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(Onze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux sur
l'étude détaillée du projet de loi 150, Loi sur les
forêts. Le secrétaire peut-il annoncer les remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements, M. Chevrette (Joliette) est remplacé par M. Perron
(Duplessis) et M. Paré (Shefford) est remplacé par M. Jolivet
(Laviolette).
Le Président (M. Théorêt): Merci. Nous en
étions rendus, ce matin, à l'étude de l'article 4.
M. Joiivet: Avant d'entreprendre l'étude de l'article
4...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, compte tenu de ce qui a
été dit hier et qui a été déposé,
pour que tous les membres de la commission puissent avoir une connaissance de
l'ensemble des demandes qui ont été faites par le
député de Duplessis, est-ce que vous accepteriez qu'on remette
à tous les membres de la commission la liste des termes que l'Opposition
demande de bien vouloir définir dans ce projet de loi? C'est un peu
comme si c'était des amendements. Je ne pense pas qu'il y ait de
problème majeur.
Le Président (M. Théorêt): Vous pouvez la
faire circuler, M. le député de Laviolette.
Modifications prévues
M. Jolivet: D'accord. Ma deuxième question s'adresse
à M. le ministre. Compte tenu de ce qu'on demandait, hier, quant aux
amendements qui semblent être volumineux, j'ai lu dans un article de
journal venant de la Presse canadienne que le ministre
délégué aux Forêts a annoncé des amendements
qu'il entend apporter au projet de loi 150 qui instaurera à compter
d'avril 1987 un nouveau régime forestier. On dit que l'un des
amendements vise à permettre aux institutions financières telles
choses et, quant à un autre, le ministre dit: J'entends introduire un
amendement visant à éviter les préjudices pour ceux, qui,
dans le passé, ont conclu des ententes particulières impliquant
des échanges de terrains avec le gouvernement, etc. Je trouverais normal
que le ministre, pour nous faciliter la tâche en tant que membres de
l'Opposition et fort probablement aussi à ses collègues du
côté ministériel, ne nous dépose pas en liasse -nous
permettant de mieux nous préparer et dans le fond
d'accélérer le processus d'étude des articles et des
amendements disponibles -la liste des amendements qu'il entend déposer.
Ainsi, les gens de l'autre côté pourront rapidement se mettre au
travail et nous, nous pourrons faire les recommandations qui s'imposent pour
accélérer le processus de l'adoption des projets de loi.
Le Président (M. Théorêt): Alors, je vous
rappellerai que ce n'est pas la coutume. C'est au ministre de décider.
Je cède donc la parole au ministre délégué aux
Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Alors, M. le
Président, sur les deux points soulevés par le
député de Joliette...
M. Jolivet: De Laviolette, monsieur!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Excusez-moi; De
Laviolette. Je ne me tromperai plus, c'est la dernière fois. Concernant
les définitions qu'on nous demande, je vous ferais remarquer qu'on ne
pourra pas répondre à tout cela, mais s'il y a moyen de le faire
on le fera dans certains cas. Je ferai remarquer au député de
Duplessis qu'à l'article 30 on définit ce qu'est un chemin
forestier. On dit: "Un chemin forestier est un chemin construit sur une terre -
c'est à titre d'exemple que je donne cela - du domaine public en vue de
réaliser des interventions forestières en vertu de la
présente loi."
Je ne pense pas qu'on puisse arriver à une autre
définition, à moins qu'on ne nous fasse définir ce qu'est
un chemin.
M. Perron: Nous en parlerons lorsqu'on sera à l'article
30.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quant aux
amendements que j'ai annoncés également en Chambre, M. le
député de Laviolette, c'est exactement le discours que j'ai tenu
lors de
la réplique. J'ai besoin de quelques heures pour mettre de
l'ordre un peu dans tous les amendements et les photocopies, etc., et je vous
les déposerai, si vous le voulez bien, à la reprise. Comme
actuellement on ne peut pas aller au ministère en raison du piquetage
des professionnels, cela pourrait aller à demain ou lundi.
M. Jolivet: On aimerait mieux demain, cela nous permettrait
justement, étant donné que la commission ne siégera pas,
de pouvoir y travailler avec le responsable, le porte-parole de l'Opposition.
Si vous êtes capable, dans la journée de demain, nous serions bien
intéressés de les avoir pour accélérer le processus
de l'adoption du projet de loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait suite
également à une demande du député de Duplessis. Si
on peut le faire pour demain, c'est avec plaisir que je le ferai, dans le but
de faciliter et d'aider le travail de la commission, qui demain ne
siégera pas sur les forêts.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'on peut
appeler l'article 4? J'appelle donc maintenant, pour étude, l'article 4.
M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, est-ce que je peux déposer la lettre que j'ai
adressée à M. Pierre Paradis, ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, au sujet des
conséquences de la Loi sur les forêts sur le travail en
forêt?
Le Président (M. Théorêt): Alors, si vous
voulez faire circuler la lettre que vous avez adressée au ministre du
Travail. M. le ministre.
M. Jolivet: M. le Président, c'est simplement pour les
besoins...
Le Président (M. Théorêt): On va en faire
faire des photocopies.
M. Jolivet: Juste pour les besoins du Journal des
débats, le ministre pourrait peut-être la lire: cela serait
inscrit au Journal des débats.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est dit: "Cher
collègue. Vous trouverez ci-inclus un mémoire décrivant
les principales conséquences que pourra avoir la nouvelle loi
forestière sur le travail en forêt, de même qu'un
résumé des impacts majeurs et des problèmes
prévisibles. À propos des problèmes que nous entrevoyons,
je vous serais gré de me fournir votre avis à propos de
l'accréditation syndicale, des interrelations des coopératives
forestières avec les syndicats ainsi que des effets de la sous-traitance
pour les travaux sylvicoles. Le délai imparti est plutôt court,
puisque le projet de loi doit être déposé sous peu à
l'Assemblée nationale. Je compte, toutefois, sur votre
compréhension et votre diligence, et je vous prie d'agréer, cher
collègue, l'expression de mes sentiments les meilleurs."
M. Jolivet: Ce n'est pas daté d'hier soir?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est daté
du 22 octobre.
M. Perron: Est-ce que le ministre a une réponse?
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Non, j'en ai
parlé ce matin encore avec mon collèque, M, Paradis, et je lui ai
dit que lui ferais part des inquiétudes de certaines associations, et il
m'a répondu: Je suis au courant de ces inquiétudes et je
t'écris une lettre prochainement pour répondre. Depuis le 22
octobre, les fonctionnaires se sont réunis, les deux ministères,
à une couple de reprises, et justement pour prendre soin de ce que ma
lettre demandait.
M. Jolivet: Est-ce que c'est le comité où devaient
siéger aussi des représentants des syndicats?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre, on
a appelé maintenant l'article 4.
Forêts du domaine public (suite)
Durée des permis d'intervention
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Un permis
d'intervention est accordé pour une période d'au plus douze
mois."
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): M. le
Président, je pense qu'il est normal qu'on fixe la durée d'un
permis d'intervention. Le permis d'intervention est une autorisation
d'intervenir pour une durée limitée. Je pense qu'il est normal
qu'on la fixe.
M. Perron: M. le Président, en ce qui me concerne, il n'y
a aucun problème avec l'article 4. Quant à moi, c'est
adopté. À moins que mon collègue...
M. Jolivet: Une petite question pour clarification.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Quand vous dites pour douze mois, si on
considère l'ensemble des compagnies qui auront des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, le CAAF, cela va
être un contrat de 25 ans et qui est renouvelable à tous les cinq
ans compte tenu de la révision qui sera faite annuellement. Les douze
mois, la partie annuelle dont vous faites mention, est-ce que cela a un lien?
C'est seulement pour bien s'assurer qu'il n'y aura pas un problème entre
le fait que vous accordez un mandat d'intervention d'un an et le contrat qui
sera de 25 ans. Un contrat de 25 ans, c'est un contrat à
perpétuité. S'il remplit les conditions du contrat, il va l'avoir
pour cinq ans à chaque fois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le permis d'intervention est différent du contrat
d'approvisionnement et d'aménagement. Le député de
Laviolette doit savoir cela. Actuellement, même s'il y a des contrats
d'approvisionnement d'une durée de dix ans renouvelables de temps en
temps, le permis d'intervention, le . permis de coupe, est d'une durée
maximum d'un an. C'est le même système qu'auparavant. Il n'y a
rien de changé.
Le Président (M. Théorêt)ï Est-ce que
l'article 4 est adopté? Adopté. J'appelle maintenant l'article 5.
M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Un permis
d'intervention n'est délivré que si tous les droits exigibles
sont au préalable acquittés." Dans cet article, on introduit la
notion d'exigibilité préalable des droits avant la
délivrance du permis d'intervention. L'objectif visé est de
s'assurer du paiement des droits et de minimiser les difficultés de
perception de ces droits. Je pense que c'est une mesure équitable pour
la majorité des gens qui paient les redevances. Je pense aussi que
l'État doit s'assurer de percevoir toutes les redevances qui lui sont
dues.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Un instant, M. le Président. Alors,
voilà. Si vous le permettez, M. le Président, je voudrais me
reporter à un article de journal du 14 novembre dernier à la
suite de questions du journaliste de La Presse, M. Yvon Laberge. Pour le
besoin de mon intervention, je vais lire une partie de l'article où le
ministre répond concernant la question des 15 %: "Le nouveau
régime forestier du ministre délégué aux
Forêts coûtera cher, très cher même, à
l'industrie forestière puisque les droits de coupe commerciale, de 2,25
$ le mètre cube qu'ils sont présentement, passeront à 5,25
$ le mètre cube. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre Albert
Côté, en conférence de presse, après le
dépôt de son projet de loi sur la forêt à
l'Assemblée nationale. Par contre, a-t-il reconnu plus tard au cours
d'une brève entrevue avec La Presse, ce prix sera ajusté à
la baisse si les Américains mettent à exécution leur
menace d'imposer une taxe compensatoire de 15 % sur les exportations
canadiennes de bois d'oeuvre."
À ce sujet, on sait très bien qu'il y a eu une entente
entre le gouvernement fédéral et neuf provinces canadiennes se
rapportant au montant à récupérer par le gouvernement
fédéral et où une partie serait donnée au
Québec, dans ce cas-ci, de l'ordre de 9 % et le fédéral
s'en garderait 6 %. Mais on nous a dit l'autre jour que c'était en
négociation. Je continue l'article, c'est le ministre qui parle: "C'est
donc ferme, a-t-il dit, et cela ne l'est pas, à la fois. Il y a la
menace américaine d'un droit compensatoire de 15 %, ce qui va faire mal
à l'industrie québécoise du bois de sciage." J'en
conviens, M. le Président. (11 h 30)
D'autre part, lorsqu'on se reporte à l'avant-projet de loi, selon
celui-ci, les droits de coupe à payer par l'industrie correspondaient
à la valeur marchande estimée à 5,64 $ moins le coût
des travaux sylvicoles estimés à 3,25 $, pour des droits de coupe
réels de 2,39 $, soit une augmentation de 0,20 $ par rapport aux droits
de coupe moyens actuels, c'est-à-dire avant tout ce qui vient de se
passer. Les coûts additionnels de 103 000 000 $ en dollars de 1985 qui
seront imputés à l'industrie forestière par la mise en
application de la nouvelle politique établie en juin dernier par le
ministre délégué aux Forêts ont été
comptabilisés de la façon suivante: 3,25 $ plus 0,20 $, ce qui
égale 3,45 $, multiplié par 30 000 000 de mètres cubes, ce
qui fait le montant de 103 000 000 $ dont je viens de parler.
Deuxièmement, le projet de loi 150 assimile le droit de coupe
réel à la valeur marchande brute estimée maintenant
à 5,25 $, selon le discours du 14 novembre dernier, discours
prononcé par le ministre délégué aux Forêts.
Le coût des travaux sylvicoles n'est plus déduit et, dans le
même discours, le ministre a estimé le coût de ces travaux
à 3,92 $, soit l'équivalent d'une taxe à l'exportation de
8,73 %, étant donné que chaque hausse de 1 % de la taxe
américaine se traduit par une hausse de 0,45 $ pour chaque mètre
cube.
Troisièmement, en conséquence, le coût total
additionnel d'implantation de la
nouvelle politique forestière pour l'industrie sera de l'ordre de
210 000 000 $ selon le projet de loi 150, soit 5,25 $ le mètre cube pour
les droits de coupe, coût établi selon la valeur marchande, moins
le coût actuel des droits de coupe de 2,19 $, ce qui égale 3,06 $
le mètre cube, plus 3,92 $ le mètre cube pour le coût des
travaux sylvicoles, pour un total de 6,98 $ le mètre cube,
multiplié par 30 000 000 de mètres cubes, ce qui nous donne le
chiffre exact de 209 400 000 $.
Quatrièmement, à ces coûts additionnels de 210 000
000 $, il faut ajouter une charge additionnelle de 91 000 000 $ pour le
paiement des droits compensatoires de 15 % que veut imposer le gouvernement
américain, en passant par le gouvernement canadien, à notre
industrie québécoise, ce qui peut porter le coût
additionnel total pour l'industrie forestière à près de 30
000 000 $, dans la pire des hypothèses. On comprend que ce que je viens
de mentionner, ce que je viens de dire aux membres de cette commission, en
particulier au ministre délégué aux Forêts, c'est
dans la pire des hypothèses.
Je voudrais poser une question au ministre en rapport avec l'article 5
qui se lit comme suit: "Un permis d'intervention n'est délivré
que si tous les droits exigibles sont au préalable acquittés." Il
ne faut pas oublier que cet article 5 est en nette relation avec l'article 83
que l'on trouve plus loin dans le projet de loi et qui se lit comme suit: "83.
Le montant des droits exigibles d'un titulaire de permis est égal
à la valeur marchande du bois sur pied qui lui est attribué dans
l'unité d'aménagement par essence ou groupe d'essences. Cette
valeur est fixée par le ministre annuellement selon les règles de
calcul que détermine le gouvernement par voie réglementaire." Mme
la Présidente, je crois que le ministre comprend très bien que le
préambule, qui était tout de même assez long et assez
technique, me permet d'arriver à la question suivante. Pour le ministre
délégué aux Forêts, quelle est la définition
des droits de coupe exigibles mentionnés à l'article 5,auxquels on revient à l'article 83?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits de
coupe exigibles sont ceux déterminés à l'article 83 qui se
réfère à la valeur marchande du bois sur pied qui lui est
attribué annuellement par voie réglementaire.
À l'article 6, M. le député du Duplessis, on dit:
"Les droits qu'une personne doit payer pour être titulaire d'un permis
d'intervention sont prescrits par le ministre dans chaque cas selon les
règles de calcul que le gouvernement fixe par voie
réglementaire."
M. Perron: Puisque j'ai fait allusion au coût actuel de
l'industrie, à la valeur marchande ainsi qu'au coût de remise en
production dans le préambule de l'intervention que j'ai faite, est-ce
que le ministre pourrait nous donner - on sait qu'il ne peut nous donner les
coûts exacts dans cinq ans ou dans dix ans - ses prévisions quant
au coût actuel pour l'industrie, la valeur marchande brute qu'il utilise,
ainsi que te coût de remise en production? En plus de cela, on sait qu'il
y a la fameuse taxe de 15 % du gouvernement canadien qui est presque
imposée par les Américains.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous
répondez vous-même à la question quand vous signalez qu'on
a mentionné dans nos estimations que le coût de remise en
production, selon les exigences du gouvernement vis-à-vis des
producteurs, sera d'environ 3,25 $. C'est le coût, M. le
député, c'est la moyenne. C'est la même chose pour les
droits de coupe. À certains endroits, c'est évident que ce sera
plus élevé que 5,65 $ ou 5.64 $, selon les essences, selon la
qualité du bois, selon l'offre et la demande et selon les marchés
et les difficultés d'exploitation. Ce sont toutes ces questions qui font
que le marché peut varier annuellement. Par voie réglementaire,
on fixera la valeur marchande des bois. Cela correspond aux droits
exigibles.
Dans les droits exiqibles, les travaux prescrits et acceptés,
c'est-à-dire ceux qui seront acceptés par le ministère,
seront déductibles des redevances.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette. M. le député de Duplessis, M.
le député de Laviolette a demandé la parole. Est-ce que
vous avez encore... Après?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Excusez-moi. Ils
sont inclus dans les 5,65 $.
M. Perron: Est-ce qu'ils vont être...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est inclus
dans le montant de 5,65 $. Les 3,25 $ étaient inclus dans les 5,65 $.
Est-ce ce que vous vouliez savoir? Faisons un chiffre rond, sans s'accrocher
sur les sous, les frais de remise en production évalués à
3,25 $ sont inclus dans les redevances exigibles de 5.65 $. Cela va?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette. M. le député de
Du-plessis.
M. Perron: Excusez-moi, Mme la Présidente. Je m'excuse
auprès du député de Laviolette.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème. Allez-y, M. le
député.
M. Perron: Si l'on prend l'article 4 de l'avant-projet de loi et
je pense que cela vaut la peine qu'on le lise: "Le titulaire d'un permis
d'intervention doit payer les droits prescrits par règlement. "Dans le
cas du permis ayant pour objet d'autoriser la récolte de bois à
des fins commerciales, ces droits sont établis sur la base de la valeur
du bois sur pied en tenant compte notamment des essences, de la qualité
du bois, de sa condition et de sa localisation, déduction faite des
frais d'aménagement forestier admissibles établis par le ministre
conformément aux règles d'évaluation prévues par
règlement. Les droits ainsi établis sont calculés sur le
volume de bois alloué annuellement au titulaire sans égard au
volume récolté".
Le ministre peut-il nous expliquer la raison de la différence
dans cet article 4? Pourquoi de telles modifications substantielles par rapport
à l'article 5 actuel et, bien sûr, l'article 83?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
éviter que les frais de remise en production soient déduits deux
fois. Une fois, c'est suffisant, M. le député. Les droits
exigibles, c'est la valeur marchande qui est le prix qu'un acheteur est
prêt à payer sur le marché. Ce prix reflète les
coûts occasionnés par les obligations de reboisement ou de remise
en production imposés au bénéficiaire du contrat.
M. Perron: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait mettre des chiffres
sur ce qu'il a mentionné?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, les chiffres,
M. le député de Duplessis...
M. Perron: Je parle toujours de chiffres
prévisionnels...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, une
estimation.
M. Perron: ...moyens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On dit que les
redevances, les droits exigibles seront d'environ 5,65 $, en moyenne, au
Québec, et que les coûts de remise en production seront d'environ
3,25 $.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Un instant. Mme la Présidente, selon ce que
vient de soulever le ministre, lorsqu'il dit que la valeur marchande est de
5,64 $ ou de 5,65 $ et que les coûts de remise en production vont
être déduits, est-ce que l'industrie se devra de payer les 5,65 $
d'abord et est-ce que, par la suite, le ministre va retourner à
l'industrie les fameux 3,25 $ qu'il a mentionnés? De quelle façon
cela va-t-il fonctionner?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Duplessis, si un bénéficiaire ne fait pas
de travaux, il paiera 5,65 $ environ. C'est l'estimation du coût moyen de
la valeur marchande brute. S'il fait des travaux prévus au contrat, ce
sera évalué et il paiera la différence avec le montant de
la valeur brute. Le montant net reviendra à l'État.
M. Perron: Bon. C'est cela. Actuellement, on parle de doubler les
droits de coupe. À la suite de la réponse que vient de donner le
ministre, il n'est pas exact que les droits de coupe vont être
doublés, à ce moment-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon?
M. Perron: J'ai dit que le ministre a déjà
mentionné que les droits de coupe seraient doublés. Selon la
réponse que vient de me donner le ministre, en réalité,
les droits de coupe ne seront pas doublés dans plusieurs cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Écoutez, si
l'on part d'une redevance moyenne de 2,19 % à 2,39 $ le mètre
cube et que l'on arrive à 5,65 $, c'est ce que cela veut dire.
M. Perron: D'accord. Est-ce que le ministre - ensuite, je vais
donner la parole à mon collègue de Laviolette - pourrait me dire
si, à l'intérieur des droits exigibles, il a prévu la
fameuse prétendue entente entre les neuf provinces canadiennes et le
gouvernement fédéral par rapport aux 15 % qui proviennent de la
décision américaine ou de la presque décision
américaine? (11 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
déclaré à plusieurs reprises que, selon la décision
américaine, selon ce qui va se passer dans la question des droits
compensatoires et avec le nouveau régime forestier, il y aura
probablement des ajustements et c'est évident - je l'ai dit publiquement
- que l'industrie ne
peut pas du jour au lendemain faire face à ces deux obligations.
Il y aura probablement des ajustements, s'il y a lieu. On n'est pas encore
rendu là, M. le député de Duplessis. Ce n'est pas
l'intention du ministère de mettre notre industrie en faillite en lui
imposant deux fois des charges financières trop lourdes.
M. Perron: Je vais revenir après.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je vais essayer de suivre
toute l'argumentation du ministre. J'essaie de voir pourquoi il y avait un
article qui prévoyait des choses dans l'avant-projet de loi et qui a
été changé par une simple phrase: "Un permis
d'intervention n'est délivré que si tous les droits exigibles
sont au préalable acquittés". "Exigible" cela veut dire beaucoup
de choses. Il y a quelqu'un qui va l'exiger, c'est le ministère. Mais,
si ces droits exigibles ne sont pas payés au préalable, est-ce
que cela veut dire qu'au bout de la course il y a quelqu'un qui va avoir des
problèmes à commencer les travaux en forêt? Il va planifier
pour les cinq prochaines années. Est-ce que le ministre peut me dire, si
tous les droits exigibles ne sont pas payés, quelles sont les mesures
prévues dans le projet de loi que le ministre entend prendre pour
permettre la délivrance de ce permis d'intervention? C'est ma
première question.
Ma deuxième, c'est le mot "exigible". Vous allez signer une
entente, semblerait-il, avec les États-Unis par l'intermédiaire
du Canada qui, lui, semblerait vouloir se réserver une partie du montant
que vous irez chercher en "ponction" chez les scieurs, sur le bois d'oeuvre.
Ils vont devoir, à un moment donné, si cela coûte X dollars
de plus le mètre cube, aller chercher cet argent à quelque part.
Ils vont le refiler de quelque part. Ce seront les compagnies
papetières, par l'intermédiaire des planures et des sciures, qui
devront le payer ou quelqu'un d'autre, par le bois qui va coûter plus
cher. Donc, les maisons en construction au Québec vont augmenter. Il y a
quelqu'un qui va payer à quelque part.
Une voix: Aux États-Unis aussi.
M. Jolivet: Aux États-Unis, c'est leur problème. Je
parle du Québec. Au Québec, il y aura des augmentations du
coût des maisons en construction. Une partie du coût sera
certainement refilée aux papetières, coût que les scieurs
devront payer, sinon ils fermeront, ils feront faillite ou ils réduiront
leurs sorties sur le marché extérieur; ils vont donc envahir le
marché québécois et d'autres problèmes vont surgir.
Mais qui peut dire ce que sont les droits exiqibles?
Nous avons l'impression que, parmi les droits exigibles, il y aura cette
condition de paiement des droits compensatoires aux États-Unis
payés au Québec et au Canada. Je pense que le ministre, si les
gens ne les paient pas, devra leur dire: C'est bien de valeur, mais vous ne
faites rien en forêt cette année. Vous ne travaillez pas et vous
ne coupez pas de bois cette année.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Hier, M. le
député de Laviolette, j'ai indiqué qu'une proposition a
été faite au gouvernement fédéral pour qu'il
perçoive une taxe de 15 % et que les provinces font de leur mieux leurs
devoirs pour récupérer cette somme d'argent qui serait
perçue par le gouvernement fédéral. Je lui ai
mentionné antérieurement qu'on ne peut facturer l'industrie
forestière en double.
M. Jolivet; ...M. le ministre, je ne comprends pas, est-ce que
les 15 % seront un droit exiqible? S'ils ne sont pas un droit exigible, comment
allez-vous vous y prendre pour les faire payer? Si c'est un droit exigible du
ministère dont vous avez la responsabilité, cela veut dire que,
si quelqu'un ne le paie pas, il n'aura pas de travail.
M, Côté (Rivière-du-Loup): Le
ministère comme te! ne pourra pas faire autre chose que facturer des
redevances. On ne facturera pas la taxe à l'exportation. Ce n'est pas
notre responsabilité. Ce n'est pas nous qui allons percevoir la taxe
à l'exportation.
M. Jolivet: C'est encore un peu plus inquiétant parce
qu'il y a le ministère de l'Industrie et du Commerce, le
ministère du Commerce extérieur, le ministère de
l'Énergie et des Ressources, et vous venez de dire le ministère
du Revenu. J'ai bien compris, il y a quelqu'un qui va aller chercher cette
taxe. Vous perdez un pouvoir, comme ministre, aux dépens du
ministère du Revenu.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné hier, M. le député, que le fédéral
propose de percevoir une taxe à l'exportation. C'est
fédéral, la taxe à l'exportation, c'est cela. Toute taxe,
disons, est perçue par le ministère du Revenu. Le
ministère des Forêts, tout ce qu'il peut percevoir, ce sont les
redevances qu'il fixera. Si notre industrie - c'est une supposition, une
hypothèse, on ne devrait peut-être pas en parler, on n'est pas
encore rendu là - si notre industrie est taxée de 15 % par...
Une voix: Par le fédéral.
M. Jolivet: Perçue par Revenu Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...par le
fédéral qui, je l'espère, va noua remettre tout cet argent
pour qu'on puisse l'investir au Québec.
M. Jolivet: On est moins sûr de cela. M. le ministre,
regardez bien. Le problème est le suivant: Vous venez de me dire - j'ai
été à ce poste et je sais quelles négociations,
quelles discussions ont eu lieu à ce sujet à Vancouver, à
Victoria en particulier. Jamais le Québec n'a accepté de remettre
entre les mains de quelqu'un d'autre le droit de percevoir au niveau du Revenu
en termes de taxes à l'exportation. Jamais il ne va accepter cela. Vous
venez de me dire que, comme gouvernement, vous avez accepté cela. Je
sais que vous allez me répéter que les compagnies, au niveau de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage, ont accepté la
proposition à l'époque, mais on sait dans quelles conditions
elles ont été forcées de le faire, elles n'avaient pas le
choix. Déjà, comme gouvernement, vous avez accepté
justement le "deal"...
Une voix: Ou fédéral.
M. Jolivet: Non. À ce moment-là, c'était de
la Colombie britannique. Je dois vous dire que ce précédent est
dangereux parce que vous vous accusez, alors que nous avons toujours eu la
prétention au Québec qu'effectivement nous n'étions pas
coupables de quoi que ce soit. Vous venez de vous accuser, vous êtes au
banc des accusés et, maintenant, de l'autre bord, ils peuvent dire: On
va en demander plus. Ils vont commencer à partir du principe que, quand
tu t'accuses, tu dois quelque chose. Vous autres, vous dites 15 %; eux autres
disent 30 %. Il y a des négociations entre les deux et il y a une sorte
de compromis qui dit que cela va rester à 15 %. On ne sait même
pas où va aller l'argent parce que ce n'est même pas vous qui
allez percevoir pour le remettre dans le système au niveau de la
politique forestière. Cela va être le gouvernement qui va le
retenir dans son fonds consolidé ou dans ses revenus au niveau des
taxes. Je trouve cela un peu anormal. Je pose une question. Vous me dites
qu'effectivement ce n'est pas un droit exigé. Soit! Dans les droits
exigibles, vous nous dites qu'il y a un montant d'argent, globalement, qui sera
déduit pour la remise en production de la forêt. Je vous dis que
l'article 5, qui est l'ancien article 4... Il était plus clair, à
moins que vous me disiez que vous avez mal écrit cet article-là,
parce que vous chargiez deux fois. C'est ce que vous me dites, là.
L'autre question qui va surgir, c'est celle-ci: Dans votre
évaluation, vous dites que c'est un pourcentage de temps et qu'on va
réévaluer pour savoir quels sont les coûts de remise en
production pour tel territoire, à telles conditions, etc. Pouvez-vous me
dire que, dans votre responsabilité comme ministre, il n'y aura pas des
tentations - et j'aimerais savoir quels sont les mécanismes qui vont le
prévoir - ou d'une surévaluation, ou d'une
sous-évaluation? Si vous dites: Les droits de coupe sont de tant, les
droits exigibles sont de tant - enlevons les mots "droits de coupe" parce que
cela va être différent - les droits exigibles sont de tant, 5,65 $
le mètre cube, et que, pour une raison quelconque, le ministre, dans un
secteur donné, fait une surévaluation des coûts de remise
en production, cela veut dire que vous allez, à cet individu, à
cette usine, diminuer le coût à payer réellement parce que
vous dites: On perçoit des redevances. Si c'est 5,65 $ le mètre
cube et que, dans un cas, vous dites que c'est 4 $ pour la remise en
production, il reste 1,65 $ et, dans un autre cas, pour des raisons qui vous
appartiennent, pour toutes sortes d'hypothèses, au lieu de 4 $, c'est 2
$; là, vous surévaluez ou vous sous-évaluez le coût
de remise en production. En conséquence, vous chargez plus ou moins cher
à l'individu. N'y a-t-il pas un danger? Quels sont les moyens que vous
allez nous donner, comme membres du gouvernement ou de l'Opposition, pour
vérifier si votre travail est fait convenablement et qu'il n'y. a pas
danger de patronage?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, je ne mets pas en doute
l'intégrité des fonctionnaires qui vont être chargés
d'évaluer la valeur des travaux qui seront exécutés.
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À partir de
là, je n'ai pas d'autre réponse à vous donner.
M. Jolivet: Oui, mais dans la loi vous devez donner des
mécanismes pour éviter qu'il y ait de la surévaluation ou
de la sous-évaluation des coûts de remise en production. Cela va
être déterminé quelque part, selon une méthode. Je
pense bien que si j'étais un industriel je serais
intéressé à ne pas être surévalué ou
sous-évalué. Je serais peut-être intéressé
parce que cela me permettrait de payer moins.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voulez-vous que
j'écrive dans la loi que les fonctionnaires vont être
honnêtes et justes?
M. Jolivet: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voyons donc! Je
tiens cela pour acquis.
M. Jolivet: Je vous demande: Quels sont les mécanismes
dans la loi qui permettent de vérifier cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M, le
député, trouvez-moi un mécanisme qui va nous assurer que
vous êtes honnête! N'est-ce pas une question de conscience et de
connaissance?
M. Jolivet: Ce n'est pas cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est
cela.
M. Jolivet: Ce que je veux connaître, c'est votre
évaluation. Il va y avoir des mécanismes d'évaluation qui
vont être prévus. Si vous n'en avez pas dans la loi, vous allez en
avoir dans le règlement. Je serais intéressé - si
j'étais un industriel - à savoir ce que va me coûter la
remise en production si c'est déterminé par d'autres personnes
que moi. Je vais vouloir faire valoir mon point. Est-ce qu'il y a un
mécanisme où la personne va pouvoir aller en appel si elle n'est
pas d'accord avec l'évaluation qui est faite?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
occupé le poste, M. le député de Laviolette. Ce sont les
mêmes mécanismes et les mêmes évaluations que
lorsqu'on discute de la valeur ou des coûts de construction de chemins
avec les industriels. Je ne pense pas que dans votre temps, comme à
l'avertir, on puisse dire... C'est basé sur la connaissance, la
compétence et l'honnêteté de chacun. On n'écrit pas
cela dans une loi que les fonctionnaires vont être honnêtes. Voyons
donc!
M. Jolivet: Ce n'est pas ce que je vous demande, en aucune
façon. Il y a des décisions qui sont administratives et je peux
vous dire que dans l'ensemble les décisions administratives sont prises
sur la valeur objective du sujet. La question que je pose ne concerne pas les
fonctionnaires. Une personne - peu importe laquelle - qui occupe le poste que
vous occupez actuellement va devoir, à la suite des recommandations qui
sont faites au point de vue administratif -décision qui peut être
politique dans certains cas - vérifier l'évaluation des
coûts de remise en production. Quand vous me dites que ce sont les
mêmes mécanismes qu'actuellement, je vais vous dire que cela
n'existe pas actuellement en ce qui concerne la remise en production. Je veux
savoir quels sont les mécanismes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai dit, M. le
député, que ce sont les mêmes mécanismes que
lorsqu'il s'agit d'évaluer des travaux de construction de chemins, ce
que vous connaissez. C'est la même chose. Je ne mets pas en doute
l'intégrité des gens qui évaluent et qui discutent avec
les permissionnaires de la valeur des coûts des travaux de construction
de chemins. Il y a des vérifications de ces coûts qui se font et
il s'en fera également lors des travaux de remise en production.
M. Jolivet: Je voudrais revenir sur les articles 5 et 6. J'ai
parlé de l'article 6 tout à l'heure. On dit: "Les droits qu'une
personne doit payer pour être titulaire d'un permis d'intervention sont
prescrits par le ministre dans chaque cas selon les règles de calcul que
le gouvernement fixe par voie réglementaire." Nous vous avons
demandé et beaucoup de gens vous ont demandé de déposer
devant nous les règlements pour les connaître. Ma question est
reliée à cet article 6: je ne les connais pas et je veux les
connaître.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Jolivet: Je parle au ministre, là.
Une voix: Je vais vous donner un exemple.
M. Jolivet: Parfait! Je parlerai après.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on discute en même temps les articles 83, 84 et 85
et les articles 5 et 6. Quand on va plus loin dans la loi, on dit, dans les
dispositions réglementaires, qu'on va déterminer la base et les
règles de calcul que le ministre utilise pour fixer la valeur marchande
des bois sur pied, conformément à l'article 83. Si quelqu'un
n'est pas satisfait de cela, il pourra toujours aller en cour pour nous
poursuivre.
M. Jolivet: Auprès de quelle cour?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La Cour
supérieure, voyons doncl
M. Jolivet: D'accord, en Cour supérieure. Je veux poser
une question au ministre. Comme c'est un droit exigible, il va devant la cour.
Il va y avoir un litige entre les parties. Pendant le temps où il sera
à la cour pour la détermination du vrai droit exigible qu'il a,
est-ce que le ministre dira que, comme ces droits ne sont pas acquittés
à la satisfaction du ministère, cette personne ne sera pas
autorisée è avoir un permis d'intervention? Va-t-il y avoir les
recours prévus par la loi, à savoir que, pendant que ce dossier
de dispute est devant
le tribunal, la personne pourra au moins agir? Lequel des deux va agir:
le ministre qui va empêcher ou si l'individu va agir,
indépendamment de ce que le ministre va dire?
(12 heures)
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il conteste
devant le tribunal, on va attendre la décision du tribunal avant de lui
enlever son permis. Â l'article 84, on dit - parce qu'on discute trois ou
quatre articles en même temps: "Le bénéficiaire doit payer,
pour la délivrance du permis d'intervention, 75 % des droits, selon les
échéances que le gouvernement détermine... Cela nous
permettra de tenir compte de ces cas.
M. Jolivet: Dans la loi actuelle, dans le cas où une
personne, pour des raisons diverses, ne peut pas payer les droits de coupe
qu'on connaît, il y a un pouvoir qui est donné au ministre
d'enlever...
M. Côté (Rivière-du-Loup):
...actuellement.
M. Jolivet: Je ne parle pas de la loi...
M. Côté (Rivière-du-Loup): La loi
actuelle.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est le pouvoir que le
ministre, dans le cas où des personnes... C'est déterminé
par le Conseil des ministres à certaines occasions, les gens qui doivent
des droits de coupe qui, pour différentes raisons, ont été
soit surévalués ou soit sous-évalués à
différentes occasions qui permettent au ministre d'agir de façon
discrétionnaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans quel article
de la loi actuelle?
M. Jolivet: Je vous pose la question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne l'ai pas
moi. L'avocat dit qu'ils n'ont rien, M. le député, dans la loi
actuelle. Publication à la Gazette officielle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le ministre du
Revenu fait des remises. Dans la Loi sur les forêts il n'y en a pas?
M. Jolivet: Actuellement, les droits de coupe sont payables
après abattage. C'est bien cela? Je ne me trompe pas quand je dis cela?
Là actuellement vous allez prévoir des droits exigibles, fort
probablement avant l'abattage avec les hypothèses que vous allez
demander, pour différentes raisons: il y a eu un feu, une
épidémie, il y a eu toutes sortes de choses qui font que,
finalement, la personne n'a pas été capable de remplir les
conditions prévues au contrat. Est-ce que dans les droits exigibles -
prenons maintenant la loi qu'il nous présente - le ministre se donne une
capacité d'intervenir ou s'il ne s'en donne aucune?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
84, on dit, je le répète: "Le bénéficiaire doit
payer, pour la délivrance du permis d'intervention, 75 % des droits,
selon les échéances que le gouvernement détermine par voie
réglementaire." C'est là qu'on en tiendra compte pour la
deuxième fois, selon les échéances.
M. Jolivet: Je dis simplement au ministre, et on y reviendra
à l'article 84 où on dit: 75 % des droits exigibles. Si je ne
sais pas au départ quels sont mes droits exigibles, je les conteste, le
ministre va en donner des droits exigibles. Il va dire: C'est cela que vous me
devez. Là vous contesterez si vous voulez. Donc, si la personne n'est
pas satisfaite parce que le ministre dit: Ce sont les droits exigibles, c'est
admettons, 10 $ du mètre cube. Je donne un exemple hypothétique.
Le gars dit: Ce n'est pas 10 %. Pour moi c'est 5 $. Le ministre va-t-il exiger
75 % des 10 $ ou s'il va dire, une moyenne c'est quoi? Il va donner quoi? II va
le déterminer et il va payer 75 % de cela. Il pourrait arriver que le
jugement de la cour détermine qu'à l'inverse, la personne en a
des droits. Elle va certainement demander des intérêts des droits
payés qu'il n'avait pas à payer ou inversement. Le ministre va
demander à la personne, si elle a perdu son procès, de payer avec
intérêts les droits. Il va certainement y avoir quelque chose.
C'est la voie réglementaire. Je ne le connais pas le
rèqlement moi. Je ne l'ai pas vu. Je ne sais même pas si vous avez
entre les mains les règlements nécessaires à la loi. Il
n'a pas voulu nous le dire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. On vous
remettra prochainement un synopsis des règlements, M. le
député.
M. Jolivet: Cela va être intéressant. M.
Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, vous passez votre droit de parole?
M. Jolivet: Je n'ai pas eu de réponse quand
même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je ne vois pas quel plat le député fait
là-dessus, parce que actuellement les droits de coupe qui sont
imposés, les redevances qui sont imposées au permissionnaire, ii
n'y a personne qui les conteste en cour.
M. Jolivet: Là, ii m'ouvre la porte. Ce que vous ne
comprenez peut-être pas, peut-être que je me suis mal
exprimé. Écoutez, on a travaillé tellement tard depuis une
couple de jours. Ce que je vous dis: Il y a des droits exigibles. Ces droits
exigibles sont prévus quelque part. Ces droits exigibles étaient
décrits dans l'ancien article 4 de l'avant-projet et l'un d'eux
était les frais d'aménagement forestier admissibles
établis qui sont l'ensemble des montants qui vont être
demandés pour aménager la forêt. Donc, il n'y a
actuellement personne d'autre que vous... En tout cas je pense que vos
officiers ont certainement donné les grandes lignes de ce que pourra
être le coût de l'aménagement. On sait à peu
près, dans différents secteurs du Québec, de quel
coût il s'agira pour la remise en production de la forêt. C'est
nouveau cela et les gens pourraient bien le contester. L'expertise que vous
avez et l'expertise qu'ont les compagnies forestières en particulier qui
en ont fait peuvent s'équivaloir. On peut négocier et discuter
ces prix.
D'un autre côté une compagnie qui n'en a jamais fait parce
qu'elle n'était pas obligée d'en faire et qui ne connaît
pas effectivement ce que sont les droits exigibles pour la remise en production
va se fier sur les conseils qu'elle aura de différentes personnes. Elle
devra consulter et elle aura des négociations à entreprendre avec
le ministre. Donc, les droits exigibles ce ne sont pas les mêmes que ceux
que nous avons actuellement en ce qui concerne les droits de coupe. Les droits
de coupe actuels, on les connaît, tout le monde les décrie. On
dit: Maintenant, il faut changer cette formule par les droits exigibles. Vous
comprendrez très bien que la crainte que nous avons c'est une crainte de
gens qui peuvent dire: J'ai été sous-évalué quant
à ces coûts parce qu'ils vont me remettre ces coûts. Si je
suis sous-évalué je vais payer plus cher l'ensemble des
redevances. Si d'un autre côté je suis surévalué je
n'irai pas crier très loin parce que si je suis surévalué
c'est que je vais payer moins cher.
Si je prends 5,65 $ le mètre cube et que je suis
sous-évalué, je vais payer plus de redevance. Si je suis
surévalué quant au coût de remise en production je vais
payer moins. Je dois simplement vous dire que cela m'inquiète dans la
mesure où il doit y avoir des mécanismes pour que la personne
puisse se défendre. Vous dites: Elle ira devant la Cour
supérieure. Si elle va devant la Cour supérieure, pendant ce
temps elle va payer plus qu'elle ne devrait si elle est
sous-évaluée quant au coût de remise en production. Vous
dites: Elle va payer, sinon elle n'aura pas son permis d'intervention. Elle va
payer sur 75 % et elle peut même contester l'ensemble.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, dans les dispositions réglementaires, à
l'article 167, on dit qu'on va déterminer la base et les règles
de calcul pour fixer la valeur marchande et si les gens, les permissionnaires
et les bénéficiaires ne sont pas satisfaits ils pourront
contester le règlement qui sera publié conformément
à l'article 83.
M. Perron: Mme la Présidente, si vous me permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Compte tenu de l'imbroglio dans lequel nous sommes
actuellement, j'annonce tout de suite qu'en ce qui concerne l'article 83, qui
est relié à l'article 5, nous avons l'intention de donner suite
au rapport Scowen, à la recommandation 32 qui se lit comme suit: "Que
les commissions parlementaires permanentes saisissent le plus souvent possible
l'occasion que leur offre l'exigence de la publication des projets de
règlement contenus dans la récente Loi sur les règlements
pour étudier les règlements lorsqu'ils sont encore au stade de
projets et faire à leur sujet les recommandations qu'ils jugent utiles."
Donc, compte tenu de tout ce qui vient de se dire ici à cette commission
par le ministre délégué aux Forêts, l'amendement que
nous avons l'intention de proposer va être en vertu du rapport Scowen et
sera déposé pour qu'on puisse vérifier où le
gouvernement du Québec s'en va vraiment avec le fameux règlement
dont il est question à l'article 83. Je peux vous assurer que cela va
venir en temps et lieu.
D'autre part, lorsqu'on parle d'évaluation préliminaire
des coûts par zone de tarification, le ministre a eu l'amabilité
de nous transmettre un document qui s'appelle le document no 11 et qui se
rapporte au sujet. Dans le document en question, on parle du coût actuel
par industrie dont la moyenne est de 2,19 $, on parle de la valeur marchande
brute, toujours en dollars 1986, donc, la moyenne est de 5,64 $ pour l'ensemble
des régions du Québec, pour l'ensemble des zone3 du
Québec. On parle du coût de remise en production et on dit qu'il
sera de 3,25 $ en moyenne. La question que je voudrais poser au ministre est la
suivante: Est-ce qu'il
serait possible pour lui de déposer la carte des zones pour bien
comprendre ce dont on parle? Par exemple, on parle, dans la zone 1, de 2,71 $
pour le coût actuel et, dans une autre zone de 3,48 $, là, je
parle de la zone 14. En ce qui a trait à la valeur marchande brute et au
coût de remise en production, si on regarde te tableau, cela part de 0,36
$ et le maximum monte jusqu'à 9,95 $ pour une moyenne de 3,25 $ pour
l'ensemble des 17 zones. Est-ce qu'il serait possible que le ministre puisse
déposer cette carte des zones?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La carte des zones
fait partie des règlements, M. le député. On peut vous la
déposer.
M. Perron: Vous pourrez déposer...
M. Côté (Rivïère-du-Loup): II y aura
évidemment un tarif par zone. Ce que l'on vous donne, 5,65 $, par
exemple, c'est la moyenne des redevances.
M. Perron: Est-ce que l'on pourra avoir les
règlements?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. J'ai dit au
député de Laviolette que je les lui donnerais bientôt.
M. Perron: Bientôt. Les règlements. On ne parle pas
des amendements; on parle des règlements.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, pas tous les
règlements, mais un synopsis des règlements selon ce qui sera
adopté dans la loi et les amendements qui viendront...
M. Perron: D'accord. À ce moment-là, le
dépôt...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et aussi de
l'amendement que vous voulez proposer à l'article 83.
M. Perron: D'accord. Mon collègue d'Ungava...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je vais revenir
d'une façon très précise à l'application de
l'article 5. Il y a là juste deux lignes, mais deux lignes excessivement
importantes pour la survie même de certaines entreprises. À partir
du moment où l'on fixe d'une façon tout à fait
définitive dans la loi le fait que les droits exigibles doivent
être absolument et nécessairement payés pour
l'émission d'un permis d'intervention, en tout cas, je vois cela comme
une façon de prendre l'industrie forestière en otage.
M. le ministre, prenons le cas d'une entreprise forestière qui
aurait des difficultés financières temporaires, qui, pour toutes
sortes raisons, n'a pas pu écouler son bois ou a vécu des
situations vraiment difficiles durant une année. Il faut bien se dire
que le délai n'est pas long; on a un an. On dit que les permis
d'intervention sont renouvelables annuellement, donc on n'a pas un délai
tellement long pour se donner de la flexibilité en tant qu'investisseur.
Pour l'investisseur, le délai est vraiment très court. On parle
de grosses sommes d'argent; on ne parle pas de "peanuts". Vous savez, une
entreprise qui a besoin, je ne sais pas, de 750 000 ou 700 000 mètres
cubes de bois par année à 5 $ le mètre cube, cela commence
à faire une grosse somme d'argent. Si on oblige la compagnie ou
l'entrepreneur forestier à payer l'ensemble de ses droits de coupe avant
et sans aucune flexibilité, si celui-ci est en pleine difficulté
financière et, en même temps, est en train de négocier
à nouveau son financement avec les institutions financières et
tout cela, il se retrouve devant un cul-de-sac, il n'aura probablement pas
l'argent pour pouvoir renouveler son droit de coupe. N'importe quel
créancier n'a qu'à attendre finalement que le gouvernement fut
dise: Non, parce que tu n'as pas d'argent, on ne renouvelle pas ton droit de
coupe. On le met en faillite du jour au lendemain. Est-ce qu'il n'y aurait pas
des modalités qui pourraient permettre une certaine flexibilité
de ce côté?
M. Côté (Rïvière-du-Loup): M. le
député d'Ungava, je lis pour la quatrième fois l'article
84; ."Le bénéficiaire doit payer, pour la délivrance du
permis d'intervention, 75 % des droits exigibles, selon les
échéances que le gouvernement détermine par voie
réglementaire." Le terme "par voie réglementaire", nous allons le
préciser. (12 h 15)
M. Claveau: Vous nous dites actuellement que "par voie
réglementaire", il va y avoir des mesures permises dans le
règlement pour faire en sorte que le qouvernement, en tant que
créancier parmi les autres créanciers... À partir du
moment où le gouvernement vend quelque chose, en l'occurrence des
arbres, ou des modalités ou un permis pour intervenir en forêt, il
permet à l'entreprise qui a des difficultés financières -
parce qu'on ne parle pas de celles où tout va bien et qui ont du "cash",
on parle de celles qui ont des difficultés, et c'est plus souvent le cas
qu'autrement dans l'industrie forestière par les temps qui courent -
d'avoir suffisamment de flexibilité pour pouvoir négocier des
façons, des modalités de paiement, et que le gouvernement fasse
en sorte que les échéanciers qui sont là actuellement dans
la loi n'entravent pas les négociations
qu'elles pourraient avoir pour leur financement interne.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, ces échéances publiées par voie
réglementaire, elles vont être égales pour tout le monde.
C'est bien sûr qu'il peut y avoir des difficultés. Comme vous
dites, il en est arrivé et il en arrivera d'autres. Par esprit
d'équité il faut que les échéances publiées
par voie réglementaire soient connues de tout le monde et soient
égales pour tout le monde.
M. Claveau: Moi, je voudrais avoir la garantie, je voudrais avoir
la certitude quand on parle de cela, que l'obligation de payer à
l'avance les droits de coupe pour avoir droit à un permis
d'intervention, n'est pas un facteur qui pourra, dans une situation
concurrentielle serrée et à l'intérieur d'un marché
restreint et souvent difficile, permettre, par exemple, à un concurrent
d'attendre qu'une entreprise soit en difficulté, en sachant très
bien qu'elle aura de la difficulté à renouveler ses droits de
coupe, parce qu'elle n'aura pas la liquidité pour le faire et que
personne ne voudra lui avancer cette liquidité pour, plus ou moins,
faire des offres de rachat, des trucs semblables à rabais. Cela pourrait
entraîner des situations vraiment catastrophiques dans certaines
régions données.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on n'oblige pas à payer l'ensemble des droits de
coupe».
M. Claveau: Mais 75 %, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...mais 75 % des
droits prescrits selon des échéanciers prévus à
l'article 84. Je pense que c'est équitable pour tous ceux qui
bénéficient d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement, et qui gèlent une partie de la forêt, et qui
obtiennent un droit, un contrat sur une partie de forêt. Le permis annuel
serait sur cette base. Ce n'est pas 100 % des droits exigibles qu'on demande
tout de suite, on demande 75 % selon des échéances
déterminées pour tout le monde par voie réglementaire.
M. Claveau: Je comprends cela et concernant le principe...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous souhaitez que
des gens prennent toutes les excuses au monde pour ne pas payer les redevances
a l'État.
M. Claveau: Absolument pas, M. le ministre, loin de là mon
intention.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout le monde peut
trouver des prétextes pour le faire.
M. Claveau: Loin de là mon intention, M. le ministre, et
vous savez, au contraire, que concernant le principe je l'appuie à 100
%. Ce principe est en soi excellent. Je veux dire que l'État n'a pas
à mendier avec l'entreprise forestière et n'a pas à
entretenir une situation qui pourrait devenir pourrie à la longue et qui
ferait en sorte que le contribuable ne pourrait pas bénéficier
des revenus de l'exploitation forestière par le biais des droits de
coupe. On est tout à fait d'accord avec cela. Moi, personnellement, je
suis dans la même lignée que le ministre sur cela. Sauf que, vous
n'êtes pas sans savoir, M. le ministre, qu'il y a actuellement au
Québec un certain nombre d'entreprises forestières qui ont de
gros problèmes financiers, qui ont beaucoup de problèmes de
liquidité et qui, en plus, sont souvent les seules entreprises qui font
vivre un village au même des régions, d'un façon plus
précise. Si je prends des cas de scieries dans mon comté, qui
pourraient avoir des problèmes financiers et qu'on obligerait
littéralement à fermer parce qu'elles ne seraient pas capables de
payer leurs droits de coupe, entre autres au moment où elles sont en
train de négocier des liquidités pour leurs opérations
courantes, à ce moment, on se retrouverait dans une situation qui serait
probablement plus coûteuse qu'autrement pour le gouvernement. Il aurait
à supporter des municipalités ou des localités où
toute l'activité économique disparaîtrait du jour au
lendemain pour la simple et unique raison qu'elles n'auraient pas eu, à
ce moment, la liquidité nécessaire pour rencontrer les frais des
droits de coupe et pouvoir continuer d'avoir un permis d'intervention en
forêt. Je pense que c'est facile à vérifier. Il y a
tellement d'experts de tous genres en ce domaine, que c'est facile de savoir si
une entreprise éprouve des difficultés financières et si
elle a vraiment besoin d'un coup de pouce pour s'en sortir ou s'il s'agit plus
ou moins d'un petit chantage qu'elle exerce sur le gouvernement.
Je ne dis pas que cette hypothèse soit complètement
exclue. Rien ne dit que des industriels forestiers n'auraient pas tendance
à vouloir s'essayer, mais je pense qu'on a tous les mécanismes et
que votre ministère a toutes les compétences suffisantes lui
permettant de l'évaluer. Si une entreprise a de réels
problèmes financiers et qu'elle éprouve déjà des
difficultés à financer des liquidités, mais que par
contre, avec des garanties à long terme, elle pourrait avoir des
ouvertures - on parle alors de difficultés temporaires, comme on le dit
souvent à la télévision - et si, au moment où elle
vit ces difficultés, elle se trouve prise avec des délais
fixés par le gouvernement d'une façon
excessivement rigide, il me semble que, si j'étais, comme elle,
du secteur forestier, j'aurais tendance à rouspéter passablement
en voyant l'espèce de cul-de-sac dans lequel deux petites lignes d'un
projet de loi pourraient nous amener.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, est-ce que vous demandez que le gouvernement joue le
rôle de banquier de façon que votre bénéficiaire ait
le temps de trouver d'autres liquidités ailleurs? En attendant, le
gouvernement va-t-il jouer le rôle de banquier? C'est ce que vous
demandez au fond.
M. Claveau: M. le ministre, ce n'est pas du tout ce que je
demande. Je sais que le gouvernement n'est pas une banque.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pense qu'avec
vos impôts, vous ne demandez pas au gouvernement de vous financer et de
jouer le rôle de banquier. Vous voulez payer vos impôts. C'est une
richesse collective et les redevances, tout comme ce qu'on doit payer à
l'État, je pense que, en toute équité, il faut que ce soit
à peu près égal pour tout le monde.
M. Claveau: Je vous comprends M. le ministre. Ce que je demande,
c'est que l'État joue un rôle économique vraiment stimulant
dans les régions, surtout dans les régions forestières,
où l'on éprouve certains problèmes. J'ai l'impression
qu'il serait possible - c'est une impression - à partir de
problèmes qui peuvent surgir sur le terrain, de prévoir, du moins
au niveau de la mécanique réglementaire, dans le cas où
une entreprise serait véritablement en difficultés et que ces
difficultés pourraient mettre en péril toute l'économie
d'une région, que le gouvernement joue un rôle d'intervention pour
le soutien de l'économie régionale. À mon avis, il serait
de mauvais aloi que, pour la seule raison qu'une compagnie n'ait pas
réussi à payer un droit de coupe dans les délais rigides
prescrits par le règlement, on se retrouve du jour au lendemain avec une
centaine de travailleurs sans emploi et avec des problèmes
économiques et sociaux dans la région.
M. Perron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député de La Peltrie a demandé la parole.
M. Cannon: Je voudrais compléter, si vous me le permettez,
M. le député de Duplessis. Je serai assez bref. Je pense que
l'hypothèse évoquée ici remet fondamentalement en cause un
certain nombre de choses, notamment le rôle de l'État.
Si j'ai bien saisi l'intervention de mon collègue d'Ungava, il
souhaiterait que, dans une situation qu'on pourrait facilement connaître,
car, durant la récession économique, il conviendra avec moi qu'on
a connu une situation où des entreprises ont été en crise
de liquidité à court terme et ont eu besoin d'un coup de pouce...
Ceci n'arrive pas du jour au lendemain...
Si une entreprise est en difficulté financière, cela peut
être causé par plusieurs choses. Je ne suis pas certain d'avoir
bien saisi, mais vous voudriez qu'à l'intérieur de notre projet
de loi, nous puissions établir un mécanisme par lequel le
gouvernement, qui joue, à ce stade-ci, le rôle de fournisseur, car
c'est lui qui fournit la matière première et qui, en tant que
fournisseur, désire avoir des redevances et obtenir ces sommes d'argent
nécessaires pour lui permettre l'exploitation de cette richesse, nous
puissions inclure dans la loi un mécanisme qui dirait au gouvernement:
Si une entreprise était en difficulté financière, ne
pourrions-nous pas trouver un mécanisme qui permettrait au gouvernement
de l'aider dans une période de difficulté?
Je répondrai simplement là-dessus, Mme la
Présidente, qu'il existe d'autres programmes à l'intérieur
du gouvernement qui peuvent venir jouer un rôle social ou à
caractère social pour aider une entreprise, d'une part. D'autre part, je
ne pense pas que ce soit le rôle du gouvernement ou, tout au moins
à l'intérieur de ce projet de loi, de répondre à
ces besoins-là dans l'immédiat. Une entreprise qui est en
difficulté financière, c'est une entreprise où, bien
sûr, H y a eu un certain nombre de lumières qui se sont
allumées bien avant qu'elle ne se trouve dans une crise de
liquidité à court terme. Il y a possiblement un problème
au niveau de la gestion des stocks; peut-être qu'il y a trop de stocks
dans sa cour, peut-être que le banquier ne veut pa3 la financer.
Vous conviendrez avec moi qu'il peut y avoir bien des raisons à
cela. Il peut même y avoir des problèmes de qestion interne de sa
propre entreprise et, quand vous évoquez le rôle de
développement économique, je dis: Oui, le gouvernement a un
rôle de développement économique à jouer, le
gouvernement a un rôle de catalyseur à jouer là-dedans,
sauf que le gouvernement n'a pas le rôle de venir donner à une
entreprise et de porter préjudice, par le fait même, à
d'autres entreprises qui gèrent bien leur boîte. Le gouvernement
n'a pas le rôle de venir faire cela. Là où, effectivement,
il y a des entreprises qui sont rentables, il y a des
entreprises qui se sont bien administrées, je ne pense pas que le
gouvernement doive ouvrir la porte à... je ne dirais pas un
laisser-aller, mais tout au moins trouver les mécanismes qui
permettraient à l'entreprise de continuer et ceci, pour le plus grand
bien de tout le monde.
Tantôt, j'écoutais les arguments que vous évoquiez
et je dois vous dire que ce n'est vraiment pas le rôle du gouvernement de
faire cela. Nous, on est là, on va fournir un service, on est un
fournisseur et, dans ce sens, les entreprises qui, elles,
bénéficient de ce service doivent effectivement payer ce service
pour le plus grand bien de tous les Québécois, comme le ministre
l'a indiqué.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Coté (Rivière-du-Loup): J'ajouterai, M. le
député d'Ungava, que, pour les cas pénibles que vous
appréhendez ou qui sont déjà dans le circuit, le ministre
du Revenu peut, de par sa loi, faire des remises, étaler des remises, et
je n'ai pas à l'introduire dans la Loi sur les forêts. C'est dans
la Loi sur le ministère du Revenu, cela. C'est lui qui a la
responsabilité de percevoir et, quand on paie des redevances aux
forêts, on fait notre chèque au ministre du Revenu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais vous
donner un exemple qui m'est suggéré. Supposons que les droits
prescrits sont de 5 $, par exemple; les droits exigibles seraient de 75 %, soit
3,75 $. Ce montant pourra être étalé par règlement
à l'article 84. Ce sont des conditions d'affaires
généreuses, je dirais, parce que, quand vous allez chercher votre
épicerie, vous la payez au complet, votre épicerie, à 100
%.
Une voix: ...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! vous avez pris
cette habitude durant les dernières années, payer
l'épicerie avec une carte de crédit.
M. Jolivet: Vous me faites rire, vous autres, actuellement. Vous
faites des chèques...
Une voix: M. le député de Joliette...
M. Jolivet: Laviolettel Cela paraît que vous ne connaissez
pas les régions.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaîtl M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. S'il vous
plaît... Le problème qui se pose à nous, actuellement,
c'est que le pouvoir réglementaire, on ne le connaît pas, et, pour
le bénéfice, finalement, de l'application d'un projet de loi, on
se doit de questionner pour être certain qu'on ne votera pas des choses
qui pourraient nous amener dans des impasses ou des culs-de-sac. Pour le
bénéfice du député de La Peltrie - je retiens
vraiment le nom de son comté - je vais donner un exemple. Vous savez,
par exemple, que les feux d'usine, c'est quelque chose qui est assez
fréquent au niveau, entre autres, des scieries. Il y a toutes sortes de
raisons. Il y a des assurances pour cela, mais les assurances ne paient pas
toujours le lendemain matin, j'en sais quelque chose. (12 h 30)
Supposons, par exemple, qu'au moment d'arriver à une
échéance en termes de droit de coupe, vous avez une usine qui
subît un feu qui paralyses ses opérations pendant six mois et qui
ne peut plus rien produire. Elle a toujours la possibilité, par exemple,
dans le réseau bancaire ou ailleurs, à l'intérieur des
différentes modalités de financement, de se renégocier des
termes de financement, de réorganiser ses modalités de paiement
pendant la période nécessaire pour sa reconstruction et, en fait,
en arriver à son niveau de production normal. Si le gouvernement ne
prévoit pas de mécanisme semblable et que la compagnie se trouve
obligée de payer des droits de coupe alors qu'elle ne peut même
plus produire parce que son usine a été rasée par le feu,
à ce moment-là, j'ai l'impression que le gouvernement joue un
rôle assez particulier. C'est un problème qui est souvent dû
à la production, toute cette question d'incendie dans les usines.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député d'Ungava, ce n'est pas le rôle du ministère
des Forêts d'être banquier. Je vous ai parlé du
ministère du Revenu, cela existe. Si l'usine a passé au feu, elle
n'existe plus; elle n'a pas besoin de permis de coupe ni de permis
d'intervention.
M. Claveau: Si les redevances sont payées à
l'avance?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elle n'aura pas de
redevance à payer.
M. Claveau: Elles sont payées à l'avance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
Écoutez, je vais revenir à l'article 84 qui dit: selon les
échéances déterminées par voie
réglementaire. Elle va en avoir payé une
partie; elle n'en aura peut-être pas payé beaucoup.
Une voix: Ce sont des frais variables.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, vu que d'un
côté comme de l'autre on a de la difficulté à
s'entendre en ce qui a trait à l'article 5 qui se rattache directement
aux articles 83 et 84 et que le ministre nous a offert de déposer
certains règlements se rapportant aux articles 83 et 84, incluant la
carte des zones qui est à l'intérieur d'un de ces
règlements, est-ce qu'il serait possible, par une entente mutuelle, que
l'on puisse suspendre l'article 5 jusqu'à ce qu'on arrive aux articles
83 et 84 ou au moins jusqu'à ce que le ministre dépose les
règlements qu'il a mentionnés?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Attendez un
peu.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'article 5?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, il faut
adopter l'article 5 quand même. Cela n'a pas de conséquence sur
les articles 83 et 84.
M. Perron: Mme la Présidente, le ministre vient juste de
retarder les travaux. Je propose que l'article 5 soit suspendu jusqu'à
ce que nous arrivions aux articles 83 et 84 du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, nous
allons vérifier si la motion est recevable.
M. Perron: Je donne la chance au ministre de changer
d'idée, Mme la Présidente.
Une voix: Ce n'est pas grave, cela, voyons donc!
M. Perrons II n'y a rien de grave dans le fait de suspendre
l'article 5. De notre côté, on dit que l'article 5 est
étroitement relié aux articles 83 et 84 du projet de loi 150.
Pour bien comprendre la situation dans laquelle le gouvernement du
Québec va placer l'industrie en général et en particulier
l'industrie du sciage, il faut absolument que nous obtenions la suspension de
cet article.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je vais
l'accepter.
M. Perron: Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): II y a consentement
pour...
M. Perron: À ce que la motion soit retirée?
La Présidente (Mme Bélanger): ...suspendre
l'article 5. À ce que la motion soit retirée?
M. Perron: J'ai présenté une motion, il faudrait
qu'elle soit...
Une voix: Je ne suis pas sûr qu'elle soit recevable.
M. Jolivet: Un instant! On aurait pu plaider, monsieur!
M. Perron: On aurait plaidé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a consentement
pour que l'article 5 soit suspendu.
M. Perron: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
6. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 6 se lit
comme suit: "Les droits qu'une personne doit payer pour être titulaire
d'un permis d'intervention sont prescrits par le ministre dans chaque cas selon
les règles de calcul que le gouvernement fixe pas voie
réglementaire." Le règlement, à l'article 167, est le
suivant: "Le gouvernement peut, par voie réglementaire,
déterminer les règles de calcul des droits exigibles du titulaire
d'un permis d'intervention."
Cela crée l'obligation au gouvernement de publiciser par voie
réglementaire les règles de calcul dont il se sert pour
établir les droits exigibles. Ils seront connus à cette date.
Ceci a pour but d'essayer d'avoir une plus grande clarté administrative.
Je ne sais pas si cela répond à votre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Si vous me le permettez, Mme la Présidente,
étant donné que c'est relié aux articles 83 et 84, est-ce
que l'on pourrait aussi obtenir la suspension de cet article 6?
M. Jolivet: C'est de concordance.
M. Perron: En fait, les articles 5 et 6 sont reliés.
Une voix: II n'y a rien là.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'étude de l'article 6?
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Oui, Mme la
Présidente.
M. Jolivet: D'accord, mais j'avais quand même quelque chose
à dire, non pas sur le contenu de l'article parce que si on le
suspend.,. Ma question est la suivante: Le ministre nous a dit qu'il nous
donnerait un synopsis des règlements. Le synopsis va devenir important
à mesure qu'on avance. S'il faut attendre cela, on va prendre quelques
petits articles qui vont être retardés. Je connais les
problèmes que le ministre a aujourd'hui, compte tenu de la grève
qui existe, mais, le ministre doit certainement posséder Les
règlements. Je ne pense pas qu'il soit venu ici sans les avoir. Du moins
les officiers du ministère doivent les avoir.
À partir de cela, que ce soit du côté
ministériel ou du côté de l'Opposition, on serait
même prêts à lui fournir la photocopieuse au deuxième
étage pour qu'il fasse ses photocopies pour cet après-midi. Il
peut aussi demander le service du secrétariat pour être plus
neutre. Dans ce contexte, il me semble qu'on devrait, en vertu de la loi qui a
été passée par ce gouvernement et adoptée, vous
vous en souvenez, par ce gouvernement et ceux qui le composent, à
l'Assemblée nationale, au mois de juin dernier, il me semble que la
logique voudrait qu'il dût arriver avec cela. Mais, comme il ne l'a pas
fait, qu'il nous les amène cet après-midi... De une heure
à trois heures il pourrait faire les photocopies nécessaires.
Cette loi c'est le projet de loi 12, Loi sur les règlements,
sanctionnée le 19 juin 1986, à la toute fin de la dernière
session. Je pense qu'effectivement le ministre devrait se soumettre à
cette loi qu'ils ont eux-mêmes passée.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Bien sûr, Mme la Présidente, le ministre
l'a dit et l'a répété depuis hier, qu'il allait soumettre,
bientôt la réglementation. Pour des raisons tout à fait
techniques et hors de son contrôle, il ne peut le faire aujourd'hui. Je
le trouve un peu grincheux le député de LaViolette qui passe de
la... à gauche, puisque je me souviens très bien, Mme la
Présidente, qu'un paquet de règlements sur des projets de loi de
l'ancien gouvernement dont, en particulier, la loi 48 qui était une
loi-cadre sur les pêcheries n'ont jamais été
déposés à l'Assemblée nationale encore, et cela
fait trois ans qu'on les attend.
Or, je pense que le ministre fait preuve d'une collaboration qu'on voit
très rarement ici en commission parlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, le député de Laviolette connaît les
raisons pour lesquelles on ne peut pas retourner au bureau, aujourd'hui, c'est
pour éviter de la provocation.
Dans le synopsis des règlements que j'ai entre les mains, il y
avait des corrections à faire et j'aimerais les faire avant de vous les
remettre. Ce sera demain dans la journée, en même temps que les
amendements que vous avez demandés il y a quelque temps. Cela vous
va?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolettte.
M. Jolivet: Ecoutez, je veux les avoir le plus vite possible. Je
vous dis qu'on va suspendre nos travaux de 13 heures à 15 heures.
ïl y a certainement des bureaux de député ici qui pourraient
vous être offerts pour apporter les corrections à vos
règlements et faire les photocopies qui s'imposent. Tout ce que je dis
c'est que, contrairement à ce que le député de Saguenay
dit: Ils ont passé une loi. Ou bien ils sont conséquents avec la
loi qu'ils ont passée ou ils ne sont pas conséquents. La loi nous
dit qu'il doit nous les présenter. Ce que je demande, c'est tout
simplement de passer de la parole aux actes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Je m'excuse, Mme la Présidente, de
répéter ce que j'ai dit, le député de Laviolette
fait preuve de mauvaise foi. Le ministre lui dit qu'il va les déposer.
Il y a des corrections à apporter, il y a un empêchement majeur
aujourd'hui. Qu'on les dépose demain, qu'il ait le temps de faire ses
corrections. Lorsqu'on se rappelle qu'on a attendu trois ans pour avoir la
réglementation de l'ancien gouvernement, je pense qu'ils sont
très mal venus d'arriver et d'avoir de telles exigences aujourd'hui.
Alors, un peu de compréhension. D'ailleurs, il n'y a aucune obligation
légale pour le ministre de déposer les règlements
aujourd'hui; il les déposera quand il le voudra. Il n'y a aucune
obligation légale, lisez votre projet de loi 12 comme il le faut. Pour
un ancien vice-président de l'Assemblée nationale je trouve que
vous l'interprétez très drôlement à votre
façon. Le ministre a dit...
M. Jolivet: ...trop souvent.
M. Maltais: Voulez-vous me laisser
finir, je ne vous ai pas interrompu, mot. Une voix: À
l'ordre! À l'ordre!
M. Maltais: Vous avez la très mauvaise habitude de
déblatérer pendant qu'on parle M. l'ancien vice-président
de l'Assemblée nationale. Apprenez donc à être poli. C'est
très impoli ce que vous faites.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre?
M. Maltais: D'ailleurs, j'espère que c'est
enregistré que le député de Laviolette est très
impoli.
M. Perron: Vous n'avez sûrement pas votre égal.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre a la parole.
M. Maltais: M. le député de Duplessis, on ne vous a
pas adressé la parole.
M. Perron: Pour une personne impolie, vous n'avez sûrement
pas votre égal.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre a la parole.
M. Maltais: M. le député de Duplessis, on ne vous a
pas adressé la parole.
M. Perron: ...quand vous êtes là vous. M.
Maltais: Cela va très bien, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Perron: On va régler tous les problèmes sur le
bras.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît, M. le député de Duplessis!
M. Côté (Rivière-du-Loup): La loi dit que les
règlements doivent être déposés trois mois avant
l'application de la loi. C'est ce que dit la loi. Si on les dépose
aujourd'hui à votre demande, il me fera plaisir de le faire
aussitôt que je pourrai faire les petites corrections nécessaires.
C'est tout simplement cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que le sujet
est clos. Le ministre a donné les explications qu'il avait à
donner. Je pense que le sujet est clos.
M. Jolivet: Mme la Présidente, vous ne pouvez quand
même pas m'empêcher de dire au ministre que l'esprit qu'on a
toujours demandé à l'Opposition d'aujourd'hui qui formait
l'ancien gouvernement, il devrait le mettre en pratique. Ces gens nous ont
demandé exactement ce qu'on leur demande là. Ils nous ont dit:
Quand on sera au pouvoir, on va le faire. Alors, qu'ils le fassent!
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, c'est ce que le
ministre a dit qu'il allait faire, M. le député. Le sujet est
clos.
M. Jolivet: Je vous remercie.
M. Perron: Vous me permettrez sûrement de remercier le
ministre pour sa collaboration quant au dépôt de règlements
dans les plus courts délais.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est cela, M. le
député du Duplessis. J'appelle l'article 7. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 7 se lit
comme suit. "Le bois qu'un permis d'intervention autorise à
récolter demeure en pleine propriété dans le domaine
public tant qu'il n'a pas été abattu et mesuré".
J'aimerais apporter un amendement à cet article et enlever, à la
troisième ligne, les mots "et mesuré".
Cet amendement vise à rendre plus certain le moment où la
propriété est acquise. Comme le mesurage est fait selon les
circonstances, à des époques et à des lieux
différents, il ne peut être tenu comme critère
d'attribution de propriété sans inconvénient du point de
vue de la sécurité juridique. Tout de même, le mesurage
demeure obligatoire selon l'article 25 et le bois abattu demeure grevé
d'un droit réel immobilier tant que les droits exigibles n'ont pas
été payés.
Cet article répond également aux représentations de
l'Association des banquiers qui voyait dans l'avant-projet de loi la
difficulté de consentir des garanties si le transfert de
propriété ne se faisait qu'à destination des bois. La
créance du gouvernement est également garantie à moins
qu'il ne soit en difficulté, comme le supposait le député
d'Ungava qui voudrait qu'on joue le rôle de banquier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Un instant, Mme la Présidente. Le
député de Laviolette veut intervenir sur cet amendement.
M. Jolivet: Je peux y aller? M. Perron: Oui.
M. Jolivet: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je veux bien comprendre lea commentaires que vient de
faire le ministre. Je les relie toujours, même si l'article 5 est
déposé, au fait que c'est: tant que les droits exigibles n'ont
pas été payés. À l'article 7, on dit: "Le bois
qu'un permis d'intervention autorise à récolter demeure en pleine
propriété dans le domaine public tant qu'il n'a pas
été abattu.", donc, tant qu'il est debout. Le jour où il
est à terre et cordé, ce bois est grevé d'un droit
réel immobilier tant que les droits exigibles n'ont pas
été payés.
Cela veut dire que le ministre se réserve le pouvoir
d'empêcher le transport de ce bois à l'usine, quelle qu'elle soit,
de déroulage, de sciage ou de pâtes et, en conséquence, il
se donne la capacité de pouvoir intervenir pour empêcher le
transport de ce bois. Est-ce bien ce que je comprends?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais nonl Le
problème, c'est qu'on examine plusieurs articles en même temps. On
passe de l'article 5 à l'article 83 ou 84.
M. Jolivet: Non, non...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là, on
passe de l'article 7 à l'article 8. Si on va à l'article suivant,
on trouvera l'explication, M. le député.
M. Jolivet: Mme la Présidente...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On dit à
l'article...
M. Jolivet: Attendez une minute là! Une voix: Wo!
Wo!
M. Jolivet: Je suis en train de demander des renseignements. Nous
n'avons, d'aucune façon, fait référence à des
articles autrement que lorsque le ministre y a fait référence. Il
nous a dit: Regardez l'article 5 en regard de tels articles. Regardez l'article
6 en regard de l'article 167. Nous n'avons pas fait référence
à cela, mais, comme il y fait référence, il nous faut
quand même poser les questions. (12 h 45)
Deuxièmement, quand j'ai parlé de l'article 7, j'ai
parlé du commentaire qu'il a formulé dans l'amendement qu'il nous
apporte. Je veux juste savoir... Si le ministre me dît que ce que je
demande va venir à l'article 8, tant mieux, je vais lui poser la
question à l'article 8, mais ce n'est pas moi qui suis passé
à l'article 8.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, cela n'empêche pas le transport, parce qu'à
l'article 8, on parle de destination, mais quand vous posez une question qui se
réfère à d'autres articles, c'est évident que je
vais aller aux articles 83, 84 ou aux dispositions réglementaires...
M. Jolivet: Mais, vous dites: on parle de plusieurs...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...mais, si on
regarde uniquement l'article dont il est question, il n'est pas question
d'empêcher le transport dans cet article.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je vais avoir de la
difficulté à suivre les 278 articles au complet. Ce n'est pas ma
faute. Dans un projet de loi les articles sont interdépendants. Je pense
que le ministre sera capable de concevoir cela. Il peut me permettre de poser
une question. S'il veut faire références aux articles, parfait,
mais on lui dit qu'on y verra plus tard. Si un tel article a des effets sur
l'article qu'on est en train d'étudier, vous allez me permettre de dire:
Bien, écoutez, on va le suspendre tant qu'on n'a pas
étudié l'autre, parce que cela n'aura pas de bon sens.
Je pose une question sur l'article 7, je n'ai jamais fait allusion
à l'article 8. J'ai dit: Â l'article 7, il y a un amendement.
L'amendement dit: On enlève "et mesuré". Donc, on dit: "Le bois
qu'un permis d'intervention autorise à récolter demeure en pleine
propriété dans le domaine public tant qu'il n'a pas
été abattu." Je vous pose la question, à la suite des
commentaires qu'il nous fait sur l'amendement qu'il nous présente. Il
dit: Le mesuraqe cependant demeure obligatoire selon l'article 25, Ce n'est pas
moi qui y ai fait référence, c'est lui qui nous l'a dit, "et le
bois abattu demeure grevé d'un droit réel immobilier, tant que
les droits exigibles n'ont pas été payés", soit, et le
ministre me dit: On va en parler à l'article 8. Je ne faisais pas
allusion à quoi que ce soit, je faisais allusion à cela. Je pose
une question.
Si je lis l'article 7: "Le bois qu'un permis d'intervention autorise
à récolter demeure en pleine propriété dans le
domaine public tant qu'il n'a pas été abattu." Je voulais
justement lui poser la question pourquoi il enlève le mot
"mesuré". Ma question est loqique et c'est normal. Cela a une grosse
différence, "abattu et mesuré" dans le texte, parce qu'il peut
être mesuré sur le champ ou il peut être mesuré
à l'usine où il est reçu. En enlevant le mot
"mesuré", est-ce que cela permet au ministre de dire; Il ne bougera pas
de la forêt, tant
et aussi longtemps que tu n'auras pas payé mes droits exigibles?
Je trouve cela normal. Si ce n'est pas cela, que. le ministre me donne des
explications. Si cela se réfère à un autre article, on y
reviendra là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le
commentaire que je vous fais, M. le député, on dit que le
mesurage se fait à des endroits différents, à des
époques différentes. Tout de même, le bois peut être
transporté, mais le permissionnaire ou le bénéficiare a
encore l'obligation de mesurer le bois qui appartient en toute
propriété à l'État.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, dans ce cas, je suis
prêt à accepter l'article 7, parce que cela me donne la garantie
qu'à l'article 7, par des voies réglementaires que je ne connais
pas encore, le ministre ne donne pas la possibilité d'empêcher le
transport du bois. Donc, s'il me dit: Une fois qu'il est abattu, il y aura du
transport possible, mesurage à un niveau, que ce soit à l'usine
ou ailleurs, à ce moment, je peux dire oui à l'article 7. C'est
simplement cela le but de ma question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Vous allez
peut-être me dire que je suis un peu technique, mais les avocats sont
souvent très techniques, n'est-ce pas?
Une voix: Es-tu, avocat?
M. Claveau: Je ne suis pas avocat, malheureusement.
M. Jolivet: Heureusement ou malheureusement, cela dépend
de quel côté de la clôture il se trouve.
M. Claveau: Mais on le sait.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Alors, Mme la Présidente. À partir de
quel moment exactement l'arbre devient-il propriété
privée? Est-ce que c'est au moment où il est pris dans les
"grippes" de la "bûcheuse", ou si c'est au moment où il est mis en
billots, qu'il est ébranché? Cela peut avoir des incidences
énormes. Je voudrais savoir et que l'entreprise le sache en lisant cela:
À partir de quand exactement dans l'opération forestière
l'arbre devient sa propriété?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, lorsque le bois est debout, il est la
propriété publique. Lorsqu'il est abattu, il devient du domaine
privé. Mais, même au domaine privé, il reste une redevance
à payer pour en acquérir l'entière
propriété. C'est la même chose qu'une automobile que vous
achetez et qui n'est pas entièrement payée. Elle est votre
propriété, mais vous avez une dette à payer dessus. C'est
la même chose, sauf qu'il n'y a pas de prescription contre
l'État.
M. Claveau: Cela veut dire que, par exemple, advenant le cas d'un
feu de forêt où les activités forestières sont
arrêtées pendant un certain temps où on arrête du
jour au lendemain, où il faut sortir la machinerie à la course du
bois si on ne veut pas qu'elle brûle, retirer tout cela, à partir
de ce moment-là, en ce qui concerne les assurances et les revendications
que l'entreprise aura à faire pour essayer de se faire payer les biens
qu'elle aurait pu perdre, on va compter les arbres qui sont à terre,
finalement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une des
raisons pour lesquelles, une fois les arbres abattus, pour que l'industrie
puisse assurer son bois, cela devient sa propriété. Le transfert
de propriété se fait à ce moment-là. Mais cela
n'empêche pas les obligations, de payer les redevances. S'il y a un feu,
cela va être une question d'assurance ou non.
M. Claveau: C'est ce que j'avais compris, en tout cas c'est ce
que je pensais comprendre. Cela veut-il dire qu'à partir de là,
dans ce même contexte, étant donné que le bois debout est
toujours un bois de propriété publique, l'ensemble de la
préservation du bois debout relève du domaine public,
contrairement à ce qui se fait actuellement, alors que l'entreprise doit
faire attention pour préserver son bois debout en cas de feu de
forêt ou autre et qu'elle a des comptes à payer entre autres aux
sociétés de préservation pour le bois debout? Est-ce que
cela veut dire qu'elle est dégrevée de toute la
responsabilité sur le bois debout qui ne lui appartient pas?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au contraire.
C'est que dans le contrat, il y a des conditions acceptées de part et
d'autre. Dans ce contrat-là on dit que les bénéficiaires
ont des obligations pour partager les frais de protection contre les
feux et les insectes. Mais si on n'accepte pas les conditions, on ne
signe pas de contrat.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas une
question juridique.
M. Perron; Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Çava?
M. Jolivet: Mme la Présidente, je vois le ministre avec un
dictionnaire, est-ce que cela veut dire que les gens vont devoir se promener
avec une série de dictionnaires sur le terrain pour savoir la
définition des mots?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. C'est
à votre demande.
M. Jolivet: Vous n'assistiez pas à la discussion hier soir
pour comprendre la farce qu'on fait là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est à
votre demande, M. le député de Laviolette.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 7, qui se lit comme suit: L'article 7 du projet
de loi est modifié par la suppression, dans la troisième ligne,
des mots "et mesuré", est adopté?
M. Jolivet: Adopté. M. Perron! Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que L'article
7 tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Adopté. M. Perron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
8.
M. Perron: Mme la Présidente, si vous me le permettez, il
reste à peu près cinq minutes. Comme on a des interventions
à faire sur l'article 8, est-ce qu'on pourrait suspendre jusqu'à
15 heures? Pas suspendre, mais...
M. Jolivet: Avant la suspension, si vous me le permettez,
j'aurais une petite question à poser au ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: À la suite de la lettre datée du 22
octobre 1986 que le ministre nous a transmise tout à l'heure, j'avais
bien compris, mais je voulais être sûr en la lisant... C'est
écrit: "Vous trouverez ci-lnclus un mémoire décrivant les
principales conséquences que pourra avoir la nouvelle loi
forestière sur le travail en forêt de même qu'un
résumé des impacts majeurs et des problèmes
prévisibles." Est-ce que le ministre peut déposer ce
mémoire? Est-il d'intérêt public qu'il le dépose,
compte tenu que cela nous permettra de savoir quelles sont les questions qu'il
a posées à M. le ministre du Travail? Si le ministre ne peut pas
le transmettre aujourd'hui, compte tenu de ce qui se passe, j'accepterais que
cela puisse être demain.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, Mme la
Présidente, cela me fera plaisir.
M. Jolivet: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président (M. Théorêt): Â l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux pour l'étude détaillée du projet de loi 150.
Nous en étions à appeler l'article 8. M. le député
de Laviolette.
Droit immobilier en faveur du domaine public
M. Jolivet: M. le Président, ce matin, nous avions
quelques difficultés à nous comprendre le ministre et moi sur la
question de la réduction, parce que c'était un règlement,
T.9, règlement 2, aux pages 10-390 et 10-391. À la page 10-390,
on fait mention de bois de récupération. On parle d'un
crédit de 50 % du bois de coupe qui est accordé sur le bois de
récupération à la fin de la saison d'exploitation. Dans le
cas où il y a une réduction en vertu de la page 10-391,
réduction des droits de coupe et, entre parenthèses, autre bois
de récupération, lorsqu'il s'agît de bois sensiblement
détérioré par suite d'incendies forestiers, de chablis et
d'épidémies d'insectes ou de toute autre cause et dont
l'exploitation est de ce fait considérablement plus coûteuse, le
ministre, sur production d'un rapport d'un ingénieur forestier, est
autorisé à accorder toute réduction compatible à
une utilisation rationnelle et économique. Je voulais juste savoir, dans
ce contexte-là, il paraît que c'est le ministre du Revenu, je
pense bien que c'est bien la Loi sur les forêts, par
extension... Dans certains cas où des droits de coupe
étaient chargés et des usines faisaient la preuve, après
vérification par le ministère, on pouvait accorder, sur
recommandation du Conseil des ministres, des réductions du droit de
coupe.
C'est à cela que je faisais allusion ce matin. Si j'ai
mentionné la loi, c'est parce que je ne connais pas la loi par coeur, je
pense que je peux m'en accuser ou m'en excuser, cela dépend de la
façon dont on le prendra, mais chose certaine c'est que je sais que cela
existait. C'est dans le règlement et c'est pour cela que je
répète que nous aimerions bien connaître les
règlements que vous allez nous présenter en synopsis, quitte
à nous présenter même les règlements que vous avez
l'intention de présenter pour qu'on puisse faire une analyse convenable
de la loi actuelle. Je voulais juste faire ce petit commentaire en
commençant. Si le ministre a quelque chose à ajouter, je suis
bien aise de l'entendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On parlait des
redevances payables, on ne parlait pas de réductions ce matin. Mais s'il
n'y a plus de réductions dans la loi que l'on présente, c'est
parce que la valeur marchande va justement tenir compte de tout cela; si c'est
du bois renversé ou du bois de récupération, quand on
établira la valeur marchande, on en tiendra compte.
M. Jolivet: Ce sur quoi je voulais bien insister... Je comprends
ce que vous dites. Effectivement, on parlait d'un droit de coupe et la loi
disait qu'il faut se fier au règlement. Dans le règlement, on
disait qu'il y avait une réduction pour telle ou telle raison. Par
extension, lorsqu'il y avait eu une étude du droit de coupe, on
s'apercevait qu'à la suite d'une demande faite par une compagnie qui
pouvait la mettre en faillite ou en difficulté financière et
qu'on avait une vérification faite par le ministère, le ministre
pouvait effectivement faire une recommandation au Conseil des ministres et
accorder une réduction du droit déjà exigé. Dans
bien des cas, ce qui arrivait - et je pense que le ministre en est conscient,
ce n'est pas la première fois, c'est déjà arrivé
-les gens refusaient de payer leur droit de coupe. Le ministre devait prendre
une décision; il les forçait à payer ou encore faisait la
réduction qui s'imposait. Mais j'ai posé ma question
d'après le texte tel qu'il est présenté aujourd'hui.
Même s'il y a eu une évaluation qui a été faite et
peut-être mal faite, et si le propriétaire d'une usine conteste,
est-ce que le ministre a le pouvoir de faire les recommandations qui
s'imposent? Vous allez probablement me répondre que le ministre a tous
les pouvoirs de faire des recommandations; c'est au Conseil des ministres de le
déterminer et de le décider, mais je voulais savoir si la loi ou
les règlements peuvent donner ce pouvoir au ministre. C'est pour vous
aider, vous et les autres qui vous succéderont, dans la décision
qui devra être prise dans ces circonstances.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, la loi nous permet d'évaluer la valeur marchande des
bois. En évaluant la valeur marchande, on tient compte de ces
éventualités. Ça va?
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
J'appelle maintenant l'article 8. S'il vous plaît, M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Article 8?
Le Président (M. Théorêt): Oui, avec
l'amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 8 se lit
comme suit: "Le bois récolté en forêt, quelle que soit sa
destination, est grevé d'un droit réel immobilier en faveur du
domaine public pour garantir le paiement des droits exigibles en vertu de la
présente loi. "Le bois demeure ainsi grevé où qu'il se
trouve et quelle que soit sa forme tant que les droits prescrits n'ont pas
été acquittés."
J'ai un amendement à proposer à l'article 8: Changer, dans
la deuxième ligne du deuxième alinéa, le mot "prescrits"
par le mot "exigibles". Les droits prescrits, ce sont des droits qui ont
été déterminés, tandis que les droits exigibles, ce
sont des droits payables; "payables" va correspondre au volume de bois qui a
été alloué et coupé. Cela va?
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Compte tenu des articles 83 et 84, est-ce que le
ministre pourrait nous dire quelle différence il y a - je ne veux pas
qu'il me parle de son dictionnaire; on a assez parlé, ce matin, de
toutes sortes de termes - entre "droits exigibles" et "droits prescrits" - dans
les termes du ministre -dans l'application de la loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits
prescrits, ce sont ceux qui auront été déterminés
par règlement. Les droits exigibles, ce sont ceux qui seront payables
à un moment donné. Ce n'est pas nécessairement
égal, mais cela peut devenir égal lorsque le règlement
final se fera. À un certain moment, les droits exigibles seront
certainement inférieurs aux droits prescrits parce que "prescrits",
c'est la totalité des droits. Cela va?
M. Perron: Je remercie le ministre de
sa réponse. Maintenant, à ce moment-là, je voudrais
bien qu'il regarde les articles 33 et 84, en particulier l'article 84. Je
présume qu'il va faire l'inverse.
M. Côté (Rîvière-du-Loup); On a des
amendements prévus à ces articles, M. le
député.
M. Jolivet: Si on les connaissait d'avance, on ne poserait pas
ces questions-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous ne les avez
pas?
M. Jolivet: Non.
M. Perron: Je voudrais aviser le ministre que c'est justement
cela, ce matin, que l'on a soulevé, en quelque sorte, en rapport avec
l'article 84.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va vous les
remettre officieusement.
M. Perron: Officieusement? Pourquoi pas officiellement'
M. Côté (Rivière-du-Loup): Parce qu'on n'est
pas rendu à ces articles.
Une voix: Qui a le droit de parole de ce côté, M. le
Président?
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: Cela, ce n'est pas grave. Une voix: Vous vous le
partagez.
M. Jolivet: Juste une chose, M. le ministre. Si c'est une
question de photocopie, donnez-les au secrétaire, il va les faire
photocopier immédiatement pour tout le monde. Il va commencer par une
première série de dix et il nous amènera le reste. Je suis
sûr qu'il va s'en faire un plaisir; on a du service.
M. Perron: M. le Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils sont
photocopiés. Il s'agit de les mettre en ordre, M. le
député.
Le Président (M. Théorêt): Un instant, s'il
vous plaît, M. le ministre. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Quant à savoir qui a le droit de parole de
notre côté, puisque quelqu'un vient de mentionner cela, je
voudrais vous dire que c'est le député de Duplessis qui est
critique en matière forestière, mais tous les
députés de l'Opposition qui sont à cette table ont droit
de parole.
Le Président (M. Théorêt): Vous avez
entièrement raison, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Je me pose la même question pour les
députés ministériels.
Le Président (M. Théorêt): Par contre,
j'apprécierais, au lieu d'intervenir à tour de rôle, comme
cela, que l'on me demande la parole. Ainsi, il n'y aurait peut-être pas
de critique de ce côté-ci. M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: C'était simplement pour éviter qu'il y
ait une cacophonie de l'autre côté et que le ministre...
Le Président (M. Théorêt): On a tous
très bien compris, je vous en remercie. M, le ministre avait la parole.
Vous avez déjà répondu...
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
répondu à la question du député de Duplessis, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): D'accord. Est-ce
qu'il y a d'autres questions? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: À propos de l'amendement, encore une fois ou
je lis mal ou je comprends mal, mais on dit qu'il vise à faire de la
concordance avec les termes utilisés à l'article 7. J'essaie de
voir où sont les mots "prescrits", et "exigibles". Ne serait-ce pas
plutôt l'article 5? C'est bien cela, parce que l'article 7... Je voudrais
vous poser une question. Par l'amendement que vous apportez, en quoi y a-t-il
une concordance entre l'article 7 et l'article 8?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est l'article 5,
M. le député.
M. Jolivet: D'accord, merci.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 8 est adopté?
Une voix: Non.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement,
pardon.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec
l'amendement?
M. Jolivet: Non, l'amendement.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement est
adopté.
M. Perron: L'amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 8 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Claveau: Non, non. Un instant.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Étant donné que notre collègue
de La Peltrie s'est empressé, ce matin, de dire que je n'étais
pas juriste - et effectivement, il a raison - j'aimerais que l'on me
précise de façon très nette ce que veut dire l'expression
"est grevé d'un droit réel immobilier en faveur du domaine
public". (15 h 15)
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela correspond
à une hypothèque, M. le député. Cela donne un droit
réel de créance au gouvernement. Si vous voulez une comparaison:
Disons qu'en première hypothèque vous êtes au premier rang;
vous êtes le premier à être payé s'il arrive quelque
chose. Le droit immobilier dont il est question correspond sensiblement
à une hypothèque.
M. Claveau: Cela veut dire que le gouvernement se garde un droit
de première hypothèque sur la forêt qu'il a vendue.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Claveau: D'accord. Dans le sens de ce que disait mon
collègue de Laviolette ce matin, quand on parlait de la garantre que le
gouvernement se donnait sur des arbres pour que ses droits lui soient
payés, je suppose que ces droits s'appliquent tout au long du parcours
qu'aura à suivre l'arbre jusqu'à sa transformation finale.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Même plus
loin que ça. Tant et aussi longtemps que les droits ou les redevances
exigibles ne sont pas payés, ils demeurent la propriété de
l'État.
M. Claveau: Même si mon arbre est rendu en deux-par-quatre
sur une construction?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Exactement.
M. Claveau: À ce moment-là, c'est...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme ce l'est
actuellement aussi; c'est la même chose actuellement.
M. Claveau: Mais de quelle façon, par exemple, le ministre
peut-il revenir contre l'entreprise qui n'a pas payé son droit de coupe
si l'arbre est rendu sur le marché de Boston en deux-par-quatre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un droit de
suite qu'on exerce, mais on peut saisir le deux-par-quatre.
Une voix: Oui, mais, s'il est rendu à Boston, c'est une
autre paire de manches.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, s'il est
rendu à Boston, là-Une voix: Trop tard.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère
qu'on interviendra avant.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut aller jusqu'à dire que, dans
le contexte où le bois est rendu à l'extérieur, si le
ministre n'a pas exercé ses droits, il a le pouvoir de mettre une
compagnie en faillite, dans la mesure où il a le droit d'aller saisir
les immeubles ou les avoirs de la compagnie?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le bois est
disparu, rendu sur le marché américain ou ailleurs et qu'on ne
peut pas le retracer, le gouvernement demeure créancier, mais le droit
est sur le bois.
Une voix: Pas sur les autres biens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur les autres
biens, cela devient, si vous voulez, une créance qui prend son rang.
Une voix: Ordinaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ordinaire.
Une voix: Ce n'est pas une créance
privilégiée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur les autres
biens.
M. Jolivet: Cela veut dire...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais sur le bois,
c'est un droit privilégié, c'est un droit qui passe en
premier.
M. Jolivet: Oui. Cela veut dire que, dans la mesure où le
ministre doit exercer 3on pouvoir, il doit l'exercer le plus rapidement
possible pour s'assurer...
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
M. Jolivet: ...qu'il n'a pas à utiliser le deuxième
droit qu'il a dans une créance égalitaire aux autres.
M. Côté (Rïvière-du-Loup): II pourrait,
M. le député, mettre quelqu'un en faillite, comme un autre
créancier peut le faire, parce qu'un créancier ordinaire peut
mettre quelqu'un en faillite; il pourrait le faire. Mais on parle du droit sur
les bois, du droit privilégié, qui est de premier rang. C'est
aussi à la demande des banquiers et des notaires qu'on le précise
de cette façon parce qu'on nous a dit, en commission parlementaire, si
vous vous en souvenez: Dites-le donc quel rang a votre créance.
M. Jolivet: Est-ce que cela veut dire que le ministre pourrait
aller jusqu'à empêcher le transport du bois - c'est ma question de
ce matin - qui serait empilé dans la forêt et, avant qu'il parte
de là, pour s'assurer que le ministre a utilisé ses droits, qu'il
l'empêche de le sortir de là pour pouvoir ensuite le vendre et
payer sa créance?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, dans des
circonstances exceptionnelles. Admettons que le bénéficiaire est
en faillite, on reste en première hypothèque sur le bois, parce
que le bois nous appartient tant qu'il n'a pas été payé.
Dans un cas extrême comme celui-là, je suis convaincu que le
ministère devrait agir de cette façon.
M. Jolivet: Dans la mesure où elle n'est pas en faillite,
mais qu'elle est en difficulté financière, ce qui n'est pas une
faillite officielle ou technique, à la suite des demandes que pourrait
faire le ministre d'être payé, il pourrait utiliser le pouvoir
discrétionnaire qui lui est donné de renoncer à certains
droits qu'il a?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas tout
à fait un pouvoir discrétionnaire, c'est plutôt un pouvoir
de bon gestionnaire. Je pense bien que le ministre doit protéger les
créances de l'État de la façon la plus équitable
possible, et d'une façon alerte également. Ce n'est pas tellement
discrétionnaire d'être bon gestionnaire.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, j'essaie de voir de quelle
façon cela peut se traduire dans la pratique. II y a des périodes
de l'année où le ministre a raison, où c'est assez facile
d'appliquer cela. Par exemple, on sait que l'entreprise va accumuler du bois
surtout au niveau des scieurs; ils vont se faire de grosses réserves de
bois durant l'hiver afin que quand arrive le printemps, au dégel, au
moment où les routes défoncent en forêt, pour qu'ils
puissent fonctionner, à ce moment c'est assez facile de retracer son
bois. Il y a d'autres périodes de l'année où le bois est
écoulé; dès qu'il arrive il est abattu et tout de suite le
lendemain ou le surlendemain il est en "bundle" et il est sur le train. Excusez
le terme anglais, mais c'est utilisé couramment dans l'industrie
forestière. Je vois mal le ministre arriver dans ma cour pour saisir un
paquet ou un tas de deux-par-quatre qui aurait été
bûché quinze jours avant parce que les droits sur ce bois n'ont
pas été vendus, alors qu'il a peut-être passé par
trois ou quatre intermédiaires avant d'arriver dans ma cour. Je ne sais
pas de quelle façon le ministre peut prévoir exercer un droit
réel sur le bois à moins de me considérer comme un
receleur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je
répéterai au député d'Ungava que la raison pour
laquelle c'est là, c'est d'assurer à l'État le rang de sa
créance, d'assurer son rang. Que voulez-vous faire de plus? Comme bon
gestionnaire, il faut le faire et il faut te dire aussi. On n'a pas plus...
Le Président (M. Théorêt): J'imagine que les
cas extrêmes ce sont des exceptions ce que...
M. Claveau: ...qui peuvent se voir tous les jours, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Ce sont
plutôt des exceptions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On n'a pas plus le
droit de saisir pour des... Cela demeure notre propriété tant et
aussi longtemps que les droits ne sont pas payés. C'est clair. C'est de
même que c'est écrit.
M. Claveau: Je vous comprends, M. le ministre, mais dans
l'application courante de cela, cela demeure la propriété de
l'État, c'est vrai, mais à partir du moment, par exemple,
où on a parlé d'échéancier, on a dit qu'il y aurait
des échéanciers qui seraient fixés par règlements
pour payer les droits de coupe. Cela veut dire que dans un
échéancier fixé par règlement, un arbre
bûché le 1er janvier 1987 peut être payé...
l'échéancier pour payer cet arbre peut apparaître au 15
février. Il y a six semaines de différence entre le 1er janvier,
la date où l'arbre a été bûché et le 15
février; il y a un laps de temps qui fait que le bois est rendu sur
le
marché et que la fibre elle-même, le petit morceau de bois
est rendu loin de l'usine et appartient à quelqu'un d'autre qui l'a
acheté sur le marché courant.
J'interprète votre article 8 comme quoi vous vous gardez un droit
de créance sur chaque arbre en particulier pris individuellement, arbre
par arbre, pied mesure planche par pied mesure planche et non pas sur un
ensemble.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une pratique
courante dans le commerce. Si vous avez de l'équipement qui est nanti,
il appartient supposons à la compagnie de finance tant et aussi
longtemps que tous les paiements n'ont pas été versés, peu
importe à quel endroit il est rendu, peu importe s'il a
été vendu, le nantissement reste là pareil si cela n'a pas
été acquitté. L'inventaire, c'est pareil.
M. Claveau: Oui, mais c'est toujours le premier acheteur qui est
responsable. Si j'ai une vieille bagnole que je revends, dans un
deuxième temps, même si je n'ai pas fini de la payer, ce n'est pas
mon acheteur qui va être obligé de la remettre à la
banque.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le lien est
dessus et il n'a pas été libéré, celui-ci reste
là. L'acheteur doit s'enquérir si c'est acquitté de tout
lien. C'est la même chose quand on achète d'autres
équipements.
M. Claveau: Je peux le comprendre, sur un actif mobilier ou
immobilier qui a une certaine valeur et qui a une durée dans le temps.
Mais concernant un arbre... Si je me présente dans une quincaillerie, je
vais chez Ro-Na pour m'acheter du bois, est-ce que je vais commencer à
demander au vendeur de m'assurer si celui qui a coupé cet arbre et qu'il
l'a transformé a payé ses droits dessus. Est-ce que cela va
être estampé sur chaque deux-par-quatre: "Droits payés
à l'État"?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand on donne une
garantie et qu'il y a un lien sur des inventaires, c'est encore pareil: la
banque qui garantit des inventaires prend les inventaires en garantie en lien
et elle est propriétaire tant que cela n'est pas acquitté.
M. Claveau: Je me demande comment cela peut s'appliquer dans la
pratique. À moins qu'on ne dise que c'est pris sur l'ensemble des
opérations forestières et à ce moment-là, peu
importe la date à laquelle le bois aura été coupé
et mis en marché, on sera toujours certain de pouvoir
récupérer sur d'autres arbres qui sont en forêt ou qui sont
toujours dans la cour et qui n'ont pas passé à
l'écorceuse.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
bénéficiaire...
M. Claveau: Est-ce que c'est transférable d'un arbre
à l'autre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
bénéficiaire est redevable des droits exigibles pour les bois
qu'il a coupés. C'est là que c'est pris. C'est pris sur
l'ensemble des droits exigibles sur les bois qu'il a coupés.
M. Claveau: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais il est
redevable pour ce montant-là, pas plus. Si c'est l'équivalent,
supposons en exagérant, d'un arbre, il sera redevable pour le prix d'un
arbre seulement, même s'il y en a beaucoup dans sa cour.
M. Claveau: Mais ce n'est pas l'arbre qui va avoir
été payé à telle période. D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est la
créance.
M. Claveau: II faut être clair là-dessus. Mais
advenant le cas où une entreprise forestière... Si quelqu'un
décide de vendre son entreprise - ce sont des choses qui arrivent aussi
- et que pour toutes sortes de raisons il écoule tout son inventaire de
bois coupé, à ce moment-là, il s'en va sur le
marché, il trouve un acheteur et il vend, mais il a des droits qui ne
sont pas payés. Est-ce que le ministre va récupérer les
sommes dues sur l'argent de la transaction, comme c'est le cas, par exemple,
lors d'une créance immobilière?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le bois demeure
toujours la propriété de l'État tant et aussi longtemps
que les droits exigibles n'ont pas été acquittés
même s'il y a eu une transaction par après. Évidemment, le
premier responsable, c'est celui qui l'aura vendu sans libérer le bois
complètement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. À la suite des
discussions qu'on a eues ce matin et qu'on vient d'avoir par rapport aux droits
exigibles et aux droits prescrits, si je comprends bien le ministre, lorsqu'on
parle des droits prescrits, cela veut dire la valeur marchande brute?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits
prescrits vont égaler la valeur marchande des bois sur pied, la valeur
marchande brute.
M. Perron: C'est cela. C'est ce que je viens de poser comme
question. Si on prend ce tableau - vous l'avez en main? - les droits prescrits,
selon ce que vient de me dire le ministre, représentent la valeur
marchande brute. Tout le monde se comprend sur la question des coûts de
remise en production qu'on a dans le tableau. Si on prend les droits exigibles,
ceux-ci représenteraient la différence entre les droits prescrits
et les coûts de remise en production. N'est-ce pas exact?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Les droits
exigibles, c'est à un moment donné, ce sont les droits payables.
Les droits prescrits vont égaler la valeur marchande nette. On va
ajouter à ces droits les obligations qui vont égaler les 3,25 $,
3,45 $ dont on a parlé ce matin pour la remise en production. La valeur
marchande brute égale les redevances, y inclus les obligations et la
valeur marchande nette, évidemment. (15 h 30)
M. Perron: Compte tenu de ce que vient de dire le ministre, on
sait que dans le tableau - no 2 que nous avons en face de nous, il y a, dans la
zone 2, par exemple, une expression, ce qu'on appelle les "droits exigibles
négatifs" quand on arrive à la fin. Il y a une nette
différence entre 9,94 $, le coût de remise en production, et les
droits prescrits, dans ce cas, à 6,30 $ pour la zone 2.
La question que je voudrais poser au ministre, c'est: Est-ce que le
ministre dans ces cas où il y a des droits exigibles négatifs va
donner des contrats d'approvisionnement à ces compagnies en
question?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, les programmes d'aménagement sont ajustés
de façon à ne pas avoir de valeurs négatives nulle
part.
M. Perron: Vous êtes assurés que cela va fonctionner
de cette façon. De quelle façon allez-vous les assurer qu'il n'y
aura pas de valeurs négatives nulle part?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous prenez la
valeur marchande brute moins les coûts d'aménagement...
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qui ne
dépasseront jamais les coûts de la valeur marchande brute, pour
égaler la valeur marchande nette, on n'arrivera pas à quelque
chose de négatif, parce qu'on va ajuster les coûts
d'aménagement en fonction de la valeur marchande brute également
pour ne pas arriver avec quelque chose de négatif. Cela va?
M. Perron: Oui.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est justement mon problème. Je vais vous
donner un exemple. Comme gouvernement, vous avez la décision importante
d'aller chercher du bois dans la zone pâtes. Il est évident que
vous n'aurez pas grand marchands pour aller chercher cela là-bas. Quand
je dis "marchands", ce sont des gens qui vont être surtout dans la zone
"pâtes", c'est-à-dire que ce ne sont pas des gars qui vont aller
chercher cela pour faire un deux-par-quatre. Il ne fera pas un cure-dent avec
cela.
Il va y avoir du monde qui va aller les chercher, parce que vous avez
une obligation pour une raison quelconque. Comme cela va être trop
dispendieux, personne ne va vouloir y aller. Ils peuvent se poser la question:
Si le gouvernement a une obligation de ne pas perdre ce bois et de le
récupérer, compte tenu des besoins qu'il a pour faire fonctionner
sa forêt... Le ministère peut dire: Vous allez le chercher quand
même, pour s'assurer que la forêt du Sud, la forêt la plus
basse se reproduise, en attendant, pour une raison quelconque Est-ce que le
ministre veut nous dire qu'en ajustant les coûts de remise en production
pour qu'il n'y ait pas de coûts négatifs, il n'y aura jamais de
coûts négatifs? Le ministère ne dira pass Si vous allez
chercher cela, je vais vous enlever telle ou telle chose, pour m'assurer que
vous allez le chercher pour éviter de mettre en péril ma
forêt de production du 49e ou du 50e parallèle? C'est un
exemple.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si cela
coûte plus cher pour aller chercher le bois, si le gouvernement est
obligé de débourser, ce serait une subvention, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Donc, vous ne partez pas de la prémisse qu'il
se pourrait que votre subvention... Autrement dit, vous dites que si on les
subventionne, il n'y aura pas de redevances à payer. Il n'y aura pas de
redevances pour la valeur marchande brute et il n'y aura pas de redevances pour
la remise en production, parce que, fort
probablement, il ne remettra pas cette forêt en production.
Le ministre va dire qu'on va la laisser repousser au rythme de
là-bas, parce que ce n'est pas rentable de le faire, ce n'est pas
économique de le faire. Le ministre a dit qu'il va subventionner le
monde et, à ce moment, il va rendre à zéro les coûts
exigibles. Là, il prétend que la subvention n'est pas un
coût exigible négatif. Où retrouve-t-on le pouvoir dans le
texte?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, si cela coûte plus cher que le bois
vaut pour aller le chercher, on ne veut pas subventionner le monde, parce que
l'industrie... C'est justement ce qu'on se fait reprocher par les
Américains actuellement.
M. Jolivet: Non, ce n'est pas ce que j'ai compris. Ce qu'on se
fait reprocher par les Américains, c'est pour du bois qui est
l'équivalence qu'on subventionne. Ce n'est pas la question que je vous
pose. Il y a du bois qui est dans le Nord qui coûte très cher. Il
n'y a personne qui va aller chercher cela. Mais pour une raison quelconque, au
point de vue écologique, comme pour une forêt d'Allemagne, vous
avez besoin de ce bois, des gens devront aller le chercher, sinon on va fermer
les usines. Je vous pose la question: Est-ce que dans ce cas-là, ce ne
seront pas des droits exigibles négatifs? Vous me répondez: Non,
ce seront des subventions. Quelle est la différence entre ce que je vous
dis et ce que vous me dites?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, si la valeur marchande brute, du bois est plus
élevée que le coût d'aménagement, on n'aura pas de
coût d'aménagement plus élevé que la valeur
marchande brute du bois. Cela va? On va ajuster le programme en
conséquence.
M. Jolivet: Je vais donc vous poser une question: Compte tenu que
pendant la commission parlementaire on vous a parlé de bois de
suppléance dans un cas quelconque, serait-il possible, au lieu de le
prendre dans le territoire qui va être réparti entre tout le
monde, que le ministre dise: Si vous voulez avoir votre bois, vous irez le
chercher là-bas en haut dans le Nord et je vais vous subventionner pour
aller le chercher?
Le ministre ne serait-il pas tenté d'inclure dans son partage
global la quantité de bois là-bas? Quand on parle de 18 000 000
de mètres cubes annuellement, potentiellement comme étant la
reproduction que l'on voit de la capacité portante de la forêt
actuelle, des 21 000 000 qui est la coupe annuelle moyenne des cinq
dernières années et de la potentialité entre le 18 000 000
et 26 000 000 de la forêt électronique dont on faisait mention,
est-ce que le ministre ne serait pas tenté de donner à du monde
des territoires basés sur les 24 000 000, 25 000 000 ou 26 000 000,
plutôt que sur les 18 000 000 actuels, ce qui fait que le ministre se
donne une marge de manoeuvre quelque part pour répartir de nouveaux
projets et faire en sorte que finalement, entre le moment de l'adoption finale
de la loi et la mise en place de la loi en 1990... Peut-être plus tard si
j'ai bien compris certaines argumentations. Non? C'est resté en 1990.
Cela n'a pas changé? J'aurais aimé le devancer, mais en tout
cas... Simplement je vous demande: Est-ce que le ministre ne serait pas
tenté de succomber avant l'adoption finale du projet de loi à
certaines pressions pour partager du bois avec des gens qui n'en ont pas
actuellement?,
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas
comment l'expliquer, M. le député.
M. Perron: On aimerait bien avoir l'explication, M. le
Président.
M. Jolivet: On peut permettre à une personne plus
technique de répondre en votre nom, si vous voulez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...quelque chose
que la personne plus technique, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Non, mais je veux dire une personne qui est votre
sous-ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On ne veut pas que
les coûts d'aménagement dépassent la valeur marchande brute
du bois pour ne pas arriver avec des redevances négatives.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Tout à l'heure on m'a coupé la parole,
à bon escient, d'ailleurs. Il n'y a pas de problème. Mais
à la suite d'une réponse que le ministre vient de donner et qu'il
a répétée à voix basse tout de suite en disant
qu'il ne serait pas possible de faire des aménagements forestiers - cela
je l'ai compris - là où les coûts d'aménagement
seraient supérieurs à la valeur marchande de la forêt...
Ai-je bien compris quand vous avez dit cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela veut dire que
le coût d'aménagement ne doit pas dépasser la valeur brute
marchande. C'est cela, M. le député.
M. Claveau: D'accord. Cette réponse me préoccupe
particulièrement, surtout dans mon milieu où il existe un certain
nombre d'entreprises forestières - surtout en ce qui concerne le sciage
- qui ne sont pas des petites entreprises. D'autant plus que chez nous, dans
mon comté, se trouvent les plus grosses scieries du Québec qui
exploitent la forêt dans des milieux difficiles là où les
coûts sont très élevés. Par exemple, certaines
entreprises ont à défrayer jusqu'à 600 $ ou 650 $ juste
pour sortir un voyage de bois qui n'est pas encore transformé. C'est
seulement pour l'apporter à l'usine et juste pour le transport. On n'a
pas encore parlé de la coupe du bois et on n'a pas parlé de la
pénétration forestière. Le ministre doit savoir aussi que
plus on monte vers le Nord ou plus on va dans des milieux à forêt
marginale qui sont exploités actuellement, moins il y a de
densité à l'hectare, donc il faut augmenter le coût des
infrastructures forestières, des ponceaux. Le coût du transport
aussi augmente par le fait même. Le coût du changement de classe de
coupe. Quand on est dans un forêt dense il n'y a pas de problème,
on entre avec la machine et une équipe de travail peut rester pendant
plusieurs semaines dans le même milieu, sans avoir à se
déplacer, mais plus la forêt est claire, moins elle est dense,
plus l'arbre est petit, plus il faut changer les bûcheuses de place
souvent et cela augmente les coûts. Alors, il y a un grand nombre de
facteurs qui font en sorte que plus on s'approche de la 2one "pâtes",
plus cela coûte cher à tous les niveaux, sans parler du coût
de l'essense, du coût de la nourriture, du coût de l'entretien, et
des salaires des spécialistes pour l'entretien des machineries, etc.
Il est très facile d'arriver, à ce moment, à
prouver que déjà, au moment ou on se parle, les coûts de
production, à toutes fins utiles, ne sont à la limite pas plus
élevés qu'à la valeur marchande du bois, d'autant plus que
vous devez savoir comme moi qu'au cours des derniers mois, la valeur du bois
sur les marchés mondiaux a drôlement chuté. On est parti,
il y a deux ans, avec un prix de vente du deux-par-quatre à environ 210
$ le mille pieds, et aujourd'hui on est à un prix inférieur
à 150 $. Cela représente aussi une contrainte énorme pour
notre entreprise.
Si, déjà, avec le problème, le ministre nous dit en
plus: On ne fera pas d'aménagement dans ce milieu, parce que cela va
coûter trop cher, les coûts d'aménagement étant
d'ailleurs plus élevés là que dans des zones plus faciles,
au sud du Québec où la forêt est plus facile
d'accès. Moi, je me demande quel est l'avenir qui sera
réservé à ces entreprises, qui donnent, je dirais, le plus
haut rendement au Québec actuellement pour le bois de sciage, entre
autres.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député d'Ungava, je n'ai pas dit qu'on ne fera pas
d'aménagement, j'ai dit qu'il ne dépassera pas la valeur
marchande brute. Il y aura des ajustements sur les aménagements de
façon à ne pas dépasser le coût de la valeur brute
marchande des bois. Si on ne peut pas faire de reboisement, parce que c'est
trop élevé, il faudra, lors des opérations
forestières, lors de l'exploitation, veiller à assurer la
régénération naturelle; il faudrait faire attention
à cela.
Une voix: Je n'ai pas...
Le Président (M. Théorêt): Oh! Ce n'est pas
fini. Excusez.
M. Claveau: J'avais encore une ou deux questions, je sais que mes
collègues vont emmagasiner leurs questions, cela va...
Le Président (M. Théorêt): Allez.
M. Claveau: Vous savez que votre réponse nous mène
devant un autre dilemme; c'est qu'on est dans un milieu qui est souvent et tout
de suite au départ, un milieu plus difficile au point de vue du
reboisement et de la régénération. En partant, le contexte
est déjà négatif en ce qui concerne la capacité de
régénération de la forêt, entre autres, dans les
forêts au nord du 49e parallèle, qui sont souvent sur des
tourbières, enfin des milieux qui deviennent facilement des
éponges, une fois qu'on a enlevé la forêt. Je me demande,
à ce moment, comment le raisonnement du ministre pourra s'appliquer
quand on sait qu'au contraire, pour pouvoir réussir à
régénérer ces forêts, il va falloir y mettre le
paquet, comme on dit dans le milieu. Il va falloir vraiment investir, sinon, on
s'en va vers une désertification de toute la bande moyen-nord du
Québec. Cela sera le désert avant longtemps. Vous devez savoir
comme moi que la couche d'humus n'est pas plus épaisse qu'il faut non
plus sur cela. On trouve la terre jaune à cinq ou six pouces en-dessous
de la couche de mousse de surface. Alors, il va falloir vraiment une
intervention, d'autant plus qu'il semblerait que le ministre aurait l'oeil sur
ces réserves forestières pour alimenter des usines ailleurs. Il
en a parlé encore cette semaine en Chambre, quand il a été
question d'éventuelles usines nouvelles sur la côte sud du
Saint-Laurent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est certain que
dans le nord, il y aura des prescriptions de coupe. Il y a des endroits
où il faudra changer nos méthodes de coupe ou faire attention. M.
le député, vous avez
entièrement raison, ce sont des milieux fragiles. Il faudra
peut-être éviter de faire des coupes sur des grandes superficies
pour les raisons que vous mentionnez. C'est certain que c'est un milieu
fragile, je vous le concède. Cela nous indiquera peut-être qu'il y
a des endroits où on n'aurait jamais dû couper le bois, si on veut
garder notre forêt, si on ne veut pas faire des déserts. Cela fait
partie de l'aménagement et de la sylviculture.
M. Claveau: II y a quand même un problème qui existe
et qu'on devrait envisager, M. le ministre, c'est que l'économie de ces
régions est souvent due, justement, aux entreprises forestières,
à l'exception de quelques vieux sites miniers et si on applique ce que
vous dites, on peut s'imaginer que ces gens auront besoin de trouver tout de
suite des acheteurs pour leurs maisons, s'ils ne veulent pas vraiment qu'elles
leur restent sur les bras pour le restant de leurs jours, parce qu'on va vers
une rupture de stock qui est de plus en plus imminente. (15 h 45)
Vous venez de nous dire que ce sont des milieux où on devrait
peut-être abandonner la coupe de bois plutôt que de risquer une
diversification. J'ai l'impression que, au contraire, il faudra une
volonté politique ferme d'injecter les sommes nécessaires dans
ces milieux afin d'assurer une stabilité économique et une
viabilité à long terme des entreprises qui ont dû,
d'ailleurs, investir des sommes énormes, et ce à l'invitation
même du gouvernement. Quand je dis cela, je ne parle pas de l'ancien
gouvernement, pour reprendre la cassette qu'on entend souvent. Ce sont des
usines qui sont là, pour la plupart, depuis quinze ou vingt ans. Alors,
c'est bien avant l'ancien gouvernement. Cela relève de politiques
à long terme. Cela affecte également l'ensemble des
activités économiques d'un milieu.
J'ai peur que, si le ministre ne se donne pas les instruments
nécessaires pour prouver sa volonté politique de soutenir
l'industrie forestière dans ces milieux, et surtout de soutenir une
industrie de reboisement et de remise en valeur des forêts qui ont
déjà été coupées, puisque ça reste de
la forêt, comme le ministre le disait hier, on se retrouve avec un
drôle de problème sur les bras dans très peu de temps.
D'autant plus que, de plus en plus, les usines plus au sud regardent d'un oeil
attentif le peu de droits de coupe disponibles dans ces lieux pour alimenter
temporairement leurs installations jusqu'à ce que le nouveau parterre de
coupe leur soit alloué dans bien des cas. Quand je parle de cela, je
parle, entre autres, du secteur d'Amos qui, vous le savez comme moi, va couper
jusqu'à 100 kilomètres au nord de Matagami. Il y a des voyages de
bois qui font 200 ou 225 kilomètres en direction nord-sud, et quand ils
sont rendus à destination, ils sont seulement à Amos. Vous pouvez
voir qu'ils le prennent loin en haut. On nous dit qu'il faudra en donner encore
plus à ces gens parce qu'il n'y a plus de forêts dans le sud. Je
parle d'Amos, ce n'est déjà pas le sud par rapport à
Montréal.
Je ne sais pas où on se dirige, mais je vois poindre à
l'horizon un drôle de dilemme dans lequel le ministre aura à se
débattre avant longtemps.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je vous signale que nous étudions
l'article 8. Là, vous nous parlez de développement, de
reboisement et de possibilité...
M. Claveau: On parle...
Le Président (M. Théorêt): On parle de droits
immobiliers du ministre, à l'article 8. Alors, ce n'est pas...
M. Claveau: On peut en parler, si vous voulez.
Le Président (M. Théorêt): Cela fait trois
quarts d'heure qu'on est à l'article 8.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Théorêt): Question de
règlement de la part du député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, les droits exigibles - on
aura l'occasion de poser d'autres questions - semblent être un moyen de
politique gouvernementale pour le développement économique des
régions. Je vous l'expliquerai tout à l'heure et vous comprendrez
pourquoi nous posons ces questions. Le ministre, ce matin, alors qu'on
était à l'article 7, nous a dit qu'on y reviendrait à
l'article 8 et je me suis conformé à sa demande.
Le Président (M. Théorêt): Je n'étais
pas ici ce matin et je prends donc votre parole, M. le député de
Laviolette. Je laisse continuer le député d'Ungava...
C'est-à-dire que je cède maintenant la parole au ministre qui
doit répondre au député d'Ungava.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas
quelle est la question, excusez-moi.
Le Président (M. Théorêt): L'exposé du
député d'Ungava.
M. Claveau: Vous n'avez pas de
réponse?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
député d'Ungava nous demande, en fait, de subventionner plus au
nord. C'est évident que si on arrive aujourd'hui avec une Loi sur les
forêts, c'est parce que tout le monde réalise qu'il y a de gros
problèmes à l'horizon et qu'on doit intervenir le plus rapidement
possible. Je ne vous dis pas que cette loi fera pousser les arbres si on ne
fait pas d'effort, si on n'investit pas. Il faudra le faire. C'est pourquoi
nous proposons une loi; nous voyons les problèmes à l'horizon et
tout le monde reconnaît qu'on a trop alloué de bois en
forêt, c'est-à-dire que dans le résineux, on a maintenant
31 000 000 de mètres cubes de bois, alors que la forêt ne peut pas
le soutenir.
Mais si on me demande de m'engager, dans la loi, à subventionner
l'industrie qui est plus au nord, c'est autre chose.
M. Claveau: On ne vous demande pas de subventionner l'industrie
dans le nord. Vous dites justement qu'on voit poindre des problèmes
à l'horizon et qu'on a là une politique forestière
déposée dans le but de régler ces problèmes, sauf
qu'à partir de tout le débat sur les droits exigibles, on peut
voir que, dans la politique forestière, que vous nous déposez, il
semble n'y avoir rien qui va régler le problème de l'industrie
forestière en milieu nordique ou moyen nordique. C'est là qu'est
le problème. Vous êtes en train de nous dire, M. le ministre,
qu'à toutes fins utiles l'industrie forestière qui oeuvre dans
ces milieux sera exclue de la loi du fait même que les coûts de
remise en valeur de ces forêts seront supérieurs à la
valeur marchande du bois. Vous venez de nous dire qu'en fait, on ne
prévoit rien là-dedans pour régler le problème
spécifique de ces régions en termes d'aménagement
forestier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas de
réponse.
M. Claveau: J'aurais encore une petite question, est-ce que j'ai
encore du temps?
Le Président (M. Théorêt): Oui, vous en avez
encore.
M. Claveau: Je vais, écouler mon temps de parole et,
après, mes collègues auront toute la latitude voulue pour poser
leurs questions. Je reviendrai au libellé plus spécifique de tout
à l'heure, et surtout par rapport aux questions que je posais au
début sur le suivi du bois. J'aimerais que le ministre nous dise
où le consommateur va trouver la garantie quand il achète du
bois, comment il aura la garantie ferme que ce bois lui appartient vraiment,
qu'il n'appartient plus à l'État.
Y a-t-il un mécanisme, quelque chose quelque part, qui va
garantir au consommateur qu'en achetant du bois, c'est un bois qui est
libéré de toute contrainte face au gouvernement, entre autres,
quant au coût des droits et qu'il en est propriétaire à 100
%; que personne ne va venir, un jour, reculer avec un camion-remorque dans ma
cour pour le sortir parce que les droits n'auront pas été
payés par l'industrie forestière? Où est la garantie
formelle que le consommateur achète un bois... Je pense que j'ai raison
de poser la question, M. le Président, parce qu'on lit très bien,
dans le deuxième paragraphe de l'article 8: "Le bois demeure ainsi
grevé où qu'il se trouve et quelle que soit sa forme." "Où
qu'il se trouve." Ce peut être dans ma cour, même s'il a
passé par cinq intermédiaires avant d'y arriver. Moi, je veux
savoir quelle est la garantie que le consommateur aura que ce bois est vraiment
dégrevé de tout droit envers le gouvernement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une
question de confiance, si vous achetez un morceau de bois chez un marchand qui
a bonne réputation et qui fait des affaires. Le grossiste, quand il
achète son bois, doit s'assurer qu'il est libre de tout lien; c'est le
premier devoir du qrossiste. Après, le consommateur s'adresse à
lui. Que voulez-vous? II n'y a pas d'autre garantie que celle-là. Il
faut que le grossiste s'assure que tous les droits ont été
payés en ce qui concerne le bois. Il faut qu'il l'achète de
quelqu'un qui a bonne réputation, qui est solvable, c'est
évident.
M. Claveau: Vous êtes en train de nous dire qu'il va y
avoir des formules, des papiers ou des signatures demandées chez le
grossiste. Quand il va acheter du bois, il sera ainsi convaincu, certain que
les droits de coupe ont été payés sur ce bois. Il aura un
papier qui accompagne l'expédition de bois qui dit: Nous vous
garantissons que ce bois est libre de toute contrainte envers les obligations
gouvernementales.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous achetez
un objet quelque part et que vous doutez que c'est un objet qui a
été volé, vous l'achetez pareil, vous participez. Si vous
avez confiance et que vous l'achetez de bonne foi, vous l'achetez et vous avez
la conscience tranquille. Il n'y aura pas un papier pour le consommateur qui va
acheter un deux-par-quatre.
M. Claveau: Le problème ne se pose peut-être pas
nécessairement à celui qui va
s'acheter un deux-par-quatre pour se faire une bibliothèque dans
sa maison, je parle du marché général du bois. Moi, en
tout cas, je continue de maintenir que c'est un voeu pieux, cela.
Écoutez, comment peut-on faire pour discerner le bois sur le
marché?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On était
sur les mêmes articles ce matin, les articles 5, 6, 7, 8, 83, 84.
Le Président (M. Théorêt): Me permettez-vous
une question, M. le ministre? Est-ce que le gouvernement, comme
créancier de premier rang... Si j'ai bien compris, cela s'applique comme
à n'importe quel créancier de premier rang, c'est-à-dire
-je vais essayer de vous donner un exemple simpliste - que si vous achetez une
boîte de soupe Campbell et que vous la mangez chez vous, que le grossiste
l'ait payée ou non, que le propriétaire du magasin l'ait
payée ou non, il en est responsable et celui qui l'a vendue, qui l'a
achetée du manufacturier, il ne peut pas aller la chercher chez vous,
cette maudite boîte de soupe-là, mais...
Une voix: ...
Une voix: Surtout si vous l'avez encore...
Le Président (M. Théorêt): C'est cela.
Créancier de premier rang veut dire qu'il a droit de recours contre
l'acheteur, mais pas contre le 18e acheteur s'il a brûlé le bois
dans son foyer. Il me semble que c'est clair.
M. Claveau: Que je sache, M. le Président, quand je vais
faire mon épicerie et que je m'achète de la soupe Campbell, mon
nom n'est pas sur la facture et, si le commerçant a fait faillite, cela
me surprendrait qu'on retrouve la boîte de soupe chez nous.
Le Président (M. Théorêt): Cela a du
sens.
M. Claveau: C'est dans ce sens. Quelle est la garantie... Quand
je vais acheter du bois dans une cour à bois, mon nom ne reste pas
inscrit là prouvant que j'ai acheté ce bois. Quelle est la
garantie que le ministre a, en fin de compte, de dire; On suit le bois
jusqu'à l'étape finale? Le véritable acheteur de ce bois,
cherchez-le.
Le Président (M. Théorêt): C'est
évident. M. le ministre, est-ce que vous voulez ajouter autre chose?
M. Côté (Rivière-du-Loup): En discutant avec
le procureur, M. Brière, on dit: Le droit immobilier peut s'exercer sur
du bois de remplacement, sur d'autre bois que celui qui est rendu
peut-être chez le consommateur. On pourrait ajuster l'article 8 de cette
façon, si cela vous convenait.
Une voix: On pourrait le suspendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans ces
conditions, on pourrait suspendre l'article 8 si cela vous convient.
M. Jolivet: On voudrait finir la discussion et suspendre
après cette partie parce que je pense qu'on va poser d'autres
questions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord.
Allons-y!
M. Jolivet: On est d'accord pour le suspendre après qu'on
aura posé les deux dernières questions.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Le ministre va
peut-être dire que je suis quelque peu tenace. Comme je veux comprendre
les choses exactement de la façon qu'elles sont ou, encore, de la
façon qu'elles devraient être, je reviens au tableau de
l'évaluation préliminaire des coûts par zone de
tarification. Je voudrais bien que le ministre me dise si j'ai raison ou non.
Je reviens au tableau de l'évaluation préliminaire des
coûts par zone de tarification, qui est un projet pour votre
ministère. Si je prends la colonne valeur marchande brute, cela
équivaut aux droits prescrits.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La valeur
marchande nette.
M. Jolivet: Brute.
M. Perron: Non. Écoutez, il va falloir s'entendre sur les
termes. Si je prends la valeur marchande brute de ce tableau... Est-ce que vous
avez le tableau avec vous?
M. Jolivet: On a tellement de beaux mots...
M. Perron: C'est cela. On a des notes dessus et on ne veut pas
que vous les voyiez.
Une voix: Je pensais que...
M. Jolivet: Non, ce n'est pas d'intérêt public.
Une voix: ...
M. Jolivet: Écoutez, c'est une autre
question. Vous allez quand même être intelligent.
M. Perron: Voilà! Je reprends, M. le Président.
Lorsqu'on regarde le projet se rapportant à l'évaluation
préliminaire des coûts par zone de tarification, la valeur
marchande brute équivaut aux droits prescrits. Dans la colonne de
droite...
M. Jolivet: Arrête là.
M. Perron: On ne s'entend pas parce c'est cela que le ministre
nous a dit.
M. Jolivet: Depuis tout à l'heure qu'on pose des
questions, c'est ce qu'il nous a dit tout à l'heure.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
l'équation ici. Je peux peut-être me déshabiller moi aussi
pour vous le montrer. Je n'ai pas grand-chose à montrer, d'abord. La
valeur marchande brute moins les coûts d'aménagement égale
la valeur marchande nette qui égale les droits prescrits.
M. Jolivet: Voulez-vous nous donner un exemple pour qu'on
comprenne?
M. Côté (Rivière-du-Loup): 5,64 $... M.
Jolivet: 5,64 $...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...moins 3,25 $,
le coût d'aménagement...
M. Jolivet: Minute! Qu'est-ce que c'est, 5,64 $?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la valeur
marchande brute, c'est la valeur moyenne de tous les droits...
M. Jolivet: C'est cela. Pour le Journal des débats, il
faut qu'on comprenne bien ce dans quoi on s'embarque. 5,64 $, valeur marchande
brute.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moyenne. M.
Jolivet: Oui, d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moins 3,25 $,
encore une fois, le coût moyen de remise en production, cela égale
les droits prescrits...
M. Jolivet: Qui sont? Une voix: 2 $. M. Jolivet:
2,39 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 2,39 $. Il y a
0,20 $ d'augmentation.
M. Jolivet: D'accord. Donc, cela, c'est valeur marcharde
nette.
M. Côté (Rivîère-du-Loup): Pour arriver
à 2,39 $.
M. Jolivet: 2,39 $. C'est bien valeur marchande nette que
sont...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits
prescrits. (16 heures)
M. Jolivet: ...les -droits prescrits. Où sont maintenant
les droits exigibles?
Une voix: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les droits
exigibles, ce sera au fur et à mesure que les redevances seront
payables.
M. Jolivet: Dans les trois chiffres?
M. Claveau: Des versements mensuels, comme vous le disiez ce
matin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 75 %...
M. Jolivet: Les droits exigibles représentent 75 %? C'est
l'article 84?
M. Côté (Rivîère-du-Loup): C'est
exigible. La partie des droits prescrits exigibles est payable
immédiatement; 75 % des droits prescrits.
M. Perron: Compte tenu de ce que vient de dire le ministre,
à savoir que les droits de coupe ont doublé, dans l'article de
journal que j'ai mentionné ce matin...
Une voix: ...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne l'ai pas dit
ainsi.
M. Perron: Oui, mais le ministre a dit que les droits de coupe
ont doublé face à l'industrie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La valeur
marchande brute, incluant les travaux.
M. Perron: C'est cela. Comment se fait-il, à ce
moment-là, qu'il vient de répondre 2,39 $?
M. Jolivet: 0,20 $ de plus.
M. Perron: 0,20 $ de plus.
M. Jolivet: Ce n'est pas le double.
M. Perron: Ce n'est pas le double?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela a
été rapporté comme cela, c'est le coût à
l'industrie qui double. On peut l'interpréter ainsi et le dire ainsi.
C'est la valeur marchande brute qui double par rapport au coût
actuel.
M. Perron: Mais pourquoi ne pas le dire exactement? Pourquoi ne
pas l'écrire tel quel? D'après les déclarations du
ministre qui ont été faites dernièrement, on a ce tableau
dans les mains, mais est-ce que le ministre a un autre tableau pour nous donner
une meilleure compréhension de l'état de la situation lorsque la
politique forestière sera appliquée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le coût
à l'industrie, cela s'assimile aux redevances, si vous voulez, de
façon générale.
M. Perron: D'accord. Maintenant, pour expliquer les droits
prescrits, je parlais tout à l'heure de ce qu'on appelle les droits
négatifs. Si on prend la colonne 2, si on prend la zone 2, on voit:
coût actuel pour l'industrie, 2,22 $. On voit: valeur marchande brute,
6,30 $. On voit: coût de remise en production, 9,94 $. De quelle
façon le ministre va-t-il régler ce cas précis lorsqu'on
voit une différence de 3,64 $ entre le coût de remise en
production et la valeur marchande brute, pour en arriver à une
prescription exacte? C'est ce qui nous inquiète depuis ce matin.
M. Jolivet: Qu'est-ce que cela donne en chiffres?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai dit tout
à l'heure, M. le député de Duplessis, que c'est une
évaluation préliminaire qu'on vous a remise. On a dit qu'on
l'ajusterait de façon à ne pas avoir de valeur négative,
d'exigences d'aménagement. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas
d'aménagement. C'étaient des aménagements
préliminaires prévus à ce moment.
M. Perron: Cela veut dire que, selon les coûts de remise en
production, ces coûts peuvent être réduits pour ajuster
à zéro les droits obligataires en enlevant de la remise en
production certaines étapes qui devraient être franchies dans le
cadre de l'aménagement du territoire. Par exemple, au lieu de faire la
reforestation avec des plants, on pourrait aller au naturel. C'est la
méthode que vous allez suivre. Je voulais que ce soit clair, M. le
ministre. Je pense qu'il faut se comprendre là-dessus. Quand on parle de
droits exigibles, de droits prescrits, il ne faut pas oublier que ces droits ne
sont pas définis dans la loi actuelle, dans les termes légaux.
C'est la raison pour laquelle on s'est attaqué, nous de l'Opposition, au
fait qu'il y avait beaucoup de descriptions techniques qui n'étaient pas
faites quant à certains termes mis en usage dans cette loi. Il faut
admettre que cette loi 150 qui, je le maintiens, est une bonne loi, sans
être une excellente loi, est complètement différente de ce
que l'on a dans notre législation actuelle en ce qui concerne la
forêt. Il y a des nouveaux termes dont on ne connaît pas la
description technique. Il va falloir qu'on soit vraiment clair sur les termes,
que ces termes soient définis. C'est sûr et certain.
J'ai seulement une autre question. Dans les cas litigieux, en
particulier, celui qui a été mentionné par le
député de Laviolette dans des régions
éloignées et isolées, serait-il possible que dans les
droits prescrits, il y ait une différence en moins? Même si on
procède à des aménagements, ce ne sera jamais en moins,
d'après ce que dit le ministre. Donc, à ce moment-là, cela
exclut les subventions.
M. Jolivet: II ne faudrait pas donner cela aux
États-Unis.
Une voix: ...une partie du territoire.
M. Perron: La question que je me pose, c'est: Est-ce qu'à
ce moment-là, le ministre va donner une garantie de
suppléance?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela a du bon
sens, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Je pose la question au ministre. Je veux savoir: oui
ou non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela dépend
des circonstances et des obligations.
M. Perron: Mais dans des circonstances comme celles-là,
est-ce que le ministre émettrait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On verra en temps
et lieu.
M. Perron: ...des droits de suppléance à l'usine ou
à la compagnie en question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le
bénéficiaire veut ces bois comme suppléance, est-ce que
cela va, à votre avis, nécessairement attacher une subvention
à cela?
M. Perron: Oui. S'il n'y a pas de subvention, il va y avoir pas
mal de pression.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il n'y a pas de
subvention, il n'y aura pas de suppléance.
M. Perron: En fait, la forêt de suppléance, quant
aux garanties que donnerait le ministre dans ce cas-là, cela
permettrait,
que je sache, aux institutions financières de prêter plus
facilement aux institutions de sciage ou de pâtes et papiers ou autres
qui font des demandes d'emprunt auprès de ces institutions
financières.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. M. Perron:
Cela sert de garantie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère
que les institutions financières vont baser leurs prêts sur des
garanties réelles.
M. Perron: Là-dessus, on est tous d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On est d'accord?
Bon.
M. Perron: Dans certains cas, des compagnies vont demander des
garanties de suppléance en plus des droits.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La garantie de
suppléance sera évaluée aussi, n'est-ce pas?
M. Perron: D'accord, mais maintenant je vais donner un exemple et
je vais le prendre dans le comté de Rivière-du-Loup.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le beau
comté.
M. Jolivet: Par hasard.
M. Perron: S'il y avait une troisième machine à
Rivière-du-Loup, en plus de l'usine F.F. Soucy de Rivière-du-Loup
et de l'usine construite à Matane, Saugbrugs, on sait très bien
que les possibilités d'approvisionnement dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie ne sont pas assez élevées pour
approvisionner les deux usines en question, selon les études que nous
avons. Donc, pour permettre la troisième à
Rivière-du-Loup, le ministre peut se permettre de donner...
M. Philibert: Cela va passer dans les annales politiques.
M. Jolivet: Ce sont les culottes è Vautrin.
M. Perron: Je me suis enfargé dans mes lunettes. Pour
reprendre, le ministre pourrait-il se servir, par exemple, de l'île
d'Anticosti pour donner une garantie de suppléance à F.F. Soucy,
de Rivière-du-Loup?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est selon
une autre approche et dans un autre article aussi. Cela n'a pas de rapport avec
la valeur marchande brute du bois, le coût d'aménagement et tout
cela. C'est un autre aspect; c'est l'aspect de développement industriel,
l'aspect...
M. Perron: D'accord, mais le ministre comprendra avec moi...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
sûr.
M. Perron: ...que lorsqu'on parle de droits prescrits et de
droits exigibles, il arrive que dans un dossier global il peut y avoir,
lorsqu'il y a des problèmes comme dans la zone 2, certaines garanties
discrétionnaires qui sont données par le ministre pour le
règlement d'un certain dossier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis
entièrement...
M. Perron: Mais c'est tout interrelié.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...d'accord avec
cela, mais c'est sur une autre...
M. Perron: ...article...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...discussion que
sur la valeur marchande brute et il y a les coûts d'aménagement de
la forêt. C'est sur la question du développement, de
l'implantation d'usines et cela.
M. Perron: Oui. En tout cas, je voulais le soulever quand
même...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, vous avez
bien fait parce que... Vous portez vbs lunettes basses.
M. Perron: Je sais que le ministre... Je remarque le ministre est
de meilleure humeur qu'hier.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je commence à
comprendre pourquoi il y a eu une erreur typoqraphique à l'article 8 par
rapport à l'article 5. Cela nous a amenés dans un débat
très exigeant. Je dois vous dire, M. le ministre, que j'ai un petit
problème de compréhension dans la mesure où je sais que
là, on étudie un projet de loi. Ayant eu un avant-projet de loi,
des gens sont venus parler et, à partir de cela, je vais vous poser une
question. Vous nous dites que vous allez vous organiser pour qu'il n'y ait pas
de coût de remise en production qui soit plus fort que le coût de
la valeur marchande, de telle sorte que la valeur marchande brute, la valeur
marchande nette sera zéro, cela pourra arriver à zéro.
Donc, jamais vous n'allez vous organiser pour que
cela arrive en bas de zéro. Dans le tableau que vous nous avez
donné, effectivement, cela arrive. Mais là, vous êtes en
train de nous dire que par des choses qui sont, pour nous, camouflées,
vous allez, d'une certaine façon, subventionner en ne prenant rien.
L'exemple typique dans le texte, c'est le coût de 6,30 $ en valeur
marchande brute par rapport au coût de remise en production, ce qui fait
une différence de moins 3,64 $; vous allez vous organiser pour que cela
n'arrive jamais; pour vous, cela n'arrivera jamais. Donc, il y a une subvention
qui est cachée quelque part et camouflée. Il ne faudrait pas
qu'on fasse lire nos textes aux Américains de ce temps-ci sur cette
question parce qu'on aurait quelques problèmes.
Ceci dit, comment... J'ai entendu: Est-ce qu'ils vont comprendre? Je
pense qu'ils vont comprendre parce qu'ils cherchent et ils fouillent en mosus,
je peux vous le dire. Ce que je veux vous dire, c'est ceci: Comme vous avez
dit, lors de l'avant-projet de loi, que vous allez donner une très
grande autonomie aux industries quant à la façon dont elles vont
remettre en production le territoire, allez-vous aller jusqu'à obliger
-et là, on peut revenir à d'autres articles mais je pense qu'il
est bon de le savoir en partant - allez-vous exiger de ces compagnies des
choses qu'elles ne voudront pas faire parce que, pour vous, ce seront des
coûts négatifs et qu'elles vont venir -excusez l'expression -
téter à vos oreilles pour avoir une subvention?
Est-ce que cela peut aller jusque là ou si vous allez vous donner
des garanties, parce que je ne les trouve pas dans la loi actuellement ces
garanties-là, de ne pas avoir de lobbying, expression anglaise bien
connue. Ma question est bien claire là-dessus: Y a-t-il des places
où la remise en production va coûter plus cher et où la
valeur nette sera en bas de zéro? Â ce moment-là, quels
sont les moyens autres que de me dire que vous allez peut-être faire une
sous-évaluation ou une surévaluation? C'est la question que je
posais ce matin. Il y a le danger d'avoir des gens qui vous invitent à
faire une sous-évaluation des coûts de remise en production pour
avoir moins à payer au bout de la course ou l'inverse, une
surévaluation de coûts pour avoir plus à payer, ou vice et
versa plutôt si je donne... (16 h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, les travaux seront prévus dans les plans...
M. Joli vet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
...d'aménagement que le ministère va approuver. Dans ces
cas-là, les travaux qui seront approuvés ne devront pas
dépasser...
M. Jolivet: Oui, mais vous voulez avoir un principe...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ces travaux seront
conformes au rendement qu'on va attendre de la forêt à la suite
des exploitations forestières.
M. Jolivet: Vous avez dit lors de l'avant-projet et on l'a
répété partout: Un principe de base, c'est le rendement
soutenu. S'il y a rendement soutenu, il faut que des actions soient
posées. Vous dites que les industries auront l'autonomie pour le faire,
dans la mesure où elles respecteront le contrat qu'on aura avec elles
sur les objectifs de remise en production. Si vous soutenez cela et que la
compagnie vous dit, en fin de compte: Ce que vous me demandez de faire par
contrat et par entente avec vous, c'est bien de valeur, mes coûts
à moi - ceux de l'industrie à laquelle vous faites allusion, les
coûts doublés en moyenne de 5,64 $ à 2,19 $ - pour la
remise en production, pour les droits que j'ai de la valeur marchande, qui sera
la nouvelle valeur marchande brute, quand vous me dites cela de cette
façon, la compagnie vous fait la preuve de a à z que cela lui
coûte 3 $ de plus. Est-ce que vous me dites, premièrement, que
vous allez la subventionner? Est-ce que vous me dites, deuxièmement, que
vous ne l'obligerez pas à atteindre les objectifs?
Troisièmement...
Une voix: Fermer ses portes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va demander
à la compagnie d'atteindre les objectifs de rendement qu'on aura
déterminés.
M. Jolivet: Pas possible, à moins de payer plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas si
ce n'est pas possible.
M. Desbiens: II va falloir que quelqu'un réponde un
jour.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela voudrait
dire, M. le député, qu'il n'y aurait pas moyen de faire de
l'exploitation dans ces zones.
M. Jolivet: C'est ce que je vous ai dit tout à l'heure. Il
y a des endroits où ce n'est pas rentable d'aller chercher le bois,
mais, pour diverses raisons, vous serez peut-être obligés d'aller
le chercher. Admettons qu'il y ait, au plan écologique, un
problème majeur qui fait que, non seulement le résineux est
foutu, mais le feuillu, est "kaput". Est-ce que vous allez me dire que cette
personne, si elle va chercher le bois,
va le faire au risque de fermer ses portes ou que vous allez la
subventionner pour aller le chercher. Comment allez-vous agir? C'est ma
troisième question. J'ai un point d'interrogation, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a un
problème écologique majeur, il y a un article de loi qui permet
au ministre d'intervenir, comme dans le bois de...
M. Jolivet: Répondez tout de suite, je vais
peut-être arrêter de poser des questions. Depuis tout à
l'heure que je vous la pose.
M. Côté (Rivîère-du-Loup): "En cas de
désastre naturel, tels les incendies de forêts, les chablis, les
épidémies d'insectes ou les maladies cryptogamiques causant une
destruction importante de massifs forestiers dans une unité
d'aménagement, le ministre prépare et applique, pour une
période qu'il détermine, un plan spécial
d'aménagement en vue d'assurer la récupération des bois.
Le ministre peut accorder une aide financière à un
bénéficiaire pour la mise en oeuvre d'un plan spécial en
regard des coûts d'exploitation de la forêt".
Est-ce le cas que vous soulevez, M. le député? L'article
75.
M. Jolivet: Je vais vous poser une question d'abord.
Une voix: La "big", ha! ha!
M. Jolivet: Est-ce que vous considérez que la
récupération des bois qui pourra se faire dans
l'éventualité hypothétique de la Baie James 2 serait un
désastre écologique?
Une voix: Ce serait un désastre naturel. Des voix:
Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...ce ne serait
pas naturel, ce serait artificiel.
M. Jolivet: J'ai fini, M. le Président, quant à
moi.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 8 tel qu'amendé... A-t-il fini son temps?
M. Claveau: J'avais encore une minute d'intervention sur
mon...
Une voix: II lui reste une minute.
Le Président (M. Théorêt): Il vous reste une
minute, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'ai une question brève, mais qui
nécessite une réponse très importante. J'aurais une
question à poser au ministre pour terminer. M. le ministre, vous m'avez
dit, tout à l'heure, à la suite de l'argumentation que je faisais
quant à l'exploitation dans des bois en milieux difficiles et l'absence
de politique à ce sujet ou l'absence d'élément dans la
politique forestière qui s'appliquait à cela: Je n'ai pas de
réponse. Malheureusement, il y a des entreprises qui exploitent dans le
milieu et qui auront besoin de réponses un jour ou l'autre. Est-ce que
le ministre peut nous dire par qui et quand on aura une réponse quant
aux problèmes réels qui sont posés par l'exploitation
forestière dans ces milieux?
Le Président (M. Cannon): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on a convenu de poser quelques questions sur l'article 8,
d'y répondre et de le suspendre après. Quand je vous ai dit que
je n'avais pas de réponse, c'est parce que cela faisait deux ou trois
fois que je vous donnais la même réponse. C'était de la
répétition. Donc, c'est suspendu tel qu'amendé.
M. Perron: Suspendu tel qu'amendé.
Le Président (M. Cannon): Si j'ai bien saisi, M. le
député, l'article 8 tel qu'amendé...
M. Perron: M. le Président, ne devrait-on pas adopter
l'amendement tout de suite?
Le Président (M. Cannon): M. le député,
l'amendement a été adopté.
M. Perron: Adopté, parfait!
Le Président (M. Cannon): Maintenant, nous suspendons
l'étude de l'article 8 tel qu'amendé.
M. Perron: D'accord.
M. Claveau: Est-ce que dans la suspension on prend en
considération la possibilité d'amendements par rapport au
deuxième paragraphe?
M. Perron: Oui, oui.
Catégories de permis d'intervention
Le Président (M. Cannon): Nous sommes maintenant rendus
à l'article 9. M. le ministre.
M. Côté (Riviere-du-Loup): L'article 9. Il n'y a pas
d'amendement à cet article. "Un permis d'intervention peut être
délivré: "1° pour la récolte de bois de
chauffage à des fins domestiques; "2° pour la culture et
l'exploitation d'une érablière à des fins
acéricoles; "3° pour des travaux d'utilité publique; "4°
pour des activités minières; "5° pour un aménagement
faunique ou récréatif; "6° pour l'approvisionnement d'une
usine de transformation du bois."
C'est une liste complète, exhaustive, des permis d'intervention
qui pourraient être délivrés par le gouvernement. Je ne
sais pas si le député de Duplessis a des commentaires à
faire.
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: J'ai quelques brefs commentaires, M. le
Président. Dans le premier alinéa de l'article 9 se rapportant
à un permis d'intervention qui peut être
délivré...
Le Président (M. Cannon): Vous avez toujours le droit de
parole, M. le député.
M. Perron: J'attends que le ministre ait terminé
son...
Le Président (M. Cannon): C'est ce que je voulais que vous
disiez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas
d'amendements dans la version française, mais il y en aura un dans la
version anglaise. Dans la version anglaise, on a indiqué "maple stands",
alors qu'on devrait dire "sugar bush".
M. Perron: Je n'ai pas de problèmes avec cela, M. le
Président, moi, je travaille au Québec en français. Alors,
la version anglaise, je ne m'en occupe pas. D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous ne vous
opposez pas à ce que l'on propose pareil?
Le Président (M. Cannon): C'est vrai qu'avec la loi 22
c'est le texte français qui a toujours préséance.
Une voix: Oui, mais le texte anglais est officiel.
M. Perron: Non, non. Le texte anglais, je vous le laisse.
D'accord? S'il y en a qui veulent parler de la loi 22, on pourra parler des
tests qu'on faisait passer aux enfants de six ans.
M. le Président, je reprends ma question. Lorsqu'on parle, au
premier alinéa, de la récolte de bois de chauffage à des
fins domestiques dans le cadre d'un permis d'intervention qui pourrait
être délivré, on sait qu'il y a deux sortes de permis
à des fins domestiques. De mémoire, il y a le permis commercial
pour la personne qui va faire la coupe du bois qu'elle va vendre aux
consommateurs et il y a aussi l'individu qui va faire la coupe du bois
lui-même avec un permis du ministère pour sa consommation
personnelle. Est-ce qu'il y a un endroit dans la loi où on
définit la différence entre les deux ou si c'est fait par
règlement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le 6° tient
compte de votre remarque: "pour l'approvisionnement d'une usine de
transformation du bois." Si vous avez une usine de transformation de bois
commercial, c'est là que cela va, pour le bois de chauffage.
M. Perron: Cela va dans l'usine de transformation du bois?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Une voix: Pour la préparation du bois de chauffage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: On retrouve cela dans la loi ou dans la
réglementation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait partie,
M. le député, des catégories d'usines définies par
règlement.
M. Perron: D'accord. Maintenant, à l'alinéa 6,
Approvisionnement d'une usine de transformation du bois, l'expression "usine de
transformation du bois" comprend-elle les usines de tournage de poteaux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
député, si elles sont définies également dans le
règlement.
M. Perron: D'accord, dans le règlement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
règlement qui définit les catégories d'usines.
M. Perron: Nous savons qu'au Québec, il y a quatre
contractants qui sont actuellement détenteurs de contrats et qui
s'approvisionnent à partir de certains endroits où il y a
déjà des coupes forestières sur les terres publiques, sur
la forêt publique. Parmi ces quatre, nous avons Les industries de bois
Saint-Raymond dans Portneuf; le Groupe de produits chimiques Domtar, Delson;
Les poteaux de bois de la rivière La Lièvre Inc., Masson - cela
vient d'être vendu, je crois, à Télédirect Canada -
et il y a Les entreprises CE. Gauthier Ltée de Senneterre.
Vu que ces quatre contractants doivent passer sur le terrain avant la
coupe pour
identifier les poteaux qu'ils veulent acquérir par la suite et
que ces quatre contractants ont très souvent des problèmes avec
les détenteurs de droits de coupe du ministère, le ministre ne
croît-il pas qu'il devrait y avoir un septième alinéa pour
accorder un permis d'intervention dans ces cas précis?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, parce qu'il
est prévu que quand il y a plus d1un intervenant sur le
même territoire... Il y a des articles qui couvrent cela et ils doivent
faire des plans d'aménagement. Si les différents intervenants sur
le même territoire ne s'entendent pas, c'est le ministre qui fait le plan
d'aménagement aux frais de tous les utilisateurs. Cela tient compte des
poteaux, du bois de déroulage et du bois à pâte dans le
même territoire, ce qui n'arrive pas aujourd'hui. C'est prévu
cela.
M. Perron: C'est prévu dans la réglementation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est prévu
dans la loi.
M. Perron: Dans la loi elle-même, dans l'un des articles
que l'on va voir plus loin?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Perron: D'accord. Je n'ai plus de question.
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Laviolette.
M. Perron: Je n'ai plus de questions pour le moment, M. le
Président. Mon collègue de Laviolette...
M. Jolivet: Pour ce qui est du bois de chauffage, on va y revenir
à l'article 10, mais peut-être le fait-on par le fait même
s'il n'y a pas d'autres questions qui surgissent à l'article 10.
Nous avons quelques problèmes, souvent, et j'aimerais que le
ministre, dans la catégorie qu'il définit, nous indique dans ce
cas-là quelles sont les possibilités qu'il y a pour un individu.
Si on prend l'article 6, il y en a qui peuvent faire la vente de ce bois, ce
sont donc de petites usines de transformation en bois de chauffage. C'est un
exemple. Ils peuvent avoir des territoires qui peuvent être
définis à partir d'ententes avec le ministère même,
dans certains cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, si les
possibilités le permettent et cela peut être sur le même
territoire où un autre fait d'autres opérations aussi, comme dans
le cas des poteaux.
M. Jolivet: Dans le cas où le ministre donne des permis
à des individus, ceux-ci vont-ils être qbligés de faire ce
que l'on fait actuellement sur les concessions forestières où une
telle compagnie fait toutes sortes de chichis qui font qu'au bout de la course,
l'individu ne peut pas et finalement il donne cela à un individu qui le
fait pour la valeur marchande et qu'au lieu d'y avoir trois, quatre ou cinq
intervenants, il va y en avoir un seul sur le territoire? Va-t-il être
possible d'avoir des ententes entre le ministère et les compagnies pour
que l'individu ait un permis sans avoir des conditions tellement, fortes que,
finalement, il se retrouve avec les difficultés d'aller chercher ou de
récupérer le bois debout, sur les montagnes et les coins de
"swompes"?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va
délimiter nous-mêmes les territoires de coupes de bois de
chauffage pour fins domestiques pour éviter les problèmes que
vous mentionnez, M. le député. (16 h 30)
M. Jolivet: Est-ce que vous allez le prévoir au contrat
d'aménagement et d'approvisionnement? Je dois vous dire que dans le bout
de La Tuque - je vais vous donner un exemple pour que cela soit bien clair -
les gens peuvent aller chercher du bois à côté de chez eux
et ils les envoient quasiment à Saint-Roch de Mékinac.
Finalement, le gars ne va pas le chercher. Le ministère a sa forêt
domaniale, mais quand on est dans des concessions... Compte tenu du fait qu'il
n'y aura plus de concessions, mais qu'il y aura des territoires qui seront
prévus par contrat, une chose est certaine, c'est que l'autre va dire:
Ôte-toi de dans mes jambes. La seule chose que je veux savoir, c'est qui
va avoir le pouvoir de dire: Écoute, tu vas donner du bois, tu vas en
donner tant par année, et quand bien même il y aurait cinq, six
personnes, tu vas t'organiser pour le surveiller.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, c'est le ministère qui va déterminer cela.
Est-ce que c'est ce que vous voulez savoir?
M. Jolivet: Oui, mais disons que je représente une
compagnie, la CIP. Le ministre peut bien me dire cela ce soir, mais je prends
le projet de loi et, comme j'ai des avocats à mon service, ils vont
certainement trouver le trou pour empêcher quelqu'un d'aller là.
Il vont dire au ministre: C'est bien dommage, tu n'as aucun pouvoir. Tu as bien
beau me dire, un soir, que par un texte tu vas donner cela à des gens,
mais je ne veux pas en avoir dans mes jambes. Je le sais, ils ne veulent pas en
avoir sur le territoire, et ils font toutes sortes de difficultés aux
gens. Je ne voudrais pas que ce projet de loi vienne restreindre encore ce
qui est déjà restreint. Il y a donc un moyen que le
ministre va se donner. S'il ne le sait pas ce soir, il pourra me
répondre plus tard, mais je veux avoir une réponse d'ici à
la fin de la commission. Comment va-t-il s'assurer que, comme ministre, il a le
pouvoir de forcer la compagnie à en donner?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, le bénéficiaire d'un contrat
d'aménagement, contrairement à un concessionnaire, n'est pas le
propriétaire de tous les bois. Disons qu'un bénéficiaire
de bois à pâte est le bénéficiaire de bois à
pâte; il ne sera pas le bénéficiaire ou le
propriétaire du bois de chauffage. Le ministère pourra donner des
permis de bois de chauffage dans ces secteurs. D'accord?
M. Jolivet: On a des forêts...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contrairement
à ce qui existe aujourd'hui et que vous me mentionnez.
M. Jolivet: D'accord. Dans le cas où il y a de la
récupération de bois, soit du bouleau ou du bois de chauffage
comme tel, il n'y a pas seulement du bouleau... Les gens disent: On peut bien
s'en servir pour un feu de camp l'été, mais, dans le foyer, chez
nous, je veux un bois plus dur, un bois de meilleure qualité qui
brûle moins vite. De quelle façon cela va-t-il se faire? Moi,
Jolivet, je suis à La Tuque, je vais voir le ministère de
l'Énergie et des Ressources, boulevard Ducharme, et je dis à
celui qui est responsable, M. Lafrenière: Je veux un permis que le
ministre peut me donner pour aller couper du bois pour l'hiver qui vient. Je
dois m'engager à faire en sorte que mon permis soit bien pour ma maison
et non pour d'autres fins. Dans ce contexte, l'individu va dire: Oui, je te
donne tel territoire. Mais, la CIP s'y oppose pour toutes sortes de raisons: Je
ne veux pas te voir, je fais des travaux cette année dans ce
coin-là. Elle ne veut pas du tout, elle ne veut pas avoir des gens dans
ses jambes. Comment allez-vous régler le problème? Avez-vous le
pouvoir de forcer la compagnie?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
L'administrateur va déterminer les secteurs propres au bois de
chauffage, probablement dans des bois impropres au déroulage, impropres
à la pâte, impropres au sciage. C'est là que les gens iront
couper leur bois de chauffage pour fins domestiques. Le ministère aura
le pouvoir de le faire puisque dans cette loi les bénéficiaires
n'ont des droits que sur les bois qui leur sont attribués. Si on n'a pas
attribué de droits de bois de chauffage, disons à la CIP que vous
mentionnez, évidemment, l'administrateur pourra accorder des permis aux
fins domestiques sur les bois de chauffage dans le territoire qui sera
attribué à la CIP.
M. Jolivet: Actuellement, sur les concessions, il y a des
problèmes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec des
contrôles, évidemment.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas un
"free for ail"...
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...n'importe
où, à gauche et à droite.
M. Jolivet: Ce que vous annoncez sera intéressant pour les
gens des régions où le bois est en grande quantité; ils ne
seront pas obligés de monter à Kiskissink ou au Lac Abos, mais
ils pourront rester à La Tuque, aller chercher du bois sur la rive ouest
de La Tuque disons.
J'ai une question au paragraphe 6 où l'on parle des poteaux. Je
reviens à la question des poteaux, c'est un sujet qui est bien
intéressant. Actuellement, il y a quatre concessionnaires sur quatre
territoires définis. Est-ce que le ministre, dans le contexte du projet
de loi actuel, a l'intention d'accorder à un cinquième ou
à un sixième bénéficiaire le droit d'aller chercher
des poteaux en sachant qu'effectivement c'est un secteur qui est difficile,
même si l'on sait que dans un certain secteur il y aurait encore de la
disponibilité, mais la personne ne l'utilise pas parce qu'elle va
chercher du bois en Ontario ou ailleurs?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'en ai aucune
idée dans le moment, M. le député. On fera
l'évaluation de la capacité de la forêt de fournir des
poteaux. S'il y a de la place pour un cinquième, un sixième ou un
septième, tant mieux. S'il y a des preneurs aussi.
M. Jolivet: Dans le contexte du projet de loi, compte tenu de
l'avant-projet et d'autres - on a fait mention de certains articles - le
ministre va aller récupérer les concessions actuelles par
rétrocession. Il va révoquer l'ensemble des concessions
forestières. Il va révoquer l'ensemble des contrats
d'approvisionnement actuels. Est-ce qu'il faut considérer que, dans le
cas des poteaux, il y aura la même sorte de rétrocession et qu'en
définitive on va faire un nouveau partage de l'ensemble du territoire?
Comme les quatre bénéficiaires, actuellement, disent que c'est
suffisant compte tenu du nombre de poteaux disponibles à cause des
arbres qui doivent
être droits et de bonne qualité, le ministre ne croit-il
pas qu'il serait plus logique, au moment où on se parle, de penser
à une certaine répartition, sans ajouter davantage à la
pression qui est faîte concernant les poteaux actuels?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tous les contrats
vont être révoqués.
M. Jolivet: Effectivement, j'ai bien compris, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tous les
territoires seront réétudiés. Je le répète:
Si après examen il y a de la place pour un cinquième, un
sixième ou un septième, tant mieux. C'est évident que les
quatre qui sont là vont vous dire: Monsieur, il n'y a pas de place pour
d'autres. On n'aime jamais cela avoir un concurrent. Dans les conditions
actuelles, c'est peut-être correct.
M. Jolivet: Je vais vous poser une autre question. On parle dans
le projet de loi actuel de révoquer tous les contrats
d'approvisionnement et de révoquer les concessions forestières,
mais on dit: Dans la forêt actuelle, on a des contrats d'allocation de 31
000 000 de mètres cubes. On coupe 21 000 000 de mètres cubes et
on en coupe déjà trop. Les gens qui font des poteaux disent la
même affaire. Ils disent: On est quatre et on a tant de bois disponible.
Si vous faites le repartage, nous n'avons pas de problème à
regarder cela avec vous. Mais, il y a un "moses" de problème, c'est que,
si vous augmentez les concessions, on va avoir des problèmes. Comme le
but de ce projet de loi est d'empêcher d'avoir des problèmes
futurs -tout le monde sait cela - et qu'on veut régler les
problèmes actuels, est-ce que l'ajout d'un deuxième, d'un
cinquième, d'un sixième ou d'un septième
bénéficiaire ne produira pas l'effet inverse de ce qui est
recherché par le ministre, c'est-à-dire, justement, de diminuer
l'allocation plutôt que de l'augmenter en mettant une personne de plus,
deux personnes ou trois personnes de plus?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, j'ai dit que, s'il y avait de la place pour un
cinquième, un sixième ou un septième, tant mieux. S'il n'y
a pas de place, il n'y en aura pas. Tout le monde dit qu'il n'y a pas de
place.
M. Jolivet: Mais, il n'y en a pas plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement, le
concessionnaire est propriétaire du bois, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Oui, actuellement. Ils sont propriétaires des
poteaux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): De tout le
bois.
M. Jolivet: Actuellement, les gens qui ont les poteaux sont
propriétaires des poteaux? Ce n'est pas un contrat d'approvisionnement,
c'est une concession.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
concessionnaires sont propriétaires de tous les bois sur leur
concession, de toutes les essences.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut dire que les quatre
bénéficiaires des poteaux sont des gens à concession?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
dit cela. Ce sont des gens qui ont...
M. Jolivet: Donc, ils ne sont pas concessionnaires; ils ont un
contrat d'approvisionnement. Ce n'est pas concessionnaire, ce n'est pas
propriétaire, cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'exploitant de
poteaux, quand il va chez un concessionnaire, lui paie les redevances, n'est-ce
pas?
M. Jolivet: Là, vous parlez d'autres...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour cela que je
dis que le concessionnaire est propriétaire de tous les bois sur sa
concession.
M. Jolivet: D'accord, je comprends. Par exemple, la CIP, sur ses
concessions, est propriétaire de ses concessions. Mais le ministre de
l'époque, quel que soit le ministre, a déterminé que des
gens iraient chercher les poteaux. II leur a donné un contrat
d'approvisionnement de poteaux sur un territoire donné.
Nous allons rapatrier tout cela, mais cela ne donnera pas plus de
poteaux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais non, cela ne
fait pas pousser le bols.
M. Jolivet: Bon, si cela ne donne pas plus de poteaux, les gens
qui actuellement sont bénéficiaires des poteaux disent la
même chose que tous les autres qui ont des concessions, qui ont des
contrats d'approvisionnement: Arrêtez d'en donner. Vous nous l'avez dit
hier. Il faut arrêter d'en donner. Vous l'avez
répété. Tout le monde le répète. Si le
principe pour les poteaux doit être le même que pour les
concessions de bois mou, de résineux, de feuillus ou d'autres, je dois
comprendre qu'on doit diminuer plutôt que d'augmenter.
La question est que, si vous augmentez
le nombre de bénéficiaires pour le même nombre de
poteaux, quelques-uns vont risquer de faire faillite. La question, c'est:
Est-ce que le ministre en ce qui concerne les poteaux peut me garantir qu'il
n'en donnera pas d'autres? Dans le cas des autres» il va falloir que vous
me disiez la même chose parce que c'est parallèle. Vous avez des
gens qui sont actuellement des coupeurs de résineux. Ils vous disent: M.
le ministre, n'en donnez plus. Tout le monde de toutes les industries le
dit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais ils en
demandent quand même!
M. Jolivet: D'accord. Je suis conscient qu'ils en demandent. Mais
je vous dis que la politique qui est déposée vise à
éviter cela. Donc, pour la question des résineux, si vous voulez
justement diminuer les allocations, j'espère que vous n'augmenterez pas
le nombre de bénéficiaires de l'allocation déjà
disponible pour les poteaux. Ce n'est pas difficile de me dire, ce soir, pour
que ces gens-là ne soient pas dans l'expectative, que vous n'avez pas
l'intention d'augmenter le nombre de bénéficiaires, mais que vous
avez l'intention, cependant, de répartir le territoire entre les gens
qui sont déjà là. Si j'ai bien compris, à moins que
vous ne me disiez que ce n'est pas cela dans le projet de loi, que c'est une
question qu'on abordera plus tard, mais je pense que cela vaut la peine de
regarder cela comme tel, seules les personnes qui possèdent actuellement
des concessions, des droits d'approvisionnement, auront une répartition
du territoire et il n'est pas question d'en ajouter d'autres, à moins
que vous n'utilisiez une forêt électronique pour faire cela. C'est
ce que tout le monde craint. On vous pose la question bien directement et bien
exactement: Dans le cas des poteaux, allez-vous en mettre un cinquième
ou un sixième pour répartir le même nombre de poteaux? Si
oui, vous allez avoir des gens qui vont faire faillite. Est-ce que le ministre
est là, dans le système industriel, pour faire faire faillite au
monde? Tout à l'heure, vous m'avez dit non. J'espère que dans la
question des poteaux vous ne ferez pas faire faillite au monde!
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, je vous répète qu'il y aura une
révision de tout cela et qu'on verra s'il y a une possibilité
qu'il y en ait cinq, six ou sept. Je peux vous dire que la forêt va
donner ce qu'elle peut donner et pas plus. Actuellement, les poteaux
représentent le plus beau bois de sciage. Ce bois destiné
à faire des poteaux est actuellement utilisé en partie par les
scieurs, les dérouleurs et les concessionnaires. Mais s'il n'y a pas
plus de bois que pour les quatre qui sont là, il n'y en aura pas un
cinquième, si c'est là que vous voulez savoir.
M. Jolivet: Vous ne pourriez pas le manquer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais je ne peux
pas vous donner la garantie qu'il n'y en aura pas un cinquième. En
effet, si la forêt peut le permettre, il y en aura un cinquième
et, si elle peut en permettre plus, il y en aura un sixième, etc., s'il
y a de la demande, évidemment.
M. Jolivet: Je parle d'un dossier que je connais pas mal et on va
le fouiller à fond. Je vais vous dire que, d'après tout ce qu'on
connaît, il n'y a pas de place pour d'autres. Et s'il n'y a pas de place
pour d'autres... Les compagnies concessionnaires, les compagnies à
contrat d'approvisionnement l'ont toujours dit et elles ont toujours
l'obligation de marquer ces poteaux pour s'assurer que ces arbres soient des
poteaux et non pas du bois de sciage, du bois à pâte ou de
déroulage. Le ministre doit être conscient - c'est un
ingénieur forestier, je ne le suis pas, mais on me l'a expliqué
assez de fois, avec tous les gens qui sont au ministère - que, sur la
question des poteaux, si vous avez l'intention d'ajouter d'autres personnes,
vous risquez de mettre en péril les quatre industriels qui sont
là actuellement. Je vous demande si vous êtes capable de leur
assurer qu'il n'y en aura pas d'autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous le
répète: Si la forêt ne peut pas le permettre, il n'y en
aura pas d'autres. Si la forêt peut le permettre, il y en aura d'autres,
s'il y en a qui se manifestent.
M. Jolivet: La loi est explicite: seuls ceux qui ont des
concessions ou des contrats d'approvisionnement auront le droit de repartager
l'ensemble du territoire à la suite d'ententes avec le ministère.
Cela sous-entend que le ministère n'a pas l'intention de mettre d'autre
monde; cela n'aura pas de maudit bon sens, que cela soit dans le
résineux, dans les feuillus ou ailleurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je dois apporter
une correction, M. le député. Ce n'est pas tout le territoire qui
va être réparti, ce n'est pas cela que la loi dit.
M. Jolivet: Alors, qu'est-ce qu'elle dit?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas tout
le territoire.
M. Jolivet: Ah! Vous êtes en train de vous faire une
réserve forestière.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le
territoire nécessaire pour soutenir l'industrie.
M. Jolivet: On reviendra à cet article-là, mon cher
monsieur.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'espère que le
ministre ne s'étonnera pas que je m'intéresse
particulièrement à la question de l'aménagement faunique
et récréatif, étant donné que c'est probablement
là la principale ressource récréative pour l'ensemble des
habitants de mon comté. J'aimerais savoir d'une façon assez
précise ce que le ministre regroupe sous le titre "Aménagement
faunique et récréatif".
M. Côté (Rivière-du-Loup): On est rendu
là. Ah! Cinquièmement?
M. Claveau: Cinquièmement, oui. (16 h A5)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pense que le
député sait ce qu'est la faune. L'aménagement faunique,
c'est pour le développement de la faune, c'est pour l'abri de la faune.
Dans le cas des modalités d'intervention en forêt, on parle d'abri
pour l'orignal. Dans certaines coupes, on laissera des arbres debout pour que
l'orignal ait un abri durant l'hiver et des choses semblables.
Quant à la récréation, il y a des sentiers de ski
de fond, des sites récréatifs, des tables de pique-nique, des
haltes ici et là, il y a tout cela.
M. Claveau: L'industrie de la pourvoirie est comprise
là-dedans aussi, je suppose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Claveau: Où est-ce qu'on va la retrouver à ce
moment-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous allez trouver
cela dans la Loi sur la chasse et la pêche.
M. Claveau: II y a un problème de juridiction sur
l'utilisation de territoires entre les pourvoyeurs. Je pense que, dans le plan
d'affectation, il va falloir que le ministre considère le
problème de la pourvoirie qui, à mon sens, doit être de
plus en plus considéré comme un problème d'exploitation
forestière. C'est une façon d'exploiter la forêt et sa
ressource.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais, M. le
député, les pourvoyeurs ne feront pas d'aménagement
forestier pour des fins fauniques. Le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche va leur réserver un territoire pour des fins de
chasse et pêche.
Ils n'auront pas de permis d'intervention. S'ils en ont besoin, on leur
en donnera un. Mais, ce n'est pas cela, le...
M. Claveau: Je suis bien content de vous entendre dire cela, M.
le ministre. Cela veut dire qu'à ce moment-là ils ne risquent pas
de payer la note pour l'aménagement de la forêt s'ils ne sont pas
des utilisateurs de la forêt. Vous venez de nous le dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas dit
qu'ils n'étaient pas des utilisateurs, j'ai dit qu'on parle
d'émettre un permis d'intervention. "Un permis d'intervention peut
être délivré." On parle de l'émission d'un permis
d'intervention, on ne parle pas de l'utilisation de la forêt...
M. Claveau: D'accord. À ce moment-là...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...parce que
là, on va changer d'article.
M. Claveau: ...le pourvoyeur qui, dans le cadre de ses
activités, doit faire un certain prélèvement sur la
forêt, ne serait-ce que pour se faire des emplacements ou encore pour
faire son bois de poêle, va avoir besoin d'aller chercher tous les permis
en conséquence.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. On lui
donnera un permis d'intervention.
M. Claveau: D'accord. Vous savez que le ministère de
l'Énergie et des Ressources loue des terrains sur le bord des lacs et
des rivières pour l'installation de camps de chasse. Ces gens-là
utilisent la forêt sur une base artisanale, pour leurs propres besoins.
Ils vont se chercher des arbres, etc. Est-ce qu'il s'agit de quelque chose qui
va demander un permis d'intervention spécial?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait partie
du bail, des conditions que l'Énergie et les Ressources leur
imposent.
M. Claveau: Cela fait partie, vous dites...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait partie
du bail pour leur propre usage, pour cette fin. Comme vous dites, pour leurs
besoins propres.
M. Claveau: Oui. Mais, à partir du moment où vous
parliez de réserves, tout à l'heure, vous dites que
l'aménagement faunique... Vous parliez de sentiers pédestres,
d'hébertisme, de pistes de ski de fond, de ces choses-là. Ce ne
sont pas des gens qui font des prélèvements de matière
ligneuse, à ce que je sache. Si vous me dites que cela
s'applique dans ce cas, que cela nécessite un permis
d'intervention spécial pour faire des pistes de ski de fond, je suppose
que, pour les autres, quels qu'ils soient, qui utilisent aussi la forêt
pour des raisons récréatives, il devrait y avoir quelque chose de
prévu. C'est une catégorie d'intervenants en forêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voulez-vous
répéter?
M. Claveau: Quand j'ai parlé de l'aménagement
faunique et récréatif, vous m'avez parlé des pistes de ski
de fond, des centres de plein air, de tout ce qui pourrait être
relié à la récréologie en forêt. Moi, je
prétends que l'activité économique qu'on appelle
pourvoiries, c'est sûrement, au même titre qu'un exploitant de
pistes de ski de fond, un genre d'intervention en forêt qui pourrait
justifier une catégorie de permis d'intervention ou, du moins,
être incorporé à l'intérieur de la catégorie
aménagement faunique et récréatif.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'ils font des
interventions en forêt, qu'ils coupent des arbres, ils auront à
demander un permis d'intervention qu'on leur accordera. Il n'y a pas de crime
là. Dans le cadre de la villégiature, le bail du
villégiateur fait office de permis d'intervention. C'est suivant
certaines règles prévues au bail que le ministère des
Forêts accepte et cela fait office de permis. On ne peut pas multiplier
les permis si ce n'est pas nécessaire.
M. Claveau: Vous me dites finalement que, contrairement à
l'industrie forestière qui, elle - on le comprend, d'ailleurs
-prélève continuellement de la matière ligneuse- à
un niveau de coupe constant, doit faire du reboisement et a besoin de permis
d'intervention continu, les utilisateurs en aménagement faunique et
récréatif n'auront besoin que de permis d'intervention sur des
bases sporadiques, c'est-à-dire au moment où ils auront à
prélever de la matière ligneuse ou à modifier un peu le
caractère naturel du milieu.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est plein de bon
sens que ce soit sporadique et ponctuel. Le pourvoyeur ou le type qui fait de
l'aménagement pour la récréation ne répétera
pas ça tous les ans, à moins qu'il ne fasse du
développement tous les ans.
Le permis d'intervention, on l'a vu précédemment,
était d'une durée de douze mois au plus. Si cela se
répète d'année en année, il aura besoin de permis
d'intervention chaque année.
M. Claveau: Je voudrais comprendre une chose dans le projet de
loi par rapport au pourvoyeur. C'est une activité économique qui
n'est pas négligeable et qui risque, dans le cadre d'une
société de loisirs, d'aller en se développant à
partir du moment où les gens sont de plus en plus
intéressés à sortir des villes pour aller se reposer
l'esprit dans un cadre un peu plus naturel. C'est une activité qui
devient de plus en ptus accessible à tout le monde. Il y a eu un temps,
le temps bien connu, de triste mémoire, des clubs privés,
où il y avait vraiment une certaine catégorie de gens qui avaient
accès à des milieux. Je sais de quoi je parle, il y avait un club
privé dans mon village, sur un lac juste à côté et
ce n'est pas tout le monde qui y avait accès. Je sais de quoi je parle
quand je parle de ça, pas en tant que propriétaire de club
privé, mais en tant que personne qui a subi le club privé
près de chez lui. J'aurais voulu vous voir, M, le député.
Cela étant dit, j'aimerais - et je pense que mes collègues
émettent le même voeu - qu'une fois pour toutes les intervenants
récréatifs en forêt, que ce soit au niveau des ZEC,
justement, qui ont libéralisé ou démocratisé
l'utilisation restreinte de la forêt qu'on avait avant, au niveau des
lacs à chalets, au niveau des pourvoyeurs, enfin tous ces gens-là
qui font une utilisation constante et non pas sporadique de la forêt
soient définitivement reconnus comme des utilisateurs à part
entière de la forêt au même titre qu'une entreprise
forestière afin de délimiter les juridictions. Actuellement - les
pourvoyeurs sont venus nous le dire et ils avaient raison de nous le dire - il
y a des conflits énormes qui peuvent paraître anodins pour un
citadin qui visite le mont Royal de temps en temp3 pour se verdir un peu
l'esprit. Mais pour quelqu'un qui vit en forêt, il y a toujours un
conflit de juridictions entre le récréatif et l'exploitant de la
matière ligneuse. Cela se voit à tous les niveaux. Des
pourvoyeurs nous ont dit: Ce n'est pas drôle, tu te réveilles un
matin et il ne reste plus un arbre sur ta concession de pourvoirie. Il faudrait
trouver un moyen de faire en sorte que ces gens-là soient reconnus comme
des utilisateurs à part entière et comme des intervenants
économiques importants dans la gestion des forêts.
Je retrouve un projet de loi qui se veut un projet de gestion de fibre
de bois plutôt qu'un projet de gestion intégrale de la
forêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, j'ai mentionné à quelques reprises que ce
projet de loi faisait place aux autres activités, à l'utilisation
polyvalente de la forêt et que ce sont les ministres responsables des
autres activités qui doivent en prendre soin. Je ne peux pas en prendre
soin dans la Loi sur les forêts alors que ma responsabilité
concerne l'exploitation ou la production de matière ligneuse.
Une voix: Cela vous l'avez dit souvent.
M. Claveau: Mais, M. le ministre, en tant que responsable des
forêts, l'exploitation de matière ligneuse étant une des
activités de la forêt, il me semble que les interventions - pour
être bien coordonnées, pour qu'on sache de quoi on parle - des
autres ministères dans le milieu de la forêt devraient être
coordonnées par le ministre responsable de la forêt. À mon
avis, c'est clair, il doit y avoir un centre névralgique de coordination
quelque part dans tout ça; sinon, on va se retrouver avec une
superposition de permis différents sur un même territoire et on ne
sera pas plus avancé qu'avant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je le
répète, dans cette loi, nous avons fait place à des
utilisations polyvalentes de la forêt. Les autres ministres doivent
prendre leurs responsabilités et je sais qu'ils le feront. Je travaille
en étroite collaboration avec eux, justement, pour cette raison. Pour
les questions de développement régional, d'aménagement
forestier ou autres, il y a le COMPADR, c'est-à-dire le comité
ministériel qui s'occupe d'aménagement régional. Ces
questions y sont débattues et les ententes se prennent là en ce
qui vous concerne pour éviter les imbroglios, les disputes entre les
différentes interventions en forêt, si vous voulez.
M. Claveau: Je veux bien vous croire, M. le ministre, et je vous
remercie de la précision que vous venez de nous donner. J'espère
que cela aura aussi les répercussions qui se doivent au niveau, entre
autres, du financement et qu'à ce moment il ne sera plus question de
faire payer par d'autres la gestion de la forêt qui s'adresse à un
groupe en particulier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là, on
change de sujet. Si quelqu'un veut occuper un grand territoire forestier, il
faudra peut-être qu'il remplace ou qu'il compense l'activité
économique qui aurait eu lieu à cet endroit, n'est-ce pas? En
toute équité?
M. Claveau: Vous venez de me dire que c'est un gestionnaire de la
forêt et qu'il devrait relever de la Loi sur les forêts, à
ce moment. C'est ce que vous me dites.
M, Côté (Rivière-du-Loup): Non. On peut
aménager la forêt à d'autres fins que la production de
matière ligneuse. Quand on fait de l'aménagement en forêt,
cela sert à d'autres fins aussi, pas seulement à la production de
matière ligneuse, même si c'est le ministre
délégué aux Forêts qui le fait.
M. Claveau: En fait, c'est cela. Là, vous dites: On peut
aménager la forêt autrement, mais c'est toujours de
l'aménagement forestier. Ce n'est pas autre chose.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
L'aménagement forestier à des fins comme la
récréation, comme la faune, comme la production de matière
ligneuse.
M. Claveau: Je pense qu'on se comprend là-dessus...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: ...que la forêt peut être
aménagée autrement, mais qu'on ne vienne pas me dire que cela ne
relève pas du ministre délégué aux Forêts,
par exemple, puisque c'est toujours la forêt qui est
aménagée.
M, Côté (Rivière-du-Loup): C'est pourquoi on
prévoit dans le projet de loi qu'on vous soumet, M. le
député, qu'il y aura des permis d'intervention
délivrés à des fins d'aménagement faunique ou
récréatif. C'est pour permettre aux autres de prendre leurs
responsabilités et de faire leur travail.
M. Perron: À même leur propre budget.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là-dessus,
j'aimerais vous donner un exemple qui se passe actuellement, quand on parle du
partage des coûts des utilisateurs à même le budget, parce
que le député de Duplessis m'ouvre la porte. Vous avez un ravage
de chevreuils qui est en forêt privée et en forêt publique.
Quand le propriétaire privé dit: D'accord, je vais collaborer
avec le gouvernement car c'est à des fins récréatives pour
la population, est-ce que c'est à la forêt de payer pour compenser
les bois qui ne seront pas coupés sur les terrains privés pour
protéger le chevreuil afin de créer une activité de
chasse? Je vous pose la question, M, le député de Duplessis,
parce que vous m'avez dit: À même la forêt. Â
même quel budget?
M. Perron: Non, j'ai dit: À même le budget du
ministère concerné.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis
entièrement d'accord.
M. Perron: C'est parce que le ministre écoutait juste
d'une oreille.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'écoutais
deux personnes en même temps.
Le Président (M. Théorêt): C'est ça.
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Je n'aurai qu'une ou deux
très courtes questions à poser. En rapport avec la
politique des poteaux, il y a actuellement des permis d'approvisionnement qui
sont émis en mètres cubes aux quatre compagnies en question. Vous
avez les Industries de bois de Saint-Raymond, 10 000 mètres cubes. Vous
avez le Groupe des produits chimiques Domtar, 24 000 mètres cubes. Vous
avez Les poteaux de bois de la rivière La Lièvre Inc., à
Masson, 24 000 mètres cubes. Et vous avez Les entreprises CE. Gauthier
Ltée., de Senneterre, 22 700 mètres cubes, pour un grand total de
81 700 mètres cubes dans tout le Québec. La question que je vous
pose et qui pourrait entraîner une autre question, c'est la suivante:
Quelles sont les possibilités actuelles pour les poteaux à la
fois dans les concessions forestières et sur la forêt
domaniale?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, on ne les a pas calculées jusqu'à
maintenant.
(17 heures)
M. Perron: Vous n'avez aucune étude de faite au
ministère se rapportant à la politique des poteaux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pas que je sache,
non.
M. Perron: Merci de la réponse. Est-ce que le ministre a
l'intention de faire faire une étude?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné tout à l'heure que, si c'est nécessaire, il y
aura une évaluation, une révision à la suite du changement
de tenure de tout cela et, s'il y a de la place, il y en aura et, s'il n'y en a
pas, il n'y en aura pas.
M. Perron: Est-ce que c'est le ministère normalement qui
fait l'étude sur les possibilités?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perrons Oui. Ce ne sont pas les entreprises qui ont
actuellement des concessions?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, il y a eu un
temps où on exigeait que les concessionnaires fassent leur inventaire et
soumettent des plans d'aménagement. Depuis 1972, 1974, 1975, on a dit
aux concessionnaires: Ce n'est plus votre responsabilité. C'est le
ministère qui fait cela maintenant. C'est depuis cette date que le
ministère fait les inventaires, les prises de données sur la
forêt publique et on paie. On paie également sur la forêt
privée pour les inventaires et les plans de mise en valeur.
M. Perron: D'accord, M. le Président. Cela va pour
l'article 9.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 9 est suspendu à cause de l'amendement ou s'il est
adopté?
M. Perron: Y a-t-il un amendement là? Une voix:
Non.
Le Président (M. Théorêt): II n'y a pas
d'amendement à l'article 9?
M. Perron: M. le Président, je m'excuse, mais il n'y a eu
aucun amendement de la part du ministre, ni de la part des membres de
l'Opposition. Nous n'avons pas l'intention d'en apporter. Quant à nous,
c'est adopté.
Le Président (M. Théorêt): Un instant, le
secrétaire de la commission me fait part qu'il y a une
possibilité d'amendement à l'article 9 pour la version
anglaise.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Duplessis m'a dit que cela ne le regardait pas. Il
était d'accord.
M. Perron: II n'y a aucun problème, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Je voudrais bien
comprendre. Est-ce qu'on peut faire un omnibus immédiatement?
M. Claveau: Est-ce possible que la version anglaise et la version
française ne soient pas la même chose?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une erreur
de traduction qui s'est glissée. On veut simplement la corriger. C'est
mentionné "maple stand" et on voudrait introduire "sugar bush".
Le Président (M. Théorêt): S'il n'y a pas
d'objection de la part des députés de l'Opposition...
Une voix: "Sugar bush".
M. Perron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): ...l'amendement
à l'article 9 pour la version anglaise est adopté.
J'aimerais juste porter à l'attention des députés
de la commission ce qu'est l'amendement. Cela réfère à
d'autres articles et, si vous donnez votre accord, on adoptera ces mots pour
les autres articles concernés également. II s'agit de remplacer,
dans la version anglaise du projet de loi, au paragraphe 2 , les mots "maple
stand" par
les mots "sugar bush" - vous avez compris? -et à tous les autres
endroits dans la version anglaise du projet de loi. M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce qu'il y
a quelque chose de changé depuis six ans dans le Parlement? Je n'ai
jamais eu à faire des amendements à un projet de loi en anglais.
À moins que vous ne m'expliquiez que les traducteurs ne peuvent pas
traduire la réalité du projet de loi...
Le Président (M. Théorêt): Sans
amendement?
M. Gauthier: ...français sans amendement, je ne comprends
pas et j'aimerais comprendre. Ce serait la première fois en six ans. Je
voudrais qu'on me dise en quoi celui-là est différent de tous les
projets de loi sur lesquels j'ai travaillé depuis six ans.
Le Président (M. Théorêt): Parfait, M. le
député de Roberval. Je vais demander au conseiller juridique si
effectivement c'est obligatoire de l'amender. Le conseiller juridique nous dit
que cela s'est fait régulièrement sur les projets de loi
où on avait rapporté les faits.
M. Gauthier: Bien, il faut croire que je légiférais
sur une autre planète. Je ne sais pas si mes collègues...
M. Perron: M. le Président, cela fait dix ans que je suis
ici et c'est la première fois que je vois cela. C'est pour cela que j'ai
laissé aller le ministre.
Le Président (M. Théorêt): II me semble que
cela soit strictement un point légal. Est-ce que vous y avez objection,
oui ou non? C'est aussi simple que cela.
M. Gauthier: On peut bien faire confiance à votre
avocat-conseil.
Le Président (M. Théorêt): Moi, je lui ferais
confiance.
M. Gauthier: Je vous jure que je vais m'informer comme il faut
après. J'ai l'impression de n'avoir jamais légiféré
ici.
Le Président (M. Théorêt): On s'engage
à vous apporter d'ici à la fin de la commission des exemples
concrets où cela a été fait lors d'autres commissions.
Merci.
M. Gauthier: Je ne veux pas faire un débat
là-dessus. Je ne voudrais pas qu'on m'accuse d'être un fauteur de
troubles. Je voudrais simplement savoir qu'est-ce qui fait qu'on soit
obligé d'apporter des amendements en anglais. J'avais l'impression que
le projet de loi était en français et qu'on en faisait la
traduction.
Le Président (M. Théorêt): On a dit que,
pour changer le mot dans le texte, étant donné que le texte et
français et anglais doit être adopté et approuvé par
le lieutenant-gouverneur, on se doit d'apporter un amendement lorsqu'il y a une
erreur de traduction. Voilà l'explication juridique.
M. Gauthier: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): C'est donc
l'amendement à la traduction anglaise.
M. Gauthier: Pardon?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
peut-être la première erreur qui arrive depuis six ans.
Le Président (M. Théorêt): L'article 9 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 10. M. le ministre, s'il vous
plaît!
Bois de chauffage
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, l'article 10 on en a parlé un peu lors de nos
discussions, mais tout de même. "Le ministre accorde un permis
d'intervention pour la récolte de bois de chauffage à des fins
domestiques à toute personne physique qui le demande par écrit.
"La demande doit être accompaqnée d'une déclaration
attestant que la récolte est destinée exclusivement à son
usage personnel. "Le ministre n'accorde le permis que dans la mesure où
la possibilité forestière le permet. "Le permis autorise son
titulaire à récolter dans l'unité territoriale
visée un volume d'au plus 10 mètres cubes de bois d'essences
déterminées par le ministre et à n'utiliser le bois
récolté que pour le chauffage de sa résidence."
Il y aurait deux amendements, M. le Président. L'article 10 du
projet serait modifié: 1° par le remplacement, dans la
première ligne du premier alinéa, du mot "accorde" par le mot
"délivre"; 2° par le remplacement, dans la deuxième ligne du
quatrième alinéa, du chiffre "10" par le chiffre "15". On peut
discuter entre 10 et 15. J'ajouterais pour l'information de l'Assemblée,
que l'article 117 de la précédente loi était plus
restrictif. Il limitait l'émission d'un tel permis aux cultivateurs et
aux colons et seuls les lots sur lesquels il n'y avait que des bois marchands
étaient visés.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député
de Duplessis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On tient compte de
la possibilité forestière en faisant cela. On en a parlé
avec le député de Laviolette précédemment.
M. Perron: M. le Président, je voudrais seulement poser
une courte question. Pourquoi le ministre a-t-il apporté cet amendement
"délivre" pour "accorde"? Est-ce un terme forestier ou quoi? Ou est-ce
parce qu'il y a le mot "corde" dedans?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont les
avocats qui ont suggéré cet amendement. C'est un terme jurrdique
et c'est une loi.
M. Perron: La deuxième question que je pose est celle-ci:
Est-ce qu'on pourrait avoir la définition du ministre se rapportant au
mot "résidence", le dernier mot du dernier paragraphe? Je vais expliquer
au ministre pourquoi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
résidence, c'est le lieu où je demeure, je mange, je couche
etc.
M. Perron: D'accord. Je vais vous expliquer pourquoi. Je me pose
une question. Je vais vous donner l'exemple de certains coins de la
Côte-Nord où il y a des garages, où il y a de la petite
industrie...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Des garages
commerciaux.
M. Perron: ...de la très petite industrie, où il y
a des propriétaires qui chauffent au bois et qui vont chercher
eux-mêmes leur bois. Est-ce que cela sera inclus dans le mot
"résidence" pour ces personnes qui vont se chercher un permis
individuel? Et de quelle façon vont-elles pouvoir obtenir un permis, en
achetant du bois d'un commerçant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elles
l'achèteront d'un commerçant, exactement.
M. Perron: Elles vont être obligées de le faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un permis
pour fins commerciales que vous demandez là. Chauffer un garage, c'est
pour des fins commerciales. Il fait quoi avec son garage, M. le
député?
M. Perron: Cela peut être un garage, cela peut être
une petite menuiserie comme celle que je connais à Schefferville
où on chauffe au bois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II fait de la
menuiserie pour des fins de commerce?
M- Perron: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bon!
M. Perron: Alors, il faut qu'il aille chercher un permis
commercial.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faut qu'il
l'achète d'un marchand, d'un vendeur de bois.
M. Perron: II n'y en a pas à
Schefferville, M. le Président.
Une voix: II se partira un commerce.
M. Perron: II n'y a pas de commerçant de bois à
Havre-Saint-Pierre non plus.
M. Gauthier: Qu'il se convertisse à
l'électricité, cela va aider à construire les
barrages.
Une voix: Vous faites de l'esprit tout d'un coup.
Le Président (M. Théorêt): II ne peut pas
s'engager à cela, cela ne relève pas du même ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous voulez
suggérer un amendement...
M. Gauthier: Oui, sauf la petite "shop" à bois à
Schefferville.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
Sérieusement!
M. Perron: Je comprends l'idée du ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous voulez
suggérer un amendement, on pourrait peut-être fixer un volume
maximum dans ces cas-là pour limiter l'importance du commerce. Je ne
l'ai pas rédigé.
M. Perron: Moi non plus, mais quand j'ai lu cela...
Le Président (M- Théorêt): Pouvez-vous
demander la parole avant?
M. Perron: Comme je l'expliquais au ministre, je ne parle pas de
l'Iron Ore qui décide de chauffer au bois dans toutes ses usines ou de
Quebec Cartier Mining ou de Wabush.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais non, c'est
cela qui est...
M. Perron: Je parle d'un petit commerçant ou d'un
industriel très petit qui a un ou deux employés et qui va
actuellement chercher son bois lui-même, qui
fait la coupe lui-même et qui ramène cela à son
institution pour ensuite chauffer au bois. Cela l'exclurait, à ce
moment-là, avec ce paragraphe de l'article 10 de la loi.'
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous l'offre.
Pour le chauffage de sa résidence ou d'un petit garage de Schefferville,
comme l'a dit le député de Roberval. Je suis bien ouvert à
cela parce que si on vit en forêt...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Je vais regarder cela. Maintenant, une autre question.
Je vais regarder pour voir si on ne pourrait pas fignoler quelque chose.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, si vous me le permettez, il me semble que
votre collègue d'Ungava aurait un amendement à proposer. Depuis
tout à l'heure, il veut...
M. Claveau: Je voulais avoir une précision, mais cela ira
après.
M. Perron: On va la regarder après.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faut le baliser
et le limiter comme il faut parce que c'est un droit qu'on accorde.
M. Perron: Oui, cela pourrait être limité à
30 mètres cubes ou à 20 mètres cubes, quelque chose comme
cela.
M. Gauthier: À 15 mètres cubes pour des fins
personnelles.
Une voix: Ce n'est pas très sorcier. M.
Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: J'ai juste une autre question à poser à
propos du même alinéa. Pourquoi le ministre a-t-il changé
de 10 mètres cubes ce qui existait antérieurement dans l'ancienne
loi, de mémoire - à 15 mètres cubes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parce qu'on
a bien réfléchi et on a évalué que les personnes
qui n'utilisent que le bois comme moyen de chauffage, comme source
d'énergie, utilisent un peu plus que 10 mètres cubes de bois.
C'est pour leur donner une chance. On pourrait dire 13 ou 14, si vous voulez.
On peut discuter là-dessus. Pardon?
M. Gauthier: Pour nous éclairer, pouvez-vous nous dire,
s'il vous plaît - je ne connais rien là-dedans et je bûche
tous les jours, je compte cela en corde de bois de chauffage - une corde de
bois de chauffage de quatre pieds par huit pieds par dix-huit pouces de long,
qu'est-ce que cela donne en mètres cubes? Est-ce que c'est un
mètre cube, deux mètres cubes ou trois mètres cubes? Vous
qui êtes un expert là-dedans, pouvez-vous me dire cela? Cela nous
aiderait à comprendre. Mon collègue me dit que 15 mètres
cubes, ce n'est pas grand-chose, mais moi, je pense que c'est gros.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Une corde de bois,
4 X 4 X 8, c'est 3,56 mètres cubes.
M. Gauthier: Une corde de 4 X 4 X 8? Bon, donc cela veut dire que
trois cordes de bois de chauffage, c'est 5 mètres cubes; cela veut dire
que 15 mètres cubes donne neuf cordes de bois de chauffage en gros.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela veut dire 5
cordes à peu près.
M. Claveau: Non, c'est 5 cordes au maximum.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 5 cordes de
128 pieds cubes apparents.
M. Gauthier: Une corde de 4 X 8 de 4 pieds, vous dites que
c'est...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 128 pieds
cubes apparents.
M. Gauthier: C'est 3 mètres cubes, c'est cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 3
mètres cubes, en gros.
M. Claveau: C'est 4,74 verges cubes donc.
Une voix: C'est 3 mètres cubes. M. Gauthier: II y a
cinq fois cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pas mal de
bois.
M. Gauthier: Tu en as trois dans une corde, fois cinq, cela fait
15 mètres cubes. Cela fait 15 cordes de bois de chauffage. (17 h 15)
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je pense que le ministre collabore et essaie de
donner des réponses à tout le monde. J'aimerais juste qu'il ait
à répondre à une personne à la fois. Alors, je
cède la parole au député d'Ungava.
M, Claveau: Moi, je peux vous dire, M. le Président, sans
risque de me tromper, quitte à faire déposer des affidavits en
Chambre s'il le faut, que pour chauffer une
maison résidentielle dans le secteur de Chibougamau-Chapais pour
un hiver de huit mois, il faut entre 15 et 17 cordes de bois par hiver, en
bouleau.
Des voix: Des cordes de 18 pouces?
M. Claveau: Non, non. D'ailleurs, je parle de cordes de bois.
Des voix: 15 mètres cubes, cela donne 15 cordes.
M. Claveau: Cela donne 15 cordes de bois de chauffage? On parle
du bouleau. Si c'est une autre sorte de bois, cela en prend plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'est-ce que vous
proposez?
M. Gauthier: Qu'est-ce que c'est selon la loi actuelle, M. le
ministre?
Une voix: Dix. M. Gauthier: Dix.
Le Président (M. Théorêt): II l'a
porté de 10 à 15.
M. Gauthier: II est en train de nous parler des hors-la-loi
d'Ungava.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'amendement de l'article 10?
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais qu'on se
résume, parce qu'on parle tous et on s'amuse un peu et on travaille
fort. J'aimerais savoir, M. le Président, si on s'entend bien avec le
ministre concernant les 15 mètres cubes. Actuellement on autorise 10
mètres cubes; donc, c'est une fois et demie ce qui est actuellement
autorisé par les permis du ministère. C'est bien cela, M. le
ministre? Vous allez le vérifier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va le
vérifier.
M. Gauthier: En tout cas, sur la quantité, on s'ajustera
à partir de ce qui est autorisé. Maintenant, concernant
l'amendement. Pour répondre à ce que mon collègue de
Duplessis disait, à juste titre d'ailleurs, à propos du bois de
chauffage de sa résidence, le député de Duplessis parlait
d'une annexe ou d'un petit garage, quelque chose comme cela, au sens de la loi,
effectivement, ce serait hors la loi. Est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre
pour que l'amendement soit "à des fins personnelles", utilisé
à des fins personnelles, tel qu'on l'a proposé tantôt? Je
pense que l'avocat- conseil était d'accord avec cette idée.
Alors, il n'y aurait plus que la quantité.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le
deuxième paragraphe, on dit: "...est destinée exclusivement
à son usage personnel". Si le député de Roberval
l'accepte, je ferais un amendement et j'arrêterais après "d'au
plus 15 mètres cubes . de bois d'essences déterminés par
le ministre." Point.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que cet
amendement est adopté? Oh pardon! Le sous-amendement,
c'est-à-dire?
M. Perron: Alors, l'amendement serait d'enlever, après "le
ministre", les mots à partir de "et" jusqu'à "résidence".
Vous seriez d'accord?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
député d'Ungava n'est pas d'accord.
M. Claveau: Je suis d'accord avec le nouveau libellé, sauf
que c'est concernant le chiffre; il me semble que ce soit très
restrictif, surtout par rapport aux milieux où les hivers sont pas mal
plus rudes et plus longs que ce qu'on connaît dans la vallée du
Saint-Laurent. Je suis certain qu'un résident de Schefferville, avec ses
15 mètres cubes de bois par année, est aussi bien d'avoir un bon
poêle à combustion lente, s'il ne veut pas en prendre plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là, vous
cherchez des appuis. Actuellement, il n'y a pas de limite fixée dans la
loi.
M. Claveau: C'est cela, il peut y avoir plusieurs tranches.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En étendant
l'émission du permis d'intervention à tout le monde, plutôt
que de le restreindre aux colons cultivateurs, comme dans le passé,
alors que c'était plus ou moins respecté dans certains endroits,
je pense qu'on améliore beaucoup; on étend la possibilité
d'obtenir un permis d'intervention pour bois de chauffage pour fins
domestiques. Je pense que c'est une amélioration par rapport à ce
qui existait. Cela normalise aussi certaines interventions, certaines
émissions de permis de bois de chauffage pour fins domestiques à
des personnes qui n'étaient ni des cultivateurs, ni des colons.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que cela
satisfait le député d'Ungava?
M. Claveau: Ce que je sais, c'est que dans mon milieu le
ministère de l'Énergie et
des Ressources rencontrait annuellement tous ceux qui voulaient avoir
des permis pour du bais. Cela n'a jamais été un problème
d'obtenir un permis pour aller se chercher du bois de chauffage. Chacun disait
à peu près ce dont il avait besoin. Je ne verrais pas pourquoi,
dans la mesure des possibilités et étant donné qu'on
s'entend que c'est simplement pour son usage personnel, on ne pourrait pas
mettre 20 mètres cubes au maximum, par exemple. Il faudrait que
quelqu'un soit capable de le prévoir. Je suis convaincu que dans
certains milieux cela pourrait très bien se justifier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour autant que
c'est pour des fins domestiques, qu'il n'a pas un commerce, que ce n'est pas de
la fraude, il n'y a pas de problème à aller jusqu'à 20, M.
le député. Si vous proposez 20, on va faire un amendement pour
inscrire 20, avec l'accord de vos collègues. Je pense que j'aurai
l'accord de... Il ne faut pas aller trop loin. Il ne faut pas en mettre
suffisamment pour inciter ces gens à en faire un commerce et à
faire une compétition déloyale envers ceux qui en font le
commerce. C'est pourquoi il ne faut pas trop l'augmenter.
Le Président (M. Théorêt): Écoutez, je
vais faire lire le nouvel amendement, tel qu'entendu...
M. Perron: Juste une question, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Lorsqu'on parle d'un permis qui autorise son titulaire
à récolter 15 mètres cubes de bois, est-ce que ce permis
-on ne le dit pas dans l'article 10 - peut être renouvelable dans la
même année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le permis
d'intervention est émis pour une période d'au plus douze mois.
Alors, il est émis pour l'année.
M. Perron: Où est-ce que c'est écrit, "douze
mois"?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au début,
dans les articles précédents.
M. Perron: D'accord. Douze mois, ce que l'on appelle "permis
d'utilisation".
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour une
durée d'au plus douze mois.
M. Perron: D'accord, oui.
Le Président (M. Théorêt): Avec votre
permission, j'aimerais faire lire le nouvel amendement proposé par le
ministre. M. le secrétaire, voulez-vous lire l'amendement?
Le Secrétaire: L'article 10 du projet- de loi est
modifié: 1° par le remplacement, dans la première ligne du
premier alinéa, du mot "accorde" par le mot "délivre"; 2° par
le remplacement, dans la deuxième ligne du quatrième
alinéa, du chiffre "10" par le chiffre "20". 3° Biffer, dans les
troisième et quatrième lignes du quatrième alinéa,
les mots "et à n'utiliser le bois récolté que pour le
chauffage de sa résidence".
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 10 tel qu'amendé est adopté?
M. Perron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: J'aurais deux courtes questions à poser au
ministre. Lorsque arrive la période de coupe du bois pour les individus
et les commerçants, normalement, une publicité est faite par le
ministère pour dire aux gens: Vous avez jusqu'à telle date pour
couper votre bois. Passé telle date, vous n'avez pas le droit, disons
entre le 1er avril et le 30 septembre, par exemple. En avril, il y a des
régions du Québec où il n'y a aucun danger de faire la
coupe du bois par exemple sur la Côte-Nord. L'hiver, il y a encore de la
neige dans le bois et les gens ne peuvent pas se permettre d'aller couper du
bois à ce moment-là. Qu'est-ce que le ministre peut faire avec un
cas comme celui-là? D'abord, il me semble que l'on devrait
établir, par région et non pas pour l'ensemble du Québec,
la période pendant laquelle on n'a pas le droit de couper du bois. On
devrait élargir cela. Je parle du bois de chauffage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, d'accord.
Écoutez, M. le député...
M. Perron: Par rapport à d'autres régions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...d'abord, on ne
doit pas couper du bois de chauffage pendant la période de sève
parce que cela ne fait pas du bon bois. Deuxièmement, je pense que, si
l'on met des limites de temps, c'est pour des fins administratives et pour des
fins économiques aussi. Je ne peux pas demander aux fonctionnaires de
courir après quatre, cinq mètres cubes de bois de chauffage,
de
faire des dépenses inutiles. II faut les regrouper le plus
possible parce que le prix qui est facturé pour ces bois, vous savez,
cela ne paie pas les frais, loin de là. C'est un service que l'on rend.
Je pense que l'on doit faire en sorte d'accommoder le plus de gens possible.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des exceptions qui iront en d'autres
temps, mais il faut essayer de les regrouper le plus possible. C'est une
question d'ordre administratif.
M. Perron: À ce moment-là, le ministre est
prêt, dans des cas particuliers, à allonger le temps pour la
coupe, selon la région ou le district.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je le
répète, il faut les regrouper le plus possible, les concentrer
pour éviter des dépenses inutiles. C'est de la saine
administration.
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas le
fait de bloquer les périodes.
M. Perron: Une autre question et c'est la dernière en ce
qui concerne l'article 10. Dans le cas des coupes pour le bois de chauffage, on
sait qu'il y a beaucoup de personnes qui laissent les résidus en
forêt qui, jusqu'à un certain point, ne permettent pas la
régénération. Comme ces territoires, en fonction de la
nouvelle politique forestière, du nouveau régime forestier
devraient être aménagés, je voudrais savoir, pour les
coûts d'aménagement de ces territoires qui font partie de
l'arrérage actuel dans beaucoup de régions et les nouveaux
territoires qui seront coupés pour le bois de chauffage, qui va payer
dans le nouveau régime forestier: Cela va-t-il être le
ministère qui va payer pour la régénération, la
reforestation ou si c'est le consommateur, ou encore si on va laisser cela
à l'état naturel?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faudrait que
j'explique au député de Duplessis que l'unité
territoriale, le territoire visé est choisi par le ministre. Les permis
d'intervention en bois de chauffage seront émis à ces endroits et
dans plusieurs cas les exploitants de bois de chauffage - même pour fins
domestiques - rendront service à la forêt, c'est-à-dire
participeront à sa remise en production en récoltant le bois de
chauffage lui-même. Cela fait partie d'un bon aménagement et d'une
bonne planification des coupes.
M. Perron: À ce moment-là, je vais faire une
suggestion au ministre. Compte tenu de ce qui s'est passé au cours de
l'été dernier - en 1985 et dans les années
antérieures, on avait plusieurs personnes des temporaires, des
professionnels ou autres, qui suivaient l'évolution de la coupe
commerciale et de la coupe individuelle en forêt - cette année,
dans plusieurs coins de la Côte-Nord et sûrement dans d'autres
coins du Québec, à cause du fait qu'il n'y a, pas de
fonctionnaires qui ont été engagés, qu'il n'y a pas de
contractuels, de professionnels qui ont été engagés pour
faire ce travail de vérification en arrière de tout le monde, on
a beaucoup de problèmes sur le territoire par exemple, au Douze milles
à Sept-Îles ou dans le bout de Port-Cartier, Pentecôte. Je
présume que c'est la même chose dans à peu près
toutes les régions du Québec puisqu'il y a eu des coupures
budgétaires qui ont fait en sorte de réduire substantiellement le
nombre de personnes sur le terrain pour suivre ces gens-là. Si on ne les
suit pas, il est sûr et certain qu'on se retrouve avec des
problèmes par la suite. Il y a des arbres qui sont jetés par
terre, on prend les plus beaux, on laisse les chicots sur place, on laisse
à peu près tout sur place et on prend juste le meilleur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que M. le
député veut me dire qu'ils sont tentés de faire du bois de
sciage?
M. Perron: Pas nécessairement, non. Cela doit être
une suggestion de la personne à votre gauche.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, cela fait
partie de mon expérience en Abitibi, M. le député.
M. Perron: Non, ce n'est pas cela.
Une voix: C'est parce que cela coïncidait bien.
M. Perron: C'est une boutade. Cela va pour moi, M. le
ministre.
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, il y a un problème
que je voudrais soumettre au ministre. Je l'ai fait l'an passé aux
crédits, hélas, après que le ministre a été
parti dans l'après-midi, parce que cela m'est venu à l'esprit
plus tard. Cela concerne effectivement l'aménagement forestier. Je vous
avoue que je veux vous soumettre le problème et votre sous-ministre qui
est à votre gauche en prendra probablement note également.
Dans les permis qu'on accorde à l'occasion à des petits
entrepreneurs, supposons qu'il y a une section de tordeuses de bourgeons de
l'épinette ou encore qu'on veut faire de l'aménagement ou
n'importe quoi d'autre, il arrive qu'on accorde des
permis de... en tout cas plus importants que les permis de bois de
chauffage. On permet quelquefois d'aller chercher cinq ou six camions de bois
dans une place ou une dizaine de camions de bois. (17 h 30)
Le Québec est plein de chemins à caractère de
villégiature qui sont entretenus pas les propriétaires de chalets
qui les utilisent. Le ministère accorde un droit de coupe, admettons, de
300 mètres cubes de bois - je ne sais pas si la dimension a de l'allure
- et l'entrepreneur va chercher ce bois, le charrie dans les chemins au
printemps, par exemple, détériore l'état de la route d'une
façon dramatique et les propriétaires sont obligés,
à 25 ou à 30, d'assumer les frais de la remise en
état.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen - je vous en fais la suggestion et je
la soumets à votre attention - qu'on puisse prévoir dans la loi,
dans les règlements ou ailleurs un dépôt pour une remise en
état de la route d'une manière satisfaisante, ou une date de
transport, ou un coût quelconque qui puisse être versé
à l'association des locataires? Cette année, à titre
d'exemple, le ministère de l'Énergie et des Ressources, dans le
secteur de Sainte-Edwidge, a émis un permis de coupe de bois dans un
secteur de villégiature où les propriétaires entretiennent
eux-mêmes la route. Ils sont 40 propriétaires et 30
propriétaires sur 40 paient. Ils ont brisé la route pour environ
4000 $. Personne n'a voulu payer pour la remise en état de la route. Je
vous avoue que le monde regimbe assez facilement là-dessus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je remercie le
député de Roberval de me signaler son inquiétude à
ce sujet. C'est également la mienne. On va en reparler dans la section
des chemins forestiers. Je déplore des situations semblables, car je
souhaite que tous les intervenants en forêt se respectent et qu'ils
soient équitables les uns envers les autres. On en reparlera dans la
section des chemins forestiers.
M. Gauthier: Est-ce une préoccupation qui avait
déjà été portée à votre
attention?
M. Côté (Rivière-du-Loup); Oui.
M. Gauthier: Y a-t-il quelque chose de prévu... En tout
cas, vous me dites qu'on va en parler plus tard?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Gauthier: On en parlera quand ce sera le temps.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président, de me donner
l'occasion de m'excuser devant ce groupe pour l'avoir peut-être induit en
erreur, bien involontairement d'ailleurs, sur un concept qui aurait dû
être éclairé par le ministre au départ. Cela aurait
peut-être réglé le problème. Quand on parle - on
vient d'éclairer ma lanterne à ce sujet - de mètres cubes
de bois, on parle de bois plein, on parle de mètres cubes solides. A ce
moment-là, cela veut dire que, pour arriver à la corde de bois
visuelle qu'on connaît, il faut doubler le volume. Est-ce bien cela, M.
le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas saisi
la dernière...
M. Claveau: Quand vous parlez de quinze mètres cubes de
bois, on parle de bois solide.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, si
c'étaient des mètres cubes apparents, on l'aurait
écrit.
M. Claveau: D'accord. Pour tout le monde ici, c'étaient
des mètres cubes apparents, parce que le débat s'est mené
un peu là-dessus, finalement.
Une voix: Sans cela, on vient de...
M. Claveau: Je veux dire que j'ai personnellement confondu le
mètre cube apparent avec le mètre cube solide, ce qui fait que je
suis d'accord avec le ministre. Quand on parle de quinze mètres cubes
solides, cela fait suffisamment de cordes de bois apparent pour chauffer une
maison durant l'hiver.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là, on en a
20. Il faudrait revenir à 15 à l'amendement.
M. Claveau: L'amendement n'était pas...
Le Président (M. Théorêt): L'amendement a
été adopté à 10.
M. Claveau: A 15. Il a été adopté à
15.
Une voix: Oui, oui, à 20. Il a été
adopté à 20, j'en ai eu connaissance.
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président, mais je voudrais
que ce soit clair: Qui a proposé 20 mètres cubes?
Le Président (M. Théorêt): C'est votre
collègue d'Ungava.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: Je ne comprends pas. Je
pensais qu'on parlait par... Excusez-moi.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Je demande un éclaircissement sur la
procédure.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: J'ai bien compris qu'on adoptait l'amendement du
ministre d'autant plus que mon collègue de Duplessis s'était tout
suite au départ opposé à mon amendement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je voudrais, pour le bénéfice de
vos collègues, vous rappeler que j'ai fait lire l'amendement
textuellement par le secrétaire de la commission. Après qu'il en
eut fini la lecture, j'ai demandé s'il était adopté et
vous m'avez dit qu'il était adopté. Il a bien mentionné
20.
M. Perron: Écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Théorêt): Si vous voulez
revenir à 15, cela se fait, légalement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député d'Ungava retire son amendement.
M. Perron: Non, mais, relativement au règlement, M. le
Président, il est dit que, lorsqu'un amendement est
déposé, c'est la commission qui doit... Là, on l'a
adopté. Il faudrait amender à nouveau pour retourner à 15.
Je pense que tout le monde a compris actuellement que 20 mètres cubes
égalent environ 30 petites cordes et que 15 mètres cubes
égalent environ 22 ou 23 petites cordes.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, s'il y a consentement, je serai prêt
à soumettre à nouveau l'amendement au vote et à le faire
corriger. Je ne sais pas si...
M. Perron: Est-ce qu'on est tous d'accord pour revenir à
15?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval, vous vouliez intervenir avant qu'on...
Une voix: On vient de perdre cinq mètres...
M. Gauthier: Non. M. le Président, je veux juste...
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Gauthier: Je voudrais juste attirer votre attention
là-dessus. L'imbroqlio qui vient d'avoir lieu est un peu dû au
fait que, peut-être, dans la hâte d'avancer dans l'étude du
projet de loi et dans l'esprit bien positif de vouloir bien
léqiférer, tout le monde parle en même temps autour de
cette table.
Le Président (M. Théorêt): Vous avez
entièrement raison, M. le député de Roberval et je vais
être un peu plus rigide, parce que je vous laissais, avec vos autres
collègues, intervenir sans demander la parole à tour de
rôle. Arrive le ministre et voilà...
M. Gauthier: Mais je vous avoue également que le
sous-ministre, le ministre et son chef de cabinet causent souvent ensemble.
Une voix: Cela allait mieux avant que tu arrives.
Le Président (M. Théorêt): Je porte à
votre attention que par consentement...
À l'ordre, s'il vous plaît!
Je porte à votre attention que par consentement les 20
mètres sont ramenés à 15 mètres cubes.
Est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix; Adopté.
Des voix: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Théorêt): Adopté tel
qu'amendé.
J'appelle l'article 11. M. le ministre.
M. Perron: J'aurais le goût de demander comment se lit
l'article 10 maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Ha! Ha! Ha!
Érablières
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 11 se
lit ainsi: "Le ministre peut accorder un permis de culture et d'exploitation
d'érablière à toute personne physique qui a au moins deux
ans d'expérience dans la production acéricole ou qui a suivi un
cours d'acériculture approuvé par le ministre de
l'Éducation en vertu de la Loi sur l'enseignement privé, (L.R.Q.,
chapitre E-9)." Je propose un amendement qui devrait se lire comme suit:
L'article 11 est modifié par le remplacement, à la
première ligne, du mot "accorder" par le mot "délivrer" pour les
mêmes raisons que précédemment.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député
de Duplessis.
M. Perron: Quant à moi, l'amendement est adopté, M,
le Président.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'article 11 tel qu'amendé est adopté? M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vais essayer de ne pas me tromper. Je vous ferai
remarquer que je ne suis pas le premier â retirer quelque chose qui avait
été déposé. On dit, si je comprends bien, que le
ministre peut accorder un permis de culture et d'exploitation
d'érablière à toute personne physique qui a au moins deux
ans d'expérience, etc. Cela veut dire que moi si je décide
d'acheter une érablière, avant de pouvoir l'exploiter, il va
falloir que je la regarde pousser pendant deux ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. C'est un
permis sur une terre publique, c'est une forêt publique, mais cela vous
demande deux ans d'expérience dans la culture et l'exploitation d'une
érablière. Autrement, on ne pourrait pas satisfaire toutes les
demandes. Généralement, ce qui arrive très souvent, c'est
qu'une érablière sur une forêt publique est adjacente
à une forêt privée. C'est le cultivateur qui demande une
extension à sa forêt pour produire du sirop.
M. Claveau: C'est pour faire en sorte que cela ne soit pas la
tour de Babel dans la question des érablières et que n'importe
qui ne puisse pas entailler des érables dans' des forêts publiques
pour le simple plaisir de le faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, il
faut quelqu'un qui connaît cela.
Une voix: Exactement. M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Juste une question. La loi actuelle ne donne pas de
balises, j'imagine. Ce qu'on ajoute dans cette loi, si je comprends bien, c'est
l'expérience de deux ans dans le domaine des érablières.
Est-ce que c'est cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. La loi
actuelle stipule que le ministre peut accorder des permis conférant le
droit d'exploiter ou de cultiver des érablières sur des terres
publiques aux conditions fixées par le gouvernement. Il y avait un grand
règlement là-dessus, mais on le précise plutôt que
d'en faire un règlement; à votre demande, d'ailleurs.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis. Je m'excuse...
M. Gauthier: J'aurais une question complémentaire. Par
rapport au grand règlement que je ne connais pas - et je veux bien
prendre la parole du ministre là-dessus...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y avait un
grand règlement. On le précise, là.
M. Gauthier: Oui, d'accord. Est-ce que l'article prévu
ici, qui remplace le grand règlement et l'article qui était
vague, est plus large que l'ancien article avec le règlement qui
l'accompagnait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet article
indique à qui on peut accorder un permis d'exploitation
d'érablière.
M. Gauthier: Oui, il amène la notion d'expérience
de deux ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On continue, il y
a d'autres articles qui concernent les érablières.
M. Gauthier: Cela va. Excusez-moi, j'avais vu juste sur ma
page...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
attrapé la maladie de vos collègues. On était rendu
à l'article 104 ce matin.
M. Gauthier: M. le ministre, je ne suis pas rendu à
l'article 104, je ne vais justement pas assez vite.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval, votre intervention est terminée?M. le député de Duplessis.
M. Perron: Oui, juste un commentaire sur ce que vient de dire le
ministre. Je pense qu'il comprendra que c'est lui, comme ministre
délégué aux Forêts, qui a ta-responsabilité
de la loi d'une façon globale. Nous, de l'Opposition, lorsque nous
intervenons lors de l'étude article par article, notre devoir est de
faire en sorte que les articles ne marchent pas sur les pieds d'autres articles
qui pourraient justement se contredire. Donc, il faut absolument que le projet
de loi s'harmonise article par article, c'est sûr et certain. C'est la
raison pour laquelle il arrive parfois qu'on pose certaines questions au
ministre qui ont rapport effectivement à certains articles placés
plus loin.
J'aurais deux questions. Combien y a-t-il actuellement de
détenteurs de permis pour les érablières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Environ 500, M. le
député.
M. Perron: 500 détenteurs de permis. Est-ce que le
ministre a l'intention, dans sa nouvelle politique forestière,
d'émettre de nouveaux permis, selon les possibilités dans le
domaine des éra'blières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je peux dire au
député de Duplessis qu'actuellement il y a beaucoup de demandes
de permis d'exploitation d'érablière et qu'un moratoire a
été décrété il y a quelque temps. Le
moratoire a été levé dernièrement avec l'intention
d'émettre de nouveaux permis d'exploitation
d'érablière.
M. Perron: Selon les possibilités.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
Évidemment.
M. Perron: Bon! Si j'ai bien compris le ministre, lorsqu'il
parlait de baliser à l'intérieur de l'article 11 concernant les
érablières, le règlement actuel ne sera pas aboli
entièrement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En grande partie
ou entièrement, M. le député, parce qu'on va le retrouver
dans cette loi-ci.
M. Perron: Vous allez le retrouver plus loin dans la loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Aux articles 12,
13, 14.
M. Perron: Parfait. Cela va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Juste une préoccupation en passant. On sait
qu'au départ toutes les terres qui sont actuellement du domaine
privé ont été un jour des terres du domaine public avant
d'être vendues une première fois. D'ailleurs le ministre adit: La plupart du temps les érablières du domaine public
sont adjacentes à des érablières privées. Est-ce
que le ministre, en se donnant un critère comme cela, n'aurait pas le
goût ou l'idée de privatiser ces érablières du
domaine public?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La proposition que
vous avez devant vous, M. le député, vise à autoriser ou
émettre un permis d'exploitation; c'est une location, un bail. Il y acertaines conditions qui y sont rattachées. Il n'est pas question
dans ce que je vous propose aujourd'hui de privatisation des
érablières, quoiqu'il y ait des demandes pour en acheter, mais on
les loue.
M. Claveau: Et vous nous assurez que la politique sera de
continuer à en louer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement,
c'est cela.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Le ministre a mentionné qu'il était
possible qu'on émette de nouveaux permis pour les
érablières, parce que le moratoire est actuellement levé
et en tenant compte des possibilités...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout comme dans
les photos. (17 h 45)
M. Perron: Oui, d'accord, comme dans les photos. Compte tenu des
problèmes des érabiières en rapport avec les pluies acides
qui causent énormément de problèmes, est-ce que ce ne
serait pas un danger d'émettre de nouveaux permis?
M. Côté (Rivière-du-Loup):
Écoutez...
M. Perron: Plutôt que d'agrandir certains permis où
il y a déjà des propriétaires
d'érablières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le
député de Duplessis associe directement le
dépérissement des érablières aux entailles qu'on y
fait pour récolter la sève, je pense qu'on devrait arrêter
cela, mais ce n'est pas la raison du dépérissement des
érablières. Il parle lui-même des pluies acides. Mais c'est
aussi causé par la pollution de l'air, c'est aussi causé par des
températures disons brusques et inattendues, soit des froids intenses
alors que la sève avait commencé à circuler. C'est aussi
causé par l'abaissement de la nappe phréatique. C'est aussi
causé par le stress. C'est une foule de raisons qui font cela. On fait
des recherches au ministère dans ce sens. On recommande à ceux
qui ont des permis d'exploitation, parce qu'il y a des forestiers qui vont les
conseiller, de ne pas entailler, de ne pas mettre trop d'entailles sur un petit
arbre, selon le diamètre, etc. On leur fait des recommandations dans ce
sens. On leur fait des recommandations aussi sur la façon
d'éclaircir ou de nettoyer l'érablière. On leur dit
également de ne pas faire en sorte que ce soit une essence unique parce
qu'il faut respecter la nature et aller avec la nature. Mais ce n'est pas le
nombre d'entailles, ce n'est pas le nombre de permis d'érablières
qui cause le dépérissement.
M. Perron: Non, là-dessus je suis d'accord. Si on
émet trop de permis, le ministre conviendra avec moi que cela peut
causer des problèmes à ceux et celles qui sont actuellement
détenteurs et détentrices
de permis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. S'il y a eu
un...
M. Perron: Surtout s'il y a des problèmes qui sont
causés par des pluies acides ou encore, comme le mentionnait le
ministre, à cause de la nappe phréatique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a eu un
moratoire dans le passé - c'était il y a deux ou trois ans -
j'imagine que c'était causé par un surplus de production et que
le prix du sirop était trop bas. C'était pour contingenter un peu
la production de façon que les gens aient un prix raisonnable pour leur
produit.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 11 tel qu'amendé est adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 12.
M. Perron: Adopté tel qu'amendé, M. le
Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 12 se
lit comme suit: "La personne qui désire obtenir un permis doit en faire
la demande par écrit au ministre et lui fournir: 1° une
déclaration attestant de son admissibilité; 2° une
description de l'érablière faisant l'objet de la demande; 3°
la description et la localisation des chemins et bâtiments existant ou
qu'elle entend construire; 4° les renseignements relatifs à la
culture et à l'exploitation de l'érablière
déterminés par le gouvernement par voie réglementaire."
Cet article élimine une partie des règlements prévus
à l'ancienne loi 116 et tient compte des commentaires reçus en
commission parlementaire.
En même temps, on précise les conditions du permis et on
obtient les renseignements jugés nécessaires pour
l'émission du permis d'intervention.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci. Est-ce qu'il existe des cas où des
érablières sont localisées dans des endroits où
elles se trouveraient en concurrence avec l'industrie forestière?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est
justement pour cela. Ces érablières, on les réserve pour
la production de sève. Il y a une espèce de conflit. C'est un
choix qu'on fait, c'est sûr. Il y a d'autres cas où les
exploitants forestiers peuvent couper de l'érable où il n'y a pas
eu de décision d'affecter ces forêts d'érables à la
production de sève. C'est un choix. Généralement, dans les
secteurs où il y a beaucoup d'érables, on le réserve pour
la production de sève.
M. Claveau: D'accord. Ce qui retient mon attention, c'est
l'aspect des infrastructures et la localisation des chemins, bâtiments,
etc. Dans les cas actuels où il y a des érablières
où on exploite la sève et qui se trouvent sur des concessions
forestières, est-ce qu'il y a des ententes qui existent avec les
producteurs forestiers pour l'utilisation des chemins, des ponceaux, etc.?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À notre
connaissance, M. le député, il n'y a pas actuellement
d'érablière louée pour fins de production de sève
chez les concessionnaires.
M. Claveau: D'accord. C'était le but de ma première
question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On revient
à ce qu'on a discuté cet après-midi. Actuellement le
concessionnaire est le propriétaire de toutes les essences d'arbres.
M. Claveau: Alors, il faudrait que ce soit lui qui exploite ses
érables.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. M.
Claveau: Mais dans le cas présent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II peut le faire,
il peut le faire.
M. Claveau: Mais dans te cas où cela ne sera plus le
cas... C'est embêtant à dire, mais c'est ce qui va arriver
pareil.
Une voix: Cela va être dur à expliquer.
Pourriez-vous nous expliquer cela un peu?
M. Cannon: Dans le cas où cela ne sera plus le cas! Dans
les circonstances.
M. Claveau: Pour bénéficier du savant vocabulaire
de mon collègue de La Peltrie: dans les circonstances où cela ne
sera plus le cas. À partir de l'application du nouveau projet de loi
où on abolit le principe du concessionnaire propriétaire de
l'arbre sur pied, on peut imaginer qu'on va se retrouver dans des situations
où il va y avoir des zones intéressantes à exploiter en
tant qu'érablière et qu'il devra partager les frais d'entretien
de chemin et les infrastructures avec les concessionnaires forestiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va devenir
une érablière pour la production de sève.
M. Claveau: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II se peut qu'il y
ait chez les concessionnaires actuels des érablières qui seront
éventuellement louées ou exploitées pour ces fins. Cela se
peut. Évidemment, il ne pourrait pas partager les frais de chemin avec
un exploitant forestier parce que l'érablière va être
réservée pour les fins de production de sève, pas pour
d'autres fins. Ce sera un choix qu'on aura fait. On aura affecté la
forêt à cette production.
M. Claveau: Oui, mais quand on prépare un projet de loi on
essaie d'éliminer au maximum les risques de conflits potentiels.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: Le ministre dit que ce sont des hypothèses,
mats que cela peut arriver. S'il me dit que cela ne peut pas arriver, on ne se
posera pas de question. Mais il me dit que cela peut arriver. À partir
du moment où cela peut arriver, il faut être conscient de la
possibilité de conflit dans l'utilisation, entre autres, des chemins
forestiers. C'est le cas actuellement par rapport au bois de chauffage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais j'ai
mentionné au député de Roberval, il y a quelques instants,
qu'on parlera des chemins forestiers un petit peu plus loin dans la loi. C'est
prévu dans la loi pour ces fins là et d'autres fins. On partage
l'usage des chemins forestiers.
M. Claveau: Vous comprendrez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je comprends votre
préoccupation.
M. Claveau: Je veux juste compléter pour situer le
débat. Entre autres, l'utilisation des chemins pour l'accès aux
érablières se situe dans la période de l'année
où il y a le plus de dommages qui sont faits aux chemins forestiers. Le
printemps lors du dégel, les chemins défoncent, comme on dit. Il
pourrait y avoir des conflits.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 12? M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, puisqu'on parle au
troisième alinéa de l'article 12 de construction, est-ce que la
personne qui construit a un droit automatique pour la coupe des érables
où s'il y a dans le règlement ou dans la loi des choses
prévues à cet effet?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, l'article 13 qui suit répond à cette
question. Je vais vous le lire: "Le permis autorise son titulaire à
cultiver et à exploiter l'érablière qui y est
décrite et à faire les travaux nécessaires à cette
fin, conformément aux normes que prescrit le gouvernement par voie
réglementaire, pour l'entaillage des érables et pour les autres
travaux requis par cette culture et cette exploitation." Cela ne lui permet pas
de couper des érables pour fins de déroulage et fins de sciage.
Pour vendre, c'est ce que cela veut dire. "Le permis indique, le cas
échéant, la destination du bois récolté dans
l'érablière - parce qu'il peut s'y trouver des résineux
à l'occasion - à l'occasion de l'application de traitements
sylvicoles destinés à favoriser la production de sève."
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Perron: Effectivement, cela répond à une partie
de ma question. Mais cela m'amène à une autre question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
suivant.
M. Perron: Ce pourrait être un des articles suivants. Il
arrive fréquemment qu'il y ait des commerçants de bois de
chauffage dans des régions comme Sept-Îles ou l'Abitibi, dans le
nord, où il n'y a que des épinettes et pas d'érables.
Est-ce que ce sont des permis spéciaux? On nous arrive avec du bois de
chauffage et c'est de l'érable. Est-ce qu'à cet effet des permis
spéciaux sont émis par votre ministère? On sait
très bien qu'au moment où on se parle il y a
énormément de problèmes face aux érablières
existantes, pour toutes les raisons...
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai vécu onze ans en Abitibi. Il existait une
érablière, en Abitibi, près de Val-d'Or, louée pour
fins de production de sève. II n'y avait pas de coupe de bois de
chauffage d'autorisée sur cette érablière. J'ai
chauffé au bois pendant ces onze ans et je n'ai jamais vu une
bûche d'érable dans ce coin-là.
M. Perron: En tout cas, je peux faire une affirmation ici: il y a
des vendeurs, des commerçants de bois qui vendent de l'érable sur
le marché.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils le prennent
dans le Témiscamingue, probablement.
M. Perron: Ils ne prennent sûrement pas ce bois-là
dans le Témiscamtngue pour le transporter à
Sept-îles.Î
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. J'ai
parlé de l'Abitibi, M. le député.
M. Perron: Non, mais j'ai dit: vu qu'il n'y a pas tellement
d'érable dans ces régions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a des
producteurs de bois de chauffage qui coupent de l'érable aussi, mais,
souvent, c'est sur des terrains privés, sur des érablières
privées. Ce sont des coupes de nettoyage qu'ils font dans leur
érablière. Ils récoltent de l'érable, c'est
sûr. Ce ne sont pas des permis pour bois de chauffage émis
à l'intérieur d'un permis d'intervention pour fins d'exploitation
de sève du ministère. Ce sont peut-être des coupes
illégales. Cela peut venir de la forêt privée aussi. Dans
mon comté, il y en a beaucoup qui viennent de la forêt
privée.
M. Perron: Puisque vous parlez de coupe d'éclaircissement
dans les érablières...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
traitement sylvicole. C'est autorisé en vertu de l'article de loi, mais
ce n'est pas pour des fins de commerce. Généralement, une
personne va couper de l'érable pour chauffer sa cabane.
M. Perron: Pour le moment, c'est tout pour moi.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Ma question avait trait à la coupe
d'éclaircissement qui peut se transformer en coupe commerciale.
Le Président (M. Théorêt): On y a
répondu. Est-ce que l'article 12 est adopté?
M. Perron: Après ces éclaircissements, M. le
Président, c'est adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'attire votre attention sur le fait qu'il est 17 h 59. S'il y a consentement,
je vais suspendre les travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
pour l'étude détaillée' du projet de loi 150, Loi sur les
forêts. J'appelle maintenant l'article 13. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 13 se
lit comme suit: "Le permis autorise son titulaire à cultiver et à
exploiter l'érablière qui y est décrite et à faire
les travaux nécessaires à cette fin, conformément aux
normes que prescrit le gouvernement par voie réglementaire, pour
l'entaillage des érables et pour les autres travaux requis par cette
culture et cette exploitation. "Le permis indique, le cas
échéant, la destination du bois récolté dans
l'érablière à l'occasion de l'application de traitements
sylvicoles destinés à favoriser la production de sève. Il
indique également les autres conditions particulières que le
ministre détermine."
Cet article n'a pas de concordance avec ce qui existait auparavant, car
c'était réglementaire au complet. Il vise à obtenir un
meilleur rendement des érablières et à éliminer les
pertes indues de matières ligneuses en spécifiant sa destination
- je fais un peu allusion à cet après-midi lorsqu'on a
parlé de bois de chauffage ou d'autres bois de sciage. Le permis
d'intervention d'érablière ne donne pas un permis d'exploitation
de matière ligneuse comme telle, mais il donne l'autorisation de faire
des travaux sylvicoles pour en favoriser la culture.
M. Baril: Je m'excuse, M. le Président, on m'a
invité à souper avec le Président...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Abitibi-Est, il nous serait très agréable
que vous fassiez partie de la commission pour autant que vous pourrez
éteindre votre cigare.
M. Baril: Est-ce que cela sent déjà? Je n'ai
même pas tiré une touche.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Ouplessis.
M. Perron: M. le Président, en gros, l'Opposition est
d'accord avec cet article 13. Il y a seulement une chose que je voudrais
demander au ministre. Est-ce qu'il pourrait nous informer de la teneur
générale du règlement dont il est fait mention au premier
paragraphe et peut-il le déposer au cours des prochains jours en
commission?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, j'ai
mentionné durant la journée au député de Ouplessis
que nous déposerons un synopsis des règlements.
M. Perron: D'accord. Merci. L'autre question, au deuxième
paragraphe, lorsqu'on mentionne la production de sève à la fin du
deuxième paragraphe, pourquoi ne pas mentionner la production
d'érable? Est-ce qu'on produit de la sève? Tous les
érables produisent de la sève?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, on récolte de la sève. C'est de la production
de sève qui est transformée, après avoir bouilli,
après évaporation, en sirop et, si l'évaporation se
continue, en sucre d'érable. Mais on récolte de la
sève.
M. Perron: Si on relit le deuxième paragraphe de l'article
13, "le permis indique, le cas échéant, la destination du bois
récolté dans l'érablière à l'occasion de
l'application de traitements sylvicoles..." Puisqu'on parle de traitements
sylvicoles, de la façon dont je le vois, on devrait plutôt
inscrire la production d'érable, la production de l'arbre. Je ne parle
pas de la sève.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Perron: Je ne parle pas de sirop d'érable non plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
traitement pour favoriser la croissance de l'érablière et pour
favoriser la production de sève, un traitement sylvicole qui est fait
dans ce sens. Le traitement sylvicole peut comporter la coupe de certains
arbres pour le dégagement et pour favoriser un meilleur feuillage, une
meilleure cime des érables qui produiront plus de sève. C'est
tout cela. Ce n'est pas destiné à la production de matière
ligneuse.
M. Perron: D'accord. Merci, M. le Président.
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 13 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 14. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 14 se
lit ainsi: "Le territoire sur lequel porte le permis est d'au moins 10 hectares
et d'au plus 25 hectares."
Il n'y a pas de référence au passé mais l'objectif
de cet article est de préciser la superficie minimum et maximum d'une
érablière pour un premier permis et de s'assurer d'une bonne
gestion de l'exploitation de cette érablière au tout
début, étant donné que c'est un premier permis.
M. Perron: Le premier permis sera-t-il délivré pour
douze mois?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Plus loin on
verra, M. le député, que le permis est délivré pour
une durée je dirais indéterminée qui peut se prolonger si
le permissionnaire a obtenu un prêt du Crédit forestier tant et
aussi longtemps...
M. Perron: Vous parlez de l'article 16. M. Côté
(Rivière-du-Loup): Je n'y suis pas rendu. Il peut se prolonger,
oui.
M. Perron: En vertu de l'article 16?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est
cela.
M. Perron: Le premier permis est-il émis, à ce
moment, pour douze mois? C'est la question que je me posais lorsque j'ai
regardé cela en rapport avec l'article 16.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est un
permis d'intervention d'au plus douze mois,
M. Perron: Comme il est prévu dans un article
antérieur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est
renouvelable, par exemple. Si l'exploitant a obtenu un prêt du
Crédit forestier, le permis peut être prolongé pour la
durée du prêt du Crédit forestier de façon à
lui permettre de rembourser le prêt qu'il a obtenu.
M. Perron: D'accord. J'ai une question à poser sur cela.
Dans le règlement de la Loi sur les terres et forêts concernant
les permis de culture et d'exploitation des érablières sur les
terres publiques, à l'article 4, il est mentionné ce qui suit:
"La superficie attribuée à un même permissionnaire ne peut
être inférieure à un hectare et être
supérieure à 40 hectares - et je poursuis - la superficie
maximale pouvant être attribuée à un même
permissionnaire est de 150 hectares dans le cas d'une corporation, d'une
société ou d'une association corporative." La question que je me
pose et à laquelle je voudrais que le ministre réponde, c'est:
Pourquoi ce changement aussi radical lorsqu'on passe d'un hectare à 10
et qu'on passe de 40 hectares à 25 hectares? Pourquoi un ajustement
aussi prononcé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
répondre, à ce qu'on sache, au plus grand nombre de demandes
qu'on connaît. Aussi, j'aimerais proposer au député de
Duplessis et à cette commission un amendement à l'article 14.
M. Perron: Est-ce qu'on peut avoir l'amendement, M. le
Président?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. On dit:
L'article 14 du projet de loi est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: "Toutefois, dans le cas où la personne
admissible exploite déjà une érablière dans une
forêt adjacente dont elle est propriétaire, le territoire sur
lequel porte le permis peut être inférieur à 10 hectares,
pourvu que la superficie du territoire sur
lequel porte le permis et celle du territoire de la forêt
privée où il exploite une érablière totalise au
moins 10 hectares."
Cet amendement vise à tenir compte de la pratique administrative
actuelle.
M. Perron: Consolidation aussi, je présume.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est cela,
M. le député, cet après-midi, on a mentionné que
souvent les érablières du domaine public étaient
adjacentes à des érablières du domaine privé. Cela
tient compte de cette réalité.
Le Président (M. Théorêt): Ce ne sera pas
long, M. le député de Duplessis, on va arriver avec les copies
des amendements que le ministre va proposer ce soir. On vous les distribuera
pour que vous les ayez en mains.
M. Perron: J'ai une question à poser en attendant
l'amendement. En ce qui concerne le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, est-ce qu'on a des lots se rapportant
directement aux érablières et qui sont encore sous sa
juridiction? Si c'est le cas, de quelle façon le ministre va-t-il
récupérer ces érablières qui sont sous la
juridiction du MAPAQ, s'il veut l'application intégrale de son article
de loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le
député de Duplessis se souvient exactement - je n'étais
pas au gouvernement dans le temps -le moratoire avait été
décrété conjointement avec le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de façon
à tenir compte de la surproduction et des prix obtenus lors de la
production de sucre ou de sirop d'érable. Le moratoire a
été levé conjointement avec le ministère de
l'Agriculture. L'émission de permis d'érablières sur les
terrains publics relève du ministère des Forêts. Mais tout
cela se fait en collaboration, comme dans le passé, avec le
ministère de l'Agriculture. Je n'ai pas de chiffres sur les
érablières qui pourraient être sur les terrains relevant du
ministère de l'Agriculture.
M. Perron: Maintenant, si on veut parler de loi forestière
qui régit l'ensemble de nos forêts du Québec, et
puisqu'à l'intérieur du projet de loi 150 on a justement, non pas
un chapitre, mais une section qui inclut les érablières,
'pourquoi pas, à ce moment-là, faire en sorte que toutes les
érablières du Québec soient sous la juridiction du
ministère des Forêts qui est créé par le projet de
loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est que j'ai la
conviction que toutes les érablières qui sont sur forêts
publiques relèvent du ministère des Forêts. Le
ministère de l'Agriculture a encore des lots sous sa juridiction. Tout
dernièrement, avec mon collègue du ministère de
l'Agriculture, nous avons convenu d'examiner, dans le cas des lots
intramunicipaux, toute la question soulevée par le député
de Duplessis.
M. Perron: Lorsqu'on parle de lots qui appartiendraient au
ministère de l'Agriculture, cela fait partie du domaine des terres
publiques.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
député.
M. Perron: Maintenant, pour faire en sorte que les choses soient
très claires concernant la loi 150, lorsque celle-ci sera
sanctionnée est-ce que le ministre a l'intention de faire des
représentations positives pour obtenir, dans les faits et d'une
façon qui pourrait être interprétée
légalement à l'intérieur du projet de loi que nous avons
devant nous, les terres où sont certaines érablières, mais
qui sont sous la juridiction du MAPAQ?
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il existe des
forêts d'érablières sous juridiction du ministère de
l'Agriculture, c'est mon intention d'en discuter avec le ministre Pagé.
Tout dernièrement, nous en avons discuté de ces terrains, de ces
lots et s'ils viennent sous ma juridiction, évidemment, ces
érablières seront régies par la loi 150, elles seront
régies par cette loi.
M. Perron: D'accord. Maintenant, est-ce que ces terres vont vous
être transférées cas par cas, ou si ce ne serait pas une
meilleure idée que dans les faits le ministère des Forêts
les récupère totalement puisque cela concerne les
érablières.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas
présumer du résultat de l'étude que nous ferons
conjointement. Je crois que le député a raison de dire que cela
devrait être sous le même chapeau. J'endosse...
M. Perron: Êtes-vous capable de brasser votre ministre un
peu, l'autre ministre, pour qu'il dise oui, même avant qu'on ait
terminé en commission parlementaire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je ne peux
pas présumer du résultat de l'étude. On va examiner
ensemble cette question, et si le ministre de l'Agriculture décide de me
les transférer, évidemment, cela se fera par décret et les
érablières existantes du ministère de l'Agriculture seront
sous cette loi là.
M. Perron: Maintenant, le ministre
vient de nous dire que si jamais il y a des transferts
d'érablières qui sont actuellement à l'Agriculture...
Elles passeraient à son ministère par décret. Quel est
l'article, dans le projet de loi 150 ou encore dans la législation
concernant le ministère de l'Agriculture, qui permet par décret,
de transférer les terres en question? Est-ce qu'on ne parlerait pas
éventuellement du projet de loi 102?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est la loi des
terres actuelle parce qu'il s'est fait des transferts entre les deux
ministères. Cela existe déjà.
M. Perron: Donc, la loi actuelle pourrait permettre ça. On
parle de la Loi sur les terres et forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, la Loi sur
les terres et forêts le permet. Il y a eu de ces transferts-là
à ma connaissance.
M. Perron: II ne faut pas oublier que je viens de mentionner
justement le projet de loi 102 qui contient un article qui permettrait
d'établir les mécanismes en fonction de chacun des
ministères concernés par les terres publiques.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, cet article-là évitera le décret
dont j'ai fait mention précédemment dans la Loi sur les terres et
forêts.
M. Perron: Jusqu'à un certain point, il existe
actuellement des terres qui sont entre le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et les terres et forêts, ce
qu'on appelle la catégorie 3. Qu'est-ce qui arrive sur ces
questions-là? À propos des terres en friche, par exemple?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai aucune
idée, M. le député.
M. Perron: Comme ce sont des terres en friche, lorsque l'on parle
de la catégorie 3, est-ce que le ministre a l'intention, puisqu'il n'a
aucune idée actuellement de ce qui arriverait à ces
terres-là qui sont entre les deux ministères pour lesquelles on
ne sait pas au juste sous quelle juridiction elles sont, d'aller chercher cette
partie-là pour que ça devienne sous la juridiction du ministre
délégué aux Forêts? Puisqu'on parle de terres en
friche, cela veut dire que ce sont des terres qui, éventuellement,
pourraient par le biais du reboisement devenir de juridiction
forestière.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Elles pourraient
être reboisées avec la permission du ministère de
l'Agriculture, en raison de la loi du zonage agricole et toutes ces
contraintes-là.
M. Perron: Donc, le ministre n'a pas l'intention de placer ces
terres sous sa juridiction.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais on va
prendre le temps d'examiner cette question-là. Cela fait partie de
l'étude conjointe avec le ministre de l'Agriculture, étude dont
je vous ai parlé.
M. Perron: Est-ce que dans l'étude dont vous parlez, M. le
ministre, il y a d'autres catégories de terres qui sont en discussion
avec d'autres ministères pour leur rapatriement sous votre
juridiction?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pas pour
l'instant, M. le député.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, l'étude en question
ne porte strictement que sur les terres propres à l'agriculture et cela
inclut les terres de la catégorie 3 et les érablières.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Possiblement les
érablières s'il y en a.
M. Perron: Une dernière question là-dessus, M. le
Président. Lorsque j'ai posé la question au ministre se
rapportant au fait que dans le règlement actuel on parle d'un hectare
qui passe à dix et de 40 hectares qui passent à 25, le ministre
m'a répondu que c'était pour rencontrer le maximum de demandes
actuellement en plan. Est-ce que le ministre peut nous dire combien de demandes
sont en attente au moment où l'on se parle?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. te
député, j'ai l'impression que ce sont plusieurs centaines de
demandes, mais je pourrai m'informer au ministère et vous donner la
réponse exacte.
M. Perron: Oui, s'il vous plaît! M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement de l'article 14, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: Bon, d'accord. Amendement adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Amendement
adopté. Est-ce que l'article 14 tel qu'amendé est
adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
maintenant l'article 15. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Article 15. "Le
titulaire d'un permi9 qui exploite une érablière à des
fins de production commerciale de sève et qui a obtenu un prêt en
vertu de la Loi favorisant le crédit forestier par les institutions
privées (L.R.Q., chapitre C-78.1) a droit au renouvellement de son
permis annuellement, jusqu'à concurrence du terme du prêt, tant
qu'il se conforme aux conditions de son permis d'intervention et qu'il acquitte
les droits prescrits."
C'est ce dont on a parlé tout à l'heure pour le
renouvellement annuel des permis d'exploitation d'érablières.
M. Perron: J'ai seulement une question pour m'assurer de
certaines choses. M. le Président, le ministre ainsi que ses
collègues ministériels savent très bien qu'au cours de la
journée, nous avons discuté énormément des fameux
mots "prescrits" et "exigibles". Est-ce que le ministre peut m'assurer que le
mot "prescrits", actuellement à l'article 15, est le bon?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, c'est correct. Â cet endroit, c'est le bon.
M. Perron: Vous pouvez m'assurer celai M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui.
M. Perron: Je vais seulement relire l'article, M. le
Président, et après cela... Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 16. M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 16 se
lit comme suit: "Lorsqu'un permis est renouvelé pour la deuxième
fois, le ministre peut, selon la demande du titulaire, augmenter la superficie
du territoire sur lequel il porte jusqu'à concurrence d'une superficie
totale de 50 hectares, si le titulaire remplit les conditions suivantes: 1°
il exploite l'érablière sur 90 % ou plus de sa superficie depuis
au moins deux ans; 2° il a complété, au plus tard dans
l'année du premier renouvellement de son permis, les travaux
prévus au paragraphe 3° de l'article 12.."
C'est une disposition nouvelle, MM. les députés,
prévoyant le renouvellement aux conditions spécifiques. Je crois
qu'elle est à point puisque, autrement, quelqu'un pourrait louer de
grandes superficies sans les exploiter et cela empêcherait l'exploitation
optimale de nos érablières.
M. Perron: Si je comprends bien, le ministre vient de nous
confirmer que c'est une disposition tout à fait nouvelle par rapport aux
lois existantes et par rapport à la réglementation existante.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qui fixe les
conditions de renouvellement.
M. Perron: Les deux conditions?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Plutôt
que d'en faire un règlement, on l'a inscrit dans la loi.
M. Perron: J'en suis très heureux, M. le Président.
Cela va faire une partie de règlement de moins.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je
l'apprécie grandement.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 16...
M. Perron: Un instant, M. le Président. Si je comprends
bien, lorsqu'on parle, dans le premier paragraphe de l'article 16, d'un permis
à renouveler pour la deuxième fois, il faut d'abord comprendre
que le premier permis est là pour une année et par la suite on
peut prolonger ce même permis, mais augmenter en même temps le
nombre d'hectares pour le faire passer de 25 à 50 aux deux conditions
qui y sont mentionnées, c'est-à-dire, selon la permière
condition: dans la mesure où il exploite l'érablière sur
90 % ou plus de sa superficie depuis au moins deux ans. (20 h 30)
M. le Président, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas
quelque part, parce qu'on passe de 25 à 50: On dit que le permis est
émis pour une année et là on parle de deux ans. Quelle est
la raison pour laquelle on passe à 50 hectares, en partant de 25
jusqu'à 50 hectares?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parce que le
permissionnaire avait fait ses preuves, il était capable d'exploiter une
érablière correctement. C'est dans le but d'éviter qu'on
immobilise de grandes superficies, de grandes érablières sans les
exploiter.
M. Perron: Cela, je présume que c'est pour autant qu'il y
a des lots disponibles à exploiter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est toujours
basé sur la possibilité de la forêt. On l'a dit
précédemment.
M. Perron: Maintenant, dans l'ajout des 25 hectares, est-ce que,
dans la réglementation, il est possible que les 25 hectares
additionnels puissent se situer à plusieurs kilomètres du
premier endroit d'exploitation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, ce n'est pas
dit qu'ils étaient nécessairement adjacents. Ils peuvent
être à distance, oui. Généralement, ils ne sont pas
tellement loin et souvent adjacents, plus souvent qu'autrement. C'est le
demandeur qui y voit son intérêt, d'agrandir.
M. Perron: Une question, pour être sûr du premier
paragraphe de l'article 16. Lorsqu'on dit: Lorsqu'un permis est
renouvelé pour la deuxième fois, cela veut en fait dire, par
sous-entendu, que le permis a déjà été
renouvelé pour une deuxième fois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II a
été émis, il a été renouvelé et
après cela il est renouvelé une deuxième fois.
M. Perron: C'est là que j'ai de la misère à
comprendre: la deuxième fois du premier paragraphe par rapport à
ce qui est mentionné au premier alinéa, lorsqu'on dit: au moins
deux ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quelle est la
question, M. le député?
M. Perron: Non, non, c'est correct, M. le Président, cela
va. Je viens de piger.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 16 est adopté?
M. Perron: Et maudit! M. le Président, que vous êtes
pressé.
Le Président (M. Théorêt): Non, non, je suis
ici jusqu'à minuit, M. le député de Ouplessis. Soyez
très à l'aise.
M. Perron: Simplement un petit instant. Adopté, M. le
Président.
Utilité publique
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 17. M. le ministre délégué
aux Forêts. Il y a un amendement qu'on peut faire circuler, messsieurs
les députés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 17 se
lit comme suit: "Le ministre accorde à un organisme public ou à
une société qui exploite une entreprise d'utilité publique
et qui en fait la demande par écrit un permis d'intervention."
L'amendement que je propose à cet article se lit comme suit: "L'article
17 est modifié par le remplacement dans la première ligne du mot
"accorde" par le mot "délivre" et du mot "société" par le
mot "personne".
Une voix: Adopté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Commentaire: La
première correction est destinée à assurer
l'uniformité de la terminologie en matière de délivrance
de permis; on en a parlé cet après-midi, c'est la
troisième ou quatrième fois que cela revient. La deuxième
correction élimine l'ambiguïté que comportait l'usage du
terme "société". Une personne physique ou une personne morale
peut exploiter une entreprise publique.
M. Perron: Dans la définition que le ministre donne au mot
"personne" qui remplace le mot "société", personne veut dire
personne morale ou individu.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ou physique.
M. Perron: Ou physique. J'aurais une question et, ensuite, mon
collègue de
Roberval va intervenir. Est-ce que dans les cas d'utilité
publique, il y a des exclusions qui sont prévues ou si c'est l'ensemble
des utilités publiques qui vont pouvoir se prévaloir de l'article
17?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas
d'exclusion à l'article 17.
M. Perron: II n'y a pas d'exclusion?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, il n'y a pas
d'exclusion. C'est cela ou ce n'est pas cela.
M. Perron: Donc, c'est l'ensemble de toutes les utilités
publiques.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont des
entreprises d'utilité publique. Quand elles touchent à la
forêt, quand elles coupent des arbres, c'est nécessaire d'avoir un
permis d'intervention, comme pour Hydro-Québec, les compagnies de
téléphone...
Une voix: De gaz, d'aqueduc.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est
cela.
M. Perron: II arrive, dans certains cas..
M. Côté (Rivière-du-Loup): À moins
qu'on exclue les partis politiques.
M. Perron: Non, non, je suis tellement démocratique, M. le
Président, que je ne voudrais pas voir le Parti libéral
être exclu de notre système, parce que j'ai hâte de le
battre aux prochaines élections, tout en espérant que le ministre
va nous être utile aux prochaines élections.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: Dans l'hypothèse où une papetière
voudrait construire un aéroport, une piste d'atterrissage, est-ce que
cette demande serait considérée comme utilité
publique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, une
papetière n'est pas une entreprise d'utilité publique. Cela ne
rejoint pas l'émission des permis d'intervention pour fins
d'utilité publique. On émettra probablement un permis mais pas
désigné à une société... Ce sera un autre
domaine pour régler ce problème, mais pas avec l'article 17.
M. Perron; Pour le ministre, ce n'est pas considéré
comme étant d'utilité publique. Je cède la parole à
mon collègue de Roberval.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela deviendra un
aéroport privé, M. le député. Si une
papetière construit un aéroport, ce n'est pas un aéroport
public.
M. Perron: M. le ministre, vous admettrez que cela peut
être un projet qui provient d'une entreprise privée mais qui peut
demeurer sur une terre publique quand même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Perron: Écoutez, à l'île d'Anticosti, on a
construit un aéroport à l'autre bout de l'île, à
l'est de l'île et le fond de terrain n'appartient pas à la
pourvoirie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela n'a aucun
rapport avec le fond de terrain. On peut donner un permis d'intervention
à une compagnie de téléphone pour couper des arbres pour
passer une ligne, mais le fond de terrain peut appartenir encore à
l'État.
M. Perron: D'accord. Donc, j'avais mal interprété
ce que m'avait dit le ministre en réponse à ce que je lui avais
demandé.
Le Président (M. Théorêt): M, le
député de Roberval.
M. Gauthier: Toutes mes questions ont été
posées quasiment. Je voulais simplement demander au ministre
concernant... Je vois l'article et j'imagine que cela peut avoir des
implications énormes. Je pense à une ligne
hydroélectrique, une ligne importante de haut voltage, cela demande une
surface extrêmement importante. Les questions que je me pose sont
celles-ci: J'imagine que la régle- mentation qui va avec l'article 17
doit être assez élaborée parce que de la manière que
c'est inscrit là, j'ai l'impression que le ministre
décrète, de son pouvoir sans balises, que c'est correct et dit:
Vous trancherez un corridor de tant de large par tant de long. Il y a
certainement des balises quelque part qui indiquent au ministre ce qu'il est
raisonnable et utile de faire pour les besoins de...
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Roberval, les balises sont à l'article suivant,
à l'article 18 qui se lit comme suit: "Le permis autorise son titulaire
à réaliser les activités d'aménagement forestier
requises par les travaux à l'intérieur d'un
périmètre délimité par le ministre." Le ministre va
évidemment décrire les superficies qui vont être
affectées par les travaux d'utilité publique. "Le permis
prévoit en outre la destination du bois récolté."
M. Gauthier: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela couvre
tout.
M. Gauthier: Prenons les deux en même temps. Je veux
demander au ministre s'il s'agit du seul jugement du ministre si les gens
d'Hydro-Québec décidaient demain matin que, pour faire une ligne
de transport d'énergie, au lieu de prendre 152 pieds de large cela leur
en prendrait, tout à fait par hasard, 183 pieds, parce que cela serait
plus commode pour eux d'avoir 183 pieds... Je vais faire un parallèle
avec l'agriculture, M. le ministre, cela va peut-être vous aider à
comprendre le sens de ma question. En agriculture, Hydro-Québec a
négocié avec les producteurs, parce que ce sont des terres qui
appartiennent à des producteurs, certains protocoles d'entente,
certaines manières de procéder, certaines délimitations du
territoire à être exproprié ou en tout cas à
être utilisé. Dans le domaine de la forêt, qu'est-ce qui
baliserait une demande venant d'Hydro-Québec sinon... Dans le cas
présent, j'imagine que c'est strictement le jugement du ministre, je
n'en doute pas, sauf qu'il arrive que, techniquement, des fois, on a besoin de
recourir à des experts. Est-ce qu'il y a une réglementation?
Est-ce qu'il y a des protocoles? Est-ce qu'il y a des choses prévues ou
est-ce que cela sera à la demande? Si Hydro-Québec demande 183
pieds, le ministre dit 183 pieds. Est-ce qu'il y a quelque chose qui encadre
cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a des
procédures qui sont prévues, à savoir des audiences
publiques concernant le corridor où les lignes de transmission vont
passer, en faisant attention à l'environnement et à
différents peuplements de plus ou moins grande valeur. Tout cela est
prévu du côté
environnemental pour protéger les meilleurs sites, les sites
culturels, les sites fauniques, il y en a.
M. Gauthier: Je comprends que, lorsque la loi sur les terres sera
adoptée - parce que j'ai commencé à fouiller dedans - il
appartiendra au ministre à ce moment-là de faire valoir le point
de vue forestier au moment où il y aura des auditions
décrétées par le Bureau d'audiences publiques pour le
tracé d'un corridor, par exemple.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Excusez-moi, M. le
député.
M. Gauthier: Je peux poser ma question à nouveau. Si je
comprends bien ce que vous me dites, le fait qu'il n'y ait pas de
réglementation et tout cela et que le ministre fasse
référence aux normes environnementales, c'est donc dire que la
loi prévoit, en quelque sorte, que le ministre se fera
représenter ou émettra un avis au moment où le Bureau
d'audiences publiques sur tel ou tel projet fera des auditions et le ministre
déposera cela à ce moment-là ou le déposera
à un comité interministériel ou je ne sais où.
Comment cela va-t-i! fonctionner? Au moment où l'on se parle, je crains
que la loi confine le rôle du ministre à un rôle de
signataire d'une demande, sans aucune balise pour permettre au ministre
d'exercer son jugement ou d'exercer une sorte de veto en tant que gestionnaire
et conservateur, en quelque sorte, de la forêt publique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Roberval, les normes d'intervention forestière
sont écrites à l'article 24, plus loin, pour tous les permis
d'intervention. Je me permets d'insister sur le deuxième alinéa
de l'article 24 qui dit: "la protection de l'ensemble des ressources du milieu
forestier;". Si on protège l'ensemble des ressources, on va
évidemment tenir compte des autres ressources et des autres utilisations
telles la richesse faunique et la richesse forestière. Dans le Guide des
modalités d'intervention, il en est fait mention et on l'inscrit dans la
loi pour se baliser correctement dans ces cas-là.
M. Gauthier: En attendant - c'est ma dernière question
là-dessus parce que je sais que le projet de loi 102, c'est un
départage de ces grandes responsabilités - l'adoption du projet
de loi 102, le ministre, dans le cadre actuel, en prenant comme
hypothèse que le projet de loi 102 ne soit pas adopté ou ne le
soit pas avant deux ou trois ans, les lois actuelles permettent au ministre, en
fonction de l'article 24, dont vous me parlez, d'intervenir, de mettre un
holà à certains appétits qui pourraient être
au-delà de la normale des choses et permettent même au ministre,
si je comprends bien, d'indiquer son orientation des normes; de dire à
Hydro-Québec: pour telle ou telle raison, vous allez passer plutôt
à gauche, parce que le ministère des Forêts prétend
qu'il s'agit là d'une zone qui est fragile ou je ne sais pas quoi. (20 h
45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Une zone fragile,
cela va être l'Environnement, zone faunique, cela va être Chasse et
Pêche, qui vont faire des représentations aux Forêts.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: II y aurait peut-être une petite chose, une
dernière petite question. Le ministre qui est chargé de
protéger, peut-être qu'il y a un autre article qui fait
référence a cela en quelque part, ou cela relève
peut-être strictement de l'Environnement, je ne sais trop, mais
Hydro-Québec, entre autres - votre ministre répondra s'il peut ou
s'il a la possibilité de le faire -Hydro-Québec utilise des
herbicides, des choses comme celles-là, dans ses tracés de
lignes, te ministre qui autorise, par exemple, un corridor de 150 pieds de
large au coeur d'une forêt - il n'y a pas moyen de faire autrement - et
l'accorde, comment cela se détermine la... parce que te ministre a le
rôle de la protection de la forêt. HydroQuébec a la
protection de ses lignes et le moins d'entretien possible cela fait bien. Elle
utilise quelquefois des procédés qui sont destinés
à stopper la croissance de la végétation. Il peut y avoir
des incidences importantes sur la forêt à côté.
Est-ce que cela relève de la réglementation du ministère
de l'Environnement ou si le ministre a son mot à dire dans ce genre
d'intervention?
M, Côté (Rivière-du-Loup): Cela relève
du ministère de l'Environnement en ce qui concerne la santé des
personnes. Mais en ce qui concerne la santé de la forêt, si
HydroQuébec utilisait des produits qui mettraient en danger la
forêt, soyez certains qu'on interviendrait, M. le député.
Entre autres, des phytocides pour faire mourir les plantes à feuilles
larges dans un secteur où il y a une érablière, je pense
bien qu'on interviendrait avec l'aide du ministère de
l'Environnement.
M. Gauthier: Ce seraient les règlements, dans le fond, de
l'Environnement qui permettraient, à ce moment, au ministre
d'intervenir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Surtout, oui.
M. Gauthier: C'est bien cela, il n'existe pas à votre
ministère une réglementation qui permette au ministre de dire, en
fonction de
tel ou tel règlement, je... D'accord, cela va pour moi. Il n'y a
pas de problème. Ce serait beau pour moi.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je dois dire au
député de Roberval que je me suis engagé à
travailler étroitement avec mon collègue de l'Environnement pour
établir ou proposer une politique d'usage des pesticides en
forêt.
M. Gauthier: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Une très brève question, M. le ministre.
Mon collègue de l'Opposition n'a pas posé cette question.
J'aimerais savoir, lorsque le ministre délivre un permis d'intervention,
est-ce qu'il y a un tarif chargé généralement, ou est-ce
délivré comme cela, sans tarification?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, il y a
toujours des tarifs facturés lorsqu'on délivre un permis
d'intervention. Que ce soit pour une érablière, c'est
"tarifé". Que ce soit pour des fins d'utilité publique, cela
l'est également.
Le Président (M.Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. On sait que dans le
livre blanc, il était mentionné quelques paragraphes se
rapportant à l'utilisation des pesticides. Je voudrais en lire un en
particulier et par la suite, poser une ou deux très courtes questions au
ministre. Dans le dernier paragraphe de la page 40, il est mentionné: De
plus, le recours aux pesticides s'inscrira dans le cadre d'une politique
d'utilisation des pesticides en milieu forestier qui devra être
élaborée par les ministères de l'Environnement et de
l'Énergie et des Ressources. Cette politique comprendra la nomenclature
de différents produits utilisables au Québec, les conditions
régissant leur application et les éléments du suivi
environnemental approprié.
Le ministre vient de répondre à la question qui lui avait
été posée par le député de Roberval. Le
ministre a mentionné une étude conjointe du ministère de
l'Environnement et de son ministère pour en venir à une entente
quelconque sur l'ensemble de la question des pesticides. Le ministre me
corrigera si je n'interprète pas correctement ses paroles. Le ministre
pourrait-il nous dire où en sont ces études, dans un premier
temps, et vers quelle période on pourrait obtenir des informations se
rapportant au résultat de l'étude en question surtout en ce qui a
trait à l'entente qui pourrait exister éventuellement entre le
ministère de l'Environnement et le ministère des Forêts et
sur les produits qui sont utilisables pour des fins forestières sans
pour autant nuire à l'environnement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est tout cela
qui est à l'étude, M. le député, actuellement. Je
pense bien que d'ici à quelques mois, nous devrions être en mesure
de proposer une politique d'usage des phytocides en forêt pour
éliminer la végétation concurrente afin de protéger
principalement les investissements que le gouvernement et que les compagnies
feront en forêt pour remettre en production nos forêts de
résineux.
M. Perron: Une courte question: Est-ce qu'il existe actuellement
une entente entre les deux ministères sur certains pesticides qui
peuvent être mis en usage?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas
d'entente nouvelle. On a utilisé certains produits avec l'approbation du
ministère de l'Environnement par voie terrestre, actuellement. C'est une
méthode qui n'est peut-être pas aussi sécure qu'on le
prétend. C'est une méthode qui n'est pas aussi efficace qu'on le
voudrait. C'est une méthode qui est assez dispendieuse aussi. On examine
toute cette question actuellement. Le produit qu'on utilise c'est le "Round-up"
qui est largement utilisé en agriculture. Je dirais au
député de Duplessis qu'on utilise 85 % des produits de ce calibre
en agriculture principalement et qu'en forêt, cela peut
représenter environ 4 % ou 5 %, mais une fois en 50 ans. Ce n'est pas
tellement important. Cependant, en agriculture, on l'utilise 10 ou 12 fois par
année à des endroits. Le "Round-up" est homologué par le
gouvernement fédéral. Un produit semblable est homologué
après des examens très sérieux, après des
années de vérifications et d'études. Ce n'est pas nous qui
choisissons ou qui homologuons les produits pouvant être utilisés
à ces fins.
M. Perron: Je remercie le ministre pour ses réponses.
Quant à moi, j'ai terminé. Peut-être qu'un de mes
collègues voudrait intervenir?
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'amendement à l'article 17 est adopté?
M. Perron: Cela va M. le Président, l'amendement est
adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 17 tel qu'amendé est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 18.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je relis l'article
18. "Le permis autorise son titulaire à récolter le volume de
bois requis par les travaux à l'intérieur d'un
périmètre délimité par le ministre. Le permis
prévoit en outre la destination du bois récolté."
Il y a un petit amendement qui se lit comme suit: L'article 18 du projet
de loi est modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne,
après le mot "travaux", des mots "d'utilité publique".
Cette insertion apporte une précision de manière à
limiter la possibilité de délivrer les permis prévus
à l'article 17 aux seules fins d'exécuter des travaux
d'utilité publique.
M. Perron: D'accord, M. le Président. Je crois que les
discussions sur l'article 17 ont englobé en même temps l'article
18. En ce qui nous concerne, c'est adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement de
l'article 18 est adopté. Est-ce que l'article 18 tel qu'amendé
est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Activités minières
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 19. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le ministre
accorde un permis d'intervention au titulaire d'un droit minier qui lui en fait
la demande par écrit aux fins d'exercer les droits que lui
confère la Loi sur les mines." J'aimerais apporter un amendement,
à l'article 19 du projet de loi, qui se lit comme suit: Par le
remplacement, dans la première ligne, du mot "accorde" par le mot
"délivre".
Il s'agit de la correction dont il a été question cet
après-midi quant à la concordance.
M. Perron: M. le Président, l'amendement apporté
à l'article 19 pour changer le mot "accorde" par le mot "délivre"
est adopté en ce qui nous concerne. Ce sera mon collègue du
comté d'Ungava qui interviendra sur les activités
minières.
Le Président (M. Théorêt): Alors l'amendement
à l'article 19 est adopté. Nous passons à l'article 19, M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Le ministre accorde un
permis d'intervention au titulaire d'un droit minier qui lui en fait la demande
par écrit aux fins d'exercer les droits que lui confère la Loi
sur les mines.
Vous savez, M. le ministre, que la Loi sur les mines est
particulièrement large en ce qui concerne les possibilités pour
une compagnie minière d'intervenir de différentes manières
sur les propriétés qui lui sont données ou qui lui sont
concédées par cette loi. J'aimerais savoir s'il y a eu des
discussions avec le ministre délégué aux Mines afin
d'établir toutes les concordances nécessaires entre le projet de
loi actuel et la Loi sur les mines.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mon procureur me
dit qu'il y a des discussions avec la direction des mines et que ce serait
conforme.
M. Claveau: Je sais que le ministre délégué
aux Mines s'apprête à déposer un projet de loi pour une
refonte de la Loi sur les mines. Est-ce que toute la nouvelle démarche y
est comprise?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela a
été coordonné avec le ministre
délégué aux Mines, avec la loi qui s'en vient sur le
ministère des Mines.
M. Claveau: II n'y a pas de problème de ce
côté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Claveau: D'accord. Je suppose qu'avec la nouvelle loi sur les
mines qui sera déposée on verra apparaître un certain
nombre d'articles de concordance qui permettront à la loi actuelle de
s'appliquer. J'ai une certaine préoccupation; vous savez, les
exploitants miniers ce ne sont pas des gens qui sont là
éventuellement pour s'occuper de la forêt. Quand on parle de mines
en général, on parle d'énormément de choses. II y a
de nombreuses interventions différentes dans le domaine minier.
L'article 3, entre autres, de la Loi sur les mines est assez clair sur cela. Je
vais vous le lire. L'article 3 fait référence aux droits
réels qui sont donnés et auxquels s'applique la Loi sur les
mines. "Les droits découlant d'un claim - un claim pour ceux qui ne sont
pas au courant c'est une superficie sur laquelle on a le droit de faire de
l'exploration - d'un permis de mise en valeur, d'un permis spécial, d'un
permis spécial d'exploration, d'un permis d'exploration, de recherche,
de recherche de réservoirs souterrains, d'enfouissement ou de recherche
de saumure, d'un bail d'exploitation, d'un bail à emmagasinement, d'un
bail d'exploitation de saumure, d'un bail minier ou d'une concession
minière sont des droits réels et immobiliers."
Donc, la notion des droits immobiliers était déjà
dans la Loi sur les mines à ce moment. Disons qu'on va commencer par
le
début. Quand on commence une mine, c'est toujours par de
l'exploration. Un individu, quel qu'il soit, moyennant le versement d'une somme
de 10 $ peut avoir un droit exclusif d'exploration sur un site donné.
C'est cela qu'on appelle un claim. Cette personne devra nécessairement
faire un certain nombre d'interventions sur ce territoire qui peut être,
soit dit en passant, en plein milieu d'une très belle forêt et qui
peut même être sur un site qui a été
déjà désigné comme un site de reboisement. Vous
savez M. le ministre, le jalonnement minier se fait à peu près
sur l'ensemble du territoire du Québec. Il s'agit seulement de demander
un claim pour autant qu'on ait des indices suffisants pour croire qu'il
pourrait y avoir du minerai en dessous de la terre. Il y a même beaucoup
de terres agricoles qui sont ainsi jalonnées même si on ne trouve
la roche sédimentaire qu'à 40 ou à 50 pieds en dessous de
la glaise ou de l'humus; il n'y a pas de problème pour cela. Je veux
savoir de quelle façon on va s'assurer que le propriétaire d'un
claim ou le propriétaire d'un droit d'intervention sur un territoire
donné va respecter tout ce qui pourrait être relié au
reboisement et à la mise en valeur du terrain?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je reviens
à l'article 20 où une partie sert à prévenir
certains abus dont a fait mention le député d'Ungava et à
l'article 24 qui nous permet de fixer les normes d'intervention
forestière. (21 heures)
M. Claveau: Je comprends très bien cela, M. le ministre,
sauf qu'il peut se poser des problèmes très concrets. Mettons,
par exemple, qu'aujourd'hui, la semaine prochaine, on décide d'effectuer
les activités de reboisement qui pourraient être elles-mêmes
assez coûteuses sur un territoire précis. Un mois après, un
prospecteur peut-être un peu plus chanceux que la moyenne découvre
que, sur cet endroit-là en particulier, il y a quelque chose
d'intéressant. Pour faire ses preuves, pour faire ses
prélèvements de surface, ses "samples11 comme on les
appelle, il va devoir faire du décapage. Quand on parle de
décapage, de mettre la roche à nue, cela peut se faire de temps
en temps sur des superficies assez importantes. Il peut arriver qu'on aura fait
en fin de compte, le travail d'intervention complètement pour rien; nos
petits arbres vont aller pourrir dans le côté, les racines au
soleil, tandis que notre prospecteur gratte avec son marteau de prospection sur
la roche qu'il a mise à nue. De quelle façon peut-on s'assurer
que de telles anomalies ne se produisent pas'?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela peut se
produire, M. le député d'Ungava et nous serons dans l'obligation
de lui donner un permis d'intervention pour des fins minières comme on
le mentionne à l'article 19 et selon les exigences des articles 20 et
24, avec les normes qu'on lui dictera. Cela peut se produire.
M. Claveau: D'accord. Je comprends que, dans le fond, peu importe
la vocation qu'on aura assignée à un terrain donné,
surtout à un territoire forestier, il reste que le prospecteur minier
aura toujours une priorité sur quelque vocation donnée à
ce territoire, si jamais il découvre un site intéressant, bien
sûr.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous voulez
appeler cela une priorité, cela me va, parce que, évidemment, ces
gens-là ne feront pas cela pour le plaisir de le faire. Ils vont faire
cela parce qu'ils ont espérance de trouver un filon. C'est strictement
pour des fins minières. S'ils se conduisaient autrement, nous serions
obligés de sévir. S'ils se conduisaient sans autorisation, sans
permis d'intervention et pour d'autres fins.
M. Claveau: C'est bien clair, sauf que, pour utiliser un terme du
milieu, un prospecteur peut en pigrasser grand avant de trouver quelque chose.
Le moindre indice peut être bon pour justifier un décapage de
roches, qui peut se faire sur plusieurs centaines de mètres à
l'occasion. Dans les sites qui seront choisis en priorité pour le
reboisement, sera-t-on plus strict ou enfin va-t-on exercer un contrôle
différent de celui qui se fait dans les autres sites où c'est
quand même assez facile d'avoir des permis pour faire du
décapage?
M. Côté (Rivière-du-Loup):
C'est-à-dire qu'on va certainement vérifier si c'est pour
fins minières sérieuses. J'ai jalonné des terrains, des
claims comme vous mentionnez. Je n'ai jamais eu le moyen de faire des travaux
pour d'autres fins que cela. Il est évident que cela comporte des frais
énormes, mais c'est la responsabilité du ministère de
surveiller de façon que ce soit fait strictement pour des fins
minières. Le ministère des Mines émet des droits qui sont
fixés par lui; c'est également surveillé par le
ministère des Mines. Je ne pense pas qu'on puisse craindre des abus
autant qu'on peut l'imaginer de ce côté-là, parce que cela
coûte très cher de faire ces travaux.
M. Claveau: Vous savez, M. le ministre, il ne s'agit pas de
parler d'abus. De toute façon, je ne crois pas que les prospecteurs
fassent des abus non plus, parce que vous avez raison, c'est très
coûteux, mais il s'agit seulement qu'on ait un cas litigieux à un
moment donné, dans un endroit, par exemple, où une compagnie
forestière aurait fait des travaux de mise en valeur dans le but de
retirer des bénéfices supplémentaires, parce que,
comme le ministre le disait, si, par exemple, la compagnie réussit
à faire plus que ce que la loi lui permet comme accroissement de la
possibilité forestière, à ce moment-là, elle aura
une prime. Si par hasard, sur un terrain où elle a fait cela, un
prospecteur arrive ensuite, avec son marteau et sa boussole et découvre
qu'il y a du minerai et que cela doit être classé minier, qui va
dédommager finalement la compagnie forestière qui anticipait des
surplus?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
député d'Ungava peut-il m'indiquer quelle superficie il entrevoit
ainsi...?
M. Claveau: Un claim, généralement, c'est un quart
de mille sur un quart de mille, alors cela commence à en faire un peu.
Certains prospecteurs peuvent facilement avoir 10 ou 20 claims ou un ou deux
milles carrés, un ou deux milles carrés qui peuvent être
décapés, ici et là, dans le but de trouver
éventuellement le meilleur endroit pour l'implantation d'une mine
éventuelle. Alors, on peut s'imaginer que si cela se trouve dans une
zone où un entrepreneur forestier a déjà investi du gros
argent en anticipant des droits de coupe supplémentaires si sa mise en
valeur est supérieure à la norme minimale, il peut y avoir un
congé à moment donné.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a
préjudice et si le détenteur d'un permis minier s'est conduit
incorrectement, il y a toujours des recours possibles dans ces cas, M. le
député. Il y a toujours des recours possibles lorsqu'il y a abus
ou préjudice. Votre bénéficiaire forestier prendra les
moyens pour se faire rembourser ou dédommager.
M. Claveau: Quels vont être ces moyens?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont les moyens
légaux.
M. Claveau: J'ai l'impression qu'il va falloir, surtout dans
l'ensemble des problèmes d'intervention forestière, à
partir du moment où on se donne vraiment une politique de conservation
et de remise en valeur de nos forêts, il va falloir s'établir un
genre d'échelle de priorités si on ne veut pas avoir tout un tas
d'activités superposées qui soient carrément en conflit
l'une envers l'autre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, je vous ai demandé si vous pouviez m'indiquer
quelle superficie cela pouvait représenter. Vous m'avez dit:
peut-être un cas litigieux. On parle d'un cas litigieux où, s'il y
a préjudice, il y aura réclamation en vertu de la
responsabilité civile; il y aura des réclamations légales.
Je ne peux pas...
M. Claveau: Par exemple, dans un secteur comme le mien où
tout est "claimé" partout...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Claveau: ...à partir du moment, M. le ministre,
où la compagnie forestière ne fait qu'exploiter et n'engage pas
de frais de mise en valeur, il n'y a pas de problème. Si un prospecteur
découvre quelque chose d'intéressant n'importe où dans
l'intérieur d'une concession, de toute façon, la compagnie prend
le bois qui lui est concédé là-dessus. Après, le
mécanisme de mise en valeur de la mine peut s'enclencher. Il n'y a pas
de problème, du moins, en théorie. Dans la pratique, il peut y
avoir des problèmes de juridiction en ce qui concerne les chemins
d'accès et ces choses-là, mais en théorie, il n'y en a
pas.
Mais dans un contexte où l'ensemble des concessions
minières dans des secteurs comme Chibougamau-Chapais, par exemple, pour
être plus précis, ou le secteur de Matagami, ce sont des secteurs
où l'ensemble des concessions forestières sont "claimées"
en même temps ou à peu près toutes. Il peut arriver qu'il
se dégage plusieurs cas conflictuels si la compagnie forestière
engage des frais de reboisement dans l'hypothèse d'en retirer des
bénéfices supplémentaires. Car le ministre prévoit
qu'il va y avoir des bénéfices supplémentaires si la mise
en valeur est supérieure à la norme minimale proposée par
Je règlement ou l'entente. On peut imaginer qu'il va s'en faire à
bien des endroits à l'intérieur de cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, je n'ai pas l'impression que ces cas vont être
siqnificatifs au Québec. De plus, vous savez que les terrains
privés ne sont pas soustraits au jalonnement non plus.
M. Claveau: Il y en a, mais avec des ententes avec des fermiers.
Je suis au courant, je connais des cas. Niobec en est un exemple au sujet des
terrains privés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si les
détenteurs de droits miniers causent des préjudices aux
particuliers, qu'est-ce qui arrive? La même chose. Il y a
indemnité.
M. Claveau: Alors, à ce moment, il faudrait que ce soit
prévu quelque part dans le guide des concordances.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le droit
commun. C'est la responsabilité civile.
M. Claveau: Mais dans le cas présent,
est-ce que les préjudices seraient envers le gouvernement qui est
toujours propriétaire du fonds et de la forêt tant que l'arbre
n'est pas coupé, même s'il a juste un pied de haut, ou bien est-ce
que ce serait envers la compagnie qui a fait les travaux de mise en valeur?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela peut
être les deux. Cela peut être envers le gouvernement et cela peut
être envers celui qui a fait des travaux d'aménagement; celui qui
a un préjudice, en somme. Ce n'est pas le voisin.
M. Claveau: En tout cas, je continue à croire qu'il y
aurait avantage à voir un peu plus clairement comment les juridictions
vont se superposer dans ce domaine. Continuons dans la démonstration.
Une des premières exploitations que fait un prospecteur - vous l'avez
dit vous-même, si vous avez déjà eu des claims - c'est la
coupée des lignes. Il y en a un certain nombre. Il y a toute une
réglementation sur les modalités.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans ces
occasions, on coupe le moins d'arbres possible, parce que c'est trop
d'ouvrage.
M. Claveau: Généralement oui, mais est-ce qu'il va
y avoir permis supplémentaire, un autre permis d'exploitation,
finalement, ou un permis de mise en valeur qui sera lié aux arbres que
devra couper le prospecteur?
Une voix: Très bonne question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour l'exercice de
ses droits miniers. On ne dit pas que c'est pour l'exercice de production de
matières ligneuses.
M. Claveau: Oui, mais c'est la même chose, par exemple,
dans le cas où un groupe à but non lucratif va faire une piste de
ski de fond. Pourtant, on prévoit qu'il va lui falloir un permis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
contrôler les permis d'intervention, pour savoir ce qui se passe en
forêt qu'il y a tout cela. Dans certaines occasions, ce n'est pas
tellement pour la remise en production, pour la production de matières
ligneuses, comme pour l'exploitation pour approvisionner une usine.
M. Claveau: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans ces
cas-là, c'est différent. Si un détenteur de droit minier
déboise un terrain pour, par exemple, installer une foreuse ou autre, il
a un permis pour fins minières. Il n'a pas un permis pour fins de remise
en production. C'est pour contrôler tout ce qui passe en forêt.
M. Claveau: Mais, est-ce qu'il va lui falloir un permis pour
couper ce qu'il lui faut pour installer sa foreuse ou pour faire son chemin de
pénétration?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: Un permis spécifique sera émis pour
cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: D'accord. Cela rentre dans la catégorie, je
suppose, des interventions...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour fins
minières.
M. Claveau: ...pour fins minières. Cela va entrer dans
cette catégorie. D'accord. Je pense que c'est bon de le préciser,
parce que les prospecteurs vont se poser des questions eux-mêmes en
premier. Vous savez, un prospecteur, si cela fait 25 ans qu'il fonctionne de la
même façon pour avoir ses droits sur ses claims et si, du jour au
lendemain, on lui dit: Ce n'est plus comme cela que cela fonctionne, il va
peut-être se poser des questions. Il est en droit de le faire.
Vous savez, la Loi sur les mines touche aussi - on appelle cela "les
mines et carrières" - tout ce qui s'appelle exploitation minérale
quelle qu'elle soit, y compris les tourbières. Là, il y a
peut-être un problème particulier car, vous savez, lorsqu'on
exploite une tourbière, on ne coupe pas nécessairement les arbres
en fonction de la régénération de la forêt et cela
prend des superficies assez grandes à l'occasion.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si quelqu'un
exploite une tourbière, ce n'est pas nous qui allons lui donner le
permis. Ce sera le ministère des Mines.
M. Claveau: Mais, il va lui falloir un permis d'intervention pour
couper les arbres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais, non, il n'y
a pas d'arbre.
M. Claveau: À l'occasion, oui. Je veux dire que ce ne sont
pas nécessairement des forêts denses, mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais s'il
coupe des arbres, il aura un permis d'intervention en vertu de l'article 19 et,
selon l'article 20, on lui indiquera la destination des arbres, des bois
récoltés.
M. Claveau: Je fais un peu le parallèle avec ce que vous
me disiez hier quand on parlait des tourbières et de ces
affaires-là. Tout ce qui avait un certain couvert végétal,
vous nous disiez que c'était de la forêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il n'y a pas
d'arbres, ce n'est pas nous qui allons émettre le permis. Je vous le
dis, parce que le député de Duplessis m'a défendu de
sortir le dictionnaire ce soir.
M. Claveau: C'est cela. Si on s'explique en termes simples, tout
le monde va comprendre. D'accord?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le
silence...
M. Jolivet: II n'était pas là. Des voix: Ha!
Ha!
M. Perron: Parlant de dictionnaire, M. le Président,
est-ce que je peux demander au ministre où il l'a obtenu gratuitement,
pour que je puisse en avoir un?
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava. Allez-y, M. le député, il vous
reste encore quatre minutes et quart.
M. Claveau: D'accord. De quelle façon... Vous dites
succinctement qu'il va falloir qu'une compagnie... Destination des bois. C'est
l'article 20, c'est tout ensemble. Mais on dit qu'une compagnie minière
sur sa concession minière a l'habitude de faire à peu près
ce qu'elle veut. Il y a des concessions minières qui peuvent être
grandes. Une ville comme Chapais est bâtie en entier sur une concession
minière qui appartenait jusqu'à tout dernièrement à
Falconbridge Corporation. Il y a des villes qui relèvent encore des Lois
sur les villes et les villages miniers qui sont en grande partie
indépendantes des lois municipales, entre autres, quand on vend un
terrain dans une ville qui relève des Lois sur les villes et les
villages miniers, quand tu vends un terrain, cela s'en va à ce qu'on
appelle le fonds municipal. C'est la compagnie qui vend le terrain à
l'individu en se gardant toujours un droit d'expropriation. Il y a des villes
entières qui sont bâties comme cela. Cela suppose aussi que la
compagnie n'a pas l'habitude de trop se préoccuper des forêts ou
des arbres qu'il y a sur ses concessions. Comment toute cette affaire va-t-elle
être régie? (21 h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand il existe
une concession minière, évidemment, ce n'est pas dans ta Loi sur
les forêts, c'est quasiment le droit de propriété complet,
comme vous l'avez signalé. Là, je n'ai pas qrand-chose à
dire en tant que ministre délégué aux Forêts. C'est
quasiment un droit de propriété exclusif et vous le mentionnez
dans votre exposé.
M. Claveau: Cela veut dire qu'on fait un aparté dans le
cas des mines où on va faire en sorte que, dans le cas d'une concession
minière, d'un terrain identifié comme étant un terrain
pour l'exploitation minière, le gouvernement, en signant l'entente, se
départit de la propriété des arbres qu'il y a sur ce
terrain. Le gouvernement n'est plus propriétaire de l'arbre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Chaque cas est un
cas particulier, M. le député, dans ces occasions. Cela
dépend des lettres patentes qui ont été émises. Je
m'en remettrais aux procureurs et aux avocats pour fouiller.
Une voix: C'est judicieux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme je vous dis,
cela dépend des lettres patentes. Une concession minière, c'est
quasiment une propriété exclusive, comme vous l'avez
mentionné. Ils vendent des terrains, mais cela arrive parfois que le
bois ne leur appartient pas, sauf qu'ils ont le droit de le couper. Chaque cas
est interprété selon les conditions, les lettres patentes, etc.
Je ne peux pas vous répondre sur cette question.
M. Claveau: Tout à l'heure, on parlait du problème
de conflit quant au reboisement, entre autres, entre un prospecteur et une
compagnie minière, c'est minime, c'est évident. Le
problème peut devenir beaucoup -plus important quand on parle, par
exemple, de l'implantation d'une mine avec une concession minière qui
peut être liée à cela sur un terrain qui aurait
été reboisé à qrands frais. Vous serez d'accord
avec moi pour dire que des concessions minières, c'est suffisamment
vaste à l'occasion. Ce ne sont pas quelques pieds carrés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit qu'on ne
concède plus de concessions minières depuis 1965. Ce sont des
baux, plutôt.
M. Claveau: Un bail minier. Sur le bail, cela ne s'applique pas
de la même façon.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez nous dire comment cela
fonctionne sur le bail minier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Encore là,
M. le député d'Ungava - vous allez bien, il vous reste encore une
minute ou deux - cela dépend des conditions qu'on impose au bail,
j'imagine, et ce sont des questions légales.
M. Claveau: II reste que, quelle que soit la modalité avec
laquelle on va transférer le terrain, les compagnies minières, ce
ne sont pas des exploitants forestiers. On le sait bien et elles ne sont pas
là pour cela non plus. Elles ont besoin d'immenses superficies. Ce qu'on
appelle les lacs à "slam", il y a un autre nom actuellement en
français pour désigner cela, le bassin de sédimentation ou
quelque chose comme cela, ce sont des superficies qui sont souvent
importantes.
Personnellement, j'ai eu connaissance, au cours des dernières
années, entre autres, de conflits face à l'installation de
nouvelles mines surtout en territoires régis par !a convention de la
Baie James. D'ailleurs, je ne sais pas s'il y a des articles de concordance
avec les terres de la Baie James dans le projet de loi, mais ce serait
important d'y penser parce qu'il y a des choses qui ne s'appliquent pas de la
même façon.
On risque de se retrouver, avec l'implantation d'une mine, avec tout ce
que cela suppose d'à côté: si cela se fait sur un terrain
où il y a eu des travaux d'aménagement de faits, on va avoir des
problèmes quant à la concordance entre les deux opérations
qui sont complètement contradictoires. Vous me direz peut-être que
cela ne s'applique pas beaucoup dans la vallée du Saint-Laurent, c'est
clair parce qu'à part de Montauban et de quelques endroits comme cela
où on parle de mines souterraines - je fais exception pour la
région de l'amiante - il n'y a pas beaucoup de mines.
En Abitibi, dans l'Ungava et sur la Côte-Nord, c'est un
problème qui peut être... On parle même des Appalaches dans
ta région de Murdochville. Les conflits éventuels sont
probablement plus nombreux que le ministre peut être porté
à le croire au moment où on se parle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II existe des
possibilités, comme vous le mentionnez, M. le député. Il y
a des résidus de mines qui occupent des territoires de superficie. Je
peux vous en nommer, vous le voyez, le long de la route Val-d'Or-Malartic,
Louvicourt à Val-d'Or. Vous avez des superficies qui représentent
quelques centaines d'acres, c'est le cas, c'est vrai. Si on cause un
préjudice à quelqu'un, les recours légaux existent.
Évidemment, les mines obtiennent un bail.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Excusez-moi, M. le ministre, je ne sais pas si j'ai
interrompu votre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
Une voix: C'est moi qui ai été interrompu.
M. Claveau: C'était ma préoccupation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je la partage.
M. Claveau: Comme je l'ai dit tantôt, à partir du
moment où on coupe, où on laisse la forêt en arrière
et qu'on se dit advienne que pourra, les problèmes ne se posent pas.
Mais si on fait des activités de reboisement, de mise en valeur et qu'on
est obligé de les détruire après, avec l'implantation d'un
site minier, ce n'est intéressant pour personne.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis
d'accord.
M. Claveau: Vous allez peut-être me dire que cela
relève de l'environnement, je ne le sais pas, mais est-ce que le
ministre délégué aux Forêts prévoit des
mécanismes de contrôle en ce qui regarde, entre autres, la
pollution qui émane de la production minière?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
donné la réponse, cela relève de l'environnement. En
collaboration avec le ministre de l'Environnement et le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, nous avons émis un guide d'intervention
en forêt pour protéger certains milieux comme le milieu riverain,
les rives des cours d'eau, certaines aires forestières, les prises des
municipalités. On fera notre devoir sur ces questions, le ministre de
l'Environnement le fera dans son domaine. On lui laissera exercer ses
responsabilités, tout comme celui de la Chasse et de la Pêche.
C'est pourquoi le guide a été présenté par les
trois ministres.
M. Claveau: Cela va pour le moment, je ne sais pas si mes
confrères ont quelque chose à ajouter.
Le Président (M. Théorêt): Vous avez fini, M.
le député d'Ungava?
M. Claveau: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Théoret): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Dans la même veine
que mon collègue d'Ungava, j'ai un petit problème. J'essaie de
voir, parce que j'en ai manqué un bout à partir de l'article 8.
Je dois dire que j'ai fait un survol rapide et j'ai regardé s'il y avait
des amendements, parce qu'il y a un petit
problème qui peut surgir. Par exemple, quant au bois de
chauffage, on décrit exactement ce que la personne peut faire avec son
permis d'intervention. Pour les érablières, c'est la même
chose. Mais pour l'utilité publique et les activités
minières, c'est un peu différent et je voudrais bien qu'on se
comprenne.
À l'article 18 comme à l'article 20 - je pense qu'on va
faire le joint, on peut utiliser les articles 19 et 20 ensemble - on dit: Le
permis autorise son titulaire à réaliser les activités
d'aménagement forestier. Or, nous avions dit hier que les
définitions étaient importantes. Je me réfère
à l'article 3. Qu'est-ce que l'aménagement forestier prévu
en vertu de l'article 3? "L'aménagement comprend l'abattage et la
récolte de bois, l'implantation et l'entretien d'infrastructures,
l'exécution de traitements sylvicoles y compris le reboisement et
l'usage du feu, la répression des épidémies d'insectes,
des maladies cryptogamiques de la végétation concurrente, etc."
Donc, c'est vaste. Ce que mon collègue essaie de faire comprendre au
ministre, c'est qu'il y a deux choses qui peuvent se produire. Dans le cas des
activités minières - et je pourrais le mettre au même titre
que les activités publiques -l'individu vient chercher du bois, qu'il le
veuille ou pas, pour certaines obligations qu'il a de la prendre. Le ministre
dit: Si le bois est apte à la construction des bâtiments pour la
mine, pas de problème, à condition qu'il fasse la preuve que
c'est là. Le cas échéant, comme il le dit, le bois est
envoyé à la destination que détermine le permis,
l'autorisation qui est donnée. Une fois que la personne a coupé
du bois pour différentes activités, est-ce que le permis
prévoit que Ie3 activités d'aménagement forestier requises
sont l'obligation pour l'individu de reboiser, de prévoir la remise en
production du territoire? Le cas échéant, dans les deux cas,
comme utilité publique et pour les activités minières, il
est évident que les gens devront encourir des frais
supplémentaires à ceux qu'on connaît actuellement. Pis
encore, si," comme le dit mon collègue, la compagnie Unetelle ou une
société d'aménagement, peu importe, a déjà
fait des travaux et qu'à la suite d'un droit que possède
l'individu en vertu de la Loi sur les mines elle arrive et détruit
complètement sur son passage des choses qui ont été mises
en terre pour des bénéfices futurs, ou, du moins, l'ensemble des
activités prévues au plan d'intervention que cette compagnie doit
présenter au ministre pour s'assurer qu'elle a bien en vue les objectifs
du plan d'activité d'aménagement forestier, est-ce que le
ministre peut me dire qu'il n'y aura pas de conflit et, s'il y a des conflits,
est-ce qu'il dira au gars, pour régler le conflit: Si tu n'es pas
content, tu iras voir l'article 10 du Code civil, je ne sais trop, 1051...
M. Claveau: Prends-toi un avocat. M. Côté
(Rivière-du-Loup): 1053.
M. Jolivet: II lui dit: Prends cet article. Pourquoi est-ce que
je vous dis cela? C'est parce qu'on a ce genre de problème avec des gens
qui travaillent présentement dans des mines de mon territoire et qui
prétendent qu'Hydro-Québec, en mettant des pylônes sur le
terrain, sur l'assise, est venue détruire les bénéfices
qu'ils entrevoyaient, car le jour où il va aller fouiller soit à
ciel ouvert ou dans le souterrain, le gars va encourir une perte pour
l'investissement qu'il a mis.
Comment allez-vous régler ces problèmes? Vous dites: Comme
ministre délégué aux Forêts, je n'ai pas à
toucher à cela. Il s'occupera de faire valoir ses points en vertu du
Code civil. C'est bien beau à dire, mais les gens se posent des
questions et on vous les pose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 24, M.
le député de Laviolette, prévoit que le titulaire d'un
permis d'intervention, dans l'exercice des activités
d'aménagement forestier, doit se conformer aux normes d'intervention
prescrites par le gouvernement par voie réglementaire. Le guide
d'intervention en forêt prévoit la plupart des cas que vous
mentionnez. On a parlé de gravière tout à l'heure.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on donne un
permis d'intervention pour une gravière, on dit de quelle façon
cela doit se faire. Cela se fait par voie réglementaire pour s'adapter
à chacune des circonstances, à chacune des fins pour lesquelles
un permis est émis.
M. Jolivet: Oui. Vous parlez des normes d'intervention...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous m'avez
demandé s'il devait remettre en production le terrain qu'il
déboisera, à des fins minières, admettons. C'est
prévu, dans le cas des gravières. Si vous voulez regarder
à la page 42 du guide d'intervention, on dit ce qu'on fait avec le
terrain. Le site doit être complètement déboisé
avant d'être mis en exploitation. S'il est complètement
déboisé, on ne lui demandera pas de le reboiser. S'il
l'abandonne...
M. Jolivet: C'est une gravière, M. le ministre. Je ne
parle pas d'une gravière. On peut faire un travail dans la forêt
pour aller chercher des mines. On peut faire un chemin ou n'importe quoi,
mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
gra-vières et les sablières, votre collègue, le
député d'Ungava, disait que cela concernait les mines
également. On parle aussi de mines.
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, cela en
fait partie.
M. Jolivet: D'accord.
M. Claveau: Cela relève de la même
réglementation.
M. Jolivet: Cela va dans les mines.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a une
exploitation de tourbière, c'est la même chose. S'il y avait
certains arbres sur la tourbière, une fois que les arbres auront
été enlevés et qu'il va exploiter sa tourbière, on
ne lui demandera pas de reboiser, c'est bien certain. À l'article 20, il
y aura un amendement qui dira: selon les modalités qui y sont
prévues. Il faudra être logique avec les permis qu'on
émettra.
M. Jolivet: Est-ce que cela sera prévu au permis?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: En vertu de la réglementation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Donc, le jour où elle va entrer là, la
personne saura quelles seront ses obligations une fois qu'elle aura fait la
coupe.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Exactement.
M. Jolivet: Quant à la destination des bois, soit pour les
besoins de ses infrastructures minières, si elle en a besoin, ou pour
les envoyer à l'usine de destination prévue par le...
M. Côté (Rivière-du-Loup): De destination
prévue par le ministre.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'aimerais revenir sur la question de la destination
des bois, M. le ministre. Je ne sais pas si vous conceptualisez comment cela
peut se passer en forêt, mais, si vous avez une mine ou si vous partez
avec une sablière ou une exploitation de terre jaune quelque part, qui
se trouve à 35 ou 40 milles de l'usine forestière la plus proche
et qu'on y coupe l'équivalent de deux ou trois hectares, qui voudra de
ce bois et à que! prix? (21 h 30)
Je vois mal de quelle façon on peut obliger une entreprise
minière à liquider des bois, à offrir des bois à
une entreprise forestière quand... Si vous partez une mine en haut du
lac Mistassini, supposons que c'est dans le projet minier de SOQUEM, dans les
Monts Otiche à 200 kilomètres au nord de Chibougamau, alors que
l'usine forestière la plus proche est à Chibaugamau et qu'il y a
quand même de la forêt intéressante dans ce coin, je ne sais
comment vous allez obliger un entrepreneur forestier ou une compagnie
minière à sortir ce bois pour l'amener à l'usine. Les prix
seraient absolument épouvantables.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est bien
évident que si cela n'a pas de bon sens, on ne le demandera pas, M. le
député.
M. Claveau: Mais dans le projet de loi quelle est la limite entre
le bon sens et le...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont des
limites économiques acceptables.
M. Jolivet: Le problème, M. le ministre, c'est que vous
avez peut-être du bon sens, mais vous ne serez pas toujours
là.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Jolivet: L'autre n'aura peut-être pas de bon sens. C'est
juste une question bien simple.
M. Claveau: En tout cas, à mon avis, M. le ministre, dans
des questions de droit comme cela, le bon sens peut finir en Cour suprême
et cela peut coûter cher à tout le monde.
Une voix: Je comprends.
M. Jolivet: Vous savez, cela tombe plutôt du même
bord.
M. Claveau: II ne s'agit pas uniquement de quelques mètres
cubes de bois, dans bien d'autres conflits qui pourraient intervenir entre les
deux sortes d'industries qui sont vraiment concurrentielles,
diamétralement opposées sur l'utilisation d'un territoire
donné.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne vois pas
pourquoi, M. le député, le ministère des Forêts
serait aussi déraisonnable à l'avenir
alors qu'il ne l'a pas été dans le passé. J'ai fait
du défrichage pour les lignes de transmission d'Hydro-Québec. Il
y a des endroits où c'était impossible de récupérer
le bois pour des fins économiques. Dans ces cas, le ministère a
fait des évaluations et a dit qu'il n'y avait pas d'autre chose à
faire que de le brûler ou de le mettre de côté, de le
laisser sur place.
Je ne vois pas pourquoi on serait déraisonnable à ce
point-là!
M. Claveau: J'ai peut-être pris...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...à
l'avenir si on ne l'avait pas été dans le passé.
M. Claveau: ...l'exemple extrême. Vous me direz que, de
toute façon, les possibilités qu'il se développe des mines
dans ce coin sont faibles, comme je vous le dis. Mais il reste que, dans le
quotidien, sans que ce soit des exemples d'une telle extrémité,
généralement, d'après ce que je peux percevoir,
étant donné le volume de bois qui peut être coupé
par l'entreprise minière, il n'est pas trop question d'essayer de
négocier avec une entreprise forestière qui pourrait
éventuellement acheter ce bois pour quelques piastres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a un
propriétaire de scierie dans votre comté qui a déjà
défriché du terrain ou des routes près de Matagami. Il a
fait la livraison d'une façon économique à des scieries
qui n'étaient pas loin. C'est seulement une question d'évaluation
et de gros bon sens. Disons que je ne suis peut-être pas raisonnable,
mais que ceux qui me succéderont le seront.
M. Claveau: Parce que vous savez quand on parle, par
exemple...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je m'excuse. Votre temps de vingt minutes est
écoulé. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur l'article 19?
Est-ce que l'article 19 est adopté?
M. Perron: Adopté, tel qu'amendé.
Le Président (M. Théorêt): Adopté, tel
qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 20. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 20 se
lit comme suit: "Le permis autorise son titulaire à réaliser les
activités d'aménagement forestier requises pour l'exercice de ses
droits. Il indique, le cas échéant, la destination du bois
récolté qui ne sert pas à la construction de
bâtiments à des fins minières."
J'aimerais apporter l'amendement suivant, M. le Président:
l'article 20 du projet est modifié par l'insertion, dans la
première ligne du premier alinéa, après le mot
"réaliser", des mots "selon des modalités qui y sont
prévues". L'amendement vise à permettre au ministre d'exiger,
lorsque les circonstances lui paraissent justifiées, le respect de
certaines exigences sur la manière d'exercer des activités
d'aménagement, notamment, sur les modalités de
récolte.
M. Jolivet: M. le Président, juste un petit mot rapide
pour dire que si on avait eu cet amendement bien avant, peut-être que mes
questions auraient été inopportunes. Mais on l'a maintenant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, je l'ai mentionné tout à
l'heure durant la discussion...
M. Jolivet: Je le sais, mais ce que je veux dire... Ma question
était...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qu'il y avait
un amendement prévu à l'article 20 qui disait cela.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Cela va.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Juste afin
d'éclaircir l'article du projet de loi, est-ce que le ministre pourrait
nous dire de quel genre de permis il s'agit? II y a toutes sortes de
dénominations pour les permis. Est-ce que c'est un permis en
fonction...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est inscrit en
haut du chapitre: "Activités minières". Ce sont des permis pour
activités minières qui sont délivrés afin d'exercer
les droits que confère la Loi sur les mines.
M. Claveau: Est-ce un permis d'intervention?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui et le permis
dont on vient de parler autorise son titulaire à réaliser les
activités d'aménagement forestier requises pour l'exercice de ses
droits. Ses droits, ce sont les droits qui lui sont conférés par
la Loi sur les mines.
M. Claveau: C'est bel et bien le permis d'intervention dont il
est question dans l'article 2 du projet de loi où l'on disait: "Nul ne
peut réaliser une activité d'aménagement forestier s'il
n'est titulaire d'un permis d'intervention..."
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. C'est un
permis d'intervention.
M. Claveau: C'est le même genre de permis, mais cela aurait
pu être un autre genre de permis. Jusqu'à maintenant, on l'a
toujours précisé; même que dans l'article 19, on le
précisait aussi.
À ce moment-là, M, le ministre, comme le disait tout
à l'heure mon collègue de Laviolette, l'intervention dans ce
sens, l'aménagement forestier qu'on voit quand il s'agit d'une question
minière, c'est strictement l'abattage et retirer le bois. Cela finit
là, on ne parle pas d'autre chose et les compagnies minières ne
seront pas prises avec d'autres genres de réglementation en termes
forestiers, peu importe le milieu dans lequel elles vont avoir à
oeuvrer. Je pense que c'est une garantie dont les compagnies minières
ont besoin aussi.
Si, par exemple, après avoir fait - je ne sais pas, je vais poser
la question d'une façon différente - certaines interventions
assez importantes dans un milieu, une compagnie décide qu'il n'y a pas
les réserves suffisantes, il n'y a pas les teneurs qui justifient des
investissements et qu'elle se retire de ce milieu, elle ne sera pas tenue de
faire de la remise en valeur sur ce qu'elle a fait.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce serait une des
modalités qui seraient peut-être prévues au permis,
à l'intérieur d'un délai. À l'article 20,
justement, on dit, dans l'amendement: "selon les modalités qui y sont
prévues".
M. Claveau: Cela veut dire que les compagnies minières
pourraient se voir, un jour ou l'autre, dans l'obligation ou devant un article
qu'on leur imposerait au moment de signer une convention de transfert...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. S'il s'agit
d'exploration, c'est quelque chose de temporaire et on dit: Si vous
défrichez pour vos besoins d'exploration et que vous n'occupez pas le
terrain pour fins minières par la suite, vous serez peut-être
tenus de le reboiser et de le remettre en production. C'est une condition qui
serait possible, M. le député.
M. Claveau: Elle devrait faire la remise en production à
ses frais, à ce moment.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si c'est...
M. Claveau: Je suppose qu'elle ne paiera pas de droits de coupe
au moment d'enlever les arbres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pourquoi? Oui,
elle va payer les droits de coupe.
M. Claveau: Elle va payer les droits de coupe au même titre
que les autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les redevances,
oui.
M. Claveau: Si elle continue, disons qu'elle exploite sa mine,
son terrain, elle n'a pas, à ce moment, à faire de travaux de
reboisement, mais est-ce qu'elle va payer les mêmes droits de coupe que
ceux dont vous nous avez parlé tout à l'heure et qui contenaient
les travaux de reboisement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La valeur
marchande brute.
Une voix: Il n'y a plus de droits de coupe.
M. Claveau: Pas les droits de coupe, mais les droits d'à
peu près 5 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: Elle va les payer sur la valeur marchande brute donc,
elle va les payer de la même façon que si elle faisait des travaux
de reboisement. On nous a expliqué que cela comprenait deux choses,
M. Côté (Rivière-du-Loup):
C'est-à-dire que l'État va encaisser la totalité
plutôt que le permissionnaire, disons, si on investit 5,25 $ pour
l'aménagement.
M. Claveau: Cela suppose que si, cinq ans plus tard, la compagnie
doit refaire des travaux de remise en valeur parce qu'elle abandonne le site,
le gouvernement va devoir la rembourser pour les travaux qu'elle va faire
puisqu'elle les aura déjà payés au moment de l'obtention
de son permis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
éventualité. Le gouvernement pourrait lui remettre un
crédit pour les travaux qu'elle n'aurait pas faits au moment du
déboisement. C'est pour cela qu'on dit: "selon les modalités qui
y sont prévues". C'est une éventualité, ce n'est pas
une...
M. Claveau: En fait un projet de loi, c'est toujours en fonction
d'un certain nombre d'éventualités. Tout ce qu'on pourrait dire
là, cela pourrait être éventuel, s'il n'y avait pas
d'entreprise minière, ni forestière au Québec, iI reste
que ce sont des cas concrets devant lesquels le ministre va avoir à se
prononcer un jour ou l'autre, à plus ou moins court terme.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Claveau: Donc, je retiens de cela que la compagnie
minière pourrait se voir
obligée de refaire de la mise en valeur des territoires qu'elle a
déboisés, si jamais elle ne l'exploitait pas et, le cas
échéant, on peut imaginer étant donné qu'au moment
d'avoir son permis d'intervention elle va avoir déjà payé
les droits sur la valeur marchande de ce bois comprenant les frais de mise en
valeur, qu'elle pourrait s'attendre à réclamer un crédit
au gouvernement pour des travaux qu'elle aura à faire. Si vous me dites
, oui, vous pouvez être certain que toutes les compagnies vont le faire.
Elles vont allez chercher le crédit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas un
crédit, elles vont être obligées de faire des travaux pour
la valeur estimée par le ministère. Ce n'est pas un
crédit. Cela va être un crédit sur ce qu'ils ont
payé. Mais le montant d'argent qui leur sera crédité sera
investi dans la remise en production.
M. Claveau: Dans la remise en production, c'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela n'engendre
pas de profit ou quoi que ce soit pour la compagnie minière.
M. Claveau: Non, mais la compagnie n'aura pas à payer deux
fois, à payer pour la remise en production après coup, même
si elle a déjà payé dans un premier temps pour avoir son
permis. D'accord. Il faut se comprendre, parce qu'il n'y a pas beaucoup
d'entreprises minières qui s'attendaient à cela. Jusqu'à
maintenant, cela ne s'est pas fait souvent.
On dit; "La destination du bois récolté qui ne sert pas
à la construction de bâtiments à des fins minières".
Est-ce que les bâtiments qui peuvent être faits sur une concession
minière peuvent être considérés comme des
bâtiments pour des fins minières? J'entends par là, par
exemple, une cabane qui pourrait être faite pour un gardien à
l'entrée de la route, même si c'est à cinq milles de la
concession comme telle ou du site où on prétend exploiter. Est-ce
que tous les bâtiments faits par la compagnie minière sont
considérés comme des bâtiments pour des fins
minières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez...
M. Claveau: Vous savez que dans le domaine minier, M. le
ministre, il y a une grosse différence, en termes d'évaluation.
Par exemple, la bâtisse dans laquelle est le puits de la mine, c'est une
bâtisse qui n'est pas évaluable, parce qu'elle fait partie des
équipements de production. Elle est considérée comme
équipement de production. Quand on parle de bâtiments pour fins
minières, est-ce qu'on se réfère à Loi sur les
mines, à ce qui est identifié comme édifices qui sont
vraiment liés à l'exploitation minière, ou est-ce
l'ensemble des édifices qui peuvent être bâtis sur une
concession?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne sais pas si
on doit étendre cela à tous les ouvriers qui travaillent aux
mines et dire: Toutes les maisons qui sont occupées par des ouvriers
miniers sont des équipements miniers. Non. Ce sont les bâtiments
pour l'exploitation minière, sur le terrain de la mine, ce n'est pas
à cinq ou dix milles. C'est le bois qui provient de ce terrain, ce n'est
pas le bois d'ailleurs...
M. Claveau: De toute façon, entre vous et moi...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le bois
récolté selon le permis.
M. Claveau: Dans les milieux miniers où les
épinettes les plus grosses peuvent avoir huit ou dix pouces
d'épaisseur, ce n'est pas nécessairement ce bois qui va
être transformé par l'entreprise minière pour ses besoins
de construction. Cela a déjà été le cas dans le
temps où on logeait les gens dans des cabanes en bois rond. J'ai
l'impression qu'aujourd'hui le bois utilisé pour les fins
minières... Même les compagnies minières ne prennent pas
sur leur concession les billots qu'elles utilisent pour faire les
clôtures et pour tenir la roche, elles les achètent. En ce qui
concerne la question, à savoir pour les fins de construction des
bâtiments, j'ai l'impression que c'est très marginal.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas une
grosse perte, c'est marginal, comme vous le dites. Je le pense aussi. Comme
vous le dites, il faut tout prévoir. On essaie de prévoir le plus
possible. (21 h 45)
M. Claveau: Oui, mais sans créer une nouvelle
brèche.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Claveau: Cela va, M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je reviens sur une petite question. Dans le projet de
loi le ministre dit que le permis autorise son titulaire à
réaliser des activités d'aménagement et on dit à
l'article précédent que le ministre accorde un permis
d'intervention. Bon! Quand le ministre accorde un permis d'intervention, si les
arbres sont coupés, soit pour des fins minières ou pour d'autres
fins, et qu'il sont déjà à l'usine, il va percevoir des
redevances. Ces redevances c'est la valeur
marchande brute. Or, on sait que la valeur marchande brute comprend la
remise en production. Si cela comprend la remise en production, pour un droit
minier, le titulaire Untel qui va couper du bois - j'aurais pu mettre cela
à d'autres précédents - va aller chercher ce bois et il va
payer des droits. Si pour des raisons diverses on ne l'oblige pas à
faire des travaux, il va donc arriver des aménagements et des
réaménagements qui feront que, selon le principe que tout arbre
coupé doit être remplacé par différentes techniques,
peu importent lesquelles, dont le reboisement, il va arriver une chose: le
ministre va avoir perçu une redevance qui contient ce qu'on pouvait
appeler autrefois l'ancien droit de coupe plus l'ensemble de ce qu'on a
appelé tout à l'heure la valeur marchande nette et la remise en
production.
Dans ce cas, pourquoi le ministre, dans la mesure où il n'oblige
pas l'individu à refaire des remises en production, ne lui facture-t-il
pas seulement la valeur marchande nette ou s'il veut que quelqu'un fasse la
remise en production, s'il facture une partie de la valeur marchande brute,
qu'il retourne à celui qui possède le territoire pour fins
d'exploitation forestière les montants nécessaires pour la remise
en production. C'est ce que j'ai cru comprendre des crédits tout
à l'heure. Si j'ai mal compris vous me le direz. Est-ce que cela ne
pourrait pas se faire de façon automatique pour s'assurer qu'il y a
remise en production une fois que l'activité qui n'a pas détruit
la surface est faite? Que ce soit pour utilité publique ou que ce soit
pour fins de récupération de bois de chauffage, parce que
même s'il y a récupération de bois de chauffage c'est sur
un territoire appartenant en vertu du contrat à une usine qui va
utiliser le bois qu'elle a en essences nécessaires pour les besoins de
son usine, soit à des roulages, soit à du sciage ou autres. Il y
a quelqu'un qui va devoir payer quelque part pour la remise en production. Dans
l'un ou l'autre des cas, si vous facturez la redevance en vertu de la valeur
marchande brute vous facturez la remise en production à ce moment.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous aurons les
montants pour la remettre en production si jamais, supposons, la compagnie
quitte les lieux.
M. Jolivet: Est-ce la compagnie qui possède le territoire?
Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous me dites: II
faut que quelqu'un fasse la remise en production.
M. Jolivet: C'est ce que j'ai compris. M. Côté
(Rivière-du-Loup): Si on facture la valeur marchande brute, on aura
les montants pour le faire au ministère, c'est-à-dire la remise
en production; il faut que le terrain soit productif.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le
propriétaire minier veut le faire, les montants seront là suivant
l'évaluation du ministère.
M. Jolivet: Regardez bien. Le gars qui a un claim minier et qui,
pour les opérations, doit faire de la coupe, vous allez lui donner un
permis d'intervention qui va être monnayable en vertu des redevances. Les
redevances c'est la valeur marchande brute. La valeur marchande brute contient
une partie de la remise en production -l'argent dedans - et à ce moment
le ministre va-t-il faire par son ministère la remise en production?
Va-t-il obliger l'individu à faire la remise en production et à
ce moment déduire ces montants pour aller à la valeur marchande
nette, ou est-ce qu'il va le donner à celui qui est titulaire du
territoire pour des fins d'utilisation autres que le bois de chauffage ou le
droit minier, ou est-ce qu'il va dire à REXFOR: Compte tenu que je ne
peux pas le faire fais le donc! Qui va aller faire l'aménagement
forestier dans ce secteur? Est-ce que ce sont les modalités et est-ce
que c'est l'amendement qu'on vient me donner? Le ministre va prévoir
cela là. Il va s'assurer qu'il va y avoir quelqu'un, soit le
ministère, soit le titulaire du terrain en vertu du contrat
d'aménagement forestier et d'appprovisionnement ou soit la compagnie
REXFOR? Je prends les trois hypothèses potentielles.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela peut
être un des trois. Cela peut être REXFOR, cela peut être le
ministère ou cela peut être le titulaire du permis.
M. Jolivet: Donc, comme la personne n'a pas comme activité
principale de faire la coupe du bois, vous facturez la valeur marchande brute
et vous prenez l'argent et vous le remettez dans le terrain d'où cela
provient.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Quant à moi, je n'ai pas d'autres questions.
Excusez-moi.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Nous sommes toujours à l'article 20, M. le
Président?
Le Président (M. Théorêt): Toujours, M.
le député de Duplessis.
M. Perron: En ce qui me concerne, à moins qu'un de mes
collègues ne veuille intervenir, c'est tout. L'amendement est
adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement est
adopté. L'article 20...
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): ...tel
qu'amendé est-il adopté? Adopté. J'appelle l'article
21.
M. Perron: Adopté tel qu'amendé. C'est cela.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
Aménagement faunique ou
récréatif
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 21 se
lit comme suit: "Le ministre peut, aux conditions qu'il détermine,
délivrer un permis d'intervention à une personne qui est par
ailleurs autorisée en vertu de la loi à réaliser un
aménagement faunique ou récréatif."
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, pourrais-je faire une
suggestion à tout le monde? Vu qu'on étudie l'article 21 par
rapport à la sous-section 5, pourrait-on étudier en même
temps l'article 22? Ils sont tellement coordonnés comme dans les autres.
J'aimerais que le ministre explique l'article 22 et qu'on puisse les
étudier ensemble.
Le Président (M. Théorêt): Y a-t-il
consentement, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je vous
remercie, M. le Président et M. le député de
Laviolette...
Le Président (M. Théorêt): Les articles 21 et
22.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 22 se
lit comme suit: "Le permis autorise son titulaire à exécuter les
travaux d'aménagement forestier nécessaires à la
réalisation de l'aménagement projeté et indique la
destination du bois récolté."
Ce sont deux articles qui sont également en concordance avec les
activités minières et les activités d'utilité
publique pour des fins très précises.
M. Jolivet: Pourrais-je demander au ministre pourquoi il n'ajoute
pas un amendement à l'article 22 qui pourrait prévoir le cas
où il y aurait des difficultés, dans le même genre que
celui à l'article 20, c'est-à-dire "selon les modalités
qui y sont prévues", après les mots "autorise à
exécuter"? Serait-ce possible?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une bonne
idée, M. le député de Laviolette. On pourrait...
M. Jolivet: ...faire concordance
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...oui, proposer
cet amendement.
M. Jolivet: En fait, la question que je peux poser... On peut
aller sur des territoires qui sont sous la responsabilité du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche quant à
l'utilisation faunique, ce qu'on appelle les zones d'exploitation
contrôlée ou les grandes ZAC, les zones d'aménagement
contrôlé. Ce sera différent dans le cas où le
ministère a plus de pouvoirs d'intervention, peut-être moins de
difficulté d'intervention parce que les territoires sont plus vastes que
là où il y a des pourvoiries.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Dans le cas des pourvoiries, vous connaissez
l'ensemble de la fameuse problématique où il y a eu pas mal de
demandes. Des gens ont des droits exclusifs de chasse et de pêche et
d'autres ont des droits non exclusifs, à peu près dans le
même genre que dans les ZEC. Le jour où tu enlèves une
partie du bois qu'il y a dans le coin pour faire une coupe à blanc, ce
qui arrive au bout de la course, c'est que les gens des pourvoiries ne trouvent
pas cela drôle si, le lendemain, ils ont de l'orignal dans le coin. Il y
a donc des modalités d'intervention qui pourraient être
différentes. Le ministre peut-il m'expliquer, dans le cas des
pourvoiries en particulier - je vais parler surtout de celles-là -
quelles sont les garanties qu'il peut donner aux gens qu'on ne viendra pas
dévaster leur territoire comme ils disent ou, selon l'expression bien
typique, "déviarger le territoire".
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ces questions sont
prises en compte dans le Guide d'intervention en forêt, M. le
député. Lorsqu'il y a des sites fauniques, des
aménagements fauniques, on en tient compte dans le Guide des
modalités. J'apprécie l'amendement qu'il propose à
l'article 22 qui pourrait se lire comme suit: L'article 22 du projet est
modifié par l'insertion dans la première ligne, après le
mot "exécuter" des mots "selon les modalités qui y sont
prévues".
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela vous
irait-il?
M. Jolivet: Quant à mai, cela m'irait parce que,
effectivement, cela permet de voir des cas où le ministre aura à
prendre certaines formes d'interventions, peut-être pas en tant
qu'arbitre des dossiers, mais au moins en tant que conciliateur ou de
médiateur entre les groupes d'intervenants. Effectivement, le
problème qu'il y a... Le député a dit le mot
"concessionnaire". Je devrais le mettre dans l'esprit de la discussion parce
que si on a des droits exclusifs de chasse et de pêche ou des droits non
exclusifs en tant que concessionnaire d'un territoire donné pour
l'aménagement, une chose est certaine, c'est que dans un cas comme dans
l'autre si, demain matin, on vient couper jusqu'à,.. Malgré que
je comprenne très bien la question des modalités d'intervention
en milieu forestier, dans ce cas, au lieu de couper à X pieds de la
rive, peut-être qu'on devrait le faire au faîte de la montagne qui
est en face pour que, quand les gens sont au chalet, ils voient au moins la
forêt et non pas une partie dévastée et le reste. Vous
comprenez très bien qu'il y a une partie qui est visuelle, qui est
l'aménagement du territoire pour la tranquillité et ces
choses-là, et une autre partie qui est celle de permettre là
récolte faunique. Chaque fois qu'on a des discussions en ce
sens-là... Je vous donne un exemple typique qui se produit actuellement,
c'est le club Hosanna. Le gars, dans le coin - à ce niveau, vous allez
le comprendre très bien -veut vendre son territoire pour des raisons
personnelles, mais qui va l'acheter, s'il n'est pas sûr que la compagnie
actuellement, dans la concession où il se trouve, n'arrivera pas un
matin pour tout enlever? Finalement, elle brise ses chemins et ouvre le
territoire par en arrière.
Je pense que le ministre doit - c'est pour cela que j'ai proposé
l'amendement qui est là - se réserver certains pouvoirs
d'intervention dans le milieu pour éviter des conflits majeurs qui
peuvent exister entre les deux. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'amendement à l'article 22 pourrait être lu, s'il vous
plaît, M. le secrétaire?
M. Jolivet: Je l'ai par coeur ici. Ajouter après le mot
"exercer", "selon les modalités qui y sont prévues".
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'amendement à l'article 22 est adopté?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'article 22 est adopté? L'article 21, pardon, est-il
adopté?
M. Jolivet: Selon les modalités qui y sont prévues,
exactement comme à l'article 20.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que les
articles 21 et 22 sont adoptés?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): L'article 21 est
adopté et l'article 22 tel qu'amendé est adopté. J'appelle
maintenant l'article 23. M. le ministre.
Approvisionnement d'une usine de transformation du
bois
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Le ministre
n'accorde de permis d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de
transformation du bois qu'au bénéficiaire d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier et qu'au titulaire d'un
permis d'exploitation d'usine de transformation du bois à des fins de
production énergétique ou métallurgique qui y ont droit en
vertu du chapitre III."
M. Jolivet: Juste une petite question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a un
amendement.
M. Jolivet: Vous avez dit "et" ou "ou"? M. Côté
(Rivière-du-Loup): Ou.
M. Jolivet: Parce que vous avez dit "et", dans votre lecture.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ou qu'au
titulaire...
M. Jolivet: Cela est important pour le Journal des
débats.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 23 du
projet de loi est modifié par le remplacement dans la première
ligne des mots "n'accorde" par les mots "ne délivre".
Le Président (M, Théorêt): L'amendement
est-il adopté?
M. Jolivet: Celui-là n'est pas à moi. J'ai droit au
mien.
Des voix: Adopté.
M. Perron: Pas l'article, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Lorsque je regarde l'article 23 et son amendement, je
voudrais toucher spécifiquement une partie de l'article 23 qui se lit
comme suit: c'est à partir de "bénéficiaire d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier". Tout le monde sait
qu'en vertu du projet de loi 150 qui sera adopté se rapportant à
la forêt du Québec, il y aura des conséquences
énormes quant à l'adoption de l'article 23. Je me reporte
à l'article 195 du projet de loi 150, qui dit: "Une personne dont la
concession forestière a été révoquée en
vertu de l'article 93 de la Loi sur les terres et forêts et à qui
le ministre n'a pas accordé de compensation le - ici la date - a droit
de recevoir une indemnité du ministre. II ne peut toutefois lui
être accordé de garantie d'approvisionnement sous forme de droits
de coupe sur pied même si elle avait une usine servant à la
transformation du bois à la date de la révocation."
L'interprétation que je fais de cet article, c'est qu'il y avait
effectivement concession, oui, il n'y a pas d'usine dans ce cas, donc, en vertu
du projet de loi 150, il n'y aura pas de contrat. Mais par contre, il y aura
une indemnité. C'est l'interprétation que je fais. (22
heures)
Je continue. À l'article 197, M. le Président, dans ce cas
précis, cela se lit comme suit: "Toute personne qui est titulaire d'un
permis d'exploitation d'usine de transformation du bois le 31 mars 1987 et dont
la concession forestière a été révoquée, la
garantie d'approvisionnement annulée ou la convention
d'approvisionnement résiliée par l'effet des articles 191
à 193, a droit d'obtenir du ministre un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier en se conformant aux dispositions prévues
au chapitre III de la partie I. "II en est de même de toute personne qui
le 31 mars 1987 exploite une usine de transformation du bois et dont la
concession forestière a été révoquée en
vertu de l'article 93 de la Loi sur les terres et forêts et qui n'a pas
obtenu de garantie d'approvisionnement."
Dans ce cas l'interprétation qu'on peut y donner, nous de
l'Opposition, c'est qu'il y avait concession, il y avait usine de
transformation, il y a révocation à cause de la loi et il y aura
un nouveau contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier
mentionné à l'article 23 de la loi 150.
Si on va maintenant à l'article 198 de la loi 150, on y lit: "Une
personne non visée par l'article 195 ou l'article 197 qui le 31 mars
1987 est titulaire d'un permis d'exploitation d'usine de transformation
où elle a transformé au cours de l'année se terminant
à cette date et des quatre années précédentes, de
façon continue, des bois provenant des forêts du domaine public
autres que des bois de récupération a droit d'obtenir du ministre
un contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier."
En vertu de l'article 198, il y a usine de transformation et on a
transformé du bois de la forêt publique au cours des quatre
dernières années. À ce moment, il y a un nouveau contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier.
Maintenant, si vous permettez, on va passer à l'article 203 qui
est le suivant. C'est le dernier, M, le Président. Si vous me permettez,
je vais le lire parce que c'est là-dessus que va porter surtout
l'interprétation générale. Article 203: "Une convention en
vigueur le 31 mars 1987 par laquelle le gouvernement s'est engagé
à assurer la suppléance d'un défaut d'approvisionnement
-je m'excuse, M. le Président - au bénéfice de
l'exploitant d'une usine de transformation du bois qui n'a pas conclu, à
l'égard de cette usine, une convention d'approvisionnement en vertu de
l'article 106 de la Loi sur les terres et forêts est
réputée avoir été conclue en vertu de l'article 92
et elle peut être renouvelée. "Le contrat d'affermage de la
forêt Montmorency intervenu..." Cela . est une autre affaire, n'est-ce
pas? Alors, disons qu'on va oublier cela. C'est surtout la première
partie, le premier paragraphe.
Mon interprétation de l'article 203, c'est que le gouvernement
qui n'a pas conclu à l'égard d'une usine une convention
d'approvisionnement en vertu de l'article 106 de la Loi sur les terres et
forêts, mais pour laquelle il existe une convention de suppléance
en vigueur le 31 mars 1987 peut se voir, en vertu de cet article, renouveler sa
garantie de suppléance en vertu de l'article 92 de cette loi, si on lit
bien cet article.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner un exemple précis
concernant l'interprétation de l'article 203 en donnant un exemple qu'il
choisira lui-même?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, si vous le permettez, je vais choisir un exemple de mon
comté.
Le Président (M. Théorêt): Bon exemple, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Lorsque la
deuxième machine de F.F. Soucy a été construite, le
gouvernement a autorisé REXFOR à accorder une suppléance
à ce propriétaire qui ne détenait pas d'autorisation ou de
permis d'intervention en forêt comme tel. F.F. Soucy s'approvisionne en
grande partie sur des terrains privés et le gouverne-
ment a autorisé REXFOR à approvisionner F.F. Soucy
à raison de 20 000 ou de 25 000 cordes par année pendant 20 ou 25
ans; je ne suia pas certain des deux chiffres. Elle a également garanti
la suppléance des fournisseurs, des propriétaires privés,
à 75 %. C'est l'exemple que je peux donner au député de
Ouplessis.
M. Perron: Est-ce à dire que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait treize
ans de cela.
M. Perron: ...avant le 31 mars 1987, si on parle de la
troisième machine de F.F. Soucy, une nouvelle garantie de
suppléance sera accordée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les nouveaux
besoins de l'usine, si jamais on installait une troisième machine, c'est
l'exigence du propriétaire.
M. Perron: Le ministre a-t-il une date quant à la
troisième machine prévue à F.F. Soucy, à
Rivière-du-Loup?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je reconnais la
gentillesse du député de Duplessis. J'aimerais pouvoir l'annoncer
ce soir.
M. Jolivet: Les bonnes nouvelles, c'est le ministre de
l'Énergie et des Ressources qui les annonce...
Des voix: Ah!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ainsi, cela serait
inscrit dans nos minutes.
Une voix: Déplacé!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais je ne
l'annoncerai pas ce soir, M. le député.
M. Perron: Le ministre peut-il nous dire si, dans ce cas
précis, il a l'intention de donner une garantie de suppléance
concernant la forêt domaniale de l'île d'Anticosti?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, si possible.
Et, si possible, sur la Basse-Côte-Nord, si besoin il y a, pour permettre
è la forêt gaspésienne et du Bas-Saint-Laurent de se
refaire. Selon les chiffres que nous détenons au ministère, il y
a suffisamment de bois pour la papeterie de Matane, pour une machine, et pour
la troisième machine à Rivière-du-Loup, en tenant compte
des bois privés et des bois publics, sans aller sur la Côte-Nord
ou sur l'île d'Anticosti. S'il y avait un second développement
à Matane, nous serions obligés de suppléer avec du bois
provenant de l'extérieur de cette région.
M. Perron: S'il y avait la construction d'une usine à
Matane.
M. Côté (Rivîère-du-Loup): D'une
deuxième machine.
M. Perron: D'une deuxième machine à Matane.
À ce moment-là, compte tenu des possibilités
d'approvisionnement sur la Côte-Sud, le ministre serait dans l'obligation
de donner l'autorisation d'accorder des permis pour faire des opérations
forestières à partir de la Côte-Nord, incluant, bien
sûr, l'île d'Anticosti.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La garantie de
suppléance, c'est le gouvernement qui l'exerce. Il peut l'exercer de
différentes façons. L'une des meilleures façons, c'est par
REXFOR à qui l'on confie le mandat, si nécessaire. Cela ne veut
pas dire que la suppléance s'exercera tous les ans. Si l'on parle de la
suppléance qui a été accordée à F.F. Soucy
en 1973, elle n'a jamais été exercée.
M. Perron: À ce moment-là, puisque vous...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour une
partie des bois, ce n'est pas pour la totalité. La totalité des
bois ne manquera pas d'un coup sec. Les approvisionnements ne sécheront
pas tout de suite.
M. Perron: Mais le ministre aura des problèmes, car son
collègue à la privatisation veut privatiser REXFOR.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! c'est une
autre discussion qu'on entreprendra un jour, M. le député, s'il y
a lieu, et je n'en suis pas certain.
Une voix: On s'éloigne.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On
s'éloigne, pour revenir, pour mieux revenir.
M. Perron: C'est remarquable comme le ministre s'éloigne.
J'aurai d'autres questions plus tard. Pour le moment, j'ai terminé. Je
demanderais à mon collègue de Laviolette d'intervenir et, par la
suite, ce sera mon collègue d'Ungava.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: II y a quelque chose que je ne comprends pas, M. le
Président, et le ministre va certainement éclairer ma lanterne.
Plusieurs personnes ont parlé de suppléance. J'ai toujours
compris - c'est toujours dans ce sens que cela avait été
donné au monde - que la suppléance était
accordée à quelqu'un qui possédait
déjà un contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier tel qu'on le connaît.
Le contrat d'aménagement forestier -je m'excuse, je suis trop
habitué à contrat d'aménagement forestier, mais je change
mon langage à cause du ministre - le contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier donc, je le répète, de CAF, on est
passé à CARAF...
M. le ministre, la suppléance qui avait été
imaginée à l'époque, à la demande de l'ensemble de
l'industrie au Québec, c'était aux conditions suivantes. Je suis
tributaire d'un autre, dans la mesure où je reçois des copeaux.
Une grève se produit. Il y a un feu dans une usine et l'usine avec
laquelle j'ai un contrat d'approvisionnement ne peut pas fournir les copeaux
nécessaires. À ce moment-là, j'ai le droit. Je pense que
dans le projet de loi il y a des articles où c'est stipulé, mais
je ne fais pas allusion à cette partie de suppléance, parce que
je sais qu'un droit de suppléance est inscrit. L'article 92
m'inquiète pour une double raison.
Je fais référence à une question que j'ai
posée cet après-midi. Si on lit l'article 92 parce qu'ils sont
tous liés, 203, 92 et 23... L'article 23 est en vertu du chapitre III,
donc je n'ai pas le choix d'aller voir ce qui se passe ailleurs. On dit: "pour
favoriser l'implantation". J'ai cru comprendre qu'on accordait des permis
à des gens qui avaient déjà, au moment où le projet
de loi a été adopté, un contrat d'approvisionnement ou une
concession forestière. On pourrait aller voir les textes qui sont assez
clairs à ce sujet. Mais on dit: "pour favoriser l'implantation ou
l'expansion d'une usine de transformation du bois". Donc, on pourrait, si je
lis le texte, demander premièrement un permis pour favoriser
l'implantation et, une fois implanté, revenir voir le ministre et lui
dire: Mon usine n'est pas assez grosse. Je vais faire faillite. Je prends de
l'expansion. Je pourrais obtenir un deuxième droit de suppléance.
"Pour favoriser l'implantation ou l'expansion d'une usine de transformation du
bois, le ministre peut - il doit aller voir le Conseil des ministres, pas
l'Assemblée nationale, - avec l'autorisation du gouvernement, conclure
une convention d'approvisionnement de suppléance - il faut torturer les
mots pour en arriver là - avec une personne autorisée à
construire ou à exploiter une usine de transformation -"watch out" - qui
n'est pas bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement." Donc, quelqu'un, quelque part, à un moment
donné, qui n'est pas, en vertu de la loi actuelle - j'y reviendrai
à un autre moment, car je ne crois pas que ce soit le temps d'y venir,
mais il reste quand même que la date du 31 mars 1987 m'inquiète
-bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement.
Donc, c'est possible, d'après cet article, qu'une personne qui
n'a aucun contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier puisse
usiner au Québec à partir d'un droit de suppléance que
vous prenez je ne sais où ou quelque chose qui peut s'appeler "des
poteaux". Cela peut être la deuxième ou la troisième
machine de F.F. Soucy, la deuxième machine d'Amos, la première
machine de Val-d'Or ou la première machine de Matagami. Je peux vous
dire qu'il va y avoir du monde qui va chialer, à La Tuque en
particulier, car les copeaux viennent de là. Bon!
Que disait le livre blanc? Je pense que cela vaut la peine de le dire.
M. le Président, j'ai entendu quelqu'un dire la pertinence. S'il ne
comprend pas, au moins qu'il me laisse l'occasion de l'expliquer, car il y a
quelque chose qui s'appelle "approvisionnement d'une usine de transformation du
bois". (22 h 15)
M. Cannon: Question de règlement.
M. Jolivet: Allez-yl
Le Président (M. Théorêt): Question de
règlement, M. le député de La Peltrie.
Une voix: En vertu de quel article?
M. Cannon: Je disais justement que c'était effectivement
pertinent. Vous sautez aux conclusions, mon cher monsieur.
M. Jolivet: J'avais compris pertinence.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je voulais m'assurer que je ne serais pas
dérangé pendant que je lirais le texte: Garantie de
suppléance. La signature de contrats d'approvisionnement pour plusieurs
années entre producteurs privés et industriels est à
l'avantage des deux parties. Le producteur se voit assuré
d'écouler une partie plus ou moins impartante de la production,
permettant ainsi de mieux planifier les coupes et de bénéficier
de leurs revenus plus rapidement et de façon plus stable. La garantie de
suppléance, c'était justement dans un but de stabilité.
Les industriels, de leur côté, peuvent compter sur un volume
fiable et planifier en conséquence leurs opérations. Cependant,
alors que les industriels ont la possibilité d'ajuster jusqu'à un
certain point l'apport de diverses sources, les producteurs font normalement
face à un marché où le nombre d'acheteurs est restreint et
ils sont soumis à des facteurs incontrôlables affectant leur
niveau de production. Les machines de pâtes vont fonctionner à
partir de deux possibilités autres que leur territoire, les billots
venant
du secteur des producteurs de boisés privés et les
résidus de sciage et de déroulage dans certains cas, mais surtout
de sciage.
Pour permettre aux producteurs de s'engager dans des ententes à
long terme d'une durée minimum de trois ans... On prévoyait et on
pensait que des contrats se signeraient et on disait aux producteurs de
boisés privés: Votre tendance serait de signer des contrats
à long terme. Les compagnies papetières disaient: On est bien
prêtes à signer des contrats à long terme mais si, demain
matin, pour des raisons diverses, ils refusent de nous donner le bois, on va
avoir Pair fou. On leur disait donc: Dans vos contrats, prévoyez
justement des conditions où vous pourrez justement avoir une forme
d'assurance d'avoir le bois. Le ministre et d'autres pouvaient dire: Oui, mais
un conflit pourrait arriver et là, il faudrait aller à l'article
1053 du Code civil. Cela ne réglera pas le problème cependant,
parce que l'usine ne fonctionnera pas pendant ce temps-là et il n'y aura
pas de bois.
Pour assurer aux industriels une fiabilité des
approvisionnements, le ministère garantira - c'est important - aux
industriels bénéficiant d'une allocation sur forêt
publique, qu'en cas de défaut des propriétaires de fournir les
quantités négociées, des permis annuels de coupe sur
forêt publique leur seront octroyés pour compléter des
volumes qu'ils n'auront pu obtenir. Cette garantie ne sera applicable cependant
que lorsqu'il y aura signature de contrat de vente à long terme entre
propriétaires et industriels. Elle ne s'appliquera pas lorsqu'il y aura
mésentente sur les prix - je pense que c'était important pour
tout le monde - la Régie des marchés agricoles conservant son
rôle actuel d'arbitre. Afin de respecter le niveau de coupe
déterminé en fonction des principes de rendement soutenu,
l'utilisateur devra normalement, au cours des années
subséquentes, augmenter ses achats prévus des producteurs
privés pour contrebalancer cette coupe supplémentaire sur la
forêt publique.
Le but était donc de permettre aux gens d'avoir une
stabilité quant aux approvisionnements et, à cause de force
majeure, il pourrait arriver... Comme je le disais, si une scierie brûle
et ne peut pas produire des deux-par-quatre, donc ne produit pas de
résidus de sciage, n'envoie pas de résidus de sciage à la
compagnie forestière ou papetière qui en a besoin, on disait dans
ce cas-là, que va-t-il se passer? On expliquait ça dans les
rencontres qu'on a eues, il faudra que quelqu'un quelque part garantisse que,
ou bien tu vas aller couper ce bois-là sur le territoire du scieur ou
bien on va te le donner sur un autre territoire et on va regarder quelle
compensation pourrait être possible pour éviter qu'il y ait
fermeture de deux usines. C'était la garantie de suppléance. Je
ne me trompe pas, je l'ai expliquée assez souvent.
Actuellement, ce n'est pas ce que je comprends. Je comprends que,
même si je ne suis pas bénéficiaire d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, je pourrais dans le
futur venir "téter les oreilles" des gens du ministère et leur
dire: J'aurais une centaine de jobs à créer, mais ça me
prendrait du bois. Allez-vous me donner une autorisation de conclure une
convention d'approvisionnement de suppléance par l'intermédiaire
du gouvernement? C'est bien loin de ce que je pense, hein? de ce qu'on pensait
à l'époque. Je me dis que ce n'est plus de la suppléance
mais de dire ouvertement: On va donner des contrats à tous ceux à
qui on sera capable. Le ministre me disait: Sur la question des poteaux, nous
allons regarder l'ensemble et si, demain matin, on s'aperçoit qu'il y a
du bois amplement pour un cinquième, pour un sixième ou pour un
septième, on déterminera dans ce temps-là. Je vous dis que
vous vous engagez dans une difficulté énorme. Des gens viendront
vous voir pour en avoir parce que cette affaire-là a l'air lucrative
dans la mesure où il y a le bois nécessaire, mais cela devient
moins lucratif si le bois nécessaire disparaît, parce qu'il y en a
trop qui l'utilisent. La tarte aux pommes ne peut être partagée
que selon la grosseur qu'elle a.
Je dis que cela n'a pas de bon sens. Le ministre, par un article de loi,
est en train d'accréditer les rumeurs, à savoir que c'est pour
des cas précis qu'il a mis cet article 92. J'aimerais avoir des
renseignements, parce que je ne comprends pas ce que le ministre entend par
"convention d'approvisionnement de suppléance". Cela supplée
à quoi? À quelque chose qu'il n'a pas. Dans une école, il
y a un enseignant qui devient malade, il y a donc une personne qui va le
remplacer, cela s'appelle un suppléant. Cela n'arrive pas pour les
députés, parce que lorsqu'il devient malade, il n'est pas
remplacé, il faut qu'il démissionne. Mais pour ce qui est de
l'école, il va y avoir un suppléant. Mais le suppléant,
selon ce que j'ai toujours négocié, c'est une personne qui
remplace occasionnellement une personne qui ne peut pas faire la "job" parce
qu'elle doit être faite. Mais ce n'est pas cela...
Une voix: II y a plus de temps partiel.
M. Jolivet: Ah! mais il y en a des temps partiels permanents et
il y a des occasionnels temporaires.
C'est pour favoriser l'implantation, ce n'est pas pour n'importe quoi!
L'implantation, cela se donne à quelqu'un qui, en vertu de la loi, a
actuellement un droit de concession ou un contrat d'approvisionnement. Je n'en
connais pas d'autres. Je vais vous donner un
exemple que je connais: les poteaux McCollough. Ils ont un droit
d'usiner des poteaux mais à,-la condition de les prendre ailleurs qu'au
Québec. Mais s'ils arrivent avec des gens qui ont des contrats et qui
peuvent avoir des poteaux au Québec, est-ce que cela veut dire que cette
compagnie aura un droit en vertu de l'article 92 d'avoir son usine de poteaux
avec du bois de la forêt domaniale, la forêt publique maintenant?
C'est quoi? J'aimerais qu'on m'explique cela et ensuite, j'aurai
peut-être d'autres questions à poser.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce toujours
sur l'article 23, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui, c'est toujours sur l'article 23, M. le
Président, parce que l'article 23...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce que je
demande, parce que cela fait quatre fois qu'on lit l'article 203.
M. Jolivet: L'article 292.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, l'article 92
et 203. Vous auriez peut-être dû lire, M. le député
de Laviolette, l'article 67 aussi.
M. Jolivet: Allez-y, lisez-lel
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec plaisir.
M. Jolivet: Non, mais s'il me donne une réponse en lisant,
je vais peut-être comprendre.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette, faites-vous référence
à...?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À
l'article 23, il n'est pas question de suppléance. Si vous voulez le
relire?
Le Président (M. Théorêt): C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous voulez le
relire?
M. Perron: Mais, M. le Président, je m'excuse, mais je ne
comprends rien du tout.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Je ne suis pas du tout d'accord avec, ce que vient de
dire le ministre. C'est justement l'article 23 qui ouvre non pas une porte
ordinaire, mais une porte de grange à tout ce qui découle des
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier. C'est la raison
fondamentale pour laquelle on a parlé de cela. J'avais
complètement oublié l'article 92. Une chance que mon
collègue le député de Laviolette était là,
parce que cela concerne pas mal votre fameux dossier que tout le monde
connaît.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Lequel? M.
Perron: Je parle de l'article 92.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quel est ce
dossier que tout le monde connaît?
M. Perron: Le dossier de Rivière-du-Loup.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'espère.
Une voix: Pardon?
M. Côté (Rivière-du-Loup): À propos
du dossier de Rivière-du-Loup, j'ai dit "j'espère".
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaîtl M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, l'article 23 est directement
relié à l'article 92, à l'article 195, à l'article
197, à l'article 198 et à l'article 203. C'est ce qui dit qui va
obtenir les contrats, quelles sont les personnes. Le ministre a expliqué
tout à l'heure que des personnes, cela pouvait être des personnes
physiques ou des personnes morales.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 23
parle d'un permis d'intervention. L'article 92 parle de contrat
d'approvisionnement de suppléance.
M. Perron: C'est tout interrelié quand on regarde
l'ensemble du dossier de la loi 150, surtout en rapport avec ces articles. Le
ministre ne peut pas dire le contraire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne veux pas
dire le contraire.
Le Président (M. Théorêt): À
l'exception, M. le député de Duplessis, que le ministre a le
choix de procéder article par article.
M. Jolivet: M. le Président, vous avez raison, mais dans
la mesure où on peut être capable de faire valoir nos arguments.
On va les étudier, ne vous inquiétez pas! Cela prendra le temps
qu'il faudra, on va les étudier. Mais on vous dit qu'on veut savoir si
on a raison de prétendre ceci: "Approvisionnement d'une usine de
transformation de bois", c'est ce qui est écrit là; et on dit: Le
ministre ne délivre - maintenant, avec l'amendement - de permis
d'intervention pour
l'approvisionnement d'une usine de transformation de bois qu'aux
bénéficiaires d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier ou qu'aux titulaires d'un permis d'exploitation
d'usine de transformation du bois à des fins de production
énergétique ou métallurgique qui y ont droit en vertu du
chapitre III.
Après avoir lu que le ministre ne délivre de permis
d'intervention qu'aux usines, qu'aux bénéficiaires d'un contrat
d'approvisionnement, moi, je le relie à cet article où le
ministre, pour favoriser l'implantation ou l'expansion d'une usine de
transformation du bois, peut, avec l'autorisation du gouvernement, conclure une
convention d'approvisionnement de suppléance avec une personne
autorisée à construire ou à exploiter une usine de
transformation du bois qui n'est pas bénéficiaire du contrat
d'aménagement forestier. Qui n'est pas bénéficiaire, dans
un cas, et dans l'autre cas, il ne délivre un permis d'intervention
qu'à celui, etc. Est-ce que cela veut dire qu'il ne donnera pas un
permis d'intervention à celui qui n'est pas bénéficiaire
d'un contrat d'approvisionnement et d'aménagement? On veut savoir si
c'est cela que ça veut dire.
Le Président (M. Théorêt): Alors, M. le
député de Laviolette, si je comprends bien, vos
prétentions sont que l'article 23 a des effets directement sur les
quatre autres articles que vous avez mentionnés.
M. Jolivet: II a des effets restrictifs.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À
l'article...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Côté (Rivière-du-Loup): F.F. Soucy
actuellement ne détient pas, on ne lui accorde pas de permis
d'intervention.
Une voix: Pas de permis de coupe. M. Jolivet: Oui?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II s'agit de F.F.
Soucy, actuellement. À l'article 92, M. le député de
Duplessis m'a demandé de citer un cas. Je parle de F.F. Soucy de
Rivière-du-Loup; actuellement il n'a pas de permis d'intervention.
M. Jolivet: Je veux juste être bien clair.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais, il a une
garantie de suppléance, par exemple, qui sera exercée par celui
ou celle qui sera désigné par le gouvernement.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais poser une question, pour bien
comprendre? Actuellement, ne me parlez pas de permis d'intervention, cela
n'existe pas, je vous dis, actuellement, au moment où on se parle...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y en a pas de
permis de coupe.
M. Jolivet: C'est cela que je dis. Au moment où on se
parle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas de
permis de coupe.
M. Jolivet: D'accord, pas de permis de coupe. Elle n'a pas de
contrat d'approvisionnement, elle n'a pas de concession. Elle utilise son bois
venant de différents endroits. D'accord?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Vous me dites que comme elle n'a pas cela, elle
n'aura pas de permis d'intervention, dans le futur. Elle va avoir un permis de
suppléance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Une convention
d'approvisionnement de suppléance; c'est une police d'assurance, dans le
fond, qu'on lui donne.
M. Jolivet: Pour les besoins du Journal des débats - car
nous les connaissons; il faudrait qu'on sache et qu'on puisse bien comprendre -
quels sont les moyens d'approvisionnement actuels de l'usine F.F. Soucy?
D'où provient le bois qu'elle utilise?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je l'ai
mentionné précédemment, M. le député de
Laviolette, il vient principalement des terrains privés et de la
forêt domaniale les Appaiaches, pour un volume de 20 000 ou 25 000
cordes.
M. Jolivet: II provient des Appaiaches de quelle façon?
Sous quelle forme de contrat?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les
Appaiaches, il provient d'un permis de coupe...
M. Jolivet: Oui, mais si elle a un permis de coupe.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qui est
actuellement émis è la Coopérative forestière les
Appaiaches et à REXFOR. Il y a deux permis pour les Appaiaches.
M. Jolivet: D'accord. Cela étant
clarifié, il y a quelqu'un quelque part qui possède
actuellement un permis de coupe donc un contrat d'approvisionnement pour
l'approvisionnement de l'usine F.F. Soucy. C'est bien cela? Dans la forêt
domaniale.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas de
contrat d'approvisionnement dans la forêt domaniale.
M. Jolivet: Bien oui, il y a des gens qui ont des droits de
coupe. S'ils ont des droits de coupe, ils ne les ont pas dans les airs, ils les
ont pour des raisons. Les avons-nous donnés à ces
coopératives et à des groupes simplement pour dire qu'on va
fournir le bois nécessaire à l'usine F.F. Soucy? C'est ce que je
pense, c'est comme cela que ça s'est fait. Obligatoirement. (22 h
30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Sur le permis
de coupe, vous savez fort bien que l'on indique la destination et si REXFOR a
oeuvré dans les Appalaches, c'était pour exercer la garantie
qu'on donnait, par exemple, aux propriétaires de F.F. Soucy, lorsque ce
dernier a construit la deuxième machine,
M. Jolivet: Donc, vous dites qu'en vertu de l'article 23, elle
n'aura pas de permis d'intervention pour l'approvisionnement, mais qu'elle aura
- et là on reviendra plus tard, en vertu de l'article 92 - une
convention d'approvisionnement de suppléance. Donc, vous venez de donner
deux définitions au mot "suppléance". On y reviendra plus tard.
Je veux quand même être bien clair. À ce moment-là,
compte tenu de ce que dit mon collègue, le député de
Duplessis, une porte de grange est ouverte. Je lui laisse le soin de prendre,
comme critique, la décision qu'il faut prendre dans ce cas.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, compte tenu des discussions
qu'on vient d'avoir avec le ministre délégué aux
Forêts, et compte tenu que, pour nous de l'Opposition, le ministre a
presque totalement dénaturé le texte du livre blanc se rapportant
aux garanties de suppléance, compte tenu que nous avons
énormément de crainte, de notre côté, de voir la
remise en question de certains projets qui pourraient exister ailleurs, comme
par exemple sur la Côte-Nord, où on pourrait éventuellement
se servir de la garantie de suppléance prévue a l'article 203, et
de tous les articles connexes qui se rapportent à la question des
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, quant au
bénéficiaire lui-même, lorsque le vote arrivera sur cet
article, nous allons l'adopter sur division. Nous ne sommes pas d'accord du
tout avec la façon dont le gouvernement, par l'intermédiaire de
son ministre délégué, traite les choses auxquelles nous
avons toujours cru, et en particulier la question des garanties de
suppléance mentionnées dans le livre blanc de juin 1985. Il
était question effectivement de certaines garanties qui pourraient
être données à F.F. Soucy, dans l'éventualité
d'une troisième machine. On sait très bien qu'actuellement F.F.
Soucy s'approvisionne à partir des boisés privés, à
partir de la forêt domaniale des Appalaches et à partir aussi des
copeaux de certaines usines de sciage dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Pour nous, dans la mesure où le
projet de Matane est accepté, et où on aurait
éventuellement une troisième machine à
Rivière-du-Loup - ici, j'invite le député de Saguenay
à très bien écouter - on peut se retrouver avec des
attaches qui proviendraient de garanties de suppléance données
par le ministre, en vertu d'un ou des articles de la loi 150, ce qui ferait
geler certains territoires forestiers de la Côte-Nord ou d'ailleurs pour
donner des garanties sur un projet où le ministre tient à donner
raison aux demandeurs.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 23, tel qu'amendé, est adopté?
M. Perron: Adopté sur division, M. le Président.
Nous ne sommes pas d'accord avec cet article 23.
Le Président (M. Théorêt): Adopté sur
division. J'appelle l'article 24.
M. Perron: Je puis vous assurer qu'on va suivre le ministre dans
ses décisions au cours de prochains mois pour nous assurer...
Normes d'intervention forestière
Le Président (M. Théorêt): L'article 24, M.
le ministre.
M. Perron: ...qu'il ne prendra pas certaines décisions se
rapportant aux garanties de suppléance qu'on ne serait pas
intéressé à voir donner...
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
l'article 24 est appelé.
M. Perron: ...dans certaines régions du Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 24, se
lit comme suit: "Le titulaire d'un permis d'intervention doit, dans l'exercice
des activités d'aménagement forestier, se conformer aux normes
d'intervention forestière prescrites par le gouvernement par voie
réglementaire. "Ces normes ont pour objet d'assurer:
1° le maintien ou la reconstitution du couvert forestier; 2° la
protection de l'ensemble des ressources du milieu forestier; 3° la
compatibilité des activités qui s'exercent sous les diverses
unités territoriales, compte tenu des vocations identifiées dans
le plan d'affectation approuvé par le gouvernement conformément
à la Loi sur les terres du domaine public."
J'ai un amendement ici, M. le Président, qui a été
remis hier, à la demande des députés de Duplessis et de
Laviolette, qui concerne l'article 24 et qui se lit comme suit: L'article 24 du
projet est modifié par le remplacement du paragraphe 3 par le suivant:
"3° la compatibilité des activités qui s'exercent sur les
diverses unités territoriales du domaine public, compte tenu de leur
vocation respective". L'amendement proposé vise à retrancher le
renvoi au projet de loi sur les terres du domaine public qui n'a pas
été adopté à l'Assemblée nationale, tel que
nous en avons discuté avant-hier.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'amendement à l'article 24 est adopté?
M. Perron: Non, non, il y a discussion avant, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: ...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les objectifs
visés par cet article sont d'assurer une meilleure gestion des
ressources et d'en garantir l'exploitation harmonieuse, de guider les
intervenants dans leurs actions, d'encourager le contrôle de la
qualité des travaux et de fournir un corps commun d'intervention
à tous les intervenants; aussi, dans le cadre du respect des normes
environnementales des ministères concernés, assurer l'application
du guide d'interventions en milieu forestier, M. le Président.
Une voix: Il est réglementaire?
M. Jolivet: M. le Président, un tel règlement est
majeur. Donc, un moment de suspension, M. le Président.
Une voix: II faut s'adresser à la présidence.
M. Perron: Non, mais on n'est pas à l'Assemblée
nationale, au Salon bleu, là.
Le Président (M. Théorêt): Les travaux sont
suspendus pour deux minutes...
(Suspension de la séance à 22 h 38)
(Reprise à 22 h 43)
Le Président (M. Théorêt): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je cède la parole
au député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président, au cours des
allocutions, qui ont été faites à l'Assemblée
nationale, se rapportant...
Une voix: Le vote... Il y a vote.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'économie et du travail suspend
ses travaux jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 22 h 44)
(Reprise à 23 h 5)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux pour procéder à l'étude du projet de loi 150.
La parole est au critique de l'Opposition, le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président, Avant que nous
arrêtions la séance de travail de cette commission pour aller
voter, je disais qu'au cours de différentes allocutions qui ont
été faites par l'Opposition à l'Assemblée nationale
sur le projet de loi 150 nous avons dit à plusieurs reprises - je tiens
à le répéter à cette commission - qu'en ce qui nous
concerné nous croyons que le gouvernement ne sait pas où il va
avec ce projet de loi, en particulier quant au moment où il est
présenté, en fin de session. Pour nous, les travaux
parlementaires sont extrêmement mal planifiés. Après avoir
fait siéger les députés pendant plusieurs semaines pour
étudier des projets de loi qui nous semblaient quelque peu
insignifiants, le gouvernement a déposé en catastrophe, les 11,
12 et 13 novembre dernier, 36 projets de loi dont le projet de loi 150 sur les
forêts et le projet de loi 102 sur les terres du domaine public.
Le projet de loi 150, déposé par le ministre
délégué aux Forêts, et le projet de loi 102 sur les
terres du domaine public, déposé le 13 novembre par le ministre
de l'Énergie et des Ressources, vont remplacer éventuellement, au
cours des prochains mois, si on a bien compris, la Loi sur les terres et
forêts. Je pense que c'est un moment important pour le monde forestier
car cette décision du gouvernement libéral vient scinder la
gestion des terres de la gestion des forêts qui n'étaient plus
sous (a même responsabilité ministérielle depuis la
nomination de mon collègue de Laviolette
comme ministre délégué aux Forêts, en
décembre 1984. Cette séparation du secteur des terres et du
secteur des forêts ne sera pas totale parce que le projet de loi 150 sur
les forêts touche, aux articles 24 et 166, au plan d'affectation des
terres publiques approuvé conformément dans le projet de loi 102,
Loi sur les terres du domaine public.
Comme vous avez pu le remarquer, M. le Président, à
l'article 24 dont nous discutons actuellement, le ministre
délégué aux Forêts vient de déposer un
amendement qui enlève toute référence au projet de loi
102, dans l'alinéa troisième de l'article 24 du projet de loi
150.
De plus, les articles 29 et 30 du projet de loi 150 avancent la notion
de terres du domaine public sans se référer au projet de loi 102.
Là-dessus, nous prévoyons qu'éventuellement le ministre va
déposer des amendements puisqu'il vient d'en déposer un qui
enlève toute référence au projet de loi 102.
En toute logique, la loi générale, c'est-à-dire le
projet de loi 102, qui fixait le cadre, donc, le processus d'affectation des
terres et, en même temps, la définition des terres publiques,
devait, à notre avis, être adoptée avant la loi
spécifique sur la gestion de la zone forestière. Les projets de
loi 102 et 150 auraient donc dû suivre un échéancier
parallèle pour que cela soit cohérent. Le gouvernement, qui est
très en retard dans son calendrier parlementaire quant au projet de loi
102, avait annoncé la semaine d'avant la tenue d'une consultation
particulière pour les 11 et 12 décembre. Actuellement, à
la suite de rumeurs qui circulent en coulisses au parlement, il nous
apparaît que le projet de loi 102 ne sera pas appelé au cours de
la présente session.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
que nous en sommes à l'amendement de l'article 24.
M. Perron: C'est exact, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Dès votre
entrée, je vous ai laissé faire des remarques
préliminaires qui n'avaient rien à voir avec l'article 24. Comme
vous avez donné plusieurs exemples de lois que le gouvernement a
déposées, je pense que vous vous éloignez de l'amendement
à l'article 24. J'aimerais vous demander d'y revenir.
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président. Je me
réfère au projet de loi 150 et je fais allusion à
l'article 24, troisième alinéa, où il y a une
référence au projet de loi 102. Le ministre
délégué aux Forêts, par l'amendement qu'il vient de
déposer à l'article 24 du projet de loi 150, enlève toute
référence à la loi 102. Donc, si vous me permettez, je
suis absolument dans les règles, puisqu'on peut parler et de
l'amendement et de ce que le ministre enlève à l'article 24 de la
loi 150.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, vous avez la parole.
M. Perron: M. le Président, ce que nous avons devant nous,
c'est actuellement le problème du gouvernement. Peut-être que le
ministre de l'Énergie et des Ressources ne s'intéresse pas plus
à ce dossier, c'est-à-dire au dossier des forêts, parce
qu'il serait d'après nous extrêmement occupé à
contenir dans différentes régions du Québec les hausses du
prix de l'essence. Or le gouvernement s'apprêterait à annoncer
dans les prochaines heures le retrait de la consultation particulière,
si ce n'est déjà fait, prévu pour les 11 et 12
décembre.
Pourtant, mardi dernier, le ministre de l'Énergie et des
Ressources a été le premier à intervenir sur une motion du
député de Roberval demandant le report de quatre mois de
l'adoption du projet de loi 150 pour permettre au gouvernement de faire en
sorte que, à l'Assemblée nationale, au salon bleu, nous puissions
discuter en deuxième lecture du projet de loi 102 pour ensuite
procéder à son étude article par article en commission
parlementaire.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources déclarait ce
qui suit: "Je peux assurer le député de Roberval et l'Opposition
que c'est notre intention de faire adopter avant la fin de session le projet de
loi 102 qui a été présenté à
l'Assemblée nationale et les deux projets de loi seront adoptés
en même temps, avant le 21 décembre". Il continuait: "Je peux
assurer et mon collègue le ministre délégué aux
Forêts va assurer l'Opposition qu'il n'y a pas d'incompatibilité
entre le projet de loi sur les terres et la loi que nous discutons maintenant,
la loi sur le nouveau régime forestier".
Nous considérons nou3 de l'Opposition que, après un an de
pouvoir, le gouvernement a déjà perdu le nord. Il n'y a pas de
coordination ni de cohérence. Que l'on se comprenne bien. L'Opposition
appuie la très grande majorité des principes directeurs du projet
de loi sur les forêts dont l'entrée en vigueur est prévue
pour le 1er avril 1987, mais l'adoption de cette loi, pour nous, aurait
dû se faire, en toute logique, en parallèle avec la loi sur les
terres ou après la loi sur les terres.
Nous savons très bien qu'il est urgent que le Québec se
dote d'une nouvelle politique forestière. C'est dans son
application et sa mise en oeuvre que réside le principal
défi du nouveau mode de gestion des forêts
québécoises. Je pense que le ministre là-dessus est
parfaitement d'accord avec nous et nous sommes d'accord avec lui. Maintenant,
si vous permettez, M. le Président, je vais permettre à mon
collègue de Laviolette d'intervenir sur le fond quant à l'article
24. Il sera sûrement intéressant d'écouter mon
collègue de Laviolette vous rappeler certains faits et certaines
décisions qui avaient été prises lorsqu'il était
ministre délégué aux Forêts. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette, tout en vous rappelant qu'on est toujours
à l'article 24 et à l'amendement de l'article 24.
M. Jolivet: Effectivement, M. le Président, l'amendement,
si on le comprend très bien, et je pense que le ministre va devoir bien
l'expliquer, a pour but d'enlever toute référence au projet de
loi qui est devant l'Assemblée nationale. D'après les rumeurs,
parce qu'on pensait que c'était aujourd'hui que cela se ferait, mais je
n'ai pas suivi l'ensemble des activités parce que j'étais ici
à la commission, à ce moment on devait faire en sorte que le
projet de loi 102 soit enlevé du feuilleton quant à l'audition
des personnes qui devaient venir faire leurs représentations au ministre
responsable du secteur des terres, le ministre de l'Énergie et des
Ressources. (23 h 15)
Or, voici que parce qu'on a mal planifié l'ensemble des travaux
on se sent un peu coincé. On dit que, malgré ce que le ministre
de l'Énergie et des Ressources a dit en Chambre, ces projets ne doivent
pas nécessairement être adoptés concurremment. Pour
éviter qu'il y ait quelques problèmes, nous allons, au
troisième alinéa de l'article 24, enlever toute
référence à la Loi sur les terres du domaine public.
En contrepartie, lorsque nous étudierons le projet de loi 102, il
est fort probable qu'on ait aussi en même temps un amendement qui
réinsérera l'allusion à la loi 150. C'est de cette
façon que cela doit se faire, car on voudra éviter un vide
juridique quelque part ou un trou béant qui pourrait amener des
contestations juridiques.
Le but de notre intervention est de dire au ministre qu'il est en train
d'amender une loi qui va entrer en vigueur le 1er avril 1987. Une autre loi
aurait normalement dû entrer en vigueur au même moment. Elle ne le
fera pas; elle risque plutôt d'entrer en vigueur plus tard, à
moins que le ministre de l'Énergie et des Ressources ne décide de
convoquer, par l'intermédiaire du leader du gouvernement, une
réunion de la commission pour étudier le projet de loi au mois de
février.
Quant à l'audition - car on n'aura pas étudié le
principe du projet de loi - elle aurait lieu au mois de février. Une
fois que l'audition aura été tenue, on arriverait en Chambre le
deuxième mardi de mars pour en étudier le principe avec
rapidité et l'ensemble du projet de loi article par article en
commission parlementaire pour l'étude détaillée du projet
de loi et possiblement arriver en même temps au 1er avril, ce qui serait,
à mon avis, hasardeux.
Gluant à nous, nous n'adopterons pas un projet de loi sans
l'avoir analysé correctement. Dans ce contexte, nous arriverons avec un
projet de loi qui aura sa vigueur légale au 1er avril 1987 et avec un
autre qui risque de l'avoir au 1er juillet 1987. Est-ce que le ministre, pour
me permettre de poursuivre mon argumentation, pourrait m'indiquer les
difficultés qui pourraient surgir en adaptant le projet de loi 150 avant
le projet de loi 102? N'y, aurait-il pas danger qu'on ait un vide juridique,
peu importe si c'est une fiction ou une réalité, mais je veux
savoir si... Je n'appellerai pas cela de la science-fiction mais de la fiction
juridique. Mais quelqu'un quelque part voudra le contester. Est-ce que le
projet de loi 150, étant adopté, n'aurait pas pour effet de ne
pouvoir être applicable? S'il est inapplicable, peut-être que le
travail que nous faisons ce soir ne sera pas utile. Peut-être
pourrions-nous avancer davantage dans l'adoption de certains articles du projet
de loi 150. Peut-être aurait-on, comme Opposition et comme gouvernement,
une décision importante à prendre, c'est-à-dire celle de
ne pas passer à l'étape de l'adoption finale du projet de loi
à l'Assemblée nationale avant le 19 décembre et d'attendre
plutôt qu'on étudie les deux projets de loi. À ce
moment-là, à quoi servirait l'amendement qu'on apporte? S'il sert
à créer un vide juridique, je conseillerais au ministre de ne pas
le faire. Je lui conseillerais plutôt de dire qu'on le laisse là
et qu'on étudiera le projet de loi qui, au lieu d'entrer en vigueur le
1er avril 1987, entrera en vigueur le 1er juin ou le 1er mai 1987.
J'aimerais que le ministre m'explique cela et je continuerai mon
argumentation ensuite, mais je veux le savoir. Il peut demander l'aide de ses
conseillers qui pourront parler en son nom, car je sais que c'est une partie
juridique technique. Mais qu'il nous dise, avec l'amendement apporté, si
le projet de loi 150 est adopté le 19 décembre prochain, s'il n'y
aura pas de difficulté juridique pire que celle de retarder l'adoption
du projet de loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, on a longuement parlé de cette question hier. Je vous
ai affirmé à plusieurs reprises que le projet de loi 150 est
complet en lui-même. Je m'étais assuré auprès
des
procureurs du ministère qui en ont consulté d'autres et
ils m'ont affirmé, après en avoir discuté avec d'autres
procureurs, qu'il n'y a pas de vide juridique. C'était la mission que je
leur avais confiée et on m'assure, M. le député, qu'il n'y
a pas de vide juridique et que la présente Loi sur les terres et
forêts continue d'exister. Regardez l'article 213, à la page 44:
"La présente loi - seulement -remplace les articles 4, 5, 6, et 66
à 168 de la Loi sur les terres et forêts - c'est-à-dire
qu'on prend soin des articles concernant la forêt - ainsi que la Loi sur
l'utilisation des ressources forestières et la Loi sur la recherche et
l'enseignement forestiers."
M. Jolivet: Excusez-moi, je voulais juste...
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 213.
M. Jolivet: Ah! L'article 213, d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La Loi sur les
terres et forêts continue d'exister et la présente loi remplace
les articles que je vous ai mentionnés. On m'a assuré - et je
comprends votre inquiétude - j'ai demandé aux procureurs de faire
en sorte qu'il n'y ait aucun vide juridique sous cet aspect tout comme sous
l'aspect des droits immobiliers des concessionnaires ou des
permissionnaires.
M. Jolivet: M. le Président, vu que mon collègue,
le député d'Ungava, doit aller à la Chambre pour faire un
discours, je lui permettrais de prendre la parole et je reviendrai.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député, sur l'article 24 et son amendement.
M. Claveau: Oui, M. le Président, si vous êtes
d'accord, comme on vient d'en parler, on peut parier sur l'amendement et
l'article et on disposera de tout en même temps.
Le Président (M. Théorêt): L'amendement et
l'article, vous pouvez en discuter en même temps puisqu'ils sont
reliés.
M. Claveau: J'aimerais parler un peu plus sur le fond de
l'article, l'articulation de tout cela. Dans le préambule, si vous
voulez, ou le début de l'article, on parle des modalités, des
normes d'intervention forestière prescrites qui seront finalement
applicables à partir d'un règlement qui sera adopté par le
gouvernement. Jusque-là, cela va, le règlement est là. Par
contre, ces modalités d'intervention varient d'un endroit à un
autre en fonction, elles, des plans d'affectation ou des affectations qu'on
aura faites, de la vocation qu'on aura donnée à tel et tel
territoire. Selon l'affectation qui aura été donnée au
territoire, les modalités d'intervention seront différentes;
elles seront en fonction de cette affectation. Or, il appert que le plan
d'affectation, lui, pour pouvoir être applicable et reconnu par tout le
monde, doit être soutenu par une loi ou par un article de loi quelque
part qui fasse en sorte de le rendre opérationnel et non de le rendre
strictement directif ou de le rendre consultatif, mais vraiment
opérationnel. Vous savez, M. le ministre... Pardon, j'ai la gorge
sèche.
Une voix: Gardez-en pour...
M. Claveau: Ah! Il y en a toujours, cela revient. Vous savez, M.
le ministre, par exemple, les problèmes que vous risquez d'avoir avec
les MRC, entre autres, qui, elles, sont en train de faire leur schéma
d'aménagement qui n'est pas complété et elles ont
déjà affecté un certain nombre de territoires à
certaines vocations. Votre plan d'affectation devra être, sinon tout
à fait identique, pour le moins en concordance directe avec le travail
qu'on a déjà demandé aux MRC d'exécuter.
Donc, votre plan d'intervention, votre plan d'affectation doit
être appuyé par un article législatif qui le rende vraiment
efficace, opérationnel, et non pas strictement consultatif, comme je le
disais. C'est là, pour moi, que se situe le noeud du problème.
Les modalités d'intervention, pour cela, le livre est là, il y en
a un certain nombre là-dedans. Cela peut varier avec le temps, cela peut
s'adapter à différents milieux et tout cela, mais encore
là, il faut que ce soit soutenu en fonction d'un plan d'affectation.
C'est là où on retrouvait dans l'article, dont on ne donne pas le
numéro ici, dans le projet de loi 102, un lien direct qui permettait de
pouvoir, de par la loi, appliquer le plan d'affectation. Peu importe ce que le
ministre nous dit, qu'il s'agisse de vocations identîfées,
respectives, mais où ce "respectives" prend-il sa racine dans la loi?
C'est là où on a un problème.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je m'excuse, M. le
député. Voulez-vous, s'il vous plaît, répéter
votre question?
M. Claveau: Oui. Dans votre amendement, on dit, à la fin
du troisième paragraphe: "...compte tenu de leurs vocations
respectives." Or, l'aspect du respect, à quelle place prend-il sa racine
dans la loi actuelle, tant et aussi longtemps
que la loi 102 n'est pas adoptée? C'est mon problème. Ce
n'est pas par rapport aux modalités d'intervention.
M. Perron: C'est quant à leurs attributions
particulières.
M. Claveau: Oui, mais qui va obliger une MRC ou un milieu
donné è les respecter, si elles n'ont pas d'enracinement
juridique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est le
décret gouvernemental qui fait qu'il y a une affectation
particulière à une forêt, par les MRC. C'est par le
schéma d'aménagement.
M. Claveau: Est-ce que les schémas... Excusez, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné hier qu'il est possible et facile d'affecter la forêt
à différentes vocations -vous en convenez - une vocation
d'habitat faunique, une vocation en matière de production ligneuse, etc.
La loi 150 nous permet de le faire. Ce seront nos vocations
forestières.
M. Claveau: Alors, vous êtes en train de me dire que les
schémas d'aménagement, qui, eux, ont un enracinement juridique,
seront la base sur laquelle vous allez vous appuyer pour déterminer le
plan d'affectation, À ce moment-là, si le plan d'affectation ne
concorde pas avec les schémas d'aménagement, lequel aura
prépondérance sur l'autre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. C'est le
gouvernement qui accepte le plan d'aménagement et d'urbanisme des MRC,
qui donne des avis et discute avec les MRC sur Ies vocations que les MRC
veulent bien attribuer aux terres, aux cours d'eau ou aux forêts.
M. Claveau: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On en discute.
Mais le gouvernement a un pouvoir de désaveu s'il ne d'accordé
pas avec les MRC, c'est sûr.
M. Claveau: Par exemple, prenons une forêt qui, dans un
milieu donné, a une vocation traditionnelle qui peut être une
vocation touristique, et que les gens ont l'habitude d'utiliser à cette
fin; si dans votre pian d'affectation vous donnez une nouvelle vocation
à cette forêt, alors je dis qu'à partir du moment où
il n'y a rien qui fixe votre plan d'affectation dans la loi
l'interprétation de la vision traditionnelle qu'ont les résidents
du milieu de l'utilisation de cette forêt est aussi légitime que
la vision du gouvernement par son plan d'affectation, à moins qu'on
légifère pour que le plan d'affectation ait un enracinement
juridique et légal.
Pour l'affectation, les modalités d'intervention peuvent
être appliquées par règlement en fonction d'un certain
nombre de critères. D'accord? Mais il n'y a rien nulle part qui dise que
le plan d'affectation soit légal; de toute façon le plan
d'affectation ne pourra être légalisé qu'à partir du
moment où on saura comment on va affecter les terres, parce que ce ne
sont pas les arbres qu'on affecte, ce sont les terres, même si les arbres
sont dessus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député d'Unvaga, on peut facilement et normalement affecter les
forêts à différentes fins. La loi 150 nous autorise
à le faire, nous le permet. Je n'ai pas de problème avec
cela.
C'est évident que les forêts poussent sur les terres et
occupent des terres.
Une voix: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
évident qu'un chemin forestier se fera sur les terres et la Loi sur les
terres et forêts existe encore, elle n'a pas été
abrogée, sauf les articles que l'on prévoit abroger.
M. Claveau: Mais est-ce que le ministre peut me donner la
référence dans l'actuelle Loi sur les terres et forêts qui
l'autorise à donner à chaque coin de forêt du Québec
une vocation spécifique? (23 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): On peut affecter
des forêts à différentes fins. Oui, on peut le faire.
Évidemment, cela s'est fait et cela se fera encore. Quand on parle de
forêt expérimentale, de forêt de recherche, de forêt
d'enseignement, cela se fait, on peut le faire, on va pouvoir le faire avec
l'amendement qu'il y a là aussi.
M. Claveau: Le gouvernement peut toujours se réserver...
Là, on parle de certains secteurs, on parle de terres, disons que c'est
fait d'une façon plus ou moins sporadique et en fonction
d'intérêts bien précis. C'est ta même chose qu'une
concession forestière ou un droit de coupe qui sont donnés sur un
territoire donné, dans le fond. Vous pouvez le faire, le
préserver pour une autre vocation, mais, c'est justement cela, on dit
que c'est différent à partir d'aujourd'hui. On dit qu'avec la
nouvelle loi ça ne sera plus cela. Toute l'affectation qu'on a
donnée actuellement à nos forêts est modifiée, est
changée, ce n'est plus la même affectation. On parle de
modalités d'intervention...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...en milieu
forestier.
M. Claveau: ...en milieu forestier...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et non en
milieu territorial. C'est cela, on parle de milieu forestier.
M. Claveau: Oui, mais, votre arbre, il va falloir que vous leviez
une pelletée de terre à un moment donné si vous voulez le
planter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est bien
certain.
M. Claveau: Ah! C'est peut-être mon problème, mais
je ne demande pas au député de La Peltrie de partager mon
problème de métaphysique. J'aimerais mieux que le ministre
éclaire un peu mes lanternes sur cela. Pourquoi, dans un premier temps,
le ministre avait-il vu l'obligation, ou avait-il senti qu'il devait le relier
au projet de loi 102? Pourquoi, dans un premier temps, voulait-il le relier au
projet de loi 102, alors que, dans un deuxième temps, il nous dit que ce
n'est plus nécessaire, donc, qu'il n'avait pas à le faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup); On a transmis Ies
plans d'affectation des forêts aux MRC et cela a été
endossé par le gouvernement.
M. Claveau: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les MRC doivent
s'inspirer de ces plans d'affectation des forêts pour élaborer
leur plan d'aménagement.
M. Claveau: Vous avez bien dit, M. le ministre, s'inspirer. Donc,
ce n'est pas une obligation. En fait, cela pourrait devenir moralement une
obligation, mais ce n'était pas une obligation dans la loi. Elles
peuvent s'inspirer et non pas être obligées de se conformer.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si les MRC ne se
conforment pas au plan d'affectation des forêts que nous leur avons
transmis, on peut les désavouer, mais elles doivent s'en inspirer.
M. Claveau: Vous êtes en train de nous dire que le travail
des MRC, à la limite, c'est vous qui allez décider si c'est bon
ou pas, point final.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais les
gestionnaires...
M. Claveau: Non, non, mais le problème est concret, il
existe sur le terrain, cela ne va pas si bien que cela, le plan
d'affectation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'après la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, les MRC doivent tenir compte des
orientations gouvernementales et le gestionnaire des forêts, c'est le
ministre des Forêts, d'après la loi. Je ne pense pas que dans la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme on enlève ce pouvoir au
ministre des Forêts, M. le député.
M. Claveau: Mes préoccupations restent entières.
Si, dans un premier temps, le ministre a senti que pour appuyer son
argumentation il devait se référer à un projet en instance
d'être adopté, à ce moment, il devait avoir une très
bonne raison de le faire, sinon il ne se serait pas référé
pour rien à ce projet de loi. Dans un deuxième temps, il nous
dit: Non, ce n'est pas grave, on n'a qu'à mettre "respectives" et cela
va remplacer toute référence à quelque projet de loi que
ce soit, et puis le tour est joué, on sort le lapin du chapeau. À
moins que le ministre nous dise qu'il avait été mal
conseillé pour rédiger son premier texte et que ce n'était
vraiment pas nécessaire de le faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est cela.
Je vous le répète, les vocations respectives de la forêt,
on peut les déterminer pour différentes fins. On l'a fait, on a
transmis aux MRC les cartes d'affectation de zones forestières. En ce
qui nous concerne, aux Forêts, nous n'avons pas transmis aux MRC les
cartes d'affectation de zones agricoles. Cela a été fait par tes
Forêts avec la collaboration de l'Environnement et du MLCP. Que
voulez-vous que je vous dise de plus, M. le député?
M. Claveau: J'essaie de comprendre pourquoi on peut remplacer une
référence à un projet de loi par un autre mot et le tour
est joué. Mais je vais laisser la parole à un autre de mes
collègues qui sera peut-être plus pertinent.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Peut-être que je
vais faire une farce à cette heure de la soirée. Je pense qu'il
serait bien de dire que le ministre aurait aimé être ministre des
Terres et Forêts, mais que d'autre3 collègues l'ont
devancé. Finalement, il reste ministre délégué aux
Forêts. Cela fait allusion au fait que... D'ailleurs, je dois dire...
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Jolivet: On ne peut même pas faire une farce. Le
ministre comprend cela, parce qu'il en a été question au
Congrès des
ingénieurs forestiers. On y disait qu'il faudrait peut-être
arriver à la réunification du ministère des Terres et
Forêts pour s'assurer qu'il y ait une meilleure gestion de l'ensemble du
territoire, à la fois quant à son affectation, quant à sa
protection et quant à la gérance des bois et à des besoins
forestiers. Ma farce étant faite, le ministre ayant compris, je dois
simplement dire qu'il me reste un problème, qui pourrait être le
suivant: Le ministre pourrait sans doute me dire quelle est la philosophie qui
sous-tend cet article. Mais je ne lui demanderai pas. Il m'a expliqué
depuis longtemps que lui, pour le moment, ne voyait pas d'utilité
à l'inscrire, alors que, quand il l'a présenté, il y en
avait une. Il n'y en pas une quant à l'utilité, parce qu'il
semblerait que le leader a mal fait son travail en Chambre et qu'il est pris
avec un projet de loi qu'il ne pourra pas faire adopter d'ici...
Le Président (M, Théorêt): ...amendement sur
l'article 24...
M. Jolivet: Oui, vous allez voir, il ne peut le faire adopter
d'ici le 19 décembre. Mais le problème, c'est que le ministre ne
m'a pas encore convaincu qu'il n'y aura pas quelque part sur le territoire...
Le député d'Ungava a raison de le dire... Je connais les gens
d'Abitibi-Témiscamingue, ce sont des gens qui revendiquent des droits,
ils revendiquent des choses et c'est normal qu'ils le fassent, sauf que le
ministre actuel a dit: II n'y a qu'une personne - et je suis d'accord avec lui
- qui va gérer le territoire en ce qui concerne les besoins forestiers.
Donc la gérance des arbres, cela va être fait par quelqu'un qui
s'appelle le ministre, par l'intermédiaire d'une loi qui le constitue.
Mais il y a un problème, c'est que le monde n'accepte pas cela. Il va
falloir qu'il y ait des discussions parce qu'il y a des gens, dans des MRC, qui
disent que le gouvernement n'a pas raison d'avoir la responsabilité,
seul, de décider où vont aller les bois et ce qu'on va faire avec
cela. Il y a des municipalités régionales de comté qui
disent: M. le ministre, nous avons une capacité de
récupération de bois pour les besoins de notre région en
création d'emplois, etc. On est pris actuellement par des concessions
forestières, on est pris par des contrats d'approvisionnement, mais on
vous dit: Écoutez, vous avez une loi qui s'en vient; il y a des
amendements qui s'en viennent, vous vouliez, comme ministre, donner cette
assurance quant à l'affectation des terres qu'il n'y en ait pas
quarante-six qui décident. L'article 13 de la loi de
l'aménagement du territoire indique effectivement que le ministre doit
présenter aux municipalités -ce qui a été fait,
d'ailleurs, en vertu des articles prévus à cette fin - ce qu'il a
l'intention de faire. Les municipalités peuvent contester, mais à
un moment donné quelqu'un devra décider, parce qu'autrement, on
ne s'entendra jamais. Cette décision appartient, en vertu de la loi, au
gouvernement. Je dis: N'y aurait-il pas danger que demain matin la loi qui est
présentée devant nous, qui est adoptée légalement
soit jugée invalide à cause d'une demande d'injonction au niveau
de la Cour supérieure du Québec, et même de la Cour
suprême? Y a-t-il un danger?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne vois pas en
vertu de quoi, M. le député.
M. Jolivet: En ce qui concerne...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Parce qu'une MRC
peut vouloir gérer la forêt de façon différente des
orientations qui lui sont données par le gouvernement ou par le ministre
délégué aux Forêts, à qui on a confié
la responsabilité de la gestion des forêts?
M. Jolivet: Je vous pose une question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le gouvernement a
le pouvoir de désaveu si les MRC ne tiennent pas compte des orientations
que le gouvernement leur soumet.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut me garantir qu'il n'y
aura pas quelqu'un quelque part qui pourra utiliser une méthode qui est
connue, l'injonction, pour empêcher d'agir, dans un territoire, sur le
partage du territoire? C'est cela qui va arriver. Il va arriver, à un
moment donné, dans la loi que vous allez partager le territoire entre du
monde. Si une municipalité conteste et dit que la compagnie Unetelle,
sur son territoire, ne viendra pas chercher le bois, que cela va rester chez
elle, elle va même faire des manifestations, elle va bloquer les routes,
elle va empêcher le bois de sortir, elle va empêcher les trains de
partir. Est-ce que le ministre peut me garantir qu'il n'y a pas de danger,
compte tenu du fait qu'il n'y a pas un lien avec l'affectation des terres, que
cela n'arrivera jamais?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas
l'affectation des terres qui va nous prévenir d'une décision
semblable de quelqu'un. Je ne suis pas responsable des décisions. Je ne
peux pas garantir que quelqu'un va prendre une décision semblable, comme
je ne suis pas responsable de vos décisions non plus. Je ne peux pas
garantir que vous allez prendre les bonnes ou les mauvaises décisions.
Je ne vois pas pourquoi vous me demandez cela. Je ne peux pas garantir pour les
autres.
M. Jolivet: Pardon? Je m'excuse!
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, s'il veut aller lire
ailleurs, je ne le dérangerai pas, mais qu'il ne me dérange pas
quand je pose des questions qui sont pertinentes dans le débat.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette, je m'excuse, je n'ai pas entendu de
remarques, je vais porter attention.
M, Jolivet: Je l'ai entendu, moi. Il disait que je voulais faire
perdre le temps. Je ne veux pas faire perdre le temps, je veux m'assurer que la
loi, si jamais elle est adoptée, ne fera pas perdre du temps à
des gens qui sont dans les usines.
Une voix: C'est bien sûr qu'elle va être
adoptée.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette, vous avez la parole, si vous voulez
continuer.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai compris une chose,
à moins que je me trompe et que je me leurre: la loi 102 vient donner
une assise juridique au plan d'affectation des terres. Est-ce que j'ai raison
ou si j'ai tort?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, je ne peux pas discuter de la loi 102, la Loi sur les
terres du domaine public. Quand je regarde les affectations forestières
que nous avons tranmises aux MRC, on parle de production forestière, de
production forestière permise, de production forestière
prioritaire dans des réserves écologiques, des parcs ou des zones
de conservation. On parle de forêt dans le guide d'intervention, et ce
seront les vocations respectives qu'on va déterminer à nos
forêts. C'est évident que les forêts ne reposent pas sur des
terres. Ce n'est pas basé sur les terres, c'est basé sur la
forêt.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre pourrait me convaincre qu'il
n'y a pas danger que la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme... La loi
qui a été adoptée prévoit certaines choses et on
vient modifier, dans le projet de loi 102, l'article 16 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme en modifiant l'article par une addition au
texte qui dit: "notamment, la proposition de plans d'affectation
préparés par le ministre de l'Énergie et des Ressources
conformément à l'article 17 de la Loi sur les terres du domaine
public", et là on fait mention de ces affectations, de l'assise qu'on
veut leur donner.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le procureur me
dit que non.
M. Jolivet: Pourrait-il me l'expliquer, parce que je ne comprends
pas? Je comprends que c'est technique, mais il y a quelque chose que je ne
comprends pas. Si je le comprends, je vais pouvoir l'accepter facilement,
mais... Il pourrait parler en votre nom, on peut le permettre. (23 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): En transmettant
nos orientations aux MRC... En vertu de la loi 125, elles doivent soumettre un
schéma d'aménagement. On introduit tout simplement le terme
"affectation".
M. Jolivet: ...se rendent gestionnaires des bois, sur des terres
affectées à ces fins, parce que, là, on définit
quelles sont les affectations des terres car on a plusieurs formules qui sont
proposées.
Ce que je veux savoir concernant les affectations des terres, c'est si
une municipalité ne pourrait pas utiliser, justement, le fait que vous
ayez fait référence au projet de loi 102 dans cette loi parce que
vous allez faire l'inverse concernant le projet de loi 102, vous allez faire
référence au projet de loi 150. C'est ainsi que vous allez
régler votre problème. Mais, si vous faites cela, cela veut dire
qu'il y a un vide juridique quelque part, à moins que je ne sois dans la
fiction juridique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y a des
affectations pour fins autres que forestières, cela ne relèvera
pas du ministre délégué aux Forêts, c'est clair. Et,
à l'article 24, on parle de "la compatibilité des
activités qui s'exercent sur les diverses unités territoriales du
domaine public compte tenu de leurs vocations respectives."
On réfère tout cela, M. le député, aux
modalités d'intervention en milieu forestier.
M. Jolivet: Je prends l'amendement, là. On dit: "la
compatibilité des activités qui s'exercent sur les diverses
unités territoriales du domaine public compte tenu de leurs vocations
respectives."
Les diverses unités territoriales, vous les définissez
comment? Les définissez-vous quelque part, est-ce que vous les mettez
ainsi et vous dites: Acceptez-le?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le guide
d'intervention, M. le député, les unités territoriales
sont définies à la page 5. On les décrit, n'est-ce-pas? On
décrit les unités territoriales sur lesquelles est basé
l'amendement à la page 5 du guide d'intervention.
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On parle
exclusivement de production forestière, de production forestière
permise, d'unités territoriales constituées en vertu de la Loi
sur les réserves écologiques. C'est en vertu d'autres lois, comme
la Loi sur les parcs, les projets acceptés par le COMPADR dont j'ai
parlé ce soir qui fait le lien entre les différents ministres qui
exercent différentes responsabilités en forêt.
M. Jolivet; Dans un projet de loi, pour éviter des vides
juridiques, ordinairement, on met des clauses diverses ou transitoires. Il y a
une transition qui doit se faire quelque part. Je vous le dis, je vais vous
donner un exemple bien typique: En 1967, il y a eu un décret du
gouvernement de l'époque pour les enseignants disant: Vous allez
augmenter à tel salaire. Moi, Jolivet, comme individu, comme beaucoup
d'autres, j'avais droit, d'après notre interprétation, à
200 $. D'autres augmentaient de 1500 $. On était, semble-t-il, mieux
payés parce qu'on était des hommes, à cette
époque-là, et c'est vrai. Mais savez-vous quand est-ce que je les
ai eus mes 200 $? En 1976, quand j'ai été élu. Ils ont
réglé le procès en 1976, j'ai eu 200 $ "straight", sans
intérêt. Je vous dis: Est-ce qu'il y a un danger? Sinon, dans la
loi 102 on ne ferait pas référence à des amendements
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et si on ne le fait
pas, parce qu'on n'adopte pas la loi 102, quelles sont les conséquences
qu'il pourrait y avoir sur le fait que vous l'enlevez dans le texte sans
définir ce que sont les unités territoriales?
Vous avez bien beau me dire que les unités territoriales sont
définies dans le plan de votre document sur l'affectation des terres
publiques, mais je dois vous dire que cela ne me donne pas de grosses
sûretés. Je comprends, vous allez me dire que ce qui touche le
ministère de l'Environnement du Québec sera dans cette loi, qu'il
faudra vérifier ces choses. Le MLCP, le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, le ministère de l'Agriculture, vous
savez très bien qu'on va avoir des problèmes tout à
l'heure avec le ministère de l'Agriculture qui refuse, depuis longtemps,
de transmettre au ministère de l'Énergie et des Ressources,
secteur forêts, les terres nécessaires au reboisement; on ne
s'entend pas entre ces deux ministères. Inversement, d'ailleurs, le
ministère de l'Énergie et des Ressources refuse de remettre des
terres au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation parce qu'il juge que ce n'est pas à ce dernier de
s'occuper de cela. Peut-être bien qu'au lieu d'avoir un ministère
des terres et forêts on serait mieux d'avoir un ministère des
ressources renouvelables.
M. Côté (Rivière-du-Loup: À l'article
24 dont on parle, on dit: Le titulaire d'un permis doit se conformer aux normes
d'intervention forestière. Ensuite, on dit: Ces normes ont pour objet
d'assurer..., on donne les fins des normes, tout simplement. C'est pour cela
qu'il ne peut pas y avoir de procès, comme vous le craignez. Ces normes
ont pour objet d'assurer: le maintien ou la reconstitution du couvert
forestier, la protection de l'ensemble des ressources du milieu forestier et la
compatibilité des activités qui s'exercent sur les diverses
unités territoriales compte tenu des vocations respectives.
M. Jolivet: Une dernière question, une dernière
tentative. Dans le texte, c'est écrit: "le gouvernement par voie
réglementaire". Le ministre - j'en profite parce que ce sont les
dernières minutes que nous avons avant l'ajournement sine die - va donc
présenter un règlement. Je vais peut-être clarifier la
situation et me faire comprendre. Ou bien je comprends mal ou bien je suis
têtu - je pense bien que les gens de l'autre côté vont dire
que je suis têtu - mais, en tout cas, une chose est certaine, c'est que
j'essaie de m'assurer qu'il n'y aura pas, dans l'avenir, de problèmes
majeurs quant à toute la grande redistribution que vous allez avoir
à faire. Vous savez que ce n'est pas un cadeau. C'est normal que ce ne
soit pas un cadeau. Ce sont de grosses négociations. Je vous dis tout
simplement - "par voie réglementaire" étant donné que
demain les bureaux devraient fonctionner normalement et que vous aurez du temps
pour préparer cela parce qu'on ne siégera pas, de nous envoyer le
synopsis des règlements et aussi l'ensemble des autres amendements que
vous avez l'intention de déposer. Cela nous permettrait de poser moins
de questions et d'aller plus rapidement. Je vous laisse sur cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Très
bien.
Le Président (M. Théorêt); M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Oui, M. le Président. À l'article 24,
tel que libellé avant l'amendement déposé par le ministre,
il est question du projet de loi 102 et d'un certain numéro à
indiquer concernant un certain chapitre. J'aurais une question à poser
au ministre et, par la suite, j'interviendrai sur le fond.
Si je me réfère au projet de loi 150, à l'article
228, compte tenu de ce que j'ai mentionné il y a quelque temps se
rapportant au projet de loi 102 qui ne sera probablement pas adopté
avant la fin de la session, contrairement è ce que dit le ministre de
l'Énergie et des Ressources... En passant, le ministre de
l'Énergie et des Ressources a fait une petite erreur. Ce n'est
pas possible pour le 21 décembre, on n'a pas le droit de
siéger le dimanche. Ce n'est pas possible pour le 20 non plus, on n'a
pas le droit de siéger le samedi, à moins qu'il y ait urgence.
Comme le gouvernement a décidé de ne pas mettre l'urgence sur le
projet de loi 102, mais plutôt de procéder à l'étude
article par article du projet de loi 150 en commission parlementaire, la
question que je veux poser au ministre est la suivante. Dans l'article 228 du
projet de loi 150, il est écrit ce qui suit: "La présente loi
entre en vigueur le 1er avril 1987". Est-ce que le ministre a actuellement un
amendement qui pourrait changer la date du 1er avril 1987 pour inscrire
à la place "sur proclamation du gouvernement", comme cela se fait dans
différents projets de loi? Je sais que le ministre va me répondre
très honnêtement.
M. Jolivet: II est toujours honnête.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous en
doutez?
M. Jolivet: Nonl
M. Perron: Je doute de certains de vos collègues, par
exemple. Vous avez vu cela il y a une couple de semaines.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Ouplessis, vous ne pouvez imputer à des
collègues... M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Duplessis, je n'ai pas en vue un amendement à
l'article 228.
M. Perron: Qui changerait la date prévue dans le projet de
loi que nous avons en face de nous.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qui changerait la
date prévue. Je ne l'ai pas en tête, je ne l'ai pas en vue, je n'y
ai pas songé. C'est toujours le 1er avril 1987 comme date.
M. Perron: Mais je comprends très bien, par exemple, que
le ministre peut, lorsqu'il arrivera à cet article, déposer un
amendement, même s'il ne l'a pas au moment où on se parle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai hâte
d(y arriver à cet article-là.
M. Jolivet: Si le ministre pouvait mettre la date du 19
décembre, ce serait plus simple, cela éviterait des
compromissions entre le 19 décembre et le 31 mars.
M. Perron: Alors, M. le Président, compte tenu qu'au
troisième alinéa de l'article 24 de la loi 150, tel que
libellé avant l'amendement du ministre - j'ai bien dit avant
l'amendement du ministre - il est question du projet de loi 102, je voudrais
simplement lire quelques notes explicatives de ce projet de loi intitulé
Loi sur les terres du domaine public: "Ce projet de loi propose une refonte
complète des dispositions de la Loi sur les terres et forêts qui
portent sur l'administration des terres du domaine public et introduit une
distinction entre la gestion des terres et la gestion de diverses ressources
qu'elles supportent, de manière à favoriser l'utilisation
polyvalente et rationnelle des terres."
Donc, c'est une définition...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas
objection, cela favorise l'utilisation polyvalente...
M. Perron: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...des terres. Ce
n'est pas chez nous...
M. Perron: Attention. Ce n'est pas chez vous, mais cela va
être chez vous. La Loi sur les terres et forêts va avoir affaire
chez vous dans le domaine forestier avant longtemps, surtout lorsque le
ministre de l'Énergie et des Ressources fera ses devoirs et qu'il
préparera ce que l'on appelle les unités territoriales
résultant de l'affectation des terres publiques.
Pour ce qui est mentionné dans le projet de loi, on a, par
exemple, l'article 17 du projet de loi 102 qui parle d'un plan d'affectation.
On peut parier de l'article 19 qui mentionne un plan d'affectation. On peut
parler de l'article 20 qui mentionne un plan d'affectation. C'est surtout ce
chapitre, cette section III du projet de loi 102, Plan d'affectation des
terres, qui va permettre au ministre de savoir exactement les endroits sur le
territoire québécois où il pourra y avoir des utilisations
multiples, c'est-à-dire des zones de conservation, refuges fauniques,
sites fauniques, sites récréatifs, sites d'utilité
publique, sites agricoles et en même temps une production
forestière qui serait permise dépendamment des contrats, etc.
D'autre part, cette même Loi sur les terres du domaine public va
permettre aussi au ministre délégué aux Forêts de
connaître tous les territoires où il lui sera permis
d'émettre des contrats - pour la production forestière, et ce,
d'une façon prioritaire par rapport aux autres utilisations par
différents ministères du gouvernement.
Lorsque l'on regarde la définition et la vocation des
unités territoriales résultant de l'affectation des terres
publiques qui est prévue à l'intérieur du projet de loi
102, il n'y a pas un ministère d'inclus là-dedans. Moi, j'en ai
relevé quelques-uns. Il y a le
ministère de l'Environnement du Québec, iI y a le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche à
plusieurs reprises et dans plusieurs domaines. Il y a le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il y a le
ministère des Affaires culturelles...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, je veux...
M. Perron: ...le ministère du Tourisme, etc. Ce que je dis
en terminant, M. le Président, c'est que lorsque nous avons
mentionné à l'Assemblée nationale, au salon bleu, qu'il
était essentiel que l'on procède parallèlement avec les
projets de loi 102 et 150, ou encore que l'on adopte le projet de loi 102
antérieurement au projet de loi 150, cela est prouvé aujourd'hui
par la discussion que nous avons sur l'article 24, nous avions parfaitement
raison.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, je dois mettre fin aux travaux de la
commission de l'économie et du travail et ajourner sine die.
(Fin de la séance à minuit)