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(Douze heures trente-deux minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. La commission reprend ses travaux afin de poursuivre
l'étude du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Gobé (Lafontaine) est remplacé par M. Lemire (Saint-Maurice), M.
Lefebvre (Frontenac) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles) et M. Paré (Shefford) est remplacé par Mme
Juneau (Johnson).
Commission de la construction du Québec
(suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire.
Nous poursuivons la discussion sur l'amendement du député
de Joliette relativement à l'article 3.2 introduit par l'article 3 du
projet de loi. Le député de Verchères avait la parole.
Reprise du débat sur la motion proposant que
chacune des associations représentatives le soit à plus de 5
%
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vais prendre la parole
en l'absence du député de Verchères.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais tout d'abord apporter une correction
à l'intervention d'hier du député de La Peltrie qui
affirmait, à la fin de la réunion...
Mme Juneau: II n'est pas ici.
M. Chevrette: Peu importe, c'est une interprétation
juridique de l'amendement. Le ministre comprendra. Dès qu'on vous
propose treize membres, Mme la Présidente, sur te plan juridique, le
libellé de notre motion est tout aussi défendable que
l'interprétation isolée prise hors contexte du
député de La Peltrie, qui disait que cela faisait seize. Elle
n'aurait aucun sens, à toutes fins que de droit, quand le début
de l'article fixe le maximum à treize. Je défierais n'importe
quel juriste de plaider en commission d'arbitrage, que l'interprétation
pourrait être autre chose que celle-là. Cela étant dit, Mme
la Présidente...
Une voix: ...
M. Chevrette: Cela leur ferait trop plaisir de plaider, oui. La
motion d'amendement que nous avons ici est très claire. D'ailleurs, pour
la resituer, elle fait suite aux deux amendements que nous avions faits
préalablement. En présentant cette motion, nous avons voulu
purement et simplement faire en sorte...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan réglementaire,
je ne veux pas vous interrompre, mais, pour qu'on s'entende bien, si j'ai
compris, vous continuez le droit de parole du député de
Verchères.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Le
député de Joliette a encore quinze minutes sur cet
amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur son droit de parole à
lui. Combien de temps le député de Verchère avait-il?
La Présidente (Mme Bélanger): Sept minutes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En banque.
La Présidente (Mme Bélanger): En banque.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Vous n'avez pas fait
l'alternance.
M. Chevrette: Peu importe. Si vous voulez parler, allez-y.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Je veux juste savoir sur
quel plan vous parlez. Ce n'était pas pour-La Présidente (Mme
Bélanger): Étant donné que le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le député de
Verchères revient, vous comprendrez que... On m'indique que ce n'est pas
sur son temps que vous parlez. Il lui reste sept minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, M. le
député de Joliette a encore du temps de parole sur cet
amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, cela va.
M. Chevrette: Je n'ai presque pas parlé sur mon
amendement.
La Présidente (Mme .Bélanger): II vous reste quinze
minutes, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je savais que je n'avais presque pas parlé.
Mme la Présidente, cet amendement faisait suite, bien sûr,
à la volonté exprimée par les parties de mener
paritairement, patrons et syndicats, leur barque dans le domaine de la
construction. Nous avons tenté, dans un premier amendement, à
l'alinéa premier, de faire la même chose au niveau du patronat. Le
ministre s'y est opposé, mais à mon point de vue, il fait fausse
route, puisque de tels amendements, Mme !a Présidente, reflètent
carrément les demandes des parties. Cet amendement que j'ai
proposé au paragraphe 2, quand j'ai vu que le ministre refusait le
paragraphe 1, vise exactement les mêmes objectifs, mais d'une
façon plus simple dans le sens suivant: c'est qu'il y a effectivement
quatre groupes qui ont 5 % et plus du côté syndical. Donc,
c'était une représentation directe.
Vous vous rappellerez que nous avons terminé la séance par
des questions au ministre. Nous lui avons demandé: Supposons, M. le
ministre, que la FTQ veuille proposer M. Lavallée et que vous ne vouliez
pas lui voir la face, pourriez-vous le refuser? La ministre a répondu:
J'ai l'obligation de consulter; décider, c'est autre chose. Ce qui
confirmait carrément, à mon point de vue, que le ministre a
complètement tout le privilège de choisir d'abord qui il veut,
dans un premier temps. Regardons les faits bien objectivement. Le ministre peut
même choisir à ce moment-là qui il veut pour
représenter les syndicats et qui il veut pour représenter le
patronat. En plus, le ministre se met quatre fonctionnaires avec droit de vote.
Donc, vous avez là une formule qui, à l'origine même, au
moment même de la nomination, est contrôlée par le ministre.
C'est lui-même qui les nomme. S'il n'aime pas la face d'une personne, ce
n'est pas grave, il va en prendre une autre. C'est évident, il l'a dit
d'une façon implicite, non explicite, c'est clair. Il a dit qu'il se
gardait le pouvoir de décider. Pour lui, décider ce n'est pas
consulter, c'était clair. Cela veut dire: Dis-moi ce que tu voudras, je
vais décider ce que je veux.
À l'origine même, le ministre peut contrôler qui il
nomme et plus encore. Regardons la loi. Dans un geste magnanime, hier, le
ministre a dit: Je vais confier aux syndicats et au patronat,
c'est-à-dire à la commission et à mes quatre
fonctionnaires qui ont le droit de vote, le soin de rédiqer le
règlement. Mais là, il sourit, il regarde la presse écrite
et parlée et il dît: Voyez-vous comme j'ai changé
d'idée. Je leur donne le pouvoir de rédiger les
règlements. C'est ce qu'il fait comme discours, pensant que les
journalistes ne liront pas l'article 123.2. Un journaliste le moindrement
fouineur de texte regarde ce que dit l'article 123.2 et ce même ministre
dit ceci: Les règlements qui seront déposés par eux, je ne
suis même pas obligé de les entériner, je peux même
les modifier à ma guise. C'est cela que dit l'article 123.2. Plus
encore, dans le deuxième paragraphe, il dit: À part cela, c'est
mot qui vais fixer les délais. Donnez-moi un règlement sur tel
secteur dans une semaine. Même si c'est un travail d'un mois, il pourrait
avoir dans sa poche son propre règlement, c'est inscrit: À
défaut d'obtempérer dans un délai raisonnable, c'est moi
qui rédige. Et le ministre vient dire: Les parties seront reconnues,
seront impliquées dans la gestion de la nouvelle commission. Non
seulement à l'origine même les parties ne sont pas reconnues parce
que c'est le ministre lui-même qui choisit ses propres candidats qu'il
veut voir là mais encore, il y a un semblant de délégation
de pouvoirs qui est contré tout de suite après par le pouvoir
discrétionnaire qu'il se donne pour abolir ou modifier les
règlements comme il veut. Il parle d'homologation, mais vous regarderez
le texte de l'article 123.2. Il se donne le pouvoir de fixer les délais
et, à défaut de respect du délai, il se donne le pouvoir
de rédiger lui-même.
Donc, Mme la Présidente, sur le plan strictement
théorique, le ministre a le contrôle entier sur tout, ce qui,
à mon point de vue, par rapport au discours du ministre qui était
de faire confiance aux parties, de responsabiliser les parties, de leur donner
les pouvoirs réels... On se retrouve devant un projet de loi
maquillé mais qui conserve à toutes fins utiles toute
l'autorité au ministre du Travail et ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu dans les circonstances. Cela, à mon
point de vue, est prohibitif, c'est exagéré. Je suis convaincu
que si le ministre voulait être cohérent avec son discours de
responsabiliser les parties, il accepterait les amendements qu'on a
déposés hier visant précisément au paritarisme
patronat-syndicat dans la gestion, à la responsabilisation du patron et
des syndiqués
dans la gestion, aux pouvoirs réels et le ministre peut se donner
un mécanisme en cas d'impasse.
C'est là l'intervention du ministre, s'il y a impasse. Si cela va
bien, tant mieux pour lui. Qu'il prévoie un mécanisme face
à d'éventuels problèmes, mais au moins qu'il les laisse
voler de leurs propres ailes. Ils le demandent eux-mêmes. Ce serait une
façon de les responsabiliser. À mon point de vue, le ministre
devrait accepter cet amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de répondre
à certains arguments que vient d'apporter le député de
Joliette et à certains autres qui ont été soutenus hier,
en fin de soirée, par le député de Verchères et de
répondre un peu plus précisément, parce que j'avais pris
en note certains commentaires du député d'Ungava vers la fin de
nos travaux.
Je vous dirai que j'ai repensé à l'ensemble de la
formation de la commission et des modes de nomination après la
clôture de nos travaux. Je ne vous dirai pas que cela m'a
empêché de dormir, mais j'ai dormi là-dessus et ce matin
j'ai poursuivi ma réflexion avec des collaborateurs au ministère.
J'en ai même discuté avec des députés après
les heures de travail.
Je suis retourné dans un livre que le député de
Joliette va...
M. Chevrette: Votre recherchiste vient de vous le passer avec la
page.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Chevrette: Depuis hier qu'elle essaie de vous le faire lire.
Lisez-le aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai repris le chapitre au complet
et je vais vous citer quelques passages, quelques extraits. Vous allez
peut-être reconnaître le pourquoi de l'orientation que nous avons
prise. Je cite à partir de la page 152, si vous voulez y retourner avec
plus de plénitude et lire l'ensemble du passage. "Enfin, le double
caractère d'administrateur du décret et d'arbitre des conflits
sur son interprétation rendait la CIC vulnérable. Le conseil
d'administration devenait, en quelque sorte, le prolongement de la table de
négociations et on y transportait ses querelles. La tentation
était forte de tout négocier et, souvent, on y succomba".
Je cite à la page 153: "La commission est cependant fort
consciente du caractère particulier de l'industrie de la construction,
de la mobilité de la main-d'oeuvre, de la multiplicité des
employeurs et du perpétuel déplacement des lieux de travail. Le
particularisme et la complexité d'administration de certains programmes
de protection des ouvriers exigent leur administration par un organisme central
déchargé toutefois des relations du travail qui seront
désormais le lot des parties elles-mêmes".
Ce chapitre aboutissait sur des recommandations pour la création
d'un office de construction du Québec. À l'époque, on
recommandait comme composition de l'Office de la construction du Québec
un président qui devrait être un juge de la Cour provinciale et
deux autres personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil
qui devraient avoir les pouvoirs et l'immunité d'enquêteur, etc.
C'est ce qu'on recommandait à l'époque, il y a une dizaine
d'années.
Le gouvernement a donné suite en créant l'office, pas avec
un juge comme président, mais avec cinq personnes
désignées d'office, si je peux utiliser l'expression, sans
obligation de consultation par le gouvernement. Toutes les
représentations qui m'ont été adressées hier,
autant par le député d'Ungava que par le député de
Verchères et que vous avez reprises en partie, M. le
député de Joliette, ce matin, s'adressent à cette forme de
paritarisme souhaitée dans le domaine des relations du travail comme
telles, et se situent beaucoup plus dans la négociation des conditions
de travail que dans l'administration d'une commission dont un des rôles
principaux sera la formation professionnelle.
Est-ce qu'on n'est pas en droit de s'inquiéter à partir de
l'histoire vécue au Québec? Si on suit les propositions qui nous
sont soumises de bonne foi par l'Opposition, n'est-on pas en train de retomber
dans les vices que l'on reprochait à l'époque à cet
organisme et n'allons-nous pas même jusqu'à négocier la
formation? (12 h 45)
Je soutiens que les pas accomplis sont importants, que la composition
actuelle est telle que prévue, traitant l'organisme non pas comme un
organisme uniquement de relations du travail où les gens demandent de
voter au pourcentage de représentations, pour vous donner un exemple.
Dans les relations du travail, cela se fait. Mais lorsqu'on parle d'être
administrateur d'un office, d'une organisation, d'une commission, on parle d'un
niveau différent, on parle d'une approche différente. Si cette
approche n'est pas comprise par les participants, si on retombe ou si on
succombe au jeu de la négociation sur le plan de la formation
professionnelle, on risque beaucoup quant à la qualité de cette
formation même. Les gens qui seront appelés à
siéger, oui, ils seront issus en majorité des parties patronales
et des parties
syndicales, mais ils ne le feront pas dans le même forum ou de la
même façon qu'ils négocient leurs relations du travail
comme telles, leur taux de salaire, leurs vacances, etc. Il s'agit d'un concept
complètement différent et si on ne saisit pas cette
différence à la base, on manque complètement l'essentiel
de la direction et de l'orientation souhaitées dans le projet de
loi.
Je conçois que ce soit facile de manquer le bateau, parce que
cela fait des années qu'on n'a pas parlé de formation, qu'on n'a
pas réussi à mettre ensemble les parties. Cela fait des
années que tout ce que l'on fait finalement, c'est de négocier
à partir de pourcentages représentatifs, tant du
côté de la partie syndicale que du côté de la partie
patronale, avec tous les problèmes que cela a amenés, de
négocier strictement des conditions de travail comme telles. Ce n'est
pas l'intention du projet de loi de créer une commission permanente de
négociation des relations du travail.
La commission se veut l'endroit où des administrateurs
majoritairement issus de la partie patronale et de la partie syndicale pourront
décider en fonction des pouvoirs et des fonctions qui sont contenus dans
le projet de loi devant nous aujourd'hui. À la suite des remarques du
député d'Ungava, reprises en partie par le député
de Verchères, j'ai longuement songé à la
possibilité d'exclure le droit de vote...
M. Chevrette: ... L'amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui, on peut le souligner,
mais il parlait sur l'amendement, j'imagine, parce qu'il traitait de cela.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, M. le ministre, c'est que vous
avez eu l'air surpris de l'intervention du député d'Ungava...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Chevrette: ...alors que vous aviez fait un long plaidoyer sur
la crédibilité de vos fonctionnaires. On avait parlé assez
longuement que ce n'était pas un argument de fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai repensé
l'argumentation en considérant les propos qu'a tenus
spécialement, dans ce cas-là, le député d'Ungava.
On a été trop longtemps au Québec dans la situation
où les partenaires ont été isolés les uns des
autres, les partenaires patronaux et syndicaux se retrouvant tous les deux ans
en position d'affrontement à l'occasion de négociations, laissant
complètement de côté le domaine de l'éducation et le
domaine de la main-d'oeuvre entre les mains des fonctionnaires du
ministère de l'Éducation et du ministère de la
Main-d'Oeuvre.
Ce projet de loi vise - et c'est un de ses objectifs et la composition
de son conseil d'administration veut en faire la démonstration - oui,
à donner majoritairement les pouvoirs aux parties, aux partenaires de
l'industrie, mais éqalement à avoir comme pleins participants
autour de la même table des représentants des ministères
concernés, surtout en ce qui concerne les programmes de formation qui
doivent débuter au niveau de l'école secondaire et qui doivent se
poursuivre sur les chantiers et où la formation professionnelle et la
juridiction du ministère de la Main-d'Oeuvre sont touchées.
Si on fait éclater une des cellules, quelles qu'elles soient,
soit la cellule des travailleurs, soit la cellule des employeurs, soit la
cellule gouvernementale, si on ne réussit pas à avoir une
commission vraiment tripartite avec la majorité de votes aux parties
prenantes, on risque beaucoup d'échouer sur le plan de la formation.
Nous avons connu pendant trop longtemps les échecs, les absences
de programmes, sur le plan de la formation, si je peux traduire l'expression de
toutes les parties avec lesquelles nous nous sommes entretenus sur le sujet, un
fiasco dans le domaine de la formation, parce que les parties n'étaient
pas ensemble et préoccupées par autre chose que les
traditionnelles positions conflictuelles de relations du travail. Que vous me
proposiez aujourd'hui un prolongement, strictement dans le domaine des
relations du travail et de la négociation des conditions de travail - ce
qui a une certaine logique d'ailleurs - cela s'applique lorsque vient le temps
de signer les décrets. Avec la Fédération des travailleurs
du Québec et son pourcentage, cette année, c'est ce qui s'est
produit. L'International, avec son pourcentage, avait suffisamment de voix dans
le domaine de la négociation pour pouvoir signer.
On me propose, pour le conseil d'administration de la commission, la
même composition. Si le mandat en était un de négociation
perpétuelle de relations du travail, ce serait peut-être une
suggestion intéressante. Mais j'opine que ce que l'on a devant nous est
beaucoup plus vaste et beaucoup plus important et même différent
et que, à un problème différent, cela prend une solution
différente de celle que vous proposez.
Maintenant, le député de Joliette dit: Le ministre se
garde tous les pouvoirs en matière de nomination et s'il n'aime pas la
face de quelqu'un, il ne le nommera pas. Je paraphrase peut-être, mais
c'est ce que j'ai pu dégager de la quintessence des propos que
vous m'avez adressés,
M. Chevrette: C'est ce que j'ai dégagé de tout
ministre partisan.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas le ministre, c'est le
gouvernement.
M. Charbonneau: C'est une partie des deux, cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'entends le député
de Verchères et je comprends qu'il ait réagi, il ne sait pas ce
que cela veut dire quand je dis le lieutenant-gouverneur en conseil, le
gouvernement. C'est sur recommandation généralement du ministre
titulaire, mais c'est l'ensemble du gouvernement qui prend une décision.
Imputer à un Conseil des ministres péquiste, libéral,
unioniste ou créditiste les motifs que vous avez imputés... en
tout cas.
Quant au pouvoir réglementaire...
M. Charbonneau: ...que vous avez fait par en avant. Franchement,
c'est le boutl
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...comme tel, avant que l'on
dépose nos modifications, l'initiative de la réglementation
appartenait au gouvernement. À la suite de l'audition des parties en
commission parlementaire, nous avons indiqué en présence de
chacune des parties qui est venue en commission parlementaire et qui demandait
que l'initiative réglementaire revienne à la commission que nous
étions prêts à considérer de remettre l'initiative
réglementaire à la commission.
J'ai, chaque fois, posé la question suivante: Est-ce que vous
concédez au gouvernement, ou est-ce que vous êtes d'opinion que le
gouvernement devrait se conserver et un pouvoir d'homologation et un pouvoir
d'initiative, c'est-à-dire de pouvoir lui-même proposer quelque
chose s'il y avait paralysie dans les parties? Chacune des parties, en faisant
preuve de beaucoup de maturité, a dit: Oui, si on fait quelque chose et
que le gouvernement n'est pas content, il devrait se conserver un pouvoir
d'initiative. C'est ce que nous avons fait dans l'amendement que nous avons
déposé. Je suis un peu antiréglementaire quand j'en parle,
mais je réponds aux propos du député de Joliette.
Nous avons répondu en conservant, oui, comme vous le dites, le
pouvoir d'initiative, parce que nous avons un devoir, comme gouvernement, quel
que soit le gouvernement, de s'assurer premièrement qu'il n'y aura pas
de paralysie sur le plan décisionnel dans une industrie aussi importante
que l'industrie de la construction; deuxièmement, oui, d'anticiper !a
possibilité qu'à un moment donné, pour des raisons qui
leur appartiennent, les patrons et les travailleurs dans l'industrie de la
construction peuvent s'entendre, mais peut-être que le consommateur ne
sera pas heureux de l'entente.
Le gouvernement conserve une obligation et un devoir de veiller à
l'intérêt public. Ce n'est pas le ministre, encore une fois,
contrairement à ce que disait le député de Joliette, c'est
le gouvernement tout entier qui doit prendre des décisions sur la
"raisonnabilité" des délais et qui doit prendre la
décision de dire aux parties: C'est contre l'intérêt
public. Cela, c'est lourd de conséquence parce que si cette
décision n'est pas justifiée ou justifiable dans la
société, le gouvernement, démocratiquement, en paie le
prix.
Quand la décision du gouvernement est justifiée et
justifiable, le gouvernement a fait ce qu'il avait à faire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette. Avez-vous fini?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va.
M. Chevrette: Mme la Présidente, à ce stade-ci de
nos débats, je demanderais au ministre s'il est d'accord pour que je
dépose l'ensemble des amendements sur la partie moratoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, je
peux vous faire une plus grande ouverture si vous le désirez. Si vous
désirez proposer des amendements sur l'ensemble du projet de loi, vous
êtes bienvenu.
M. Chevrette: À chaque bloc, je sais que le ministre a
intérêt... Il a déposé ses amendements. On lui avait
dit que l'on déposerait les nôtres par blocs. Comme il reste
à peine trois minutes avant la fin de cette commission, j'ai
déposé, hier, le bloc lui permettant, à notre point de
vue, d'avoir un discours cohérent par rapport à la
responsabilisation des parties et au consensus qui s'était
dégagé entre la partie patronale et la partie syndicale pour ce
qui est de la gestion de la nouvelle Commission de la construction du
Québec.
Aujourd'hui, nous déposons quinze amendements qui visent, cette
fois-ci, à donner un véritable sens aux articles 32, 33, 35 et
suivants. Ils visent, à toutes fins utiles, dans un premier temps, le
moratoire et dans un deuxième temps, à resserrer le
mécanisme d'épuration. Vous vous rappellerez qu'hier, le ministre
a déposé des amendements qui, dans un premier paragraphe,
ouvraient la porte à l'épuration et, dans le deuxième
paragraphe, permettaient la réinsertion de ces mêmes
gens. Ce que le ministre proposait, c'est, par exemple, qu'un apprenti
qui n'a pas fait une heure dans les deux dernières années soit
sorti du bassin. Par ce deuxième paragraphe, il peut y rentrer
immédiatement. J'ai dit à ce moment-là au ministre que
nous allions déposer des amendements pour fermer ce deuxième
paragraphe, parce que ce n'est plus du contingentement, ni de
l'épuration. Si, dans un premier temps, vous lui ouvrez la porte pour le
faire sortir, mais que vous lui ouvrez là porte d'en arrière en
lui disant: Fais le tour et rentre, on se ramasse avec une situation assez
aberrante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député.
M. Chevrette: Juste une minute, j'achève. Ce que je veux
dire, c'est que, hier soir, le ministre me demandait si l'on avait des formules
à lui proposer pour fermer cette deuxième porte, parce qu'il
reconnaissait qu'il y avait un problème juridique, me disait-il.
À notre point de vue, nous lui proposons des amendements qui ouvrent la
porte à l'épuration et qui la referment ensuite. Autrement, ce
n'est plus de l'épuration du système.
Quant au contingentement, le ministre verra que l'on a exactement les
mêmes objectifs que lui, mais peut-être plus serrés en ce
sens que nous, c'est vraiment des jeunes diplômés que nous parlons
et non pas de n'importe qui pour venir grossir le bassin n'importe quand. On
parle du moyen de la liste de rappel qui ne vient pas confier artificiellement
le bassin, mais qui vient tout au moins établir les règles du jeu
par rapport aux vrais travailleurs de la construction et d'un mécanisme
permettant, au besoin, de rentrer. C'est un peu ce que l'on fait par nos
amendements, en espérant que le ministre va les étudier
très sérieusement et que son attitude ne sera pas celle d'hier,
au début de la commission.
Je dois vous dire que, pour la première fois ce matin, on a une
réponse quant au droit de vote qui viendra par la suite, parce que ce
n'est pas l'amendement qui est sur la table. C'est la première fois que
l'on voit le ministre donner des motifs véritables. Hier, il parlait de
la motivation de ses fonctionnaires. Quel que soit le gouvernement les
politiciens passent, mais les fonctionnaires restent - quand un ministre dit
à tel fonctionnaire: Tu es observateur et conseiller à l'OCQ ou
à la CCQ, je ne pense pas que sa motivation viendra du fait que vous lui
donnez un droit de vote. S'il faut que je reprenne tout mon plaidoyer
d'hier...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député, il est 13 heures, nous devons susprendre nos travaux.
M. Chevrette: Vous me permettrez une phrase, Mme la
Présidente, pour dire que j'ai la conviction que, si le ministre est
désireux de donner suite à sa grande écoute qu'il a
manifestée lors des auditions publiques, il a tout en main pour
satisfaire les parties.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et ils seront analysés
sérieusement.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'économie et du travail suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 10)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux afin de poursuivre
l'étude article par article du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi
sur les relations du travail dans l'industrie de la construction. Nous sommes
toujours sur l'amendement à l'article 3. La parole est à M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente. La motion que nous
avons sous les yeux ou devant nous propose au ministre que les quatre
syndicalistes, syndiqués ou travailleurs syndiqués soient
désignés par chacune des associations représentatives
à un degré de plus de 5 %, cela veut dire qu'on en a quatre: CSD,
CSN-Construction, FTQ-Construction et Conseil provincial des métiers de
la construction. Nous avons plaidé suffisamment longtemps jusqu'ici pour
essayer de démontrer qu'il était important de donner une suite
positive à cette demande, d'autant plus que le patronat, je le reconnais
également, voulait une désignation lui aussi de ses membres.
Notre amendement numéro un a malheureusement été
rejeté par le côté ministériel qui n'a pas
jugé bon de retenir cet amendement qui vise précisément
à ce que la représentation soit la plus directe possible, que ce
soit le choix de chacune des parties pour ce qui est des membres de la
commission et non pas le choix du ministre. Le ministre aura beau me dire
à n'importe quel temps que ce n'est pas son choix, c'est lui-même
qui a admis à des questions hier soir d'une façon très
claire qu'il était obligé de consulter et que cela n'engageait en
rien sa décision. Il s'obligeait à consulter.
Mme la Présidente, par ses propos, on aura compris facilement que
le ministre était loin d'être favorable à une
désignation par les parties de leurs propres représentants. C'est
d'une évidence totale, c'est clair, c'est d'une limpidité,
même s'il
s'est refusé à répondre à des questions de
M. Charbonneau, de Verchères, à plusieurs reprises qui essayait
de lui faire dire que le ministre voulait choisir ses représentants.
Qu'il ne vienne pas prétendre par la suite que ce sera identifier ces
personnes comme des représentants officiels directs et
désignés par les parties. Ce sera la structure du ministre qui
aura à concevoir des règlements que lui-même pourra
rejeter, modifier en tout temps. C'est lui-même qui va désigner ce
qu'est un délai raisonnable ou pas et qui pourra édicter ses
propres règlements, comme il semble vouloir le faire par son attitude
depuis le début de la commission.
Sur ce point, Mme la Présidente, en ce qui me concerne -
même s'il me reste du temps - on aura essayé de démontrer
au ministre qu'il avait une occasion extraordinaire de passer du discours aux
actes. On souhaite que, au niveau du vote nominal que je vais demander à
la fin de mon intervention ou après que le ministre ou d'autres
intervenants auront parlé, on pourra assister à un changement
d'attitude de la part des ministériels et que, véritablement, ce
consensus unanime qui se dégageait des parties au cours des audiences
publiques se manifestera au moins une première fois.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Chevrette. M. le ministre.
M. Chevrette: De Chevrette!
M. Paradis (Brome-Misssiquoi): Attendez qu'il soit mort!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, je m'excuse. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
J'allais indiquer au député de Joliette, simplement pour les fins
du dialogue ou du raisonnement entre les deux formations politiques, que je
regrettais qu'il n'ait pas repris cette argumentation. La base ou
l'orientation, à partir des amendements qui sont proposés par
l'Opposition, quant à la formation, se situe sur une composition de
relations du travail, de négociation de conditions de travail et la
notion...
Une voix: ...le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'une commission, d'un poste
d'administrateur à une commission qui a une vocation qui n'est pas celle
de négocier le taux horaire des salaires, la période des
vacances, etc., devrait être la même ou semblable à celle
qui est réclamée dans des négociations de conditions de
travail. Cela va directement à l'encontre - je vous le dis bien
respectueusement, M. l'ex-commissaire - des recommandations du rapport Cliche.
Très clairement, vous indiquez, dans ce rapport, que la tentation est
forte de tout négocier. Est-ce que l'on peut se permettre de
négocier la formation, entre autres? Est-ce que l'on peut se permettre
de négocier la formation des travailleurs de la construction?
M. Chevrette: Me permettez-vous une question? On n'a quand
même pas pris tellement de temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je n'ai pas d'objection, je
suis très à l'aise sur le sujet.
M. Chevrette: En quoi la tentative de négocier ne sera pas
plus là? Je connais par coeur le livre que vous avez dans les mains pour
avoir participé à sa rédaction. Je vous pose la question
suivante: Qu'est-ce que votre argument vient faire à ce stade-ci, au
moment où l'on discute précisément de la composition comme
telle du conseil d'administration?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je vais tenter de vous
éclairer. Ce que vous suggérez, lorsque l'on prend l'ensemble des
amendements que vous proposez quant à la composition, au droit de vote
et à la valeur des votes - si je puis utiliser l'expression, vous avez
un amendement qui touche même le pourcentage de représentation
syndicale qui se traduit en pourcentage de votes, etc. - c'est exactement la
structure que l'on a aujourd'hui, sur le plan syndical, lorsqu'il s'agit de
négocier des conditions de travail. Sur le plan patronal, c'est un peu
différent, mais c'est ce qui est réclamé par
différentes parties. Donc, votre approche au problème ou à
la création d'une Commission de la construction du Québec est une
approche strictement limitée en fonction des relations du travail
basées sur des positions des parties en confrontation au départ,
négociations et entente, si possible. Toute la dynamique de la
Commission de la construction du Québec que nous mettons sur pied en est
une où l'on nomme des administrateurs qui ne sont pas en confrontation,
mais qui ont des intérêts communs à s'entendre sur le plan
de la formation, sur le comité mixte, etc. C'est parce qu'ils ont une
expertise comme employeur ou comme travailleur que nous allons les chercher et
non pas à cause de leur position de confrontation dans les
négociations salariales. De vouloir ramener la même formule de
représentativité - si je
peux utiliser l'expression - et de confrontation à la Commission
de la construction du Québec, c'est de condamner à
l'échec, à cause de la prémisse même, le
fonctionnement de ladite commission. C'est de consacrer ce qui a existé
dans le passé, de dire: une position de confrontation entre les parties
et une absence de discussion, parce, que c'est trop facile de succomber
à cette confrontation sur les sujets qui sont vraiment importants et sur
cet aspect novateur qu'est la formation dans les mandats qui seront
confiés à la Commission de la construction du Québec.
M. Chevrette: Hier soir, vous me disiez: II y a peut-être
lieu de regarder l'organigramme que l'on propose, de mettre "peut constituer
des structures" au lieu de "doit".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis encore ouvert à
cela.
M. Chevrette: Si je suivais votre logique, à partir de ce
fait, si l'on pouvait mettre "peut", en quoi cela modifierait-il la situation
qui, par exemple, se passe au comité mixte? Au comité mixte,
actuellement, ce sont deux parties qui, d'égale à égale,
se parlent pour régler des problèmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il demeure.
M. Chevrette: II demeure et, plus que cela, vous ne changez rien.
Dans la loi actuelle, il est notamment écrit que ce même
comité mixte peut discuter de tout sujet qui lui est soumis par
l'office.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Chevrette: Si vous aviez promulgué l'article 80 de la
loi, cela aurait pu être l'OCQ qui aurait été responsable
des programmes de formation, puisque l'article 80 en aurait donné le
pouvoir aux parties. On se suit jusque là? À partir de ce fait,
il n'y a rien qui empêcherait l'OCQ de dire au comité mixte:
Voulez-vous me présenter des positions en regard de la formation,
puisque nous venons d'hériter d'un pouvoir en vertu de l'article 80?
Puisque vous l'auriez promulgué. Cela aurait changé quoi au
comité mixte de la construction, qui est constitué à peu
près de la même façon que je vous propose de constituer la
commission de l'OCQ?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De toute façon, l'article
80 n'est pas mixte.
M. Chevrette: Je comprends. Mais que le comité mixte en
ait la responsabilité, que l'OCQ lui aurait
délégué, cela revient exactement au même. Ce sont
les deux parties qui auraient étudié attentivement les
programmes. Si vous me disiez: C'est à cause de la formation que je ne
veux pas donner le contrôle de la nouvelle Commission de la construction
du Québec aux parties, je vous dirais: M. le ministre, on va s'entendre
sur une chose. Est-ce véritablement à cause de la formation? Si
vous me répondez oui, je vais vous proposer un amendement. On va laisser
la gérance de l'OCQ aux parties, et, sur la formation, puisqu'il y a un
déboursé gouvernemental, on va se parler d'un amendement propre
à la formation. On va au moins laisser aux parties un rôle
prédominant dans la formation. Là, vous ne chercheriez pas de
faux-fuyants.
Chaque fois qu'on vous emmène sur une piste, vous nous trouvez
une raison. On veut vous prouver noir sur blanc que votre raison est plus ou
moins valable, parce que vous pourriez, par simple amendement, vous garder un
privilège particulier. Vous ne le faites pas. C'est vraiment parce que
vous ne voulez pas que les deux parties aient le contrôle. Si ce
n'était que de cet argument, je vous proposerais un amendement
précis. Voulez-vous, oui ou non, que les parties aient la gérance
de cette nouvelle commission? Si vous me dites oui, mais je me garde une
réserve sur la formation professionnelle à cause de mon
rôle prépondérant, je dois payer, et c'est l'argent du
public, et non pas le 1 % qui sert à la gérance, on va alors se
parler d'un amendement quelconque et on va essayer de s'entendre. C'est une
façon constructive de travailler sur un projet de loi, mais chaque fois
qu'on vous sort un argument, vous me dites: Ce n'est pas cela. Quand on vous
dit qu'on est prêt à amender notre position, s'il le faut, pour
trouver véritablement un terrain d'entente, parce qu'on veut que la
gérance de cette commission relève des parties, cela ne marche
encore pas. Il faudrait que le ministre me dise correctement quels sont les
motifs. Là, il vient de me dire que c'est par crainte de manque de
contrôle sur la formation. Est-ce que c'est la seule?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la présidente, je vais
recommencer le petit tableau avec le petit organigramme. Le
député part de loin. Il a beaucoup de responsabilités ces
jours-ci. Au moment où on se parle, M. le député de
Joliette, avec l'office tel qu'il fonctionne, le gouvernement, sans
consultation préalable, peut nommer cinq membres, qui il veut. Il faut
s'entendre. Si on ne change pas cela, vous dites: On pourra garder cela, et ce
sera cela. Oui il veut sans consultation. C'est la loi telle qu'elle existait.
Même que je vous dirai que
le gouvernement précédent n'a jamais donné la
majorité aux parties dans le conseil d'administration. Cela va? Le
comité maintenant mixte - pour qu'on se comprenne bien - sur le plan
juridique. Je vous réfère à l'article 18 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, qui se lit comme
suit: "Sous réserve de toute disposition législative applicable,
les décisions du comité quant à l'utilisation des fonds de
sécurité sociale lient l'office."
Donc le conseil d'administration qui, unanimement, est composé de
personnes nommées par le gouvernement, sans obligation de consultation,
peut décider de tout, sauf sur le plan juridique, ce qui est
délégué au comité mixte, la question du fonds de
sécurité sociale. Vous repartez avec votre organigramme, vous
dites: J'ai le conseil de l'administration de l'office, j'ai un comité
mixte, et la seule chose qui existe sur le plan juridique, c'est le fonds de
sécurité sociale. Vous dites maintenant: Promulguer l'article 80,
cela va donner des pouvoirs de formation à un office dont le conseil
d'administration peut être composé d'à peu près
n'importe qui, sans consultation et surtout pas majoritairement des parties,
lorsque certains gouvernements sont en transition au pouvoir. Ce qu'on propose,
au moment où on .se parle, c'est un conseil d'administration où
les représentants des parties sont majoritaires, nommés
après consultation, c'est l'obligation de la consultation auprès
des parties patronales et syndicales. On propose, tel que libellé
présentement, le comité administratif sur le plan du relations de
travail, le comité mixte qui conserve toute sa prérogative en
fonction de l'article 18; de l'autre côté, un comité
administratif sur la formation professionnelle et un comité consultatif
formé de l'ensemble des parties.
Les parties viennent se faire entendre au cours des audiences publiques
et certaines parties nous disent: Maudit, que cela a l'air compliqué. Je
m'excuse de l'expression, mais c'est à peu près ce qu'on a
entendu. C'est un paquet de comités. D'autres parties nous disent: Vous
devriez donner des pouvoirs décisionnels à tous et chacun des
comités. On dit: Si on donne des pouvoirs décisionnels à
tous et chacun des comités, on crée cinq organismes. Cela va
être la pagaille, cela va être pire qu'avant. Les parties nous
disent: Oui, mais à ce moment, M. le ministre, le conseil
d'administration peut décider d'après nous s'il doit y avoir un
comité administratif des relations du travail et s'il doit y avoir un
comité administratif sur la formation professionnelle. L'idée
d'imposer par la loi la création ou le maintien ou la survie ou la
continuité d'un comité mixte, cela va. L'idée d'un
comité consultatif sur la formation professionnelle, cela va.
Êtes-vous capables de laisser au conseil d'administration la
discrétion de décider s'il faut un comité administratif
sur les relations du travail et un comité administratif sur la formation
professionnelle? Il faut, à ce moment-là, si on veut atteindre
cet objectif qui a été demandé par les parties, modifier
le mot "doit" par le mot "peut". Nous vous avons déjà
indiqué que nous faisons une ouverture certaine à cet effet.
M. Chevrette: Mme la Présidente, un vote nominal sur
l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
Une voix: Voulez-vous lire l'amendement?
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 du projet
de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie
de la construction est modifié en remplaçant le paragraphe 2 du
nouvel article 3.2 par le suivant: "quatre, désignés par chacune
des associations représentatives à un degré de plus de 5
%."
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Contre. Le
Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Je votre contre, parce que c'est ambigu et cela
prête à interprétation.
M. Chevrette: II est contre parce qu'il ne comprend rien.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre!
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Ver-chères)?
M. Charbonneau: Je vote pour, Mme la Présidente et M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Je suis pour parce que j'ai compris ce que les
parties nous ont demandé.
La Présidente (Mme Bélanger): Sans commentaire, M. le
député de Joliette.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Je vais voter pour, parce que c'est très
clair.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)? M. Gauthier: Je
suis pour.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
La Présidente (Mme Bélanger): M.
Lemire (Saint-Maurice)?
Une voix: II est indécis.
M. Lemire: C'est toujours la même chose, contre.
Une voix: II faut le dire.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Je suis pour, cher monsieur.
Le Secrétaire: M. Théorêt (Vimont)? M.
Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Contre: 8. Pour; 5. L'amendement est donc rejeté sur
division.
Motion proposant que les membres nommés par les
ministres ne votent pas
M. Chevrette: Mme la Présidente, à l'article 3, je
propose donc l'amendement suivant: "L'article 3 du projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction est modifié en ajoutant, après le paragraphe 5,
l'alinéa suivant:
(15 h 30) "Les membres nommés selon les paragraphes 3°,
4° et 5° ne votent pas. Ils participent cependant aux
délibérations. Le mandat des membres se termine à la date
d'expiration du décret.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Chevrette: Mais non, il faut que vous décidiez si elle
est recevable ou non.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon, d'accord.
M. Chevrette: Ce n'est pas parce que je ne veux pas que le
ministre parle. Ce serait à moi à l'expliquer avant, si je
voulais.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
recevable.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je le
présente: Cet amendement fait toujours suite aux demandes des parties
qui se sont dites assez grandes - imaginez-vous donc - pour pouvoir
gérer leur affaire. À ce moment, nous avons compris que les
parties ne refusaient pas, cependant, la présence des fonctionnaires
à la table, comme observateurs au rôle conseil, mais elles
voulaient véritablement être maîtres de leur
destinée, cependant.
Hier soir, indirectement, on a dû traiter de cet article, parce
qu'on l'avait présenté d'une façon globale et dans le
cadre d'une discussion un peu plus large. On s'est permis de déborder
plus que sur un paragraphe en particulier. C'était probablement mieux,
au départ, pour qu'on comprenne l'ensemble de la proposition. Mais nous
avons là, je pense, une autre occasion, pour la troisième fois,
sur cet article, de démontrer notre volonté véritablement
de s'en remettre aux parties et de leur dire: Oui, on reconnaît que vous
êtes assez grandes pour mener vos destinées, que les
fonctionnaires gouvernementaux seront purement et simplement des observateurs
et qu'ils joueront un rôle conseil.
Le ministre, dans une envolée oratoire, hier soir, a dit:
Écoutez, comment vais-je faire pour mobiliser, intéresser ou
motiver mes fonctionnaires? Cela leur prend absolument le droit de vote. Mais
après avoir entendu les arguments de ce côté-ci de la
table, des députés d'Ungava et de Verchères, le ministre a
dit: Je suis sensible aux arguments. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je me
donne la nuit pour réfléchir.
Ce matin, après une nuit probablement très harmonieuse
avec lui-même, il a sorti
un autre argument. Il a dit: II faut que je laisse les fonctionnaires
là et il faut que je leur donne le droit de vote. Mais, ce matin, ce
n'était pas dû à la motivation, parce qu'hier, on avait
passablement bien détruit son argumentation en lui disant que les
gouvernements passaient et que les fonctionnaires restaient et qu'un
fonctionnaire qui était attitré è une "job" y allait. Bien
souvent, cela fait son affaire, à part ça, de sortir de sa
boîte pour aller à Montréal à une réunion de
conseil.
Mais je pense que le ministre a été avisé ce matin
par son monde qu'il ne fallait surtout pas enlever ou modifier cela. Il a sans
doute reçu des conseils vigilants. II a essayé pendant plusieurs,
minutes de nous expliquer que, juridiquement, c'était mieux que cela
reste de même.
Il me semble que le ministre doit se baser sur l'expérience
passée. Il doit savoir pertinemment que ces fonctionnaires, avec un
droit de vote officiel, sont probablement les gens qui sont les plus mal
placés. Non seulement il va démotiver ses fonctionnaires, mais
s'ils ont le malheur de se coller trois ou quatre fois d'affilée d'un
côté au détriment de l'autre, vous savez ce qui va arriver
avec ses fonctionnaires. Ils vont se faire suffisamment enguirlander qu'ils ne
voudront même plus... Ils ne seront même pas assez motivés
pour être présents aux réunions.
Il me semble que le ministre devrait comprendre cela. Le
député d'Ungava a parlé suffisamment longtemps
là-dessus. Qu'on ne vienne pas invoquer des raisons de motivation,
à mon point de vue, cela ne résiste pas à l'analyse; pas
une minute. Plus encore, je vais vous donner des raisons et en particulier, sur
la formation. Lorsque la commission... Le ministre est prêt à
mettre "peut" au lieu de "doit". Si on ne crée pas les comités et
qu'on veut que cela reste au conseil d'administration, ce sera donc le conseil
d'administration qui décidera.
Supposons que le conseil d'administration est sollicité pour
prendre position sur la formation, que pensez-vous que le responsable ou le
dirigeant nommé par le ministre de l'Éducation va décider
quant à la formation? Vous l'êtes-vous imaginé? Ce gars va
arriver libre de toute attache des politiques de son ministre? Voyons! Il va
s'informer auprès du sous-ministre en titre avant de partir et dire: Si
je me mouille sur cela, me permettez-vous de dire que je suis d'accord,
même si je le suis personnellement? Est-ce que cela va à
l'encontre des politiques de mon ministère? Il va arriver là les
mains libres? Il va arriver là en plein collaborateur à part
entière? Voyons; mon oeil! II faut connaître la structure de la
fonction publique pour cela.
Quand on envoie un sous-ministre siéger à un comité
directement relié à son ministère, que fait-il, le
sous-ministre ou le directeur général? Il défend les
politiques de son ministère. Si le ministre de l'Éducation n'a
pas le goût de contingenter, pensez-vous qu'il va contingenter?
Pensez-vous que le gars de la main-d'oeuvre qui n'aura pas le goût de
contingenter va arriver là avec des notions de contingentement? Voyons!
C'est de la bouillie pour les chats.
Je vous avoue très honnêtement qu'il n'y a pas d'argument
qui tienne pour le ministre actuellement pour favoriser le vote de ces
fonctionnaires. Au contraire, c'est un débalancement des forces en
présence et vous savez ce qui va arriver. Ils peuvent très bien
jouer leur rôle-conseil, mais laisser l'entière autonomie aux deux
parties de décider. D'autant plus que le ministre, s'il voulait vraiment
faire confiance aux parties, ne se donnerait pas un pouvoir de changement. S'il
voulait pleinement que vous preniez vos responsabilités, il ne se
donnerait pas un pouvoir de modification unilatérale des
règlements, il se donnerait un pouvoir de désaveu des
règlements, s'il voulait qarder son point. Il pourrait dire: Je
désavoue le rèqlement, mais pas vous faire travailler comme de
beaux niaiseux puis après, modifier à sa guise, comme il le veut.
Ce serait véritablement un pouvoir de désaveu. Là, il
prouverait au moins qu'il a une volonté de laisser aller les parties,
mais de se conserver le pouvoir ultime qui normalement est dévolu
à un ministre... On pourrait se parler à ce moment-là,
mais ce n'est pas ce qu'il fait, du tout.
Non seulement il va même choisir les représentants
syndicaux, même les représentants patronaux c'est lui qui va les
choisir, puis, par mesure de sécurité, quatre fonctionnaires ont
le droit de vote au cas où vous vous écarquilleriez un peu dans
la largesse de vos idées. Ce n'est pas tout, vous allez travailler
à des règlements, puis, s'il n'est pas d'accord, il va les
modifier tout seul et, si cela lui en prend un vite pour donner une bonne
conscience qu'il vous a consulté, il va vous donner une semaine pour
vous consulter et il va vous dire que c'est un délai raisonnable et il
va décider tout seul même si vous n'avez pas produit.
Regardez tout cela de A à Z. C'est de la bouillie pour les chats.
Je serais gêné d'avoir un discours qui vise à
responsabiliser les parties puis de nous présenter un tel projet de loi
qui, de A à Z, a toutes les mesures de sécurité pour qu'il
fasse à sa tête. C'est cela, l'article 3 et les amendements
projetés. On voulait, de notre part, en arriver véritablement
à une structure qui tienne compte des consensus. Ils sont assez rares,
il me semble, que, quand on les a, on doit les prendre. Cela a
été l'objectif de nos amendements, puis je reviendrai sur cedit
amendement un peu plus tard dans la discussion.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de La Peltrie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger); Je m'excuse. M. le
ministre.,
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Ce sont seulement mes notes
et le député de La Peltrie... Juste quelques remarques. Je dirai
au député de Joliette que, si les parties veulent s'entendre,
elles ont le contrôle parfait: quatre et quatre font huit, sur treize,
c'est majoritaire à moins qu'on n'ait changé les
mathématiques modernes. Le contrôle appartient aux parties qui
sont impliquées et lorsqu'il y a entente, consensus, ce sont les parties
qui décident. De plus, vous craignez qu'un fonctionnaire qui pourrait
siéger à une table soit gêné, face à un
certain vote, de se coller sur une partie ou l'autre bloc de partie dans des
circonstances données. Je vous indiquerai que vous faites une fausse
interprétation de la loi. Il n'y a pas une obligation de voter. Il peut
s'abstenir de voter si, individuellement, il s'en sent gêné et
s'il prend la décision de ne pas voter.
L'autre argument que vous avez présenté, c'est que, quand
le fonctionnaire s'en va à une table, il a des directives absolues du
ministre, etc. Je vous dirai que j'ai eu pour me représenter aux tables
qui ont été mises sur pied deux sous-ministres qui
relèvent de ma juridiction. Il y en a eu un autre du ministère de
l'Éducation, je ne peux pas en parler avec autant de fermeté dans
ce cas-là, mais je soupçonne que c'est la même chose.
Lorsque le sous-ministre du Travail s'est présenté aux tables et
lorsque le sous-ministre de la Main-d'Oeuvre s'est présenté aux
tables, il l'a fait sans directive de la part du ministre. J'ai laissé
à mes gens toute la liberté de s'exprimer et je n'ai émis
aucune directive aux sous-ministres concernés. Ce n'était
peut-être pas la façon de faire de l'ancien gouvernement, je ne le
sais pas. J'espère que ces propos vous rassureront. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de La Peltrie.
M. Chevrette: L'alternance, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Le ministre a un
droit de réplique de cinq minutes après chacune des
interventions.
M. Chevrette: C'est du deux contre un, votre alternance?
La Présidente (Mme Bélanger): II a ce droit
à l'article 294.
M. Gauthier: Dans les cinq minutes du ministre, le
député de La Peltrie parle, c'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. C'est cinq minutes
après chaque intervenant. Après le député de La
Peltrie, je peux...
La Présidente (Mme Bélanger): Article 246: "Le
ministre ou le député qui présente un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais que vous étiez
un parlementaire aguerri.
La Présidente (Mme Bélanger): ...projet de loi,
outre le temps de parole dont il dispose au même titre que les autres
intervenants, a droit à un temps de parole de cinq minutes après
chaque intervention."
M. Chevrette: Quel est l'article qui parle de l'alternance dans
ce cas?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est la tradition
parlementaire.
M. Chevrette: Ah! Ah! Ah! Quand il décide de ne pas
parler, on peut être dix en ligne à parler. Je pensais que
c'était par ordre de priorité, les demandes de droit de
parole.
La Présidente (Mme Bélanger): De toute
façon, comme priorité de demande, ce sera le député
de La Peltrie, mais le ministre a droit à une réplique de cinq
minutes après chacune des interventions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai vécu cela pendant six
ans.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Je ne prendrai pas tout le temps qui m'est permis, Mme
la Présidente. C'est simplement pour rappeler aux membres de la
commission qu'il faudrait peut-être comprendre le mandat qui est
dévolu à cette commission. On est en train de parler de
gérer la formation professionnelle dans l'industrie de la construction.
Je pense que ce point a été très bien éclairci,
hier, d'autant plus que l'on a accepté, de notre côté, une
proposition qui avait été faite par le député de
Verchères qui est venue bonifier, en un certain sens, la mission de la
loi en ajoutant la gestion de la formation et de la main-d'oeuvre. Je pense que
c'était un excellent point. Cela fait partie de la mission de cette
commission qui est de bien comprendre que le mandat est celui de la
formation professionnelle. Je trouve regrettable que l'on puisse
interpréter et lui donner le sens que l'on veut bien lui donner ici en
disants Écoutez, peut-être que c'est une table de
négociation. Au contraire, ce n'est pas une table de négociation,
cette commission. Le conseil d'administration, le ministre l'a indiqué,
c'est un conseil d'administration tripartite, où les trois partenaires
de l'industrie de la construction au Québec travaillent ensemble pour le
mieux-être des gens de cette industrie, font et développent des
programmes notamment dans le secteur de la formation professionnelle. Tout ce
qui est discuté ici traite de la formation professionnelle; c'est ce que
l'on veut. Il ne faudrait pas confondre et penser qu'il s'agit d'une table de
négociation.
De toute façon, la représentation quant aux votes qui
seraient rendus, on en a fait l'extrapolation au niveau des hypothèses.
Personne n'est lésé. Quant à moi, c'est tout à fait
responsable et cela respecte la composition même et l'objectif même
de la loi. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Mme la Présidente, ce matin, je voudrais
encore une fois demander au ministre, bien calmement et bien simplement, avec
mon humble statut de député de l'Opposition, d'accéder
à cette demande unanime. Je pense que le ministre, qui ne devait pas
être de mauvaise foi, nous a donné les raisons pour lesquelles il
lui apparaissait important de donner un droit de vote aux fonctionnaires.
Remarquez bien que c'est un point de vue qui se défend dans une certaine
mesure, sauf que je crois que les arguments que l'on a apportés au
ministre l'ont amené à réfléchir un peu et qu'il a
réalisé que ce n'était peut-être pas essentiel
à la motivation des fonctionnaires que d'avoir un droit de vote, que
ceux-ci, qui sont des gens de carrière, pouvaient très bien
trouver l'intérêt de leur ministère - il faut leur
prêter cette conscience professionnelle qu'ils savent démontrer
régulièrement - et que c'était peut-être même
un peu embarrassant, dans certains cas, de prendre position, comme l'a
indiqué mon collègue, le député de Joliette, et
comme le ministre d'ailleurs l'a entériné d'une certaine
façon en disant: Oui, mais il n'y a pas obligation de. C'est vrai qu'il
n'y a pas obligation de, j'en conviens avec le ministre, mais c'est vrai aussi
- je pense que le ministre en conviendra - qu'il n'y a aboslument pas
nécessité comme telle.
Aujourd'hui, après une longue et dure nuit de réflexion,
le ministre nous indique que c'est mieux ainsi. Vous admettrez, et je pense que
le ministre l'admettra, que c'est peut-être un peu faible comme
argumentation. Je ne sais pas s'il s'agit là de commandes,
d'avertissements ou de conseils qu'on lui aurait donnés. C'est normal
qu'un ministre puisse prendre des conseils dans la fabrication d'un projet de
loi aussi important que celui-là. (15 h 45)
Le ministre avouera avec moi que les arguments qu'il nous donne pour
conserver un droit de vote aux fonctionnaires qui seront nommés en
quelque sorte par lui et son collègue de l'Éducation - il est en
même temps ministre du Travail et ministre de la Sécurité
et du revenu mais ce n'est pas nécessairement une règle qui
pourra durer dans le temps, quoique le ministre s'acquitte relativement bien sa
tâche, je dois l'admettre - ne pèsent pas lourd dans la
balance.
Mme la Présidente, c'est un appel au ministre que je fais,
considérant la faiblesse des arguments qu'il invoque pour ce point en
particulier. Le ministre disait: Je n'ai pas passé de commande aux
fonctionnaires dans le passé. C'est peut-être pour cela qu'il y a
eu des consensus aux différentes tables, peut-être parce que le
ministre s'est aperçu que ces gens pouvaient fonctionner entre eux.
C'est vrai, on l'admet, ce sont certainement des gens qui sont capables de
s'entendre. Pourquoi tenir tant à ne pas satisfaire à une
exigence des deux parties? Je vous avoue que, sur bien des points dans
l'étude de cette loi, sur certains principes pour lesquels on s'est
battu et pour lesquels on continue de se battre, on comprend que le ministre
peut avoir un point de vue opposé, différent, un point de vue
très pragmatique de celui qui va vivre avec cette loi dès ses
débuts. On comprend cela. Je suis persuadé que les intervenants
du monde de la construction verraient comme un geste de très bonne foi,
une marque de bonne foi du ministre, le fait d'accéder à cette
demande.
Dans le fond, ce conseil d'administration a beaucoup plus de
responsabilités qu'on ne veut lui donner. Je pense que mon
collègue de La Peltrie ne l'a pas fait de mauvaise foi. Il y a toute
l'administration évidemment des litiges concernant la convention
collective, il y a les avantages sociaux, il y a la formation professionnelle,
il y a aussi toute la réglementation qui va accompagner ce projet de loi
et qui va être faite et sanctionnée par le ministre ou
modifié par le ministre. Si le fait d'enlever le droit de vote à
ces fonctionnaires avait pour effet d'éliminer la présence
gouvernementale des décisions de la Commission de la construction, tout
le monde - les patrons l'ont dit, les syndiqués l'ont dit, la FTQ a
insisté là-dessus
particulièrement - admet que le ministre et le gouvernement
doivent avoir, en bout de course, le mot final. On en convient. Quelle est la
raison? Y a-t-il une bonne raison qui ferait...
La Présidente (Mme Bélanger): Nous allons...
M. Gauthier: J'imagine que vous me suspendez...
La Présidente (Mme Bélanger): Nous allons suspendre
nos travaux pour quelques instants. Le devoir appelle les parlementaires au
salon bleu.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 16 h 40)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission
reprend ses travaux et nous poursuivons le débat sur l'amendement
à l'article 3. La parole était à M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, Mme la Présidente, je vous remercie.
Même si j'achevais, vous comprendrez que je vais peut-être redonner
une synthèse des arguments au ministre étant donné que
cela fait déjà quelque temps qu'on a quitté pour aller
voter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas ma faute, Mme la
Présidente.
M. Gauthier: Ce n'est pas de ia mienne non plus, M. le ministre.
J'expliquais au ministre, Mme la Présidente, que les raisons qu'il nous
a données, les raisons qu'il a invoquées hier et aujourd'hui pour
ne pas satisfaire les deux parties nous apparaissent fort
légères, des raisons qui ne sont pas assises sur quelque chose de
solide et de sérieux.
Mme la Présidente, compte tenu de cela, compte tenu du fait que
le geste que pourrait poser le ministre en votant pour cet amendement serait le
premier geste de véritable coopération, le premier pas qu'il
céderait à l'Opposition parlementaire et à la l'opposition
populaire face à son projet de loi, est-ce que le ministre ne voudrait
pas revenir à de meilleurs sentiments, respecter le consensus, faire
confiance à ceux qui ont voulu, depuis le début, l'appuyer
là-dedans, mais en espérant qu'il ferait certaines concessions en
cours de route? Est-ce que le ministre ne pourrait pas faire la preuve de sa
bonne foi? Est-ce que le ministre ne pourrait pas assainir un peu le climat de
cette commission parlementaire et le climat de l'industrie de la
construction?
Je sais que le ministre n'a pas envie de faire de concessions à
ce moment-ci. Il y a une conférence des leaders qui a été
convoquée et qui se tient, je pense, à 17 h 45,
c'est-à-dire dans une heure environ, au cours de laquelle les deux
leaders s'entendront et où on fera la constatation que, probablement, le
ministre a déjà faite auprès de son leader en disant: De
toute façon, tu es aussi bien de faire en sorte de l'arracher parce que
cela ne va pas assez vite à mon goût, je n'ai pas envie de faire
de concessions, c'est tannant d'entendre les péquistes me rebattre les
oreilles avec les consensus aux tables et avec les revendications des
travailleurs de la construction, je suis tanné de cela. Je voudrais que
cela finisse. Je n'ai pas envie de discuter de quoi que ce soit
là-dedans.
J'ai déposé mon projet - c'est-à-dire le projet qui
a été fait par on ne sait trop qui parce qu'il ne répond
à rien - j'ai ajouté mes amendements et je n'ai pas envie de
céder un pouce de terrain à qui que ce soit. De grâce, cher
leader, fais-moi donc terminer au plus vite cette commission parlementaire
parce que j'aurais peur que mes arguments, en fin de compte, ne puissent pas
soutenir ceux de l'Opposition. J'aurais peur d'être obligé de me
rendre à la réalité et de concéder au monde de la
construction des choses voulues unanimement.
Dans une heure, les leaders s'entendront, et, probablement, j'imagine,
on s'attend un peu à cela, parce qu'on nous a préparé...
Mon collègue de La Peltrie, mon collègue d'en face,
évidemment, nous a prévenus un peu hier alors qu'on posait des
questions sur des choses qui nous apparaissaient sérieuses et
importantes. II nous disait: Vous boycottez, c'est un "filibuster" que vous
faites et l'Opposition est de mauvaise foi. Je pense que, quand on amène
un amendement comme celui-là, M. le ministre, on n'est pas de mauvaise
foi. Tout le monde le veut, tout le monde vous le demande et en plus vous
n'avez pas de raison de ne pas nous le donner.
Pensez-y donc et posez donc au moins un, juste un petit geste de bonne
foi, M. le ministre, dans toute cette commission. Vous avez la chance de le
faire, cela n'a pas de conséquence pour vous et vous restez le "boss"
pareil, parce qu'en fin de compte, c'est le gouvernement qui va étamper
ou qui va dire oui ou non ou qui va modifier. Vos fonctionnaires vont
être appréciés comme des experts-conseils par le monde de
la construction. Au moins, les gens de la construction diront: Le ministre du
Travail ne nous a pas complètement abandonné, il s'est au moins
rendu à une de nos revendications unanimes. (16 h 45)
II me semble que vos collègues, ceux qui nous écoutent
actuellement, dans le fond, vous le demandent ou attendent de vous que
vous posiez un geste. Eux, ils sont habitués à
légiférer depuis peu de temps et aussi à voir des
ministres faire des concessions. Vous n'avez pas raison de ne pas l'accepter,
M. le ministre. Rendez-vous donc! Soyez donc raisonnable. J'ai terminé,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Roberval. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je vais
tenter, pour mon bon ami, le député de Roberval, de reprendre la
philosophie qui sous-tend la présente loi et aussi de tenter de la lui
faire comprendre. Le risque, c'est que s'il ne comprend pas, il y en a
peut-être d'autres dans la société qui ne comprendront pas.
C'est important que ce soit compris comme message. L'approche à partir
de l'ensemble des amendements que vous nous avez soumis quant à
l'article 3.2, la composition du conseil d'administration, l'approche que vous
avez choisie comme formation politique est une approche où seules les
parties devraient être présentes. Les parties devraient
désigner leurs représentants et leurs votes devraient compter
dans la proportion de ce qu'elles représentent dans l'industrie de la
construction. Vous nous soumettez exactement l'approche de négociation
des conditions de travail de l'industrie de la construction. C'est exactement
ce que vous nous soumettez.
Vous n'avez pas encore compris, parce que vous êtes plus
intéressés à essayer de noua bloquer, de nous
empêcher d'évoluer dans le processus parlementaire de façon
normale et vous êtes plus intéressés à cela
qu'à écouter et qu'à comprendre ce qu'est le projet de
loi. Il s'agit de la création d'une commission. Les gens vont avoir des
rôles d'administrateurs. Les parties vont être majoritaires. Il y a
un nouvel aspect qui est donné à cette commission qui s'appelle
tout l'aspect de la formation professionnelle. S'il fallait, strictement quant
à cet aspect et aux autres également, adopter votre attitude et
votre orientation, non seulement nous irions directement à l'encontre
des recommandations du rapport Cliche auxquelles a souscrit votre porte-parole,
le député de Joliette, mais nous condamnerions également
à l'échec tout le volet de la formation qui est contenu dans ce
projet de loi. Si la formation ne fonctionne pas - je pense que les parties
sont d'accord dans l'industrie de la construction - c'est parce qu'il n'y a pas
de contacts entre le ministère de l'Éducation, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et les parties. Si nous ne sommes pas capables de rebrancher les parties entre
elles, il est inutile de s'illusionner ou de s'imaginer qu'il va y avoir
vraiment un volet de la formation professionnelle qui va être
sérieux et qui va faire évoluer positivement l'industrie de la
construction. C'est inimaginable et impensable.
Vous l'avez essayé, comme gouvernement, de placer les parties
dans un coin et de placer les ministères dans un autre coin. Vous avez
privilégié tout le temps l'approche que vous privilégiez
encore aujourd'hui. Nous ne pouvons pas vous dire que vous manquez de logique
ou de continuité ou de logique dans votre continuité. Nous ne
pouvons pas vous accuser de cela. Votre méthode a échoué.
Il n'y a pas de garantie de succès dans la méthode actuelle.
Notre méthode est différente: au lieu de diviser les parties,
nous disons aux parties: Enlevez votre chapeau de relations conflictuelles.
Asseyez-vous à une table et ayez un intérêt commun. Vous
l'avez d'ailleurs, cet intérêt commun. Oubliez votre aspect de la
négociation et vous le reprendrez à tous les deux ans.
Bâtissez, administrez et gérez. Vous êtes des gens capables
de bâtir, d'administrer et de gérer. Vous êtes des patrons
de la construction et vous êtes des travailleurs de la construction.
Quand vous aurez besoin, sur le plan technique, d'aide et de participation,
vous aurez accès à des ressources intéressées et
participatives du monde de l'éducation, du monde de la main-d'oeuvre et
du monde du travail. Je vous dirai bien franchement que ce que vous me proposez
a déjà été mis à l'épreuve. Cela
s'est révélé un échec complet et total. C'est
dénoncé par la commission Cliche unaniment et c'est donc
dénoncé par le porte-parole de l'Opposition dans le livre qu'il a
écrit avec les autres commissaires. Il peut tenir un autre langage,
aujourd'hui. Tout le monde a le droit de changer d'idée, je lui accorde
cela.
Tantôt, on me disait: Remettez cela au comité mixte, etc.
Mais qui siège au comité mixte? Quand on parle de formation,
est-ce que la participation sur le plan de la formation, sur te plan patronal,
des gens qui représentent les divers secteurs, n'est pas aussi
importante que la représentation de l'AECQ? Ces gens-là ne
siègent pas au comité mixte, seule l'AECQ y siège. Il faut
regarder l'ensemble sur le plan de la structure. Je vous sais gré
d'avoir déposé vos amendements en bloc, parce que cela nous a
permis - en tout cas cela m'a permis -d'avoir une vue d'ensemble sur où
vous vous dirigiez. Je vous dis que votre orientation est sérieuse et
plausible dans le cadre de ce qu'on appelle strictement des
négociations. On part des positions conflictuelles, avec des
pourcentages de représentation et des droits de vote en fonction des
intérêts, on procède par une négociation et on
souhaite aboutir à un règlement. Là, le règlement
doit être ratifié en fonction des pourcentages. Là-dessus,
je vous suis, je n'ai pas de difficulté.
Mais est-ce comme cela que vous voulez que les programmes de formation
soient bâtis dans l'industrie de la construction au Québec?
Si c'est comme cela que vous le souhaitez, vous n'avez pas changé
d'idée. C'est comme cela que vous l'avez toujours souhaité, mais
cela n'a jamais fonctionné. On vous propose ici quelque chose de
tripartite où on demande aux gens de s'élever au-delà de
ces choses conflictuelles, de devenir des administrateurs, des gérants,
des décideurs. On dit aux gens des centrales syndicales et aux gens des
associations patronales: Vous avez la majorité, la possibilité
est là pour vous de faire preuve de la maturité nécessaire
pour vous entendre et pour gérer majoritairement une commission qui vous
appartient et dont le succès dépendra de votre approche. Mais si
vous conservez - et cela, je le dis aux parties qui sont présentes -
à la Commission de la construction du Québec et à ses
comités, une approche conflictuelle, patrons contre employés,
associations patronales contre associations syndicales, au conseil
d'administration et que vous vous cloisonnez, que vous vous prononcez en
fonction, lorsque vous êtes là, de: Je représente 15 %, 16
%, 39 %, 42 % et la même chose du côté patronal, vous
n'aurez pas saisi le rôle qu'est appelée à. jouer la
Commission de la construction du Québec dans la société
québécoise.
Si vous êtes capables de vous éloigner de cette approche
conflictuelle que vous pouvez, à juste titre, conserver dans la
négociation de votre convention collective, si vous ne pouvez pas vous
démarquer de cela, la commission ne fonctionnera pas comme elle est
censée fonctionner. C'est cela le message que le ministre vous donne et
il vous demande: Pensez-vous, de l'autre côté, que c'est une
approche qui peut être intéressante? Et sur le plan des
modalités, avez-vous des modifications à nous suggérer?
Mais ne venez pas nous dire: On veut conserver l'approche conflictuelle. Vous
voudriez que le ministre condamne la commission à l'échec et
à l'insuccès. Le ministre n'est pas capable d'accéder
à cela. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je croyais avoir
fait une démonstration, hier, qui pouvait suggérer au ministre
d'autres pistes de raisonnement que celui qu'il tient actuellement. C'est le
panache... On changera d'exemple, il y en a beaucoup. J'aimerais, pour le
bénéfice de la commission et afin de bien faire entendre le point
de vue que nous défendons, distribuer ici un tableau qui démontre
l'une des hypothèses des possibilités de fonctionnement de cette
commission concernant le trafic d'influences et de votes. Cela pourra, si mes
paroles ne sont pas assez claires, à partir du visuel, démontrer
de quelle façon justement les conflits d'intérêts dont
parle le ministre, les conflits qui découlent d'une attitude...
Une voix: ...
M. Claveau: Vous allez avoir le temps de le voir lorsque je
l'expliquerai. Les conflits dont parle le ministre dans les relations entre les
parties sont directement créés par la structure qu'il nous
propose, parce que, justement, il est en train de mettre en place une structure
qui va faire en sorte que les parties n'auront plus besoin de se parler pour
qu'une ou l'autre arrive à avoir une majorité et que, selon la
capacité de l'une ou l'autre des parties d'influencer à la fois
le ministre et un ou deux des fonctionnaires présents qui auront le
droit de vote, la partie qui réussira à faire cela n'aura plus
besoin de parler avec l'autre et elle pourra passer ce qu'elle veut, sans plus
de consultation entre les deux parties. C'est ce qui va se passer, M. le
ministre.
Cette approche est semblable à une négociation de
conditions de travail, M. le ministre, et il faut voir que c'est cela, le
problème. C'est là le noeud de la chose. On doit mettre en
continuelle négociation deux parties qui n'ont pas nécessairement
les mêmes intérêts, la même attitude, ni les
mêmes visées quant aux objectifs à atteindre. On doit
s'organiser pour qu'elles puissent ensemble, dans les meilleures conditions
possible, sans interférence de qui que ce soit, discuter d'une
façon permanente sur les problèmes communs qu'elles ont à
résoudre. C'est ce qu'il faut faire. Ce n'est pas en mettant des
interférences et des barrières entre les deux pour qu'elles
n'aient plus à se parler qu'on réglera le problème. Bien
au contraire, M. le ministre.
Vous nous parliez de la formation professionnelle, laquelle vous tient
à coeur. D'ailleurs, nous croyons à l'importance de la formation
professionnelle, c'est bien évident, personne ne le niera. Toutefois,
quand vous mettez les parties ensemble pour discuter de formation
professionnelle, nul n'est besoin que ce soient les fonctionnaires du
ministère qui viennent leur dire quoi faire et quoi, mettre dans leur
argumentation. Ces parties sont des parties responsables, des gens adultes et
des gens qui disposent des moyens financiers suffisants et des
compétences nécessaires pour pouvoir argumenter et apporter
eux-mêmes ce dont ils ont besoin concernant la formation professionnelle.
Elles iront chercher les compétences nécessaires et les appuis
dont elles ont besoin pour développer ensemble une politique
qu'elles
pourront, par la suite, déposer et discuter avec les
fonctionnaires de vos ministères respectifs. Soit! C'est bien clair.
Elles peuvent le faire et elles n'ont pas besoin de se faire injecter des
façons de penser, de se faire injecter, au préalable, une
façon de voir par des fonctionnaires compétents, certes, des
fonctionnaires qui ont leur place, certes, dans le processus, mais des
fonctionnaires qui, à notre avis, ne devraient pas avoir un rôle
décisionnel. C'est là qu'est le problème.
Le petit graphique que je me suis permis de vous faire distribuer
démontre bien l'une des hypothèses, et peut-être non la
moindre, qui risquent de structurer le genre de relations qui existeront entre
les fonctionnaires, le monde patronal et syndical et le ministre. Si on regarde
bien ce graphique, vous avez, d'une part, la partie patronale avec ses quatre
représentants et, à l'opposé, la partie syndicale avec ses
quatre représentants. Entre les deux, on retrouve un bloc de quatre
fonctionnaires émanant de trois ministères différents,
dont deux ministères sont, comme je le disais hier, les deux branches
d'un même panache, donc, une seule tête et un seul trophée,
pour reprendre l'exemple que je donnais hier.
Que va-t-il se passer? Trois blocs monolithiques, trois blocs qui ont
tout au moins une cohésion interne qui fait en sorte qu'ils ont une
approche nuancée, certes, mais quand même similaire pour les
atteindre, bloc par bloc. Qu'est-ce qui se passe? Vous voyez, il y a des
flèches qui partent, tant de la partie syndicale que de la partie
patronale, et qui montent directement au ministre. C'est là que la
"game" va commencer à se jouer. C'est là qu'on va commencer. Car,
autant du côté patronal que du côté syndical, on sait
que, si on veut avoir les votes des fonctionnaires concernés, il faudra
d'abord commencer par convaincre le ministre de sa bonne foi et de l'importance
des arguments respectifs. Alors, que fera chacune des parties, au lieu de
s'asseoir à une même table et de dire: Voyons comment nous
pourrions faire pour arriver à un consensus qui empêchera le
ministre de trancher? Elle va prendre le téléphone et elle va
dire: M. le ministre, quand pourrait-on vous voir? Nous aurions besoin d'au
moins trois votes de vos fonctionnaires pour être majoritaires au moment
de la prise de décision. (17 heures)
II va falloir, comme je le disais hier, que le ministre engage des
réceptionnistes-téléphonistes supplémentaires,
parce que son personnel actuel ne suffira pas pour répondre à
tous les appels. Il va falloir qu'il s'organise, qu'il se prépare
à passer des nuits blanches, parce que le nombre de rendez-vous qui vont
lui être sollicités de toutes parts, pour toutes sortes de
raisons, va se multiplier presque à l'infini.
C'est là que la négociation va commencer, par un petit
coup de téléphone à M. le ministre pour savoir s'il n'y a
pas moyen de le rencontrer afin de le convaincre de son point de vue. Qu'est-ce
que va faire M. le ministre après cela? Vous avez une flèche
courbe qui part autant de la partie syndicale que de la partie patronale, parce
qu'en même temps il va commencer à se faire des transactions de
gré à gré, de personne à personne, autant d'un
côté comme de l'autre, avec les fonctionnaires, afin de
tâter le pouls et essayer de convaincre l'un et l'autre de son point de
vue.
Qu'est-ce que fait le ministre? II entre en contact avec ses
fonctionnaires, parce que vous avez dû remarquer que les flèches
ne vont pas dans les deux sens quand on parle de la partie patronale et de la
partie syndicale vers le ministre. Elles ne vont pas dans les deux sens, parce
que le ministre se garde une porte de sortie. Le ministre ne veut pas
être pris à partie directement et entreprendre des pourparlers
directs avec chacune des parties concernées.
Alors, qu'est-ce qu'il fait? Il contacte ses fonctionnaires avec qui il
entreprend la discussion. Vous l'aurez remarqué, pour ce qui est des
fonctionnaires, la ligne se fait dans les deux sens. Il y a une flèche
courbe en haut qui part des parties patronale et syndicale vers les
fonctionnaires et il y a une autre petite flèche qui injecte les
données qui viennent à la fois de l'échange entre les
fonctionnaires et les deux parties respectivement et il y a aussi les
données qui viennent du ministre qui, lui, donne ses ordres ou des
ministres concernés, eux, donnent leurs ordres aux fonctionnaires pour
voir avec chacune des parties comment on pourrait essayer de régler le
dilemme ou quelles seraient les hypothèses de solution les plus
convenables.
À côté de cela, qu'est-ce qui se passe avec le
président? Eh bien, le président ne peut que regarder passer le
train. Il est en contact avec le ministre. C'est le ministre qui l'a
nommé, il l'a choisi. Il a pris quelqu'un qui lui ressemblait un peu,
qui était fait à peu près dans le même moule. Il a
dit: Toi, tu es président, mais tu n'auras pas un mot à dire. Tu
n'auras pas un mot à dire, parce que la décision va toujours
être à peu près de quatre contre huit et, à la fin,
tu me tiens informé de ce qui se passe dans l'ensemble de l'industrie de
la construction. Donc, il y a un échange direct, aller-retour, entre le
ministre et le président. Mais c'est un président qui n'atterrit
pas dans les débats, parce qu'il n'a pas d'affaire là, et un
président que le ministre peut court-circuiter n'importe quand pour
arriver à la commission, parce qu'il aura ses fonctionnaires qui seront
là avec un droit de vote. C'est avec eux qu'il va traiter et c'est
par le biais de ces fonctionnaires que le ministre va faire passer ses
messages, ses réponses aux parties patronale et syndicale qui seront
allées le consulter et qui seront allées faire des pressions sur
lui.
À la limite, advenant qu'il n'y ait pas possibilité de
réussir à régler le problème par le biais de cet
échange, un échange de style malaxeur - cela tourne, les
fonctionnaires au milieu, les deux gravitent autour et le ministre injecte
l'assaisonnement par-dessus - c'est un peu un conseil d'administration
malaxeur. Dans un malaxeur, les deux branches ne se touchent jamais. Elles
s'entrecroisent, elles passent proche, mais elles ne se touchent pas. Il y a
juste les assaisonnements qui sont envoyés pardessus et qui sont
mélangés par les deux. C'est ce qui se passe. C'est exactement le
même principe qui va se passer. Je pense que mon image a
été très bien comprise par tout le monde.
À la limite, si jamais le malaxeur en question ne donnait pas les
résultats voulus, si le beurre tournait au fromage, parce qu'on aura
trop malaxé, on dira qu'il reste toujours la possibilité que le
ministre se retranche et dise: On est rendu au fromage. Là, c'est le
temps que vous commenciez à vous parler, les parties. À ce
moment-là, il peut toujours se retirer et vous trouvez les deux lignes
pointillées en bas, aller-retour, qui sont une hypothèse
d'éventuelles discussions entre les deux parties, si jamais le ministre
n'a pas réussi à trouver sa crèche avec l'une ou avec
l'autre. C'est ce qui va se passer. Le ministre n'est quand même pas un
enfant. Il n'est pas né de la dernière pluie. Il en a vu d'autres
avant d'arriver au siège qu'il détient.
Mme Juneau: Premier orage. Une voix; II est encore
jeune.
M. Claveau: II sait comment cela se passe. La vision
angélique qu'il nous présentait tout à l'heure... Une
véritable, vision angélique qui a dû découler de ses
méditations transcendantales d'hier soir...
Mme Juneau: II est au paradis!
M. Claveau: Sa vision angélique dans un monde où
tout va bien... Tout va bien dans le meilleur des mondes, comme le dit
l'expression. Il dit: Les parties vont être mises ensemble, elles vont
s'entendre, elles vont discuter puis après, si c'est nécessaire,
on interviendra; mon monde va être là seulement pour essayer de
faire en sorte que l'information circule. C'est tout à fait
angélique. C'est irréaliste parce que ce n'est pas comme cela que
cela se passe dans le monde quotidien, sur le plancher des vaches, le ministre
le sait très bien. Il a déjà eu des appels
téléphoniques à son bureau. II a déjà
été obligé de rencontrer des gens. C'est évident.
Il le sait. Il a même dit que dans son bureau de comté il
était sollicité continuellement par toutes sortes de gens au
sujet de l'industrie de la construction. Quand il nous dit qu'il y a des
travailleurs qui le sollicitent, il n'y a probablement pas que des travailleurs
qui le sollicitent, comme cela se passe dans tous les bureaux. Il y a aussi des
employeurs qui le sollicitent. Il y a aussi des représentants des
parties syndicales qui le sollicitent à son bureau de comté.
C'est là que cela commence. Quand c'est rendu à son bureau
ministériel à Québec, c'est une autre paire de manches. Ce
sera cela la première partie de la négociation.
Le ministre est probablement de bonne foi. Le ministre qui est assis
devant nous aujourd'hui, je suis prêt à lui donner tout le
bénéfice du doute et à dire: Le ministre qui est
actuellement là et qui pense à cet organigramme d'un conseil
d'administration dans un monde où tout irait pour le mieux est
sûrement de bonne foi. Mais là où le ministre se trompe
peut-être, c'est qu'il est loin d'être éternel sur la chaise
qu'il occupe. Quand on fait une loi, Mme la Présidente, on ne (a fait
pas en fonction de notre réaction à nous, comme individu, face
à une situation donnée, on la fait en fonction d'une
problématique générale et dans l'optique que l'on passe
des fois plus rapidement qu'on l'aurait souhaité. C'est cela.
Le ministre est peut-être en train de nous faire quelque chose qui
colle très bien à sa personnalité, quelque chose avec
lequel, comme ministre, il pense pouvoir fonctionner. Est-ce que le ministre
peut nous donner la même garantie par rapport à tous les ministres
qui pourraient le suivre par la suite? Est-ce que le ministre peut nous
garantir formellement sans l'ombre d'un doute que dans six- mois ce sera encore
lui qui sera ministre? Il y a toutes sortes d'hypothèses qui peuvent
arriver. Il y a toutes sortes de facteurs qui peuvent faire que le ministre ne
soit pas assis sur cette chaise dans six mois. C'est bien évident, il en
est aussi conscient que moi.
Une voix: Ce sont des rumeurs.
M Claveau: Ce ne sont pas des rumeurs. Il y a toutes sortes de
phénomènes dans le quotidien qui font en sorte qu'on ne sait
jamais où on sera.
Une voix: Les faits divers.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut nous garantir sans
l'ombre d'un doute, en mettant sa main dans le feu, qu'il sera encore assis sur
cette chaise dans six mois? II ne sera jamais capable de le faire. À ce
moment-là, qu'il nous propose un
organigramme, une façon de fonctionner, une distribution de
paroles et de votes au conseil d'administration qui ne sera pas faite en
fonction de son gabarit à lui, qui ne sera pas taillée sur
mesure, mais plutôt quelque chose d'un peu large, style kimono japonais,
que n'importe qui peut revêtir. C'est de cela dont on a besoin.
Je ne charrie pas. Quand on fait un projet de loi, on ne le fait pas
è sa mesure, on ne le fait pas à la grandeur de ses chaussures,
on le fait en fonction d'une problématique applicable par tout le monde
et qu'il ne soit pas directement dépendant de la vision personnelle d'un
individu à un moment donné dans l'histoire. C'est cela que le
ministre n'a pas compris. Dans ce sens-là, ce n'est pas le ministre qui
est assis devant nous, Mme la Présidente, que je mets en cause. Je suis
prêt à accepter la bonne foi de son raisonnement, en tant
qu'individu et comme ministre assis sur la chaise actuellement, mais il n'y a
rien qui me dit que le ministre qui va le suivre - il pourrait arriver plus
vite qu'on ne le pense - va avoir exactement les mêmes objectifs, la
même vision, le même genre de comportement, la même
préoccupation par rapport aux participations patronales et
syndicales.
Le ministre nous dit de surcroît: II faut faire en sorte
d'empêcher que les parties syndicales et patronales s'entendent sur des
hypothèses et des propositions qui iraient à l'encontre de
l'intérêt du consommateur. Il pense nous faire brailler en disant
cela. On vient d'avoir un bel exemple, par ce qui vient de se passer tout
à l'heure, d'un choix politique à l'encontre de
l'intérêt d'un peuple. Pourtant, c'est ce gouvernement qui l'a
pris, ce n'est pas les centrales syndicales.
La garantie des options, de la définition que le gouvernement,
que le ministre lui-même va donner en fonction des critères de
défense du consommateur n'est pas plus grande si c'est lui qui nous la
donne, comme individu qui a le droit de trancher, que si ce sont les centrales
et les patrons qui s'entendent entre eux. Il n'y a pas plus de garanties.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Claveau: Cela, c'est de la spéculation, M. le ministre.
C'est cela, le risque est aussi grand. On est en droit de se poser des
questions, parce qu'on doit se fier à la parole d'un ministre avant de
se fier à la parole ou à un consensus qui émane de deux
parties qui sont largement représentées et qui couvrent en
même temps une couche importante de la population. N'oubliez pas, M. le
ministre, que l'ensemble des travailleurs syndiqués
représentés par leurs associations représentatives, comme
vous les appelez dans votre projet de loi, sont aussi des consommateurs, qu'ils
sont peut-être les premiers à avoir intérêt à
ce que leur maison ne leur coûte pas plus cher que les autres. Ce sont
des consommateurs. Les représentants des parties patronales, ce sont des
consommateurs aussi. Ce sont des gens qui ont tous le droit de penser qu'ils
ont à protéger l'intérêt du consommateur s'ils
veulent avoir des contrats. Je pense que la garantie est là.
De toute façon, quelle que soit la décision ou la
réalité de l'hypothèse dans laquelle travaille le ministre
quand il nous parle de la protection du consommateur, ce n'est pas le droit de
vote donné à quatre fonctionnaires de plus dans un conseil
d'administration qui va garantir cela. En définitive, le ministre se
réserve toujours le droit de décider lui-même. C'est un peu
aberrant, vous me direz, sauf qu'on peut lui reconnaître effectivement la
possibilité, en tant que ministre, d'avoir à prendre un certain
nombre de responsabilités, dont il aura à répondre devant
l'électorat dans l'avenir. Peu importe la situation, c'est lui qui a
été élu pour représenter la population et qui
occupe un poste décisionnel dans l'administration d'un État. Il
se réserve toujours ce droit. Pourquoi doit-il lier ce droit au vote de
quelques fonctionnaires dans le conseil d'administration? Je n'arrive pas
à suivre la logique.
Le ministre dit qu'il a de la difficulté à suivre notre
logique à l'occasion. Soit! Mais j'ai bien l'impression qu'il est
à peu près, avec sa formation politique, parmi les seuls qui
suivent sa logique à lui. Par un concours de circonstances que le
ministre n'a probablement pas compris, la logique que nous abordons ici et qui
est la nôtre s'appuie sur un consensus, sur des visions qui
émanent des deux parties en question, nuancées, certes, avec des
applications qui peuvent être un petit peu variées d'une place
à l'autre, certes, mais il reste qu'il y a là une base importante
de nos revendications qui émanent de là, qui sont directement les
préoccupations et les revendications des parties en cause et d'autres
éléments aussi dans la population.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Alors, en conclusion, il faudrait peut-être que
le ministre profite de ses quelques moments de méditation pour faire un
genre d'analyse intérieure et se demander si c'est vraiment lui qui est
dans la ligne juste, tout seul, s'il est seul à avoir le pas ou s'il ne
serait pas mieux pour lui d'écouter un peu ce qui se dit, ce qui se
passe autour et de faire en sorte d'en arriver à un projet de loi qui
serait vraiment acceptable par l'ensemble des parties. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
J'ai écouté encore une fois attentivement le député
d'Ungava; j'ai inversé les situations et je me suis dit: C'est
peut-être vrai que, dans six mois, je ne serai plus ministre du Travail.
Mais supposons que c'est lui qui le serait, hypothétiquement...
Une voix: Président de la commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ministre du Travail, qui
aurait une décision à prendre. Est-ce que le député
d'Ungava, sérieusement, prendrait la décision de mettre sur pied
la Commission de la construction du Québec avec les deux volets des
relations du travail et de la formation professionnelle, et qu'il aurait comme
approche pour former le conseil d'administration où des décisions
en matière de gestion vont être prises... Est-ce qu'il le ferait
de la même façon que s'il avait à mettre sur pied les
règles du jeu d'une table de négociation d'une convention
collective dans l'industrie de la construction? Si sa réponse est oui,
je le suis dans son raisonnement, je n'ai pas de difficulté, mais je le
préviens, il aboutirait à l'échec. (17 h 15)
Ce n'est pas le député de Brome-Missisquoi ou le ministre
du Travail qui le lui dit; ce sont des gens qui se sont penchés sur
l'histoire de la construction au Québec, les commissaires de la
commission Cliche, qui, unanimement, ont dit: Méfiez-vous, ne faites pas
cela, parce que la tentation est trop grande, pour les gens qui partent de
situations conflictuelles, dans ces structures, de tout négocier et
d'étendre ce fonctionnement conflictuel à l'ensemble d'un
organisme.
On a été mis en garde par le député de
Joliette, qui était alors commissaire, de ne pas faire cela. On regarde
l'évolution, depuis le rapport de la commission Cliche jusqu'à
nos jours, et cette évolution nous envoie encore les mêmes
signaux. Elle nous dit; Ne faites pas la gaffe de traiter les autres aspects de
la même façon que vous traitez la négociation d'une
convention collective dans le domaine de la construction. Les signaux sont
unanimes.
Si vous étiez à ma place, vous auriez le choix de les
ignorer, les signaux. Vous auriez le choix de défier les signaux que
vous a envoyés la commission Cliche. Vous auriez le choix de
défier les signaux qui ont été envoyés par
l'expérience vécue au cours des dix dernières
années. Ou bien, vous auriez le choix de faire comme je fais. Comment
peut-on changer cela? Comment peut-on rassembler les parties dans une
commission où la gestion ou l'administration va devenir importante?
Comment peut-on les impliquer majoritairement, donc avec un pouvoir de
décision, lorsqu'elles sont majoritaires? Comment peut-on faire tout
cela?
Je suis arrivé avec une recette. Je ne dis pas que c'est la
meilleure recette. Je dis que l'approche, par exemple, est peut-être
l'approche la plus prudente et peut-être la meilleure des approches. Si
vous partagez cette approche et que vous voulez discuter sur le plan des
modalités, cela va. Hier soir, je vous écoutais attentivement. Je
ne comprends pas que vous vous soyez arrêtés de
réfléchir depuis hier soir. J'ai continué et j'ai
tenté de trouver des arguments à partir du rapport Cliche. J'ai
révisé ce qui s'est passé dans les dix dernières
années. Vous ne m'avez pas convaincu - et ce n'est pas parce que vous
avez mal plaidé - que les parties ne succomberaient pas à la
même tentation et que le conseil d'administration de la Commission de la
construction du Québec, à partir des pourcentages syndicaux, des
représentativités patronales, ne véhiculerait pas avec lui
cette même formule de confrontation et de négociation. Ce n'est
pas une convention collective que l'on est en train de négocier. La
commission Cliche dit: Cela va, dans le cadre des conventions collectives.
Maintenant, dans le reste, la commission Cliche allait aussi loin que de nous
recommander de ne pas impliquer les parties dans le reste. Elle allait aussi
loin que de dire: Nommez un juge président-directeur
général. Nommez des fonctionnaires. Ne nommez pas des
représentants de parties.
On prend un risque calculé, un risque qui est basé sur la
maturité dont ont fait preuve les parties au cours des dernières
années, en impliquant les parties, même en allouant le vote
majoritaire aux parties. On prend ce risque - je vous le dis, je le fais
consciemment - à rencontre des recommandations de la commission Cliche,
parce que je suis confiant qu'avec le mixage proposé, l'on va à
la limite du raisonnable, au moment où l'on se parle, dans la
société québécoise. On appelle cela un jugement
d'opportunité. Peut-être que si vous étiez à ma
place, M. le député d'Ungava, dans six mois ou autrement,
peut-être que vous partageriez avec celui qui vous parle ce risque
raisonnable.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Mme la Présidente, je ne déteste pas
cela quand le ministre cite le rapport Cliche. J'aimerais qu'il le cite dans
son entier, s'il était capable. Il se rendrait compte que le rapport
identifiait, comme
l'un des principaux problèmes de la construction, le revenu moyen
des salariés de la construction.
Également, dans le rapport Cliche, on parlait de priorité
d'emploi. C'est toute une dimension qu'il devrait souligner. Il n'y a pas de
priorité d'emploi dans ce que le ministre propose.
Plus encore, quand le ministre dit que le rapport Cliche proposait un
juge, à l'époque, c'est vrai, mais cela fait exactement onze ans
et le climat de l'industrie de la construction n'était pas le
même.
Je veux bien qu'il cite le rapport Cliche. Moi, le premier, comme
commissaire, à l'époque, j'ai signé des recommandations
que je ne signerais pas dans la conjoncture actuelle, parce que le contexte a
changé depuis le rapport Cliche. Depuis dix ans, il y a eu une paix
relative dans l'industrie de la construction. J'espère que le ministre
n'est pas en train de dire que c'est le bordel de 1972 qui existe dans la
construction. Il me semble qu'il faut être un tant soit peu
réaliste et dire que les règles du jeu ont changé. On ne
se parlait pas avant et aujourd'hui les groupes syndicaux arrivent avec des
motions conjointes. Cela a changé en Hérode! II faut être
capable de composer avec la réalité conjoncturelle. Le
législateur est là pour changer les lois, les adapter et les
modifier. Le juge Cliche et les deux commissaires ont posé un jugement
à partir d'événements X dans un contexte X. Mais,
là, on n'est plus dans ce contexte. On est en 1986 et on a fait franchir
des pas aux parties au point où les parties, autant patronales que
syndicales, demandent d'être maîtresses de leurs destinées.
Il me semble que ce ne sont pas tout à fait le même contexte, la
même conjoncture ni le même climat qui existent.
Je ne suis pas certain - je le répète le premier - d'un
paquet de recommandations qui existent. Bien sûr, si on me demande
d'apporter un jugement sur 1974 et 1975 par rapport à 1985 et 1986, ce
ne serait pas la même évaluation, car le climat et le contexte ont
changé et les données ont changé également. Il faut
cesser de citer le rapport Cliche. Oui, la commission Cliche a fait un
excellent boulot à l'époque, si cela peut vous intéresser.
Vous devriez en être fier, car il y a eu dix ans de paix relative.
Les gens ont évolué. Vous leur offrez l'occasion de donner
leur opinion. Je pense que les deux parties donnent leur opinion franche et
correcte. Une partie a été sincère au point de dire
qu'elle signait n'importe quoi et qu'elle faisait n'importe quoi après,
le président de l'AECQ a eu la franchise de le dire à cette table
de délibérations. À partir de là, si les gens sont
aussi francs qu'au moment où on les a entendus, je pense très
honnêtement et très sincèrement qu'on doit évoluer
dans le temps, au point d'accepter le risque de cette capacité des
parties de gérer leurs affaires. On peut faire des "gambles" dans la
vie, comme on dit, et accepter de responsabiliser les gens. Vous demandez au
député d'Ungava de se mettre à votre place. Je vais
essayer de me mettre à votre place durant deux minutes. Durant deux
minutes, je ne patinerai sûrement pas comme vous pour essayer d'expliquer
que je n'achète pas les consensus qui se sont dégagés.
Quand on convoque du monde... J'ai été ministre moi aussi
et je faisais venir les organismes responsables de la faune au moment où
j'étais ministre du Loisir. Quand je voyais qu'ils étaient tous
d'accord sur les habitats fauniques, qu'est-ce que je faisais? Je disais: Je ne
peux toujours pas aller à l'encontre de cela. J'incluais tes habitats
fauniques dans ma loi et j'étais content de voir que j'avais devant moi
des gens qui avaient décidé de dégager un consensus.
Une voix: Vous étiez un bon ministre, vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: Quand on faisait des amendements dans d'autres
lois, on ne faisait pas venir des gens pour les entendre, pour se cambrer sur
notre chaise et dire: Dites ce que vous vaudrez, mon lit est fait. On serait
mieux de saborder cela, à ce moment-là, car il dort
déjà. Ce n'est pas cela.
Quand on discute avec les gens et qu'on prend la peine de leur dire:
Préparez-vous, donnez-nous vos consensus. Je vais être à
l'écoute de ce que vous allez me dire. Soyez assurés que
j'écoute très sérieusement ce que vous me dites, et
qu'après cela, je fais ce que je veux, qu'est-ce que je fais? C'est
l'attitude du ministre depuis le début de ce projet de loi. Il faudrait
remonter peut-être en mars dernier. On créait un comité. Il
a même dit: Mes fonctionnaires n'étaient pas mandatés pour
aller aux tables de travail. Cela a paru en Hérode! II y a eu des
consensus qui se sont dégagés.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: C'est vrai. Il ne les a pas mandatés, mais
ils se sont entendus comme par hasard parce qu'ils n'étaient pas
mandatés. Comment vont-ils aller là, selon vous, nommés
par le ministre spécifiquement pour la gérance? II me semble que
cela fait un peu pitié et que les raisons officielles que donne le
ministre sont assez décousues, merci.
Il y a eu des consensus et je disais que cela part de là. Il y a
eu des tables de travail et des consensus. Avez-vous remarqué que,
après que les parties eurent remis les rapports de mai, il ne les a
pas
reconvoquées. L'Opposition a appris par hasard, en faisant des
appels téléphoniques de consultation, qu'un comité
existait. Le ministre ne s'était jamais vanté qu'il avait
formé un comité parallèle pour écrire sa loi. Il
n'y a pas de danger. On l'a découvert. Le député de
Saint-Maurice, au colloque de la Fédération de la construction de
Montréal, disait: Soyez sans crainte. C'est avec vous, les parties, que
le ministre va travailler pour rédiger son projet de loi. Il l'a dit
lui-même, j'étais à côté de lui, assis
à la même table que lui. Les parties ont été
convoquées, croyez-le ou non, le matin de la journée où le
ministre déposait son projet de loi à 14 heures. Il
s'était inspiré beaucoup de vous pour préparer le projet
de loi. Le matin même, la loi était imprimée et
l'après-midi il la déposait. C'est cela, la préparation du
ministre.
Là, cela grondait un peu, les parties ont bougé un peu, il
a dit: Oup! et il a attendu qu'on fasse un discours en deuxième lecture
pour accepter la commission parlementaire. Son chef lui a dit: Ne t'arrange
pas, mon ministre du Travail - numéro deux du parti, tu es arrivé
deuxième au leadership - pour que j'aie du trouble cet automne avec la
construction. Il a dit: Commission parlementaire. Là, voilà mon
ministre du Travail qui convoque les parties et il les écoute. Il les a
écoutées, c'était effrayant. Il les a tellement
écoutées, il a dit: J'ai de gros amendements à vous
présenter. Je suis d'une sensibilité extrême. Je ferme la
valve au premier paragraphe et je l'ouvre au deuxième. Il les a
écoutées d'une façon extraordinaire.
Les patrons ont dit qu'ils étaient d'accord avec la parité
de la gestion. H les a tellement écoutés qu'il ne la donne pas.
Il était très sensible hier soir à la revendication des
syndicats sur le droit de vote des fonctionnaires. Extrêmement sensible,
il a dit cela en Chambre aussi. Je vais y penser toute la nuit, mais "mosus"
que je suis sensible à celai Ce matin, c'est très important pour
la revalorisation de mes fonctionnaires qu'ils aient le droit de vote.
Ce ministre a un problème. Il entend, mais il ne comprend pas. Il
écoute, il est sensible, je ne sais pas d'où viennent les ordres,
mais jamais il n'a le pouvoir de trancher quelque chose. Il s'en tient à
son texte, il est entouré et il ne déborde pas de cela. Il sort
une raison et tout d'un coup, le lendemain matin, ils ont dit: Ta raison a pas
mal été démolie par l'Opposition, tu devrais essayer avec
elle. Il justifie cela avec une autre tentative de raison.
C'est cousu de fil blanc, Mme la Présidente, cela n'a pas de bon
sens. Cela n'a aucun bon sens. Il essaie de nous faire gober n'importe quoi. On
a travaillé de bonne foi à des amendements parce qu'il avait une
sensibilité au non-droit de vote de ses fonctionnaires, on lui
présente l'amendement, cela ne fonctionne plus.
Je pense, Mme la Présidente, que véritablement... Il y a
une conférence des leaders tantôt sur le projet de loi 119, dans
quinze minutes, où on va sûrement me demander d'essayer de
m'entendre avec le leader du gouvernement sur le projet de loi. On prend la
précaution de lui déposer globalement des amendements pour qu'il
prenne le temps de les faire analyser, des amendements qui sont conformes aux
consensus qui se sont dégagés. Il ne trouve pas le moyen de
trouver un amendement qui a un sens. Pourquoi? Parce que le ministre veut
être le seul maître à bord dans l'industrie de la
construction et c'est là sa plus grave erreur.
Je pense que le député d'Ungava lui a fait une
démonstration assez claire. Il sera le seul maître à bord,
mais il aura des problèmes majeurs parce qu'il ne responsabilise pas les
parties. Il sera pris pour arbitrer continuellement. On se ramassera avec des
problèmes et dans un avenir, peut-être, très
rapproché purement et simplement parce que cela ne colle pas aux
réalités de 1986. Cela colle aux réalités de, je ne
sais pas, 1974. Basez-vous sur l'année 1974. C'est vrai que le
passé est garant de l'avenir, mais pas au point de rétrograder
dans la législation plutôt que d'avancer. À mon point de
vue, le ministre fait fausse route.
Je voudrais lui donner un conseil avant de terminer mon intervention. Je
voudrais conseiller au ministre de ne pas ouvrir les portes dans un
énoncé, dans un discours, pour les refermer une ou deux heures
après; de ne pas afficher sa sensibilité et créer des
espoirs auprès des parties et refermer la porte à double tour
quand arrive le temps de son intervention et le temps de décision; de ne
pas faire accroire aux gars ou aux femmes avec qui il parle qu'il est
très sensible à une argumentation et, quand il se renfrogne
derrière sa chaise de ministre, il ne comprend plus rien. (17 h 30)
La sensibilité qui l'a caractérisé quand il
rencontre quelqu'un dans le corridor ou qu'il parle à quelqu'un de
même qu'il entend officiellement, dès qu'il arrive au moment
où le jeu parlementaire, c'est le temps de décider, sa
sensibilité ou sa sensibilisation se transforme en une arrogance et une
désinvolture face à des questions auxquelles il devrait apporter
des réponses conformes aux sensibilités qu'il a
manifestées.
Personnellement, Mme la Présidente, je n'en reviens tout
simplement pas. Je vous avoue que ce n'est pas encourageant pour un
groupe...
La Présidente (Mme Bélanger): La conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...parlementaire...Non?
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Chevrette: Qu'est-ce que je vous ai fait?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
écoulé votre temps.
M. Chevrette: En conclusion, Mme la Présidente, je dirai
que...
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous ai même
oublié, M. le député.
M. Chevrette: Est-ce que c'est vrai?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
dépassé votre temps.
M. Chevrette: Continuez donc à m'oublier, madame.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: Non, blague à part, Mme la
Présidente, je voudrais...
Une voix: ...
M. Chevrette: ...dire au ministre que nous ne regrettons quand
même pas les efforts que nous avons faits jusqu'ici, mais il me semble
que le ministre devrait s'organiser pour être réceptif à
des amendements qui veulent éviter la loi de la jungle dans l'industrie
de la construction.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, c'est
dommage que le député de Joliette s'en aille parce qu'il nous a
accusés d'arrêter... Vous pouvez y aller, le député
de Verchères vous rapportera mes paroles. Il nous a accusés de
nous être arrêtés dans le temps, en 1974. Si on
s'était arrêté dans le temps, en 1974 - c'est très
facile à comprendre - on adopterait les recommandations qui sont venues
à la suite de la commission Cliche.
Alors, que propose la commission Cliche? Supposons qu'on arrête le
temps en 1974 et qu'on suive les recommandations du député de
Joliette. En conséquence, la commission recommande la formation d'une
corporation dont le nom serait "Office de la construction" et qui
succédera dans les droits et obligations de la Commission de l'industrie
de la construction en plus de maintenir, si elle le juge opportun, les bureaux
régionaux de la CIC. Cette corporation sera formée de trois
membres nommés pour une période de dix ans ne pouvant être
destitués que pour cause. Le président devra être un juge
de la Cour provinciale et les autres membres, pouvoirs illimités. Pas
question des parties.
Une voix: Ah! Ni les syndicats, ni les patrons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour être franc, pour
être honnête, pour être sérieux, c'est l'arrêt
recommandé par le député de Joliette, commissaire il y a
dix ans. Si le Parti libéral s'était arrêté dans le
temps, il y a dix ans, c'est ce que le Parti libéral ferait.
Donc, Mme la Présidente, le député de Joliette
affirme ce qu'il a affirmé...
Une voix: Eh! Eh! Eh!
Une voix: II n'y a pas de place pour eux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je pense qu'il connaît
mieux, je pense qu'il sait mieux, mais je pense qu'il parle pour la galerie. Ce
que le Parti libéral, le gouvernement actuel propose au moment où
on se parle va...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, M.
le député d'Ungava.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans le sens, dans
l'orientation, jusqu'à un certain point, des recommandations de la
commission Cliche, mais avec beaucoup de progrès et avec beaucoup de
modernisme. Il n'était pas question, et, d'ailleurs, le gouvernement
précédent ne l'a jamais fait, d'impliquer les parties quant au
contrôle de la Commission de la construction du Québec. Ce que le
gouvernement actuel propose, c'est un conseil d'administration où les
parties patronale et syndicale, si elles font suffisamment preuve de
maturité et réussissent à s'entendre pour bien
gérer la commission, chaque fois qu'un vote sera pris, ce sera un vote
majoritaire des parties. C'est l'évolution saine d'un dossier. Mais
qu'on ne tente pas de dire à personne que le temps s'est
arrêté en 1974 ou en 1976. Le gouvernement précédent
n'a jamais fait confiance aux parties sur le plan majoritaire. Quant à
la formation, il n'en a jamais été question. Ils n'ont jamais mis
en vigueur l'article 80. Ils n'ont jamais rien voulu savoir. Quant aux autres
éléments, ils ont exclu du conseil d'administration les parties
majoritaires et les parties importantes minoritaires.
Une voix: Double langage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont ces gens aujourd'hui qui
nous accusent d'avoir arrêté notre montre en 1976 et 1974? Mme la
Présidente, ce que nous faisons parce que nous formons cette commission,
c'est que...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va, Mme la Présidente.
Mon temps de parole n'est pas tout à fait expiré?
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que nous faisons, Mme la
Présidente, c'est de faire confiance aux parties de façon
majoritaire. Les parties qui réussiront à s'entendre prendront
les décisions quant aux relations du travail et quant à la
formation professionnelle. En cas d'impasse entre les parties, il y aura des
gens sur place susceptibles de les aider, mais en cas d'impasse totale, le
président, qui ne votera pas en d'autres circonstances, exprimera son
droit de vote. Les amendements proposés de l'autre côté
sont des amendements - et je le répète - qui sont basés
strictement sur la composition d'une table de négociation d'une
convention collective. Au pourcentage, les parties représentées
et cette conception est bonne. Ce qu'on nous présente, ce sont de bons
arguments, mais pour une table où on négocie une convention
collective, non pas pour une table où on administre des programmes de
formation professionnelle et où on administre des fonds de retraite, de
l'argent des travailleurs, etc. Si vous êtes capables de franchir cette
espèce de mur du son qui s'est installé dans votre crâne,
vous aurez franchi une étape importante dans la compréhension du
projet de loi que nous sommes présentement à étudier,
j'allais dire, article par article, ce serait suffisant puisqu'on a deux
articles d'étudiés. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. J'ai la
conviction profonde que, si le ministre n'avait pas adopté l'attitude
qu'il a adoptée depuis le début de la commission, nous serions
beaucoup plus avancés dans l'étude détaillée du
projet de loi que nous ne le sommes actuellement. Nous n'avons fait
jusqu'à maintenant que notre devoir. À ce moment-ci, nous n'avons
fait qu'inviter le ministre, par les amendements que nous avons
présentés, à reconnaître les consensus qui se sont
développés entre les parties. Si, à une époque, il
pouvait être approprié, pertinent ou cohérent de
recommander que te gouvernement joue un rôle important sinon
prépondérant, maintenant les choses ont changé. Les
parties sont venues nous indiquer très clairement lors de la
consultation la semaine dernière qu'elles croyaient être en mesure
d'assumer totalement leurs responsabilités. Elles le croyaient d'autant
plus que le Parti libéral aux dernières élections, leur
avait indiqué qu'il entendait, s'il prenait le pouvoir, donner suite
à cette revendication de part et d'autre et faire en sorte que
finalement les parties assument pleinement leurs responsabilités. C'est
dans cette logique que nous avons présenté des amendements depuis
hier. C'est dans cette logique que l'amendement qui est devant nous
actuellement s'inscrit également. C'est un amendement qui finalement
permettrait aux parties de régler leurs affaires entre elles. Le
ministre nous disait: Les fonctionnaires...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux vous interrompre sans
votre permission.
M. Charbonneau: Oui, il n'y a pas de problème.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous me permettriez la
question suivante: Est-ce que vous continuez toujours de croire que l'approche
paritaire complète, c'est-à-dire que les parties soient
représentées à pourcentage, selon le sens global des
amendements, n'est pas une approche qui doit être réservée
à la question de la négociation de la convention collective?
M. Charbonneau: À mon avis, non. À mon avis, dans
la mesure où - c'est un peu l'expérience que nous avions
tentée avec le Secrétariat à l'emploi et à la
concertation et à la table nationale de l'emploi - on considère
que..
Mme Juneau: Mme la Présidente, on ne peut pratiquement pas
entendre mon collègue. Cela n'a pas de bon sens!
M. Charbonneau: Si on les dérange, ils peuvent aller fumer
de l'autre côté.
Mme Juneau: Pourriez-vous garder le silence.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ...vous seriez aussi bien d'écouter
pareil.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, j'expliquais au
ministre qu'il s'est développé depuis quelques années...
Il s'était développé, parce que depuis un an on a
cessé ce mouvement, c'est ce qui est déplorable. On avait
commencé au cours des dernières années à
élargir le champ de concertation qui doit exister entre le monde
syndical et le monde patronal. Autrement dit, les objets de négociation
doivent être plus larges qu'uniquement les objets de contractuels
à l'égard du travail ou des conditions salariales ou des
conditions de travail. Dans ce sens... Oui?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous incluriez dans les
éléments qui doivent faire l'objet d'une négociation tout
l'aspect de la formation professionnelle à partir du secondaire
jusqu'à ia formation sur le chantier?
M. Charbonneau: Pourquoi pas dans la mesure où
premièrement les parties se disent prêtes à l'assumer,
où deuxièmement le ministre continuerait d'avoir des
représentants au sein de l'organisme? Donc, il aurait à la fois
l'information nécessaire pour suivre l'évolution des questions et
savoir quand intervenir si nécessaire de différentes
façons, et il aurait aussi la possibilité d'influencer les
parties par la présence... Autrement dit, une espèce de
réaction è deux sens. La présence des fonctionnaires des
trois ministères a créé une dynamique qui permettrait
à la fois aux ministres en cause - il y en a deux actuellement, il
pourrait y en avoir à la limite trois - d'avoir à la fois
l'information et d'obtenir un "input", si on me permet l'expression, utile dans
l'évolution des travaux. Dans la mesure où on se dirigeait... On
a fait un débat l'autre jour qu'on a malheureusement et simplement
effleuré. J'espère qu'on aura l'occasion de le refaire.
Des économistes viennent de publier un document sur la
stratégie du plein emploi, en tout cas, l'objectif du plein emploi et
les façons dont, dans certains pays, on a réussi à relever
ce défi du plein emploi. Ce que l'on constate, c'est que, dans ces pays,
les partenaires économiques, c'est-à-dire le monde syndical, le
monde patronal, ont été placés en situation de
négociations sur des enjeux plus globaux, plus majeurs. On pense qu'en
ce sens le ministre voulait faire un test à l'égard, par exemple,
de la formation professionnelle dans l'industrie de la construction. Pourquoi
ne pousse-t-il pas le test un peu plus loin en se gardant des poignées
de sécurité, mais en tentant de voir dans quelle mesure dans une
industrie importante et stratégique, il est possible d'amener des
parties patronale et syndicale à des rapports qui feront en sorte que
sur des enjeux autres que des enjeux de convention collective, ces
gens-là puissent être amenés à discuter et à
s'entendre?
Le problème actuellement, c'est que vous allez bouleverser ce
processus dans la mesure où vous faites intervenir des fonctionnaires
qui ont le droit de vote. Les fonctionnaires, eux, seront comme des
empêcheurs de tourner en rond, parce qu'ils auront la balance du pouvoir.
Le député d'Ungava l'indiquait très clairement. Ils seront
l'objet de lobby de la part des deux parties et dans la mesure où il
vont... On est souvent amené à négocier et à
régler des questions quand on n'a pas le choix. Quand on a une porte de
sortie, souvent, le problème, c'est qu'on prend la porte
d'évitement et qu'on évite la confrontation ou qu'on
évite, pas nécessairement la confrontation négative, mais
la confrontation qui fait qu'à un moment donné on est
confronté à une situation et on est obligé de la
régler et de trouver une solution.
Or, on a la conviction que, dans ce cas-ci, le fait que l'on accorde
à des fonctionnaires le droit de vote, va perturber finalement les
rapports qu'il devrait y avoir et l'évolution qui devrait se faire sur
un certain nombre de questions entre le monde patronal et le monde syndical
dans l'industrie de la construction. On préfère un
mécanisme qui dirait: Après le rapport de la commission Cliche,
après avoir vécu les années qui ont suivi la commission
Cliche, et ce qu'on a vécu au cours des dernières années,
l'amélioration de la situation dans l'industrie de la construction, il
est maintenant temps de faire d'autres pas. Le ministre ouvre l'étape de
la formation professionnelle. Bon, très bien. Pourquoi ne pas aussi
permettre d'ouvrir une étape complémentaire et importante,
c'est-à-dire l'étape où les parties seraient
amenées à régler elles-mêmes les litiges?
Le ministre disait tantôt: On va avoir des gens pour les aider. On
n'a rien contre cela qu'il y ait des gens pour les aider. Ce n'est pas cela le
problème. C'est qu'on pense justement qu'ils ne pourront pas les aider
aussi bien dans la mesure où ils vont être l'objet de
sollicitations de la part tantôt de certains patrons, tantôt de
certains syndicats, et qu'à un moment donné, finalement, ils vont
souvent se trouver pris entre l'arbre et l'écorce et vont avoir à
se démarquer d'un ou à faire une alliance pour une raison ou pour
une autre avec une partie ou l'autre.
Il n'est pas dit que cela va arriver dans chaque cas. C'est
évident qu'on ne crie pas à l'apocalypse. Cela ne veut pas dire
que toutes les questions ne pourront pas, dans certains cas, amener des
terrains d'entente. Cela ne veut pas dire que toutes les discussions vont
dégénérer en culs-de-sac ou vont conduire à des
culs-de-sac chaque fois.
Ce n'est pas ce que l'on dit. Ce que l'on dit, c'est que ce n'est pas,
dans le contexte actuel, le meilleur mécanisme à notre point de
vue pour amener les parties à vraiment arriver à des ententes
solides sur lesquelles elles ne pourront pas revenir facilement. Finalement,
l'entente sera basée sur le fait que ce sont les deux parties, les
parties contractantes et payantes, et les premières
intéressées, qui auront à prendre les décisions.
C'est ce qu'on dit dans le fond. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
(17 h 45)
On dit: Pourquoi le gouvernement ne ferait-il pas le test en se gardant
des poignées de sécurité? On ne lui demande pas de donner
complètement aux parties sans avoir un mécanisme d'intervention,
à un moment ou à un autre, pour éviter des paralysies trop
profondes, trop longues ou trop lourdes de conséquences. On pense que
les parties auraient intérêt, plus souvent qu'autrement, à
être laissées à elles-mêmes quant au processus de
choix et de décision.
C'est un peu comme le Conseil des ministres où il y a des
arbitrages à faire. Dans la mesure où vous viendriez introduire
des gens de l'extérieur qui pourraient également intervenir dans
le processus décisionnel, vous éviteriez souvent que les
arbitrages ou les discussions en arrivent à des solutions acceptables ou
à des choix effectifs et solides où, par la suite, on aura une
solidarité ministérielle suffisante pour assumer et vivre avec
les décisions. Dans la mesure où, sur un certain nombre de
décisions, vous auriez des choix qui seraient faits à l'encontre
de l'une ou l'autre des parties impliquées, parce que la partie
gouvernementale aurait utilisé son poids dans un sens ou dans l'autre,
vous commenceriez à créer une espèce de
déséquilibre ou de malaise qui pourrait aller, dans certains
dossiers, en s'accentuant. Et c'est ce qu'on dit. Ce n'est pas sorcier.
Si le ministre avait accepté de faire le test de la
maturité, test qu'il avait d'ailleurs convenu de faire en campagne
électorale, on ne serait pas ici en train de continuer, après des
heures, à tenter de convaincre le ministre du bien-fondé de ces
représentations et on aurait pu passer à d'autres questions. En
tout cas, à ce stade-ci, c'est ce que j'avais à dire de plus que
ce que j'ai déjà dit hier soir et hier après-midi sur
toutes ces questions qui sont toutes reliées, car l'ensemble des
amendements qu'on a présentés sont liés les uns aux autres
et ils sont tous cohérents les uns avec les autres.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Verchères. M. le ministre.
M. Pierre Paradis M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la
Présidente, le député de Verchères a raison.
L'ensemble des amendements que l'Opposition a proposés sont
cohérents, mais ils vont dans une direction et une compréhension
de la problématique qui, selon nous, n'est pas la bonne.
On part de la situation suivante, M. le député . de
Verchères, d'un Office de ta construction du Québec, dont le
conseil d'administration est formé de gens nommés par le
gouvernement. Il n'est pas question de parties ou de paritarisme. Il n'est
même pas question de consultation. On part d'un Office de la construction
du Québec qui a strictement une vocation en matière de relations
du travail, qui aurait pu avoir, si l'article 80 avait été
promulgué ou mis en vigueur, une vocation en matière - de
formation professionnelle. On part de ce portrait. On met en place une
Commission de la construction du Québec où les parties seront
majoritairement représentées et les membres seront nommés
par le gouvernement, à la suite de consultations auprès des
différents groupes qui y sont énumérés.
La commission aura une double vocation: l'une en matière de
relations du travail, le comité mixte, l'autre en matière de
formation. On se dit: Au niveau du conseil d'administration, je vais tenter de
vous le répéter, on va donner suite à une logique,
malgré les recommandations de la Commission Cliche qui disent: Pas de
partie syndicale et pas de partie patronale. On dit que le Québec a
évolué, que les gens ont évolué et que la
maturité des parties a évolué. Nous allons leur donner la
possibilité, si elles en font la démonstration, dans chacune des
décisions de gestion qu'elles auront à prendre, de prendre les
décisions et d'avoir la majorité.
Vous nous dites: Au niveau du conseil d'administration, ne prenez pas
cette approche. Prenez l'approche négociation en relations du travail.
Appelez les parties selon leur degré de représentativité
dans le champ. Laissez-leur le vote en fonction de leur degré de
représentativité et tout va se négocier au conseil
d'administration. Lorsque vous parlez de négocier des conditions de
travail, cela va. Mais, lorsque vous parlez d'impliquer les partenaires
sociaux, non pas dans la négociation, et c'est là qu'il faut que
vous fassiez le pas, non pas dans la négociation, mais dans la gestion,
dans la gestion des ressources, dans la gestion des programmes de formation,
dans la gestion de fonds monétaires qui appartiennent aux travailleurs,
lorsque vous les impliquez comme cogestionnaires, c'est cela un conseil
d'administration. Le représentant de la partie syndicale qui y est
nommé n'est pas là pour faire de la négociation. Si vous
n'avez pas compris cet élément, vous partez de loin dans
l'argumentation ou vous ne suivrez jamais. Il est nommé là comme
gestionnaire.
Le représentant de la partie patronale n'est pas nommé
là pour aller faire de la négociation et négocier le
nombre d'heures par semaine. Il est nommé là comme gestionnaire
de la Commission de la construction du Québec. Lorsqu'on a compris que
le gouvernement implique les principaux partenaires sociaux comme gestionnaires
majoritaires d'un organisme, on peut - je comprendrais si vous le faisiez - lui
demander: Pourquoi ne les faites-vous pas gestionnaires uniques et non pas
simplement partenaires - la majorité ce n'est pas assez -c'est la
totalité. Vous ne pourriez pas, dans une suite logique, nous demander
que ce soit à partir de pourcentage. Quand vous parlez de pourcentage de
représentativité, vous parlez de négociation, vous ne
parlez pas de gestion.
Lorsqu'un administrateur syndical se prononcera sur la validité
intrinsèque d'un programme de formation professionnelle -assumons que
c'est une personne compétente pour se prononcer sur le plan de la
gestion de ce programme - est-ce vraiment capital, d'après vous? Son
vote devrait-il être différent si quelqu'un de sa centrale
syndicale a recueilli 35 % des adhésions et un autre, 15 %? Est-ce
là-dessus que la décision doit être basée ou si ce
n'est pas sur la capacité de l'individu issu du monde syndical qui va
prendre une décision en fonction de la valeur intrinsèque du
programme? Tant que ce mur n'aura pas été franchi, vous allez
revenir sans cesse en nous disant: Mettez en place quelque chose qui est
basé sur la négociation parce que tout se négocie. Il y a
des tables de négociations de prévues. Il y a un comité de
gestion, un conseil d'administration....
M. Charbonneau: ...une autre question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, certainement. Je peux vous
convaincre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je n'ai pas l'impression qu'on va s'entendre,
mais lorsque vous dites cela, vous faites abstraction du fait que, dans le
fond, même si ce sont des gestionnaires, comme ils apportent des points
de vue différents, il est évident que relativement à une
décision de gestion sur la valeur intrinsèque de tel ou tel
programme, les points de vue patronaux et syndicaux à un moment
donné vont devoir, si on veut que cela fonctionne, se concilier. Les
approches syndicales versus les approches patronales vont devoir se concilier
pour en arriver à une décision ferme de la commission ou de
l'office ou quel que soit le nom qu'on retiendra, sur ces sujets. Dans ce
sens-là, quant au processus de conciliation de ces points de vue
différents, qu'on appelle cela négociation ou autrement, il est
évident que les gens n'arrivent pas là comme des gens neutres qui
ont perdu leur chapeau.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout le monde conserve un chapeau.
J'imagine que les gens qui arriveront là, ce ne sera pas sous l'effet du
hasard. S'ils arrivaient neutres, sans chapeau, il n'y aurait pas de
distinction entre quatre patronaux et quatre syndicaux, etc., dans fa loi.
Là-dessus, je vous donne raison/ Ce qu'on demande aux gens, c'est de ne
pas arriver là en tenant pour acquis que celui qui va se prononcer sur
un programme de formation, parce qu'il est issu de telle centrale syndicale,
son vote est plus pesant que l'autre ou parce qu'il est représentant de
l'AECQ qui, théoriquement, a 15 000 membres et que l'autre est de
l'APCHQ avec 7000 membres, le vote de l'AECQ vaut deux fois sur un programme de
formation le vote de l'APCHQ. Voyons donc! Je comprends que, si on était
en vue de négociation, de convention collective ou de conditions de
travail, je pourrais faire un petit bout de chemin avec vous autres, mais en
vue de gestion, l'individu qui sera nommé là, oui, il aura une
propension, s'il vient du milieu syndical, à soutenir des arguments,
à prendre des décisions en faveur ou en fonction du moule
syndical. S'il est patronal, il aura sans doute une propension à prendre
des décisions. Mais lorsqu'il évaluera un programme de formation,
son vote vaudra-t-il plus parce qu'il vient de l'AECQ ou de l'APCHQ?
Vaudra-t-il moins parce qu'il vient de...?
M. Charbonneau: On n'a jamais dit cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Juste du côté
syndical, pas du côté patronal. Donc, cet aspect de proportions
s'appliquerait seulement du côté syndical, pas du
côté patronal?
M. Charbonneau: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, cet aspect s'appliquerait de
proportion juste du côté syndical où les votes seraient
différents et, du côté patronal, les votes seraient
égaux?
M. Charbonneau: Bien non, ce n'est pas cela qu'on dit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai l'impression qu'on est en
train de négocier les conseils d'administration en fonction des
relations du travail et des maraudages qui ont eu lieu dans le passé et
qui auront lieu dans l'avenir.
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'impression que j'ai.
M. Charbonneau: Je vais vous expliquer une affaire que vous
n'avez pas l'air d'avoir comprise. C'est vous-même qui avez
proposé quatre membres patronaux et quatre membres syndicaux. Il y a
quatre membres patronaux, alors qu'il y a sept associations patronales. Ce
n'est pas nous, c'est vous. Ce que nous disons, c'est que, dans ce cas, laissez
les parties nommer leurs représentants. Dans le monde syndical, il y en
a cinq, mais il y en a quatre qui sont plus importantes que la dernière,
le Syndicat de la construction de la Côte-Nord.
C'est pour cela qu'on a mis 5 %. Cela n'a aucun rapport avec ce que vous
dites. Je ne comprends pas votre approche et votre raisonnement. J'ai
l'impression qu'on ne parle plus de la même affaire du tout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il y a un mur qui nous
divise sur la compréhension de ce qu'est un conseil d'administration qui
a plusieurs fonctions, qui est une question de gestion, de gestion de
ressources, de gestion de programmes. Il se donne des mandats. Il peut se
créer des comités. Vous êtes braqués sur la question
de la négociation, parce que c'est la seule qui a eu lieu dans
l'industrie de la construction où les parties ont été en
contact au cours des dix dernières années. C'est lorsqu'il y a eu
des questions de négociation des conventions de travail des
travailleurs.
Vous fonctionnez dans cela comme si c'était pour être
l'unique fonction, è l'avenir, de la Commission de la construction du
Québec.
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela qu'on a dit tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous nous dites que toutes les
décisions seront prises pour autant que les parties syndicales... La
précision a été apportée. On a dit: Les patrons, un
membre, un vote. Pour les autres, cela va être chaque association
représentative qui dispose d'un vote dont la valeur relative correspond
au degré de représentativité de l'association.
Cela veut dire que, dans un programme de formation, pour donner un
exemple bien simple, si un administrateur vient d'une centrale syndicale qui,
au dernier maraudage, a obtenu 40 %, pour prendre un chiffre fictif, son vote
va valoir 40 %, quelle que soit l'idée véhiculée. L'autre,
s'il a eu 20 %, son vote va valoir 20 %, donc, un des administrateurs aura un
double vote, comparativement à l'autre. Ce n'est pas croyable de penser
qu'un conseil d'administration...
M. Charbonneau: Un instantl Entre le syndicat de la
Côte-Nord qui représente moins de l % et la FTQ et le Conseil
provincial des métiers de ta construction, j'espère que vous ne
pensez pas que l'opinion des uns et des autres a le même poids.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le même
phénomène du côté des patrons.
M. Charbonneau: Certain. Et puis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf qu'on ne le fait pas. Vous ne
réalisez pas qu'il manque...
M. Charbonneau: Sauf que, Mme la Présidente, le
problème, à fonctionner comme le ministre fonctionne
actuellement, c'est que là il discute d'un autre amendement qui n'est
même pas sur la table. Il a été déposé, mais
on n'en discute pas actuellement. Cela ne me fait rien, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous m'avez dit que c'était
global.
M. Charbonneau: II y a global et global. On est à
l'article 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est global quand cela fait votre
affaire.
M. Charbonneau: Si on veut être global sur le projet de
loi, cela ne me dérange pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela va. C'est global quand
cela fait votre affaire et pas global quand cela ne fait pas votre affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il y a
consentement, le député d'Ungava, cela fait longtemps qu'il me
fait signe pour une question.
M. Théorêt: Mme la Présidente, je vous fais
remarquer qu'il est 17 h 59.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais s'il y a
consentement.
Une voix: J'ai dépassé mon temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement. Sur une question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): II a une minute
encore, s'il y a consentement.
M. Claveau: Je voulais tout simplement dire là-dessus
qu'il faut prendre les choses telles qu'elles sont. Ce que le ministre
vient
de dire concernant les proportions et tout cela, c'est un autre aspect
qui est discutable. Je ne dis pas qu'il a nécessairement tort dans son
approche.
Mais ce n'est pas de cela qu'on discute. On discute du vote, de la
représentation des fonctionnaires. Le ministre ne peut pas dire qu'on
veut s'embarquer dans un processus de négociations comme une convention
de travail, je ne le crois pas. Sauf que, dans la réalité, si le
ministre veut ouvrir les yeux sur ce qui -se passe et regarder comment cela
risque de se monopoliser à partir de la structure qu'il propose
là, puisqu'il fait en sorte que les parties n'auront pas à se
parler.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 12)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail poursuit ses travaux
afin d'étudier le projet de loi 119 article par article, Loi modifiant
la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction.
À la suspension de nos travaux, nous en étions à
l'amendement du député de Joliette à l'article 3.2,
introduit par l'article 3 du projet de loi, et la parole était à
Mme la députée de Johnson.
Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Mme la Présidente, je vous remercie beaucoup.
Je devais intervenir cet après-midi, mais, étant donné que
certains de mes collègues étaient plus pressés que moi sur
des interventions en Chambre, vous comprendrez la situation. En période
intensive, on est obligés de s'organiser pour que tous et chacun
puissent faire le travail intensif que nous avons à faire, mais je
n'aurais jamais laissé passer le plaisir de dire ce que j'ai envie de
dire au ministre, parce qu'au moment où on se parle je trouve que le
ministre est superprudent. Avec ce qu'il noua refuse et ce qu'il amène
à la commission, j'ai l'impression qu'il ressemble à mon
père de façon plus intensive. Je vais vous expliquer pourquoi.
Mon père portait une paire de bretelles et une ceinture. Lui porte trois
paires de bretelles et trois ceintures. Il a dit: Je n'ai pas assez de nommer
quatre personnes après consultation provenant des employeurs et
d'associations d'entrepreneurs, je n'ai pas suffisamment de l'autre paire de
bretelles qui est de nommer après consultation des associations
représentatives, j'ai l'autre paire de bretelles qui dit que...
M. Chevrette: Mme la Présidente, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue va-t-il comprendre
qu'en cette commission on doit écouter l'intervenant?
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Baril: J'étais tourné par là, mais
j'écoutais.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Mïssisquoi): Je ne veux pas m'opposer
à ce que le député de Joliette soulève des
questions de règlement, mais il doit le faire suivant le
règlement, en s'adressant à la présidente. La
présidente doit lui donner le droit de parole parce que, autrement, on
peut avoir des échanges directs qui, compte tenu du caractère
parfois fougueux de certains membres de cette commission, pourraient donner
lieu à des altercations qui pourraient nuire à la bonne marche de
nos travaux.
M. Chevrette: M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue n'a pas un caractère fougueux, il a
un caractère bonasse.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Jolîette. À
l'ordre, s'il vous plaîtî J'espère que la commission va
donner sa collaboration et qu'on va écouter l'intervention de Mme la
députée de Johnson.
M. Baril: Mme la Présidente, le député de
Chevrette...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Baril: ...excusez, de Joliette voudrait réveiller le
lion qui dort.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'était pas
une question de règlement, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscaminque. À l'ordre!
M. Chevrette: Je ne voulais pas le faire, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
À l'ordre!
M. Gauthier: C'est une question de cage.
La Présidente (Mme Bélanger): À
l'ordre!
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Mme la Présidente, j'ai un profond regret de
voir l'attitude de. mes collègues face à nos invités.
J'espère que nos invités ont participé au même
souper que nous. Donc, ils vont comprendre pourquoi.
J'étais en train de dire que notre ministre est superprudent
parce qu'il a trois paires de bretelles et trois ceintures ou quatre paires de
bretelles et quatre ceintures. J'étais rendue au troisièmement de
l'article 5.2. "deux, recommandés par le ministre du Travail;" Non
seulement c'est lui qui nomme quatre membres après consultation des
employeurs et quatre membres après consultation des associations
représentatives, mais avec son autre paire de bretelles et sa ceinture,
il va nommer deux membres recommandés par le ministre du Travail et un
membre recommandé par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. De plus, il va même en suggérer
un au ministre de l'Éducation. C'est trois paires de bretelles et trois
ceintures. Avec cela, si ses culottes tombent à terre, ce n'est pas
notre faute.
Une voix: Et une visière.
Mme Juneau: Le ministre, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas... Je n'utilise peut-être pas les mêmes termes que ceux
entendus pendant les audiences publiques, mais je suis persuadée que
cela veut dire la même chose. Cela veut dire une mise en tutelle. Ces
gens ont répété cela maintes et maintes fois. Je n'utilise
pas les mêmes termes, mais je suis persuadée que le ministre fait
exactement, sans l'avouer, la même chose qui est prévue dans la
loi.
Tout à l'heure, avant le souper, il y a eu une intervention
très longue en réponse à mon collègue d'Ungava.
J'ai pris quelques notes et vous me permettrez de lui poser des questions sur
les notes que j'ai prises. Il a dit, entre autres: La formation telle que vous
nous la proposez. Vous, c'est nous et nous, c'est vous, c'est-à-dire que
l'Opposition nous propose telle chose. L'Opposition a proposé certains
amendements et a été très transparente. Je pense que le
ministre est prêt à l'admettre devant tous et chacun. On a
proposé plusieurs choses et on a déposé tous nos
amendements pour que le ministre ait le temps d'évaluer l'ensemble du
portrait de ce qu'on voulait l'amener à comprendre et à
évaluer.
À la suite de l'évaluation de tout ce que l'Opposition a
mis sur la table, le ministre a dit: Avec vos amendements, la formation est
vouée à l'échec. Vous avez dit cela, M. le ministre, en
réponse à mon collègue. Pourquoi dites-vous que, si on
suit exactement les amendements que nous vous avons proposés, nos
amendements sont voués à l'échec et qu'avec votre projet
de loi, il semblerait que cela coulerait dans l'huile?
C'est ce que vous dites, remarquez bien. Je voudrais que vous me donniez
certaines réponses après mon intervention. Vous avez dit aussi:
J'espère que vous comprendrez que les syndicats auraient un aspect de
négociation, mais à tous les deux ans, parce que leur approche
est toujours la même, conflictuelle.
Oui, la nôtre... J'ai pensé que cela voulait dire la leur
aussi. C'est bien. Si cela ne vous fait rien, ramassez tout cela dans un petit
paquet et vous me direz après ce que vous en pensez.
Une voix: C'est comme dans le projet de loi, ce n'est pas
clair.
Mme Juneau: M. le ministre, vous avez dit à plusieurs
reprises que vous étiez ouvert et compréhensif face au monde de
la construction. Nous avons, comme tout ce monde-là, compris que vous
étiez un ministre qui souhaitait faire une loi qui ressemble à ce
que vous aviez promis. Mais vous aviez promis le contraire de ce que vous dites
aujourd'hui. Ce que vous nous amenez aujourd'hui, c'est exactement le contraire
de ce que vous aviez prévu dans l'esprit de vos engagements. Ce ne sont
pas exactement les engagements en question.
Aujourd'hui, nous nous attendions, comme beaucoup d'autres
Québécois et Québécoises, à ce que vous
teniez vos engagements. Mais on se rend compte que ce n'est pas
nécessairement ce que vous dites. Vous avez admis à plusieurs
reprises, depuis le début de cette commission parlementaire, que vous
aviez des contacts dans le monde de la construction. Vous avez également
admis que, nous aussi, nous pouvions en avoir. Je ne sais si l'on parle aux
mêmes gens. On arrive peut-être à la même
réponse. Mais, nous, nous disons ce que l'on nous a dit et, vous, vous
dites ce que vos fonctionnaires vous ont dit. On aimerait bien que vous
puissiez arriver à la même réponse que nous, parce que vous
nous avez répété maintes et maintes fois que ce que vous
vouliez, c'était proposer une loi en vertu de laquelle il y aurait une
ouverture massive ou très grande par rapport à l'inclusion des
jeunes dans le monde de la construction. Là-dessus, je pense qu'on ne se
fera pas de mal, ni vous, ni moi, ni le Parti libéral, ni l'Opposition,
parce que ce que l'on veut, après les années difficiles que l'on
vient de passer, c'est de créer un débouché pour ces
jeunes qui se demandent pourquoi ils sont là et qui pensent que, nous,
les adultes, nous allons être capables de les aider à faire le pas
supplémentaire pour être admis dans ce monde d'hommes et de
femmes. J'ai cru à cela et j'y crois encore. Je pense que, si vous
êtes en mesure d'accomplir ce que l'on souhaite tous, vous allez
être aussi en mesure de faire des ouvertures, si vous y
croyez.
Écoutez bien, je n'ai pas envie de vous entraîner dans un
guêpier ou quoi que ce soit d'autre, M. le ministre. Je pense que si vous
évaluez l'ensemble des propositions et que vous croyez que, si cela fait
consensus parmi les gens qui interviennent dans l'industrie de la construction
et chez d'autres intervenants - les avocats, les négociateurs ou
d'autres - on en arrivera à comprendre que c'est cela et que cela ne
nuira à personne... Ce n'est pas une question de défendre ce
qu'il y a d'écrit dans le projet de loi, à mon point de vue, mais
de discuter ensemble, de discuter tellement bien et tellement clairement que
l'on va en arriver à la position que ce que l'on croit et ce que l'on a
envie de faire pour nos jeunes, ce sera cela.
Si le ministre veut être honnête avec tout cela - je pense
qu'il l'est aussi, je n'en disconviens pas - je pense qu'il va comprendre que
ce que l'on fait aujourd'hui, c'est de donner leur place à nos jeunes.
J'ai six enfants - j'ai des jeunes chez nous - et, entre autres, un qui ne
travaille pas, je l'avoue humblement. J'aimerais qu'il soit sur le
marché du travail. Il a terminé ses études et il aimerait
travailler. Je me dis que, si l'on est capable, par une loi ou par une autre,
surtout par celle-là parce que c'est celle dont on discute, de donner la
chance à ces jeunes de se trouver un emploi, de vivre heureux dans la
vie et de savoir qu'ils ont aussi quelque chose à faire dans cette vie
et qu'on les accepte tels qu'ils sont, on va avoir fait un grand pas en
avant.
Si le ministre croit que l'amendement que l'on vient de faire rejoint
l'ensemble de3 formations, des syndicats, des patrons ou d'autres
négociateurs, je pense qu'il va avoir fait un grand pas en avant. Mon
collègue a beaucoup d'expérience dans les négociations;
moi, je ne peux pas vous en dire autant. Je négocie, mais avec mes
enfants, quand j'ai des difficultés. Mon collègue, le leader de
l'Opposition, a beaucoup d'expérience en ce sens, et je pense que je lui
fais confiance. Il ne vous aurait pas proposé un amendement semblable
s'il n'avait pas été conscient du fait qu'il y avait des choses
faisables en ce sens. Dans tout cela, M. le ministre, dans le fait que vous
nous obligiez à accepter que des fonctionnaires soient là
à prendre des décisions, lorsque vous savez très bien que
les fonctionnaires ne sont pas des élus, mais des personnes
engagées pour exécuter des ordres, dans le fait que vous leur
donniez par cette Commission de la construction le pouvoir de donner des avis,
il me semble qu'il y a quelque chose d'inquiétant dans tout cela.
Les avis que le fonctionnaire va donner vont provenir de quelque part.
L'endroit d'où ils vont provenir, j'ai bien l'impression que ce sera de
la personne qui l'a engagé à faire ses messages. Cela me fait
peur parce qu'un fonctionnaire - même s'il rend d'énormes
services, et je n'en disconviens pas, j'en ai chez nous, dans la région
de l'Estrie, et je les aime beaucoup, ils travaillent très bien; ce
n'est pas là-dessus - ce n'est pas une personne qui doit donner des
ordres; au contraire, il doit exécuter certains ordres qui proviennent
de plus haut. Cela m'inquiète en ce sens.
Si vous les gratifiez de certains pouvoirs décisionnels, dont
vous voulez bien nous faire part ici, à ce moment, je m'inquiète
parce que je trouve que cela vous donne trop de pouvoir. J'ai toujours peur
d'un monopole parce qu'à mon avis, quand il y a un monopole quelque
part, c'est toujours le petit qui paie. En ce sens, M. le ministre, je pense
beaucoup aux petits. Je pense beaucoup aux jeunes. Je pense que vous me
comprenez très bien.
Donc, j'espère que dans l'éventail des solutions qui vous
seront proposées vous allez trouver quelque chose de très
pertinent pour vraiment atteindre l'objectif qu'on s'est tous fixé,
c'est-à-dire laisser la place aux jeunes. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Johnson, si j'avais été assis à votre place, sur votre
chaise, j'aurais à peu près posé les mêmes
questions. À un moment donné, il faut prendre des
décisions. Les questions que vous posez méritent des
réponses. Je ne sais pas si j'ai convaincu votre leader, le
député de Joliette, mais je pense que j'ai convaincu à peu
près tout le monde et peut-être que le dernier geste concret a
été l'exclusion des jeunes du gel de quatre mois. On a même
fait, à ce moment, une ouverture spéciale pour les jeunes.
Je pense que le message est clair, qu'il est incrusté dans la loi
et, sans avoir ce qu'on appelle de la discrimination positive, il y a un
préjugé très favorable qui s'exprime tout au long.
J'espère que les dirigeants ou les administrateurs de la commission
continueront à le véhiculer dans les années à venir
parce qu'eux vont avoir une large part de décisions à
prendre.
Quand vous me parlez des fonctionnaires, vous me posez exactement la
question que je me suis personnellement posée. Est-ce que ces gens sont
là pour décider au nom du peuple ou s'ils ne sont pas
plutôt là pour exécuter les ordres que ceux et celles qui
ont été élus quelque part donnent et pour exécuter
les ordres comme tels.
J'aimerais aller siéger, à un moment
donné, à la Commission de la construction du
Québec, mais j'ai d'autres occupations dans la vie. J'aimerais
peut-être vous nommer... Vous avez d'autres occupations. Je suis parti,
par exemple, d'une prémisse pour composer le conseil d'administration -
c'est peut-être là que j'aimerais vous ramener - qui est
différente de la prémisse que votre formation politique a choisi
de prendre, à la suggestion des parties ou de certaines des parties. Je
vais être aussi réceptif que cela - il n'y a pas complète
unanimité - mais on demandait une représentation et c'est normal,
quand cela vient des parties, ia plus forte possible des parties. (20 h 30)
On est parti d'une position, l'OCQ: cinq personnes nommées par le
gouvernement. Depuis la commission Cliche, ce sont des nominations
gouvernementales, c'est toujours sous le contrôle des fonctionnaires,
complètement, mais c'est majoritairement dans les mains des parties
depuis novembre, depuis la dernière nomination que j'ai faite parce que
j'ai nommé une autre partie importante qui avait été mise
de côté pendant des années dans l'industrie de la
construction et qui méritait d'être là.
Présentement, je dis que les parties ont évolué, qu'elles
ont acquis de la maturité et de l'expérience. Je pense qu'elles
sont capables, ensemble, d'en arriver à des consensus. Je vais à
l'encontre des recommandations de la commission Cliche. Je ne me suis pas
gelé en 1976. J'ai pris la commission Cliche qui me disait: Une
commission où les parties n'étaient pas là. J'ai dit: Non,
non! C'est ce que disait la commission Cliche: Une commission où les
parties ne seraient pas là. Il y avait même un juge pour
présider la commission. Je ne me suis" pas arrêté au
fonctionnement du Québec en 1976, j'ai dit: Les parties ont
évolué depuis ce temps, faisons-les participer. Non seulement
cela, mais donnons-leur la possibilité d'être majoritaires dans la
prise de décision, si elles font preuve de suffisamment de
maturité pour s'accorder. Faisons-les siéger également
avec des gens qui possèdent, sur le plan technique, une expertise qui
est nécessaire surtout venant du ministère de l'Éducation,
venant du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu et du ministère du Travail. Mettons tous ces gens autour d'une
table: des patrons, des syndicats, avec des fonctionnaires et une pleine
participation, donc une commission tripartite. Demandons aux gens des
syndicats, aux patrons et aux fonctionnaires la bonne volonté suffisante
pour qu'ils prennent leur rôle non pas comme un rôle de "j'en
arrache à l'autre" et "m'en donnes-tu?", etc., mais de gestionnaires.
Faisons confiance et tentons cela.
Votre formation politique m'apporte une série d'amendements sur
la composition et me dit: Enlevez complètement les fonctionnaires de
là, laissez cela paritaire; en ce qui concerne les employés, les
travailleurs et les syndicats, que leur vote représente le pourcentage
qu'ils ont obtenu au dernier maraudage et que ce soit ajusté dans les
années futures. Je vous reproche finalement de tenter de transposer la
table des négociations des conditions de travail en une table de conseil
d'administration.
Pour vous donner un exemple, M, Louis Laberge siège à
plusieurs conseils d'administration d'institutions importantes. Je pense qu'il
siège à celui de la Caisse de dépôt et placement,
pour vous donner un exemple. Quand il vote, lui dit-on: M. Laberge, vous
représentez je ne sais pas quel pourcentage des syndiqués de la
province, votre vote vaut tant? Et vous, à côté, votre vote
vaut tant. Quand il vote à la Caisse de dépôt et placement,
son vote est plein et entier. Je ne dis pas que, quand il donne son vote, il ne
tient pas compte de son passé, de son "background", de sa
journée, de son environnement et de ce qu'il représente dans le
quotidien, ce n'est pas cela que je dis. Je dis qu'il vote comme un
gestionnaire, comme un administrateur.
Ce que je demande aux parties syndicales, ce que je demande aux parties
patronales et ce que je demande aux parties gouvernementales autour de cette
table, c'est d'être capable de faire pareil. J'ai confiance qu'elles
soient capables de faire pareil. Mais je vous dirai qu'au moment où on
se parle je ne suis pas convaincu qu'on ait compris encore, ni du
côté de l'Opposition ni du côté de certaines
parties} quel est le rôle qu'un administrateur à la
Commission de la construction du Québec aura à jouer. J'ai
l'impression que certains individus - ce n'est pas de la mauvaise foi, cela
fait dix ans que c'est comme cela - ont compris qu'ils s'en allaient là
en négociations de relations du travail, pour barguiner des relations du
travail, des heures, des salaires, des choses honnêtes à
barguiner.
Mme Juneau: M. le ministre, vous venez de dire deux fois de
suite: J'ai confiance, j'ai confiance. Et au tout début de votre
intervention, quand vous répondiez à mon collègue
d'Ungava, vous avez dit: Si c'est comme cela, c'est voué à
l'échec. Je ne peux pas comprendre que vous disiez: J'ai confiance, j'ai
confiance. Et si vous leur donnez cette confiance, vous dites que ce sera
voué à l'échec. Sacrifice! Où êtes-vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous expliquer cela bien
vite, Mme la députée de Johnson. Si je prends l'approche que vous
me suggérez...
Mme Juneau: Vous leur faites confiance, oui ou non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, si je prends l'approche
que vous me suggérez, de transférer au conseil d'administration
les positions d'une table de négociations, je les prends et je les
transfère au conseil d'administration, oui, c'est voué à
l'échec! Si je prends ce qu'il y a présentement dans la loi, je
n'ai pas dit que cela baignerait dans l'huile. Si les parties sont capables de
comprendre ce que d'autres parties ont déjà compris dans d'autres
conseils d'administration d'autres organismes gouvernementaux ou
paragouvernementaux, soit qu'il s'agit d'aller là en gestionnaire, oui,
avec ses préjugés et avec son environnement, mais en
gestionnaire, non pas en personne disant: Mon vote vaut 48 %, le vote de mon
voisin vaut 32 %, le vote de mon autre voisin vaut 14 %... Il faut absolument
que je m'oppose au patron. Si l'idée vient d'un des représentants
des patrons, il faut que je m'y oppose. Ou le patron dit que, si l'idée
vient de l'autre côté de la table, d'un représentant de
syndicat, il faut qu'il s'y oppose absolument, automatiquement. Si on entre au
conseil d'administration avec cette mentalité, cela ne fonctionnera pas,
Mme la députée de Johnson. Si on y entre avec
l'élévation nécessaire qu'un gestionnaire doit avoir et
dont des personnes issues du milieu syndical, du milieu patronal et du milieu
gouvernemental ont déjà fait montre dans d'autres organismes, je
me dis qu'avec des gens à esprit ouvert, cela peut fonctionner.
Mme Juneau: M. le ministre, je pense que certaines
évocations que vous faites sont vraies au moment où on se parle.
Si on arrive avec une barrière psychologique et qu'on dit que cela ne
marchera pas, cela ne marchera pas, c'est bien sûr. Mais avec la
confiance et la bonne volonté... On a dit que c'est une chose qui s'est
peut-être passée, mais vous avez admis publiquement qu'il fallait
faire confiance. Je me dis que, si vous êtes d'accord pour faire
confiance et si on arrive avec ce nouveau concept de dire... Avant,
c'était cela, on arrivait avec une idée de conflit, de bataille
ou de rapport de forces. Je ne disconviens pas de cela.
Si, aujourd'hui, après plusieurs années, on en arrivait
à ce point où on dirait qu'il faut se parler? Il faut se parler,
il faut s'asseoir. Même si on a plusieurs syndicats qui s'assoient
à la même table, on se bataille pour la même chose,
c'est-à-dire, au moins, pour qu'il y ait de la place dans le monde de la
construction. C'est pour cela qu'on étudie ce projet de loi. Ceux qui
n'ont plus d'affaire là, qu'ils ne, soient plus là. Est-ce que
c'est clair, cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est plus que cela, mais cela
fait partie de cela.
Mme Juneau: Oui, je sais que c'est plus que cela, mais c'est
quand même cela. Mais, si on dit qu'on fait confiance aux gens, ils se
voient dans un entonnoir quand même, parce qu'ils ont dit: Crime, si on
ne s'assoit pas à la même table et qu'on n'essaie pas de se
parler, on sait qu'on va se faire zigouiller. C'est exact?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Zigouiller, c'est un gros mot.
Mme Juneau: En tout cas, entendons-nous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a quelqu'un d'autre qui va
décider.
Mme Juneau: Voilà. J'avais bien compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci.
Mme Juneau: À ce moment, si on dit que ces gens sont en
face d'une situation comme cela aujourd'hui et qu'ils savent que c'est le
précipice. Je ne voudrais pas vous comparer à un précipice
à côté... Je m'excuse de la comparaison que j'ai prise.
Mais je me dis que, si à côté de cela... Ils se voient dans
l'entonnoir et ils se disent: Si on ne fait pas consensus, il va arriver autre
chose. Alors, entre le pire et le moins pire, ils vont prendre le moins pire.
Je fais confiance pour vrai. Je pense qu'ils sont capables de prendre ces
décisions. D'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On fait confiance. On l'a
indiqué avant les élections et pendant les élections. On
demeure les mêmes après les élections. Vous avez fait
référence, Mme la députée de Johnson, au programme
du Parti libéral. On dit à l'engagement 6b du programme que les
représentants des travailleurs et des salariés géreront
avec des préposés du gouvernement des institutions de formation
professionnelle pour répandre aux besoins du marché.
Mme Juneau: Ce sont eux qui vont gérer, pas vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vous jure que je n'irais
pas, pendant que je vais être ministre du Travail, m'asseoir là.
Je ne pense pas en avoir le temps. On fait confiance aux parties. Les parties
sont majoritaires dans le conseil d'administration. Les parties qui
s'entendront fonctionneront et il n'y aura pas de problème. Mais
j'hésiterais, parce que j'ai été mis en garde... Cela
demeure vrai. Il y a des choses, dans la mécanique, qui changent. Mais
j'ai été mis en garde de ne pas transférer le processus de
négociations des conditions salariales à un conseil
d'administration, à moins que M. le député de
Joliette ne m'indique qu'il n'est plus d'accord - je ne parlerais pas de
recommandation, ce n'est pas une recommandation - avec cette réflexion
contenue dans le rapport Cliche, de ne pas transférer la même
mécanique, parce que c'est trop facile de retomber dans des processus
d'affrontement.
C'est difficile, ce qu'on fait là. Mais les parties le
réclament depuis 1972 ou 1973. Je n'accuse pas juste... Je n'essaie pas
de chercher des dates pour dire que c'est la faute du Parti
québécois. Les parties réclament d'être
impliquées. La commission Cliche dit: Faites attention! Nous, on dit: On
va vous impliquer majoritairement, puis la formation, les parties la
réclament depuis la même date. Jamais un gouvernement n'a
osé le faire, parce que c'est difficile. Je ne dis pas que c'est facile.
Si cela avait été facile, que pensez-vous que vous auriez fait au
pouvoir il y a un an?
Mme Juneau: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous l'auriez fait si cela avait
été facile, à votre façon à part cela, avec
vos petites manières à vous autres. On n'aurait peut-être
pas été contents des petites manières, mais on aurait au
moins eu - là, je me replace dans l'Opposition - la franchise de dire:
Oui, vous êtes dans la bonne direction maintenant. Venez discuter en
commission parlementaire des modalités qui sous-tendent...
M. Gauthier: C'est quasiment une question de privilège,
Mme la Présidente.
Cela se peut-il de dire des affaires de même?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! II n'y a pas de question de privilège.
M. Gauthier: Quand on le connaît! Cela se peut-il?
Une voix: Voyons! Visiblement, il n'y a pas de question de
privilège.
M. Chevrette: Me permettez-vous de poser une question?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre temps de parole
est écoulé, M. le député.
M. Chevrette: Oui, mais s'il donne son consentement, on...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement. Je n'ai pas...
Mme Juneau: Mme la Présidente, je vais lui donner le temps
qu'il me reste.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, Mme la
députée de Johnson, cela ne marche pas comme cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement.
La Présidente (Mme Bélanger):
D'accord. M. le député de Joliette.
Une voix: Pendant ce temps-là, il ne fume pas son
cigare.
M. Chevrette: Mme la Présidente, ce que je veux savoir du
ministre... Étant donné qu'il y a ces quatre représentants
du gouvernement, ce ne sont pas nécessairement quatre fonctionnaires.
À partir du fait que ce ne sont pas nécessairement quatre
fonctionnaires, cela pourrait bien être quatre patrons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Techniquement, cela pourrait
être quatre professeurs d'université, quatre patrons, quatre
syndicats.
Une voix: Quatre députés, quatre femmes.
M. Chevrette: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais des gens qui...
M. Chevrette: Mais comment pouvez-vous confirmer que c'est
tripartite? C'est ce que j'ai de la misère à comprendre dans
votre raisonnement et j'aimerais que vous me l'expliquiez, parce que si vous me
dites... Je me base toujours sur le texte de loi. Le texte de loi ne dit pas
que ce sont quatre fonctionnaires automatiquement, même si on a
utilisé depuis le début de nos discussions quatre
fonctionnaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce vocabulaire-là.
M. Chevrette: Ce sont quatre représentants du gouvernement
ou des ministères.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des ministères.
M. Chevrette: Mais cela pourrait être quatre personnes
issues du monde patronal, comme cela pourrait être quatre personnes
issues du monde syndical. À ce moment-là,
comment peut-on affirmer qu'il y a un équilibre parfait des
forces en présence quand de par sa nature cette industrie est
gérée par des patrons et par des syndicats? Cela ne se concilie
pas dans ma tête.
Si ce sont quatre fonctionnaires, leur rôle, entre vous et moi,
c'est beaucoup plus de conseils, d'observations et d'acheminement des
politiques du ministère ou des ministères, puisqu'il y en a trois
en l'occurrence. Mais si vous décidez dans votre sagesse que ce sont
quatre personnes du monde patronal, vous brisez vous-même
l'équilibre potentiel de la commission sur des sujets bien
précis. Ce ne sont pas patrons et syndicats qui s'affronteraient, ce
seraient patrons et syndiqués. Mais l'inverse est aussi vrai. À
ce moment-là, je comprends mal votre thèse de dire que vous
voulez établir deux forces en présence qui vont se parler et qui
vont arriver à des conclusions, alors que vous avez vous-même la
clé, par des nominations directes et cette fois-ci sans aucune
consultation, vous avez la clé de prendre pour une partie ou pour une
autre de par vos propres nominations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Joliette, votre interprétation est juste.
M. Chevrette: Théorique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Théorique. II s'agit de
quatre nominations, si je peux utiliser l'expression - c'est plus précis
que cela - globalement, de quatre nominations gouvernementales. On s'entend? Un
par le ministère de la Main-d'Oeuvre...
M. Chevrette: Un recommandé par le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par le ministre, oui. Il s'agit de
quatre nominations gouvernementales. Théoriquement, le ministre du
Travail pourrait - il en nomme deux -prendre fait et cause, à un moment
donné, et dire: Cette commission, je choisis de l'influencer dans telle
direction. C'est ce qu'il fait quand il nomme, à un moment donné,
deux personnes issues du milieu syndical. Le ministre de l'Éducation
pourrait dire: Cela n'a pas de bon sens, etc. Ce sont des nominations
gouvernementales et on siège à ce titre. On pourrait choisir, les
quatre ministres, des universitaires. On pourrait choisir des parlementaires...
Non, c'est vrai, il y a confusion.
M. Chevrette: C'est impossible. (20 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je le retire. On pourrait choisir
à peu près n'importe qui dans une société, sauf des
parlementaires. Ils siégeraient là à titre de
représentants gouvernementaux. Vous pouvez faire le scénario que
vous voudrez, un gouvernement qui nommerait quatre individus associés
à des centrales syndicales, directement associés à des
centrales actives, poserait un geste délibéré. Il dirait:
Je veux que cela prenne cette orientation. Le gouvernement, dans toute
société, conserve l'initiative de ses orientations et de ses
directions; il en fait part à la population à l'occasion
d'élections tous les quatre ans ou quatre ans et demi et, s'il prend des
bonnes directions, des directions que le peuple approuve, il est
réélu; s'il prend d'autres directions, il en subit les
conséquences. C'est la démocratie.
Au moment où l'on se parle, les gouvernements... On peut lire
l'article de loi qu'on discute présentement. On dit: "L'office est
formé de cinq membres, dont un président, nommés pour au
plus cinq ans par le gouvernement qui fixe leur traitement et leurs conditions
de travail." Il peut prendre n'importe qui dans la société.
M. Chevrette: ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le gouvernement aurait pu prendre
quatre représentants patronaux...
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...au moment où l'on se
parle, sans consultation avec personne.
M. Chevrette: Bien sûr, mais, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est une nette
amélioration.
M. Chevrette: Permettez-moi trente secondes pour préciser
ma question. Je pense que vous n'avez pas tout à fait compris ce que je
veux.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est votre
dernière intervention, M. le député.
M. Chevrette: C'est vrai que vous avez un droit absolu de
décider; je le comprends et c'est une décision politique qu'un
ministre ou un gouvernement doit assumer, mais par rapport à votre
discours... Vous dites que vous responsabilisez les parties. Par votre pouvoir
discrétionnaire, vous pouvez déséquilibrer les forces en
présence, ce qui n'est plus cohérent avec le discours que vous
tenez; c'est seulement cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous indiquer
spontanément que - c'est peut-être pourquoi j'ai utilisé ce
vocabulaire -pour en avoir discuté avec lui, je pense qu'il
est des intentions du ministre de l'Éducation de
déléguer un fonctionnaire. Je peux vous parler des intentions du
ministre du Travail et je peux vous parler des intentions du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, c'est la même
chose.
Vous m'avez posé la question suivante: Est-ce que vous pourriez
déléguer quelqu'un d'autre qui n'est pas fonctionnaire, de la
façon dont l'article est rédigé? Je vous ai répondu
oui spontanément, je pense; il n'y a pas de cachette là-dedans.
Si j'ai un successeur un jour, libéral, péquiste, unioniste ou
créditiste, qui choisit une autre orientation, il portera le poids de
ses décisions sur le plan politique, il les expliquera sur la place
publique et il sera interrogé à l'Assemblée nationale du
Québec. S'il prend des décisions qui ont pour conséquence
de rompre les équilibres qui sont considérés comme des
acquis précieux dans une société, il mettra ses grandes
culottes avec ses trois paires de bretelles et ses trois ceintures et il
s'attachera.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Avant d'appeler le vote, je vais lire l'amendement. "L'article 3 du
projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction, est modifié en ajoutant, après le
paragraphe 5 , l'alinéa suivant: Les membres nommés selon les
paragraphes 3, 4 et 5 ne votent pas. Ils participent cependant aux
délibérations. Le mandat des membres se termine à la date
d'expiration du décret." M. le secrétaire, est-ce que vous voulez
appeler le vote?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Je suis tout pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortin (Marguerite- Bourgeoys)? M.
Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Pour.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)? M.
Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)? M.
Maltais (Saguenay)?
M. Chevrette: Il n'y est pas.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: L'amendement de mon collègue? Bien sûr
que je suis pour.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
M. Chevrette: Quand vous aurez fait le décompte, je veux
parler.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Rouyn-Noranda
Témiscamingue! Dernier avertissement! Contre: 9; pour: 4. La motion est
rejetée sur division.
Motion proposant que la nomination
du président soit entérinée
par
une majorité syndicale et
par une majorité patronale
M. Chevrette: Mme la Présidente, je fais donc une motion
d'amendement. Ce sera mon dernier sur l'article 3 parce que cela dispose d'une
série que j'ai remise au
ministre, bien sûr, par concordance. Mais je voudrais lui donner
une dernière chance de démontrer sa confiance aux parties en
proposant... Cela modifie celte que j'avais déjà
déposée à cause des amendements déjà battus.
Donc, c'est pour cela que j'en dépose un nouveau dont je vous remets
copie.
L'article 3 du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations
du travail dans l'industrie de la construction, est modifié en y
ajoutant un nouvel article 3.2.1 se lisant comme suit: "3.2.1 Le
président est nommé par les membres du conseil d'administration,
qui sont nommés conformément aux paragraphes premier et
deuxième de l'article précédent. Pour valoir, la
nomination doit être entérinée par une majorité
syndicale et par une majorité patronale. Son mandat est pour une
durée d'au plus 5 ans. "Les parties doivent nommer un président
dans les 60 jours d'un avis du gouvernement à cet effet. À
défaut, par les parties, de nommer un président dans le
délai imparti, le gouvernement désigne le président."
Je l'explique brièvement...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, avant de passer à...
M. Chevrette: Excusez.
La Présidente (Mme Bélanger): ...cet
amendement.
M. Chevrette: Oui, oui. J'y ai pensé. Vous voulez vous
prononcer sur la recevabilité?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est parce
qu'il faudrait peut-être voter sur l'article 3.2 parce qu'on change
d'article.
Des voix: Non, non.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous ajoutez un
article.
M. Chevrette: Je l'intitule l'article 3.2.1.
La Présidente (Mme Bélanger): On a voté sur
les articles 2, 3 et 3.1. On serait rendu à...
M. Chevrette: Je ne m'obstinerai pas avec vous
là-dessus.
Une voix: Mais on ajoute... C'est un amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): On introduit un
nouvel article, alors il faudrait voter sur l'article 3.2.
M. Chevrette: Sur division, madame. Mme Juneau: Sur
division.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté sur
division.
M. Cannon: Hier soir, nous n'avons pas voté sur...
M. Chevrette: C'est l'article 3.2 au complet. C'est correct. On
n'a voté sur aucun élément parce que cela faisait partie
du tout. Mais en demandant le vote sur l'article 3.2, je pense que la
présidente rectifie le tout. C'est bien sûr que c'est sur division
parce qu'on s'est fait battre sur tous nos amendements.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.2
introduit par l'article 3 est adopté sur division.
M. Chevrette: Oui. Mon amendement, mon ajout, est-il
recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, il est
recevable.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente.
M. Cannon: Hier soir, lorsque vous avez
déposé...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, vous devez vous adresser...
M. Chevrette: Je me trouve à amender. Du fait qu'il y ait
eu des amendements de rejetés, il est bien évident qu'il faut que
je fasse les concordances. Hier, c'était "nommé par le nouveau
conseil d'administration" qui était composé de deux parties
seulement. Il est bien évident que, le conseil d'administration
étant adopté avec trois parties, des fonctionnaires, des patrons
et des syndicats, il faut que je refasse mon amendement pour réserver le
pouvoir de décision à deux des trois parties du conseil
d'administration.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai une question, Mme la
Présidente. Est-ce que le conseil d'administration a été
adopté? Ce que j'ai compris, c'est qu'on avait voté...
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, cela a été
adopté.
M. Chevrette: Oui, elle vient d'adopter l'article 3.2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 3.2 est
adopté?
M. Chevrette: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.2 a
été adopté sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Maintenant, si on ajoute
un article, suivant l'ancien règlement Geoffrion - il n'y a pas de
précision dans le règlement actuel - ne sommes-nous pas
supposés disposer des articles déjà imprimés? Si,
par la suite, il y a de nouveaux articles qui nous arrivent, nous disposons des
nouveaux articles? Non, il est recevable, mais dans le temps...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article qui est
ajouté est à l'article 3.2. Cela va être l'article
3.2.1.
M. Chevrette: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas un amendement, c'est
un nouvel article. Ce n'est pas: changer telle affaire pour telle affaire. Je
n'ai rien à cet effet.
La Présidente (Mme Bélanger): Peut-être qu'au
lieu de parler d'un amendement, ce serait un nouvel article que vous
ajoutez.
M. Chevrette: Non, non. C'est un amendement à l'article
3.2.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas à
l'article 3.2, mais à l'article 3.
M. Chevrette: À l'article 3... M. Théorêt:
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'article
3...
M. Théorêt: ...une question de... Une voix:
C'est un nouvel article.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est un amendement
à l'article 3...
M. Théorêt: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): ...qui va s'appeler
3...
M. Théorêt: ...demande de directive.
Une voix: L'article 3.2.1, c'est un nouvel article.
Une voix: Ce n'est pas compliqué. C'est un amendement
à l'article 3.3.
Une voix: II s'agit de...
M. Chevrette: Laisse-les faire. On va les laisser aller.
La Présidente (Mme Bélanger): ...qui est un
amendement, M. le ministre, à l'article 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous suggère qu'en
comité plénier les différentes parties d'un projet de loi
public sont examinées dans l'ordre suivant: les articles
imprimés, les articles imprimés qui ont été
différés et les articles nouveaux. Il s'agit d'un nouvel
article.
M. Chevrette: Qu'il lise un peu plus loin.
Une voix: L'article 564.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ligne par ligne, suivant l'ordre
dans lequel il se lit. Là, c'est une question d'impression.
M. Théorêt: Juste une directive, Mme la
Présidente. Comment peut-on présenter un amendement après
qu'un article a été adopté? Si j'ai bien compris,
l'article 3.2 a été adopté dans son ensemble. Comment
peut-on y ajouter un amendement?
M. Chevrette: L'article 3...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Théorêt: II est adopté,
M. Chevrette: ...c'est la commission, d'accord.
Une voix: C'est exact.
M. Chevrette: La commission, c'est la commission.
M. Théorêt: 1, 2, 3 et 4.
M. Chevrette: Non, je m'excuse, juste 30 secondes. C'est 3. Il y
a un conseil d'administration formé de cette façon...
M. Théorêt: D'accord, cela a été
adopté.
M. Chevrette: ...et il y a un président qui est
nommé d'une autre façon. C'est ce que j'ajoute. Cela, c'est tout
à fait recevable. C'est pour la composition globale des membres du
conseil d'administration.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne dis pas que ce n'est pas
recevable, je vous demande dans quel ordre cela doit être traité.
Il s'agit d'un nouveau...
M. Chevrette: C'est dans l'ordre de la composition du conseil
d'administration de la...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien non, je m'excuse, c'est dans
l'ordre qui est prévu à la jurisprudence. Voyons, ce n'est pas
dans l'ordre des nominations.
M. Théorêt: Les alinéas 1, 2, 3, 4 et 5 ont
été adoptés.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vais argumenter
différemment sur la recevabilité, si vous me le permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, d'accord, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: On vient d'adopter l'article 3.2. Est-ce que vous
pouvez me dire que l'article 3 est complètement adopté?Non! Donc, c'est un amendement à l'article 3 et c'est tout
à fait recevable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que l'article 3.2 est
adopté?
M. Chevrette: À l'article 3, je peux ajouter 40
amendements si je veux. Si j'avais dit un amendement à l'article 3.2
après son adoption, vous auriez pu argumenter comme le
député de Vimont l'a fait. Comment pouvez-vous ajouter un
amendement à un article qui vient d'être adopté? Ce n'est
pas l'argument. Lisez l'article 3 du projet de loi, je n'ai pas dit l'article
3.2 du projet de loi. J'ai dit à l'article 3 du projet de loi. C'est
tout à fait recevable.
M. Théorêt: Donc, il se situerait entre l'article
3.2 et 3.3, si je comprends bien.
M. Chevrette: Oui, parce que j'ai dit l'article 3.2.1 pour le
situer.
M. Théorêt: D'accord, je comprends.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
Une voix: Moi, je suis sûr que c'est recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est recevable.
M. Théorêt: Je me demandais où il le
situait.
M. Chevrette: Donc, Mme la Présidente, je voudrais
l'expliquer brièvement. Est-ce que je peux l'expliciter, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci. L'objectif...
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci. Mme la Présidente, j'introduis cet
amendement pour les motifs suivants. Le ministre nomme quatre fonctionnaires.
Le ministre choisit les syndiqués qui lui plaisent bien. Le ministre
choisit les patrons qui lui plaisent bien. Et il voudrait choisir le
président qui lui plaît bien. Ce ne sont plus des bretelles et des
ceintures, c'est un "jumpsuit" pour être certain que rien ne descende. Je
m'excuse, mais cela n'a pas de bon sens.
Il va donner au moins la chance aux parties...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, une
question de règlement. J'allègue que le député de
Joliette, présentement, ne plaide pas sur la recevabilité. Il
plaide sur le fond de...
M. Chevrette: Non, elle l'a accepté; elle a reçu
l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Tout est
reçu.
M. Chevrette: J'explique ma position.
La Présidente (Mme Bélanger): II explique sa
position concernant l'amendement.
M. Chevrette: C'est cela. Je m'excuse, il y a du monde en retard
dans cette commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai reconnu la
recevabilité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment-ci.
M. Chevrette: Bien oui.
La Présidente (Mme Bélanger): À ce
moment-ci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Alors, l'article 3.3
prévoit que les membres du conseil d'administration sont nommés
par le gouvernement pour au plus cinq ans. Que va-t-on faire quand on arrivera
à cette étape, Mme la Présidente, je vous le soumets?
M. Chevrette: C'est le président, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour cela qu'il faut
disposer des textes qui sont écrits avant de disposer des textes qui
sont ajoutés.
M. Chevrette: On fera un amendement de concordance quand on
arrivera là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas parce qu'il a mis
3.2,1 à côté qu'il faut croire à son numéro.
Il peut mettre le numéro qu'il veut, je le lui accorde, mais il ne faut
pas le prendre sur... Pourquoi n'a-t-il pas mis 3.1.2? Je prétends qu'il
ne peut pas apporter un nouvel article avant qu'on ait disposé des
articles qui sont imprimés. Autrement, on va arriver dans la
contradiction la plus totale et la plus absolue. Concernant l'article 3.3, de
quelle façon pourrons-nous nous prononcer? L'article 3.3 est
imprimé. Regardez cela comme il faut.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je voudrais plaider, moi
aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais vous expliquer qu'il arrive moult fois
à l'intérieur d'un projet de loi qu'on adopte un amendement qui,
par la suite, apporte des amendements de concordance s'il est accepté.
Cela arrive combien de fois? On le change partout dans le projet de loi.
M. le ministre, quand vous plaidez, je vous écoute.
La Présidente (Mme Bélanger): On va avoir les
commentaires du député de Joliette et on verra par la suite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
M. Chevrette: Mme la Présidente, le ministre dans six ans
de vie politique doit avoir assisté à des amendements qui
changent certains autres articles et par concordance, par la suite, on est
obligé d'en modifier un paquet, c'est évident. (21 heures)
Ici, il s'agit du président lui-même. Je pense que vous
l'avez déclaré recevable. Je ne commencerai pas à jouer
aux fous toute la veillée: est-ce recevable ou non? Vous l'avez
reçu. Donc, on fera les concordances qui s'imposeront, mais
actuellement, c'est mon droit de parole et j'ai des explications à
donner sur mon amendement que vous avez correctement reçu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, quant
à moi, je vous explique qu'on a un problème. Je suis le
député de
Joliette dans ses arguments de concordance, sauf que je prétends
que son amendement n'est pas apporté au bon endroit. Il y a une
impossibilité à adopter l'amendement qu'il nous propose, avec le
numéro qu'il a choisi -il a invoqué le libre choix - et l'article
3.3 dans lequel on dit que les membres du conseil d'administration sont
nommés par le gouvernement pour au plus cinq ans. Je pense qu'il y a une
contradiction absolue. Étant donné qu'il y a contradiction
absolue, je ne dis pas que son amendement n'est pas recevable, mais qu'il le
présente à l'article 3.3 pour amender cet article. À ce
moment-là, on pourra discuter du fond de sa motion. S'il nous
présente cela à l'article 3.2.1 dans dix minutes, une demi-heure
ou deux jours -je ne sais pas combien de temps - on arrivera à l'article
3.3 et à ce moment-là, si on a adopté celui-là, ce
qui est écrit ne sera plus discutable parce que ce sera en parfaite
contradiction avec ce qu'on vient d'adopter.
M. Chevrette: Mme la Présidente...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour cela qu'on a un
règlement qui prévoit que cela doit être fait...
M. Chevrette: Je vais plaider encore.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans un certain ordre.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez bien,
nous allons suspendre quelques minutes.
M. Chevrette: Mme la Présidente, avant que vous ne
suspendiez, il y a des limites à suspendre à chaque fois qu'on a
un petit problème. Je voudrais vous signaler ceci: rien n'empêche
le ministre de dire, si on adoptait l'article 3.2.1, à l'article 3.3:
sauf le président selon ce qu'on vient d'adopter à l'article
3.2.1. Je m'excuse, ce n'est pas incompatible; ce n'est absolument pas
incompatiblel C'est la démarche normale. Tu l'amenderas ou je
l'amenderail
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Joliette, c'est pour cela qu'il y a une règle de prévue à
savoir qu'on dispose des articles qui sont écrits avant les autres parce
qu'il faudrait que le gouvernement amende... Vous forceriez des amendements,
c'est-à-dire qu'un vote sur l'amendement à l'article 3.2.1
inclurait obligatoirement l'admission ou la volonté des parlementaires
d'amender l'article 3.3 alors qu'on n'en a pas discuté. On ne peut pas
tenir pour acquis que les parlementaires vont amender l'article 3.3, tant qu'on
ne l'aura pas appelé, du moins. Si on adopte l'article 3.2.1, on oblige
les parlementaires, par l'adoption de 3.2.1, à amender l'article 3.3. Il
y a des limites, là!
C'est pour cela qu'on a des règlements et des règles
à suivre.
M. Chevrette: II est beaucoup plus volubile sur les
règlements que sur le fond de la loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, il
arrive très fréquemment qu'un article soit introduit entre deux
articles et non à la fin de l'étude du projet de loi. On
introduit l'article 3.2.1 et si... L'amendement peut être adopté
ou rejeté sur division ou il sera de concordance avec l'article 3.3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, ce que
je peux vous dire, c'est qu'on peut s'en sortir avec la pratique plutôt
qu'avec la théorie. II discutera sur l'article 3.2.1, mais quand il aura
fini d'en discuter on le battra, on reviendra à l'article 3.3 et on
l'adoptera.
M. Cannon: Mme la Présidente, suivant ce raisonnement,
techniquement, je soutiens ce que le ministre vient de dire. On aurait pu, par
exemple, à l'article 2.1 ou 2.2, lorsqu'on a parlé de commission,
aller chercher un amendement qui touche l'article 85 et dire: On va en discuter
à ce moment-là. C'est la logique... Je ne suis pas...
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, M. le
député de La Peltrie...
M. Cannon: Simplement pour conclure, Mme la Présidente, il
me semble que le gros bon sens indique que la démarche qui est
proposée ici dans Geoffrion et ce que le ministre vient de dire, c'est
tout à fait raisonnable au niveau des délibérations.
M. Chevrette: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Cannon: J'étais sur cette question.
M. Chevrette: Non, vous étiez sur une plaidoirie et non
pas sur une question de règlement, je m'excuse. Question de
règlement. Mme la Présidente, j'ai une question à vous
poser et une directive à vous demander. La question que j'ai à
vous poser est la suivante: Avez-vous rendu une décision, oui ou
non?
La Présidente (Mme Bélanger): J'allais justement
arrêter le député de La Peltrie pour lui dire que la
décision sur la recevabilité était prise et que lui
discutait sur le fond.
M. Chevrette: Donc, une directive.
Après qu'une décision de la présidente est rendue,
Mme la Présidente, comment doit-on procéder en commission
parlementaire?
La Présidente (Mme Bélanger): On doit commencer
à débattre l'amendement.
M. Chevrette: Merci. Est-ce que je peux expliquer mon amendement,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci beaucoup. Je disais que l'amendement vise une
chose. Il veut donner l'occasion au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, dans une dernière tentative, de
pouvoir démontrer sa bonne foi vis-à-vis des parties patronales
et syndicales.
Je rappellerai ce que j'ai dit avant d'être interrompu par une
question de règlement. Le ministre choisît les quatre
fonctionnaires. Le ministre choisit les syndiqués ou la face des
syndiqués qu'il aime bien. Le ministre choisit la face des patrons qu'il
aime bien. Ce n'est pas assez! Il choisirait également le
président. Ce n'est pas encore assez! À 123.2, les
règlements qu'il vous demande de faire, il peut les amender en n'importe
quel temps. Ce n'est pas encore assez! II peut fixer un délai qui n'a
pas d'allure pour produire un règlement ou afin de le produire
lui-même.
Mme la Présidente, si le ridicule ne tue pas, il y en a qui vont
se sentir au moins un peu étouffés ce soir. Cela n'a pas de bon
sens. Je m'excuse si je dérange la présidence et son
état-major, mais j'essayais de vous prouver que cela n'avait pas
d'allure. Si vous ne m'écoutez pas, imaginez-vous...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Vous comprendrez
qu'un tel amendement, c'est une dernière perche au ministre pour montrer
sa bonne foi vis-à-vis des parties. Cela n'a, à mon point de vue,
aucun bon sens. C'est inacceptable et, plus encore, cela sombre dans le
ridicule. Cela sombre carrément dans le ridicule.
Le ministre peut bien tout choisir son monde. II aurait
été bien mieux de dire: Je vais rédiger les
règlements et ces messieurs devront les appliquer. Cela aurait
été franc; cela aurait été court et cela n'aurait
pas fait perdre de temps à la commission et on aurait discuté sur
le fond. On aurait pris à peu près deux heures ensemble et on
aurait tout su ce qu'il voulait. Mais essayer de camoufler dans des discours sa
grande foi, sa grande crédibilité, sa grande croyance en la
capacité des parties de pouvoir s'entendre, sa
foi dans le monde patronal et syndical de s'asseoir et d'arriver
à des compromis... Il ne la démontre pas gros, avec tout ce qu'on
aurait eu comme exemple. C'est tout à fait un non-sens.
Une voix: C'est épouvantable!
M. Chevrette; Je comprends que c'est épouvantable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice...
M. Chevrette: Et cela prend bien des gars comme vous pour
comprendre.
M. Lemire: ...pas être plus sérieux que vous.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîti
M. Chevrette: Savez-vous lire? M. Lemire: Bien oui, je
sais lire. M. Chevrette: Si vous savez lire...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ardre,
s'il vous plaît!
M. Lemire: ...mais je ne le trouve pas sérieux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je rappelle qu'il faut s'adresser
aux membres par le biais de la présidente dans le but de garder et de
conserver du calme dans le déroulement...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente, par votre
intermédiaire. Le ministre reconnaît-il qu'il a battu tous les
amendements et qu'à compter de ce jour c'est lui qui choisit les quatre
fonctionnaires? Le ministre reconnaît-il...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est faux.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: II est même capable de ne pas dire la
vérité quand on lui pose une question.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est enregistré. Mme la
Présidente, j'ai dit que c'était faux et le député
pourra revérifier en lisant les notes de la commission.
M. Chevrette: Mme la Présidente, le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le blâme pas d'avoir
été absent dans certaines périodes. II a un rôle de
leader à jouer et il faut qu'il le joue également. Mais ce n'est
pas vrai, ce qu'il dit.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je lirai. Si vous réussissez à emplir
du monde, vous ne m'emplirez pas.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! J'aimerais que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Chevrette: Arrêtez-le, c'est moi qui ai la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que vous
contribuez un peu à l'argumentation.
M. Chevrette: Oui, et j'ai l'intention de continuer.
La Présidente (Mme Bélanger): Argumentez sur votre
amendement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente.
Une voix: II faut passer par la présidence.
La Présidente (Mme Bélanger): En passant par la
présidence, si c'est possible.
M. Chevrette: Par la présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La
présidence.
M. Chevrette: Excusez-moi. Mme la Présidente, je voudrais
vous démontrer que ce projet de loi et cet amendement que je
dépose sont une dernière tentative pour le ministre de
véritablement montrer sa bonne foi. Il est dit ceci: La commission est
composée d'au moins treize membres dont un président. On dit:
"Sauf le président, les membres sont nommés de la façon
suivante: quatre après consultation de l'association d'employeurs et des
associations d'entrepreneurs." J'ai posé ma question au ministre. Vous
consultez les entrepreneurs, mais si les noms qu'ils vous suggèrent
ne
sont pas corrects, vous allez prendre ceux que vous allez vouloir. Il a
dit: C'est bien cela, vous avez bien compris. Donc, qui choisit? Le
ministre.
Je continue: "quatre, après consultation des associations
représentatives." Les syndicats suggèrent des noms et, s'il ne
leur aime pas la "bette", il choisit qui il veut. C'est bien cela. Il m'a
décrit ceci, il m'a répondu ceci. Il m'a dit: Consulter, c'est
une chose, et décider, c'est une autre chose. Cela veut dire qu'il a le
droit de choisir qui il veut. Donc, c'est un autre pouvoir qu'il se donne.
On continue: Deux représentants nommés par le ministre du
Travail. Ce n'est toujours pas sa belle-mère qui va les nommer. C'est
lui et il est ministre en même temps. Dane, cela lui en fait dix sur
treize. On continue: Un nommé par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu; c'est lui. Ce n'est toujours pas son
beau-père qui va le nommer, c'est lui qui est ministre. Donc, onze. Un
recommandé par le ministre de l'Éducation. Donc, ce n'est pas le
ministre de l'Éducation. Il va faire une recommandation, mais c'est le
ministre du Travail et ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui est tuteur de la loi qui va le nommer.
Douze. Il veut nommer le président, treize. Treize sur treize. Et il
vient me dire qu'on ne sait pas lire. Minute! La loi est textuelle. Il faut
savoir lire, j'en conviens, Mme la Présidente...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que le député
de Joliette me permettrait une question parce qu'on est dans une lecture...
M. Chevrette: Si cela vous permet d'être
réglementaire en me le demandant de cette façon, je vais vous le
permettre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais être
réglementaire, M. le député de Joliette. Ce n'est pas le
ministre, c'est le gouvernement à l'article suivant. C'est pourquoi
j'insistais tantôt sur le fait que c'était important de se rendre
à l'article suivant. Les membres du conseil d'administration sont
nommés par le gouvernement. Ce n'est pas le ministre. Quand vous parlez
du ministre...
M. Chevrette: J'espère que le ministre a appris...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de l'Éducation, il est
également membre du Conseil des ministres.
Une voix: Voyons donc!
M. Chevrette: J'espère que le ministre a appris depuis un
an qu'au Conseil des ministres toutes les nominations aux commissions viennent
du ministre, à moins que le premier ministre ne lui en impose une couple
de sa "gang". Qu'est-ce que cela va changer? C'est du pareil au même. Ce
ne seront pas nécessairement les gens que voudront les associations.
Voyons, mais voyons!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas comme cela que
ça marche.
M. Chevrette: Allez-vous me faire accroire que c'est le ministre
des Relations internationales qui va nommer les gars de l'office?
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Pensez-vous que c'est Mme Robic qui va nommer les
gars de la construction? Pensez-vous que c'est Mme Lavoie-Roux qui va les
nommer?
M. Paradis: (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
À l'ordre!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente.
Premièrement, on appelle les députés...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Pensez-vous que c'est Mme Bacon qui va nommer les
qens de la construction? Voyons donc! Mon oeil!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On appelle les
députés par le nom de leur comté. On procède en
fonction des règlements qui font en sorte qu'un Conseil des ministres
fonctionne. La parole d'un ministre au Conseil des ministres vaut la parole
d'un autre ministre. Il n'a pas siégé assez longtemps pour savoir
cela. Voyons donc! Il n'a pas été ministre assez longtemps?
M. Chevrette: Je l'ai été assez longtemps pour
remarquer que vous ne connaissez rien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voyons donc, c'est comme cela que
ça fonctionne!
Une voix: J'aimerais savoir si c'est comme cela que cela marchait
dans leur temps.
La Présidente (Mme Bélanger):
Effectivement, à l'article 35: "Le député qui a la
parole ne peut désigner le président ou un député
autrement que par son titre." M. le député de
Rouyn-Noranda--Témiscamingue. À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Je retire les dames que j'ai nommées pour
vous dire ceci. La commission sera formée de personnes exclusivement au
choix d'une partie qui est partie prenante parce qu'elle nomme des
fonctionnaires en plus. Cela ne change rien à son argumentation à
essayer de finasser avec gouvernement et ministre. Quand tu es ministre et que
tu veux former un conseil... J'ai nommé le conseil de la faune et c'est
moi qui ai recommandé et non le gouvernement. Cela prend un ministre qui
ne voit ordinairement pas à son affaire pour ne pas faire
entériner toutes ses recommandations. Je m'excuse, mais cela peut
arriver dans ce cas-là. J'en conviens. On est aussi bien de dire dans ce
cas-là: gouvernement. Je suis d'accord.
Ceci dit, Mme la Présidente, je suis donc rendu à la
nomination des treize membres par le gouvernement, des treize membres à
leur choix. Le ministre leur dit: Oui, mais je laisse le pouvoir aux parties.
Qu'a-t-il proposé hier dans ses savants amendements? Il a dit: Ce n'est
plus le gouvernement qui va rédiger les règlements, ce sont les
parties, les parties que j'ai nommées. Il faudrait qu'il le dise comme
cela. Mais, encore là, il ne dit pas qu'il se donne un pouvoir de
désavoeu dans sa loi. On va vous lire ce qu'il dit dans sa loi. Dans sa
loi, le ministre dit, à l'article 123.2, que les parties doivent
produire leurs règlements, mais le ministre se garde le pouvoir de les
amender. Là, il se nomme du monde, les patrons qu'il veut, il nomme les
syndiqués qu'il veut, il nomme les fonctionnaires qu'il veut, il nomme
le président qu'il veut...
Une voix: II se nomme lui-même. (21 h 15)
M. Chevrette: ...et il se donne le pouvoir suivant. Les
règlements qui vont être rédigés par son monde qu'il
aura nommé, les règlements de la commission visés à
l'article 123 - il y en a une quinzaine - sont soumis à l'approbation du
gouvernement qui peut alors les modifier. Il ne "trust" même pas les
treize personnes qu'il nomme. Il dit: II faut que je puisse changer cela. Il
les a toutes choisies sur mesure, à son image, cela va bien aller, et
là il ne les "trust" pas. Il veut même se donner le pouvoir
d'amender ses propres règlements, s'il n'est pas sûr. Car si
jamais les gars, une fois au conseil d'administration, commencent à
trouver que cela a plus ou moins d'allure, et qu'il y en a une couple dans la
gang qui disent: Écoutez, on est en train de se faire passer un sapin
par ce gouvernement; on devrait peut-être redresser l'échine et
proposer quelque chose... Cela commence à bouillonner dans l'industrie.
On aura peut-être quelques petits problèmes. Ils proposent un
règlement. Le ministre, s'il n'est pas d'accord, modifie tout cela. Le
ministre leur dit: Vous allez me concevoir un règlement sur tel aspect,
un chantier éloigné, et je vous donne deux jours pour le faire.
L'article 123.2 dit: "À défaut pour la commission d'adopter un
règlement visé à l'article 121 dans un délai que le
gouvernement juge raisonnable, ce dernier peut adopter lui-même ce
règlement".
Si ce ne sont plus des ceintures, si ce ne sont plus des bretelles et si
ce n'est plus de la folie furieuse, je n'en reviens pas! N'importe quel groupe,
si on était capable de faire un débat sérieux, au vu et au
su du monde, en expliquant carrément ce que sont ces articles, je vous
le certifie... Ne me mettez pas dans une salle avec 4000 travailleurs de la
construction pour leur lire cela, car ils ne se contenteront pas de demeurer
derrière la barrière, je suis sûr de cela. Ils vont dire:
Quand cela ne fera pas notre affaire, nous ferons comme le président de
l'AECQ: je signe n'importe quoi et je fais autre chose. Les travailleurs de la
construction me répondraient la même chose: Écrivez ce que
vous voudrez, quand ce sera le temps de se faire respecter, on se fera
respecter.
C'est à sombrer dans le ridicule des législations quand on
se retrouve avec des mondes qui violent les lois. C'est ce que cela a comme
effet. Je suis persuadé que pas un chrétien ne voudra respecter
une affaire comme celle-là. J'en suis convaincu. C'est pour cela qu'on
présente des amendements et qu'on essaie d'amener la partie
gouvernementale à réfléchir un peu avant de proposer des
choses du genre. Le passé est garant de l'avenir dans cela. Si on ne
donne pas l'occasion de responsabiliser les parties, elles vont se faire
justice. C'est aussi simple que cela. Quand une loi est tellement farfelue
qu'elle provoque le ridicule, on ne la respecte pas.
Je me souviens d'une loi où on mettait 50 000 $ d'amende quand un
gars avait environ 0,25 $ dans sa poche. Que pensez-vous que cela puisse faire?
II dit: Qu'est-ce que j'ai à perdre? J'ai 30 sous. Bonjour, Luc! C'est
à cela que vous en arrivez avec les parties. Vous ne les responsabilisez
pas, M. le ministre. Vous risquez de sombrer dans le ridicule et que les
parties s'organisent pour mener leur barque, mais pas en harmonie avec les
autres parties comme cela devrait l'être. C'est ce qu'on a essayé,
depuis le début, de démontrer par nos amendements. On a
essayé de responsabiliser les parties, comme cela a été le
consensus à la fois du patron et du syndicat. Il a beau être 21 h
20, après le troisième soir, ce n'est
pas pour rien qu'on a pris du temps pour essayer de l'expliquer.
Des réponses aussi farfelues et arrogantes sur des contenus aussi
sérieux, par exemple, j'ai mon voyage! Je pense qu'il faut absolument,
au moins, réfléchir un tant soit peu quand on rédige un
projet de loi. Je comprends qu'on puisse avoir des remarques ou des
réticences. Je comprends, par exemple, que le ministre ait peur de
l'objet de négociation. Mais, à ce moment-là, si on a peur
d'une dimension, on s'arrange pour mettre une réserve sur cette
dimension. Si on a peur que la formation ne débouche sur la
négociation, on met la réserve, mais on n'enlève pas tout
aux parties. On ne les étête pas, on ne leur enlève pas les
membres en leur disant: Soyez bonnes, entendez-vous et donnez-moi quelque chose
de pas pire. On leur boucle le bec avec un support de métal. Voyons!
Cela n'a pas d'allure. Cela n'a pas de bon sens.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, il y a
un peu plus d'un an, celui qui vient de nous adresser la parole était
membre d'un gouvernement qui a choisi d'avoir une loi selon laquelle tous les
administrateurs de l'Office de la construction du Québec, dont le
président, étaient nommés par le gouvernement, sans aucune
consultation des parties. Celui qui vient de faire un spectacle...
M. Chevrette: Je vais vous en faire un autre spectacle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...était également
membre d'un gouvernement qui a choisi de ne pas nommer de. façon
majoritaire à l'Office de la construction du Québec des
représentants des parties. Je le laisse vivre avec sa
crédibilité. Celui qui vient de nous faire un spectacle, Mme la
Présidente, était membre, commissaire à la commission
Cliche et ses recommandations vont directement à l'encontre - je ne
parle pas d'une évolution, Mme la Présidente - sur le plan des
principes, des paroles qu'il nous tient ici, dans cette Chambre. Je vous dis
qu'il est encore en train de jouer ce qui lui reste de
crédibilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Chevrette: Mme la Présidente...
M. Baril: J'aurais une question à poser, pour mon
information personnelle.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, allez-y.
M. Baril: Je ne connais pas tellement cela, mais je vais poser la
question dans mes mots. Quand vous nommiez à l'OCQ un CA, sous votre
gouvernement, comment procédiez-vous? De quelle façon
nommiez-vous un CA? Nous avons de la misère à nous comprendre
mais, vous, comment nommiez-vous un CA à l'OCQ? Juste pour qu'on se
comprenne.
M. Chevrette: Un CA?
M. Baril: Oui.
M. Chevrette: Un comptable agréé?
M. Baril: Je veux dire un conseil d'administration.
M. Chevrette: II y a des COC aussi. Une voix: Les
commissaires. Une voix: Les membres.
M. Baril: Les membres du conseil d'administration étaient
nommés de quelle façon, de votre temps?
Des voix: Ai e!
M. Baril: Je sais que vous avez des termes, je vous ai
déjà vu à Rouyn, négocier le parc Aiguebelle. Je
vous ai vu passer le rouleau compresseur cette fois-là. Dites-moi
comment vous nommiez cela?
M. Chevrette: Vous avez vu sortir un de vos "chums", avocat? Que
je sache, le gouvernement précédent a été
jugé par l'électorat. Il y a des gens qui se sont
présentés et qui ne sont pas capables d'assumer...
Des voix: Répondez à la question.
M. Chevrette: Je m'excuse, je ne suis pas au gouvernement et je
répondrai à votre question quand cela me plaira. Et je vais le
faire à votre question. On nommait un CA en fonction des lois qui
existaient. On ne s'est pas présenté devant les travailleurs et
devant le patron pour leur dire comment je devrais corriger ce qui existait.
Vous avez ouvert la canne de vers...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: ...vous avez convoqué les parties, vous avez
dit aux parties: Dites-nous comment cela pourrait aller mieux? Les
parties...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, question
de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'on s'adresse par
l'intermédiaire de la présidence...
La Présidente (Mme .Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Les interventions sur le règlement du
ministre sont beaucoup plus pertinentes que ses réponses à nos
questions.
Mme la Présidente, je passerai par votre intermédiaire
pour dire que le présent gouvernement a fait des promesses à
l'électorat québécois. Le présent gouvernement a
dit: Cela ne va pas, c'est tout croche. Comment procédait-on pour faire
des nominations de notre temps? Pour répondre à sa question,
parce qu'il a l'air très malheureux, ce pauvre enfant, il ne pourra pas
dormir de la nuit, on les nommait en fonction des modalités
législatives qui existaient à l'époque - c'est
évident, il n'y a pas de cachette - comme le ministre va faire en
fonction des dispositions législatives. C'est exactement ce qu'on
étudie. On étudie des modalités de nomination par le
ministre. C'est ce ministre qui a convoqué des gens, qui s'est dit
sensible. Il avait des trémolos dans la voix pour leur dire qu'il les
écoutait. Je me souviens, la CSD est passée...
M. Théorêt: Question de règlement... Je pense
que le député a répondu à la question.
M. Chevrette: J'ai mon temps de parole..
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. M.
Théorêt: Vous n'avez pas terminé?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non.
M. Chevrette: J'ai droit à 20 minutes.
M. Théorêt: Je m'excuse, M. le député
de Joliette, je croyais que vous aviez terminé.
M. Chevrette: Lui est moins fort sur les règlements, Mme
la Présidente.
M. Baril: ...j'ai compris.
M. Théorêt: Merci.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
M. Chevrette: Mme la Présidente, je dois vous dire que, si
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue a compris, tout
le monde a compris. Je suis sûr de cela.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, est-ce que vous avez terminé?
Des voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscaminque, dernier
avertissement. M. le député de Joliette, est-ce que vous avez
terminé votre intervention?
M. Chevrette: Je suis continuellement dérangé, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui. Vous avez
la parole, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je disais donc que
le ministre, qui a pris des engagements, qui a essayé de voir les
parties, a dit avec des trémolos dans la voix: Je vais vous comprendre,
je vais vous écouter. Parlez-vous, et si vous vous entendez, vous
mènerez l'industrie. Ils se sont entendus. Je pense avoir fait une
démonstration relativement facile que, de A à Z, c'est un pouvoir
discrétionnaire total du ministre sur l'industrie de la construction.
Cela m'apparaît dangereux. On ne cesse, de l'autre côté - et
j'en suis flatté - de rappeler certaines recommandations et certains
chapitres du rapport Cliche. Oui, on l'a fait en toute connaissance de cause
dans le cadre de la conjoncture à ce moment-là.
Je peux vous dire que, si vous vouliez lire, Mme la Présidente,
et ensuite en faire part au ministre, si le ministre lisait en entier le
rapport de la commission Cliche, lui qui ne lit que des extraits qu'un
attaché politique lui met sous les yeux, il comprendrait des choses. Il
y a des chapitres qui reprochent des choses aux syndicats. Il y a des chapitres
qui reprochent des choses au patronat. Il y a des chapitres entiers qui
reprochent des choses au gouvernement qui s'immisçait
précisément dans les relations du travail. Je pourrais vous en
nommer quelques-uns. Cela partait de Paul Desrochers qui s'immisçait
dans les relations du travail dans l'industrie de la construction, d'un
dénommé Bergeron, exclusivement engagé par le gouvernement
pour s'immiscer dans les
relations du travail dans l'industrie de la construction, de Michel Guay
et d'un dénommé Bolduc, directement, attaché politique de
M. Bourassa.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, est-ce que vous voulez revenir à votre
amendement, s'il vous plaît?
M. Chevrette: Oui, je reviens à mon amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes un
peu loin dans les années.
M. Chevrette: Non, je suis en train de vous expliquer
l'importance de ne pas avoir un contrôle absolu sur l'industrie et de le
laisser aux parties. Je disais qu'il y avait Michel Guay et M. Bolduc,
attaché politique au bureau de Robert Bourassa, qui se mêlaient
des relations du travail dans l'industrie de la construction et qui faisaient
du placement à la Baie James. Ce projet de loi est en train de donner le
contrôle absolu au gouvernement et on va se retrouver encore une fois
avec un gouvernement qui s'immisce dans l'industrie et on va connaître
des événements malheureux, Mme la Présidente. Comme
Opposition, c'est notre rôle de les dire, de les souligner, ces dangers.
Je pense bien que l'on va le faire avec toute l'énergie dont on est
capable.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: J'aimerais, moi aussi, poser quelques questions au
député de Joliette relativement à...
M. Chevrette: Je suis bien prêt à assumer le pouvoir
si vous voulez changer de place.
M. Cannon: Est-ce que le député pourrait me laisser
terminer, Mme la Présidente? Du point de vue technique, à
l'amendement qui est présenté à 3.2.1, actuellement, Mme
la Présidente, les gens qui font partie de l'office sont des gens
rattachés à la fonction publique québécoise et le
président cumule également les fonctions de directeur
général. J'aimerais connaître l'opinion du
député de Joliette sur ce point. Est-ce que, dans l'amendement
qu'il nou3 a présenté, le président cumule toujours les
fonctions de directeur général? Si ce n'est pas le cas,
qu'advient-il du directeur général?
Quant aux termes, au deuxième paragraphe notamment, on parle des
parties. On dit que le gouvernement désigne le président. Qui
nomme le président? C'est bien beau de désigner, mais qui le
nomme?
Ce sont des questions auxquelles j'aimerais bien que le
député réponde afin de nous éclairer.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette, à l'article 213, on dit: "Tout
député peut demander la permission de poser une question au
député qui vient de terminer une intervention." Vous pouvez
répondre ou ne pas répondre.
M. Chevrette: Est-ce que c'est sur mon temps de parole?
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Ce n'est pas sur
votre temps de parole.
M. Cannon: C'est sur mon temps.
M. Chevrette: D'accord. Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): "La question et la
réponse doivent être brèves."
M. Chevrette: Est-ce que vous voulez répondre à ma
place?
La Présidente (Mme Bélanger): Je lis l'article
213, M. le député de Joliette. Vous pouvez répondre, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, le président joue
le rôle de directeur général et il est nommé par les
parties syndicale et patronale.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette.
M. Cannon: La deuxième question, quant à la
désignation du président, qui le nomme? Vous parlez de
désigner.
M. Chevrette: Quand ils votent...
M. Cannon: Est-ce que quelqu'un est nommé?
M. Chevrette: ...à une double majorité, syndicale
et patronale, c'est parce que l'on veut que les deux groupes, majoritairement,
désirent que cette personne soit là et quand on désigne
quelqu'un, c'est parce qu'il vient d'être nommé.
M. Cannon: Ce n'est pas tout à fait ce qui est
écrit dans le texte. Ce n'est pas tout à fait cela, M. le
député, que vous avez dit.
M. Chevrette: Écrivez-le donc à votre goût.
Mais c'est ce que cela veut dire.
M. Cannon: Si vous voulez faire un travail sérieux, et
cela fait quand même deux jours que vous nous parlez de faire un
travail sérieux... Je ne veux pas m'enfarger dans des virgules,
M. le député.
M. Chevrette: Depuis le jdébut, ce n'est à peu
près que cela qui vous préoccupe, M. le député.
M. Cannon: Non, ce n'est pas cela. Je pense que c'est quand
même très important, l'industrie de la construction, M. le
député; je pense que vous l'avez indiqué. Ce que je vous
demande, et vous nous le demandez de notre côté, c'est
d'être un peu plus sérieux dans les démarches. Vous dites
que le projet de loi qui a été déposé, c'est un
projet -j'emploie les termes du député de Rober-val - fait par
des fonctionnaires, que c'est bureaucratique, technocratique, que cela ne vaut
pas le papier sur lequel c'est imprimé. Je vous demande simplement
d'apporter des précisions aux amendements que vous voulez apporter. On
n'est quand même pas des enfants d'école. Je vous relance la
balle, si vous vouiez présenter des choses sérieuses, j'aimerais
quand même, comme député, savoir ce qui se passe.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je vais répondre
brièvement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Premièrement, dans mon dictionnaire des
synonymes, "désigner" et "nommer" ont le même sens.
Deuxièmement, c'est tellement sérieux qu'au lieu de parler de
"désigner" et "nommer", je préfère parler du fond,
à savoir si vous êtes prêts ou non à accepter que les
parties se choisissent un président. C'est beaucoup plus sérieux,
M. le député de Lavaltrie...
M. Cannon: La Peltrie.
M. Chevrette: ...que d'essayer de chercher des "bebites" dans un
texte. Je vous avoue qu'il en a dans les yeux et dans les oreilles. (21 h
30)
Mme Juneau: On s'ennuie de notre ancienne collègue.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. Avez-vous fini votre intervention?
M. Cannon: D'après ce que je peux voir, on peut en avoir
aussi dans la bouche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La "Peltrie!
M. Chevrette: Oui et je ne me gênerai pas pour te les
cracher.
M. Cannon: Tu passes ton temps à te mettre le pied dans la
bouche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, avez-vous fini votre intervention?
M. Chevrette: Va sucer ton pouce.
M. Cannon: Mme la Présidente, je veux bien collaborer avec
le député pour que l'on puisse travailler sur un projet de loi
qui se tienne. Cependant, je dirai simplement au député que nous,
de ce côté-ci, on veut travailler là-dessus. On en a fait
la démonstration depuis le début. J'aimerais bien que lui aussi
montre sa collaboration et qu'il n'insulte pas les gens autour de la table.
M. Chevrette: Mme la Présidente, que je sache, c'est rendu
que c'est moi qui suis au bat des questions et ce n'est pas moi qui suis au
gouvernement. Je m'excuse, mais si le député veut parler
très sérieusement...
La Présidente (Mme Bélanger): J'allais justement
vous dire, M. le député de Joliette, que vous n'êtes pas
obligé de répondre à la question. L'article 213 dit que le
député peut vous poser une question, mais vous n'êtes pas
obligé d'y répondre.
M. Chevrette: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Si le député de La Peltrie, qui a un
droit de parole ici, trouve qu'un texte n'est pas clair, qu'il joue son
rôle sérieusement et qu'il fasse les amendements pour le
clarifier. Mais non, cela a l'air qu'il a besoin de l'aide de l'Opposition. On
va l'aider: Synonymes, "désigner" et "nommer" veulent dire la même
chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement? Est-ce que l'on peut voter sur l'amendement?
M. Chevrette: Vote nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, voulez-vous faire l'appel?
Une voix: Pourriez-vous lire l'amendement, avant, pour qu'on se
comprenne bien''
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. À
l'ordre, s'il vous plaît! Je vais lire le libellé de l'amendement
qui est mis aux voix: L'article 3 du projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, est modifié en y ajoutant un nouvel article 3.2.1 se
lisant comme suit: "Le président est nommé par les membres du
conseil d'administration qui sont nommés conformément aux
paragraphes premier et deuxième de l'article précédent.
Pour valoir, la nomination doit être entérinée par une
majorité syndicale et par une majorité patronale. Son mandat est
pour une durée d'au plus cinq ans. "Les parties doivent nommer un
président dans les 60 jours d'un avis du gouvernement à cet
effet. À défaut, par les parties, de nommer un président
dans le délai imparti, le gouvernement désigne le
président."
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamingue)? Absent.
Mme Bélanger (Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Contre. Le
Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre. Je ne dirai pas: Parce que c'est une question
ambiguë.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, sans commentaire.
M. Cannon: Je ne le dirai pas.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchè-res)?
Absent.
M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Fortins Contre.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
M. Gauthier: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemire? M. Hétu? M. Leclerc? M.
Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais? Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Rivard (Rosemont)?
M. Rivard: Contre.
Le Secrétaire: M. Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoî)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Mme Juneau: J'avais
compris "Honte!".
Une voix: Honte d'avoir proposé un amendement
semblable!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtl Contre: 9. Pour: 4. L'amendement est rejeté sur
division.
J'appelle l'article 3.3 introduit par l'article 3. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
L'article 3.3 se lit comme suit: "Les membres du conseil d'administration sont
nommés par le gouvernement pour au plus cinq ans. "À la fin de
leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient
remplacés ou nommés de nouveau."
Cette disposition prévoit la nomination des membres à la
Commission de la construction du Québec pour au plus cinq ans, tel que
l'édicte la loi actuelle. Cette disposition prévoit
également qu'à la fin de leur mandat les membres demeurent en
fonction jusqu'à leur remplacement ou une nouvelle nomination, ce qui
est le cas actuellement en vertu de la loi.
M. Chevrette: Mme la Présidente, j'ai une question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Supposons que vous nommiez un agent d'affaires du
144 comme membre du conseil d'administration et que l'agent d'affaires, pour
des raisons X, soit congédié par son local. Qu'arrive-t-il du
membre du conseil d'administration qui n'a même plus la
crédibilité de son syndicat, dont le nom aurait été
soumis dans les règles au moment où il a été
nommé et, par
hasard, dont la binette aurait plu au ministre à
l'époque?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre par
une comparaison, M. le député de Joliette. Le gouvernement du
Québec nomme M. Louis Laberge administrateur à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Pour des raisons de
santé ou parce qu'il a un problème, M. Laberge décide
qu'un successeur prenne sa place. Il n'est plus président et il continue
de siéger à la Caisse de dépôt et placement du
Québec pour la durée du mandat pour lequel il a été
nommé. C'est là que vous devez saisir la différence. Cela
peut nous aider à comprendre ensemble ce que j'indiquais tantôt,
quant à la formation du conseil d'administration.
La personne qui y va provient, oui, d'un milieu, oui, d'un environnement
et oui, elle a un antécédent. Mais, lorsqu'elle y siège,
elle le fait comme individu, comme personne dégagée. Elle ne
siège pas comme mandatée par un organisme comme tel. Tant que
vous n'aurez pas saisi cet aspect de la formation de la commission, vous
continuerez à penser qu'il s'agit d'une table de négociations de
conditions de travail.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Sans être une table de négociations,
cette table doit au moins être représentative de l'industrie. Je
prends par exemple l'hypothèse suivante. Vous nommez deux gars de la
CSN-Construction. Prenons l'hypothèse que vous nommiez deux gars de la
CSN-Construction et deux gars de la CSD pour les besoins de la cause. La CSD,
prenez un maraudage à tous les deux ans, est rayée de la "mappe"
pour des raisons de maraudage qui peut arriver à cause de projets
qu'offrent les centrales. Ne craignez-vous pas avoir là des personnes
plus ou moins représentatives de l'industrie, parce que vous avez
décidé qu'elles avaient un passé, mais un passé qui
ne représente plus rien aux yeux des travailleurs, par exemple, pour les
représentants syndicaux?
On a bien beau vouloir nommer des personnes qui ont un passé,
mais il me semble que, si on veut avoir un conseil d'administration dynamique,
à mon point de vue, le dynamisme serait venu de la représentation
directe des groupes syndicaux. Je suis convaincu et, même si vous avez
battu tous les amendements, je demeure persuadé que la
représentation directe demeure la garantie que la
représentativité est le mieux assurée.
Prenez l'hypothèse, avec les jeux du maraudage aux deux ans, que
vous choisissiez des personnes issues d'un milieu qu'on pourrait rayer de la
"mappe" pour toutes sortes de raisons. La représentativité en
prend pour son rhume par rapport aux personnes qui siègent au conseil
d'administration. Cela peut durer trois ans. Je vous avoue que j'aurais le
goût de faire une distinction et de faire un amendement qui dirait
à peu près ceci: Le président pour cinq ans et les membres
du conseil d'administration du côté syndical à la fin du
décret, pour s'assurer que la représentativité soit au
moins le mieux assurée possible. Il me semble que cela pourrait
être une soupape dans laquelle on tiendrait compte un peu de ce que
représentent les parties en présence.
À toutes fins utiles, on veut créer une structure qui
incarne et qui représente le monde, et on risque de se ramasser... Je
comprends que c'est le ministre qui choisit tout son monde, mais il faudrait
que cela ait du corps et que cela représente le monde, cette
histoire.
Une voix: C'est beau de nommer des gens qui ont un passé,
mais il faut en nommer qui ont un présent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes en train de
m'expliquer que vous n'avez pas encore compris.
M. Chevrette: J'ai trop bien compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Vous êtes en train
de m'expliquer que vous n'avez pas compris quel était le rôle d'un
administrateur au conseil d'administration de la Commission de la construction
du Québec. Vous voudriez, si je suis votre logique, qu'à chaque
maraudage les chaises tournent, les personnes changent, etc. Ce n'est pas en
fonction de cela que les gens sont nommés là et ce n'est pas pour
jouer ce rôle. Ils ne s'en vont pas là négocier des
conditions de travail, des taux horaires, des vacances ou des avantages
sociaux. Ils s'en vont là dégagés. Qu'ils soient issus de
ce milieu, c'est ce que la loi dit, finalement.
On pourrait vous reprocher d'avoir laissé de côté
durant bien des années des gens qui représentaient un paquet de
monde au conseil d'administration de l'Office de la construction du
Québec. On ne le fera pas. Ce qu'on vous dit, c'est que la personne qui
va aller là n'aura pas un droit de vote à 42 % et, s'il y a un
maraudage le lendemain matin, à 45 % ou, si elle n'a pas
été chanceuse au maraudage, à 32 %, comme vous le
souhaitiez.
Je pense qu'on est sur deux rails complètement différents
et parallèles. Jamais, on ne se rejoindra sur la
compréhension du rôle d'un administrateur à la
Commission de la construction du Québec. Je perçois votre rail
ainsi: Un administrateur est là pour représenter sa centrale
syndicale avec un pourcentage de votes et, s'il y a un changement en raison de
maraudage, il faut qu'il change de gars en changeant de pourcentage, parce
qu'il était à la table pour tout négocier. Ce n'est pas
cela le rôle d'un administrateur à un organisme comme la
Commission de la construction du Québec et, tant et aussi longtemps que
ce concept vous ne l'aurez pas acquis, on va continuer à entretenir un
dialogue de sourds entre le ministre et le représentant de
l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je n'ai plus de question
à poser, mais j'ai des commentaires à faire. Tout d'abord, le
ministre doit comprendre que sa commission a quatre rôles potentiels.
Surtout s'il dit "peut" au lieu de "doit" pour certains comités, le
conseil d'administration aura donc des pouvoirs sur au moins quatre objets. Le
comité administratif cela peut être le conseil d'administration,
à ce moment-là, qui gère. Que je sache, il y a des
décisions drôlement importantes sur le plan économique
à prendre comme conseil d'administration. Dans mon hypothèse, je
présume que la FTQ ou... Prenons le Conseil provincial des
métiers de la construction. Je présume qu'il a
décidé de dire à ses membres que les avantages sociaux ou
que les placements pour les avantages sociaux, sur le plan administratif...
S'ils sont majoritaires, ils vont proposer telle chose et ils vont faire
véhiculer cela au conseil d'administration. Par exemple, des types qui
se seraient battus contre cela et qui siégeraient, dont la centrale se
serait fait amocher pendant une période de maraudage, qu'arriverait-il
dans la gestion après? Qu'arriverait-il dans la formation
professionnelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est différent. Je
pourrais vous répondre...
M. Chevrette: Est-ce que je peux parler à mon tour?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est correct. Divaguez. Je suis
en train de vous demander une autorisation. Vous ne voulez même pas que
je vous demande l'autorisation. C'est votre droit. Je retire la demande
d'autorisation que j'étais pour vous adresser.
La Présidente (Mme Bélanger): Continuez, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: On ne me fera pas accroire que la notion de
représentativité, Mme la Présidente, ne joue pas un
rôle important. Il y a des idéologies, des programmes qui
s'affrontent. Je me souviens, entre autres, par exemple, Mme la
Présidente, d'une centrale qui préconisait un rôle sur la
sécurité et la santé au travail; je pense que c'est la
CSN. Elle pourrait véhiculer une campagne de publicité, par
exemple, au conseil d'administration. C'est possible, d'autant plus que c'est
eux qui vont payer à 1 %. Il me semble que ce sont des objets qui
peuvent faire partie d'une discussion à un conseil d'administration:
s'occuper de la sécurité et de la santé au travail. Mais
parce que cela n'a pas été mon programme et que je me suis fait
amocher en "mosus" pendant ma campagne de maraudage, que va-t-il arriver sur le
plan pratico-pratique? On pourrait peut-être prendre mille et un exemples
comme cela de détails, mais qui ont de l'importance après sur la
vie des travailleurs, sur les objectifs que les centrales se sont donnés
par rapport aux valeurs de recrutement qu'elles représentaient.
Personnellement, Mme la Présidente, je trouve que c'est
extrêmement dangereux de figer dans le béton là où
on reconnaît le pluralisme syndical, parce que, dans l'industrie de la
construction, c'est le pluralisme syndical que l'on reconnaît. Puis quand
on reconnaît le pluralisme syndical et qu'on veut créer une
structure figée dans le béton, structure qui pourrait être
mouvante aux deux ans par rapport à la situation actuelle, cela
m'apparaît dangereux et cela m'apparaît contraire aux
intérêts de l'industrie elle-même. J'en suis convaincu, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Chevrette: À la fin de...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse.
M. Chevrette: Jusqu'à vous.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: II y a même un article qui est dans le
deuxième paragraphe et qui dit: "À la fin de leur mandat, ils
demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient remplacés et
nommés de nouveau." Donc, six, sept ans, pas de problème. Je vous
avoue que je ne comprends pa3 l'objectif du ministre. Quand c'est le temps
d'assurer la stabilité des travailleurs dans la construction, on dit
qu'une main-d'oeuvre stable, c'est un gage de compétence. C'est reconnu
dans le rapport Cliche. Si vous voulez lire cette page, elle
est bien importante. On parlait même, vous vous en souviendrez,
dans la commission Cliche, de la garantie de revenu moyen. Aujourd'hui, on ne
parle plus de stabilité. Ce qui compte, c'est la stabilité des
hommes que le ministre nomme. Cela compte sur toute chose. Je ne sais pas quels
objectifs sont recherchés par ce gouvernement dans ce projet de loi. Ce
qui aurait été bon pour les travailleurs, cela ne rentre pas dans
leur point de vue. Ce qui est bon pour le ministre avec ses nominations, la
stabilité du monde qu'il nomme, cela compte. Il me semble qu'on devrait
au moins avoir la décence d'être proportionnel dans les types de
stabilité qu'on offre par rapport à celle qu'on voudrait se
donner. Cela pourrait être au moins un minimum décent. (21 h
45)
À la présidence, un mandat de cinq ans, quand on va
chercher un personnage qui a une certaine notoriété, qui a
été admis par les deux parties, je comprends qu'on ne peut pas
changer la présidence du jour au lendemain quand on le veut, parce qu'on
aurait peu d'individus qui accepteraient d'y aller pour un an ou deux. Je le
comprends et les nominations de cinq ans réapparaissent, à ce
chapitre, quelque chose de valable.
Quant au conseil d'administration, je prétends qu'il doit coller
le plus possible au leadership des groupes. Le leadership des groupes, c'est le
patronat, le syndicat et ce sont des gens qui sont bien vus par eux. Il
pourrait y avoir toutes sortes de personnes qui ont été de
passage et qui ont profité du coup d'oeil du ministre pour être
nommées, mais que ce ne soit pas propice, par exemple, pour la
construction, pour l'industrie, pour le patronat et pour le syndicat. Cela
m'apparaît important de coller aux réalités
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai l'impression qu'il y a un
autre élément. On est parti sur deux rails différents
quant à la conception du rôle d'un administrateur au conseil
d'administration. Je pense qu'il est impossible qu'on s'entende parce que le
député de Joliette a une autre conception que l'actuel
ministre.
Il y a quelque chose de factuel sur lequel au moins on pourrait
s'entendre et que devrait connaître le député de Joliette,
mais à l'écouter, il est en train de me persuader qu'il ne
connaît pas le rôle, la fonction et la composition du comité
mixte. Il m'a parlé des avantages sociaux sur le même pied que la
formation professionnelle. En vertu de l'article 18 de la loi, vous savez de
qui est formé le comité mixte. C'est là que vous retrouvez
votre - si je peux utiliser l'expression - table de négociations avec
les pourcentages, le prorata, vous retrouvez l'AECQ, vous retrouvez les gens
qui négocient les conditions de travail. Les avantages sociaux se
retrouvent au comité mixte et c'est garanti par la loi, il n'y a rien de
changé. Ce n'est pas le conseil d'administration, contrairement à
ce que vous venez d'affirmer, M. le député de Joliette, qui va
pouvoir toucher à cela. C'est garanti par la toi.
Si vous n'avez pas cette compréhension élémentaire
du fonctionnement et des garanties législatives du comité mixte,
vous pouvez tenir le discours que vous venez de tenir.
M. Chevrette: Dans votre logique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas une logique.
M. Chevrette: ...si c'est important pour un comité mixte
d'avoir une représentativité, pourquoi cela ne serait-il pas
important pour le conseil d'administration de la commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous l'expliquer et je
vais tenter de faire rejoindre les rails. Au comité mixte, on traite de
sujets qui découlent de la négociation. Que la table de
négociation se perpétue au comité mixte, cela a
été comme cela, cela a joué un bon rôle, cela a
connu du succès, il n'y a pas eu de difficultés majeures, on
n'est pas pour changer ces choses.
Les avantages sociaux, c'est une chose différente des
décisions administratives de gestion, de formation professionnelle, etc.
Tant que vous voudrez que la commission soit le prolonqement de la table de
négociation dans son ensemble... Que le comité mixte le soit,
cela va et c'est même garanti par la loi.
M. Chevrette: M. le ministre, donnez-nous donc la vraie raison
pour laquelle, au comité mixte, ce sont les parties qui sont là?
C'est parce que ce sont elles qui patent. C'est le même principe qui
s'applique maintenant à votre nouvelle structure: ce sont elles qui
paient. C'est pour cela qu'on tient à la cohérence de nos propos.
Avant, vous auriez pu invoquer le fait que le gouvernement subventionnait
l'administration de l'OCQ. Vous les obligez, par loi, à verser 1 %
dorénavant. Nous, on dit: Dans la même logique que le
comité mixte... Si le comité mixte est représenté
directement par les parties, c'est précisément parce que ce sont
elles qui paient. Les avantages sociaux, s'ils sont au comité mixte,
c'est parce que ce sont les parties qui paient de leur poche; autant le patron
que le travailleur.
Dans la commission, dorénavant, à part les programmes
d'éducation de la main-d'oeuvre, qui paie pour l'administration et
la
gestion de la nouvelle structure? Ce sont les salariés et le
patron. Donc, dans la même logique que le comité mixte gère
les avantages sociaux, la structure devrait être contrôlée
par les parties.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'avais sans doute commis une
erreur, j'avais tenu pour acquis que vous connaissiez, sur le plan technique,
le dossier, M. le député. Présentement, qui paie,
pensez-vous, pour le fonctionnement de l'Office de la construction du
Québec?
M. Chevrette: Il y a des parties qui paient jusqu'à 0,5 %
et il y a des subventions gouvernementales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon!
M. Chevrette: Des subventions d'équilibre
budgétaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon!
M. Chevrette: Parfois, cela a été 6 000 000 $.
Demandez à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce sont les parties qui
paient le fonctionnement.
M. Chevrette: Oui, il y a eu des subventions
d'équilibre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu dans le passé des
subventions qui ont été arrêtées par votre
gouvernement...
M. Chevrette: Oui, c'est exact.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et on a poursuivi
l'arrêt. Ce sont les parties qui paient. Au comité mixte, ce n'est
pas la raison, c'est parce que c'est un prolongement d'application de ce qui a
été négocié. Si votre raisonnement était
vrai, en haut également à l'office, ce seraient les parties parce
que ce sont les parties qui paient. Oui, peut-être que dans le
passé il y a eu des subventions d'équilibre, comme il y aura,
vous venez de l'indiquer, des subventions pour la main-d'oeuvre, etc. Ce sont
les parties qui, financièrement, sont responsables. Vous ne pouvez pas
prendre l'argument selon lequel les parties paient au niveau du comité
mixte, oublier que c'est la même chose en haut et essayer de
mélanger les gens. Où on ne se rejoint pas, c'est que vous voulez
faire du conseil d'administration de la Commission de la construction du
Québec le prolongement de la table de négociations. Nous vous
disons: Au comité mixte, c'est le cas parce que ce sont des
éléments qui découlent, sur le plan des avantages sociaux,
de ces négociations. Que ce soit comme cela, c'est accepté, cela
fonctionne bien, il n'y a pas de problème, oui, ce sont les parties qui
paient. À l'office présentement, ce sont les parties qui paient
et cela ne fonctionne pas comme cela, et, à l'avenir, cela va demeurer
les parties qui vont payer, sauf les ajustements, subventions, etc. Ce n'est
pas la raison, ce n'est pas le motif. Je m'excuse d'avoir tenu pour acquis que
vous possédiez cette technique de fonctionnement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Ils sont forts sur la technique. Adopté sur
division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.3 est
adopté sur division. J'appelle l'article 3.4. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
L'article 3.4 se lit comme suit: "Une vacance parmi les membres du conseil
d'administration est comblée en suivant le mode prescrit pour la
nomination de la personne à remplacer". II s'agit d'une nouvelle
disposition qui prévoit le mode de nomination pour combler une vacance
parmi les membres du conseil d'administration. Même une vacance parmi les
membres est comblée en suivant le mode prescrit pour la nomination de la
personne à remplacer. Cela se passe d'explications.
M. Chevrette: Oui, c'est...
Mme Juneau: ...se rapportant à l'article 3.2.
M. Chevrette: Oui, la binette...
Mme Juneau: D'accord.
M. Chevrette: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.4 est
adopté sur division. J'appelle l'article 3.5. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. "En cas d'absence ou
d'incapacité temporaire du président, celui des membres que
désigne le gouvernement le remplace et en exerce tous les pouvoirs. "En
cas d'incapacité temporaire d'un membre autre que le président,
le gouvernement peut nommer une autre personne pour assurer l'intérim,
aux conditions qu'il détermine."
Cette disposition vise le mode de remplacement du président en
cas d'absence ou d'incapacité temporaire de ce dernier, ainsi que des
autres membres. Cette disposi-
tion est de même nature que celle existant dans la loi
actuelle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui. Je voudrais savoir de la part du ministre si,
au deuxième alinéa de l'article 3.5, en cas d'incapacité
temporaire d'un membre autre que le président, c'est-à-dire l'un
des membres du conseil qui est issu d'une recommandation syndicale, patronale,
un fonctionnaire ou autre, un représentant d'un ministère, le
gouvernement peut nommer une autre personne pour assurer l'intérim, aux
conditions qu'il détermine, qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce pour le
traitement, pour les dépenses? Qu'est-ce que c'est "aux conditions qu'il
détermine"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les conditions sont
afférentes à l'exercice du poste.
Une voix: De ses fonctions.
M. Gauthier: Le fait d'ajouter ce bout de phrase veut-il dire que
les conditions pourraient être jugées différentes par le
gouvernement que celles qui, normalement, auraient prévalu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, parce que, dans un
intérim, parfois, le fait que ce ne soit pas sur une période trop
longue, très courte, etc., les conditions que vous vous devez d'offrir
aux gens peuvent être différentes.
M. Gauthier: D'accord. À l'Office de la construction du
Québec, M. le ministre, est-ce que cela fonctionne par jetons de
présence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement, je me
souviens - j'y vais de mémoire - d'avoir, parmi tous les organismes dont
je suis responsable, demandé aux organismes de ne pas verser de jetons
de présence. Je crois que l'Office de la construction du Québec
s'est conformé à cette directive du Conseil des ministres.
M. Gauthier: À ce moment-là, "aux conditions qu'il
détermine", qu'est-ce que c'est? C'est déterminer le
bénévolat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux parler de personne
d'autre que le président, mais les dépenses sont
remboursées, entre autres.
M. Gauthier: Pour tous les membres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour tous les membres. Les
dépenses occasionnées par leurs fonctions.
M. Gauthier: M. le ministre, je vous... M. Chevrette: II
n'a pas répondu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, les dépenses sont
remboursées.
M. Gauthier: Pour tous les membres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour tous les membres qui en font
la demande. Une disposition prévoit qu'ils peuvent être
remboursés de leurs dépenses.
M. Gauthier: S'il n'y a pas de conditions salariales ou de jetons
rattachés au fait de siéger à la Commission de la
construction, pourquoi ajouter "aux conditions qu'il détermine"? Dans
les comptes de dépenses, j'imagine que vous ne faites pas varier le prix
du millage ou les frais d'hôtel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on ne fait pas varier... En
tout cas, nous ne l'avons pas fait, je ne sais pas si d'autres l'ont
déjà fait.
Mme Juneau: Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai dit que je ne le savais
pas.
M. Chevrette: Quand on ne te sait pas, on n'insinue rien!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la période de temps,
essentiellement.
M. Gauthier: "Aux conditions qu'il détermine", c'est la
période de temps?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la période de temps,
essentiellement, étant donné qu'il n'y a pas d'autres
conditions.
M. Chevrette: Mais il y a les conditions salariales qu'il faut
déduire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le président,
peut-être, mais pas pour les autres personnes que le
président.
M. Chevrette: Mais en cas d'incapacité temporaire du
président, je suppose que c'est aux conditions convenues avec le
président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu. Je veux bien
qu'on se comprenne. Je n'ai pas...
M. Chevrette: Le remplacement du président...
M. Gauthier: "Aux conditions qu'il
détermine" n'est pas au bon alinéa, d'après
moi,
M. Chevrette: Je suppose que vous allez déterminer les
conditions du président aussi et, en cas d'incapacité, les
conditions de son successeur, sur le plan technique.
M. Gauthier: Au premier alinéa, il n'y a rien de
prévu et, au deuxième, il n'est pas supposé y avoir de
conditions et il y en a,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu. J'ai tendance
à être d'accord avec vous, les spécialistes en
législation.
M. Gauthier: Moi aussi, M. le ministre.
M. Chevrette: Nous étions convaincus que vous étiez
d'accord avec nous.
M. Gauthier: On peut suspendre, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on peut
suspendre quelques instants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque j'obtiendrai le rapport
technique des légistes, je vous le communiquerai.
Mme Juneau: Est-ce que je peux ajouter une question
là-dessus sur le même article, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: Vous dites: "en cas d'absence ou d'incapacité
temporaire"; combien d'absences allez-vous définir? Je m'explique. Vous
savez qu'aux municipalités, si un échevin manque plus que trois
réunions mensuelles, il peut être démis de ses fonctions.
Cela veut dire quoi, "en cas d'absence", pour vous? Une, deux ou trois
absences?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutezl Mme Juneau:
Minute!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela se pose toujours dans des
conditions... Si la Commission de la construction est dans une période
d'activités très intenses... Pour vous donner un exemple, il peut
arriver une problématique où il y a des réunions trois
fois par semaine. Peut-être que, cette semaine-là, la personne ne
peut pas assister aux trois réunions et que trois réunions, dans
ce cas, ne s'appliquent pas comme trois réunions qui seraient
mensuelles, etc.
Mme Juneau: Mais avez-vous des...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dans des normes
raisonnables, madame.
Mme Juneau: Vous ne les avez pas définies.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il n'y a rien de
défini de façon fixe. Lorsque vous nommez des gens à ces
postes de responsabilité, ce sont qénéralement des
personnes responsables que vous nommez. S'ils ne font pas leur travail et
s'absentent trop longtemps...
Mme Juneau: Vous balisez comment? C'est cela que je veux
savoir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La balise que j'ai utilisée
jusqu'à ce jour parmi les douze organismes dont je suis responsable
à la fois comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et comme ministre du Travail, c'est le gros
bon sens.
Une voix: Cela veut dire quoi?
M. Chevrette: Mais il ne doit pas être exclusivement
question d'absences à des réunions, M. le ministre. C'est
l'incapacité d'exercer ses fonctions, parce qu'il est à la fois
président et directeur général dans le projet de loi. Un
gars entre à l'hôpital pour un mois. Il est dans
l'incapacité d'exercer...
Mme Juneau: Ah oui! je comprends!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À ce moment, on fait des
nominations intérimaires pour un mois. On connaît à peu
près la période. Je vais vous donner un exemple pratique.
À la CSST, j'ai eu à le faire pour certaines périodes, des
nominations pour un mois.
Mme Juneau: Mais, M. le ministre, je ne parle pas que du
président. Vous avez parlé des membres de la... Si j'ai bien lu,
on dit: "en cas d'incapacité temporaire d'un membre autre que le
président". Est-ce que cela veut dire que la même règle
s'appliquerait pour le membre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Juneau: Je comprends très bien qu'en cas
d'incapacité, maladie ou quelque chose comme cela... Ce que j'aimerais
savoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là où je n'ai pas de
problème, de la manière dont c'est rédigé, en tout
cas, selon ma compréhension de la rédaction, c'est avec le
deuxième paragraphe: "En cas d'incapacité temporaire d'un membre
autre que le président, le gouvernement peut nommer une
autre personne pour assurer l'intérim, aux conditions qu'il
détermine". Cela ne me pose pas de problème.
Où j'ai un problème, c'est dans le premier paragraphe: "En
cas d'absence ou d'incapacité temporaire du président, celui des
membres que désigne le gouvernement le remplace et en exerce tous les
pouvoirs". Ce qui manque, d'après moi, à la première
lecture, c'est à quelles conditions?
Mme Juneau: Oui, je veux bien croire que c'est votre
problème, mais le mien n'est pas tout à fait le même. Je
veux savoir si vous avez mis des balises d'une façon ou d'une autre.
M. Paradis: Vous permettez que je parle du...
Mme Juneau: Nous aimerions le savoir et que vous puissiez
nous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de balises
précises, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que c'est parce que vous n'y avez pas
pensé ou bien si c'est parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce que ce n'est pas la
coutume dans les organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux
d'établir de telles balises. À ma connaissance... Lorsque la
personne est nommée, il y a des conditions qui sont
négociées dans son décret de nomination. Ce n'est pas dans
la loi qu'on retrouve ce type de dispositions. Je n'en ai pas vu dans les
autres lois, depuis six ans.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
terminé, Mme la députée de Johnson'
Mme Juneau: Je vous remercie, chère madame.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui n'empêcherait pas le
législateur d'en mettre. Je tiens à vous dire cela. Si le
législateur voulait mettre des balises, il pourrait en mettre.
Mme Juneau: Je pense, M. le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, j'ai donné ia parole au
député d'Ungava. Vous reviendrez après.
M. Claveau: Je peux lui laisser compléter son
intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez,
entendez-vous.
Mme Juneau: Je regrette, madame. Je n'aurais jamais voulu vous
faire entrave.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Mme la Présidente, je lis aussi l'article, en
le prenant mot par mot, au deuxième paragraphe. J'imagine - là,
je vais faire une caricature - un cas extrême. En revenant d'une
réunion du conseil d'administration, trois des représentants
syndicaux sont dans la même voiture et il leur arrive un malencontreux
accident. Les trois se ramassent la patte en l'air, dans le plâtre,
à l'hôpital pendant six mois. Est-ce que, pour les remplacer, le
ministre pourrait désigner trois représentants patronaux?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est un autre
article qui répondrait à cela. C'est la question des substituts.
"Une vacance parmi les membres du conseil d'administration est comblée
en suivant le mode prescrit pour la nomination de la personne à
remplacer." Est-ce que cela comprend une vacance temporaire?
M. Claveau: À mon avis, c'est une incapacité
temporaire d'exercer sa fonction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. En tout cas,
pour fins de précision et de sécurité, si on est pour
retoucher cet article, je l'indiquerai pour être certain que, si
c'étaient trois représentants patronaux, syndicaux ou
gouvernementaux, l'on doive les remplacer à partir de la même
origine ou de la même forme.
M. Claveau: D'accord.
M. Chevrette: Une petite question technique...
La Présidente (Mme Bélanger): Pour le bon
fonctionnement de la commission, est-ce que vous pourriez m'indiquer qui prend
la parole dans l'Opposition? Là, vous tentez de parler tous en
même temps.
Mme Juneau: Est-ce qu'on peut poser des questions, s'il vous
plaît? Cela ne nous fait rien, vous calculerez cela sur notre temps.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez...
Mme Juneau: On voudrait que tout le monde sache...
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez poser
des questions en alternance... À un moment donné, c'est un,
à un moment donné, c'est...
M. Chevrette: Oui, mais choisissez-en un dans le paquet et on va
parler chacun notre tour.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, là, vous
levez la main tous en même temps et tout le monde veut parler en
même temps. J'aimerais que vous m'indiquiez l'ordre...
Mme Juneau: Vous voyez notre intérêt, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): ...des
intervenants.
M. Gauthier: Mme la Présidente, puis-je vous
demander...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Gauthier: Puis-je vous suggérer une façon de
fonctionner? C'est que les membres de l'Opposition n'ont pas d'intervention de
dix ou douze minutes à faire, ils ont des questions à poser.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Gauthier: Je pense qu'on est capable de s'entendre entre nous;
vous pouvez accorder la parole au fur et à mesure qu'on pose les
questions. Et limitez le temps globalement, si vous voulez.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, pour autant
que deux députés ne parlent pas en même temps.
M. Gauthier: Théoriquement, on aurait droit à 80
minutes. Alors, on pose des questions en bien moins de temps que cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'en suis pas au
temps, mais c'est parce que j'ai de la difficulté à
contrôler. Vous posez des questions en même temps. Ce que je dis,
c'est que si vous voulez faire l'alternance...
Une voix: C'est un problème.
La Présidente (Mme Bélanger): Ungava pose une
question, Johnson pose une question, Roberval... Je n'ai rien contre cela.
M. Gauthier: Vous avez beau m'oublier, ce n'est pas grave. Mais
n'oubliez jamais la députée de Johnson.
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'oublie jamais
personne.
M. Gauthier: Voilà!
La Présidente (Mme Bélanger): À qui
est-ce?
M. Chevrette: D'ailleurs, Roberval, c'est une ville. Elle ne peut
pas questionner fort.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Une voix: Johnson, c'est un chef politique...
Mme Juneau: Je m'excuse, madame. Je ne voudrais pas vous
compliquer l'existence en aucun moment. Mais vous voyez notre
intérêt à comprendre et à ce que le ministre puisse
expliquer sa position. On sait qu'on veut faire un bon travail et avoir une
bonne explication que tout le monde connaisse. Là, on a un article
où il est possible, pour le ministre, d'amender, de façon que ce
soit plus clair. Je m'excuse, madame, mais c'est simplement pour un
éclairage supplémentaire, en fait. On vous casse peut-être
la tête, mais c'est simplement pour cela.
Je voulais savoir si le ministre avait... Je pense, M. le ministre, que
ce serait important qu'on sache où on se loge, sur quel pied on danse,
autrement dit, parce que si vous êtes capable de nous dire... Bon,
excusez-moi.
Une voix: C'est correct. Mme Juneau: Deux minutes. Une
voix: Oui.
Mme Juneau: Si vous êtes capable de nous dire, M. le
ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous
répondre à la question, M. le ministre, avant de quitter? On
suspend?
Mme Juneau: D'accord.
Une voix: On peut suspendre.
M. Gauthier: La présidente a demandé de
suspendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous suspendons les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 5)
(Reprise à 22 h 23)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux.
Nous sommes toujours à l'étude de l'article 3.5 introduit par
l'article 3. M. le ministre, nous allons commencer avec vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, dans le
but d'accélérer nos travaux, je pourrais peut-être,
à la suite des questions posées, proposer un amendement pour
clarifier les points soulevés par M. le député de Roberval
et peut-être par Mme la députée de Johnson, je n'en suis
pas certain. L'amendement à l'article 3 se lirait comme suit: "Modifier
le deuxième alinéa de l'article 3.5, introduit par l'article 3,
par l'insertion dans la deuxième ligne et après le mot "nommer":
"en suivant le mode prescrit pour la nomination de ce membre."
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur la recevabilité?
Mme Juneau: La recevabilité, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): II est très
recevable.
M. Chevrette: On a eu beaucoup de chances de plaider, madame.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je l'ai lu enmême temps que vous, M. le député, et je le trouve
recevable. On prend de l'expérience.
Mme Juneau: C'est une femme expédi-tive.
La Présidente (Mme Bélanger): Très
expéditive. L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 3.5,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3.6.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le président veille
à l'exécution des décisions du conseil et est responsable
de l'administration et de la direction de la commission dans le cadre de ses
règlements et ses orientations. "Il est d'office directeur
général de la commission et exerce ses fonctions è temps
plein."
En vertu de cet article, le président agit comme directeur
général de la commission, comme c'est le cas
présentement.
Les amendements apportés précisent les limites à
l'intérieur desquelles le président-directeur
général peut agir, soit celles des règlements et des
orientations de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Pourquoi avez-vous senti le besoin de resserrer
l'ancienne loi? Est-ce que c'est à partir d'une expérience
malheureuse ou si c'est à cause d'une nouvelle technicité
législative, d'un nouveau procédé administratif?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que c'est strictement
une question de précision, qu'il n'y a pas autre chose. Je ne sais pas
si vous avez eu des représentations là-dessus.
M. Chevrette: Je sais que, parfois, les légistes du
Comité de législation prennent une technique législative
et l'adoptent par la suite dans toute la législation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est en vertu des techniques
législatives, de façon à préciser. Vous êtes
déjà passé au Comité de législation,
vous?
M. Chevrette: Certaines fois, on ne comprend pas pourquoi, mais
c'est leur affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: J'aurais une question pour le ministre. Je suis
certain qu'il est capable d'éclairer ma lanterne. Le président
est d'office directeur général de la commission et il exerce ses
fonctions à temps plein. Le mandat du directeur général de
la commission sera-t-il décrit dans les règlements qui
accompagneront? Je sais qu'un directeur général a un mandat, en
général, de chef de la direction. Cela peut avoir des balises
plus ou moins larges, selon les postes de directeur général.
Est-ce décrit quelque part?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Comme telle, comme elle est
écrite là, la loi prévoit qu'il veille à
l'exécution des décisions du conseil; donc, il a l'obligation de
veiller à l'exécution des décisions qui auront
été prises par le conseil d'administration. Il est responsable de
l'administration et de la direction dans le cadre des règlements et
orientations de la commission. On ne peut pas le baliser avant que la
commission ait
ses règlements et ses orientations.
Mme Juneau: II n'y a rien de sorti là-dessus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est toute l'autonomie qu'on
laisse è la commission.
M. Gauthier: D'accord. Ce n'est pas pour chicoter, c'est
seulement pour savoir. Un directeur général, de la manière
dont cela peut fonctionner, certains pouvoirs peuvent lui être
réservés en exclusivité par rapport au conseil
d'administration et d'autres non? Exemple, la gestion du personnel de la
commission peut relever directement du conseil d'administration, comme elle
peut relever du directeur général. Est-ce que ce sont des
règlements qui existent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le conseil d'administration
qui décide. Le conseil d'administration peut décider, pour
reprendre votre exemple, que la gestion du personnel relèvera d'un
comité administratif ou il peut décider qu'elle relèvera
directement du directeur général.
M. Gauthier: Cela se fait au fur et à mesure...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le conseil d'administration
qui adopte ses règlements et ses orientations.
M. Gauthier: C'est beau pour moi. M. Chevrette:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.6 est
adopté. J'appelle l'article 3.7.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "Le gouvernement fixe la
rémunération et les autres conditions de travail du
président. "Les autres membres ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. "Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions aux
conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement. "Ces
dépenses sont à la charge de la commission."
En vertu de cette disposition, seul le président-directeur
général recevra une rémunération qui est
fixée par le gouvernement qui le nomme. Quant aux membres, ils ont droit
au remboursement de leurs dépenses encourues qui seront payées
par la commission où ils siègent.
Je vous préviens tout de suite que j'aurai un amendement à
proposer à cet article 3.7 qui pourra sans doute répondre
à quelques-unes de vos questions et qui se lirait comme suit: Article 3:
Remplacer le quatrième alinéa de l'article 3.7, introduit par
l'article 3, par le suivant: "Les sommes requises pour l'application du
présent article sont à la charge de la commission" - plutôt
que: "Ces dépenses sont à la charge de la commission."
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Cela ne
répond pas à ma question, malheureusement. Je vais devoir la
poser. Cela me fait quelque chose. Je me demande pourquoi, à partir du
moment où c'est justement à la charge de la commission et que la
commission a un comité qui s'occupe des finances et de l'administration,
tous ces éléments de rémunération et de
remboursement doivent être décidés par le ministre.
Pourquoi ne pourraient-ils pas être décidés par la
commission et recommandés au ministre, comme cela a été le
cas jusqu'à maintenant, le ministre acceptant plusieurs recommandations
à l'occasion? Je me demande pourquoi cela doit être vraiment
imposé par le haut, étant donné que cet argent ne provient
pas du gouvernement, mais bel et bien...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des organismes comme tels. C'est
habituellement le cas dans les... Je vais vous citer un cas pratique que j'ai
vécu depuis la brève période où je suis ministre.
La présidence de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, la CSST, est financée par les
contributions patronales et la présidente-directrice
générale ou le président-directeur général
est nommé par le gouvernement et sa rémunération est
fixée par le gouvernement. C'est pour s'assurer que les gens qui
occupent des fonctions parapubliques aient une certaine uniformité et
que cela réponde à certains critères.
La Présidente (Mme Bélanger): M, le
député de Joliette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour votre information, c'est
généralement négocié par le Conseil exécutif
pour conserver cette uniformité.
M. Claveau: ...du conseil d'administration.
M. Chevrette: Ma question porte sur le deuxième
alinéa, Mme la Présidente. Les autres membres ne sont pas
rémunérés -c'est clair - sauf dans les cas, aux
conditions... Cela ne va-t-il pas à l'encontre d'un engagement
électoral où les jetons de
présence sautaient?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez le lire comme cela,
mais la politique gouvernementale en la matière est de ne pas donner de
jetons de présence. Sauf qu'il y a certains organismes où cela
peut se produire, même dans le cas de la commission qui nous occupe. Un
organisme qui va siéger une ou deux fois par mois, où vous nommez
quelqu'un qui a les capacités intellectuelles et autres de
siéger, expérience, etc., et qui sur le plan financier est
complètement démuni... Le dénuement total. Je vais vous
donner un exemple. J'ai à nommer comme ministre responsable à la
Commission des affaires sociales un représentant des
bénéficiaires. Lorsqu'on nomme les autres membres de la
commission, on ne les rémunère pas, mais on donne un
dédommagement au représentant des bénéficiaires. Il
faut justifier cela cas par cas au Conseil des ministres, au moment où
on se parle. Comme ministre, au moment où je n'ai pas eu à faire
de nominations, j'ai créé l'exception. Ils sont publiés
à la Gazette officielle.
M. Chevrette: Cela peut être du remboursement de salaire
à un individu qui perdrait, par exemple, son salaire s'il n'avait pas de
convention collective disant qu'il peut s'absenter s'il a des fonctions ou des
charges publiques. Est-ce que cela peut vouloir dire cela aussi? On voit cela
dans beaucoup de conventions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela peut vouloir dire cela dans
certaines circonstances. Pour siéger à la Commission des normes
du travail ou au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, si vous
prenez un travailleur d'usine qui gagne 7 $ l'heure et que vous lui demandez
deux journées par mois, à moins qu'il ne soit dans une condition
financière très à l'aise à cause d'un
héritage, etc., vous pouvez lui donner une
rémunération.
M. Chevrette: M. le ministre, je vous dis tout de suite que je
serais contre une telle chose. Je comprends que les situations que vous
décrivez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi); Elles doivent
être justifiées cas par cas au Conseil des ministres et sont
publiées à la Gazette officielle.
M. Chevrette: Je vais vous donner une catégorie de gens
qui siègent à des conseils d'administration parce que c'est 200 $
ou 300 $ par jour en sus de leur rémunération. À plusieurs
reprises - il faut le dire aussi clairement que cela - ce fut le cas de
professeurs d'université. Souvent, ils sont consultants et
siègent à des conseils d'administration et à profusion,
à part cela, dans certains cas. Il paraît que si on faisait le
dénombrement pour certains individus on serait surpris parce que, d'un
ministère à l'autre, on ne sait pas nécessairement qui a
été choisi à plusieurs places. Il1 paraît qu'il y en
a - je me le suis laissé dire et je le dis sous réserve - qui
vont chercher autant en consultations et en primes de travail à des
conseils d'administration qu'en salaires de l'université. Dans ces
cas-là, est-ce que cela peut vouloir dire cela aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à vous assurer que
le gouvernement conserve une discrétion, de la façon dont c'est
rédigé. Je vous dis que comme ministre je ne prendrai jamais
l'initiative de demander cette autorisation au Conseil des ministres dans un
cas comme celui-là parce que la personne ne m'apparaîtra pas comme
en ayant besoin. Je pense, à partir de l'expérience vécue,
que si je la demandais cela serait refusé. De toute façon, je le
dis à l'Opposition, lorsque c'est décidé de le faire,
c'est un décret qui est adopté. Il est publié à la
Gazette officielle et vous pouvez l'identifier.
M. Chevrette: C'est un texte de loi, M. le ministre. Si on
mettait: Sauf dans les cas où l'individu perd son traitement ou encore
l'individu ne bénéficie pas de l'assurance... Là où
il y a perte de rémunération, je comprendrais que vous
rémunériez l'individu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas nécessairement. Je
vais vous donner un exemple. S'il s'agit du trésorier de Power
Corporation, pour donner un exemple extrême, qui est
rémunéré à X milliers de dollars pour telle
période...
M. Chevrette: Oui, mais dans ma tête...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je ne recommanderais pas qu'il
soit dédommagé.
M. Chevrette: Dans ma tête, M. le ministre, je trouve que
quelqu'un est justifié de demander un salaire quand il en perd pour
venir siéger, comme principe de base. Mais je ne suis pas d'accord avec
ce qui est libellé, si l'individu ne perd pas son traitement... Par
exemple, il y a des directeurs de commissions scolaires qui vont siéger
à des comités économiques, à des comités X
et, indépendamment du nombre d'heures ou de jours qu'ils consacrent
à des conseils d'administration, l'employeur ne leur soustrait aucun
salaire. Qu'on paie les dépenses de ces gens-là, je trouve cela
admissible. Quand il y a perte de salaire, je n'en suis pas tellement sur le
quantum. Parce que, même si un individu a un gros salaire, dans certains
cas, il peut avoir un rythme de vie qui correspond à ce salaire, il
développe un
standard de vie qui correspond parfois à son salaire et il n'a
peut-être pas plus les moyens de perdre une journée que celui qui
a 25 000 $. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de limiter cela à un
remboursement, s'il y a une perte de salaire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce dont j'aurais peur - je vous
l'indique - si je l'inscrivais dans la loi, c'est que tout le monde,
finalement, prétende avoir un salaire. Je vais vous donner un exemple:
le président du Conseil du patronat. Il va dire, quand il va
siéger à la CSST ou, supposons, à la Commission de la
construction du Québec, que le Conseil du patronat le paie tant
habituellement, et il va s'arranger avec le conseil pour ne pas qu'on le paie.
Ils vont économiser cela et nous, les contribuables, nous allons le
payer.
M. Chevrette: M. le ministre, le mot "salarié" n'a pas la
même connotation que les mots "employeur" ou "entrepreneur". Le mot
"salarié", c'est la pitance...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dis que Ghislain Dufour
est un salarié du Conseil du patronat.
M. Chevrette: Oui. Et, si son salaire n'est pas coupé,
Ghislain Dufour ne sera pas remboursé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que, de façon
pratique, si je le mets dans la loi, j'ai l'impression que l'organisme va
réagir. Ce que je vous dis, c'est que, si on le détermine dans la
loi, on peut arriver avec des cas où notre décision va faire en
sorte qu'on va se trouver devant une situation aberrante qu'on n'aura pas
prévue. Au moment où on se parle, vous connaissez la politique
gouvernementale, ces décisions sont obligatoirement publiées
à la Gazette officielle et, comme membres de l'Opposition ou de
l'Assemblée nationale, de quelque côté que cela soit, vous
pouvez interroger et critiquer le gouvernement. Si le gouvernement commet des
abus, il en est responsable devant la population. Il a fait état d'une
politique, il en est responsable devant la population.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Gauthier: Mme la Présidente, j'ai demandé la
parole, et cela fait deux fois que vous la donnez au député
d'Ungava depuis que je l'ai demandée.
Mme Juneau: Moi aussi, je l'ai demandée.
M. Gauthier: Je n'ai rien contre mon collègue, mais j'ai
juste une question à poser et j'aimerais bien avoir la parole.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est son
préféré.
Mme Juneau: As-tu demandé la parole toi aussi?
M. Claveau: Oui, j'ai demandé la parole.
Mme Juneau: Ah!
Une voix: C'est la zizanie.
Une voix: C'est l'amour.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est la zizanie...
C'est parce que cela fait très longtemps qu'il me l'a
demandée.
M. Gauthier: Vous pouvez toujours me passer, sauf que j'ai
indiqué que j'ai demandé la parole même avant le
député de Joliette tout à l'heure.
Mme Juneau: Moi aussi.
M. Gauthier: Vous avez passé mon collègue de
Joliette et, là, vous voulez passer mon collègue d'Ungava. Cela
ne me fait rien, mais je commence à trouver cela long.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais que vous
vous entendiez. Comme je l'ai expliqué tout à l'heure, tout le
monde lève la main en même temps; c'est assez difficile.
M. Gauthier: Faites juste prendre nos questions quand on en a.
Mettez mon nom quelque part sur la liste, je les poserai bien en temps et lieu.
Mais mettez-le, au moins!
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Claveau: J'avais une question à poser sur la
première intervention, et pendant que je pensais à la formulation
de ma deuxième question, la parole avait changé de place. Je vais
poser ma question qui va être brève, d'ailleurs.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtt
M. Claveau: II y a des frustrés de l'autre bord. Le
député de Saguenay est arrivé, la chicane prend.
Une voix: Quand on veut la parole, on la prend.
M. Claveau: Qu'il retourne donc dans sa garde-robe encore un bout
de temps!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
Une voix: Tu n'es pas emmanché pour venir me chercher dans
la garde-robe!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: On en a déjà vu des gars comme cela,
Mme la Présidente.
Je voulais poser une question au ministre, si le député de
Saguenay me laisse le temps de parler. Au moment de la consultation, il y a,
entre autres, un organisme qui a émis une préoccupation en ce qui
concerne les gens qui siègent à des comités de conseils
d'administration, le comité administratif et le comité de
formation professionnelle. Il disait que cela représente un surplus de
travail, cela représente probablement beaucoup d'heures et qu'il serait
bien vu que ces gens-là soient rémunérés. Est-ce
que le ministre a pris cette demande-là en considération?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas au moment où on se
parle.
M. Claveau: Est-ce que le ministre pourrait
répéter, s'il vous plaît?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas au moment où on se
parle.
M. Claveau: Est-ce qu'il envisage cela après que l'on se
soit parlé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous l'avez vu depuis le
début de nos travaux, lorsqu'un amendement nous semble justifié
et raisonnable, qu'il a été demandé, nous y
réfléchissons sérieusement avant de le rejeter. Vous nous
apportez de nouveau un argument qui a été présenté
par les parties. Il faudra voir si l'on conserve avant, de façon
obligatoire, le comité administratif des relations du travail et le
comité administratif en matière de formation professionnelle. Si
on ne crée pas une obligation dans la loi comme on en a
évoqué la possibilité, c'est-à-dire laisser au
conseil d'administration la possibilité d'établir ces
comités ou non, je pense que cela peut varier. Si l'on voulait atteindre
l'objectif que vous semblez viser, il faudrait, à ce moment-là,
donner la possibilité au conseil d'administration de prendre ces
décisions. À ce moment-là, ces décisions
n'iraient-elles pas à l'encontre de la politique gouvernementale quant
à la rémunération des membres? À nremière
vue, je prétends que oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: M. le ministre, la commission de la construction est
un organisme qui va avoir des règlements de régie interne comme
la plupart des sociétés d'Etat ou des organismes qui
dépendent de l'État. Au deuxième alinéa, on dit:
Les autres membres ne sont pas rémunérés sauf dans les
cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement. Est-ce qu'un décret, un arrêté en conseil,
par ' exemple, du gouvernement pourrait dire: Nous entérinons les
règlements de la Commission de la construction du Québec, dans
lesquels règlements il pourrait y avoir une politique de
rémunération de ses membres? Est-ce que l'article, tel que
libellé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où l'on se
parle, avant que la loi ne soit modifiée, nous avons demandé aux
orqanismes gouvernementaux, sans autorité légale de le faire,
nous avons indiqué une volonté politique, nous les avons
invités à prendre ces décisions, mais à chaque fois
qu'on retouche à un organisme sur le plan gouvernemental on inclut un
article qui a un libellé tel dans les lois. Je pourrais vous donner,
à titre d'exemple, l'article 7 du projet de loi 137, la Loi sur la
Société d'habitation; c'est un article identique et les autres
lois qui sont appelées...
M. Gauthier: Cet article, M. le ministre, est exclusif,
c'est-à-dire qu'il ne peut pas y avoir de règlement interne
adopté en bloc par le gouvernement qui puisse justifier une
rémunération. C'est bien ce que vous me dites?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pourriez peut-être
être capable d'interpréter: "Les autres membres ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement." Est-ce que le gouvernement
pourrait, à partir d'un décret, ordonner que tous les gens qui
sont à des conseils d'administration reçoivent - je ne sais pas -
100 $ par jour? Peut-être que oui, mais cela irait contre...
M. Gauthier: Je sais qu'il y a des sociétés - et je
ne le dis pas pour vous emmerder - qui, malgré la volonté
politique que vous avez exprimée, ont décidé, à
l'interne, de façon réglementaire, de continuer à se voter
des jetons de présence. Remarquez bien que je suis tout à fait
d'accord avec cela; en passant, je trouve un peu ridicule ce
bénévolat plus ou moins
calculé. On ne reviendra pas sur le fond de la chose, nous avons
chacun nos opinions là-dessus, mais je me demandais, M. le ministre, si
cet article ne permettrait pas je répète la question - non pas
d'identifier dans un décret du Conseil des ministres qu'on retrouverait
à la Gazette officielle les membres du conseil d'administration
rémunérés à 250 $ par jour, mais d'avoir un
décret qui dise: Le gouvernement accepte par décret les
règlements de régie interne déposés par la
Commission de la construction du Québec, par exemple. Dans ces
règlements de la Commission de la construction du Québec, on
pourrait déterminer que les membres ont un salaire de 250 $ par jour ou
par séance. Cela peut-il se faire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela ne peut pas se faire et
la loi l'interdirait parce que, s'il y avait des conditions à
déterminer, il ne faut pas que ce soit quelqu'un d'autre que le
gouvernement qui les établisse.
M. Gauthier: Cela serait spécifique, d'accord.
Une autre question, M. le ministre. Concernant: "Le gouvernement fixe la
rémunération et les autres conditions de travail du
président." La question que je voudrais vous poser est comme base
comparative. Le président de la commission, est-ce que c'est
l'équivalent d'un sous-ministre, c'est-à-dire d'un administrateur
d'État, classe 1, ou d'un sous-ministre adjoint, ou d'un je ne sais
quoi, d'un président de société d'État? À
partir de quoi établissez-vous cela? Quel est le barème?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai indiqué que
c'était négocié par les membres du Conseil
exécutif, le secrétariat du Conseil exécutif. Le chiffre
de référence ou l'échelle de référence, ce
sont les emplois supérieurs au niveau gouvernemental, ce qui inclut
sous-ministre adjoint, directeur de service, sous-ministre en titre, selon
l'expérience de l'individu, etc.
Il ne s'agit pas de quelque chose qui est gelé, il s'agit de
quelque chose qui est négocié avec chaque individu.
M. Gauthier: Avec l'individu qui occupe le poste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avec celui qui occupe le poste ou
celui qui est nommé ou qu'on va chercher.
M. Gauthier: Dans les balises de la catégorie
"administrateur"... Un président de société d'État
ne fait pas du tout le même salaire qu'un sous-ministre, par exemple. (22
h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'ai vu passer au Conseil
des ministres depuis que je suis là, j'en ai vu à peu près
dans le "bracket" suivant: de 50 000 $ jusqu'à 160 000 $ dans le cas du
président d'Hydro-Québec, je pense. C'est un chiffre qui est
connu. Généralement, ce qu'on voit le plus fréquemment,
c'est entre 50 000 $ et 80 000 $, si je peux donner...
M. Gauthier: M. le ministre, je m'excuse, ce n'est parce que je
veux savoir le salaire, je m'en fous royalement. C'est juste parce qu'entre 50
000$ et 125 000 $, il y a une différence énorme et je voudrais
savoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'en ai pas vu beaucoup
au-dessus de 100 000 $.
M. Gauthier: D'accord. Un sous-ministre a 89 000 $, je pense.
A-t-on déterminé un "bracket"? Par exemple, on pourrait dire que
c'est l'équivalent d'un poste de sous-ministre en titre. Cela peut aller
de 72 000 $ à 89 000 $. Y a-t-il une équivalence de postes ou si
on fixe cela à l'oeil, selon le bonhomme qui occupe la fonction?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne fixe pas cela à
l'oeil non plus, mais c'est un contrat individuel, négocié avec
un individu.
M. Gauthier: À partir de qualifications.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir de qualifications,
de son expérience, etc. Et, là aussi, le contrat est
publié à la Gazette officielle du Québec.
M. Gauthier: Mais ce n'est pas à partir du poste, c'est
à partir de l'individu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le poste n'est pas classé
Administrateur IV, si vous me demandez...
M. Gauthier: II n'est pas classé, d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente. Mis à part le
président qui, vous dites, va être rémunéré,
vous avez dit que les autres membres ne seraient pas
rémunérés. Est-ce qu'il y a une différence entre
les membres qui seront des fonctionnaires nommés par vos deux
ministères et celui de l'Éducation et ceux qui sont nommés
par les associations syndicales et patronales, relativement à la
rémunération?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la même chose.
Mme Juneau: Comment allez-vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai l'impression que, lorsqu'on
nomme un fonctionnaire et qu'il n'y a pas de rémunération qui
s'ajoute, il est sur son salaire. S'ils siègent le soir, il siège
le soir, il continue. Si quelqu'un est nommé par le gouvernement et
qu'il représente une association patronale, dans certains cas,
l'association patronale peut verser une indemnité. Quand vous nommez
quelqu'un qui vient d'une association syndicale, l'association syndicale peut
verser une indemnité.
Mme Juneau: Oui, mais à ce moment-là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas d'obligation de
créée envers ces organismes.
Mme Juneau: À mon point de vue, vous allez faire deux
sortes de membres de la commission. Vous allez faire une sorte de membres
nommés par les associations syndicales ou patronales qui sont, à
peu de choses près, rémunérés par leur organisme,
si on veut bien l'entendre comme vous l'avez dit, tandis que les fonctionnaires
vont être là d'office, sans avoir de rémunération
supplémentaire. Vous dites qu'ils peuvent siéger le jour, le
soir, sans avoir de rémunération supplémentaire. Est-ce
que vous n'ayez pas d'inquiétude à ce moment-là que cela
fasse deux catégories de membres à cette commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai l'impression qu'à
cause de la structure je vais avoir trois catégories de membres.
Mme Juneau: Avec le président, vous voulez dire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, en oubliant le
président. Je vais avoir une catégorie de membres
suggérée par le milieu syndical, une autre suggérée
par la partie patronale et l'autre par la partie gouvernementale. Je vais me
retrouver avec trois catégories de membres. Dans un conseil
d'administration, généralement, vous pouvez avoir autant de
catégories de membres que vous avez d'individus. Cela peut aller
jusque-là.
Mme Juneau: Mais vous avez bien dit -si j'ai bien compris - que
les fonctionnaires, c'est déterminé. Ils vont être sur
l'horaire de travail régulier et parce qu'ils sont nommés
à cette commission, cela ne veut pas dire qu'ils vont avoir une
rémunération supplémentaire. C'est bien ce que vous m'avez
dit?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ils n'auront pas de salaire
supplémentaire. Je peux vous donner l'exemple des fonctionnaires au
ministère du Travail, les conciliateurs, les arbitres, etc. Ces gens
entrent dans des conflits et quelquefois le vendredi soir, jour et nuit, le
samedi, le dimanche, ils sont disponibles. Ces gens ont des traitements, des
conventions collectives négociées et cela s'applique
régulièrement. Cela ne pose pas de problèmes. Si on envoie
des gens qui sont à ces niveaux, je n'ai pas de difficulté avec
cela, quand bien même j'en aurais tous les jours.
Mme Juneau: Je souhaiterais, quand on en arrivera à la loi
définie telle que vous le souhaitez et qu'on le souhaite aussi, que
cette position que vous allez prendre soit très claire, pour qu'on ne
fasse pas deux catégories de membres, ou trois catégories, comme
vous l'avez dît tout à l'heure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai de la difficulté
à être plus clair que de dire, sur le plan législatif: "Le
gouvernement fixe la rémunération et les autres conditions de
travail du président." Cela indique qu'il y a un contrat
négocié avec le président. "Les autres membres ne sont pas
rémunérés -c'est assez clair - sauf dans les cas, aux
conditions et dans la mesure que peut déterminer le gouvernement." Et
à ce moment-là, c'est publié à la Gazette
officielle.
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je pense qu'il y a quand même un trou dans
l'article, parce que je suis obligé de regarder d'autres articles plus
loin où il y a des comités. Si le ministre maintenait la
structure actuelle, je pense que le paragraphe 2, à moins que le
ministre ne me dise que, juridiquement, ce n'est pas cela qu'il veut dire, ce
sont les autres membres du conseil d'administration. Prenons le comité
de la formation professionnelle, par exemple. Ces gens peuvent être
appelés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que cela le dit, mais, si
vous voulez, pour plus de précautions, M. le député...
M. Chevrette: Non, ce n'est pas cela. Je veux démontrer
que je prétends que c'est restrictif aux membres du conseil
d'administration. Je pense qu'on l'interprète de la même
façon. Quand on en arrive au comité, après, les membres
sont également nommés. Ils sont très nombreux; je pense
qu'il y a quinze membres pour la formation. À la lecture que j'en ai
faite, je remarque -si je me trompe, vous pourrez me le dire
parce qu'à cette heure-ci on n'a pas toujours les idées
claires - qu'il n'y a pas du tout de mécanisme prévu pour les
membres qui siègent à des comités, qui pourraient
être appelés, entre vous et moi, dans un laps de temps de trois,
quatre mois, à siéger plus souvent que le conseil
d'administration et qui pourraient se retrouver dans la même situation
que les membres du conseil d'administration, en fait.
Par exemple, en formation, il y en a neuf pour l'industrie. Si les
quinze membres veulent faire un travail sérieux, c'est bien sûr
qu'ils vont avoir un soutien technique. Je n'ai pas vu de dispositions
générales. À moins que cela n'ait existé
déjà dans la loi, il n'y en a pas de relative à ce
paragraphe-ci; ce sont les dépenses.
Je voudrais poser une question différente. Est-ce qu'il y a un
article de portée générale ailleurs, dans l'autre loi 290,
pour les éventuels comités d'une commission? Elle se trouve
amendée complètement, c'est une nouvelle commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'attire votre attention
là-dessus, même si ce n'est pas tout à fait conforme
à nos règles, à la page 12 du projet de loi, à
l'article 18.14, on parle exactement de cela, mais votre inquiétude est
encore plus vraie parce que l'on indique que "les membres et les
substituts...
M. Chevrette: Ne seront pas rémunérés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ne sont pas
rémunérés..." S'il fallait décider de les
rémunérer, c'est là qu'il faudrait amender l'article.
M. Chevrette: Je pense au "deadline" du 1er mai de votre motion
qui peut obliger des gens à "rusher" en "mosus"! Dans les circonstances,
n'étant pas les mêmes membres, cela peut être quand
même des statuts identiques à ceux des membres du conseil, si l'on
veut une cohérence dans le projet de loi. Mme la Présidente, on
n'a pas d'autres interventions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je reviens à la question que j'ai posée
tout à l'heure, sur les membres, entre autres, les représentants
de l'association patronale, de l'association d'entrepreneurs, de l'association
représentative, qui siègent au conseil d'administration et qui
vont avoir un surplus d'ouvrage s'ils sont là. J'ai juste une courte
réflexion à faire, qui répond à une de mes
préoccupations. Le principe, en tant que tel, de ne pas
rémunérer les membres du conseil d'administration est
probablement bon en soi.
Il y a sûrement des fondements qui sont valables à partir
d'un certain degré. Mais, à partir du moment où l'on
demande à ces gens de faire du travail supplémentaire et d'y
mettre pas mal de temps, s'ils ne sont pas rémunérés, si,
à toutes fins utiles, ils ne sont pas payés pour un travail fait
- c'est liquidé, tu as travaillé, tu es payé - le ministre
se garde toujours une certaine redevance envers ces gens. Un jour ou l'autre,
ils vont lui renvoyer l'ascenseur. J'ai une préoccupation face à
cela, en tout cas. Un jour ou l'autre, quelqu'un peut dire au ministre:
Écoute, j'ai tel problème qu'il faut que tu me règles
aujourd'hui. J'ai mis tellement de temps dans ton affaire et je l'ai fait
bénévolement; aujourd'hui, règles-moi cela. On ne
travaille pas dans un monde angélique, M. le ministre, je l'ai dit tout
à l'heure. C'est un monde où nous travaillons avec nos
défauts et nos qualités d'humains. Le ministre ouvre des portes,
éventuellement, à de drôles de situations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député
d'Ungava, j'ouvre peut-être des portes, mais je n'invente pas des portes.
Vous avez été élu dans votre comté d'Ungava. Je
suis sûr qu'il y a des gens qui, bénévolement, ont
travaillé pour vous. Je suis même sûr que ceux qui croyaient
beaucoup en vous ont dû consacrer, bénévolement, pas mal
d'heures pour vous faire élire; vous ne deviez pas être facile
à faire passer là, vous.
M. Claveau: C'est une appréciation personnelle; je l'ai
prise comme cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est même pas une
appréciation personnelle, M. le député d'Ungava, cela
faisait partie du ton de nos discussions.
Une voix: Allez le battre, M. le ministre, vous êtes
capable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ces gens-là peuvent cogner
à votre bureau de comté demain matin et vous dire:
Écoutez, M. le député, j'ai donné du temps, etc.
Oui, on se sent moralement redevable, mais je pense que si vous êtes un
député honnête vous allez lui rendre service dans le cadre
de vos fonctions sans enfreindre aucune loi ni aucun règlement et en ne
vous plaçant pas en conflit d'intérêts. Je vous fais
confiance, en tout cas.
M. Théorêt: Cela serait angélique de penser
autrement.
M. Claveau: En tout cas, je vous fais part d'une de mes
préoccupations...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis
conscient que cela existe.
M. Claveau: ...dans le cadre d'une fonction parce que, là,
actuellement, on ne parle pas de fonction politique, on ne parle pas d'une
organisation politique. On parle de fonctions carrément administratives
dans lesquelles on oblige des gens à se concentrer sur des
problèmes précis avec des délais, avec des
préoccupations et des responsabilités inscrites dans la loi. Ce
n'est pas tout à fait la même approche. C'est tout. J'ai fini mon
intervention là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux bien qu'on se comprenne.
Vous me pariiez de quelqu'un qui aurait consacré pendant cinq ans
plusieurs heures au bon fonctionnement de la Commission de la construction du
Québec en oeuvrant plusieurs heures, plusieurs journées,
plusieurs semaines à un des comités, qui n'aurait jamais
été rémunéré et qui pourrait venir un jour
dire: M. le ministre, député de Brome-Missisquoi, despuis le
temps où vous m'avez nommé là, j'y ai consacré bien
du temps, j'ai négligé mes affaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
M. Claveau: C'est une préoccupation que j'émets,
honnêtement, devant la commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas éviter cela,
moi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a
l'amendement à adopter avant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à vous dire que ce
que le député de Joliette a apporté comme remarque sur le
plan des gens qui oeuvreraient à des comités soit mixtes, soit
consultatifs - on le retrouve à l'article 18.14, etc. - je n'exclus pas
la possibilité de le regarder de très près à ce
moment-là, mais pas au niveau du conseil d'administration, parce qu'un
conseil d'administration ne travaille pas sept jours par semaine. Il
délègue à des comités.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement qui est inséré à l'article 3.7. "Remplacer le
quatrième alinéa de l'article 3.7, introduit par l'article 3, par
le suivant: "Les sommes requises pour l'application du présent article
sont à la charge de la commission", est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
3.7 tel qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3.8.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 3.8. "Le
président ne peut, sous peine de déchéance de sa charge,
avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise qui met en
conflit son intérêt personnel et celui de la commission.
"Toutefois, cette déchéance n'a pas lieu si cet
intérêt lui échoit par succession ou par donation pourvu
qu'il y renonce ou en dispose avec toute la diligence possible. "Tout membre du
conseil d'administration, autre que le président, qui a un
intérêt direct ou indirect dans une entreprise qui met en conflit
son intérêt personnel et celui de la commission doit, sous peine
de déchéance de sa charge, dénoncer par écrit son
intérêt au président et s'abstenir de siéger au
conseil et de participer à toute délibération ou
décision lorsqu'une question portant sur l'entreprise dans laquelle il a
cet intérêt est débattue."
Je vais vous donner intégralement les notes explicatives pour
faciliter la compréhension. Les deux premiers alinéas ont pour
effet de s'assurer que le président ne se placera pas dans une situation
où un conflit d'intérêts serait possible. Le
troisième alinéa a pour effet de s'assurer que les membres autres
que le président devront dénoncer par écrit leur
intérêt direct ou indirect dans une entreprise qui met en conflit
leur intérêt personnel et celui de la commission, qu'ils
s'abstiendront de siéger et de participer à toute
délibération ou décision lorsqu'une question portant sur
l'entreprise dans laquelle ils ont cet intérêt est
débattue.
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.8 est
adopté. J'appelle l'article 3.9,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. "Le
quorum aux séances du conseil d'administration est d'au moins la
majorité des membres nommés dont le président.. "Le
président n'a pas droit de vote sauf en cas d'égalité des
voix."
Il s'agit - d'une disposition usuelle prévoyant le nombre de
votes nécessaires à la prise de décision.
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3.9 est
adopté. J'appelle l'article 3.10.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article
3.10. "Le conseil d'administration forme deux comités
administratifs: "1° le comité administratif sur les relations du
travail; "2° le comité administratif sur la formation
professionnelle." Nous aurions...
M. Chevrette: Nous aurions un amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout d'un coup, que c'est le
même. Je vais présenter le mien.
Article 3: Modifier l'article 3.10, introduit par l'article 3, en
remplaçant, dans la première ligne, le mot "forme" par les mots
"peut former".
Motion d'amendement proposant d'autoriser la formation
de différents comités
M. Chevrette: M. le Président, je vais vous lire mon
amendement. On verra si cela coïncide parce qu'on touche à trois
paragraphes et cela a une incidence sur les autres.
L'article 3 du projet de loi 119, Loi modifiant la loi sur les relations
du travail dans l'industrie de la construction, est modifié en
remplaçant les nouveaux articles 3.10, 3.11 et 3.12 par un nouvel
article 3.10 se lisant comme suit - il a pour effet de remplacer 3.10, 3.11 et
3.12: "Le conseil d'administration peut former - on a le même esprit -
tout comité administratif ou consultatif qu'il juge opportun de former
et lui confier toute question relevant des relations du travail et de la
formation professionnelle."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela m'arrive de tous
côtés, c'est possible que... Il y a des orientations qui sont
communes, si vous me donnez quelque temps avec les légistes.
M. Chevrette: Vous donnez notre texte aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Juneau: II a été déposé
hier...
La Présidente (Mme Bélanger): II n'est pas
déposé, parce que je ne peux pas prendre deux amendements en
même temps.
M. Théorêt: Vous pouvez suspendre deux minutes.
M. Chevrette: On peut suspendre l'article, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a peut-être une
négociation.
M. Chevrette: ...puis continuer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on peut suspendre les
travaux deux minutes, parce que cela peut régler les articles 3.11 et
3.12 en même temps?
La Présidente (Mme Bélanger): Nous suspendons nos
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 2 )
(Reprise à 23 h 6)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je
juge que l'amendement à l'article 3.10 introduit par l'article 3 est
recevable. Il se lit comme suit: "Modifier l'article 3.10 introduit par
l'article 3, en remplaçant, dans la première ligne, le mot
"forme" par les mots "peut former"." Est-ce que l'amendement est
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'amendement est adopté,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
3.10 est adopté.
M. Chevrette: Non, Mme la Présidente, parce que je crois
que je dois proposer mon amendement. En tout cas, je vais l'expliquer et si
vous me conseillez autre chose, je ne suis pas fermé à une autre
façon de le placer. Mon dilemme est le suivant: Je suis d'accord avec le
"peut", d'ailleurs on vient de donner notre consentement sans discussion...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaîtl
M. Chevrette: Mme la Présidente, j'ai le dilemme suivant:
je viens de dire au ministre: Oui, j'accepte l'amendement "peut former". Cela
m'apparaît répondre d'ailleurs à un consensus et à
un voeu exprimé par plusieurs. Sauf que, c'est "peut former un
comité administratif sur les relations du travail et un comité
administratif sur la formation professionnelle", à l'article 3.10, alors
que l'objectif de mon amendement, c'est de dire: "peut former tout
comité administratif ou consultatif qu'il juge opportun de former et lui
confier toute question relevant des relations du travail ou de la formation
professionnelle."
Vous allez me demander pourquoi je tiens à le mettre là.
C'est que je ne voudrais pas être limitatif. L'article 3.10
donne le pouvoir de former ou de ne pas former. Automatiquement, dans
mon libellé, je fais sauter les articles 3.11 et 3.12, mais j'ai un
nouvel article 3.10 qui tient compte de l'amendement du ministre "peut former".
Je me sers du premier bout de phrase "Le conseil d'administration peut former",
je garde exactement le libellé du ministre, "deux comités
administratifs", mais je dirais "tout comité administratif parce que
c'est de la régie interne. On ne peut pas faire le débat sur le
fond tout de suite, c'est cela qui est embêtant quand on cherche une
formule technique et que l'on évite de faire le débat sur le
fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est difficile de parler de
l'amendement suggéré par le député de Joliette sans
parler en même temps des articles 3.11 et 3.12.
Je vais tenter de résumer la situation. Vous avez un conseil
d'administration de la Commission de la construction du Québec qui, en
vertu de l'ancien libellé, avant que l'amendement soit apporté,
devait former un comité administratif en matière de relations du
travail et, en dessous du comité administratif, le comité mixte
en matière de relations du travail. De l'autre côté, vous
avez un comité administratif en matière de formation
professionnelle et, en dessous, un comité consultatif en matière
de formation professionnelle. En changeant l'obligation qu'avait la commission
de former ce comité, nous disons: Le conseil d'administration de la
commission peut maintenant choisir de former ou de ne pas former les deux
comités administratifs. C'est-à-dire que, pour éviter de
la "structurite", comme certains représentants de certaines parties nous
ont dît, le conseil d'administration pourrait décider de transiger
directement avec le conseil mixte et le comité consultatif en
matière de main-d'oeuvre. Si le conseil d'administration devait prendre
la décision de former des comités administratifs en
matière de relations du travail et en matière de formation
professionnelle, l'article 3.11 crée de façon obligatoire la
composition du comité administratif sur les relations du travail. Il est
intéressant d'en vérifier la composition pour bien comprendre. II
y aurait un président, un représentant de l'association
d'employeurs...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...non pas des associations
représentatives. Ce serait un représentant de l'association
d'employeurs, il faut faire la distinction; un . représentant des
associations représentatives, la partie syndicale; deux
représentants nommés au conseil d'administration, à la
suite de la recommandation du ministre du
Travail. Ce ne seraient pas les personnes nommées par le ministre
de l'Éducation et le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à ce comité. "Ce comité
administratif remplit les fonctions que lui confie le conseil "d'administration
sur les questions relatives aux relations du travail, à l'exception de
celles que le conseil doit exercer par règlement." En ce qui concerne le
comité administratif sur la formation professionnelle, si le conseil
d'administration décide de le créer, sa formation serait la
suivante: un président, un représentant des associations
d'entrepreneurs - on a entendu des gens là-dessus; un
représentant des association représentatives des salariés,
travailleurs; deux représentants nommés au conseil
d'administration à la suite des recommandations respectives du ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et du ministre de
l'Éducation. On retrouverait en formation professionnelle ceux qui
doivent être en formation professionnelle. "Ce comité
administratif remplit les fonctions que lui confie le conseil d'administration
sur les questions relatives à la formation professionnelle, à
l'exception de celtes que le conseil doit exercer par règlement."
On a eu, à la suite des représentations des parties, deux
types de demandes, des gens qui nous ont dit: Donnez aux quatre comités,
finalement, les deux comités administratifs et les deux comités
consultatifs, des pouvoirs quasi décisionnels. On a même eu des
demandes de pouvoirs décisionnels qui nous auraient amené
à la création de cinq organismes.
On a eu des suggestions ou des recommandations d'autres organismes en
sens contraire qui nous disaient: Cela fait de la "structurite", c'est trop
gros, laissez le choix au conseil d'administration de créer ces
comités administratifs ou non. On tente de concilier le tout. On dit: On
laisse le choix, mais s'il le crée, il le crée dans tel
format.
M. Chevrette: M. le Président, je vais demander au
ministre de me permettre d'argumenter trois minutes sur le fond parce que je
pense que c'est à partir du fond, qu'on va voir clair. Je
prétends qu'un amendement du genre... Quand on laisse à un
conseil d'administration la possibilité de former des comités, je
pense qu'on ne doit pas lui dire que c'est nécessairement un
comité sur les relations du travail. Cela pourrait être sur toute
question portant sur les relations du travail, et être des comités
très différents. Il y en a un qui pourrait se pencher sur les
avantages sociaux dans l'industrie de la construction, un autre pourrait se
pencher sur la sécurité d'emploi -tout comité qu'il juge
à propos de former. Cela m'apparaît...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce principe est déjà
dans la loi.
M. Chevrette: Cependant, tel que stipulé, avec votre
paragraphe "peut former tout comité" et leur flanquer un cadre"
après cela, cela enlève quasiment tout l'effet. Vous dites:
Vous-êtes assez grands pour décider si vous pouvez former un
comité ou non, mais, si jamais vous décidiez, dans votre candeur,
d'en former un, mes petits enfants, vous allez rentrer dans le cadre
suivant.
Je trouve que, sur le plan de la logique législative, quand on
donne un pouvoir à quelqu'un, on lui reconnaît la
possibilité d'être assez grand pour être capable de le
former comme il le veut, comme il l'entend. S'il y a un conseil
d'administration qui est formé également de quatre
représentants patronaux et de quatre représentants syndicaux,
s'ils sont assez nonos pour ne pas se nommer pour se faire
représenter... Je m'excuse, mais il y a une partie qui est faible en
Hérode à ce moment-là.
Je vous avoue que, sur le simple plan de la logique administrative,
quand tu confies à une structure le pouvoir... S'ils ne le font pas, il
y a les autres comités qui siègent, ce sera tant pis pour eux.
S'ils veulent le faire dans la logique, il me semble que confier un mandat
à quelqu'un ou donner un pouvoir à quelqu'un et lui fixer un
cadre, cela va un peu loin, cela est un peu fort. Je pense que je vais le
déposer, quitte à ce qu'on en dispose sur le fond mais, dans
l'analyse que l'on en fait, de ce côté-ci, l'amendement serait
recevable et répondrait véritablement à une logique, selon
laquelle, si tu reconnais que quelqu'un est assez grand pour le faire, il doit
le faire. Je dépose donc l'amendement.
Mme Juneau: Dans le fond, cela veut dire la même chose.
Cela vous évite une page... Cela veut dire la même chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Avez-vous une copie
de l'amendement?
M. Chevrette: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour-riez-vous vous
exprimer sur la recevabilité? (23 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est recevable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'objection à
discuter.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
recevable.
M. Maltais: Si vous ne l'avez pas, on ne peut pas le
recevoir.
La Présidente (Mme Bélanger): Je l'ai reçu,
il est recevable.
M. Maltais: Pour discuter de la recevabilité comme membre
de la commission, il faudrait avoir l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
quorum? Je suspends les travaux pour quelques secondes.
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Saguenay, quand je juge un amendement recevabte, je n'ai pas à le
soumettre. On l'a lu, il est recevable et on va vous le passer pour le
discuter.
M. Maltais: On voudrait que vous nous le passiez une fois que
vous l'avez lu; prêtez-le nous.
La Présidente (Mme Bélanger): On le fait
photocopier, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Ne faites pas l'avaricieuse, prêtez-nous.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Une voix: II nous l'a passé. Une voix: Il nous l'a
passé où?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est n'est pas sûr. Ce
n'est pas mon amendement. Je ne suis toujours pas pour défendre
l'amendement du député de Joliette, à moins que j'y
concoure.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Théorêt: Mme la Présidente, M. le
député de La Peltrie...
M. Cannon: Mme la Présidente, déjà nous
avions cet amendement à travers la liasse d'amendements qui avait
été déposée hier soir.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est un nouvel
amendement qui vient d'être déposé.
M. Maltais: Oui, mais M. Bédard nous dit qu'on l'a.
Mme Juneau: Non, il a été déposé au
début de la journée.
M. Maltais: ...jusqu'à 3.9.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Où est le ministre? On va attendre le
ministre. Le ministre n'est pas là, on ne plaidera pas sur un
amendement.
M. Théorêt: ...le leader de l'Opposition, mais on va
vous écouter quand même.
M. Cannon: De toute façon, ses conseillers techniques sont
là.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on suspend
ou voulez-vous discuter de l'amendement?
M. Gauthier: Mme la Présidente, on ne va pas argumenter
une heure, mais cinq minutes pour faire accepter l'amendement. Si le ministre
n'est pas là, cela ne donne rien d'argumenter.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour éviter
des propos qui ne pourraient pas passer dans le Journal des débats,
nous allons suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 19)
(Reprise à 23 h 22)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: Mme la Présidente, la présence du
ministre ici est importante, parce que c'est lui au fond qui va décider
si, oui ou non, on adopte cet amendement. D'abord, premièrement,
l'amendement... Mme la Présidente, y a-t-il moyen d'avoir un peu moins
de bruit? J'ai mal à la tête.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceux qui veulent
faire des caucus, qu'ils veuillent bien les faire en dehors de la salle, s'il
vous plaît!
Mme Juneau: Très bien, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a un amendement
à discuter et on n'entend rien.
M. Gauthier: L'amendement précise que le conseil
d'administration peut former tout comité administratif pour lui confier
les questions relatives aux relations du travail, et à la formation
professionnelle. L'amendement rejoint deux buts, le ministre en conviendra.
D'abord, un en ce qui concerne la simplification du projet de loi. Au lieu de
toute la grande description qu'on a aux articles 3.10, 3.11 et 3.12, le
député de Joliette a argumenté, je n'ai pas besoin de
revenir là-dessus. Qu'il y ait un minimum de liberté au conseil
d'administration pour former ses comités, que la représentation
soit faite... J'ai l'impression que si la dynamique dont parlait le ministre
tout à l'heure quant à l'entente qu'il pourrait y avoir au
conseil d'administration avec un juste équilibre des forces de chaque
côté, avec les fonctionnaires et un petit dessin qui nous rappelle
les flèches tout partout, j'ai l'impression que cela devrait normalement
fonctionner très bien, comme le ministre s'est évertué
à nous le montrer pendant quasiment deux jours. Alors, aujourd'hui, je
ne vois pas pourquoi il refuserait de simplifier le projet de loi, de laisser
un peu plus de marge de manoeuvre aux parties et, dans le fond, de ne pas
baliser l"'imbalisable" en fonction des mandats qu'ils se donneront, en
fonction des besoins de leurs services, en fonction de ce qu'ils voudront
rendre comme service à l'industrie de la construction. Ils pourront se
décider de se former un comité d'étude, un comité
de travail, un comité sur les relations du travail, un comité sur
ce qu'ils voudront.
Alors, pourquoi mettre des enfarges supplémentaires - et je ne
plaiderai pas beaucoup plus longtemps que cela - pourquoi ne pas simplifier le
projet de loi sur ces aspects, puis faire confiance au conseil d'administration
que le ministre nous a vanté depuis deux jours comme étant un
conseil d'administration efficace, qui devrait être capable de s'entendre
et de prendre les bonnes décisions? C'est vrai, la logique des choses,
c'est de lui donner le plus de marge de manoeuvre possible; à ce
niveau-là du moins. On n'en fera pas une bataille jusqu'à minuit
ce soir, mais on ne voit pas l'intérêt de tous ces articles.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'amendement proposé par le député de Joliette se lit
comme suit: "Le conseil d'administration peut former tout comité
administratif ou consultatif qu'il juge opportun de former et lui confier toute
question relevant des relations du travail et de la formation professionnelle."
J'attire l'attention du député spécialement sur l'article
82: "L'office peut, de plus, par règlement approuvé par le
gouvernement et publié dans la Gazette officielle du Québec,
former tout comité ou sous-comité pour l'aider dans
l'exécution de son mandat." Cela me semble se recouper; à
première vue, en tout cas.
M. Gauthier: Si cela se recoupe, M. le ministre, car
l'amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas dans les mêmes
termes.
M. Gauthier: D'accord, mais, selon nous, l'amendement recouvre,
dans le fond, tout ce qui est aux articles 3.10, 3.11 et 3.12 actuels. S'il est
déjà... Vous dites à l'article... Je n'en ai pas
souvenance, je m'excuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'article 82,
sous-alinéa e.
M. Gauthier: Bon. À l'article 82, sous-alinéa e. Si
on a déjà cette précision qui recouvrirait l'amendement,
à ce moment-là, quelle est l'utilité des articles 3.10,
3.11 et 3.12, sinon d'être une redondance?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je peux vous faire un tableau,
reprendre...
Une voix: Un dessin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est parti d'un projet de loi
qui prévoyait l'obligation pour la Commission de la construction du
Québec de former un comité en relations du travail, un
comité en main-d'oeuvre, un comité mixte sous le comité en
relations du travail, un comité consultatif sous le volet formation
professionnelle. Des gens se sont fait entendre. Il n'y avait pas
unanimité et on tente de concilier les positions des parties. Certaines
gens nous ont dit: Vos comités, les quatre comités, donnez-leur
des pouvoirs décisionnels. On a expliqué à ces gens que,
si on leur donnait des pouvoirs décisionnels, ce qu'on ferait serait de
créer cinq organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux.
D'autres nous ont dit: Ne trouvez-vous pas que c'est un peu trop et que
vous commencez à souffrir, M. le ministre, de "structurite" quand vous
obligez la création, par la loi, de quatre comités? Pouvez-vous
donner le choix au conseil d'administration de les créer ou de ne pas
les créer? C'est à peu près le sens des
représentations que nous avons eues à l'occasion de l'audition
des parties intéressées devant cette commission
parlementaire.
Ce qu'on a proposé et l'amendement pour lequel vous avez
voté, c'est d'enlever l'obligation au conseil d'administration de
créer et le comité administratif sur les relations du travail et
le comité administratif sur la formation professionnelle. Votre
amendement - je tente de le disséquer - a deux objets: permettre au
conseil d'administration de créer beaucoup plus de comités que
cela, s'il le veut, s'il le souhaite ou s'il le juge à propos, dans un
domaine particulier, ou un sous-comité. À cela, je vous
réponds: Si vous allez à l'article 82, alinéa e, de la
loi, je pense, à moins que vous ne puissiez me prouver le contraire, que
l'objectif que vous recherchez, dans des mais un peu différents est
déjà rencontré lorsqu'on dit: "L'office peut, de plus, par
règlement approuvé par le gouvernement et publié dans la
Gazette officielle du Québec, former tout comité ou
sous-comité pour l'aider dans l'exécution de son mandat." Cela
devrait disposer de la première partie de votre argumentaire.
Deuxième partie de votre argumentaire, vous dites: Si vous
laissez la possibilité au conseil d'administration de créer un
comité administratif sur les relations du travail et un comité
administratif sur la formation professionnelle, laissez-leur la
possibilité d'en déterminer la composition. C'est à peu
près ce que je saisis de la deuxième partie de votre
argumentation.
Là-dessus, je vous dis: Si le conseil d'administration
décide de créer un comité administratif - il est libre de
le créer ou non - sur les relations du travail, l'article 3.11 -
là, Mme la Présidente, je suis un peu hors du sujet, mais je suis
obligé d'en traiter si je veux fournir une explication - dit que le
comité administratif sur les relations du travail est composé du
président, d'un représentant de l'association d'employeurs
siégeant au conseil, d'un représentant des associations
représentatives siégeant au conseil et de deux
représentants nommés au conseil d'administration sur
recommandation du ministre du Travail.
Ce qu'on s'est dit, finalement, sur le plan de la composition, c'est
qu'il faut qu'on retrouve dans le domaine des relations du travail les gens
qui, traditionnellement - et cela rejoint un peu l'orientation que vous aviez
au début - les gens qui s'occupent de relations du travail. Qui sont les
gens qui s'occupent de relations du travail dans l'industrie de la
construction? Le ministère du Travail s'en occupe. La partie syndicale
s'en occupe et, sur le plan des associations de patrons - ce sont les
associations d'employeurs - c'est l'AECQ qui s'en occupe au moment où
l'on se parle.
En matière de formation professionnelle, à l'article 3.12,
on va dans le même sens. On dit: Si vous souhaitez en créer un,
conservez cet équilibre. N'allez pas nommer des représentants du
ministre du Travail, ce sont ceux du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu et ceux du ministère de
l'Éducation qui vont être à leur place. Quant aux patrons,
n'allez pas nommer l'AECQ. On a eu des représentations de tout le monde
ici qui nous ont dit: On est beaucoup mieux placés que l'AECQ pour se
prononcer en matière de formation professionnelle des travailleurs qui
sont membres de nos associations. Donc, on donne suite à la
volonté des parties et on dit: un représentant des associations
d'entrepreneurs et, naturellement, un
représentant des associations représentatives. C'est ta
logique qui sous-tend les articles 3.11 et 3.12. (23 h 30)
M. Gauthier: Une question addionnelle, et cela va aller.
L'article 82 de la loi dit: "par règlement approuvé par le
gouvernement et publié dans la Gazette officielle du
Québec." Est-ce que le ministre ne trouve pas cela un peu lourd?
Est-ce que l'amendement qu'on apporte finalement est beaucoup plus souple pour
la Commission de la construction du Québec que ce qui est prévu
à l'article 82? Est-ce qu'il n'y a pas intérêt, d'ailleurs,
M. le ministre, à assouplir un peu les fonctionnements de cet
organisme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends ce que vous voulez
dire. Vous dites: Est-ce qu'on ne serait pas mieux d'annuler l'article 82e et
de prendre sur le plan du fonctionnement la partie de l'amendement que je
suggère? Étant donné qu'ils sont à peu près
équivalents, la technique législative nous obligerait à
présenter un amendement à l'article 82. Cela fait partie d'un
ensemble de pouvoirs réglementaires, il n'est pas isolé. Le
paragraphe vient nécessairement, vous en conviendrez, entre d et f. Il
fait partie d'une suite logique, il a été construit comme tel. Il
n'a pas posé, au moment où on se parle, en tout cas à ma
connaissance - je n'en ai pas été averti - de problème
d'application dans la pratique de l'administration quotidienne de la
commission. Comme j'ai suffisamment de problèmes et que je n'en cherche
avec personne...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Non, cela va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Mme la Présidente, étant donné
que j'ai eu les réponses aux questions, c'était à peu
près la même chose que je voulais poser comme question, je vous
demanderais le vote sur l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Rejeté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
rejeté.
Mme Juneau: Nous, on vote pour.
M. Gauthier: Excusez, c'est parce que j'étais en
arrière.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai demandé
si l'amendement était adopté et on me dit qu'il est
rejeté.
M. Gauthier: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur division.
Mme Juneau: Bien sûr, on vote pour, c'est certain.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors.
Une voix: Même s'il n'est pas bon, on vote pour, c'est nous
qui l'avons apporté.
M. Chevrette: ...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Est-ce que l'article 3.10 est adopté"?
Mme Juneau: Tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Bélanger): Tel
qu'amendé, est-ce que l'article 3.10, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Juneau: Oui, madame, adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur division?
Une voix: Qui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, c'est tel
qu'amendé, vous êtes sur division quand même?
Mme Juneau: C'est tel qu'amendé pour l'article 3.10.
M. Gauthier: Oui, pour être logiques avec ce qu'on voulait
avoir, nous, de remplacer tout cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous le soumets, vous pourriez
à ce moment voter contre les articles 3.11 et 3.12, parce que tout ce
qu'on dit finalement, à ce moment, c'est "peut former deux
comités". En tout cas, si vous voulez l'avoir sur division, vous
passerez à l'histoire avec cela.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3.11.
Mme Juneau: Pour éclairer tout le monde voulez-vous
revenir à l'article 3.10, s'il vous plaît, parce que je pense
qu'on a eu...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article est
adopté, tel qu'amendé, sur division.
M. Chevrette: ...l'amendement du ministre.
Mme Juneau: Tel qu'amendé.
M. Chevrette: On a déjà voté, Mme la
Présidente, l'article 3.10, l'amendement du ministre.
Mme Juneau: C'est cela.
M. Chevrette: Donc l'article, il ne se lit plus "conseil
d'administration forme", il se lit: "le conseil d'administration peut
former".
Mme Juneau: C'est cela.
M. Chevrette: Sur le "peut former", nous étions
d'accord.
Mme Juneau: C'est cela.
M. Chevrette: Là où on est divisé, c'est sur
le point suivant, si vous me permettez trente secondes. Nous disons: quand on
décide de donner aux parties le pouvoir de former des comités, on
les laisse former et on ne leur donne pas de cadre. On est
légitimé comme formation, parce que c'est contraire au principe
fondamental que nous recherchions par notre amendement. C'est donc sur
division, les articles 3.10, 3.11 et 3.12.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 3.11
est adopté sur division, l'article 3.12 est adopté sur division,
j'appelle l'article 4. M. le ministre.
Fonctions et pouvoirs de la commission
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit des fonctions et
pouvoirs de la commission, Mme la Présidente. "La commission a pour
fonction d'administrer la présente loi et notamment: "1° de veiller
à l'application de la convention collective conclue ou du décret
adopté en vertu de la présente loi; "2° de vérifier et
contrôler l'application de la présente loi et de ses
règlements et notamment le respect des normes relatives au placement,
à l'embauche et à la mobilité de la main-d'oeuvre dans
l'industrie et la construction; "3° de s'assurer de la compétence de
la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction; "4° d'organiser et
surveiller la tenue du scrutin d'adhésion syndicale et de constater la
représentativité des associations visées à
l'article 28; "5° dans le cadre des politiques relatives à la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction approuvées par le
gouvernement, de veiller à l'application des mesures et des programmes
relatifs à la formation professionnelle des salariés, des
artisans et des employeurs qui exécutent eux-mêmes des travaux de
construction; "6° d'administrer des régimes complémentaires
d'avantages sociaux, conformément à la présente loi;
"7° de maintenir un service de vérification des livres de
comptabilité des entrepreneurs afin de contrôler et
vérifier l'encaissement des cotisations et des
prélèvements prévus par la présente loi ou par une
convention collective ou par un décret adopté en vertu de la
présente loi; "8° d'organiser et administrer tout fonds
d'indemnisation que les parties jugent nécessaire pour assurer à
chaque travailleur le paiement de son salaire et de tous les avantages
sociaux."
Je vais vous donner pour que cela aille plus rapidement les notes
explicatives que j'ai en fonction de cet article. Cette disposition a pour
effet de préciser les fonctions de la commission. Le paragraphe 1° a
le même effet que le début du deuxième alinéa de
l'article 2 de la loi actuelle. Les paragraphes 2° et 3° ont pour effet
de préciser le mandat de la commission quant à l'application de
la loi et des règlements adoptés sous son autorité,
notamment en ce qui concerne le placement, l'embauche et la mobilité de
la main-d'oeuvre et de la formation professionnelle. Le paragraphe 4°
précise le mandat de la commission sur la tenue du scrutin
d'adhésion syndicale déjà prévu dans la loi. Le
paragraphe 5° précise que le mandat de la commission, quant à
l'application des mesures et des programmes relatifs à la formation
professionnelle, s'exerce dans le cadre des politiques relatives à la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction approuvées par le
gouvernement. Le paragraphe 6° a le même effet que le début du
paragraphe 1 de l'article 92 de la loi actuelle. Les paragraphes 7° et
8° ont le même effet que les sixième et septième
alinéas de l'article 2 de la loi actuelle. En somme, en plus de
préciser le nouveau mandat de la commission en matière de
formation professionnelle, cette disposition ne fait que reprendre
l'énoncé des mandats actuellement confiés à
l'Office de la construction du Québec en vertu de la loi actuelle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, ma question est la
suivante. Pourquoi le ministre n'introduit-il pas, dans ses fonctions et
pouvoirs, la possibilité de contrôler la notion quantitative de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction'
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Joliette, on me dit que le règlement actuel de classification de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, c'est-à-dire le
permis de travail, serait adopté au moment où on se parle en
vertu de 2° .
Présentement, la carte de classification, le permis de travail a
été adopté en vertu de l'article 78.1 b qui se lit comme
suit... Je vais le lire, parce que vous ne l'avez peut-être pas. Vous
l'avez? Cela va? Je n'ai pas besoin de le lire. Cela va sauver de la
salive.
On prétend qu'il y en a au moins autant qu'il y en avait.
M. Chevrette: Mme la Présidente, selon ce que je lis dans
le paragraphe 2° , le ministre se réfère à ses
règlements, donc, aux règlements que lui-même peut modifier
en vertu de l'article 123.2, à moins que je ne fasse erreur: "de la loi
et de ses règlements". Il n'y a pas de mandat particulier à la
commission face à la notion ou à l'adéquation, par
exemple, entre les besoins quantitatifs et qualitatifs. Je prétends que
c'est un des rôles fondamentaux de la Commission de la construction. Je
ne vois pas la réponse dans le 2° .
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je vous dis, c'est que le
régime actuel du permis de travail, de cartes de classification dans
l'industrie de la construction est adopté en vertu de l'article 78.1 b
qui se lit comme suit: "L'office est responsable du placement des
salariés de la construction. Il doit, au plus tard le premier juillet
1976, adopter tout règlement, nonobstant toute disposition
législative ou réglementaire contraire: b) prévoyant des
critères d'embauche." Au moment où on se parle, on écrit:
"La commission a pour fonction d'administrer la présente loi et
notamment: de vérifier et contrôler l'application de la
présente loi et de ses règlements et notamment le respect des
normes relatives au placement, à l'embauche et à la
mobilité de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction;". On
ajoute la mobilité.
M. Chevrette: La mobilité de la main-d'oeuvre est une
chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un ajout.
M. Chevrette: C'est quand même là, c'est une chose
claire. Le placement est aussi une chose claire. Mais la responsabilité
d'établir une adéquation précise entre les besoins
qualitatifs et quantitatifs est une autre chose. Je pense qu'on peut
réglementer la façon dont va se faire le placement. On peut
réglementer la façon dont la main- d'oeuvre peut être
mobile dans tout le Québec - et je pense que c'est clair dans l'article
que vous m'avez lu - mais la responsabilité de l'office d'établir
une adéquation entre ces besoins qualitatifs et quantitatifs, cela veut
dire du contingentement. Je ne retrouve pas cela dans le paragraphe 2° et
je ne le retrouve pas dans l'article...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux vous poser une
question?
M. Chevrette: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on s'entend pour dire
que l'actuelle carte de classification, le permis de travail, constitue
actuellement ce que vous appelez du contingentement?
M. Chevrette: La carte de classification?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: C'est un moyen de contrôler la
quantité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le bassin.
M. Chevrette: Le bassin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va.
Est-ce qu'on s'entend pour dire que cette carte est
délivrée en vertu des dispositions de l'article 78.1 b,
c'est-à-dire le pouvoir réglementaire de l'office
prévoyant des critères d'embauché?
M. Chevrette: Répétez donc cela. Je n'ai pas
compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoï): C'est compliqué,
là.
M. Chevrette: Je comprends, mais vous avez une batterie et vous
vous retournez de temps en temps pour lui parler. Je veux au moins avoir le
temps de comprendre ce que vous demandez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ça va. Je n'ai pas
d'objection à répéter.
M. Chevrette: Merci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous êtes
d'accord pour dire que l'actuelle carte de classification, permis de travail,
est délivrée sous l'autorité de l'article 78.1 b qui parle
de critères d'embauche. C'est en vertu de cette définition que le
contrôle quantitatif se fait. Et je vais vous suivre où vous
transposez à partir
de 78.1 b l'article 4.2 où on parle également du
critère d'embauche. Le même critère a été
maintenu. On a ajouté, je vous le concède, un pouvoir
réglementaire à la commission quant à la mobilité
de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. C'est important.
M. Chevrette: Est-ce que la mobilité n'existe pas dans le
règlement actuel?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que oui, mais que le
pouvoir habilitant n'était pas clair.
M. Chevrette: Vous avez senti le besoin de clarifier ou de donner
une assise juridique à cette partie du règlement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Chevrette: Donc, quand vous parlez des pouvoirs habilitants
à l'embauche, cela ne m'apparaît pas "full proof" en tout cas de
dire que la commission... Je vais prendre une minute et je vais essayer de vous
présenter un amendement.
M. Charbonneau: Puisque tous les autres commençaient par
"de veiller", "de vérifier" ou "de s'assurer", vous auriez pu avoir une
formulation qui ferait que la phrase aurait commencé par "de veiller
à l'application des mesures, etc. dans le cadre des politiques
retatives. C'est un détail, mais... (23 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que je peux me
tourner vers les légistes. Est-ce que vous avez compris la remarque du
député? On n'aurait pas de problème pratique à
l'inverser.
M. Charbonneau: C'est cela. Ce serait plus uniforme.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pouvez répéter, M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: C'est juste en attendant. Je pense qu'à
5°, "dans le cadre des politiques relatives", tous les autres
éléments de l'article commencent par: "de veiller", "de
vérifier", "de s'assurer", "d'organiser", "d'administrer", "de
maintenir", et "d'organiser" et là, c'est "dans le cadre de" et, plus
loin, "de veiller". Pourquoi ne pas dire "de veiller à l'application des
mesures... dans le cadre des politiques relatives..."?
M. Chevrette: M. le ministre.
M. Charbonneau: Est-ce que l'on s'entend?
Une voix: On en prend note.
M. Charbonneau: II faudrait faire un amendement.
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais lire l'amendement potentiel et on pourra en
discuter avant de le déposer officiellement. "L'article du projet de loi
119 sera amendé, etc., en ajoutant à la fin du troisième
paragraphe du nouvel article 4, les mots suivants: "et de s'assurer de
l'adéquation entre les besoins quantitatifs de main-d'oeuvre des
employeurs, d'une part, et le nombre de salariés détenteurs de
certificats de compétence et d'un certificat d'apprentissage."
Que vise cet amendement? Si l'on se base sur les besoins de
main-d'oeuvre et sur le nombre de certificats de compétence
nécessaires, la commission aurait un pouvoir habilitant de dire: N'en
formez pas plus que cela, parce qu'il y a l'adéquation, et les besoins
quantitatifs et qualitatifs sont tels que vous n'avez plus à en
former.
Tel que c'est rédigé présentement dans votre projet
de loi, je suis inquiet du fait suivant. Je suis inquiet que la formation
puisse continuer et que la commission, comme telle, ait peu de mots à
dire parce que son pouvoir habilitant ne ressort pas beaucoup. Si elle a un
pouvoir habilitant qui ressort expressément, quand la commission
parlera, autant au ministre de l'Éducation qu'au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, ceux-ci vont dire:
Oui, vous aviez le devoir de vous préoccuper de l'adéquation
entre les besoins quantitatifs exigés par les employeurs et le nombre de
certificats de compétence à émettre. Sinon, je vous avoue
que si l'on ne rend pas le pouvoir habilitant très clair, très
précis, j'ai l'impression que la commission va parler dans le
beurre.
Je ne dis pas que c'est là l'intention du ministre.
Peut-être qu'à étirer les textes de la façon dont il
les explique, il pourrait y trouver un fondement. On sait ce que c'est,
l'application d'une loi. Quand elle sera interprétée, les gens ne
demanderont pas ce que le ministre a voulu dire, ils vont lire ce qui est
écrit. Il me semble qu'en le précisant, en le clarifiant et en le
mettant d'une limpidité telle, la commission ne se fera pas revirer si
jamais elle cherche à se mêler de cela. Je pense que cela va de
soi et que le ministre ne sera pas... S'il dit que cela n'ajoute rien et que
cela ne nuit pas, pourquoi ne pas le mettre pour le rendre plus clair, dans ce
cas-là, pour éviter que l'on soit reviré chaque fois que
l'on parle de l'adéquation entre les deux?
M. Charbonneau: Si le député de Joliette me permet,
j'ai l'impression que l'on retrouve dans d'autres milieux...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Le ministre est avocat, il sait très bien
que le Barreau a une certaine capacité d'amener les universités
à contingenter un peu, le Collège des médecins
également. Je pense que ce serait normal qu'un organisme comme la
commission puisse également faire en sorte que l'on ne forme pas des
gens inutilement, si l'on n'en a pas besoin. Les messages de cet organisme
pourraient porter probablement plus s'il avait justement la
responsabilité de faire en sorte qu'ils soient clairs, en disant:
Écoutez, là, on va arrêter d'en former pour un temps parce
que l'on a un surplus. Eh même temps, concernant l'orientation, cela
permettrait également de ne pas amener des jeunes à s'en aller
dans des culs-de-sac, sans avenir pour de plus ou moins longues
périodes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre de la
façon dont je le conçois. C'est à partir d'une combinaison
d'articles. Je dois vous dire que, même si je l'ajoutais, je ne sais pas
quelle conséquence je pourrais y voir. Je compare avec la
législation actuelle. La carte de classification, en fonction de la
législation actuelle, est délivrée. C'est cela qui est la
base du contingentement du bassin de la main-d'oeuvre à partir de
l'article 78.1 b qui prévoit une réglementation quant aux
critères d'embauche. Nous retrouvons dans la loi actuelle, au paragraphe
2° , la même terminologie et les mêmes critères
d'embauche. Nous ajoutons au paragraphe 5°: "dans le cadre des politiques
relatives à la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
approuvées par le gouvernement, de veiller à l'application des
mesures et des programmes relatifs à la formation professionnelle des
salariés, des artisans et des employeurs qui exécutent
eux-mêmes des travaux de construction."
L'amendement suggéré par le député de
Joliette, au moment où on se parle, à "3° de s'assurer de la
compétence de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction",
serait d'ajouter "et de s'assurer de l'arrimage entre les besoins quantitatifs
et qualitatifs".
Le député de Verchères poursuit dans la
pensée du député de Joliette - si je peux utiliser
l'expression parce qu'il n'a pas eu l'air d'aller contre - en disant: Cela
permettrait à la commission d'établir de la façon la plus
précise possible, sans être certaine, le nombre de pupitres dans
nos institutions scolaires, un peu comme le fait le Barreau ou d'autres
associations, comme le Collège des médecins avec les
universités pour le nombre de pupitres. Ce n'est pas ouvert "at large".
Je prétends, au moment où on se parle, qu'à partir de - je
demande à être corrigé si cela n'est pas correct -
4.5°, dans le cadre des programmes de politiques de formation, que la
commission peut se prononcer sur les besoins quantitatifs. Maintenant, pour
l'application, on doit se référer à l'article 85.4. On
retombe au problème qu'on avait soulevé, il y a deux jours
environ. L'article 85.4 se lit comme suit: "La commission donne au ministre de
l'Éducation des avis sur toute question relative à la formation
professionnelle dispensée dans des établissements d'enseignement
après consultation du comité sur la formation." Ces avis touchent
la question quantitative, touche le nombre de pupitres. Maintenant, je ne veux
pas compter de mensonges à personne, mais c'est consultatif.
M. Chevrette: Est-ce que je peux vous poser une question tout de
suite, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, si cela peut...
M. Chevrette: À l'article 33, par exemple. Prenons un
exemple concret par rapport à ce que je vous dis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 33.
M. Chevrette: L'article 33, 2°, c'est écrit ceci:
"âgée d'au moins 16 ans pour laquelle un employeur
enregistré à la Commission de la construction du Québec
formule une demande de main-d'oeuvre et fournit à son égard une
garantie de travail d'une durée d'au moins 500 heures sur une
période d'au plus une année." Ce que je veux vous expliquer, M.
le ministre, c'est que, tel que c'est là, le pouvoir est à
l'employeur uniquement, qui viendrait gonfler les rangs quand il voudrait,
alors que, par le pouvoir habilitant que je donnerais à la commission
par l'amendement, la commission pourrait dire: Pour une durée de six
mois, par exemple, on ne peut pas permettre à l'employeur
d'accréditer du monde pour venir gonfler indûment le bassin. On
pourrait même mettre expressément à l'article 33,
deuxième paragraphe, on pourrait ajouter carrément: ...si la
commission considère que les bassins de l'industrie le
requièrent. Mais comme c'est là, on veut un certain
contrôle quantitatif en permettant à la commission de la
construction de faire un... On dit qu'il y a des critères possibles et,
en vertu de la loi, on habilite l'employeur à se fouter
éperdument du besoin quantitatif. Je trouve cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est si vous passez
par-dessus. Je vous accorde que cela n'est pas simple. En technique
législative, on tente de simplifier au maximum, mais on est pris avec
les mêmes contraintes que vous avez déjà eues. C'est si
vous passez par dessus l'article 18.2. Je vais essayer de vous refaire le pont
entre l'article 18.2 et l'article 85.4.
M. Charbonneau: Juste une question. L'article 85, c'est celui
où vous parliez tantôt du ministre de l'Éducation, des
avis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Charbonneau: ...sauf que là, si vous ajoutiez ce que le
député de Joliette propose...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne changerait pas les avis et
les pupitres dans les écoles.
M. Charbonneau: Non, mais vous donneriez un mandat plus
précis à la commission, entre autres, à l'égard des
avis qu'elle aurait à formuler.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous réfère
là-dessus à l'article 18.2...
M. Chevrette: Et à l'article 85.4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et à l'article 85...
L'article 18.2 dit: "Le comité sur la formation donne à la
commission et au conseil d'administration des avis sur toute question relative
à la formation professionnelle dans l'industrie de la construction, en
tenant compte des besoins des employeurs, des salariés et des artisans."
' II tient compte des besoins. Maintenant, quant au nombre de pupitres, c'est
là la question fondamentale qu'il faut se poser: Est-ce que la
commission a le pouvoir de dicter, si je peux utiliser l'expression, ou
d'imposer au ministère de l'Éducation le nombre de pupitres qui
doivent être ouverts dans tel métier, dans telle école dans
toute la province de Québec, à partir des estimations des besoins
que la commission qui est majoritairement composée de travailleurs et
d'employeurs aura estimés. Je vous donne la réponse. Tel que
c'est, c'est à titre consultatif. Cependant, le ministère de
l'Éducation aurait l'air un peu étrange sur la place publique, si
la commission lui disait d'ouvrir 300 pupitres, ou 1000 pupitres pour faire un
chiffre rond, et qu'il en ouvrait 5000. J'ai l'impression qu'il aurait des
explications à fournir quelque part. J'ai exprimé mon avis
personnel et je vous l'ai dit comme cela et on a même accepté de
convoquer ici, au moment où on sera rendu à ces articles, le
ministre de l'Éducation pour peut-être essayer de pousser encore
plus loin. Mais, comme vous, j'ai reçu un télégramme de la
CEQ disant...
Une voix: Oui, je l'ai vu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...vous êtes l'ancien
vice-président de la CEQ, disant qu'on était allé trop
loin, qu'on en avait déjà arraché un trop gros morceau au
ministère de l'Éducation. Je peux le lire: Réunis en
conseil général, la CEQ a traité du projet de loi 119.
C'est bien cela, Â l'unanimité, les membres du conseil
général ont dénoncé la trop grande
permissivité des dispositions transitoires, notamment au plan de la
délivrance des certificats d'apprentissage et d'occupation, parce
qu'elle incite des jeunes n'ayant pas complété leur formation de
base à gagner le marché du travail. Les membres du conseil
général s'opposent à l'intention du ministre de
l'Éducation de soustraire les stages du domaine de la formation
professionnelle initiale liée aux métiers de la construction. Il
dénonce l'exclusion presque complète du ministère de
l'Éducation du Québec de la formation complémentaire.
M. Chevrette: M. le ministre, vous savez que ce n'est pas cela.
La CEQ craint qu'en ouvrant à seize ans, sans diplôme, qu'on
incite précisément les jeunes qui sont en voie de formation,
à abandonner leurs études parce qu'ils peuvent entrer quand
même dans la construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux craintes.
M. Chevrette: C'est exactement l'objectif du
télégramme, relisez-le comme il faut. C'est l'abandon des
études, parce que la porte est trop ouverte à seize ans et plus,
sans demande de diplôme. C'est ce que veut dire la CEQ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux craintes, M. l'ancien
vice-président.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez un paquet d'anciens:
l'ancien commissaire, l'ancien vice-président, l'ancien ministre.
M. Chevrette: C'est pas si mal. Je les connais assez pour vous
dire que c'est ce qu'ils veulent dire dans leur chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous les connaissez assez pour
leur faire préciser cela.
M. Chevrette: Le ministre vient de me prouver par son
explication, en me parlant de l'article 18 et en le reliant à l'article
85, il vient de me faire la preuve très évidente - je pense bien
qu'il ne voulait pas le cacher, il a dit qu'il ne voulait pas le cacher - que
quels que soient les avis que la commission enverrait en vertu du pouvoir de
l'article 85.4, il se pourrait que le ministre de l'Éducation, par son
réseau scolaire, forme un grand nombre de jeunes à qui on
délivrerait automatiquement un certificat de compétence.
Où est le contingentement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, est-ce
qu'on peut s'entendre. Vous avez déjà été ministre
dans un gouvernement. Il y a des marges d'erreur et des degrés de
responsabilité. Est-ce qu'on s'entend pour dire qu'il y a des marges
possibles et des marges impossibles, quel que soit le gouvernement, quant
à la technique. À partir du moment où les gens de la
Commission de la construction du Québec auront fait les estimations de
besoins, est-ce que vous pouvez "raisonnablement" je dis bien raisonnablement
entre guillemets concevoir qu'un ministre de l'Éducation ou un
ministère de l'Éducation qui siège déjà
à cette commission, qui a fait valoir son point de vue etc. se foute
éperdument, M. le député de Joliette, des estimations qui
auront été réalisées par les spécialistes
dans le domaine? Cela serait de l'aberration politique.
M. Chevrette: En vertu de l'article 33.2, M. le ministre, est-ce
que vous reconnaissez que ce n'est pas le ministre, c'est l'employeur qui va
chercher directement une personne. Si on ne met pas de pouvoir
habilitant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous êtes
d'accord que l'article 33.2 est une mesure transitoire?
M. Chevrette: C'est une mesure transitoire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'il y a un gel pour
quatre mois?
M. Chevrette: Un gel de quatre mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'il y a un gel pour
quatre mois?
La Présidente (Mme Bélanger): II est minuit et
quelques secondes, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)