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(Onze heures vingt-six minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie afin
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 30, Loi constituant la Commission des relations du travail et modifiant
diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements à
annoncer?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Cusano
(Viau) est remplacé par M. Polak (Sainte-Anne); M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Brouillette (Champlain)
et M. Leclerc (Taschereau) est remplacé par Mme Dougherty
(Jacques-Cartier).
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
avez-vous des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
brièvement.
Dix organismes syndicaux, patronaux et intervenants du milieu du travail
sont venus nous donner l'analyse qu'ils faisaient du projet de loi constituant
la Commission des relations du travail. Ces organismes se sont
déclarés satisfaits quant à la rédaction de
quelques articles, insatisfaits quant à la rédaction d'autres
articles. Ils ont demandé des précisions et même
suggéré des modifications. À la toute fin des auditions
publiques, en résumant la commission parlementaire, le
député d'Abitibi-Ouest a surtout reproché au
libellé des articles de ne pas reproduire fidèlement les notes
explicatives du projet de loi. J'aimerais, en commençant cette analyse
article par article, reprendre la lecture attentive des notes explicatives du
projet de loi, de façon qu'on s'imbibe bien, dans les amendements que
nous aurons à proposer, des objectifs visés par le projet de
loi.
Ce projet de loi a pour objet la mise sur pied d'une Commission des
relations du travail qui aura tous les pouvoirs nécessaires pour agir
sur une partie importante des rapports collectifs de travail.
Ainsi, le projet confie à cette commission le mandat d'assurer le
libre exercice du droit d'association déjà reconnu par le Code du
travail et les chartes en faveur des salariés et d'administrer le
processus d'accréditation des syndicats.
La commission pourra aussi intervenir pour faire respecter les
dispositions du Code du travail, d'abord par voie de médiation et
ensuite, si nécessaire, en ordonnant aux personnes concernées de
se conformer au code, afin de solutionner certains conflits de travail
rapidement et d'une manière appropriée au domaine des relations
du travail.
Elle aura éqalement, parmi ses autres fonctions, celle de voir
à la détermination et au respect des services essentiels en cas
de grève suivant les règles actuellement prévues pour les
services publics, et les secteurs public et parapublic.
Le projet de loi prévoit, en conséquence, !e transfert des
responsabilités actuelles du Bureau des commissaires du travail, du
Tribunal du travail, du Conseil des services essentiels et du Commissariat
à la construction a la nouvelle commission. Il apporte aussi les
ajustements nécessaires au Code du travail et à d'autres
lois.
Dans le but de traduire encore plus fidèlement ces notes
explicatives dans le projet de loi, j'annonce dès maintenant que le
gouvernement a l'intention de proposer des amendements au projet de loi, et je
les communique immédiatement, afin que l'Opposition, ainsi que les
parties intéressées, les observateurs et les acteurs du domaine
des relations du travail puissent en prendre note et continuer à
apporter des suqqestions constructives.
M. Cannon: De même que les députés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De même que les
députés, M. le député de La Peltrie.
À la suite de la lecture des mémoires, des
représentations entendues, des remarques et commentaires faits, ainsi
que des réflexions menées depuis le tout début de notre
travail sur le projet de loi, comme nous l'avons indiqué, il est dans
notre intention d'apporter des amendements susceptibles, nous le croyons, de
bonifier le projet de loi.
J'annonce donc notre intention de suggérer des modifications sur
les sujets suivants: À l'article 112 constituant la
Commission des relations du travail, d'abord quant aux termes
"administrer l'exercice du droit d'association", ensuite, quant à la
notion de gestion des ressources humaines que nous comptons mieux baliser;
à propos des 35 % que nous retrouvons présentement à
l'article 37 de l'actuel Code du travail, 35 %-50 %, nous comptons proposer un
amendement qui visera à fermer et à assurer cette proportion 35
%-50 %. Nous comptons également proposer des amendements sur le droit
des intéressés à se faire entendre. Quatrièmement,
nous comptons apporter des précisions sur la notion de contravention
appréhendée. Cinquièmement, nous comptons apporter des
amendements sur la remise en question d'accords entre les parties en
matière d'accréditation. Sixièmement, nous comptons
apporter des amendements quant à la question de la motivation des
décisions que les commissaires auront à rendre.
Septièmement, nous comptons apporter des modifications quant à la
qualité des plaignants. Huitièmement, nous comptons apporter des
modifications sur l'encadrement des cas sujets à des décisions
provisoires. Neuvièmement, nous comptons apporter des amendements sur la
consultation relative à la nomination du président de la
commission. Je vous indique qu'il ne s'agit pas là nécessairement
d'une liste exhaustive des amendements que le gouvernement compte apporter. Il
s'agit d'une liste qui est importante, qui indique à quel point le
gouvernement a tenu compte ou tient compte des interventions de tous les
intéressés qui nous ont fait valoir leur point de vue. Quant au
libellé, si nous entreprenons l'étude article par article
aujourd'hui, dans les cas des articles qui seront touchés, nous serons
en mesure de vous les remettre. En ce qui concerne les autres articles, au
cours de la journée de lundi, cela devrait être disponible.
Maintenant, je suis quand même en mesure de répondre si
vous avez besoin de précisions sur l'orientation des modifications sur
les sujets traités. Dès lundi matin, ils seront tous disponibles.
Je suis disposé à répondre quant à l'orientation si
vous avez besoin de précisions additionnelles. J'indique
immédiatement à l'Opposition qu'également elle peut nous
poser des questions sur des sujets que nous n'avons pas
énumérés pour savoir si nous avons rejeté
complètement l'idée d'apporter des amendements ou si ce sont des
questions qui demeurent sous considération.
Mme la Présidente, c'était là mes remarques
préliminaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron M. Gendron: Oui, Mme la
Présidente,
M. le ministre, membres de cette commission, je veux signaler assez
rapidement que je suis heureux que le ministre ait commencé les travaux
de cette commission ce matin en indiquant qu'à la suite des audiences
des groupes intéressés et des mémoires que nous avons
reçus, il a l'intention concrète, réelle et
sérieuse, nous dit-il, d'apporter des amendements à certaines
dispositions du projet de loi 30 prévoyant la création d'une
nouvelle Commission des relations du travail.
Je voudrais cependant, tout comme lui, repartir des notes explicatives.
Je pense qu'il a exactement et correctement souligné, en tout cas, en ce
qui concerne l'Opposition et le critique de l'Opposition en matière de
relations du travail, qu'un des problèmes qui persistent, c'est de viser
absolument et viser professionnellement, sérieusement, comme on est
capable de faire notre travail, à ce que l'écart reste le plus
mince possible entre les principes énoncés auxquels on a
souscrit, auxquels nous souscrivons encore aujourd'hui et que, pour aucune
considération, il ne nous apparaîtrait correct de remettre en
question. En ce qui nous concerne, il n'est pas question de remettre en
question notre point de vue comme Opposition concernant le principe de la
création d'une nouvelle instance où la plupart des interventions
dans le domaine des relations du travail sont regroupées, où il y
a des objectifs pour réduire des délais, où il y a des
objectifs pour simplifier même si on peut avoir des nuances sur
l'analyse. Je n'en suis pas là-dessus aujourd'hui. Il y a
également des principes de déjudiciarisation.
Cependant, même si on lisait et relisait à n'en plus finir
les notes explicatives, il n'en demeure pas moins qu'il reste encore
énormément de zones grises, d'imprécisions, de flou,
d'arbitraire. Je voudrais profiter de mes remarques préliminaires,
puisque c'est le moment de le faire et que j'ai le temps de le faire, pour
indiquer certaines choses.
Par exemple, quand le ministre nous dit, dans la lecture du
préambule, "ainsi le projet confie à cette commission le mandat
d'assurer le libre exercice du droit d'association", je suis obliqé
d'admettre qu'il lit quelque chose qui est écrit. Par contre, en ce qui
concerne le libre exercice du droit d'association qui, règle
générale, est tout le volet sur une syndicalisation plus facile,
plus simple, plus exprimable, il va falloir convenir qu'il n'y a pas
qrand-chose. Je reviendrai, à l'étude article par article, sur
certains éléments qui mériteraient d'être mis en
contexte davantage vu que, fondamentalement, au-delà des articles... Le
monde a été très correct lors des audiences, ils l'ont dit
très clairement. Il y a quand même une question de philosophie et
d'orientation là-dedans, le patronat en ayant une et le monde syndical
en ayant une autre. On a
tous dit qu'on aurait le plus beau projet de loi du monde, qu'on aurait
la meilleure Commission des relations du travail. S'il n'y a pas un effort
additionnel pour modifier les mentalités, changer les comportements et
avoir quand même quelques indications sur le contexte de cette loi,
comment va-t-on l'inscrire dans notre système québécois
d'évolution de relations du travail? Est-ce que cela requiert un
préambule correct, bien fait? Est-ce qu'il faut faire un nouveau
libellé à l'article 112 dans le mandat? Pour ma part, cela n'est
pas complètement arrêté. Je dois relire davantaqe
l'information qui nous a été communiquée lors des
audiences là-dessus. C'est pourquoi je pense -je le ferai à la
toute fin de mon temps de parole - qu'il serait beaucoup plus saqe aujourd'hui
de faire ce qu'on entend, de poser des questions au ministre sur certaines
choses qui méritent d'être analysées et scrutées
davantage et d'envisager de travailler plus sérieusement à
l'étude article par article après qu'on aura l'ensemble, nous,
comme Opposition, des propositions d'amendements suqgérées par le
ministre aujourd'hui et les additions que j'aimerais faire.
Je veux continuer quelques minutes sur le fond. Les audiences ont eu
lieu pendant deux jours. Cela a été deux jours actifs,
chargés. On a eu l'occasion de poser des questions à ces gens,
tout autant sur la compréhension, sur les éléments compris
dans leur mémoire comme sur les éléments absents de leur
mémoire parce que, lorsqu'on tient des audiences, il est important de
demander à ces gens pourquoi certains ont fait le choix de ne pas
couvrir tels et tels secteurs d'activité qui, pourtant, sont dans le
champ de juridiction d'une telle Commission des relations du travail. En
conséquence, il y a plusieurs groupes qui ont omis de nous donner leur
avis sur certaines dimensions qui doivent intéresser le ministre et pour
lesquelles, je suis certain, le ministre est intéressé à
recevoir le plus d'avis possible afin qu'il ait l'opinion la plus
éclairée.
À titre d'exemple, je veux juste citer... La commission s'est
terminée, si ma mémoire est bonne, mercredi soir. Aujourd'hui,
nous sommes vendredi. Dès jeudi, donc le lendemain des audiences, j'ai
reçu plusieurs - je suis convaincu que c'est la même chose du
côté du ministre et davantage - représentations qui, pour
toutes sortes de raisons, n'ont pas pu être incorporées aux
audiences ou à d'autres possibilités pour que les intervenants
communiquent au ministre. Je voudrais citer deux exemples. Je recevais jeudi,
entre autres, un document additionnel de l'Association des détaillants
en alimentation du Québec qui nous avait quand même nourri d'une
façon assez intéressante en disant... Oui, nourri d'une
façon assez intéressante.
C'est volontaire. C'est une peu l'obligation et le devoir des gens en
alimentation. Ils ont indiqué... Je pense qu'il y a lieu d'avoir
l'attention particulière des membres de cette commission et du ministre
du Travail. N'oubliez pas que le ministre a eu ce que j'appelle la
"correctitude" d'indiquer dans son discours de deuxième lecture que, lui
aussi, il croyait que l'accent était plus fort sur une réforme
des structrures dans la création de la nouvelle Commission des relations
du travail, mais on ne peut pas faire juste une réforme des structures.
Après avoir réformé les structures, il y a des mandats, il
y a du contenu, il y a des orientations, il y a des intentions, mais quand
même, lui même - je n'ai pas le temps de chercher le papier, mais
il se le rappelle - il a dit que fondamentalement, c'était une
modification des structures. Or, que se passe-t-il depuis quelques jours? La
plupart des intervenants intéressés par ces questions creusent
plus avant le contenu du projet du loi et nous indiquent que,
présenté d'abord comme une simple réforme de structures,
ce projet - jusqu'à ce jour, c'est encore un projet, mais qui a l'air de
vouloir se concétiser plus rapidement que prévu -vise en
réalité à modifier de fond en comble tout le régime
des relations du travail actuellement existant dans la province de
Québec. Ce n'est pas mon point de vup, Mme la Présidente. Je fais
juste citer le point de vue de plusieurs intervenants. Il s'agit d'une
modification beaucoup plus substantielle, dans le fond, que ce qui était
annoncé. Si tel était le cas... Je le répète
personnellement, moi qui n'ai pas toutes les compétences, mais qui
prétends avoir étp capable de le lire et d'en prendre
connaissance, je ne partaqe pas ce point de vue selon lequel il a autant de
conséqupnces, il est aussi majeur, comme s'il s'agissait enfin là
de la qrande réforme annoncée depuis des années, et il y
nécessité de revoir de fond en comble le Code du travail, le dis
tout de suite, pour être honnête et clair, que ce n'est pas
cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'a pas nette
prétention.
M. Gendron: Je pense que vous n'avez pas cette prétention
sauf qu'une chose pst claire, c'est qu'il v en a qui l'ont. C'est notre devoir
d'avoir Ips bons arguments pour indiquer à ces gens qui, possiblement,
ont vu des choses que nous n'avons pas vues, ont une vision trop large, ont une
vision peut-être subjective des choses... Il v a plus d'intervenants qui
ont cette vision que je croyais qu'il y en aurait. Si on regarde les
mémoires objectivement, des appuis fermes et solides comme de dire: Oui,
il n'y a pas de problème, M. le ministre. Alle7-y, on vous aime, on vous
embrasse. C'est beau, c'est
bon... Un instant! Il faut les chercher à moins de ne pas savoir
lire. Il n'y en a aucun. Il n'y a aucun appui. Il y a quelques appuis fermes:
Oui, on veut une nouvelle Commission des relations du travail. Quelques appuis
fermes. Mais à une centrale syndicale comme la CEQ - c'est mon devoir de
le rappeler - à la toute fin de sa présentation, j'ai
été obligé de lui demander: Oui, mais si j'ai à
dire que vous étiez pour ou contre? La réponse intrinsèque
du vice-président de la CEQ, M. Raymond Johnston, a été la
suivante: La Commission des relations du travail que nous comprenons, que nous
interprétons dans le projet de loi déposé, c'en est une
que nous ne voulons pas, que nous n'aimons pas. Oui, nous souhaitons toujours
avoir une Commission des relations du travail qui irait dans le sens... Et
là, il revenait au mémoire, la présentation de la
commission Beaudry, ainsi de suite, et le discours traditionnel que la CEQ a
toujours véhiculé... C'est son droit le plus strict sauf que je
suis obligé en conscience de dire... Il est difficile pour moi de dire
que toutes les centrales syndicales étaient indiscutablement d'accord.
La CSD a exprimé un désaccord total, complet: Nous ne sommes pas
d'accord avec cette nouvelle instance. Je fais grâce du patronat. Ce sont
les amis du régime. Ils ont été assez martelants en disant
que, pour eux... Vous le relirez, M. le député de La Peltrie, et
vous verrez que cela n'était pas une ode à la nouvelle Commission
des relations du travail, comme la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante qui a joué du violon sur
elle-même en disant combien la PME était importante. Ils avaient
raison sauf qu'ils n'étaient pas plus "hot" qu'il le faut pour ce qui
est du projet de loi qu'on discute.
Ce que je veux illustrer, d'après ce qu'ont dit tous ces
intervenants, de deux choses l'une: Ils ont tort ou il nous appartient à
nous de faire notre travail comme il le faut et d'apporter des amendements
substantiels et de démontrer qu'effectivement, c'est un projet de loi
pour lequel il faut tenter l'expérimentation parce que le domaine des
relations du travail a évolué, le domaine des relations du
travail n'est pas gelé dans un contexte stagnant, où il n'y a pas
eu d'évolution. Je pense qu'il y a eu une évolution dans les
mentalités et dans nos lois sur les relations du travail. Mais le moment
est peut-être venu d'essayer une nouvelle formule plus simple qui a
été très analysée parce que, lorsque le rapport
Beaudry a suggéré cela, il n'a pas suggéré cela sur
un coin de table. Il l'a suggéré après des audiences
beaucoup plus larqes et beaucoup plus longues que celles qu'on a tenues. Le
ministre va convenir de cela.
Donc, c'est sûrement quelque chose de réfléchi quand
on suggère cela. Les intervenants, les centrales syndicales qui,
à ce moment-là - je parle toujours de la commission Beaudry - ont
donné leur entier accord à cette nouvelle instance, savaient
probablement de quoi ils parlaient. L'éventuelle création d'une
Commission des relations du travail, ce n'est pas quelque chose qui est sorti
du chapeau du ministre du Travail actuel, je le répète. Quand je
dis cela, cela n'a rien à voir avec du discrédit ou du
crédit. C'est quelque chose qui était depuis longtemps sur - on
appelle cela communément - les tables de travail. Il doit y en avoir
plusieurs au ministère du Travail. On s'est dit: II faut regarder cela
et il faut analyser cela. Et cela a été analysé et
regardé, comme c'était normal de le faire à la suite du
mandat de la commission Beaudry. Mais, même malgré tout cela
-parce que je veux être très clair ce matin -je reçois
encore jeudi... (11 h 45)
Voyons maintenant quelques pouvoirs de cet orqanisme vital dont les
intervenants prétendent qu'ils n'ont pas de bons senst le pouvoir de
rendre une décision avant de disposer d'une plainte contestant un
congédiement, une suspension, un déplacement, ou une mesure
discriminatoire ou de représailles sans audition. À moins que je
n'aie mal compris - mais il faut prendre quelques minutes pour regarder cela -
tantôt, le ministre a dit: Moi, j'ai l'intention que ce ne soit pas comme
cela, même si c'est comme cela dans le projet de loi. Voilà une
CRT, une Commission des relations du travail qui, peut-être, va
ressembler, quand on aura fini notre boulot, l'étude article par
article, davantaqe à ce que quelqu'un me disait. Pour autant que j'y
vois celle que je pensais y voir, qui correspond davantaqe aux notes
explicatives et qui a un lien beaucoup plus direct, il me semble qu'on peut
effectivement porter le juqemenl: qu'on est sur la bonne voie. Ces gens
disaient: Discrétion absolue de décider de toute question
relative à l'unité de négociation sans aucune audition.
Certains ont prétendu que c'était gros, d'autres disent que c'est
normal que ce soient des tiers qui puissent juqer cela et regarder cela. Mais
nous, comme à peu près tous les intervenants qui se sont
interrogés sur cela, on veut voir, quand on en sera arrivés
là, ce que le ministre a l'intention d'apporter, concrètement,
comme modification.
Le pouvoir de rendre une décision non motivée et non
écrite. Une décision non motivée et non écrite,
cela commence à être sérieux. Écoutez, on est dans
un domaine de remise en question, on est dans un domaine où,
constamment, des parties veulent parfois connaître la raison des
décisions prises. Ft si, d'avance, on dit" Tu auras beau faire ce que tu
voudras, tout cela n'est pas rédigé sur la base de motiver des
décisions et de
faire un libellé - je vais m'exprimer ainsi - qui permettrait de
s'y référer convenablement. Ce sont quand même des
dispositions assez grosses qui ont été relevées par moult
intervenants et on veut savoir ce que le ministre fait là-dessus.
Le pouvoir d'émettre des injonctions, c'est-à-dire
ordonner...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur la motivation...
M. Gendron: Oui. Le pouvoir de procéder selon le mode de
preuve qu'elle juge approprié. Le pouvoir de rendre toute
décision provisoire. Le pouvoir de réviser ou de révoquer
ses décisions seulement quand elle le jugera nécessaire, et ce,
encore sans audition. Aucune possibilité d'appel sur les
décisions de la commission. Je cite toujours un document sur
l'impossibilité d'appel. Je pense que, parfois, il y a des raisons de ne
pas en avoir. Sincèrement, ma compréhension des choses ayant
évolué là-dessus, à mon avis, il est
peut-être légitime d'envisaqer que, sur un bon nombre de type de
décisions, il est inutile et incorrect de prévoir des
mécanismes d'appel, mais de le faire entièrement, sur l'ensemble
des décisions. Lorsqu'on arrivera à des articles précis,
on sera obligé d'interroger le ministre là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas vous interrompre,
mais sur cette question, je n'ai fait part d'aucune intention...
M. Gendron: Exact!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans les notes. Je ne suis pas
en mesure d'annoncer une intention ferme, mais ce que nous envisageons
sérieusement au moment où nous nous parlons, ce n'est pas le
droit d'appel, mais la possibilité d'avoir des bancs à trois.
M. Gendron: Mme la Présidente, je suis convaincu, en tout
cas, à ce jour, que le ministre veut travailler plutôt que de
faire de la politique et je suis d'accord pour travailler sérieusement
là-dessus. Je ne pense pas qu'on ait de problème à
s'entendre à la fin de mon intervention de 20 minutes. Comme il trouvait
que c'était normal que l'Opposition puisse s'interroger sur les aspects
sur lesquels, dès ce matin dans ses remarques préliminaires, il
ne nous a donné aucune indication, j'ai l'intention de dire: M. le
ministre, concernant les sujets suivants, est-ce que vous pourriez nous donner
quelques indications pour que, nous aussi, on fasse nos devoirs en fin de
semaine et qu'éventuellement, lundi, quand on se mettra à
travailler, on soit en mesure de vous fournir certaines indications sur les
amende- ments que nous suggérerons? Et réciproquement,
j'espère que, comme ministre responsable du gouvernement, vous ferez la
même chose en nous remettant les documents relatifs aux modifications et
aux amendements que vous entendez proposer.
Je voudrais juste poursuivre pendant quelques minutes; ce ne sera pas
très long.
Ce fut la même chose hier. Une couple de coups de
téléphone et une recommandation quand même assez
étoffée de l'Association des manufacturiers de bois de sciaqe du
Québec dont on n'aurait pas pu prendre connaissance. Mais moi, je ne
peux pas dire: Je ne m'occupe pas de cette association, c'est secondaire.
D'abord, je connais ces gens, ils sont représentés dans tout le
Québec. Ce sont des gens qui ont des assises dans tout le Québec.
Ce sont des qens qui, dans le passé, lorsqu'il s'est aqi de lois les
concernant, se sont exprimés et ont fait valoir leur point de vue. En
conséquence, il m'apparaît opportun et légitime
d'écouter ce qu'ils ont à dire. On n'a pas pu le faire lors des
auditions, et je comprends cela. Mais je ne peux pas dire: Toute la paperasse
que vous allez m'envoyer, qu'elle soit datée du 10, du 12 ou du 13 juin,
parce qu'on est pressé lors de l'étude article par article, je ne
regarde pas cela. Non, j'ai regardé cela et je pense qu'eux aussi, ils
posent de bonnes questions. Eux aussi, ils posent des questions
importantes.
Je voudrais juste rappeler que le ministre, là-dessus, nous a
donné une indication que je n'ai pas aimée, mais ce n'est pas
grave, on en discutera lors de l'étude article par article. Il nous a
dit: On va réécrire toute la référence concernant
la bonne gestion des ressources humaines. Il me semble que c'était
clair. Les qens ne veulent pas que vous réécriviez cela. Les qens
veulent que vous fassiez sauter cela et non pas par des moyens sur lesquels on
enquête actuellement... On veut que vous rayiez cela tout simplement. M.
le ministre du Travail, on biffe cela. C'était on ne peut plus clair.
Ils revenaient là-dessus et ils disaient: La référence,
dans la description de ces pouvoirs, à la bonne gestion; concept nouveau
et non défini - ils ont raison, concept nouveau et non défini -
élargit la compétence de cette commission à un univers -
écoutez bien celai - imprécis et vague qui permettra toute une
panoplie de décisions et d'interventions qui n'ont rien à voir,
mais absolument rien à voir, avec le libre exercice du droit
d'association. Comme ils ont raison! C'est important de discuter de ces
choses.
Le ministre, quand il a commencé, a dit: Écoutez, le
projet de loi a pour mission d'assurer plus librement l'exercice du droit
d'association. Écoutez, quand on est rendu dans le mandat et qu'on parle
de ce dont je viens de parler, de la qestion des ressources
humaines, là, je comprends mai. Et il y en a une maudite "gang"
qui comprend comme moi. Ils comprennent de la même façon que mai
et ils nous disent: Écoutez, cela n'a pas de bon sens. Le libellé
de cet article fait également de cette commission, non pas un organisme
chargé d'assurer le libre exercice de ce droit, mais un organisme
responsable de l'administrer, ce qui est très différent du
rôle de la structure actuelle, sauf pour ce qui a trait, en partie,
à certains des pouvoirs du Conseil des services essentiels. Là,
il a raison, c'est la même chose.
Parmi les autres difficultés que nous éprouvons face
à ce projet de loi, la commission ne sera désormais plus tenue de
motiver ses décisions. Là, il y a de l'ouverture, on va regarder
cela. Que fait-on de l'indépendance nécessaire et essentielle
dans l'administration d'une justice équitable...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest, je vous fais remarquer qu'il vous reste
une minute.
M. Gendron: Vous êtes bien gentille. Alors, je vais
conclure mes remarques préliminaires. Ma conclusion sera simple, et il
me semble qu'elle est toute indiquée. Le ministre, aujourd'hui, a eu la
sagesse de tenir compte de quelques indications répétées
et martelées par certains intervenants, et, là-dessus, il nous
dit: Je bouge. Dans quel sens? On regardera cela. Cela devrait être dans
le bon sens, jamais je ne croirai!
Par contre, le ministre du Travail nous a dit: J'ai d'autres intentions,
c'est du "wording" - une expression un peu consacrée - je suis en train
de fignoler des affaires et sur d'autres, je continue à
réfléchir. Ce qui est une bonne chose. Ils sont plus libres que
nous en fin de semaine, donc ils devraient réfléchir fort et on
le verra lundi.
Avant d'utiliser un autre droit de parole, on pourrait peut-être
économiser du temps... Le ministre a été correct dans le
premier volet, mais, pour toute la liste que je veux lui dresser, il pourrait
me donner des indications tout de suite ou c'est moi qui commande et qui fait
des demandes. Sur le volet pour lequel on s'est entendu - c'est ma conclusion -
il a eu la sagacité de terminer en disant: Ce n'est pas une liste
exhaustive que je vous montre. Mais je ne sais pas si c'est un peu, beaucoup ou
passionnément et j'aimerais avoir des indications là-dessus, s'il
y a un peu plus de viande sur certaines choses qu'il a complètement
écartées. La liste des choses qu'il a complètement
écartées, pour moi, est pas mal longue.
En conséquence - c'est ma conclusion pour mes premières 20
minutes - si le ministre veut être volubile sur les choses qu'il a omises
volontairement ou parce que ses gens sont au travail ou parce que sa
réflexion n'est pas terminée, il peut me donner un bout de ce sur
quoi il va réfléchir, et à la suite de ces indications, je
donnerai les intentions que nous avons, en tant qu'Opposition, pour la
poursuite de la séance d'aujourd'hui.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'indiquerai au
député d'Abitibi-Ouest qu'il a raison de mentionner que, deux
jours d'auditions pour la présentation d'un projet de loi de cette
importance, même s'il s'aqit davantaqe d'un remaniement de structures,
cela peut paraître comme n'étant pas beaucoup. Il y a beaucoup
d'associations patronales et syndicales qui n'ont pas eu l'occasion de se faire
entendre et, si le ministre ou le ministère avait pensé aller de
l'avant avec un tel projet de loi en l'absence de tout ce qui s'est fait par la
commission consultative qui a parcouru toutes les régions du
Québec, on aurait peut-être pu parler d'une consultation
incomplète. Ce n'était pas mon intention, comme ministre, de
reprendre - et je ne pense pas que l'Opposition nous l'ait
suqqéré non plus - toute la consultation qui a été
menée par le groupe du juqe Beaudry. Je pense qu'il s'agit, comme on l'a
déjà indiqué, d'un document auquel on se
réfère et auquel on se référera dans les
années à venir en ce qui concerne certaines orientations dans le
domaine des relations du travail au Québec.
Les auditions nous ont quand même permis d'entendre plusieurs
représentants très représentatifs des groupes patronaux et
syndicaux. D'ailleurs, la liste a été établie, si ma
mémoire est fidèle, oar cette commission, d'un commun nccord
entre les députés des deux côtés de la table.
Quant à la liste, j'ai mentionné qu'elle n'était
pas exhaustive. Vous rne dites: Est-ce qu'elle représente principalement
ce que vous voulez proposer comme amendements? Je vous dis oui, principalement.
Elle n'est pas complète, mais elle représente principalement ce
que l'on vise comme amendements au moment où nous nous pnrlons.
J'indiquerais également que nous n'avons pas - et ce n'est pas mon
intention de le faire tant qu'on ne sera pas rendu à l'adoption finale -
fermé la porte à toute sugqestion positive pouvant aller dans le
sens d'une meilleure application et d'un meilleur balisage de ce projet de loi,
en conformité avec tes principes qu'il sous-tend. Il n'y a pas un
article que l'on exclut. Je pourrais vous dire que je peux déjà
en exclure beaucoup; tous les articles de concordance, je ne pense pas qu'on se
pose des problèmes lorsqu'on change le mot "commissaire" pour le mot
"commission" ou "Tribunal du travail" par "commission". Je
pense que je suis réceptif pour en discuter, mais je pense que ce
n'est pas de ces aspects techniques dont on va discuter.
Je vous ai donné un indice, tantôt, lorsque je vous ai
interrompu lors de vos remarques préliminaires, sur la question de
l'impartialité, de l'indépendance, du droit du justiciable,
fût-il travailleur, employeur, patronat, syndicat, d'avoir une
décision en laquelle il peut avoir confiance, un élément
de confiance dans des questions importantes. On a reçu plusieurs
représentations disant soit qu'il devrait y avoir appel, soit que cette
décision ne devrait pas être prise par un seul individu. Mais sur
cette question, je vous dis qu'il y a de très sérieuses chances
que, lundi matin, il y ait un amendement qui aille dans le sens, non pas de
créer un nouveau palier d'appel, parce qu'on vise la
déjudiciarisation et on vise à faire en sorte que le harponnage
des évocations ne puisse se faire à plusieurs niveaux, mais qu'il
y ait la possibilité d'une obligation de siéger à trois
sur certaines questions, sans toutefois, sur le plan administratif, engorger la
commission. Et c'est ce à quoi nous travaillons présentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
Discussion générale
M. Gendron: Je pense qu'il y a deux façons de poursuivre.
Soit que le ministre est d'accord pour que je fasse la liste de l'ensemble des
éléments sur lesquels il a été silencieux, sans en
connaître nécessairement les motifs, ou bien je le fais morceau
par morceau et, rapidement, il m'indique: Là-dessus, on n'a pas
l'intention de bouger ou bien on a l'intention de bouger. On veut une
indication parce que, nous aussi, on a une responsabilité. Comment
voulez-vous que je puisse préparer, avec nos équipes qui sont
quand même réduites, des amendements, des indications, s'il n'est
pas en mesure de me dire tout de suite, sur certains sujets, quelles sont ses
intentions?
M- Paradis (Brome-Missisquoi): Par la liste, si vous voulez.
M. Gendron: Par la liste? Mme la Présidente, j'y vais. Je
voudrais que le ministre m'indique ce matin... Il vient de m'indiquer: Faites
votre liste, et je répondrai ensuite. Alors, je veux avoir certains
éléments. Un des éléments sur lesquels j'aimerais
que le ministre me donne des indications et il ne l'a pas fait ce matin, c'est
toute la question de marquer ce projet de loi qui est majeur et important, il
ne faut pas l'oublier, d'un préambule ou non. Il y a des intervenants
qui ont souligné cela. Je n'ai pas le temps, ce matin, de faire tout un
laïus sur la commission Beaudry qui, elle aussi, prétendait que
cela aurait été une excellente idée d'avoir une nouvelle
structure de relations du travail, située dans son contexte par un
préambule. La CEQ est revenue là-dessus. D'autres intervenants ne
l'ont pas dit ainsi, mais, à partir du moment où ils disent que
l'article 112 est trop large, trop flou, ainsi de suite, cela peut être
l'équivalent. 11 faut toujours se rappeler que l'un peut très
bien être conciliable avec l'autre et avoir un article 112 qui est plus
restrictif, qui définit les mandats de la commission,
précédé d'un préambule ou inversement. Il n'y a pas
de préambule à la loi, mais il y a un article 112 qui
définit le mandat, alors je voudrais qu'il réagisse sur cela
tantôt. (12 heures)
Tout le volet des pratiques déloyales. On est dans le domaine des
relations du travail, tout le monde sait qu'il y a quand même des
éléments qui concernent les pratiques déloyales
reliées à la disposition antibriseurs de grève, les
questions de refus d'embauche pour activités syndicales, le maintien des
conditions de travail lors d'une grève ou d'un lock-out, les rappels
après une grève. Il y a toute la question aussi des dispositions
du piquetaqe. Le ministre sur cela ne s'est pas démenti, il a dit: Non,
je ne veux pas toucher à cela, parce que ce n'est pas le gros morceau de
la réforme du Code du travail, cela va venir plus tard. Il y a quand
même plusieurs intervenants qui ont souligné qu'étant
donné qu'une des premières volontés du ministre
était de faire une Commission des relations du travail avec
l'entièreté des outils, pour disposer de décisions
reliées à des difficultés, des problèmes de
fonctionnement, il y avait lieu que cette commission soit le plus large
possible, toujours dans une belle notion d'approche intégrée,
dans une approche plus globalisante - et ce n'est pas moi qui ai inventé
le terme. Dans son discours, le ministre dit: II faut avoir une approche
intégrée. Dans ce sens, le ministre a toujours été
attentif aux suggestions qui ont été faites, mais il n'a pas du
tout donné les indications qui pourraient être les siennes ou
celles de son gouvernement, en particulier -je ne veux pas m'étendre sur
cela - sur les antibriseurs de grève et le piquetage.
Même chose sur le caractère syndicable des employés
de bureau de la Commission des relations du travail. C'est un sujet qui est
revenu plus qu'on pense. Il y en a plusieurs qui prétendent... Moi, je
ne porte pas de jugement, je dis seulement: Pour l'instant, c'est au ministre
de parler à ce sujet. Il y a plusieurs intervenants qui ont dit: Oui, il
y aurait une certaine logique à envisager qu'il y ait un certain nombre
de travailleurs et de travailleuses qui ne soient pas liés aux
décisions conflictuelles, décisions
concernant le pouvoir d'accréditation et certains litiges plus
contentieux reliés actuellement au Bureau des commissaires du travail ou
au Tribunal du travail. Dans la future loi, il pourrait effectivement
être très clairement établi que seul le personnel de bureau
qui n'est pas lié, qui n'a pas de relation directe avec les
décideurs, relativement aux éléments que je viens de
mentionner, ait la possibilité de se syndiquer ou non. D'autant plus
que, si je reviens aux notes explicatives, il y aurait une certaine logique,
étant donné qu'on a pensé que c'était requis de
parler, dès le début, d'assurer le libre exercice du droit
d'association. Même dans les notes, on a parlé de promotion, de
promouvoir, de faciliter et ainsi de suite, de préconiser davantage une
politique de règlement plutôt que d'affrontement, dans un
contexte... Il me semble qu'une loi concernant les relations du travail, avec
toutes ces belles vertus anticipées, pourrait éventuellement
prévoir une syndicalisation, c'est-à-dire l'autorisation que ce
personnel puisse être syndicable et, non pas l'autre terme,
habituellement on appelle cela confidentiel, qu'il ne soit pas
considéré comme étant des confidentiels qui ne sont pas
syndicables.
L'opportunité de soumettre une première convention
à l'arbitrage, pas un mot sur cela. Il y a des gens qui pensent que ce
serait logique. Cela a été évoqué. Moi, je veux que
le ministre parle à ce sujet.
Maintien du Tribunal du travail. Là, on a un problème de
fond, un problème majeur. Il y a plusieurs intervenants qui ont dit: le
Tribunal du travail a une bonne expertise, ce sont des "pros", ils font une
belle "job", il n'y a pas grand-chose à reprocher à ces gens.
Là, c'est toute une philosophie et une conception, parce qu'à
partir du moment où on revient à la notion de nouvelle Commission
des relations du travail intégrée, si on maintient le Tribunal du
travail, il faut voir comment cela s'agence, comment cela rime. La
difficulté, c'est qu'on ne peut pas faire le même genre
d'amendements, on ne peut pas travailler sur le même genre d'amendements,
si, dans la tête du ministre, il est prévu
qu'éventuellement, le tribunal soit là ou non. Dans ce sens, je
pense que le ministre devrait nous donner des indications un peu plus
précises sur sa pensée, actuellement, en ce qui concerne le
maintien ou non du Tribunal du travail.
Toute la question du mandat des commissaires, il n'en a pas
parlé. Il a indiqué quelque chose sur la nomination du
président. On le remercie, on lui en sait gré. Toute la question
du mandat des commissaires - à moins que j'aie été
distrait et c'est possible - à ma connaissance, il n'en a pas
parlé. Or, il n'y a pas personne qui n'en ait pas parlé, sauf le
ministre. Tout le monde, dans les mémoires, en a parlé, personne
n'a pas traité de cela. Tout le monde a dit que cela n'avait pas de bon
sens. Pour des raisons de plus grande indépendance, de plus grande
autonomie, qu'il y ait quelque chose qui soit exprimé sur le mandat des
commissaires.
Pas un mot du ministre sur les commissaires à temps partiel.
Est-ce que oui ou non il maintient cela? Cela a été relevé
par tout le monde. Tout le monde a dit: Écoutez - là, je ne veux
pas citer le magnifique petit paragraphe un peu caricatural de son
collège, Me Casgrain...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Page 6.
M. Gendron: Page 6. C'est parce que je ne l'ai pas tout de suite.
De toute façon, vous le connaissez probablement par coeur parce que
c'est, un peu comme j'ai dit, livré haut en couleurs. Il n'en demeure
pas moins que c'est un petit peu symptomatique de la compréhension que
ces gens ont et je pense qu'ils voulaient donner une image que, quand on a
porté le jugement, quand le Conseil du patronat a porté le
jugement, on avait affaire, non pas au monstre du lac Meech, mais au monstre de
l'arbitraire. Ils ont voulu l'illustrer. C'était une illustration
caricaturale mais réelle. Je pense que le ministre en a convenu.
Médiation. S'il y a une médiation, est-ce que ce sera les
mêmes adjudicateurs? On n'a pas eu d'indication à ce sujet.
Transfert des employés du Conseil des services essentiels. Le
ministre a dit à quelques reprises: Oui, on va s'assurer que cela se
fasse correctement. Mais il pourrait nous indiquer davantage comment ces gens
auront toutes les garanties de ne pas perdre des droits acquis et,
également, nous indiquer le processus de transfert.
Révision ou révocation par un "board" de trois, dont le
président ou un vice-président. Il nous a indiqué un peu
quelque chose sur cela. J'aimerais qu'il soit un peu plus précis dans sa
réflexion, parce que c'est un gros morceau. Je pense que le ministre
conviendra que c'est un morceau majeur. Même chose, est-ce qu'à un
moment donné les membres seront différents de ceux qui ont
jugé en première instance? À un moment donné si...
Bien oui, ceux qui vont rendre les premières décisions...
M. Paradis (Brome-Missîsquoî): À la
révision?
M. Gendron: Oui. Si, à un moment donné, on instaure
un pouvoir de révision, il n'y a pas de disposition qui nous garantit
que les réviseurs ne seront pas les mêmes que ceux qui ont
été entendus. Je ne veux pas nécessairement que ces gens
se révisent entre eux. Je veux que ces gens révisent ce
pourquoi ils ont eu à se pencher sur quelque chose. Il est plus
important de savoir si, en revision, les parties, quelles qu'elles soient,
partie patronale ou partie syndicale auront au moins la garantie qu'elles
seront révisées par d'autres commissaires et non pas par le
même, parce que, là, on risque que le résultat soit
discutable, dès aujourd'hui, on risque que le résultat soit
discutable. J'aimerais que le ministre soit précis là-dessus. Et,
Mme la Présidente, l'objectif de cela n'est pas compliqué. Si on
avait des indications à ce sujet, on pourrait travailler plus
adéquatement en fin de semaine. Pour arriver lundi et dire:
Écoutez, le ministre a le droit d'avoir son avis, il a droit d'avoir sa
position, c'est lui qui porte le projet de loi, ce n'est pas l'Opposition.
Mais, parce que le ministre porte le projet de loi, on aura le droit,
éventuellement, d'apporter des modifications sur certaines choses pour
lesquelles il prétend que ce n'est pas requis et ce sera à nous
de le justifier, et ce sera à lui de se faire un jugement et d'en
décider. On veut absolument être capables, éventuellement,
de présenter des amendements sur des aspects qui, selon l'Opposition
officielle, nous apparaissent majeurs et importants. Si on est dans le
même sens, cela va aller plus vite. Si, effectivement, le ministre nous
donne ses indications à ce moment-ci, on saura comment orienter le
travail de la commission. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Les
questions sont d'autant plus importantes qu'il est vrai que le projet de loi
porte le nom du ministre, mais, lorsqu'il sera adopté, dans quelque
forme que ce soit, s'il est adopté par l'Assemblée nationale, ce
sont tous les parlementaires qui y auront souscrits. Ce type de réforme,
bien qu'elle soit structurelle par essence, risque d'affecter nos relations du
travail pendant une décennie et peut-être plus, si elle
résiste à l'épreuve du temps. Donc, il est important que
les questions soient bien posées et que les réponses soient les
plus claires possibles, et qu'on aménage, sur le plan des
échanges, le plus de transparence possible de façon à ne
pas travailler dans de mauvaises directions et à se battre là
où il faut se battre.
La question du préambule à la création de la
commission. Je vous indiquerai que là où il y a des
préambules, ailleurs, dans les autres juridictions, ceux-ci
n'interviennent pas au moment de la création de la commission, mais
c'est un préambule au début du Code du travail qui indique
quel...
M. Gendron: Une seconde, M. le ministre, c'est ce qu'on souhaite,
je me suis peut-être mal exprimé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, d'accord.
M. Gendron: Quand je parle d'envisaqer un préambule, c'est
de nous dire, comme ministre, que, oui, vous êtes d'accord sur cela,
d'apporter un préambule au Code du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, parce qu'apporter un
préambule à la création de la commission poserait des
problèmes juridiques qu'on m'a dit insurmontables et...
M. Gendron: Même mon avocat vous dit que vous avez
raison.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon, pour une fois.
M. Gendron: À ce sujet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que nous indiquons, c'est que
nous n'avons pas l'intention, à ce stade-ci, nous avons
vraisemblablement l'intention, au stade de ce qu'on appelle la réforme
de fond du Code du travail, d'y inclure un préambule. Au moment
où nous nous parlons, je ne suis pas en réflexion sur le contenu
d'un préambule. Bien que je vous indique et que je vous
répète, en ce qui concerne le libellé de l'article 112,
qu'il sera modifié de façon à mieux correspondre aux notes
explicatives.
La question des pratiques déloyales. On pourrait les
énumérer toutes. Les deux principales - je pense qu'on s'entend
sur cela - qu'on pourrait mentionner sont la question des briseurs de
grève et la question du piquetage. Philosophiquement, je continue
à réfléchir dans le sens que, lorsqu'on parle de donner
des pouvoirs vastes, etc., c'est peut-être quelque chose qui devrait
être inclus. Je vous fais part de ma réflexion. Je vous indiquerai
qu'il y a une marge de manoeuvre dans les notes explicatives, au premier
paragraphe, qui nous dit: "...pour agir sur une partie importante des rapports
collectifs." Il y a des parties qui nous indiquent que ce serait souhaitable
que ce soit inclus, il y a d'autres parties qui résistent. Au moment
où je vous parle, je vous dirai que, de façon à maintenir
un certain équilibre et à assurer une chance de succès au
projet de loi, je ne pense pas que le temps serait opportun d'ajouter ou de
changer un mode avec lequel les parties ne sont pas encore tout à fait
à l'aise. On sait que, sur la place publique, sur le plan, entre autres,
de la partie patronale, s'il y a des mesures qui sont décriées
comme n'étant pas ou ne plaçant pas l'entreprise
québécoise dans une situation compétitive avec les autres
entreprises, ailleurs, au
Canada, on nous parle toujours de la question antibriseurs de
grève. Il n'est pas question pour le gouvernement de faire quoi que ce
soit, on expérimente, au moment où on se parle, on continue
d'expérimenter nos mesures antibriseurs de grève, mais on ne
pense pas que le temps serait opportun, on pense même que cela pourrait
faire en sorte que ie projet, dans son ensemble, ait une moins bonne chance de
réussite si on changeait cela de place, au moment où on se parle.
Si vous me demandez, personnellement, si je vois dans l'avenir ce type de
mesure parmi les pouvoirs d'une commission, je vous répondrai,
personnellement, ce n'est pas le ministre qui vous parle, que ma conception des
relations du travail fait qu'à un moment donné cela devrait
normalement évoluer dans cette direction, mais au moment opportun, c'est
ce qui est important dans le domaine des relations du travail.
En ce qui concerne le caractère syndicable des employés,
qu'ils viennent du bureau du commissaire général du travail,
qu'il s'agisse du personnel de soutien du Tribunal du travail, qu'il s'agisse
du personnel du Conseil des services essentiels, qui n'était pas
syndiqué, mais qui, au moment où nous nous parlons, est en
requête en accréditation, nous n'avons rien d'arrêté,
nous regardons ce que nous pouvons faire de ce côté.
En ce qui concerne l'arbitrage de la première convention
collective. Comme la question de l'enquête "anti-scab" est une
prérogative qui, en vertu des lois actuelles, appartient ou
relève du niveau de décision strictement ministérielle,
là aussi, il s'agit d'un élément très sensible. Je
n'ai pas entendu les parties se plaindre, ni quand vous étiez au pouvoir
- si je peux utiliser l'expression - ni depuis que nous sommes arrivés,
d'une utilisation abusive dans un sens ou dans un autre de tels pouvoirs.
J'aurais à peu près la même argumentation, en ce qui
concerne l'arbitrage de la première convention collective, que je vous
ai livré quant à l'"anti-scab". Il s'agit de mesures très
sensibles et, pour donner toutes les chances de succès et de
réussite au projet de loi, j'ai préféré que ces
pouvoirs de décision demeurent où ils sont. Parce que, oui,
après le projet de loi, même si le rôle de la commission
sera important, le rôle du ministère du Travail va demeurer
important sur le plan de la conciliation, de la médiation, etc., dans le
processus normal. Il va demeurer que le rôle du ministre ne sera pas
amoindri non plus, il sera laissé là où il était
avant la création de la commission. (12 h 15)
Maintien du Tribunal du travail. Là, on a un choix à faire
et je vous indique que, pour autant que je suis concerné, mon choix est
pas mal arrêté. Si on maintient le Tribunal du travail sur des
questions d'appel, on dévie d'un des objectifs fondamentaux -c'est une
opinion que j'émets - du projet de loi: on conserve un deuxième
palier. Conserver un deuxième palier, c'est bonifier à
moitié dans le sens de la simplification suggérée et nous
préférons bonifier le plus possible dans le sens de la
simplification. Donc, le Tribunal du travail serait aboli. J'ai eu des
discussions avec le ministre de la Justice pour m'assurer que les juges seront
récupérés par la Cour provinciale et, même, je pense
que j'ai des amendements sur les droits acquis - je m'excuse de ne pas vous les
avoir indiqués - de certains juges qui occupent des positions
administratives, soit à titre de juge en chef, etc., pour qu'ils ne
soient pas affectés, sur le plan de leurs acquis, par cette
réforme. Je tiens à vous indiquer qu'il existe également,
au ministère de la Justice, et je pense que c'est connu, des travaux et
des réflexions qui vont dans le sens de spécialiser des bancs de
la Cour provinciale dans des domaines d'action, et nous avons indiqué au
ministère de la Justice que nous trouverions souhaitable - parce que les
plaintes en matière pénale vont s'en aller là - que ce
soit traité par des spécialistes.
M. Gendron: Seulement un petit aparté, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je ne sais pas si vous serez d'accord. On parle du
Tribunal du travail et vous dites: Mes intentions sont de le laisser à
sa place, c'est-à-dire là où il est prévu à
l'intérieur de la Commission des relations du travail. Je voudrais
simplement que le ministre ait bien compris la demande qu'on faisait. Nous
voulions avoir une indication du ministre, mais uniquement en matière
pénale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Gendron: Nous aurions souhaité que vous regardiez plus
sérieusement la possibilité de le maintenir - et je dis bien
regarder parce que, nous aussi, nous n'avons pas arrêté notre
position sur l'ensemble des amendements qu'on va proposer, et tout cela. Mais,
est-ce que ce serait légitime d'envisager que le Tribunal du travail
demeure, mais uniquement pour ce qui est des questions pénales?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une hypothèse qui
peut être intéressante, mais disons que l'hypothèse du banc
spécialisé dépendant du ministère de la Justice
nous sourit davantage.
En ce qui concerne ies termes des commissaires, c'est vrai, vous avez
raison, c'est une question qui a été reprise par à peu
près tous les intervenants. La pratique gouvernementale, au moment
où on se parle - et ce n'est pas nécessairement nous qui l'avons
établie, mais nous prenons la responsabilité de la continuer pour
un certain temps, tant que des modifications ne seront pas apportées -
est de nommer pour une durée maximum de cinq ans. À cet effet,
j'attirerais votre attention sur l'article actuel du Code du travail, 111.0.4,
sans modification. Lorsque le Conseil des services essentiels a
été créé, la rédaction de l'article
était la suivante: "Le président et le vice-président du
conseil sont nommés pour au plus cinq ans. Les autres membres sont
nommés pour au plus trois ans." On a parlé de l'ensemble des
membres pour une période d'au plus cinq ans, mais je suis conscient que
ces termes, "au plus cinq ans", non seulement dans la question de la Commission
des relations du travail - et c'est là une opinion personnelle que je
vous exprime - mais dans l'ensemble des commissions et des régies, ne
sont peut-être pas l'élément - et je partage l'avis de
plusieurs des parties qui sont venues devant nous - qui permette d'assurer la
plus grande indépendance à des gens qui ont des décisions
à rendre.
Maintenant, il faut balancer et équilibrer. La
crédibilité des commissaires, le fait qu'ils devront recevoir,
sur le plan de leur crédibilité personnelle, l'assentiment des
parties et du gouvernement, sur le plan de la consultation, et toute la
question de la crédibilité même du fonctionnement de la
commission font en sorte que je pense que cela peut fonctionner pour un certain
temps, mais qu'il serait souhaitable que ces commissaires soient nommés
pour une période de plus de cinq ans. Mais, au moment où nous
nous parlons, je n'ai pas la responsabilité, comme ministre,
d'arrêter la décision des nominations et de leur durée, et
il me faudrait retourner, avec mémoire et tout, au ministère de
la Justice pour créer une exception. Je sais que des demandes similaires
ont déjà été acheminées dans le
passé, et elles ont toutes été refusées sous votre
gouvernement comme sous le nôtre, parce que les travaux sur la question
de l'indépendance des commissaires, dans l'ensemble des commissions,
sont quasiment achevés.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Seulement un commentaire. Peut-être que si
c'était permis ainsi, et vous avez raison, dans le Code du travail,
à l'article 111.0.4, parce que ces gens-là, des services
essentiels, sont peut-être davantage dans la fournaise que ceux de la
Commission des relations du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous me permettrez de vous dire
que plus tu es dans la fournaise, plus tu as besoin d'indépendance!
M. Gendron: C'est exact.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est directement proportionnel
à l'intensité de la chaleur!
M. Gendron: ...à l'intensité de la chaleur. Mais
à votre connaissance, M. le ministre, est-ce que c'est la seule
référence que vous pouvez faire que, sur ce genre de
commission...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous faire le
relevé de l'ensemble de toutes les commissions modernes, des dix ou
douze dernières années, où les nominations sont pour une
période de cinq ans. Je peux vous dire qu'antérieurement, et
c'est votre gouvernement qui avait pris la décision des cinq ans parce
que, antérieurement, les nominations étaient pour dix ans. Je ne
peux pas vous donner la date où cela a été changé
pour cinq ans, mais la majorité des commissions de l'époque... On
me dit que cela a descendu par échelon: dix ans, sept ans, cinq ans, et
que nous avons maintenant peut-être atteint un échelon où
on repart en sens inverse.
M. Gendron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais seulement dire au ministre qu'il nous a
clairement indiqué ses intentions sauf qu'à partir du moment
où ce point a été touché par tous les intervenants,
je veux bien qu'il y ait également là une responsabilité
du gouvernement et du ministère de la Justice. Mais il appartient
à des législateurs élus de tenir compte, de temps en
temps, d'indications fermes de la population, d'une population, au sens
général, spécialisée sur ces questions. Si
l'ensemble des gens ont prétendu que, d'avance, il y avait beaucoup plus
de chances de consacrer davantage la crédibilité de l'instance
majeure de ce que vous préconisez, parce que l'essentiel de votre projet
de loi n'est pas de créer une infanterie, c'est de créer une
Commission des relations du travail... Si la nomination des gens qui la
composeront et oeuvreront à l'intérieur se signale, dès le
départ, par une très grande neutralité et une très
qrande indépendance, vous partez avec du plomb dans l'aile. En
conséquence, je voudrais tout simplement dire au ministre que, s'il y
avait moyen, il
refasse d'autres vérifications sur la capacité rapide de
présenter une modification, parce que c'est surtout dans le
libellé qu'il y avait un problème. D'au maximum cinq ans: cela
permet à des sous-ministres et, éventuellement, à un
ministre, de jouer avec cela. Quand on dit que le mandat est "d'au plus cinq
ans", cela veut dire qu'on peut se permettre, après deux ans, de le
relever.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je vous soumets le
libellé actuel. J'ai pris le soin de bien le baliser à ce sujet,
ce n'est pas possible. Si la personne était nommée, elle serait
nommée pour au plus cinq ans, elle serait nommée pour une
durée déterminée, si je me souviens bien. Si on la nomme
pour trois ans, on n'a pas le droit, parce qu'on n'aime pas une
décision, de dire que sa "job" est finie.
M. Gendron: M. le ministre, vous l'admettrez, si vous avez
l'obligation de le nommer pour une durée déterminée, je me
rappelle le terme "déterminée", est-ce que le ministre n'aurait
pas le pouvoir de déterminer une autre durée? Si vous avez le
pouvoir, dans la loi, de dire: On met, dans la loi, qu'on peut y aller pour un
temps déterminé de deux, trois ou quatre ans, cela signifie que
les gens qui ont à faire des commentaires là-dessus peuvent avoir
l'inquiétude que le temps déterminé soit tellement court
qu'ils n'aient aucune autonomie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous allez être
d'accord avec moi, à ce moment-là, il y va de la
crédibilité de la commission. On est dans le domaine d'une
Commission des relations du travail qui a à composer avec des
partenaires sociaux majeurs et bien structurés. Cela aussi est une
garantie, à un moment donné: la force que représentent les
partenaires patronaux et les partenaires syndicaux. Cela représente
également une balise de garantie pour que quelqu'un ne s'amuse pas - si
vous me permettez l'expression - à faire des nominations.
M. Gendron: Un dernier commentaire là-dessus, M. le
ministre. Vous avez tout à fait raison, sauf que c'est un peu comme la
justice. Il ne faut pas que cette commission se contente d'être juste. Il
faut qu'elle ait l'apparence de la justice. En conséquence, je pense
qu'il y aurait lieu de continuer à regarder la possibilité de
prolonger le délai.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il y avait, parce que tout le
monde serait d'accord, à un moment donné, la nomination d'un
commissaire pour une durée de six mois, quel que soit le gouvernement
qui le nommerait pour six mois, j'ai l'impression que cela devrait être
accompagné d'un feuillet explicatif. C'est possible que cela arrive,
qu'on puisse aller chercher une ressource humaine pour une période de
six mois, probablement une ressource universitaire, qui serait acceptée
par toutes les parties, qui serait en congé sabbatique et qui peut le
faire pour une période de six mois en toute impartialité. Tout le
monde comprend, mais, vous avez raison, c'est important que cela apparaisse
également, et c'est pour cela que je vous dis que ce devrait être
accompgné d'un feuillet explicatif.
M. Gendron: "Part-time"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Temps partiel! Nous
considérons sérieusement apporter un amendement. Les
représentations de toutes les parties qui en ont parlé - et
à peu près toutes les parties l'ont fait - sont allées
dans le même sens.
La question de la médiation-adjudication. Nous sommes ouverts
à ce que la personne qui fait de la conciliation et de la
médiation ne soit pas la personne qui adjuge, si la médiation et
la conciliation n'ont pas abouti. Il y va de l'impartialité, finalement,
là aussi.
La question...
M. Gendron: Transfert des employés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...du transfert des
employés. Vous avez, en ce qui concerne les employés du Conseil
des services essentiels, déjà un article, l'article 94...
M. Gendron: L'article 96.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 96. "Les membres du
personnel du Conseil des services essentiels que désigne le gouvernement
avant le... deviennent membres du personnel de la Commission des relations du
travail, sans autre formalité."
On a la possibilité de...
M. Gendron: On me fait remarquer, et avec raison - et je ne peux
pas avoir toute la compréhension de ces termes - mais on me dit
qu'à l'article 96: "Les membres du personnel du Conseil des services
essentiels que désigne le gouvernement avant le..."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne parlerai pas simplement du
Conseil des services essentiels, je vais vous parler généralement
du personnel qui oeuvre au bureau du commissaire général du
travail, du personnel de soutien du Tribunal du travail. Je pense que ce qu'on
vise, c'est la meilleure des commissions, finalement. Le gouvernement et la
société, les partenaires
sociaux, pourraient, par de mauvaises décisions, se priver de
ressources humaines qui pourraient très bien être encadrées
et apporter leur contribution à une Commission des relations du travail.
D'un autre côté, vous pouvez actuellement retrouver des postes qui
existent dans ces organismes et qui ne s'apparenteront pas
nécessairement à des postes qui seront créés dans
le nouvel organisme - je pourrais vous donner des exemples précis, mais
j'aime autant ne pas vous en donner, je suis prêt à en discuter
avec vous, si vous le voulez -mais qui feraient en sorte que la commision
serait mal servie parce que la personne faisait un autre type de travail et que
son emploi serait modifié substantiellement dans la nouvelle
création. À ce moment-là, il y a des gens qui, par leur
formation, sont peut-être capables d'accéder aux nouvelles
responsabilités qu'on leur demandera, il y a peut-être des
personnes également qui vont préférer faire un choix de
carrière ailleurs, dans la fonction publique et, à ce
moment-là, ces possibilités seront offertes. Je ne pense pas que
le ministère du Travail ait été considéré,
par les employés, à quelque époque que ce soit, comme un
employeur avec lequel il est difficile de traiter.
M. Gendron: Combien y a-t-il d'employés au Conseil des
services essentiels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une quarantaine, 36.
M. Gendron: De toute façon, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez un effectif de 44
postes: un président, une vice-présidente, six membres et 36
membres du personnel d'administration et de soutien, incluant le personnel de
direction.
M. Gendron: Bien franchement, c'était plus... Le
ministère du Travail ne nous dérange pas, il ne nous fait pas
peur. Je pense que le ministère du Travail traite ses employés
correctement et tout cela, mais il n'en est peut-être pas de même
du gouvernement, et vous pourriez penser la même chose de nous. Non,
sérieusement! Il se peut que ce soit une belle occasion de faire
certains petits règlements de compte. De toute façon, on en a eu
un exemple récent. Je pense que vous vous étiez servi,
correctement ou incorrectement, de la disposition du Code du travail concernant
ce dont on discutait tantôt pour remercier M. Bastien des bons services
qu'il a rendus comme président du Conseil des services essentiels.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous envoyer la
réponse qu'il nous a faite.
M. Gendron: Où il vous a félicités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne me rappelle pas du
libellé exact, mais c'était une réponse très
correcte. Il est conscient qu'il avait un contrat avec le gouvernement, que
toutes les règles du contrat ont été respectées,
que cela s'est fait en saine collaboration. Je pense que le mot "collaboration"
était indiqué dans la lettre ministérielle et dans la
réponse du président.
M. Gendron: Sérieusement, M. le ministre, tant mieux si
c'est cela, dans son cas, sauf que je fais seulement vous dire que, tel que
c'était libellé, on a des doutes que cela désignait le
gouvernement précédent. Si, en fin de semaine, le ministre
pouvait nous parler un peu plus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donner des précisions
sur...
M. Gendron: Donner quelques précisions sur ce monde,
comment exactement... À part cela, il y a tout l'esprit de l'article 45.
Normalement, quand il y a disparition d'une entreprise, parce que c'est... Une
seconde! C'est l'équivalent... Les services essentiels, comme
boîte, comme structure, ce n'est plus là. C'est
intégré à la Commission des relations du travail. Leur
employeur, c'était le Conseil des services essentiels. Alors, vous allez
admettre avec moi qu'avec les dispositions qu'il y a ici, si jamais vous allez
dans le sens que vous préconisez, leur nouvel employeur n'est plus le
Conseil des services essentiels. Vous êtes d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur l'application de l'article 45
à la fonction publique, je vais vous référer à
votre avocat.
M. Gendron: Oui. Je n'ai aucun problème à aller
voir mon avocat, sauf que je n'ai pas parlé des mécanismes de
transfert, j'ai parlé de l'esprit de l'article 45. Il resterait la
révision ou la révocation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II reste, vous l'avez
mentionné, la révision par le même monde, si je peux
utiliser l'expression. On m'indique que la jurisprudence est claire à
cet effet, mais si vous trouvez qu'il est souhaitable qu'on le précise
dans le texte législatif, on est prêt à le faire. Parce
que, si quelqu'un a rendu une décision aujourd'hui et, que demain, tu
lui demandes de se réviser, d'accepter de dire qu'il s'est
trompé, cela devient un peu compliqué dans la pratique.
La Présidente (Mme Bélanger): ...à la
Commission de...
M. Gendron: Ne vous mêlez pas de cela, Mme la
Présidente. Ha, ha, ha! À ce moment-ci, je veux remercier le
ministre du Travail qui nous a donné les indications que je souhaitais
avoir sur les éléments qu'il n'avait pas couverts dans sa
première intervention, à savoir indiquer le dépôt
d'amendements sur des choses dont l'ensemble des intervenants ont
discuté mais que, pour toutes sortes de raisons, il avait omis
tantôt. J'ai eu l'occasion de le questionner là-dessus. Il m'a
donné les indications, et j'ai l'impression qu'à ce moment-ci,
Mme la Présidente, pour la conduite des travaux de notre commission -il
n'y a pas de cachette des autres membres, on en avait parlé entre nous,
il reste à peine vingt-cinq minutes - j'ai l'impression que ce serait
plus sage, pour les deux parties en présence de continuer à
travailler sur ce qu'elles ont respectivement à faire! Pour notre part,
nous travaillerons sur des choses qui nous apparaissent majeures, importantes
et sur lesquelles, nous aurons des amendements à proposer,
indépendamment des informations pertinentes que le ministre nous a
fournies. L'inverse est également vrai. On va sûrement souhaiter
que nous puissions apprécier le plus rapidement possible les
écritures sur lesquelles il nous a indiqué qu'il y aura des
amendements, pour éviter qu'on continue à - non pas raffermir,
parce que mon avocat travaille très bien - dire: II y a certains
amendements que le ministre a indiqué qu'il nous produirait, on n'est
pas pour commencer à rédiger, sur la même chose, deux
caractères ou deux types d'écriture. Il me semble que, si on veut
progresser rapidement, il s'agit de voir ce que vous dites et comment vous le
dites. Surtout avec nos prétentions, parce que chacun doit composer avec
cela - si c'est satisfaisant et si cela répond aux objectifs de
l'Opposition et surtout des concernés. Ce qui nous intéresse,
c'est que les concernés par ce nouveau projet de loi, à savoir
les parties, tant la partie patronale que la partie syndicale, puissent avoir
un meilleur mécanisme d'encadrement quant aux relations du travail, au
Québec, dans une perspective qui serait positive et qui aurait toujours,
comme conséquence, de meilleurs services aux parties, moins de
délais, plus facilement de compréhension, pour que ces gens
puissent avoir davantage des relations qui conduisent à des
règlements avant que le tout soit transféré à des
tiers. Le moins souvent possible, on recourt à des tiers, même les
tiers les plus spécialistes passibles, je pense que les parties
conçoivent, règle générale, qu'il s'agit toujours
d'un avantage pour elles d'essayer d'éviter de s'y rendre. En
conséquence, c'est dans ce sens qu'on veut regarder les amendements que
le ministre a proposé. Ce n'est pas en 20, 25 minutes qu'on ferait un
travail plus productif. Je pense qu'au contraire, on risque de se "pitcher"
dans un décor dont il faut avoir une vue d'ensemble. C'est un projet de
loi où j'espère qu'il y a des choses qui sont
intégrées et imbriquées les unes par rapport aux autres.
Il y a quand même une orientation et une philosophie. On ne peut pas
faire du "picking" de n'importe quelle manière quant aux amendements
à proposer. Ce sont les commentaires que je voulais faire. En
conséquence, Mme la Présidente, je propose l'ajournement de nos
travaux jusqu'au nouvel avis du leader, qui nous retournera au travail quand ce
sera le moment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aimerais vous indiquer, Mme la
Présidente, que, pendant le temps que nous avons pris ce matin, nous
avons touché à vingt points, quand même, du projet de loi,
ce qui est important comme matière. Je partage l'avis de l'Opposition
que le projet de loi est un ensemble, en matière de relations du
travail, qui fait partie d'un équilibre, bien qu'il nous faille traiter
article par article. À un moment donné, il faut que la
philosophie qui se dégage d'un libellé d'ensemble soit bien
connue. Lundi matin, vous devriez recevoir nos libellés
définitifs quant aux amendements proposés, et, même, pour
certains dont vous avez parlé, on est au travail. Si vous aviez des
amendements sur des points très précis, on apprécierait
également les recevoir lundi.
M. Gendron: Là-dessus, Mme la Présidente, je pense
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ouvre la porte.
M. Gendron: Je pense que le ministre doit convenir que, en ce qui
nous concerne, c'est un peu plus difficile de déposer les nôtres
tant qu'on n'a pas regardé les leurs. Le porteur du projet de loi, c'est
le ministre du Travail, premièrement. Deuxièmement, quant
à déposer l'entièreté de nos amendements, on sait
qu'on va en avoir sur certains points, mais, pour nous, il faut faire une
analyse globale avant de faire un dépôt, je pense, à la
suite de celui du ministre. De toute façon, ce qu'il sait et ce que les
membres de la commission doivent savoir, c'est que j'ai l'intention de
travailler positivement et sérieusement avec l'intention de combler, ce
qui m'apparaît capital, et c'est ma conclusion, l'écart, qui a
apparu trop grand aux parties, entre les notes explicatives et le contenu. Si
on travaille toujours dans ce sens pour que l'écart se
rétrécisse, je pense qu'on ne devrait pas avoir trop de mal, vers
jeudi soir ou vendredi midi, d'être en mesure de livrer au ministre son
projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a consentement
pour l'ajournement des travaux? La commission de l'économie et du
travail ajourne ses travaux sine die,
(Fin de la séance à 12 h 37)