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(Quinze heures dix minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'économie et du travail reprend
cet après-midi sa consultation particulière sur l'avant-projet de
loi sur les forêts. Avant de débuter, je demanderais au
secrétaire de la commission de nous indiquer s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bélanger (Mégantic-Compton) est remplacée par M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet). M. Cannon (La Peltrie) est remplacé par M. Poulin
(Chauveau). M. Filion (Taillon) est remplacé par M. Perron (Duplessis).
M. Gobé (Lafontaine) est remplacé par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata). M. Leclerc (Taschereau) est remplacé
par M. Middlemiss (Pontiac). M, Lefebvre (Frontenac) est remplacé par M.
Paradis (Matapédia). M. Paré (Shefford) est remplacé par
M. Jolivet (Laviolette). M. Parent (Bertrand) est remplacé par M.
Desbiens (Dubuc). M. Rivard (Rosemont) est remplacé par M. Audet
(Beauce-Nord).
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. Je vais donner l'ordre du jour pour aujourd'hui. À
quinze heures, donc, immédiatement après nous allons commencer
à entendre l'Association des intervenants forestiers des
Hautes-Laurentides. Par la suite, nous entendrons l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec. En soirée, nous
entendrons la Fédération des travailleurs forestiers du
Québec et l'Ordre des technologues des sciences appliquées.
S'il n'y a pas de question ou de demande de précision... M. le
député de Laviolette.
Mémoire du collectif "Au nom de la
forêt"
M. Jolivet: Oui. Tel qu'il avait été entendu lors
de la discussion sur les gens qui voulaient intervenir en cette commission mais
qui n'ont pas pu le faire parce que l'ensemble de l'horaire a été
émis par la décision majoritaire des membres de la commission,
j'ai un document qui vous sera remis ici à tous les membres de la
commission et qui est fait par le collectif "Au nom de la forêt". J'ai
les copies nécessaires pour les dépôts tel qu'on
s'était entendu.
Le Président (M- Charbonneau): En vertu de l'article 168,
je pense qu'on va faire ce qu'on a fait la semaine dernière. Le
secrétaire de la commission va y voir. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions préliminaires? M. le député de Duplessis,
vous m'avez signalé...
M. Perron: Oui. La semaine dernière, nous avons eu un
organisme qui s'est présenté devant la commission parlementaire
qui avait pour nom l'Association forestière québécoise. En
date du 27 septembre 1986, à la suite des questions que j'ai
posées et aux réponses qui furent données par le ministre
délégué aux Forêts se rapportant à la
subvention de 170 000 $ du gouvernement à l'Association
forestière québécoise, il était mentionné
ceci dans un article du journal Le Soleil, sous la plume de M. Raymond
Gagné: "L'Association forestière québécoise et son
mouvement de jeunesse les Clubs 4-H ont fermé leurs portes lundi dernier
faute d'argent nécessaire au fonctionnement des deux organismes.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis...
M. Perron: Je voudrais savoir si le ministre pourrait nous donner
une réponse aujourd'hui...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: ...en rapport avec l'affirmation qu'il a faite la
semaine dernière.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis, ce n'est pas la période des questions, malheureusement.
Peut-être pour vous ou pour plusieurs de nos collègues, mais le
fait est que nous avons un mandat et c'est d'entendre des organismes. Je pense
que, la semaine dernière, vous avez réussi à intervenir et
à poser quelques questions au ministre dans le cadre de la
présentation et de la discussion de certains mémoires.
Peut-être y aurait-il lieu d'utiliser le même procédé
- si le ministre était d'accord - lors de la présentation et de
la discussion d'un mémoire et, à ce moment-là, de voir
dans
quelle mesure vous pouvez insérer de façon pertinente la
question que vous voulez soulever. Le mandat de la commission n'est
certainement pas de commenter l'actualité et de permettre ici une
période de questions comme il s'en déroule à
l'Assemblée nationale lorsque nous siégeons de façon
régulière. Est-ce que cela va?
M. Perron: Merci, M. le Président, admettons que j'accepte
votre verdict. J'y reviendrai sûrement au cours de la séance
d'aujourd'hui, lors d'une occasion spéciale où je pourrai poser
les questions qui s'imposent au ministre en rapport avec cet article de journal
concernant l'Association forestière québécoise. Il en va
de l'importance...
M. Théorêt: M. le Président, s'il vous
plaît...
M. Perron: ...et de la bonne marche... M.
Théorêt: ...question de règlement.
M. Perron: ...de nos travaux, ainsi que de la bonne marche des
affaires.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
Concernant les remarques préliminaires, est-ce qu'il y en a d'autres? M.
le député d'Ungava...
M. Théorêt: M. le Président, j'ai
demandé la parole avant le député d'Ungava.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont, c'est vrai.
M. Théorêt: M. le Président, je
réfère le député de Duplessis à l'article
211 qui est la règle de la pertinence. Je pense que vous avez
établi clairement que ce n'était pas une période de
questions mais qu'on devait, par respect pour les groupes qui sont
présents, ne pas retarder les travaux de la commission parlementaire qui
a comme objectif de les écouter et non pas les discours du
député de Duplessis.
Une voix: C'est bien cela.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que le point
avait, déjà été bien marqué, M. le
député de Vimont. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je voudrais juste dire
que la question de mon collègue de Duplessis se réfère
à une affirmation qui a été faite par le ministre, ici
même en cette salle, durant la même commission parlementaire.
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre! D'accord. Je voudrais signaler à tous les membres de la
commission que nous avons un mandat et qu'en vertu de celui-ci nous devons
entendre des organismes. Le mandat de la commission ne permet pas, ne vise pas,
d'une certaine façon, à commenter l'actualité ou à
permettre, finalement, des mises au point, des corrections
d'événements ou l'interprétation
d'événements qui pourraient s'être déroulés
depuis l'audition de cet organisme, même si cela peut avoir un lien. Je
peux convenir qu'il peut y avoir un lien très étroit, sauf que ce
n'est pas dans le mandat de la commission. Si on était, per exemple, en
session régulière, vous pourriez très bien utiliser la
période de questions pour poser ce genre de question. En commission
parlementaire, on exécute le mandat qui nous a été
confié. La seule façon, à ce moment-ci, pour le
député de Duplessis d'aller de l'avant dans le genre de question
qu'il voulait poser au ministre, c'est qu'il y ait consentement unanime.
Une voix: II n'y a pas consentement. Une voix: Non, non,
pas question.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, je
pense que, de part et d'autre, vous connaissez maintenant mieux
l'interprétation qui peut être faite à la fois du mandat et
du règlement. S'il n'y a pas d'autres questions préliminaires, je
vais maintenant inviter les représentants de l'Association des
intervenants forestiers des Hautes-Lauren-tides. Le président de cet
organisme, c'est M. Léandre Meilleur, si mes informations sont exactes.
Dans ce cas-là, M. Meilleur, si vous voulez prendre place avec vos
collègues. Je voudrais d'abord vous demander de présenter les
gens qui vous accompagnent et vous rappeler ce que sans doute le
secrétaire de la commission vous a indiqué
précédemment, savoir que vous avez douze minutes pour la
présentation de votre mémoire et que, de chaque
côté, les groupes parlementaires qui sont
représentés à la commission ont 24 minutes pour engager la
discussion avec vous sur les points de vue que vous aurez émis
précédemment.
Alors, M. Meilleur.
Auditions
Association des intervenants forestiers des
Hautes-Laurentides
M. Meilleur (Léandre): Ceux qui m'accompagnent aujourd'hui
sont le vice-président de l'association, M. Yves Latour, qui est
directeur général de la Coopérative des
Hautes-Laurentides, et Mme Julien, qui agit avec nous comme secrétaire
de l'association.
M. le Président, M. le ministre Côté, M. le ministre
Ciaccia, M. Damien Hétu, M. Perron, M, Jolivet et MM. les
députés, permettez-nous de vous remercier de donner à
notre association l'occasion de venir vous entretenir de notre forêt du
Québec, celle qui n'est pas exclusivement ou très majoritairement
résineuse. Nous n'avons pu vous apporter la splendeur de notre
région à cette époque-ci de l'année. Nous avons
donc décidé de vous remettre un échantillon de la
variété et de la qualité des essences forestières
qui forment le couvert forestier des Hautes-Laurentides.
Depuis de nombreuses années, tous les intervenants tant
politiques qu'économiques de la région des Hautes-Laurentides
réclament une révision du mode actuel de gestion et de tenure des
forêts publiques du Québec. Nous ne pouvons donc que nous
réjouir de voir le gouvernement passer aux actes dans ce dossier.
L'Association des intervenants forestiers des Hautes-Laurentides est
fondamentalement en accord avec les principaux éléments
d'orientation qui sous-tendent le projet de toi sur les forêts. Nous nous
questionnons toutefois quant aux modalités d'application de cet
avant-projet de loi dans le cas des forêts publiques feuillues et
mélangées du sud-ouest du Québec.
Le Québec est un pays nordique. Les résineux dominent
largement le couvert forestier sur les forêts publiques, mais dans les
forêts du Témiscamingue, de l'Outaouais comme dans celles des
Hautes-Laurentides, les feuillus dominent le couvert forestier à plus de
50 %. C'est la zone des bois de sciage et de déroulage de haute
qualité; bouleau jaune, érable, hêtre, chêne,
tilleul, arme, mais aussi les pins, les cèdres et la pruche.
La problématique des bois feuillus et des pins blancs et rouges
comporte essentiellement deux éléments: une surabondance de bois
de trituration; - une disparition progressive des stocks exploitables de bonne
qualité.
Cet héritage est imputable aux modes de tenure et de gestion qui
ont été appliqués à ce territoire. L'avant-projet
de loi sur les forêts modifie les modes de tenure des forêts
publiques et les règles de gestion qui devront s'y appliquer. En ce
sens, nous l'appuyons fortement.
Toutefois, pour qu'il s'applique avec bonheur aux forêts feuillues
et mélangées, il faut que le gouvernement, tout en
privilégiant la filière fibre, reconnaisse l'intérêt
des produits feuillus et résineux de qualité et la
spécificité des forêts feuillues et mélangées
du sud-ouest du Québec.
Notre mémoire se veut une analyse de l'avant-projet de loi sous
l'angle des forêts feuillues et mélangées.
Mme Denise Julien va maintenant vous résumer les grandes lignes
de ce mémoire.
Mme Julien (Denise): J'espère qu'on ne sera pas trop
longs, parce que c'est un sujet complexe et on voudrait vraiment en faire le
tour d'une façon complète.
Dans un premier temps, notre mémoire se divisait en trois
parties. La première était une présentation de
l'association et surtout de l'importance du secteur des forêts feuillues
et mélangées, de leur importance au niveau économique
autant pour notre région que pour tout le reste du Québec.
Deuxièmement, on voulait regarder l'avant-projet de loi sous l'aspect
des forêts feuillues et mélangées et, dans un
troisième moment, on voulait simplement soulever deux aspects qui nous
semblaient ne pas apparaître dans le nouveau projet de loi, celui de la
formation de la main-d'oeuvre, de la formation professionnelle, et celui de la
recherche.
Dans un premier temps, si on veut vous présenter notre
association, celle-ci regroupe sur une base volontaire huit industriels et deux
coops forestières, c'est-à-dire tous les utilisateurs de
matière ligneuse en provenance de la forêt publique des
Hautes-Laurentides qui aménagent ou transforment cette matière
première en régions. Notre but est de travailler à
l'amélioration de la ressource et de l'industrie forestière dans
la région des Hautes-Laurentides.
Notre forêt et notre industrie se ressemblent, c'est une industrie
et une forêt très variées. La forêt publique des
Hautes-Laurentides est une forêt à très haut potentiel, un
immense territoire, 11 000 kilomètres carrés, majoritairement
feuillue, mais concédée à 77 % à deux compagnies
papetières. On la considère comme !a zone climatique la plus
propice au bouleau jaune. Le mode de gestion qu'on y a appliqué a
empêché le développement de l'industrie du sciage
résineux et il a freiné celui de l'industrie du sciage et du
déroulage des feuillus; 94 % des résineux chez nous sont
récoltés et sont destinés aux usines de pâte
situées hors région. À peine 5 % des allocations de sapin,
d'épinette et de pin gris sont destinés au sciage et ce, depuis
fort peu longtemps, malgré la dimension des tiges.
Au niveau des industries de transformation des feuillus, celles-ci n'ont
jamais pu avoir un accès direct à la ressource, ce qui a
signifié pour elles une insécurité d'approvisionnement,
l'impossibilité d'obtenir un financement bancaire garanti par une
garantie d'approvisionnement puisque ici l'industrie ne pouvait compter que sur
des allocations de bois révocables à tout moment,
l'impossibilité de planifier à long terme leurs interventions
d'exploitation sur le territoire, l'impossibilité d'investir au
niveau
de l'aménagement, l'obligation d'intervenir selon des normes de
gestion centralisées et non adaptées à la diversité
de la forêt, des coûts d'approvisionnement élevés
puisqu'à la redevance gouvernementale il a fallu ajouter depuis toujours
la redevance du concessionnaire sans contrepartie et en sus des coûts
normaux d'exploitation. Il ne faudrait donc pas venir ajouter à cette
situation l'obligation du rachat des infrastructures sur les territoires qui
devraient être révoqués.
Les scieries de bois franc, les scieries de résineux constituent
les usines de déroulage ou de composantes de bois dur. Donc, c'est la
seule transformation manufacturière de la matière ligneuse sur
notre territoire. Pour nous, le secteur forestier est le secteur vital au
niveau économique. On a même des perspectives de
développement fort intéressantes: l'usine PANFIBRE en est un
exemple. On peut aller dans le secteur des matériaux composites avec la
fibre de feuillu; cette fibre est surabondante et elle peut permettre de
nombreux nouveaux projets.
Les bois feuillus sont importants aussi dans l'économie du
Québec et du Canada puisque les valeurs de livraison des feuillus au
Québec a été de plus de 256 000 000, sous forme de
placages et de bois d'oeuvre, en 1983. Le marché des bois feuillus est
principalement un marché d'exportation vers les États-Unis, mais
aussi vers l'Europe, le Japon et la Corée.
C'est une production limitée en volume, mais élevée
en qualité, concentrée essentiellement dans certaines
régions du Québec et de l'Ontario, l'essence la plus
recherchée demeurant le bouleau jaune.
La problématique de ces forêts se situe dans
l'approvisionnement des usines de sciage et de déroulage en tiges de
qualité, et ceci, en quantité suffisante. La forêt s'est
appauvrie, mais elle n'est pas dégradée. Les tiges de
qualité et de fort diamètre des essences les plus
recherchées sont de plus en plus rares, mais les tiges jeunes de
qualité sont nombreuses et la régénération
excellente quand on aménage la forêt de façon convenable.
Les forêt feuillues et mélangées au Québec sont mal
connues, et leur aménagement encore plus. Consciente de cette
problématique, la Coopérative forestière des
Hautes-Laurentides a financé entièrement, depuis quatre ans,
l'aménagement de la forêt expérimentale de
Sainte-Véronique. Les résultats sont probants. Seul
l'aménagement pourra permettre d'éviter les ruptures de stock
envisagées.
Quant à l'aménagement des résineux, on y a
également développé un "know-how", tant sur le terrain,
que dans la production des semis forestiers en récipients.
Finalement, la richesse de la ressource assurant la richesse de la
faune, le potentiel touristique de ces forêts est fort important. Le
territoire des Hautes-Laurentides compte la plus forte concentration de ZECS et
de pourvoiries de la province. Pour notre région, il s'agit là
d'un apport économique de taille.
Si on regarde l'avant-projet de loi sous l'angle de ces forêts, on
y est fondamentalement d'accord, mais on voudrait reprendre quelques-uns des
grands éléments d'orientation.
D'abord, la modification du rôle de l'État. On dit que
l'État veut redonner aux utilisateurs des responsabilités en
matière de planification des interventions en forêt et leur donner
de nouvelles responsabilités en matière de mise en valeur des
forêts publiques dans une perspective de rationalisation dans
l'utilisation des ressources disponibles.
Dans cette perspective, l'État demeure propriétaire de la
ressource et responsable de son utilisation maximale au profit de l'ensemble de
la collectivité. Là-dessus, on est fondamentalement d'accord.
Toutefois, selon nous, il faut insister sur l'importance du rôle de
l'État dans le maintien et le développement du patrimoine
forestier et des économies régionales. L'État a une
responsabilité autant face à la ressource, qu'elle soit feuillue
ou résineuse, que face aux populations des arrière-pays qui
veulent continuer à en vivre. Il a donc une responsabilité face
aux PME forestières de ces régions, car ce sont elles qui ont
assuré l'ancrage de ces populations, ce qui signifie qu'il doit, dans
les faits, leur permettre un accès juste et équitable à
cette ressource et une sécurité d'approvisionnement. Cela
signifie, en clair, qu'aucun utilisateur ne devra être jugé
prioritaire dans l'établissement des contrats d'aménagement.
Une des questions qui nous préoccupent énormément
est la question de l'arrérage ou du "backlog". Selon nous, on le
définit de façon très étroite comme étant un
territoire qui ne se régénère pas ou qui n'a pas
été régénéré de façon
adéquate après coupe. On fait donc uniquement
référence au volume de matière ligneuse sur un hectare. On
pense que l'on doit y ajouter* la notion de qualité. En forêt
feuillue, il y a toujours une repousse; il n'y a pas nécessairement une
repousse de qualité. On a l'impression que là-dedans aussi il y a
un héritage du passé et que cet héritage-là doit
être assumé par le gouvernement.
Or, dans le programme de remise en production des forêts - et
c'est là que cela nous inquiète - le ministère a
prévu une répartition des efforts financiers du gouvernement de
1986 à 1992 pour la remise en production de l'arrérage. Aucune
somme n'y est prévue pour la remise en production des forêts
feuillues, ni pour s'assurer d'une expertise au MER, ni pour la
réalisation de travaux de remise en production.
Pour l'utilisation polyvalente de la forêt - autre grand
élément de l'avant-projet de loi - nos forêts connaissent
déjà une utilisation polyvalente. Selon nous, il n'y a pas
antinomie entre forêt productrice de bots et forêt
appréciée par le public.
Au sommet socio-économique des Laurentides tenu en avril dernier,
la filière Bois a obtenu l'appui de la région pour demander "que
le gouvernement reconnaisse officiellement l'utilisation polyvalente des terres
publiques, quelles que soient la définition et la vocation des
unités territoriales, résultat de l'affectation de ces terres."
Nous tenons à vous souligner notre accord avec cette orientation.
Maintenant, si on arrive à la question de l'introduction de
nouvelles règles de gestion, le principe du rendement soutenu, nous
sommes absolument d'accord avec l'introduction de ce principe. Nous voudrions
toutefois souligner la difficulté d'en apprécier les
modalités d'application en forêt feuillue et
mélangée. Ni le ministère ni l'industrie dont
l'approvisionnement provient majoritairement de territoires
concédés ne peuvent définir pour le moment et de
façon sûre la possibilité et la disponibilité des
feuillus en fonction des produits recherchés. Pourtant, en ce qui
concerne les résineux, le ministère dispose de toutes les
informations nécessaires concernant la possibilité et la
disponibilité des essences et des produits, le rendement des travaux
d'aménagement qu'il a réalisés, celui escompté des
travaux d'aménagement que devra faire l'industrie pour s'assurer d'un
approvisionnement stable et même une évaluation des coûts de
remise en production des différents territoires selon les
régions. C'est à partir de cette donnée qu'il a pu faire
des choix et établir des règles claires de gestion, Au niveau des
forêts feuillues et mélangées du sud-ouest du
Québec, c'est la zone grise.
Dès le point de départ, la situation nous semble
inéquitable. En effet, le principe du rendement soutenu prend en
considération la capacité de production de la forêt
évaluée en tenant compte des travaux d'aménagement
réalisés. Or, le ministère n'a jamais accepté
d'investir de façon importante dans les essences nobles. De plus, cette
inéquité semble vouloir se perpétuer. L'État
s'engage à venir compenser par des travaux d'aménagement la
différence entre la disponibilité actuelle des résineux et
le volume moyen des coupes au cours des cinq dernières années. Le
gouvernement veut corriger ses méthodes de gestion pour permettre
à l'industrie forestière de garantir maintenant ses
investissements par un approvisionnement stable et à long terme. Qu'en
sera-t-il dans le cas des industries reliées aux feuillus et aux
résineux de qualité? Devra-t-on envisager la fermeture d'usines
ou la liquidation de certaines essences? Comment pourra-t-on compenser pour la
perte des investissements et des emplois reliés à la liquidation
des volumes alloués? Nous pensons qu'il y a de l'espoir, que cet espoir
passe par l'aménagement et qu'il passe également par
l'association des intervenants du ministère avec les membres
d'associations qui ont développé une expertise sur le territoire.
Il est urgent de réaliser qu'il faut intervenir, parce qu'au niveau
actuel des allocations de déroulage et des coupes actuelles, on
hypothèque dangereusement l'alimentation des usines, non seulement des
usines de déroulage en feuillu mais également des usines de
sciage.
Dans les sources d'approvisionnement... Je vais aller très
rapidement pour le reste.
Le Président (M. Charbonneau): Parce que votre temps est
écoulé. Quand vous dites que vous allez faire rapidement, il vous
resterait combien de temps?
Mme Julien: Peut-être une minute. D'accord?
Le Président (M. Charbonneau): Une minute. Je pense que
tout le monde conviendra que c'est raisonnable.
Mme Julien: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Cinq minutes, ce serait
friser un peu...
Mme Julien: Non, non.
Dans les sources d'approvisionnement, on parle des autres sources
d'approvisionnement. Nous, on aimerait y voir ajouter ta notion de bois de
sylviculture pour alimenter les usines de fibres feuillues. Dans le manuel
d'aménagement, on demande que le ministère s'associe avec les
intervenants en région pour définir les règles
d'implantation en forêt feuillue et mélangée. Dans le
nouveau contrat d'approvisionnement, lorsqu'on parle du volume alloué,
on aimerait qu'on ne tienne pas compte dans nos régions de la moyenne
des cinq dernières années. C'est inacceptable pour les
résineux, puisqu'on vient tout juste d'accéder à la
possibilité d'en faire du sciage. C'est surtout inapplicable pour les
feuillus, parce que les allocations sont déjà beaucoup trop
hautes et qu'on n'arriverait pas à avoir une intervention qui soit
rationnelle à ce niveau.
Dans la durée du contrat, on aimerait que le contrat soit
fixé sur un retour de coupe et non pas de façon arbitraire. Dans
les droits et obligations du ministre, on voudrait qu'il s'engage face au
"back-log" feuillu, comme il s'engage face au "back-log" résineux. Dans
la tarification, on aimerait y voir ajouter la notion de qualité, de
produits de qualité. (15 h 30)
Finalement, on aimerait qu'on se préoccupe de la santé
financière des entreprises quand on va voir la tarification pour qu'elle
demeure bien compétitive. Dans le domaine de la recherche et de la
formation de la main-d'oeuvre, comme je l'ai dit tout à l'heure, tout ce
qu'on regrette c'est qu'elles ne paraissent pas dans le nouveau projet de
loi.
Le Président (M. Charbonneau): Merci beaucoup. M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Meilleur, Mme Julien, M. Latour. Vous avez raison
de dire que, de ce temps-là, la forêt feuillue et
mélangée présente un bel aspect. C'est pourquoi,
probablement, vous parlez de l'aspect touristique qui est essentiel dans votre
région.
Depuis que je suis en poste, j'ai maintes fois manifesté mon
inquiétude quant aux efforts consentis envers la forêt feuillue.
Je suis allé à quelques reprises dans votre région
évidemment, pour, discuter avec vous, mais surtout pour qu'on regarde de
près les travaux qui ont été exécutés par la
Coopérative forestière des Hautes-Laurentides en ce qui concerne
les travaux de recherche appliquée pour favoriser la
régénération en bouleaux jaunes et autres. J'ai
trouvé cela très intéressant et soyez assurés que
pour ma part, je tiendrai compte de toutes les régions du Québec
et les Hautes-Laurentides comme te Témiscamingue, l'Outaouais, les
Cantons de l'Est. Ce sont des sols, ce sont des climats qui favorisent la venue
de forêts mélangées et feuillues et il faudra
nécessairement en tenir compte dans nos projets pour l'avenir. Ce que
vous me signalez, je l'ai senti quand je suis arrivé au ministère
en regardant les efforts financiers qu'on faisait. J'ai insisté
auprès de mes fonctionnaires et auprès du sous-ministre pour
qu'on consacre plus d'efforts du côté de la recherche en feuillus,
qu'on consacre plus d'efforts aussi du côté de la recherche pour
favoriser la venue de feuillus de qualité, de bois noble, d'essences
nobles.
C'est un fait que, historiquement, la forêt feuillue n'a pas
été tellement favorisée étant donné que les
gouvernements passés ont toujours accordé beaucoup d'importance
aux grandes papetières et que les intervenants en forêts feuillues
étaient obligés de payer une double redevance,
c'est-à-dire celle du ministère ainsi que celle imposée
par les grands concessionnaires dont vous faites mention dans votre
rapport.
Évidemment, cette méthode-là n'a pas permis
peut-être de générer les profits qu'était en droit
de recevoir l'industrie du feuillu pour les efforts que vous avez faits et pour
les risques que vous avez pris. Tout de même, je vous félicite,
parce qu'au fil des ans vous avez tout de même manifesté beaucoup
d'intérêt pour la forêt feuillue et vous avez aussi
développé une connaissance de ces forêts qui nous servira
certainement au ministère. Je vous remercie de nous offrir votre
collaboration pour parler davantage de la forêt feuillue.
Une question que je voudrais poser aux industriels dans votre groupe
qui... Avec les années, vous le mentionnez, de 1965 à 1978, la
transformation des résineux a augmenté beaucoup dans votre
région. Est-ce que c'est dû à l'épidémie de
la tordeuse des bourgeons de l'épinette principalement, parce que vous
avez dû, au cours de ces années-là, modifier vos usines
pour faire cela, parce que ce n'est pas le même type de machinerie que
vous avez pour transformer le résineux, comme l'épinette, le
sapin - et non pas le pin blanc - que le feuillu, s'il vous plaît?
M. Meilleur: L'effort n'a pas été fait à
cause de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, parce qu'on parle ici
évidemment de feuillus. Dans notre rapport, on s'en tient strictement
aux feuillus. L'augmentation du volume de sciage est en partie due aux
dégradations des forêts où, à un moment
donné, pour aller chercher une quantité donnée de
déroulage, on est obligés d'abattre beaucoup plus d'arbres et de
couvrir beaucoup plus grand de territoire, ce qui dégage
évidemment beaucoup plus de sciage. À ce moment-là,
surtout depuis les trois dernières années, la pression a
été extrême sur la forêt, la pression a
été très forte sur la forêt pour aller chercher ce
déroulage qu'on a de la difficulté à trouver. Par contre,
on dégagea un sciage qui, dans certains cas, dépasse les
allocations qui avaient déjà été
données.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Meilleur, ce
que vous nous dites en somme, c'est que vous avez fait un peu d'exploitation
intégrée pour être capable d'aller chercher les produits
dont vous aviez besoin pour alimenter vos usines.
M. Meilleur: II y a eu exploitation intégrée, mais
surtout une forte pression de coupe sur l'essence merisier pour aller chercher
surtout et avant tout - c'est ce que l'industrie recherchait - le
déroulage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous remercie.
Pour mon édification, quelles étaient à peu près
les redevances que vous étiez obligés de payer au concessionnaire
en surplus de celles que vous payez au ministère pour aller chercher du
bois de feuillus? Est-ce que c'était le double, le triple qu'on vous
demandait?
M, Meilleur: C'est plus que le double. C'est à peu
près une fois et demie les
redevances du ministère. Cela varie un peu selon les essences,
mais en moyenne cela se situe à environ une fois et demie les redevances
du ministère.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. À la
page 4, vous parlez de la sous-utilisation de la fibre feuillue, mettons, de
qualité de trituration. Que feriez-vous avec un projet comme celui de
l'usine PANFIBRE à Mont-Laurier qui a annoncé il n'y a pas
tellement longtemps qu'elle va prendre des feuillus de trituration? Quelle
intervention voyez-vous en forêt à la suite de ce
développement*?
M. Latour (Yves): Pour ce qui est de l'usine PANFIBRE, la
majorité de son approvisionnement proviendra des copeaux qui viennent
des scieries. Donc, il n'y aura pas beaucoup d'impact sur la forêt. Il y
aura un grand impact, par contre, si le ministère de l'Énergie et
des Ressources, lorsqu'il approvisionnera l'usine à laquelle allaient
les copeaux, voit à ce que le bois vienne de notre région.
À ce moment-là, il y aura un impact très significatif,
parce que c'est absolument nécessaire pour passer notre pâte
feuillue de trouver un débouché pour ces bois, sinon c'est
très difficile de faire de l'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Latour, vous me
parlez de copeaux. Vous ne parlez pas de rondins de pâte, là.
M. Latour: Je m'excuse. Je vais mieux m'expliquer. Les copeaux
qui iront à l'usine PANFIBRE, normalement étaient destinés
à l'usine de McClaren à Thurso. C'est une usine de pâte
feuillue. Maintenant, les copeaux proviendront de la région, resteront
dans la région. Si cette usine de McClaren à Thurso vient
chercher son rondin dans notre région parce qu'il va falloir compenser
pour ce manque en approvisionnement, à ce moment il y aura un grand
impact pour l'aménagement de nos forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous remercie.
Je pense bien qu'il faudrait profiter d'une intervention semblable pour
revaloriser les forêts de votre région. Votre but c'est de donner
des emplois, évidemment, mais c'est aussi de revaloriser la forêt,
la restaurer.
M. Meilleur: C'est ce qu'on cherche à faire, M. le
ministre, mais ce dont on a un peu peur dans le fond, c'est qu'il y ait un
déplacement de l'approvisionnement à ce moment-là. S'il y
a un déplacement de l'approvisionnement, on n'aura pas atteint le but
qui est visé actuellement par le ministère en implantant cette
usine à Mont-Laurier.
Mme Julien: II y a eu une bataille qui a été
menée par l'association justement pour la mise en place de cette usine
parce qu'elle nous rattacherait à tout le grand secteur des
matériaux composites qui deviennent une spécialité dans la
région des Laurentides. Nous on pense que PANFIBRE, ce n'est qu'un
début, c'est-à-dire que cette usine a un volume actuel, mais que
les possibilités sont énormes. Pour nous, cela ouvre la porte
à l'utilisation de la fibre feuillue. Cela nous semble vraiment
très important dans ce sens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai dit que
j'étais très conscient de cela, Mme Julien. C'est pourquoi j'ai
appuyé le projet. On m'a dit au Conseil des ministres: À
même votre budget pour les imprévus. Vous dites aussi dans votre
mémoire: "La forêt s'est appauvrie, mais elle n'est pas
dégradée. Les tiges de qualité et de fort diamètre
des essences les plus recherchées sont de plus en plus rares, mais les
tiges jeunes et de qualité sont nombreuses et la
régénération excellente quand on aménage la
forêt de façon convenable." Est-ce qu'en faisant cela, on peut
espérer allouer les feuillus sur une base de rendement soutenu en
l'aménageant de façon convenable, comme vous le mentionnez? Vous
mentionnez un peu plus loin dans votre rapport que la cause des feuillus n'est
pas désespérée. Est-ce qu'on peut espérer cela?
Pouvez-vous expliquer davantage, s'il vous plaît?
M. Latour: Les expériences de la forêt de
Sainte-Véronique démontrent très clairement que les tiges
de jeune qualité, après un grand échantillonnage, sont de
très bonne qualité. On peut espérer des feuillus de
qualité de sciage et de déroulage dans un terme de 30, 40 ans,
peut-être, ou même peut-être 15 ans. Donc, c'est possible
d'éviter les ruptures de stock si on concentre beaucoup nos efforts sur
ces tiges, bien sûr, en plus de la régénération de
ces essences. De plus, par différentes méthodes de coupe on peut
provoquer une régénération abondante dans les essences
recherchées sans nécessairement mettre des arbres en terre.
Cependant, il faut tenir compte que c'est possible, mais seulement aux frais
d'un budget qui est sûrement considérable, comme c'est le cas pour
les résineux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous dites...
Oui.
Mme Julien: Ce dont on est certain, c'est de pouvoir assurer
à très long terme l'alimentation des usines de sciage de
feuillus. Ce qu'il faudra certainement faire, c'est réviser le niveau
d'allocation du déroulage pour équilibrer ces deux choses; mais,
en fonction de cela et en respectant l'aménagement tel qu'il est
là, et en se fiant
surtout sur les jeunes déjà en place, on pense qu'on est
capable d'éviter les ruptures de stock.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais c'est pour
autant que, par exemple... Vous semblez mettre de côté la mise en
terre de plants feuillus, le reboisement feuillu artificiel.
Mme Julien: Non, on ne la remet pas en cause, mais le
problème, c'est qu'avec la mise en terre de jeunes plants on doit
considérer un cycle qui doit aller de 70 à 90 ans. Notre
perspective de rupture de stock est plus courte que celle-là. Alors, on
se dit qu'il va falloir jouer sur les deux tableaux: d'abord, aller avec des
arbres "plus" pour ce qui est de la régénération, ce qui
peut nous permettre de raccourcir cette période de 90 ans de production;
d'un autre côté, faire le dégagement des tiges ayant
déjà atteint une certaine grosseur, qui ont déjà
passé le cap le plus difficile pour un feuillu, celui des 20
premières années et qui, à ce moment-là, peuvent
prendre une croissance assez phénoménale lorsqu'on les
dégage.
Actuellement, le problème de la forêt feuillue, c'est le
ménage; c'est le problème du stress à l'intérieur
pour ces essences. On fait toujours la comparaison avec notre fameux poisson
rouge qui, dans son bocal, demeure à une longueur comme cela et, quand
on va faire un tour à l'Aquarium de la ville de Montréal, on
s'aperçoit que c'est une carpe qui est comme cela. C'est que le feuillu,
c'est un arbre extrêmement résistant; si on ne le dégage
pas, il ne meurt pas, mais il ne croît plus non plus. Pourtant, si on le
fait, on s'aperçoit qu'il prend une bonne croissance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme cela, Mme
Julien, vous nous encouragez à continuer de faire de la recherche du
côté de la génétique des arbres, surtout des
feuillus.
Mme Julien: Exactement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et des autres
aussi, des résineux, mais pour compenser un peu, avec la
régénération naturelle.
Mme Julien: C'est cela. Dans une planification qui fait qu'on
puisse, pour éviter la rupture de stock, jouer sur deux tableaux: celui
des jeunes déjà en place, qui vont nous permettre, d'ici à
30 ans, d'alimenter nos usines et celui des essences "plus" qui vont nous
permettre de prendre un élan.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avez-vous pris
connaissance des expériences qui se font au Jardin botanique de
Montréal?
Mme Julien: Oui. Et exactement de ce qui se fait aussi en France;
actuellement, il y a des choses extrêmement intéressantes qui se
font à ce niveau.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous remercie
et, pour l'instant, cela va suffire.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais, dans un
premier temps, bien sûr, remercier les représentants et la
représentante de l'Association des intervenants forestiers des
Hautes-Laurentides pour le mémoire qui, à mon sens et de l'avis
des députés de l'Opposition, est très bien
articulé. Si l'on tient compte de tous les mémoires qui nous ont
été présentés jusqu'à présent,
celui-ci nous a permis, en fait, de découvrir certaines lacunes qui
s'ajoutaient à toutes les autres qu'il y avait à
l'intérieur de l'avant-projet de loi du ministre
délégué aux Forêts qui a été
déposé le 19 juin dernier.
J'aurais certains commentaires à faire, dans un premier temps, en
rapport avec votre mémoire et les informations que vous nous y donnez
dès le début. Je trouve très intéressant de voir
que l'Association des intervenants forestiers des Hautes-Laurentides regroupe
plusieurs intervenants du milieu, en particulier les huit industriels et les
deux coopératives forestières qui sont utilisateurs de
matière ligneuse en provenance de la forêt publique.
D'autre part, les membres de l'association emploient actuellement plus
de 400 travailleurs et travailleuses dans les 8 usines de sciage de
résineux et de feuillus, ainsi que dans une usine de déroulage et
de placage et une usine de composantes de bois dur. Je trouve important ce
regroupement qui a eu lieu parce que cela vous permet, en somme, de fournir un
apport économique très intéressant dans la région
que vous couvrez. (15 h 45)
D'autre part, je pense qu'on est en droit de dire bravo à la
façon dont vous avez travaillé au cours des dernières
années comme regroupement, puisqu'on sait que vous travaillez sur des
forêts qui, à 77 %, sont concédées à deux
papetières. Pour moi, c'est une dynamique qui s'est
dégagée malgré les sévères contraintes que
vous avez dû subir sûrement au cours des dernières
années.
Quant à la question que vous mentionnez, à la page 5, au
début de votre mémoire, où vous dites que les scieries,
principalement de bois franc, et les usines de déroulage et de
composantes sont les seules entreprises de transformation installées
dans cette région pourtant essentiellement forestière,
là-dessus, j'en conviens. Ce que vous ajoutez est, pour nous, de
l'Opposition,
une chose très intéressante, lorsque vous mentionnez en
ajout à cela que ce sont des PME qui sont modernes, qui sont efficaces
et qui sont bien capitalisées, dynamiques et créatrices
d'emplois. D'ailleurs, on peut remarquer que, dès le début de
votre mémoire, vous mettez l'accent sur le fait que vous avez
procédé à la création d'emplois et au maintien
d'emplois dans votre région. On ne peut faire autrement qu'être
d'accord avec vous sur cela. Nous souhaitons que vous continuiez à vous
impliquer dans votre milieu pour qu'il y ait encore plus de création
d'emplois et même plus d'usines de transformation qui puissent
effectivement être poussées par vous ou par d'autres que vous
allez sûrement appuyer au cours des prochaines années.
Il y a une chose que le ministre se plaît à dire - je ne
m'adresse pas à vous, je m'adresse surtout aux ministériels - au
sujet de l'usine PANFIBRE de Mont-Laurier, mais il oublie toujours de dire que
cette question fut réglée et autorisée par l'ancien
gouvernement, donc l'ancien Conseil des ministres qui a eu lieu le 27 novembre
1985 et qui a fait en sorte d'impliquer REXFOR dans le domaine de l'usine
PANFIBRE au rythme de 50 % quant au financement.
Bien sûr, il y a une question que vous soulevez à la page
4, lorsque vous mentionnez que les volumes de fibres feuillues disponibles
permettraient d'alimenter plusieurs nouveaux projets tout en assurant un
aménagement plus efficace et une exploitation plus rationnelle de la
forêt. Il y a une partie sur laquelle vous avez répondu au
ministre tout à l'heure, mais j'entends revenir sur cette question.
Remarquez que je prends votre parole quant a l'affirmation que vous faites,
mais j'aimerais cependant qu'éventuellement vous puissiez clarifier
cette question qui permettrait d'alimenter plusieurs nouveaux projets en
rapport avec l'approvisionnement que vous détenez ou qui est dans votre
région.
Maintenant, à la page 5 de votre mémoire, lorsque vous
parlez de la problématique des forêts feuillues et
mélangées du Québec, vous mentionnez que la
problématique fondamentale de ce secteur se situe dans
l'approvisionnement des usines de sciage et de déroulage en tiges de
qualité et ceci en quantité suffisante. Plus loin, vous
mentionnez ce qui suit: Ce nouveau régime forestier vient se
concrétiser par la signature entre le ministère de
l'Énergie et des Ressources et les utilisateurs d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement, et il devra en être de
même au niveau de la tarification qui constitue le deuxième
élément majeur de ce nouveau régime forestier.
Essentiellement, il s'agit d'y ajouter la notion de qualité des
produits. Encore plus loin, lorsqu'on regarde votre mémoire, vous
mentionnez ce qui suit, à la page 13, troisième partie, et c'est
sur cela que va porter surtout ma question: "...le gouvernement, s'il veut
vraiment favoriser l'aménagement forestier et l'intégration des
coupes sur un territoire où il y aura plusieurs utilisateurs -
là, vous faites référence à l'article 31 de
l'avant-projet de loi - devrait accepter de négocier avec les membres
d'une association qui décident, sur une base volontaire, de se concerter
pour remettre en production un même territoire."
J'en viens à ma question qui est la suivante: On sait très
bien qu'il y a plusieurs intervenants qui se sont présentés
devant nous ou qui n'ont pas pu se présenter devant nous et qui avancent
le fait que le ministre devrait avoir le pouvoir de désigner un
maître d'oeuvre dans différents secteurs forestiers. Ce que je
voudrais savoir, c'est ce que vous pensez de cette question de maîtrise
d'oeuvre. Quel est votre opinion sur le fond concernant la présence d'un
maître d'oeuvre concernant le domaine forestier?
Mme Julien: Je crois que les industriels chez nous sont
intéressés à continuer à avoir un accès
à la forêt publique parce qu'ils ont développé des
méthodes d'intervention et des connaissances. C'est une forêt
extrêmement variée qu'on a chez nous. Vous montez une montagne,
c'est une chose, et vous descendez de l'autre côté, dans l'autre
vallon, c'est une autre chose. Alors, c'est très varié. On a
déjà plusieurs utilisateurs qui ont appris à travailler
ensemble et qui sont d'accord sur une planification globale, mais ils ne
seraient pas d'accord avec l'intervention d'un intervenant qui, lui, aurait
à prendre en charge toutes les manières d'intervention sur ce
même territoire. Les gens veulent vraiment que l'association se fasse sur
une base volontaire, que le ministère vienne s'asseoir avec les gens
pour qu'il y ait une planification qui respecte tous les utilisateurs. Chez
nous, il y a du cèdre, de la pruche, du bouleau jaune, du sciage, du
déroulage, de l'érable, du hêtre, du tilleul, du pin, il y
a de tout. Ce n'est pas chaque utilisateur qui est intéressé par
chaque chose. Quand vous, dans votre vie, ce qui vous intéresse, c'est
la pruche et que vous faites faire vos travaux par un gars qui cherche de la
fibre résineuse, il n'est pas évident que la pruche va revenir en
très forte quantité après qu'il y aura eu un premier
passage d'aménagement. Nous pensons que tous les utilisateurs, sur une
base volontaire, devraient être regroupés pour pouvoir faire
valoir leur point de vue, faire un consensus au niveau des approches
d'intervention avec le ministère de l'Énergie et des Ressources,
et la, faire les interventions.
On a déjà essayé de faire ce regroupement dans la
société forestière et cela a été une chose
extrêmement complexe. On n'avait
pas le nouveau projet de loi entre les mains à ce
moment-là et on n'a jamais été capable d'arriver à
une entente avec de très gros concessionnaires. On pense que, si on
regroupe différents utilisateurs intéressés par des
produits de qualité, ils pourront négocier avec un utilisateur
intéressé par des produits de fibre et que, là, on pourra
faire une intervention sur la forêt qui sera rationnelle et aussi souple,
parce que c'est une forêt très variée. Comme je vous le
dis, il faudra une intervention qui va tenir compte de beaucoup
d'éléments.
M. Perron: Madame, je vous remercie énormément.
Mme Julien: Peut-être que M. Meilleur pourrait
compléter.
M. Perron: Oui, allez-y, M. le président.
M. Meilleur: Tout ce que j'allais dire, c'est que nous avons
déjà vécu un système où, en fin de compte,
d'autres personnes pouvaient décider pour les industriels. Si le
gouvernement retenait la formule qui est déjà demandée
depuis longtemps où on veut garder le statu quo par les
forestières, c'est-à-dire avoir un maître d'oeuvre sur le
territoire, il est certain qu'au point de vue de la petite industrie ou de
l'industrie moyenne, celle qu'on représente ici, l'industrie des
Hautes-Laurentides, l'industrie feuillue, if est impossible de pouvoir garder
une dynamique, il est impossible de vraiment intéresser, et sur une base
à long terme, les gens de cette industrie à l'aménagement
de la forêt. Tout ce qui va rester, c'est qu'on va accepter ce qui nous
vient tout simplement, et c'est une industrie qui va s'éteindre à
long terme.
Mme Julien: On a une problématique très complexe.
Quand vous savez que le bouleau jaune peut être un produit d'une
extrême qualité parmi un volume qui serait majoritairement
résineux,- si l'on retient - et l'on faisait référence
à cela - la notion d'essence principale, entre autres dans le
déroulage, votre approvisionnement va surtout venir de la
disponibilité des autres. Alors, comment allez-vous être capables
de penser qu'à long terme, vous allez avoir un approvisionnement qui va
venir dans vos usines, si on détermine des essences principales sur un
territoire et qu'on dit: on va remettre ce territoire en fonction des essences
principales? Ce que nous disons, c'est qu'est-ce qu'une essence principale?
Comment allez-vous assurer à long terme des produits de qualité?
Pouvez-vous faire cela sans que !es utilisateurs de ces produits de
qualité soient présents et aient un mot à dire?
Comprenez-nous? Ce sont ces questions-là qu'on se pose.
M. Perron: Merci, M. le président et
Mme Julien.
À un autre endroit de votre mémoire, vous faites allusion
à l'héritage du passé. Je voudrais relever quelques
passages de votre mémoire, par exemple, se rapportant à
l'arrérage. "Mais la définition qu'il donne de l'arrérage,
soit un territoire qui ne se régénère pas ou qui n'a pas
été régénéré de façon
adéquate après coupe est inapplicable en forêt feuillue et
mélangée." Plus loin, vous mentionnez: "Selon nous, en
forêts feuillues et mélangées, l'arrérage doit
être défini en fonction d'un volume minimal de produits de
qualité à l'hectare."
Plus loin, vous mentionnez aussi, toujours quant à cet
héritage, ce qui suit: "Pour cela, il faut que le gouvernement
s'implique face à cette industrie comme il le fait face à
l'industrie de transformation des résineux et qu'il assume
l'héritage du passé."
Ma question est la suivante: Est-ce que je comprends bien lorsque vous
écrivez ce que je viens de mentionner dans votre mémoire,
à savoir que la définition d'arrérage doit être
faite en fonction d'un volume minimal de qualité à l'hectare et
ce, pour l'ensemble de votre région ou pour l'ensemble du Québec
ou pour les deux?
M. Meilleur: De notre région. Maintenant, Yves Latour
pourrait peut-être vous donner plus de détails.
M. Latour: Pour ce qui est des forêts feuillues, on parlera
de l'ensemble du Québec dans la mesure où il y a des feuillus
à certains endroits. Il y a des régions où il n'y a
presque pas de résineux.
Quand on parle de normes, d'un volume minimal de tiges de
qualité, il y a des forêts où l'on a un volume très
satisfaisant si on l'exploite pour la fibre. Il n'y a pratiquement aucune bille
de sciage et de déroulage. À ce moment-là, on comprend mal
que des industriels du sciage devraient aménager ces forêts
complètement à leurs frais. Dans le cas de résineux, les
budgets sont de l'ordre d'une centaine de millions de dollars et, dans le cas
des feuillus, les budgets sont pratiquement inexistants dans les
prévisions du MER.
M. Perron: Merci, monsieur, de votre réponse. Je voudrais
me reporter à la page 5 de votre mémoire, dans la deuxième
partie, lorsque vous parlez de Sainte-Véronique. Dans cette forêt
expérimentale de Sainte-Véronique, vous soulignez qu'il y a eu
des résultats probants en rapport avec la problématique de fond.
La question que je voudrais vous poser est la suivante: Est-ce que vous pouvez
préciser davantage les enseignements que vous retirez de
l'expérience qui a été faite à Sainte-
Véronique quant à l'aménagement de la
forêt?
M. Latour: Cela soulève d'abord la problématique de
l'entretien des plantations feuillues. Avec cette méthode, on peut
éviter des problèmes d'entretien de plantations feuillues. Quand
vous allez en forêt pour trouver un petit bouleau jaune dans une
forêt de toutes sortes d'essences de dix pieds de haut, je vous assure
que l'on peut prendre dix minutes pour trouver un seul arbre. À ce
moment-là, la méthode proposée à
Sainte-Véronique permet une régénération avec un
couvert moins dense de ces essences qui viennent concurrencer les essences
voulues. C'est déjà un grand problème de
réglé. De plus, je pense que ce qui est le plus important pour
l'industrie, c'est que cela permet d'aménager les tiges qui ont
déjà atteint un volume de huit ou dix pouces et qui seront donc
disponibles pour l'industrie, comme je le disais tantôt, dans environ
quinze à trente ans. C'est à cette époque-là que
l'on va vivre notre rupture de stocks. Donc, c'est pour cette
époque-là qu'il est très important d'aménager notre
forêt. Comme le disait Mme Julien, il faut travailler sur les deux plans,
mais la méthode prouve qu'il y a moyen de travailler sur cela sans tout
casser, avec la mécanisation que l'on a actuellement dans nos
forêts. C'est cela que prouve principalement l'expérience de
Sainte-Véronique.
M. Perron: Merci, monsieur. Aux pages 3 et 4 de la
troisième partie de votre mémoire, vous soulignez d'abord le
sommet socio-économique des Laurentides tenu en avril dernier et, plus
loin, au bas de la page, vous mentionnez le fait suivant: "Nous voudrions
également souligner qu'un partage des activités dans le cadre
d'une ressource de propriété collective devra entraîner
d'une façon ou d'une autre un partage équitable de la
responsabilité face à cette même ressource." D'ailleurs,
Mme Julien et vous-même, ainsi que le président, avez
déjà soulevé cette question du partage non seulement de la
ressource, mais d'autres facteurs quant aux responsabilités. Est-ce que
vous pourriez donner davantage de détails sur ce partage des coûts
des modalités d'intervention, par exemple, avec les pêcheurs et
les chasseurs qui sont mentionnés plus loin dans votre document? On
parle toujours de coûts, de l'utilisation en ce qui a trait aux
coûts eux-mêmes.
Mme Julien: Nous n'avons pas une position fixe sur le partage des
coûts comme tels. Sauf que l'on sait qu'on a une utilisation qui est
déjà très forte. On a une habitude de vie, entre
chasseurs, pêcheurs et forestiers, dans notre région, et l'on sait
qu'il peut être très coûteux pour des exploitants forestiers
de voir utiliser leur chemin à un moment donné, ou certaines
choses semblables. Cela peut être fait à plusieurs niveaux. On n'a
pas, comme telle, une idée précise du coût que l'on
voudrait voir imputer. Cela peut être bien plus au niveau de
l'éducation des gens. Cela peut être une manière de se
comporter. Cela peut être plus d'attention pour que le feu ne soit pas
mis dans les forêts. Cela peut être de toutes sortes de
façons. On n'a pas déterminé de choses là-dessus.
(16 heures)
M. Perron: Merci, Mme Julien. C'est la dernière question
pour le moment en ce qui me concerne, parce que des collègues de
l'Opposition voudront poser certaines questions aussi. Compte tenu de ce que
vous venez de mentionner quant au partage des coûts, croyez-vous que,
dans ce cas précis, concernant le partage des coûts, le
gouvernement devrait se prévaloir du mécanisme de concertation
que nous avons actuellement et qui s'appelle les MRC ou encore l'Union des
MRC?
Mme Julien: On n'a pas de difficulté à vivre avec
les MRC.
M. Perron: Pardon?
Mme Julien: J'ai dit: On n'a pas du tout de difficulté
à vivre avec les MRC. Chez nous, la MRC, c'est un outil absolument
indispensable. Si vous regardez la grandeur du territoire chez nous, c'est deux
fois le Liban et, juste le territoire municipalise, chez nous, c'est grand
comme l'Île-du-Prince-Édouard. On forme 23 municipalités et
cela comprend 30 000 personnes. Il y a des villages qui partent de 300
personnes et d'autres qui montent et, quand on a atteint notre maximum, on est
rendu à 10 000 personnes. La seule façon que l'on a de survivre,
c'est de se concerter. L'exemple, c'est l'association où il y a
plusieurs utilisateurs. Ils sont dynamiques et intéressants, mais pour
arriver à faire des choses sur une forêt aussi vaste, ils sont
obligés de se rencontrer, de se parler et de se concerter. Alors, la
concertation est une chose à laquelle on est habitué et avec
laquelle on travaille. Vous allez régulièrement voir des gens de
tous les ministères et de tous les types d'intervention, tant
l'entreprise privée que la fonction publique, s'asseoir autour d'un
problème pour le régler. Comme on le dit, si on est en chicane
avec un, on n'a plus de place pour aller prendre une bière le samedi
soir. Donc, il faut se parler; on n'a pas le choix. Alors, la MRC, c'est pour
nous un lieu de concertation. Chez nous, elle a une conscience très vive
de l'importance économique de la forêt, autant sur le plan
touristique que dans son utilisation... Quand je vous ai dit qu'il n'y
avait pas chez nous antinomie entre l'utilisation de la forêt pour
la faune et l'utilisation de la forêt pour la foresterie, c'est que c'est
profondément ressenti. Les gars savent bien chez nous que pour les
chevreuils, si on ne fait pas d'exploitation forestière, il n'y a pas de
régénérescenee; s'il n'y a pas de
régénérescence, ils manquent de nourriture. Alors, on vit
du bois dans le bois et avec le bois. Comprenez-vous? Cela n'est pas
séparé. La MRC, pour nous, c'est le lieu de concertation. Donc on
n'a pas de difficulté à vivre avec la MRC. Si vous nous demandez
notre opinion, eh bien, pour le Québec en entier, on n'a pas
d'opinion.
M. Perron: Mme Julien, je suis très heureux que vous ayez
donné votre position en tant qu'entité régionale.
Effectivement, vous avez fait allusion à votre MRC et je comprends
très bien que vous ne puissiez pas répondre pour l'ensemble du
Québec.
Pour le moment, c'est terminé en ce qui me concerne. Je
reviendrai plus tard ou encore un de mes collègues. Merci de vos
réponses.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis, je vous signale qu'il reste deux minutes pour votre formation
politique.
M. le député de Laviolette, je vous les accorderai
immédiatement après le député de Labelle.
M. Hétu: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
féliciter pour votre mémoire, messieurs et madame les
intervenants. Puisque vous êtes tous les trois de mon comté, je
vous souhaite la bienvenue à la commission parlementaire.
En page 4 de l'introduction, je vois qu'en aucun moment la population de
ces régions, les industriels et les travailleurs de ce secteur n'ont
été impliqués dans la gestion de ces territoires. Ce sont
pourtant eux qui ont développé au fil des ans un
intérêt et une connaissance de ces forêts dont
l'exploitation et l'aménagement posent des difficultés fort
différentes de celles que l'on rencontre en forêt de
résineux. Pourriez-vous expliquer un peu l'implication que vous voudriez
que cela prenne?
M. Meilleur: Lorsqu'on affirme qu'il n'y en a pas eu, il n'y a
effectivement jamais eu de concertation. On tenait tout simplement pour acquis
ce qui était déjà décidé pour la gestion de
la forêt. Les forêts étaient contrôlées en
partie par les concessionnaires, même pour les feuillus. À ce
moment-là, les gens de la région n'étaient pas ou ils ne
sont pas consultés encore ou très peu.
Maintenant, avec la nouvelle politique forestière, effectivement,
la consultation commence à apparaître et nous espérons
qu'elle se poursuivra. Je suis certain qu'actuellement dans la région il
y a suffisamment d'expertise pour pouvoir en arriver à des conclusions
très intéressantes et à des politiques qui vont
régir cette gestion de la forêt, qui pourraient être
inspirées par des gens de la région et auxquelles les gens de la
région pourraient participer activement.
M. Hétu: On a eu l'occasion de visiter la forêt
expérimentale et j'aimerais qu'on donne peut-être un peu plus
d'explications aux gens sur les différentes coupes qui se font, parce
qu'on a vu qu'il y avait des coupes sélectives, des coupes par bandes.
Je crois que M. Yves Latour serait en mesure de nous donner la façon
dont le reboisement se fait naturellement. Je pense que cela serait une bonne
explication à donner. Êtes-vous favorable à des coupes
sélectives ou à des coupes à blanc? De quelle façon
et à quel endroit serait-il préférable que cela se
fasse?
M. Latour: On est tout à fait favorables aux coupes
sélectives, c'est certain, mais le problème qu'on rencontre, ce
sont les débouchés pour la fibre feuillue. Si on exploite des
arbres et qu'on les laisse par terre, cela fait un gaspillage
épouvantable et il y a beaucoup de gens qui s'opposent à cela. Le
problème, c'est qu'une forêt feuillue, c'est un peu comme un rang
de carottes. Si tu ne l'éclaircis pas, les carottes restent toutes
petites et personne ne peut les manger. C'est pour cela qu'on est quand
même heureux de la venue de l'usine PANFIBRE.
Pour ce qui est du reboisement, dans le cas des résineux, chez
nous, c'est comme partout ailleurs, malgré qu'il y ait beaucoup de
problèmes parce que les sols sont fertiles et qu'il y a beaucoup de
compétition. Pour ce qui est des reboisements feuillus, nous sommes pour
dans le cas où il y aura de l'amélioration
génétique; sinon, on croit que c'est problématique.
M. Hétu: C'est donc dire que l'usine PANFIBRE, qui
était prévue par l'ancien gouvernement, depuis 1981, mais qui
n'était pas décidée, nous autres, cela nous a pris six
mois pour décider parce qu'on était conscient d'un besoin dans le
comté. L'usine PANFIBRE va venir aider, normalement, à nettoyer
la forêt.
M. Jolivet: Bravo, bravo, pour le message publicitaire.
M. Hétu: Comme vous autres, d'ailleurs.
Mme Julien, tout à l'heure, j'ai compris un peu dans la
présentation du mémoire que
les allocations étaient peut-être trop hautes. Que
pensez-vous que l'on doive faire avec les allocations qui sont trop hautes?
Mme Julien: Ce que nous avons demandé, dans un premier
temps, c'est qu'un inventaire soit fait et qu'il tienne compte de la notion de
qualité. Dans le fond, tout ce qu'on demande, c'est de mettre la notion
de qualité dans toutes ces choses, de faire une gestion qui soit
peut-être un peu plus fine, un peu plus raffinée par rapport aux
bois de qualité. Pourquoi? Parce que, quand on fait du bois
résineux, il y a peut-être trois qualités, on arrive sur le
marché avec trois qualités différentes de résineux.
Dans le bois feuillu, on peut aller jusqu'à 17 grades. La production de
bois feuillu s'adresse à un marché qui est très exigeant
au niveau de la qualité et cette qualité commence en forêt.
Elle doit se faire dans l'exploitation forestière, on doit en tenir
compte dans l'exploitation forestière, on doit en tenir compte dans le
mesurage, en tenir compte dans la tarification, en tenir compte dans la
transformation. Les gens de chez nous sont déjà très
spécialisés dans la transformation. Les produits de sciage et de
déroulage demandent déjà une attention aux produits de
qualité qui est déjà très présente. Nous, on
voudrait que cette attention se transporte également en forêt
parce qu'on pense que le succès d'une usine de transformation de bois
est directement lié à la ressource forestière comme
telle.
Ce qu'on pense, c'est qu'on devrait faire un inventaire sérieux
en tenant compte de ces normes de qualité, s'asseoir avec les
intervenants, ne pas augmenter les volumes actuels, partir de ces volumes de
base et refaire une définition rationnelle en fonction des besoins des
usines et en fonction des possibilités de la forêt.
M. Hétu: Plusieurs personnes sont venues en commission et
nous ont suggéré un emblème pour le Québec, un
arbre-emblème. Je vous demanderais, en terminant, si vous avez une
idée à cet effet. Vous pourriez nous faire une suggestion?
Mme Julien: Vous ne devriez pas nous demander cela. On va tous
dire la même chose.
M. Meilleur: On aime mieux ne pas se prononcer
là-dessus.
M. Hétu: Comme le bois feuillu est rare, ce serait
peut-être du feuillu?
Mme Julien: On aurait une grosse tendance vers le bouleau jaune.
Alors, vous ne pouvez pas nous demander cela,
M. Hétu: Alors, j'ai terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, avant que quelqu'un du
gouvernement nous indique que, malheureusement, les intervenants n'ont pas pu
être questionnés trop longtemps parce qu'on a manqué de
temps, je vais vous dire que le temps qui nous a été
alloué a été déterminé par le parti
ministériel. Je pense que c'est important de vous le dire. Je n'ai que
deux minutes pour vous adresser un petit mot.
Dans la partie 3, à la page 13 - je reviens sur une question de
mon collègue -on dit: "Finalement, !e gouvernement s'il veut vraiment
favoriser l'aménagement forestier et l'intégration des coupes sur
un territoire où il y aura plusieurs utilisateurs, devrait accepter de
négocier avec les membres d'une association qui décident sur une
base volontaire de se concerter pour remettre en production un même
territoire." Dans le livre blanc, nous avions proposé la mise sur pied
d'un conseil permanent de la forêt. On avait proposé aussi en
même temps que cette ramification se fasse au niveau régional. Je
ne comprends pas, d'abord, pourquoi le ministre ne l'a pas mis dans son
avant-projet de loi et, deuxièmement, pourquoi il n'accepterait pas de
le remettre dans la mesure où il va s'éviter beaucoup de
pressions sur lui comme ministre. Il va permettre aux intervenants
régionaux de régler leurs problèmes entre eux avec l'aide
du ministère.
La proposition qui a été faite est un peu dans le sens que
les régions sont différentes les unes des autres. Comme elles
sont différentes les unes des autres, il faut donc des solutions
différentes à des problèmes différents. Dans ce
contexte -votre région confine à la mienne par le nord, par le
secteur Parent - je dois vous dire que vous avez intérêt à
faire cette rencontre régionale. Est-ce que vous seriez d'accord que le
ministre change d'opinion - puisqu'il dit qu'il tient une commission
parlementaire dans le but de changer d'opinion - et permette la mise sur pied
de cette proposition que vous faites, que je trouve très
intéressante et qui était déjà contenue dans le
livre blanc?
M. Meilleur: Mais ce qu'on propose, c'est la concertation des
associations dans des régions spécifiques comme la nôtre
où il y a de nombreux petits intervenants. On croit que cela devrait
être possible de le faire. Ce qu'on ne veut pas, c'est se faire imposer
une association. On veut que ce soit une association sur une base volontaire
pour, effectivement, défendre nos intérêts, mais aussi pour
nous concerter quant à l'intervention en forêt. Il est
évident que tous les industriels de l'association tiennent à
garder la possibilité d'intervenir en forêt si
nécessaire. Si ce n'est pas absolument nécessaire, cela nous
permettrait d'avoir une force de négociation face aux papetières,
parce que, évidemment, c'est là qu'elles arrivent. Au moins, cela
ferait un rapport de forces permettant de négocier avec les plus gros
Intervenants. C'est pour cela qu'on tient à maintenir l'association. Je
crois que cela devrait être possible même si... Au point de vue
juridique, il devrait y avoir quelque chose qui nous permette de le faire. Pour
nous, cela va de soi.
M. Jolivet: Juste une petite dernière question.
Le Président (M. Charbonneau): Avec le consentement, parce
que votre temps est écoulé.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Oui, M. le
Président, pour autant que le député de Laviolette nous
assure que sa question sera très courte, parce que sa formation
politique a épuisé le temps qui lui était
alloué.
M. Jolivet: Que vous nous avez alloué.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette, vous pouvez y aller.
M. Jolivet: Je n'aime pas qu'on me fasse la charité. Donc,
je n'utiliserai pas mon droit de parole.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Charbonneau); Alors, il reste huit
minutes du côté ministériel. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. D'abord, je veux mentionner que le décret du 27
novembre concernant PANFIBRE réglait partiellement le dossier. Tout ce
que j'ai mentionné, M. le député de Duplessis, c'est que
c'était pour les imprévus qu'on a fait appel au budget du
ministère. Si vous aviez écouté...
Quand on parle de Sainte-Véronique, je croyais que le
ministère et le gouvernement fédéral contribuaient
financièrement à l'expérience de Sainte-Véronique
avec la coopérative.
M. Latour: Le ministère de l'Énergie et des
Ressources assure l'encadrement technique. Pour l'aspect écologique, le
chercheur est fourni par le ministère de l'Énergie et des
Ressources, M. Zoran Majcen. Le martelage du terrain, les plans d'inventaire,
cela a été fait par le MER. La coopérative assure
l'encadrement technique des travaux, la prise de données sur les
coûts d'exploitation, et le gouvernement fédéral fournit
les budgets pour la main-d'oeuvre, c'est-à-dire la portion de la
main-d'oeuvre qui reste à combler entre une opération normale et
une opération d'aménagement. C'est la partie pour laquelle le
gouvernement fédéral a compensé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela
représente un montant de 50 000 $ de la part de chacun des
gouvernements?
M. Latour: D'année en année, les budgets ont
varié. Je crois que les budgets du ministère de l'Énergie
et des Ressources, au départ, on été assez
élevés, parce que les frais d'inventaire ont été
pas mal élevés. Je ne pourrais pas dire exactement le montant du
budget. C'est un budget de fonctionnement. On n'est pas au courant de ces
budgets.
Mme Julien: Au début, c'est moi qui ai commencé
à négocier ces choses. Ce qui est arrivé, c'est que le
ministère voulait faire de la recherche, mais ne trouvait pas
d'intervenant qui voulait passer aux actes. Nous, à la
coopérative forestière, comme notre intention était de
vraiment ramener notre monde au travail dans la région -parce que lors
de la crise, à partir de 1980 jusqu'à 1982, cela a
été une situation absolument épouvantable chez nous - on a
pris cette chose en en assumant les risques au départ, parce que les
budgets étaient fixes et venaient compenser pour la différence
entre l'exploitation et la vente des bois. Et, au début, quand personne
n'avait l'expertise, ce n'était pas facile de budgétiser à
ce niveau. C'est dans ce sens qu'on dit qu'on l'a financé. Au
début, on en a assumé une partie. (16 h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. Vous
mentionnez à la page 3: "Or dans son programme de remise en production
des forêts, le MER a prévu une répartition des efforts
financiers du gouvernement de 1986 à 1992 pour la remise en production
de l'arrérage. Aucune somme n'y est prévue pour la remise en
production des forêts feuillues."
Actuellement, on reboise 600 000 arbres en forêt feuillue.
Malheureusement, ce n'est pas dans votre région. J'espère qu'on y
arrivera. On en fait du côté du feuillu. Évidemment, dans
votre région, j'en suis, j'espère qu'on y arrivera.
Vous parlez d'inventaire, de tenir compte de la qualité des
arbres dans le déroulage, le sciage et les autres. Actuellement, vous
dites que c'est un début. Est-ce que vous souhaitez qu'on applique les
règles de Petro ou si vous aimez expliciter cela'? Parce que si cela
peut être fait pour vous donner satisfaction, je ne vois pas pourquoi on
ne le ferait pas.
M. Meilleur: Ce qu'on aimerait, évidemment, c'est pouvoir
différencier comme il faut à partir des inventaires forestiers la
disponibilité en déroulage et, au niveau du sciage aussi, la
qualité des sciages qui vont là. Tantôt, le
ministère nous revient avec un coût de la valeur de bois sur pied.
Évidemment, il faudra, si on compare quelque chose, pouvoir comparer des
pommes avec des pommes. Lorsque nous achetons du bois qui vient des
États-Unis ou qui vient de l'extérieur de notre région,
qu'on pense juste à l'érable qui est pris dans notre
région par rapport à l'érable de l'Outaouais, ce n'est pas
la même valeur. C'est impossible, s'il n'y a pas la notion de
qualité, de savoir exactement ce qu'on compare.
Nous autres, on calcule que c'est une question d'équité,
c'est une question normale. C'est impossible de gérer ces forêts
sans connaître les qualités. À ce moment, il faut que ce
soit ajouté et que les normes de Petro soient ajoutées au niveau
du sciage et les autres normes que je connais au niveau du déroulage,
que toutes ces normes soient connues et soient appliquées aux
inventaires forestiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans votre
mémoire, M. Meilleur, vous parlez d'une matrice d'utilisation des
feuillus, c'est un début. Cela n'est pas Petro.
Mme Julien: Ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait des
qualités de tiges debout. On a dit: un A, un B, un C et ensuite il y a
eu des gens chez vous qui sont allés faire des tests. Ils ont abattu des
arbres de différentes tiges et ils ont établi des choses en
fonction de certaines normes. Sauf que nous, on vient juste d'avoir cette
documentation. Là, la jonction de l'inventaire, le mariage, si vous
voulez, avec la matrice de qualité n'est pas encore sorti. On n'a pas
encore tes données. C'est pour cela qu'on vous dit: C'est un
début, mais nous, étant donné que les normes de Petro
s'appliquent surtout au niveau de l'industrie, là on aimerait pouvoir
comparer les normes qui vont rentrer à partir de l'inventaire avec les
normes qui sont utilisées en usine pour savoir si on arrive à une
jonction qui est intéressante.
C'est pour cela qu'on suggérait que vos fonctionnaires qui ont
développé des méthodes puissent venir s'asseoir en
régions avec des gens qui, eux, ont des méthodes
développées du côté de l'industrie pour voir comment
on fait le mariage de cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. À la
page 13, je reviens là-dessus, on dit: "Finalement, le gouvernement s'il
veut vraiment favoriser l'aménagement forestier et l'intégration
des coupes sur un territoire où il y aura plusieurs utilisateurs,
devrait accepter de négocier avec les membres d'une association qui
décident..." Il n'y a rien qui nous empêche de le faire, mais il
faut trouver un véhicule qui va se rendre responsable. Est-ce que vous
avez une suggestion à ce sujet? L'association comme telle ne peut pas
prendre la responsabilité, disons, solidairement, conjointe pour chacun
des intervenants.
M. Meilleur: Nous, on croit que l'association au niveau de
l'aménagement pourrait très bien répondre à ce
moment. L'association peut assumer des responsabilités concernant
l'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'association peut
se porter garante de chacun des industriels?
M. Meilleur: II faudrait trouver un mécanisme...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Meilleur: On n'a pas tellement discuté à ce
niveau, à savoir quelle mécanique on mettrait en place pour faire
fonctionner cela. On voudrait vraiment regarder la possibilité de
travailler à ce moment, mais sans que ce soit coercitif, éviter,
autrement dit, de former une association, comme je le disais tantôt,
où cela serait l'association seulement qui a la possibilité
d'intervenir en forêt. Il s'agit de regarder les deux places, mais que
l'association ait une certaine responsabilité vis-à-vis du plan
d'aménagement et aussi de la surveillance du plan d'aménagement,
je croîs que c'est possible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que vous
regrouperiez les territoires de tous vos membres de sorte que l'association se
rendrait responsable de l'aménagement sur le territoire regroupé
de tous les industriels?
M. Meilleur: II y aurait certainement une possibilité, sur
le territoire regroupé de tous les industriels, que l'association
prépare les plans en concertation avec les industriels, qu'elle puisse
aussi surveiller une partie des travaux qui seront faits là, sans que
l'association soit obligée d'être maître d'oeuvre sur ce
territoire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II me reste peu de
temps, mais, lorsque vous demandez que des coûts de fonctionnement de
l'entreprise, les coûts d'investissement ou d'aménagement, soient
considérés comme des dépenses, du point de vue du
Revenu...
M. Ciaccia: On a suivi les précédents que vous avez
établis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...ce que
j'en sais, c'est que c'est reconnu en partie, ici au Québec
également, grâce à l'intervention du ministère du
Revenu qui a donné son opinion là-dessus.
M. Meilleur: Je pense que c'est une erreur que l'on doit admettre
à ce niveau. Les dépenses, on pense qu'elles sont reconnues; il
s'agissait pour nous de trouver un mécanisme en matière de
fiscalité pour diminuer le coût de cette intervention en
forêt.
Le Président (M. Charbonneau): Cette réponse
termine le temps de discussion alloué à votre mémoire. Je
demanderais au député de Duplessis de faire les remerciements
d'usage.
M. Perron: M. le Président, si vous me permettez un
commentaire avant de remercier les intervenants...
Le Président (M. Charbonneau): Un bref commentaire.
M. Perron: Un bref commentaire. D'abord, la qualité du
mémoire m'aurait permis de poser plusieurs questions additionnelles sur
plusieurs secteurs d'activité qui sont touchés par l'avant-projet
de loi. On a beau rire du côté des ministériels, cela ne me
dérange pas plus qu'il ne le faut, M. le Président.
M. Jolivet: II n'y a pas grand feuillu dans
Trois-Rivières!
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Perron: M. le Président, lorsque les
représentants de l'Association des intervenants forestiers des
Hautes-Laurentides parlent du rendement soutenu, du volume alloué, de la
tarification, de la capacité concurrentielle, de la fiscalité et
de la formation de la main-d'oeuvre, vous comprenez sans doute que nous aurions
eu plusieurs questions à poser aux intervenants qui sont devant nous.
Compte tenu de ce qu'a dit le député de Laviolette, paroles que
j'endosse entièrement, mais que je ne voudrais pas
répéter, je voudrais informer les représentants de
l'Association des intervenants forestiers des Hautes-Laurentides, que, lors des
débats qui vont se faire sur le projet de loi final qui sera
déposé par le ministre, comme plusieurs éléments
que vous avez apportés dans votre mémoire sont des
éléments nouveaux, dont on ne tenait pas compte, dans un certain
sens, dans le livre blanc de juin 1985 - je suis honnête en le disant -
mais dont on devra tenir compte maintenant, notamment les feuillus, et en
particulier les feuillus nobles que nous avons au Québec et ceux de
votre région, nous allons faire notre devoir en tant que membres de
l'Opposition et nous allons essayer d'amener le gouvernement à mettre
dans son projet de loi certaines recommandations que vous avez faites dans
votre mémoire. On va s'en servir, soyez-en assurés, pour mener
à bon port, comme le diraient les gens de Port-Cartier, dans mon
comté, l'avenir de notre forêt québécoise.
En terminant, je tiens à vous remercier énormément
de la qualité de votre mémoire et à vous assurer de notre
collaboration quant à la teneur de la grande majorité des
recommandations que vous faites à l'intérieur de votre
mémoire. Merci, madame, M. le président, ainsi que votre
collègue.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai beaucoup apprécié votre mémoire.
Soyez assurés que nous en tiendrons compte, dans la mesure du possible,
dans la rédaction du projet de loi, je vous le garantis. C'est pourquoi,
comme le signalait M. le député de Laviolette, nous vous avons
invités. C'est un mémoire de qualité, tout comme les
travaux que vous exécutez sur le terrain par le biais de la
coopérative ou autrement. J'ai été agréablement
surpris et enthousiaste de voir le résultat de vos travaux lorsque je
suis allé à Sainte-Véronique. J'espère que vous
m'inviterez encore, et soyez assurés que je ferai l'impossible pour y
aller. Encore une fois, merci de votre intervention, et je vous souhaite un bon
voyage de retour.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, " M. le ministre.
Madame et messieurs, merci beaucoup.
M. Meilleur: Merci et nous espérons vous avoir
sensibilisés au problème du feuillu. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien, merci.
Bon retour et à la prochaine peut-être. J'invite maintenant
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec à se
présenter à la table.
M. Jolivet: M. le Président, pendant que les gens
s'installent est-ce qu'on peut faire une petite intervention?
Le Président (M. Charbonneau): On peut toujours, oui.
M. Jolivet:
Vous allez voir, c'est très
intéressant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette, allez-y.
M. Jolivet: M. le Président, pour ce mémoire, en
termes d'horaire, nous devons -si je calcule bien - avoir la valeur de deux
heures et trente. Nous sommes, au moment où l'on se parle, à
presque 16 h 30, il y a une décision qui doit se prendre. Je crois que
nous devons vous le faire parce que l'horaire qui nous a été
imposé nous indique qu'il devait y avoir consentement unanime pour
terminer à 18 h 30. Au moment où on se parle, on a des risques de
terminer à 19 heures. Vu que les intervenants qui sont devant nous sont
de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec et que
je sais que des personnes doivent quitter pour être ailleurs ce soir,
comme ces intervenants méritent notre attention la plus spéciale,
ils auront la permission de l'Opposition pour continuer un peu plus tard que 18
h 30.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien, M. le
député de Laviolette. Cela étant dit, tout ie monde est
conscient que, par ailleurs, ça diminuera d'autant le temps du souper
parce que nous devrons reprendre à 20 heures pour pouvoir terminer
à 22 heures dans la mesure du possible et selon...
Une voix: Cela va faire du bien pour la ligne!
M. Perron: Quant à nous, M. le Président, on peut
se rendre à 22 heures.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien, M. le
député de Duplessis. Qu'à cela ne tienne! Très
bien. Je demande maintenant au porte-parole de l'Association des manufacturiers
de bois de sciage du Québec, je ne sais pas si cela sera M.
Deschênes ou Mme Saucier, en tout cas l'un ou l'autre, de
présenter les personnes qui font partie de la délégation
de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec. Je vous
indique dès maintenant ce qui a vous a sans doute été
souligné par le secrétaire de la commission préalablement,
que la durée de présentation de votre mémoire sera de
trente minutes et que, par la suite, il y aura une heure de discussions pour
chaque côté ou chaque formation politique appartenant à la
commission parlementaire. Alors, si je comprends bien, c'est M.
Deschênes, c'est cela?
Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec
M. Deschênes (Guildo): C'est cela, M. le Président.
Je vous présenterai les membres de notre comité exécutif
et une autre personne qui n'est pas dans le comité exécutif,
ainsi que deux permanents de notre association. Tout d'abord, je commencerai
à mon extrême gauche, M. Gilles Côté, membre du
comité exécutif de l'AMBSQ et directeur général de
Scierie Leduc Division Papeterie Reed Ltée; ensuite, Mme Guylaine
Saucier, présidente ex officio de l'association et présidente des
Produits forestiers Saucier Ltée; ensuite M. Richard Lacasse, directeur
général de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec; à mon extrême droite, M. André Tremblay,
vice-président de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec et directeur général des Scieries Saguenay
Ltée; M. Fred Burrows, administrateur de l'AMBSQ et
vice-président, opérations forestières et usines de
Normick-Perron Inc.; et moi-même, Guildo Deschênes,
président des Industries Georges Deschênes Ltée et
président de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec. Je m'excuse il y a aussi M. Florent Milot, directeur des
services forestiers de l'AMBSQ. M. le Président, si vous me permettez,
avant de commencer la présentation, on devra peut-être
excéder de quelques minutes notre présentation étant
donné l'importance du document.
Le Président (M. Charbonneau): Si tout le monde est
consentant, je n'ai pas de problème. La seule chose que je vous indique,
c'est qu'il ne faudrait pas doubler le temps de présentation.
M. Deschênes: On ne doublera pas le temps, M. le
Président. C'est quelques minutes.. (16 h 30)
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Deschênes: ...étant donné l'importance du
document On a retranché quelques questions, mais disons qu'il est
important de prendre quelques minutes de plus.
Le Président (M. Charbonneau): Allons- y.
M. Deschênes: M. le Président, MM. les ministres,
chers membres de la commission, je commencerai en vous lisant l'introduction du
document et, ensuite, je passerai aux considérations et
j'enlèverai le deuxième paragraphe à la page 5. Je vous
ferai grâce de l'évolution du dossier.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec
remercie le ministre délégué aux Forêts, M. Albert
Côté, de l'occasion qu'il lui fournit d'exprimer son point de vue
sur le contenu et les modalités d'application de l'avant-projet de loi
sur les forêts déposé en juin dernier devant
l'Assemblée nationale.
L'AMBSQ voit dans cet avant-projet de loi et dans la convocation des
intervenants
du milieu forestier à une commission parlementaire une
volonté bien arrêtée du MER de mener à terme son
projet d'instaurer dans un proche avenir un nouveau régime forestier au
Québec. L'association y perçoit aussi le souci du ministre, M.
Côté, de consulter et de concilier les opinions des principaux
intervenants du secteur forestier. Elle veut donc féliciter le ministre
de ce geste.
Si vous voulez passer à l'article 3, Considérations
générales. Depuis plusieurs années déjà, le
besoin d'opérer un virage dans le monde forestier se fait sentir. Avec
son avant-projet de loi, le MER manifeste clairement son intention de
procéder à ce virage par l'instauration d'un nouveau
régime forestier. L'AMBSQ et les membres qu'elle représente voit
le bien-fondé du régime proposé, en acceptent la
majorité des éléments et en appuient les principes
directeurs. Toutefois, les vrais problèmes et le défi forestier
ne résident pas dans l'élaboration d'un nouveau régime ou
d'une nouvelle loi, mais dans son application et sa mise en oeuvre. C'est
pourquoi l'association voit dans les modalités qui encadreront la mise
en place du nouveau régime les sujets majeurs de contrainte qui
pourraient rendre précaire la situation de l'industrie des sciages.
C'est sur certains de ces sujets qu'elle veut préciser sa position dans
ce mémoire.
Toutefois, avant d'exposer ses recommandations, l'AMBSQ déplore
que le MER, pour assurer la mise en place du régime forestier, n'ait pas
senti le besoin de présenter plus d'un scénario montrant une
implication plus ou mains intensive de l'industrie dans des travaux
d'aménagement. Pour établir sa base de calcul des frais
d'aménagement que se répartiront l'État et l'industrie, le
MER a surtout considéré des demandes d'allocation de l'Industrie
sans accorder suffisamment de poids au niveau actuel de coupe. Ainsi, la seule
hypothèse retenue s'appuie sur l'impératif de rendre la
forêt capable de produire annuellement 30 000 000 de mètres cubes
de bois (essences résineuses et feuillues) alors que le niveau moyen de
la récolte au cours des dix dernières années et même
des cinq dernières années se situe aux environs de 22 500 000
mètres cubes,
II est connu, pour plusieurs raisons, que les allocations
accordées par le MER dépassent, depuis plusieurs années,
de 35 % les volumes ligneux récoltés. Ce pourcetage pourrait
être encore plus élevé si la forêt pouvait permettre
au MER de satisfaire encore davantage les demandes de l'industrie qui, c'est
naturel, cherche à obtenir la meilleure sécurité
d'approvisionnement pour ses besoins futurs. L'association doute que
l'utilisation de ce volume de 30 000 000 de mètres cubes comme base de
calcul des frais d'aménagement soit réaliste. S'il ne l'est pas,
on a ainsi gonflé de beaucoup les montants à débourser par
le MER et l'industrie.
Je passe un paragraphe.
L'atteinte d'un tel objectif va exiger, selon les données
fournies, qu'une large portion des travaux à effectuer repose sur la
réalisation du programme de reboisement déjà mis en branle
et qui, d'ailleurs, aura surtout pour objet d'augmenter la possibilité
des essences épinette, sapin et pin gris à 26 000 000 de
mètres cubes. Faut-il penser que le MER doit absolument réaliser
ce programme de reboisement et que les objectifs de production ont
été fixés en vue de cette réalisation? S'il en est
ainsi, l'aménagement de la forêt du Québec va être
très coûteux, car le reboisement est la mesure sylvicole la plus
dispendieuse. D'autre part, on s'écarte ainsi de l'opinion de la plupart
des grands aménagistes qui suggèrent de n'y avoir recours que
dans des cas très spéciaux. Existe-t-il des mesures sylvicoles
alternatives qui, tout en étant moins coûteuses, permettraient
l'atteinte des mêmes objectifs de production? L'AMBSQ aimerait savoir si
le MER a étudié certaines de ces solutions et pour quelles
raisons elles n'ont pas été retenues dans un programme
d'aménagement.
D'autre part, l'association croit que l'atteinte des objectifs
fixés pourrait se faire selon certaines étapes, d'où la
possibilité d'étaler sur une plus longue période les frais
d'aménagement et l'occasion pour le MER de s'impliquer davantage dans le
financement des travaux d'abord jugés nécessaires. En outre, il
n'y a pas lieu de croire qu'un aménagement de la forêt, si intense
soit-il, va empêcher que ne se produisent à plus ou moins long
terme les ruptures de stock prévues dans certaines régions.
Dans un autre ordre d'idées, l'AMBSQ remarque qu'à maintes
reprises, dans le contenu de l'avant-projet de loi, le ministre se
réfère à de nombreux règlements. Cette attitude
laisse croire à un manque de confiance évident envers les gens de
l'industrie. Veut-on les encadrer dans une loi et des règlements qui
limiteront tous leurs gestes et ne laisseront place à aucune initiative?
II faudrait penser qu'un surplus de contraintes pourrait avoir des effets
néfastes jusque sur la compétitivité internationale de
l'industriel. L'AMBSQ espère que le ministre saura comprendre qu'en ce
temps favorisant la non-réglementation il lui faudra s'appliquer
à ne pas noyer la future loi sur les forêts dans une multitude de
règlements ne laissant place à aucune flexibilité.
Si vous me le permettez, je vais sauter la fin de ce paragraphe pour
continuer.
L'AMBSQ voudrait aussi souligner que la venue d'un nouveau régime
forestier ne sera pas la panacée capable de résoudre tous les
problèmes du monde forestier. Il n'empêchera certainement pas les
ruptures de stock, surtout celles à court terme, de se
produire dans certaines régions, malgré les efforts
d'aménagement qu'on pourrait y consentir. Ainsi, un nouveau
régime forestier ne pourra éviter des fermetures d'usines. II
pourra même les accélérer si, par l'octroi d'allocations
trop élevées, une augmentation du niveau de coupe est
plutôt favorisée, réduisant d'autant la période
précédant la rupture de stock prévue dans une
région. Le gouvernement devra donc être très prudent dans
son rôle de distributeur de la ressource. Il devra étudier toutes
les solutions qui aideront l'industrie, durant la période de restriction
occasionnée par ces ruptures de stock, jusqu'au moment où les
travaux d'aménagement auront produit une nouvelle forêt
exploitable que, d'ailleurs, il ne faudra pas cependant récolter trop
rapidement car elle ne produirait que du bois à pâte.
L'AMBSQ s'attend, dans les années futures, en particulier
à cause des ruptures de stock, à une consolidation et à
une rationalisation plus accélérées de l'industrie des
sciages. Selon l'association, le gouvernement devra encore une fois être
circonspect et laisser plutôt les forces jouer entre elles. Une industrie
plus forte devrait en résulter, les interventions gouvernementales se
faisant discrètes et respectant le sens des responsabilités du
monde de l'industrie.
M. le Président, pour continuer, si vous le permettez, Mme
Guylaine Saucier va lire une partie des recommandations. Ensuite, on va se
partager la charge du reste des recommandations. On a fait quelques coupures.
On vous mettra au courant au fur et à mesure.
Mme Saucier (Guylaine): Premièrement, l'importance de
l'industrie des sciages. L'AMBSQ recommande que l'industrie des sciages,
établie dans les faits comme un secteur vital de l'économie de la
province, soit aussi reconnue par le gouvernement comme agent
déterminant de la mise en valeur des richesses forestières.
Dans son avant-projet de loi, le ministre indique qu'il entend prendre
des mesures spéciales "pour favoriser une utilisation optimale des bois
disponibles suivant leur qualité et leurs caractéristiques."
L'industrie des sciages voit dans cette affirmation un souci du ministre
d'utiliser le mieux possible les bois des forêts croissant sur les terres
publiques. Pour les industriels du sciage, tous les bois devraient être
orientés vers les usines de sciage pour atteindre l'objectif d'une
utilisation optimale. D'ailleurs, vu son rôle d'exploitant dominant des
forêts publiques, l'industrie des sciages s'impose déjà
comme agent déterminant de l'utilisation des ressources
forestières et, conséquemment, de leur mise en valeur.
Au deuxième rang de l'industrie forestière, le secteur des
sciages a effectué des livraisons dont la valeur a été
estimée à plus de 1 500 000 000 $ au cours de l'année 1985
tout en procurant des emplois directs et indirects à près de 70
000 personnes. Par cet apport économique, l'industrie des sciages
s'inscrit sans consteste comme un secteur vital de l'économie de la
province. D'ailleurs, elle joue cet important rôle dans toutes les
régions du Québec auprès d'environ 125 communautés.
Elle est, pour ces agglomérations, non seulement un soutien
économique indispensable, mais aussi, et peut-être davantage, le
pôle autour duquel gravite la majorité de leurs
activités.
À noter que l'industrie des sciages, bien qu'installée
depuis de nombreuses années dans l'ensemble du Québec, a
particulièrement connu une expansion au cours des quinze
dernières années. Au début des années soixante-dix,
une politique gouvernementale a vraiment favorisé le
développement de l'industrie des sciages. Le gouvernement a alors mis
à la disposition des scieries des volumes ligneux considérables
provenant de vastes étendues de forêts rendues à
maturité. Pour la première fois de son histoire, l'industrie des
sciages avait droit à des garanties d'approvisionnement accordées
dans le cadre de l'instauration d'un nouveau mode de tenure, la forêt
domaniale. Ces garanties d'approvisionnement, il faut le souligner, ont, de
plus, grandement aidé les industriels dans la recherche du financement
nécessaire à la bonne marche de leurs entreprises. Ces derniers
n'ont pas manqué de profiter de l'occasion offerte et, animés
d'un dynamisme remarquable, ils ont su donner à leurs entreprises
l'essor qui a amené leur industrie au premier rang de l'économie
québécoise. C'est ainsi, d'ailleurs, qu'en récoltant 68 %
des bois sur forêts publiques elle occupe présentement le
rôle de premier exploitant forestier au Québec.
C'est à ce titre d'ailleurs que l'industrie des sciages agit de
façon déterminante sur l'utilisation de la ressource forêt.
Productrice de plus de 4 000 000 de tonnes de copeaux en 1985, le secteur des
sciages oriente ainsi surtout vers l'autre principal secteur de l'industrie
forestière, les pâtes et papiers, une matière
première qui constitue la moitié de sa consommation de fibres.
Cette source d'approvisionnement est d'autant importante pour les
papetières que les prix consentis aux scieries pour les copeaux leur
permettent de maintenir leur coût de matière première au
plus bas niveau. L'existence de l'industrie des sciages assure ainsi aux
papetières une meilleure situation financière et la disparition
soudaine du secteur des sciages pourrait jusqu'à attaquer
sérieusement la viabilité de l'industrie des pâtes et
papiers.
Ainsi, par les activités qu'elle crée, tant au niveau de
ses exploitations en forêt qu'au niveau de la transformation du bois
dans ses usines, l'industrie des sciages s'est affirmée comme un
des principaux secteurs de l'économie de la province. Le nouveau
régime forestier que le Québec s'apprête à instaurer
doit donc maintenir et réaffirmer le râle primordial de
l'industrie des sciages comme secteur de mise en valeur des richesses
forestières et de développement économique.
Le financement de l'aménagement forestier. Les
considérations de l'AMBSQ sur ce sujet sont basées sur des
augmentations de possibilité forestière à atteindre et
découlent de l'hypothèse proposée par le MER lors des
rencontres qu'il a tenues avec l'industrie. Ces considérations sont
nécessairement techniques et sont peut-être plus difficiles
à saisir.
Nous voulons, parce que le temps à notre disposition est
limité, résumer notre position sur le financement en ce qui
concerne nos deux premières recommandations.
Tout d'abord, I'AMBSQ recommande que le MER soit financièrement
responsable des travaux d'aménagement qui rendront la forêt apte
à produire sur base de rendement soutenu le volume actuel de coupe, soit
environ 22 000 000 de mètres cubes résineux et feuillus. (16 h
45)
Le MER devrait donc assumer les frais des travaux d'aménagement
à faire réaliser pour augmenter la possibilité naturelle
à 22 500 000 mètres cubes. De plus, l'AMBSQ demande que le MER
produise annuellement un plan détaillé des travaux qu'il
prévoit réaliser sur les territoires des
bénéficiaires, soit ceux concernant la
régénération des superficies de "backlog" dont il sera
responsable et ceux à effectuer pour augmenter la possibilité
selon l'objectif prévu. Il serait aussi très utile que le MER
prépare un plan quinquennal montrant ses interventions
d'aménagement au niveau de chaque territoire désigné
à un bénéficiaire. Ces plans devraient être joints
aux plans annuels et quinquennaux que devront préparer les
bénéficiaires.
Deuxièmement, l'AMBSQ recommande que les frais des travaux
d'aménagement permettant d'augmenter le niveau actuel de coupe au niveau
fixé par le MER dans son hypothèse soient à la charge de
l'industrie forestière et que la portion de ces frais à
être assumée par l'industrie des sciages corresponde au volume
ligneux qu'elle transforme en bois de sciage. Ce volume ligneux
représente environ 22 % des bois récoltés sur forêts
publiques.
Pour votre information, nous sommes rendus à la page 19, au
troisième paragraphe.
Malgré une situation financière peu encourageante,
l'industrie des sciages est prête à faire tous les efforts voulus
pour payer sa portion des frais d'aménagement, mais elle tient à
ce que cette portion représente le volume ligneux retenu comme bois de
sciage, selon ce qui a été indiqué ci-avant.
D'autre part, l'AMBSQ désire attirer l'attention sur la situation
financière peu enviable de l'industrie en faisant mention d'une
étude qu'elle a fait produire au début de 1986. Cette
étude démontre qu'au cours des années 1980 à 1984
les entreprises de sciage s'approvisionnent en grande partie sur forêts
publiques - 98 % des usines échantillonnées - ont
présenté un profit net avant impôt de 0,5 %, soit
l'équivalent de seulement 0,21 $ le mètre cube de bois
récolté. Il est à noter que les usines
échantillonnées récoltent actuellement 33,4 % des bois
provenant des forêts publiques, ce qui donne à notre
échantillonnage une grande crédibilité.
Cependant, l'industrie du sciage serait dans une bien meilleure
situation financière si les scieurs pouvaient récupérer au
moins ce qu'il leur en coûte pour produire leurs copeaux. Selon une
analyse de cette production à l'automne 1985, il a été
établi que le coût moyen de production d'une tonne métrique
de copeaux par l'industrie des sciages était de 102,80 $ alors qu'au
cours des années 1980 à 1984 le prix de vente moyen pour un tel
volume était de 70,81 $, laissant un déficit de 32 $ la tonne.
Quand on considère que tes scieries de la province ont produit plus de 4
000 000 de tonnes de copeaux en 1985, on peut facilement conclure que cette
industrie aurait certainement plus de capacité de payer sa quote-part
à l'aménagement forestier si elle récupérait ces 32
$ pour chaque tonne de copeaux vendue; toutefois, malheureusement, tel n'est
pas le cas. Pour votre information, nous avons annexé ces deux
études dont on vient de parler au mémoire que nous vous
présentons.
M. Deschênes: Si vous permettez, M. le Président, M.
Gilles Côté va continuer à lire les recommandations.
M. Côté (Gilles): 2.3. Volumes additionnels produits
par des travaux plus intensifs. L'AMBSQ recommande que les volumes additionnels
produits deviennent sa propriété lorsqu'un
bénéficiaire, avec l'approbation du ministre, aura
effectué à ses frais des travaux plus intensifs
d'aménagement dont le rendement escompté aura pour effet de
dépasser les objectifs de production prévus au contrat.
Cette recommandation montre l'Intérêt des membres de
l'industrie des sciages à accroître le rendement de la forêt
québécoise de façon à la rendre plus apte à
répondre aux besoins de l'industrie dans le futur.
En devenant propriétaire de ces volumes additionnels, le
bénéficiaire pourra les utiliser à son gré, soit
pour augmenter son allocation annuelle, soit comme réserve a utiliser
selon les besoins d'une usine. L'industrie pourra aussi monnayer ces volumes
advenant la vente de l'usine ou tout simplement sa fermeture. Cette mesure se
présente au bénéficiaire comme une incitation valable
à aménager plus intensivement la forêt de son territoire.
Il est certain qu'étant propriétaire de ces volumes le
bénéficiaire n'aura pas à payer de droits de coupe au
moment de leur récolte. 2.4. Considérations sur les quotes-parts
à l'aménagement forestier des utilisateurs de la forêt
autres que ceux de la matière ligneuse. L'AMBSQ recommande que les
utilisateurs de la forêt autres que ceux de la matière ligneuse
paient aussi leur contribution à l'aménagement de la
forêt.
Le MER devra veiller à récupérer les montants de
cette contribution évaluée à plus de 13 000 000 $ dans le
but de contrôler son application à l'aménagement de la
forêt. Pour être conséquent, cependant, il lui faudra la
déduire de la quote-part de l'industrie forestière et surtout de
celle de l'industrie des sciages qui, comme exploitant le plus important, doit
débourser la majorité des dépenses supplémentaires
occasionnées par les exigences des usagers récréatifs de
la forêt.
En définitive, si l'aménagement forestier doit respecter
les exigences d'une utilisation polyvalente du milieu forestier, il est normal
que tous les utilisateurs directs ou indirects de la forêt participent
financièrement à son aménagement.
L'article 3, la tarification des droits de coupe. La méthode de
calcul de la valeur marchande doit être connue du
bénéficiaire. L'AMBSQ recommande que la base de calcul de la
valeur marchande du bois sur pied soit établie de concert avec
l'industrie.
Je poursuis à la page 27, au paragraphe 3.2. Le droit de coupe
appliqué sur te volume récolté. L'AMBSQ recommande que les
tarifs des droits de coupe établis dans une zone soient appliqués
sur le volume de bois récolté par chaque
bénéficiaire et non sur le volume alloué selon la base
d'une allocation annuelle.
Par cette recommandation, l'AMBSQ demande au MER de tenir compte des
conditions prévalant au niveau des opérations d'une entreprise au
cours d'une année et de ses capacités de payer.
Lorsque la conjoncture est favorable, que la demande est bonne et que
les prix de vente des produits sont intéressants, une entreprise sera
normalement en mesure de s'acquitter de ses droits de coupe, même si la
coupe a dépassé l'allocation annuelle établie. Au
contraire, si des conditions défavorables ont prévalu au cours
d'une année, soit par grève, incendie ou autres obstacles
à une production rentable, une entreprise pourra alors avoir beaucoup de
difficultés ou être tout simplement incapable de payer ses
redevances de droits de coupe au MER, surtout s'ils sont appliqués sur
un volume alloué.
C'est pourquoi l'AMBSQ demande que les droits de coupe soient
perçus en tenant compte du volume récolté. D'autre part,
l'AMBSQ veut souligner que l'acceptation de payer un tarif similaire de droits
de coupe, peu importe l'utilisation des bois, devrait toutefois amener le MER
à prôner davantage l'utilisation optimale des bois et à
favoriser la désignation aux industriels du sciage de territoires
forestiers contenant les bois de meilleures dimensions et offrant des
potentiels de rendement aptes à les produire. Ainsi, l'association veut
croire que les termes de l'article 10 de l'avant-projet de loi expriment bien
que le ministre a le souci d'en arriver à une utilisation optimale des
bois.
De plus, l'association veut faire remarquer que, même si elle
accepte un tarif similaire de droits de coupe, il restera toujours que dans
certaines régions du Québec, et même au niveau des
territoires qui seront accordés aux bénéficiaires, il y
aurait lieu de considérer la possibilité d'établir des
droits de coupe particuliers tenant compte justement de certains facteurs
négatifs qui se présenteront de façon plus
localisée.
L'article 3.3. Remboursement dans certaines zones. L'AMBSQ recommande
que le MER accorde un remboursement aux entreprises concernées lorsque
dans une zone donnée les coûts de remise en production sont plus
élevés que la valeur marchande du bois sur pied établie
pour cette zone.
Je vous réfère à la page 30. L'allocation de la
ressource. Les volumes de la zone pâte et de la Basse-Côte-Nord.
L'AMBSQ recommande que les volumes ligneux de la zone pâte et de la
Basse-CÔte-Nord soient exclus du calcul de la possibilité et
qu'ils soient alloués sous forme de disponibilités; qu'une aide
financière soit prévue pour l'exploitation de ces volumes et que
les utilisateurs qui les récolteront ne soient pas responsables de
l'aménagement prévu pour ces régions.
Je vous réfère au bas de la page 31, à 4.2. La
possibilité de réaliser les travaux d'aménagement
prévus sur d'autres superficies de son territoire. L'AMBSQ recommande
que, dans certaines régions et pour des secteurs de coupes qui ne
pourront se régénérer naturellement de façon
satisfaisante, il y ait possibilité pour un bénéficiaire,
à l'intérieur de son unité d'aménagement,
d'effectuer des travaux d'aménagement sur une autre superficie -
possiblement en arrérage - capable de répondre avec plus
de succès à l'aménagement prévu.
M. Deschênes: M. le Président, nous allons
maintenant continuer avec M. Fred Burrows.
M. Burrows (Fred); Je fais référence à la
page 33, 4.3, le découpage de la forêt publique. L'AMBSQ
recommande que la réallocation des territoires publics par le MER se
fasse en toute équité et en respectant les exigences du nouvel
utilisateur. Il est prévu que le découpage de la forêt
publique en vue de délimiter les territoires des
bénéficiaires de contrats va libérer des superficies qui,
actuellement, font partie de concessions. Le redécoupage du territoire
forestier va certainement amener à assigner à un
bénéficiaire un territoire qu'il ne connaîtra pas. Les
scieurs bénéficiaires seront sans doute le plus souvent dans
cette situation contrairement aux papetières, anciens
concessionnaires.
Ainsi, un scieur pourra se retrouver dans l'obligation de faire beaucoup
plus de travail qu'un ancien concessionnaire, par exemple, lorsque viendra le
temps de préparer les plans annuels et quinquennaux d'intervention. Il
est à espérer que le MER saura alors fournir un maximum de
données et de renseignements afin de faciliter le travail. Ainsi,
l'opération découpage des territoires demandera au MER d'agir
avec le plus d'équité possible. Il pourra arriver qu'un
bénéficiaire éventuel ne soit pas en mesure d'accepter un
certain territoire, surtout si on lui demande, pour les infrastructures en
place, d'investir au-delà de ses capacités financières.
Qu'a prévu le MER dans de tels cas?
D'autre part, même s'ils recherchent normalement un territoire
offrant des billes de bonne dimension, certains industriels de sciage pourront
préférer se voir attribuer une forêt contenant des tiges de
plus faible dimension, mais situées près de leurs usines. Il est
à prévoir que la désignation des territoires -
unités d'aménagement - aux bénéficiaires ne sera
pas une mince tâche, mais le MER devra autant que possible veiller
à ne pas favoriser davantage un secteur de l'industrie.
Cinquième point, la priorité d'approvisionnement des
papetières. L'AMBSQ recommande que les papetières s'alimentent en
priorité des copeaux des scieries et que les bois de leurs territoires
publics constituent un apport résiduel à leurs besoins.
L'AMBSQ doit refaire au ministre cette recommandation. À quoi
servirait au gouvernement et à l'industrie de dépenser plus de
200 000 000 $ annuellement dans l'aménagement de la forêt
publique, si on n'assure pas un écoulement complet des copeaux sur une
base annuelle? II est impensable que l'on puisse laisser des tonnes de copeaux
de grande valeur se détériorer à terre et qu'au même
moment on permette de continuer d'abattre des arbres. Cette recommandation part
de la logique la plus élémentaire et elle vise à
éviter un gaspillage de la matière première. Cette
exigence pour les papetières de s'alimenter prioritairement en copeaux
ne serait pas un fait nouveau, elle existe au Nouveau-Brunswick, une province
que le MER et les pâtes et papiers aiment bien utiliser comme
modèle et à titre de référence.
Je fais maintenant référence à la page 37, le point
6, l'utilisation variée de l'allocation annuelle établie et la
récupération des volumes non récoltés, L'AMBSQ
recommande que, pour toute période quinquennale, le
bénéficiaire ait le loisir d'utiliser son allocation annuelle au
rythme de ses besoins à la condition de ne pas dépasser cinq fois
le volume correspondant à cette allocation, à laquelle cependant
pourra s'ajouter tout volume non utilisé dans une période
quinquennale précédente, et que le bénéficiaire qui
ne récolte pas le volume alloué pour une période de cinq
ans puisse récupérer le volume manquant au cours de la
période quinquennale suivante.
À la page 38, point 7, la juridiction du ministère de
l'Energie et des Ressources. L'AMBSQ recommande que le gouvernement reconnaisse
au MER une juridiction non équivoque en matière de gestion et
d'aménagement de la ressource forêt et retire aux MRC toute
juridiction portant sur les territoires non organisés. (17 heures)
Je me réfère maintenant à la page 40, le point 8,
l'usage des phytocides. L'AMBSQ recommande que le MER fasse reconnaître,
dans les plus brefs délais, l'indispensable besoin d'utiliser des
phytocides pour l'entretien et le suivi des plantations. Il importe...
Le Président (M. Charbonneau): Voilà maintenant 30
minutes que vous avez entrepris la présentation de vos points de vue. Je
voudrais simplement avoir une indication, à ce moment-ci, du temps dont
vous pensez avoir encore besoin pour terminer.
M. Deschênes: Environ de cinq à dix minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y.
M. Burrows: Merci. À la page 41, il importe donc que le
MER s'assure très rapidement du concours du ministère de
l'Environnement dans le but d'établir, dans les plus brefs
délais, une politique d'utilisation des phytocides. Le succès du
programme de reboisement en dépend.
Le point 9, la voirie forestière. l'AMBSQ recommande que le MER
établisse clairement sa politique de voirie forestière et rende
disponible le programme de développement de cette voirie sur une base
d'au moins cinq ans.
Je me réfère à la page 43, le point 10. La
protection de la forêt contre le feu, les insectes et les maladies
d'arbres. L'AMBSQ recommande que le service actuel de protection contre les
incendies forestiers soit maintenu et que le MER continue à assumer la
responsabilité de la protection des forêts contres les
épidémies d'insectes et les maladies d'arbres. L'AMBSQ exprime
ainsi le statu quo concernant la protection de la forêt.
La page 45, le point 11, les essences feuillues. L'AMBSQ recommande que
le MER fasse les études nécessaires pour évaluer, dans un
proche avenir, les moyens permettant d'utiliser davantage les essences
feuillues de nos forêts; qu'il prépare aussi un programme
d'aménagement de ces essences dans te but de produire une forêt
feuillue de qualité répondant adéquatement aux besoins des
nombreux utilisateurs de feuillus.
Selon le document "Possibilités et disponibilités en
matière ligneuse des forêts publiques du Québec", je cite
le paragraphe, "la coupe annuelle permissible d'essences feuillues est de 8 000
000 de mètres cubes alors que la coupe moyenne des années 1980
à 1984 n'atteint pas les 2 000 000 de mètres cubes".
Le fait que la forêt feuillue du Québec a, depuis
longtemps, été exploitée pour ses tiges de meilleure
qualité a grandement réduit la concentration de ces
dernières et la récolte des seules tiges de qualité
valable ne représente pas souvent une opération justifiable
financièrement. Il faudrait être en mesure d'exploiter davantage
les tiges de mauvaise venue pour la pâte, ou autres utilisations à
étudier. Ceci permettrait d'atteindre de vastes étendues de
forêt et d'y effectuer les travaux sylvicoles appropriés. Il est
prouvé que ces territoires situés principalement dans la partie
sud du Québec possèdent des sols ayant un très bon
potentiel forestier. Il y a donc lieu de vouloir aussi développer notre
forêt feuillue.
D'autre part, sans oublier de porter les plus grands efforts sur les
essences feuillues de qualité, il serait bon de favoriser la meilleure
venue possible de certaines essences pionnières ou de transition de plus
en plus utilisées dans l'industrie, tel le peuplier faux tremble.
Le point 12, à la page 47, le transfert de la technologie et la
formation. L'AMBSQ recommande que, vu l'importance des travaux
d'aménagement prévus dans l'avenir, le MER s'assure d'en obtenir
les meilleures chances de succès. Qu'en ce sens, il veille à ce
que tous les gens qui y seront affectés soient en mesure de comprendre
et de bien exécuter leur travail.
Page 48, point 13, la forêt privée. L'AMBSQ recommande que
le MER favorise l'établissement d'une forêt privée capable
de produire des tiges de dimensions sciage.
Je passe à la page 50, point 14, le manuel d'aménagement.
L'AMBSQ recommande que le manuel d'aménagement soit
préparé de concert avec l'industrie et qu'on s'efforce de ne pas
en faire un document de directives et de règlements stricts, ne laissant
aucune place à la souplesse.
Point 15, les relations du travail. L'AMBSQ recommande que les nouvelles
réalités mises en place par le régime forestier soient
traduites dans les lois pertinentes du travail (le Code du travail) sans que
soient perturbées les relations entre les parties et tiennent compte des
spécificités propres à chacune des obligations nouvelles
qu'imposent désormais aux utilisateurs de nos nouveaux régimes
forestiers.
M. Deschênes: M. le Président, à l'article
16, en ce qui concerne la rédaction même de l'avant-projet de loi,
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec constate
que certains articles auraient avantage à être clarifiés
afin d'en assurer une meilleure compréhension et d'éviter de
créer des situations ambiguës. Donc, je voudrais, si vous me le
permettez, que M. André Tremblay nous donne le texte qu'on devait vous
présenter.
M. Tremblay (André): M. le Président, ce texte vous
a été remis ce matin en annexe au mémoire. Les quatre
recommandations sur lesquelles on voudrait attirer l'attention de la commission
sont les suivantes: La première est relative à l'article 5 en ce
qui a trait à la propriété du bois coupé en vertu
d'un permis d'intervention. L'Association des manufacturiers de bois de sciage
du Québec recommande "que le bois loué au
bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement devienne sa pleine propriété dès
qu'il est coupé; qu'il en soit de même pour celui qui paie les
droits de coupe sur le volume récolté; de plus, que l'on
maintienne un privilège en faveur de la couronne sur tout le bois
coupé pour assurer le paiement des droits prescrits, ce privilège
s'assortissant d'un droit de suite tel que celui déjà
prévu au troisième alinéa de l'article 5 de l'avant-
projet."
La deuxième recommandation concerne la pertinence du droit de
regard du ministère de l'Énergie et des Ressources sur l'avis
corporatif d'un bénéficiaire de contrat, plus
particulièrement les articles 20 et 84 de l'avant-projet,
Concernant ces articles, l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec recommande "que le premier alinéa de l'article
20 soit modifié de façon que l'obligation soit faite de
dénoncer au ministre toute transaction de nature à modifier le
fonctionnement normal d'un établissement. Il en va de même pour ce
qui est de l'article 84."
La troisième recommandation est relative à l'article 89.
Il s'agit des amendes imposées lorsque des arbres sont coupés
sans permis de coupe.
Relativement à cet article, l'Association des manufacturiers de
bois de sciage du Québec recommande que le détenteur d'un permis
d'intervention soit exclus de l'application de l'article 89; que la sanction
d'une telle infraction par un détenteur d'un permis d'intervention
prenne une autre forme telle que la réduction du volume autorisé
pour l'année suivante, réduction qui serait égale au
volume coupé en trop."
Finalement la quatrième recommandation est relative à qui
devrait supporter les coûts de régénération de la
forêt dans le cas de désastres naturels et même dans le cas
de désastres causés par l'homme. On fait référence
à un incendie ou aux problèmes d'épidémies
quelconque. Relativement à ces problèmes, l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec recommande "que la loi
prévoie que le bénéficiaire du contrat ne peut être
tenu de réaliser à ses frais des travaux sylvicoles prévus
au plan d'aménagement dans le but de régénérer la
forêt détruite par suite d'un désastre naturel ou par suite
d'un désastre causé par l'homme."
Il y a d'autres recommandations qui sont d'ordre technique et qui se
retrouvent à l'annexe.
M. Deschênes: En conclusion, M. le Président, si
vous le permettez. L'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec remercie le ministre délégué aux
Forêts, M. Albert Côté, ainsi que les membres de la
commission de lui avoir permis d'exprimer sa position sur les principaux sujets
contenus dans l'avant-projet de loi ainsi que sur les modalités
d'application d'une nouvelle loi sur les forêts qui aurait pour objet de
mettre en place un nouveau régime forestier. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
Président. Je vous rappelle que vous pouvez référer
à l'un ou l'autre de vos collègues les questions qui pourraient
vous être posées. Je cède maintenant la parole au ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. MM. de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec et votre équipe, bonjour. Il me fait plaisir de vous voir.
Comme d'habitude vous avez mis beaucoup de soin à présenter votre
mémoire. C'est un mémoire volumineux parce qu'il présente
aussi un secteur important de notre économie et de notre industrie au
Québec. Je pense bien que c'est proportionnel à toutes vos
préoccupations et aux nôtres également. Je l'ai parcouru
avec beaucoup d'intérêt et, évidemment plusieurs questions
me sont venues à l'esprit, comme vous pouvez vous l'imaginer, parce que
j'ai été impliqué dans le secteur du sciage tout au cours
de ma carrière. Encore une fois, par votre dynamisme et votre
compétence... Vous les avez développés avec les
années aussi. Il n'y a pas si longtemps, l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec ne regroupait pas autant de
membres et aujourd'hui vous représentez 70 % de la production de sciage
au Québec. C'est très important et plus que significatif comme
échantillonnage, on ne peut pas en demander plus, quoique je pense que
vous avez encore l'intention de recruter des membres.
Si vous voulez, je vais commencer à poser quelques questions et
on continuera avec d'autres intervenants. Certains collègues voudraient
vous poser également des questions.
Au tout début de votre mémoire, vous mentionnez que vous
auriez souhaité que le MER, pour assurer la mise en place du
régime forestier, ait présenté plus d'un scénario
montrant une implication plus ou moins intensive de l'industrie dans les
travaux d'aménagement. Voulez-vous dire par là qu'on devrait se
traîner les pieds dans l'aménagement ou si on devrait continuer
à couper ou à restreindre les allocations? Si on présente
des scénarios, c'est du maximum, c'est de l'idéal ou rien.
Voulez-vous commenter, M. le président?
M. Deschênes: À cette question, M. Gilles
Côté va répondre, M. le ministre, si vous permettez.
M. Côté (Gilles): Quand on mentionne d'autres
scénarios d'aménagement, c'est que l'avant-projet de loi,
à ce qu'on a senti en l'examinant, a été principalement
basé sur le fait qu'on allait faire une utilisation assez extensive en
employant 200 000 000 de plants par année, donc une utilisation du
reboisement artificiel très intense. Quand on mentionne qu'il y aurait
peut-être eu d'autres scénarios d'aménagement, on ne le
sait pas si d'autres scénarios ont été
prévus. Il aurait peut-être - on dit peut-être -
été aussi raisonnable de prévoir un scénario de 150
000 000 de plants avec d'autres techniques ou de 100 000 000 de plants avec
d'autres techniques. Premièrement, on n'a pas eu le temps ni,
deuxièmement, la possiblité d'explorer s'il y avait eu
effectivement d'autres scénarios d'aménagement. On s'est
demandé si le MER avait bien regardé différentes autres
combinaisons de scénarios d'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
scénario qui a voulu prendre soin des projections futures, pour quelques
années à venir. Quand on parle de projection, évidemment,
on peut s'agiter un peu. C'est le scénario qui a été
envisagé. C'est ce que vous voulez dire, M. Côté, quand
vous dites: "L'atteinte des objectifs pourrait se faire selon certaines
étapes." C'est un peu cela que vous mentionnez aussi. Non?
M. Côté (Gilles): II est évident
qu'actuellement on ne connaît pas non plus le succès des
opérations. On présume qu'on va avoir un certain succès
dans cinq, dix ou quinze ans. Évidemment, il faut faire un acte de foi
et partir avec cette présomption. On présume que toutes nos
actions vont être profitables dans une certaine mesure. Il est difficile
d'envisager que, par exemple, en plantant 200 000 000 de plants par
année, si on avait un taux d'insuccès qui était aussi
élevé que 50 %, dans cinq ou dix ans, cela pourrait
évidemment avoir un effet assez considérable sur le
scénario qu'on a actuellement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, j'en suis.
Vous parlez principalement de reboisement, mais il y a d'autres interventions
en forêt qui feront en sorte d'augmenter notre productivité qu'il
ne faut pas négliger non plus. Je parle de coupe de conversion, de
peuplement, etc., il y a d'autres interventions importantes qui vont aussi
favoriser la régénération naturelle. Il est sûr,
comme vous le dites, que si les résultats dans cinq ans ne sont pas ce
à quoi on s'attend, on aura fait des efforts et gaspillé de
l'argent. Par contre, il y a eu des expériences au Québec, en
Ontario et au Nouveau-Brunswick avec des climats semblables; en Finlande, on a
un climat semblable à celui du Lac-Saint-Jean. Quand on sème, on
s'attend de récolter et de prendre soin du jardin. On peut escompter des
retombées qui sont, à mon avis, conservatrices quand on se
compare aux autres.
M. Deschênes: Je demanderais à Mme Guylaine Saucier
de compléter, s'il vous plaît.
(17 h 15)
Mme Saucier: Je pense, M. le Président, que quand on
évalue aussi différents scénarios, il faut tenir compte de
l'aspect forestier et de la demande éventuelle des différents
industriels concernés. Il faut aussi accoler à ces
différents scénarios forestiers des scénarios financiers.
À ce qu'on croit comprendre, ni le gouvernement ni les industriels
n'ont, à l'heure actuelle, une capacité de payer
illimitée. Je pense que, idéalement, et avec raison, le
gouvernement voudrait probablement une forêt qui réponde aux
besoins de tous les industriels forestiers. C'est ce que nous désirons
aussi. Il faut peut-être tenir compte, comme je l'ai mentionné
dans notre exposé, que nous avons une capacité de payer
limitée. Peut-être qu'il serait bon d'évaluer des
scénarios forestiers conjointement avec des scénarios financiers
que l'on est capable de soutenir financièrement et de faire une
évaluation beaucoup plus précise de ces différents
scénarios.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme
Saucier, tout tourne autour du partage des coûts. C'est pourquoi,
au ministère, nous avons formé un comité sur cette
question. C'est évident que l'on va tenir compte des obligations et de
la capacité de chacun, du gouvernement comme de ceux de l'entreprise et
des industries. On ne veut pas créer de marasme en faisant cela; on veut
seulement s'améliorer.
À la page 7, quand vous dites que l'on devrait vous faire
confiance parce qu'il y a trop de règlements, je vous dirai que les
règlements dont il est question dans la loi existent déjà
à 90 %. Je pense bien que si on regarde ce qui s'est passé dans
l'histoire des ZEC, on a donné notre confiance dans le passé, et
on n'a pas eu des succès trop énormes. Je pense que c'est la
responsabilité du propriétaire de voir à ce que cela se
fasse suivant des directives acceptables et pour le plus grand
intérêt.
Vous parlez aussi de l'article 45 qui manque de flexibilité. Si
quelqu'un ne fait pas honneur à ses obligations quant aux droits de
coupe ou autres, est-ce qu'il est équitable de laisser porter, de
tolérer et de l'exiger des autres? C'est seulement une question
d'équité. Je ne sais pas ce que vous voulez dire par "manque de
flexibilité", à l'article 45.
Mme Saucier: Je pense que quant à la
réglementation, M. le Président, nous reconnaissons qu'en grande
partie elle existe déjà. Par contre, nous avons cru comprendre
que le gouvernement actuel désire déréglementer. C'est,
d'une part, dans ce contexte que nous avons inscrit ces commentaires.
D'autre part, nous reconnaissons que vous êtes propriétaire
de la forêt et que
vous avez des objectifs à atteindre. Nous aimerions que vous nous
indiquiez ces objectifs et que, par contre, nous puissions discuter des moyens
avec vous et qu'ils ne soient pas décrits en détail. C'est un peu
une gestion par objectif, tout en gardant la possibilité d'administrer
et d'évaluer notre performance à un moment donné, dans le
temps.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme Saucier, j'en
suis pour la question des objectifs: avoir la liberté du choix des
moyens pour atteindre les objectifs. C'est ce que vous demandez que l'on vous
transmette, les objectifs. À mon avis, on doit vous concéder une
grande liberté là-dessus, mais non pas en ce qui concerne les
résultats des objectifs que l'on se fixe. Êtes-vous d'accord avec
cela?
Mme Saucier: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En ce qui
concerne votre première recommandation, à savoir que le
gouvernement reconnaisse votre industrie comme un agent déterminant de
la mise en valeur des richesses forestières et que pour vous,
industriels du sciage, tous les bois devraient être orientés vers
les usines de sciage pour atteindre l'objectif d'une utilisation optimale,
voulez-vous me dire ce que l'industrie des pâtes et papiers pense d'une
recommandation semblable?
M. Deschênes: Je demanderais à M. Lacasse de
répondre à cette question.
M. Lacasse (Richard): II faudrait peut-être lui demander ce
qu'elle pense de cette proposition. On ne se fait pas d'idée,
naturellement. On sait qu'au Québec on est dans une forêt
nordique, une forêt de petit bois. On a beau se comparer avec la
Suède ou la Finlande, cela ne veut pas dire que les conditions sont
exactement les mêmes. Je mets le ministre et ses fonctionnaires en garde
contre l'utilisation de recettes d'autres régions du pays pour les
appliquer ici, pensant que cela va donner les mêmes résultats.
Ceci dit, il est sûr que dans certains endroits, notamment
lorsqu'on fera la réallocation des territoires, il pourra y avoir des
portions de territoire, à ce moment-là, qui pourraient être
attribuées au sciage en raison de la dimension des tiges alors que pour
d'autres, ce sera plutôt du bois propre aux pâtes et papiers. Par
contre, comme on l'a dit dans le mémoire, il y a des industriels qui
s'accommodent de transformer des bois de petit diamètre parce que la
distance peut être plus courte et, à ce moment-là, ils
préféreront te statut quo plutôt que d'aller chercher des
billes de plus fort diamètre à des distances plus grandes. Il
reste aussi que cela a été la politique de votre ministère
et une politique de plusieurs de vos prédécesseurs de faire un
effort pour utiliser la plus grande partie de la forêt publique, d'abord
par l'industrie du sciage et également, autant que possible, en la
favorisant de tiges qui sont réellement propres au sciage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Lacasse, il
faut mentionner tous les bois. Il y a des usines qui utilisent du petit bois et
d'autres de plus gros bois. Vous dites: Tous les bois. Qu'est-ce qui va arriver
de l'industrie des pâtes pour se garantir? Cela lui prend une garantie,
un contrat quelconque.
M. Lacasse: Est-ce que vous voulez que je parle des copeaux tout
de suite ou...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, plus
tard.
Vous dites également à la page 11: "Au début des
années 1970, une politique gouvernementale a vraiment favorisé le
développement de l'industrie des sciages. Mais le gouvernement avait mis
à la disposition des scieries des volumes ligneux considérables."
Est-ce que ce n'est pas parce qu'on en a trop donné, comme vous nous le
dites à certains endroits, qu'on a des problèmes comme cela
aujourd'hui, en plus de celui de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, parce que les grands concessionnaires avaient des
frigidaires, c'est-à-dire qu'ils en avaient beaucoup plus grand qu'ils
n'en avaient besoin? Ce n'est pas eux qui ont fait que la situation est comme
cela parce qu'ils en avaient beaucoup plus que pour leurs besoins.
M. Lacasse: Je pense, M. le ministre, que si on avait accru
l'exploitation de la forêt québécoise au rythme qu'avait
décidé de le faire l'industrie des pâtes et papiers, on ne
couperait pas les volumes qu'on coupe aujourd'hui et on ne serait
peut-être pas en commission parlementaire, parce qu'on n'aurait pas une
pression aussi grande sur la forêt. Je pense que c'est le
ministère qui a réalisé, un jour, qu'au rythme où
on allait, la forêt qui était à maturité serait,
tout à l'heure, passée maturité. En termes de foresterie,
vous savez comme mot qu'il est inutile de vouloir s'attarder à couper
des forêts qui sont trop vieilles parce qu'à ce moment-là
la récupération est beaucoup plus difficile et le rendement
à l'usine en est d'autant diminué parce qu'il y a de la
pourriture, il y a des arbres en mauvaise santé, il y a des chablis. On
rencontre dans le nord-ouest, plus spécialement, de telles forêts
passées maturité et les pertes par chablis sont énormes.
Même, on les sous-estime souvent dans les calculs.
Il arrive aussi qu'il y a une région du
Québec qui s'appelle le Nord-Ouest où il y a eu pendant
une certaine période d'années des allocations énormes
à l'industrie du sciage parce qu'il y avait un projet
hydroélectrique dans la région et qu'on a accordé des
volumes très importants. On a demandé à l'industrie de
couper ces bois au plus vite parce que ces volumes seraient inondés. On
connaît ce qui est arrivé. Les projets ne se sont pas
réalisés ou on pensait les réaliser et les industriels se
sont retrouvés avec des garanties qui dépassaient à ce
moment-là leurs besoins. Ce n'est pas entièrement la faute de
l'industrie. Il est évident qu'on en a toujours demandé pour se
sécuriser aussi, comme on l'a dit à un endroit, parce qu'on
était de loin "insécure" par rapport à l'industrie des
pâtes et papiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parfait.
Merci, M. Lacasse.
Mais en vue de favoriser l'utilisation optimale du gros bois par
l'industrie du sciage et le petit bois par l'industrie des pâtes et
papiers, qu'est-ce qu'on peut considérer comme diamètre d'arbre
pour faire du bois de sciage? Quelle est la définition d'un arbre pour
le sciage? Ce n'est pas facile à faire.
M. Lacasse: C'est sûr que c'est difficile de
déterminer ce qu'est une bille apte au sciage, mais ce qui existe
présentement, c'est quelque chose à quoi on peut se
référer. Il y a des régions qui ont des technologies plus
avancées que d'autres. On peut se permettre l'utilisation, mais il ne
faudrait pas produire des forêts, avoir une rupture de stock et ne pas
être capable de continuer, éventuellement. Produire des billes de
sciage, cela veut dire acheminer aux bons endroits ce qui serait apte au
sciage.
Mme Saucier: Si vous permettez, M. le Président, les gens
du ministère des Forêts se plaisent souvent à nous dire
que, dans le Nord-Ouest, de toute façon, on coupe du bois à
pâte. Il est évident qu'on ne peut pas faire des catégories
par diamètres globalement dans tout le Québec, dire, par exemple,
que des bois de six pouces et plus sont des bois aptes au sciage. Prenons
l'exemple du Nord-Ouest. Effectivement, on scie à partir de 2,8 ou de
2,9 pouces. Ce qui arrive, c'est qu'on a adapté notre technologie
à la forêt que nous avons. Il est évident que, lorsqu'on
parle de bois apte au sciage, il faut être très prudent et
régionaliser, si vous me permettez l'expression, la définition de
ce terme.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. C'est pour
cela que je dis qu'il y a des forêts au Québec et pas seulement
une forêt; c'est régional, comme vous dites.
Sur quelle base voudriez-vous que le ministère paie les travaux
d'aménagement concernant la possibilité de 18 000 000 $ à
21 000 000 $, la différence entre les deux? Vous dites à la page
15: L'AMBSQ croit que l'octroi d'allocations trop élevées par le
ministère dans le passé est la cause du dépassement de la
possibilité naturelle établie à 18 000 000 $. Le MER, en
effet, n'a pas accordé suffisamment d'importance à ce facteur de
possibilité naturelle qui exprime la capacité biophysique de la
forêt québécoise. Vous m'avez fourni une partie de la
réponse en ce qui concerne les travaux de NBR dans le Nord-Ouest,
concernant le projet de la baie James mais, dans d'autres endroits, il n'y a
pas eu de travaux semblables et, là aussi, on fait face à des
difficultés d'approvisionnement.
M. Deschênes: ...au Québec, M. le ministre, qu'il y
a eu un gros problème de maladies. La tordeuse de bourgeons, par
exemple, est un facteur qui a empiré la situation. Tous ces facteurs...
Disons que les industriels du sciage ne sont pas responsables de toutes ces
choses. Il y a eu des allocations mais, par contre, il y a eu toutes sortes
d'autres éléments naturels qui ont fait en sorte qu'on
prévoit des ruptures de stock.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez toutes
les difficultés que le ministère a rencontrées. Je ne veux
pas l'excuser, parce que le ministère a dit au cours de ces
années: On va se charger de l'aménagement - il a dit cela
à toutes les compagnies - ne vous en faites pas, on va le faire et vous
nous dites qu'on n'a pas pris les moyens de compenser par un aménagement
forestier adéquat. C'est ce qui est arrivé? Mais vous connaissez
les difficultés qu'on a rencontrées avec les arrosages,
difficultés qu'on aura peut-être encore. Si on veut être
capable de faire un aménagement... Ce n'est pas le seul moyen
d'aménager la forêt, mais c'en est un aussi longtemps qu'on n'en
trouvera pas de meilleur. On doit l'utiliser avec beaucoup de
précautions, mais c'est un moyen qu'on devrait être capable
d'utiliser. Je voudrais avoir votre opinion là-dessus.
M. Deschênes: Vous voulez parler des phytocides?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les phytocides et
les arrosages; les insecticides aussi.
M. Deschênes: En ce qui concerne l'Association des
manufacturiers de bois de sciage, on pense qu'on n'a pas besoin de
régimes forestiers si on n'a pas la possibilité de les entretenir
et de les maintenir s'il y a des problèmes. Il y aura toujours des
maladies quelconques. Si on n'est pas prêt à intervenir contre les
incendies ou contre les
maladies et qu'on ne peut pas utiliser des phytocides, on pense qu'on
met en péril tous les investissements qui auront pu être faits.
C'est pour cette raison qu'on revendique ces choses.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Allez-vous
jusqu'à suggérer de ne pas faire les investissements?
M. Deschênes: Non. On suggère d'utiliser des moyens
pour prévenir ces problèmes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais si on
n'obtient pas la permission d'utiliser ces moyens?
M. Deschênes: J'aimerais que M, Tremblay
réponde.
M. Tremblay (André): M. le Président, on
s'interroge grandement sur l'opportunité d'investir dans un programme
d'aménagement, comme on s'apprête à le faire, si on n'a pas
la possibilité de sauvegarder les investissements qui auront
été faits dans ces forêts par l'utilisation des phytocides
et d'autres procédés chimiques d'arrosage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moi aussi, je
m'interroge sur cette question. Mais je vous demande si vous suggérez de
ne pas faire les investissements et de laisser aller les fermetures d'usines
prévues, les pertes d'emplois et d'autres fléaux. (17 h 30)
M. Tremblay (André): À notre sens, le programme
d'aménagement et l'utilisation des phytocides et autres produits vont de
pair. Ils devraient faire partie d'une même politique
d'aménagement de nos forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'un ne va pas
sans l'autre.
M. Tremblay (André): C'est ce qu'on recommande dans notre
mémoire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous souhaitez que
le ministère vous fasse part de son programme de
régénération des superficies, de l'héritage du
passé qui n'a pas été régénéré
adéquatement. Là-dessus, on peut établir un programme,
mais cela ne veut pas dire qu'on aura les sommes pour le réaliser. Les
budgets sont adoptés tous les ans à l'Assemblée nationale
et je ne demande pas mieux que d'avoir les appuis pour obtenir les budgets
adéquats pour le faire. Je peux compter sur vous pour cela?
M. Deschênes: Sûrement.
M. Lacasse: M. le Président, je m'aperçois que M.
le ministre trouve qu'il est dans la même situation que nous. Nous aussi
avons affaire à un Conseil du trésor qui est notre banquier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un fait. M.
le Président, je passe la parole à quelqu'un autre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Si vous permettez, je
voudrais remercier les représentants et la représentante de
l'AMBSQ pour la qualité du mémoire qui nous a été
présenté. Nul doute que tout le monde comprend qu'il y a à
l'intérieur de ce mémoire plusieurs recommandations
drôlement intéressantes. Bien sûr, les informations qui sont
données en annexe et dans certains tableaux sont aussi un bagage
très net d'informations qui va éventuellement nous permettre de
regarder plus à fond, d'abord, l'avant-projet de loi, à la suite
des représentations faites par les organismes, ainsi que le projet de
loi qui doit être présenté par le ministre
délégué aux Forêts et qu'il veut faire adopter d'ici
au 31 décembre prochain.
Avant de passer directement au mémoire, j'aimerais poser une
question au président ou à un des représentants de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage en regard de ce qui se passe
au niveau de l'éducation par rapport à notre forêt
québécoise. On sait que tout le monde chérit ce qu'on
connaît bien - c'est ce que vous faites à titre de
représentante et de représentants de votre association - et,
à cet égard, la forêt a beaucoup de rattrapage à
faire, car il y a aussi beaucoup d'incompréhension quant au rôle
de l'industrie forestière face à l'aménagement forestier
lui-même. En ce sens, est-ce que votre association et vos membres
soutiennent financièrement un organisme voué à
l'éducation et à l'information du grand public, soit
l'Association forestière québécoise?
M. Deschênes: Je demanderais à M. Richard Lacasse de
répondre à la question.
M. Lacasse: M, le Président, M. le député,
justement, l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec
a peut-être pris conscience tardivement de l'importance du rôle
joué par l'Association forestière québécoise. Nous
avons le plaisir de vous répondre que, récemment, l'AMBSQ a
versé une contribution assez substantielle à l'Association
forestière pour l'aider dans son travail d'éducation populaire.
On reconnaît que son rôle est primordial au Québec et on
souhaiterait qu'il n'y ait pas seulement l'AMBSQ, qui représente 70 % de
l'industrie
du sciage au Québec, mais qu'il y ait également les autres
30 % qui contribuent à l'Association forestière.
M. Perron: D'ailleurs, à titre de critique de l'Opposition
en matière forestière, je voudrais vous remercier pour votre
apport tout à fait nouveau, je crois, en subventionnant, en quelque
sorte, l'association dont il vient d'être fait mention.
Ma question s'adresse directement au ministre
délégué aux Forêts. On me donne l'occasion ici de
poser cette question: Est-ce que le ministre peut confirmer si, oui ou non, le
Conseil du trésor l'autorise à verser la subvention de 170 000 $
à l'Association forestière québécoise?
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, je vous rappelle la décision rendue
par le président qui présidait la séance de travail du
début, qui vous a mentionné que ceci n'est pas une période
de questions, mais que le temps est alloué pour écouter les
recommandations et les propositions des organismes qui se présentent
devant nous. À moins que... Je dois refuser la question, M. le
député de Duplessis. Si vous voulez continuer, s'il vous
plaît, à interroger les organismes.
M. Perron: Sur cette question, je voudrais vous souligner que
celui qui était là auparavant a aussi ajouté que, si
l'occasion se présentait au cours de la présentation des
mémoires, je pourrais adresser des questions à qui de droit se
rapportant à cette question précise. À moins que le
ministre veuille répondre à la suite de la décision que
vous avez prise, M. le Président, je respecte quand même votre
décision.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Si vous
voulez continuer, M. le député de Duplessis. Je vous rappelle que
ceci n'est pas la période de questions, que la règle de
pertinence doit porter strictement sur le sujet, et que le fait que vous
utilisiez le temps de la présentation d'un mémoire pour bifurquer
et poser une question directement au ministre ne peut être accepté
par la présidence.
M. Perron: Merci.
M. Claveau: II avait même "digressé" la semaine
passée en annonçant une subvention.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Perron: J'ai mentionné, tout à l'heure, que le
mémoire de l'AMBSQ était un mémoire très
intéressant sous plusieurs aspects. J'aurais quelques commentaires avant
d'en venir directement aux questions à l'Association des manufacturiers
de bois de sciage. À la page 10 de votre mémoire, vous dites,
avec raison, que l'industrie du bois de sciage a connu une véritable
expansion au cours des quinze dernières années et, d'ailleurs,
c'est confirmé lorsqu'on se donne la peine d'étudier le tableau I
de la page 11 de votre mémoire. Je trouve drôlement
intéressant que l'association nous ait remis certaines informations en
rapport avec l'économie forestière qui nous touche de
près.
L'industrie du sciage ne fait pas d'argent à cause des cycles de
la construction, à cause des bois de plus en plus petits, à cause
des bois situés de plus en plus loin. Vous récoltez près
de 70 % du bois de la forêt publique, mais en revendez plus de la
moitié aux papetières sous formes de copeaux. D'ailleurs, vous
n'obtenez pas de prix satisfaisants, et, là-dessus, nous sommes
parfaitement d'accord ici du côté de l'Opposition, et ce, dans une
large mesure. Avec l'abolition des droits exclusifs conférés aux
papetières par le régime des concessions forestières,
l'industrie du sciage sera sur le même pied que les papetières.
À plusieurs égards, cela nous semble, à nous de
l'Opposition, un genre de cadeau empoisonné. Tel que nous comprenons
l'avant-projet de loi, le sciage, qui récolte près de 70 % du
bois sur la forêt publique, devra payer plus des deux tiers des frais
annuels d'aménagement qui sont évalués à 103 000
000 $ en 1986, sans posséder aucune expertise dans le domaine sylvicole
et alors qu'elle est dans une situation financière peu enviable.
Nous sommes d'accord avec vous lorsque vous dites à la page 18 de
votre mémoire: "D'un autre côté, concernant la
répartition des frais d'aménagement à faire entre les
secteurs de l'industrie, l'AMBSQ croit qu'elle devrait être basée
sur le volume ligneux finalement retenu pour chaque secteur au niveau de ces
produits finis." Certains mettent en doute la représentativité de
votre étude, citée en page 19 de votre mémoire, laquelle
démontre que, de 1980 à 1984, 18 usines de sciage
s'approvisionnent à même la forêt publique ont
présenté un profit net avant impôt de seulement 0,21 $ du
mètre cube.
J'aurais deux questions. D'abord, avec le premier volet lorsque vous
dites "d'un autre côté". Le ministre parle d'un comité
quelconque en réponse à une affirmation que vous avez faite dans
votre mémoire. Je voudrais connaître l'opinion du ministre
délégué aux Forêts en rapport avec le comité
en question, c'est-à-dire celui dont il a parlé et le
comité que vous recommandez en tant qu'organisme. Cette première
question s'adresse au ministre délégué aux
Forêts.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député
de Duplessis. M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: J'entends tous les jours l'Opposition se plaindre
qu'ils n'ont pas assez de temps pour écouter les intervenants, poser des
questions aux intervenants. Est-ce que je pourrais demander au
député de Duplessis, puisqu'on a un temps limité, vous
aurez certainement beaucoup de temps durant la période de questions
à l'Assemblée nationale, de poser toutes les questions au
ministre... Le but de ces auditions est d'entendre nos invités,
d'être respectueux envers eux et de leur poser des questions plutôt
que de prendre leur temps pour poser des questions au ministre.
M. Jolivet: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Avant de poser sa question, mon collègue a
bien fait mention que te ministre nous a dit qu'il mettait un comité sur
pied. On veut juste savoir pour assurer notre question... Je pense qu'il n'y a
rien qui empêche, dans nos délibérations sur l'avant-projet
de loi qui est devant nous, de poser ces questions au ministre, lequel est
prêt à répondre, j'en suis assuré, afin que notre
question ait de la pertinence.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Laviolette, si le ministre veut répondre
à l'Opposition, dans le temps qu'il aura pour poser des questions aux
représentants qui sont devant nous, il pourra le faire à son
gré. Le ministre n'est aucunement obligé, en commission
parlementaire, de répondre à une question d'un
député. Je pense que les remarques faites par le ministre de
l'Énergie et des Ressources sont tout à fait à point et,
de ce fait, je demande au député de Duplessis de bien vouloir
continuer, s'il vous plaît!
M. Perron: M. le Président, je vais procéder selon
vos propres désirs et je peux vous assurer d'une chose, c'est qu'on
remarque ici que les ministériels, en particulier le ministre
délégué aux Forêts et le ministre de
l'Énergie et des Ressources ne sont pas prêts à
répondre aux questions de l'Opposition.
D'autre part, je voudrais poser la question, maintenant, directement aux
représentants de l'organisme puisque les ministériels refusent de
répondre...
Une voix: Bravo!
M. Perron: Est-ce que vous pourriez nous rassurer sur la
représentativité de l'étude que j'ai mentionnée
tout à l'heure et dont vous parlez à la page 19? Pourriez-vous
nous rassurer sur la représentativité de cette étude et
nous dire si les profits nets n'auraient pas été
supérieurs au cours des dix dernières années?
M. Deschênes: On ne pense pas qu'ils auraient
été supérieurs. Peut-être qu'il aurait pu y avoir
des changements, mais on pense que, sur une base de cinq ans, si on avait
commencé à faire les aménagements cinq ans plus tôt,
de toute façon, on n'aurait pas pu payer la facture, cela est sûr.
L'étude a été faite d'une façon très
sérieuse par une firme reconnue, elle est très véridique.
Cinq ans avant, on n'a pas fait l'expertise pour les dix dernières
années. Je demanderais à Mme Saucier de compléter.
Mme Saucier: Je pense, M. Perron, que j'ai mentionné tout
à l'heure que l'étude avait porté sur 33 % des bois
récoltés par le sciage, d'une part. Nous avons essayé de
la rendre la plus représentative possible. Elle a été
faite par une firme sérieuse et reconnue de comptables
agréés. Elle a tenté d'appliquer les bons principes
comptables généralement reconnus par l'Institut de comptables
agréés. Je pense qu'il est évident que les 0,21 $ du
mètre cube représentent des résultats pendant une
période qui a été relativement difficile pour l'industrie
du sciage. Il est à espérer que ce ne seront pas nos
résultats pour les dix prochaines années, parce que notre
proposition, à l'heure actuelle, de financement de l'aménagement
forestier demande un peu plus que les 0,21 $ du mètre cube que nous
déclarons comme profits pour les années 1980 à 1984.
Il faut quand même tenir compte que notre industrie... Je ne pense
pas qu'il soit absolument nécessaire de faire un long discours sur la
pertinence de garder notre compétitivité à
l'échelle internationale, surtout dans le contexte des tarifs
compensatoires. Mais il faut aussi quand même considérer que non
seulement il faut être de temps en temps un petit peu rentable, de temps
en temps avoir de l'argent pour payer l'aménagement forestier, mais
aussi il faut être capable, technologiquement, de se garder à date
pour rester compétitif.
Le 0,21 $ le mètre cube a été fait sur les bases
les plus raisonnable possible. Vous pouvez capitaliser que ces données
sont représentatives d'une période, comme je le dis, relativement
difficile. Il faut quand même capitaliser sur le fait qu'on a besoin de
fonds de roulement et d'argent pour immobiliser dans le futur, sans parler de
l'aménagement et des tarifs compensatoires qui nous pendent au bout du
nez.
M. Perron: Merci, M. le président et
Mme 5aucier. Je vous fais remarquer en passant que ce n'était pas
moi comme critique ou encore l'Opposition qui remettait en question cette
étude, mais des personnes qui sont, soit ici présentes ou
à l'extérieur. (17 h 45)
À la page 34 de votre mémoire, il y a une recommandation
que je vais lire tout à l'heure. Tout le monde sait que le livre blanc
annonçait l'intention du gouvernement précédent d'accorder
la priorité au bois des forêts privées et au copeaux des
usines de sciage. Par contre, l'avant-projet de loi livre le marché de
la matière ligneuse libre de toute contrainte aux papetières. Je
l'ai mentionné dans mon discours d'ouverture, à la page 2. Ma
question est la suivante: Avez-vous des exemples où une telle
priorité devrait être accordée et quels effets cela
aurait-il sur les prix, sur les volumes et sur le niveau de coupe en
forêt publique?
M. Deschênes: Premièrement, si vous permettez, M. le
Président, présentement, au moment où l'on se parle, il y
a des amoncellements de copeaux d'environ 150 000 tonnes au Québec.
Donc, si l'on considère que c'est un produit périssable, on se
demande comment l'industrie forestière, notre secteur qui est le sciage,
peut supporter d'une façon inconcevable d'aussi importants montants de
matière ligneuse? Je donnerais la permission à M. Fred Burrows de
continuer l'intervention, puisqu'il est au fait de certaines accumulations
à certains endroits.
M. Perron: M. le Président, remarquez que je fais allusion
à ce moment à la question des copeaux à cause de votre
recommandation de la page 34 qui se lit comme suit: "L'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec recommande que les
papetières s'alimentent en priorité des copeaux des scieries et
que les bois de leurs territoires publics constituent un apport résiduel
à leurs besoins". Nous sommes d'accord. Mais la question que j'ai
posée est en fait sur trois aspects différents. Elle est en un
volet, mais sur trois aspects très différents. Voulez-vous que je
répète la question?
M. Deschênes: S'il vous plaît, une
précision.
M. Burrows: En trois volets, c'est difficile à suivre.
M. Perron: Oui, d'accord. Avez-vous des exemples où une
telle priorité que vous mentionnez dans la recommandation, à la
page 34, devrait être accordée et quels effets cela aurait-il sur
les prix, sur les volumes et sur le niveau de coupe en forêt
publique?
M. Deschênes: Si M. Burrows veut répondre.
M. Burrows: Oui, c'est pas mal en détail. Je ne pourrai
pas répondre à tous les volets que vous avez touchés.
D'ailleurs, selon la position de l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec, les copeaux sont des approvisionnements d'une autre
sorte de fibre pour les usines de pâtes et papiers au Québec. Si
une usine de pâtes et papiers est capable d'utiliser des copeaux, elle ne
devra pas pouvoir couper du bois rond qui est effectivement en banque tant et
aussi longtemps que l'arbre est debout, s'il y a des copeaux disponibles sur le
marché. Quel effet cela pourrait-il avoir? Évidemment, cela va
varier d'une région à l'autre, je présume. Dans notre
région du Nord-Ouest, par exemple, il y a trois usines de pâtes et
papiers qui s'alimentent à 100 % avec des copeaux; il y en a une qui
possède une scierie qui lui est attachée, comme une espèce
- le terme en anglais c'est "wood room" - de chambre d'alimentation du moulin
de pâtes. On prétend qu'il y a probablement des bois ronds qui
sont mis directement en copeaux alors qu'on devrait passer en premier par les
copeaux. II y a des usines de pâtes et papiers au Québec et
surtout des usines de papier qui ont besoin de rondins, surtout les anciennes
usines qui utilisaient le système de meules pour défibrer le
bois. Notre argument ne concerne pas évidemment ces usines parce
qu'elles ont besoin d'un certain volume de bois rond pour alimenter les meules.
Il y a de ces usines qu'on est en train de convertir - et on applaudit à
cela -au système de pâtes thermomécaniques qui leur
permettront d'utiliser les copeaux pour s'alimenter. On applaudit à
cela.
J'ai touché à un ou deux aspects que mes collègues
vont peut-être...
M. Deschênes: Et aussi, M. le Président, si vous le
permettez, l'utilisation optimale de la matière ligneuse au
Québec. Étant donné qu'on prévoit dans certaines
régions qu'il y aura peut-être des ruptures de stocks, notre
association pense qu'en faisant utiliser prioritairement les copeaux par les
papetiers, cela va peut-être faire en sorte que les terrains
privés vont acheminer leur bois vers les sciages. De cette
façon-là, on va faire d'une pierre, deux coups. Certains de nos
membres sont vraiment préoccupés par le fait de prioriser
certaines autres possibilités d'approvisionner les papetiers. C'est une
raison très importante de faire en sorte que, de plus en plus, les gens
de la forêt privée, les scieurs utilisent ces matières
ligneuses pour autant qu'ils sont aptes à faire du sciage naturellement.
Cela permettrait une meilleure utilisation de la fibre au Québec si,
d'abord prioritairement, les papetiers s'approvisionnaient de copeaux.
M. Perron: Avez-vous eu connaissance que certaines provinces
canadiennes ont pris la décision de mettre l'accent sur l'achat des
copeaux qui proviennent des usines de sciage ou encore des boisés
privés pour le Québec, comme le mentionnait d'ailleurs le livre
blanc.
M. Deschênes: Je demanderais è M. Lacasse de
répondre.
M. Lacasse: M. le Président, M. Perron, le
Nouveau-Brunswick est une province qui a eu l'audace d'inclure un tel ordre de
priorité dans sa loi. Ce n'est pas au niveau de la réglementation
ou des contrats d'aménagement, c'est dans la loi. Il est sûr que
le système n'est pas le même; la tenure là-bas n'est pas la
même qu'ici; ils appellent cela des licenciés qui sont des
papetières neuf fois sur dix; une scierie a une licence et il y a des
sous-licenciés. Les papetières doivent s'approvisionner tout
d'abord dans leurs propres forêts privées, ce qu'on appelle les
franc-alleux. Elles doivent ensuite s'approvisionner des bois de la forêt
privée, ensuite du bois à pâte qui provient des scieries
parce que, dans les opérations d'arbres en billots, on a toujours un peu
de bois à pâte et ensuite des copeaux. Lorsqu'il en manque, si la
papetière a besoin de plus de matière première, à
ce moment-là, elle a le droit de couper sur sa forêt publique.
Mme Saucier: Si vous le permetttez, M. le Président,
j'aimerais ajouter un mot. Il est évident quand même que l'on est
conscient de l'importance de la stabilité des approvisionnements des
pâtes et papiers. Nous, des industries du sciage, sommes prêts
à signer des contrats à long terme avec le secteur des
pâtes et papiers, de façon à lui assurer un
approvisionnement le plus stable possible. Je pense que nous avons quand
même fait nos preuves dans le passé, d'une part.
Par contre, d'autre part, je ne pense pas que cela ait des effets
immédiats sur le prix des copeaux. Il faut quand même être
conscients que nous sommes une multitude de vendeurs qui négocient avec
quelques acheteurs. Généralement, il est normalement un peu plus
difficile pour nous de négocier à la hausse, du fait de la
m.ultitude de nos membres. Je pense que, de façon
générale, cela répond peut-être en partie à
votre question. Je tenais à souligner le fait que nous sommes conscients
de l'importance de l'approvisionnement, à long terme, des pâtes et
papiers.
M. Perron: Merci, Mme Saucier. Est-ce que vous pourriez nous
donner des informations à savoir ce que vous pensez des garanties de
suppléance liées aux ententes à long terme
mentionnées dans le livre blanc, à la page 61, que vous
connaissez sûrement?
M, Deschênes: En ce qui concerne ce sujet
précisément, nous avons pensé - nous, de l'association -
le laisser tomber, considérant que, dans un contexte de rareté de
fibres... On a fait beaucoup de réunions avec notre comité de la
forêt et d'autres intervenants, et l'on se demande où le ministre
aurait pu trouver cette quantité de fibres pour faire des
réserves, éventuellement, en cas de besoin. Dans un contexte de
rareté, on a pensé que cette intervention de notre part
était peut-être un peu biaisée.
M. Perron: Merci, M. le président. C'est la
dernière question, pour le moment, en ce qui me concerne. Est-ce que
vous pourriez nous expliquer plus à fond l'évolution des prix des
copeaux en rapport avec la page 44 du Profil de l'offre et de la demande,
document publié en 1984 par le gouvernement du Québec et se
rapportant directement aux copeaux de bois.
M. Deschênes: Je demanderais è M. Lacasse de
répondre.
M. Lacasse: M. le Président, j'aimerais qu'on
précise la question, s'il vous plaît!
M. Perron: C'est que dans le document que je viens de mentionner,
"Profil de l'offre et de la demande, copeaux de bois au Québec" de
novembre 1984, il y a le tableau 21 qui parle de l'évolution du prix des
copeaux, Québec-Canada, de 1970 à 1984. Est-ce que vous pourriez,
en donnant des exemples concrets, donner des explications en rapport avec le
tableau en question?
M. Lacasse: M. le Président, j'ai un peu de
difficulté. Je n'ai pas le tableau entre les mains. Est-ce qu'on
démontre dans ce tableau-là qu'il y a une évolution des
prix comparable au Québec par rapport a ceux du Canada ou si les copeaux
au Québec sont plus chers ou moins chers que ceux des autres
provinces?
M. Perron: Si vous me le permettez, M. le Président, vous
pourrez peut-être répondre plus tard à la question
après que vous aurez regardé le tableau que je mentionne,
c'est-à-dire le tableau 21.
M. Lacasse: Ce que je constate, M. le Président, c'est
qu'en 1971 les prix des copeaux au Québec, du moins d'après ce
que dit ce tableau du ministère, en dollars courants, la tonne
métrique anhydre, en 1971 étaient de 22 $ en dollars constants et
qu'en 1984 ils étaient de 20 $. Par contre, on remarque entre ces deux
années qu'il y a eu un sommet à 24 $ et un creux à 19 $.
Mais je dois dire, en toute honnêteté, que le
sommet de 24 $ était pour l'année 1982. On remarque un
amollissement des prix en dollars constants pour 1983 à 22 $ et, en
1984, à 20 $. Donc, il y a eu un affaiblissement des prix pour ces
années-là. On peut difficilement comparer avec le reste du
Canada, parce qu'on n'a pas les données pour 1983 et 1984. Ce serait la
seule constatation que je peux faire. Je dirais globalement, si on veut, que
durant la période de treize ans le prix des copeaux n'a à peu
près pas fluctué en dollars constants.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais de mon
côté féliciter l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec pour la qualité de son mémoire et de sa
présentation. Au début de votre mémoire, vous parlez des
modalités d'encadrement, de mise en place du nouveau régime. Vous
soulevez certaines questions en ce qui concerne le volume de 30 000 000 de
mètres cubes comme base de calcul des frais d'aménagement. Vous
semblez un peu mettre en question le volume que le ministère semble
vouloir mettre de l'avant pour pallier les problèmes qui existent.
Est-ce que, pour vous, il y a une distinction entre le niveau de reboisement,
le niveau du plan d'aménagement et les coûts que votre industrie
peut subir? Autrement dit, est-ce qu'il y a une distinction entre ces deux
facteurs? (18 heures)
M. Deschênes: Est-ce que vous voulez dire notre
capacité de payer par rapport au coût pour se rendre à 30
000 000?
M. Ciaccia: Non, pas nécessairement, pas le coût
pour se rendre à 30 000 000. La raison d'un nouveau régime, c'est
que, dans le passé, il y a eu des abus, il n'y a pas eu de reboisement,
il n'y a pas eu de régénération. On a accordé plus
de droits de coupe que la forêt ne pouvait en
régénérer. Alors, pour pallier cela, il faut arriver
à un certain niveau de reboisement afin qu'on se trouve dans une
situation où l'industrie va toujours avoir assez de produits pour
safisfaire à ses objectifs. Pour arriver à cela, il y a un
certain niveau de reboisement, un certain niveau d'activités que le
ministère doit se donner. Y a-t-il une différence entre le niveau
qui est nécessaire pour pallier les difficultés, les manques
d'avoir fait ces choses dans le passé, et la capacité de votre
industrie de payer sa part pour ce niveau?
M. Deschênes: Je vais faire répondre
M. Lacasse. On a compris la question.
M. Lacasse: M. le Président, on a parlé tout
à l'heure de scénarios - je pars peut-être d'un peu loin,
M. Ciaccia - on a parlé de scénarios... C'est aussi dans le
contexte des scénarios que... Avec le ministère, on s'est fait
donner... On constate dans les données qu'ils nous ont fournies tout au
cours de l'élaboration de ce projet de loi et la participation, la
collaboration de l'industrie pendant plusieurs semaines et plusieurs mois... On
s'est demandé pourquoi le ministère établissait le
coût global de l'aménagement forestier sur la base de 31 000 000,
qui est le niveau actuel d'allocations. Quant à nous, le niveau actuel
d'allocations, même si c'est la sommation des désirs de
l'industrie depuis plusieurs années, il reste que c'est un chiffre un
peu aléatoire. Le seul chiffre que l'on reconnaisse - et encore on le
reconnaît sur la base de données qui sont plus ou moins
précises, avec le ministère, on reconnaît
l'imprécision des données - c'est le chiffre de 18 000 000 de
mètres cubes qui était avancé par le ministère
comme étant la possibilité biophysique sans travaux
d'aménagement. Autrement dit, c'est le statu quo, on continue comme on
fonctionne dans le moment. C'est un chiffre. Le ministère nous a
lancé plusieurs chiffres par la suite. Il a parlé, je dirais,
d'étapisme un' peu. Il nous monte, par étapes, à 21 000
000, 26 000 000, 31 000 000... On peut aller plus loin que cela aussi. En l'an
2020, 2050, on aura besoin probablement de plus de volume.
Alors, on a de la difficulté à savoir du ministère
quels sont les travaux qu'il faudrait faire en forêt pour justement
monter à 21 000 000, pour monter à 25 000 000. C'est un
mélange de travaux. On constate que le ministère, lorsqu'il
prétend que la forêt peut produire 25 000 000 ou 26 000 000,
prétend qu'il faudra utiliser le reboisement à outrance. Je ne
sais pas si c'est parce que le ministère est pris avec un paquet de
plants qui sont en production, qui sont dans les tunnels un peu partout, et
qu'il se demande où on va les placer. C'est un peu ce qui nous
apparaît: on est pris avec des plants et il faut trouver un endroit.
On dit, dans notre mémoire, que le reboisement est une solution
très coûteuse, très dispendieuse. D'ailleurs, c'est reconnu
dans le monde entier par les grands aménagistes. On essaie... C'est une
solution de dernier recours, le reboisement, du moins lorsqu'on examine la
façon dont on doit remettre une forêt en état.
Cela dit, il va falloir que le ministère, au cours des
années qui viennent, au cours de l'implantation... Vous avez
commencé votre question en parlant de modalités... Justement, au
sujet des modalités d'application, il va falloir que le
ministère
ne soit pas trop rigide. Il y a le fameux manuel d'aménagement
où on connaîtra de quelle façon on va remettre la
forêt en état et de quelle façon on va vérifier
aussi si l'industrie a bien fait son travail de remise en état. On
demande que ce manuel soit préparé conjointement par le
ministère et l'industrie.
Le niveau de coupe actuel que l'on connaît, de 21 000 000 ou 22
000 000, on pense qu'il est possible de continuer comme cela, mais avec des
travaux mineurs. On ne parle pas de reboisement pour garder ce même
niveau. C'est la raison pour laquelle on pense que le ministère pourrait
défrayer les coûts qui permettraient de continuer à
fonctionner sur une base de 21 000 000.
Maintenant, vous me demandez ce que cela prendrait pour satisfaire tous
les désirs de l'industrie ou, du moins, pour empêcher qu'avec
l'implantation du nouveau régime il n'y ait aucune fermeture d'usines;
j'ai un peu de difficulté à répondre à cela. Le
ministère nous dit que cela prend 26 000 000 pour empêcher cela.
Même à 26 000 000, on se rend compte que dans une région
comme le Nord-Ouest il va y avoir quand même des chutes d'emplois, des
réductions de production. Ce qu'on a dit souvent au ministère
durant nos délibérations, c'est que, sur une base provinciale,
c'est dangereux de lancer des chiffres comme 18 000 000, 21 000 000, 25 000
000, 31 000 000; sur une base régionale, on sait fort bien qu'en
certains endroits on ne pourra pas adapter ou utiliser ces chiffres.
M. Ciaccia: Je dois comprendre alors -si vous le dites - que,
malgré le fait que l'on sait que dans le passé il n'y a pas eu de
plans de reboisement adéquats, aujourd'hui on ne peut pas s'entendre,
l'industrie et le ministère, sur ce qu'est le minimum requis pour
s'assurer que l'on ait une industrie qui puisse satisfaire aux besoins de
matière ligneuse. Il n'y a pas de chiffres - admettons que c'est 100 000
000, 200 000 000 ou 300 000 000 d'arbres de reboisement par année - on
ne peut pas s'entendre, c'est une différence d'opinion entre l'industrie
et le ministère.
M. Lacasse: M. le Président, cela me fait penser un peu
à quelqu'un qui a un potager et qui se demande combien cela prend de
plants de tomates pour nourrir une famille de douze enfants. Il est probable
que, la première année, il y ait trop de tomates ou pas assez de
tomates; s'il y a trop de tomates, c'est peut-être qu'il avait quand
même le bon nombre de plants; mais, il a fait tellement soleil, cela a
tellement produit qu'il a trop de tomates. Une année, il peut manquer de
tomates; peut-être qu'à ce moment-là il va constater qu'il
aurait dû planter plus de plants de tomates. Comme le dirait ma
grand-mère, toute comparaison cloche, mais ce que je veux illustrer par
cela, c'est qu'il va falloir que...
M. Ciaccia: Cela prend moins de temps pour faire pousser des
tomates que des arbres, par exemplel
M. Lacasse: II va falloir qu'on ajuste notre tir
régulièrement, II va falloir faire un acte de confiance, je
pense, mutuellement, faire confiance aux forestiers avec les principes que l'on
reconnaît, mais ne pas trop être optimistes non plus, ni trop
conservateurs.
M. Ciaccia: Alors, passons à un autre sujet, la
juridiction du ministère de l'Énergie et des Ressources sur
l'aménagement. À la page 38 de votre mémoire, vous
recommandez que soit reconnue une juridiction non équivoque en
matière de gestion et d'aménagement et que toute juridiction
portant sur les territoires non organisés soit retirée aux
MRC.
En ce qui a trait à l'aménagement, je pense que vous
contestez très fortement le rôle actuel des MRC. D'autre part,
vous affirmez que le rôle du ministère de l'Énergie et des
Ressources est primordial. J'aimerais que vous précisiez un peu le
sujet, que vous situiez quel pourrait être le rôle des MRC et
quelles seraient les juridictions respectives du ministère de
l'Énergie et des Ressources et des MRC. Et l'intérêt
additionnel que j'ai dans ce sujet, c'est parce que je dois déposer,
prochainement, un projet de loi sur le régime des terres. Dans cedit
projet de loi, il y a justement le rôle du ministère de
l'Énergie et des Ressources sur les terres publiques. Nous avons aussi
la loi 125 qui accorde certains pouvoirs aux MRC. Alors, nous essayons de
démêler un peu le rôle des deux organismes. C'est pour cela
que je serais intéressé de connaître exactement votre
position.
M. Deschênes: Je demanderais, M. le Président,
à M. André Tremblay de préciser ce point.
M. Tremblay (André): M. le Président, on convient,
comme tous les intervenants, qu'il doit y avoir une consultation entre tous
ceux qui ont affaire au milieu forestier. On pense évidemment au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, aux MRC, ainsi
qu'au MER. Là où, à un moment donné, on est pris
dans certaines contraintes, c'est lorsque ces juridictions viennent se
concurrencer et que, finalement, il y a différents intervenants à
qui l'on doit rendre des comptes. Ce que l'on propose, c'est que, bien
sûr, il y ait consultation, qu'il y ait un schéma
d'aménagement et que ce qui concerne l'aménagement forestier soit
sous la
responsabilité finale du ministère de l'Énergie et
des Ressources; que le décideur, en dernière instance, soit le
MER, que ce soit lui qui tranche, en cas de litige, entre le MLCP ou entre les
MRC.
On a l'exemple d'un de nos membres qui, dernièrement, s'est vu
aux prises avec un problème vis-à-vis d'une MRC qui voulait faire
une réserve écologique d'une partie de territoire sur lequel il
avait fait des plantations. Évidemment, la forêt était
belle, mais il y avait eu des sommes de déboursées pour la
plantation. On a voulu, considérant que c'est un coin
privilégié, en termes de qualité de forêt, en faire
une réserve écologique, ce qui ne faisait pas tout à fait
l'affaire du membre en question qui avait, évidemment, encouru des frais
importants dans le reboisement.
Donc, en termes de juridiction, on voudrait que, lorsque quelqu'un a
à intervenir de façon finale, ce soit le MER.
M. Burrows: Si chaque MRC avait son mot à dire ou la main
haute sur son territoire, une entreprise, entre autres, pourrait avoir un
territoire d'approvisionnement qui touche à deux ou même à
trois MRC, alors qu'une pourrait vouloir une certaine sorte de modalité,
l'autre à côté, une autre et la troisième, une
autre. L'entreprise forestière aurait à convenir avec trois
niveaux d'intervention différents. C'est pour cela que l'on dit que le
dernier mot devrait rester au ministère, afin d'uniformiser la
réglementation touchant les secteurs de coupe, si vous voulez.
M. Ciaccia: Je vous remercie. Je vais utiliser vos arguments dans
mes discussions avec mon collègue, le ministre des Affaires municipales.
Je vais essayer de...
M. Deschênes: Si vous le permettez, M. le Président,
j'aimerais que M. Florent Milot complète cela, s'il vous plaît,
afin de donner plus de renseignements à notre ministre.
M. Ciaccia: Certainement.
M. Milot (Florent): M. le Président, je pourrais
peut-être apporter des exemples assez frappants. Il convient de dire que
l'on remarque que dans le document préparé par le
ministère des Affaires municipales sur les orientations et les projets
du gouvernement... Il y a plusieurs de ces documents, à l'heure
actuelle, qui ont été produits. On retrouve
régulièrement un article qui s'intitule "Les objections du
gouvernement". Régulièrement, parmi ces objections, il y en a qui
montrent que les MRC s'attaquent à la gestion du ministère. On
les énumère ici: les permis de coupe, les coupes de bois, les
modalités de coupe, le reboisement et l'activité sylvicole. Dans
ce texte, le ministère des Affaires municipales prend soin, lorsqu'il
parle du principe de responsabilité partagée avec les MRC
à l'égard de l'aménagement...
Nous trouvons qu'essayer de séparer la gestion et
l'aménagement d'une ressource, c'est très difficile. Il va
toujours y avoir affrontement et mésentente. C'est tellement vrai et
c'est tellement peu clair qu'on puisse en arriver à des ententes que le
gouvernement a cru bon d'instituer un comité interministériel
pour essayer d'éclaircir les points sur le plan de l'aménagement.
Si on a tellement de difficulté à retrouver de la
limpidité, à l'heure actuelle, dans ce qui existe, je pense que
c'est évident qu'il y aura des accrochages possibles dans l'avenir,
surtout si l'on maintient ce qui existe présentement. Nous pensons que,
si le ministère de l'Énergie et des Ressources avait la
juridiction sur l'aménagement et la gestion de la ressource
forestière, ce serait clair. Cela n'empêcherait pas, en même
temps, la collaboration avec les autres ministères. (18 h 15)
M. Ciaccia: Je pense que les points que vous soulevez sont assez
pertinents parce qu'il y a 78 ou 94 MRC et, si chacune prend des
décisions sur le plan d'aménagement, cela peut rendre difficile
une politique globale cohérente à travers tout le territoire.
Comme je vous le dis, je vais utiliser vos arguments pour essayer de convaincre
mon collègue, le ministre des Affaires municipales.
M. Deschênes: Notre association ne met pas en doute le
bienfait des MRC, au contraire. On trouve qu'à plusieurs niveaux c'est
une très bonne chose. Mais, pour des territoires non organisés,
on pense que...
M. Ciaccia: On parle strictement du plan d'aménagement et
du rôle du ministère.
À la page 47 de votre mémoire, vous faites part de vos
préoccupations concernant la formation de la main-d'oeuvre dans le but
d'assurer le succès des travaux d'aménagement. Vous affirmez
aussi qu'il revient au ministère de l'Énergie et des Ressources
de veiller au transfert des technologies. Pourriez-vous élaborer un peu
plus sur le rôle que vous aimeriez que le ministère de
l'Énergie et des Ressources joue dans le domaine de la formation et le
rôle du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu? Est-ce que vous pourriez me donner quelques
exemples concrets des mesures qui devraient être prises?
M. Deschênes: Je demanderais à M. Lacasse de
répondre, s'il vous plaît!
M. Lacasse: Je pense que c'est une question très
importante que vous soulevez. Si on n'a pas les ressources humaines pour
réaliser tout ce que comportent les travaux d'aménagement
qui seront nécessaires dorénavant avec le nouveau régime
forestier, je pense qu'il y a des organismes en place comme l'Ordre des
ingénieurs forestiers, les techniciens, les technologues, il y a quand
même des gens en place qui peuvent assurer avec une certaine aide
financière de l'État, je dirais, le transfert de connaissances
malgré que, personnellement, je trouve qu'on a bien peu de connaissances
en aménagement. On a fait de la coupe et on s'est fait reprocher d'avoir
fait de la coupe à blanc pendant longtemps. Il reste qu'on peut aller
voir ailleurs ce qui s'est fait en matière d'aménagement et
peut-être qu'on peut transférer assez rapidement des recettes
qu'on a vu ailleurs et qui pourraient être adaptées ici.
Si le ministère a à coeur l'implantation d'un nouveau
régime forestier, il doit veiller â ce qu'il se fasse quelque
chose. Je pense qu'il est le moteur dans ce dossier. II est la plaque tournante
et les autres ministères, tant provinciaux que fédéraux,
vont attendre une indication, une espèce d'orientation de la part du
ministère sur les besoins éventuels. Il est urgent qu'il y ait ce
transfert de connaissances partout dans les régions. À notre
avis, il faudra développer une expertise régionale. Il faudra
impliquer vos différents agents qui sont dans les régions du
Québec parce qu'il n'est pas sûr... D'abord, la forêt n'est
pas quelque chose d'homogène. Il y a des conditions qui varient d'une
partie à l'autre de la province. Il faudra développer des
expertises régionales. Je pense que le ministère devra jouer un
rôle. Il devra aussi perfectionner son monde. Il y a quand même des
gens qui oeuvrent dans le domaine, qui ont côtoyé
l'aménagement, je dirais, qui ont, au cours des dernières
années, élaboré des directives pour l'industrie, certaines
directives comme les coupes par bandes, ce qui est de l'aménagement.
C'est une forme d'exploitation. On s'est aperçu que l'apport de
l'industrie vis-à-vis des fonctionnaires est un apport valable. Je pense
qu'il y a une espèce d'osmose qui doit se réaliser entre les
deux. Je pense que l'industrie et le ministère doivent se respecter
aussi. Comme je le disais récemment dans un congrès, il ne
faudrait pas que le ministère s'attende que dans l'orchestre il n'y ait
pas quelques fausses notes à un moment donné, que les chefs
d'orchestre soient tous au ministère. S'ils acceptent certaines fausses
notes dans l'industrie, il ne faudrait pas que tous les fonctionnaires pensent
que les chefs d'orchestre sont uniquement de leur côté.
M. Ciaccia: Merci. Le dernier sujet que je voudrais aborder
concerne les relations du travail. À la page 51 de votre mémoire,
vous proposez que soit modifié le Code du travail sans que soient
perturbées les relations entre les parties et en tenant compte des
spécificités propres à chacune des nouvelles
obligations.
D'autres mémoires - je pense particulièrement à la
Fédération des travailleurs forestiers - font aussi
connaître leurs préoccupations en ce sens, mais du
côté syndical. J'aimerais que vous précisiez un peu plus la
question, principalement le point de l'accréditation. Entre autres vous
dites: "Si, historiquement, le législateur québécois avait
cru bon de doter le secteur forestier d'un régime particulier
d'accréditation, il faudra tout au moins s'interroger sur la
nécessité de maintenir de telles dispositions." Doit-on
comprendre que vous préconisez une remise en cause en profondeur du
régime des relations du travail dans le domaine forestier? Tout en
considérant, naturellement, que mon collègue, le ministre du
Travail, a juridiction en ce domaine, j'aimerais que vous m'expliquiez quelle
est votre conception des unités d'accréditation et ce qu'elles
devraient être.
M. Deschênes: M. André Tremblay va répondre
à cette question si vous le permettez, M. le Président.
M. Tremblay (André): M. le ministre, je pense qu'il y a
deux volets dans votre question. Dans le premier on recommande de ne pas
perturber les relations du travail présentement existantes et de faire
les amendements nécessaires au Code du travail. Évidemment,
l'avant-projet de loi établit de nouveaux concepts par rapport à
la loi actuelle. On pense à la notion de concessionnaire forestier,
à la notion d'opérations forestières qui ne se retrouvent
pas dans l'avant-projet de loi. À ce niveau-là, notre
recommandation est simple, c'est d'uniformiser les dispositions actuelles du
Code du travail avec lequel on vit, selon lequel nos accréditations sont
émises pour que ne soient pas perturbées ces
accréditations.
Dans un deuxième temps, lorsqu'on parle des obligations nouvelles
qui s'imposeront à nous, on parle, évidemment,
particulièrement du reboisement. Nos accréditations couvrent les
activités de récolte. Si on examine la définition
d'"opérations forestières" prévue au Code du travail, on
définit "opérations forestières" comme étant les
activités de récolte de la forêt. On ne parle pas
d'activités de reboisement. C'est dans ce sens-là qu'on veut que
la définition d'"opérations forestières" ne soit pas
étendue aux activités de reboisement comme telles, ce qui permet
de reconduire la situation actuelle.
Dans un troisième temps, il s'agit de la notion
d'accréditation qui est particulière au milieu forestier. Vous
savez sans doute que l'article 2 prévoit que les employés de
nos
sous-traitants sont réputés... Ce n'est ni plus ni moins
qu'une application automatique de l'article 45 du Code du travail,
c'est-à-dire que les conventions collectives sont réputées
leur être applicables.
Cette situation s'est développée. Lorsque le
législateur a introduit cette notion-là, il y a
déjà plusieurs années, les opérations
forestières étaient différentes de celles que l'on
connaît aujourd'hui et la notion d'entrepreneur indépendant
était beaucoup moins développée que celle qui existe
actuellement. Compte tenu de la modernisation du travail en forêt
où de plus en plus la majorité - une grande partie - des
opérations s'effectuent par des entrepreneurs qui sont de réels
entrepreneurs, on s'interroge sur la nécessité de conserver cette
disposition de l'article 2 qui fait du régime d'accréditation en
milieu forestier un régime très particulier, même unique
dans le Code du travail. Ce sont les deux points qu'on soulevait.
M. Ciaccia: Je vous remercie.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je vais essayer d'aller
rapidement parce qu'il nous reste quelques minutes de notre côté
et qu'on voudrait les utiliser le mieux possible. Si dans mon langage habituel,
direct, que vous connaissez, vous sentez que je me fais de temps à autre
l'avocat du diable, ne vous détrompez pas, c'est fort probable.
Je vais vous poser une première question qui a trait à la
position actuelle et à celle qui est prévue pour les
années quatre-vingt-dix. Il y a un laps de temps entre les deux. Est-ce
que vous croyez que le ministre ou les deux ministres, parce qu'on ne sait pas
lequel des deux a la tutelle du ministère, devraient donner de nouvelles
garanties d'approvisionnement ou bien si, au moment où on se parle, avec
le dépôt de l'avant-projet de loi, vous préféreriez
qu'à l'avenir, il n'y ait plus de garantie d'approvisionnement ou de
contrat d'approvisionnement de donné à qui que ce soit?
M. Deschênes: Je demanderais à Mme Saucier de
répondre, s'il vous plaît!
Mme Saucier: M. le Président, je pense qu'il est
absolument essentiel pour toute l'industrie de perpétuer son
approvisionnement jusqu'au moment où il y aura un nouveau contrat en
vigueur. Je plains l'industriel qui aura à se financer à long
terme entre le moment de l'abolition des contrats actuels et la signature des
nouveaux contrats. Je pense que cet aspect est non seulement pour nous de
savoir où on s'en va - c'est toujours utile - mais aussi il ne faut
quand même pas oublier cette capacité de financement qui est
absolument nécessaire. Si on dit que, dans l'industrie du sciage, on va
avoir beaucoup d'incertitudes de créées fort probablement dans
les prochains mois et peut-être dans les prochaines années
à cause de l'imposition possible de tarifs compensatoires, on va avoir
besoin de tout l'appui des organismes concernés, financièrement,
d'une part. D'autre part, on a besoin de votre appui pour être capable
d'avoir le maximum de sécurité à leur offrir. Je pense que
le gouvernement, s'il ne prête pas attention à ce laps de temps,
pourra mettre en péril certaines entreprises.
M. Jolivet: Est-ce que vous croyez que cela va jusqu'à ne
pas donner à des gens déjà dans le secteur, peu importe
lequel, des contrats d'approvisionnement additionnels vu les besoins qu'ils
pourraient avoir dans ce laps de temps?
Mme Saucier: Vous parlez des quantités additionnelles par
rapport à ce qu'ils ont actuellement?
M. Jolivet: Oui.
Mme Saucier: J'imagine qu'à l'heure actuelle le
gouvernement se doit, comme organisme responsable, de faire un bilan le plus
précis possible avant d'accorder quoi que ce soit d'additionnel. Je
pense qu'on nous dit dans certains secteurs qu'il va y avoir rupture de stocks.
Mais tant que tout cela n'est pas clairement établi, je ne vois pas
comment le gouvernement pourra donner de façon responsable des
approvisionnements additionnels.
M. Jolivet: Ma question suivante s'adresserait de façon
spécifique, vu son apport à la commission, à M.
Côté, de Reed Paper. À la page 12, j'essaie juste de voir
-et là je me fais la partie dont je vous ai fait mention tout à
l'heure, soit l'avocat du diable - vous dites qu'il y a des problèmes,
que le sciage agit de façon déterminante sur l'utilisation de la
ressource forêt; on dit qu'elle produit la moitié des fibres pour
le besoin des pâtes et papiers. "Cette source d'approvisionnement est
d'autant importante pour les papetières que les prix consentis aux
scieries pour les copeaux leur permettent de maintenir leur coût de
matière première au plus bas niveau. L'existence de l'industrie
des sciages assure aux papetières une meilleure situation
financière et la disparition soudaine du secteur des sciages pourrait
jusqu'à attaquer sérieusement la viabilité de l'industrie
des pâtes et papiers." Est-ce que vous ne croyez pas que le moyen de
régler votre problème pour les scieurs serait - cela s'adresse
effectivement aux papetières
l'intégration verticale?
M. Deschênes: Je ne pense pas, M. le Président, que
c'est le mémoire des papetières qu'on étudie
présentement, c'est le mémoire du sciage. Est-ce que la question
se pose à un papetier ou à M. Gilles Côté?
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est ceci: Est-ce qu'un des
moyens de régler le problème qu'il y a dans la vente des copeaux
ne serait pas qu'effectivement il y ait intégration ou s'il y a d'autres
moyens que ceux-là? Je veux vous entendre parler plutôt des autres
moyens.
M. Côté (Gilles): Pour répondre à M.
Jolivet, je n'ai pas d'opinion précise à exprimer
là-dessus, ni personnelle, ni de la part de mon entreprise puisque je
fais partie de l'exécutif de l'AMBSQ.
M. Jolivet: D'accord. Ce que je posais comme question, c'est
ceci: Dans ce contexte-là, est-ce que cela serait passer de
l'intégration verticale... Je vais vous poser la question suivante:
Est-ce qu'il ne serait pas mieux d'avoir des contrats à plus long terme
entre les scieurs, les représentants du secteur des boisés
privés et les papetières plutôt que d'avoir le libre
marché dont on fait mention?
M. Deschênes: Je demanderais à M. Lacasse de
répondre, s'il vous plaîtl (18 h 30)
M. Lacasse: M. le Président, M. le député de
Laviolette, j'ai de la difficulté à comprendre. Il y a des choses
qui se passent en ce bas monde depuis quelque temps. Votre question peut
être prise dans les deux sens. Vous parlez d'intégration. La
définition traditionnelle d'intégration dans le secteur
forestier, c'était le scieur qui se faisait acheter par les papeteries.
Si on lit les journaux depuis un certain temps, cela semble être
l'inverse. Laquelle des options voulez-vous?
M. Jolivet: D'accord, je comprends bien. Oui, M. Burrows.
M. Burrows: M. le député de Laviolette, vous
êtes sans doute au courant qu'un de vos concitoyens de Shawinigan, M.
Mallette, de Timmins, de l'entreprise Waferboard Corporation, Mallette Lumber,
a récemment acquis une usine de pâtes et papiers en Ontario. La
situation était assez difficile et il en sera de même pour un
certain temps dans le Nord-Est de l'Ontario, aussi bien qu'au Québec, en
ce qui concerne les copeaux et le marketing de copeaux aux usines de papiers.
Dans ce cas-ci, M. Mallette a pris l'initiative de s'intégrer
verticalement, comme vous le suggérez. Il a fini par acheter l'usine qui
appartenait anciennement à Abitibi-Price.
L'industrie du sciage dans le Nord-Est de l'Ontario est très
heureuse de ceta parce que ce faisant elle ferme tout de suite une usine de
sciage qui était connectée comme chambre d'alimentation de cette
usine de pâtes et papiers - de pâtes surtout - ce qui crée
un meilleur marché pour les copeaux produits par les autres scieries de
la région du Nord-Est de l'Ontario. Je cite cela en exemple. C'est
complet, c'est une intégration verticale qui est, je croîs,
très positive et qui aide certainement le problème cité.
Merci.
M. Jolivet: D'accord. Je vais prendre les pages 14 et 16 pour
relier les deux recommandations. On sait que la capacité actuelle des
forêts est de 18 000 000 de mètres cubes. On en coupe en moyenne
21 000 000 de mètres cubes et on parle de descendre ou de remonter -
cela dépend où on se situe - à cette moyenne de 21 000 000
de mètres cubes, alors qu'on veut avoir plus tard, avec tous les travaux
d'aménagement, le reboisement, une capacité de 26 000 000. On
note donc deux choses dans vos deux recommandations. On dit: Si on part de la
capacité actuelle de la forêt de 18 000 000 et qu'on veuille la
remonter à 21 000 000 en termes de capacité de coupe moyenne des
cinq dernières années... Vous dites que la différence
entre les 18 000 000 et les 21 000 000, c'est le gouvernement qui devrait,
parce qu'il n'a pas pris ses responsabilités dans le passé... On
pourrait prendre cela à l'inverse, c'est parce que le gouvernement n'a
pas obligé les industriels à le faire. À ce
moment-là, vous dites que c'est le ministère qui devrait prendre
en charge cette portion.
La deuxième, c'est de 2] 000 000 à 26 000 000. Vous dites
dans votre deuxième recommandation que cela devrait être
partagé. Vous faites toujours mention de votre proposition initiale qui
a toujours été la même, c'est-à-dire que, comme vous
coupez plus mais qu'une bonne partie s'en va aux papetières, on devrait
vous en payer une partie ou, du moins, le ministère devrait forcer les
papetières à payer cette partie de l'aménagement.
Ne croyez-vous pas qu'il y a un danger, entre la forêt dont on
connaît la capacité actuelle, ce qu'on permettra de couper selon
le projet, et la forêt électronique, si l'on peut dire, de 26 000
000, que quelqu'un accapare la différence entre les deux pour faire des
aménagements ou des propositions d'usines nouvelles ou des propositions
nouvelles d'accélération de machines?
M. Deschênes: D'abord, la différence entre les 18
000 000 et les 21 000 000, on dit dans notre mémoire qu'on veut que
ce
soit le ministère qui l'assume complètement. On pense
qu'il y a des sommes d'allouées pour cette partie-là et qu'avec
un aménagement de base, comme M. Lacasse le mentionnait plus tôt,
soit des coupes par bandes ou autre chose qu'on pratique depuis un certain
temps, on voudrait que le ministère assume cette partie-là.
À partir de 21 000 000 et plus, on est prêt à partager,
mais cela ne veut pas dire que la partie de l'industrie forestière
serait, globalement, de quelque 100 000 000 $. On a imputé à la
partie de 18 000 000 à 21 000 000 ou 22 000 000 un certain montant
d'argent qui, on pense, n'est pas tout à fait ce qui est exprimé
à certains endroits. Donc, la partie de 21 000 000 à 26 000 000,
c'est un scénario dont on se demandait s'il aurait pu se produire
à un certain moment donné; il aurait pu y avoir différents
scénarios avec différentes factures à payer. Je
demanderais à M. Lacasse ou à Mme Saucier de
compléter.
Mme Saucier: Si vous me permettez, ]e vais revenir à la
fois compléter le commentaire de M. Deschênes et revenir à
la question de M. Ciaccia tout à l'heure sur le calcul des
possibilités relié à notre capacité de payer. Je
pense que ce qui est important à l'heure actuelle c'est que nous
reconnaissions, d'une part, le besoin d'aménagement forestier au
Québec. D'autre part, et cela est peut-être relié à
mon aspect comptable de temps en temps, c'est qu'on n'est pas capable, on a de
la difficulté à dire: D'accord, pour passer de 18 000 000
è 21 000 000, cela va coûter tant, pour passer de 21 000 000
à 23 000 000, cela va coûter tant, et de 23 000 000 à 26
000 000 cela va coûter tant. C'est vrai qu'on peut se payer une
"Cadillac" d'aménagement forestier au Québec et faire de
l'expansion fantastique dans l'industrie forestière, mais est-ce qu'on a
la capacité de se payer cela autant comme gouvernement que comme
industrie? À l'heure actuelle, on dit: D'accord, l'industrie du sciage
est prête à payer 20 % de la quote-part de l'industrie, donc, cela
veut dire que l'industrie des pâtes et papiers aura à payer
quelque chose autour de 75 %. Il faut faire attention aussi. L'industrie des
pâtes et papiers doit rester concurrentielle sur le marché
international. Alors, on a de la difficulté à relier les
scénarios d'aménagement avec les montants à
dépenser et les montants réels qui vont être
nécessaires pour le futur. On sait qu'aujourd'hui on coupe en
résineux 21 000 000 de mètres cubes. C'est de cela qu'on a
besoin.
Après cela, on fait quoi? Comme je vous dis, c'est quoi les
scénarios forestiers reliés aux scénarios financiers?
C'est quoi notre capacité réelle de payer comme
collectivité autant comme État que comme industrie tout en
restant concurrentiel sur le marché international? Je trouve qu'on a
beaucoup de difficultés à relier cela dans un tout
cohérent et à prendre les décisions. C'est ce pourquoi
l'AMBSQ recommandait l'établissement de plusieurs scénarios qu'on
pourrait discuter avec le ministère.
M. Jolivet: Mais quand la proposition a pour effet de faire payer
par le ministère l'ensemble des arrérages dont on fait mention,
ordinairement, en millions d'hectares, est-ce que vous dites qu'il y aurait une
deuxième sorte d'arrérages entre les 18 000 000 et les 21 000
000? C'est ce que je comprends bien. Vous faites les deux distinctions de l'une
à l'autre.
M. Deschênes: Je demanderais à M. Florent Milot de
compléter.
M. Milot: Je n'ai pas saisi votre dernière question. M.
Milot
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est qu'actuellement le
ministère s'est engagé dans le livre blanc à faire
l'ensemble des arrérages. D'accord? Maintenant, la discussion qui a
été amorcée, c'est de savoir à quel rythme il
devrait le faire. La deuxième, sur les 18 000 000 à 21 000 000,
est-ce une deuxième sorte d'arrérages dont vous faites mention ou
si ce sont les mêmes dont vous parlez?
M. Milot: Justement, c'est quand on a eu la proposition,
l'hypothèse qui a été émise par le
ministère, à ce moment, on aurait aimé savoir quel serait
l'impact sur la possibilité de faire les 16 000 hectares par
année en arrérages. Cela va augmenter la possibilité de
combien de faire les arrérages? Ensuite, lorsqu'on parle de l'adaptation
des méthodes de coupe, de combien cela va-t-il se répercuter sur
la possibilité d'appliquer des méthodes de coupe nouvelles ou
ainsi de suite? Ensuite, on aurait aimé quand même savoir ce que
la plantation dans un secteur donné de la province de 50 000 000 de
plants va faire sur la possibilité dans ce secteur, et ainsi de suite.
À ce moment, on aurait pu se situer beaucoup plus pour évaluer
d'abord les frais et ensuite voir nos besoins dans les différentes
régions de la province. Il y a un point que je voudrais amener ici.
Lorsqu'on parle de 30 000 000, on parle d'un écart de 33 % avec la coupe
actuelle. Quand on prend les données du ministère, depuis dix
ans, on s'aperçoit que la coupe est à peu près stable. On
regarde cela ici. Je prends les moyennes de 1975 a 1979, on a 20 817 000 pour
la récolte de résineux, épinettes, sapins, pins gris. Je
prends de 1981 à 1985, on a 20 415 000, alors, on a même
diminué un peu.
J'essaie de m'expliquer pourquoi on est allé à 33 %
d'écart à un moment donné,
alors que depuis dix ans on est resté à peu près
stable. C'est pour cela qu'on a proposé de le faire par étapes.
On aurait pu calculer avec des scénarios et dire: Bien, dans les quinze
prochaines années on va augmenter de 15 %. Je ne sais pas, on aurait pu
faire plusieurs scénarios et en même temps, à la suite de
ces scénarios, on aurait proposé différents bilans, si
l'on veut, des frais d'aménagement et on aurait vu aussi en même
temps les capacités de payer de l'industrie.
M. Jolivet: Je vais revenir à la page 37 de votre
mémoire où vous recommandez que le bénéficiaire ait
le loisir d'utiliser son allocation annuelle au rythme des besoins à la
condition de ne pas dépasser, etc. La proposition a toujours
été à 10 % plus ou moins par rapport à 100 %. On
dit 500 % sur cinq ans, mais cela peut être une année 110 % et une
autre année 90 %. La proposition que vous semblez faire me semble un peu
dangereuse dans la mesure où vous permettez à une personne, eu
égard à ce maximum de 10 % en plus, d'aller même
peut-être à 120 %, à 130 % et à 140 % et, au bout de
quatre ans, se retrouver à 500 % de sa moyenne de fait,
c'est-à-dire son pourcentage global de 500 %. À la
cinquième année, vous donnez quoi? Vous lui permettez de faire du
lobby pour qu'elle ait encore plus, c'est quoi? Cela donne quoi? Je trouve cela
dangereux. Je veux savoir si j'ai raison.
M. Deschênes: Cela est peut-être dangereux mais,
selon les marchés, étant donné qu'on est dans un
marché fluctuant, cela permettrait aux industriels d'avoir une certaine
liberté à certains moments - dans des années moins bonnes
autant que dans de bonnes années - de couper un peu moins dans des
années moins bonnes et couper un peu plus lorsque le marché
reprend. C'est la fluctuation des marchés qui fait qu'on vaudrait que
nos industriels aient une certaine flexibilité à ce sujet.
M. Lacasse: M. le Président, il m'apparaît peu
probable que pendant quatre années de suite on dépasse de
beaucoup les 100 %, qui est une moyenne des cinq dernières
années. Il faudrait qu'on soît dans une période euphorique
au point de vue du volume, en espérant que les prix suivraient aussi;
c'est peu probable que cela arrive.
M. Jolivet: Je la relie à une autre proposition à
la page 27, elle peut être différente quant au texte. Il y a une
chose certaine c'est qu'il y a un danger. Quand on prend la proposition du
ministre... Là je suis en désaccord avec celle du ministre
maintenant, quand il dit: c'est sur le volume alloué et non pas sur le
volume récolté. Effectivement, quand on avait placé la
question du volume récolté, cela avait un but principal, soit de
dire: II y a une année où cela va être plus, il y a une
année où cela va être moins. Il y a aussi une autre chose
c'est que selon certaines années il serait peut-être plus
profitable d'aller les chercher dans les boisés privés, ou
d'aller les chercher chez les scieurs plutôt que dans son propre
territoire. À ce moment, si l'on parle du volume alloué, on
risque dans les creux et les hautes vagues de mettre en péril une
industrie qui, en certaines circonstances, serait en crise. Dans ce contexte je
serais plus en accord avec votre proposition qui est là qu'avec
l'autre.
M. Deschênes: C'est absolument cela notre crainte, le cas
de personnes qui auront payé entièrement leur droit de coupe et
qui savent qu'au cours de l'année, que le marché soit bon ou pas,
les gens vont exploiter... J'ai payé, donc je le coupe, je le
transforme, je le vends et je fais baisser les prix encore plus. C'est notre
crainte à ce niveau. On pense qu'en payant la récolte cela va
mettre moins de pression sur les marchés à certains moments et la
personne pourra récupérer un peu plus tard avec sa
flexibilité.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'aurais d'autres
questions, mais je vais laisser la chance à mes collègues d'en
poser.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Laviolette. J'aurais une ou deux questions très
rapides à vous poser, M. le président. D'une part, le MER propose
de calculer les possibilités forestières ou les niveaux de
récolte future selon le principe du rendement soutenu. À moins
d'avoir mal lu votre mémoire, je saisis mal votre posi-. tion sur cela.
Pourriez-vous préciser cela rapidement, s'il vous plaît?
M. Deschênes: Florent, s'il vous plaît!
M. Milot: Nous avons mentionné au début de notre
mémoire que l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec était d'accord avec les principaux principes directeurs de
l'avant-projet de toi, et nécessairement on faisait
référence au principe de rendement soutenu. Or, l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec conçoit très
bien que le fait d'établir une possibilité sur une base de
rendement soutenu procure, si l'on veut une sécurité
d'approvisionnement, à condition que, pour la possibilité que
l'on aura établie, on fasse les travaux d'aménagement
nécessaires pour l'obtenir et rendre la forêt apte à
produire cette possibilité. (18 h 45)
Maintenant, j'aimerais attirer un peu l'attention du ministre à
ce moment-ci. C'est que, sur un ensemble provincial, on peut
assez facilement reproduire une possibilité, mais on pense que
cet exercice va devenir beaucoup plus difficile lorsqu'on va le faire au niveau
de chaque territoire. C'est pourquoi on espère que le futur inventaire
va nous apporter vraiment des données beaucoup plus précises. Nos
gens, comme on l'a déjà mentionné dans notre
mémoire, qui vont se retrouver en face d'un territoire qu'ils ne
connaîtront pratiquement pas vont souvent devoir se fier automatiquement
à ce qu'ils vont recevoir du MER, ni plus ni moins, comme
données. Or, il va devenir très important qu'on fasse confiance a
ces chiffres-là, mais on aimerait aussi en même temps que le
ministère nous fournisse les explications voulues pour qu'on puisse
vraiment voir et discerner si vraiment, sur un territoire donné, on va
avoir la bonne possibilité établie en fonction de ce qu'on va
récolter.
Le Président (M. Théorêt): Merci.
Ma dernière question. Dans votre mémoire, à la page
16, vous indiquez que l'industrie des sciages devrait payer 22,4 % de frais
d'aménagement à être défrayés par l'industrie
forestière. Sur quoi vous appuyez-vous pour parler cPun tel
pourcentage?
M. Deschênes: C'est assez facile à établir.
C'est que le domaine des sciages au Québec exploite un certain
pourcentage de la forêt, mais par contre il y a seulement 22,4 % de notre
exploitation qui est transformé en produits finis et qui est vendu sur
les marchés sous forme de produits finis. C'est à partir de cette
base qu'on a fait les calculs. Chaque secteur industriel forestier devrait
payer sa consommation, selon la fibre vendue en produits finis. Je demanderais
à Mme Saucier de compléter, s'il vous plaît!
Mme Saucier: Si vous me le permettez, M. le Président,
nous nous sommes référés à une étude faite
par le Dr Jean-Paul Nadeau, qui est économiste forestier au MER, et qui
a déterminé effectivement que, d'après les études
qu'il a faites, l'industrie du sciage coupait 64 % de la forêt publique,
mais qu'il y en a le tiers qui produit effectivement du sciage. Le reste
produit des copeaux ou d'autres sous-produits. Alors, c'est une étude
qui est faite par le MER et qui dit que 22,4 % des bois coupés sur tes
forêts publiques aboutit en sciage.
Le Président (M. Théorêt): Merci, Mme
Saucier. Je cède maintenant la parole au député de
l'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Mme Saucier disait,
à juste titre, tout à l'heure, qu'elle plaignait tout industriel
qui aurait à se financer à partir des prémisses qu'on a
actuellement en ce qui concerne les permis d'approvisionnement. On a d'ailleurs
des cas actuellement d'industriels qui sont pris devant le problème,
parce que les délais sont jusqu'en 1990. Ils n'ont plus de garanties
après. Ils doivent se financer au moment où on se parle. Il est
bien évident que dans l'industrie du sciage - vous le savez
sûrement mieux que moi - il y a beaucoup d'aléas. D'ailleurs, dans
le livre blanc de l'ancien gouvernement, en page 51, on pouvait lire qu'il y
aurait dans les allocations des usines, usine par usine, des facteurs externes
qui seraient pris en considération au moment des allocations des droits
de coupe, soit les marchés, les relations du travail, les conditions
climatiques, les conditions de terrain, les feux de forêt, etc. Or, dans
l'actuel projet de loi, si ce n'est, peut-être, un mécanisme
d'arbitrage qu'on effleure rapidement à l'article 48, personnellement,
je ne retrouve rien qui garantisse qu'il y ait de telles mesures qui soient
prises afin de permettre aux industriels de suppléer ou de se
défendre advenant d'éventuelles circonstances malheureuses.
Quelles seraient vos propositions face à ce
problème-là?
M. Deschênes: La question est assez dure... Est-ce que vous
voulez parler du conseil permanent que vous aviez proposé dans un
certain...
M- Claveau: Je veux dire que, lorsqu'on fait une moyenne sur cinq
ans, on parle beaucoup de la capacité de scier. Mais cette
capacité est souvent en fonction d'un certain nombre d'inconnues, tels
les feux de forêt, les relations du travail, problèmes de
marché, problèmes de capacité de pénétrer la
forêt pour toutes sortes de raisons. À mon avis, dans le projet de
loi, on ne prévoit aucun mécanisme qui prenne en
considération ces facteurs externes qui ne sont pas directement
reliés à la capacité des entreprises mais plutôt
dépendants de circonstances externes. J'aimerais savoir si vous avez des
revendications spécifiques face à cette situation.
Mme Saucier: Premièrement, est-ce que vous vous
référez dans un premier temps à la question des
critères de performance qui sont établis pour chacune des usines?
Notre compréhension est qu'effectivement la nouvelle allocation que nous
devrions avoir va être basée sur la moyenne des coupes des cinq
dernières années, mais normalisées, c'est-à-dire
qu'on va tenir compte s'il y a eu des problèmes de marché, de
relations de travail, pendant cette période de cinq ans.
M. Claveau: D'accord. Alors, la proposition qui est faite vous
satisfait? C'est cela que je veux savoir.
Mme Saucier: Si notre compréhension
est exacte, c'est un des éléments qui peuvent servir,
effectivement, comme base d'allocation.
M. Claveau: D'accord. Une autre question rapide puisqu'on n'a pas
beaucoup de temps. C'est au sujet, justement, encore la, de l'approvisionnement
que vous demandez ou que vous revendiquez envers les papetières. Je me
mets dans la peau d'une papetière. Étant donné tous les
aléas dont on a fait mention, toutes les variations qu'il peut y avoir
dans les coupes, dans le niveau de la coupe, pour toutes sortes de raisons qui
peuvent vous échapper, quelle serait, finalement, l'approche, ou quelles
seraient les garanties que vous pourriez donner aux papetières afin de
leur assurer leur approvisionnement dans une structure telle qu'on la
connaît actuellement, de contrats à moyen ou à court terme
avec les papetières?
M. Deschênes: En aucun moment, l'industrie n'est
prête, je pense, à signer des contrats à long terme avec
les papetières pour assurer leur approvisionnement. De plus, on pense
que cela n'endommage d'aucune façon la viabilité ou la
rentabilité des papetières advenant le cas où il y aurait
une priorité donnée aux copeaux pour approvisionner ces
industries, étant donné... Si on regarde le passé,
l'évolution à ce niveau-là, les gros investissements faits
par ces gens-là, l'avenir est aux copeaux et je pense que ces
gens-là veulent dorénavant s'approvisionner de plus en plus en
copeaux. Donc, cela ne change rien. Nous autres, on ne veut plus qu'il y ait
des amoncellements de copeaux, des tas de copeaux énormes qui se
perdent. Il arrivera éventuellement dans ce secteur des problèmes
économiques, il y en a déjà eu et il y en aura encore.
Mais, à ce moment-là, si l'industrie du sciage est dans un moment
où il y a vraiment des bons marchés, les premiers à
endurer les problèmes, c'est toujours les copeaux parce que c'est plus
facile du jour au lendemain de dire: Ne livre plus de copeaux, j'ai une
fermeture de deux jours, ou des choses comme cela.
Je pense que l'industrie du sciage devrait continuer d'évoluer et
de créer des emplois et, à ce moment-là, on ne touchera
pas les deux secteurs. On pense que cela n'endommage d'aucune façon et
que ce serait peut-être plus rentable économiquement. Je
demanderais à M. Tremblay de continuer l'intervention.
M. Tremblay (André): Peut-être pour
compléter, cela me paraît peut-être un faux problème
parce que, dans la mesure où les papetières ont
déjà un volume d'alloué sur forêts publiques,
qu'elles coupent elles-mêmes, et dans la mesure où les scieurs
produisent un certain volume de copeaux annuellement, qu'il y ait
priorité ou non d'utilisation des copeaux, s'il y a une crise
sévère qui frappe l'industrie du sciage et qu'il y ait une
diminution importante de la production de copeaux, les papetières vont
être dans la même situation, qu'il y ait ou non priorité.
Elles seront obligées de se retourner et d'aller couper sur les
territoires qui leur sont accordés, que cette priorité existe ou
non. Donc, je ne pense pas que la priorité que l'on demande justifie que
l'on s'engage plus loin dans les garanties formelles de volumes sur une longue
période qu'on n'est pas capable de donner, compte tenu
l'évolution cyclique du sciage.
M. Claveau: Une dernière petite question rapide. Quand
vous dites, a la page 22 de votre mémoire, que tous les utilisateurs
devraient payer pour l'utilisation de la forêt, étant
moi-même originaire d'un comté où la forêt est
à peu près l'attraction ou la source de distraction principale de
toute la population, j'aimerais savoir ce que vous entendez par
bénéficiaire de la forêt.
M. Deschênes: On pense aux utilisateurs sportifs, entre
autres. On pense aux travailleurs forestiers. On pense aux exploitants
forestiers qui l'utilisent pour le sciage, les pâtes et papiers. Tous
ceux qui l'utilisent, en fin de compte.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre délégué aux
Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je voudrais revenir à l'étude du Dr Jean-Paul
Nadeau, que je ne conteste pas. Si on a marié les deux industries,
pâtes et papiers et sciage, on arrive avec 22,4 % qui sont
transformés en bois de sciage. Vous savez aussi que dans vos usines vous
avez un rendement supérieur à cela, directement. Pourquoi avoir
choisi 22,4 %? Parce que cela faisait votre affaire, ou si c'est 30 % ou 32 %
qu'on devrait mettre? Je sais que Mme Saucier a un rendement de beaucoup
supérieur à celui-là dans ses usines.
M. Deschênes: Je demanderais à M. Milot de vous
répondre, M. le ministre.
M. Milot: La raison pour laquelle on s'est
référé à l'étude de M. Nadeau, c'est qu'on a
jugé que M. Nadeau avait fait les recherches voulues pour établir
son étude. Maintenant, on sait que M. Nadeau parle d'une récolte
pour le sciage d'environ 64 %, si on se réfère à cela.
Cela veut dire qu'à l'heure actuelle on parle de 68 %.
On a cherché à trouver un ordre de grandeur de ce que
serait notre participation
et on s'est référé à cette étude. Si
on coupe 70 %, le pourcentage pourra monter d'environ 2 % ou 3 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais dans vos
usines, quand vous rentrez X mètres cubes de bots rond, vous produisez
environ 50 % de copeaux, 30 % de bois de sciage, un pourcentage de planches et
de 2 par 4 et le reste est constitué de sciure et de perte,
M. Milot: Selon une étude qui a été faite
par Forintek et qui répartit sous la forme d'une tarte l'utilisation de
la tige, Fonntek établissait à 27 % ou 28 % ce qui s'en allait en
sciage comme tel. Donc, à partir d'une tige complète, si on
commence à répartir cela sur l'ensemble de nos opérations,
on retrouve un pourcentage qui s'établit autour de 25 %, 26 % ou 27
%.
M. Côté (Rivière-du-Loup): 28 %, 30 %.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Milot: Maintenant, on doit tenir compte d'une chose. On n'est
pas les seuls à exploiter... Quand on vient pour faire la
répartition de tous les bois sur forêts publiques, ce pourcentage
diminue.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
si on prend tous les bois, cela baisse votre moyenne.
M. Milot: Nécessairement, parce que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais il n'y a pas
une industrie du sciage qui va vivre a 22,4 %.
M. Deschênes: Ce n'est pas à 22,4 %. C'est 35 % ou
30 % des 68 %. C'est cela qui fait 22,4 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
D'accord.
Mme Saucier: Je pense, M. le ministre, que vous ne chercherez
sûrement pas à nous pénaliser parce qu'on est un peu plus
performant.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au contraire! Ce
sont les moins performants qui devraient peut-être être
réduits.
Mme Saucier: Remarquez que je pense qu'effectivement, que ce soit
22 %, 23 % ou 20 %, ce qu'on a cherché, c'est un ordre de grandeur qui
pouvait être acceptable. Mais, comme c'était une étude
officielle, on s'est servi de la donnée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. Vous faites
allusion au gouvernement fédéral à la page 23. On sait que
le gouvernement fédéral retire cinq fois plus sur chaque
mètre cube de bois transformé, en taxes directes. Vous dites que
le gouvernement fédéral devrait faire un effort
supplémentaire. On sait que, en taxes directes et indirectes, le
gouvernement fédéral retire et épargne 33 $ le
mètre cube, alors que le Québec retire et épargne environ
20 $ le mètre cube. Croyez-vous que l'intervention du gouvernement
fédéral en aménagement forestier devrait se transposer
pour réduire la facture de l'industrie?(19 heures)
M. Lacasse: M. le Président, je pense que c'est
mentionné dans notre mémoire que la participation
fédérale devrait être plus élevée et que,
dans le moment, la participation fédérale bénéficie
sûrement au ministère parce qu'il utilise une partie de l'entente
auxiliaire pour financer sa quote-part de l'aménagement, chose que nous
ne pouvons pas faire. On se rend bien compte aussi que, si on veut impliquer
davantage le fédéral en aménagement forestier, le
fédéral va vouloir regarder si les autres provinces veulent faire
la même chose ou si c'est applicable. On rentre dans un processus assez
complexe.
M. Côté (Rtvtère-du-Loup): J'écoutais
parler tout à l'heure des 25 000 000 de mètres cubes que l'on se
fixait comme objectif, mais votre association semble douter de cet objectif.
Mais, évidemment, chacun de vos membres, quand il transmet une demande
d'augmentation au ministère, ne vous le dit pas. J'ai de la
misère à concilier votre position avec le fait qu'au
ministère, actuellement, nous avons plus de 4 000 000 de mètres
cubes de demandes supplémentaires aux 21 000 000 actuels. Nous sommes
déjà rendus à 25 000 000 avec les demandes qui sont faites
par vos membres.
M. Deschênes: C'est connu depuis toujours, M. le ministre,
que l'agressivité des scieurs québécois est très
forte, et je pense que vous devrez avoir une politique assez étanche
pour que des gens qui n'ont plus de possibilités de faire augmenter
leurs droits de coupe ou leurs contrats d'aménagement... Vous devrez
avoir une politique ferme et, je pense, qui devra prévoir ces choses
dans l'avenir. Vous devrez aussi, par certains incitatifs, provoquer de la
consolidation chez nos industriels éventuellement pour apaiser
l'appétit de certains.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a
déjà mentionné qu'il y aurait une consolidation ou une
intégration, et cela rejoint un peu la question du député
de Laviolette.
Un dernier mot sur le volume alloué. Auriez-vous autre chose
à proposer en ce qui
concerne les redevances à être payées sur !e volume
alloué plutôt que coupé? Je sais que vous avez
proposé de le faire sur le volume coupé, mais, sur le volume
alloué, cela réduit un peu les appétits, peut-être
que les 4 500 000 supplémentaires dont je vous parlais ne seraient pas
là... Y aurait-il une formule mixte, une formule qui tiendrait compte
des deux obligations, c'est-à-dire des deux intérêts?
M. Deschênes: Disons que cela pourra se discuter
éventuellement, mais, pour le moment, ce sont des choses pour lesquelles
il n'y a pas eu de scénarios... Peut-être que Richard ou Florent
auraient des idées à exprimer là-dessus.
M. Milot: À l'heure actuelle, la formule que nous
proposons est mixte. On dit que, sur cinq ans, on devra s'en tenir au volume
alloué, mais qu'à l'intérieur des cinq ans on jouera sur
le...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais je parlais
des redevances, M. Milot. À l'intérieur de cinq ans, vous parlez
des volumes? Je parlais des redevances payables sur le volume alloué
plutôt que...
M. Milot: C'est justement. On dit que, si on récolte au
rythme de l'industrie, on doit payer sur ce qu'elle récolte chaque
année parce qu'on tient compte des conditions qui prévalent dans
l'industrie à ce moment-là.
M. Deschênes: Ce qui me frappe, M. le ministre, c'est aussi
le fait que vous dites qu'on devra payer sur le volume alloué durant
cinq ans. Et, si tu n'as pas pu couper ton volume alloué, tu ne peux
plus jamais y retoucher par la suite. C'est cela qui a amené ces
questions.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): C'est
pourquoi je vous demande si vous n'avez pas une formule.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole au député de Dubuc
pour lui rappeler qu'il lui reste une minute et trente secondes.
M. Desbiens: Je reviens sur le sujet qui a été
soulevé déjà en bien des occasions, à la page 20 du
mémoire, et sur votre participation aux frais d'aménagement. On
sait que l'avant-projet de loi prévoit que c'est le coupeur qui a
à payer pour la production d'au moins un arbre pour chaque arbre
coupé, et on parlait tantôt de 64 %, de 70 %, en tout cas, peu
importe le pourcentage. Tout ce que vous voulez, et je suis d'accord avec vous,
c'est de payer strictement une part équitable, bien sûr, mais
seulement votre part du bois coupé qui est utilisé par
l'industrie du sciage, sauf que... C'est le seul point pour lequel je n'ai pas
saisi la réponse, ou vous ne l'avez pas donnée. Qui va payer
cela? Si vous récupériez ces 32 $ de chaque tonne de copeaux
vendus, évidemment cela vous faciliterait la capacité de payer
votre quote-part. Vous ne recommandez pas non plus, en tout cas à ma
connaissance... Entre le 22 %, le 64 %, le 42%, voulez-vous que ce soit le MER
qui paie ou que ce soit strictement sur le prix des copeaux, donc refilé
aux papetières?
M. Deschênes: On a une réponse, M. le
Président. Si vous le permettez, je vais accélérer pour
avoir le temps de répondre.
Le Président (M. Théorêt): Je vous ferai
remarquer, M. le président, que vous pouvez prendre le temps
nécessaire pour y répondre...
M. Deschênes: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): ...mais c'est la
dernière réponse que vous aurez à donner.
M. Deschênes: D'accord, J'ai bien compris la question: le
20 %, le 80 % et le 22 %, te 35 % et le 68 %, et tout cela, cela vient non
seulement du fait qu'on vend 22 % de nos produits forestiers sous forme de
produits finis au Québec... Il y a non seulement cela, mais l'industrie
du sciage vend 20 % de la forêt québécoise en bois
d'oeuvre, en "studs", en 2 par 6, 2 par 10, etc. Les autres secteurs vendent 80
% de la forêt québécoise en produits finis. Cela vient de
là aussi.
M. Desbiens: Mais cela ne me dit toujours pas qui paie, qui doit
payer.
M. Deschênes: Ces gens-là devraient payer leur
quote-part par rapport à la consommation de fibres sur leurs produits
finis vendus.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Théorêt): M. le
président, je cède maintenant la parole au député
de Duplessis pour les remerciements d'usage.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je pense que
l'Association des manufacturiers de bois de sciage comprend très bien
que le mémoire qui a été présenté
présente beaucoup d'intérêt et qu'il y a plusieurs
questions qui auraient pu être posées. J'en ai relevé
moi-même dix-sept qui auraient pu être posées en rapport
avec différents sujets comme, par exemple, la forêt de banlieue,
la
remise en production parcelle par parcelle, etc. Bien sûr que le
temps qui nous est alloué... On aurait dû avoir à peu
près cinq ou six heures avec vous pour pouvoir parler de votre position
en rapport avec certains sujets. Je tiens cependant à vous souligner que
l'ensemble des recommandations que vous faites va sûrement porter
l'Opposition à prendre en considération la grande majorité
de vos recommandations pour pouvoir travailler au projet de loi qui sera
déposé éventuellement. Je remercie
énormément le président de l'association, ainsi que ses
collègues et Mme Saucier, pour leur présence en commission
parlementaire, sachant très bien que l'ensemble des intervenants que
vous êtes, allez continuer de travailler d'arrache-pied pour faire passer
vos recommandations ainsi que vos revendications. Alors, merci à tout te
monde qui représente l'Association des manufacturiers de bois de
sciage.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, pour faire plaisir à mon collègue de Duplessis,
je lui dirai que la question de la subvention devant être
attribuée à l'association forestière, c'est chose
réglée et j'en profite pour inviter les Québécois
à soutenir cette association, étant donné qu'un
Québécois ou une Québécoise sur dix profite de la
forêt du Québec et que cette association ne devrait jamais
être en difficulté financière.
Une voix: Combien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je félicite
l'association des manufacturiers d'avoir fait sa part et j'invite les
Québécois et Québécoises à en faire
autant.
Sur l'autre question, le comité qui a été
formé au ministère pour la question du manuel
d'aménagement et des coûts, il est formé de l'Association
des manufacturiers de bois de sciage, de l'AIFQ, des syndicats, de
l'université, etc., et la semaine dernière j'ai invité un
autre organisme à en faire partie. Si on a des suggestions, on est
ouvert à ces suggestions-là.
Je voudrais, en terminant, remercier les membres de l'Association des
manufacturiers de bois de sciage, son président et ses collègues
de leur présentation. Comme on l'a dit, c'est très court pour
discuter d'un sujet aussi vaste, mais soyez assurés que nous tiendrons
compte de vos recommandations et on vous reviendra au moyen d'un comité
ou autrement, de façon à parfaire nos discussions sur le sujet et
de façon aussi à avoir le meilleur régime forestier qui
soit. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux Forêts. Madame et messieurs,
merci au nom des membres de la commission de votre présence ici. Nous
vous souhaitons un bon voyage de retour.
Je suspends maintenant les travaux de la commission de l'économie
et du travail qui reprendront, attention! à 20 heures précises au
même endroit et, pour votre information, le Mini-débat est ouvert
jusqu'à 22 heures.
(Suspension de la séance à 19 h 10)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail poursuit sa
consultation particulière sur l'avant-projet de loi sur les
forêts.
Fédération des travailleurs forestiers
du Québec
Nous allons maintenant entendre le mémoire de la
Fédération des travailleurs forestiers du Québec et
j'appelle sans plus tarder les représentants de cet organisme. Je pense
que son président est M. Guillemette. Si vous voulez bien, M.
Guillemette, nous présenter les collègues qui vous accompagnent.
Je vous rappelle que vous avez, pour la durée de présentation de
votre mémoire, 18 minutes. De chaque côté de la table, nous
aurons 36 minutes d'échanges avec vous, tel qu'il avait
été convenu préalablement. M. Guillemette.
M. Guillemette (Ghislain): Je vais commencer à ma gauche,
M. Serge Théberge, vice-président de la fédération.
À ma droite, M. Louis-Albert Duguay, secrétaire de la
fédération, et M. Wilbrod Dufour. Mon nom est Ghislam
Guillemette.
Je cède la parole à Louis-Albert Duguay pour commenter
notre mémoire.
M. Duguay (Louis-Albert): Messieurs, après un souper
très rapide qui nous fait penser un peu au travail en forêt... Les
travailleurs forestiers doivent toujours manger d'une façon très
rapide pour pouvoir reprendre leur travail. Cela nous a fait penser à
cela cet après-midi quand le président...
Le Président (M. Charbonneau): C'est là que les
mythes sur la vie parlementaire tombent.
M. Duguay: Ah bon! Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Duguay: Messieurs les membres de la commission parlementaire
sur l'avant-projet de loi sur la forêt au Québec, la
Fédération des travailleurs forestiers du Québec a
accepté avec plaisir l'invitation reçue de la commission de
l'économie et du travail afin de vous faire connaître notre point
de vue sur l'avant-projet de loi sur les forêts au Québec et,
comme pour les années antérieures lorsque nous nous sommes
présentés devant une commission parlementaire, notre document
n'aura pas l'épaisseur d'un dictionnaire Larousse, mais il
représentera de façon concise et précise les
préoccupations des travailleurs que nous représentons et qui se
retrouvent tous dans l'exploitation forestière, donc avec beaucoup de
problèmes.
Cet avant-projet dont nous avons pris connaissance avec un peu de
retard, à cause de l'insuffisance de documents disponibles nous
apparaît être le plus détaillé des avant-projets dont
il nous a été donné de prendre connaissance, et ceci n'est
pas un compliment pour de futures faveurs politiques, car il est de bonne
guerre que l'on se serve des documents déjà publiés et des
préoccupations déjà émises pour rédiger un
avant-projet de loi qui correspond en bonne partie à certaines attentes
que nous avons déjà manifestées dans le passé avec
d'autres organismes. L'on doit ajouter également que, sur certains
points, cet avant-projet de loi ne correspond pas aux programmes du parti au
pouvoir.
Cependant, malgré le vieux dicton qui dit "vaut mieux tard que
jamais", nous pouvons quand même affirmer qu'il aura fallu des
années avant qu'on puisse penser avoir un jour une politique
forestière cohérente et à la mesure des besoins de tous
les Québécois si, toutefois, l'avant-projet de loi n'est pas trop
chambardé en cours de route. Nous admettons qu'une loi de ce genre n'est
pas électorale, mais il y va de notre avenir forestier au Québec.
On peut dire qu'à la lumière de toutes les statistiques
transmises par le MER cet avenir est un peu compromis même si
déjà, depuis quelques années, on se rendait compte qu'il y
avait de plus en plus un consensus qui se dégageait face aux
problèmes forestiers au Québec Évidemment, les moyens pour
remédier à la situation variaient selon le siège que l'on
occupait. Il devenait donc nécessaire que le gouvernement prenne la
responsabilité d'établir les règles du jeu. Il restera,
bien sûr, à combler le retard important que nous avons
présentement.
Cela dit, messieurs de la commission, nous allons dans les pages qui
suivent vous faire part de nos préoccupations et de nos suggestions, car
dans l'avant-projet de loi qui nous est présenté la main-d'oeuvre
ne semble pas faire partie du décor et, selon nous, elle est très
importante dans la réalisation des objectifs qui sont visés. En
effet, nous ne voudrions pas que les travailleurs forestiers deviennent les
boucs émissaires des erreurs passées et qu'ils soient tenus de
reverdir nos forêts dans des conditions pénibles, pour ne pas dire
inacceptables.
Notre première préoccupation se situe au niveau de la
rétrocession et des garanties d'approvisionnement qui, selon l'article
98, sont toutes reprises en main ou abolies à l'adoption de la loi.
Évidemment, sur le principe, nous sommes d'accord et cela depuis
longtemps. Cependant, devant un changement de cette envergure qui va
occasionner sans doute des déplacements de secteurs d'activités
pour certaines compagnies ou utilisateurs, qu'adviendra-t-il des
accréditations syndicales qui sont la base du syndicalisme dans le
secteur forestier, puisque dans certains endroits elles sont rattachées
à un territoire donné? Vous vous imaginez facilement le fouillis
que pourrait occasionner cette mesure si elle n'est pas accompagnée d'un
changement au Code du travail qui assurera le maintien de
l'accréditation pour les travailleurs concernés. Il devrait en
être ainsi pour les entreprises qui, actuellement, ont des garanties
d'approvisionnement, mais qui, en vertu de la nouvelle philosophie du
ministère, pourraient ne plus en avoir si elles peuvent s'approvisionner
en résidus des usines de sciage environnantes. De ce fait, le territoire
de coupe qui leur est actuellement attribué servirait
d'approvisionnement pour une autre entreprise. Donc, selon la loi actuelle,
cette accréditation ne serait plus valable. Selon nous,
l'accréditation devrait être maintenue et les travailleurs
concernés devraient conserver leurs droits acquis.
Ces situations se sont déjà produites et nous vous donnons
le cas de Produits forestiers Domtar, sur la rivière Jacques-Cartier,
dont la concession avait été rétrocédée et
une garantie d'approvisionnement donnée à une autre entreprise
sur le même territoire. Le deuxième cas est celui de la compagnie
Price Limitée, à Price, comté de Matane, où
là également il y a eu rétrocession de territoire et
garantie d'approvisionnement consentie à une entreprise qui a
remplacé la compagnie Price Limitée dans le même village.
Dans les deux cas, l'accréditation a été annulée
alors que les mêmes travailleurs ont continué les
opérations.
Toujours en ce qui concerne le Code du travail, l'article 1, paragraphe
6 n) devrait être amendé pour y inclure l'aménagement
forestier. Le paragraphe 6 o) devrait également être amendé
en ce qui concerne la définition de "concessionnaire forestier" pour y
inclure le terme "bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement
et d'aménagement forestier."
Les articles 8 et 9 du chapitre 2 devront également être
amendés pour tenir compte de la nouvelle loi. Il en est ainsi pour le
"règlement sur l'accréditation dans
les exploitations forestières et sur les permis d'accès
à des campements forestiers" et pour tout article du Code du travail qui
entrerait en contradiction avec le nouveau régime forestier.
Nous recommandons également que le rôle des
coopératives forestières soit défini dans la prochaine loi
lorsqu'elles interviennent comme contractantes pour une compagnie
forestière où il y a déjà une accréditation
et des travailleurs en place ou sur une liste d'attente.
Nous demandons qu'elles soient soumises à l'accréditation
et à la convention collective existante et qu'elles respectent les
droits acquis des travailleurs.
Ceci n'a pas pour but de critiquer ou d'abolir le système
coopératif, mais nous croyons que leur rôle n'est pas celui d'un
contractant ou d'un sous-contractant et qu'elles doivent surtout concentrer
leurs efforts dans l'exploitation forestière, bien sûr, mais aussi
dans la transformation, ce qui leur permettrait de justifier leur soi-disant
efficacité. De plus, lorsque le MER décide de confier à
tel ou tel organisme l'exploitation forestière pour une compagnie en
particulier, il devrait tenir compte des structures établies et des
conventions collectives existantes et ne pas décider
unilatéralement ou sur pression politique, comme ce fut le cas pour
l'exploitation forestière de Produits forestiers Domtar, à
Girardville, comté de Roberval.
Nous demandons également qu'avant d'accorder des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement à de nouvelles entreprises
une étude sérieuse soit faite pour ne pas mettre en danger des
emplois qui existent actuellement et dont la survie pourrait être
affectée si le présent employeur se voit dans l'obligation de
changer de territoire de coupe, ce qui pourrait affecter son aspect
concurrentiel.
Mesurage. Avec la mise sur pied d'un nouveau régime forestier,
nous croyons qu'il serait nécessaire que le MER devienne le responsable
du mesurage sous quelque forme qu'il soit, car présentement nous ne
croyons pas que le système actuel donne justice et au
propriétaire des forêts du Québec, soit l'État, et
aux travailleurs qui sont payés sur une base de rendement, donc selon le
volume du bois abattu.
Il nous est impossible de croire que, dans un système où
l'utilisateur est juge et partie, il puisse y avoir une entière
objectivité malgré toute la bonne foi des gens en place. Nous ne
mettons pas en doute l'honnêteté des mesureurs ou des
vérificateurs, mais, en l'absence de vérificateurs neutres, il
nous est difficile de croire que nos membres, comme l'État d'ailleurs,
retirent 100 % des fruits de la récolte forestière.
Nous recommandons donc que le MER prenne charge du mesurage du bois
récolté au Québec ou qu'à tout le moins il
établisse un système de vérification efficace.
Nous avons mentionné au départ que la main-d'oeuvre ne
semblait pas faire partie du décor dans le présent avant-projet
de loi, sauf que, lors des rencontres d'information auxquelles nous avons
assisté, l'on nous avait mentionné qu'il était question
d'entente avec le ministère du Travail pour la formation de la
main-d'oeuvre nécessaire à l'aménagement forestier.
Nous ajoutons un deuxième volet à la formation
professionnelle, soit celui des travailleurs actuels qui ont besoin
d'être recyclés afin de faire face à la nouvelle
mécanisation et qui ont également besoin de formation en
industrie.
Pour revenir au premier volet, soit la formation nécessaire
à l'aménagement forestier, nous demandons qu'elle soit
donnée en premier lieu aux travailleurs forestiers qui ont perdu leur
emploi dans les dernières années à cause de la
mécanisation des opérations forestières. Ces travailleurs
ont pour la plupart encore des droits acquis pour les employeurs
concernés. De plus, leur expérience comme travailleurs forestiers
est un facteur particulièrement important pour en faire une
main-d'oeuvre qualifiée et intéressée à la
forêt. De plus, ils sont rompus aux différents
inconvénients du travail en forêt, tels que mouches, pluie, neige,
isolement, etc. Nous sommes convaincus que la formation donnée à
ces travailleurs serait des plus efficaces afin d'avoir une main-d'oeuvre
très qualifiée dans l'aménagement forestier.
Le deuxième volet de notre demande consiste dans la formation ou
le recyclage de la main-d'oeuvre actuelle. Depuis le début des
années quatre-vingt, l'exploitation forestière est devenue
très mécanisée. Cependant, nous constatons une carence au
niveau de la formation de la main-d'oeuvre autant au niveau des cours de base
qu'au niveau de la formation en industrie ou de la spécialisation. Cette
situation étant due en très grande partie au fait que la
machinerie appartient aux travailleurs forestiers, donc la formation s'est
faite par les moyens du bord et, sans nous tromper, nous pouvons dire que les
travailleurs ont appris par eux-mêmes. Mais cette situation cause de
nombreux problèmes et rend parfois "l'opération" d'une machine
très dispendieuse à cause d'un manque de formation de base.
Depuis quelques années, cependant, il se donne de plus en plus de
cours de formation sur ce genre de machine, mais, cependant, ils devraient
être suivis d'une période de spécialisation en industrie,
étant donné que le travailleur n'a pu acquérir pendant son
cours de base une bonne maîtrise de fonctionnement de l'abatteuse,
ébrancheuse ou autres. Ils ont de la difficulté à se
trouver un emploi pour ces raisons, parce que le propriétaire de
la machine exige un rendement immédiat, question de rentabilité,
bien sûr.
Nous demandons donc une meilleure spécialisation à ce
niveau et ceci pourrait se faire en industrie sous diverses formes qui
n'affecteraient pas la rentabilité de la machine et permettraient
à plusieurs individus d'accéder à ces métiers.
Nous croyons également que l'aménagement forestier auquel
devront se conformer les utilisateurs devrait être complémentaire
à l'exploitation forestière, ce qui permettrait dans presque tous
les cas, en plus de consolider les emplois actuels et d'en ajouter d'autres, de
prolonger davantage la saison de travail des employés concernés
qui dans bien des cas est très restreinte.
Transport des travailleurs. De plus en plus, avec l'exploitation
forestière concentrée dans te nord, les distances de
déplacement que les travailleurs ont à parcourir de leur
résidence au lieu de travail vont en augmentant considérablement
pour atteindre parfois jusqu'à 200 à 250 kilomètres de la
municipalité la plus proche. Les travailleurs dans la plupart des cas
ont à se déplacer à toutes les semaines pour revenir dans
leur famille et ces déplacements sont dans la plupart des cas
également à leurs frais et sans aucune compensation. Pour
d'autres travailleurs qui se transportent soir et matin, encore là, ils
ont des distances assez importantes à parcourir qui peuvent aller
jusqu'à 80 à 90 kilomètres pour l'aller seulement et vous
admettrez avec nous que les chemins forestiers ne sont pas toujours de macadam,
rendant ainsi l'utilisation d'un véhicule assez dispendieuse.
Nous demandons qu'un montant déductible d'impôt soit
fixé pour chaque travailleur afin de compenser pour les dépenses
encourues pour se rendre de sa résidence au lieu de travail et cela, sur
une base mensuelle.
Nous demandons également que, par règlement, l'on
établisse une distance maximale pour les travailleurs itinérants
et que, lorsque ces distances sont dépassées, l'employeur soit
tenu de construire des camps selon les normes de l'hygiène et des
règlements industriels et commerciaux. Comme maximum, nous
suggérons 72 kilomètres de la dernière
municipalité. Ces dispositions s'appliqueraient également pour
l'aménagement forestier, puisque, actuellement, les travailleurs qui ont
à faire de la plantation le font dans des conditions de travail et de
logement qui sont très pénibles et qui ne respectent
sûrement pas la dignité humaine. De plus, il est presque
impossible pour ces travailleurs de se faire un salaire qui au moins
compenserait pour les problèmes encourus.
Nous joignons en annexe A une lettre ouverte qu'un groupe de ces
travailleurs a fait parvenir au ministre de l'Énergie et des Ressources
dernièrement et qui représente la dure réalité du
reboiseur actuel. Tel que mentionné précédemment, nous ne
voudrions pas que les travailleurs soient soumis à des conditions de
travail et de salaires insuffisantes parce que nos gouvernements n'ont pas
légiféré assez rapidement afin de doter le Québec
d'une vraie politique forestière.
Nous recommandons donc que les salaires payés pour le reboisement
des terres publiques, là où il n'y a pas d'accréditation,
soient l'équivalent des salaires payés dans l'industrie
forestière où il y a des conventions collectives de travail et
que, si nécessaire, le gouvernement légifère par
décret.
Fonds d'indemnisation. Depuis environ 20 ans, le contexte de
l'exploitation forestière a subi de profondes transformations et
l'avènement de la mécanisation qui s'était fait de
façon progressive à partir des années 1966-1967 s'est
accentué très rapidement à partir des années
quatre-vingt alors que la grasse mécanisation a fait son apparition avec
les ébrancheuses, les abatteuses, les transporteurs, etc.
Cette mécanisation rapide des exploitations forestières
n'aurait rien de particulier en soi si elle avait été faite par
les exploitants eux-mêmes, mais ce ne fut pas le cas et cette machinerie
a été achetée à 99 % par les travailleurs et pas
toujours dans des conditions de liberté complète alors que, dans
bien des cas, le travailleur devait le faire pour sauver son emploi. Donc, il
n'était pas nécessairement préparé pour
gérer des budgets aussi importants, puisque le prix de ces machines va
de 80 000 $ à 500 000 $ en plus des autres équipements
nécessaires à leur bon fonctionnement, tels que petit camion,
outils, etc.
Certains travailleurs ont bien réussi sans faire de fortune,
comme semblent vouloir nous le démontrer les compagnies
forestières, mais d'autres travailleurs y ont presque laissé leur
chemise et les faillites sont encore plus nombreuses dans ce domaine. Ce qui
complique davantage le tableau, c'est que, depuis deux ou trois ans, l'on a
développé parallèlement à cela le système
des sous-contractants et des sous-sous-contractants qui, selon les endroits,
ont la responsabilité entière de la récolte
forestière jusqu'au chemin de camion et doivent, par conséquent,
payer leurs travailleurs et faire les déductions qui s'imposent. Cette
situation a causé beaucoup de problèmes et en cause encore
particulièrement lorsqu'il y a faillite d'entreprise et que les
travailleurs concernés font des pertes importantes d'argent gagné
à la sueur de leur front.
Devant l'état de la situation, nous demandons qu'un fonds
d'indemnisation spécial soit créé pour pallier aux pertes
de salaire dues à une faillite d'entreprise. Ce fonds d'indemnisation
pourrait même aider également le propriétaire d'une machine
qui lui est nécessaire pour son travail.
Ce fonds d'indemnisation serait alimenté par une cotisation
spéciale provenant des bénéficiaires d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier pour qui la planification
de leurs opérations forestières est devenue secondaire dans
certains cas à cause de ce système.
Rapport Beaudry. En 1984, le gouvernement du Québec avait mis sur
pied la Commission consultative sur le travail qui avait pour but
d'étudier les problèmes des relations du travail dans
l'entreprise privée au Québec et aussi d'étudier les
différentes lois ouvrières qui gouvernent les entreprises et les
travailleurs. 5on rapport final fut déposé le 31 octobre 1985.
Sur le travail en forêt, il recommandait ce qui suit: Recommandation
11-7, conditions de travail en forêt: "Compte tenu des nombreuses
demandes faites à la Commission consultative sur le travail et du
rapport d'étape du groupe de travail sur l'exploitation
forestière, que le ministre du Travail ouvre, dans les plus brefs
délais possible, une enquête sur l'ensemble des activités
en forêt. Cette enquête devrait cerner tous les sujets susceptibles
d'influencer les droits et les conditions de travail de la main-d'oeuvre
forestière et notamment l'influence de la planification de la production
sur les besoins et les conditions de travail des ressources humaines, les
effets de la mécanisation sur la santé, la sécurité
et la rémunération du travailleur forestier, la quantité
et la qualité de la formation des ouvriers, la pratique de la
sous-traitance et ses représentants sur les conditions de travail et sur
le droit d'association, la qualité de la vie en forêt, les effets
des divers modes de rémunération sur les revenus nets des
travailleurs en forêt, les coûts de production, la
productivité et les effets sur l'accréditation et sur son droit
de suite lors de la rétrocession d'une concession ou de changement de
territoire de coupe pour des raisons incontrôlables."
En conséquence, nous demandons que, tel que formulé par le
rapport final de la Commission consultative sur le travail, le ministre du
Travail autorise l'enquête telle que préconisée dans le
rapport et cela dans les plus brefs délais, car il y a sûrement
des problèmes et nous croyons qu'il est temps que l'on tente de trouver
des solutions.
Recherche. Il nous apparaît difficilement acceptable qu'un
avant-projet de loi sur les forêts soit muet sur la recherche, surtout
que, selon un document de réflexion du parti au pouvoir de septembre
1984, l'on attachait une très grande importance à la
recherche.
Nous reproduisons cette partie de réflexion du Psrti
libéral. Article 6.3, la recherche: "La recherche forestière
existe depuis plusieurs décennies au Québec. Elle est du plus
grand intérêt, mais trouve peu d'application dans la forêt
publique à cause du manque de capitaux. Elle offre encore moins
d'intérêt pour le secteur privé en raison du poids des
taxes foncières et du peu d'égards dont les perspectives à
long terme de la ressource forestière font l'objet. "Sans but
précis, sans mission concrète, la recherche est disparate et
souvent diffuse. Elle doit devenir partie intégrante des mandats de
gestion. Les utilisateurs sauront y découvrir rapidement leur propre
intérêt. Mais, pour lui donner une impulsion irréversible,
il est opportun d'élaborer un système avantageux de
crédits fiscaux pour garantir le développement rapide et les
applications les plus nombreuses possible de la recherche. "La
dégénération est l'un des problèmes majeurs de la
forêt du Québec et il importe de miser sur les aspects de la
recherche susceptibles d'y apporter une solution: la génétique et
l'amélioration des essences. Dans cette optique, les connaissances
actuelles doivent être appliquées le plus rapidement possible et
la recherche, déjà trop en retard dans ce domaine, doit
être prioritairement stimulée. "Au bas mot, il faut arriver
à décupler la production des pépinières
provinciales au cours des cinq à dix prochaines années. Pour
arriver à ce résultat, les pépinières industrielles
privées devront avoir accès sans délai aux
possibilités qu'offre la recherche. Les contraintes bureaucratiques et
juridictionnelles doivent céder le pas à l'urgence d'agir."
Nous demandons en conséquence que la loi prévoie la mise
sur pied d'un centre de recherche complet à partir de la
génétique forestière, des méthodes d'exploitation,
de l'utilisation complète de l'arbre, de la biomasse forestière,
de l'aménagement forestier, des épidémies d'insectes,
etc.
Nous vous soumettons d'autre remarques et suggestions que nous croyons
importantes sur certains autres articles de cet avant-projet de loi: Section 3,
construction et utilisation des chemins forestiers. Le ministre devrait
établir les normes de construction des chemins forestiers en tenant
compte de la circulation qu'il y aura et qui respectent un certain degré
de sécurité et de qualité, ce qui n'est pas toujours le
cas présentement. Nous demandons également que le transport lourd
soit sous l'autorité du ministère des Transports.
Présentement, la plupart des charges dépassent de beaucoup les
normes et cette situation met en danger la sécurité des
utilisateurs et celle des camionneurs eux-mêmes.
Article 31. Nous aimerions savoir si cet
article signifie qu'un seul bénéficiaire fera la coupe et
l'aménagement forestier. Sinon, nous demandons que cet article soit
changé pour qu'un seul bénéficiaire fasse la coupe de
toutes les essences comprises dans le même territoire, ainsi que
l'aménagement, et que les frais soient partagés au prorata di.
volume des essences forestières garanties à chacun des
bénéficiaires.
Ce sont là, messieurs de la commission, les commentaires que nous
avions à formuler sur cet avant-projet de loi et nous espérons
que son adoption, avec certaines modifications, se fasse dans les plus brefs
délais, ce qui sera sûrement un gros pas er avant face à
nos nombreux problèmes forestiers.
Tel que mentionné au départ, ces commentaires et ces
recommandations sont ceux des travailleurs forestiers qui sont membres de notre
fédération et qui se sont penchés à maintes
reprises sur les problèmes forestiers au Québec.
Ils seront heureux de participer à la mise en place d'un nouveau
régime forestier au Québec, mais il n'accepteront sûrement
pas que cela se fasse à leurs dépens. Leur coopération
sera acquise pour autant que l'État et surtout les employeurs forestiers
du Québec les considèrent comme la base de cette grande
industrie, si nécessaire à notre économie autant
nationale, provinciale que régionale, car un très grand nombre de
municipalités au Québec, et plus particulièrement dans les
régions périphériques, dépendent directement de la
forêt, et une forêt en santé signifie beaucoup pour eux. La
Fédération des travailleurs forestiers.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président. Je vous remercie, M. Duguay et M, le président
Guillemette. Bienvenue et j'espère que nous aurons des échanges
qui nous aideront à établir un meilleur régime
forestier.
Évidemment, si l'on propose quelque chose de semblable
aujourd'hui, c'est dans une approche d'utilisation polyvalente de la
forêt. Cela concerne ceux qui en profitent, qui vont se
récréer en forêt et également ceux qui y trouvent
des emplois. C'est votre préoccupation majeure et, je le comprends,
c'est votre mandat. Si nous le faisons, c'est pour cela. Nous le faisons pour
les employés actuels et ceux qui viendront plus tard.
Votre mémoire est orienté principalement du
côté des travailleurs, évidemment. C'est parfait et c'est
ce à quoi on s'attendait. Vous parlez un peu de concurrence avec
d'autres comme les coopératives forestières. Vous voudriez que
ces coopératives, lorsqu'elles travaillent dans un endroit où il
y une accréditation, soient soumises à la convention collective
existante. Voulez-vous m'expliquer comment vous pourriez faire cela d'une
façon légale, si c'est possible de le faire, à moins de
statuer sur les coopératives comme cela?
M, Duguay: En fait, ce que nous demandons, c'est qu'elles soient
soumises aux mêmes règles du jeu qu'un contractant ou qu'un
sous-contractant. Actuellement, l'employeur, le concessionnaire d'une
forêt ou le détenteur d'un permis de coupe demeure l'employeur des
travailleurs à l'emploi d'un contractant ou d'un sous-contractant. Quand
les coopératives travaillent dans le même sens,
c'est-à-dire quand les coopératives ont un contrat en tant que
contractant ou sous-contractant, nous disons qu'elles doivent être
soumises aux même règles du jeu que les autres. Les
employés, s'ils veulent agir comme contractants, doivent respecter
l'accréditation qui est là et ils doivent respecter les
employés qui ont des droits acquis.
J'étais présent lorsque la Conférence des
coopératives a présenté son mémoire la semaine
dernière. J'ai relu son mémoire après. Elle a
insisté énormément sur les droits acquis en ce qui
concerne ce qui se passe actuellement dans le secteur forestier au
Québec. Des droits acquis, cela n'est pas à sens unique. On
réclame également que, pour nos travailleurs qui ont des droits
acquis, on respecte également ces droits acquis. Si les droits acquis
doivent être respectés pour les membres des coopératives
forestières, ils doivent être également respectés
pour les travailleurs forestiers qui sont membres d'un syndicat quelconque.
M. Côté (Rivïère-du-Loup):
L'accréditation pour un membre d'une coopérative, faire partie
d'un syndicat, cela devrait être volontaire, comme chez vos membres.
Volontairement, ils vont former un syndicat et ils vont être
accrédités suivant les normes. Cela ne serait-il pas un peu
entraver la liberté que de dire: Vous allez obligatoirement faire partie
d'une accréditation syndicale?
M. Duguay: M. le ministre, ce dont on parle, c'est dans un
endroit où déjà les travailleurs ont une
accréditation, une convention collective de travail. À un moment
donné, une coopérative, peu importe le nom, obtient un contrat de
coupe et de transport pour la même compagnie et pour remplacer les.
mêmes travailleurs qui sont déjà accrédités.
On ne parle pas d'un territoire où il n'y a pas d'accréditation
et où il n'y a pas de convention collective de travail.
Là où il n'y a pas de convention collective de travail et
là où il n'y a pas d'accréditation, les
coopératives ont tout
privilège d'aller oeuvrer dans ce secteur. Mais ce que nous
disons et ce que d'autres syndicats vous diront également, c'est que,
lorsque le territoire est déjà accrédité,
déjà couvert par une convention collective de travail et qu'une
année ou l'autre la compagnie en question décide de confier son
exploitation forestière à une coopérative, à ce
moment-là, pour nous, il n'est pas question que les membres d'une
coopérative viennent remplacer nos travailleurs. Nous demandons tout
simplement que nos travailleurs continuent à faire leur travail. S'ils
veulent agir comme contractants ou sous-contractants, c'est leur
décision, leur problème.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce qui veut dire
que c'est le territoire qui est accrédité, puis tous ceux qui
vont travailler dans ce territoire-là devraient faire partie d'une
entité syndicale?
M. Duguay: C'est cela. Nous demandons qu'ils respectent les
organismes en place, comme nous les respectons lorsqu'il n'y a pas d'organisme
en place. Lorsque les coopératives font de l'exploitation
forestière pour ieur usine de transformation, on ne syndique pas ces
travailleurs, ils n'ont jamais été regroupés en syndicat.
On respecte cette façon d'agir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a dit à
maints endroits que les gens et coopératives travaillaient dans des
conditions de travail inacceptables comparés à des gens qui
bénéficient ou adhèrent à une entité
syndicale. Avez-vous constaté cela au cours de votre
expérience?
M. Duguay: À plusieurs reprises, M. le ministre, je l'ai
constaté. Peut-être que dans les dernières années il
y a eu une certaine amélioration, mais autour des années 1980,
1982, 1983 et dans l'année 1976, j'ai eu à visiter certains
chantiers coopératifs où nécessairement les conditions de
travail et les conditions de vie dans les camps, etc., étaient
inférieures à ce que nous négocions comme conditions de
travail et conditions de salaire pour les travailleurs forestiers en
général.
Les seuls endroits où il y avait un peu
d'homogénéité avec nos salaires et nos conditions de
travail, c'était les endroits où, parallèlement, les
chantiers coopératifs oeuvraient dans un secteur
accrédité, mais où ils avaient déjà
été implanté il y a plusieurs années et
côtoyaient des exploitations forestières de la même
compagnie. (20 h 30)
À ce moment-là, ils devaient en quelque sorte respecter
les règles établies. Ils négociaient leurs contrats avec
l'employeur en tenant compte de la convention collective existante. Mais, dans
les endroits où cela n'existait pas, les conditions de salaire et les
conditions de travail étaient très différentes et, au
point de vue de la santé et de la sécurité des
travailleurs, on mettait souvent la santé et la sécurité
des travailleurs en jeu dans certaines coopératives au
Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avez-vous
assisté à la présentation du mémoire des
coopératives, de la conférence des coopératives? Un de mes
collègues a posé cette question, mais il ne l'a pas avoué
aussi franchement que vous le faites. Vous souvenez-vous de cette question?
M. Duguay: Oui. Il ne l'a pas... M. Côté
(Rivière-du-Loup): Allez-y.
M. Duguay: Ils n'ont pas intérêt à l'avouer
de la même façon que nous le voyons. Pour ce qui est de la
plantation, je pense qu'ils ont avoué que, dans certaines circonstances,
ils donnaient des conditions de travail inférieures à ce qui
pouvait se donner normalement. C'était dans la partie des 50 % ou des
soumissions sont émises.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne voudrais pas
reprendre le débat, mais connaissez-vous des coopératives qui
sont syndiquées?
M. Duguay: Non, je n'en connais pas, sauf une dans le Nord-Ouest
québécois. Une décision d'un commissaire du travail l'a
obligée à respecter les droits acquis de la convention collective
existante, soit l'accréditation. Il y a une seule jurisprudence à
ce niveau.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais c'est la
raison pour laquelle vous avez perdu l'accréditation dans le parc, quand
Domtar s'est retirée et qu'il y a eu un autre exploitant par la
suite.
M. Duguay: Non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela n'a pas
été reconnu
M. Duguay: Non, ce n'est pas une coopérative...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas une
coopérative, mais vous avez perdu l'accréditation.
M. Duguay: Disons que notre syndicat n'était pas en cause;
c'était un syndicat affilié à la CSN.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous le citez dans
votre mémoire.
M. Duguay: Oui, ce sont des cas qu'on ne voudrait pas voir se
répéter avec un éventuel régime forestier. Tout
simplement, on vous le cite à titre d'exemple, pour que cela ne se
répète pas à l'avenir. Ce n'est pas parce que... On asuivi avec un très grand intérêt le débat sur
cette accréditation, mais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le parc,
probablement que les délais étaient expirés. C'est
peut-être pour cela que l'accréditation est tombée.
M. Duguay: Ce n'est pas la raison. C'est plutôt parce que
la compagnie a changé d'employeur. La concession forestière
appartenait à Domtar. On a rétrocédé la concession
forestière et on a accordé un permis d'approvisionnement à
M. Leduc qui a continué l'exploitation forestière à peu
près dans le même territoire. Mais, comme l'accréditation
prévoyait que c'étaient les travailleurs forestiers de la
compagnie Domtar qui étaient couverts par elle, le débat a
été très long; il s'est rendu en Cour d'appel et il a
gravi tous les échelons du Code du travail.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avant de
céder la parole à l'un de mes collègues, je voudrais vous
dire, relativement au mesurage, que nous vérifions de 2 % à A %,
disons 3 %, du volume coupé au Québec. On voudrait
peut-être en faire plus, mais est-ce que vous voulez aller plus loin que
la vérification des mesurages qui se font? Voulez-vous que le
ministère fasse tout le mesurage de tous les bois coupés, sous
quelque forme que ce soit, que ce soit en bois rond ou en copeaux, que le
ministère se charge du mesurage? Mais qui paiera la note?
M. Duguay: Le coût du mesurage sera imposé aux
utilisateurs des forêts du Québec. Cela revient au même.
Actuellement, ils ont des systèmes de mesurage et ils sont
obligés de payer leurs mesureurs. À ce moment-là, c'est le
ministère qui le ferait et non les utilisateurs.
Ce que nous trouvons injuste dans le système actuel, c'est que
vous dites qu'on vérifie environ 2 % à 4 % et, pour nous, c'est
insuffisant. Dans le passé, on avait un système de
vérification par le ministère des Terres et Forêts du temps
qui permettait à tout travailleur insatisfait de son mesureur, de
recourir au vérificateur du ministère des Terres et Forêts
d'alors. Mais, aujourd'hui, cela n'existe plus et on ne vérifie que ce
qu'on veut bien vérifier. On ne fonctionne plus sur plainte.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oh! J'ai
l'impression que cela existe encore, sauf que parfois on déplace le bois
plus rapidement. Mais c'est dans les chantiers où on mesure beaucoup
d'arbres en longueur et on les mesure au diamètre plutôt que de
les mesurer comme avant, au p.m.p., à la corde.
M. Duguay: Je suis bien d'accord, M. le ministre. Vous
vérifiez pour vous assurer que les données qu'on vous transmet
pour les droits de coupe sont bonnes. Mais vous ne vérifiez plus le
mesurage bille par bille, ce qui constitue la paye des travailleurs
forestiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais
vérifier cela, M. Duguay. Je cède la parole à M. le
Président pour l'instant.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
votre organisme pour la présentation de votre mémoire, puisqu'il
touche l'impact sur les relations du travail, le tout se rapportant au
régime forestier, qui a été déposé, le 19
juin dernier, par le ministre délégué aux Forêts.
Les modifications au régime forestier, et plus particulièrement
celles touchant la remise en production du territoire vont sûrement avoir
des impacts sur l'organisation du travail en forêt, comme vous l'avez
d'ailleurs souligné dans votre mémoire. On constate que ces
impacts seront assez négatifs par rapport à ce qui existe
actuellement. Cela concerne la question d'adaptation des procédés
de récolte, la définition du territoire d'allocation et surtout
l'abolition des limites des concessions forestières prévue dans
l'avant-projet de loi, abolition avec laquelle nous sommes d'accord, nous de
l'Opposition, surtout que ces concessions forestières existent depuis de
trop nombreuses années.
Il avait été mentionné dans le livre blanc qu'on
devait procéder à la création d'un groupe
interministériel dans le but d'étudier le travail en forêt.
On sait que ce groupe a été mis en place par l'ancien
gouvernement et qu'il est maintenu par le gouvernement actuel. Par contre, nous
n'avons, du côté de l'Opposition et probablement de votre
côté, puisque vous avez présenté un mémoire
qui ne le confirme pas, aucune information sur les résultats de ce
comité interministériel quant à la question des
travailleurs en forêt. Bien sûr, dans votre mémoire, vous
mentionnez que, sur certains points, l'avant-projet de loi ne correspond pas au
programme du parti lorsqu'il avait été annoncé.
Là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord. De plus, il faut dire que,
contrairement à ce qu'on avait laissé entendre dans le
passé, il y a plusieurs
éléments qui ne sont pas inclus dans le projet de loi. On
peut parler de la création d'un conseil consultatif sur la recherche
forestière. D'ailleurs, j'ai souligné que l'avant-projet de loi
n'incluait pas non plus une étude ou encore une position précise
se rapportant au régime forestier versus les relations du travail et la
formation des travailleurs et travailleuses de la forêt.
Vous mentionnez à la page 2 de votre mémoire: "Cela
étant dit, messieurs de la commission, nous allons, dans les pages qui
vont suivre, vous faire part de nos préoccupations et de nos
suggestions, car dans l'avant-projet de loi qui nous est
présenté, la main-d'oeuvre ne semble pas faire partie du
décor...". Je mentionnais que je l'avais souligné, mais je
voudrais signaler le fait que, dans le rapport du groupe Dulude de 1982,
commandé par l'ancien ministre Marois, et dont vous avez certainement
obtenu copie, ou vous avez au moins eu la chance de le consulter, il est
mentionné, à la page 60, ce qui suit: "Les membres du groupe de
travail ont plutôt perçu chez leurs interlocuteurs une
préoccupation surtout axée sur le développement
économique de la ressource faisant généralement
abstraction d'un souci d'harmonisation des relations du travail et des
questions relatives à la main-d'oeuvre. Somme toute, ces
différents aspects relatifs au travail en forêt ne semblent pas
être perçus comme étant de la compétence du
ministère de l'Énergie et des Ressources et de ses
représentants. Plus précisément, on semble concevoir les
relations du travail comme étant strictement l'affaire des intervenants
en forêt, soit l'entreprise et les travailleurs et leurs organisations."
En fait, c'est le groupe de travail Dulude qui mentionne cela dans son
mémoire.
Voici la question que je voudrais vous poser, puisqu'il est question du
ministère de l'Énergie et des Ressources et de ses
représentants. Est-ce que vous avez l'impression qu'actuellement ou
depuis un certain nombre de mois, le MER a une plus grande sensibilité
face aux aspects relatifs au travail en forêt concernant les travailleurs
et travailleuses qui sont reliés au travail en forêt?
M. Duguay: Je pense que cette sensibilisation, on l'a
peut-être sentie un peu plus depuis la parution de l'avant-projet de loi,
alors qu'on a rencontré le ministre à deux reprises. Il y a eu un
comité informel qui a siégé il y a environ trois semaines
sur la possibilité d'analyser la formation de la main-d'oeuvre
quantitativement et qualitativement. Depuis peut-être un mois et demi, on
sent une préoccupation plus grande du ministère de
l'Énergie et des Ressources en ce qui a trait à la main-d'oeuvre.
Nous espérons que cette sensibilisation s'accen- tuera.
M. Perron: Est-ce que des contacts ont été
établis entre votre organisme qui représente les travailleurs
forestiers ainsi que le ministère du Travail se rapportant à
certaines améliorations au Code du travail en vue justement de permettre
des améliorations à même l'avant-projet de loi que nous
avons devant nous?
M. Duguay: Non, il n'y a eu aucune discussion avec le
ministère du Travail jusqu'à maintenant sur l'avant-projet de loi
pour certaines modifications au Code du travail advenant un changement au
régime forestier. Nous espérons et comptons également sur
le ministère de l'Énergie et des Ressources pour demander au
ministre du Travail de voir à apporter les modifications. Nous croyons
que le ministère de l'Énergie et des Ressources est bien
placé pour passer cette commande au ministère du Travail.
M. Perron: Je peux vous dire que, quant à nous, nous
appuyons entièrement les dernières paroles que vous venez de
mentionner. Nous espérons, tout comme vous, que le ministère de
l'Énergie et des Ressources, par le biais du ministre
délégué aux Forêts, puisse faire en sorte que le
ministre du Travail se rende compte, dans de très courts délais,
qu'il faut apporter des amendements au Code du travail par le biais de la
future loi pour permettre justement de régler un problème qui
existe ou qui existera éventuellement au cours des prochaines
années.
D'autre part, à la page 12 de votre mémoire, vous
mentionnez le rapport Beaudry sur les conditions de travail en forêt. Je
voudrais vous poser une question sur cette partie-là. Je cite: "Compte
tenu des nombreuses demandes faites à la Commission consultative sur le
travail et du rapport d'étape du groupe de travail sur l'exploitation
forestière, que le ministre du Travail ouvre, dans les plus brefs
délais possible, une enquête sur l'ensemble des activités
en forêt."
Vous avez mentionné tout à l'heure que, selon vos
connaissances, il n'y avait aucune enquête - à moins que je ne me
trompe, je ne voudrais pas induire en erreur les membres de la commission ou
vous-même - d'entreprise puisque, dans votre mémoire, vous
mentionnez qu'il devrait y avoir une enquête.
Est-ce que dans ce cas précis se rapportant à la
recommandation faite par les représentants de la commission Beaudry,
vous avez établi des contacts, ne serait-ce les plus minimes, avec le
ministère du Travail et se rapportant à cette question
précise soulevée par le rapport Beaudry lui-même?
M. Duguay: Non. Nous avions, à l'occasion de la rencontre
avec le ministère de l'Énergie et des Ressources, soulevé
ces points. Nous avons rencontré M. Duhaime du temps qu'il était
ministre de l'Énergie et des Ressources et ensuite M. Jolivet lorsqu'il
a été ministre délégué aux Forêts -
nous l'avions rencontré à Chicoutimi - nous avons soulevé
ces points. Nous sommes toujours restés dans la même ligne de
pensée. Nous pensions que le ministère de l'Énergie et des
Ressources avait la possibilité ou, du moins, le pouvoir de demander au
ministre du Travail de remplir les recommandations du rapport Beaudry. C'est
pour cela que nous n'avons jamais fait de démarche auprès du
ministère du Travail comme tel, pour !es mêmes raisons qu'on vous
a données tout à l'heure.
M. Perron: Une dernière question pour le moment en ce qui
me concerne. À la page 4, vous mentionnez: "Nous recommandons
également que le rôle des coopératives forestières
soit défini dans la prochaine loi lorsqu'elles interviennent comme
contractantes pour une compagnie forestière où il y a
déjà une accréditation et des travailleurs en place ou sur
une liste d'attente." Est-ce que votre syndicat a entrepris, à la suite
ou avant l'avant-projet de loi, des consultations avec les coopératives
forestières et avec le ministère de l'Énergie et des
Ressources ou encore avec le ministère du Travail parce qu'il est
toujours question du ministère du Travail et du ministère de
l'Énergie et des Ressources... Selon ce que je peux comprendre par
rapport à ce que vous venez de dire, vous préférez de loin
que ce soit le ministère de l'Énergie et des Ressources qui
intervienne auprès du ministère du Travail pour faire en sorte
que cela se fasse plutôt que vous-même intervenir auprès du
ministère du Travail ou du ministre du Travail. (20 h 45)
M. Duguay: Oui, c'est la même réflexion, M. le
député de Duplessis. Nous préférons que ce soit le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui intervienne dans ces
cas-là pour définir aux coopératives forestières
quels sont leurs rôles. Nous savons que depuis, même le
gouvernement précédent et l'actuel, ont tendance à
favoriser les coopératives forestières. On n'a rien contre cela.
Nous savons qu'actuellement elles ont une cote d'écoute très
forte au niveau de l'aménagement forestier, de la production de plants.
Encore là, nous croyons qu'elles font un bon travail. Mais nous ne
voulons pas les voir intervenir comme contractants lorsqu'elles viennent
brouiller les cartes dans les opérations forestières là
où il y a déjà des accréditations et des structures
en place.
M. Perron: Merci, pour le moment.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député de Viau.
M. Cusano: Merci. Une petite question. M. Duguay, vous avez
mentionné tout à l'heure qu'un certain travail exigé par
les coopératives mettait en danger la santé et la
sécurité des travailleurs. Ma question aurait deux volets.
Premièrement, pourriez-vous préciser cette question de danger au
travail et, deuxièmement, avez-vous des statistiques pour appuyer cette
affirmation?
M. Duguay; Quand j'ai mentionné cela tout à
l'heure, M. le député, j'ai mentionné que c'était
il y a quelques années. J'étais allé visiter les
exploitations forestières. J'avais constaté que très peu
de travailleurs portaient leur casque de sécurité, ce qui
était obligatoire pour toutes les compagnies forestières, sauf
les coopératives. Très peu portaient des genouillères pour
se protéger contre les accidents de scie mécanique. Certains ne
portaient pas non plus de bottes avec une protection spéciale pour les
objets lourds qui peuvent tomber sur les pieds. C'est la constatation que
j'avais faite entre 1978 et 1980.
Depuis quelques années, je vais un peu moins dans les
exploitations forestières. Je ne peux pas vous l'assurer, mais je pense
qu'il y a eu amélioration de ce côté. À ce moment,
j'avais trouvé un peu pénible cette situation et je l'avais
signalée à certains dirigeants de coopératives.
M. Cusano: Merci. C'est tout.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Dans votre document, vous faites mention de
gens qui depuis un laps de temps pas tellement long, mais quand même
assez long, ont été obligés d'acheter de façon
presque obligatoire de la part des compagnies productrices de bois de grosses
machines. Je pense qu'il y a eu une enquête, un document qui est sorti
sur cela -je ne sais pas si c'est vous autres qui en étiez responsables
- qui indiquait un peu ce qui en était. J'ai plusieurs cas dans mon
propre comté. On a de la difficulté à regrouper ces gens
qui ont subi quand même des pressions. Il y en a qui sont acculés
à la faillite. D'autres ont été tellement pris à la
gorge qu'avec les conflits qui ont existé, cela a amené beaucoup
de difficultés. Y a-t-il un document qui compile un peu ce qui se passe
dans le Québec pour ces gens?
M. Duguay: Non. J'avais participé à une
enquête en 1976-1977 dans le cadre du
Conseil de la main-d'oeuvre forestière qui existait à ce
moment. On avait visité un certain nombre de compagnies au
Québec, rencontré les travailleurs afin de connaître un peu
pourquoi un gars s'achetait une machine, etc. Malheureusement, cette
enquête n'a jamais eu de rapport parce que le Conseil de la main-d'oeuvre
a été aboli. C'est resté sur les tablettes. Il n'y a
jamais eu de rapport à la suite de ces questionnaires qu'on était
allé remplir avec les travailleurs en forêt, chez les compagnies,
CIP, Consolidated, partout dans la province.
M. Jolivet: Êtes-vous au courant s'il y a eu des
difficultés à remplir ces documents parce qu'il y en a plusieurs
qui avaient peur de répondre à ces questions?
M. Duguay: Au moment où on les a remplis, non, nous
n'avions eu aucune difficulté. Il y avait une disponibilité.
Même, dans certains endroits, les compagnies coopéraient et nous
donnaient des locaux pour rencontrer les travailleurs en toute quiétude
et sans qu'ils aient à se préoccuper de ce qui pourrait survenir
après.
M. Jolivet: D'accord. Dans les conditions de travail dont vous
faisiez mention tout à l'heure, il y a l'ensemble des travailleurs
forestiers qui vont à ce qu'on appelle la coupe d'abord, mais il y a
tous les autres - vous avez certainement des statistiques sur ceux-là -
qui souvent nous font mention des problèmes qu'ils ont avec de petits
entrepreneurs pour la préparation du terrain, la partie plantation. Je
ne parlerai pas des coopératives pour le moment. J'y reviendrai. Je
parle des autres contrats qui sont donnés en forêt à des
sous-contractants, par de grosses compagnies dans bien des cas. Dans d'autres
cas, par des formules de soumissions.
M. Duguay: Disons que particulièrement dans les
territoires où nous avons des accréditations syndicales, il y a
très peu de travailleurs qui font de la plantation présentement.
Il y en a un peu quand même qui se fait et il y a beaucoup de
travailleurs qui nous rencontrent pour nous mentionner leurs conditions de
travail qu'ils trouvent inacceptables, disant qu'ils sont quand même
obligés de travailler pour gagner leur vie. Dans certains cas, c'est un
pis-aller, ce qu'on a toujours vécu en forêt, en fait. C'est ce
qu'on voudrait qui change. Mais, présentement, avant que le nouveau
régime forestier entre en vigueur, il y a très peu de
travailleurs dans notre juridiction qui font de la plantation ou de la
préparation de terrain.
M. Jolivet: Est-ce que vous ne croyez pas, justement, qu'une des
transformations que va amener le régime forestier va demander aux
travailleurs, s'ils veulent avoir un laps de temps plus long en forêt,
d'agir non seulement, maintenant, sur la partie coupe - là, je fais
allusion au fait que la grosse machinerie qui va peut-être, dans certains
cas, devenir une moyenne machinerie ou une petite machinerie - mais sur
d'autres genres de travaux que de travailler au "tumberjack" ou avec d'autres
grosses machines comme celle-là; donc, cela peut aller de la
préparation de terrain, plantation, travaux de coupe et ce qui s'en
suit?
M. Duguay: Oui, je pense que nous le mentionnons dans notre
mémoire. C'est que le travail d'aménagement forestier soit
complémentaire à l'exploitation forestière;
c'est-à-dire que nous demandons que les travailleurs en place soient
d'abord formés pour être - appelons cela ainsi - des
aménagistes forestiers ou des travailleurs sylvicoles, peu importe le
terme; mais c'est un peu la raison qui a motivé la rencontre que nous
avons eue dernièrement pour essaver de voir quelle était la
formation nécessaire afin que nos travailleurs forestiers soient en
mesure, lorsque le nouveau régime forestier sera mis en place,
d'accomplir le travail qui sera exigé d'eux.
M. Jolivet: La question qui va se poser pour les grosses
industries forestières, maintenant - parce qu'il faut revenir à
celles-là - c'est que la main-d'oeuvre qu'elles peuvent employer, soit
par l'intermédiaire de certaines coopératives dans certains cas,
soit par des formules de sous-contractants ou par rapport à ceux qui
sont syndiqués... Parce que dans la question que vous posez, vous dites.
Si un autre employeur vient dans le secteur nouvellement réunifié
ou changé, que l'accréditation soit automatiquement, avec
convention collective, transportée chez l'employeur. Est-ce que vous ne
croyez pas qu'il y aurait certaines difficultés pour des employeurs de
pouvoir y arriver, compte tenu des conditions de la convention collective, des
salaires à être payés, alors que, dans certains cas, ils
peuvent l'avoir par des sous-entrepreneurs et par des coopératives
à meilleur coût?
M. Duguay: La difficulté va sûrement survenir. Il
n'y a aucun doute là-dessus Les compagnies forestières
préféreraient j'espère que c'est non - ne plus avoir
d'accréditation au Québec et être capables de faire ce
qu'elles veulent avec la main-d'oeuvre. C'est peut-être leur plus grand
désir, mais j'espère que cela ne se réalisera pas. Il ne
faudrait pas que, par un nouveau régime forestier, on leur donne
l'occasion justement de réaliser cette chose.
Pour ce que vous mentionnez, il nous apparaît clair que le
territoire qui est
accrédité devrait le demeurer, et la compagnie qui reprend
les opérations forestières, généralement, demeure
dans le même secteur d'activité. Il y a le sciage et les
pâtes et papiers. Aujourd'hui, de plus en plus, on vise une
égalité dans les salaires ou dans les conditions de travail. Or,
s'il existait déjà une usine de sciage et qu'elle avait des
conditions de travail dans lesquelles elle pouvait être concurrentielle
malgré tout cela, nous ne voyons pas pourquoi une autre industrie de
sciage qui arriverait ne pourrait pas être concurrentielle.
M. Jolivet: Dans le passé, lorsqu'il y a eu les
premières rétrocessions de concessions forestières, il y
avait des gens qui travaillaient pour des organismes syndicaux dans ce milieu.
Quand il y a eu le transfert, l'histoire nous a appris que ces gens sont
disparus du secteur et que d'autres sont venus les remplacer. Ce que vous
demandez, en fait, c'est un changement radical de cette mentalité.
M. Duguay: Oui. Si je prends l'exemple qu'on donne dans notre
mémoire pour ce qui est de la compagnie Price, à Rimouski, ce
sont exactement les mêmes travailleurs qui continuent à faire
l'exploitation forestière pour ce qu'on appelle la scierie Métis
aujourd'hui. II n'y a eu aucun changement de main-d'oeuvre, il y a seulement eu
rétrocession. Le ministère a accordé une garantie
d'approvisionnement à la scierie Métis dans le même
territoire et au même endroit, mais les commissaires du travail ont
décidé que le syndicat en place n'était plus
accrédité.
Dans la région de Québec, c'est un peu différent,
sur la rivière Jacques-Cartier, là où c'était... Il
y a eu peut-être un petit changement de secteur de coupe, la destination
des bois n'était plus la même. Mais, pour ce qui est de Rimouski,
la compagnie Price, c'était exactement la même chose qui se
faisait.
M. Jolivet: Quand on est plus éloigné dans la
forêt, on arrive à des camps forestiers... Je vais parler de mon
coin, Windigo, le camp Jean-Pierre ou des choses semblables. Parce qu'on est
éloigné dans le territoire avec les formulés de convention
collective pour les sept jours, pour le transfert à la maison avec les
congés, dans la mesure où vous mettez 72 kilomètres, si
j'ai bien compris, de distance entre la dernière municipalité -
et cela ne veut pas dire nécessairement la ville d'où provient
l'industrie parce qu'il peut y avoir un secteur d'asphalte de 20
kilomètres à faire - ne croyez-vous pas que cela va obliger
à mettre en forêt plus de camps qu'on en a actuellement et qu'il
peut y avoir un danger additionnel que les compagnies, au lieu d'installer des
camps, insistent plutôt pour désyndiquer leur monde, si je peux
employer le terme?
M. Duguay: Désyndiquer, encore là, j'espère
que non. En fait, ce que nous voulons, c'est le bien-être et le confort
du travailleur. Un individu qui a à parcourir des distances aussi
grandes que 72 kilomètres, c'est déjà passablement loin
dans le chemin que vous connaissez, M. Jolivet.
M. Jolivet: Oui.
M. Duguay: Alors, pour nous, s'il n'y a même pas
compensation, nous croyons qu'il y a de la place pour compenser, d'une certaine
façon, le travailleur. 72 kilomètres, je crois que c'est
déjà quand même une distance très appréciable
pour que l'individu se transporte chez lui soir et matin. C'est justement
pourquoi l'on demande que le ministère établisse des
règlements à ce niveau et, bien sûr que les travailleurs...
C'est le cas dans certaines régions présentement, les
travailleurs, à cause de la très grande distance, s'organisent
des campements de fortune et mettant leur santé et leur
sécurité en danger en demeurant dans ces camps de fortune. J'ai
actuellement en mémoire le cas de deux travailleurs forestiers dans la
région de Roberval qui sont morts asphyxiés dans un minibus, un
autobus de transport scolaire qui avait été
réinstallé en forêt et dans lequel on avait installé
un Delco. Il y eut une émanation de gaz et les deux gars, en allant
dîner ou manger le soir à minuit, sont
décédés. On les a retrouvés seulement le lendemain
matin.
Ce sont des choses qu'on voudrait éviter. On voudrait
éviter également des rapports comme on en a vus de la CSST qui
nous montraient des camps de fortune, avec des toilettes de fortune, où
oblige le travailleur à manger des choses qui, pour son travail, ne sont
sûrement pas salutaires. On sait qu'un travailleur forestier
dépense beaucoup d'énergie et qu'il a besoin d'une nourriture
très bonne autant en quantité qu'en qualité. C'est pour
cela que nous souhaitons et que nous espérons qu'il y ait un changement
à ce sujet et qu'on réinstalle les camps forestiers dans des
endroits accessibles et où c'est possible, et non pas à des
distances de 100 kilomètres ou 125 kilomètres du lieu de
résidence. C'est pour cela qu'on met un maximum de 72 kilomètres.
Comme vous l'avez mentionné tout à l'heure, cela peut vouloir
dire pour d'autres individus 100 kilomètres, 72 kilomètres, parce
que tous les travailleurs forestiers ne résident pas dans la même
municipalité.
M. Jolivet: Une dernière question. À la page 15,
vous parlez de la construction et de
l'utilisation des chemins forestiers. Vous dites: Le ministre devra
établir les normes de construction des chemins forestiers en tenant
compte, etc. Je ne lirai pas tout. Il y a toujours une difficulté pour
un ministre quelconque de mettre des normes dans la mesure où il se rend
responsable d'un chemin où il ne participe souvent que par l'aide d'une
subvention. Je m'explique en disant que les ministères n'ont pas
intérêt, quels qu'ils soient et de quelque gouvernement que ce
soit, à avoir davantage de chemins à entretenir. Souvent, les
gens disent: Vous avez commencé à travailler dedans et vous avez
mis des normes, vous allez payer pour. On sait très bien qu'il y a
peut-être de la part des entreprises la construction d'un chemin, si l'on
parle du grand chemin principal d'accès aux plateaux de coupe ou encore
des chemins secondaires... J'aimerais vous entendre parler davantage sur la
façon dont vous voyez l'implication d'un ministère qui, en
l'occurrence, pour vous, est le ministère de l'Énergie et des
Ressources, secteur forêts. J'aimerais savoir davantage comment vous
voyez cela. Le danger qu'il y a toujours, c'est que le ministère vous
dise: Écoutez, moi, je ne veux avoir aucune responsabilité. Je
veux quand même fournir une aide de subvention même si on sait
qu'actuellement, en ce qui concerne le fédéral, la personne
responsable de la surveillance des dépenses publiques a dit que plus
jamais le fédéral ne devait investir dans les chemins pour
laisser cela aux compagnies. J'aimerais un peu connaître votre
opinion.
M. Duguay: Plus particulièrement, si vous dites que le
ministère donne des subventions pour la confection des chemins
forestiers, je pense qu'avec ces subventions il pourrait poser certaines
exigences en ce qui a trait aux courbes, aux pentes, etc. Aujourd'hui, c'est
une circulation très dense qu'il y a sur les chemins forestiers. Le
dravage est un moyen de transport en voie de disparition dans bien des
régions. Alors, on se tourne du côté du transport par
camion. (21 heures)
II faut penser qu'une circulation très lourde se fait sur les
chemins où l'on fait le transport par camion. En plus, il y a les
travailleurs forestiers qui se déplacent pour aller à leur lieu
de travail. Il y a des chemins forestiers qui, aujourd'hui, sont très
bien organisés. Les courbes et les pentes sont bien pensées et
ont été bien tracées. Par contre, il y en a trop encore,
malheureusement, qui sont presque des tueries pour les travailleurs qui ont
à les fréquenter ainsi que pour les camionneurs eux-mêmes.
Il y a des camionneurs qui se promènent sur ces routes avec de
très grosses charges parce que, de plus en plus, on grossit le camion et
l'on grossit la charge. C'est un peu comme dans toute chose, même si on
dit qu'on va acheter un gros camion pour être un peu plus à l'aise
sur la route. On grossit la charge, on élargit à nouveau la
portée de la charge et on en met plus sur la longueur et les chemins
sont très dangereux. C'est pour cela que l'on veut qu'il y ait une
législation dans ce domaine. Il n'y a pas d'année qui
s'écoule sans qu'il y ait des morts sur les routes forestières,
au Québec. Je pense qu'il faut en être conscient. Le
ministère devrait légiférer dans ce domaine.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. Duguay, vous
soulevez dans votre mémoire deux questions qui ont déjà
été soulevées par un autre intervenant, notamment
l'Association des manufacturiers de bois de sciage, c'est-à-dire la
question des unités d'accréditation et la formation de la
main-d'oeuvre.
En ce qui concerne les unités d'accréditation, est-ce que
vous pourriez expliquer davantage ce que devraient être les unités
d'accréditation et les conséquences de garder le statu quo pour
faire des changements?
M. Duguay: Pour ce qui est de l'unité
d'accréditation, certaines conventions collectives ou certaines
accréditations existant en forêt sont très bien pourvues,
si vous voulez, sur le plan de la loi. Elles sont larges au point de vue de
l'application.
Par contre, certaines autres accréditations sont
délimitées par des cantons. On accorde une accréditation
pour une compagnie quelconque délimitée par des cantons où
elle doit faire son exploitation forestière.
Il est bien sûr que l'on ne voudrait pas profiter d'une commission
parlementaire pour demander au ministre d'élargir l'accréditation
Si les travailleurs le désirent, ils le feront. Ce que nous voulons
cependant, c'est que les accréditations qui sont définies par
canton ou par territoire demeurent définies par territoire, mais, s'il y
a un changement d'utilisateur, qu'elles restent en place.
Pour ce qui est des autres accréditations dont je vous ai
parlé, elles ne représentent effectivement pas tellement de
problèmes, étant donné la largeur de leur champ
d'application. Je peux vous donner un exemple. La compagnie Price, pour tous
les travailleurs à son emploi - travailleurs au sens du Code du travail
- et pour l'approvisionnement d'une usine quelconque,
une usine à Alma, une usine ici ou une usine là, je pense
qu'une accréditation de ce genre ne complique pas la situation pour ce
qui est d'un changement de territoire de coupe parce qu'elle n'est pas
rattachée à un territoire, justement. Elle est rattachée
à l'approvisionnement d'une usine. Elle est rattachée à
l'approvisionnement d'une entreprise. Même si l'entreprise change de nom,
on sait que l'article 45 s'applique et, à ce moment-là, il n'y a
pas de problème.
M. Ciaccia: En ce qui concerne la formation de la main-d'oeuvre,
vous parlez du reboisement, pourriez-vous nous dire ce que vous attendez du
gouvernement? Parlez-vous uniquement de la formation de la main-d'oeuvre ou si
vous parlez aussi d'une qualification?
M. Duguay: Je pense que les deux sont incluses. Quand on parle de
formation, c'est bien clair que cela amène une qualification
supplémentaire de la main-d'oeuvre. Pour la formation de la
main-d'oeuvre, il est clair dans notre esprit que l'on ne voudrait plus que se
répète ce qui a été longtemps fait dans le
passé: un travailleur forestier fait quelque chose parce que le
contremaître lui dit de le faire ou parce que la compagnie lui dit de
faire telle chose. Pour nous, c'est plus important que cela, surtout lorsqu'on
va vers un nouveau régime forestier et que l'on va demander à des
travailleurs d'être, comme le terme que j'ai mentionné tout
à l'heure, des aménagistes. On veut savoir pourquoi ils vont
faire telle chose et eux veulent savoir pourquoi ils vont faire telle chose.
Alors, on veut qu'ils soient formés dans ce sens-là.
Evidemment, cela va impliquer également... Là, on parle
seulement des travailleurs que l'on représente et des travailleurs qui
ont un emploi actuellement, mais cela va aussi concerner le ministère de
l'Éducation et à partir du secondaire on devra avoir des moyens
de former des travailleurs ou à tout le moins de les informer de ce
qu'est la forêt, ce qui n'a pas été fait souvent par le
passé. Je ne sais pas si je répands bien à votre question,
M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Charbonneau); Cela va? M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Combien y a-t-il
maintenant de travailleurs forestiers syndiqués au Québec?
M. Duguay: À mon avis il reste à peine 8000
employés syndiqués au Québec en forêt. Je suis
peut-être un peu...
M. Desbiens: Quel pourcentage?
M. Duguay: Sans jeu de mots, je suis peut-être un peu
libéral. On parle d'environ 65 % de travailleurs syndiqués dans
le secteur de l'exploitation forestière. Ce qui est très fort
comme pourcentage comparativement à l'ensemble du Québec,
M. Desbiens: Ma question porte surtout sur le reboisement. Vous
parlez beaucoup des reboiseurs et des reboiseuses qui font aussi ce travail,
j'ai constaté cela. Une partie des plantations est accordée aux
coopératives à 50 % directement par le ministère et le
reste par soumissions. Certains petits entrepreneurs présentent des
soumissions et ces contrats sont accordés évidemment à des
prix très bas et ce que le regroupement des coopératives nous a
dit la semaine dernière, c'est que le contrat étant
accordé à des montants très bas, soit 0,10 $, 0,11 $ le
plant, c'est beaucoup trop bas pour assurer une rentabilité à
l'entreprise ou à la coopérative d'une part, et d'autre part,
pour donner des conditions de travail, un minimum, à ces travailleurs et
travailleuses. Êtes-vous d'accord avec ce que le regroupement des
coopératives a énoncé à ce sujet?
M. Duguay: Ce que l'on peut dire à ce sujet, c'est qu'il
faut absolument que le ministère de l'Énergie et des Ressources
s'organise pour que les personnes qui ont à faire du reboisement, que ce
soit par le biais des coopératives ou 50 % par soumissions, ou encore
par le biais des entrepreneurs... Il faut que cela se fasse dans le respect des
travailleurs qui le font. Pour cela, nous ne croyons pas que la formule de
soumissions -et je rejoins un peu ce qui a été dit la semaine
dernière et le ministre a été en partie d'accord sur cette
position des coopératives... Ce n'est pas en allouant des contrats sur
une base annuelle que l'on va faire progresser ce genre de travail. On ne peut
pas se permettre, même s'il y a urgence ou s'il y a des problèmes
dans le reboisement au Québec, de faire faire cela au noir ou encore par
le "cheap labour". Il faut que le travail soit bien exécuté et
j'ai souvent dit que c'était un encouragement à la
médiocrité que de faire faire des travaux à un aussi bas
prix alors que, dans bien des cas, les travailleurs, la seule sortie qu'ils
ont, c'est de camoufler des arbres qu'ils ne plantent pas. Cela s'est fait et
je ne suis probablement pas le premier à le dénoncer, mais
lorsqu'on a seulement ce moyen pour se faire un salaire viable, il faut
à ce moment-là réagir et s'organiser de façon que
cette situation change et que l'on donne les possibilités à ces
travailleurs de vraiment avoir le salaire qu'ils méritent pour les
encourager à faire un travail pour lequel ils auront à se
féliciter plus tard et non pas à camoufler des centaines d'arbres
dans des endroits où le contremaître ne pourra pas
les trouver, pour avoir à la fin de la journée un salaire
décent.
M. Desbiens: Est-ce que vous croyez que ce seul
élément de contrat sur une période de trois ans peut
résoudre le problème? Le cas échéant, le montant
alloué par le ministère pour la plantation de chaque plant
serait-il suffisant?
M. Duguay: Non, il ne serait certainement pas suffisant.
Qu'importe qu'on l'alloue sur une période de trois ans, celui qui a le
contrat n'a pas le prix pour le faire. Il va continuer à payer ces gens
à un salaire ridicule. Je pense que cette politique doit être
révisée et qu'on devrait établir des barèmes. Dans
notre mémoire, on dit que ces travailleurs devraient recevoir le salaire
équivalent à celui d'un travailleur en forêt. Je pense
qu'ils le méritent bien quand on sait dans quelles conditions ils font
la plantation, les grandes parties qu'ils ont à parcourir et les marches
qu'ils ont à faire dans des conditions... On connaît le terrain du
Québec, on n'est sûrement pas dans le Sahara quand on plante des
arbres, donc c'est très difficile dans tous les domaines.
M. Desbiens: Je comprends que la situation décrite par les
chantiers coopératifs la semaine dernière, est exacte. Vous
corroborez donc ce qu'ils nous ont dit. Au moins tout de suite, quelque chose
pourrait être modifié; les 50 % alloués par le
ministère de l'Énergie et des Ressources pourraient l'être
à des prix supérieurs immédiatement.
Vous avez dit tantôt que vous avez travaillé durant quelque
trois semaines dans un comité avec le cabinet du ministre ou avec le
ministère de l'Énergie et des Ressources sur le livre blanc pour
l'avant-projet de loi.
M. Duguay: Non.
M. Desbtens: Ce n'est pas cela? Vous n'aviez pas un comité
consultatif?
M. Duguay: Non, on a rencontré le ministre à deux
reprises pour des explications concernant le projet de loi et on a
rencontré un groupe de travail sur la formation et la qualification des
travailleurs, pour pouvoir jeter les bases de rencontres qui pourront se
répéter dans l'avenir.
M. Desbiens: Je comprends que cette situation des reboiseurs et
rebotseuses n'a pas été soulevée lors de ces
rencontres.
M. Duguay: Non. On attendait la commission parlementaire pour
faire valoir notre point de vue à ce sujet, et je pense qu'un peu tout
le monde faisait la même chose.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, M. Duguay, l'article 88 de ['avant-projet de loi stipule
ceci: "Le gouvernement peut par règlement - on dit qu'il y a trop de
règlements, mais il faut bien en faire un peu - établir des
normes et conditions concernant la circulation des véhicules tant en
forêt que sur les chemins forestiers, la pesanteur et la dimension de ces
véhicules, l'arrimage de leur chargement et la signalisation, et rendre
applicables à l'égard de la circulation sur les chemins
forestiers les dispositions du Code de la sécurité
routière qu'il détermine;".
Vous suggérez qu'on transpose cela au ministère des
Transports, est-ce bien cela?
M. Duguay: M. le ministre, si votre ministère est capable
de le faire, nous n'avons aucune objection pour autant qu'il ira selon les
règles établies par le ministère des Transports et ce que
vous venez de nous lire à l'article 88. Nous sommes entièrement
d'accord. Si votre ministère est capable de le faire, il n'y a aucun
problème. Ce n'est pas une question de ministère.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne vous dis pas
qu'on va le faire selon les normes du ministère des Transports, car vous
savez que plusieurs chemins forestiers sont faits pour permettre le transport
de charges plus larges et plus lourdes que sur les chemins publics construits
par le ministère des Transports. Dans certains cas, cela
représente presque la rentabilité de l'entreprise, sur de longues
distances, si les camions transportent des charges, non pas de huit pieds comme
sur les routes publiques, mais plutôt de dix et de douze pieds de
largeur. Est-ce contre cela que vous en avez?
M. Duguay: Non. Cps endroits que vous mentionnez, il y en a
très peu au Québec d'ailleurs. Si je puis prendre le cas de
Domtar, a Dolbeau, un chemin est très sécuritaire et de
très gros camions y circulent. Ce n'est pas ce genre de transport. C'est
dans des routes où les courbes et les côtes n'ont pas
été pensées en fonction du transport qui s'y effectue. Je
pense qu'ils sont très nombreux au Québec dans les exploitations
forestières.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les chemins
subventionnés par le ministère ou pour lesquels le
ministère contribue sont construits selon des plans et devis
approuvés par le ministère. Au quatrièmement de l'article
88, on dit que le gouvernement peut établir des
normes relatives à la localisation, la construction,
l'amélioration, l'entretien, la classification et l'utilisation des
chemins forestiers. C'est ce qu'on fait actuellement. Peut-être que les
chemins dont vous parlez n'ont pas été construits selon les
normes du ministère ou subventionnés par le ministère, (2]
h 15)
M. Duguay: Les chemins auxquels je fais référence,
M, le ministre, j'en suis sûr, ont été construits selon les
normes du ministère ou subventionnés par le ministère. Je
ne sais pas si le ministère ne devrait pas les réviser, parce
qu'il y a eu beaucoup de changements dans le transport forestier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous
suggérez des améliorations ou des modifications aux chemins
déjà construits à la suite des changements dans le
transport.
M. Duguay: Si ce que vous me dites est vrai, je pense qu'il y
aurait lieu de réviser vos normes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quant aux
vérifications de mesurage, vous me dites qu'à la suite d'une
directive qui date de deux ou trois ans, les vérifications sont faites
sur plaintes seulement lorsque jugées opportunes. Cela ne vous satisfait
pas?
M. Duguay: Elles ne le sont plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y en a plus
du tout?
M. Duguay: Très difficilement. Il n'y a aucune plainte qui
fasse en sorte qu'un vérificateur de votre ministère monte dans
les forêts. On a eu des lettres à ce sujet. Nous sommes
catégoriques là-dessus. On en a déjà parlé
à M. Duhaime, ministre de l'Énergie et des Ressources à
l'époque. Je peux vous donner la réponse qu'il nous avait
donnée. Il savait que le mode de vérification actuel
n'était pas adéquat. Je vais vous dire les termes qu'il avait
employés: "On se fait voler, le gouvernement le sait, mais cela nous
coûte moins cher de nous faire voler que de mettre des sytèmes de
vérification en place." J'ai des témoins pour le confirmer.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous, on ne dit
pas cela.
Une voix: L'ancien gouvernement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On ne dit pas
cela. Vous parlez de la protection du travailleur. On ne parlait pas du
gouvernement qui se faisait voler.
M. Duguay: Oui, mais c'est dans ce cadre qu'on lui avait
présenté. Si les travailleurs se font voler, c'est
peut-être un peu exagéré. Mais on sait que, dans le
système de mesurage actuel, un mesureur peut être deux et demi en
bas comme deux et demi en haut de 100; il peut être à 97,5, comme
il peut être à 102,5. S'il est toujours à 97,5, le
travailleur n'a pas les moyens de faire vérifier si c'est vrai qu'il est
toujours à 97,5... S'il est toujours à 97,5, il peut être
aussi à 96 ou à 95. On n'a pas de moyens efficaces. On dit dans
notre mémoire que ce qui se passe, c'est l'utilisateur qui est juge et
partie, parce que votre ministère, encore une fois, M. le ministre, ne
fait plus de vérifications.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit qu'on a
donné une directive semblable à la suite d'abus de demandes de
vérification; on ne fournissait pas à la tâche. Je ne sais
pas si vous avez eu connaissance de cela.
M. Duguay: Dans les régions les plus forestières
que je connaisse, je n'ai jamais entendu dire qu'on ne suffisait pas à
la tâche. Je pense que, lorsqu'il y a quelqu'un qui fait un peu le chien
de garde, on se surveille un peu plus. Mais quand personne ne le fait, on est
porté à l'exagération. C'est précisément
dans ce but qu'on veut un système de vérification efficace. Cela
me surprend que les vérificateurs aient eu des demandes très
fréquentes pour ce que je viens de vous dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais continuer
mon enquête. En ce qui concerne le comité sur la formation, est-ce
que vous êtes satisfait de la composition du comité?Est-ce que vous avez des suggestions à nous faire
là-dessus, parce que vous en faites partie aussi?
M. Duguay: Oui, j'en fais partie. Si j'avais une suggestion
à faire au ministère du Travail concernant la composition du
comité, je pense qu'il y aurait possibilité de changer les
personnes pour la formation professionnelle. Je pense que... Évidemment,
dans les rencontres ultérieures, il n'y avait pas beaucoup de
représentants des travailleurs. Nous espérons que les autres
centrales syndicales qui s'occupent des travailleurs forestiers seront
présentes lors d'une prochaine rencontre. Pour une première
rencontre, je l'ai trouvée très objective et positive.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous dites
à la page 14 de votre mémoire qu'au bas mot, il faut arriver
à décupler la production des pépinières
provinciales au cours des cinq ou dix prochaines années, est-ce que vous
voulez dire les pépinières
publiques?
M. Duguay: Ce n'est pas nous qui parlons. C'est la
réflexion de votre parti. Nous avons pris cela dans les pages de
réflexion de votre programme. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le
Parti libéral.
Une voix: Est-ce que je pourrais en avoir une copie?
M. Duguay: II n'y a pas de problème. Je l'ai ici.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
un partage se fait entre les pépinières publiques. Je me
demandais si vous disiez cela parce que vous trouviez que les employés
des pépinières publiques étaient mieux payés que
ceux des pépinières privées.
M. Duguay: Ce n'est pas dans cet esprit-là, c'est dans
l'esprit du problème de recherche dont vous faisiez mention dans votre
cahier de réflexions. Nous ne l'avons pas analysé de cette
façon-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quant aux
ajustements au Code du travail, à l'article 2, en ce qui concerne le
remplacement du mot "concessionnaire" par le mot "bénéficiaire",
ils seront faits. Je n'y vois pas de problème. En voyez-vous?
M. Duguay: Non, je n'en vois pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela devrait se
faire automatiquement,
M. Duguay: On voyait, dans l'élaboration de la politique,
qu'il était nécessaire que ces mots soient changés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous
demandez, par exemple, de prendre soin de la sous-traitance et des
coopératives, c'est un problème qui existait avant que le nouveau
régime forestier soit implanté.
M. Duguay: Oui, c'est un problème qui existait avant le
nouveau régime, les coopératives comme contractants, oui. On
pense qu'il serait de rigueur, en faisant une réflexion et en refaisant
un nouveau régime forestier, qu'on mette tout à jour et qu'on
définisse les règles du jeu pour tout le monde. Pour nous, des
syndicats, les règles du jeu sont très bien définies,
d'ailleurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand on dit que
le reboisement et l'aménagement se feront au même taux, aux
mêmes conditions que les employés qui bénéficient
d'une convention collective, ce n'est pas ce qui se passe actuellement.
Pensez-vous que cela nous coûtera pas mal plus cher ou si ce sera
acceptable?
M. Duguay: J'ai l'impression que cela coûtera certainement
plus cher, mais, comme on vous l'a dit tout à l'heure, on ne peut pas
accepter que le reboisement du Québec se fasse dans des conditions
inacceptables pour les travailleurs forestiers ou les travailleurs à la
plantation. On pense qu'on est peut-être en retard dans
l'élaboration d'une politique ou d'un régime forestier, mais on
ne commencera pas à faire des procès d'intention ou quoi que ce
soit. Cependant, on ne voudrait pas, quant à la main-d'oeuvre
nécessaire à cette reprise en main par l'État du
problème de la forêt, que ce soient uniquement les travailleurs
qui en paient la note. On est bien d'accord que cela coûtera pas mal plus
cher, mais tout dépend de la façon dont cela fonctionnera et de
l'intérêt qu'on donnera aux travailleurs qui seront en place. Des
moyens sont pris et des moyens peuvent être pris pour intéresser
les travailleurs à reboiser le Québec, mais on vous dit: Pas dans
les conditions actuelles, surtout dans la partie accordée par
soumissions. Car cela, c'est encourager la médiocrité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit, et je
le crois, que tous les contrats de reboisement sont vérifiés
concernant la qualité et le nombre de plants et que c'est payé
suivant cette base. Vous avez mentionné tout à l'heure que leur
seul souci était peut-être de cacher des plants, étant
donné les conditions de travail désavantageuses.
M. Duguay: Ce sont les réflexions qu'on a entendues de la
part d'entrepreneurs ou de sociétés d aménagement qui,
justement, avaient déjà eu ce problème dans le
Bas-Saint-Laurent. Les employeurs nous ont dit qu'ils avaient eu ce
problème-là et qu'ils étaient obligés de
vérifier, jour après jour, si cela ne se reproduisait pas. On
pense que c'est une vérification quand même assez difficile et
qui, en plus, occasionne sûrement des coûts. On
préférerait que les sommes nécessaires pour le
contrôle soient plutôt dépensées pour donner aux
travailleurs de meilleures conditions. Peut-être que les contrôles
seraient moins nécessaires à ce moment-là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous mentionnez
également qu'un seul bénéficiaire fasse la coupe de toutes
les essences comprises dans un territoire quand il y aura plusieurs
intervenants sur le même territoire. S'il y avait des coupes de feuillus,
de résineux, de pin, etc., qui désignera le maître
d'oeuvre?
M. Duguay: À notre avis, c'est le
principal détenteur, celui qui ira chercher le plus dans le
territoire, le plus gros utilisateur dans le territoire devrait avoir la
responsabilité de faire la coupe complète. Cela se fait
présentement dans certains endroits où le principal utilisateur
coupe les essences secondaires. Tout se fait en même temps. À
notre avis, il y a intérêt à faire cela parce que c'est
beaucoup plus rentable que de retourner par la suite sur les mêmes
territoires trois, quatre, cinq ans de suite pour ramasser telle ou telle
essence.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je suis d'accord
avec vous. Je voudrais bien que tout le monde le comprenne de même. C'est
plus rentable que de retourner, mais cet après-midi, nous en avons
parlé avec les gens des Hautes-Laurentides et on a eu une discussion sur
le principal parce que tout le monde, les intervenants du même secteur,
c'est important pour chacun d'eux. Ils sont tous des principaux, dans le fond.
Si cela se faisait sur une base volontaire, ce serait bien souhaitable, car
cela fait de l'exploitation intégrée. Ce serait plus facile pour
tout le monde. Les ouvriers auraient de l'ouvrage sur une base plus longue.
M. Duguay: En plus, pour ce que je vous disais tout à
l'heure, c'est que le travailleur en forêt qui a à abattre les
arbres, bien souvent, il est obligé d'abattre des essences secondaires
pour être capable de faire son travail habituel. Dans des conditions
comme cela, il abat tout et, à ce moment, je pense que pour lui, autant
que pour tous les autres, c'est un gain.
M. Côté (Rïvière-du-Loup): Parlez-moi
donc du fonds d'indemnisation spécial que vous aimeriez créer
pour pallier les pertes de salaire dues à une faillite d'entreprise.
Cela ne s'applique pas seulement en forêt?
M. Duguay: Oui, mais cela a été un problème
majeur dans les années 1983-1984. J'ai encore des écrits, mais je
ne les ai pas ici, disant que les travailleurs forestiers dans certaines
régions étaient les champions des faillites. On ne voudrait pas
que cela revienne, cette chose-là. On sait, présentement, qu'il y
a des faillites, peut-être moins nombreuses que dans cette
période, mais il y a encore de faillites et, présentement, les
faillites qui se font sont beaucoup plus considérables parce que la
machinerie qui est achetée est de plus en plus dispendieuse et,
également, c'est de la plus grosse machinerie.
Encore aujourd'hui, on vient de me dire qu'un de ces
sous-sous-contractants dont on vous parle dans notre mémoire vient de
faire faillite, il vient d'abandonner et ses employés seront mis
à pied cette semaine. Ce sont des choses qui sont assez
fréquentes dans le secteur de la forêt. Évidemment, je n'ai
pas fait de statistiques comparatives. Je sais que, durant les années
1983-1984, les travailleurs forestiers, propriétaires de machinerie,
étaient parmi les premiers au niveau des faillites personnelles ou de
compagnies. C'est dans ce sens. On le dit dans le mémoire, les
travailleurs n'ont pas tous fait le choix librement d'accepter de s'acheter une
machine. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui pourrait venir
contredire cela. Ils ne l'ont pas tous fait aussi dans des conditions
acceptables. Quand on veut garder sa "job", la plupart du temps, on fait des
efforts pour la garder. Beaucoup de gars ont été obligés
de le faire dans des conditions comme cela. Beaucoup de travailleurs forestiers
ont été obligés de le faire dans des conditions comme
cela.
Nécessairement, cela a apporté ce dont on vous parle, des
faillites, et on croit qu'une meilleure planification aurait pu éviter
certaines faillites. À ces conditions, c'est le détenteur ou
l'employeur principal qui, à notre avis, est responsable de ces
faillites. C'est pour cela que nous préconisons un fonds spécial
d'indemnisation, surtout et plus particulièrement pour les travailleurs
qui font des pertes de salaires.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avant d'acheter
une machine, un de vos syndiqués ou un travailleur ne devrait-il pas
apprendre à gérer sa machine. Vous suggérez aussi qu'il y
ait de la formation pour cela. Le risque serait moins grand.
M. Duguay: C'est ce qu'on souhaite depuis longtemps, mais ce
n'est pas comme cela que cela se fait.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que le
fonds d'indemnisation servirait à remplacer pour payer les salaires?
Parce que dans une faillite, il y a un ordre de priorité pour les
dettes.
M. Duguay: Ce dont vous parlez peut prévaloir dans un
endroit où l'employeur est solvable et où il y a certaines choses
qui peuvent rester de la faillite. Cela entre dans les créanciers
privilégiés, je suis d'accord avec vous. Dans des faillites qu'on
a connues, de 200 000 $, 300 000 $, 400 000 $, s'il y a à peine 15 000 $
ou 20 000 $ de solvabilité, comment voulez-vous que les travailleurs
récupèrent ce qu'ils ont perdu comme salaires? Je pense que c'est
à peu près impossible dans ce secteur. C'est ce que nous
espérons. Évidemment, s'il n'y avait jamais eu de faillite ou
s'il n'y avait pas eu de problèmes majeurs à ce niveau, on ne
l'aurait pas souligné, mais il y a eu des problèmes majeurs.
M. Côté (Rîvière-du-Loup): Je vous
remercie, M. Duguay.
Le Président (M. Charbormeau): M. le député
d'Ungava. (21 h 30)
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais sortir un peu
de votre texte, dans une première question. Vous n'êtes pas sans
savoir que les travailleurs de la forêt sont, règle
générale, de grands utilisateurs de forêt en termes de
loisirs; du moins, c'est le cas dans les villes nordiques et les villes
isolées, comme celles du comté d'Ungava.
Alors, qu'est-ce que vous pensez de la proposition qui a
été mise sur la table, à plusieurs reprises depuis une
semaine, à savoir que tous les utilisateurs de la forêt devraient
payer pour le reboisement ou l'aménagement?
M. Duguay: Je ne pourrais pas répondre à votre
question parce que c'est un problème que nous n'avons pas
étudié. Lorsque vous me dites que les travailleurs forestiers
sont de grands utilisateurs de loisirs en forêt, cela dépend
sûrement des régions. Dans certaines régions, lorsqu'ils
ont passé cinq jours par semaine en forêt, il n'y en a pas
beaucoup qui tiennent à y retourner. Évidemment, dans les pays
nordiques, ou les loisirs sont peut-être moins variés, le
problème que vous soulevez peut être vrai. Les gens retournent
peut-être faire de la pêche ou de la chasse en fin de semaine.
Pour ce qui est de votre question, si j'y réponds
personnellement, je dirais, toutes proportions gardées, oui. Mais je ne
peux pas répondre au nom de la Fédération des travailleurs
forestiers du Québec, puisqu'on ne l'a pas regardé dans ce
sens-là.
M. Claveau: Merci. Une deuxième question. On a
parlé de la recherche, de la modernisation, de la modification des
techniques de coupe, etc. Mais est-ce qu'il n'y a pas là un
problème par rapport, entre autres, aux entreprises, aux forestiers, aux
travailleurs en forêt qui sont devenus des entrepreneurs par la force des
choses avec la machinerie qu'ils ont dû acheter à des prix
faramineux? Est-ce que le fait d'appliquer de nouvelles techniques de coupe, en
tout cas si on ne modifie pas les conditions de contrat entre les grandes
entreprises et ces travailleurs, cela ne serait pas, encore là, leur
compliquer la tâche et rendre leur entreprise de plus en plus fragile sur
le plan financier, étant donné que cela augmente les coûts
de déplacement et que cela enlève de la rapidité au
prélèvement de la matière ligneuse?
M. Duguay: C'est bien sûr que cela compliquerait davantage,
mais les travailleurs forestiers qui sont propriétaires de machines
actuellement, sont un peu habitués à ce genre de chose. En effet,
lorsqu'un employeur décide de changer sa méthode d'exploitation
d'une année à l'autre, il avise les travailleurs qu'ils devront
avoir telle ou telle machinerie pour travailler chez lui l'an prochain. Alors,
c'est un peu dans ce système qu'on vit et cela devient facile, à
ce moment-là, pour un employeur de changer sa mécanisation parce
que, dans le contexte dans lequel nous sommes actuellement, on dit: L'an
prochain, on y va uniquement avec la mécanique; donc, tu devras avoir
une abatteuse ou une ébrancheuse. Alors, s'il arrive des changements
avec le nouveau régime forestier, qui feront en sorte que la
façon de récolter les arbres changera, on est sûr d'une
chose: ce sont les propriétaires actuels de la machinerie qui vont
écoper. Ce ne seront pas les utilisateurs parce qu'ils n'ont plus de
machinerie, elle appartient toute aux travailleurs. Il est bien clair que, si
l'on doit changer de machinerie, ce sont les travailleurs qui vont en
écoper.
M. Claveau: Est-ce qu'il n'y aurait pas, à votre avis, des
mécanismes, auxquels vous auriez pensé, qui pourraient faciliter
ces modifications ou ces changements pour les travailleurs?
M. Duguay: Non. C'est peut-être là que devient
encore plus en évidence notre fonds d'indemnisation.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ma
dernière question, M. Duguay. Quand vous suggérez qu'un montant
déductible d'impôt soit fixé pour chaque travailleur afin
de compenser pour les dépenses encourues pour se rendre de sa
résidence au lieu du travail, cela sur une base mensuelle, est-ce que
vous avez une limite des frais de transport que vous aimeriez
suggérer?
M. Duguay: Oui. On avait fait une évaluation en 1975,
encore au Conseil de la main-d'oeuvre forestière, qui existait dans ce
temps-là et qu'il faudrait peut-être remettre sur pied. On avait
déterminé, en 1975 - là, je n'ai pas les chiffres exacts -
combien cela pouvait coûter à un travailleur de se déplacer
de sa résidence au lieu du travail. Il s'agirait peut-être
d'actualiser ces chiffres en argent de 1986. Cela a été fait. Il
y a une enquête qui a été faite en 1975 ou 1976 par le
Conseil de la main-d'oeuvre forestière.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord. Si vous
êtes capable de m'en envoyer une copie, j'aimerais bien cela, M.
Duguay.
M. Duguay: C'est qu'au ministère du Travail ils ont
réclamé tous mes dossiers
parce qu'ils avaient perdu les leurs. Alors, mes dossiers sont au
ministère du Travail et M. Pierre Roy en est le dépositaire
présentement. Vous pourriez toujours demander au ministère du
Travail de demander à Pierre Roy de vous reproduire les copies de mes
dossiers. Il sont tous là et je dois les récupérer d'ici
quelque temps. Cette recherche a été faite et on a très
bien défini cela selon les régions, si quelqu'un demeurait sur la
rive sud et travaillait sur la rive nord dans le comté de Saguenay, par
exemple. Tout cela a été fait. Il s'agirait tout simplement
d'actualiser ces chiffres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous
remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Je crois
que...
M. Perron: Une minute et demie.
Le Président (M. Charbonneau): Ou presque.
M. Perron: Trois questions en vrac. La première concerne
le comité dont vous faites partie qui s'intéresse à la
question de la formation professionnelle des travailleurs de la forêt. En
tant qu'entité syndicale, est-ce que vous avez l'intention de mettre
l'accent sur la formation dans les régions où l'industrie
forestière est prédominante?
La deuxième, est-ce que vous seriez d'accord, quant aux
aménagements, avec le fait que le gouvernement procède au
reboisement dans les forêts de banlieue au lieu de procéder dans
d'autres endroits, ce qui, à mon sens, permettrait et aux travailleuses
et aux travailleurs forestiers d'être plus près de leur lieu de
résidence et d'avoir moins de contraintes, soit au niveau de la
sécurité ou autres?
Une dernière - je me fais un peu l'avocat du diable - est-ce que
vous seriez intéressés, en tant qu'entité syndicale,
à ce que le gouvernement vous donne par négociation des contrats
d'aménagement et même d'approvisionnement à partir du
domaine forestier?
M. Duguay: Quant à la première question sur le
comité de formation, je crois qu'il est bien évident qu'on doit y
aller dans les régions forestières, parce que je vois très
mal former des travailleurs de la rue Sainte-Catherine pour venir faire de
l'aménagement forestier. Tel qu'on l'a mentionné dans notre
mémoire, déjà les travailleurs forestiers ou les gens qui
demeurent dans les régions forestières ont des notions
très bonnes de la forêt et de tous les problèmes qu'elle
génère. Il est certain que l'on ferait fausse route si on
commençait à former des gens venant des grandes villes pour venir
travailler en forêt. Cela serait à peu près comme ce qu'on
a déjà vu. On sait qu'au Saguenay, c'est la région des
bleuets. On avait envoyé des gens de Montréal ramasser des
bleuets avec des échelles. Cela serait à peu près la
même chose qui se produirait.
Quant à la deuxième question sur le reboisement des
forêts de banlieue, dans un mémoire qu'on avait déjà
présenté à M. Duhaime, nous préconisions
également que les forêts de banlieue soient en premier lieu
reboisées pour que nos travailleurs soient à proximité de
leur résidence autant pour l'aménagement que lorsque viendra le
temps de la récolte. Ils sont suffisamment loin de leur foyer pour qu'on
n'aggrave pas le problème.
Troisièmement, en ce qui concerne l'entité syndicale, je
ne crois pas que ce serait une bonne chose, en tant qu'entité syndicale,
qu'on devienne des contractants -on est contre cela - ou des sous-contractants.
Pour nous, ce n'est pas une de nos préoccupations et je ne crois que
cela le soit dans l'avenir, non plus.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis, si vous voulez remercier nos invités.
M. Perron: M. le Président, au nom de l'Opposition, je
tiens à vous remercier pour votre mémoire, ainsi que pour la
qualité de vos réponses. Dieu sait qu'au cours des prochains mois
on va avoir besoin de vos documents, ainsi que des réponses que vous
avez données aujourd'hui, à la suite des questions qui ont
été posées face au projet de loi qui sera
éventuellement déposé à l'Assemblée
nationale par le ministre délégué aux Forêts. Je
tiens à vous souhaiter la meilleure des chances possible quant aux
travailleurs forestiers que vous représentez, ainsi que toute la chance
du monde à votre syndicat des travailleurs forestiers.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous remercie. M. le
ministre délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
président, en mon nom et au nom de mes collègues, je vous
remercie de l'échange de vues que nous avons eu ce soir et de la
présentation de votre mémoire. C'est certain que votre
préoccupation la plus importante est celle du bien-être des
travailleurs. Il faut commencer à penser aux personnes avant de penser
à autre chose. Et puis, cela va par ordre de priorités. Si l'on
peut établir des priorités, c'est bien en pensant en premier lieu
aux ouvriers forestiers et, ensuite, à la forêt. Au nom de mes
collègues et en mon nom, je vous remercie de votre mémoire. Soyez
assuré que nous tiendrons compte de vos recommandations et que nous
aurons
recours à vos services comme on vous l'a fait voir encore
dernièrement. Merci beaucoup.
M. Duguay: Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Messieurs, merci et bon
retour. J'invite maintenant les représentants de l'Ordre des
techno-logues des sciences appliquées.
M. Perron: M. le Président, en attandent que les
représentants de l'Ordre des technologues des sciences appliquées
viennent devant nous, je vous confirme tout de suite que l'Opposition n'a
aucune objection à ce que l'on dépasse l'heure prévue, 22
heures, en vue d'entendre le mémoire en question, ni même, s'il y
a lieu, à dépasser la demi-heure qui nous a été
imposée pour cet organisme.
Ordre des technologues des sciences
appliquées
Le Président (M. Charbonneau): Très bien, M. le
député, j'en prends bonne note. Alors, je crois que le
président de l'Ordre des technologues des sciences appliquées,
c'est M. Jacques Mercier. C'est bien cela?
M. Mercier (Jacques): C'est bien cela.
Le Président (M. Charbonneau): M Mercier, voulez-vous nous
présenter les collègues qui vous accompagnent? D'autre part, je
vous rappelle que vous avez dix minutes pour la présentation de votre
mémoire. Normalement, il y a dix minutes prévues, de chaque
côté, pour la discussion de vos points de vue. Cela va?
M. Mercier: Je vous remercie, M. le Président. Je vous
présente à ma gauche M. Gilles Hamel, qui est notre
vice-président à l'administration; à mon extrême
gauche, M. Denis Dubois, qui est le directeur général et le
secrétaire de l'ordre et, à ma droite, M. Serge Leblanc, qui est
administrateur de l'ordre. Mon nom est Jacques Mercier.
M. le Président, M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources, M. le ministre délégué aux Forêts, cela
me fait plaisir de vous présenter le mémoire de l'Ordre des
technologues des sciences appliquées.
Distingués membres de la commission, en premier lieu, l'Ordre des
technologues des sciences appliquées du Québec félicite M.
Albert Côté, ministre délégué aux
Forêts, pour le dépôt de cet avant-projet de loi sur les
forêts et le remercie de procéder à une commission
parlementaire pour entendre les commentaires des principaux intervenants du
domaine forestier au Québec.
L'ordre des technologues est d'avis que cette loi sur les forêts
est la bienvenue et que tout le Québec attend avec impatience son
adoption par l'Assemblée nationale.
Nous souhaitons que ce projet de loi fasse l'unanimité à
l'Assemblée nationale afin que la nouvelle loi sur les forêts soit
mise en application le plus rapidement possible car le Québec a un
urgent besoin d'une telle réforme en profondeur de son secteur
forestier.
Le mémoire de l'ordre des technologues comprend trois volets. En
effet, l'ordre des technologues vous fera part de son appui sur plusieurs des
principes qui sous-tendent le projet de loi. De plus, l'ordre fera des
recommandations et soulèvera des questions ou des inquiétudes sur
certains de ses articles.
Examinons, d'abord, le premier volet qui traite de l'appui de l'ordre
aux principes de l'avant-projet de loi. Premièrement, le volume de bois
alloué annuellement au bénéficiaire ne pourra
dépasser le volume par l'addition de la possibilité annuelle
à rendement soutenu et de la disponibilité. Ceci dénote un
intérêt de la part du ministre à vouloir sauvegarder et
maintenir l'approvisionnement des utilisateurs. C'est un pas dans la bonne
direction. C'est un principe auquel il ne faudra jamais plus déroger.
L'ordre des technologues est totalement en accord avec ce principe
Deuxièmement, l'ordre approuve que l'on incite les
bénéficiaires à faire des travaux d'aménagement
dont le rendement escompté aura pour effet le dépassement des
objectifs de production prévus au contrat.
Troisièmement, un contrat d'une durée de 25 ans, avec la
possibilité de prorogation de cinq ans à tous les cinq ans,
incitera les bénéficiaires à se conformer aux directives
du ministre, car ceux-ci pourront être assurés que les efforts
fournis dans la remise en production de la forêt leur reviendront. On
récolte ce que l'on a semé, ce qui est un excellent principe. (21
h 45)
En plus de ce qui précède, l'ordre des technologues
désire faire dans un deuxième volet certaines recommandations.
Première recommandation: le ministre peut donner des directives sur
toute autre modalité technique d'intervention, lesquelles directives
seront colligées dans un manuel d'aménagement forestier
publié par le ministre. Nous souhaiterions que ces directives ne soient
pas qu'un guide, mais qu'elles fassent partie intégrante du contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier. Deuxième
recommandation: pour les chemins forestiers, il serait important de maintenir
certains axes routiers en bon état afin de permettre un accès en
tout temps pour une meilleure protection des sites aménagés.
Troisième recommandation le ministre devrait décréter
à l'avance avec les divers intervenants les aires non affectées
à la production de
matière ligneuse pour ne pas avoir à modifier le
territoire en cours d'opération. Quatrième recommandation: lors
de désastres naturels, le ministre devrait prendre en charge tout le
processus de récupération et de mise en valeur des territoires
affectés, Cinquième recommandation: la reconnaissance du statut
du producteur forestier est un autre incitatif de grande importance dans le
secteur de la forêt privée, mais il faudrait aussi inclure la mise
en valeur des superficies propices au reboisement et également les
terres agricoles abandonnées. Sixième recommandation: au niveau
de la fiscalité, le producteur forestier pourrait déduire de ses
impôts le montant des travaux exécutés pour la mise en
valeur de son territoire. Cela serait une façon d'alléger le
fardeau que le nouveau régime forestier donnera aux producteurs.
Septième recommandation: la forêt privée sera
privilégiée. C'est une bonne chose, mais il faudra que celle-ci
participe également aux coûts de protection et de mise en valeur
du territoire forestier. Huitième recommandation: il faudrait que la loi
donne l'entière responsabilité des forêts à un seul
ministère, car il y a présentement trop d'intervenants d'autres
ministères. De plus, nous recommandons la création d'un
ministère des Forêts. Neuvième recommandation:
l'avant-projet de loi ne traite pas de la recherche et du développement.
Pourtant, on sait à quel point la recherche et le développement
sont d'importants facteurs dans la réussite de toute industrie. Le
projet de loi devrait donc inclure des éléments qui inciteraient
à la recherche et au développement, la survie dans notre
industrie forestière en dépend.
Dixième recommandation: il est important de remettre la
forêt dans les mains des professionnels de la forêt. Cependant,
nous recommandons une certaine prudence dans la réglementation qui
suivra le projet de loi. Certains groupes de professionnels peuvent tenter
d'accaparer l'exclusivité de certaines interventions et ce, au
détriment des autres professionnels tout aussi compétents. Il ne
faudrait surtout pas que la foresterie devienne comme le secteur de la
construction où les privilèges de tous et chacun ont fait monter
en flèche les coûts d'exploitation sans pour autant mieux
protéger le public et le patrimoine québécois.
Dans un troisième volet, l'ordre des technologues soulève
les questions et les inquiétudes suivantes: Premièrement, le
titulaire d'un permis d'intervention devra payer des droits qui seront
établis sur la base de la valeur du bois sur pied dans le cas d'un
permis ayant pour objet la récolte de bois à des fins
commerciales. Que devraient payer ceux qui profitent d'un même couvert
forestier pour d'autres fins que la récolte de bois (chasse, loisirs,
parcs, etc.)? Ces utilisateurs profitent d'un couvert forestier sur pied et ils
ne participent nullement à la remise en valeur du territoire.
Deuxièmement, le titulaire d'un permis d'intervention qui a du bois
à flotter devra indemniser certains propriétaires lorsque
celui-ci causera des dommages. Qu'en sera-t-il si ces dommages sont
causés à l'environnement ou à la qualité de l'eau
et qui sera indemnisé? Troisièmement, les objectifs de production
sont bien définis pour les essences sapin, épinette et pin gris,
mais ils le sont moins dans le cas des autres essences. Quatrièmement,
lorsqu'un bénéficiaire n'exécute pas au cours d'une
année les travaux prévus au plan, le ministre en assume
l'exécution, mais, dans ce cas, on retarde aussi la remise en valeur du
territoire et on passe à côté des objectifs poursuivis.
Cinquièmement, il existe une multitude de terres agricoles
abandonnées un peu partout au Québec. Pourquoi ne pas reboiser
les terres qui sont à proximité des usines de transformation?
Sixièmement, la période de transition nous a semblé un peu
longue. Pourquoi ne pas la réduire de deux années?
C'est, M. le ministre, l'ensemble de nos commentaires sur l'avant-projet
de loi et, en terminant, l'ordre des technologues désire faire ressortir
les principaux points suivants: Premièrement, de façon
générale, l'ordre des technologues appuie l'avant-projet de loi
sur la forêt et nous sommes en accord avec les principes
énoncés. La forêt québécoise a un urgent
besoin de ce nouveau régime forestier. Deuxièmement, l'ordre
recommande que le principe du rendement soutenu soit appliqué à
tout le territoire et que tous les utilisateurs du couvert forestier
participent à sa mise en valeur en proportion des avantages qu'ils en
retirent. Troisièmement, l'ordre des technologues recommande que
l'application de la Loi sur les forêts soit sous la responsabilité
d'un seul ministère, un ministère distinct. En d'autres mots,
nous recommandons la création d'un ministère des Forêts.
Quatrièmement, l'ordre recommande la reprise en main de la forêt
par les professionnels de la forêt sans toutefois donner des
exclusivités d'intervention à un type de professionnels ou
à un autre. Cinquièmement, l'ordre des technologues recommande
que le projet de loi comporte des articles qui traitent de la recherche et du
développement pour s'assurer qu'il y aura de la recherche au
Québec.
Cela termine, M. le ministre, le mémoire de l'Ordre des
technologues des sciences appliquées du Québec. L'ordre
espère que la nouvelle loi sur les forêts permettra de donner
à tous les Québécois et Québécoises le
goût d'un Québec forestier grandeur nature. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci,
M. Mercier. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président Merci, M Mercier. Tout comme vous, je souhaite que le projet
de loi fasse l'unanimité à l'Assemblée nationale lorsqu'il
sera déposé. Grâce à des interventions du genre de
celle que vous faites ce soir et à vos recommandations, je suis
convaincu que nous pourrons améliorer le projet de loi de façon
qu'il satisfasse aux objectifs de tous les Québécois. Je vous
remercie de votre présentation. Vous avez pas mal analysé toutes
les questions. Vous faites des recommandations précises au titulaire
d'un permis d'intervention. Vous nous dites qu'il devra payer des droits qui
seront établis sur la valeur du bois sur pied. J'aurais une question
à vous poser. Est-ce que vous croyez qu'on doit facturer des redevances
sur un volume alloué plutôt que sur le volume coupé?
M. Mercier: Vous me permettrez de céder la parole à
M. Leblanc.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M.
Leblanc
M. Leblanc (Serge): Je pense que le fait d'attribuer des droits
sur le volume sur pied est un peu plus opportun que sur le volume du bois
coupé. Le volume de bois coupé au Québec peut être
un peu surestimé compte tenu du bris et des déchets de coupe qui
peuvent rester sur les parterres Le volume récolté n'est pas
nécessairement tout ce qui est sur pied auparavant. Il serait plus
facile de donner des droits sur le bois sur pied, à la valeur marchande
du bois debout, pour qu'on puisse faire un peu plus attention au territoire et
l'aménager plus convenablement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous croyez que de
facturer des redevances sur le volume alloué va faire en sorte qu'il y
aura moins de gaspillage en forêt, s'il y en a.
M. Leblanc: J'ai l'impression, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai de la
difficulté à voir le rapport.
M. Leblanc: Si vous attribuez des droits sur le volume sur pied,
j'ai l'impression qu'on n'ira pas chercher du bois un peu partout. On va
prendre soin des bordures et de l'approvisionnement un peu plus, donner des
techniques d'aménagement et faire des travaux de dégagement,
même des travaux sylvicoles à l'intérieur du territoire.
Les bois coupés sont payés uniquement en bordure de route et ce
qui reste un peu en forêt est délaissé. C'est sûr que
ce n'est pas payé mats, par contre, c'est une perte pour l'avenir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous
suggérez également que tous ceux qui profitent de la forêt
ou du couvert forestier pour d'autres fins que la récolte contribuent
à l'aménagement forestier. Une recommandation comme
celle-là, ce n'est pas populaire parce que les pourvoyeurs et les ZEC ne
croient pas qu'ils doivent contribuer. Ils pensent que l'industrie fait
tellement d'argent qu'elle devrait supporter tout cela.
M. Leblanc: C'est vrai que ce n'est pas une recommandation qui
fait plaisir à tout le monde mais tantôt le député
d'Ungava a dit que le pêcheur et le chasseur pourraient quand même
défrayer les travaux de plantation, de remise en production des
forêts du Québec. Je pense que c'est de l'intérêt de
tous les Québécois et Québécoises d'avoir une saine
forêt et de la remise en production. C'est sûr que cela ne fait pas
l'unanimité, mais il va falloir mettre la main à la pâte et
redonner le statut forestier au Québec qui a perdu un peu de son
intérêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'Ordre des
technologues des sciences appliquées au Québec regroupe
également des techniciens forestiers.
M. Mercier: C'est bien cela.
M. Côté (Rmère-du-Loup): Vous avez 8000
membres?
M. Mercier: Nous avons près de 5000 membres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a
également des techniciens forestiers au sein de votre groupe?
M. Mercier: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous avons entendu
les techniciens forestiers nous présenter un mémoire
également.
M. Mercier: D accord. Le technologue de la foresterie chez nous
est justement M. Leblanc qui est notre représentant, notre
administrateur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord. Quand
vous parlez des objectifs de production qui sont bien définis pour les
essences sapin, épinette, pin gris - c'est 87 % ou 90 % des
opérations forestières au Québec - mais qui le sont moins
bien dans le cas des autres essences... Cet après-midi, nous avons eu
les intervenants des Hautes-Laurentides qui sont spécialistes dans le
feuillu qui ont fait des expériences de la
recherche appliquée. On nous a dit un peu cela aussi. Que
suggérez-vous?
M. Leblanc: Le fait pour lequel j'ai avancé cela, c'est
que dans le cadre de l'avant-projet de loi, on mentionne la possibilité
pour les essences sapin, épinette, pin gris, c'est assez bien
déterminé... Par contre, an n'en parle pas beaucoup du
côté des feuillus, quand on sait que les essences feuillues sont
abondantes dans le Québec actuellement mais que, par contre, d'autres
ont été surutilisées, surexploitées et on ne les
retrouve plus aujourd'hui. C'est une carence que j'ai trouvée à
l'intérieur de l'avant-projet de loi, c'est-à-dire qu'on ne
mentionnait pas le calcul de possibilité pour les autres essences que
les résineux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les intervenants
des régions de l'Outaouais, des Hautes-Laurentides, des Cantons de
l'Est, du Témiscamingue pensent comme vous, mais on va essayer de faire
une correction de façon à tenir compte de la qualité des
arbres, et pas seulement du stock ligneux. Dans le cas des feuillus, il faut
aller du côté de la qualité beaucoup; dans le cas des
essences nobles aussi. Pour l'instant, cela va M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci. À l'organisme qui vient de nous
présenter ce court mémoire, qui est tout de même assez
étoffé pour le temps que vous avez eu pour le préparer,
d'ailleurs, je voudrais poser quelques questions afin d'éclaircir
certains points. Depuis combien de temps existe votre Ordre des technologues
des sciences appliquées du Québec?
M. Mercier: L'ordre des technologues existe au Code des
professions depuis 1980, mais c'était auparavant l'ancienne Corporation
des techniciens professionnels qui a vu le jour en 1927, chose que beaucoup de
monde ignore.
M. Perron: Vous venez de m'en apprendre une bonne. Maintenant, en
rapport avec les 5000 membres dont vous avez fait mention, est-ce que vous
pourriez nous dire en gros quelles sont les différentes qualifications
par rapport aux membres que vous avez? Je ne vous demande pas de prendre les
5000 un par un, mais, en gros, quelles sont les qualifications de la
majorité de vos membres?
M. Mercier: D'accord. Vous me permettrez de passer la parole
à M. Dubois à ce sujet.
M. Perron: Parfait, monsieur.
M, Dubois (Denis J.): M. le député, lorsque vous
parlez de qualifications, est-ce que vous voulez qu'on vous fasse part des
prérequis pour devenir membre ou des différentes disciplines que
l'on regroupe?
M, Perron: Non. Ce sont effectivement les différentes
disciplines que vous regroupez. C'est surtout cela que je veux toucher. (22
heures)
M. Dubois (Denis J.): Voici. Nous regroupons 24 ou 25 secteurs
technologiques issus du milieu collégial, entre autres la foresterie, le
bâtiment et les travaux publics, la mécanique,
l'électrotechnique, la chimie, les techniques physiques, les techniques
maritimes, l'aéronautique et plusieurs autres. Vous me pardonnerez d'en
oublier quelques-uns.
M. Perron: Oui. Merci de la réponse. De toute façon
cela identifie pas mal l'ensemble de votre ordre, ce que vous venez de
dire.
Par rapport aux ingénieurs forestiers et aux techniciens, est-ce
que vous pouvez nous situer le travail de votre ordre sur le fond?
M. Dubois (Denis J.): Écoutez, étant
personnellement issu du milieu du bâtiment et des travaux publics, M.
Leblanc serait plus qualifié que moi pour vous faire le parallèle
entre les deux professions.
M. Perron: Oui. En passant, M. le Président, je pense
qu'il est de règle générale, lors d'une commission
parlementaire, lorsqu'un groupe se présente devant nous, que l'on puisse
se passer la parole de l'un à l'autre, il n'y a aucune objection
là-dessus, c'est la coutume.
M. Leblanc: M. le député, concernant le rôle
que doit jouer l'ingénieur forestier par rapport au technologue en
foresterie et même - vous en avez fait mention tantôt, M. le
ministre délégué aux Forêts - au technicien,
l'ingénieur forestier, c'est un professionnel régi par le Code
des professions au même titre que les technologues. Par contre, on peut
attribuer à l'ingénieur forestier la conception et la
préparation de prescriptions relativement au domaine forestier. Le
technologue des sciences appliquées, entre autres en foresterie, ce
serait un professionnel de l'application de ces prescriptions, dans le cadre de
la protection du public également. Ce sont des membres qui sont
accrédités au niveau professionnel, régis par le Code des
professions.
Lorsque l'on se rapporte aux techniciens forestiers, ce sont des membres
potentiels de l'ordre des technologues qui sont issus des collèges
publics, des cégeps, qui ont fait un
cours professionnel en techniques forestières. Alors, ils sont
admissibles à l'ordre des technologies. Actuellement, il y a des
discussions à ce sujet.
Les professionnels forestiers, au Québec, c'est
l'ingénieur forestier concepteur et puis le professionnel de
l'application qui est le technologue des sciences appliquées en
foresterie.
M. Perron: Merci de la réponse. Maintenant, j'aurais une
question à vous poser d'ordre général qui, selon moi,
n'est pas mentionnée dans votre mémoire.
Au cours des discussions que nous avons eues avec certains organismes
qui se sont présentés devant nous, il fut question des
sociétés de conservation du Québec, qui couvrent
l'ensemble du territoire quant à la protection forestière
concernant les feux de forêt. Il y a deux écoles de pensée
qui existent, à savoir qu'il devrait y avoir aussi un organisme
quelconque au Québec pour s'occuper, dans le même sens que la
société de conservation, des maladies des arbres et des insectes.
Est-ce que vous avez une opinion concernant la formation de cette
société ou si vous pensez plutôt que ce genre de travail
devrait être fait par les sociétés de conservation que nous
avons?
M. Dubois (Denis J.): Je m'excuse, M. le député. Je
n'ai pas... C'est un problème sur lequel, à ma connaissance, on
ne s'est pas penché. Est-ce que M. Leblanc...
M. Leblanc: Concernant les sociétés de
conservation, ce sont des organismes qui sont déjà
implantés depuis au-delà de dix ans. Elles ont fait leurs preuves
dans le domaine de la protection contre les incendies et ont participé
à des études sur les récoltes, les maladies et les
insectes. Dans le cadre de l'avant-projet de loi, on mentionne également
la protection des forêts par un organisme qui devra .. Je ne vais pas le
lire... Ce serait de bon augure que les sociétés de conservation
puissent quand même participer à la recherche et aux travaux sur
les maladies, en entomologie et pathologie également. Elles ont
déjà une structure assez établie. Il y aurait un petit
problème, peut-être, pour ce qui est des effectifs en place, lors
des grosses périodes de combat contre les incendies de forêt au
Québec, qui sont assez courtes au printemps. Il y aurait peut-être
lieu, dans ce cas, d'avoir une duplication de personnel, si toutes les
activités sont regroupées en même temps. Compte tenu de
l'expertise que les sociétés de conservation ont
développée au cours des dernières années, ils
seraient capables, je pense, d'assumer la responsabilité.
M. Perron: Merci. M. le président, à la fin de
votre exposé, vous avez mentionné - si je ne m'abuse, et je
voudrais que vous complétiez parce que je n'ai pas pris l'ensemble de ce
que vous avez énoncé - que seuls les techniciens forestiers
devraient être les personnes qui recommandent ou quoi? Je n'ai pas vu la
conclusion parce que nous n'avons pas le texte final de ce que vous avez
dit.
M. Mercier: Au quatrième point, je mentionnais que l'ordre
recommande la reprise en main de la forêt par les professionnels de la
forêt, sans toutefois donner des exclusivités d'intervention
à un type de professionnel ou à un autre. Lorsque vous parlez des
techniciens forestiers, à notre sens, M. le député, ce ne
sont pas des technologues. Ce ne sont pas des membres de chez nous, mais ce
sont des membres potentiels, remarquez bien. Nous regroupons tout ce qui est de
niveau collégial, les diplômes du secteur professionnel...
M. Perron: Monsieur...
M. Mercier: ...ou les équivalences.
M. Perron: D'accord, M. le président. Si je vous ai
posé la question, c'est parce que je voulais avoir le terme exact que
vous aviez employé à la fin de votre exposé, à la
quatrième recommandation, d'ailleurs. Vous parliez des professionnels de
la forêt.
À ce moment-là, j'aurais une question à vous poser
qui se rapporte, bien sûr, au livre blanc sur la politique
forestière de juin 1985 qui parlait de la création d'un conseil
consultatif de la recherche forestière. Est-ce que votre organisme a
étudié cette question, dans un premier temps? Dans un
deuxième temps, est-ce que vous êtes d'accord pour que, dans le
projet de loi, on inclue un article se rapportant à ce conseil
consultatif de la recherche forestière?
M. Leblanc: M. le député, actuellement, nous sommes
réunis en comité, à l'intérieur de l'ordre, pour
discuter justement d'un comité consultatif sur la recherche et le
développement. Dans notre mémoire présenté
aujourd'hui, on mentionne également que le projet de loi devrait
comporter un article qui traite de la recherche et du développement.
Actuellement, on est en étude pour présenter quelque chose
à ce sujet.
M. Perron: Maintenant, puisque l'on parle de ce conseil, est-ce
que vous pourriez nous dire quels seraient les organismes qui devraient en
faire partie, en tant que conseil consultatif?
M. Leblanc: J'ai l'impression, M. le député, qu'on
devrait intervenir. Tous les intervenants du domaine forestier devraient quand
même faire partie ou avoir une
opinion à donner sur ce comité consultatif, autant dans le
domaine de l'industrie que dans celui de la formation, que ce soit
universitaire ou collégiale.
M. Perron: Des représentants de votre ordre...
M. Leblanc: Également, oui.
M. Perron: ...et d'autres associations existantes qui font
peut-être, en parallèle, le même travail que vous ou...
M. Mercier: Des gens concernés par la foresterie, oui,
d'accord.
M. Perron: Merci. Lorsque vous dites, dans votre mémoire,
que vous souhaiteriez que ces directives ne soient pas qu'un guide, mais
qu'elles fassent partie intégrante du contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier, je peux vous dire que, de notre
côté, on est parfaitement d'accord avec cela. Plus loin, vous
dites que le volume de bois alloué annuellement au
bénéficiaire ne pourra dépasser le volume par l'addition
de la possibilité annuelle à rendement soutenu et de la
disponibilité et, là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord
aussi.
Cela m'amène à une autre question. Je fais
référence, par exemple... Lorsque l'on parle de l'application
pratique des principes que vous énoncez, le gouvernement peut choisir,
selon nous, entre deux voies: Ou il redéfinit les plus petits
territoires en surestimant les objectifs de remise en production, ou il
délimite de plus grands territoires en escomptant graduellement au
mérite les résultats de travaux de remise en production du
territoire. Ici, je fais référence - je pense que vous l'avez
compris - à ce que l'on appelle communément la forêt
électronique. Là-dessus, nous avons pris une position à
savoir que cette forêt électronique devrait demeurer dans les
ordinateurs du ministère jusqu'à preuve du contraire. D'autre
part, nous avons fait une recommandation au gouvernement pour répartir
le volume initial sur la base de la possibilité actuelle de 19 300 000
mètres cubes, et attendre les résultats du deuxième
inventaire décennal et le premier rapport quinquennal sur l'état
de la forêt prévu pour 1990, avant d'escompter les
résultats au mérite.
Êtes-vous d'accord avec ce que je viens de dire, comme ordre? Je
sais que les membres du gouvernement, les ministériels, ne le sont pas,
mais c'est à vous que je le demande.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
...calmez-vous!
M. Leblanc: M. le député, concernant cette
question, actuellement le plan décennal n'est pas terminé. Je
pense qu'on peut se fier aux études antérieures, à
l'ancien plan décennal. Aujourd'hui, je pense qu'il sera
accéléré pour en venir à savoir exactement
où on s'en va.
La possibilité actuelle de 19 300 000 qui est calculée, je
pourrais poser une question à savoir si c'est réellement le bon
chiffre, si on parle d'électronique... Cela peut être un peu plus
ou un peu moins. Si c'est un peu plus, lorsque le plan décennal sera
terminé, j'ai l'impression qu'on sera en meilleure position. Si c'est un
peu moins, on prendra les mesures nécessaires. Mais je ne crois pas
qu'on puisse attendre encore jusqu'en 1990 pour appliquer des solutions
à court terme.
M. Perron: D'accord. Là-dessus, on est d'accord tous les
deux.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député...
M. Perron: II y a une chose. Je parlais de la forêt
électronique qu'on incluait.
M. Leblanc: Je ne saisis pas, la forêt
électronique...
M. Perron: Écoutez, il semble que je n'aie plus de temps.
C'est ce que vient de me dire M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre. À
moins d'un consentement. Je sais que le député d'Ungava voulait
poser quelques questions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. M.
Leblanc: On va s'entendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous parlez
des chemins forestiers, vous dîtes qu'il serait important de maintenir
certains axes routiers en bon état afin de permettre un accès en
tout temps pour une meilleure protection des sites aménagés.
L'entretien des chemins forestiers dépend des utilisateurs, des
bénéficiaires. Si c'est à l'intérieur d'un
territoire ou d'une unité de gestion qui a été
confiée ou réservée à un détenteur d'un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement, cela devient sa
responsabilité, sauf que, s'il n'en a pas besoin, il ne l'entretiendra
pas. Souhaitez-vous que le ministère le fasse?
M. Leblanc: M. le ministre délégué,
concernant cette recommandation, on sait qu'il y a remise en production des
forêts au Québec après coupe, sous quelque façon que
ce soit, que ce soient des plantations
naturelles ou artificielles. On sait qu'il y a des travaux de
regarnissage et de dégagement. Toutes sortes de travaux peuvent suivre
une plantation.
Si on fait des travaux de remise en production dans des secteurs plus ou
moins accessibles où actuellement il y a des chemins, si on veut y
retourner dans dix ans pour y faire une couple de dégagements et que le
chemin est brisé et n'est plus utilisable, cela représente des
coûts supplémentaires dans les travaux de dégagement et
d'aménagement. C'est un peu la raison de cette recommandation. Cela
devient la responsabilité du bénéficiaire de voir à
ce que les travaux soient exécutés par le ministère ou par
d'autres organismes pour que le chemin soit accessible en tout temps.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais vous
savez, M. Leblanc, que lorsqu'il y a des feux de forêt, 80 % des feux
sont causés par des personnes et 20 % par la foudre. Disons que, depuis
les dix dernières années, 35 % de ces feux ont été
causés par des gens qui allaient se récréer en
forêt: des chasseurs, des pêcheurs ou d'autres. Plus il y aura de
chemins, à moins qu'on devienne de plus en plus respectueux de la
forêt et conscient des dangers - c'est ce que je souhaiterais - plus on
prendra de risques.
M. Leblanc: Je suis d'accord sur ce point. Mais, autrefois, on
interdisait l'accès aux forêts au simple mortel qui ne pouvait pas
aller se récréer en forêt. Il y avait des barrières
sur les chemins et on en fermait l'accès. Il y avait quand même
des feux et toutes sortes de choses qui arrivaient On a ouvert les
barrières, on a ouvert les forêts aux Québécois et
aux Québécoises pour qu'ils aillent se récréer.
C'est sûr que le risque est plus grand, mais, quand même, il ne
faudrait pas revenir en arrière et dire aux personnes: Restez chez vous.
On peut aller voir cette forêt pousser. Lorsqu'il y a des travaux
d'aménagement qui sont assez bien exécutés, on peut
même entendre les arbres pousser, comme on l'a mentionné lors
d'une rencontre récemment. On peut laisser les Québécois
voir ce qui se passe dans le domaine forestier. (22 h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je dirais que, de
ce côté, il y a eu amélioration. Il se fait de
l'éducation, il y a plus de gens qui circulent en forêt
qu'auparavant même si le taux est resté assez
élevé... Je souhaite que, graduellement, avec toute la
publicité qu'on fera autour et les discussions qu'on aura sur la
forêt partout au Québec, on la protégera comme il faut et
que ce fort taux diminuera.
Lorsque vous parlez de la continuité, vous dites qu'on retarde la
mise en valeur du territoire et qu'on passe à côté des
objectifs poursuivis, quand le ministère est obligé d'intervenir
pour assumer l'exécution des travaux d'aménagement dans certains
cas. C'est une question que je pose depuis plusieurs mois: Comment faire pour
assurer la continuité sans perte de temps? Si on y va, c'est parce qu'on
aura perdu du temps. Est-ce que vous avez une proposition à faire?
J'aimerais cela, parce que cela m'a inquiété.
M. Leblanc: M. le ministre, je n'ai pas de solution à vous
apporter de ce côté. Il est mentionné dans l'avant-projet
de loi que, lorsque le bénéficiaire ne peut pas satisfaire aux
objectifs de remise en production, c'est le ministère qui va en prendre
charge, mais on vient de perdre une année ou plus. Alors, la solution...
C'est une observation que j'ai pu constater à ce sujet.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand vous parlez
de désastres naturels, vous dites que le ministre devrait prendre en
charge tout le processus de récupération et de mise en valeur des
territoires affectés. C'est le mandat original de REXFOR. Est-ce que
vous voulez le confier à REXFOR, parce qu'il y a un comité qui
sera formé pour évaluer REXFOP à la suite de diverses
recommandations? Est-ce que vous verriez qu'on revienne à cet objectif
de départ?
M. Leblanc: L'idée de cette recommandation, provient des
désastres causés par les épidémies d'insectes, les
feux, etc. Je voyais cela dans le même sens que le back-log - excusez
l'expression anglaise -qui va être remis en production par le
ministère. J'entrevoyais que ce ne soit pas les industries
forestières ou les bénéficiaires qui remettent en
production ces aires ou ces surfaces qui sont affectées par des
désastres naturels.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À votre
avis, c'est une orientation que nous pourrions donner à REXFOR.
M. Leblanc: Si ce n'est pas REXFOR, cela pourrait être un
autre organisme ou encore des bénéficiaires de contrats
d'approvisionnement à l'extérieur de leurs contrats
habituels.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous souhaitez
également que les terres agricoles abandonnées qui ne sont pas
trop propices à l'agriculture fassent partie de la révision de la
Loi sur la protection du territoire agricole. Sur le principe, on est d'accord
pour préserver le territoire agricole, mais il y a des endroits
où, probablement, cela aurait dû rester des terres
forestières. C'est ce que vous mentionnez dans votre mémoire.
M. Leblanc: Excusez-moi, M. le ministre, je n'ai pas compris la
dernière partie de votre question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La révision
de la Loi sur la protection du territoire agricole, est-ce que vous souhaitez
qu'elle tienne compte des terres agricoles abandonnées qui ne sont pas
tellement, qui sont éloignées des grands centres, si vous voulez,
et qui ne sont pas tellement aptes à l'agriculture? C'est pour cela
qu'elles ont été abandonnées.
M. Mercier: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce que vous
souhaitez?
M. Mercier: Oui.
M. Leblanc: En circulant au Québec, on s'aperçoit
qu'il y a beaucoup de terres qui sont abandonnées, des terres de
culture, qui sont laissées en friche. Habituellement, elles sont
près des grands centres, des villes, des usines de transformation. Il ne
pousse rien là-dessus à part des fardoches, tout ce qu'on veut,
des aulnes. Si ces terres étaient mises en production au même
titre qu'une forêt privée ou que des zones de banlieue, j'ai
l'impression qu'on pourrait en profiter un peu plus. Cela pourrait quand
même faire partie de la loi du zonage agricole que les terres agricoles
impropres à l'agriculture - on en connaît, on en a vu
quelques-unes - soient mises en reproduction forestière. Lorsqu'on parle
d'agriculture, on peut parler de sylviculture aussi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Leblanc: Planter une pomme, une patate ou un arbre, le geste
est presque le même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que c'est
votre intention de faire des représentations auprès de M.
Pagé...
M. Leblanc: On pourrait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...ou du
comité qu'il a mis sur pied?
M. Leblanc: On pourrait se donner le mandat de...
M. Mercier: On en prend bonne note, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quant au
producteur forestier, vous savez qu'on prévoit un remboursement de 85 %
de ses taxes foncières s'il fait des travaux reconnus par le
ministère et qu'il se soumet à un plan de gestion. Je ne sais pas
si je me trompe mais vous en voulez plus que cela. Ses travaux d'exploitation
sont considérés comme des dépenses. Cela vient contre ses
revenus. Quant aux travaux d'amélioration ou d'aménagement, le
producteur forestier est éligible à un crédit
d'impôt qui représente 85 % de la taxe foncière. Cela est
nouveau de cette année.
M. Leblanc: C'est 85 % de la taxe foncière, mais dans le
cadre qu'on a discuté ici, on voulait peut-être aller plus loin un
peu dans les déductions d'impôt concernant l'application des
phytocides, les travaux d'élagage, les travaux de scarification ou
toutes sortes de travaux qui entraînent des dépenses pour les
producteurs. Cela pourrait être déductible, comme pour une petite
entreprise privée qui pourrait déduire... C'est un investissement
en fin de compte.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est comme
quelqu'un qui est à son propre compte et qui déduit ses
dépenses.
M. Leblanc: Exactement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pense que c'est
admissible du point de vue de la déduction d'impôt.
Je n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, M. le
ministre?
Si vous le permettez, avec le consentement de tout le monde, le
député d'Ungava aurait quelques brèves remarques ou
questions à formuler. Je pense avoir été souple pour le
temps de ce côté-ci. Est-ce qu'on pourrait permettre la même
chose, à la condition que cela ne s'éternise pas?
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
faire une petite rectification. Dans sa première intervention tout
à l'heure, M. Leblanc a fait référence à ce que
j'aurais dit en posant une question au Syndicat des travailleurs forestiers du
Québec. Le but de mon intervention était de demander ce qu'ils en
pensaient. Je ne me suis jamais prononcé là-dessus. Loin de moi
l'intention d'ailleurs de me prononcer, pour le moment en tout cas. J'aurais
quand même une question dans la même ligne de pensée. C'est
un point qui me préoccupe personnellement beaucoup étant
donné que je représente un comté dont la principale source
de divertissement est la forêt, à toutes fins utiles. Quand vous
parlez des gens qui profitent du couvert forestier à des fins
récréatives, j'aimerais savoir exactement ce à quoi vous
pensez. Est-ce que vous parlez des gens qui se promènent sur le mont
Royal? Est-ce que vous parlez de ceux qui vivent en forêt à
l'année dans de petits villages ou de petites villes isolées et
qui n'ont que la forêt pour s'amuser? Est-ce que vous parlez des gens de
la ville qui se rendent en avion dans nos grandes forêts pour en extirper
quelques orignaux et quelques truites? De qui parlez-vous?
M. Leblanc: Je parle nécessairement des personnes qui
profitent du couvert forestier. Une personne qui demeure sur la rue Mont-Royal,
à Montréal, et qui va à la chasse en avion profite d'un
couvert forestier. Le couvert forestier naturel est là actuellement,
mais si on projette cela dans 20 ou 30 ans, le couvert forestier aura
été implanté par des méthodes artificielles ou
naturelles. On aura investi des sommes de ce côté-là. Il en
profitera donc autant que le travailleur forestier.
M. Claveau: Est-ce que vous n'êtes pas en train de nous
dire que celui qui utilise la forêt à des fins
récréatives et qui ne l'endommage pas du tout, du moins qui ne
fait qu'une intervention très minime, doit payer et être
pénalisé finalement? En lui enlevant le couvert forestier on le
pénalise. Je fais référence surtout... À mon avis
les gens de Montréal ont beaucoup d'autres distractions mais les gens de
mon comté n'en ont pas beaucoup d'autres. Du fait qu'ils sont
pénalisés parce qu'on leur a enlevé un couvert forestier,
ils doivent payer en plus pour pouvoir le récupérer
éventuellement, pour que leurs petits-enfants puissent retourner dans la
forêt?
M. Leblanc: La personne qui demeure dans votre comté
d'Ungava est une personne qui travaille en forêt durant la semaine.
Même en fin de semaine elle profite quand même du couvert
forestier. Elle ne profitera pas du couvert forestier lorsqu'elle l'aura
coupé. Si on veut qu'un couvert revienne sur ce territoire, il va
falloir faire des travaux, il va falloir investir. La personne doit quand
même investir également. Je ne sais pas si...
M. Claveau: Je ne suis toujours pas satisfait de la
réponse. On ne s'éternisera pas là-dessus. Il y a
sûrement d'autres intervenants qui vont en parler. J'aurais une
dernière question. Quand vous parlez de créer un ministère
de la forêt, vous avez fait référence tout à l'heure
au fait de reboiser certaines terres agricoles abandonnées, il y a aussi
toute la question de la gestion des terres. Il ne faut pas oublier que les gens
qui vont en forêt paient toutes sortes de redevances, que ce soit pour un
camp de chasse, que ce soit pour un permis de chasse ou de pêche, etc. Il
y a des contribuables qui paient par le fait même à partir du
moment où le gouverne- ment intervient dans le reboisement, la
reforestation. Quand vous nous parlez d'un ministère des forêts,
est-ce que vous incluez là-dedans aussi tout le mode de gestion des
terres? Est-ce qu'on parle d'un ministère des terres et forêts ou
si on parle uniquement d'un ministère des forêts?
M. Leblanc: Vous venez de séparer le ministère des
terres et forêts et le ministère des forêts. J'ai
l'impression que le ministère des forêts... À
l'intérieur des forêts, il y a quand même des terres qui
sont, soit agricoles, soit forestières. On pourrait quand même
inclure la gestion des terres à l'intérieur d'un ministère
des forêts qui n'est pas propice à l'agriculture mais à
l'intérêt forestier. Ce à quoi on fait allusion, c'est aux
intervenants d'autres ministères qui viennent morceler le territoire
forestier. La gestion est faite uniquement par ces ministères. Il y
aurait peut-être une gérance autonome, distincte du
ministère des forêts qui pourrait inclure la gestion des terres
également.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Duplessis, si vous voulez remercier nos
invités.
M. Perron: Merci, M. le Président. Un court commentaire,
pas de question. Dans votre mémoire, vous mentionnez que vous approuvez
l'incitation à ce que les bénéficiaires fassent des
travaux d'aménagement dont le rendement escompté aura pour
effet... Quant à nous, nous sommes parfaitement d'accord avec une
formule d'incitation. Par contre, nous ne sommes pas d'accord pour permettre
à l'industrie forestière de ne pas payer de droits de coupe sur
l'accroissement de la possibilité. Je pense qu'on se comprend lorsqu'on
parle d'accroissement de la possibilité.
Je tiens en terminant à vous remercier de la présentation
de votre mémoire ainsi que d'avoir répondu à nos questions
qui, à mon sens, ont reçu de très bonnes réponses.
Je vous souligne en passant que nous avons un énorme travail à
faire au cours des prochains mois et que nous tiendrons sûrement compte
de certaines recommandations de votre mémoire pour faire des
recommandations au gouvernement actuel. Merci, M. le président, ainsi
qu'à votre équipe.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
président, je vous remercie de votre intervention et du mémoire
que vous vous êtes donné la peine de rédiger ainsi que
de
votre souci pour la forêt. Étant donné que vous
représentez plusieurs disciplines, c'est tout à votre honneur de
prendre soin d'une discipline qui n'est peut-être pas majeure chez vous
mais qui l'est pour l'ensemble des Québécois et des
Québécoises. Je vous félicite de votre intervention et je
vous remercie de l'échange de propos que nous avons eu; cela a
été très agréable.
Le Président (M, Charbonneau): Merci, M. le ministre.
Messieurs, merci de votre présence et bon retour. Sur ce, les travaux de
la commission et de la consultation particulière en cours sont
ajournés à demain matin, 10 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 22 h 30)