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(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ses travaux.
Je vous rappelle le mandat de la commission qui est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur
énergie, ressources et terres, soit les programmes 6, 7, 8 et 9 pour
l'année financière 1987-1988. Il s'agit d'un ordre de
l'Assemblée du 1er avril 1987.
La durée totale prévue est de trois heures, et, ce matin,
nous allons filer jusqu'à 13 heures. M. le secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement pour cette séance,
Le Président (M. Cannon): Merci. Est-ce que le ministre et
le critique de l'Opposition ont convenu d'un processus autre que la
procédure normale à laquelle on est habitué?
M. Gauthier: La procédure normale.
M. Ciaccia: La procédure normale, je présume,
à moins que le critique de l'Opposition ait d'autres suggestions
à faire.
M. Gauthier: Non, non. Remarques préliminaires, questions
et approbation des programmes en bloc à la fin.
Crédits du ministère de l'Énergie
et des Ressources
Le Président (M. Cannon): D'accord. Alors, M. le ministre,
sans plus tarder, vos remarques préliminaires, s'il vous
plaît!
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Lors du
dépôt du budget, mon collègue, le ministre des Finances, a
particulièrement insisté sur l'intérêt que notre
gouvernement porte à la croissance économique. C'est dans cette
optique que je vais vous présenter les crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le ministère de l'Énergie et des Res- sources disposera,
en 1987-1988, de 396 500 000 $. Avec ces crédits, il appuiera le
développement économique du Québec par une gestion
dynamique de ses ressources naturelles. Pour mener à bien cette
responsabilité, il bénéficie, de plus, de la
présence de sociétés d'État et de fonds
extrabudgétaires.
Avant d'aborder les programmes du ministère, j'aimerais insister
sur l'importance des ressources naturelles pour l'économie
québécoise. En 1984, l'exploitation de la première
transformation des ressources forestières, hydrauliques, minières
et énergétiques a ajouté directement une valeur de 10 300
000 000 $ à l'économie québécoise, Cela
représente 12 % de la production totale et plus de 191 000 emplois.
Cette production marque par sa présence les économies des
régions périphériques. En effet, les ressources naturelles
génèrent plus de 40 % des emplois directs dans l'activité
primaire et manufacturière à l'extérieur de la
région de Montréal.
Pour quatre régions du Québec, la proportion passe au
delà de 50 %, dans l'Outaouais, au Saquenay-Lac-Saint-Jean, en
Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord. Les ressources
naturelles et les produits obtenus de leur première transformation ont
un impact des plus favorables sur notre balance commerciale. En 1985, ils ont
représenté 46 % des exportations québécoises. Le
papier d'imprimerie, le bois d'oeuvre, le fer, le cuivre, l'aluminium et
l'électricité sont des exemples de produits exportés.
Les exportations sont un débouché vital. En effet, les
marchés extérieurs sont plus importants que les marchés
locaux pour presque tous nos principaux produits. L'électricité
est l'exception la plus importante. Par contre, le Québec est
dépendant de l'extérieur pour le pétrole brut, le gaz
naturel et, dans une certaine mesure, les produits pétroliers.
L'ensemble de ces produits représente 12 % de nos importations de
l'extérieur du pays. De plus, le Québec importe 52 % de son
pétrole brut et la totalité de son gaz naturel de l'Alberta.
Les projets d'investissements reflètent tout le dynamisme du
secteur des ressources naturelles. Selon l'enquête révisée
pour 1986 de Statistique Canada, il y aurait eu pour ces secteurs 5 300 000 000
$ en divers
projets pour des immobilisations et des réparations. Cela
représente tout de même 22 % des investissements faits au
Québec. Je pourrais donner une liste des différents projets. Par
exemple, sur la Côte-Nord, Cascades relance une usine de pâtes.
Hydro-Québec ajoute de la puissance additionnelle à la centrale
Manic 5. Nous avons le projet de LG 2A. En Estrie, Windsor
bénéficiera d'une usine moderne de pâtes et papiers. En
Mauricie, QIT Fer et Titane construit une aciérie et modernise ses fours
existants. Ceci c'est grâce aux programmes spéciaux
d'Hydro-Québec. En plus, Hydro-Québec et Air Liquide s'associent
et investissent dans Hydrogénal, une usine de fabrication
d'hydroqène. Dans la région de Québec, Donohue modernise
son usine de Clermont. Pour 1987, Statistique Canada prévoit des
investissements tout aussi importants.
En ce qui concerne les immobilisations du secteur de l'énergie,
1987 marque un revirement majeur. En effet, depuis quatre ans, ses
immobilisations étaient en baisse. En 1987, il est prévu une
hausse de 18,6 %. L'augmentation est essentiellement due à une
croissance de 21,4 % des immobilisations d'Hydro-Québec. Celles-ci
atteindront 1 800 000 000 $. D'autre part, évidemment tout sera fait
pour qu'enfin la papeterie de Matane voie le jour. Un autre projet important
pour le Québec qui me tient à coeur et qui tient aussi à
coeur au député de Roberval, critique de l'Opposition, est celui
de Soligaz. Je vous en parlerai plus longuement lorsqu'il sera
spécifiquement question d'énergie.
Enfin, il vaut la peine de souligner la nature stratégique des
produits énergétiques. Les ressources naturelles productrices
d'énergie sont par elles-mêmes une source importante de
production. Cependant, l'énergie ne peut être
considérée seulement sous cet angle. Il s'agit d'un intrant
présent dans la production de tout bien et service, qu'importe le
secteur. Quiconque développe un avantage comparatif à ce niveau
affecte toute la chaîne de production et possède un atout
indéniable vis-à-vis de ses concurrents. Les produits
énerqétiques sont d'ailleurs particulièrement
présents en ce qui a trait à la première transformation
des ressources naturelles. En 1985, 65 % de la facture en combustible et en
électricité des industries manufacturières ont
été payés par les industries associées à
cette activité de première transformation. Pour chaque dollar en
valeur ajoutée, ces industries dépensent 21 cents pour
l'énergie; ailleurs, il se dépense 4 cents. Le bilan
énergétique par forme montre qu'en 1985 45 % de nos besoins
énergétiques sont comblés par le pétrole, 39 % par
l'électricité, 15 % par le gaz et 1 % par le charbon.
Les ressources naturelles. Les forêts, les mines, l'eau et
même les hydrocarbures importées sont importantes pour le
Québec. C'est une source de richesse dont il faut savoir profiter. Les
crédits budgétaires requis pour mon ministère appuient
cette position. C'est ce que je vais maintenant vous démontrer.
Il existe au ministère des activités de portée
générale face au développement économique et
d'autres spécifiques à la gestion des ressources naturelles.
Voyons d'abord les activités de portée générale.
Afin d'harmoniser l'action du ministère aux réalités
économiques, des unités administratives sont responsables de
politiques économiques et d'études industrielles. Les secteurs
des forêts, des mines, de l'énergie ainsi que la direction
centrale du ministère bénéficient de la présence de
telles unités. Plus d'une centaine de personnes y travaillent. Ceci
représente un déboursé de 7 100 000 $.
Par son appui aux travaux de recherche et de développement, le
ministère assure l'utilisation de méthodes de plus en plus
efficaces. Il apporte ainsi une contribution positive à notre
capacité concurrentielle. Cet objectif est d'autant plus important que
la concurrence est mondiale. En 1987-1988, je requiers un montant de 32 800 000
$ à ce chapitre. Par exemple, nous subventionnons les travaux du Centre
de recherche en pâtes et papiers de l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Voici le problème: nos usines de
pâtes et papiers sont en concurrence avec des installations
étrangères qui tirent partie d'essences comme l'eucalyptus au
Brésil ou le pin du sud aux États-Unis dont le cycle de vie est
de six ans. Or, notre épinette noire peut prendre de 60 à 90 ans
avant d'atteindre sa maturité. Nos chercheurs explorent le moyen
d'obtenir une pâte à papier dont la composition comporterait, en
partie du moins, des essences à croissance rapide. Des résultats
intéressants sont actuellement atteints en utilisant 20 % de fibres du
tremble, arbre qui pousse en quinze ans. Des résultats concluants
amélioreront notre capacité concurrentielle.
Le ministère est conscient de toute l'importance des ressources
naturelles pour les régions périphériques. Cela se
reflète dans la distribution des effectifs. En effet, 42 % des
employés sont affectés aux 88 bureaux régionaux
administrés par le ministère. À titre d'exemple, 196
personnes sont affectées à la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, 149 à la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 80 à l'Abitibi-Témiscamingue, 86
à la Côte-Nord et 72 à celle de l'Outaouais.
Le fait de gérer des ressources naturelles implique des
responsabilités particulières. Plusieurs étapes sont en
effet requises avant de pouvoir mettre ces ressources sur le marché.
Premièrement, le cycle de production nécessite des
orientations
à long terme pour veiller au renouvellement de la
disponibilité des ressources naturelles. Tous les secteurs sont donc
appelés à améliorer leurs connaissances du potentiel des
ressources et à stimuler la mise en valeur de ce potentiel par
l'industrie.
La majorité des ressources naturelles du Québec sont
localisées sur des terres publiques. Celles-ci représentent 90 %
de nos terres, soit 1 400 000 kilomètres carrés. Notre territoire
est immense et en évaluer tout le potentiel est en conséquence
une entreprise de taille. Les secteurs des terres, des forêts et des
mines ont chacun un élément de programme qui répond
à cette responsabilité. Au total, en 1987-1988, le
ministère dépensera 44 600 000 $ pour ces postes
budgétaires. Pour le secteur de l'énergie, ce sont les
sociétés d'État qui mènent à bien cette
fonction.
Une fois les ressources identifiées, encore faut-il s'assurer de
leur utilisation rationnelle. Il s'agit là d'un travail de
renouvellement, de protection et de développement. En 1987-1988, des
crédits s'élevant à 250 900 000 $ sont consacrés
à ces activités. Seulement au chapitre de l'amélioration
de la forêt, le ministère allouera 152 000 000 $ pour une
multitude de travaux. Des dépenses de 49 900 000 $ soutiendront la mise
en valeur de nos ressources minérales.
Le ministère de l'Énergie et des Ressources administre
quelque 40 lois. Elles lui confèrent des responsabilités sur les
conditions d'exercice de l'activité économique
générée par l'exploitation de nos ressources naturelles.
Les secteurs des terres, des forêts et des mines et de l'énergie
possèdent tous les outils de régulation. En 1987-1988, le
ministère consacrera à cette fonction 22 900 000 $.
Le ministère suit les marchés, les appuie par des
politiques appropriées et apporte un soutien constant à la
recherche et au développement. Il s'assure de la disponibilité
à long terme des ressources par leur identification et leur mise en
valeur. Il en contrôle l'exploitation et veille à ce que toute la
population bénéficie de la présence d'une telle richesse
sur les terres publiques. En cela, le travail du ministère de
l'Énergie et des Ressources constitue un atout indéniable pour
stimuler l'économie du Québec.
J'aimerais maintenant revoir brièvement avec vous les quelques
principales variations budgétaires. Le budget du ministère de
l'Énergie et des Ressources s'élèvera à 396 500 000
$ en 1987-1988. Ceci représente une hausse d'à peine 0,8 % par
rapport à 1986-1987. Cette hausse mitigée s'explique, entre
autres, par la présence des crédits non récurrents en
1986-1987 et par la fin de quelques projets. On pourrait, durant l'étude
de chacun des programmes, aller plus en détail sur les
différentes variations.
J'aimerais vous faire remarquer que le ministère, conscient des
objectifs du Conseil du trésor, a géré de façon
très serrée ses dépenses. Ceci ne l'a pas
empêché de maintenir sa place de façon fort active dans
tous ses champs d'intérêt.
Je voudrais vous présenter la situation plus
détaillée dans le secteur des terres et celui de
l'énergie. Mon collègue, le ministre délégué
aux Forêts, vous brossera le tableau de son secteur et, quant au secteur
des mines, il sera décrit par le ministre délégué
aux Mines.
Voici la vue d'ensemble que je vais essayer de vous donner sur les
travaux, les objectifs, les programmes et le rôle du ministère en
général. Je pourrais y aller brièvement, parce que je vais
essayer de réduire le temps pour qu'on puisse avoir autant de temps que
possible pour les questions.
Sur la question des terres, des crédits de 20 100 000 $ sont
requis pour le fonctionnement du secteur des terres en 1987-1988. Le travail de
ce secteur est à la base de toute utilisation des terres et il est
essentiel. Il y a la réforme du cadastre qui est une occasion
exceptionnelle pour le ministère de se mettre à jour dans les
nouvelles technologies.
Les travaux effectués sur notre territoire ont une ampleur et une
qualité reconnues. Or, au plan international, les projets d'implantation
de systèmes cadastraux, de gestion des infrastructures, d'inventaires de
ressources sont nombreux et de grande envergure. Le Québec
possède donc à cet égard des atouts lui permettant de
prendre sa part du marché.
En ce qui concerne la gestion des terres publiques, l'année aura
été marquée par l'adoption de la Loi sur les terres du
domaine public. Auparavant, nos devoirs et responsabilités couvraient
les champs d'activité suivants: gestion et octroi des droits de
propriété et d'usage, tenue des registres des droits
concédés, aménagement, conservation et amélioration
des terres publiques, arpentage. Outre ces activités, la nouvelle loi
amènera le ministère à préparer un plan
d'affectation des terres du domaine public, à constituer et mettre
à jour un inventaire et un registre des droits d'exploitation des
ressources et de l'utilisation des terres. Cette amélioration de la
connaissance des terres publiques favorisera leur mise en exploitation au
profit de la population.
Dans le secteur de l'énergie, des crédits de 16 500 000 $
sont requis pour le fonctionnement de ce secteur en 1987-1988. Mon appui au
développement économique du Québec via les
opérations du secteur de l'énergie s'exprime de plusieurs
façons. D'abord, on favorise l'activité économique
basée sur l'utilisation des ressources génératrices
d'énergie: ressources hydrauliques, ressources pétrolières
et gazières et nouvelles formes d'énergie.
Concernant le secteur hydroélectrique vous savez que nous sommes
très actifs dans le développement de nos ressources
hydroélectriques tant sur le marché interne, pour répondre
à la demande et à la croissance interne, que sur les
marchés externes, pour leur répondre et pour accroître le
développement de nos ressources hydroélectriques.
Vous savez que, le 10 février 1987, nous avons signé avec
Central Main Power, une lettre d'entente pour un contrat de 900 à 1000
mégawatts. En ce qui concerne les ressources pétrolières
et gazières, Kemtec dans l'est de Montréal avait mis une partie
de l'usine de Gulf en production. Maintenant, nous avons pu voir l'ouverture de
l'usine de Bitumar qui fait partie de ce complexe.
Le gouvernement s'intéresse vivement au développement des
différentes formes d'énergie, qu'elles prennent la forme de
production de biens d'équipements ou de fournitures de services
liés à l'énergie. Des efforts particuliers ont donc
été consacrés à la promotion des ventes des
industries québécoises. Je porte d'ailleurs un vif
intérêt aux retentissements internationaux de ces
activités.
Je travaille aussi à fortifier l'économie
québécoise en m'assurant que tous reçoivent les
approvisionnements requis en produits énergétiques et ce,
à des prix compétitifs. On pourrait discuter plus longuement
durant l'étude des crédits des différents programmes. Tous
les gestes que nous avons posés en ce qui concerne le projet de Soligaz,
en ce qui concerne le maintien du pipeline Sarnia-Montréal, en ce qui
concerne ta sécurité et l'approvisionnement pour le
Québec, notre approche que nous avons eue à la conférence
des ministres de l'Énergie, au mois de septembre dernier, et à la
conférence fédérale-provinciale que nous avons eue au mois
de janvier, les mesures que nous avons prises, les appuis que nous avons eus,
tout cela est nécessaire, parce que, même si, aujourd'hui, la
conjoncture internationale permet des approvisionnements au niveau
international, nous ne sommes pas certains que ça va toujours être
de cette façon.
Nous devons prendre les mesures nécessaires pour nous assurer,
premièrement, une sécurité d'approvisionnement au
Québec, mais il est encore plus important de nous assurer cette
sécurité d'approvisionnement, tant en pétrole qu'en gaz
naturel liquide à des prix compétitifs. Cela a été
le but de nos interventions avec mes collègues des autres provinces et
avec ceux du gouvernement fédéral.
Je remarque que mon temps est écoulé,
M. le Président. Il me fera plaisir de répondre aux
questions de l'Opposition et d'aller plus en profondeur dans différents
dossiers qui sont de l'intérêt de toute la population.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. J'ai quelques
remarques préliminaires à faire, cela va de soi. Étant
donné qu'on a eu l'occasion de se saluer, tout à l'heure,
à l'Assemblée nationale, le ministre comprendra que mes premiers
mots seront pour saluer l'imposante équipe de hauts fonctionnaires qui
l'accompagne. Je veux les remercier de la qualité, de la clarté
et de la concision de l'information qu'ils nous ont transmise à la suite
de nos demandes de renseignements.
Cependant, je voudrais souligner nos regrets du fait que le leader du
gouvernement et le ministre aient tellement tardé, finalement, à
nous transmettre cette imposante et intéressante documentation: il a
fallu mettre les bouchées doubles évidemment pour la parcourir,
l'analyser et en tirer les questions qui feront l'objet de la commission
parlementaire aujourd'hui et demain.
Cette documentation, cependant, confirme une chose. C'est que la
politique énergétique du gouvernement, puisque, quoi qu'en pense
le ministre, un gouvernement ne peut pas fonctionner s'il n'a pas de credo
énerqétique, la politique énergétique de 1978 est
encore, à ce jour, en quelque sorte, le guide d'intervention et de
fonctionnement du ministère. À défaut d'une sagesse de la
part du ministre, je pense que les hauts fonctionnaires ont besoin de se
référer à un texte de base dans le domaine de
l'énergie. J'ai cru déceler que la politique de 1978 est toujours
ce texte de base.
D'ailleurs, l'ensemble des objectifs de cette politique
énergétique se sont soldés par un succès, à
savoir qu'on a obtenu, au cours des années, un meilleur équilibre
au bilan de la consommation énergétique québécoise.
Il y a eu une diminution des produits pétroliers importés,
en-deçà de 50 % et une augmentation du gaz naturel, dans le bilan
énergétique, au-dessus de 15 %. Enfin, à la suite des
importants surplus de la phase I de la Baie James, dans le domaine de
l'hydroélectricité, il y a eu des efforts marquants, sensibles,
notables et efficaces de faits pour placer, dans un premier temps, les surplus
d'énergie et il y a une ouverture maintenant intéressante, je le
rappelle, enclenchée sous le précédent gouvernement, vers
la vente d'énergie et de puissance à nos voisins du Sud.
C'est donc dire que cette politique a
été un guide intéressant et continue de
l'être. Mais, à ce stade-ci, je ne pourrai que réclamer du
ministre qu'il fasse connaître, comme c'est sa responsabilité, je
pense, les grandes orientations de son gouvernement. Nous connaissons la
propension du ministre et surtout du premier ministre aux mégaprojets
hydroélectriques. Nous savons qu'il y a du travail qui se fait en ce
sens au ministère et à Hydro-Québec. Nous aimerions - et
nous sommes en droit de nous attendre à cela -que le ministre fasse
connaître publiquement aux citoyens du Québec quelles sont et
quelles seront ses orientations pour l'avenir. On trouve encore que ce n'est
pas clair. On a réclamé une politique énergétique
de ce gouvernement. Je profite de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour
souligner au ministre qu'on la réclame toujours.
À cet égard, je sais que le ministre m'a
déjà répondu que sa politique énergétique se
comprenait dans les actions qu'il menait chaque jour. Sauf que je me permettrai
de lui dire, tout simplement, qu'un gouvernement n'a pas le droit, de
même qu'une équipe imposante de fonctionnaires, de fonctionner
à partir des décisions journalières que prend le ministre.
Il faut que les gens sachent où ils s'en vont. Il faut que les citoyens
du Québec sachent où s'en va leur gouvernement, parce qu'il y a
des choix qui sont fondamentaux et importants. J'ose croire que le ministre
finira par le comprendre une fois pour toutes. (12 heures)
M. le Président, il y a un point qui a attiré l'attention
de l'Opposition et de toute la population du Québec au cours de la
dernière année, et nous ne manquerons pas, au cours de cette
étude des crédits, de soulever des questions là-dessus. Il
s'agit visiblement des problèmes qu'éprouve le ministre dans ses
contacts avec les compagnies pétrolières. On se souviendra du
dossier de la taxe qui a fait et qui fait encore aujourd'hui l'objet de
questions à l'Assemblée nationale, qui fait aussi l'objet d'un
mécontentement profond dans les régions du Québec, parce
que le ministre, qui a beau répondre - évidemment, il a le choix
de sa réponse à l'Assemblée nationale - ce qu'il veut, il
n'en reste pas moins que le résultat est là et l'histoire tend
à prouver que l'Opposition avait et a toujours raison sur ce
dossier.
Nous avions prévenu le ministre, au moment même où
il s'orientait vers une baisse de taxes dans les régions, de la
nécessité, par son ministère, d'étudier un
mécanisme de contrôle très serré du prix de
l'essence en régions, disions-nous à cette époque, en nous
basant sur une expérience malheureuse qui avait déjà
été vécue par le précédent gouvernement. On
avait au moins le privilège d'être les premiers à commettre
cette erreur, et, en général, on n'en veut pas à quelqu'un
de commettre une erreur. C'est l'expérience, semble-t-il, qui s'acquiert
ainsi. Mais, en général, quand on commet deux fois la même
erreur, on a plutôt le mérite d'être qualifié... le
terme est antiparlementaire, mais on mériterait d'être
qualifié différemment que de quelqu'un qui manque
d'expérience.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le ministre a été
insouciant là-dessus. Il n'a pas pris au sérieux nos
recommandations. Nous sommes revenus à plusieurs reprises à
l'Assemblée nationale pour indiquer au ministre que cela allait mal dans
les régions, non pas du fait que les compagnies avaient temporairement
baissé le prix de l'essence, mais que, graduellement, on sentait et on
voyait... Et les vérifications qu'a faites mon bureau - je n'ai pas
évidemment l'équipe imposante dont le ministre dispose pour faire
ses vérifications - mais les ressources qui sont les nôtres nous
ont permis de constater que, graduellement, les compagnies
pétrolières reprenaient cet arqent qui devait être consenti
aux citoyens du Québec, aux consommateurs d'essence des régions
du Québec. Il aura fallu un an compiet avant que le ministre
réalise qu'il s'était fait royalement berné par les
compagnies pétrolières.
Il ne nous apparaît pas impensable que le ministre puisse
envisager des solutions qui, sans être des solutions extrêmes, on
peut en convenir, auraient très certainement comme effet de faire
connaître, de faire sentir aux compagnies pétrolières, la
volonté très ferme du gouvernement, non seulement de surveiller,
mais d'intervenir au besoin si leur comportement délinquant se
maintenait plus longtemps. Les citoyens du Québec sont en droit de
s'attendre à cette fermeté. Et vous pourrez la trouver
éventuellement dans une certaine rigueur dans vos interventions. On vous
a interrogé tout à l'heure en Chambre sur un tout autre dossier
qui est encore plus important, bien sûr, cela va de soi, et, chaque fois,
ce que l'on constate dans vos interventions, M. le ministre, c'est non pas une
mauvaise volonté de votre part, loin de moi l'intention de vous
prêter cette mauvaise intention, mais plutôt une espèce de
nonchalance ou de laisser-aller ou d'intervention morale du ministre de
l'Énergie du Québec, mais jamais ou tellement rarement cette
rigueur de l'intervention qui permettrait de faire comprendre et de faire
sentir à l'ensemble des intervenants du monde pétrolier que vous
êtes bien décidé et que vous avez l'intention de prendre
tous les moyens parlementaires à votre disposition pour faire en sorte
que les citoyens du Québec obtiennent justice et que les orientations,
s'il y en a, du moins celles que l'on peut percevoir dans vos décisions
quotidiennes du gouvernement du Québec, soient respectées par
l'ensemble des
intervenants.
Nous connaissons la délicatesse de ce genre d'intervention. Il
faut que le ministre y aille avec une certaine subtilité, mais je sais
qu'il a autour de lui, dans son ministère - et probablement qu'il l'a
constaté, puisqu'il a amené toute une série de conseillers
avec lui - ies ressources humaines nécessaires pour le soutenir dans la
recherche d'actions concrètes. Je souhaite que le ministre, dans
l'avenir, dans l'ensemble des décisions pour le monde
énergétique, fasse un peu plus confiance à son appareil.
Non pas son appareil téléphonique, attention, parce que,
bientôt j'imagine, on le caricaturera comme un futur employé de
Bell, puisque le téléphone semble être le seul outil dont
il dispose pour intervenir. J'espère qu'il fera confiance...
M. Ciaccia: II ne dérougit pas.
M. Gauthier: Effectivement, il ne dérougit pas.
J'espère qu'il fera confiance à l'équipe de fonctionnaires
qui est avec lui et qui pourrait le conseiller de façon heureuse, je
pense, dans des actions précises et concrètes au cours des
prochaines semaines et des prochains mois, pour faire en sorte que ses
intentions et la volonté de son gouvernement soient davantage
respectées.
Il y a également un certain nombre de dossiers dont il faudra
traiter au cours de cette commission parlementaire et j'ai l'intention de poser
au ministre quelques questions en ce qui concerne les énergies
nouvelles. Il ne m'apparaît pas qu'il y ait une très grande
volonté de la part de ce gouvernement de diriger des efforts ou de
demander à Hydro-Québec de diriger des efforts dans le sens de la
recherche et du développement d'énergies nouvelles. Mais
devrons-nous rappeler au ministre ses propres paroles, lorsqu'il nous
répond que ses soucis d'exporter de l'électricité ne
l'empêchent pas de voir, dans d'autres secteurs
énergétiques, des avenues intéressantes pour l'avenir?
Nous devrons demander au ministre de nous expliquer certains comportements,
certaines décisions ou certains gestes qu'il pose ou qu'il
s'apprête à poser dans ce domaine.
Également, M. le Président, je vous ferai remarquer... Je
ne veux pas non plus utiliser tout le temps. Je pense qu'on aura avantage
à poser des questions. Je voudrais simplement ramener le ministre au
dossier de l'énergie hydroélectrique qui semble être sa
grande priorité, mais pour lequel, je vous l'avoue, son "score" n'est
pas fameux jusqu'à présent. Le ministre sait que le
précédent gouvernement, après avoir réussi à
disposer, pour l'essentiel, des surplus d'électricité qui avaient
été générés par une construction
peut-être un peu trop hâtive, plus ou moins bien planifiée
de la phase I de la Baie James, a ouvert un front nouveau sur la vente de
l'énergie et de la puissance ferme à nos voisins du Sud.
Il s'est signé, au cours des années
précédentes, une bonne quinzaine de contrats, si ma
mémoire est fidèle, tous signés par le
précédent gouvernement, dont un, entre autres, a
été signé par le gouvernement actuel, mais à peine
un mois, je pense, après la prise du pouvoir. Il s'agissait donc de
concrétiser dans les faits le travail remarquable que le
prédécesseur du ministre avait pu faire à ce sujet. Il ne
nous apparaît pas...
Une voix: Central Maine.
M. Gauthier: Oui. Le ministre veut que je parle de Central Maine,
on va en parler. Il ne m'apparaît pas qu'il y ait eu une quantité
de signatures très importante depuis 18, 20 mois, soit depuis que le
député de Mont-Royal occupe le fauteuil de ministre de
l'Énergie et des Ressources. Il en a parlé beaucoup, il en a fait
des colloques, ce ministre, il en a discuté avec à peu
près tout le monde et il a réussi à signer une lettre
d'entente pour un contrat avec Central Maine Power. Le contrat définitif
est-il signé? Question à laquelle, M. le ministre, vous aurez
à répondre au cours de cette étude des crédits.
Vous admettrez avec moi que, pour quelqu'un qui rêve
d'électricité, son principal cheval de bataille au point de
négliqer d'autres secteurs importants de son ministère, pour
quelqu'un qui rêve d'électricité au point d'hésiter
à mettre le fruit de ses rêves dans une politique
énergétique, de peur qu'on ne le prenne pas au sérieux,
votre performance, du côté de l'exportation
d'électricité, est plutôt faible à ce stade-ci.
D'autant plus que, je vous le rappelle, une ligne électrique à
haute tension est nécessaire entre Grondines et Lotbinière. Les
échéances s'en viennent rapidement, M. le ministre. On est
toujours dans le vague à ce propos.
Hydro-Québec. Je souhaite que le ministre puisse nous apporter
des éclairages qu'il possède peut-être et que nous n'avons
pas. Également, en ce qui concerne les grandes lignes électriques
qui doivent traverser, sillonner le Québec au cours des prochaines
années, en prenant pour hypothèse que le gouvernement
réussira à accroître de façon significative et
importante ses ventes aux États-Unis et en prenant pour hypothèse
que le développement déjà prévu dans le nord du
Québec puisse être accéléré ou du moins que
l'échéancier puisse être respecté.
Hydro-Québec nous avait promis, j'imagine à la suite de l'accord
du ministre, de déposer une fois pour toutes toute la
problématique des lignes électriques. On nous avait dit au moment
de la commission parlementaire, au début de mars, si ma mémoire
est exacte, que d'ici à trois semaines - je crois que
c'est M. Coulombe qui donnait la réponse -on serait en mesure de
déposer un document public. Nous avons réclamé à la
suite de cela - je pense que le ministre n'a pas été
réfractaire à l'idée - une commission parlementaire, quand
ce document serait déposé, pour étudier tout ce qui sera
produit par Hydro-Québec et pour faire comparaître
également des intervenants, principalement les intervenants du monde de
l'environnement et de l'agriculture qui sont intéressés par la
question des forêts et également les grandes compagnies qui
exploitent nos forêts. Le ministre n'a pas été contre
l'idée. Le seul problème, c'est qu'on est rendu maintenant au
mois de juin et on ne l'a pas encore. Peut-être que ce retard ne
dépend pas du ministre. Je ne veux pas l'accabler non plus. Il en a
déjà suffisamment à porter comme fardeau avec les
échecs qu'il a subis auprès des compagnies
pétrolières. Mais tout de même, avant d'être
obligé de l'accuser d'être aussi négligent et inefficace
dans le domaine de l'hydroélectricité, je pense qu'il
m'apparaît raisonnable, juste et d'un bon fair-play parlementaire de
souligner au ministre que bientôt nous nous impatienterons quant au fait
que ce plan de développement des lignes électriques n'est pas
encore déposé, qu'on n'a pas encore eu l'ombre d'une information
nous disant que cela se ferait éventuellement, qu'on ne peut pas encore
parler de commission parlementaire et qu'il y a toujours des décisions,
je le rappelle, qui traînent dans le paysage et avec lesquelles le
ministre devra composer.
Voilà, M. le Président, un tour d'horizon très
sommaire, j'en conviens, de la situation, mais qui démontre que,
peut-être, le ministre de l'Énergie et des Ressources manque d'une
vision globale de développement de son secteur. Il ne manque pas une
occasion cependant de réaffirmer son autorité absolue, tel un
empereur, sur ses deux collègues adjoints aux Forêts et aux Mines.
Il a présenté en début de commission parlementaire
l'ensemble des secteurs du ministère comme pour nous dire qu'il
était fier - je le comprends, évidemment - d'être le
maître de ce grand ministère qu'est le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Mais à vouloir trop
conquérir, M. le ministre, à vouloir être l'empereur d'un
trop grand pays, parfois, il y a des régions qui se révoltent. Je
vous ferais remarquer que dans votre propre champ d'activité, celui qui
vous a été confié par le premier ministre, il y a des
secteurs en souffrance et vous devrez bouger. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. John Ciaccia (réplique) M. Ciaccia: M. le
Président, je voudrais répondre à quelques-uns des points
qui ont été soulevés par le député de
Roberval. Je vais essayer d'aller sur le fond et éviter le genre de
remarques que semble vouloir susciter le député de Roberval.
Prenons premièrement la question des pétrolières.
Le député de Roberval essaie de nous faire croire que
l'Opposition avait raison, qu'elle nous a fait des recommandations et que nous
n'avons rien fait. Jusqu'à ce jour, je n'ai pas entendu encore une seule
recommandation du député de Roberval sur ce qu'on devrait faire
avec les pétrolières. C'est bien beau de chialer, comme il le
fait, parce que les prix augmentent dans les régions
périphériques, mais si cela n'avait été du
comité de surveillance que j'ai moi-même institué la
première journée que le ministre des Finances a réduit la
taxe, le député de Roberval ne saurait même pas quel
montant les pétrolières ont repris. Il avait l'air d'être
bien étonné quand je lui ai dit, lorsqu'il se plaignait que le
prix montait et que les consommateurs n'en bénéficiaient pas,
qu'à ce moment-là, dans sa propre région, les
consommateurs en bénéficiaient pour 85 %. C'est beaucoup plus que
la dernière baisse de 467 000 000 $ effectuée par le ministre des
Finances du précédent gouvernement et dont on n'a pas du tout
bénéficié. (12 h 15)
Quand vous dites qu'il faut éviter les erreurs du passé,
oui, vous avez raison. C'est pour cette raison que nous avons agi de la
façon dont nous l'avons fait. Précédemment, la seule chose
que le gouvernement avait faite, c'était de dire qu'il était
insatisfait. On baisse la taxe de 477 000 000 $ et le gouvernement dit qu'il
est insatisfait. Nous, nous la baissons de 52 000 000 $, nous allons en
chercher, ta première année, plus de 32 000 000 $ et nous mettons
des organismes, des structures en place pour nous assurer que les
pétrolières vont respecter nos volontés. Si elles ne les
respectent pas... C'est très clair, on a aqi avec fermeté, pas
juste par téléphone. Pour l'information du député,
je les rencontre. Je n'ai pas peur de prendre le téléphone pour
prendre des rendez-vous. C'est sûr que je n'irai pas me présenter
à la porte du président d'Esso en lui disants Voulez-vous me
recevoir? Avant de faire cela, on prend des rendez-vous. On se rencontre et on
se parle. C'est ce que j'ai fait avec toutes les pétrolières,
sauf quelques petites exceptions, les indépendants que je n'ai pas
encore rencontrés. Nous avons agi avec fermeté et nous avons
l'intention d'aqir avec fermeté.
Je l'ai dit, on ne pouvait pas permettre que les
pétrolières puissent agir de cette façon et ces propos ont
été repris par le premier ministre qui a dit lui-même, et
je cite Le Soleil du 1er juin: C'est intolérable que les multinationales
profitent des baisses
d'impôt décrétées par le gouvernement. J'ai
demandé au ministre de l'Énergie de prendre toutes les mesures
pour empêcher les multinationales d'empocher le sacrifice fiscal du
gouvernement.
Je peux assurer le député de Roberval que nous allons
agir. Mais avant d'agir, il faut prévoir une façon responsable.
Il y a différentes solutions. Lesquelles devons-nous prendre? On en
discute à mon ministère avec les fonctionnaires, les personnes
qui sont responsables du secteur de l'énergie. On discute aussi avec les
pétrolières et nous avons maintenant des réunions
intensives avec les pétrolières. Je peux vous l'assurer,
même si vous ne voulez pas accepter la réalité. La
réalité, c'est qu'on a pris des actions: les prix ont
été réduits, pas à notre satisfaction. Pour nous,
ce n'est pas simplement une question d'aller chercher quelques dollars de plus.
C'est de nous assurer que, le montant de la taxe, 0,045 $ le litre, les
consommateurs en bénéficient.
Nous avons agi avec fermeté dans le passé et nous allons
agir encore avec fermeté dans l'avenir. Quand le député de
Roberval veut me faire des recommandations, je suis prêt à les
accepter, mais je ne suis pas prêt à accepter, quand il va parler
dans le vide, qu'il fasse seulement le reproche qu'on n'agit pas, parce que
c'est faux. Nos actions sont là, vous les voyez. On est allé
chercher près de 70 % de la baisse. Ce n'est pas assez, mais au moins
c'est plus que rien. Je me souviens de la réaction d'un président
d'une pétrolière, au mois de décembre, quand on a
créé... Il est venu de Toronto à Montréal et il a
dit: "This new minister means business." J'ai dit: Oui, "I mean business", et
vous êtes mieux de la respecter. On voit que cela a bougé.
Pourquoi cela prend-il du temps? À cause des réponses
qu'ils nous ont données au début. Ils nous ont dit: Ce sont les
détaillants. Alors, il a fallu qu'on retourne dans les régions
pour voir si ce sont vraiment les détaillants qui ont pris le
bénéfice de la taxe. Est-ce que ce sont eux qui ont
augmenté le prix ou si ce sont les pétrolières? Vous allez
être d'accord avec moi, M. le député, que, si ce sont
seulement les détaillants qui font cela, les mesures que nous devrons
prendre ne seront pas les mêmes que si ce sont les
pétrolières qui augmentent les prix. Je peux vous dire que la
question, non pas de fixer les prix, mais d'établir les prix, c'est
tellement complexe qu'on s'est aperçu seulement tout
dernièrement, à la fin de mars ou au début d'avril,
qu'effectivement c'étaient les pétrolières qui prenaient
la grande part de l'augmentation. Mais ce n'est pas facile d'aller chercher ces
chiffres-là, car tes pétrolières ne vous donneront pas
toute l'information que vous voulez. Premièrement, elles n'y sont pas
obligées. Alors, il a fallu que notre comité de surveillance
fasse tous les travaux nécessaires pour l'obtenir. Nous avons
l'information, nous avons les différents scénarios et les
différentes alternatives: la régie en est une, mais il y a
d'autres alternatives. Aussitôt que nous aurons toutes les informations,
nous allons agir. Je puis vous assurer de cela.
En ce qui concerne les ventes d'électricité à
l'exportation que vous avez mentionnées, vous dites que le
précédent gouvernement a ouvert les nouveaux marchés et
qu'il a fait beaucoup. Écoutez, les faits sont là. En neuf ans,
vous avez signé des contrats pour des surplus d'énergie,
même avec la phase II de NEPOOL, pour environ, au maximum, 5 000 000 000
$ d'exportations. En une année, on a signé un contrat pour 15 000
000 000 $. Ne nous dites pas que vous avez la meilleure performance des
exportations.
M. Gauthier: Le produit n'est pas le même.
M. Ciaccia: Ah! II vient de dire que le produit n'est pas le
même. Là, il vient d'ouvrir la porte au vrai bobo. Si la politique
du gouvernement précédent avait été d'exporter de
la puissance, la situation, aujourd'hui, ne serait pas la même du tout.
Aujourd'hui, les revenus d'exportations seraient beaucoup plus
élevés. Même quand on parle à des experts
américains, ils s'étonnent et se demandent comment il se fait que
le gouvernement précédent n'avait pas comme politique de signer
des contrats pour de l'énergie ferme, pour de la puissance, pour
satisfaire les besoins du nord-est américain et de New York.
Vous avez seulement amendé la loi en 1983, la loi
d'Hydro-Québec pour lui permettre de faire de l'exportation. Alors, de
1976 à 1983 - je ne veux pas refaire tout le débat, mais c'est
vous qui l'avez soulevé -vous refusiez. J'ai cité les articles
parus dans les journaux, selon lesquels le premier ministre de l'époque
disait: Non, il n'est pas question d'exporter. L'électricité nous
appartient et il n'est pas question de l'exporter aux Américains. Vous
avez manqué une belle occasion de faire des revenus additionnels et de
favoriser le développement économique d'Hydro-Québec et du
Québec. Ne venez donc pas nous reprocher de ne pas agir dans le domaine
de l'exportation.
Juste une différence entre l'approche du précédent
gouvernement et celle du gouvernement actuel: jeudi, je vais prononcer une
conférence au American Bar Association, à la suite de
l'invitation que m'a transmise l'Association du barreau américain qui
tiendra un congrès à New York. Le sujet de la conférence
sera les exportations de l'hydroélectricité
québécoise; les bénéfices et les avantages. Vous
auriez pu faire cela
avant et vous ne l'avez pas fait. Je crois que nous déployons des
efforts concrets avec des résultats concrets. Quand on signe un contrat
de 15 000 000 000 $ en l'espace d'un an, je pense que cela démontre plus
qu'une volonté, mais aussi une capacité de vouloir
développer vraiment nos ressources hydroélectriques.
Vous avez parlé du plan de développement des lignes de
transmission. On ne refera pas encore une fois... Le contenu de la
présente commission va dépendre de vous. Les réponses que
vous allez avoir vont dépendre de la façon dont vous posez les
questions et des remarques que vous ferez. Mais, quand vous dites qu'on ne
s'est pas encore branchés relativement à Lotbinière,
écoutez, ne nous faites pas de reproches pour les dégâts
que votre gouvernement a causés dans le passé. On est pris avec
cette affaire-là. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas eu de consultations,
parce que vous avez imposé la ligne par décret. Alors, nous
sommes pris avec une décision du gouvernement précédent et
nous cherchons, dans les limites du possible, de trouver des solutions. Il ne
faut pas nous faire de reproches pour cela.
En ce qui concerne le plan de développement
d'Hydro-Québec, elle va le déposer quand elle aura
complété toutes les informations en temps et lieu. Aussitôt
que le plan sera déposé, là on pourra l'examiner. Vous
avez suggéré une commission parlementaire, je ne l'exclus pas,
mais je veux d'abord voir quel va être le plan de développement
d'Hydro-Québec et quelles en seront les conséquences. Vous savez,
il y a tellement de développement dans ce secteur. Prenez le
développement qu'on vient d'annoncer, possiblement, les
superconducteurs. Si c'est développé en temps, cela peut affecter
tout le plan de développement d'Hydro-Québec en ce qui concerne
les lignes de transmission. C'est une technologie qui va affecter la
transmission de l'électricité. Tout cela doit être pris en
considération dans les projets d'avenir, dans les orientations et la
planification. Si l'on monte des lignes de transmission comme vous le savez
pour le projet NBR que l'on le prévoit pour l'an 2000 quelque, alors,
peut-être qu'à ce moment-là le superconducteur va
être utilisé, que la technologie sera complètement
changée et que cela va modifier totalement l'aspect de la livraison de
l'électricité de NBR au marché québécois et
au marché américain.
Je peux vous assurer d'une chose, c'est que, lorsque Hydro-Québec
aura terminé son plan de développement, elle va le rendre public,
et, à ce moment-là on pourra discuter de différents moyens
de consultation. Nous sommes intéressés à faire de la
consultation, nous ne voulons pas imposer une ligne de transmission dans un
corridor ou dans un tracé, sans qu'au moins, au préalable, on ait
informé les gens qui vont être affectés. On aura même
examiné différentes alternatives. C'est cela le but de la
consultation dont j'ai parlé à la commission parlementaire.
Quelle forme la consultation va-t-elle prendre? Nous allons attendre
qu'Hydro-Québec dépose son plan. À ce moment-là,
nous serons en mesure de voir quelles seront les nécessités.
Certains désavantages que je vois d'une commission parlementaire, c'est
qu'une ligne de transmission affecte des gens sur le terrain à des
distances assez loin de Québec. Est-ce que la meilleure façon
pour eux de s'exprimer, c'est de venir à Québec et de faire leurs
représentations? Ou est-ce mieux que, nous-mêmes, par un organisme
quelconque qu'on peut établir ou des organismes existants, nous allions
dans ces régions pour avoir une meilleure consultation avec la
population? En commission parlementaire, on est restreint dans les intervenants
et dans les consultations qu'on peut tenir. Ce n'est pas chaque individu qui se
sent affecté par une ligne de transmission qui va pouvoir venir à
la commission parlementaire et donner son point de vue. Ce sont certaines
restrictions que nous devons garder à l'esprit quand nous allons
établir la façon de consulter la population. (12 h 30)
En ce qui concerne vos remarques sur la politique
énergétique, c'est vrai qu'il y a deux façons
d'établir une politique énergétique. L'une, c'est d'avoir
un texte comme le gouvernement précédent en avait un en 1978.
L'autre, c'est de mettre en pratique notre politique par nos gestes. Au sujet
du texte, vous mentionnez qu'on suit la politique de 1978. Je croîs qu'il
y a des différences assez marquées entre le texte de M. Joron de
1978 qui s'appliquait à ce moment et ce que nous faisons maintenant.
À ce moment, le but était d'accroître la part de
l'électricité au Québec et d'avoir une certaine partie du
marché pour le qaz naturel. Je pense que cela a eu lieu, parce que la
Baie James était en construction et la part de
l'électricité a augmenté dans les besoins internes du
Québec. Nous, nous allons un peu plus loin que cela. Maintenant, nous
voulons voir à la sécurité d'approvisionnement, non
seulement en termes d'autosuffisance parce que, en 1978, l'accent était
plutôt sur l'autosuffisance énergétique. On veut
l'accroître autant que possible, mais il faut avoir d'autres objectifs.
La sécurité d'approvisionnement en liquide de gaz naturel, c'est
très important. On pourra discuter, plus tard, des mesures
précises qu'on a prises pour nous assurer de cela, pour tenter de
l'avoir.
La politique d'exportation de l'hydroélectricité est
très différente maintenant de celle du gouvernement
pré-
cèdent. La Question de favoriser la concurrence sur le
marché énergétique québécois fait partie de
nos objectifs d'assurer et de renforcer la sécurité
d'approvisionnement non seulement dans les liquides de gaz naturel, mais aussi
dans le pétrole canadien, de maintenir la ligne Sarnia à
Montréal parce que, à ce moment-là, je ne pense pas qu'on
se souciait de ce problème, parce qu'il n'avait pas vraiment
été porté à l'attention de la population que,
possiblement, cette ligne pouvait être renversée. Quoique, au
début, quand elle a été construite, en 1976, certains
avaient dit qu'elle pourrait être renversée en 1982. Alors, nous
voulons nous en assurer et c'est pour cela qu'on a mis un comité sur
pied et qu'on a fait des études pour que la ligne Sarnia à
Montréal soit maintenue pour deux raisons: sécurité
d'approvisionnement et flexibilité pour le Québec, et à
des prix concurrentiels.
Ce sont quelques éléments que nous appuyons, que nous
avons comme objectifs dans notre politique énergétique. Nous
voulons appuyer sur le secteur énergétique une politique de
développement de l'économie et de l'emploi. Cela est aussi
très important. C'est pour cela qu'Hydro-Québec a
développé des tarifs préférentiels, des partages de
risques et c'est pour cela qu'on a pu attirer des industries au Québec
comme Norsk Hydro et d'autres industries avec lesquelles nous négocions
maintenant. Tout cela fait partie de nos objectifs dans une politique
énergétique.
Mais, pour enlever certaines inquiétudes non seulement du
député de Roberval, mais d'autres qui pourraient croire qu'on n'a
pas une politique énergétique, alors que nous l'avons, je crois
que nous allons éventuellement, peut-être pour l'automne, la
préparer et la présenter dans un document, même si notre
philosophie, notre approche, est plutôt d'agir et de poser des gestes. On
peut avoir un document bien fait et bien épais, mais si on n'agit pas et
si on ne le met pas en pratique et si cela ne contient pas assez
d'éléments... Il y a aussi d'autres dangers, vous pouvez
élaborer une politique très restreinte parce qu'il y a une
crainte qu'elle ne pourra pas être mise en application.
Quant à la question de la sécurité
d'approvisionnement de Sarnia à Montréal, la décision
n'est pas la nôtre; la décision dépend d'autres personnes.
Pour Soligaz, les décisions dépendent d'autres. Le
développement d'Hydro-Québec, ce sont nos décisions; c'est
facile d'inclure dans une politique énergétique l'accroissement
interne de l'hydroélectricité parce que c'est plus dans notre
contrôle. Quand on commence à inclure dans une politique
énergétique tous les aspects de la sécurité
d'approvisionnement, tous les aspects du liquide de gaz naturel, tous les
aspects de développement de la pétrochimie, cela devient plus
difficile. Nous les avons comme objectifs, mais quant à les inclure dans
une politique, cela devient plus problématique parce que c'est
indépendant de notre volonté.
Pour rendre nos objectifs sans équivoque, je penserais que,
peut-être pour l'automne, sinon ce sera au printemps suivant, on pourra
préparer un document sans le rendre... Vous savez, les livres blancs ou
les livres verts, on n'a pas trop cette approche. Il s'agit de préparer,
de concrétiser et de mettre sur papier ce que sont nos objectifs et ce
que nous proposons de faire.
En ce qui concerne les énergies nouvelles...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, est-ce que
vous en avez encore pour...
M. Ciaccia: Bien, je peux arrêter et...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, de deux
choses l'une: ou on est strict dans l'application du règlement ou
encore, si ça convient à tout le monde, vous complétez
votre réplique, d'une certaine façon, et je donne le même
temps, si nécessaire, au député de Roberval. C'est un peu
comme ça qu'on a fonctionné hier avec le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Ciaccia: Non, je pense que je vais laisser la parole au
député de Roberval. S'il a d'autres questions, peut-être
pourrais-je y répondre.
Le Président (M. Charbonneau): Parfait. M. le
député de Roberval.
Discussion générale
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Je remercie le
ministre de son commentaire portant sur mon commentaire. II y a certains
éléments, évidemment, qui font sursauter parce qu'ils sont
utilisés de façon assez particulière par le ministre.
Enfin, je crois que nous n'avons pas ici la tribune idéale pour
entreprendre une discussion ou un échange qui n'en finirait plus entre
le ministre et le critique de l'Opposition. Je pourrais relever un certain
nombre de choses qu'a dites le ministre.
Je veux juste me réjouir à ce stade-ci parce que, enfin le
ministre nous annonce qu'il va probablement avoir sa politique. Je vous ferais
remarquer qu'une politique gouvernementale, de façon
générale, on appelle ça un livre blanc, peu importe la
couleur.
M. Ciaccia: Je ne veux pas que ce soit mal
interprété, ce que j'ai dit. Je n'ai pas
dit que probablement je vais avoir une politique; ce n'est pas ça
que j'ai dit. J'ai dit: Nous en avons, une politique. Je vais probablement la
mettre sur papier pour que vous puissiez la lire et pour savoir...
M. Gauthier: Ce serait intéressant.
M. Ciaccia: Sur un document. Vous ne semblez pas être
capable d'évaluer les actes qu'on fait. Des fois, la démagogie
prend plus de place que l'approche rationnelle et l'examen rationnel. Alors,
pour éviter ça, on va mettre cela sur papier. C'est beaucoup plus
facile pour vous de lire sur papier qu'on veut promouvoir l'est de
Montréal. C'est ça? C'est plus concret pour vous que de regarder
ce qu'on a fait avec KemTec, ce qu'on a fait avec l'usine de phénol et
ce qu'on a fait avec Bitumar. Eh bien, d'accord. C'est plus facile pour vous de
dire: On veut promouvoir les pâtes et papiers sur un document
plutôt que de dire: On a fait Cascades et on est en train de faire
Matane. D'accord?
M. Gauthier: Cela va aller, M. le ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Je pense que j'ai écouté quasi
religieusement le ministre, pendant tout le temps de sa réplique,
même si, des fois, il disait des choses qui n'étaient pas toujours
en conformité avec ce qu'on pensait et avec l'interprétation
qu'on a de la vérité. J'ai essayé d'éviter de
l'interrompre. Alors, je voudrais, dans les deux ou trois petites remarques que
j'ai l'intention de faire, que le ministre ne prenne pas panique.
J'ai simplement dit que je suis content qu'il nous annonce qu'il va
enfin nous écrire. Probablement que son équipe de hauts
fonctionnaires doit être fort heureuse d'apprendre qu'enfin elle va
savoir où s'en va le ministre. C'est tout; il n'a pas besoin de
s'énerver avec ça.
Je serais prêt, M. le Président, à passer à
l'étude du programme 6. Pour commencer, j'ai un certain nombre de
questions. On va revenir, de toute façon, sur tous ces sujets au fur et
à mesure de l'étude, mais principalement lors de l'étude
du programme 9. Alors, c'est inutile de prolonger ce matin.
Connaissance géographique du territoire
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député... Alors, dans le cas du programme 6, M. le
député de Roberval.
Réforme cadastrale
M. Gauthier: M. le Président, j'aurais juste quelques
questions au ministre. On passe sur ces programmes tout de suite. Cela ne
devrait pas être très long, finalement, avant d'aborder d'autres
programmes qui me préoccupent davantage.
Concernant la réforme du cadastre, elle a été
amorcée en 1985 par l'adoption d'une loi à cet effet et elle doit
s'étaler sur dix ans. L'information qu'on a, c'est que près de
280 municipalités auraient été touchées depuis l'an
dernier. J'aimerais que le ministre, dans un premier temps, fasse le point sur
ce dossier et qu'il m'indique sur quels critères on choisit les
municipalités qui sont touchées. À partir de quoi? Comment
son ministère prend-il des décisions dans le dossier de la
réforme?
M. Ciaccia: Premièrement, nous croyons à la
réforme cadastrale. C'est important. Je sais que c'est quelque chose qui
a commencé avec le gouvernement précédent. Nous continuons
cette réforme. Comme vous le savez, il y avait 5 000 000 de lots au
Québec, disons, et il y en avait 2 500 000 qui n'étaient pas
cadastrés. Cela causait une incertitude. Cela causait des
problèmes de titres. Cela causait des problèmes juridiques. La
réforme vient répondre à ce besoin. Non seulement nous
reconnaissons que la réforme cadastrale est importante mais, dans la
nouvelle Loi sur les terres du domaine public, nous allons appliquer le
même principe aux terres du domaine public.
Naturellement, la réforme est étalée sur un certain
nombre d'années, parce que cela comprend des budgets importants. Dans
certains cas, ce sont les municipalités elles-mêmes qui font la
demande et on répond à ces demandes. Dans d'autres cas, nous
constatons par nous-mêmes que la réforme doit être mise en
vigueur à certains endroits, parce qu'il y a des problèmes plus
évidents qu'ailleurs. Il y a une question de coût,
évidemment. Il y a une question de désir de la
municipalité. Il y a une question de moyens, de mesures juridiques, en
fait. Il y a aussi une question de services disponibles dans ces
différents endroits.
Peut-être pourrais-je demander à mon sous-ministre adjoint,
M. Paradis, d'expliquer davantage les demandes qui lui sont faites et comment
on les achemine au ministère?
Le Président (M. Charbonneau}: M. le sous-ministre.
M. Paradis (Michel): Merci, M. le ministre. Effectivement, on
pourrait presque parler d'un véritable engouement de la part des
municipalités pour le programme. En fait, je pourrais seulement ajouter
qu'au terme de l'année que nous venons d'amorcer, il y aura probablement
400 municipalités et municipalités régionales de
comté qui seront
déjà impliquées dans le programme de
rénovation du cadastre. À différentes étapes,
évidemment. Il faut commencer par mettre en place des infrastructures de
géodésie et, ensuite, des infrastructures de cartographie qui
nous permettent de faire comme telle la rénovation proprement dite. Les
ententes que nous signons - parce que cela se fait par le biais d'ententes avec
les municipalités -impliquent parfois un processus qui peut
s'étaler sur deux et même trois ans. Donc, au terme de
l'année, on sera présent dans à peu près 400
municipalités.
Maintenant, quant aux critères qui sont employés pour
établir quelles municipalités, évidemment, toute la
province est à faire. Nous devrons donc couvrir géographiquement
la totalité de la province. II y a cependant des coins qui demandent une
action beaucoup plus urgente, beaucoup plus rapide, notamment en relation avec
les besoins du principal bâilleur de fonds et du principal client de la
rénovation cadastrale qu'est le ministère de la Justice, par ses
bureaux d'enregistrement. Les régistrateurs, avant la réforme,
nous avaient fait valoir que, dans plusieurs régions du Québec,
les transactions foncières étaient à toutes fins utiles
gelées, parce que le régistrateur était incapable de
garantir le titre de propriété. Le ministère de la Justice
nous fournit, sur une base annuelle, les secteurs où il souhaite que
nous intervenions.
Je pourrais ajouter que d'autres ministères contribuent
également à l'identification des secteurs prioritaires. Je pense
en particulier au ministère des Affaires municipales qui nous fait
valoir les besoins du monde municipal. Il y a aussi le ministère des
Transports de même que le ministère de l'Environnement. Cependant,
nous tenons compte également des besoins des compagnies de services
publics qui requièrent le produit de la réforme cadastrale et
cela dans tout le Québec. Je voudrais nommer, en particulier, Bell
Canada, Hydro-Québec et les compagnies qazières, dans la
région de Montréal en particulier. {12 h 45)
M. Ciaccia: Dans les documents qu'on vous a fournis - vous avez
mentionné l'information que vous avez reçue du ministère -
je crois que le ministère vous a donné toute l'information que
vous avez demandée. L'approche que nous avons prise, c'est de donner
toute l'information que nous avions, parce qu'on n'a vraiment rien à
cacher: toute l'information qu'on a, on peut vous la transmettre. Dans
l'élément 6, vous allez voir que l'on parle de 200 nouvelles
demandes d'adhésion, de novembre 1985 à 1986, de
municipalités locales ou régionales qui ont été
transmises au ministère des Affaires municipales qui en a fait une
première analyse et a porté le nombre à plus de 500
demandes. Là, on décrit tout le processus de sélection des
nouvelles demandes qui ont été reçues et la façon
dont le ministère transige ces nouvelles demandes.
M. Gauthier: J'avoue, M. le ministre, que je ne comprends pas
votre remarque, à savoir que, dans la documentation, vous nous avez
donné toute l'information. Je ne sais pas si vous nous sugqérez
par là de ne pas poser de questions, mais j'ai déjà
félicité vos fonctionnaires pour la qualité. Si vous aviez
écouté, au début, quand j'ai pris la parole, je les ai
félicités. Alors, je vois qu'on est d'accord
là-dessus.
Je voudrais simplement savoir de votre part, et peut-être de votre
sous-ministre, si les municipalités sont appelées à
participer financièrement, une fois que le programme est
enclenché chez elles?
M. Ciaccia: Pour certains aspects du programme, oui.
Peut-être que mon sous-ministre peut expliquer les détails. Les
municipalités, dans certains travaux, certains aspects du programme, ont
une participation financière.
M. Paradis (Michel): Je pourrais parler davantage
là-dessus, M. le député de Roberval. Pour faire image,
nous employons souvent l'image suivante: disons que, dans le programme de
rénovation cadastrale, le gouvernement construit l'édifice et
c'est aux municipalités de l'entretenir. Je m'explique davantage. Dans
le programme de rénovation cadastrale, nous plaçons toute
l'infrastructure de base, non seulement pour réaliser la
rénovation comme telle, mais pour la tenir à jour pour l'avenir.
Donc, nous faisons les travaux de géodésie de base, de
cartographie et de rénovation cadastrale. Évidemment, des cartes,
il faut tenir cela à jour. Le périmètre de la ville se
modifie. La ville se construit, la ville se développe et les cartes ne
sont pas tenues à jour. Il y a un travail de mise à jour qui est
fait et cet aspect du programme est à la charge des
municipalités.
Si vous voulez, je peux vous donner une comparaison, en termes de
coûts globaux, pour ce qui est de la cartographie. Alors qu'on
dépense 100 $ pour la cartographie d'une ville, on lui demande, sur une
base annuelle, de dépenser de 5 $ à 10 $ pour la tenir à
jour. Donc, c'est de l'ordre de 5 % à 10 %, pour ce qui est de l'aspect
cartographique. On lui demande également d'assurer l'entretien du
réseau géodésique qui est constitué d'un ensemble
de repaires matérialisés dans le sol. Évidemment, si la
ville ne prenait garde, elle pourrait recouvrir les points d'asphalte. On
utilise une autre image: souvent, les prédateurs de points
géodésiques, ce sont la ville et les entrepreneurs avec toute
leur machinerie. Alors, on leur demande de prendre bien soin
de l'équipement qui a été mis en place pour la
rénovation du cadastre. Cela se fait à des coûts vraiment
minimes et c'est intégré dans les opérations quotidiennes
des municipalités. Quant à la mise à jour proprement dite
du cadastre, elle est assumée par le service du cadastre et non par les
municipalités.
M. Gauthier: À la page T-9 du document, on lit, au
deuxième paragraphe: "Au cours de 1987-1988, les interventions du
secteur, non associées à la réforme du cadastre, seront
essentiellement orientées en fonction des besoins prioritaires des
organismes responsables de la gestion des ressources, principalement la
cartographie." J'aimerais savoir ce que cela veut dire exactement et quelles
sont les activités qui n'ont pas priorité et qui seront mises de
côté. Je comprends de cela qu'il y a certaines activités
qui seront un peu laissées pour compte. J'aimerais que le ministre ou le
sous-ministre m'éclaire sur cet élément.
M. Paradis (Michel): Ce qui est dit au deuxième
paragraphe, c'est que la rénovation cadastrale, puisqu'on y a fait
allusion tout à l'heure, prend une part importante des crédits du
programme 6. Cependant, il y a des crédits de ce programme qui ne sont
pas affectés à la réforme cadastrale proprement dite. Une
des responsabilités du ministre est de fournir la carte topographique de
base du Québec qui est une cartographie à l'échelle du 20
millième et qui va couvrir à terme tout le Québec sous le
50e parallèle. C'est la carte qui est utilisée
notamment pour les inventaires forestiers. C'est là-dessus que toutes
les données des inventaires forestiers sont reportées. C'est une
carte qui est utilisée abondamment par le secteur des mines
également pour les compilations des levées géophysiques.
C'est la carte qui est utilisée pour la préparation des
schémas d'aménagement des municipalités régionales
de comté. C'est une carte d'exploitation de ressources et de compilation
de données de ressources.
Ce qui est dit au deuxième paragraphe, c'est qu'en plus de ce que
le ministère fait dans le domaine de la rénovation cadastrale qui
pour l'échelle, s'applique plus au niveau municipal, nous travaillons au
niveau régional à produire une carte au 20 millième.
L'effort en 1987-1988 va porter sur les secteurs de Forestville, de Val-d'Or,
des Laurentides, du Témiscouata et du Témiscamingue.
M. Gauthier: D'accord. Dans la confection de cette carte...
M. Paradis (Michel): C'est une carte au 20 millième.
M. Gauthier: ...ce sont les secteurs... Donc, j'en déduis
que les secteurs de
Forestville, Val-d'Or, Laurentides, Témiscouata et
Témiscamingue sont ceux dans lesquels vous intervenez actuellement dans
le cadre de la réforme du cadastre. C'est là que vos
concentrations sont...
M. Paradis (Michel): Non. La cartographie au 20 millième
n'est pas une cartographie au soutien du programme de rénovation
cadastrale. C'est vraiment une cartographie au soutien des activités
d'exploration et d'exploitation des richesses naturelles, inventaires
forestiers. C'est vraiment une tout autre problématique et un tout autre
besoin qui se manifeste par une cartographie à une autre échelle
qui est le 20 millième. Cela reflète les secteurs. On le voit
d'ailleurs par les secteurs vraiment reliés à la gestion des
ressources par les termes: à Forestville, Val-d'Or, Laurentides,
Témiscouata et Témiscamingue. Cela n'a rien à voir avec la
réforme du cadastre.
M. Gauthier: Justement, M. le sous-ministre, si je lis, par
exemple, dans le secteur de Forestville, je peux comprendre qu'il y a eu, pour
une raison ou une autre, une demande faite par quelqu'un dans le
ministère ou dans le milieu puisque, à Forestville, on est en
train de refaire, je ne sais pas, une espèce d'analyse des sols et
d'identification des concessions minières, j'imagine. Or, le fait que
ces secteurs ont priorité ici, cela veut dire qu'il y a eu des demandes
spécifiques pour des réorganisations d'autres...
M. Ciaccia: Effectivement, il y a eu des demandes et des besoins,
non seulement pour le secteur minier, mais pour le secteur forestier, pour
identifier l'inventaire.
M. Gauthier: Mais justement, à ce propos, c'est le
pourquoi de ma question. Au moment où on a regardé avec le
ministre délégué aux Forêts toute la
problématique forestière au Québec, une des régions
où le problème semblait le plus important dans le domaine
forestier, c'était la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Or, il
me serait apparu normal ou prioritaire que le ministère place une
commande, ou, en tout cas, que la section forêt place une commande pour
que le travail se fasse dans cette région puisque, par rapport à
d'autres réqions, la situation est plus difficile. C'est ce que j'essaie
de comprendre.
M. Ciaccia: Ce sont de nouvelles demandes. La région que
vous mentionnez est déjà couverte.
M. Gauthier: C'est parce que c'est déjà
couvert.
M. Ciaccia: Oui, c'est déjà couvert.
M. Gauthier: Les régions qui sont là ne sont pas
exclusivement celles qui...
M. Ciaccia: Exactement. Elles ne sont pas couvertes, et ce sont
des besoins additionnels.
M. Gauthier: D'accord. À la page 10 de votre document,
j'aurais peut-être un éclaircissement à demander. C'est
à la page T-10. On indique qu'une des activités du secteur sera
de suivre de près et d'intervenir dans la stratégie du
Québec face aux projets fédéraux dans les zones
extracôtières compte tenu de ses intérêts et
prétentions à l'égard de la baie d'Hudson et du golfe
Saint-Laurent. Est-ce que le ministre pourrait nous préciser un peu les
enjeux de ce sous-paragraphe? J'ai l'impression que cela veut dire un peu plus
que ce qu'on peut lire à première vue.
M. Ciaccia: Bien, cela veut dire que, comme vous le savez, nous
avons une position, des intérêts que nous considérons
légitimes en ce qui concerne la limite du territoire de la baie d'Hudson
et du golfe Saint-Laurent. S'il y a des projets du gouvernement
fédéral dans ces zones, nous voulons nous assurer que nos
intérêts seront protégés et que nous n'acceptons pas
nécessairement la définition de ces zones telle que
préconisée par le gouvernement fédéral. C'est dans
ce sens qu'un des rôles, un des mandats du ministère dans le
secteur "terre", c'est la protection et l'intégrité du
territoire. L'intégrité du territoire comprend toutes les
sections frontalières. Et, spécialement dans ces deux endroits,
s'il y a des projets du gouvernement fédéral, nous voulons faire
reconnaître dans la mesure du possible et établir notre position
pour ne pas se faire accuser ensuite d'avoir accepté la
délimitation de ces territoires par un autre niveau de gouvernement.
M. Gauthier: Cela va, M. le Président, pour le programme
6.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Il reste à
peine trois, quatre minutes. Est-ce que vous voulez vraiment qu'on aborde le
programme 7 maintenant?
M. Gauthier: Écoutez, M. le Président, trois
minutes, avec la longueur, parfois, des questions et des réponses, je
pense qu'on ferait aussi bien, d'un commun accord, de suspendre aujourd'hui et
on filera demain.
M. Ciaccia: Très bien, adopté. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Les travaux de la
commission sont suspendus jusqu'à 17 heures alors que nous les
reprendrons avec l'étude des crédits du ministre de l'Industrie
et du Commerce. (Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 17 h 14)
Le Président (M. Théoret): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce (suite)
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour l'année
financière 1987-1988. Hier, nous avons ajourné alors que nous
étions à l'élément 3 du programme 3.
Je demande immédiatement, étant donné que les
travaux de cette commission devaient durer une heure, le consentement des deux
partis pour pouvoir dépasser 18 heures et aller jusqu'à 18 h 15.
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, ou commencer à 19 h
45; cela m'indiffère, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Bon, alors...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va faire ce qui coûte
le moins cher à l'Etat.
Une voix: ...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 18 h 15, cela va.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie
et je cède immédiatement la parole au député de
Bertrand et critique officiel de l'Industrie et du Commerce.
Aide à la concrétisation de projets
industriels
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Nous
étions au point 13 lorsqu'on s'est laissés hier soir. Il s'agit
des différentes aides pour les diverses études et j'aurais trois
ou quatre questions à ce chapitre.
La première, M. le Président, concerne Gaz
métropolitain, l'étude de faisabilité technique pour la
fabrication québécoise des pièces en aluminium. Cette
étude a été réalisée. Est-ce qu'il y a des
suites et à quel cadre de projet et de suivi de dossier peut-on
s'attendre quant à cette étude de quelque 22 500 $ de Gaz
métropolitain'?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Il
s'agit ici du programme d'aide à la concrétisation des
projets industriels, PACPI, dont vous voyez le titre au haut de la page. C'est
un programme en vertu duquel le ministère de l'Industrie et du Commerce
offre de défrayer une portion des études de faisabilité
que les entreprises veulent mettre en marche, si vous voulez, à
l'égard d'un ensemble de projets nouveaux qu'ils considèrent et
dont on voit une description assez longue.
Ce qu'iI faut savoir concernant ce programme, c'est que lorsque
l'étude de faisabilité permet de conclure à une
implantation et donc à un succès éventuel, l'entreprise,
selon les dispositions contractuelles, doit nous remettre notre participation,
dans beaucoup de cas. Ce n'est donc pas une subvention pure et simple à
une étude sans qu'on ne sache jamais ce qui arrivera. On effectue un
suivi; il y a un rapport dont on a évidemment connaissance. Mais le fait
- et c'est cela la question du député - que nous rendions cette
étude publique est balisé très sévèrement
par le fait que c'est une entreprise privée qui a examiné quelque
chose en vue d'une implantation éventuelle. Il y a des
découvertes qui peuvent se faire à ce moment-là. Il est
rarement dans l'intérêt de l'entreprise que les données
d'une étude de faisabilité - car, nécessairement, cela
divulguerait ses coûts de production et ses projets d'affaires, ses
perspectives de vente, etc. - c'est rarissime, je dirais, que nous puissions
divulguer cela dans la mesure où il y a des ententes de
confidentialité qui recouvrent notre association à des
entreprises, et pour faciliter les études de faisabilité.
J'essaie de voir à l'égard de ce programme précis
ce que nous pourrions, de fait, en toute bonne foi, vous divulguer. Une
description de l'étude qui comprendrait les étapes suivantes:
inventorier l'information, normes et technologie de diversification et les
matériaux susceptibles d'être utilisés dans le projet qui
est décrit. Oui?
M. Parent (Bertrand): M. le ministre. Je m'excuse, M. le
Président, c'est qu'on a mal compris ma question. Je comprends qu'il ne
s'agit pas de rendre cette étude de faisabilité publique. Ce
n'était pas ma question. Je voulais juste savoir si, à la suite
de cette étude de faisabilité, dans le cadre de ce programme, il
y avait des suites intéressantes qui semblaient apparaître ou
découler comme un projet concret ou s'il n'y a rien qui pointe à
l'horizon de cette étude qui me semble fort intéressante.
C'était juste dans cet esprit.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, il n'y a rien pour le
moment. C'est une étude qui coûtait 45 000 $. Nous en
subventionnons la moitié, soit 22 500 $ qui apparaissent ici. C'est une
demande qui date de septembre 1984. Cela fait un petit moment. Cela
m'apparaît peut-être long, mais c'est un processus qui peut
être long.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Toujours dans cette même
page, l'étude pour la compagnie Moulage Pression Lyster, est-ce que je
pourrais savoir si elle a été réalisée et à
quelle période? C'est une usine de moulage sous pression, c'est une
étude pour l'implantation d'un système de gestion de la
qualité. Est-ce qu'elle a été réalisée
à ce jour ou si c'est... L'entreprise traverse certaines phases et je me
demandais si cette étude avait été faite à ce
jour.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II s'agissait ici de
l'implantation d'un système de gestion de la qualité dans
l'entreprise. On m'indique que cela a été fait. C'était
une subvention pour l'implantation d'un système. Nous avons
subventionné l'implantation qui a été faite.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de Caouette Superseal...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. te député, si
je peux solliciter votre coopération, pour ajouter au dossier, dans le
cas de Gaz Métro, on me fait remarquer, et avec raison, que le projet de
conversion des véhicules, pour qu'ils fonctionnent au gaz plutôt
qu'à l'essence, n'a pas eu les suites qu'on pensait, étant
donné la baisse considérable du prix de l'essence. Et là,
cela devient moins intéressant. C'est justement ce qui était en
cause dans les études de coûts. Cela devenait moins
intéressant de faire encourir à un automobiliste, par exemple,
des coûts de conversion de son véhicule pour qu'il fonctionne au
gaz plutôt qu'à l'essence, compte tenu du fait que l'essence a
connu une baisse de prix. Enfin, c'est ce genre de choses qui affecte le suivi
de ces dossiers. Une troisième question? Oui, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Oui. C'était dans le cas du groupe
Caouette Superseal. Est-ce qu'il s'agit du nouveau groupe qui a racheté
cette entreprise? Le groupe Caouette Supersea! est passé dans les mains
de quelqu'un d'autre au cours de l'année 1986. J'imagine qu'il
fonctionne toujours sous ce nom, mais avec les nouveaux
propriétaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, effectivement.
M. Parent (Bertrand): II s'agit d'une étude pour une
structure et un réseau d'information financière. Je ne comprends
pas cette description.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En bref, le projet
décrit dans le mémoire que nos services ont rédigé,
se lit comme suit: "Effectuer une étude de marché, établir
une politique de mise en marché et implanter une structure
organisationnelle et un réseau d'information financière et
administrative efficace pour utiliser au maximum les ressources existantes de
l'entreprise." On est condamné, par le format des documents qui sont
devant nous à l'étude des crédits, par le manque d'espace,
à résumer du mieux qu'on peut, mais cela ne donne pas toute la
saveur et l'ampleur du programme de recherche du projet que nous avons
contribué à réaliser.
M. Parent (Bertrand): À la page suivante...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un des cas où, je
dirais, l'entreprise y est allée pour plus de 50 %. On voit le montant
en cause, 30 000 $, et l'étude était de l'ordre de 85 000 $.
C'est donc 35 %, ou à peu près, que nous avons assumé.
M. Parent (Bertrand): À la deuxième page, une
étude sur l'industrie de l'automobile, The Massachusetts Institute of
Technology. Qui a commandé cette étude? Est-ce que c'est
l'institut du Massachusetts?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Qui a commandé
l'étude?
M. Parent (Bertrand): Qui a commandé l'étude et
dans quel cadre a-t-elle été faite?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une étude d'une
ampleur considérable que le Massachusetts Institute of Technology, avec
ses ressources, a conçue et pour laquelle il a demandé des
contributions. La plupart des grands organismes impliqués dans le
développement de l'industrie automobile en Amérique du Nord sont
membres, si vous voulez, payants de ce groupe de travail, à
l'égard du financement nécessaire pour que les chercheurs du MIT
puissent donner suite à leurs travaux. Je pourrais vous donner la liste
de ceux qui sont impliqués. Tout le programme est de l'ordre de 5 000
000 $ américains, sur quatre ans. Pour le moment, les contributions
annoncées comprennent environ 1 500 000 $ américains, qui
viennent du Japon et de l'Europe, et 1 000 000 $ des États-Unis. Le
gouvernement canadien a parlé d'une contribution de 100 000 $ US et
l'Ontario, de 50 000 $. Quant à nous, nous avons cru qu'on pouvait y
aller d'une contribution de 50 000 $. Les 25 000 $, que l'on voit ici, sont
pour l'année 1986-1987; pour 1987-1988, nous avons 12 500 $; pour
1988-1989, 12 500 $, soit un total de 50 000 $, comme l'Ontario.
Nous pourrons, lors d'une réunion de la table de concertation de
l'industrie automobile, vendredi - dans trois jours -prendre connaissance de
certains rapports préliminaires ou intérimaires de l'étude
du MIT dans le secteur de l'automobile, sous le vocable "The Future of the
Automobile", qui avait déjà donné lieu à une
étude dont les résultats avaient été publiés
en 1984. Ce programme se poursuit. On me souligne que, dans le détail du
programme, on verrait qu'un professeur de l'Université de
Montréal fait partie du groupe de travail et, probablement qu'à
lui seul, il vaut les 50 000 $ qui est la contribution du gouvernement du
Québec.
M. Parent (Bertrand): Est-il pensable que le ministère
puisse rendre cette étude publique aussitôt qu'il le pourra,
étant donné que cela fait partie d'un de vos six créneaux
dans l'orientation...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est d'ailleurs pour cela
qu'on a payé. Évidemment, comme je vous le disais, c'est 5 000
000 $ américains sur quatre ans. Alors, dans une couple d'années,
je présume que le groupe de travail en sera rendu à la fin de son
travail et qu'il pourra donc publier les résultats du "MIT International
Motor Vehicle Program Work Plan".
M. Parent (Bertrand): Merci. Toujours dans cette section,
à l'avant-dernière page, et pour terminer, les études de
Swiss Aluminium, de Norsk Hydro et de la SGF, dans le cas de Swiss Aluminium,
quel était le montant global de cette étude? On parle ici d'une
contribution de 115 000 $. Est-ce qu'on est à 50 %?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au total, l'étude a
probablement coûté 860 000 $ ou à peu près. Nous en
avons payé environ 475 000 $ ou 480 000 $, soit un peu plus de la
moitié.
M. Parent (Bertrand): II s'agit bel et bien du projet Alu-Suisse
dont l'implantation devait avoir lieu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela. Des études
de différents sites par la firme québécoise
d'ingénieurs-conseils SNC.
M. Parent (Bertrand): SNC. Il n'y a pas eu de suite. Où
est rendu ce dossier ou cette décision? Sur les tablettes ou au
réfrigérateur? À quel endroit?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II faudrait regarder les
appareils électroménagers d'Alu-Suisse à Zurich, car c'est
là que cela se trouve et non pas sur nos tablettes,
réfrigérateurs, ou autrement. La société Alu-Suisse
a procédé à une étude
d'implantation de sites. On a payé, elle aussi. Elles sont
retournées dans leur pays et, lors de la Conférence
internationale des affaires de Davos en février, le premier ministre, M.
Bourassa, a eu l'occasion de rencontrer la haute direction d'Alu-Suisse qui,
d'ailleurs, a connu des changements depuis un an. Selon les conversations dont
le premier ministre et la société Alu-Suisse ont fait état
après le dîner auquel ils ont assisté, on a pu
déduire que le projet d'implantation par Alu-Suisse d'une aluminerie,
où que ce soit dans le monde, n'est pas actuellement un souci
immédiat pour cette société.
Il faut savoir que les résultats financiers d'Alu-Suisse depuis
deux ans n'ont pas été aussi reluisants qu'elle l'aurait
souhaité. On parle même de perte de dizaines, sinon de centaines,
de millions de dollars. On parle de changements dans la direction. On parle de
la réévaluation de la stratégie de cette entreprise qui
est présente, et dans l'aluminerie, et dans la chimie. J'ai cru, quant
à moi, comprendre, en décodant en février les
déclarations de la direction d'Alu-Suisse, qu'elle était en voie
de prendre des décisions sur ses grandes orientations
stratégiques jusqu'à l'an 2000. Enfin le plan d'affaires, la
grande stratégie globale de cette entreprise est, aujourd'hui, sur
l'établi, sur la planche à dessin, si vous voulez, en train
d'être étudiée par la société. Alors, on ne
peut pas parler, à court terme, d'Alu-Suisse, où que ce soit dans
le monde, de l'implantation d'une aluminerie, à plus forte raison au
Québec. (17 h 30)
Ce qui nous a quand même rassurés, donné espoir et
donné beaucoup de fierté, c'est qu'Alu-Suisse a mentionné
spécifiquement que, si d'aventure, sa stratégie corporative
l'amenait à décider d'implanter une aluminerie, le Québec
se trouverait tout en haut de la liste des sites envisagés. Comme vous
le savez, M. le député, l'attrait que peut exercer sur ces
producteurs l'existence de l'hydroélectricité, aux conditions de
stabilité, de quantité et de prix qu'Hydro peut faire à
long terme, c'est extrêmement attrayant pour ces
sociétés.
M. Parent (Bertrand): ...Norsk Hydro quel était le montant
total de l'étude?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le montant total de
l'étude est de l'ordre de 2 000 000 $ dont la moitié était
payée originalement par Norsk Hydro et l'autre moitié à
parts égales par le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec. Étant donné, comme je l'ai expliqué tout
à l'heure, que c'est un projet auquel la société donne
suite - elle s'implante à Bécancour - le Québec se verra
rembourser sa contribution. Nous pourrons donc avec grand plaisir,
éventuelle- ment, recevoir un chèque de Norsk Hydro pour notre
portion de cette étude.
M. Parent (Bertrand): Finalement, dans le cas de la SGF, dans
l'étude sur la production de silicate de magnésium, est-ce qu'il
y a eu un suivi de dossier dans ce cas ou est-ce que le projet est sans
suite?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On me précise - et le
député de Frontenac sera intéressé - qu'il
s'agissait d'une étude sur l'utilisation des déchets de
l'amiante. Cette étude n'a pas eu de suite. Elle a été
menée avec des gens de la région qui connaissent ces choses. Nous
n'avons pas encore de suite concrète dans ce dossier.
Le Président (M. Théorêt): Le
député de Frontenac est d'accord.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on peut avoir les commentaires du
député de Frontenac sur le sujet?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Parent (Bertrand): C'est parce que le ministre vous a
annoncé des bonnes nouvelles concernant votre comté. Je
pense...
M. Lefebvre: Je le savais déjà, mon cher
collègue.
M. Parent (Bertrand): Concernant la section 14, M. le
Président, je voudrais juste comprendre le tableau, Bourses d'affaires
par identification des régions.
On mentionne, dans l'avant-dernière colonne, le nombre de
prêts remboursés par le MIC et les
déboursés-prêts remboursés, est-ce que... Si on
prend le cas de la Montérégie, par exemple, où il y a eu
40...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Par hasard.
M. Parent (Bertrand): Comme par hasard...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Votre région et la
mienne, M. le député.
M. Parent (Bertrand): ...49 bourses d'accordées en termes
de nombre, j'essaie de comprendre...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y en a eu 130 depuis trois
ans.
M. Parent (Bertrand): II y en a eu 130 sur une période de
trois ans.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Début 1984, oui.
M. Parent (Bertrand): Le chiffre 2 dans les prêts
remboursés, c'est-à-dire que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce sont les défauts...
Nous garantissons les 2/3 d'un prêt jusqu'à concurrence d'un
prêt de 25 000 $ contracté par...
M. Parent (Bertrand): Donc, il y a eu deux défauts sur les
49.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Deux défauts. C'est
cela. Comme vous voyez, les prêts remboursés, 27 291,83 $
représentent les déboursés qu'on a faits à
l'égard de ces deux prêts et que nous avons dû assumer en
vertu de la garantie de prêt.
M. Parent (Bertrand): Je vais juste remarquer, M. le ministre,
que la région de Québec et la région de Montréal
ont des taux de défaut passablement élevés comparativement
à d'autres régions, particulièrement de la
Montérégie.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela m'a frappé aussi,
M. le député. Ce sont deux chiffres que j'ai entourés.
M. Parent (Bertrand): Excellent. On est sur la même
longueur d'onde.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va donc porter une
attention particulière à la performance de ce programme dans ces
régions.
M. Parent (Bertrand): Cela peut être intéressant
dans le sens que, si je pose ces questions, c'est parce que l'analyse fait en
sorte que les décisions se prenaient dans les régions...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...et les gens qui ont pu avoir à
décider ou à juger, il y a peut-être eu une loi de !a
moyenne qui était meilleure, mais aussi peut-être qu'on a pu les
jauger mieux par rapport à d'autres régions.
Le Président (M. Théorêt): J'espère
qu'on retiendra bien la région de Montréal-Laval.
M. Parent (Bertrand): Alors, je file à la section 17, M.
le Président, à la page 2, où nous avons le détail
du volet II comme tel, le programme d'aide aux projets industriels majeurs. On
a les deux dossiers Domtar et le total qui a été
déboursé tant par le provincial que par le fédéral.
Dans le cas du projet Bombardier (1-Vénus), il s'agit, j'imagine, du
montant de 1 000 000 î pour l'étude de faisabilité. Est-ce
exact?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est la demande à
laquelle nous nous étions rendus à l'époque.
Bombardier-Dahiatsu
M. Parent (Bertrand): Alors, c'est à la suite de cette
étude que se réalisera le projet Bombardier-Dahiatsu,
j'imagine.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui,
précisément. Lorsque nous l'avions annoncée, il s'agissait
d'une étude apparentée à la recherche et au
développement qui permettait d'examiner quelles étaient les
implications de la mise sur pied d'une ligne éventuelle de montage de
voitures dans le cadre de ce projet d'association entre Bombardier et Dahiatsu,
Nous avions, de mémoire, les deux gouvernements, consenti... C'est une
étude de 2 000 000 $, alors c'est essentiellement la moitié que
les deux gouvernements avaient subventionnée.
M. Parent (Bertrand): Mais la part du Québec
là-dedans était, je crois, de 1 000 000 $ répartis sur
deux ans. De mémoire, la part du Québec était de 1 000 000
$. De la façon dont c'est indiqué ici, on inscrit 500 000 $ pour
la part du gouvernement fédéral et il me semble que
c'était 50-50 sur un projet de 2 000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais vous donner quelques
précisions. Il s'agit d'un programme de recherche et de
développement d'une ampleur de 5 000 000 $ pour lequel Bombardier avait
sollicité et obtenu, en mai 1985, une assistance de 2 000 000 $. On voit
ici qu'avec le temps, on nous fait éventuellement rapport, on nous
facture, si vous voulez. Pour 1986-1987, à l'égard de ce projet,
m'indique-t-on, les gouvernements combinés ont versé 1 040 000 $.
Il y aura donc, si tout le projet se déroulait, le projet de 5 000 000
$, éventuellement encore 960 000 $, dont 480 000 $ payables par le
gouvernement du Québec à l'égard de ce projet. Il y a eu,
par ailleurs, en juin 1986, de mémoire, une annonce à
l'égard d'un autre programme encore plus précis et plus
avancé de recherche et de développement, toujours à
l'intérieur de l'association éventuelle de Dahiatsu et de
Bombardier pour qu'ils puissent se pencher de façon très
spécifique sur la recherche et le développement des
procédés de fabrication, des machineries et sur la gestion d'un
tel programme de fabrication d'une nouvelle voiture. On ne parle pas, dans ce
cas, d'un assemblage. Il y a un volet, je devrais le dire, dans l'association
Dahiatsu et Bombardier, qui concerne plus que l'assemblage d'un modèle
existant, même adapté pour le Québec, mais bien une
nouvelle voiture, avec ce que cela implique évidemment comme
recherche et développement initiaux.
Marine Industrie
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de Marine Industrie, les 200
000 $, c'était pour quel genre d'étude?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II s'agit d'un programme de
recherche et de développement pour de petites turbines au fil de l'eau,
une technologie légère de production d'électricité.
Marine, avec son expertise dans l'industrie hydroélectrique, a
commencé à se pencher il y a déjà un bon moment sur
les possibilités de développer une telle technologie, de la
rendre pratique, accessible en prix, en qualité, etc. Je crois savoir
que Marine continue ses relations avec des firmes d'ingénierie, avec
Hydro-Québec, avec les utilisateurs éventuels de cette
façon légère - je le répète, c'est le mot
que j'emploierais ici - de produire de l'hydroélectricité.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que cela veut dire que cela pourrait
être un des nouveaux créneaux que pourrait prendre Marine?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce serait une dimension
nouvelle d'un créneau traditionnel de Marine qui est déjà
dans l'industrie hydroélectrique. C'est surtout en visant des
marchés d'exportation dans les pays qui, contrairement à notre
région, n'ont pas, enfin, la géographie, l'expertise et tout ce
que vous voulez pour construire d'immenses barrages alimentant toute une
population sinon tout un continent. Il existe dans d'autres pays des besoins de
production en hydroélectricité de façon plus
limitée, plus légère. C'est, je pense, le meilleur mot
qu'on puisse utiliser dans les circonstances, quand on compare cela avec ce que
nous, au Québec, on fait en hydroélectricité. Il s'agit
là d'une forme beaucoup plus simple, finalement, moins
substantielle.
Les experts à côté de moi m'indiquent des aspects
technologiques nouveaux qui sont en cause. Ils sont relatifs à des
systèmes de contrôle tout à fait électroniques qui
assurent un débit constant du voltage et autres fréquences et
autres mots savants que mes collaborateurs utilisent tous les jours.
M. Parent (Bertrand): Merci. À la section 18, il s'agit
des projets ayant suscité des investissements majeurs de
l'étranger. Le cinquième, il s'agit de Yvan Paques, à
Drummondville, un projet en provenance de la Belgique; les produits
fabriqués: signalisation routière. Est-ce qu'il s'agit d'une
nouvelle signalisation qui pourrait servir au ministère des Transports,
ici au Québec, et avec de nouveaux produits? De quoi s'agit-il
exactement? Il y avait déjà une entreprise au
Québec...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une technologie en
revêtement réfléchissant -de mémoire, pour avoir vu
le dossier passer - qui a été développé par une
firme belge qui tente de s'implanter en Amérique, à partir de
cette implantation industrielle à Drummondville.
Société de développement
industriel
M. Parent (Bertrand): Cela va. À la section 19, il s'agit
de la SDI. Par contre, c'est très technique. Alors, j'imagine que vous
pouvez me donner les explications. À la dernière page, à
la page 14, j'essaie de comprendre les montants qui sont là, par rapport
au niveau des membres du conseil d'administration. C'est écrit:
allocation pour participation aux réunions: 2500 $ et remboursement des
frais de déplacement: 8963 $." Est-ce qu'il s'aqit du montant global,
pour la dernière année, des dépenses encourues dans ces
cadres? (17 h 45)
M. Johnson (VaudreuH-Soulanges): Oui, c'est ce qu'on divulgue, M.
le député.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il y a moyen d'avoir des
explications? II était convenu, dans la nouvelle politique, qu'il n'y
avait pas de jetons de présence dorénavant pour les membres du
conseil d'administration.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les allocations pour
participation aux réunions, non. Il faudrait retourner à la date
de la décision et au moment où cela a été transmis
à la SDI, quant à sa responsabilité de verser ou de ne pas
verser des allocations aux membres du conseil. Ce qu'on divulgue, au 31 mars
1987, ce sont les montants qui sont devant vous, ceux qui ont été
versés. Ce qui représente essentiellement le début de
l'année, je sais que les gens n'ont pas été
payés... Ils ont été payés au début de
l'année financière, puis, tout d'un coup, il y a eu la
décision du Conseil des ministres qui est intervenue dans les
sociétés d'État. Il y a eu cessation, dans la plupart des
cas, de paiement des allocations, dans d'autres cas, la décision
prétendant laisser ouverture à un régime d'exception par
demande spécifique -tout un processus passablement lourd -d'autres
sociétés se sont engagées à soumettre une
argumentation afin de continuer à rémunérer, selon un
nouveau cadre par ailleurs, les membres des conseils d'administration, afin de
reconnaître - c'est ce que certaines directions de sociétés
d'État m'ont fait valoir - la contribution de gens qui consacrent de
leur temps à prendre des
décisions ou à décider de certaines orientations
des sociétés d'État où on leur demande de
siéger.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on pourrait savoir quelle est
votre position concernant les conseils d'administration?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
à l'Assemblée nationale, j'ai soumis deux projets de loi, il y en
un sur la SDI, le député s'en souvient, l'autre était sur
la SAQ. Dans les deux cas, on en a profité, à l'occasion
d'amendements à ces lois, pour introduire une disposition qui
établissait le principe de la non-rémunération des membres
des conseils d'administration. C'est moi, qui, à titre de ministre de
tutelle, ministre responsable, ai soumis les projets de loi. Je vous rappelle
que j'ai voté pour les projets de loi, après avoir parlé
en leur faveur. Alors, ma position est publique. Je ne suis pas fermé au
fait que les sociétés d'État, leur direction, peuvent
plaider. Il existe, je l'exprime encore une fois, à la rigueur, des cas
où, suivant un plaidoyer convaincant, nous pourrions reconnaître
qu'il y a des circonstances qui font en sorte qu'on devrait probablement
aménager un régime d'allocation de présence pour des
membres d'un conseil d'administration. Dans ces cas-là, ces plaidoyers
étant faits, il faudrait faire la documentation. Il faudrait que, comme
ministre responsable, je la soumette à mes collègues et la
décision suivrait, dans un sens ou dans l'autre, à
l'intérieur d'un cadre que le gouvernement a décidé
d'arrêter.
M. Parent (Bertrand): Je dirais seulement au ministre que je me
souviens du projet de loi 54 sur la SDI. J'avais voté contre, et j'avais
plaidé contre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai jamais compris
cela.
M. Parent (Bertrand): Je pensais même vous avoir convaincu,
cette fois-là. Je réitère seulement le fait que, d'abord,
je trouve dommage qu'il y ait cette possibilité de dérogation. Ou
bien tout le monde est payé, ou personne ne l'est. Mais il y a une
politique actuellement, dans les deux projets de loi dont vous faisiez mention,
il y a une possibilité de l'article qui pourrait permettre, dans
certains cas, une rémunération. Comme principe, cela peut placer
dans une drôle de situation le président de la SDI ou le ministre
qui dérogerait à la règle, c'est-à-dire qui ferait
des cas d'exception. Ou bien on paie tout le monde, ou on ne paie pas. Je pense
que la rémunération devrait être attribuée à
tous les membres de conseils d'administration. Je n'en démords pas et je
pense que le gouvernement devra faire volte- face.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je voudrais dire au
député, lorsqu'il utilise ces termes, de faire attention de ne
pas laisser croire que les projets prévoient ou que le gouvernement
envisage de rémunérer certains membres d'un conseil
d'administration et non certains autres. Les gens étant égaux,
ils ont droit au même traitement. Ce qui peut se produire, c'est que,
dans certaines sociétés d'État, le conseil ne sera pas
rémunéré, alors que dans d'autres, il le sera. À
l'intérieur des conseils, à la rigueur, je dirais qu'il existe
parfois un comité exécutif, des comités spéciaux,
où les gens sont appelés à siéger, non pas 12 fois
mais 24 fois par année. S'il y a un comité de
rémunération ou un comité administratif, il y a des gens
dans certains conseils d'administration qui, je sais, sont appelés
à siéger au sein du conseil et de deux comités. Alors, on
peut envisager, dans certains cas, plus d'une trentaine de réunions par
année. Il y a des cas où, de fait, des personnes à cause
de leurs fonctions, sont appelées à siéger trois fois plus
que d'autres. Alors, on pourrait peut-être aménager... C'est
concevable dans ces conditions que des personnes, siégeant comme membres
du conseil d'administration tous égaux, ont également ce
même traitement à titre de membre du conseil, mais que les membres
du comité exécutif ont tous le même traitement comme
membres du comité exécutif ou comme membres du comité de
vérification ou du comité de rémunération. Il faut
bien comprendre que les gens qui exercent les mêmes fonctions seraient
rémunérés exactement de la même façon. C'est
cela qui est en cause, et non pas de rémunérer à la
tête du client.
M. Parent (Bertrand): À la section 20, M. le
Président, il s'agit de voir là étalées les 1302
aides diverses de la SDI avec les montants qui leur sont affectés. On
sait que - et on le reverra ce soir - dans la programmation pour la prochaine
année, on s'attend que le nombre d'aides de la SDI soit réduit
passablement, c'est-à-dire passer de 1300 à quelque chose comme
300 ou 350 aides. Alors, lorsqu'on regarde les secteurs d'activité tels
que décrits à la section 20, est-ce que le ministre croit
sincèrement que cette nouvelle orientation de la SDI touchant ces
différents secteurs et les 1300 aides qui ont été
accordées, que cette nouvelle programmation va être capable de
répondre à tous ces secteurs ou si la nouvelle programmation va
faire en sorte qu'un tas de secteurs ne seront plus touchés de par le
fait qu'on va passer d'environ 1300 ou 1400 aides au cours des dernières
années, plus particulièrement 1302 l'année passée,
à quelque chose comme 300 ou 350 aides prévues pour
l'année prochaine?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je rappelle au
député qu'un des objectifs que nous poursuivions était
d'assurer que les fonds mis à la disposition de l'aide financière
aux entreprises pouvaient véritablement déclencher des projets,
être véritablement incitatifs, comme d'ailleurs les textes nous
appelaient à le faire. D'après l'observation purement empirique
que j'avais faite au début de 1986, nous avions remarqué que, de
fait, les programmes traditionnels, avec beaucoup d'équité je
dirais, à leur face même rendaient les gens accessibles à
nos programmes d'aide, quelles que soient leurs capacités
financières, quels que soient les comportements de paiement de
dividendes aux actionnaires, les comportements et la performance passée
de réinvestissement dans l'entreprise. Il m'est apparu, à la
simple lecture extrêmement rapide des états financiers qui
accompagnaient les demandes d'aide qui passaient sur mon bureau, qu'on pouvait
sans crainte émettre en grand nombre, M. le député, des
refus d'aide financière en ayant la certitude que, compte tenu de la
qualité du projet et de la capacité financière de
l'entreprise, le projet se réaliserait. C'est précisément
ce que nous avons découvert par un échantillonnage d'ailleurs des
refus d'approbation. De mémoire, c'était, je croîs, au mois
d'août 1986. Sur une soixantaine de projets, 61 plus exactement, nous
avons découvert, trois mois plus tard, que 57 pour lesquels nous avions
refusé de l'aide financière étaient en marche,
étaient en bonne voie de réalisation et donc, à leur face
même, n'avaient jamais eu besoin du soutien financier du gouvernement du
Québec. Je suis extrêmement heureux de voir cela. Et cela me
permet de dégager dans l'administration de nos programmes des sommes
considérables plus importantes dès le départ, dès
la phase de démarrage de l'expansion d'une entreprise pouvant aller
à 30 %, 35 % du montant de l'investissement déboursé au
fur et à mesure des travaux effectués par l'entreprise -disons
qu'il s'agit d'une installation - plutôt que d'approuver à la
chaîne et en série des subventions de l'ordre de 10 % payables sur
quatre ans pour un projet de quelque ampleur que ce soit. Il s'agissait
d'intervenir pour qu'on fasse la différence. Il s'agissait d'intervenir,
compte tenu de la nature du projet et des ressources financières de
l'entreprise. Notre présence substantielle faisait en sorte que le
projet était déclenché.
Évidemment, lorsqu'on donne ce régime à des
entreprises, elles ne se qualifient plus toutes de la même façon,
car on regarde leur capacité financière, cette fois. De la
même façon, on se trouve à mettre sur leur dos - entre
guillemets - une charge relativement importante de dettes, parce qu'il s'agit
d'un régime de prêts et non de subventions.
Mais nous sommes disposés - et c'est la nature même des
changements que nous avons faits - à attendre, pour être
remboursés, que le projet soit en marche, qu'il soit rentable et qu'on
ait pu en mesurer l'amélioration dans le fonds de roulement ou dans les
mouvements de trésorerie qui permettent à l'entreprise de nous
rembourser. Compte tenu de la réception qu'a connue cette attitude de la
SDI à ma demande, cela m'apparaît très encourageant parce
que j'ai vu l'enthousiasme de l'entreprise, l'enthousiasme du Groupement
québécois de l'entreprise, celui de la Chambre de commerce et
celui de tous les représentants du monde de l'entreprise qui ont
été des parties prenantes, je dirais, des participants, des
partenaires de la définition de ces nouveaux programmes.
Finalement, qu'est-ce qu'on a fait? On a rencontré les
entreprises, on leur a demandé ce qu'elles voulaient. Elles nous l'ont
dit et nous l'avons fait. Je ne suis pas tellement étonné que les
entreprises soient satisfaites.
M. Parent (Bertrand): On aura la chance, ce soir, de revenir plus
à fond sur la SDI et son orientation. Je l'ai mentionné, je suis
préoccupé. Si, dans un an, on en arrive à la conclusion
que c'est la bonne orientation, je dirai: Chapeaul Mais, à ce stade-ci,
je dis immédiatement au ministre que j'ai tout lieu d'être inquiet
face à cette approche, même si elle fait partie de certaines
recommandations. Je ne dis pas pour autant qu'il n'y avait pas lieu de faire un
certain réaménagement, sauf que j'ai l'impression qu'on a
entrepris le virage à 90 degrés. Quand on passe d'une quinzaine
de programmes à quatre programmes... Je vous dis que, d'ici un an, on
devra réviser cela pour l'élargir quelque peu, parce qu'on va
s'apercevoir qu'il y a des secteurs et des types d'entreprises qui ne sont pas
touchés.
Je terminerai sur ce volet, en disant au ministre - il le sait
très bien - qu'il ne peut pas véhiculer le fait que toutes les
entreprises avaient droit à 10 % de subvention. On tente
d'accréditer cette thèse très souvent lorsqu'on parle de
l'ancienne formule de la SDI; ce n'était pas vrai. Il y avait des
analystes - qui sont d'ailleurs encore là - qui passaient au peigne fin
toutes les demandes et qui, je dois le dire, dans beaucoup de cas, les
refusaient carrément, même avant qu'on amorce le projet. Dans
d'autres cas, il y avait de l'automatisme, mais je pense que la plupart des
entreprises qui sont allées à la SDI étaient des
entreprises qui en avaient besoin. Même si le bilan montre des
résultats satisfaisants, il ne faut pas oublier qu'une aide ou un
soutien gouvernemental vient encourager et stimuler et que cela a des impacts
qu'on ne peut pas mesurer. On a
peut-être une approche différente là-dessus. On aura
la chance d'aller un peu plus loin ce soir, mais il faut être conscient
qu'entre les 1200, 1300 aides à des entreprises faites au cours des
douze derniers mois, on envisage d'aider 361 entreprises dans la prochaine
année, et je vous dis que l'entonnoir sera passablement étroit et
que vous aurez toutes sortes de demandes par lesquelles vous allez devoir
réviser...
C'est pour cela qu'hier j'ai insisté énormément,
d'une part, sur le plan de la stratégie de développpement
économique qui est axé sur six secteurs, mais, d'autre part, dans
le cadre du libre-échange, où on devra certainement avoir des
programmes pour être capables de soutenir certains secteurs, pour
être capables de faire face à cette espèce de virage de la
libéralisation des échanges. Je pense que l'organisme tout
attitré pour faire cela sera sûrement la SD1. Ce sont là
mes préoccupations, M. le Président. (18 heures)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ajouterais peut-être
à l'intention du député que, de fait, il y avait un taux
de refus quant aux analystes, c'est entendu. On m'indique qu'il pouvait
être de l'ordre de 15 %. Ce sont donc des dossiers qui ne cheminaient
même pas. 15 % des demandes étaient jugées non recevables,
inadmissibles ou, enfin, indignes d'aide financière; le reste, 85 % des
demandes, montait vers le haut. La différence, quant à moi, que
j'ai insérée dans le système lorsque nous sommes
arrivés, c'est que ces 85 % qui bénéficiaient
essentiellement de l'accord continu de tous les niveaux de la SDI et du
ministre ont connu un changement considérable. J'ai commencé,
moi, à ne pas signer des approbations qui, dans le système qui
existait, pouvaient transiter par le bureau du ministre. C'est ainsi que j'ai
donné les premiers signaux. J'ai ensuite introduit des critères
de retombées économiques significatives qui devaient être
considérés par les analystes, ce qui a augmenté le taux de
refus, il n'y a aucun doute. Mais je pense que c'est dans
l'intérêt de l'administration des fonds publics qu'un projet de
demande d'aide financière fasse au moins la démonstration
préliminaire qu'il y aurait des retombées économiques
significatives pour le Québec si on y contribue. Cela a
déjà mis un peu la hache dans le système.
Après cela, nous avons regardé la foi des états
financiers que j'avais l'occasion de parcourir, des douzaines et des douzaines
par semaine. J'ai constaté que nous pouvions introduire un test de
capacité financière des entreprises à financer
elles-mêmes les projets pour lesquels elles demandaient de l'aide. Cela
aussi en a éliminé considérablement, il n'y a aucun doute.
Mais, quand on dit que 57 projets sur 61, dans un mois pris au hasard, se sont
réalisés, même sans nous, sans notre aide, je ne pense pas
avoir fait fausse route. Il faudrait voir quels sont les quatre projets. J'ai
demandé quels étaient les quatre projets. Aux dernières
nouvelles, il y en a trois qui ne se faisaient pas pour des raisons qui
n'avaient absolument rien à voir avec l'aide financière.
Peut-être 1 sur 61, je m'en accuse publiquement, n'a pas connu de
réalisation, mais c'est un bien petit prix à payer pour s'assurer
que les fonds publics sont utilisés là où ils sont le plus
efficaces, dans 361 projets, par exemple, qui seront réalisés
parce que nous contribuerons et non pas à l'égard de 1302 projets
dont les trois quarts se seraient réalisés de toute
façon.
M. Parent (Bertrand): J'aurais un dernier commentaire sur ce
point-là car je voudrais terminer le cahier avant 18 h 15. Le
ministère de l'Expansion industrielle régionale, le MEIR
fédéral, a commencé ce jeu en 1981-1982, soit de laisser
tomber plusieurs secteurs d'activité et de ne plus aider les entreprises
sous prétexte que, de toute façon... D'abord, il a mis la
même clause que vous avez mise, c'est-à-dire qu'on ne peut
entreprendre un projet sans avoir les autorisations officielles, ce qui
était une lettre d'intention, avant, qui donnait la permission. Ensuite,
on sait qu'au MEIR, depuis quelques années, les petites et moyennes
entreprises et la plupart des projets, à part les grands projets, n'ont
pas d'aide à ce niveau. Ce qui s'est accrédité, vous
vérifierez dans le milieu des affaires et avec le groupement
québécois, c'est que le ministère de l'Expansion
industrielle régionale, les gens l'ont complètement
délaissé, l'ont oublié et lui ont dit bonjour.
Ma préoccupation est que, effectivement, oui, il y aura des
projets qui se feront, mais le jour où les entreprises
québécoises, les gens d'affaires et les promoteurs diront bonjour
à la SDI, peut-être me direz-vous: Maintenant, ils sont assez
matures pour se débrouiller tout seuls. Mais je pense que cela pourrait
aussi être inquiétant de dire que, de toute façon, on ne
peut pas compter sur le gouvernement. Je vous dis que l'exemple vécu au
fédéral au cours des quatre, cinq ou six dernières
années a été assez marquant en ce sens-là, et ma
préoccupation, je vous le dis très honnêtement et
très sincèrement, c'est que je ne voudrais pas voir la SDI
prendre cette même route que le gouvernement fédéral a
prise avec le ministère de l'Expansion industrielle
régionale.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne suis pas inquiet du tout,
M. le député. Vous alléguez, dans le fond, que les
entreprises québécoises se sont un peu détournées
du MEIR. C'est fort possible à cause, notamment, des délais de
traitement des dossiers du côté fédéral. Nous
n'avons pas
encore péché de cette façon. Au contraire, je
dirais que la SDI, dans sa nouvelle programmation, à une nouvelle
attitude à l'endroit de sa clientèle. D'abord, en traitant de
moins nombreux dossiers, elle peut lui accorder une attention toute
particulière.
Deuxièmement, la SDI est extrêmement soucieuse de se
rapprocher de la clientèle, de transiger avec elle sur une base
d'affaire, d'établir des relations extrêmement étroites
aussi avec les directions régionales qui connaissent, comme vous l'avez
souligné tout à l'heure à l'intérieur d'un autre
programme, la clientèle locale, des relations extrêmement
étroites avec le Centre de recherche industrielle du Québec qui
relève également du ministère de l'Industrie et du
Commerce, afin de bien couvrir tous les buts, si l'on veut, et de rendre les
services les plus complets à l'entreprise québécoise qui
transige avec elle. Je ne suis, contrairement à vous, absolument pas
inquiet de la perception que les entreprises ont des services que la SDI peut
leur rendre. Deuxièmement, je ne suis pas inquiet non plus de la
réalité qui est véhiculée et vécue par la
SDI avec sa clientèle. Nous avons mis sur pied, non seulement un service
d'accueil et de traitement des dossiers, mais également de suivi des
dossiers. Ceci fait en sorte que, dans les moments les plus difficiles qu'une
entreprise peut traverser, elle peut compter, grâce au suivi des
dossiers, sur l'aide et le support techniques de la SDI, des directions
régionales, de nos groupes spécialisés au ministère
de l'Industrie et du Commerce. C'est de cette façon que nous nous
rapprochons de l'entreprise. Cela m'apparaît, au contraire, créer
de la demande. Si nous satisfaisons aussi bien les demandes des clients
existants, on risque d'être inondé par des clients
éventuels.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): À la section 22, il s'agit de
différents crédits et de différentes dépenses de
voyage. Je comprends mal le dernier, soit M. Louis Lavigne pour un voyage
à Trinidad et Tobago, mais surtout le but du voyage, soit 2165 $ pour la
négociation de la rénovation de l'aéroport de Trinidad.
J'essaie de situer cela dans le contexte. Pourquoi a-t-on aidé M.
Lavigne dans la négociation pour la rénovation de
l'aéroport de Trinidad?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On parle d'un coût de
voyage. Je ne pense pas qu'on parle de 2000 $ pour rénover
l'aéroport de Trinidad.
M. Parent (Bertrand): Non, non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On parle de 2000 $, du
coût d'un voyage pour un membre du personnel de la SDI qui est
allé négocier quelque chose là-bas. Mais, par entente, M.
le Président, je croyais que c'était à partir de 20 heures
qu'on pourrait avoir à notre portée les gens qui étaient
au courant de ces questions.
M. Parent (Bertrand): D'accord. On y reviendra.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela pourrait être la
première question à 20 h 1. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Théorêt): Ce ne sont pas les
fonctionnaires de Marcel Léger.
M. Parent (Bertrand): Je réserve ces questions sur la SDI
pour tantôt dans ce cas. Dans le cas de...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas parce que le
député veut aller à Trinidad qu'il demande cela. Cela n'a
aucun rapport?
M. Parent (Bertrand): Non, aucun rapport. À la section 25,
page 2, on a les budgets de fonctionnement des bureaux régionaux. Je
veux juste m'assurer que les chiffres qui sont là sont corrects.
D'abord, Québec, 215 000 $, le bureau régional de
Montréal, 182 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. M. Parent (Bertrand):
Est-ce exact?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est exact. C'est à la
cenne.
M. Parent (Bertrand): À la cenne.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour la Société
de développement des coopératives.
M. Parent (Bertrand): D'accord. J'avais dans la tête SDI.
C'est pour cela que je trouvais cela drôle. C'est à la suite du
programme de restrictions budgétaires. Est-ce cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est 1986-1987. C'est
l'an dernier.
M. Parent (Bertrand): Cette année, il y en a 8. On en
avait parlé hier soir.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne parle pas des COR. On
parle des bureaux régionaux de la Société de
développement des coopératives....
M. Parent (Bertrand): SDC.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...dont le siège social
est à Québec. Ce ne sont pas les CDR, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Je m'excuse. Je suis dans l'erreur, cela
va.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je vous en prie. C'est
correct.
M. Parent (Bertrand): Alors, pour les autres questions,
concernant ce volet, on pourrait commencer, M. le député,
dès 20 heures avec les gens de la SDI. Merci.
Le Président (M. Théorêt):
Merci, je
suspends les travaux de la commission de l'économie et du travail
jusqu'è 20 heures, ce soir.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je m'excuse, le
député a oublié qu'il nous avait demandé une
question hier et j'avais oublié que je devais lui fournir la
réponse. Rénovation des zones industrielles
désuètes dans la région de Montréal: l'enveloppe de
10 000 000 $ qui était sur trois ans est maintenant sur
l'éternité. Montant total versé, en date du 31 mars 1987:
1 226 446 $. Disponible sur demande. Je parle de l'information.
Le Président (M. Théorêt): Je vais suspendre
les travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux afin de poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Industrie et du Commerce pour l'année financière 1987-1988, et
tel qu'entendu, ce soir, de 20 heures à 22 heures, cela serait sur le
secteur de la SDI. Je cède la parole au député de
Bertrand, critique officiel du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
Nouvelle orientation de la SDI
M. Parent (Bertrand): Oui, merci, M. le Président. Cela me
fait plaisir de saluer les gens de la SDI qui se sont joints à nous
à ma demande. Je me sens un peu coupable, mais le ministre a bien voulu
me le proposer, et je pense que cela peut être intéressant. On va
essayer de consacrer les prochaines minutes, voire peut-être la prochaine
heure, aux questions sur la SDI. Pour essayer de comprendre un peu mieux la
nouvelle orientation qui a été apportée au cours des
derniers mois à la SDI, j'avais plusieurs questions. Comme toile de
fond, j'aimerais situer un petit peu la problématique avec laquelle j'ai
terminé la discussion avec le ministre vers 18 h 15 ce soir. Il y avait
une quinzaine de programmes à la SDI que j'ai eu la chance de
connaître passablement pour y avoir siégé et l'avoir vu
évoluer. D'une part, je reconnais qu'il y a une évolution dans le
marché, il y a une évolution des entreprises du Québec. De
là à prendre le virage comme on l'a pris, à savoir qu'on a
réduit à quatre volets les programmes d'aide de la SDI, cela me
préoccupe au plus haut point. Cela me préoccupe parce que j'ai
l'impression qu'on resserre l'étau, qu'on fait en sorte que n'aura plus
accès qui veut à la SDI et que les entreprises que l'on vise sont
essentiellement des entreprises dites dynamiques, mais qui sont aussi en
croissance. Les préoccupations que j'ai... Quand je regardais, à
l'annexe 20 que nous avions, les différents secteurs d'activité
où les 1302 aides ont été accordées par la SDI au
cours des douze derniers mois, on convenait que, que ce soit dans le secteur du
matériel des transports, dans le secteur des produits
métalliques, des matières plastiques ou autre, on se ramasse avec
des aides qui touchent à peu près tous les secteurs. La nouvelle
programmation se veut plus restrictive, mais en même temps une approche
qui va donner supposément des résultats plus incitatifs. Avant de
rentrer dans les chiffres et les explications, j'aimerais avoir de la part de
la SDI... M. le ministre, le "feeling" que j'ai, de l'extérieur, par
rapport aux gens de la SDI, pour avoir rencontré plusieurs dirigeants
d'entreprise et d'association, c'est qu'ils ont endossé cette politique,
mais qu'ils se rendent compte que c'est très restrictif. Ils commencent
à avoir des préoccupations, mais au-delà de cela, la
Société de développement industriel qui est une
société, à mon avis, qui était très
performance - je dis: "qui était", mais elle l'est encore sûrement
- et qui était très motivée de par tous les analystes et
le capital humain qu'il y avait à l'intérieur...
Ma préoccupation c'est, d'une part... Je pense qu'il y a eu
beaucoup de réaménagement de la part des analystes, beaucoup de
réaménagement quant aux fonctions et c'est bien sûr que je
ne demanderai pas, que ce soit au vice-président ou à
différents électeurs, de me commenter cet aspect, mais mes
commentaires s'adressent aussi au ministre et on pourra compléter cette
question. Effectivement, il y a des préoccupations de voir que tout ce
réaménagement-là à l'intérieur de la
boîte de la SDI a fait perdre, à mon avis, aux
personnes de la SDI beaucoup d'éléments de motivation.
Vous me direz; II faut s'ajuster, mais je vous dirai que la vie continue
et les entreprises vont continuer de faire des demandes. Le fonctionnement est
tellement différent qu'avec le même personnel, si j'ai bien
compris, au cours de la prochaine année, on autorisera quelque 350 ou
360 aides, c'est-à-dire quatre fois moins: 1000 entreprises de moins
qu'au cours de la dernière année. Et, si je prends le
problème à l'inverse, si je pose la question au ministre: Est-ce
que, sur les 1300 entreprises qui ont été aidées
l'année passée, il y en avait vraiment 1000 qui ont
été aidées et qui n'auraient pas dû l'être? Je
pense qu'il faut être très honnête et penser
qu'effectivement la plupart des entreprises qui ont été
aidées avaient été scrutées, balisées,
analysées, quand on sait la qualité des interventions qui se
faisaient de la part des analystes.
Alors, c'est une question de fond avant d'aborder les détails,
mais sur toute cette nouvelle orientation peu d'explications ont
été données, sauf une conférence de presse par le
ministre, en tout début. Cependant, en tant que critique en ces
matières - parce que je ne veux pas non plus être celui qui va
jeter de l'ombre sur la SDI, j'ai trop de respect pour les personnes qui la
dirigent et pour celles qui y travaillent - je me dis: l'explication, je ne
l'ai pas eue à ce jour et je pense que l'ensemble du milieu des affaires
ne l'a pas eue vraiment. Pourquoi cette nouvelle orientation et ce virage que
j'ai qualifié à plus de 90 degrés, un virage carré
allant à l'autre extrême, toujours dans la perspective de dire
qu'on s'en va vers une entente de libre-échange? Cela veut dire qu'on
devra absolument privilégier, aider les secteurs d'entreprises qui vont
être aux prises avec de sérieux problèmes par rapport
à l'entente sur le libre-échange qui devrait se signer ou qui est
en voie d'être signée quelque part cet automne.
Or, dans cet esprit-là la SDI devient l'organisme par excellence
pour pouvoir aider les entreprises et si on n'a pas les programmes d'aide qui
vont faire en sorte que, si on décide d'aider qu'une catégorie
d'entreprise parce qu'on en cible, finalement, de par les programmes 350 ou
360... J'ai beaucoup de préoccupations quant à l'ensemble et la
moyenne de ces dernières années, même si j'exclus les
années de la crise. Mais je pense que, l'an passé, on
n'était pas en période de crise. Je me demande comment le
ministre responsable et les dirigeants de la SDI vont être capables de
répondre à toutes ces aides-là. Aussi j'ajoute à
cela la préoccupation dont j'ai parlé cet après-midi selon
laquelle je ne voudrais pas qu'on se retrouve dans une situation telle que
celle où s'est retrouvé le gouvernement fédéral
avec son MEIR où, finalement, les entreprises ont carrément
décidé d'ignorer les demandes du gouvernement
fédéral. Pour des questions de délai, oui, je l'avoue
principalement, mais aussi pour des questions dont on connaissait
déjà la réponse, c'est-à-dire que ces
dernières années tu n'allais plus au MEIR quand tu étais
un dirigeant d'entreprise, tu ne perdais pas ton temps parce que, de toute
façon, au bout de quatre ou cinq mois tu te faisais dire non et il n'y
avait plus vraiment d'intérêt.
Alors, cela me préoccupe, quand on pense à tous les
efforts qui ont été faits au cours des dernières
années pour que la SDI soit une société de
développement industriel, partenaire de l'entreprise et très
proche des dirigeants d'entreprise. (20 h 15)
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
auparavant, est-ce que vous voulez nous présenter les membres de la SDI
qui vous accompagnent?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est exactement ce que
j'allais faire.
Le Président (M. Théorêt): C'est
évident, j'aurais dû y penser.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
d'abord, je dois excuser le président-directeur général de
la SDI, M. Gérald Tremblay, qui, de longue date, je dois le dire, avait
prévu s'absenter cette semaine. Nous n'avons pas cru bon
réaménager l'horaire des travaux de l'Assemblée nationale
et des commissions pour l'accommoder. Par ailleurs, je lui ai évidemment
permis, dans les circonstances, après une courte conversation, de
pouvoir s'absenter, sachant, comme vous le verrez d'ailleurs, que les gens de
la Société de développement industriel qui sont ici avec
moi s'efforceront de répondre de façon complète à
toutes les questions auxquelles moi-même je n'aurais pas de
réponse.
Il s'agit donc, à ma gauche, de M. Yvon Marcil, qui est
vice-président exécutif; à sa gauche, de M. Gaston
Carrière, directeur des finances de la SDI, et, à ma droite, de
M. Jean-Claude Lafleur, qui est vice-président aux finances et à
l'administration de la Société de développement
industriel.
En réponse aux commentaires du député de Bertrand,
d'abord, je pourrais, de façon un peu courte, le référer
à tout ce que nous avons dit de part et d'autre à
l'Assemblée nationale ou pendant l'étude de la Loi modifiant la
Loi sur la Société de développement industriel du
Québec l'hiver dernier. Mais je pense qu'il y a peut-être des
faits nouveaux qui auraient intérêt à être
portés à l'attention du député, d'abord, quant
aux
chiffres dont il fait grand état sur l'implication, en nombre, de
la SDI auprès des entreprises du Québec.
Le député se plaît à dire et à
répéter que, l'an dernier, nous sommes intervenus auprès
de 1302 entreprises, premier chiffre intéressant. Il y a beaucoup
d'entreprises qui accumulent certaines aides à la SDI. Il s'agit
d'environ 900 entreprises, finalement, qui ont été aidées
financièrement par la Société de développement
industriel.
A partir de ce chiffre, lorsqu'on voit la ventilation de nos aides
financières par programme, on doit constater que, pour l'an prochain, le
programme d'aide à la capitalisation, le CAPI, n'a pas été
renouvelé et, donc, les interventions en ce qui concerne le CAPI qui se
chiffraient à 361, évidemment, ne se retrouveront pas en
1987-1988. On vient d'expliquer un gros morceau du 1302.
Le programme de financement des entreprises, le PFE, est, lui aussi, un
programme essentiellement conjoncturel introduit alors que les entreprises
connaissaient des difficultés à leurs mouvements de
trésorerie, leur "cash flow". Ce programme a donc été mis
sur pied pour répondre à des besoins particuliers. Il s'agissait
de 118 interventions. On commence à s'éloigner à
très haute vitesse du 1302.
Il y a évidemment le programme d'accès à la Bourse
qui a connu une vogue considérable. Nous pouvons, à ce titre,
établir à 29 ou 30 le nombre d'interventions de la SDI dans ces
dossiers.
Finalement, le programme de protection contre la hausse des taux
d'intérêt expliquait 71 interventions de la SDI auprès des
entreprises, pour un grand total d'interventions dont tes programmes n'existent
même plus parce qu'il n'y a pas de raison qu'ils soient maintenus, compte
tenu de la conjoncture... Il y a quand même 579 des 1302 interventions
qui n'ont plus leur raison d'être.
La conjoncture a changé et les taux d'intérêt ne
sont plus de 25 % ou de 22 %. Il y a la capacité des entreprises
québécoises de se capitaliser autrement que par le prêt de
capitalisation, notamment par un plus haut degré de sophistication
d'accès à des capitaux de risque. Le programme des SPEQ,
d'ailleurs, a connu une certaine ampleur pour une première année.
On parle de 80 interventions l'an dernier. Il n'y a pas de raison de croire que
cela pourrait diminuer dans la mesure où nous avons, dans le nouveau
mandat de la SDI, celui d'être conseiller en montage financier,
très précisément pour faciliter aux entreprises
l'accès au programme des SPEQ qui ne coûte rien à !a SDI,
sinon du temps et, évidemment, l'imagination de nos analystes et de nos
gens, mais qui, quant au gouvernement du Québec, coûte quelque
chose par voie de crédits d'impôt. À ce titre, il resterait
environ 700 interventions en redressant le tableau de 1986-1987. Nous
envisageons donc, selon les budgets prévus et mentionnés à
l'annexe 21, 361 interventions de natures différentes. Comme je l'ai
déjà expliqué, nous sommes susceptibles d'aller
jusqu'à 35 % en aide financière, par le biais du prêt
participatif, au démarrage d'un projet afin que celui-ci
déclenche véritablement. À notre sens, cette nouvelle
approche permet véritablement de dire que notre aide est incitative et
que les projets qui ne se réaliseraient pas autrement se
réaliseront grâce à cette intervention et qu'un grand
nombre de projets, compte tenu de la capacité financière de
l'entreprise que nous regardons maintenant, plutôt que l'ignorer, se
réaliseront sans l'aide de la Société de
développement industriel.
Autre commentaire sur la fréquence de nos interventions
auprès des entreprises en 1987-1988. Il est évident qu'il s'agit
là de la période de rodage du nouveau système de
prêts participatifs que je viens de décrire. Nous parlons d'une
nouvelle formule. Nous parlons évidemment d'une intervention
financière qui s'apparente à du capital de risque dans une phase
de démarrage et de rodage. Là aussi, je pense qu'on ne peut pas
s'attendre à des centaines et des centaines d'interventions par mois. Il
s'agit d'en faire peut-être moins et de mieux les faire afin de bien
commencer, de bien nous lancer sur cette nouvelle voie que nous avons
choisie.
Le troisième élément que le député
soulevait après avoir évoqué les chiffres de nos
interventions qui connaissent, selon lui, une baisse dramatique, je pense que
je l'ai expliqué. C'était son commentaire quant au niveau d'aide
que nous offrons. Sur son troisième commentaire sur la
responsabilité de la Société de développement
industriel et donc du ministre de l'Industrie et du Commerce dans un contexte
de libéralisation des échanges qui risquerait, selon lui, de
mettre en péril certains emplois dans certains secteurs industriels, et
donc, qui appellerait peut-être une intervention de la
Société de développement industriel
particulièrement ciblée auprès des entreprises qui
risquent d'être désavantagées, si on veut, par un contexte
de libre-échange, j'aurai quelques réflexions.
D'abord, je dirai qu'à l'égard des critiques qu'on peut
faire valoir dans un régime de libre-échange quant au fait que
des entreprises soient subventionnées, donc, le soient de façon
injuste pour leurs concurrents, la formule que nous avons retenue, soit celle
d'un prêt participatif, s'apparente beaucoup plus à de
l'équité de l'avoir propre des actionnaires et offre moins le
flanc à une attaque de nos concurrents, notamment des Américains
qui ne pourront que très difficilement invoquer que nos
systèmes d'aide financière à l'entreprise sont des
subventions. Lorsqu'on parle de prêts, lorsqu'on parle
d'équité, donc, de remboursement éventuel, je pense qu'on
peut difficilement attaquer la Société de développement
industriel et les entreprises qui bénéficient de son aide, au
titre qu'elles seraient injustement avantagées par un régime
quelconque de subventions. Nous nous éloignons - le député
l'a dénoncé quant à lui et je m'en félicite dans un
contexte de libre-échange - du régime des subventions. Imaginez
s'il fallait suivre les conseils du député de Bertrand et
maintenir à sa demande les programmes de subventions pures et simples
aux entreprises, là, véritablement, je pense que nous pourrions
être inquiets des accusations de favoritisme et de concurrence
déloyale que pourraient nous faire porter les entreprises
américaines! Quant aux secteurs que nous devrions aider, nous avons fait
le choix d'aider les entreprises au titre de l'investissement, d'aider les
exportations sans nécessairement isoler des secteurs d'activité
quelconques, de l'aide à la recherche et à l'innovation et,
évidemment, le quatrième volet, au financement de dernier
recours. Dire que nous passons à quatre seuls programmes plutôt
qu'à quinze, que nous semblons négliger avec quatre proqrammes la
longue liste des secteurs industriels qui font l'objet d'un inventaire dans le
cahier explicatif que nous avons remis, c'est non seulement - pour reprendre
l'image du député - dévier à 90 degrés, mais
c'est couper les coins un peu ronds, dans la mesure où ne fait pas
partie des critères de ces programmes quelque exigence quant au secteur
précis qu'occuperait l'entreprise qui loge une demande d'aide
auprès de la SDI. Une aide à l'investissement est une aide
à l'investissement. Regardons les projets. Est-ce du matériel de
transport? Est-ce dans l'agro-ahmentaire? Est-ce dans la transformation de
certaines richesses naturelles, comme le bois? Cela n'a, finalement, pas
beaucoup d'importance. Ce que nous retenons, c'est le dynamisme du
marché dans lequel se trouve cette entreprise, la qualité de sa
gestion, ses chances de pénétrer ce marché, sa
capacité démontrée ou son désir de pouvoir se
livrer à des activités de recherche et d'innovation, son
expansion afin d'atteindre une meilleure rentabilité,
productivité et économie d'échelle. Ce sont toutes ces
dimensions que nous retenons et non pas, bêtement, la liste des secteurs
d'activité qui pourraient être aidés. Nous avons choisi
consciemment, nous le faisons délibérément, d'aider les
entreprises qui, plus que d'autres, peuvent apporter des retombées
significatives au Québec, les entreprises qui ont démontré
leur capacité de performer, des entreprises, donc, qui sont susceptibles
d'apporter quelque chose en termes d'emploi, de progrès de notre
pénétration des marchés, de progrès en
matière de recherche et d'innovation, de découvertes et
d'application de nouvelles technologies. Cela m'apparaît un choix qui, en
soi, est tout à l'avantage de l'ensemble de l'économie du
Québec.
Par ailleurs, le député nous dit: Dans un contexte de
libre-change, des entreprises pourraient être plus vulnérables. Je
suis entièrement d'accord avec lui, mais la question va se poser: Est-ce
qu'on doit faire de la Société de développement industriel
une société qui devra nécessairement - et je dirais
même exclusivement, dans le contexte extrêmement dramatique qu'a
décrit le député - assurer, par ses activités
d'aide financière, les régimes de transition que le gouvernement
du Québec a toujours exigés et sur lesquels nous avons toujours
insisté, dans ce passage des échanges commerciaux que nous
connaissons vers une économie pleinement ouverte, dans tous les
secteurs, en Amérique du Nord? II est entendu qu'il y aura des
réaménagements, des perturbations, certaines sont
prévisibles, mais un régime de transition pour moderniser des
industries, former la main-d'oeuvre, acquérir des technologies, est-ce
que c'est là, quant au député, le rôle de la
Société de développement industriel ou n'est-ce pas
là un mandat que le gouvernement pourra, de façon additionnelle
et complémentaire, probablement, confier à la
Société de développement industriel, dans son partenariat
avec l'entreprise en matière d'aide financière? Je pense qu'il
serait imprudent, aujourd'hui, d'indiquer que la SOI, dans un contexte de
libre-échange, doit être l'organisme qui subventionnera la
modernisation, la formation de la main-d'oeuvre, l'acquisition de technologies,
qui subventionnera, enfin, toutes les améliorations dont les entreprises
devraient se doter, dans un contexte où elles devraient acquérir
une meilleure force concurrentielle. En présumant que certaines d'entre
elles, dans un contexte de libéralisation des échanqes, seraient
vulnérables, carrément désavantagées, je ne pense
pas que l'on puisse, aujourd'hui, indiquer tout de suite que ce sera la SDI qui
s'occupera de l'administration d'un régime de transition, qui
administrera les sommes que, de mémoire, le gouvernement
fédéral a prétendu qu'il mettrait à la disposition
des provinces, afin que celles-ci aident et soutiennent la modernisation de
certains de leurs secteurs, le recyclage de la main-d'oeuvre ou l'adaptation de
certaines entreprises du secteur industriel au nouveau contexte de
libéralisation des échanges. C'est, à tout le moins,
prématuré. Je préfère, pour 1987-1988 et enfin,
pour l'avenir prévisible, m'en tenir au maintien de ce rôle que la
SDI joue auprès des entreprises performantes, auprès des
entreprises qui ont démontré, je le répète,
une capacité d'envahir des marchés et de le faire à
l'aide d'une meilleure technologie, en se fiant à la gestion de la
qualité de leurs produits. (20 h 30)
Essentiellement, M. le Président, il m'apparaît que la
direction que j'ai tracée depuis un an a pris une forme concrète
dans les nouveaux programmes, à la suite des consultations que nous
avons eues avec les entreprises québécoises qui savent
pertinemment que le libre-échange s'en vient, que nous avons choisi une
forme d'aide efficace pour l'entreprise, acceptable quant aux règles
d'échanges commerciaux libéralisés entre le Canada et les
États-Unis et qu'en définitive nous avons fait un excellent
choix.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Deux brefs commentaires, et j'aurai aussi
quelques questions à poser aux gens de la SDI. L'explication que me
donne le ministre ne me satisfait pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Sotilanges):
Pourquoi?
M. Parent (Bertrand): On verra, dans un an d'ici les
résultats nets, M. le ministre.
Il faut être conscients qu'en 1985-1986 1449 entreprises ont
été aidées pour un montant de 626 000 000 $. En 1986-1987,
on est passé à 1300 entreprises, pour 456 000 000 $. Cette
année, toujours sur une base comparative, du moins selon les chiffres
que j'ai ici, on parle de 361 entreprises pour un montant de 120 000 000 $.
Le ministre nous dit - c'est le discours qu'il tient - que la SDI
dorénavant n'accordera plus de subvention parce que cela va nous placer
entre autres - je dis bien entre autres - dans une position de ne pas
être réprimandés par les Américains. Si un
gouvernement, au cours des derniers mois et de la dernière année,
a accordé des subventions à l'entreprise, il faudrait
peut-être se rafraîchir la mémoire. Vous avez consenti un
prêt sans intérêt à General Motors, M. le ministre,
et, quand on paie un prêt sans intérêt, on a vu dans les
budgets hier ce que cet argent coûte aux contribuables
québécois. Un prêt sans intérêt à GM ou
un prêt sans intérêt à n'importe quelle entreprise,
les prêts sans intérêt se traduisent par une subvention. Je
pense qu'il faut arrêter de véhiculer le fait qu'on n'aide pas
l'entreprise sous forme de subventions. De fait, on aide l'entreprise sous
forme de subventions. Et qu'on me l'explique si je ne comprends pas, mais qu'on
ne tienne pas deux langages. Quand on aide General Motors... Là, je n'en
suis pas sur le fond, j'en suis sur le fait que, selon le discours tenu par le
ministre, on ne subventionnera plus les entreprises, mais on va les aider
autrement. Je veux bien, mais qu'on le fasse sur toute la ligne. Pour autant
que je sois concerné, cet excellent exemple d'un prêt sans
intérêt à General Motors coûte de l'argent; c'est une
subvention, qu'elle soit déguisée, car on n'a pas dit qu'on avait
donné un chèque à General Motors, mais, chaque
année, avec le prêt sans intérêt, quelqu'un paie les
intérêts pour cet argent.
Cela me préoccupe de voir, au cours de cette étude des
crédits, les quatre volets qui font partie de l'orientation de la SDI.
D'abord, l'aide à l'investissement. Que les dirigeants de la SDI
puissent nous dire en quoi consisteront les programmes d'aide à
l'Investissement, si ce sont les programmes d'aide qui étaient en
vigueur, grosso modo, sans entrer dans tous les détails, et à qui
ils vont bénéficier, donc, un peu les critères
d'acceptation. Aide à l'investissement, aide à l'exportation.
Comment concerte-t-on cette année les programmes d'exportation de la SDI
en collaboration avec le ministère du Commerce extérieur? Dans
certains cas, il y avait certains doubles emplois. D'ailleurs, quand on a
interrogé hier le ministre du Commerce extérieur, lors des
crédits, il a dît qu'il voulait s'ajuster à la SDI au cours
de la prochaine année. Quelle sera exactement l'aide à
l'exportation? Les entreprises iront-elles au Commerce extérieur,
à la SDI, SDI-exportations? Je pense qu'il faut que cela soit clair.
L'aide à la recherche et à l'innovation. Bravo! Qui
touchera-t-elle et quel sera le cadre du programme? Le financement de dernier
recours, volet intéressant qui, jusqu'à tout récemment,
avait été abandonné tranquillement par la SDI qui ne
voulait pas être un organisme de dernier recours. Là, dans un des
quatre volets, de la façon que je l'interprète comme orientation,
le financement de dernier recours est un financement sûrement très
important, mais est-ce qu'il veut bien dire ce qu'il veut dire,
c'est-à-dire ce qu'on avait il y a quelques années, la Banque
fédérale de développement qui jouait un rôle de
dernier recours, ou si la SDI viendra jouer un rôle comme dans le plan
Biron 1, où on était un peu dans le dernier recours pour donner
le souffle à l'entreprise? Alors, que ce soit M. Marcil ou les autres
gens de la SDI, j'aimerais qu'ils puissent me donner l'essentiel de la
programmation sur ces quatre volets, qu'ils me disent qui elle va couvrir afin
que je puisse avoir plus d'éclairage sur le sujet.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président.
D'abord, je vais revenir sur
certains des...
M. Parent (Bertrand): Vous ne voulez pas les laisser parler?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, oui, je vais
répondre à ce que je suis en mesure de répondre. Quant au
reste, je vais passer le bâton aux gens qui, quotidiennement,
administrent ces programmes, parce que certaines de vos questions vont dans le
détail, dans le fond de l'arrimage de certains programmes au point de
vue pratique. Je dirais, pour reprendre certains commentaires du
député, qu'il ironise peut-être un peu sur le fait que,
dans certains cas, nous avons continué à exiger un régime
de subventions à l'entreprise alors qu'en gros, en général
et enfin comme objectif gouvernemental, j'ai plutôt décidé
de transformer les programmes de subventions en programmes de prêts
participatifs. Quant à savoir si d'une façon
générale, pour reprendre les objectifs, les gens sont satisfaits
ou pas, je référerais le député au journal Le
Devoir du mercredi 14 janvier - cela ne fait pas si longtemps - qui
titrait: Satisfaction des entreprises, sondage de la Fédération
canadienne des entreprises indépendantes, que connaît
évidemment le député, où la
fédération incitait, par suite des découvertes qu'elle
avait faites au cours du sondage, le ministre des Finances à
réduire les programmes d'aide financière aux entreprises, et pour
se justifier indiquait que, dans son sondage, 49 % des entreprises auraient
lancé leurs projets d'investissement d'expansion même sans
l'existence de programmes provinciaux d'aide à la PME.
Cela devient intéressant de voir que la moitié des projets
qui avaient été envisagés et réalisés par
les entreprises, l'aurait été sans une quelconque aide de
l'État. En conséquence, la fédération recommandait
une réévaluation des programmes d'aide du ministère de
l'Industrie et du Commerce. J'aurais comme seul commentaire que la
fédération ne semblait pas être au courant de la
réorganisation de nos programmes pour une bonne et simple raison: nous
n'avons pas cru que c'était une occasion de dépenser des
centaines de milliers de dollars en publicité pour créer de la
demande. Nous avons déjà passablement à faire pour traiter
des dossiers intéressants et performants sans lancer sur la place
publique l'adresse et le numéro de téléphone de M.
Tremblay, M. Marcil et leurs collaborateurs.
Il n'en reste pas moins que, dans certains cas, les exigences de la
concurrence internationale nous portent à subventionner les entreprises,
qu'elles soient petites, moyennes ou grandes; là n'est pas la question.
Le député a évoqué le cas de General Motors. Je lui
dirais que de source extrêmement bien informée, nous pouvions
savoir que les États américains, notamment le Michigan pour le
nommer, s'apprêtaient à offrir à General Motors
précisément des conditions de 200 000 000 $, 220 000 000 $, 225
000 000 $ de subventions pures et simples afin de maintenir l'ouverture de
l'usine GM dans cet État. Il y a, à cet égard, très
peu de contradictions. Il m'apparaît, M. le Président, lorsqu'on
regarde l'ampleur du facteur de prise en charge d'intérêts qui,
donc, est peut-être, oui, assimilable à une subvention... Cette
ampleur, compte tenu de l'ampleur du projet de l'usine de Boisbriand, si on
reporte sur une base par autos assemblées à Boisbriand le niveau
de subventions que nous avons accordées, c'est de l'ordre de 75 $ ou 80
$ pour des voitures qui se détaillent, au bas mot, à 12 000 $, 13
000 $ ou 15 000 $. Ce n'est pas relativement, c'est carrément
insignifiant. Cela a même permis - j'en suis profondément
convaincu - à General Motors de faire valoir auprès des groupes
de pression américains qui pouvaient espérer que nous ne
donnerions pas suite à la demande de GM, que ce niveau de subvention
était carrément insignifiant, qu'il n'affectait en rien la force
concurrentielle de l'entreprise quant à la vente de ses produits. Mais,
chose très certaine, la capacité financière de General
Motors, compte tenu du risque du marché qu'on connaîtra dans le
secteur de l'automobile en Amérique d'ici à quelques
années, d'assumer seule ce risque de transformer, moderniser et donc
assurer peut-être l'avenir de Boisbriand, ce risque était trop
gros pour que nous ne puissions décider de nous y associer. Quant
à savoir dans le détail comment différents programmes
d'aide à l'exportation, notamment, peuvent s'arrimer entre le
ministère du Commerce extérieur, la SDI ou certaines de ses
composantes, je demanderais peut-être à M. Marcil
d'éclairer nos lanternes.
Audition du vice-président
exécutif
M. Marcil (Yvon): Lorsqu'on compare les chiffres de l'aide
autorisée pour la dernière années par rapport à
l'aide autorisée pour l'année en cours, en 1987-1988, on se rend
compte qu'il y a une bonne diminution et que c'est surtout sous deux chapitres,
au chapitre de l'aide à l'investissement et au chapitre des programmes
de garantie de prêt comme le programme de financement des entreprises et
le programme CAPI comme le ministre l'a indiqué plus tôt. Pour ce
qui est de l'investissement, je pense que cela peut très bien se
comprendre parce que les anciens programmes avaient un caractère
d'automatisme assez fort. On se souviendra qu'à cause du volet
entreprise dynamique et du volet technologie moderne, lorsqu'une entreprise
présentait un projet qui avait les
caractéristiques nécessaires pour répondre aux
critères d'admissibilité, on pouvait, de façon un peu
automatique, autoriser un prêt sans intérêt d'un montant qui
variait de 10 % à 15 % du montant de l'investissement, et ce montant
était déboursé sur une période de trois ans. On ne
se posait pas trop de questions, et chacun qui avait un projet d'investissement
tentait sa chance et se mettait en ligne, à toutes fins utiles, pour
venir chercher sa petite bonification. La nouvelle programmation d'aide
à l'investissement est fort différente. On ne parle pas de petite
subvention, on parle d'un montant plus important, mais qu'on mettrait sous une
forme de capital de risque. Cela va intéresser une clientèle plus
sélective en ce sens que ceux qui vont venir frapper à la porte
de la SDI pour l'aide à l'investissement vont être ceux qui ont
vraiment besoin de notre aide pour réaliser le projet, et non pas ceux
qui font un projet et qui veulent profiter un peu des programmes. Dans ce sens,
on pense que la nouvelle programmation est plus incitative.
On va donner un exemple de cela. Prenons une petite entreprise qui a un
projet de 100 000 $. Sous l'ancien système, elle pouvait venir chercher
12 000 $ payables sur trois ans, comme genre d'incitation à son projet.
Elle venait le chercher dans la mesure du possible. Avec le nouveau
système, pour le même projet, elle pourra venir chercher
jusqu'à 35 000 $, au maximum, et ce, payable dès la
réalisation du projet, à mesure que le projet se réalise.
Donc, l'entreprise n'aura pas à attendre une période de trois ans
pour recevoir les fonds, mais pourra bénéficier de l'aide
dès la réalisation du projet. Par la suite, chose très
importante, le taux sur cette aide sera fixe. Il y aura moratoire des
versements de capital et d'intérêt pour une période maximum
de trois ans. Ensuite les remboursements seront variables en fonction de la
performance financière de l'entreprise. Ce qui est fort
intéressant pour l'entreprise, c'est que, dans la mesure où il y
a une récession, où il y a plus de difficulté, il y aura
moins de paiements et, dans la mesure où elle fera des bons profits,
elle pourra rembourser plus rapidement. Au bout de dix ans, on pourra
même convertir partiellement le solde impayé en actions
privilégiées. Donc, c'est une formule qui est fort
intéressante pour une entreprise qui a beasoin de fonds pour faire un
projet. L'entreprise qui peut se financer facilement, qui peut aller voir son
banquier demain matin, qui peut financer son projet au taux
préférentiel des banques, ne viendra évidemment pas nous
voir. Mais l'entreprise qui a vraiment besoin de capitaux pour réaliser
son projet et qui a un risque réel dans son projet, va venir nous voir,
elle. C'est avec elle qu'on va travailler. Il est évident qu'on va
toucher à moins d'entreprises et à moins de projets, mais ceux
auxquels on va toucher, ce le sera de façon plus importante et plus
incitative. C'est là un des gros changements. (20 h 45)
Évidemment, l'an passé, on avait la queue du programme de
financement des entreprises dans lequel on accordait massivement des garanties
de prêt et aussi des protections contre la hausse des taux
d'intérêt. C'est un programme qu'on a analysé et qui a eu
son utilité en temps et lieu. Mais, maintenant, dans la conjoncture
actuelle, on a moins besoin d'un programme comme celui-là. Parce que les
institutions financières sont maintenant en très forte
concurrence et qu'il y a beaucoup d'argent sur le marché, on n'a pas
besoin du gouvernement ou de la SDI pour garantir les emprunts. Donc, on
évacue tout un champ qui va se faire quand même par l'entremise
des institutions financières.
Pour ce qui est des activités de recherche et d'innovation et de
l'aide à l'exportation, on va voir qu'il n'y a pas beaucoup de
changements. Il n'y a pas de changements considérables dans la formule
même, parce que la formule du prêt participatif se rapproche
étrangement de l'ancien PAARIQ, l'ancien Programme d'aide aux
activités de recherche et d'innovation. Cela se rapproche
étrangement aussi de l'ancien programme de crédit, implantation
de l'aide à l'exportation. Donc, de ce côté, il n'y a pas
de changement dramatique au point de vue du volume d'affaires.
Cela se passe surtout au chapitre de l'aide à l'investissement et
au chapitre des programmes de garantie de prêts. Le nouveau programme de
prêt participatif, déjà, est en bonne voie. On a à
l'étude environ 50 cas, à l'heure où l'on se parle. La
plupart de ces cas vont aboutir au cours des mois qui suivent, au cours de
juin, juillet et août. Donc, on a bonne confiance que notre nouvelle
approche vis-à-vis de l'investissement va vraiment aider des entreprises
qui ont besoin d'un coup de pouce de la SDI et que cela va toucher vraiment les
entreprises qui, autrement, auraient de la difficulté à mener
leur projet.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand, est-ce que vous me permettez une
question?
Le député de Bertrand, tantôt, s'inquiétait
de la grande différence du nombre des interventions ou des projets qu'on
approuverait cette année, comparé à celui de l'exercice
financier de l'an dernier. Le ministre a expliqué qu'il y a à peu
près la moitié des dossiers, à peu près 600, qui ne
serait pas traitée cette année à cause des programmes qui
sont maintenant exclus. Le député de Bertrand disait que, sur les
1302 dossiers, il y avait eu des analyses de faites
et que la qualité des analyses faisait en sorte que, si on avait
accordé les prêts, c'est parce qu'on y avait droit. Ma question
est la suivante: N'est-il pas vrai, puisque vous venez de parler d'automatisme
dans les prêts, que les critères faisaient en sorte que,
même s'il y avait une très bonne analyse, l'entreprise qui
répondait strictement aux critères avait presque automatiquement
droit à ces subventions, d'une part? D'autre part, n'est-il pas vrai que
plusieurs entreprises pouvaient aller chercher également des subventions
dans différents ministères ou dans différents organismes
autres que la SDI, sans que la SDI le sache ou puisse coordonner cela et que,
de ce fait, elles pouvaient aller chercher des sommes substantielles et de loin
supérieures à l'investissement personnel qu'elles y
mettaient?
Ma troisième et dernière question sera la suivante:
Étant donné que le député de Bertrand disait
qu'avec le même nombre de personnel on ne traiterait à peu
près que le quart des dossiers, est-ce que cela ne permettra pas de
procéder beaucoup plus rapidement dans des dossiers et de réduire
le temps d'attente pour l'approbation, etc.? Si oui, dans quels termes à
peu près? Quel sera le pourcentage de la réduction du temps? Je
ne sais pas qui doit répondre à cela.
M. Marcil (Yvon): Oui. Alors, je peux peut-être commencer
par votre dernière question. Au titre du personnel, il y a eu une
réduction du personnel au cours des deux dernières années.
Il n'y a pas eu de mises à pied. En fait, ce fut le non-remplacement
d'un certain nombre de personnes qui sont parties de façon normale.
Donc, il n'y a pas eu de changement dramatique et on ne prévoit pas de
changement dramatique au cours de la prochaine année. Évidemment,
avec la nouvelle programmation, on veut avoir une approche vis-à-vis de
l'entreprise qui soit beaucoup plus efficace, qui soit une approche d'affaire,
qui implique des délais de réponse beaucoup plus courts que par
le passé. C'est sûr que, dans le passé, dans la mesure
où l'on avait des programmes de subvention qui attiraient beaucoup de
demandeurs, il y avait un phénomène de ligne d'attente ni plus ni
moins difficile à éviter dans plusieurs cas, plusieurs types de
programmes. Avec la nouvelle programmation, nous voulons, dans un premier
temps, donner une bonne idée à l'entreprise de son
admissibilité dans les quelques jours qui suivent sa demande et pouvoir
lui donner une offre officielle d'aide financière dans les deux mois
suivant sa demande. Donc, on veut avoir une approche vis-à-vis de
l'entreprise qui soit beaucoup plus efficace de ce
côté-là.
Maintenant, lorsque vous avez dit que, par le passé, il pouvait y
avoir d'autres aides d'autres organismes gouvernementaux qui se trouvaient
à être concurrentes à celles de la SDI, dans la plupart des
cas, nous étions au courant des autres aides financières et
même on devait se prémunir à cause de certaines clauses de
notre loi qui limitaient le montant global des subventions de toutes sources de
la part du gouvernement du Québec à un certain pourcentage du
projet. Donc, il fallait absolument obtenir de l'entreprise l'ensemble des
aides financières qu'elle pouvait obtenir des différentes sources
comme PECEC, pour un même projet. Donc, cela ne changera pas.
Y avait-il d'autres questions?
Le Président (M. Théorêt): Merci. Est-ce
qu'il était possible, après avoir eu une subvention ou un
prêt de la SDI, qu'une entreprise se retourne vers d'autres organismes et
obtienne également des aides?
M. Marcil (Yvon): C'était possible, oui. Comme cela peut
continuer à être possible en vertu du nouveau système. Cela
ne change pas là-dessus.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je suis
content de votre intervention parce que vous avez traduit exactement la
perception qu'on a dans le milieu des affaires qui était celle de dire:
D'une part, on pouvait aller à la SDI et, en même temps, aller au
PECEC et ailleurs et avoir ces aides. Et la réponse est
catégorique, c'est non. Sauf qu'une fois qu'on a eu la subvention de la
SDI, c'était possible et ce sera encore possible d'aller
quémander quelque aide que ce soit. Sauf qu'on ne pouvait pas
simultanément présenter une demande à la SDI et avoir de
l'aide et l'avoir à l'intérieur d'autres ministères.
D'autre part, j'aimerais juste éclaircir le dernier point qui
était l'autre volet de votre question à savoir: Est-ce qu'il y
avait des automatismes? On leur donne un peu l'impression souvent... Et moi, je
veux bien qu'on mette toute la vérité sur la table sauf que les
automatismes qu'on avait sur le programme d'investissement, il s'agirait tout
simplement de les quantifier. Et ce que le ministre a dit et aussi ce que M.
Marcil a dit, j'aimerais seulement qu'on confirme les chiffres que j'ai. Sur
les 1300 entreprises qui ont bénéficié de l'aide de la SDI
l'année dernière, celles qui ont eu droit un peu au volet
investissement dans le volet automatisme, qui l'avaient par automatisme -je
sais que, quand je siégeais au conseil, cela nous frustrait de voir
que... Donc, c'était quelque chose qu'on se voulait...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...
M. Parent (Bertrand): Non, M. le ministre, c'est quelque chose
qu'on visait éventuellement à modifier sur ce volet. Combien de
cas d'entreprises sur les 1300 ont eu droit à ce volet d'automatisme? 3e
pense qu'on parle de 200, 250, 300 cas au maximum pour quantifier. Ce que je
veux bien qu'on comprenne, c'est que de ces 1300 demandes d'aide, ce n'est pas
vrai que la moitié de ces entreprises ont eu des programmes d'aide de la
SDI par automatisme. C'était beaucoup moins que cela et quand je dis oui
à une modification -je l'ai dit hier et je l'ai
répété cet après-midi - à un ajustement des
programmes de la SDI, cela va. Et quand je dis que le virage se prend de
façon très brusque, parce que là on devient limitatif,
c'est surtout là-dessus que j'en suis et je le répète au
ministre: C'est la limitation dans laquelle les entreprises se retrouvent
strictement sur quatre volets. Ceci étant dit, on n'est pas
obligé de partager le même point de vue, je respecte le
vôtre, je vous dis que c'est très limitatif et cela va occasionner
des problèmes.
Sur le volet du financement de dernier recours, je n'ai pas compris,
mais je ne pense pas que M. Marcil ait eu l'occasion de nous dire en quoi il va
consister, mais il me semble très important de savoir en quoi il va
consister essentiellement et qui va avoir accès à ce volet de
dernier recours.
M. Marcil (Yvon): Pour le volet du financement de dernier
recours, on prévoit un très faible volume, vu que ce n'est pas un
programme à grand volume comme tel et comme c'était le cas pour
le programme du financement des entreprises ou le programme d'urgence. C'est
strictement pour prévoir certaines situations dans lesquelles une
entreprise n'aurait pas accès à du financement conventionnel pour
un niveau normal de financement, soit à cause de sa
spécialisation, d'actifs très spécialisés, ou de
par sa localisation, dans des endroits très éloignés, qui
ferait que des prêteurs privés ne seraient pas
intéressés à financer.
Donc, c'est vraiment à titre exceptionnel, ce n'est pas un
programme à gros volume, c'est pour pallier à certaines
situations très particulières qui peuvent se passer dans le
marché financier et certains cas.
M. Parent (Bertrand): Mais est-ce que c'est...
M. Marcil (Yvon): Le prêt participatif va être
complémentaire, dans le sens que dans la mesure où on va accorder
un prêt participatif pour un projet pour lequel on a un
intérêt, cela va faciliter le financement auprès des
sources privées sans qu'il n'y ait besoin de garantir les emprunts, mais
il peut y avoir certains cas où on va avoir besoin soit do faire le
financement nous-mêmes ou de garantir l'emprunt auprès des
institutions financières et cela, de façon très
exceptionnelle.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que ce sera le volet PFE, dans le
fond, qui sera prolongé lorsque vous parlez de dernier recours? J'essaie
de traduire cela, à la section 21 où l'on donne les quatre
catégories, où on décortique les 360 aides
envisagées avec les montants de 120 000 000 $, et je ne vois rien si ce
n'est un programme de financement où on entrevoit de faire environ 9
aides. Le dernier recours se retrouverait à ce chapitre-là, c'est
ce que vous avez quantifié, cela me semble, en tout cas, en être
la quantification. Sur les 120 000 000 $ d'aide, à peu près 3 600
000 $. Ce sera vraiment occasionnel, exceptionnel, très
exceptionnel.
M. Marcil (Yvon): Exceptionnel, en effet.
M. Parent (Bertrand): Donc, on s'entend. On n'a pas l'intention
d'être très actifs c'est-à-dire que, si toutes les
entreprises sont en train d'agoniser et si elles cognent à votre porte,
quand on parle de programme de dernier recours, ce n'est pas cela. Je vous dis
que la perception dans le milieu commençait déjà à
en être accréditée et il serait important que, lorsque le
ministre, dans son communiqué de presse, qui va sortir bientôt
dans les journaux, mais qu'il nous a remis hier, le 1er juin, ici, en nous
annonçant les quatre volets, parle du financement de dernier recours,
dans l'esprit des entreprises, des associations d'affaires et tout cela, le
dernier recours, c'est effectivement quelque chose qui est
considéré comme du dernier recours, donc, quand on est à
l'agonie, en train de fermer ses portes, on s'en va là. Et je vous dis
que cela mériterait certainement d'être corrigé, parce
qu'on risque d'avoir beaucoup d'appels téléphoniques et de
frustrations à la porte de la SDI. C'est la façon dont je le vois
et peut-être le ministre pourra-t-il apporter des points
là-dessus.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on met tout cela
ensemble, dans le fond, le prêt participatif - je dirais au
député - c'est un prêt, une aide financière, pour
laquelle nous n'exigeons pas de garanties comme telles. Il permet donc à
une entreprise de donner suite à un projet, de mettre des actifs sur
pied grâce à notre intervention et d'utiliser - j'en suis
profondément convaincu - ces actifs pour garantir d'autres emprunts
auprès d'institutions financières. Et, comme tel, ce
mécanisme est associable ou assimilable en partie à ce qu'on
pourrait appeler un prêt de dernier recours.
Dans le fond, on arrive là avec une aide financière
substantielle, on ne demande pas de garanties sur les actifs, cela
libère donc une capacité d'emprunt pour l'entreprise, cela a un
effet de levier. Finalement, cela a un effet multiplicateur quant à la
capacité d'emprunt de l'entreprise. En fin de compte, c'est entendu que
la façon dont on va se rémunérer, nous, pour cette
intervention-là, ce n'est pas en nous protégeant tout de suite
des actifs contre lesquels on pourrait imputer quelques défauts que ce
soient à l'entreprise pour qu'elle nous rembourse le cas
échéant, mais c'est par le mécanisme de la participation
à la profitabilité accrue de l'entreprise à la suite de la
concrétisation du projet. (21 heures)
L'étiquette est extrêmement précise quant à
ce qu'elle décrit, on sait exactement de quoi on parle. C'est
effectivement du financement de dernier recours. Ne vous imaginez pas que ce
n'est pas le dernier pour vrai. Quand on parle de neuf ou d'une dizaine, enfin
3 % de nos interventions ou à peu près à ce
titre-là, comme vous voyez, cela ne monopolisera pas grand monde
à la SDI. Cela va être exceptionnel à sa face même,
on le voit par les chiffres. Il est possible que l'étiquette incite
certaines gens d'affaires à s'imaginer que cela va être
l'opération sauvetage, que le canard, non seulement, boiteux mais
cul-de-jatte, va se précipiter chez nous pour se prévaloir de ce
programme-là. On leur dira que ce n'est pas pour cela que le programme
existe. Je ne pense pas qu'on parle d'attente profondément
déçue, de déception profonde, etc. On ne fait pas de
publicité à tour de bras sur l'existence d'un programme de
financement de dernier recours. Ce qu'on pousse dans le milieu, si vous me
passez l'expression, c'est le fait qu'à la suite de la consultation,
comme le demandaient les entreprises par l'ensemble de leurs
représentants institutionnels, nous avons aboli la subvention pure et
simple et décidé de cibler nos interventions sur des projets
moteurs, à tous points de vue. Nous sommes susceptibles d'y aller de
façon substantielle dès le départ et, à ce titre,
c'est un ensemble de programmes extrêmement bien reçu par la
clientèle qui aura autre chose à faire que de se demander si on
fait surtout du financement de dernier recours pour canards boiteux, à
l'agonie ou autrement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
Frais pour la préparation de dossiers
M. Parent (Bertrand): Étant donné que l'heure file
rapidement, j'aimerais aborder un autre sujet qui concerne la nouvelle loi qui
régit maintenant la SDI, soit la loi 154 que nous avons adoptée
ici, et demander un peu d'explications sur le fonctionnement des honoraires
prévisibles pour monter les dossiers des gens qui s'adressent à
la SDI. C'est une toute nouvelle approche et j'aimerais savoir comment cela
fonctionne. J'aimerais que M. Marcil ou ses collaborateurs puissent nous dire
quelle est la perception jusqu'à présent dans l'application de
cette formule selon laquelle les gens doivent maintenant payer des frais ou des
honoraires pour faire monter des dossiers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais commencer à
répondre avant de laisser la parole à M. Marcil. À
l'occasion des consultations avec différents groupes, qu'il s'agisse des
commissaires industriels, du Groupement québécois d'entreprises,
de l'Ordre des comptables, des chambres de commerce, etc., nous avons chaque
fois soulevé ce concept ou cette formule de paiement d'honoraires pour
l'étude des dossiers. Et je dois dire que cela avait été
bien reçu dans la mesure où nous présentions à la
clientèle une approche de relations d'affaires avec la clientèle,
d'assurance que nous pourrions traiter les dossiers rapidement, objectivement,
qu'il y aurait beaucoup de rétroaction, de communications et de suivi
avec l'entreprise. Cet engagement de la SDI a été fort bien
reçu, en considération de quoi j'avais senti, à l'occasion
des réunions de consultation auxquelles j'avais assisté - je ne
prétends pas avoir assisté à toutes, mais à
plusieurs d'entre elles, notamment dans l'un ou l'autre des bureaux de la SDI
-j'avais senti, dis-je, que cela avait été bien reçu, que
la considération payable éventuellement par l'entreprise pour les
honoraires ne semblait certainement pas exorbitante. Je dirais même que
c'était perçu comme une contrepartie raisonnable à
l'engagement de la SDI de traiter avec sa clientèle de la façon
qu'on décrivait. M. Marcil pourrait peut-être aller plus loin dans
les détails.
M. Marcil (Yvon): Nous avons formé, à la SDI, un
groupe qu'on appelle SPEQ, dans le cadre du nouvel organigramme, pour
l'administration des SPEQ, c'est-à-dire les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, et pour le conseil en
montage financier. C'est le même groupe qui va administrer les deux
choses. Pour les SPEQ on sait de quoi il s'agit. Il s'agit d'enregistrer les
demandes des SPEQ et de valider leurs placements dans les entreprises
admissibles. On veut aussi, de façon complémentaire, que le
même groupe de personnes puisse travailler à un système
d'information
de façon à faire un peu le mariage entre les petits
investisseurs qui se cherchent des occasions d'investir dans les PME et des PME
qui sont à la recherche de capitaux auprès d'individus qui
veulent profiter des avantages fiscaux des SPEQ. Ce serait
complémentaire à une espèce de service d'information
à la disposition des investisseurs et de la PME.
En complément, on veut aussi, dans certains cas, offrir un
service conseil en montage financier, surtout pour de petites entreprises qui
viennent voir la SDI et dont on se rend compte qu'elles ne sont peut-être
pas prêtes à se lancer immédiatement dans un projet de
recherche ou d'investissement, parce qu'elles n'ont pas en main toute la
planification financière qu'elles devraient avoir. En d'autres termes,
elles n'ont pas de plan d'affaires. Plutôt que de leur dire non et de les
renvoyer chez elles faire leurs devoirs, on pourrait leur offrir un conseil en
montage financier qui consisterait, dans un premier temps, à monter un
plan d'affaires plutôt sommaire et à servir de catalyseur pour les
aider à compléter le financement de leur projet auprès des
autres sources, auprès de SPEQ, auprès de sociétés
à capital de risque ou auprès d'autres sociétés de
financement.
Nous travaillons à la formule et nous sommes présentement
à étudier ce qui se fait dans d'autres sociétés.
Par exemple, nous examinons ce qui se fait à la Banque
fédérale de développement et ce qui se fait dans les
sociétés privées, de façon à bien
établir notre créneau et à s'assurer que le type de
services qu'on offrira s'adressera vraiment à une cible précise
qui n'est pas présentement couverte par le système. On veut
éviter de dédoubler des choses qui existent déjà
sur le marché. On veut vraiment offrir quelque chose qui n'existe pas
sur le marché et qui serait complémentaire à ce qui existe
déjà. Mais la formule n'est pas encore trouvée, on
continue notre étude et on pense pouvoir la mettre sur pied dès
l'automne, en septembre. On ne peut donc pas vous dire, aujourd'hui, quels
seront les honoraires et comment cela fonctionnera de façon très
très précise.
M. Parent (Bertrand): Ce n'est pas en application.
M. Marcil (Yvon): Ce n'est pas encore en application. Mais il va
y en avoir. Je ne peux pas vous dire à quel taux, etc.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que je peux
vous poser une question sur les SPEQ, avec la permission du
député de Bertrand? Vous avez parlé des SPEQ.
M. Marcil (Yvon): Oui.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que votre
comité ne fait que les autoriser ou si vos gens voient à la
formation de SPEQ ou à la sollicitation de gens pour s'impliquer dans
les SPEQ? Comment cela fonctionne-t-il? Quelles sont les responsabilités
ou le travail que vous voulez faire chez les SPEQ? Est-ce seulement les
autoriser?
M. Marcil (Yvon): Présentement, il s'agit d'enregistrer
les demandes de SPEQ et de valider les placements de SPEQ dans les
entreprises.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est en vertu de la loi.
M. Marcil (Yvon): C'est en vertu de la loi. C'est une
responsabilité qui nous est donnée par la loi. En plus, on veut,
dans un deuxième temps, offrir un service d'information, comme je le
disais tantôt, de façon à permettre à certaines PME
l'accès à des investisseurs qui, eux, sont
intéressés à investir dans les PME et l'inverse. Mais il
n'y a pas de services-conseils dans les SPEQ comme tels, à l'heure
où on se parle. Cela fait partie des services conseils que nous sommes
à mettre sur pied pour l'automne prochain.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
Vimont tente de découvrir si ce système sera en application sur
l'île de Laval, voyez-vous...
Des voix: Ha! Ha!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...étant donné
qu'il existe ce qui s'appelle pour l'instant la Bourse régionale des PME
de Laval, une espèce de chambre de compensation, un carrefour
précisément d'investisseurs éventuels et de concerteurs de
projets d'investissement pour assurer ce mariage. Cela ressemblait,
évidemment, étrangement à ce que le député
de Vimont connaît, ce que nous décrivions comme étant une
des activités de la Société de développement
industriel. Je rassure tout de suite le député. Il n'en est
aucunement question et c'est vrai dans toutes les dimensions de
l'activité conseil de la SDI, comme M. Marcil l'a dit lui-même,
évidemment, et il est là-dedans tous les jours. Il s'agit
d'identifier des services qui, par ailleurs, n'existent pas. On n'est pas
là pour faire une concurrence déloyale ou même loyale, dans
le fond, au secteur privé. Nous offrons un produit
complémentaire. Il n'y a pas grand monde sur le marché qui offre
un prêt participatif de 35 % du montant de l'investissement sans exiger
de garanties avec un moratoire sur l'intérêt, à condition
qu'il y ait une prime quelconque et transformation du prêt en actions
pour une part du solde à
la fin du projet. II n'y a pas grand monde qui fait cela.
Carrément, il n'y a personne et c'est pour cela que c'est un
créneau de financement des entreprises qu'on a identifié afin, si
on le peut, de "complémenter", grâce au fait que nous sommes
près de toute cette clientèle, notre action. Lorsque les gens
viennent nous voir et que cela ne fait pas vraiment l'affaire, ce qu'on peut
leur offrir, que cela ne répond pas à leurs besoins, ce qu'on a
mis sur pied, il nous apparaissait comme une responsabilité d'identifier
d'autres formes d'aide technique, finalement, de renseignements sur des
mariages éventuels pour la PME qu'on pourrait effectuer avec des
investisseurs possibles, avec d'autres institutions. Le fonds de
solidarité, etc. fait partie, évidemment, de tout ce
réseau institutionnel existant de sources de financement. Nous avons
l'expertise chez nous de connaître tout ce réseau avec lequel nous
transigeons nécessairement dans un tas de dossiers. On est
présent dans une entreprise en même temps qu'une institution
bancaire ou que le fonds de solidarité ou qu'une société
à capital de risque. Alors, ce sont des gens qu'on connaît et on
connaît les exigences, les créneaux privilégiés ou
favoris, si on veut, de certaines institutions financières ou groupes de
placement. Les connaissant, lorsqu'un projet de PME arrive, s'il n'y a pas de
mariage idéal possible avec nos programmes à nous, cela signifie,
évidemment, qu'il n'a pas besoin de ce genre d'aide, alors que d'autres
peuvent en avoir besoin. Par ailleurs, il y a d'autres façons de
répondre à ses besoins, ce vers quoi on l'oriente. C'est
essentiellement cela qui est en cause. On pourrait même l'orienter vers
la Bourse régionale de Laval à l'occasion.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est une question payante que vous avez
eue là. Dans le cadre de cette préoccupation qui a
été soulevée par rapport aux honoraires à exiger
pour le montage financier, moi, je vous dis qu'on a beaucoup de
réticence. Je suis content de voir qu'on est encore à travailler
la formule, qu'on ne l'a pas appliquée de façon
systématique. Ce que vous avez mentionné me rassure un peu,
à savoir que vous ne voulez en aucune façon vous ramasser dans
une situation de concurrence, que ce soit vis-à-vis de l'entreprise
privée ou des autres organismes ou organisations. Cela aussi
était un peu une perception. Il me semble important aussi, quand vous
arrêterez cette formule de frais à payer, que, dans le cas
où il y a réalisation de projet, les frais puissent être
absorbés par la SDI. Dans le cas où il n'y en a pas, qu'ils le
soient pour le travail qu'il y a eu de monté, que l'individu a
monté. Donc, cela force peut- être un peu les gens à avoir
ce que j'appelle des projets les plus sérieux possible. Il y a une
espèce d'incitatif de ce côté.
Je vois qu'il me reste à peine 45 minutes. J'ai une dizaine de
dossiers, autres que ceux de la SDI, que je voulais aborder avec le ministre.
Je vais, quand même, essayer, de consacrer au cours des dix ou quinze
prochaines minutes, de poser d'autres questions sur la SDI.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Tout en saluant le changement
de présidence, M. le député.
M. Parent (Bertrand): On a de la misère même
à avoir le quorum, M. le ministre. Je pensais qu'un sujet comme la SDI
et votre ministère...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...était pour attirer la foule.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II ne semble intéresser
qu'un seul membre de l'Opposition.
M. Parent (Bertrand): Exactement, mais vous savez, M. le
ministre...
Une voix: La qualité.
M. Parent (Bertrand): La qualité, voilà. C'est venu
de l'autre côté.
Une voix: Des fois, cela arrive.
Abolition des jetons de présence
M. Parent (Bertrand): Alors, j'aimerais savoir de la part de M.
Marcil, dans le cadre de la nouvelle politique de rémunération,
à quelle fréquence le conseil d'administration se réunit.
Est-ce qu'il y a toujours un comité exécutif? Est-ce qu'il se
réunit de façon régulière comme cela se faisait
dans le temps, c'est-à-dire toutes les semaines? Concernant les jetons
de présence qui ont été abolis, donc, toute la
rémunération, est-ce que, justement, cette politique est bien
perçue et est-ce que cela permet d'avoir de façon
régulière tous les membres comme cela se faisait dans le
passé?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, vous me
permettrez de répondre.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, j'adressais ma question
à M. Marcil.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bien, je vais invoquer tout de
suite que c'est hors du sujet. Dans la mesure où c'est moi qui
désigne les membres du conseil
d'administration, où c'est moi qui suis responsable d'assurer la
traduction des désirs du gouvernement dans cette dimension des
traitements ou des relations qu'on peut avoir avec les membres du conseil
d'administration, je trouve potentiellement embarrassant, pour quelque membre
que ce soit de la direction de la SDI, d'être obligé de
répondre à cette question qui est à haut contenu
politique. (21 h 15)
Nous avons, d'ailleurs, traité un peu plus tôt de la
politique de rémunération et des plaidoyers éventuels
qu'on pourrait faire valoir dans des circonstances particulières. Comme
je l'ai indiqué, il n'est pas impossible que des sociétés
d'État ou des organismes relevant du ministère de l'Industrie et
du Commerce fassent valoir que la décision devrait connaître
certains adoucissements, si on peut appeler cela ainsi - chose certaine, c'est
comme cela que le député de Bertrand l'appellerait - à
l'égard de la rémunération des membres de conseils
d'administration. Mais cela, c'est purement de nature gouvernementale, c'est
une politique gouvernementale.
Le député a, par ailleurs, demandé qu'elle
était la fréquence des réunions, l'existence des
comités, la fréquence des réunions du comité
exécutif. Je suis convaincu que M. Marcil n'a aucune hésitation
à donner ces renseignements de nature factuelle, mais, quant à
son opinion sur la perception que pourrait avoir M. X ou Mme Y de la politique
de rémunération des membres de conseils d'administration du
gouvernement, j'invite le député de Bertrand a m'adresser ses
questions.
Le Président (M. Cannon): M. le ministre, simplement pour
éclairer un peu la discussion qui est en cours, je renvoie le
député de Bertrand à une interprétation dans le
Recueil des décisions concernant la procédure parlementaire.
Une décision, qui avait été rendue par M. Marcel
Parent, le 22 avril 1986, concernant la participation des fonctionnaires, dit
ceci: "Si le ministre et tous les membres de la commission y consentent, un
fonctionnaire peut répondre à une question adressée au
ministre." D'autre part, il y a aussi une décision rendue par une de vos
collègues, Mme Harel, qui dit ceci: "La présidente rappelle aux
députés de l'Opposition que les questions doivent s'adresser au
ministre. Ce dernier peut, cependant, à sa discrétion, autoriser
son sous-ministre ou les autres fonctionnaires du ministère à
répondre pour lui."
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président, de tout cet
éclairage. Je repose ma question au ministre qui maintenant vient de la
passer à M. Marcil. Je demanderais au député de Vimont de
bien vouloir reprendre la présidence, cela va mal depuis qu'il est
parti.
Le Président (M. Cannon): Il faut dire, M. le
député, qu'on veille au grain.
M. Parent (Bertrand): Essentiellement, je comprends très
bien, M. le Président. On change encore?
M. Cannon: On s'est rendu à votre désir, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Je comprends, M. le Président, que
la dimension politique relève du ministre. Il n'y a pas de
problème de ce côté-là. Je voulais seulement savoir
de la part de M. Marcil particulièrement comment cela fonctionne pour la
fréquence et la participation au conseil d'administration et au
comité exécutif. Pour moi, c'est une préoccupation
importante.
M. Marcil (Yvon): Le conseil, c'est une fois par mois de
façon exacte. Il n'y a pas eu de problème de quorum, à ma
connaissance, au cours de la dernière année. Il y a toujours eu
quorum pour chacune des assemblées. Il n'y a pas eu d'assemblées
reportées pour manque de quorum. Les réunions du comité
exécutif ont lieu en principe une fois par semaine, le lundi, sauf les
semaines où il y a conseil d'administration, où l'on n'a pas
d'exécutif pour la même semaine. Cela a lieu le lundi, il n'y a
pas de problème de quorum, là non plus. C'est régulier.
C'est tout ce que je peux dire là-dessus.
Dépenses de transfert
M. Parent (Bertrand): Cela va. Pour ce qui est de l'article 9, on
a vu dans le programme 2, hier, qu'il y avait des sommes importantes en ce qui
concerne l'article 9 de la loi, les 14 000 000 $ essentiellement qui permettent
au ministre... Ma question s'adresse au ministre. De toute façon, mes
questions s'adressent au ministre. Ces 14 000 000 $, M. le Président,
sont une somme importante. On m'a expliqué hier que la subvention ou les
sommes allant à General Motors sont incluses dans ce montant. Non? C'est
ce qu'on m'a dit hier, à moins que je n'aie mal compris.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non. Ce n'est pas
là.
M. Parent (Bertrand): Lorsqu'on parle des déboursés
ou des montants pour l'article 9, c'est ce qui permet au ministre de faire de
l'intervention directement. Élément 1, programme 2.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, la question
était? Qu'est-ce qu'il y a dans
les 13 091 000 $?
M. Parent (Bertrand): Qu'est-ce qu'il y a dans ces 13 091 000 $,
si vous voulez, ou dans les 14 731 000 $, si je prends les chiffres deux pages
avant? Dans le cahier à l'élément 2, vous avez à
droite, à la première page du cahier, "accroissement des
déboursés, re: programme, article 9 de la loi".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Programme 2?
M. Parent (Bertrand): Programme 2, élément 1.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Programme 2,
élément 1, SDI. "Accroissement des déboursés, re:
programme, article 9 de la loi".
M. Parent (Bertrand): La question est: En quoi ce
décortique-t-il et quels sont les chiffres, pour l'année
passée, correspondant à ces 14 000 000 $? Dans la colonne
1986-1987, il n'y en avait pas et, en 1987-1988, on parle de 14 000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour 1987-1988, il y a trois
éléments importants. General Motors: 10 000 000 $ - cela monte
vite - Cascades: 1 700 000 $, à Port-Cartier et Panfibre, près de
1 000 000 $. On vient d'expliquer 12 700 000 $ ou à peu près,
cela monte assez vite.
M. Parent (Bertrand): Par cet article, le ministre peut aller
directement chercher des aides spéciales en dehors des programmes, c'est
ce que cela veut dire?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Par décret, oui.
M. Parent (Bertrand): Par décret. Ce sont, quand
même, des sommes importantes par rapport à l'année
passée et aux années antérieures pour ce volet-là,
sur le tableau.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Tout ce que je peux vous dire,
c'est que, pour General Motors, cela devient payable en 1987-1988, ce
n'était pas là, l'an dernier. Cascades Port-Cartier s'est
manifesté à un moment où on commence à encourir des
déboursés en 1987-1988, il n'y en avait pas en 1986-1987 ou
à peu près pas. Ce sont des dossiers qui existent maintenant, qui
n'existaient pas avant.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le ministre peut seulement me
dire, à part l'aide à General Motors qui est bien connue, qui est
un prêt sans intérêt qui se traduit par 10 000 000 $ de
"subvention" - entre guillemets, mais de subvention - les autres aides dont
vous parlez, pour Cascade Port-Cartier et pour l'autre montant de 4 000 000 $,
prennent quelle forme d'aide?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La prise en charge
d'intérêts en général. M. Marcil.
M. Marcil (Yvon): Dans le cas de General Motors, c'est un
prêt sans intérêt. La plupart du temps, ce sont des
prêts sans intérêt ou ce qu'on appelle des contributions
remboursables. La plupart des interventions qui se font, dans l'entente
Canada-Québec sur le développement industriel, se font sous forme
de contributions remboursables. Souvent, c'est remboursable entre la
cinquième et la dixième année faisant suite au projet.
M. Parent (Bertrand): C'est la même chose qui a
été octroyée à Cascades?
M. Marcil (Yvon): Oui. Cascades...
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas le détail des 14 000 000
$, j'aurais aimé l'avoir.
M. Marcil (Yvon): Dans le cas de Cascades, c'est une prise en
charge d'intérêts.
M. Parent (Bertrand): Une prise en charge
d'intérêts.
M. Marcil (Yvon): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va paraître, dans
les engagements financiers, d'un mois à l'autre. On aura les dossiers
complets à ce moment-là. Là, on fait état de nos
prévisions de déboursés sur la foi du programme.
L'engagement comme tel va se traduire par un engagement financier qui
paraîtra dans les engagements de 1987-1988. Il ne peut pas paraître
en 1986-1987, je ne le pense pas. Oui, c'est concevable, certains ont
déjà paru. On les a engagés et éventuellement on
débourse. Certains ont déjà paru. Je ne peux pas vous
dire, de mémoire, lesquels, il faudrait qu'on les retrouve.
M. Parent (Bertrand): Je conclus tout simplement en disant que
ces 14 731 000 $, à toutes fins utiles...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On me fait signe qu'il y a une
erreur de frappe. Ce devrait être 12 731 000 $. On vient
d'économiser 2 000 000 $.
M. Parent (Bertrand): Vous devriez me remercier, M. le ministre,
on a trouvé
2 000 000 $. Voyez l'apport positif de l'Opposition.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous remercier... Ce n'est pas
vous qui me l'avez fait remarquer.
M. Parent (Bertrand): Cela va pour ces chiffres. On avait
quelques questions cet après-midi. Avant de passer à cela, M. le
ministre, toujours concernant les dépenses de transfert de la SDI, si on
continue - les pages ne sont pas numérotées à la
quatrième ou cinquième page, on a une liste de transferts dont
les premiers sont pour les "entreprises de technologie moderne", de 57 000 000
$ Tannée passée, à 72 000 000 $ cette année. Au
chapitre "accès à la bourse", on est passé de 2 300 000 $
l'année passée, à 200 000 $ cette année.
Essentiellement, c'est le premier volet d'aide qu'on a laissé
tomber.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a conservé
l'étude de faisabilité, la moitié des premiers 20 000
$.
M. Parent (Bertrand): On a gardé seulement l'étude
de 10 000 $.
Une voix: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La moitié des premiers
20 000 $, donc 10 000 $.
M. Parent (Bertrand): C'est ce qui fait la diminution de
l'élément de ce côté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le programme de participation
aux frais de prospectus et d'accès au marché a été
aboli, évidemment, dans le discours sur le budget de mai 1986.
M. Parent (Bertrand): Le 1er mai, c'est cela. À
"innovation-meubles", M. le ministre, on passe de 1 000 000 $ à 224 000
$. Est-ce qu'on le laisse tomber?
M. Marcil (Yvon): C'est un programme qui n'existe plus, mais ce
sont des engagements qui restent à liquider; c'est la fin du
programme.
M. Parent (Bertrand): La queue, comme vous le mentionniez.
M. Marcil (Yvon): C'est la queue, c'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On appelait cela PIMO. C'est un
programme qui s'est terminé en 1984. Ce sont des queues, ce sont des
déboursés à l'égard d'engagements de 1984 et
antérieurement.
M. Parent (Bertrand): C'est la même chose pour "textile,
bonneterie et vêtement".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): TBV, oui, c'est cela.
M. Parent (Bertrand): Ce sont les fameux programmes
sectoriels.
M. Marcil (Yvon): C'est un programme qui est fini aussi.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Nous avions quelques questions,
cet après-midi, qui étaient restées en suspens.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Je ne peux pas
m'empêcher, M. le député... Vous dénoncez,
évidemment, notre retrait, l'aide moins élevée, etc. Mais
il y a des explications très claires, nettes et précises quand on
voit les queues de programmes qui ont connu une fin prévue et non pas
tragique, il y a trois ou quatre ans. À l'égard du premier poste,
il y a quand même une augmentation de 15 000 000 $, si on veut raisonner
de cette façon. Il y a des engagements relativement récents qu'on
est en train de concrétiser, même pour les programmes qui sont
terminés. Les CAPI, 923 000 $ l'an dernier et 3 300 000 $ cette
année. Cela aussi est une queue de programme, mais les
déboursés veulent que la queue soit plus grosse que la
tête.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Parent (Bertrand): Cela cause des problèmes
d'impuissance.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Parent (Bertrand): Étant donné le peu de temps
qu'il nous reste, à la section 22...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous ne nous quittez pas
déjà?
M. Parent (Bertrand): Non. Je n'ai pas l'intention de vous
quitter, M. le ministre.
À la section 22, on avait des questions très
particulières concernant des déplacements à
l'extérieur, non pas en ce qui concerne votre voyage à Saskatoon,
mais concernant le voyage à Trinidad et Tobago de M. Louis Lavigne.
J'essayais de comprendre surtout le but du voyage, la "négociation de
rénovation de l'aéroport de Trinidad", et pourquoi on avait
payé cela. M. le ministre était impuissant à me
répondre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'abord, M. Lavigne est un employé de la SDI. Ce n'est pas
quelqu'un qu'on a envoyé comme cela, pour le plaisir de la chose.
M. Parent (Bertrand): Je n'en doute pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela devait être dans le
cadre - on va tous se rafraîchir la mémoire en même temps -
je suppose, d'un programme d'aide à l'exportation là-bas, d'un
consortium d'exportation dans lequel nous étions impliqués.
Continuez, M. Marcil, s'il y a des détails {additionnels.
M. Marcil (Yvon): La seule chose dont je me souvienne, c'est
qu'il s'agit d'un cas de consortium dans lequel la SDI est impliquée
à titre d'actionnaire et où on avait besoin d'un
représentant de la SDI pour faire des représentations
auprès de l'acheteur dans le cadre des négociations d'un
important contrat pour l'aéroport de Trinidad.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si je comprends bien, des
Québécois avaient obtenu un contrat de rénovation ou d'une
partie de la rénovation de l'aéroport de Trinidad, ce qui est
formidable pour des entreprises québécoises. La SDI faisait
partie du consortium et, afin de bien nous assurer que tout était
attaché, un de nos représentants, un de nos employés, un
de nos collaborateurs a dû aller là-bas pour négocier dans
le cadre du contrat avec le client "trinidadais" - peu importe comment on
appelle ces gens - afin, évidemment, de bien attacher tout le contrat.
(21 h 30)
M. Parent (Bertrand): À la page suivante, j'avais des
questions concernant les honoraires de ta firme Price Waterhouse, "honoraires
professionnels relatifs à trois études effectuées sur
l'aide gouvernementale disponible à l'entreprise manufacturière
dans une province canadienne". Je voudrais savoir un peu en quoi cela consiste
et de quelle province il s'agit.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'était dans le
cadre de la révision des programmes. Nous avions mis sur pied un groupe
de travail de mes collaborateurs du MIC, y compris les gens de mon cabinet,
tout autant que de la fonction publique, qui sont impliqués dans tous
ces dossiers-là et qui ont une longue expérience des programmes
d'aide à l'entreprise, et des gens de la SDI. Ceux-ci ont cru utile,
avec raison d'ailleurs, de mandater cette firme pour qu'elle aille voir de
près quels étaient les éléments d'aide
financière aux entreprises, en Ontario disons, afin qu'on voie de
près ce que cela signifiait sur une base comparative, dans quel
marché de concurrence à l'égard des entreprises on pouvait
se trouver. C'était pour aller vérifier, finalement, ce qui se
faisait là-bas, comment cela pouvait déterminer des
investissements, quel était le comportement des entreprises à
l'éqard de l'existence des programmes d'aide ontariens, pour orienter
précisément, dans la satisfaction des besoins des entreprises
québécoises, la révision des programmes. Les
références à ce rapport de Price Waterhouse, c'est dans
les documents de travail, enfin, qui ont alimenté la réflexion
des collaborateurs qui ont mis en place le processus de révision des
programmes.
M. Parent (Bertrand): Alors, merci. À cause du temps qu'on
a et du nombre de dossiers, cela va compléter, M. le ministre, les
questions que j'avais sur la SDI. Je tiens à remercier M. Marcil et ses
collaborateurs, M. Carrière et M. Lafleur, de s'être
déplacés.
Heures d'affaires des établissements
commerciaux
J'aimerais qu'on puisse continuer sur quelques sujets qui me
préoccupent beaucoup. J'aimerais, peut-être, entendre le ministre
sur sa position quant aux heures de fermeture. Quand entend-il statuer
là-dessus?
Des voix: Ha! Ha!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je remercie M. Marcil, M.
Carrière et M. Lafleur d'être venus éclairer nos lanternes
à tous. Merci beaucoup, messieurs.
Concernant les heures d'affaires, d'abord, je dirais, M. le
Président, que, si on est pour poser des questions comme ça, les
commissions parlementaires devraient finir à 21 h 30. Étant
donné qu'il est 21 h 33, ce serait ma suggestion. Le dossier des heures
d'affaires essentiellement est venu à la surface, parce qu'en fin
d'exercice du pouvoir l'ancien gouvernement avait, à l'occasion d'une
consultation sur le régime des heures d'affaires, consenti à un
régime de transition ou imposé ou permis un moratoire quant
à l'application de la loi de façon intégrale à
l'égard de certains commerces nommément ceux qui, dans la
Gazette officielle de janvier 1985, étaient
désignés par la raison sociale et l'adresse civique sous
lesquelles ils exerçaient.
Cette disposition prévoyait que, deux ans plus tard ou à
peu près, il fallait se conformer à la loi si l'on voulait
demeurer ouvert, se conformer à la loi signifiant qu'en dehors des
heures autrement prévues on devait avoir sur place trois employés
ou moins en tout temps ou alors bénéficier de certaines
exemptions prévues par la loi, notamment dans les zones touristiques et
les zones frontalières.
Essentiellement, ce qui était couvert, c'était quelques
marchés publics - on les appelle marchés publics et il y en a
dans la région de Montréal, dans la région de
Québec
- un concept de services à la clientèle qui s'était
développé spontanément, on pourrait dire, à
certains égards, mais pas clairement, en dérogation à la
loi. Compte tenu des changements purement de comportement de clientèles
auxquelles cela pouvait répondre, on en avait peut-être
toléré l'ouverture. Cela a commencé tout petit. La plupart
des magasins avaient trois personnes ou moins à peu près en tout
temps. C'est devenu un phénomène extrêmement populaire.
Là où ces marchés se sont implantés, ils ont
commencé à rester ouverts le dimanche et c'est devenu encore plus
populaire.
D'une chose à l'autre, il fallait peut-être, enfin, aller
voir de près - c'est ce que l'ancien gouvernement a fait - ce qui
était en cause, quels étaient les effets sur la concurrence, ce
que cela signifiait au point de vue des avantages possibles pour les
consommateurs, etc. Toujours est-il que le régime des heures d'affaires
a été, enfin, je dirais, continué comme on le connaissait
à part quelques exceptions qui ont été introduites en
1985. Le problème particulier des marchés publics a fait l'objet,
je le répète, d'un moratoire, d'une suspension de l'application
de la toi, à condition que ces établissements se conforment
éventuellement à la loi à l'expiration du moratoire.
M. le Président, lorsque la date soi-disant fatidique 24 mois
après la publication à la Gazette officielle est
arrivée et passée, je n'ai pas, quant à moi, je le dis
d'une façon bien réaliste, senti qu'il y avait un tollé de
protestation en voyant que ces établissements étaient toujours
ouverts. Je n'ai pas senti de la part de groupes organisés que
l'ouverture des commerces qui, très précisément,
étaient ceux visés dans la Gazette officielle de janvier
1985, enfin que le maintien de ces commerces dans la forme qu'on leur
connaissait à ce moment, posait des gros problèmes de concurrence
' ou un gros problème social dans les régions où on les
retrouvait.
Il faut savoir que la liste était relativement longue. Il y avait
peut-être une douzaine de sites qui avaient été retenus
dans la Gazette officielle à l'époque. Certains d'entre
eux ont cessé de faire des affaires au cours des deux années qui
ont suivi janvier 1985, de telle sorte qu'en janvier 1987 ou à peu
près, enfin au printemps, il restait quelques sites au Québec
où on retrouvait des marchés publics qui étaient ouverts
le dimanche, certains établissements où il y avait plus de trois
personnes à un moment quelconque de la semaine qui travaillaient.
Afin de reconnaître que, d'une part, des comportements de
consommateurs et de consommatrices surtout étaient en cause, tout en
reconnaissant que, pendant toute la durée du moratoire, il n'y avait pas
beaucoup de pressions et qu'enfin, bien franchement, on ne voyait pas des
marches dans la rue et, comme le disait un ancien ministre des Finances, des
batailles dans les autobus pour qu'on ferme les marchés publics qui ne
se conformaient pas parfaitement aux dispositions de la loi sur l'ouverture le
dimanche, pendant l'année 1986, nous avons publié un
règlement qui, à toutes fins que de droit, reconnaissait
l'existence de certains établissements dits marchés publics, qui
avaient été avantagés, si on veut, ou qui avaient
été couverts par le moratoire. Nous avons reconnu que ces
établissements pouvaient demeurer ouverts dans les conditions qu'on leur
reconnaissait 24 mois après la publication ou le décret, si vous
voulez, de ce moratoire.
Il n'y a pas eu à l'époque, encore une fois, de
représentations violentes, de marches sur le parlement, de discussions
entre toutes sortes de groupes, soit de consommateurs, soit de travailleurs,
soit de marchands. J'ai eu des représentations de l'Association des
détaillants en alimentation. J'ai eu des représentations de gens
qui plaidaient pour certains marchands de fruits et légumes. J'ai
reçu des représentations d'un tas de qens. J'ai reçu des
représentations de représentants des travailleurs du secteur de
l'alimentation. Je pense que ces consultations et ces représentations me
justifiaient, sans créer de perturbations, sans créer de vagues,
reconnaissant une situation de fait, de permettre aux établissements des
marchés publics visés dans la liste de 1985 de continuer à
fonctionner comme ils le faisaient depuis déjà au moins deux ans
sous l'empire du moratoire et même plus, dans la mesure où
c'était déjà en vigueur lorsque le moratoire avait
été promulgué.
Nous en sommes donc à une situation que je décrirais comme
étant celle du statu quo de 1985, à toutes fins utiles. Les
établissements qui existaient à l'époque avaient
été visés par le moratoire. Ceux d'entre eux qui ont
survécu en affaires, depuis deux ans, sont toujours là, dans les
mêmes conditions qu'ils connaissent depuis leur fondation.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'ai écouté le ministre et il
m'a dressé un excellent tableau de l'évolution du dossier depuis
un an et demi, sauf que sa position, si je la traduis, c'est le statu quo, on
ne bouge pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): II y a eu effectivement un article - de
mémoire, dans la Gazette - selon lequel vous deviez
présenter un projet de loi. Non?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non. Pas dans la Gazette
officielle du Québec, dans le journal The Gazette?
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non. Il a fait erreur cette
fois-ci, encore.
M. Parent (Bertrand): Votre position sur la question des heures
d'affaires consiste à laisser porter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Touche pas!
M. Parent (Bertrand): Tant qu'il n'y aura pas de marches sur le
parlement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne dirais pas cela. Je ne
souhaite pas des choses semblables à personne qui travaille ici ou
autrement. Je dis que, de fait, il n'y a pas eu de perturbation, ni de marche
sur le parlement; ce serait un peu dramatique, n'est-ce-pas? II n'y a pas eu de
perturbations. Les représentations des différents groupes
intéressés ont été articulées d'une
façon normale, raisonnable et soutenue, même; il n'y a pas de
problème avec cela. C'est parfaitement légitime, c'est même
bienvenu. Je pense que la décision que j'ai prise - quand on voit qu'il
n'y a pas eu de vagues, ni de perturbations - finalement, représente
l'état du consensus à l'endroit de ce dossier des heures
d'affaires, qu'on peut dégager de la société.
On a fait un geste de changement comme lever un moratoire et
régulariser une situation qui, soi-disant, était exceptionnelle
sans créer de vagues, ni de protestations, sinon du bout des
lèvres, pour la forme. Il y a quand même des intérêts
qui étaient représentés et qui ont fait leurs
représentations. Ils l'ont fait, comme je l'ai dit, de façon
normale, attendue et, je dirais, bienvenue. Je pense qu'on a frappé
exactement dans le mille en prenant position comme gouvernement et en assurant
que l'état de la loi et de la réglementation corresponde à
un souhait largement exprimé ou partagé par l'ensemble ou, enfin,
par une vaste majorité de la population qui ne s'agite pas au sujet des
heures d'affaires. Je reconnais qu'il y a des intérêts très
particuliers et clairement identifiables qui, eux, s'agitent, mais c'est
normal.
Comme gouvernement, nous devons voir à ce que les changements
réglementaires ou législatifs correspondent le mieux possible
à l'état du consensus social dans cette matière. C'est un
des cas où s'applique une phrase célèbre d'un homme
politique, dont j'oublie le nom, qui avait dit: Je suis leur chef, donc je les
suis. C'est précisément, dans le dossier des heures d'affaires,
l'attitude qu'il faut avoir, je pense. Il faut identifier clairement quel est
l'état du consensus social et le régulariser, enfin, le
refléter dans la législation qui, ensuite, est
appliquée.
Évidemment, nous appliquons la loi. Cette loi est perçue
comme juste, comme équitable, comme correspondant aux souhaits de la
vaste majorité des gens. C'est un facteur de stabilité sociale
tout en respectant les règles économiques que les gens ont
décidé de se donner ou d'observer.
Dans ce cas particulier, je suis parfaitement à l'aise de
plaider, aujourd'hui encore, pour le statu quo. Il n'y a pas de projet de loi
en gestation. Il n'y a rien de tel qui est en train de se produire ou qui
menace de se produire, ou qui fait même semblant de se produire. Je ne
sais trop où ce journal a relevé dans mes commentaires que
j'avais même formé le début du germe d'une idée
d'introduire un projet de loi sur les heures d'affaires. Il n'y a pas de
demande, comme dit l'autre; alors, je ne vois pas ce qu'on irait faire
là-dedans. Ce n'est pas un cas où on doit tracer une voie
extraordinaire vers l'avant, vers l'arrière, vers la droite ou vers la
qauche, peu importe. Je le répète en termes simples, il n'y a pas
de demande. (21 h 45)
Le Président (M. Théorêt): M. te
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Une courte question, M. le
ministre. J'aimerais savoir, dans un contexte de volonté de changement
des habitudes des consommateurs et dans un contexte de
déréqlementation possible, s'il est possible de penser que la loi
sur les heures d'affaires puisse changer dans un avenir prochain.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La loi sur les heures
d'affaires et la réglementation qui s'y rattache n'ont pas simplement un
caractère, je dirais, économique. C'est relativement facile de
s'adresser à de la déréglementation ou à de la
réglementation, tant qu'à faire, en matière purement
économique. Le choix que la société semble avoir fait
aujourd'hui de ne pas obliger des dizaines de milliers de gens à
travailler le dimanche et le choix que nous pouvons avoir fait implicitement
comme société de maintenir une qualité de vie qui fait en
sorte que les établissements commerciaux soient en grande
majorité fermés au moins une journée par semaine sont du
domaine de l'équilibre et des choix sociaux beaucoup plus que des
règles de concurrence économique.
Oui, je suis profondément convaincu que les consommateurs
aimeraient que les magasins soient ouverts 24 heures par jour, sept jours par
semaine. Ils le sont dans certains États ou villes américains.
Par ailleurs, je suis profondément convaincu et je
le sais pertinemment, je dirais, que les représentants des
travailleurs du secteur de l'alimentation ne voient pas du tout où est
l'intérêt de leurs membres dans le fait de libéraliser les
heures d'affaires. Des groupes de consommateurs et des groupes
représentatifs de certains courants de pensée dans notre
société sont plutôt contre une libéralisation des
heures d'affaires au titre de la qualité de la vie et du genre de
société dans lequel on vit.
À ce moment-ci, je le répète, il n'y a pas de
demande. Je pense que nous avons atteint un certain équilibre. De toute
façon, j'invite de façon régulière les groupes qui
veulent faire des représentations à en faire. Je vais demander
à mon adjoint parlementaire, M. Philibert, de présider un groupe
de travail composé de députés ministériels afin de
recevoir les représentations des différents groupes
d'intérêts et afin d'aller voir éventuellement ce qui en
est "sur le terrain", entre guillemets: quelles sont les représentations
ou, enfin, les voies que veulent tracer certains groupes soi-disant
représentatifs, certains groupes d'intérêts, certaines
associations de consommateurs ou de travailleurs. M. le Président, je
dirais qu'il y a tellement peu d'agitation dans ce dossier que les membres du
comité ont eu le loisir de vaquer à d'autres occupations.
Le Président (M. Théorêt): Et je vous ferais
remarquer, avant de laisser la parole au député de Bertrand,
qu'un sondage est paru dans les journaux de fin de semaine selon lequel 40 %
seulement de la population demandaient le prolongement des heures d'ouverture
dans tous les secteurs.
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En terminant sur ce point-là,
j'aimerais juste dire au ministre que, dans le journal Le Soleil - ce
n'est pas dans The Gazette - on rapportait il y a quelques jours que
l'Association des consommateurs du Québec soulignait le fait que le
ministre de l'Industrie et du Commerce entend accorder à brève
échéance la priorité à ce sujet. Il serait
important...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne sais pas du tout
où ils ont pris cela, M. le Président. Je n'ai pas la moindre
idée de l'endroit où ces gens sont allés pêcher
cela, pas la moindre idée!
M. Parent (Bertrand): II faudrait peut-être le demander
à votre collègue chargé de ce dossier.
M. Philibert: Je n'ai en aucune façon eu de communications
avec des gens de The Gazette ou du Soleil.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai évoqué
l'existence, enfin, le fait qu'on ait constitué un groupe de
députés ministériels. C'est peut-être de là,
par voie de déductions très très erronées merci,
que vient le fait que l'Association des consommateurs ait cru que le
gouvernement s'apprêtait à présenter une loi. Il faudrait
voir l'état du dossier. Le mécanisme a été mis sur
pied à la connaissance d'un tas d'intervenants. Je pense que le
député de Trois-Rivières pourrait nous confirmer qu'ils ne
sont pas exactement inondés de représentations.
M. Philibert: Effectivement, les gens du milieu de l'industrie ne
semblent pas particulièrement intéressés à discuter
du dossier des heures d'affaires dans l'immédiat. Cela ne semble pas
être une préoccupation de leur quotidien. Dans ce sens, je prends
tout le temps nécessaire pour exécuter le mandat qui m'a
été confié de réunir les ministériels...
Des voix: Ha! Ha!
M. Philibert: ...dans la mesure où il n'y a pas urgence
dans l'autobus, justement.
M. Parent (Bertrand): Étant donné que tout le monde
s'entend...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aurais une statistique peut-être pour le député,
pour lui faire voir l'ampleur du problème ou le manque d'ampleur, le
manque d'intérêt des gens pour cette question. L'an dernier, en
1986-1987, 937 plaintes sur une base annuelle, même pas une vingtaine par
semaine, pour 30 000 commerces assujettis à la loi. J'ai suffisamment
d'expérience pour savoir que, si on met cela sur une base hebdomadaire,
une vingtaine de plaintes à l'égard de 30 000, c'est moins que
rien, quand on sait surtout qu'il y en a qui reviennent de façon
réqulière. Ce sont toujours les mêmes qui portent plainte
contre d'autres commerces ou concurrents. On y donne suite, condamnation et
tout ce que vous voulez, mais c'est insignifiant comme phénomène,
finalement, insignifiant au sens de non signifiant.
M. Parent (Bertrand): Pour conclure sur ce point, je dirais qu'il
semble, en tout cas, qu'il y a des gens qui attendent des réponses.
Alors, selon ce que dit le ministre aujourd'hui, je pense que ce sera
très clair: Ce n'est pas une priorité. Le député de
Trois-Rivières peut prendre son temps, il n'y a pas de
problème.
Des voix: Ha! Ha!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, ce n'est pas cela. Il ne
pourrait pas le dire lui-même, mais le député de
Trois-Rivières a
été investi d'un mandat par le caucus
ministériel.
M. Parent (Bertrand): II n'y a pas d'urgence.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les gens savent que cela existe
et personne ne se précipite. Alors, dans ce sens-là, s'il n'y a
pas de précipitation, donc, il n'y a pas d'intérêt. Comme
je le disais, le député de Trois-Rivières et ses
collègues peuvent vaquer à d'autres occupations qui, à
leur face même, sont beaucoup plus importantes. Si les gens ne sentent
pas le besoin d'aller faire des représentations, donc, c'est un sujet
tranquille. On croyait que ce l'était davantage, voyez-vous? On croyait
qu'il y aurait vraiment quelque chose: publication du règlement,
comité mis sur pied, inondation totale, raz de marée. En
conséquence, on avait donc raison de prévoir des coûts,
d'aménager un régime et peut-être, à la suite des
représentations qui nous seraient faites, un éventuel projet de
loi, éventuelles modifications à la réglementation. Rien
de tout cela n'est nécessaire, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
Études d'impact sur le
libre-échange
M. Parent (Bertrand): Oui, dans les cinq minutes qui restent
avant d'approuver les crédits, j'aimerais revenir rapidement sur la
question des études d'impact du libre-échange sur lesquelles on a
eu, c'est le cas de le dire, des échanges hier. J'aimerais savoir si
c'est une équipe à l'intérieur du ministère parmi
les experts sectoriels, qui a fait ces études d'impact et ces mises
à jour ou si cela a été fait par des firmes
extérieures, si des mandats ont été accordés
à des firmes extérieures. Ces études-là, puisque le
ministre a confirmé qu'elles existaient, ont-elles été
faites pour tous les différents secteurs et par qui?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, des mandats n'ont pas
été donnés à l'externe. Ce sont nos gens, nos
experts sectoriels, je dirais presque, dans le cours normal de leurs
activités. Mais c'est, évidemment, un mandat plus serré,
si on parle d'une étude ponctuelle à laquelle tout le monde
travaille en même temps pour que tout cela s'arrime à la fois, de
regarder, par secteur industriel, les effets présumés, possibles,
potentiels et anticipés d'une libéralisation des échanges.
Mais cela ne s'est pas fait in vitro dans la mesure où nos gens, comme
ils le font aussi dans le cours normal de leurs affaires, ont interviewé
les entreprises, ont eu accès à ce titre-là aux
données les plus confidentielles des entreprises qui transigent sur une
base de confiance avec nous dans tous les dossiers, notamment dans l'aide
financière, etc. Ces gens sont habitués au MIC, à ses
experts sectoriels, à leur discrétion quant aux renseignements
auxquels on a accès dans les entreprises. C'est donc un mandat
réalisé à l'interne, par nos gens qui ont fait ce qu'on
appelle des "field studies" aussi; ils sont allés voir des entreprises,
ont eu accès à des données confidentielles, alimentant de
façon encore plus précise, dans certains cas, pas toujours, leur
réflexion et leurs conclusions éventuelles.
M. Parent (Bertrand): Vous avez mentionné que cela fait
partie du cadre presque normal de leur travail, sur une base annuelle, de tenir
ces chiffres ou ces statistiques à jour. Est-ce qu'un mandat
spécifique leur a été accordé pour aller chercher
l'impact au tibre-échanqe qui s'en vient ou si cela s'est fait par la
mise à jour des derniers chiffres qu'ils avaient et qui remontent, nous
a-t-on dit hier, à 1984?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non. Je dirais que - le
ministre du Commerce extérieur l'a lui-même dit - les
études d'impact sectorielles dans différents ministères
étaient en voie de préparation, de rédaction, etc. Il
s'agissait de voir, comme je vous l'ai dit hier, ce que vous confirmera mon
collègue, qu'il y a des éléments dont on ne peut
carrément pas publier les données. C'est comme cela, j'ai
expliqué pourquoi hier. On doit voir, quand ce sera parfaitement
terminé, fignolé, ce qu'on peut, compte tenu des exigences de
confidentialité - c'est juste cela qui me préoccupe - pour les
entreprises et le secteur industriel, ce qu'on peut rendre disponible. Il n'y a
pas de problème avec cela.
M. Parent (Bertrand): On s'entend bien, pour terminer sur ce
sujet; ce que le ministre du Commerce extérieur parlait de mettre en
annexe et de publier ce sont les mêmes études sectorielles que
votre ministère a menées au cours de la dernière
année. Le ministre du Commerce extérieur a fait
référence aux études sectorielles de son collègue
du ministère de l'Industrie et du Commerce; alors, je veux être
bien sûr qu'on parle exactement de la même chose. Il n'y a pas
d'autres études qui existent quelque part concernant les impacts du
libre-échange, à votre connaissance?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, il y a, ce dont mon
collègue et moi, nous parlons, les études sur les secteurs
industriels dans un contexte anticipé et non pas
appréhendé, je le répète, de la
libéralisation des échanges.
M. Parent (Bertrand): Merci. Étant donné l'heure,
M. le Président, avant que vous me rappeliez à l'ordre, on
devrait peut-être passer à l'approbation.
Le Président (M. Théorêt): Appeler les
programmes. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je dirais que, dans le fond,
l'étude des crédits qui apparaissent ici est une occasion,
d'abord, pour que la commission s'entretienne avec le ministre
délégué aux PME. D'autre part, il y a un des programmes
qui relève carrément des responsabilités du ministre
délégué aux PME, qui, évidemment, émarge au
livre explicatif des crédits qui est devant nous. On peut
peut-être attendre à la fin tout à fait et on fera cela en
bloc tel que prévu. Je ne verrais pas qu'on adopte les crédits et
qu'ensuite on s'entretienne avec le ministre.
Le Président (M. Théorêt): II y aurait deux
façons de procéder, M. le ministre. On pourrait adopter les
programmes 1, 2 et 3 et adopter le programme 4 après ou on peut les
adopter en bloc après. C'est au choix.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans ce contexte, M. le
Président, cela ne change rien, je suis pas mal sûr de cela.
M. Parent (Bertrand): Je préférerais, si possible,
adopter ce qu'on a fini avec le ministre de l'Industrie et du Commerce. Ce
n'est pas que ce qui relève du ministre de la PME ne soit pas
intéressant, mais, étant donné qu'on a un bloc de sept
heures de terminé, j'aurais apprécié qu'à la fin,
maintenant, nous puissions approuver cela. Cependant, on a un problème
majeur, c'est qu'il n'y a pas quorum. C'était plus ou moins grave pour
nos discussions, mais, au moment de voter, M. le Président...
Le Président (M. Théorêt): Je vous
rappellerai, M. le député de Bertrand, que le quorum existait au
départ; on avait quorum pour le départ de l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce aujourd'hui.
Et toujours, lors des commissions, après que la commission est ouverte,
on continuait même si le quorum n'y était plus.
M. Parent (Bertrand): Mais pas pour le vote. Pour le vote, cela
prend le quorum absolument, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Pour le vote, vous
avez entièrement raison. Donc, on pourrait reporter cela à la fin
et les adopter en bloc ou on peut suspendre et appeler les
députés pour avoir le quorum.
M. Parent (Bertrand): J'apprécierais qu'on suspende.
Le Président (M. Théorêt): Sonnons les
cloches.
M. Parent (Bertrand): Sonnons les cloches. Le ministre
délégué aux PME est arrivé, sonnons les
cloches!
Le Président (M. Théorêt): Nous suspendons
les travaux pour quelques minutes.
Une voix: Je trouve que c'est tout à fait de
circonstance.
(Suspension de la séance à 21 h 55)
(Reprise à 22 h 15)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je
vais céder la parole au député de Bertrand qui veut faire
les remerciements d'usage et au ministre de l'Industrie et du Commerce et nous
pourrons procéder immédiatement après, si tous les gens
sont là, à l'adoption des programmes.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je ne voudrais pas
retarder indûment les travaux de cette commission. Je voudrais quand
même, dans les quelques minutes qui nous sont imparties, remercier le
ministre de l'Industrie et du Commerce et ses principaux collaborateurs et
sous-ministres pour tes présentations qu'ils nous ont faites et les
réponses qu'ils nous ont données. Au-delà des quelques
divergences d'opinions, je pense que plusieurs éclaircissements ont
été apportés.
C'est important, dans le cadre du fonctionnement de la
démocratie, que cette commission ait pu, au cours des sept
dernières heures, passer à travers l'ensemble des
différents programmes et plusieurs dossiers qui touchent directement ou
indirectement aux impacts comme tels des crédits pour l'année
1987-1988. Je tenais à remercier le ministre et tous ses collaborateurs
pour cet excellent exercice et j'espère qu'on aura l'occasion, au cours
des prochaines semaines, de donner suite à .plusieurs de ces discussions
qui ont déjà été amorcées lors de ces
études de crédits.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très bien. Pas en
réplique, mais en contrepartie, je remercie le député de
Bertrand de sa collaboration. Quant au fait qu'il a constaté que notre
disponibilité lui était acquise dans le cadre de ces travaux et
qu'il en était
reconnaissant, je l'invite à le dire à ses amis.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Nous allons maintenant passer à l'adoption des programmes 1, 2
et 3. J'appelle le programme 1, Soutien technique et professionnel au
développement et à la croissance des secteurs manufacturiers,
commerciaux et coopératifs. Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
maintenant le programme 2, Soutien financier au développement et
à la croissance des secteurs manufacturiers, commerciaux et
coopératifs. Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle le
programme 3, Soutien aux sociétés et organismes d'État.
Est-ce que le programme 3 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté, M. le Président.
Crédits du ministre
délégué aux PME
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie
et je souhaite la bienvenue au ministre délégué aux
Petites et Moyennes Entreprises et au critique de l'Opposition et
député de Shefford. Je cède maintenant la parole au
ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises.
Remarques préliminaires M. André
Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Chers
collègues de l'Assemblée nationale, membres de l'Opposition, il
serait peut-être opportun, M. le Président, dans un premier temps,
de resituer un peu l'ensemble de la mission du ministre
délégué aux PME et d'examiner le cheminement des
principales étapes de réalisation de son mandat au cours de la
dernière année, ce qui nous ramène à peu
près, à titre de ligne de démarcation, à l'an
dernier lors de ma comparution devant la commission des crédits au sujet
de mon mandat.
Peut-être, pour débuter, devrais-je rappeler que la
fonction de ministre délégué aux PME est une nouvelle
fonction à l'intérieur de la capacité gouvernementale du
Québec. Cette nouvelle fonction nous amenait, je pense, dans un premier
temps, à nous rendre auprès des clientèles visées
et à tenter d'apprécier les expectatives que cette nouvelle
fonction pouvait susciter auprès de ces dernières. Non seulement,
M. le Président, se rendre auprès de ces clientèles pour
apprécier ce à quoi elles peuvent s'attendre d'un ministre
délégué aux PME, mais également de voir avec elles
quelle orientation générale on pourrait donner ou on pourrait
espérer donner à cette nouvelle fonction.
Je m'explique. II s'agit d'examiner davantage avec elles leurs
réactions à une orientation qui vise non pas une aide à
partir de la confection de nouveaux programmes, non pas une aide à
partir de subventions directes, non pas une aide conçue un peu dans la
tradition des années passées lorsqu'on ambitionnait de soutenir
l'action "entrepreneuriale" au Québec, vue autant dans sa
capacité de création de nouvelles entreprises que dans l'appui
à la croissance des entreprises existantes; non, c'est davantage
d'examiner une action qui viserait à améliorer le climat
"entrepreneurial" à l'intérieur duquel interagissent nos
entreprises au Québec.
Dois-je vous dire qu'à la suite de cette tournée
régionale au Québec s'est dégagé un consensus -
j'allais dire quasi généralisé mais je dirais
généralisé - selon lequel nos chefs d'entreprises
s'attendent de la part du gouvernement non pas à une aide sous forme de
programmes directs mais davantage à des actions qui leur permettraient
d'évoluer à l'intérieur d'un climat qui permettrait
à notre capacité "entrepeneuriale" de prendre toute sa
potentialité.
À la suite de cette tournée qui m'a amené, dans
plus de 20 régions québécoises, à rencontrer plus
de 650 chefs d'entreprises, notamment des chefs d'entreprises de taille petite
et moyenne, à m'entretenir avec plus de 80 associations de gens
d'affaires du Québec, il m'est apparu important comme deuxième
étape de tenter de circonscrire davantage - vous me permettrez
l'expression - la personnalité de la clientèle dite de petite et
moyenne entreprises au Québec en essayant d'apprécier à sa
juste valeur l'apport économique des petites et moyennes entreprises au
Québec, Cet exercice nous a amenés à la publication d'un
état de situation des PME en novembre dernier qui nous a permis dans un
premier temps de convenir d'une définition que je qualifierais
d'universelle eu égard à ce que représente la masse
quantitative des petites et moyennes entreprises au Québec. C'est une
définition adaptée des définitions qui ont cours tant aux
États-Unis et en Europe qu'au Canada par le biais du Bureau de la petite
entreprise canadienne. On a dégagé deux définitions, une
pour le secteur de la fabrication et une également pour les autres
secteurs, notamment pour le secteur des services.
Cette première définition nous a permis de dégager
un nombre de petites et moyennes entreprises qui nous apparaissaient
d'importance pour autant que nos velléités, que nos ambitions
étaient, justement, d'apporter des actions d'appui à la
création des nouvelles entreprises et au soutien de la croissance
d'entreprises existantes. Cette appréciation, outre la définition
d'un objectif de nombre, nous a également amenés à
apprécier l'apport économique des petites et moyennes entreprises
par rapport aux revenus gagnés au Québec. On retient que nos
petites et moyennes entreprises représentent environ Al % de l'ensemble
des revenus gagnés au Québec.
Une autre mesure qui nous permettait d'apprécier davantage
l'apport économique des PME était également la part ou le
pourcentage total des petites et moyennes entreprises vis-à-vis de
l'ensemble des emplois au Québec. Encore une fois, on retient, on
observe, on note que la PME représente plus de 40 % de l'emploi total.
De plus, de façon plus significative, à mon avis, dans l'objectif
de mesurer l'importance de ces entreprises au Québec, dans sa
contribution à la création d'emplois, de 1978 à 1984, on
observe que la petite et la moyenne entreprise a créé la
totalité des nouveaux emplois au Québec. Le bilan de
création d'emplois de la moyenne et de la grande entreprise est
négatif. Le nombre d'emplois nouveaux, à la marge,
créés par ces entreprises pour ces années
considérées a été de plus de 176 000 emplois. La
part de la moyenne et de la grande entreprise a été de moins,
environ, 116 000 emplois. M. le Président, si la moyenne et la grande
entreprise avaient eu la même performance pour les années
considérées que ma petite entreprise, c'est 755 000 emplois
nouveaux, théoriquement, qu'on aurait créés pour la
période de 1978 à 1984. Je pense que c'est la mesure
économique, à mon avis, la plus significative dans une
appréciation objective de l'importance des PME au Québec.
Outre ces considérations, on est aussi à même
d'examiner la distribution spatiale des PME au Québec, de voir leur
importance dans les régions du Québec. On constate que la PME est
concentrée principalement à l'intérieur du triangle
Montréal, Mauricie, Bois-Francs, Québec, à 85 %. Les
autres régions représentent environ 14 % de l'ensemble des PME au
Québec. On est à même, également, d'apprécier
l'apport économique des PME au titre de l'adaptation des nouvelles
techniques de gestion, au titre de l'ensemble des activités qui sont te
propre du foisonnement "entrepreneurial" au Québec. Donc, M. le
Président, c'est là une appréciation de l'importance des
petites et des moyennes entreprises qui permet de mieux cibler les intentions
gouvernementales dans ce qu'elles visent à soutenir davantage ce
foisonnement.
À partir de cette réflexion, notre intention d'action,
comme je l'ai dit au début, visait à intervenir au titre des
conditions propices à l'émulation de l'activité
"entrepreneuriale", c'est-à-dire des actions à l'intérieur
de l'amélioration du climat. À ce titre-là, la
consultation, la réflexion, la publication de l'état de situation
nous amènent à observer deux titres de catégories de
problèmes relatifs aux PME au Québec. La première
catégorie de problèmes est celle que je qualifierais de propre
à l'entreprise elle-même: des solutions qui passent par des
initiatives de l'entreprise, des solutions qui passent par l'autodiscipline des
entreprises comme telles. On peut incorporer à cette catégorie de
problèmes, M. le Président, des problèmes relatifs, par
exemple, à l'évolution du contexte concurrentiel à
l'intérieur duquel évoluent nos entreprises et qui prennent
racine à l'échelle internationale: une prolifération de
l'intensification de la concurrence imputable, notamment, aux
négociations multilatérales qui ont eu lieu depuis le Kennedy
Round jusqu'au Tokyo Round, imputable aux actions de négociations
bilatérales à l'intérieur, notamment, de la
Communauté économique européenne, aux intentions de
négociations pour accélérer le mouvement de marchandises
et de services entre les États-Unis et le Canada. C'est un ensemble de
manifestations qui justifient d'emblée l'ampleur, l'allure qu'a pris la
concurrence internationale. (22 h 30)
II y a des adaptations également à des changements dans
les habitudes de consommation. Depuis notamment le début des
années soixante-dix - il est vrai qu'il est difficile de tirer une ligne
de démarcation pour situer les changements qui ont eu des effets
structurels sur le comportement des entreprises - depuis à peu
près le début des années soixante-dix, on note des
changements dans les habitudes de consommation qui sont nettement
tournées vers la recherche de choix de produits et de services davantage
personnalisés, davantage individualisés, davantage
identifiés. Donc, segmentation importante des marchés,
création de nouvelles "opportunités", ce qui a amené
également des adaptations de structures dans nos entreprises pour
pouvoir profiter de ces nouvelles "opportunités". Modifications, M. le
Président, importantes au chapitre des nouvelles technologies de
production et des adaptations à ces nouvelles techniques de production
imputables à des changements rapides dans les nouvelles technologies,
aux transferts de connaissances à l'intérieur de l'entreprise,
à l'utilisation de nouvelles capacités de faire, contrôle
numérique, conception, fabrication assistée par ordinateurs,
robotisation, informatisation des procédés, etc.
Également dans cette foulée de changements importants,
manifestement déstabilisants pour les entreprises pendant cette
période, toute la problématique du financement de l'entreprise.
À l'intérieur d'un contexte de basse conjoncture comme l'ont
été les années quatre-vingt à quatre-vingt-deux,
avec des taux d'intérêt qui ont précisé l'aspect
vulnérable de la structure de financement traditionnelle de nos
entreprises, des efforts ont été entrepris par divers
gouvernements à l'époque, efforts qui ont amené notamment
la création d'incitatifs à caractère fiscal susceptibles
d'améliorer la structure de financement de nos entreprises pour la
rendre moins vulnérable aux aléas de la conjoncture.
Des changements également dans les techniques de gestion des
entreprises. Des percées, des appréciations plus palpables de
nouvelles techniques de gestion qui tendent à responsabiliser davantage
le travailleur. On a vu les résultats probants de ces manifestations
dans les changements d'attitudes qui prennent en compte les nouvelles
techniques de gestion, eu égard aux succès de plusieurs de nos
PME au Québec.
M. le Président, je pourrais élaborer longuement sur la
catérogie des problèmes. Il est important de bien faire cette
distinction dans ce qu'on peut identifier objectivement comme problèmes
relatifs à la performance de nos entreprises, quand on pense que
l'objectif visé c'est, justement, par une action gouvernementale de
tenter de soutenir davantage cette action "entrepreneuriale". Catégorie
de problèmes qui crèchent nettement à l'intérieur
de la capacité de faire de nos entreprises et problèmes pour
lesquels le gouvernement peut à la pointe, à la marge, soutenir,
aider ces entreprises, mais non pas à travers des politiques
fondamentales, des politiques permanentes.
Une deuxième catégorie de problèmes qui se traduit
davantage dans la responsabilité gouvernementale, qu'on a
identifiés, qui nous ont été dits et redits par l'ensemble
des entrepreneurs qu'on a rencontrés et des entreprises qu'on a
visitées, c'est celle que je qualifierais globalement des tracasseries
gouvernementales. Dans l'esprit de nos entrepreneurs, dans ce qu'ils vivent
quotidiennement, c'est la surcharge de la facture réglementaire, c'est
la surcharge de sa cause première qui est la facture législative
et c'est sa grande manifestation au chapitre de la paperasserie, clairement
identifiée, souvent redite et très manifestement
véhiculée par l'ensemble des groupes d'affaires organisés
au Québec. À quoi sont imputables ces lourdeurs de tracasseries
administratives, M. le Président? Elles sont imputables à des
façons de faire, à des traditions. Je ne pense pas qu'elles aient
des responsabilités très personnalisées à travers
des gouvernements, dans le temps, à travers des régimes
particuliers. Le phénomène est nettement carrément
américain, occidental à la rigueur, et a touché toutes les
entreprises qui au cours des 25 ou 50 dernières années ont vu
leur gouvernement respectif légiférer à l'addition,
légiférer sans jamais tenir compte de la structure de la
législation et de la réglementation, eu égard à la
concurrence des entreprises par rapport à la lourdeur de cette
structure. Une législation, une réglementation, une paperasse qui
s'en est dégagée à partir de considérations
sectorielles. Également, une mentalité de légiférer
qui a rarement pris en considération l'effet de taille de l'entreprise.
Aucune mesure de flexibilité dans la philosophie de
légiférer ou de réglementer. Je le dis bien. On ne vise
pas... Et il serait difficile de culpabiliser, sous une forme ou sous une
autre, un type d'administration. C'est une pratique gouvernementale, sinon,
dans notre cas, une pratique parlementaire, qui a amené cette surcharge
de la facture et son impact sur le fonctionnement des entreprises, non
seulement au sujet des entreprises existantes dans leur croissance, mais
également au sujet de l'incitation à créer de nouvelles
entreprises.
Je prends à témoin l'expression "création de
nouvelles entreprises et croissance des nouvelles entreprises existantes" parce
que c'est à travers ces deux grandes manifestations d'activités
"entrepreneuriales" qu'on crée les emplois. Je vous mentionnais tout
à l'heure que plus de 100 % - puisque le bilan de la moyenne et de la
grande entreprise est négatif au chapitre de la création
d'emplois - plus de 100 % de la création d'emplois viennent de nos
petites entreprises, les entreprises de moins de 20 employés; 50 % de
cette création de nouveaux emplois viennent de la création de
nouvelles entreprises, 50 % viennent des entreprises en expansion. Le potentiel
de création d'emplois réside dans ces deux grandes
manifestations. Pour autant que l'objectif d'un gouvernement est la
création d'emplois, pour autant qu'on n'accepte pas le taux de
sous-emploi ou de chômage actuel, l'avenue privilégiée pour
créer des emplois est celle du secteur privé et, principalement,
celle des petites et des moyennes entreprises.
À cet égard, M. le Président, avons-nous convenu
d'une conférence, une première dans les annales politiques et
économiques du Québec, des PME qui a eu lieu la semaine
dernière où, à partir de ces constats, de cette
réflexion, de cette analyse, nous avons suggéré à
ces assises une façon, pour le gouvernement, d'intervenir dans ce qui
relève plus particulièrement de sa responsabilité,
c'est-à-dire d'intervenir dans un allégement potentiel de la
législation, de la réglementation et de la paperasse. Notre
analyse,
M. le Président - il est important que vous le notiez -
était si bien ciblée que les suggestions et les propositions qui
ont été faites ont été dans leur totalité,
après avoir été discutées, enrichies et
bonifiées, avalisées par le milieu, un milieu extrêmement
représentatif des PME au Québec: plus de 100 représentants
de toutes les associations d'entreprises et surtout de petites et moyennes
entreprises. Donc, en résumé, la définition d'un mandat
qui s'est traduit par une approche qui collait véritablement à la
réalité des petites et moyennes entreprises. Le dégagement
d'actions qui s'inscrivaient carrément dans la problématique des
petites et moyennes entreprises, à partir d'une responsabilité
qui est celle du gouvernement, sans s'égarer dans un ensemble de
responsabilités en confondant celles qui relèvent de l'entreprise
et celles qui relèvent du gouvernement.
Il nous reste à faire, M. le Président, et c'est ce qui a
été convenu au terme de la conférence PME de la semaine
dernière, il nous reste à négocier avec mes
collègues du cabinet une façon de faire pour viser cet objectif
d'allégement, d'assouplissement de la réglementation, de la
législation, de la paperasse. Mais, M. le Président, à
l'intérieur d'une formule qu'on veut légère, flexible,
incitative, sans création de nouveaux organismes, sans ajouter à
la lourdeur actuelle de l'appareil gouvernemental et sans entrer dans le champ
de compétence des ministères plus particulièrement
visés par cet objectif d'allégement, d'assouplissement de la
réglementation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. Est-ce que M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce veut intervenir?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, cela va, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dors dire, sans
mettre de chiffres, que moi aussi je suis prêt à faire, sans
limite, profession de foi en les PME et je pense que, de toute façon, je
l'avais prouvé. J'ai un très bon souvenir de ma première
campagne électorale de 1981 où je l'avais fait et je pourrais
sortir mes copies de presse: Québec, paradis de la PME. Un des
engagements que je faisais, c'était un guichet unique dans mon
comté. Donc, les termes que j'entends, aujourd'hui, je dois dire qu'ils
n'ont rien de surprenant, c'est de l'acquis et cela ne vient pas de nulle part,
cela vient justement d'une décision qui a été prise
antérieurement. Entre autres, je dois dire, dans Bâtir le
Québec. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais, dans
Bâtir le Québec, il y avait une orientation qui se
dessinait, à ce moment-là, d'aide à la PME, de
développement régional et de sous-traitance. Donc, cela fait
déjà quelques années et si on pouvait dire
déjà, en 1981, que le Québec était le paradis de la
PME, je ne le disais pas comme un nouveau qui vient et qui cherche un slogan
politique, je l'avais pris dans le cahier économique du journal Finance,
à ce moment-là, qui prouvait hors de tout doute que le
Québec était le paradis de la PME et non pas le paradis canadien
ou nord-américain, mais le paradis mondial de la PME. C'est tout
à notre avantage qu'aujourd'hui on le reconnaisse d'une façon
encore plus spécifique, plus étendue; tant mieux, mais c'est une
réalité qui date déjà de quelques années. Il
s'est fait des choses aussi, entre-temps, il ne faut pas l'oublier, ce qui fait
en sorte qu'aujourd'hui la PME prend autant de place et mérite d'en
prendre plus et que bon... Je me rappelle avoir participé aussi au
comité de Bernard Landry sur le virage technologique et qui a
amené nos entreprises, justement, à dire: C'est le temps, il faut
prendre le virage technologique. Donc, si on parle de bureautique, de
technologie, de transformation, c'est en grande partie dû à ce
document d'orientation qui a été mis en place et qui a permis
à l'ensemble des intervenants, du gouvernement et du secteur
privé, d'avoir un chemin tracé ou, en tout cas, un but, une
orientation, une direction à suivre pour permettre à nos PME,
parce qu'on retrouvait à l'intérieur du virage technologique non
seulement une préoccupation d'innovation et de recherche, mais
d'implication et de transformation de nos PME, pour leur permettre de se
transformer et d'être capables de faire face à ce qui était
la réalité moderne des années quatre-vingt, à ce
moment-là, puisqu'on est à la porte de 1990. Donc, il y a eu cela
et il y a eu la création du ministère du Commerce
extérieur qui a permis d'ouvrir le marché
québécois, de faire connaître nos produits et d'amener des
investissements. Donc, il s'est fait beaucoup de choses. (22 h 45)
Cela nous permet aujourd'hui de dire qu'on est capable de publier un
état de la situation. C'est un portrait du Québec à un
moment donné, le portrait du Québec, en 1986. À la suite
de ce qui avait été fait, on peut dire aujourd'hui que la PME a
toute sa place et qu'elle a créé au cours des dix
dernières années la majorité des emplois, sinon la
totalité, quand on soustrait les pertes des grandes entreprises pendant
la crise économique. Donc, notre PME a fait ses preuves, mais - c'est
bon de se le rappeler et je vais vous le dire très franche-
ment, tel que je le pense, car c'est vrai - il y a aussi des changements
à apporter. Cela, il ne faut pas se le cacher. Il faut aussi tenir
compte de la réalité passée et faire attention dans les
changements qu'on va apporter. Cela, il faut se le dire, même si on dit
que pour la PME, oui, il y a des irritants et des contraintes.
Il y a aussi des facteurs qui ont fait en sorte qu'on soit capable
d'avoir un état de la situation de la PME. Il y a eu des programmes
d'aide. Si on ne les avait pas eus, je ne suis pas sûr qu'on aurait un
bilan aussi positif à l'heure actuelle. Vous l'avez dit, M. le ministre,
et j'en conviens, c'était probablement des programmes qui étaient
dus à une situation tout à fait particulière, soit la
crise économique. Cela ne veut pas dire qu'il faut tous les garder, mais
cela ne veut probablement pas dire non plus qu'il faut tous les abolir.
J'ai l'impression que vous en avez discuté dans les programmes
qui ont précédé. Malheureusement, j'étais en
commission de l'autre côté sur un autre sujet. Je n'ai pas pu y
participer mais j'espère, si ce n'est pas ce soir qu'on aura la chance
d'en discuter au moins une autre fois. C'est une facette de la vie des
entreprises et spécialement des petites entreprises naissantes. Quant
à celles-là, on va y revenir plus tard.
Il y a aussi la déréglementation. Vous y avez fait
allusion et j'étais aussi à la Conférence PME 1987 et je
dois dire que c'est une préoccupation qui était connue. Il y
avait déjà eu un début, un comité de
déréglementation avait été formé il y a
quelques années pour essayer d'alléger déjà cette
réglementation qui était à certaines occasions abusive.
Mais il faut faire attention et convenir que beaucoup de nos entreprises vivent
grâce à la réglementation et que, si on
déréglemente trop vite, on risque d'attirer l'effet contraire de
ce qu'on veut faire. Je lisais dans le journal d'aujourd'hui que
déjà le ministre des Transports se lance dans la
déréglementation. Je dois dire qu'on doit s'en préoccuper.
Heureusement, il dit qu'elle va être plutôt lente et partielle. Il
faut quand même faire attention. Aux États-Unis, ils ont
déréglementé, vous êtes au courant, je n'ai pas
besoin de vous le rappeler. La Californie commence à penser à
réglementer le transport parce que cela a eu des effets contraires. Cela
peut faire baisser les prix pour le consommateur à un moment
donné, mais si cela fait crever toutes les petites entreprises - cela
permet plutôt aux moyennes et aux grosses entreprises de prendre le
contrôle du marché - on se ramasse avec un service qui est
amoindri et des coûts qui risquent d'être augmentés. Quand
la compétition n'est plus là, on paye pour cela. C'est toute la
société qui paye pour cela: plus de chômage et de
chômeurs, des prix plus élevés pour le consommateur et
moins de services.
Donc, oui à la déréglementation dans le sens d'un
principe, mais il ne faudrait pas que le principe... Il faut se le dire et je
le dis régulièrement quand je rencontre les représentants
des entreprises. Il ne faudrait pas mêler paperasse,
déréglementation et législation. De la
réglementation, on en a beaucoup au Québec. On en a et elle est
venue de tous les gouvernements parce que c'était une
nécessité économique avant tout. Quand on décidait
d'amener une réglementation dans le transport ou une
réglementation dans un autre secteur, c'est soit parce qu'il fallait
protéger le marché québécois - car il est
limité, c'est 6,5 millions - ou parce qu'on voulait favoriser des
régions ou des secteurs spéciaux d'entreprises. La
réglementation a été bénéfique pour
plusieurs, j'en suis convaincu, et cela permet à des entreprises d'en
vivre. Peut-être qu'aujourd'hui c'est moins utile. On a le droit de
revoir cela, mais il faudrait regarder les conséquences d'une
déréglementation qui serait trop rapide. Je vais vous citer,
parce qu'ils vous ont cité la semaine dernière à la
Conférence PME 1987. Vous aviez dit en 1985 - c'est bon de le rappeler,
c'est vrai et c'est une phrase qui mérite d'être citée
parce qu'elle est vraie: "Les PME pourraient sortir perdantes de tout
changement de leur environnement." C'est une réalité. Si on
montre une image, une photo de la PME dans "Les PME au Québec -
état de la situation", c'est à l'intérieur de la
réglementation et des critères des programmes existants. Donc, si
c'est comme cela, si c'est elle qui a créé les emplois, si on
peut dire: Québec, paradis de la PME en 1981, aujourd'hui disons qu'un
peu partout à travers le monde, dans tous les pays industrialisés
occidentaux, on comprend que la PME est vraiment une voie indispensable et
d'avenir pour la création d'emplois. On le comprend partout, sauf qu'au
Québec, il faudrait faire attention pour ne pas changer tout
l'environnement et faire en sorte de nuire aux entreprises qu'on veut aider.
Donc, je suis d'accord avec vous et il ne faudrait pas non plus que les gens
pensent que la déréglementation va leur rapporter davantage tout
le temps. Cela peut être le contraire et, si le passé est garant
de l'avenir, la réglementation va encore favoriser nos entreprises. Si,
aujourd'hui, ce sont des tracasseries, ce n'est pas nécessairement toute
la réglementation, il faut le dire.
En ce qui concerne le ministre délégué aux PME,
comme fonction, vous avez parlé des étapes franchies depuis un an
où l'on s'est rencontré. Vous aviez commencé avant. Cela a
commencé par une tournée. Vous êtes allé rencontrer
les gens pour identifier les irritants et les besoins. Cela a permis, à
l'automne, de sortir "Les PME au Québec -
état de la situation", une sorte de portrait de la PME au
Québec qui est un outil important, je le reconnais. On l'avait
auparavant de façon éparpillée, mais on ne l'avait pas de
façon condensée aussi rapprochée pour nous permettre
d'avoir une image. De ce côté-là, c'est une bonne chose
qu'on soit équipé avec cela maintenant. Et est arrivée une
conférence PME, vers une politique de soutien et de promotion à
la PME. Ce n'était pas un sommet, c'était une conférence,
ce n'était pas un sommet parce qu'il n'y avait pas beaucoup de vos
collègues qui vous entouraient. Je dois dire qu'on était plus
nombreux de l'Opposition et j'étais content d'être là. Je
trouvais cela important et cela a permis aux gens de passer des messages, et je
dois dire que les intervenants ont passé des messages à beaucoup
de ministres par votre intermédiaire. Je dois dire que j'ai retenu
beaucoup de points parce que j'ai pris beaucoup de notes à cet
échange. Vous aviez dit, d'ailleurs, en conférence de presse, les
gens se ramassent des questions pour la semaine prochaine.
Je veux qu'on fasse le tour, dans le peu de temps qu'on a, des
inquiétudes de ces gens-là et des voies d'avenir ou des
correctifs possibles ou probables. Vous avez dit à ce moment-là,
vous l'avez redit ce soir, qu'il y avait deux buts à votre
tournée et à votre démarche. C'est l'identification des
irritants et des besoins, mais, soit dit en passant, pour avoir lu le rapport
du comité des sages sur la déréglementation, on y retrouve
déjà tout cela. En totalité, on retrouve les mêmes
termes: législation, déréglementation, et paperasserie. Le
rapport est disponible depuis juillet 1986.
Le deuxième but de toute cette démarche, c'était la
définition du rôle du ministre. Dans les jours qui ont
précédé, on retrouvait dans les journaux: ministère
de la PME, plus d'autonomie, détachement du MIC, sauf que ce qui est
arrivé, la discussion... Cela ne va peut-être pas tout à
fait dans l'orientation qu'on trouve là, moi j'en fais une lecture un
peu différente de la vôtre, mais je me suis aussi fié
à la lecture que j'ai faite des analystes, des journalistes et de ce que
j'ai entendu cette journée-là. Ce qui est sorti de très
clair, et cela vous l'avez dit en partie, et je vais le répéter:
Pas de ministère, il n'en est pas question, le milieu ne veut pas de
ministère. La deuxième conclusion qui a été
répétée par les chambres de commerce, le Conseil du
patronat et l'association canadienne des entreprises manufacturières,
était unanime: pas de nouvelle structure. Quelque chose de très
léger, on a en suffisamment comme cela. Donc, si on veut alléger,
il ne faut surtout pas emmener quelque chose de nouveau; c'était
clair.
Il y a aussi un commentaire qui a été amené par
quelques personnes. On va certainement y revenir tantôt. En ce qui
concerne la déréglementation, c'est le ministre responsable de la
déréglementation, le ministre de la Justice, qui doit se charger
de voir comment, en ce qui concerne l'ensemble de l'appareil de l'État,
on déréglemente. Les gens ne veulent pas de duplication ou de
complexité. En voulant simplifier - on sait déjà où
s'adresser - est-ce qu'on ne risque pas de doubler? Je vous pose la question,
telle qu'elle me vient et telle que je l'ai perçue. Pour la
déréglementation, il y a déjà une personne
responsable. D'ailleurs, le rapport Scowen sur la
déréglementation le disait bien. Ce qu'il propose, ce n'est pas
ce que vous proposez là-dedans. Je ne dis pas qu'il est meilleur. Je
rapporte ce qui a été dit et ce qui mérite d'être vu
aussi.
Une autre chose a été dénoncée par des gens.
Que le ministre déléqué à la PME mette son visa sur
tout ce qui est nouvelle formule et paperasse, on a dit non, parce que c'est un
goulot d'étranglement. En plus, des comités sont
déjà sur pied dans les ministères. Quand de la
réglementation et des lois sont amenées, quand on apporte cela,
les gens disent - et je ne me souviens pas quel intervenant l'avait dit: C'est
déjà assez long comme cela. Quand on apporte une
réglementation, elle est apportée à un comité
paritaire. L'exemple a été donné par quelqu'un du Conseil
du patronat, je pense, qui est membre du comité de la CSST et il disait:
Quand on a eu de très longs débats sur quelque chose de
très technique à la CSST pour une nouvelle formule, il faut en
plus qu'on l'envoie au ministre de la PME pour qu'il mette son visa ou son
veto, sinon la formule ne sera pas bonne et elle sera refusée. Elle ne
sera pas en application. C'est ce qui est proposé là-dedans.
Alors que les formules de certains organismes gouvernementaux ou de
certains ministères sont tellement techniques, comment pourrait-on
concilier cela avec le fait que les formules doivent passer par un bureau
général? Quelle sorte de comité? Comité d'experts
de tous les domaines de l'entreprise? Mais c'est varié. Cela va au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
pour la formation et le perfectionnement, pour la formation professionnelle;
cela va au ministère des Affaires municipales responsable de
l'habitation pour ce qui concerne une partie de la construction; cela va
même au ministère de la Justice, protection du consommateur, en ce
qui concerne les plans de garantie de l'habitation. C'est tellement
varié que c'est déjà complexe, mais les comités en
place sont non seulement des comités d'experts pour des problèmes
techniques, ou en tout cas des gens plus rattachés au milieu
concerné, mais ce sont des comités paritaires. Donc, cela
permet
d'avoir une vision et, spécialement, quant à un des points
que vous avez soulevés, la participation des travailleurs; je dois vous
dire que, là, on touche au même travail et cela prend une
participation à un comité qui inclut, sinon les travailleurs, du
moins leurs représentants syndicaux. Là-dessus, vous avez
parlé d'un comité ministériel auquel - et les gens nous
l'ont demandé - les gens du milieu de l'entreprise vont participer, les
gens qui étaient à ta table. Bon, je pense qu'il ne me reste pas
grand temps.
Je vais terminer par une question concernant le développement
d'entreprises. On a parlé beaucoup d'irritants, on a parlé de
déréglementation, de paperasse, de comités pour essayer
d'alléger cela, et de législation. On a parlé des
irritants des entreprises. Mais, de développement des entreprises, on
n'en parte pas, ou très peu. On en parle dans la dernière partie,
la promotion, mais ce n'est pas nécessairement... Comme vous le dites,
vous avez fait votre tournée auprès des entreprises en place qui
vous ont fait valoir - et c'est correct et tout à fait normal - les
irritants, leurs inquiétudes et les changements qu'elles veulent voir.
À ce moment-là, on va intervenir sur le rôle du ministre
délégué à la PME. Est-ce un rôle pour aider
les entreprises en place à mieux fonctionner ou y a-t-il une autre
facette? Est-ce une médaille où il y a un côté aide
à l'entreprise en place pour faciliter ses démarches, mais, en
même temps, aider les nouvelles, ou y a-t-il aussi une
préoccupation, et cela relève-t-il du ministre de l'Industrie et
du Commerce, d'aide et de soutien aux nouvelles entreprises? Ce que j'ai comme
perception de la Conférence PME 1987, c'est que les gens vous voient
presque en totalité comme le ministre qui doit s'occuper
d'alléger les structures et d'aider les PME. Des mots ont
été utilisés; je vais les mentionner ici et vous me direz
si le rôle du ministre délégué à la PME -
c'est l'image qui en est ressortie - c'est d'être l'ombudsman de la PME.
(23 heures)
On a utilisé durant la journée à quelques
occasions, et en conférence de presse, le "watchdog" des PME, un
lobbyiste auprès de ses collègues, et, si c'est un lobbyiste,
est-ce que c'est avantageux pour les PME d'avoir un intervenant qui soit un
guichet unique mais, en même temps, un intervenant de plus pour faire
valoir son point de vue, en tout cas, pour les grandes associations qui
peuvent, quand même, avoir l'occasion de rencontrer directement les
ministres concernés pour faire valoir leurs points de vue?
Est-ce que c'est le ministre des irritants ou... et on retrouve,
à la page 27, une description qui est quand même très
importante. Et je dois vous dire que, si c'est la page 27 qui a raison, elle
vient affaiblir les qualificatifs que je viens de donner, parce qu'à la
page 27 on a bien plus l'impression qu'on parle d'un ministre d'État au
développement économique que d'un ministre d'État à
la PME, parce qu'on dit: Des priorités d'action seraient
établies, dans un premier temps, et donneraient lieu, par la suite,
à des interventions auprès des ministres concernés, au
développement de mesures et de programmes encore mieux adaptés
aux besoins des PME. Cela voudrait dire l'établissement de
priorités d'action pour tous les ministères. C'est ce qu'on dit
à la page 27, que des priorités d'action seraient
établies. Cela voudrait dire que c'est le ministre
délégué aux PME qui va les établir et, si on
continue dans les pages qui suivent, cela touche les outils d'aide et de
prospection au commerce extérieur, les transferts technologiques, la
gestion participative, la disponibilité de la main-d'oeuvre
spécialisée, la santé et la sécurité du
travail et les incubateurs. Cela voudrait dire que, pour tous ces champs
d'activité qui relèvent d'autant de ministres responsables de
secteurs, les priorités d'action seraient établies par le
ministre d'État à la PME.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus. Premièrement,
est-ce que le ministre d'État à la PME, c'est un ombudsman - je
n'aime pas l'expression, mais elle est utilisée - un "watchdog" pour les
PME, un lobbyiste ou un ministre des irritants, ou si c'est plutôt un
ministre d'État au développement économique qui va
établir les priorités pour l'ensemble de ses
collègues?
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux PME.
M. André Vallerand (réplique)
M. Vallerand: Je peux comprendre que, dans certaines
circonstances, l'image peut faciliter la compréhension, sauf que je
ferais remarquer au député que c'est un peu plus complexe que
cela. J'aimerais bien l'éclairer par la facilité d'une image,
mais cela cacherait la profonde réalité qui est, à mon
avis, un peu plus complexe que celle-là.
Pour reprendre certains propos du député, lorsqu'il dit
qu'en 1980 on avait déjà réalisé que c'était
le paradis des PME au Québec, dois-je conclure que de la façon
dont il parle maintenant de la situation des PME au Québec c'est le
ciel? On ne tentera pas d'identifier qui a été responsable du
purgatoire des PME mais, chose certaine, c'est que, dans ses propos,
manifestement, il nous dit qu'il y a eu une nette amélioration depuis
1980 et, je croirais, peut-être depuis 1985. J'ai bien dit tout à
l'heure qu'il est toujours difficile de tirer les lignes de démarcation,
mais je remercie, dans un premier temps, le député pour son
objectivité, sa façon de reconnaître de
quelle façon ce nouveau gouvernement, à peine un an
après son élection, a déjà mis en branle un
ensemble de dispositifs, d'actions, qui a permis une amélioration plus
que sensible, une amélioration substantielle de la situation
d'avant.
C'est heureux parce qu'il est agréable, quand même, dans un
environnement parlementaire qui est fait d'une majorité gouvernementale
et de l'Opposition, de voir des personnes qui sont capables d'une telle
objectivité, de se dépasser dans l'analyse qu'elles peuvent faire
et d'être capables de reconnaître les mérites de leurs
vis-à-vis, sans pour autant les qualifier d'adversaires, parce que je
traduis, dans ses propos, une certaine complicité avec notre
façon de faire parce que d'accord avec les orientations que nous avons
prises et les objectifs que nous nous sommes fixés. Vous me le
permettrez, M. le Président, je pense qu'il est important de le
souligner...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: ...
M. Vallerand: Avec les propos qu'il tient, je pense que ce ne
sera pas tellement long.
Vous avez reconnu la réalité des PME, du temps que vous
étiez là, mais je dirais que vous l'avez reconnue un peu à
tâtons. Vous n'étiez pas capables de l'apprécier dans sa
véritable réalité. Preuve en est qu'à cette
époque, jusqu'à ce qu'on produise l'état de la situation,
on ne connaissait pas le nombre de PME qui existaient au Québec. C'est
fondamental, pour autant qu'on songe à soutenir l'action de cette
activité et pour autant qu'on songe à élaborer non
seulement des actions, mais des politiques qui tiennent compte de l'ensemble de
la réalité des entreprises au Québec. Il est important,
dans un premier temps, de savoir combien il y en a. On vante leur apport
économique au titre de la création d'emplois mais, avant qu'on
vous le dise, vous ne le saviez pas.
Je comprends que vos intentions étaient bonnes. M. le
député, c'est un peu ma façon de traduire ce que j'entends
par tâtonnement: des pensées nobles à la mesure de la
réalité économique de l'époque - vous pouviez
difficilement faire autrement - mais, véritablement, un processus plus
ou moins à tâtons. C'est vrai, vous avez tenté de les
aider. On vous excuse parce que vous connaissiez mal le client à
l'époque. Pour des raisons de conjoncture, pour des raisons de
changements importants dans les conditions du marché, de changements
importants dans la structuration de l'entreprise, il s'est avéré
qu'à votre époque, si vos actions avaient été mieux
ciblées et si vous aviez mieux connu votre clientèle - comme je
le disais tout à l'heure, il y a place à amélioration - ce
n'est peut-être pas 116 000 emplois qu'on aurait perdus, c'est
peut-être 755 000 emplois qu'on aurait gagnés,
théoriquement; vous ne pouvez pas le nier, les faits sont là.
Notre petite entreprise, qu'on valorise tant, a créé la
totalité des emplois pour la période 1976-1984, la petite
entreprise de moins de 20 employés. Elle a été
extrêmement performante. Si on l'avait mieux connue, on l'aurait
probablement mieux aidée et on ne se serait pas retrouvé avec un
bilan négatif de création d'emplois, malgré les
aléas conjoncturels.
Vous remarquerez aussi - et je voudrais corriger le député
à cet égard - que je n'ai jamais parlé de
déréglementation. Si vous lisez très bien mon document,
vous allez voir que l'objectif vise l'allégement, dans le sens de la
réduction, pour être plus explicite, et l'assouplissement de la
législation, de la réglementation et de la paperasse. M. le
député a dit: II faut faire attention de ne pas lier les trois.
M. le député, je vous répondrai, dans le langage suivant:
La cause des tracasseries administratives, c'est d'abord la législation.
La première dérivée de la législation, c'est la
réglementation, et, la deuxième dérivée, qui
découle de la réglementation, c'est la paperasse. Je veux bien
faire des nuances dans la relation de cause à effet, mais je pense que,
si on veut véritablement, honnêtement, objectivement, efficacement
arriver à réduire ces tracasseries, il faut identifier le
problème à sa racine, mais d'une façon incitative,
flexible, positive, dans une perspective de coordination. Vous avez
souligné, et je le reconnais, le chevauchement des compétences
impliquées dans un tel objectif. C'est très juste, très
juste. C'est la raison pour laquelle l'approche qui a été
proposée lors de la conférence où vous étiez et qui
a été avalisée par le milieu est justement celle d'une
structure légère, incitative et non pas coercitive, de concert
avec les autres compétences ministérielles, donc, dans une
perspective de coordination, sans extirper aux autres ministres leurs
compétences.
M. le Président, ces expériences existent ailleurs. Elles
sont récentes ailleurs, malgré le fait... Vous me permettrez de
prendre l'exemple canadien. Je ne veux pas dénigrer l'expérience
canadienne, elle est heureuse dans ses résultats, mais elle est en
exploration depuis 1977. En 1977, on créait le premier
Secrétariat à la petite entreprise. Vendredi dernier, le 29 mai
1987, dix ans plus tard ou à peu près, dans le Globe and Mail,
Report on Business - je ne sais pas si M. le député de
l'Opposition lit Report on Business dans le Globe and Mail - le ministre
fédéral délégué aux petites et moyennes
entreprises, M. Bernard Valcourt, annonçait une politique
d'allégement, d'assouplissement de la réglementation, de la
législation et de
la paperasse, je dirais quasiment modelée sur ce que nous avions
proposé la veille, dans la même perspective, à travers une
structure identique et à partir d'un ministre qui a exactement les
mêmes compétences que les miennes, et de concert avec ses
collègues. L'expérience canadienne a été rendue
publique la semaine dernière. Cela existe depuis 1977. Nous avons
été créés, à la PME, le 12 décembre
1985. Nous arrivons précisément avec le même verdict et
quasiment exactement avec les mêmes moyens. Cela n'a pas
créé de perturbations à l'intérieur de l'appareil
ministériel fédéral. Au contraire, cela a reçu
l'aval des ministères concernés au premier chef.
Vous me demandiez donc si je voyais mon rôle comme celui d'un
ministre -comme un gouvernement, dirais-je, dans un autre gouvernement - qui
voulait se donner un rôle d'État au développement
économique. Mais non! Mais non! Mon rôle s'inscrit en addition, en
complément du rôle de mes autres collègues. Et si j'ai
choisi sciemment l'objectif de l'allégement de la bureaucratie pour
améliorer le contexte dans lequel évoluent nos entreprises, pour
favoriser leur création, pour favoriser leur expansion et, ultimement,
la création d'emplois, c'est précisément parce que les
autres fonctions sont très bien assumées par mes autres
collègues, notamment par le ministre de l'Industrie et du Commerce au
titre du développement économique. Je ne vois pas la place que le
ministre délégué aux PME pourrait prendre dans cet espace.
C'est très bien rempli pour ce qui est de l'ensemble des programmes de
soutien à l'entreprise, bien ciblé, dans des secteurs en
croissance, au titre des entreprises qui visent l'exportation à tous
égards. À un point tel que l'on voit certaines difficultés
de l'Opposition à en critiquer les moyens. (23 h 15)
Donc, pour répondre à votre question, mon rôle
s'inscrit dans le complément positif de l'action de mes autres
collègues, eu égard à l'objectif bien ciblé
où le gouvernement peut intervenir, à savoir l'allégement,
comme vous l'avez dit, des irritants, comme la réglementation, la
législation, ou peut-être dans le sens inverse, pour être
logique: législation, mieux légiférer. Pas contre la
législation, mieux apprécier sa conséquence
première, la réglementation, par des études d'impact, et,
ce faisant, alléger l'ensemble de la paperasserie. Si vous avez lu le
document attentivement, pas seulement la page 27 hors contexte, mais dans sa
philosophie globale, vous vous êtes rendu compte qu'on prend même
le soin de dire qu'il n'est pas question de déréglementer. On
prend même le soin de dire que le gouvernement reconnaît
l'utilité de la législation et de sa réglementation. On
prend même la peine de dire qu'il sera important de dresser une liste des
champs de législation, de réglementation qui seront exempts de
cette volonté d'assouplissement et d'allégement.
Donc, ce n'est pas l'intention du gouvernement de
déréglementer tous azimuts pour le plaisir de
déréglementer. On déréglemente d'une façon
responsable comme gouvernement, connaissant très bien les besoins de son
milieu, qu'il veut servir, et, dans ma capacité, mes clientèles,
l'entreprise. J'espère, M. le député, que mes propos
sauront vous rassurer vis-à-vis des inquiétudes que vous pouvez
entretenir eu égard à mon rôle.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Shefford.
Discussion générale
M. Paré: Je vais essayer de poser une question courte et
vite. Je le défie d'être capable de me répondre aussi vite
parce que, dans le secteur privé, cela va vite d'habitude.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Vous pourriez poser vos deux questions tout de suite,
cela lui donnerait quarante minutes et on pourrait aller l'écouter au
perroquet.
Une voix: En plus d'assainir le climat.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Shefford.
M. Blais: II est très sain.
M. Vallerand: C'est votre côté
environnementaliste.
M. Paré: Au-delà des belles paroles de principe,
c'est beau ce que vous avez dit, mais, en termes pratiques,
d'application...
Une voix: Je ne trouve pas que ce soit si beau.
M. Paré: Oui, de belles paroles. Je dois dire que cela
coule...
M. Vallerand: Vous êtes généreux.
M. Paré: Ce que je veux, c'est essayer d'être
très clair. Au plan de la déréglementation, on dit que
vous allez être le guichet unique, le point, l'ombudsman, l'endroit
où les PME vont s'adresser lorsqu'il y aura des irritants, des choses
à changer; elles veulent savoir où s'adresser. Vous allez pouvoir
faire vingt minutes là-dessus, je
suis sûr. Cela veut dire quoi, guichet unique? Vous le placez
où? Est-ce que c'est un guichet unique à votre bureau, dans le
sens que les associations représentatives vont vous faire des demandes
là? Sur le terrain, pour les PME, cela veut dire quoi? Un ajout au
ministère de l'Industrie et du Commerce dans les bureaux
régionaux d'une personne qui serait responsable des irritants et de la
déréglementation, des tracasseries et de la paperasserie? En ce
qui concerne les PME, vous allez faire des recommandations et vous allez
être le point de chute des demandes de déréglementation ou
de modification, pas d'abandon de la réglementation, vous venez de le
dire, vous allez essayer de l'amoindrir un peu, mais on va la conserver en
grande partie. Comme à la table de concertation, la semaine
dernière, il y avait des gens des petites et moyennes entreprises, du
monde patronal, de très grandes entreprises aussi -on parle toujours de
déréglementation de PME - mais il y avait des gens de la
très grande entreprise. Il y avait des gens du secteur de la
construction qui nous ont apporté des chiffres éloquents - je
pourrais les retrouver, mais j'aime mieux vous écouter que chercher les
chiffres précis -dans les 3 000 000 000 $ ou 4 000 000 000 $
d'investissements par année faits par les entreprises, par le secteur de
la construction qui est en soi très réglementé. Il y avait
des agriculteurs qui sont des producteurs, qui sont en très grand
nombre, des dizaines de milliers de gens. Si vous êtes responsable de la
déréglementation de tous ces secteurs, comment cela va-t-il
s'agencer avec la déréglementation ou avec les modifications
à apporter concernant les autres secteurs, qui vont finir par être
en minorité? Est-ce que vous en avez déjà discuté
avec votre collègue, le ministre de la Justice, et qu'en pense-t-il?
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux PME.
M. Vallerand: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
que le député voulait une réponse rapide à une
question d'une formulation d'à peu près dix minutes sur le
guichet unique. M. le député, il faut mettre cela dans sa
véritable perspective, une perspective globale.
M. Paré: M. le ministre, est-ce que je vous ai
contredit?
M. Vallerand: Bien oui, M. le député, trois minutes
pour savoir où va crécher le guichet unique! C'est une
élaboration qui permettra peut-être à celui que vous visez
de situer cela dans une perspective plus globale.
Une voix: Et c'est parti...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Vallerand: C'est très important pour la
compréhension de tout le monde, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Vallerand: Tellement souvent, M. le député, vous
le reconnaîtrez, tellement souvent, on interprète des propos
concernant des intentions, parce qu'on n'a pas donné suffisamment
d'information. Vous en convenez?
M. Paré: Oui.
M. Vallerand: Pour qu'on n'interprète pas mal mes propos,
j'aimerais situer cela dans une perspective plus globale que la notion du
guichet unique. La notion du guichet unique est née de la discussion,
à ta conférence à laquelle vous avez fait allusion. C'est
une dimension de l'ensemble de la discussion, de ce qu'on peut appeler sinon
des propositions, à tout le moins des suggestions qui ont
été faites aux participants dans le but d'être
bonifiées, enrichies, pour mieux situer, cibler l'action du ministre
délégué aux PME. Non pas circonscrire son mandat, mais
cibler son action pour avoir des politiques qui correspondent aux besoins de
l'entreprise.
Il y avait, on l'a mentionné, des considérations relatives
à la législation, à la réglementation. Les
participants ont été clairs, très très clairs sur
ce qu'ils attendaient de cette dimension de la discussion. Il y a eu
également une discussion qui a duré longtemps, enrichissante,
à laquelle il fallait être très attentif - et j'ai
remarqué que le député de l'Opposition était
très attentif - parce que cela exprimait les grandes
préoccupations du milieu de l'entreprise au Québec. Leur
façon de servir une clientèle, c'est d'être à
l'affût de ses besoins, bien les connaître et les apprécier,
et articuler des politiques en conséquence.
Discussion sur la gestion documentaire, deuxième volet important
de la conférence de la semaine dernière.
Troisième volet, et j'arrive à votre question, la
considération du guichet unique, à l'intérieur de laquelle
considération sont incorporés d'autres éléments
dont la confection d'une banque de données statistiques tournées
vers les besoins des PME. Je pense que vous êtes conscient autant que
moi, compte tenu du phénomène nouveau de l'émergence des
PME, qu'on a, dans notre gouvernement comme dans les autres gouvernements, sans
chercher de coupables, un fichier statistique qui n'est pas conforme, qui n'est
pas conçu en fonction de la clientèle des PME. Je peux vous dire
que
j'en ai fait l'expérience lors de la confection de l'état
de la situation.
Lorsqu'on examine le fichier statistique du Québec, on y
rencontre toutes les données possibles et impossibles sur l'entreprise
manufacturière, qui a été l'outil de développement
économique traditionnel du Québec dans les années
passées. Parce qu'on y était habitué, on avait davantage
comme référence l'unité de grande production qui avait des
effets structurants sur l'ensemble de l'économie; c'est un levier du
développement économique important, et qui l'est encore
d'ailleurs. On a peut-être oublié le foisonnement,
l'émergence des petites unités de production pour les raisons que
j'évoquais tout à l'heure. Donc, on n'a pas monté une
banque de données qui nous permette de mieux apprécier l'ensemble
du phénomène PME comme tel. Les participants - vous étiez
là - dans leur totalité ont convenu de l'urgence de cette banque
de données. En même temps, troisième élément
de cette troisième considération sur le guichet unique,
publication du rapport annuel du ministre délégué aux PME,
justement, pour l'obliger à rendre compte de sa façon de
gérer la documentation dans le sens de la diminution, dans le sens de
l'efficacité, dans le sens du respect des droits et de la
sécurité des autres, en ce qui a trait à la
législation et à la réglementation.
Donc, le guichet unique a fait l'unanimité dans le sens de
l'aiguillonnaqe de l'information; c'est important. C'est important de ne pas
mal m'interpréter. Vous étiez là, d'ailleurs. Je pense que
vous avez compris; en tout cas, je ne cours pas de risque. Guichet unique, dans
le sens d'aiguillonner l'information pertinente à l'entreprise; c'est le
terme qu'on a retenu. Certains représentants, et vous l'avez dit,
surtout de la petite et de la moyenne entreprise, de la grande entreprise
aussi, ont préféré utiliser le terme "entreprise"
plutôt que se rabattre sur la notion de PME.
Donc, aiguillonner l'information pertinente à l'entreprise
à partir d'une collaboration et d'une concertation de tous les
ministères qui sont, à un titre moindre ou à un titre
autre, amenés à faire de l'information vis-à-vis des
entreprises à tous égards. C'est cela la notion du guichet
unique. Il n'est pas du tout incompatible avec ce qui existe
déjà, il ajoute aux efforts déjà entrepris par le
gouvernement pour mieux informer nos entreprises. C'est un voeu exprimé
par le milieu depuis longtemps: centre d'aiguillonnage de l'information
tourné vers les entreprises à partir des compétences
ministérielles visées. Léger, souple, flexible, efficace,
à la mesure de nos entreprises du Québec.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Shefford.
M. Paré: À vous écouter, M. le ministre,
plus vous me donnez de l'information, moins je suis convaincu de
l'utilité du ministère. Là, vous venez de
répéter depuis presque une heure et quart que ce qui compte - et
je suis d'accord -c'est l'information, donner des outils aux PME, les
écouter et leur transmettre tout ce qui est utile, les statistiques, les
rapports annuels, toutes sortes de documents. Vous avez même
spécifié que ce qui est important, c'est une banque de
données. Je pense que le Bureau de la statistique du Québec, si
on lui passe de bonnes commandes, est capable de donner cela très
rapidement aux entreprises. Ce sont quand même les gens du
ministère de l'Industrie et du Commerce, dont vous relevez, qui ont
produit le document; vous ne l'avez pas écrit entre 3 h 15 et 3 h 40.
Finalement, c'est une banque de données pour les PME, dites-vous. Je ne
sais pas si les explications ne sont pas bonnes ou si c'est parce qu'il est
minuit moins quelque chose, 23 h 30, et que cela rentre moins bien, mais je
dois vous dire que, si, selon ce que vous êtes en train de dire, la
responsabilité du ministre délégué aux PME, c'est
de fournir aux entreprises tout ce dont elles ont besoin comme information, une
banque de données, je ne suis pas sur que cela justifie
l'investissement.
Je vais vous poser deux ou trois autres questions. Je suis sûr
d'avoir une longue réponse, et peut-être que le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourra intervenir là-dessus. Comment
justifier que votre cabinet ait seize personnes et que le cabinet du ministre
de l'Industrie et du Commerce en ait treize? C'est une question que je retrouve
dans les crédits et que je vous pose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que je peux vous
interrompre?
M. Paré: Je vais compléter. J'ai quatre courtes
questions. J'ai pris trois minutes tantôt. J'ai été clair,
par exemple, parce que cela a permis une réponse de 20 minutes. Cela
veut dire que cela prend une mautadite bonne question, laissez-moi vous dire
cela. Pour justifier une réponse de 20 minutes, cela prend de bonnes
questions. Ensuite, attendez un peu; par ordre, j'ai posé une question
sur treize par rapport à seize personnes dans les cabinets. Toujours
dans le budget, j'aimerais savoir, puisque vous êtes aussi, M. le
ministre délégué aux PME, responsable de l'Office
franco-québécois pour ta jeunesse, s'il y a des budgets
intégrés ou si vous avez un budget à part. Si c'est
à part, comment se fait-il qu'on retrouve dans les dépenses de
voyages des gens du cabinet pour des délégations dans des
activités qui relèvent de l'Office franco-québécois
pour la jeunesse?
(23 h 30)
Troisième question. Je reviens à mon introduction du
début, alors que je disais, et vous me l'avez confirmé au fur et
à mesure qu'on avançait, que votre rôle était celui
de ministre des irritants. Est-ce que vous avez aussi une préoccupation
ou les moyens de travailler à la venue de nouvelles entreprises, ou si
cela relève directement du ministre de l'Industrie et du Commerce? Qui
est en charge des programmes d'aide ou des organismes qui sont en place au qui
pourraient l'être pour créer de nouvelles entreprises? Je pense,
entre autres, aux incubateurs industriels.
Dernière question dans cette série-là. À la
veille de la conférence sur les PME, dans le livre et dans La Presse, on
spécifiait que tout cela nous conduirait à une loi qui serait
déposée à l'automne. Une loi qui obligera bientôt le
gouvernement à publier deux fois l'an, à l'intention des PME, la
liste des projets de lois; un projet de loi visant à alléger la
paperasse concernant les PME et qui éliminera les irritants envers le
commerce.
Donc, les gens s'attendaient que cette démarche en trois points,
que j'ai énumérés au début, et dont la
troisième phase était la rencontre avec les gens
concernés, que je félicite et que je remercie d'être venus
à Québec faire valoir leurs points de vue... Ce qui semblait
émaner de tout cela, c'est qu'au tout début de l'automne un
projet de loi serait déposé. Je me rappelle, M. le ministre, que
vous avez répondu, en conférence de presse, à une question
qui vous était posée directement: Est-ce qu'on peut s'attendre
qu'une loi sera déposée à l'automne, à la suite de
cette rencontre? Et la réponse a été plutôt: Non, je
ne pense pas qu'on soit obligé d'adopter une loi et il n'y aura pas de
loi. C'est ce que j'ai cru comprendre. Ce sont quatre questions à
répondre en 20 minutes.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce, dans un premier temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président,
dans la mesure où je vois au moins deux questions qui se rattachent
directement à ce qui me concerne ou alors auxquelles on a répondu
hier en discutant avec le député de Bertrand qui avait aussi
relevé le nombre d'attachés, de personnes dans les cabinets. Ce
qu'il faut considérer, dans le fond, c'est qu'il y a 29 personnes au
total qui travaillent et qui émargent aux enveloppes respectives de mon
collègue et de moi-même. Il faut savoir que, physiquement, par
exemple, ici, à Québec, on est carrément sur le même
plancher; c'est le même espace, il y a des services qui sont communs. Des
gens peuvent émarger à la masse financière du cabinet de
mon collègue et, de fait, travaillent et pour lui et pour moi, donc pour
tous les deux. Dans d'autres cas, cela peut littéralement être des
gens inscrits sur la liste de mon collègue et qui travaillent
essentiellement pour moi. L'inverse est partiellement ou totalement vrai. C'est
une question d'aménagement physique, de répartition des gens
à l'intérieur de nos deux masses. Alors, donc, dans le fond, il
n'y a pas de problème, sauf le fait qu'on a des espaces physiques qu'on
partage et des services communs au niveau, notamment - et c'est là que
les chiffres sont peut-être plus explicites - des employés de
soutien. C'est de là que vient la différence, finalement.
Quant à savoir si le ministre a une responsabilité
à l'égard des incubateurs d'entreprises, nous en avons
discuté hier, encore une fois, avec votre collègue, le
député de Bertrand. Vous avez évoqué ce rôle
à l'égard de la promotion, du démarraqe de l'entreprise,
comparativement au rôle de ministre des irritants, comme vous choisissez
de l'appeler pour des raisons qui vous sont propres, que mon collègue
pourrait représenter. Ce que j'ai à dire à ce sujet, c'est
que, très clairement, les programmes éventuellement
normés: le soutien, l'aide financière, l'aide technique à
un incubateur, donc, au démarrage d'une entreprise, dans ces
circonstances, relèvent carrément du ministre de l'Industrie et
du Commerce. Cependant, et c'est là, je pense, qu'on peut illustrer - et
je veux en témoigner - c'est là qu'on voit l'exercice du
rôle de mon collègue - que celui-ci vous a décrit, je n'ose
pas dire amplement, mais je pense qu'on pourrait employer le terme, dans les
circonstances -de se faire l'avocat, le plaideur de la cause des petites et
moyennes entreprises, qu'il s'agisse, à l'occasion, de la
définition de certains programmes du ministère de l'Industrie et
du Commerce, d'être totalement, complètement, dirais-je,
sensibilisé aux dimensions et aux besoins particuliers des petites et
moyennes entreprises. Mon collègue a choisi cela, ayant le mandat
d'être très près de cette dimension précise et
pouvant finalement consacrer l'ensemble de son temps à cette tâche
particulière. Il apporte, à mon sens - je peux en
témoigner - un éclairage qui permet d'orienter ou de
définir les programmes d'aide aux entreprises en respectant
intégralement les besoins des PME dans ce qu'elles ont de purement
caractéristique.
Je suis à même de prétendre que le quotidien du
ministère de l'Industrie et du Commerce est de s'occuper d'une
clientèle largement constituée de PME. Mais dans ces cas
précis où nous définissons, changeons et orientons des
choses, mon collègue, le député de Crémazie, est
particulièrement actif, lors des discussions qui se déroulent,
pour sensibiliser intégralement aux exigences des
PME, je le répète, ses collègues, dont je suis.
La même chose est vraie - je termine là-dessus - pour ce
qui est du comité ministériel permanent de développement
économique dont mon collègue fait partie, comme moi-même.
À chaque occasion où des sujets discutés débordent
nos attributions, à l'un ou à l'autre, et relèvent de
certains de nos collègues, notamment en matière de
développement économique dans d'autres secteurs, la contribution
de l'ensemble des collègues va dans le sens de l'exécution de
leur mandat, y compris, évidemment, et j'en témoigne, dans le cas
du ministre délégué aux PME; cela va dans le sens de
l'exécution de son mandat, qui est de sensibiliser davantage ses
collègues à la réalité qu'il a décrite des
besoins des PME.
C'est donc, quant aux deux questions que vous avez soulevées, la
réponse que le ministre de l'Industrie et du Commerce peut apporter,
compte tenu de mon mandat et de mon activité. Quant au reste, mon
collègue pourra y répondre.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux PME.
M. Vallerand: M. le député de Shefford, pour les
deux autres questions, le budget de l'Office franco-québécois
pour la jeunesse relève du ministère des Relations
internationales. En ce qui a trait à la loi, vous avez répondu et
je vous ai fait signe que oui. Il n'est pas question de présenter une
loi cet automne. Vous vous rappellerez que, lors de la conférence sur
les PME, les participants ont laissé au ministre
délégué toute latitude pour aller négocier la
structuration opérationnelle des trois grandes propositions qui ont
été avalisées parce que le dernier volet, celui de la
promotion, auquel vous avez fait allusion tout à l'heure, n'était
pas une proposition au sens véritable du terme. Le volet promotion
recensait certaines préoccupations que j'avais obvervées lors de
ma consultation. Ces considérations-là ont été
soumises à l'assemblée constituante de la conférence du 28
mai pour m'indiquer si c'étaient véritablement des perceptions
à caractère problématique, entre guillemets, dans leur
entreprise ou leurs entreprises - parce qu'il y en a qui en avaient plusieurs -
et non pas de m'immiscer dans les compétences de mes collègues.
Par exemple, une des observations qui m'a fréquemment été
soumise lors de ma consultation était l'ambition de nos petites
entreprises d'accéder à des marchés plurinationaux. Vous
savez comme moi que la PME représente de 5 % à 7 % de l'ensemble
des exportations. Pour autant qu'on veuille donner des chances additionnelles
à nos entreprises pour qu'il s'en crée davantage ou qu'elles
prennent davantage d'expansion, c'est sûr que, si on les expose à
des marchés plus grands, les chances seront d'autant plus grandes. La
réflexion, avec elles, était de dire: Est-ce qu'il y a un
outillage différent qu'on pourrait imaginer, un outillage existant qu'on
pourrait raffiner, justement, pour permettre à nos entreprises de petite
taille, notamment, et de taille moyenne d'accéder à des
marchés plus larges que le marché local, régional ou
national? Mais toujours dans la perspective de me faire dire: Si c'est le cas,
cela relève de la compétence de mon collègue du Commerce
extérieur et je me ferai fcrt, comme ministre
délégué aux PME qui représente les
intérêts des PME, de lui dire: Cher collègue, voilà
une préoccupation du milieu. Est-ce qu'ensemble on peut examiner une
façon d'améliorer l'outillage de prospection internationale?
C'était dans cette perspective, au même titre que la gestion de
l'entreprise - et cela a été bien dit à l'ouverture et
dans l'énoncé que j'ai fait à ce chapitre - il ne s'agit
pas, pour le gouvernement, de s'immiscer dans la façon de faire des
entreprises, mais d'aucune façon! Sauf que, partout où je suis
passé, plusieurs m'ont posé des questions comme: Les nouvelles
gestions participatives, est-ce que vous en avez des exemples? Est-ce que vous
pouvez nous dire quelles sont les entreprises qui ont adopté cela, quels
résultats cela a donné? Un peu partout dans toutes les
régions. Je soumettais à leur considération que
c'était là une volonté qui, de concert avec leur
association, permettra au gouvernement de leur faire connaître certains
modèles de gestion participative, les succès que ces
modèles ou ces techniques ont connus, et libre à eux de les
véhiculer à l'intérieur de leur clientèle, libre
à eux d'en faire des adaptations ou des mises en application dans leurs
gestions respectives. D'aucune façon, le gouvernement n'a voulu
indiqué son intention de s'immiscer dans la gestion des entreprises. Il
y avait à peu près cinq ou six points comme ceux-là que je
soulignais de transfert technologique. Vous le savez, je pense que vous l'avez
mentionné tout à l'heure à l'ouverture, un des
problèmes importants d'adaptation de nos entreprises actuellement, c'est
un problème de technologie, surtout au niveau de la connaissance, sinon
du transfert des entreprises. Je suis un peu "post" parce que, à
l'époque où j'en parlais, le budget n'était pas connu. Il
est évident que les dernières dispositions budgétaires,
notamment les avantages fiscaux pour les dépenses d'un individu
exercées dans la recherche et le développement dans l'entreprise,
ou au niveau universitaire, à 133 % déductibles, vont faciliter
des transferts de technologie dans certaines entreprises qui voudront faire des
expériences d'adaptation technologique. On a déjà un
mécanisme qui n'existait pas avant. Cela était uniquement pour
situer des
préoccupations qui m'étaient apportées
vis-à-vis de cette assemblée pour me dire: Est-ce que cela cible,
oui ou non? Si oui, je me ferai fort d'aller voir le collègue
responsable et lui dire: il y a un voeu d'exprimé, qu'est-ce que vous en
pensez? Quelles sont les modalités additionnelles qu'on pourrait
prendre?
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je veux juste revenir sur un point quand vous
dites que les budgets du ministre délégué aux PME et de sa
fonction de responsable de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse sont des budgets séparés. On retrouve, par contre, dans
le cahier des crédits, des dépenses qui entrent dans les
crédits du ministre délégué aux PME pour des
voyages faits pour l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
Quelle est la raison qui justifie cela? Est-ce qu'il y a des transferts qui
sont effectués par la suite?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président,
dans la mesure où c'est moi qui suis responsable de ce qui
apparaît dans ces livres, je dirais que c'est juste une question
d'imputation budgétaire pour des raisons purement pratiques, les voyages
de certaines personnes dans le cadre d'activités relevant du rôle
de mon collègue. Dans le fond, c'est la poche gauche plutôt que la
poche droite qui a payé. Étant donné qu'il y avait
confusion dans les personnes - la même personne avec deux chapeaux sur la
tête -c'est une question pratique, purement d'imputation de
dépenses, de sorte qu'un voyage qui, essentiellemnt, a été
fait dans l'exécution d'un mandat du ministre comme chef de cette
activité de l'Office franco-québécois pour la jeunesse a
été imputé au budget du MIC. La personne en cause est,
dans le fond, beaucoup plus reliée au MIC quotidiennement; c'est
seulement cela, rien de spécial.
M. Paré: Je comprends, mais, même si la personne est
reliée au MIC, et je le comprends parce que ce sont quand même des
gens qui sont au cabinet du ministre délégué aux PME, mais
quand ce sont des voyages spécifiquement pour l'Office
franco-québécois, cela ne devrait pas paraître là.
Je comprends que c'est le même argent de l'État, cela ne change
rien en soi, mais, au chapitre des budgets, quand on va parler globalement du
budget consacré à l'Office franco-québécois pour la
jeunesse, on pourra bien dire que le budget a diminué ou qu'il y a moins
de dépenses que prévu, sauf qu'on le retrouve ailleurs. (23 h
45)
M. Vallerand: Je pense que c'est purement, comme mon
collègue l'a expliqué, une question d'imputation technique et, en
principe, je suis d'accord avec vous, la dépense aurait dû
être imputée à l'office plutôt qu'au MIC. Ce sont des
corrections qu'on apportera dans la prochaine comptabilisation de ces
dépenses.
M. Paré: J'aurais une autre question sur une clause qu'on
retrouve dans votre document, dont on a discuté et aussi sur laquelle
les intervenants se sont prononcés lors de la conférence PME
1987, c'est la clause crépusculaire. On demande, on suggère que
vous soyez responsable de cette clause. Est-ce que cela ne devrait pas
être plutôt une politique globale dans l'ensemble du gouvernement,
parce que les gens les mieux placés pour décider des
critères qui vont déterminer le temps et l'utilité, ce
sont chacun des ministres concernés? Et est-ce que le ministre de la
Justice responsable de la réglementation et des lois n'est pas la
personne la mieux placée pour cela? Si je comprends bien, vous ne serez
pas responsable de cette clause; ce que vous demandez, c'est qu'il y en ait une
qui soit administrée par le ministre de la Justice.
M. Vallerand: Effectivement, l'interprétation qu'on doit
faire de la volonté de ces clientèles de voir l'inclusion de
clauses crépusculaires dans les prochaines lois, ou
l'interprétation qu'on peut en faire n'est pas une interprétation
concernant la responsabilité du ministre délégué
aux PME, c'est plus un avis que les clientèles qui sont près des
intérêts que je défends me faisaient, un message, et la
discussion relative à l'opportunité d'incorporer une clause
crépusculaire doit être faîte avec -c'est la réponse
que j'ai donnée à ce moment - les autres collègues du
cabinet. Je pense que la décision relative à l'incorporation dans
un texte juridique, parce qu'ils demandaient, eux, que ce soit incorporé
dans la loi, doit faire l'objet d'une discussion avec les principaux
responsables et notamment avec le ministre responsable de la
déréglementation. Je suis bien d'accord avec vous.
M. Paré: Deux autres points ont été
discutés. Il y a des organismes, spécialement la chambre de
commerce et les chambres affiliées, qui ont demandé d'utiliser
les réseaux existants, c'est-à-dire le réseau des PME et
de leur association. Croyez-vous que c'est possible, et si cela l'est, de
quelle façon?
M. Vallerand: C'est une avenue intéressante à
considérer, parce que, comme ils l'ont fait valoir, ce réseau est
composé de plusieurs constituantes, c'est-à-dire d'organismes
représentatifs des PME. Il y a non seulement des compétences
à l'intérieur
de leur organisation, mais aussi tout un réseau d'informations
qui pourrait être mis à profit dans l'optique ou l'objectif de
cette notion de guichet unique, parce que, comme il a été dit
lors de la conférence, je pense qu'il ne faut pas voir le guichet unique
comme un endroit physique. Je pense qu'il faut voir le guichet unique, en tout
cas, dans la perspective des préoccupations qui ont été
étalées lors de cette conférence, plus comme étant
des points de chute, d'aiguillage, à partir desquels on pourrait
maximiser l'information pertinente au fonctionnement de l'entreprise. C'est
à ce moment que les organismes ont dit: On est prêts à
collaborer. Je pense que c'est une avenue qui mérite, en tout cas,
d'être examinée attentivement et on devrait voir de quelle
façon on ne pourrait pas utiliser ces ressources déjà
existantes qui sont aussi, faut-il le noter, très près de leurs
clientèles. Us ont dans certains cas, et c'est le cas, entre autres, de
la Chambre de commerce de Montréal et du Bureau de commerce de
Montréal, plus de 100 ans d'expertise en médiation d'informations
entre la clientèle d'affaires et souvent les programmes gouvernementaux.
Donc, les entreprises sont par tradition, par culture, très près
de ces organismes et il est toujours beaucoup plus facile de les utiliser pour
véhiculer l'information susceptible d'améliorer leur
fonctionnement. Donc, je trouve que c'est une suggestion extrêmement
pertinente qui mérite, avant d'échafauder une conception du
guichet unique et de l'aiguillage de l'information, que nous la regardions
attentivement.
M. Paré: Parmi les autres suggestions, il y a celle
concernant l'étude d'impact économique qui a été
apportée aussi. Y a-t-il eu des discussions et des consultations avec le
ministre de la Justice à ce sujet et est-ce que, concernant le
ministère, on a évalué les coûts d'opération
d'une mesure semblable, le coût du temps du personnel?
M. Vallerand: Non, ce n'est pas nécessaire, puisque que le
règlement existe déjà depuis 1981, si bien qu'il s'agirait
de réanimer ce règlement et de le mettre en application. On
n'aurait même pas à légiférer, on aurait encore
moins à réglementer, le règlement existe sur la conduite
d'études d'impact. Donc, c'est bien plus d'examiner une façon de
faire pour l'utiliser efficacement, de concert avec les autres
compétences ministérielles visées. Mais le
règlement existe depuis 1981 pour conduire les études d'impact
sur des lois dont la résultante dans la réglementation touche
l'entreprise.
M. Paré: Oui; à propos maintenant des incubateurs
industriels. Là, je comprends, n'importe qui pourrait me
répondre, je ne sais pas, parce que l'application dépend du
ministre de l'Industrie et du Commerce, les recommandations viendraient du
ministre délégué aux PME, sauf si on passe par-dessus et
qu'on va faire des recommandations directement au ministre responsable de
l'application. Au sujet des incubateurs, le ministre
délégué aux PME... Je me rappelle que cela faisait partie
d'engagements électoraux, et je pourrais vous citer des noms de
personnes qui en avaient fait des engagements précis, comme s'il y avait
une formule presque miracle, et dans un comté pas loin de chez nous, il
y avait 2 500 000 $ de consacrés à un incubateur industriel qui
serait implanté dès l'élection.
Je pourrais vous amener des coupures de presse. C'était une
formule magique, expérimentée ailleurs et dans le programme du
Parti libéral. On était pour amener les incubateurs industriels.
Après, si on recule un peu, le ministre est un peu moins chaud, sauf
qu'il est prêt à regarder cela. Si on recule d'une année,
c'était déjà comme quelque chose d'enclenché. Et,
pourtant, ce qu'on retrouve ici - je ne sais pas si c'est la volonté du
ministre ou si c'est juste l'idée du milieu qui est amenée
là - à la page 34: II serait donc intéressant d'amorcer
des réflexions visant à mieux apprécier le
phénomène des incubateurs et de leur importance.
Donc, on parle juste d'amorcer une réflexion. Alors, quelle est
l'intention du gouvernement face aux incubateurs industriels?
M. Vallerand: M. le Président, si vous permettez,
j'aimerais apporter un élément de réponse à ce
sujet et demander à mon collègue de l'Industrie et du Commerce de
compléter ou de nous donner sa perception de ce concept
d'incubateur.
Le concept d'incubateur, je considère que c'est un concept
intelliqent. C'est un concept intelligent en ce qu'il recherche justement
à créer, à soutenir la création d'entreprises et,
évidemment, à participer intimement à la création
d'emplois.
Quand, dans le document, on parle d'une réflexion pour
apprécier davantage le concept d'incubateur, on aurait peut-être
pu lire une réflexion dans le sens de la continuité de ce qui se
fait déjà à l'intérieur du ministère de
l'Industrie et du Commerce, sauf que, pour moi, le concept d'incubateur, aussi
intelligent soit-il, se doit d'être apprécié par rapport
à l'utilisation qu'on veut en faire. Quand on commence à
réfléchir sur le sens de son utilisation, j'aurais des
préférences. C'est un point de vue personnel, mais je pense qu'il
peut être partagé. C'est qu'on remarque que certaines applications
d'incubateurs avec le secteur privé sont très efficaces,
actuellement, pour ne pas citer le
cas d'Imasco. Il y a une espèce de métamorphose du concept
de l'incubateur depuis le temps qu'on en parle jusqu'à aujourd'hui qui
fait que le concept d'incubateur qui semble le plus efficace est celui qui est
jumelé davantage ou conjugué avec le secteur privé.
C'est celui aussi qui s'adresse à des secteurs d'activité
en croissance, dans des secteurs de recherches et de développement.
C'est un peu dans ce sens-là que j'apportais la notion d'une
appréciation avant que le gouvernement s'enferre dans une politique
spécifique. C'est cela qui était soumis aux participants, et leur
réaction a été d'ailleurs de dire: C'est un concept
intelligent, essayons de mieux le cibler dans les secteurs et surtout qu'il
soit associé au secteur privé.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président,
pour ajouter, évidemment, aux questions que peut se poser le
député de Shefford. Nous en avons traité, je le disais,
brièvement hier; nous avons évoqué deux choses. Une est
purement statistique: l'incubateur au sens pur du terme comme on peut
l'évoquer demande une réunion d'éléments
extrêmement précis, finalement, mais surtout chacun très
dynamique, qui nous permettent de gager qu'il y aurait un succès,
réunion du laboratoire de recherche, du secteur privé, du
leadership régional, du cégep ou de l'université, de
projets précis, d'un fonds d'investissement, d'un fonds de
démarrage et d'un fonds de frais de fonctionnement. Ils sont essentiels
à la réalisation de ce qu'est l'incubateur, au sens où on
l'entend, de façon très pure.
Est-ce que le Québec peut soutenir la création d'un nombre
extraordinaire d'incubateurs, dans les dizaines? Je rappellerai seulement
qu'aux États-Unis, où il y a 260 000 000 d'habitants, où
la richesse est plus de dix fois celle du Canada, donc, où la population
est 40 fois celle du Québec, il y a une centaine d'incubateurs qui ont
vu le jour et qui ont persisté depuis dix ans. Toutes choses
étant égales, il y aurait de la place, au Québec, pour
deux incubateurs et demi. Il est bien clair, dans ce cas-là, que,
lorsqu'on parle d'incubateur, le concept est un peu plus large, au fond, dans
le discours d'un peu tout le monde. Dans les régions, les gens qui
s'expriment... La dernière fois que j'ai entendu parler d'incubateur,
c'est au Saguenay--Lac-Saint-Jean, en marge du projet SOCCRANT, où les
gens disaient: On a quatre ou cinq incubateurs au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ils
sont prêts. Jusqu'à ce qu'on voie qu'il s'agissait de motels
industriels. Attention, on ne parle plus de la même chose du tout. Dans
le discours de tous les jours, on emploie le mot "incubateur" bien
au-delà de la réalité pour laquelle l'emploient des gens
qui, en général, sont un peu plus informés, comme le
député l'est et, évidemment, mon collègue, qui
vient de le démontrer aussi. Finalement, dans le discours populaire, on
parle d'autre chose que de ce dont il est précisément question.
À ce sujet, lorsqu'il y avait réunion de ces
éléments, nous avons déjà donné suite
à un soutien, de la part du ministère de l'Industrie et du
Commerce, à Innocentre Québec: réunion de fonds
d'investissement, de fonds de démarrage, participation au fonctionnement
par les gens du milieu, chambre de commerce impliquée, entreprises de
haute technologie, cégeps, universités, laboratoires de recherche
dont l'IREQ. Cela fait beaucoup de gens qui se sont unis dans ce concept
qu'était Innocentre, qui est maintenant une réalité
physique où des gens développent des choses qui permettent
à une entreprise de démarrer. Nous avons fait contribuer les
services du directeur général pour les deux prochaines
années, chose concrète et précise. En ce moment, au
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous avons l'intention
d'arrêter - c'est en évolution - le cadre qui permet de
définir ce qu'est un incubateur, ce qu'on pourrait faire
éventuellement à l'égard de notre soutien financier ou
technique lorsque les conditions que je viens de décrire sont
réunies. Mais il n'y a pas - vous le voyez - en 1987-1988, de budget
spécifiquement assigné, identifié ou
étiqueté à l'égard du soutien qu'on pourrait donner
au titre d'un incubateur, pour la bonne et simple raison qu'à notre
sens, il n'y en a pas encore qui pourraient, pendant l'année
financière en cours, 1987-1988, se qualifier pour quelque forme d'aide
que ce soit, dans la mesure où les conditions ne sont pas encore
réunies.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je vous rappelle qu'il nous reste juste le temps d'appeler le
programme pour adoption, appeler l'adoption de l'ensemble des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce et pour les remarques
finales.
J'appelle le programme 4. Est-ce que le programme 4, Emploi
étudiant, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'ensemble des crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce pour l'année 1987-1988 sont adoptés?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Alors, dans un premier temps, je cède la parole au député
de Shefford et, dans un deuxième temps, au ministre concerné.
M. Paré: Très rapidement, parce qu'il est 23 h 58.
J'étale tout simplement ma conviction et ma foi dans la PME. Cependant,
le moins que l'on puisse dire, c'est que le mandat donné au ministre
délégué aux PME comporte beaucoup d'interrogations.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux PME.
M. Vallerand: Dans un premier temps, je veux strictement
remercier, à la fois, mes collègues et le député de
l'Opposition, le député de Shefford. Je pense que ces
séances sont nécessaires à l'exercice de notre
démocratie. Il est important de se le rappeler, malgré certaines
divergences. Deuxièmement, pour, je ne dirais pas, calmer les
appréhensions du député de Shefford, je veux lui dire tout
simplement qu'il faut faire attention à la limite du pouvoir qu'on veut
voir dans la fonction du ministre délégué aux PME. Il ne
faudrait pas aller "contre l'intelligence" - entre guillemets - de 100
représentants d'entreprises. Une première dans les annales
politiques et économiques du Québec, une assise des plus
représentatives des entreprises dites de taille petite et moyenne. Ces
personnes ont avalisé les suggestions du ministre et lui ont
confié ce pouvoir, cette fonction d'aller négocier la structure
opérationnelle. Le fait de vouloir voir des limites dans le pouvoir du
ministre délégué aux PME, c'est interroger l'intelligence
de ces clientèles et je pense qu'il faudrait faire attention.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. M. le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, dans l'ordre, je vous
remercie, M. le Président. Je vous félicite pour votre
présidence compétente et patiente. Ce sont de longues heures, des
heures tardives surtout. Je pense que de ta façon dont vous avez
exercé votre rôle, cela a facilité la tâche de tout
le monde. Merci également aux collègues, évidemment, qui
eux aussi, dans des circonstances de temps, de lieu, et d'aération
à l'occasion, endurent cet exercice dont la démocratie a besoin.
Je suis extrêmement heureux d'y participer et je suis sûr que les
collègues le sont aussi.
L'Opposition officielle, évidemment - je la remercie de sa
collaboration - s'est toujours exprimée d'une façon qu'on
pourrait qualifier de la plus grande gentilhomrnerie, si je peux me permettre
le terme un peu passé, mais tout à fait, de toute façon,
précis pour décrire ce qui s'est déroulé ici. Comme
je le disais, je suis heureux de voir qu'on trouve qu'on collabore et je le
disais tout à l'heure au député de Bertrand, s'il trouve
cela, qu'il le dise à ses amis. Je vous indique à vous, M. le
député de Shefford - et vous le transmettrez à votre
collègue - que, quant à nous, on va dire aux autres aussi,
à nos amis, que vous collaborez à l'occasion.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie.
Sur ces bonnes paroles, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 2)