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(Vingt heures cinq minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, MM. les députés, je vous souhaite la
bienvenue et je constate que nous sommes sept. Alors, si vous êtes
prêts, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Où est le septième?' Ah, il est
là. Je ne l'avais pas vu.
Le Président (M. Baril): Nous allons commencer notre
commission. Avons-nous des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements: M. Paré (Shefford) est remplacé par M. Jolivet
(Laviolette) et M. Parent (Bertrand) est remplacé par M. Dufour
(Jonquière).
Le Président (M. Baril): Je déclare que la
séance est ouverte et je vous rappelle le mandat de la commission,
lequel est de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi 102, Loi sur les terres du domaine public. Alors, à ce
stade-ci, je vais inviter les membres de la commission intéressés
à faire des remarques préliminaires à les faire, s'il y a
lieu. Vous savez que vous avez chacun 20 minutes pour les faire. Chaque membre
de la commission est autorisé à prendre 20 minutes. À la
suite des remarques préliminaires, nous allons suivre le processus
normal des motions et ainsi de suite. D'accord? On commence par les remarques.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas de remarques
additionnelles à faire. Je veux seulement dire que certaines des
recommandations qui nous avaient été faites par les intervenants
qui nous ont présenté des mémoires à la commission
parlementaire ont été incorporées dans les amendements que
nous avons soumis. On a donné des copies des amendements à la
commission et nous sommes prêts a considérer certaines des
remarques faites en deuxième lecture par l'Opposition, en particulier
sur l'article 32. Alors, je suis prêt à procéder à
l'étude article par article.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Laviolette, avez-vous des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Jean-Pierre
Jolivet
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Il y a dans la
réplique du ministre - et c'est à partir de cela que je vais
faire mes remarques préliminaires - des questions qui demeurent sans
réponse. Le projet de loi 102, dans mon esprit, a toujours
été - je le rappelle et le ministre aussi nous en avait fait
mention - préliminaire à l'adoption de la loi 150 sur les
forêts. Lors de l'étude de la loi 150 on avait dit que nous
étions d'accord sur l'ensemble des principes de base qui gouvernaient ta
mise sur pied d'une telle loi, mais que, malheureusement, il y avait des
modalités d'application qui nous étaient non recommandables.
Aujourd'hui, on se retrouve donc avec le projet de loi 102 à
étudier. Je dois dire que je ne peux, à la demande du leader du
gouvernement, faire aucune promesse que ce soit, d'adopter d'ici l'ajournement
de Pâques un tel projet de loi. Il est évident que je vais faire
tout mon possible comme membre de l'Opposition pour permettre son adoption,
mais il est évident que nous n'avons pas l'intention, non plus,
d'être bousculés. On se retrouve avec un projet de loi qui
contient environ 80 articles. Si vous prenez exactement le nombre d'articles
prévus au projet de loi, c'est 8I. J'exclus toujours le dernier qui est:
"La présente loi entrera en vigueur à la date fixée par le
gouvernement". Je me retrouve avec une quarantaine d'amendements ou, à
titre exact, 43. Nous avons eu de la part du ministre, qui les a fait parvenir
au secrétaire de la commission, les amendements au cours de la
journée. Nous avons le texte final de l'ensemble des 43 amendements ce
soir, à la suite de discussions qui ont eu lieu au Comité de
législation, ce qui fait que nous nous retrouvons même avec le
dernier article, dont je faisais mention tout à l'heure, qui change
puisqu'on dit: Le projet de loi entre en vigueur au moment de son adoption au
lieu de dire: a une date déterminée par le Conseil des
ministres.
Quand je dis ces choses, c'est que nous avons l'impression qu'on nous
demande d'adapter ce projet de loi le plus rapidement possible. Et il y a tous
les amendements qu'on nous apporte. Même si le ministre va me dire qu'il
y a des amendements de concordance, des amendements qui répondent aux
demandes de l'ensemble des gens qui
sont venus nous voir, il faut d'abord bien se les faire expliquer pour
voir si, d'après nous, cela répond aux demandes faites par les
groupes qui sont venus à la commission lors des audiences publiques. Une
chose certaine, c'est que nous n'avons pas l'intention de précipiter
l'adoption de ce projet de loi sans au moins en avoir fait une étude
attentive.
Si je dis ces choses, c'est parce que j'ai eu l'occasion de travailler
à la fois à la loi 150 et à d'autres lois d'autres
ministères. Je vais vous donner, en guise de comparaison, ce qui a pu se
passer. Je vous dis que, au mois de décembre 1985, la
vice-première ministre avait ajouté, dans son discours
d'ouverture de la première session de ce gouvernement, que le
gouvernement qui était devant nous légiférerait moins,
mais mieux.
Je me suis retrouvé devant plusieurs lois où ce
n'était pas mieux; on se retrouvait avec plus d'amendements que
d'articles. Par exemple, le ministre de l'Éducation nous avait
présenté un projet de loi de quatre articles sur la Commission
scolaire de Joutel-Matagami, près de chez vous, c'est-à-dire dans
le Nouveau Québec. Il semblait anodin dans le fond, mais il a
été récrit après des interventions à la fois
de la commission scolaire de Joutel-Matagami, de mon collègue, le
député d'Ungava, et de moi-même pour finalement revenir sur
la table avec huit articles totalement différents du principe même
du projet de loi à l'époque.
Donc, je n'ai pas l'intention d'arriver ici en disant: On va bousculer
les choses, il faut absolument que ce soit adopté d'ici l'ajournement de
Pâques. Je dois vous dire que, si on est capables d'étudier cela
dans des délais raisonnables, selon une façon raisonnable de voir
les choses, oui, cela va être adopté. Mais si le but est de nous
bousculer, non, il n'en est pas question.
Deuxièmement, nous avions dit - je le répète - que
nous étions d'accord avec l'ensemble des principes du projet de loi 150
mais que, malheureusement, nous n'étions pas d'accord sur des
modalités d'application, ce qui fait qu'aujourd'hui, au moment
même où on commence à discuter article par article du
projet de loi 102, Loi sur les terres du domaine public, nous nous retrouvons
avec un imbroglio qui fait que l'ensemble des gens, dans le secteur des
forêts, se trouvent un peu sur le qui-vive.
Lors d'une question à l'Assemblée nationale cet
après-midi, j'avais demandé au ministre s'il était
prêt, dans un dossier qui nous concerne, à faire une commission
parlementaire pour permettre aux gens de discuter de la façon dont ils
ont établi les prix basés sur la valeur marchande des bois sur
pied. Il m'a répondu non, sauf que je sais qu'il y a un lien entre la
loi 102 et la loi 150. C'est sur cela que je voulais attirer l'attention du
ministre, qui ne m'a pas répondu, ce qui ne m'a pas permis de savoir si
j'avais tort ou si j'avais raison.
Nous croyons qu'il y a des difficultés d'application de la loi
150 parce que, avant les fêtes, nous avions ôté de la loi
150 des articles qui faisaient référence à la loi 102 et
qui parlaient de la façon dont devaient intervenir dans la forêt,
désormais, à partir du 1er avril 1987, ceux qui auront des
contrats d'aménagement et d'approvisionnement forestier. Est-ce que
le Guide des modalités d'intervention en milieu forestier pourra
être mis en application immédiatement? Si je lis le télex
envoyé par le ministre délégué aux Forêts, je
crois comprendre qu'aujourd'hui, à la deuxième journée de
l'application de la loi 150, on coupe dans le bois de la même
façon qu'on coupait autrefois et il n'y a aucun cahier des
modalités d'intervention en milieu forestier qui s'applique. (20 h
15)
Deuxièmement, le ministre doit faire adopter au Conseil des
ministres un arrêté ministériel qui a pour but de
déterminer le prix de la valeur marchande des bois sur pied, ce qu'on
appelle les droits de coupe, avec les obligations de remise en production du
territoire, mais on ne sait pas, vu que la loi 102 n'est pas adoptée, si
ces décisions ont vraiment valeur légale.
Le ministre délégué aux Forêts m'a fait
mention d'une difficulté qu'il avait concernant la perception des droits
de coupe telle que prévue à la loi 150. Je dois vous dire que les
industries, actuellement, tant et aussi longtemps que les contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier n'auront pas
été signés, ne sont pas, à ma connaissance,
obligées de mettre en application la loi 150. Cela résulte du
fait que la loi 102 devait, quant à nous, être nécessaire
pour légaliser le plan d'affectation des terres, articles 17 à
20, et les différentes unités territoriales sur lesquelles vont
s'appliquer désormais les normes d'intervention forestière
prévues au Guide des modalités d'intervention en milieu
forestier. Vous vous en souvenez, le ministre de l'Environnement, le
ministre délégué aux Forêts, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche s'étaient fait une joie d'annoncer
à tout le monde que désormais c'est cela qui s'appliquerait sur
le territoire.
Je dois vous dire que ce n'est pas tout à fait cela que les gens
voient encore. Ce n'est pas tout à fait cela qui se produit. Quand on
sait que les premiers contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier pourront probablement être signés vers le mois de
décembre 1987, donc, mis en application au printemps, début de
l'été 1988, on est loin de notre profit avec la loi 150. Ce sont
des problèmes qui nous confrontent. Tant et aussi longtemps que la
loi 102 n'est pas adoptée, est-ce que les modalités
d'intervention en milieu forestier et les nouveaux droits de coupe sont
légaux?
Nous allons entreprendre, aujourd'hui, l'étude article par
article de ce projet de loi 102. Nous allons l'adopter le plus rapidement
possible pour permettre au gouvernement d'appliquer ces lois, mais nous voulons
être sûrs que nous ne cautionnons pas des décisions qui,
dans le fond, pourraient être mises en discussion de façon
légale devant des juges. Il pourrait arriver que des gens qui auront,
à l'avenir, à signer des contrats, tant et aussi longtemps qu'ils
ne les auront pas signés, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
intégré aux contrats les modalités d'intervention en
milieu forestier, tant qu'on n'aura pas introduit le coût de la valeur
marchande des bois sur pied, donc, les droits de coupe, vont refuser de payer.
Ils vont dire: Nous autres, tout ce qu'on va payer, si on a à payer, ce
sont les droits de coupe antérieurs. Je prends l'exemple d'une personne
qui est dans le déroulage, qui paie actuellement 3,20 $ le mètre
cube et qui dit: Moi, c'est bien de valeur, mais les 19,20 $ le mètre
cube que vous demandez dans mon territoire, il n'est pas question que je paie
cela.
Vous vous souvenez qu'à 19,20 $, cela veut dire qu'ils doivent
remettre en production le territoire et qu'ils doivent déduire de ce
montant le coût de la remise en production. Si ces remises en production
n'ont pas lieu, ils paient tout le montant et c'est le gouvernement, par le
ministère ou par d'autres, selon des formules qui sont à
être établies qui feront les travaux demandés.
Je dois dire que le ministre nous a dit dans sa réplique
aujourd'hui que la mauvaise planification des travaux parlementaires
était due à l'obstruction systématique de l'Opposition en
décembre. Je dois rappeler au ministre que, lui, qui est un
habitué depuis nombre d'années de l'Assemblée nationale,
doit savoir que ce n'est pas l'Opposition qui détermine l'horaire des
travaux. D'ailleurs, je me le suis fait rappeler cet après-midi quand le
leader du gouvernement m'a dît: écoutez, M. le
député, je comprends très bien que vous avez à
défendre le projet de loi 102 pour l'Opposition ce soir en commission
parlementaire et mardi prochain. Je sais aussi que vous êtes responsable
pour l'Opposition vis-à-vis du ministre délégué aux
Forêts pour étudier ses engagements financiers mardi. Donc, nous
entrons en conflit. C'est la première chose qu'on m'a dite. Comme je
suis vice-président de la commission de l'éducation et que
c'était moi qui devais présider mardi après-midi puisque
le président était occupé à d'autres fonctions et
qu'il m'avait demandé de le remplacer, que le soir je devais être
critique au niveau de l'enseignement primaire et secondaire, il m'a dit: M. le
député, c'est bien de valeur, vous nous avez dit que vous ne nous
garantissiez pas, comme porte-parole de l'Opposition sur le projet de loi 102,
son adoption d'ici les vacances de Pâques; en conséquence, c'est
moi, le leader, qui décide de ce que nous allons faire.
C'est son droit le plus strict. Je ne l'ai pas nié. Maintenant,
s'il a mal fait son travail au mois de décembre et si le ministre de
l'Énergie et des Ressources lui-même nous a dit, lors de la
discussion que nous avons eue en Chambre au sujet de l'adoption du projet de
loi 102 le 25 novembre dernier... Le ministre de l'Énergie et des
Ressources a été le premier à intervenir, d'ailleurs, sur
la motion du député de Roberval demandant de reporter de quatre
mois l'adoption du projet de loi 150 parce que nous croyions, à cette
époque - et nous le croyons encore - que la loi 102 aurait dû
être étudiée avant.
Qu'est-ce que le ministre de l'Énergie et des Ressources lui a
dit, à ce moment-là? Il a dit: Je peux assurer le
député de Roberval et l'Opposition que c'est notre intention de
faire adopter, avant la fin de la session, le projet de loi 102 qui a
été présenté à l'Assemblée nationale.
Les deux projets de loi seront adoptés en même temps, avant le 21
décembre. Il parlait, à ce moment-là, au
député de Roberval: En même temps que mon collègue,
le ministre délégué aux Forêts, je peux assurer
l'Opposition qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre le projet de loi
sur les terres et la loi que nous discutons maintenant, la loi sur le nouveau
régime forestier.
Quand il nous dit, dans son droit de réplique, que c'est à
cause de l'Opposition, je dois lui rappeler que ce n'est pas notre faute s'il y
a une mauvaise planification des travaux parlementaires. On nous a amené
quelques petits projets de loi ici et là, d'un article ou deux, pour
faire disparaître des irritants à certaines lois ou même
faire disparaître des organismes gouvernementaux ou même essayer,
comme je vous l'ai dit à propos du ministre de l'Éducation, de
passer une sorte de - permettez-moi l'expression -sapin à la commission
scolaire de Joutel-Matagami. Ce n'est pas notre faute s'ils ont passé
leur temps, au début de l'automne, à nous présenter des
projets comme ceux-là plutôt que de nous apporter la loi 150 et la
loi 102.
Alors, qu'on ne vienne pas accuser l'Opposition d'être responsable
de la mauvaise planification du leader ou des ministres responsables. Pour vous
démontrer, M. le Président, notre bonne volonté et qu'on
est capables de coopérer avec un ministre qui veut bien coopérer,
je vous donne un exemple rapide de ce qui a été fait pas plus
tard que la semaine dernière. Le ministre de l'Éducation
était pris avec un petit problème
à la suite de l'adoption de la loi 24 et de la loi 131. Il s'est
retrouvé avec des personnes dites neutres qui ne pouvaient pas voter
à l'élection de l'automne 1987. Nous lui avons promis par lettre,
au mois de janvier, de l'aider à faire passer sa loi. Nous lui avons dit
cela au mois de janvier alors même que des directives étaient
données par son leader après la session d'automne, au mois de
décembre dernier disant: Cette fois-ci, je ne me ferai pas prendre comme
leader. Les ministres vont m'amener les projets de loi sur la table avant le 15
janvier. On était rendu au 27 ou 28 janvier et c'est là
qu'apparut le problème. La lettre que j'avais envoyée au ministre
c'était pour lui dire: Écoutez, M. le ministre, nous allons vous
aider et cela va être adopté avant le 1er avril. Ce qu'on a fait,
on a coopéré et on a permis, à ce moment-là,
l'adoption du projet de loi. Qu'on ne vienne pas nous dire que c'est notre
faute quand on planifie mal les travaux.
Le ministre parle de la consultation des MRC; il dit que le délai
- regardez, on va le voir dans les amendements - est porté de 90
à 180 jours, que le gouvernement va participer à une consultation
si une MRC le demande, que l'UMRCQ a été te seul organisme que le
ministre a consulté avant le dépôt de la loi et qu'elle
était d'accord sauf pour ce qui est du délai et qu'il n'a pas
consulté l'Association des industries forestières du
Québec pour d'autres décisions qu'il avait à prendre. Nous
croyons que le ministre a une façon de voir les consultations selon son
bon vouloir et non pas selon ce qui doit être fait en vertu des lois et
des règlements.
Je vous donne un autre exemple pour vous expliquer ces choses. Le
ministre délégué aux Forêts a refusé une
commission parlementaire pour consulter les gens et dans la réponse
qu'il me donne aujourd'hui, si je me fie à ses paroles, il me dit:
Effectivement, ne vous inquiétez pas, on va les rencontrer. Non, M. le
Président, il n'est pas question d'avoir une commission parlementaire,
nous en avons eu une l'automne passé sur la question et tous les
organismes se sont fait entendre. Et là, il dit: Je dirai au
député de Laviolette que j'ai accepté, dans un
arrêté ministériel, de façon à être
équitable envers l'industrie, de faire une audition sur notre
façon d'évaluer la valeur marchande des bois sur pied. Qu'est-ce
que c'est, l'audition? Ce sont des rencontres avec lui. Ce n'est pas avec
l'ensemble des gens.
Comme membres de l'Opposition, nous recevons des critiques de la part
des industries forestières. Une consultation, cela se fait ici, devant
tout le monde. Cela ne se fait pas en catimini, cela ne se fait pas en
cachette. Et c'est dans ce sens-là que nous disons que, effectivement,
il doit y avoir consultation et que cette consultation doit être faite
selon des façons précises de voir les choses au Parlement.
Pour terminer, parce que je sais qu'il me reste une minute, M. le
Président, le ministre a dit qu'il y avait une contradiction dans notre
discours quand j'ai dit: Le ministre doit être l'arbitre. Mais, si j'ai
dit l'arbitre, ce n'est pas l'arbitre avec les MRC, ce n'est pas l'arbitre avec
l'AIFQ, ce n'est pas l'arbitre avec les organismes des forêts. C'est
l'arbitre avec ses ministres qui ont une certaine forme de
responsabilité en vertu de la loi, que ce soit sur l'agriculture, que ce
soit sur la question des forêts, que ce soit sur l'utilisation de la
faune, que ce soit sur l'utilisation de l'ensemble du secteur
récréotouristique ou de l'ensemble des ministres dont il fait
partie comme membre du Conseil des ministres.
C'est dans ce sens qu'il n'y a pas de contradiction entre ce que j'ai
dit et ce que je continue à dire. J'aurai l'occasion de revenir sur
l'ensemble des amendements qui sont apportés. Mon collègue
pourra, s'il le veut, prendre ses 20 minutes, mais je dois vous dire que j'ai
l'intention - je vous l'annonce dès maintenant - de faire une
proposition préliminaire aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Premièrement, je veux assurer le
député de Laviolette que nous n'avons aucunement l'intention de
bousculer l'Opposition. Vous pouvez prendre tout le temps dont vous avez besoin
pour étudier le projet de loi. Ce n'est pas notre intention de forcer
l'adoption avant l'ajournement de Pâques. J'aurais
préféré l'avoir, mais vous savez, j'ai déjà
assisté à des "filibusters". C'est l'introduction classique d'un
"filibuster", sauf que commencer un "filibuster" au mois d'avril, les chances
de le gagner ne sont pas trop bonnes. Vous allez apprendre avec
l'expérience dans l'Opposition qu'un "filibuster", ça se commence
mieux au mois de juin. Au mois d'avril, nous avons le temps pour étudier
le projet de loi. Je veux dire au député de Laviolette que la loi
150 est entrée en vigueur le 1er avril. Elle est en vigueur maintenant
et elle va continuer d'être en vigueur. Ce que j'ai dit aux mois de
novembre et décembre derniers, c'est que j'avais l'intention de faire
adopter le projet de loi avant Noël. Oui, j'avais l'intention.
C'est vrai que c'est le gouvernement qui détermine les horaires
des travaux, sauf que, durant le mois de décembre, avec une obstruction
systématique, ces horaires des travaux peuvent être
complètement bouleversés, et c'est ça que vous avez fait.
C'est pour ça que je n'ai pas pu faire adopter la loi 102. Cela ne nous
empêchera
pas de l'étudier dans le calme que vous voulez, dans le calme
où nous voulons l'étudier et avec tout le temps dont vous avez
besoin. Si ce n'est pas adopté avant l'ajournement de Pâques, on
va continuer la commission parlementaire et ce sera adopté selon le
temps que cela prendra pour adopter la loi 102. Entre-temps, la loi 150 sera en
vigueur depuis le 1er avril.
C'est vrai que le ministre délégué aux Forêts
vous avait demandé hier une modification pour les taux unitaires. Vu la
position que vous avez adoptée, nous avons trouvé un autre moyen
de déclarer, d'annoncer les taux unitaires. Cela peut se faire par
arrêté ministériel et c'est ça que le ministre
délégué aux Forêts va faire. Si vous croyez que vous
allez refaire le débat sur la loi 150 et essayer de faire de
l'obstruction systématique ce soir, demain, après-demain, durant
la semaine prochaine, pour remettre en question les principes de la loi 150, je
veux dire, M. le Président, par votre entremise, au député
de Laviolette, que vous faites fausse route. Je vais entendre vos commentaires.
Nous sommes ici de bonne foi pour étudier article par article la loi
102. Si vous avez des propositions sur chaque article, des modifications, des
discussions, nous sommes prêts à les entendre, mais je ne suis pas
prêt ce soir, la semaine prochaine ou les semaines à venir,
à faire le débat sur la loi 150. Cela a déjà eu
lieu. (20 h 30)
Si vous voulez contester certaines dispositions de la loi 150 pour
laquelle vous avez voté avec le gouvernement, libre à vous de le
faire, mais je vous suggérerais, si vous êtes de bonne foi et si
ce n'est pas un "filibuster" que vous voulez faire, d'utiliser les autres
moyens, les autres forums et les autres façons de questionner le
ministre sur la loi 150. Nous sommes ici pour étudier la loi 102 et
c'est entièrement mon intention, l'intention de notre formation
politique du côté ministériel, d'étudier la loi
102.
Maintenant, peut-être que vous aviez l'impression que, vraiment,
la loi 102 était nécessaire pour mettre en application la loi
150. Vous avez trouvé cette ouverture et vous vous êtes dit: Je
vais causer des problèmes au gouvernement; je vais vraiment faire de
l'obstruction pour que la loi 150 ne vienne pas en application.
Je regrette, mais elle est en application; le ministre l'applique. Les
taux unitaires de la valeur marchande seront annoncés publiquement dans
les jours à venir, avec la façon dont ils sont fixés, ils
seront légaux. La loi 150 sera mise en application, et, si vous
êtes vraiment de bonne foi et que vous voulez faire toutes les
suggestions que vous avez en tête en ce qui concerne la loi 102, je vous
suggérerais qu'on commence l'étude de cette loi, si c'est
vraiment votre intention. Si cela ne l'est pas, on va vous écouter et on
va attendre après l'ajournement de Pâques pour continuer
l'étude de la loi 102, c'est tout.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Vous me permettrez de
noter l'intervention du ministre, qui est très intéressante en
soi. Elle est très intéressante parce qu'elle laisse beaucoup de
sous-entendus et beaucoup de remarques possibles, auxquelles le ministre va
sûrement s'attendre à la suite de son intervention. Je crois qu'il
serait déçu si on ne les relevait pas.
Je comprends aussi que le ministre, pour avoir passé neuf ans
dans l'Opposition, a eu le temps de s'exercer à la technique du
"filibuster", mot qu'il aime beaucoup utiliser. C'est probablement parce qu'il
y a eu recours plus souvent qu'à son tour au moment où il
était dans l'Opposition qu'il sait exactement de quoi il parle quand il
parle de cela. Je voudrais, quand même, rassurer le ministre en disant
qu'en ce qui nous concerne, nous voyons très bien, nous croyons qu'il a
raison de dire que commencer un "filibuster" au mois de mars ou d'avril, c'est
peut-être un peu tôt, car les chances de le gagner sont très
faibles. Donc, n'étant pas plus bêtes que lui, il doit bien se
rendre compte que ce qui nous intéresse ici, ce n'est pas de
"filibuster" qui que ce soit, mais bien de commencer par mettre certaines
choses au point avant d'entreprendre la discussion article par article d'un
projet de loi qui est, quand même, assez volumineux et très
important en ce qui concerne l'avenir de la gestion des terres publiques du
Québec et, par le fait même, l'avenir de la gestion, finalement,
de tout ce qui supporte l'ensemble des matières premières, des
richesses naturelles que possède le Québec. Et, dans ce
sens-là, on est loin d'être de mauvaise foi, de vouloir mettre
certaines choses au point avant d'entreprendre une discussion honnête,
franche, constructive pour faire en sorte que ce projet de loi soit des plus
applicables et des plus complets afin de situer vraiment le problème et
de légiférer en conséquence pour régler des
problèmes, des situations conflictuelles et non pas pour en créer
d'autres.
Moi, je vous dirais, finalement, qu'après avoir entendu
l'intervention du ministre avec ses nombreuses petites menaces
camouflées, ses "vous ne me ferez pas peur, on va vous montrer qu'on est
capable, on n'a pas besoin de vous autres, il y a d'autres moyens pour le
faire", etc., personnellement je pense que ceux qui nous écoutent
ailleurs, au perroquet, ou qui liront les galées de cette commission
vont probablement se demander qui est de mauvaise foi dans l'affaire. Le
ministre n'a pas fait preuve, jusqu'à maintenant, d'une très
grande ouverture quant à la discussion et la petite intervention que je
viens d'entendre de sa part me porte plutôt à croire qu'il a
l'intention de subir une commission parlementaire parce que le processus
démocratique dans lequel nous sommes au Québec va l'obliger
à le faire et qu'il ne peut pas y échapper. Mais, il va le subir
peut-être en somnolant comme l'a fait son collègue du Travail au
moment de la loi sur la construction. Finalement, quand sera venu le
moment...
Une voix: Somnolant?
M. Claveau: C'est exactement ce qui est arrivé, Vous en
conviendrez, vous étiez là. C'est un peu l'approche que le
ministre semble avoir au moment de son intervention. Je dirai qu'en ce qui me
concerne, je trouve décevant le peu d'ouverture démocratique dont
vient de faire preuve le ministre. Je peux l'assurer que ses petites menaces
à moitié camouflées, une main de fer dans un gant de
velours, ne sont pas de nature à énerver l'Opposition et à
nous empêcher de faire le travail de la façon que nous
considérons honnête et sincère de le faire. Je pense qu'on
est assez grands pour être responsables des moyens que nous prendrons
pour que notre opinion et, par le fait même, l'opinion d'une large partie
de la population qui n'est pas tout à fait dans la ligne de
pensée du ministre en termes de gestion des terres publiques se fassent
valoir et réussissent à percer la carapace que le ministre vient
de nous exposer.
Cela étant dit...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Un instant! MM. les membres de la commission, s'il vous
plaît, j'aimerais bien entendre M. le député d'Ungava. J'ai
de la difficulté.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, juste une question. Le
ministre a eu son droit de parole. Il n'y a personne de notre côté
qui l'a interrompu. On n'a pas l'intention de l'interrompre. On n'est pas ici
pour se faire chahuter par les membres du gouvernement. S'ils ne veulent
d'aucune façon participer au débat, ils n'ont qu'à
quitter. On ne soulèvera même pas la question du quorum.
Le Président (M. Baril): Je vais essayer de garder...
M. Jolivet: C'est votre devoir.
Le Président (M. Baril): ...le plus d'ordre possible, M.
le député de Laviolette, et de travailler dans la paix et la
sérénité pour les quelques jours...
Une voix: Quelques semaines.
Le Président (M. Baril): Ou quelques semaines.
Une voix: Ou quelques mois. Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava, est-ce que vous avez terminé?
M. Claveau: Non.
Le Président (M. Baril): Je voudrais avoir une
réponse. M. le député, je...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Baril): La parole est à vous, M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: Je remercie mon collègue de Laviolette pour
avoir mis les choses au point.
Comme je le disais... Le ministre a dit qu'on n'était pas
pressé. Alors, je vais prendre tout mon temps. Les pauses sont souvent
des moments de réflexion. Alors, j'espère...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: ...que vous saurez en profiter, tous et chacun. Sur
les retards dont le ministre a taxé le projet de loi, soit les retards
dans le cheminement, du fait que l'Opposition, etc., etc., avait agi d'une
façon que, lui, trouve pour le moins constestable, l'automne dernier, je
dois dire que c'est beaucoup plus facile de jeter la pierre, de trouver des
coupables que de regarder soi-même comment on a fonctionné. Je
pense que le ministre aurait peut-être avantage à regarder le
fonctionnement interne de sa formation politique au moment où la masse
de projets de loi de toutes sortes a envahi le parquet de l'Assemblée
nationale l'automne dernier. Il y aurait probablement là une
réponse à sa question, plus que d'essayer de jeter la pierre
à l'Opposition en la taxant de mauvaise volonté, de mauvaise foi
alors que les membres de l'Opposition ont tout simplement fait leur travail de
la façon la plus honnête et la plus constructive possible.
À l'intérieur du projet de loi 102, il y a un certain
nombre de choses qui, pour nous, méritent qu'on s'y arrête et que
l'on y réfléchisse, parce que, dans sa structure même, le
projet de loi 102 nous semble pour le moins entrer en contradiction avec
d'autres projets de loi sectoriels. Je ne suis
pas convaincu de la priorité, de la prépondérance
du projet de loi 102 sur d'autres projets de loi en ce qui concerne la gestion
des terres publiques, surtout quand on trouve à l'intérieur de la
Loi sur les mines non pas une seule, mais de nombreuses dispositions qui,
déjà, identifient des occupations territoriales, des modes
d'occupation du territoire en ce qui concerne l'exploration et l'exploitation
minières: On trouve encore, à l'intérieur de la Loi sur
les mines, une notion du nord, une notion de la "nordicité", quand on
dit, dans un projet de loi sectoriel, qu'à partir du 52e
parallèle de latitude nord les interventions dans le domaine de
l'exploration ne se feront pas de la même façon qu'au sud du 52e
parallèle.
Il y a là une notion territoriale qui, pour le moins, devrait
trouver son équivalent à l'intérieur de la loi sur les
terres, puisqu'il me semble que c'est dans la loi sur les terres qu'on
définit le mode d'occupation des différentes terres, le mode
d'intervention sur ces différentes terres-là. Il ne faut pas
oublier, quoi qu'en dise le ministre, que le plan d'affectation des terres ne
sera valide qu'en autant que le projet de loi 102 sera adopté, car le
projet loi 102 lui donne toute sa force légale. Et, de ce plan
d'affectation des terres découlent, comme on a déjà eu
l'occasion de le dire à de nombreuses reprises, les modalités
d'intervention. Alors, comment une loi sectorielle comme la Loi sur les mines
peut-elle définir des modalités d'intervention sur un espace
géographique donné sans qu'on y fasse la moindre
référence dans la Loi sur les terres du domaine public? Quand,
par exemple, la Loi sur les mines dit en toutes lettres - c'est facile à
trouver - que c'est le ministre qui va définir les pourtours des
municipalités, les périmètres urbains, il me semble
qu'encore là il y a, pour le moins, un peu d'empiétement sur ce
que devrait faire la loi sur les terres qui devrait être, à notre
avis, la loi qui va déterminer là où il va y avoir des
possibilités d'intervention dans tel ou tel secteur.
Et, si par hasard, comme j'ai déjà eu l'occasion de le
dire en Chambre, ce à quoi le ministre n'a jamais répondu, le
projet de loi 102, la Loi sur les terres du domaine public, définissait
qu'un secteur X sur l'étendue territoriale québécoise sera
un secteur d'écologie contrôlée, par exemple, une
réserve de castors ou un secteur que l'on va conserver dans son aspect
naturel pour sa flore, sa faune, etc., et que ce secteur-là ne devra
jamais être influencé par quelque intervention économique
que ce soit, et que, parallèlement, la Loi sur les mines qui, elle, ne
semble pas trop se préoccuper ou s'enfarger dans les virgules du projet
de Loi sur les terres du domaine public permettait à un prospecteur ou
à une compagnie d'exploration minière d'intervenir sur ce
site-là où on aurait trouvé - je prends l'hypothèse
- un gisement d'or ou de platine intéressant et que par la même
occasion, parce qu'il y a des boisés qui seraient probablement
prometteurs en termes de rendement dans ce secteur, la Loi sur les forêts
décidait: Non, nous autres, c'est bien de valeur, mais, dans ce
secteur-là, il va falloir qu'on aille chercher du bois parce qu'on en a
besoin, la survie d'un village en dépend, c'est la survie
peut-être de l'économie d'une région qui sera
affectée, et que, peut-être, d'un autre côté le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche y trouve une
rivière à saumons intéressante et aimerait bien aller y
taquiner son poisson, alors, qui va avoir prépondérance? Quelle
est la loi qui va avoir priorité? En ce qui nous concerne, nous, en tout
cas, on n'a pas de réponse à ce genre de question dans le projet
de loi qu'on a actuellement.
D'autres conflits importants peuvent survenir avec les MRC, avec le
zonage municipal. Encore là, on a un article dans le projet de loi 102,
l'article 20, qui nous dit que les municipalités vont avoir à
mettre le tampon sur des décisions. Elles ont 90 jours pour tamponner
et, si cela n'est pas fait dans 90 jours, c'est bien de valeur, on va se passer
de leur tampon, on va intervenir pareil. C'est à peu près ce que
cela dit. Il n'y a rien là-dedans qui dit que les municipalités,
que les MRC vont être consultées à l'avance. Il n'y a rien
là-dedans qui dit que, dans les différents plans
d'aménagement, les plans de zonage des municipalités vont
être respectés; il n'y a rien à cet effet-là. (20 h
45)
D'ailleurs, dans les lois sectorielles au niveau des forêts et des
mines que l'on a eu à discuter jusqu'à maintenant, les ministres
sectoriels responsables, sous la tutelle du ministre de l'Énergie et des
Ressources, ont clairement dit à leurs différents interlocuteurs,
que ce soit les membres de l'Opposition ou que ce soit les gens qui ont
été invités à des consultations publiques, qu'ils
n'avaient pas encore là à s'enfarger dans les fleurs du tapis
avec les plans de zonage et avec les différents plans directeurs
d'urbanisme ou d'intervention, quels qu'ils soient, en milieu urbain ou
à l'intérieur des limites d'une municipalité ou d'une MRC.
Cela a été clairement dit. Ce n'est pas nous qui l'inventons. On
retrouve finalement la consécration de ce principe dans le projet de loi
102 qui dit: C'est bien de valeur, mais on a juste besoin que vous tamponniez
et si vous ne tamponnez pas dans 90 jours - et même, dans certains cas,
on parlait de prolonger jusqu'à 180 jours... Cela ne change pas
grand-chose. Cela donne peut-être plus de temps pour faire du tordage de
bras. En dehors de cela, on ne trouve pas de mécanismes de consultation
plus complets.
Cela ne change rien dans le mécanisme. Si finalement, on n'a pas
votre tampon, an va s'en passer et on va le faire quand même. Alors, je
ne sais pas comment le ministre va finir par nous expliquer de quelle
façon il va s'arranger avec les MRC, ou s'il y aura des clauses quelque
part qui viendront et qui vont nous apparaître du jour au lendemain pour
enfin venir nous dire qu'on va modifier la loi 125, qu'on va modifier les
différentes modalités d'intervention des MRC, ou qu'on va
modifier le pouvoir des élus locaux. Est-ce qu'on est en train de
s'enligner dans une espèce de structure autocratique qui
déciderait tout à partir du haut, et qui ferait fi des
intérêts et des visions ou des différents concepts
développés dans les milieux, sur le terrain près du monde,
près du quotidien? Cela ne semble pas préoccuper beaucoup le
ministre de l'Énergie et des Ressources. De toute façon, à
voir l'intérêt qu'il porte au débat, il faut croire que
c'est le cadet de ses soucis.
Or, ce sont là des questions pour lesquelles on est tout à
fait en droit de se gratter la tête. On essaie de trouver des solutions.
On a cherché dans le projet de loi. On a beau se donner tous les outils
qu'on veut, consulter tous les experts dans le domaine, on se retrouve toujours
devant des gros points d'interrogation. On a l'impression que le ministre est
en train d'ouvrir des kiosques touristiques où on met des points
d'interrogation un peu partout. C'est tout ce qu'on trouve. Il n'y a pas de
réponse. Ceux qui sont devant et qui disent: Est-ce que cela se peut? Ce
n'est pas possible, ont-ils trouvé des réponses? Peut-être
que ce serait bon, M. le Président, qu'ils lèvent la main pour
s'inscrire sur la liste des intervenants et qu'ils nous expliquent les
réponses qu'ils ont trouvées aux questions qu'on
soulève.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez
terminé, M. le...
M. Claveau: Non, je n'ai pas terminé... Des voix:
Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: ...mais j'étais en train de me demander...
Le Président (M. Baril): Vous m'avez posé une
question?
M. Claveau: Non, non. J'étais en train de me demander
où je pourrais trouver de la broche à poule. Cela commence
à "caquailler" pas mal.
Le Président (M. Baril): Je vais faire une deuxième
demande. MM. les députés ministériels, s'il vous
plaît, laissez le droit de parole à M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Voilà quand même tout un contexte dans
lequel on se situe actuellement, un contexte qui est très sérieux
parce que, comme on a eu l'occasion d'en parler tout dernièrement en
Chambre, où on a relevé - et le ministre en est tout à
fait conscient - un tas de problèmes qui se présentent dès
la première journée de l'application de la Loi sur les
forêts... Ce ne sont que les pointes des nombreux icebergs qui
traînent dans ce projet de loi. La Loi sur les forêts a
été un projet de loi qui a été adopté en
vitesse, qui a été adopté à la course, où on
a taxé l'Opposition de mauvaise foi, où on a essayé de
démontrer qu'il y avait seulement le ministre qui avait raison.
Finalement, quand on se retrouve au moment de l'application, on dit: Hop! On
aurait peut-être mieux fait d'écouter parce qu'on a oublié
une méchante poutre. Puis, on se retrouve devant la position où,
à la première journée d'application du projet de loi, le
ministre est obligé de faire une pirouette pour passer par un
décret ministériel afin de modifier quelque chose qui est dans
son projet de loi, et auquel il n'avait pas pensé. Il aurait
peut-être mieux fait d'écouter au moment où on parlait.
Peut-être aurait-il trouvé des pistes de solutions.
On a soulevé encore un autre problème la semaine
dernière en ce qui concerne une modification à l'annexe B de la
Loi sur la qualité de l'environnement. On est intervenu avec un article
dans la Loi sur les forêts, un article anodin en soi, qui n'avait l'air
de rien, l'article 251 qui modifie l'annexe B d'une autre loi, comme cela, sans
que personne, sans même que les gens du ministère de
l'Environnement aient été consultés. On en a la preuve.
Puis, on se retrouve devant le fait qu'un petit article dans une loi va
à l'encontre de la prépondérance entre autres de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois qui, elle, dit
que cette annexe ne peut être modifiée qu'après
consultation et avis favorable du Grand Conseil des Cris du Québec. Il
n'y a pas eu de consultation. Personne n'en a eu connaissance et c'est
modifié. C'est là-dedans qu'on s'en va. C'est pour cela qu'on
demande au ministre de bien vouloir prendre le temps d'écouter certaines
de nos recommandations, je dirais même l'ensemble de nos recommandations
qui sont toutes aussi intéressantes les unes que les autres et qui vont
peut-être lui permettre d'empêcher qu'il y ait ces problèmes
à l'avenir.
Peut-être - sûrement même - qu'on peut pour faire en
sorte que quelque chose comme cela ne se produise pas dans son projet de loi et
que le ministre, dès l'application de son projet de loi, en soit fier et
dise: Je ne me suis pas trompé, j'ai vraiment fait un projet de loi qui
est
accepté par tout le monde, un projet de loi qui n'entre en
conflit avec rien à l'intérieur de l'ensemble de la
législation québécoise. Pour cette raison, je me vois dans
l'obligation de déposer une motion qui va permettre d'éclaircir
un certain nombre de choses et qui permettra... Peut-être qu'au moment
d'en parler on va nous dire: Ah! Vous voulez faire reculer le débat.
Vous voulez faire en sorte que... etc. Mais après, si la motion est
adoptée - et je le souhaite - on verra qu'on aura gagné
probablement beaucoup plus de temps en faisant cela et on aura fait un projet
de loi qui nous empêchera de revenir après pour discuter ici, dans
cette pièce, différents petits projets de loi
complémentaires, amendements, etc. Je dépose une motion. Oui, je
vais la lire immédiatement.
Le Président (M. Baril): Si vous voulez bien la lire, s'il
vous plaît, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, je vais lire la motion. Que la commission de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi sur les terres du domaine
public, des consultations particulières quant à tous les articles
dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec.
Le Président (M. Baril): Oui, j'aimerais cela...
Une voix: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Baril): Oui. Est-ce que vous avez
terminé, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Baril): J'aimerais que vous vous
exprimiez sur la recevabilité, s'il vous plaîtî M. le
ministre.
M. Ciaccia: Sur la recevabilité, je crois que la
présente motion n'est pas recevable pour les raisons suivantes. On a
déjà consulté, on ne peut pas faire... L'esprit de nos
règlements, c'est de ne pas dupliquer. Si nous n'avions pas
consulté et invité l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec à venir devant la
commission parlementaire... Je veux excuser le député d'Ungava,
peut-être qu'il n'était pas là et qu'il ne le savait pas.
On l'a déjà fait, cela. On a consulté à propos du
projet de loi et nous avons entendu différents intervenants, non
seulement l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec, mais d'autres associations. C'est clair que la présente
motion est complètement dilatoire et je suis certain qu'elle aété faite par un manque de connaissance de ce qui s'est
produit au cours des quelques derniers mois. Nous l'avons consultée.
Nous avons un mémoire. Le mémoire a été
déposé.
Pour ces raisons, M. le Président, je considère que la
présente motion est irrecevable.
M. Claveau: On est sur la recevabilité et non pas
sur...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Je veux écouter et comprendre le ministre. J'ai de la
difficulté.
M. Ciaccia: Le 2 mars 1987, l'Union des municipalités
régionales de comté a même écrit une lettre au
ministre, à moi-même, au ministère de l'Énergie et
des Ressources, faisant allusion à la copie du mémoire quant au
projet de loi 102 qui avait été produite. Les
représentations que le député d'Ungava cherche à
recevoir et quand il croit pouvoir recevoir l'Union des municipalités
régionales de comté, cela a déjà été
fait, cela a été présenté. En plus, cela a
été suivi par une lettre au ministère. Je crois que
l'esprit de nos règlements, le mandat de cette commission est de
procéder à l'étude article par article. Le mandat de la
commission n'est pas d'inviter et d'entendre les mémoires, cela a
déjà été fait. Le mandat est d'étudier
article par article. Je vous suggère très respectueusement que la
présente motion est irrecevable. Je suggère que si le
député d'Ungava et l'Opposition sont vraiment de bonne foi,
qu'ils veulent discuter du projet de loi et le bonifier, qu'ils nous montrent
donc leur bonne foi et commencent par étudier l'article 1. Nous allons
écouter toutes les représentations et toutes les recommandations
que vous avez à faire au sujet de chaque article du projet de loi.
Une voix: On a pas mal de misère avec l'article 1.
M. Ciaccia: En ce qui concerne l'invitation pour les
différents mémoires, cela a été fait. Si nous
n'avions pas eu une commission parlementaire pour inviter les différents
intervenants, je dirais même que si l'Union des municipalités
n'avait pas été entendue ou n'avait pas été
invitée - peut-être, je ne suis même pas certain - la motion
serait peut-être recevable. Mais je crois que le mandat de la commission"
est d'étudier article par article. Du fait qu'on a déjà eu
une commission parlementaire spécialement convoquée pour entendre
tes mémoires, je crois que la présente motion est
irrecevable.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci. En commençant, je ferai remarquer que
le ministre a élaboré sur le fond de la motion, mais très
peu sur la recevabilité. Ce qu'il a dit là aurait dû
être fait après que la motion a été reçue
parce que le ministre, à moins de taxer le règlement de
l'Assemblée nationale, de mauvaise foi, les règles de
procédure... Je ne sais pas, quand il taxe l'Opposition de mauvaise foi,
peut-être qu'il s'attaque directement aux règles de
procédure parce qu'à l'article 244 on lit: "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat." On a
une étude détaillée entre les mains, l'étude
article par article. Nous, on demande qu'il y ait une consultation
complémentaire pour deux groupes en particulier, les
municipalités régionales de comté et les
municipalités locales du Québec.
C'est tout à fait conforme à la lettre et à
l'esprit de l'article 244 des règles de procédure de ce
Parlement. Si on est de mauvaise foi, il va falloir que le ministre nous
explique comment il peut taxer de mauvaise foi l'ensemble des règles de
procédure de l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez. Je
voudrais faire référence au règlement...
Le Président (M. Baril): M. le ministre, oui.
M. Ciaccia: Je veux vous référer au
Règlement annoté de l'Assemblée législative
de M. Geoffrion. Je pensais qu'il avait terminé, excusez-moi.
M. Claveau: Je voudrais simplement qu'on s'entende à
savoir si on débat le fond au moment de la recevabilité technique
parce que, si vous me dites oui, je m'en vais plaider...
Le Président (M. Baril): Moi, en ce qui me concerne...
M. Claveau: ...sinon, on s'en tient à la
recevabilité qui est très conforme à l'article 244.
Après cela, on parlera du fond.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne parle pas du fond. Je
parle de la recevabilité. Avez-vous terminé?
M. Claveau: Oui, j'ai terminé, M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais vous
référer au Règlement annoté de
l'Assemblée législative de M. Geoffrion. Article 151,
à la page 46. "Nulle motion ne doit soulever une question qui soit, au
fond, identique à une question dont la Chambre a décidé
pendant la session en cours. Alors, la Chambre a déjà
décidé durant la présente session d'avoir des
consultations. Les consultations ont eu lieu. Vous venez clairement à
['encontre de cette prévision et de cette interprétation de nos
règlements.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Qu'est-ce que c'est que cette histoire de nous amener
des décisions qui ont été prises? Quelle décision a
été prise par l'Assemblée nationale d'après vous
autres? Non, non, non.
M. Ciaccia: Avoir une consultation.
M. Jolivet: Attendez, c'est moi qui parle là. Attendez une
minute.
M. Ciaccia: Vous en demandez une autre. C'est une décision
qui a été prise.
M. Jolivet: Non, non, non. Je regrette. Le leader du gouvernement
a décidé qu'il y avait des consultations générales
pour tous ceux qui voulaient participer au débat sur la loi 102. Le
leader a le droit et le pouvoir de tout faire cela. Même si nous disions
non, elles auraient lieu quand même. Donc, ce n'est pas une
décision de l'Assemblée nationale, c'est une décision du
leader du gouvernement. C'est la première chose.
La deuxième, sur présentation de la décision, le
leader pourrait, en pleines vacances d'été, déterminer
qu'il y a une consultation particulière, sans que la Chambre ait
à siéger, et la réunion pourrait avoir lieu et devrait
avoir lieu. Cela ne prend pas une décision de l'Assemblée
nationale pour ce faire. C'est la première chose. La deuxième
cependant, c'est que le règlement est clair. L'article 244, paragraphe
2, dit: "Avant d'entreprendre l'étude détaillée, la
commission peut décider de tenir des consultations particulières
dans le cadre de son mandat." La demande qui est faite par mon collègue,
c'est d'entendre justement l'Union des municipalités régionales
de comté du Québec. À l'intérieur de la lettre, qui
n'a jamais été envoyée à l'Opposition, sauf au
ministre lui-même, on dit: "Suite, justement, aux consultations
générales qui ont eu lieu - je vous lis le texte, M. le
Président, pour bien vous faire comprendre ce que je veux dire - nous
vous faisions parvenir récemment copie de notre mémoire quant au
projet de loi 102 sur les terres du domaine public dans lequel l'UMRCQ
déplorait les écarts qu'il produit par rapport à la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme." On donne une série de
choses
et on rappelle justement que le ministère des Affaires
municipales a souligné telle et telle chose. Je ne lirai pas davantage,
mais je veux vous dire que cette lettre a été envoyée au
ministre. C'est indiqué: M. John Ciaccia, ministre de l'Énergie
et des Ressources du Québec. Les membres de la commission parlementaire
ont eu à étudier un mémoire qui a fait des recommandations
qui se retrouvent aujourd'hui, comme le ministre le dit, dans des amendements
que je vous apporte. J'ai cru comprendre que j'ai fait une erreur tout à
l'heure, et je m'en excuse. J'ai parlé de 90 à 180 jours.
C'était de 90 à 120 jours. Le ministre nous disait qu'il avait
des amendements à apporter qui répondraient, dans certains cas en
partie, dans certains cas en totalité, aux demandes faites par des
organismes qui sont venus devant nous.
Nous disons que, à la suite de ce qu'a dit l'Union des
municipalités régionales de comté, non seulement sur ce
qui est là, mais sur tout ce qui se passe dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, qu'elle avait des choses à dire au
ministre de l'Énergie et des Ressources, eu égard à son
projet de loi 102. C'est dans ce sens que nous avons demandé ce que le
règlement nous permet, c'est-à-dire une consultation
particulière pour nous assurer que l'amendement demandé dans le
rapport déposé par l'union puisse être ici. Or, je ne crois
pas que demander cela en vertu du règlement, qui est clair, net et
précis, soit irrecevable comme motion. J'aurai à discuter du fond
tout à l'heure, si vous permettez qu'elle soit recevable, mais je
voudrais bien qu'avant de prendre une décision, M. le Président,
vous vous assuriez de ne pas faire jurisprudence ici sur la possibilité
des membres de recevoir en consultation particulière, tel que
prévu par le règlement, et que vous refusiez ce droit que
possèdent les parlementaires d'en faire au moins une motion Ils la
discuteront au mérite, s'ils veulent, mais au moins que la motion soit
recevable parce que, sans cela, vous venez de changer le règlement
à l'article 244. À ce moment-là, on fera appel au
président de l'Assemblée nationale si jamais vous déclarez
cela irrecevable. Je considérerais épouvantable que vous ne
permettiez pas au moins la discussion. Je ne vous demande pas de dire si j'ai
raison sur le fond. Ils voteront pour ou contre, mais recevez au moins la
motion pour qu'elle soit discutée.
Le Président (M. Baril): Alors...
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse mais je suis
tanné. Je n'ai fait de menace à personne. J'essaie d'exprimer le
plus honnêtement possible ce que j'ai vécu comme président
d'assemblées pendant nombre d'années. Je ne veux pas qu'on
m'accuse de quoi que ce soit, de l'autre bord. S'ils ne sont pas
intéressés aux discours, aux discussions, qu'ils s'en aillent
dehors. Ils peuvent s'en aller chez eux. Je ne suis pas ici pour m'amuser et me
faire rire dans la face. Je vous le dis d'avance.
Le Président (M. Baril): Vous pouvez être certain
que je vous écoute très bien.
M. Jolivet: M. le Président, comme député,
vous savez que j'ai droit à mon entier droit de parole prévu par
ce règlement. Je trouve cela épouvantable et abominable de me
faire déranger continuellement. Je ne dérange jamais personne de
l'autre côté. Je voudrais bien qu'on me rende la pareille. Le
règlement vous ordonne de me donner cette garantie. Ce ne sont pas des
menaces, mais c'est simplement vous demander d'appliquer le règlement.
S'ils n'ont rien à dire, qu'ils s'en aillent et qu'ils ne nous
dérangent pas. On va discuter entre nous.
Le Président (M. Baril): D'accord. Si vous permettez, je
vais consulter quelques minutes. Je veux être certain de rendre le
meilleur jugement possible, le plus équitable possible pour...
Une voix: Est-ce que vous suspendez?
Le Président (M. Baril): Oui, je vais suspendre pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 5)
(Reprise à 21 h 12)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux.
M. le député d'Ungava, je suis prêt à rendre
une décision sur votre motion préliminaire. Je vais la lire pour
être sûr de bien dire ce que je veux dire. On peut à la fois
faire des motions préliminaires en vertu de l'article 244 même si
la commission a déjà tenu des auditions en vertu des articles 170
et suivants du règlement. Toutefois, une commission, conformément
à l'article 151 de Geoffrion, ne peut soulever une question qui a
déjà été décidée par la commission.
Or, l'Union des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec a déjà
été invitée par ta commission dans le cadre de la
consultation particulière de la commission tenue les 11, 12 et 13
février 1987, dans le cadre de l'étude du projet de loi 102.
Depuis, cet organisme a fait parvenir un mémoire à la commission.
Il s'agissait du document 7M. Cet organisme a même décliné
librement l'offre de la commission de présenter son mémoire
devant
la commission. Je pourrais même ajouter que, selon l'article 244,
si vous aviez présenté votre motion demandant d'inviter un groupe
qui n'avait pas déjà été entendu, j'aurais
déclaré votre motion recevable. Dans les circonstances, je me
dois de déclarer votre motion irrecevable,
M. Jolivet: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Oui?
M. Jolivet: À moins que j'aie mal compris votre
décision, je n'ai pas participé... Je dois vous dire que je
n'étais pas membre de la commission parlementaire. Mais je crois que
l'Union des municipalités régionales de comté est venue
ici le 11 février 1987 et le président, M. Roger Nicolet, au
ruban 2489, page 1, a fait mention... Je ne sais pas si j'ai mal compris ou
bien compris, mais il me semble que...
Le Président (M. Baril): Non, vous n'avez pas mal compris.
Je vous ai peut-être induit en erreur, à savoir qu'elle
n'était pas venue. Mais, en ce qui me concerne il demeure que, selon le
règlement, je me dois, même si elle est venue - je m'excuse - je
me dois de déclarer la motion irrecevable.
M. Jolivet: Dès maintenant, M. le Président, je
dois vous dire que je ferai une demande de directive au président de
l'Assemblée nationale pour bien éclaircir l'article 244. C'est un
droit privilégié d'au moins faire une motion. On peut la rejeter,
on peut l'accepter, mais j'ai le droit de demander une directive au
président de l'Assemblée nationale pour savoir comment il
interprète l'article 244. S'il l'interprète dans votre sens, je
me plierai à sa décision. S'il l'interprète autrement, il
faudra qu'il nous dise si nous avons le droit comme membres de l'Opposition de
déposer au moins une motion, motion permettant un vote. On s'engage dans
de la procédure nouvelle par votre décision. Je vous dis d'avance
- je ne veux pas vous prendre par surprise - que je demanderai une directive
dans ce sens, à la première occasion, à l'Assemblée
nationale.
M. Théorêt: Le député de Laviolette
vient juste de finir sa réplique. Je voulais m'assurer qu'il ne remette
pas en question la décision que vous avez rendue. Je vous demande donc
de continuer à procéder.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette, j'aimerais juste vous faire une remarque. Si vous avez bien compris
mes remarques, je vous ai dit que la motion aurait été recevable
si vous aviez invité un groupe qui n'a pas assisté à la
commission, qui n'a pas été invité.
M. Jolivet: M. le Président, permettez-moi de dire que je
ne veux pas mettre en doute votre décision, je veux juste vous rappeler
que le 2 décembre 1986, à la page 1149 de la commission qui a
étudié le projet de loi 150 sur les forêts, une motion
identique a été proposée, et je vous la lis simplement
pour bien vous la faire entendre: "Motion proposant la tenue d'une consultation
particulière avec l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec, l'Association des industries forestières du Québec
et la Fédération québécoise de la faune." "M. le
Président, pour différentes raisons et pour tous les points
inacceptables qui vous ont été présentés,
j'aimerais faire la motion suivante. Il s'agit d'une motion pour tenir des
consultations particulières, en vertu de l'article 244. Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 150, Loi sur les forêts, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec, l'Association des industries forestières du
Québec et la Fédération québécoise de la
faune."
Cette proposition avait été jugée recevable et
c'est pour cela que je vous dis que je ne comprends pas qu'on ait deux
décisions: l'une rendue dans le même genre le 2 décembre
1986 et, aujourd'hui, une autre. C'est pour cela que je vous dis que je vais
demander une interprétation de la part de la présidence, à
moins que vous ne regardiez à nouveau votre décision.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: M. le Président, je comprends
bien les explications du député de Laviolette. J'espère
qu'on pourra mettre fin à ces répliques. Je suis heureux, et
même les membres de ma formation le sont, qu'il apporte cela pour faire
clarifier ce point-là une fois pour toutes. Lorsqu'il y a eu des
consultations particulières, si on a entendu des organismes ou si
certains organismes ont été invités...
M. Jolivet: Elles n'étaient pas particulières.
M. Théorêt: Ou générales, je m'excuse.
On a entendu des organismes et même des organismes qu'on a invités
ont décliné l'offre de se présenter. S'il fallait qu'on
réinvite ces mêmes organismes, vous trouveriez l'illogisme de tout
cela.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais porter à
l'attention du député de Laviolette
que les organismes auxquels il fait référence avaient
été entendus sur l'avant-projet de loi. On n'est pas dans la
même situation ici. Ce n'est pas la question que l'organisme a
été entendu sur un avant-projet de loi, il a été
entendu sur le projet de loi qui fait l'objet de discussions
présentement.
Je dois dire au député de Laviolette que,
premièrement, je suis entièrement d'accord avec le
président et je voudrais que le député de Laviolette pense
aux conséquences de la proposition que lui-même a faite. Si le
gouvernement ou si un ministre, de bonne foi, invite, après le
dépôt d'un projet de loi - pas un avant-projet de loi -
différents groupes à une consultation, si on doit être
assujetti par la suite à une autre consultation, peut-être
qu'à ce moment-là on ne fera pas la première consultation.
Combien de fois voulez-vous que l'on consulte les organismes'' Alors, c'est un
aparté que je fais, je ne veux pas contester le droit du
député de Laviolette de s'en remettre au président de
l'Assemblée. Si la décision du président de
l'Assemblée était de dire: Oui, vous pouvez toujours faire cette
motion, à ce moment-là, peut-être que, quand l'Opposition
demandera une commission parlementaire pour entendre les intervenants avant la
deuxième lecture, il va falloir y penser sérieusement et on va
peut-être dire: On va attendre l'étude article par article, et,
quand on fera la motion, on les entendra après. Je peux dire au
député de Laviolette que cela va causer des préjudices,
parce que vous savez qu'une fois le principe adopté, les auditions ne
sont pas tout à fait la même chose. Après qu'on
dépose le projet de loi et avant qu'on l'étudie en
deuxième lecture, on a la possibilité de faire des changements,
d'apporter des amendements. Une fois que l'adoption du principe est faite, on
est limité, même comme gouvernement, comme ministre, en ce qui
concerne les changements qu'on peut apporter parce qu'on ne peut pas changer le
principe de la loi. Avant la deuxième lecture, on peut changer les
principes de certains articles.
Je crois que, si le député de Laviolette avait une
certaine stratégie ou voulait atteindre certains objectifs,
peut-être que les conséquences de ce qu'il veut faire iraient
à l'encontre des intérêts mêmes de l'Opposition et
à l'encontre des intérêts des futurs intervenants. Je suis
entièrement d'accord. Je sais bien que vous ne contestez pas la
décision du président de la commission. On a eu cette
consultation, le projet de loi était là, tous les articles
étaient là. L'union des municipalités a lu les mêmes
articles que vous avez lus vous-même, que nous avons
étudiés. Je pense que la redondance ou la duplication n'aide pas
nos travaux.
M. Jolivet: M. le Président, pour clore le débat,
je veux être bien court.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Simplement pour vous dire -je le répète
- que je respecte votre décision. Votre décision ce soir, quant
à moi, est finale et je ne veux pas en appeler. Je vous dis simplement
que je vais faire les consultations qui s'imposent et si je juge
nécessaire, après l'argumentation que le ministre a
apportée - on va étudier cela avec les gens qui nous conseillent
dans ces décisions qu'on doit prendre - d'apporter une question de
directive, je dis bien, ce n'est pas pour remettre en question votre
décision, c'est dans le sens du député de Vimont, pour
clarifier. Je pense que c'est dans l'intérêt de tout le monde.
Le ministre m'apporte un argument intéressant. Je le prends.
Effectivement, avant l'adoption du principe et après l'adoption du
principe, ce sont deux choses. J'en suis bien conscient. Si vraiment le but que
nous recherchions était de bien nous assurer que, dans le cas de
l'UMRCQ, les amendements apportés à l'article 20 étaient
concordants - je pense en partie y répandre, peut-être pas en
totalité; c'est ce qu'on voulait se donner comme assurance - avec la
demande qu'elle a faite à la fois dans la lettre et dans le rapport,
tant mieux. C'était le but qu'on recherchait. Ce n'était pas un
but autre que celui-là. Parce que c'est elle qui avait, d'une
façon plus véhémente, apporté une discussion sur le
projet de loi 102. Dans ce sens, je suis prêt à procéder,
M. le Président, à ce que vous allez nous demander de faire,
c'est-à-dire d'aborder l'article 1 ce soir. Soyez assuré que mon
but n'est pas d'en appeler de votre décision, c'est plutôt de
faire clarifier l'article 244, si jamais je décidais, après
consultation, de l'apporter à la première occasion à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. Il ne faudrait
pas oublier, M. le député de Laviolette, que ma décision a
été prise à la suite d'une consultation avec les
conseillers en droit parlementaire. En ce qui me concerne, vous vous servirez
de vos droits ou du règlement. Il reste un fait, je pense qu'on s'est
entendu - cela ne sert à rien de revenir sur le sujet - sur la
différence qu'il y a d'avec la décision du président sur
l'avant-projet; il y a une différence entre les deux.
En ce qui me concerne, est-ce qu'il y a d'autres...
M. Jolivet: Juste une farce, M. le Président, que je
pourrais faire pour dire ceci: Peut-être que je peux en appeler de votre
décision, mais celle de votre conseiller, je ne le sais pas.
Le Président (M. Baril): Je dois avoir des conseillers
près de moi pour être sûr de rendre les meilleurs jugements
possible.
Est-ce qu'il y a d'autres motions?
M. Théorêt: ...M. le Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Baril): Oui, j'arrive à l'article
1, M. le député de Vimont. Je dois suivre mon horaire. J'appelle
l'article 1. M. le ministre.
Champ d'application
M. Ciaccia: M. le Président, il y a une définition
dans l'article 1 qui est plus complète que celle qui existe dans la Loi
sur les terres et forêts. Elle comprend toutes les terres du domaine
public, quel que soit le ministre qui a autorité sur ces terres. C'est
pourquoi, par la suite, dans chaque article où cela est
nécessaire, il est précisé s'il s'agit du ministre de
l'Énergie et des Ressources ou de tout autre ministre qui a
autorité sur une terre publique.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II y a deux petites questions qui me viennent
à l'esprit. Je dois vous dire, M. le Président, que j'ai eu
l'occasion de discuter d'un certain problème qui a déjà
existé. Je ne voudrais pas ramener cela à la question de la loi
des trois chaînes, mais je vais vous donner un exemple typique!
HydroQuébec a eu des droits de propriété par
l'intermédiaire de la Shawinigan Water and Power, et la même chose
sur d'autres rives de la rivière Richelieu en particulier où
Hydro-Québec voulait se porter acquéreur de certains
territoires.
Dans le cas où il y a inondation par immersion lors de la
construction d'un barrage, quelle est la définition du lit de la
rivière? Quelle définition en donne le ministre? Est-ce le lit
original ou si ce sont les rives qui ont été submergées?
II y a des gens qui ont reçu de la part de la compagnie qui a
acheté de la Shawinigan Water and Power, d'Hydro-Québec... C'est
un transfert qui s'est fait. C'est la compagnie de flottage de bois de la
rivière Saint-Maurice, et cette compagnie a droit d'ancrage sur les
bords de ce qu'on appelle dans notre coin des "bômes" - des trottoirs
flottants, si on veut franciser - ce qui fait que des gens, actuellement,
contestent l'utilisation du lit de la rivière eu égard à
la loi fédérale qui dit que les deux tiers doivent être
libres, deux tiers ou un tiers, je pense que c'est un tiers qui doit être
libéré pour la pratique de la navigation et l'utilisation
multifonctionnelle de la rivière. Quelle est la définition qu'en
donne le ministre dans le cas des rivières?
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que la
définition du lit, c'est le lit original. Je vais vous dire sur quoi je
m'appuie pour faire ce raisonnement. Si le propriétaire d'un terrain au
bord d'un cours d'eau fait du remplissage, effectivement, il a fait reculer le
lit de la rivière, mais le ministère de l'Énergie et des
Ressources, le gouvernement demeure propriétaire de l'emplacement. Pour
le remplissage qui a été fait, soit qu'on ait le droit de lui
demander de l'enlever ou qu'on exige de lui une rente parce qu'il
empiète sur une propriété qui appartient au gouvernement.
Si le propriétaire ne peut pas prolonger le lit original de la
rivière, je pense que le même raisonnement s'applique à
Hydro-Québec parce que cela serait trop facile... Quand vous mentionnez
un barrage, c'est dans des endroits qui ne sont pas habités, mais
supposons que cela soit dans un endroit - prenons le lac Saint-Louis -supposons
qu'on ait procédé au projet Archipel et qu'on ait augmenté
le niveau du lac Saint-Louis pour empiéter sur les
propriétés de la rive. Je ne pense pas qu'Hydro-Québec
puisse argumenter: Écoutez, le lit de la rivière maintenant est
prolongé et on va prendre ta maison, s'il y a des maisons sur la rive.
Je pense que c'est la définition de lit original. Si Hydro-Québec
en prend plus, je pense qu'à ce moment-là, si ce sont des
propriétés privées, on va être obligé
d'exproprier et, si ce sont des terres publiques, cela ne change pas la
définition du lit de la rivière. Cela devrait être
l'endroit original.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette. (21 h 30)
M. Jolivet: À propos de la définition de lit, je
connais une rivière qui s'appelle la rivière Croche et on ne
l'appelle pas la rivière Croche pour rien, c'est parce qu'elle fait des
croches, elle est sur un banc de glaise et le sable s'amoncelle par-dessus et,
selon les contextes annuels, une partie de la bande part et la rivière
passe ailleurs; à ce moment-là, il y a des problèmes de
rives ou de riverains parce que le gars qui voit son champ de patates traverser
chez le voisin, il n'aime pas bien cela. Il y a des moments où c'est le
domaine public et, â ce moment-là, cela veut dire que, pour vous,
même dans ces circonstances-là, le domaine public devient le
nouveau domaine qui a été coupé par la rivière.
M. Ciaccia: Je vous ai donné mon opinion, mais mes
conseillers viennent de m'informer que, selon la jurisprudence - cela vient
confirmer mon opinion - le lit s'arrête à la ligne des autres eaux
ordinaires sans inondation ni débordement. Cela est la
jurisprudence.
M. Jolivet: Dernière question, quant à moi sur cet
article 1. Quand on dit dans le texte: "et du golfe du Saint-Laurent
appartenant au Québec par droit de souveraineté", qu'est-ce que
vous entendez par cette définition-là? Entendez-vous ce que vous
croyez, comme gouvernement du Québec, être votre
souveraineté sur un terrain, sur un territoire ou bien si c'est celui
défini par le gouvernement fédéral?
M. Ciaccia: Non, l'article ne dit pas: Le droit souverain, tel
que défini par le gouvernement fédéral. Dans la loi
actuelle, l'expression terres publiques comprend les parties du lit du fleuve
Saint-Laurent et du golfe du Saint-Laurent qui appartiennent au Québec
par droit de souveraineté. 3e sais que cela n'a pas vraiment
été défini précisément, qu'il y a des
différences d'opinions dans l'interprétation. Nous maintenons -
ces définitions existent depuis 1974 - que c'est le droit de
souveraineté, pas nécessairement tel que défini par
d'autres juridictions.
M. Jolivet: Incluant la discussion avec le Nouveau-Brunswick sur
une partie du littoral ou, je devrais dire, à un autre niveau, sur la
question de pêches fédérales avec Saint-Pierre et
Miquelon.
M. Ciaccia: Cela peut porter à certaines
différences d'opinions, de définitions, mais...
M. Jolivet: Ce serait...
M. Ciaccia: ...je pense que, en le formulant de cette
façon, on maintient nos droits, on maintient les droits du Québec
sur les revendications du Québec.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, j'aurais peut-être une question concernant
le sujet dont le ministre parlait tout à l'heure, le lit original d'une
rivière. On en parlait en termes d'inondation. Dans le sens contraire,
quand on parle, par exemple, d'une rivière qui coule dans le calcaire,
qui se fait un canyon ou qui change de lit avec les années - on a les
anciens lits de rivières - est-ce qu'on remonte à Mathusalem pour
le lit original ou si c'est vraiment le lit qu'on peut se rappeler de
mémoire d'homme ou de femme?
M. Ciaccia: Ici, la jurisprudence dit: s'arrête à la
ligne des autres eaux ordinaires. Je présume que la situation que vous
venez de décrire n'arrive pas du jour au lendemain, il doit y avoir
éventuellement une autre eau ordinaire qui a été reconnue
comme une ligne des autres eaux ordinaires. Sur 100 ans, cela peut se modifier
légèrement. Je ne crois pas qu'on ait la même situation ici
qu'en Europe. En Europe, vous pouvez voir, par exemple, la rivière,
à Florence, en Italie à un certain temps de l'année et
vous vous dites: Mais cela ne se peut pas que ce soit une rivière. Il y
a tellement peu d'eau qui coule. Cependant, à certains mois de
l'année, il y a tellement d'inondations que cela inonde la moitié
de la ville de Florence. Nous n'avons pas ce phénomène ici
où les rivières s'assèchent; c'est plutôt un
phénomène que, durant le cours des années, cela peut
être réduit ou monté; à ce moment-là, il faut
définir les eaux ordinaires. Si on n'a pas le phénomène
que je viens de vous décrire, cela peut varier peut-être, mais pas
tellement.
M. Claveau: Par exemple, je prends le lit de la rivière
Eastmain qui a été passablement réduit au moment du
détournement pour la baie James.
M. Ciaccia: Oui, mais cela n'était pas par un
élément naturel.
M. Claveau: Ce n'était pas un processus naturel, non,
c'était un cas rapide.
M. Ciaccia: Cela a été un cas à cause des
travaux qui ont été faits. Alors, ça veut dire que la
ligne n'aurait pas changé, parce que cela a été fait par
des travaux qui ont été apportés. Ce n'était pas
par un événement naturel.
M. Claveau: Mais il reste qu'il n'y a plus d'eau qui coule
là, quand même.
M. Ciaccia: II n'y a plus d'eau qui coule là, non.
M. Claveau: Quand il s'agit, par exemple, d'appliquer la loi des
trois chaînes le long d'une rivière semblable, est-ce qu'on se fie
au nouveau filon d'eau qui coule ou si on se fie à la berge
antérieure qui était quand même très importante?
M. Ciaccia: On m'informe que la date déterminante est
celle où le lot bordant ou comprenant la rivière est sorti du
domaine public.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Par décision du gouvernement.
M. Ciaccia: Je vais demander ce que cela veut dire. Après,
je vais essayer de vous l'expliquer. Avec la rivière Eastmain,
savez-vous ce que je dirais, moi? Je dirais que le lit de la
rivière appartenait au Québec avant que les travaux aient
été effectués et que, parce que le gouvernement effectue
certains travaux, ça ne change pas la propriété du lit de
la rivière.
Si vous avez baissé la ligne des autres eaux par des travaux
effectués dans la rivière, ça ne change pas la
propriété, de la même façon si l'inverse
s'était produit. Si les autochtones avaient prolongé la rive
jusqu'au milieu de la rivière Eastmain, s'ils avaient fait des travaux,
ce ne sont pas des travaux de la nature, ce sont des travaux qui ont
été apportés, cela, n'aurait pas changé. Si cela ne
change pas, cela ne change pas la propriété du lit. Je pense que
le fait qu'on a réduit le débit et qu'on a réduit la rive,
ça non plus, ça ne devrait pas changer la propriété
du lit de la rivière.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Est-ce que
je comprends que... Est-ce que vous avez...
M. Claveau: Juste une petite remarque. Cela peut quand même
changer des choses en ce qui concerne l'application de certaines lois quand on
parle de bordures de rivières ou de trucs semblables.
M. Ciaccia: Prenons la loi des trois chaînes. Je vais vous
faire une situation hypothétique. Je ne pense pas que les 198 pieds
changeraient de place. Autrement dit...
M. Claveau: On serait à 300 pieds de l'eau.
M. Ciaccia: Oui, parce que si, par des travaux, on a
réduit la rivière, la rive, cela ne devrait pas l'affecter, parce
que 198 pieds est la longueur calculée, je présume, de la ligne
des autres eaux. Alors, la ligne des autres eaux serait maintenue, parce qu'il
y a eu des travaux effectués qui ont artificiellement - pas
naturellement - réduit cette ligne ou changé la ligne.
Le Président (M. Baril): Est-ce que je comprends que
l'article 1 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. L'article 2, M. le
ministre?
Administration des terres Autorité et
transferts
M. Ciaccia: M. le Président, cet article reprend en
substance le paragraphe 2 de l'article 12 de la Loi sur le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Il établit, de façon
précise, la nature des droits et l'étendue des pouvoirs
confiés au ministre par la loi. Je peux vous lire la Loi sur le
ministère de l'Énergie et des Ressources, l'article 12,
paragraphe 2: "Les fonctions et pouvoirs du ministre comprennent: la gestion et
l'octroi des droits de propriété et d'usage des terres du domaine
public, sous réserve des pouvoirs qui peuvent être confiés
à un autre ministre dans la mesure prévue par une loi ou un
décret du gouvernement?"
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre vient de nous annoncer qu'il exerce les
droits de propriété sur l'ensemble des terres du domaine public.
Est-ce que je peux savoir ce qu'il entend par "sauf disposition contraire d'une
loi"? Quelles sont les exceptions qu'il prévoit,
premièrement?
Est-ce que l'article a pour effet de céder un droit de
propriété au ministre de l'ensemble de toutes les terres du
domaine public au Québec? Et comme troisième question, si je peux
m'exprimer ainsi, est-ce que cela a pour effet de dire: À partir
d'aujourd'hui, si la loi est adoptée et en vigueur demain matin, dans le
fond on recommence à zéro? On place le compteur à
zéro, on part et on dit: Tout le domaine public est sous une
responsabilité, c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources
le responsable des terres du domaine public. Après, il fait la
répartition selon les définitions qu'on va donner, selon les
utilisations qu'on va faire, soit comme terres du domaine agricole, soit comme
terres utilisées pour le service faunique, les terres, les parcs, les
réserves, etc. On remet à des ministres sectoriels une
responsabilité de gestion de la ressource selon l'affectation qu'on va
donner à ces terres.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, pour répondre au
député de Laviolette, je ne crois pas qu'avec la présente
loi nous récupérons la propriété de toutes les
terres publiques au Québec. Par exemple, les droits de la Loi sur les
terres publiques agricoles, on ne les enlève pas, on ne les change pas.
C'est pour cela qu'on dit: "sauf disposition contraire d'une loi". La Loi sur
les terres publiques agricoles confie certains droits de
propriété à un autre ministre. On ne change pas cela. Ce
n'est pas une loi rétroactive qui va les reprendre et qui, après,
va les redonner.
On reconnaît que les droits cédés demeurent. Par
exemple, dans l'article 3 qu'on étudiera tantôt, si on a
cédé l'administration de certaines terres, on ne
récupère pas celles-ci automatiquement par le projet de loi 102.
Si l'administration a été cédée, disons, au
ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, s'il y a des parcs, s'il y a certains
autres droits qui ne sont pas fonciers, ils sont reconnus, ils sont maintenus
et ils ne retournent pas au ministre de l'Énergie et des Ressources pour
être redistribués, soit pour l'exercice de droits administratifs
ou pour l'exercice de droits de propriété dans le cas des terres
publiques agricoles.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: On va revenir à l'article 32. Vous vous en
souvenez, vous aviez accepté une de mes suggestions en ce sens. En tant
que ministre responsable de la gestion des terres publiques au Québec,
vous aviez dit: Les terres sont des terres agricoles, mais pour des raisons
diverses, elles ne servent pas aux terres agricoles, elles sont en friche, etc.
Vous vous souvenez, on a dit que c'était le ministre qui avait cette
responsabilité qui devait le dire alors que nous, on disait que ce
serait plutôt le ministre actuel. C'est pour cela que je vous demandais:
Est-ce que le compteur revient à zéro? C'est hypothétique
si on le regarde ainsi, mais j'avais compris que cela introduisait une
distinction nette entre la gestion des terres et la gestion des ressources
fauniques, forestières et hydrauliques, soit une sorte de partage dans
ce domaine de la gestion des ressources.
Cela fixait aussi le cadre général d'affectation des
terres au Québec. Dans ce contexte, je m'imaginais - et là,
peut-être que je me trompe - que ce n'était pas réel. On ne
reprend pas toutes les terres pour après les redistribuer parce qu'on va
amener du "chialage", des discussions et des chicanes. C'est pour cela que je
disais que le ministre devait être un peu arbitre avec ses
collègues du Conseil des ministres quant à la répartition
des terres, l'affectation à la gestion des ressources.
Je me disais que le but serait ceci: II y en a un seul qui, comme
ministre, a la responsabilité de gérer l'ensemble des terres du
domaine public, de les redistribuer au ministre qui, en vertu de certaines lois
particulières, a une obligation légale d'agir sur certaines
terres au Québec. En conséquence, la répartition serait
faite selon ce qui existe. Mais le ministre, au moins, se réserve un
certain droit pour pouvoir dire: Un instant, les terres qu'on vous a
données pour la gestion forestière, vous ne les utilisez pas pour
cela et peut-être que ce serait mieux de les remettre à la gestion
des mines, ou à la gestion récréotouristique, faunique ou
autre chose. Dans ce sens, j'imaginais que c'était à peu
près cela qu'amenait ce mécanisme de remettre à
zéro la gestion... (21 h 45)
M. Ciaccia: Cela ne peut pas être totalement à
zéro parce que, même dans l'exemple que vous avez donné, si
les terres sont utilisées... Par exemple, si l'administration a
été donnée au MLCP pour un parc, le parc est là, il
reste le. Dans ce sens, ce n'est pas à zéro, cela continue.
L'article 2 ne fait que préciser la nature du droit du ministre.
Si des droits de propriété ont été
concédés, par exemple, des terres agricoles, on ne redevient pas
propriétaire; la propriété demeure. Maintenant, et je
pensais que c'était à l'article 32, mais on peut en rediscuter,
quand vous mentionnez le principe de dire: S'ils ne sont pas utilisés
pour les fins pour lesquelles on les a concédés, soit en droits
de propriété ou en droits d'administration, nous devrions prendre
l'initiative de revoir cela et de les reprendre, je pense que, comme principe,
je vous suis. Si plus tard dans le projet de loi, à l'article 32 ou
d'autres, il est nécessaire de préciser ce droit, d'imposer au
ministre responsable de la gestion des terres, de revoir cela et de prendre
l'initiative de les reprendre, je pense que ce serait quelque chose qu'on
devrait même accepter. Effectivement, on ne devrait pas attendre, parce
que celui qui l'utilise contrairement au décret, naturellement, ne
viendra pas nous dire: Écoutez, moi, je l'utilise contrairement. Je ne
sais pas si cela répond un peu à votre question.
M. Jolivet: Disons que cela m'éclaire davantage. Je vais
essayer de clarifier ma pensée. Quand je disais qu'il fallait remettre
le compteur à zéro, c'était hypothétique. Je suis
conscient qu'il y a actuellement des terres de parc qui vont rester des parcs.
On ne les changera pas demain matin, cela n'aurait pas de sens.
Deuxièmement, les terres aqricoles vont demeurer des terres agricoles en
vertu de lois particulières.
Ce que j'imaginais, c'est que le ministre, à partir de la gestion
qui se fait actuellement par les ministères particuliers, va dire dans
le plan d'affectation des terres: Les terres agricoles restent des terres
agricoles; si c'est pour l'utilisation simplement de parcs, ce sera des parcs;
et si c'est pour utilisation multifonctionnelle - faunique,
récréatif, forestier ou autre - en conséquence, cela reste
pareil. Le ministre va regarder l'ensemble de tout cela et va dire:
Désormais, il y en a un qui est responsable de cela, qui a le pouvoir,
en vertu d'un autre article qui viendra plus tard, de récupérer
ces terres si elles ne sont pas utilisées pour les fins pour lesquelles
elles sont données.
Je croyais qu'il y aurait un décret gouvernemental qui
définirait l'ensemble des terres au Québec et, à ce
moment-là, on n'aurait peut-être pas les problèmes qu'on a
avec le ministère des Transports où des
routes qui existaient sur des chemins de colonisation ont
été déplacées. Actuellement, c'est dans des champs
de cultivateurs qui les utilisent pour semer leurs patates ou autre chose. Ils
ne sont pas propriétaires encore de ces terres parce qu'elles
appartiennent toujours au domaine public par l'intermédiaire de la
colonisation et qu'on est en train de les remettre aux mains des
municipalités pour vendre à celui qui est riverain quant à
ce chemin qui existait autrefois. Cela clarifierait certaines terres au
Québec qui sont dans une marge grise.
M. Ciaccia: Oui, je comprends les propos du député,
que c'est remis à zéro dans le sens que cela n'a pas
été utilisé pour les fins auxquelles cela avait
été cédé, soit administration ou
propriété. Non?
M. Jolivet: Non, ce n'est pas cela. En tout cas, je m'exprime
peut-être mal, mais ce que je veux dire, c'est que dans l'article 2 on
dit: "Le ministre exerce à l'égard de toute terre du domaine
public, les droits et pouvoirs inhérents au droit de
propriété..." Je croyais que le ministre à ce
niveau-là était propriétaire de tout le domaine public,
mais qu'il en avait déjà fait une répartition dans le
passé qui existe encore pour l'agricole, le forestier, l'utilisation des
parcs et des réserves, ces choses-là. À ce
moment-là, il exerce des pouvoirs sur toutes les terres. Il en a
déjà distribué. Ce que je crois comprendre, c'est qu'il va
simplement adopter un décret pour dire: Ce qui est agricole demeure
agricole, ce qui était utilisé comme parc demeure un parc,
etc.
M. Ciaccia: Est-ce que cela vous conviendrait si je vous disais
qu'il faut faire la différence entre l'autorité sur une terre et
l'affectation?
M. Jolivet: Oui.
M. Ciaccia: Est-ce que cela répondrait à votre
préoccupation?
M. Jolivet: C'est vous qui avez l'autorité, mais vous
l'avez affecté à un autre ministère sectoriel.
M. Ciaccia: Si cela a déjà été fait.
M. Jolivet: Oui, oui. M. Ciaccia: Oui. M. Jolivet:
D'accord.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Un peu dans le même sens, je vois...
M. Ciaccia: Dans le sens que excusez-moi - on conserve
l'autorité sur la terre, mais le plan d'affectation va
déterminer...
M. Jolivet: C'est ce que j'avais compris, c'est que...
M. Ciaccia: ...la vocation de cette terre
particulière.
M. Jolivet: ...d'un côté, c'est la gestion des
terres et de l'autre, c'est la gestion des ressources. Donc, j'avais compris
que vous deveniez le grand gestionnaire de toutes les terres publiques au
Québec...
M. Ciaccia: Oui.
M. Jolivet: ...et que vous avez confié l'utilisation de la
gestion de la ressource à un ministère particulier, tandis que le
propriétaire légal, c'était le ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: Sauf pour les terres qui ont déjà
été concédées en propriété à
d'autres...
M. Jolivet: Ah! En propriété à d'autres
ministères.
M. Ciaccia: En propriété à d'autres:
Agriculture.
M. Jolivet: O.K., à des cultivateurs en vertu de la loi
sur la colonisation et tout cela, à l'époque.
M. Ciaccia: Ou au ministère des Transports où elles
auraient pu être données en propriété.
M. Jolivet: À Hydro-Québec.
M. Ciaccia: À Hydro-Québec et les barrages.
M. Claveau: Les termes "conventionnées", régies par
la Convention de la Baie James.
M. Ciaccia: Les lits immergés. Mais les terres qui ont
été concédées au ministère de l'Agriculture,
en propriété; les terres publiques agricoles ont
été concédées au ministère en
propriété. C'est lui qui a le droit de les vendre ou...
M. Jolivet: O.K., là, on va très bien se
comprendre. La question: Si cette terre qui était jugée agricole
et remise au ministère de l'Agriculture - c'est donc en vertu de
l'article 32 qu'on verra plus tard - s'il ne l'utilisait pas à ces
fins-là ou bien... Même s'il était propriétaire?
M. Ciaccia: L'article 32 fait référence, si je me
souviens bien, aux lettres patentes. C'est par lettres patentes...
M. Jolivet: D'accord. Donc, en pleine...
M. Ciaccia: L'article 32 fait référence uniquement
aux cessions à titre gratuit.
M. Jolivet: O.K.
M. Ciaccia: La difficulté que je vois est celle-ci:
Supposons que, dans le passé, on a cédé ou donné
l'administration des terres à un autre ministère, à un
autre organisme pour certaines fins, supposons qu'elles n'ont pas
été utilisées pour ces fins et qu'elles ont
été vendues ou affectées pour d'autres... Si, aujourd'hui,
on se donne le droit de reprendre ces terres rétroactivement, cela peut
affecter des gens qui, de bonne foi, ont pris la propriété de
ceux à qui le ministère a donné la
propriété. J'hésite à me prononcer et à
dire: Oui, rétroactivement, on va repartir à zéro et
à ceux qui ne les ont pas utilisées de la façon qu'ils
auraient dû, on va les reprendre. Là, cela peut affecter beaucoup
de gens qui, de bonne foi, les ont acquises dans le passé et qui les
administrent pour d'autres fins. Notre intention, si on parle d'initiative
dès aujourd'hui, si on cède une terre en propriété
pour certaines fins ou si on donne l'administration pour certains objectifs et
que ce n'est pas suivi, je pense qu'on devrait avoir l'obligation ou
l'initiative de les reprendre.
Une voix: L'article 32 vous le permet? M. Ciaccia: Pardon?
Une voix: L'article 32 vous le permet? M. Ciaccia: Oui.
M. Jolivet: On a la même chose pour les immeubles. Je donne
un exemple: un hôpital qui possédait une bâtisse qui
était un ancien dispensaire. On l'avait retournée à un
autre ministère pour des fins sociales qu'il ne remplissait pas; on a
repris possession de sa bâtisse et on l'a utilisée après
cela comme département de santé communautaire. Il y a des choses
semblables. Je vous donne l'exemple d'une commission scolaire qui a des
terrains et qui vend le terrain à une municipalité pour
l'utiliser à des fins sociales; si elle ne l'utilise pas à ces
fins-là, elle doit payer ce qu'elle n'avait pas payé à
l'époque. En tout cas, c'est selon des formules qui sont des contrats
bien précis. On y reviendra à l'article 32 d'une façon ou
d'une autre.
M. Ciaccia: Oui, je ne pense pas qu'on pourrait, au moment
où on se parle, faire une règle générale. Certains
cas spécifiques... C'est évident que, s'il y a un cas flagrant,
s'ils ont utilisé à des fins complètement
différentes... Mais il ne faudrait pas causer de problèmes
à ceux qui, de bonne foi... Si on l'utilise pour une école, pour
un CLSC ou à des fins communautaires, ce serait pas mal difficile de
reprendre cette propriété.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, j'ai une question qui se rapporte
spécialement à la Loi sur les mines qui fait partie d'une de mes
préoccupations par rapport à la prépondérance des
lois. Quand on dit que "le ministre exerce à l'égard de toute
terre du domaine public", en fait, il a un droit d'usufruit, à toutes
fins utiles, sur les terres de domaine public. Dans un autre projet de loi qui
n'est pas encore voté, un autre ministre se réserve le droit de
décider de l'endroit où il va intervenir ou pas à
l'égard de l'extraction ou de l'exploration pour une ressource
naturelle.
Je me demande jusqu'à quel point ce n'est pas au ministre
responsable des terres de décider de cela et non pas au ministre
responsable d'une loi sectorielle qui se donne des prérogatives, avant
même que le ministre responsable des terres n'ait fait valoir son point
de vue.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Ciaccia: Est-ce que vous vous référez à
la Loi sur les mines où le ministre a le droit de retirer certaines
terres de jalonnement... Il a toujours eu ce droit-là.
M. Claveau: Oui.
M. Ciaccia: La nouvelle Loi sur les mines vient seulement
continuer ou confirmer un droit qui existait. Ce n'est pas nouveau.
M. Claveau: Oui, mais il peut aussi délimiter le
périmètre urbain, ce qu'il entend comme périmètre
urbain, sans égard aux autres lois du Québec.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas la référence à
l'article spécifique?
M. Claveau: Je n'ai malheureusement pas l'article avec moi, mais
je vais l'avoir à la prochaine occasion.
M. Ciaccia: Que le ministre délégué aux
Mines peut définir...
M. Claveau: Ce qui est pour lui le périmètre
urbain. C'était bien ça.
M. Ciaccia: ...pour fins de jalonnement.
M. Claveau: Pour fins d'exploration.
M. Ciaccia: Exploration et jalonnement. Cela n'affecte pas...
M. Claveau: Je veux dire, par exemple... On peut dire, à
la limite, dans l'interprétation qu'on a, qu'une zone de plein air d'une
municipalité, un sentier d'hébertisme ou quoi que ce soit,
pourrait ne pas être considéré comme un
périmètre urbain par le ministre délégué aux
Mines qui se dirait: C'est moi qui ai priorité d'intervention sur ce
territoire; ce n'est pas la municipalité.
M. Ciaccia: C'est strictement pour les fins de jalonnement de
claims, pas pour d'autres fins.
M. Claveau: Quand on jalonne, ça veut dire qu'on a des
bonnes chances d'explorer et quand on tombe dans l'exploration, il y a toutes
sortes de moyens d'intervenir. On ne jalonne pas pour le plaisir de le faire,
d'habitude.
M. Ciaccia: Oui, mais vous dites que, s'il y a un conflit entre
une municipalité qui déclare qu'un certain territoire fait partie
de la municipalité et le droit de jalonnement, la municipalité
devrait avoir priorité sur le droit de jalonnement? Est-ce que
c'est...
M. Claveau: Mon point de vue, c'est qu'à la limite ce
serait au ministre responsable de la Loi sur les terres de démêler
le litige qu'il pourrait y avoir entre les deux, entre la municipalité
et l'application de la Loi sur les mines.
M. Ciaccia: Si vous me permettez, je vais regarder ce
problème-là et voir si, par exemple, le ministère des
Terres a donné des terres publiques à une municipalité
pour que ça fasse partie de la municipalité. Quels sont les
droits de la Loi sur les mines pour imposer le droit de jalonnement sur des
terres qui ont déjà été concédées ou
données à la municipalité? C'est le problème que
vous soulevez.
Si on n'a pas octroyé les terres à la municipalité,
il n'y a pas de problème. Ce sont des terres publiques et la Loi sur les
mines, c'est de l'administration publique. Alors, il peut y avoir le droit de
jalonnement.
M. Claveau: Vous serez d'accord avec moi...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! C'est juste pour vous faire remarquer qu'il est 22 heures. Je dois
vous avertir que la commission doit ajourner ses travaux à moins qu'il
n'y ait consentement pour continuer.
M. Thëorêt: M. le Président, est-ce qu'on
pourrait juste suggérer de terminer l'article 2 ou, à tout le
moins, de l'adopter?
M. Claveau: On peut prendre quelques minutes. Je voudrais juste
être certain qu'on parle bien de la même chose.
M. Ciaccia: Pour adopter l'article 2. Une voix: Juste
quelques minutes.
M. Ciaccia: Je vais essayer d'avoir la réponse pour vous
mardi, sur le point spécifique que vous venez de soulever.
M. Claveau: D'accord. Tout ce que je voulais faire valoir
là-dessus, c'est qu'une municipalité a un périmètre
donné. À l'intérieur de cela, il y a une zone
urbanisée sur laquelle il y a généralement un plan de
zonage. Mais la municipalité, pour se protéger contre les
squatters ou contre quelque intervention que ce soit sur laquelle elle n'aurait
pas le contrôle, peut aussi très bien avoir un plan de zonage sur
l'ensemble de son territoire municipal, même en dehors des limites
urbanisées.
M. Ciaccia: Oui, mais comment a-t-elle obtenu autorité sur
le territoire municipal?
M. Claveau: Elle l'a en vertu de la Loi sur les cités et
villes.
M. Ciaccia: Est-ce que le secteur des terres a dit: Oui, ces
terres font partie de la municipalité?
M. Claveau: À ce moment-là, M. le ministre, le
ministère de l'Énergie et des Ressources, le secteur des terres,
doit se conformer aux règlements municipaux pour intervenir. En fait, il
est propriétaire des terres mais il doit, comme n'importe quel citoyen,
pour intervenir sur ces terres, avoir un permis municipal. C'est comme
n'importe quel citoyen qui est propriétaire d'un fonds de terrain et qui
veut se bâtir un hangar ou n'importe quoi, il doit répondre aux
normes de la zone où il est.
M. Ciaccia: Mais comment la municipalité a-t-elle pu
incorporer dans sa municipalité des terres... Soyons ridicules un peu.
Supposons que la municipalité décide qu'à 50 milles du
centre de la ville cela va être zone "parc". Vous dites qu'ils ont le
droit de faire cela?
M. Claveau: C'est très facile, M. le ministre. Je crois
que la ville de Gagnon avait 16 cantons comme territoire urbain, la ville de
Chibougamau a quatre cantons
comme territoire urbain et la ville de Chapais a un demi-canton comme
territoire urbain; ils font partie des limites des municipalités bien
qu'en dehors de la zone urbanisée.
M. Ciaccia: Je vais essayer d'avoir une réponse pour vous
mardi.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Baril): Alors, est-ce que l'article...
Non?
M. Claveau: Non. On va attendre la réponse.
Le Président (M. Baril): D'accord. Alors, j'ajourne les
travaux au mardi, 7 avril, à 10 heures; ce sera dans cette salle, s'il
vous plaît.
(Fin de la séance à 22 h 3)