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(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 30, Loi constituant la Commission des relations du travail et modifiant
diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement pour la séance.
Le Président (M. Baril): Merci.
Vendredi dernier, les remarques préliminaires ont
été faites. On me dit qu'il pourrait y avoir, ce matin, quelques
remarques additionnelles.
Une voix: S'il y a consentement.
Le Président (M. Baril): S'il y a consentement.
Remarques préliminaires (suite) M.
François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, je pense que ce qu'il
faut dire, puisque nos propos sont enregistrés, c'est que vendredi
dernier des remarques préliminaires ont été faites, mais
je pense que personne et aucun membre de cette commission n'ait convenu que les
remarques préliminaires étaient terminées. Cela ne veut
pas dire que je veuille en faire. Je veux juste, pour les fins de
l'enregistrement des débats, rappeler ce qu'on avait convenu.
Il y a eu un échange bénéfique et le ministre nous
a indiqué certaines propositions sur lesquelles il présenterait
des amendements Il nous a même indiqué qu'il s'acquitterait de sa
responsabilité ministérielle en fin de semaine et qu'il en
préparerait d'autres sur une seconde série sur laquelle j'ai
posé des questions. Selon les premières indications qui seront
faites ce matin par le ministre du Travail, comme c'était sa
responsabilité, ce n'est qu'à ce moment-là que je serai en
mesure d'indiquer, si oui ou non, j'ai d'autres remarques préliminaires
à faire. C'est pour cela que je veux que, comme président, vous
soyez conscient qu'on n'a jamais affirmé que les remarques
préliminaires étaient terminées, mais, oui, nous avons
l'intention de nous acquitter du mandat que nous a confié
l'Assemblée nationale sur l'étude du projet de loi article par
article.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, nous nous
étions quittés vendredi dernier en soulignant une vingtaine de
points sur lesquels nous nous étions engagés à travailler
au cours de la fin de semaine. Je rappellerai brièvement ces points et
je communiquerai à l'Opposition les amendements que le gouvernement
dépose tout de suite après.
Il y avait des modifications à l'article 112 constituant la CRT.
Il y avait des amendements qui touchaient le plancher des 35 % en cas
d'accréditation, des amendements sur le droit des
intéressés à se faire entendre, des amendements sur la
précision de la notion de contravention appréhendée, des
amendements sur la remise en question d'accord entre les parties en
matière d'accréditation, des amendements sur la motivation des
décisions, des amendements sur la qualité des plaignants, des
amendements sur l'encadrement des cas sujets à des décisions
provisoires et des amendements sur la consultation relative à la
nomination du président. On a discuté - et c'étaient les
sujets apportés par l'Opposition - de la possibilité d'inclure un
préambule et nous avions fait le tour de la question, donc nous n'avons
pas travaillé sur cet aspect durant la fin de semaine.
Nous avons également discuté de la question des pratiques
déloyales, particulièrement du piquetage et des mesures
antibriseurs de grève. Là-dessus non plus nous n'apportons pas
d'amendement, je tiens à le souliqner au moment où nous nous
parlons. Le caractère syndicable des employés, au moment
où nous nous parlons, nous continuons à nous pencher sur le
sujet, mais nous n'avons pas d'amendement. Première convention
d'arbitraqe, il n'y a pas d'amendement non plus. Maintien du Tribunal du
travail, il n'y a pas d'amendement non plus. Le terme des commissaires, il n'y
a pas
d'amendement non plus. La question des commissaires à temps
partiel, nous proposons un amendement. La question médiateur
adjudicateur, il n'y a pas d'amendement dans ce que nous proposons, mais nous
continuons d'évaluer et nous sommes ouverts à des discussions
avec l'Opposition sur l'opportunité de donner suite à une demande
dans ce sens. La question du transfert des employés, il n'y a pas
d'amendement soumis. La question du "board" à trois, ce n'est pas dans
la pile des amendements que nous vous soumettons ce matin, mais cette question
demeure ouverte et importante pour celui qui vous parle. Nous cherchons un
terrain d'entente qui ne paralyserait pas les travaux de la commission comme
tels mais qui, en même temps, permettrait, sur des questions importantes,
une sécurité aux parties à l'effet que les
décisions seraient prises, non pas par un seul individu, mais par un
ban, un minimum de trois personnes. La question de la révision de la
décision par le même monde, si je puis utiliser l'expression, nous
n'avons pas d'amendement inclus, mais nous nous proposons d'en soumettre
un.
Il me fait maintenant plaisir de communiquer à l'Opposition, pour
fins d'analyse et de réaction, 25 amendements au projet de loi devant
nous.
Une voix: C'est correct.
M. Paradis (Brome-Missisquoî): C'est fait?
M. Gendron: On vient de les distribuer, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Rapidement, je veux juste indiquer au ministre du
Travail qu'il a donné en partie, à la suite de revendications
exprimées par l'Opposition, et d'une façon encore plus
adéquate par les concernés, parce qu'il faut convenir que ce qui
intéresse l'Opposition et, je l'espère, l'ensemble de cette
commission, c'est d'abord et avant tout de viser à ce que nous ayons un
projet de loi qui soit le plus conforme possible aux intentions
annoncées par le ministre dans ses notes explicatives et la
concrétisation, la capacité concrète et réelle que
le contenu même de son projet de loi puisse véhiculer le mieux
possible les objectifs énoncés dans les notes explicatives...
En conséquence, à ce moment-ci, je dois indiquer au
président et aux membres de cette commission que, bien sûr, je ne
peux avoir une première réaction sur la globalité des
amendements. Une chose est certaine, on va faire notre travail comme on a
toujours essayé de le faire, on va les reqarder sérieusement et
on va les analyser. J'avais indiqué au ministre vendredi dernier, si ma
mémoire est bonne, qu'à la suite du dépôt de ses
amendements, bien sûr, cela nous permettrait peut-être de prendre
une décision que je ne suis pas en mesure de prendre au cours de la
séance d'aujourd'hui et possiblement celle de demain, parce que j'ignore
le temps qu'il nous faudra pour en faire l'analyse.
Nous aussi, comme Opposition, il est possible - je dis bien "il est
possible", je n'en prends pas un engagement formel à ce moment-ci - que
nous soyons en mesure de regrouper, de réunir un certain nombre
d'amendements que nous accepterions de déposer pour que les officiers du
ministre du Travail et ses collaborateurs immédiats puissent en prendre
connaissance. Pour ce qui est de ce matin, on va plutôt procéder
à la pièce, parce que je n'ai pas d'autre solution. On ne peut
pas suspendre pendant un certain temps pour analyser cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux offrir
déjà au député d'Abitibi-Ouest de procéder
article par article et, s'il y a un article que vous considérez plus
important, lorsqu'on y arrivera, et si votre décision n'est pas
arrêtée, de suspendre l'adoption dudit article. Qu'on
procède au moins ce matin à ce que j'appelle les articles de
concordance. Il y a beaucoup d'articles de concordance. Les articles de fond
sur lesquels on s'entend, on s'entend et je pense qu'il n'y aura pas de
problème. On gardera les points litigieux peut-être pour
poursuivre nos travaux demain.
M. Gendron: Je suis complètement d'accord, M. le
Président. En conséquence, je pense que, sur ces explications, il
y a lieu d'appeler le premier article, si c'est ainsi qu'il faut commencer.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest. Je considère que les remarques préliminaires
sont terminées et je suis prêt à appeler un à un les
articles du projet de loi 30. J'appelle l'article 1. M. le ministre.
M. Gendron: Préalablement à l'article 1 - cela va
être très court car on va essayer de travailler correctement - je
veux indiquer au ministre que, en ce qui nous concerne, on aurait
souhaité qu'il examine plus attentivement la possibilité de doter
ce projet de toi d'un préambule qui aurait cadré un peu mieux
avec l'objectif, la problématique et toutes les implications du projet
de loi. C'est son droit de le faire d'une façon très succincte.
Ce matin, il m'a dit que même si je le lui avais demandé vendredi,
il n'avait pas l'intention de modifier l'attitude qu'il a
là-dessus et de marquer le projet de loi que nous étudions
d'un préambule. Je veux lui indiquer, M. le Président, qu'en ce
qui nous concerne, je ne déposerai pas l'amendement que nous aurions
proposé, à savoir d'inclure un préambule, vu que je
reconnais avec lui que la nécessité d'un préambule, de
toute façon, je l'avais indiqué vendredi... il s'agissait d'un
préambule non pas au projet de loi 30, mais au Code du travail, puisque
lui-même a indiqué à plusieurs reprises, tout autant lors
des audiences que lors de la séance de vendredi dernier, qu'il avait
l'intention» comme ministre du Travail, lui ou quelqu'un d'autre, de
continuer à réfléchir sur la nécessité de
revoir des éléments plus larges du Code du travail; d'autant plus
qu'aujourd'hui, il vient de nous indiquer qu'il n'y aura rien sur toute la
question des pratiques déloyales, en particulier concernant le piquetage
- on va y revenir dans le projet de loi - et également sur toute la
question des antibriseurs de grève. Cela veut dire que, comme ministre,
s'il décide que son action, que son travail dans la réforme plus
globale du Code du travail n'est pas terminé et qu'en
conséquence, à un moment donné, il s'attend, comme membre
de ce gouvernement, qu'il y ait quelque chose de déposé, un
projet de loi plus d'envergure, qui va embrasser d'une façon plus large
l'ensemble des éléments qui ne sont pas couverts, je pense que
cela serait alors une heureuse initiative que le ministre du Travail
considère la nécessité de "préambuler" le Code du
travail pour "contexter" davantage dans quelle orientation philosophique se
situe cette affaire, en particulier pour toute la question du mandat de la
commission, parce que cela est relié, soit qu'on resserre, on
révise, on travaille un peu mieux la définition du mandat de la
Commission des relations du travail. À ce moment-là, cela peut
être une contrepartie à l'absence de préambule qui
modifierait le Code du travail à ce moment-ci à
l'intérieur de la loi créant la Commission des relations du
travail ou qu'on convienne qu'il y ait lieu d'avoir un mandat beaucoup plus
serré, beaucoup plus spécifique, créant cette nouvelle
commission comme la plupart des intervenants ont été unanimes
pour dire qu'il y avait des choses qui étaient inadmissibles à
l'intérieur du mandat. Je n'ai pas d'objection à remettre aux
membres de la commission et au ministre du Travail, sans en faire un
dépôt formel, à titre indicatif pour la conduite de
l'ensemble des travaux de la commission parce qu'il y a un esprit
derrière cela... Je suis convaincu que le ministre du Travail pourrait
s'en inspirer grandement, peut-être pas en le retenant comme
préambule au Code du travail, mais à titre indicatif pour
orienter les éventuels modifications que nous allons souhaiter sur des
articles plus spécifiques dans le projet de loi 30.
Voilà les commentaires préliminaires. Quand vous avez
appelé l'article 1, vu que le préambule est normalement avant
l'article 1, je me sentais obligé de les faire à ce moment-ci. Si
le ministre du Travail veut nous présenter l'article 1, ou réagir
à ce que je viens de déposer, libre à lui, mais dès
l'article 1, j'aurai également des amendements à proposer.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous
comprendrez que, quant au texte de préambule qui nous est soumis
à titre indicatif par l'Opposition, je ne suis pas en possibilité
d'y réagir. J'aimerais en faire une lecture plus attentive avant d'en
parler plus amplement.
Quant à l'article 1 comme tel, les modifications proposées
au sujet des définitions qu'on retrouve à l'article 1 du Code du
travail sont essentiellement des modifications de concordance.
Étude détaillée
Le Président (M. Baril): À l'article 1, lorsqu'on a
plusieurs paraqraphes, est-ce que vous allez adopter paragraphe par
paragraphe?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut bien y aller prudemment.
M. le Président, dans ce...
M. Gendron: Prudemment, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...type de législation, La
prudence est toujours la meilleure des conseillères. Je peux y aller par
le premier paragraphe "par le remplacement, dans la deuxième ligne du
paragraphe b, des mots "de l'agent d'accréditation, du commissaire du
travail ou du tribunal" par les mots "de la Commission des relations du
travail"."
M. Gendron: Rapidement, M. le Président, en ce qui nous
concerne, c'est manifeste qu'il s'agit là d'un amendement de concordance
à partir du moment où l'on crée une nouvelle instance. On
n'a pas de commentaire plus particulier à formuler sur le premier
paragraphe. Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Baril): Le paragraphe 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le paragraphe 2, c'est "par
l'abrogation du paragraphe i." Le paragraphe i de la loi actuelle donne la
définition du tribunal institué par la présente loi.
M. Gendron: Juste un instant. M. le Président, je veux
indiquer un point en ce qui regarde le paragraphe 2. Je voudrais que le
ministre du Travail demeure ouvert et attentif à ce que je vais dire en
quelques phrases. C'est que nous avons l'intention d'analyser très
sérieusement, comme Opposition... Les membres de la commission et le
ministre aviseront. C'est quand même eux qui, d'une part, sont
majoritaires. Deuxièmement, c'est un projet qui est apporté par
le ministre du Travail et non par l'Opposition. Mais, comme on a l'intention
d'argumenter assez fort sur la nécessité de maintenir le Tribunal
du travail, il y a une logique à ce moment-ci d'indiquer que dans le
deuxième paragraphe, si on maintenait la décision du Code du
travail de laisser la définition du mot "tribunal", parce que le
deuxième paragraphe traite de la définition du mot "tribunal", je
pense que tout le monde comprend, je ne serai pas plus long, je
suggérais que nous suspendions le deuxième paragraphe de
l'article 1. Lorsqu'on sera rendu au débat de fond sur le maintien ou
non du Tribunal du travail, on fera uniquement la correspondance ou la
corrélation. C'est facile administrativement de vous le rappeler, M. le
secrétaire, et nous indiquer qu'on a laissé un petit article.
Le Président (M. Baril): Vous êtes d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas de problème.
Le Président (M. Baril): Alors, le paragraphe 3. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Par le remplacement, dans la
deuxième ligne du sous-paragraphe 3e du paragraphe 1, des mots "du
Tribunal du travail" par les mots "de la Commission des relations du
travail"."
M. Gendron: Modification à présenter au paragraphe
3, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Paragraphe 4, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Par la suppression, dans les
huitième, neuvième, dixième, onzième et
douzième lignes du sous-paragraphe 3° du paragraphe 1, des mots
"d'un agent d'accréditation ou d'un commissaire du travail visé
dans la présente loi, du commissaire de la construction ou du
commissaire au placement et de ses adjoints visés dans la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction"."
M. Gendron: Là aussi, M. le Président, j'aurai un
amendement à déposer. L'amendement que je vais déposer va
être en corrélation avec le cinquième paragraphe de
l'article 1, parce que le ministre du Travail n'a pas été
très précis sur les raisons pour lesquelles il ne croyait pas
qu'il y avait lieu de permettre la syndicalisation pour certaines
catégories d'employés qui ne seraient pas reliées aux
décisions de fond, aux décisions majeures qui pourraient
justifier d'avoir de sérieuses réserves quant à la
syndicalisation des parties. Juste un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne me fait rien de le
débattre là, mais on n'est peut-être pas à la bonne
place.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais faire valoir au
ministre du Travail que le paragraphe 5 de l'article 1 vise à
déclarer non syndicable tout fonctionnaire de la nouvelle Commission des
relations du travail.
Une voix: Le paragraphe 5?
M. Gendron: Oui. Juste une minute, mais en les excluant de la
définition du mot "salarié", il faut reconnaître que le
code actuel n'excluait pas le personnel du bureau du ministère du
Travail affecté au bureau des commissaires. Je ne vois pas aujourd'hui
de raisons de plus de l'exclure puisque le Code du travail le permettait
anciennement. Il y a également en termes d'argumentation qu'il y a
plusieurs centrales syndicales qui ont plaidé la nécessité
que ce personnel soit syndical. Un autre argument également, c'est que
dans une loi qui prône l'accès à la syndicalisation, cela
fait un peu drôle de dire que tout le personnel...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À titre de suggestion,
est-ce qu'on peut prendre un peu la même attitude qu'on a prise en ce qui
concerne le paragraphe 2? Lorsqu'on arrivera à discuter du fond, on
suspend l'application des paragraphes 4 et 5 qui affectent le fond par
concordance et lorsque la décision finale sera prise sur le fond, on
reviendra à l'adoption.
M. Gendron: Mais, M. le ministre du Travail, je veux vous
indiquer que... Vous m'avez dit: Vous êtes mieux d'attendre. Mais il ne
faut pas oublier qu'au 4e paragraphe, il y a également toute la question
qui vise à prévoir, à tout le moins, les membres de la
commission et surtout les agents de relations du travail ne seront pas
syndicables. N'oubliez pas que dans votre 4e paragraphe, vous faites
référence aux agents de relations du travail. Comme ni le code,
ni le projet de loi ne définissent l'agent de relations du travail, on
est obligé d'utiliser cette formule. Vous admettrez que, en aucune
façon, vous avez défini l'agent de relations du travail. À
ce moment-là, à partir du moment où ces
gens avaient la possibilité, en tout cas, pour ce qui est du
personnel du bureau, il y a une relation entre les paragraphes 4 et 5 sur
l'éventuel syndicalisation de personnes qui seraient moins partie
prenante des décisions concernant l'accréditation et les autres
litiges... On comprend cela. Je pense qu'on est d'accord. Le plaidoyer est
très bien fait, cela pourrait présenter des inconvénients
que ces gens soient syndiqués. Mais, il y a des catégories de
personnel qui pourraient très bien l'être, d'après nous. Au
sujet des définitions des quatrième et cinquième
paragraphes, si on prévoit des suppressions ou des remplacements, il me
semble qu'il y a lieu, dès ce moment-ci, de vous aviser de cet
état de choses.
M. le Président, je vais déposer tout de suite les deux
amendements. Je suis d'accord avec vous, mais si je ne le fais pas à ce
moment-ci, je ne serai pas cohérent. Il faut que je le fasse à ce
moment-ci par esprit de cohérence.
Une voix: On n'est plus en fin de semaine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous seriez d'accord
sur la façon de procéder? On suspend, on analyse et on revient
avec les réactions.
M. Gendron: Oui, oui.
Le Président (M. Baril): Vous suspendez les paragraphes 4
et 5?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): Merci. Le 6e paragraphe, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "Par la suppression des
paragraphes p, q et r." Il s'agit des articles qui définissent l'agent
d'accréditation, le commissaire du travail et le commissaire
général du travail.
M. Gendron: J'indique, M. le Président, que pour ce qui
est du paragraphe 6, on n'a aucune objection. On a le Code du travail devant
nous et cela va.
Le Président (M. Baril): Le paragraphe 6 est
adopté. On est rendu à l'article 2, M. le ministre. L'article 1
est suspendu en ce qui concerne les paragraphes 4 et 5.
M. Gendron: C'est exact, M. le Président.
Une voix: Et le paragraphe 2.
Le Président (M. Baril): Et le paragraphe 2.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): Les paragraphes 2, 4 et 5.
L'article 2, M. le ministre.
Refus d'embaucher
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 2 se lit comme suit: "Ce
code est modifié par l'insertion, après l'article 14, du suivant:
Le refus d'employer une personne contrairement au premier alinéa de
l'article 14 ne donne pas ouverture à une plainte à !a
commission.". (11 h 45)
M. Gendron: M. le Président, je profiterai du
dépôt d'un amendement tout de suite. Je souhaiterais, parce que je
ne veux pas suspendre les articles tout entier, que le ministre du Travail
puisse reqarder ou faire regarder rapidement par ses conseillers l'amendement.
C'est pour cela que je le fais tout de suite et je vais prendre quelques
minutes pour l'argumentation. C'est ce que je vais faire à chaque fois
que je vais présenter un amendement. Mais je n'ai pas l'intention,
contrairement à ce qu'on pourrait faire, d'utiliser à chaque fois
mon droit de parole de 20 minutes sur chacun des amendements parce qu'il y a
des choses qui vont se comprendre rapidement par le ministre et il y a des
choses que le ministre va décider de ne pas comprendre ou de ne pas en
donner suite. C'est libre à lui. Je répète toujours que
c'est lui qui est parrain du projet de loi, donc il lui appartient d'agir en
conséquence.
À l'article 2, M. le Président, il faut comprendre que
quand le ministre du Travail présente cette modification, c'est toute la
question du refus d'embaucher une personne, communément appelé.
L'article 2 ne vise pas à introduire un nouvel article 14.1 du Code
travail. Cet article 14.1 exclurait de la juridiction de la Commission des
relations du travail, le refus d'embauche pour activité syndicale. Je
voudrais que les membres soient conscients que c'est inquiétant de
confier d'une main la responsabilité de l'entièreté de
décision majeure concernant les mécanismes de relation du
travail. Mais dans ce cas présent le ministre dit: Pour toutes les
questions de refus d'embauche, ce n'est pas ma nouvelle Commission des
relations du travail qui va arbitrer cela. Ce n'est pas la Commission des
relations du travail qui aura la responsabilité de statuer sur les refus
d'embauche, spécifiquement pour activité syndicale. Nous ne
comprenons pas. De toute façon, c'est un des éléments
également qui fait partie de tout ce qu'on appelle les pratiques
déloyales en termes de relations du travail. Je ne suis pas capable de
comprendre et de justifier pourquoi cet élément serait soustrait
à la Commission des relations du travail et qu'il soit
géré comme
actuellement ces choses-là sont gérées.
Actuellement, le refus d'embauche ne peut faire l'objet que d'une plainte
pénale, au Code du travail. Mais dans un contexte de
déjudiciarisation, dans un contexte où les beaux objectifs
présentés par le ministre du Travail concernant ses intentions,
dans les notes explicatives de ce projet de loi, il me semble qu'il y a une
indication ici très claire où il y aurait lieu de permettre que
ces dispositions soient assujetties à la responsabilité de la
Commission des relations du travail, pourquoi pensez-vous qu'on prétend
qu'il serait normal que la Commission des relations du travail puisse se
pencher là-dessus? C'est surtout une des raisons, dans la mesure
où de plus en plus on essaie de déterminer des embauches
précises dans le temps. Il se développe une tendance à
embaucher les personnes pour des termes définis, des termes
précis. Si, par exemple, à l'expiration de termes non
définis, le terme n'est pas renouvelé, cela n'est pas
considéré comme un congédiement. Je répète.
Si, à l'expiration, le terme n'est pas renouvelé, cela n'est pas
considéré comme un congédiement. Il me semble ici que le
ministre du Travail devrait nous indiquer davantage pour quelle raison il
prétend qu'une nouvelle commission des relations du travail, qui va
devoir oeuvrer dans un secteur où de plus en plus lui-même voulait
réformer les mentalités, voulait permettre que l'on soit
davantage dans un contexte où ce qui nous préoccupe surtout,
c'est beaucoup plus des règlements que la politique d'affrontement, il
me semble qu'ici, il pourrait déjà nous indiquer
concrètement une possibilité d'atténuer une série
de dossiers ou de problèmes qui, immanquablement, vont être
portés à un niveau autre que la nouvelle instance pour laquelle
on pense que cela devrait être sa responsabilité. C'est pourquoi
nous lui soumettons bien humblement cette modification à l'article 2,
pour que dorénavant toute la question du refus d'embauche soit du
domaine de la responsabilité de sa nouvelle commission des relations du
travail. Nous prétendons qu'il lui appartient, à elle, cette
nouvelle commission, d'avoir cette responsabilité qui encadre les
mécanismes de relation de travail.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vous dirais que l'argumentation du député d'Abitibi-Ouest est une
argumentation qui, sur le plan de la logique, se tient très bien. On
pourrait la faire d'un côté comme de l'autre de la table. C'est
une réflexion à laquelle on s'est adonné. Les arguments
qu'il a invoqués, nous les avons tous soupesés sans en oublier;
il y en avait même quelques autres, si ma mémoire est
fidèle. Les notes explicatives du projet de loi disent très bien:
"Ce projet de loi a pour objet la mise sur pied d'une Commission des relations
du travail qui aura tous les pouvoirs nécessaires pour agir sur une
partie importante des rapports collectifs de travail." Nous avons voulu
là délimiter le champ de juridiction de la commission. Au moment
où nous nous parlons, la question de refus d'embauche est traitée
par les tribunaux de droit commun. Vous pourriez avoir à juste titre un
argumentaire similaire au moment où nous toucherons l'antiscab. Nous
croyons que l'arrivée d'une nouvelle structure, pour qu'elle ait une
chance d'être acceptée convenablement par les partenaires - comme
vous l'avez dit tantôt, c'est pour eux que nous légiférons
finalement - nous nous devons, sur le plan de l'équilibre du rapport de
force en présence, sur le plan du fond, de tenter de maintenir le statu
quo. C'est pourquoi cet article est ajouté. Nous sommes d'opinion que si
nous donnions - et c'est une thèse qui peut s'argumenter et se soutenir
très bien - la question du refus d'embauche, la question des briseurs de
grève, la question de l'antiscab, si nous changions les juridictions,
nous pourrions nous retrouver avec une résistance telle d'une des
parties concernées, que les chances de succès, à court,
moyen et à long terme, de l'implantation de la commission, pourraient
être dangereusement compromises. C'est la raison pour laquelle nous avons
choisi d'inclure cet article et de maintenir, en incluant cet article - et cela
est important -le statu quo, l'équilibre actuel qui s'est
créé entre les parties. On peut arqumenter qu'il serait
souhaitable de l'inclure comme parlementaires, si on a une vision
d'intervention globale de la commission, et cela peut se faire en toute
logique. Je n'ai rien à redire contre le plaidoyer que vous venez de
faire, je n'ai même sur le fond rien à redire quant à
l'amendement que vous nous proposez. Je vous indique simplement pourquoi - et
vous l'avez indiqué, c'est le ministre qui porte le projet de loi - le
choix que j'ai fait en ce qui concerne te refus d'embauche, également en
ce qui concerne l'antiscab, les autres pratiques déloyales qui sont
demeurées à d'autres endroits.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Un commentaire. Je veux juste indiquer au ministre
qu'il faut qu'il soit conscient que, par sa décision de ne pas accepter
cette proposition d'amendement, il y a un certain danger de continuer à
avoir deux régimes de relations du travail. Il faut que les membres de
cette commission, de même que le public intéressé soit
conscients qu'il y a un certain danger de continuer à avoir deux
régimes de relations du travail. Il faut que les membres de cette
commission,
de même que le public intéressé soit conscients
également que - je veux bien qu'il nous réfère aux notes
explicatives, d'ailleurs je l'avais noté, je vais revenir constamment
là-dessus - cela a été très marquant, vous dites:
d'administrer le processus d'accréditation des syndicats... pour agir
sur une partie importante - c'est ce que je veux citer - des rapports
collectifs. Le ministre lui-même, avant de créer son nouveau
bébé, l'affaiblit considérablement. Il est difficile de
prétendre, d'une part, que la nouvelle Commission des relations du
travail sera une instance qui devrait avoir énormément de
crédibilité, d'envergure, de prestance, de
notoriété, et qu'il y a des bons morceaux qui ne fassent
partie... Et il a des raisons, il nous le dit: les raisons c'est simple, c'est
que je veux y aller mollo - en latin - je veux y aller tranquillement, je ne
veux pas que la bouchée soit trop grosse, mais je veux que le monde soit
conscient de cela, quelles que soient les parties. Quand on a affaire à
une partie patronale, c'est sûr qu'il y en a qui pense que la
bouchée est, à tout le moins, si elle n'est pas grosse, fort
imprécise, fort floue, fort etc. Ce sera notre job d'essayer, non pas de
la renflouer, mais de la préciser. Pour ce qui est des parties
syndicales, il y a des intervenants qui sont venus nous dire en commission:
Écoutez, M. le Président, il y a quand même des maudits
bons bouts, des bons bouts de relations du travail que vous soustrayez à
cette nouvelle Commission des relations du travail. Il faut en être
conscient. Ma responsabilité, c'est de le dire et c'est d'indiquer
également que, en ce qui concerne cette modification, à tout le
moins, si le ministre du Travail me disait: Écoutez, M. Gendron, oui,
c'est une préoccupation qui va demeurer mienne, dans ma grande
réforme qui, un jour, s'en viendra... J'ai l'impression que dans la
réforme du Code du travail éventuel, s'il touche des aspects de
pratique déloyale, je pense que toute la question du refus d'embauche
devrait faire l'objet d'une analyse pour conclure éventuellement qu'il
appartient d'être réinstauré dans le giron de la Commission
des relations du travail, plutôt que de laisser cela à une autre
cour de juridiction.
C'est un peu les arguments que je voulais évoquer. Je vais le
dire tout le temps qu'on va être en séance de travail. C'est le
ministre du Travail qui porte ce projet de loi. Je voulais formaliser cet
amendement. En conséquence, M. le Président, je n'argumenterai
pas plus longtemps. Le ministre nous dis, non. C'est son droit le plus strict.
Cependant, je vais demander, pour ce qui est de cet amendement, qu'on fasse
l'appel nominal, à savoir si les gens sont pour ou contre cet
amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant l'appel nominal, si vous me
le permettez, simplement une précision. Le pari que nous faisons, et
c'est le ministre qui le porte, mais c'est également le gouvernement,
les parlementaires qui voteront en faveur également, sur le temps des
principes vous le portez avec nous au moment où nous nous parlons, sur
le temps des modalités, pas encore. Je vous dirais que si la commission
réussit à fonctionner en équilibre, si avec le temps la
commission réussit à s'attirer de la crédibilité
auprès de l'ensemble des partenaires qui ont à intervenir, je
suis certain que le ministre du Travail, ou celui ou celle qui nous
succèdera, aura des pressions dans le but d'élargir le mandat de
la commission si les parties sont satisfaites du fonctionnement de la
commission et qu'il sera toujours temps de le faire. Maintenant, si les parties
sont insatisfaites, les pressions sur le gouvernement vont être en sens
contraire, d'exclure de la juridiction de la commission des choses qu'on lui
confie présentement. Donc, c'est au vécu quotidien que cette
commission fera en sorte de mériter le mandat que le législateur
s'apprête à lui confier. Si elle effectue un travail avec une
telle compétence qu'elle s'attire de la crédibilité et de
la reconnaissance de toutes les parties impliquées, c'est certain
qu'avec le temps son mandat va s'élargir. Si elle ne réussit pas
à relever ce défi, il y aura des pressions sur le
législateur, quel qu'il soit, d'exclure davantage des choses que l'on
inclut présentement. C'est cet équilibre qu'il est important de
maintenir. Et je réitère, au moment où nous parlons, je
suis personnellement d'avis - et je pense que cet avis est partagé par
ma formation politique - que si on prenait la bouchée un peu plus grosse
on risquerait l'indigestion et on compromettrait sérieusement les
chances de fonctionnement de la commission.
M. Gendron: Je voudrais juste indiquer au ministre, M. le
Président, que ses arguments sont réversibles. Pour les tenants
de la thèse d'une Commission des relations du travail, où la
plupart des actions sur lesquelles elle doit agir doivent être
concertées et réunies à un seul palier, il y a un danger
éventuellement de prendre une bouchée moins grosse et de ne pas
lui permettre de se bâtir rapidement une grande
crédibilité, parce qu'elle a la moitié d'un mandat pour
fonctionner. Le ministre peut bien avoir cet argument, mais je prétends
qu'il est pâte à crêpe dans le sens qu'il est
réversible. Voici ce qu'on voulait indiquer. D'autres ont laissé
voir qu'effectivement, si le ministre du Travail a décidé qu'on
abolit le bureau des commissaires, le tribunal, le Conseil des services
essentiels, la commission de la construction et c'est la nouvelle, la
Commission des relations du travail qui a la responsabilité, il
faut que ce soit une responsabilité la plus inclusive possible et non
pas une responsabilité tellement faiblarde qu'il y a des parties qui
vont continuer à prétendre que tel et tel élément
des relations du travail n'étant pas dans le giron de la Commission des
relations du travail, comment voulez-vous, M. le ministre, qu'elle
développe de l'expertise sur ce volet, qu'elle se fasse ce que
j'appellerais une pratique ou communément ce qu'on appelle les bras et
les mains, si elle n'a pas cette partie dans sa juridiction? Vous dites: Si
elle est belle, cela va bien, si elle fine, cela marche. On verra. Il faut
encore qu'elle ait la capacité d'exercer son mandat sur un mandat plus
large pour être en mesure de poser un jugement qualitatif d'expertise sur
la façon dont la nouvelle Commission des relations du travail s'est
comportée, s'est acquittée de son mandat et en conséquence
être capable de dire: Oui, nous pensons qu'il y a lieu de
l'élargir ou de le rétrécir. Si, "minimalement", il y a un
paquet d'éléments qui sont soustraits à sa
responsabilité, on n'aura pas grand élément quantitatif
pour porter un jugement de capacité par la Commission des relations du
travail. C'est votre décision, je ne vais pas plus loin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est mon opinion, au moment
où nous parlons, qu'avec le mandat qui lui est confié, la
commission en a plein les bras et les mains. C'est plus de 7000 dossiers sur
une base annuelle. Cette évaluation, nous la faisons en tenant compte
des responsabilités qui vont être transférées, oui,
du Conseil des services essentiels, oui, du Bureau du commissaire
général du travail, oui, éqalement du Tribunal du
travail.
Le Président (M. Baril): Si je comprends bien, vous avez
demandé le vote nominal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Sur l'amendement.
Le Président (M. Baril): 5ur l'amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Baril): M. le
Secrétaire, voulez-vous appeler.
Le Secrétaire: M. Cusano?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger?
Mme Bélanger: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: M. Baril?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Gendron?
M. Gendron: Pour. (12 heures)
Le Secrétaire: Un pour, neuf contre.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'amendement est
rejeté, neuf contre un. Est-ce que l'article 2 est adopté.
M. Gendron: Oui, sur division.
Le Président (M. Baril): J'appelle l'article 3. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 16 de ce code est
modifié par la suppression de la dernière phrase qui se lisait
comme suit: "Le mettre à la poste à l'adresse du commissaire
qénéral du travail dans ce délai, ce dernier
désigne un commissaire du travail pour faire enquête et disposer
de la plainte." On se rendra compte qu'il s'agit d'une disposition de
concordance.
M. Gendron: Je voudrais juste indiquer au ministre du Travail que
s'il avait accepté l'amendemenent que j'ai proposé tantôt
à l'article 2, j'aurais eu un amendement de concordance, compte tenu que
l'article 3 se réfère éqalement à la
mécanique pour la plainte pour congédiement illéqal, il va
en convenir, mais mon amendement n'ayant pas été reçu
à l'article 2, je ne déposerai sûrement pas l'amendement
à l'article 3, parce qu'il s'agit d'une concordance non plus sur le
fond, mais suite au vote que nous venons de prendre.
Le Président (M. Baril): Je comprends
que l'article 3 est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Baril): L'article 4, M. le ministre.
M. Gendron: Pour les raisons que je viens d'invoquer, l'article 3
étant conséquent avec l'article 2, j'ai voté sur division
à l'article 2, l'article 3 est adopté sur division. Vous allez
voir qu'on sait de quoi on parle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 17 de ce code est
modifié par le remplacement, dans les première et deuxième
lignes, des mots "du commissaire du travail saisi de l'affaire" par les mots
"de la commission"."
M. Gendron: Quant à nous, M. le Président, il
s'agit d'une modification de concordance et on est d'accord.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article A est
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 5, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 19 de ce code est
modifié par la suppression du dernier alinéa."
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: À l'article 5?
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Gendron: C'est presque aussi beau que notre
congrès.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que c'est
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur division.
M. Gendron: Non, il n'y a pas eu de division dans le
congrès. Vous avez mal lu les journaux, voyons!
Le Président (M. Baril): L'article 6, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 6. "Les articles 19.1 et
20 de ce code sont abrogés."
Maintenant, nous aurions un amendement à proposer qui se lirait
comme suit: "Remplacer l'article 6 par le suivant: 6. Les articles 19.1 et 20
de ce code sont remplacés par le suivant: 19.1 Le salarié peut
déposer la décision de la commission au bureau du protonotaire de
la Cour supérieure; l'article 137.10 s'y applique avec les adaptations
nécessaires."
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Un instant! Je ne suis pas en mesure de réagir
tout de suite, je viens de l'avoir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de l'argumentation,
j'ai demandé à mes gens d'ajouter cette possibilité parce
que le salarié n'avait pas cette possibilité. C'était pour
ajouter au pouvoir du salarié que j'ai demandé l'ajout. On aurait
pu le faire suivant les amendements qu'on m'avait proposés, mais le
salarié ne pouvait plus le faire. Or, j'ai demandé qu'on revienne
à la situation où le salarié peut continuer à le
faire et au maintien du statu quo, on ne voulait pas enlever de droits au
salarié. Je voulais dire à l'Opposition: Si vous avez des
réserves, vous pouvez vous prononcer cet après-midi sur cela.
M. Gendron: Très rapidement. J'avais un lien à
faire entre un amendement que je vais déposer à l'article 6 et je
voulais savoir si ce que vous avez déposé était
complémentaire, aux antipodes ou à l'encontre de ce que...
Là, on vient de se rendre compte que cela n'a rien à voir avec
notre amendement. Mais nous pensons que votre amendement est correct, il est
requis et si on avait eu plus de temps, nous l'aurions probablement
présenté nous aussi. Il n'y aura donc pas de problème pour
l'acceptation de votre amendement.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que
l'amendement est accepté.
M. Gendron: Oui, mais cela ne dispose pas de l'article 6. Dans
une seconde...
Le Président (M. Baril): Je suis d'accord.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que vous déclariez adopté tout de suite l'article
6...
Le Président (M. Baril): Tel qu'amendé. M.
Gendron: Tel qu'amendé, bien sûr.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 6 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 7.
Demande d'accréditation M. Gendron: Avant d'appeler
l'article 7,
j'aurais un amendement à proposer pour faire un article 6.1. On
va déposer l'amendement tout de suite. Il apparaît à
l'Opposition qu'à partir du moment où on voulait que le ministre
du Travail regarde la possibilité d'inclure des responsabilités
additionnelles à la nouvelle Commission des relations du travail
concernant les pratiques déloyales, il faut convenir que dans le Code du
travail, les dispositions, à partir de 20.1 du Code du travail, section
II, certaines obligations des associations accréditées, vous avez
toutes les dispositions concernant l'élection au scrutin secret, le vote
de grève au scrutin secret, de même que la signature de la
convention collective.
Je veux indiquer que tes articles 2Q.1 à 20.5 traitent de
l'obligation au vote secret pour l'élection des officiers, pour le vote
de grève ou l'acceptation d'une convention collective. L'article 20.4 -
et c'est là qu'on ferait un article 6.1 - énonce que le seul
recours est une plainte pénale. À mon avis, on doit
considérer ces manquements à ces dispositions comme des pratiques
déloyales et donc les confier à la Commission des relations du
travail. En termes clairs, ce que je suis en train d'expliquer au ministre du
Travail, c'est que si nous pensons que les pratiques déloyales qui
doivent être sous la responsabilité de la Commission des relations
du travail, le fait que l'article 20.4 actuel du Code du travail énonce
que le seul recours est une plainte pénale, nous considérons que
les manquements à ces dispositions prévues aux articles
précédents sont des pratiques déloyales et devraient donc
être confiées à la Commission des relations du travail tout
comme les éléments que j'ai évoqués tantôt et
que nous évoquerons plus tard concernant le piquetage, concernant toute
la question des antibriseurs de grève. On maintient cependant que la
règle selon laquelle les seules parties intéressées sont
le salarié et le commissaire général - on est d'accord -
et la modification à l'article proposé - je pense que le ministre
en a eu copie - nous voudrions que l'article 24 de ce code soit modifié
par la suppression de la première phrase de l'article 24 qui dit:
L'inobservation - et c'est ce que j'ai mentionné tantôt - ne donne
ouverture qu'à l'application du chapitre 9... si on faisait sauter
l'article 1, cela pour le bénéfice de la compréhension de
tous les intervenants, cela signifie que cela serait automatiquement de la
responsabilité de la Commission des relations du travail plutôt
que de la responsabilité du Code du travail.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: M. le Président, juste pour
demander au critique officiel de l'Opposition s'il aurait objection à
remettre ses amende- ments au secrétaire pour qu'il en fasse faire des
photocopies quitte à les garder, s'il ne veut pas les remettre aux
membres de la commission avant d'en arriver à l'article, mais cela fait
deux fois que l'on doit discuter, vous apportez un amendement. Le ministre a
une copie, bien sûr, mais les autres membres de la commission n'en ont
pas. Si vous le voulez, vous les remettrez en temps et lieu, si vous ne voulez
pas les remettre d'avance, comme le ministre l'a fait dans le cas des siens,
mais cela nous aiderait à suivre votre argumentation.
M. Gendron: Je veux indiquer au député de Vimont
qu'en ce qui me concerne il a parfaitement raison. C'est tant mieux pour moi
s'il y a un ou deux membres de la commission, du côté
ministériel, qui ont l'intention de suivre cela avec
intérêt. On en avait produit un certain nombre, six je crois,
croyant que c'était suffisant et je peux très bien convenir
à ce moment-ci qu'on en produise davantage avec la règle qu'il
n'est pas dit, pour toutes sortes de raisons d'absence d'analyse des
amendements du ministre, cela ne me fait rien du tout de les produire, on n'a
aucune gêne à y avoir travaillé, sauf que je maintiens la
réserve que ce n'est pas parce que j'aurai donné aux membres en
bloc les amendements que nous avons que tous ces amendements seront
nécessairement appelés.
M. Théorêt: C'est sûr. Mais au moins on aura
pu les étudier avant.
M. Gendron: C'est cela. Alors, je n'ai pas d'objection sur le
plan soutien administratif à ce que les parlementaires qui le
désirent puissent vraiment disposer des outils de travail qu'il leur
faut pour suivre la commission convenablement.
Le Président (M. Baril): C'est une bonne remarque et nous
allons faire faire des photocopies tout de suite.
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Mi ssisquoi): M. le Président, on
revient un peu à l'argument du député d'Abitibi-Ouest
concernant la question du refus d'embauche, et je le situe dans sa perspective.
Est-ce qu'on élargit le mandat de la commission tel qu'il est inclus
dans ledit projet de loi? Est-ce qu'on le resserre ou est-ce qu'on maintient le
statu quo? Pour les raisons indiquées, nous préférons
maintenir le statu quo. Bien que je distingue, cette fois-ci, que dans l'autre
cas, le congédiement, il s'agissait de droit individuel et, dans ce
cas-ci, il s'agit de droit collectif. J'indiquerai également que la
stricte application de l'amendement qui nous a été soumis - et
cela, c'est pour fins de palabres - l'article se lirait comme suit:
Pour l'application de la présente section, seul un membre de
l'association accréditée compris dans l'unité de
négociation et le Procureur général sont
considérés comme parties intéressées aux fins de
l'article 148. Se retrouver avec le Procureur général devant la
commission... En tout cas!
M. Gendron: Je voudrais avoir l'avis du ministre. Pour des
raisons de temps... Quand on dit: "L'inobservation des articles 20.2 ou 20.3 ne
donne ouverture qu'à l'application du chapitre IX", il faut savoir ce
que le chapitre IX dît. Le chapitre IX concerne uniquement les
pénalités, c'est seulement des poursuites. Alors, est-ce qu'il y
aurait lieu d'envisager un recours ailleurs qu'uniquement au niveau
pénal pour des dispositions comme celles-là? En effet, te
ministre du Travail ne m'a pas dit un mot de sa compréhension à
savoir si oui ou non, très clairement, le fait qu'il y ait des
manquements aux dispositions prévues aux articles 20.1, 20.2 et 20.3,
est-ce qu'il convient qu'il s'agit de pratiques déloyales et si ce sont
des pratiques déloyales, il y aurait lieu de confier cela à
l'ensemble de la Commission des relations du travail pour que, effectivement,
il puisse y avoir une juridiction qui déborde uniquement l'aspect
pénal du chapitre IX du Code du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À première vue, il
m'apparaît que les articles 20.2 et 20.3 sont affectés mais
l'article 20.1 ne le serait pas. De plus, notre approche a été la
suivante. Les pratiques déloyales qui existent demeurent des pratiques
déloyales et, si elles étaient de la juridiction du Bureau du
commissaire général du travail, du Conseil des services
essentiels, dans ce cadre elles deviennent généralement la
juridiction de la nouvelle commission. Si elles étaient ailleurs, soit
sur le plan d'une décision ministérielle en ce qui concerne
l'antibriseur de grève, ou pénal en ce qui concerne les articles
20.2 et 20.3, c'est le statu quo qui demeure. Nous n'avons pas
créé de nouvelles pratiques déloyales. J'ai
remarqué que quelques intervenants nous ont dit que nous avions
créé des pratiques déloyales avec ce présent projet
de loi. Si je peux vous définir notre approche encore plus
précisément, nous n'avons pas pris l'ensemble des pratiques
déloyales et dit que l'ensemble des pratiques déloyales est
transféré à la commission. Nous avons pris chacune des
pratiques déloyales une par une et nous avons tenté de maintenir
le statu quo. Maintenant, sur le plan philosophique, est-ce que cela devrait y
aller un jour? Je vous redonne la même réponse que je vous ai
fournie tantôt, selon la volonté des parties, la
crédibilité et le fonctionnement de la commission, tout est
possible. (12 h 15)
M. Gendron: Oui, je vais vous donner un exemple M. le ministre du
Travail. Je ne serai pas très long. C'est que, dans le concret, pour le
bénéfice de moi-même et de tous les collègues, je
veux dire que cela signifie que... Je vais vous donner un exemple. Il y a un
vote de grève qui est pris, à un moment donné. Pour des
raisons de délai, la Commission des relations du travail prétend
qu'elle est illégale. Si je comprends bien, c'est la Commission des
relations du travail qui statuerait là-dessus. C'est sa
responsabilité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le cas d'une grève
illégale, oui, c'est la responsabilité de la commission.
M. Gendron: Bon, c'est ce que je voulais vous entendre dire. Et
pour une qrève qui serait "léqale" - entre quillements -suivez
bien mon raisonnement, mais qui ne serait pas "illégale" - entre
guillemets - pour des raisons de délai mais à cause des
dispositions prévues à 20.2 en termes du vote secret qui
n'auraient pas été suivies telles que prescrites, vous comprenez
tout le temps, cela serait exclu de la juridiction de la Commission des
relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tu conserves la position actuelle
d'une plainte au pénal. C'est juste cela, on n'en dit pas plus.
M. Gendron: Oui, oui, mais cela inclut la CRT, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La plainte au pénal n'est
pas de juridiction de la CRT, vous avez raison.
M. Gendron: Voilà. Je pense que vous me répondez,
toujours au bénéfice des membres de la commission. Cela veut dire
que la Commission des relations du travail ne pourrait pas se prononcer sur le
caractère d'illégalité que nous venons d'évoquer
dans la perspective concrète où il y aurait un des
éléments prescrits au Code du travail qui n'aurait pas
été suivi. Cela devient soustrait à la Commission des
relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on m'indique que même
pour la crédibilité de la commission et son bon fonctionnement,
il serait délicat que la commission aille vérifier à
l'intérieur d'une association si les votes sont bien pris. C'est une
opération qui pourrait, sur le plan de sa crédibilité, de
ses ajustements quotidiens avec les parties, la placer dans une situation
délicate.
M. Gendron: M. le ministre, juste pour une bonne
compréhension de cette disposition prévue au Code du travail, une
grève ne
peut être déclarée qu'après avoir tous les
autres scrutins secrets par un vote majoritaire des membres de l'association
accréditée, là il a fallu s'arrêter là.
Est-ce à dire par votre réponse que cette disposition n'est pas
du tout soumise aux mécanismes qui existent actuellement pour
réduire ces dispositions-Jà? Parce que par votre réponse
vous dites: Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les délais.
Certains délais peuvent être cela. Le ministère du Travail
actuel, avec les mécanismes que vous connaissez, s'occupe de cela. Mais
ce qui est écrit dans le code, ces dispositions-là, on ne s'en
occupe pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas de la façon dont vous
le dites. Si la commission est d'avis qu'il y a grève illégale,
elle peut utiliser ses pouvoirs de redressement qui sont prévus à
la loi, maintenant, quant à l'aspect pénal de la question, il
demeure là où il est présentement devant les tribunaux de
droit commun.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Oui, j'ai bien compris, M. le ministre,
que dans le cas où la critique de l'Opposition a amené à
savoir le vote du scrutin que s'il y avait une plainte de déposée
par un employé ou quiconque auprès de la commission disant:
Écoutez, cela ne s'est pas passé dans les règles cette
affaire-là, la commission a le moyen d'intervenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La commission a le moyen, mais non
pas quant au caractère pénal.
M. Théorêt: Non, je comprends cela, mais elle peut
dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La commission peut intervenir en
disant: Oui, la grève est illégale.
M. Théorêt: Elle peut ordonner un autre vote, par
exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La grève est
illégale, j'utilise mes pouvoirs de redressement.
M. Théorêt: C'est cela, mais elle pourrait exiger un
autre vote, par exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Théorêt: D'accord.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Oui, j'ai bien compris.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je veux juste indiquer que je
pense que les échanqes qu'on vient d'avoir attestent qu'il y avait,
à tout te moins une ambiguïté. Si le ministre du Travail,
lui, nous dit: Écoutez, toute la gestion non pas au pénal, mais
la gestion de la question du vote de grève est sous le couvert de la
nouvelle Commission des relations du travail et n'est pas pour le volet des
pénalités, il donne, en tout cas, une précision qui nous
apparaissait importante, mais je pense que la meilleure façon
d'être certain qu'il n'y ait pas d'ambiguïté serait
d'accepter l'amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être quelques
commentaires. À la suite de la question du député de
Vimont, l'interprétation littérale de 20.4. "L'inobservation des
articles 20.2 et 20.3 ne donne ouverture qu'à l'application du chapitre
IX." veut dire que la commission ne pourrait pas aller vérifier le vote
majoritaire, etc., et que le seul recours est le recours pénal.
M. Gendron: Donc, vous confirmez notre inquiétude, notre
prétention que cela serait soustrait à la Commission des
relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Alors, mot, je veux signaler aux membres de la
commission, et là, je ne porte pas de jugement, que cela
m'apparaît curieux et drôlement curieux que tout le volet de la
qestion des votes de grève au scrutin secret ne soit pas une
responsabilité de la Commission des relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être pour faire une
proposition, si vous êtes d'accord, quant à moi, je suspendrais,
pour les fins de la discussion, sur l'heure du midi. Je ne vous dis pas dans
quel sens la décision ira; je pense que c'est un point important qui
mérite une réflexion un peu plus approfondie, et je vous donnerai
une réponse en début de l'après-midi sur ce point.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que
l'amendement de l'article 6.1 est suspendu sur l'heure du midi.
M. Gendron: Ce qu'il faut que vous compreniez, M. le
Président, c'est que c'est un amendement qui se placerait entre les
articles 6 et 7, donc, ce n'est pas une suspension d'article au projet de loi,
mais c'est un dépôt d'amendement pour ajouter une précision
qui a l'air à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et, je vous dirai, quant à
l'orientation que nous prendrons, que déjà vous l'indiquiez quel
que soit l'argument, afin de maintenir l'équilibre de la situation
actuelle même s'il y avait des arguments qui pourraient nous
amenés à proposer une modification dans un sens ou dans un autre.
Nous recherchons le maintien de l'équilibre qui prévaut
présentement.
M. Gendron: Oui, mais vous comprendrez que cet ajout allait dans
le même sens, M. le ministre, on ne rompait pas l'équilibre mais
it me semble qu'à ce moment-ci, on ajoutait une couverture de quelque
chose qui, à ma connaissance, doit être géré, en
termes de gestion, je pense qu'on ne peut pas laisser cela une patte en
l'air...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Jusqu'à ce jour, la
question du scrutin va au pénal et c'est l'employé ou le
salarié qui intervient. Au moment où nous nous parlons, nous
parlons d'un concept où nous pensons élargir les pouvoirs de la
commission pour que la commission puisse, elle aussi, intervenir non sur la
partie pénale, mais sur la partie administrative. Cela me paraît
un ajout sur lequel il nous faut une réflexion assez approfondie.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que nous
reviendrons cet après-midi sur l'amendement à l'article 6.1.
L'article 7.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a un amendement à
l'article 7; tel que déposé, il se lisait comme suit: "L'article
21 de ce code est modifié: 1° par la suppression, dans la
troisième ligne du premier alinéa, des mots "au paragraphe b de
l'article 28 ou"; 2° par le remplacement du troisième alinéa
par le suivant: "Le droit à l'accréditation existe à
l'égard de la totalité des salariés de l'employeur ou de
chaque groupe de ces salariés qui, de l'avis de la commission, forme un
groupe distinct aux fins du présent code".
L'amendement se lirait comme suit: Remplacer le troisième
alinéa de l'article 21 du code édicté par le paragraphe
deuxième de l'article 7 du projet de loi par le suivant: "Le droit
à l'accréditation existe à l'égard de la
totalité des salariés de l'employeur ou de chaque groupe de ces
salariés qui forme un groupe distinct aux fins du présent code,
suivant l'accord intervenu entre l'employeur et l'association du salarié
et constaté par la commission ou suivant la décision de la
commission".
Ce que nous faisons, finalement, c'est que nous retournons au texte
original.
Il y a bien des représentations qui nous ont été
faites par les parties, finalement, qui disent: lorsqu'on est d'accord,
voulez-vous bien nous laisser d'accord.
M. Gendron: C'est ce qu'on convient. On pense qu'effectivement,
c'est un amendement qui vient préciser une disposition qui était
quand même assez floue mais qui correspond véritablement, en tout
cas, à des intentions manifestement exprimées par des
intervenants en audience et, en conséquence, on est complètement
en accord avec l'amendement présenté par le ministre du
Travail.
Le Président (M. Théorêt): Alors l'amendement
à l'article 7 est adapté. Est-ce que l'article 7...
M. Gendron: Non, je veux déposer un ajout, un article 7.1
à l'article 7. M. le Président, quant aux technicités, je
ne le sais pas toujours, je pense qu'on vote 7, puisque c'est un
complémentaire; alors 7, je n'ai pas de problème...
Le Président (M. Théorêt): C'est
ça.
M. Gendron: ...mais avant de passer à 8, j'ai quelque
chose à déposer.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 7 tel qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté. Je
donne la parole au critique de l'Opposition qui a un amendement à
apporter avant l'article 8.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Est-ce que
l'amendement a été déposé? On va le déposer
sauf que je vais tout de suite le contester indépendamment des
écritures.
Il faut se rappeler ici, M. le Président, que tous les membres de
la commission qui suivent nos activités, que lors des audiences sur ce
projet de loi, nombreux ont été les intervenants qui ont
prétendu qu'il y avait beaucoup d'imprécisions devant la fameuse
question du 35 % qui constituait un plancher minimum. Je suis sûr que
j'ai raison, puisque le ministre du Travail lui-même, à peu
près à tous les intervenants, en a profité, du fait de
leur présence en commission parlementaire, pour leur demander quelle
était l'interprétation qu'eux-mêmes faisaient des textes
qui entouraient toute la question du fameux 35 % comme plancher minimum pour
justifier la demande d'accréditation pour une nouvelle unité
d'accréditation, pour un nouveau groupe de salariés.
A partir du moment où vous avez maintenant entre les mains le
nouvel article 7.1 - non seulement je peux, mais ma responsabilité c'est
effectivement de le
présenter en vous le lisant - nous, on pense que suite à
l'article 7, pour éviter toute confusion, on est convaincu que c'est
probablement l'endroit privilégié pour l'écrire et on
voudrait que l'article 22 du Code du travail soit modifié par l'ajout
d'un paragraphe e) qui se lirait à peu près comme suit:
"Lorsqu'au moins 35 % des salariés du groupe pour lequel
l'accréditation est demandée sont membres de l'association de
salariés, cependant une accréditation peut être
demandée même s'il y a moins de 35 % de salariés du groupe
pour lequel l'accréditation du groupe est demandée sont membres
de l'association de salariés lorsque des contraventions au
présent code ont eu pour effet ou pour but d'empêcher ou de nuire
à une demande d'accréditation."
Le mérite de cet ajout est de préciser une fois pour
toutes qu'en ce qui nous concerne, le plancher demeure le même, sauf les
quelques cas d'exception où on s'était rendu compte qu'il pouvait
être inférieur, mais pour des raisons où il y aurait eu des
contraventions au code et où il y aurait eu des empêchements, des
nuisances autour de l'accréditation. Devant l'ambiguïté
soulevée par de nombreux organismes, je pense qu'il n'y a pas personne
qui ne convienne de la nécessité de resserrer et d'éviter
toute ambiguïté.
Nous, on pense que l'article 22, je l'ai dit tantôt, semble
l'endroit privilégié pour introduire cette précision parce
qu'il prévoit également, dans le libellé qu'on vient de
déposer, les cas où une demande d'accréditation peut
être formulée.
La limite minimale est apparue chez plusieurs intervenants comme une
règle de fond plutôt qu'une règle de procédure. Je
pense qu'on doit convenir de ça. D'ailleurs je pense que c'est la FTQ;
la FTQ n'avait pas d'objection à une telle modification et moi j'ai
l'impression que si on présentait un amendement au projet de loi de la
même nature que celui qu'on vous soumet, cela aurait comme
conséquence de faire taire certaines interprétations
négatives qui avaient comme conséquence de prétendre qu'il
y avait là une ouverture et une conséquence qui feraient qu'on ne
requerrait plus un plancher minimum pour justifier l'accord et l'autorisation
d'une accréditation syndicale. (12 h 30)
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là-dessus, je suis ouvert
à la discussion, sauf que, dans un premier temps, je souhaiterais
indiquer que nous avons proposé une modification, ce matin, dans le
dépôt des amendements, qui n'est pas tout à fait du
même libellé. On peut discuter du libellé. Je vous dirai
strictement que nous préconiserions un article 18.1 qui affecterait le
libellé de l'article 37 de l'actuel Code du travail. La raison en est
bien simple. L'article 18 modifie l'article 36.1, tandis que l'article 19
modifie l'article 41. En insérant un article 18.1, nous pourrions
préciser l'article 37. Cela nous semble être l'endroit je ne dis
pas que le vôtre est mal situé, mais je parle toujours d'endroit -
idéal pour offrir aux parties les garanties qu'elles nous ont
demandées à ce sujet.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Le ministre du Travail nous dit ce qu'on avait
à évaluer. Encore là, c'est toujours une question de
responsabilité. Il nous dit: Je préférerais voir à
l'article 37 des dispositions plus claires qui feraient qu'il n'y aurait pas
d'imprécisions concernant le plancher de l'accréditation. Sauf
que nous pensions que l'article 22... Si vous le lisez dans le Code du travail
actuel, c'est écrit: "L'accréditation peut être
demandée." On pense qu'il est bien plus logique de préciser le
niveau de plancher requis au moment où l'accréditation est
demandée qu'au moment où les personnes concernées
réagissent à la demande d'accréditation et portent un
jugement sur l'analyse qu'elles doivent faire à savoir si elle est bonne
ou non. On pensait que, si la disposition de M. le ministre du Travail
était antérieure aux dispositions de l'article 37 qui sont
plutôt un moment de réaction qu'un moment de demande, cela ferait
une règle préalable à la demande d'accréditation
plutôt qu'une réaction comme à l'article 37.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis prêt à en
discuter, mais l'article 22 me paraît beaucoup plus de la
procédure comme telle, tandis que l'article 37 me semble beaucoup plus
une règle de droit.
M. Gendron: M. le ministre, écoutez, on n'en fera pas un
plat, mais regardez l'article 22 comme il faut. L'accréditation peut
être demandée pour telle et telle raison. Comment appelle-t-on
cela? On appelle cela des règles de fond. Or, qu'est-ce que les
intervenants sont venus nous dire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Continuez sur l'article 22 pour
bien en saisir la substance. L'accréditation peut être
demandée en tout temps, c) après six mois; d) du
quatre-vingt-dixième au soixantième jour... c'est cela qui...
M. Gendron: Comment appelle-t-on cela? On appelle cela des
règles de recevabilité, convenons-en.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'appelle cela, à un moment
donné, en termes d'art
culinaire, une recette complète. On dit: Vous mettez du poivre
à tel moment, vous mettez du sel à tel moment, etc. C'est une
recette qu'on détaille et on dit exactement comment s'en servir; alors
que j'ai senti une préoccupation, en tout cas, chez les intervenants
patronaux, de donner une règle de base et j1ai senti chez la
partie syndicale, une acceptation. Je pense que c'est M. Laberge, le
président de la FTQ, qui nous dit: Écoutez, en bas de 35 %,
qu'est-ce que cela nous donne d'y aller, on perd notre temps, notre talent, nos
énergies et notre argent; on n'a pas le vote à 50 %.
M. Gendron: Ce n'est pas majeur. Ce qui est majeur, c'est la
nécessité de le clarifier, on va s'entendre là-dessus. Je
pense que le ministre a admis qu'effectivement, cela se discute. Nous pensions
qu'à l'article 22, c'était l'endroit privilégié. Je
le pense encore, mais cela ne veut pas dire que je suis contre son point de vue
et que ce soit à l'article 37. Pourquoi à l'article 22? Parce que
nous pensons que c'étaient les règles de recevabilité.
Lui, il appelle cela les recettes: le sel, le poivre, les ingrédients.
Nous disons que l'article 22 disait: Peut être demandée. Qu'est-ce
que cela prend pour qu'une accréditation puisse être
demandée? Je dis que cela prend du sel, du poivre et tout cela, mais que
cela prend, au minimum, 35 % d'individus qui l'accordent. Je pensais que cela
faisait partie de la demande d'accréditation. Comme l'article 22 traite
des éléments de la demande d'accréditation... M. le
Président, juste une seconde.
Une voix: ...
M. Gendron: C'est sûr qu'en ce qui concerne les articles 22
ou 37, l'objectif de l'Opposition ou des intervenants qui sont venus à
cette commission n'était pas tellement dans le poivre, le sel ou dans la
recevabilité. Ils prétendaient qu'il y avait lieu de ne pas
permettre qu'il y ait une confusion sur le plancher, en ce sens que le patronat
interpréterait qu'il devait y avoir des modifications substantielles
pour que, dorénavant, une accréditation s'obtienne
différemment que par les règles connues. C'est bien cela? Les
gent ont dit: Nous voulons que les règles d'usage qui existent
actuellement pour l'obtention et la consécration d'une demande
d'accréditation soient attribuées selon les mêmes
règles que nous connaissons. Cela exigeait un plancher de 35 %, sans
conteste. Si le ministre me dit que l'amendement que je propose, avec un
libellé autre - il ne s'agit pas du libellé ce matin - et qu'il
aime mieux le mettre à l'article 37, cela ne me dérange pas. Mais
je veux lui indiquer qu'on va peut-être être un peu plus exigeant
s'il prétend qu'il n'y a pas lieu de resserrer cela. Nous disons qu'il
en a parlé et qu'il y a lieu de resserrer.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Je veux tout simplement dire, M. le
Président, qu'étant donné qu'on fait
référence à l'article 37, on est mieux d'apporter
l'amendement à l'article 37, puisque c'est le dernier article où
on fait référence au plancher de 35 %. Donc, c'est vraiment
à l'article 37 qu'il faudrait que cela soit.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Gendron: Sur l'interprétation, non. Sur la
nécessité de l'amender, oui.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous retirez votre
amendement pour le présenter à l'article 37?
M. Gendron: Non, je ne retire pas mon amendement, sauf que le
ministre prétend qu'il y a lieu d'en discuter davantage à
l'article 37. En conséquence, on va le laisser en suspens et, à
l'article 37, on va en rediscuter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment-là, si
on a cette entente - c'est strictement une question de procédure - de
deux choses l'une, on en dispose immédiatement par un retrait ou par un
vote... Mais j'assure le député que la question va revenir. Si
jamais elle ne revenait pas, je lui indique qu'à l'article 18.1, il
pourrait proposer exactement la même chose.
M. Gendron: C'est clair. À ce moment-là, comme
îl y a deux façons d'en disposer, je suggère qu'on en
dispose par un vote.
Le Président (M. Baril): Alors, nous appelons le vote. M.
le secrétaire.
Une voix: Appel nominal?
M. Gendron: Non, sur division, cela va, non pas par appel
nominal. Par vote, sur division, on reporte...
Le Président (M. Baril): D'accord. Le nouvel
article...
M. Gendron: Je viens de plaider pendant un certain temps que cela
allait à l'article 22, je ne peux pas... Toujours pour la raison que nos
débats sont enregistrés, j'ai tort ou j'ai raison, mais je
prétends que cela allait à l'article 22. C'est pourquoi j'ai
exigé qu'on en dispose sur... Le ministre ne m'a pas convaincu qu'on ne
pouvait pas le mettre à l'article 22, mais il m'a convaincu qu'il
présenterait un amendement. Comme c'est plus majeur que ce dont
j'ai discuté... Sur division; on va ailleurs.
Le Président (M. Baril): L'article 7 est
adopté.
Une voix: II était adopté.
Le Président (M. Baril): C'est l'amendement. C'est
l'article 7.8, je m'excuse. Adopté sur division.
J'appelle l'article 8. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 8 se lit comme suit:
"Les articles 23 à 24 de ce code sont abrogés."
II s'agit des articles qui prévoyaient la constitution du bureau
du commissaire général du travail.
M. Gendron: C'est exact, M. le Président. On n'a aucune
remarque particulière à faire puisque cela concerne toute la
nomination, le pouvoir, etc., quelque chose qui n'existera plus à la
nouvelle commission.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): Article 9. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 25 de ce code,
modifié par l'article 1 du chapitre 36 des lois de 1986, est de nouveau
modifié par le remplacement, dans la dernière ligne du
deuxième alinéa, des mots "l'agent d'accréditation saisi
de la requête" par "la commission".
Il s'agit, à première vue, d'un article de
concordance.
M. Gendron: Nous avons la même interprétation.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): Article 10.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y aura un amendement. Tel que
déposé, l'article 10 se lit comme suit: "Ce code est
modifié par l'insertion, après l'article 25, de l'article
suivant: L'employeur qui, dans les quinze jours de la réception de la
copie de la requête, fait défaut de communiquer par écrit
à la commission son désaccord sur l'unité de
négociation demandée, d'en expliciter les raisons et de proposer
l'unité qu'il croit appropriée est réputé avoir
donné son accord sur l'unité de négociation
proposée par la requête."
Nous proposons l'amendement suivant: "Remplacer, dans la
cinquième ligne de l'article 25.1 édicté par l'article 10
du projet de loi, le mot "réputé" par le mot
"présumé"."
Finalement, on passe d'une présomption juris et de jure à
une présomption juris tantum.
Le Président (M. Baril): C'est en plein cela que je me
disais. C'est clair. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est plutôt une question à ce
moment-ci, je veux être sûr qu'on comprenne bien de quoi il s'agit.
Si on se réfère au Code du travail, il y avait un délai.
D'accord? À l'article 25.1, l'employeur qui, dans les quinze jours de la
réception de la copie de la requête, fait défaut de
communiquer par écrit à la commission son désaccord sur
l'unité de négociation demandée, d'en expliciter les
raisons et de proposer l'unité qu'il croit appropriée est
réputé avoir donné son accord sur l'unité de
négociation proposée par la requête.
Donc, ce qui existait, c'est "réputé".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Gendron: C'est vrai. Cela va. Cela ne change quand même
pas la question que je veux vous poser, mais, vous aviez raison, je faisais une
mauvaise interprétation dans ce que je m'apprêtais à
dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Actuellement, c'est
"présumé".
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous l'avions modifié pour
"réputé" et nous revenons à "présumé".
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la suite des
représentations qui ont été faites devant la
commission.
M. Gendron: C'est cela. La question que je pose est la suivante.
Lorsque le délai est expiré, compte tenu du fait que vous revenez
à "présumé", est-ce à dire que le concerné,
l'employeur - on se comprend bien, c'est toujours lorsque le délai est
expiré -
aura un recours?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II aura un recours dans des
circonstances exceptionnelles. C'est-à-dire qu'il a le fardeau de la
preuve et que la présomption est contre lui, comme c'est le cas
actuellement. Maintenant, il peut arriver des cas de force majeure. Si on
indiquait "réputé", même en cas de force majeure - il est
hospitalisé à la suite d'une crise cardiaque, il n'est pas au
courant, etc. - il n'aurait pas la chance de faire valoir ses
prétentions. Pour tenir compte de ce type de situation, on maintient la
situation actuelle.
M. Gendron: Quelles étaient vos motivations pour
présenter quelque chose de différent de la situation
actuelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Notre motivation était sur
le plan des délais afin de s'assurer que cela fonctionne et cela demeure
une motivation qui nous anime. Mais, à un moment donné, on a
à trancher entre un système qui fonctionne comme une horloge bien
huilée et un système qui tient également compte des droits
des parties. Le balancier est allé dans le sens de fonctionner sans
tenir compte des situations exceptionnelles dans ce cas et il revient, au
moment où nous nous parlons, à la suite des
représentations des parties, à une présomption.
M. Gendron: Vous m'indiquez, et c'est possible... Écoutez,
on a pris deux jours pour tenir nos auditions, mais, compte tenu de nos
activités de fin de semaine, vous comprendrez que je n'ai pas eu le
temps que j'aurais souhaité pour faire un retour sur les
déclarations et les explications, sur les éléments
auxquels les personnes concernées sont revenues souvent. Est-ce que le
ministre pourrait m'aider à comprendre, non pas ce qu'il vient de
dire... Il dit: Au fond, c'est une question d'équilibre, de balancier.
Mais je reviens aux dispositions qu'il y avait parce que plusieurs intervenants
ont souhaité que ce soient davantage celles-là qui s'appliquent
plutôt qu'un changement. Est-ce qu'il peut m'indiquer
précisément à quoi il fait référence? Aux
mémoires des centrales syndicales, à celui du patronat, de la
chambre de commerce, à quoi exactement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf erreur, les mémoires
syndicaux n'ont pas touché ce sujet.
M. Gendron: À ma connaissance, il n'y ont pas
touché du tout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les mémoires patronaux y
ont touché, entre autres, le Conseil du patronat et, possible- ment, la
Chambre de commerce. Cela faisait partie et c'était bien incrusté
dans les témoignages de Philippe Casgrain, entre autres, qui parlait de
l'arbitraire possible et des cas d'exception qui peuvent se produire et dont on
ne semblait pas suffisamment tenir compte. N'ayant pas eu de
représentation sur le plan syndical, je peux présumer - et je le
dis pour les fins de l'enregistrement de nos débats - que la partie
syndicale ne fasse globalement une guerre sur la modification de cette
terminologie. Je pense que pour la partie patronale, dans des cas de force
majeure, dans des cas exceptionnels, il s'agit d'une balise qui se doit
d'être là, qui a été là dans le passé
et qui n'a pas amené de difficultés importantes dans le
fonctionnement.
M. Gendron: Je pense qu'on peut en conclure qu'il s'agit d'une
modeste petite concession patronale. (12 h 45)
M. Paradis (Brome-Mïssisquoi): Concession ou pas, ce n'est
pas ce qu'on vise lorsqu'on tente de bonifier un projet de loi, on tente de
prendre ce qui existe et d'ajouter ce qui est positif, ce qui nous a
été suggéré par les parties, si possible les deux
parties, dans un cas ou l'autre, si une des deux parties a eu quelque chose qui
nous apparaît susceptible de bonifier et même les suggestions de
l'Opposition.
M. Gendron: Là je n'ai pas une interprétation
fausse, M. le Président, en disant qu'il s'agit d'une modeste concession
patronale. De toute façon, la question que je voulais vous poser est:
Est-ce que M. Daoust de la Chambre de commerce est au courant de cette
modification?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai...
M. Gendron: Autrement dit, est-ce que la plupart des intervenant
ont été informés de vos amendements?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les amendements ont
été déposés en premier lieu devant cette commission
parlementaire. Par respect pour nos institutions, les gens qui étaient
présents ont été les premiers qui ont reçu les
amendements qui, d'ailleurs, ont été travaillés
jusqu'à tôt dans la nuit. Ils étaient prêts ce matin
mais par respect pour la commission, j'ai pensé que les premiers
intéressés, l'endroit où les communiquer était la
commission parlementaire. Maintenant, je suis certain qu'ils circulent
présentement.
M. Gendron: Étant donné, M. le ministre, que vous
avez indiqué à plusieurs
reprises à des groupes qui sont venus en audience, que vous
souhaitiez qu'ils continuent à nourrir votre réflexion, de
même que celle de vos officiers au ministère du Travail, est-ce
que vous pourriez nous indiquer si, effectivement, il y a des groupes qui ont
donné suite à votre appel, à votre généreux
appel et qu'ils vous ont fait parvenir sur certains articles précis des
amendements, non seulement en termes d'esprit mais dans certains cas allant
même jusqu'à un libellé sur lequel ils souhaitaient que
vous fassiez une oeuvre de sagesse et d'ouverture?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Au moment où nous
nous parlons, j'ai reçu de la part d'une des centrales syndicales les
éléments écrits et détaillés auxquels vous
venez de faire référence dans votre intervention. J'ai
reçu d'une autre centrale syndicale des suggestions de modification mais
moins détaillées, pas dans le libellé d'article comme tel.
Je n'ai pas reçu des associations patronales, au moment où nous
nous parlons, des suggestions de modification par écrit, telles que
discutées au moment de la commission parlementaire. J'attends des
conseillers en relations industrielles, au cours de la journée, une
communication écrite spécialement en ce qui touche l'article
112.
M. Gendron: Est-ce que le ministre peut nous garantir qu'il est
très clair, avec le nouveau libellé, de revenir à la
situation antérieure, que l'employeur ne pourra se plaindre après
le délai de quinze jours que pour des raisons très
exceptionnelles...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je peux
peut-être vous communiquer la jurisprudence existante.
M. Gendron: Oui, c'était quoi la pratique sur cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'a dit que la jurisprudence
est quand même importante sur ce point et que hors de cas très
exceptionnels, on ne peut faire étendre les délais.
M. Gendron: Je m'excuse, hors de?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Hors de.
M. Gendron: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Hors des cas très
exceptionnels, la partie patronale n'a pas eu la possibilité de faire
étendre les délais.
M. Gendron: Donc, cela va dans le sens de ma question. C'est
exceptionnel que c'est hors délai que... Rapidement, sans faire
état de la jurisprudence, est-ce que le ministre pourrait nous dire,
parce que vous me dites qu'elle est importante, parce que la jurisprudence a de
l'importance sur cela, s'il y a une répétition des objets sur
lesquels il y a demande? Autrement dit, est-ce que c'est toujours la même
affaire ou il y a une variation des objets sur lesquels porte votre
jurisprudence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce qu'on m'indique, c'est
qu'au début il y a eu plusieurs tentatives d'obtenir un délai de
la part de la partie patronale. La jurisprudence s'est montrée
très restrictive sur le sujet, il y en a de moins en moins, parce que la
jurisprudence est connue de la part des employeurs maintenant. Je pourrais vous
référer à une décision récente du 1er
décembre 1986 rendue par le juge Claude Saint-Arnaud du Tribunal du
travail et je la cite: "Le défaut de l'employeur de s'être
exécuté dans le délai découlera de sa
négligence ou de son refus, peu importe. La présomption peut donc
être renversée en démontrant, par exemple, que la
contestation fut dûment transmise dans le délai ou bien que
l'employeur fut empêché de la soumettre en raison de circonstances
hors de son contrôle." C'est à ce point limitatif.
M. Gendron: Avec les...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et la négligence n'est pas
acceptée. Une preuve de négligence ne renverse pas la
présomption.
M. Gendron: L'explication que le ministre vient de nous donner,
on n'aura pas d'objection à être en accord avec son
amendement.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 10
amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 11, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 11: "L'article 26 de ce
code est modifié par la suppression du deuxième
alinéa."
Le deuxième alinéa se lisait: "Aux fins de son
enquête, un commissaire du travail ou un agent d'accréditation
peut exiger de l'association requérante le dépôt de ses
statuts et règlements." C'est possible, maintenant, en vertu des
pouvoirs généraux d'enquête, on n'avait pas besoin de le
maintenir à cet endroit.
M. Gendron: II me semblerait, M. le Président, à
cette commission qu'effectivement, il s'agirait d'une disposition de
concordance et que cela doit être incorporé aux pouvoirs
généraux de la nouvelle Commission des relations du travail.
Le Président (M. Baril): L'article 11 adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 12, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 12: "L'article 27 de ce
code est remplacé par le suivant: "La commission met une copie de la
requête en accréditation à la disposition du public qui
peut la consulter pendant les heures de bureau."
Autrefois, la loi prévoyait la tenue d'un registre. Je peux vous
dire, comme ministre du Travail, que de façon pratique le registre
n'était pas toujours tenu et qu'on s'harmonise avec la pratique
courante.
M. Gendron: Alors, vous êtes en train de vous accuser de
vos manquements à vos responsabilités ministérielles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Manquements qui ont
débuté avant que je sois assermenté.
M. Gendron: Est-ce possible? Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gendron: Un instant!
M. le Président, très rapidement, il y avait une
disposition quand même dans l'ancien code indépendamment des
faiblesses de la pratique qui, en tout cas, en termes de droit, pouvaient
éventuellement, si la pratique avait été celle qui est
prescrite, à tout le moins rapprocher la visibilité de la liste
d'accréditation ou du reqistre de l'endroit, de la provenance. En termes
clairs, la région de Québec, c'était à
Québec; la région de Montréal, c'était à
Montréal. Est-ce que le ministre peut nous assurer que dans la pratique,
même s'il fait disparaître cette disposition, qu'il y aura... en
tout cas, comme intention ministérielle, de s'assurer que les parties ou
les concernés puissent avoir accès le plus près possible
au lieu d'origine de la demande d'accréditation en termes de
visibilité pour éviter des coûts, des déplacements.
Vous aviez un bel objectif dans vos lettres - pas dans vos lettres, dans les
notes explicatives du projet de loi - de simplifier, de rendre plus clair, que
les affaires aillent bien. Alors, cela pourrait être intéressant
ici de confirmer votre intention que, oui, sur le plan de la pratique
administrative, vous allez souhaiter que ta commission puisse laisser cela le
plus près possible en termes de visibilité des demandeurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est un souhait qui
va de soi. En plus, l'article 113 du projet de loi prévoit que la
commission a son sièqe social sur le territoire de la communauté
urbaine de Montréal et un bureau sur le territoire de la
communauté urbaine de Québec, ce qui maintient la situation
actuelle et ce qui consacre la pratique qu'on vit présentement.
M. Gendron: Parce que c'est aussi votre responsabilité
quand on parle d'une disposition d'un article de nous indiquer qu'ailleurs vous
avez également eu le même souci d'aller dans le sens de vos notes
explicatives.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui et c'est pourquoi je m'en
occupe.
M. Gendron: Je peux vous remercier et vous dire qu'il n'y aura
pas de problème à l'article 12.
Le Président (M. Baril): L'article 12, adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 13, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 13: "Les articles 28
à 30 de ce code sont abrogés." Strictement par concordance, ces
pouvoirs s'en vont à la commission.
M. Gendron: Est-ce que le ministre du Travail, par cette
abrogation, nous indique que le tout est transféré à la
nouvelle commission, donc n'a plus de raison d'être, de figurer au Code
du travail? Est-ce qu'à ce moment, il pourrait nous indiquer qu'il
s'agit exactement des mêmes dispositions ou s'il y a extension des
pouvoirs généraux à la Commission des relations du travail
qui sont plus grands que ce qui existait ici?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a extension des pouvoirs
généraux à la Commission des relations du travail et je
pourrais vous référer quant à 28a, aux articles 33 et
137.1, quant à 28b à l'article
37 - sujet à amendement, bien sûr - quant à 28c,
à 25.1, 33 et 37 en ce qui concerne d, deuxième alinéa de
l'article 33 et de l'article 34.
M. Gendron: En fait ce que vous nous indiquez est exact par
rapport à la question que j'ai posée, mais également je
pense qu'en l'exprimant comme vous venez de le faire, cela nous donne
l'assurance qu'on aura l'occasion d'apprécier à des articles
subséquents effectivement cette extension de juridiction plus large et
plus grande en termes de pouvoirs à la Commission des relations du
travail.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Gendron: Adopté,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 14, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 14: "L'article 31 de ce
code est remplacé par le suivant: "La commission ne peut
accréditer une association de salariés s'il est établi
à sa satisfaction que l'article 12 n'a pas été
respecté. "La commission peut soulever d'office le non-respect de
l'article 12"."
C'est toute la question des associations dominées.
M. Gendron: Oui mais cette disposition est également
prévue au Code du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est le maintien du statu
quo sur le fond du droit.
M. Gendron: Donc, il n'y a pas... C'est le même
régime, maintien du statu quo. Alors si c'est le maintien du statu quo
sur le fond du droit, comme on n'a pas eu probablement d'audience... lors des
audiences, pardon, de gens qui se sont exprimés sur cela, parce que cela
ne fait pas partie comme telle du nouveau régime, on est d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): L'article 14 adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 15, M. le ministre.
Décision relative à l'unité de
négociation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 15, il y aura
amendement: "L'article 32 de ce code est modifié: 1° par le
remplacement du premier alinéa par les suivants: "La commission saisie
d'une requête en accréditation décide toute question
relative à l'unité de négociation et aux personnes qu'elle
vise; elle peut à cette fin modifier l'unité proposée par
l'association requérante. "Sont seuls considérés parties
intéressées quant à l'unité de négociation
et aux personnes qu'elle vise, l'association en cause et l'employeur." "2°
par le remplacement, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, de "il" par "elle"."
L'amendement se lirait comme suit: "Remplacer le paragraphe 1° de
l'article 15 par le suivant: 1° par le remplacement du premier
alinéa par le suivant: "La commission saisie d'une requête en
accréditation doit décider, après avoir fourni à
toute association en cause et à l'employeur l'occasion de
présenter leurs observations, toute question relative à
l'unité de négociation et aux personnes qu'elle vise; elle peut
à cette fin, modifier l'unité proposée par l'association
requérante"."
C'est la question essentiellement de la modification de la règle
audi alteram partem. Nous avons voulu quand même le garder le plus
administratif possible en parlant d'observations présentées par
les parties.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je veux vous dire que
sur cet amendement on aura des précisions et j'aurais des choses
à demander qui feront que dans le temps qui nous est imparti, je
suggérerais qu'on nous laisse quelques minutes pour l'apprécier
davantage, pour être certains qu'en termes d'échange au retour cet
après-midi, on puisse en discuter plus adéquatement, ce qui n'est
pas le cas à ce moment-ci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un article substantiel.
M. Gendron: C'est un article substantiel pour lequel on a eu
énormément de représentations. Je voudrais quand
même retourner aux représentations qui nous ont été
faites pour faire mon travail comme il le faut.
Le Président (M. Baril): La commission suspend ses
activités jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 2)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Je vous rappelle son mandat:
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 30, Loi constituant la Commission des relations du travail et modifiant
diverses dispositions législatives. Lorsque nous avons ajourné
à midi, nous étions rendus à l'article 15 et nous
discutions de l'amendement du ministre à cet article... M. Gendron avait
la parole.
M. Gendron: Oui, M. le Président, j'avais la parole pour
dire que je souhaitais avoir quelques minutes... Compte tenu qu'il ne restait
que quelques minutes, on souhaite avoir un peu de temps pour en faire davantage
l'analyse, parce que selon ce que je me rappelle, plusieurs intervenants
avaient exprimé une certaine réserve concernant l'article 15,
c'est bien cela? Le ministre a déposé un amendement à
l'article 15 qui vise à remplacer le premier paragraphe par le suivant:
"La Commission saisie d'une requête en accréditation doit
décider, après avoir fourni à toute association en cause
et à l'employeur l'occasion de présenter leurs observations,
toute question relative à l'unité de négociation et aux
personnes qu'elle vise; elle peut à cette fin, modifier l'unité
proposée par l'association requérante."
En termes plus clairs, c'est l'apparition du droit d'être entendu
qui avait été manifestement exprimé et souligné par
plusieurs comme étant inadmissible qu'on ne permette pas aux parties
d'être entendues et que la commission ait le pouvoir de statuer.
Avant de compléter ma réaction sur l'amendement, il faut
quand même noter que de la façon dont l'amendement est
rédigé -à moins que je l'interprète mal, mais ce
sera au ministre de donner les précisions qui s'imposent il a pour effet
d'éliminer complètement la seconde partie, le deuxième
alinéa du nouvel article. Juste une minute. C'est cela. Oui, cela a
l'air d'être clair, mais je n'ai pas fini. Est-ce que c'est une
volonté ferme du ministre? Si c'est une volonté ferme du
ministre, j'aimerais qu'il nous explique davantage pourquoi? Pourquoi exclure
le salarié dans la notion de partie intéressée quant
à l'unité de négociation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous faire un...
M. Gendron: Oui, juste une seconde. Si le salarié est une
partie intéressée quant à la
représentativité, pourquoi ne l'est-il pas aussi pour la
définition d'une telle négociation? Autrement dit, si c'est une
partie prenante concernant l'unité d'accréditation et que, ici,
la notion de partie intéressée serait exclue quant à
l'unité de négociation, pour ce qui est du salarié...
Une voix: ...
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je vous indiquerai que je me
suis posé des questions à savoir pourquoi on ajoutait à
l'article 32 un élément qui n'était pas là, parce
que si vous regardez la situation dans le projet de loi, vous ne retrouverez
pas ce paragraphe. À ce moment, on m'a référé
à une cause de jurisprudence de la Cour suprême du Canada, Bibeau
contre McCaffrey, Vassard contre Carrier 1984-1 rapport de la Cour
suprême, aux pages 177 et suivantes. J'ai dit: S'il est absolument
essentiel que cela soit conservé, on va le conserver. Mais à la
lecture de cet arrêt, je me suis rendu compte que la disparition de
l'article 129 du Code du travail n'avait pas un aspect déterminant qui
nous obligeait en quelque sorte à ajouter un nouvel article dans le
projet de loi et que la jurisprudence pouvait faire en sorte d'être
continuée sans affecter les droits des parties.
M. Gendron: Le ministre vient de me donner une explication, mais
cela ne me donne pas la réponse. Dans son idée, est-ce que le
salarié est une partie intéressée ou non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La jurisprudence dit non. Si vous
me posez la question clairement et explicitement, c'est non, selon la
jurisprudence de la Cour suprême du Canada.
M. Gendron: Bon. Les derniers termes, en ce qui me concerne, ne
permettent pas nécessairement d'en faire une référence
exemplaire, mais là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais je vous indiquerai que
sur le plan juridique, c'est pesant.
M. Gendron: Probablement. J'ai bien dit que ma compétence
ne me permet pas de porter un jugement à toute épreuve. Je
voudrais cependant rappeler au ministre que le Conseil du patronat, de
mémoire en tout cas, insistait beaucoup en disant que l'article 15, tel
qu'on l'avait dans le projet de loi -indépendamment de l'amendement, on
y reviendra tantôt - prévoyait que seuls seront
considérés parties intéressées, quant à
l'unité de négociation et aux personnes qu'elle" vise,
l'association en cause et l'employeur. C'est bien cela, au deuxième
paragraphe? Seuls l'association en cause et l'employeur. On constate que les
salariés compris dans l'unité de négociation ont
été délibérément omis. Or, leur
prétention à eux, et là je veux savoir normalement, et eux
aussi, s'ils ont analysé et s'ils ont fouillé ce projet de
loi,
ils devaient savoir un peu sur quoi ils se basaient, je laisse
conclure,.. Ils disaient: Notre prétention, c'est que les
salariés doivent être compris dans l'unité de
négociation, parce qu'ils sont une partie intéressée dans
l'unité de négociation et surtout aux personnes qu'elle vise.
Moi, je suis un profane, je veux dire que je partage leur point de vue sur
cela. Il me semble que les premiers concernés comme partie prenante dans
un dossier d'accréditation, ce sont véritablement les
salariés. J'aimerais avoir, au-delà de la jurisprudence, plus
d'explications. Indépendamment des objectifs que les concernés
puissent être davantage dans le dossier, pourquoi les exclure en disant:
Les parties en cause, ce sont l'employeur et l'association et non pas les
salariés? Je veux juste avoir plus d'explications, parce que, comme je
vous dis, je n'ai pas de position arrêtée sur cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous la donner
honnêtement, telle que je la comprends. II peut paraître surprenant
que ce soit une partie patronale ou les parties patronales qui nous demandent
d'inclure le salarié comme partie intéressée et que les
associations syndicales soient silencieuses sur le sujet. Il suscite des
questions, à un moment donné, cet état de fait. Je vais
vous laisser consulter, parce que c'est important que je vous donne ma
compréhension.
Quant à moi, ce que je comprends, c'est que, idéalement,
dans des circonstances normales, le salarié devrait être un
intéressé. Il est visé et cela a des effets sur les...
Toutefois, les experts ou les praticiens du domaine vous diront qu'il existe un
danger qu'un salarié soit utilisé comme poteau, c'est
l'expression consacrée pour fins de contestation. À ce moment, en
pesant les arguments pour et les arguments contre, en vérifiant la
jurisprudence sur le sujet, jurisprudence qui indique que le salarié n'a
pas intérêt... la jurisprudence des plus hauts tribunaux, nous
préférons nous en tenir à la situation, encore une fois,
telle qu'elle existait au moment de la présentation du projet de loi.
Nous ne voulons pas déséquilibrer les positions des parties,
surtout qu'il y a une décision qu'on peut qualifier de récente de
la Cour suprême du Canada quand on parle de 1984.
M. Gendron: C'était quoi la disposition avant l'article 15
concernant ce...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce deuxième
alinéa?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y en avait pas.
M. Gendron: II n'y en avait pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y en avait pas.
M. Gendron: Et vous ne croyez pas qu'à ce moment il y
aurait lieu - votre amendement a comme conséquence, vous m'avez
répondu très clairement... - de faire disparaître le
deuxième alinéa. Si le désir du ministre est de faire ce
qu'il vient de me dire, c'est-à-dire se conformer à la
jurisprudence où traditionnellement les salariés ne sont pas, au
sens de la jurisprudence, partie prenante de l'unité de
négociation en cause, il me semble que la clarté du
deuxième paragraphe était beaucoup plus formelle et pourquoi ne
gardez-vous pas le deuxième alinéa qui disait: Sont seuls
considérés parties intéressées quant à
l'unité de néqociation et aux personnes qu'elle vise,
l'association en cause et l'employeur? Cela était on ne peut plus clair.
Pourquoi le faire sauter, puisque votre explication est: Moi, je veux que?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une bonne question. La
différence entre un texte législatif, c'est que, lui, à
partir du moment où il est adopté, jusqu'au moment où il
est modifié, il est figé, il est fixé dans un espace.
Quant à la jurisprudence, elle est de par sa nature même
évolutive. Au moment où nous nous parlons, c'est ce que je tente
d'éviter avec le projet de loi, et c'est la même remarque qui
vient dans un sens ou dans l'autre, soit de changer l'équilibre qui
existe actuellement entre les positions ou rapports de force patronale ou
syndicale, et, en maintenant le statu quo, j'ai l'impression d'être
fidèle à cette doctrine de ne pas déséquilibrer les
situations qui se sont créées dans le passé, tout en
étant conscient qu'en ne fixant pas dans un projet de loi, je ne fiqe
pas et je laisse la chance à la jurisprudence d'être
évolutive. Il s'agit de décisions évolutives de la Cour
suprême 1984. Or, j'ai rarement vu des décisions renversées
dans la décennie où elles ont été prises. C'est
arrivé, à ma connaissance, dans quelques cas, quelques
décennies plus tard, mais pas moins.
M. Gendron: J'ai peur, M. le ministre, quand vous me
répondez comme vous m'avez répondu en disant: Écoutez,
j'aime mieux pas le mettre pour laisser le plus de chance possible à la
Commission des relations du travail future pour que la jurisprudence soit le
plus évolutif possible, c'est ce que j'ai cru comprendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plus évolutive...
normalement évolutive.
M. Gendron: Oui, mais, comment
conciliez-vous cela avec le danger ici, qui a été
répété constamment par plusieurs intervenants, pas
uniquement patronaux heureusement, en ce qui nous concerne des notions
d'équilibre? Ce point a été également
répété à plusieurs reprises par les syndicats pour
d'autres motifs, mais cela revient au même, sur le très grand
nombre d'endroits où il y avait de l'imprécision, du flou dans
cette législation et qu'il y aurait lieu de prétendre à un
minimum de règles d'encadrement. Ici, c'est concernant
l'accréditation, une autre fois, ce sera sur d'autre chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous répondre
très spécifiquement sur cela. Je pense que les parties avaient
raison. Un des dangers qui nous guettent comme législateurs, des deux
côtés de la Chambre, lorsque nous apportons des modifications soit
à la terminologie, soit au fond des articles, c'est de voir de nouvelles
contestations et une espèce d'insécurité et syndicale et
patronale qui ne sert généralement pas l'économie. Cela ne
veut pas dire qu'il faille être craintif au point de ne rien changer,
mais il faut également être suffisamment équilibré
pour changer ce qu'on veut changer. Lorsque la jurisprudence est connue sur des
points précis et qu'il n'y a pas de pression patronale ou syndicale,
d'une partie ou de l'autre ou d'accord entre les deux pour apporter des
modifications importantes, la prudence et la sagesse nous indiquent de se fier
à la jurisprudence la plus récente et de ne pas insérer
dans le projet de loi de ces inconnus qui justement permettent la contestation
et peuvent prendre cinq ans avant qu'une jurisprudence s'établisse. (15
h 15)
M. Gendron: Je vais poser la question autrement, M. le ministre.
Est-ce à dire, si vous laissez tomber le second alinéa de
l'article 15.32, que je serais dans l'erreur de prétendre que,
n'étant pas écrit, sont seuls considérés parties
intéressées quant à l'unité de négociation
et aux personnes qu'elle vise, l'association en cause et l'employeur - si je
comprends bien, je fais de l'interprétation et ce n'est pas écrit
- la Commission des relations du travail, elle, dans - pas
nécessairement sa réglementation, je ne suis pas sûr
d'avoir le bon terme, mais vous comprenez ce que je veux dire...
Une voix: Dans son application.
M. Gendron: ...son application ou son vécu quotidien,
prétend qu'elle puisse, elle, ajouter comme partie prenante la
présence des salariés ou du salarié concerné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que oui. Je vais vous
répondre honnêtement, lorsqu'elle sera d'opinion qu'il ne s'agit
pas d'un cas de poteau. Je vous réfère spécifiquement
à l'article 39 du code.
M. Gendron: De toute façon, le temps qu'on vérifie,
M. le ministre, il n'en demeure pas moins que je suis un peu inquiet parce que
là, cela vient de changer. Si votre réponse était servie
franchement et naturellement comme je le prétends... Non, non, comme je
le prétends. Je pense que vous avez répondu naturellement que
vous pensiez, oui, que la Commission des relations du travail pourrait sortir,
compte tenu que le libellé ne serait plus là, de
l'interprétation que seuls sont concernés l'employeur et
l'association en cause, donc inclure et non plus soustraire le salarié,
vous n'écrivez pas de jurisprudence, mais vous venez de contredire le
bien-fondé de la jurisprudence de la Cour suprême, si votre
interprétation était exacte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un nouvel élément
est entré en ligne de compte quant à l'application depuis que la
décision a été rendue par la Cour suprême en 1984.
Ce nouvel élément s'appelle l'application de la Charte des droits
et libertés de la personne qui permettrait de plaider les droits de
l'individu eu égard à cette unité de négociation.
Mais ce que je vise, et je pense que vous seriez d'accord, c'est que le
salarié de bonne foi ne soit pas exclu, mais que le poteau le soit. Il
n'est pas facile de rédiger un projet de loi en définissant un
poteau, et c'est ce qu'on vise.
M. Gendron: Personnellement, je ne suis pas convaincu que je ne
serais pas d'accord avec cela... de bonne foi, car il y a tout en dessous de
cela. La prétention exacte qu'à partir du moment où des
employés font une demande d'unité d'accréditation, en
règle générale, ils le font pour la création d'un
syndicat, donc pour appartenir soit à une centrale syndicale ou à
un syndicat reconnu, peu importe, et, en conséquence, il y a quand
même une logique de prétendre que, pour n'importe quel motif de
défense de la suite de ces questions, l'autorité soit l'employeur
d'une part et le syndicat demandeur, d'autre part, pour l'unité
d'accréditation qui, elle, comprend des personnes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous dire que j'ai
été surpris de voir les associations patronales venir à la
défense de cet intérêt du salarié. J'ai compris
pourquoi les associations syndicales ne l'ont pas fait; mais je demeure
convaincu, quitte à le vérifier auprès des centrales
syndicales, que ce qu'elles visent à éliminer, finalement, c'est
le poteau et qu'elles ne visent pas à éliminer
l'intérêt du salarié de bonne foi. Ce serait une nouvelle
attitude syndicale qui, en tout cas, à ma connaissance n'a jamais
prévalu au Québec.
M. Gendron: Cela signifie qu'à partir du moment où
vous prétendez que la commission prendra elle aussi sûrement
connaissance de la jurisprudence par rapport au champ de juridiction, le risque
est mince, même si votre interprétation demeure qu'elle pourrait
effectivement inclure la présence du salarié.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, M. le
député, je vais vous dire que ce sujet a fait l'objet de
discussions jusqu'aux petites heures ce matin dans mon bureau. Ce n'est
qu'à la lecture complète de l'arrêt de la Cour
suprême que je vous ai cité que l'amendement a été
arrêté.
Maintenant, si vous me demandez si je suis certain des décisions
judiciaires qui seront rendues à l'avenir, je vous dirai que j'en suis
le plus certain possible, mais j'ai pratiqué le droit durant
suffisamment d'années pour vous dire qu'une certitude complète
dans ce domaine n'existe pas, mais je pense, comme ministre du Travail, avoir
pris les précautions nécessaires.
M. Gendron: Bon, cela couvre le volet de l'abandon du second
paragraphe. Le ministre décide de ne pas le conserver et c'est son
droit. Cependant, sur l'amendement proposé quant à faire entendre
les parties sur le droit à l'audition, il y aurait quand même lieu
de faire préciser certaines choses, M. le ministre. À moins que
je ne sache pas lire, ce qui est possible lorsqu'il y a des
références en particulier d'ordre juridique ou légal, il
ne s'agit pas d'audiences formelles selon nous, mais plutôt de donner
l'occasion de fournir des observations. Par exemple, ce droit d'être
entendu pourrait être respecté par un échange de
correspondance. Pour vous, selon le libellé qu'il y aurait là,
c'est ce que je veux savoir, considérez-vous qu'il s'agit du droit
d'être entendu, c'est-à-dire du droit d'audition?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Encore là, la question est
complexe, c'est une question de jurisprudence. Les tribunaux de droit commun
ont de plus en plus tendance à reconnaître que la règle
audi alteram partem est respectée si les parties en cause ont eu
l'occasion de communiquer leur point de vue, qu'il s'agisse d'audiences
formelles, verbales, etc., qu'il s'agisse d'échange de correspondance,
etc., selon le caractère administratif quasi judiciaire ou judiciaire de
la décision rendue, c'est la première qualification que les
tribunaux ont à faire. Le formalisme de l'application de la règle
audi alteram partem varie en conséquence.
M. Gendron: Donc, ici vous m'avez donné des explications,
mais, dans le fond, cela signifie que l'interprétation est exacte et que
c'est bien plus la capacité de faire véhiculer leurs observations
que d'entendre les parties, comme dans un procès.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, selon la
décision que la commission rend. Si la commission rend une
décision à caractère purement administratif, j'ai
l'impression qu'un simple échange de correspondance pourrait satisfaire
les critères de la jurisprudence. Si la commission rend une
décision de nature quasi judiciaire, parce que les critères de
l'arrêt Saulnier et autres qui en ont découlé s'appliquent,
on peut exiger un formalisme un peu plus détaillé. S'il
s'agissait d'une décision qui serait qualifiée strictement de
judiciaire par le tribunal, sur le plan de l'application de critères
jurisprudentiels, le formalisme, alors exigé serait encore beaucoup plus
exigeant.
M. Gendron: Si je comprends bien, à l'article 32, vous ne
traitiez, par rapport à la possibilité d'audition,
indépendamment de la forme...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est plus administratif que quasi
judiciaire ou judiciaire dans l'intention du législateur.
M. Gendron: Oui, mais vous ne traitiez que des
éléments qui concernent l'accréditation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Alors, deux questions. Qu'en est-il des autres
matières? Je ne suis pas en mesure d'avoir une vision complète et
globale en même temps de l'interrelation entre l'ensemble des articles.
Or, je sais que, sur les pratiques illégales - mais je veux finir - ou
autre chose, il y a cette même demande de plusieurs intervenants lors des
audiences qui ont souhaité être entendus. Si la demande d'audition
que l'on touche ici est exclusive à l'accréditation, n'est pas
retenue dans la forme des demandeurs et ne touche que l'aspect de
l'accréditation, je veux savoir s'il y a d'autres articles sur lesquels
je pourrai revenir avec la nécessité d'entendre les parties, donc
de tenir des auditions sur autre chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, vous avez complètement
raison et votre question est à point. Tout ce que nous vous demandons au
moment où nous échangeons nos propos, quant à la
requête en accréditation, c'est d'être satisfait ou non de
l'amendement proposé par le gouvernement. En ce qui concerne d'autres
éléments, nous aurons l'occasion d'en discuter à l'article
38 du projet de loi, qui prévoit que la commission doit, avant de rendre
une décision, fournir aux parties l'occasion de
présenter leurs observations. À ce moment-là, dans
ce pouvoir général, nous discuterons de l'application
générale de la règle audi alteram partem. Au moment
où nous nous parlons, cela ne s'applique - et vous avez raison de le
souligner - qu'à la question de l'accréditation.
M. Gendron: Juste une seconde. Une vérification.
Avant de terminer là-dessus, je voudrais savoir, puisqu'on semble
être dans la section des droits fondamentaux reliés souvent au
pouvoir, c'est-à-dire permettre le droit de tenir des auditions, il y a
également l'élément de rendre des décisions
motivées ou non, si on va toucher cela ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez être sûr
que cela s'applique là. C'est une bonne question.
M. Gendron: Oui, je pense qu'ici aussi il faudrait absolument
savoir si les décisions qui seront rendues seront des décisions
motivées, écrites et qui permettront aux parties de pouvoir s'y
référer quand elles le pourront.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux aller au libellé de
l'amendement que nous apportons sur la motivation des décisions pour
tenter de vous convaincre qu'il s'applique également à cet
article en matière d'accréditation.
L'article 38 dit: "La commission doit, avant de rendre une
décision, fournir aux parties l'occasion de présenter leurs
observations". Et l'article 137.5.2 dit: "La commission doit motiver par
écrit ses décisions qui terminent une affaire sauf dans le cas
d'une demande ou une plainte non contestée". Je ferai le
parallèle avec l'article 51 du Code du travail qui stipule que "Le
commissaire du travail doit rendre par écrit et motiver toute
décision qui termine une affaire dans les matières de son
ressort". Donc, une décision sur une requête
d'accréditation qui décide, oui ou non, s'il y a
accréditation; et, selon l'avis des experts que nous avons
consultés, une décision finale et motivante.
M. Gendron: Cela existe dans le moment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela existe dans le moment.
C'était d'ailleurs l'une des plaintes soulevées par l'ensemble
des parties et patronale et syndicale.
M. Gendron: Donc, je peux me fier à vous. Je n'ai pas
besoin de me référer à l'ensemble des plaignants qui ont
effectivement relevé cela à plusieurs reprises.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez...
M. Gendron: Comme je n'ai toujours pas eu le temps de faire mon
tableau de bord qui me donnerait une vision globale des audiences, en colonnes,
en disant que, sur treize, quatorze et demi ont fait des représentations
à l'effet que cela n'avait pas de bon sens...
Une voix: Sur treize.
M. Gendron: Oui, sur treize, quatorze et demi qui ont fait des
représentations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, les gens disaient - et
là je vais peut-être, encore une fois, reprendre les paroles de M.
Laberge - cela ne me fait rien de gagner ou de perdre, mais je veux savoir
pourquoi. Cela s'applique à une requête en accréditation
parce qu'il s'agit d'une décision finale. Ce n'est pas une
décision provisoire, etc., et l'article qui prévoit que les
décisions finales doivent être motivées s'applique à
l'ensemble des décisions finales qui auront à être rendues
par la commission. Je pense que cela m'apparaît clair et aucun des
experts que j'ai consultés n'a le moindre doute à ce
sujet-là. Si le vôtre en a maintenant, nous sommes prêts
à regarder cela de plus près.
M. Gendron: Mais vous ne connaissez pas son jeu de pied. Il me
fait signe que non.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Ce n'était pas vrai.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais que vous allez changer les
codes pour la soirée, alors je ne mémoriserai pas le...
M. Gendron: Oui, oui, on va se faire d'autres signaux.
Le Président (M. Baril): Dois-je comprendre que
l'amendement à l'article 15 est adopté?
M. Gendron: Vous êtes proche de la vérité, M.
le Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. J'appelle
l'article 16. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
J'annonce immédiatement que nous avons une modification à
l'article 16. Tel que présenté au projet de loi, il se lisait
comme suit: "Les articles 33 à 35 de ce code sont remplacés par
les suivants: "33. S'il y a accord entre l'employeur et l'association de
salariés sur l'unité de négociation et que la commission
constate le caractère représentatif de l'association de
salariés à l'égard de cette unité, la commission
l'accrédite sur-le-champ, à moins qu'elle ne soit d'avis que
l'unité est manifestement inappropriée. "Le désaccord de
l'employeur sur l'inclusion dans l'unité de négociation de
certaines personnes visées par la requête ne peut avoir pour effet
de retarder l'accréditation si l'association de salariés conserve
son caractère représentatif à l'égard de cette
unité indépendamment de la décision à venir sur
l'inclusion ou l'exclusion de ces personnes"." "34. Le désaccord
visé à l'article 33 ne peut avoir pour effet d'empêcher la
conclusion d'une convention collective."
L'amendement que nous proposons est le suivant: "Supprimer, dans les
quatrième et cinquième lignes de l'article 33,
édicté par l'article 16 du projet de loi, ce qui suit: à
moins qu'elle ne soit d'avis que l'unité est manifestement
inappropriée". C'est à la demande générale.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest. (15 h 30)
M. Gendron: M. le député d'Abitibi-Ouest va vouloir
avoir un peu plus de précision là-dessus parce que là
aussi, à moins que je ne me trompe, c'est un élément qui a
été repris par plusieurs intervenants. À peu près
tous les intervenants ont parlé du fameux article 16 qui remplace les
articles 33 à 35 de ce Code du travail. Il y avait deux écoles de
pensée en ce qui nous concerne. Un certain nombre se demandait pourquoi
permettre que la commission s'ingère dans le processus si les parties
sont d'accord et qu'il n'y a pas de contestation de l'unité
d'accréditation. En règle générale, à moins
que je ne me trompe et ce sera la responsabilité du ministre de revenir
s'il a un autre avis à transmettre, à la plupart des
intervenants, le ministre répondait: II y a quelques cas bien
spéciaux, marginaux et qu'il se peut qu'il y ait intérêt.
Mais là, ce type d'intérêt qu'il voulait sauvegarder
n'était pas toujours très clair en intervenant ou en donnant le
pouvoir d'intervenir. La thèse de plusieurs autres étaient que,
justement, si c'est tellement hypothétique cette espèce
d'intérêt qu'on ne trouve pas à définir, pourquoi ne
pas laisser la règle plus générale que les parties peuvent
conclure au résultat d'une demande d'accréditation lorsque tout
est correct, tout est vérifié et tout cela sans
nécessairement aller à la commission parce que là, on
ajoute un pouvoir additionnel? Même quand tout marche, la commission peut
refuser. Alors, c'est ce à quoi la plupart des parties s'opposaient. Il
me semble que dans une logique de vouloir simplifier, "désalourdir" et
également, à moins que je ne me trompe... Je pense que c'est en
deuxième lecture que le ministre, lorsqu'il a fini son droit de
réplique lors du débat en deuxième lecture, m'a
indiqué qu'il me répondrait effectivement à savoir
pourquoi il prétendait que même si cela marchait bien, soit les
cas où il n'y a pas de contestation, il voulait quand même
permettre que la commission puisse prendre une décision en disant: Cela
va être plus facile pour la commission d'avoir une vue
générale de l'ensemble des éléments concernant les
relations du travail qui les concernent, y compris l'accréditation. Mais
sur la base, j'aimerais avoir un peu plus de données, ce qui s'est
passé dans le passé, avoir un peu d'éléments
quantifiables pour porter un jugement plus éclairé.
Je vous avoue, M. le Président, que le ministre ne m'a pas
convaincu qu'il n'ajoute pas quelque chose qui va venir compliquer de toute
façon, inutilement, quand les parties s'entendent. J'aurais bien de la
peine à comprendre cela avec les objectifs véhiculés au
début de son projet de loi. Toujours en termes d'intention,
c'était quelque chose qui devait simplifier, "désalourdir",
rendre plus rapidement les décisions. Je répète que
lorsque les parties sont d'accord et que le caractère
représentatif a été analysé et que cela fonctionne,
il s'agit d'une ingérence additionnelle de la commission. S'il a
vraiment des motifs sérieux, majeurs, pour lui donner cette
ingérence additionnelle, on verra. Je pense qu'il pourrait être un
peu plus explicatif qu'il ne l'a été jusqu'à ce jour pour
me convaincre que c'est quelque chose de positif par rapport aux objectifs de
son projet de loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez tellement raison dans
votre plaidoyer que notre amendement vise à soustraire le dernier
élément. Disons que votre plaidoyer s'inscrit très bien
dans le cadre où nous ne proposons pas un amendement.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Je perds un excellent plaidoyer, mais pour justifier
la présence de votre amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II nous a convaincus a priori.
M. Gendron: A priori. Après le dépôt. M.
Théorêt: M. le Président...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: ...je voudrais juste avoir une
clarification. Quand on parle du désaccord de l'employeur sur
l'inclusion de l'unité de négociation et certaines personnes
visées par la requête, etc: "Elle ne peut avoir pour effet de
retarder l'accréditation si l'association des salariés conserve
son caractère représentatif", ma question est la suivante.
Prenons un cas bien concret. Il y a 35 % et plus qui ont signé des
cartes et l'employeur dit que les gérants, le personnel cadre ne font
pas partie de cette unité de négociation. De ce fait, cela
viendrait réduire les 35 %. Dans l'article, on dit que même si
cela ne peut pas empêcher l'accréditation et la négociation
d'une convention, est-ce que c'est le fait légalement? Est-ce que c'est
cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indiquerai que le
deuxième alinéa de l'article 33, tel que modifié par
l'article 16, répond à votre question. Il se lit comme suit: "Le
désaccord de l'employeur sur l'inclusion dans l'unité de
négociation de certaines personnes visées par la requête ne
peut avoir pour effet de retarder - c'est ce que vous disiez -
l'accréditation, si l'association de salariés conserve son
caractère représentatif à l'égard de cette
unité indépendamment de la décision à venir sur
l'inclusion ou l'exclusion de ces personnes." Donc, si cela était
affecté...
M. Théorêt: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ce que vous mentionnez ne
pourrait avoir lieu. Il faut que, indépendamment de l'objection, cela
conserve son caractère représentatif. Ce que nous proposons,
c'est le maintien du statu quo, c'est-à-dire de la situation qui
prévaut présentement.
M. Théorêt: Merci.
Le Président (M. Baril): Est-ce que je comprends que
l'amendement à l'article 16 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on comprend qu'il ne
sera pas adopté sans amendement? Non.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article 16...
M. Gendron: Je peux vous dire...
Le Président (M. Baril): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je ne me rappelle toujours pas. Est-ce qu'on a
déposé complètement nos amendements? Bon alors, vous
auriez pris acte que, effectivement, si le ministre du Travail n'avait pas
modifié, nous aurions déposé un amendement qui,
possiblement, aurait été tout aussi valable que celui qu'il a
déposé.
Le Président (M. Baril): Je suis persuadé...
M. Gendron: M. le Président, peut-être
libellé différemment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous soulignerai qu'à
défaut de l'amendement de l'Opposition, on a eu le plaidoyer.
Une voix: Exact.
Le Président (M. Baril): Qui était très bien
fait. L'article 16 tel qu'amendé est adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 17. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
"L'article 36 de ce code est modifié par le remplacement, dans les
troisième, quatrième et cinquième lignes, des mots "au
commissaire général du travail, au commissaire
général adjoint du travail, au commissaire du travail, à
l'agent d'accréditation" par les mots "à la commission, à
un membre de son personnel"."
Il s'agit d'un article de concordance.
M. Gendron: Nous avons le même point de vue.
Le Président (M. Baril): L'article 34 est
adopté?
Une voix: L'article 17.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 18.
Le Président (M. Baril): L'article 17, excusez-moi.
J'étais rendu loin. L'article 18. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 18 se lit comme suit:
"L'article 36.1 de ce code est modifié par le remplacement, dans les
deux premières lignes du deuxième alinéa, des mots
"L'agent d'accréditation, le
commissaire du travail ou le tribunal ne doivent" par les mots "La
commission ne doit"."
Il s'agit d'un article de concordance.
Le Président (M. Baril): Vous avez un amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai un amendement. C'est à
l'article 18.1.
M. Gendron: Un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'amendement.
Le Président (M. Baril): On attend.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que je vous préviens
que j'introduis un article 18.1 que nous avons discuté ce matin et qui
touche le fond de l'article 37, les fameux 35 %. Mais il n'est pas à cet
article. Cet article n'est qu'un article de concordance.
M. Gendron: Alors, rien à dire sur l'article 18, tel qu'on
l'observe là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez dire quelque chose si
vous voulez, mais...
M. Gendron: Nous n'avons rien à dire. Alors quand on a
rien à dire sur l'article tel qu'on le voit là, on ne le dit
pas.
Le Président (M. Baril): L'article 18 est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 18.1. Je comprends. M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 18.1. Nous souhaiterions
ajouter l'article 18.1 qui se lirait comme suit: "L'article 37 de ce code est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par les
suivants: "La commission ne peut ordonner un vote au scrutin secret lorsque
l'association requérante regroupe moins de 35 % des salariés. "Le
premier alinéa ne s'applique pas si l'une des associations regroupe la
majorité absolue des salariés"."
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): La commission va suspendre cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 40)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous sommes toujours à
l'article 18.1.
M. Gendron: Concernant l'article 18, M. le Président, je
voudrais souligner que c'est effectivement pour donner suite au plaidoyer que
j'avais évoqué en prétendant que l'endroit le plus
approprié était l'ancien article 22 du Code du travail, où
il y avait lieu de s'assurer de clarifier le doute concernant les objections
qui ont été soulevées. Cette fois-là, pas seulement
le patronat mais également les centrales syndicales voulaient avoir la
garantie qu'il n'y ait pas d'ambiguïté concernant les fameux 35 %
de plancher minimum. Selon le libellé de l'article 18.1, j'ai
l'impression que c'est conforme à ce qui a été
indiqué par les différents intervenants, à savoir que - je
vais revenir là-dessus - "La commission ne peut ordonner un vote au
scrutin secret lorsque l'association requérante groupe moins de 35 % des
salariés."
À ce moment-là, il ne devrait pas y avoir confusion et
cela devrait satisfaire les parties. Maintenant, j'ai indiqué qu'il y
avait également un autre volet que j'aurais voulu couvrir par les
dispositions, les changements à l'article 22, c'était toute la
question des pratiques déloyales. Est-ce que le ministre va indiquer
ailleurs des modifications au projet de loi?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends très bien la
question du député de l'Opposition. On est parti d'une situation
où les parties sont venues nous dire que c'était clair, avec le
code tel qu'il existait, qu'en bas de 35 % il n'y avait pas de
possibilité de commander un scrutin secret, sauf dans le cas de
pratiques déloyales. J'ai tenté d'adresser mes questions à
chacune des parties - je ne pense pas en avoir omis, si j'en ai omis c'est
accidentel - qui s'est présentée de façon à avoir
l'heure juste sur ce sujet. Parce que je prétends qu'il s'agit d'une des
questions dont le patronat s'est servi pour alarmer tout le secteur
privé non encore syndiqué au Québec, si je peux utiliser
l'expression, de façon à faire en sorte que cette partie du
secteur privé s'oppose à l'adoption d'une Commission des
relations du travail. Chaque partie est venue témoigner pour dire qu'en
bas de 35 % il n'y avait pas de possibilité. Je demeure convaincu
qu'avec le code tel qu'il existe présentement, sans amendement en cas de
pratiques déloyales, il y a possibilité qu'un commissaire
convaincu qu'il y a eu une pratique déloyale etc., commande un vote en
bas de 35 %. On me dit qu'il y a quelques -pas beaucoup, là - mais
quelques décisions...
Me Beaulieu du patronat m'a même indiqué qu'il avait lu
deux récentes décisions en cas de pratiques déloyales.
Maintenant, j'ai eu l'impression, après avoir discuté, et
vous poserez la question aux centrales syndicales, qu'elles n'étaient
intéressées, en aucun cas, en bas de 35 % à aller à
un vote comme tel. Il faut se rendre compte que 35 % est la norme - nous avons
pu le vérifier - la plus généreuse en Amérique du
Nord dans le sens que l'Ontario est à 45 % - je pense que le
fédéral est à 35 % avec le Québec - et les autres
provinces sont toutes à 50 % et plus. À ce moment-là,
bénéficiant de la règle la plus généreuse en
Amérique du Nord, de façon à faire en sorte que les
règles soient les plus claires possible pour les parties et on sait
combien une règle claire est importante, l'amendement que nous proposons
vise à clarifier la situation. Si vous avez 35 % et plus, entre 35 % et
50 %, vous commandez un vote. Si vous n'avez pas 35 %, il n'y a pas de vote,
quelles que soient les circonstances. Nous pensons que cette proposition
répond aux demandes des deux parties qui sont venues devant nous
à la suite des questions que j'ai posées. J'ai relu les questions
et les réponses et je n'ai pas l'impression de modifier les
règles du jeu, je vous le dis, c'est une impression que j'ai. Parce que
je suis convaincu qu'avec le libellé de l'article 28, combiné
avec le libellé de l'article 37, il y a eu quelques cas où un
commissaire a ordonné des votes en cas de pratiques déloyales en
bas de 35 %. On est en train de clarifier les règles du jeu et je n'ai
pas l'impression qu'une seule partie... il est encore temps pour elles de se
manifester, je peux même suspendre l'adoption de cet article pour
être certain d'avoir eu le bon son de cloche de la part des parties. Je
n'ai pas l'impression que les parties souhaitent autre chose que l'amendement
que nous proposons.
M. Gendron: Juste un instant, M. le Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai qu'en le libellant
de façon aussi serrée que nous le faisons présentement,
nous avons même pris en considération la possibilité d'une
augmentation des pratiques déloyales. Je veux être bien
honnête, bien clair et bien franc. Si vous voulez le
vérifier...
M. Gendron: ...je pense que c'est ce qui va arriver, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va en vérifier et on en
discutera après les vérifications.
M. Gendron: Oui, mais il y a un élément
additionnel. Je pense que la rédaction de l'article 37 obliqe à
un vote lorsque 35 % sont membres. Mais parce que c'est rédigé
sous la forme positive, dans le Code du travail, cet article a permis des votes
à moins de 35 % lors des pratiques déloyales. On s'accorde?
Bon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous nous accordons! J'ai
l'impression que les parties, peut-être par méconnaissance du
dossier, je n'accuse personne spécifiquement, ne semblaient pas toutes
véhiculer ce message.
M. Gendron: Parce que vous le rédigez à ce
moment-ci, parce que l'amendement, lui, est rédigé sous la forme
négative...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En bas de 35 %.
M. Gendron: On ferme les portes à un vote en bas de 35
%.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est clair.
M. Gendron: Même en présence de pratiques
déloyales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même en présence de
pratiques déloyales. C'est clair.
M. Gendron: Là la difficulté...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dis que j'ai eu
l'impression, à la suite des discussions avec les parties, que les
parties seraient d'accord.
M. Gendron: Juste une minute. Est-ce que M. le ministre pourrait
me donner la jurisprudence qui traite de cas où il n'y avait pas 35 % et
ce que cela a donné comme résultat final pour
l'accréditation? Est-ce que cela a donné un vote positif? Vous
comprenez bien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. Gendron: Est-ce que
cela a donné...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela n'a pas donné de
résultat pour le syndicat, en ce sens que le tribunal a
décidé que le commissaire avait bien fait, qu'il était
dans son droit d'ordonner le vote, même s'il n'y avait pas 35 %; mais le
résultat pratique n'a pas été un résultat en
accréditation.
M. Gendron: Cela n'a pas donné d'accréditation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela n'a pas donné
d'accréditation. Mais on n'a pas blâmé le commissaire sur
le plan légal
d'avoir pris une mauvaise décision en commandant un vote en bas
de 35 %.
M. Gendron: En ce qui me concerne, M. le Président,
à la suite des explications qu'il nous donne, et je n'ai aucune raison
de me méfier que le ministre du Travail me donne une information autre
que celle dont il dispose dans la jurisprudence, si l'éventuel
marché potentiel qu'on voulait continuer de conserver comme
protégé - vous me comprenez - mais que la résultante par
rapport à l'objectif qu'on vise n'a pas donné les
résultats escomptés, il me semble qu'il y a une logique de fermer
la porte puisque, effectivement, les gens ont mentionné qu'ils
étaient d'accord avec une exigence de 35 %, tant du côté
syndical que patronal... parce que, d'avance, quand on le laissait
inférieur à 35 % le résultat anticipé était
négatif, en termes de plancher. À ce moment-là, je serais
d'accord pour maintenir le plancher de 35 %, mais d'une façon ferme. En
conséquence, l'amendement rejoint les objectifs poursuivis par
l'Opposition et, à ma connaissance, par les parties qui se sont
exprimé à l'audience.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...18.1.
M. Gendron: Oui, je répète que je
préférais toujours qu'il soit à sa place, mais c'est une
question tellement accessoire par rapport à l'objectif fondamental. On
le verra un peu plus tard que prévu, dans le projet de loi, j'entends,
pour ceux qui liront.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
18.1 est adopté?
M. Gendron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 19, s'il vous
plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 19. "L'article 41 de ce
code est modifié: 1 par le remplacement, dans la première ligne
du deuxième alinéa, du mot "troisième" par
"quatrième"; 2° par la suppression du troisième
alinéa."
J'ai un amendement. Remplacer l'article 19 du projet de loi par le
suivant: L'article Al de ce code est modifié par la suppression du
troisième alinéa.
Excusez-moi, je ne veux pas mélanger le monde par exprès,
mais étant donné que les amendements ont été faits
la nuit passée, j'ai l'impression que le remplacement de
"troisième" par "quatrième" redevient, parce qu'à
l'article 32 nous avons enlevé le deuxième paragraphe, cela reste
le troisième, il n'y a pas d'amendement comme tel à ce
niveau.
M. Gendron: ...pertinent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment-là, le
seul amendement devient: L'article 41 de ce code est modifié: par la
suppression du troisième alinéa, qui est l'alinéa qui
concerne un aqent d'accréditation chargé de vérifier le
caractère représentatif, envoie une copie, etc. On n'a plus
besoin de cet alinéa, parce que cela fait maintenant partie des pouvoirs
généraux.
M. Gendron: C'est exact. Sauf que tout ce que j'appellerais la
seconde phrase du paraqraphe que vous voulez enlever, "ceux-ci peuvent
contester ce rapport en exposant par écrit leurs motifs", je ne parle
pas de la mécanique parce que, à partir du moment où
l'agent d'accréditation n'existe plus et que ce sont des pouvoirs
généraux de la commission, vous me comprenez, je veux savoir si
le fond de l'affaire, c'est-à-dire la capacité de contester le
rapport, est de permettre que les parties puissent, dans une étape
subséquente, exposer les motifs pour lesquels il y aurait lieu de
contester la validité d'accréditation, est-ce que cela demeure?
(16 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elles auront la possibilité
de faire valoir leurs représentations devant la commission.
M. Gendron: Par un article du projet de loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: Je ne veux pas juste savoir ce qu'elles vont
faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, elles ont la
possibilité, prévue par la loi.
M. Gendron: La loi prévoit, à quelle place?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 38 du projet de loi qui
affecte les articles 137.5.1 et 137.5.2. Article 127.5.1: la commission doit,
avant de rendre une décision, fournir aux parties l'occasion de
présenter leurs observations.
M. Gendron: Dans ce qu'on va voir, et non dans ce qu'on a vu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans ce qu'on va voir, vous avez
raison, dans les pouvoirs généraux qui s'en viennent.
M. Gendron: D'accord. À ce moment, M. le Président,
en ce qui concerne...
Une voix: On y va à l'amendement?
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement de
l'article 19 est accepté?
M. Gendron: Oui, mais il ne se rapporte plus au troisième
et quatrième. Il y a juste l'élimination du dernier
paragraphe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On remplace l'article 19 par le
texte que je vous lis: "L'article 41 de ce code est modifié par la
suppression du troisième alinéa." Le reste demeure intact.
M. Gendron: C'est cela. Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 19, tel
qu'amendé, est adopté? Article 20.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. "L'article 42 de ce
code est modifié: 1° par le remplacement, dans les deuxième,
troisième et quatrième lignes du premier alinéa, des mots
"le commissaire du travail saisi de l'affaire ou un commissaire du travail
désigné à cet effet par le commissaire
général du travail" par "la commission"; "2° par le
remplacement, dans les troisième et quatrième lignes du
deuxième alinéa, des mots "du commissaire du travail saisi de la
requête en accréditation, en révision ou en
révocation d'accréditation" par les mots "de la commission sur la
requête"; "3° par la suppression du troisième
alinéa."
Nous aurions un amendement à apporter à cet article 20 qui
se lirait comme suit: Supprimer le troisième paragraphe de l'article 20
du projet de loi.
M. Gendron: Suppression du troisième alinéa.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On supprime la suppression.
M. Gendron: Un instant. M. le Président, pour le
bénéfice de tout le monde, il faut comprendre ce que cela
signifie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous l'expliquer si vous
voulez.
M. Gendron: Oui, c'est que j'aimerais, et j'aurais une
question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En enlevant le troisième
alinéa qui se lisait comme suit: Une telle décision en est une
qui ne termine pas une affaire, à partir du moment où on dit
qu'une décision en est une qui termine une affaire, notre article qui
touche la motivation de la décision s'applique. À partir du
moment où une décision ne termine pas une affaire, elle n'est pas
obligée d'être motivée. L'article 42 vise la suspension des
négociations et du délai pour l'exercice du droit de grève
ou de "lock-out" et empêche le renouvellement d'une convention
collective. Nous ne voulons pas qu'il s'agisse d'une décision finale.
Nous ne voulons pas être pris dans l'obligation de la motiver. Il s'agit,
à notre avis, d'une décision qui est intérimaire. Or, le
fait de ne pas la motiver peut aider à régler le contenu
plutôt qu'une motivation qui peut ajouter de l'huile sur le feu. Et
c'était comme cela avant.
M. Gendron: Quand on dit: Une décision en est une qui ne
termine pas une affaire... Là, vous dites: On élimine cette
référence. Cela veut dire que l'on fait disparaître cette
référence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La suppression de la suppression
fait en sorte...
M. Gendron: Qu'elle reste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que cela reste.
M. Gendron: On ne supprime plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne supprime plus. Deux
négations.
M. Gendron: M. le Président, je pense que c'est important,
c'était de faire valoir au ministre qu'on voulait que cela ait le
même effet, que cela ne termine pas. En faisant ce qu'on est en train de
faire, c'est exactement comme c'est écrit, cela ne termine pas. On
pense.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous autres...
M. Gendron: C'est à vous autres d'être sûrs,
nous avons ce droit de penser.
Le Président (M. Baril): L'amendement de l'article 20 est
adopté?
M. Gendron: Vous autres, vous allez vivre avec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous pensez comme nous, c'est
certain.
M. Gendron: C'est ajouté, mais est-ce que c'est
certain?
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement de
l'article 20 est adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 20 tel
qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 21, M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): l'article 21 se lit comme suit:
"Ce code est modifié par l'insertion, après l'article 47.2, du
suivant: 47.2.1 Sous réserve des articles 47.3 à 47.6, une
contravention à l'article 47.2 par l'association
accréditée ne donne pas ouverture à une plainte à
la commission".
M. Gendron: M. le ministre, vous n'avez pas d'amendement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je soupçonne que vous
en avez lorsque vous me posez une telle question.
M. Gendron: Oui. C'est une déduction légitime. On
va vous le distribuer. Je vais le lire et faire des commentaires par la suite.
Quand on lit l'article 21: Ce code est modifié par l'insertion,
après l'article 47.2, du suivant: le 47.2.1. Pour essayer de "contexter"
la justesse de votre amendement, on dit: "Les articles 47.3 et 47.4 de ce code
sont remplacés par le suivant: - et je lis l'amendement qu'on propose -
Si un salarié qui a subi un renvoi ou une sanction disciplinaire croit
que l'association accréditée viole à cette occasion
l'article 47.2, il peut porter plainte par écrit à la commission
dans les six mois.". Il faut que les articles 21 et 22 du projet de loi aient
pour objet d'exclure de la juridiction de la Commission des relations du
travail, les plaintes concernant le devoir de représentation des
syndicats. Parce qu'aux articles 47.2 à 47.6 du code, ce sont les
dispositions qui se rapportent au devoir de représentation des
syndicats. Donc l'amendement vise à ramener ces pratiques
déloyales sous la juridiction de la Commission des relations du travail.
Il s'agit effectivement de pratiques déloyales. Or, on pense qu'avec un
amendement tel que proposé à l'article 21 en disant à
47.3: "Si un salarié qui a subi un renvoi ou une sanction disciplinaire
croit que l'association accréditée viole à cette occasion
l'article 47.2, il peut porter plainte par écrit à la commission
dans les six mois", cela donnerait un pouvoir additionnel au salarié
dans les cas de pratiques dites déloyales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous expliquer comment
cela fonctionne actuellement...
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et ce que l'on propose, sans
tenir compte de votre amendement, qu'on comprenne bien la mécanique dans
laquelle le salarié se retrouve aujourd'hui, parce qu'on est dans le cas
d'un défaut de représentation. On est dans le cas d'un
défaut de représentation. Au moment où l'on se parle, le
salarié porte plainte au ministre du Travail, c'est une juridiction ou
attribution du ministre du Travail. Le ministre du travail défère
la plainte à un enquêteur. L'enquêteur fait rapport et la
plainte est déférée au tribunal du travail, qui peut
décider de nommer un arbitre pour trancher le litige. C'est la situation
telle qu'elle existe, au moment où nous nous parlons.
Ce que nous proposons, c'est que la plainte continue d'être
portée au ministre, que l'enquêteur soit encore une fois
nommé, mais que ce soit la commission qui remplace le tribunal dans son
rôle de choisir s'il y a lieu ou non de nommer un arbitre. Ce que vous
proposez, c'est de court-circuiter l'intervention ministérielle qui doit
nommer un enquêteur, que cela devienne une attribution ou une juridiction
de la commission. Encore une fois, ce que nous maintenons par cet article,
c'est le statu quo de la situation telle qu'elle existe et la commission prend
la juridiction du tribunal.
M. Gendron: Merci, M. le ministre. Je pense que vous avez
très bien expliqué, sauf que je trouve que c'est un peu court,
quand vous dites: Au fond, ce qu'on veut, c'est court-circuiter la
première partie au ministre. C'est que, en fait, on voyait trois
étapes bien précises, toujours dans un souci de vouloir
simplifier les choses. Vous avez très bien raconté l'affaire. Le
salarié porte plainte au ministre; après, c'est une
requête: Peut faire une requête au tribunal dans les quinze jours,
etc. 47.5, c'est: Le tribunal peut. Je parle du processus au Code du travail.
Vous voyez l'escalier. Il y a quand même trois, quatre niveaux
d'intervention. Avec l'article qu'on préconise, si un salarié,
qui a subi un renvoi ou une sanction disciplinaire, croit que l'association
accréditée viole à cette occasion l'article 42, il peut
porter plainte par écrit à la commission, dans les six mois.
Je dis que cela permet... car, rappelez-vous toujours votre objectif
quand vous dites: Dorénavant, c'est la Commission des relations du
travail qui aura la responsabilité d'assumer toute la gestion des
mécanismes, y compris certaines pratiques déloyales. On reviendra
sur les plus mordantes, celles sur lesquelles les centrales syndicales sont
revenues le plus souvent. Je n'essaie pas de faire valoir que celle-ci est la
pratique déloyale la plus importante mais elle est quand même
constamment une des pratiques déloyales qui est reliée à
une série d'autres relations de travail. Je me demande quelle est la
logique. Quand il y a des mécanismes qui sont un peu plus
compliqués, le ministre a l'intention de les laisser tels que prescrits
au Code du travail, alors que dans certains
secteurs, et c'est le cas actuellement, je me dis: Pourquoi ne pas
tenter un essai avec quelque chose qui n'est pas majeur? Reconnaissez-vous que
ce n'est pas fondamental?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que cela peut
paraître comme n'étant pas fondamental, mais j'attirerais votre
attention à une lecture attentive de l'article 47.2, pour voir là
où la commission serait appelée à intervenir.
L'article 47.2 dit: "Une association accréditée ne doit
pas agir de mauvaise foi ou de manière arbitraire ou discriminatoire, ni
faire preuve de négligence grave à l'endroit des salariés
compris dans une unité de négociation qu'elle représente,
peu importe qu'ils soient ses membres ou non".
Je peux vous donner ma philosophie. J'ai tenté, et je pense que
je l'ai fait à répétition, d'éviter que la
commission s'ingère dans les affaires "internes" - entre guillemets -
d'une des parties qu'elle a à arbitrer, à concilier, à
médier et, finalement, à adjuger. Par cet exercice, j'ai
évité que la commission aille s'ingérer dans les affaires
internes d'une centrale syndicale, par exemple, que sa
crédibilité devienne entachée à un moment
donné, lorsqu'elle a à départager entre les droits
collectifs par la suite. C'est l'objectif qui a été visé
et qui tente toujours d'être visé. Je pense que la commission qui
irait s'ingérer et qui constaterait une infraction comme celle d'un
salarié qui aurait été mal représenté, cela
la placerait dans une situation au plan de sa crédibilité qui
pourrait être questionnée lorsqu'elle a à trancher entre un
employeur et l'association. Elle est déjà allée fouiller
dans les affaires de la centrale syndicale ou de l'unité
d'accréditation. C'est ce qui est visé, et cela maintient le
statu quo également.
Je pourrais ajouter un argument pour vous convaincre, s'il vous en
manque un peu. Cela pourrait amener la commission à s'occuper de la
négociation. On n'a pas voulu que la commission embarque dans le champ
de la négociation, lorsqu'on n'est pas en situation de
contravention.
M. Gendron: Une seconde, M. le ministre. Je ne voudrais pas vous
faire reprendre ce que vous venez de dire mais vous dites que cela pourrait
amener la commission à s'embarquer dans la négociation comme
telle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, parce que...
M. Gendron: Pourriez-vous nous donner quelques exemples ou un
seul exemple?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que pour porter un jugement
sur l'application de l'article 47.2, "Une association accréditée
ne doit pas agir de mauvaise foi ou de manière... ni faire preuve de
négligence grave à l'endroit des salariés compris dans une
unité de négociation...". Les salariés compris dans une
unité de négociation pourraient prétendre qu'ils ont
été mal représentés dans la négociation sur
le fond. Dans te cas d'une négociation légale, sans
ralentissement d'activités, sans grève, sans lock-out, etc., on
ne souhaite pas que la commission s'embarque dans ce cadre. Parce que le
ministère du Travail demeure, les conciliateurs du ministère du
Travail demeurent, les médiateurs, le système d'arbitrage, tout
cela demeure pour les conflits que je peux qualifier de normaux.
M. Gendron: Présentement, M. le ministre, est-ce que vous
avez de telles plaintes depuis quelques années? (16 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Pas fréquemment, mais
on en a reçu quelques-unes. Je pourrais peut-être donner l'exemple
le plus quotidien dans sa pratique. Un salarié qui est mécontent
de son association et qui n'a pas porté un grief. L'association a
refusé de porter un grief.
M. Gendron: Un instant. M. le Président, devant les
explications du ministre, même s'il subsiste en moi un certain doute
qu'il n'est pas si sûr que la Commission des relations du travail
s'immiscerait dans le contenu négocié, d'après moi, elle
aura toujours l'obligation et la capacité de soumettre le tout à
l'arbitrage, si elle retenait le point de vue du salarié qui a subi une
pratique déloyale. Ce n'est pas la commission qui s'ingérerait
dans la décision même qui serait éventuellement rendue par
l'arbitre dans la perspective où elle soumettrait le tout à
l'arbitrage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si l'association a
déjà refusé de donner suite à une demande de grief
d'un employé, c'est que la commission décide de l'envoyer
à l'arbitrage, si tel était le cas. Elle vient de renverser, dans
son application, le jugement de l'association.
M. Gendron: Devant les explications du ministre, je pense que ce
qui serait le plus simple, ce serait de suggérer aux membres de la
commission d'accepter le retrait de l'amendement à l'article 47.
À l'article 21, l'amendement que nous voulions placer à l'article
47.3 du Code du travail actuel, on propose de le retirer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'après la
procédure, je ne pense pas qu'on ait adopté les articles 47.2 et
47.1 encore.
L'amendement touchait l'article 47.3. M. le secrétaire, je me fie
à vous.
M. Gendron: II faut retirer l'amendement pour appeler le vote sur
l'article 21.
Le Président (M. Baril): D'accord. Est-ce qu'il y a
consentement pour retirer l'article 21?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Adopté. Article 22.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 22 se lit comme suit:
"L'article 47.4 de ce code est modifié par le remplacement, dans les
quatrième et cinquième lignes, des mots "au tribunal dans les
quinze jours suivants et demander à ce dernier" par "à la
commission dans les quinze jours suivants et demander à celle-ci"."
C'est strictement un article de concordance.
M. Gendron: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 22 est adopté.
Article 23.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 23 se lit comme suit:
"L'article 47.5 de ce code est modifié: 1° par le remplacement, dans
la première ligne des premier et deuxième alinéas, des
mots "le tribunal" par "la commission" avec les adaptations nécessaires;
2° par le remplacement, dans la quatrième ligne du premier
alinéa, du chiffre "101.10" par "101.9"."
Il s'agit encore d'amendements de concordance.
M. Gendron: On est d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté.
Négociation d'une première convention
collective
M. Gendron: Avant d'appeler l'article 24, on aurait un amendement
à proposer pour compléter, qu'on intitulerait l'article 23.1. On
va vous distribuer cet amendement. Il faut savoir qu'à l'article 23, il
s'agissait précisément d'un amendement de concordance. Ce n'est
pas véritablement sur le fond de l'article 23 comme tel.
Nous proposons un amendement 23.1 qui dirait ceci: "Les articles 93.1
à 93.3 de ce code - il s'agit toujours du Code du travail -sont
modifiés: 1 en remplaçant, partout où ils se trouvent, les
mots "au ministre" et "le ministre" par les mots "à la commission" ou
"la commission", selon le cas; 2° en ajoutant, à la fin de l'article
93.3, les mots "ou elle peut décider de régler elle-même le
différend.".
Pour les justifications, ce n'est pas bien compliqué. Il
s'agirait tout simplement d'introduire un nouvel article au projet de loi pour
prévoir que les articles traitant de l'arbitrage de la première
convention collective seront sous la juridiction de la Commission des relations
du travail. C'est toujours parce qu'on a à tenir compte de ce que les
gens sont venus nous dire ici. On ne peut pas étudier un projet de loi
article par article et ne pas tenir compte des réflexions, des
commentaires, des points de vue étoffés dans certains cas, qu'on
peut partager ou non - c'est un autre point de vue - qui ont été
soulevés par plusieurs intervenants. Il y a plusieurs intervenants qui
ont prétendu qu'il y aurait lieu que la Commission des relations du
travail puisse avoir un jugement à porter quant à la
première convention collective et que ce soit sous sa juridiction. Il
s'agit là d'une demande syndicale qui, que je sache -je le dis comme je
le pense - ne change pas grand-chose pour le patronat. On pense que la
Commission des relations du travail serait mieux placée pour ordonner
l'arbitrage ou les mécanismes subséquents. Qui est mieux
placé afin de juger du bon moment pour ordonner l'arbitrage? Est-ce que
c'est le ministre ou la Commission des relations du travail? Nous pensons que
cela devrait être la nouvelle instance. On ne peut pas dire dans un
projet de loi: On va créer une nouvelle Commission des relations du
travail avec autant de volonté - en tout cas, de la part du ministre -
de simplifier les choses et de lui permettre de développer une expertise
et un fonctionnement. Le ministre lui-même avait prétendu que la
nouvelle Commission des relations du travail avait le mérite
d'être essayée et s'inscrivait dans une continuité
évolutive des relations du travail du Québec. Je ne veux pas
faire l'historique du rapport Beaudry. Je ne veux pas faire l'historique de la
consultation, mais je pense que les intervenants qui sont venus en audition
nous ont dit des choses comme celle-là. L'introduction d'un nouvel
article comme celui qu'on vous propose, d'après moi, permettrait
à la Commission des relations du travail davantage que de le laisser
entre les mains du ministre pour ce que j'appellerais le caractère
d'opportunité, de juqer du moment où il faut transférer le
tout à
l'arbitrage. C'est dans ce sens qu'on a proposé cet article.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je constate que le
député a déjà une réplique prête. Je
vous indiquerai, au départ, que si on était pour
considérer un tel amendement, normalement, il devrait venir à la
suite de l'article 24 et non de l'article 23, pour que, sur le plan de la
logique du code, il n'y ait pas interversion dans les numéros. Mais ce
n'est pas là le principal...
M. Gendron: Vous ne savez pas qu'on a un amendement 24.1. En
suggérant un amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même si vous aviez un
article 24.1, soit que l'article 24.1 devienne l'article 24.2 au que votre
article 23.1 devienne l'article 24.1 ou 24.2, je vous laisse libre de choisir,
on ne pourrait pas faire intervenir, strictement sur le plan de la logique des
numéros, un article 23.1 à ce moment-ci parce qu'on
insérerait entre l'article 47.5 et les articles 49 à 51.1 les
articles 93.1 à 93.3. Il faudrait attendre d'avoir dépassé
l'article 51.1. Non?
M. Gendron: Non. En tout cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Fonctionnez-vous en chiffres
romains ou en chiffres arabes?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Cela dépend de l'heure. Sérieusement,
ce n'est pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas majeur.
M. Gendron: ...majeur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'on le traite à un
endroit où à un autre, il s'agira de bien le renuméroter,
s'il est accepté. Sur le fond, je vous dirais qu'il s'agit strictement
de négociations. Je ne suis jamais aussi mal à l'aise - et je
vous le dis bien humblement que lorsque je plaide les pouvoirs du ministre.
Premièrement, je sais que c'est temporaire, que je suis fiduciaire,
qu'habituellement, la durée de vie d'un ministre du Travail est de 18
mois, etc. Mais, je m'aperçois que la durée de vie d'un critique
est moins longue et cela me rassure.
Je vous dirai qu'on pourrait le plaider en disant que ces pouvoirs de
nommer l'arbitre de la première convention collective devraient relever
du ministère du Travail sans relever du ministre, ministère qui a
à s'occuper de conciliation et de médiation, mais sur le fond
d'une négociation de convention collective. On est dans un cas de
première convention collective. On est donc dans un domaine qui
appartient soit au ministère, soit au ministre, mais qui n'appartient
aucunement à la commission, ni directement, ni indirectement. On n'est
pas en matière d'accréditation, on n'est pas en matière de
pratique déloyale, on n'est pas en matière de grève, de
lock-out ni de ralentissement de travail, on n'est pas dans le domaine de
juridiction de la commision comme telle. C'est pourquoi je n'ai même pas
eu la tentation - je vais être bien franc avec vous - de l'envoyer
à la commission, dans ce cas. Je pourrais peut-être avoir la
tentation, comme ministre, de l'envoyer au ministère à un moment
donné parce que, chaque fois que j'ai à prendre une
décision sur la nomination d'un arbitre, en matière de
première convention collective, je vous dirai que l'étude du
dossier que j'ai à faire est lourde de conséquences pour les
parties et que je le fais avec tout le sérieux possible, comme
d'ailleurs mes prédécesseurs l'ont fait.
M. Gendron: Le ministre m'a expliqué très
franchement sa conception, mais, en tout cas à mon avis, il ne m'a pas
donné les motifs qui pourraient être mieux appréciés
par, appelons cela, les qens moins concernés, en l'occurrence, vous et
moi, pour ce qui est d'aujourd'hui, pendant quelques minutes. Vous dites: Toute
cette question de l'arbitrage de la première convention collective
relève du ministre ou du ministère. Il me semble que c'est pas
mal ex cathedra comme juqement. Je n'ai même pas pensé envoyer
cela à la Commission des relations du travail, cela ne la regarde pas,
en gros. J'essaie d'avoir du rationnel. Au-delà de ce que vous venez de
dire, je vais faire un petit plaidoyer. Admettez-vous que l'arbitrage de la
première convention collective est, dans certains cas, relié ou
non à la force d'une accréditation et qu'il y a un aspect de
durabilité et de longévité d'un syndicat, selon la
reconnaissance de l'accréditation, selon que cela ne traîne pas
trop en termes d'instabilité? C'est toute la réflexion...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que vous avez raison
sur le plan pratique. Mais je vous dirai également que ce que l'on tente
de faire, c'est justement de ne pas la relier à l'accréditation.
Il y a un caractère spécial à la négociation d'une
première convention collective, surtout pour la PME. C'est dû au
fait que l'accréditation, venant d'être obtenue, il y a une
espèce de réajustement des positions de force qui doit
s'effectuer entre l'employeur et l'unité d'accréditation. Ce
qu'on vise au ministère du Travail, c'est de faire en sorte que cela
tombe le plus rapidement possible dans ce qu'on appelle la normale des choses.
C'est-à-dire que ce soit une convention qui soit négociée
comme toutes les conventions et de
ne pas la traiter, en tout cas le moins possible, avec une espèce
de statut particulier. Je ne sais pas à combien de reprises, depuis que
je suis ministre, j'ai eu des demandes pour nommer des arbitres de
première convention collective. J'ai retourné les parties
à la médiation et à la conciliation pour faire en sorte
qu'elles en arrivent à des ententes négociées et pour les
forcer à prendre leurs responsabilités. Et cela a permis d'en
arriver à des ententes de gré à gré et de faire en
sorte que cette caractéristique de la première convention
collective a été amoindrie par le type de décision qu'on a
pris jusqu'à maintenant.
Je me souviens avoir posé des questions à certains
intervenants devant la commission parlementaire pour savoir s'ils avaient eu
à se plaindre, dans ce domaine comme dans d'autres, des agissements du
ministre actuel du Travail ou de ses prédécesseurs à une
époque contemporaine. Je me souviens que la réponse des parties
qui était librement exprimée - de toute façon, elles
auraient pu exprimer leur désaccord en toute liberté quant
à mes prédécesseurs - a été: Non, cela a
été utilisé avec pondération par l'ensemble des
titulaires.
M. Gendron: M. le ministre du Travail, rappelez-vous le
commentaire quand même assez répété de M. Lauzier,
le président de la Fédération canadienne des entreprises.
Rappelez-vous comment il nous décrivait, dans certains cas, le fait
qu'il y ait une demande d'accréditation. Il a même parlé de
choc émotif, d'instabilité et d'inquiétude. Je ne veux pas
refaire les audiences. En gros, il mettait énormément de
vécu insécuritaire et problématique à l'entreprise.
Concrètement, ne croyez-vous pas que l'insécurité d'une
association fraichement accréditée, face à un employeur
qui réagit mal à cette nouvelle réalité et qui,
souvent, la refuse, crée quand même un climat possiblement
favorable à l'éclatement de conflits qui n'existaient même
pas avant? Ce que j'essaie de tester, c'est que cela peut être
perturbateur de certains conflits qui n'étaient pas là. (16 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je prétends le
contraire, la commission qui va donner l'accréditation,
reconnaître l'accréditation, dans un cas théorique que vous
me mentionnez, peut s'aliéner, en tout cas, la crédibilité
d'une des parties, l'employeur va la détester, autant il va
détester le syndicat, s'il n'a pas l'ajustement psychologique, comme
vous dites, autant il va détester la commission et, faire intervenir la
commission immédiatement après dans un tel climat psychologique
c'est plus délicat que rassurant.
M. Gendron: Attendez un peu, je venais m'engager dans un
crescendo sans précédent mais qui, normalement, vous aurait
amené... Alors, ajustez vos violons, M. le Président, non,
sérieusement, ce que j'ai dit, je ne le retire pas et j'ajoute ceci:
à un moment donné, si on est d'accord sur l'analyse qu'il y a une
période d'instabilité...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans certains cas, pas dans tous
les cas.
M. Gendron: Non, non, mais prenons les cas où c'est vrai.
D'accord? Bon, l'instabilité, il y a un certain phénomène
de mauvaise réaction de part et d'autre qui fait éclater - entre
guillemets - des conflits qui, avant cette demande d'accréditation,
n'existaient pas comme tels, mais transposer le tout dans un mécanisme
de première néqociation de convention collective et là
attendez quelques secondes avant de réaqir... Moi, je dis: - à
moins que j'aie mal lu -Vous avez prétendu que la Commission des
relations du travail aura des responsabilités de contrôle, de
surveillance, de reqarder un peu comment les choses évoluent, comment
les choses vont, ce sont des responsabilités qui vont appartenir
à la nouvelle Commission des relations du travail et qu'il est toujours
important d'avoir l'heure juste quand on a l'obligation d'intervenir. Et
là, je vais être concret, je dis: Si cette période de
stabilité est peu propice à de la véritable
néqociation et exige une surveillance accrue du comportement des
parties, par l'expérience du contrôle global des conflits
ailleurs, et des pouvoirs suffisants pour redresser efficacement la situation,
si on est d'accord qu'il y avait instabilité dans l'entreprise Y,
à la suite d'une demande d'accréditation et qu'il s'est
créé toutes sortes de situations plus tendues où ont
éclaté certains conflits, pensez-vous, M. le ministre, que les
parties, à ce moment, sont les plus habilitées à s'asseoir
ensemble et essayer une première convention collective? Parce que c'est
ce dont on parle. Et là, vous nous avez répondu: Même si
ton analyse est exacte, j'aime mieux que ce soit le ministre ou le
ministère du Travail qui agisse dans le cas que vous décrivez, M.
Gendron, pour être concret là. Nous, on dit: À partir du
moment où le descriptif, que je tente de faire, est réel et peut
se passer mais que l'expertise, dorénavant, pour ce qui est de
conseiller les parties, pour être capable, suite à une bonne
analyse des situations conflictuelles dans d'autres dossiers, c'est la
Commission des relations du travail qui a cela. Pourquoi? Ne pensez-vous pas
que dans l'éventualité obligée à ce que la
première convention collective soit arbitrée, que ce soit la
Commission des relations du travail qui fasse cette recommandation - c'est ce
dont il s'aqit - plutôt que le ministre ou le ministère du Travail
qui, dorénavant, va être un peu, à moins que je comprenne
mal
ces rationalités externes à toute l'analyse du
comportement des parties, suite aux chocs émotifs - si je reste au
discours de M. Lauzier - vécus par l'accréditation... Qui va
faire l'évaluation si, à la suite d'une demande
d'accréditation il y a un problème dans l'entreprise Y? Vous
l'avez dit, c'est la Commission des relations du travail qui fera l'analyse
d'accréditation. Et, dans quel contexte elle s'est passée si elle
est conforme, correcte et que les parties sont d'accord pour y donner
suite.
En conséquence, si cette évaluation-là c'est la
Commission des relations du travail qui la fait, pourquoi dans les cas
où il y a lieu d'envisager de confier à l'arbitrage la
première convention collective, ce ne serait pas celle qui a
développé l'expertise qui porte le diagnostic ou le jugement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais reprendre, M.
le député d'Abitibi-Ouest, tout l'argument a contrario parce que
je me rends compte que les perceptions sont aussi importantes que les textes
législatifs. Une des difficultés que j'ai rencontrées ou
que le gouvernement rencontre dans les explications qu'il fournit concernant la
création d'une Commission des relations du travail, c'est de faire en
sorte que les parties, toutes les parties et tous les intéressés,
comme première analyse, s'attaquent à déterminer le champ
de juridiction de la CRT.
J'ai eu l'impression à entendre certains mémoires - je
vous le dis - que certaines des parties intéressées ont compris
que la Commission des relations du travail aurait juridiction, sauf quelques
petites exceptions, dans l'ensemble du domaine des relations du travail au
Québec.
Je tiens à vous préciser qu'en matière
d'accréditation, oui, la commission a juridiction, qu'en matière
de pratiques déloyales, oui, la commission a juridiction, qu'en
matières essentielles, oui, la commission a juridiction, qu'en
matière de services essentiels, oui, la commission a juridiction, dans
tous ces domaines qui appartenaient autrefois, ou qui appartiennent... au
moment où nous nous parlons, ou qui relèvent du bureau du
commissaire général du travail, du Conseil des services
essentiels du Tribunal du travail.
Mais, il faut comprendre que le ministère du Travail, qui a
juridiction dans les conflits que j'appelle normaux - entre guillemets - les
conflits qui ne sont pas ponctués de grèves illégales, de
lock-out illégaux, de ralentissements illégaux, de pratiques
déloyales, etc., que toute cette direction au ministère demeure,
qu'en matière de négociations, de conventions collectives, et ce
qui veut dire dans 90 % à peu près des dossiers ou un peu plus
où tout se passe normalement, c'est encore l'équipe de
conciliation du ministère du Travail qui conserve sa juridiction.
Là, on est dans un cas d'arbitrage de première convention
collective avec un pouvoir de nommer un arbitre qui appartient au ministre,
mais il faut être conscient que ce pouvoir n'est pas exercé par le
ministre dans l'abstrait. Lorsque le ministre prend la décision de
nommer ou de ne pas nommer un arbitre, on a déjà un conciliateur
aux dossiers qui fait rapport au ministre, après avoir rencontré
les parties. Quel que soit le ministre, il peut avoir des questions
additionnelles à poser au conciliateur. Le conciliateur répond
à ces questions-là et c'est sur la foi, entre autres, du rapport
du conciliateur qu'on veut le plus complet possible et dans la foi du contexte
de négociation que la décision ministérielle est
prise.
Lorsque je vous disais: Vous pouvez critiquer le fait que cela se prenne
par le ministre et c'est une critique qui peut être reçue
ouvertement. Si vous me convainquiez, par votre arqumentation, que le ministre
ne devrait pas être celui qui prend la décision, je vous dirais
que j'aurais beaucoup plus tendance à référer cette prise
de décision au niveau du ministère du Travail qui, comme je vous
l'ai indiqué, lorsqu'il s'agit d'une négociation normale,
conciliation médiation qui aboutit à des règlements
gré à qré, conserve toute sa juridiction. On aurait
plutôt tendance à dire que les pouvoirs de nommer un arbitre en
matière de première convention collective doivent relever du
ministère du Travail.
La Commission des relations du travail n'étant impliquée
ni sur le plan de la médiation, ni sur le plan de la conciliation, ni
sur le plan de l'arbitrage en matière de négociation de
convention collective où il n'y a pas de grèves illégales,
de lock-out illégaux, de pratiques déloyales, etc., ce serait lui
donner un champ d'intervention étranger à sa mission.
M. Gendron: J'ai le même problème. J'ai retenu une
phrase essentielle. Si j'étais capable de vous convaincre de mes
arguments, ce ne devrait pas être le ministre du Travail. J'ai le
même problème, vous ne m'avez pas convaincu que ce doit être
le ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas plaidé dans ce
sens-là non plus.
M. Gendron: Actuellement vous plaidez, puisque vous refusez qu'il
soit sous la responsabilité de la Commission des relations du travail.
Vous êtes convaincu que toute la gestion d'une éventuelle
première convention collective à l'arbitrage est une
responsabilité qui doit incomber au ministère ou au ministre du
Travail.
À ce moment-là, si le ministre veut la conserver,
j'aimerais qu'il nous donne un peu d'éléments d'information sur
les statistiques des dernières années. Quelle est la pratique en
termes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'arbitrage.
M. Gendron: Oui, d'arbitrage aux dernières conventions
collectives par rapport à des quanta qui nous permettraient de nous
faire une tête en termes d'ordre de grandeur et de dire: Écoute,
là on parle de quelque chose de marginal, de substantiel et d'important.
Je n'ai pas de données.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que, selon les
périodes, et là, je ne critique ni positivement ni
négativement ceux et celles qui m'ont précédé, la
maturité dont ont fait preuve les parties depuis 18 mois où je
suis titulaire du poste de ministre du Travail, je n'ai nommé que
très peu d'arbitres, retournant sans cesse les parties à la
conciliation pour que les parties, surtout dans le cas d'une première
convention collective, prennent leurs responsabilités et signent de
gré à gré une convention collective. Je ne vous dis pas
que je n'ai pas utilisé cette prérogative dans des cas limites.
Je me souviens du dernier cas limite où je l'ai utilisée, cela a
abouti à une fermeture d'usine. Donc, cela m'incite davantage à
la prudence.
Moi, je l'utilise au minimum, si vous me le demandez et, lorsque j'ai
à l'utiliser, je vous l'ai dit, la dernière fois, cela a fini par
une fermeture d'usine de crabe en Gaspésie, l'arbitre a
décrété une convention collective et le patron a dit: Avec
cette convention, je ferme l'usine. C'est un propriétaire de
l'extérieur de la province, du Nouveau-Brunswick, et il a fermé
l'usine. Nous étudions le dossier présentement. C'est une
intervention très délicate. Je ne vous dis pas que je souhaite
cette responsabilité à mes successeurs. Je vous dirai que la
question est à ce point délicate, qu'il faut baser notre
décision sur des rapports d'experts du ministère du Travail et,
si possible, pour avoir la plus grande impartialité, ne pas transiger
avec les gens qui ont ordonné l'accréditation parce qu'ils sont
déjà impliqués dans le dossier. Il faut avoir le
dégagement nécessaire.
Je ne suis pas prêt à plaider que cela devrait demeurer
indéfiniment entre les mains du ministre du Travail, parce que je trouve
cela lourd. Je n'aime pas tellement cela.
M. Gendron: Sur la délicatesse...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je peux peut-être
vous donner les informations que vous me demandiez quant aux nombres.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ces statistiques remontent surtout
au temps où votre formation politique était au gouvernement.
Demandes reçues en 1985-1986: 72. Demandes acceptées: 25.
Demandes refusées: 32. Demandes à l'étude: 17 à la
fin de l'année.
À titre indicatif, je peux vous dire qu'en 1984, il y avait eu 66
demandes reçues et que, en 1983-1984, il y avait eu 51 demandes
reçues, avec presque les mêmes proportions.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Je pense qu'il ne faut quand même
pas se cacher que le pouvoir du ministre, lorsqu'il demande aux qens de
retourner à la table des négociations, est un pouvoir moral
à tout le moins beaucoup plus important, selon moi, pour les deux
parties d'accepter de retourner à la table des négociations avant
que le ministre ne nomme un arbitre.
Ce qui me fait peur, si cela allait à la commission, c'est que
peut-être - je ne fais que présumer - ces demandes d'arbitrage
deviendraient presque automatiques, et peut-être également que la
commission n'aurait pas ce même pouvoir moral que le ministre de dire aux
deux parties concernées: Voulez-vous retourner à la table de
négociation pour essayer de vous entendre ensemble avant de nommer un
arbitre? Je peux vous dire que, spécialement pour les petites
entreprises qui en sont à leur première convention,
négociation ou accréditation, il est important d'avoir toutes les
chances possibles de s'entendre, au lieu que cela aille en arbitrage dès
le départ. Ce sont mes craintes et c'est pour cela que je suis
très favorable à la position du ministre là-dessus,
même si c'est vrai que, pour le ministre, c'est une décision
difficile qu'il aimerait peut-être mieux ne pas avoir à prendre.
Mais je pense que, pour les parties concernées, cela donnerait encore
beaucoup plus de chances d'en arriver à une entente. (16 h 45)
M. Gendron: Je voudrais dire trois choses, M. le
Président. Premièrement, quand le ministre évoquait que
c'est une question où il y a énormément de
fragilité, je pense qu'il a raison. C'est une question très
sensible. Mais, sans plaider a contrario, je pense que les deux
éléments que vient de souligner le député de Vimont
sont inquiétants. Premièrement, il dit... Bien oui,
ils sont très inquiétants. Écoutez-moi bien, M. le
député de Vimont, vous venez d'affirmer, par votre point de vue -
non, vous pouvez m'obstiner, cela ne me dérange pas - que la commission
aura un pouvoir moral plus faible que celui du ministre. C'est ce que vous
dites. Vous dites: Moi, je pense, je doute que la Commission des relations du
travail aura autant de pouvoir moral que le ministre peut avoir. Là,
vous me permettrez d'être en désaccord.
Si effectivement le ministre crée cette nouvelle commission pour
que les relations du travail soient dorénavant sous un seul chapeau et
faire une instance à palier unique, qui débloque de l'expertise,
qui est spécialisée, qui a une bonne crédibilité...
C'est le discours qu'on a entendu. Il faut qu'elle ait une bonne
crédibilité. On va faire attention à la nomination, ce qui
n'est pas le cas dans la loi, mais on va arriver à ce bout un jour et on
va apporter des correctifs sur la nomination, la façon de nommer les
commissaires et ainsi de suite. Mais de deux choses l'une, c'est que d'avance,
on accepte qu'elle a un pouvoir moral plus faible que celui du ministre qui
dit: Non, cela serait normal que, compte tenu de l'expertise qu'elle
développerait, la commission spécialisée des relations du
travail... Pensez-vous que les parties, actuellement, dans un litige de
relations du travail, M. le député de Vîmont,
indépendamment du ministre en termes de personnes, pensez-vous que les
parties d'un conflit de relations du travail n'ont pas plus confiance au
commissaire du travail, au Tribunal du travail qu'au ministre du Travail?
Voyons! Cela ne prend pas une grosse connaissance et cela n'a rien à
voir avec le ministre actuel. Compte tenu de la capacité de traitement
de ces intervenants, depuis des années, la plupart des conflits de
travail au Québec, lorsque les commissaires du travail, lorsque des
spécialistes en relations du travail ont touché à ces
questions... C'est tellement vrai que c'est ce que les gens ont dit dans tous
les mémoires. Les gens ont dit: On n'a rien à dire contre la
compétence des gens du Tribunal du travail ou du commissaire du travail.
Donc, les gens ont confiance à cela. Je pense que si on veut que la
commission ait le pouvoir moral, il faut lui donner effectivement des pouvoirs.
Quand le ministre dit: Écoutez, confiez...
Dans votre question, vous dites que l'imposition d'une première
convention collective par rapport au pouvoir moral de remettre les parties au
travail dans la négociation... C'est ce que vous avez dit, vous et M. le
député de Vimont. Vous avez dit: Le pouvoir moral du ministre -
continuez donc vos devoirs - va être plus fort que celui de la
commission. Il faut faire attention. L'article qu'on suggère comme
amendement, on est dans quelque chose de concret. On est vraiment sur
l'occasion de recourir ou pas à l'imposition d'une première
convention collective et on pense que cette occasion doit être
attribuée à la Commission des relations du travail. Vous avez un
point de vue différent. On dit: Je veux laisser cette autorité
entre les mains du ministre. Mais je veux que vous soyez conscient qu'en la
laissant entre les mains du ministre, il y a une dimension, à ma
connaissance, un peu plus arbitraire, indépendamment toujours de la
personne parce que le ministre du Travail est obligé de se
référer à ses instances au ministère pour
être conseillé là-dessus sans nécessairement avoir
eu un suivi de l'évolution de ce dossier qui amène les parties
à souhaiter que le ministre exerce son pouvoir de recommander, de
recourir à l'imposition d'une première convention collective.
Recourir à l'imposition d'une première convention collective,
cela ne veut pas toujours dire imposer un contenu. Cela peut vouloir dire, oui,
imposer un contenu ou prétendre qu'il y a lieu de le donner à
l'arbitrage qui imposera le contenu de la première convention
collective.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: M. le Président,
brièvement, parce que je ne veux pas développer trop longtemps ce
point même si mon collègue, le critique officiel, l'a fait. Il
faut bien comprendre deux choses. D'abord, ce n'est pas la
crédibilité du tout des membres de la future commission que j'ai
voulu mettre en doute, loin de là. Ce que je disais, c'est que, de toute
façon, même si la conciliation échoue, que ce soit la
commission qui en ait le pouvoir, il va falloir qu'elle se réfère
au ministère pour faire nommer un arbitre. C'est l'arbitraqe dont on
parle. Ce que l'on dit dans le moment, c'est est-ce que c'est le ministre ou le
ministère qui doit nommer l'arbitre ou qui doit décider quand
l'arbitraqe aura lieu également ou si c'est la commission? C'est ce dont
on parle présentement. Le passé l'a démontré de
toute façon et cela, même sous votre gouvernement. Quand le
ministre demande aux parties d'aller en conciliation... Effectivement, à
l'article 93.1, c'est bien clair: "Dans le cas d'une négociation d'une
première convention collective pour le groupe de salariés
visés par l'accréditation, une partie peut demander au ministre
de soumettre le différend à un arbitre aprè's que
l'intervention du conciliateur se sera avérée infructueuse.".
Alors, que ce soit la nouvelle commission qui en soit responsable ou non, elle
doit se référer au ministère. Je dis qu'il vaut mieux ne
pas changer cela. La preuve a été faite dans le passé. Je
pense que les exemples que le ministre a donnés tantôt sont
concrètes. Pour donner toutes les
chances possibles pour que la conciliation réussisse, il faut
laisser un pouvoir de décider quand il faudrait nommer un arbitre et
donner toutes les chances aux parties d'arriver à un règlement.
Donc, ce n'était absolument pas dans le but de minimiser ou affecter la
crédibilité future de la commission, mais bien de dire que... De
toute façon, selon l'article 93.1, Us vont être obligés de
revenir au ministère et laissons cela comme ça.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Vimont.
M. Gendron: M. le Président, dans ces conditions, je
suggère toujours de reconnaître l'amendement proposé. Le
ministre semble ne pas vouloir lui donner suite. En conséquence...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux spécifier au
député d'Abitibi-Ouest que ce n'est pas par caprice que... Je
pense que l'équilibre du dossier global commande que je n'y donne pas
suite. On peut être d'accord ou pas d'accord. Je ne dis pas que c'est une
question qui n'est pas discutable, au contraire. Je suis content de l'occasion
qu'on a eue de la discuter comme telle. Peut-être que votre
considération a de la valeur et du mérite et un jour, si jamais
vous occupez mon fauteuil, vous pourrez proposer un tel amendement avec les
risques que cela comporte.
M. Gendron: Oui, c'est exact, sauf que cela peut quand même
également être pris en considération en la laissant dans
les écritures de la commission qu'on est en train d'apprécier
dans les procès-verbaux quelconques, dans la grande réflexion
promise du ministre du Travail concernant la nécessité de revoir
d'une façon plus large les modifications substantielles au Code du
travail. C'est peut-être des matières dont il se servira pour
alimenter sa réflexion. En conclusion, M. le Président, je
demande que vous appeliez le vote sur la proposition d'amendement.
Le Président (M. Baril): Un vote nominal.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le secrétaire,
voulez-vous appeler le vote?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Cusano,
pour ou contre l'amendement?
M. Cusano: M. le Président, vu que je viens d'arriver, je
vais m'abstenir.
Le Président (M. Baril): Pour bien se faire comprendre,
il s'agit de savoir si on est pour ou contre l'amendement que le
député d'Abitibi-Ouest a proposé.
M. Cusano: M. le Président, je ne peux pas me prononcer
sur l'amendement, je viens d'arriver. Alors...
Le Président (M. Baril): Suivant.
M. Cusano: ...je voudrais bien justifier le fait que je vote
contre parce que je n'étais pas ici pour la discussion de
l'amendement.
Le Président (M. Baril): Parfait.
Le
Secrétaire: C'est une abstention.
Le Président (M. Baril): Une abstention.
Le
Secrétaire: M. Maltais?
M. Maltais: Contre.
Le
Secrétaire: M. Philibert?
M. Philibert: Contre.
Le
Secrétaire: M. Hé tu?
M. Hétu: Contre.
Le
Secrétaire: M. Rivard?
M. Rivard: Contre.
Le
Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: M. Baril?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Gendron?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que
l'amendement à l'article 23.1 est rejeté.
Pour: 1; contre: 7; une abstention.
Est-ce que l'article... Il a été adopté, je
m'excuse.
M. le ministre, l'article 24, s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "Les articles 49 à
51.1 de ce code sont abrogés."
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abîtibi-Ouest.
M. Gendron: Un instant!
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Gendron: Juste un instant! Il faut que je revienne au projet
de toi.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont, viendrez-vous me remplacer une seconde?
M. Gendron: Juste une petite seconde. Si je comprends bien, M. le
Président, quand on dit à l'article 24: "Les articles 49 à
51.1 de ce code sont abrogés" et que sans vous lire les articles 49
à 51.1 du code, cela signifie quand même, qu'à la fin de
l'article 51, lorsqu'on indique que le commissaire du travail doit rendre par
écrit et motiver toute décision qui termine une affaire dans les
matières de son ressort, c'est aussi abrogé. On revient, à
moins que je ne me trompe, à plusieurs revendications des gens
concernés qui prétendaient que l'abolition de l'obligation de
rendre des décisions motivées - c'est cela que, je pense, l'on
touche - est quelque chose qui n'est pas souhaitable et n'est pas acceptable.
Je répète. Ce n'est pas seulement celui qui vous parle qui pense
cela. Il y avait une multitude d'intervenants et toujours pour les mêmes
raisons. Je n'ai pas mon tableau par colonnes sur ces sujets traités qui
pourrait me faire voir cela, mais ici, j'ai l'impression que si le ministre se
rappelle les audiences, il y a beaucoup plus de parties qui se sont
exprimées en audiences et qui souhaitaient qu'on n'abolisse pas
l'obliqation de rendre des décisions motivées. A moins que je ne
sache pas lire, à l'article 24, comme vous dites, on fait sauter les
articles 49 à 51.1 de ce code.
C'est rapide parce que j'aurais d'autres commentaires à faire,
mais uniquement dans ce que j'observe, c'est que l'article 51 finit: "le
commissaire du travail doit rendre par écrit et motiver toute
décision qui termine une affaire dans les matières de son
ressort." Et là, on dit: On efface cela. C'est ce que cela veut dire. Je
ne peux pas être d'accord. Je n'ai pas nécessairement un
amendement à proposer tout de suite, mais je dis: M. le ministre, cela
ne correspond pas du tout à ce qu'on a entendu pendant des heures et de
très longues heures. Avant d'aller plus loin, quand, à l'article
24 du projet de loi, vous dites: Abroger également l'article 51, il me
semble que cela va à l'encontre du rapport Beaudry. Je voudrais que vous
essayiez de me répondre à savoir comment les parties vont
comprendre les décisions qui les affectent. Comment pensez-vous que cela
va être acceptable quand elles vont le recevoir par la tête quand
elles savent que cet article est aboli? Je répète toujours, du
fait que c'est aboli, qu'il n'y a plus nécessité de les motiver.
Les conséquences sont lourdes. Comment les parties pourront-elles
exercer efficacement leur recours en révision?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas vous empêcher
de plaider, mais j'ai l'impression - et vous pouvez vérifier
auprès de vos experts - que l'amendement proposé à
l'article 38 qui vise l'article 137.5.2 et qui se lit comme suit: "La
commission doit motiver par écrit ses décisions qui terminent une
affaire sauf dans le cas d'une demande ou plainte non contestée" couvre
le terrain que vous soulevez à bon droit et qui a été
soulevé par l'ensemble des intervenants qui ont comparu devant cette
commission. Mais je ne vous blâme pas. On n'est pas rendu à cet
amendement.
M. Gendron: Mais deux choses. Premièrement, on n'est pas
rendu et oui, c'est vrai qu'on avait lu cela: La commission doit motiver par
écrit ses décisions qui terminent une affaire sauf dans le cas
d'une demande ou d'une plainte non contestée et qui va être
l'article 137.5.2 à l'article 38. L'inquiétude que j'ai est la
suivante. Un article de disposition générale qui a l'air d'en
embrasser pas mal grand - cela fait deux fois que vous me référez
à cet article - devrait être le même cas dans l'ancien Code
du travail... Juste une minute, laissez-moi finir. Cela doit être le
même cas dans l'ancien Code du travail. Il devait sûrement y avoir,
à un moment donné, dans le Code du travail, une clause ou un
article qénéral qui fait référence à la
même couverture. Si cela n'était pas le cas - je veux juste vous
expliquer mon inquiétude - si, dans le passé, on le mettait
à chaque fois qu'on parlait d'un sujet précis, je ne sais pas,
l'audition de telle affaire, la vérification d'une demande
d'accréditation, les pratiques déloyales, le droit de
grève, les votes, ce sont des sujets précis au Code du travail.
On disait que s'il y avait des décisions rendues là-dessus, elles
doivent être écrites dans la perspective que si on va en
révision, il faut avoir ce qu'il faut pour porter un jugement. Je ne
sais pas si vous me comprenez. Je dis que si, sur chacun des sujets, on faisait
l'obligation dans l'ancien Code du travail, cela m'inquiète de dire:
Cela va être l'article général qui va prévaloir.
Quand on dira à l'article 138, quand on va y arriver, que cela va
couvrir tous les sujets sur lesquels la nouvelle Commission sur les relations
du travail devra s'assurer d'avoir des écritures dans la perspective
où les parties voudront, soit réviser, soit plaider certaines
décisions qui seront rendues... Vous me dites que ce que je pense est
là-bas et vous êtes sûr de cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais
expliquer ce qui suscite les questions de la part de l'Opposition. Avant
cela, vous aviez trois niveaux qui étaient autorisés par la loi
à rendre des décisions en matière d'accréditation,
entre autres. À chaque fois qu'un niveau avait la possibilité de
rendre une décision, on balisait dans quel cadre il devait rendre ses
décisions en disant: II faut qu'il entende les parties, il faut qu'il
motive, etc. L'essence du projet de loi est de réduire de trois à
un niveau. À partir du moment où nous nous retrouvons avec un
seul niveau, ce critère d'application générale s'applique
au seul niveau où il doit s'appliquer, c'est-à-dire aux
décisions de la commission. Celles-ci doivent être rendues
après avoir entendu les représentations des parties
intéressées. Les décisions se doivent d'être
motivées lorsqu'il s'agît d'une décision qui termine une
affaire et non dans le cas d'une décision interlocutoire.
Je ne sais pas, mais si des doutes demeurent, je suis prêt
à le "rerevérifier".
M. Gendron: Pourriez-vous me faire un petit bout sur les articles
49 et 50? Je ne veux pas que vous les lisiez. Rapidement, j'ai pris l'article
51 parce que, visuellement, j'avais quelque chose qui me rappelait que cela
avait été exprimé à plusieurs reprises et je l'ai
cité tout de suite. Mais quand vous dites que, par les dispositions du
nouvel article 24, vous faites sauter les articles 49 et 50, alors pour
l'instant, oubliez ce qu'on vient de couvrir. En gros, qu'abroge-t-on avec les
articles 49 et 50?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 49 est essentiellement
le pouvoir de révision qui était un pouvoir de révision
pour cause d'erreur de droit. Le nouvel article qui traite des pouvoirs de
révision est plus large. Il traite de révision pour cause.
M. Gendrore C'est la même chose, doit ou fait?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. C'est plus large. Lorsque
vous parlez de révision pour cause d'erreur de droit, en ajoutant erreur
de droit, vous rétrécissez le champ d'application. Lorsque vous
parlez pour cause d'erreur, c'est plus vaste comme champ de
révision.
M. Gendron: C'est nouveau et plus large que ce qu'on avait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exact.
M. Gendron: D'accord,
Une voix: II est dans l'article 38 aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il est à l'article 38.
À l'article 137.9: "La commission peut, pour cause, réviser ou
révoquer une décision qu'elle a rendue."
M. Gendron: Rapidement parce que je trouve que cela me satisfait
comme réponse pour ce qui est de l'article 49. Et l'article
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la question du droit
à l'audition qui est reprise en ce qui concerne le commissaire du
travail. Maintenant, elle est reprise pour la commission. Nous vous
référons à l'article 38, 137.5.1: "La commission doit,
avant de prendre une décision, fournir aux parties l'occasion de
présenter leurs observations."
M. Gendron: M. le Président, nous allons accepter
l'article 24.
Le Président (M. Théorêt): L'article 24 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 25.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 25 se lit comme
suit...
M. Gendron: Un instant, s'il vous plaît! Le
Président (M. Théorêt): Oui.
M. Gendron: Je sais que vous faites... C'est correct d'appeler
l'article 25, sauf que nous avions un amendement à proposer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Celui dont vous nous aviez
parlé tantôt. J'avais oublié.
M. Gendron: Oui. Voilà!
Le Président (M. Théorêt): À l'article
24.1, c'est cela?
M. Gendron: À l'article 24.1.
Le Président (M. Théorêt): Que vous voulez
proposer?
M. Gendron: Oui, cela ne sera pas long. La difficulté que
j'ai - on va demander une minute ou deux - c'est que l'article 24.1 est
très bien rédigé et très convenable, vu le travail
qu'on a de fait sur certains autres articles et si je vous déposais une
certaine partie de mon article 24.1, je suis convaincu que... Probablement que
si vous faisiez votre job sans porter de jugement et correctement, vous me le
refuseriez pour un petit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne sera pas le premier. Mais
on n'a pas fait beaucoup de procédure jusque-là.
M. Gendron: Au cas où le président décide
d'en faire, il y a un petit bout qui fonctionne moins bien, vu le travail qu'on
a
de fait. Cependant, très sérieusement, je suis convaincu
qu'il y a lieu de présenter un article 24.1, mais qui ne touche pas deux
aspects que je couvrais dans l'article 24.1 libellé tel que je l'ai
fait. Je vais vous en déposer un qui va être manuscrit, mais je
voudrais prendre une minute pour m'assurer que.... Il faut que mon conseiller
me conseille comme il faut.
Le Président (M. Théorêt): On suspend pour
quelques minutes.
M. Gendron: Deux ou trois minutes, oui. (Suspension de la
séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 14).
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je
vais demander au député d'Abitibi-Ouest de bien vouloir nous lire
l'amendement ou l'article qu'il propose qui s'appellerait l'article 24.1.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je pense qu'il y a lieu
d'ajouter un article 24.1. Ce sur quoi je vais expliquer la
nécessité de faire un ajout n'est pas touché actuellement
par le projet de loi créant la nouvelle Commission des relations du
travail. À l'article 24, on ne fait aucunement référence
à ce dont je vais discuter, sauf que je prétends que c'est
là que cela se place.
Pour bien comprendre la présentation de l'amendement, car
l'amendement est le suivant: Ajouter un article 24.1 qui se lirait comme suit:
"L'article 100.10 est modifié en retranchant, à la
deuxième ligne, les mots "à l'article 59 ou". Ainsi de suite. Il
faudrait avoir le Code du travail et, pour ceux qui ne l'ont pas, je
l'explique. Le Code du travail dit, à l'article 100.10: Pour ce qui est
de l'arbitrage quant au maintien des conditions de travail, on indique: "Une
mésentente relative au maintien des conditions de travail prévu
à l'article 59 - et on va y revenir -ou à l'article 93.5, doit
être déférée à l'arbitrage par l'association
de salariés intéressée comme s'il s'agissait d'un
grief.".
Pour ce qui est du bout de l'article 93.5, je pense qu'on l'a couvert
tantôt dans les explications du ministre. Si on retourne à
l'article 59 du Code du travail, car rappelez-vous toujours que l'amendement
proposé indique qu'on voudrait que soient retranchés les mots,
à l'article 59..., là, cela veut dire très simplement que
je souhaiterais que l'article 59, lui, soit sous la juridiction de la
Commission des relations du travail parce que, si on s'en va à l'article
59, M. le Président, voilà ce qu'on dit quant au maintien des
conditions de travail: "À compter du dépôt d'une
requête en accréditation et tant que le droit de lock-out n'est
pas acquis ou qu'une sentence arbitrale..." ainsi de suite, toute cette
question est véritablement reliée, les suites, en somme, sont
reliées au pouvoir d'accréditation.
Tantôt, le ministre a dit: En ce qui regarde l'arbitrage de la
première convention collective et les conditions du travail s'y reliant,
je ne souhaite pas, pour le moment, que la Commission des relations du travail
ait cette responsabilité. Je ne veux pas changer. Je veux que cela
demeure sous la responsabilité du ministre ou du ministère du
Travail. Mais, pour ce qui est des pouvoirs reliés à
l'accréditation, il me semble que, si on retranchait les dispositions
d'abroqer l'article 110 pour ce qui est de l'article 59, à ce
moment-là, on est au moins dans la logique, la responsabilité des
questions entourant le domaine de l'accréditation, soit uniquement, dans
un même champ de juridiction, c'est-à-dire à la Commission
des relations du travail. C'est pourquoi je pense que le ministre devrait
être très sympathique, très ouvert et très
réceptif à l'acceptation de cet amendement qui va exactement dans
le sens des discussions que nous avons eues jusqu'à maintenant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je pourrais obtenir une
précision de l'Opposition sur cet amendement?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que l'objectif que vous
visez est que ce soit la commission qui va décider de
déférer à l'arbitre ou est-ce la commission qui
procéderait à l'arbitrage?
M. Gendron: Non, c'est la commission qui le règle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On réalise, lorsqu'on fait
cette demande, qu'on est sur des conditions de travail sur le fond comme tel,
qu'on n'est pas dans des situations de grèves illégales, de
lock-out illégaux, de pratiques déloyales, mais dans le cas d'une
première convention collective et on peut reprendre tout
l'argumentaire...
M. Gendron: C'est le cas d'une première convention
collective.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À compter du
dépôt d'une requête en accréditation, on ne peut pas
être rendu à la deuxième.
M. Gendron: Un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela
peut être une deuxième?
M. Gendron: Regardez, M. le ministre, en attendant...
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): En cas de maraudage?
M. Gendron: Non, en attendant la décision du commissaire
concernant la reconnaissance de l'accréditation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Modifications aux conditions de
travail.
M. Gendron: Voila! II peut y avoir des modifications aux
conditions de travail. L'employeur peut décider de couper de 0,50 $
l'heure en attendant et, à ce moment, la commission est incapable de
prendre des décisions et des avis; c'est pourquoi on veut que ce soit la
commission qui règle l'affaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si j'avais l'accord de
l'Opposition, je ne rejetterais pas cet article du revers de la main. On
pourrait, si vous étiez d'accord, suspendre l'adoption ou la
non-adoption de l'article, et je suis prêt à regarder cela
attentivement. Je sais que cette demande provient de deux centrales, si ma
mémoire est fidèle, la FTO et la CEQ.
Toujours dans le souci de maintenir l'équilibre dont je vous
parlais, cette demande n'est pas, à première vue,
déraisonnable, mais j'aimerais prendre le temps d'en analyser les
conséquences.
M. Gendron: Je veux vous donner un exemple précis, parce
qu'il n'y a pas de cachette à vous faire. Oui, cette demande est
souhaitée, à ma connaissance, par trois porte-parole syndicaux,
mais ce n'est pas important de s'obstiner sur le nombre. Dans votre
réflexion, M. le ministre, si on décide de le laisser en suspens,
je souhaiterais que vous teniez compte de l'exemple que je vais citer. Si un
employeur sait, par exemple, que dans quelques semaines, il peut se prendre un
vote sur l'accréditation concernant la vérification des 50 % de
membres d'unité d'accréditation qui sont d'accord et que, avant
que le vote se prenne, il décide entre autres de couper ou de modifier
les conditions de travail - sans parler de coupures - mais son objectif est
clair, c'est pour influencer le vote d'accréditation qui s'en
vient...
Une voix: ...
M. Gendron: Non, non, mais cela peut être dans les deux
sens. S'il veut influencer le vote d'accréditation, bien sûr. Vous
dites: Oui, mais c'est prévu de référer cela à
l'arbitre. Mais êtes-vous au courant que, si c'est pour être
référé à l'arbitre, c'est 90 jours? Alors, si
l'arbitre prend 90 jours, comme le prévoit le Code du travail, on risque
de manquer le bateau, compte tenu du délai. C'est pour cela qu'avec une
telle disposition, si cela relevait de la commission qui est bien mieux
équipée pour réqler cela puisque ce sont toutes des choses
reliées au pouvoir d'accréditation, il me semble que de telles
pratiques dites déloyales ne pourraient s'exercer.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Oui, juste...
M. Gendron: Compte tenu - juste une minute, je complète -
du pouvoir que la commission a - je ne sais pas à quel article de rendre
une décision provisoire, la Commission des relations du travail, ayant
le pouvoir de rendre une décision provisoire, on écarte le danger
que je viens d'évoquer. Je voudrais que vous preniez ie temps de
regarder cela, en termes d'évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai qu'il y a du pour et
du contre. Je vais le regarder et je vais tenir compte de l'argument que vous
venez d'apporter, compte tenu des délais d'arbitrage qui sont de 90
jours, etc. Je vous avouerai que, jusqu'à ce que vous apportiez un
amendement, je n'avais pas l'intention d'en discuter avec mes conseillers, mais
que je vais le faire.
M. Théorêt: Je voudrais juste ajouter, M. le
ministre, que vous prenez en considération aussi que,
concrètement, quel que soit l'employeur qui déciderait de couper
les salaires, cela changerait drôlement le vote, mais contre lui, d'une
part. Je pense que l'accréditation serait beaucoup plus forte
qu'à 35 % ou à 50 % même, s'il décidait cela.
D'autre part, s'il décidait de faire pression de l'autre
côté et d'auqmenter les salaires, cela pourrait devenir
très dangereux, parce que cela deviendrait la nouvelle base de
négociation d'une convention collective. Concrètement, je ne
connais pas...
M. Gendron: M. le Président, je souhaite que le ministre
s'en tienne moins à l'exemple de la coupure, parce qu'il ne s'agit pas
tellement de cela. Je veux juste dire que, dès que s'amorce un mouvement
qui a pour conséquence d'influencer le comportement des personnes
concernées sur le vote qui s'en vient, cela peut créer toutes
sortes de situations problématiques. Le problème qu'on a... On
dit: C'est la commission qui s'occupe de l'accréditation. C'est elle qui
va être habilitée à vérifier comment fonctionne tout
le processus. Et là, on référerait le tout
à la mécanique actuelle: 90 jours d'arbitrage, etc. Il me
semble que la Commission des relations du travail sera bien mieux
équipée pour porter un jugement rapide sur ce qu'il y a lieu de
faire dans un cas comme celui que je viens d'illustrer et,
indépendamment du montant de la coupure en plus ou en moins. Mais,
n'importe quel comportement qui a comme conséquence d'infléchir
ou de modifier l'intention que les concernés demandeurs de
l'accréditation demandaient, mérite qu'on regarde cela et qu'on
l'analyse. C'est dans ce sens que l'amendement est soumis.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 24.1 sera
suspendu jusqu'à demain?
M. Théorêt: II n'y a pas d'article 24.1. L'article
24.1 proposé est suspendu.
Le Président (M. Baril): L'amendement. Article 25. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 25 se lit comme suit:
"L'article 101 de ce code est modifié par le remplacement de la
deuxième phrase par la suivante: "Une partie peut déposer la
sentence arbitrale au bureau du protonotaire de la Cour supérieure;
l'article 137.10 s'y applique avec les adaptations nécessaires.".
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Juste une seconde. Je me suis
référé à l'article 101 du Code du travail. Que veut
dire la justification de laisser tomber... "s'applique à la sentence
arbitrale mutatis mutandis"? C'est cela, l'objet. Vous remplacez ce passage par
le suivant: "Une partie peut déposer la sentence arbitrale au bureau du
protonotaire..."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la nouvelle façon de
le rédiger. Ce qui remplace l'article 19, dans notre projet de loi,
c'est l'article 137.10, et, au lieu d'indiquer mutatis mutandis, on
écrit: "s'y applique avec les adaptations nécessaires". C'est le
nouveau vocabulaire.
M. Gendron: Ah bon! Mais le droit pour une partie de
"déposer la sentence arbitrale au bureau du protonotaire de la Cour
supérieure; l'article 137.10 s'y applique avec les adaptations
nécesssaires". - je comprends cela - ce n'est pas un droit nouveau, il
existait dans l'ancien Code du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II existait à l'article 101
qui se lisait ainsi: "La sentence arbitrale est sans appel, lie les parties et,
le cas échéant, tout salarié concerné. L'article
19.1 s'applique à la sentence arbitrale mutatis mutandis." L'article
19.1, c'était la capacité de faire homologuer les
décisions dans le cas des articles 15 et 19.
M. Gendron: Toute la référence "une partie peut
déposer la sentence...", c'est pour homologation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour homologation au bureau
du...
M. Gendron: L'objectif du dépôt, c'est
l'homologation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. Gendron: Cela va,
M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 25 est-il
adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): Article 26. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Les articles 101.6 et 101.7 de ce
code sont remplacés par les suivants: "101.6 L'arbitre doit transmettre
la sentence, en deux exemplaires ou copies conformes à l'original, au
ministère du Travail et en transmettre copie, en même temps,
à chacune des parties. "101.7 À défaut par l'arbitre de
rendre sa sentence dans le délai de l'article 101.5 ou de la transmettre
au ministère et aux parties conformément à l'article
101.6, la commission peut, à la demande d'une partie, rendre
l'ordonnance qu'elle juge nécessaire pour que la sentence soit rendue et
transmise dans les meilleurs délais."
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'article 101.6, le
changement est à peu près le suivant. On remplace les mots "au
greffe du bureau du commissaire général du travail", le bureau
n'existant plus, le greffe n'existe plus, par les mots "au ministère du
Travail". Il s'agit de concordance.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Gendron: C'est-à-dire le paragraphe 101.6 parce que
c'est de la concordance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À
l'article 101.7, on remplace, au milieu du paragraphe - après les
mots "l'article 101.6" - les mots "le Tribunal du travail" par les mots "la
commission peut".
M. Gendron: C'est également de la concordance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est également de la
concordance.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. M. Gendron:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Article 27, s'il vous
plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 27 se lit comme suit:
"L'article 101.8 de ce code est modifié par le remplacement, dans la
quatrième ligne, des mots "greffe du bureau du commissaire
général du travail" par "ministère".
Encore une fois, il s'agit d'un article de concordance. À la
toute fin de l'article 101.8, si vous le lisez, on indiquait "le bureau du
commissaire général du travail" et on écrit "au
ministère" pour tenir compte de l'article 101.6.
M. Gendron: Je suis du même avis, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): L'article 27 est adopté.
Article 28. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 28 se lit comme suit:
L'article 101.10 de ce code est abrogé.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je le vois bien qu'il est abrogé, mais
j'aimerais qu'on me donne un peu plus d'explications.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article...
M. Gendron: Je veux savoir pourquoi on l'abroge. Toujours pour
les mêmes raisons, c'est difficile d'avoir le temps de s'y
référer. À ma connaissance, il y a des intervenants qui,
lors des auditions, ont prétendu que, pour eux, c'était une
disposition dommageable à l'entreprise à tout le moins. (17 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vois l'argument que vous
sembiez vouloir déveloDper, c'était la constitution du dossier.
Les gens disaient: S'il n'existe pas de dossier, comment voulez-vous que l'on
aille en appel? Ce n'est pas cet article-là qui y touche.
L'article 101.10 se lit tel qu'il existe présentement: "Le
greffier ou, à défaut de ce dernier, une personne dûment
autorisée par le commissaire général du travail peut
certifier conforme toute sentence arbitrale qui a été
déposée suivant l'article 101.6.".
Ce que nous vous disons, c'est que nous l'abrogeons, parce que nous
prétendons et nous pensons à bon droit que ces
éléments sont compris dans l'article 10 de la Loi sur le
ministère du Travail.
Les sentences étant maintenant à l'article 101.6, comme
nous venons de le voir, transmis au ministère, c'est la loi du
ministère qui s'applique. Sur le plan de l'application de la loi du
ministère qui peut certifier conforme toute sentence, c'est la loi du
ministère qui s'applique, à son article 10, qui a
l'équivalent de ce qu'il y avait là autrefois.
M. Gendron: Vous prétendez que puisqu'ils sont rendus au
ministère du Travail...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministère qui
s'applique...
M. Gendron: ...que cela doit être la loi du
ministère qui s'applique pour la question concernant la certification de
ces ententes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, la certification conforme,
c'est exact.
M. Gendron: Oui, à savoir si c'est conforme ou pas. C'est
le ministère qui doit émettre l'espèce de "Québec
approuve".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'a plus besoin de la
procédure spéciale parce que l'article 101.6 prévoyait
autrefois que c'était déposé au greffe du commissaire
général du travail. L'article 101.6, tel qu'amendé,
prévoit que c'est déposé au ministère du Travail.
L'article 101.10 prévoyait qu'au commissaire général du
travail, cela prenait une personne dûment autorisée pour certifier
conforme. Maintenant on dit: Maintenant que c'est déposé au
ministère du Travail, c'est la loi du ministère du Travail qui
s'applique sur la conformité des...
M. Gendron: M. le ministre, le mécanisme de certification
n'est pas modifié. II devait y avoir un mécanisme pour que le
concerné puisse estampiller "copie conforme". Il devait y avoir une
gestion là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous faire lecture de
l'article 10 de la loi du ministère pour vous rassurer que c'est
toujours certifié conforme, qu'il existe toujours une procédure
de certification.
M. Gendron: Si vous me dites que c'est la même
procédure, l'important pour moi c'est que quand quelque chose
disparaît et que vous le justifiez sur la base que c'est un
déplacement et non un changement, parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas une procédure,
c'est une question de personnification, si je peux utiliser ce terme. On
disait: Une personne dûment autorisée par le commissaire
général du travail. Dans la loi du ministère à
l'article 10, on doit dire: un personne dûment autorisée. C'est la
même chose.
M. Gendron: D'accord, M. le ministre, mais cette
personne-là fait le job, si vous me permettez l'expression, mais suivant
des règles qui lui permettent de poser le sceau de certification.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais ce n'est pas ce que vise cet
article-là.
M. Gendron: L'article 101.10 ne visait pas cela du tout?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 101.10 dit: "Le greffier
ou, à défaut de ce dernier, une personne dûment
autorisée par le commissaire général du travail peut
certifier conforme toute sentence arbitrale qui a été
déposée..."
Cela ne dit pas s'il doit prendre un sceau signé, etc., cela dit
juste qui doit faire le job.
M. Gendron: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 10 du ministère
dit: "Toute copie d'un document faisant partie des archives du ministère
certifiée conforme par une personne visée dans l'article 7 est
authentique et a la même valeur que l'original." L'article 7 dit ce qui
suit: "Aucun acte, document ou écrit n'engage le ministère ou ne
peut être attribué au ministre s'il n'est signé par lui,
par le sous-ministre ou par un membre du personnel du ministère, mais
uniquement dans ce dernier cas dans la mesure déterminée par
règlement du gouvernement." La question est que la personne qui signe
doit être dûment autorisée.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'article 29. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 29 se lit comme suit:
"L'article 102 de ce code est modifié par le remplacement, dans la
dernière ligne, du chiffre "101.10" par "101.9".
C'est une question de concordance, si ma mémoire est
fidèle.
M. Gendron: C'est exact, vu qu'on a fait sauter l'article
101.10.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): L'article 29 est-il
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Baril): Adopté. L'article 30.
De la réglementation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous tombons dans la section IV.
L'article 30 se lit comme suit: "L'article 103 de ce code est modifié
par l'addition, à la fin du premier alinéa, des mots ", la
procédure à suivre pour le dépôt d'une sentence
arbitrale et les renseignements que l'arbitre de grief doit fournir sur la
durée des étapes de la procédure suivie pour
l'arbitrage.".
L'article 103 original se lisait comme suit: "Le gouvernement
détermine, par règlement, la rémunération des
arbitres de différend et de grief. "Il peut aussi faire tout
règlement jugé nécessaire pour donner effet aux
dispositions du chapitre IV.". Cela se lit: "Le gouvernement détermine,
par règlement, la rémunération des arbitres des
différends et des griefs, la procédure a suivre pour le
dépôt d'une sentence arbitrale et les renseignements que l'arbitre
de grief doit fournir sur la durée des étapes de la
procédure suivie pour l'arbitrage. Il peut aussi faire tout
règlement jugé nécessaire pour donner effet aux
dispositions du chapitre IV."
Une voix: C'est un pouvoir réglementaire...
M. Gendron: C'est parce que le ministre du Travail accepte qu'il
s'agît là d'ajouter la procédure de dépôt qui
n'existait pas auparavant. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de mention
dans l'ancien article 103...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, le commissaire...
M. Gendron: Non, mais regardez, il n'y avait pas de mention dans
l'article 103 concernant la procédure de dépôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Le pouvoir de
réglementer...
M. Gendron: Là, à l'article 30 du projet de loi
créant la nouvelle Commission en relations du travail, vous libellez
quelque chose à la fin de l'article 103 qui est un ajout concernant la
procédure de dépôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un ajout, vous avez raison.
Mais pour faciliter la compréhension pourquoi c'est inclus à 103,
c'était qu'à 138e, le commissaire avait le pouvoir
d'établir la procédure à suivre pour le dépôt
d'une sentence arbitrale et les renseignements que l'arbitre de grief doit
fournir sur la durée des étapes et la procédure suivie
pour l'arbitrage.
Dans l'article 138e, tel qu'il existe présentement, nous
considérions qu'il s'agissait de renseignements importants, que l'on
devait conserver ce pouvoir et nous l'avons inclus à l'article 103, en
ajoutant après "de différend et de grief", les trois lignes et
demie que vous venez de souligner qui sont nouvellement ajoutées. Mais
on ne les prend pas dans le vide. Ce n'est pas un nouveau pouvoir. On va
à l'article 138e et on l'inclut là.
M. Gendron: Je pense, M. le Président, que le ministre du
Travail a raison, c'est une disposition qui est reliée à la
procédure de dépôt, mais qui existait auparavant et qui
appartenait au commissaire général.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Gendron: Dorénavant, ce sera... Qui l'exercera?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le gouvernement qui va
déterminer par règlement la rémunération des
arbitres de différent grief et la procédure à suivre pour
le dépôt d'une sentence arbitrale et les renseignements que
l'arbitre de grief doit fournir sur la durée des étapes de la
procédure suivie pour l'arbitrage.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): Donc l'article 30 est
adopté?
M. Gendron: Cela va. Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 31, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article 31. "Ce code est
modifié par l'insertion, après l'article 109.4, de l'article
suivant: "Une contravention à l'article 109.1 ne donne pas ouverture
à une plainte à la commission.".
C'est toute la question de l'argumentation sur l'article... sur lequel
vous avez sans doute un amendement.
M. Gendron: Oui, M. le ministre, parce que je voulais vous
laisser... Oui, et il n'est pas compliqué. Alors, on va déposer
l'amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II va être clair?
M. Gendron: II va être très clair.
...longuement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous en avons pris connaissance,
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Déjà, M. le ministre'' M. Paradis
(Brome-Missisquoi): Déjà. Enquête
M. Gendron: M. le Président, on ne fera pas toute
l'argumentation qui a été faite, tout autant en deuxième
lecture qu'en réaction aux remarques préliminaires, avant les
audiences des groupes concernés sur le projet de loi, de même que
les remarques de clôture à la suite des audiences qui ont
été tenues. Je vais lire l'amendement; "Par le remplacement de
l'article 31 par le suivant, l'article 109.4 de ce code est abrogé". On
pense qu'il y a lieu d'abroqer l'article 109.4 du Code du travail pour
permettre effectivement que la Commission des relations du travail puisse avoir
juridiction sur les dispositions antibriseurs de grève.
Je ne veux pas faire un long plaidoyer, mais ce qui est prévu
actuellement au Code du travail est un mécanisme inapproprié par
rapport à l'évolution des conflits de relations du travail
où il y a eu des mesures qui ont dû être prises concernant
l'interprétation par l'une ou l'autre des parties que dans certains
conflits il y avait eu des briseurs de grève.
C'est un processus d'enquête qui ne finit plus, un processus
d'enquête qui ne donne pratiquement rien, selon tous ceux qui ont
porté un juqement analytique là-dessus. On dit: M. le ministre,
vous présentez une nouvelle Commission de relations du travail, mais
vous l'entachez, dès le départ, de dispositions sur lesquelles on
peut se faire un jugement analytique. On peut se faire un
jugement qui fait que les parties attestent que la procédure que
vous connaissez et qui s'applique actuellement ne permet pas de donner des
résultats qui, je pense, faciliteraient une bonne gestion des relations
du travail, par le processus d'enquête que vous connaissez, à deux
égards. Le seul recours, c'est l'injonction ou la plainte pénale.
Ce sont les seuls recours qui existent actuellement dans les dispositions. Une
commission des relations du travail nouvellement créée qui aurait
une juridiction sur les dispositions antibriseurs de grève, parce qu'en
termes de climat et de toutes sortes de conséquences sur un conflit de
travail, vous n'êtes sûrement pas sans savoir que cela a des
impacts et des implications soit dans le cheminement d'un règlement
éventuel ou dans les dispositions ultérieures d'un conflit de
travail qui oblige; soit envisager l'arbitrage, l'injonction ou peu importe. Je
ne veux pas faire tout le plaidoyer, mais il me semble que c'est à ce
moment qu'on a l'occasion d'entendre davantage, non pas en présence des
gens qui sont venus en audience, pour certains, vous dire que ces dispositions
devraient faire partie du projet de loi mais à tête
reposée, autour de l'article précis où le ministre
pourrait davantage nous donner les raisons sur lesquelles il prétend
s'appuyer pour dire: Non, je ne suis pas d'accord d'envisager que la gestion
antibriseur de grève, c'est-à-dire les dispositions antibriseurs
de grève, comme on va vous le réclamer également sur le
piquetage ne soient pas de responsabilité ou de juridiction d'une
nouvelle commission qui, pourtant, aura la responsabilité nouvelle de la
plupart du suivi, de l'analyse, des mécanismes des relations du travail
entourant un conflit appréhendé, un conflit réel ou peu
importe. Il me semble que le ministre du Travail devrait profiter de cette
occasion pour nous donner davantage d'éclairage ou de lumière,
toujours selon sa vision des choses -je répète que c'est lui qui
a la responsabilité de porter ce projet de loi et non pas celui qui vous
parle - pour soustraire de la juridiction de sa nouvelle commission les
dispositions quand même aussi importantes en 1987 et probablement les
années futures des conflits de travail de cet aspect briseur de
grèves ou antibriseur de grève. Pour l'instant, je n'irai pas
plus loin. J'aimerais que vous tentiez de me convaincre que vous avez raison -
cela a l'air d'être votre prétention - que tout cela doit faire
partie d'un autre volet où un jour on atterrira comme législateur
avec une réforme beaucoup plus large et beaucoup plus d'envergure du
Code du travail où seront à ce moment incluses ces dispositions
et d'autres. Qu'entre les centrales syndicales ou d'autres on dit: Bien,
écoutez, M. le ministre, toutes les pratiques déloyales en cours
de grève, non pas seulement les dispositions antibriseurs de
grève, eux, ils ajoutaient les pratiques en fin de conflits de travail,
la question de l'opposition d'une première convention collective,
l'obligation de négocier de bonne foi, le maintien des conditions de
travail, toutes les questions connexes à ce qu'on appelle habituellement
les diverses pratiques déloyales ou illégales qui peuvent se
développer dans les conflits. Je fais seulement ajouter que pour ce qui
est des dispositions antibriseurs de grève on dit: II est inacceptable
que les dispositions antibriseurs de qrève échappent
complètement au pouvoir d'intervention d'une commission. On ajoutait:
Assurer le respect du code et l'appliquer efficacement exige l'intervention
contemporaine à la violation et ce, pour qu'elle puisse cesser au moment
opportun. Il est donc nécessaire d'agir en conflit et non après.
La difficulté - c'est un peu neuf - de ma plaidoirie c'est que les
dispositions actuelles font qu'il y a le conflit et la résultante
après: les enquêteurs et le processus d'enquête et,
qu'après que c'est probablement réglé, là on
donnait un avis sur ce qui c'était passé quant à
l'interprétation factuelle d'avoir contrevenu ou pas au Code du
travail... Mais ce n'est pas qu'après que le conflit soit passé
comment est-ce qu'on arrivera et qu'on dira: Écoutez, oui, il y a eu tel
et tel manquement aux directives du Code du travail et vous avez raison ou
tort. Mais il me semble que lors d'un conflit de travail, il est
nécessaire d'agir au moment où le conflit se vit et non pas
après. La sanction pénale à la violation des dispositions
antibriseurs de grève siqnifie que le code entend privilégier
l'amende pour les pratiques déloyales des employeurs, alors qu'il y
aurait peut-être lieu d'inventorier d'autres mécanismes, d'autres
motifs. Selon l'Opposition et selon les intervenants, en évinçant
des responsabilités de la commission les dispositions antibriseurs de
grève de sa compétence, le projet de loi traduit la
volonté du gouvernement de refuser que les sanctions soient
véritablement appliquées, parce que selon l'analyse que l'on peut
faire de la situation présente, c'est ce qu'il se passe. J'aimerais que
le ministre réagisse à l'éventuelle possibilité
d'inclure à la Commission des relations du travail les dispositions que
nous réclamons. (17 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Premièrement, on m'indique
que s'il fallait donner notre aval à l'amendement tel que proposé
par l'Opposition, tel que rédiqé, on risquerait de créer
un certain vide. Il s'agirait plutôt, pour atteindre les objectifs que
vous visez, de remplacer peut-être "ministre" par "commission"; sur le
plan de l'article, on aurait encore les mesures antibriseurs de grève,
mais on n'aurait plus personne pour les sanctionner. Cela pourrait être
le problème qui découlerait de
l'abolition pure et simple de l'article 109.4.
Maintenant sur le fond, parce que c'est de la forme comme telle...
M. Gendron: ...de ne pas arranger la forme, pour que vous ne
tombiez pas dans le vide.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le fond, je vous indiquerais
que s'il y a un endroit où il n'y a pas de consensus patronal -
syndical, c'est la question antibriseurs de grève. J'ai l'impression que
s'il fallait donner le pouvoir à la commission, on risquerait
sérieusement de perturber sa crédibilité auprès du
patronat dans le contexte actuel. Maintenant, si vous me demandez si un jour,
si cela demeure, cela doit aller tout ensemble, j'ai tendance à dire que
ces éléments doivent être regroupés au même
endroit. Mais le faire au moment où nous nous parlons, ce serait
compromettre sérieusement les chances de succès dans le
fonctionnement de la commission, de sa crédibilité à
court, à moyen et à long terme. Dans les circonstances, nous
avons jugé propice et approprié de poursuivre
l'expérimentation des mesures antibriseurs de grève dans le cadre
où elles sont connues des parties. J'ai même posé des
questions aux parties qui ont comparu quant à l'exercice comme tel de ce
pouvoir par le ministre de nommer un enquêteur, etc. S'il y avait eu des
expériences négatives avec celui qui vous parle ou avec ceux qui
m'ont précédé à ce poste depuis que ces mesures ont
été incorporées au Code du travail, il n'y a pas eu de
plaintes comme telles, mais on a quand même sur le plan syndical
manifesté le souhait que ce soit regroupé sous la juridiction de
la Commission des relations du travail; mais dans les circonstances, j'ai une
impression très claire que ce serait miner la crédibilité
de l'organisme quant à une des parties importantes au dossier.
Les savants juristes qui m'avaient dit qu'il y avait des risques sur le
plan de la forme, "retire la forme", et je le dis pour le
bénéfice de votre conseiller, serait acceptable. Vous atteindriez
l'objectif que vous visez.
M. Gendron: Cela m'aurait surpris. Je vous le dis, nous n'en
avons pas beaucoup mais on en a un bon, il ne fait pas d'erreur ou à peu
près pas. Merci.
M- Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous retiens.
M. Gendron: M. le ministre, est-ce qu'il serait possible à
ce moment-ci que vous nous donniez davantage d'éléments
d'information sur le jugement que je portais tantôt. Je vais m'expliquer.
Quand les centrales syndicales sont venues nous dire qu'actuellement le
processus d'enquête ne mène à rien, ne donne rien, cela
peut être une vision au figuré, cela peut être une vision
grossie; mais vous, qui êtes ministre du Travail, avez sûrement
quelques données à nous mettre sous la dent pour qu'on puisse se
faire un meilleur jugement concernant les résultats concrets de dossiers
qui effectivement auraient suivi le processus d'enquête suite à
une plainte indiquant que les dispositions antibriseurs de grève
n'auraient pas été respectées telles que prescrites au
Code du travail. Vous devez avoir un certain volume de plaintes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'appelle cela des 109.4 dans le
jargon, j'en signe régulièrement pour nommer un enquêteur.
Au moment où nous nous parlons, le fardeau appartient à la partie
syndicale de poursuivre une fois le rapport de l'enquête connu et le
souhait de la partie syndicale, c'est qu'un tiers s'occupe de cette partie du
dossier, c'est-à-dire qu'un tiers assume la responsabilité
d'intenter des poursuites. Mais au moment où nous nous parlons,
lorsqu'il y a une demande d'enquête, sauf exception, nous donnons suite
à la demande d'enquête et d'ailleurs les parties en ont
témoigné. Mes prédécesseurs faisaient la même
chose. Maintenant, il appartient aux syndicats, une fois le rapport
d'enquête produit, d'intenter des poursuites. Là, le syndicat
souhaiterait se décharger de cette responsabilité sur un tiers.
Au moment où nous nous parlons, je dis que ce n'est peut-être pas
le moment de changer cette responsabilité de place.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, c'est parce que je...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être vous
donner quelques statistiques.
M. Gendron: J'aimerais bien, avant d'aller plus loin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des demandes
d'enquête reçues, c'est quasiment tout par mes
prédécesseurs. Je vous donne 1983-1984, 1984-1985, 1985-1986. En
1983-1984: 92. En 1984-1985: 90. En 1985-1986: 133. Maintenant, le pourcentage
de rapports d'infraction, les plaintes positives ou accueillies suite à
l'enquête, en 1983-1984: 37 %, en 1984-1985: 36 %, et en 1985-1986: 37 %.
Cela ne veut pas dire qu'il y a condamnation. Cela veut dire que le rapport de
l'enquêteur nommé par le ministre conclut à ce qu'il y a
infraction dans 36 % ou 37 % des cas.
M. Gendron: Des 36 %, 37 % selon les
années, des rapports d'enquêteurs, combien y en a-t-il
effectivement qui se retrouvent a un autre palier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne l'a pas
présentement, on va le chercher et vous le donner.
M. Gendron: Je trouve que cela n'apparaît pas fait, parce
que vous avez dit: Oui, mais les syndicats ne veulent pas prendre de
responsabilité sur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas ce que je dis.
M. Gendron: Non, non, sur la partie ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Soit que quelqu'un d'autre la
prenne. Je n'ai pas dit qu'ils ne la prenaient pas. J'ai dit qu'ils
souhaitaient que quelqu'un d'autre la prenne.
M. Gendron: Bon, justement parce que vous avez dit cela, M. le
ministre du Travail, est-ce que ce n'est pas plutôt parce qu'ils sont
convaincus qu'il n'y a pas de processus suite à la conclusion par le
rapport de l'enquêteur que, oui, il y a véritablement
matière à infraction qui conduit ailleurs que dans des
dédales à ne plus finir dans le domaine pénal et qui se
conclut véritablement par quelque chose en termes de résultat qui
n'a plus rien à voir après que le conflit a eu lieu. Est-ce que
vous ne croyez pas que ce n'est pas plutôt pour cela qu'ils n'exercent
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est une raison
mixte. Il y a sans doute une raison d'efficacité qui les anime dans
leurs demandes ainsi qu'une raison... Quand on peut le faire faire plus
efficacement par quelqu'un d'autre, on souhaite le faire faire plus
efficacement par quelqu'un d'autre. C'est aussi simple que cela.
M. Gendron: Si je comprends bien, on prendrait une heure sur les
chiffres, décortiquer cela et regarder cela. Vos raisons, vous l'avez
indiqué, ce n'est pas vraiment pour ce que j'appelle partager le
diagnostic que oui ou non, le pouvoir d'enquête ne mène pas
à grand-chose. Ce n'est pas sur ce plan qu'est votre problème.
C'est plus en ce qui concerne une réaction fondamentale où vous
dites, pour des raisons d'équilibre - que vous êtes intervenu
sauvent sur cette question - vous ne souhaitez pas que les dispositions
antibriseurs de grève soient sous la responsabilité de la
nouvelle Commission des relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez deux revendications
patronales quel que soit le gouvernement en place, vous faisiez partie de
l'autre gouvernement, qui reviennent sans cesse, qui sont martelées
à chaque assemblée générale annuelle de toutes les
associations patronales, vous avez la question des dispositions antibriseurs de
grève et la question de l'application des articles 45 et suivants, les
sous-contractants au Code du travail, les parties patronales disent aux
législateurs québécois: Cela nous place dans une situation
qui n'est pas concurrentielle; nous présentons comme législateurs
d'autres arguments en réponse mais cela revient constamment. Au moment
où nous nous parlons, il s'agit de questions qui sont fort volatiles. La
question de l'article 45 est présentement devant la Cour suprême
du Canada. La cause a été entendue au mois de décembre, le
jugement est en délibéré, nous attendons le jugement quant
à l'interprétation de l'article 45 du Code du travail. Quant
à cette question, je suis d'opinion que s'il fallait y toucher, au
moment où nous nous parlons, dans le cadre d'une réforme de
structure, ce serait interprété comme étant une
réforme de fond quant aux dispositions antibriseurs de qrève et
cela risquerait de nuire considérablement à l'acceptation minimum
nécessaire par la partie patronale de la mise en place d'une Commission
des relations du travail.
M. Gendron: Mais est-ce que vous ne croyez pas, effectivement,
que le ministre du Travail contribue à ce que cela soit qui sera
accrédité en n'apportant pas des dispositions à cette
mesure, qui quand même concerne les relations du travail et sont à
peu près présents dans plusieurs conflits.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu à intervenir
publiquement à l'occasion de discours prononcés devant des
associations syndicales et patronales sur ces éléments. Ce que je
vous dis c'est qu'au moment où l'on se parle, les responsabilités
que nous confions à la commission nous semblent être des
bouffées importantes et que s'il fallait en ajouter, on risquerait
l'indigestion. L'évaluation du risque que l'on fait, dans le calcul du
risque que l'on fait, dans l'appel à la collaboration et à la
maturité des parties impliquées pour qu'elles acceptent
d'emblée l'instauration d'une Commission des relations du travail au
Québec, le choix politique le plus raisonnable et le plus sage pour
assurer une chance de succès dans le fonctionnement de la commission
nous apparaît être celui que nous retenons par l'addition de
l'article 109.5.
M. Gendron: Compte tenu de l'heure, M. le Président, je ne
détesterais pas cependant, M. le ministre, que vous puissiez à
l'heure du souper, si c'était possible, nous revenir à huit
heures de nous donner quelques statistiques en particulier sur les
dossiers qui, suite au jugement porté par l'enquêteur
indiquant qu'il y avait lieu d'ordonner un pouvoir de redressement ou non,
combien y a-t-il de cas effectivement qui sont allés plus loin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pourrais malheureusement pas
vous le remettre ce soir, parce qu'il faut aller chercher ces statistiques au
ministère de la Justice mais je peux vous assurer que demain à la
première heure, vous les aurez.
M. Gendron: D'accord. Compte tenu qu'on aura à prendre une
décision sur les suites à donner à notre amendement, au
retour à huit heures, je vous indiquerais ce que nous faisons avec nos
amendements.
Le Président (M. Baril): Alors, vu l'heure, nous
suspendons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va peut-être vous
permettre de souper la conscience plus à l'aise en procédant
à...
M. Gendron: À l'adoption?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'adoption, oui, ou
à un vote?
M. Gendron: II n'y aura pas de problème de conscience.
Le Président (M. Baril): Je vous souhaite un bon
appétit et soyez de retour à vingt heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaîtï La commission reprend son travail et je vous rappelle le
mandat de la commission, soit de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 30, loi constituant la Commission des
relations du travail et modifiant diverses dispositions législatives. Je
tiens à vous rappeler que nous étions à l'article 31 et
que nous débattions un amendement présenté par le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le Président, l'amendement que j'avais
déposé consistait à demander au ministre du Travail de
nous donner les raisons pour lesquelles il prétend qu'il n'y aurait pas
lieu d'abroger l'article 109.4 du code pour permettre que, dorénavant,
la Commission des relations du travail ait juridiction sur les dispositions
anti-mesures de grève et je vais conclure et ce sera l'occasion de faire
mon point...
Cependant, dans les éléments d'information que j'ai
demandés concernant certaines statistiques, j'aurais voulu terminer en
disant que le ministre devrait être au moins conscient que ce dont on
discute par l'amendement proposé a à peu près la
même implication pour le gouvernement du Québec. Je voudrais que
les parlementaires soient peut-être sensibles à l'argumentation
que je vais développer qui sera ma conclusion, en ce qui me concerne. Il
faut se rappeler que le Québec, pendant plusieurs années a
bénéficié d'une très mauvaise publicité hors
Québec concernant, entre autres, toute question entourant la loi 101 et
la francisation, que ce soit les entreprises, que ce soit d'autres facteurs. Je
me rappelle très bien que - et je suis très sérieux - pour
des motifs d'investissement, souvent, malheureusement, on a invoqué le
fait que certains investissements ne se faisaient pas suite aux dispositions de
la loi 101. Mais, lorsqu'on avait l'occasion, au Québec comme ailleurs,
de replacer le tout dans sa juste et exacte perspective, en règle
générale, les conditions, non seulement sociales mais
économiques du Québec, par rapport à une vision des
investisseurs étrangers étaient reconfirmées dans une plus
juste perspective. Je ne pense pas, dans le domaine qui nous touche, qu'il y
ait lieu de faire un long plaidoyer pour vous convaincre que les mesures
antibriseurs de grève qui existent au Code du travail ont exactement le
même effet négatif par rapport à la perception que les
investisseurs étrangers en ont. Il me semble qu'il devient à ce
moment-ci une responsabilité gouvernementale, et celle du ministre du
Travail, et des membres de cette commission, peut-être de profiter de
cette occasion pour replacer dans leur juste perspective les dispositions
antibriseurs de grève. Je suis convaincu que ce sont des dispositions
qui ont beaucoup plus un impact négatif à cause de leur mauvaise
perception que la réalité objective. En termes bien concrets, en
termes d'analyse, je pense que les dispositions antibriseurs de grève ne
s'appliquent pas dans toutes tes situations et dans tous le conflits que nous
vivons. Mais, puisque ce sont des dispositions que le gouvernement du
Québec a cru bon d'inclure à l'intérieur d'une loi
maîtresse du travail -il n'y a rien de plus "maîtresse" que le Code
du travail - je pense que si ces mesures étaient balisées
davantaqe, utilisées davantage, ce pourquoi elles ont été
créées, j'ai l'impression que le Québec y gagnerait en
termes de meilleure perception. Que je sache, ce ne sont quand même pas
des dispositions révolutionnaires à ce point pour faire peur aux
investisseurs étrangers. Ce qui fait peur aux étranqers, c'est la
manière dont on les décrit, la manière dont on en parle,
la manière dont on y fait référence dans les conflits du
secteur privé en particulier. Il me semble que si le ministre
du Travail profitait de cette occasion pour dire: Oui, je veux regarder
d'une façon plus prononcée la possibilité, via la nouvelle
législation qu'on est en train de regarder et d'adopter pour replacer le
tout dans un véritable contexte, surtout à partir du moment
où il s'agit d'un organisme concret, entre autres, la nouvelle
Commission des relations du travail qui aura à se développer de
l'expertise, du vécu, de l'analyse des relations du travail, y compris
la problématique concernant les antibriseurs de grève... il est
fort possible que cela pourrait avoir comme conséquence de "recontexter"
d'une façon plus positive l'image qu'on a de ces dispositions qui
régissent nos relations du travail au Québec. C'est ma
conclusion, M. le Président, je l'ai présentée
positivement. J'ai présenté cet amendement dans la perspective
où une nouvelle commission... Il y a toujours un peu de
préjugé favorable à une nouvelle instance, en règle
générale. En règle générale, autant les
travailleurs que le patronat seraient probablement disposés à
envisager que cette nouvelle commission puisse exercer un certain leadership,
peut-être de resserrement, s'il y a lieu de le faire, peut-être de
devenir une instance conseillère auprès du ministre si elle avait
cela dans son giron comme responsabilité pour aviser le ministre de
certaines dispositions correctrices qu'il y a lieu d'apporter. Je ne pense pas
qu'il y ait de loi qu'on peut faire le jour Y qui prétende que pour
vingt ans, c'est bétonné, c'est la vertu même, sous
prétexte que cela a été instauré. Cet amendement de
confier à la Commission des relations du travail la juridiction sur les
dispositions antibriseurs de grève, pour un Québec offrant de
meilleures perspectives d'investissements étrangers, sur une disposition
perçue aussi négativement que celle des dispositions antibriseurs
de grève, serait un avantage, serait un plus. C'est dans ce sens que je
l'ai présenté, d'autant plus qu'un de leurs propres
collègues, je pense que c'est le député de
Notre-Dame-de-Grâce, M. Scowen, disait dans une de ses réflexions
- il en a produit quelques-unes - que la francisation n'avait pas d'impact,
mais que c'était beaucoup plus un phénomène de perception.
Je suis convaincu que concernant les mesures antibriseurs de grève, il
s'agit de la même nature. Ce n'est pas tellement que l'impact est
négatif sur nos relations de travail, sur nos mécanismes
entourant les relations du travail, mais, suite à quelques conflits
où il y a eu abus ou mauvaise utilisation des dispositions
prévues au Code du travail effectivement, on a véhiculé
que c'était une mesure très contraignante, très
obligeante, qui avait comme conséquence de faire peur à beaucoup
d'investisseurs. Ma conclusion, M. le Président, c'est que je pense
toujours que le ministre devrait être le plus attentif possible. Je
répète cependant que c'est son privilège de
prétendre que le moment n'est pas venu, que les mentalités n'ont
pas assez évolué pour être en mesure d'envisager de tailler
dans du neuf, même si on travaille actuellement en commission
parlementaire sur la création d'une nouvelle instance qui, elle, est
dans un nouveau domaine.
Je n'ai pas d'autre élément à faire valoir au
ministre, si ce n'est que je crois toujours que c'est une disposition qui avait
sa place dans le projet de loi que nous étudions, et c'est pourquoi j'ai
présenté cet amendement.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de souliqner cette intervention du député
d'Abitibi-Ouest comme étant, à mon avis, peut-être la plus
importante que nous ayons eu l'occasion de faire depuis le début de
cette commission sur le plan du développement économique du
Québec quant à l'attrait des investisseurs que nous puissions
avoir. Je vous donnerai un exemple. La semaine dernière le ministre du
Commerce extérieur était de passage à New York où
avec une table d'investisseurs il faisait le bilan des attraits du
Québec, de ce qui attirait les investisseurs au Québec et de ce
qui, sur le plan des perceptions - vous avez raison de le mentionner - rendait
le Québec moins attrayant pour les investisseurs. Il m'en a fait part,
parce que le critère numéro un n'était pas la langue, ce
n'était pas loi 101, c'était les relations du travail et la
perception que les qens de l'extérieur en avaient à cause des
dispositions qui sont décriées par les parties patronales qui
sont amplifiées par nos compétiteurs, qui cherchent à
attirer de l'investissement chez eux plutôt que chez nous. C'est normal,
c'est sain. Mais on a développé des perceptions à un point
tel qu'on pense que le régime particulier des relations du travail au
Québec est, non pas en équilibre, mais complètement
antipatronal, donc anti-investissement. Je vous dirais que je n'ai pas
été terriblement surpris d'apprendre que telles étaient
les perceptions, et là je vous parle des investisseurs rencontrés
à New York, mais on peut imaginer, on peut extrapoler qu'ailleurs, ce
n'est peut-être pas numéro un, mais c'est peut-être le
numéro deux.
Je vous dirai que si l'objet ou le sens de l'amendement du Parti
québécois était à l'effet qu'on s'harmonise avec ce
qui se fait ailleurs au Canada, parce que l'Ontario a des dispositions
antibriseurs de grève qui visent ce qu'on appelle les "professional
qoons" les antibriseurs de grève professionnels, nous, ici, c'est plus
large et etc.; cela nous distingue.
On pourrait, à ce moment-là, dire que parce qu'on s'est
harmonisé sur le plan du fond de la législation, on peut
peut-être
s'harmoniser sur le plan de l'application de la législation et,
à ce moment-là, on pourrait profiter de l'occasion pour
procéder à une harmonisation et se départir sur le plan
des perceptions chez les investisseurs étrangers de ce qui peut nous
apparaître comme étant négatif pour l'investissement, donc,
pour la création d'emplois au Québec.
Je vous dirai que si l'Opposition nous manifeste son accord à
aller dans ce sens-là, une harmonisation sur le plan du fond, nous
pourrions être ouvert à une harmonisation sur le plan des
structures, mais je n'oserais pas bouger sans reconvoquer les parties qui se
sont prononcées et de les interroger à fond sur cette
harmonisation.
J'ai l'impression que tout mouvement, en dehors de ces conditions, est
un mouvement qui risque de déséquilibrer le système et
d'ajouter aux perceptions négatives, je parle bien de perceptions
négatives, à l'extérieur du Québec.
M. Gendron: Pour aller rapidement, M. le Président, une
couple de phrases. Je pense que le ministre a compris un peu le point de vue
que j'ai voulu soulever, sauf qu'il y a deux choses qui nous distinguent et je
pense que là on pourrait en discuter longuement. J'ai l'impression,
parfois, que ce gouvernement et en particulier le ministre du Travail - pour ce
qui nous concerne, parce que je suis obligé de parler au ministre du
Travail -a davantage de soucis de légiférer une nouvelle loi
concernant les relations du travail qui est davantage ajustée sur la
perception des parties, sur la perception des intervenants comme s'il ne lui
appartenait pas d'exercer, lui, comme ministre du Travail et, lui aussi, comme
membre d'un gouvernement, la nécessité d'assumer un certain
leadership pour ce qui est de l'obligation comme premier intervenant en ce qui
concerne la société québécoise de replacer des
choses dans leur véritable contexte et, si vous me permettez, je pense
que vous allez convenir que la loi "antiscabs" et je suis convaincu qu'avec
votre expérience quand même de bientôt une année et
demie à ce poste, à cette responsabilité
ministérielle que le phénomène comme tel du "scabisme" ou
des scabs, si vous me permettez l'expression, dans le domaine des relations du
travail est quand même, tout compte fait, très marginal par
rapport à une série d'autres problèmes beaucoup moins
marginaux, beaucoup plus réels, que ce soient les difficultés
d'accréditation, les phénomènes de perception de lenteur,
de mauvaise décision de certains tribunaux qui ont moins de
compétence pour exercer des juridictions qu'ils ont mais qu'ils n'ont
pas l'expertise pour prendre des décisions appropriées, cela est
plus fondamental.
Le ministre devrait être conscient que le phénomène,
comme tel, des "antiscabs" est un phénomène marginal et que
souvent, si on se donnait comme obligation comme membre d'un gouvernement ou
comme ministre du Travail de mettre plus d'énergie à replacer les
choses dans leur contexte en termes de bonne perception et de bonne
publicité, nous n'aurions possiblement pas l'image que plusieurs
intervenants ont de ces mécanismes qui régissent les relations du
travail et, en conséquence, la distinction fondamentale entre ce que je
préconise et l'espèce d'écoute mitoyenne ou moyenne du
ministre en disant: Écoutez, moi, si les parties sont d'accord, qu'elles
me le disent, je suis prêt à ouvrir là-dessus, alors que
souvent assumé un leadership que pour certaines questions, compte tenu
de positions non diamétralement opposées, mais compte tenu des
perceptions et des objectifs des parties les plus concernées dans ce
dossier qu'on discute, par définition, je suis un peu
réconciliable, mais la responsabilité d'un ministre n'est pas
tellement d'avoir une législation ajustée sur la perception des
intervenants concernés comme sur la réalité objective...
Est-ce que oui ou non, il est important pour le Québec qu'il y ait des
dispositions antibriseurs de grève? Alors, c'est une question de fond.
Si le ministre convient que oui, il y a lieu au moins qu'elles soient
perçues pour ce qu'elles sont et non pour toute l'imagerie
négative qu'on lui donne.
En conséquence, je croyais et je crois toujours qu'il y aurait
lieu, comme ministre du Travail, d'être un peu plus prospectif et
d'assumer davantage le leadership par rapport aux convictions qu'il peut avoir
et moins par rapport aux perceptions qu'il peut lire; parce que moi, comme lui,
je peux lire des choses et la conclusion va être la même que la
perception est négative concernant les dispositions antibriseurs de
grève parce qu'on n'a pas compris exactement ce pourquoi elles
étaient là et ce que cela signifie au Québec d'être
présent dans nos relations du travail.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Moi, je veux revenir sur la
question d'imagerie négative parce que je n'ai pas réaai
passivement aux propos du ministre du Commerce extérieur. J'ai dit:
Qu'est-ce que le ministre du Travail peut faire pour ajuster les perceptions
à la réalité? Est-ce que si je vais à New York et
je me prononce sur le sujet, je vais dire: Ne perdez pas votre temps cher
collègue? Il dit: Vous avez beau en faire des voyages, il y a d'autres
ministres qui en ont fait. Il dit: II faut que cela vienne du milieu. Il dit:
Si à New York, vous avez du milieu patronal québécois qui
dit et qui donne l'heure juste à partir de faits sur l'application de
ces dispositions-là, les gens d'affaires croient les gens d'affaires.
Si, comme politicien, vous allez vous auto-
encenser comme cela a peut-être été l'habitude sous
d'autre régime, vous allez faire un voyage, un beau voyage à New
York, mais les perceptions ne seront peut-être pas changées quand
vous reviendrez de New York.
Maintenant, si les gens d'affaires québécois vont
au-delà des perceptions et traduisent les véritables effets
à des partenaires socio-économiques, d'ailleurs, on me dit que ce
sont les mieux placés pour véhiculer un message le plus
crédible possible et profite de la commission parlementaire pour lancer
des messages et des invitations, c'est peut-être là qu'on peut
faire mûrir les dossiers, les mentalités, de façon à
pouvoir bouger quand tout cela est mûr.
M. Gendron: II n'y a pas de confusion là-dessus, moi je
suis heureux qu'on ait eu l'occasion d'échanger là-dessus parce
que contrairement à ce que, parfois, des gens qui sont plus
habitués à faire uniquement le quotidien, il me semble que dans
une loi des relations du travail, il nous appartenait comme membre de cette
commission, en tout cas, de faire un petit bout sur nos perceptions mutuelles
parce que c'est quelque chose qui fait partie de nos cahiers de relations du
travail. Ce n'est pas en évitant de parler de quelque chose de
réel qu'on permet que, les mentalités évolues et comme
vous avez insisté vous-même avec raison, comme ministre du
Travail, sur le fait que notre responsabilité, bien sûr, on aurait
beau essayer de travailler très fort, très sérieusement
pour se donner la meilleure législation possible, il n'en demeure pas
moins que si on n'est pas capable de faire conjointement ou mutuellement une
évolution des mentalités pour ce qui est des parties, on sera
possiblement au même point dans quelques années et on dira: Bien,
écoutez, on pensait que cela aurait de meilleurs résultats, sauf
que l'analyse ne sera possiblement pas aussi bonne qu'on l'aurait
souhaitée... Notre responsabilité étant davantage
d'essayer de faire évoluer des mentalités parce que le
Québec, lui, est évolutif, y compris dans le domaine des
relations du travail... Moi, je suis heureux d'avoir eu l'occasion de passer
quelques minutes sur cette question-là. En conclusion, M. le
Président, puisque je tiens toujours à mon amendement, je vous
invite à appeler le vote nominal en n'ayant pas beaucoup de conviction
que le résultat du vote soit dans les proportions différentes de
celui que j'ai connu depuis une couple de votes.
Le Président (M. Baril): Alors, on se rappelle que nous
devons voter sur l'amendement apporté par le député
d'Abitibi-Ouest: "L'article 109.4 de ce code est abrogé." Voulez-vous
appeler le vote nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Leclerc
(Taschereau) pour ou contre"?
M. Leclerc: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Fortin: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Après mûre
réflexion, contre.
Le Secrétaire: M. Baril?
Le Président (M. Baril): Contre.
Le Secrétaires M. Gendron?
M. Gendron: Pour, mais, M. le Président, je ne peux pas
poser une question au secrétaire, sérieusement, cela va durer une
seconde. Est-ce habituel pour un vote, ce n'est pas plus grave que cela, que le
président vote a chaque fois.
Le Secrétaire: Le président peut voter.
Le Président (M. Baril): Moi, en temps normal, tu n'es pas
obligé de me le demander. Je suis un gars bien docile, s'il me le
demande, je vote, s'il ne me le demande pas, je ne vote pas.
Le Secrétaire: Vous dites que vous pouvez voter, parce que
vous êtes membre de la commission.
Le Président (M. Baril): Je suis membre de la commission
et j'ai le droit de vote.
Le Secrétaire: Les membres de la commission ont le droit
de vote.
Une voix: Les membres de la Commission ont le droit de vote.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela donne une région du
Québec par exemple, sur le plan d'Abitibi, un pour et un contre.
M. Gendron: M. le secrétaire, excusez, je m'adresse au
président. Effectivement, le président de séance est
membre de la commission et a le droit de vote. Je veux juste vous dire que la
pratique, la coutume veut, en règle générale, dans des
votes manifestement connus avant même que le vote ait lieu en termes de
résultats, pour des raisons de plus grande neutralité et
d'objectivité de la conduite de nos travaux, que le président se
taise, en particulier...
Le Président (M. Baril): Un instant! M. Gendron:
Sur le vote, j'entends.
Le Président (M. Baril): Un instant! On peut engager un
discours sur cela si vous voulez.
M. Gendron: Non, non, M. le Président, sur le vote,
très sérieusement. Sur le vote, j'entends.
Le Président (M. Baril): Moi, je n'y tiens pas plus que
cela.
M. Gendron: Et surtout pour faire...
Le Président (M. Baril): Je suis un président
partiel, jovial, aimant la vie. Je ne tiens pas à voter, c'est tout
simplement assis sur le banc.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gendron: Là je ne suis pas sûr d'avoir fait une
erreur de termes, vous voulez dire que vous êtes un président
impartial.
Le Président (M. Baril): C'est cela, excusez.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gendron: J'aurais gagé. Pour éviter des
implications dans la région d'Abitibi-Témiscamingue à
savoir qu'il y avait grande différence entre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il y avait eu partialité
de la part du président, cela aurait été à
l'égard d'un collègue de sa région.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que
l'amendement est rejeté à 7 contre 1.
M. Gendron: Si à l'avenir c'est six, vous saurez
pourquoi.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
31 est adopté'' M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Baril): L'article 32, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 110.1 de ce code est
modifié par le remplacement, dans le troisième alinéa, du
nombre "101.10" par le nombre "101,9".", vu la disparition de 101,10. C'est une
question de concordance, strictement.
M. Gendron: Un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au troisième alinéa
de 110.1, les articles 47.2 à 47.6, et 100 à 101.10 s'appliquent
maintenant. Cela se lirait: Les articles 47.2 à 47.6 et 100 à
101.9 s'appliquent. On a abrogé déjà 101.10 à
l'article 28.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, juste une seconde. M. le Président,
j'aurais un amendement à déposer à l'article 32. De toute
façon, M. le Président, puisqu'on vient de distribuer
l'amendement, je veux indiquer qu'à l'article 32 du projet de loi du
ministre du Travail créant la nouvelle Commission des relations du
travail, lorsqu'il nous indique que l'article 110.1 de ce code est
modifié par le remplacement dans le troisième alinéa du
nombre "110.10" par le nombre "110.9", je voudrais indiquer que je
préférerais que l'article se lise comme suit et qu'il soit
modifié par le remplacement de l'article 32 par le suivant, à
savoir: L'article 110.1 est modifié par l'abrogation du deuxième
alinéa et 2° par le remplacement du nombre "110.10" par "101.9".
Si vous prenez connaissance de l'amendement, vous comprendrez que je
suis en accord sur... rapidement, juste pour faire une question
d'évaluation, 50 % à peu près de l'amendement
proposé par le ministre du Travail, parce qu'il n'y a pas
d'incompatibilité pour la seconde partie, on s'accorde sur le
remplacement du 101.10 par 101.9. Cependant, il faut savoir de quoi parle
l'article 32. L'article 32 du projet de loi apportait, selon l'explication du
ministre, avec raison, je la partaqe, une simple concordance à l'article
110.1 qui traite du non-rappel d'un salarié après une
grève ou un lock-out. Cependant, je propose de maintenir cette
modification de concordance mais également - c'est là qu'arrive
l'aspect neuf -de confier cette nouvelle juridiction à la Commission des
relations du travail. Si on abrogeait le deuxième alinéa de
l'article 110.1, il s'agirait d'un nouveau mandat attribué à la
Commission des relations du
travail, parce que nous considérons que c'est une pratique
déloyale, il s'agit là de pratique déloyale, comme je l'ai
indiqué depuis le début. Il m'apparaît que le champ de
juridiction dans les pratiques déloyales de la Commission des relations
du travail doit être plus large que le plus restrictif possible. À
partir du moment où on convient de cette responsabilité
d'élargir le mandat de la Commission des relations du travail en termes
de pratiques déloyales, il nVap-paraissait opportun de présenter
cet amendement pour couvrir le second aspect. Je pense que si on s'y
réfère, le deuxième alinéa, si ma mémoire
est bonne, à l'article 110.1 dit: "Une mésentente entre
l'employeur et l'association accréditée relative au non-rappel au
travail d'un salarié qui a fait grève ou qui a été
lock-outé doit être déférée à
l'arbitre comme s'il agissait d'un grief dans les six mois de la date où
le salarié aurait dû recevoir son emploi." Par l'amendement que
nous présentons, la conséquence c'est que, dorénavant, le
second paragraphe tomberait sous la juridiction de la Commission des relations
du travail plutôt que de rester une disposition à
l'intérieur du Code du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À moi, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas accuser le
député d'Abitibi-Ouest de manquer de cohérence ou de
suite, cela s'inscrit dans la ligne des représentations qu'il a faites
à l'effet de confier davantage de pouvoirs à la CRT. D'ailleurs,
ce sont des représentations qui avaient également
été faites à mon souvenir par deux des centrales
syndicales qui sont venues témoigner devant cette commission, soit la
Centrale de l'enseignement du Québec et la Fédération des
travailleurs du Québec...
M. Gendron: CSN.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): CSN, excusez.
M. Gendron: CSN, CEQ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): CSN, CEQ, pour la même
raison parce que notre prémisse est à l'opposé. Nous
pensons que nous en donnons suffisamment pour un départ à la
commission; si son mandat doit être élargi, cet
élargissement doit être gagné et mérité - si
je peux utiliser l'expression - à partir de la confiance, de la
crédibilité qu'elle saura développer, à partir d'un
mandat qui est déjà très large auprès des parties
concernées, soit les parties patronales et syndicales, et, dans les
circonstances nous ne voulons pas toucher à ce fragile
équilibre.
M. Gendron: M. le Président, je n'argumenterai pas plus
longtemps. Je pense que le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'indique aussi sur la
pratique, c'est peut-être bon juste pour l'information: la plupart du
temps, ces questions se règlent dans le protocole de retour au travail,
sur le plan de la pratique quotidienne.
M. Gendron: Je suis pas mal sûr que vous avez raison mais
cela ne m'enlève pas, d'après moi, la conviction que ce sont des
champs de compétence qui devraient être davantage sous la
juridiction de la Commission des relations du travail, dans la perspective
où on veut effectivement avoir quelque chose d'un peu plus d'envergure.
Cependant, je suis obligé d'avoir la même réplique que le
ministre a eue dès ses premiers mots. Je crois que, compte tenu de la
logique que j'ai commencé à développer, j'étais
justifié et légitimé de la présenter. À
partir du moment où toutes les autres ont été
refusées, j'ai l'impression que le ministre a le droit de se cantonner
dans la même légitimité. Moi, je ne ferai pas un long
plaidoyer, M. le Président, et en conséquence, je voudrais tout
simplement que vous considériez que, sans faire un appel nominal, cet
amendement est rejeté sur division.
Le Président (M. Baril): Alors, je considère que
l'amendement présenté par le député d'Abitibi-Ouest
à l'article 32 est rejeté? Est-ce que je comprends que l'article
32 est adopté sur division?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division. L'article 33. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoî): L'article 33 se lit: "La
section I du chapitre V.l de ce code est abrogée." C'est toute la
question des services essentiels, du Conseil - excusez - des services
essentiels.
Conseil des services essentiels
M. Gendron: M. le ministre, je pense que s'il y a un article
facile à comprendre même pour des profanes, c'est celui-là.
Vous abrogez complètement une section prévue qui était
celle des services essentiels, c'est-à-dire du Conseil des services
essentiels. Pour l'instant, je veux juste vous indiquer que, à la suite
des audiences auxquelles on a assisté, à ma connaissance, il y a
peu ou pas
d'intervenants qui ont eu de longs plaidoyers en faveur du maintien du
Conseil des services essentiels tels quels. Mais quand je dis peu ou pas, cela
n'a de connotation ni positive ni négative, j'espère qu'on se
comprend bien, parce qu'il y a des gens qui ont omis de parler de cela, c'est
plus cela que je veux expliquer. Cependant, sans encore là être un
spécialiste de ces questions, j'ai lu quand même un peu sur
l'acquittement de la responsabilité qui lui était dévolue
par le Conseil des services essentiels et, en règle
générale, je n'ai pas lu grandes plaintes, non,
sérieusement, je n'ai pas lu grandes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez. Il y a beaucoup de
décisions du Conseil des services essentiels - on vous en informe
peut-être - qui sont en évocation devant les tribunaux avec des
plaintes acerbes de la part des parties syndicales, entre autres. Je vous dirai
que cela n'est pas un motif qui nous a amenés dans la décision
que nous avons prise comme telle. Sur le plan des réactions des
parties...
M. Gendron: Oui, mais à ce moment, juste concernant les
perceptions, est-ce que concernant les décisions prises par le Conseil
des services essentiels, M. ie ministre, concernant les décisions prises
par le Conseil des services essentiels, à moins que je me trompe, il est
arrivé une fois qu'il y a eu un problème?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme ministre,
sérieusement, depuis 18 mois, je n'ai eu qu'un problème sur le
plan administratif. D'ailleurs, je ne me suis jamais immiscé dans les
décisions qui sont, à mon avis, de nature plus souvent
qu'autrement de type quasi judiciaire lorsqu'il y a le départage entre
les parties. Nous nous étions sortis de l'impasse qu'une décision
avait causée, je pense que c'est dans le conflit de STRSM...
M. Gendron: À ma connaissance, c'est ce que j'allais vous
signaler, c'est la seule décision...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la seule fois où cela
a causé des problèmes d'application de pratique, parce que je
n'avais pas de problème avec les décisions comme telles. II faut,
quand on est en politique, expliquer le côté pratique du dossier
à la population et là cela me causait des problèmes. Ce
n'est pas une question d'efficacité, de délai, etc., c'est une
question d'application.
M. Gendron: Parce que, à ma connaissance, je veux
être très court sur cela, il y a eu une décision qui a
été à l'encontre par la Cour supérieure d'une
décision prise par le Conseil des services essentiels qui a
été cassée, comme on appelle. Au-delà de cela, il
m'apparaît toujours pour quelqu'un qui a vécu peut-être un
peu moins que vous dans la fournaise des dernières négociations,
je pense honnêtement et objectivement que le Conseil des services
essentiels dans la dernière négociation du secteur public et
parapublic a rendu d'excellents services et a facilité et
favorisé certains règlements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à vous assurer -
et je le répète - ce n'est pas sur cela que la décision a
été prise, ce n'est pas sur le plan de l'efficacité ou de
la performance, c'est strictement sur le plan d'avoir un seul organisme
d'harmonisation des interventions, etc., et on va retrouver des gens des
services essentiels concernant une division de la Commission des relations du
travail.
M. Gendron: Dans le fond, M. le ministre, c'était cela un
peu, très rapidement, toujours la même raison, c'était pour
vous entendre... Vous l'avez dit, à ma connaissance, dans votre
présentation du projet de loi en deuxième lecture, mais
c'était pour s'assurer que, fondamentalement, ce n'est pas la structure,
les personnes, les fonctions, les responsabilités du Conseil des
services essentiels qui sont remis en cause.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas.
M. Gendron: Si le ministre prétend qu'il y a lieu
d'envisager une nouvelle Commission des relations du travail
réunifiée avec des responsabilités plus globalisantes,
plus globales, quand il parlait de réduction de paliers, de
décisions et ainsi de suite, et que comme nous avons un système
de relations du travail en particulier dans le domaine de la Santé et
des Services sociaux où il n'y a pas eu de décisions de
l'exécutif, quel qu'il soit, à ce moment en tout cas, de retirer
le droit de grève comme tel et que ce droit de grève est
permissif, pour autant que des services essentiels, c'est-à-dire le
maintien des services essentiels les accompagne, oui, en ce qui concerne
l'Opposition, il y a une logique d'envisager que ce soit intégré
à l'intérieur de la même structure qui aura quotidiennement
et hebdomadairement à prendre des décisions concernant tout
état de fait concernant les relations du travail, y incluant dans
certains cas le maintien ou un jugement, en tout cas, d'opportunité sur
le maintien des services essentiels ou pas... Voilà les commentaires
qu'il fallait faire valoir. (20 h 30)
M. le Président, j'aurais une question sur cela. Cela ne me
gêne pas de dire cela,
on ne peut pas tout saisir. Il semble que vous auriez
évoqué, il y a quelques secondes, qu'il pourrait y avoir une
division dans la nouvelle Commission des relations du travail au niveau des
services essentiels. La question précise, parce que je pense que c'est
à ce moment-là qu'il y a lieu de discuter cela avant de donner
notre assentiment à la création du Conseil des services
essentiels, vous avez parlé d'avoir des divisions
spécialisées, et vous en avez tellement parlé qu'il y a un
projet spécifique pour la construction dans le projet de loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il ne l'est pas. Le projet de
loi est permissif sur le plan de la création de divisions
spécialisées.
M. Gendron: Vous avez parlé d'un tribunal
spécifique dans la discussion, non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela serait une
vice-présidence. Si vous voulez que je vous donne
l'arrière-pensée...
M. Gendron: ...le "background".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on étudie
administrativement présentement, étant donné qu'on a la
possibilité de nommer un nombre de vice-présidents
déterminés par le gouvernement, entre autres d'avoir des
vice-présidences dans des domaines qui sont un peu plus
spécialisés, les services essentiels étant un de ces
domaines, la construction étant un autre domaine, même des gens
qui nous ont fait des représentations selon lesquelles il y a plusieurs
lois qui devraient soit demeurer au Tribunal du travail ou ne pas gêner
l'administration quotidienne d'une commission des relations du travail, il
s'agit de penser à la Charte de la langue française, à la
Loi sur la fonction publique, à la Loi électorale, etc., qui
dépendent de l'application, il pourrait y avoir une division qui soit en
charge de toutes ces questions qui sont accessoires, finalement, aux relations
du travail. Déjà, sur le plan du fonctionnement, c'est l'avenue
vers laquelle nous regardons, avec un président et des
vice-présidents chargés de leurs divisions.
M. Gendron: Quand vous faites référence à
une éventuelle division spécialisée dans un domaine plus
particulier que d'autres, c'est plus une section attachée à un
vice-président particulier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous saisissez bien l'orientation
qu'on privilégie présentement.
M. Gendron: C'est donc plus une référence
administrative.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais je pense qu'il est
important de la traiter...
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
33 est adopté. J'appelle l'article 34, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "L'article 111.0.25 de ce
code est abrogé."
M. Gendron: Seul le Procureur qénéral peut
requérir une injonction lors du refus de respecter la suspension de
l'exercice du droit de grève décrétée en vertu de
l'article 111.0.24.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Gendron: Quand vous abrogez cette disposition, c'est bien
sûr parce que le champ que couvrait le Procureur général va
être couvert par la nouvelle commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre autres. Sans entrer dans le
champ de juridiction de l'article 96...
M. Gendron: Pour autant que vous n'entrez pas dans des choses que
je ne comprendrais pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a toute la question de
l'injonction. On prétend donner des pouvoirs d'injonction, mais des
pouvoirs qui ne sont pas identiques à ceux de l'article 96, de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, parce que si nous donnions des pouvoirs
d'injonction en les soustrayant à la Cour supérieure, nous
pourrions tomber dans l'ultra vires. D'accord? Mais nous donnons quand
même à la commission des pouvoirs de faire et de ne pas faire ou
d'ordonner qui sont assimilables à des pouvoirs d'injonction. Mais il ne
s'agit pas exactement des mêmes pouvoirs d'injonction qui
découlent de l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique.
M. Gendron: Mon procureur m'autorise à...
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 34 est
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 35, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 111.10.4 de ce code est
modifié par la suppression du dernier alinéa."
M. Gendron: Ça va. Il semble que cette
disposition est ailleurs dans le projet de loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous la retrouvez à
l'article... 7.2 du projet de loi.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 35 est
adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 36, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "L'article 111.13 de ce code est
modifié par la suppression du troisième alinéa."
M. Gendron: C'est un article de concordance parce qu'il s'agit
des pouvoirs de redressement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est compris maintenant aux
articles de 134 à 136.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 36 est
adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 37, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "La section IV du chapitre V.l de
ce code est abrogé."
C'est la question des pouvoirs de redressement. C'est maintenant compris
dans les articles 137.1 et 137.2
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. J'appelle
l'article 38, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 38...
M. Gendron: C'est à nous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adapté.
M. Gendron: Non. Je sais que cela sera comme cela, mais... M. le
Président, comme on a toujours travaillé sérieusement,
même si on a eu quelques phrases agréables, j'ai un amendement de
fond, majeur et important à suggérer et qui s'incorporerait,
d'après notre lecture des événements et notre
compréhension des choses, entre les articles 37 et 38, dans le sens
qu'on aurait un article 37.1. On vient de régler l'article 37, on est
d'accord, c'est abrogé. Non. C'est toute la question du Tribunal du
travail. Je l'expliquerai dans quelques minutes, mais j'aurais effectivement
besoin de deux minutes, compte tenu de la longueur de l'amendement, pour que
j'en maîtrise le plus adéquatement possible la
présentation.
(Suspension de la séance à 20 h 53)
(Reprise à 21 h A)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît?
La commission reprend ses travaux. Nous étions à l'article
38. Je comprends que nous allons étudier l'article 38
élément par élément...
M. Gendron: ...37.
Le Président (M. Baril): L'article 37 est adopté.
Ah! Vous aviez un 37.1.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): Ah! Excusez-rnoi. Je pensais que
c'était à l'article 38. J'ai oublié de changer cela.
Tribunal du travail
M. Gendron: J'avais indiqué, M. le Président, avant
d'aborder l'article 38 du projet de loi, que je croyais que c'était le
moment d'annoncer un amendement majeur que nous avons intitulé 37.1.
J'ai également un article 37.2 que je vais demander au secrétaire
de distribuer au même moment que l'article 37.1. Avant de
présenter l'amendement, je voudrais prendre quelques minutes pour
"contexter" et situer l'affaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 37.2...
M. Gendron: Oui. Vous avez d'abord 37.1 et 37.2. Vous pouvez
prendre quelques minutes sans suspendre pour en prendre connaissance, mais,
fondamentalement, même si...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Gendron: ...c'est cela, même si cela a l'air long, il
s'agit beaucoup plus d'un amendement qui aurait comme conséquence de
maintenir le Tribunal du travail, un Tribunal du travail adapté
cependant dont le mandat toucherait davantage toutes les questions concernant
les matières pénales.
Je voudrais juste indiquer que le ministre du Travail, tout comme mot, a
sûrement dû faire un retour sur la plupart des mémoires qui
nous ont été soumis lors des audiences et, à ma
connaissance, il s'agissait d'une position quasi unanime. La plupart des
intervenants, tout autant les
intervenants patronaux que syndicaux, souhaitaient la
nécessité de conserver le Tribunal du travail pour ce qui est des
matières pénales.
Pour une meilleure compréhension avant de plaider le fond, je
veux juste indiquer que, si on le présente comme cela, c'est que cet
amendement - il n'y a pas de cachette -reprend tout l'ancien chapitre VI du
Code du travail, mais, bien sûr, en l'adaptant, si vous tournez la
seconde page de l'amendement 37.1, pour éviter les difficultés
rédactionnelles. Sans être spécialistes de ces questions,
les gens ont quand même regardé cela chez nous et on pense que la
rédaction est relativement complexe en raison du fait que le projet de
loi remplace tout l'ancien chapitre VI par un nouveau traitant de la Commission
des relations du travail. Les mêmes numéros d'articles
étant utilisés, il fallait reprendre les dispositions sur le
Tribunal du travail pour les inclure ailleurs sous de nouveaux numéros,
si on préconise le maintien du Tribunal du travail. Si on ne fait pas
cela comme on l'indique, il faudrait presque réécrire le projet
de loi. C'est la conclusion à laquelle on en arrive.
L'amendement que vous avez entre les mains, juste pour en
compléter la présentation, l'amendement 37.2, ne vise rien
d'autre que d'assurer la continuité juridique du Tribunal du travail. Si
on voulait assurer la continuité juridique du Tribunal du travail, il
fallait réécrire les dispositions du 37.2. Cependant, M. le
ministre, et là, je vais plaider davantage le fond pendant quelques
minutes, je voudrais que vous vous rappeliez entre autres, et je ferai
seulement deux références: une qui est celle d'un mémoire
qu'on a entendu et l'autre qui est une analyse que nous aurons l'occasion de
faire comme Opposition. Je cite entre autres le mémoire du Barreau qui
disait à cet égard, rappelons que la commission Beaudry - je
parle toujours du Tribunal du travail recommandait... Alors, tout autant ce que
nous avons étudié est une recommandation de la commission
Beaudry, tout autant, dans la même logique, la même commission
Beaudry qui a fait le tour de ces questions disait: Nous croyons que nous
devons conserver la juridiction actuelle du Tribunal du travail pour tous les
litiges de matière pénale reliés au droit du travail de
même que lui soit confiée une juridiction à l'égard
de tout recours de nature civile, pénale ou réglementaire
prévue au nouveau Code du travail, ainsi que pareil recours
déjà prévu aux autres lois connexes aux relations du
travail. Je lis intégralement une recommandation du rapport Beaudry.
La commission Beaudry ajoutait, M. le Président: Ce
contrôle par un tribunal spécialisé, entre autres au niveau
du droit pénal, permettrait sûrement d'atteindre plus facilement
l'objectif... Je pense que tout le monde devrait être attentif puisque
c'est un objectif que poursuit le ministre du Travail et probablement les
quelques collègues ministériels qui ont parlé sur le
projet de loi, sans nécessairement savoir trop de quoi il s'agissait. Il
s'agit seulement de se référer à certains commentaires
élogieux du projet de loi, en ce sens que la nouvelle Commission des
relations du travail réglerait tous les problèmes, mais en
particulier l'objectif de déjudiciarisation. Lorsqu'on veut
déjudiciariser, il est logique de confier les décisions à
une instance spécialisée qui a une bonne expertise pour
éviter qu'on soit constamment en demande d'évocation de toute
nature. Le mémoire du Barreau ajoutait: À tout le moins, beaucoup
plus que de remettre dans les mains de tribunaux criminels - là, je
pense que la remarque la plus pertinente était la suivante - et non
versés dans le domaine, tes pouvoirs d'analyse des contraventions au
Code du travail.
Selon l'analyse qu'on fait, M. le Président et M. le ministre du
Travail, dans le système actuel et selon ce qu'on vit actuellement, le
Tribunal du travail sert de première instance en matière de
plaintes pénales. Mais le projet de loi 30 préconise et propose
de transférer toute cette juridiction aux tribunaux ordinaires,
tribunaux de nature ordinaire. Je pense qu'on doit souligner qu'il s'agit
là d'une juridiction importante, d'autant plus que les statistiques - et
je pense que le ministre du Travail en conviendra - démontrent que,
depuis quelques années, en tout cas, le volume de plaintes
pénales n'a pas régressé, mais il a augmenté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Gendron: Oui? En tout cas, selon l'information qu'on a, depuis
quelques années, le volume de plaintes pénales a auqmenté
sensiblement. C'est la prétention des qens qu'on a consultés. On
en a quand même consulté quelques-uns.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais sortir les chiffres.
M. Gendron: D'autre part, je ne pense pas avoir besoin de faire
un long plaidoyer pour convaincre le ministre que les tribunaux de droit commun
- on ne porte pas un jugement négatif sur eux - ne sont absolument pas
préparés à recevoir ce secteur du droit, somme toute - et
là, c'est surtout le jugement que je vais porter - très
spécialisé. On le voit dans l'analyse qu'on fait. Je pense que
jusqu'à maintenant, on a travaillé sérieusement. On a beau
être juge ou avocat, ce n'est pas du revers de la main ou comme cela
qu'on peut tomber dans le domaine des relations du travail et prétendre
avoir une expertise qualifiante, si vous me permettez
l'expression. C'est un domaine spécialisé qui le devient
de plus en plus. On ne peut pas croire que, parce qu'on change la juridiction
aux tribunaux de droit commun ou ordinaire, parce qu'ils ont une nouvelle
responsabilité, on devient spécialisé dans les relations
du travail.
Il faut bien comprendre, M. le ministre, que les tribunaux
interpréteront les mêmes dispositions que la Commission des
relations du travail, bien que les uns agiront dans un contexte pénal et
que les autres agiront dans un contexte civil ou administratif. En termes
clairs, contexte pénal, contexte civil ou administratif, les mêmes
responsabilités sont dévolues à la Commission des
relations du travail, les mêmes droits également. Il est certain
que la commission ne pourra pas ne pas tenir compte des interprétations
qu'auront rendues les tribunaux ordinaires. Par ailleurs, il sera possible que,
dans un même dossier - écoutez bien cela - sur les mêmes
faits, des décisions absolument contradictoires interviennent sans,
encore la, porter de jugement négatif sur ceux et celles qui les auront
rendues, mais compte tenu de leur expertise et de leur connaissance, il est
possible que, dans un même dossier, sur les mêmes faits, des
décisions contradictoires interviennent. Par exemple, la Commission des
relations du travail pourrait conclure qu'une situation constitue une
grève illégale et rendre toute ordonnance appropriée,
alors qu'au plan pénal, un juge des Sessions de la paix pourrait
conclure à une grève légale et, conséquemment,
acquitter les prévenus. Je reprends parce qu'on est sûr,
après vérification, de l'affirmation que je fais: La CRT, la
Commission des relations du travail, pourrait conclure qu'une situation
constitue une grève illégale et rendre toute ordonnance
appropriée parce qu'elle la trouve, comme je viens de le mentionner,
illégale. Alors qu'au niveau pénal, un juge des Sessions de la
paix qui n'a pas l'expérience des relations du travail pourrait conclure
à une grève légale et, conséquemment, acquitter les
prévenus.
Comme le projet de loi 30 supprime tout droit d'appel des
décisions administratives de la Commission des relations du travail et
ne confie pas à la Commission des relations du travail de juridiction en
matière pénale, ce problème est inévitable en ce
qui nous concerne. Je répète: Ce problème est
inévitable. Cela peut arriver. J'estime que le ministre, en
prétendant incorporer le Tribunal du travail spécialisé
pour ce qui est des matières pénales, n'a sûrement pas
fouillé cette question plus qu'il ne faut et il a probablement
manqué d'imagination en disant: Écoutez, ce serait le "fun" que
tous les gens soient ensemble. On n'est pas du tout dans le même domaine
et je pense que l'exemple que je viens de donner prouve que le Tribunal du
travail devrait maintenir sa juridiction.
(21 h 15)
De toute façon, ce que je suis en train de raconter, je l'ai
entendu et tu - je le répète - à peu près
unanimement chez tous les intervenants qui se sont prononcés lors des
auditions. La plupart des centrales syndicales souhaitaient que, à tout
le moins, le Tribunal du travail demeure pour ce qui est de matières
pénales. Et plus que cela, M. le Président et M. le ministre, le
Conseil du patronat et ta plupart des intervenants patronaux disaient: Le
Tribunal du travail? "All the way", tel qu'on l'a connu distinctement, avec
exactement tout le fonctionnement qui existe actuellement dans la
procédure prévue au Code du travail. Il me semble que ce que je
suis en train de proposer est une formule, même pas de compromis, mais
d'équilibre entre les suggestions qui ont été faites par
les diverses parties. Je peux même vous dire, M. le Président,
qu'il y a des intervenants qui ont prétendu que, non seulement il
fallait maintenir le Tribunal du travail, mais qu'il fallait te renforcer,
qu'il fallait lui confier de nouvelles juridictions, compte tenu, justement, de
sa spécialité, de son expertise. Certains ont parlé de lui
confier des juridictions civiles appartenant actuellement à la Cour
provinciale ordinaire comme, par exemple, toute réclamation d'arqent de
moins de 15 000 $ découlant de la Loi sur les normes minimales du
travail ou du secteur de la construction. Il y a des gens qui ont parlé
de cela et qui ont analysé cela, prétendant que cette solution
avait pour avantaqe de conserver à des spécialistes du droit du
travail l'interprétation du droit du travail. Je le
répète, la Commission des relations du travail va
interpréter le droit du travail, va régir les mécanismes
concernant les relations du travail. Demander à des gens qui n'ont pas
de formation, qui n'ont pas d'expertise dans le domaine des relations du
travail, mais qui ont de l'expertise en matière d'ordonnance et en
matière de jugement au criminel et ailleurs, mais qui, en matière
de ce qu'on appelle communément les relations du travail, ne sont quand
même pas des gens de tribunaux ordinaires qui ont pu développer
cette expertise, je dis qu'il serait légitime que ces gens qui sont
spécialisés en droit du travail statuent. Cela éviterait
de retourner des juges du Tribunal du travail à des juridictions avec
lesquelles ils ne sont pas familiers comme, par exemple, le droit pénal
ordinaire, les responsabilités civiles, les vices cachés,
etc.
Ce n'est pas moi qui ai inventé cela. Parlez-en à
n'importe quel juge. Il n'y a à peu près aucun juge ou procureur
qui ne prétende pas que les Cours provinciales sont passablement
engorgées, autrement dit, que leur rôle est chargé. Il y a
des gens qui prétendent cela, M. le ministre. Si c'est exact que le
rôle des cours est chargé et
qu'on a affaire à un tribunal spécialisé en
matière de relations du travail, si on te maintient indépendant
de la Commission des relations du travail, qu'on lui confie toutes les
matières pénales, qu'on lui ajoute certaines
responsabilités et qu'on ait les garanties que ces gens les exercent en
les bonifiant. Non seulement on rejoint le désir exprimé par
plusieurs intervenants, mais, possiblement, on réduit...
Indépendamment de l'analyse que peut en faire le ministre du Travail, si
on avait affaire au ministre de la Justice, s'il était ici,
peut-être qu'il me dirait qu'il partage davantage la prétention de
certains juges et de certains procureurs qu'effectivement les Cours
provinciales sont plus engorgées qu'il le souhaiterait et qu'il y a des
délais un peu abusifs. Une façon de réduire les
délais et, en particulier - parce que je ne voudrais pas qu'on perde de
vue l'un des objectifs fondamentaux... Personnellement, j'y tiens, l'objectif
de la...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...des relations du travail.
M. Gendron: Oui. La déjudiciarisation des relations du
travail, si on la maintient dans les mains des spécialistes, j'ai
l'impression qu'on risque d'avoir des jugements plus acceptables, plus
compréhensifs et qui correspondent davantage au vécu et à
l'historique des relations du travail au Québec.
Voilà, M. le ministre, la présentation que je voulais vous
faire. En conclusion, l'article 37.1 est une position qui a été
presque unanimement exprimée par les groupes qui sont venus nous voir,
avec la nuance que je reconnais qu'entre les centrales syndicales et le
patronat... Pour le patronat, c'était "prends le tout" et la plupart des
centrales syndicales disaient: Nous, on est d'accord pour expérimenter
le non-appel et diverses dispositions prévues à la Commission des
relations du travail. Mais les mêmes centrales ont reconnu qu'il y aurait
lieu de maintenir le Tribunal du travail au moins pour ce qui est des
matières pénales. C'est l'essentiel de l'amendement que je
préconise. Même si, comme je l'ai mentionné en conclusion,
il paraît long, il reprend les dispositions de l'ancien chapitre 6 du
Code du travail, mais avec une adaptation, en particulier, à deux
endroits précis, en termes de référence, entre autres
à l'article 120.7 où, effectivement, on a dû
réécrire des dispositions afin de s'assurer que les anciennes
dispositions du Code du travail couvrent les matières pénales.
L'article 137.2, je l'ai bien expliqué, c'est pour éviter une
absence de continuité juridique. Afin de maintenir la continuité
juridique, l'article 137.2... D'ailleurs, à l'article 137.2 - on ne l'a
pas lu pour l'enregistrement du débat - on dit: "Le Tribunal du travail
institué par l'article 37.1 - et je l'ai présenté -
continue à toutes fins que de droit et à tous égards le
Tribunal du travail institué par les articles 112 à 137 du Code
du travail. Les membres du tribunal et les membres du personnel en fonction,
immédiatement - il doit y avoir "entre en fonction" qui manque, non cela
va - avant l'entrée en vigueur de l'article 37.1 de la présente
loi - M. le ministre, il manque ce petit mot, il y a vraiment une erreur, il
faudrait ajouter "la présente loi" - demeurent en fonction après
l'entrée en viqueur de cet article et sont réputés avoir
été nommés conformément aux dispositions des
articles 111.21 à 111.36 du Code du travail. De même, toute
affaire introduite devant le Tribunal du travail avant l'entrée en
vigueur de l'article 37.1 se continue devant le Tribunal du travail
après l'entrée en vigueur de l'article 37.1 comme si elle avait
été initialement introduite."
Mon commentaire de conclusion sur l'article 37.2, je le
répète. Cet article n'a rien d'autre comme volonté que de
vouloir assurer la continuité juridique du Tribunal du travail qui
existe actuellement, mais que le ministre, par un article du projet de loi sur
la Commission des relations du travail, veut abroger et éliminer
complètement pour confier de nouvelles responsabilités à
la Commission des relations du travail qui, dorénavant, exercerait les
responsabilités de l'ancien Tribunal du travail.
Voilà, M. le Président, puisqu'il ne me reste que peu de
temps sur cette présentation, les principaux arguments auxquels je
voudrais que le ministre soit très attentif et qu'il nous indique en
quoi il les partage - j'espère - et, sinon, pourquoi il ne les partage
pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président.
Lorsque le gouvernement a décidé de présenter le projet de
loi et qu'il a décidé de l'abolition - parce qu'il faut utiliser
les mots qu'il faut - du bureau du commissaire général du
travail, du Conseil des services essentiels, du Tribunal du travail et du
remplacement de ces trois institutions et organismes par une Commission des
relations du travail, il a pesé et soupesé le maintien partiel ou
total du bureau du commissaire général du travail, le maintien
partiel ou total du Conseil des services essentiels, le maintien partiel ou
total - cela veut dire qu'il y aurait des juridictions modifiées - du
Tribunal du travail. Nous avons considéré l'amendement que vous
proposez qui a pour effet de maintenir l'existence du Tribunal du travail, mais
aussi
de limiter sa juridiction aux affaires pénales et nous avons
décidé de ne pas retenir cette argumentation. Je vais vous
expliquer pourquoi.
Vous avez, à bon droit et avec raison, cité le rapport
Beaudry qui ne concluait pas à la disparition ou à l'abolition du
Tribunal du travail. Je vous dirais que je n'en ai pas tellement
été surpris. Mon ami, le juge Beaudry lui-même,
présidait ladite commission. Il aurait été surprenant,
strictement pour des motifs qui sont propres au juge et qui lui appartiennent,
qu'il préconise l'abolition du tribunal et qu'il se retrouve à
siéger avec ses collègues par la suite. Cela l'aurait
placé dans une situation plutôt délicate. Je ne
prétends pas que les raisons qu'il a invoquées pour le maintenir
étaient farfelues non plus. Ce que vous avez lu est l'extrait direct du
rapport Beaudry, mais je vous indique que j'aurais été surpris
qu'il préconise l'abolition du Tribunal du travail. Je n'avais pas
terminé la lecture du rapport, je n'étais pas rendu à ce
chapitre et j'avais mentionné à mes attachés politiques
que j'étais certain que le tribunal serait maintenu pour les
considérations que vous pouvez imaginer.
Maintenant, vous nous dites: Les parties sont d'accord pour le
conserver. Je vous dirai que j'ai écouté la partie syndicale.
Cette dernière ne veut pas le conserver avec un droit d'appel. Elle veut
que les dispositions pénales aillent là. La partie patronale,
quant à elle, veut le conserver, mais avec un droit d'appel, pour donner
un palier de plus sur la plan décisionnel et faire en sorte que
l'évocation soit possible à un autre niveau que celui de la
décision de la commission comme telle. Ce sont des raisons totalement
différentes, donc, je ne peux pas parler d'uniformité dans la
demande, la finalité est la même.
Vous nous dites: Conservez-le sur le plan des causes pénales. Je
ne peux pas vous dire si c'est en augmentation ou en diminution. J'ai
tenté de le faire vérifier sur le plan des plaintes
pénales. Je vous dirai que le volume annuel, au moment où nous
nous parlons, est de 1500 décisions sur le plan annuel et sur le plan
pénal; 1500 décisions, sur les 20 dossiers que j'ai
déjà étudiés. Est-ce qu'il est question d'ajouter
ou de soustraire des postes de juge dans nos régions respectives? On
parle facilement d'une charge de travail, pour un juge de la Cour provinciale,
de 500 causes par année. En matière pénale, c'est beaucoup
plus que cela. Donc, on pourrait peut-être parler de deux juges et, au
maximum, de trois juges. Pour conserver un tribunal, trois juges, tout le
soutien administratif et tout l'appareil administratif, c'est une
considération dont il faut tenir compte sur le plan administratif.
Maintenant, sur le plan philosophique comme tel, la question du
pénal, on ne l'a pas envoyée à peu près à la
Cour des sessions de la paix, aux tribunaux de droit commun. On l'a
envoyée là parce que c'est cela qui se fait ailleurs aussi. Dans
toutes les juridictions, en Amérique du Nord, le pénal, en
matière de relations du travail, est traité par les Cours des
sessions de la paix. Dans une analyse que Me Yves Ouellette, qui est
président du qroupe de travail sur les tribunaux administratifs, faisait
pour le compte du ministre de la Justice qui, soit dit en passant, même
suivant votre amendement, serait chargé de l'application du
présent chapitre parce que c'est de la magistrature, finalement, dont il
s'agit... M. Ouellette disait: Le transfert proposé aux tribunaux de
droit commun des juridictions pénales du droit du travail apparaît
justifié et souhaitable. L'octroi à un tribunal administratif
comme le Tribunal du travail de juridiction pénale est une pratique tout
à fait insolite en Amérique du Nord.
C'est gros comme dérogation aux pratiques normales. Maintenant,
je ne suis pas contre votre argument philosophique. On risque d'avoir de
meilleures décisions lorsque le sujet est traité par quelqu'un
qui connaît bien l'ensemble du dossier des relations du travail, qui
jouit d'une expertise, etc. C'est un argument qui milite en faveur de la
création d'un banc spécialisé à la Cour
provinciale. Les effectifs qui sont transférés seront de quatorze
juges, entre autres. Cela va donner à la Cour provinciale une certaine
expertise qu'elle ne possédait peut-être pas autant qu'elle
l'aurait dû en matière de relations du travail. En tout cas, cela
va ajouter à l'expertise de la Cour provinciale. Nous avons
spécialement demandé au ministre de la Justice, parce qu'on est
un peu au courant de ce qui se prépare comme spécialisation des
bancs et des rapports des comités, si la décision finale devait
être d'arrêter des bancs spécialisés et d'en
arrêter un en matière de travail.
Maintenant, nous aurons des amendements - je pense que nous vous les
avons communiqués, sinon, nous vous les communiquerons - de façon
que les juges eux-mêmes, par le fait de cette abolition du Tribunal du
travail dont ils ne sont absolument pas responsables, ne se voient pas
pénalisés sur le plan de leur rétribution ou de leur
attribution à titre de rémunération, etc. Les ajustements
seraient faits de façon que les magistrats conservent ce qu'ils ont
acquis dans le passé. Mais, nous demander de conserver une juridiction
qui s'appelle le Tribunal du travail, soit en matière d'appel -et ce
n'est pas le but de votre amendement, je vous le concède - cela irait
à l'encontre de la philosophie du projet de loi. Conserver, en
matière pénale, nous apparaît totalement insolite avec tout
ce qui se fait ailleurs en Amérique du Nord. Le volume, au moment
où nous nous parlons, le justifierait dans la
meilleure des perspectives, même si nous acceptions l'idée
d'y assigner un maximum de trois jours. À ce moment-là, des
quatorze présentement, onze seraient redirigés vers la Cour
provinciale. Je vous indiquerai également que même si les juges du
Tribunal du travail avait la juridiction en matière de plainte
pénale par appel de novo devant la Cour supérieure, on
crée là, encore une fois, un autre niveau et on se retrouve au
même endroit sur le plan de la plainte. Sur le plan des objectifs que
vous visez, qui sont simples, qu'on a analysés, qu'on a
considérés, on n'a pas atteint les résultats
recherchés. Tous ces éléments mis ensemble et d'autres, je
suis prêt à continuer la discussion, si vous voulez. (21 h 30)
Le Président (M. Baril): Je tiendrais à vous faire
remarquer, M. le député d'Abitibi-Ouest que votre temps est
écoulé alors cela prendrait un consentement pour...
Des voix: Consentement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un sujet important,
lorsqu'on abolit un tribunal, je ne vous dirais pas que c'est moins ou plus
important que le Conseil des services essentiels ou que le bureau du
commissaire général du travail, mais sur le plan de la
société on ne parle plus d'administratif lorsqu'on parle d'un
tribunal, on parle du pouvoir judiciaire et cela a une indépendance sur
laquelle comme législateurs on mérite de se pencher un peu plus
longtemps peut-être.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je suis conscient que j'ai dépassé mon
temps sur ce système, mais je fais remarquer que j'en ai tellement
gagné ailleurs en ne l'utilisant pas, alors, sur consentement unanime on
va prendre quelques minutes. Je pense que quand des intervenants viennent
pendant deux jours, sur un projet de loi de cette envergure et qu'il n'y a
personne qui a parlé de cela, il n'y a aucun des mémoires qui
nous a été soumis, y compris ceux qui n'ont pas été
présentés mais qui ont été expédiés,
y compris certaines lettres comme j'ai reçues et que vous avez
sûrement reçues également, commentaires sur le projet
au-delà de la convocation des parties, ils ont tous parlé du
Tribunal du travail. Je vais faire deux commentaires et finir par une question.
Premier commentaire: je pense que le ministre y va pas mal - excusez
l'expression - un peu "rough" en prétendant que le patronat, quand il
l'a suggéré intégralement, c'est uniquement pour avoir un
autre palier en perspective de retarder indûment les choses et d'aller en
évocation. Un instant, à ma connaissance, le patronat - et je ne
le juge pas - mais j'ai cru entendre - et si j'avais plus de temps je serais
probablement capable de le retrouver - à une couple de reprises parler
de justice par rapport à ce que j'appellerais des conditions plus
larges, plus générales du droit du travail et ils
prétendent que cela donne un meilleur équilibre aux
décisions, quand ces décisions sont prises par des gens
spécialisés. Ce n'est pas juste pour ne pas être capable
d'y retourner autant de fois qu'il le souhaite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous reprendre, et on peut
retourner à chaque mémoire; le patronat, chaque fois qu'il est
intervenu sur la question du maintien du Tribunal du travail a parlé de
son droit d'appel. Mon souvenir est très clair là-dessus. Je peux
retourner aux mémoires si vous le souhaitez.
M. Gendron: Je pense que vous avez raison. Mais il y a une
différence - ce ne sera pas long - quand vous dites lorsqu'ils ont
parlé du droit d'appel, mais là si vous arrêtiez là,
je n'aurais pas de problème, c'est quand vous dites "pour
évocation"; alors que moi, je suis prêt à lui prêter
un peu moins ce que j'appellerais de partisanerie dans le sens de
constamment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux mitiger en disant
qu'à partir de ce moment-là cela donne ouverture à un
double niveau d'évocation. C'est une interprétation factuelle que
je fais.
M. Gendron: Quant au juge Beaudry, je peux juste vous dire, je le
connais moins que vous, vous avez l'air de le connaître pas mal, je
connais le juqe Beaudry de nom, de réputation, qu'il y une chose qui est
sûre, je me rappelle toujours comment il a élaboré sa
consultation, comment il a été à l'écoute, attentif
à une multitude d'interventions et d'intervenants. Que je sache, si le
juge Beaudry a fini dans son rapport en disant qu'il maintenait le Tribunal du
travail, c'est-à-dire qu'il souhaitait que le Tribunal du travail
demeure, il se peut que ce soit pour les motifs prétendus par le
ministre du Travail, mais je suis obligé de lui en ajouter d'autres.
J'estime et je prétends avec conviction que le juge Beaudry avait
également, lui aussi, la conviction qu'il y a de meilleures garanties
que les jugements, les ordonnances, les appels, les mesures de redressement,
quelles que soient les décisions prises par ces gens, qu'il y a de
meilleures garanties de justice, d'équité, d'équilibre que
si c'est davantage pris par des gens qui ont une plus grande expertise dans le
domaine...
Une voix: Je partage vos propos.
M. Gendron: Vous partagez mes propos,
cela va, ce sont les deux commentaires que je voulais faire. Voici la
question, comme je vous ai dit que je terminais avec une question
là-dessus. Là je suis convaincu qu'on le cite correctement comme
on a toujours fait depuis le début des audiences, on a toujours
cité le ministre correctement en disant qu'il y avait un grand
écart entre les notes explicatives et son projet de loi. Il dit que
partout ailleurs, le pénal est transféré ailleurs. Il a
dit cela tantôt. C'est une espèce de privilège au
Québec que le pénal soit exclusif au Tribunal du travail. Je
parle dans ce qui existe, je ne parle pas dans ce que vous souhaitez. Partout
ailleurs le tribunal est transféré aux tribunaux de droit commun.
C'est ce que vous dites.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je vous dis, je peux le
relire au texte, parce que j'ai le texte devant moi: Le transfert
proposé aux tribunaux de droit commun de juridiction pénale du
Tribunal du travail apparaît justifié, souhaitable. L'octroi
à un tribunal administratif comme le Tribunal du travail de juridiction
pénale est une pratique tout à fait insolite en Amérique
du Nord.
M. Gendron: Je ne pense pas avoir commis de sacrilège en
disant, peut-être pas au texte, je ne l'ai pas le texte, exactement ce
qu'il vient de nous citer. Ma question est la suivante: Si c'est exact, le
point de vue de l'expert et la réalité observable ailleurs, B.C.,
le fédéral je ne sais pas, mais B.C., on est pas mal sûr,
est-ce qu'il n'est pas vrai que dans les cas où c'est
transféré ailleurs que les commissions de relations du travail
ont la prérogative d'autoriser les plaintes pénales,
mécanisme que nous n'avons pas? C'est peut-être important pour
l'un ou les trois quarts qui suivent cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est généralement
vrai ce que vous dites.
M. Gendron: Du moment où il y a quand même des
commissions de relations du travail qui filtrent - si vous me passez
l'expression - qui analysent à tout le moins, qui regardent ce qui leur
arrive et qui décident éventuellement d'autoriser au niveau des
tribunaux de droit commun plutôt que uniquement en matière
pénale, les plaintes pénales, c'est parce qu'il y a une analyse,
il y a eu un certain regard. Mais, que je sache, ailleurs, M. le ministre, les
commissions de relations du travail qui ont cette prérogative oeuvrent
et fonctionnent dans le domaine des relations du travail, un peu comme vous le
souhaitez. Il me semble que c'est partir à l'envers. Là-bas, ces
gens-là... je parle de la Commission des relations du travail ou des
commissions des relations du travail, elles sont là, elles ont des
mandats définis, déterminés par la loi et elles ont
développé une certaine expertise et elles disent: On a la
prérogative. Les commissions des relations du travail l'exercent cette
prérogative - si elles disaient non, on s'en fout - et ce sont elles qui
autorisent les plaintes pénales. Est-ce que vous ne croyez pas que cela
vient, non pas détruire l'opinion de l'expert que vous avez cité
tantôt, dont je ne me rappelle plus le nom - je ne parle pas du contenu
mais du nom de la personne - mais quand même atténuer passablement
sa prétention qu'il est urgent de transférer le tout comme
ailleurs? Alors que nous n'aurions pas de dispositions, à moins que vous
alliez m'en indiquer que je n'aurais pas vues, que je sache on n'a pas ces
dispositions où les commissions de relations du travail seraient, non
pas les mandataires, mais les personnes qui autoriseraient
éventuellement les plaintes au pénal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirais là-dessus
que quand on analyse un système in vacuum, sans tenir compte de son
environnement, vos propos pourraient être justifiés. Mais je vous
dirais que l'expertise qui part du Tribunal du travail et s'en va aux tribunaux
de droit commun, au niveau de la Cour provinciale, une expertise dans le
domaine de relations du travail dont je suis certain que la Cour provinciale va
se servir, ces gens-là vont être là. On a une demande
également et c'est dans un avenir prévisible qu'il y ait des
bancs spécialisés à la Cour provinciale. À ce
moment-là, on ne traite pas du sujet dans l'abstrait. On traite du sujet
avec des ressources humaines que l'on déplace, qui sont très
compétentes. Je ne sais si vous le savez, mais peut-être que votre
expert pourrait vous renseiqner là-dessus, lorsque des juges de la Cour
provinciale rendent des jugements dans des domaines qu'ils connaissent moins
bien, je vous dirais qu'ils consultent leurs collègues, ils ne font pas
cela dans l'isoloir. Le fait que l'on enrichit la Cour provinciale de quatorze
juges spécialistes en relations du travail, commence à donner une
crédibilité. Les juges qui s'y connaissent moins bien ne se
gênent habituellement pas pour consulter un confrère qui s'y
connaît plus. Je vais vous donner un exemple en matière
d'impôts en Cour provinciale des juridictions importantes. Ce n'est pas
tous les juges de la Cour provinciale qui s'y connaissent bien en impôts.
Lorsqu'ils ont une cause ils consultent leurs collègues
spécialistes. Cela ne se fait pas dans l'isoloir, ces choses.
M. Gendron: Ce n'est pas tellement cela. Cela m'étonne que
vous, comme ministre du Travail, n'ayiez pas saisi cela. Soyez sensible
à ce que je vais dire; moi, je le souhaite. Ce que je vais dire, ce
n'est pas moi qui parle, mais ce sont des appels et des contacts qu'on a eus
avec des gens qui
connaissent le domaine. Vous avez dit - et cela va être court -
oui, mais ces gens-là ne seront pas sur la planète Mars, on les
transfert à la Cour provinciale. Donc leur expertise va les suivre
probablement. Je ne suis pas en désaccord avec vous là-dessus.
Mais, la problématique, ce n'est pas cela. Il y a une différence
entre quelqu'un qui reçoit le mandat de pouvoir juger une cause sans en
avoir l'expertise et pouvoir consulter quelqu'un qui a l'expertise, versus
quelqu'un qui non seulement la possède déjà mais qui a ce
que j'appelle le milieu environnemental. Je vais donner un exemple
précis. Je reviens à mes commissions des relations du travail qui
ont la prérogative d'autoriser les plaintes pénales ailleurs.
Êtes-vous au courant - vous devriez l'être comme ministre - qu'il
arrive dans des cas précis qu'on pourrait faire ressortir que même
si la plainte est fondée à sa face même, les CRT,
c'est-à-dire, les commissions des relations du travail ailleurs, peuvent
ne pas autoriser la plainte pénale. Qu'est-ce que je viens d'illustrer?
Pourquoi pensez-vous que cela fasse cela? Il y a matière, c'est
fondé et les commissions des relations du travail décident de ne
pas recommander...
Une voix: ...
M. Gendron: Juste une seconde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pas votre amendement, cela ne
me fait rien, si vous avez un autre amendement à proposer...
M. Gendron: Je vais revenir. Je plaide mon amendement dans le
sens suivant, M. le ministre. Par cet exemple là, je veux juste signaler
que quand la commission regarde, même si la plainte est fondée
à sa face même, la commission, elle, ne l'autorise pas, c'est
qu'elle a eu une grille - écoutez-moi et vous allez voir que c'est
peut-être la même chose - de référence et d'analyse
globale, un contexte d'environnement global qui fait qu'elle ne recommande pas
la poursuite de la plainte. Ce que je dis pour mon amendement, le risque de
maintenir le tribunal du travail pour ce qui est de toutes les matières
pénales, ferait qu'il développerait cet environnement global, cet
environnement général...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Gendron: C'est justement, je sais qu'il l'a
déjà, je veux qu'il reste, pour ce qui est des matières
pénales. Et ayant l'environnement général global, on
risque moins que des situations comme celles que vous avez décrites
arrivent dans le sens... Oui, mais écoutez, vous dites: Ce n'est pas si
grave que cela, parce que quand ils seront transférés à la
Cour provinciale, ces gens-là vont quand même rayonner, celui qui
aura la cause - si vous me permettez l'expression - pourra quand même
consulter le spécialiste venant du Tribunal du travail. Ce n'est plus
pareil de consulter un spécialiste et d'être obligé de
rendre une décision, lorsqu'il n'a pas l'environnement du milieu
naturel, cette globalité qui existe actuellement à la Commission
des relations du travail. Je suis convaincu qu'à part le ministre du
Travail, si vous demandez le vote, tous ses collègues vont être
d'accord. Je sens que je les ai convaincus. Mais le ministre du Travail lui,
peut-être a plus de réticence. (21 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va le prendre au mot. Je
pourrais argumenter encore longtemps. Sur le plan philosophique, je tiendrais
à vous dire, M. le député, que je partage plusieurs des
éléments que vous avez mis de l'avant. C'est pourquoi j'ai
adressé une demande à mon collègue, le ministre de la
Justice, de la création d'un banc spécialisé. Maintenant,
si vous vouiez revenir avec - et je vous ouvre la porte - un amendement qui
nous parle de la filtration par la commission, je serais heureux d'en discuter.
On ne pourra parler des deux et des trois en même temps. Si on revient
avec un filtre, j'abandonne ma demande au ministre de la Justice. Je vous
préviens. Si j'ai un filtre, je n'ai plus besoin de ce banc
spécialisé à la Cour provinciale. On ne peut pas avoir
trois, quatre éléments. À un moment donné, il faut
faire son lit quelque part, prendre une décision, dire: C'est cela qu'on
fait et c'est dans cette direction qu'on va. Je suis très à
l'aise. Vous n'avez pas tort sur le plan philosophique sauf que je
prétends que le système actuel et surtout dans la
possibilité de la création d'un banc spécialisé
à la Cour provinciale va faire davantage que l'amendement qui est
proposé. Maintenant, si on veut s'harmoniser avec le reste des
juridictions au Canada et parler d'un filtre, à ce moment-là il
n'y a pas de banc spécialisé au niveau de la Cour des sessions ou
de la Cour provinciale. On prend cette avenue et il n'y a pas de
problème.
M. Gendron: M. le ministre, si vous commencez à ces
heures-là à avoir un peu d'ouverture, et j'espère que cela
va s'améliorer en procédant, je prendrais davantage le filtre. Je
souhaiterais qu'on opine davantage pour le filtre parce que je suis convaincu -
et là j'allais porter un qualificatif, mais je vais le retirer
mentalement, vous ne l'entendrez donc pas - qu'avec le ministre de la Justice
actuel, de toute façon, on aura quand même le banc
spécialisé. Quand il recevra un très grand nombre de
demandes pour spécialiser un banc à la Cour provinciale en
relations du travail, j'ai l'impression qu'il va y donner suite. À
ce
moment-là, on aura un équilibre parfait qui pourra donner
suite aux demandes qu'on a reçues des différents intervenants.
Mais plus sérieusement, parce que je ne suis pas dans la conscience du
ministre de la Justice et je ne voudrais pas l'être, j'ai l'impression
qu'il manque des bouts, comme ministre de la Justice...
Le Président (M. Baril): Pas de partisanerie, s'il vous
plaît!
M. Gendron: Je ne fais pas de partisanerie, c'est un petit
aparté. Sérieusement, pour ce qu'on en perd, M. le ministre, je
pense que l'exemple que je vous ai donné quand vous m'avez dit:
Écoutez, c'est un peu en dehors de votre amendement. Au contraire. La
nécessité d'envisager un filtre comme on l'exprime et on sait de
quoi on parle quand on mentionne cela, j'ai l'impression que vous avez
là sérieusement une ouverture qui pourrait être
intéressante. Je suis convaincu que vos grifonneux juridiques sont
capables d'écrire cela. Et ce n'est pas péjoratif. Mon conseiller
prétendant qu'il a fait largement sa part.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut même vous proposer
de rédiger un amendement. Je ne sais pas si...
M. Gendron: C'est ce que j'ai essayé de vous transmettre
à travers un peu d'humour, M. le ministre.
Le Président (M. Baril): Nous devons disposer des articles
37.1 et 37.2.
M. Gendron: Comme on avait travaillé fort et
sérieusement, je souhaite que, sur l'amendement de 37.1 et 37.2, nous
puissions éventuellement prendre le vote après que le ministre
nous suggère un texte qui pourrait possiblement être...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en ce qui me concerne, en tout
cas.
M. Gendron: Oui?
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Je pense que dans ces
circonstances - je le propose de bonne foi - je ne ferai pas un texte ou un
amendement qui va apporter un filtre pour la forme, il va vraiment filtrer.
J'ai vérifié. Cela n'empêchera pas les plaintes
privées en matière pénale. Elles vont continuer à
exister. Le législateur ne possède pas de moyens pour
empêcher une plainte privée comme telle. Mais sur le plan des
parties, cela stabilise. Cela va dans le sens d'une mentalité d'une
Commission des relations du travail. Si les amendements étaient
retirés, je n'en suis pas maître, vous êtes maître de
ces amendements, cela éviterait le vote et la discussion que nous avons
eue et les amendements qui ont été proposés seraient
écrits, de toute façon, pour la postérité dans le
Journal des débats. Sinon, je suggérerais d'en disposer parce que
je ne sais pas exactement où va s'insérer le filtre et on aura
besoin d'un consentement unanime de la commission pour l'introduire.
M. Gendron: Non, M. le Président - et cela va être
très court - mais il faut quand même admettre que c'est suite
à l'échange qu'on a eu que le ministre a laissé voir qu'en
ce qui le concerne, il serait prêt à envisaqer une disposition qui
est quand même beaucoup plus faible que ce qui a été
souhaité. Une espèce de filtre, comme on s'est exprimé, ne
correspond quand même pas à la demande qui, pour moi, en tout cas,
à la lecture que j'ai faite, correspondait presque à une
volonté, pas unanime, parce que le mot serait trop fort, mais
généralement fortement partagée par l'ensemble des parties
qui nous ont donné leur avis sur le projet de loi. Si le ministre ne
voit pas d'objection, je souhaiterais que l'amendement que j'ai proposé
demeure et que vous appeliez le vote nominal sur l'amendement
proposé.
Le Président (M. Baril): M. le secrétaire,
voulez-vous appeler le vote nominal sur les articles 37.1 et 37.2? Est-ce qu'on
fait les deux en même temps?
Une voix: À moins qu'il y ait consentement.
Une voix: D'abord 37.1. Un à la fois.
M. Gendron: Selon le vote, j'indiquerai si on peut prendre le
même vote pour l'article 37.2. Si je vois une ferveur dans...
Le Président (M. Baril): Procédez, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Leclerc?
M. Leclerc: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Le
Secrétaire: Là, je saute le président.
Le Président (M. Baril): Avez-vous
compris, M. le député d'Abitibi-Ouest, il m'a
sauté, là.
Le Secrétaire: M. Gendron?
M. Gendron: Pour. Je perds encore, mais moins fort.
Le Président (M. Baril): Pour: un, contre: 4. Alors,
l'amendement 37.1 est rejeté. L'amendement 37.2.
M. Théorêt: Même vote, M. le Président,
avec le consentement de l'Opposition.
M. Gendron: Je suis d'accord, M. le Président, même
vote.
Le Président (M. Baril): Même vote? Alors, je
comprends que les amendements 37.1 et 37.2 ont été
rejetés. Nous sommes rendus à l'article 38,
l'élément 112.
Commission des relations du travail - Constitution et
organisation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "II est institué un
organisme appelé "Commission des relations du travail" chargé
d'administrer l'exercice du droit d'association et de favoriser le
règlement ordonné des conflits de travail et le
développement de saines relations du travail eu égard à
l'intérêt du public, aux droits, et obligations des parties et
à la bonne gestion des ressources humaines."
Nous avons un amendement qui remplacerait l'élément 112
par le suivant: "II est institué un organisme appelé Commission
des relations du travail chargé d'assurer l'efficacité de la
procédure d'accréditation et de favoriser le règlement
ordonné des conflits du travail et le développement de saines
relations du travail eu égard à l'intérêt du public,
aux droits et obligations des parties et à ta bonne gestion des
ressources humaines."
Je pense qu'il y a deux volets sur lesquels nous avons eu des
échanges et des discussions. Le premier était de rapprocher la
question d'administrer l'exercice du droit d'association des notes
explicatives. Il y a certaines suggestions qui nous ont été
faites par les parties qui sont venues témoigner devant la commission.
Je vous dirai que l'expression reconnue est l'expression que nous retrouvons
actuellement dans le Code du travail. Nous avons retenu cette expression parce
qu'elle est bien connue des parties, elle n'est pas contestée par les
parties. On apporte un élément de sécurité sur le
plan des parties, mais qui se rapproche, et je l'indique, dans nos notes
explicatives. Maintenant, la deuxième partie, et c'est là que je
suppose que votre témoin est venu à la charge, c'est lorsqu'on a
conservé dans le projet de loi, malgré les objections de
plusieurs, je ne dirai pas de la totalité, mais je dirai de plusieurs
des intervenants, la notion de bonne gestion des ressources humaines.
Là-dessus, j'aimerais vous souligner que nous retenons le premier
énoncé des conseillers en relations industrielles, que l'on
appelle les CRI, je vous rappellerai ce qu'ils ont répondu à une
question très directe que je leur ai posée quant à
l'inclusion de cette notion à l'article 112 du projet de loi. M. Girard
qui est leur président, qui les représentait, s'est
exprimé comme suit: Donc, je devrai donner une réponse
nuancée. La réponse que je pourrai donner est la suivante sur le
plan des principes. Comme corporation, ce que nous privilégions c'est
une approche qui tienne compte des nouvelles tendances - je l'ai dit tout
à l'heure - en gestion des ressources humaines. Par conséquent,
dans la mesure où la commission serait incitée à rendre
des décisions en respectant les principes qui doivent prévaloir
au niveau de la bonne gestion des ressources humaines, la
référence à cette notion ne serait pas dangereuse pour
nous. Elle serait même utile. J'entends par principes de bonne gestion
des ressources humaines les suivants: Que les parties doivent elles-mêmes
trouver des solutions à leurs problèmes, que les parties doivent
se faire aider dans le sens de la médiation, dans le sens du soutien, et
non pas abandonner leurs responsabilités au profit d'un tiers qui
tranche en leur lieu et place. Dans la mesure où cette expression
amènerait la commission à tenir compte de ces valeurs, cela
pourrait être intéressant.
Et là, il y a toute l'autre dialectique, si cela veut dire autre
chose, si cela veut dire - et je peux le citer au texte: Cependant, l'autre
point de vue est de dire que cela pourrait avoir exactement l'effet contraire
dans le sens où le tiers, donc la commission, se substituerait aux
parties et déciderait de la valeur des bons principes de gestion de
ressources humaines, ce qu'est la gestion des ressources humaines, en ce sens
ce serait aller exactement dans le sens contraire des intérêts
qu'on défend. Il y aurait donc probablement avantage à
éclaircir cet aspect.
Je vous dis que c'est dans le sens de la première
interprétation que nous souhaitons aller. Maintenant, nous attendons
encore, au moment où nous nous parlons, une modification de vocabulaire
que nous traduirons en amendement. De la part de la corporation, on nous
informe que nous devrions recevoir le tout demain matin. Je suggèrerais
donc, dans les circonstances, de suspendre l'adoption de cet article vu que
nous vous annonçons un amendement quant à la question de la
notion de bonne gestion de ressources humaines.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous parlez de
112?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De 112, oui. Je tenais à
donner quand même tout l'éclairage nécessaire à
l'Opposition en ce qui concerne la première partie des amendements.
Quant à la deuxième partie, il y a des amendements qui pourraient
s'imposer. Nous avons affaire à des spécialistes. Nous avons
recours à leurs services au moment où nous nous parlons et nous
voulons baliser la deuxième partie dans le sens de la première
intervention qu'ont faite les conseillers en relations industrielles.
M. Gendron: Une réaction rapide. Je suis très
étonné, sincèrement et sérieusement, que le
ministre, après tout ce qui a été dit, et dans certains
cas avec une excellente argumentation que j'aurai l'occasion de servir, n'a
été sensible qu'à !a première partie du mandat.
Rapidement, je pense qu'il y a trois éléments dans 112. Il y
avait toute la question d'ordonner, "le règlement ordonné des
conflits", il y a des gens qui ont tiqué là-dessus - si vous me
permettez l'expression - le premier volet, le texte intégral
était chargé d'administrer l'exercice du droit d'association et
il y en a plusieurs qui faisaient référence au fait que ce
n'était pas assez, comme il l'a dit lui-même, dans l'esprit des
notes explicatives. Je tiens à vous dire - parce que je travaille
franchement d'habitude et je ne changerai pas ce soir - quant au premier volet,
que vous avez changé le texte que nous avions versus l'amendement
proposé pour ajouter "chargé d'assurer l'efficacité de la
procédure d'accréditation", cela m'apparaît heureux comme
changement et cela m'apparaît vraiment être respectueux de ce qu'on
a entendu, pas seulement dans la lettre, mais dans l'esprit surtout. Et je
répète que c'est important. Je ne ferais pas un long laïus
là-dessus, mais c'est fondamental qu'on arrive à un mandat de la
nouvelle instance et que dans le mandat de la nouvelle instance on ait
effectivement cette ouverture d'esprit pour tenir compte de la philosophie et
de toute l'orientation.
Mais je vais être très court. Si j'ai bien compris, M. le
Président et celui qui succédera, le ministre nous suggère
la suspension parce qu'il va arriver avec un autre texte. Mais je veux tout de
suite lui indiquer qu'en ce qui nous concerne, on est absolument
étonné et renversé qu'il prétende que c'est une
question de rédaction, que c'est une question de libellé pour ce
qui regarde la référence à deux notions:
l'intérêt public et la bonne gestion des ressources humaines,
alors que ni l'un ni l'autre, dans le projet de loi qu'il soumet
lui-même, n'est défini. Je veux indiquer par là qu'en ce
qui me concerne, avec ma petite expérience, c'est du jamais vu. On ne
peut pas, en matière d'interprétation, on est dans le mandat,
là... on crée une nouvelle commission de relations du travail et
on dit: Voici ce qu'elle va faire. Elle va être chargée de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi, quand même. On
n'est pas dans les fonctions et pouvoirs. On est dans...
M. Gendron: On est dans le mandat. (22 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est dans le
préambule.
M. Gendron: Oui, mais, écoutez, si c'est le
préambule, c'est le préambule général quand
même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: À ma connaissance, arriver avec deux notions
aussi "conséquentielles" pour le type de décisions... et
là, vous avez raison pour ce qui va suivre. Si cela s'arrêtait
là, supposons qu'il n'y ait plus rien après, je...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, je
suis conscient de la côte que j'ai à remonter. J'ai entendu, comme
vous, les interventions de toutes les parties. Je ne demande même pas
à la commission de procéder à l'adoption du
libellé, ce soir, parce que je veux être d'une extrême
prudence. Mais je vous dirai et je vais tenter - puisque la nuit porte conseil,
même si elle est parfois courte - quand même de vous convaincre de
la possibilité d'être soit dix ans en avant ou dix ans en
arrière. II y a des gens qu'on écoute qui nous disent: Si vous
inscrivez cela, vous tomber dix ans en arrière. D'autres nous disent:
Vous allez tomber, sur le plan de l'interprétation des relations du
travail, dix ans en avant, au Québec. Je veux vous répéter
l'opinion d'un expert qui représente, par sa corporation, des parties
patronales, des parties syndicales, le monde universitaire, et il ne faut pas
le rejeter. Je ne dis pas qu'on va l'imposer, etc., je veux qu'on y pense
sérieusement parce qu'on a peut-être une occasion en or de faire
un pas en avant. Je vous réinvite à relire attentivement
l'interprétation qui pourrait être retenue et, si on pouvait
baliser cette interprétation, quel pas en avant on pourrait faire pour
la société québécoise! Je vous la relis: Par
conséquent, dans la mesure où la commission sera incitée
à rendre des décisions en respectant les principes qui doivent
prévaloir au niveau de la bonne gestion des ressources humaines, la
référence à cette notion ne serait pas dangereuse pour
nous. Elle serait même utile. J'entends par principe de bonne gestion
de
ressources humaines les suivants: Que les parties doivent
elles-mêmes trouver des solutions à leur problème; que les
parties doivent se faire aider dans le sens de la médiation, dans le
sens du soutien et non pas abandonner leurs responsabilités au profit
d'un tiers qui tranche en leur lieu et place. Dans la mesure où cette
expression amènerait la commission à tenir compte de ces valeurs,
cela pourrait être intéressant. Je vous dis que ce que nous
recherchons comme législateur au moment où je vous parle, c'est
de baliser cette orientation et de s'assurer qu'elle ne peut être
interprétée dans une autre direction que celle que je viens de
vous exprimer.
Je vous dis que l'abandonner trop vite serait, pour nous, rater une
belle occasion. Tantôt, vous avez dit qu'un ministre ne doit pas
simplement observer les consensus qui se dégagent, qu'il doit faire
preuve de leadership. À ce moment-là, si cela pouvait être
interprété dans ce sens-là, j'ai l'impression qu'on
pourrait relever ce défi.
M. Gendron: M. le Président, je veux juste indiquer deux
choses au ministre, en conclusion, parce qu'on suggère de suspendre
là-dessus. Je souhaite que la nuit porte conseil pour tout le monde et,
en conséquence, qu'il soit sensible aux arguments qu'on va lui donner
à partir de l'amendement que je vais souhaiter qu'on dépose. Je
vais souhaiter qu'on dépose l'amendement que nous aurions fait à
l'article 112. Il en fera ce qu'il voudra; il s'en inspirera ou pas. Je veux
lui indiquer que, lorsqu'il est sur la voie d'une référence
à la bonne gestion des ressources humaines, en tenant compte de quelque
chose qui serait, selon moi, plus resserré que ce qu'il nous a lu, mais
où on sent que l'esprit est le même, autrement dit, il y avait un
bon esprit dans ce qu'il nous a lu, je vous jure, et je ne suis pas un grand
spécialiste là-dessus, mais j'ai placoté et j'ai lu pas
mal parce que cela m'a fatigué dès le début,
là-dessus, spécifiquement là-dessus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Gendron: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste un...
M. Gendron: J'ai été étonné de voir
que personne à qui j'en ai parlé a compris que la
référence à la bonne gestion des ressources humaines
pouvait avoir la signification qu'il vient d'indiquer, soit à la demande
du ministre auprès d'un expert pour justifier son écriture, peu
importe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indiquerai bien
honnêtement et bien ouverte- ment que l'explication a été
fournie spontanément, en tout cas, ce n'est pas moi qui l'ai
téléguidée. Je vous dirai que, lorsque je l'ai
rédigée, nous l'avons inscrite dans le projet de loi, c'est
l'objectif que nous visions.
M. Gendron: Je conclus, M. le Président, en disant que, si
le ministre est toujours dans la perspective qu'une bonne gestion des
ressources humaines signifie dans un contexte où la médiation est
favorisée, dans un contexte où on exige davantage que les parties
assument davantage la responsabilité de conclure à des ententes
plutôt que de toujours pelleter cela dans la cour du voisin et de passer
le poisson, selon une expression populaire, c'est une voie intéressante.
Même les parties prétendent que le meilleur règlement est
toujours celui qui intervient entre les parties, et non pas par l'entremise
d'un tiers. On n'a pas besoin d'avocat pour trouver cela. C'est loqique et
légitime. D'ailleurs, la preuve, c'est que, sur ce bout-là,
même mon conseiller ne m'a pas conseillé.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Je ne suis pas avocat.
C'est pour s'amuser un peu. Mais, très sérieusement, je
pense, M. le Président, et c'est ma conclusion, que si le ministre dit:
Écoutez, je continue à réfléchir
là-dessus... Quand j'ai parlé de mon étonnement, il
était sérieux d'avoir toujours cette même conviction de
revenir avec une notion que personne ne comprend et il nous donne un amendement
où on retrouve exactement le même texte, et pas plus de
référence à une notion définie et balisée
qui permettrait de dormir un peu plus tranquille cette nuit et d'être
convaincu que le ministre a réellement le goût, sur quelque chose
de fondamentalement unanime, qu'il faut absolument écrire cela
différemment ou, à tout le moins, avoir une définition
précise, nette et claire dans le début du projet de loi. Et
quand, dans le mandat général, on fait allusion à cela,
à ce moment-là, on saurait ce dont on parle. Je conclus que
l'expression intérêt public n'a pas sa place en ces
matières sauf quant aux services essentiels. C'est l'autre sujet
également de réflexion, en conclusion, parce qu'on a fait un bon
bout sur la gestion des ressources humaines, mais je voudrais aussi qu'il ait
le même désir d'arriver à quelque chose de plus non
interprétable, positivement ou négativement, mais
interprétable que pour les bons motifs qu'il veut véhiculer
toujours dans ses notes explicatives... Comme il a le même mandat que le
mien, à la suite des audiences, soit de réduire l'écart
entre ses notes explicatives et le contenu du projet de loi, il faut
également que le ministre soit sensible à baliser davantage la
notion
d'intérêt public. Car la notion d'intérêt
public pour ce qui est des - je le répète -matières
touchant les services essentiels, la notion d'intérêt public se
comprend bien, quand on fait allusion à la notion de services
essentiels. Mais, quant au reste de l'ensemble des mandats, dire que la notion
de l'intérêt public, qu'est-ce qu'elle va être et comment
va-t-on l'interpréter? Non, non, si j'ai tort, je vous dis juste, M. le
ministre, mettez bien du monde cette nuit là-dessus pour s'assurer qu'an
soit tous plus éclairés les uns que les autres, mais conclusion,
à tout le mains... Rappelez-vous ce que j'ai dit quand j'ai
essayé de justifier la nécessité d'un préambule.
Vous m'avez dit: Ça, ça se justifie moins, parce que c'est le
gros "kit", c'est la grosse réforme du Code du travail.
Éventuellement, vous ne m'avez pas dit oui, mais vous m'avez
laissé voir qu'il y avait une logique à ce qu'un Code du travail
renouvelé, revigoré et réadapté aux
nouveautés 1987, soit "contexte". C'est cela, un préambule, c'est
"contexte", c'est charnière, un préambule. On va "contexter"
l'affaire. Mais dans quel esprit est-ce que cela se situe? Vous n'étiez
pas contre cela. Moi, j'ai toujours fait la référence en termes
de logique: D'accord, je laisse tomber le préambule, pas parce que je ne
le trouvais pas intéressant, mais je l'ai toujours relié, pas de
préambule, modifie... On est rendu là, M. le Président. En
conséquence, je souhaite que le ministre soit même
éclairé cette nuit ainsi que ses spécialistes pour
être en mesure de produire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je comprends pour
résumer qu'à l'article 112 nous avions trois
problèmes?
M. Gendron: Oui, vous en avez réglé un.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a un de
réglé et il en reste deux en suspens.
M. Gendron: Voilà. En ce qui me concerne, il en reste deux
en suspens et ils sont majeurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Ils sont importants.
Le Président (M. Théorêt): Nous allons
suspendre l'étude de l'article...
M. Gendron: Une seconde, M. le Président, parce que je ne
suis pas sûr... Un instant. C'est cela. Il y avait seulement un petit
problème. Là, j'en fais moins un drame par exemple. Je le
répète bien amicalement, tant qu'à être pris pour
veiller cette nuit et creuser cela, l'appellation "ordonné",
"règlement ordonné", a été soulignée par
trois mémoires, à ma connaissance. Dans le préambule
fédéral, on parle de règlement positif, à ma
connaissance. Pour parler de la même chose. Ici, je ne suis pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le faire
vérifier.
M. Gendron: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre positif et
ordonné.
M. Gendron: "Le règlement ordonné des conflits du
travail", le règlement positif, c'est ce qu'on souhaite, je pense.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le côté positif des
conflits du travail, c'est quand les parties sont satisfaites.
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Alors, je peux le faire
vérifier sur le plan de la...
M. Gendron: Si vous voulez le vérifier et l'ajouter
à votre réflexion. Je voulais juste m'assurer, M. le
Président, si on a remis l'amendement qu'on aurait
déposé.
Le Président (M. Théorêt): Pas encore.
M. Gendron: M. le Président, je veux expliquer qu'on va
déposer l'amendement, mais je veux aussi que vous compreniez, comme
président de commission, que ce n'est pas un dépôt officiel
que je fais d'un amendement à l'article 112, mais, parce que le ministre
a eu, en ce qui me concerne, la sagesse de dire: Écoutez,
moi-même, je ne suggère pas l'adoption de l'article 112 tout de
suite parce qu'on va y réfléchir, c'est quelque chose à
titre indicatif qui traduit davantage l'esprit dans lequel on pense qu'on
devrait étudier l'article 112. C'est volontaire qu'il n'y ait plus de
référence à la bonne gestion des ressources humaines, mais
à la suite des explications que j'ai données en ce qui concerne
l'Opposition, si elle écrivait un libellé ou une
référence antérieure à une définition qui
permettrait de s'assurer qu'il n'y ait pas d'autre interprétation que
celle qu'on définirait antérieurement et qui irait dans le sens
de ce que le ministre a expliqué, je veux dire que cela ne me fait rien,
supposons que nous aussi, nous travaillerions cette nuit là-dessus,
d'ajouter une référence à la gestion des ressources
humaines.
Le Président (M. Théorêt): D'accord, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Pour les fins du Journal des
débats, je voudrais bien mentionner deux choses:
premièrement, l'amendement à l'article 38, proposé par le
ministre, article 112, est suspendu jusqu'à
demain; deuxièmement, l'amendement proposé par le
député d'Abitibi-Ouest à l'article 38, article 112, est
également suspendu jusqu'à demain. Est-ce exact?
M. Gendron: C'est plutôt, M. le Président...
Le Président (M. Théorêt): Ce n'est pas un
dépôt formel.
M. Gendron: Non, mais c'est...
Le Président (M. Théorêt): C'est d'en
informer les membres de la commission.
M. Gendron: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
M. Gendron: Mais, ce qui est suspendu, c'est moins les
amendements que l'article 112.
Le Président (M. Théorêt): Voilà,
c'est cela.
M. Gendron: L'article 112 est suspendu et, à titre
indicatif, deux amendements ont été déposés, l'un
provenant de l'Opposition et l'autre provenant du parti ministériel ou
du ministre.
Le Président (M. Théorêt): D'accord, c'est
clair.
M. Gendron: Ces amendements, eux, sont des éléments
à titre indicatif pour nourrir la réflexion qui amènera un
nouveau libellé autre que celui que nous avons concernant l'article 112
existant.
Le Président (M. Théorêt): L'article 112 est
suspendu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...était prêt
à procéder avec l'article 112, on dirait: Bon, on va finir la
discussion, la vider et on procédera au vote; mais on n'est pas
prêt, au moment où nous nous parlons. Nous comptons être
prêts demain.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
L'article 112 est suspendu. J'appelle l'article 113.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "La commission a son siège
social sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal et
a un bureau sur le territoire de la communauté urbaine de Québec
et à tout autre endroit qu'elle détermine. "Elle peut tenir ses
séances à tout endroit au Québec."
Je pense qu'on a eu l'occasion d'en discuter indirectement cet
après-midi.
M. Gendron: Je n'ai pas beaucoup de commentaires, si ce n'est
pour dire que j'ai plusieurs indications que la ville de Val-d'Or sera
probablement la ville de l'avenir pour les vingt prochaines années. En
conséquence, il aurait été intéressant que le
ministre du Travail pense installer une succursale ou une officine de la
nouvelle Commission des relations du travail à Val-d'Or.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle est à peu près
sur le même pied d'égalité que la ville de Cowansville
à cet égard.
Des voix: Ha! Ha!
M. Gendron: Non, plus sérieusement, M. le ministre, je
pense que nous n'avons pas d'objection à l'article 113. C'est quand
même assez réaliste par rapport à ce qu'on a discuté
cet avant-midi ou cet après-midi, soit avoir au moins un endroit qui
permette aux intéressés, à la suite des décisions,
de prendre connaissance de certains avis, et à partir du moment
où ils décident d'avoir un pied-à-terre dans les deux
principales communautés québécoises... D'accord.
Le Président (M. Théorêt): L'article 113 est
adopté. J'appelle l'article 114.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "La commission est composée
de commissaires nommés par le gouvernement, dont un président et
un ou plusieurs vice-présidents. "Les vice-présidents et les
autres commissaires sont nommés après consultation des personnes
et des organismes intéressés. "Le gouvernement détermine,
par règlement, le nombre de commissaires et de
vice-présidents."
Je peux discuter de chacun des éléments avec l'Opposition.
Je vous dirai que je vais demander quand même un peu la même chose,
soit qu'on suspende l'adoption de l'article. Quant au président comme
tel, j'aurai un amendement à proposer. On a eu des problèmes sur
le plan de la rédaction, mais rien de majeur. Des interventions nous ont
indiqué qu'il fallait baliser.
Si vous voulez parler du nombre et de ces choses-là, je suis
ouvert à la discussion. Toutefois, je vous dis qu'en ce qui concerne le
président, il y aura un amendement pour baliser sa nomination. (22 h
15)
M. Gendron: Je pense que toujours, vu le travail qu'on a à
faire qui est quand même une responsabilité dont on doit
s'acquitter le mieux possible, les indications qu'on a reçues, là
ce que je viens d'entendre du ministre, c'est que, pour lui, son travail n'est
pas terminé sur l'article 114. Je trouve cela correct comme cela. Je
voudrais juste qu'il me permette, non pas de parler une heure, mais quelques
minutes comme je l'ai
fait sur 112. Nous trouvons que c'est important. Encore là, c'est
quelque chose qui a été touché par la plupart des
intervenants. On peut souhaiter une chose. On peut bien dire: On est d'accord
pour essayer la création d'une nouvelle commission dans les relations du
travail, mais il faut faire des discussions importantes sur le mandat, pour
faire des discussions importantes sur sa composition et la façon dont
ces gens sont nommés.
À titre indicatif, je n'ai pas d'objection même si on n'a
peut-être pas, entre nous, en tout cas, et le "nous" n'étant pas
nécessairement celui qui vous parle et mon conseiller, mais l'Opposition
comme telle, fait de longues discussions sur ce que je vais dire. Cela ne
m'empêchera pas, à titre indicatif, de soumettre au ministre du
Travail l'amendement qu'on avait l'intention de proposer. Même chose, M.
le Président, puisqu'il demande la suspension, je n'en fais pas un
dépât formel. Je prends quelques minutes pour en parler. Nous
pensons, parce que je n'ai pas dit un mot jusqu'à maintenant, que c'est
effectivement une question importante pour ce qui est de la
crédibilité de l'instance, pour ce qui est de se donner un
minimum de garanties qu'elle ne sera pas jugée avant même qu'elle
commence à fonctionner.
Il est capital qu'elle ait le plus haut niveau de
notoriété et de crédibilité. Pour ce faire, il y a
plusieurs prétendants qui ont le même point de vue que nous, que
le nombre de vice-présidents devrait être déterminé
dans la loi et non... Moi, en tout cas, c'est mon point de vue, qu'il y ait un
président et deux vice-présidents et qu'il y ait une disposition
prévue dans la loi pour ajuster le nombre de vice-présidents, pas
aux six mois, mais dans une perspective, par exemple, après deux ans que
la commission puisse être en mesure de présenter au ministre du
Travail qui va continuer à être responsable de la loi, je pense,
une demande d'ajout de vice-présidents. Il y a tellement de
possibilités de présenter, dans une législation dite
omnibus, des dispositions comme celle-là, que cela pourrait être
corrigible. Mais je veux juste indiquer au ministre que mon point majeur n'est
pas sur deux, trois ou quatre vice-présidents. Mon point majeur est
davantage sur un président, des vice-présidents, sans
m'arrêter sur un nombre. Je pense qu'il aurait raison de prétendre
que cela pourrait être aléatoire d'avoir la capacité de le
déterminer tout de suite, mais à tout le moins que
président et vice-présidents, pour leur consacrer le plus haut
degré de notoriété, que ces gens soient nommés par
le premier ministre et adoptés par les deux-tiers des membres de
l'Assemblée nationale. Cela ne devrait pas leur faire peur avec la
majorité qu'ils ont actuellement et ce n'est pas tellement cela comme la
nécessité de consacrer tout de suite ces gens d'un très
haut niveau. Il me semble qu'une nomination faite par l'exécutif versus
une nomination faite par l'Assemblée nationale, cela n'a pas du tout le
même gabarit, cela n'a pas du tout la même prestance, la même
consécration. On n'a pas besoin d'expliquer cela longuement, mais les
gens comprennent cela. C'est le cas de plusieurs instances de très haut
niveau de crédibilité. Je pense que c'est le cas de la Commission
des droits et libertés de la personne. C'est le cas du
Vérificateur général. C'est le cas de l'Office des
ressources humaines. C'est le cas de la Commission de la fonction publique.
Entre moi et bien d'autres personnes, j'ai connu la Commission de la fonction
publique pour avoir été ministre dans la fonction publique. Je
suis critique actuellement en matière d'Opposition de la Commission de
la fonction publique et je n'ai absolument aucun élément de
discréditation de la Commission de la fonction publique. Je suis en
mesure quand même de prétendre que si la Commission de la fonction
publique requérait un niveau de crédibilité et de
confiance comme on l'a pensé dans la loi, à tout le moins une
instance nouvelle qui va statuer sur quelque chose de fragile, quelque chose
d'émotif. Je pense que c'est émotif, les relations du travail.
Cela a une certaine fragilité sociale. Cela doit avoir un degré
de crédibilité lourd, pesant. Je pense que le ministre devrait se
pencher sur cela.
L'autre élément que je veux couvrir dans notre motion,
c'est que les commissaires qui sont nommés par le gouvernement... bien,
il y a toujours un bout aux récompenses politiques, à
l'arbitraire. Là, je ne le dis même pas juste à eux, le
danger est là pour tout gouvernement de placer des commissaires qui ont
un certain nombre de gallons qu'ils auraient gagnés ailleurs pour leur
mérite professionnel. Il me semble qu'il devrait y avoir à tout
le moins un petit bout de mécanisme quant à la façon dont
le gouvernement... Que le gouvernement nomme, je suis clair, je suis d'accord.
Le qouvernement nomme les commissaires, ce sont ses affaires. Que ce soit le
ministre du Travail, cela ne me dérangerait pas, je n'ai pas
regardé exactement, je pense que c'est écrit que... c'est cela,
par le gouvernement.
Bon, tout ce que je dis, c'est: M. le ministre, balisez donc un petit
peu la façon dont ces gens vont être nommés puisque la
plupart ont suggéré que le conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre puisse donner un avis. Moi, je dis: C'est cela qui existe pour
l'instant à la CTCMO, pourquoi ne pas lui demander un avis? Les
conseillers en relations industrielles, ceux que vous avez mentionnés
tantôt, que vous avez cités avec justesse, j'ai l'impression que
ces gens aussi souhaitaient avoir l'occasion d'être consultés.
Ce soir, je n'en suis pas sur une liste d'épicerie en disant: On
va faire le tour du Québec, de toutes les instances
spécialisées. Je dis juste: II est logique que vous
procédiez par une liste de candidats. La signification d'une liste de
candidats, quand le pouvoir nominatif appartient uniquement au gouvernement, a
toujours une présomption plus grande de fiabilité, de
crédibilité et de justesse. Alors, c'est cela que je
préconise, M. le ministre, avoir de l'ouverture sur le fait
d'éventuellement envisager qu'il y ait des instances qui puissent vous
conseiller. Là, comme d'habitude, vous ferez ce que vous voudrez
d'après les conseils que vous avez reçus - et là ce n'est
pas péjoratif - c'est l'habitude de n'importe quel ministre de mettre
ses culottes et prendre des décisions. Mais à tout le moins, que
cela soit encadré un peu et que cela ne soit pas uniquement au "bunker"
ou au bureau du premier ministre, suite à une couple de coups de
téléphone de son ministre préféré pour
quelques semaines encore au Travail, pour lui indiquer que c'est Mme Unetelle
ou M. Untel qui sera commissaire du travail. Je préférerais qu'il
puisse dire à son premier ministre: Bon, M. le premier ministre, moi
j'ai eu la sagesse d'encadrer ce mécanisme de nomination et vous allez
recevoir une liste bientôt sur laquelle il y aura différentes
personnes qui seront suggérées, j'espère que vous serez
attentif et que vous regarderez cela.
Ce sont les recommandations, les suggestions qu'on aimerait faire
à 114, puisque le ministre nous dit qu'il suspend et qu'il travaille sur
cela pour une seconde nuit. On verra au moment où il arrivera avec un
libellé final.
Le Président (M. Théorêt): Nous allons donc
suspendre l'article 114. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je peux peut-être vous
donner des indications. Là, je vais faire effectuer des
vérifications sur les nominations dans les autres juridictions, de
quelle façon ils procèdent pour assurer le maximum
d'indépendance et de crédibilité, parce qu'il y a de ces
commissions qui ont passé à travers ce qu'on appelle
l'épreuve du temps avec une crédibilité certaine, une
certaine crédibilité, selon la façon dont on utilise le
terme, de façon à assurer parce que je pense que c'est ce qui est
visé, il n'y a pas un gouvernement qui a avantage, de quelque formation
politique qui soit formée, à avoir une Commission des relations
du travail qui ne soit pas crédible, autant auprès des
partenaires syndicaux que patronaux et vice versa. Le gouvernement qui
commettrait cette erreur de sacrifier sa crédibilité, sa
Commission des relations du travail sur le plan de la paix sociale pourrait
semer de la perturbation qui, sur le plan politique, ne serait pas profitable.
Je tiens à assurer l'Opposition que c'est dans cette perspective
d'assurer le maximum de crédibilité et d'indépendance
à la commission, que les amendements seront soumis à l'article
114 et que j'ai maintenu avec les parties intéressées, depuis
leur comparution devant la commission, des contacts.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. J'appelle maintenant l'article 115.
Terme des commissaires
M. Paradis (Brome-Missisquoî): "Les commissaires sont
nommés pour un terme déterminé d'au plus cinq ans." On
pourrait souhaiter sept ans, on pourrait souhaiter dix ans, on pourrait
souhaiter douze ans, on pourrait souhaiter vingt ans, on pourrait souhaiter ad
vitam aeternam, bien qu'aucune des parties qui ont comparu devant cette
commission aient souhaité un mandat à vie. Je vous dirai tout
simplement que c'est la norme gouvernementale qui s'applique à
l'ensemble des commissions, des régies. Un comité
présidé par Yves Ouellette, encore une fois, se penche sur le
sujet. Nous avons pris l'engagement, en tout cas, j'ai pris l'engagement, comme
ministre du Travail, que si le terme devait être changé pour
assurer une meilleure indépendance, nous nous inscririons dans cette
action gouvernementale. Je suis moi-même d'avis qu'un terme de cinq ans
n'est pas nécessairement long; cela peut causer des problèmes
à cause de la durée du terme et également à cause
du niveau de rémunération de recrutement de commissaires
compétents et crédibles, mais dans les circonstances, il s'agit
d'une décision non seulement du ministre mais d'une décision
gouvernementale concernant les comités qu'il faut franchir pour arriver
au dépôt d'un projet de loi. J'invite toute argumentation sur le
sujet. J'ai déjà entendu toutes les parties, mais je ne me sens
pas d'autorité de modifier ces termes sans retourner devant l'ensemble
de ces comités avec les conséquences que vous pouvez
prévoir.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Écoutez, M. le Président, encore
là je suis un peu étonné... D'ailleurs ce que le ministre
du Travail vient de nous dire, il nous l'avait dit, une fois ou deux, lorsque
les intervenants ont prétendu, en tout cas... libellé comme
c'était, les commissaires sont nommés pour un terme
déterminé d'au plus cinq ans, cela signifie que c'est peut
être moins que cela. À partir du moment où il ne revient
pas dans son amendement pour écrire une détermination
spécifique du
mandat, il me semble, encore là j'espère avoir votre
collaboration comme membres de la commission, dans quelques minutes, si vous
redevenez membres, M. le député de Virnont, pour indiquer que,
unanimement, les parties ont dit: On ne peut pas être d'accord pour
laisser passer cela comme cela, parce que cela sème le doute concernant
la dépendance politique alors que tout le monde a souhaité...
Oui?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...cinq ans.
M. Gendron: Je le sais. Mais là, mon argumentation, c'est
qu'on ne sait pas qui l'a fait. On est en train de faire une nouvelle loi, M.
le ministre, et vous êtes en train de reproduire dans ce présent
projet de loi une disposition qui, à sa face même des
concernés, ne rejoint pas les... c'est-à-dire ne met pas fin aux
interrogations et aux inquiétudes que les intervenants avaient
concernant un élément tout aussi capital que ce qu'on a
discuté - je suis très sérieux -l'élément
capital de consacrer une dépendance, une indépendance, pardon, et
non pas une dépendance par loi... J'ai un amendement, M. le
Président, que je vais déposer. Moi, je souhaite, sans que je
sois obligé de faire des plaidoyers de 20 minutes par amendement, si le
ministre est le moindrement ouvert et sensible à ce qu'il a entendu, que
j'en prenne cinq ou que j'en prenne 20 sur un argument comme celui-là,
moi cela ne changera pas grand-chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous donner mes couleurs
immédiatement.
M. Gendron: Oui, juste présenter l'amendement, cela va
être court. L'amendement que vous venez de recevoir, M. le ministre du
Travail, concernant l'article 115, je suggérerais que le libellé
soit modifié et qu'on indique le président, les
vice-présidents et les commissaires soient nommés - c'est
écrit "sont nommés" et je sais pourquoi c'est écrit de
même - pour un terme déterminé d'au moins cinq ans et d'au
plus dix ans. Il me semble que nommer un commissaire, un vice-président
et tout cela, et d'avance savoir que cette personne n'a pas
nécessairement la sécurité de la fonction, M. le ministre
du Travail, mais la capacité de jouer un rôle rapidement à
l'intérieur de la Commission des relations du travail qui aura de
l'ascendant sur le vécu de la commission future, pour être capable
d'avoir de l'ascendant sur le vécu et imprimer à
l'intérieur de la Commission des relations du travail une certaine
direction, une certaine tendance, bien ce n'est pas quelque chose qu'on peut
faire avec l'insécurité... Écoutez, là je vous vois
grimacer, c'est probablement à cause du pop- corn?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, c'est... Si je grimace,
ce n'est pas les dix ans; c'est d'au moins cinq ans. J'avais donné des
raisons pour lesquelles le minimum de cinq ans pourrait
réapparaître un minimum qui prive la commission d'une ressource
humaine à un temps donné. Un professeur qui pourrait être
disponible pour douze mois en sabbatique, un universitaire, que les deux
parties souhaiteraient voir siéger à la commission, que le
gouvernement souhaiterait voir siéger, et là, à cause du
libellé que vous nous proposez, cette personne ne pourrait pas. C'est
pourquoi je grimaçais, ce n'était pas le pop-corn. (22 h 30)
M. Gendron: M. le Président, je termine en disant que je
souhaiterais, si le ministre n'est pas complètement d'accord avec la
forme de notre libellé, et il peut avoir raison, je souhaiterais
à tout le moins qu'il ne nous demande pas de statuer
immédiatement sur cet article. Vous allez comprendre avec moi que, quand
on est à l'étape de la constitution et de l'organisation du
mandat, des nominations et du mandat, on est à la même place. On
est à la même place, sur le même sujet, et il y a une
logique que toutes ces questions soient interreliées et examinées
ensemble.
En conséquence, je trouverais inconvenant, M. le
Président, que nous décidions tout de suite, d'une façon
finale, de la question de l'article 115. En ce qui me concerne,
personnellement, je l'indique tout de suite, il se fera la même chose,
j'aurai la même attitude à l'article 116, quoiqu'il faut
reconnaître qu'à l'article 116, mes objections seraient moins
fortes à le discuter tout de suite parce que le mandat des commissaires,
c'est-à-dire du président, du vice-président et des
commissaires, soit pour une période X, Y ou Z dans le temps, de
même que le mandat... Le ministre va convenir avec moi qu'à partir
du moment où le mandat pourrait être différent dans un
libellé différent, il n'est pas sûr que cela nous prenne le
même type de personnes. Ce n'est pas nécessairement le même
type de personnes dont on a besoin. Je répète que j'ai moins de
réticence à l'article 116, à le discuter
immédiatement, mais l'article 115, M. le Président, je
suggère que vous suggériez que le ministre nous en recommande la
suspension temporaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux parler sur l'amendement
que vous avez suggéré à l'article 115. Je vous dirai que
votre amendement qui stipule un terme déterminé d'au moins cinq
ans et d'au plus dix ans propose autant d'inconvénients que les termes
"déterminé d'au plus cinq ans". Je vous ai indiqué qu'en
ce qui concerne le
minimum de cinq ans, vous pouvez priver la commission de ressources
humaines qui sont disponibles pour une période plus courte, pour une
série de facteurs qui sont indépendants de la volonté des
acteurs et qui font en sorte qu'une richesse sur le plan de la
compétence, sur le plan humain. Pour aller siéger, je vous dirai
que lorsque vous parlez de dix ans, cela m'intéresse. Sauf que je vous
dirai que ce type de décision, et vous le savez pour avoir
siégé sous un autre gouvernement, fait partie des
décisions horizontales qui affectent l'ensemble des commissions ou des
régies au niveau d'un gouvernement. Personnellement, je trouve -et c'est
une opinion personnelle que je vous livre, comme député - qu'un
terme de cinq ans n'est généralement pas assez long.
J'espère que ceux qui prévoient les révisions
m'écoutent. J'ai fait valoir ces points de vue-là ailleurs
qu'ici, mais au moment où nous nous parlons je n'ai pas les pouvoirs de
modifier ces cinq ans. Nous pouvons argumenter, nous pouvons en discuter, nous
pouvons philosopher, nous pouvons veiller, mais au bout de la ligne, il
faudrait que je réussisse à infléchir la décision
gouvernementale dans l'ensemble des commissions et des régies. Je suis
responsable de plusieurs commissions, de plusieurs régies. Je suis pris
avec cette même politique. Je vous rappellerai qu'au meilleur de ma
connaissance, c'est votre gouvernement qui avait diminué les termes de
dix ans à cinq ans. Je vous suis gré d'être plus sage
aujourd'hui. L'Opposition a de ces vertus! J'espère qu'avant la
prochaine élection nous aurons, au niveau des commissions et des
régies, donné plus d'espace dans le temps de façon
à assurer une plus grande sécurité, une plus grande
impartialité et une plus grande indépendance à des gens
que nous invitons à prendre des décisions qui pèsent lourd
sur l'avenir des parties. Ce sont mes commentaires sur l'article 115. Je n'ai
pas d'objection à suivre votre invitation de le suspendre. Mais que le
vote ait lieu aujourd'hui ou demain, en ce qui concerne 115, même si
personnellement j'ai des réserves. Le vote va être le même
parce que la décision gouvernementale sur l'ensemble des commissions et
des régies n'a pas été prise. Mais j'ai confiance qu'elle
soit prise dans le sens d'accorder plus d'indépendance et la
durée est un critère qui joue.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Si le ministre accepte la suggestion que je lui ai
faite de suspendre, je suggérerais qu'on suspende avec un dernier
commentaire que je ferai quand on l'adoptera définitivement. M. le
ministre, vous avez le moyen plus que nous, pas personnel, de faire
vérifier rapidement. À ma connaissance, ce que vous venez
d'affirmer n'est pas exact à 100 %. De mémoire, je connais une
couple de régies ou de sociétés ou quelque chose du
même acabit, qui ont été soustraites par dérogation
à la politique générale d'un mandat, en règle
générale, de cinq ans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui est arrivé est que
les vieilles régies ou les vieilles commissions ne sont pas revenues sur
le plan de la législation devant l'Assemblée nationale et
conservent le mandat de dix ans.
M. Gendron: Pourriez-vous vérifier? Si je suis dans les
patates, cela me fera plaisir. Une deuxième vérification: En quoi
cela ferait-il un drame national de votre gouvernement, puisque vous dites que
cela ne vous regarde pas, c'est comme si le train passait sur une autre
voie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Gendron: Vous avez dit cela. Écoutez, c'est une
décision gouvernementale, je ne peux rien faire, il faut que je m'ajuste
à la décision gouvernementale. Allons donc voir si vous
étiez convaincu que ce n'est pas propice, cela va entacher la
crédibilité de votre instance, que vous-même voulez
créer, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de vérifier auprès
du premier ministre la capacité d'avoir une dérogation? Je
prétends - et je conclus là-dessus - M. le ministre, qu'il
n'existe véritablement pas de précédent nulle part. Ce qui
existe, ce sont des hommes et des femmes qui, de temps en temps, ne sont pas en
mesure de justifier les décisions qu'ils auraient le goût de
prendre. Je préférerais avoir un ministre plus culotté,
qui décide que cet article n'est pas adapté à la
réalité et que, en conséquence, il prétend que oui,
il est capable de prendre une décision et de la porter et de la
justifier jusqu'au bout, et ce n'est sûrement pas le libellé qu'on
a sous les yeux. Il a dit lui-même qu'il ne l'aimait pas, que cela ne
faisait pas son affaire. Les commissaires sont nommés pour un terme
déterminé d'au plus cinq ans. Surtout pas si vous n'ajoutez rien.
Il faut que vous restiez à "d'au plus cinq ans", mais il y a ce que
j'appelle une détermination pour éviter les six mois, le un an,
les deux ans. Je répète que d'au plus cinq ans veut dire que
quelqu'un pourrait être nommé commissaire et dans six mois, "out".
C'est ce que cela veut dire tel que libellé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Gendron: Pourquoi
non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais attendre que votre
procureur revienne. Mais la période va être
déterminée. S'il y avait nomination pour une période
déterminée de six mois, c'est possible en vertu du libellé
actuel, mais la période serait déterminée. La personne qui
entrerait en fonction serait consciente de la durée du mandat. Les
consultations auprès des parties intéressées devraient
également avoir lieu et j'ai déjà exprimé en
commission parlementaire que, dans un tel cas, cela devrait être
accompagné d'une note explicative en ce sens qu'il pourrait s'agir - et
j'ai donné l'exemple - d'un professeur d'université en
congé sabbatique pour une période de six mois, qui nous revient,
qui est prêt à nous prêter ses services. Tout le monde est
d'accord. La société en a besoin, les partenaires
socio-économiques le veulent, le gouvernement le nomme pour six mois. Je
ne veux pas, par un minimum de cinq ans, empêcher de telles nominations
parce que des courants d'air frais cela fait du bien à
l'intérieur des institutions.
M. Gendron: Où cela serait-il écrit, M. le
ministre? Ce que vous venez de dire, où cela serait-il écrit?
Vous dites que cela serait déterminé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le terme
"déterminé". Quand on nomme pour un terme
déterminé, on ne peut changer le terme. À ce
moment-là, il serait nommé pour six mois, il pourrait être
nommé pour huit mois. Mais cela veut dire que si le gouvernement n'est
pas satisfait des services de quelqu'un, son terme est quand même
déterminé et il est en fonction pour le terme qui est
déterminé.
M. Gendron: On suspend cela, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Y a-t-il consentement pour
suspendre?
Une voix: On suspend.
Le Président (M. Baril): Alors, nous suspendons
l'amendement à l'article 115. L'article 116, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les commissaires, sauf ceux qui
ont été nommés à temps partiel, exercent leurs
fonctions à temps plein. Nous avons un amendement: "Supprimer, dans les
première et deuxième lignes de l'article 116,
édicté par l'article 38 du projet de loi, ce qui suit: ", sauf
ceux qui ont été nommés à temps partiel,".
M. Gendron: Est-ce que je peux déposer le mien, M. le
Président?
Le Président (M. Baril): On va disposer d'un à la
fois. Un instant!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II doit être pas mal
identique.
M. Gendron: Mon amendement est: En supprimant le nouvel article
116 par les mots "sauf ceux qui ont été nommés à
temps partiel".
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'amendement du
ministre à l'article 116 est adopté.
M. Gendron: Je préfère que cela soit le mien qui
soit accepté. C'est la première fois que le ministre va accepter
un de mes amendements. Et comme...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas la
première fois. Je n'ai pas d'objection.
M. Gendron: II y a correspondance parfaite entre les deux
amendements. Nous acceptons l'article 116 tel qu'amendé.
Le Président (M. Baril): Merci. L'article 117, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le gouvernement fixe la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail des commissaires."
M. Gendron: Ça va.
Le Président (M. Baril): L'article 115 est
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 117.
Le Président (M. Baril): Excusez-moi. L'article 115 est
adopté tel qu'amendé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. L'article 115 est
suspendu.
Le Président (M. Baril): Et l'article 116 est
adopté tel qu'amendé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela. L'article 117, si vous
l'appelez, risquerait d'être adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il est
adopté?
M. Gendron: L'article 117? Oui.
Le Président (M. Baril): D'accord. L'article 118.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non,
avant que vous appeliez l'article 118...
M. Gendron: Un instant! On va procéder correctement, M. le
Président. Vous avez le droit de suivre. Après avoir
adopté l'article 117, on a le droit de vous indiquer qu'on a quelque
chose à dire avant de passer à 118, y compris votre ministre qui
avait un article 117.1. Alors, je vais laisser parler votre ministre.
Le Président (M. Baril): L'article 117.1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Ajouter, après l'article
117 édicté par l'article 38 du projet de loi, l'article suivant:
117.1. Le président peut nommer des agents de relations de travail. "Ces
agents sont chargés de tenter d'amener les parties à s'entendre,
de faire enquête notamment pour vérifier le caractère
représentatif d'une association de salariés et d'exercer toutes
autres fonctions qui leur sont confiées par le président." .
M. Gendron: II m'apparaît, M. le Président, que
c'est un amendement souhaitable et heureux. Puisque, rappelez-vous toujours,
l'objectif de celui qui vous parle, en tout cas, est d'essayer de
réduire l'écart entre les notes explicatives qui traduisaient un
esprit vivifiant, un esprit du temps pascal, par rapport au contenu du projet
de loi et l'article 117.1 est sérieusement dans l'esprit des notes
explicatives. Sérieusementl Ces agents sont chargés de tenter
d'amener les parties à s'entendre, de faire enquête notamment pour
vérifier le caractère représentatif de l'association et
tout le monde a prétendu que c'était un début important de
premier contact avec des éventuels syndiqués qui veulent franchir
une nouvelle étape par rapport à des objectifs de meilleure
capacité de réglementer leurs conditions de travail. C'est
sûr que si ces agents de relations font leur travail le mieux possible,
comme ils sont sûrement capables de le faire s'ils pigent dans la banque
de spécialistes et de bonnes compétences qui existent au
ministère du Travail, même s'ils peuvent avoir des appellations
différentes, c'est quelque chose de positif qui va, du moins, dans
l'orientation et dans la philosophie préconisée dans les notes
explicatives. On va être complètement d'accord pour accepter cet
amendement qui est véritablement bonifiant, intéressant et qui
pourrait effectivement nous aider, nous en tout cas, à justifier un
amendement qu'on va préconiser un peu plus loin sur le caractère
syndical. Cela va nous aider à justifier davantage avec cette nuance -
je pense que le ministre nous comprend - à partir du moment où il
y a des agents de relations de travail.
Alors, sur l'amendement, M. le Président, on n'a aucune objection
et on considère qu'il est adopté. Mais je vous indique tout de
suite que pour continuer cette excellente collaboration et bonification, j'ai
un amendement qui serait l'article 117.2 puisque le ministre en a
présenté un qu'il a appelé l'article 117.1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'abord, est-ce que l'article
117.1 est adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
117.1 est adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: L'article 117.1 est adopté.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et suspension de quelques minutes,
M. le Président.
Le Président (M. Baril): On suspend pour quelques minutes.
Vous aurez un article 117.2?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Le Président (M.
Baril): D'accord. (Suspension de la séance à 22 h 45)
(Reprise à 22 h 53)
Le Président (M. Baril): Alors nous étions à
l'amendement 117.2. M. le député d'Abitibi-Ouest, la parole est
à vous.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Avant la suspension, il
y a quelques minutes, j'ai indiqué aux membres de cette commission ainsi
qu'au ministre du Travail que nous aurions un amendement à proposer
à l'article 117.1 que nous venons d'agréer sans problème.
C'est une disposition, même si vous allez avoir le texte, qui
prévoit comme cela existe ailleurs et je vais donner quelques exemples,
que l'Assemblée nationale puisse, par un vote d'au moins les deux tiers
de ses membres, destituer le président ou un vice-président et
laisser la possibilité au gouvernement de destituer un commissaire sur
un rapport du juge en chef de la Cour provinciale fait à la suite d'une
enquête demandée par le ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux intervenir
immédiatement?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je crois que cet amendement ne
peut tenir que dans le contexte où la nomination est faite par
l'Assemblée nationale.
M. Gendron: Exact. Sauf que même si je partage le point de
vue que vient d'exprimer le ministre, et qu'on avait convenu de suspendre cet
article, je veux qu'on suspende le corollaire mais je souhaite indiquer que
même si la décision dans la réflexion que le ministre va
faire, d'ici à la continuation de nos travaux, de ne pas donner suite
supposément à l'amendement, je persiste à croire qu'il y
aurait lieu... Non je ne dis pas que vous faites cela, je dis: supposons que
vous envisagez de ne pas donner suite à une nomination devant
l'Assemblée nationale, je persiste à croire qu'il y aurait quand
même lieu de prévoir une disposition dans le projet de loi, ce qui
n'est pas le cas actuellement, indépendamment de la façon dont
serait nommé le président et les vice-présidents, pour
s'assurer qu'il y a quand même un pouvoir de destitution qui est
banalisé. Vous avez l'exemple avec la Loi sur les coroners, dans
laquelle il y a une telle disposition qui existe afin de permettre que ce
processus se fasse suivant des règles établies.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indique
immédiatement que je vais me pencher sur ces amendements. C'est
important l'indépendance, la crédibilité, etc. Je vais
regarder ce qu'il se passe ailleurs également comme je vous l'ai
indiqué, et s'il fallait qu'on donne notre aval au premier, nous
considérerions possiblement de donner notre aval au deuxième.
Mais une décision sur le premier n'ayant pas été
arrêtée...
M. Gendron: Je suis d'accord, M. le Président, qu'on
convienne que l'article 117.2 soit suspendu puisqu'il est relié a la
nomination de ces personnes et que cet article est suspendu.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 117.2
est suspendu. L'article 118.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 118 se lisait comme
suit: "Le secrétaire et les autres fonctionnaires de la commission sont
nommés et rémunérés suivant la Loi sur la fonction
publique."
Nous remplacerions l'article 118 par le suivant: "Le secrétaire
et les autres membres du personnel, à l'exception des agents de
relations de travail, sont nommés et rémunérés
suivant la Loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'ai une question à poser au ministre du
Travail. Tel que son amendement est présenté, dans la perspective
où il voudrait que des aqents d'accréditation - je pense que
c'est le terme qui existe actuellement - puissent être
transférés, bien sûr sans perte de privilèges
acquis, à la nouvelle Commission des relations du travail, est-ce que
ces gens sont obligés de sortir de la fonction publique pour pouvoir
faire le transfert?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, à ce que l'on
m'indique, ils demeurent membres de la fonction publique. Ils sont
fonctionnaires, ils conservent leur qualité de fonctionnaire. C'est la
technique du congé sans solde qui s'applique.
M. Gendron: Mais à quel endroit, si on se
réfère à l'article 118, peut-on avoir la conviction que
leurs droits acquis sont maintenus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dans la Loi sur la fonction
publique. Ils sont fonctionnaires avec des droits acquis; à ce
moment-là, ils demandent un conqé sans solde pour travailler
comme agent de relations de travail mais ils gardent leurs droits acquis. Ils
peuvent réintégrer. Si vous avez des doutes, je peux effectuer
des vérifications; mais on me dit qu'il n'y a pas de problèmes en
ce qui concerne la Loi sur la fonction publique. Ils conservent leur statut,
ils sont considérés en congé sans solde, ils conservent
toujours la possibilité de réintégrer la fonction
publique. On m'indique que c'est ta même procédure que pour un
membre de cabinet.
M. Gendron: J'espère que cela prendra moins de temps
à les placer. Cela va.
Le Président (M. Baril): L'amendement est adopté.
Je comprends que l'article 118 amendé est adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 119, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le président est
responsable de l'administration de la commission, en dirige le personnel et
voit à ce que celui-ci exécute ses fonctions dans le cadre des
politiques générales et des règlements de la
commission."
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 119
est adopté? Adopté. L'article 120.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le président coordonne le
travail des commissaires qui, à cet égard, doivent se soumettre
à ses ordres et à ses directives".
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je me rappelle qu'il y avait eu des
représentations faites lors des audiences. La
collégialité, la dimension de subordination, vous vous rappelez?
Il y a eu des intervenants qui ont prétendu que libellé comme
cela: "Le président coordonne le travail des commissaires qui, à
cet égard, doivent se soumettre à ses ordres et à ses
directives", il y a des gens qui prétendaient qu'il y avait une
démarcation, un assujettissement qui pourrait être... Ce n'est pas
majeur sauf que c'est juste parce que je l'ai devant les yeux. L'article 120,
on prétendait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que si vous les lisez
attentivement, M. le député d'Abitibi-Ouest, vous allez en
arriver à la même conclusion que nous. Le président
coordonne le travail des commissaires qui, à l'égard de la
coordination du travail des commissaires, ces derniers doivent se soumettre
à ses ordres et à ses directives. Il n'est pas question que le
président influence les décisions indûment, etc. Son
autorité relève strictement de la coordination du travail des
commissaires.
M. Gendron: Donc, cela devient davantage une
responsabilité administrative de distribution et de coordination du
travail des commissaires en termes de volume et de quantité et non pas
en termes, comme vous le dites, de subordination de contenu par rapport aux
décisions éventuelles que les autres commissaires pourraient
prendre.
Je ne veux pas être long là-dessus. De mémoire,
à ma connaissance, c'est la CEQ qui avait soulevé cette nuance
à savoir qu'il y a peut-être un danger de voir là un ordre
hiérarchique qui n'était pas souhaitable pour des raisons de
collégialité chez les commissaires. Est-ce que de mémoire
vous pensez qu'il y a d'autres intervenants qui...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que non. Je suis
d'accord avec la CEQ. Si on n'avait pas le temps, et à cet égard,
on pourrait avoir des problèmes d'interprétation mais cette
expression "et à cet égard" nous paraît baliser
l'interprétation qui pourrait être donnée à cet
article.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 120 est adopté.
J'appelle l'article 121. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Les commissaires qui exercent
leurs fonctions à temps plein ne peuvent, sous peine de
déchéance de leur charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise qui met en conflit leur intérêt
personnel et celui de la commission. "Toutefois, cette déchéance
n'a pas lieu si cet intérêt leur échoit par succession ou
par donation pourvu qu'ils y renoncent ou en disposent avec toute la diligence
possible. "Tout autre commissaire qui a un tel intérêt doit, sous
peine de déchéance de sa charge, le dénoncer par
écrit au président et s'abstenir de participer à une
décision portant sur l'entreprise dans laquelle il a cet
intérêt".
Nous aurions un amendement à proposer: "Remplacer le premier
alinéa par le suivant: "Les commissaires ne peuvent, sous peine de
déchéance de leur charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise ou une association qui met en conflit leur
intérêt personne! et celui de la commission." On supprimerait le
troisième alinéa.
Ces modifications sont principalement parce qu'on abolit la fonction de
commissaire à temps partiel, la dernière en particulier.
M. Gendron: Je partage l'analyse que fait le ministre du Travail
là-dessus. Nous avions un amendement de même nature à
déposer. En conséquence...
Le Président (M. Baril): L'amendement est
adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 121, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Gendron: Adopté, tel qu'amendé.
Le Président (M. Baril): J'appelle l'article 122.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le vice-président que
désigne le gouvernement remplace le président en cas
d'empêchement de ce dernier".
On aurait un amendement: "Insérer, à la fin de l'article
122 édicté par l'article 38 du projet de loi, l'alinéa
suivant: "En cas d'empêchement d'un commissaire autre que le
président, le gouvernement peut nommer de la manière
prévue à l'article 114 une autre personne pour le remplacer
pendant la durée de cet empêchement."
Cela vise à remplacer l'abolition des postes de commissaire
à temps partiel pour ne pas être pris au...
M. Gendron: En ce qui a trait à la disposition
nécessaire de réécrire pour viser
l'abolition des commissaires à temps partiel, cela ne fait pas de
problème; mais j'ai la même difficulté qu'aux autres
articles, à partir du moment où il faudrait revenir dans la
perspective où le ministre accepte l'amendement qu'on a proposé
à l'article 114 concernant la nomination du vice-président, je
pense qu'il y aurait lieu de suspendre l'article 122.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, parce que la
référence à 114, si 114 était modifié,
demeure, mais je n'insiste pas. On réfère à l'article 114
quel que soit le libellé final de l'article 114; la manière
prévue à 114 sera toujours la manière prévue. Je ne
pense pas qu'on puisse... Non? II y a un problème ailleurs?
L'amendement nous dit: En cas d'empêchement d'un commissaire autre
que le président, le gouvernement peut nommer, de la manière
prévue à l'article 114, selon la décision qui est
arrêtée. On m'indique que vous avez peut-être raison et que
si l'article 114 devient l'Assemblée nationale, cela pourrait causer un
problème...
M. Gendron: ...libellé, M. le ministre, commençait:
Le président...
Le Président (M. Baril): L'article 122 est suspendu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Suspendu.
Le Président (M. Baril): Et l'amendement proposé.
j'appelle l'article 123. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Les commissaires et les membres
du personnel de la commission ne peuvent être poursuivis en justice en
raison d'un acte accompli de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions."
C'est la clause normale.
M. Gendron: ...classique.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 123 est
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): J'appelle l'article 124. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Les commissaires et les membres
du personnel de la commission ne peuvent être contraints de divulguer ce
qui leur a été révélé lorsqu'ils tentent
d'amener les parties à s'entendre ni de produire un document fait ou
obtenu à cette occasion devant un tribunal, une personne ou un organisme
exerçant des fonctions judiciaires ou quasi judiciaires. "Malgré
l'article 9 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels... nul n'a droit
d'accès à un tel document".
Je peux expliquer, vu qu'il y a une exception à la loi sur
l'accès aux documents, le raisonnement qui sous-tend cet article. Nous
sommes d'avis que, si un intervenant tente d'amener des parties à
s'entendre et qu'il est conscient que les documents qu'il rédige
à cet effet peuvent être rendus publics à un moment ou
à un autre, de quelque façon que ce soit, soit devant un tribunal
ou même par ordre de la Commission de l'accès à
l'information, et peuvent nuire à la possibilité de
règlement à l'amiable, parce que sachant que cela va devenir
public, on n'ose pas faire toutes les propositions qu'on devrait faire.
M. Gendron: Oui, mais dans la loi sur l'accès aux
documents des organismes, est-ce qu'il n'y avait pas une clause
générale qui couvrait cet article concernant les
négociations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, j'ai été
obligé d'aller au Comité de législation plaider le
pourquoi et je me souviens avoir plaidé que, si on n'autorisait pas un
tribunal de droit commun à avoir accès, à ce
moment-là nous étions d'autant plus justifiés à ne
pas autoriser la divulgation sur un ordre de la commission, mais il n'y avait
pas d'article qénéral pour ce qui est de la commission. Je
n'aurais pas eu besoin de procéder de cette façon exceptionnelle
et vous savez que ce n'était pas hermétique et je voulais que ce
soit hermétique.
M. Gendron: D'accord. Un instant.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 124 est
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'on l'a raisonnablement
pesé et soupesé et, pour la bonne marche des négociations,
cet article est bienvenu par les parties également.
Le Président (M. Baril): L'article 124 est-il
adopté? J'appelle l'article 125.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'article 125, M. le
Président, j'annonce que nous aurons un amendement à
déposer. Il s'agit de la formation des bancs, du nombre de commissaires,
etc., et, dans les circonstances, je demanderais la suspension de
l'article.
M. Gendron: Je suis d'accord. J'indique que, lorsqu'on aura le
nouveau libellé, on décidera si, nous aussi, on y va d'un article
complémentaire. Nous avions aussi un amendement à proposer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous pouviez nous le
communiquer immédiatement, nous vous en saurions gré.
M. Gendron: On va le déposer. À partir du moment
où on comprend que l'article 125 est suspendu, j'indique qu'on aurait
proposé un article 125.1, que je prétends toujours qu'il est
à sa place entre 125 et 126, c'est pour cela qu'on l'appelle 125.1.
L'essentiel de l'article dirait ceci: "Lorsque le commissaire ou le
comité désigné par le président ont tenté
d'amener les parties à s'entendre et que les parties ne se sont pas
entendues, le président doit référer la demande ou la
plainte à un nouveau commissaire ou à un nouveau comité
n'ayant pas participé à cette tentative de médiation".
Je ferais remarquer au ministre du Travail que c'est quelque chose qui a
été souligné à plusieurs reprises par plusieurs
intervenants pour garantir davantage l'impartialité que ce ne soient pas
les mêmes personnes qui soient appelées à se... Il me
semble que, d'avance... Oui, mais ici, ce n'était pas sur le
mécanisme de révision, mais dans la phase de médiation. Je
répète, le rôle des commissaires désignés par
le président sur différents mandats peut avoir de temps en temps
comme mandat celui de rapprocher les parties. D'accord? Il peut
également faire comme demande, à un moment donné, la
médiation préventive. Oui, je pense, M. le ministre, qu'il est
prévu dans la loi que ces gens puissent faire de la médiation
préventive. Dans la perspective où le président doit
référer la demande ou la plainte à un nouveau commissaire
à la suite du fait que les parties ne se soient pas entendues, il ne
faudrait pas que ce soit devant le même commissaire qui, lui, a
poussé et poursuivi les efforts en vue d'amener les parties à
s'entendre en médiation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je le reçois avec
ouverture, mais je veux vous faire part de certains points. Autant je suis
ouvert au plan du pouvoir de révision, là je comprends que c'est
à un autre niveau qu'on se situera, autant, sur le plan de la
médiation-adjudication, j'ai des réticences.
Je vous dirai que même les juges de la Cour supérieure qui
font de l'adjudication tentent souvent, par des processus de médiation,
de convaincre les parties d'en arriver à un règlement même
en cours de procès. Partout où les adjudicateurs par
définition interviennent avant d'en arriver à cette
décision finale, ils tentent encore une fois de dégager cette
entente entre les parties. Je ne voudrais pas être accusé de
souffrir d'angélisme, à un moment donné, en le distinguant
et au niveau de la médiation adjudication et au niveau de l'adjudication
révision. Je n'exclus pas la possibilité qu'à un des
endroits, ce ne soit pas une continuité parfaite, mais, s'il y avait
lieu de trancher, est-ce qu'on n'est pas mieux de trancher au chapitre de
l'adjudication-révision plutôt qu'au chapitre
médiation-adjudication?
Une voix: Les deux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Les deux sont possibles, mais
d'enlever au médiateur la possibilité d'adjuger, c'est lui
enlever du pouvoir de médiation.
M. Gendron: De toute façon, M. le ministre, nous allons
continuer de réfléchir aussi là-dessus, mais à
partir du moment où vous suspendez l'article 125, je vous inviterais
à prendre en considération l'article 125.1, sauf que si votre
décision est de faire des bancs spécialisés de trois
commissaires et que vous arrêtez votre décision sur certains
sujets précis, peut-être que c'est moins valable que nous exigions
pour les deux, tout autant pour l'adjudication que ce qui...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous voyez bien
où se situe la décision. Il s'agit de prendre la meilleure
décision compte tenu des pour et des contre, d'un côté
comme de l'autre. Il n'y a pas de...
M. Gendron: Voici ma conclusion, M. le ministre. Vous vous
rappelez que, dans une annexe au mémoire que j'ai ici, le Conseil du
patronat manifestait des inquiétudes à ce chapitre. Il en avait
partout, mais on n'essaie pas de vous demander de les combler globalement. Mais
il me semble que, sur leur prétention de plénipotentiaire - on
vous expliquera cela, M. Vallée, vers minuit - il y avait effectivement
un certain abus chez les commissaires. Dans ce sens-là, ils
prétendaient qu'en termes d'omniprésence, cela pourrait
être resserré un peu plus. Or, une façon de le resserrer,
c'est que les mêmes personnes ne soient pas à des paliers de
responsabilités différents, mais que les mêmes personnes
exercent la responsabilité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas, sur le plan
philosophique de la conception de la commission, que les commissaires
deviennent de simples adjudicateurs, si vous comprenez bien ma prémisse.
J'aimerais que les commissaires jouent également un rôle de
médiation important. Si je divise, cela peut me causer des
difficultés, non seulement philosophiques, mais opérationnelles
également. Cela ferait des commissaires adjudicateurs.
M. Gendron: Oui, mais il faut que vous soyez conscient, M. le
ministre, qu'à supposer que vous ne soyez pas tellement sensible
à l'argument qu'on évoque et si ce
sont les mêmes, il y a un danger qu'il y ait plus de demandes
d'évocation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, parce qu'il n'y a qu'un seul
palier de décision.
M. Gendron: Non, mais pour des prétentions
d'impartialité, qu'est-ce qui justifie les demandes d'évocation?
Ce sont les prétentions de tout cela, mais en particulier
d'impartialité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense...
M. Gendron: De partialité, pardon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai jamais vu une demande
d'évocation et je demande que l'on me corrige. (23 h 15)
M. Gendron: Pour des motifs de partialité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...si c'est le cas parce qu'un
arbitre, un commissaire avait, avant de rendre sa décision, tenté
de rapprocher les parties. Je n'en ai jamais eu connaissance. J'ai
effectué une lecture attentive de la jurisprudence en matière
d'évocation pendant de nombreuses années. Je ne pense pas que
cela se soit produit, depuis que j'ai quitté la pratique de cette noble
profession pour discuter avec vous des sujets qui nous préoccupent.
M. Gendron: Oui, mais vous allez convenir que cela dépend
un peu de la façon dont il peut le faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Les dénis de justice se
produisent de toutes les façons, mais je ne pense pas que la
qualité des commissaires qu'on se doit de nommer, si on veut que la
commission ait une crédibilité, puisse donner ouverture à
des dénis de justice à tous les jours, qu'ils soient de cet
ordre-là ou d'autre ordre.
M. Gendron: On suggère de le regarder sérieusement
compte tenu que c'est relié d'avance à votre préoccupation
de refaire un article 125 qui soit différent de celui qu'on a ici.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On demeure sensible à la
question de la médiation, de l'adjudication et de la révision. Le
système tuyauté d'un bout à l'autre nous inquiète
et nous travaillons à la rupture des boyaux à un moment
donné.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que l'article
125 est suspendu?
Une voix: L'article 125.1.
Le Président (M. Baril): L'article 125.1. Alors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a suspendu les deux: 125 et
125.1.
Le Président (M. Baril): C'est cela ...et 125.1, c'est
cela. L'article 126, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "En cas d'empêchement
d'un commissaire désigné sur un comité, le
président peut permettre au comité de continuer à
instruire la demande ou la plainte et en décider."
Le Président (M. Baril): L'article 126 est-il
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. Le
Président (M. Baril): L'article 127.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "Un commissaire peut,
à la demande du président, continuer à instruire une
demande ou une plainte dont il a été saisi et en décider
malgré l'expiration de son mandat."
M. Gendron: Un instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de recommencer
l'audition de la cause à zéro, même si on arrive avec un
mandat... parce que les mandats sont dans le libellé actuel, même
si ce n'est pas adopté, pour une période
déterminée. Si on arrive à l'aboutissement d'un mandat et
que la cause est en délibéré, pour donner un exemple, au
lieu de reprendre le tout et causer des préjudices aux justiciables, le
commissaire, même si son mandat est expiré, même s'il
n'était pas renouvelé, conserve sa juridiction pour rendre sa
décision.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): L'article 127 est-il
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 128, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Les documents émanant de
la commission et leurs copies sont authentiques s'ils sont signés ou
certifiées conformes par le président, par le secrétaire
ou par une personne désignée à cette fin par le
président."
Le Président (M. Baril): L'article 128
est-il adapté?
M. Gendron: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté,
Le Président (M. Baril): L'article 129, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "Au plus tard le 31 octobre
de chaque année, la commission remet au ministre un rapport de ses
activités pour l'exercice financier précédent."
C'est la question du rapport annuel.
M. Gendron: Quelle est l'idée du 31 octobre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la fin du mois.
M. Gendron: Oui, cela je m'en doute, mais c'est comme cela douze
mois par année qu'il y a une fin de mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'à cause du
Vérificateur général, on met six mois à partir de
la date limite pour le vérificateur, de façon à permettre
à l'organisme de respecter les délais. Lorsqu'on a mis les trois
mois, les organismes se sont retrouvés hors délai. On se
comprend? Pour produire le rapport annuel, il faut que la commission ait son
rapport financier certifié par le Vérificateur
général. Lorsqu'on a imposé trois mois, on s'est
retrouvé dans des situations hors délai, alors la coutume veut
présentement que l'on fixe un délai de six mois pour ne pas se
retrouver hors délai.
M. Gendron: Oui, d'accord, mais six mois après quoi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Six mois après la fin de
l'exercice financier.
Une voix: Le 31 mars.
M. Gendron: Cela ne marche pas. C'est important de vous faire
compter à cette heure-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va être un peu plus
sécuritaire.
M. Gendron: Non, c'est plus sécuritaire, mais c'est un peu
abusif parce que si vous donnez trop de temps, il va l'oublier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas l'intention, il
n'y a pas de politique...
M. Gendron: Non, mais je veux être d'accord avec vous, M.
le ministre. Si trois mois, ce n'est pas assez et que vous instaurez six mois,
cela va, mais six mois, cela ne va pas au 31 octobre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au 30 septembre, c'est que,
généralement, au 30 septembre, la Chambre ne siège pas
habituellement tandis qu'à la fin octobre, elle siège. Cela fait
sept mois, vous avez raison sur le plan du calcul; quant à moi, je n'ai
pas de... Pour autant que, sur le plan du fonctionnement, cela puisse
fonctionner, je me tourne vers les collaborateurs-fonctionnaires, et je n'ai
pas d'objection à mettre la date qui sied le mieux.
Le Président (M. Baril): Le 31 mars'?
M. Gendron: La difficulté que cela pose, il faut
être conscient de cela, j'ai eu à la vivre cette année avec
la Commission de la santé et de la sécurité du travail,
aux crédits, M. le ministre. Quand on vérifie les crédits
à la fin de mai et au début de juin, on travaille aux
crédits avec un rapport de presque deux ans par rapport à
l'actualité qui nous concerne. Cela fait un peu drôle de faire...
C'était te cas. On avait un rapport de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail de 1985, on est en 1987
avancé. Quand on a une responsabilité... Oui, c'était le
rapport annuel 1985-1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui mais dans le cas de la CSST,
sauf erreur, l'exercice financier prend fin le 31 décembre. Il y a le
délai de trois mois dans la loi: janvier, février et mars, mais
de façon pratique, ils ne peuvent pas le respecter parce que les bilans
ne peuvent pas être certifiés.
M. Gendron: De toute façon, je ne vais pas ajouter
grand-chose là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut... C'est
enregistré.
M. Gendron: Cela ne me dérange pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la CSST, après
vérification, l'année financière se termine le 31
décembre et elle a six mois pour produire son rapport.
M. Gendron: D'accord. Je ne le sais pas, M. le ministre, ce n'est
pas un drame, mais pour nous permettre de mieux travailler quand on a ces
responsabilités-là, vous dites que l'argument, c'est que cela ne
donne rien de présenter un rapport annuel qui ne contient pas les
états financiers vérifiés. Pourquoi ne pas dire: trois
mois après avoir reçu la certification du Vérificateur
général, l'instance produit son rapport financier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que, et je partage cet
avis, si vous voulez qu'on modifie la date, mais en ayant une date fixe sur le
plan du législateur, on a plus de garantie d'obtenir quelque chose
à un moment précis. Je peux changer pour la fin de septembre si
vous voulez, mais sauf que je vous indique que, généralement, on
n'est pas en session.
M. Gendron: Ah! mot... Ce n'est pas majeur, je ne ferai pas un
drame avec cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous avouer bien
franchement que, dans l'analyse article par article que j'avais personnellement
effectuée, je me suis fié sur le plan de la date; vous l'apportez
pour fins de débat.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): L'article 129 est-il
adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 130, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Mîssisquoi): Oui. "Le ministre
dépose, le rapport de la commission devant l'Assemblée nationale
dans les trente jours de sa réception si l'Assemblée est en
session, ou sinon, dans les trente jours de la reprise de ses travaux."
C'est la clause normale.
M. Gendron: Oui, mais... En tout cas, je ne le sais pas, M. le
ministre - et là, je le répète, ce n'est pas un drame -
mais je suis pas mal sûr que vous conviendriez que, compte tenu... C'est
parce que je ne l'ai pas lu en séquence, mais avoir lu l'article 130
avant, j'aurais souhaité effectivement que l'article 129, puisque votre
argument qu'on n'est pas en session ne tient pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez une modification,
je suis prêt à rouvrir...
M. Gendron: Oui, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...placer cela à la fin
septembre.
M. Gendron: Oui, mais à cela, je n'ouvrirais pas bien
fort, je dirais tout simplement: au plus tard le 30 septembre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Gendron: ...pour au moins, d'abord, respecter les six mois,
donner un mois de perspective d'analyse, ce qui fait qu'à un moment
donné, quand la Chambre siège, on a souvent ces informations au
préalable et, compte tenu que c'est indiqué: Le ministre
dépose le rapport de la commission devant l'Assemblée nationale
dans les 30 jours de sa réception si on est en session. Alors là,
tout marche, cela signifie que le critique peut l'avoir regardé
avant...
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'article 129
est modifié...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et rouvert...
Le Président (M. Baril): ...et rouvert pour modification
pour le 30 septembre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela. Remplacer le 31
octobre par le 30 septembre.
M. Gendron: Au plus tard le 30 septembre de chaque
année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
Le Président (M. Baril): On est d'accord
là-dessus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Baril): L'article 130.
Une voix: Adopté.
M. Gendron: Cela va.
Le Président (M. Baril): Adopté.
Une voix: Une minute. L'article 129 est-il adopté tel
qu'amendé?
Le Président (M. Baril): Oui, l'article 129 est
adopté tel qu'amendé.
M. Gendron: Oui, monsieur. M. Paradis (Brome-Missisquoi):
Bien oui. Le Président (M. Baril): L'article 131.
Renseignement fourni par la commission
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "La commission fournit au
ministre tout renseignement ou document que celui-ci requiert sur ses
activités."
M. Gendron: À l'article 131, je croyais que le ministre
arriverait avec un amendement. Je me rappelle, au cours des audiences, j'avais
indiqué "retiré", non pas au sens où le ministre avait dit
cela, mais il y a plusieurs intervenants qui, lors des
audiences, ont dit: Cela va faire. Que la commission soit
subordonnée au ministre avec toutes les interprétations que les
gens en ont faites... Cela ne veut pas dire que ce qui est écrit
là: "La commission fournit au ministre tout renseignement ou tout
document que celui-ci requiert sur ses activités." Non, mais
écoutez, je veux seulement prendre le temps d'expliquer mon point de
vue. Que le ministre soit le répondant de la loi, parce qu'il nous a dit
que de temps en temps, il était dans la fournaise et qu'il avait
l'information pertinente dans certains conflits et que l'Opposition... Oui, ce
n'était pas l'argument le plus fort, je le répète...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...la plus complète
possible.
M. Gendron: ...je le répète et je pense qu'il est
important de saisir quelques collègues qui n'étaient
peut-être pas là au moment où les audiences ont eu lieu.
Compte tenu du genre de réponses qu'on nous donne et avec le genre de
ministre spécialisé dans le patinage artistique et de fantaisie,
vous seriez toujours en mesure de trouver ce qu'il faut pour donner
l'impression qu'il s'agit d'une réponse à une question
posée. Ce n'est sûrement pas l'argument fondamental pour exiger
qu'il y ait une clause de subordination que l'instance nourrisse le ministre
sous prétexte que la justification est pour répondre à
l'Opposition.
Très sérieusement, je vais déposer un amendement
sur lequel j'aimerais avoir l'attention de l'ensemble des intervenants. J'en ai
deux, je n'en ai pas juste un.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va commencer par le
premier.
M. Gendron: C'est cela. Quand on dit: La commission fournit au
ministre tout renseignement ou tout document que celui-ci requiert sur ses
activités, mais que ce n'est pas balisé plus que cela et ce n'est
pas nuancé, encore là, je pourrais citer des exemples
d'intervenants en audience qui ont prétendu que c'était
effectivement abusif, exagéré, en particulier si ces
renseignements concernant, par exemple, une plainte ou une demande
particulière.
Des renseignements d'ordre administratif, des renseignements que
n'importe quel ministre responsable veut obtenir d'une instance pour laquelle
il a une responsabilité, j'en suis, mais là, le ministre du
Travail lui-même a longuement indiqué que la nouvelle Commission
des relations du travail devrait avoir une espèce d'autonomie, une
espèce de responsabilité la plus complète possible. Il me
semble que si on ajoutait un nouvel article 131, tel que je l'ai indiqué
et que vous venez de recevoir, avec la phrase suivante: "La commission fournit
au ministre tout renseiqnement ou tout document que celui-ci requiert sur ses
activités - point-virgule probablement ou point. Ces renseignements ne
peuvent concerner une demande ou une plainte particulière."
L'amendement que je propose a le mérite de baliser un tant soit
peu la très grande ouverture à l'arbitraire, à des
situations abusives, dependamment encore là d'un ministre qui veut avoir
beaucoup, peu ou passionnément de renseignements directs à la
commission. Et cela peut effectivement être interprété par
les commissaires comme une subordination exigeante sur le plan du niveau
d'indépendance complète et totale que ses commissaires devraient
avoir et les membres de la commission. Si le ministre avait indiqué:
À la demande du ministre, la commission donne les renseignements
pertinents - là, je ne peux pas faire un libellé légaliste
ou juridique - les informations requises pour s'acquitter de ses
responsabilités, ou une affaire de même. Il me semble qu'il n'y
aurait pas cette éventuelle compréhension d'une inquisition,
parce que tout le monde comprend qu'une commission ou une régie, une
société, qui relève d'un ministre sectoriel lui doit - pas
redevance - d'être en mesure de donner suite à des demandes
d'information d'ordre administratif, des informations reliées aux
activités, mais pas tellement aux jugements et aux décisions de
la commission, si on veut qu'elle soit neutre.
Là, il n'y a aucune nuance. Cet article n'est pas balisé
en aucune façon. La commission fait venir au ministre tout renseignement
ou tout document que celui-ci requiert sur ses activités. Il me
paraît que ça peut être interprété et cela a
été vu comme ça, M. le ministre - et vous le savez bien -
par des intervenants comme vouloir, dans certains cas, avoir une information
privilégiée pour régler des comptes, régler des
cas.
Il est possible, à ce moment-là, que les parties
concernées par les relations du travail jugent peut-être un peu
sévèrement ce dispositif qui n'a aucune balise, comme je le
mentionne. Je ne vois pas pourquoi le ministre ne dirait pas: Ce que je lui
sugqère, c'est l'inverse. Ce n'est pas le ministre qui est devant la
commission. C'est la commission... C'est l'inverse, pardon. C'est le ministre
qui suggère des éléments d'information sur lesquels la
commission aurait obligation de lui donner des informations. (23 h 30)
Là, il n'y a pas nécessairement une liste
d'épicerie, mais il y a des sujets sur lesquels la commission sait
qu'elle est en devoir de fournir l'information au ministre, mais pas sur
l'ensemble de ses activités. En n'ayant aucune nuance, n'importe qui
peut interpréter tout ce qui se passe à la Commission des
relations du travail, autant
au niveau du président, du vice-président et des
commissaires et par loi - je dis bien par loi - devient susceptible
d'être les mains d'un élu politique avec les inconvénients
que ça comporte. Il y a des avantages d'être élu en
politique comme ministre. Mais il y des inconvénients comme élu
politique de pouvoir éventuellement sortir des informations qui ne
conserveront pas nécessairement le caractère de
confidentialité que certaines informations sont requises à
l'intérieur de la Commission des relations du travail.
Je suis convaincu que le ministre comprend qu'il pourrait très
bien avoir des informations, à un moment donné. Lui,
prétendait en avoir une utilisation restrictive, correcte. Pour toutes
sortes de raisons, à partir du moment où ce n'est plus la
commission qui en a le contrôle, ce n'est plus la Commission des
relations du travail qui en a le contrôle, puisque ce n'est pas
écrit: On regardera ça. C'est: La commission doit fournir.
Ce n'est pas écrit: Doit fournir. Mais c'est impératif.
"La commission fournit", c'est impératif. Je pense que le ministre en
conviendra. À un moment donné, le ministre reçoit des
informations usuelles et pertinentes dans un conflit quelconque, lesquelles
informations lui tombent sous la main, tombent sous la main d'un attaché
politique, deviennent, par mégarde dans certains cas, oubliées
à certains endroits ou deviennent rapidement du domaine public.
Je ne pense pas que le ministre du Travail souhaite que ces informations
deviennent rapidement du domaine public. S'il n'y a aucune balise, je
croîs que le danger est là, le danger est réel. C'est ce
que les principaux organismes sont venus nous dire. Je répète.
Quand j'ai écrit "retirer", c'est à la suite d'une compilation
d'une série d'intervenants qui trouvaient que les dispositions à
l'article 131 étaient démesurées par rapport surtout
à la justification que le ministre a prétendue dans le sens que
c'était pour être en mesure de mieux répondre à
l'Opposition.
Voilà, M. le Président, les arguments que je voulais faire
valoir. Mais, en ce qui nous concerne, l'article 131 mériterait
d'être balisé et nous croyons que ce que je suggère comme
modification serait plus acceptable que le libellé actuel.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
prétends que l'article 131, tel que libellé, n'autorise pas le
ministre du Travail - pas nécessairement celui qui vous parle - à
s'immiscer dans les décisions ou jugements que la commission peut
rendre. Il autorise le ministre du Travail à obtenir des renseignements
et des documents sur les activités de la commission.
Je relève de votre plaidoyer la mention de risque sur le plan de
la confidentialité, un attaché politique, etc., et je vous dirai
que le risque existe en ce qui concerne la commission également, un
secrétaire, etc.
Ce risque est présent partout et il fait appel à la
diligence des parties qui ont accès à ce type d'information.
Votre amendement, tel que libellé, empêcherait le ministre du
Travail d'obtenir, sur une plainte particulière ou sur un dossier
particulier, les renseignements utiles et nécessaires.
Je vous dirai que dans le cas de services essentiels, entre autres,
à un moment donné du stage de l'évolution du dossier, il
peut être requis du ministre du Travail de suggérer à ses
collègues du Conseil des ministres la suspension du droit de
grève. Il doit se baser sur un paquet de critères pour en arriver
à cette décision de suspension et que seule la connaissance
précise du dossier, de l'évolution du dossier, des agissements
des parties au dossier peuvent l'habiliter à effectuer une telle
recommandation.
C'est le seul exemple que je vous citerai. Je n'ai pas connu, du temps
où j'étais dans l'Opposition, pendant cinq ans, de manque
à la confidentialité ou d'utilisation par quelque
prédécesseur que ce soit, d'élément de connaissance
qu'ils avaient des dossiers de relations du travail. Je ne pense pas, de mon
côté, ni du côté de mon cabinet, ni du
côté du ministère, qu'il y ait des informations qui aient
été utilisées à mauvais escient depuis que je suis
là.
Si on pouvait interpréter - cela m'inquiéterait -
l'article 131 comme pouvant autoriser une ingérance dans le processus
décisionnel ou dans les jugements qui auront à être rendus
par les commissaires, je serais inquiet au plus haut point. Mais,
honnêtement, je ne pense pas, même en étirant
l'interprétation de l'article 131, qu'on puisse même
prétendre que cela autorise le ministre du travail, quel qu'il soit,
à s'ingérer dans les décisions ou dans les jugements.
Je considère qu'il est important et je dirais même qu'il
est capital et, dans certains cas, déterminant que le ministre du
Travail, quel qu'il soit, soit bien informé sur l'état d'un
conflit.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais juste indiquer au
ministre du Travail qu'à tout le moins il devrait, d'après mot,
nous indiquer davantage... Quand il a fait la référence aux
services essentiels que, dans certains cas, il est pertinent comme ministre du
Travail, il puisse avoir certaines informations, je suis porté à
croire qu'il a probablement raison.
Mais tout dépend de la forme dans
laquelle ces informations sont transmises. Je trouve curieux que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le domaine des relations du
travail, je tiendrais à vous le dire immédiatement. Mon
expérience me révèle que c'est dans l'informel...
M. Gendron: Mais, justement, c'est ça...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et cela fait partie des
relations du travail. L'informel veut dire que cela n'a pas été
écrit de façon formelle. Cela peut être transmis
verbalement de façon informelle, mais c'est l'informel qui est la
règle. Il n'y a pas de forme prescrite.
M. Gendron: C'est en plein ce que je voulais illustrer, mais en
utilisant l'expression, parce qu'on dit: La règle, c'est plus
l'informel. C'est justement parce qu'il y a une référence
à la forme. Donc, on dit que c'est plus valable, l'informel. Je serais
porté à vous donner raison s'il y avait quelques balises, en
disant... Dans certains cas, être commissaire, M. le Président, et
être membre de la commission et de savoir qu'il n'y a aucune balise et
que je dois -parce que c'est impératif - fournir au ministre tout
renseignement ou tout document que celui-ci requiert sur ses activités,
je ne pourrais pas, dans la compréhension de ma responsabilité,
prétendre par là que cela n'a aucune incidence, contrairement
à ce que vous avez dit, sur les éventuelles décisions que
je pourrais prendre, compte tenu de ce que vous allez me demander.
Vous, vous avez ajouté: Écoutez, M. Gendron - vous me
parliez tantôt - ou M. le député d'Abitibi-Ouest; vous me
parliez, vous avez dit: Cela n'a rien à voir par rapport aux
décisions que ces gens vont prendre. Ce que je veux savoir, ce sont des
renseignements ou des documents concernant les activités de la
commission.
Mais, là, écoutez, on ne peut pas être des enfants
d'école. Les activités de la commission, c'est également
les décisions des commissaires. Si cela ne fait pas partie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est public.
M. Gendron: Juste une minute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est public, les décisions
des commissions. Cela fait partie de la jurisprudence.
M. Gendron: Oui, avec toutes les réserves de in tempore ou
je ne sais pas quoi, les réserves dans le temps, oui, bien sûr.
Bien voyons!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir du moment
où une décision est rendue, elle devient du domaine public?
M. Gendron: Ah oui, à partir du moment où elle est
rendue, sauf que c'est ça que j'appelle un article sans balise où
là on dit que la commission fournit au ministre tout renseignement.
Vous, est-ce que vous allez exiger des renseignements uniquement quand les
décisions seront rendues du domaine public? Bien non, je le sais que
vous allez me répondre non et vous avez raison.
À ce moment-là, si... Là je reviens sur mon exemple
de: II n'y a pas de cadre formel. Vous dites: Oui, mais c'est ça qui est
le "best". Excusez l'expression. Bien, il faut faire attention, parce que, pour
certains types d'information, je suis donc porté à vous donner
raison, savoir que c'est préférable que vous, comme ministre,
ayez ces informations sur une forme différente qu'écrite.
Je prétends qu'il y a certains types d'informations que si
j'étais ministre du Travail, j'aimerais les avoir, mais j'aimerais mieux
les avoir autrement que toujours sur une forme écrite, étant
donné les conséquences que cela peut avoir dans la poursuite de
certains dossiers.
Mais, vous dites: Non, ce n'est pas ça, parce que je veux me
garder toutes les alternatives. Il faut que le ministre du Travail ait toutes
les alternatives, toutes les avenues. Je ne sais pas, je ne suis pas juriste,
mais j'aimerais que vous en fassiez réaqir un ou deux qui vous
conseillent. Il me semble que se serait moins fort de dire: La commission
transmet au ministre tout renseignement ou tout document, plutôt que
"fournir", parce que "transmettre au ministre tout renseignement ou tout
document que celui-ci requiert sur ses activités", la transmission, elle
peut être orale. "Fournir", il y a un geste de dépôt. En
tout cas, dans mon évaluation à mot, il y a un geste de
déposer quelque chose. Il y a un geste de remettre quelque chose.
Là, on est plus dans la communication écrite, plutôt que la
communication, éventuellement, d'information, mais qui, dans certains
cas, peut avoir un caractère verbal.
Je ne sais pas. Je pense que si on y lisait: La commission transmet au
ministre tout renseignement, il me semble qu'on affaiblirait, un tant soit peu,
l'espèce de doute qui s'est installé chez ceux qui sont venus
nous dire: II me semble que c'est un pouvoir trop large qui sème des
inquiétudes et qui peut avoir des interférences. Cela va
être ma conclusion là-dessus. Il ne faudrait pas se coucher
à 2 heures du matin. On ne peut pas, de toute façon.
Cela pourrait avoir des interférences, M. le ministre,
contrairement à ce que vous affirmez, sur le type de décision
à être
rendue par les commissaires, parce que ce sont des hommes et des femmes
qui vont être commissaires, président et
vice-présidents.
Autrement dit, ce sont des êtres humains, et des êtres
humains qui, constamment, se sentiraient sollicités de la part du
ministre pour constamment avoir le même type d'information, parce qu'il
n'y a rien qui me dit, à partir du moment où vous avez le pouvoir
dans la loi, M. le ministre, que vous ne "sélectiverez" pas le type
d'information que vous voulez avoir.
C'est écrit: Fournit au ministre... Oui, "sélectiver",
faire la sélection de certains types d'information. Si le ministre
devient très sélectif dans le genre d'information qu'il veut
avoir, par rapport à des renseignements et des documents, il se peut que
certains commissaires voient là une façon de porter un jugement
sur leurs décisions et que les commissaires voyant cela, étant
donné surtout la disposition reliée à un mandat
inférieur à cinq ans - déterminé, d'accord -je
pense que tous ces phénomènes peuvent jouer sur un degré
moindre d'autonomie et de pleine et entière indépendance.
À chaque fois qu'il y a quelque chose qui se réfère
à une altération, si mince soit-elle, du pouvoir
d'indépendance requis, il me semble qu'il faudrait être
très attentif et vigilant, M. le ministre, et cela m'apparaît que
l'article 131 est très ouvert.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre en
vous disant que si un ministre souhaite influencer indûment un
commissaire, un juge, il peut par déclaration publique, par une
réponse à une question à l'Assemblée nationale,
indiquer des choix, des préférences, etc. Je pense que c'est un
comportement dont se sont abstenus mes prédécesseurs, donc, je me
suis abstenu, mais demander à un ministre de fonctionner comme ministre
du Travail sans qu'il ait la possibilité d'avoir tous les renseignements
nécessaires, ce qui inclut les renseignements sur chaque dossier va un
peu à l'encontre de ce qu'a plaidé, à l'Assemblée
nationale la semaine dernière, le chef du Parti québécois
dans un autre dossier lorsqu'il questionnait le Solliciteur
général, ou le Solliciteur général par
intérim, on ne peut pas jouer des deux côtés de la
médaille en même temps, et si vous me dites qu'il y a des risques
par des déclarations publiques pour que le ministre du Travail puisse
influencer une décision qui aurait à être rendue - je ne
sais pas moi, après demain - pour le Conseil des services essentiels
parce qu'ils auront pris connaissance de la décision du ministre, je
vous dirai, à ce moment-là, que les commissaires sont
susceptibles, ils sont chatouilleux à l'influence indirecte, etc. et
qu'il faut faire des efforts pour nommer des gens qui, de caractère
aient cette force nécessaire pour rendre leur décision en toute
impartialité. Mais c'est certain que les propos que nous
prononçons, vous autant comme critique de l'Opposition, peut-être
plus quand tu as la responsabilité ministérielle, sur la place
publique, sont des propos qui sont publics et qui peuvent influencer des gens.
Mais, les gens qui ont des décisions de nature quasi judiciaire à
rendre, généralement, font abstraction des propos qui peuvent
être prononcés et, même notre règlement à
l'Assemblée nationale nous interdit de traiter publiquement des sujets
qui sont sous enquête ou devant des instances. Je pense que,
généralement parlant, la prudence est exercée par
l'ensemble des parlementaires. Je n'ai pas de difficulté avec cet
article, même en pensant un jour que cela puisse être un ministre
du Travail du gouvernement péquiste qui...
M. Gendron: Je l'espère, il y aurait moins de danger. Mais
plus sérieusement, je voudrais juste reprendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais ce n'est pas en faisant
une farce que je le dis, c'est très sérieux. Je pense que quel
que soit le ministre du Travail, après 18 mois d'expérience, je
vous dis qu'il est du devoir du ministre d'être informé et qu'il
ne peut fonctionner comme ministre du Travail sans obtenir l'ensemble des
renseignements et des informations, c'est de lui demander l'impossible.
M. Gendron: Non, c'est évident. Deux choses, M. le
Président, que le ministre du Travail soit informé, on n'a jamais
nié cela, on n'a pas un amendement qui fait la preuve qu'on ne veut pas
que le ministre du Travail soit non informé, au contraire, mais on dit,
concernant, par exemple, certaines plaintes particulières, on a beau se
forcer les méninqes et essayer de comprendre ce qui peut justifier le
ministre à... Parce que cela ne sera pas le premier terme non
défini, M. le député de Vimont. Ce ne serait pas le
premier terme là-dedans qui ne serait pas défini. Vous dites:
Qu'est-ce qu'une plainte particulière? II y a une série d'autres
termes qui n'ont jamais eu de définition et on y fait
référence quand même, donc je suis capable de vivre avec
cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on pourrait...
M. Gendron: Juste une seconde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...j'aurais peut-être, sur
le plan du vocabulaire, un amendement que vous pourriez accepter?
M. Gendron: Je vaudrais souligner que cela ne va pas du tout
à l'encontre de ce
qu'a plaidé le chef de l'Opposition, la semaine dernière,
concernant le Solliciteur général. Ce que le chef de l'Opposition
a plaidé la semaine dernière, c'est qu'on ne peut pas ne pas
avoir de répondant politique pour des gestes qui ont, en termes
d'envergure et de conséquence pour une société, une
responsabilité de gouvernement et non d'un corps intermédiaire du
gouvernement. C'est ce que le chef de l'Opposition a plaidé la semaine
dernière. On ne peut pas ne pas avoir de répondant politique pour
des gestes qui ont en termes d'envergure et de conséquence pour une
société une responsabilité de gouvernement et non d'un
corps intermédiaire du gouvernement. C'est ce que le chef de
l'Opposition a plaidé. Pendant un certain nombre d'heures on a
vécu dans le vide où c'est la Sûreté du
Québec...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas eu de vide. Cela a
été clairement établi.
M. Gendron: II n'y a pas eu de vide mais il y a eu des
corrections à des nominations par décret, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, absolument pas. J'ai
été nommé, vous pouvez vérifier, le 3, si ma
mémoire est fidèle.
M. Gendron: Vous n'avez pas été nommé
longtemps, vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non mais le temps qu'il
fallait.
M. Gendron: On va régler nos affaires là. C'est
quoi l'offre que vous avez à nous faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je vous indique que si vous
souhaiteriez remplacer le terme "fournir" par le terme "transmettre" je
n'aurais pas d'objection, mais on renforcerait...
M. Gendron: Que dit le Petit Robert?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On dit qu'on renforcit à ce
moment l'obligation de la commission. Sur le plan juridique "transmettre" est
plus fort que "fournir".
M. Gendron: Vos conseillers fonctionnent mieux à minuit
moins dix minutes. Un instantl
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Transmettre est plus formel.
'Transmettre" en droit, cela veut dire faire passer d'une personne à une
autre par une voie légale. C'est beaucoup plus formel que le mot
"fournir"
M. Gendron: On va y aller avec "transmettre".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Fournir" comme tel, c'est
pourvoir de ce qui est nécessaire. C'est moins contraignant.
M. Gendron: Oui, mais est-ce à dire M. le ministre que si
la commission elle aussi allait voir le Petit Robert et comprenait la
même chose que vous venez de dire et qu'elle décidait que ce n'est
pas nécessaire... Ce n'est pas cela qui est écrit. C'est
écrit: La commission fournit au ministre tout renseignement. Si la
commission vous disait: Bien...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle fournit ce qui est
nécessaire, À ce moment, ce qui est nécessaire. Ces
relations, bien qu'elles soient écrites dans un texte de loi, font
rarement l'objet de causes ou de poursuites comme tels. Habituellement, les
relations sont bonnes, les gens fournissent ce qu'ils ont à fournir en
conservant leur indépendance de la même façon à
permettre au pouvoir exécutif de faire son travail également le
plus éclairé possible. Je n'ai pas de... Je ne vois pas la un
monument à l'arbitraire.
M. Gendron: M. le Président, à ce moment, pour
démontrer en tout cas à l'enregistrement de nos débats
que, de plus en plus, compte tenu du temps, je gagne en possibilité de
m'approcher, de qagner au vote une proposition... je vais demander l'appel
nominal sur l'amendement. Vous verrez que pour la première fois, cela va
être plus serré, à trois, un plutôt que cinq, un ou
quatre, un.
Le Président (M. Baril): Alors, nous devons voter sur
l'amendement présenté par le député d'Abitibi-Ouest
qui se lit ainsi: "L'article 38 est modifié en ajoutant, au nouvel
article 131 la phrase suivante: "ces renseignements ne peuvent concerner une
demande ou une plainte particulière."
Ceux qui ne suivent pas, des fois, ne savent pas s'ils sont pour ou
s'ils sont contre. Si cela peut vous être utile, M. le
député de Vimont. M. le secrétaire, voulez-vous s'il vous
plaît demander le vote nominal.
Le Secrétaire: M. Hêtu, pour ou contre?
M. Hêtu: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: Je saute le président; M.
Gendron?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'amendement du
député d'Abitibi-Ouest est rejeté, quatre contre un.
Est-ce que vous présentez un amendement, M. le ministre, vous,
à l'article 151?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est assez contraignant.
Le Président (M. Baril): Non. Est-ce que je comprends que
l'article 131 est adopté?
M. Gendron: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez envie de
prendre le paragraphe suivant, Fonctions et pouvoirs, ou si vous voulez
arrêter...
M. Gendron: En ce qui me concerne, je suggérerais au
président et aux membres de cette commission, comme on a convenablement
travaillé et que c'est une nouvelle section importante majeure, je
souhaiterais que nous allions continuer à travailler sur ce que nous
indiquait le ministre du Travail pour arriver frais et dispos demain matin,
avec des amendements, cette fois-ci, on ne peut plus imprégnés de
l'esprit de ces magnifiques notes explicatives.
Le Président (M. Baril): Alors la commission ajourne ses
travaux sine die. Elle recommencera demain matin après les affaires du
jour, après la période de questions.
(Fin de la séance à 23 h 54)