion pour nous. À ce titre, nous souhaitons voir un
élargissement de la notion de ressources et de carburant dans l'ensemble
du projet de loi afin qu'on puisse y inclure à la fois les résidus et les
biocarburants de deuxième génération.
De manière
générale, concernant le mandat de la BDEQ en lien avec les opportunités associées
à une économie plus verte, on
souhaite plus de cohérence dans l'ensemble des politiques et des interventions
de l'État, une vraie synergie avec les autres programmes du
gouvernement, notamment en ce qui a trait à la politique énergétique, à la
politique industrielle et manufacturière et au plan d'action sur les
changements climatiques.
Je sais que j'ai dépassé mon temps, monsieur.
Le Président (M.
Leclair) : En conclusion, s'il vous plaît, Mme Méthot.
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Ça va
être difficile. Alors...
Le
Président (M. Leclair) :
Excusez-moi, Mme Méthot. La ministre me fait savoir que, si vous voulez
prendre une petite minute ou deux de plus, elle va le prendre sur son temps
pour vous permettre de terminer votre exposé.
Mme Méthot
(Andrée-Lise) : Vous êtes
bien gentille, Mme la ministre, vous me connaissez. Alors, on souhaite
vraiment que... Les entreprises de l'économie verte aimeraient bénéficier de
programmes adaptés pour accélérer leur croissance comme celles de l'économie
sociale. Il faut aussi trouver une voie d'accélération dans le traitement des demandes des entreprises et s'assurer que les
priorités régionales ou nationales soient prises de l'avant, ainsi que
pour les entreprises ayant des projets qui permettront au Québec de réduire ses
émissions de GES.
En
conclusion, Switch considère que la BDEQ a le potentiel de devenir un premier
outil essentiel à l'accélération du
virage vert, une économie verte, si on veut rendre plus cohérentes et
efficientes les interventions de l'État. Switch souscrit donc au projet
de la création de la BDEQ mais souhaite qu'il devienne un premier pilier et un
bras financier de l'accélération de notre transition vers une économie plus
verte.
En terminant,
nous saluons la volonté du gouvernement de collaborer à la tenue d'une
réflexion nationale pour accélérer la transition vers une économie verte
et ainsi mieux définir le fil conducteur des orientations des nouvelles
politiques et programmes.
À présent, il nous fera plaisir de répondre à
vos questions. Puis merci pour nous avoir donné un petit peu plus de temps.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci, Mme Méthot. Merci, M. Couture, de votre présentation.
Juste avant de commencer les échanges,
j'aimerais juste demander le consentement de la commission pour pouvoir inverser les prochains représentants, soit
Univalor et la chambre de commerce, qui seraient inversés pour leurs
tours. On a confirmé avec les gens, alors il n'y a pas de problème pour eux.
Alors, j'ai besoin d'un consentement de la commission. Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup. Nous voilà présentement à la période d'échange. Je spécifie
que le groupe formant le gouvernement
possède 16 minutes d'échange, l'opposition officielle aura
15 min 12 s, le deuxième groupe d'opposition, 3 min 48 s. Alors, présentement,
pour une période de 16 minutes, la parole est à vous, Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Merci, M. le Président.
Tout d'abord, je tiens à saluer Mme Méthot ainsi que monsieur… Je
m'excuse, rappelez-moi votre nom.
M. Couture (Étienne) : Couture.
Étienne Couture.
Mme Zakaïb : Couture. M. Couture, je
comprends que votre... — on
ne peut pas dire vraiment «votre organisation»,
parce que c'est un regroupement d'organisations — que votre regroupement est favorable au dépôt de
la BDEQ, et j'ai beaucoup apprécié les
points que vous avez soulignés comme étant des points positifs. De mieux
structurer l'action de l'État, je pense qu'on est sur la même longueur d'onde
là-dessus.
Il manque
présentement, dans la chaîne d'approvisionnement… Puis je pense que Mme Méthot,
pour avoir travaillé longtemps au sein de Réseau Capital, le sait. Dans
la chaîne, ce qu'on peut appeler l'écosystème de financement au Québec, il y a des trous présentement, puis il
faut qu'on trouve moyen de combler ces trous-là. Peut-être si vous
pouviez y aller de façon plus approfondie sur quels sont, selon vous, dans
l'écosystème québécois, les endroits où l'État devait être plus présent.
Mme Méthot (Andrée-Lise) : En fait,
je pense que la mise en place récente de l'approche de fonds privés, fonds de fonds, a réussi à régler une partie du
problème qui était de développer, entre autres, des investisseurs
spécialisés au stade du démarrage et de l'amorçage. Donc, une de nos
préoccupations, c'est s'assurer que ces programmes-là soient répétés, parce
que, vous savez, par exemple l'appel d'offres qu'il y avait eu sur les fonds
d'amorçage, qui amenait trois fonds d'amorçage, bien il faut faire un appel
d'offres bientôt, parce que la vie utile d'un fonds, sa période d'investissement, c'est généralement cinq ans.
Donc, il faut s'assurer que les trous qui ont été bien comblés dans les
années précédentes soient bien comblés.
Maintenant,
le rôle de l'État. Alors, la réalité en capital de risque et en capital de
développement au Québec, et c'est une
chance que nous avons et c'est pour cette raison que nous arrivons à faire
autant d'investissement au Québec, c'est
que l'État joue son rôle moteur en soutenant à la fois des fonds privés et en,
lui-même, faisant des investissements. Je
pense qu'une des choses qui est tout à fait souhaitable, c'est de s'assurer
qu'à travers Capital Émergence Québec les entreprises qui sont soutenues par le biais de subventions, de fonds
d'amorçage, de fonds de démarrage puissent ensuite faire l'objet de financement par de plus grandes
organisations. On pense, entre autres, à Investissement Québec
aujourd'hui, qui va probablement changer de nom, mais je comprends que ce
joueur-là pourrait être un joueur significatif. Mais on doit absolument bien
imbriquer les maillons de la chaîne.
L'autre
élément qu'on a salué dans notre mémoire, il y a un enjeu. Cet enjeu-là touche
particulièrement les entreprises technologiques, mais il y a aussi un enjeu
chez les manufacturiers qui ne sont pas technologiques, qui, eux, mériteraient de venir alimenter la chaîne de
fournisseurs. Je vais prendre un exemple. L'entreprise Enerkem, où c'est
que le capital est investisseur, est une entreprise technologique, mais nous
avons absolument besoin d'entreprises qualifiées
dans le secteur manufacturier. On fait affaire avec des gens de Trois-Rivières
et on doit s'assurer que ces gens-là ne manquent pas de fonds, si on ne
veut pas aller faire manufacturer de la haute technologie à l'extérieur du
Québec. Donc, très important. Mais il faut
avoir une vision sur l'ensemble de la vie de l'entreprise, et souvent… On a
toujours l'approche en silo, et on a des
batailles inutiles, et on soutient un peu aléatoirement les entreprises, sans
se questionner sur l'ensemble de la chaîne. Donc, je pense qu'il faut
créer ce lien-là, trouver une façon de le faire.
Mme Zakaïb : Mme Méthot, sur ce point-là, on est sur la même longueur d'onde. C'est
certain que ce n'est pas le projet de
loi, parce que le projet de loi est très technique, mais l'importance pour le
Québec de regarder les chaînes de valeur
dans les secteurs stratégiques, de regarder quels sont les sous-traitants qui
pourraient faire partie de cette chaîne de valeur là, où sont les manquements dans la chaîne de valeur, le fait
qu'on donne, par exemple, à la banque, dans chaque région du Québec, le mandat de regarder les
créneaux d'excellence, de regarder, à Montréal, les grappes
industrielles, cette chaîne de valeur
là — c'est un
peu l'exemple que vous donniez tantôt avec Enerkem — puis de regarder quelles sont les entreprises et comment on peut accompagner les
entreprises qui pourraient faire partie de cette chaîne de valeur là par
de l'investissement, par de l'accompagnement stratégique, ce serait une des
solutions pour vraiment structurer notre économie de demain. C'est un peu ma
façon de voir les choses, mais est-ce que c'est ça que vous nous dites?
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Je partage votre vision. Le grand défi, ça va
être la culture des organisations, parce que je pense qu'au niveau de la vision tout le monde est d'accord, on y
souscrit tous. Mais comment on va articuler ça de façon à ce que ce soit
efficace pour les entrepreneurs, c'est le défi qu'on aura dans cette chaîne de
financement.
Mme Zakaïb : Maintenant, vous avez soulevé un point qui est excessivement
important : l'intégration de la culture, l'intégration des
ressources. Pour en avoir fait par le passé, je sais à quel point la fusion des
organismes va être un défi, un défi, j'en
suis consciente. Maintenant, je pense que c'est un défi qui est réalisable.
C'est un défi qui est grand, mais,
quand on voit, d'après moi, l'enjeu qui est de se doter d'une structure, d'un
outil de développement économique structuré qui va faire en sorte que,
dans toutes les régions, on va avoir un guichet que j'ai appelé guichet unifié,
parce que les gens vont pouvoir se présenter
à la banque ou dans les CLD et avoir accès aux services de la banque, peu
importe à quel endroit, le fait, pour les
employés de cette nouvelle organisation là, de faire partie d'un projet d'avenir,
généralement c'est cette passion-là, cette vision-là qui favorise la gestion du
changement, parce qu'il va y en avoir énormément, j'en suis certaine.
Maintenant,
il y a des façons de contrer ça. Il y a des comités qui peuvent être mis en
place. Je sais que ça a été difficile
pour les gens qui ont eu à vivre la fusion Investissement Québec et SGF, qu'il
y a encore des choses qui ne sont pas réglées. Maintenant, dans cette
nouvelle structure, on va avoir des gens dont le métier, ça va être d'investir,
des gens dont le métier, ça va être
d'accompagner les entrepreneurs. Je suis d'accord avec vous, la formation desintervenants de première ligne va être très
importante. Le fait d'avoir des gens qui connaissent le capital de risque
dans Capital Émergence Québec, ça va être quelque chose de très important.
Mais, selon moi, ce n'est pas impossible ni irréconciliable. L'enjeu est grand
parce qu'évidemment l'apport pour le Québec est grand, puis je pense que c'est
vers ça qu'on s'en va.
Maintenant,
si on revient sur... Parce que je pense que c'est ce qui est important chez
Switch, le verdissement de notre
économie. Moi, je travaille sur la politique industrielle, régulièrement on
nous dit : Écoutez, vous ne pouvez pas faire toute une politique
industrielle autour des technologies propres. J'en suis consciente, il faut
qu'on modernise l'ensemble de notre économie, mais j'aimerais ça vous entendre,
parce que vous avez la parole aujourd'hui pour nous dire de quelle façon verdir l'économie. Justement, ça modernise. Ça fait
en sorte qu'on augmente la compétitivité de nos entreprises.
M. Couture
(Étienne) : Essentiellement, c'est une question de vision. Évidemment,
la BDEQ devient un organisme essentiel, un
levier important qui prend en compte, là, comme vous aviez dit, une dimension
de guichet unifié, une approche plus
près des entreprises. Le verdissement de notre économie passe beaucoup par
l'expression d'une vision, cette
vision du gouvernement, bien sûr, qui sert d'inspiration pour la création de la
nouvelle entité, mais aussi pour donner un sens à notre économie. Nous,
on le voit beaucoup. On a besoin que nos gouvernements lancent une vision ou
une direction claire pour que les entreprises, les entrepreneurs puissent
s'identifier, puissent identifier ces créneaux, ces marchés porteurs là qui vont ensuite, là, vraiment devenir des créneaux
porteurs pour l'ensemble du Québec, parce que, là, c'est ensuite les grappes qui se développent autour de ces créneaux
porteurs, autant que, pour nous, là, particulièrement, pour l'électrification des transports, c'est un
exemple où l'économie se développe quand il y a un message clair qui est
lancé : Voici où on souhaite que le
Québec se dirige. Et c'est ce genre de leadership là qu'on attend du
gouvernement.
Mme Zakaïb :
Je vais laisser mes collègues poser quelques questions.
Le Président (M. Leclair) : Alors, je céderais la parole maintenant au député
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
• (10 h 40) •
M. Chapadeau : Merci, M. le
Président. D'abord, merci. Je voudrais saluer d'abord mes collègues, les gens
de l'opposition et vous saluer, vous remercier pour le travail que vous avez
fait puis pour l'intérêt que vous portez à ce projet de loi là qui est un projet de loi
important pour l'avenir, important pour le Québec, et lequel les régions du
Québec se réjouissent. En tout cas, moi, dans la mienne, Abitibi-Témiscamingue,
je peux vous dire que la ministre est venue faire
un tour et rencontrer l'ensemble des intervenants, et les gens avaient beaucoup
d'intérêt par rapport à ce projet de loi là. Et très heureux d'être de la commission parlementaire sur laquelle
on reçoit les groupes puis laquelle on va étudier article par article ce
projet de loi là.
Évidemment,
vous avez dû accélérer un peu le rythme à la fin de votre présentation, qui est
une présentation qui est bien articulée, j'avoue, très claire par
rapport à votre position sur le projet de loi, mais moi, j'aurais quelques...
Bien, c'est-à-dire, à la fin, vous parlez de quelques suggestions
supplémentaires, lesquelles vous n'avez pas eu le temps d'élaborer. J'aimerais ça que vous nous donniez un peu plus
d'information sur les deux points que vous parlez, là, à la dernière
page de votre présentation, sur les suggestions supplémentaires.
Mme Méthot
(Andrée-Lise) : En fait, ce
qu'on peut dire d'emblée, c'est que, quand on veut une économie verte,
on ne veut pas juste une économie de technologies propres. On veut s'assurer
qu'à chaque fois qu'on est capables d'optimiser
à la fois le volet économique et le volet environnemental, dans les
entreprises, on puisse le faire. Et souvent on a eu tort, dans le passé, de remettre l'économie verte dans les mains
de l'environnement, et, nous, la proposition qu'on fait, c'est une proposition au niveau… exécutive.
Or, on peut être dans un dépanneur puis avoir une approche d'économie verte. On peut être dans une grande entreprise
technologique et avoir une approche d'économie verte. Les technologies
de l'information sont un outil extrêmement important pour une économie verte.
Donc — puis je fais un peu de pouce sur votre question, Mme la ministre, aussi — la
façon de voir les choses, ce n'est pas de se dire qu'on va substituer
l'économie avec une nouvelle affaire qui s'appelle l'économie verte. En fait, l'économie verte, c'est l'économie qu'on a
aujourd'hui qui subit une transition dans laquelle on essaie d'avoir un
système plus performant parce qu'on a développé à la fois des technologies et
des façons de faire qui sont à valeur ajoutée. Quand vous générez moins de déchets, ça vous coûte moins cher. Alors, il
n'y a plus de dichotomie. Et je pense que l'erreur qu'on a faite historiquement, c'est de rester au
niveau de notre vision de l'environnement, comme si on se substituait à l'économie réelle. L'économie réelle est en train
de changer. Aujourd'hui, le secteur en innovation où on investit le
plus, c'est le secteur des technologies
propres. Ce n'est pas un hasard. Les technologies propres, pour prendre une
expression que tout le monde connaît au Québec, là, c'est une compétence
transversale. L'économie verte, c'est une compétence transversale. Ça existe seulement dans l'économie réelle. Donc, je pense
qu'on a un grand défi de s'assurer que l'ensemble des joueurs
économiques partagent cette vision-là. Ça va prendre un peu plus de temps à
faire arriver les choses, mais au moins ça va être solide à long terme.
Je ne sais pas si vous le savez, mais
actuellement l'Angleterre a mis sur pied une banque d'économie verte. Ils ne
financent, à tours de plusieurs milliards de dollars, que le déploiement
de leur économie verte. Ça existe, c'est possible. Il faut s'assurer que ce
soit un projet qui soit rassembleur pour l'ensemble des secteurs économiques.
Mme Zakaïb : Je voulais revenir sur
un point, je te redonnerai la... Vas-y, vas-y.
M.
Chapadeau : Ça va? Juste
dans votre... où vous mentionnez : «Il faut aussi trouver une voie
d'accélération dans le traitement des
demandes des entreprises répondant aux priorités régionales ou nationales»,
pouvez-vous élaborer un petit peu là-dessus?
M. Couture
(Étienne) : Oui,
certainement. En fait, pour répondre le plus rapidement possible aux besoins
des entrepreneurs, il faut être près d'eux. Alors, dans la dimension qui est
prévue, où est-ce que les CLD sont impliqués au niveau régional, c'est un outil
de base, un outil très important pour qu'on puisse répondre rapidement aux
besoins, répondre… traiter rapidement les
demandes. Et évidemment ça, ça n'enlève rien aux besoins, je vais dire,
nationaux ou pour l'ensemble, les
plus grands projets, que ce soit traité, là, dans des priorités nationales,
mais le contact près des gens, le suivi près des entrepreneurs, c'est la
façon qu'on souhaite accélérer le processus pour les entrepreneurs du Québec.
Mme Zakaïb : M. Couture, tantôt vous
suggériez une modification à l'article 2 pour faire en sorte que les
technologies propres soient plus intégrées. Pourriez-vous me la rappeler? Parce
que je ne l'ai pas notée.
Mme Méthot
(Andrée-Lise) : En fait, je
peux peut-être juste partager le concept. Quand on a lu le document de
la banque, c'est comme si on avait mis les technologies propres dans... Il y
avait un libellé qui touchait le secteur des ressources
naturelles et des mines, virgule, les technologies propres. Or, l'impression
qu'on a eue, c'est que les technologies propres étaient associées seulement aux ressources, et, nous, ce qu'on
pense, c'est que les technologies propres doivent monter dans la hiérarchie au niveau de
l'innovation et que ça doit être vu comme un fer de lance et non pas comme
une sous-catégorie. Alors, c'est juste une question de niveau où vous le placez
dans le projet de loi. Mais je dois vous avouer
que moi, je n'ai pas lu beaucoup de projets de loi dans ma vie, puis, quand on
lit ça, c'est un peu hermétique, puis on peut se tromper sur
l'interprétation qu'on en fait. Mais l'idée fondamentale, c'est d'amener les
choses... amener, en fait, les technologies habilitantes, innovantes, propres,
appelez-les comme vous voulez, mais à haut niveau dans la hiérarchie de la
vision.
Mme Zakaïb : Parfait.
M. Couture (Étienne) : Et qui
découle dans toutes les sphères d'activité, là.
Mme Zakaïb : C'est un peu l'idée du fait que c'est transversal
puis que, finalement, ce qu'on veut, c'est verdir l'ensemble de
l'économie du Québec.
Mme Méthot (Andrée-Lise) : «Les technologies propres», ce n'est pas un
nouveau mot pour dire «les technologiesenvironnementales». Puis, dans les technologies propres, il y a des
technologies vertes. En fait, les technologies propres, c'est quelque
chose de beaucoup plus large, qui s'adresse à tous les secteurs d'activité.
C'est vraiment transversal.
M. Couture
(Étienne) : L'économie dans son ensemble.
Mme Méthot
(Andrée-Lise) : Dans son ensemble.
Le Président (M.
Leclair) : Merci beaucoup, M. Couture, Mme Méthot. Le prochain bloc
ira au groupe de l'opposition, alors, pour une période de
15 min 12 s. Alors, je reconnais maintenant le député de... — j'ai
un petit blanc — Louis-Hébert.
La parole est à vous, M. le député.
M. Hamad :
Merci, M. le Président. Mme Méthot, M. Couture, bienvenue, chers collègues
ingénieurs. Et très bonne présentation, je vous félicite. Vous avez
vraiment fait le tour de la question en très peu de temps, félicitations. Même
si vous n'êtes pas des avocats, vous avez bien réussi à tout comprendre le
concept, et je veux...
Des voix :
...
M. Hamad :
Vous savez, entre ingénieurs, on se tient un petit peu, et surtout lorsqu'il y
a des avocats dans la salle.
En fait, Mme la
ministre, tantôt, a parlé de la chaîne de valeur. Elle a parlé des grappes puis
elle a parlé de compléter, je pense que
c'est le discours économique à ce niveau-là. Moi, je la rejoins là-dessus tout
à fait, elle a tout à fait raison de
regarder ça dans cet aspect-là, sauf que nos questions ne sont pas sur ces
principes-là qui sont fondamentaux, qui sont... tout le monde est
d'accord avec ça. C'est plutôt sur les moyens qu'on va prendre pour atteindre
l'objectif.
Alors,
d'abord, dans votre mémoire, ce que j'ai aimé, là, c'est que vous avez... Là,
M. Couture, vous avez été pas fin
parce que vous avez pris les bons, les aspects à saluer, vous avez laissé...
Mme Méthot a parlé des préoccupations, et vous auriez dû faire, par gentillesse, le contraire, laisser Mme Méthot
parler des bonnes nouvelles. Mais on va parler des bonnes nouvelles, d'aspects à saluer. Et
honnêtement je regarde les aspects à saluer, c'est des bonnes choses que
vous demandez d'avoir. Exemple, quand vous parlez de structurer l'action du
gouvernement en matière de développement économique, je pense que tous les partis
politiques sont d'accord avec ça.
Encore
une fois, la question : Est-ce que, si je crée une nouvelle structure, ça
va structurer l'action? Je ne suis pas sûr.
Nous, là, on est là parce qu'on veut être convaincus par le gouvernement que
c'est vrai, c'est ça qui va nous amener… Mais de demander de structurer,
vous avez raison, on est d'accord.
Mais
la réponse à votre demande, est-ce que c'est la banque? Je ne suis pas sûr.
Parce qu'après, dans vos préoccupations, vous répondez à votre demande
en même temps, parce que vous dites : Oui, je ne suis pas sûr non plus que
la banque va répondre à la demande.
La
deuxième recommandation que vous faites, la volonté d'adopter une approche
client pour les entreprises en mettant à leur disposition des
professionnels pour les accompagner dans les méandres administratifs de l'État
et en améliorant l'accès, vous avez tout à
fait raison. Les gens d'affaires, on va voir des chambres de commerce, tout le
monde nous dit ça. Et d'ailleurs, en 2003, il y avait 100 programmes au
ministère du Développement économique. On
les a réduits. Vous le savez, vous avez suivi ça. On les a réduits à cinq, à la
fin. Et pourquoi? Pour, justement, faciliter l'accès. Et est-ce qu'il y a place à amélioration? Bien sûr. J'espère
que oui, parce que sinon on va retourner chez nous, tout le monde, puis
on n'a plus d'ouvrage. Mais est-ce qu'en mettant une banque ça va répondre à la
question? Pas nécessairement la solution. Ça
peut être à l'intérieur du ministère, ça peut être à l'intérieur d'un autre
véhicule qu'on peut utiliser. On peut peut-être avoir une meilleure
coordination, ce qui, je pense, il faut le faire.
• (10 h 50) •
Troisième élément, le
soutien à l'investissement privé, dont aux fonds spécialisés, etc., oui, vous
avez raison. On l'a fait dans le passé, vous
le savez. Le fonds d'amorçage, on n'a pas créé une banque pour mettre le fonds
d'amorçage. On n'a pas créé une banque pour travailler avec Anges Québec puis
mettre un fonds de 20 plus... je pense que c'est 40 millions ou
30 millions, je ne me souviens pas. Alors, tu n'as pas besoin de créer une
structure pour ça. On avait ces
structures-là. On l'a créé, on les a faites. Puis même on l'a fait avec Cycle
Capital, on l'a fait avec la FTQ, on l'a fait avec d'autres partenaires. Mais je n'ai pas besoin de créer une banque
pour faire des investissements privés. Alors, votre troisième
recommandation, elle est bonne mais pas nécessairement liée à la présence d'une
banque.
La
décision d'offrir du capital patient aux entreprises d'économie sociale,
définitivement, parce que l'économie sociale, pour moi, c'est la ligue
américaine, la ligue de hockey américaine. Ça prépare les travailleurs, ça
permet aux gens de... aussi les plus démunis
ou une économie qui vient supporter aussi l'autre économie qui est les
entreprises, les PME, etc., oui. Mais je crée-tu une banque pour faire
ça? On a déjà commencé à le faire. Alors, vos aspects à saluer sont très bons, mais le lien logique, là, je parle
de cartésien, ingénieur, là, de dire : Voici les points, puis la
conclusion, à la fin, mes points arrivent à
créer une banque, je ne suis pas sûr que c'est la banque, la solution. Pour ça,
je salue les affaires que vous avez
saluées. Et là je peux les nommer toutes une après l'autre, là, parce qu'elles
sont toutes dans la même direction.
Si je m'en vais
maintenant aux préoccupations, bien c'est exactement ce que nous partageons
actuellement. Et ce que j'ai dit à la
ministre en partant ici, à la consultation, c'est des questionnements que nous…
On a des questions à ce niveau-là, puis c'est exactement vos
questions : comment elle va se faire, les coordinations.
Là, on me dit que la porte d'entrée,
c'est clair, la porte d'entrée, c'est les CLD. Alors là, on connaît le travail
des CLD. On le sait, que ce n'est pas le
même calibre partout. On sait que ce n'est pas... Pourquoi? Parce que ça adonne
comme ça. Parce qu'avec le temps on peut s'améliorer. Puis, dans le passé, on a
travaillé pour améliorer les capacités de fournir, de travailler, etc.
Alors, les critères
de rendement de la Banque de développement, aux crédits, on lui a demandé, à la
ministre, c'est quoi, les critères. Est-ce
que ça va être un capital de risque partout? Comment vous allez faire? Je
pense, ça, en passant, ça peut se
répondre facilement, les critères de rendement, ça peut... parce que, quand
vous avez les fonds propres, vous avez des
critères de rendement. Quand c'est le Fonds de développement économique, il y a
des critères. Il y a des réponses pour ça. Le fonds de capital de
risque, il peut y avoir des réponses.
La participation
d'intervenants compétents, voire des experts pour bien accompagner des
entreprises, c'est absolument ça, absolument
une question importante, parce que, si vous voulez faire un guichet unique,
unique, unique, bien ça prend une
bonne personne pour répondre à la bonne place. Vous ne pouvez pas mettre un
interprète qui va demander à un autre interprète, puis ça finit plus
long après. Déjà que la recherche et développement est rendue dans un autre ministère, le commerce extérieur dans un autre
ministère, imaginez, là, les téléphones, puis les voyages, puis les
coupons de taxi qu'il va utiliser, notre conseiller, pour aller courir après
toutes ces informations-là. Puis l'autre élément, c'est toute la main-d'oeuvre.
Alors,
moi, honnêtement, je suis impressionné par votre mémoire et je trouve que vous
avez mis vraiment les points sur les i. Et êtes-vous d'accord que, dans
les points que vous avez dits, à saluer, la solution, elle peut être toutes sortes de choses, pas
nécessairement une solution unique? Et la seule solution, pour tout ça, c'est
la banque? Est-ce que ça peut être d'autre chose?
M. Couture
(Étienne) : Est-ce que ça peut être autre chose? Nous, évidemment, on
était invités ici pour commenter sur le
projet de loi. On vous donne le point de vue du terrain, le point de vue des
entrepreneurs, notre point de vue sur l'économie verte, ce qu'on
souhaite qui soit déployé comme l'économie du Québec.
Alors,
pour ce qui est des moyens, nous, là, c'est clair qu'on... vous l'avez autant
dans les points positifs que dans nos préoccupations. On veut que ça
soit près des entrepreneurs, on veut répondre rapidement à leurs besoins. Comme
vous le soulignez, c'est ça, le résultat ultime qu'on recherche.
Pour
ce qui est de la banque, elle, elle a un rôle central en termes de vision qu'on
souhaite donner au Québec. Pour nous, ce n'est définitivement pas juste
une question de banque, c'est une question de vision pour le Québec, et, en ce
sens-là, la banque peut représenter définitivement une image, quelque chose qui
résume bien, pour le Québec, la vision qu'on souhaite y donner.
Maintenant,
il y a définitivement des enjeux de culture d'entreprise, de comment on va les
servir, les entrepreneurs. Alors, ça, ça demeure, là, les préoccupations
sur le terrain qu'on souhaite qu'elles soient adressées. Je ne sais pas si,
Andrée-Lise, tu veux ajouter quelque chose, là, mais…
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Oui. En fait, je pense que, l'ensemble des partis
politiques autour de la table, vous êtes
conviés à un grand défi. Le choix de faire la banque, c'est un choix qu'on peut
sûrement questionner, on peut sûrement proposer une autre culture ou une
autre vision, mais, à la fin, le vrai enjeu, c'est qu'actuellement il y a
beaucoup d'organisations qui travaillent en
silo, il y a beaucoup de politiques qui ne se parlent pas. Alors, est-ce que la
politique... Parce que le projet de la
banque seul, M. Hamad, c'est bien, mais ça prend la politique industrielle, ça
prend une politique industrielle qui
répond aux attentes d'un Québec du XXIe siècle. Il faut s'assurer aussi
qu'au ministère de l'Environnement il y ait les bonnes réponses aux
projets économiques tout en préservant l'environnement. C'est une préoccupation
très importante pour les membres de l'alliance.
En fait, on est
conviés vraiment à un grand chantier, et la réussite… auquel on est absolument
obligés de souscrire aujourd'hui. Le
gouvernement a choisi de proposer une banque, je ne remets pas en question ce
choix-là. Par contre, moi, je nous
invite tous à la vigilance, à l'efficacité et à mettre cette approche d'esprit
de clocher au placard, parce que ce
que les entrepreneurs trouvent difficile, c'est quand ils arrivent dans une
organisation qui leur dit A et que, le même gouvernement, ils arrivent
dans la deuxième organisation qui leur dit B, et le critère à A devient le
critère opposé dans B, et finalement on a
des projets d'entreprise qui sont structurés pour plaire à des programmes qui
sont développés en vase clos. Alors,
vous vous ramassez, pour prendre une expression très connue, là, avec un âne
avec une tête de chameau plutôt qu'un
âne, si vous vouliez un âne. Et c'est ça, l'enjeu. Et moi, je ne suis pas une
spécialiste des structures, puis il n'y a personne à l'alliance qui est
un spécialiste des structures, mais moi, je vous convie à un exercice sérieux
et rigoureux pour faire en sorte qu'on va
mesurer pas juste l'efficacité classique qu'on mesure mais notre efficacité à
rendre des vrais services et à
construire des entreprises qui vont nous mettre à haut niveau en Amérique du
Nord. On a un grand défi, le Québec. On a un défi de main-d'oeuvre, on a
un défi technologique. On n'a pas suffisamment d'entrepreneurs, on a de jeunes décrocheurs à l'école. Ça nous prend de
la vision. Alors, personnellement, que ça se fasse dans une banque ou dans quelque chose de plus grand ou de plus petit,
ce qui est important, c'est, s'il y a une vision qui est mise sur la table,
que nous y souscrivions et que nous fassions
que le Québec accélère sa vision d'économie verte et la vision de la
réussite, parce que, dans «économie verte», le premier mot, c'est encore
«économie», et c'est ce dont nous avons besoin.
Le Président (M.
Leclair) : Merci, Mme Méthot. Alors, M. le député.
M. Hamad :
On se comprend. Je reviens à votre exemple, je prends votre exemple. Ce n'est
pas parce que vous mettez une nouvelle structure que la mentalité change ou la
façon de faire change, on se comprend qu'il faut travailler sur les façons de
faire. Exemple, exemple...
Mme
Méthot (Andrée-Lise) : ...
M. Hamad :
Tout à fait. Exemple : si on dit qu'on veut permettre à une entreprise,
par exemple, de transiger avec le
gouvernement via l'Internet, par exemple, ça, c'est un exemple qui va donner un
moyen plus facile à l'entreprise de transiger avec le gouvernement via
l'Internet. Ça, c'est un service qu'on peut davantage simplifier les services
pour l'entreprise puis permettre aux entrepreneurs de travailler rapidement.
Avoir un dossier d'entreprise, par exemple, pour le gouvernement, ça, ça
permettrait de répondre à ce que vous dites.
Avoir
un dossier d'entreprise, on n'a pas besoin de créer une banque pour avoir un
dossier d'entreprise. Êtes-vous d'accord? Si vous mettez un système
informatique chez vous, dans votre organisation, créez-vous une structure ou
vous mettez le système?
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Il y a deux façons de le voir. Vous allez me
permettre de jouer un peu à Samson, là,
il y a deux façons de le voir. Il y a une façon de le voir qu'on dit : On
n'a pas besoin d'une structure pour y répondre, mais, s'il faut une structure pour que tout le monde se parle puis
partage une vision, bien peut-être qu'il faut la structure. Dans les
deux cas, il y a un piège. Dans le premier cas, on garde les organisations
comme elles sont, puis on ne crée pas la
banque, puis on demeure en silo, parce qu'aujourd'hui ça ne fonctionne pas.
L'autre approche, on crée la banque, mais
les gens n'ont pas la vision, les hauts gestionnaires, les hauts dirigeants ne
sont pas capables d'insuffler la culture nécessaire, et on a aussi un échec. Moi, je pense qu'à la fin ce que les
gens veulent, ce que les entrepreneurs veulent, ce n'est pas des débats
sur les structures, c'est un système efficient, et que nous réussissions
collectivement à bâtir cette économie dont nous avons besoin.
M. Hamad :
C'est exactement où nous sommes. Je continue là-dessus. Finalement, si vous
étiez une entreprise et vous voulez
créer une structure, est-ce que la première question que vous poserez :
Combien ça va coûter? Quelles sont les économies que je dois avoir?
• (11 heures) •
Mme Méthot
(Andrée-Lise) : C'est certain que la question de la saine gestion des
deniers publics est une excellente question,
et vous savez que nous y souscrivons tous. Alors, je pense que c'est une
question importante, puis il faut se poser ces questions-là.
Par
contre, dans l'entreprise privée, quand on fusionne des grandes organisations,
on fait ce qu'on appelle des synergies,
et ça nous permet généralement d'améliorer l'efficacité et de diminuer les
coûts. Il n'y a rien dans le projet de loi qui nous explique comment ça va être fait. Mais je comprends que c'est
un projet de loi technique, je ne suis vraiment pas une spécialiste,
mais c'est certain que la préoccupation de l'alliance et, je pense, de
plusieurs Québécois, c'est de s'assurer qu'à la fin on tire les synergies
nécessaires. C'est à ça que ça sert de mettre les choses ensemble.
M. Hamad :
Mais, vous savez, comme ingénieur, il faut planifier avant d'agir. On n'agit
pas puis après ça on dit : Bien
là, on va voir si ça donne les bons résultats. Donc, une planification, ça veut
dire quoi? Ça veut dire mesurer les effets qu'on a. Est-ce que ça va
amener une économie? Est-ce que ça va amener... Et surtout, comme gouvernement,
les gestes que nous posons devraient nous
apporter des créations d'emplois, de l'augmentation d'investissement. Alors,
avant, il faut que je les mesure, ces
éléments-là. Il faut que je mette ça sur la table et s'assurer que le geste que
je vais poser après va me permettre d'atteindre ces objectifs-là.
C'est-u normal, penser comme ça?
Le Président (M.
Leclair) : En 30 secondes, M. Couture.
M. Couture
(Étienne) : Combien? 30, vous avez dit?
Le Président (M.
Leclair) : 30 secondes.
M. Couture
(Étienne) : O.K. C'est certain que la banque, pour nous, donne une
certaine vision, et elle est cruciale dans
l'établissement d'une économie verte. Alors, les moyens, les objectifs, la
culture, ça, c'est toutes des préoccupations qu'on vous a soulevées.
C'est certain qu'avec qu'est-ce qu'on a puis notre compréhension de ce devis technique là, nous, on n'est pas
nécessairement en mesure de vous pousser là-dessus. Par contre, ce qu'on vous demande, c'est de l'efficacité,
d'être près des entrepreneurs, d'avoir de la cohésion, d'avoir des
synergies qui vont permettre à tout le monde de mieux opérer puis de causer
cette économie verte là qu'on souhaite.
Le Président (M. Leclair) : Merci beaucoup, M. Couture. Alors, nous sommes
maintenant rendus à l'échange avec le deuxième groupe d'opposition, pour
une période de 3 min 48 s. Je reconnais le député de
La Prairie. La parole est à vous.
M. Le Bouyonnec : Merci, M. le Président. Chers collègues, bon matin. Mme Méthot et
monsieur… J'ai déjà oublié le nom.
M. Couture
(Étienne) : Couture.
M. Le Bouyonnec : Couture. Excusez-moi pour ça. Alors, écoutez, moi, si j'ai bien
interprété votre intervention, évidemment, vous avez salué la bonne
intention derrière la création de la Banque de développement économique du Québec. Mais, comme on a
déjà entendu des fois, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Donc, souvent,
c'est dans les détails, effectivement, qu'on voit que les choses se
réalisent ou ne se réalisent pas.
Compte tenu de votre
expérience dans le milieu… J'ai pris des notes, là, pendant que vous parliez,
et honnêtement j'aurais apprécié... Puis c'était éloquent, vous étiez bien
préparés, mais j'ai l'impression que vous aviez envie de dire des choses puis vous ne les disiez pas nécessairement,
qu'autrement dit vous aviez des idées, là, qui pourraient nous aider à
bonifier ce projet de loi, mais vous vous êtes gardé une petite gêne.
Par
exemple — quelques
questions rapides — au
niveau du capital de démarrage, est-ce que vous croyez ou non que la Banque de développement économique du
Québec devrait avoir des participations directes en démarrage ou à
travers les fonds spécialisés? Ce serait une première question.
Deuxième
question : Est-ce que vous croyez que la Banque de développement
économique du Québec devrait continuer
d'investir dans Teralys comme fonds de fonds ou avoir des participations à
nouveau directes dans les fonds spécialisés comme moyen d'intervention?
Trois, vous avez
soulevé la question des critères de rendement. À quoi pensez-vous? Quel genre
de critères de rendement? Moi, je vais vous
donner... je me dis : Le privé est là pour faire de l'argent; le
gouvernement, peut-être, doit en
faire peut-être un peu moins. Donc, peut-être que le rendement, c'est de
protéger le capital, si on veut favoriser le développement économique,
mais pas se donner des objectifs trop hauts de telle sorte que, un, on est en
compétition avec le privé puis, deux, que, le rôle de développement économique,
nous ne l'atteignions pas.
Puis, quand vous
parlez d'allégements administratifs, avez-vous des suggestions concrètes? Parce
que les entrepreneurs, effectivement, se plaignent de la lourdeur
d'Investissement Québec, et c'est assez généralisé. En quoi la nouvelle Banque
de développement économique du Québec pourrait être plus agile? Comment
pourrions-nous bonifier le projet de loi pour ce faire?
Mme Méthot (Andrée-Lise) : Alors, pour répondre à votre première question
sur est-ce que la banque doit faire de l'investissement
direct en démarrage, en amorçage, donc, en petite entreprise, on connaît les
défis. Ce que j'interprète ou ce que
nous avons interprété du projet de loi, c'est qu'actuellement ce que la banque
ferait en direct, ce ne serait pas lié au développement des
technologies, mais ce serait lié au secteur manufacturier. Aujourd'hui, il n'y
a pas ou peu de petits fonds de démarrage
qui s'occupent de ce secteur-là. Les fonds qu'on a développés au Québec à
travers le plan de match qu'avait
établi le précédent gouvernement, c'étaient des fonds technologiques tels que
Cycle Capital, iNovia. Alors, ces fonds-là sont des fonds qui financent
de la propriété intellectuelle.
Donc,
évidemment, il y a un pan qui n'est pas nécessairement bien servi, et, à cet
effet-là, je pense qu'on peut accueillir
favorablement ce volet-là. Cependant, je ne recommanderais pas qu'on puisse
financer la technologie à partir d'équipes directes à Investissement
Québec au stade de démarrage. Par contre, je le souhaite fortement au stade où
on est en développement des entreprises, ce qu'on appelle, nous, beaucoup plus
«late stage». Ça, c'est possible, et c'est même intéressant en complémentarité.
Deuxième
question, sur Teralys, je sais que c'est une question extrêmement importante — monsieur
me fait signe de réduire. Écoutez,
c'est extrêmement difficile de créer un écosystème où il y a de la compétition,
des investisseurs variés de qualité.
Je crois qu'il faut laisser la chance au coureur, Teralys est depuis seulement
quelques années en opération. C'est un
immense défi, de créer des fonds. C'est beaucoup plus difficile financer des
fonds que financer des entreprises, parce que, un, il y en a beaucoup
moins, et l'enjeu s'échelonne sur plusieurs années. Alors, je pense qu'il faut
bien analyser au mérite quel sera l'impact dans quelques années. Si vous nous
demandez à nous, Switch, et principalement à Cycle Capital ce que nous en
pensons, pour nous, ça a été un outil extrêmement porteur.
Le Président (M.
Leclair) : Merci beaucoup, Mme Méthot, M. Couture. Alors, je vous
remercie pour votre présentation.
Je suspends les travaux
quelques instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à
11 h 6)
(Reprise à 11 h 9)
Le Président (M.
Leclair) : …la Chambre de commerce et d'industrie du Québec à faire
leur exposé et de vous présenter, s'il vous plaît. Alors, la parole est à vous
pour un temps de 10 minutes.
Chambre de commerce et d'industrie de Québec
M. Kirouac (Alain) : Oui, merci. Alain Kirouac, président et chef de la direction de la
Chambre de commerce et d'industrie de
Québec. Et je suis accompagné de Mme Catherine St-Pierre, qui est la
responsable des communications à la Chambre de commerce de Québec.
Mesdames et
messieurs, bonjour. Compte tenu, évidemment, des délais qui nous étaient
impartis, nous avons décidé de limiter nos
recommandations aux éléments les plus essentiels, qui s'appuient sur les
commentaires fréquemment émis par les entrepreneurs et nos entrepreneurs
de la grande région de Québec.
• (11 h 10) •
Un court
rappel. La Chambre de commerce et d'industrie de Québec constitue le plus
important regroupement de gens d'affaires de l'Est du Québec. Elle
regroupe plus de 4 500 membres, et 70 %, environ, de ses membres sont
des entreprises de moins de 50 employés. La Chambre
de commerce et d'industrie de Québec poursuit la mission d'être la voix privilégiée des entrepreneurs de Québec et
favorise, pour ses membres, l'accès à des occasions de réseautage et de
développement d'affaires, l'amélioration des compétences et la reconnaissance
du succès entrepreneurial.
À la suite du dépôt du projet de loi créant la
Banque de développement économique du Québec, nous avons mené un sondage électronique auprès de la
communauté d'affaires de Québec, membres ou non de la chambre, afin de
savoir si une telle initiative correspondait à leur réalité d'affaires et à
leurs besoins. Le sondage a été réalisé par la firme Léger Marketing les 7 et
8 mai derniers, auquel ont participé 260 dirigeants d'entreprise et
professionnels, qui, rappelons-le,
constituent la clientèle à qui précisément est destinée la banque. Les
résultats et les commentaires émis par ces derniers ont donc grandement
orienté nos présentes recommandations.
Les résultats du sondage révèlent que 69 %
se disent favorables à la mise en place d'une structure telle que la banque,
alors que 31 % se disent défavorables. Dans quel contexte? C'est que la
majorité des dirigeants d'entreprise et des
professionnels sondés ont reconnu la pertinence de créer un guichet unique,
centraliser les services et faciliter les démarches pour les entrepreneurs. Toutefois, cette nouvelle structure,
selon eux, doit être accessible, souple, efficace, doit correspondre aux
besoins des entrepreneurs et à leur réalité et être pleinement opérationnelle
rapidement.
Je vais vous mentionner quelques commentaires
cités par les gens qui ont répondu à notre invitation.
«Je suis favorable si la banque sert
effectivement aux entreprises en leur permettant de se développer avec l'appui
public nécessaire. Cependant, je serais très défavorable s'il s'agissait d'une
autre structure publique lourde, dépourvue de compétences et sclérosée.»
«L'enjeu n'est pas la banque en tant que telle,
mais plutôt comment elle va être gérée et quelle sera donc son efficience pour
les entreprises.»
«Il existe
déjà tellement d'organismes avec différents mandats qu'il faut s'assurer que ce
nouvel organisme soit performant, avec des résultats concrets, en
allégeant les processus pour les entrepreneurs clients.»
«Que la Chambre de commerce de Québec et les
chambres en général soient impliquées, car elles ont un rôle important à jouer
dans le développement économique.»
«On a besoin
de capital de risque local, à Québec, et que ce soit géré par des gens ayant un
vrai vécu en affaires.»
«Pourvu qu'il
s'agisse réellement d'une façon de faciliter l'accès au financement et non un
dédoublement. Je salue l'intention, mais il faudra voir comment le tout
se matérialisera sur le terrain.»
«Je suis plutôt défavorable, puisqu'il s'agit
encore une fois de créer une autre étape dans les processus. Cela augmente en
général la bureaucratie et alourdit les processus.»
D'autres
questions demeurent, selon les répondants. Est-ce que cela va permettre de
faire des économies d'échelle par rapport à la situation antérieure?
Est-ce que cela va vraiment aider nos entreprises à se développer? D'où vient
vraiment le besoin de créer une nouvelle structure telle que la banque?
À la lumière
de ces commentaires, la chambre souscrit à la mission première, telle que
formulée dans le projet, de la Banque de développement économique du
Québec, celle de soutenir le développement économique du Québec et des régions par la création, la croissance, la
rétention et l'implantation d'entreprises sur tout le territoire québécois.
C'est plutôt dans la mise en place de ladite structure et dans son
fonctionnement que nous souhaitons apporter notre éclairage et nos
recommandations.
Tout d'abord, l'harmonisation des orientations
de la banque et de son action dans toutes les régions du Québec peut s'avérer
un défi majeur, au même titre que l'intégration du personnel provenant de
plusieurs entités gouvernementales aux
cultures différentes et la coordination avec les centres locaux de
développement. Tout cela doit être intégré de façon harmonieuse afin que
les services offerts aux entrepreneurs ne s'en trouvent pas affectés. Des
règles claires et des mécanismes stricts de
gouvernance devront ainsi être adoptés afin de circonscrire de façon formelle
le rôle ainsi que le cadre
d'intervention de chacune des organisations impliquées. Nous croyons aussi que
celles-ci ne doivent pas influencer
les décisions d'investissement de la banque. En effet, il est opportun de
soulever le danger de politisation des décisions
et d'ingérence, qui pourrait compromettre l'indépendance dont la banque a besoin
pour son bon fonctionnement.
Reconnaissant donc la pertinence de créer un
guichet unique et de centraliser les ressources et les services qui leur sont destinés, les entrepreneurs que nous
avons sondés expriment toutefois certaines réserves quant à la création
d'une nouvelle structure qui vient s'ajouter aux nombreuses autres. Ils se
questionnent également sur les retombées concrètes
que la banque pourra avoir sur l'essor ou la croissance de leur entreprise.
C'est pourquoi il est essentiel que la banque
corresponde à la réalité d'affaires et aux besoins des entrepreneurs,
c'est-à-dire une structure accessible, efficace et pleinement opérationnelle rapidement qui leur
facilite les démarches et allège les processus administratifs et la
paperasserie. Bref, une structure qui ne constitue pas une charge
supplémentaire dans leurs démarches de leur développement.
Nous insistons également sur l'importance de
déployer des ressources humaines compétentes qui connaissent très bien la réalité d'affaires des entrepreneurs
et le marché et qui pourront les conseiller convenablement et les
orienter efficacement vers les bonnes ressources. Ce point soulève néanmoins
certaines inquiétudes. Avec le fractionnement de
l'ancien ministère du Développement économique, de l'Innovation et de
l'Exportation en différents ministères, cela a eu pour effet de disperser l'expertise par la même occasion. Les
ressources compétentes en matière d'exportation, par exemple, se trouvent maintenant au sein du
ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du
Commerce extérieur. La banque étant à
l'étape de la création, nous avons là une belle occasion d'impliquer les
clients entrepreneurs dans
l'élaboration des structures et des services qui leur sont destinés. Nous
sommes convaincus qu'une telle approche donnerait de meilleures chances
de succès à la banque.
Le gouvernement, par le biais de la Banque de
développement économique du Québec, doit tendre vers une réelle régionalisation dans ses interventions et
préconiser une approche ciblée en tenant compte des spécificités de
chacune des régions. À Québec, par exemple,
il existe déjà une belle collaboration entre les différents organismes, qui
reconnaissent le rôle
de chacun et travaillent vers un même objectif : soutenir les entreprises.
Il est donc important que le gouvernement travaille de concert avec les acteurs et les gouvernements... pardon, et
les organismes locaux, qui ont une fine connaissance des entreprises de leur territoire et qui sont en
contact direct avec celles-ci, à commencer par les chambres de commerce
et la Chambre de commerce de Québec. Nous y reviendrons.
Offrant un
capital qui se veut complémentaire, il sera en outre essentiel que la banque
évite de faire concurrence aux institutions financières ou aux fonds
privés de capital de risque existants, au même titre qu'elle ne devra pas se
substituer aux autres organismes déjà bien implantés dévolus à
l'entrepreneuriat et au soutien des entreprises.
La Chambre
de commerce et d'industrie de Québec est un acteur d'importance dans le
développement économique et entrepreneurial de la région de Québec. Nous
sommes le seul organisme qui a su développer, dans les… dans ses 200 ans
d'histoire, dis-je, une notoriété et une crédibilité dans le milieu des
affaires.
Nous
travaillons actuellement à l'élaboration d'une vision économique de la région
de Québec pour les prochaines années. Nous aurions donc souhaité que le
gouvernement reconnaisse le rôle essentiel des chambres de commerce du Québec
dans le soutien aux entrepreneurs et qu'il assure leur présence comme acteurs
de première ligne au sein de la banque. Le soutien des entrepreneurs est au
coeur de la mission de notre chambre.
Créé il y a près de deux ans, notre comité
Entrepreneuriat, qui est composé d'une douzaine d'entrepreneurs accomplis de la
région de Québec, a élaboré une stratégie d'intervention pour appuyer les
entrepreneurs dans leur développement, quel
que soit le cycle de vie de leur entreprise et de leur secteur d'activité. Les
travaux du comité ont mené à une
multitude d'actions, dont la constitution d'une équipe de 20 entrepreneurs
clients… conseils, pardon, qui sont jumelés à d'autres entrepreneurs
souhaitant obtenir des conseils sur les défis de leur entreprise et leur
savoir-faire, ce qui vient compléter le rôle des mentors, qui agissent plutôt
sur le savoir-être. On sent un réel désir de la part des entrepreneurs
d'expérience de notre région de partager leur expérience et leur réseau avec
leurs pairs.
La première
Foire des entrepreneurs, que nous avons tenue le 25 avril dernier,
s'inscrit également dans la stratégie entrepreneuriale élaborée par
notre comité, qui a constaté, au cours de sa réflexion, que les services et les
ressources s'adressant aux entrepreneurs
sont mal ou peu connus de ces derniers. Ils ont alors imaginé une journée où
l'entrepreneur pourrait se familiariser avec le vaste éventail de programmes et
de services qui lui sont destinés, une journée ou il pourrait s'inspirer du parcours d'entrepreneurs reconnus, obtenir des
conseils d'experts et élargir son réseau de contacts. Avec plus de 70 exposants, privé et public,
et une quarantaine de conférences, la foire fut donc un franc succès. Plus
de 1 300 entrepreneurs ont participé à cette première édition.
De plus, afin de souligner les réalisations et
les succès en affaires des entreprises de la région de Québec, nous tenons
chaque année cinq concours et événements de reconnaissance. Des initiatives
réalisées par et pour les entrepreneurs, et nous insistons sur ce point. C'est
précisément ce qui distingue l'action des chambres de commerce. Il n'y a rien
de tel que de mettre en contact des entrepreneurs avec d'autres entrepreneurs
qui partagent une même réalité d'affaires et un même vécu, et nous croyons que
c'est exactement cette formule qui devrait être reprise à plus grande échelle
avec la banque.
En conclusion, nous croyons que la banque doit
intégrer dans sa vision les enjeux relatifs à la main-d'oeuvre auxquels est
tout particulièrement confrontée la région et ceux liés à l'internationalisation
de nos entreprises par le développement des
exportations. Cette dimension devrait aussi faire partie, selon nous, du
mandat. Les entrepreneurs sont actifs
en affaires sur la scène internationale dans une proportion de 13,6 %,
comparativement à 19,4 % pour les autres entrepreneurs canadiens.
Il y a là un important défi auquel doit s'attaquer la banque.
De plus, il
serait opportun qu'un plan d'affaires sur trois ans accompagne le projet de loi
et précise les éléments suivants : les attentes en termes de
performance, les capitaux qui seront mis à la disposition de la banque et de
ses filiales ainsi que les mécanismes d'évaluation.
La chambre
salue par ailleurs la décision du gouvernement d'implanter le siège social de
la banque à Québec, mais il serait
souhaitable que les réunions du conseil d'administration de la nouvelle entité
se tiennent également à Québec, d'autant plus que des moyens
technologiques sont acceptés pour y assister à distance. En bref, nous
souhaitons que les actions du siège social de la banque se déroulent dans la
capitale. Merci.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup, M. Kirouac. Alors, je cède maintenant la parole à la
ministre pour une période de 16 minutes.
• (11 h 20) •
Mme Zakaïb : Merci, M. le Président.
Tout d'abord, je me réjouis des résultats du sondage, qui révèlent que 69 % de vos membres, c'est-à-dire 260 dirigeants
d'entreprise et professionnels qui ont participé au sondage, se disent
favorables à la mise en place d'une structure telle que la banque.
Maintenant, je comprends que ce qu'on a à la
page suivante, ce sont des commentaires. Les sondeurs ont demandé des... n'ont pas seulement… Les gens n'ont
pas que répondu à des questions, on leur a permis de donner des
commentaires. C'est ça que je comprends?
M. Kirouac (Alain) : Absolument,
absolument. C'est des questions ouvertes qui étaient disponibles.
Mme Zakaïb : Et vous avez pris
certains de ces commentaires, que vous avez reproduits à la page 2.
M. Kirouac (Alain) : Absolument.
Mme Zakaïb : O.K. Je voulais être
certaine de ça.
Une fois qu'on dit que vous êtes
favorables à la structure, naturellement, le projet de loi est un projet de loi
très technique, n'entre pas dans les détails, puis j'imagine qu'il y a des
choses que vous avez soulevées comme étant des interrogations qui
malheureusement ne peuvent pas trouver une réponse dans un projet de loi. Quand
vous dites, par exemple, que les décisions
d'investissement de la banque ne doivent pas être laissées aux intervenants
socioéconomiques, vous voulez dire par là
que les décisions doivent se prendre par un comité d'investissement neutre, un
peu comme on a vu dans les FIER, là. J'imagine que c'est ça que vous voulez
dire.
M. Kirouac (Alain) : Oui, absolument. Le commentaire qui nous est fait, c'est qu'on doit
dépolitiser, évidemment, les
décisions que la banque pourrait prendre en termes d'investissement et que ça
ne doit pas venir d'organismes locaux qui indiquent à la banque où
investir.
Mme Zakaïb : Alors, je peux vous dire en effet que les décisions d'investissement de
la banque vont être prises par les
gens, les employés de la banque, avec un comité d'investissement formé
d'experts à l'intérieur de la banque, et non pas… En fait, ce qu'on veut dans chacune des régions du Québec, c'est
que les acteurs économiques développent une vision de développement
économique, puis là il y a tout ce qu'il y a autour de cette vision-là puis un
plan stratégique pour l'atteindre. Puis je
pense que la région de Québec est un bel exemple, parce qu'à Québec on a
intégré… je pense que les gens à Québec ont beaucoup plus intégré que
dans d'autres régions cette vision de développement économique là. Mais ça, c'est une vision, c'est un plan d'action
pour atteindre la vision. Puis je n'entrerai pas dans les détails comme
je l'ai fait avec d'autres organismes de ce
qu'il devrait y avoir dans le plan d'action, mais ce n'est pas les décisions
d'investissement. Naturellement, les décisions d'investissement vont se
prendre par des investisseurs.
Vous
parliez de l'importance d'un guichet unique ou d'un guichet unifié et de la
difficulté pour les entrepreneurs… Vous avez dit que les services et les
ressources sont très mal connus, puis, moi, ça fait 20 ans que je
travaille dans ce domaine-là, j'ai rencontré
beaucoup de monde, puis j'ai rencontré encore des gens depuis que je suis
arrivée dans ce poste, et c'est très évident que c'est très mal connu
puis malgré le fait qu'on a des sites Internet, malgré le fait qu'il y ait...
puis que vous faites des efforts pour que ce soit connu. Pensez-vous que le
fait qu'il y ait un chargé de projet qui soit vraiment
attitré pour aider l'entrepreneur, justement, à faire arriver ses projets face
aux différents ministères mais également face aux différentes sources de financement, quelqu'un à la banque, que
la personne se présente à un CLD ou qu'elle se présente directement à la
banque, qu'il y ait un chargé de projet, ça, ça pourrait être une des solutions
qui aideraient, justement, à ce que les entrepreneurs aient accès à tout ce qui
existe.
M. Kirouac (Alain) : Ce qu'on comprend effectivement, que ce soit par le sondage, ou les
rencontres qu'on fait, ou même les commentaires qu'on a entendus à la
Foire des entrepreneurs tout récemment, la grande difficulté des entrepreneurs et, je vous dirais, dans une
certaine catégorie d'entrepreneurs, ceux qui sont particulièrement en
démarrage, la difficulté qu'ils ont d'avoir
un accès direct à l'information privilégiée concernant l'ensemble des produits.
J'ai envie de vous répondre que oui,
effectivement, pour ces gens-là, d'avoir une ressource compétente qui est
capable de répondre à l'ensemble des préoccupations, ça semble être
effectivement une avancée pour les entreprises.
Mme Zakaïb : Vous avez également parlé de complémentarité, et, selon moi, c'est un
des grands enjeux de la banque. On a longtemps discuté de la rédaction
des articles pour faire en sorte qu'on s'assure de la complémentarité.
De
votre côté, qu'est-ce qui vous amène à dire qu'il pourrait y avoir concurrence?
De quelle façon vous le voyez puis de quelle façon... Si vous aviez
quelque chose à nous suggérer sur la complémentarité, ce serait quoi?
M. Kirouac (Alain) : Écoutez, ce qu'on entend effectivement, puis ça nous vient de nos
membres particulièrement dans le
secteur financier, les institutions financières, elles ont, disons,
actuellement certaines préoccupations concernant le rôle actuel d'Investissement Québec. C'est ce
qu'on entend, qu'Investissement Québec actuellement jouerait — je le mets entre guillemets — dans les platebandes des institutions financières, dans la
façon qu'elle a de travailler et de procéder actuellement auprès des
entreprises.
La
crainte des milieux financiers, je présume, je n'ai pas vu la liste des… s'ils
vont se présenter, mais j'ai discuté avec
ces gens-là particulièrement cette semaine, et, dans le projet de loi qui est
déposé actuellement, pour eux, c'est la préoccupation majeure :
Quel va être le rôle d'Investissement Québec — qui va changer de nom — par
rapport, effectivement, à l'investissement? Et quel sera... Il faut déterminer — c'est
un peu ce qu'on dit aussi dans notre mémoire — définir
très clairement le rôle de chacun. On craint actuellement qu'Investissement
Québec, peu importe le nom qu'elle portera, accentue un rôle qu'elle n'a
pas comme mandat premier d'opérer. Il ne faut pas prendre la place des
institutions financières actuelles, elles sont là, elles sont présentes. Que ce
soient les Desjardins de ce monde ou les grandes banques, elles jouent un rôle
auprès de l'entreprise privée, c'est très clair. On ne doit pas compétitionner
par un organisme public ce qui se fait déjà dans le secteur privé.
Mme Zakaïb :
M. Kirouac, on est exactement sur la même longueur d'onde, vous et moi. La
difficulté, c'est de quelle façon on peut le faire, là. Puis j'imagine que les
gens qui vont venir vont nous suggérer peut-être d'autres... pour améliorer le
projet de loi, là, parce que…
M. Kirouac
(Alain) : Je vous confirme qu'il y a des gens qui viendront avec des
propositions très concrètes à vous faire.
Mme
Zakaïb : Je vais revenir
sur... Vous avez parlé de deux choses qui m'interpellent, là. La première,
c'est la régionalisation, l'importance d'agir de façon régionalisée.
Pouvez-vous élaborer un peu sur ce point-là?
M. Kirouac
(Alain) : La région de
Québec comme toutes les régions du Québec, d'ailleurs, se sont prises en
main sur le plan économique dans les dernières années. La région de Québec est
un bel exemple. La région de Montréal, toutes
les régions, dans le fond, la Chaudière-Appalaches qui est près de nous, toutes
ces régions, évidemment, ont des particularités
qui leur sont propres, et le développement économique ne doit pas être vu sur
l'angle du mur-à-mur. Chaque région peut et doit avoir un mot à dire sur
ses choix, sur la vision qu'elle a de son développement.
Il y a un piège, cependant, qu'il faut éviter
absolument, c'est de revenir, si vous me permettez, dans la problématique qu'on a connue, il y a quelques
années, de la compétition interrégionale où on avait ce qu'on appelait
les régions ressources qui avaient des avantages et, on se rappellera, que les
régions centrales décriaient. Alors donc, la régionalisation ne va pas,
cependant, jusqu'à faire en sorte qu'il y ait des distorsions entre les
principales régions du Québec, que des
avantages fiscaux, par exemple, soient accordés à certaines régions et que
d'autres ne les aient pas. Il ne faut
pas tomber dans cette trame. Ça a été assez déchirant dans les dernières années,
toute cette situation-là. Ne retombons pas dans le même piège.
Mme Zakaïb : J'avais une autre
question, puis après je vais laisser mes confrères poser des questions. J'en
aurais peut-être une pour la fin, là.
Vous avez
parlé de l'implication de la chambre de commerce à la banque. Donnez-moi des
exemples de choses ou d'endroits où vous pourriez être impliqués puis de
quelle façon vous pourriez être impliqués.
M. Kirouac
(Alain) : Bon, ça, c'est un
vieux débat, puis je ne prendrai pas, évidemment, le temps qui m'est
imparti pour ouvrir un nouveau débat, mais les chambres de commerce ont un rôle
excessivement important à jouer dans le développement économique. Nous ici, à
Québec, on se prétend — et
on l'est — être
la voix des entrepreneurs. Nous faisons des
actions pour répondre aux besoins des entrepreneurs et nous le faisons par des
entrepreneurs. Et ce qu'on voit ce matin dans le projet de loi, c'est
que le rôle des chambres de commerce, s'il existe, il faut le deviner à travers
les lignes. On n'utilise malheureusement pas assez les chambres de commerce et
leur réseau aux fins de développement.
Nous avons des gens à Québec, des gens
d'affaires d'expérience qui ont un savoir-faire exceptionnel, et nous avons décidé, au-delà des programmes, des
ententes, je vous dirais, des programmes gouvernementaux, nous avons
décidé de rendre accessible ce savoir-faire
à d'autres entrepreneurs. C'est une approche qui ne coûte rien. C'est une
approche qui vient de la bonne volonté des
gens qui sont prêts à redonner à d'autres parce qu'eux ont vécu des expériences
excessivement intéressantes, pertinentes, et ils sont prêts à redonner.
Alors donc,
il y a des organismes de terrain, on en convient, qui ont des mandats et des
rôles spécifiques. Quel est le rôle
d'une chambre de commerce, si ce n'est que d'utiliser ses membres, des gens
d'expérience, des gens d'affaires compétents qui sont disponibles et
prêts à contribuer au développement économique? Et ça, malheureusement, on n'utilise
pas assez cette ressource. Nous le faisons, évidemment, parce qu'on est une
organisation de gens d'affaires, mais on devrait le faire aussi en concordance
avec des politiques gouvernementales. Utilisez-nous.
Mme Zakaïb : Avez-vous des questions?
Oui?
M.
Chapadeau : …d'abord, merci
d'être là. Merci pour l'excellent travail que vous avez fait, là, c'est
complet. Puis j'aurais des questions.
J'aurais une question par rapport, justement, à la reconnaissance de la chambre
mais par rapport au travail
spécifique que vous avez fait, là, où vous mentionnez que vous élaboré une
stratégie d'intervention pour appuyer les
entrepreneurs dans leur développement, quel que soit le cycle de vie de
l'entreprise. Pouvez-vous élaborer davantage là-dessus, sur le travail
qui a été fait et les conclusions?
• (11 h 30) •
M. Kirouac
(Alain) : Oui. Écoutez, ce
que nous faisons particulièrement… Et c'est un message qu'on a entendu,
et je suis certain que, ce message-là, on
pourrait l'entendre dans toutes les régions du Québec. Les entreprises qui ont
besoin d'aide et de soutien nous disent
régulièrement : Lorsque je rencontre des organismes de terrain voués au
développement économique, je rencontre des gens d'une grande ouverture, d'une
compétence académique intéressante, mais ce ne sont pas, malheureusement, des gens qui connaissent le milieu des
affaires. Là, on est en termes d'écoute, de compréhension des problèmes que vit l'entrepreneur. Et, quand
une entreprise se présente dans un organisme de terrain, qui est
accueillie par quelqu'un qui va l'aider effectivement au moyen de ses
connaissances, au meilleur de ses connaissances, mais que vous avez devant vous… ce n'est pas quelqu'un qui a été dans le
milieu des affaires ou qui a géré une entreprise, ce que ces gens-là
nous disent, c'est que, nous, ce à quoi on a besoin, ce à quoi on veut avoir accès — c'est
un peu ce que je vous disais antérieurement : Faites-moi rencontrer des
gens d'expérience qui vont pouvoir me dire en une heure, deux heures,
trois heures maximum ce vers quoi je dois tendre.
On a créé un programme avec des entrepreneurs
experts et des entrepreneurs clients, une dizaine d'heures accessibles à ces entrepreneurs clients, et je
dois vous dire que, jusqu'à maintenant, sur 20 «matchs» qui ont été
réalisés, la moyenne d'heures qui ont été consacrées entre l'expert et le
client est de trois heures. Le client a donc réussi, en échangeant avec un
expert du milieu des affaires, en trois heures, à répondre à sa préoccupation
en termes de savoir-faire. Écoutez, c'est
absolument extraordinaire. Et c'est ça que nos membres et c'est ça que nos
entrepreneurs souhaitent, avoir accès
à d'autres entrepreneurs, à des gens qui ont de l'expérience. C'est ça qu'on a
mis en place et c'est ça qu'on va accentuer dans les prochains mois et
les prochaines années.
Mme Zakaïb : …je pense que je saisis ce que vous voulez dire.
En fait, à l'article 3, on dit : «La banque, dans la perspective de créer un guichet unifié, voit à ce
qu'un service-conseil d'accompagnement soit offert aux entreprises pour le développement de leurs affaires ainsi que dans
le cadre de leurs démarches auprès des ministères et organismes.» En fait, le rôle de la chambre de commerce pourrait
se situer dans ça, d'être un soutien à cet accompagnement-là qui serait ciblé. Exemple, dans une région où on se
dit : Bon, bien nos fleurons de demain, c'est telle, telle, telle
entreprise, on veut leur donner un
accompagnement privilégié, personnalisé, avec du financement privilégié,
personnalisé, on va travailler avec
la chambre de commerce pour trouver les bonnes personnes qui pourront être les
mentors de ces entreprises-là…
M. Kirouac
(Alain) : Madame…
Mme
Zakaïb :
…parce que naturellement on n'aura pas, à la banque, toute la compétence pour
suivre toutes les entreprises puis...
M. Kirouac
(Alain) : Mme Zakaïb, c'est ce que nous faisons.
Mme Zakaïb :
C'est ce que vous voulez?
M. Kirouac (Alain) : C'est ce que nous faisons actuellement par la bonne volonté,
évidemment, de gens de grande expérience de la région de Québec qui sont
prêts à donner de leur temps au bénéfice de d'autres entreprises. Et là vous êtes vraiment dans ce que je qualifiais
tantôt du par et pour : par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs. Ça
ne vient pas, évidemment, enlever les
programmes de soutien, d'accompagnement et d'aide aux entreprises. Ça vient
apporter un élément de plus, qui s'ajoute,
si vous me permettez — très
rapidement — à
un autre volet qui s'appelle le mentorat, qui, lui aussi, évidemment, provient du milieu des affaires, donc implication
plus forte des gens d'affaires dans le processus. Et, si on réussit à
avoir de ces experts, c'est parce que ces gens-là ont confiance en leur chambre
de commerce et nous accordent du temps.
Mme Zakaïb : Je suis d'accord avec vous puis je pense qu'il y aurait moyen de
trouver... de bonifier ou... Je ne pense pas que ça va être dans le
projet de loi mais plus tard. Je suis heureuse de voir que la BDEQ est bien
reçue par la capitale nationale, puis je
suis certaine que ça va être un outil important pour amener le Québec dans
l'économie du XXIe siècle. Je vous remercie beaucoup de votre
apport. Merci.
M. Kirouac
(Alain) : Merci.
Le Président (M. Leclair) : Alors, merci beaucoup, M. Kirouac. Merci,
Mme la ministre. Je passe maintenant la parole au député de Louis-Hébert
pour une période de 15 min 12 s. La parole est à vous.
M. Hamad :
Merci beaucoup. M. Kirouac, bienvenue à l'Assemblée nationale. Évidemment, ce
n'est pas votre première visite, je le sais. Depuis des années, vous
êtes très actifs, à la chambre. Et je veux saluer Mme St-Pierre.
En
regardant votre mémoire, je suis toujours fier de voir… Ma chambre, la Chambre
de commerce de Québec, fait un beau
travail, est toujours présente. Comme ancien président, c'est un honneur de
vous voir aujourd'hui et de voir que la chambre travaille très fort
encore. C'est un excellent mémoire, très bon mémoire. Et ce que j'aime aussi
là-dedans, dans votre mémoire, il va
chercher l'opinion des gens d'affaires. Puis, à partir de l'opinion des gens
d'affaires, vous avez formulé des recommandations.
Et,
le sondage, on connaît les sondages. Alors, le sondage qu'on a ici démontre la
perception des gens d'affaires, parce que, vous savez, les gens
d'affaires, ce n'est pas les gens qui lisent nos lois puis suivent nos...
Alors, les gens, ils ont une perception, et cette perception-là est basée sur
l'information, ce qu'ils voient autour, à gauche, à droite.
Ce
que j'ai aimé dans votre sondage, c'est que la perception que vous avez démontrée
dans votre sondage, 60 et quelques
pour cent, elle est conditionnelle. C'est-à-dire que c'est bon, mais... C'est
bon mais. Alors, évidemment, le sondeur peut dire : Tout le monde a
dit «bon», mais il y a combien de «mais» là-dedans? Puis, les «mais», vous
l'avez mis à la page 3. Les «mais» sont clairs, ils disent : C'est
bon... C'est sûr que quelqu'un qui arrive... En passant, l'histoire là-dedans, c'est que, quand on arrive puis on dit
aux gens d'affaires : Je vais vous fournir un guichet unique, tu sais,
il ne va pas dire : Aïe, va-t'en, ce
n'est pas une bonne idée. Il va dire : C'est excellente idée, c'est très
bonne idée. Mais, par contre, deux
secondes après, la personne, elle va réfléchir, va dire : Oui, mais est-ce
que ça va être compliqué? Ça
va-tu coûter cher? Comment ça va marcher,
ton affaire? Et c'est exactement la réaction des gens d'affaires que vous
représentez.
En
passant, c'est l'unique mémoire à date qui nous a montré ce côté-là, là. Donc,
le fait d'être pour, oui, tout le monde
est pour, pour un guichet unique, parce que c'est comme ça qu'ils le voient,
mais quand je regarde la page 3 : «…je serais très défavorable s'il s'agissait d'une autre structure publique
lourde, dépourvue de compétences et sclérosée.» Alors, un autre, je lis après : «…soit performant,
avec des résultats concrets, en allégeant les processus pour les
[entrepreneurs].» Un autre commentaire : «…mais il faudra voir comment le
tout se matérialisera sur le terrain.» Un autre après : «Je suis plutôt défavorable, puisqu'il s'agit encore
une fois de créer une autre étape», etc. Donc, il y a des
questionnements. Puis, en passant, c'est
exactement notre questionnement ici, nous, de notre parti à nous, le Parti
libéral. On est exactement dans ce
«mood» là de se questionner sur : Vraiment, est-ce que c'est la solution?
Alors, là-dessus, on se rejoint cent pour cent.
Donc, le sondage, tu
sais, on ne fera pas une fête avec ça parce que j'ai demandé à quelqu'un :
Penses-tu que le ciel est bleu? On
regarde : Oui, mais ça se peut qu'il y ait des nuages demain. Il est-u
encore bleu? Tu sais, ce n'est pas là, le point, le point de dire :
Je veux ça. Cependant, il y a des éléments que je veux avec ça.
Alors, les éléments, maintenant, là,
en plus, vous amenez les éléments. Je m'en vais à votre conclusion à la
dernière page, page 7, et vous dites, à la page 7, troisième
paragraphe : «De plus, il serait opportun qu'un plan d'affaires sur trois ans accompagne le projet de loi et précise
les éléments suivants : les attentes en termes de performance, les
capitaux [...] ses [filières] ainsi que les
mécanismes d'évaluation.» Évidemment, dans d'autres questions que vous avez
posées : C'est quoi, le bénéfice? C'est
quoi, les économies qu'on fait? Comment ça va marcher? Et là-dessus, M.
Kirouac, on est dans la même...
exactement la même position, parce que tantôt, à Switch, ce qu'on disait :
Il faut planifier avant d'agir. Planifier,
c'est exactement ce que vous dites. La ministre le répète souvent, puis elle a
raison de dire que le projet de loi, il est technique, mais nous, on n'est pas juste à faire un projet de loi
technique ici, comme législateurs. Il faut aller au-delà de ça, parce qu'on crée quelque chose par un
projet de loi technique. La technicalité, c'est créer une structure, oui,
mais il faut aller plus loin que la technicalité, c'est-à-dire avoir des
réponses sur comment ça va marcher.
Par
exemple, vous avez dit : La région de Québec, en passant, c'est un modèle
économique maintenant, la région de Québec. C'est une des régions les
plus performantes au Canada aujourd'hui, on est fiers de le dire. Dans les
années 2000, bien on n'était pas dans ce «mood»-là. Et pourquoi c'est fait de
même? Parce qu'il y a une unification des gens d'affaires, ce que vous avez fait à la chambre. Les gens d'affaires sont
unifiés, à Québec, puis ils sont capables d'exprimer leur positionnement
facilement à tous les paliers de gouvernement. Ça permet… On l'a vu avec
M. Labeaume sur les taxes, dans vos
sorties, on a vu les positionnements sur le gouvernement quand vous
dites : Nous autres, tel fonds, telle chose, telle chose. Et donc vous avez votre entrée dans le gouvernement
à tous les niveaux, et là, dans ce projet de loi, je sais qu'il y a un malaise pour vous, le fait que c'est
une entrée de CLD et que vous avez toujours quand même représenté dans, par exemple, plein d'actions que la chambre de
commerce a faites, exemple vous faites l'inauguration proactive, que
vous allez en Belgique, en France chercher
ça, chercher la main-d'oeuvre en collaboration avec les programmes, les
formations que vous suggérez. En tout cas, vous avez cité en masse.
Donc,
ce que je comprends dans votre mémoire, vous dites oui, guichet unique, oui,
mais votre questionnement aujourd'hui — je veux juste être sûr que
j'ai bien compris — votre
questionnement : Est-ce que ça prend un plan qui nous permet de s'assurer que les objectifs vont être atteints puis de la
bonne gestion? Et l'autre élément : Quel est le rôle de la chambre de commerce là-dedans? Ce n'est pas
après l'adoption de la loi, que peut-être on sera à l'oubliette puis on
ne saura jamais où vous êtes là-dedans. Ce
que vous voulez, vous, c'est le moment maintenant, de dire au
gouvernement : Moi, là, j'ai un rôle. Pourquoi j'ai un rôle? Voici, les
gens d'affaires, qu'est-ce qu'ils veulent, puis etc. Voici ma valeur ajoutée.
Est-ce que j'ai bien compris, M. Kirouac?
M. Kirouac
(Alain) : Je vais vous répondre oui. Vous avez bien compris, M. Hamad.
M. Hamad :
Bon, O.K. Alors donc, j'ai compris que vous voulez un plan d'affaires avant,
vous voulez savoir que… à part la technicalité du projet de loi.
• (11 h 40) •
M. Kirouac
(Alain) : C'est clair que c'est un élément qui est ressorti dans le
sondage. Et normalement, effectivement,
quand on a un projet, il faut que ce soit accompagné aussi d'un plan, de ce
qu'on appelle un plan d'affaires, avec des objectifs, des atteintes, et
pour mieux, évidemment, être en mesure d'accepter ou pas le projet.
M. Hamad :
D'ailleurs, juste pour votre information, vous étiez bien informé, M. Kirouak,
puisqu'hier nous avons reçu les banquiers, l'Association des banquiers
canadiens, et ils nous ont parlé de la complémentarité. Juste dire que vous étiez très bien informé. Ils nous ont
souligné ces points-là. Ils ont proposé des choses, des modifications, on verra comment ça peut… Et il y a une crainte
actuellement avec les banquiers à ce niveau-là, puis vous avez tout à
fait raison. Je l'avais entendu, moi, quand
j'étais ministre. Surtout dans certaines régions au Québec, la Banque
Nationale ou le Mouvement Desjardins, ils
disaient : Écoutez, là, Investissement Québec, des fois, tu sais, ils sont
en compétition. Alors, c'est quelque
chose à regarder de près. Dans certains cas, ils n'avaient pas raison; dans
d'autres cas, oui, ils avaient raison.
M. Kirouac
(Alain) : …vous m'ouvrez la porte. Deux secondes pour vous dire aussi
que la Fédération des chambres de commerce
du Québec prendra la parole ici la semaine prochaine, et nous partageons aussi,
évidemment, les recommandations que la fédération amènera à la
commission.
M. Hamad :
O.K., c'est bien. Je reviens à votre rôle parce que c'est important. Et, pour
l'avoir vécu, pour l'avoir défendu un
petit peu, c'est que vous, là, vous avez un membership à Québec, comme les
autres chambres. Votre membership, évidemment, est beaucoup plus
important que d'autres régions, et vous êtes en contact avec vos membres
quotidiennement, plein d'activités, je ne sais pas vous êtes rendus à combien,
une centaine, 200 activités par année.
Donc, sur les stratégies régionales, exemple, de développement économique, sur
les besoins d'entreprise... Tu sais,
parce qu'il y a quelqu'un qui peut penser, dans un bureau au 20e étage,
faire une stratégie, assis sur une bannière d'une banque, mais il a
besoin, je pense, d'un input du milieu puis input des gens qui connaissent ça,
qui le vivent, surtout. Surtout dans l'entreprise privée, la source la plus
importante d'information pour qu'on bâtisse le meilleur produit, c'est nos
clients, c'est...
Une voix :
...
M. Hamad :
La meilleure source qui peut améliorer la qualité de... qui permet à une
entreprise de faire des nouveaux produits, etc., c'est le client. Et souvent,
en management, je me souviens que le trois quarts des bonnes idées viennent du
client.
Et
donc vous êtes le client, et donc comment vous voyez, là… Alors, moi, je suis
convaincu que votre rôle est important, je n'ai pas de doute avec ça.
Là, on crée une banque puis on donne à un CLD… Comme hier, en passant, les CLD demandaient, pour la capitale nationale, qu'ils
soient partie prenante de la stratégie. Je ne suis pas sûr que le maire de Québec est d'accord, en passant. J'avise la
ministre, là, le maire de Québec, il n'est pas nécessairement d'accord
avec ça, on verra avec le maire de Québec,
parce que lui, il croit que ce n'est pas là qu'on va bâtir la grande stratégie
économique. Au contraire, il croit, comme
vous, que les groupes autour devraient avoir un input. Actuellement,
actuellement, vous, comme je vous
connais, vous n'êtes pas gênés d'appeler le ministère puis dire : Tel
programme, on veut travailler dans tel.
Et en plus, évidemment, il y a l'emploi. Là,
actuellement, dans ce gouvernement-là, tu sais, votre batterie, là, de téléphone cellulaire, elle doit être pas mal
chargée, parce que vous allez faire au moins des dizaines d'appels avant
de réussir à ramasser l'information, parce
que, là, il faut que vous appeliez le Commerce extérieur, il faut que vous
appeliez à Emploi-Québec, là il faut que vous appeliez à l'Enseignement
supérieur, là vous appelez Économie et Finances et, finalement, pour obtenir
des informations à gauche et à droite. Vous allez dans le site Internet, puis
etc. Ce qu'on fait dans la banque, c'est
qu'on prend Économie et Finances puis on l'accole à Investissement Québec, puis
avec, comme vous le savez… Vous vous
rappelez. Lorsqu'on était à la chambre de commerce, on parlait des fusions des
conventions collectives à la ville de Québec, puis la crainte de la chambre de
commerce, c'était que tout le monde va monter des salaires en haut, que ça va
être une charge importante, ce qui est arrivé dans la fusion. Alors, on est
dans exactement le même film 13 ans plus tard.
Qu'est-ce que
vous en pensez dans l'aspect personnel? Parce que, là, on fusionne des employés
du gouvernement et des employés d'Investissement Québec qui n'ont pas
les mêmes conditions.
M. Kirouac
(Alain) : Je vous dirais
que, quand on souligne, dans le mémoire qu'on vous dépose aujourd'hui, le... c'est un accord. En même temps, c'est, je
dirai, sans enthousiasme, c'est un peu ce qu'on ressent des commentaires
qu'on a entendus. Et, je le mentionnais tout
à l'heure, c'est dans l'organisation de tout ça, dans la structure de tout
ça. Oui, nous avons entendu et, oui, on nous a souligné que, dans les derniers
mois, il y a comme un flou actuellement des entreprises qui contactent les
différents... appelons ça les différents ministères, parce que, bon, la réalité
est que le MDEIE a été divisé en trois.
Donc, les entrepreneurs ont bien perçu la difficulté et, j'oserais dire, même
la réserve et la prudence des fonctionnaires actuellement, parce qu'ils
nous disent ne pas trop savoir vers où ils s'en vont. Ça, c'est ce qu'on entend, c'est ce qu'ils nous disent. On
prend ça, évidemment, avec toutes les réserves possibles, mais c'est ce qu'on entend. Et la grande crainte aussi de
certains répondants, c'est : La mise en place de la banque va prendre
combien de temps? Ça va
s'harmoniser comment? Il y a de l'humain là-dedans. On sait tous que de
regrouper les choses, de fusionner les
choses, ça amène des contraintes. Il faut que ce soit excessivement bien pensé,
bien organisé, bien fait. Et le point majeur dans tout ça, comme ils nous l'ont dit, ce n'est pas qu'ils sont
nécessairement contre, parce que l'objectif demeure qu'un guichet
unique, pour eux, leur semble pertinent. Comment on va réussir à rendre ça
efficace très rapidement? Et ça, ça a été
dit, ça a été répété à de nombreuses occasions. Comment on va faire pour que ce
soit efficace demain matin? C'est un
peu, peut-être, utopique, mais il n'en demeure pas moins que, pour ces gens-là
qui ont besoin d'avoir des réponses, c'est ce qu'ils craignent.
M. Hamad : Merci. Terminé pour nous.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci beaucoup, M. le député de Louis-Hébert, M. Kirouac. Nous allons
maintenant céder la parole au deuxième groupe d'opposition pour une période de
3 min 48 s. Alors, la parole est à vous, M. le député de
La Prairie.
M. Le
Bouyonnec : Merci, M. le
Président. M. Kirouac, madame. Est-ce que je vous interprète correctement
en pensant, lorsque j'entends le fait que les entrepreneurs semblent être
favorables mais sans grand enthousiasme, c'est, entre autres, parce qu'il n'y a pas une compréhension suffisante,
justement, de l'implantation dans le concret de la nouvelle Banque de développement, de la BDEQ? Dans votre
mémoire, par exemple, vous faites allusion à deux ou trois endroits sur
la pertinence de créer un guichet unique. Pourtant, comme on en a parlé aussi,
on voit très bien que le Commerce extérieur,
déjà dans la formation du gouvernement, le ministère a été explosé. Il y a le
Commerce extérieur, vous l'avez mentionné,
qui est parti aux Relations internationales, mais il y a aussi Science et
Technologie qui est parti du côté de l'Enseignement
supérieur, et pourtant ça fait partie, ça aussi, de la chaîne entrepreneuriale,
entre autres les inventions, les brevets
qui sont issus des universités, les fonds de recherche, etc. Donc, déjà, on
n'est plus dans un modèle de guichet unique, quand bien même on le
voudrait.
Et aussi vous
mentionnez qu'il faudrait impliquer au moment de la création les clients
entrepreneurs. Vous allez même plus
loin que ça en disant qu'il devrait y avoir — puis je salue cette suggestion — un plan d'affaires sur trois ans,
pour qu'on comprenne davantage.
Est-ce que je
conclus correctement en pensant qu'à ce moment-là vous trouvez que le dépôt
du projet de loi, excusez-moi, est prématuré ou pas suffisamment clair pour
vous permettre et permettre à vos membres d'avoir une opinion éclairée, et qu'à ce moment-là il y a des travaux antérieurs qui
devraient se poursuivre, dont le plan d'affaires, dont l'implication des
clients entrepreneurs, afin que ce projet de loi réponde davantage aux besoins?
M. Kirouac
(Alain) : Pour répondre à
votre première question, je vous dirais que, sur les répondants, c'est
une question qui leur a été posée, là. Si je
ne me trompe pas, Mme St-Pierre, il y a 70 % des répondants qui ont dit
connaître et bien connaître le projet de loi, alors donc je peux vous répondre
que les gens qui nous ont répondu semblaient assez bien
connaître le projet. Évidemment, ce n'est pas des gens qui ont lu le projet
comme tel, ça, on s'entend, mais je vous dirais que les fondements du projet de
loi qu'on a questionnés, ça semble être bien connu et appuyé par les gens
d'affaires.
Je reviens à
l'idée de faciliter l'accès effectivement dans un endroit et un lieu unique aux
gens d'affaires. Je pense que, ça, les gens d'affaires sont assez
conscients de ça.
Le deuxième
aspect, c'était… Si vous voulez me rappeler… Pour le plan d'affaires? Bien, je
pense que ça va… En affaires, c'est
la façon qu'on prend des décisions, hein, c'est la façon qu'on travaille.
L'organisation que je représente ne
peut pas être différente de ses membres. Alors donc, quand on veut prendre une
vraie décision, quand on veut aller de l'avant
dans une décision, il faut avoir tous les éléments entre les mains. Ce n'est
pas, évidemment, des éléments qu'ils ont actuellement entre les mains.
Est-ce qu'ils sont favorables au principe sous-tendant le projet? On nous dit
oui. Est-ce qu'ils sont d'accord, cependant, avec l'entièreté du projet?
Évidemment, ils ne l'ont pas analysé, et il faudra peut-être pousser plus loin
avec eux.
Cependant,
beaucoup, effectivement, nous ont dit être très intéressés à ce qu'on continue,
comme organisation, à leur faire
connaître le déroulement du projet en question, on s'en va vers où. C'est comme
une première étape, vous avez raison.
Là, on prend connaissance. Le projet, les gens en prendront connaissance par
les médias, par les journaux, les gens
vont en prendre connaissance par la chambre de commerce, mais il y a un intérêt
à savoir comment ça va effectivement se dérouler.
• (11 h 50) •
M. Le Bouyonnec : Dernière petite
question au niveau de la porte d'entrée régionale, question précise :
Croyez-vous que les CLD devraient être la seule porte d'entrée ou que les CLD
devraient être distincts des bureaux régionaux de la banque et que nous ayons
deux portes d'entrée, à ce moment-là, pour la banque?
M. Kirouac
(Alain) : Écoutez, je vous
répondrai là-dessus qu'à la limite la chambre de commerce peut être une
porte d'entrée. Alors donc, c'est l'harmonisation de tout ça, puis c'est la
collaboration puis la concertation de tout ça. Les entrepreneurs ont tendance, et c'est normal, à aller là où
effectivement ils ont au départ des affinités, bon, des affinités avec une chambre de commerce. Là, vous allez dire
que je suis en train de vendre la chambre, mais, oui, je vais le faire. Effectivement, il y a des affinités, des modèles.
Les gens adhèrent volontairement, ne jamais oublier que les entreprises adhèrent volontairement à une organisation. La
nôtre, on a 2 000 entreprises, 4 500 membres. Alors donc, il y a une
entrée, je vous dirais, qui leur est
naturelle. On collabore sur le terrain avec le centre local de développement
actuellement. On collabore avec
Ressources Entreprises, on collabore avec Québec International. Le modèle, je
vous dirais, actuellement fonctionne
assez bien, mais il manque effectivement… au niveau des programmes
gouvernementaux, il manque, selon ce qu'on comprend, un endroit où les
gens peuvent aller pour avoir l'information en posant la question. Ça semble
être une priorité, une volonté de la part des membres.
Le Président (M. Leclair) : Merci.
M. Kirouac (Alain) : Est-ce que
c'est le CLD? On n'a pas posé la question.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup, M. Kirouac, c'est tout le temps que nous avions d'alloué.
Alors, je vous remercie, M. Kirouac, Mme St-Pierre.
Alors, je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 52)
(Reprise à 11 h 56)
Le
Président (M. Leclair) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Nous recevons maintenant le groupe
Univalor pour une durée de 10 minutes. Alors, s'il vous plaît, vous
présenter, et vous avez 10 minutes pour nous exposer votre mémoire. Merci
beaucoup.
Univalor inc.
M.
Simoneau (Jacques) : Merci.
Bonjour à tous et merci de l'invitation pour pouvoir s'exprimer sur cet
important projet de loi. Je me
présente : Jacques Simoneau. Je suis le président-directeur général
d'Univalor. Univalor est une société de valorisation universitaire,
c'est la société qui s'occupe de valoriser les innovations créées dans tout le
circuit de l'Université de Montréal. Ça inclut Polytechnique, HEC, l'Université
de Montréal, bien sûr, ainsi que six institutions médicales, dans le domaine de la santé. Ça représente 2 000
chercheurs, 500 millions de dollars de recherche par année.
Je vais vous faire part de mon expérience passée aussi,
parce que, je pense, c'est passablement pertinent à la présentation que je fais aujourd'hui. J'ai été pendant cinq ans le
vice-président exécutif à la Banque de développement du Canada. Et auparavant j'étais vice-président
principal au Fonds de solidarité FTQ. Et j'avais même été nommé P.D.G.
d'Innovatech du sud du Québec en 1995, alors on parle d'investissement
technologique en région à ce moment-là aussi. Donc, ça fait 18 ans
d'investissement avec un angle de développement économique. Avant tout ça, j'ai
été professeur d'université puis scientifique aussi.
Alors, je crois que la
création de la Banque de développement économique du Québec est une bonne idée.
De regrouper tous ensemble les experts de développement économique du
gouvernement qui sont là pour piloter les programmes et les outils de
développement que le gouvernement met à la disposition du secteur économique
avec les financiers, des financiers qui ont
la panoplie d'outils financiers dans leurs mains, qu'on parle de prêts
garantis, à un bout du spectre, aller jusqu'à du capital de risque à
l'autre bout, même j'ajoute l'aide financière, les programmes de subvention
aussi, est une bonne idée. Avoir tout ça dans une seule structure, que ce soit
accessible de partout au Québec — c'est un élément clé — devrait
faciliter, pour l'entrepreneur, l'accès à ces divers outils de support.
On ajoute à
ça un souci de développement économique. La loi fait état qu'on va faire, pour
Montréal, pour Québec et ensuite pour les régions du Québec, un plan de
développement économique. Est aussi important, je crois, est un élément crucial
de la loi.
Je vais vous faire porter mon commentaire sur
quelques aspects plus précis de la loi, de la création de la banque, et, bien
sûr, après ça je vais être disponible pour des questions. Je vais vous parler
de quatre choses. Je vais vous parler de
Capital Émergence Québec d'abord. Je vais vous parler ensuite de l'aspect
guichet unifié, de la cohabitation de…
je vais mettre entre guillemets, là, mais de gens de type banquier avec des
gens de type investisseur en capital,
qui n'est jamais nécessairement facile à gérer, et de la complémentarité que
devra avoir cette Banque de développement économique avec le secteur financier
plus traditionnel.
• (12 heures) •
Alors, en
premier lieu, je salue particulièrement la création de Capital Émergence
Québec, la filiale spécialisée en capital
de risque. Il y a peu de détails qui sont donnés dans les documents, mais je
crois qu'il est extrêmement important, au Québec, d'avoir du capital de démarrage d'entreprise. Beaucoup de
capitaux de risque plus traditionnels ou déjà installés se sont éloignés
du démarrage d'entreprise. Vous savez que c'est extrêmement risqué et
extrêmement long. On investit au jour 1
de l'entreprise, souvent quelques années avant même qu'elle ait des revenus,
et, avant de revoir sa mise et de revoir les profits de tout ça, c'est
très long. Alors, les capitaux de risque s'en sont éloignés pour ces
raisons-là. Il est important qu'on
réalimente ça si on veut voir des entreprises. Quand, les capitaux de risque
d'aujourd'hui, on dit : On va aller
dans un… plus en secteur avancé, en «late stage», pour prendre l'expression
anglaise, là, du développement d'une entreprise,
bien on prend pour acquis qu'il y en a d'autres qui les ont essaimées, ces
entreprises-là. Et, lorsqu'on arrête la machine pour trop longtemps,
bien on en a moins.
Il va être
important de bien couvrir les différents secteurs d'activité. Je les nomme juste
pour être certain qu'on le retient :
dans le secteur de la santé, que ce soit à la fois la découverte d'un
médicament, d'un côté, ou le développement d'instrumentation médicale;
informatique et télécom, puis je fais un point de dire que ce n'est pas seulement
que la création de plateformes Web, là,
l'informatique, c'est plus large que ça, puis la télécom, c'est beaucoup plus
large que ça aussi; technologies vertes, évidemment. Et n'oublions pas
les entreprises plus traditionnelles, dans les secteurs moins technos, qu'aussi on se doit de supporter. Les
sociétés de valorisation universitaires telles que celle que je dirige,
Univalor, aujourd'hui, lorsque vient l'occasion de créer une nouvelle
entreprise, ont de la difficulté à les faire financer, ces entreprises-là, par manque de capital d'essaimage.
Alors, qu'on en ajoute… Donc, je vois qu'on va mettre 50 millions
d'argent frais. 50 millions d'argent frais, ce n'est pas énormément, mais
c'est quand même un bon départ. On verra par
la suite ce que ça va donner puis on pourra en ajouter à ce moment-là. À titre
comparatif, là, si on se souvient des années Innovatech, il y avait 500 millions de dollars dans les quatre
sociétés Innovatech combinées pour faire ce genre de travail.
Le deuxième aspect dont je veux vous parler, la
notion de guichet unifié ou guichet unique, c'est dans la façon qu'on va l'opérationnaliser qu'on va voir
vraiment le succès de la chose. Un guichet unique qui fonctionne bien va
être salué par les entrepreneurs. Si le
guichet unique devient un blocage à l'entrée parce que, pour toutes sortes de
raisons, ça fait un goulot d'étranglement,
bien ça va être beaucoup plus difficile. Les entrepreneurs, si je caricature un
petit peu, ils vont adorer un guichet
unique si le guichet unique dit oui rapidement. Si ce n'est pas ça, la réponse,
ils vont trouver ça moins drôle. Alors, c'est théoriquement une bonne
idée. C'est dans l'implantation qu'on va voir comment ça fonctionne.
Vous parlez de porteurs de dossier qui vont être
la porte d'entrée. Ça va devoir être des gens très solides, des gens extrêmement dévoués qui ont une approche
entrepreneuriale. Souvent, c'était l'entrepreneur qui faisait ça, qui
allait cogner aux multiples portes puis qui essayait, avec son dossier, d'avoir
le morceau de subvention qui va dans ce programme-là,
puis ensuite l'autre morceau de prêt qui arrive d'Investissement Québec, puis
le morceau d'investissement en équité
qui venait de la SGF, à l'époque, il faisait le tour comme ça. Et là je parle
juste du cercle gouvernemental. Il y a les autres éléments : Fonds
de solidarité, Capital Desjardins, etc. L'entrepreneur lui-même faisait tout
ça. Il va s'attendre que son contact, son
agent fasse une partie de ça pour lui, du moins pour ce qui est gouvernemental.
Alors, il faudra que ça se fasse avec
la même énergie, la même fougue que l'entrepreneur le faisait. Si c'est le cas,
ça va très bien fonctionner, parce
que cette personne-là, cet agent-là part avec une connaissance de tous ces
programmes-là. Ça devrait être beaucoup plus simple qu'une façon éparpillée comme c'était avant. Mais ces
agents-là devront être, je l'ai dit, solides, ne devront pas être débordés, devront être capables de mener le
dossier à terme dans un temps raisonnable. Il va falloir les choisir
avec soin puis les rémunérer adéquatement, parce que c'est des gens qui,
lorsqu'ils vont avoir développé leur expertise, ont une grande valeur dans le
système.
Je vous parle de la cohabitation, maintenant,
des banquiers avec les investisseurs en capital. C'est toujours un élément... puis c'est peut-être plus restreint,
là, c'est peut-être trop technique et étroit, mais c'est toujours complexe
d'avoir dans la même boîte les deux, parce que ça peut amener des difficultés
de gestion. Vous savez qu'un… Je vais vous donner
l'exemple de prêt garanti, là. Le prêt garanti, c'est comme une hypothèque,
hein? On reçoit un prêt puis on met en garantie
la maison, puis, si on arrête de payer le prêt, bien le prêteur peut reprendre
la maison. Alors, dans une entreprise, un prêteur en garantie fera la
même chose, peut prendre des actifs — le bâtiment, l'équipement, la
propriété intellectuelle — en
garantie.
Vous
allez avoir dans la même maison... En fait, vous l'avez déjà dans la même
maison chez Investissement Québec, les gens
de SGF, par exemple, qui font prise de capital dans l'entreprise. Quand
l'entreprise se met à aller moins bien,
bien l'investisseur en capital, lui, il a déjà tout perdu, ça ne vaut plus rien
dans ses livres, alors sa seule porte de sortie, c'est d'aider l'entrepreneur à s'en sortir. Il y a un alignement
d'intérêt parfait, et ça, ça va très bien jusqu'au jour où le morceau plus banquier dit : Moi, je commence
à être inquiet, je veux retirer mes billes, je veux reprendre la bâtisse
en garantie, puis on arrête tout ça. Alors,
vous allez avoir une chicane interne entre vos deux divisions. Est-ce la
catastrophe? Non, parce que, si vous le faites bien, vous pouvez avoir
l'arbitrage au sein même de l'organisation. Avant ça, cette chicane-là, elle
était séparée, il n'y avait pas personne qui pouvait jouer à l'arbitre. Si vous
le mettez dans la même organisation, il y a
quelqu'un qui peut jouer à l'arbitre, et ça, dans la gestion de ça, là, il y a
les... Puis vous n'êtes pas les seuls
à avoir ce problème-là, là, on avait les mêmes problèmes chez BDC. C'était moi,
l'arbitre. On avait les mêmes... On voit les mêmes problèmes chez
Desjardins qu'à la grosse banque à côté, qu'à Desjardins Capital de risque.
C'est des choses gérables, mais je le porte à votre attention parce que le
succès ou l'échec... Imaginez l'entrepreneur qui est coincé entre les deux. Le
succès ou l'échec passe par ça, et il faut savoir gérer ce genre de chose.
Point
de complémentarité. Vous avez déjà entendu tantôt… Vous avez reçu les banquiers
hier, je suis certain qu'ils vous ont fait valoir leur point de vue.
C'est extrêmement important que le gouvernement ne vienne pas remplacer ces joueurs-là qui sont là, le gouvernement se doit
d'être complémentaire. C'est clairement écrit dans la loi que c'est
l'intention que ce le soit, puis il faut que
ce le soit dans les opérations aussi. Puis, à ce moment-là, souvent, à la tête,
c'est facile de dire : On va être complémentaire, on va être
complémentaire, mais il faut mettre les règles en place pour que ça reste
complémentaire.
Des
façons de faire, ça aussi, c'est des choses qui ont été testées. Une bonne
façon d'être complémentaire et de s'assurer qu'on le reste, c'est d'être
un petit peu plus cher que les autres, d'avoir des outils financiers qui coûtent
un peu plus cher. Ça fait que, si le
banquier est moins cher, vous êtes certain que l'entrepreneur va aller à la
banque avant de venir à votre institution.
Ça veut dire peu de
temps encore?
Le Président (M.
Leclair) : Votre temps est pratiquement écoulé.
M. Simoneau
(Jacques) : Pratiquement écoulé.
Le Président (M. Leclair) : Je sais que la ministre, des fois, elle a une âme
charitable et elle vous partage son temps. Alors, je vous demanderais
d'aller en conclusion.
Mme Zakaïb :
…pour lui permettre de terminer.
M. Simoneau (Jacques) : Bon. Alors, cette complémentarité, elle est
importante. Elle est encore plus importante et elle peut être galvaudée
en temps de crise. Lorsqu'il y a une crise économique puis que tout le monde
veut bien faire, vous avez… souvent les
financiers traditionnels se retirent, mais là les outils financiers à saveur
développement économique vont faire plus, et soudainement, aussitôt que
les choses se replacent, les banquiers crient en disant : Aïe, aïe, aïe,
vous êtes compétitifs, vous nous compétitionnez. Alors, il y a une prudence à
faire avec ça. S'il vous plaît, gardez les relations ouvertes avec les
intervenants bancaires et autres investisseurs. Rencontrez-les de façon
régulière pour vous assurer qu'il n'y a pas de malentendu, et ça devrait aller
pour ça.
En guise de
conclusion, je vous l'ai dit, que c'était une bonne idée. Je crois que tout
mettre ça ensemble est gérable, peut se
faire et peut être extrêmement utile. En autant qu'on met une bonne structure
organisationnelle et un bon mode d'opération, ça devrait aller. Alors,
je vous remercie de votre attention.
Le Président (M.
Leclair) : Merci beaucoup, M. Simoneau, pour votre présentation.
Alors, nous sommes maintenant à la période d'échange. Je cède la parole à Mme
la ministre pour une période de 16 minutes.
Mme Zakaïb :
Merci, M. le Président. M. Simoneau, je connais votre vaste expérience dans le
domaine du financement d'entreprise et je reconnais que vous avez vu dans notre
projet de loi exactement quels sont les buts recherchés et naturellement les
défis auxquels nous devrons faire face. Je trouve ça dommage que notre collègue
de Louis-Hébert ait quitté, il avait... D'ailleurs, à sa demande, on a changé
l'ordre, et là, malheureusement, il a quitté puis il ne peut pas vous entendre.
Une voix :
…
Le Président (M. Leclair) : Excusez-moi. Excusez-moi, Mme la ministre,
question de règlement. On ne peut pas souligner l'absence ou la présence
de collègues aux commissions parlementaires.
Mme Zakaïb :
On ne peut pas souligner le fait qu'ils ont quitté?
Le Président (M.
Leclair) : Non, c'est… Malheureusement, non.
Mme Zakaïb : Oh! Excusez-moi. Alors,
je ne pouvais pas souligner le fait qu'il n'était pas là, mais je trouve ça
dommage, parce qu'en bout de ligne vous avez saisi, je crois, l'essentiel de ce
qu'on veut faire par la création de cette Banque de développement économique du
Québec, celle d'avoir un guichet unifié, de vouloir soutenir certains
secteurs qui sont présentement
sous-capitalisés. On le dira, là. Effectivement, il manque d'argent en
démarrage d'entreprise, il manque d'argent au Québec.
Je tiendrais à vous donner une information
additionnelle. Oui, Capital Émergence Québec bénéficie au départ d'une
capitalisation de 50 millions, mais les fonds FIER qui sont présentement
chez Investissement Québec vont être sous
Capital Émergence Québec. Donc, au fur et à mesure que les sommes seront
disponibles dans les fonds FIER, ça va venir nourrir Capital Émergence
Québec. Et j'imagine qu'on parle de quelques centaines de millions de
dollars, alors il y aura suffisamment, je crois, d'argent pour permettre à
Capital Émergence Québec de faire un travail sur un plus long horizon.
Vous avez
également souligné la complémentarité. Tout le monde vient nous parler de
complémentarité, c'est un enjeu important, et, comme gouvernement, nous
voulons que cette banque soit complémentaire.
Maintenant,
de quelle façon faire en sorte que notre volonté se traduise par une
obligation? Ça, c'est la question qu'on
s'est posée dans la rédaction de la loi, puis j'aimerais ça vous entendre un
peu plus là-dessus. De quelle manière vous croyez qu'on pourrait
s'assurer de cette complémentarité?
M. Simoneau (Jacques) : Je vais
aborder deux aspects. Le premier aspect, pour les outils financiers connus, qui
existent dans les autres institutions, si vous êtes un peu plus cher que les
autres, ça se fait automatiquement. L'entrepreneur
va aller directement à l'endroit où il y a le moins de résistance, à l'endroit
où il y a le meilleur produit, à l'endroit
où c'est le moins cher. Sauf que c'est plus complexe que ça, les outils
financiers, plus il y a plusieurs autres clauses qui viennent avec, et
non seulement que le taux d'intérêt, si c'est un prêt, par exemple. Alors,
bien, tout ça devrait s'équilibrer
éventuellement, mais l'offre d'une institution traditionnelle devrait toujours
être un peu moins chère, si elle existe,
parce qu'elle n'existe pas toujours. Lorsqu'on atteint leur limite de tolérance
au risque, elle n'existe plus, cette offre-là. Ça, c'est un morceau de
complémentarité qu'on peut gérer.
Il y a un
autre aspect de complémentarité, c'est dans la création de nouveaux produits ou
de nouvelles approches. Je vous donne
un exemple, là, encore. Je reste avec mon exemple d'hypothèque, là, on parle
d'une entreprise et un bâtiment. On peut voir parfois, dans les
institutions traditionnelles, qu'ils vont accepter de faire des hypothèques sur
20 ans. Supposons que vos analystes,
vos économistes à la Banque de développement économique du Québec font leurs
calculs, et tout, et disent : Tiens, on pourrait créer un nouveau produit,
mais ça va être sur 30 ans, plusieurs entreprises vont être contentes de ça, et vous mettez cet outil-là sur
le marché. Je peux vous le dire tout de suite, une expérience vécue, le
marché bancaire va être très surpris, et les
gens sur le terrain vont tout de suite critiquer : Vous êtes en
concurrence déloyale avec nous, on
n'en a pas, d'outil 30 ans à vendre, nous. Vous autres, vous en avez un,
alors, c'est sûr, vous me prenez mes clients. Si vous allez plus haut dans la direction de la banque, la direction de
la banque va dire : Non, non, non, ce n'est pas une concurrence
déloyale. Si on veut, on a juste à s'en faire un, un outil à 30 ans. C'est
notre choix de ne pas le faire. Alors,
gardez-vous cet aspect chez vous de créativité et d'alimenter le marché
financier par des outils différents, ce qui fait en sorte qu'alors votre
complémentarité vient alimenter le marché financier par de la créativité, et
vous êtes, à ce moment-là, au point de vue de toute la masse du marché
financier, un... vous allez augmenter l'offre de services qui existe. Si les institutions plus traditionnelles
veulent suivre, c'est bien parfait, c'est bien correct. À ce moment-là, on
retombe dans la case 1, on va s'assurer d'être un petit peu plus dispendieux.
• (12 h 10) •
Mme
Zakaïb : O.K., belle piste de
solution, de réflexion. Vous avez parlé également de la cohabitation.
C'est un des enjeux, on va devoir faire cohabiter dans la même organisation des
gens qui proviennent de milieux différents. J'ai
aimé votre approche où vous dites : Ces chicanes-là, de toute façon, elles
existaient, sauf qu'il n'y avait pas d'arbitrage, et là il y aura un arbitrage, puisque ce sera au
sein de la même organisation. Puis vous dites que c'est gérable. Puis
vous nous avez dit tantôt d'où vous provenez, vous avez travaillé à la banque
de développement économique du Canada, au
Fonds de solidarité, chez les Innovatech. Puis vous avez été arbitre, vous.
Vous nous disiez que vous avez été arbitre. Comment ça se passe? Et de quelle façon on peut optimiser l'organisme en
question ou l'organisation pour qu'effectivement cet arbitrage se fasse
et se fasse de façon harmonieuse?
M. Simoneau (Jacques) : Bon,
techniquement, il y a un certain ordre de préséance dans les outils financiers.
Alors, c'est certain que, si le prêteur en garantie décide qu'il veut exercer
ses garanties puis que techniquement il a le droit
de le faire, qu'il y a eu défaut ou quelque chose, bien il le fait, et
l'investisseur au capital est obligé de s'entendre avec ou de constater le fait qu'il est devenu
impuissant. Quand c'est dans la même organisation, il peut arriver que,
pour l'intérêt plus large de l'organisation ou du Québec, par exemple,
l'investisseur au capital dise : Non, je vais aller voir mon patron en
haut, là, puis là lui, là, ce n'est pas correct, son affaire, et qu'on puisse
décider pour un intérêt plus large que la
simple exécution. Parce que les prêteurs, ils ont leurs objectifs annuels puis
ils essaient de bien faire, puis l'autre au capital-actions aussi, il a ses objectifs annuels, il essaie de bien
faire, puis c'est là que vient un arbitrage à un moment donné, soit un
arbitrage quand c'est la même organisation. Quand c'est deux organisations,
bien ça peut devenir une discussion à plus haut niveau. Mais c'est comme ça que
ça doit se faire. La même organisation permet de le faire, comme j'ai dit
tantôt.
Mme Zakaïb : ...laisser la parole à
mes confrères, mes collègues…
Le Président
(M. Leclair) : Alors, on
reconnaît maintenant le député d'Abitibi-Témiscamingue... Rouyn-Noranda—Témiscamingue, excusez-moi.
M. Chapadeau :
Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
effectivement. D'abord, merci, M. Simoneau, pour la clarté de vos propos. Et, vous savez, les propos que j'ai entendus de
votre part rejoignent d'autres propos qu'on a entendus soit hier ou ce matin, là, par rapport, par
exemple, à la question de la régionalisation des interventions. Et l'autre
élément que vous avez mentionné, par rapport
à ce que les entrepreneurs ont à vivre, là, moi, j'ai siégé au Fonds de
solidarité de la FTQ, et le message que nous passaient les
entrepreneurs, et même lors d'une consultation qui avait été faite par le gouvernement précédent, le message était ce que
vous avez apporté ce matin, c'est-à-dire la difficulté, pour lesentrepreneurs, de devoir cogner à des multiples
portes. À la fin, les gens nous disaient : Si j'avais su ce que c'était,
je ne suis pas sûr que je me serais
lancé en entreprise, parce que vraiment c'est des difficultés majeures qu'on
doit faire face. Et ça, je me souviens d'une consultation qui avait été
faite par M. Gignac, là, il y a un an ou deux. À l'époque, là, il était venu dans la région, et moi, j'avais
participé à cette consultation-là comme vice-président du Fonds de
solidarité. Et donc ce que je vois dans le projet de loi vient répondre à ces
préoccupations-là, et ça semble être votre point de vue.
L'autre
élément que j'aimerais vous entendre, parce que vous avez parlé du Fonds de
solidarité, le succès du Fonds de
solidarité ou des fonds régionaux, dans le développement régional, c'est
justement d'avoir une présence régionale, de faire en sorte que ce soient des gens des régions qui décident pour la
région, qui connaissent bien les créneaux d'excellence, par exemple, qui
connaissent bien les entrepreneurs, qui prennent des risques qu'une banque ne
prendrait pas ou que peut-être une
organisation qui serait centralisée ne prendrait pas par, souvent, une
méconnaissance du terrain. Donc, sur cette
question-là, vu que vous avez une longue expérience tant au Fonds de solidarité
qu'à la Banque de développement du
Canada, j'aimerais vous entendre sur cette question-là, parce que c'est un
point qui revient de façon régulière et c'est un point qui revient dans
ma région. Quand je parle avec les entrepreneurs, ils nous disent : On a
besoin d'aide, on a besoin de guides. En
même temps, vous nous mettez certaines... en disant que ça va prendre de la
fougue, de l'énergie, ça va prendre
des gens de talent, puis ça, je suis d'accord avec vous, ça va prendre des gens
qui ont autant de fougue que les entrepreneurs quand ils commencent à
cogner aux premières portes.
M.
Simoneau (Jacques) : Sur le
sujet de l'impact en région, c'est toujours plus difficile d'attirer
l'attention sur l'entreprise
lorsqu'on est en région. Déjà, il y a le simple fait qu'il y a une notion de
déplacement. Si votre financier est à Montréal,
puis vous êtes, comme j'étais à l'époque, à Sherbrooke, par exemple, bien il
faut essayer de le faire venir. Ça fait qu'au lieu de traiter quatre
dossiers dans sa journée, il va en faire juste un, parce qu'il vient nous voir
puis il revient.
Qu'est-ce qui
va l'influencer à investir, si c'est l'intervenant centralisé montréalais, en
région? Un des gros critères, c'est
qu'il y ait sur place un intervenant local solide. Ça fait
qu'il va se fier sur cette personne-là pour faire en sorte que beaucoup des interactions au jour le jour vont se
faire sur place. Et d'avoir un intervenant local sur place comme co-investisseur,
coactionnaire ou coprêteur est souvent un élément clé.
Il y a d'autres avantages de cet intervenant
local là. En région, les gens se connaissent beaucoup l'un l'autre, et il y a
toute cette connaissance du milieu qui... La vérification diligente de l'individu
est souvent faite en quelques secondes grâce à l'intervenant local solide qui
est sur place.
Alors,
d'avoir des guichets unifiés distribués en région va aider beaucoup la
pénétration de ce que la banque peut faire pour le développement
économique du Québec en région et va aider les régions à se développer.
M. Chapadeau : Merci.
• (12 h 20) •
Mme
Zakaïb : Alors, je vous
remercie beaucoup, M. Simoneau, pour votre contribution, celle d'Univalor, et
je crois que votre contribution a fait
avancer notre discussion. Je pense sincèrement que la Banque de développement
sera un bon outil pour, justement, que les
projets d'Univalor voient le jour, parce qu'Univalor, c'est de l'essaimage,
hein, mais, à un moment donné, il
faut que ces projets-là se concrétisent, et je pense qu'on est tous d'accord
qu'il manque effectivement de capitaux, au Québec, pour permettre aux
projets qui proviennent des universités de croître. Alors, je suis heureuse d'entendre que vous approuvez notre projet de loi
et que la banque pourra être, pour Univalor, une source de financement
additionnelle puis, pour le Québec, une source de prospérité. Alors, merci.
Le
Président (M. Leclair) :
Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, maintenant, je cède la parole à la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. La parole est à vous.
Mme Weil : Merci, M. le Président.
Merci, M. Simoneau, d'être ici présent aujourd'hui. Mes questions vont aller un peu... Évidemment, on est là pour, en
tant que représentants de l'opposition, poser des questions, pour
analyser l'objectif et la vision de ce projet de loi pour voir si, les
solutions, la proposition du gouvernement répond aux préoccupations du milieu.
Depuis deux
jours et, je vous dirais, depuis l'annonce et depuis les réflexions publiques
du gouvernement sur la création de la banque, évidemment, je vous dirais
que c'est beaucoup le milieu des affaires qu'on entend évoquer des préoccupations. Leurs préoccupations... Les
objectifs, tout le monde s'entend sur les grands objectifs. La préoccupation
qui est exprimée par le milieu des affaires,
c'est : Va-t-on créer… c'est l'inquiétude par rapport à une nouvelle
structure, d'une part. Et il y a eu
un sondage qui a été fait par la Chambre de commerce de Québec, on a entendu
ça, c'était la présentation juste
avant vous, et donc les gens… J'en citerai. C'est des structures
publiques lourdes sans nécessairement les compétences et l'expérience
voulues, l'inquiétude, donc, de... Ils sont tous d'accord sur un guichet unique
ou unifié. Ça, ça fait des années qu'on parle de ça. Et on a évoqué avant... Je
ne sais pas si vous avez entendu les commentaires du député de Louis-Hébert,
mais en 2003, lorsque nous, on est arrivés au gouvernement, il y avait
500 programmes qui ont été... il y avait une centaine de programmes
réduits à cinq programmes, juste un exemple. Donc, ça fait plusieurs années que
les gouvernements
successifs ont entendu cette problématique et font des efforts pour…
j'utiliserai le mot anglais«streamline»,
le tout pour faciliter, évidemment, l'accès des entreprises aux programmes
gouvernementaux, etc., donc la grande
préoccupation, puis j'ai besoin de vous entendre sur… J'ai entendu que vous
aimez l'objectif et vous trouvez que cette solution est intéressante,
mais quelles seraient les mises en garde?
L'autre mise
en garde et l'autre préoccupation, c'est le temps que ça pourrait prendre
d'implanter cette structure où il y
aura vraiment fusion et transfert de personnel et, je rajouterais, moi, ce que
j'entends beaucoup, dans un contexte économique
extrêmement difficile actuellement. On a eu la crise économique de 2008, on a
un ralentissement économique, et les acteurs économiques ont une
inquiétude par rapport à l'accès au capital dans cette conjoncture et le temps
que ça pourrait prendre d'implanter ça,
alors… Et aussi on a entendu le premier... C'était la première présentation ce
matin, c'était l'Alliance pour une économie verte, qui parle de l'importance
d'avoir une vision transversale — et on est tous d'accord avec cette grande vision — eux, évidemment, sur l'importance d'une économie
verte et durable et de s'assurer que
tous les acteurs convergent vers cette vision. Et donc est-ce que ça prend une
structure pour faire ça ou est-ce que c'est
tout le gouvernement? Est-ce qu'on crée un nouveau silo? C'est un peu cette
préoccupation en créant cette banque. Est-ce que ce n'est pas le
gouvernement en tant que tel qui doit s'imprégner de cette vision puis de
faciliter l'accès, comme le gouvernement le fait depuis quelques années?
Donc,
j'aimerais vous entendre sur si vous partagez ces préoccupations. Je vous
dirais, c'est beaucoup les acteurs terrain,
les entreprises. Surtout, on l'a beaucoup entendu de la Chambre de commerce de
Québec avec le sondage qu'ils ont
fait et les commentaires, il y avait des citations de tous ces commentaires. On
sent l'inquiétude, donc, et les mises en garde. Et qu'est-ce que vous
répondez à ce genre de mise en garde?
M. Simoneau (Jacques) : C'est normal
qu'il y ait des inquiétudes, on craint toujours un peu le changement. Les entrepreneurs, les entreprises ont déjà des
ententes en place parfois avec l'Investissement Québec actuelle, et
veulent voir les choses continuer rondement, et sont un peu inquiets,
effectivement, face au changement. C'est tout dans l'implantation de tout ça qu'on va voir les résultats. Donc, ce n'est
pas juste dans la loi. Les objectifs, vous l'avez dit, tout le monde s'entend, c'est louable. C'est plus dans
la façon qu'on va voir comment ça va fonctionner, puis c'est en partie
pourquoi une partie de ma présentation portait sur ça, sur des éléments de
cette implantation-là.
Le temps que ça va prendre, moi, je crois qu'une
fois que la loi sera adoptée le gouvernement se doit d'agir rapidement, très rapidement. Ce genre de
changements là, plus on les laisse s'étirer longtemps, moins il y a vraiment
de changement, moins les choses se campent.
Il y a des gens qui travaillent en fusion d'entreprise qui disent :
Écoutez, une fusion d'entreprise, ça
ne se fait pas en trois mois, elle ne se fera pas. On va avoir encore deux
entreprises après, elle a beau être
dans le même chapeau. Alors, il faut agir avec rapidité, avec... pas trop vite,
pas bousculer, pas briser les choses pour rien, mais avec un rythme pour
dire : Il faut que ça se fasse.
Contexte
économique difficile, oui, c'est une des donnes. Moi, je ne vois pas en quoi ça
affecte beaucoup, là, ce qu'on essaie
de faire ici. Le contexte économique, il varie. En 2008, c'était très
difficile, avant c'était assez facile, puis ça s'est replacé, puis il
faut le faire.
Le morceau
qui m'intéresse, dans ce que vous avez dit, c'est les compétences. Les
compétences, écoutez, il y a des gens superbement compétents dans
certaines institutions privées, et il y a aussi des gens superbement compétents
dans l'Investissement Québec d'aujourd'hui
ou dans l'ancienne SGF, qui est maintenant, même, l'Investissement
Québec, puis ce n'est pas parce qu'on est dans un type de boîte privée qu'on
est supercompétent puis qu'on est dans une boîte gouvernementale qu'on l'est moins. Ces gens qui ont passé avant, qui ont
parlé de technologies vertes, entre autres, là, c'est des gens que je connais, puis je connais bien leur fonds. Ils ont
d'ailleurs engagé comme principaux investisseurs dans le fonds d'essaimage une personne qui sortait de chez moi, à BDC,
puis une personne qui sortait de chez moi avant, au Fonds de solidarité. Alors, maintenant, ils sont dans le privé. C'est
les mêmes individus, c'est les mêmes compétences qu'avant. Ils travaillent dans un contexte un peu différent puis ils
appliquent leurs compétences dans ça. C'est toujours la même chose, c'est cette gestion des compétences
qu'il faut faire, leur bonne évaluation, et s'assurer qu'on a un système
par lequel on peut récompenser ceux qui sont
compétents, ceux qui font un bon travail, puis un système par lequel on
se doit guider et coacher ceux qui le sont moins pour s'assurer qu'ils peuvent
s'améliorer.
Mme
Weil : Oui. Vous avez parlé
d'un plan. Justement, c'était M. Kirouac, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec. Lui,
ce qu'il a dit, c'est que, tant que je n'ai pas vu un plan d'affaires, c'est difficile pour moi de dire si je suis
d'accord avec un projet de loi, parce que, un projet de loi, on a beau dire que
c'est technique, derrière un projet de loi
il y a une vision, et, avant de chambarder le tout, de s'assurer qu'on va pour
le mieux et qu'on ne va pas vers un ralentissement. Et certains ont
parlé d'avoir quelque chose de sclérosé parce que ça va être tellement
bureaucratique. C'est vraiment l'inquiétude, hein, c'est le milieu des affaires
qui dit ça. La bonne foi est là, mais ils
veulent voir un plan d'affaires. Évidemment, c'est la mentalité, évidemment,
des gens d'affaires, hein, ils veulent voir un plan d'affaires.
Ça a été
évoqué donc par M. Kirouac, et vous, vous l'avez évoqué. Est-ce que, vous, ce
que j'entends dire, c'est que vous avez pleine foi dans cette structure,
vous n'avez pas besoin de voir nécessairement un plan d'affaires pour vous
rassurer?
M. Simoneau (Jacques) : Moi, ce que
je vous ai dit auparavant, c'est que je peux très bien voir les bénéfices, je peux voir les écueils aussi et que,
les écueils principaux que je peux voir, je les ai listés, et je crois qu'il
y a des façons de résoudre chacun d'entre eux par la façon qu'on va être
capable d'exécuter les choses. Alors, oui, c'est sûr, il y a sûrement un plan d'affaires qui va venir de ça.
Ils en parlent dans la loi, d'ailleurs, qu'ils se doivent d'en faire un, il y
a sûrement un plan
d'affaires qui va venir avec ça. Il y a l'exécution de tout ça qui va être
importante. C'est plus dans la dynamique
qu'on va donner à la boîte, qui va être importante. C'est plus dans l'approche
que ces gens-là… la philosophie puis l'engagement que ces gens-là vont
avoir envers la mission et le succès de l'organisation qu'on va voir le vrai
succès, puis ça, bien c'est beaucoup de la gestion, de l'organisation.
Mme Weil : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Leclair) : C'est
tout pour vous?
Mme Weil : M. le Président, je donne
le reste de mon temps à mon collègue de la CAQ.
Le
Président (M. Leclair) :
Bien, c'est bien. Alors, on va reconnaître maintenant le deuxième groupe
d'opposition, alors un temps total restant d'environ huit minutes.
Alors, je reconnais le député de La Prairie.
• (12 h 30) •
M. Le
Bouyonnec : Merci, M. le
Président, puis merci à l'opposition officielle. C'est un geste très généreux
qui sera vraiment retenu dans notre mémoire pour longtemps, de nous donner
quelques minutes de votre temps, compte tenu de la part très congrue que nous
avons souvent dans ces échanges.
Avant de
l'oublier, avant de l'oublier, je vais vous poser une question sur Univalor, et
après je vais faire comme les autres
intervenants, profiter de votre longue expérience pour vous poser peut-être
d'autres questions rapides, en gardant en tête le huit minutes qu'il
nous reste.
Au niveau
d'Univalor en tant que telle, là on comprend, maintenant, que la science, la
technologie, la recherche n'est plus
à l'intérieur du ministère, finalement, de l'Économie, du MDEIE, et donc vous
êtes, avec d'autres groupes, là, de valorisation des technologies universitaires,
au début de la chaîne, finalement, de création de valeur. Est-ce que vous pourriez qualifier la situation actuelle?
Croyez-vous, par exemple, que la BDEQ devrait être un commanditaire de
ces fonds-là pour vous supporter davantage? Avez-vous les moyens suffisants
aujourd'hui, dans nos universités, pour supporter les nouveaux développements,
les nouvelles entreprises naissantes?
M.
Simoneau (Jacques) : Bon,
est-ce qu'on a les moyens suffisants? La réponse va être non. On n'a jamais
les moyens qu'on souhaite avoir, on est toujours en train d'essayer de
s'arranger avec les moyens qu'on a.
Dans la
mission d'Univalor, valoriser les technologies universitaires, il y a
différentes façons de faire. La première façon abordée est souvent la vente d'une licence, vente d'une licence
idéalement à une organisation bien établie, une assez grosse
organisation, c'est souvent la façon qu'on en tire le plus. On en tire le plus
parce qu'on a certains paiements qui entrent
et qui sont refilés aux institutions universitaires mais aussi parce que cette
organisation-là plus grosse va souvent avoir
un intérêt pour les travaux futurs des chercheurs et va vouloir financer la
recherche à même le laboratoire en partie de la transaction. Ça, c'est un volet qu'on maîtrise bien, c'est un
volet où on est financés adéquatement. Écoutez, si on avait une couple de personnes de plus, on en
ferait peut-être un petit peu plus, mais ça, c'est une mécanique qui
marche assez bien. Là, où c'est plus difficile, c'est quand on se dit qu'il y
aurait lieu de… peut-être une possibilité de créer une nouvelle entreprise avec
ces nouvelles technologies là. Puis ça, c'est là où le bât blesse, c'est là où
on a moins de ressources présentement, parce qu'il y a peu d'argent pour ce faire.
C'est ce que je disais tantôt.
M. Le Bouyonnec : Croyez-vous que la
BDEQ devrait s'impliquer avec vous, à ce moment-là?
M. Simoneau (Jacques) : Moi, je
crois que oui, la BDEQ pourrait s'impliquer dans ça. Capital Émergence pourrait être une façon de le faire, pourrait
venir nous aider à avoir une certaine ressource financière pour faire cette
activité d'une meilleure façon, être mieux équipés pour le faire.
Le Président (M. Leclair) : Merci
beaucoup, M. Simoneau. Je vais juste prendre un petit 30 secondes pour demander
le consentement. Comme on a pris du retard, je dois avoir le consentement pour
qu'on puisse repousser nos travaux, là, encore de quelques minutes. Alors, j'ai
besoin du consentement des membres de la commission. Consentement? Alors, on
continue, M. le député de La Prairie.
M. Le Bouyonnec : Merci, M. le
Président. Dans l'histoire, là, du capital de risque québécois, il y a eu des grands changements de structure puis des grands
bouleversements. J'en parlais d'ailleurs dans mes remarques
préliminaires. Un de ces grands bouleversements, ça a été d'abord la création
par le gouvernement libéral, dans les années 90, des Innovatech — vous
en faisiez allusion tout à l'heure — pour voir leur disparition
sous un autre gouvernement libéral en 2003, sous le ministre des Finances
Séguin. Aujourd'hui… On a vu aussi des choses se produire au niveau de la Caisse de dépôt, être très impliquée, dans l'ère
de Scraire, directement dans les investissements au Québec, pour
finalement, sous l'ère Rousseau, tout ça, disparaître et maintenant, avec l'ère
Sabia, revenir.
On propose un autre changement, un autre
changement de structure, et cette structure-là vise évidemment… L'intention est
claire, c'est de faire en sorte que nous puissions mieux financer nos
entrepreneurs, créer des nouvelles entreprises,
faire en sorte que nous puissions, entre autres au niveau de l'exportation,
atteindre de nouveaux sommets, mieux soutenir nos entreprises.
Deux questions
pour vous plus techniques : Croyez-vous qu'à l'intérieur de la Banque de
développementéconomique du Québec
nous devrions avoir, un, l'équivalent, entre guillemets, d'un EDC, donc d'un
organisme exportation et développement Québec, là,
pour faire la contrepartie fédérale et davantage supporter nos exportateurs? Et
quelle est votre opinion aussi au niveau du
marché des capitaux? Comme vous le savez, depuis la disparition des courtiers,
la perte de la Bourse de Montréal, nous avons un manque à gagner énorme, en ce
moment, au niveau des marchés des capitaux.
On sait que la structure du capital de risque fait en sorte que généralement on
n'est pas très favorable à voir une petite entreprise devenir publique
trop tôt. Ceci dit, des entreprises comme CGI, comme Cascades, comme Couche-Tard sont devenues très tôt publiques, et, je
pense, je faisais un calcul dernièrement, c'est 8 à 9 milliards de dollars
par année que nous laissons sur la table, entre guillemets, du fait que nous
n'ayons pas un marché des capitaux suffisamment dynamique au Québec. Croyez-vous que la Banque de développement
économique devrait être impliquée aussi pour tenter de stimuler, là, le
marché des capitaux dans le sens, là, des émissions publiques de nos
entreprises québécoises?
M.
Simoneau (Jacques) : Je vais
aborder les deux réponses séparément. La première, avec un outil pour
aider à l'exportation, c'est certain qu'on
se doit d'être favorable à un outil pour supporter l'exportation. Nos
entreprises québécoises, les marchés
autour de nous sont raisonnablement petits, et il faut être capable d'exporter.
Plus on aura un outil proche de nous
pour comprendre notre dynamique pour exporter… Ça va être important que la
Banque de développement économique du Québec ait cet outil-là en main,
je crois que oui. Écoutez, l'organisation EDC que vous avez nommée a des grands
succès, fonctionne très bien, est à la fois extrêmement utile pour les grands
exportateurs et extrêmement rentable aussi,
alors on réussit à faire les deux en même temps. Alors, oui, je crois qu'on
devrait avoir des efforts pour faire de l'exportation supplémentaire et
avoir des choses plus adaptées à ce qu'on fait ici. Et d'avoir une banque de
développement économique qui serait active dans ce secteur-là, je serais
favorable. J'aimerais bien voir comment ça va se faire, mais je serais
favorable.
Jouer avec
les marchés des capitaux, entreprise publique, vous savez comme moi à quel
point que ça a changé, le secteur des
entreprises publiques. Aux époques où les CGI de ce monde sont allées
publiques, les règles du jeu étaient différentes.
Il y a eu d'énormes changements qui sont venus, causés par certains excès
américains surtout, là, les Enron de ce monde, les réactions que ça a
eues par les Sarbanes et Oxley, les lois qui sont venues contraindre le tout,
et ça fait en sorte qu'aujourd'hui être
public est extrêmement dispendieux. Ça, c'est la grosse raison pourquoi ça
s'est déplacé vers de plus grosses entreprises. Les «minimum listings»
sont aussi difficiles.
Moi, je crois
que d'avoir accès, pour nos entreprises, d'avoir accès aux argents des
individus, oui, serait une bonne idée,
et moi, j'y crois encore, que d'avoir un secteur de marché public pour nos
entreprises pourrait être extrêmement utile. Alors, ça devrait être un des outils qui existent dans le financement
d'entreprise, d'aller sur les marchés publics, et, oui, je serais
favorable à ce qu'à ce moment-là on ait des façons de faire pour supporter tout
ça.
M. Le
Bouyonnec : Quand vous nous
avez parlé de votre expérience passée, vous avez oublié… alors je vous
ramène dans votre passé, vous avez oublié de mentionner la période où vous
étiez à Hydro-Québec, au niveau de CapiTech,
à ce moment-là. Puis je sais que ce n'est pas le portefeuille… la ministre
n'est pas responsable de ça, mais on sait bien qu'avec la politique
industrielle, les technologies vertes, avec l'électrification des transports,
dans les grands bouleversements que nous
avons connus, nous avons eu, à une période, un Hydro-Québec qui exportait, nous
avons eu un Hydro-Québec qui
encourageait en son sein les découvertes des IREC de ce monde, etc. Tout ça, à
un moment donné, a été mis au rancart, vendu, bazardé, etc. Ça a été un
grand changement de cap.
Croyez-vous — alors
je vous ramène dans le passé — qu'il
y a aujourd'hui chez Hydro-Québec un potentiel pour développer des
technologies vertes, développer de l'exportation dans ce champ d'expertise là?
Et croyez-vous qu'il devrait y avoir une
alliance, entre guillemets, entre la future BDEQ et Hydro-Québec pour stimuler
notre navire amiral, là, de l'économie québécoise?
Le Président (M. Leclair) : Alors,
M. Simoneau, en 60 secondes pour terminer cet échange.
M.
Simoneau (Jacques) :
60 secondes. Première partie de la réponse : Je suis extrêmement en
faveur à ce qu'on soit plus actifs en technologies vertes, en
développement d'énergies renouvelables en trouvant de nouvelles façons de faire. CapiTech était là un peu pour ça.
CapiTech était là avec une fonction aussi d'information pour Hydro-Québec,
savoir ce qui se passe dans ces milieux-là,
qui sont très différents des recherches plus académiques qui peuvent se
faire à l'IREC. Ça, j'étais et je suis très en faveur de ça, qu'on favorise
tout ça.
Est-ce
qu'Hydro-Québec est le vrai véhicule pour faire ça? Ça, c'est une question plus
profonde. Hydro-Québec, vous savez,
dépendamment de la façon dont on veut le voir, peut être vue comme un
producteur d'électricité qui doit se spécialiser à faire ça, à
distribuer cette électricité-là, à trouver des façons de valoriser notre
capital de production qu'on peut avoir au
Québec. Quand Hydro elle-même se met à s'y pencher… Je suis en faveur des buts
que vous visez. Est-ce que c'est
Hydro qui devrait le faire? Moi, en autant que ça se fait, la mécanique pourra
être par une place ou par l'autre, je laisse le soin à Capital Émergence
de voir la façon de faire.
Le Président (M. Leclair) : Alors,
merci beaucoup, M. Simoneau, c'est tout le temps que nous avions. Alors, je tiens à remercier tous les membres de la
commission pour ces travaux, qui ont été de bon train encore ce matin.
Alors, merci aux gens qui vous accompagnent, Mme la ministre.
Alors, je tiens à dire que la commission ajourne
ses travaux jusqu'à lundi le 13 mai 2013, à 14 heures, afin de
poursuivre les auditions publiques sur le projet de loi n° 36. Bonne fin
de semaine à tous.
(Fin de la séance à 12 h 39)