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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre
s'il vous plaît! La commission de l'économie et du travail
commence ses travaux. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique pour l'année
financière 1987-1986 tel que nous en avons reçu l'ordre de
l'Assemblée nationale le 1er avril 1987. Je vous rappelle
également que la durée totale prévue pour l'étude
de ces crédits est de quatre heures. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement, M. Gendron (Abitibi-Ouest) est remplacé par Mme Blackburn
(Chicoutimi).
Le Président (M. Théorêt): Merci. Est-ce
qu'il y a des propositions quant à l'organisation des travaux ou si on
procède tel qu'habituellement? M. le ministre avez-vous des
propositions? M. le député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): On pourrait faire un peu comme on a fait
l'année dernière, M. le Président. Si le ministre est
d'accord, qu'on n'approuve qu'à la toute fin l'enveloppe des
crédits, qu'on puisse discuter un peu dans le cadre de la
présentation des cahiers, suivre les présentations et qu'on se
garde peut-être une période d'une vingtaine de minutes à la
fin pour approbation des chiffres comme tels, des crédits.
Crédits du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique
Le Président (M. Théorêt): Parfait. Merci. M.
le ministre, je vous donne maintenant la parole pour vos remarques
préliminaires, votre déclaration d'ouverture.
Remarques préliminaires M. Pierre
MacDonald
M. MacDonald: M. le Président, MM. les
députés, mesdames et messieurs. J'ai le plaisir, à titre
de ministre responsable du
Commerce extérieur et du Développement technologique,
d'entreprendre la discussion sur les crédits de mon ministère
pour 1987-1988.
Je voudrais d'abord vous présenter les personnes qui
m'accompagnent et qui pourront m'aider premièrement à
préciser ce qui a été fait en 1986-1987 et
deuxièmement expliciter comment, dans chaque unité, nous
réaliserons nos priorités pour 1987-1988. Je vais appeler ces
personnes afin que tous les membres de la commission puissent les... Je leur
demanderai de se lever. Je dois dire en premier lieu que mon sous-ministre, M.
Pruneau, n'est pas avec nous, son père est décédé
hier soir et nécessairement il est excusé dans la circonstance.
M. Florian Rompre, sous-ministre associé, à ma gauche; et
immédiatement M. Pierre Coulombe, sous-ministre adjoint; M. Harold
Mailhot, directeur général à la Direction
générale des programmes d'aide, M. Paul-Émile Blouin,
directeur général à la Direction générale
des opérations promotionnelles; M. Jean-Eudes Bouchard, directeur
général à la Direction générale de la
technologie, M. Paul Lussier, directeur général à la
prospection des investissements, M. Carl Grenier, directeur
général à la politique commerciale; M. François
Paradis, aux relations économiques avec l'extérieur; Mme Ruth
Larouche, secrétaire du ministère, Robert Cossette, conseiller
économique; Raynald Brulatte, directeur général de
l'administration; M. Yvon Bouchard, directeur à la comptabilité,
au service de l'administration; M. Charles Denis, directeur des Services des
industries culturelles, le Dr Maurice L'Abbé, président du
Conseil de la science et de la technologie, M. Gilles Bergeron qui est le
président de l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche.
Je crois important à ce moment-ci de vous indiquer mon souhait
que les travaux de cette commission soient aussi constructifs et qu'ils se
déroulent de façon aussi sereine que l'année
dernière. Connaissant le député de Bertrand, j'ai la
conviction que tel sera le cas. Je subdiviserai mon exposé en quatre
grandes sections. Les trois premières sections porteront sur nos
réalisations dans les domaines suivants: en premier lieu, le commerce
extérieur, deuxièmement la libéralisation des
échanges, troisièmement le développement technologique. La
quatrième
et dernière section portera sur les priorités pour
l'année 1987-1988.
C'est maintenant bien connu que le développement et la
prospérité économique du Québec dépendent
largement de sa capacité à exporter. En effet, le Québec
exporte plus de 40 % de son PIB, ce qui en fait une des économies les
plus ouvertes du monde. En comparaison, les États-Unis exportent 6 % de
leur PIB et le Japon à peine 14 %. Environ 540 000 emplois
dépendent directement ou indirectement de ces exportations. Avec son
marché intérieur de 6 000 000 d'habitants et plus, le
Québec est trop petit pour optimaliser l'utilisation de ses ressources
productives. C'est-à-dire que nous ne pouvons pas consommer tout ce que
nous pouvons produire. Le Québec ne peut donc espérer
créer de nouveaux emplois et améliorer son niveau de vie s'il
n'exporte pas davantage.
En 1986, les exportations internationales du Québec ont atteint
19 900 000 000 $ canadiens, soit une augmentation de 7 % par rapport à
l'année 1985. Cette augmentation marque un léger ralentissement
du rythme de progression de nos exportations amorcé au moment de la
reprise de 1983. Cependant, cette augmentation a été
supérieure de 6 points de pourcentage à celle de l'ensemble du
Canada, ce qui signifie que la croissance des exportations
québécoises a dépassé de sept fois la moyenne
canadienne. Voilà qui explique sans doute une bonne partie de la
performance supérieure de l'économie québécoise par
rapport à l'ensemble de l'économie canadienne.
Il est donc manifeste que le Québec doit tout mettre en oeuvre
pour faciliter l'expansion de ses entreprises sur les marchés
extérieurs. Plusieurs choses ont été acccomplies en ce
sens en 1986 et 1987 et si vous me le permettez, j'exposerai dans les minutes
qui suivent quelques-unes de ces réalisations. On a dit au tout
début qu'il fallait faire plus avec moins. Au printemps de 1986, le
président du Conseil du trésor annonçait que l'effort de
rationalisation des dépenses du gouvernement se traduirait au
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique par une diminution importante des crédits. Malgré
ceci, j'ai la conviction que nous avons réussi à faire plus de
choses avec moins de ressources financières. En effet, le rôle que
doit jouer un organisme gouvernemental tel que notre ministère ne doit
plus être de distribuer des subventions à gauche et et à
droite. À mon sens, ses deux rôles les plus importants sont de
sensibiliser les gens d'affaires québécois à l'importance
d'exporter et de les aider à le faire en mettant à leur
disposition le meilleur réseau d'information du monde. S'ajoute à
ces deux objectifs la mission prospection des investissements.
C'est dans le but d'atteindre l'un ou l'autre de ces trois objectifs
fondamentaux que j'ai pris, avec l'aide de mes fonctionnaires, les initiatives
suivantes. Le ministère a organisé, pendant cette année,
trois missions ministérielles absolument uniques en leur genre. La
mission en Angleterre et en Suisse présidée par le premier
ministre, M. Robert Bourassa, nous a permis de rencontrer les décideurs
économiques de ces deux pays et de faire la promotion du Québec
comme lieu d'investissement. Elle nous a également permis de participer
au séminaire international de Davos, lieu privilégié de
rencontre des principaux acteurs économiques d'Europe mais on devrait
dire aussi du monde entier.
J'ai également eu le plaisir de diriger les deux plus importantes
missions commerciales canadiennes à s'être jamais rendues en
Afrique et en Asie du Sud-Est. La mission au Cameroun était
composée de 29 gens d'affaires québécois et a
favorisé des ventes, à court et moyen terme, de plus de 40 000
000 $, sans parler des 250 000 000 $ encore dans la balance et qui, il
semblerait, devraient être signées prochainement. Quant à
la mission au Sud-Est asiatique, 44 gens d'affaires du Québec en
faisaient partie et les retombées potentielles à moyen et
à long terme dépassent le milliard de dollars.
En plus de ces trois missions tout à fait uniques, le
ministère a organisé plusieurs autres missions commerciales.
L'une d'entre elles fut dirigée par mon adjoint parlementaire, le Dr Guy
Rivard, qui a accompagné les représentants de sept entreprises
québécoises en Hongrie. Cette mission a démontré
clairement qu'il est possible de commercer avec les pays de l'Est. Ainsi, la
signature d'un accord industriel a résulté de cette mission et
les ventes prévues sur douze mois s'élèvent à 20
600 000 $.
En fait, plus de 200 représentants d'entreprises du Québec
ont participé à 27 activités de groupes organisées
par le ministère sur les cinq continents de la planète.
Globalement, ces activités ont généré des ventes
sur place de l'ordre de 9 000 000 $ et des ventes potentielles sur douze mois
de 252 000 000 $. Ajoutons à ceci que la direction des missions a
accueilli, au Québec, 65 missions de visiteurs étranqers
regroupant un total de 455 participants. Ceux-ci ont acheté sur place
des biens et services évalués à 12 000 000 $. Par
ailleurs, la direction des foires et expositions a organisé 22
activités à l'étranger, auxquelles ont participé
138 entreprises, et qui se sont conclues par des ventes sur place de 2 000 000
$ avec des ventes potentielles au cours de la prochaine année
évaluées à 40 000 000 $.
Afin d'accroître l'impact des
interventions du Québec à l'étranger, en
matière de commerce extérieur et de développement
technologique, un nouveau réseau international privilégié
de renseignements sur les occasions d'affaires dans les pays
considérés prioritaires pour le Québec, sera graduellement
mis en place. Ce réseau sera constitué de gens d'affaires du
Québec travaillant à l'étranger, qui occupent des postes
de haute direction et qui sont en contact étroit avec les
décideurs de ces pays. Le premier ministre du Québec, M. Robert
Bourassa, a procédé à la nomination des huit premiers
conseillers en commerce extérieur à Londres le 29 janvier 1987.
Le gouvernement libéral a l'intention de procéder, dans les mois
à venir, à de nouvelles nominations de conseillers
bénévoles dans plusieurs villes du monde dont Paris, Bruxelles et
New York.
Les représentants du gouvernement canadien responsables de nos
relations internationales, qu'ils soient en poste au Canada ou à
l'étranger, sont là pour servir les Québécois
autant que les autres Canadiens. Or, tel ne fut pas le cas jusqu'au 2
décembre 1985 pour des raisons qu'on imagine facilement. Dès le
début de 1986, j'ai entrepris d'établir un climat de travail
positif avec les ministères fédéraux des Affaires
extérieures, du Commerce extérieur et des Relations
extérieures. Nous avons, depuis lors, un bien meilleur accès
à l'infrastructure canadienne à l'étranger et les gens
d'affaires québécois utilisent de plus en plus les services
offerts par les ambassades et consulats canadiens.
Profitant de la visite annuelle de deux semaines au Québec de nos
conseillers économiques en poste à l'étranger, nous avons
pris l'initiative d'organiser une opération qui aura lieu toutes les
années, tant à Québec qu'à Montréal,
c'est-à-dire l'opération Export-Action. Cette nouvelle initiative
consiste à offrir des périodes de consultations privées
aux entrepreneurs qui le désirent avec nos représentants en poste
a l'étranger. Ainsi, l'entrepreneur peut s'informer directement et
informer le conseiller économique de ses projets, tout en prenant les
arrangements pour assurer le suivi avec le personnel du ministère. Ces
opérations sont peu dispendieuses et sont très
appréciées des entreprises. Au total, 575 consultations
privées ont été réalisées par les
conseillers économiques en poste à l'étranger, lors de ces
deux opérations.
L'ouverture d'un bureau d'affaires à Québec.
Traditionnellement les entreprises de la région 03, désirant
obtenir des services de notre ministère, devaient s'adresser au
conseiller en poste à Montréal. Nous avons ouvert, en 1986, un
nouveau bureau d'affaires qui offre aux industriels de la région de
Québec et de l'Est du Québec, les services conseils et le support
technique en matière d'exportation et de développement
technologique. Cette initiative a permis d'améliorer la qualité
de nos interventions dans cette région, tout en diminuant les
coûts pour ces entreprises.
Afin de sensibiliser les gens d'affaires établis à
l'extérieur des grands centres urbains, j'ai entrepris, à
l'automne 1986, une tournée régionale qui m'a amené,
jusqu'à présent, à Victoriaville, Sherbrooke, Lévis
et Matane. Dans tous les cas, le programme de la journée fut le
même: rencontre avec une trentaine d'exportateurs de la région,
rencontre avec la chambre de commerce locale, visites industrielles, rencontres
de presse, etc.
Parallèlement, les représentants du ministère ont
dispensé dans tout le Québec des cours de formation à
l'exportation et des séminaires d'introduction au commerce
extérieur. Ce sont plus de 2300 personnes qui ont participé
à ces activités de formation qui ont été offertes
dans des endroits comme Sept-Îles, Sherbrooke,
Îles-de-la-Madeleine, Chandler, etc.
En plus de ses publications mensuelles, Le Québec
économique international, Exportation et technologie, le
ministère a publié en 1986-1987 deux brochures définissant
les grands axes qui doivent quider toute entreprise qui débute dans
l'exportation et répertoriant les services offerts aux exportateurs
québécois. Ces deux brochures, La filière de
l'exportation et Le guide des services offerts à l'exportateur
québécois, ont été diffusées partout au
Québec et elles ont été extrêmement bien
reçues.
En plus des missions ministérielles qui avaient presque toutes un
important volet de prospection des investissements, le ministère a
participé à huit foires et expositions internationales à
des fins de prospection industrielle ainsi qu'à treize séminaires
de promotion d'investissements qui ont eu lieu notamment aux États-Unis,
en Allemagne de l'Ouest, en France, en Italie, en Autriche, en Belgique et en
Corée.
J'ai eu le plaisir de procéder récemment,
c'est-à-dire le 26 mars 1987, au lancement, à Beverly Hills, en
Californie, du Guide de tournage connu sous son titre là-bas
The Shooting Guide réalisé par la Direction des industries
culturelles du ministère. Ce document a pour but de faire la promotion
du Québec comme lieu de tournage de films étrangers, une
industrie dont les retombées directes et indirectes se chiffrent par
millions de dollars.
Afin de nous assurer que les services offerts par le ministère
répondent aux besoins réels de la communauté d'affaires
québécoise, nous avons mis sur pied un comité consultatif
bénévole composé maintenant de près de 67 qens
d'affaires québécois. Le comité est subdivisé en
sept sous-comités, pour le moment, qui travaillent
présentement sur les dossiers suivants: les mesures fiscales
incitatives à l'exportation et à la recherche et au
développement, le sommet de la francophonie, les transports, les maisons
de commerce, les communautés culturelles, les incubateurs
d'exportateurs, et la promotion des initiatives aérospatiales,
aéronautiques et technologiques à Montréal. Il n'y a aucun
doute que l'apport de ce comité se fera nettement sentir en 1987-1988 et
qu'il permettra d'augmenter considérablement l'efficacité de
notre ministère.
En conclusion, ce ne sont là que quelques-unes des
réalisations qui me font dire que l'équipe du ministère a
réalisé, dans ses activités reliées au secteur du
commerce extérieur, un travail gigantesque dont nous pouvons tous
être fiers. L'une de ces réalisations, dont je suis
particulièrement fier, mérite un traitement à part,
c'est-à-dire notre implication dans le dossier de la
libéralisation des échanges commerciaux entre le Canada et les
États-Unis.
Comme vous le savez, M. le Président, près de 78 % des
exportations internationales du Québec sont destinées aux
États-Unis. Dans un contexte où le climat protectionniste
américain menace à tout moment l'un ou l'autre des secteurs
industriels québécois qui dépendent de ses exportations,
le gouvernement québécois se devait d'approuver la
démarche du gouvernement canadien. En plus de cet objectif primodial qui
vise à combattre le protectionnisme montant et, en particulier, ses
nouvelles formes, le gouvernement du Québec voit dans ces
négociations un moyen d'atteindre quatre autres grands objectifs qui
sont au coeur du continuel exercice de redéploiement et de modernisation
de sa structure industrielle.
En premier lieu, faire du Québec une société plus
productive et plus compétitive à la concurrence domestique et
internationale. Deuxièmement, développer un climat
d'encouragement à l'investissement, tant domestique qu'étranger.
Troisièmement, offrir à sa population active de meilleurs
possibilités de création d'emplois stables et qualifiés.
Quatrièmement, renforcer sa base technologique.
Le Québec considère donc qu'une entente commerciale
réciproquement avantageuse avec les États-Unis pourrait
contribuer de façon significative à l'atteinte de ses objectifs
de développement économique dans la mesure où un
accès amélioré et garanti, et j'insiste sur "garanti",
pour les produits des deux pays, serait réalisé. Dans cette
perspective, le Québec coopère avec le gouvernement
fédéral et les gouvernements des autres provinces dans le but de
réaliser une telle entente commerciale où ses
intérêts seront pris en compte.
Oui, le Québec approuve les objectifs qui sous-tendent cette
négociation, mais il y a néanmoins certaines exiqences sur
lesquelles il ne saurait être question de faire des compromis.
Premièrement, le Québec continuera d'exiger le respect
intégral du cadre constitutionnel et le partage des compétences
législatives des gouvernements tout en exerçant son influence sur
toutes les questions affectant son avenir économique. Il défendra
l'intégralité des lois, programmes et politiques qui, selon les
domaines de la politique sociale des communications, de la langue et de la
culture, contribuent à la spécificité de la
société québécoise.
Il veillera à s'assurer de maintenir, en matière
d'intervention gouvernementale, la marge de manoeuvre suffisante pour atteindre
les objectifs de modernisation économique qu'il s'est fixés tout
en accordant une attention toute particulière aux petites et moyennes
entreprises que la taille ou l'éloignement géographique rend
particulièrement vulnérables. Le Québec fera
connaître la nécessité d'obtenir des périodes de
transition et des programmes d'assistance appropriés afin de faciliter
l'ajustement au nouveau contexte concurrentiel des entreprises et des
travailleurs oeuvrant dans les secteurs moins concurrentiels. Québec
souhaite que la question d'un accord, dont les ramifications structurelles
seraient potentiellement si importantes, se traduise par la mise en place d'un
mécanisme de règlement des différends auquel devront
être associées les provinces, notamment lorsque leurs
intérêts propres sont en cause.
Le Québec cherchera à conserver pour l'agriculture un
statut spécial. Il fera également valoir la
nécessité de bien reconnaître les besoins et le
caractère distinct du secteur des pêcheries. Le Québec
considère comme essentiel que soient maintenues ses capacités
d'intervention en matière de développement régional et
insistera pour que les modalités d'application retenues lui permettent
d'assumer ses pleines responsabilités à ce chapitre. Enfin, le
gouvernement maintient sa position initiale à savoir que sa
participation active dans le processus de négociations ne préjuge
en rien son adhésion finale à toute entente éventuelle. En
effet, le gouvernement du Québec se réserve le droit, au moment
de la conclusion de ce processus de négociation, d'en faire une
évaluation ultime en fonction de ses intérêts fondamentaux
et de donner, le cas échéant, son approbation ou non.
Le gouvernement du Québec est probablement, de tous les
gouvernements impliqués dans ce dossier, celui qui a mis sur pied la
structure d'étude et d'analyse la plus efficace et qui s'est
montré le plus transparent envers la population. En effet, je pense que
nous sommes le seul qouvernement en Amérique du Nord à avoir
rendu public un
document d'information aussi complet et précis que celui que nous
avons rendu public le 5 mai. Ce document est extrêmement bien fait et
l'on y retrouve, pour chaque secteur, une évaluation de sa
capacité à être concurrentiel dans le cadre d'une
éventuelle libéralisation des échanges. Voilà un
risque politique qu'aucun autre gouvernement n'a pris jusqu'à ce jour.
Nous avons de plus adopté une approche permettant à tous les
groupes de se faire entendre. Le comité Warren a d'ailleurs
déjà rencontré la grande majorité des groupes
d'intérêt susceptibles d'être touchés positivement ou
négativement par une telle entente.
Ajoutons à cela que le gouvernement du Québec s'est
doté d'une structure politique et administrative lui permettant
d'identifier clairement ses intérêts et d'assurer pleinement son
rôle dans le cadre des négociations commerciales avec le Canada et
les États-Unis, mais aussi dans le contexte de plus en plus important
des négociations multilatérales du GATT. Ainsi, le CMPDE s'est
doté d'un sous-comité ministériel que j'ai l'honneur de
présider et dont sont membres Mme Lise Bacon, vice-première
ministre et ministre des Affaires culturelles, M. Gil Rémillard,
ministre des Relations internationales et ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes, M. Daniel Johnson, ministre de
l'Industrie et du Commerce, M. André Vallerand, ministre
délégué aux PME. Également, plusieurs autres
ministres se sont joints au comité selon les besoins et leurs
intérêts.
Le sous-comité ministériel est alimenté par le
conseiller principal du gouvernement M. Jake Warren, ancien ambassadeur
à Washington et coordonnateur pour le Canada du Tokyo Round, du GATT et
par le comité de coordination des relations intergouvernementales, d'un
comité de sous-ministres qui conseille le sous-comité
ministériel sur l'aspect relations intergouvernementales des
négociations commerciales. Deuxièmement, le comité
technique interministériel qui est sous la responsabilité du
secrétaire général associé au développement
économique et qui regroupe une quinzaine de ministères et
organismes et qui est chargé de faire effectuer les études
nécessaires à la détermination des intérêts
du Québec. Il y a aussi le groupe restreint de coordination. Sous
l'autorité du secrétaire général associé au
développement économique et du conseiller principal du
gouvernement et qui a le mandat d'assurer le suivi et la coordination des
dossiers au niveau l'appareil administratif gouvernemental en vue de
définir les intérêts du Québec. (10 h 30)
Enfin, il y a le comité consultatif sur la libéralisation
des échanges présidé par M. Warren et composé de
représentants des secteurs privé et public, qui a le mandat
d'aider le gouvernement à établir ses objectifs et ses
priorités, ainsi que de recevoir les avis de groupes ou d'individus
désirant informer le gouvernement de leur position sur la
libéralisation des échanges.
J'aimerais enfin souligner la participation très active de mon
adjoint parlementaire, Lawrence Cannon, qui a suivi cet important dossier de
près et qui m'a représenté à plusieurs reprises,
tant au Québec qu'à l'extérieur, comme ce fut le cas lors
de la rencontre Canada-US Legislative Projects and Naples aux
États-Unis.
J'ai dit à plusieurs reprises et je répète que le
gouvernement du Québec est très satisfait de la façon dont
il a été tenu informé de l'évolution des
négociations et de la manière dont il a pu défendre ses
intérêts. Le premier ministre, M. Robert Bourassa, rencontre tous
les trois mois ses homologues provinciaux et le premier ministre canadien afin
de suivre de près l'évolution du dossier. Je suis moi-même
membre du comité ministériel fédéral-provincial sur
les négociations commerciales, et je dois vous dire que Mme Carney, la
ministre fédérale du Commerce extérieur, a rempli sa
promesse de tenir les provinces informées sur une base quasi
quotidienne. Le conseiller principal du gouvernement, M. Warren, est le membre
du comité fédéral-provincial sur les négociations
et il parle presque quotidiennement à M. Riesman lui-même ou
à des membres du comité de M. Riesman.
J'aimerais souligner ici que le gouvernement fédéral a
manifesté la même ouverture d'esprit au niveau des relations
commerciales multilatérales en invitant pour la première fois des
représentants des provinces à participer à une rencontre
du GATT. C'est ainsi que nous nous sommes rendus, en compagnie de Mme Carney et
de trois autres ministres provinciaux, à Punta del Este, à
l'occasion du lancement de ce qui fut baptisé la ronde de l'Uruguay dans
le contexte du GATT.
Le cas particulier du bois d'oeuvre. Ce cas démontre clairement
la nécessité d'en venir à une entente avec les
Américains afin d'éviter que l'humeur du Congrès ne se
traduise encore par des mesures injustifiables, mais contre lesquelles on ne
peut rien s'il n'existe pas un cadre réglementaire acceptable aux deux
parties. Malqré que ni les faits allégués contre les
producteurs canadiens, ni la loi américaine n'aient changé depuis
1983, alors qu'une enquête semblable nous avait innocentés, une
décision défavorable fut rendue en octobre et un droit
compensateur de 15 % imposé sur nos exportations de bois d'oeuvre vers
les États-Unis. Un règlement fut négocié entre
Ottawa et Washington à la fin de décembre, par lequel l'industrie
américaine consentit à
retirer sa plainte et le droit compensateur fut remplacé par une
taxe fédérale à l'exportation perçue par !e
gouvernement canadien et redistribuée aux provinces productives. Ce
compromis constituait un moindre mal car la solution adoptée permet au
Canada de garder les revenus de taxation et permet au Québec de
procéder à la réforme de sa politique forestière
selon les modalités prévues à la loi 150 adoptée en
décembre dernier. Il reste qu'il faut à tout prix trouver le
moyen d'éviter que les Américains n'aient recours à
nouveau à ce type de mesure de protection exceptionnelle suceptible de
faire perdre des milliers d'emplois au Québec et au Canada.
Le volet développement technologique. Si le développement
et la prospérité économique du Québec
dépendent largement de sa capacité d'exporter, cette
dernière dépend à son tour de notre aptitude à
relever le défi technologique. En effet, pour être en mesure
d'exporter, il faut être compétitif. Il faut donc être
à la fine pointe de la technologie. Le Québec ne produit que 0,6
% des nouvelles technologies développées dans le monde et il ne
consacre qu'à peine 1 % de son produit intérieur brut à la
recherche et développement. Ces deux données sont très
Inquiétantes. Il faudra faire un effort énorme pour corriger la
situation. Cet effort, nous l'avons entrepris dès le début de
l'année 1986 en nous inspirant du Défi technologique, de Robert
Bourassa, et je crois que nos réalisations, à ce jour, sont pour
le moins impressionnantes.
D'abord, le 12 décembre 1985, le premier ministre traduisait une
volonté politique très claire d'arrimer le développement
technologique au commerce extérieur, un ministère à
vocation économique, en regroupant ces deux vocations au sein d'un
même ministère. Je peux dire aujourd'hui que cette
opération a été parfaitement bien réussie et
qu'elle commence déjà à porter ses fruits. En effet,
toutes les activités du ministère sont désormais
marquées au coin de l'exportation et de la technologie. Qu'on parle de
missions et d'opérations promotionnelles, de prospection des
investissements, de relations économiques avec l'extérieur, de
programmes d'aide, etc., les deux préoccupations sont toujours
présentes côte à côte.
Le budget déposé récemment par le ministre des
Finances, M. Gérard D. Levesque, démontre également
très clairement l'importance que notre gouvernement accorde au
développement technologique. En effet, au plan du soutien à la
recherche et au développement, notre gouvernement injecte une somme
annuelle de 102 000 000 $, un effort nettement supérieur à ce que
fait proportionnellement l'Ontario. Ainsi, les corporations voient doubler le
crédit d'impôt de 10 % qu'elles pouvaient réclamer
jusqu'à maintenant pour les salaires versés en recherche et en
développement.
De plus, les particuliers qui désirent investir dans ces
activités par le biais de sociétés en commandite pourront
dorénavant réclamer une déduction de 133,3 %. Ajoutons
à ces deux mesures très importantes l'instauration d'un
congé fiscal à l'impôt sur le revenu des particuliers de 24
mois pour les chercheurs étrangers de haut niveau.
Par ces mesures fiscales, notre gouvernement vise à augmenter le
capital de risques mis à la disposition des petites et moyennes
entreprises désireuses d'innover sur le plan technologique. Notre
gouvernement rend aussi attrayantes pour les entreprises les activités
de recherche et de développement et, par conséquent, stimule
l'offre d'emploi à nos ingénieurs, techniciens et autres
scientifiques susceptibles de poursuivre de telles activités.
De plus, le congé fiscal accordé aux chercheurs
étrangers permettra d'attirer temporairement chez nous cette
main-d'oeuvre qualifiée, ces cerveaux dont nous avons essentiellement
besoin pour développer la technologie au Québec.
Dans ce budqet, notre gouvernement intervient aussi en apportant un
soutien additionnel à la recherche en milieu universitaire. C'est une
injection de 40 000 000 $ qui sera faite dès 1987-1988.
Permettez-moi de souligner, enfin, que le président du Conseil du
trésor, M. Gobeil, a décidé de hausser de manière
appréciable, 23,1 %, les crédits du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique, augmentation qui se
trouve principalement dans le secteur du développement technologique.
Ces décisions démontrent toute l'importance que notre
gouvernement accorde à la création d'emplois stables et de
qualité dans des secteurs de haute technologie.
L'entente Canada-Québec implique un enqagement financier de 100
000 000 $ sur cinq ans de la part du gouvernement fédéral et
provincial. C'est la plus importante entente du genre au Canada. Le 17 mars
1986, je procédais en compagnie du ministre d'État chargé
des Sciences et de la Technologie, M. Frank Oberle, au lancement de trois
programmes d'appui au développement technologique à l'intention
des entreprises québécoises. Ces trois programmes ont pour but
d'encourager la réalisation d'études de faisabilité ou
d'opportunité, la modernisation des équipements de R&D ainsi
que la réalisation d'un projet innovateur en recherche et
développement. Avec un budget de près de 40 000 000 $ sur cinq
ans, ces trois programmes favoriseront les activités de recherche et de
développement dans l'industrie québécoise en encourageant
la
réalisation de projets prometteurs sur le plan de l'innovation
technologique et pouvant entraîner des retombées
économiques substantielles.
L'Institut national d'optique. La construction de cet institut à
Sainte-Foy a été annoncée officiellement par les premiers
ministres Mulroney et Bourassa au printemps de 1986. L'institut a obtenu, au
cours de l'exercice 1986-1987, un budget de fonctionnement de 1 000 000 $ dont
500 000 $ ont été versés par le gouvernement du
Québec.
Cette corporation privée sans but lucratif a pour mandat de
répondre aux besoins des entreprises de l'optique au Canada. Des
activités de recherche ont été initiées et se
poursuivront au cours du prochain exercice financier.
Par ailleurs, la construction de l'édifice qui abritera
l'institut est en cours, l'échéancier prévu étant
la fin de l'année 1987. Entretemps, cet institut est logé dans
des locaux à l'Université Laval.
Le Laboratoire de technologie électrochimique et
électrotechnologique. La construction de ce laboratoire à
Shawinigan est complétée et les responsables estiment que
dès juillet prochain, les activités de recherches sur le site
pourront commencer. En 1986-1987, le ministère a versé une
subvention de 454 000 $ pour réaliser le programme d'activités
présenté par le laboratoire.
Cette subvention a été accordée dans le cadre du
protocole d'entente entre Hydro-Québec, le ministère
chargé des sciences et de la technologie, le ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique
régissant l'utilisation des fonds destinés au
développement et à la démonstration des technologies
électrochimiques et électrotechnologiques.
J'aimerais préciser que ce laboratoire permettra de
développer et de tester à l'échelle pilote ou
pré-industrielle des technologies qui utilisent une des forces du
Québec, c'est-à-dire l'hydro-électricité. Pour
donner plus d'ampleur à ces activités tout en facilitant aux
entreprises la participation à des travaux de développement, le
ministère prévoit contribuer au fonctionnement du laboratoire
pour 1 000 000 $ par année pour les cinq prochaines années.
Le programme de soutien à l'emploi scientifique, un programme
administré par notre ministère, est à mon sens une
très grande réussite. Le programme a pour but d'encourager les
PME québécoises à se doter de nouvelles ressources en
personnel scientifique, et technique dans les domaines de la recherche et du
développement industriel, du contrôle de la qualité et de
l'ingénierie de production. Le ministère consent des subventions
couvrant 70 % du salaire de base de l'employé choisi, la première
année, et 30 %, la deuxième année.
Ce programme doté d'un budget total de 40 000 000 $,
répartis sur quatre années, permettra aux entreprises de se
prévaloir annuellement de 400 postes de scientifiques et de techniciens.
Par ailleurs, par effet d'entraînement, ce programme provoque aussi, dans
les entreprises, la création d'un nombre presque équivalent de
nouveaux postes scientifiques et techniques, la création d'un certain
nombre de nouveaux postes dans le domaine de la production des ventes et de
l'administration, une augmentation des dépenses en R&D du simple au
double et une augmentation d'environ 20 % du chiffre d'affaires des entreprises
pour lesquelles on peut mesurer cet apport.
L'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche, qui relève de notre responsabilité, a' atteint en
1986-1987 son rythme de croisière. Elle a consenti jusqu'ici plus de 20
000 000 $ de prêts à près de 60 projets innovateurs en
phase de démarrage. Les investissements correspondant à ces
projets sont évalués à près de 50 000 000 $.
Le 12 mars 1987, j'ai eu l'honneur de signer la première
politique scientifique et technologique nationale avec mes collègues des
autres provinces et du gouvernement fédéral. Par cette
participation, le Québec pourra faire valoir ses besoins et influencer,
dès leur conception, les actes de développement dans ce secteur.
C'est ainsi que, désormais, les gouvernements travailleront
conjointement avec les entreprises, les universités et les travailleurs
pour encourager la commercialisation de la technologie, le renforcement de la
recherche appliquée, de l'innovation industrielle et de la recherche
fondamentale, etc.
Pour favoriser la venue d'entreprises de haute technologie dans la
région de Québec, le gouvernement a accepté le principe et
fixé les modalités de la création d'un parc technologique
et industriel de l'agglomération de Québec. L'implication
gouvernementale a été plus importante que celle anticipée,
compte tenu de l'incapacité des villes de Québec et de Sainte-Foy
de conclure rapidement une entente sur ce projet. Le ministre responsable du
Développement régional et moi-même allons annoncer, nous
l'espérons, dans les semaines qui viennent, la composition du conseil
d'administration du parc, de même que le nom des premières
entreprises qui s'y installeront.
Le Québec est, sans aucun doute, le centre canadien de
l'industrie aérospatiale. Ce secteur porteur d'avenir, doit obtenir une
attention particulière de la part des gouvernements
fédéral et provincial, et j'entends me battre pour que le
Québec obtienne sa juste part des retombées du programme spatial
canadien. Nonobstant la décision qui doit être rendue incessament,
eu
égard à la localisation de l'Agence spatiale canadienne,
il faudra absolument s'assurer que les responsables, au sein du gouvernement
fédéral, traduisent, par des gestes concrets, leur volonté
maintes fois exprimée de proclamer Montréal, centre canadien des
technologies spatiales et de télécommunication.
J'aimerais souligner que le gouvernement du Québec a mis sur pied
un comité interministériel dans le but, premièrement, de
maximiser les retombées économiques et technologiques du
programme spatial canadien et, deuxièmement, de préparer un
projet de stratégie de développement des technologies
aérospatiales. D'autre part, notre ministère a travaillé
très fort en 1986-1987 à inciter les entreprises
québécoises à participer au projet de recherche
européen, dans ce secteur, sous le couvert de Eureka, Hermès,
Esprit, etc. Je dois d'ailleurs diriger une importante mission en France, dans
deux semaines, dont l'objectif est précisément de
concrétiser certaines des démarches entreprises au cours de
l'année. Et je puis vous affirmer tout de suite qu'il y aura quelques
signatures de contrats qui marqueront le début de ce qui sera, je
l'espère, un débouché de plus en plus important pour les
entreprises québécoises oeuvrant dans le secteur de
l'aérospatial.
Il n'y a aucun doute que le développement technologique du
Québec doit être fondé, en tout premier lieu, sur une
véritable complicité entre les universités, les
collèges et les entreprises. Le succès des grands centres
technologiques américains, tels que Silicon Valley, la route 128
à Boston et Research Triangular Park en Caroline du Nord, est d'ailleurs
fondé sur cette complicité. (10 h 45)
Je crois qu'il est possible de dire que l'année 1986 marque un
véritable tournant à ce chapitre au Québec. Qu'on parle du
Parc technologique industriel du grand Québec, du projet Estrie-Tech
à Sherbrooke, de la création d'un bureau de valorisation
industrielle de la recherche à l'Université Laval, ce ne sont
là que quelques-uns des nombreux exemples qui me rendent optimiste quant
à la capacité des entrepreneurs et des universitaires
québécois de relever ensemble le défi technologique.
Notons ici que le budget présenté récemment par M.
Levesque comprend une mesure peu onéreuse, dont on n'a pas beaucoup
parlé, mais qui favorise le rapprochement entre universités et
entreprises. Il s'agit de ce crédit d'impôt dont
bénéficient les corporations pour les salaires versés en
recherche et développement et qui sera, non plus de 20 %, mais de 40 %,
lorsque les activités se dérouleront en milieu universitaire. Le
gouvernement libéral réduit ainsi à 11,20 $ le coût
après impôt de 100 $ de recherche en milieu universitaire.
Voilà qui favorisera un transfert plus rapide des résultats de la
recherche universitaire vers le secteur privé en vue d'une application
dans l'entreprise.
Nul n'a à répéter l'importance que revêtent
le R&D et les transferts technologiques tant pour la croissance de nos
secteurs de pointe que pour celle de nos secteurs traditionnels. À cet
éqard, nous poursuivons nos efforts pour l'établissement d'un
véritable corridor technologique entre Montréal et la
région de Boston. Quant aux programmes de liaison industrielle, le
Massachusetts Institute of Technoloqy a largement contribué au
succès de cette métropole technologique qui accapare près
d'un quart de la production de la technologie mondiale. Le ministère, en
collaboration avec le ministère des Relations internationales, entend
donc faire bénéficier les PME québécoises de ce
programme en accordant un soutien financier à un consortium
d'entreprises provenant principalement du secteur de l'électronique et
dont l'adhésion serait sous l'égide d'un organisme sans but
lucratif et qui serait éventuellement appelé à
s'autofinancer en recrutant d'autres membres.
D'autre part, dans le cadre des engagements du sommet "Le Québec
dans le monde" ainsi que du dernier sommet de Montréal, le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration
étudie, conjointement avec notre ministère, la possibilité
de créer une banque de permis de travail générique mise
à la disposition des universités et du milieu des affaires, et
s'appliquant au secteur scientifique et de la recherche industrielle. Ainsi, on
pourrait faire bénéficier les scientifiques américains
d'un certificat d'acceptation du Québec d'une durée de 24 ou 36
mois au lieu de la période actuelle de douze mois. Le congé
fiscal accordé aux scientifiques étrangers viendra renforcer
cette mesure.
En matière de coopération internationale, le
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique a contribué à la promotion d'un site frontalier
Québec-New York en vue de la réalisation annoncée par le
ministère américain de l'Énergie en janvier dernier d'un
très grand accélérateur de particules dont le coût
de construction est évalué à près de 3 800 000 000
$ américains. La fonction de l'accélérateur serait
d'alimenter les recherches fondamentales sur la physique des particules. Des
effectifs de 2500 employés et 500 visiteurs quasi permanents, provenant
de plus d'une centaine d'universités et de centres de recherche
américains, canadiens et étrangers, travailleront en permanence
au superaccélérateur. La présence d'un groupe de
scientifiques et d'ingénieurs de cette qualité à
proximité des centres éducatifs et technologiques
québécois aurait des effets très appréciables, et
ce, sans parler des retombées économiques. En
effet, le supercollisionneur superconducteur sera un important
consommateur d'énergie électrique également, soit 100
mégawatts en moyenne annuellement.
Voilà quelques-unes des nombreuses réalisations accomplies
pendant les derniers 17 mois et dont nous pouvons tous être fiers. Le
volet du développement technologique est maintenant pleinement
intégré au ministère, et je crois que l'année
1987-1988 nous permettra de faire encore bien davantage.
Les priorités de l'année à venir. Permettez-moi
maintenant, M. le Président, de décrire sommairement les grandes
orientations que mes collègues du ministère et moi-même
nous nous sommes données pour l'année à venir. J'adopterai
la même subdivision que pour la description de nos grandes
réalisations.
Relativement au commerce extérieur, le ministère entend
assurer pleinement l'essor économique et technologique du Québec
au regard des grands dossiers commerciaux et technologiques qui seront
traités sur le plan national et international au cours du prochain
exercice budgétaire. Le ministère entend aussi mettre davantage
le Québec au diapason des grands changements économiques et
technologiques mondiaux. Pour ce faire, les missions ministérielles et
commerciales se feront de plus en plus nombreuses. Il y aura consolidation du
réseau économique du Québec à l'étranger
afin de remplir adéquatement la mission qui a été
confiée par le gouvernement au ministère en matière de
prospection des investissements, d'exportation, de promotion des produits
culturels et de technologie. De nouveaux conseillers en technologie seront
appelés à travailler à l'étranger afin que le
Québec soit davantage à l'écoute des milieux
technologiques internationaux. Nous procéderons aussi à la
nomination de nouveaux conseillers bénévoles en commerce
extérieur à Paris, Bruxelles et New York. Ces gens d'affaires
originaires du Québec seront invités à collaborer avec le
gouvernement pour orienter nos interventions en matière d'exportation,
de technologie, de prospection et d'investissements à l'étranger.
Nous poursuivrons l'opération Export-Action. Cet événement
s'inscrit dans le cadre de la venue au Québec de tous les conseillers
économiques en poste à l'étranger et vise à
sensibiliser les industriels aux nécessités d'exportation et de
transfert de technologies et à les informer des plus récentes
tendances sur les marchés étrangers.
Nous participerons activement au Sommet des pays francophones qui se
tiendra à Québec en septembre. Ce sommet constituera un
événement marquant au sein des pays membres et offrira au
Québec l'occasion de développer de nouvelles relations
économiques et technologiques avec ces pays. Le ministère sera
particulièrement actif relativement au forum francophone des affaires,
dossier qui a d'ailleurs été commencé à notre
ministère. En ce qui concerne la prospection des investissements, nous
allons développer un plan d'action concerté au sein du
gouvernement afin de mieux utiliser le potentiel du réseau des
représentants économiques du Québec à
l'étranger. Nous entendons aussi profiter au maximum des
activités réalisées à l'étranger par les
représentants d'Investissements Canada, tout particulièrement
dans les pays industrialisés où il existe des possibilités
d'attirer des investissements technologiques de pointe,
intéressés à venir s'installer au Québec.
Au plan des industries culturelles, nous entendons orienter nos efforts,
en 1987-1988, vers la promotion du Québec auprès des producteurs
étrangers de films et de vidéos afin de diriger vers le
Québec une partie de plus en plus importante des budgets
considérables prévus pour le tournage de films ou la production
de vidéos pour les nouveaux systèmes de communication:
câblodistribution, télévision payante, vidéos
domestiques, films publicitaires, etc. Nous serons également très
actifs dans le domaine de diffusion de livres québécois, que ce
soit romans, ouvrages scientifiques et techniques, etc., sur les marchés
français, africain et américain.
Le ministère entend aussi consolider sa présence en
régions. Je poursuivrai ma tournée afin d'inviter les gens
d'affaires à exporter et à développer ou acquérir
de nouvelles technologies. Nous continuerons d'offrir aux diverses
régions du Québec des cours d'initiation à l'exportation,
de même que des séminaires de conférences
spécialisées sur les techniques à l'exportation. Je vous
rappellerai que plus de 2300 personnes ont profité de ces
activités dans l'année 1986-1987. Et le nouveau bureau du
ministère à Québec sera maintenu de manière que
nous puissions mieux desservir les industriels de l'Est du Québec.
D'autre part, nous poursuivrons nos efforts de rationalisation de nos
programmes d'aide et d'amélioration de la qualité de nos
services. Par suite de la modification de la Loi sur la Société
de développement industriel, le projet de toi 154, et à la
révision de ses programmes d'aide, nous procéderons à la
révision de nos propres programmes afin d'assurer une meilleure
cohérence entre les activités de l'entente auxiliaire
Canada-Québec sur la science et la technologie et ceux de la
Société de développement industriel et de l'AQVlR. Les
programmes d'aide à la promotion des exportations, les programmes APEX
seront également revus pour tenir compte de l'évolution des
besoins des entreprises. Les réformes proposées viseront a offrir
une plus grande complémentarité avec les autres programmes
d'aide
dont notamment le programme de développement des marchés
extérieurs du gouvernement fédéral et le programme de
projets de promotion du ministère des Affaires extérieures du
Canada et les programmes de la SDI en matière d'exportation. Enfin, nous
entendons réduire le temps de traitement des demandes d'aide et
accélérer le paiement des réclamations.
Sur le plan de la libéralisation des échanges, ce dossier
restera sûrement prioritaire en 1987-1988 et sans doute pour les
années à venir, car le Québec a l'intention de suivre de
très près les négocations commerciales
multilatérales du GATT. Notons ici que le Conseil du trésor a
autorisé le ministère à augmenter ses effectifs
réguliers de 13 postes afin de répondre aux besoins de plus en
plus importants du gouvernement en matière de politique commerciale.
Au plan des négociations canado-américaines, nous
continuerons à travailler de la même manière que nous
l'avons fait jusqu'à ce jour, c'est-à-dire en concertation avec
tous les intervenants impliqués au Québec en consultation
constante avec le gouvernement fédéral et en adoptant l'approche
la plus ouverte possible afin de tenir toute la population informée des
enjeux de ces négociations dont les résultats sont susceptibles
d'avoir un impact sur l'avenir économique de chaque
Québécois. Par ailleurs, les négociations dans le cadre
multilatéral du GATT nous préoccuperont de plus en plus.
Comme vous le savez, M. le Président, j'ai eu l'honneur de faire
partie de la délégation canadienne qui s'était rendue
à Punta del Este, en Uruguay, à la mi-octobre je crois, dans le
cadre de la réunion, sur le plan ministériel, des parties
contractantes du GATT. C'est lors de cette réunion qu'a
été donné le coup d'envoi officiel des négociations
commerciales multilatérales. La présence des quatre ministre
provinciaux au sein de la délégation canadienne constituait une
première. La durée prévue de ces négociations est
de quatre ans, mais cela pourrait être cinq et six ans.
L'originalité de ces pourparlers par rapport aux négociations
précédentes est que pour la première fois, de façon
aussi intense, le commerce des produits agricoles longtemps laissé pour
compte sera l'objet d'une attention prioritaire.
Les mécanismes mis en place pour les négociations
bilatérales, tant sur le plan fédéral-provincial
qu'à Québec même, seront utilisés de la même
façon pour déterminer les objectifs du Québec et assurer
la présentation de nos intérêts en ce qui touche les
négociations du GATT. Les actions gouvernementales en matière
technologique prendront de l'ampleur en 1987-1988. Plusieurs facettes seront
touchées, que ce soit dans le domaine de la coordination avec le reste
du Canada, de la dimension internationale ou régionale ou de la
rationalisation des aides offertes. La politique scientifique et technologique
nationale vient à peine d'être finalisée. Un conseil des
ministres charqés de la science et de la technologie a été
créé. Déjà, des groupes de travail
réunissant des représentants des provinces et du gouvernement
fédéral travaillent sur des moyens d'augmenter le R&D au
Canada, d'adapter l'aide technologique aux entreprises, d'accroître les
transferts technologiques et de développer des technologies
stratégiques susceptibles d'améliorer la
compétitivité du secteur des ressources naturelles.
L'entente auxiliaire sur le développement scientifique et
technologique devrait commencer à porter pleinement fruit. Le
Laboratoire de technologie électrochimique et
électrotechnologique deviendra vraiment opérationnel et pourra
aussi offrir ses services aux entreprises. L'Institut national d'optique
entrera dans une phase de croissance. Le programme d'appui au
développement technologique vivra sa première année
complète d'opération. Dans le domaine spatial, le Québec
entend coopérer avec le gouvernement fédéral pour faire
reconnaître le rôle de leader du Québec et de la
région de Montréal dans le secteur. De concert avec ses
partenaires de la région de Montréal, il entend poursuivre sa
campagne pour favoriser la localisation dans cette région du
siège social de la future agence spatiale canadienne. La dimension
internationale de l'action en matière de technologie du ministère
sera privilégiée. De façon à pouvoir offrir un
meilleur service aux entreprises, le ministère a l'intention d'accentuer
les activités, les échanges avec les principaux pôles
technologiques du monde. La dimension internationale sera aussi perceptible par
une participation à de grands projets internationaux américains
et européens. Le ministère participera activement à la
préparation du Sommet de la francophonie qui se tiendra au début
de septembre à Québec et qui réunira une quarantaine de
chefs de gouvernement. La dimension technologique sera un des thèmes
abordés. Le ministère mettra de l'avant des projets susceptibles
de renforcer la position technologique du Québec dans l'espace
francophone, notamment en matière d'information scientifique et
technique, du développement du réseau d'informatique, de
l'innovation d'un transfert technologique et de la formation. Les
préoccupations régionales se traduiront par un appui au
développement de parcs technologiques et par un soutien à
l'émerqence d'incubateurs dans les entreprises à haute
technologie.
Là où les conditions nécessaires à leur
expansion existent, capital de risque,
relations universités-entreprises, politiques d'impartition, ce
sont des outils qui peuvent connaître des succès retentissants.
Leur développement et leur réussite reposent d'abord sur la
volonté et la persistance d'un ensemble d'intervenants régionaux.
Le parc technologique et industriel du grand Québec constitue la
première intervention du ministère à cet égard,
mais certainement pas la dernière.
Enfin, M. le Président, la rationalisation de l'aide offerte
tiendra une place importante, comme je l'ai déjà
mentionné. En effet, le ministère a, depuis la modification de la
loi de la SDI, une responsabilité majeure dans les programmes concernant
la technologie et l'innovation. Ils sont en voie de révision
actuellement. Cela permettra une meilleure cohérence entre les
activités de l'entente auxiliaire de la SDI et de l'AQVIR. De
façon plus large, le ministère suivra de près tout
changement dans les politiques technologiques des partenaires
économiques du Québec susceptible d'avoir des impacts sur les
entreprises québécoises. Il s'assurera que ses politiques
fiscales, ses politiques d'aide et de soutien et sa politique d'achat
demeureront compétitives avec celles de nos partenaires. (11 heures)
Voilà tracées ici - c'est marqué "plutôt
rapidement", mais je ne suis pas d'accord -mes réflexions sur ce que
sera l'année 1987-1988 du ministère. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. J'informe immédiatement M. le député de
Bertrand, le critique officiel de l'Opposition, qu'étant donné
que le ministre a dépassé largement le temps normalement
utilisé pour les remarques préliminaires, vous pourrez faire de
même sans l'intervention de la présidence, d'aucune façon.
M. le critique officiel et député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je vais
rassurer le ministre. Je n'ai pas l'intention d'être aussi long, puisque
ce que j'avais préparé est contenu dans une fiche. Il reste que
le texte livré par le ministre trace un bilan global qui montre,
à première vue, un travail gigantesque accompli au cours de la
dernière année. Cependant, il y a des manques à ce rapport
et je me ferai un devoir de les soulever.
J'aimerais d'abord assurer au ministre et aux membres de cette
commission que mon travail dans le cadre de l'étude des crédits
se fera, comme il s'est fait l'année passée, de façon
positive et constructive, même si la critique, en soi, appelle justement
d'être capable de dépister les faiblesses et il y en a
sûrement, il y a moyen, je pense, de travailler dans l'Opposition en
essayant d'apporter des dimensions qui vont peut-être permettre au
ministère de corriger son tir au cours de la prochaine année.
Je rappellerai que même si j'y ai fait un passage très
bref, environ deux mois, j'ai été à même
d'apprécier le travail qui se fait à l'intérieur d'un
ministère comme le ministère du Commerce extérieur et du
Développement technologique. Je rappellerai aussi au ministre, puisqu'il
n'était pas là à l'époque, et moi non plus
d'ailleurs - on se sent très à l'aise à ce
moment-là, lorsqu'on dit: Ce n'est pas notre faute, c'est la faute des
autres - qu'il faut remettre dans le contexte le fait que, le 16
décembre 1982, son parti, le Parti libéral, avait voté
contre le projet de loi 89 qui constituait le ministère du Commerce
extérieur. Je me demande ce que le ministre, qui a un rôle aussi
important, ferait si ce ministère n'avait pas été
constitué.
Tout cela pour dire - et j'en suis convaincu - l'importance du
ministère du Commerce extérieur et l'importance, pour lui,
d'ajuster - c'est quand même un ministère qui s'est taillé
une place au cours des cinq dernières années - son tir et son
rôle par rapport aux hesoins spécifiques qu'ont nos entreprises et
notre structure industrielle ici, au Québec.
Ceci dit, j'aimerais, brièvement, apporter des commentaires en
fonction de la présentation du ministre, d'abord, en ce qui regarde le
rôle et l'importance du commerce extérieur face à notre
croissance. Je dois dire que sur l'analyse de fond, je suis totalement en
accord. Si nos entreprises, si nos chefs de file, si nos futurs
créateurs d'emplois, c'est-à-dire ceux qui formeront des
entreprises au cours des prochaines années, ne comprennent pas
l'importance, premièrement, de la recherche et du développement
et, deuxièmement, de l'exportation, on manque le bateau. Je pense que
c'est le rôle du gouvernement, et particulièrement celui du
ministère du Commerce extérieur, de faire ressortir cela.
À ce chapitre, je dirai que, de façon
générale, je trouve qu'il y a un manque de coordination avec vos
collègues, le ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre
délégué aux PME, quant à différents volets
d'aide à l'entreprise, particulièrement quant à la
stratégie de développement économique. Je pense que le
gouvernement se doit de se donner une politique très claire, une
stratégie de développement économique pour savoir dans
quoi il "focusse". J'ai la vive impression, et je le dis en toute
honnêteté, qu'en ce qui concerne le ministère du Commerce
extérieur, c'est en train de prendre forme là où vous avez
décidé de mettre l'accent. Qu'on soit d'accord ou non, les
politiques sont bien campées, ce qui n'est pas le cas chez l'autre
ministère, celui de l'Industrie et du Commerce. C'est très
important, puisqu'il s'agit du même gouvernement, donc de la
même philosophie, pour savoir où l'on va. On y touchera au cours
de l'analyse des prochaines heures - il nous reste à peine trois heures
pour toucher l'ensemble du dossier - particulièrement au volet du
libre-échange.
M. le ministre, vous le dites dans votre texte: Le libre-échange,
oui, mais... pas à n'importe quelles conditions. Lors de
l'interpellation que nous avons eue ensemble, la semaine dernière, je
vous mentionnais, et je le répète ce matin, que l'avenir
économique du Québec est en en train de se jouer. On sait que,
dans seize semaines, aura lieu une signature, une entente ou non entre le
Québec, le Canada et les États-Unis.
À partir du 4 octobre 1987, on n'aura plus rien à faire si
ce n'est le processus de "fast-track procedure". On est à seize semaines
d'une entente où on devra vivre avec ce qui aura été mis
dans l'entente. En prenant connaissance des documents qui m'ont
été présentés, je me rends compte qu'il y a un
travail qui a été abordé. Vous en faites rapport ici et
vous accordez une attention particulière. Je vous dirais que, dans la
prochaine année et dans les prochains mois, vous avez un rôle
gigantesque à jouer, parce que, même si vos autres
collègues y sont sensibilisés et ceux à vocation
économique, il reste que, dans tout gouvernement, tout Conseil des
ministres, il doit y avoir des leaders et je vous dirais, M. le ministre, que
vous avez un rôle de premier plan à jouer. Vous avez actuellement
à faire en sorte qu'il se passe ou ne se passe pas des choses et vous
avez à définir avec les des gens du ministère qui sont vos
personnes-ressources, ce qui va être appelé à faire partie
d'une entente acceptable sur différents plans, une entente acceptable
pour protéger, à toutes fins utiles, le Québec.
On a vu l'exemple du bois-d'oeuvre, du bardeau et, récemment, il
y a quelques jours, il était question du gaz, ce qui touche davantage
l'Alberta. On voit que le protectionnisme américain n'est pas rendu
à ses fins, il n'est qu'à ses débuts. Vous savez, comme
moi, qu'il y a quelque 300 projets de loi devant le Sénat
américan qui, à toutes fins utiles, a des visées
particulières.
On ne parle pas de façon très explicite - et je reviendrai
là-dessus - de la façon dont on progresse et où on en est
rendu quant à ces négociations. Mais, moi, je vous dirai que,
dans les politiques qui vont faire en sorte qu'on doit d'abord s'assurer, ici,
au Québec, que tel ou tel domaine sera protégé ou exclu,
il y a des principes, que vous mettez dans votre présentation de ce
matin, qui sont pour la première fois plus clairs. À la page 8,
vous énoncez, en fait, huit principes qui font partie du "oui mais",
c'est-à-dire du "pas à n'importe quel prix". Je dois dire que ces
principes devront davantage être étoffés. L'urgence de ce
dossier, M. le ministre, me porte à vous rappeler encore une fois qu'il
faut ouvrir le débat le plus vite possible, puisque le débat est
enclenché, depuis mai 1986, avec le rapport des gens de votre
ministère, la formation des différents comités et des
différents groupes de travail.
Mais cela reste quand même très limité. Vous savez
comme moi, pour avoir été dans les régions rencontrer des
gens d'affaires, des dirigeants d'entreprises et particulièrement les
PME qui nous caractérisent, que peu sont conscients de ce fameux impact.
Face à cet impact, lorsqu'on commence à les sensibiliser, il y a
comme un réveil et un état de choc.
Je ne veux pas être - veuillez me croire et je vous l'ai
assuré - la bouqie d'allumage des gens qui partiraient en peur et
s'opposeraient de façon systématique au libre échange. Je
pense qu'il faut l'envisager positivement. Mais je veux être la bougie
d'allumage de la part du gouvernement et je sens qu'il y a peu de gens au
gouvernement, particulièrement dans les ministères à
vocation économique, qui ont cette préoccupation, à savoir
que l'entente va se régler dans quelques semaines.
J'y reviendrai de façon très intensive, puisque je
voudrais consacrer une bonne partie de mon intervention à cet aspect du
libre-échange. Quand vous parlez de tournées, de voyages qui ont
été faits par vos gens et par quelques chefs d'entreprises,
lesquels sont allés en mission faire de la prospection, je vous dirai:
"Oui, bravo, il faut continuer!" Sauf que je me pose beaucoup de questions
quant à certains voyages qui amèneraient certains doubles
emplois.
Je pense particulièrement, pour prendre un pays, à
l'Allemagne. De mémoire, au cours des onze derniers mois,
c'est-à-dire du 1er avril 1986 au 28 février, donc sur une
période de onze mois, quelque onze voyages ont été
effectués par des gens de votre ministère en Allemagne, donc,
à mon avis, la possibilité d'un certain chevauchement ou d'une
certaine répétition. Dans l'ensemble, en ce qui regarde les
voyages - et je n'inclus pas les voyaqes à l'intérieur du Canada,
mais strictement ceux à l'extérieur du Québec et à
l'extérieur du Canada - on remarque une facture, pour les frais de
voyage - non pas que je veuille l'analyser en détail avec cennes et
piastres - de 650 000 $ à 660 000 $. Vous me direz que c'est bien peu si
le retombées sont au bout. Je vous dirai, M. le ministre, que je ne suis
pas de ceux qui analyseront et demanderont des comptes de dépenses de M.
Untel ou de M. Untel, car je pense qu'on perdrait notre temps. Je vous dirai
qu'il est très important qu'on s'assure que chaque dollar
dépensé à l'étranger par les gens de votre
ministère l'a été à l'intérieur de normes
acceptables, c'est-à-dire qu'on a évité toute
répétition vers un même
endroit en l'espace de peut-être une ou deux semaines, comme cela
s'est produit; et j'ai pris le cas particulier de l'Allemagne.
Quand on parle de représentations, de prospection faite avec des
groupes d'entrepreneurs qui vous ont accompagné dans certains pays, je
dis oui et j'applaudis à cela. Sauf qu'on est encore à toucher
une certaine classe d'entrepreneurs, c'est-à-dire ceux qui ne font plus
nécessairement partie de nos PME selon la définition qu'en donne
votre collègue, M. Vallerand, mais qui font plutôt partie de ceux
de la grande entreprise comme les représentants de compagnies comme
Sofati, comme Mme Guylaine Saucier. Il y avait les gens de Lavalin, c'est
très bien. Mais je vous dirais que là où il faut davantage
ouvrir les soupapes et, à mon point de vue, là où on ne
réussit pas encore à capter, ce sont ces petites et moyennes
entreprises en position d'ouvrir sur des marchés implantés depuis
quelques années déjà et qui ont déjà des
produits qui les caractérisent. Ce sont elles qu'il faut faire cheminer
pour goûter à ce qu'est l'exportation, leur enlever les
craintes.
Cette classe de gens est, à mon avis, encore trop
négligée par rapport aux autres qui sont déjà
sensibilisées. II est bien sûr que, faisant partie d'une
délégation, je prends le cas de M. Michel Gaucher, un bonhomme
très connu et avec qui j'ai eu l'occasion de siéger, on ne lui
montrera pas comment faire des affaires à l'exportation. C'est un grand
garçon capable de se débrouiller lui-même. Quand vous dites
que, dans les programmes APEX quelque part, PEMD et tout cela, on veut
éviter de donner de l'argent à ceux que... je vous dis: Dans le
cadre de ces missions, c'est excellent d'entraîner ce groupe de gens
d'affaires, mais il y a tous les autres qu'il faudrait trouver moyen
d'enchaîner là-dedans.
Dans le cas des tournées régionales que vous mentionnez,
M. te ministre, vous avez sûrement été à même
de constater que, dans toutes les régions du Québec, c'est encore
un peu une révélation lorsque vous entrez dans les chambres de
commerce ou dans les clubs du groupement québécois ou dans toutes
ces associations d'affaires, on s'aperçoit que ceux qui sont dans les
petites et les moyennes entreprises sont très peu instruits sur ce que
le ministère peut offrir et ne savent pas où s'adresser. Je pense
qu'il y a un effort très important à faire de ce
côté-là, particulièrement dans ce que j'appelle une
notion de guichet unique, où il faut sensibiliser ces gens-là le
plus possible sur la simplicité. Vous parlez d'accélérer
les questions de paiement et tout cela; moi, je vous dis de mettre l'accent sur
l'aspect de la simplicité, pour que les gens sachent que, par un simple
coup de téléphone, il est possible d'avoir recours à des
informations rapidement. Dans les grands centres comme Montréal et sa
réqion, cela va bien. À Québec, avec l'ouverture d'un
bureau, cela risque d'avoir un bon déblocage. Mais, dans l'ensemble des
régions périphériques, c'est un problème. Pour
l'avoir expérimenté en faisant la tournée du
Québec, je peux vous dire que ces gens sont très peu instruits et
ne savent pas comment s'y prendre et donc laissent tomber. Je pense que ce sont
des gens potentiels à l'exportation fort importants. (11 h 15)
On reviendra à la question de la réalisation des
échanqes de façon très approfondie. Vous me permettrez de
ne pas être d'accord avec le troisième paragraphe de la page 9 qui
dit que le gouvernement du Québec est probablement, de tous les
gouvernements impliqués dans ce dossier, en parlant du
libre-échange, celui qui a mis sur pied la structure d'étude et
d'analyse la plus efficace et qui s'est montré le plus transparent
envers la population. Là-dessus, c'est un peu fort, M. le ministre. Vous
avez avoué vous-même que la question de la transparence ne s'est
pas rendue dans la population. Il y a un effort marqué de ce
côté-là. J'ai réclamé, je réclame
toujours -et je vais continuer à le faire à haute voix -qu'il y
ait une commission parlementaire nonobstant le fait qu'il y ait le
comité Warren et des comités capables d'entendre les gens. Il
reste qu'une commission parlementaire sur une période de temps,
même si elle était au début de l'été, serait
très importante pour faire en sorte que les gens aient la chance
d'être sensibilisés davantage. Je vous ferai remarquer aussi, de
mémoire, que je pense que l'Ontario a eu cette commission parlementaire
à la fin de 1986. Elle a tenu une commission parlementaire sur le
libre-échange et elle a permis, d'après mes informations,
à beaucoup de gens de s'exprimer, mais dans la formule de commission
parlementaire.
Sur l'esprit de coopération sans pareil avec le gouvernement
fédéral et provincial que vous mentionnez à la page 10,
là aussi je m'inquiète beaucoup. L'année passée
vous aviez mentionné dans votre discours, sans le citer textuellement,
que vous aviez l'intention de recourir beaucoup aux structures du gouvernement
canadien à l'étranger, éviter certains doubles emplois. Je
vous avais mis en garde contre cela, et cela n'est pas de trop de vous le
répéter encore ce matin. Je veux bien qu'on évite les
doubles emplois, sauf que je ne suis pas sûr que, dans les ambassades
canadiennes, on aura la préoccupation de favoriser l'émergence du
produit québécois et les possibilités, selon les individus
en place. Je suis loin d'être sûr, parce qu'on l'a vu dans bien
d'autres dossiers, le reste du Canada n'a pas nécessairement toujours la
même vision que nous avons ici. Je vous dirais que c'est très
important de s'assurer que, si vous
faîtes abandon dans certains coins du monde de la structure qui
était la maison du Québec au profit de la structure canadienne...
Je vous dis que, d'une part, je ne suis pas d'accord, et, d'autre part, si vous
l'avez fait parce que cela a été le cas, vous vous devez de
vérifier de façon très tangible ce que cela peut
donner.
Au sujet des ententes fédérales-provinciales et de cet
excellent esprit de coopération, je me permets de vous rappeler qu'un
dossier comme celui de l'Agence spatiale canadienne, à laquelle vous
faites allusion et qui fait partie de vos priorités pour la prochaine
année, est loin d'avoir été déterminant. On parle
de quelques semaines. À la fin d'avril, la décision devait
être rendue. On parlait ensuite de la fin de mai. La semaine
passée, on parlait de la fin de juin et maintenant on parle
peut-être du mois de septembre pour des raisons qu'on ignore mais qu'on
peut soupçonner à la suite d'un article paru dans Le Devoir,
mais aussi à la suite de vérifications que j'ai faites
moi-même. Cela me préoccupe au plus haut point de voir que des
dossiers aussi importants que celui-là et où la décision
pourtant ne serait pas difficile à prendre quant à
l'implantation, à cause de la masse critique qui se trouve située
dans la région de Montréal, que cela s'implante ici au
Québec. La décision n'est pas prise. Je suis revenu à la
charge à plusieurs reprises et je reviens encore ce matin en vous
disant: L'agence spatiale, M. le ministre, il faut continuer à pousser
même si on a un peu l'impression qu'actuellement, il y a des choses plus
importantes qui sont en train de se régler, qui devront se
régler. Je vous dirais que l'agence spatiale, à cause de ses
retombées de plusieurs millions de dollars, se devra d'être ici au
Québec. Et vous êtes sûrement le porte-parole le plus pesant
là-dedans.
C'est dans mon rôle d'inciter les milieux d'affaires. Je l'ai fait
encore récemment jeudi dernier où j'ai eu la chance de rencontrer
plusieurs associations et gens d'affaires, lors du fameux sommet de la PME que
votre collègue, M. Vallerand, avait organisé ici à
Québec. Je l'ai suivi toute la journée. J'ai eu la chance de
parler avec plusieurs d'entre eux pour leur faire prendre conscience de cela.
Vous avez eu la chance d'aller brasser quelques personnes dans le domaine de
l'aérospatiale, de l'aéronautique et dans le domaine des
télécommunications. L'Agence spatiale canadienne aura des
répercussions importantes, particulièrement en
télécommunications dans les années à venir. Dans ce
domaine, on a vraiment toute une expertise, un "know how" très
important.
À ma grande surprise, ni dans votre texte de présentation,
ni dans votre cahier explicatif à la page 13, quand vous parlez des
priorités de cette année, il n'est question du Centre bancaire
international. J'ai imaginé que c'était un oubli ou que
c'était un dossier que vous aviez déjà abandonné.
Depuis déjà plusieurs années, le Centre bancaire
international était le dossier majeur pour ce qui était de
Montréal. On a vu le brasse camarade qu'il y a eu à l'automne et
au début du printemps 1987, ce qui fait qu'encore là, Ottawa a
décidé, à la suite de pressions, particulièrement
de Toronto, de tout simplement mettre le tout sur la glace et de laisser
retomber les poussières. On est déjà au 1er juin 1987 et,
M. le ministre, je ne vois pas cette priorité dans votre texte et je
pense que cela devrait faire partie de vos priorités, parce que c'est un
dossier qu'on se doit d'obtenir et qu'on est en droit d'obtenir.
Quand vous parlez de l'Importance d'ouverture sur le monde, on a eu la
chance la semaine dernière d'avoir la visite du président
Mitterrand, le président de la France qui était ici pour
accentuer et resserrer les liens avec le Québec, avec le Canada
puisqu'il a fait une visite à Ottawa, à Toronto et ailleurs dans
le pays. Ce qui m'a frappé touchant le Québec et ce que je trouve
inacceptable - je me permets de le dire ce matin - c'est que toute la
dimension, le volet économique n'ait pas été vraiment
touché, n'ait pas été vraiment abordé. Pourquoi
vous, en tant que ministre concerné par le développement
économique du Québec, concerné par nos exportations et
concerné par tout ce qui touche l'activité économique,
n'avez-vous pas choisi, ou pourquoi le président Mitterrand n'a-t-il pas
été influencé afin de rendre visite à la Bourse de
Montréal plutôt qu'à la Bourse de Toronto? Je trouve cela
un peu inadmissible parce que dans les grands journaux français, on va
tout simplement comprendre que l'activité économique du Canada se
passe à Toronto. Cela aurait été drôlement
intéressant, surtout que, me dit-on, la Bourse de Montréal a
été la première Bourse au Canada à émettre
des titres français importants. Je pense, pour avoir suivi les
activités de la Bourse de très près, M. le ministre, qu'il
eût été tout à fait normal... C'est un autre exemple
où on a l'impression que - on ne contrôle pas les ficelles - une
visite aussi importante que celle-là aurait dû être
marquée par une visite à la Bourse de Montréal, tandis
qu'elle a été marquée par une visite à la Bourse de
Toronto. Je me dois de le citer en passant parce que ce sont des
événements concrets qui se passent.
Le centre bancaire, l'Agence spatiale canadienne sont au coeur de mes
préoccupations et, bien sûr, en tête de liste, toute cette
question du libre-échange où on devra, au cours des prochaines
heures, voir de quelle façon particulière vous pouvez
accélérer, ouvrir le débat et plus particulièrement
vous pouvez donner
l'assurance que ce qui va se négocier... Vous semblez très
assuré ce matin dans votre texte que vous avez toute la
coopération de la part d'Ottawa et moi je n'ai pas cette assurance.
À la suite de la dernière visite de Mme Pat Carney ici, dans ce
que j'ai lu, dans ce que j'ai entendu et pour avoir parlé avec des gens
qui étaient présents, je n'ai pas eu l'impression que
c'était aussi transparent que vous sembiiez vouloir le laisser
paraître.
Je l'ai dit et je le répète - je termine sur ce point -
l'avenir économique du Québec, à mon point de vue, est
vraiment trop important pour qu'il y ait une "game" politique qui se joue
là-dessus. Elle ne doit pas se jouer non plus nécessairement ici
à l'intérieur du Parlement. Même si on a un travail, une
"job" à faire, je pense qu'on va la faire, mais elle ne doit pas se
jouer entre le Canada et le Québec, c'est-à-dire entre le
gouvernement central à Ottawa et celui du Québec, La
procédure enclenchée, les préoccupations que nous avons
sur certains aspects du libre-échange et particulièrement le
secteur des services, je vous dis que, d'abord, les propositions du
Québec n'ont pas été mises sur la table. À ce jour,
vous l'avez dit vous-même, pour reprendre vos paroles, on est dans une
situation où on a écouté ce que les États-Unis
avaient à dire. À quinze semaines de la fin des
négociations, je pense qu'on n'est plus en position d'écouter. On
est en position de mettre nos demandes sur la table et de demander des choses
vraiment précises. Je comprends qu'il y a une stratégie à
suivre, mais je vous dirai qu'on est obligé de lever le voile un peu sur
cette stratégie.
À la page 16 - si ma mémoire est bonne - de votre document
de présentation, au dernier paragraphe, vous parlez de la Direction
générale des relations économiques avec
l'extérieur. Vous dites: L'accès des produits et des services
québécois sur les marchés extérieurs constitue un
autre champ d'intervention important de cette direction. Celle-ci a
été appelée à émettre des avis, à
réaliser des études...".
Ma première question est la suivante: M. le ministre, où
sont ces études en ce qui concerne les services dont il est question
à la page 16 et un peu précédemment dans le paragraphe
où vous faites état du bilan de la dernière année
1986-1987 et, pour être plus précis, lorsque vous dites, au
paragraphe qui commence ainsi: "À l'intérieur des
mécanismes mis en place par le gouvernement du Québec pour
définir sa position dans le contexte des négociations
commerciales bilatérales Canada/États-Unis et
multilatérales, la direction - de votre ministère - a
participé à la coordination de l'ensemble du dossier des
négociations. Elle a réalisé - on dit bien "elle a
réalisé" - ou entrepris des études sur des sujets portant
sur la politique tarifaire, sur les mesures de sauvegarde, sur le traitement
national, sur les subventions et les droits compensateurs, sur l'"antidumping"
et..." on continue ainsi.
M. le ministre, quand vous parlez de transparence, je veux bien jouer le
jeu, sauf que je me dois de dire aujourd'hui que des études d'impact ont
été réalisées. Le 13 mai à
l'Assemblée nationale, si ma mémoire est bonne, à une
question que je vous posais, vous mentionniez que, dans une dizaine de jours au
maximum, des études d'impact sectorielles seraient
déposées, sûrement, par votre collègue le ministre
de l'Industrie et du Commerce et, possiblement, par le ministre de
l'Agriculture entre autres. Que je sache, aucune de ces études n'a
été déposée. On est au 1er juin, le compte à
rebours est commencé et je trouve inacceptable que nous n'ayons pas ces
études pour être capables de les mesurer et d'en exiger d'autres
si celles-là ne sont pas satisfaisantes, tout cela dans le but
d'être davantage éclairés. Comme peut-on vraiment aborder
toute cette question de ce qu'on doit ou de ce qu'on ne doit pas exiger,
même si vous avez des spécialistes autour de vous, même si
vous faites bien confiance aux gens qui négocient à la table, si
on n'a pas des études très claires quant aux dangers, quant aux
impacts et, possiblement, quant aux effets bénéfiques. Les seules
brèves études qui ont été publiées l'ont
été dans un document que vous m'avez remis vous-même,
venant du gouvernement canadien. Lorsqu'on y parle du Québec, ce qu'on y
dit est très limitatif et lorsqu'on y parle des impacts aussi. Je me
préoccupe énormément de la priorité qu'accorde le
gouvernement d'Ottawa aux impacts pour le Québec.
Les mesures transitoires, vous en faites un peu mention ici. Mais,
là, il faut rentrer dans le jus, il faut savoir exactement quelles vont
être les mesures transitoires. Vous nous avez donné l'assurance
que vous allez porter une attention particulière à la question de
la culture et à la question de l'agricutture. Je vous dirai qu'à
la lueur de ce que vous nous avez donné, dans les cahiers de
présentation et dans votre discours de ce matin, on est encore bien
loin, M. le ministre, de ce que cela nous prend pour être capables de
fonctionner. Quand je dis "nous", je me fais aussi le porte-parole de
l'ensemble de mes collègues de l'Assemblée nationale qui sont peu
informés sur l'état de ce dossier. C'est mon rôle et je
vais mettre toutes mes énergies, y compris pendant la période de
vacances, pour faire en sorte que nous fassions toute la lumière sur ce
dossier.
Je vous réitère que je n'ai pas l'intention de partir en
guerre de quelque façon que ce soit parce que, pendant qu'on se
disputera entre nous, se réglera un dossier quelque part entre Ottawa et
Washington et nous pourrions tout simplement, ensuite, nous
dire qu'on a manqué le bateau. Le bateau, c'est maintenant. On
est déjà en retard. Il faut embarquer dedans. Moi, j'ai besoin
des outils pour travailler et, sûrement que mes autres collègues
de l'Assemblée nationale en ont aussi besoin. Sur les grands principes,
on s'entend, sur les objectifs, on s'entend, mais lorsqu'on arrive au niveau du
contenu, on n'a pas les éléments pour travailler. (11 h 30)
Pour l'instant, je vais m'arrêter là. J'ai
déjà posé quelques questions et on pourra commencer avec
le cahier dès que le ministre sera prêt.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
critique officiel et député de Bertrand. M. le ministre.
M. Pierre MacDonald (réplique)
M. MacDonald: M. le Président, j'aimerais commencer en
disant, comme cela a été le fait de notre première
rencontre lors de l'étude des crédits, il y a un an, et lors des
autres débats et interpellations que nous avons eus - je reprends ce que
vous avez dit - qu'il ne faut pas faire de ceci "une game" politique, le sujet
étant trop important. Je vois que nous n'aurons pas de problème
à garder la même attitude.
Je reprends, dans la séquence que vous avez suivie, certaines des
remarques de M. le député de Bertrand sur l'affirmation, que nous
avons faite, que la province de Québec aurait été et
serait, sans équivoque, la province ou le gouvernement le plus
transparent participant à toutes ces négociations. Je maintiens
que c'est très vrai. La documentation que nous avons publiée, le
volume de 88 pages, le comité Warren, etc. le prouvent. Nous sommes le
gouvernement qui a le plus publié et le plus déclaré ses
positions sur un sujet ou sur un autre et qui l'a fait verbalement en Chambre,
dans de multiples discours et avec documentation à l'appui.
Je vous ferai remarquer que, nécessairement, des études
ont été demandées à une personne, etc. Le document
principal de 88 pages est un condensé qui contient, sans aucun doute,
l'essentiel de la position du Québec, des données et des
statistiques principales sur lesquelles on s'est basé pour prendre
position et, dans ce sens, ce document est unique en son genre pour ce qui a
trait - et je le répète - aux provinces du Canada ou au
gouvernement canadien lui-même ou à quelques organismes
américains, pour ce qu'on en connaît à l'heure
actuelle.
Vous parlez des annexes statistiques détaillées qui
doivent accompagner ce premier document. En effet, j'avais dit, et je le
répète, que c'étaient les informations qu'on m'avait
données. Je vais reparler aujourd'hui même à mes
collègues des ministères où sont ces statistiques et ces
données, de façon que ces annexes soient rendues publiques. Je ne
sais pas exactement ce qui les retient, si c'est une question de jour, etc., ou
autre chose. Je sais qu'au ministère de l'Industrie et du Commerce, on
m'a dît - l'excuse habituelle que vous et moi, ayant été en
affaires, avons entendue souvent - que l'ordinateur était le grand
fautif ou les programmes, ou quelque chose comme cela. Enfin, je m'informe de
façon à m'assurer que lesdites annexes soient publiées le
plus rapidement possible.
Quant aux voyages en Allemagne que vous avez relevés, mes
collègues me disent que, sur les onze que vous avez mentionnées,
deux voyages ont été faits pour la remise en forme de la
délégation. Il a été décidé par le
ministère des Relations internationales de fermer la
délégation de Düsseldorf et de ne laisser là que des
représentants commerciaux. Alors, deux voyages ont été
faits là pour, physiquement, si vous voulez, assurer les besoins
logistiques, etc., de continuation.
Deux autres ont été faits dans le contexte de prospection
d'investissements et je vous dirai que deux voyages en Allemagne pour de la
prospection d'investissements, ce sont très peu de voyages. Finalement,
cinq ou six autres personnes ont participé à des activités
avec des entreprises, c'est-à-dire qu'elles ont accompagné des
missions dans un créneau quelconque d'activité en Allemagne. Je
suis d'accord avec vous qu'on perdrait beaucoup de temps à
étudier les détails de ces comptes de voyages. Je dois vous dire
que j'aimerais très sensiblement augmenter les visites à
l'étranger. Il est de plus en plus évident - et je crois que vous
avez vécu la même expérience - que rien ne remplace les
rencontres provoquées entre des qens d'affaires de chez nous et des gens
d'affaires de l'extérieur. Mais il y a toujours, encore chez plusieurs
et plus particulièrement chez ceux qui vous intéressaient
tantôt, les PME, cette anxiété, cette peur face à
l'inconnu, à savoir comment se comporter dans un pays étranger.
C'est pourquoi, je trouve le rôle de nos accompagnateurs et de nos
organisateurs de missions absolument essentiel au but qu'on s'est tracé,
et, si je voyais les chiffres augmenter en s'assurant - j'ai la même
préoccupation que vous - qu'il n'y ait pas de répétition,
je serais très heureux.
Rien ne remplacera ces rencontres un sur un. Mettez deux personnes
d'affaires ensemble dans quelque pays que ce soit et vous avez une bonne chance
que, dans quelques minutes, si la chimie fonctionne, ils soient en train de
chercher un moyen de faire des affaires.
Vous avez parlé des grandes entreprises. J'aimerais vous faire
remarquer qu'effectivement, je partage totalement votre accord. D'ailleurs, M.
Gaucher ne m'a accompagné et je n'ai accompagné M.
Gaucher dans aucune mission depuis que je suis devenu ministre, pour ne
prendre que M. Gaucher.
Il y a eu, en mission, des représentants des grandes
boîtes. Mais quand nous étions en Asie tout dernièrement,
je me sens à l'aise de vous dire que, sur vingt et quelques entreprises
représentées, il y en avait au moins une quinzaine qui tombent
dans la catégories des moyennes et petites entreprises. Je dirais que,
juste sur cette frontière des petites et moyennes, la majorité se
situait là.
La même chose était vraie lorsque nous sommes allés
au Cameroun. Beaucoup de ces participants sont maintenant des petites
entreprises passant à l'étape moyenne.
Un autre point qui est extrêmement important, M. le
député, c'est que les gens qui viennent en mission et que
j'accompagne paient maintenant 100 % de leurs comptes. Il y a, par l'entremise
des programmes APEX et dans des missions, expositions, etc. associées
à ce programme APEX, des petites entreprises qui se mettent les pieds
à l'eau pour la première fois.
Dans le genre de missions que nous menons où il y a ouverture sur
les ministères ou sur les principaux intervenants des pays
visités, une entreprise doit avoir dépassé le stade des
premiers balbutiements, doit avoir une certaine organisation, une certaine
orientation. Le fait, justement, que nous n'avons plus les moyens de payer tous
ces voyages, cela s'associe au sérieux qu'une entreprise doit avoir et
à la stabilité financière qu'elle doit avoir si elle veut
réellement, sérieusement, considérer les exportations.
Je suis d'accord avec votre remarque au sujet des régions. Il est
très important que nous informions les régions plus. Il est
très important qu'il y ait, et il y a et je le dis avec plaisir, une
collaboration de plus en plus grande entre les différents
ministères, de façon à établir en régions un
genre de guichet unique pour les chefs d'entreprise où ils peuvent avoir
tous les services qu'on dispense.
Vous avez parlé de transparence. Je pense que j'ai parlé
de la coopération avec le Canada. Je dois vous dire que nous avons
été très impressionnés, très satisfaits de
la coopération des structures et des organismes canadiens dans
l'organisation et dans la conduite de chacune de nos missions.
Nous n'avons pas encore établi de représentations en poste
dans des organismes du gouvernement du Canada, consulats ou ambassades. C'est
encore à notre programme à certains endroits, mais ce ne serait
pas dans le but d'éliminer une présence mieux structurée
du Québec à l'heure actuelle. Ce serait plutôt pour avoir
une présence aux endroits où nous ne sommes pas à l'heure
actuelle.
Vous et moi, nous partageons à 100 % les préoccupations
concernant l'agence spatiale et ce que ça peut représenter pour
le Canada et pour le Québec, de concentrer nos ressources aux endroits
où la masse critique existe déjà, nommément dans la
région de Montréal.
Contrairement à certaines insinuations qu'un de vos
collègues, je crois, faisait en Chambre dernièrement, à
savoir qu'on avait l'impression que le dossier était mort, je peux vous
dire que c'était dimanche, il y a huit jours, que j'entreprenais des
représentations auprès de deux ministres fédéraux
et que, sans équivoque, je plaidais, une fois de plus, la position du
Québec eu égard à l'emplacement du sièqe
social.
Mardi de la semaine dernière, je profitais encore d'une rencontre
avec un ministre du gouvernement fédéral pour faire la même
chose. Alors, je provoque des réunions et, lorsque ces réunions
ne sont pas des rencontres, j'ai souvent le téléphone à la
main pour poursuivre ce dossier que je trouve trop important pour le laisser
dormir.
Sur le centre bancaire international, nous sommes tous deux d'accord
également. Je trouve triste, déplorable - je vais limiter mes
qualificatifs - cette position diluée que le gouvernement
fédéral semble prendre vis-à-vis des
représentations que j'appellerais mesquines et étroites et avec
un fondement fort douteux des milieux d'affaires de Toronto. J'ose
espérer que, lorsqu'on accouchera de quelque chose, ça sera plus
que l'espèce d'embryon difforme dont on parle à l'heure actuelle.
Si le Canada veut réellement jouer un rôle de centre bancaire -et,
quand je dis centre bancaire, c'est parce qu'on a réduit la dimension de
l'organisme canadien ou des organismes canadiens à "bancaire" seulement,
alors qu'avec la déréglementation ou le "bing bang" international
qu'on connaît, cela devrait être un centre financier ouvert
à tous les organismes financiers - j'ose espérer que, quand on va
accoucher de quelque chose, on prendra une dimension canadienne qui rendra le
Canada capable de concurrencer avec les autres pays qui se sont dotés de
structures semblables et non pas partir avec une patte coupée et la
moitié d'un bras arraché.
Quant à la visite de M. Mitterrand, je suis d'accord avec vous,
j'aurais aimé cela moi aussi. Je n'y ai pas pensé et, d'ailleurs,
je vous le dis candidement. Cela aurait été une bonne idée
- et je vous en félicite - que M. Mitterrand aille à la Bourse de
Montréal. C'est certainement la bourse qui a connu la progression la
plus forte et un dynamisme sans pareil au cours des cinq dernières
années. Par contre, pour ce qui est du volet économique, M.
Gobeil, son homologue, M. Cabana, M. Noire et moi-même avons passé
la journée et demie ensemble. On ne se lâchait pas. Nous avons eu
l'occasion
d'examiner, de façon non formelle, si je puis employer le terme,
pendant toute la journée de mardi et même une partie de mercredi,
tous les dossiers d'intérêt commun que nous avons, et non
seulement de commerce extérieur et de technologie. Avec M. Noire, nous
avons également eu un petit déjeuner de travail mercredi matin
où se sont joints les fonctionnaires et nous avons révisé
de façon systématique la relation économique
Canada-France. Ce dossier n'a donc pas été négligé.
Cependant, je prends en note que la Bourse de Montréal est un point de
fierté qu'on devrait peut-être montrer à plus de monde qui
vient nous visiter. On m'indique justement que plusieurs des choses dont nous
avons discuté avec M. Noire et M. Cabana seront reprises lors de ma
visite de huit jours en France en juin.
Vous êtes revenu sur la question de la coopération avec
Ottawa. Il est évident que, le Canada étant ce qu'il est, avec
ses différences, ses disparités et son étendue
géographique, on ne sera pas toujours d'accord sur les dossiers entre
provinces, même avec l'interprétation que quelqu'un peut faire du
rôle que doit jouer le gouvernement fédéral. Cela a
toujours été ainsi et, à mon avis, cela le sera toujours.
Mais, de ces différences peuvent aussi jaillir la lumière et la
force. Je le mentionne et je prends la peine de le relever. Vous me parliez de
Mme Carney. Sur le plan de notre participation dans tout ce dossier de
libéralisation des échanges, qu'on parle du bilatéral ou
du multilatéral, nous avons une très bonne relation de
ministère à ministère et de ministre à ministre et
cela aide sûrement cette coopération. Ce n'est pas toujours
facile. Il y a des discussions que je qualifierais de musclées ou
viriles - ce serait trop chauvin, mais je pense que vous saisissez ce que je
veux dire - où les différences d'opinions sont
aérées, mais où la coopération est possible.
Enfin, vous avez parlé des services dans le contexte de la
libéralisation des échanges. Je pense que vous avez dit que vous
vouliez revenir assez longuement sur ce sujet dans le temps qui nous reste,
alors je vais plutôt vous inviter à nous présenter vos
questions et je commenterai alors.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand, est-ce que vous me permettez
une très courte question au ministre?
Vous venez de mentionner, dans une de vos réponses au
député de Bertrand, l'importance des contacts des gens d'affaires
avec les représentants des différents pays. À la page 4 de
votre allocution, vous parliez des réseaux de conseillers de commerce
extérieur et des huit nouveaux conseillers qui ont été
nommés. Pourriez-vous nous préciser bien concrètement le
rôle et le mandat de cette nouvelle fonction, car ces postes de
conseillers sont nouveaux? Que feront-ils exactement? (11 h 45)
Conseillers du commerce extérieur
M. MacDonald: Si je veux prendre un terme général,
c'est un conseil d'administration bénévole formé de chefs
de file, de présidents-directeurs généraux, de gens
très influents dans le milieu où ils sont, mais des
Québécois qui ont choisi professionnellement ou pour d'autres
raisons de travailler dans ce milieu. Conseils d'administration, dis-je,
disponibles aux délégués ou au
délégué général et disponibles au conseiller
économique et à ses attachés commerciaux. Que font-ils? Si
je veux prendre, par exemple, le domaine des investissements, ce sont des gens
qui ont les oreilles et les yeux ouverts, dans ce milieu, et qui côtoient
continuellement des entreprises de stature internationale qui peuvent
être intéressées à investir à
l'étranger. Je vais prendre comme exemple, si vous voulez, le premier
groupe que nous avons nommé en Angleterre. L'Angleterre connaît
une prospérité nouvelle. L'Angleterre est redevenue un
investisseur à l'étranger. Les gens que nous avons nommés
sont proches des grandes sociétés qui font le projet d'investir
à l'étranger. Ils en entendent parler, ils peuvent en discuter
avec les Anglais et ils peuvent référer ces possibilités
à notre délégué général ou au
personnel de la délégation. Ils peuvent éqalement nous
aider à rencontrer certaines entreprises dont on a entendu dire qu'elles
étaient intéressées à investir à
l'étranger, dans un domaine ou dans un secteur particulier. Ils peuvent
nous ouvrir et ce, dans tous les domaines, des portes beaucoup plus
facilement.
Il a été prouvé, à plusieurs occasions, que
cet accès à ce niveau peut faire qagner six mois de travail au
plus dévoué de nos conseillers économiques qui voudrait
avoir accès au P.-D.-G. d'une des grandes entreprises. Sur le plan des
exportations, ils sont capables de voir quels secteurs pourraient être
intéressants pour des exportateurs québécois. Ils ont
été capables de voir des possibilités de "joint venture"
avec des organisations étrangères ou anglaises dans le cas de
réexportation ou d'exportation vis-à-vis des tiers. Sur le plan
de la technologie, encore ce même rôle d'ouvreur de portes, ce
même rôle de sherpas, si je peux employer le terme, capables de
voir, de comprendre, de sentir des développements technologiques qui
seraient d'un intérêt quelconque pour des entreprises du
Québec et de s'organiser pour devenir le trait d'union entre les
entreprises québécoises et nos gens en représentation.
Sur le plan des informations, encore là,
il y a une évolution économique qui nous intéresse
principalement, mais ce peut être également une évolution
sociopolitique, dans les pays où se trouvent nos conseillers.
Connaissant le niveau des communications et des rencontres qu'ils ont dans
l'exercice de leurs fonctions ou socialement, ce sont des ambassadeurs du
Québec bénévoles, qui prennent le pouls d'un milieu qu'ils
connaissent et facilitent, pour les Québécois et les Canadiens,
une pénétration plus intelligente, plus rentable et plus
profitable de ce milieu.
Le Président (M. Théorêt): Merci M. le
ministre. M. le député.
M. Parent (Bertrand): Alors, M. le Président, pour
enchaîner rapidement là-dessus, en théorie, M. le ministre,
je pense que c'est une approche intéressante que d'avoir ces
ambassadeurs d'affaires. Sauf qu'en pratique, j'ai quelques réserves et
je m'explique. Ces gens d'affaires, à qui l'on demande de travailler
pour aider le Québec à ouvrir telle ou telle porte, vont
être, un jour, un peu en droit de s'attendre à quelque chose en
retour. De là, ma préoccupation, c'est-à-dire que les gens
d'affaires, comme n'importe qui, sont d'abord et avant tout des êtres
humains qui s'attendent qu'un service rendu en appelle un autre. Je ne sais pas
quel moyen on pourrait prendre pour éviter de se retrouver dans une
situation où on aurait beaucoup de services rendus par ces
gens-là pour nous et rien de nous pour eux. Lorsqu'ils nous demanderont
des services très particuliers, on devra se sentir liés. Cela
fait partie de mes préoccupations et d'ailleurs c'est la même
philosophie que j'ai développée il y a un an, lorsque le premier
ministre a annoncé que, dorénavant, les gens siégeant aux
conseils d'administration, ici, au Québec, ne seraient plus
payés. Ce avec quoi j'étais totalement en désaccord. Qu'on
paie un jeton de présence 250 $, 300 $, je comprends que cela peut
être très peu significatif, parce qu'on fait venir des gens de
très grande valeur, mais au moins on a un peu l'impression de les avoir
dédommagés et on ne se sent pas obligé. Lorsqu'on fait
travailler des gens d'affaires, lorsqu'on leur demande de délaisser un
peu leur travail, de donner du temps, comme approche générale, on
se doit un jour de leur en être redevable. Bien sûr, on pourra leur
donner de belles plaques honorifiques, on pourra les décorer, on pourra
les appeler des ambassadeurs avec des grands "A" ou des lettrages
spéciaux, mais j'ai beaucoup de réserves et de
préoccupations quant à ce que cela pourra créer comme
ressac, l'envers de la médaille. Je ne vise même personne des gens
qui ont été nommés en Angleterre, mais je sais que,
d'après ce que vous nous dites, cela va être
répété ailleurs. Vous allez continuer l'expérience.
Je réitère que, sur le principe, je trouve cela excellent
d'utiliser les forces vives du milieu. Il y a des dangers qui pourraient
arriver dans d'autres cas, de situations de conflits d'intérêts
entre leurs propres affaires et les affaires dites de l'État pour
favoriser le développement ou l'émergence d'autres entreprises.
J'apporte, sans plus de preuves à l'appui, parce qu'il ne s'agit pas de
faire de cas d'espèce, ce volet ou cette préoccupation de
demander aux gens d'affaires d'apporter leur contribution sans retour, sans
s'attendre qu'ils soient rémunérés ou quoi que ce
soit.
M. MacDonald: J'écoute votre réserve, et là,
peut-être que je devrais prendre un temps d'arrêt avant de
procéder - je n'annonce pas cela en aucune façon exactement comme
le gouvernement français fait. Vous savez que le gouvernement
français a institutionnalisé ses conseillers du commerce
extérieur, il y a plus de 70 ans. À l'heure actuelle, il y en a
environ 2600 qui travaillent dans ce contexte-là, dont 1800 à
l'étranger dans 59 pays. Une différence majeure de ce
regroupement français, c'est que les conseillers du commerce
extérieur de la France doivent payer l'équivalent de 3000 francs
par année à leur association. Vous pouvez calculer facilement que
c'est presque 600 $ de contribution par année de membership à
l'organisme pour en faire partie. Comme Us paient, ils pourraient
peut-être demander une considération à leurs
intérêts à un moment donné ou à leurs
préoccupations. De toute façon, on m'a affirmé, lorsque
j'ai visité à la fois le secrétariat, les responsables de
cet organisme en France et des conseillers du commerce extérieur que ce
n'était pas un problème. Je pense qu'il y a aussi le choix de
personnes. Vous avez vu que les personnes que nous avons choisies en
Angleterre, et j'oserais prétendre que cela serait la même chose
ailleurs, sont des gens d'une stature, d'une honnêteté et d'une
probité qui va au delà des questions.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
Effectif et bureaux
M. Parent (Bertrand): Pour embarquer un peu dans l'aspect
technique quelques minutes, j'aimerais avoir un peu d'explications pour bien
comprendre la structure, la réorganisation qu'il y a eu au cours de la
dernière année avec les éléments de dimension
technologique. À la page 6, vous nous brossez un tableau du personnel.
Est-ce que je comprends bien, lorsqu'on parle de l'état actuel des
choses où on parle de 280 employés permanents, 28 occasionnels et
27 contractuels, ce qui donne un total de
335 personnes-ressources, comparativement à 240, 6 et 32, ce qui
donnerait 278... Ce ne sont pas tout à fait les même chiffres que
je retrouve ailleurs, je ne veux pas faire une bataille de chiffres, je veux
juste comprendre. Est-ce que le nombre de personnes-ressources actuellement est
bel et bien de 335, composé de 280, 28 et 27, comparativement à
278, l'année dernière, composé de 240, 6 et 32?
M. MacDonald: Oui, si vous me permettez, en employant la
même formule que nous avions prise l'année dernière, M. le
Président, j'aimerais faire appel à mes collègues autour.
La réponse à votre question c'est oui. Le détail, je
demanderais à M. Brulotte, Je directeur général de
l'administration de vous le donner.
M. Brulotte (Raynald): Oui, tout à fait, M. le
député, c'est 280 employés permanents, 28 occasionnels et
27 attachés commerciaux à l'étranger. C'était
l'effectif au 28 février. Cela n'incluait pas - et quelque part dans le
texte vous allez le retrouver, je pense même que c'est à la page
suivante - treize postes réguliers additionnels qui ont
été accordés par le Conseil du trésor à sa
séance du 13 mars dernier pour étoffer la nouvelle Direction
générale de la politique commerciale dont M. le ministre a fait
mention tout à l'heure.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, si je comprends
bien, ces treize-là viennent s'ajouter aux 335?
M. Brulotte: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): Quand vous parlez, M. le ministre, toujours
à la page 6, de diminution de fermetures de bureau, dans le cas de
Dallas, si je comprends bien, il y a eu fermeture complète du bureau.
Dans le cas des autres, il s'agit de compressions. De combien à combien
est-on passé? On parle des bureaux de Edmonton...
M. MacDonald: II y a un attaché commercial de moins
à Edmonton. Je vous rappellerai qu'un jour, on a parlé des
mégaprojets mais qu'avec le prix du pétrole, on en parle moins et
l'activité a diminué considérablement à Edmonton.
Par ailleurs, on s'est aperçu que les entreprises se sentaient de plus
en plus à l'aise à New York, capables de pénétrer,
faisant un appel restreint aux facilités. Déjà le
conseiller économique et les autres attachés commerciaux
suffisaient. À Mexico, même problème, du pétrole que
vous connaissez très bien, diminution considérable de la
capacité du Mexique à importer, diminution considérable de
notre capacité de pénétrer, donc moins de besoins.
Caracas, même chose.
Milan, cela a été un constat d'environ six ans je ne
dirais pas d'inactivité parce qu'il y a eu plusieurs efforts qui ont
été faits, mais cela ne produisait pas. L'étude de notre
performance de notre représentation à Milan faisait que nous ne
devions pas abandonner Milan parce que c'était encore un grand centre
industriel et commercial de l'Italie, mais, certainement, cela ne justifiait
pas de continuer avec le nombre, donc il y a eu réduction.
Finalement, Düsseldorf, qui est un réalignement de
l'organisation globale de la représentation du Québec, où
nous avons eu une diminution d'une personne, en fonction cependant, je vous le
mentionne, de repenser éventuellement une forme différente de
représentation en Allemagne. L'Allemaqne est un important producteur de
technologie. Elle est un important investisseur au Canada et au Québec,
et elle pourrait l'être davantage. Alors cette diminution d'un agent
purement commercial pourrait être compensée par une personne soit
affectée à la prospection des investissements, soit à la
recherche et à la coordination de nos besoins en science et technologie,
ou peut-être même les deux.
M. Parent (Bertrand): Le fait qu'il y ait eu, comme je le
mentionnais précédemment, onze voyages en Allemagne, est-ce que
c'était relié à une diminution des effectifs?
M. MacDonald: Comme je vous l'ai mentionné, les deux
premiers voyages, c'était la fermeture ou la réorganisation. Les
deux autres, c'était pour de la prospection d'investissements. À
mon avis, ce n'est pas assez. Et les autres, c'étaient des
accompagnateurs de missions commerciales.
M. Parent (Bertrand): Dans le cadre de ce que vous avez mis sur
pied pour faire venir tous les délégués ici une fois
l'an.
M. MacDonald: Export-Action, oui.
M. Parent (Bertrand): Export-Action. Jusqu'à
présent, suivant l'expérience qu'on a eue de faire venir tous ces
gens-là, ce que cela occasionne comme frais, déboursés,
justes retombées, par rapport à l'impact, à cause du fait
que l'on retrouve ici sur les lieux toute l'expertise pour nos gens d'affaires,
sur quelle base avez-vous pu évaluer cela? II y a deux approches: On
continue à pousser le monde ou on en fait venir de temps en temps. Cette
approche peut sembler, au premier ahord, coûteuse de faire venir tout
notre monde, mais sûrement qu'il y a des avantages, et j'aimerais
être capable de les mesurer davantage.
M. MacDonald: Je vais laisser M. Mailhot qui est aux programmes
d'aide vous en donner des détails, mais je vais signifier
ceci: II y a eu, entre la première Export-Action et la
deuxième, une progression extraordinaire d'intérêts chez
les exportateurs québécois, mais aussi le réveil d'un
grand nombre d'entreprises qui, à toutes fins utiles, pour la
première fois sont venues rencontrer nos conseillers à
l'étranger, poser leurs premières questions à quelqu'un
qui était dans le champ et essayer d'identifier où il pourrait se
retrouver dans tout ceci. Cela a été très bien. Le
deuxième aspect, M. Mailhot pourra en parler, et je pense que M.
Rompré a été très actif dans l'organistion de cela
aussi. Mais j'ai eu le désappointement de voir que, malheureusement,
deux jours à Montréal pour tous nos conseillers n'était
pas suffisant, mais qu'il y a un grand nombre d'entreprises que l'on n'a pas pu
rencontrer dans le contexte que l'on souhaitait. Finalement, il faut que l'on
trouve une formule l'année prochaine, non seulement pour accroître
peut-être la présence à Montréal pour rencontrer la
demande, mais également passer par Sherbrooke dans cette région,
en plus de Québec, pour s'assurer que les exportateurs aient la chance
de rencontrer nos conseillers. (12 heures)
Alors je demanderais à M. Rompré s'il veut ajouter quelque
chose là-dessus. Je conclus, par contre - si me permettez - à un
grand succès, à mon avis, à une grande rentabilité
pour l'investissement. On devra augmenter le nombre de jours de
disponibilité de nos conseillers ici, sur place, et le nombre d'endroits
où ils vont passer pour avoir ces rencontres.
M. Rompré (Florian): Je voudrais peut-être
simplement ajouter une dimension avant que M. Mailhot vous donne les
explications et les résultats des rencontres Export-Action. Les
conseillers économiques ne viennent pas uniquement pour Export-Action.
De toute façon, c'était la politique du ministère de faire
revenir au pays les conseillers économiques une fois par année.
C'est une question de ressourcement, c'est une question d'échange
d'informations, c'est une question de les retremper dans ce qui se fait ici, au
Québec. Par la même occasion, on a organisé Export-Action,
depuis l'an dernier et cela s'est répété cette
année. Cela s'est révélé un succès
phénoménal pour lequel il y a une demande exceptionnelle. Comme
M. le ministre le disait tout à l'heure, on va effectivement allonger un
peu le séjour à l'étranger de nos conseillers
économiques la prochaine année pour permettre de plus nombreuses
rencontres de ce type. Export-Action s'ajoute donc aux objectifs
déjà poursuivis en faisant venir les conseillers ici, au pays.
C'est un besoin et ce n'est pas le seul objectif poursuivi.
M. Mailhot (Harold): Les deux jours qu'on a consacré
à Export-Action cette année nous ont permis d'accorder 235
rendez-vous à Montréal et 81 à Québec. Cela
correspond particulièrement à une clientèle de PME qui ont
un dossier ou un produit à démontrer. Ils rencontrent d'abord les
gens à la Direction générale des programmes d'aide sur une
base sectorielle. On prépare ces gens, on leur dit: Bon, voilà,
le conseiller économique de Singapour sera ici et c'est important pour
vous d'avoir une bonne présentation de vos produits, des prix à
l'exportation, etc., afin d'avoir une espèce de début de
stratégie de développement sur ce marché. Cela permet
à notre conseiller économique de rencontrer, d'une part, la
compagnie et de lui poser les questions appropriées et, d'autre part, de
retourner sur place et de revenir à la compagnie et dire:
Écoutez, j'ai votre dossier, on a rencontré des importateurs, des
distributeurs ou des représentants et voici à peu près ce
qu'il faudrait pour vendre ici. Voici quelles sont les meilleures occasions
pour vous, tout cela. Cela évite à la plus petite entreprise de
se déplacer et lut permet d'avoir un prédiagnostic - si vous
voulez - de ses dossiers.
C'est une activité qui est en croissance. Si on prend les
chiffres, en 1986, année de notre première expérience,
nous avions environ 250 demandes de rendez-vous à Montréal. En
1987, nous avons eu 490 demandes de rendez-vous et nous n'avons pas
été capables de combler l'ensemble de ces demandes. À
Québec, on avait 75 rendez-vous demandés environ, en 1986, et 82,
en 1987. C'est certainement là quelque chose de prisé, que nos
entreprises aiment beaucoup. Pour certains, c'est un suivi sur des dossiers
déjà amorcés à la délégation. Pour
d'autres, c'est un début où on présente leurs produits, un
projet sur lequel on demande une réaction.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Bertrand.
AQVIR
M. Parent (Bertrand): J'aimerais toucher brièvement la
question de l'AQVIR. Cette année, l'AQVIR a connu une bonne
année. Vous avez demandé que les sommes restent à
l'intérieur de l'organisation comme telle. Après avoir pris
connaissance du rapport annuel, je me demande de plus en plus quelle va
être, pour vous, en tant que ministre responsable de l'AQVIR, la
visibilité - je dirais - que vous allez pouvoir y apporter. Dans le
passé, j'ai un peu l'impression que cet organisme est resté
très "low profile" et, finalement, sous-utilisé. J'aimerais
savoir, autant que les qens de l'AQVIR - je pense que M. Bergeron est ici - de
quelle façon... Je pense qu'elle a un rôle très important
à
jouer. On commence à la voir s'impliquer. Aussi, par rapport
à l'importance que le ministère a l'intention de lui donner sur
des places, par exemple, dans des salons d'exposition importants, que ce soit
le monde des affaires, que ce sait le salon PME, mais aussi ce que
j'appellerais l'approche client à cause du fait qu'ils ont un rôle
très particulier à jouer qui, je pense, mérite
d'être augmenté, parce que, dans l'ensemble du Québec, je
vous dirais que, si on faisait une petite enquête demain matin, on
trouverait sûrement que plus d'un dirigeant d'entreprise n'est pas au
courant, n'est pas conscient qu'il existe un organisme qui s'appelle
l'AQVIR.
On connaît bien les autres structures. Ce qu'elles font
particulièrement, c'est très peu connu. Comparativement, c'est
bien sûr, cela date de beaucoup plus longtemps au niveau du CRIQ ou au
niveau du rôle des autres organismes qui tournent autour de
ça.
Cela me semble important de mettre davantage d'accent là-dessus.
J'aimerais savoir, M. le ministre, quelles sont vos actions et votre
façon de voir et quel appui vous entendez accorder à l'AQVIR
quant à sa présence dans le milieu?
M. MacDonald: L'année 1986-1987 a comporté, comme
vous le savez très bien, un réaménagement majeur de la
Société de développement industriel que vous connaissez
particulièrement bien et, entre autres choses, si vous voulez, le
réaménagement de ces programmes d'aide de quatorze qu'ils
étaient à quatre grands volets.
Cela a amené nécessairement aussi un changement dans la
loi de la SDI. Nous avions dit au début - c'est encore vrai aujourd'hui
- que nous voulions remettre en cause, généralement parlant
à l'intérieur du gouvernement, les organismes où il
pourrait y avoir double emploi particulièrement, sans pour cela en
exclure d'autres qui méritent d'être revus en profondeur
régulièrement avec le changement des conditions du
marché.
Mais nous n'avons pas avancé trop sur l'AQVIR, compte tenu que
l'orientation que nous avions, c'était de voir s'il y avait double
emploi entre le PARIQ ou les activités générales de la SDI
auprès des entreprises québécoises et ce que faisait
l'AQVIR plus particulièrement.
Cette révision et cette loi, cette révision à la
SDI et l'adoption d'une loi modifiée, c'est fait, c'est
promulgué. Cependant, sur le plan administratif - et nous avons des
contacts très réguliers avec les gens de la SDI - il y a encore
un rodage à faire.
Il me semble apparent également maintenant - et je n'ai pas
arrêté un choix définitif sur cet avenir de l'AQVIR - que
l'AQVIR a une mission particulière. L'AQVIR fait cette promotion de
l'innovation technologique en partant de dossiers que l'on considérerait
- vous me permettrez de faire l'analogie sur un plan bancaire à
l'analyse financière - de haut risque, mais également dans des
domaines extrêmement importants où le Québec doit
être présent et où les retombées, advenant le
succès des investissements consentis, signifieraient, à toutes
fins utiles, le remboursement des contributions que la province a pu faire dans
un secteur quelconque avec une ou des entreprises privées et
nécessairement aussi toutes les retombées qui pourraient provenir
d'une entreprise qui aurait fait un succès de cette étude
particulière ou de ce dossier de recherche et de développement
dans lequel s'est associée l'AQVIR.
Je ne crois pas personnellement que l'AQVIR devrait recevoir le genre de
publicité et être étalée sur la place publique comme
étant l'agence où toutes les entreprises pensant qu'elles ont
découvert ou qu'elles sont proches ou ont une idée tout à
fait innovatrice devraient aller en premier lieu.
Je crois qu'il y a là une petite équipe, une équipe
très professionnelle qui se penche sur des dossiers importants et des
dossiers qui, comme on le dit, sont susceptibles d'avoir des retombées
économiques importantes au Québec, ceci ne cherchant pas à
donner un abri ou à cacher l'AQVIR. Mais je crois que M. Bergeron pourra
peut-être vous le dire aussi. L'information que j'ai, la perception que
j'ai dans le milieu de la recherche et du développement au
Québec, c'est que l'AQVIR est connue.
Elle est connue par les professionnels du milieu; elle est connue par
les gens qui travaillent réellement dans les dossiers importants. Ils
ont été très consultés. Ils sont dans 60 dossiers
à l'heure actuelle. M. Bergeron pourra vous donner plus de
détails.
Alors je conclurais en disant ceci: Je ne crois pas que l'AQVIR, dans le
milieu, ait besoin de plus de profil qu'elle n'en a actuellement. Je ne me suis
pas arrêté - et mes collègues non plus - pour savoir si
l'AQVIR devrait être fusionnée, amalgamée ou
associée à la SDI ou devrait continuer à opérer
comme organisme indépendant. Il est de toute évidence que l'AQVIR
agit dans des créneaux particuliers, dans des "high risk venture capital
operations" et que c'est un domaine différent de ce que fait la SDI
actuellement et ce pourquoi est équipée la SDI. Toutes ces
considérations font donc que nous n'avons pas arrêté un
choix final quant à l'avenir de l'AQVIR. Si vous voulez des
détails plus précis ou des statistiques, M. Bergeron est ici.
M. Parent (Bertrand): J'ai une seule question parce qu'on est
limité dans le temps: Est-ce que vous avez l'impression que
l'AQVIR.,.
Le Président (M. Théorêt): Si vous me le
permettez, il faudrait que M. Bergeron s'approche du micro et qu'il soit bien
identifié pour que ses réponses soient également
notées au Journal des débats.
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. M. Bergeron, avez-vous l'impression
que l'AQVIR est bien connue des dirigeants d'entreprises, des PME ou des
promoteurs? Je sais que dans le milieu scientifique... Votre rôle est de
mettre les milieux industriels et les milieux scientifiques ensemble. Dans les
milieux scientifiques, je pense que c'est bien reconnu. Mais je suis loin
d'être sûr que dans les milieux industriels existants, soit ceux
qui peuvent développer des nouvelles approches et des nouvelles
techniques, votre organisme soit bien connu. Je voudrais connaître votre
perception.
M. Bergeron (Gilles): On n'a pas fait beaucoup de
publicité depuis trois ans, bien que dans le journal Les Affaires,
les revues scientifiques d'engineering et tout, on ait fait de la
publicité. Comme le disait M. le ministre, l'équipe est petite.
Actuellement, nous sommes onze sur un effectif possible de treize. Alors on ne
peut pas faire affaires avec un nombre de demandes trop grand, bien qu'au cours
des trois dernières années, on ait reçu bon an mal an
à peu près 200 demandes de financement.
De ces 200 demandes, environ le tiers a été analysé
en détail. Les autres deux tiers ayant été rejetés
assez rapidement parce qu'elles ne correspondaient pas aux compétences
de l'AQVIR. Sur les 200 demandes étudiées, en date du 1er avril,
on en avait déjà une soixantaine. Maintenant, on en a à
peu près 72 qui ont été acceptées et
financées. Le milieu des affaires est suffisamment au courant mais on
s'adresse un peu à un milieu d'affaires très particulier. Ce sont
des affaires en démarrage. C'est un monsieur qui n'a pas encore de
compagnie, qui a une bonne idée, qui a une technologie nouvelle et qui
veut se lancer en affaires. Alors, on n'est pas tellement
intéressé à ce que toutes les PME nous envoient leurs
projets parce que plusieurs de ces projets peuvent être financés
par d'autres programmes existants comme ceux de la SDI. On aime bien mieux que
ce soit la SDI, qui a la structure voulue pour répondre à la
petite entreprise, et si elle ne peut pas y répondre parce que c'est
trop risqué, il arrive souvent que de la SDI, on nous renvoie des
promoteurs, la SDI ou la SODIQ en fait. Même de la part des chambres de
commerce ou des promoteurs municipaux ou régionaux, on nous envoie des
promoteurs en nous disant: Ce monsieur a une bonne idée.
On serait intéressé à cette technologie.
Pouvez-vous ou voulez-vous la regarder? À ce moment-là, on
enclenche le processus.
M. Parent (Bertrand): Merci. M. le ministre, juste pour terminer
sur ce point, j'avais certains observations. On connaît la politique
d'abolir plusieurs sociétés qui a été
enclenchée l'année passée et je suis très
préoccupé de voir que l'AQVIR serait refondue à
l'intérieur de la SDI. D'abord, je trouve dommage, même si ce
n'est pas comme tel votre dossier, l'orientation qu'a prise la
Société de développement industriel du Québec, et
l'abolition de plusieurs programmes ne répondant maintenant qu'à
une catégorie de personnes. Et je trouverais dommage, M. le ministre,
que l'AQVIR perde son cachet particulier. (12 h 15)
Je trouve même important qu'elle puisse prendre de plus en plus de
place parce que, s'il est vrai que, dans le budqet Levesque, comme vous l'avez
mentionné dans votre texte, on veut accorder et on accorde effectivement
une importance additionnelle aux mesures fiscales concernant la recherche et le
développement, en ce qui a trait au capital de risque comme mesure
d'incitation, il me semble important qu'il y ait déjà une
structure en place qui joue un rôle entre justement ceux qui ont des
idées ou qui ont déjà des projets fort
intéressants. Qu'on puisse entre des universités, entre ces
chercheurs appliqués, être capable de faire naître
l'entreprise, et faire en sorte, au moment où le gouvernement
s'apprête -parce que cela fait déjà un an que j'en entends
parler mais que cela n'a pas été fait encore, je trouve cela
dommage - d'avoir une politique concernant tes incubateurs. Il est important
que l'AQVIR vienne jouer un rôle dans l'implantation et dans une
structure dans laquelle on aura une politique sur les centres d'incubation
d'entreprises au Québec, puisqu'on a reconnu actuellement au
ministère de l'Industrie et du Commerce que c'était une bonne
idée. C'était une bonne façon de... Et je pense que,
lorsqu'on parle d'aider des entreprises à voir le jour, les aider
à bâtir, particulièrement celles qui ont un volet de haute
technologie, je pense qu'on devrait avoir une bonne intéqration de
l'AQVIR à l'intérieur d'une politique des centres d'incubation
d'entreprises. Et en tant que ministre responsable, je vous dis, veillez au
grain parce que je pense que PAQVIR fait un bon travail et pourrait en faire
plus, compte tenu des moyens qu'elle a à sa disposition.
M. MacDonald: Je prends bonne note de vos observations.
Industries culturelles
M. Parent (Bertrand): Étant donné l'heure, on va
essayer d'accélérer. L'autre volet est celui des industries
culturelles. M. le ministre, des démarches ont été faites,
des poussées ont été faites de ce côté. Je
trouve cela fort intéressant et je vous dis, à ce sujet, que ma
préoccupation va porter surtout, si on ne veut pas que tous ces efforts
soient vains, sur la position que vous allez pouvoir défendre et obtenir
lors de ces négociations sur le libre-échange relativement
à l'aspect culturel. Parce que, malgré toutes les percées
qu'on est en train de faire actuellement, si on n'obtient pas gain de cause
quant à la façon dont on sera peut-être traité en
matière de spécificité culturelle, vous conviendrez avec
moi que cette Direction des industries culturelles n'aura même plus sa
raison d'être dans six mois d'ici, ou ce qu'on fera, de toute
façon, sera annulé par les effets qu'on pourra avoir comme
avantages sur le plan des retombées économiques.
Je trouve cela intéressant qu'on puisse avoir ce volet
poussé, mais je vous le dis immédiatement que cette
préoccupation que j'avais, que j'ai et que je sais que vous avez, mais
je ne sais pas jusqu'à quel point on va pouvoir la concrétiser et
jusqu'à quel point on va pouvoir avoir cet appui de reconnaissance des
deux grands négociateurs, Canada et États-Unis.
M. MacDonald: Bien, je crois vous avoir rassuré, avoir
rassuré les Québécois et avoir répété
aujourd'hui qu'il n'est aucunement question dans le contexte de
négociations bilatérales ou multilatérales, de mettre au
risque la spécificité culturelle du Québec. Alors, cette
direction des industries culturelles du ministère, je puis vous assurer
que je veux être certain qu'au-delà des six mois que vous avez
mentionnés, elle soit encore très active sur la place du
marché et que nous puissions justement prendre ces produits culturels
qui sont merveilleux, pour lesquels il y a un marché, pour lesquels les
efforts de la direction chez nous vont permettre à nos créateurs
et à nos producteurs de faire des affaires, leur donnant ainsi les
revenus nécessaires pour continuer l'essor de la culture
québécoise.
M. Parent (Bertrand): D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
Le Salon des transferts technologiques
M. Parent (Bertrand): Oui. Brièvement j'aimerais apporter
le dossier de la participation de votre gouvernement à Transtech qui se
tiendra aux environs du mois de septembre ou d'octobre 1987. Le gouvernement du
Québec a décidé, sous votre présidence d'honneur en
tant que ministre du Commerce extérieur et du Développement
technologique, du ministre de l'Industrie et du Commerce et même du
premier ministre... Cette foire internationale importante de transferts
technologiques, selon ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, semble fort
intéressante. Je porterais seulement à votre attention qu'il y a
déjà eu des tentatives et des mauvaises expériences dans
le passé qui ont laissé un goût amer à plusieurs
dirigeants d'entreprises qui ont perdu de l'argent dans cette aventure.
J'aimerais que vous me rassuriez quant aux dispositions qui ont
été prises cette année. Je pense que le tout est
parrainé par le CIIM qui est le centre d'innovation industrielle. Ils
sont revenus à la charge, parce qu'il y a des préoccupations dans
le milieu, particulièrement à cause de la malheureuse
expérience vécue il y a quelques années, où cela a
été finalement une foire qui a foiré et pour laquelle, en
tant qu'industriel, j'avais été le premier à inciter
plusieurs gens du milieu à participer car je trouvais cette idée
excellente. Je voudrais que vous m'assuriez, car vous y êtes directement
relié en tant que ministre du Commerce extérieur, que tout se
passera bien et qu'on rassurera les milieux d'affaires, car Transtech sera sans
doute un événement majeur important qui aura beaucoup de
retombées.
M. MacDonald: Je pense qu'il a été mentionné
que la première expérience n'avait pas eu le succès
escompté. C'est pour cela que nos fonctionnaires sont en étroite
relation avec l'organisation de Transtech, que nous avons posé des
conditions dès le début pour la participation de notre
ministère et du ministère de l'Industrie et du Commerce de la
province de Québec.
J'attache autant d'importance que vous et je vois également
l'aval de ceci comme étant très important dans l'évolution
de nos petites et moyennes entreprises au plan technologique. Chaque jour ou
chaque semaine tout au moins, des entreprises viennent me parler de
l'évolution qu'elles ont connue, basée sur la découverte
à un moment donné, dans une exposition sous une forme ou sous une
autre, d'une technologie qui leur a permis d'améliorer leurs services ou
leurs biens. Transtech se veut un qrand salon et j'aimerais m'associer à
cet espoir qu'ont les organisateurs que, dans un certain nombre
d'années, ce soit le plus grand salon de transferts de technologies, un
carrefour international de scientifiques et de techniciens, si je puis employer
le mot "techniciens" dans un sens très large, mais qu'il ait lieu au
Québec et qu'on soit les premiers à en profiter.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député
de Bertrand.
Congédiements à Bio-Méga
M. Parent (Bertrand): Avant d'ajourner pour le dîner,
j'aimerais aborder brièvement un autre dossier qui me préoccupe,
celui d'une société relevant de votre ministère,
Bio-Méga. Cette société a pris une certaine orientation
depuis un an, M. le ministre -j'aimerais avoir certaines explications quant
à son orientation - qui l'est beaucoup moins dans le domaine de la
biotechnologie. Je me demande pourquoi. Je voudrais attirer votre attention
particulièrement sur le fait qu'il y a eu quelque part, au début
de janvier 1987, une vingtaine de mises à pied, de licenciements, par le
président de cet organisme, M. Jacques Gauthier. Ces licenciements ont
été faits de façon un peu radicale et j'ajouterais un peu
sauvage, puisque cela s'est fait en l'espace de quelques heures, tandis que,
selon les informations que j'ai pu obtenir dans ce dossier-là, on avait
déjà pris ces décisions antérieurement. Ces 19 ou
20 mises à pied importantes ont fait perdre leur emploi à des
gens qui étaient spécialisés depuis dix, quinze ou vingt
ans. Cela faisait suite à des ententes intervenues à la suite de
la reprise des gens de Laboratoires Ayerst, et aussi à des
décrets du gouvernement, en 1983 et 1985 - il y en a même eu en
1986 - à savoir que le gouvernement s'engageait pour une période
de cinq ans, c'est-à-dire de la fin novembre 1983 jusqu'à la fin
novembre 1988, à conserver ces effectifs, sinon des
pénalités étaient possibles.
Je sais que c'est un dossier qui n'a pas fait la manchette des journaux.
Sauf que, ayant été sensibilisé à ce dossier, j'ai
fouillé un peu plus loin et je me suis aperçu que cela avait
été fait de façon un peu cavalière, surtout, que,
dans les semaines qui ont suivi, j'ai vu des annonces dans les journaux
mentionnant qu'on était à la recherche de scientifiques avec un
peu la même expérience que ceux qui avaient été mis
à pied et je me demande pourquoi.
M. MacDonald: Vos avez vous-même relaté le contexte
Ayerst, etc., la récupération de scientifiques qu'on ne voulait
pas voir se disperser dans un marché hors Québec, que ce soit aux
États-Unis ou ailleurs, ce qui a amené la création de
Bio-Méga. J'aimerais vous signifier que Bio-Méga est une filiale
de la Société générale de financement et que, en
conséquence, le ministre responsable est le ministre de l'Industrie et
du Commerce. Cependant, l'aspect technologique du problème d'une
participation que nous avons tout de même dans la consultation de cela
fait que je m'y suis intéressé. Il est évident que c'est
un domaine qui évolue très rapidement. Il est évident que,
que ce soit une question d'âge ou de statut professionnel, une foule de
raisons peuvent expliquer le fait qu'un ou des individus peuvent prendre un
certain retard, avoir de la difficulté à évoluer autour
d'une nouvelle équipe, dans un nouveau contexte, raisons que je n'ai pas
à associer à une personne en particulier, mais qui,
professionnellement parlant, ont justifié le geste de la direction et de
la Société générale de financement de vouloir
rationaliser leurs opérations, de chercher à avoir un budget
équilibré le plus rapidement et de qarder cette position
d'excellence que tout le monde souhaite pour Bio-Méqa.
Je me permets de relever... Encore là, je mentionne que je n'en
suis pas responsable, mais je crois que, comme membre du gouvernement du
Québec, je le suis. Je ne crois pas que les mises à pied ou les
renvois aient été sauvages. Vous avez vécu vous-même
et j'ai vécu dans des industries ou dans des entreprises en mouvement
continuel. Nous avons vécu des besoins de rationalisation et de
réaménagement qui, nécessairement, signifient, pour un
certain nombre de personnes, des réorientations de carrière. Une
annonce de trois mois, de six mois, d'une semaine ou d'un an, je pense que cela
peut toujours être considéré comme ayant été
trop court comme période de transition, mais, période de
transition il doit y avoir et c'est la responsabilité de la direction de
la déterminer.
Assez pour ces qualificatifs. Je pense que vous aimeriez probablement
avoir certaines précisions techniques. Le Dr Pierre Coulombe, mon
sous-ministre adjoint, était à l'origine de Bio-Méga, il
connaît très bien le dossier, il t'a suivi et nous en avons
discuté. Peut-être que le Dr Coulombe pourrait ajouter certains
détails.
M. Coulombe (Pierre): J'aimerais d'abord dire que la
première convention qui liait, à l'époque, le
ministère de la Science et de la Technologie avec Bio-Méga,
n'avait aucune disposition relativement à la permanence des emplois qui
étaient subventionnés. La convention liait le gouvernement et
l'entreprise pour un certain nombre d'employés. Je pense qu'il faut dire
que, depuis le début de la convention, fin 1983, jusqu'à la date
où Bio-Méga a décidé de procéder à sa
rationalisation pour les motifs invoqués par le ministre, plusieurs
employés ont quitté d'eux-mêmes l'entreprise, ayant
trouvé des emplois ailleurs ou ayant décidé
d'évoluer dans d'autres sphères d'activités. De ce fait,
la contribution du gouvernement du Québec s'en trouvait diminuée
d'autant.
Lorsque Bio-Méga a proposé au gouvernement une
façon différente d'entrevoir l'aide financière qui
était prévue jusqu'à la fin - de la fin de l'année
jusqu'à la période de 1988, donc, près de deux ans
pour le reste de la convention - on nous a proposé un
schéma qui était différent et que nous avons
accepté sur la base de sa rentabilité potentielle. Nous n'avons
donc pas été impliqués concrètement dans les choix
que B'io-Méga a faits quant à la décision de licencier le
personnel. Nous avons reconnu que certaines modalités administratives de
la convention pénalisaient l'entreprise et l'empêchaient de
réaliser son plan de développement. C'est donc dans des
paramètres différents que nous avons décidé de la
modifier.
Mais je dois dire que l'entreprise a mis en place des dispositifs qui me
paraissent fort conformes. Il y a des plans de reclassement qui ont
été prévus et des conseillers en management ont
rencontré les employés visés par le départ. (12 h
30)
À ma connaissance, il n'y a pas eu vraiment de départ, je
dirais sauvage. Je pense que l'entreprise s'est conformée en tous points
aux dispositions prévues dans le Code du travail. Elle a accordé
aux employés, selon l'ancienneté de ceux-ci, des allocations de
départ qui, encore fois, se conforment aux dispositions prévues
dans les lois du travail au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Peut-être rapidement, deux points
pour clore ce sujet. Je pense qu'au cours de la dernière année,
Bio-Méga a eu des orientations différentes. J'aimerais, en dehors
de l'étude des crédits parce que le temps nous restreint, en
connaître un petit peu plus, n'étant pas un spécialiste
mais ayant souvent à parler avec des gens du milieu. Le
député de Vimont serait sûrement intéressé
à en savoir un peu plus, parce que cela fait partie de ce coin de Laval
où cela bouge sur ce plan. Deuxièmement, j'aimerais vous dire que
selon les informations que j'ai - sous toutes réserves, mais j'ai quand
même fait des vérifications - le 9 janvier à 16 h 30 le
président de Bio-Méga a annoncé à 19 personnes
exactement leur mise à pied. Elles ont négocié par la
suite une espèce de prime de séparation. Ces gens travaillaient
dans le milieu, dans la continuité, depuis quinze, vingt ou vingt-cinq
ans. C'est une situation assez spéciale. Comme c'est quand même
une société d'État qui relève de la SGF, il serait
important qu'on puisse avoir tous les éclaircissements à ce
sujet, de façon que cela ne laisse pas un goût amer sur la
façon dont se comporte une société d'État envers
ses employés dans le cas où il y a une continuité et
où il y avait - je n'ai pas fouillé dans les détails les
ententes préliminaires - une espèce de "package" où on
devait avoir une continuité pour cinq ans.
M. MacDonald: Nous sommes & votre disposition si vous voulez
en parler plus longuement.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député. J'aimerais rappeler et demander au ministre que les
informations qu'il enverra au député de Bertrand sur
l'orientation de Bio-Méga soient également communiquées
à tous les membres de la commission et particulièrement au
député de Vimont, puisque Bio-Méga est dans son
comté.
Je demanderais à toutes les personnes ici présentes de
bien vouloir ramasser leurs documents, étant donné que cette
salle va être utilisée par d'autres personnes entre la fin de nos
travaux ce midi et la reprise. Merci. Je suspends les travaux jusqu'à 15
h 30 environ, après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 32)
Le Président (M. Charbonneau): La commission reprend
l'étude des crédits du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique, pour l'année
financière 1987-1988. Je voudrais remercier le vice-président qui
m'a remplacé ce matin. Je pense que, si mes informations sont exactes,
nous en étions au député de Bertrand qui discutait avec le
ministre.
M. Parent (Bertrand): On continue, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): On continue. Il
paraît que cela allait bien ce matin? On va continuer.
M. Parent (Bertrand): Cela allait bien, sauf que le ministre
s'est tassé un peu d'un cran. Je sens un éloignement.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Peut-être s'est-il
rapproché...
M. Parent (Bertrand): C'est un des premiers résultats, des
premiers impacts du libre-échange.
Le Président (M. Charbonneau): Il se rapproche du
président. Je désire vous rappeler qu'on doit terminer à
17 heures et que, probablement, une quinzaine de minutes avant la fin,
j'appellerai les éléments de programme pour qu'on les adopte de
façon régulière. M. le député de
Bertrand.
Le libre-échange
M. Parent (Bertrand): Je voudrais consacrer l'heure et demie
qu'il nous reste ou le maximum de temps aux questions particulières du
libre-échange qui font partie des priorités du ministère
actuellement. Si vous avez à libérer des gens, je ne pense pas
que cela pose de problème. On va particulièrement s'attarder sur
les éléments du libre-échange, les mécanismes et
tout cela.
M. MacDonald: ...M. le directeur général de la
politique commerciale à qui je demande de m'accompagner.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, je me réfère
à votre document explicatif, à la page 16, où vous faites
un bilan de la dernière année et dans lequel vous mentionnez,
à l'avant-dernier paragraphe, ce qui suit: "À l'intérieur
des mécanismes mis en place par le gouvernement du Québec pour
définir sa position dans le contexte de négociations commerciales
bilatérales Canada-États-Unis et multilatérales, la
direction - on parle de la Direction générale des relations
économiques avec l'extérieur -a participé à la
coordination de l'ensemble du dossier des négociations. Elle a
réalisé ou entrepris des études sur des sujets portant sur
la politique tarifaire, sur les mesures de sauvegarde, sur le traitement
national, sur les subventions et les droits compensateurs, sur l'antidumping et
sur les barrières au commerce interprovincial."
II y a beaucoup de matériel là-dedans. J'aimerais que le
ministre nous dise, d'abord, si les gens de son ministère, si les gens
de la direction qui ont fait ces études... s'il est possible de rendre
ces études publiques ou les mettre à la disposition de
l'Opposition afin qu'on soit davantage éclairé, en plus des
études sectorielles dont il a été fait mention
jusqu'à présent, et que le ministre lui-même a un peu
renvoyées au ministre de l'Industrie et du Commerce, lesquelles n'ont
pas encore été rendues publiques. Est-ce que, dans le cadre des
études qui ont été établies par les gens de son
ministère, il est possible qu'on ait une partie de ces études ou
qu'elles soient rendues publiques?
M. MacDonald: Pour ce qui a trait aux négociations
bilatérales avec les États-Unis, l'essentiel, je le
répète, de ces études auxquelles nous avons
contribué, qui a été résumé dans le document
que nous avons distribué et qui représente également la
contribution d'autres ministères ou d'autres organismes gouvernementaux,
est contenu là-dedans, avec des conclusions faisant ressortir les enjeux
pour le Québec, qualifiant la position du Québec dans le domaine.
Il y a nécessairement d'autres éléments, et je vous ai
mentionné les annexes qui doivent suivre et qui sont des annexes
statistiques très détaillées pour chacun des
ministères. Il y a un aspect très important, vous en conviendrez,
des relations commerciales interprovinciales qui ne relèvent pas
directement du ministre, en ce sens que, pour les négociations et les
entretiens intergouvernementaux canadiens, c'est le ministre de l'Industrie et
du Commerce qui s'occupe plus particulièrement de ce dossier. Dans cela,
il y a des documents qui ne peuvent certainement pas être
distribués. C'est à l'état de négociation.
C'était la quatrième rencontre, je crois, ou la cinquième
rencontre, la semaine dernière, à Whitehorse et cela
évolue.
Revenant à votre question, je vous dis que, sans aucun doute,
l'essentiel de toutes ces études, coordonnées avec celles des
autres ministères et organismes, se retrouve dans le document que ainsi,
les autres études, prises individuellement, sur un secteur ou un
créneau particulier, ou un sujet particulier. Il faut également
retenir, M. le député, que nous sommes encore à
l'état de négociation dans la formulation, à la fois, des
positions canadiennes interprovinciales avec le gouvernement
fédéral et nécessairement de la position canadienne
vis-à-vis des États-Unis.
M. Parent (Bertrand): Je dirai, comme commentaire, que,
peut-être, l'essentiel est là, dans le rapport, pour autant que
vous êtes concernés. Pour l'avoir lu et relu, j'ai un peu
l'impression, pour nous, en tout cas, que c'est très superficiel, c'est
très ramassé globalement. On aimerait voir ce qui se cache
derrière cela pour appuyer ce document.
De toute façon, j'aimerais, de façon très
spécifique, que le ministre puisse nous dire, dans le cadre des fameuses
mesures de clauses de sauvegarde, dont il semble que le Québec se
préoccupe et, je pense, le Canada aussi... On sait que le Congrès
américain a semblé dire, par les différentes personnes qui
se sont prononcées sur ce sujet à ce jour, qu'il s'agisse de
sénateurs républicains ou autres, qu'il n'y aurait pas d'entente
s'il n'y avait pas cette fameuse clause dite clause, de sauvegarde. Pour bien
illustrer ce que je veux dire, c'est la clause qu'on retrouve dans le
traité avec Israël, à l'article 5, et où les
États-Unis se sont organisés pour être capables de se
libérer à partir du moment où il leur semblerait qu'il y
ait du "dumping" ou du commerce dit déloyal. On l'a vécu dans
quelques dossiers, que ce soit celui du bois d'oeuvre ou d'autres. De quelle
façon le ministre entend-il contourner cette clause, c'est-à-dire
qui va défendre la position du Québec au sein du comité
Reisman? De quelle façon allons-nous être capables de nous
protéqer par rapport à cela? A l'interpellation, de
mémoire, le ministre a dit, de façon très
catégorique, que, s'il y
avait une clause comme cela, on ne signerait pas, si je
l'interprète bien. Je veux aussi l'entendre le réaffirmer, parce
que cela me semble être une voie qui, finalement, nous conduirait vers
une situation très précaire. J'aimerais avoir des
éclaircissements sur cet aspect très particulier.
M. MacDonald: J'ai dit, et je me permets de le
répéter, que, pour ce qui est de la position du Québec
vis-à-vis des autres provinces et du gouvernement fédéral
dans l'établissement d'un mandat canadien, il n'est absolument pas
question pour le Québec d'adhérer éventuellement à
un traité bilatéral avec les États-Unis en matière
de commerce international s'il n'y a pas une façon plus
civilisée, une façon plus normale, entre deux grands partenaires
comme les États-Unis et le Canada, de régler nos
différends en matière de commerce international. Cela veut donc
dire - et vous aviez raison - qu'un texte du genre de celui qui a
été utilisé entre les États-Unis et Israël ne
nous convient pas du tout comme province. Une façon, dis-je, plus
civilisée, et j'emploie le terme, de régler nos différends
à la frontière, une façon autre que des actions en droit
compensatoire vis-à-vis desquelles on n'a, à toutes fins utiles,
à peu près aucune défense, si ce n'est la
crédibilité du Canada, cette relation que nous avons eue avec
eux, l'amitié qui lie les gens d'affaires, les "lobbies" habituels, etc.
Ce n'est pas du tout assez pour gouverner ce qui est une relation aussi
diversifiée et aussi importante entre les deux pays.
C'est donc la position du Québec dans l'établissement d'un
mandat canadien. Le Canada négocie pour l'ensemble des provinces, si je
peux employer le terme. C'est M. Reisman qui négocie avec M. Murphy.
Nous avons fait connaître notre position. Je vous dirai qu'à ma
connaissance, à plusieurs points de vue, cette recherche d'un nouveau
mode de règlement des différends fait l'unanimité de la
position canadienne, de la façon dont on J'interprète. Il peut y
avoir des modalités. Il peut y avoir des façons de l'appliquer.
Mais ce n'est certainement pas le statu quo actuel.
On pourrait peut-être demander à mon collègue, M.
Grenier, qui participe d'une façon active à tout ceci, si vous le
désirez, M. le député, de donner un complément de
réponse sur ce sujet.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
Une voix: Oui, ça va.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous pourriez
simplement vous identifier pour le Journal des débats?
M. Grenier (Cari): Carl Grenier, ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
Le Président (M. Charbonneau): Vos fonctions?
M. Grenier: Directeur général de la politique
commerciale.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
M. Grenier: Simplement pour ajouter aux propos du ministre, je
pense qu'il faut se rappeler que l'un des objectifs principaux annoncés
par le premier ministre Mulroney -dans sa lettre de septembre 1985, il a
effectivement demandé aux autorités américaines
l'ouverture des négociations bilatérales - c'était
justement d'avoir un accès assuré au marché
américain.
Je pense que tout le monde le sait, surtout depuis la mise en place
complète des dernières réductions tarifaires du Tokyo
Round, le 1er janvier 1987, l'accès au marché américain
est quand même relativement bon. C'est quelque chose comme 80 % de nos
exportations de biens qui est entré en franchise. Mais le fait est que
ces dernières années, à cause de la montée du
protectionnisme américain qui s'est manifestée sous plusieurs
formes, notamment dans plusieurs projets de loi et aussi dans
l'interprétation nouvelle de certaines lois existantes, ce qu'on a vu
dans le cas du bois d'oeuvre par exemple, il est clair que cet accès
n'est pas aussi sûr qu'on aurait voulu le croire. C'est donc une des
raisons principales pour laquelle le Canada a demandé l'ouverture de ces
négociations. Je pense que c'est un point central. Effectivement, il
faut absolument en venir à l'établissement d'un régime
unique qui gouvernera les relations commerciales entre les deux pays. Ce qui ne
veut pas dire, techniquement, une exemption des lois américaines ou des
lois canadiennes, quand le problème se pose à l'inverse.
Évidemment, c'est nous qui subissons la plupart de ces actions, parce
qu'on est beaucoup plus dépendants du marché américain. Ce
n'est donc pas une exemption mais un régime qui s'appliquerait
uniquement entre le Canada et les États-Unis.
Le député a fait allusion à la clause de sauvegarde
qui subsiste dans l'accord de libre-échange entre Israël et les
États-Unis. Évidemment, cette clause est tout à fait
semblable à celle qu'on retrouve dans les autres accords semblables
mais, comme le ministre l'a indiqué, en fait, ce n'est pas suffisant
pour nous assurer justement l'accès au marché
américain.
Il faut se rappeler ici que la différence dans la magnitude des
échanges entre le Canada et les États-Unis qui est environ 75
fois plus grosse, soit 175 000 000 000 $ que le commerce entre
Israël et les États-Unis, qui était à peu près
de 2 000 000 000 $, lorsqu'ils ont signé l'accord en 1985, cette
différence quantitative se traduit par une différence
qualitative. En fait, it est clair qu'on ne peut pas se contenter d'un
mécanisme semblable qui maintient, à toutes fins utiles, les
régimes nationaux. C'est exactement ce qu'on veut remplacer. On veut
remplacer les deux régimes nationaux par un régime unique qu'on
aurait négocié mutuellement et sur lequel on se serait mis
d'accord en fait pour éviter les recours à la
frontière.
M. Parent (Bertrand): Sur ce point seulement, est-ce que vous
pouvez me confirmer s'il y a actuellement au moins unanimité au sein des
provinces quant à cette position que le Québec prend? Il me
semble important que tout le monde ait une position de force sur un point aussi
majeur que celui-là.
M. MacDonald: II est difficile pour moi de statuer pour une
province ou pour l'autre. Je vous dirai que dans l'ensemble, le principe d'une
nouvelle façon de régler les différends est
accepté. C'est une position canadienne. Je vous ai parlé de
nuances qui pouvaient exister sur la façon d'appliquer cela, mais c'est
une position canadienne. (15 h 45)
M. Parent (Bertrand): D'accord. Dans les énoncés de
votre discours de ce matin, vous dites oui au principe du libre-échange,
mais... et là, vous y avez mis huit conditions. Rien ne fait mention, de
façon très spécifique, de votre position quant aux
investissements. Je sais qu'au moment où on se parle et dans les jours
qui ont précédé, cela fait partie du principal des
négociations, à savoir des investissements seront-ils admis et si
oui, à quelles conditions? On sait que la position des Américains
se durcit, de ce côté-là, de plus en plus, puisqu'ils
semblent vouloir - du moins, d'après ce que l'on a pu lire dans les
journaux - tenir mordicus à une position qui leur évite de faire
face à des conditionnels ou à des conditions. Je trouve que c'est
un point majeur, un point spécifique sur lequel on doit ancrer notre
position, quand je dis que le gouvernement du Québec se devrait d'avoir
une prise ferme là-dessus, et c'est la même chose pour d'autres
points sur lesquels je reviendrai plus tard, mais on ne retrouve pas ce point
de façon spécifique dans vos préoccupations et cela me
préoccupe au plus haut point. Est-ce que vous ne l'avez pas mis parce
que vous ne voulez pas, actuellement, couler une position dans le béton?
Et, si vous êtes d'accord, il faudrait que l'on puisse connaître la
position du gouvernement du Québec quant à l'attitude que l'on
aura face aux investisse- ments.
M. MacDonald: Nous avons, à plusieurs reprises,
répété, parce que c'était dans nos textes
originaux, les huit conditions que vous retrouvez à la page 8 de notre
énoncé ce matin. Ces conditions ont apparu sous
différentes formes, à maintes reprises, dans les documents
relâchés et dans le document principal. Mais, sur cela on revient
et on me dit: "II n'est absolument pas question de sacrifier la
spécificité québécoise, que celle-ci soit sociale,
politique, économique, etc."
En ce qui concerne la question des investissements, je vous rappelle, et
on en a déjà discuté que les investissements font l'objet
d'un traitement nouveau, pour des négociations bilatérales avec
les États-Unis et que les mêmes investissements ou le sujet des
investissements, au-delà de "trade related investments", ont
été amenés par les États-Unis à l'ouverture
de la ronde du GATT à Punta del Este et que les États-Unis ont
même menacé de sortir en dehors du GATT pour négocier des
ententes bilatérales sur ce sujet, advenant que le GATT ne veuille pas
discuter d'investissements, et ont ajouté deux éléments ou
deux créneaux très importants et nouveaux dans le contexte du
GATT qui étaient celui des services et celui de la
propriété intellectuelle.
Les États-Unis étant demandeurs au GATT, ils se sont
également placés demandeurs au sein des négociations
bilatérales et, dès les débuts, le comité Reisman
n'a eu le mandat, à toutes fins utiles, parce que cela ne pouvait pas se
séparer, que de discuter d'investissements directement reliés
à l'exportation, mais pas d'investissements "at large" et à ma
connaissance, en ce qui concerne le comité de négociations et du
négociateur fédéral, le comité Reisman n'a pas
encore cette latitude de discuter "at large" d'investissements. Cela n'a pas
fait le sujet de l'établissement d'une position définitive des
provinces et du gouvernement fédéral pour la simple et unique
raison que les États-Unis étaient demandeurs et qu'avant de
s'avancer le nez sur ce sujet tout à fait nouveau, avec les
répercussions que cela peut impliquer au niveau des négociations
du GATT futur, on voulait que ce soit eux qui établissent, si vous
voulez, les premiers paramètres de discussions.
Donc, nous attendons même encore. On a garroché sur la
table, venant du côté américain, une ouverture que l'on
voulait totale et générale sur le plan des investissements. Il
est clair, sur le plan canadien, et cela a été surtout
déclaré par la province de Québec de façon sans
équivoque dans des documents écrits et vous l'avez ici aux pages
75 et 76 du document que nous avons libéré, dans les conditions
qui se veulent moins spécifiques, mais - le "mais" comme vous
l'avez placé - il n'est absolument pas question pour le
Québec d'accepter des investissements généralisés,
sans restriction aucune, dans quelque domaine que ce soit, dans la province de
Québec, accordés aux États-Unis ou à un autre pays
dans ces circonstances.
J'ai pris l'exemple et je me permets de le répéter: Nous
ne pouvons pas penser sous aucune forme quelconque que des investisseurs
étrangers accapareraient 100 % des médias de communication
écrits, visuels ou autres, dans la province de Québec. Il peut y
avoir d'autres secteurs, à un moment donné, où nous
voudrions, pour des raisons je croîs tout à fait légitimes
et acceptables par qui que ce soit qui est raisonnable, voir une mainmise
totale de la part d'investisseurs étrangers, soient-ils
américains ou autres.
Il est évident qu'avant que nous arrivions à la fin des
négociations, il va falloir raffiner, en négociations avec les
Américains, cette demande d'investissements et voir justement
jusqu'où ils sont prêts à amender la première offre
générale qu'ils ont faite. Mais, traditionnellement au
Québec, je pense que vous êtes d'accord avec moi, on a
été très ouverts aux investisseurs étrangers.
D'ailleurs, il y a des directions générales de prospection des
investissements dans mon ministère et au ministère de l'Industrie
et du Commerce. Nous rechechons les investissements ici, accompagnés des
transferts de technologie, particulièrement dans les technologies
avancées. Nous voulons encore avoir cette ouverture d'esprit, mais pas
dans tout, pas à n'importe quel prix et pas à n'importe quel
pourcentage de possession d'un créneau d'activité au
Québec.
M. Parent (Bertrand): Le ministre me permettra d'être
soucieux et préoccupé par rapport aux exemples que l'on vient de
vivre et qui se sont faits à l'intérieur du Canada par la prise
de possession d'UniMédta. Je sais que, dans le domaine des
communications, dans les domaines qui touchent cet aspect qui est fort
important pour le Québec à cause de la dimension de
spécificité, si on ne prend pas ses précautions, ce qu'on
vient de voir quitter le Québec pour rester si l'on veut à
l'intérieur d'intérêts canadiens, mais quitter le
Québec par des intérêts québécois, la prise
de contrôle d'UniMédia par le groupe d'Argus nous amène
à voir à quel point c'est fragile et à quel point les
préoccupations que l'on a, quant au contrôle américain et
au contrôle des investisssements qui pourraient se faire et dans des
secteurs particuliers comme celui des services de communication.
M. MacDonald: À cela, je dois dire... IL y a une
expression anglaise qui dit "you can't have your cake and eat it". Alors, cela
ne peut pas être une réglementation, une législation
à voix unique. Lorsque Vidéotron, pour qui d'ailleurs j'ai fait
des représentations, a décidé d'étendre son champ
d'activité en France dans un marché extrêmement difficile
à pénétrer, vous en conviendrez, nous étions fiers,
à l'aboutissement de ces négociations, de les voir être
actifs, non seulement à Paris, mais dans d'autres villes, dans
l'installation du câble.
Lorsque Télémédia a acheté des postes de
radio en Ontario et des publications du domaine des communications, et qu'il a
l'intention d'accroître encore son champ d'activité, non seulement
au Canada, mais à l'extérieur du Canada, nous en sommes, comme
Québécois et comme Canadiens, très fiers. Je crois,
à ma connaissance, que M. Black est un Canadien, que ses
intérêts d'investissements ne se situent pas seulement au
Québec, mais vous avez vu des achats de nombreuses publications de
journaux américains et le fameux achat anglais qui a fait beaucoup de
bruit. Je ne suis pas préoccupé de voir un citoyen canadien,
comme M. Black, acheter des journaux au Québec. Je crois que c'est un
citoyen responsable et qu'il l'a déjà démontré.
Jusqu'à preuve du contraire, j'ai confiance en ce qu'il fera.
Et si nous voulons, je me permets de le répéter, voir nos
entreprises nous offrir cette fierté qu'on a chaque fois qu'on les voit
étendre professionnellement et activement leur champ d'activité,
on ne peut pas se retourner de bord et, certainement pas vis-à-vis
d'autres Canadiens, interdire l'accès ici.
M. Parent (Bertrand): Le ministre me permettra, sans
s'étendre sur le sujet, d'être en désaccord sur une telle
approche. Je ne m'étendrai pas là-dessus, mais cela me semble
important de comprendre que, oui, on veut que nos gens aillent investir
ailleurs. Et c'est votre rôle en tant que ministre du Commerce
extérieur. Sauf que lorsque l'on dit que le groupe Vidéotron s'en
va investir, acheter ou prendre le contrôle d'une chaîne de
télévision en France, je pense que, d'abord, il n'y a pas de
danger sur le plan culturel, si on veut, que le groupe québécois
s'en aille prendre un contrôle là-bas pour transformer l'aspect
culturel là-bas.
Quand le président de Québécor et
propriétaire du Journal de Montréal, M. Pierre
Péladeau, s'en va à Philadelphie pour acheter un journal, je ne
pense pas qu'il met en danger l'avenir et la spécificité des
Américains aux États-Unis, mais quand l'inverse se produit, c'est
bien différent. C'est pour cela que, à mon point de vue, et pour
en avoir déjà discuté intensivement ces dernières
semaines et surtout avec les événements qui se sont
passés, on ne peut pas dire: II faut seulement être ouvert ici, il
faut laisser entrer les gens et, d'un autre côté, c'est parce que
nous autres, on veut
aller à l'extérieur. Lorsqu'il s'agit de domaines
très spécifiques qu'il faut protéger en termes de culture,
il faut faire bien attention parce que cela n'a pas le même effet si un
Québécois s'en va acheter un journal à Philadelphie ou
n'importe où à travers le monde que si les Américains s'en
viennent investir ici et prendre le contrôle de nos médias,
prendre le contrôle avec tout ce que cela pourra comporter, non pas
à court terme, c'est bien sûr, qu'on ne le verra pas, mais
à moyen et à long terme.
Je citerai seulement l'exemple de la clause que vous aviez mise dans la
question de la vente de Donohue dans les privatisations, sous contrôle
québécois. Cela s'est fait sur le bord de la ligne, mais cela
s'est fait sous contrôle québécois. Mais il reste que 49 %
de Donohue appartient aujourd'hui à un propriétaire britannique.
Si on n'avait pas mis cette clause-là, il est fort possible que Donohue
serait complètement dans les mains des Britanniques avec ce que cela
pourrait comporter comme approvisionnement à l'avenir. C'est bien
différent. Il ne faut pas se servir de cet argument et dire: II faut
ouvrir si on veut ouvrir. Tout ce qui touche l'aspect de la
spécificité culturelle, il faut faire attention lorsqu'on en
délaisse le contrôle. Je me permets de porter à notre
attention, ce point de vue qui est, à mon avis, de dimension très
importante concernant la survie du français non seulement en termes de
langue, mais en termes de culture.
La journée où - je ne sais pas - les cinémas
Odéon ou l'ensemble des salles de diffusion de nos films seront sous
contrôle américain, ce n'est pas vrai que les films
québécois, pour prendre un exemple, vont passer en
priorité sur les écrans ici. Il faut faire bien attention
à cet aspect de contrôle.
Je n'ai rien contre M. Black, on s'entend là-dessus, mais c'est
cette dimension et cette préoccupation qu'on peut avoir d'une vision qui
peut être canadienne ou américaine par rapport à la vision
du Québec.
M. MacDonald: À la page 8 du document d'introduction de ce
matin, on dit: "Mais pas à n'imparte quel prix". On stipule cette
deuxième condition. Je pense que cela répond à vos
préoccupations et c'est une position officielle publiée du
gouvernement du Québec. Je pense qu'on dit la même chose, à
toutes fins utiles.
Motion d'ajournement des travaux
M. Parent (Bertrand): Merci. M. le Président, étant
donné l'heure, j'aimerais soulever une question de règlement fort
importante. J'aimerais déposer une motion; cela peut sembler un peu
curieux, mais c'est important pour moi, puisque le premier ministre a
convoqué un réunion des ministres à 16 heures; à
mon avis, c'est une réunion au sommet concernant le lac Meech. Mes
autres collègues et moi-même, dans les autres commissions
parlementaires, voulons libérer les ministres concernés pour
cette réunion de 16 heures. Je porte ce fait à votre attention et
je le fais dans les règles, selon l'article 165: Que la commission,
conformément à l'article 165 des règles de
procédure, ajourne les travaux de façon à permettre au
ministre du Commerce extérieur de participer à la séance
de travail du Conseil des ministres cet après-midi qui porte sur
l'entente du lac Meech, et qui, soit dit en passant, me semble très
importante. Même si nos crédits ici sont importants, il me semble
que la réunion de l'autre côté est très importante,
alors je le porte à votre attention.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous voulez attendre
juste un instant que je vérifie la recevabilité et la
conformité par rapport au règlement.
Une voix: Est-ce que c'est recevable, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela que je
vérifie, juste une seconde. L'article 165 se lit comme suit: "Un membre
peut proposer que la commission ajourne ses travaux. "Cette motion est mise aux
voix sans amendement et elle ne peut être faîte qu'une fois au
cours d'une séance, sauf par le président ou un ministre membre
de la commission. Elle ne peut être débattue, sauf qu'un
représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un discours
de dix minutes chacun."
Je pense qu'elle est effectivement recevable en vertu de 165, mais que
nous ne pourrons en parler qu'au plus vingt minutes, c'est-à-dire dix
minutes de chaque côté.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. le
Vice-Président.
M. Théorêt: Je ne veux pas intervenir sur la
recevabilité, je pense que vous avez très bien expliqué
qu'elle était recevable, mais je vous demanderais une suspension de deux
minutes afin que les membres du groupe ministériel se rencontrent pour
prendre une décision, à savoir si nous allons voter pour ou
contre cette proposition.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Théorêt: M. le ministre.
M. MacDonald: Quelle est la disponibilité pour
siéger? II resterait une heure, à toutes fins utiles, de 17 h 30
à 18 h 30 d'une part ou demain matin, à 8 h 30.
M. Parent (Bertrand): Pour ma part...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, je pense
que ce serait au député de Bertrand à...
M. Parent (Bertrand): ...j'ai une seule contrainte, c'est que je
continue avec un de vos collègues ce soir à 20 heures.
M. MacDonald: Est-ce que demain matin, à 8 h 30, ce serait
possible pour vous?
M. Parent (Bertrand): II n'y a aucun problème pour prendre
cette heure-là demain matin ou ce soir, n'importe quand avant 20 heures.
Je suis très disponible pour cela. Veuillez me croire, je ne veux pas
faire des chichis, mais je trouve important que vous puissiez être
là avec vos autres collègues.
M. MacDonald: J'apprécie l'offre. Je suis bien prêt
à en discuter avec mes collègues, mais je voulais juste
vérifier quand on pourrait poursuivre.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que je peux aller à votre
réunion?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Les travaux sont suspendus
quelques instants, le temps que chacun fasse ses vérifications et
consultations.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
(Reprise à 16 h 3)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le Vice-Président.
M. Théorêt: Oui. Une remarque, M. le
Président. Est-ce que vous avez rendu votre décision sur la
recevabilité?
Le Président (M. Charbonneau): Oui. Je vous rappelle que
vous avez même indiqué que vous partagiez mon opinion sur le fait
qu'elle est recevable.
M. Théorêt: Oui. Vous avez entièrement
raison, je l'ai bien mentionné, c'est dans les minutes... Par contre,
j'attire votre attention sur le fait que c'est aller à {'encontre des
ordres de l'Assemblée nationale, qui ont été donnés
par le leader, en Chambre. Et je ne pense pas qu'un article nous permette
d'aller à l'encontre...
Le Président (M. Charbonneau): C'est-à-dire qu'un
membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux. 11 ne s'agit pas
d'empêcher la commission d'exécuter le mandat. Il s'agit de faire
en sorte que la commission ajourne ses travaux pour toutes sortes de raisons.
Je vous rappelle que, par ailleurs, cette motion, qui est mise aux voix sans
amendement, ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une
séance, autrement que par le président ou que par le ministre qui
serait membre de la commission. Je pense, de bonne foi, qu'il est arrivé
à d'autres occasions, pour des raisons moins politiquement
délicates ou litigieuses, que des motions d'ajournement des travaux ont
été présentées à l'occasion de
l'étude des crédits. Il est même arrivé que les
commissions ajournent leurs travaux sans nécessairement avoir recours
à l'utilisation d'une motion formelle en vertu de l'article 165.
Donc, ma décision est la suivante. C'est recevable, en vertu de
l'article 165 et cela ne va pas à ['encontre du mandat qui nous a
été confié par la Chambre.
M. Théorêt: M. le Président, j'apporte
à votre attention que, même si vous l'avez jugée recevable,
vous avez raison, mais il demeure que cela va à l'encontre... Et,
apparemment, la proposition qui est faite également par les autres
commissions, est déclarée non recevable. À moins que le
ministre ne veuille intervenir, présentement...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Je voudrais attendre tout le monde. Avez-vous d'autres
commentaires à faire, M. le ministre.
M. MacDonald: J'ai eu l'occasion d'intervenir au débat
constitutionnel et je suis persuadé que, si on termine à 17
heures ou à 17 h 5, je vais avoir du temps, en masse, pour intervenir
dans ce débat, encore une fois, ce soir, avant que la réunion du
Conseil des ministres soit terminée. En conséquence, vu le nombre
de personnes qui ont été mobilisées ici et, comme 55
minutes ne feront pas la différence, je suggère que nous
continuions. J'apprécie la générosité de l'offre du
député de Bertrand, mais, pour les raisons que j'ai
données, je suggère que nous continuions.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous rappelle que chaque
qroupe parlementaire peut utiliser 10 minutes de son temps pour expliquer son
point de vue. Si je comprends bien, le député de Vimont a
exposé... Est-ce que vous voulez poursuivre?
M. Théorêt: Non, tout simplement pour vous dire, M.
le Président, qu'après consultation, on n'aura pas d'autres
membres qui vont intervenir et que nous sommes d'accord avec l'intervention du
ministre. Nous suggérons au député de Bertrand que s'il
veut continuer le débat sur les crédits, nous serions tout
à fait prêts à continuer.
Le Président (M. Charbonneau): Avant de la mettre aux
voix, je vais demander au député de Bertrand qui est le proposeur
de la motion s'il a des commentaires additionnels à formuler. Je lui
rappelle qu'il a un maximum de dix minutes pour les formuler.
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas l'intention d'abuser du temps
des parlementaires. J'ai mentionné lorsque j'ai déposé la
motion que je le faisais dans un esprit où je pense que ce qui se passe
de l'autre côté est fort important. Cette rencontre du Conseil des
ministres me semble, à toutes fins utiles, une rencontre primordiale
parce qu'il y a des choses qui doivent se passer dans les prochaines
heures.
Sur l'aspect de savoir si cela est recevable ou pas, vous vous
êtes prononcé, M. le Président, sauf que je dirai à
mon collègue, le député de Vimont, que n'étant pas
moi non plus un spécialiste de ce cahier de procédure -
d'ailleurs, je déteste cette procédure, mais il faut s'y
conformer - je vous dirai tout simplement qu'à la lueur des informations
que j'avais, c'est qu'effectivement ce genre de motion, si elle est faite une
fois, elle a préséance, c'est-à-dire que l'article 165
donnerait préséance à tout ordre de la Chambre. On peut
faire venir des batteries de gens, on peut faire venir des avocats, sauf qu'on
ne sera pas plus avancé. Je vous réitère le fait que, pour
ma part, il est important pour notre formation politique que cela se passe, non
seulement ici à cette commission parce que le ministre est un ministre
important, celui du Développement économique, mais dans les
autres commissions, au moment où on se parle, sachant que cela se
passe.
Étant donné que la procédure prévoit, M. le
Président, qu'on a à prendre le vote, je n'ai pas d'autre choix
que de vous demander d'appeler le vote. Je sens que je serai probablement
écrasé, mais avant de l'être, je dirais que,
déjà, le ministre s'est fait tasser une première fois.
Cela fait deux fois dans la même séance.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, il
n'y a pas d'autres commentaires sur la motion. Je vais mettre la motion aux
voix. Je vais demander au secrétaire de la commission de faire l'appel
nominal.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril. Mme
Bélanger. M. Cannon?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau?
Le Président (M. Charbonneau): Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau. M. Cuzano?
M. Cuzano: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier, Mme Blackburn, non.
Une voix: On a gagné.
Le Secrétaire: M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais?
M. Maltais: Contre et sans réserve.
Le Secrétaire: M. Parent?
M. Parent (Bertrand): On fait travailler le ministre.
Le Secrétaire: M. Philibert. M. Rivard?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt?
M. Théorêt: Contre.
Une voix: On a encore gagné.
Le Président (M. Charbonneau): Le résultat final et
sans appel est de 2 en faveur et de 7 contre.
Une voix: C'est correct Jean-Guy, c'est une victoire...
Le Président (M. Charbonneau): Je ne ferai pas de
commentaire sur les victoires ni morales ni décisives. Cela étant
dit, je cède de nouveau la parole au député de Bertrand,
à moins qu'à ce moment-là, le ministre était en
train... Je pense que c'est à lui. C'est son temps de parole. M. le
député de Bertrand, si vous voulez poursuivre sur les questions
qui font l'objet de notre présent...
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien, j'ai perdu, oui?
Le Président (M. Charbonneau): Il semble que nous ayons
solidairement perdu, M. le député de Bertrand, et que nous allons
donc poursuivre l'exécution du mandat.
M. Parent (Bertrand): ...partialité du
président?
Le Président (M. Charbonneau): Le président n'est
pas partial. Il est objectif; il se rend compte que...
Une voix: II se rend compte que 7, c'est plus fort que 2.
M. Parent (Bertrand): On va revenir aux choses
sérieuses.
Une voix: Ah bon, c'est sérieux, à part cela?
Reprise du débat sur le
libre-échange
M. Parent (Bertrand): Je parlais des commentaires qui
étaient donnés par le député de La Peltrie. La
question des services, M. le Président et M. le ministre, est un secteur
qui nous préoccupe au plus haut point dans le domaine des
négociations du iibre-échange.
On sait, d'une part, que les Américains tiennent à inclure
absolument les services dans l'accord du libre-échange et tout ca dans
le but, croit-on, de notre côté - je pense que vous serez un peu
d'accord avec ça - de créer des précédents sur les
futurs accords du GATT.
Jusqu'à maintenant, je pense que dans les accords du GATT, le
secteur des services n'a pas été touché. Si on regarde la
dimension ou la proportion des affaires qui se font, du marché qui se
fait chez les Américains dans le secteur des services, selon les
statistiques de 1980, c'était plus de 60 000 000 000 $ dans le domaine
des services.
Or, on sait que les Américains ont aussi mis sur pied des
sous-comités. Ici, on a nos comités au Canada. On a nos
sous-comités au Québec. Mais il y a des sous-comités au
nombre de sept ou huit qui touchent particulièrement le secteur des
services à cause de la complexité de l'impact.
Je me demande dans quelle mesure le ministre du Commerce
extérieur, qui est responsable de ce dossier et qui doit mener à
bonne fin cet accord ou cette position du Québec, a, les outils dans le
secteur des services, au moment où on se parle. Il n'y a pas plus tard
qu'une semaine ou dix jours, vous avez semblé nous dire, si j'ai bien
interprété vos paroles à l'Assemblée nationale, que
c'est un secteur que vous n'aviez pas encore apporté dans la
négociation. Vous me corrigerez si ce n'est pas exact.
Je me dis qu'avec un compte à rebours d'environ quinze semaines
à partir de maintenant, si on veut se rendre quelque part à la
fin du mois de septembre, on va avoir des problèmes sur la question des
services parce que les Américains y tiennent mordicus.
Ma préoccupation, c'est sûrement la même que vous
avez, mais je l'exprime tout haut: Si les Américains veulent absolument
avoir cette partie de l'entente qui touche les services et l'avoir incluse,
parce qu'elle va leur ouvrir d'autres portes pour servir dans d'autres
négociations pour ce qui est du GATT, qu'est-ce qu'on aura à
donner en retour? Qu'est-ce qu'on aura à concéder?
Quelle est la position exactement du Québec dans ce secteur des
services qui risque d'être très fragile? Je pense
particulièrement au secteur des transports, mais je peux penser aussi
particulièrement aux institutions financières où il risque
d'y avoir une percée importante des Américains sur nos
marchés si on n'a pas pris soin de protéger ces secteurs
où on ne connaît à peu près rien dans le secteur des
services. Les fameux 78 % de nos échanges avec les États-Unis
jusqu'à maintenant, on sait que c'est déjà en
franchise.
Rien de tout cela ne touche dans ces marchés en franchise le
libre-échange déjà établi, comme le mentionnait
tantôt votre directeur de service. Mais ces 20 % ou 22 % qui restent
viennent toucher de façon importante tout le fameux marché des
services.
J'aimerais entendre le ministre nous préciser où on va se
positionner et quelle va être, de façon très claire, la
position du Québec sur la question des services et voir jusqu'où
la consultation a été menée de ce côté. Pour
avoir discuté avec certaines personnes qui sont dans le secteur des
services et qui sont assez bien placées, du moins, très actives,
ça semble très nébuleux. Cela me préoccupe
beaucoup.
M. MacDonald: Votre préoccupation est la mienne
également et celle de tous mes collègues. On doit se rappeler en
premier lieu que les services sont également un domaine dans lequel les
États-Unis sont demandeurs. Ils sont demandeurs non seulement au
bilatéral, mais ils sont demandeurs au multilatéral. (16 h
15)
Mais il y a confusion chez les Américains certainement pour ce
qui a trait à leur position. Vous avez raison de dire qu'il y a des
groupes de travail qui cherchent à déterminer une position
américaine. Je vais vous donner trois exemples, toutefois, qui vont vous
démontrer que, malgré cette généralité que
les Américains voudraient voir comme ouverture
au plan des services, lorsque l'on met le doigt sur certaines des
caractéristiques des services ou du traitement des services à
l'intérieur de leurs frontières, il y a un recul. Il y a une
prise de conscience. On ne sait plus trop bien si on s'en vient ou si on s'en
va.
Un exemple dans le transport, particulièrement dans le transport
maritime et le transport côtier. Vous avez sûrement entendu parler
du "Jone's Act". Le "Jone's Act", qui est établi depuis plusieurs
décennies aux États-Unis et qui avait pour but de favoriser
l'activité dans les chantiers maritimes américains, à un
moment donné et pour quelques autres raisons protectionnistes, a
décrété, à toutes fins utiles, que, pour pouvoir
participer au transport maritime côtier aux États-Unis, le bateau
devant être construit aux États-Unis, être
propriété américaine, que le propriétaire du bateau
devait demeurer aux États-Unis et que les équipages devaient
être américains... Enfin, je ne crois pas que l'on puisse trouver
un exemple de protectionnisme aussi étroit que dans
l'interprétation du "Jone's Act".
Dans cette ouverture américaine qui voulait aborder globalement
les transports et dire: On a eu déréglementation des transports
terrestres et aériens chez nous; chez vous, c'est à peine
amorcé; nous aimerions voir le tout se généraliser. Pour
nous de venir et de dire: Oui, mais le "Jone's Act", on ne touche pas à
cela. Cela ne fait pas partie des enjeux. Nous répondons
là-dessus: II n'est pas nécessairement question, non plus,
d'accélérer à un rythme effréné la
déréglementation des transports routiers et/ou des transports
aériens au Canada, quoique, dans le domaine des transports
aériens, beaucoup a été fait, sans être capable de
parler de transport maritime côtier aux États-Unis.
Je comprends leurs préoccupations. Vous avez peut-être
entendu, la semaine dernière, après une intervention que j'ai
faite à Montréal, devant un groupe s'intéressant au
transport maritime, que le président de Canada Steamship Lines, M.
Raymond Lemay, a dit: Qu'on m'ouvre les côtes américaines et je
fais un malheur en peu de temps. Se sentant très capable de concurrencer
et de réussir.
Le deuxième domaine dans le secteur des services, ce sont les
banques. Nous voyons que les Américains voudraient voir augmenter leur
capacité d'investir dans nos institutions financières
au-delà des pourcentages individuels ou collectifs qui existent
maintenant, soit les 10 % ou les 25 %. Mais nous, aux États-Unis, nous
nous verrions limités par l'impossibilité d'avoir des commerces
bancaires entre les différents États, nous voyant limités
à établir un bureau dans un État et être
obligés d'établir une entité tout à fait
différente dans un autre État, etc., chose qui existe depuis
longtemps, mais la réelle force du système bancaire canadien est
cette dispersion géographique qui a obligé les qrandes banques
canadiennes à se doter de réseaux de communications absolument
extraordinaires et peut-être, d'une certaine façon, uniques au
monde. Si on les transplantait du jour au lendemain, avec le genre de services
qu'on peut dispenser à partir de ce réseau, cela offrirait aux
États-Unis une très grande concurrence dans le domaine
bancaire.
Or, le Secrétaire au Trésor, M. Baker, voyant non
seulement cette menace sur le plan bancaire, mais étant très
sensible à la réalité de la capacité de certaines
des institutions financières canadiennes, ayant aussi cette
volonté de contrôler l'évolution du domaine financier aux
États-Unis, a pris un peu la responsabilité de ce secteur
financier. Non pas des services en général, mais du secteur
financier. II ne veut pas que grand-monde se mêle de ce dossier aux
Etats-Unis et dans la négociation avec le Canada. Nous attendons donc
une certaine cohérence sur ce plan.
Finalement, le troisième secteur que je peux vous donner est
celui de l'ingénierie-conseil. Dans un contexte de "Buy America" et dans
un contexte de milliards de dollars sur lequel le président des
États-Unis a mis un veto, récemment, les volontés du
Congrès de réhabiliter en quelque sorte leur réseau
routier, de l'optimiser dans tous les États-Unis, dans leur contexte
protectionniste actuel, il n'est absolument pas question pour des bureaux
d'inqénierie-conseil, que ce soient nos traditionnels grands
intervenants comme SNC, Lavalin, Monenco, etc., de s'insérer dans ce
marché très lucratif, peut-être même de
s'insérer de la façon que se font ces contrats maintenant,
c'est-à-dire en EPC comme on dit à leur ingénierie;
"procurement", c'est-à-dire achat et construction. Les Américains
sont demandeurs. Ils veulent avoir porte ouverte, accès à tout ce
qui s'appelle marché canadien, mais dans chacun des domaines importants
ou à peu près où on dit: Oui, on peut ouvrir nos
frontières; vous avez déjà travaillé ici. Mais si
on est intéressés à telle chose, là il y a un recul
et les "lobbies" de chacun de ces créneaux d'activités deviennent
tellement défensifs que l'on se demande à quoi va se
résumer la position américaine éventuellement.
J'aimerais terminer cependant en vous disant que ce genre d'attitude
était celle qui dominait au début des négociations
entreprises pour établir le GATT, en 1947. Ce qui a amené la
réalité du GATT, cela a été la capacité des
23 pays qui négociaient à ce moment-là de segmenter leurs
négociations et d'établir au départ des grands principes.
On se souviendra que les pays ont finalement convenu qu'ils allaient
s'entendre
que si on était membres du GATT, on aurait le traitement
national, qu'il y aurait une clause de non-discrimination et qu'il y aurait le
droit d'établissement. Ces trois grands principes ont fait partie de la
base même qui a donné l'élan de départ au GATT.
Je vous dirai que dans mon esprit, il devrait y avoir quelque chose de
convenu entre le Canada et les États-Unis sur le plan des services. Ce
le sera probablement sur le plan des grands principes et ce sera la base de
départ du traitement des services dans le contexte du GATT plus
tard.
M. Parent (Bertrand): À toutes fins utiles, ce que vous
dites, c'est que s'il y a des ententes - et il y en aura sûrement - ce
sera sur des grands principes, les détails étant
négociés dans des ententes ultérieures.
M. MacDonald: Je croirais que oui.
M. Parent (Bertrand): Même à l'intérieur de
cela, il faut être pleinement conscient que, dans les grands principes,
il faut s'assurer que l'on n'ouvre pas les portes ou on ne s'assure pas que
l'on puisse se faire, entre guillemets, assimiler dans des domaines plus
précaires que d'autres à l'intérieur des services.
M. MacDonald: De vous le dis, je vous le répète et
je vous l'ai dit: Libéralisation des échanges mais...
M. Parent (Bertrand): J'ai entendu cela quelque part. Pour ce qui
est des mesures compensatoires avec le gouvernement fédéral,
j'aimerais savoir où est rendu le ministre. On sait que les entreprises
québécoises dans certains secteurs devront être
transformées. On sait que des entreprises québécoises
devront être modernisées. On sait que l'on devra s'embarquer dans
une accélération soit de robotisation ou de modernisation. On
sait que l'on devra aussi avoir du recyclage dans la main-d'oeuvre si on veut
être capables de se retourner de bord à l'intérieur des
mesures ou périodes transitoires qui seront négociées pour
être capables de rendre nos entreprises et nos PME concurrentielles,
particulièrement celles qui sont plus fragiles que d'autres dans des
secteurs aussi plus fragiles que d'autres.
Dans cet esprit, le gouvernement et le ministre responsable se doivent
d'obtenir d'Ottawa notre juste part, notre quote-part, pour ne pas que l'on se
ramasse en situation où le gouvernement du Québec aura à
assumer tout seul ce virage qui est important.
J'ai eu un peu l'impression de la part du ministre jusqu'à
maintenant, dans les questions, même si elles ont été
très sommaires, que c'est quelque chose que l'on va régler
éventuellement. Ce que je voudrais savoir aujourd'hui, c'est d'abord
où cela en est rendu et m'assurer qu'on ne s'en ira pas négocier
après coup, parce que l'on risque soit qu'il y ait des changements de
gouvernement à Ottawa et qu'on n'ait plus la même vision des
choses ou peu importe si c'est le même gouvernement, que l'on se ramasse
en situation de faiblesse et non de force, parce que l'on aura donné
notre accord. Cela me préoccupe au plus haut point. Il y a des sommes
importantes qui appartiennent aux Québécois et qui sont à
Ottawa et que l'on se doit de récupérer en termes de mesures
compensatoires quant à la modernisation, aux équipements,
à la main-d'oeuvre et tout ce qui entoure le virage que l'on devra
prendre avec le libre-échange.
M. MacDonald: Je suis tout à fait d'accord avec vous. Vous
allez retrouver à la page 8, encore dans les conditions
énumérées, la condition 4 que le Québec fera
connaître la nécessité d'obtenir des périodes de
transition, des programmes d'assistance appropriés, etc., que ce
sujet-là a été discuté à différents
niveaux du comité Riesman et lors des rencontres que nous avons eues
entre ministres du Commerce extérieur, mais que je suis devenu beaucoup
plus insistant - et je crois vous l'avoir dit lors de l'interpellation en
Chambre - auprès de Mme Carney, de concert avec mes collègues des
autres provinces, pour que cette négociation n'en soit pas une de
dernière heure. J'ai donné instruction à nos
collègues fonctionnaires de s'assurer d'un suivi de cette pression - et
je pense que c'est le bon terme - que j'ai mise sur les intervenants de cette
conférence des ministres du Commerce extérieur pour arriver avec
des solutions et des scénarios qui, nécessairement, pourront
peut-être varier selon le contexte ou le contenu de l'entente avec les
États-Unis. Mais ce n'est certainement pas une chose à
négocier à la vapeur.
Il y a aussi à mentionner - et je me permets de le dire - que
même si le Canada n'avait pas d'autre avenue, à notre avis, il a
assumé sa responsabilité comme gouvernement national en
lançant cette ronde de négociations. C'est le Canada qui nous a
amenés dans cette ronde de négociations où on devait aller
et il est certain qu'il a une part de responsabilités et qu'il devra
assumer ses responsabilités, particulièrement en ce qui a trait
aux mesures transitoires.
M. Parent (Bertrand): Quel est votre échéancier? Au
point 4 de la paqe 8, vous dites, cette politesse avec laquelle les choses sont
dites, "Québec fera connaître", cela veut dire quand? Quel est
l'échéancier de travail, étant donné qu'à la
fin de septembre, à toutes fins utiles, ce sera conclu?
M. MacDonald: M. le député, vous avez mis le doigt
sur une question de vocabulaire que M. Grenier me note en disant qu'au lieu de
"le Québec fera connaître" il devrait être écrit "le
Québec a fait connaître la nécessité".
M. Parent (Bertrand): Si, déjà, on est rendu au
passé, c'est une distinction bien importante.
M. MacDonald: Importante, très importante. Merci de la
correction. À la prochaine édition d'une couple de mille, on
corrigera.
M. Parent (Bertrand): Puisque vous l'avez fait connaître,
est-ce que vous pouvez nous faire connaître votre
échéancier"?
M. MacDonald: L'échéancier, c'est d'en arriver
à une entente sur ce sujet avant la fin des négociations.
M. Parent (Bertrand): Pour le point 6, toujours à la
même page 8, qui fait partie de vos "mais" et qui se retrouve aussi dans
votre cahier en ce qui concerne l'agriculture, M. le ministre, avec tout le
respect que je vous dois, je vous dis que ce n'est pas avec ce ton qu'on sera
capable d'en arriver à quelque chose de concret concernant
l'agriculture. Le Québec cherchera à conserver, pour
l'agriculture, un statut particulier. Je vous ai dit, en commission
parlementaire, et je le répète ici, à l'étude des
crédits, que je pense que la position du gouvernement doit être
beaucoup plus ferme en ce qui regarde les secteurs de la culture et de
l'agriculture. Puisqu'on parle de l'agriculture, il ne faut pas seulement
chercher à conserver un statut spécial pour l'agriculture,
à cause des dangers que cela représente. J'aimerais que vous
fassiez la lumière là-dessus, à moins que ce ne soient pas
les bons termes,
M. MacDonald: Ha! Ha! Ha! Non, je pense que le choix du
vocabulaire est bon, à l'article 6. Je me vois obligé de vous
rappeler certaines choses dites en interpellation à l'Assemblée
nationale, dites auparavant et que je peux très bien
répéter aujourd'hui. L'agriculture, c'est spécial, cela a
toujours été traité de façon spéciale dans
le contexte du GATT depuis plus de 40 ans. Les grands problèmes de
l'agriculture, à l'heure actuelle, dépassent de beaucoup le
contexte du secteur bilatéral. Il ne saurait être question de
régler les grands problèmes de l'agriculture ailleurs qu'au
GATT.
Cependant, îl y a des actions qui nous donnent espoir. Vous avez
vu, à l'OCDE, 24 pays intéressés déclarer: "On met
un terme, un moratoire, en quelque sorte, à cette escalade de guerre,
particulièrement entre les États-Unis et le marché commun
européen." On a vu le Kierans Group se réunir pour la
deuxième fois à Ottawa la semaine dernière où,
encore une fois, on a cherché à mettre en commun le
désastre que constitue cette guerre entre les États-Unis et le
marché commun européen et à démontrer à ces
deux intervenants que cela ne peut continuer. (16 h 30)
La semaine dernière, le président Mitterrand, lors de sa
visite à Regina, en Saskatchewan, s'est fait montrer un exemple
très concret de la résultante de cette guerre. Il a dit
lui-même - et il est allé au-delà de ce qu'on
espérait - que la France, on se le rappellera, était un leader
dans cette contestation vis-à-vis des États-Unis, mais la France
a déclaré par son président qu'il y avait lieu, non
seulement de penser, mais de mettre une halte à cette escalade. Je dis
donc que les grands problèmes de l'agriculture se négocieront au
niveau du multilatéral et non du bilatéral. Revenant dans le
contexte bilatéral et pour les raisons mentionnées, il devrait
normalement se décider peu de choses en matière d'agriculture
dans ce bilatéral. Il y a cette proposition américaine d'abolir
les tarifs sur une période pouvant aller jusqu'à dix ans, mais
c'est une proposition généralisée sur tout ce qui
s'appelle exportation et importation.
Dans le domaine de l'agriculture, hormis les produits d'horticulture
assujettis à des questions de variations saisonnières, etc., ce
n'est pas un très qros problème. Il y a par contre le
problème énorme des agences de mise en marché et de la
gestion de l'offre. Encore là, je douterais fortement que nous mettions
en péril - et je ne le vois pas arriver - tout ce mécanisme qui
nous permet et qui nous a permis de donner de l'essor à notre
agriculture, l'agriculture qui est absolument fondamentale à n'importe
quel pays, à n'importe quelle province. On ne mettra pas en danger de
telles choses dans un contexte bilatéral, tant qu'il n'y aura pas, et on
va probablement attendre pendant plusieurs années, un mouvement
généralisé entre les grands intervenants du monde
économique pour régler les problèmes de l'agriculture.
Je voudrais vous mentionner, et je pense que c'est important, M. le
député... Vous disiez vous-même que vous vouliez avoir des
informations et je vous ai dit que tout ce que je pouvais vous donner dans le
contexte de ce qui n'était pas la partie confidentielle et encore en
négociation, j'étais ouvert. J'ai dit et je le
répète que la province de Québec est la plus transparente
des entités gouvernementales, soit au Canada ou aux États-Unis,
sur le sujet. C'est bien de l'avoir été, et d'avoir pu
écouter, d'avoir donné la chance à tous les intervenants,
pour
ou contre, de nous présenter leur position. Et j'ai
découvert que l'organisme qui est peut-être le plus opposé
au libre-échange et qui l'a fait savoir, c'est-à-dire l'Union des
producteurs agricoles, le faisait dans un contexte où nous sommes
parfaitement d'accord. Je précise. L'UPA prenait et prend comme
prémisses de départ qu'il n'y aura pas de façon plus
civilisée et plus convenable de régler les différends
à la frontière que ce qui existe actuellement, qu'effectivement
ce serait un traité du genre de celui passé entre Israël et
les États-Unis. Nous avons dit, au départ, que ce genre de
façon de faire nous était inacceptable. Alors, ce que je veux
dire par ceci, c'est que si nous avions les mêmes prémisses que
l'UPA dans la discussion du dossier, nous serions parfaitement d'accord. Notre
prétention, c'est qu'il va y avoir une meilleure façon. Et
là on peut avancer un pas plus loin et voir de quelle façon on
peut améliorer les relations entre les deux pays.
M. Parent (Bertrand): Un dernier point parce qu'il y aurait
tellement de volets à aborder concernant le libre-échange, et je
pense que cela va toucher beaucoup les travaux du ministère, le travail
qu'il y a à faire de la part des différentes directions. Mais
quand le ministre nous parle de transparence, je lui demande pourquoi il
s'oppose toujours, au moment où on se parle, à tenir une
commission parlementaire sur le sujet. À part de nous servir la
réponse qu'il y a le comité Warren qui existe, et j'en suis
pleinement conscient, sauf que c'est loin d'être le rôle que
jouerait une commission parlementaire sur le sujet, avec ce que cela pourrait
apporter comme éclairage. Parce que, effectivement, que ce soit dans les
dossiers aussi importants que celui discuté au cours des
dernières semaines en commission parlementaire qui était le
dossier du lac Meech, donc l'avenir constitutionnel du Québec, l'avenir
économique du Québec va se jouer. Je comprends ma! la
cohérence dans les propos du ministre parce que, s'il est convaincu
qu'on a la plus grande transparence, je me dis que la moindre des choses est de
tenir une fameuse commission parlementaire afin qu'on ait la chance de
s'entretenir avec les gens. Cela a une diffusion très large et s'il n'y
avait pas eu de commission parlementaire sur la question de l'accord du lac
Meech, on ne serait pas autant informé aujourd'hui. Je ne parle pas
seulement des parlementaires, mais je parle, particulièrement, de la
population en général.
La compréhension que les gens ont du libre-échange, je
vous dis que c'est très faible. Vous allez me dire: Cela ne chanqe pas
grand-chose si M. tout le monde ne sait pas de quoi il s'agit. Je pense que
cela change énormément parce que dans trois, cinq ou dix ans, on
dira: On n'était pas conscient que c'était en train de se
passer.
Quand on dit aux gens, que ce soit vous, moi ou n'importe qui, que,
déjà, on vit dans un marché de libre-échange
à 78 % ou 80 %, ils sont un peu stupéfaits. Quand on leur dit:
Oui, on est d'accord, mais il y a des dangers et comment cela se passe... Quand
on leur dit qu'il y a une procédure qui fait que le 3 janvier 1988, tout
sera coulé dans le béton en ce qui regarde cette
entente-là et qu'elle sera acceptée en tout ou rejetée en
bloc, c'est autant d'informations mais ce ne sont que certains
éléments. Quant au contenu, que ce soit les chambres de commerce,
que ce soit les différentes associations, je peux vous dire, M. le
ministre, avec beaucoup de conviction, que j'ai parlé à plusieurs
d'entre eux ces dernières semaines et qu'ils n'ont pas poussé
suffisamment loin, de façon générale, pour comprendre
vraiment toute cette dynamique et ce danger qu'on court.
À moins qu'on ait une commission parlementaire, on n'aura pas ce
débat constructif. Que ce soit les plus grandes chambres de commerce,
par la procédure qu'ils ont prise, par la consultation qu'il ont faite
auprès de leurs membres, cela a été fait de façon
très sommaire.
Le danger qui vous guette, en tant que gouvernement, et je le dis sans
partisanerie politique, vous le jugerez comme vous voudrez mais je pense
qu'au-dessus de cela, on devra juger, un jour, à savoir si ce qui a
été fait, si ce qui a été apporté comme
amendement ou comme protection était une bonne ou une mauvaise chose. On
en a la responsabilité comme parlementaires.
Les quelques parlementaires qui ont suivi le débat, que ce soit
à l'interpellation ou ici, aujourd'hui, en sont déjà plus
informés. Je vous défie d'aller voir les 122
députés à l'Assemblée nationale qui sont les 122
représentants de la population et d'essayer de voir s'ils comprennent
bien et possèdent bien cet élément-là. Vous me
direz: Oui, c'est la même chose dans tous les secteurs, mais
celui-là est important puisqu'il va se jouer.
Je reviens à la charge avec la question de la commission
parlementaire pour que vous puissiez rapidement m'expliquer comment il se fait
que vous n'avez pas pu défendre ce point ou obtenir gain de cause,
à moins que vous ayez des nouvelles à m'annoncer
là-dessus. J'y crois profondément, M. le ministre, et je vous dis
que cela pourrait avoir des impacts très positifs.
D'autant plus qu'au départ, à la suite de
l'interpellation... Je pense que les qrands médias ont traité
cela comme si on était sur la même longueur d'onde. Ce sont des
"oui mais". On se doit de s'assurer qu'on est en train de parler exactement de
la même chose. Donc, on n'est pas en opposition farouche. Ce qu'on veut,
c'est être capable
d'articuler et de discuter davantage. Je pense qu'une commission
parlementaire nous apporterait beaucoup d'eau au moulin. Peut-être que,
vous, vous avez... Je vous dis, à partir des informations que j'ai, que
je ne pense pas que vous ayez ces sons de cloche.
Deuxième volet qui va terminer l'aspect du libre-échange,
c'est cette préoccupation que j'ai et sur laquelle vous avez pris un
semi-engagement. J'aimerais que vous en preniez un vrai aujourd'hui, soit de
ramener devant l'Assemblée nationale du Québec, devant les
élus, toute proposition pour la faire ratifier puisque vous avez
vous-même dit que vous verriez très mal - je ne peux citer vos
paroles correctement mais je doute fortement, M. le Président - que nous
signions l'adhésion de la province dans un processus aussi important
sans la représenter devant les représentants de
l'électorat québécois.
Une des conditions - vous vous souvenez, je l'ai apportée - c'est
de s'assurer que l'Assemblée nationale puisse être saisie de cette
entente. Pourquoi je la pose aujourd'hui? C'est probalement la dernière
fois que j'ai la chance d'aller aussi loin dans le débat parce que si
jamais il n'y avait pas de commission parlementaire, on n'aurait pas la chance
de nous faire valoir.
On est conscient que le 20 juin, on partira de part et d'autre en
vacances plus ou moins longues et on sait que les travaux de la Chambre, de
l'Assemblée nationale reprendront au début du mois d'octobre ou
à la mi-octobre. À toutes fins utiles, si on veut que
l'Assemblée nationale et que le ministre responsable de ce dossier, qui
a pris l'engagement, qui est prêt à prendre un engagement - je
pense que cela vaut pour les deux côtés de la Chambre... On se
devra de rectifier, on devra se prononcer, je ne demanderais pas mieux qu'on
sorte avec un vote unanime sur cela mais avant, étant donné
l'échéancier et ce qui se passe, est-ce qu'on va être
capable d'avoir un engagement ferme de votre part? Cela me semble fondamental
et cela me semble important.
M. MacDonald: Eh bien, je n'ai pas le texte avec moi, mais si me
passiez la feuille, cela me ferait plaisir de relire dans le dossier la
déclaration que je vous avais faite à l'Assemblée
nationale quant à la volonté de voir, sur un sujet aussi
important, les représentants du peuple québécois se
prononcer. Je me sens très à l'aise et je n'aurais qu'à
répéter ce texte.
Pour ce qui est de votre première intervention, je pense qu'on a
un désaccord -si on peut appeler cela un désaccord - ou
plutôt une perception différente de la transparence et de
l'information. J'ai devant moi - je pourrais la déposer si on le
désire -la liste des intervenants, par exemple, qui sont passés
au comité Warren. Je n'ai pas devant moi, mais il doit exister la liste
des dizaines et des dizaines de colloques qui ont eu lieu à travers la
province sur le sujet qui ont été appelés dans le contexte
de la Chambre de commerce du Québec ou dans le contexte des opposants de
cette coalition des opposants à un traité de
libre-échange.
Nous avons, en Chambre, souvent répondu à plusieurs
questions. Nous avons eu une interpellation. Nous avons, aujourd'hui,
l'étude de crédits qui donne lieu à ces questions fort
pertinentes que vous me posez. Nous avons eu - je vous avais mentionné
70, mais on m'a dit que c'était pas mal plus que cela - plus de 70
conférences que j'ai pu faire sur le sujet, ou que mon adjoint
parlementaire, M. Cannon, a pu faire sur le sujet, et d'autres
députés et ministres qui sont intervenus dans le dossier du
libre-échange, particulièrement le ministre Johnson et le
ministre Pagé.
Je me suis permis - et vous l'avez probablement entendu la semaine
dernière -d'interpeller le monde des transports en leur disant:
Messieurs, vous, vous ne nous avez pas fait de représentations. Vous
jasez dans votre société de ce qui devrait exister ou de ce qui
ne devrait pas exister. Allez-vous faire des représentations ou est-ce
que la position qu'on semble supporter généralement au
Québec vous satisfait?
Nous ne manquons jamais une occasion de rappeler aux intervenants
sérieux qui ne seraient pas venus devant le comité Warren ou qui
ne nous auraient pas écrit... Quand je dis "écrire", je peux vous
parler de centaines de lettres et des réponses que nous avons
données à ces lettres, appels téléphoniques ou
autres. Enfin, des modes de communications multiples qui font qu'à mon
avis les grands intervenants, les intervenants qui ont des aspects
constructifs, qu'ils soient favorables ou non favorables à une entente
avec les États-Unis, ont été entendus, peuvent être
entendus sans aucune obstruction quelconque. Alors, je ne vois pas, dans le
contexte actuel, ce qu'apporterait de plus la convocation d'une commission
parlementaire à cette étape-ci, car nous n'avons pas encore de
traité. Nous n'avons pas de texte sur lequel réellement discuter.
Nous serions en discussion continuelle basée sur ces hypothèses
et je ne crois pas que cela s'avérerait très constructif à
cette étape-ci.
Alors, je vous mentionne des différences fondamentales de
perception quant à l'avantage de tenir une commission parlementaire.
Mais il y a une chose sur laquelle je crois qu'il n'y a pas de
différences fondamentales. Je vous ai parlé que nous avions
gardé et que nous sommes un exemple de transparence dans ce sujet qui
nous intéresse tous deux. Abstraction faite de cet aspect commission
parlementaire, j'ai l'intention de voir à continuer à garder la
même attitude, celle de notre gouvernement
et je ne vois pas pourquoi cela changerait.
M. Théorêt: M. le Président. J'aimerais juste
demander au député de Bertrand s'il serait d'accord, étant
donné que le ministre s'est engagé, tantôt, à
intervenir au Conseil des ministres de 17 heures ou 17 h 30, étant
donné aussi que, dans les autres commissions, les membres de votre
formation ont libéré les ministres en s'engageant à ne pas
reprendre le temps pour qu'ils soient présents au Conseil des ministres,
si on pourrait appeler immédiatement le programme, quitte, après,
à faire votre intervention de la fin, ce qui libérerait
peut-être le ministre cinq à dix minutes avant la fin. (16 h
45)
M. Parent (Bertrand): Bien, écoutez, j'ai
été le premier à demander que le ministre soit
libéré à 16 heures.
M. Théorêt: Je vous laisse le choix. C'est une
proposition que je vous fais.
M. Parent (Bertrand): Ce que j'essayais de faire, c'était
d'accélérer pour terminer le plus rapidement possible sur la
question du libre-échange. De toute façon, on ne pourra pas vider
la question aujourd'hui. Je vais quand même y apporter une importance
particulière, comme vous l'avez fait aussi dans votre texte. Je voudrais
sensibiliser le ministre non seulement sur le côté politique mais
aussi sensibiliser tous ceux qui vous accompagnent, M. le ministre, les hauts
fonctionnaires, vos collaborateurs, sur cette importance que nous y accordons
et cette dimension de responsabilité que votre ministère porte
dans ce dossier. Il s'adonne que vous êtes le porteur de dossiers et il
s'adonne que je suis te porteur de la critique. Je vous réitère
le fait que, pour moi, ce qui est en train de se jouer actuellement est
primordial. Si je tiens tant à une commission parlementaire - c'est ce
que vous mentionnez - c'est que la portée n'est pas du tout la
même dans la procédure parlementaire que nous vivons ici. Il est
bien sûr que quand des gens comparaissent devant des comités, des
sous-comités ou peu importe, la discussion se fait un peu en cercle
fermé ou se fait sous la formule de commission parlementaire. C'est bien
différent en termes d'impact et en termes de visibilité. Ce que
j'aimerais, au cours des mois de juin, juillet, août et septembre, c'est
que tout le monde puisse en parler, que cela se parle un peu partout.
Il y a un jargon, il y a une façon d'être capable de rendre
cela plus à la portée de tout le monde de façon que les
gens se préoccupent de cela. Si les gens s'en préoccupent, ceux
qui ont des craintes, peut-être qu'elles pourraient être
dissipées. Ceux qui sont contre pourraient peut-être devenir
positifs. Ceux qui sont positifs un peu parce que cela semble être
quelque chose qui fait bien mais qui n'ont pas vu les répercussions
verraient aussi l'envers de la médaille. Il n'y a qu'une seule
façon dans notre procédure, c'est de tenir une commission
parlementaire qui permettrait cette ouverture ou cette transparence du
débat.
Quant à votre engagement du 13 mai à l'Assemblée
nationale selon lequel vous verriez cela mal, vous pourriez relire les
galées à cet effet et on pourra vous en transmettre une copie.
Cela me semble important que vous puissiez vous assurer que l'Assemblée
nationale soit saisie du contenu de ce qui sera signé entre le
Québec et le Canada, et le Canada et les États-Unis en ce qui
regarde les engagements du Québec.
Je terminerai en disant... On passera à l'aspect des chiffres
après. Ce n'est pas que les chiffres ne soient pas importants, mais de
façon générale, je dois dire que l'ensemble des
crédits apporte une réponse. C'est sûr que le ministre a
dû sûrement en réclamer plus; il en a eu en cours
d'année. Je l'ai dit l'année passée et je le
répète cette année, cela vous prend davantage d'outils
pour être capable de donner toute l'importance au commerce
extérieur, surtout qu'on a des volets qui se doivent d'être
couverts, des nouveaux volets et des nouvelles missions pour ce qui est du
commerce extérieur. Cela ne me cause pas tellement de problèmes,
l'approbation des chiffres.
En guise de conclusion, j'aimerais dire au ministre que sa position,
quant a des dossiers aussi importants que l'agence spatiale et le centre
bancaire - j'y ai fait allusion ce matin - se doit d'être encore plus
ferme, se doit d'être encore plus marquée sur la place publique.
Il est bien sûr que nous pouvons provoquer ou pousser le ministre, mais
il agira s'il veut bien agir. Quand on dit que ces dossiers ne doivent pas
échapper au Québec, cela ne dépend que de l'attitude que
l'on aura. Cela ne veut pas dire nécessairement d'avoir des attitudes
arrogantes, cela ne veut pas dire nécessairement d'avoir des attitudes
où on place les gens au pied du mur, mais je pense qu'il y a des
attitudes de conviction qu'il faut que le ministre, en tant que porte-parole
dans ces dossiers, en tant que responsable du gouvernement en ces
matières, puisse avoir pour convaincre ses homologues
fédéraux. Je verrais très mal que nous échouions,
particulièrement dans le cadre du dossier de l'agence spatiale, le
centre bancaire étant passablement amoché, si vous me passez
l'expression. Je sais, parce que je parle à un ancien banquier, que
c'est un dossier qui lui tenait beaucoup à coeur. Mais, quand je ne l'ai
pas vu dans ses priorités de la prochaine année, j'ai
été un peu déçu et c'est pour cela que je me suis
permis de le lui rappeler pour qu'il reprenne le bâton du pèlerin,
parce
que je n'ai pas cette visibilité, étant dans l'Opposition.
Un jour, vous connaîtrez cet aspect-là, mais, je me dois quand
même de le souligner au ministre, ce que je peux faire c'est de le
sensibiliser à ce sujet.
L'attitude quant au libre-échange se doit d'abord d'être
plus ferme, plus ouverte en termes de débat, et, avec ce que j'ai
mentionné précédemment sans le répéter, il
est plus clair, plus spécifique, cela me semble important qu'on puisse
absolument avoir tous les éléments. Vous avez aussi pris
l'engagement, M. le ministre, de ces études d'impact, de ces
études sectorielles qui devraient venir en annexe de ce que vous avez
présenté. J'espère que nous aurons l'occasion, dans les
prochains jours, d'avoir, de la part de vos collègues, ces études
ou toute étude qui serait disponible et qui nous permettrait justement
de pouvoir mesurer, nous aussi, davantage les impacts du
libre-échange.
Voilà, cela complète mes principaux commentaires. On peut
passer dans le domaine des chiffres pour avoir les commentaires du
ministre.
Adoption des crédits
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Si cela
complète les propos, je vais demander si le programme 1 est
adopté.
M. Parent (Bertrand): Alors, lorsqu'on parle du programme 1, on
parle du montant de 12 740...
Le Président (M. Charbonneau): On parle des 63 900 000 $.
On adopte le programme et non pas les éléments. On peut demander
si l'ensemble des éléments sont agréés mais
comme...
M. Parent (Bertrand): Comme il y a un seul programme...
Le Président (M. Charbonneau): Par rapport aux autres
ministères, parce qu'on a l'habitude, dans les autres ministères,
d'avoir plusieurs programmes, en fait, ici, on n'en a qu'un, donc on adopte le
programme et non pas les éléments. D'accord. On peut discuter,
mais finalement c'est ce qui a été fait d'une certaine
façon. Plutôt que de procéder par une discussion
spécifique sur l'élément 1, plus l'élément
2, et, par la suite, l'élément 3, vous avez fait une discussion
globale et d'une certaine façon cela m'amène à vous
demander globalement: est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Alors,
est-ce que l'ensemble des crédits - en fait c'est presque superflu,
parce que dans le cas des autres ministères, cela va, mais en tout cas -
est-ce que l'ensemble des crédits du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique est
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, il me reste à
vous remercier pour cette participation, cette collaboration et nous reprenons
à 20 heures, ce soir avec le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Parent (Bertrand): Peut-être un dernier mot, M. le
Président, avant que tout le monde ajourne. Je pensais qu'on avait un
dernier petit mot de la fin.
Le Président (M. Charbonneau): Vous pouvez y aller.
M. Parent (Bertrand): Je voudrais remercier le ministre de
même que tous ses collaborateurs, tous ceux qui ont préparé
ces cahiers. On aurait aimé les avoir un peu d'avance, mais à
toutes fins utiles, on les a reçus dans les six, sept jours qui ont
précédé. Mais je veux les remercier quand même de
toutes les informations que j'ai pu obtenir, même si notre séance
a été relativement courte, parce que j'ai un peu l'impression
qu'il s'est passé à peine une heure, alors qu'il s'en est
passé cinq. Je veux assurer le ministre que j'apporterai, au cours de la
prochaine année, toute ma collaboration, dans la mesure où elle
pourra cadrer à l'intérieur de ce que, moi, j'ai pu avancer comme
position aujourd'hui, tant en ce qui concerne le libre-échange que les
autres éléments. J'aimerais aussi avoir, de la part du ministre
toute cette ouverture qu'il a pratiquée ou qu'il semble offrir.
M. MacDonald: Si vous me le permettez, M. le Président,
moi aussi j'ai été le porte-parole aujourd'hui du travail de
dizaines et de dizaines de personnes dans mon ministère, personnes que
j'aimerais remercier. La tenue d'une réunion comme aujourd'hui a
nécessité beaucoup de travail, ce qui se retrouve
particulièrement dans les documents que vous avez vus. J'aimerais
rassurer le député de Bertrand et tous vos collègues,
effectivement, M. le député de Bertrand, que nous garderons le
genre d'ouverture et de transparence dans le traitement des dossiers majeurs
que nous avons déployée. J'ai l'intention de fonctionner
exactement de la même façon dans les prochaines années. Si
vous avez besoin d'information et qu'on peut vous donner ces informations,
contexte des négociations, etc, cela me fera toujours plaisir d'en
discuter avec vous,
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce,
mesdames et messieurs, merci beaucoup de votre collaboration et nos
travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures ce soir. {Suspension de la
séance à 16 h 55)
(Reprise à 20 h 5)
Crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous procéderons maintenant à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Industrie et du
Commerce pour l'année financière 1987-1988. Je vous rappelle
qu'en ce qui concerne l'organisation des travaux, la chose la plus simple,
compte tenu de ce qui se fait dans plusieurs commissions, c'est de faire une
discussion... Je ne sais pas, je présume que le ministre et le critique
de l'Opposition se sont entendus sur les sujets qu'ils veulent aborder. Je ne
sais pas, à moins que vous vouliez procéder programme par
programme, l'autre possibilité, c'est de procéder selon l'ordre
d'intérêt que vous auriez mutuellement fixé ou sur lequel
vous vous seriez entendus, et nous adopterions les crédits globalement
à la fin. Ce sont deux possibilités: programme par programme ou
globalement, selon un ordre de sujets sur lesquels vous vous seriez entendus.
J'aimerais cela avoir des indications sur...
Organisation des travaux
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Écoutez M. le Président, quant à moi, je n'ai pas
de préférence marquée pour l'une ou l'autre chose. Je
considère que c'est peut-être une occasion où l'Opposition
comme c'est son droit, à ce moment-ci, peut choisir de nous indiquer
comment elle veut procéder, avec une seule réserve
évidemment, c'est que, par entente ou discussion préalable, il a
été convenu qu'en ce qui concerne les programmes de la
Société de développement industriel, par exemple, qui
apparaissent dans le livre des crédits, ce serait traité demain
afin de nous assurer de la présence, à un moment précis,
des gens de la SDI sans trop perturber leur horaire de travail. Alors, quant au
reste, l'Opposition ne m'a pas indiqué son choix sur la façon de
procéder ni, pourrais-je préciser, ne lui ai-je
demandé.
Le Président (M. Charbonneau): Bon, M. le
député de Bertrand, est-ce que vous avez des...
M. Parent (Bertrand): Alors, on va s'entendre très
rapidement, M. le Président, vous allez voir que cela ne sera pas
compliqué, le ministre est très collaborateur.
De la façon dont je voyais cela, c'est qu'essentiellement, il y a
la présentation de départ faite par le ministre, un peu une
réplique comme toile de fond et ensuite on peut embarquer dans les
différents dossiers. L'approbation, un peu comme on l'a fait aujourd'hui
pour le commerce extérieur, des crédits pourra se faire à
la toute fin du groupe des sept heures. J'avais l'intention ce soir qu'on
puisse parler de dossiers qui sont reliés directement à
différentes sociétés d'État aussi, tels que la SGF,
SIDBEC et les choses reliées au libre-échange, regarder demain,
entre 17 heures et 18 heures, la question de la SDI, puisqu'il y aurait M.
Marcil ou des personnes qui devait venir, et continuer demain soir, de 20
heures à 22 heures, le reste des autres dossiers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'aurais un commentaire
immédiatement. Quant à traiter de SIDBEC, il n'y a pas de
problème, parce qu'il y a des postes dans le livre des crédits
qui, évidemment, traitent de SIDBEC et de notre soutien financier, des
programmes de transfert. Quant à la Société
générale de financement, elle n'apparaît nulle part dans le
livre des crédits, et cela m'apparaît irrégulier d'en
traiter à ce moment.
Le Président (M. Charbonneau): Pour vous donner une
indication, je sais qu'à la commission des affaires sociales où
je suis par ailleurs critique de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu, il n'y a pas de crédits proprement dit
qui sont établis pour la Régie des rentes du Québec, mais
comme la Régie des rentes relève du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, à l'occasion de
l'étude des crédits, on questionne le ministre sur
l'administration de la Régie des rentes. Donc, si vous voulez avoir un
précédent... Je sais que cela fait au moins deux ans, en tout
cas, en ce qui me concerne, que cela fonctionne comme cela. Je comprends que
c'est d'abord les crédits budgétaires qui sont au livre des
crédits mais ce sont aussi les organismes qui sont sous la tutelle du
ministre responsable...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je vous ferais remarquer
tout de suite évidemment qu'il y a d'autres mécanismes qui
permettent à la commission de convoquer devant elle des organismes, soit
par mandat d'initiative, soit en vertu des dispositions qui amènent la
commission tous les ans à scruter les activités d'une
société d'État, de quelque organisme qui pourrait relever
d'un ministère ou d'un autre. Je dirais tout de suite que nous avons
déjà indiqué, quant à la SGF, qu'elle devra
soumettre son plan de développement dans les mois à venir et
qu'il y aura à ce moment une commission parlementaire. On pourra en
parler très longue-
ment à ce moment. Je pense que le député verra,
à l'occasion des questions qu'il pourrait poser sur la SGF, la mesure
dans laquelle je pourrai y répondre. Enfin, on verra quand on arrivera
là.
Le Président (M. Charbonneau): La semaine dernière,
par exemple, la commission a étudié ici pendant plusieurs heures
la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Là encore, il n'y a pas de crédits proprement dits qui
relèvent...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah oui!
Le Président (M. Charbonneau): ...mais qui ne sont pas
directement au livre de crédits.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, plus maintenant?
Le Président (M. Charbonneau): Donc, c'est pour cela que
cet exemple ou l'exemple de la Régie des rentes, c'est clair qu'ils ont
un budget mais ce ne sont pas des budgets imputés à...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais vous citer d'autres
précédents. Quand j'étais critique de l'Opposition en
matière de finances, le ministre d'alors, à ma demande,
convoquait avec courtoisie, sinon avec plaisir, la Caisse de
dépôt, par exemple, qui n'apparaît nulle part dans le livre
des crédits. Je me souviens de cette courtoisie-là.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends votre
dernière réponse, vous acceptez de continuer maintenant de
l'autre côté à utiliser le même type de courtoisie
avec les réserves que vous voudrez bien manifester dans vos
réponses.
Est-ce que cela va pour le reste?
Je propose qu'immédiatement, M. le ministre, vous fassiez vos
commentaires préliminaires et, par la suite, le député de
Bertrand, pour qu'on puisse...
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Je veux souhaiter la bienvenue à tous les
collègues, ministériels et de l'Opposition, qui sont ici ce soir
et qui reviendront, je présume, demain soir avec beaucoup d'entrain
étudier les crédits 1987-1988 du ministère de l'Industrie
et du Commerce.
J'aimerais tout de suite vous présenter les gens qui
m'accompagnent. À ma gauche, M. Charles Beaulieu, mon sous-ministre;
à l'extrême droite, M. Marcel Pelletier, sous-ministre adjoint
à l'administration; à ma droite immédiate, M. Michel
Gagnon, directeur général de l'administration. Sont
également présents M. Pierre Delisle, sous-ministre adjoint,
services aux entreprises; Michel Leguerrier, sous-ministre adjoint aux
sociétés d'État, Michel Bussières, directeur
général de la planification, M. Yves Rancourt, directeur
général, services aux entreprises, et M. Gaston Carrière,
de la Société de développement industriel, de même
que le personnel de mon cabinet que la tradition, je croîs, n'a jamais
établi comme devant être présenté nominativement
à une commission parlementaire, mais je vais établir une
tradition en vous présentant Mme Paule Bourbeau et Mme Jocelyne
Harvey.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que ce sont deux
attachées politiques ou si l'une est directrice de cabinet, quoi? Quant
à faire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas de directeur de
cabinet...
Le Président (M. Charbonneau): Pas encore.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De précieuses
collaboratrices.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
l'étude des crédits pour l'année financière
1987-1988 me permet de faire, une première fois de façon plus
complète qu'il n'aurait été possible jusqu'à
aujourd'hui, le bilan de l'action du ministère de l'Industrie et du
Commerce depuis le changement de gouvernement. Par ailleurs, c'est aussi une
occasion privilégiée de dresser la liste des priorités
d'action que j'ai retenues.
En effet, à cette époque l'an dernier, je pouvais tout au
plus témoigner de certains gestes administratifs relativement pressants
qu'il avait fallu poser comme ministère pour contribuer au redressement
des finances publiques tout en assurant le maintien des services importants
pour nos clientèles, les personnes, les entreprises et les organismes
qui constituent les intervenants du développement économique du
Québec. Ainsi, en allant au plus pressant dans la très courte
période à sa disposition, le ministère avait alors
consolidé certains programmes ou modifié le cadre de sa
participation financière aux activités de certains organismes
sans toucher réellement les programmes d'aide aux entreprises. En effet,
on pouvait rapidement mettre PRO-PME sur
pied pour succéder aux programmes existants ou appeler des
intervenants à soutenir davantage les corporations de
développement économique, mais on ne devait s'aventurer dans les
dédales des programmes de la Société de
développement industriel en vue de les modifier qu'après un
exercice de consultation et de réflexion des plus complets.
Je décrirai plus loin avec force détails les lignes
directrices et la caractéristique de ce nouveau partenariat avec
l'entreprise québécoise. J'en profite d'ailleurs pour remercier
tous ceux qui nous ont accordé tant de disponibilité pour appuyer
les efforts et ressources consacrés à cette tâche par tous
mes collaborateurs. J'ai été extrêmement satisfait de
constater l'accueil enthousiaste réservé à cette
orientation nouvelle de la Société de développement
industriel du Québec.
D'autre part, l'année dernière m'a permis de prendre avec
beaucoup de précision le pouls de l'économie du Québec
pour découvrir les facteurs déterminants qui peuvent le mieux
assurer la force et la régularité de notre coeur
économique, les secteurs d'activité où les investissements
doivent être encouragés et suscités pour donner lieu
à la croissance de l'emploi. C'est l'ensemble des choix dans ces
matières qui constitue l'illustration concrète d'une
stratégie de développement industriel au-delà des efforts
constants consentis par le gouvernement pour améliorer le climat
permettant à nos entreprises d'éclore et de croître.
D'abord, les priorités d'intervention en matière de
développement industriel. La répartition internationale des
facteurs de production a pris une ampleur insoupçonnée il y a
seulement quelques années. En effet, les changements économiques
qui ont eu lieu dans la dernière décennie et les perspectives
pour la prochaine ne sont pas simplement des phénomènes
cycliques. Plusieurs changements paraissent permanents et sont tellement
fondamentaux qu'ils représentent plutôt une restructuration de
l'économie mondiale. En même temps que celle-ci fait face à
des problèmes sérieux, l'interdépendance entre les pays
s'est accrue considérablement faisant place à une vive
concurrence non seulement sur les marchés internationaux, mais aussi sur
tes marchés intérieurs. Le gouvernement du Québec se doit
d'avoir une stratégie industrielle qui tienne compte du fait que la
plupart des pays industrialisés font face aux mêmes
problèmes et qu'ils poursuivent les mêmes objectifs, souvent avec
des moyens supérieurs aux nôtres. En l'occurrence, l'objet de la
stratégie industrielle du ministère de l'Industrie et du Commerce
est essentiellement de déclencher, à court et moyen terme, le
maximum d'investissements dans six secteurs prioritaires. Pour réussir
de telles percées sectorielles, il apparaît fondamental de
proposer aux intervenants privés de toute origine un ensemble de mesures
et d'incitatifs susceptibles de positionner favorablement le Québec. En
somme, il s'agit de bien faire connaître les avantages comparatifs du
Québec dans ces secteurs et d'utiliser, au besoin, nos leviers
d'intervention. (22 h 15)
D'abord, il nous apparaît impératif de priviléqier,
au sein des entreprises de tous les secteurs industriels, le
développement des fonctions clés telles que la formation des
chefs d'entreprise, la recherche et le développement, l'automatisation,
la qestion intégrale de la qualité, le desiqn et l'innovation. En
effet, la capacité concurrentielle des entreprises, tant dans nos
marchés intérieurs que sur les marchés d'exportation, doit
s'appuyer sur la conception et la fabrication de produits distinctifs reconnus
pour leur qualité et leurs caractéristiques innovatices.
L'éventualité de la libéralisation bilatérale du
commerce entre le Canada et les États-Unis nous oblige à nous
engager résolument dans cette voie.
Premièrement, les industries éner-givores. Les industries
grandes consommatrices d'énergie constituent sans doute le secteur
industriel où l'avantage comparatif québécois est à
la fois le plus important et le mieux connu. À l'assurance d'une
stabilité d'approvisionnement à long terme, le gouvernement
québécois ajoutait, au début des années
quatre-vingt, des formules de rabais tarifaires se terminant en 1991, en fait
en 1990 pour les secteurs de l'aluminium et du magnésium. Ces stimulants
tarifaires ont permis de produire quelque 2 500 000 000 $ d'investissements
depuis trois ou quatre ans, dont 1 700 000 000 $ dans le secteur de l'aluminium
avec les investissements de l'aluminerie de Bécancour et de Reynolds et
400 000 000 $ dans celui du magnésium avec l'investissement de Norsk
Hydro.
Il nous faut maintenant concevoir et opérationaliser de nouveaux
scénarios de développement nous permettant de préserver le
momentum des dernières années. À ce chapitre, des
discussions ont présentement cours avec mon collègue du
ministère de l'Énergie et des Ressources afin de préciser
les actions qu'entend retenir le gouvernement vis-à-vis des
investissements associés à une dizaine de projets industriels
totalisant quelque 3 000 000 000 $ et qui sont présentement en
gestation, et ce, dans les secteurs de l'électrométallurgie et de
l'électrochimie.
Deuxièmement, le secteur des véhicules et des
pièces. Le second secteur prioritaire retenu est celui des
véhicules et des pièces. En effet, les industries
québécoises du véhicule motorisé et des
pièces occupent une place plutôt marginale dans l'ensemble
canadien, accaparant seulement 8,8 % de l'emploi canadien dans le
sous-secteur de l'assemblage et 5 % dans le sous-secteur des pièces,
soit environ 7500 emplois directs sur un total canadien de 110 300 emplois. Le
mouvement d'internationalisation de cette industrie et les changements
technologiques qui s'y produisent auront des répercussions multiples sur
ce secteur et sur d'autres branches industrielles. Il est donc indispensable de
chercher à canaliser ces développements à l'avantage du
Québec.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce a entrepris, depuis
déjà quelques années, les démarches en vue de
favoriser l'établissement d'une véritable industrie d'assemblage
des véhicules et de la fabrication de pièces au Québec.
Notre action, au cours de la prochaine année, dans le secteur des
véhicules et pièces sera orientée vers l'atteinte des
objectifs stratégiques suivants: favoriser l'implantation de nouveaux
constructeurs orientés principalement vers la production de
véhicules de moyenne et courte série et de véhicules
spécialisés; adopter une approche sélective quant aux
produits à développer et à fabriquer en favorisant
l'implantation et le développement d'entreprises
étrangères dans la fabrication de pièces à grand
volume, en soutenant les entreprises autochtones désirant poursuivre ou
entreprendre leur pénétration sur le marché de
première monte, recherche et développement, échanges
technologiques, gestion de la qualité, productivité,
automatisation, exportation et financement étant quelques exemples.
Nous allons donc intensifier nos activités de promotion
d'investissements à l'étranger sur la base d'opportunités
réelles de marché. Je voudrais souligner qu'à ce chapitre,
je n'ai pas ménagé mes efforts puisque je me suis rendu trois
fois en Asie depuis que je suis ministre de l'Industrie et du Commerce et que
je prévois m'y rendre pour la quatrième fois à l'automne.
Je reviendrai d'ailleurs un peu plus loin sur ces activités de promotion
à l'étranger.
Troisièmement, l'aérospatiale et les produits de
défense constituent un autre secteur prioritaire de
développement. L'industrie aérospatiale québécoise
se compose de trois paliers d'activités, soit les maîtres
d'oeuvre, tels Canadair, Pratt & Whitney, Bell Helicopter et Spar;
deuxièmement, les équipementiers, c'est-à-dire ceux qui
s'adonnent à la fabrication de sous-ensembles d'aéronefs, de
moteurs d'engins spatiaux, etc.; et, finalement, les sous-traitants qui sont
des usîneurs, fondeurs et outilleurs. Cette industrie, au Québec,
représente environ 18 000 emplois, ce qui signifie la moitié des
emplois totaux du secteur au Canada.
Les succès notoires de l'industrie aérospatiale
québécoise sur les marchés internationaux et, en
particulier sur le marché américain ont, depuis longtemps,
démontré que cette industrie possède une excellente
capacité de concurrencer ses compétiteurs. Son niveau
d'activités connaît des fluctuations périodiques
associées à la conjoncture économique mais aussi aux
changements technologiques incessants et aux considérations politiques
qui sont le lot de cette industrie.
Le gouvernement fédéral est perçu comme
étant la véritable influence dans le développement de
cette industrie. Ceci s'explique, d'une part, par son implication
marquée dans le développement de l'industrie aéronautique
et spatiale et des produits de la défense par le biais du programme
DIPP, Defense Industry Productivity Program, qui permet d'accorder aux
entreprises des subventions substantielles à l'achat d'équipement
et à la recherche et, d'autre part, par des achats militaires qu'il
utilise pour favoriser le développement de ce secteur. C'est pourquoi
toutes nos actions et nos initiatives sont concertées avec les gens du
ministère de l'Expansion industrielle régionale. Elles doivent
s'inscrire dans une perspective canadienne.
Notre action, au cours des prochains mois, visera à appuyer
solidement nos entreprises dans l'obtention de contrats majeurs, à
conserver aux entreprises québécoises la place
prédominante qu'elles occupent dans l'industrie aérospatiale
canadienne et à prendre les moyens pour optimiser les retombées
économiques au Québec des différents projets militaires
tant canadiens qu'étrangers.
Nous intensifierons nos activités de prospection à
l'étranqer pour susciter des investissements qui viendront renforcer la
structure industrielle existant dans ce secteur. Nos efforts intensifs de
promotion porteront sur une prospection européenne ciblée vers
les fabricants de systèmes électromécaniques,
l'instrumentation, les roulements de haute précision, les alliages
nouveaux, afin de les sensibiliser à l'opportunité de venir
s'établir au Québec ou à y faire des affaires
conjointement avec des sociétés québécoises en vue
de pénétrer l'ensemble du marché
nord-américain.
Nous porterons également nos efforts sur les matériaux
composites en assistant les manufacturiers locaux et en incitant une vingtaine
d'entreprises étrangères préidentifiées à
venir s'établir au Québec. De même à l'égard
des systèmes hydrauliques afin d'ajouter aux sociétés
déjà bien établies au Québec dans les commandes de
vol et les petits trains d'atterrissage.
Une quatrième priorité concerne les industries
pharmaceutiques et de biotechnologie santé. On dénombre au
Québec plus d'une cinquantaine d'établissements de recherche ou
de fabrication dans les
domaines pharmaceutiques ou de la biotechnologie reliée à
la santé. Plus de 6000 personnes travaillent dans ces secteurs, une
forte proportion de ces emplois étant de niveaux universitaire et
collégial. Le gouvernement fédéral, s'apprête
à modifier la Loi sur les brevets qui, depuis 1969, a beaucoup nui
à l'activité pharmaceutique et au développement des
bio-industries au Québec. Plusieurs entreprises ont d'ailleurs, depuis
lors, arrêté ou diminué leurs activités canadiennes.
La nouvelle Loi sur les brevets devrait permettre au Québec de tirer
profit du nouveau contexte d'investissement. Dans le seul secteur de la
recherche et du développement pharmaceutique, les prévisions de
retombées industrielles québécoises découlant de la
modification à la loi sont de 600 000 000 $ sur la période
1987-1996, avec la création de 1200 emplois dans les entreprises et dans
le milieu universitaire. Ces emplois, hautement spécialisés, sont
très bien rémunérés et générateurs
d'un taux élevé d'activités économiques. Par
ailleurs, le gouvernement fédéral et l'Association canadienne de
l'industrie du médicament ont confirmé que Montréal serait
le centre canadien de biotechnologie.
Aussi, au cours des prochaines années, nous devrons multiplier
nos efforts afin que le Québec bénéficie au maximum de
cette nouvelle conjoncture. Il faudra, entre autres, positionner le
Québec comme un centre d'excellence dans ces secteurs et comme site
privilégié d'investissements, s'assurer que le Québec
obtienne plus de 40 % des retombées en recherche et développement
promises par l'industrie pharmaceutique, rechercher et développer des
outils qui augmenteront l'intérêt des pharmaceutiques et des
bioindustries à venir s'installer au Québec.
L'industrie de l'électronique et de l'informatique constitue un
cinquième axe de développement prioritaire. Au Québec,
cette industrie de la haute technologie est concentrée dans quatre
régions. Montréal possède une importante concentration
d'entreprises du secteur des équipements de
télécommunications et de produits informatiques et bureautiques.
Québec est bien connu comme le plus important centre
d'opto-électronique au Canada. Sherbrooke, avec sa Société
de microélectronique industrielle, est devenu un important centre de
recherche en électronique. Enfin, Hull vit actuellement une croissance
importante d'entreprises dans les secteurs variés de
l'électronique. Quant à l'industrie du logiciel, c'est une
industrie jeune et en plein essor et des petites entreprises naissent un peu
partout au Québec.
L'industrie de l'électronique, au Québec, est innovatrice
et productive. Elle a développé différents produits
distribués à l'échelle internationale. Le secteur du
matériel de télécommunications est un exemple type de
l'effet d'internationalisation des marchés électroniques. Les
entreprises québécoises de ce secteur ont obtenu un succès
notable sur les marchés extérieurs, et en particulier sur les
marchés américains, en raison de la qualité des produits
offerts. Il est de première importance de maximiser nos efforts pour
accroître le développement de ces secteurs de haute technologie au
Québec, compte tenu de l'importance des marchés en pleine
croissance que l'on y retrouve et de la qualité des emplois qui pourront
y être créés et qui constitueront un débouché
direct pour nos diplômés de collèges et
d'universités. De façon générale, ce secteur
devrait faire l'objet d'une aide particulière au chapitre de
l'exportation.
Notre action, au cours de la prochaine année, s'orientera vers la
mise en place de la politique visant l'élargissement des marchés
gouvernementaux dans le secteur des technologies de l'information. Cette
politique permettra d'entreprendre, premièrement, une action intensive
de promotion d'investissements auprès des firmes importantes du secteur
de la bureautique et de l'informatique et, deuxièmement,
l'élaboration et la mise en place d'une stratéqie de
développement de l'industrie du logiciel. Nous prévoyons
également intensifier nos activités de prospection au Japon et
aux États-Unis pour inciter des firmes étrangères à
investir au Québec, pour diversifier la base industrielle de ce
secteur.
Le sixième secteur prioritaire est celui des produits en
matière plastique. Au cours des quinze dernière années,
l'industrie des plastiques est celle qui a connu le rythme de croissance le
plus rapide au Canada. L'industrie québécoise de la
transformation des plastiques, avec 25 % de l'ensemble canadien, compte plus de
600 entreprises, ce qui représente 1 700 000 000 $ en chiffre d'affaires
et 25 000 emplois. Près de 50 % de la production du Québec est
destinée aux marchés extérieurs.
L'industrie québécoise a, jusqu'à maintenant, connu
une excellente performance. Toutefois, les marchés principaux des
entreprises du Québec, soit ceux de la substitution de produits d'usage
courant en verre, en acier ou autre matériau que le plastique,
s'effritent au profit d'une concurrence canadienne et étrangère
accrue. La maturité des marchés traditionnels et la concurrence
obligent désormais toutes les entreprises qui veulent survivre à
devenir plus productives, c'est-à-dire à se mettre à la
fine pointe des technologies et à accentuer les efforts de recherche, ce
qui requiert des investissements substantiels.
Or, les entreprises québécoises présentent un
retard sur leurs concurrents ontariens et américains à ce point
de vue. Cette faiblesse relative est attribuable à une faible
pénétration des marchés de pièces
techniques et à grand volume, ainsi qu'à un manque de
capitaux privés pour les investissements massifs. Notre action, au cours
de la prochaine année, sera axée vers un soutien aux
entrepreneurs, dans l'automatisation industrielle et la modernisation des
équipements existants, de même que dans le développement
des pièces techniques et à grand volume de production,
prioritairement dans le secteur de l'automobile.
Le choix de ces six secteurs prioritaires est, de fait, basé
à la fois sur les avantages comparatifs naturels, sur l'expertise
actuellement présente au Québec et sur les retombées
économiques associés au potentiel de restructuration du tissu
industriel québécois. Pour souligner l'importance que nous
attachons à cette stratégie de développement, je voudrais
faire remarquer qu'en vertu de la seule entente de développement
industriel, nous avions, en date du 26 mars 1987, autorisé de l'aide
à des projets industriels dont l'investissement totalisera environ 1 500
000 000 $, et que des projets de plus de 600 000 000 $ sont en cours de
traitement.
Puisque nous en sommes à parler de l'aide accordée aux
entreprises par le ministère de l'Industrie et du Commerce, j'aimerais
profiter de cette occasion pour passer en revue les principales
activités de la Société de développement industriel
et du Centre de recherche industrielle du Québec.
D'abord, la SDI. Du 1er avril 1986 au 31 mars 1987, la SDI a consenti
1302 aides financières dans le cadre de ses différents programmes
pour des montants totaux autorisés de 456 000 000 $. Cette participation
financière comprend notamment 79 dossiers de sociétés de
placement dans l'entreprise québécoise, les SPEQ, qui, toutefois,
ne nécessitent pas de déboursement de la SDI, puisque l'aide
consentie consiste en des avantages fiscaux, bénéficiant aux
contribuables qui investissent dans ces SPEQ.
Quatre secteurs d'activité ont obtenu 52 % de l'aide totale. Par
ordre décroissant d'importance, il s'agit du secteur du matériel
de transport, 28 %, du tourisme, 10 %, des produits électriques et
électroniques, 8 % et des produits du bois, 7 %. Sur le plan
régional, les entreprises de Montréal et de Québec ont
obtenu respectivement 78 % et 11 % de l'aide totale, reflétant en cela
la concentration régionale de notre industrie et,
particulièrement, celle de notre industrie de pointe. Toutefois, cette
répartition diffère passablement de celle de l'an dernier, alors
qu'avec le projet Domtar, l'Estrie accaparait 27 % de l'aide totale
autorisée pour retomber à 3 % cette année.
Selon des données provisoires, l'aide attribuée par la SDI
en 1986-1987 aura permis de créer environ 19 000 nouveaux emplois. Par
ailleurs, environ 12 000 emplois ont été maintenus, notamment par
l'entremise du programme de financement des entreprises dont l'objectif
était spécifiquement de maintenir des emplois. De plus, l'aide
attribuée par la SDI en vertu des autres programmes a renforcé la
position concurrentielle d'entreprises qui avaient à leur emploi au
Québec environ 27 000 personnes. Rappelons que, grâce à
l'orientation de ces programmes, les emplois créés par la SDI
sont généralement de qualité supérieure à la
moyenne. (20 h 30)
En effet, les aides consenties le sont majoritairement pour des projets
impliquant une technologie avancée et une bonne croissance des
marchés visés. Les secteurs d'investissements
privilégiés sont largement ceux où l'on retrouve une
productivité et des salaires supérieurs à la moyenne de
l'industrie et pour lesquels l'espérance de vie de l'emploi
créé apparaît également au-dessus de la moyenne.
À titre d'exemples, mentionnons les secteurs suivants qui ont
bénéficié d'une aide substantielle de la SDI: l'industrie
du matériel de transport, tels les transports en commun,
l'aéronautique, l'automobile, celle des produits électriques et
électroniques, l'industrie chimique, l'industrie des plastiques, celle
des services informatiques. On trouvera de plus amples informations sur les
interventions de la SDI en 1986-1987 dans les documents qui ont
été déposés.
Par ailleurs, l'essentiel des efforts en ce qui concerne la SDI a
porté sur la révision complète des programmes d'aide
à l'entreprise. Ces nouveaux proqrammes ont fait l'objet d'une
publication dans la Gazette officielle et sont en vigueur depuis le 1er
avril dernier. Cette nouvelle grille de programmes présente un certain
nombre de caractéristiques fondamentales destinées tant à
accroître l'efficacité des mesures d'aide à l'entreprise
qu'à développer des formes d'aide qui collent mieux aux besoins
du monde des affaires, tout en diminuant substantiellement la ponction annuelle
sur le plan des crédits budgétaires.
La première caractéristique de cette nouvelle grille de
programmes découle d'un sérieux effort de rationalisation. D'une
quinzaine de programmes ou de volets de programmes qui se sont ajoutés
ou superposés au fil des ans, le nombre de programmes directement
administrés par la SDI a été réduit à
quatre, soit l'aide à l'investissement, l'aide aux exportations, l'aide
à la recherche et innovation, et le financement de dernier recours. Par
ailleurs, la SDI continue d'administrer la loi du crédit
touristique.
La seconde caractéristique de cette nouvelle programmation
apparaît nettement plus fondamentale et constitue un virage majeur dans
le concept de l'aide à l'entreprise. Pour l'essentiel, la nouvelle
programmation substitue au concept des subventions traditionnelles
souvent automatiques et dans bien des cas peu déterminantes dans la
décision d'investir, elle substitue donc le concept de partage du risque
avec l'entrepreneur. La nouvelle forme d'aide permet à la SDI de jouer
un rôle beaucoup plus efficace comme déclencheur de projets qui
autrement ne se réaliseraient pas. Concrètement, cette notion de
partage du risque se traduit dans les cas de l'aide à l'investissement
par l'offre de prêts non garantis pouvant atteindre 35 % de
l'investissement, donc par une aide beaucoup plus significative dans le
financement du projet que l'apport souvent marginal de subventions de l'ordre
de 10 % à 15 %. Ces prêts ont un terme maximum de dix ans et
comportent l'énorme avantage pour l'investisseur de pouvoir porter
intérêt à un taux fixe. De plus l'introduction d'un
moratoire de remboursement pouvant atteindre trois ans permet de réduire
l'impact direct sur les liquidités de l'entreprise au cours de la
période critique de démarrage du projet. Enfin, dans un bon
nombre de cas, il s'agira d'un prêt de type participatif dont le
remboursement sera lié à la profitabilité de l'entreprise.
Ces trois dernières particularités des nouvelles formes d'aide
auront un effet nettement stimulant sur les investissements en réduisant
fortement le risque ou la perception de risque lié à toute
décision que doivent prendre les dirigeants d'entreprise en
matière d'investissements. En contrepartie, cette même notion de
partage du risque pourra jouer dans les deux sens. Ainsi, en cas de
succès, la SDI peut partager avec l'entreprise une partie des
bénéfices découlant d'une profitabilité accrue
à la suite des investissements réalisés.
La troisième caractéristique découle d'un ensemble
de modalités qui rendent l'aide nettement plus incitative. Il s'agit en
quelque sorte de modifier une pratique d'aide à l'entreprise qui, dans
le passé, a suscité des interventions nombreuses et souvent de
faible niveau par rapport aux sommes investies et qui, dans une nette
majorité de cas, avait peu d'influence sur la décision d'investir
ou de ne pas investir. Concrètement, les nouveaux programmes
prévoient l'application de critères précis
d'évaluation du risque du projet, des marchés visés et de
la capacité financière de l'entreprise à réaliser
le projet qui permet de s'assurer du caractère incitatif de l'aide. Nous
pouvons ainsi obtenir un impact économique nettement plus
élevé pour chaque dollar public investi dans l'appui au
développement de nos entreprises.
En quatrième lieu, il est apparu important d'introduire des
dispositions particulières permettant de bonifier l'aide à
l'investissement à l'égard de deux types de priorités
gouvernementales. En ce sens, les normes introduites dans ce programme
priviléqient les projets situés en régions
périphériques de même que les projets appartenant à
des secteurs industriels jugés prioritaires pour le développement
de l'économie québécoise.
La nouvelle programmation aura comme cinquième
caractéristique de placer un accent majeur sur les projets d'exportation
et de recherche et développement. Ainsi, les nouveaux programmes d'aide
couvrent des champs d'intervention plus larges et le prêt consenti peut
atteindre 50 % des dépenses admissibles. Il s'agit la de deux
priorités fondamentales qui constituent la base même de la
croissance économique. Elles sont d'ailleurs étroitement
interreliées puisque le développement de nos exportations repose,
pour l'essentiel, sur le niveau et le succès de nos efforts en
matière de recherche et de développement, qu'il s'agisse de
nouveaux produits ou procédés de fabrication nouveaux et plus
efficaces.
Enfin, la nouvelle approche de la SDI présente cette
caractéristique non négligeable de constituer un fonds d'aide
renouvelable à même le remboursement des prêts consentis aux
entreprises. La ponction annuelle sur les crédits budgétaires du
gouvernement sera ainsi à terme substantiellement réduite alors
que la nouvelle programmation aura un impact accru en matière de
déclenchement de projets de développement.
Cette nouvelle programmation a reçu un accueil fort enthousiaste
des milieux d'affaires. Déjà, il apparaît que les quelque
120 000 000 $ de prêts autorisés prévus à la
programmation de la SDI pour l'année 1987-1988 auront un impact
significatif en matière de développement économique.
En ce qui concerne le Centre de recherche industrielle du Québec,
conformément à l'objectif établi à son plan
quinquennal, le CRIQ a poursuivi et intensifié, en 1986-1987, ses
efforts en vue de se rapprocher de sa clientèle industrielle et de faire
du centre un partenaire évoluant encore davantage à la mesure et
au rythme de l'industrie. Le CRIQ a ainsi déployé des efforts
pour implanter des modes de gestion similaires à ceux que l'on retrouve
dans les entreprises industrielles les plus performantes. L'année
1986-1987 a donc marqué le coup d'envoi de l'implantation de nouveaux
modes de gestion par centres de coûts et de l'orientation des fonds
disponibles aux activités de recherche prioritaires selon une approche
destinée à élargir le portefeuille actuel des services du
centre.
Il faut également souligner la conclusion de deux ententes de
coopération importante destinées à faire du CRIQ la
tête de pont d'un réseau de services techniques accessibles aux
entreprises. Il s'agit, d'une part, d'une entente avec l'Association des
manufacturiers canadiens donnant accès à
une subvention de 1 000 000 $ en vue de l'implantation d'un centre de
démonstration en production assistée par ordinateur dans les
installations du CRIQ à Montréal. Une seconde entente intervenue
avec le cégep de Victoriaville a comme objet la création du
Centre de recherche industrielle du meuble et du bois ouvré
destiné à dispenser des services d'aide technique à
l'intention des quelque 1200 entreprises de ce secteur.
Il est prévu que la valeur des contrats de services,
estimée à 15 100 000 $, dépassera celle de l'an dernier de
près de 20 % et de 7,7 % les objectifs fixés en début
d'exercice. Le niveau d'autofinancement pour l'exercice s'établit
à 45 %, notamment en raison d'une gestion rigoureuse des
dépenses. En effet, celles-ci se situent au même niveau que l'an
dernier alors que les revenus provenant des ventes, en excluant achat et
sous-traitance, s'annoncent supérieurs de 11 % à ceux de
l'année précédente. Les objectifs et le budget
prévus pour 1987-1988 traduisent d'ailleurs la nécessité
pour le CRIQ de maintenir la tendance vers un accroissement de son niveau
d'autofinancement.
Soucieux d'améliorer l'impact de son rôle-conseil
auprès des dirigeants d'entreprise et de se rapprocher de sa
clientèle, le ministère de l'Industrie et du Commerce intensifie
la régionalisation de ses activités. En sus du mandat d'aide
à la gestion, plusieurs autres responsabilités ont
été confiées graduellement au personnel dans les
régions dans le but d'améliorer le service à la
clientèle. Ces nouveaux dossiers sont, entre autres, la promotion de
l'entrepreneurship auprès des femmes et des jeunes, la formation des
dirigeants d'entreprise, le démarrage d'entreprises et la gestion de
nouveaux programmes.
La régionalisation d'une partie des ressources du
ministère a permis d'offrir aux chefs d'entreprise un service plus
personnalisé et mieux adapté à leurs besoins. Les
conseillers en développement industriel exercent un rôle-conseil
auprès des dirigeants d'entreprise en matière de gestion. Ils
agissent comme support à l'entreprise, soit directement en
établissant un diagnostic, soit indirectement en proposant au dirigeant
des activités de formation, des programmes d'aide ou en l'orientant vers
des partenaires susceptibles de l'aider. Le travail du personnel en
région permet de renforcer la structure économique du
Québec et ses interventions qualifiées d'approches- entreprises
en constituent le moyen privilégié.
De plus en plus, la gestion des programmes est confiée aux
directions régionales afin d'accélérer le traitement des
dossiers et d'offrir ainsi un meilleur service à la clientèle.
PRO-PME, un programme d'aide financière qui a remplacé UNI-PME
et
Outils de gestion, a été, dès sa mise en place,
qéré en région et conçu pour répondre aux
besoins spécifiques des entreprises qui ont été
identifiées par les directions régionales. La
régionalisation toute récente de la gestion du programme Nouveaux
entrepreneurs, autrefois connu sous le nom de Bourses d'affaires, s'inscrit
dans ma volonté de rapprocher le décisionnel de la
clientèle et d'améliorer le service.
Le nouveau proqramme de prêts aux étudiants entrepreneurs,
qui permet au jeune de se créer un emploi pour l'été, est
également administré par les directions régionales du
ministère. Enfin, j'ai annoncé récemment que le secteur
coopératif pourra être desservi par les bureaux régionaux
du ministère de l'Industrie et du Commerce dès cet
été.
Conscientes de l'importance d'assurer une relève et
désireuses de sensibiliser les jeunes au monde des affaires, les
autorités du ministère demandent aux directions régionales
de s'impliquer davantage dans le dossier de la promotion de l'entrepreneurship.
Diverses actions sont alors menées partout sur le territoire pour
pénétrer le milieu de l'enseignement, pour se rapprocher de la
clientèle universitaire. Outre la promotion du programme Nouveaux
entrepreneurs, qui invite les jeunes à lancer une entreprise ou à
s'associer à une entreprise existante, le personnel dans les
régions appuie l'organisation de concours et la réalisation de
projets visant à familiariser les jeunes avec le monde des affaires. Des
initiatives, telles que les Jeunes entreprises du Québec, le Prix
d'excellence Cascades, Devenez entrepreneur, reçoivent l'appui des
directions régionales et sont couronnées de succès. De
plus, le personnel des réqions sensibilise les chefs d'entreprise
à l'importance de parrainer des jeunes qui veulent se lancer en
affaires. De telles actions contribuent à créer partout au
Québec un climat favorable au démarrage d'entreprises et à
l'éclosion de l'entrepreneurship.
La régionalisation des activités du MIC a contribué
à offrir un service plus personnalisé aux chefs d'entreprise. Le
dossier Formation est l'un des dossiers privilégiés par le
ministère. La régionalisation a permis d'avoir une meilleure
connaissance de la clientèle et de concevoir, pour les chefs
d'entreprise, des sessions de formation en fonction de leurs besoins de
perfectionnement. Le nombre de séminaires donnés en
régions est passé de 40 à 300. Ils portent d'ailleurs sur
30 thèmes différents, tous ayant trait à la gestion. Ces
séminaires, qui sont maintenant plus accessibles et plus concrets, sont
fort appréciés. Plus de 4000 chefs d'entreprise y ont
participé au cours de la dernière année.
Des ateliers de formation et des activités de promotion ont
été menés auprès
de la clientèle féminine de toutes les régions du
Québec pour la sensibiliser aux services du ministère et à
la carrière de femme d'affaires; 1600 femmes ont participé
à ces ateliers, qui ont permis à environ 350 d'entre elles de
mettre en marche leurs entreprises.
De plus en plus, l'ensemble des unités du ministère et
souvent celles d'autres ministères et organismes font appel aux
directions régionales pour obtenir leur avis sur l'impact de tel
dossier, leur demander de s'impliquer dans la préparation de tel
événement, etc. La connaissance de leur clientèle de
même que la qualité de leurs interventions en font des ressources
précieuses. Une régionalisation plus accentuée de ces
services a permis au ministère d'avoir une meilleure connaissance de ces
clientèles, d'être davantage à l'écoute de ses
attentes et de mieux évaluer ses besoins. C'est aussi grâce
à sa forte présence en régions que le ministère
tient une Semaine de l'entreprise, au cours de laquelle sont mis en
évidence les entrepreneurs de toutes les régions du
Québec.
Convaincu de l'importance et du bien-fondé de la
régionalisation de ses activités et à la lumière du
bilan fort positif des différents dossiers, le ministère entend,
au cours de la prochaine année, régionaliser, dans une certaine
mesure, les services offerts aux clientèles commerciales et
coopératives. Les clientèles sortent gagnantes de la
régionalisation des services du ministère et ce sont elles qui
constituent sa véritable raison d'être.
En matière de promotion et de prospection, depuis février
1986, j'ai choisi d'assurer une présence soutenue du Québec dans
certains pays d'Asie. Ainsi, je me suis rendu, à trois reprises, sur ce
continent pour y établir puis cultiver des contacts personnels avec des
gens d'affaires du Japon, de la Corée du Sud et de Hong Kong. J'insiste
sur la nécessité d'assurer le maintien de cette dimension
personnelle des relations d'affaires avec ces communautés.
L'établissement d'un rapport de confiance avec nos interlocuteurs
asiatiques repose primordialement sur la démonstration que nous sommes
sincèrement intéressés à faire affaire avec eux et
seule la répétition de nos efforts peut constituer une preuve
tangible de notre intérêt. C'est d'ailleurs pour cette raison que,
plus souvent qu'autrement, je consacre temps et efforts à accueillir au
Québec les missions d'affaires asiatiques. (20 h 45)
D'abord, le Japon. Le choix de concentrer des efforts sur le Japon
s'inspire d'une analyse de l'intérêt à long terme du
Québec. En effet, le Japon constitue un immense marché de 140 000
000 de consommateurs qui doivent contribuer à rétablir
l'équilibre de la balance commerciale de leur pays. Nous sommes
virtuellement absents de ce marché vers lequel nos exportations se
chiffrent à 300 000 000 $ en 1986 alors que nous en importions des biens
d'une valeur de 1 482 000 000 $. Les perspectives de croissance de nos
exportations vers ce pays sont donc littéralement illimitées. De
la même façon, les industriels japonais doivent investir en
Amérique pour répondre aux attentes et aux pressions des
gouvernements qui subissent les raz de marée d'importations en
provenance du Japon.
La conjoncture est relativement plus favorable qu'elle ne l'était
autrefois car le Japon a exprimé officiellement son désir de
rétablir l'équilibre commercial avec ses partenaires occidentaux.
Je visitais d'ailleurs le Japon l'an dernier lorsque JETRO, Japan External
Trade Organization, publiait un rapport suggérant une plus grande
ouverture du marché japonais aux produits étrangers. Cet
organisme était voué, depuis sa fondation, à assurer la
promotion des exportations japonaises.
Mais c'est une oeuvre de longue haleine que le Québec entreprend
car nous partons de très loin. Au-delà du fait qu'il faille
compter sur des changements d'attitude et de comportement des milieux
d'affaires japonais, j'ai dû constater que nos
prédécesseurs immédiats avaient décidé, dans
leurs rapports avec ce pays, d'insister sur ce qui distinguait le Québec
du reste de l'Amérique au lieu de promouvoir les talents et les attraits
qui font de nous des Nord-Américains. D'expérience, j'ai
découvert qu'il est de loin plus constructif et plus efficace de
présenter et d'expliquer le Québec et ses caractéristiques
à partir de ce que nos interlocuteurs connaissent déjà de
l'Amérique.
Cette approche tactique et cette persistance ont d'ailleurs porté
fruit. En effet, des institutions financières japonaises ont entrepris
des démarches leur permettant de s'installer à Montréal
depuis quelques mois. La communauté d'affaires du Japon exploite
vigoureusement, je dirais même rigoureusement, les secteurs
institutionnels d'information et les établissements bancaires sont des
éléments essentiels de ces réseaux. Il en est de
même des qrands réseaux industriels tels celui de Mitsubishi avec
lequel la Société générale de financement
entretient d'étroites relations ou du Kaidanren, soit le conseil du
patronat du Japon, que nous avons accueilli au Québec en 1986.
Deuxièmement, la Corée du Sud. La Corée est
également un terrain fertile pour les efforts de promotion de
l'investissement étranger, primordialement en raison de l'implantation
de Hyundai à Bromont. Cette société fait partie du plus
grand groupe industriel coréen. En effet, le chiffre d'affaires de
Hyundai était de
17 000 000 000 $ américains en 1986. À titre comparatif,
le produit national brut de la Corée du Sud était de 95 100 000
000 $ US pour la même année, Hyundai représentant donc
près de 20 % du PNB de la Corée. Cette société a
été l'objet de mon attention constante dès le début
de 1986, quelques semaines à peine après notre accession au
pouvoir. Je vous rappelle que l'implantation de Hyundai au Québec ne
comportait aucune exigence à l'égard du contenu canadien, donc
québécois, des activités de ce fabricant de
véhicules automobiles.
Ma stratégie visait à établir un climat d'accueil
et de collaboration à l'endroit de cet investisseur auquel nous sommes
étroitement associés. L'objectif recherché était de
convaincre Hyundai que sa présence concrète au Québec doit
se manifester par des retombées économiques s'apparentant,
à terme, à sa présence sur notre marché. Je tiens
à dire que la direction de Hyundai et moi-même entretenons des
rapports empreints de ta plus grande cordialité et de
compréhension mutuelle de nos objectifs.
Je peux confirmer que, là aussi, le travail a porté fruit.
En effet, Hyundai et ses sous-traitants et fournisseurs sont maintenant
engagés dans un processus de sélection d'entreprises
québécoises qui contribueront à l'activité
engendrée par l'implantation de Hyundai chez nous. Il y a quelques
jours, ce fabricant annonçait l'attribution d'un contrat de construction
de l'atelier de peinture de finition à un leader mondial dans le
domaine, Dürr Engeneering de Stuttgart en Allemagne. Grâce aux
efforts que nous avons déployés au ministère de
l'Industrie et du Commerce, environ 60 % des retombées
économiques de ce projet de près de 50 000 000 $ se retrouveront
au Québec.
Ce résultat, à lui seul, justifie pleinement le temps et
les ressources consacrées par le ministre de l'Industrie et du Commerce
et tous ses collaborateurs à transiger avec nos partenaires
coréens à Séoul, à Ulsan, à Montréal,
à Québec et à Bromont depuis maintenant 18 mois.
Enfin, j'ai choisi d'établir des contacts avec la
communauté d'affaires de Hong Kong auprès des gestionnaires des
fonds d'investissements considérables qui s'y sont constitués par
ceux qu'on pourrait qualifier de commerçants les plus performants du
monde, soit la communauté d'affaires de Hong Kong qui est en voie
d'assurer une diversification géographique de ses investissements en
raison du changement de statut de cette colonie britannique en 1997. Dans ce
contexte, toutes les occasions d'affaires les intéressent, dans toutes
les parties du monde, et nous devons exploiter cette situation à notre
avantage. Il faut savoir que des dizaines de milliers de résidents de
Honq Kong connaissent le Canada pour y avoir étudié et y avoir
des parents et amis, y compris à Montréal. Cette connaissance de
Montréal et du Québec est un atout non négligeable et nous
devons y donner suite en établissant un canal privilégié
de relations et de communications avec ces partenaires éventuels, pour
qu'ils traduisent leur intérêt initial en investissements
concrets.
M. le Président, je suis heureux d'avoir pu profiter de
l'occasion de la présentation des crédits 1987-1988 du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour faire un bilan de notre
action depuis que j'en suis le titulaire mais, surtout, j'estime qu'il
s'agissait d'une occasion privilégiée pour faire connaître
à mes collègues députés ministériels,
membres de la commission de l'économie et du travail, comme à
ceux de l'Opposition, la stratégie industrielle que nous avons
élaborée au cours de cette période et en fonction de
laquelle nous entendons orienter nos actions dans l'avenir.
C'est donc dans ce contexte d'une nouvelle stratégie, d'une
nouvelle orientation des programmes et d'un rapprochement du ministère
vers sa clientèle que j'ai l'honneur de présenter les
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce pour
l'année financière 1987-1988.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je dirai
d'abord que j'ai l'intention, au cours de l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce, d'essayer d'apporter une
contribution positive, tout en étant et en faisant le travail de
critique, d'essayer de voir les bons et les mauvais côtés.
Dans la présentation du ministre, d'abord, je me réjouis
de voir qu'il profite de cette occasion pour déposer la fameuse
stratégie et le plan d'action prioritaire du gouvernement en
matière de développement économique. J'avais
réclamé, au cours de la dernière année, à
plusieurs reprises, le dépôt de cette stratégie. Mieux vaut
tard que jamais, M. le ministre; 18 mois plus tard, elle arrive. Je n'entrerai
pas dans les détails, à savoir si telle est là la bonne
orientation, mais je dirai qu'à première vue, plusieurs secteurs
importants sont touchés et j'en suis fort heureux. On aura la chance, au
cours des prochaines semaines ou des prochains mois, d'y revenir certainement.
Ce qui est important, c'est qu'on ait, au Québec, une stratégie
de développement économique orientée
particulièrement vers nos forces ou notre capacité de
développement.
On fait peu mention de l'industrie pétrochimique et je le
souligne. Le ministre aimera certainement apporter des explications à ce
sujet. Au moment où on s'interroge sur l'avenir de la
pétrochimie, avec toutes ses composantes et toutes ses retombées,
au moment où le gazoduc est remis en question, je me pose
sérieusement des questions sur l'avenir des entreprises de l'est de
Montréal, de certaines entreprises de mon comté et aussi sur
l'avenir de la pétrochimie au Québec.
Nulle part, il n'est vraiment fait mention de cette stratégie, si
elle s'insère bien - là aussi, le ministre pourra certainement
m'apporter des commentaires additionnels - à l'intérieur de la
libéralisation des échanges qui est enclenchée. Nous
avons, cet après-midi et depuis ce matin, discuté très
longuement de cette question avec votre collègue, le ministre du
Commerce extérieur, qui est responsable, jusqu'à un certain
point, de ce dossier. Mais le ministre de l'Industrie et du Commerce, ministre
important, pilier du développement économique du Québec,
préconise sûrement la stratégie de développement
économique, pour les prochaines années en fonction de la
libéralisation des échanges. Quand on sait que
l'échéancier fera en sorte qu'à l'automne 1987, dans
environ quatre mois, soit quinze ou seize semaines, sera scellée une
entente, à toutes fins utiles, qui sera approuvée trois mois plus
tard par le Sénat américain, je me préoccupe beaucoup de
savoir si les créneaux qui sont privilégiés, que ce soit
dans le domaine des véhicules, des pièces automobiles, de
l'aérospatiale, de la pharmaceutique ou autres, on a bien pris soin de
regarder les impacts quant à la libéralisation des
échanges et les conditions qu'on devra mettre dans ce dossier.
Les discussions que nous avons eues avec le collègue, le ministre
du Commerce extérieur... Nous réclamions comme une des
conditions, dans tout le débat sur le libre-échange, d'avoir
cette stratégie de développement économique. Nous l'avons.
Ce que j'espère, c'est que le ministre responsable, avec qui vous avez
à travailler régulièrement, pourra insérer dans -
vous me passerez l'expression - sa liste d'épicerie, dans sa liste de
commandes sur la position du Québec au sein de la position du Canada
dans toute cette négociation, que l'on puisse s'assurer qu'on va prendre
les mesures nécessaires.
Autre commentaire sur votre présentation, c'est le 1,3 %
relativement à l'industrie aérospatiale. Je me réjouis,
effectivement, que cela fasse partie des six priorités, des six
secteurs. J'espère que la décision sur l'implantation du centre
aérospatial se prendra incessamment et en faveur du Québec. Je
sais que des efforts ont été faits, mais insuffisants puisque la
décision n'est pas rendue encore. Il semble qu'elle penchait davantage
pour l'Ontario par rapport au Québec. On sait qu'à la suite des
études que vous avez sûrement dans le sens de privilégier
ce secteur - ce sur quoi je suis d'accord - à cause de la masse critique
qui se retrouve ici au Québec, il ne faudrait pas, maintenant que vous
avez privilégié ce secteur, que l'Agence spatiale canadienne se
retrouve située en dehors du Québec. J'ai l'impression qu'on
ferait un petit peu rire de nous. J'espère, et nous aurons la chance d'y
revenir au cours des prochaines heures qui nous seront attribuées, que
toutes les mesures seront prises en conséquence pour faire en sorte que
la balance puisse pencher pour une décision favorable au sujet de
l'Agence spatiale canadienne.
Quant au secteur de l'informatique, des
télécommunications, là aussi je dois dire que c'est fort
important. Vous ne touchez pas à la dimension de la robotisation. Il y a
des créneaux importants qui ont commencé à se
développer ici au Québec, pour le développement de
certains systèmes de robot. Je pense à quelques entreprises qui
font déjà leur marque, Cerveau-robot entre autres, mais je pense
qu'il y a une certaine technologie qui pourrait être fort
intéressante et qui pourrait s'allier dans la modernisation autant de
l'informatique et des logiciels que de la robotique. Je le soumets à
votre attention comme remarque préliminaire en relation avec ce que vous
avez présenté.
La question du domaine des plastiques est, certes, un bon choix. Donc,
il reste des points d'interrogation, particulièrement sur deux secteurs
qui n'ont pas été et qui ne sont pas touchés,
volontairement ou involontairement. Quand vous parlez de restructuration du
tissu industriel, à la page 17, je dis oui, il faut envisager ce virage
qui va se faire de façon d'autant plus accentuée si nous signons
une entente sur la libéralisation des échanges et où on se
devra d'être de plus en plus compétitifs. Quand vous parlez, M. le
ministre, dans votre présentation, qu'effectivement vous allez, dans
votre plan d'action, soutenir les entreprises dans l'automatisation, que vous
allez faire des actions qui vont s'axer là-dessus, je tiens pour acquis
- et vous m'en donnerez peut-être la confirmation - que vous allez, par
l'entremise des organismes -et sûrement le plus approprié est la
Société de développement industriel - ou par d'autres
moyens, donner un soutien concret parce que, au-delà de ce beau plan, ce
sera efficace pour autant que vous pourrez mettre les programmes d'aide et de
soutien concret grâce à ces organismes. (21 heures)
Sur cette question, j'enclenche sur la SDI, comme Société
de développement industriel, celle qui fait la majorité des
interventions de soutien. Vous nous dîtes que c'est passé
majoritairement de quelque chose comme une quinzaine de programmes à
quatre programmes, à quatre grands secteurs auxquels on touche
maintenant. Donc, on a rapetissé, à toutes fins utiles. Toujours
dans ces remarques préliminaires, je vous pose la question suivante.
À partir du moment où l'on a rapetissé l'intervention et
le rôle de la SDI, est-ce qu'on va maintenant l'élargir pour
s'ajuster aux programmes d'aide des six secteurs que vous avez
décidé de privilégier ou si cela va se faire autrement?
Voilà une question fort importante, je pense, à laquelle vous
devrez me répondre.
Vous mentionnez que, dans le cas de la Société de
développement industriel du Québec, cette nouvelle orientation
réjouit beaucoup le milieu des affaires, etc. Je vous dirai, M. le
ministre, que ces remarques préliminaires étaient vraies, sauf
que je constate que ceux qui scrutent un peu plus n'ont pas exactement la
même lecture. J'espère que vous dites vrai. L'emballement des gens
pour la SDI par rapport à sa nouvelle programmation n'est pas si
emballant que cela. Je vous prierais certainement de vérifier de
nouveau. De toute façon, on aura la chance de faire des
vérifications demain.
J'ai assisté, avec votre collègue, le ministre
délégué aux PME, à un colloque qu'il a tenu pour
sensibiliser le monde des affaires sur ce qu'il voulait faire au monde des PME.
On lui a dit de s'occuper du ministre du Commerce extérieur pour passer
ses messages mais, au delà de cela, pour avoir parlé avec
plusieurs d'entre eux, les gens d'affaires étaient très
préoccupés de cette orientation de la SDI. Aussi, je vous dirai
que j'ai beaucoup de préoccupations quant a ce qui se passe à
l'intérieur de la SDI, quant aux ressources que vous y avez
affectées et quant à cette orientation. On se devra de poser des
questions beaucoup plus en détail. Mais j'ai beaucoup de réserves
quant à cette approche.
Dans le cadre des différents programmes d'aide que vous
mentionniez, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que vous souligniez
que l'approche à l'intérieur de différents programmes et
la question de la notion du partage des risques pourront jouer dans les deux
sens. Dans le cas où il y aura du succès et dans le cas où
il y aura des pertes, la SDI va partager. Face à cette approche dans
certains secteurs, j'applaudis; je pense que cela peut être
intéressant, sauf qu'il fallait ou qu'il faut, du moins, à mon
point de vue, conserver aussi d'autres volets. Ce volet avait
déjà été expérimenté, il y a trois ou
quatre ans, dans un des volets de la SDI-Exportation où on soutenait des
initiatives, des projets d'exportation. C'était dans le cadre du partage
des risques et on y allait avec un partaqe des profits. Je me souviens avoir
discuté de ces projets. C'était une initiative qui se
révélait intéressante, en tout cas.
Vous parlez des nouveaux programmes et vous dites que vous allez mettre
un accent majeur, au chapitre de l'exportation, sur la recherche et le
développement. Je me demande - et je vous le demande - si tout cela va
être bien agencé avec le Commerce extérieur parce
qu'à ce ministère on nous dit qu'on va et qu'on veut s'ajuster
à la SDI. Au Commerce extérieur, on nous dit qu'on veut aussi
s'ajuster aux programmes qui existent au fédéral, pour
éviter toute répétition. J'imagine que vous avez les
mêmes préoccupations, sauf qu'il faudrait s'assurer que tout le
monde ne laisse pas tomber tous les mêmes programmes en même temps.
Cela pourrait être, dans certains créneaux, très
inquiétant.
Pour ce qui est du CRIQ, la question que je vous pose est la suivante.
Est-ce que, pour vous, l'AQVIR va continuer à jouer un rôle
semblable à celui qu'elle joue? Est-ce qu'elle devra demeurer sous le
chapeau du Commerce extérieur ou s'il est dans vos intentions de la
rapatrier sous votre chapeau ou sous celui de la SDI? Voilà des
questions auxquelles j'aimerais beaucoup avoir des réponses.
La promotion de l'entrepreneurship auprès des femmes et des
jeunes, c'est excellent. Si, il y a deux ou trois ans, les femmes se sentaient
un peu délaissées dans le soutien de l'entrepreneurship, je pense
qu'aujourd'hui, tel n'est pas le cas. Il y a eu tellement d'accent de mis de ce
côté-là que les commentaires des hommes, des associations
d'hommes d'affaires, jeudi dernier, à Québec, étaient dans
le sens que vous nous avez laissé tomber et qu'on a un peu l'impression
qu'on met tellement d'emphase sur l'entrepreneurship au féminin. C'est
vrai et c'est excellent, j'applaudis, sauf que l'entrepreneurship au masculin
continue d'exister.
Des voix: Ha! Ha!
M. Parent (Bertrand): II ne faudrait pas, M. le ministre, oublier
ce volet tout en soutenant toujours l'entrepreneurship - ne me dites pas que je
vais avoir des appuis de la part de mes collègues - des femmes; je ne
suis pas contre, mais je pense qu'il y a un effort de fait de ce
côté-là. D'ailleurs, je me souviens d'une rencontre des
premières organisations qui étaient sous l'égide de Dina
Lavoie, des HEC, où elle avait rassemblé environ 350 ou 400
femmes qui voulaient mettre sur pied cette organisation d'entrepreneurship il y
a environ trois ans. J'étais le seul homme à me pointer là
et je vous dis que je me sentais petit. Là, j'ai compris ce que les
femmes ressentaient quand elles étaient dans des groupements
d'hommes.
À propos de l'appui à l'entrepreneurship des jeunes,
là, M. le ministre, vous me décevez beaucoup parce que vous ne
dites pas du tout, mais pas un mot ou ne faites aucune allusion à tout
le concept des incubateurs. Vous qui, depuis 18 mois, avez certainement eu le
temps de réfléchir, je suis dans l'attente, nous sommes dans
l'attente d'une politique très claire de l'implantation des centres
d'incubation d'entreprises. Votre collègue à l'intérieur
de votre ministère, M. le ministre délégué aux PME,
a dit dans son rapport, jeudi dernier, à peu près textuellement,
que c'était une excellente idée et qu'il se penchait
là-dessus. Je me suis permis de lui dire de ne pas se pencher trop
longtemps parce qu'il va rester courbé. Cela fait environ 18 mois qu'il
se penche sur les incubateurs et le 13 décembre 1985, quand vous
êtes arrivé au pouvoir et que vous avez été
nommé ministre, vous aviez sur votre bureau des études, vous
aviez déjà tout ce qu'il fallait. Aujourd'hui, quand on parle des
jeunes entrepreneurs et qu'on parle de les lancer, cela va prendre une
politique très claire en matière d'incubateurs d'entreprise. Vous
en êtes conscient, sauf que vous êtes très muet sur cette
présentation et je me permets de le mentionner.
Quant à la question des programmes de bourses d'affaires, les
nouveaux entrepreneurs, je vous dirai: Oui, cela se continue, sauf qu'il a
été souvent fait mention qu'on aurait dû et qu'on
devrait... Je le souligne encore aujourd'hui: c'est un excellent programme,
autant que UNI-PME a été continué par PRO-PME. C'est un
excellent programme. Cela correspond à une réalité et
j'applaudis à cela parce que je pense qu'il faut aussi, dans
l'Opposition, être capable de dire les choses telles qu'elles sont et,
quand il y a des bons coups, il faut le dire.
Dans le cas des bourses d'affaires, je vous dis très
précisément qu'il faudrait augmenter ce fameux quota qui est
encore, je pense, à 25 000 $. Le montant de 25 000 $, c'est le maximum
et, même s'ils sont trois dans l'entreprise, cela fait très peu
d'accès à du capital. Il y a plusieurs projets. Si je recule de
deux ans, avant que je sois en politique active au niveau provincial, j'avais
accepté d'être le parrain... Tout le principe du parrainage
d'ailleurs était commencé sous vos prédécesseurs,
et c'est excellent. Il faut pousser le parrainage, M. le ministre parce que je
pense que les hommes d'affaires qui réussissent sont présentement
les meilleurs guides et les meilleurs promoteurs; ce sont ceux qui ont
déjà réussi. Donc, tout le principe du parrainage, j'y
crois, mais le programme des bourses d'affaires, on devrait augmenter le
plafond à 50 000 $ ou 75 000 $; du risque, il n'y en a à peu
près pas et des coûts, il n'y en a à peu près pas.
Vous avez déjà des statistiques sur cette espèce de
prêt qui est fait aux gens qui veulent démarrer en affaires. Cela
pourrait être excellent et cela coûterait peu d'argent. La question
du parrainage des jeunes, cela va.
Votre prospection au Japon, votre prospection en Corée et,
finalement, celle à Hong Kong. J'ai constaté, au cours des
derniers mois et de la dernière année, que vous avez beaucoup
voyagé dans ces pays. À toutes fins utiles, je n'ai rien contre
cela. Il faut, à l'occasion, que le ministre sorte du Québec pour
pousser ailleurs ce que nous avons et susciter des relations. Je
m'inquiétais, comme bien d'autres aussi, des résultats concrets
que cela pourrait entraîner. Cependant, je donne toujours à ce
stade-ci le bénéfice du doute, sachant très bien, M. le
ministre, que ce n'est pas avec un ou deux contacts qu'on réussit
à faire des transactions. Dans le cas de Hyundai, des relations avec le
Québec étaient déjà bien enclenchées, il y a
eu une implantation ici et on continue à accentuer, à resserrer
les liens; je dis bravo. Sauf que pour avoir vu passer le cas de Hyundai
lorsqu'ils ont fermé leur centre de distribution à Boucherville,
je vous ai senti - je me permets de vous le dire aujourd'hui - un petit peu
muet et voire même complice de cette opération que je trouve
très regrettable. Ce n'est pas le nombre d'emplois qui importait - on
parlait de 20, 25 ou 30 emplois - c'est tout le principe de garder ici au
Québec leur fameux pied-à-terre en ce qui concerne les centres de
distribution des pièces. Cela me semble important, on l'a vécu
dans le cas AMC-Renault, dont je ne referai pas le procès ici, mais qui
faisait en sorte que, comme principe, on rapatrie les centres de distribution
de pièces et, à toutes fins utiles, on ignore un petit peu le
Québec. Surtout pour Hyundai, je comprends mal qu'elle n'ait pas son
ensemble d'activités et de distribution de pièces ici.
Quant à l'avenir du secteur de l'industrie automobile, le secteur
des pièces, on aura la chance d'y revenir. Mais, effectivement, c'est un
secteur, par rapport à ceux de l'aérospatiale, de
l'aéronautique et des télécommunications, qui est moins
prometteur. J'espère que ce qu'il peut rester d'investissements
étrangers dans le domaine de l'automobile, on aura la chance d'aller en
chercher pour reprendre un peu le terrain perdu. Cela me semble drôlement
important que tout ce qui avait été enclenché dans les
années 1982, 1983 et 1984 au chapitre de la sous-traitance dans le
domaine de l'industrie automobile, tout ce qui pouvait entourer ou renforcer le
peu de structures industrielles que nous avions ici, qui avaient
été faites par le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'alors, pour être capable de dynamiser et de faire en sorte que des
entreprises québécoises aillent chercher la technologie
ailleurs mais produisent ici, toute la sous-traitance au niveau automobile,
pour être capable de se renforcer entre autres -cela se faisait autour de
l'usine de GM à ce moment-là - et que cela se matérialise,
qu'on puisse être capable d'avoir quelque chose de très incitatif
par rapport à toute cette industrie, pour le petit peu qu'il en
reste.
J'espère aussi que vous aurez très bientôt, d'ici
les prochaines semaines, à nous annoncer de bonnes nouvelles quant au
dossier Diatsou-Bombardier. J'ai un petit peu l'impression que ce dossier perd
un peu de son ampleur avec le temps, mais je me permets de demeurer
optimiste.
Voilà mes premiers commentaires d'ordre général
à votre allocution et à votre présentation de fond avec,
comme je l'ai mentionné, des réactions vraiment
préliminaires quant au plan de stratégie de développement
économique que vous avez proposé. Mais je me réjouis
qu'enfin vous déposiez cette politique et que nous ayons la chance
autour de cela d'être capables d'apporter des éléments qui
feront en sorte qu'elle pourra être corrigée et
réorientée au cours de la prochaine année. Je vous
remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires en réaction?
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président. Le
député de Bertrand, dans ses commentaires, a - comment dirais-je?
-laissé sur son chemin une série de questions que je pourrais
peut-être relever l'une après l'autre, pas nécessairement
dans l'ordre, mais dans le désordre simplement quant à la
succession des sujets et non pas dans le désordre mental et la
confusion. (21 h 15)
Pétrochimie. Ce dont le député devrait se souvenir,
c'est que nous en traitons en ce qui a trait aux phases de transformation en
aval de ce qu'est un complexe pétrochimique. Il en connaît un dans
son comté, évidemment, Pétromont. Mais une
véritable politique pétrochimique doit s'articuler, je dirais,
autour de deux axes: le premier, c'est de nous assurer que nous avons
l'équipement le plus moderne, que notre complexe est pleinement
concurrentiel en Amérique du Nord. C'est d'ailleurs à cette fin
que, depuis 1983, les gouvernements du Québec et du Canada ont consenti
206 000 000 $, en partie pour éponger des déficits
d'opération de la part du Québec, mais en partie, notamment par
l'entente de décembre 1985, pour assurer une modernisation des
installations de Pétromont, afin que cette entreprise soit dotée
de la capacité de traitement la plus flexible, la plus large possible
pour pouvoir exploiter au maximum la conjoncture de l'évolution des prix
soit des charges qui entrent dans les procédés qu'on retrouve
à Pétromont, soit des produits sur le marché. En
l'occurrence, Pétromont est aujourd'hui dotée de l'ensemble des
derniers développements technologiques en matière
d'équipements qui font en sorte qu'elle peut littéralement
s'alimenter à toutes sortes de charges d'hydrocarbure, de
pétrole, de gaz de toute nature, de dérivés de gaz,
à tel point que c'est une installation vraiment unique et que cela
permet, grâce à l'informatisation de ses procédés,
de choisir le meilleur mélange, compte tenu des prix du marché de
ce qu'on veut vendre, le mélange idéal, optimal des charges qui
entrent dans le procédé.
La première chose, pour parler du développement de la
pétrochimie, ayons des équipements à la fine pointe. On en
a, 206 000 000 $ plus tard, avec le résultat qu'on prévoyait,
qu'on anticipait, qu'on espérait à tout le moins. En avril
dernier, Pétromont, pour la première fois depuis 1982, a fait de
l'argent, près de 1 000 000 $ de profits d'opération à
Pétromont, en avril 1987, avec des pespectives de probablement 3 000 000
$ de profits pour 1987, comparativement a 48 000 000 $ de pertes l'an dernier,
soit un revirement spectaculaire de 51 000 000 $. Mais ce n'est pas tout, parce
que, toujours dans cet axe de développement souhaitable qui repose sur
la capacité de traiter toutes sortes d'intrants, il faut nous assurer
que le projet Soligaz ait une suite concrète. Les liquides de gaz
naturel qui viendraient de l'Ouest seraient une source d'approvisionnement
stable, prévisible, ce qui donne évidemment beaucoup de certitude
à ceux qui regardent quels sont les investissements qu'ils pourraient
consentir, en aval de la pétrochimie, pour utiliser toute la
capacité de production extrêmement efficace de
Pétromont.
J'ai d'ailleurs, aujourd'hui, avec mon collègue de
l'Énergie, convié à un déjeuner les journalistes de
la presse économique qui se préoccupent particulièrement
de ce dossier, pour leur indiquer que nous avions, en Pétromont, un
outil qui avait coûté très cher, mais qui était
aujourd'hui très efficace. Qu'il avait démontré en
connaissant un profit qu'on pourrait qualifier de marginal, à ce
moment-ci, qui dépend en partie de la conjoncture, soit de
l'écart entre les prix de ces produits vendus et le coût des
intrants. Mais, en définitive, il faudrait, pour solidifier cette
rentabilité et nous assurer une base permanente et solide de
rentabilité de ces installations extrêmement modernes, assurer la
réalisation du projet Soligaz.
Il est évident que nous avons, quant à
nous, identifié environ 1 000 000 000 $ de projets en aval de
Pétromont. Je dirais qu'environ la moitié de ces investissements,
soit 500 000 000 $ ou à peu près, sont en péril dû
à l'incertitude du dossier de Soligaz. Il est donc extrêmement
important que tout ce contentieux éventuel soit réglé en
faveur du Québec, dans la mesure où, si on a senti une
volonté du gouvernement fédéral, exprimée soit par
le ministre de l'Énergie, soit par le président du Conseil du
trésor, qu'il faille raffermir la vocation pétrochimique de
Montréal, il y a des façons extrêmement concrètes de
le faire. Il s'agit d'intervenir pour que Soligaz ait une suite concrète
et qu'on arrête de parler du renversement du pipeline vers l'Ouest,
plutôt que d'assister à un programme, premièrement, de
réparation, que le transporteur doit absolument faire à ses frais
- c'est normal - et, deuxièmement, de transformation, pour que nous
puissions y transporter des liquides de gaz naturel pour alimenter
Pétromont. C'est la première façon de rentabiliser et on
l'a atteinte, mais cela demeure fragile.
La deuxième, c'est évidemment de développer des
investissements en aval, précisément de la pétrochimie et
notamment dans le secteur des plastiques. De façon très fort
à propos et fort opportune, j'annonçais aujourd'hui que B.F.
Goodrich, en association avec la Société générale
de financement, comptait se livrer à une étude de
faisabilité sur l'implantation d'une usine de chlorure de vinyle...
Une voix: VCM.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vinyl chloride monomer - une
des composantes principales dans la fabrication des PCV. Dans la mesure
où les études de faisabilité démontreraient qu'un
tel projet serait rentable, on pourrait assister dans la région
générale de Pétromont à l'implantation d'un projet
de 125 000 000 $.
Il y a d'autres façons de soutenir l'industrie
pétrochimique. La vraie façon, évidemment, c'est de nous
assurer que, si on a une installation vraiment efficace, il faut qu'elle puisse
écouler son produit, il faut qu'il y ait des acheteurs de ce produit,
des acheteurs qui ne sont surtout pas des acheteurs de production brute, je
dirais, de ce qui sort de Prétromont, mais évidemment des
transformateurs de l'éthylène qui y est produit. C'est la raison
pour laquelle nous avons retenu l'industrie des plastiques comme une des voies
de développement de l'industrie de la pétrochimie. Je
répète qu'il est inutile de parler de pétrochimie en
termes isolés. Nous avons un gros complexe extrêmement efficace.
Je dis qu'il faut pouvoir vendre et transformer au Québec, et exporter
éventuellement tes produits en aval de cette installation. Voilà
donc pour la pétrochimie.
Je vais m'y prendre dans l'ordre des quelques notes que j'ai prises
à l'occasion des commentaires du député. Dans le domaine
aéronautique, industrie de matériel de défense, de
matériel militaire, il est entendu, compte tenu de la masse critique que
représente l'industrie aéronautique et spatiale dans la
région de Montréal, qu'il faut exploiter davantage cet avantage
comparatif. Le gouvernement fédéral, par la voix de M. De Cotret,
la voix de M. Côté, la voix de M. Masse, a
réitéré de longue date - nous en avons déjà
d'ailleurs parlé à l'Assemblée nationale - que
Montréal était la capitale du spatial et de l'aéronautique
au Canada. On attend évidemment que les décisions du gouvernement
fédéral aillent précisément dans le sens le plus
cohérent d'une décision comme celle-là. Si d'aventure, par
la décision du gouvernement fédéral, l'agence spatiale
n'était pas destinée au Québec, je me permets de dire que
ce n'est pas de nous, les Québécois ou le gouvernement du
Québec, qu'on pourra rire, mais je vous promets, M. le
député, qu'on rira très fort du gouvernement
fédéral qui n'aurait pas eu l'intelligence - et je pèse
mes mots - de donner une suite concrète à sa volonté
politique d'installer une agence spatiale là où se trouve
l'industrie spatiale canadienne. Quant à nous, mes collègues et
moi-même, nous allons continuer de sensibiliser - c'est le moins qu'on
puisse dire - les collègues de la Chambre des communes et du
gouvernement fédéral à l'importance pour Montréal
de réaffirmer son rôle en matière d'industrie de
l'aéronautique, de l'aérospatiale, afin de bien clairement leur
faire comprendre que, bien loin de faire rire de nous, on ne trouverait pas
drôle que l'agence spatiale ne soit pas située au Québec,
si agence spatiale il y avait, évidemment.
En matière de soutien à l'entrepreneurship, prenons, dans
l'ordre où le député l'a soulevé,
l'entrepreneurship chez les femmes. Ensuite, je traiterai de l'entrepreneurship
chez les jeunes. L'entrepreneurship chez les femmes doit être soutenu
pour une bonne et simple raison, c'est qu'il serait irresponsable qu'un
gouvernement ignore ce que peut faire la moitié et un peu plus de sa
population. Les femmes, comme le député l'a lui-même
éprouvé dans une réunion de promotion de
l'entrepreneurship féminin, se sentent, de fait, dans le milieu des
affaires, très seules, II faut absolument déployer tous les
efforts pour constituer des réseaux à l'intérieur desquels
les femmes entrepreneurs se retrouvent, à l'intérieur desquels
les femmes qui aimeraient exprimer concrètement leur
intérêt pour l'entrepreneurship pourraient se découvrir des
alliés, pourraient voir des modèles concrets de réussite
chez les femmes en affaires, et il n'en manque pas.
Étrangement, à la suite d'une étude que
l'Université du Québec à Hull a menée à la
demande du ministère, étude qui portait sur les comportements,
les attitudes et les perceptions des entrepreneurs, autant hommes que femmes,
qui est l'étude la plus substantielle en Amérique du Nord en
cette matière, on a démontré, entre autres choses, que les
femmes en affaires ne se sentent pas en affaires, ne sentent pas naturellement
une espèce d'appartenance aux chambres de commerce. On peut probablement
les comprendre, étant donné la très forte domination que
les hommes exercent dans ces groupes institutionnels de rencontres informelles,
mais quand même d'affaires que sont les groupements de gens d'affaires,
les Chambres de commerce, les centres de dirigeants d'entreprises ou autres. Il
nous est apparu essentiel de pallier ce défaut, cette carence qu'on
observe dans les réseaux institutionnels. Nous avons pris la
décision de mettre sur pied, dès cet automne, un réseau
dans toutes les régions du Québec en identifiant des leaders chez
les femmes entrepreneurs du Québec, autour desquelles pourraient se
constituer les premiers groupes de rencontre, de secours ou de soutien mutuel -
pourrais-je dire - qui doivent absolument être mis en place afin que les
femmes se sentent moins esseulées dans le milieu des affaires.
Deuxièmement, je le répète, il est important que
les femmes trouvent des modèles. De la même façon,
l'étude a démontré que la plupart des femmes en affaires
sont les aînées de familles nombreuses dont au moins un membre
masculin - inutile de le dire - était déjà en affaires. On
voit que c'est ce mécanisme de suivre l'exemple, de s'inspirer d'un
modèle qui est un des gages les plus précis ou les plus
sérieux, finalement, que des femmes iront, elles aussi, en affaires.
Donc, la constitution de ces réseaux, au-delà du fait que les
femmes se sentent moins seules, de façon encore plus positive, pourrait
les amener, en se calquant - si l'on veut - sur les réussites des unes
et des autres, à en arriver à mettre sur pied des entreprises de
plus en plus nombreuses et profitables un peu partout au Québec.
En aparté, une touche un peu plus anecdotique ou personnelle, je
dirais que, de fait, on pourrait prétendre que cette espèce
d'atavisme familial se retrouve dans toutes sortes d'activités humaines.
Lorsque j'ai lu que, chez la majorité ou un grand nombre de femmes
entrepreneurs, il s'agissait souvent de femmes qui étaient
l'aînée d'une famille de quatre enfants ou plus et qu'elles
suivaient les traces de quelqu'un, je me suis souvenu que, moi aussi, je suis
l'aîné d'une famille de quatre enfants et que, étrangement,
je suis dans la même sphère d'activités qu'au moins deux
autres membres de ma famille. Comme on voit, l'exemple, souvent, explique
beaucoup de décisions qu'on peut trouver souhaitables, je
présume; c'est certainement vrai dans te cas de l'entrepreneurship
féminin, sans porter quelque jugement que ce soit sur les autres
activités humaines en cause ou sur l'exemple que je viens de donner.
L'entrepreneurship chez les jeunes. Le député a fait
état de l'importance qu'il y a pour le démarrage d'entreprises...
Il a dressé une équation où les jeunes étaient
particulièrement importants en parlant des incubateurs. Je ne vois pas
nécessairement de rapport entre l'entrepreneurship chez les jeunes et
l'incubateur. Je dirais, à cet égard, deux choses: d'abord, un
incubateur, au sens où le député l'entend, il en existe un
essentiellement au Québec, et dans son comté. Alors, on ne peut
pas dire que le député a été négligé
quant à ses demandes ou, enfin, au souhait qu'il exprime constamment sur
les gestes que le gouvernement du Québec pourrait poser. (21 h 30)
Je dirais que ce n'est pas nécessairement parce que le
député de Bertrand a un incubateur dans son comté, mais
bien parce que l'ensemble des conditions pour la création d'un
incubateur au sens le plus précis ou le plus traditionnel du terme
étaient réunies dans sa région, comme il le sait.
C'était une combinaison de promoteurs privés, de gens qui avaient
mis ensemble des ressources universitaires, collégiales, de laboratoire,
de recherche et développement et d'entreprises privées.
C'était une combinaison d'intervenants de tout acabit du milieu qui,
après avoir constitué un fonds de développement,
après avoir ramassé les fonds eux-mêmes, demandaient
ensuite, de façon complémentaire, une intervention
gouvernementale que nous avons réalisée, devant toutes ces
conditions réunies, par le prêt d'une ressource humaine
extrêmement bien formée, extrêmement
intéressée à ce domaine, un membre du personnel de mon
ministère qui agit à titre de directeur général de
l'incubateur en question, Innocentre Québec pour les deux prochaines
années.
Quant à savoir si nous devons publier, mettre sur pied, mettre en
vigueur ou quoi que ce soit une politique à l'égard des
incubateurs, je ferai remarquer au député qu'il y a quand
même des stades que nous devons franchir. D'abord, il ne faut pas se
laisser distraire par le fait qu'il existe des motels industriels, dans
certaines régions, qu'on appelle à tort des incubateurs. Il faut
bien se comprendre, l'incubateur ressemble, dans sa définition la plus
exacte, je dirais, à ce qui existe, ce dont on vient de parler à
l'égard de Innocentre Québec, mais il existe, dans certaines
régions du Québec, un besoin,
pour les entreprises jeunes en démarrage, de se loger
convenablement en phase de démarrage jusqu'à ce que les
ressources financières de l'entreprise lui permettent de se loger chez
elle. Il y a un programme, administré conjointement, quant à
l'aspect décisionnel, par le ministère de l'Industrie et du
Commerce et l'OPDQ, qui a eu quelques interventions à l'égard des
incubateurs motels industriels, où nous avons arrêté des
lignes de politique quant aux conditions d'entrée et de sortie, quant au
fait qu'il ne faut pas indûment concurrencer les espaces libres qui
pourraient se trouver dans une région sous le seul prétexte qu'il
faut se donner un motel industriel. C'est une chose. Quant aux incubateurs
comme tels, au sens où on devrait l'entendre, la question est de savoir
quel est le potentiel véritable, au Québec, qui repose, je le
répète, sur la concertation et l'association, le partenariat
réalisé par des entreprises du secteur privé, notamment en
matière de haute technologie et des institutions de haut savoir telles
que le cégep ou l'université - il n'y en a pas à la
grandeur du territoire, mais il y en a quelques-unes. Il y a également
cette dimension de l'implication financière du milieu, soit pour un
fonds de démarrage, un fonds de placement dans les entreprises ou une
portion des budgets de fonctionnement d'un incubateur au sens exact du terme.
Ce ne sont pas des conditions dont on peut forcer la réunion, mais ce
sont très certainement des conditions qui, lorsqu'elles se trouvent
réunies, nous permettent, comme on l'a déjà fait,
d'intervenir de façon complémentaire.
Autre élément soulevé par le député,
quant à sa, comment dirais-je, non pas sa dénonciation - ce
n'était pas aussi fort, M. le Président - quant aux commentaires
qu'il a eus à l'égard de la négligence - entre guillemets
- relative, prétend-il, que la robotisation connaîtrait au niveau
de nos priorités en matière d'informatique,
d'électronique, etc. C'est une activité comme telle que la
robotisation de certaines de nos entreprises où la robotique est un
volet de ce qui constitue une politique à l'égard de
l'électronique et de l'informatique. C'est également l'expression
du désir d'une entreprise de se moderniser, c'est une forme que peut
prendre l'automatisation ou la modernisation. Ce n'est pas l'un des
créneaux hautement développés au Québec, ni
même en Amérique du Nord. Je dirais, par ailleurs, que si nous
pouvons identifier, à l'intérieur du champ général
de la robotisation, des créneaux particuliers, spécifiques,
spécialisés, il n'y a aucune raison que nous ne puissions pas
être à la fine pointe de certains développements. Et,
encore une fois, dans le comté du député de Bertrand -
"toujours les mêmes", entends-je de l'autre côté de la table
- il existe une entreprise qui a développé un robot voyant, une
machine à souder qui, par l'application de techniques
d'électronique et d'optique, est littéralement capable de voir ce
qu'elle fait. Je crois en avoir vu une démonstration à fa
télévision, il y a quelques semaines à peine. On retrouve
donc un certain créneau, occupé exclusivement par une entreprise
québécoise, en l'occurrence, qui est susceptible de
connaître de forts développements. Il est entendu que, dans la
mesure où nos programmes de soutien financier ou d'aide technique, qu'il
s'agisse soit de la SDI, soit du CRIQ, seraient appelés à
être mis à contribution, il est entendu que nous pourrions
évidemment nous associer à de tels projets si la demande nous en
était faite.
Autres commentaires soulevés par le député: le
libre-échange, évidemment, toute la dynamique de nos
interventions dans le cadre prévisible, oui, d'un accord
éventuel, en Amérique du Nord, de libéralisation des
échanges entre le Canada et les États-Unis. Je dirais au
député que, dans la description que j'ai faite de la
redéfinition des interventions de la Société de
développement industriel, nous avons valorisé,
privilégié ces secteurs où les entreprises
québécoises s'attaquent à un marché en croissance.
Il est évident que, dans un cas de libéralisation des
échanges, on parle automatiquement de lever les barrières qui
auraient pu contraindre autrement l'accès à un marché. En
l'occurrence, des entreprises anticipant une libéralisation des
échanges, identifiant un marché en croissance
phénoménal, dix fois plus grand qu'il ne l'est autrement au
Canada, si on regarde toute l'Amérique du Nord, viennent de se qualifier
pour notre soutien financier de façon priviléqiée. C'est
ce que je soulignais tout à l'heure. La même chose est vraie,
évidemment, des secteurs où nous pouvons avoir des avantages
comparatifs, où, de toute façon, nous pourrions
bénéficier largement d'une libéralisation des
échanges. Ce sont là aussi des secteurs que nous
privilégions, qu'il s'agisse de l'énergivore, de l'insertion dans
le réseau des constructeurs d'automobiles, qu'il s'agisse des
plastiques, qu'il s'agisse de l'aérospatiale-aéronautique, qui a
une vocation nord-américaine, comme je l'ai souliqné, qu'il
s'agisse de l'informatique, de l'électronique, des logiciels, où
là aussi nous pouvons observer que les entreprises
québécoises sont essentiellement sur le marché
d'exportation. Ce sont là des priorités qu'on a retenues, que la
SDI - ai-je le plaisir de vous annoncer - doit retenir nécessairement,
dans la mesure où les demandes d'aide financière qui sont
portées à la connaissance de la SDI, sont également
portées à la connaissance de nos analystes et experts sectoriels,
au ministère de l'Industrie et du Commerce, qui se prononcent sur
l'opportunité - si on veut - de donner suite à
une demande d'aide financière, grâce à leur
compétence dans l'analyse des marchés, de la technologie
employée, etc. Le ministère de l'Industrie et du Commerce ayant
déterminé certaines priorités, celles-ci se
reflètent évidemment dans ces jugements que portent nos
sectoriels. Autrement dit, compte tenu de ce qu'on a retenu comme intervention
prioritaire au ministère, compte tenu que la 5DI, dans son soutien
financier, s'aligne sur ces priorités, compte tenu que le CRIQ
également, étant un organisme qui relève du ministre de
l'Industrie et du Commerce, doit s'aligner également sur les mêmes
priorités, je crois que nous sommes particulièrement bien
positionnés, comme ministère, pour soutenir les entreprises qui
pourraient bénéficier de la libéralisation des
échanges. Je ne vois pas là de crainte, bien au contraire. Je
pense que nous avons fait d'excellents choix, je dirais horizontaux, en
identifiant ce qui est commun à toutes les entreprises que nous pouvons
aider, ou bien la dimension de la qualité, de l'innovation, du contenu
de recherche et développement ou bien la dimension de la
réalisation, le constat que c'est un marché en croissance qui
sera exploité par l'entreprise, ou alors sectoriellement dans les
activités que j'ai mentionnées un peu plus tôt.
M. le Président, je crois que cela fait le tour, à ce
moment-ci, des notes que j'ai prises de certains des commentaires que le
député a faits tout à l'heure, sinon pour terminer comme
je le faisais dans ma présentation sur les commentaires qu'il a eus
à l'égard des activités de promotion et de
prospection.
D'abord, je suis extrêmement heureux de voir que le
député sait que les relations d'affaires avec qui que ce soit,
notamment, je dirais - il le sait peut-être d'expérience
personnelle - avec des Asiatiques, ce ne sont pas des activités qui
connaissent des débouchés, des retombées et des
résultats concrets chiffrables au premier contact. Je dirais que,
contrairement à nos concitoyens nord-américains, les Asiatiques
doivent d'abord et avant tout faire l'objet d'un long processus d'information
sur ce que nous sommes, sur la façon dont nous fonctionnons, sur nos
traditions, sur nos modes de fonctionnement. Il y a beaucoup de contacts
répétés qui doivent nécessairement
précéder tout espoir de conclure des affaires à long
terme, substantielles, significatives et en grand nombre, etc., avec des
intérêts du Japon notamment. Une foule de raisons à
caractère culturel, historique, traditionnel, et tout ce que vous
voulez, au-delà la distance qui nous sépare, qui
évidemment imposent un suivi, je dirais, une constance nécessaire
dans nos relations avec les investisseurs, les gens d'affaires du Japon.
J'invite le député à le dire à ses collègues
qui se lamentent que les voyages de prospection des membres du gouvernement
actuel ne semblent pas donner des résulats mirobolants ou milliardaires
chaque fois que nous revenons à Mirabel ou ailleurs. La raison en est
fort simple, le député l'a lui-même identifiée. Je
l'invite à en faire part à ses collègues. Cela prend du
temps ces choses.
Quant à Hyundai, j'y reviens, nous avons cultivé de
façon, je dirais, presque obsessive des relations très
personnelles à tous les niveaux du ministère à
l'égard de tous les niveaux de l'administration de Hyundai autant au
siège social en Corée qu'au Canada et au Québec. Nous
avons d'abord et avant tout, grâce aux efforts de mes collaborateurs, et
en faisant le suivi des relations que je peux avoir eues avec le
président et le président du conseil de Hyundai en Corée;
nous avons amené, tranquillement, lentement mais sûrement, Hyundai
à considérer de façon très active des
sous-traitants québécois, des entrepreneurs
québécois, des fabricants québécois pour alimenter
ses opérations à Bromont. Nous avons même réussi
à répercuter, je dirais, sur certains des grands fournisseurs ou
associés d'affaires de Hyundai cette préoccupation que nous avons
toujours manifestée d'enrichir le contenu québécois des
opérations de Hyundai, contenu qui avait été
déterminé contractuellement le 15 novembre 1985 à 0 %.
Chaque gain que nous pouvons faire, chaque décision qui va dans le sens
de retombées pour le Québec m'apparaît un gain substantiel.
L'annonce récente par Dürr Engineering du contenu à 60 %
québécois de ce projet de 50 000 000 $ est un résultat
direct des efforts constants de mes collaborateurs, notamment de la Direction
des biens d'équipement et de consommation qui n'ont jamais cessé
de talonner Hyundai pour assurer des retombées concrètes,
précises, chiffrables, de la part de ce constructeur au Québec.
(21 h 45)
De la même façon, nous avons incité, avec
succès, Hyundai à tenir un salon de la sous-traitance pour faire
état de ses besoins, de ses exigences en matière de
qualité, de livraison, salon de la sous-traitance à l'intention
des fournisseurs québécois qui aura lieu d'ici la fin de juin,
à Montréal, et qui permettra aux fabricants
québécois, grâce à nos efforts, de prendre
connaissance de Hyundai de façon précise et, surtout, je le
répète, à Hyundai, de découvrir certaines des
entreprises québécoises qui déjà font des affaires
à l'échelle mondiale, très certainement
nord-américaine, en matière de fabrication de pièces et de
sous-ensembles pour l'industrie des véhicules automobiles. Je suis
convaincu que nous continuerons à faire des progrès dans cette
voie. Je mets peut-être sur le compte du manque d'expérience de
Hyundai en matière de relations publiques
nord-américaines le fait qu'elle ait un peu rapidement, à
mon goût - je l'ai d'ailleurs exprimé - annoncé la
fermeture d'un entrepôt de pièces ici même au Québec.
Comme dirait l'autre, je ne pense pas que cela se reproduise de la même
façon.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bertrand.
Discussion générale
M. Parent (Bertrand): Oui, toujours dans la même
foulée, pour éclaircir peut-être deux ou trois points avant
de passer à autre chose dans les commentaires du ministre.
Sur la question de Hyundai, au dernier point, je dirais que la fermeture
du dépôt de pièces était quelque chose de
regrettable, mais chez le même fabricant, et à cause justement de
ce que mentionne le ministre et de ce qu'il a déjà
mentionné dans des communiqués lors de ses voyages et à
chaque départ et à chaque retour, le ministre a pris soin de
faire des communiqués pour assurer qu'il allait consolider les liens;
moi, je veux bien, sauf que je regarde les résultats en fin de compte,
et c'est la façon de mesurer. Lorsqu'il y a eu l'annonce aussi de la
fabrication de pièces des roues en aluminium pour Hyundai qui est
allée s'installer en Ontario, je pense que c'est fort important,
à moins que mes informations ne soient pas correctes, mais cela se fait
à l'intérieur de l'une des usines déjà existantes.
Il reste, je pense, qu'on aurait dû... C'était là dans les
premières annonces. On voit maintenant Dürr dans le domaine de la
peinture, bravo! Cela se fait ici. Mais pour la question des roues d'aluminium,
cela a laissé coup sur coup, en tout cas, en l'espace de deux ou trois
mois, une drôle d'impression. L'impression que cela a donné - et
vous me corrigerez, moi je ne demande pas mieux -c'est que le ministre se
promène en Corée pour entretenir d'excellentes relations pendant
qu'ici, au Québec, on ferme le dépôt de pièces et on
s'en va en Ontario pour faire des roues d'aluminium. Je vous donne exactement
le "feeling", l'impression que j'ai et qui traduit aussi celte du milieu. S'il
y a lieu de le corriger, on va le faire.
Sur la question des voyages et des retombées économiques,
oui, effectivement, j'ai eu la chance dans mon entreprise de traiter au cours
des années avec les Japonais, avec les Coréens, et je peux vous
dire que ce ne sont pas des gens faciles, c'est tout une autre
mentalité. Est-ce que je peux, non pas conseiller au ministre, mais lui
dire qu'aucun effort ne doit être ménagé? Je pense que vous
le faites sur une base personnelle. Il faudrait avoir en permanence sur les
lieux là-bas des gens qui s'occupent de bien entretenir cette
relation-là, de façon que la chimie se fasse en
continuité.
Sur la question de l'entrepreneurship, je vous dirai que je ne suis pas
contre le soutien en entrepreneurship féminin, au contraire, je veux
être bien perçu, sauf que dans le cas des jeunes et dans le cas
des entrepreneurships au masculin, monsieur mon collègue de Vimont, je
dis qu'il ne faut pas le négliger par rapport à tout cet effort,
cette emphase que l'on met sur l'entrepreneurship au féminin.
Sur la question des incubateurs, le ministre passait un commentaire
selon lequel cet incubateur Innocentre se trouve dans mon comté. C'est
peut-être l'effet du hasard, mais je me permettrai de dire au ministre
que ce projet-là était dû à l'initiative du
commissaire industriel et de moi-même et qu'il a été
travaillé bien avant que je sois en politique provinciale. Le hasard
veut, oui, aujourd'hui, que je sois député, mais c'est un projet
qui, assurément - et je remercie le ministre d'avoir apporté une
collaboration, d'ailleurs on devra s'en reparler sous peu, parler d'une plus
grande collaboration parce que je veux m'assurer... Mais ce que je veux dire au
point de vue des incubateurs... Le ministre ne semble pas être d'accord
qu'il faut nécessairement une politique particulière. Il m'a
parlé des motels industriels. Oui, les motels industriels, c'est une
chose, les incubateurs, c'est autre chose. Ce qui s'est fait au Lac-Saint-Jean
avec SOCCRANT, c'est aussi autre chose.
Mais, pour la formule des incubateurs, telle qu'elle existe actuellement
ou telle qu'elle a été mise sur pied en collaboration avec
l'entreprise privée, avec le concours des centres de recherche et avec
le concours des universités, dans le cadre de la philosophie du
gouvernement actuel de mettre tous les partenaires autour de la table, je dis
que ce serait important que d'autres incubateurs voient le jour, mais non pas
éparpillés à gauche et à droite, parce que,
plusieurs font des demandes pour avoir ces incubateurs.
Ma crainte, c'est qu'on veuille installer peut-être quinze, vingt
ou vingt-cinq incubateurs au Québec. De l'analyse que nous en faisons,
pour avoir vu ce qui se faisait ailleurs, on devra limiter le nombre
d'incubateurs si on veut que, vraiment, ils aient une bonne composition et une
bonne dynamique. On devra limiter les interventions et les vrais incubateurs
dans la formule où on s'entend. Donc, ils devront aussi être
répartis géographiquement sur le territoire de façon qu'il
n'y ait pas de court-circuit.
Ce que je dis au ministre, dans le cadre des incubateurs, c'est que ce
serait important qu'il annonce éventuellement quelle va être la
position du gouvernement en termes d'appui. Est-ce qu'il a l'intention d'en
appuyer huit ou vingt-deux au Québec? Où seront-ils situés
et selon quels critères? En tout cas, cela me semble important.
Finalement, sur la question du libre-
échange, je dirai: oui, les secteurs que vous avez
favorisés, d'après ce que vous me dites, ont été
mesurés en fonction des entreprises qui auraient un marché
potentiel et auraient une dynamique de croissance importante, sauf qu'il est
très important que le ministre de l'Industrie et du Commerce mette tout
son poids sur son collègue du Commerce extérieur, pour que
celui-ci soit vraiment conscient de toutes les mesures qui devront être
prises pour protéger les entreprises dans le cadre du
libre-échange.
Que ces entreprises soient dans n'importe quel des secteurs que vous
allez privilégier et particulièrement - je prends le premier de
vos secteurs - dans le secteur énergivore. Je vous dirai que si, dans le
cadre de la politique de libre-échange qui sera accordée dans le
domaine des ressources naturelles, on ne prend pas soin effectivement de se
protéger de ce côté, on va se faire littéralement
ramasser par une clause - qui s'appellera une clause de commerce déloyal
- comme on s'est fait ramasser ou comme on se fait ramasser actuellement dans
la question du bois d'oeuvre, comme le Canada se fait ramasser dans la
question, ces jours-ci, du gaz.
Si les Américains, du fait que nous vendons notre
électricité, ici, à 0,024 $ le kilowattheure par rapport
à 0,06 $ le kilowattheure aux États-Unis décident de
déclencher une guerre à cet effet et disent que nous faisons un
commerce déloyal ou que nous apportons un appui, ou que nous apportons
une subvention, je vous dirai - je pense que vous le comprenez très
bien, M. le ministre - qu'on va se retrouver dans un secteur dont vous devrez
accorder priorité aux entreprises dans le domaine de
l'électrométallurgie et dans tout ce qui touche le domaine de
l'électricité. Mais si on ne prend pas soin de protéger
cet aspect, je vous garantis qu'on se retrouvera dans une piètre
situation.
Dans le cadre du libre-échange, toujours, il a été
demandé en Chambre au ministre du Commerce extérieur de nous
remettre des études d'impact. Il nous a renvoyé au ministre de
l'Industrie et du Commerce et encore cet après-midi, le ministre du
Commerce extérieur nous a dit qu'il se devait de vérifier
où en sont rendues ces études.
Mais il serait très important, M. le ministre, que nous puissions
avoir - j'aimerais savoir où cela en est - les différentes
études d'impact, autant dans les différents secteurs
manufacturiers que dans les secteurs de services, parce que dans quinze
semaines, il va être trop tard et il faudrait avoir, si ce n'est pas
déjà trop tard, les études d'impact qui seront
publiées là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On continue les
échanges, M. le Président...
M. Parent (Bertrand): Oui, monsieur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...sur trois sujets
spécifiquement. Plus ça va, moins on traite de sujets, mais on
les traite plus en profondeur. Vous avez remarqué, M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): Telle est l'approche que
nous avons adoptée, M. le ministre, pour l'étude de ces
crédits.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Premièrement, Hyundai.
Dans le dossier Hyundai et plus largement dans le dossier de la promotion et de
la prospection d'investissements à l'étranger, le
député a soulevé le cas pratique, si on peut l'appeler
ainsi, de la comparaison qu'il veut faire entre des voyages de prospection et
les résultats, dit-il, contre nature, selon les activités de
promotion et de prospection, telle une implantation nouvelle, par exemple, ou
une nouvelle activité en Ontario plutôt qu'au Québec par la
même société.
Les faits très précis quant au dossier Hyundai à
Newmarket, c'est qu'il faut savoir que c'est une implantation qui
précède de presque deux ans l'annonce même de
l'implantation de Hyundai à Bromont. C'est en 1984 que Hyundai s'est
installée à Newmarket, afin de fabriquer des petits moteurs
électriques pour les lave-glaces et autres composantes de même
nature dans les véhicules automobiles. Que ce soit par
désaffection ou par ajustement des stratégies ou pour quelque
raison que la société Hyundai ait pu avoir, celle-ci a
décidé assez récemment d'envisager et, donc, de parler
publiquement d'un changement de vocation pour cette installation qui existait
déjà à Newmarket. Ceci afin de la consacrer
éventuellement, croyait-elle à l'époque - je ne sais pas
ce qu'il en est aujourd'hui - à la fabrication de roues d'aluminium.
C'est un secteur de très haute technologie qui est en cause ici.
Il n'y a pas de doute. Cela demande, dans tous les cas où certains
producteurs se sont penchés là-dessus, des ressources
considérables, des investissements substantiels en recherche, en
développement, en fabrication de prototypes, en essais de toutes sortes
sur une longue période qui, dans les cas les plus connus, ont
amené des sociétés extrêmement importantes, non pas
à se livrer à ces activités elles-mêmes toutes
seules, mais en association avec d'autres sociétés
extrêmement importantes. Ce n'est pas le cas que nous avons devant nous.
Je ne crois pas que Hyundai soit, à l'heure où on se parle, en
train de fabriquer ou de s'équiper pour fabriquer à haut volume
des roues en
aluminium à Newmarket. C'est une direction que la
société a décidé d'explorer, oui, activement. Mais,
en ce moment, la plus grande activité de Hyundai au Canada est de loin
la réalisation de son implantation à Bromont. C'est ce qui
requiert, la grande majorité du temps, des ressources
financières, des énergies et des investissements de Hyundai,
actuellement. Je ne ferais pas un aussi gros cas que le député de
cette historiette de l'implantation à Newmarket d'une nouvelle usine de
fabrication de roues d'aluminium par Hyundai. Quand on met tout cela en
perspective, je pense que l'importance relative des activités de Hyundai
au Canada permet de constater qu'en toute priorité, c'est
évidemment à Bromont que tout cela se déroule.
Le deuxième aspect soulevé par le député
concernait les incubateurs, la politique d'incubateurs, le nombre
d'incubateurs, l'endroit, le financement public, etc. Encore une fois, mettons
les choses un peu en perspective. Il y a eu, aux États-Unis, au cours
des dix dernières années ou à peu près, une
centaine d'incubateurs qui ont vu le jour. Une centaine d'incubateurs dans un
pays où l'activité économique est sans commune mesure avec
la nôtre, où la seule population est 40 fois plus
élevée qu'au Québec. Toutes choses étant
égales, on aurait, au Québec, la capacité de soutenir deux
incubateurs et demi. Il y en a déjà un à Boucherville, si
je comprends bien, grâce à l'ancien maire de la place avec ses
collègues et collaborateurs de l'époque, dont je suis maintenant
du nombre, dont je fais maintenant partie pour mon plus grand plaisir. (22
heures)
J'ai dit tout à l'heure qu'il faut voir comment relativement
spontanément, parce que c'est comme cela que cela se produit. Des
intérêts privés, des gens de haute technologie, des gens
intéressés dans des laboratoires de recherche, de
développement, d'innovation, des cégeps, des universités,
enfin, tous ces gens sous l'impulsion d'un leadership en général
régional ou local ou universitaire se réunissant donneraient lieu
à la constitution éventuelle d'un incubateur, auquel cas, je le
répète, nous serons toujours là pour complimenter ces
efforts à la mesure de leurs besoins. J'observe quand même que,
sans aller jusqu'à la forme connue sous le nom d'incubateur, il existe
des rapprochements entre entreprises et universités. Certains
récemment ont été réalisés sous l'impulsion
d'écoles polytechniques, à titre d'exemple dans la région
de Montréal. Dans d'autres cas, des cégeps ont constitué
des centres d'excellence et travaillent en très étroite
collaboration avec des entreprises dans différentes régions.
J'ai dit, tout à l'heure, que le CRIQ lui-même s'est
associé au céqep de Victoriaville afin de développer un
centre de services à l'endroit des entreprises du meuble et du bois
ouvré. C'est là une forme embryonnaire d'incubateur. Il ne
resterait qu'à ajouter éventuellement sous ce même
parapluie des disponibilités financières, des fonds de
démarrage qui pourraient émaner du milieu auquel nous serons
extrêmement heureux de contribuer et auquel d'ailleurs nous contribuons
sans doute lorsque des nouveaux créneaux, des nouvelles
activités, des nouveaux procédés sont découverts et
deviennent en état de gestation et, éventuellement, arrivent
à maturité et pourraient requérir une aide ponctuelle de
la Société de développement industriel, un travail plus
ciblé du Centre de recherche industrielle du Québec.
Nous aurions évidemment le même effet à
l'égard d'une création d'entreprise que l'on peut
prétendre avoir de façon soutenue et automatique dans le cadre de
l'activité d'un incubateur. Mais je tiens à rappeler les chiffres
de base: une centaine d'incubateurs aux États-Unis, un peuple de 250 000
000 d'habitants, une richesse de plus de 40 ou 50 fois celle du Québec,
un nombre incalculable d'institutions de haut savoir. La seule région de
la route 128, près de Boston, m'apparaît à sa face
même - et c'est un constat, on n'y peut rien - plus susceptible de
supporter des incubateurs que l'ensemble du Québec. C'est la
réalité des choses, c'est la concentration qui veut cela et c'est
cette concentration qui permet d'espérer la mise sur pied d'incubateurs.
Qu'il y ait des réunions à un moment donné
d'éléments qui permettent d'en arriver à la constitution
d'un incubateur à Québec, oui, c'est arrivé et cela
pourrait arriver encore, mais je trouve extrêmement
téméraire parce qu'un peu artificielle la mise sur pied d'un
vaste programme d'implantation d'une vingtaine d'incubateurs au Québec.
C'est, toute proportion gardée, dix fois plus que ce que les
Américains ont réussi à faire depuis dix ans.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
Le libre-échange avec les
États-Unis
M. Parent (Bertrand): II y avait une dernière question qui
était aussi importante pour coiffer cela, c'était: Où sont
les études d'impact concernant le libre-échange?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, il me
semblait que j'avais oublié quelque chose.
M. Parent (Bertrand): Je sais que le ministre est très
habile.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, le ministre avait
oublié, littéralement emporté par nos discussions sur les
incubateurs et croyant aussi avoir déjà répondu à
cette question à de nombreuses reprises, qu'essentiellement, dans un
processus où nous sommes en train de négocier avec les
partenaires américains ou que nous participons à des
négociations du côté canadien avec les partenaires
commerciaux qui sont les Américains, il est essentiellement exclu que
nous mettions sur la place publique, en pleines négociations,
l'inventaire des points forts et des points faibles du Québec, compte
tenu des enjeux évidemment de la libéralisation des
échanges. Mais je peux assurer le député que nous
alimentons ces études pour veiller à ce que les entreprises qui
peuvent, à cause de leur situation au Québec, de leur histoire,
de leur accès a certaines richesses, de l'expertise qu'elles ont
démontrée, de l'exploitation de certains marchés, avoir
déjà du succès, ne perdent pas la chance de continuer
à bénéficier de ces facteurs qui ont fait leur
succès. Inutile d'en dresser la liste pour tous les autres. Nous avons
nos entreprises à protéger et quant à celles qui
pourraient être menacées, il est évident que nous nous
alimentons aux découvertes que nous pourrions faire, dans le cadre de
ces études d'impact, afin de bien aménager un régime de
transition qui permettrait à celles-ci, par le biais de la formation des
travailleurs, par le biais de la modernisation des entreprises, de faire face
au défi nouveau que représenterait une libéralisation des
échanges avec les Américains.
Nous pourrions, éventuellement, publier certains des constats,
certaines des observations que nous avons pu dégager sur certains
secteurs industriels. Un peu comme les études dont j'avais pris
connaissance en arrivant au ministère, en décembre 1985, qui
avaient été commandées par nos prédécesseurs
puis requises ou demandées par des représentants de la presse. Le
dossier avait été transmis, on s'en souviendra, à la
Commission d'accès à l'information qui avait
décidé, dans ses propres jugements et selon l'opportunité,
de mettre à la disposition des médias les copies de ces
études sectorielles, mais en prenant bien soin, préalablement
-c'est la Commission d'accès à l'information qui a pris cette
décision - de biffer un tas de mentions qui auraient permis d'identifier
les entreprises et d'avoir un jugement un peu trop précis sur ce qui se
passe dans telle ou telle industrie où on peut, trop souvent,
très facilement identifier les acteurs et les joueurs. Il est inutile de
mettre sur la place publique ce qui peut faire l'avantage concurrentiel d'une
entreprise ou alors d'étaler au grand jour les faiblesses
particulières de certaines entreprises, pour que leurs concurrents,
évidemment, en tirent avantaqe.
C'est un conseil de prudence élémentaire qui fait en sorte
que nous ne sommes pas, aujourd'hui, disposés à laisser aller
comme cela, sans balise aucune, ce qu'on peut avoir découvert,
grâce à notre expertise, au MIC ou dans d'autres
ministères, aux ministères de l'Agriculture, de l'Énergie
et des Ressources et, sans doute, des Affaires culturelles. Il est
essentiellement hors de question qu'on jette en vrac sur la place publique un
compendium de nos découvertes de ce qui se passe dans les entreprises
québécoises, mais, je le répète, je pense bien que
nous pouvons, à la satisfaction du député, dans le cadre
de ces discussions, éventuellement, publier sous une forme fort
acceptable, certains constats, observations, analyses de l'état de
développement, par exemple, de certains secteurs industriels du
Québec et cela ferait partie du dossier public. Le dossier des
négociateurs n'est pas le même, il est beaucoup plus complet
évidemment.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je comprends mieux pourquoi le ministre a
hésité à répondre. C'est la première fois
qu'on nous dit, et on est au 1er juin, que finalement on ne rendra pas
publiques les études, vous comprendrez que je suis un peu
stupéfait. Votre collègue, le ministre du Commerce
extérieur, a dit en Chambre, le 13 mai 1987, que les études
d'impacts seraient rendues publiques. Cela, vous en êtes pleinement au
courant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je ne vois pas de
contradiction, M. le député.
M. Parent (Bertrand): II a dit même qu'elles seraient
rendues publiques par vous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne vois pas de
contradiction, M. le député.
M. Parent (Bertrand): Et vous dites, aujourd'hui, qu'elles ne
seront pas rendues publiques. C'est ce que j'ai compris, elles ne seront pas
rendues publiques.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Elles ne seront pas rendues
publiques les...
M. Parent (Bertrand): Dans la mesure où elles pourraient
nuire à des entreprises.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, évidemment, M. le
Président, si le député de Bertrand insiste, et je
l'invite à le faire publiquement, pour qu'on rende publiques les
informations que, sous le sceau de la
confidentialité, les entreprises québécoises nous
confient lorsque nous faisons des analyses sectorielles, je l'invite à
le faire devant la prochaine chambre de commerce à laquelle il
s'adressera et je lui prédis qu'il ne sera pas salué par un
tonnerre d'applaudissements. Les entreprises - chacune garde jalousement les
raisons de son succès -n'ont aucune intention, ni le gouvernement,
d'étaler sur la place publique ce qui fait leur force concurrentielle
particulière, ce qui leur donne des avantages auxquels elles tiennent.
C'est absolument contre tout bon sens que de vouloir livrer en pâture
à tous les journalistes et surtout à tous les concurrents de
toutes les chambres de commerce que ces entreprises peuvent avoir l'ensemble
des facteurs de succès, les décisions stratégiques, des
plans d'affaires que les entreprises ont mis sur pied dans un contexte de
développement de leurs affaires et dans un contexte, dans certains cas
et à bon escient, de libéralisation éventuelle des
échanges et des défis que cela va représenter pour les
entreprises québécoises.
Je réitère au député que, lorsqu'il a
été question de mettre sur la place publique les versions
préliminaires de ces études, il y a déjà plus un
an, la Commission d'accès à l'information a décidé
de son propre chef, ayant entendu les plaidoyers des gens en cause, de biffer
essentiellement toute forme de renseignements qui pouvaient, de près ou
de loin, constituer une divulgation des plans d'affaires et je dirais des
forces relatives des entreprises québécoises qui pouvaient
être identifiés. Ce n'est pas nous qui l'avons fait, c'est la
Commission d'accès à l'information. Nous pourrons,
évidemment et nous avons mis à la disposition... Je crois qu'au
moins un journaliste s'est pointé au ministère de l'Industrie et
du Commerce pour prendre connaissance de ces documents. Qu'est-ce que vous
voulez, c'est la nature des choses que, dans un système d'entreprises
concurrentielles, les entreprises aient au moins la certitude que le
gouvernement ne garrochera pas sur la place publique l'ensemble des
renseignements sur la façon de fonctionner que les entreprises qui ont
du succès peuvent avoir développée. Ce qui est publiable
le sera; ce qui ne l'est pas ne le sera pas. C'est ce que j'ai dit au
député et c'est ce qu'on a toujours dit.
M. Parent (Bertrand): Bien, moi, je dis au ministre qu'il ne
s'agit pas de garrocher sur la place publique des études qui feraient en
sorte de mettre en péril... J'ai été dans le monde de
l'entreprise et je suis pleinement conscient qu'il ne s'agit pas de mettre en
péril quelque entreprise que ce soit ou de faire connaître des
plans de développement d'une entreprise par rapport à une autre.
Je pense que, là-dessus, il ne s'agit pas de nuire à personne. II
y a certainement au ministère de l'Industrie et du Commerce - et cela me
semble prioritaire que ce soit rendu public -dans certains secteurs, des
données qui sont amassées sous forme de statistiques pour
connaître l'impact du libre-échanqe dans les secteurs du meuble,
de la chaussure, de l'électronique, de l'édition, des services ou
dans quelque secteur que ce soit, quel est l'impact face à la
libéralisation des échanqes, face à l'abolition des
barrières tarifaires, et si cela doit se faire. Comment va-t-on savoir,
à part ceux qui négocient et qui forment un petit comité
privé, si les mesures transitoires devront être de trois ans, cinq
ou dix ans?
Je dis au ministre de l'Industrie et du Commerce qu'il est vraiment
important que le ministère ou que quelqu'un au gouvernement publie les
études d'impact, et cela, sans nuire aux entreprises. Je ne sais pas si
des choses devront être biffées. Il n'est pas dans mon intention
de mettre qui que ce soit dans l'eau chaude ni de partir une querre entre les
entreprises du Québec. Notre but est d'être capable de
mesurer.
Quand j'ai dit, cet après-midi, au ministre du Commerce
extérieur, et je le dis aussi au ministre de l'Industrie et du Commerce,
qu'il manque de tranparence dans ce dossier, c'est parce que je crois, j'ai la
profonde conviction, pour m'être entretenu avec les milieux d'affaires,
que les gens ne savent pas trop de quoi on parle quand on parle de
libre-échange. Je parle des propriétaires d'entreprises qui
auront à vivre ce nouveau scénario dans un an, dans cinq ans ou
dans trois ans. Les gens ne sont pas pleinement conscients des impacts que cela
peut avoir. Je pense que, de façon générale, il existe et
il doit exister, dans ces études... Vous les avez fait faire, ces
études. Que ce soit les études qui ont été
commandées en 1985, et qui auraient été mises à
jour aujourd'hui dans des secteurs, des domaines très particuliers ou
que ce soit dans des secteurs autres que le secteur manufacturier, dans le
secteur des services, par exemple. Dans le domaine des transports, des
institutions financières, de l'agriculture et dans les domaines qui
relèvent du ministre, il doit exister des études pour être
capable de mesurer l'impact qu'aura la libéralisation des
échanges et les dangers qu'on peut courir.
Tout cela n'est pas dans le but d'effrayer les gens. Je le
répète, notre position est de dire oui à la
libéralisation des échanges, mais à certaines conditions
et avec certaines prémisses qui nous préoccupent. On est à
quelques semaines de la fin des négociations. Quelle est la position du
Québec par rapport à la position qu'Ottawa va prendre? Ce n'est
pas le Québec qui négocie avec les États-Unis, c'est
Ottawa, le gouvernement central. Le Québec se doit de prendre position.
Et, a quinze semaines de la signature d'une entente, je trouve
inadmissible qu'on n'ait pas d'étude d'impact, qu'on n'ait pas de
commission parlementaire et qu'on n'ait pas d'engagement de ce
côté. (22 h 15)
Je ne veux pas faire un débat politique. Je l'ai dit en
interpellation, à l'Assemblée nationale: l'avenir
économique du Québec est trop important. En tant que
député, si je ne faisais que cela dans le mandat qui m'est
confié actuellement, j'aurais l'impression d'avoir accompli quelque
chose. Il est important qu'on mette toute la lumière là-dessus.
Pour ma part, en tant que député responsable du dossier de la
libéralisation des échanges, je me dois d'exiger du ministre de
l'Industrie et du Commerce - parce que cela a aussi été
apporté par votre collègue et, pas plus tard que cet
après-midi, il était tout à fait d'accord
là-dessus, je ne sais pas si vous parlez de la même chose - de
s'assurer d'avoir une position claire. Je ne veux pas partir en guerre contre
le gouvernement.
Tout ce que je veux, c'est être capable d'informer le plus
possible; c'est ma préoccupation et mon rôle. Les gens du milieu
des affaires ne sont pas suffisamment informés. Je le
répète, je ne voudrais pas mettre qui que ce soit ou quoi que ce
soit dans une mauvaise position, dans de mauvais draps. Il doit y avoir moyen
de publier des portions importantes de ces études pour être
capable de faire la lumière là-dessus, sinon, on s'en va
complètement dans les nuages. On ne sait pas mesurer les impacts.
Comment va-t-on être capable de dire: Oui, c'est une bonne chose?
Même le ministre était d'accord cet après-midi, mes
collègues ministériels pourront vous le confirmer, qu'une entente
devra être ratifiée à l'Assemblée nationale par un
processus quelconque et cela devra se faire incessamment.
Il est important que ceux qui sont élus, les 122
députés de l'Assemblée nationale, se prononcent: Est-ce
qu'on est en faveur d'un accord sur le libre-échange à partir des
données qu'on a? Le ministre nous a dit que, dans le secteur des
services, secteur où les Américains sont en demande, ce sont les
Américains qui veulent absolument parce qu'ils veulent introduire un
premier processus afin d'être capables de faire des percées lors
des prochaines rondes du GATT parce qu'ils sont bloqués par plusieurs
pays, ils ne sont plus capables de négocier cette dimension. Jamais,
dans toutes les négociations du GATT, il n'y a eu de percées au
chapitre des services quant à l'abolition des barrières
tarifaires et les États-Unis sont en demande. Sauf qu'aux
États-Unis, on a formé onze ou douze sous-comités par
rapport aux comités qui existaient. Ici, au Québec, on n'a rien
de fait. On nous l'a confirmé, on est un peu en attente parce qu'on dit:
Les États-Unis sont en demande.
Je me préoccupe, M. le ministre. On est le 1er juin. Le 20 juin,
l'Assemblée nationale ne siégera plus. Beaucoup de gens partiront
en vacances au mois de juillet. Il reste le mois d'août et le mois de
septembre et, le 4 octobre, tout sera signé et approuvé. Qu'on
soit d'accord ou non, je vous le dis, il y a un compte à rebours dans
les seize prochaines semaines. Si c'est pour être achevé, il
faudrait avoir, au cours du mois de juin, au cours des prochaines semaines, des
études d'impact. II faudrait avoir un débat public. Quand je dis
un débat, ce n'est pas négatif. Il faudrait mettre toute la
transparence là-dessus.
Je conclus en vous disant que ce qui s'est passé ces
dernières semaines au lac Meech était très important pour
l'avenir constitutionnel du Québec. C'est très important ce qui
va se passer quant au libre-échange et cela a encore plus d'impact.
C'est tout l'avenir économique du Québec avec lequel on devra
vivre. J'ai comme l'impression qu'on ne veut pas donner des informations
nécessaires. Je pense qu'il faudra certainement vous concerter avec
votre collègue ministre. Je vous le dis, je trouve cela inacceptable. Je
pensais qu'on m'annoncerait ce soir que, la semaine prochaine, ces
études seront rendues publiques parce qu'on nous les avait promises et
parce que c'est nécessaire.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand, étant donné que je ne suis que
président temporaire, vous me permettrez d'intervenir avant que te
ministre vous réponde, pour rectifier deux affirmations que vous venez
de faire et, d'autre part, pour ajouter une question additionnelle à
celles que vous avez posées.
D'abord, en ce qui concerne l'affirmation que vous faites voulant que le
ministre du Commerce extérieur a dit devant cette commission, cet
après-midi, vouloir amener pour débat, pour ratification, les
accords intervenus. Il parlait d'accords rendus à un haut terme des
négociations et non pas avant la fin des négociations sur le
libre-échange. Que je sache, en ce qui concerne la publication des
impacts, à moins que j'aie manqué quelques secondes les
débats de la commission, le ministre du Commerce extérieur ne
s'est pas engagé à les publier dans les jours ou dans les
semaines qui viennent.
D'autre part, sur le même thème des questions que vous
posez au ministre de l'Industrie et du Commerce, je me préoccupe
fortement de l'impact négatif qu'il pourrait y avoir par la publication
des études d'impact et spécialement les études
négatives, non seulement pour l'entreprise mais surtout,
également, pour chaque secteur. Ma question au ministre est la suivante:
Comment pourrait-on publier des études d'impact
négatives qui auraient été faites et qui
démontreraient que dans le cadre du libre-échange, il y aurait
des impacts négatifs non seulement pour une entreprise spécifique
mais par exemple pour un secteur comme celui du meuble, dont le
député de Bertrand a parlé tantôt? Imaginez la
situation de certaines entreprises cotées à la Bourse, par
exemple, quand sortirait publiquement, dans les jours ou les semaines qui
viennent, que le secteur du meuble connaîtrait un désastre ou un
marasme à la suite d'un accord du libre-échange. Quel impact cela
aurait-il sur les cotes à la Bourse des entreprises de ce secteur? Je
peux me tromper, mais j'espère qu'effectivement nous ne publierons pas
des études d'impact négatives - et surtout avant terme - qui
pourraient avoir des répercussions négatives non seulement pour
certaines entreprises mais je dirais même pour la survie de ces
entreprises. J'écouterai avec un grand intérêt les
réponses du ministre, parce que je ne suis absolument pas d'accord avec
le député de Bertrand pour que l'on publie ou que l'on publicise
les impacts négatifs ou les études que nous aurions en main non
seulement sur les entreprises, comme je le disais, mais également dans
des secteurs précis où on pourrait voir certaines entreprises
vraiment faire face à une situation très difficile à la
suite des réactions des investisseurs dans ces entreprises. M. le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, dans le
cadre de cette discussion, je veux bien redire qu'il faut faire attention pour
ne pas dramatiser. C'est facile de dramatiser en présumant que les
secteurs industriels sont d'une homogénéité
extraordinaire. J'ai vécu une expérience pratique un peu
particulière, il y a plusieurs mois, alors qu'un groupe d'industriels
d'un secteur particulier est venu me faire des représentations. Ils
exprimaient leurs inquiétudes sur une libéralisation
éventuelle des échanges alléguant que leurs industries
avaient besoin, à tout le moins, d'une phase de transition, de
modernisation, afin de s'assurer qu'un grand nombre de ces entreprises aient le
temps de se retourner, autrement dit, pour affronter les nouvelles conditions
commerciales avec les États-Unis. Ce qui m'avait frappé,
c'était que le porte-parole de ce groupe était un chef
d'entreprise qui, quelques jours plus tôt, alors que je le rencontrais
dans un contexte tout autre, m'avait indiqué son profond désir
d'un processus plus rapide pour qu'il y ait une libéralisation la plus
totale possible des échanges entre le Canada et les États-Unis,
étant donné que, quant à lui et quant à quelques
autres entreprises qu'il pouvait nommer dans son secteur industriel, celles-ci
étaient extrêmement actives sur les marchés
d'exportation.
Elles n'avaient peur d'absolument aucun concurrent et elles
étaient à la fine pointe de tous les développements
possibles et imaginables dans le secteur. Mais il n'en restait pas moins que
l'ensemble du secteur était constitué en nombre, peut-être
pas en volume, de plus petites entreprises moins adaptées à des
changements de conditions éventuels, moins capables de s'adapter, je
devrais plutôt dire, à des changements relativement importants de
conditions, d'échanges commerciaux. D'où le fait que ce dernier,
pour lui, parlait d'une libéralisation rapide et complète des
échanges, mais plaidait, pour son groupe, tout à fait le
contraire ou presque. Il faut donc faire attention de ne pas tout mettre dans
te même panier. Les études risquent, lorsqu'on les prend par
secteur, de nuire bien indûment à des entreprises
extrêmement performantes ou alors, au contraire, de donner une mauvaise
impression de tout un secteur qui était perçu globalement comme
un gagnant éventuel dans la libéralisation des échanges.
Elles pourraient inciter certaines entreprises moins performantes à
s'asseoir sur leurs lauriers et à se dire: Bon, le gouvernement nous
annonce qu'on va gagner dans cette lutte commerciale avec des nouvelles
règles.
Dans les deux cas, vous voyez, M. le député, que ce n'est
pas clairement à l'avantage des entreprises québécoises
d'étaler, je le répète, sur la place publique, des
résultats de telles études dans des formes qui permettraient un
peu trop précisément, et c'est malheureusement possible,
d'identifier certaines entreprises. Au-delà du risque qu'il y a de nuire
à tout un secteur, y compris les entreprises les plus performantes qu'on
y retrouve, il y a également ce risque de dévoiler la position
relative de certaines entreprises à l'intérieur du secteur, ce
qui n'est pas nécessairement dans l'ordre des choses.
Il y a également des dispositions législatives, la Loi sur
les statistiques du Canada, qui interdisent carrément ce genre de
publication ou garantissent aux entreprises que, d'aucune façon, les
données relatives à leur industrie ne seront
dévoilées. La division prévue par les tableaux
statistiques, par exemple, 1 à 100 employés, 101 à 200,
201 à 500 et 501 et plus, permet, dans beaucoup de cas, d'identifier des
groupes de un, si vous me passez l'expression, de deux ou de très
petites entreprises. Il ne suffit pas d'être grand clerc, lorsqu'on est
un analyste dans une maison de courtage, par exemple, ou lorsqu'on est un peu
versé dans les études économiques sectorielles, pour
pouvoir identifier avec beaucoup de précisions, compte tenu des
divisions statistiques qu'on peut observer, littéralement, le portrait
assez précis d'entreprises qui n'ont aucune espèce
d'intérêt à ce que ce soit sur la place publique.
C'est le point de vue pratique, de la divulgation et des risques
inhérents à la divulgation de certains constats assez complets
qu'on pourrait, théoriquement, si on écoutait le
député, dévoiler sur la place publique.
De façon plus gobale, j'ai entendu le député de
Bertrand, à la télévision d'État, à
Radio-Canada, hier soir, à une heure tardive, nous indiquer, nous
rappeler que 80 % des échanges entre le Canada et les États-Unis
se font avec des barrières tarifaires de 5 % environ. On est
virtuellement dans un système de libre-échange avec les
États-Unis. Ce qui fait problème, c'est que, évidemment,
certains secteurs, règle générale, que le
député lui-même me rappelait dans son intervention à
la télévision, souffrent d'exceptions très
sérieuses. Donc, il faut s'attaquer à ces problèmes de
barrières tarifaires plus substantielles dans certains secteurs,
au-delà de quoi, il faut également faire attention
essentiellement à certains secteurs industriels qui auront, de toute
façon, à cause de la concurrence, des difficultés
quelquefois passagères avec des concurrents américains, auquel
cas, si des différends -s'élevaient, il faut surtout regarder, et
c'est ce que mon collègue a déjà mentionné, quels
sont les mécanismes. C'est là un peu une demande canadienne de
règlement des différents commerciaux avec les États-Unis.
On ne parle plus de tarif à ce moment-là, on parle d'une
libéralisation des échanges, d'un "freer trade", mais aussi d'un
"fairer trade", d'échanges commerciaux plus justes, plus
équitables, mieux équilibrés, mieux gérés,
si on peut utiliser l'expression, entre le Canada et les États-Unis,
afin qu'on n'assiste pas à des guérillas de tarifs, des
guérillas commerciales essentiellement sous l'impulsion du moment, de
telle ou telle coterie qui a ses entrées au Conqrès
américain. Ces gestes protectionnistes ponctuels deviennent de plus en
plus imprévisibles et ce caractère imprévisible est
extrêmement nuisible - évidemment, le député le
soupçonne - lorsqu'il s'agit, pour une entreprise, de planifier ses
investissements, de planifier ses programmes de commercialisation de ses
produits et de planifier son implantation à l'étranger. Il s'agit
surtout, entre le Canada et les États-Unis, de mettre un peu d'ordre
dans l'anarchie croissante qu'on observe, bien au-delà du fait qu'il
reste encore quelques secteurs industriels où il y a, oui, des
barrières tarifaires que les deux pays auraient intérêt
probablement à éliminer avec le temps. Le mot clé ici est
évidemment "avec le temps". (22 h 30)
Nous avons toujours indiqué, comme politique de base,
littéralement comme objectif, de ne jamais perdre de vue que quand nous
pourrions constater que la libéralisation des échanges nuirait
à certains secteurs industriels, une phase de transition,
d'aménagement vers un nouveau régime d'échanges
commerciaux est absolument essentielle. Il est évident que le
gouvernement du Québec, dans la phase éventuelle que rappelait le
député en évoquant les propos de mon collègue,
où nous serions appelés, tous ensemble à
l'Assemblée nationale, à considérer la ratification, si on
peut utiliser ce terme dans ce contexte, d'une entente de libre-échange
éventuelle avec les États-Unis, dans ce contexte, il est entendu
que nous nous alimenterons tous aux mêmes sources, que nous puissions
donc évaluer tous ensemble quels sont les impacts en cause, sur la base
de ces données accessibles à tout le monde, mais sans mettre en
péril, je le répète, la position concurrentielle de
certains secteurs industriels ou de certaines entreprises à
l'intérieur de secteurs industriels. Nous pourrions évidemment
avoir des débats là-dessus.
M. Parent (Bertrand): Pour terminer sur ce point, je m'inscris en
faux. Je ne suis pas d'accord avec l'analyse, tout en reconnaissant qu'il y a
certaines précautions à prendre. Je le conçois.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous répétez vos
propos que j'ai entendus à la télévision, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Les propos que j'ai tenus à la
télévision dans les cinq minutes qui m'étaient
dévolues disaient exactement ce qui suit: 78 % des échanqes,
actuellement, de 165 000 000 000 $ qu'on fait avec les États-Unis, se
font en état de libre-échange. Sur les autres 22 %, il y a des
barrières tarifaires. C'est là-dessus que va avoir lieu le
libre-échange.
Alors, quand on parle d'abolir et de négocier une
libéralisation des échanqes, d'abord, celle-ci ne pourra se faire
de façon complète. Il restera toujours des barrières, sauf
que là où on va la faire, que ce soit dans le domaine de
l'agriculture, de la culture, des services et dans quelque domaine que ce soit,
il faut s'assurer qu'on va prendre des précautions minimales pour
éviter qu'on se retrouve dans une situation où on va mettre nos
entreprises dans une position très précaire.
Lorsque les barrières auront sauté, ces entreprises ne
pourront plus être, en aucune façon, concurrentielles. Alors, cela
me semble, à toutes fins utiles, très clair. C'est pour ça
que le 13 mai, en Chambre, j'avais posé la question au ministre du
Commerce extérieur. Pour la commission ici, pour mes collègues et
pour le député de Vimont, je fais juste rapporter exactement le
mot à mot du ministre du Commerce extérieur, M. MacDonald qui
disait: "M. le Président, lors
de la présentation du document faisant état de la
situation sur les négociations du libre-échange avec les
États-Unis - c'est le fameux document qui a été rendu
public -nous avons mentionné qu'il y avait des études
sectorielles qui étaient mises à jour avec les chiffres de 1986
et qu'elles allaient être rendues publiques dans une dizaine de jours par
le ministre de l'Industrie et du Commerce, entre autres, chez qui se sont
préparées la majorité de ces études et probablement
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Ces
études recevront la même distribution que le rapport,
c'est-à-dire qui que ce soit dans la province de Québec qui
désire des coptes en aura."
Alors que ces études qui viennent en annexe du document soient
plus abrégées, ne soient pas intégrales, je laisserai le
soin aux personnes, au ministre de juger.
Mais ce que je dis, c'est qu'il faut, M. le député de
Vimont, par rapport à vos préoccupations, que soient rendues
publiques ces choses de façon que... Non pas qu'on essaie de traiter
ça un peu en catimini ou de peur que... Je pense que les entreprises
aujourd'hui et les gens sont capables de mettre les choses sur la place
publique et il ne s'agit pas de mettre le cas des entreprises, cas par cas,
mais de parler des secteurs et tout en étant conscient que, des fois,
dans des secteurs il y a des hauts de gamme et des bas de gamme. Il y a des
petites, il y a des moyennes et des grandes entreprises, sauf que ça me
semble important. Il y a eu des engagements ce soir-là, et je pense
qu'ils devront être définitivement déposés de
quelque façon que ce soit.
Cela étant dit, ça fait part de mes préoccupations,
et si, pour une raison ou pour une autre, le ministre décide d'y donner
suite partiellement ou de ne pas y donner suite, à la lueur de ce que je
vois, c'est que ce n'est pas clair ce soir si on aura des dépôts
d'études, tel que demandé et tel que précisé. Ce
n'est pas clair pour moi, ce que vous allez rendre public et quand. J'aurais
aimé ça que ce soit clair.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je veux
juste relever ce que mon collègue du Commerce extérieur et du
Développement technologique reconnaîtrait volontiers comme un
lapsus, ce que le député vient de lire dans la transcription des
débats en se référant aux chiffres de 1986.
Évidemment, ce qui est disponible statistiquement, ce sont les chiffres
disponibles en 1986 et non pas les chiffres de 1986; nous sommes le 1er juin
1987, vous comprendrez que les statistiques globales pour l'économie
canadienne et québécoise au 31 décembre 1986 ne sont pas
disponibles. Ce sont les chiffres disponibles, à ce moment-ci, qui sont
en cause et qui, évidemment, sont traités à titre de
données de ces études éventuelles.
En pratique, ce sont les chiffres de 1984, je pense bien. Mais c'est la
nature des choses, c'est vrai partout, enfin, en Amérique. C'est un
lapsus, c'est tout ce que je voulais mettre au clair.
M. Parent (Bertrand): Ce qu'il est important de retenir, c'est
que ce sont les études à jour, les plus à jour
possible.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, mais c'est cela,
précisément à jour autant qu'on puisse les mettre à
jour au 31 décembre 1986 sur la base, donc, des chiffres des 24 mois
précédents, déjà vieux de 24 mois, je devrais
dire.
M. Parent (Bertrand): Alors, cela va pour cette question, M. le
Président. J'aimerais, étant donné l'heure et le temps qui
file rapidement, être capable de passer...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela passe vite parce que c'est
intéressant!
M. Parent (Bertrand): À ce stade-ci, c'est très
intéressant et je souhaiterais que nous puissions voir plus longuement
ces échanges, je trouve cela plus constructif que parfois les
débats à sens unique qui se font à l'Assemblée
nationale parce que l'un discourt et l'autre discourt et on ne s'entend pas
tandis que là, on est en face à face.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, ce
n'est pas nous qui posons les questions à l'Assemblée nationale,
ce sont les poseurs de questions qui déterminent la direction...
M. Parent (Bertrand): Je vous dirais que ce n'est pas nous qui
répondons aux questions c'est ce qui est malheureux et je vous
suggère qu'on ne s'embarque pas dans une période de questions,
c'était plus agréable comme cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Comme vous voulez.
M. Parent (Bertrand): Alors, M. le Président, avec votre
permission, on pourrait passer sur quelques points techniques...
Le Président (M. Charbonneau): Elle vous est acquise, M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...qui pourraient me permettre d'avoir des
éclaircissements. Je ne veux pas dire que, sur les sept heures qui nous
sont accordées pour l'étude des crédits, il est bien
sûr que je n'avais pas l'intention de passer cinq ou six heures sur
les questions des chiffres. Je sais que vous êtes très
déçu, M. le ministre et si je l'avais fait, vous seriez aussi
très déçu, alors, je pense qu'il y a le genre de
discussions de fond quant aux orientations et tout ce qu'on a eu, à ce
jour, c'est drôlement plus important et plus enrichissant quant à
ce qui va se passer au cours de la prochaine ou des prochaines
années.
Cependant, il y a des choses que nous devrons approuver sur le plan de
la quantification et des chiffres et sur le plan technique, et j'aimerais avoir
quelques explications et on reviendra, après cela, aux dossiers de
fond.
Ventilation des crédits
D'abord, si on prend le programme 1, si je comprends bien le
fonctionnement, la super catégorie que vous avez au niveau des
traitements et tout cela, entre 1986-1987 assurons-nous qu'on a les mêmes
chiffres: on avait 6 974 000 $ par rapport à 6 941 000 $ - à
toutes fins pratiques, la masse salariale ne bouge pas, il y a des
augmentations dû au fait que, dans le bas, on se retrouve avec dix
employés de moins. C'est exact et ces dix employés sont
allés à d'autres éléments, c'est-à-dire dans
d'autres secteurs, mais, à toutes fins utiles, la masse salariale
demeure la même, c'est qu'il y a des augmentations au niveau de la masse
salariale, j'imagine que ce sont les augmentations prévues mais que le
nombre a diminué de dix. C'est ce qui fait que la somme de 6 900 000 $
demeure la même. Est-ce exact?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Gui, mais c'est cela, c'est un
net en réalité la différence entre les deux, si vous
regardez, sur la page de droite du cahier qui vous a été fourni,
l'explication des variations s'y retrouve. À Fonctionnement du
personnel, il y a une différence de 128 400 $ qui s'explique par, d'une
part, l'indexation des catégories de traitement et autres
rémunérations sur la base des crédits six et sept, enfin,
c'est le résultat des conventions collectives signées dans le
secteur public et une diminution, par ailleurs, de 320 800 $ qui est une
réallocation d'une partie de ces crédits au profit d'un autre
élément de ce même programme. Alors, nous sommes
actuellement dans l'élément 1 du programme 1 et on retrouvera,
évidemment, à l'élément 2, l'entrée
correspondante aux 320 800 $: il y a eu réallocation de crédits
vers cet autre élément de programme.
M. Parent (Bertrand): Cela va pour celui-ci. Pour ce qui est de
l'élément 2 du programme 1, qu'est-ce qui fait que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans la page de droite, on voit
le montant de 320 800 $, réallocation des crédits, traitements en
provenance de l'élément 1.
M. Parent (Bertrand): Cela balance.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est impeccable.
M. Parent (Bertrand): À l'élément 2, dans
Capital - Autres dépenses, le montant de 70 000 $ de l'an dernier passe
à 140 600 $ cette année. Est-ce qu'on peut donner la raison de
l'augmentation du simple au double, soit de 70 000 $ à 140 000 $? Est-ce
que je pourrais avoir une brève explication?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À la
Direction des biens d'équipement et de consommation - j'en
profite pour ajouter le nom des personnes qui nous entourent; M. Michel La
Salle est le sous-ministre adjoint responsable des biens d'équipement et
de consommation - on voit une activité de rattrapage quant à
l'équipement dont peuvent se servir nos gens pour être plus
efficaces en matière d'équipement de bureautique. Ces derniers
temps, nous avons évalué que nous devions nous équiper
convenablement afin de faire un meilleur travail. Cela explique essentiellement
l'augmentation à ce titre que vous voyez à
l'élément 2 de ce programme.
M. Parent (Bertrand): Cela va. Je n'ai pas d'autres questions.
Dans le programme 2, élément 1, à la page de droite,
l'accroissement des déboursés concernant l'article 9 de la loi,
est-ce qu'on pourrait m'expliquer cela un peu? Est-ce qu'on retrouve cela un
peu plus loin?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, là, je vous ferai
remarquer qu'on est dans la SDI et que cela devait être discuté
demain, en présence des gens de la SDI, le cas échéant.
L'article 9 de la loi, qui est l'article 7 de la nouvelle loi, est cette
disposition qui permet à la SDI d'entreprendre un mandat gouvernemental
qui, par ailleurs, n'est pas compris à l'intérieur des
programmes. C'était, à l'origine, destiné au programme
d'exportation plus précisément. Mais cela avait été
interprété traditionnellement d'une façon très
large pour pouvoir entrer dans des cas comme celui de Domtar, par exemple,
où on pouvait dire: La production de l'entreprise est destinée
à l'exportation, en tout ou en partie, en remplacement à
l'importation... Organisez cela comme vous voulez. C'est une disposition
générale, finalement, selon laquelle on pouvait agir
spécifiquement dans certains dossiers. Il y a une augmentation au titre
des versements qui sont surtout à l'égard de GM Boisbriand.
L'intérêt d'un prêt
de 30 ans au montant de 110 000 000 $, cela monte vite. On vient
d'expliquer à peu près 10 000 000 $ sur les 14 000 000 $. II y
aura peut-être un début de prise en charge d'intérêt
sur d'autres dossiers majeurs dont on a déjà fait état
publiquement, comme Hyundai, par exemple.
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien, c'est à cet
article que l'on retrouve l'aide gouvernementale.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ce qu'on appelle les
grands dossiers.
M. Parent (Bertrand): L'aide à GM se retrouve
là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. M. Parent (Bertrand):
C'est exact?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
Disons que les crédits consentis à PRO-PME n'étaient pas
suffisants.
M. Parent (Bertrand): C'est ce que j'ai cru comprendre. Mais
c'est parce que cela fait bien pour un gouvernement de donner plus de
subventions aux entreprises.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un prêt, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Oui. Un prêt sans
intérêt. (22 h 45)
Je voudrais une explication à la dernière page du
programme 2, élément 3. Le montant de 16 000 000 $ qui
apparaît pour l'aide à l'industrie pétrochimique, dans les
diminutions de crédits, est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi le
montant de 16 000 000 $ se retrouve là? Juste avant le programme 3, le
programme 2, élément 3, à droite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on discute des
crédits d'une année par rapport aux crédits de
l'année précédente, on arrive à une explication
très fréquente. C'est que les écarts sont toujours
calculés sur la base des crédits tels qu'ils apparaissaient dans
le cahier des crédits de l'an dernier et tels qu'ils apparaissent dans
le cahier des crédits de cette année. Il n'y a donc aucune
référence, en présumant que les crédits qu'on
inscrit pour l'année 1987-1988 sont notre évaluation,
aujourd'hui, de la dépense réelle envisagée. Nous nous
référons, dans le livre explicatif que vous avez devant vous,
à l'écart qui existe entre les chiffres qui apparaissent cette
année au titre de l'aide financière à l'industrie
pétrochimique, soit 13 900 000 $ et les chiffres qui apparaissaient au
même poste pour les crédits de 1986-1987, soit un montant de 30
000 000 $.
Nous avons donc, en 1986-1987, investi et dépensé 41 000
000 $ au titre de l'aide financière à l'industrie
pétrochimique. Ce sont donc 11 000 000 $ de plus qu'on aurait dû
verser en 1987-1988. Si on avait "respecté", entre guillements, notre
évaluation de 30 000 000 $ de l'an dernier et qu'on n'avait
effectivement versé que 30 000 000 $, nous aurions cette année,
probablement, quelque chose comme 24 900 000 $ qui apparaîtraient dans
les crédits. Ce serait donc un écart un peu plus
compréhensible.
À ce titre, on pourrait dire que le montant de 11 000 000 $, qui
a été versé en 1986-1987, a été versé
un petit peu à l'avance. Si on l'avait versé le 1er avril au lieu
du 31 mars, à titre d'exemple - on verra un cas semblable un peu plus
tard -évidemment, les écarts n'auraient pas été de
cette ampleur. C'est essentiellement un effet comptable qui se
réfère au moment du déboursé au titre de l'aide
financière à l'industrie pétrochimique.
Je constate avec le député que cette façon, que le
gouvernement doit respecter, de divulguer ses crédits et de fournir des
explications quant aux écarts qui existent par rapport aux
crédits de Pan dernier, peut jeter la confusion à l'occasion,
dans la mesure où c'est simplement un principe comptable de synchronisme
du moment du déboursé qui est en cause et non pas une
espèce de preuve qu'on est en train, je dirais, d'aider deux fois moins
l'industrie pétrochimique cette année qu'on ne l'a fait l'an
dernier. Sur une longue période, au printemps finalement, c'est
là où se déroule tout ce jeu, il y a cette date absolument
inévitable du 31 mars et qui, à cause du traitement d'un dossier,
du moment où les factures entrent, du moment où la validation se
produit, où les discussions interviennent avec soit le Conseil du
trésor, soit le ministère des Finances, etc., cela donne lieu
justement à des chiffres comme ceux qu'on a devant nous; 13 900 000 $
soi-disant d'aide financière à l'industrie pétrochimique
cette année et 16 100 000 $, à présumer, de moins que l'an
dernier.
Entre nous, la vraie différence est de 41 000 000 $ de
déboursés, l'an dernier et de 13 900 000 $, cette année.
On commence à comprendre que c'est une différence de 27 000 000
$. Mais sur une période de 24 mois, on aura évidemment soutenu
l'industrie pétrochimique avec des sommes qui étaient à
l'intérieur du budget à long terme que l'on croyait consentir,
à ce poste, comme je l'ai expliqué tout à l'heure.
M. Parent (Bertrand): Je comprends l'explication que le ministre
me donne, mais je trouve cela un peu dommage la façon
dont on nous le présente parce que c'est...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Malheureusement, je le
déplore autant que vous, mais on finit par s'y retrouver avec des
explications additionnelles.
M. Parent (Bertrand): C'est possible qu'on n'ait pas le
choix.
M. Johnson (Vaudreuïl-Soulanges): On me fait remarquer que,
dans l'annexe 2, sous l'onglet jaune numéroté par 2,
apparaît une comparaison du budget original, donc crédits
1986-1987, et budget modifié qui, à un moment donné tient
compte de la nouvelle évaluation que l'on fait qui, dans la plupart des
cas, correspond de fait aux déboursés qui ont été
effectués pendant cette année-là. Alors on voit que les 41
000 000 $ dont je vous parlais, les onze de plus que les crédits qui
avaient été déposés à l'époque, les
crédits de cette année de 13 900 000 $ sont peut-être,
quand on regarde l'évolution de la rentabilité de
Pétromont ou du "timing", du synchronisme, du moment où certains
investissements seront faits et du moment où on nous réclamera
notre part des paiements pour ces investissements-là, on peut aussi bien
être à 9 800 000 $ qu'à 16 400 000 $, et là cela va
se réfléter sur 1988-1989, et on aura encore la même
discussion probablement l'an prochain ou quelqu'un d'autre aura cette
discussion à notre place, M. le député, mais c'est la
nature des choses comptables.
M. Parent (Bertrand): Vous ne serez plus là, quoi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est la nature des choses
comptables en matière gouvernementale.
M. Parent (Bertrand): Ce que je voudrais savoir sur cette
question d'aide à Pétromont, de mémoire, M. le ministre,
la rentabilité de Pétromont devait arriver en 1988. Elle arrive
à peu près, je pense, dix mois ou douze mois plus tôt que
prévu, selon ce que j'ai en tête. Donc cela viendra par le fait
même. L'entente était qu'on subventionnait une partie du
déficit d'exploitation plus d'autres ententes et aussi une aide du
gouvernement fédéral que je sache.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'investissement.
M. Parent (Bertrand): J'imagine que la rentabilité
actuelle de Pétromont au cours d'avril 1987 et des mois
subséquents ou des mois à venir fera en sorte que cela viendra,
si on se comprend bien, affecter à la baisse la contribution du
gouvernement du Québec.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On l'espérerait, oui, de
fait. C'est difficile de dire de combien parce que, évidemment, dans ma
première réplique à vos propos à l'égard de
la pétrochimie, j'ai fait état de la fragilité quand
même. J'y reviens. Vous parlez de Soligaz puis de l'intervention
nécessaire du gouvernement fédéral pour régler ce
dossier. Cela demeure fragile. Il ne faut pas sortir d'ici en disant:
Finalement, Pétromont est rentable, les carottes sont cuites, l'affaire
est bonne, puis tout ce que vous voulez. Il faut être bien conscient que
c'est relativement fragile pour consolider et exploiter optimalement et, je
dirais, maximalement ces investissements considérables qu'on a consentis
là-bas. Il faut absolument que l'on ait accès à des
liquides de gaz naturel d'une façon constante et fiable. C'est Soligaz
qui va assurer cela.
M. Parent (Bertrand): Dans le cadre toujours du programme 2,
élément 3, Programme d'aide aux coopératives de
développement régional, des CDR, les 911 000 $ s'inscrivent
comment par rapport à l'année passée? Y a-t-il eu une
diminution de ce côté-là? Et si on se réfère
à la section 2, comme vous l'avez appelé, au papillon jaune, on
parle d'un budget qui était de 1 911 000 $, budget original, budget
modifié. Comment ces 911 000 $ viennent-ils s'inscrire? Est-ce 1 000 000
$ de moins?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, de fait, le cahier
explicatif fait état de 1 000 000 $ de moins...
M. Parent (Bertrand): Les CDR.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est le programme du
ministère à l'égard duquel j'ai annoncé que
certains groupes d'aide au développement des coopératives,
développement régional, avaient vu notre appui se terminer. Nous
avons procédé à une évaluation de
l'activité, de la performance des coopératives de
développement régional partout au Québec et nous avons
retenu certaines des plus performantes afin d'assurer encore notre soutien
à du développement prouvé de l'emploi et des entreprises
dans le domaine coopératif pour réorienter certaines des
ressources et raffermir le mandat de la Société de
développement des coopératives dans les régions où
l'expérience récente, plus ou moins longue des CDR ne justifiait
pas, à notre sens, que nous continuions à donner ce que d'aucuns
pourraient appeler la respiration artificielle ou, à tout le moins, un
soutien relativement important à des activités qui ne semblaient
pas produire les résultats escomptés. C'est essentiellement
l'explication de la différence entre les crédits de l'an dernier
et ceux de cette année pour le programme du ministère d'aide
aux
coopératives de développement régional.
M. Parent (Bertrand): À toutes fins utiles, il y en
aurait...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On en a coupé.
M. Parent (Bertrand): ...huit sur douze qui ont été
coupées.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est cela.
M. Parent (Bertrand): N'y avait-il pas, à l'origine du
programme, il y a trois ans, et qui devait se terminer en mars 1988, une
espèce d'entente tacite de ce côté-là, avec un
échéancier qui devait être mars 1988?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On m'avise que, alors que cela
a pu être le cadre général de nos relations avec les COR,
il n'en restait pas moins que, contractuelle-ment, il nous était
loisible, avec un avis préalable, de mettre fin à notre soutien
et c'est ce que nous avons fait.
M. Parent (Bertrand): Au programme 3, élément 3, il
s'agit du cas de SIDBEC, là aussi, M. le ministre, une autre
société qui va bien, qui va mieux.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Je me souviens que, l'année
dernière, à l'étude de crédits, on était
à parler des premiers mois de profits de SIDBEC, cela s'est
continué. Cette diminution de 65 000 000 $ à 58 000 000 $ est
essentiellement due à l'élément de la profitabilité
de SIDBEC parce qu'il y a des engagements qu'on voit dans les affectations des
crédits des 58 000 000 $, c'est-à-dire les 27 000 000 $ et les 31
000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'écart... Enfin, de
toute façon, le chiffre global se décompose, comme vous le voyez,
entre les déboursés consécutifs à la fermeture des
opérations minières, SIDBEC-Normines, d'une part, et des
crédits qui peuvent être affectés au remboursement d'une
portion d'une dette à long terme. Le poste qui a connu une bonne
diminution évidemment - parce que c'est la queue de la fermeture - c'est
évidemment au titre des dépenses relatives à la
participation financière du gouvernement, à la suite de la
réorganisation des activités minières de SIDBEC-Normines.
On me signale que c'est une dizaine de millions de moins que ce qui avait
été déboursé l'an dernier.
M. Parent (Bertrand): Le paiement des 27 000 000 $ est-il final
pour la fermeture de SIDBEC-Normines ou s'il en reste encore?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela se décompose, cela
aussi, en trois, les 27 000 000 $. Il y a une portion qui est un versement
annuel du gouvernement du Québec de 1985 à 1989, en vertu d'un
protocole d'entente où nous prenions en charge certains des frais
relatifs dont, évidemment, cette réorganisation.
Deuxièmement, il y a les frais de fermeture et, troisièmement, il
y a l'"assumation" - c'est la première fois que je vois ce mot-là
- du service de la dette de SIDBEC par le gouvernement du Québec
couvrant différents emprunts: un emprunt de 150 000 000 de francs
suisses, par exemple et, par ailleurs, une partie d'un emprunt de 18 500 000 %
US à l'égard de la dette de SIDBEC que nous avons assumée.
Les 31 000 000 $, c'est le remboursement de la dette contractée par
SIDBEC, dette de 200 000 000 $ dont nous avons hérité, dont le
gouvernement a hérité, je ne parle pas de nous comme nouveau
gouvernement, quoique cela soit vrai aussi. (23 heures)
M. Parent (Bertrand): Seulement pour terminer, au sujet de
l'élément de SIDBEC, les chiffres 1986-1987 sont de 65 000 000 $
et on tombe cette année avec un engagement de 58 000 000 $. Par contre,
dans les explications, je retrouverais un budget modifié non pas de 65
000 000 $ mais à 95 000 000 $. Là, j'essaie de suivre ces autres
30 000 000 $ qui viennent s'ajouter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La question précise du
député était dans quel sens? Je m'excuse.
M. Parent (Bertrand): Dans les explications du volet 2, toujours
sous la rubrique...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...de SIDBEC. Le budget original de
l'année dernière était de 65 000 000 $, c'est ce qu'on
retrouve ici comme chiffres comparatifs.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Par contre, le budget modifié a
été augmenté à 95 700 000 $. Je voudrais
l'explication pour les autres 30 000 000 $, puisque tantôt on a
décortiqué les 58 000 000 $ mais là j'essaie d'avoir
l'explication entre les 65 000 000 $ et le 95 000 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'explication, c'est que le
livre des crédits a été publié avant le discours
sur le budqet. À l'occasion du discours sur le budget... D'ailleurs, il
faisait état d'un programme de
crédits considérables à la recherche et au
développement, j'en profite pour le redire. Je trouvais cela tellement
important pour l'entreprise québécoise que j'ai demandé au
ministre des Finances d'avancer son discours d'une semaine, comme vous l'avez
constaté.
M. Parent (Bertrand): Ah, tiens! La fuite venait de vous, bon
voila!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre des Finances,
à la page 26, a indiqué qu'une subvention de 31 000 000 $
à SIDBEC - je le cite - prévue pour 1987-1988 a, en fait,
été versée à la fin de la dernière
année financière. Cela donne une situation assez spéciale
où les 58 000 000 $ pour 1987-1988 comprennent 31 000 000 $ mais qui ont
déjà été payés et que les crédits
1986-1987 de 65 000 000 $ en réalité, en fin de compte, auraient
dû se lire 95 000 000 $ et des poussières, comme vous le voyez, ou
à peu près 96 000 000 %. 65 000 000 $ plus 31 000 000 $ cela fait
96 000 000 $. Vous l'avez vu modifié à 95 000 000 $ quelque
chose. Les 58 000 000 $, je vous annonce d'ores et déjà
qu'aujourd'hui on peut prévoir que, soit que cela va être
affecté également avant terme, un remboursement de la dette, pour
1988-1989 ou alors que cela va être périmé en 1987-1988.
C'est 31 000 000 $ qui apparaissent aux crédits 1987-1988 mais on sait
que ces 31 000 000 $, dans les 58 000 000 $, ont déjà
été payés. Alors, les 65 000 000 $, en
réalité, c'est 95 000 000 $. Les 58 000 000 $, pour autant qu'on
soit concerné, on est en train de les étudier. Les
crédits, on va les voter à un moment donné à
l'Assemblée nationale et on va peut-être voter 58 000 000 $ dans
lesquels il y 31 000 000 $ qui ont déjà été
payés.
M. Parent (Bertrand): Si cela continue, il va falloir que le
ministre des Finances fasse un autre discours sur le budget.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a toutes sortes de
façons techniques de réqler ce problème, M. le
député, y compris périmer 31 000 000 $ ou payer 31 000 000
$ à l'égard de 1988-1989. Il y a toutes sortes de façons.
Il y en a une troisième aussi, au moins.
M. Parent (Bertrand): Une chance que le monde ordinaire ne nous
écoute pas parce qu'on dirait qu'on se promène avec 30 000 000 $
comme cela à droite et à gauche avant le 31 mars et après.
Mais on se comprend.
Le Président (M. Charbonneau): Sur
SIDBEC, il y a seulement une petite question.
M. Parent (Bertrand): Avez-vous des préoccupations sur
SIDBEC?
Le Président (M. Charbonneau): Quelques-unes que vous
connaissez. Vous les comprenez très bien d'ailleurs, mon cher ami. J'ai
pris connaissance aujourd'hui du dernier état financier ou du bilan
trimestriel qui a été publié par SIDBEC. On y mentionnait
entre autres que pour les trois premiers mois, je pense, de 1987, il y avait 1
300 000 $ de profits contrairement au déficit de l'an dernier mais on
signalait le problème toujours délicat des exportations d'acier
vers les États-Unis. On indiquait qu'au cours des derniers mois, on
avait refusé des commandes importantes, d'une part, et que, d'autre
part... J'oublie textuellement le petit mot qui accompagnait ce rapport
périodique. On disait: "Le 8 avril 1987, la ministre du Commerce
extérieur, Mme Pat Carney, a annoncé la mise en place prochaine
d'un système de surveillance des exportations de produits
sidérurgiques vers les Etats-Unis. De telles mesures devraient d'abord
permettre de différencier, de façon claire, les exportations de
produits sidérurgiques canadiens de celles résultant de la
réexportation de produits d'origine étrangère transitant
par le Canada. Elle devrait également rassurer les producteurs et le
gouvernement américain sur la bonne foi de leurs interlocuteurs
canadiens dans le dossier du commerce de l'acier entre les deux pays."
J'aimerais savoir un peu dans quelle mesure le ministre lui-même
s'est penché sur ce problème, sur cette question. Et, dans le
cadre des négociations du libre-échange, quelles sont les
démarches que fait le gouvernement du Québec pour s'assurer qu'en
ce qui concerne le secteur de l'acier, on ne soit pas dans une position
éventuellement désavantageuse et pour s'assurer que SIDBEC puisse
avoir les garanties, non seulement de ne pas se voir bloquer l'accès au
marché américain par le protectionnisme américain, mais
qu'en même temps, on puisse cesser de refuser des commandes, parce que
c'est un peu lié à notre rentabilité aussi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, mais il faut prendre un
petit peu de recul et évoquer deux choses. D'abord, ce n'est pas une de
nos grandes lignes de force. Ce n'est pas la ligne de force de l'industrie
sidérurgique canadienne que d'exporter. C'est une industrie qui s'est
développée pour desservir le marché domestique canadien,
d'abord et avant tout. Mais, dans certains créneaux, à cause
d'expertises, etc., c'est sûr qu'on peut exploiter un peu les
marchés d'exportation. Autre grand phénomène, je dirais,
qu'il faut avoir à l'esprit, c'est l'état absolument lamentable
du secteur sidérurgique américain. Les villes fantômes
en Pennsylvanie, en voulez-vous, en voilà. D'où,
évidemment, des pressions considérables sur le gouvernement
américain, par ses élus, pour protéger le plus possible ce
qui reste de l'industrie sidérurgique américaine.
Le troisième phénomène - je pourrais ajouter cela
évidemment - est celui des activités d'exportation, vers
l'Amérique, des producteurs asiatiques qui envoient de l'acier
d'excellente qualité, beau, bon, pas cher.
Il y avait ce phénomène et il y avait un contentieux ou un
litige, en devenir un peu exacerbé, entre les États-Unis et le
Canada, sur nos activités soi-disant d'inondation du marché
américain avec notre production sidérurgique, signe de bonne foi
du gouvernement canadien dans l'intérêt, à long terme, de
l'industrie sidérurgique canadienne de dire à l'endroit des
États-Unis: "Non, ce n'est pas nous qui inondons. Regardons bien ce qui
ce passe véritablement. Ce n'est pas nous, les Canadiens, qui sommes en
train de vous inonder. La preuve, cela ne nous dérange pas - entre
guillemets de réduire un peu nos exportations canadiennes, parce qu'on
en fait vers chez vous. Mais vous verrez que cela ne fera pas une grosse
différence si on les coupe. Ce qu'on pourra observer comme mouvement,
mais on le saura tous ensemble, c'est que ce ne sont pas les sidérurgies
canadiennes qui sont en train d'envahir votre marché; ce sont les
autres. Alors, il est inutile de diriger vos foudres contre nous. Notre volume
d'exportation vers les États-Unis représente à peu
près 5 % de notre activité."
Alors, ce n'est pas vraiment un gros problème pour l'industrie
canadienne que de faire ce geste à l'endroit des Américains. Cela
nous donne bonne bouche, comme on dit, une meilleure image. Cela contribue
à conserver l'excellente relation qu'on a avec des clients
américains qu'on veut continuer à desservir et qui veulent
continuer à acheter chez nous. C'est un geste de démonstration de
la bonne foi des producteurs canadiens à leur endroit et de la
façon dont nos producteurs peuvent être présents sur les
marchés américains.
M. Parent (Bertrand): Mais, est-ce que cela a commencé
à donner des résultats, c'est-à-dire est-ce qu'on a des
résultats...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On me fait remarquer que j'ai
commis un lapsus. Nos exportations aux États-Unis, ce n'est pas 5 % de
notre production, mais 5 % du marché américain, plus ou moins 2
%.
M. Parent (Bertrand): Mais est-ce que cette approche, qu'on a
avec le gouvernement fédéral, de démontrer aux
Américains que ce n'est pas nous qui sommes les principaux responsables
de l'envahissement de leur marché, est-ce que cette approche commence
à porter des fruits?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On me signale que, comme
Canadiens, les Américains avaient évité de nous
contingenter, comme ils l'ont fait à l'égard de l'acier en
provenance de la Communauté économique européenne et des
pays asiatiques. On a eu longtemps essentiellement un marché
relativement ouvert aux États-Unis. Devant une situation, comme je
décrivais, très critique des producteurs américains, je
pense qu'il y avait un geste de relation internationale, de bonne relation
commerciale que Mme Carney a exprimé. L'industrie était
plutôt pour. Cela lui permet de démontrer, je le
répète, sa bonne foi, de continuer à avoir la certitude
qu'on pourra desservir de nouveaux clients. Ce que cela change, c'est qu'on
continue à desservir nos clients actuels et qu'on arrête pour le
moment de poursuivre agressivement des clients nouveaux. Mais on pourra y
revenir quand la situation va s'être remise sur un meilleur pied. Des
observateurs prétendent que la pression a pas mal baissé, la
tension aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien le
ministre, il y a déjà un effet positif. Déjà les
Américains sont moins ombrageux à l'égard de notre
action.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Plutôt que de nous
faire imposer des quotas par les Américains, on a pris les devants, si
on veut, et on s'est soumis à un régime de restriction
volontaire, qui ne nous affecte pas trop. La réduction, c'était
d'à peu près 15 % sur un volume d'expédition
américaine qui, pour SIDBEC, représente de 11 % à 15 %.
Alors, 15 % de 15 % c'est 2,25 %. Cela ne fait pas trop mal. Cela permet de
faire baisser la tension et de reprendre notre souffle après cela.
Privatisation de SIDBEC
Le Président (M. Charbonneau): Une dernière
question, et je vais laisser mon collèque de Bertrand reprendre le cours
de sa discussion avec vous. Il y a quelques semaines vous envoyiez une lettre
au Syndicat des métallos, entre autres, l'assurant à
l'égard de la privatisation que ce n'était pas dans vos
priorités. En même temps, dans la lettre, vous ne fermiez pas la
porte à la privatisation, ce n'était pas clair que cela ne
pourrait pas survenir plus tôt qu'on ne pouvait le penser à la
suite d'une première lecture. Quelles sont vos intentions
véritables à l'égard de la privatisation? Est-ce que d'ici
la fin du présent mandat votre objectif est d'avoir privatisé
SIDBEC?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je
dirais que, d'ici la fin du présent mandat, nous n'aurons pas
renoncé, dans notre programme politique, à privatiser certaines
sociétés d'État, dont SIDBEC. Mais, dans l'ordre des
choses, ce que j'ai indiqué dès le départ aux
représentants des travailleurs en janvier 1986, lors de l'une des toutes
premières réunions que j'ai eues comme titulaire du
ministère, c'était que, d'abord et avant tout, j'avais pris acte
des efforts de redressement qui avaient été mis en place
conjointement par l'approbation de l'actionnaire d'alors, qui est toujours le
gouvernement du Québec, le conseil d'administration, la direction, les
représentants des travailleurs et les travailleurs eux-mêmes.
ïl y avait des efforts de rationalisation, de redressement, etc., qui
étaient en bonne voie, avec de bons succès. Nous avons, quant
à nous, continué dans cette voie. J'ai toujours
réaffirmé qu'il fallait, d'abord et avant tout, faire du
redressement pour assurer une rentabilité à plus long terme,
qu'il pouvait y avoir des coûts rattachés à cela. Nous
avons, avec énormément de consultations, de coopération,
évidemment, procédé à des retraits de
main-d'oeuvre, autant chez les syndiqués que chez les cadres, à
tous les niveaux de l'entreprise. Nous avons, en considération de tous
ces efforts, également consenti des investissements dans le laminoir de
18 pouces sur la rue Saint-Patrick afin de manifester que nous étions
encore des parties prenantes au développement, au maintien de l'emploi,
au maintien de cette activité. Donc, nous nous sommes lancés dans
un programme de modernisation de ce laminoir, toujours dans le même
objectif d'assurer une meilleure rentabilité, à plus long terme
possible, à SIDBEC, ce qui n'a pas le mince avantage de nous positionner
par ailleurs pour attirer éventuellement des associés du secteur
privé pour certains des éléments de SIDBEC, pour
l'ensemble de SIDBEC et, enfin, pour une activité de privatisation
éventuelle lorsque les conditions seront réunies. Ces conditions
étant: rentabilité accrue, enfin une assurance. (23 h 15)
On n'a jamais la certitude, mais on a une assurance grandissante que
SIDBEC est là pour rester seule, mais avec des partenaires surtout,
croyons-nous, qui peuvent apporter une expertise additionnelle, leurs
connaissances de nouveaux marchés et d'autres technologies, etc. Dans ce
cadre-là, toujours étant soucieux que c'est la meilleure
façon de conserver les emplois, quitte à - et je l'ai
déjà évoqué - offrir aux travailleurs d'être
partie prenante en étant des heureux détenteurs d'actions d'une
société comme SIDBEC, redevenue profitable et plus solide.
On n'exclut rien quant à la façon de donner suite à
un programme politique de privatisation. Ce que j'exclus, quant à moi,
c'est que la privatisation devrait résulter dans des pertes d'emplois,
dans un affaiblissement de SIDBEC qui rend des services insignes et importants
à la communauté des fabricants de ce secteur au Québec,
étant donné que sa présence évidemment assure une
meilleure concurrence sur le marché.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, pas question de
démanteler ou de vendre par morceaux ou de faire en sorte que,
finalement, on se retrouve avec certains morceaux de SIDBEC qui sont vendus et
d'autres qui restent et qui, finalement, réduiraient le potentiel
d'entreprise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Comme le député
le sait, c'est sûrement intégré, sauf qu'évidemment
si cela l'était encore plus jusqu'aux mines, cela ne l'est plus, mais
cela demeure une opération fortement intéqrée qui peut
difficilement faire l'objet d'une espèce de vente à l'encan de
façon éparse. On peut envisager de façon plus
réaliste qu'il est peut-être de l'intérêt de certains
autres groupes industriels de s'associer à SIDBEC pour l'ensemble ou
pour une partie de ses activités en maintenant cette
intégrité de l'intégration, si je peux utiliser ces deux
mots. Mais, de toute façon, on n'exclut rien. Cela se peut que la
conjoncture permette, à un moment donné, de céder une des
opérations purement et simplement à un élément du
secteur privé qui pourrait lui donner une autre dimension que, quant
à nous, on n'aime pas considérer: celle d'un étiolement de
l'emploi, un étiolement de l'efficacité de SIDBEC qui est sur la
voie constante de l'amélioration et de la productivité.
Le Président (M- Charbonneau): Une dernière
question: Est-ce que vous avez l'intention de demeurer au moins, même si,
éventuellement, des partenaires privés pouvaient se montrer
intéressés? Est-ce que le gouvernement a l'intention de demeurer
actionnaire de SIDBEC?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas exclu, comme je
l'ai dit. Si on parle d'association avec le secteur privé, on
demeurerait l'autre associé évidemment. On serait toujours
là. C'est une question qui...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous recherchez
plus une association, une espèce de "joint venture" avec un ou des
partenaires privés ou si vous recherchez carrément la vente au
secteur privé?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On me dit qu'il y aura
peut-être une annonce très prochainement d'une expérience
d'association avec une société privée pour un
morceau des activités de SIDBEC, le maintien des
opérations, expertise additionnelle de quelqu'un d'autre, exploitation
de marché connu par certains associés, donc expansion
évidemment du marché. Enfin, il y a des occasions comme cela dans
l'intérêt de SIDBEC et de ses travailleurs.
C'est un modèle, me dit-on, qui a été retenu par
d'autres dans l'industrie, un "joint venture" ponctuel.
Le Président (M. Charbonneau): Je repose ma question:
Est-ce que, néanmoins, vous priviléqiez de demeurer actionnaire
ou si, éventuellement, cela vous intéresserait plus de vous
départir complètement des actions?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est presque une question
qui... Enfin, une réponse à ce sujet me paraît très
distincte. L'objectif de fond est de faire en sorte que cet ensemble industriel
soit maintenu, que les emplois soient maintenus, que ce soit quelque chose de
solide qui donne des emplois permanents, à long terme, à beaucoup
de monde et qui contribue au développement économique du
Québec. Qu'on le fasse nous-mêmes, qu'on le fasse en maintenant un
intérêt ou qu'on le fasse comme aujourd'hui, c'est trois
façons de le faire. Ce qu'on privilégie dans le programme
politique, c'est de céder au secteur privé les activités
commerciales industrielles dans lesquelles le gouvernement du Québec est
présent. On peut présumer que, si notre programme politique veut
dire quelque chose, comme je le soutiens, M. le député, on n'a
pas de raison particulière de demeurer actionnaire. On n'exclut pas du
tout le fait que cela puisse être exploité par une
société mixte, par la sidérurgie québécoise
intégrée qui est SIDBEC. C'est très pragmatique,
finalement. Ce n'est pas un choix idéologique que je vous décris,
sinon un préjugé favorable idéologique en faveur d'une
privatisation, dans son aménagement concret. On a vu que dans un cas, on
a émis les actions dans le grand public, y compris en Europe. Dans deux
autres cas, on a vendu aux exploitants. Dans d'autres cas, on a maintenu des
participations.
Le Président (M. Charbonneau): Dans d'autres cas, on l'a
liquidé carrément.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne sais pas auquel vous
pensez.
Le Président (M. Charbonneau): La raffinerie de sucre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Comment?
Le Président (M. Charbonneau): Le cas de la raffinerie de
sucre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le cas de !a raffinerie de
sucre, on a mis fin, oui, à des déficits considérables et
constants.
Une voix: On vient de la racheter pour un dollar.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
Le Président (M. Charbonneau): On verra ce que vous allez
faire avec.
M. Parent (Bertrand): Pour conclure sur le dossier SIDBEC - mon
collègue a posé plusieurs questions qui m'intéressaient
aussi -ce que je comprends du ministre très prudent, c'est qu'il
n'exclut rien, toutes les portes sont ouvertes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je réaffirme avec
imprudence - pour prendre le contre-pied - que toutes les actions des
travailleurs, de la direction, des actionnaires et du conseil d'administration,
actuellement, tendent à la rentabilisation de chaque
élément de cette entreprise intégrée qui est
SIDBEC. Il y a une communication constante à tous les niveaux, entre la
direction et les employés. C'est quelque chose qu'on peut constater
d'ailleurs quand on se promène sur les planchers de l'usine, comme je
l'ai fait et comme le député de Verchères le fait
probablement régulièrement, étant donné que
près de chez lui, il y a de grosses installations. C'est ce qu'on
poursuit: rentabiliser, redresser, meilleure productivité, meilleure
qualité, identification de créneaux, de marchés qu'on peut
exploiter mieux que d'autres; tout cela pour en faire une plus belle
opération. Après, le reste suit. On est en position pour prendre
une décision de privatisation, c'est entendu. Cela ne met pas en
péril... Je le répète parce que c'est toujours cela qui
revient sur le tapis. Le mot "privatisation" a acquis des dimensions, des
caractéristiques qui l'ont rendu l'équivalent de mise à
pied massive, désastre de l'emploi.
Une voix: On regarde ce que vous avez fait jusqu'à
maintenant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense que ce n'est pas vrai
dans le cas de Donohue, à titre d'exemple.
Une voix: Quebecair.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quebecair, c'est un autre
problème. La question est de savoir jusqu'à quand vous voulez
éponger des déficits considérables. C'est une
décision politique et pratique en même temps qu'on a la
responsabilité de
prendre.
M. Parent (Bertrand): Pour terminer sur le cas de SIDBEC, est-ce
que dans le cadre d'une privatisation, le ministre peut au moins nous donner
l'assurance que le contrôle demeurera québécois;
c'est-à-dire qu'il y aura, comme il y a eu pour la vente de Donohue,
dans les devis, une exigence de garder le contrôle
québécois? Dans le cas de SIDBEC, cela me semble fort important
et cela me semble encore plus important dans le cadre du traité de
libre-échange où on se devra, si on est capable - c'est pour cela
que je dis que c'est fort important - de savoir quelles vont être les
clauses permissibles. Si on vend une société d'État comme
SIDBEC et qu'on a conclu une entente de libre-échange, il faudra
s'assurer qu'on ne soit pas déclaré dérogatoire dans le
cas d'une prise de contrôle éventuelle par une entreprise
américaine.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a rien de plus
souverain, bien franchement, que l'actionnaire qui détient 100 % des
actions et qui décide d'en céder une partie. Il peut le faire
à qui il veut, aux conditions qu'il désire. Je ne vois pas en
quoi, de quelque façon que ce soit, sous prétexte que le
marché canadien serait éventuellement ouvert totalement aux
investissements américains sans aucune espèce de forme de
contrainte, que, comme actionnaire, on serait obligé de
considérer des acheteurs dont on ne veut pas entendre parler. C'est la
première barrière de sécurité qui existe comme
telle. La deuxième, c'est un exercice qu'on a évidemment mis sur
la place publique dans le domaine des pâtes et papiers, notre
participation dans l'industrie papetière, forestière. Nous sommes
tout à fait habilités, comme gouvernement, à tracer le
cadre que nous trouvons acceptable quant à l'identité et au
contrôle évidemment des acheteurs éventuels. D'aventure, en
allant au-delà de cela, à l'égard d'un acheteur
éventuel étranger, on pourrait décider d'imposer des
conditions particulières d'exercice du droit de propriété
par un nouveau propriétaire. On pourrait faire aussi cela, ce qui
affecterait chaque fois, vous vous en rendez compte, le prix qu'on pourrait
avoir.
Plus on restreint son marché, plus le prix baisse. Si vous
décidez de vendre votre voiture de seconde main seulement à
quelqu'un âgé de 43 à 47 ans, marié et père
de trois enfants, dont une fille et deux garçons, vous venez de
réduire votre marché pas mal. Le marché étant
réduit, évidemment, la concurrence est réduite et le prix
s'en traduit, etc.
Il n'en reste pas moins que si SIDBEC est un instrument ou peut
demeurer, ou est, ou est adapté comme un instrument de
développement économique, là aussi le gouvernement a ses
responsabilités. Je vous réfère à la transaction
Donohue où nous avons prévu un cadre à l'intérieur
duquel, à terme, l'entreprise acquéreur doit fonctionner, y
compris le maintien du contrôle, le maintien du plan d'affaires, la
participation des investissements additionnels, des engagements en train de se
concrétiser. Enfin, tout le monde est bien optimiste surtout dans la
région de Matane. On verra comment les autres participent à cet
exercice. On a fait nos devoirs, on a rencontré et assumé nos
responsabilités. Je pense que c'est dans l'intérêt de tous
les Québécois. Il n'y a pas de raison qu'on change de pas ou de
musique dans le cas de SIDBEC.
M. Parent (Bertrand): Comme ministre responsable et tuteur de
cette société d'État, étant donné ce que
vous avez mentionné au cours des dernières minutes, à
savoir qu'on n'excluait pas la possibilité de la vendre en tout ou en
partie, je vous ai demandé très clairement, mais je n'ai pas
trouvé la réponse très claire, à savoir, est-ce que
vous, comme ministre responsable, allez défendre le point et vouloir
faire en sorte que le contrôle demeure québécois. C'est
cela ma question. C'est oui ou c'est non. Vous dites: on n'est pas pour se
fermer par rapport à différentes possibilités. Moi, ce que
je veux savoir, ce qui est très important: est-ce qu'on mettra une
clause dans le sens qu'on voudra garder le contrôle de SIDBEC, ici, au
Québec, si on fait une privatisation? Je ne dis pas si cela se fait dans
dix ans, ce sera autre chose. Mais vous, comme ministre responsable,
aujourd'hui, en 1987, vu que vous n'excluez pas cette possibilité et vu
que, de toute façon, dans le rapport Fortier sur la privatisation, il a
été grandement question de cette société
d'État. Après cela on nous a dit: non, pas à court terme.
Donc, on a conclu que cela ne se ferait pas dans la dernière
année. Moi, je voudrais savoir si on peut compter sur vous pour
défendre le fait qu'on va garder cela en contrôle
québécois ou si, peu importe, ce sera un marché tout
à fait ouvert à qui voudra l'avoir, ce qui est bien
différent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas une vente à
l'encan. On parle d'un actif du gouvernement du Québec. On parle d'une
société où il y a des milliers d'emplois. On parle, je
pense avec raison, d'une contribution au développement économique
du Québec, dans la mesure où cela maintient la concurrence et du
fait que cela maintient également une source d'approvisionnement pour
énormément de fabricants québécois. Tout cela,
c'est positif. Cela évite à nos qens de s'alimenter en acier
ailleurs, ce qui coûte plus cher de transport, etc. Alors, il y a
là des avantages
il ne faut pas se tromper. C'est donc un ensemble de faits qui me porte
à être fort conscient que la détention d'une
propriété québécoise comporte un
élément positif, dans tout cela. Comme je vous dis, si on peut
encadrer la propriété de SIDBEC par quelqu'un d'autre, d'un
ensemble de conditions qui font qu'il y aura des retombées
économiques au Québec et des investissements additionnels, des
emplois additionnels et une meilleure rentabilité, et tout cela, c'est
formidable pour le Québec. (23 h 30)
Mais cette discussion est bien prématurée, je dois dire
franchement, parce qu'on est dans le redressement et on est dans
l'amélioration de la rentabilité, on n'est pas sur le
marché en train de chercher des acheteurs. On n'a même pas
commencé à étudier, il n'y a même pas eu de
formation ou d'embryon de formation du comité conjoint qui doit
être formé avant toute chose pour qu'on mette une opération
de privatisation en marche. Alors, il n'y a personne qui est même proche
du piton de départ de toute cette opération. Je me suis
plutôt tourné pour assurer la rentabilité de tout cela.
C'est un peu...
Une voix: ...hypothétique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le moins qu'on puisse dire...
Bien, ce n'est pas hypothétique à terme, je dirais, parce que le
programme politique est toujours là et l'intention est là. Mais
ce n'est sûrement pas immédiat, je n'appellerai pas cela une
préoccupation de tous les instants non plus. Je dirais plutôt que
ma préoccupation, c'est de faire en sorte que les plans de redressement
et de rentabilisation soient toujours bien engagés. C'est vraiment la
chose à laquelle on pense, tout en regardant - et le président du
conseil l'a mentionné lorsqu'il a divulgué les résultats
fort positifs de 1986 - les occasions de nous associer aux gens du secteur
privé dans certaines des opérations ou des activités.
Alors, c'est de l'expansion d'affaires finalement. Quand on s'associe à
quelqu'un qui va faire grossir, on n'a pas vendu de morceaux, on a encore 100 %
des actions, mais on embarque dans des ententes d'exploitation de marché
avec des partenaires qui ne sont pas nécessairement des
Québécois, pour exploiter un marché canadien ou
nord-américain. Nord-américain, pas trop, comme vous voyez, mais
canadien.
M. Parent (Bertrand): En tout cas, on aura la chance, lorsque
vous enclencherez la privatisation, de se retrouver sur ces chemins. Je
voudrais savoir, sur le plan des opérations, si pour le projet de la rue
Saint-Patrick à Montréal pour le laminoir, les investissements
ont été enclenchés, tel que le prévoyait le
mémoire, le plan qui vous a été soumis il y a un an?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas des opérations à
Longueuil, j'aimerais savoir comment cela se situe, parce que cette portion du
plan de Longueuil était, il y a un an toujours, la plus susceptible
d'être vendue ou privatisée en bloc, d'après les
renseignements que nous avions...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Des rumeurs, M. le
député, au maximum, ce sont des rumeurs.
M. Parent (Bertrand): Alors, je vous demande si, au sujet des
activités de Lonqueuil, cela doit se poursuivre, parce qu'il y a tout
une...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, absolument.
M. Parent (Bertrand): ...il y a tout une... Les travailleurs de
ce coin-là sont des travailleurs qui résident sur la rive
sud...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans votre comté.
M. Parent (Bertrand): ...immédiate et ils sont
préoccupés par rapport aux activités de Longueuil. C'est
pour cela que je vous pose la question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qui me frappe dans le vrai
monde, et vous aussi M. le député, c'est la quantité et la
densité des rumeurs auxquelles on est obligé d'accorder beaucoup
d'attention seulement pour les nier. Nier le néant, c'est de l'ouvrage
habituellement. Je ne trouve pas cela tellement productif. Ce que je vais vous
dire - je vais essayer de nier le néant -c'est qu'à Lonqueuil, on
se spécialise avec un succès grandissant dans la fabrication de
barres de qualité spéciale. Vous avez peut-être
visité les installations? Moi, je l'ai fait, et j'ai été
particulièrement impressionné par les installations très
modernes qui existent dans certaines des fonctions de production, pour la
rentabiliser davantage, le soin apporté à la fabrication de
barres de qualité avec, évidemment, ce que cela signifie comme
sécurité de marché après cela. Quand on peut
déterminer qu'on a toujours une qualité stable et enviable
auprès de nos clients, je ne suis pas inquiet. Je n'ai jamais entendu
parler, sauf ici autour de la table il y a quelques minutes, que Longueuil
était à vendre. Qu'il y ait eu des gens intéressés,
c'est fort possible, mais ils ne m'en ont jamais parlé.
Voyages, déplacements
M. Parent (Bertrand): Cela termine pour SIDBEC. J'aimerais qu'on
continue dans le cahier avec les explications sous le volet 4 où sont
les voyages ou les déplacements...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Volet 4?
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah oui, pardon. Le volet 4 des
annexes, oui.
M. Parent (Bertrand): Des annexes, je m'excuse.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'accord.
M. Parent (Bertrand): À la page 3... M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas l'intention, soyez-en
assuré, de commencer à demander en détail les comptes de
dépenses, sauf que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut les sortir, il n'y a
pas de problème.
M. Parent (Bertrand): Je sais qu'il n'y a jamais de
problème avec vous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, on peut les sortir; ils
sont là pour cela.
M. Parent (Bertrand): Ma préoccupation, c'est que je
demande si ce qui est rapporté au sujet de Michel D'Amours est correct.
Sur le même voyage, il y a une dépense de 7383 $ et, toujours pour
le même voyage, une autre dépense de 7252 $. Est-ce que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Deux voyages, M. le
député.
M. Parent (Bertrand): Deux voyages différents?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Absolument, M. le
député. Comme vous voyez, ça coûte à peu
près toujours la même chose. Ce n'est pas lemême.
M. Parent (Bertrand): Je voulais juste être sûr qu'il
n'y avait pas une erreur qui s'était...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, pour la transcription des
débats, je suis allé en Asie la dernière semaine de
février et la première semaine de mars 1986. J'y suis
retourné fin septembre, début octobre et je suis retourné
également fin février début mars 1987. Alors, il y a deux
de ces voyages qui sont comptabilisés ici même, comme vous
voyez.
M. Parent (Bertrand): Et le cas à la page...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En l'occurrence, les deux
derniers, parce que Hong Kong apparaît, alors que, dans le premier
voyage, ça n'apparaissait pas.
M. Parent (Bertrand): À la page suivante, là aussi,
le cas de M. André Dorr et M. Rémy Kelly...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...ils faisaient partie, j'imagine, d'un de
ces voyages?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Chacun un différent.
M. Parent (Bertrand): Chacun un différent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. Dorr, la
dernière fois.
M. Parent (Bertrand): Ce serait intéressant, pour
l'année prochaine, d'avoir juste les dates pour savoir à quel
voyage on se réfère, parce que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah oui, il n'y a pas de
problème. Pourquoi pas? En l'occurrence, même si ça
apparaît... Le voyage s'intitule "Vancouver, Hong Konq, Séoul,
Osaka et Tokyo." Il faut savoir que ce n'est pas tout le monde qui va à
tous ces endroits. Mais cela coûte à peu près la même
chose. Le séjour est à peu près de la même
durée. Cela coûte à peu près la même chose un
peu partout dans ce coin-là. Tant par jour, les hôtels et tout ce
que vous voulez.
C'est marginal, la différence d'un vol Montréal-Tokyo,
Montréal-Séoul et Montréal-Hong Kong. C'est à peu
près le même prix. Alors, ça explique que l'ordre de
grandeur est toujours le même.
M. Parent (Bertrand): Sous le volet 5, on retrouve...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Là, je pense que c'est une
duplication. Mais, encore là, les voyages de M. D'Amours, sous le voyage
Vancouver-Hong Kong.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ou?
Sous 5?
M. Parent (Bertrand): Sous le volet 5. J'imagine que c'est la
même chose qu'on reprend, mais avec les dépenses du ministre, au
fond.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ça.
M. Parent (Bertrand): Parce que les chiffres sont exacts, ils
sont les mêmes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Exactement. C'est parce que la
question a été posée par un membre de l'Opposition d'une
façon, sous une forme qui a appelé ces deux réponses. Il a
demandé la liste des voyages de tout le monde et, ensuite, il a
demandé la liste des voyages des membres du cabinet. Ensuite, tout le
monde, y compris le cabinet, apparaît dans 2 et ceux du cabinet
paraissent dans 5. Ne faites pas l'erreur de tout additionner ensemble.
M. Parent (Bertrand): Non, je n'ai fait aucune erreur. Je vais
juste vérifier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est très modeste, vous
savez, nos déplacements, M. le député. On a vraiment
resserré de beaucoup les directives. Elles sont très
sévères sur le nombre de gens qu'on peut amener dans les
missions. Il y a des ratios de ministres versus cabinet, versus gens
d'affaires, par exemple, qui seraient sur une mission.
On ne traîne pas un paquet de monde. On est extrêmement
parcimonieux. Je vous annonce qu'en général, mon
sous-mînistre et moi, on voyage en classe économique, d'ailleurs.
Non, on fait attention.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que la politique est la même
à votre ministère qu'au ministère du Commerce
extérieur dans le sens que, lorsqu'il y a des gens d'affaires qui ont
à voyaqer sur une mission, ils défraient, à toutes fins
utiles, toutes leurs dépenses? À moins qu'ils ne soient sur un
programme APEX ou quelque chose comme ça.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, absolument, sauf... Il y a
un programme qui prend en charge une partie du billet d'avion, en
général, la première fois. Mais ce n'est pas le MIC
évidemment.
M. Parent (Bertrand): Le Commerce extérieur, sur un APEX
ou quelque chose comme ça, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est le MRI ou le MCE.
M. Parent (Bertrand): D'accord.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À leurs frais.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Toujours à l'annexe V, je
voudrais être sûr que je comprends bien. Dans le cabinet du
ministre de l'Industrie et du Commerce, en comparaison avec le cabinet du
ministre délégué aux PME, il semble y avoir beaucoup plus
de personnel politique au cabinet du ministre délégué aux
PME qu'à votre cabinet.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous lui demanderez demain.
M. Parent (Bertrand): Ou bien vous êtes modeste ou bien il
est large. Je voulais avoir vos commentaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Attendez un petit peu.
M. Parent (Bertrand): C'est à la page 2 et à la
page 6.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Page 2...
M. Parent (Bertrand): À la page 2, vous avez votre
personnel politique et à la page 6, on a le personnel de votre ministre
délégué qui semble avoir des budgets que vous n'avez pas,
M. le ministre. J'avais un petit peu l'impression que c'était vous le
"boss".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le député,
j'ai une bonne réponse pour vous. Il y a une explication qui
m'était venue à l'esprit et on m'a remis sur le droit chemin.
M. Parent (Bertrand): Vous n'aviez pas vu cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non et je vais vous dire
pourquoi. Au fond, on cohabite. On est sur le même étage, au 6e
étage, 710, Place d'Youville. On pourrait dire que nous avons
fusionné, à bien des éqards, les masses salariales
disponibles pour les deux cabinets. Il y a des employés qui, de fait,
desservent les deux cabinets. D'autres, quoiqu'on puisse voir leurs noms
émarger à l'un ou l'autre cabinet, celui de M. Vallerand ou le
mien, cela ne reflète pas nécessairement le fait que sur le
plancher, c'est à 100 % à l'égard de l'un ou de l'autre
d'entre nous que ces gens consacrent leur temps. Il ne faut pas se laisser
distraire par la page sur laquelle cela apparaît. Il y a des services
communs. Il y a peut-être un cas où, à la rigueur, il y a
un employé qui émarge dans la masse salariale de mon
collègue. C'est quelqu'un qui travaille plus à mon cabinet, entre
guillemets. On est vraiment sur le même étage, dans le
même
espace, littéralement. On a des espaces communs. Il y a des gens
qui s'emploient à-l'égard de l'un ou l'autre des cabinets ou des
ministres et de nos responsabilités respectives.
Aide aux commissariats industriels
M. Parent (Bertrand): Cela va pour ce point-là. Dans le
cadre du chapitre 9, les programmes d'aide aux commissariats...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah oui! Oui.
M. Parent (Bertrand): ...industriels, il y a eu cette coupure ou
ce plafonnement à 50 000 $. Actuellement, pour ceux qui veulent avoir
accès à ce programme d'aide aux commissariats, est-ce toujours
possible?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le budget est le même
pour cette année que pour l'an dernier...
M. Parent (Bertrand): Un montant de 3 900 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La formule de contribution n'a
pas changé. En gros, c'est une différence de 200 000 $; de 3 900
000 $ à 4 100 000 $. Pour 1987, il y a une petite marge pour soutenir
les demandeurs éventuels. Mais il y en a déjà dans le
système en voie de formation, etc. Ne vous promenez pas pour annoncer
à tout le monde qu'on peut remplir une demande. Je pense que la cour est
pleine. (23 h 45)
M. Parent (Bertrand): Vous savez bien que je ne ferais pas cela,
M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci beaucoup.
M. Parent (Bertrand): Mais il y a de la place.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Théoriquement, mais il y
a une ligne d'attente de gens avec leur numéro.
M. Parent (Bertrand): Je ne voudrais pas qu'on s'avance...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a une ligne d'attente avec
des numéros qui ont déjà été
distribués, en gros. C'est le phénomène.
M. Parent (Bertrand): D'accord, mais...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nos directions
générales voient venir ceux qui sont en voie de formation, puis
on dit: celui-là est presque prêt, etc.
M. Parent (Bertrand): L'autre préoccupation que j'ai,
c'est qu'on ne prendra pas ta même masse pour continuer d'ouvrir, pour
continuer de diminuer l'aide.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a reconduit le cadre du
programme intégralement.
M. Parent (Bertrand): Concernant la section 10...
M. Théorêt: Si vous me le permettez, j'ai une petite
question à poser à titre d'information, M. le ministre...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur Laval, je suppose.
M. Théorêt: Oui. Connaissant le budget du
commissariat industriel de Laval, sur quoi est basée l'aide des
subventions aux commissariats industriels de 35 000 $ à 52 000 $? Je
vois Laval, 35 000 t. Il y a un budget de 2 000 000 $. C'est basé sur
quoi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est relié... Enfin, il
y a trois facteurs, il me semble... Ce sont ces deux facteurs: la combinaison
de l'indice de richesse foncière et de la population qui font que les
riches et nombreux, comme Laval, ont moins que les autres, mais il y en a
d'autres qui ont 31 000 $ ou à peu près.
Quant aux tout petits chiffres, pour ne pas qu'on se laisse distraire,
il y a 21 000 $, 39 000 $, etc., c'est que le milieu n'a consenti que cet
effort et on jumelle 1 $ pour 1 $, jusqu'à un maximum de...,
dépendant évidemment de l'application des deux facteurs. Alors,
cela vient de là.
Ententes auxiliaires
M. Parent (Bertrand): Dans le cadre de la section 10, des
fameuses ententes auxiliaires sur les infrastructures industrielles, j'aimerais
que vous m'expliquiez ce qui est admissible et ce qui ne l'est pas, très
brièvement, et aussi que vous nous donniez l'explication de ce sur quoi
sont basés les 778 000 $ d'aide à Montréal pour les zones
désuètes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est carrément dans le
programme des PRAIMONT, Programme de revitalisation des aires industrielles de
Montréal des zones désuettes.
M. Parent (Bertrand): C'est la même chose que les
PRAIMONT.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une entente qui a
prévu une enveloppe de
10 000 000 $ payable au fur et à mesure. En principe,
c'était sur trois ans, à l'origine, mais le travail de
recadastration, de nettoyage des titres, de remise en état de certaines
zones industrielles vétustes à Montréal est un processus
lourd et long et on paie essentiellement sur présentation des factures.
La ville de Montréal nous avait demandé, en 1986, de retarder
dans le temps l'application du programme. Elle n'a même pas le temps de
faire assez de travail pour nous envoyer les factures pour épuiser les
10 000 000 $ à l'intérieur du délai qui avait
été imparti à l'origine. Cela avait été
approuvé en décembre 1983 et le décret prévoyait,
à l'époque, 10 000 000 $ pour ce programme pour 1984-1985,
1985-1986 et 1986-1987. Or, la ville de Montréal était incapable
d'avoir assez de travaux de revitalisation, dans ces régions, pour venir
réclamer son dû dans ce délai. Alors, on a continué.
L'enveloppe est toujours là et, au fur et à mesure que la ville
présente ses factures, on les acquitte selon l'entente qui avait
été prévue en 1983.
M. Parent (Bertrand): Cela va pour Montréal, mais y a-t-il
d'autres villes admissibles à cette entente auxiliaire?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): Quel est le critère?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les ententes auxiliaires sur
les infrastructures industrielles, dans lesquelles il y avait un montant de 50
000 000 $ de prévu dans l'entente fédérale-provinciale sur
le développement industriel et régional, prévoyaient des
contributions 50-50 pour Québec et Ottawa à l'égard de
subventions aux municipalités pour l'installation, l'implantation
d'infrastructures d'égouts, d'aqueduc, à l'égard d'une
implantation industrielle d'au moins 1 000 000 $. Il faut qu'un projet d'au
moins 1 000 000 $ soit en cause. Alors, tout ce que l'on voit ici, toutes ces
subventions à différentes municipalités du Québec,
dans le cadre de l'entente auxiliaire, sont reliées à des travaux
dits municipaux, hors les murs d'une entreprise qui s'implante, pour lui
apporter l'eau, y installer les aqueducs, les égouts, etc., et pour
faciliter l'implantation de différentes entreprises dans les
municipalités, les parcs industriels, etc., sachant qu'une grosse
entreprise a besoin d'installations terribles pour être alimentée
en eau ou autrement. Les municipalités n'ont souvent pas les moyens de
faire cela, d'où cette entente qui existe précisément pour
alléger le fardeau fiscal des citoyens de différentes
municipalités où s'installent des entreprises substantielles,
d'au moins 1 000 000 $. Il y a toutes sortes de cas.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, il n'y a pas de zones
désignées là-dessus?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, c'est relié au
projet. Est-ce que le projet amené par l'entreprise privée rend
la municipalité admissible au programme de subvention? C'est là
la question. Est-ce un projet d'au moins 1 000 000 $ et est-ce que cela a
besoin vraiment d'un aqueduc, d'un égout, et ainsi de suite?
M. Parent (Bertrand): Pour des projets de 10 000 000 $ et
plus?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, ça, c'est dans le
cadre de l'entente auxilliaire pour le soutien financier à
l'entreprise.
M. Parent (Bertrand): Ah, bon. Pas pour les infrastructures.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, les infrastructures, c'est
pour les projets de 1 000 000 $.
M. Parent (Bertrand): Cela va.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On tient compte de l'indice de
richesse foncière de la municipalité en cause pour ajuster le
seuil d'admissibilité à ce programme d'aide, quand on regarde le
projet. On peut parler de 1 000 000 $, on ne se trompe pas tellement. Il faut
que ce soit manufacturier, secteur secondaire. Cela ne peut pas être un
centre commercial.
M. Parent (Bertrand): On se comprend. Pour ce qui est de
Montréal, en terminant, l'enveloppe de 10 000 000 $...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...combien y en a-t-il de
dépensés jusqu'à maintenant et sur une période de
combien de temps, l'extension s'est-elle faite? Vous semblez nous dire qu'ils
n'ont pas beaucoup fait appel à cette enveloppe. Vous l'avez
reconduite...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On se revoit demain, alors on
pourra voir cela demain. On me signale que c'est la plus grosse année,
les 750 000 $.
M. Parent (Bertrand): Vu que l'entente prévoyait une date
limite...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Trois ans à
l'époque.
M. Parent (Bertrand): Trois ans à l'époque, cela se
terminerait. J'imagine qu'il a dû y avoir un nouveau décret
pour
prolonger...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De mémoire, je dirais
que c'est l'enveloppe qui est protégée.
Des voix: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et non pas lapériode qui est prolongée. Il y a 10 000 000 $, et cela
prendra le temps que cela prendra. Plutôt que de dire cela ira jusqu'en
1989-1990, ils le font à leur rythme, c'est dans leur
intérêt. Ils s'en servent. Cela a de belles retombées.
M. Parent (Bertrand): Si on ne peut pas me répondre ce
soir, en me donnant les informations demain, est-ce qu'on pourrait me dire si
la zone dans Rivière-des-Prairies, dans l'extrémité est
qui a été développée et où il y a une partie
du nouveau parc industriel, dans le coin de Montréal-Est qui s'est
développé, où se sont implantées des entreprises
comme Métro-Richelieu, dans cette extrémité, a
bénéficié de cette aide pour l'infrastructure?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est plutôt dans le
sud-ouest...
M. Parent (Bertrand): Donc, c'est vraiment dans des zones dites
désuètes.
M. Johnson (Vaudreuit-Soulanges): Wellington, Cabot.
M. Parent (Bertrand): Je parle de Rivière-des-Prairies,
Maurice-Duplessis.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non. C'est sur le territoire de
la ville de Montréal.
M. Parent (Bertrand): D'accord.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a deux zones. Le
décret de 1985 fait état de la zone industrielle Cabot, et des
rues Bridge et Wellington. Vous connaissez, près du pont Victoria, dans
ce coin-là. Les anciennes installations de Northern Telecom, me
signale-t-on. Ce sont les deux zones. La ville de Montréal parle
d'autres zones éventuelles. On regarde cela.
M. Parent (Bertrand): Cela va. Dans la section 12 - si on
continue, on va en faire encore un petit bout - c'est: "Subventions qui ont
été accordées aux différents organismes". On y
retrouve la participation à différents colloques,
différents groupements...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pardon? Je m'excuse.
M. Parent (Bertrand): J'ai dit "se retrouvent, à
l'intérieur de cela...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parent (Bertrand): ...différentes participations".
Concernant le Groupement québécois d'entreprises, est-ce qu'il y
a une envelopppe globale ou si c'est par événement? Parce que je
vois que, à presque tous les colloques auxquels vous avez
participé, vous avez une formule qui s'est développée un
peu. Je me souviens, il y a quelques années, qu'on devait convaincre
chaque fois. Est-ce que cela se fait - je ne dis pas par automatisme - est-ce
que vous le supportez et quand on parle de soutien des groupes tels que le
Groupement québécois d'entreprises, avez-vous une espèce
de politique d'arrêtée là-dessus pour éviter que,
finalement, les autres associations, orqanismes sans but lucratif qui
organisent des choses semblables se retrouvent en demande avec vous? Quelle est
cette façon? Est-ce que c'est fait d'une façon
discrétionnaire?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ce qui est convenu
d'appeler "l'enveloppe discrétionnaire ministérielle" qui nous
donne... C'est la seule flexibilité - comme m'a fait remarquer un de mes
collègues - où un ministre peut signer un chèque
jusqu'à 4999 $ sans en parler à personne. Sans en parler à
personne, il faut s'entendre, il apparaît ici, 4999 $ alors que la
plupart de nos fonctionnaires peuvent aller jusqu'à 1 000 000 $. C'est
un de mes fonctionnaires qui exagérait, un de mes collègues qui
exagérait et qui a dit cela publiquement, il agissait à l'adresse
de mes collaborateurs.
Ce que vous soulevez, de fait, c'est un événement. Je
pense que le Groupement québécois d'entreprises... Enfin, il y a
un excellent réseau, il fait un excellent travail de promotion
d'entrepreneurship, de renforcement d'entrepreneurship et met sur pied ces
colloques que vous connaissez vous-mêmes personnellement, j'en suis
sûr, que j'ai déjà visités, auxquels j'ai, dans un
cas, adressé la parole et cela leur facilite les choses, c'est un
groupement sans but lucratif, à sa face même, ces
personnes-là se cotisent et organisent, évidemment, des
colloques. Ils font venir des personnes, etc. C'est une espèce de
formation permanente; comme vous le savez, cela a des dimensions de formation
pour les entrepreneurs, et d'information, chose certaine, et les
événements sont bien menés. C'est très positif
comme contribution, on pourrait dire que ce sont des abonnés qui sont
bienvenus, dans ce cas-là.
M. Parent (Bertrand): Pourquoi, enfin, toute cette
enveloppe-là se limite-t-elle à un
maximum de 4999 $?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est cela.
M. Parent (Bertrand): Pourquoi, dans le cas de SOCCRANT on le
retrouve à cet endroit avec les 106 000 $ de participation?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À 5000 $ et plus, on
passe au Conseil du trésor avec ce qu'un CT veut dire, etc. le temps que
cela prend et en vertu d'un principe qui voudrait que la responsabilité
ministérielle peut s'exercer sans passer au Trésor, à
l'intérieur d'une enveloppe déterminée à l'avance,
l'enveloppe dite discrétionnaire... C'est écrit quelque part dans
le poste budgétaire sous l'appellation "Subventions accordées
à des organismes oeuvrant au développement économique du
Québec", il y a beaucoup de marge là-dedans et si on veut s'en
servir, enfin, si, moi, je décidais que, c'est dans cette cagnotte ou ce
poste budgétaire que j'entends piger - si vous me passez l'expression -
pour soutenir un organisme quelconque à 5000 $ ou plus, je peux le
faire, mais à condition d'aller au Trésor, ce qui a
été fait ici. Cela était la source, autrement dit, quand
on regarde les postes budgétaires qui nous permettaient de participer
à SOCCRANT, de regarder ce qu'on avait de disponibilités
budgétaires à la date en cause et, étant donné
qu'il y avait de l'argent mis de côté sous cette rubrique qui
avait une marge non utilisée qui nous permettait de recommander 106 625
$ à même cette enveloppe, il n'en reste pas moins que c'est ce
compte qui a été débité, si vous voulez, mais c'est
le Trésor qui l'a approuvé.
M. Parent (Bertrand): Alors, étant donné l'heure,
M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons, mesdames et
messieurs, ajourner nos travaux pour revenir demain matin après la
période de questions. Nous reprendrons alors l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Énergie et
des Ressources.
Une voix: Ah! Bon.
Le Président (M. Charbonneau): Et nous reprendrons avec
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce demain après-midi de 17 heures à 18 heures.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Tel que prévu?
Le Président (M. Charbonneau): Tel que prévu.
Alors, les travaux sont suspendus jusqu'à demain.
(Fin de la séance à 0 h 1)