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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Charbonneau): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend cet
après-midi la consultation particulière qui lui a
été confiée par l'Assemblée nationale le 19 juin
dernier.
Je vous rappelle que l'ordre de l'Assemblée était de
procéder à des consultations particulières et à des
auditions publiques dans le cadre de l'étude de l'avant-projet de loi
sur les forêts et que les dates d'audition ont été
modifiées et qu'elles sont maintenant les 22, 23, 24, 29 et 30 septembre
et 1er octobre 1986 et que, dans l'ordre de l'Assemblée nationale, le
ministre délégué aux Forêts ainsi que le ministre de
l'Énergie et des Ressources sont membres à part entière de
la commission pour la durée du mandat.
Avant d'aller plus loin, je vais demander au secrétaire de la
commission s'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Les
remplacements sont les suivants: Mme Bélanger (Mégantic-Compton)
est remplacée par Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie)
est remplacé par M. Gauvin (Montmagny-L'IsIet), M. Filion (Taillon) est
remplacé par M. Perron (Duplessis) et M. Gobé (Lafontaine) est
remplacé par Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata); M. Leclerc
(Taschereau) est remplacé par M. Middlemiss (Pontiac), M. Lefebvre
(Frontenac) est remplacé par M. Paradis (Matapédia), M.
Paré (Shefford) est remplacé par M. Jolivet (Laviolette) et M.
Rivard (Rosemont) est remplacé par M. Audet (Beauce-Nord).
Le Président (M. Charbonneau): Merci. En ce qui
concerne... Oui.
Le Secrétaire: Excusez-moi, une précision: Mme
Trépanier va être membre jusqu'à 18 heures ce soir.
J'imagine qu'il y a consentement?
Organisation des travaux
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. À
l'égard de l'ordre du jour pour aujourd'hui, d'abord il y aura
dès maintenant, après la présentation de l'ordre du jour,
les discours d'ouverture par le ministre délégué aux
Forêts, par le ministre de l'Énergie et des Ressources ainsi que
par le critique de l'Opposition officielle dans le dossier de la forêt.
Par la suite, on entendra l'Association des techniciens forestiers du
Québec, puis le Comité consultatif sur l'environnement de la Baie
James. Ce soir, après la reprise des travaux, nous entendrons
l'Université Laval, l'Association forestière
québécoise ainsi que la Chambre de commerce du Québec. Je
vous rappelle qu'on a convenu de cet ordre du jour lors de notre séance
de travail du 12 septembre dernier et qu'au moment où les personnes
comparaîtront devant nous je rappellerai pour chacune d'elles le temps
octroyé pour la présentation des mémoires ainsi que pour
les discussions, de chaque côté, des membres de la commission.
Y a-t-il des questions ou des commentaires particuliers sur cet ordre du
jour? M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je tiens d'abord
à dire qu'il y a certainement méprise quant à l'ordre du
jour d'aujourd'hui. Lors de la discussion que nous avions eue en réunion
de travail, le député de Viau avait présenté cette
motion que les membres de l'Opposition ont refusée. J'avais même
fait mention, dans l'ordre du jour, que d'autres personnes que le porte-parole
du gouvernement et le porte-parole de l'Opposition pouvaient avoir le droit, en
vertu des règlements, de dire un mot.
Le député de Viau avait dit: Jamais je ne vous
empêcherai de parler. Donc, à cette époque, je me suis bien
fait comprendre en disant que j'avais l'intention d'intervenir et que d'autres
parmi vous avaient certainement l'intention d'intervenir sur un sujet aussi
important.
Cet après-midi, je vois à L'ordre du jour que seul le
ministre et le porte-parole de l'Opposition officielle auront le droit de
parole, ce qui est hors de nos façons d'agir normalement en commission
parlementaire.
Deuxièmement, je dois vous rappeler, M. le Président, que
nous avions aussi refusé l'ordre du jour qui nous a été
imposé par les membres du gouvernement. Je tiendrai à vous
demander une directive en vertu des articles 143, 144 et 20 de notre
règlement, à savoir que les heures de séance de la
commission sont les mêmes que celles où l'Assemblée peut se
réunir.
Quand je lis les heures, vous savez très bien que c'est selon les
journées de 10 heures à 13 heures, de 15 heures à 18
heures
et de 20 heures à 22 heures, sauf le mercredi où nous ne
siégeons pas le soir, à moins d'un consentement unanime, ce qui a
qui a été le fait de la commission parlementaire de
l'éducation. Nous avons convenu d'un autre horaire, compte tenu que nous
sommes en intersession.
Vous avez aussi le fait que toute commission ne peut siéger
au-delà de 22 heures eu égard à la session normale et
habituelle. Je fais exception pour les sessions de décembre et de juin
où nous sommes en session intensive, où il est bien explicite que
nous ne pouvons pas dépasser 24 heures en commission parlementaire.
Mais à l'occasion de séances habituelles d'intersession ou
autre, le temps limite est 22 heures. De plus, nous nous sommes fait imposer un
horaire où la durée de présentation des mémoires
est différente selon le cas, ce qui fait en sorte que certains peuvent
avoir une demi-heure pour présenter un mémoire et se faire
questionner, d'autres peuvent avoir jusqu'à deux heures; et, de
façon arbitraire, probablement venant de quelque part au cabinet du
ministre ou ailleurs, on a déterminé que la durée des
discours serait celle que le ministre voudrait bien entendre ou que les gens
qui l'entourent veulent bien avoir.
Mais, vous regarderez et les gens qui viendront devant nous verront que,
dans certains cas, c'est une demi-heure, dans d'autres cas, c'est une heure,
et, dans d'autres cas, c'est une heure et demie. Je trouve anormal qu'on n'ait
même pas eu la chance de faire valoir nos points de vue. (15 h 15)
Nous nous sommes fait imposer par un vote, la semaine dernière,
l'horaire tel que nous l'avons devant nous. Quand vous regardez l'horaire de la
semaine ou des journées qui viennent des 22, 23, 24, 29, 30 et 1er
octobre, nous avons des séances qui se terminent au-delà de 22
heures, dont celle de ce soir, et nous avons énormément de
mémoires à entendre dans une même journée, ce qui
fait que, finalement, on se trouve à bousculer les gens qui viendront
nous voir et à bousculer les membres de l'Opposition et les membres du
gouvernement qui auraient des questions à poser. Je dois vous dire que
j'ai l'occasion de participer à la commission parlementaire de
l'éducation et, parfois, on prend jusqu'à deux heures ou deux
heures et demie pour entendre un mémoire. Au rythme où on ira,
cela veut dire qu'on devra bousculer les gens.
Vous nous avez distribué l'horaire d'aujourd'hui et vous nous
dites que l'Association des techniciens forestiers du Québec n'aura que
dix-huit minutes pour présenter son mémoire alors que le
Comité consultatif sur l'environnement de la Baie James aura dix
minutes, l'Université Laval aura douze minutes, l'Association
forestière québécoise aura douze minutes, la Chambre de
commerce aura dix-huit minutes. C'est un horaire arbitraire quant au temps
alloué à chaque groupe et, par la suite, vous divisez à
40-40, selon l'entente, ou 50-50, puisque c'est la discussion qu'il y a eu, le
temps entre les intervenants.
Je dis que c'est une commission parlementaire très importante,
que tous souhaitent depuis longtemps, et il faudrait avoir le temps d'entendre
les intervenants. S'il faut ajouter une journée ou deux à nos
travaux, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas, afin de permettre aux
gens d'être bien entendus. Je vous demande quand même une
directive: Comment appliquez-vous les articles 143, 144 et 20 de notre
règlement? Il y a des risques que, à 22 heures, lorsque tout
devrait être terminé, les gens demandent si on continue ou pas,
alors qu'on doit avoir un consentement unanime des membres de la commission
parlementaire, ce qu'on n'a pas eu jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: M. le Président, les arguments avancés
par le député de Laviolette sont erronés sur au moins un
sujet. S'il est vrai que l'ordre de la Chambre disait que lors des
journées d'étude de la commission, les travaux devaient se
poursuivre jusqu'à 22 heures, il n'en demeure pas moins que lors de la
réunion, la séance de travail du 12 septembre dernier,
étant donné qu'il avait été décidé
qu'il y aurait six jours de commission parlementaire et qu'on voulait donner la
chance à tous les groupes inscrits en date du 19 juin dernier, on
voulait également donner la chance aux trois organismes ajoutés
à cette liste par entente entre les deux leaders. Il était devenu
évident qu'on ne pourrait allouer le temps nécessaire à
tous les organismes qui voudraient présenter leur mémoire et se
faire entendre si on n'allait pas au-delà de 22 heures.
Les membres de la commission étaient présents à la
séance de travail du 12 septembre dernier et il a été
décidé de poursuivre après 22 heures. Il est vrai que ceci
requiert un consentement unanime des membres de la commission. J'ose
espérer que les membres de la commission et les membres de l'Opposition
seront d'accord pour permettre à tous les organismes d'utiliser le temps
qui leur a été alloué et se faire entendre. En ce qui
concerne la durée d'intervention de chaque organisme, c'est aussi une
décision prise lors de la séance des travaux de la commission du
12 septembre dernier et elle ne peut être remise en cause. Je vous
demande, M. le Président, d'une part, la collaboration de l'Opposition
pour
pouvoir dépasser 22 heures afin d'entendre tous les organismes
dans le temps que nous leur avons alloué et, d'autre part, de rejeter la
deuxième intervention qui est une décision et une
responsabilité de la commission.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: S'il n'y a pas d'autre personne, j'ai droit à
une réplique.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne sais pas si on est
engagé dans une dynamique de réplique, mais vous pouvez ajouter
les commentaires que vous voulez faire. De toute façon...
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): ...avant de rendre une
décision, je veux être certain, parce qu'il y a des questions
d'interprétation d'au moins quatre articles.
M. Jolivet: C'est pour cela que je demande qu'on me permette une
intervention. Comme membres de l'Opposition, nous sommes des gens responsables
et nous voulons faire en sorte que les gens qui ont été
convoqués pour aujourd'hui soient tous entendus aujourd'hui. Je pense
que notre but n'est pas de les empêcher d'être entendus, au
contraire. Nous demandons simplement d'ajouter à l'horaire une
journée de plus, s'il le faut, pour bien entendre les organismes. Il ne
s'agit pas seulement de les entendre aujourd'hui. Quand on regarde l'horaire,
pour avoir vécu la commission de l'éducation la semaine
dernière, je dois vous dire que cela n'a pas de bon sens. On va
"bulldozer" des personnes qui sont venues se faire entendre aujourd'hui. Ce ne
sera pas à 23 heures ce soir qu'on va terminer, ce sera peut-être
à une heure du matin, si on veut vraiment faire la "job" convenablement
comme membres de l'Opposition. Ce soir, nous sommes d'accord pour entendre les
organismes convoqués, parce que nous ne voulons en aucune façon
être impolis envers eux; ce n'est pas contre eux qu'on en a pour le
moment, c'est contre le gouvernement qui a "bulldozé"... Mais nous vous
demandons de prendre en délibéré la question que j'ai
posée, précisément pour vous laisser la chance d'y
réfléchir et de ne pas prendre plus de temps qu'il ne faut. C'est
un petit point que je voulais soulever dès le départ, mais je ne
voulais pas que cela s'éternise. Dans ce contexte, tout ce qu'on
demandera, c'est, une fois la décision rendue, que le gouvernement
ajoute une journée. Ce ne sont pas une ou deux journées de plus -
pour entendre tous les mémoires qu'on a à entendre qui va les
empêcher d'avoir le temps de faire la réflexion qui s'impose sur
un sujet aussi important.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, si le député de
Vimont veut bien. Je pense que ce débat a eu lieu à la
réunion du 12 septembre. Je regrette infiniment que mon collègue
de Laviolette n'ait pas eu ces merveilleuses idées le 12 septembre.
Aujourd'hui, on est ici pour entendre des mémoires. M. le
Président, je vous prie de commencer la commission. Cela fait
déjà 25 minutes qu'on perd. Si on perd 25 minutes à chaque
début de séance, c'est sûr que cela ne prendra pas une
journée; cela prendra une semaine de plus.
Le Président (M. Charbonneau): II y a deux questions
à trancher. La première, c'est la question de l'horaire ou la
répartition du temps. La deuxième, c'est le temps
nécessaire pour les remarques préliminaires des membres de la
commission. Je vous rappellerai qu'à la séance de travail du 12
il y a eu une entente très spécifique sur la répartition
du temps et, entre autres, du fait que, pour les remarques
préliminaires...
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse. Il n'y a pas eu
d'entente. Il y a eu un vote où on a été battus. C'est
différent.
Le Président (M. Charbonneau): C'est-à-dire qu'il y
a eu une décision majoritaire de la commission. Vous avez raison. Il y a
eu une décision majoritaire de la commission qui, finalement,
prévoyait - c'est en partie de cette décision que l'ordre du jour
que je vous ai présenté a été constitué - 30
minutes pour chaque formation politique pour ce qui est des remarques
préliminaires. Donc, du côté ministériel, on m'a
indiqué qu'il y avait deux intervenants pendant ces 30 minutes et, du
côté de l'Opposition, on est libre de répartir le temps
comme on le veut. Cela concerne les remarques préliminaires, la
décision qui a été rendue et prise par la commission, en
majorité, lors de sa séance de travail du 12 septembre
dernier.
Par ailleurs, vous soulevez le problème des horaires. Vous avez
invoqué trois articles, 20, 143 et 144. Le problème, c'est qu'il
y a aussi l'article 171 qui, spécifiquement à l'égard des
consultations particulières, indique que la commission détermine
en séance de travail la durée totale de chaque audition et la
durée respective de l'exposé et des échanges avec la
commission. À cet égard, après vérification, il y a
non seulement cet article qui doit être pris en considération,
mais
également des décisions de jurisprudence qui veulent que,
lorsqu'une question a été tranchée soit par
l'Assemblée ou une de ses commissions, on ne puisse y revenir. La
question de l'horaire ayant été tranchée lors de notre
séance de travail par une décision majoritaire, à la fois
en vertu de la jurisprudence qu'on m'a donnée tantôt et en vertu
de l'article 171, je suis obligé de décider que nous allons nous
en tenir à l'horaire qui est devant nous, parce que c'est l'horaire dont
on a convenu majoritairement par une décision de la commission lors de
notre séance de travail.
M. Jolivet: M. le Président. Une voix: M. le
Président. M. Jolivet: Je m'excuse. Une voix: M. le
Président. M. Jolivet: M. le Président.
Une voix: Le député de Laviolette ne peut pas
intervenir sur une décision du président.
Le Président (M. Charbonneau): Un instant, je ne peux pas
donner la parole à deux membres.
M. Jolivet: C'est moi qui l'ai demandée en premier.
Le Président (M, Charbonneau): Le député de
Laviolette peut peut-être faire des commentaires additionnels.
M. Jolivet: Je ne veux pas mettre en doute votre décision,
M. le Président. Je ne l'ai pas fait à l'éducation, la
dernière fois, même si cela leur a coûté quelque
chose. On dit à l'article 171: "La commission détermine en
séance de travail la durée totale de chaque audition et la
durée respective de l'exposé et des échanges avec la
commission." Je dois vous dire qu'entre la durée totale et l'horaire
d'une journée je pense qu'il y a une marge.
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
M. Jolivet: Deuxièmement...
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): Un instant. En vertu de
quel article?
M. Théorêt: L'article 41 qui dit qu'aucun
député ne peut contester les décisions rendues par le
président et le député de Laviolette est à
contester l'interprétation de votre décision. S'il voua
plaît, voulez-vous...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont, je pense que, pour la bonne marche des travaux de notre commission,
la tradition veut que lorsqu'un président de l'Assemblée ou
même un président de commission rend une décision
-néanmoins sans contester le fond de la décision du
président - il y a toujours possibilité de faire des remarques.
Je peux vous dire qu'en dix ans de vie parlementaire j'ai souvent vu ce genre -
non pas de réplique - de commentaire additionnel.
M. Théorêt: M. le Président, 25
minutes...
Le Président (M. Charbonneau): Disons que je vais laisser
au député de Laviolette le soin de terminer son propos.
M. Jolivet: Je voulais dire qu'effectivement vous avez raison
quand vous dites qu'il y a eu une décision majoritaire qui a
été prise à la commission en séance de travail,
à savoir de parler de la durée totale de chaque audition et la
durée respective de l'exposé et des échanges avec la
commission. Vous avez raison. Je ne conteste pas cela. Ce n'est pas ce que je
conteste. Je conteste l'horaire de la journée.
Nous sommes des gens qui avons du travail et finir à une heure,
deux heures du matin, si on veut entendre tout le monde aujourd'hui, cela n'a
pas de bon sens avec les horaires qu'on va avoir dans les journées
à venir, si on veut les entendre convenablement. Pas seulement pour les
députés, mais pour les gens qui viennent ici.
Deuxièmement...
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont, sur gne question de règlement.
M. Théorêt: Le député de Laviolette
vient de dire qu'il ne conteste pas votre décision, mais qu'il conteste
l'horaire de la journée alors que vous venez de dire que l'horaire de la
journée est adopté et on va procéder tel qu'il est
rédigé. Si ce n'est pas contester votre décision, je ne
sais pas ce que c'est. Je vous demande, en vertu de l'article 41, de
procéder immédiatement à la consultation populaire.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette, je vous demanderais de conclure vos propos.
M. Jolivet: Je vais parler de ta deuxième partie de votre
proposition. J'aimerais qu'on relève le Journal des débats de la
semaine dernière pour bien comprendre ce que j'ai demandé au
député de Viau qui représentait, à ce moment, le
gouvernement, à savoir que la durée de 30 minutes s'appliquait au
ministre et s'appliquait au député de l'Opposition responsable du
dossier, mais que tous les autres, en vertu du règlement, ont le droit
de parole. Je n'ai jamais vu, è aucune place, que dans une commission
parlementaire on enlève à des députés le droit de
parole. C'est la première fois que je le verrais et je comprendrai
pourquoi les gens de l'Opposition ne veulent pas qu'on parle -
c'est-à-dire du pouvoir.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette, en ce qui concerne les remarques préliminaires, le
deuxième point dont vous venez de faire mention, nous allons utiliser
l'avantage que nous nous sommes donné lors de la séance de
travail et nous allons demander au secrétaire de la commission de
vérifier le Journal des débats, les galées que nous avons
ici, et on verra exactement ce qui s'est dit.
Par ailleurs, en ce qui concerne le problème de l'horaire que
vous me soumettez à nouveau, je puis vous dire qu'après une
nouvelle vérification, la jurisprudence est telle que, la question ayant
été tranchée lors de notre séance de travail, on ne
peut y revenir, à moins d'un consentement unanime. Je comprends que cela
ne plaise pas à tout le monde, d'autant plus que ce n'était pas
une décision unanime lors de notre séance de travail, mais, en
vertu d'au moins deux arrêts et d'une jurisprudence établie en
commission parlementaire, il semble qu'on ne puisse revenir sur une question
qui a déjà été décidée par la
commission, à moins qu'il y ait consentement unanime.
M. le député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais bien comprendre -
et j'aimerais que vous m'écoutiez à part cela -
l'interprétation de la décision que vous venez de rendre. Est-ce
que la décision que vous venez de rendre veut dire, quant à la
possibilité pour une commission parlementaire de refuser de
siéger, sauf s'il y a consentement unanime, après les heures
normales, que cette responsabilité est maintenant dévolue aux
séances de travail où un vote majoritaire peut prendre la place
de cette décision unanime...
Une voix: ...règlement de l'Assemblée
nationale.
M. Gauthier: ...d'une part? D'autre part - et cela, à mon
avis, va à l'encontre des règlements de l'Assemblée
nationale - une séance de travail pourrait également
décider majoritairement de museler des députés et de les
empêcher de prendre la parole dans une commission parlementaire. Est-ce
bien ce que vous êtes en train de nous dire, M, le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Ce que j'indique, c'est la
jurisprudence qu'on m'a rapportée. Je peux faire de plus amples
vérifications si les députés le réclament avec
vigueur. On m'a indiqué qu'une question ayant été
tranchée - en l'occurrence la discussion en vertu de l'article 171 sur
l'organisation et l'horaire des travaux de la consultation particulière,
et je vous réfère à l'article 171 qui est très
précis à l'égard des consultations particulières -
lors de notre séance de travail du 12 septembre, il semble, selon la
jurisprudence, qu'on ne puisse y revenir à moins du consentement
unanime. C'est ce que je vous ai indiqué à ce moment-ci.
Je pense que, pour le moment, je dois me fier aux avis juridiques qu'on
me donne. Par ailleurs, un peu comme dans le cas de la vérification que
j'ai demandée au secrétaire de la commission quant à
l'interprétation précise des propos tenus lors de la
séance de travail, nous allons en référer au Journal des
débats, et je vais vérifier s'il y a concordance entre le
Journal des débats et le rapport de la séance de travail
qui m'a été transmis et sur lequel je me suis appuyé pour
rendre ma décision. (15 h 30)
M. Gauthier: Si vous me permettez...
Le Président (M. Charbonneau): À l'égard des
remarques préliminaires, on va attendre quelques instants. S'il le faut,
je vais suspendre la séance de la commission pour vérifier
exactement ce qui s'est dit lors de la séance de travail.
M. Gauthier: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Gauthier: Je ne veux pas contester votre décision mais
étant donné que ce sont des changements fondamentaux dans les
règles normales du parlementarisme - cela fait six ans que je
siège à l'Assemblée nationale et c'est la première
fois que je vois des changements se faire aussi vite que ça - j'aimerais
que vous vérifiiez la jurisprudence avec les experts qui peuvent
conseiller le président à l'occasion dans des décisions
qui risquent d'avoir des répercussions extrêmement importantes
pour le futur pour le fonctionnement du Parlement. M. le Président,
d'une part, j'aimerais que vous acceptiez vous-même de suspendre cette
décision et d'autre part, de vérifier si les implications de
votre décision ne
pourraient pas affecter pour des années à venir le
fonctionnement du parlementarisme et des commissions parlementaires. J'aimerais
que vous acceptiez vous-même de suspendre cette décision et de
faire vérifier le plus possible la jurisprudence. Ce n'est pas parce que
je n'ai pas confiance en votre conseiller, mais je me pose des questions.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: M. le Président, loin de nous l'idée
d'enlever le parole à l'Opposition. Il n'y a pas très longtemps,
nous faisions partie de l'Opposition. Je voudrais rappeler au
député de Roberval que dans des consultations
particulières, les règlements précisent qu'on peut
effectivement limiter le temps d'intervention des intervants et des
députés, soit des députés ministériels, soit
des députés de l'Opposition. Ayant vécu 9 années,
11 mois, 10 jours et 23 heures d'Opposition, je peux vous dire qu'à
maintes reprises ça nous est arrivé à nous aussi quand
nous étions dans l'Opposition, lors de consultations - je parle des
consultations particulières comme celle d'aujourd'hui - s'il n'y avait
pas entente entre les parties, il y avait une décision de la commission
qui déterminait le temps alloué à chaque intervenant et le
temps alloué pour les échanges entre les députés et
les intervenants. Je pense que cela fait partie de notre jurisprudence. Ce
n'est pas nous qui avons commencé cette pratique, cela existait
longtemps avant nous. Cela a une raison très valable et le but c'est que
si on ne peut pas limiter ces échanges, cela pourrait vouloir dire qu'on
ne pourrait pas vraiment organiser nos travaux d'une façon rationnelle.
C'est la raison de l'article, et c'est une pratique qui a eu lieu pendant que
nous formions l'Opposition. Nous continuons; nous mettons en pratique et
respectons les termes de l'article 171.
M. Gauthier: M. le Président.
M. Théorêt: J'ai demandé la parole avant le
député de Roberval.
Le Président (M. Charbonneau): Par alternance, mais si le
député de Roberval... M. le député de Vimont.
M. Théorêt: Oui, M. le Président. Je voudrais
essayer de mettre un terme à toute cette longue discussion, que je
considère vraiment inutile, parce que l'article 171 soulevé par
le ministre est très clair quant à la durée des
interventions. Quant à l'accusation de muselage portée par
l'Opposition, il est bien évident que, connaissant le fait que les deux
côtés de cette assemblée, l'Opposition comme les membres du
parti ministériel ont le même temps d'intervention, que ce soit
30, 36 ou 40 minutes pour chacun des mémoires, ils ont un temps
égal d'intervention, on ne peut absolument pas parler de muselage
à ce moment-là. C'est à eux, de l'Opposition, de
s'entendre quant à la répartition totale du temps alloué
pour chacune des interventions. Je vous rappellerai, M. le Président,
que le but de cette rencontre est d'écouter les gens et non pas
d'intervenir en tout temps. Nous ne sommes pas ici tellement pour parler et
dire aux gens quoi faire, on est ici pour les écouter. J'espère
que les gens de l'Opposition font la même chose. Je vous demande encore
une fois, M. le Président, en vertu des articles 171 et 172, l'article
41, qui dit qu'un ordre de la Chambre a été donné pour
qu'on procède à la consultation particulière, de
procéder, après 33 minutes de débats futiles, à
écouter immédiatement les gens qui, patiemment, attendent depuis
une demi-heure à savoir quand on va commencer cette commission.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, j'ai beau lire l'article
171, je vais avoir besoin de vos lumières tantôt probablement
parce qu'il dit: "La commission détermine en séance de travail la
durée totale de chaque audition." Cela veut dire, si je comprends bien,
pour vulgariser, qu'on peut décider d'entendre le groupe no 1 pendant
trois heures. C'est à peu près ce que cela veut dire. La
durée respective de l'exposé et des échanges: dans les
trois heures du groupe no 1, on peut dire que l'exposé va durer une
heure, et deux heures seront partagées selon les règles
prévues entre l'Opposition et le gouvernement. Je ne vois vraiment pas,
M. le Président, en quoi dans l'article 171 quelqu'un peut voir la
possibilité de déterminer qu'on va siéger jusqu'à
minuit le soir. Cela n'a absolument rien à voir. La durée totale
de chaque audition et l'horaire de travail, comme le disait tout à
l'heure mon collègue de Laviolette, n'a absolument rien à voir.
À telle enseigne qu'une fois que les règles normales
s'appliquent, si on a déterminé que quatre groupes prenaient
trois heures et qu'après l'audition de trois groupes, la journée
de travail est terminée, sauf consentement unanime - et cela a toujours
été comme cela - à ce moment-là, le groupe suivant
est reporté au lendemain matin. Le ministre de l'Énergie et des
Ressources le sait tellement bien qu'en commission parlementaire où on
entendait Hydro-Québec il aurait fallu un consentement unanime de la
commission pour poursuivre jusqu'à minuit. Et, M. le Président,
c'est lui qui avait refusé - et c'est vous qui présidiez - le
consentement unanime pour qu'on siège jusqu'à
minuit. Finalement, on avait décidé, on s'était
entendu ensemble, les choses étant ce qu'elles étaient, on avait
organisé la chose de telle sorte que le lendemain on avait poursuivi les
échanges. Ce qui est important, c'est que le principe du consentement
unanime ne peut pas être remis sur la table ou entre les mains du
gouvernement à l'avenir, à partir d'une interprétation
beaucoup trop large, beaucoup trop extensible de l'article 171, M. le
Président.
C'est la première fois dans six ans de parlementarisme que je
vois - mon collègue de Laviolette me dit que c'est dix ans dans son cas
- qu'on n'aurait plus besoin dorénavant du consentement unanime d'une
commission parlementaire pour déroger aux règles d'horaire
normal. L'article 171, en aucun temps, ne peut être
interprété de cette manière, M. le Président. Je
regrette, mais je vais vous demander de reconsidérer votre
décision et de revoir la jurisprudence à cet égard.
Il n'y a absolument rien. S'il y a quelque chose, qu'on me montre
à quel endroit dans l'article 171 que je viens de lire il est
précisé qu'on peut aller jusqu'à minuit le soir et qu'an
me donne un exemple où on est allé jusqu'à minuit sans
qu'il y ait consentement unanime, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: M. le Président, par respect pour
les gens qui attendent depuis plus de 35 minutes maintenant pour
présenter leur mémoire devant nous, j'aimerais vous
suggérer de reporter cette discussion que le député de
Roberval soulève après la séance de travail. Â ce
moment, on aura tout le temps nécessaire, sans faire perdre le temps des
gens qui sont ici présents, pour en discuter plus longuement et pour
aussi rendre une décision après vérification.
Je n'ai pas objection du tout. J'espère que le
député de Roberval acceptera cette proposition pour qu'on puisse
procéder immédiatement à l'étude.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, j'accepterais volontiers,
pour ma part, par respect pour les gens qui sont là. Je tiens à
soutenir que, malgré tout le respect que je dois aux groupes qui sont
là, les règles qui régissent le Parlement et qui le
régiront pour les prochaines années, c'est aussi important que le
temps des personnes qui attendent. Dans ce sens, on ira en séance de
travail ou vous prendrez votre décision dans le courant de cet
après-midi ou un peu plus tard. On est prêt à
procéder. D'ailleurs, cela va vous donner le temps de faire des
vérifications et c'est ce qu'on réclame à grands cris
depuis tout à l'heure.
Le Président (M. Charbonneau): À partir de ce
consensus, je vais vous indiquer que soit à l'issue - selon les
vérifications que je ferai - de la séance de cet
après-midi ou au début de la séance de ce soir, je pourrai
rendre une décision complète par rapport à la
décision que j'ai rendue.
D'ailleurs, si j'ai accepté qu'on fasse ce débat
additionnel à la suite de la décision que j'avais rendue, je
pense que tout le monde en conviendra, c'est que les questions sont importantes
et risquent d'avoir des conséquences à l'égard de la
jurisprudence qu'on peut établir. Je pense que le député
de Laviolette et le député de Roberval ont soulevé des
doutes, à cet égard, ce qui m'a permis d'entendre
également des collègues du côté
ministériel.
Donc, on va procéder à plus de vérifications
à l'égard de la portée des articles concernés,
c'est-à-dire les articles 20, 143, 144 et 171 ainsi que les
arrêtés de jurisprudence dont on m'a fait part
précédemment et, dans la mesure où on pourra avoir une
vérification complète, j'essaierai de rendre la décision
dans les meilleurs délais, certainement, de toute façon, avant
que le problème se soulève ce soir. Sur ce...
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M, le député
de...
Dépôt de mémoires
M. Perron: En même temps que vous allez faire votre travail
de vérification, est-ce que vous pourriez regarder la directive
suivante? Comme il n'y a pas eu entente entre le gouvernement et l'Opposition
concernant des organismes qui auraient pu se faire entendre en commission et
qui ont été refusés par la majorité
ministérielle, est-ce que ces organismes, soit par le biais d'un membre
de l'Opposition, d'un membre du gouvernement ou, encore, par votre biais, M. le
Président, pourraient, dans un premier temps, déposer les
mémoires en commission parlementaire et serait-il possible que la
transcription du contenu se fasse à l'intérieur du Journal des
débats? C'est la seule question que je pose.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: M. le Président, je vous demande
de juger cette demande tout à fait irrecevable. Un ordre de la Chambre a
été
donné. Pour cette consultation particulière, il y a eu une
entente de faite sur les organismes qui devaient être acceptés en
date du 19 juin. Il y a eu une entente supplémentaire entre les deux
leaders du gouvernement pour en ajouter trois. Cette entente reflète
exactement - et on ne peut aller à l'encontre de l'ordre de la Chambre
qui dit que l'on devait entendre les organismes qui étaient sur la liste
en date du 19 juin, en plus des trois qui ont été
ajoutés.
Donc, M. le Président, je demanderais encore une fois aux membres
de l'Opposition de cesser ces interventions et ces demandes qu'ils savent tout
à fait irrecevables, et spécialement le député de
Duplessis qui lors de la séance du 12 septembre a fait la même
présentation qui a été rejetée. Si le
député de Duplessis veut faire du cirque et de la
politicaillerie, cela n'est pas le temps. On devrait une fois pour toutes
passer au sérieux. Cette même demande a été
rejetée le 12 septembre. Je vous demande de la juger irrecevable.
M. Perron: M. le Président, je m'excuse, je ne voudrais
pas faire de débat là-dessus, mais...
Le Président (M. Charbonneau): Si vous ne voulez pas faire
de débat...
M. Perron: ...je peux vous assurer que cette demande n'a pas
été faite le 12 septembre. Celle que je viens de faire à
l'instant n'a rien à voir avec la demande que j'avais faite d'entendre
des organismes en commission parlementaire. Tout ce que je demande actuellement
c'est que les mémoires de ces organismes, à qui on a
refusé par vote majoritaire de se faire entendre en commission
parlementaire, puissent être déposés en commission, d'une
part, et que ces mémoires soient transcrits au Journal des
débats. C'est ce que je demande. Cela n'a rien à voir avec la
rencontre du 12 septembre dernier, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): À cet égard,
je vais tout de suite trancher. L'autorité confiée au
président peut lui permettre, en vertu de l'article 162, d'accepter des
dépôts de documents. Par ailleurs, depuis déjà
quelques années, la pratique veut qu'on ne transcrive plus au Journal
des débats les mémoires déposés. Cependant, il est
de tradition, lorsque des commissions parlementaires font des consultations
publiques et que l'on ne peut pas entendre un certain nombre d'organismes, pour
quelque raison que ce soit, de permettre à ces organismes de
déposer très officiellement devant la commission leur
mémoire et que ce mémoire-là soit consigné aux
archives de la commission. Donc, c'est ce qui va être fait.
Par ailleurs, à l'égard de l'inscription au Journal des
débats, compte tenu de ce qui se fait déjà depuis un
certain nombre d'années, c'est à la fois inutile et dispendieux
pour l'utilité que cela pourrait avoir. Ce que je dis est transcrit au
Journal des débats, que les documents sont au Secrétariat des
commissions. Ils peuvent être consultés en tout temps et ce sont
des documents publics. Ils font partie également des documents
distribués aux membres de la commission pour leur éclairage
mutuel ainsi qu'aux membres de la Tribune de la presse si ces derniers veulent
en prendre connaissance.
Une voix: Merci, M. le Président. (15 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): Ceci dit, je voudrais par
ailleurs vous indiquer que le député de Laviolette a posé
deux problèmes. Il y en a un qu'on a mis en suspens, mais le
deuxième se pose maintenant, parce que cela a rapport à son droit
de parole. Après avoir lu le Journal des débats, je conviens avec
lui qu'il avait effectivement mis en garde ou fait la remarque qu'il voulait
conserver son droit de parole et que le député de Viau l'avait
assuré que lui et tous les autres membres de la commission avaient ce
droit de parole. Le problème qui se pose est que néanmoins cela
doit être interprété dans la décision que là
commission a rendue qui est d'accorder à chacune des formations un temps
particulier pour l'exercice de ses remarques préliminaires.
Comme on a convenu que de part et d'autre on aurait 30 minutes pour ces
remarques préliminaires, je suis obligé de vous dire, M. le
député de Laviolette, que vous devrez vous entendre avec vos
collègues, en particulier avec le député de Duplessis pour
pouvoir livrer quelque message que ce soit durant ce temps de parole. Donc, le
temps de parole n'est pas attribué à un député en
particulier, mais à une formation politique dans son ensemble.
M. Jolivet: M. le Président, juste un petit mot.
Le Président (M. Charbonneau): À moins d'un
consentement unanime, bien sûr, c'est évident.
M. Jolivet: Lorque j'avais posé la question au
député de Viau, c'était justement à cause des 30
minutes. Il m'avait dit premièrement, que mon droit de parole ne
comptait pas dans les 30 minutes et, deuxièmement que... M. le
Président, c'est pour cela que j'ai posé la question. Je vous la
pose de la même façon qu'on l'a posée à la
commission de l'éducation parce que cela s'est posé à
l'inverse. Au moment où on a
fait la séance de travail à l'éducation, on s'est
posé une question bien simple: Qui a le droit de parole? pour
éviter de faire de longs droits de parole. Les membres du gouvernement
ont tous voulu parler; on les a tous laissés parler. On leur a
donné la permission. On leur a dit: D'accord, si vous voulez parler,
parlez. Je dois vous dire que c'est parce que, justement, il y avait 30
minutes... Quand vous dites, M. le Président, qu'il a été
convenu ainsi, je dois vous dire qu'on nous a imposé; nous n'avons
jamais convenu du temps. On nous a imposé cet horaire; nous allons le
subir et les gens qui vont être présents durant les jours qui vont
venir vont le subir aussi, parce que ce n'est pas possible qu'on puisse
entendre un organisme en 30 minutes sans "butcher" le travail.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette, je voudrais juste qu'on se comprenne bien. La dernière
partie de votre intervention porte sur le temps alloué à chacun
des organismes. On peut différer d'opinion, quoique vous ayez raison de
rappeler que ce n'est pas une décision unanime de la commission mais
bien une décision majoritaire. Par ailleurs, ce problème est
différent de celui du temps d'intervention, de la possibilité de
faire des remarques préliminaires pour les membres de la commission.
À cet égard, je dois vous référer à la
décision majoritaire de la commission qui est de confier à
chacune des formations politiques un temps d'intervention préliminaire
de 30 minutes. Si, pour une raison ou pour une autre, les membres de la
commission acceptaient, par suite d'un consentement unanime, d'accorder plus de
temps ou de permettre à certains collègues de faire des
remarques, je pense qu'il serait loisible de le faire. Autrement, s'il n'y a
pas d'autre question sur l'ordre du jour, je vais demander au ministre
délégué aux Forêts ou au ministre de
l'Énergie et des Ressources de faire ses remarques préliminaires
en vous rappelant que vous et vos collègues ministériels avez 30
minutes.
Déclarations d'ouverture M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue à tous les organismes qui viendront, au cours des
prochains jours, nous faire part de leurs commentaires et de leurs
recommandations. Je les remercie à l'avance de leur collaboration et de
la contribution qu'ils apporteront ici à l'instauration du nouveau
régime forestier.
Mes propos seront brefs, puisque je veux permettre à mon
collègue, le ministre délégué aux Forêts, qui
n'a ménagé aucun effort en vue d'instaurer un nouveau
régime forestier, de vous faire part des grandes orientations de
l'avant-projet de loi dont nous discuterons ensemble. J'aimerais cependant
m'attarder quelques instants sur le contexte qui nous a amenés à
proposer des modifications fondamentales au régime forestier en vigueur
et sur les choix que nous avons arrêtés à titre de
gouvernement.
Depuis quelque temps déjà, un consensus s'est formé
sur la nécessité d'intervenir dans le but de modifier la
situation du secteur forestier, qui peut être qualifiée
d'alarmante. À titre d'illustration, rappelons ici que le gouvernement
garantit actuellement à l'industrie forestière un volume de 31
000 000 de mètres cubes par an en résineux en provenance de la
forêt publique, malgré le fait que la forêt ne puisse en
produire actuellement que 21 000 000 de mètres cubes. Les règles
de gestion déficientes et une récolte dissociée de
l'aménagement, entre autres éléments, nous conduisent vers
des ruptures de stock.
Au plan strictement économique, les conséquences peuvent
être désastreuses pour le Québec. Je rappellerai ici que,
depuis 1979, les industries du sciage et des pâtes et papiers ont
dépensé près de 5 000 000 000 $ afin d'assurer le maintien
de la capacité concurrentielle de notre industrie forestière. En
1983, les exportations de produits forestiers du Québec totalisaient 3
400 000 000 $, soit 25 % des exportations forestières canadiennes et 30
% des exportations totales du Québec. La production et la récolte
du bois génèrent des retombées économiques de 8 500
000 000 $ annuellement.
Au niveau de l'emploi, 75 000 Québécois travaillent dans
l'industrie forestière, deux fois plus de personnes vivent indirectement
de la forêt et l'économie de plusieurs de nos régions en
est largement dépendante, puisque l'activité forestière
constitue la raison d'être et la principale source de revenus de plus de
100 municipalités. Il est donc impérieux, dans îe but de
maintenir ce niveau d'activité économique, de donner un
sérieux coup de barre au mode de gestion des forêts du
Québec. En ce sens, nous emboîtons le pas, avec un retard certain,
à plusieurs autres provinces canadiennes dont la Nouvelle-Écosse,
le Nouveau-Brunswick, l'Ontario et la Colombie britannique. Des pays tels la
Norvège, la Finlande et la Suède ont aussi
légiféré sur la question.
Il est évident que le retard que nous accusons nous oblige
à proposer des mesures plus substantielles que si le gouvernement avait
agi en temps opportun. Des choix s'imposaient et nous les avons faits. Nous
vous les proposons par le biais de l'avant-projet de loi qui permettra
d'implanter le nouveau régime forestier. Mon collègue fera
état, dans quelques instants, des mesures proposées.
Le régime que nous voulons instaurer présuppose un nouveau
partage des responsabilités entre les divers intervenants et, en
conséquence, une modification du rôle de l'État. Notre
gouvernement a manifesté clairement à plusieurs reprises sa
perception du rôle de l'entreprise dans notre société.
L'avant-projet de loi sur les forêts traduit ces orientations. Nous
croyons fermement que le rôle du gouvernement dans le domaine forestier
doit s'orienter dorénavant vers la définition des objectifs, la
distribution de la ressource et le contrôle de la réalisation des
travaux de mise en valeur exécutés par l'industrie
forestière. Les responsabilités en matière de
planification, d'interventions en forêt et de mise en valeur reviendront
donc aux utilisateurs.
L'orientation que nous nous sommes donnée s'inscrit non seulement
dans un contexte de restrictions qui ne permet plus à l'État
d'être présent dans tous les secteurs d'activité, mais
également dans une perspective de rationalisation dans l'utilisation des
ressources disponibles. Le nouveau partenariat que nous entendons mettre de
l'avant implique pour les utilisateurs des changements assez substantiels. Des
coûts y sont associés et de nouvelles responsabilités en
découlent, notamment au niveau de l'aménagement de la forêt
qui constitue le pivot du nouveau régime forestier.
J'aimerais souligner qu'au cours des dernières années, des
efforts considérables ont été consentis en
aménagement dans la forêt privée avec l'aide du
gouvernement. Nous croyons vivement que l'avant-projet de loi, par ses
objectifs, créera un lien plus intime entre l'industriel et la
forêt publique de façon qu'il considère qu'il est à
la fois de sa responsabilité et à son avantage de
l'aménager de la même manière que s'il s'agissait de sa
propriété.
Nous sommes conscients qu'un fardeau supplémentaire reposera sur
l'industrie, mais nous sommes aussi convaincus que les retombées
économiques qu'elle en retirera le justifient pleinement, le défi
que nous relèverons ensemble visant essentiellement à assurer le
maintien et le développement de notre industrie forestière pour
l'avenir.
Un autre aspect dont nous avons tenu compte dans l'élaboration du
régime forestier consiste dans le fait qu'il existe, outre l'industrie,
plusieurs autres utilisateurs de la forêt. Afin d'assurer cette
utilisation polyvalente, diverses interventions ont été
élaborées. Ainsi en est-il de la préparation de plans
d'affectation ou encore du cahier des modalités d'intervention en milieu
forestier préparés en collaboration avec le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le ministère de
l'Environnement.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous rappeler que nous
sommes réunis pour écouter les arguments de tous les intervenants
et leurs propositions. Nous entendons les prendre en considération et,
si nécessaire, des modifications pourront être faites avant le
dépôt du projet de loi.
Le Président (M. Théorêt);
Merci, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je tiens à
féliciter tous ceux qui se préoccupent de l'avenir de la
forêt. C'est tellement important pour protéger notre
qualité de vie pour chacune des Québécoises et chacun des
Québécois. Soyez assuré que je recevrai de façon
très positive les recommandations qui nous seront faites pour bonifier
cette loi.
Nous entreprenons aujourd'hui l'une des étapes les plus
importantes dans le vaste processus qui conduira le Québec à se
doter d'un nouveau régime forestier. En effet, au cours des prochains
jours, nous aurons l'occasion d'entendre à cette commission
parlementaire les commentaires et les suggestions de la part de tous les
organismes ou presque intéressés à divers plans et pour de
multiples raisons à l'utilisation des forêts du Québec.
L'avant-projet de loi sur les forêts que j'ai eu l'honneur de
déposer à l'Assemblée nationale, le 19 juin dernier
propose en effet l'implantation d'un nouveau régime forestier qui tient
compte de l'aspect multifonctionnel des forêts.
Une connaissance plus approfondie de nos forêts, conjuguée
aux besoins maintes fois exprimés et par ailleurs fort légitimes
de différents segments de notre société, font en sorte que
l'État ne peut plus continuer sur sa lancée et doit
établir des règles de gestion permettant une exploitation
industrielle de la matière ligneuse dans le respect - et c'est important
- des autres ressources que renferment nos forêts, sur les plans
faunique, environnemental et touristique.
Cet aspect, que l'on pourrait qualifier de multidisciplinaire dans
l'utilisation de cette ressource providentielle, jusqu'à nos jours,
correspond à une volonté déjà définie et
bien arrêtée de mon gouvernement.
Pas plus tard que le 10 septembre, j'avais l'occasion, en compagnie de
mes collègues du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, ainsi que de
l'Environnement, de rendre public le Guide des modalités d'intervention
en milieu forestier.
Ce guide a été préparé conjointement par les
trois ministères, dans un effort de concertation sans
précédent, et témoigne bien de la volonté
gouvernementale de
considérer désormais les forêts comme un milieu
vivant nécessitant des interactions multiples, mais pas
nécessairement contradictoires.
Nous devons convenir que la transformation de la matière ligneuse
en papier et en bois d'oeuvre représente la partie la plus visible de la
ressource forestière.
J'ai cependant déjà signalé à maintes
reprises que l'on oublie trop souvent que les forêts représentent
aussi des milieux privilégiés de récréation pour la
collectivité. Les chasseurs, les pêcheurs, les trappeurs et tous
les autres qui s'adonnent à la récréologie de plein air
connaissent l'importance de la qualité des forêts. Mon
collègue Yvon Picotte, du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche est très soucieux et très vigilant à cet
effet.
J'ai souvent répété aussi que les forêts
demeurent un élément essentiel à notre qualité de
vie. Elles agissent, en effet, comme un immense poumon capable de purifier
l'air que nous respirons. Les forêts agissent aussi comme un vaste
générateur d'eau potable pour nos villes et comme un
stabilisateur des sols, en prévenant l'érosion, les inondations
et les glissements de terrain. Mais j'ai confiance, et je sais que mon
collègue du ministère de l'Environnement prendra jalousement ses
responsabilités à cet égard.
La nouvelle et récente carte d'affectation des terres publiques
circonscrit bien ces multiples vocations des terres publiques. Par ailleurs,
les données techniques fournies par les inventaires forestiers
réalisés au cours des quinze dernières années,
montrent une pénible réalité. Les forêts du
Québec sont dans un état si lamentable que nous faisons face
à des ruptures de stocks, à brève échéance,
dans plusieurs régions du Québec.
Toutes les raisons que je viens d'évoquer depuis quelques
instants justifient amplement les efforts déployés aujourd'hui,
mais également ceux de mon prédécesseur immédiat,
le député de Laviolette, pour définir les modes de gestion
qui seront à la base du nouveau régime forestier du
Québec.
Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais prendre
quelques instants pour brosser un tableau économique des forêts
québécoises, tableau qui pourra servir de fond de scène
aux diverses interventions qui seront faites au cours des travaux de cette
commision parlementaire. (16 heures)
Au chapitre de la main-d'oeuvre, rappelons que l'industrie
forestière emploie 75 000 personnes directement et 150 000
indirectement. Signalons, en passant, qu'au cours des dix dernières
années, les emplois en usine ont augmenté et les emplois en
forêt ont diminué. Les salaires annuels de quelque 2 000 000 000 $
contribuent très significativement è l'économie des
municipalités, surtout celles de petite et moyenne population. En fait,
plus de cent municipalités - on en dénombre exactement 114 -
comme Forestville, Grande-Vallée, Saint-Michel-des-Saints, Marsoui,
Nouvelle, Notre-Dame-de-la-Doré, Saint-Fulgence, Ma-niwaki, La Sarre et
je pourrais vous en nommer d'autres, Windsor, La Tuque et
Trois-Rivières, dépendent, majoritairement ou exclusivement, de
l'activité forestière pour leur bien-être
économique.
Il faut qu'un nouveau régime forestier maintienne et stimule la
création de plus d'emplois en forêt. En fait, il faut
développer une nouvelle industrie pour traiter la forêt. On
l'appelle déjà l'industrie de la sylviculture. Elle ne doit pas
être basée sur des projets ad hoc de création d'emplois,
mais elle doit fournir du travail permanent.
Concernant les installations destinées à la transformation
du bois, rappelons qu'il existe 57 usines de pâtes et papiers au
Québec, 41 d'entre elles s'approvisionnent de bois rond et de copeaux;
les autres utilisent des pâtes, des produits recyclés et d'autres
matériaux comme matière première. II existe aussi 645
scieries commerciales au Québec et 564 scieries de service. Elles sont
réparties, comme vous le savez, dans toutes les régions du
Québec.
Le Québec manque d'usines consommatrices de bois à
pâte, ce qui freine l'aménagement intensif de nos forêts,
faute de débouchés pour les produits d'éclaircies et de
reconversion des peuplements. Par contre, le nombre de scieries utilisatrices
de bois résineux et feuillus est trop grand dans la plupart des
régions. Celles-ci éprouvent d'énormes difficultés
à s'approvisionner en bois de qualité ou de bonne dimension. Pour
rentabiliser leurs opérations, la plupart des propriétaires
pensent à augmenter leur production et à assurer
l'écoulement de leurs résidus plutôt qu'à
aménager leur forêt.
Par ailleurs, les États-Unis demandent au Canada de limiter ses
exportations de bois d'oeuvre et le marché pour les copeaux ne suit pas
les mêmes cycles que celui de la production du bois d'oeuvre, ce qui
maintient l'industrie du sciage dans une position concurrentielle
délicate.
Quant à la production comme telle, les statistiques montrent
qu'en 1983 les papeteries ont produit 4 200 000 tonnes de papier journal et 4
000 000 de tonnes de pâtes, cartons et autres papiers. Au cours de la
même année, les scieries ont produit 8 200 000 mètres cubes
de bois d'oeuvre, 5 400 000 tonnes de copeaux, sciures et planures et 1 100 000
tonnes d'écorces. 87 % des bois utilisés étaient des
résineux.
Pour maintenir sa part des marchés mondiaux, on dit que le Canada
et le Québec devraient augmenter leur production de 40 %
d'ici l'an 2000, ce qui aura pour effet de créer une pression
supplémentaire sur les approvisionnements.
Le nouveau régime forestier doit donc viser è
améliorer la qualité et la quantité des approvisionnements
actuels des usines en matière ligneuse et assurer l'approvisionnement
à long terme de celles qui sont les plus performantes. Pour atteindre le
niveau actuel de production, les usines ont transformé 43 900 000
mètres cubes de matière ligneuse.
Les scieries ont fourni plus de 50 % des besoins en matière
ligneuse aux usines de pâtes et papiers et les bois ronds des
forêts publiques seulement 27 %. Celles-ci ont usiné 23 000 000 de
mètres cubes en 1983, Les scieries, pour leur part, ont doublé
leur consommation au cours des dix dernières années. Elles ont
satisfait plus de 75 % de leurs besoins en provenance des forêts
publiques. Elles ont usiné 21 000 000 de mètres cubes de bois
résineux.
Le Québec possède la plus grande étendue de
forêt commerciale au Canada. Cependant, elles ne sont pas toutes
productives, ni accessibles. Celles qui le sont couvrent 485 000
kilomètres carrés sur terres publiques et 62 000
kilomètres carrés sur terres privées. De ce total, il faut
soustraire celles qui ne sont pas exploitables 117 000 kilomètres
carrés sur forêt publique - et celles qui sont interdites en
permanence aux activités forestières, industrielles, avant de
mesurer leur capacité de production.
Ceci laisse donc un résidu de 320 kilomètres carrés
de forêts utilisables. D'où la nécessité pour le
nouveau régime forestier de définir l'affectation des terres
publiques pour prévenir les modifications inutiles et les
empiétements dans le territoire à vocation prioritaire de
production forestière.
Si on aborde maintenant la question des peuplements forestiers, disons
que le volume marchand brut de bois en inventaire sur le territoire forestier
du Québec est de 3 000 000 000 de mètres cubes de résineux
et de 1 000 000 000 de mètres cubes de feuillus. Les sapins, les
épinettes, les pins gris constituent 70 % de cet inventaire et plus de
55 % de tous les bois sur pied qui ont atteint la maturité.
Le nouveau régime forestier doit donc permettre
d'accélérer la récolte des bois qui ont atteint la
maturité, mais cela à la condition qu'ils soient remplacés
par de jeunes forêts plus productives.
D'un autre côté, la possibilité annuelle de coupe
(biophysique) de toutes les forêts publiques et privées du
Québec, et la disponibilité des essences secondaires obtenues
lors de la récolte des essences principales est de 39 300 000
mètres cubes. Ce rendement naturel de la forêt a, cependant,
été amélioré de plus de 20 % depuis la mise en
place du vaste programme d'aménagement qui vise à
régénérer naturellement et artificiellement quelque 120
000 hectares de territoires forestiers annuellement à compter de
1988-1989. En escomptant les résultas de ce programme, on pourrait, par
exemple, récolter dès maintenant non plus 18 000 000 de
mètres cubes de sapins, d'épinettes et de pins gris, par
année, mais bien 25 400 000 de mètres cubes sur les forêts
publiques. J'entends, cependant, suggérer que cette croissance se fasse
graduellement, de façon à optimiser et rentabiliser les
investissements des différents partenaires. Ce rendement
accéléré représente environ un mètre cube de
bois résineux par hectare, ce qui est environ trois fois
inférieur au rendement des forêts du sud des États-Unis, de
la Suède et de certains pays dont mon collègue a fait
état.
Le nouveau régime forestier doit permettre la réalisation
d'un programme de reboisement et l'entretien après plantation de ces
arbres pour qu'ils produisent réellement les rendements
escomptés. Si les moyens physiques et économiques pour
l'entretien des plantations ne sont pas autorisés, il est inutile de
reboiser à grande échelle, parce que cela revient à jeter
l'argent par les fenêtres.
Le nouveau régime forestier doit, de plus, assurer une remise en
production acceptable de tous les territoires de coupe et des superficies
pertubées antérieurement pour augmenter encore davantage la
possibilité de récolte des résineux. En effet, les
récoltes moyennes annuelles de résineux des cinq dernières
années de 26 000 000 de mètres cubes égalent ou
dépassent déjà la possibilité biophysique des
forêts, et elles doivent augmenter à 36 000 000 de mètres
cubes pour satisfaire la demande des usines d'ici 25 ans.
En forêt publique, l'industrie du sciage récolte maintenant
plus de 70 % de la matière ligneuse et l'industrie des pâtes
récolte le reste. Cependant, la diminution constante de la dimension
moyenne des tiges récoltées (173 décimètres cubes
en 1976, comparé à 143 décimètres cubes en 1984)
pour approvisionner les scieries contribue à une augmentation rapide des
coûts d'exploitation et a menacé et menace encore la
rentabilité de cette industrie.
II ressort assez clairement de ce qui précède que les
forêts du Québec ne peuvent pas continuer à satisfaire
économiquement la demande de matière ligneuse, surtout celle de
l'industrie du sciage. Et nous n'avons pas parlé ici de
l'approvisionnement des usines de déroulage et de celles qui utilisent
le pin blanc, le pin rouge et le bouleau jaune de qualité. Ces usines ne
peuvent plus, et ce depuis plusieurs années déjà,
satisfaire leurs besoins.
Le nouveau régime forestier doit donc
permettre non seulement la culture de la forêt, mais une
redistribution, un contrôle et une modification des exploitations
forestières pour que, si possible et réalisable, les bois de plus
grande dimension servent au sciage et pour que les quantités
exploitées ne dépassent pas les disponibilités et
permettent d'aménager la forêt sur une base de rendement soutenu.
Pour atteindre cet objectif, il faut réviser à la baisse les
allocations de matière ligneuse, il faut modifier la tarification des
bois coupés et il faut réinvestir en forêt une plus grande
proportion des bénéfices directs et indirects
générés par l'utilisation commerciale de la
forêt.
M. le Président, examinons maintenant ce qu'il en est des
allocations de matière ligneuse. Les engagements actuels du
ministère de l'Énergie et des Ressources envers les industriels
qui utilisent des bois résineux dépassent la possibilité
des forêts publiques de 58 % et même la possibilité des
forêts aménagées intensivement de 13 %. L'allocation est
ainsi beaucoup trop généreuse dans 27 unités de gestion
sur 44 et dans 6 régions administratives sur 9.
Le nouveau régime devra donc réduire substantiellement les
allocations de la plupart des 300 industriels du Québec,
détenteurs de conventions d'approvisionnement ou de concessions
forestières. Dans la majorité des cas, cette réduction
d'allocation ne diminuera pas le volume des exploitations actuelles.
Le nouveau régime forestier prévoit, par ailleurs, une
révision de la tarification des bois sur pied, afin d'inciter les
utilisateurs forestiers à minimiser les pertes de matières
ligneuses lors des exploitations, afin de les inciter aussi à destiner
toutes les billes récoltées vers le meilleur usage industriel
possible, afin de les inciter à acheter sur le marché toute la
matière ligneuse première disponible, et afin de tenir compte de
leurs nouvelles obligations d'aménagement forestier intensif.
Les droits de coupe moyens au Québec sont maintenant de 2,19 $
par mètre cube récolté et la variation de ces droits ne
tient pas compte directement de la qualité des bois, de la rareté
des essences, de leurs coûts d'exploitation, de leur proximité des
centres de transformation ou des coûts d'aménagement qu'il faut
encourir pour régénérer les parterres de coupe et assurer
le rendement soutenu de la forêt.
La nouvelle formule de tarification tient compte de ces critères
et facilite l'atteinte des objectifs mentionnés plus haut.
Le nouveau régime forestier propose des modifications en
profondeur en ce qui concerne la tenure.
Désormais, au nom de l'équité, tous les exploitants
forestiers seront traités sur le même pied. Les concessions
forestières sont révoquées par le nouveau régime et
remplacées, en s'assurant qu'il n'y aura pas de vide juridique, par un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier qui
détermine les volumes de matière ligneuse alloués et
suggèrent les exigences pour assurer la remise en état de
production acceptable de tous les parterres de coupe.
Cette dernière responsabilité, qui s'ajoute aux
affectations des terres publiques, engendre des coûts
considérables pour l'industrie. La facture totale risque d'être
assez élevée, lorsque le régime aura atteint sa vitesse de
croisière. Les évaluations actuellement disponibles indiquent que
le montant total de la facture pourrait atteindre, selon le ministère,
les 200 000 000 $ par année.
Bien sûr que l'État fera sa part, comme il le fait
déjà amplement. Mais, il faudra aussi que tous les utilisateurs
fassent la leur. Déjà, l'industrie a signifié qu'elle ne
s'y opposait pas. Je suppose que les autres utilisateurs en feront autant et
que, tous ensemble, nous parviendrons à un partage équitable des
coûts.
Tout le monde s'accorde sur la nécessité et les vertus du
nouveau régime forestier.
Si, d'une manière générale, le nouveau
régime propose de responsabiliser, si je peux m'exprimer ainsi, tous les
utilisateurs des forêts, il faudra bien que chacun accepte et remplisse
sa partie de responsabilité en assumant chacun sa partie du coût
total.
Les suggestions que les différents intervenants nous
présenteront, au cours des travaux de cette commission, nous aideront
certainement dans la recherche des meilleures avenues permettant le partage le
plus équitable de la facture.
Voilà donc, M. le Président, le tableau qui peut servir de
toile de fond à nos travaux.
Mais, avant de conclure, je m'en voudrais de ne pas aborder un sujet de
la plus haute importance, soit celui des forêts privées.
Vous conviendrez que l'avant-projet de loi sur les forêts
actuellement à l'étude concerne la gestion du domaine forestier
public.
Cependant, les forêts privées au Québec sont d'une
importance capitale. Avec seulement un peu plus de 10 % des superficies
productives, elles contribuent pour environ 20 % à 25 % des besoins des
industries.
J'ai maintes fois répété mon opinion selon
laquelle, dans la plupart des cas, les propriétaires de boisés
privés, petits ou grands, ont été parmi les meilleurs
sylviculteurs au Québec. C'est d'ailleurs pour cette raison que
l'État a développé et développe toujours des
programmes d'intervention à l'intention des producteurs privés.
En février dernier par exemple, j'ai eu le plaisir d'instaurer, à
la suite d'une
recommandation du rapport Lortie, le statut du producteur forestier
permettant à ce dernier de bénéficier d'avantages fiscaux
importants au chapitre des taxes foncières sur les terres en production.
Plus de 15 000 producteurs se sont déjà prévalus de ce
statut jusqu'à maintenant.
Avec ce programme, l'aide financière totale de l'État pour
la forêt privée atteint les 45 000 000 $.
Toutes choses étant égales par ailleurs, l'État
devrait consacrer de 500 000 000 $ à 600 000 000 $ dans les forêts
publiques, s'il veut réaliser un effort équivalent à ce
qu'il fait dans les forêts privées.
Par ailleurs, les producteurs privés revendiquent l'introduction
dans la Loi sur les forêts de la notion de priorité sur les bois
des forêts privées, parce qu'ils considèrent que le domaine
public leur fait une concurrence déloyale. (16 h 15)
Je sais que mon prédécesseur l'avait inscrit dans son
livre blanc de juin 1985. Quant à nous, par respect pour le libre
marché, nous n'avons pas retenu le principe de la priorité, mais
nous avons prévu des avantages majeurs pour les producteurs
privés.
Ainsi, pour la première fois, une loi sur les forêts
prévoit une provision selon laquelle, avant d'allouer un volume de bois
à une usine à partir du domaine public, l'État tiendra
compte d'abord de toutes les autres sources d'approvisionnement disponibles, y
compris les bois des forêts privées.
Il appartiendra, par la suite, aux parties à s'entendre sur une
base d'affaires concernant les modalités commerciales de transactions.
Ce faisant, nous favorisons la mise en marché des bois privés,
tout en respectant les règles normales et habituelles du commerce et de
la libre concurrence.
En guise de conclusion, M. le Président, je veux rappeler
à tous les intervenants qui ont été invités
à se présenter devant la commission que je suis là pour
les écouter le plus attentivement possible et retenir toutes les
suggestions pertinentes et susceptibles de bonifier l'avant-projet de loi sur
les forêts présentement à l'étude.
Je veux enfin rassurer tous ceux et celles qui, sans sollicitation, nous
ont fait parvenir des mémoires, que ces derniers seront reçus
officiellement par cette commission et qu'ils feront l'objet d'analyses aussi
profondes que celles auxquelles ont été soumis l'ensemble des
mémoires présentés sur invitation.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. le
député de Duplessis.
M. Denis Perron M. Perron: Je voudrais, tout comme l'a fait le
ministre de l'Énergie et des Ressources, au nom de mes collègues
de l'Opposition, souhaiter la bienvenue aux organismes qui vont se
présenter devant nous aujourd'hui, sachant très bien que
l'Opposition fera son travail en rapport avec l'ensemble de tous ces
mémoires.
Vous me permettrez sûrement, M. le-Président, de faire
quelques commentaires à la suite des allocutions que viennent de nous
livrer les ministres du gouvernement. Nul doute que vous comprendrez qu'il ne
s'agit là que de commentaires préliminaires, puisque j'aurai
l'occasion avec mes collègues de l'Opposition de revenir à la
charge au cours de cette commission parlementaire.
Dans un premier temps, les gens se sont aperçus que le grand
pilote du dossier forestier semble être le ministre de l'Énergie
et des Ressources qui veut absolument demeurer le tuteur du ministre
délégué aux Forêts. Deuxièmement, je fais
remarquer aux membres de cette commission ainsi qu'aux représentants et
représentantes des organismes présents dans cette salle que les
ministres des Forêts n'ont épaté personne de l'Opposition
concernant leurs vues personnelles et celles de leur gouvernement, puisqu'ils
n'ont rien apporté de nouveau à Ce qu'ils avaient
déjà dit ou encore écrit sur la question forestière
qui touche l'économie du Québec de très près avec
ses 250 000 travailleurs et travailleuses, ses usines de pâtes et
papiers, ses coopératives forestières, les transformateurs du
bois de sciage et j'en passe.
M. le Président, d'une part, il faut reconnaître que les
grands principes directeurs de l'avant-projet de loi sur les forêts
comporte des éléments positifs énoncés dans le
livre blanc déposé le 11 juin 1985 par le précédent
gouvernement, soit l'abolition des concessions forestières sans
compensation financière; l'objectif du programme de reboisement
d'atteindre une vitesse de croisière de 300 000 000 de plants en 1988;
l'application du principe de rendement soutenu qui confirme un niveau de
récolte des bois correspondant à la possibilité de la
forêt à se regénérer; le maintien de l'État
en tant que gestionnaire principal de la ressource forestière, la
participation de l'industrie forestière et des coopératives
forestières à l'aménagement des forêts,
reconnaissant ainsi l'interdépendance des opérations de
récolte et de regénération. En somme, chaque arbre
coupé sera remplacé par au moins un arbre, comme le disait
symboliquement mon collègue de La-violette lors du dévoilement du
livre blanc "Bâtir une forêt pour l'avenir", le 11 juin 1985.
La publication d'un guide des modalités d'intervention en milieu
forestier qui permettra de prescrire des normes de coupes de bois en fonction
de divers milieux
forestiers et de leur fragilité. Rendu public le 10 septembre
dernier, comme l'a si bien dit le ministre délégué, il ne
faut pas oublier cependant que ce guide négocié entre trois
ministères, c'est-à-dire Énergie et Ressources,
Environnement et Loisir, Chasse et Pêche était prêt depuis
près d'un an.
Mais d'autre part, l'avant-projet de loi sur les forêts
soulève de très nombreuses inquiétudes tant il est timide
par rapport au livre blanc du précédent gouvernement.
L'avant-projet de loi livre aux papetières le marché de la
matière ligneuse libre de toutes contraintes, au détriment des
propriétaires de forêts privées, des scieurs et des
coopératives forestières.
Le gouvernement le fait de la façon suivante: En rejetant la
priorité aux bois des forêts privées et aux copeaux des
usines de sciage pour approvisionner les usines de pâtes et papiers; en
écartant les garanties de suppléance en vue de favoriser les
contrats à long terme entre les partenaires; en refusant d'inclure les
coopératives forestières à titre de partie prenante
à tous les contrats d'aménagement forestier; en
établissant des droits de coupe moyens de 2,39 $ du mètre cube,
soit une augmentation moyenne de seulement 0,20 $ du mètre cube,
augmentation insuffisante pour rétablir un plus juste équilibre;
en s'abstenant de créer un conseil permanent de la forêt.
En apportant ces modifications par rapport au livre blanc de 1985, il
est évident que le gouvernement libéral se rend ainsi aux
demandes les plus pressantes des papetières sans considération
majeure envers les autres instances. Le modèle proposé par le
livre blanc visait la consolidation des 250 000 emplois de ce secteur
industriel en établissant un meilleur marché pour les bois des
forêts privées et les copeaux des usines de sciage, et il y a tout
lieu de croire que le laisser-faire du gouvernement sur le marché de la
matière ligneuse n'annonce rien de bon pour le rétablissement
d'une saine économie forestière. S'il veut aménager un
certain équilire pour les prix généralement trop bas des
bois privés et des copeaux, le gouvernement aurait dû
prévoir une hausse substantielle des droits de coupe sur la forêt
publique. Mais tel ne semble pas être son orientation.
L'avant-projet de loi sur les forêts manque de prudence
forestière en prévoyant que la possibilité de la
forêt publique devra être calculée en escomptant sans
délai les résultats des travaux de remise en production des
territoires forestiers. La possibilité actuelle de la forêt
publique sans aménagement intensif (reboisement, meilleure
méthode de coupe) est actuellement de 18 000 000 de mètres cubes
pour le sapin, l'épinette et le pin gris, et pourrait être
portée à 25 400 000 mètres cubes si les quelque 400
utilisateurs, y compris le ministère de l'Énergie et des
Ressources, pour les superficies mal regénérées,
c'est-à-dire les arrérages, atteignent les objectifs de remise en
production.
Répartir immédiatement les allocations sur la base de 25
400 000 mètres cubes pourrait avoir un effet contraire à celui
visé par la politique forestière en précipitant davantage
la rupture de stocks, principalement dans les régions plus fragiles
comme l'Abitibi-Témiscamingue, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Les résultats des interventions
passées démontrent que les résultats des travaux
sylvicoles n'ont pas atteint leurs objectifs dans une proportion
importante.
Au moment où d'une main le ministre tente d'abaisser le niveau
des allocations allouées de 30 400 000 mètres cubes à 21
300 000 mètres cubes, soit la coupe moyenne des cinq dernières
années, il ne faudrait pas que de l'autre main il tente de faire du
développement industriel avec des arbres encore à l'état
de graines dans les chambres froides de la pépinière
gouvernementale de Berthierville. La forêt électronique doit
demeurer dans les ordinateurs jusqu'à preuve du contraire. L'atteinte
des objectifs fixés pourrait se faire selon certaines étapes,
d'où la possibilité d'étaler les frais
d'aménagement sur une plus longue période.
Par conséquent, l'Opposition recommande fortement au gouvernement
de répartir le volume initial sur la base de la possibilité
actuelle de 19 300 000 mètres cubes et d'attendre les résultats
du deuxième inventaire décennal et le premier rapport quinquennal
sur l'état de la forêt prévus pour 1990 avant d'escompter
les résultats au mérite.
L'avant-projet de loi sur les forêts devient inacceptable au
deuxième paragraphe de l'article 37 lorsqu'on y indique qu'un
utilisateur dont les travaux de remise en production dépassent les
objectifs fixés n'aura pas de droit de coupe à payer sur
l'accroissement de la possibilité.
Le livre blanc de 1985 l'a mentionné et le ministre
délégué aux Forêts l'a souvent
répété au cours des récentes semaines: la
forêt québécoise est dans un état pitoyable. C'est
un problème de société. Jusqu'à présent les
gouvernements ont peu exigé et globalement l'industrie a dilapidé
la forêt sans souci réel de l'avenir. Mais dès que
l'État-propriétaire, au nom des Québécois et des
Québécoises, oblige les locataires à entretenir
convenablement leur logement, c'est-à-dire la forêt dans ce
cas-ci, le propriétaire peut-il accepter que la valeur ajoutée
soit entièrement portée au seul crédit du locataire et que
celui-ci puisse en disposer à son gré? Non, bien entendu. Des
travaux d'aménagement intensif pourraient permettre de doubler et
même de tripler
dans la forêt de banlieue le rendement des forêts
québécoises.
Le deuxième paragraphe de l'article 37 impliquerait que la
moitié, voire les deux tiers du bois coupé seraient exempts de
droits de coupe. Une prime au rendement semble indiquée afin d'inciter
les utilisateurs à investir dans des travaux sylvicoles intensifs, mais
pas au point de devenir une récompense pour le piètre état
actuel de la forêt québécoise. L'État demeurera
toujours le propriétaire du territoire et de son potentiel. Il doit en
tirer sa juste part de revenu.
De plus, l'avant-projet de loi et le mémoire au Conseil des
ministres négligent d'indiquer comment le gouvernement compte financer
son propre effort annuel additionnel estimé à 33 000 000 $, en
dollars de 1985, pour 1991-1992, année où le nouveau
régime forestier aura atteint sa vitesse de croisière et comment
il partagera entre les divers utilisateurs la facture annuelle de 103 000 000
$, toujours en dollars de 1985.
Il est important de connaître à quel rythme le gouvernement
s'engagera à remettre en production les superficies peu ou mal
régénérées, sinon l'industrie forestière
pourrait hésiter avant de signer un contrat d'aménagement. Or,
l'avant-projet de loi manque une belle occasion de prouver
l'intérêt réel du gouvernement dans l'aménagement
forestier quand il indique à l'article 35 que les travaux requis pour
remettre en prodution les territoires mal régénérés
sont exécutés par le ministre dans la mesure qu'il
détermine.
De plus, le gouvernement devrait clairement indiquer s'il a l'intention
de transférer une partie de sa facture ou de celle de l'industrie
forestière aux autres utilisateurs de la forêt à titre de
compensation pour les coûts générés pour la
protection des fonctions récréatives, fauniques et
environnementales de la forêt. Les chasseurs, pêcheurs, campeurs et
amants de la nature auront-ils un prix à payer? Le gouvernement est muet
à ce sujet.
Pour ce qui est de la répartition entre les scieurs et les
papetières des coûts additionnels de 103 000 000 $ en dollars de
1985 imputés à l'industrie, l'avant-projet de loi est assez
nébuleux et, selon mes informations, aucune entente entre ces deux
utilisateurs majeurs ne s'annonce à l'horizon. Lors des consultations
préliminaires conduites en 1984 et en 1985 en rapport avec la
problématique, de nombreux mémoires ont réclamé de
partager le financement de la nouvelle politique forestière en fonction
des bénéfices que chaque partie retire du secteur forestier et de
sa capacité de payer.
Pour bien comprendre les revendications que s'apprête à
faire l'industrie du sciage et que nous appuyons dans une bonne mesure,
certains faits doivent être considérés. En forêt
publique, l'industrie du sciage récolte maintenant plus de 70 % de la
matière ligneuse, mais en revend un peu plus de la moitié
à l'industrie des pâtes et papiers sous forme de copeaux.
Or, il semble que la capacité de l'industrie du sciage à
assumer une augmentation des frais de récolte d'environ 3,50 $ le
mètre cube soit limitée, étant donné que sa marge
de profit avant impôt au cours des cinq dernières années
n'a été que de 0,50 $ le mètre cube. De plus, il faut
ajouter que de nombreuses sociétés de cette industrie risquent de
se voir imposer au début de l'automne par le gouvernement
américain des droits compensatoires qui pourraient atteindre 27 %, soit
environ 10 $ le mètre cube.
En conséquence, le mode de financement du nouveau régime
forestier devra faire payer une bonne partie de l'augmentation des frais de
remise en production du territoire au véritable utilisateur de la
matière ligneuse et non nécessairement à celui qui la
coupe.
Soulignons que, malgré nos demandes répétées
au cours des derniers mois et un engagement formel du ministre
délégué aux Forêts, ce dernier n'a pas encore rendu
publiques les études prévues dans le livre blanc, et dont nous
connaissons l'existence, concernant la capacité concurrentielle et la
fiscalité de l'industrie forestière québécoise.
L'avant-projet de loi est aux antipodes du rapport Scowen sur la
déréglementation. Dans les 113 articles de l'avant-projet de loi,
on compte 58 mentions différentes de pouvoirs discrétionnaires
entre les mains du ministre et 48 mentions de pouvoirs réglementaires.
Faut le faire! Surtout que ce même gouvernement libéral a promis
une déréglementation à outrance dans plusieurs domaines.
Pourquoi pas dans le domaine forestier? Trop de critères
d'évaluation sont imprécis, ne sont pas assez contraignants,
laissent beaucoup trop de latitude au ministre et font craindre une trop forte
centralisation des décisions d'aménagement forestier dans les
bureaux du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le nouveau règlement de l'Assemblée nationale et la
récente Loi sur les règlements permettent à une commission
parlementaire d'étudier des règlements lorsqu'ils sont encore au
stade de projet. Avec cette avalanche de règlements que nous annonce cet
avant-projet de loi, les députés ont une intéressante
occasion d'exercer un droit de regard sur la réglementation.
Dans un premier temps, je pense au volet fixant la base et les
modalités des droits de coupe ainsi qu'au contrat type qui
concrétise les dispositions de la loi en précisant tes
obligations respectives des parties, le tout devant être approuvé
par les parlementaires à cause de leur grande
importance.
L'avant-projet de loi ne dit mot de l'impact du nouveau régime
forestier sur les relations du travail et la formation des travailleurs et
travailleuses de la forêt. L'abolition des concessions forestières
et la création de l'industrie de la sylviculture vont avoir des impacts
sur l'organisation du travail en forêt. Ainsi, le Code du travail devra
être modifié afin de tenir compte des nouvelles
accréditations syndicales nécessaires sur les nouveaux
territoires délimités dans les contrats d'aménagement
forestier et des nouvelles méthodes de coupe nécessaires pour
assurer la régénération.
À cette fin, un groupe de travail interministériel a
été mandaté en 1985 et il est éminemment
souhaitable que ses recommandations soient connues avant l'adoption
définitive de la loi et, s'il y a lieu, que les amendements
législatifs soient effectués dans le même mouvement. (16 h
30)
De plus, l'avant-projet de loi rejette la création d'un conseil
consultatif de la recherche forestière. Alors que l'industrie
forestière et le rapport de conjoncture sur la recherche dans le secteur
forestier, publié au début de 1986, recommandent fortement la
création d'un organisme du type conseil consultatif pour établir
un dialogue essentiel entre les gouvernements, les intervenants et la
communauté scientifique, l'avant-projet de loi est muet sur ce point et
c'est sûrement dans la foulée du rapport Gobeil. Le gouvernement
fait fausse route car la recherche est une entreprise à long terme et,
au moment où les travaux sylvicoles vont s'accentuer, la coordination
des recherches par un conseil consultatif semble essentielle afin
d'éviter la dispersion des compétences et des budgets. Un tel
conseil générerait des gains significatifs en rapprochant la
communauté scientifique et en facilitant la diffusion de l'innovation
auprès des utilisateurs.
L'avant-projet de loi manque une belle occasion de donner suite au
discours du ministre délégué à la Privatisation en
rejetant la proposition du livre blanc de confier les aspects
opérationnels de la lutte contre les insectes et maladies des arbres aux
sociétés de conservation. La protection des forêts contre
les incendies et contre les insectes et maladies des arbres est une phase
importante de l'aménagement forestier. Rien ne sert de mettre en
production une forêt si elle n'est pas protégée
convenablement.
Les sept sociétés de conservation du Québec,
constituées des utilisateurs et du gouvernement, favorisent
présentement la participation des utilisateurs tant au niveau de
l'administration qu'au niveau des frais encourus pour la lutte contre les
incendies forestiers. Pour ce qui est de la lutte contre les insectes et
maladies des arbres, l'industrie demande de participer davantage à
l'établissement des priorités présentement établies
par le ministère de l'Énergie et des Ressources. Nous croyons que
le gouvernement doit conserver ses responsabilités en matière
d'expertise scientifique et de planification, mais, en toute logique, doit
confier les aspects opérationnels de la lutte contre les insectes et
maladies aux sociétés de conservation. C'est un défi
à la mesure des succès des sociétés de
conservation.
L'avant-projet de loi sur les forêts rendra plus difficile et
coûteuse la création de parcs et de réserves
écologiques. Alors que le livre blanc "Bâtir une forêt pour
l'avenir" annonçait une certaine flexibilité de transfert
d'utilisation, soit jusqu'à 5 % du territoire alloué et sans
compensation financière, l'article 27 de l'avant-projet de loi
décrit un chemin beaucoup plus difficile en ne prévoyant aucun
pourcentage du territoire pouvant être retranché à
l'exploitation forestière sans compensation ni indemnité.
L'avant-projet de loi sur les forêts ne laisse donc pas beaucoup de marge
de manoeuvre pour la création ou l'agrandissement des parcs et des
réserves écologiques du Québec.
L'avant-projet de loi prévoit que la mise en application de la
nouvelle politique forestière se fera au plus tard le 1er mai 1990. Je
fais remarquer au ministre délégué aux Forêts que
c'est un peu lent devant l'urgence de la situation décrite par le
ministre et avec laquelle je suis d'accord. Il me faut rappeler que, lors du
dévoilement du livre blanc "Bâtir une forêt pour l'avenir"
en juin 1985, le seul commentaire du député d'Outremont, alors
critique du Parti libéral en matière de forêts, fut de
reprocher au gouvernement du temps la mise en application de la nouvelle
politique forestière à une date qu'il jugeait tardive, soit le
1er septembre 1986. Aujourd'hui, le gouvernement libéral propose une
période de trois ans pour négocier les quelque 450 contrats
d'aménagement forestier. Si une telle période peut se justifier
sur les plans technique et administratif, elle peut se révéler
extrêmement dangereuse sur le plan de la dynamique et de la politique.
Quand on connaît la puissance du lobbying dans notre système, on
doit comprendre qu'il ne se signera aucun contrat d'aménagement
forestier tant que l'industrie forestière n'aura pas donné son
complet accord sur toutes les clauses et modalités. D'ici là, le
ministre et ses fondés de pouvoir devront agrandir leurs salles
d'attente, tant les pressions se feront fortes, afin d'entendre tous les cas
dits particuliers. Au nom de l'Opposition, j'invite le ministre à
renverser cette dynamique en resserrant de beaucoup la période de
négociation des contrats d'aménagement. Le 1er avril 1988 me
semble une date tout indiquée.
L'un des aspects les plus décevants de
cet avant-projet de loi est de confiner la forêt à son
rôle très sectoriel de production de la matière ligneuse et
de venir consacrer la séparation de la gestion des terres de la gestion
des ressources forestières. Pourtant, la notion de forêt
décrite dans le livre blanc de juin 1985 déborde du cadre
strictement industriel alors qu'on, pouvait y lire, et je cite: "II nous faut
dès è présent bâtir une forêt pour l'avenir
capable non seulement de fournir la matière ligneuse nécessaire
à l'industrie forestière, mais également de satisfaire
l'ensemble des besoins d'une société moderne en constante
évolution."
Malheureusement, l'avant-projet de loi sur les forêts ne traite
que de l'aspect production matière ligneuse et néglige
l'aménagement intégré des autres ressources du milieu
forestier comme l'eau, la faune, la flore et le sol. De plus, l'avant-projet de
loi vient aussi compléter le processus de disparition du secteur des
terres et forêts en tant qu'entité en plaçant
l'avant-projet de loi sur les forêts sous la responsabilité d'un
ministre délégué aux Forêts tandis que la future Loi
sur les terres du domaine public, annoncée par les articles 8 et 11 de
cet avant-projet de loi et que le gouvernement a oublié de
déposer en juin dernier, sera placée sous la
responsabilité du ministre de l'Énergie et des Ressources.
L'avant-projet de loi ne fait rien pour dissiper cette confusion en ne
traitant, malgré l'affirmation de l'article 1, que l'aspect forestier de
l'actuelle Loi sur les terres et forêts.
Si le gouvernement avait quelques bonnes raisons de se donner un
ministère de l'Énergie et des Ressources en 1979 - dont la
nomination de M. Yves Bérubé à la tête de deux
ministères soit ceux des Terres et Forêts et des Richesses
naturelles, et l'occasion d'économiser des sommes significatives en ne
doublant pas les services de soutien - il a aujourd'hui, à la
lumière de l'expérience acquise et à l'occasion de la
présentation d'une nouvelle politique forestière, des raisons
fondamentales pour se donner un ministère des Forêts responsable
des ressources forestières et des terres.
L'Opposition est prête à reconnaître qu'au cours des
dernières années, les secteurs des forêts et des terres ont
été mal servis au sein du ministère de l'Énergie et
des Ressources. Cependant, la nomination d'un ministre
délégué aux Forêts depuis décembre 1984 a
heureusement amélioré la situation, bien que je doive
déplorer que, contrairement à son prédécesseur,
l'actuel ministre délégué aux Forêts soit
placé sous la tutelle du ministre de l'Énergie et des Ressources
tel que le précise le décret 2649-85.
Aujourd'hui, le gouvernement doit profiter de la présentation
d'une loi sur les forêts pour aller plus loin et placer sous la
même responsabilité ministérielle les pouvoirs de gestion
et ceux de l'octroi des droits de propriété et d'usage des
forêts et des terres publiques.
Cette consolidation viendrait confirmer l'importance que le gouvernement
entend accorder à la mise en valeur des forêts comme condition
essentielle au maintien des différentes fonctions de production du
milieu que ce soit dans les zones forestières de production,
forestières fauniques ou encore dans les zones forestières
récréatives.
De plus, la responsabilité ministérielle unique du secteur
des forêts et du secteur des terres m'apparaît souhaitable pour
articuler la gestion des forêts avec les schémas
d'aménagement du territoire de chaque municipalité
régionale de comté du Québec, une opération qui me
semble parsemée d'embûches.
Nous ne pouvons passer sous silence le mode de consultation choisi par
le gouvernement. Le 19 juin dernier, le ministre délégué
aux Forêts a annoncé la tenue d'une consultation
particulière sur l'avant-projet de loi sur les forêts. C'est dans
ce cadre que le gouvernement et l'Opposition ont convenu ce même jour,
à brûle-pourpoint, d'une liste de 34 organismes à laquelle
nous aurions désiré voir ajouter la société
d'État REXFOR. Noua avons essuyé un refus. Pourtant, à
titre d'agent forestier du gouvernement, REXFOR a joué depuis 1961 un
râle important dans l'exploitation des forêts et
l'approvisionnement des usines, et il aurait été
intéressant d'entendre des porte-parole de cette société
faire état des problèmes forestiers auxquels elle pourrait
constituer des éléments de solution, entre autres, pour reboiser
les quelque 200 000 hectares d'arrérages peu intéressants pour
l'industrie et récupérer les bois en perdition dans les bassins
des rivières Nottaway, Broadback et Rupert dans
l'éventualité où le gouvernement Bourassa force
Hydro-Québec à entreprendre la phase II de la Baie James par
l'aménagement de ces rivières. Drôle d'attitude de la part
du ministre délégué aux Forêts qui a pourtant
présidé de 1965 à 1970 l'Office de
récupération forestière, la société
d'État précurseur de REXFOR qui a récupéré
les bois devant être inondés par l'aménagement
hydroélectrique des rivières Manicouagan et Outardes.
Est-il besoin d'ajouter que l'actuel ministre
délégué aux Forêts fut président-directeur
général de REXFOR de 1970 à 1979 et qu'il ne peut ignorer
le rôle important joué par cette société
d'État pour le soutien des économies des régions du
Québec.
Je comprends que le ministre délégué aux
Forêts et son collègue à la privatisation
réfléchissent présentement au rôle de REXFOR. Mais
pourquoi clouer le bec à cette société d'État au
moment où tout le monde forestier s'agite autour d'un projet de nouvelle
politique forestière?
Peut-on se passer de l'expertise de REXFOR? L'Opposition en doute
fortement.
Par après, malgré le refus d'entendre REXFOR à la
commission parlementaire, nous avons tenté de faire ajouter à la
liste des 34 organismes - devenus 37 au cours de l'été, à
la suite de décisions unilatérales prises par le gouvernement -
12 autres organismes provenant, pour la plupart, des régions du
Québec et qui manifestaient le désir d'être entendus.
Malgré une négociation intensive suivie d'une
séance de travail des députés membres de la commission
parlementaire de l'économie et du travail le 12 septembre dernier, le
ministre délégué aux Forêts, appuyé par la
majorité parlementaire, a rejeté une motion demandant d'entendre
les douze organismes suivants: 1er le Syndicat des producteurs de bois de
l'Abitibi-Témiscamingue; 2e la Société forestière
Dumoine et Coulange, Outaouais; 3e la compagnie Commonwealth Plywood
limitée, Outaouais; 4e le groupe "Au nom de la forêt", Mauricie;
5e le Conseil régional de l'environnement 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean;
6e l'Association des industriels du sciage de la Baie-des-Chaleurs,
Gaspésie; 7e l'Association des scieries de la Matawinie,
Lanaudière; 8e le Regroupement des intervenants forestiers du
comté de Saguenay, Côte-Nord; 9e l'Union des producteurs
agricoles; 10e Ville de Matagami; Ile le Regroupement des
sociétés d'aménagement du Québec, Beauce, et 12e la
Fraternité des charpentiers-menuisiers forestiers et travailleurs
d'usines, FTQ.
Nous sommes portés à croire que l'entêtement du
ministre délégué aux Forêts démontre qu'il a
peur d'entendre les régions du Québec, peur des problèmes
forestiers et environnementaux qui se vivent en régions et qu'il craint
d'entendre des gens qui pourraient émettre un point de vue discordant
des regroupements nationaux.
Devant le peu d'ouverture d'esprit du gouvernement face aux
régions du Québec, l'Opposition ne peut que déplorer
l'intransigeance inexplicable du ministre délégué aux
Forêts et souhaiter que chaque groupe trouve d'autres moyens de faire
valoir son point de vue.
L'Opposition déplore aussi l'ordre des mémoires
imposé par le gouvernement. Nous aurions souhaité un
mélange plus heureux des divers intervenants et
préféré, entre autres, que l'Association des industries
forestières du Québec et l'Association des manufacturiers du bois
de sciage soient entendues dès la première semaine
d'audiences.
La volonté politique d'apporter des changements majeurs dans la
politique forestière du Québec a été
enclenchée en 1983 par le lancement du vaste programme de
reboisement.
C'est dans son application et sa mise en valeur que réside le
principal défi du régime forestier. Sans aucun doute, la haute
qualité des interventions des groupes participant aux audiences de la
commission permettra d'éclairer davantage les parlementaires.
M. le Président, soyez assuré que les membres de
l'Opposition à l'Assemblée nationale présents à
cette commission vont être à l'écoute des organismes et
soulèveront de nombreuses questions pertinentes au cours de nos
travaux.
Il est urgent que le Québec se dote d'une nouvelle politique
forestière. L'Opposition est disposée à respecter
l'échéancier du ministre délégué aux
Forêts et à concourir à l'adoption d'une nouvelle loi sur
les forêts pour la fin de décembre. Mais le gouvernement devra
fonctionner à livre ouvert avec l'Opposition et tous les intervenants.
Nous incitons donc fortement le ministre délégué aux
Forêts à démontrer une plus large ouverture d'esprit dans
le meilleur intérêt de la forêt et de ses 250 000
travailleurs et travailleuses.
Motion réclamant le dépôt du
projet de règlement
M. le Président, je voudrais terminer en vous proposant la motion
suivante: "Compte tenu de l'importance du pouvoir réglementaire contenu
dans l'avant-projet de loi sur les forêts, je fais motion pour que le
ministre délégué aux Forêts dépose à
cette commission le texte du projet de règlement destiné è
compléter l'éventuel projet de loi et à faire partie
intégrante de la nouvelle politique forestière".
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais d'abord
entendre les membres de la commission sur la recevabilité de la
motion.
M. Théorêt: M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Théorêt: Cette motion présentée par
le député de Duplessis est tout à fait irrecevable,
puisque ce n'est pas un projet de loi, mais un avant-projet de loi, et je vous
demande donc de ce fait de la rejeter.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a, de
l'autre côté, des...
Une voix: Pas d'autres arguments, M. le Président.
M. Perron: M. le Président, je m'excuse, mais lorsque le
député de Vimont mentionne que je n'ai pas d'autres
arguments, je voudrais faire valoir que le projet de loi actuel - et
c'était mentionné dans mon texte d'ouverture - donne 58 pouvoirs
au ministre se rapportant au domaine forestier, qu'il y a 48 allusions aux
règlements qui seraient déposés éventuellement et
ce, dans les 113 articles qui composent le projet de loi.
D'autre part, la majorité des organismes qui vont se faire
entendre au cours de cette commission parlementaire ainsi que les organismes
qui auraient voulu se faire entendre ont effectivement mentionné combien
il était important - je dis bien combien il était important - que
les règlements soient connus dans les plus brefs délais, puisque
ces derniers n'ont pas été déposés au cours du mois
d'août ou encore au début de septembre auprès des
organismes concernés. Merci pour le moment, M. le Président.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. le
député de Vimont.
M. Théorêt: Une dernière remarque pour
rappeler au député de Duplessis qu'il pourra présenter
cette motion, s'il le veut bien, lors de l'étude du projet de loi
article par article. Mais, à ce stade-ci, étant donné que
le but de la commission est d'entendre et d'écouter les recommandations
ou suggestions faites par les différents organismes et qu'il se peut
donc fort bien que cet avant-projet de loi soit modifié pour être
présenté comme projet de loi, il serait tout à fait
inutile, M. le Président, que vous acceptiez cette motion. Je vous
demande de la rejeter.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que d'autres
députés veulent intervenir sur la recevabilité? Je pense
que, dans l'argument qu'a présenté le député de
Vimont, il y a deux choses: l'irrecevabilité et la pertinence de faire
cette demande à ce moment-ci et d'avoir en main les textes
réglementaires qui sont demandés.
À cet égard, je dois dire que nulle part dans le
règlement, il n'est indiqué qu'il faut absolument lier une telle
demande, à ce moment-ci, à l'étape d'un projet de loi. Je
pense donc qu'à sa face même la motion est recevable. Maintenant
le débat peut s'enclencher sur l'argumentation qui a été
présentée par le député de Vimont: est-ce que les
membres de la commission veulent qu'à ce moment-ci on puisse
déposer le texte du projet de règlement qui devrait
éventuellement accompagner le projet de loi? D'abord, sur la motion
comme telle, étant donné qu'elle est recevable, je vais demander
si le proposeur de la motion a une intervention à faire. Ensuite je
reconnaîtrai le député de Vimont. M. le
député de
Laviolette.
(16 h 45)
M. Jolivet: De Laviolette, oui, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Sur la motion.
M. Jolivet: C'est cela. Comme elle est recevable, M. le
Président, nous avons devant nous un avant-projet de loi qui indique,
comme le disait mon collègue, qu'il y a plusieurs pouvoirs
réglémentaires que le ministre se donne. Il est évident
qu'il serait important, au moment où on va faire l'étude de cet
avant-projet de loi, puisque le député dit: II se peut que...
Nous espérons que le projet de loi va être modifié parce
que effectivement il doit être modifié sur beaucoup de ses
modalités afin de permettre justement d'atteindre l'objectif que tout le
monde désire, c'est-à-dire une forêt qui soit
aménagée pour le futur, une forêt qui permette la
perpétuité. Dans ce contexte, si on ne connaît pas comment
le ministre, dans l'avant-projet qu'il nous propose, a l'intention d'agir sur
telle et telle partie du projet de loi où il se donne des pouvoirs
réglementaires, je vous le dis bien honnêtement, nous allons
pouvoir discuter mais avec en arrière-pensée un
phénomène dont on ne connaît pas la nature et qui est le
pouvoir du ministre. Vous savez très bien et les membres du gouvernement
doivent le savoir aussi, puisqu'ils ont été de ceux qui ont
demandé souvent de la part des ministres précédents
d'avoir des documents leur permettant de connaître les pouvoirs
réglementaires... Comme plusieurs de mes collègues, à
l'époque, j'ai été sensibilisé à toutes les
demandes. Je dois dire que, comme ministre délégué,
lorsque j'ai présenté un projet de loi qui avait trait aux
mesureurs de bois, nous avons fait connaître toute la
réglementation au moment du dépôt du projet de loi pour que
les gens sachent de quoi ils vont avoir à discuter au moment où
ils auront à se prononcer.
Ce qu'on nous demande c'est de parler d'un avant-projet de loi sans en
connaître toute la teneur et tous les aboutissements vers lesquels on
doit se diriger. Dans ce contexte, il est évident que nous avons besoin
et que nous demandons au ministre... Et le ministre pourra argumenter que les
règlements dont il nous fait mention ne sont pas tous prêts: ce
serait anormal qu'au moment où on se parle ils ne soient pas tous
prêts d'ailleurs, puisqu'il nous présente un avant-projet de loi
pour qu'on puisse en discuter et à la fois des pouvoirs qu'il veut se
donner et qui sont très avancés dans l'avant-projet de loi tel
que présenté. Il me semble que si le ministre veut qu'on discute
convenablement de son projet de loi, il
devrait faire connaître le plus rapidement possible - et
même il aurait dû les faire connaître d'avance - l'ensemble
des documents pertinents afin que les organismes qui vont se présenter
devant nous puissent avoir l'entière documentation nécessaire
pour poser un bon diagnostic. Dans ce contexte, les gens de la commission - je
ne veux pas prendre plus de temps qu'il ne faut -devraient inviter le ministre,
de ce côté comme de l'autre côté, à nous
fournir la documentation. Là, les députés de l'Opposition
répondraient énormément et grandement au souci qu'ils
avaient à l'époque et qu'ils semblent oublier, surtout que nous
avons eu une motion, qui n'a pas été reçue, dans le sens
de faire comparaître devant nous quelqu'un qui prône dans
l'ensemble de ce gouvernement la façon de procéder en
déréglementant. Quant à nous, ce personnage aurait pu
être présent ici, le ministre devrait même dire qu'il
l'invite à venir nous parler sur ce qu'il a l'intention de
présenter. Dans ce contexte, il devrait nous présenter
effectivement les règlements qui vont avec l'avant-projet de loi.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je rappellerai qu'il s'agit d'un avant-projet de loi, mais si
on regarde cet avant-projet de loi de près, on va constater que beaucoup
d'améliorations y sont contenues, si on le compare à l'ancienne
loi sur les forêts. Qu'il me suffise de mentionner le calcul des droits
de coupe, les prescriptions liées aux permis, les réductions des
droits de coupe, les conclusions des contrats d'aménagement, les volumes
alloués, les territoires délimités, la révision des
volumes alloués, le périmètre et l'étendue du
territoire, la disparition de l'article 4 de l'ancienne loi qui donnait des
pouvoirs extraordinaires par décret pour tout chambarder si on le
voulait. Je peux vous le lire si vous voulez. L'article 4 disait: "Le
gouvernement peut passer par les arrêtés nécessaires pour
mettre à effet les dispositions de la présente loi suivant leur
vrai sens ou dans le but de pourvoir aux cas qui peuvent se présenter et
pour lesquels il n'est pas établi de dispositions dans la
présente loi." C'était un pouvoir extraordinaire qu'on a
enlevé. Il y a une nette amélioration de ce
côté.
Quant au pouvoir discrétionnaire du ministre, je pourrais vous
dire que, quand on fait appel à un règlement, on omet pas mal la
discrétion du ministre et du ministère. Actuellement, le
ministère administre quinze règlements. Il est de notre intention
de le fondre en un seul règlement qui sera évidemment volumineux,
mais qui va simplifier notre administration. Je n'ai pas autre chose à
ajouter parce qu'il s'agit essentiellement d'un avant-projet de loi et nous
verrons.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Y a-t-il d'autres... de ce
côté-ci?
M. Théorêt: M. le Président, compte tenu des
propos du ministre délégué aux Forêts, je vous
demande de prendre le vote sur la motion présentée.
Une voix: Un vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Un vote nominal.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), êtes-vous pour ou contre la
motion?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: Mme Trépanier (Dorion)?
Une voix: Absente.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin (Montmagny-L'Islet): Contre.
Le Secrétaire: Contre. M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Abstention.
Le Secrétaire: M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Côté
(Rivière-du-Loup)?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contre. Le
Secrétaire: M. Cusano (Viau)? M. Cusano: Contre. Le
Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?M. Perron:
Pour.
Le Secrétaire: M. Gauthier est parti. Mme Dionne
(Kamouraska-Térniscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Middlemiss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Joli vet: Pour.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand)?
M. Parent (Bertrand): Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)? M.
Théorêt (Vimont)?
M. Théorêt: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Le secrétaire
peut-il donner le résultat des votes?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Onze
députés ont voté contre, quatre ont voté pour et un
s'est abstenu.
Le Président (M. Charbonneau): La motion est donc
rejetée à ta majorité. Il reste, je vous le rappelle, de
chaque côté, une minute pour les remarques préliminaires.
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais passer la
parole pour l'instant, s'il vous plaît, au député
d'Ungava.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député d'Ungava.
Motion proposant de requérir l'opinion de M.
Reed Scowen
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'aurais la motion
suivante à déposer en vertu de l'article 170 de notre
règlement: "Que cette commission par invitation spéciale
sollicite l'opinion de M. Reed Scowen, président du groupe de travail
sur la déréglementation, et qu'en conséquence la
commission se réunisse en séance de travail pour
déterminer le Heu, la date, l'heure et la durée de ces
séances avec M. Scowen."
Le Président (M, Charbonneau): Avant de statuer sur la
recevabilité, je voudrais demander qu'on puisse intervenir quelques
instants sur la recevabilité de cette motion. Le proposeur ou d'autres
membres d'un côté ou de l'autre peuvent-ils apporter un
éclairage particulier au président de la commission.
M. Claveau: Oui, M. le Président. M.
Théorêt: M. le Président,..
M. Claveau: Pardon, vous avez demandez d'intervenir;
j'interviendrai après.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, d'accord.
M. Théorêt: M. le Président, cette demande
est irrecevable.
Le Président (M. Charbonneau): Juste un instant. Est-ce
que vous aviez commencé à intervenir sur la motion?
M. Théorêt: Non, c'est la recevabilité.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous aviez
commencé à intervenir, M. le député d'Ungava?
M. Théorêt: Non, il propose la motion; il n'est pas
intervenu.
Le Président (M. Charbonneau): C'est parce que je croyais
qu'il avait néanmoins commencé à faire une argumentation
sur la recevabilité. C'est pour ça et je vous aurais donné
la parole après. Mais, si vous n'avez pas commencé, je vais vous
la céder, M. le député.
M. Théorêt: M. le Président, ici, vous avez
à juger de la recevabilité de cette motion et je vous demande de
la déclarer irrecevable pour les motifs que c'est un ordre de la Chambre
qui a été donné aujourd'hui pour procéder aux
consultations particulières et que le député d'Ungava ne
peut évoquer l'article 170 pour inviter le député Scowen
à participer. Je vous demande donc de rejeter cette motion.
M. Ciaccia: La motion du député d'Ungava se
réfère à une séance de travail. D'après
l'article 170, il n'est pas question de séance de travail. Tout ce que
l'article 170 peut permettre, c'est, par une invitation spéciale, de
solliciter l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou
une expérience particulière du domaine qu'on examine. C'est une
raison additionnelle pour laquelle la motion du député est
irrecevable à sa face même.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, on nous présente un
avant-projet de loi, on fait une consultation pendant laquelle les gens vont
avoir à intervenir à partir même d'un travail assez
volumineux qui a été fait antérieurement par ceux qui ont
été invités à venir présenter des
mémoires. Comme, dans ce projet de loi, on retrouve 48 mentions de
pouvoirs réglementaires, il nous semble important et nécessaire
de connaître l'opinion de celui qui a dirigé le groupe de travail
qui a rendu public un document disant "réglementer moins et mieux".
Effectivement, en conclusion, à la page 72 du chapitre qui traite de la
réglementation, on lit en dernière ligne "et enfin à
l'élaboration de moyens permettant de réglementer moins et
mieux".
Alors, à partir du moment où on a un projet de loi qui
nous semble strictement axé sur la réglementation, il nous semble
important, pour le bénéfice des intervenants, de savoir vers quoi
on s'oriente en tant que discussion sur ce projet de loi. La personne qui a
été dûment nommée par le gouvernement pour s'occuper
des problèmes de déréglementation devrait être
entendue par la commission.
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, sur la
recevabilité, M. le député de Vimont.
M. Maltais II lui restait combien de temps à
chiâler? Vous avez dit une minute.
Le Président (M. Charbonneau): On a chacun...
Une voix: Dix minutes.
Le Président (M. Charbonneau): On est toujours sur la
recevabilité, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont, sur la recevabilité.
M. Théorêt: M. le Président, d'abord, il
faudrait que les députés de l'Opposition s'entendent entre eux.
À un moment donné, ils disent que le ministre a trop de pouvoirs
discrétionnaires, à un autre, ils disent qu'il y a trop de
règlements. S'il y en a trop de l'un, il ne peut pas y en avoir trop de
l'autre.
M. Je Président, je pense que le ministre de l'Énergie et
des Ressources a été très clair. L'article 170 qu'il
évoque ne s'applique aucunement à une commission qui est en train
de faire des consultations particulières, mais bien à une
séance de travail. Alors, je vous demande, une fois de plus, de rejeter
cette motion.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette. Ce sera la dernière intervention sur la
recevabilité.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président. Je pense qu'on se
trompe de l'autre côté. On n'a certainement pas appris ses
leçons ni fait ses devoirs comme du monde. La commission parlementaire a
tous les pouvoirs que lui confère l'Assemblée nationale.
Là, on va se parler comme des gens qui ont présidé des
commissions parlementaires et des gens qui ont présidé des
séances de l'Assemblée nationale.
Toute motion - on la regarde bien comme telle - ne demande pas une
motion annoncée. Il y a donc une motion qui n'est pas annoncée
qui vous amène aujourd'hui à prendre une décision. Toute
décision doit être prise en commission parlementaire. Cependant,
comme nous sommes en consultation particulière, on va la lire comme il
faut l'article 170: "Invitation spéciale. Toute commission peut aussi,
par invitation spéciale, solliciter l'opinion de personnes ou
d'organismes qui ont une connaissance ou une expérience
particulière du domaine qu'elle examine". (17 heures)
Nous croyons qu'effectivement M. 5cowen a, sur le plan de la
déréglementation qui est un des sujets de la discussion actuelle,
une connaissance très forte. Il y a un document qui a été
présenté sur la déréglementation. Nous sommes en
commission parlementaire et nous vous proposons une motion non annoncée
qui vous indique ce que l'on veut. Cependant, mon collègue dit que la
discussion quant à l'heure, la date, la tenue de cette rencontre soit
faite en séance de travail. Il y a des gens qui ont mal compris quand
mon collègue a parlé de séance de travail. Il dit dans sa
motion que, par conséquent, la commission se réunira en
séance de travail pour déterminer le lieu, la date, l'heure et la
durée des échanges avec M. Scowen. Cela veut dire que ce que l'on
veut, c'est que la première décision qui doit être prise
ici en commission, c'est, oui, on l'entend. Une fois qu'on l'aura prise,
là on ira en séance de travail pour déterminer le reste,
parce que l'on veut discuter la cuisine de la façon dont cela sera
présenté ici en séance de travail tel que le
prévoient, à l'article 171, les audiences
présentées.
M. le Président, elle est recevable comme motion en vertu de
l'article 170, et nous vous disons que nous voulons aller en séance de
travail pour déterminer le reste de ce que l'on a à faire.
M. Claveau: Un petit mot, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava, sur la recevabilité. Cela sera la dernière
intervention. Je vais suspendre les travaux pour deux minutes, le temps de
faire une vérification, et je vais rendre la décision sur la
recevabilité.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 8)
Le Président (M. Charbonneau): Après avoir fait certaines
vérifications sur la recevabilité de la motion, je dois la
déclarer irrecevable à ce moment-ci pour deux raisons. D'abord,
parce que nous sommes actuellement en consultation particulière selon
une liste fermée, d'une certaine façon, qui a été
présentée à l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, cette liste et la discussion autour de la liste des
invités ont déjà fait l'objet d'une séance et d'une
décision de la commission. Si on avait pu, par un consentement
quelconque, ouvrir la liste qui avait été fermée par un
ordre de la Chambre du 19 juin, si je me le rappelle bien, il aurait fallu le
faire au moment de la séance de travail et non pas aujourd'hui. Donc, en
vertu de ces motifs, la motion du député d'Ungava n'est pas
recevable.
Du côté de l'Opposition, vous avez épuisé
votre temps de parole pour les remarques préliminaires. Je crois qu'il
restait une minute. Oui, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, juste 30 secondes pour dire
qu'il est temps qu'on commence. L'Opposition nous a démontré
depuis une heure qu'elle voulait finalement faire perdre patience à ces
gens-là. C'est le temps qu'on commence à les écouter. Le
député de Laviolette, avec son expérience, savait au
départ que toutes les motions qui ont été
présentées étaient irrecevables. C'était simplement
pour retarder les procédures. Qu'on commence enfin, M. le
Président!
Le Président (M. Charbonneau): À ce moment-ci, je
vais faire l'appel du premier organisme en vous indiquant que j'étais
sur le point de pouvoir rendre la décision que vous attendez à
l'égard de l'horaire, mais on vient de m'indiquer qu'il y a des
éléments additionnels de jurisprudence à vérifier.
J'espère donc que je serai en mesure de rendre la décision avant
la suspension à 18 heures.
Auditions
Cela dit, nous allons dès maintenant entreprendre
l'exécution spécifique du mandat, c'est-à-dire l'audition
de l'Association des techniciens forestiers du Québec. Je voudrais
inviter le président de l'organisme, ainsi que ses collaborateurs et
collaboratrices, s'il y en a, à venir s'asseoir à la table.
Association des techniciens forestiers du
Québec
M. le président, si vous voulez bien présenter les gens
qui vous accompagnent. Je vous indique dès maintenant que la
durée de présentation du mémoire, comme le
secrétaire de la commission vous l'a sans doute communiqué, est
de 18 minutes et que la durée de l'échange de propos avec les
députés ministériels par la suite sera de 36 minutes;
celui avec les députés de l'Opposition sera également de
36 minutes, étant entendu que cet échange n'est pas
obligatoirement fait de façon continue, c'est-à-dire que les 36
minutes n'ont pas à être écoulées d'un bloc, pas
plus d'un côté que de l'autre. Si mes informations sont
précises, c'est M. Florent Boivin qui est président. C'est cela,
M. Boivin?
M. Boivin (Florent): C'est bien cela.
Le Président (M. Charbonneau): Bienvenue à la
commission de l'économie et du travail. Si vous voulez bien nous
présenter vos collaborateurs. Je vois qu'il n'y a pas de collaboratrices
pour le moment.
M. Boivin: M. Luc Montpetit, secrétaire de l'association,
M. Yvan Sénéchal et M, Fernando Lavallée.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
M. Boivin: Nous remercions les membres de la commission de nous
donner l'occasion de nous exprimer.
Opinions et recommandations sur l'avant-projet de loi, Loi sur les
forêts. L'Association des techniciens forestiers du Québec,
l'ATFQ, a étudié le document de l'avant-projet de loi sur les
forêts dans son ensemble. Bien qu'ayant des opinions différentes
sur plusieurs points du document, l'ATFQ s'est concentrée sur les
éléments plus spécifiques à son domaine: la
technique forestière. Nous laisserons aux autres organismes
concernés le soin de débattre les sujets propres à leur
domaine.
En premier lieu, l'ATFQ tient à féliciter le ministre
délégué aux Forêts, M. Albert Côté,
pour la présentation de cet avant-projet de loi sur les forêts. Ce
document était fort attendu et sera sûrement très
apprécié puisque, enfin, tous les efforts fournis dans le domaine
forestier tendront
vers le même but.
L'ATFQ est heureuse, M. le ministre, que vous ayez introduit dans tout
le monde forestier la notion d'aménagement.
Considérant que toutes les recherches dans le domaine forestier
ne sont pas coordonnées et qu'il arrive que des organismes
différents poursuivent des recherches sur le même sujet sans se
consulter les uns les autres, ce qui a pour effet de diviser les fonds
disponibles et de diminuer les efforts canalisés dans ce domaine, l'ATFQ
recommande donc la création d'un conseil de la recherche afin
d'établir définitivement la coordination de la recherche en
foresterie.
Nous déplorons cependant que la suggestion de former un groupe de
conseillers forestiers n'ait pas été retenue.
Considérant que la formation d'un tel groupe assurerait au
gouvernement un regard direct sur la réalité forestière,
ainsi qu'une banque d'information de première main, en
conséquence, l'ATFQ recommande la formation d'un tel groupe de
conseillers forestiers qui pourrait être composé de
personnes-ressources provenant du gouvernement, des techniciens forestiers, des
ingénieurs forestiers, de l'industrie des forêts privées et
publiques, des coopératives agro-forestières, des organismes de
gestion en commun, etc.
Considérant que le Québec est la seule province à
ne pas posséder un arbre emblème, nous regrettons qu'il n'en soit
nullement question dans le document de l'avant-projet de loi. L'ATFQ recommande
que le choix d'un arbre emblème pour le Québec soit fait. Nous
nous permettons de suggérer l'épinette noire (picea mariana) qui
est l'essence la mieux connue et la plus utilisée actuellement.
Considérant que l'utilisation des bois ne fait pas l'objet de
contrôles sévères et qu'ainsi des bois résineux de
qualité pour le sciage se retrouvent utilisés à la
pâte, que des billes de feuillus de qualité pour le
déroulage sont envoyées au sciage, l'ATFQ recommande que
l'utilisation des bois fasse l'objet d'un suivi et d'un contrôle
rigoureux afin d'en arriver à une utilisation plus rationnelle des bois.
L'ATFQ appuie entièrement le système de la coupe
intégrée.
Considérant qu'un aménagement intensif sera
nécessaire pour combler le "back-log", l'ATFQ recommande que le ministre
s'engage à soutenir un rattrapage accéléré en
fixant une superficie minimale à être
récupérée annuellement.
L'ATFQ considère que la régénération
naturelle est très sous-estimée. La protection de cette
régénération est pratiquement inexistante. L'ATFQ
recommande des efforts particuliers de la part du ministre pour informer et
sensibiliser le travailleur forestier à la base afin d'assurer la
protection de cette régénération.
L'ATFQ considère comme essentielle la reconnaissance des
techniciens forestiers en tant que professionnels de la forêt, ainsi que
la déréglementation du canal des responsabilités des
ingénieurs forestiers. Cette déréglementation permettra
une évolution saine de la foresterie au Québec. L'ATFQ est
heureuse, M. le ministre, que vous ayez rendu l'aide individuelle à la
forêt privée accessible et compréhensible pour tous.
Nous vous remercions d'avoir publicise l'information pertinente à
la connaissance du milieu forestier, comme la documentation sur l'affectation
des terres publiques. L'addition du Guide des modalités d'intervention
en milieu forestier et la venue du manuel d'aménagement seront des
acquis précieux pour le monde forestier. Nous espérons que tous
les moyens seront mis en oeuvre pour qu'ils soient respectés.
Il est agréable de constater le nombre restreint de
règlements dans le présent projet de loi, nous souhaitons qu'il
demeure ainsi.
Nous vous remercions d'avoir permis à l'ATFQ de livrer ses
opinions à cette commission parlementaire et soyez assuré, M. le
ministre, de notre entière collaboration dans l'application de votre
nouveau régime forestier. L'Association des techniciens forestiers du
Québec. Florent Boivin, président.
Le Président (M. Charbormeau): Merci, M. Boivin. M. le
ministre délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous remercie,
M. le président Boivin, de votre exposé et du travail que vous
avez mis avec votre équipe pour nous présenter le mémoire
et nous faire des suggestions. Il y a des suggestions intéressantes en
ce qui concerne le conseil de la recherche. Ce conseil de la recherche,
j'aimerais peut-être que vous me suggériez de quelle façon
vous verriez sa formation. Bien sûr, il est agréable de vous
entendre après vous avoir fait attendre aussi longtemps à la
suite de débats sur des motions, mais je reconnais chez vous le souci
d'efficacité. Aussi, vous faites des recommandations
intéressantes en ce qui concerne la formation d'un groupe de conseillers
forestiers. J'ai souvent dit, et je le répète encore, que la
forêt devrait être mise entre les mains de tous les professionnels
de la forêt, dont votre groupe, et c'est une façon pour moi et
pour votre groupe d'assurer l'avenir de la forêt pour les
générations futures.
Vous parlez du choix d'un emblème pour le Québec. J'en
suis, parce que cela est fait dans pratiquement toutes les provinces du Canada.
Vous arrivez avec l'épinette noire (picea mariana) une essence
très répandue au
Québec et qui est très commerciale. J'aimerais, par
contre, que vous me disiez de quelle façon vous êtes
arrivés à ce choix. Est-ce qu'il y a eu des sondages? Est-ce
qu'il y a eu des opinions qui vous ont été transmises - je sais
que vous avez beaucoup de connaissances en forêt - ou si c'est
directement à la suite de vos connaissances au sein de votre
équipe de techniciens?
J'ai mentionné dans mon exposé aussi qu'il fallait un
contrôle rigoureux pour arriver à une utilisation rationnelle des
bois destinés au sciage; des bois destinés au déroulage et
des bois destinés aux pâtes. C'est un souhait que j'ai
formulé dans mon exposé du début et j'aimerais qu'on y
arrive un peu partout au Québec de façon à ajouter de la
valeur à notre forêt ou à notre transformation.
Quant à l'héritage du passé, que vous appelez le
"back-log", c'est évident que le gouvernement devra faire son effort
parce que ce qui est là aujourd'hui, cela a été
toléré ou cela a été consenti par tous les
gouvernements antérieurs et, évidemment, il faudra le corriger.
Je pense que collectivement nous en sommes responsables parce que, de
façon générale, on a suivi en forêt les exigences
des gouvernements et du ministère.
J'aimerais que vous m'expliquiez aussi ce que vous entendez par
"régénération naturelle très sous-estimée".
Je suis conscient qu'il faut protéger la
régénération naturelle, car c'est elle qui va coûter
le moins cher et j'ai la conviction que l'industrie prendra des mesures pour le
faire. Mais je ne comprends pas lorsque vous dites qu'elle est
sous-estimée. Elle est existante dans plusieurs forêts et dans
plusieurs endroits. Évidemment, on l'a peut-être
maltraitée, mais je ne comprends pas qu'on l'ait sous-estimée.
Cela viendra dans les obligations qu'on imposera aux utilisateurs.
Je suis heureux de voir que vous trouvez que la réglementation a
diminué. C'est contraire à notre discussion antérieure. Je
pense bien que vous auriez pu venir expliquer votre point de vue à nos
amis de l'Opposition. C'est tout pour l'instant, M. le président Boivin,
et je vous remercie.
M. Boivin: Merci. M. le Président, pour ce qui est des
groupes de recherche, nous croyons que les premiers problèmes se
retrouvent aux gouvernements fédéral et provincial où il
existe, je pense, un manque de coordination très visible. Nous sommes
persuadés aussi que de la recherche privée et gouvernementale se
fait, je crois, en double.
Nous voulons tout simplement qu'il y ait un organisme qui, d'abord,
stimulerait la recherche et coordonnerait les recherches comme telles,
c'est-à-dire, par exemple, en régénération
naturelle ou en génétique forestière ou autres,
c'est-à-dire qu'il y ait plus de coordination et plus de dialogue entre
ces chercheurs.
Quant à l'arbre emblème, il y a eu un sondage
l'année dernière, je crois. Sur plus de 2500 répondants,
près de 1000 ont identifié l'épinette noire comme
étant l'arbre le plus représentatif pour le Québec,
c'est-à-dire l'arbre emblème. En ce qui concerne la
régénération sous-estimée, nous croyons que
présentement il y a beaucoup de scarification forestière.
Nous pouvons identifier, sur le terrain, à plusieurs endroits,
qu'on ne tient pas beaucoup compte... Disons qu'on recherche un peu
peut-être des endroits où il faut reboiser. Nous croyons que la
régénération naturelle doit être davantage
étudiée et protégée. Il faut qu'on puisse prendre
les mesures pour la protéger, c'est-à-dire sarcler afin de lui
donner la possibilité de pousser rapidement. Nous considérons
que, dans nos forêts du Québec, il y a beaucoup d'endroits
où la régénération naturelle devrait être
améliorée. Je crois qu'on fait beaucoup de bruit en ce qui
concerne le reboisement. Nous ne sommes pas contre le reboisement, mais nous
voulons aussi attirer l'attention sur la protection de la
régénération qui est, à notre avis, très
importante quant aux coûts.
Nous savons que les arbres qui poussent naturellement sont
déjà acclimatés à la situation. Alors, nous n'avons
qu'à améliorer le pourtour de ces arbres, à les
éclaircir et à leur donner la chance de pousser davantage. Est-ce
qu'il y avait une autre question?
Une voix: Non.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, est-ce tout
pour le moment?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, je croyais
que c'était... Le sondage qui a été fait pour l'arbre
emblème, M. le Président, par qui a-t-il été fait
et il s'est adressé à quelle clientèle?
M. Boivin: II a été fait par l'Association
forestière québécoise et il s'adressait à tous les
forestiers du Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous êtes
dans le droit chemin quand vous mentionnez que la
régénération naturelle est acclimatée, etc.
Évidemment, sur la question de la recherche, quand vous parlez de
génétique des arbres, vous êtes aussi dans le droit chemin
puisque, si l'on peut favoriser la venue d'arbres génétiquement
plus forts et génétiquement beaux aussi, on réussira
peut-être à rattraper le temps perdu. Je vous remercie pour
l'instant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
M. le président, ainsi que les personnes qui l'accompagnent d'avoir
présenté ce mémoire devant la commission parlementaire de
l'économie et du travail.
Dans votre mémoire, vous faites allusion au conseil de la
recherche qui est mentionné à la page 78 du livre blanc de 1985
et qui fut mentionné, d'ailleurs, par plusieurs organismes dont nous
avons actuellement les mémoires. Vous recommandez la création de
ce conseil consultatif de la recherche forestière. C'est sûrement
dans la foulée du rapport Gobeil que le gouvernement actuel n'a pas
l'air d'y croire beaucoup comme je l'ai mentionné à la page 10 de
l'allocution que j'ai faite au début de cette commission. M. le
président, est-ce que vous pourriez dire aux membres de cette commission
pourquoi il est si important de coordonner la recherche par le biais d'un
conseil consultatif de la recherche forestière?
M. Boivin: Pourquoi est-ce aussi important? Je pense que la
première chose, c'est pour épargner de l'argent. La
deuxième chose, je pense que tout le potentiel humain de nos chercheurs
au Québec, surtout en foresterie, a difficilement une tribune pour se
faire entendre et aussi il n'y a pas de concertation avec ce qu'un institut de
recherche ou le gouvernement peut faire dans son centre de recherche ou au
fédéral. C'est un malaise que les chercheurs ont,
c'est-à-dire qu'on fait des recherches sur différents sujets et,
finalement, on se rend compte soit que cela reste sur les tablettes, ou soit
que les recherches ne sont pas continuelles. En ce qui a trait à la
recherche, nous croyons que cette dernière doit être continuelle.
Tout le temps qu'il y a régénération, c'est-à-dire
dès que l'arbre renaît jusqu'à ce que l'arbre soit
coupé, on doit observer cet arbre afin de pouvoir voir quelles sont les
maladies, la façon dont il croît et la manière dont on peut
aussi le couper. Cela devient finalement une forêt. Une forêt, il
faut savoir comment elle pousse, comment elle croît, dans quel milieu et
dans quelle région. Il faut aussi savoir de quelle manière nous
allons la récolter afin que nous puissions avoir une perpétuelle
régénération. Par exemple, nous pouvons dire qu'on s'est
peut-être attardé beaucoup en ce qui a trait à la recherche
dans les résineux, mais nous nous apercevons, surtout dans les feuillus,
qu'il y a un manque flagrant de recherche en ce qui concerne la
génétique forestière et surtout en ce qui concerne la
récolte. Je ne sais pas si c'est assez explicite. (17 h 30)
M. Perron: M. le Président, disons que pour l'instant
c'est assez explicite. Je suis très heureux de vous entendre parler de
la génétique forestière qu'on applique, d'ailleurs, dans
les pays Scandinaves, en particulier en Suède et en Norvège, je
crois.
J'ai une autre question à vous poser en rapport avec la
suggestion que vous faites. Lorsque vous faites référence
à la formation d'un groupe de conseillers forestiers, vous pensez
à la mise en place du conseil permanent de la forêt qui est
mentionné dans le livre blanc de 1985 à la page 89. Pourriez-vous
nous expliquer pourquoi il est si important d'officialiser ce mécanisme
de concertation et de consultation au lieu de fonctionner en cachette comme
semble vouloir le privilégier l'actuel gouvernement? Je ne vous ai pas
demandé de donner un savon au ministre là. Je voudrais seulement
savoir pourquoi vous, comme organisme...
M. Boivin: M. le Président, nous, comme organisme, croyons
que l'information devrait être à tous les niveaux. Nous sommes,
par exemple, un groupe, on pourrait dire, de base qui mettons nos bottes et
allons voir ce qui se passe vraiment en forêt. Nous nous apercevons,
finalement, que ce que nous avons à dire... Et il est très
difficile d'influencer les responsables de notre forêt. Il faut vraiment
faire certaines démarches et nous croyons qu'avec un groupe de travail
nous allons pouvoir nous, comme organisme, exprimer ce que nous voyons, ce que
nous faisons et peut-être ce qui devrait se faire. C'est à ce
moment-là qu'on aura peut-être une meilleure coalition entre les
divers intervenants du milieu forestier pour en arriver à des solutions
beaucoup plus pratiques et beaucoup plus rapides, je pense.
M. Perron: Merci de la réponse que vous venez de donner,
M. le président. Je voudrais maintenant vous poser une autre question en
rapport avec votre mémoire. Vous dites, à la page 3 de votre
mémoire: "L'ATFQ recommande que l'utilisation des bois fasse l'objet
d'un suivi et d'un contrôle rigoureux afin d'en arriver à une
utilisation plus rationnelle des bois." Faites-vous référence
à la question de savoir s'il devrait y avoir un maître d'oeuvre
lors des coupes forestières ou encore lors de l'aménagement, ou
les deux, lorsqu'on prévoit, par exemple, qu'il y a plusieurs
utilisateurs dans un même secteur ou une même unité de
gestion?
M. Boivin: Pour répondre à votre question, M. le
Président, nous nous apercevons présentement qu'il y a des bois
de qualité qui ne sont pas utilisés à la bonne place,
c'est-à-dire, par exemple, que nous faisons du bois de sciage avec du
bois de déroulage. Nous faisons de la pâte avec du bois de sciage
de résineux. Tout à l'heure, je parlais pour les feuillus. Nous
croyons finalement qu'il faudra, pour répondre à votre question,
que le gouvernement soit plus
rigide pour faire respecter l'utilisation de ces bois. Il est
nécessaire que cela se fasse conjointement, c'est-à-dire lors de
l'aménagement et de l'exploitation. Je pense que cela pourrait
s'arranger comme ceci. D'abord, je parle de la forêt feuillue. Nous
allons faire des prescriptions de coupes. Cela va nous amener une utilisation
plus rationnelle, c'est-à-dire que les arbres qui vont être
coupés ne seront pas seulement pour du déroulage ou bien pour du
sciage, ils vont être nécessairement pour les deux et ils vont
être acheminés aux usines correspondantes où les
intervenants vont les utiliser.
Je crois qu'on devrait faire la même chose dans le
résineux. Nous savons que les bois à pâte sont
utilisés pour la fibre et que les bois de sciage sont utilisés
pour faire des madriers. Nous pensons que ces bois devraient être de
grosse dimension pour le sciage et de moyenne dimension pour la pâte.
C'est tout,
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je vais laisser la
parole à un de mes collègues ou encore aux membres du
gouvernement. Je reviendrai plus tard, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous n'avez pas
d'objection, on pourrait fonctionner par alternance.
Des voix: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'aurais trois
brèves questions à vous poser, M. Boivin, qui
m'intéressent drôlement. Tout à l'heure, vous avez
parlé de la création d'un conseil, de conseillers. Vous avez
beaucoup parlé de génétique aussi.
J'aimerais savoir quels sont vos contacts avec les autres provinces
concernant la génétique. Est-ce que vous avez d'autres contacts
en dehors du Québec? On a parlé de la Norvège, de la
Finlande et tout cela. Mais est-ce qu'on a des contacts ailleurs au Canada,
ici, avec votre association là-dessus?
M. Boivin: Non, nous n'avons pas de contact avec les autres
provinces.
M. Maltais: Vous n'avez aucun contact avec les autres provinces
concernant la génétique forestière qui se fait ailleurs au
Canada.
M. Boivin: Non, pas l'association comme telle.
M. Maltais: Vous avez parlé aussi d'une superficie
minimale à récupérer dans le "back-log". Ce serait quoi,
d'après vous, que le ministère devrait s'assurer de
récupérer? Quelle serait la superficie minimale annuelle qu'on
devrait récupérer à peu près?
M. Boivin: Concernant la récupération pour le
"back-log ", c'est que présentement il y a plusieurs millions d'hectares
qui sont abandonnés. Avec un chiffre comme ça, je crois qu'il
faudra étudier, par exemple, les ruptures de stocks qu'il va y avoir
dans chaque unité de gestion. Ceci va nous permettre d'aménager
plus rapidement les territoires à "back-log".
Donner un chiffre comme ça sur le plan des superficies, c'est
difficile. Mais je crois que ça peut se faire dans chaque unité
de gestion. On peut identifier le pourcentage de superficie qui doit être
amélioré ou aménagé dans le "back-log".
M. Maltais: Tout à l'heure, M. Boivin, M. Potvin,
pardon...
M. Boivin: Boivin.
M. Maltais: Je m'excuse. Vous avez parlé de deux conseils,
d'un conseil de la recherche et d'un groupe de conseillers forestiers. Vous
mentionnez qui devrait en faire partie dans votre mémoire.
D'après vous, les coûts de ça devraient être
partagés par qui exactement? Est-ce que c'est par les intervenants que
vous avez listés? Vous voyez ça comment?
M. Boivin: Vous me parlez du conseil de la recherche ou bien du
groupe...
M. Maltais: Non, d'un groupe de conseillers forestiers.
M. Boivin: Je crois que les coûts de ça devraient
être répartis sur un peu tout le monde, c'est-à-dire que,
si on invite les industriels à faire partie d'un groupe forestier et les
gouvernements, les associations, je pense que chacun va payer le salaire et les
dépenses de chaque organisme.
Il est primordial pour un organisme d'avoir une sorte de tribune pour se
faire entendre. Je pense que ça va être bénéfique
pour tout le monde et je ne pense pas que ça apporte des coûts
additionnels pour chacun.
M. Maltais: Vous avez parlé également d'un conseil
de la recherche. Votre organisme actuellement quelles sont ses relations, par
exemple, avec le Centre de recherche de l'Université Laval en
foresterie? Vous avez de bonnes relations avec eux? Vous travaillez en commun?
Vous avez des mandats de recherche d'eux? Est-ce que ça arrive?
M. Boivin: Non. C'est-à-dire que nous avons des membres
qui travaillent à la recherche en aidant les docteurs et ces gens qui
font des recherches. Mais comme organisme, nous n'avons pas de mandat
présentement.
M. Maltais: D'accord. J'ai une dernière petite question
à vous poser, M. Boivin. On sait que, depuis quelques années, il
se donne des cours en aménagement forestier dans les cégeps. Il y
a, quand même» une certaine ambiguïté dans la
population en ce qui concerne le travail des techniciens forestiers et des
techniciens en TACH, comme on les appelle. Je sais personnellement que chez
nous on a ce petit problème, soit pour les forestières ou les
usines de sciage ou même pour les coops qui s'occupent du reboisement.
Est-ce bien déterminé quelque part, la fonction d'un technicien
forestier et la fonction d'un technicien en aménagement? On a
l'impression, dans le public et même au niveau des industriels de la
forêt, qu'il y a un enchevêtrement qui se fait. Il y a de
l'ambiguïté entre les deux. On parle de techniciens tout court
puis, à un moment donné, on dit: C'est un technicien en
foresterie, l'autre en aménagement. Est-ce que cela vous cause des
problèmes ou est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, à un moment
donné, de bien différencier les deux?
M. Boivin: Le technicien forestier est présentement
habilité à faire de l'aménagement forestier, de
l'exploitation et de la transformation. Mais nous savons fort bien que ces
disciplines ne peuvent pas être séparées et avoir des
conditions de travail ou des tâches très différentes. C'est
une spécialité où il y a des aspirations du technicien
forestier qui dit: Je vais travailler en aménagement plutôt qu'en
exploitation ou en transformation. Vous savez, dans le monde forestier ce n'est
pas seulement au niveau des techniciens forestiers présentement qu'il y
a un croisement des tâches. Je veux dire que, même entre
l'ingénieur forestier et le technicien, il y a un croisement et c'est
très bénéfique pour tous les forestiers du Québec.
C'est comme cela que cela se passe. Nous ne sommes pas tellement en faveur de
cloisonner les responsabilités du forestier; nous sommes plutôt en
faveur d'élargir les horizons des techniciens forestiers et de leur
permettre davantage d'accéder à des postes supérieurs.
M. Maltais: Une dernière question: N'avez-vous pas
déjà demandé que la profession de technicien forestier
soit reconnue par l'Office des professions et quelle était la
réaction des ingénieurs forestiers?
M. Boivin: Vous avez raison. Depuis cinq ans, nous avons
demandé une corporation professionnelle et c'est encore en suspens. La
réaction des ingénieurs forestiers est positive. Nous avons un
dialogue qui est sain entre les deux organismes et ce que nous avons comme
objectif, c'est une plus grande responsabilité de nos techniciens. Nous
croyons que cela sera très bénéfique pour le
ministère de l'Énergie et des Ressources, c'est-à-dire que
beaucoup de techniciens forestiers pourraient avoir des responsabilités
supérieures. Cela pourrait aussi dégager le processus de
règlement et le processus de travail à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources. C'est un peu ce que
nous regardons. Notre objectif est que nos techniciens soient de plus en plus
responsables et qu'ils puissent prendre leur place véritable dans le
monde forestier. Je crois que dans les deux organismes c'est assez
bénéfique.
M. Maltais: En terminant, combien de membres regroupez-vous?
M. Boivin: Présentement, nous avons 400 membres payants,
mais ils ne sont pas obligés de payer chez nous. Donc, on en regroupe
présentement 650.
M. Maltais: Vous en avez 150? M. Boivin: Non, 650.
M. Maltais: Sur une possibilité de combien, d'après
vos estimations?
M. Boivin: D'environ 2500. M. Maltais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Laviolette. (17 h 45)
M. Jolivet: Merci, M. le Président. M. Boivin, dans votre
texte, vous parlez de la régénération naturelle
très sous-estimée et même de la protection de cette
régénération pratiquement inexistante. On a souvent dit
que l'une des étapes les plus dispendieuses dans la remise en production
de la forêt, c'était le reboisement. Tout le monde
reconnaîtra très bien qu'effectivement c'est l'une des solutions
les plus onéreuses. Mais, d'un autre côté, j'ai souvent dit
- d'autres l'ont dit aussi - pas nécessairement reboisement mais
reboisement si nécessaire. Donc, il faut trouver des moyens de s'assurer
que la régénération naturelle puisse être
protégée du moment où on entre en forêt et du moment
où on en sort pour les générations suivantes.
Étes-vous d'accord avec l'ensemble des intervenants qui disent qu'il va
falloir qu'on change en forêt à la fois nos méthodes de
coupe et nos méthodes de récolte pour que ne soit pas inexistante
la protection, tel
que vous semblez le dire, quant à cette
régénération?
M. Boivin: Je crois, pour être bien explicite, qu'il y a
beaucoup à faire avec nos modes d'exploitation. Nous croyons que le mode
d'exploitation devrait se faire par une éducation à la base. Nous
avons toujours demandé à nos exploitants, à nos
travailleurs forestiers, de faire un genre de coupe pour qu'ils puissent, par
exemple, payer leur machine et vivre un peu. Mais il va falloir examiner de
quelle façon on devra faire l'exploitation à l'avenir,
c'est-à-dire qu'il y a des méthodes de protection de la
régénération qui existent et qu'on doit appliquer. Il faut
protéger d'abord les semis ou les petits arbres qui sont
présents. Davantage d'informations aux ouvriers forestiers et à
différents niveaux, cela pourrait amener quelque chose de positif.
M. Jolivet: Lorsqu'on a dit que tout arbre coupé doit
être remplacé, les gens ont compris qu'il fallait planter chaque
fois qu'on coupait. En fait, ce n'est pas cela que vous me dites et ce n'est
pas cela qu'il faut faire, non plus. Mais il y a des interventions qui sont
faites en forêt où on arrive à une coupe à blanc.
Est-ce que vous êtes contre la coupe à blanc? Quand je parle des
méthodes de coupe, des méthodes de récolte, est-ce que
cela doit être nécessaire dans certains coins? Est-ce qu'on doit
varier la façon dont on doit faire les coupes en forêt et de
quelle façon?
M. Boivin: Nous croyons que, présentement, lorsqu'un
peuplement est rendu à maturité, il n'y a pas de problème
pour le couper à blanc. Si, par exemple, malheureusement, il n'y a pas
de régénération, il faut le couper à blanc quand
même, parce que nous allons perdre cette matière ligneuse. Si, par
exemple, il y a de la régénération, nous devons faire des
coupes à blanc. Cela peut se faire, mais par ce que nous appelons des
sillons; nous passons environ une vingtaine de fois dans le même chemin
et nous tirons les arbres. Il y a différentes méthodes
présentement. Nous avons, par exempte, la coupe par bandes qui, je
crois, dans certains endroits, accélère la
régénération, mais cela nous amène un coût
supplémentaire, c'est bien sûr. Il y a d'autres genres de coupes
que nous pouvons faire. Je crois que, dans l'ensemble, c'est quand même
assez positif, les genres de coupes que nous faisons, mais il faudrait s'y
intéresser davantage surtout pour la régénération
naturelle. Je pense qu'on fait promener encore les Garett assez souvent en
forêt n'importe comment.
M. Jolivet: Effectivement, vous parlez de deux choses: la
méthode de coupe et la méthode de récolte aussi. Quand on
fait de la coupe à blanc, on peut peut-être prendre de la
machinerie qui est un peu plus lourde, mais dans la coupe sélective ou
dans la coupe par bandes, par exemple, on peut prendre d'autres sortes de
machinerie. La question qui se pose, c'est: Quand on parle de récolte
dans les peuplements actuellement à 75 mètres cubes par hectare,
alors qu'on proposait, dans le livre blanc, 49 mètres cubes par hectare,
cela veut dire qu'il faut changer nos méthodes de récolte.
M. Boivin: C'est bien sûr.
M. Jolivet: Quelle sorte voyez-vous à ce moment-là,
selon vous?
M. Boivin: Je n'ai pas la solution à tous nos
problèmes, mais, présentement, je pense que, s'il faut
récolter 49 mètres cubes par hectare, c'est parce que nous
manquons de forêt, nous manquons de matière ligneuse. C'est bien
sûr que ce serait peut-être beaucoup plus agréable de
récolter 75 mètres cubes par hectare parce que les arbres
seraient beaucoup plus gros et qu'on aurait le temps de faire du sciage. Je
crois qu'avec des méthodes comme des traitements sylvicoles... Nous
parlons toujours des résineux, mais il ne faudrait pas penser que les
feuillus sont à part. On récolte tout près de 90 % des
résineux. Nous croyons que, quand il n'y a pas de
régénération, c'est bien sûr qu'il faut couper
à blanc et puis replanter tout de suite dans l'année suivante.
Dans des endroits où la régénération est
présente, par exemple, pour le pin blanc, il faut avoir des
méthodes de protection. Il faut diminuer la grosseur des machines et
donner le temps aux ouvriers forestiers de récolter ces bois d'une
façon convenable.
M. Jolivet: Vous avez parlé de la grosseur des billes, en
parlant de bois qui, normalement, devrait aller au sciage ou au
déroulage et qui, malheureusement, se retrouve en "pitounes" de quatre
pieds, comme on l'emploie communément, mais cela peut être huit
pieds, pour aller à d'autres secteurs que le déroulage. Dans
certains cas, il s'en va en sciage à des longueurs plus grandes. Dans le
cas des papetières, il s'en va en quatre pieds ou en huit pieds aux
usines de pâtes et papiers, au lieu d'aller là où il
devrait être, au sciage. On disait que, quand il est économique de
le faire, on devrait plutôt l'envoyer à l'usine de sciage ou de
déroulage avant de l'envoyer à d'autres secteurs d'utilisation.
Dans ce contexte, vous ne seriez pas en désaccord avec la proposition
qui a été faite dans le livre blanc de calculer le prix en vertu
de la valeur marchande du bois sur pied.
M. Boivin: Non, nous ne sommes pas en
désaccord avec cela, parce qu'il y a beaucoup de perte de bois de
sciage présentement, surtout dans le résineux. Nous pensons que,
si le bois de sciage était récupéré comme cela
devrait être, les usines de sciage seraient drôlement
heureuses.
M. Jolivet: Croyez-vous que cela peut être un incitatif
à envoyer le bois à la valeur marchande là où il
doit être envoyé plutôt que de l'envoyer directement
à la "pitoune"?
M. Boivin: Bien sûr.
M. Jolivet: Une dernière question avant de passer la
parole à mes collègues. Il est évident qu'on ne sera pas
d'accord avec vous quand vous dites: "II est agréable de constater le
nombre restreint de règlements dans le présent projet de loi.
Nous souhaitons qu'il demeure ainsi." Comme le disait mon collègue,
surtout quand on considère que, dans les 113 articles de l'avant-projet
de loi, il y a près de 48 mentions de pouvoirs réglementaires ou
de 58 mentions de différents pouvoirs discrétionnaires au
ministre, on pourra ne pas être d'accord, vous en conviendrez très
bien. 5i vous avez fait cette affirmation, vous l'avez faite à partir
d'une comparaison. À partir de quoi faites-vous cette affirmation?
M. Boivin: Nous faisons cette affirmation parce qu'en forêt
et au niveau pratique nous sommes persuadés que, si on fait confiance
à ceux qui ont des responsabilités, nous allons pouvoir mieux
fonctionner. Nous sommes toujours dans des réglementations, des
règlements et cela retarde considérablement soit l'exploitation
forestière, soit la procédure d'appliquer certaines choses. Nous
pensons que, si on a un règlement et que nos professionnels de la
forêt peuvent prendre davantage leurs responsabilités, cela va
être bénéfique pour la forêt.
M. Jolivet: Alors, expliquez-moi pourquoi - je vais parler de
secteurs que je connais - dans le secteur de la Haute-Mauricie, au lac
Wayagamack où on va faire des coupes dans un secteur où c'est le
bassin versant de l'eau potable de la ville de La Tuque et de l'ensemble de
l'usine des pâtes et papiers, vous dites: II faut faire confiance aux
gens, donc, enlevons des règlements, enlevons des restrictions. C'est ce
que vous semblez dire. Qui va être responsable de s'assurer que l'eau
potable ne sera pas polluée demain matin et de quelle façon
devra-t-on procéder?
M. Boivin: Nous pensons qu'il y aurait sûrement un minimum
de règlements. Mais, ce que nous pouvons dégager de la
dérégle- mentation, c'est que nous croyons que les gestionnaires
de la forêt qui sont dans les unités de gestion devraient avoir
plus de responsabilités et c'est eux qui, je pense -les professionnels
de la forêt - devraient avoir certaines prescriptions, mais il ne faut
pas tout mélanger. Nous avons quand même des MRC, nous avons quand
même des organismes qui ont certains règlements municipaux ou
autres que nous devons respecter. Nous qui travaillons en forêt, nous le
savons et je ne pense pas que nous irions couper à blanc un secteur
où nous croyons que la population doit puiser son eau potable. Il faut
laisser aussi de la place au gros bon sens dans toute cette situation.
M. Jolivet: En tout cas, j'aurai l'occasion de la poser à
d'autres qu'à vous, aux industries papetières en particulier ou
aux industries du sciage. Mais je dois vous dire que, lorsqu'on a coupé
ce secteur il y a environ 40 ans, on l'a fait à blanc, on s'en
souviendra très bien. Donc, vous êtes à même de
constater que la population en général est réticente
aujourd'hui, justement parce que les MRC se sont donné des
règlements municipaux. Dans ce contexte, les gens sont plus soucieux de
l'écologie que nous ne l'étions à l'époque. Ils
sont aussi plus soucieux de protéger l'avenir de leur famille, car ils
ne seront peut-être plus là, mais leurs enfants et leurs
petits-enfants y seront.
Dans ce contexte, lorsque vous me dites que le document devant nous a un
nombre restreint de règlements et qu'on vous dit que nous l'avons
examiné à fond, que nos analystes l'ont regardé et que ce
que vous dites n'est peut-être pas tout à fait exact, je vous ai
posé une question et je vous la repose, c'est la première: sur
quoi vous basez-vous pour dire qu'il y a moins de règlements dans la loi
qu'on propose que dans notre loi actuelle? C'est peut-être cela que vous
voulez me dire. J'oserais vous dire qu'on peut bien refondre douze
règlements en un, mais on n'aura pas changé les douze
règlements, car il peut avoir un règlement avec 24 articles, mais
aussi un règlement avec 48 articles. Dans ce contexte, on n'a rien
changé à la réglementation. On a seulement jeté de
la poudre aux yeux. Je voudrais savoir sur quoi vous basez votre affirmation
relativement à ce qu'on vous dit.
M. Boivin: L'Association des techniciens forestiers a
analysé cela. Comme fonctionnement pratique, nous croyons que, s'il y a
moins de règlements, cela sera bénéfique pour tout le
monde forestier. C'est surtout cela. Aussi pour la population, je crois que,
lorsque nous avons, par exemple, 56 règlements, on n'en finît
plus. Or, il faut arriver à une solution, à un moment
donné, cela presse et il faut agir.
Je parle très positivement dans ce cas. Je pense que
l'association voit qu'il serait assez bénéfique d'avoir moins de
règlements. Je ne vous dis pas d'éliminer tous les
règlements, mais en avoir moins serait bénéfique, je
pense.
M. Jolivet: Simplement pour terminer, M. le Président, je
crois comprendre que l'association, comme nous et comme les gens de l'ensemble
du secteur forestier, est d'accord pour qu'il y ait moins de règlements,
mais qu'ils soient, cependant, plus respectés. Je dois dire que,
même si elle me dit cela et même si c'est le souhait que tout le
monde peut avoir, cela ne se justifie pas l'affirmation qui a été
faite par rapport à la loi actuelle qui maintient les règlements
et qui en ajoute d'autres qui donnent des pouvoirs discrétionnaires plus
grands qu'avant. C'est notre position et on voulait au moins vous le dire.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui veulent intervenir? M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Boivin, je suis
très heureux de voir que vous mentionnez que le reboisement n'est pas la
seule façon de corriger ou d'aménager et de reconstruire une
forêt. Je suis très content de cela puisqu'on simplifie tellement
les choses, des fois, avec un chiffre. Le reboisement artificiel serait
peut-être la méthode la plus coûteuse pour remettre en
production ou maintenir en production acceptable les forêts du
Québec. Je suis très satisfait de vous l'entendre dire puisqu'il
y a tellement d'autres méthodes qui vont être acceptables et pour
les industriels, et pour le gouvernement, et pour les amateurs de
récréation en plein air et pour les chasseurs et les
pêcheurs. Il faut protéger la régénération
naturelle lorsqu'elle existe. Je suis très heureux de vous entendre dire
cela.
Tout à l'heure, vous avez mentionné que vous étiez
pour la coupe intégrée. Qu'arrive-t-il lorsque deux exploitants
qui ont le même secteur de coupe dans des essences différentes ne
s'entendent pas sur cette opération? J'aimerais que vous me fassiez une
suggestion. (18 heures)
M. Boivin: Vous savez que, par les temps qui courent, je pense
qu'il faut, à un moment donné, s'entendre. La suggestion, je
pense que c'est le dialogue. C'est peut-être un voeu pieux, mais quand
quelqu'un veut faire marcher son usine et qu'il veut faire des profits, je
crois que deux utilisateurs d'essences différentes doivent s'asseoir et
regarder les coûts d'exploitation, comment ils vont exploiter, à
quelles dates de l'année ils devront exploiter et, finalement, sortir
des coûts pour qu'ils puissent, à un moment donné,
s'entendre. C'est peut-être une suggestion pieuse, mais, pour ma part, je
crois que c'est comme cela qu'on peut l'envisager.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. Vous avez
parlé de plantations, de régénération artificielle.
Évidemment, tous savent que, si on n'a pas les moyens physiques et
financiers d'entretenir ces plantations, comme je l'ai mentionné dans
mon exposé, c'est de l'argent jeté à l'eau. Avez-vous des
suggestions pour entretenir les plantations que nous serons obligés de
faire inévitablement dans les forêts, dans les secteurs où
il n'existe pas de régénération naturelle?
M. Boivin: Je crois qu'il va falloir prendre des moyens comme les
phytocides, les herbicides ou des moyens manuels. Je pense que, si on a eu
l'argent pour les planter, il faudra avoir l'argent pour les entretenir, parce
que cela ne donne rien de planter des arbres si on ne les protège pas
contre d'autres essences qui peuvent empêcher la production optimale de
cette repousse. Je pense que vos suggestions sont appliquées
présentement. Présentement, il y a des efforts mis au niveau du
manuel qui créent des emplois. Au niveau des phytocides, il ne faut pas
avoir peur de cela. Je pense que faire pousser des arbres, c'est un peu comme
entretenir ses pommes de terre ou bien son jardin. Il faut, à mon avis,
protéger ce que nous plantons.
Le Président (M. Charbonneau): Je veux signaler qu'il est
18 heures. J'ai été informé qu'il y a consentement pour
qu'on y aille pour quelques minutes encore. Je voudrais simplement vous
signaler, par ailleurs, qu'il y a des réunions qui sont prévues.
II faudrait qu'on ne se rende pas à 18 h 30. Quelques minutes à
peine; sinon, on serait mieux, finalement, de reprendre à 20 heures.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord. Juste
quelques remarques avant de vous passer la parole, M. le député
de Duplessis. Pour sécuriser les différents utilisateurs de la
forêt, nous avons publié, en collaboration avec le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et celui de
l'Environnement le Guide d'intervention en forêt. Ce guide
préviendra, s'il est appliqué adéquatement, des erreurs
qui ont été commises dans le passé, comme l'a
souligné le député de Laviolette.
Quant à la réglementation, il est bien évident,
comme vous l'avez mentionné, qu'il faut, lorsqu'on administre des
richesses naturelles et qu'on est sur le terrain comme vous l'êtes - j'ai
eu l'occasion de travailler avec plusieurs de vos collègues et avec
vous-même, j'en suis très heureux - des règlements pour
être capable d'arriver à quelque
chose et de prendre les décisions les plus équitables
possible. Je passe maintenant la parole à mon collègue, M. le
député de Duplessis, qui aurait quelques questions.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava, qui vient de se voir octroyer le temps de parole...
Une voix: Le temps de parole qu'on avait convenu.
M. Claveau: Merci. Dans votre texte, vous donnez beaucoup
d'importance à la recherche. J'ai une question bien précise
à vous poser. Étant des praticiens de la forêt,
étant des gens qui connaissez et qui vivez quotidiennement dans le
milieu forestier, vous savez très bien que l'argent pour la recherche,
c'est comme toute autre chose, cela a une limite. Ce n'est pas élastique
à l'infini. Il y a une masse et on peut difficilement sortir de cette
masse.
Si vous aviez des priorités à exprimer, si vous aviez des
lignes de recherche à exprimer, est-ce que vous iriez plutôt du
côté de la recherche fondamentale, les clones, la
génétique ou si vous préféreriez que la recherche
s'oriente plus spécifiquement sur les questions de
prélèvement, par exemple, de coupe, de machinerie pour aller dans
le bois, etc? Quelles seraient vos priorités?
M. Boivin: Si vous parlez d'une priorité, je crois que
c'est au niveau de la machinerie, mais il ne faut pas oublier l'autre parce que
nous sommes en train de planter des arbres et nous connaissons difficilement la
génétique de ces arbres. Nous connaissons à peine ce qui
se passe au niveau des cônes, s'ils vont être à tel endroit
pour les faire pousser à tel endroit, et ainsi de suite. Je crois qu'il
faudra l'envisager conjointement et ne pas donner la priorité a l'un. Je
crois que cela peut se faire présentement, mais je ne veux pas dire
d'augmenter la recherche ou l'argent. Je pense que c'est un niveau de
coordination; c'est surtout cela. Nous, sur le terrain, comme vous le dites si
bien, nous pouvons percevoir qu'il y a des recherches qui se font
peut-être pour rien, ou peut-être pour dans 50 ans ou dans 100 ans.
Nous pouvons dire que notre opinion, ce serait de rapprocher la recherche,
c'est-à-dire que nous pouvons être plus pratiques dans la
recherche et, plus tard, nous pourrons peut-être faire des recherches
à plus long terme. Ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est qu'il
faudrait faire une recherche beaucoup plus pratique pour que nous puissions
voir les résultats plus rapidement. Par exemple, la recherche sur la
régénération naturelle, il y en a une qui se fait
présentement, mais elle aurait dû se faire il y a dix ans.
M. Claveau: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, deux courts commentaires et
une dernière question. Quant à moi, ce sera terminé. Mon
collègue de Bertrand aura peut-être une courte question à
vous poser. En rapport avec ce que vous mentionnez concernant un arbre
emblème, je peux vous assurer que, là-dessus, l'Opposition est
entièrement d'accord puisqu'en septembre 1985, à la suite d'une
recommandation qui avait été faite, le principe avait
déjà été accepté. Les intentions
étaient de même inscrire cela dans un projet de loi. Je pense que
c'est important.
Deuxièmement, vous avez parlé, dans votre mémoire,
de l'aide individuelle en mentionnant ceci: "L'ATFQ est heureuse, M. le
ministre, que vous ayez rendu l'aide individuelle à la forêt
privée accessible et compréhensible pour tous." Je voudrais vous
souligner que cette aide individuelle était annoncée dans le
livre blanc de 1985, à la page 64, et que la reconnaissance du statut de
producteur forestier fut adoptée par l'Assemblée nationale le 20
juin 1985 par le biais du projet de loi 45 sous l'ancien gouvernement.
Ma question est la suivante, M. Boivin. Lorsque vous mentionnez dans
votre mémoire des efforts particuliers de la part du ministre pour
informer et sensibiliser le travailleur forestier à la base afin
d'assurer la protection de cette régénération,
là-dessus on est entièrement d'accord, nous de l'Opposition. Ce
qu'on voudrait savoir de vous, c'est: Comment et quel ministère devrait
faire la sensibilisation et procéder à l'information des
travailleurs forestiers dans tous les cas qui nous touchent?
M. Boivin: Je crois que c'est le ministère des
Forêts qui devrait en prendre la responsabilité. Ce que je voulais
dire par là, c'est qu'à un moment donné il faut aller voir
les travailleurs forestiers. Il faut aller dans les camps forestiers. Je pense
qu'il faut démocratiser un peu la foresterie au Québec. À
la suite des nombreux contacts que nous avons auprès des ouvriers
forestiers, nous croyons qu'il faudra davantage leur expliquer ce qu'est la
foresterie, comment on doit couper cette forêt. Il y a des moyens
inimaginables pour leur parler parce que ces gens-là sont très
réceptifs et ils acceptent beaucoup de choses pour améliorer leur
milieu forestier parce qu'ils en vivent directement et ils le savent fort
bien.
De quelle façon devons-nous le faire? Je pense que le
ministère des Forêts est très habilité pour cela,
mais il va falloir davantage aller voir ces gens dans les camps
et leur montrer des vidéos, leur donner toute une pléiade
d'informations, des brochures, des pancartes et toutes sortes de choses pour
les informer de ce que nous voulons faire avec cette forêt.
M. Perron: M. le Président, je ne sais pas si mon
collègue de Bertrand avait souligné qu'il voulait poser une
question seulement. Et, par la suite, quant à nous, c'est
terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais vous rappeler
que nous avons, du côté de l'Opposition, une réunion
convoquée pour 18 heures. Une dernière intervention, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Rapidement,
M. Boivin, relativement à la création du conseil de la recherche,
essentiellement, le but que vous visez, du moins ce que vous avez
expliqué il y a quelques minutes, est beaucoup plus d'avoir un organisme
ou un conseil qui va chercher à faire la coordination.
Cependant, les budgets actuels dévolus aux différents
centres de recherche, tant universitaires que
fédéraux-provinciaux, sont, selon vous, suffisants. Est-ce que
j'ai bien compris? Je suis loin d'être certain que l'argent pour la
recherche et le développement qui peut se faire de ce côté
soit suffisant, lorsqu'on sait que chaque dollar investi pourra non seulement
être une dépense, mais être considéré comme un
investissement, car on va pouvoir économiser. Je pense que cela pourrait
être, entre autres, l'un des rôles, en plus de la coordination, du
conseil que vous recommandez au ministre de mettre sur pied pour qu'il soit
capable, entre autres, de faire des recommandations dans le but non seulement
de faire part de ce qui se passe actuellement dans les différentes
recherches qui sont faites individuellement et de les coordonner, mais aussi
d'être capable d'orienter les enveloppes budgétaires ou de faire
des suggestions au ministre.
Pourriez-vous m'éclairer sur l'aspect des budgets, car j'ai cru
comprendre, il y a quelques minutes, que vous disiez qu'il y avait
peut-être suffisamment d'argent là-dedans?
M. Boivin: Pour être bref, nous avons un budget de
recherche. Il serait toujours bénéfique qu'il soit
augmenté, mais, en tant que praticiens, nous pouvons dire que, s'il y
avait un transfert technologique et une coordination avec la recherche
privée et celle du secteur industriel, nous pourrions avoir pour la
recherche un montant d'argent suffisant.
Ce que nous pouvons dire, c'est qu'elle soit beaucoup plus pratique pour
en voir les résultats plus rapidement. Quant à l'aspect
monétaire, il est certain qu'il faut avoir un peu plus d'argent pour la
recherche, mais ce n'est pas une grande nécessité.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
vous dire que, de façon unanime, des deux côtés, on
s'était entendu pour terminer avec l'organisme que vous
représentez. Je tiens, au nom de l'Opposition, à vous remercier,
ainsi que les représentants de votre groupe pour votre présence
à la commission de l'économie et du travail. Bonne chance pour
l'avenir forestier.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je remercie M. le président Boivin. Vous avez
mentionné, avec raison, qu'il fallait faire de la recherche du
côté des feuillus. Quand on connaît le Québec, on
s'aperçoit que les feuillus occupent une place importante au
Québec et, de ce côté, le ministère fait beaucoup,
peut-être pas assez - on en fera peut-être plus dans l'avenir -de
recherche du côté de la génétique des arbres
feuillus. C'est une boutade: peut-être que, si le succès est grand
de ce côté, on trouvera un autre arbre emblème du
côté des feuillus.
Comme vous l'avez constaté, M. le président Boivin et vos
collègues, nous sommes d'accord sur plusieurs points avec votre groupe
et avec l'Opposition. Nous sommes tellement d'accord que je dois aussi vous
remercier pour votre intervention. Au cours de ma carrière, j'ai eu
l'occasion de côtoyer les techniciens forestiers, et le monde forestier;
soyez assurés que je serai toujours à l'écoute. Je vous
félicite pour votre intervention qui est dans le meilleur
intérêt de la cause forestière du Québec et qui
tient compte, évidemment, de la qualité de vie de toutes les
Québécoises et de tous les Québécois. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces remerciements, je
voudrais également vous remercier de votre participation et indiquer que
la commission va suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures, alors que nous
reprendrons avec le Comité consultatif sur l'environnement de la Baie
James.
Je vous indique que le restaurant Mini-Débat est ouvert
jusqu'à 24 heures ce soir. À 20 heures donc. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
(Reprise à 20 h 12)
Décision du président sur les heures de
séance
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'économie et du travail reprend l'exécution de son mandat sur la
consultation particulière à l'égard de l'avant-projet de
loi sur les forêts. Auparavant, je vais informer les membres de la
commission de la décision que j'ai arrêtée sur le
problème que m'a soulevé le député de Laviolette
à l'égard de l'horaire de nos travaux et des heures de
séance de la commission.
Après plusieurs vérifications et revérifications -
je vous prie de croire qu'il ne semble pas y avoir eu beaucoup de cas de cette
nature qui se sont produits dans le passé - il semble assez clair que la
motion que nous avons adoptée à la majorité lors de notre
séance de travail du 12 septembre aurait dû être
adoptée à l'unanimité des voix parce que, finalement, les
articles 143 et 144 ainsi que l'article 20 sont assez clairs à cet
égard. Les heures de séance, en fait l'horaire, c'est assez
rigide.
L'article 171 auquel on a fait référence plus tard permet,
pour des consultations particulières, d'organiser le temps à
l'intérieur de ce cadre-là, mais ne donne pas la
possibilité, à moins d'un consentement unanime, de modifier le
cadre. En conséquence, c'est au moment de la séance de travail
que nous avons tous erré et le président, au premier chef.
J'aurais dû faire en sorte, lorsqu'on a pris le vote, de demander s'il y
avait un consentement unanime et de déclarer la motion rejetée
s'il n'y avait pas consentement unanime. Au contraire, nous avons pris le vote
à la majorité et cela veut donc dire que, pour la séance
de ce soir comme pour les autres séances de la commission, nous devrons
nous en tenir aux règles qui sont prévues au règlement,
c'est-à-dire que la commission devra terminer ses travaux à 22
heures à moins qu'il n'y ait consentement.
J'ai entendu cet après-midi certaines remarques et je voudrais
avoir, compte tenu que nous avons, tout au moins pour ce soir, des
invités qui ont déjà été convoqués et
qui n'ont pas été partie à ce problème particulier
qui a été soulevé, une indication des membres de la
commission s'il y a possibilité d'avoir ou non ce consentement pour que
nous puissions prolonger nos travaux au-delà de 22 heures, ce soir en
particulier, et faire en sorte que nous puissions accommoder les gens qui
avaient été invités par la commission.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, compte tenu que c'est moi qui
ai fait la proposition de s'en tenir aux règles normales de
l'Assemblée nationale et que vous me donnez maintenant raison, je dois
vous dire que j'avais déjà dans ma première indication
fait mention qu'effectivement, compte tenu de l'imbroglio qui semblait exister,
nous n'avions pas d'objection, pour respecter les gens que nous avons
convoqués devant cette Assemblée, à les entendre tous ce
soir. Cependant, à partir de ce soir, il devrait y avoir entre notre
critique officiel le député de Duplessis et les gens d'en face
une discussion qui puisse s'enclencher sur les journées à venir,
quitte à ce que l'on ajoute une journée de plus... Mais quant
à être dans la discussion, j'aimerais quand même faire
remarquer, comme je le faisais remarquer dans ma motion, que nous avons un
ordre du jour très chargé tous les jours et que nous ne pourrons
jamais finir à 22 heures. Par conséquent, il y aurait
peut-être moyen de réaménager l'horaire. Je dois vous dire
que nous allons nous en tenir à terminer à des heures
raisonnables pour commencer aussi à des heures raisonnables, comme 10
heures le lendemain matin. Alors si l'on veut faire un travail de
parlementaires convenable et si l'on veut être poli envers ceux que l'on
reçoit, on devra de l'autre côté, au lieu d'imposer un
horaire, le discuter avec nos représentants. Mais ce soir nous sommes
prêts à entendre les gens qui ont été
convoqués.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, si je comprends bien
le sens de votre intervention, à moins d'indication contraire, il y a
consentement unanime pour que ce soir nous prolongions la séance
au-delà de 22 heures d'une part et que nous épuisions la liste
des invités convoqués pour aujourd'hui. Est-ce bien cela?
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Comme membre de l'Opposition et critique officiel, je
dirai que nous sommes même prêts de ce côté-ci
à accepter que l'on prolonge si nécessaire pour entendre la liste
d'intervenants prévue pour aujourd'hui, mais à la condition que
pour le reste on s'en tienne à des négociations pour s'entendre
pour les jours à venir, incluant la semaine prochaine bien entendu.
En terminant, M. le Président, j'endosse entièrement ce
qu'a dit le député de Laviolette se rapportant à
l'ensemble de sa déclaration.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis, je vous remercie. Je veux simplement signaler à ceux qui
auront à discuter entre eux de la suite de l'horaire,
en particulier le député de Duplessis et le ministre
délégué aux Forêts, que le secrétaire de la
commission me signale certains problèmes: En fait, un organisme a
dû annuler sa présentation; un autre veut absolument voir sa
présentation reportée à un autre moment, sans compter que,
sans tomber dans ta partisanerie, je dois signaler que le député
de Laviolette a un peu raison dans la mesure où déjà, si
on considère les indications que l'on a, on a des problèmes
d'horaires; cela sera très serré. Donc, j'invite le ministre et
le député de Duplessis à voir comment ils peuvent
aménager le tout pour la suite des consultations particulières.
Je les assure que si c'est nécessaire, le comité directeur de la
commission, c'est-à-dire le député de Vimont, qui est le
vice-président, moi-même, ainsi que le secrétaire de la
commission, pourra vous donner un coup de main pour l'organisation des travaux
de telle sorte que cela puisse être efficace pour tout le monde et qu'on
en arrive à un travail productif. Cela dit, à moins qu'on ait
quelque chose à ajouter sur cette question, on va
immédiatement... M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je vous remercie de votre collaboration ainsi que le
député de Duplessis et le député de Laviolette.
Pour ce soir, très bien, nous allons entendre les mémoires
prévus en déférence pour les gens qui ont
été convoqués et, après la soirée, nous
discuterons des arrangements possibles en tenant compte des exigences, des
contretemps ou des désirs de certains intervenants. C'est avec plaisir
que nous le faisons.
Mémoires déposés
Le Président (M. Charbonneau): Parfait! Avant d'appeler
les gens du Comité consultatif sur l'environnement de la Baie James, je
voudrais signaler que les mémoires des organismes suivants, comme nous
l'avons mentionné aujourd'hui, seront consignés au
Secrétariat des commissions et leur dépôt sera noté
au Journal des débats, sans pour autant que leur texte soit
transcrit au Journal des débats. II s'agit des mémoires du Groupe
"Au nom de la forêt", de la Compagnie Commonwealth Plywood Ltée,
du Conseil régional de l'environnement 02 -j'imagine que c'est la
région administrative 02 - de l'Association des industriels du sciage de
la Baie des Chaleurs, de l'Association des scieries de la Matawinie, du
Regroupement des intervenants forestiers du comté de Saguenay, de la
Société forestière Dumoine et Coulonge, du Syndicat des
producteurs de bois de l'Abitibi-Témiscamingue, de l'Union des
producteurs agricoles, de la ville de Matagami, du Regroupement des
sociétés d'aménagement du
Québec et de la Fraternité des charpentiers-menuisiers
forestiers et travailleurs d'usines affiliée à la
Fédération des travailleurs du Québec. Les mémoires
de ces organismes sont déposés à la commission et inscrits
au procès-verbal. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'aimerais ajouter un autre mémoire qui nous est
arrivé aujourd'hui en provenance de la municipalité
régionale de comté de Témiscamingue, soit celui de la
Corporation de développement économique du Témiscamingue.
Comme tous les autres mémoires, je crois qu'il a droit de
recevoir...
Le Président (M. Charbonneau): Le même
traitement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La faveur que vous
leur faites.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de
problème. Je présume que ce sera -bon, c'est fait - remis au
secrétaire de la commission qui fera le nécessaire.
Reprise des auditions
Comité consultatif sur l'environnement de la
Baie James
J'appelle maintenant le Comité consultatif sur l'environnement de
la Baie James. Si mes notes sont exactes, le président est M. Pierre
Marchand, C'est cela? M. Marchand, si vous voulez bien prendre place avec vos
collaborateurs et collaboratrices et avoir la gentillesse de nous les
présenter avant tout. Je vous rappelle que la position qui a
été adoptée vous donne un temps de présentation de
dix minutes. Il y aura dix minutes du côté ministériel et
dix minutes du côté de l'Oppositon pour des échanges avec
votre groupe.
M. Marchand (Pierre): Merci, M. le Président. Je suis
Pierre Marchand, président du Comité consultatif sur
l'environnement de la Baie James. Je suis accompagné, ce soir, de
certains membres du comité. À ma gauche, M. Normand Trempe,
membre désigné par le Québec pour siéger au
comité. Un peu plus loin à ma gauche, M. Marc-Alain
Côté, secrétaire de notre comité. Contrairement
à ce qui avait été prévu, Mme Anne-Marie Awashish,
vice-présidente du Comité consultatif sur l'environnement de la
Baie James, ne pourra participer en raison de problèmes familiaux.
Ainsi, Mme Dianne Reid, à ma droite, agira à titre de substitut
pour remplacer Mme Awashish. Également, à ma droite, M. Alan
Penn, membre du comité consultatif, nommé également par
l'Administration régionale crie.
Le Comité consultatif sur l'environne-
ment de la Baie James est un organisme créé en vertu de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois dans le but,
entre autres, de favoriser la participation des autochtones de la Baie James
dans l'administration publique du territoire. Le comité n'est pas
à proprement parler un organisme à caractère ethnique,
mais il est rattaché aux principes généraux visant
à la prise en considération des intérêts des Cris
dans le développement du territoire dont fait expressément
mention le chapitre XXII de la convention. En effet, le comité participe
à l'élaboration et à la révision des lois et
règlements visant le régime de protection de l'environnement et
du milieu social, et étudie les lois et règlements existants ou
projetés sur l'environnement et le milieu social. Il est en quelque
sorte un chien de garde de la convention en ce sens qu'il doit s'assurer du
respect de dispositions de la convention au regard de la protection de
l'environnement et du milieu social.
Notre comité est composé de treize membres, dont quatre
sont nommés par le gouvernement fédéral, quatre par le
gouvernement du Québec et quatre par l'Administration régionale
crie. Le treizième membre est le président ou le
vice-président, selon les années, du Comité conjoint de
chasse, pêche et piégeage, organisme consultatif
créé également en vertu de la convention afin d'assurer
une participation active des bénéficiaires au niveau de la
gestion de la faune au Nouveau-Québec et à la Baie James.
La gestion de la forêt est une préoccupation importante du
comité consultatif pour deux raisons principales. D'abord, en vertu de
l'article 144 de la Loi sur la qualité de l'environnement, le
comité est responsable de l'analyse des plans d'aménagement
forestier qui lui sont présentés pour recommandations et
commentaires par le ministère de l'Énergie et des Ressources.
Deuxièmement, le comité est particulièrement soucieux du
respect de la procédure d'évaluation et d'examen des
répercussions sur l'environnement et le milieu social du
développement forestier pratiqué sur le territoire de la Baie
James ainsi que des mesures correctrices qui pourraient être requises
à ce sujet.
Le comité a déjà eu l'occasion de se pencher sur la
question de la gestion de la forêt dans le Nord-Ouest
québécois et a transmis ses recommandations au ministère
de l'Énergie et des Ressources au sujet des plans de gestion forestiers
des unités de gestion situées dans le territoire de la Baie
James.
La loi sur les forêts, qui fait l'objet de cette commission
parlementaire, aura des implications importantes à la fois pour ce qui
est de la Convention de la Baie James et du Nord québécois et des
lois qui en découlent. Cela pourrait nécessiter des amendements
à la convention ainsi qu'aux lois afférentes, ce qui requerrait
le consentement des Cris. Alternativement, la nouvelle loi pourrait
elle-même préciser l'application de certaines dispositions de la
convention.
Le Comité consultatif sur l'environnement de la Baie James ne
s'oppose pas à une législation qui introduirait un nouveau
régime forestier au Québec. Au contraire, nous croyons qu'une
activité comme l'exploitation forestière a un tel impact sur
l'utilisation des forêts, particulièrement dans les régions
nordiques, qu'elle doit être très sérieusement
encadrée. C'est pourquoi nous avons examiné l'avant-projet de loi
proposé de façon positive et que nous formulons des
recommandations en vue de pallier certaines lacunes.
Il est clair que la législation proposée pose deux
sérieux problèmes pour son application sur le territoire de la
Baie James. Le premier est relié à l'utilisation que font les
Cris de la forêt pour leurs activités de subsistance. L'histoire
fournit de nombreuses illustrations du déclin des économies de
subsistance des Amérindiens devant les répercussions de
l'exploitation forestière. Ainsi, dans la partie méridionale du
territoire de la Baie James, on peut déjà voir la perturbation du
mode traditionnel d'occupation de la forêt entraînée par
l'expansion récente de l'exploitation forestière.
La seconde question concerne l'exploitation forestière à
la limite de la zone commerciale. La politique d'attribution des contrats
d'approvisionnement en fonction du rendement soutenu nous paraît plus
facile à appliquer au Sud qu'au Nord du Québec. En effet, il est
difficile de voir comment cette politique pourrait être appliquée
de façon systématique dans la partie septentrionale de la
forêt commerciale. En raison de la nature de la ressource
elle-même, l'exploitation forestière dans ce territoire devrait
être soumise à des règles particulières qui
tiendraient aussi compte de l'aménagement régional du territoire
de la Baie James.
De façon plus précise, nous avons formulé un
certain nombre de recommandations qui sont explicitées dans le
mémoire que nous avons déposé le 29 août dernier
dans sa version anglaise et qui a été distribué
aujourd'hui, je crois, dans sa version française. Etant donné le
peu de temps mis à notre disposition, nous vous résumerons
brièvement ces recommandations et pourrons répondre par la suite
à vos questions, si vous désirez approfondir certains points
particuliers. Je souligne cependant que nous n'avons pas été
consultés dans le passé à titre d'interlocuteur
privilégié, comme le mentionnait la loi, lors de la
présentation du guide des modalités d'intervention qui a
été
publié récemment. Ce document constituant un volet
très important du nouveau régime, certaines recommandations s'y
rapporteront directement ou indirectement. Au chapitre de l'usage polyvalent
des forêts, nous recommandons que le gouvernement examine de près
les répercussions à long terme de la Loi sur les forêts sur
les différentes vocations de la forêt, tout
particulièrement dans le contexte de l'utilisation de la forêt par
les autochtones et des impacts des aménagements sylvicoles
proposés sur le territoire de la Baie James.
On a reconnu que plusieurs utilisateurs ou groupes
d'intérêt doivent se partager les ressources forestières.
Afin d'éviter qu'un usage prime au détriment des autres, des
mécanismes de concertation et de consultation plus formels doivent
être prévus. Plus particulièrement, nous recommandons,
d'une part, que des mécanismes adéquats de consultation publique
soient prévus dans la loi ou dans les règlements qui en
découlent dans le but d'assurer la prise en considération des
intérêts de l'ensemble des utilisateurs de la forêt lors de
la préparation, de la mise en application et du suivi des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers.
Entre autres, la loi devrait prévoir la prépublication
pour une période de 90 jours des projets de règlement
préparés en vertu du chapitre V de la loi. D'autre part, nous
maintenons que la Loi sur les forêts devrait prévoir
l'établissement d'un conseil consultatif de la recherche
forestière et d'un conseil permanent des forêts tel qu'en fait
état le livre blanc, mais en accordant un rôle plus large au
conseil permanent.
D'autre part, le gouvernement du Québec devrait mettre sur pied
un comité interministériel Énergie et Ressources,
Environnement-Québec, Loisir, Chasse et Pêche, ARC, Administration
régionale crie pour la région de la Baie James au sein duquel les
Cris participeraient au même titre que les ministères
mentionnés précédemment à la gestion des
répercussions de l'exploitation forestière sur l'environnement et
le milieu social dans les territoires de la Baie James.
Maintenant, en ce qui touche l'importance du plan d'affectation au
territoire de la Baie James, notre comité formule trois recommandations.
Premièrement, en raison de l'absence des MRC sur le territoire de la
Baie James, un forum régional devrait être créé avec
pour objectif de développer, de mettre sur pied et de réviser les
plans d'affectation des terres de la Baie James. Ce forum devrait regrouper les
membres des communautés cries de la partie méridionale du
territoire, des municipalités enclaves et des ministères
impliqués au niveau de la faune, de la gestion de l'habitat faunique et
de l'aménagement régional. Notre comité est tout
particulièrement sensible à l'importance de la confection de ces
plans. Ce qui en découlera aura des implications importantes.
Deuxièmement, nous estimons qu'il serait inacceptable de la part
du ministère de l'Énergie et des Ressources de préparer
unilatéralement un plan d'affectation du territoire de la Baie James et
de se servir de la municipalité de la Baie-James au même titre
qu'une municipalité régionale de comté. (20 h 30)
Enfin, le statut juridique particulier des terres de catégorie II
de même que la valeur écologique et les vocations multiples des
bassins hydrographiques majeurs du centre et du sud du territoire de la Baie
James devraient être à la base de tout développement d'un
plan d'affectation régional des terres.
Relativement à l'inspection, au suivi et à la recherche,
notre comité formule trois recommandations. 1° II est prioritaire
que soit développée et mise en application l'expertise
scientifique nécessaire à l'évaluation et à
l'analyse de la régénération en fonction des pratiques
sylvicoles et que soit prévue dans la loi la révision
périodique des contrats d'approvisionnement et d'aménagement afin
d'évaluer les conséquences de leur mise en application. 2°
L'objectif de maintenir la productivité des sols forestiers a des
implications très concrètes pour la politique de recherche
forestière. L'accent devra être mis sur la recherche et
l'évaluation des impacts des différents modes d'exploitation
forestière sur la physico-chimie des sols avec, comme objectif premier,
l'amélioration des directives relatives à l'aménagement
forestier. 3 Les directives émises au sujet de l'évaluation des
répercussions environnementales de l'exploitation forestière de
même que la mitigation des répercussions socio-économiques
sur les Cris devront périodiquement être évaluées et
mises à jour. Ceci pourrait se faire à des intervalles de cinq ou
dix ans.
Passons maintenant à l'utilisation polyvalente de la forêt
et au permis d'intervention. La pratique actuelle de consultation des chasseurs
cris affectés par l'exploitation forestière dans le territoire,
avant que les permis annuels soient émis, doit être maintenue.
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle
qu'il vous reste une minute pour votre présentation. Serait-il possible
de passer à vos recommandations?
M. Marchand: D'accord. Le plan d'intervention annuel devrait
rendre explicitement obligatoire la consultation avec les chasseurs cris
affectés et ceci devrait
être reflété dans la réglementation relative
au plan d'intervention annuel.
Le contrat d'approvisionnement et d'aménagement. Nous avons deux
recommandations qui portent expressément là-dessus. 1° Les
niveaux de coupe forestière permis sur le territoire de la Baie James et
spécialement dans la zone pâte devraient faire l'objet d'une
analyse approfondie. À ce sujet, l'application du concept de
possibilité forestière devra être examinée en tenant
compte des répercussions environnementales et socio-économiques
des niveaux de coupes proposés. Le Comité consultatif sur
l'environnement de la Baie James devrait être consulté
ultérieurement là-dessus.
À la lumière de l'importance que peut revêtir
l'industrie du bois dans le développement économique des
communautés cries du sud du territoire, le ministère de
l'Énergie et des Ressources devrait sérieusement envisager
l'octroi de garanties d'approvisionnement en matière ligneuse suffisant
pour permettre à ces communautés d'exploiter une scierie locale.
La Loi sur les forêts devrait prévoir cette
possibilité.
Le Président (M. Théorêt): ...s'il vous
plaît.
M. Marchand: D'accord. En conclusion, je crois que la position du
comité c'est que ce nouveau projet de loi sur les forêts devra
tenir compte des dispositions du chapitre XXII de la Convention de la Baie
James. Il nous semble qu'une attention particulière devra être
apportée à la façon dont cette loi pourra être mise
en application dans le territoire qui nous concerne. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M.
Marchand. Je cède maintenant la parole au ministre de l'Énergie
et des Ressources.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je veux remercier les
représentants du Comité consultatif sur l'environnement de la
Baie James pour leur mémoire. Je voudrais vous assurer que, même
si vous n'avez pas eu tout le temps nécessaire pour présenter
votre mémoire au complet parce que vous avez 27 recommandations dans
votre mémoire touchant à une série de sujets, je peux vous
assurer que nous allons en prendre connaissance. Nous avons lu votre
mémoire et nous allons l'étudier très sérieusement
quant aux mesures et aux recommandations que vous avez faites. Dans votre
mémoire, vous faites référence à la Loi sur les
terres et vous dites que vous n'avez pas eu la chance de vous
référer à la loi parce qu'elle n'a pas été
déposée. Je voudrais vous signaler que le projet de loi sur le
régime forestier, c'est un avant-projet de loi. La Loi sur les terres
sera déposée en même temps que le projet de loi sur le
nouveau régime forestier. Vous aurez l'occasion à ce moment de
prendre connaissance du projet de loi et d'y apporter les recommandations que
vous jugerez à propos.
Vous dites aussi dans votre mémoire qu'il y a une relation entre
l'industrie forestière mais qu'il y a aussi d'autres utilités
pour la forêt. Nous sommes très conscients de ce fait que la
forêt n'est pas limitée strictement pour les besoins de
l'industrie forestière, qu'il y a d'autres éléments de
notre société et d'autres intérêts. Mais le projet
de loi actuel se limite sur le régime forestier et sur les conditions du
nouveau régime forestier, et les autres juridictions des autres
ministères demeurent, celles de l'Environnement, du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, etc. Peut-être que votre suggestion d'un
comité interministériel pourrait être le forum où
nous pourrions discuter de ces sujets. Il n'y a aucun doute que, s'il y a des
intérêts du ministère de l'Environnement, du
ministère de l'Énergie et des Ressources et du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, c'est pour cela que nous
discutons cela au Conseil des ministres pour faire la conciliation entre les
différents intérêts qui pourraient exister quant à
l'utilisation des forêts.
Dans votre mémoire, vous faites référence à
l'entente de la Baie James. Vous ne désirez pas que la
municipalité de la Baie-James soit l'organisme que nous allons
consulter, vous ne voulez pas traiter la municipalité de la Baie-James
comme les autres municipalités pour consultation. Je ne pense pas qu'il
soit de notre intention de donner ce rôle à la municipalité
de la Baie-James. Nous voulons examiner avec vous d'autres façons de
faire cette consultation.
Nous n'avons pas beaucoup de temps alloué pour l'étude de
votre mémoire, nous sommes un peu limités aujourd'hui dans le
temps et je voudrais vous poser seulement quelques questions.
Premièrement, vous avez mentionné qu'il y aurait peut-être
des aménagements ou conflits possibles avec l'entente de la Baie James.
Vous mentionnez, à la première page du préambule, que la
loi sur les forêts aurait des implications impartantes au niveau de la
Convention de la Baie James. Brièvement, pourriez-vous nous donner des
exemples où il pourrait y avoir un conflit entre le présent
projet de loi et l'entente de la Baie James?
M. Marchand: Oui, je pourrais donner quelques précisions
là-dessus. En fait, la convention elle-même avait
été signée à une époque où les
pratiques étaient que, dans les unités de gestion, on avait des
plans de gestion. Par exemple, pour l'unité de gestion
Harricana-Quévillon-Chibougamau qui nous intéresse
particulièrement, le chapitre XXII prévoyait que le comité
consultatif était
invité à revoir les plans de gestion des unités de
gestion. Maintenant, dans un contexte où les règles du jeu
changeraient légèrement et que des contrats d'aménagement
et d'exploitation seraient conclus, si on comprend bien, entre le
ministère et un producteur forestier, le problème qui se pose,
c'est: Comment le comité consultatif pourrait-il exercer pas
nécessairement un droit de regard, mais passer en revue ces ententes? Le
problème qui se pose, c'est qu'au lieu d'avoir un plan de gestion pour
une unité donnée, comme cela a été le cas
jusqu'à maintenant, il faudrait revoir les implications d'une multitude
de contrats d'aménagement. Cela pourrait donc amener un fardeau de
travail. On essaie de trouver une formule flexible et réaliste pour
arriver à ces fins.
M. Ciaccia: Même si l'article 22 de la convention fait
référence aux impacts sur l'environnement et ne fait pas
référence spécifiquement aux plans d'affectation
forestiers, votre position est que cela devrait être étendu aux
plans d'aménagement et ne pas être limité strictement aux
questions d'environnement et d'impact social sur les communautés
cries?
M. Marchand: En fait, il y a deux éléments. Il y a
un régime de protection de l'environnement et du milieu social qui est
un peu ce sur quoi le chapitre XXII porte et qui est un peu le régime
supervisé par notre comité; cela est un chose. Maintenant - on
essaie de trouver l'article dans le chapitre XXII - il y avait à part
cela ou en parallèle une procédure par laquelle on exprimait
clairement que les plans de gestion qu'on a connus dans le passé et
qu'on connaît encore actuellement étaient présentés.
C'est cela. Par exemple, l'article 22.3.34 dit: "Le ministère des Terres
et Forêts, lorsqu'il élabore un plan d'aménagement des
forêts de la couronne et de l'exploitation forestière -ce qu'on
appelle communément le plan de gestion d'une unité - le fait
parvenir au comité consultatif qui l'étudié et le commente
avant qu'il reçoive la sanction ministérielle. Ledit
comité est tenu, s'il y a lieu, de faire part de ses commentaires audit
ministère dans les 90 jours."
La question qu'on se pose, c'est: Avec l'avènement de nouveaux
contrats d'aménagement, comment pourra-t-on finalement remplacer ce qui
s'appelait dans le temps "le plan d'aménagement des forêts" et,
d'autre part, les contrats d'aménagement qui seraient
éventuellement conclus avec la nouvelle loi sur les forêts?
M. Ciaccia: Vous parlez d'un conseil consultatif; nous allons
examiner les articles 22, 23 et 24 pour voir comment on peut intégrer
les conditions de cet article dans la pratique du régime forestier,
parce que c'est notre intention de respecter l'entente de la Baie James. Nous
ne voulons pas déroger à cette entente ou aller à
l'encontre des conditions prévues dans l'entente.
Quand vous parlez d'un conseil consultatif de la recherche
forestière et d'un conseil permanent des forêts, comment
voyez-vous l'intégration de ce conseil dans les mécanismes
existants? Il y a plusieurs mécanismes qui existent dans l'entente; vous
venez d'en mentionner un: est-ce nécessaire d'avoir ce conseil en plus
ou est-ce que les mécanismes existants pourraient prendre les
responsabilités que vous voulez attribuer au conseil permanent des
forêts?
M. Marchand: En fait, nous avons repris quelque chose qui a
été proposé dans la politique forestière qui avait
été soumise il y a environ un an et demi aux différents
intervenants. Dans notre esprit il n'y avait pas de recoupement entre ces deux
comités auxquels on fait allusion dans notre mémoire.
M. Ciaccia: Le président m'informe que mon temps est
écoulé. Je n'ai plus le temps pour ma question, alors...
Le Président (M. Charbonneau): II vous reste 45 secondes,
le temps de...
M. Ciaccia: Alors, mes collègues pourraient
peut-être prendre les 45 secondes.
Le Président (M, Charbonneau): À moins que vous
suggériez vos questions à l'Opposition... peut-être dans
leurs dix minutes...
M. Ciaccia: Qu'ils posent leurs questions avant, et après
on pourrait leur faire des suggestions.
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: On n'est pas, de ce côté-ci,
coulés dans le ciment au point de ne pas donner quelques deux ou trois
minutes additionnelles aux membres du gouvernement, au ministre responsable ou
encore au ministre de tutelle.
M. Ciaccia: J'étais plus positif que cela quand
j'étais dans l'Opposition.
M. Perron: Je vous rappellerai 1984.
Le Président (M. Charbonneau): J'aime autant ne pas
répondre à cela, M. le ministre.
M. Ciaccia: Cela ne pourrait peut-être pas obtenir
réponse d'une façon assez brève,
mais vous pourriez nous le laisser savoir éventuellement. Quand
vous parlez des terres de catégorie 1 et 2, on voudrait savoir comment
le projet de loi aurait des implications dans ces deux catégories: la
catégorie 1 où vous avez une juridiction quasi exclusive, et la
catégorie 2 où vous avez des droits non exclusifs sur un
territoire d'approximativement 60 000 milles carrés avec les Inuit?
Quelle suggestion pourriez-vous nous faire, comment devrions-nous traiter les
terres de catégorie 1 et 2 en ce qui concerne le nouveau régime
forestier? (20 h 45)
M. Marchand: Je peux vous donner des éléments de
réponse là-dessus. Une des choses que nous proposons dans notre
mémoire c'est la mise sur pied d'un forum cri avec intervenants
d'Environnement Québec, du ministère de l'Énergie et
Ressources et MLCP. Nous sommes conscients que les Cris auront
éventuellement à clarifier ou à discuter avec le
ministère concerné le statut qu'on aimerait donner à ces
terres. Les terres de la catégorie 1, dans certains cas, pourraient
être considérées comme des terres privées et il y
aurait probablement moyen, par exemple, de considérer la production
forestière, sur les terres de la catégorie 1, effectuée
par une bande ou ses organismes comme étant analogue à celle sur
une terre privée qui produit une ressource. En ce qui touche les terres
de la catégorie 2, ce sont des terres souvent considérées
comme des terres de la "couronne" - entre guillemets - mais sur lesquelles la
convention avait reconnu des droits exclusifs de chasse et de pêche. Je
crois que le problème qui se posera sera de trouver un modus vivendi qui
permettra, d'une part, l'exploitation forestière avec une cohabitation
des pratiques de chasse et de trappe qu'on a connues dans le passé et
qui sont encore chose courante aujourd'hui. Brièvement, je pense qu'il y
aura des discussions entre les bandes concernées. Le comité
pourra fournir des avis là-dessus, éventuellement, mais je crois
que ce sont des discussions entre le ministère et les personnes
concernées qui permettront de trouver une solution.
M. Ciaccia: Juste en terminant, un commentaire, M. le
Président. Votre suggestion d'un comité interministériel,
je pense qu'elle est assez intéressante pour étudier certains des
problèmes que vous soulevez. En l'absence d'une MRC sur le territoire,
peut-être que la réponse pourrait être un forum
régional ou le comité sur l'environnement pourrait être
l'organisme avec lequel nous pourrions faire nos consultations. Je vous
remercie.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je voudrais remercier M.
Côté ainsi que les représentants de l'organisme de leur
présence à cette commission. Vous avez parlé dans votre
mémoire...
Une voix: M. Marchand.
M. Perron: M. Marchand, pardon! Vous avez parlé dans votre
mémoire de la séparation qu'il y avait entre la Loi sur les
forêts et la loi éventuelle sur les terres, ce qui créait,
selon vous, certaines incertitudes. Je vous avoue honnêtement que, du
côté de l'Opposition, c'est la même chose. Je voudrais vous
référer à la page 13 de mon texte de cet après-midi
où je mentionne que l'un des aspects les plus décevants de cet
avant-projet de loi est de confiner la forêt à son rôle
très sectoriel de production de matière ligneuse et de consacrer
la séparation de la gestion des terres de la gestion des ressources
forestières. Plus loin, vous mentionnez le fait que vous êtes
favorable au conseil consultatif de la recherche forestière ainsi qu'au
conseil permanent de la forêt tout en modifiant quelque peu la formule.
Je voudrais, en passant, vous souligner que quant à votre intervention
sur une différence importante entre le livre blanc et l'avant-projet de
loi, là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord, je l'ai
souligné en particulier lors de mon discours au début de la
commission parlementaire.
J'aurais deux questions à vous poser, M. Marchand. Vous
désirez qu'un forum régional soit créé pour
discuter d'un plan d'affectation des terres et, tout au long de votre
mémoire, vous parlez de consultations auprès d'intervenants
autres que ceux de l'industrie elle-même. Dans l'une de vos
recommandations, vous insistez pour être consulté. Est-ce qu'on
pourrait savoir jusqu'où pourrait aller cette consultation en rapport
avec le territoire dont vous parlez?Quels seraient les organismes
que vous verriez impliqués dans ce mécanisme de consultation, que
ce soit en rapport avec l'avant-projet de loi que nous avons ou encore avec le
projet de la Baie James II?
M. Marchand: La première observation là-dessus,
c'est que nous accordons une importance à la confection d'un plan
d'affectation des terres, parce que dans notre esprit, c'est vraiment la base
de tout ce qui s'ensuivra en termes de façons d'utiliser la forêt.
Lorsqu'on parle de forum régional ou de consultation, nous croyons que
le comité consultatif comme organisme-conseil peut avoir des avis
pertinents. C'est une chose. Maintenant, on tente de trouver un
équilibre pour ce secteur entre l'aspect
forestier comme valeur commerciale et l'aspect faunique comme soutien
à des activités traditionnelles de chasse et de pêche ou de
trappage qu'on retrouve dans le territoire. C'est d'ailleurs l'une des raisons
qui fait qu'on se dit: Probablement que des gens de Loisir, Chasse et
Pêche devraient avoir un "input" à ce niveau, comme les gens
d'Environnement Québec, parce qu'on parle de régime de protection
de l'environnement et du milieu social particulier, et, bien évidemment,
le ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le point est le suivant. Lorsqu'on a fait la lecture de la politique
forestière, on se disait que, dans le cas du territoire de la Baie
James, il fallait accorder une importance à la ressource
forestière au niveau de la valeur commerciale exploitation, c'est vrai,
mais qu'on devait tenter de trouver une harmonie ou une façon de
concilier aussi la coexistence d'activités qui se font
précisément dans le même milieu qu'on désire mettre
en valeur en fonction des ressources forestières. Dans le
mémoire, on pose la question suivante: Qu'est-ce qui arriverait dans le
cas de zones qui feraient l'objet d'exploitation forestière importante
et qu'est-ce qui arriverait pour un trappeur qui se retrouve dans une
région fortement affectée par l'exploitation
forestière?Comment tenir compte de l'aspect
précisément polyvalent de cette forêt dans un contexte
où on doit concilier exploitation forestière, d'une part, et
exploitation des ressources fauniques qui sont elles-mêmes
imbriquées dans la forêt dont on parle?
M. Perron: C'est toujours en rapport avec l'entente de la Baie
James et du Nord québécois à cause de toutes les lois qui
ont été adoptées, etc., au cours des dernières
années.
M. Marchand: Oui. En fait, le chapitre XXII de la convention
elle-même fait que, dans ce territoire, en gros, on doit procéder
à des ajustements qu'on n'aurait peut-être pas à faire dans
d'autres régions du Québec.
M. Perron: Merci. M. Marchand, j'ai une dernière question
à vous poser et, par la suite, je vais passer la parole à mon
collègue d'Ungava.
Selon l'avant-projet de loi, seuls les bénéficiaires
peuvent être membres d'une société de conservation. Dans
votre mémoire, vous mentionnez qu'il n'y a actuellement aucune
protection face à la forêt dite non commerciale. Selon vous,
pourquoi est-il si important de protéger cette forêt commerciale
que vous mentionnez dans votre mémoire? Est-ce à cause de
l'impact économique? Est-ce à cause de l'entente de la Baie James
et du Nord québécois? Est-ce à cause de raisons qu'on ne
peut pas connaître, mais que, vous, comme membre de l'organisme ou
représentant de l'organisme, connaissez?
M. Marchand: Concernant les zones de forêt à valeur
non commerciale ou à potentiel commercial moins intéressant,
c'est qu'il y a toujours le problème de la protection à
proximité des villages, qui est un problème en soi.
Deuxièmement, même si les forêts dans ces zones ne sont pas
des forêts à caractère commercial, donc
intéressantes à exploiter pour sortir le bois, faire du
reboisement, il n'en demeure pas moins que ces régions
forestières servent de soutien à des activités de collecte
importante de chasse et de trappage. Essentiellement, il y a à peu
près une famille sur deux sur le territoire de la Baie James qui
pratique activement la trappe, le piégeage et les activités
connexes. Une des préoccupations du comité au cours des derniers
mois, cela a été de s'interroger sur les conséquences
d'une protection plus ou moins adéquate de l'ensemble du territoire de
la Baie James, incluant la zone pâte, les zones commerciales et surtout
les zones au nord qui ont un caractère commercial moins
intéressant, mais qui, néanmoins, constituent un milieu
écologique important à préserver.
M. Perron: Vous parlez de l'ensemble des catégories des
terres qui sont définies dans l'entente.
M. Marchand: Oui. Lorsqu'on parle des zones nordiques à
caractère commercial moins important, on parle autant des terres 1, 2 et
3, qui sont des terres publiques. Ce qu'il faut souligner, c'est qu'on doit, de
l'avis du comité, se pencher sur ces problèmes, étant
donné l'accès de plus en plus important, au cours des prochaines
années, de ce territoire. On sait que la probabilité de feu est
souvent reliée à l'utilisation des routes et des sites à
proximité. Donc, on se demande comment on pourrait prévoir des
mécanismes de protection à ce niveau même si la forêt
n'est pas intéressante d'un point de vue strictement commercial.
M. Perron: Merci beaucoup, M. Marchand, pour le moment.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. II me fait plaisir de
vous souhaiter la bienvenue parmi nous, d'autant plus qu'on a souvent
partagé ensemble des préoccupations sur un même territoire
assez peu connu. Vous avez fait allusion, dans votre présentation,
à la mise en place ou à la nécessité de mettre en
place un forum
régional qui réunirait les compagnies forestières,
les communautés autochtones, les municipalités enclaves, etc.
Est-ce que vous pourriez expliquer un peu plus le concept de forum
régional tel que vous le définissez?
M. Marchand: En fait, actuellement, dans le cas des
communautés autochtones du sud du territoire de la Baie James, il y a
déjà une forme de consultation qui se fait sur une base annuelle
entre, d'une part, le ministère de l'Énergie et des Ressources et
les bandes cries ou les trappeurs cris concernés lorsqu'il est question
d'affecter des zones à l'exploitation forestière. Par exemple,
l'été prochain, il y aura une forme de discussion, de dialogue
qui s'entamera à ce moment-là pour tenter de préserver
l'intérêt des forestiers et, d'autre part, les activités
des trappeurs qui sont impliqués dans le territoire.
Lorsqu'on parle d'un forum régional, on pense au rôle que
pourraient jouer les municipalités enclaves, les bandes
intéressées, les industries. Par exemple, dans les terres de
catégorie 1, dans une perspective où des bandes pourraient
être intéressées à exploiter la ressource
forestière, quels seraient les mécanismes possibles entre
l'industrie forestière et des exploitants forestiers pour les bandes,
par exemple? Pour ce qui est des terres de catégorie 2 qu'on retrouve
habituellement à proximité de villages comme Waswampi ou dans la
région du lac Mistassini... Or, on est conscient de l'importance d'un
dialogue entre les forestiers, d'une part, et les trappeurs étant
donné que ces terres de catégorie 2, qui sont vraiment des terres
d'approvisionnement à proximité du village, doivent coexister
avec la réalité d'une exploitation forestière. C'est
quelque chose qui va s'accélérer et le comité pense qu'on
doit établir des mécanismes flexibles régionaux qui
permettraient d'adapter et d'être à l'écoute des
problèmes qui peuvent survenir dans l'application d'un régime
forestier qui serait, en fait, nouveau* Là-dessus, on se dit que,
probablement, un dialogue initial avec les ministères concernés
et les organismes régionaux permettrait de préciser par la suite
le type de forum qu'on voudrait mettre en place de façon
définitive. Mais notre approche est plutôt de proposer une
ouverture et une flexibilité.
M. Claveau: D'accord. Est-ce que je comprends bien que vous
croyez à la nécessité d'une amélioration ou d'une
meilleure consultation entre les différentes composantes ethniques du
territoire - je parle de la communauté blanche et de la
communauté autochtone - afin de régler des différends qui
pourraient exister dans l'exploitation forestière en particulier?
M. Marchand: Oui, éventuellement, cela pourrait
probablement établir des ponts et permettre de discuter de
problèmes qui sont reliés de façon intrinsèque aux
opérations forestières et à l'utilisation du territoire.
On pense, entre autres, à l'accès des chemins forestiers, par
exemple, à l'accès aux territoires de chasse. Il y a une
série de réalités qui se greffent lorsqu'on parle de la
forêt dans le territoire de la Baie James. Il y a les pourvûmes,
les réserves écologiques. Je crois qu'il y a plusieurs aspects
qui se greffent autour du concept de la forêt. Cela pourrait être,
par exemple, l'occasion d'amorcer un dialogue sur certains problèmes
d'utilisation du territoire.
M. Claveau: Vous faites beaucoup mention, en fait, de la
nécessité de concertation ou de l'impact que pourrait avoir
l'industrie forestière sur les lignes de trappage, comme on les appelle
communément, ou les territoires de chasse et trappage des familles de
trappeurs. Par contre, il ne faut pas oublier qu'on est dans une situation qui
est déjà existante. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'ensemble ou la majorité des limites de coupe intéressantes sont
déjà octroyées. Il y a déjà toute une
mécanique, de l'exploitation forestière qui se fait de
façon intensive entre les 49e et 50e parrallèles et
l'exploitation est déjà commencée au nord du 50e dans les
zones qui intéressent déjà l'industrie forestière,
à cause de la densité du peuplement et de l'importance de la
ressource. Alors, l'avènement d'une nouvelle politique forestière
ne modifie pas en soi les superficies des parterres de coupe, les endroits
où les compagnies forestières sont déjà
impliquées.
Dans le sens de votre approche concernant une amélioration de la
consultation ou de l'amélioration de la prise de connaissance des
intérêts des chasseurs et des trappeurs cris face à
l'industrie forestière, est-ce que vous pourriez nous dire ce qui se
fait déjà et quelle a été dans le passé
votre position? Quelle est la relation actuelle entre les intervenants
forestiers et votre comité, les chasseurs et trappeurs cris, parce qu'on
ne modifie pas les allocations des parterres de coupe, on ne fait qu'en changer
la gestion?
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava, mesdames et messieurs, cela sera la dernière intervention avec
nos invités, malheureusement.
Une voix: C'est dommage. On avait d'autres questions.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, cette réponse
termine le temps de parole qui était alloué du côté
de l'Opposition. M. Marchand. (21 heures)
M. Marchand: En fait, actuellement, le comité a
été surtout actif à ce niveau par la révision des
plans d'aménagement des unités de gestion de Quévillon,
Harricana et Chibougamau. On est conscient, actuellement, qu'il y a urgence ou
importance de s'entendre par un forum régional, par exemple, sur un plan
d'affectation des terres. Actuellement, on est dans une position où, au
niveau du territoire de la Baie James, on connaît certaines
réserves écologiques à venir ou potentielles, certaines
zones à protection. Au niveau du rôle ou du statut, par exemple,
des terres 2, des terres 3, de la façon de concilier les
activités et les territoires de trappe, le comité voit son
rôle surtout en termes d'organisme qui pourrait conseiller ou proposer
certains mécanismes pour faciliter cette implantation, cette mise en
oeuvre d'un régime forestier.
Le point de départ c'est vraiment un plan d'affectation des
terres qui devrait être conséquent avec les différentes
utilisations de l'aspect polyvalent de la forêt. Mais là-dessus,
comment le comité entrevoit-il son rôle pour l'avenir? Je pense
qu'à cette étape-ci on voit le comité comme pouvant donner
certains avis importants. Maintenant, au niveau du rôle éventuel
dans les contrats d'aménagement et d'approvisionnement entre les
compagnies forestières et les moulins à scie par exemple et le
ministère, cela demeure à préciser, quant à nous.
L'importance qu'on accorde, actuellement, est surtout au niveau des plans
d'affectation des terres. On trouve qu'il y a vraiment quelque chose à
préciser à ce niveau, à court terme.
M. Claveau: Au moment où on se parle, le débat
pourrait être très intéressant et, éventuellement,
très prometteur dans la perspective d'une mise en place d'une politique
forestière vraiment apte ou vraiment applicable aux besoins des zones
nordiques... Malheureusement, le gouvernement nous oblige à fonctionner
dans un cadre extrêmement restreint, et j'espère que vous aurez
l'occasion de revenir exposer vos points de vue d'une façon plus
détaillée dans les prochains mois.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
C'était le mot de la fin de l'Opposition. Maintenant, le mot de la fin
du ministre.
M. Côté (Rivîère-du-Loup): Je veux
remercier le comité de sa présentation et des nombreuses
recommandations qu'il nous a faites. Soyez assurés qu'elles sont
très intéressantes et que nous en tiendrons compte. J'aurais
aimé, moi aussi - je le regrette infiniment - discuter de plusieurs
sujets, de plusieurs recommandations que vous faites par exemple d'une scierie
locale, aussi, mettons, des comités. Nous négocions actuellement
- et je ne pose pas de question parce que je n'en ai pas le temps - nous
discutons actuellement d'une entente avec les Cris de Mistassini. Nous faisons
de même avec ceux de Waswanipi. Soyez assurés que nous tiendrons
compte de toutes vos suggestions. Je vous félicite grandement pour votre
mémoire. On sait que vous représentez, que vous vous occupez d'un
territoire qui est très fragile et qu'il ne faut pas - comment
dirais-je? - le perturber sans y réfléchir grandement. Vos
recommandations à ce sujet nous seront fort utiles et fort
précieuses. Je vous remercie infiniment de votre présentation et
je vous félicite pour votre mémoire.
Le Président (M. Charbonneau): Messieurs, merci beaucoup.
M. le député de La-violette.
M. Jolivet: Question de directive. Compte tenu que les gens sont
quand même venus de loin avec un projet important et qu'ils nous disent
qu'on n'a pas de temps pour parler, on est prêt à leur donner le
temps, on est prêt à continuer un peu plus tard, ce soir, vous
savez. Ce n'est pas nous qui avons suggéré une demi-heure, c'est
eux qui l'ont suggéré, je pense que c'est important. S'ils n'ont
pas le temps de poser des questions, qu'ils prennent le temps. On est
d'accord.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je pense que, dans l'intérêt de tous
ceux qui ont été invités pour venir présenter leur
mémoire ce soir, ce serait respectueux pour tous de respecter le temps
qui a été alloué. Peut-être que vous n'êtes
pas d'accord, peut-être qu'on n'est pas d'accord, mais c'est cela qui a
été fait. Si on donne plus de temps maintenant, cela veut dire
que les autres intervenants qui attendent ne pourront pas être entendus.
Je peux assurer le député de Laviolette que les questions - et je
vais assurer le Comité consultatif sur l'environnement de la Baie James
- que vous avez soulevées seront non seulement étudiées,
mais que nous aurons certainement l'occasion de discuter avec vous, avec votre
comité des différentes questions que vous avez soulevées
dans votre mémoire et que nous allons y apporter...
M. Jolivet: L'Opposition n'est pas importante dans cela...
M. Ciaccia: ...une attention...
M. Jolivet: Une heure et demie pour la
Chambre de commerce du Québec et une demi-heure pour les gens qui
viennent du territoire du bois.
M. Ciaccia: M. le Président..,
Une voix: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
M. Jolivet: Une heure et demie pour la Chambre de commerce et une
demi-heure pour les gens qui vivent du bois.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Théorêt: ...de temps par des mesures
dilatoires.
M. Ciaccia: J'avais le droit de parole, s'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! Je
comprends qu'après l'heure du souper il y ait des effervescences. Je
vais demander au ministre de terminer son propos.
M. Ciaccia: Oui, certainement, je vais terminer. Mais, puisqu'on
m'amène dans cette discussion, je ne voudrais pas être
obligé de souligner au député de Laviolette que c'est
l'Opposition qui nous a fait perdre deux heures cet après-midi sur des
questions de procédure. Si nous n'avions pas perdu deux heures sur des
questions de procédure, on aurait pu écouter ces gens plus
longuement; on aurait pu discuter et on l'aurait fait. Merci.
M. Jolivet: Ah bien! L'hypocrisie! De l'hypocrisiel
M- Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je rappellerai au ministre
de l'Énergie et des Ressources que, s'il s'était souvenu de ses
neuf années de parlementarisme, comme il nous l'a dit cet
après-midi, plutôt que de nous induire en erreur, cela aurait
été beaucoup moins long.
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Chacun ayant marqué
ses points...
M. Jolivet: On s'excuse!
Le Président (M. Charbonneau): ...et ayant utilisé,
de part et d'autre, de faux articles de règlement sur... Pour remercier
nos...
M. Perron: Oui.
M. Marchand, j'aimerais vous remercier ainsi que votre groupe pour la
présentation de votre mémoire. Soyez assuré d'une chose.
D'abord, votre mémoire a été lu attentivement avant que
nous procédions ce soir. L'Opposition et moi-même, bien sûr,
avons beaucoup de questions à vous poser. Mais, compte tenu que vous
connaissez pourquoi il y a eu seulement un petit peu plus d'une demi-heure avec
votre organisme, j'aimerais terminer en posant une question au ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Puisque le ministre a mentionné qu'il consulterait à
nouveau le Comité consultatif sur l'environnement de la Baie James,
est-ce que cette consultation se fera en commission parlementaire en
présence de l'Opposition ou en catimini?
M. Ciaccia: Pour répondre au député... M. le
Président, si vous me permettez de répondre aux questions.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, allez-y.
M. Ciaccia: II n'est pas question de faire une commission
parlementaire, c'est un comité qui existe et nous avons l'obligation de
consulter ce comité lors de certains travaux relatifs au territoire de
la Baie James.
M. Perron: À l'entente de la Baie James.
M. Ciaccia: Nous nous dégageons seulement de nos
responsabilités et c'est cela que je voulais réitérer ce
soir. Nous allons nous dégager de ces responsabilités. Nous
allons discuter avec le Comité consultatif sur l'environnement de la
Baie James.
M. Perron: Donc, cela va se faire sans la présence de
l'Opposition.
M. Ciaccia: Écoutez...
M. Perron: On a compris. D'accord, M. le Président, j'ai
fini.
M. Ciaccia: M. le Président, il n'y a pas...
M. Perron: J'ai terminé.
M. Ciaccia: Si vous me le permettez, je ne voudrais pas qu'on
induise en erreur tous les intervenants ici. Lors des consultations du
comité, rien ne vous empêchera, M. le député de
Duplessis, de prendre contact avec ce comité et de lui demander s'il a
des représentations spéciales à faire. Rien ne vous en
empêchera et je vous inviterais même à le faire, ainsi que
tous les autres députés de l'Opposition.
Mais, en ce qui concerne nos obligations vis-à-vis de ce
comité, nous avons la responsabilité de le consulter, selon
l'entente de la Baie James, et c'est ce que nous allons faire.
Une voix: Habituez-vous à faire votre job.
Le Président (M. Charbonneau): Cela étant dit,
encore une fois, merci beaucoup et bon retour.
M. Marchand: Merci beaucoup, M. le Président.
Faculté de foresterie et de
géodésie de l'Université Laval
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais maintenant
appeler l'Université Laval, représentée par M.
Jean-André Fortin et M. Louis-Jean Lussier. Je ne sais pas lequel
présentera le mémoire, mais je vous rappelle que, selon la motion
adoptée, la durée de la présentation est de douze minutes
et, par la suite, vingt-quatre minutes par formation politique pour la
discussion avec vous.
Alors, que celui qui présente le mémoire ou le point de
vue de l'université veuille bien, pour les fins du Journal des
débats, présenter son collègue sans plus tarder.
M. Fortin (Jean-André): M. le Président, je suis
André Fortin, professeur à la Faculté de foresterie et de
géodésie. Je remplace ce soir le doyen de notre faculté
qui est retenu à l'hôpital par la maladie. Le collègue qui
m'accompagne est le professeur Jacques Maranda.
La Faculté de foresterie et de géodésie de
l'Université Laval est directement concernée en tant
qu'institution de formation et de recherche par l'avant-projet de loi,
intitulé Loi sur les forêts. Cet avant-projet qui a pour objet
d'implanter un nouveau régime forestier, contient des dispositions
touchant principalement la gestion et la protection des forêts,
l'approvisionnement des usines et la transformation des bois. Il est à
souligner que l'appui financier et la concertation en matière de
recherche et de développement sont absents de l'avant-projet,
malgré le fait que les travaux d'aménage- ment forestier requis
pour atteindre les objectifs de production prévus au contrat
d'approvisionnement nécessiteront un effort substantiel de
développement des connaissances. De plus, cette absence a pour effet
d'écarter d'une implication directe dans l'opération de mise en
valeur de la forêt certains partenaires importants des secteurs
forestiers comme les universités et les instituts privés.
Le secteur forestier et la recherche. Le secteur forestier manufacturier
est au premier rang des industries manufacturières
québécoises en termes d'importance économique. Tel que
cité dans le rapport "Le secteur forestier", "le Québec ne peut
se permettre d'avoir un secteur forestier faible et stagnant, ce qui est un
premier élément de problématique pour la recherche et le
développement". La foresterie est en pleine période de mutation.
Les activités forestières contemporaines, principalement
axées sur la récolte de matières ligneuses, s'acheminent
graduellement vers la culture de la forêt comme le propose le nouveau
régime forestier. Or, nous constatons un manque de connaissances pour
tirer le maximum de la mise en application du nouveau régime forestier.
Des efforts de recherche sont nécessaires pour combler cette lacune et,
pourtant, l'absence de support financier pour la recherche et le
développement en foresterie est chronique au Québec, comme
ailleurs au Canada.
Bien qu'il soit nécessaire d'augmenter substantiellement le
support à la recherche et au développement forestier, la
Faculté de foresterie et de géodésie est consciente que
l'investissement en soi n'est pas une panacée à tous les maux du
secteur. Il faut se garder de tomber dans la croyance populaire qu'investir
dans la recherche conduit automatiquement au développement. L'approche
scientifique, la qualité des chercheurs, surtout la concertation, la
continuité et le transfert des connaissances sont d'autres
prémisses nécessaires pour traduire, de façon efficace,
les activités de recherche en croissance économique. Il est bien
évident que la contribution de la recherche à cette croissance
économique, qui est une des attentes légitimes de la
société, sera plus importante s'il y a concertation entre les
organismes et les utilisateurs de recherche de façon que chaque
partenaire joue pleinement son rôle.
Un organisme de concertation inclus dans la loi. Compte tenu de la
diversité des disciplines liées à la foresterie, des
nombreux intervenants du secteur et aussi des fonds limités, un
organisme de concertation doit être créé afin d'assurer le
développement cohérent de la recherche forestière au
Québec. Un tel organisme consultatif aurait pour objet la concertation,
la coordination, l'orientation et l'identification des besoins en
matière de recherche et de développement. L'organisme
proposé devrait être dirigé par un conseil d'administration
dont les membres proviendraient des principaux intervenants du secteur
forestier. À titre d'exemple, les membres pourraient provenir des
milieux industriels, universitaires, gouvernementaux, etc., en
considérant, toutefois, que la majorité des membres ne peut
provenir d'aucun de ces milieux en particulier. Le nom, le statut légal,
ainsi que les modalités d'organisation et de fonctionnement d'un tel
organisme seront à définir après consultation
auprès des intervenants.
Nous considérons que la formation de cet organisme doit
être incluse dans la loi afin que la volonté du gouvernement soit
clairement établie. C'est un moyen privilégié pour que cet
organisme possède la crédibilité et la continuité
nécessaires permettant d'assurer le développement cohérent
des connaissances et le transfert de celles-ci. Dans un domaine comme celui de
la foresterie où l'obtention des résultats peut demander
plusieurs années, la continuité est un facteur crucial. Un tel
organisme impliquant les intervenants du secteur est un élément
favorable au transfert des connaissances entre le chercheur et
l'utilisateur.
Contexte de la réorganisation. La création d'un organisme
de concertation de la recherche en foresterie est une nécessité
qui peut sembler inopportune à la suite de la parution du rapport du
groupe de travail présidé par M. Paul Gobeil. En effet, le groupe
de travail recommande l'abolition de nombreux organismes consultatifs dont le
Conseil de la recherche et du développement forestier du Québec,
inopérant depuis 1976. Toutefois, d'autres conseils similaires à
l'organisme proposé et qui jouent un rôle actif, tel le Conseil
des recherches et services agricoles du Québec ont été
maintenus. Les autres provinces forestières, telles le
Nouveau-Brunswick, l'Ontario, la Colombie britannique, ont mis sur pied des
organismes consultatifs sur la recherche en foresterie.
L'organisme consultatif proposé cadre avec les
préoccupations du groupe de travail visant la réorganisation des
organismes oeuvrant dans le secteur de la recherche. Le groupe soutient qu'il
appartient au gouvernement de voir à encourager et à procurer des
ressources à ceux qui excellent tant dans la recherche fondamentale et
appliquée que dans les activités de recherche et de
développement. Il reconnaît que les ministères peuvent
sentir le besoin de mettre sur pied des directions de recherche pour leurs fins
propres. L'organisme consultatif proposé est donc un moyen
privilégié par lequel le gouvernement peut servir de catalyseur
à la concertation entre les différents partenaires que sont
l'université, le cégep, les entreprises et les instituts
privés. (21 h 15)
Notre recommandation, M. le Président, est donc la suivante: La
Faculté de foresterie et de géodésie de
l'Université Laval, en tant que partenaire du développement du
secteur forestier, recommande au gouvernement d'insérer dans la Loi sur
les forêts l'obligation pour le ministère de l'Énergie et
des Ressources de mettre sur pied un organisme de concertation sur la recherche
et le développement forestiers. Tel que mentionné
précédemment, les modalités devront être
établies à la suite de la consultation des intervenants du
secteur forestier.
Le document a été préparé par le doyen de
notre faculté et le professeur Jacques Maranda aurait une courte
intervention à faire concernant la forêt Montmorency.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Allez-y, monsieur
Maranda.
M. Maranda (Jacques): M. le Président, mesdames et
messieurs les membres du comité consultatif, l'Université Laval
possède une station expérimentale de 25 milles carrés ou
de plus de 6000 hectares, en l'occurrence la forêt Montmorency.
Dans le contexte de l'abolition des concessions forestières dans
le cadre du nouveau projet de loi, étant donné qu'elle est la
seule station expérimentale forestière au Québec, nous
demandons que cette forêt ait un statut particulier afin de pouvoir jouer
pleinement son rôle de formation et de recherche. Nous demandons qu'elle
puisse servir de modèle d'aménagement forestier au Québec,
qu'elle puisse servir à la recherche en vue de l'amélioration des
travaux sylvicoles et de la mécanisation de ces derniers, qu'elle puisse
servir à promouvoir l'utilisation optimale de la forêt
principalement dans le contexte d'une rareté éventuelle de
matières ligneuses à la suite de l'épidémie de la
tordeuse des bourgeons de I'épinette; que cette forêt puisse
servir de forêt de démonstration tant pour la forêt publique
que pour la forêt privée et, enfin, que cette forêt puisse
servir à la formation de travailleurs sylvicoles à tous les
niveaux, au niveau de l'exécution jusqu'au niveau de la supervision des
travaux sylvicoles, et j'en passe.
Enfin, nous demandons qu'elle puisse bénéficier d'une
assistance financière similaire à ce qui se pratique en
forêt privée pour toutes formes de travaux d'amélioration
forestiers qui peuvent être nécessaires à la forêt
Montmorency.
J'aurais pu ajouter beaucoup plus à cette intervention; elle a
été préparée à la dernière minute
compte tenu du remplacement que j'ai dû faire à cause de la
maladie
de celui qui devait être ici ce soir. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Maranda. M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. M. Fortin et M. Maranda, vous transmettrez, s'il vous
plaît, mes meilleurs voeux de prompt rétablissement à votre
doyen, M. André Plamondon. Cela me chagrine de voir qu'il n'est pas ici
ce soir, mais, tout de même, je suis heureux de votre mémoire.
Vous signalez, évidemment, qu'il faut faire quelque chose du
côté de la recherche. Vous signalez aussi un certain manque de
connaissances pour tirer le maximum de la mise en application du nouveau
régime forestier. Là-dessus, j'ai une petite remarque à
faire, à savoir qu'on a les connaissances au Québec, mais on n'a
peut-être pas les traditions pour faire ce qu'on a à faire. Vous
possédez nos connaissances et je suis convaincu que les professionnels
de la forêt savent quoi faire et, avec leur sagesse habituelle, ils en
tireront profit.
Vous avez mentionné le problème qui survient à la
forêt Montmorency. J'ai été très heureux d'aller
vous rencontrer à la forêt Montmorency et de discuter des
possibilités et de l'avenir de cette forêt. Soyez assurés
que vous avez tout mon support pour essayer d'en faire une forêt
expérimentale qui sera pleinement utilisée pour la recherche et
pour l'enseignement, et pour les fins que vous avez mentionnées, M.
Maranda, à savoir les fins expérimentales de la forêt
privée et autres. C'est tout pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
remercier les intervenants de l'Université Laval pour leur
mémoire. Je crois que le mémoire porte entièrement, dans
la première partie, sur la nécessité de créer un
conseil consultatif de la recherche forestière. D'ailleurs, je l'ai
mentionné aux pages 10 et 11 de mon intervention cet après-midi,
et c'est mentionné aux pages 77 et 78 du livre blanc
déposé le 11 juin 1985 par mon collègue, le
député de Laviolette. A ce sujet, je peux vous dire que
l'Opposition est entièrement d'accord, même si cela ne fait pas
plaisir aux ministériels d'en face qui bougonnent depuis un certain
temps.
M. le Président, j'ai quelques questions à poser sur leur
mémoire aux représentants de l'organisme. II existe, d'ailleurs,
des organismes identiques au conseil consultatif de la recherche
forestière dans d'autres provinces canadiennes. Pourriez-vous nous dire,
premièrement, quelles sont ces provinces? Deuxièmement, quels
sont les résultats que vous connaissez par rapport à ces conseils
consultatifs? Quels sont les modes de financement de ces conseils consultatifs?
Dans un premier temps, ce sont les trois questions que je pose.
M. Fortin (Jean-André): Les trois provinces sont
mentionnées dans le mémoire: la Colombie britannique, le
Nouveau-Brunswick et, évidemment, l'Ontario. Ce serait assez difficile
pour moi de vous dire exactement comment fonctionnent ces comités. Comme
chercheurs universitaires, nous rencontrons des collègues universitaires
et nous voyons les résultats de ces interactions. Un exemple qui m'a
frappé personnellement, c'est celui qui existe à la
Faculté de foresterie de la Colombie britannique où, de toute
évidence, la concertation entre la province, l'industrie et
l'université éclate de façon visible au visiteur. Les
conséquences de cela, c'est que les chercheurs de la Faculté de
foresterie de la Colombie britannique, avec cette concertation, ont le moyen
d'aller jouer dans les grandes ligues, c'est-à-dire qu'ils ont le
support, le moyen d'aller se battre au niveau national et d'aller chercher des
sources de subventions assez énormes que nous, les chercheurs
québécois, ne pouvons pas aller chercher parce que nous avons un
manque d'appui, de support.
Alors, concrètement, les chercheurs de la Faculté de
foresterie de la Colombie britannique vont chercher des chaires, s'en payent
deux, alors qu'il y en a peut-être une douzaine de disponibles pour
l'ensemble du Canada, à la Faculté de foresterie, ce qui leur
donne le moyen de récupérer des fonds considérables au
Conseil national de la recherche et au Conseil de recherche en sciences
naturelles et en génie. C'est un exemple vécu. Sur la structure
administrative, je ne peux pas exactement vous renseigner là-dessus.
M. Perron: Merci de votre réponse. Cela confirme le fait
qu'il y a de l'aide financière de la part du gouvernement provincial,
ainsi que de la part du gouvernement fédéral jusqu'à des
montants tout de même assez énormes par rapport à la
recherche dont on parle actuellement.
M. Fortin (Jean-André): Ma perception est que cette
concertation au niveau provincial donne le moyen d'aller jouer dans la ligue
nationale, alors qu'ici on est encore au niveau de la ligue municipale...
M. Perron: Des "peewees".
M. Fortin (Jean-André): ...de la ligue provinciale.
M. Perron: Au niveau des "peewees".
M. Fortin (Jean-André): Non, on est quand même mieux
que cela.
M. Perron: M. le Président, dans quelle mesure la
Faculté de foresterie et de géodésie tirerait-elle profit
de l'existence d'un tel conseil? Vous l'avez expliqué quelque peu en
donnant des exemples qui viennent de l'extérieur. Avez-vous
actuellement, dans votre programmation, des choses intéressantes qui
pourraient nous dire de quelle façon la faculté que vous
représentez irait de l'avant pour mettre en place et travailler main
dans la main avec un tel organisme?
M. Fortin (Jean-André): Cela peut aller dans deux
directions. Il y a déjà une direction où il y a une amorce
concrète. La Faculté de foresterie va recevoir cette année
quelques centaines de milliers de dollars - je ne peux pas vous donner de
chiffres précis -qui viennent sous forme de subventions du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Il y a certainement une
certaine forme de concertation actuellement dans le sens de demander à
la faculté de répondre à certains problèmes et
à certaines questions soulevés par le ministère. Si on
avait une concertation plus étroite, cela donnerait aussi la
possibilité aux gens de l'université de créer des
opportunités, car notre système d'éducation on y croit ou
on n'y croit pas, et il y a des idées qui peuvent se développer
au niveau universitaire qui ne répondent peut-être pas encore
à des problèmes criants, mais qui représentent des
possibilités de développement et peut-être qu'un peu plus
de concertation nous amènerait à ouvrir ces
possibilités.
Je pense que, pour nous, le grand intervenant qui est absent - parce
qu'avec le ministère la concertation, comme je l'ai dit
déjà, est assez bonne, mais elle pourrait être
améliorée - ce sont les industries. Si un conseil comme
celui-là pouvait nous permettre de nous insérer un peu mieux
à l'intérieur de ce triangle, je pense que, pour la
Faculté de foresterie, cela ferait énormément de
différence. Encore une fois, je prends pour modèle la Colombie
britannique et je vous assure que l'industrie forestière est très
présente à la Faculté de foresterie de l'Université
de Colombie britannique, ce qui lui permet d'aller chercher les chaires au
niveau canadien. Nous sommes incapables de lui faire concurrence, parce que
l'industrie n'est pas présente dans le voisinage de notre
université. Peut-être que nous devrions faire un peu plus les
premiers pas, mais un organisme comme celui-là nous obligerait à
faire une concertation et à mettre tous ces intervenants ensemble.
M. Perron: Merci, monsieur. Compte tenu de ce que vous venez de
mentionner se rapportant à l'importance d'un regroupement sous
l'égide d'un conseil, est-ce que vous avez préparé des
prévisions budgétaires qui pourraient être demandées
aux différentes instances gouvernementales, aux différentes
instances comme l'industrie, etc., qui pourraient nous donner des chiffres
approximatifs sur les coûts d'un tel conseil consultatif?
M. Fortin (Jean-André): Non, ces chiffres ne sont
certainement pas disponibles. On n'est pas préparé. Je pense que,
pour nous, la première chose est, justement, d'assurer la concertation.
Il n'est pas question, comme on l'a dit dans le mémoire, de mettre les
sous d'abord. Il faudrait être certain qu'on a une façon de mettre
ensemble les scientifiques de l'industrie, les scientifiques du gouvernement,
les scientifiques de l'université. Une fois qu'on aura mis ces
gens-là ensemble, on pourra définir un plan d'action. Au point de
vue du financement de la recherche, il y a déjà des sources, mais
elles sont peut-être mal articulées. Il faudrait peut-être
regrouper davantage les efforts déjà existants et surtout nous
donner le tremplin comme universitaires pour aller chercher ce qu'on ne va pas
chercher comme scientifiques, comme chercheurs, au niveau
fédéral.
M. Perron: Je vous remercie de votre réponse
là-dessus. Maintenant, on sait qu'actuellement la Faculté de
foresterie et de géodésie de l'université est
regroupée sous l'autorité d'un même doyen. Pour le
bénéfice du ministre, afin qu'il comprenne bien, ainsi que pour
les membres du gouvernement qui sont en face de nous, pourriez-vous nous
indiquer les principales interrelations entre ces deux secteurs
d'activité?
M. Fortin (Jean-André): De géodésie et de
foresterie, vous voulez dire?
M. Perron: C'est cela, exactement, oui.
M. Fortin (Jean-André): Évidemment, comme pour bien
des choses à l'université, il y a un peu un passé
historique à cela. Les forestiers et les arpenteurs vivaient ensemble
dans la forêt dans le passé et cela peut sembler être un
mariage historique. Mais il reste, quand même, qu'au niveau de
l'utilisation des méthodes, par exemple, de
télédétection, de photo-interprétation, il y a
certainement un recouvrement. Le recouvrement est peut-être sur 15 % ou
20 % des activités, mais il y a un recouvrement réel.
M. Perron: Merci. Maintenant, je voudrais toucher l'autre aspect
de votre mémoire se rapportant à la forêt
Montmorency. J'ai ici en main les crédits alloués à
la faculté pour l'année 1985. Je sais que ces crédits
étaient de l'ordre de 135 000 $ pour l'année 1985-1986. Si je
comprends bien, cette année, il n'y a pas eu encore de crédits
avancés par le ministère concerné.
M. Fortin (Jean-André): Je ne peux pas répondre
précisément à cette question.
M. Maranda: De là à dire si, cette année,
les crédits ont été avancés ou non, moi non plus,
je ne peux répondre. Je ne suis pas dans l'administration des
crédits qui peuvent être obtenus à l'université
à des fins autres que la recherche. Concernant les fins administratives,
je ne suis pas au courant, je ne peux pas dire pour cette année. (21 h
30)
M. Perron: Par contre, ce qu'on sait actuellement, c'est que,
depuis un certain nombre de mois, dans plusieurs journaux, il est question de
la forêt Montmorency. Pour nous, membres de l'Opposition et probablement
pour vous, à moins que je ne me trompe, cette forêt Montmorency
représente une forêt de recherche unique et elle représente
aussi une forêt qui est saine puisqu'elle est protégée par
différentes interventions contre la tordeuse. Récemment, le
ministre a rencontré le recteur de l'Université Laval, M.
Jean-Guy Paquet, afin de trouver une solution au financement dont je parle
actuellement. Est-ce que vous pouvez me dire s'il y a eu une solution de
trouvée par les deux instances, c'est-à-dire l'instance de
l'université et le ministre lui-même ou son gouvernement?
M. Maranda: Cela me surprendrait qu'il y ait une solution de
trouvée. Ce qu'on recherche actuellement, à la suite des
discussions que j'ai, entre autres, avec le directeur de la forêt
expérimentale, la forêt Montmorency, ce ne sont pas seulement des
solutions à court terme. On recherche quand même des solutions
à long terme, de sorte qu'on veut en venir à intéresser
tous les intervenants du monde forestier à la forêt Montmorency,
les amener davantage à s'en servir comme forêt
expérimentale, forêt de démonstration, forêt de
formation. C'est évident que ce sont des solutions à long terme.
Si on veut trouver une solution à court terme, je pense que ce n'est pas
ce qu'on doit rechercher, parce que c'est la seule station expérimentale
dont on dispose au Québec. Cela fait 21 ans que la forêt existe et
cela fait 21 ans qu'il se pratique beaucoup d'interventions en vue de son
amélioration, de sorte que c'est une forêt qui est
normalisée et dont les classes d'âges sont presque toutes
égales dans le secteur. Ce n'est pas ce qu'on retrouve actuellement dans
le domaine de la forêt publique. C'est une forêt où il s'est
fait énormément de coupes d'assainissement depuis 20 ans. C'est
une forêt qui est très bien aménagée, d'autant plus
que c'est une forêt qui a été très bien
protégée contre la tordeuse. C'est, à l'heure actuelle, un
secteur de verdure dans le parc des Laurentides.
C'est une solution à long terme qu'on recherche. Dans nos
interventions à la faculté, ce qu'on recherche, c'est d'inviter
tous les intervenants du monde forestier à participer avec nous pour
qu'on n'en fasse pas tout simplement une forêt dont on recherche tout
simplement à combler le déficit d'une année à
l'autre, mais pour qu'elle serve plus qu'elle n'a servi et qu'elle serve de
plus en plus.
M. Perron: Je comprends très bien que l'université
voudrait trouver une solution à long terme, mais on réalise
aujourd'hui que, pour trouver une solution à long terme, il faut
absolument la participation de toute l'industrie forestière, non
seulement les pâtes et papiers, mais l'ensemble de l'industrie
forestière, plus, bien entendu, la participation du gouvernement du
Québec et celle du gouvernement fédéral. D'ailleurs, on
peut remarquer que, dans certains articles de journaux, les titres sont assez
intéressants, bien qu'ils soient désolants. Lorsqu'on parle, dans
le Soleil du dimanche 17 août 1986, de "La fermeture de la forêt
Montmorency, une décision qui inquiète les chercheurs", je n'en
doute pas du tout. L'ingénieur-chef, M. Paul Bouliane, dirait-on,
s'inquiétait de ceci: "Qu'arrivera-t-il si on la néglige ou si on
cesse de s'en occuper de cette portion de la forêt domaniale absolument
unique? II a fortement peur qu'on en perde le contrôle." Plus loin, dans
le même journal, on mentionne que ce choix est dramatique sur le plan
scientifique: "II serait dramatique, pour l'avancement de la recherche
scientifique, que la forêt Montmorency ferme ses portes." Dans un autre
journal, on dit presque la même chose et, maintenant, on voit le grand
titre: "M. Côté promet de ne pas laisser tomber la forêt
Montmorency. Il a affirmé que les divers services, octrois et
privilèges, dont l'État gratifie annuellement la forêt
Montmorency, et les chercheurs en foresterie de l'université
représentent pas loin de 1 000 000 $, ceci outre les revenus
engendrés par les opérations forestières. Le gouvernement
ne peut faire plus..."
Par contre, en plus de l'université que vous représentez,
c'est-à-dire l'Université Laval, on voit dans le journal Le
Soleil, du 20 septembre 1986, tout à coup, "centre multirégional
de recherche à la forêt Montmorency, l'Université du
Québec manifeste de l'intérêt". On peut lire l'article. Je
pense que tout le monde devrait lire cet article, en particulier les
ministériels et sûrement le ministre. Tout cela donne des
résultats, à savoir qu'on fait face maintenant à
beaucoup plus d'incertitude qu'antérieurement, face aux voeux des
représentants de l'Université Laval concernant la forêt
Montmorency. Dans le cadre de la forêt Montmorency dont on parle ici, je
voudrais savoir du ministre s'il a l'intention de procéder, comme le
mentionnait les représentants de l'université, pour qu'on puisse
en arriver à avoir quelque chose de concret avec un conseil consultatif
sur cette forêt Montmorency et pour l'ensemble du Québec,
où on pourrait impliquer financièrement non seulement pour la
forêt Montmorency, mais pour l'ensemble du Québec, les
gouvernements, soit par le biais d'une entente Canada-Québec ou
autrement, en plus de l'industrie, que ce soit l'industrie des pâtes et
papiers, l'industrie du sciage, les coopératives forestières, les
propriétaires de boisés privés, etc.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'aimerais répéter aux représentants de
la faculté et au député de Duplessis mon
intérêt très grand pour la forêt Montmorency, et pour
la recherche, comme forêt de démonstration et forêt
d'enseignement. Je félicite le professeur Maranda pour les travaux qu'il
a dirigés à cet endroit. Les 135 000 $ dont il a
été question plus tôt sont une subvention pour la formation
et l'enseignement. Elle est en route. Il reste que nous participons aux travaux
de la forêt Montmorency de façon tangible. Ce qui est
mentionné dans le journal pour la forêt Montmorency et la
Faculté de foresterie, cela monte à environ 1 000 000 $. Soyez
assurés que je ferai les recommandations nécessaires pour
qu'à l'intérieur du projet de loi on accorde un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement tout à fait spécial
à la forêt Montmorency pour fins de recherche et
d'enseignement.
La façon d'en arriver à une solution à long terme,
comme l'a mentionné le professeur Jacques Maranda, n'est pas simple et
il faudrait trouver des façons d'assurer l'avenir de la forêt
Montmorency, peut-être en lui trouvant un statut de producteur
spécial qui la rendrait admissible à certains programmes
déjà existants de mise en valeur de la forêt publique et de
la forêt privée. Il y a toutes sortes de questions comme cela que
nous avons discutées ensemble lorsque j'ai rencontré les
professeurs de la faculté. II reste que la solution n'est pas
complétée, n'est pas prête encore, sauf que j'aimerais
préciser que l'université n'a pas annoncé la fermeture de
la forêt Montmorency. Elle a seulement annoncé des restrictions,
budgétaires sur la forêt Montmorency, à savoir le service
d'hôtellerie et autres. L'Université Laval n'a pas annoncé
sa fermeture, contrairement à ce qui a paru dans les journaux.
L'université veut réviser sa position budgétaire. Il en
coûte à l'université environ 600 000 $ par année
pour l'exploiter et celle-ci n'a plus les moyens de le faire.
Il est vrai que j'ai rencontré les représentants de la
faculté et M. le recteur et, ensemble, nous arriverons avec les
solutions et les propositions qui viendront de part et d'autre. J'espère
que l'Opposition en fera. J'espère arriver à une solution
à long terme pour exploiter la forêt Montmorency qui a
été préservée grâce à des arrosages
contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Comme l'a
mentionné le professeur Maranda, c'est un îlot de bois vert dans
le parc des Laurentides où il y a encore beaucoup de petit gibier qui
survit, malgré qu'on ait prétendu le contraire à certaines
occasions. C'est la seule forêt de démonstration et on devrait la
garder, surtout du côté des résineux. Ailleurs au
Québec - le syndicat des producteurs s'occupe de recherche - dans la
forêt près de Mirabel et dans la forêt de Duchesnay, c'est
principalement composé de peuplements mélangés et la
forêt Montmorency devrait répondre aux besoins des recherches
pratiques et appliquées du côté des résineux.
C'est notre intention de recevoir toutes les solutions et les
propositions et de les examiner de façon à assurer l'avenir de la
forêt Montmorency. J'espère qu'il n'y aura plus de
relâchement dans la gestion de la forêt Montmorency et qu'elle sera
occupée à temps plein pour l'enseignement et la recherche pour le
bénéfice de tous les groupes, soit l'industrie, soit les
universités, soit le gouvernement.
J'ajouterai que le gouvernement fédéral participe
également en donnant des subventions pour des recherches qui se font sur
les lieux.
M. Perron: M. le Président, juste un commentaire avant de
passer la parole au député de Laviolette. Je voudrais souligner,
M. le Président, pour l'information du ministre que contrairement,
à ce que faisait l'Opposition lorsque nous, les députés
péquistes, étions au gouvernement, vous avez pu le constater cet
après-midi - je le répète parce que le ministre ne semble
pas avoir compris - les critiques des libéraux étaient toujours
très acerbes mais les recommandations n'existaient pas. Je vous souligne
que cet après-midi je vous ai lu une allocution tout de même
très importante dans laquelle l'Opposition a fait des recommandations au
ministre et nous espérons, nous du côté de l'Opposition,
que le ministre en tiendra compte lorsqu'il déposera son projet de
loi.
D'autre part, en ce qui a trait à la forêt Montmorency, je
peux vous assurer que, dans les prochaines semaines, en tenant compte des voeux
des représentants de l'Université Laval et en tenant compte de ce
que fera le ministre en rapport avec la forêt Montmorency, l'Opposition
fera certainement des recommandations au ministre, quitte à faire
certaines déclarations qui pourraient ne pas lui faire plaisir.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! M. le
député de Pontiac. Je vous souligne que tout cela doit se faire
dans le temps dévolu à l'audition des représentants de
l'Université Laval.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. M. Fortin, vous
indiquez à la page 5 de votre mémoire que le Conseil de la
recherche et du développement forestier du Québec est
inopérant depuis 1976. Quelles en ont été les
conséquences? Est-ce un peu la raison du manque de concertation? Avec la
disparition de cet organisme, est-ce qu'il y a eu un autre organisme qui a
rempli le rôle que ce conseil remplissait avant?
M. Fortin (Jean-André): Sans doute, si mon doyen
était ici il répondrait de façon peut-être plus
administrative, mais je vais me servir de mon privilège de chercheur
à temps plein. Je pense que dans des conseils consultatifs de cette
nature, si on fait appel à des scientifiques, à des gens qui ont
été formés pour cela, des gens qui ont quand même
une ouverture d'esprit mais qui ont été formés pour cela,
à ce moment on a peut-être un peu plus de chance de faire avancer
le débat. Si les responsabilités de tels organismes sont remises
à des gens qui eux-mêmes sont au niveau de la perception politique
des événements, comment peuvent-ils donner un conseil objectif et
éclairé aux hommes politiques qui, eux, ont des décisions
à prendre, et prendre les points de vue de différents
intervenants.
Ma recommandation c'est que, si de tels comités consultatifs
concernant la recherche et le développement apparaissent, un
comité comme celui-là fera des recommandations au ministre qui
pourront aller ou non dans le sens des recommandations ou des suggestions du
conseil consultatif, mais il faudrait que ce soient des scientifiques qui le
fassent et qu'après cela la décision politique se prenne à
un autre niveau.
Si l'industrie a des représentations à faire, à ce
moment, elle pourra les faire séparément et le ministre aura le
loisir de poser un jugement sage en tenant compte de ces différentes
interventions. Mais si dans un comité consultatif de la recherche on a
des gens qui n'ont rien à voir avec la recherche, à ce moment on
peut difficilement faire avancer le débat. C'est une opinion très
personnelle que je vous donne comme chercheur, mais c'est notre perception.
M. Middlemiss: D'accord. Vous mentionnez aussi quelle importance
peut avoir un organisme de concertation. Comment un tel organisme pourrait-il
jouer un rôle de coordination à l'égard des
différents intervenants comme les gouvernements provincial et
fédéral, les universités et les nombreux chercheurs? De
quelle façon voyez-vous cela fonctionner?
M. Fortin (Jean-André): Je pense qu'un tel comité
consultatif devrait se donner des groupes de personnes qui pourraient poser la
problématique au niveau de la société, qui pourraient
avoir des intervenants. Dans le conseil consultatif, il y aurait des
groupements sectoriels qui pourraient prendre le pouls des régions ou
prendre le pouls des différents intervenants, et il y aurait des
scientifiques qui viendraient après, au niveau du comité
consultatif, essayer de mettre ces choses ensemble. Comme on le dit dans le
mémoire, évidemment la structure pourrait faire l'objet d'une
étude. Quelle serait la structure la plus appropriée? Il faudrait
sans doute regarder ce que le Nouveau-Brunswick a fait, ce que l'Ontario a
fait, ce que la Colombie canadienne et peut-être d'autres pays ont fait
et, à partir de cela, tirer les conclusions qui seraient plus
adaptées au Québec. (21 h 45)
M. Middlemiss: D'accord. Une autre question sur cela. Qui
assurerait le financement de cet organisme de concertation et selon quel mode
le partage de ces coûts serait-il fait?
M. Fortin (Jean-André): On peut faire différentes
suggestions. L'impact de la foresterie sur l'économie
québécoise, on n'a plus besoin d'en faire la
démonstration. Est-ce que cela ne justifierait pas qu'on puisse
identifier, dans le Fonds FCAR, qu'il y ait une enveloppe spécialement
identifiée pour les travaux afférents à la forêt,
qu'ils soient de nature économique, politique, sociale ou biologique?
Est-ce que ce ne serait pas une façon de financer la recherche
universitaire, la recherche d'innovation qui viendrait de ce que les
universitaires peuvent percevoir au niveau international, et essayer d'amener
au Québec des innovations? C'est une suggestion que je fais.
Actuellement, il existe certainement un mode de financement de la
recherche universitaire, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
pour les chercheurs qui nous rapportent, je pense, au-delà de 300 000 $
à l'Université Laval et plus de 100 000 $ à
l'Université du Québec, etc. Mais il n'y a pas une
véritable façon de faire pour assurer
l'objectivité de la distribution de ces montants, comme c'est le
cas, par exemple, avec le CRE5AQ dans le secteur agricole. Évidemment,
il y a plus de recul. Cela fait plus longtemps que leur comité, le
Conseil des productions végétales du Québec, existe,
depuis des années. Il a des sous-comités, il a un bras
subventionnaire, etc.
Différents modèles pourraient être adaptés
aujourd'hui. Le ministère de l'Énergie et des Ressources me
convainc vraiment que, depuis quelques années - car cela a
recommencé il y a deux ans - on a vu arriver des subventions dans les
universités et la façon de faire actuelle est encore un peu
à roder. Mais il y a déjà là de l'argent qu'on
pourrait distribuer de différentes façons. On pourrait avoir de
l'argent qui serait, par exemple, apparié avec l'argent que l'industrie
pourrait mettre. On pourrait dire aux universitaires: Si vous allez chercher
l'appui de l'industrie, à ce moment-là, nous, au gouvernement, on
en mettra autant de notre côté, et vice versa. Ce sont des
suggestions.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): II vous reste six
minutes.
M. Jolivet: Oui, je sais. Vous avez fait mention de FCAR, un
fonds du ministère de l'Éducation qui fait l'objet de discussions
actuellement à la commission parlementaire de l'éducation. Ils
ont passé la semaine dernière ici en commission.
La question que je voudrais poser - et je serai peut-être un peu
l'avocat du diable dans ce dossier - par rapport à ce que donne le
ministère de l'Éducation, de ce qu'il peut ou de ce qu'il ne
donnera pas, selon les décisions qui seront prises, aussi au ministre
délégué responsable de la Forêt... Je sais que vous
avez des problèmes eu égard à tout cela. Vous dites dans
votre document, à la page 5, que le Conseil de la recherche et du
développement forestier du Québec est inopérant depuis
1976, et je sais que vous savez pourquoi. Ce qui était proposé
dans le livre blanc, ce n'était pas cela. C'était un moyen de
concertation de tout ce qui circule, que ce soit au gouvernement
fédéral ou dans les centres de recherche, même si on sait
qu'il est difficile d'obtenir de l'information, car il y a de l'information
industrielle et de l'information propre à chaque industrie, il y a quand
même quelque chose que Les chercheurs connaissent et qu'ils savent amener
à un niveau de circulation de la connaissance pour faire avancer
l'ensemble, que ce soit la génétique, les recherches dans le
domaine des pâtes et papiers ou d'autres.
Ce qui était proposé dans le livre blanc était bien
différent, et je pense que la majorité des groupes était
satisfaite de cette orientation qui était là. Même au
ministère, les gens du Service de la recherche, cela faisait longtemps
qu'on n'avait pas entendu parler d'eux, c'était le parent pauvre du
ministère. Mais, quand on a commencé à en parler, on a
produit beaucoup de documentation et de discussions, ce qui a été
acheminé vers le livre blanc.
Je vous dis que, dans le contexte où l'on parle de restrictions
partout et dans le contexte où vous dites qu'en 1976 rien n'a
été accompli dans ce secteur, je voudrais être l'avocat du
diable et vous demander pourquoi les chercheurs, à différents
niveaux, ne se sont pas regroupés eux-mêmes dans une formule qui
leur permettrait d'aller chercher ce que vous mentionnez et de ne pas toujours
se fier sur le gouvernement pour faire démarrer des choses?
Là, je pense que vous avez un rôle à jouer. Mais
pourquoi n'est-ce pas possible, si vous ne l'avez pas joué?
M. Fortin (Jean-André): Ce ne sera peut-être pas une
réponse tellement satisfaisante, mais, en 1975, à la
Faculté de foresterie et de géodésie de
l'Université Laval, il y avait environ une vingtaine d'étudiants
diplômés à la maîtrise et au doctorat. À ce
moment-là, cela veut dire qu'on était en train de former
très peu de chercheurs. Moi, ce que je dis, c'est que, vu ce qui existe
dans la communauté scientifique québécoise en ce qui
concerne la forêt, compte tenu de l'importance extraordinaire de la
forêt, on n'a pas assez de gens qui ont été formés
vraiment à la recherche. On a besoin d'une certaine masse critique
à un moment donné avant de pouvoir arriver à faire des
regroupements.
Aujourd'hui à la Faculté de foresterie et de
géodésie il y a plus de 140 étudiants et gradués
dans l'ensemble de la faculté. Ce que nous avons vécu c'est une
diminution du nombre des étudiants de premier cycle qui font le
baccalauréat et une augmentation considérable au niveau des
étudiants et gradués. On ne sait plus où les loger. On a
vraiment des problèmes de locaux graves, très graves, qui
bloquent vraiment notre expansion actuellement à la Faculté de
foresterie et de géodésie de l'Université Laval. Il y a
une masse critique de chercheurs à atteindre. Aujourd'hui, cette masse
critique de chercheurs je pense qu'elle est pas mal plus considérable
qu'elle ne l'était. On pourrait faire un conseil consultatif et avoir
des organismes subalternes qui pourraient regrouper suffisamment de chercheurs
formés afin de pouvoir répondre à ces questions et de
jouer un rôle positif.
M. Jolivet: Une dernière question, compte tenu du temps.
Cela concerne la forêt Montmorency. Tout le monde voit très bien,
quand on la survole du haut des airs, que c'est une oasis
épargnée par la tordeuse de bourgeons de l'épinette qui a
passé à côté, compte tenu justement du soin qu'on a
donné à cette portion de la forêt. La deuxième chose
qui circule en termes de rumeur est - vous ne pouvez peut-être pas le
dire parce que vous n'êtes pas dans l'administration mais tout le monde
le sait et tout le monde le sent - qu'il n'y a pas d'aide qui a
été apportée cette année. Donc,
l'université, en plus des restrictions qui lui sont imposées par
le ministère de l'Éducation dans l'ensemble de son argent et en
plus des sommes qui ne sont pas encore versées de la part du ministre
délégué aux Forêts comme cela l'était
d'année en année, il est évident que vous avez des
problèmes.
La deuxième chose, c'est que ces problèmes ont pour
résultat que d'autres universités qui peuvent avoir des buts
cherchent à l'avoir mais il y a peut-être une autre rumeur qui
circule voulant que des compagnies forestières auraient les yeux dessus
et seraient très intéressées à l'avoir, parce que
c'est un lieu sain et propice à une exploitation d'envergure, comme on
le voit d'ailleurs dans le Parc des Laurentides en montant où là
on s'aperçoit que la forêt a été coupée. Les
gens qui vont dans ce secteur le savent très bien. Sauf que, comme je le
disais cet après-midi, il ne faut pas abolir la coupe à blanc, il
faut peut-être apprivoiser certaines autres formes de méthodes de
coupe et de méthodes de récolte. Je vous pose la question dans ce
contexte. Est-ce qu'il n'y a pas un danger? On a beau nous dire que d'ici
à 1990 on va trouver une solution à long terme, il y a quand
même que si à court terme cela tombe, le long terme est fini cela
ne prend pas de temps. Est-ce que vous n'avez pas des pressions
extérieures qui vous obligent à demander de façon expresse
au ministre de vous trouver une solution à moyen terme, tout en pensant
à celle à long terme mais certainement pas de vous faire mourir
à court terme?
M. Fortin (Jean-André): Sur cela, je peux vous donner une
réponse. Je vois un peu dans quelle direction les différentes
questions sont orientées. À la forêt Montmorency, nous
avons hérité aussi encore là d'un élément de
passé et c'est en 1962-1965, alors que le ministère de
l'Éducation n'existait pas, qu'une hôtellerie y a
été construite. Il y a deux choses dans cette
réalité. Il y a une forêt expérimentale. Une
forêt expérimentale, c'est des arbres, du sol, de l'eau etc., et
il y a une hôtellerie. Actuellement, le problème de
l'Université Laval ce n'est pas la forêt expérimentale et
l'Université Laval n'a pas dit qu'elle allait fermer la forêt
expérimentale. Ce que l'Université Laval pense de fermer, c'est
l'hôtellerie qui mange des sous et qui ne fait pas beaucoup...
Évidemment quand on va à la forêt Montmorency cela nous
prend un pied-à-terre. Si on avait des camps en bois rond
aménagés quand même décemment pour qu'on puisse
vivre de façon civilisée, cela ferait tout aussi bien que
l'hôtellerie. Le problème c'est un problème
d'hôtellerie. Si on trouve la solution pour payer l'hôtel, c'est
réglé. Mais nous avons hérité des décisions
qui ont été prises dans le passé et à
l'Université Laval, à chaque année, l'hôtellerie
occasionne un déficit de plusieurs centaines de milliers de dollars.
Alors, nos collègues de d'autres facultés nous disent: Pourquoi
allons-nous payer un déficit à la Faculté de foresterie et
de géodésie pour l'hôtellerie? Et ils n'ont peut-être
pas tort! Actuellement, cela est clair et net, la volonté du directeur
de l'Université Laval est de garder la forêt Montmorency comme
lieu d'expérimentation, mais le problème va être de savoir
comment on peut se loger décemment pour pouvoir effectuer les travaux de
recherche qu'on veut y faire?
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Charbormeau): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je vous remercie M. Fortin de rassurer le
député de Laviolette sur les intentions de l'université
sur la forêt Montmorency, savoir de ne pas la livrer corps et âme
aux exploitations qui ont cours à d'autres endroits et qui ont cours
aussi avec la permission du gouvernement. Cela ne date pas d'hier tout cela et
les problèmes rencontrés à la forêt Montmorency ne
datent pas d'hier non plus. Cela fait plusieurs années qu'on examine le
budget et la charge financière que la forêt Montmorency impose
à l'Université Laval. On n'a pas proposé de solution
magique aussi rapidement que l'aurait souhaité le député
de Duplessis. Je vous dirai que le défunt conseil de recherche et
développement de la forêt avait pour mandat d'analyser la
recherche faite au Québec et de faire des recommandations au ministre,
et non de coordonner les recherches.
Vous avez mentionné, M. Fortin, que l'industrie est à peu
près absente de la recherche à l'université. Que l'on
sache, la recherche au Québec se fait par le gouvernement provincial
à raison d'un tiers et nous, au ministère, dépensons
près de 10 000 000 $ par année; un tiers est financé par
le gouvernement fédéral et un tiers par l'université.
Croyez-vous que l'industrie devrait s'impliquer dans le même
pourcentage
avec l'université de façon qu'il se forme un conseil de
coordination de !a recherche et d'avoir les recherches les mieux
orientées de façon à rendre service aux utilisateurs? On
ne fait pas de la recherche pour le plaisir de la faire, on la fait pour
améliorer notre qualité de vie, améliorer notre situation
concurrentielle sur les marchés mondiaux, etc. Qu'en pensez-vous,
monsieur?
M. Fortin (Jean-André); Je suis convaincu qu'il faut faire
intervenir l'industrie, absolument convaincu. Si on prend le secteur qu'on peut
appeler le secteur aval de la foresterie, qui est la transformation de la
matière ligneuse, par rapport au secteur amont qui est la production de
la matière ligneuse, l'industrie est fortement impliquée au
Québec. Qu'on regarde Paprican, qu'on regarde l'implication dans
Forintek, qu'on regarde FERIC, dans tout le secteur aval, l'industrie est
déjà présente. Mais dans le secteur amont, lorsqu'il
s'agit de produire la matière ligneuse, l'industrie est absente de
façon notoire. Il faudrait peut-être demander jusqu'à quel
point les législations forestières que nous avons eues au
Québec à venir jusqu'à présent ont fait que
l'industrie ne pouvait pas ou n'avait aucune motivation pour
s'intéresser à cette partie, à ce bout-là de la
foresterie.
Au niveau de l'université, pour nous, l'industrie est absolument
absente du secteur amont. Quand on s'en va dans les autres provinces, si on
s'en va en Colombie canadienne encore une fois, des compagnies comme MacMillan
Bloedel vont donner une chaire, par exemple, en génétique
forestière à la Faculté de foresterie, ce qui permet
à cette faculté d'aller chercher, en concurrence avec nous, 500
000 $, 750 000 $ d'infrastructures, de personnel de recherche au niveau du
CRSNG. En Colombie canadienne, ils ont l'industrie derrière eux. Au
Nouveau-Brunswick, la Faculté de foresterie fait des pas majeurs
actuellement dans cette direction-là, pour le secteur aval de la
foresterie, la production de la matière ligneuse. Chez nous, on ne la
sent pas, on ne la voit pas encore, peut-être parce que les lois
actuelles n'incitent pas l'industrie à s'y rendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. Fortin, vous me
confirmez qu'il est temps que nous établissions ou implantions un
nouveau régime forestier. Si l'industrie n'est pas présente dans
le secteur de la recherche ou de la génétique des arbres et dans
le secteur de la production, etc., c'est probablement en raison du
passé, parce que le ministère a pris il y a une vingtaine
d'années la responsabilité de l'aménagement des
forêts et a dit à l'industrie: Ne vous en occupez pas, nous allons
faire cela nous-mêmes. Pensez-vous que c'est à cause de cela que
l'industrie est absente du secteur de la forêt et qu'elle est
présente dans le secteur de la transformation?
M, Fortin (Jean-André): Quand on compare ce qui se passe
au Québec avec d'autres provinces, cela me semble être un
élément qui est responsable de cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela nous donne la
conviction que le nouveau régime forestier fera en sorte que l'industrie
soit présente dans la recherche concernant la production des arbres et
de la génétique. Le conseil de la recherche pourrait et devrait
être financé probablement par un fonds du ministère de
l'Éducation et par les autres membres du conseil, soit les gouvernements
fédéral et provincial, l'industrie, l'université et le
secteur privé. Je ne sais pas si cela va dans le sens de vos vues.
Une voix: Ce serait l'idéal.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce serait
l'idéal. Je vous remercie, M. Fortin et M. le professeur Jacques
Maranda, de votre présentation et de votre participation à la
commission parlementaire. Pour ce qui me concerne, je suis très heureux
de votre mémoire. Soyez assurés que je recevrai toutes les
propositions concernant la forêt Montmorency et la Faculté de
foresterie. J'ai fait de nombreuses démarches de façon que
Forintek vienne s'installer chez vous, à la faculté, avec la
collaboration du ministre de l'Éducation, M. Ryan, et je crois que nous
réussirons à établir un institut de recherche
renommé au Canada. Le Forintek fera honneur à la faculté
et j'en suis fort heureux. J'espère que nous réussirons à
l'implanter définitivement. Je vous remercie, M. le Président.
(22 heures)
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Nous apprécions
beaucoup les bons voeux du ministre délégué aux
Forêts, tout en sachant que nous avons le droit de nous poser des
questions en rapport avec les voeux qu'il vient d'énoncer. Je voudrais
vous remercier, en tant que représentants de l'Université Laval,
d'avoir bien voulu informer les membres de cette commission et répondre
aux questions de l'Opposition se rapportant au dossier du conseil ainsi
qu'à celui de la forêt Montmorency. Nous espérons fortement
que les voeux qu'en tant que représentants d'organismes ainsi que les
voeux de votre recteur qui ont été exprimés au cours des
dernières semaines et même des derniers mois soient remplis en
bonne et due forme, en particulier celui que vous avez émis, à
savoir que l'on ne parle plus de court terme
ni de moyen terme, mais que l'on parle de long terme. Et cela c'est la
chose la plus importante qui pourrait arriver à l'ensemble de la
collectivité du Québec, que l'on ait un conseil comme
celui-là, qui pourrait être à l'avant-garde de tout ce qui
peut se faire au niveau forestier du Québec. Encore une fois merci et
bonne chance.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je veux terminer en soulignant mon affiliation à la
Faculté de foresterie, étant un ancien de la faculté et un
arpenteur, pour l'information du député de Duplessis. Soyez
assuré que mon affiliation est sincère et que je porterai
toujours dans mon coeur la faculté qui m'a aidé à faire
carrière dans un si beau secteur. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, messieurs. Merci
beaucoup. À la prochaine.
Association forestière
québécoise
J'invite maintenant l'Association forestière
québécoise Inc., dont le président est M. Yvon
Dubé. Alors M. Dubé, si vous voulez bien prendre place avec vos
collaborateurs. En commençant, je vous demanderais de présenter
les gens qui vous accompagnent. Je vous rappelle que la durée de
présentation du mémoire est de douze minutes et que la
discussion, les échanges avec les députés dureront 24
minutes pour chaque formation politique. Alors, sans plus tarder, M.
Dubé.
M. Dubé (Yvon): Merci, M. le Président. Mesdames,
M. le ministre, messieurs. L'Association forestière
québécoise, j'en suis certain, est reconnue par l'ensemble de
l'Assemblée ici. En effet, en 1939 un groupe de personnes
dévouées au bien public, du monde de l'enseignement universitaire
et technique, du monde de l'industrie, enfin d'à peu près toutes
les couches de la société ont décidé de fonder
l'Association forestière québécoise pour sauvegarder les
intérêts du public dans le domaine de la conservation d'une
ressource aussi importante qui appartient à toute la communauté
du Québec.
En 1942, en sachant bien que l'éducation populaire, qui est la
raison principale de l'existence de l'Association forestière
québécoise, est souvent beaucoup plus facile quand on travaille
à la base avec les jeunes - en formant les jeunes, on forme en
même temps les parents - l'association a décidé de fonder
les Clubs 4-H. Alors aujourd'hui on a dans le Québec une centaine de
Clubs 4-H qui regroupent à peu près 3000 jeunes de 10 à 20
ans.
L'Association forestière québécoise elle-même
est une organisation ramifiée. Le bureau central à Québec
est au service des régionales. Nous avons dix régionales. Le
travail le plus important se fait à la base dans les régions. Ces
dix régionales sont autonomes, mais elles ont besoin de certaines lignes
directrices qui viennent du centre. Et, à l'occasion, assez souvent, les
régionales aident à la formulation des politiques et des
programmes de l'association et des Clubs 4-H.
L'utilisation polyvalente de la forêt du Québec,
c'est-à-dire de toutes les ressources du milieu, la faune, entre autres,
la conservation des sols, de l'eau, de l'air, est l'un de nos buts principaux.
Nous tentons de convaincre la majorité du public québécois
et tous ceux qui utilisent la forêt du Québec de l'utiliser pour
toutes les ressources. L'éducation populaire, je l'ai dit tout à
l'heure, est également le deuxième volet le plus important. Le
facteur peut-être le plus important que les Clubs 4-H ont à
envisager est le fait que la coupe du bois, la récolte de la
matière ligneuse, fait partie de l'aménagement forestier. En
d'autres termes, récolter la forêt de façon convenable ne
nuit aucunement à la forêt elle-même, à la faune,
à la récréation et à toutes les autres
composantes.
À cet effet, l'avant-projet de loi parle des méthodes de
coupe - l'article 42, entre autres - qui sont utilisées actuellement et
qui le seront à l'avenir sans toutefois donner de principes de base.
Nous aimerions beaucoup que le projet de loi nous donne une assurance
générale sur les méthodes de coupe qui seront
utilisées. À cet effet, M. le ministre, nous aimerions vous
référer à une publication toute récente du
ministère de l'Environnement du Québec. Elle s'intitule
"Contribution du Québec à l'atteinte des objectifs de la
stratégie mondiale de la conservation", et je la cite: "La
nécessité d'adapter les méthodes de coupe aux
caractéristiques biophysiques des peuplements et des sols forestiers
favorisera la régénération naturelle des aires de
récolte." Si nous avions une assurance semblable dans un article de loi,
nous pourrions parler ensuite de la réglementation qui s'ensuivrait.
Le rendement soutenu nous paraît également une victoire
éclatante pour l'ensemble des Québécois, et je pense que
tout le monde est maintenant convaincu de cela. C'est une concrétisation
magnifique d'un principe qui est maintenant reconnu. Cependant, il y a quelques
essences, des essences nobles, entre autres le merisier, le hêtre,
l'orme, le chêne, à propos desquels nous ne sommes pas trop
certains de l'application du rendement soutenu. On a semblé abandonner
un peu trop vite les difficultés que cela représente. Nous
aimerions que le projet de loi indique que les essences nobles
également, et non seulement le sapin, l'épinette et le pin gris,
fassent
l'objet d'un rendement soutenu.
Dans le domaine de l'éducation populaire, l'article 107 parle de
la Semaine de l'arbre et des forêts. Sauf erreur, c'est le seul article
où il est question d'éducation populaire. Nous aimerions qu'un
peu plus soit dit à ce sujet.
Nous aimerions également que les organismes forestiers non
gouvernementaux qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation populaire,
comme l'Association forestière québécoise et comme
plusieurs autres, des organismes qui ont une crédibilité en ce
sens qu'ils ont duré, qu'ils ont passé à travers des
difficultés des dernières décennies... Dans notre cas,
c'est depuis 1939; il y a eu des périodes difficiles. Si le nouveau
régime forestier précisait, d'une façon quelconque, que
ces organismes ont un rôle à jouer, non seulement un rôle de
soutien, mais un rôle efficace, un rôle concret, pas
nécessairement un rôle qui remplace le gouvernement, mais qui
supplée peut-être, qui aide le gouvernement dans son oeuvre
d'éducation populaire, oeuvre d'éducation populaire absolument
nécessaire... Si on veut qu'un régime forestier soit efficace,
bien suivi et bien appliqué, il faut que le public soit capable de le
comprendre et aussi de l'appuyer. Nous aimerions que la loi reconnaisse ces
organismes d'une façon générale et reconnaisse aussi qu'un
appui devrait être donné à ces organismes, non pas que cela
ne se fasse pas actuellement, mais nous aimerions en avoir l'assurance, surtout
lorsque les périodes sont difficiles.
Concernant l'enseignement des sciences forestières - on en a
peut-être parlé tantôt un peu - nous recommandons
également que, d'une façon générale, elles soient
enseignées. Cela l'est actuellement, bien sûr, mais nous aimerions
qu'elles soient enseignées de façon un peu plus orientée
vers les véritables besoins de l'ensemble de la forêt et ce, au
niveau secondaire et au niveau primaire, de sorte que ceux qui oeuvrent dans
l'éducation populaire, le ministère et le gouvernement en
général, tous les ministères qui oeuvrent dans le domaine
forestier puissent compter au moins sur des connaissances de base
reliées à des réalités. Avec le ministère de
l'Éducation et d'autres ministères, il faudrait essayer de faire
davantage dans ce domaine.
Enfin, la forêt privée. L'Association forestière
québécoise s'est toujours intéressée de
façon particulière aux propriétaires forestiers, à
l'enseignement forestier, à la sylviculture pratiquée sur de
petites unités, de petites superficies. II va sans dire que cette
sylviculture est un peu différente de celle qu'on pratique dans la
grande forêt publique. La forêt privée, pour nous - je pense
que le gouvernement en est conscient - produit et peut produire davantage en ce
sens que la forêt privée, c'est l'endroit où on peut
pratiquer la foresterie intensive beaucoup mieux qu'ailleurs. S'il y avait
davantage de forêts privées, nous pensons que ce serait à
l'avantage de l'ensemble du Québec.
Le gouvernement propose, en effet, à l'article 52, des
conventions de gestion avec des propriétaires forestiers ou des groupes
de propriétaires, c'est-à-dire des forêts publiques qui
seraient administrées par des privés, où on aurait de la
sylviculture intensive. C'est un très bon pas en avant. Nous
suggérons d'aller juste un peu plus loin.
Enfin, il y a longtemps que l'Association forestière
québécoise et d'autres mouvements parlent de la création
d'un ministère des forêts. Nous revenons à la charge et
nous suggérons fortement qu'un ministère des forêts
distinct d'un ministère des terres, un ministère des forêts
qui s'occupe de toutes les richesses vivantes du milieu forestier, soit
créé afin que les difficultés de toute nature qui existent
entre les ministères puissent être aplanies de façon
concrète et de façon productive. Nous voulons souligner à
cet effet le récent Guide d'intervention en milieu forestier. Ce guide a
été publié après que nous ayons
préparé notre mémoire et également après
l'éditorial dans le dernier numéro de la revue "Forêt
conservation". Ce guide nous apparaît également un pas
énorme en avant, une indication nette que les ministères peuvent
collaborer, travailler ensemble. Il serait important s'il n'est pas question
d'un ministère des forêts, absolument nécessaire, selon
nous, que le Guide d'intervention en milieu forestier fasse également
l'objet tout au moins d'un article de loi, pour être certain que cette
collaboration ne soit pas éphémère, mais qu'elle soit bien
ancrée dans notre loi et que la collaboration entre les divers
intérêts soit réelle. (22 h 15)
J'ai oublié, M. le Président, de vous présenter mes
associés. Alors, è ma gauche, M. Jacques Gauvin, le directeur
général; à ma droite, M. Marcien Roberge, directeur et M.
Jean-Pierre Drapeau, le rédacteur en chef de la revue "Forêt
conservation". Vous savez que l'Association forestière
québécoise a trois composantes à part des
régionales, soit la revue "Forêt conservation" qui est
publiée depuis 1939 et également, les Clubs 4-H. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, monsieur. Je
demanderais au ministre d'intervenir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je remercie le président, M. Dubé, de son
intervention, de la présentation de son mémoire et du
résumé qu'il nous en a fait. Je salue ses collègues.
Ma première intervention serait pour féliciter M. Drapeau,
l'éditorialiste de "Forêt
conservation" pour la qualité de sa revue qui fait, du point de
vue scientifique, l'envie de plusieurs publications et de plusieurs
journalistes qui voudraient en connaître autant que lui sur la
forêt et analyser toutes les répercussions d'un régime
forestier comme il peut le faire.
Évidemment, M. le Président, vous avez mentionné
avec justesse qu'il faudrait faire des efforts du côté de
l'éducation populaire. Nous en faisons, vous l'avez souligné
également, et il y a certainement place à amélioration.
Soyez assuré que nous en tiendrons compte. Je crois qu'il y a eu des
interventions au niveau élémentaire et secondaire du
côté forestier avec les programmes, en collaboration avec le
ministère de l'Éducation.
En ce qui concerne l'utilisation polyvalente de la forêt, je l'ai
mentionné à maintes reprises, et je crois que dans le
préambule, on en parle. Je suis assuré aussi, comme vous avez pu
le constater, que la présentation du Guide d'intervention en
forêt, fait en collaboration avec le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et celui de l'Environnement est une preuve que nous voulons
qu'à l'avenir tous les utilisateurs de la forêt se respectent et
qu'ils respectent les besoins de chacun des intervenants et des citoyens qui
ont d'autres intérêts que celui de la chasse ou de la pêche
ou de la coupe du bois.
Il est évident que l'exploitation fait partie de
l'aménagement. Dans nos méthodes de coupe c'est le départ
et, évidemment, j'ai la conviction que les intervenants industriels dans
la forêt feront le bon choix, c'est-à-dire que c'est le choix -
nous en avons parlé lors des mémoires précédents -
peut-être qui va donner les meilleurs résultats au meilleur
compte. Attendu qu'ils donneront les résultats escomptés ou
commandés par le ministère, je ne vois pas pourquoi les
exploitants ne prendraient pas cette méthode, c'est-à-dire une
méthode de coupe pour respecter la forêt et
l'écosystème et, en même temps, favoriser la
régénération naturelle.
Quant au Guide des modalités d'intervention en forêt, qu'il
fasse partie d'un article de la loi ou non, il fera partie certainement du
contrat et il aura force de règlement. Je croîs qu'avec la
collaboration des deux autres on ne pourra pas y toucher tellement. Tout le
monde sera obligé d'y donner suite. Vous avez mentionné la
création d'un ministère responsable de la gestion de toutes les
ressources renouvelables du milieu forestier, c'est une mince tâche et,
encore une fois, mes collègues du MLCP, mes collègues de
l'Environnement et moi-même travaillons en étroite collaboration.
Je crois que chacun a son travail à faire et chacun prendra ses
responsabilités. Évidemment, il appartient au gouvernement de
prendre une décision semblable. Pour l'instant, évidemment, tout
se passe dans le respect des interventions, mettons dans le respect de
l'environnement et dans le respect des autres intervenants en forêt, et
la responsabilité du ministre délégué aux
Forêts réside surtout dans la question industrielle. Cela peut se
faire en respectant les autres interventions.
Je reviendrai plus tard, si vous voulez, et je cède la parole aux
gens de l'Opposition.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci. Dans un premier temps, je voudrais vous
remercier énormément de la présentation de votre
mémoire. Bien sûr que les définitions que vous avez
écrites représentent pour nous de l'Opposition beaucoup de bagage
d'information. Je suis très heureux de vous rencontrer puisque c'est
pour moi un motif de fierté, et je vais vous donner la raison. Cet
organisme d'éducation à la conservation de la forêt, qui a
sous sa responsabilité les Clubs 4-H... je peux vous dire que de 1946
à 1951 j'étais membre du Club 4-H de
l'Abitibi-Témiscamingue et je suis très heureux de voir qu'on a
toujours des représentants dans l'organisme, c'est-à-dire dans
l'Association forestière québécoise inc.
Comme me dit mon collègue de l'Ungava, je sais que cela ne me
rajeunit pas. Mais, je peux vous dire que j'ai été très
heureux de participer au travail de cet organisme d'une part, et d'autre part,
de voir que cet organisme de jeunes et de plus vieux fonctionne toujours dans
le sens de 1939 et, à la suite de la formation des 4-H, . en 1942, je
crois, qu'il a continué à faire un travail intéressant
pour la population du Québec.
Votre regroupement a préparé un excellent document qui
rencontre les objectifs que j'ai mentionnés cet après-midi lors
de l'exposé que j'ai fait et dont vous avez ou vous allez sûrement
prendre connaissance. J'aurais quelques questions à vous poser
concernant votre mémoire et, bien sûr, concernant certaines
définitions et le contenu de certains paragraphes.
Lorsque vous dites, è la page 6, que le rendement soutenu
pourrait s'appliquer en plus grand nombre d'essences, selon vous comment
serait-il possible d'appliquer la notion de rendement soutenu pour les feuillus
dont certains sont au stade de la liquidation'?
Dans un deuxième temps - je vais en poser deux pour le moment -
vous mentionnez, à la page 7, que le ministère devrait
élargir sa vision du milieu forestier en tenant compte des autres
ressources et de leur utilisation. Je l'ai dit cet après-midi et je
pourrais même aller jusqu'à dire que c'est
à la page 13 de l'allocution que j'ai prononcée, c'est
l'un des aspects les plus décevants de l'avant-projet de loi qui
confirme le rôle sectoriel du secteur forêt. Est-ce que vous
pourriez donner des détails sur la phrase suivante de votre
mémoire: "À défaut d'une loi-cadre sur
l'aménagement du territoire, l'utilisation polyvalente de la forêt
devrait être garantie dans le préambule de la loi et dans
quelques-uns de ses articles"? Pourriez-vous détailler davantage car,
pour nous, pour tous les membres de la commission de l'économie et du
travail, il serait très important qu'on sache, sur le fond, quelle
serait l'orientation de l'Association forestière
québécoise Inc. quant à ce sujet précis?
M. Dubé: Merci. Au sujet du rendement soutenu d'un plus
grand nombre d'essences où, comme vous l'avez mentionné, il est
plus ou moins question de liquidation, nous croyons que les forêts
feuillues bien aménagées et un grand nombre de forêts
mélangées pourraient produire, sur le principe du rendement
soutenu, de façon régulière des bois de haute
qualité, des chênes, des pins rouges, des pins blancs, si le but
premier de l'exploitation de ces peuplements en particulier est la production
de ces bois de qualité. Si le but premier est de récolter le bois
à pâte ou les bois qu'on peut appeler secondaires, pour en faire
des copeaux ou pour en faire des produits qui ne nécessitent pas des
bois de grande dimension, à ce moment, vous laissez sur pied les arbres
de haute qualité qui pourraient servir éventuellement à
des industries spécialisées dans le meuble ou d'autres produits
bien spécifiques et de grande qualité. Ce bois est ni plus ni
moins laissé pour compte et laissé sur le parterre des coupes
pour dépérir. Les conditions dans lesquelles ces arbres peuvent
normalement se développer pour devenir nobles vraiment et de haute
dimension, les conditions physiques, physiologiques, etc., sont disparues.
Alors, c'est simplement l'orientation du but premier des traitements à
appliquer dans ces peuplements qui fait la différence. C'est un choix
à faire qui, dans la plupart des cas, pourrait être discuté
d'une région à l'autre ou d'un bassin à l'autre, selon les
industries qu'on veut mettre sur pied et les industries qu'on veut
protéger d'abord.
Pour ce qui est d'une loi-cadre sur l'aménagement du territoire,
nous croyons que les décisions à prendre au sujet de
l'utilisation du territoire qui est, selon nous, la première richesse
d'un pays... Chaque territoire a des vocations particulières, même
dans ce qu'on appelle le territoire forestier en général qu'on a
tendance à classifier d'une façon trop rapide ou de zoner d'une
façon trop rapide. Le domaine qu'on appelle le domaine forestier
aujourd'hui comprend des domaines qui, effectivement, pourraient être
utilisés à meilleur escient, à des fins premières
autres que la production de matière ligneuse. Je ne parle pas seulement
de récréation, je ne parle pas seulement de la protection de
l'eau, des sols, je pense que c'est évident. Je pense aussi aux
territoires qui pourraient être utilisés davantage pour
l'agriculture et vice versa. Je parle de terrains forestiers qui ne devraient
jamais être déboisés et, également, vice versa. On
passe des autoroutes à des endroits où on devrait faire davantage
attention aux territoires en question.
Il y a des territoires, on en a parlé tantôt, dans le nord
du Québec en particulier, qui doivent, pour un certain temps du moins,
être axés davantage sur la production de la faune, sur la
récréation. La faune représente quand même une
industrie de 1 000 000 000 $ ou environ par année, sauf erreur. Et sur
le tourisme également. De grandes parties du Québec pourraient
être utilisées davantage à ces fins de faunes et de
tourisme que pour la foresterie dans le sens classique.
Si le territoire du Québec était d'abord zone d'une
façon un peu plus détaillée qu'il ne l'est actuellement,
les décisions qui sont prises sur l'utilisation de ces terres seraient
davantage éclairées, parce que, dans le cas qui nous concerne, le
ministère des forêts se trouve à être juge et partie
dans une certaine mesure, sauf, comme nous l'avons souligné tout
à l'heure, que nous avons fait après - et ce n'est pas dans
l'avant-projet de loi - ce guide d'intervention en milieu forestier qui est un
premier pas justement vers un certain zonage et une affectation des
territoires. (22 h 30)
Comme je le répète, nous ne l'avions pas ce document
lorsque nous avons rédigé notre mémoire et lorsque nous en
avons parlé. Nous aurions dit les choses un peu différemment. Ce
premier pas devrait, selon nous, aller beaucoup plus loin et dégager
davantage les vocations de chaque ministère ou les vocations du
territoire lui-même, au lieu de procéder en bloc et de laisser le
ministère de forêts décider de l'utilisation des terres en
même temps que de l'utilisation des forêts.
M, Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais faire
allusion à la question de l'éducation populaire mentionnée
à la page 8. Au deuxième paragraphe vous mentionnez, et je cite:
"Nous suggérons fortement de pallier cette carence en reconnaissant
officiellement dans un article de la loi les organismes forestiers non
gouvernementaux qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation
populaire."
J'ai en fait trois questions à poser qui se rapportent
directement aux organismes populaires, dont le vôtre d'ailleurs.
Est-ce
que vous pouvez nous dire à quelle fin vous mentionnez cette
partie du paragraphe? Quel serait le soutien technique que vous
préconisez? Quel est le soutien financier qui devrait être de
rigueur face à ces organismes en question?
Remarquez bien, M. le président Dubé, qu'il est d'usage,
lors d'une commission parlementaire comme celle-ci, que vous permettiez
à vos collègues de répondre à une question si vous
le préférez; vous en êtes le juge.
M. Dubé: Alors, si j'ai bien compris le sens de votre
question, vous voulez savoir quels sont les moyens techniques et les moyens
financiers. Les moyens techniques...
M. Perron: Les organismes serviraient à quelles fins?
M. Dubé: Nous parlons dans ce cas-ci d'éducation
populaire...
M. Perron: D'accord, merci.
M. Dubé: ...le domaine dans lequel nous oeuvrons
principalement. Nous existons depuis près de 50 ans, mais il y a eu des
années difficiles, comme je l'ai dit tantôt, et cette
année-ci en est une, entre autres. Afin d'éviter que des
énergies, d'année en année, soient dépensées
inutilement pour des travaux ou des programmes qui ne sont pas directement
reliés à ce que nous devrions faire, s'il y avait une certaine
assurance, comme nous en avons de façon tacite de la part de
l'industrie, de la part du gouvernement, qui d'ailleurs depuis le début
soutient l'association, ainsi que de la part du grand public...
Nous avons ces trois grandes sources de financement, mais nous devons
constamment revenir à la charge. Alors, si le gouvernement du
Québec reconnaissait de façon éclatante et évidente
un organisme qui a près de 50 ans, cela nous faciliterait non seulement
les choses du point de vue du gouvernement lui-même, auprès duquel
nous serions assurés d'un certain soutien évident -que nous
avons, comme je l'ai mentionné, depuis longtemps - mais cela nous
aiderait également au point de vue des autres organismes. Ces derniers,
analysant ou voyant la reconnaissance dont nous jouissons de la part du
gouvernement et la valeur de cet organisme, cela nous aiderait
énormément à aller chercher des appuis de toute nature, y
compris un appui financier, auprès des représentants non
seulement de l'industrie forestière mais de l'industrie en
général. Les banques ont autant d'intérêt. Et le
public en général. Toutes les compagnies Catelli, Habitant,
Eaton, etc., lorsqu'il y avait des congrès des Clubs 4-H à
Montréal, supportaient le mouvement. Il y avait énormément
de variété; il y en a encore d'ailleurs, mais il y en a
peut-être un peu moins. Ceux qui pourraient nous aider seraient
portés à entrer dans nos rangs et à nous aider si le
gouvernement reconnaissait officiellement d'une façon ou d'une autre
notre existence.
Il y aurait aussi des moyens comme une fondation. On pourrait avoir la
fondation de l'Association forestière québécoise,
où des gens pourraient investir des montants très importants dont
nous utiliserions seulement les intérêts. Il pourrait même y
avoir - et, là, je lance cette idée un peu neuve; nous en avons
discuté à l'exécutif de l'association et lors d'une
dernière réunion du conseil d'administration très
rapidement - une contribution, par exemple, de ceux qui exploitent la
forêt, la matière ligneuse, de 0,01 $ ou 0,02 $ le mètre
cube ou quelque chose de semblable, qui serait consacrée à
l'éducation populaire et on laisserait au gouvernement le soin de juger
si l'Association forestière québécoise, les Clubs 4-H et
la revue Forêt conservation sont dignes de recevoir cet argent. Nous ne
le recommandons pas sans analyse, évidemment, mais nous suggérons
quand même que ce pourrait être un des moyens de financer les
travaux de l'association.
M. Perron: Merci, M. le président. Je trouve très
intéressant ce que vous venez de mentionner, en particulier
l'implication des instances autres que le gouvernement, dans la mesure
où il y aurait dans la loi une chose qui ferait en sorte de mettre de
l'avant le processus que vous mentionnez.
Au cours de l'année 1985-1986, mon collègue de Laviolette
avait recommandé au Conseil du trésor, qui l'avait
accepté, que l'Association forestière québécoise et
les Clubs 4-H reçoivent une subvention de 155 000 $ pour l'année
1985-1986. Est-ce que cette subvention vous est acquise cette année?
M. Dubé: Les démarches que nous avons faites
jusqu'à maintenant nous indiquent de façon assez claire que nous
allons recevoir un montant similaire. Il y a, cependant, un certain retard
cette année qui, nous l'espérons, sera très court.
M. Perron: Est-ce que vous avez des indications à savoir
quand ce financement, â peu près identique à celui de l'an
dernier, sera fait par le gouvernement?
M. Dubé: Je pense que vous avez entendu. Les
dernières nouvelles, c'est non, mais j'ai bon espoir que nous pourrons
régler ce problème rapidement.
M. Perron: Merci, M. le président. J'aimerais que le
ministre, lorsqu'il fera son
intervention, réponde à l'Opposition en rapport avec cette
subvention à l'organisme que nous avons devant nous, soit l'Association
forestière québécoise Inc.
En ce qui a trait à l'arbre emblème, nous sommes d'accord
avec cela et je croîs que le principe avait été
accepté en septembre de l'an dernier, à la suite de
recommandations faites par votre organisme et par d'autres organismes. Cet
après-midi, l'Association des techniciens forestiers nous disait avoir
participé à une consultation avec votre organisme et que le choix
portait sur l'épinette noire. Est-ce que cette démarche est
terminée actuellement ou s'il n'y a pas tout à fait entente entre
les deux organismes?
M. Dubé: Nous avons fait effectivement un premier travail
en ce sens et c'est l'épinette noire qui est ressortie comme
étant l'arbre qui rendait le plus de services aux
Québécois au point de vue industriel. C'est un arbre assez
typique, etc. Mais il est arrivé qu'on a mis quelque peu en doute la
façon dont on avait choisi cet arbre emblème et nous sommes en
train de réviser ce qu'on a fait et, avec un complément
d'information et de consultation, nous verrons si effectivement nous allons
suggérer de nouveau ce même arbre ou un autre. Mais nous croyons
sincèrement que le Québec devrait avoir un arbre emblème.
Cela serait bénéfique à beaucoup de points de vue.
J'aimerais, M. Perron, demander à M. Drapeau de continuer la
réponse à la question que vous avez posée tout à
l'heure au sujet du financement.
M. Perron: Parfait, M. le Président.
M. Drapeau (Jean-Pierre); Pour répondre à votre
question précédente, l'une des idées avec lesquelles on
jongle en ce qui concerne un financement qui pourrait être, sinon
permanent, moins aléatoire d'une année à l'autre,
idée qui fera bientôt l'objet d'un éditorial dans
Forêt conservation, qui s'intitulera "Pour en finir avec le financement",
ce serait l'idée d'une taxe à la conservation, qui pourrait
être de 0,02 $ ou 0,03 $ le mètre cube récolté. Si
c'est 0,02 $, cela ferait presque 500 000 $ par année. Ce montant
pourrait être versé à la fondation de l'Association
forestière québécoise gérée par l'AFQ ou
gérée par l'Association forestière en collaboration avec
un conseil de la forêt. Les sommes d'argent pourraient être
dépensées dans l'éducation et dans l'information. Il ne
faut pas se le cacher, le secteur forêt a une très mauvaise image
publique au Québec. Ce serait un fonds de sensibilisation du public
à l'importance écologique et économique de la ressource
forestière. On pourrait dépenser soit le montant ou, si on veut
respecter le principe du rendement soutenu même jusque-là, on
pourrait ne dépenser que les intérêts chaque
année.
M. Perron: Une dernière question, M. le Président.
À la page 10 de votre mémoire, lorsque vous parlez de la
forêt privée, vous mentionnez, dans la dernière partie du
dernier paragraphe: "Dans la même veine, il ne faudrait pas se
gêner pour créer des forêts municipales dont la gestion
serait délestée de certaines tracasseries administratives qui
bloquent trop souvent les initiatives nouvelles." Est-ce que vous pourriez en
dire davantage sur cette question des forêts municipales? Je vous avoue
honnêtement qu'on n'en a pas entendu parler beaucoup au cours des
dernières années.
M. Dubé: Je vais prendre vos paroles de tout à
l'heure. Cela ne me rajeunit pas, non plus, de parler des forêts
municipales parce que J. A. Breton, l'ancien directeur général de
l'Association forestière québécoise, qui a
été là de nombreuses années, très dynamique,
en a parlé à quelques reprises dans des éditoriaux, entre
autres. L'Association forestière québécoise en a
parlé dans certains documents qui datent d'une certaine époque.
L'Université Laval était de la partie. Enfin! Cette idée a
finalement été abandonnée pour ainsi dire, oubliée
plutôt, je dirais. C'est l'idée de forêts municipales d'une
certaine étendue, des superficies qui pourraient ressembler aux
anciennes forêts cantonales de 5, 10 ou 20 milles carrés, des
forêts qui pourraient être utilisées comme laboratoires,
comme forêts de démonstration, des forêts qui pourraient
être utilisées par les Clubs 4-H, les scouts. Les
municipalités les mettraient à la disposition des chercheurs, des
organismes locaux ou régionaux qui voudraient faire des recherches, des
organismes qui voudraient promouvoir l'aménagement polyvalent des
ressources. Enfin, des petites forêts, des forêts de petite
dimension qui pourraient être utilisées pour conscientiser tous
ceux qui ont des décisions à prendre dans le domaine de
l'aménagement des forêts et du territoire, surtout
l'aménagement de toutes les ressources. On parle de l'aménagement
polyvalent de la forêt! il ne s'en fait pasbeaucoup.
L'aménagement intégré des ressources, il ne s'en fait pas
tellement. Ce seraient des laboratoires où il se ferait
réellement de l'aménagement polyvalent, où les élus
municipaux, qui, de plus en plus, ont à se prononcer dans le domaine de
l'aménagement du territoire et dans le domaine de l'aménagement
des forêts, pourraient apprendre et voir par eux-mêmes comment
devrait ou pourrait se faire l'aménagement des forêts. Alors, ils
seraient en mesure non seulement de démontrer au public, à tous
les citoyens, la façon la plus
appropriée de traiter les forêts, mais eux-mêmes qui
appartiennent aux MRC et les dirigent et d'autres groupes seraient en mesure
d'orienter de meilleure façon leurs suggestions pour l'utilisation de la
forêt québécoise.
M. Perron: Merci, M. le président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Duplessis, je vous ferai remarquer que le temps
prévu pour les échanges entre les représentants de
l'organisme et votre formation politique est maintenant
écoulé.
M. Perron: Est-ce qu'on peut prendre le temps des
ministériels?
Le Président (M. Théorêt): Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Une voix: C'est avec plaisir qu'ils vont nous le donner. (22 h
45)
Mme Dionne: Merci, M. le Président. M. Dubé, tout
d'abord, je voudrais vous remercier pour la présentation de votre
mémoire. J'aimerais peut-être m'attarder sur deux points. Le
premier, c'est pour constater que vous êtes présent dans dix
régions dont la mienne qui se situe entre Montmagny et
Rivière-du-Loup. L'Association forestière de la rive sud fait de
l'éducation et de la sensibilisation. Premièrement, on retrouve
un centre éducatif, à Parke. D'autre part, il y a une entente
entre l'association forestière, l'Association du sanctuaire de Parke et
une station de télévision qui présente des messages
publicitaires sensibilisant la population sur les aspects
récréatifs et sur les animaux que l'on retrouve dans la
région. Dans ce sens, je pense que nous sommes assez
privilégiés.
La question concerne le Conseil consultatif de la recherche en milieu
forestier dont vous avez parlé et des organismes du milieu qui en
feraient partie. Est-ce que vous pourriez donner des précisions
là-dessus?
M. Dubé: L'association forestière est basée,
en fait, sur un principe qui nous est de plus en plus cher, c'est la
reconnaissance de la valeur des individus à la base, la valeur des
groupements de toute nature. Il y en a des centaines au Québec qui
s'occupent de la conservation des forêts, des milieux naturels, de
l'environnement. La reconnaissance aussi des gouvernements locaux. Pour nous,
c'est presque sacré cette action à la base. On pense que
l'éducation populaire, domaine dans lequel nous oeuvrons, est
basée sur une confiance réciproque. Le gouvernement du
Québec ne peut pas faire autrement, je pense, que de compter lui aussi
sur une opinion éclairée, sur une conscience sociale vivante de
la part de tous ceux qui vivent en forêt et on sait bien qu'au
Québec à peu près tout le monde vit de la forêt ou
à côté de la forêt ou pas loin. Pour toutes sortes de
raisons, on est intéressé.
Le gouvernement du Québec a toutes les raisons du monde - nous
aussi - de faire confiance aux gouvernements locaux et à tous les
organismes d'éducation populaire et aux organismes qui oeuvrent dans ce
domaine. Je ne sais pas si cela...
Mme Dionne: Je ne sais pas si vous pouvez préciser un peu
en tant qu'organisme du milieu. "Gouvernements locaux", ce seraient les
municipalités?
M. Dubé: Les municipalités, les chambres de
commerce, les associations de toutes sortes. Vous parliez tantôt des
stations de radio. Ces organismes nous aident énormément dans
toutes les régions du Québec. Nous avons l'appui aussi des
différents ministères du gouvernement, il n'y a pas que le
ministère des Forêts ou du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Il y a beaucoup d'autres ministères qui nous viennent en
aide avec beaucoup d'efficacité. En fait, ils viennent en aide è
tout le monde. Les organismes auxquels nous pensons seraient tous ces
organismes, des associations de pêcheurs et de chasseurs, par exemple.
Est-ce que tu peux en nommer d'autres?
M. Gauvin (Jacques): Les groupes avec lesquels on travaille
à l'heure actuelle directement ou indirectement - excusez-moi -et qui
peuvent toucher aux aspects particuliers de la récréation en
forêt ou aux aspects particuliers de la faune, etc., tous les groupes,
les chasseurs, les pêcheurs, les groupes de marche en forêt - cela
s'est multiplié dans les années qui viennent de passer - ces
groupes qui se rapprochent du milieu forestier. Nous, parallèlement, on
se rapproche de ces gens parce qu'on en est toujours resté très
près. On pourrait en nommer pendant très longtemps de ces
groupes. On est en contact avec eux et on les perçoit continuellement
comme étant des intervenants à qui on tend la perche
régulièrement pour avoir le pouls de ce qui se passe de leur
côté.
Mme Dionne: D'accord. C'est représentatif du milieu.
Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Maintenant,
je cède la parole au député de Saguenay.
M. Maltais: Moi aussi, je suis heureux de me retrouver un peu en
famille, comme le soulignait le député de Duplessis, au
niveau de l'Association forestière québécoise
puisque j'ai eu le plaisir de travailler pendant une dizaine d'années
avec M. Breton, Louis Arsenault, Michel Grondin et compagnie. C'étaient
vos prédécesseurs. Lorsqu'on a parlé de la formation,
depuis Val-Brillant jusqu'en 1986, les Clubs 4-H ont fait un cheminement fort
éiogieux. II faut se rappeler que dans le contexte, ils étaient
les seuls à s'occuper d'éducation populaire au niveau de la
forêt et de la faune au Québec. Ils ont été les
premiers aussi à porter l'attention de l'industrie forestière
vers la formation des jeunes dans les écoles par les Clubs 4-H.
On s'est aperçu, au cours peut-être des quinze
dernières années, que là où ils étaient les
seuls, ils ont eu de la concurrence. Ils ont été en concurrence
un peu avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
qui publicisait beaucoup la protection de la faune; avec le ministère de
l'Environnement, qui s'occupait de la qualité de l'eau et de la
forêt. On s'est aperçu qu'il y a eu une période de
stagnation qui a duré quand même quelque temps. Aujourd'hui on est
heureux de constater que dans chacune des régions - puisque je viens de
la Côte-Nord et que je suis député de région - les
Clubs 4-H sont pleinement vivants et on continue cette belle éducation
si importante pour les Québécois et les
Québécoises.
Il y a un point qui nous chicote. Est-ce que l'Association
forestière va demeurer dans l'éducation populaire au niveau des
jeunes ou si elle voudra devenir un compétiteur en ce qui concerne par
exemple, les commissions scolaires, les cégeps, et même les
universités? Comme l'individu, avant d'être un homme ou une femme,
est d'abord un enfant, je crois que c'est là qu'on lui donne la
formation qui va le marquer pour la vie. Tout le monde se rappelle, et vous M.
Dubé, qu'il y a un dicton dans les Clubs 4-H qui dit que celui qui n'a
pas planté un arbre dans sa vie a passé sa vie à ne rien
faire. Vous savez très bien que si tous les Québécois et
les Québécoises avaient fait cela depuis 1534 on ne serait pas
ici ce soir à parler de la forêt. Est-ce que vous allez concentrer
dans l'avenir votre éducation populaire vraiment à l'adresse des
jeunes ou si vous allez tenter de devenir un compétiteur de ceux qui ont
pris un peu votre terrain ou la relève, à partir par exemple du
secondaire ou du cégep? C'est important pour nous de savoir cela.
M. Dubé: Je peux vous répondre d'une façon
très claire. Il a été question encore récemment des
orientations. Nous voulons demeurer effectivement dans le domaine de
l'éducation populaire, dans le même ordre d'idées qu'en
1939. La seule différence avec 1939 et les années
subséquentes c'est qu'en 1939 on parlait de forêt uniquement" ou
à peu près et maintenant nous parlons d'environnement; on
élargit davantage. La réponse à votre question c'est le
dépliant. Dans le dernier numéro de la revue "Forêt
conservation" on a reproduit ce dépliant qu'on vient tout juste de
produire. Il y a dans ce dépliant, brièvement, l'historique et,
si vous lisez attentivement - on vous en procurera des copies - les
activités des Clubs 4-H et les activités de l'Association
elle-même, vous constaterez qu'on s'adresse effectivement aux jeunes de
10 à 20 ans et qu'on parle toujours d'éducation populaire en
général. L'Association forestière elle-même
s'adresse aussi à l'ensemble de la population, mais jamais
au-delà, sauf exception, de l'éducation populaire proprement
dite.
M. Maltais: D'accord. Les Clubs 4-H -j'ai perdu un peu le fil
depuis quelques années - est-ce qu'on a fait un effort pour les ancrer
dans les grandes villes? C'était un terrain où on était
à peu près absent il y a peut-être une quinzaine
d'années. Ces citoyens, qui ne sont pas à la portée de la
forêt ou de la faune ou de la flore québécoise, ne vivront
pas nécessairement toute leur vie dans le grand Montréal, ou le
grand Québec ou le grand Sherbrooke; ces gens vont aller en
région à un moment donné. Est-ce qu'on a fait une
tentative pour vraiment les implanter en ville?
M. Dubé: La plupart des clubs sont en région.
Effectivement à Montréal, par exemple, notre filiale
régionale n'est pas très active. Nous devons donner des soins
particuliers à ces régions. Curieusement c'est à
Montréal qu'il faudra, dans les années à venir, apporter
des efforts particuliers dans le domaine de l'éducation populaire, car
les opinions - je n'ai pas besoin de le dire je pense - se font en grande
partie dans les villes. Si les gens des villes ne comprennent pas l'importance
de la forêt au Québec, on aura des difficultés, le
gouvernement et le public en général auront des
difficultés à faire passer.
M. Maltais: Merci beaucoup. En terminant, j'aimerais
peut-être inviter mon collègue de Duplessis, puisque nous faisons
partie de la même région de l'Association forestière
Côte-Nord, à devenir membre de l'association et, à
l'intérieur de son budget hors norme de comté, à donner sa
participation. Alors, merci!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Maltais: Puisque je le faisais depuis de nombreuses
années, mais c'était...
M. Perron: C'est déjà fait, vous êtes en
retard.
M. Maltais: Cela vous a fait du bien d'être critique en
forêt.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dubé: Excusez-moi, mais dans le dépliant, ici,
il y a une carte-réponse. Cela coûte 25 $. Merci.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je puis vous assurer que, si tous les députés
faisaient appel à leur fonds discrétionnaire, vous n'auriez pas
de problème financier.
J'aimerais que vous précisiez un peu votre approche - vous avez
déjà effectué un sondage sur l'arbre emblème au
Québec et j'ai cru comprendre que vous aviez l'intention de recommencer
ou de refaire cet exercice - quant à cet exercice. Je pense que le
ministère aimerait peut-être contribuer et vous aider à
faire cet exercice, ce qui pourrait être assez onéreux. J'aimerais
connaître vos intentions concernant ce nouveau sondage.
M. Dubé: D'abord, je dois dire, avant de céder la
parole à M. Gauvin, que nous allons compléter les sondages
déjà faits. Un bon peintre ne recommence pas; il en met
par-dessus.
Effectivement, nous allons procéder de façon un peu
différente, en ce sens que nous allons utiliser les quotidiens. Le
Soleil, nous croyons, peut faire un très bon travail et d'autres. M.
Gauvin, si vous voulez expliquer en détail ce que nous nous proposons de
faire.
M. Gauvin (Jacques): Le sondage que nous avions
déjà réalisé a utilisé certains canaux de
communication et il a été transmis de diverses façons,
mais jamais directement au grand public par l'entremise, par exemple, des
quotidiens importants, plus particulièrement dans le milieu urbain et
périurbain où on a quand même une concentration importante
de la population. Cela étant dit, cela nous posait malgré tout un
problème, car, lorsqu'on fait un sondage, il faut que les gens soient
informés à un certain minimum de ce pourquoi on fait le
sondage.
Si vous vous promenez dans la rue et vous demandez aux gens s'ils
connaissent la différence entre un érable, un orme, un sapin et
une épinette, ils ne le savent pas. Évidemment, on s'est dit
qu'on pouvait profiter de cette occasion pour jouer le rôle
d'éducateur qu'on a comme rôle de base, ce qui est notre objectif
et notre mission, et donner de l'information en même temps que demander
aux gens de faire leur choix sur les essences en question.
Alors, on a retenu les six premières essences. On en a
retranché, car vous savez que, dans d'autres provinces, des choix ont
déjà été faits - en tout cas cela pose des
difficultés de vouloir tenter de prendre te même arbre qu'une
autre province - et on a tout simplement préparé de courtes
fiches d'identification pour ces six essences. On les a
présentées selon leur valeur économique, leur habitat,
leur utilisation, etc., leur dispersion dans la province, et on a
planifié un minisondage, un sondage qui paraîtrait, si le projet
se concrétise, dans deux quotidiens, le Soleil à Québec et
la Presse à Montréal, qui contiendraient un coupon-réponse
invitant les gens à faire leur choix sur l'essence qui, à leur
avis, selon l'information qui leur est offerte, devrait être
considérée comme l'arbre emblème du Québec.
Évidemment, vous aviez raison de dire que c'est onéreux.
C'est onéreux. On étudie le projet actuellement, comme bien
d'autres, à l'Association forestière, avec la lunette
financière, vous savez, et je suis bien placé pour le savoir, car
je fais la marmite tous les jours. On prépare des projets avec ce qu'on
a dans notre marmite - des fois il y beaucoup de soupe, d'autre fois, il n'y en
a pas beaucoup. Mais, dans ce projet comme dans d'autres, on doit
inévitablement considérer l'appui éventuel - dans ce
cas-là, il serait très bienvenu - d'autres sources de fonds pour
nous aider à faire ce travail.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. Gauvin.
Est-ce que vous savez, pour répondre un peu à la
préoccupation de votre président, que nous acceptons au
ministère de faire les démarches pour prendre la relève en
ce qui concerne le Centre éducatif de Belle-Rivière, près
de Mirabel, de façon à toucher un peu la population de la
région de Montréal qui fréquente assez assidûment ce
centre? (23 heures)
Pour bien aménager le territoire, je suis d'accord avec vous, M.
le président -vous ne l'avez pas mentionné, mais je sais que
c'est dans votre esprit - qu'il nous faudrait des cartes écologiques
à point, de façon à aménager le territoire et de
façon aussi à faire un aménagement valable en forêt.
Je voudrais savoir si - par exemple, une idée qui me sourit beaucoup; je
n'aime pas les taxes, mais ce serait une contribution volontaire ou
peut-être un peu plus que volontaire - vous souhaiteriez une taxe
à la conservation. Si votre exécutif a fait l'analyse de cela, il
pourrait nous soumettre une proposition assez précise.
M. Dubé: Nous avons commencé à jeter les
bases d'une fondation dont nous parlions tout à l'heure. L'un des moyens
serait justement celui-là et nous nous engageons immédiatement
à vous donner les résultats de nos consultations jusqu'à
maintenant et des travaux que nous pourrions faire dans les
prochains jours à ce sujet pour compléter notre
démarche et vous donner notre façon de voir dans ce domaine.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous avouerai
que j'aime cette idée de fondation pour l'éducation populaire.
Pour l'information du député de Duplessis, nous avons
rencontré à plusieurs reprises les représentants de
l'Association forestière québécoise. Demain, le Conseil du
trésor devrait débloquer des sommes pour aider l'association.
C'est une somme partielle, parce que nous avons discuté de la
programmation de l'association pour un montant total de 170 000 $. Demain
matin, ce sera un développement partiel en attendant que nos discussions
avec l'association soient complétées.
Est-ce que la question des forêts municipales fera aussi partie
d'un mémoire que vous nous transmettrez?
M. Dubé: Les forêts municipales font
présentement l'objet d'un travail par une journaliste qui a
interviewé plusieurs personnes, qui a fouillé les dossiers. Il y
aura un article là-dessus dans "Forêt conservation" d'ici à
quelques mois.
M. Drapeau: En novembre, décembre ou janvier. Avec toute
l'actualité forestière, le nouveau régime forestier, la
nouvelle tarification, tous les événements qui ont
déboulé, le plan d'affectation des terres, le guide des
modalités d'intervention, nous avons dû déplacer l'article
sur les forêts municipales d'un mois, mais il paraîtra dans l'un
des deux ou trois prochains numéros.
M. Dubé: Dans notre programme, à la suite de cet
article où les lecteurs de "Forêt conservation" auraient pris
connaissance de ce qui s'est fait dans le passé et des suggestions pour
l'avenir, l'idée était de discuter effectivement de la question
et d'y revenir en éditorial, peut-être cinq ou six mois
après. Nous sommes très agréablement non pas surpris, mais
pris par votre question et nous allons... Au lieu de faire le travail dans cinq
ou six mois, nous allons le faire dans les mois qui viennent et vous
présenter le résultat de nos réflexions au sujet des
forêts municipales de façon plus concrète.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Duplessis, en conclusion.
M. Perron: M. le Président, je voudrais terminer en vous
remerciant. Je m'adresse directement au président ainsi qu'aux
représentants de l'organisme que nous avons devant nous. On dit que la
mémoire est une faculté qui oublie mais je peux vous dire que,
dans mon cas, elle n'oublie pas tout. Je voudrais vous remercier en
prononçant les paroles suivantes que vous allez sûrement
très bien comprendre: "C'est nous les 4-H, notre âme est
éprise des arbres verts, de leur beauté et notre blason porte la
devise Honneur, honnêteté, habileté, humanité."
Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo et merci!
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, vous pouvez
le reprendre en chantant, si vous voulez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, si j'avais un peu plus de voix, je le ferais, je chanterais,
mais je ne voudrais pas écorcher les oreilles de l'assistance. C'est
vous qui chantez d'habitude, M. le député de Laviolette.
Le Président (M. Charbonneau): Ce n'est pas moi qui vais
vous blâmer.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moi aussi, je
voudrais remercier le président et ses collègues de l'Association
forestière québécoise et M. Drapeau, de la revue
"Forêt conservation", et souligner à l'assistance que le
ministère - ce n'est pas d'aujourd'hui - exploite neuf centres
éducatifs, aide l'Association forestière depuis de nombreuses
années, l'a toujours supportée. C'est notre intention de
continuer. J'aime bien les suggestions qui ont été mises de
l'avant ce soir au sujet d'une fondation, au sujet de l'aménagement
polyvalent, de l'aménagement du territoire, etc. Il me reste à
vous féliciter et soyez assurés que, dans la rédaction du
projet de loi, nous tiendrons compte de vos suggestions et de vos
recommandations. Nous vous remercions encore une fois.
Le Président (M. Charbonneau): Merci et à la
prochaine.
M. Dubé: Merci infiniment.
Chambre de commerce du Québec
Le Président (M. Charbonneau): J'invite maintenant la
Chambre de commerce du Québec, des habitués des commissions
parlementaires et du salon rouge, à prendre place. Est-ce que le
président M. Lagassé est là?
Une voix: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Donc...
M. Lambert (Jean): Mon nom est Jean Lambert. Je suis
vice-président de la Chambre de commerce du Québec, aux affaires
économiques.
Le Président (M. Charbonneau): Je présume que c'est
vous qui allez présenter le
mémoire.
M. Lambert: C'est bien cela.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Je
voudrais vous inviter à présenter votre collègue, qui est
bien connu des membres de la commission, et vous rappeler que vous êtes
des privilégiés aujourd'hui. Vous avez 18 minutes de temps pour
la présentation de votre mémoire et la durée de
l'échange avec les députés de chaque côté est
de 36 minutes par formation politique. Sur ce, il est 23 h 5, vous avez la
parole.
M. Lambert: Merci. Comme vous le voyez à mes
côtés, j'aimerais vous présenter notre
vice-président exécutif de la chambre, M. Jean-Paul
Létourneau. Dans un premier temps, j'aimerais remercier M. le ministre
de sa bonne attitude, de nous avoir demandé de faire connaître
notre point de vue concernant ce projet de loi.
Compte tenu de l'objet du présent mémoire, nous croyons
utile d'établir dans un premier temps les positions proposées
depuis longtemps par notre organisme en matière de législation
d'une façon générale. Premièrement, tout d'abord,
il y a déjà quelques années, nous avons constaté
qu'il y a beaucoup trop de lois pour nos besoins. Le volume en est maintenant
tel qu'il est devenu pratiquement impossible pour un citoyen respectueux des
lois de connaître ne serait-ce que les lois générales qui
s'appliquent à lui comme à tout autre citoyen et celles qui
s'appliquent à lui dans ses activités professionnelles.
Dans un deuxième temps, à l'égard de la loi
déléguée, la chambre a posé des jugements
sévères et proposé des mesures visant à
déréglementer notre univers surréglementé.
Plusieurs engagements électoraux et subséquents du nouveau
gouvernement du Québec ont fait écho à nos
préoccupations en ce sens. Plus récemment, les rapports Scowen et
Gobeil ont mis de l'avant le nombre de propositions avec lesquelles nous sommes
parfaitement en accord. D'ailleurs, la nomination d'un ministre responsable de
la déréglementation, M. Herbert Marx - bonsoir monsieur - nous
apparaît un geste non équivoque du gouvernement à savoir
qu'il est grand temps de prendre les mesures qui s'imposent pour libérer
notre économie de cette forêt inextricable de lois et
règlements qui nuisent à l'épanouissement de trop de
projets de développement dont nous avons tellement besoin.
Troisièmement, les projets de loi, dès qu'ils sont
déposés, devraient être accompagnés de leurs projets
de règlement. La raison en est simple: il est à toutes fins
utiles impossible ou très rare de pouvoir connaître la
portée pratique et concrète d'une loi si l'on ne voit pas en
détail les règlements qui lui donnent son plein sens.
Deuxièmement, les projets de loi doivent être
accompagnés d'une étude coûts-avantages qui établit
clairement les coûts au Trésor public et aux personnes
visées en comparaison des avantages qui pourront découler de
l'application de la loi.
Troisièmement, les lois devraient contenir le moins de
discrétion ministérielle possible et, lorsqu'il doit y en avoir,
cette discrétion devrait être entourée de conditions
précises de son exercice qui mettent le ministre à l'abri de
pressions indues.
Quatrièmement, à une loi devraient être
rattachés le moins de règlements possible. Il faut inscrire au
maximum dans la loi et de la façon la plus simple et
compréhensible, toutes les dispositions que l'on serait tenté de
placer dans les règlements.
Cinquièmement, la réglementation, puisqu'il doit
finalement y en avoir, devrait, de préférence, fixer des
objectifs à ceux à qui elle s'adresse plutôt que de
procéder par l'imposition de normes détaillées et
universelles.
Sixièmement, la réglementation doit être
réduite à l'essentiel, c'est-à-dire prévoir le
moins de complications administratives possible et faire appel à la
confiance des administrés.
Quatrième point, en somme, nous proposons l'efficacité
dans la législation par la simplicité et la confiance. Laissons
les tricheurs aux services de police et de perception d'impôts.
Une déclaration de principe est à la base des politiques
que notre Chambre a adoptées, puis raffinées depuis des
années sur le sujet. Cette déclaration se lit comme suit: "Les
forêts constituent une richesse naturelle renouvelable d'une importance
primordiale pour le Québec et leur exploitation y est une source majeure
d'emplois. À cause de son caractère renouvelable, cette richesse
naturelle doit être exploitée à partir d'une bonne
connaissance des réserves et du potentiel forestier, en utilisant les
méthodes les plus efficaces et en assurant l'aménagement le plus
approprié dans les meilleurs délais. "La majeure partie de nos
forêts étant propriété de l'État, celui-ci a
la responsabilité d'établir et de faire respecter des conditions
d'exploitation, de protection et de conservation qui assurent le maximum de
bien-être à court et à long terme aux citoyens du
Québec. "Enfin, toute politique en cette matière se doit
cependant, pour être réaliste, de tenir compte,
premièrement, des avis des exploitants et des utilisateurs,
deuxièmement, de l'évolution des marchés et,
troisièmement, de l'importance de ta recherche dans tous les secteurs de
cette industrie."
Nous avons tout d'abord grandement
apprécié d'avoir été invités à
venir vous transmettre nos points de vue sur ce projet de loi, M. le ministre,
Nous ne prétendons pas à des compétences
particulières en matière de foresterie. Cependant, de par
l'envergure et la diversité de son membership, nous comptons à la
fois des entreprises de production de pâtes et papiers, des entreprises
de bois de sciage, des propriétaires de forêts privées, des
commerçants de bois, de grands et petits utilisateurs des produits de la
forêt, des professionnels des interventions en forêt, des
investisseurs possédant des avoirs ou des garanties importantes dans la
forêt et tout type d'industries forestières, des fabricants
d'équipements servant à la coupe et la transformation du bois ou
au transport et à la vie en forêt; des intervenants en forêt
à toutes sortes d'autres fins professionnelles que l'exploitation du
bois, des pourvoyeurs de chasse et de pêche et d'autres utilisateurs de
la forêt à des fins de loisirs et autres. Avec son membership, la
Chambre de commerce du Québec se croit pleinement autorisée
à vous apporter des points de vue émanant d'un vaste
éventail de personnes intéressées à divers titres,
à la bonne gestion et à la pérennité de la
forêt québécoise.
Je voudrais signaler, M. le Président, que nous annexons ce soir
un addendum au mémoire que nous avons déposé. Devant la
surexploitation de la forêt québécoise dans son ensemble et
dans quelques régions en particulier qui approchent du point de rupture
de stocks, nous convenons que le gouvernement doit donner rapidement un
sérieux coup de barre pour réorienter l'exploitation et
l'aménagement de ta forêt publique au Québec. (23 h 15)
Devant la possibilité d'un manque de fibres dans les
décennies à venir, dû principalement à une faible
protection contre les insectes au cours des dernières années et
à la surexploitation de la forêt dans certaines régions,
nous convenons que le gouvernement doit donner rapidement un sérieux
coup de barre pour protéger efficacement la forêt contre les
insectes et pour mieux aménager et exploiter la forêt publique. De
nouveaux efforts dans certains secteurs de la recherche doivent être
appliqués dans les plus brefs délais.
Comme nous l'avons explicité dans le préambule du
mémoire, nous avons devant nous un nouveau projet de loi
présenté par le législateur. Préoccupés par
l'efficacité d'une saine gestion publique et par la réduction du
fardeau réglementaire que le gouvernement semble d'ailleurs partager,
nous avons été fort surpris de constater combien le
présent projet de loi s'écartait de ces préoccupations
dans sa forme actuelle.
D'abord, l'aspect réglementaire. Nous avons dû constater
que les projets de règle- ment n'accompagnaient pas le projet de loi
lors de son dépôt, rendant ainsi pratiquement impossible
l'évaluation de l'impact réel du projet de loi; que les pouvoirs
réglementaires accordés par ce projet de loi étaient
renversants. Nous avons identifié 48 mentions de pouvoirs
réglementaires spécifiques dans les 113 articles du projet de
loi. Le sommaire du projet de règlement, qui nous a été
remis le 22 août dernier donne bien quelques éclaircissements sur
l'orientation générale des règlements, mais il est encore
très loin de permettre une évaluation de la portée
réelle de la loi et une élaboration des nouveaux scénarios
d'opération auxquels tous les exploitants et intervenants doivent
s'astreindre immédiatement, s'ils veulent savoir ce qu'ils feront dans
moins de douze mois.
En résumé, sur ce plan, nous n'avons en main, au moment
d'écrire ces lignes, que: a) des projets de règlement très
incomplets; b) un projet de manuel d'aménagement forestier sommaire,
préliminaire et incomplet; c) pas de guide des modalités
d'intervention; d) aucun des autres guides techniques à venir; enfin, un
inventaire des possibilités et disponibilités en matière
ligneuse des forêts publiques du Québec, très fragile
à cause de la négligence passée à en confectionner
un bon et, de là, susceptible d'être amendé aux
premières variations qui seront apportées aux paramètres
utilisés.
Sous l'aspect de la discrétion ministérielle, nous avons
compté 58 mentions différentes dans les 113 articles du projet de
loi, qui y sont laissées avec la formule consacrée "le ministre
peut..." ou quelques variantes du genre. La protection de nos forêts nous
paraît devoir être une préoccupation prioritaire.
Quatrième point. Les coûts des aménagements
prévus par le projet de loi nous semblent élevés et
évalués sur des bases fragiles. Nous sommes conscients qu'il est
peut-être difficile d'arriver à tellement plus de
précision, compte tenu du peu d'expérience que nous avons
réussi à accumuler en ce domaine. Il n'en demeure pas moins que
les variations dans ces prévisions sont assez fortes, pour passer du
faisable à l'impossible pour plusieurs exploitants et peut-être
même pour le gouvernement, lorsque le Conseil du trésor en
examinera les coûts de près.
À cette fin, nous ajoutons: "D'autre part, le gouvernement, dans
l'attribution de ces coûts, devra s'assurer que la note refilée
aux entreprises forestières ne les rende pas non concurrentiels sur les
marchés canadiens et internationaux. Si tel devait être le cas,
nous ne pourrions atteindre les objectifs d'aménagement
désirables et le principal résultat de l'opération serait
la création de plus de chômage. Il y a donc là un
équilibre délicat à protéger".
Cinquième point. La répartition des coûts entre tous
les utilisateurs présente des problèmes d'arbitrage et de
tarification complexes et conflictuels. Nous ne pouvons prétendre en
détenir la solution parce que plusieurs éléments
d'évaluation dépassent notre compétence. Et même si
nous avions cette compétence, il demeure que certains de nos membres
pourraient être en conflit entre eux sur le partage du fardeau de cette
répartition.
Néanmoins, nous sommes prêts à émettre
quelques orientations générales sur le sujet, savoir: 1- Tous les
utilisateurs de la forêt devraient être mis à contribution
dans la répartition des coûts de l'aménagement forestier.
Et nous ajoutons "selon leur utilisation de la forêt publique". 2- Pour
assurer le succès du programme d'aménagement forestier, il faut
trouver une méthode incitative permettant aux exploitants
d'acquérir un droit de propriété sur le potentiel
additionnel qu'il contribue à régénérer. 3- Les
charges faites aux exploitants et en fait, l'envergure du programme
lui-même devraient tenir compte de la capacité de payer de tous
les intervenants, incluant le gouvernement. 4- La recommandation
précédente ne devrait pas, par ailleurs, servir de
prétexte pour ne pas faire ce qui doit être fait afin
d'éviter des ruptures de stocks ou des conditions y conduisant,
là où il est possible physiquement de les éviter. 5- Dans
certaines régions près de la situation de rupture de stocks, la
nouvelle répartition des territoires devrait donner la chance aux
entreprises les plus dynamiques et possédant les meilleures ressources
pour progresser. Cette formule risque de forcer certaines fermetures. Ce serait
inévitable de toute façon à court ou moyen terme. Nous
préconisons dans ces cas, lorsque des entreprises ayant du potentiel
devront être privées d'approvisionnement suffisant pour continuer
de fonctionner sur une base rentable, qu'un programme spécial de la SDI
soit constitué et qu'il leur soit offert pour les aider à
réorienter leur production vers des sous-produits comme le bois jointe
ou toute autre production rentable. 6- Le processus de transfert au nouveau
régime prévu à l'article 101 nous inquiète. Nous ne
pouvons pas imaginer facilement comment, en particulier, les petits exploitants
et même certains grands pourront maintenir leur crédit bancaire
essentiel. 7- Certains articles du projet de loi nous apparaissent à
première vue trop contraignants ou inappropriés. Le premier,
l'article 45, exige pour le renouvellement du permis annuel d'intervention le
paiement entier de tous les droits prescrits. Il nous semble qu'il y a
là un manque de flexibilité, compte tenu que certains droits
pourraient être très élevés pour certains
exploitants comme une facturation annuelle sur les volumes alloués.
Le deuxième, l'article 61: Tout propriétaire de
forêt privée pourrait être forcé par le ministre,
s'il le juge à propos, d'adhérer à un organisme de
protection de la forêt. C'est là une discrétion que nous
tolérons mal à l'égard de la propriété
privée, è moins qu'elle ne soit pleinement justifiée par
des situations clairement définies dans la loi.
L'article 85: II est prévu que toute personne faisant le commerce
du bois -réalisons ici que cela peut compter plusieurs centaines sinon
des milliers de personnes -pourra être requise, sous peine de saisie de
son bois, de déclarer sous serment au ministre la provenance du bois
qu'elle a en sa possession et de donner tout renseignement nécessaire
pour prouver que les droits relatifs à ce bois ont été
acquittés.
Le Président (M. Charbonneau): II vous reste une
minute.
M. Lambert: Je termine, M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Lambert: ...en disant que la juridiction que peuvent exercer
les MRC sur les plans d'aménagement des forêts publiques nous
apparaît en être une de trop par un niveau de gouvernement qui est
de trop. Nous recommandons que le gouvernement rapatrie ce pouvoir au
ministère de l'Énergie et des Ressources.
En conclusion, nous reconnaissons le besoin d'une meilleure loi des
forêts, pour mieux assurer la protection et la pérennité de
nos forêts publiques. Nous croyons cependant que le présent projet
de loi contient beaucoup trop de pouvoirs de réglementation et de
discrétion ministérielle. Cette loi doit être
simplifiée, fixer des objectifs clairs aux exploitants, leur fournir des
critères bien déterminés d'examen de leurs performances et
leur faire confiance.
Les objectifs d'aménagement prévus par le projet de loi
nous semblent a priori élevés, compte tenu de la capacité
de payer de tous les intervenants. Nous aimerions qu'un test de
faisabilité et de coûts-avantages soit appliqué à ce
projet de loi et rendu public.
La répartition des coûts des programmes
d'aménagement devrait être reconsidérée et certains
aspects du processus de transfert au nouveau régime clarifiés
pour ne pas pénaliser les bons exploitants.
Enfin, quelques articles trop contraignants ou inappropriés
devraient être
amendés ou éliminés.
Tout ceci ne devrait, cependant, pas remettre en cause l'objectif
fondamental de la loi, a savoir: un redressement de l'orientation, de
l'exploitation et de l'aménagement des forêts publiques de
manière à assurer leur renouvellement sur une base continue.
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Charbonneau): Merci.
Comme je l'ai indiqué, nous avons réparti le temps en
donnant 36 minutes pour chaque côté. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, juste une remarque préliminaire. Je remercie la
Chambre de commerce du Québec du temps et des efforts qu'elle a mis pour
nous présenter un mémoire aussi étoffé.
Une première courte remarque avant de passer la parole à
d'autres de mes collègues. Je voudrais souligner au président la
disparition de l'article 4 dans l'ancienne Loi sur les terres et forêts.
À mon avis, cet article 4 représentait beaucoup plus de pouvoirs
discrétionnaires et réglementaires qu'on ne peut en trouver dans
l'avant-projet de loi qui a été soumis à
l'Assemblée nationale le 19 juin dernier.
Cet article de loi se lit comme suit: "Le gouvernement peut passer les
arrêtés nécessaires pour mettre à effet les
dispositions de la présente loi suivant leur vrai sens, ou dans le but
de pourvoir aux cas qui peuvent se présenter et pour lesquels il n'est
pas établi de dispositions par la présente loi". Cet article - je
le répète - représentait beaucoup plus du point de vue
discrétionnaire et réglementaire que l'avant-projet de loi qui a
été soumis. J'aimerais que vous me fassiez part de vos
commentaires sur cet article de loi que nous avons enlevé.
M. Lambert: M. Létourneau va répondre, M. le
ministre, si vous le permettez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci.
M. Létourneau (Jean-Paul): M. le Président,
effectivement nous étions conscients qu'il y avait dans l'ancienne loi
des pouvoirs discrétionnaires très larges et quasi universel,
admettons-le. Évidemment, cette loi et cet article ont été
adoptés il y a déjà fort longtemps parce que nous ne nous
en souvenons pas.
Le présent projet de loi semble avoir fait éclater ce
pouvoir universel pour l'appliquer dans des situations différentes
à plusieurs autres endroits que nous trouvons trop nombreux ou pas
suffisamment balisés, comme nous l'avons dit dans le mémoire, M.
le Président.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, c'est vrai que c'était un droit quasi universel qui
dépassait de beaucoup toutes les références qu'on peut
faire dans l'avant-projet de loi. Évidemment, quand on parle de
règlements, le pouvoir discrétionnaire disparaît. Donc, on
ne peut pas parler des deux. Si on réglemente, si on s'en remet à
des règlements, c'est parce que la discrétion disparaît.
Cet article de loi, à mon sens, dépassait toute imagination
concernant les règlements et les pouvoirs discrétionnaires.
M. Létourneau: M. le Président, si M. le ministre
veut nous faire dire que c'est un peu moins pire, on est prêts à
accepter de dire cela, mais nous disons qu'il en reste un peu trop.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Disons que cela me
convient, M. Létourneau, c'est une amélioration.
Évidemment, il faut toujours tendre vers la perfection. C'est la raison
pour laquelle vos recommandations et vos commentaires sont les bienvenus. Pour
l'instant, je céderai la parole...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. M. Létourneau et
M. Lambert, je voudrais vous remercier de votre présence ici. Je
voudrais, en passant, vous souligner que, lorsque nous avons signé une
première entente, le ministre délégué aux
Forêts et moi-même, en date du 19 juin dernier, j'avais
demandé, dans une lettre au ministre délégué aux
Forêts, que la Chambre de commerce du Québec soit entendue en
commission parlementaire sur l'avant-projet de loi sur les forêts. (23 h
30)
Tout comme vous d'ailleurs, je comprends que le ministre voudrait
"charrier" quelque peu sur l'article 4 de sa loi qui abolit un autre article
d'une autre loi. Cela, je pense que c'est son droit. Mais, il reste qu'au
niveau des commentaires généraux que vous avez faits... Dans mon
discours d'ouverture cet après-midi je faisais allusion à cette
question où il y avait trop de réglementation et trop de
discrétion ministérielle. Je crois que vous étiez
présent lorsque j'ai lu mon mémoire, mon allocution, pardon. On a
tellement parlé de mémoire, M. le Président, que...
Une voix: Qu'on en perd la mémoire.
M. Perron: Je voudrais passer à la page 13, article 5.5 de
votre document où vous mentionnez: "La répartition des
coûts entre tous les utilisateurs présente des problèmes
d'arbitrage et de tarification complexes et conflictuels". Plus loin, à
la page 19, vous mentionnez dans le troisième paragraphe: "La
répartition des coûts des programmes d'aménagement
devrait être reconsidérée et certains aspects du processus
de transfert au nouveau régime clarifiés pour ne pas
pénaliser les bons exploitants". Lorsqu'on regarde les deux paragraphes
en question, je crois qu'il y a contradiction, en tout cas, une certaine
conclusion.
Dans le discours que j'ai prononcé, je parlais justement d'une
fameuse prime au rendement qui était spécifiée. Une prime
au rendement semble indiquée afin d'inciter les utilisateurs à
investir dans les travaux sylvicoles intensifs, mais pas au point de devenir
une récompense pour le piètre état actuel de la
forêt québécoise. La question que je voudrais vous poser -
cela c'est mentionné à la page 6 de mon allocution -est la
suivante: Ne croyez-vous pas qu'une formule mixte, c'est-à-dire une
formule où on implique, où on imposerait des droits de coupe en
disant, oui, cependant, à une réduction des mêmes droits de
coupe, mais pas à zéro, ferait en sorte que la tarification
serait équitable, au lieu de réduire à zéro comme
le préconisent certains organismes les droits de coupe, la remise du
territoire, etc., selon la position de différents organismes?
Lorsque vous mentionnez à la page 14 de votre mémoire -
là une autre question est soulevée qui a directement rapport avec
ce que je viens de vous mentionner quant à la question elle-même -
à 5.5.2: "Pour assurer le succès du programme
d'aménagement forestier, il faut trouver une méthode incitative
permettant aux exploitants d'acquérir un droit de
propriété sur le potentiel additionnel qu'ils contribuent
à régénérer", c'est là-dessus que porte ma
première question. Je reviendrai sur la deuxième partie tout
à l'heure qui fait allusion aux pages 13 et 19 de votre
mémoire.
M. Lambert: M. Létourneau va répondre.
M. Létourneau: M. le Président, nous avons
recherché dans les propositions qui nous étaient connues ou enfin
qui découlaient aussi de la présentation que le ministre a eu
l'amabilité de nous faire le 22 août dernier, des mesures
incitatives pour faire en sorte que les exploitants forestiers soient, disons,
engagés plus facilement dans l'opération qui doit avoir lieu de
régénération de réaménagement de la
forêt.
En consultation avec nos membres qui sont impliqués, nous avons
convenu qu'il serait souhaitable pour instituer cette incitation - ce serait
non seulement souhaitable, mais convenable et probablement équitable -
de donner à des exploitants qui contribuent à augmenter le
potentiel forestier du territoire qu'ils exploitent, de donner à ces
exploitants une forme de droit de propriété sur ce qu'ils font.
Lorsqu'ils le font, bien ils sont en même temps... quand cela nous
appartient on en prend beaucoup mieux soin que lorsque c'est la
propriété de tout le monde. On a pensé qu'il y avait
là une façon d'inciter, d'encourager et de maintenir
l'orientation de réaménagement chez les exploitants, de leur
faire dépasser l'objectif simplement de maintenir la
pérennité, mais surtout d'augmenter le potentiel de la
forêt.
M. Perron: Merci, M. Létourneau. Compte tenu de ce que
vous venez de mentionner, s'il y avait en ce moment une formule comme celle que
vous préconisez qui était retenue par le ministre
délégué aux Forêts dans son projet de loi, est-ce
que cela ne ferait pas perdre des fonds à l'État
québécois qui, dans l'ensemble de ce régime forestier,
doit apporter un effort additionnel en ce qui concerne le financement de
l'ensemble? Car l'État perdant des revenus, la capacité
financière de l'État serait moindre si on acceptait une telle
proposition de votre part; et l'État serait aussi en perte de
territoires publics?
M. Létourneau: M. le Président, nous ne parlons pas
de droit de propriété sur du territoire, nous parlons de droit de
propriété sur des coupes éventuelles.
M. Perron: J'avais compris!
M. Létourneau: Alors, ce n'est pas nécessairement
une perte de territoire, d'une part. D'autre part, nous estimons, et nous
l'avons dit dans le mémoire, que des dépenses qui contribuent
à augmenter le potentiel forestier sont pour nous des dépenses
capitales, c'est-à-dire qu'on peut les considérer comme des
dépenses capitales. Quand vous augmentez un patrimoine, vous avez un
plus qui pourra être utilisé par des générations
suivantes; alors, à ce moment-là, nous allons être beaucoup
plus ouverts à un déficit éventuel, par exemple, s'il est
occasionné par une dépense capitale, car au moins, là on
n'a pas de honte de passer aux générations suivantes la
dépense, parce que la génération suivante pourra en
bénéficier. C'est notre réponse.
M. Perron: Je reviens à la page 13, et je vais relire pour
les bénéfices de la cause et pour la bonne compréhension.
À l'article 5.5 vous parlez de ceci: La répartition des
coûts entre tous tes utilisateurs présente des problèmes
d'arbitrage et de tarification complexes et conflictuels. Plus loin, à
la page 19, vous mentionnez que la répartition des coûts des
programmes d'aménagement devrait être considérée et
certains aspects du processus de transfert au nouveau régime
clarifié pour ne pas pénaliser les bons exploitants. Donc,
si on regarde les deux paragraphes en question, pour moi il y a contradiction
ou sûrement confusion.
Est-ce que vous pourriez nous donner la définition qu'a la
Chambre de commerce quant aux utilisateurs? Qu'est-ce que la Chambre de
commerce entend par utilisateurs? Est-ce que ce sont les pâtes et
papiers? Est-ce que ce sont les usines de sciage? Est-ce que ce sont les
propriétaires de boisés privés? Est-ce que ce sont les
pourvoiries? Est-ce que ce sont les coopératives forestières?
M. Létourneau: M. le Président, pour nous, les
utilisateurs, ce sont tous les utilisateurs de la forêt: les exploitants
forestiers et les autres utilisateurs, y inclus ceux qui aiment y marcher dans
des sentiers ombragés; ceux qui vont à la chasse, ceux qui vont
à la pêche, tous les utilisateurs de la forêt. Quand nous
parlons des utilisateurs, nous parlons de tous les utilisateurs.
Deuxièmement, lorsque M. le député Perron parle de
contradictions, peut-être n'avons-nous pas suffisamment
précisé dans la construction de notre mémoire pour bien
faire comprendre ce que nous voulions à la page 19.
Lorsque nous parlons de répartition des coûts des
programmes d'aménagement qui devraient être
reconsidérés, c'est à partir d'informations qui ont
circulé et qui ont été échangées par les
gens du ministère et tes gens de l'industrie où nous
étions présents, où nous avions l'impression qu'il y avait
une certaine rigidité possible dans le partage comme, par exemple,
50-50.
Peut-être l'avons-nous mal perçu. Mais, enfin,
c'étaient là des perceptions de la répartition des
coûts qui nous semblaient devoir être plus souples que ce que nous
percevions. C'est pourquoi nous parlions de reconsidération et nous
convenons, M. le Président, que nous n'avons peut-être pas mis
tout le préambule qu'il aurait fallu pour expliquer pourquoi nous avons
amené cette demande de reconsidération de la répartition
des coûts de programmes d'aménagement, parce que nous devons
convenir évidemment que la répartition n'est pas encore
déposée. On ne sait pas exactement ce qu'elle sera. Je pense que
M. le ministre, même s'il a parlé d'hypothèses, ne semble
pas pour le moment nous avoir dit très précisément comment
elle se fera encore.
C'est pourquoi nous prenons un peu les devants afin que la formule soit
souple, équitable, et nous le reconnaissons et nous le disons: Ce ne
sera pas facile pour le ministre d'y arriver, parce que c'est compliqué,
et, en plus de ça, il fait affaire avec des intervenants et des
exploitants forestiers qui, dans plusieurs cas, sont des exploitants qui
arrivent à la marge. Ce ne sont pas des gens qui font de très
gros profits. Même, il y en a qui arrivent assez juste. Alors, il n'y a
pas beaucoup de marge, et c'est pour ça qu'on demande d'être
prudent.
M. Perron: Une dernière question en ce qui me concerne, M.
le Président. Je voudrais maintenant relier les discussions actuelles
que nous avons directement à la matière ligneuse et à la
question de la remise en production du territoire. Est-ce qu'un des
représentants de la Chambre de commerce pourrait informer les membres de
cette commission si ce devrait être l'utilisateur ou encore celui qui a
la coupe au nom de l'utilisateur qui devrait payer, en bonne partie, les frais
de remise en production?
M. Létourneau: M. le Président, nous ne sommes pas
prêts à répondre à cette question. C'est complexe.
C'est assez difficile. Nous avons dit au début de ce mémoire que
nous ne prétendons pas être des experts en la matière. Nous
sommes allés le plus loin que nous pouvions aller dans l'expression des
consensus développés chez nos membres sur la question. Mais
à savoir comment cette répartition doit être faite dans les
conditions décrites par le député de Duplessis,
malheureusement, je ne saurais y répondre.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Merci. M. le
député de Trois-Rivières.
M. Philibert: Merci, M. le Président. À la page 13,
à l'article 5.4, vous dites: "... pour nous, des dépenses
gouvernementales d'aménagement de la forêt publique
québécoise sont des dépenses capitales. Ce sont des
dépenses qui servent à conserver et entretenir un patrimoine pour
l'usage des générations futures et nous ne voyons pas
nécessairement d'un mauvais oeil que l'on puisse en refiler une bonne
partie des coûts à ces générations en autant
qu'elles pourront en bénéficier."
J'aimerais, si vous le pouvez, que vous nous fassiez une suggestion sur
la façon dont nous pourrions expliquer aux générations
futures qu'on songe à leur refiler une partie des coûts de
l'entretien de la forêt québécoise alors qu'on en fait une
exploitation systématique. D'ailleurs, dans votre mémoire on
retrouve, je ne sais trop à quelle page, que la situation de la
forêt québécoise est en très mauvaise condition.
C'est nous qui l'avons rendue en mauvaise condition par une exploitation
abusive et un manque de prévision. (23 h 45)
M. Lambert: M. le Président, je crois que tout le monde
sait qu'entre la période où on commence à implanter un
système et
le jour où on récolte, il peut y avoir une période
de temps qui varie d'environ 15, 20 ou 25 ans et même plus, surtout dans
le climat dans lequel nous vivons. Or, la position que nous soumettons est
è savoir que les sommes d'argent importantes qui seront
dépensées... Que le terme "dépensées" ne soit pas
pris dans son sens strict, mais que ce soit plutôt dans le sens d'un
investissement. C'est la raison pour laquelle nous disons, à cet
égard, qu'elles devraient être des dépenses
capitalisées en termes de bilan et amorties sur un nombre
d'années. Lorsque nous serons prêts à en recevoir les
profits, les profits pourront alors payer la dépense en capital.
M. Létourneau: Si vous me permettez d'ajouter, M. le
Président, qu'il faut bien noter la fin de la phrase. Pour nous, elle
est très importante "pour autant que les générations
futures pourront en bénéficier". Il faudra faire la
différence entre des dépenses qui ne servent qu'à
continuer la pérennité de la forêt et des dépenses
qui servent à enrichir le patrimoine forestier. Lorsqu'on l'enrichit, je
pense bien qu'il n'y a pas tellement de honte à avoir pour passer des
dépenses d'enrichissement aux générations futures.
D'ailleurs, la dette publique actuelle du gouvernement du Québec
seulement, pour ne pas parler de celle du gouvernement fédéral
qui est encore pire, est constituée dans une très grande
majorité de dépenses d'épicerie, comme un ex-premier
ministre l'a déjà qualifiée.
À celle-là, par exemple, nous nous y opposons avec
beaucoup de force mais lorsqu'on fait des dépenses à cet
égard et non seulement pour ce secteur, car nous avons aussi celui de
l'aménagement de travaux publics qui durent une génération
ou presque, comme l'épuration des eaux ou comme l'adduction d'eau ou
comme les voies routières, on est d'accord sur le fait que c'est un type
de dépenses pour lesquelles on peut, dans une certaine mesure,
tolérer un déficit parce que les générations
futures en profiteront. Mais quand c'est seulement pour payer des
dépenses courantes qui n'ont pas de répercussions dans l'avenir,
à ce moment-là, je pense que ce sont celles qu'il faudra
couper.
M. Philibert: Dans une autre partie de votre mémoire, vous
dites que les coûts afférents à la protection et à
l'aménagement de la forêt devraient être partagés,
que l'on devrait tenir compte de la capacité de payer des
différents exploitants. Est-ce que cela veut dire que vous
suggérez au gouvernement que, dans une période creuse où
l'industrie forestière en général serait en
difficulté, le gouvernement investisse des sommes additionnelles de
telle sorte que l'industrie soit préservée de difficultés,
enfin qu'elle soit mise dans la situation où elle ne serait pas
concurrentielle? Par contre, dans des périodes d'abondance au niveau de
l'exploitation forestière en ce qui a trait aux industries, il y aurait
des mécanismes prévoyant un changement dans le paiement de sorte
que les exploitants devraient alors payer davantage en tenant compte
véritablement des profits qu'ils réalisent avec ce patrimoine
collectif qu'est la forêt.
Quels seraient les mécanismes que vous suggéreriez au
gouvernement pour en arriver à l'équité et que la
collectivité québécoise y trouve quand même son
profit avec sa forêt?
M. Lambert: M. le Président, tout à l'heure, je
crois que M. Létourneau a donné l'indication que nous
n'étions pas prêts à faire des recommandations comme
telles, parce que les mécanismes seraient complexes, sauf que je
pourrais peut-être ajouter à ceci que, lorsque nous demandons que
les utilisateurs puissent assumer des coûts, il faut toujours conserver
à l'esprit la question de rester compétitifs et que ce ne soit
pas fait avec la notion de rendre nos utilisateurs non compétitifs avec
les autres partenaires. C'est donc dans cet esprit que, lorsqu'il sera question
d'imputer les coûts aux utilisateurs, je crois qu'il faudra en tenir
compte.
M. Létourneau: Si vous me permettez, M. le
Président, i! y avait une autre préoccupation, en plus de ce que
notre vice-président vient de mentionner, qui nous touchait et qui
était un peu plus immédiate lorsque nous avons écrit cette
partie de notre mémoire. C'est que, finalement, tout le programme repose
à la base, selon notre perception en tout cas, sur l'exactitude de
l'inventaire du potentiel forestier. Nous comprenons que tout le monde est
assez prudent là-dessus. On nous a bien dit: C'est le mieux qu'on puisse
faire, c'est un inventaire qui date de 1971, qu'on a révisé et
qu'on a mis à jour depuis un certain nombre d'années, mais c'est
évidemment un ordre de grandeur. Cela peut être un peu plus ou un
peu moins. Toutes sortes de choses interviennent comme les cataclysmes, enfin
les incendies, les maladies etc. qui peuvent changer en plus et en moins
d'abord la réalité, d'une part, et, d'autre part, il y a cette
réalité qu'on n'a pas encore - je pense que tout le monde en
convient - réussi à mesurer adéquatement, aussi
précisément qu'on le voudrait. Le programme est basé
là-dessus et on parle de 100 000 000 $, 200 000 000 $.
On est un peut inquiet sur l'ordre de grandeur final de tout cela, quand
ce sera réel, quand ce sera mis en force. C'est pourquoi nous demandons
aux législateurs de faire l'exercice d'un test de faisabilité,
c'est-à-dire d'un scénario complet de la mise
en force du programme lorsque le ministère aura
décidé des détails, des objectifs et de la
répartition des coûts. En faisant ce test, précisez au
mieux possible le coût total des programmes, vérifiez d'abord si,
du côté du gouvernement et du Conseil du trésor, on est
prêt à en absorber ce qu'il faut et ce que cela peut signifier
pour les entreprises, et là, faisons une simulation de
répartition de la manière qu'on voudra, mais qu'on
établisse ce que cela peut signifier pour les entreprises, en regard de
leur profitabilité et de leur capacité concurrentielle sur les
marchés canadiens et les marchés internationaux. Je pense qu'on
doit faire cet exercice. Je dois dire que nous avons lu avec beaucoup de
satisfaction ce qui semblait être les propos du ministre dans un
quotidien de Québec, samedi dernier, où M. le ministre semble
convenir qu'il accepte de regarder de plus près son projet de loi,
à y travailler de nouveau et même, s'il le fallait, le
présenter un peu plus tard pour s'assurer qu'il sera bien
applicable.
Nous espérons que cet exercice se fera. C'est pourquoi nous
revenons, quand nous parlons de la répartition des coûts, sur une
demande de prudence basée sur un exercice simulé d'application du
programme pour voir quelles en sont toutes les conséquences
financières.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'ai deux petites
questions, pour laisser la chance à mes collègues de poser aussi
d'autres questions. À la page 14, le texte se lit comme suit: L'article
5.5.1: "Tous les utilisateurs de la forêt devraient être mis
à contribution dans la répartition des coûts de
l'aménagement forestier." Vous avez ajouté un amendement que vous
nous avez fait parvenir aujourd'hui, qui est: "Selon leur utilisation de la
forêt publique".
Il faut faire une distinction - vous en faites aussi - entre
l'utilisateur et l'exploitant forestier. On devrait peut-être parler de
celui qui aura le contrat comme on l'appelle désormais, semblerait-il,
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers qui a un territoire
défini basé sur la moyenne des coupes des cinq dernières
années. Dans ce texte vous dites: "Selon leur utilisation de la
forêt publique".
On est conscient que, dans bien des cas, le problème qui va
exister, c'est entre le secteur du sciage et le secteur des papetières
puisque effectivement on dit: 70% exploités par les scieurs, la
moitié de cela s'en va en résidus de copeaux et résidus de
sciage à la compagnie papetière pour ses besoins. Dans ce
contexte, êtes-vous capables de faire une recommandation des pourcentages
qui pourraient être entre les deux? La discussion, le ministre va l'avoir
tout à l'heure. Vous avez dit que vous avez des représentants de
chacun des secteurs. Vous êtes capables certainement de faire une
proposition au ministre, sur la façon de distribuer cet argent, dans la
mesure comme vous le dites très bien, où le ministre aura, par le
Conseil du trésor, à en mettre aussi de son bord.
M. Lambert: M. le Président, je crois que, dans un article
auparavant, on avait justement mentionné que cela causait des
problèmes conflictuels envers nos membres.
M. Jolivet: Donc, vous êtes d'accord sur le fait
qu'effectivement c'est un bon sujet de discussion...
M. Lambert: Oui.
M. Jolivet: ...et qu'il devrait y avoir une
répartition.
M. Lambert: Je pense qu'il doit y avoir une grande enquête
et une grande discussion avec tous les utilisateurs pour en arriver à un
consensus, sûrement.
M. Létourneau: C'est très complexe et nous
sympathisons avec le ministre parce que ce n'est pas facile et nous n'avons
pas, non plus, la compétence pour lui donner la vraie formule.
Cependant, on peut faire une observation qui nous est venue de l'un de nos
membres, par exemple. Les incendies en forêt sont causés par qui?
Enfin, il semble y avoir des perceptions, sinon des informations très
justes là-dessus disant qu'ils ne sont pas causés en
majorité par des exploitants forestiers ni même par la foudre,
mais par d'autres personnes circulant en forêt. Dieu sait que cela
coûte cher.
On pourra nous corriger, nous ne sommes pas des experts, on en a entendu
de toutes les couleurs depuis qu'on a commencé à rédiger
là-dessus. Paraît-il qu'il se perd autant de bois en moyenne par
année par les incendies et par les insectes qu'il s'en coupe par les
exploitants. Donc, c'est assez lourd. Mettons de côté les
insectes, si on veut, et la foudre et gardons le reste. On dit: Le reste, ce
sont des gens qui circulent en forêt et qui finissent pas nous
coûter cher. Comment fait-on? Quelle est leur responsabilité?
Jusqu'à quel point on peut ou limiter la circulation en forêt ou
faire une charge à des gens qui veulent absolument circuler en
forêt, ou faire de l'éducation, je ne sais pas? Enfin, ce n'est
pas facile.
M. Jolivet: II y a certainement une partie d'éducation,
mais il y a une autre partie aussi qu'il ne faudrait pas oublier. Si vous
visiez d'autres clientèles parce qu'on parle d'une utilisation
polyvalente de la
forêt, j'ai l'impression que vous ave2 autant de problèmes
que nous autres, on peut en avoir comme députés.
La deuxième question, toujours à la page 14, 5.5.2, fait
suite à la demande de mon collègue de Duplessis. Le
député de Duplessis disait à la page 5 de son document cet
après-midi: "L'avant-projet de loi sur les forêts devient
inacceptable au deuxième paragraphe de l'article 37 lorsqu'on y indique
qu'un utilisateur dont les travaux de remise en production dépassent les
objectifs fixés n'aura pas de droit de coupe à payer sur
l'accroissement de la possibilité." Ne croyez-vous pas que le ministre a
répondu à une de vos demandes du mois d'août dernier en
donnant une certaine forme de droit de propriété? N'est-ce pas
dangereux de l'accorder? Vous dites que, s'il a un droit de
propriété, il va avoir plus soin de la forêt.
M. Létourneau: C'est très naturel. La nature
humaine est ainsi faite.
M. Jolivet: II faudrait peut-être mettre cela dans les
projets de contrat de mariage entre l'homme et la femme. N'est-ce pas un droit
de propriété que le ministre propose? (minuit)
M. Lambert: M. le Président, je ne sais si c'est un droit
de propriété ou non, sauf que ce que nous nous recherchons, c'est
que ce qui sera donné à ces gens soit incitatif de façon
è les amener à vouloir dépasser simplement la moyenne et
qu'ils puissent retirer un juste profit des efforts qu'ils ont fait.
M. Jolivet: Ne croyez-vous pas, avec la possibilité que le
ministre aura de faire la révision à tous les cinq ans, dans un
contrat de dix ans, d'après l'ensemble de la proposition qui est faite,
qu'on aurait l'occasion à ce moment de leur permettre d'utiliser ce bois
à des fins d'expansion ou d'accélération de machines ou
à d'autres projets qui pourraient être utiles à l'ensemble
du secteur forestier, plutôt que de leur dire: Par les travaux que vous
avez faits, vous avez amené une meilleure production que ce qu'on
espérait et qu'on prévoyait, mais, en conséquence, sans
être propriétaires, vous avez une utilisation de ces bois et devez
payer des droits de coupe? Ce serait anormal qu'ils ne paient pas de droits de
coupe sur des choses semblables. Ne croyez-vous pas?
M. Létourneau: M. le Président, je dois avouer que
nous ne sommes pas très au fait de ce dont le député vient
de parler quant à la déclaration ministérielle. Si la
déclaration ministérielle effectivement accorde certains droits
aux exploitants lorsqu'ils dépassent les objectifs de simple
pérennité de la forêt, nous sommes d'accord, c'est ce que
nous avons demandé. Changer cette formule pour peut-être que dans
cinq ans vous l'aurez si vous êtes des bons garçons, je pense que
n'importe quel exploitant va préférer l'assurance qui peut lui
être donnée s'il fait une bonne performance de pouvoir en
bénéficier à échéance.
M. Jolivet: On peut différer d'opinion en vous disant
qu'effectivement il y a Un danger de donner à des gens des droits de
propriété sur un terrain public qui doit profiter à
l'ensemble de la collectivité.
Une voix: Sur du bois non pas sur le terrain.
M. Jolivet: Je sais bien que c'est sur le bois, j'ai bien
compris.
M. Lambert: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter que, dans pratiquement tous les domaines économiques, lorsqu'on
veut obtenir de la performance, on essaie de donner - excusez le terme - un
bonbon, un incitatif. C'est ce qui amène les individus à se
surpasser et à se dépasser. Si c'était le sens de la
déclaration ministérielle, je pense que c'est toute la
société qui en profitera par la suite parce que la richesse finit
par se redistribuer.
Le Président (M. Charbonneau): Je signale aux membres de
la commission qu'il nous reste environ 17 minutes du côté de
l'Opposition et 20 minutes du côté ministériel. Si le
député de Laviolette a terminé, je vais maintenant
céder la parole au député de Mont-Royal, ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M Ciaccia: Merci, M. le Président. Je comprends votre
préoccupation sur la question de réglementation. Selon vous, la
déréglementation devrait-elle être considérée
de la même façon lorsqu'il s'agit de régir l'utilisation du
domaine public et des forêts publiques comme dans le présent cas
et lorsqu'il s'agit de régir des activités des citoyens et des
entreprises chez eux?
M. Lambert: Je vais céder la parole à M.
Létourneau.
M. Létourneau: M. le Président, je ne suis pas
certain d'avoir bien compris la question, les citoyens et...
M Ciaccia: Est-ce que vous voulez considérer la
déréglementation de la même façon dans des cas
où on parle de la chose publique ou des biens publics comme les
forêts publiques et quand elle affecte les citoyens particuliers dans
leurs propres entreprises ou dans les entreprises dont ils sont
propriétaires?
M. Létourneau: Oui, je comprends.
M Ciaccia: Autrement dit, est-ce que vous faites une distinction
entre la chose publique et la chose privée pour la
déréglementation?
M. Létourneau: M. le Président, pour nous, la
question de la déréglementation a d'abord un aspect technique au
point de vue législatif. C'est de placer dans la loi le plus possible de
ce qu'on veut dire ou de l'objectif qu'on a et le moins possible dans des
règlements. On sait bien que c'est impossible d'éliminer la
réglementation totalement comme c'est impossible d'éliminer dans
certains cas la discrétion ministérielle, quoique là on
est un peu plus sévère. Donc, je serais porté à
dire oui dans un premier temps vu que nous observons cela sur le plan
technique, en ce sens que la législation doit être la plus claire
possible, contenir le plus possible ce qu'elle veut dire et laisser le moins de
place possible à de la réglementation.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, d'après vous, la
déréglementation dans la chose publique doit être
traitée de la même façon que la
déréglementation dans le secteur privé.
M. Létourneau: Je ne dis pas qu'il ne peut pas y avoir des
nuances, M. le Président. C'est du cas par cas que nous avons fait.
Envisagé sous cet angle-là, nous n'avons pas fait jusqu'ici de
différenciation. Peut-être faudrait-il en faire, mais en principe,
sous l'angle où nous l'abordons, la réponse est: Pas de
différenciation.
M. Ciaccia: Dans votre mémoire, à la page 6, vous
dites à 2.1.2: "La majeure partie de nos forêts étant
propriété de l'État, celui-ci a la responsabilité
d'établir et de faire respecter des conditions d'exploitation, de
protection et de conservation qui assurent le maximum de bien-être
à court et à long terme aux citoyens du Québec." Plus
loin, à la page 9, vous dîtes: "Aussi, reconnaissons-nous
d'emblée le besoin de nouvelles règles d'exploitation et
d'aménagement de nos forêts pour en assurer la
pérennité et ainsi éviter des dépeuplements qui
pourraient grandement affecter notre économie et notre qualité de
vie à tous." Pour arriver à ces objectifs-là, comment
pouvez-vous faire?Cela va-t-il nécessairement prendre des
règlements pour atteindre les objectifs que vous-mêmes
préconisez dans votre mémoire et les déclarations de
principe qui semblent être à la base de votre politique?
M. Létourneau: M. le Président, nous ne disons pas
que l'on peut faire la loi sans aucun règlement. Ce que nous avons
observé, c'est un nombre très inhabituel. Nous lisons à
peu près tous les projets de loi déposés devant
l'Assemblée nationale depuis plusieurs années. Dans ce projet,
nous avons retrouvé, avec une fréquence inhabituelle, le recours
à la réglementation et à la discrétion
ministérielle. Dans certains cas, sans être des experts, on
pensait que l'on pourrait s'en passer et dire dans la loi ce que l'on veut dire
et faire un peu plus confiance, par ailleurs, aux gens avec qui on fait
affaire, et adopter plutôt la méthode de la réglementation
par objectifs lorsqu'il doit y avoir réglementation.
M. Ciaccia: Autrement dit, vous voudriez inclure plus de balises
en ce qui concerne la réglementation.
M. Létoumeau: Et la discrétion
ministérielle.
M. Ciaccia: Sans entrer dans les détails, quelles
règles pourraient être inscrites dans la loi plutôt que
d'être laissées dans la réglementation? Dans le
présent projet de loi d'après votre propre constatation, nous
améliorons de beaucoup en enlevant l'article 4 de l'ancien projet de loi
qui était vraiment un pouvoir de légiférer sans aucune
balise, sans aucune restriction. C'était un pouvoir de
légiférer par règlement ou par discrétion du
ministre. Nous avons enlevé cet article.
Avez-vous une idée des règles qui pourraient être
inscrites dans la loi plutôt que d'être laissées dans la
réglementation? Quels pouvoirs discrétionnaires pourraient
être enlevés? Avez-vous des suggestions particulières
à faire?
M. Létourneau: M. le Président, nous n'avons pas
fait l'analyse de toutes les discrétions ministérielles et de
tous les pouvoirs de réglementation que nous avons
détectés dans la loi. Le délai que nous avons eu pour
préparer ce mémoire était trop court. Nous aurions voulu,
avant de faire cet exercice, avoir un consensus de nos membres sur la question;
ce qui ne nous a pas été permis, compte tenu du délai que
nous avions devant nous.
Nous sommes, cependant, prêts à le faire. La demande de M.
le ministre est bien légitime étant donné la nature de
notre représentation. Nous sommes aussi prêts à
répondre à cette question par écrit lorsque nous aurons eu
le temps d'avoir un consensus avec nos membres sur ces questions. Nous savons
déjà que certains de nos membres nous ont dit telle ou telle
chose, mais c'est une catégorie de nos membres. Il faudra aller voir
chez d'autres catégories si on peut trouver un consensus et, à ce
moment-là, on pourra certainement répondre à la
question
de M. le ministre que nous estimons fort légitime dans le
contexte de ce mémoire.
M. Ciaccia: Merci. Vous avez mentionné qu'il n'y avait pas
de projet de règlement qui accompagnait le projet de loi. Je veux
seulement vous signaler que c'est un avant-projet de loi. Cela va un peu plus
loin qu'un livre blanc, mais c'est un avant-projet de loi et normalement, avec
les avant-projets de loi, les règlements ne sont pas prêts et ne
sont pas habituellement déposés. Mais je crois que, lorsque
viendra le temps de faire le projet de loi et de le déposer, à ce
moment-là, nous serons plus en mesure d'expliciter les
règlements. Mais parlant des règlements et du pouvoir
discrétionnaire, ne croyez-vous pas que la réglementation de la
chose publique permet jusqu'à un certain point de limiter les pouvoirs
discrétionnaires?Un pouvoir discrétionnaire, par sa
définition même, peut être différent pour vous et
différent pour un autre, tandis qu'un règlement s'applique
à tout le monde.
M. Létourneau: M. le Président, nous sommes
d'accord avec M. le ministre: Un règlement est mieux qu'un pouvoir
discrétionnaire et une loi est mieux qu'un règlement. C'est comme
cela qu'on le voit.
M. Ciaccia: Mais une fois que vous l'incluez dans la loi, vous ne
pouvez pas le modifier aussi facilement.
M. Létourneau: Cela n'est pas facile à modifier.
Non. Cela force le législateur à réfléchir beaucoup
plus avant de faire une loi. Évidemment, s'il y a une erreur, on va
vivre plus longtemps avec, mais enfin.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné que le programme doit
tenir compte de la capacité de payer de tous les intervenants, incluant
le gouvernement. Alors, je présume que, dans le secteur privé,
parmi les membres de la chambre de commerce, ceux qui font le plus de profits
devraient être en mesure de payer plus. Ils auront une plus grande
capacité de payer que ceux qui font moins de profits et ceux qui sont
déficitaires n'auront pas la capacité de payer; alors, aussi
longtemps qu'ils sont déficitaires, ils ne paieront pas. Est-ce que la
même règle devrait s'appliquer au gouvernement? C'est vous qui
l'avez suggéré.
M. Létourneau: M. le Président, nous avons bien dit
que les dépenses qui consistent à entretenir et surtout à
améliorer le patrimoine, nous les considérons comme des
dépenses capitales et pour celles-là on est beaucoup moins
sévères, on les regarde avec un oeil beaucoup plus relaxé
que celles qui sont causées par des dépenses courantes. Alors,
nous ne voudrions pas, non plus, laisser entendre que nous proposons une
formule de répartition des coûts basée sur la
rentabilité d'une entreprise. Cela ne serait pas plus équitable.
Nous t'avons déjà dit à l'Opposition: Nous sympathisons
avec le ministre responsable et, quand il faudra faire établir cette
formule, elle ne sera pas facile et nous convenons qu'elle dépasse notre
compétence dans son établissement, mais nous ne voudrions pas
encore une fois qu'elle soit strictement ou uniquement basée sur des
questions de rentabilité ou de profitabilité de certaines
entreprises.
M. Ciaccia: Vous auriez une règle un peu différente
pour le gouvernement en ce qui concerne la capacité de payer. Avez-vous
une formule ou des idées plus concrètes sur la capacité de
payer si ce n'est pas basé sur la rentabilité ou la
profitabilité? Est-ce que vous avez des suggestions pour savoir comment
nous devons évaluer la capacité de payer?(0 h 15)
M. Létourneau: M. le Président, le plus loin que
nous avons pu aller dans le consensus chez nos membres, c'est en fonction de
l'utilisation. Il va falloir pondérer un tas de choses après
cela. Malheureusement, cela dépasse notre compétence. Je pense
que la question peut être posée certainement à des gens qui
sont des professionnels de l'utilisation de la forêt et qui sont dans ce
domaine à longueur d'année. Chez nous, on peut vous dire "au
maximum", basé sur l'utilisation qu'en font les différents
intervenants.
M. Ciaccia: Juste un autre point, parce que je voudrais donner
l'opportunité à mes collègues de poser des questions
aussi. Quand vous avez parlé de faire payer aux
générations futures une bonne partie du financement parce
qu'elles en retireront le profit, est-ce qu'on ne doit pas admettre que le
nouveau régime que nous voulons instaurer, la question du reboisement et
tous les éléments connexes à ce régime, ce sont des
choses qui, dans d'autres provinces, se font depuis plusieurs années,
dans d'autres pays aussi, et que c'est vraiment quelque chose que
nous-mêmes aurions dû faire?Alors, est-ce qu'on va
devoir envoyer la note à nos ancêtres aussi pour ce qui n'a pas
été fait dans le passé, et est-ce qu'on va faire payer les
générations futures pour ce que nous allons faire
aujourd'hui?
M. Létourneau: M. le Président, nous avons bien
dit: Pour autant qu'a partir de la situation que nous connaissons on pourra
enrichir le potentiel, on pourra considérer ces dépenses comme
des dépenses capitales. Maintenant, quand on commence à regarder
cela d'un peu plus près, on s'aperçoit qu'il n'y a pas seulement
la surexploitation qui
peut causer la diminution du patrimoine forestier. Il y a aussi,
certainement, les autres éléments qu'on connaît, comme les
insectes et les incendies. Il y a la dimension protection là-dedans
qu'on peut soulever avec plus ou moins d'intensité.
Pour ce qui est des phénomènes naturels, comment dire:
Bon, c'est une perte de capital, qui est responsable de cette perte de capital?
Est-ce qu'on va en mettre le fardeau sur les exploitants actuels? Cela nous
semble, à ce moment-là, être plutôt une
responsabilité de l'État.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, j'ai quelques questions
à poser. La première question se réfère au
paragraphe 5.6, à la page 15 de votre document, où vous faites
référence à la nouvelle répartition du territoire
qui devrait donner la chance aux entreprises les plus dynamiques. Vous dites
plus loin que ceci forcera, à toutes fins utiles, certaines fermetures
qui vous semblent, d'ailleurs, inévitables. Je crois que, sous le
couvert d'une phrase toute anodine, on a là quelque chose de très
fondamental au niveau de votre perception en tant qu'association de ce que
devrait être l'industrie forestière québécoise. Il
me semble que c'est une affirmation au départ assez facile, qui va de
soi on pourrait même dire, mais qui peut avoir une implication
catastrophique même dans certains milieux où l'industrie
forestière est un peu plus traditionnelle, mais, par contre, dont
l'économie relève entièrement de cette industrie
forestière. Alors, j'aimerais savoir, à partir de cette phrase
que vous avez énoncée succinctement comme cela, quelle est votre
vision de ce que devrait être une entreprise forestière dynamique.
Est-ce que c'est de la grosse entreprise avec d'énormes capitaux ou
est-ce que vous pensez que l'entreprise plus petite, de base artisanale, a des
chances de percer aussi et devrait être conservée?
M. Létourneau: L'entreprise de n'importe quelle
importance. C'est la qualité de la gestion qui compte, qu'elle soit
petite ou grande. C'est la façon dont elle se comporte dans
l'exploitation forestière, son efficacité d'exploitation. Cela
peut être une petite, cela peut être une grande.
Ce qui nous inquiète, ce sont les endroits où on est tout
près et même au point de rupture de stock et il semble bien
évident que ce ne sont pas tous les exploitants qui peuvent survivre.
Alors, ce qui va arriver dans l'avenir, si on ne fait absolument rien, c'est
sûr qu'il y en a qui vont disparaître. Que l'on fasse quelque
chose... Qu'arrivera-t-il de ceux qui vont être obligés de
disparaître tout simplement parce qu'ils vont manquer de matière
ligneuse ou parce qu'elle va être trop loin de leur site d'exploitation
et qu'ils n'auront pas les moyens de se déplacer? Alors, pour
ceux-là, on dit: Écoutez, il va falloir faire quelque chose.
C'est là qu'on parle d'un programme de la SDI qui pourrait les
conseiller dans la manière de réorienter leur action par de
nouvelles utilisations de fibres qui ne sont peut-être pas
complètement exploitées présentement ou qui sont
exploitées de manière différente et qui pourraient
peut-être être exploitées de manière plus rentable.
C'est pourquoi on parle du bois jointe parce qu'il y a des gens dans
l'industrie qui nous ont dit qu'il y avait peut-être un avenir
là-dedans. Cela peut être autre chose. Mais il semble
inévitable, comme... En tout cas, c'est la loi, disons, des affaires et
de la nature et cela se passe comme cela dans bien d'autres secteurs, il y a
rationalisation, il y a concentration, il y a tout à coup percée
d'un petit producteur parce qu'il est particulièrement plus dynamique
qu'un autre. C'est pour cela qu'on parle d'un programme spécial pour
aider ceux qui seront devant une situation où il n'y a rien à
faire, où il n'y a pas assez de matière ligneuse pour leurs
besoins.
M. Lambert: Vous me permettez, M. le Président,
peut-être de rajouter simplement ceci. Lorsque certaines entreprises font
face à des situations comme celle-là, c'est souvent - et cela me
fait penser un peu à la forêt québécoise
présentement - qu'on n'a pas prévu il y a quinze ans, ou vingt
ans, ou vingt-cinq ans de se mettre en position pour aujourd'hui. Dans
l'entreprise elle-même, si les gestionnaires n'ont pas prévu et
n'ont pas géré de façon à se mettre en position
pour faire face à des situations, ils vont se retrouver avec la
fermeture. C'est la vie de l'entreprise.
M. Claveau: D'accord, Je vais passer à une autre question,
M. le Président. Dans la même page, vous faîtes
référence aux capacités de se financer des entreprises et
vous dites: "Nous ne pouvons pas imaginer facilement comment, en particulier,
les petits exploitants et même certains grands pourront maintenir leur
crédit bancaire essentiel", dans le cadre d'une nouvelle redistribution
des allocations de parterre de coupe. Pourriez-vous être plus explicite
là-dessus et nous dire quel est le problème réel
vécu par vos membres par rapport à cela et quelles sont les
propositions concrètes que vous pourriez faire au gouvernement?
M. Lambert: M. le Président, en fonction de l'article 101,
notre compréhension est à l'effet que les garanties - prenons ce
terme - hypothécaires ou les nantissements ou les biens que vous donnez
sous forme d'actes de fiducie n'existeront plus en fonction du prêteur.
Alors, à partir de ce moment-là, le prêteur va retirer son
crédit si ces garanties n'existent plus.
M. Létourneau: Si vous le permettez, M. le
Président, on ne dit pas qu'il n'y aura pas un pont qui sera
établi, mais on ne le voit pas encore. C'est là le malheur de ne
pas pouvoir analyser la loi avec tous les paramètres qui l'entourent. On
ne voit pas très bien le jour J où cela arrête et que tout
est coupé. Est-ce que, le lendemain ou le même jour, l'exploitant
qui avait, disons, un contrat, ou une garantie d'approvisionnement va se
retrouver immédiatement avec une autre garantie d'approvisionnement?
C'est cela qui n'est pas clair dans le projet et, si cela peut être
clarifié et qu'effectivement des garanties d'approvisionnement
équivalentes peuvent être maintenues ou obtenues avant ou au
moment où les autres sont éliminées, évidemment,
tant mieux. Mais, d'après ce qu'on peut voir dans la loi, ce n'est pas
assez clair et il nous semble qu'il va y avoir un hiatus entre ce
jour-là et le moment où l'exploitant pourra avoir l'assurance
qu'il y aura, disons, un contrat ou une garantie d'approvisionnement.
M. Claveau: Ce que j'aimerais savoir, c'est: Est-ce que c'est
là un problème concret qui est soulevé déjà
par vos membres? Est-ce que c'est une situation ou une contrainte dont les
financiers vous ont déjà fait part ou s'agit-il simplement d'une
extrapolation possible?
M. Létourneau: M. le Président, si vous le
permettez, c'est une contrainte dont les financiers nous ont déjà
fait part. Les financiers en ont déjà fait part au ministre le 22
août dernier, nos membres nous en ont déjà fait part.
Certains de nos membres en parlent dans leur mémoire et vous le verrez
lorsqu'il sera déposé devant cette commission.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Une troisième
question. À la page 16, vous parlez du "paiement entier de tous les
droits prescrits." Vous dites que c'est pratiquement acculer les entreprises
à des difficultés financières que de les obliger à
payer tous les droits avant de pouvoir négocier des nouvelles
concessions ou des nouveaux parterres avec le gouvernement. J'aimerais savoir
jusqu'à quel point on peut vraiment considérer cela comme une
contrainte sérieuse d'autant plus qu'historiquement les droits de coupe
devaient être payés avant de commencer à exploiter. On
s'est même retrouvé dans un passé récent devant des
situations difficiles parce que des droits de coupe n'étaient pas
payés et avec des retards impressionnants sur les droits de coupe. Je me
demande jusqu'à quel point on peut considérer cette revendication
comme vraiment essentielle.
M. Lambert: M. le Président, j'aimerais donner comme
exemple les paiements d'impôt qui sont faits par les entreprises et qui
sont étalés sur des périodes mensuelles. C'est dans cet
esprit que l'on fait notre recommandation. Les sommes d'argent qui sont dues
par ces utilisateurs peuvent être des sommes très importantes qui
pourraient grever la liquidité des entreprises. À cette fin, nous
faisons la recommandation ou nous portons à votre attention que ces
paiements pourraient être faits au même titre que les paiements
d'impôt, c'est-à-dire sur une base mensuelle et
étalés sur douze mois.
M. Claveau: II s'agit d'un point de vue.
M. Létourneau: M. le Président, si vous me le
permettez, il y a de ces paiements qui sont étalés
présentement, mais, justement, comme le député l'a
signalé, l'histoire nous a montré que finalement, malgré
une réglementation ou une loi qui était dans son texte assez
sévère, il y a eu des tolérances, on a laissé
porter un peu et on a laissé passer des échéances.
Là, on revient avec une disposition encore très rigide. Il
faudrait peut-être prévoir des nouveaux droits qui vont s'ajouter
compte tenu des programmes qu'on veut faire. On se demande s'il n'y aurait pas
lieu de prévoir un peu plus de souplesse pour ne pas se retrouver dans
des positions où on va devoir transgresser la loi si on veut être
pratique et si on ne veut pas mettre des gens dans la rue du jour au lendemain.
Évidemment, il faut une loi, il faut qu'il y ait un terme à cela.
Là, c'est coupé bien carré, comme on dit. Il y aurait
peut-être lieu de prévoir un étalement sur tous les types
de paiements qui existent et sur les nouveaux qui pourront venir.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Afin de permettre
à mes collègues de continuer la période de questions, je
vais me retirer.
Le Président (M. Charbonneau): II reste cinq minutes du
côté ministériel et cinq minutes du côté de
l'Opposition.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je veux remercier la délégation de la chambre
de commerce de sa sympathie à mon endroit sur la question du partage des
coûts. C'est une préoccupation majeure, c'est évident.
C'est pourquoi nous avons formé un
comité pour examiner cette question. Si la chambre de commerce
veut le joindre pour faire des suggestions cela me fera plaisir.
J'espère que ce comité arrivera à des propositions
équitables pour tous les utilisateurs. Je note que vous rejoignez tous
les utilisateurs en fonction des coûts que cela comporte et en fonction
des responsabilités de chacun. Quand vous parlez de la protection des
forêts, c'est évident que cela coûte assez cher au
Québec car nous avons le meilleur système de protection contre
les incendies, par contre, évidemment, on est obligés de payer la
note globalement. Vous parlez d'un consensus auprès de vos membres sur
les règlements. J'espère bien que vous serez capables de trouver
un consensus aussi auprès de vos membres sur le partage des coûts.
(0 h 30)
Je vous dirai, pour vous rassurer, messieurs de la chambre de commerce,
que 90 % des règlements dont il est fait état dans l'avant-projet
de loi existent déjà. Je pense bien qu'en tenant compte de
l'article 4 de l'ancienne loi que nous avons fait sauter et des autres points
qui étaient discrétionnaires, tels que le calcul des droits de
coupe, les prescriptions liées aux permis, les directives concernant
l'aménagement, les permis annuels, la réduction des droits de
coupe, la remise ou l'allocation compensatoire en fonction de la destination
des bois, etc., ce sont des améliorations que nous apportons dans le
présent avant-projet de loi.
À la page 17 de votre mémoire, où vous dites que
toute personne faisant le commerce du bois devrait être capable de
déclarer sous serment au ministre la provenance des bois, je vous dirai
que c'est une disposition qui existait à l'époque où
j'étais chef de district à Amos et qui ne causait pas de
problèmes aux exploitants forestiers. J'aimerais que vous
précisiez davantage vos inquiétudes à ce sujet.
M. Lambert: M. le Président, la première personne
qui pourrait peut-être se trouver dans une situation ennuyeuse pourrait
être votre propre vis-à-vis. Si quelqu'un vient chez vous pour
vous demander d'où vient le bois, évidemment, vous savez que vous
l'avez acheté chez un manufacturier, mais c'est tout ce que vous en
savez. Il y a des personnes qui ne sont sûrement pas en mesure en tant
qu'individus de pouvoir savoir la provenance de leur bois. D'autre part, je
pense bien qu'il y a moyen d'avoir un certain suivi au chapitre de la
production des bois, mais on ne voit pas la facilité avec laquelle cette
chose-là peut être appliquée. C'est dans cet esprit, en
tout cas, que je l'avais personnellement saisi lorsque j'ai lu cet
énoncé.
M. Létournau: Nous avons eu aussi un autre réflexe,
M. le ministre. C'est que nous représentons plusieurs
commerçants, cela va de soi à la chambre de commerce. Souvent,
ces gens se plaignent chez nous que plusieurs inspecteurs vont chez eux.
Là, on en voyait poindre une autre sorte. Quand on parle de toute
personne qui fait le commerce du bois, cela va loin aujourd'hui dans ce genre
de commerce qui existe ou de la façon dont ce commerce existe et se
développe chez nous. Avec un autre genre d'inspecteurs qui arrivent, on
se dit: Diable! Là, on est revenu et on s'est demandé pourquoi
cela? Cela doit être probablement parce qu'il y a quelqu'un quelque part
qui fait des affaires douteuses, pour ne pas dire plus. Si c'est un cas de
fraude ou de vol, on se dit que c'est un cas pour la police. Qu'on utilise les
services policiers dont on dispose, mais qu'on n'instaure pas une autre police
à l'intérieur du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Qu'on remette plutôt ce dossier au ministère de la
Justice, il fera enquête et il le trouvera. Enfin, c'est son mandat.
C'est un peu ce qui nous a motivés quand on a lu cet article dans
l'avant-projet de loi.
M. Lambert: M. le Président, je m'excuse parce que je
pense que ma réponse de tout à l'heure manquait peut-être
un peu de clarté. Je voudrais simplement mentionner ceci: Comment
voulez-vous qu'un simple consommateur puisse être en mesure de
vérifier si les droits ont été payés sur un achat
qu'il a fait? Il n'a aucune possibilité de le faire. C'est la même
chose quant au commerçant qui, lui, a acheté son bois d'un autre
fournisseur. Il n'a aucun moyen de savoir cela, non plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En somme, vous
suggérez un peu plus de précision sur cet article de façon
que cela concerne plus précisément les exploitants forestiers. Je
voudrais vous dire que nous avons donné instruction à nos avocats
de faire en sorte qu'il n'y ait pas de vide juridique entre l'abolition des
contrats actuels des concessions et le nouveau contrat d'aménagement et
d'approvisionnement qui leur sera offert. C'est pour vous rassurer.
J'aimerais aussi souligner la performance des entreprises dont vous
parliez tout à l'heure. Cela ne se mesure pas à l'ampleur de
l'entreprise; cela se mesure à l'efficacité. Vous portez,
à la page 18, un verdict assez sévère sur les MRC et
j'aimerais que vous précisiez, parce qu'en trois ou quatre lignes vous
faites fi des MRC qui ont eu la responsabilité, avec la loi 125,
d'élaborer un schéma d'aménagement et d'urbanisme.
M. Létourneau: M. le Président, on n'a jamais fait
une cachette de notre
désapprobation face à la création de cette nouvelle
couche de gouvernement. Alors, disons que nous sommes fidèles à
nous-mêmes quand on parle des MRC. Ils se cherchent des "jobs" et des
moyens de taxer par-dessus les autres. On sait que cela n'est pas très
populaire dans les municipalités et pour nous, le meilleur gouvernement,
celui qui est le plus près du peuple, c'est le gouvernement municipal.
Les MRC essaient de leur arracher toutes sortes de choses. C'est une partie de
la réponse.
Pour ce qui est du projet de loi ici, quand il s'agit des forêts
publiques, on pense que c'est tellement complexe, seulement l'application du
programme que vous avez, que si en plus des complexités
qu'éprouve le ministère seul à le gérer, il faut
qu'on ajoute les MRC dans le portrait, vous n'êtes pas sortis du bois,
c'est le cas de le dire.
Donc, cela répond peut-être de manière un peu
symbolique, mais c'est comme cela que l'on pense.
Le Président (M. Charbonneau): Comme il n'y a pas de
réplique de l'Union des municipalités régionales de
comté, je laisse au député de Bertrand le soin d'utiliser
les cinq minutes de l'Opposition.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Étant
donné l'heure, je ne m'avancerai pas sur le sujet des MRC. J'aimerais
essentiellement dire que la chambre de commerce présentait un
mémoire très bien structuré et faire certains commentaires
d'ordre général et quelques-uns plus spécifiques dans les
quelques minutes qui restent.
D'abord, vous mentionnez que vous voulez voir la réglementation
réduite à l'essentiel, ce avec quoi je suis profondément
d'accord. Vous faites aussi la démonstration, en pages 10 et 11,
qu'essentiellement il y a 48 mentions de pouvoir de réglementation plus
une cinquantaine, plus exactement 58 mentions de pouvoir discrétionnaire
du ministre. Vous venez appuyer les déclarations du député
de Duplessis ce matin et le gouvernement, sans en faire un plat, se rend aussi,
dans la pratique, à l'évidence que cela n'est pas si simple que
cela. D'un côté, tout le monde veut déréglementer.
À la suite de longues discussions que nous-avons eues dans le
passé avec la chambre de commerce, M. Létourneau, je suis
d'accord avec vous qu'il faut bien déréglementer, sauf que dans
la pratique on s'aperçoit, avec le cas particulier de l'avant-projet qui
nous est déposé, qu'il y a tout un travail à faire. Le
ministre en a pris bonne note depuis cet après-midi dans les
différentes interventions. Je suis d'accord avec vous qu'il y en a
effectivement trop, mais comment va-t-on pouvoir traduire tout cela? Je
souhaite bonne chance au ministre, parce qu'il a une bonne commande de ce
côté-là.
Du côté de l'article 1.4 à la page 5, vous
mentionnez que vous proposez l'efficacité dans la législation par
la simplicité et la confiance. Je vous dis, messieurs de la chambre de
commerce, que c'est un voeu pieux. Je veux bien la simplicité et la
confiance, mais on s'est rendu compte à l'exercice que laisser les
choses se gérer sous la forme de la confiance, on peut avoir de
drôles de surprises et j'ai des cas très précis à
l'esprit à ce sujet. C'est un aspect d'un voeu pieux.
Aux pages 13 et 15, qui sont les deux derniers commentaires... À
ta page 13, c'est sur la question de l'investissement; j'y reviendrai
tantôt, ce sont les dépenses sous forme d'investissement. D'abord,
à la page 15, vous mentionnez à l'article 5.6 - vous l'avez
mentionné tantôt en réponse à un de mes
collègues - toute la question de laisser la place aux entreprises les
plus dynamiques. Il va y avoir forcément des fermetures et vous
suggérez dans votre mémoire que soit mis sur pied un programme
spécial à la SDI dans le but de constituer ou d'aider ces
entreprises à se réorienter vers des productions. Alors, je vous
dis: Oui, j'endosse totalement cet élément, sauf qu'on est dans
un processus, au gouvernement, que je déplore, par lequel beaucoup plus
de programmes sont â être abolis actuellement à la SDI. Je
le souligne parce que je pense que le ministre aura aussi un bon travail
à faire de ce côté-là pour essayer d'amener cela.
Mais je pense que c'est important d'être capable de réorienter
dans des secteurs particuliers, parce que c'est cela finalement. On est en
train de progresser et on a un bel exemple où il va falloir être
capable de transgresser et d'amener des entreprises à se
réorienter vers le développement de nouveaux produits ou
sous-produits.
Voici le dernier point, M. Je Président, en terminant. J'aimerais
avoir les commentaires de la chambre de commerce là-dessus aussi.
Essentiellement, c'est l'approche que défendait tantôt M.
Létourneau sur ce qu'il a appelé, a la page 13, ces
dépenses qu'ils sont prêts à accepter comme étant
des investissements et qui viendraient affecter même les déficits
du gouvernement. Ma première question est fondamentale. Je trouve fort
intéressante votre approche que, en termes généraux,
j'approuve car je pense qu'il faut faire une différence entre ce que
vous avez appelé les dépenses d'épicerie et les
dépenses qui s'en vont vraiment dans la colonne d'investissement. Je
pense que ce cas-là s'applique dans la question des forêts
actuellement parce qu'il y a tout un travail d'investissement à faire
pour les prochaines années et les générations futures,
mais je pense qu'il s'applique au-delà de cela dans plusieurs autres
domaines où il va falloir investir au
Québec, nonobstant si cela vient affecter la colonne de chiffres
ou le bilan à la fin de l'année, parce que ce n'est pas tout de
montrer un déficit moindre, ce n'est pas tout de réduire les
chiffres en apparence, mais je pense que ce qui est important, c'est de
préparer les vingt ou les trente prochaines années. Ce que vous
avez abordé est très discret, mais vous l'avez expliqué de
façon très claire. Je pense que vous êtes prêts, vous
êtes ouverts à regarder cela dans ce sens-là et c'est un
message fort important au gouvernement. Je veux être bien sûr que
j'ai bien compris.
M. Létourneau: M. le Président, M. le
député de Bertrand, si je ne me trompe pas, qualifie notre
recommandation sur la simplicité et la confiance de voeux pieux. Disons
que, ailleurs dans le mémoire, pour expliciter notre formule de
simplicité et de confiance, nous avons parlé de
réglementation par objectifs lorsqu'il doit y avoir
réglementation. Je ferai remarquer que le précédent
gouvernement a oeuvré dans ce sens-là dans le domaine de la loi
de la langue lorsqu'il a dit: Voici les objectifs. Nous laissons les personnes
responsables établir leurs programmes, comment elles vont y arriver,
dans combien de temps, déterminer quel est l'état de la situation
d'abord et quels progrès il y a à faire pour se conformer
à la loi, etc. On a repris cette formule dans le domaine de
l'environnement également. Alors, c'est un peu ce qu'on veut dire quand
on parle de simplicité et de confiance, c'est-à-dire d'avoir
recours, lorsqu'on est forcé d'avoir de la réglementation - on
n'a jamais dit qu'on pouvait l'éviter complètement - à la
réglementation par objectifs plutôt que la réglementation
par normes, comme semble vouloir le faire le ministère dans le
présent avant-projet de loi. Donc, c'est cela qu'on veut dire quand on
parle de simplicité et confiance; c'est d'avoir recours plutôt
à la réglementation par objectifs lorsqu'on doit y avoir recours
et laisser se développer l'initiative et l'imagination des intervenants
pour arriver de la manière la plus efficace à l'objectif que le
gouvernement leur fixe. (0 h 45)
Deuxièmement, parlant du programme de la SDI, nous sommes
d'accord qu'il y ait des abolitions de programmes à la SDI et il y a
plusieurs abolitions avec lesquelles nous sommes d'accord, mais il semble que
le gouvernement ait indiqué que la nouvelle orientation de la SDI serait
d'aller du côté de la consultation, de l'aide à
l'entreprise qui a besoin d'être orientée - surtout la PME qui n'a
pas toutes les ressources voulues -pour l'aider à se réorienter.
C'est dans ce sens que nous proposons le programme de la SDI beaucoup plus...
Nous ne parlons pas d'un programme de subventions, nous parlons surtout d'un
programme d'aide à la reconversion par les conseils qui peuvent leur
être fournis via la SDI.
Enfin, le député de Bertrand nous a très bien
compris pour ce qui est de la question des dépenses d'investissements et
des dépenses courantes. Nous avons fait, d'ailleurs, M. le
Président, cette distinction dans nos propos
précédents.
Le Président (M. Charbonneau): Ca va?Ce qui,
avec cette réponse, termine vos interventions. Je permettrai à la
fois au député de Duplessis et au ministre de remercier nos
invités. Par la suite, je pense qu'on aura fait une bonne journée
de travail. Alors, M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, bien sûr, j'aurais
encore certaines questions à poser non seulement aux
représentants de la Chambre de commerce du Québec mais aussi au
ministre délégué aux Forêts ainsi qu'au ministre de
l'Énergie et des Ressources, mais je pense que je vais m'abstenir ce
soir pour ce qui est des deux ministres concernés et je poserai mes
questions demain au cours de la journée. J'inviterais la chambre de
commerce à écouter les questions que je vais poser se rapportant
à certaines affirmations qui ont été faites par le
ministre délégué aux Forêts ainsi que par le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Je termine en vous remerciant énormément pour la
présentation de votre mémoire. Je ne peux pas dire que
l'Opposition est d'accord avec l'ensemble de votre mémoire, mais par
contre sur plusieurs points nous sommes parfaitement d'accord. Lorsque arrivera
le projet de loi final, vous pouvez être assurés que l'Opposition
va faire son travail. Pour ce qui est des recommandations qui ont
été faites par les organismes, recommandations auxquelles nous
croyons et que nous pouvons défendre, nous ferons ici en commission
parlementaire, à l'étude article par article ou ailleurs, le
maximum pour que nous ayons un projet de loi potable pour l'ensemble de la
collectivité du Québec, l'ensemble des entreprises et, bien
sûr, pour le bien-être de notre forêt
québécoise.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je note chez vous, représentants de la Chambre de
commerce du Québec, des inquiétudes. Cela se comprend,
étant donné que c'est un changement de cap majeur dans un domaine
qui a beaucoup d'influence et beaucoup de présence au Québec. Par
contre, tout dernièrement, j'ai pris connaissance - et vous en avez
peut-être pris connaissance également - d'un contrat qui a
été passé entre deux entreprises privées
concernant
l'aménagement d'un territoire. Ce contrat qui est
enregistré - c'est public - reflète à peu près les
interventions que le gouvernement propose dans son avant-projet de loi, si cela
peut vous rassurer.
Je vous remercie infiniment pour votre mémoire qui touche
plusieurs points. Soyez assurés, surtout en ce qui concerne le vide
juridique qui vous inquiétait, le transfert d'une garantie è une
autre, que nous tiendrons compte de vos recommandations et que le projet de loi
que je déposerai cet automne, je l'espère bien, répondra
adéquatement et équitablement à tous les
Québécois, à toute l'industrie et à tous les
utilisateurs de la forêt qui doivent également participer à
cette intervention majeure au Québec. Je vous remercie bien.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, messieurs de la
chambre de commerce, merci beaucoup. Je ne sais pas si vous allez retourner
à Montréal, en tout cas, bon retour ce soir ou demain.
Pour...
M. Lambert: M. le Président, me permettez-vous simplement
d'ajouter un mot, s'il vous plaît, pour d'abord vous remercier de nous
avoir entendus et offrir au gouvernement notre appui. Le consensus de nos
propres membres participe à la suggestion que vous avez faîte tout
à l'heure à propos de votre comité, M. le ministre. Alors,
nous vous remercions infiniment, messieurs.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous remercie. Quant
à vous, les membres de la commission, je vous rappelle que demain nous
allons reprendre nos travaux à 10 heures dans la salle
Louis-Joseph-Papineau. Nous entendrons d'abord demain matin la
Fédération des producteurs de bois du Québec et par la
suite...
Une voix: C'est à quelle heure?
Le Président (M. Charbonneau): En fait c'est de 10 heures
à 12 h 30. Par la suite, dans l'après-midi, nous entendrons
d'abord le Regroupement pour un Québec vert, l'Université du
Québec par la suite et l'Union québécoise pour la
conservation de la nature. En soirée, nous aurons deux invités,
la Fédération québécoise de la faune et le Centre
de recherche en foresterie de Sainte-Foy. Sur ce...
M. Perron: M. le Président, c'est une entente qui est
intervenue entre les ministériels et l'Opposition.
Motion portant sur l'organisation des travaux
M. Théorêt: M. le Président, avant de lever
la séance et afin de répondre à la demande du
député de Duplessis concernant les horaires, lorsqu'il nous a
demandé cet après-midi de bien vouloir vous entendre sur les
horaires des prochains intervenants pour les cinq prochains jours, j'aimerais
déposer la motion suivante: Considérant l'article 144 du
règlement qui exige un consentement unanime pour modifier l'horaire des
travaux d'une commission pour siéger au-delà de l'heure
prévue pour son ajournement; considérant que le président
de la commission a confirmé la décision prise en séance de
travail le 12 septembre 1986, en ce sens que l'ordonnance de la
présentation des mémoires est conforme aux dispositions de
l'article 171 des règlements, je fais motion pour que les travaux de la
commission se déroulent selon l'horaire prévu - tel qu'entendu
pour demain, MM. les députés, lors de la séance du 12
septembre 1986 - tout en tenant compte de la limite de 22 heures prévue
par le règlement à l'article 20 et que, te cas
échéant, un organisme dont l'audition n'aurait pas
été complétée à 22 heures et, cela à
l'intérieur du temps qui lui a été imparti, serait
appelé à poursuivre à la séance qui suit celle au
cours de laquelle il a été entendu, à moins d'un
consentement unanime des membres de la commission pour permettre à cet
organisme de terminer le soir même. Cela réglerait
évidemment tel que demandé par les députés....
Le Président (M. Charbonneau): Si j'ai bien compris la
motion et je ne suis pas certain s'il y a lieu d'abord de la recevoir et aussi
si elle ne serait pas d'une certaine façon superflue... Dans la mesure
où on applique le règlement c'est évident qu'on fonctionne
dans le cadre de l'horaire qui est prévu. Si on n'a pas terminé
l'audition d'un organisme, par exemple, à 22 heures et qu'il n'y a pas
de consentement, inévitablement cela amène nos invités
à devoir revenir le lendemain s'ils sont disponibles. Autrement on passe
à l'organisme suivant qui est prévu à l'horaire de nos
travaux. Je ne crois pas qu'à ce moment de nos travaux je doive accepter
cette motion. D'autant plus que je pense que l'objectif que vous visez, si on
applique le règlement, va être atteint complètement.
Si on s'entend bien, l'important, c'est que tout le monde ait compris
l'interprétation qu'on doit donner au règlement. Il y a un
horaire qui est prévu et, à l'intérieur de cet horaire on
peut, en vertu de l'article 171, organiser les travaux pour déroger
à cet horaire; et pour aller au-delà des heures prévues
par le règlement, il faut le consentement unanime. Aujourd'hui nous
avons eu ce consentement unanime. Demain, si tout va bien, nous n'aurions pas
besoin du consentement unanime puisqu'on pourrait
s'organiser dans l'horaire prévu. Si c'était
nécessaire à 22 heures et qu'il y avait lieu d'avoir un certain
temps additionnel pour compléter l'audition d'un organisme, on le verra
à ce moment. Pour les autres journées, ce que je vous invite
à faire, M. le député de Vimont, c'est de faire un peu ce
qui a été fait tantôt par le ministre et le
député de Duplessis, qui est de voir dans la mesure du possible
s'il y a lieu d'organiser les travaux, c'est-à-dire les invités
en fonction de l'horaire qu'on a. Jusqu'à maintenant, disons qu'on peut
penser que pour la plupart des journées on n'aurait pas de
problème, mais s'il y a des problèmes qui surgissent, il faudrait
les voir un peu à la pièce.
M. Théoret: M. le Président, à moins que
vous jugiez irrecevable la motion, je vous fais part qu'effectivement si cette
motion a été présentée c'est qu'il y a
effectivement la semaine prochaine un organisme qui est convoqué
après 22 heures... À moins qu'on adopte cette motion ou qu'on
s'entende - c'était l'idée exprimée par le
député de Duplessis et je la respecte - dès aujourd'hui
sur les horaires des travaux de la commission pour les cinq jours qui restent
à siéger, je demanderai le vote sur cette motion à moins
que vous la jugiez irrecevable.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, juste une question pour
clarifier. Je voudrais vous souligner que l'entente qui est intervenue entre
les ministériels et l'Opposition cela ne concerne que l'horaire de
demain. Demain avant-midi, pendant quelque temps, on pourra regarder ensemble,
les membres de l'Opposition et du gouvernement ou un représentant du
côté des ministériels, pour voir de quelle façon on
pourrait s'aligner pour la journée de mercredi et ainsi que pour la
semaine prochaine si nécessaire. Peut-être que vous pourriez
mettre sur la glace la proposition que vous faites là et on discutera
demain.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, il faut
qu'on se comprenne bien, il est minuit et 55. La décision que j'ai
rendue aujourd'hui, et je crois que les membres de la commission ont bien
compris l'interprétation que j'ai donnée du règlement,
nous avons organisé des travaux en fonction de l'horaire. Dans un
certain nombre de cas, il peut se présenter des problèmes qui
requerront à ce moment le consentement unanime. Je crois qu'à ce
moment-ci on ne peut pas présumer, dans une motion, du consentement qui
serait donné alors.
M. Théorêt: Mon inquiétude, M. le
Président, c'est de ne pas avertir cet organisme la veille qu'il est
convoqué pour 22 h 30.
Le Président (M. Charbonneau): C'est pour cela que je vous
indique que, à ce moment-ci, compte tenu de l'expérience qu'on a
eue aujourd'hui, j'ai l'impression que vous seriez mieux de laisser filer un
peu et de voir, dans la mesure du possible, s'il n'y a pas lieu d'avoir une
entente qui ferait que, par exemple, la veille ou l'avant-veille on pourra
avoir une garantie qu'on n'aura pas de problème pour entendre
l'organisme après 22 heures. Je pense qu'à l'heure où on
est rendu ce soir on risque d'ouvrir une canne de vers qui peut nous mener
assez tard. Cela va!
M. Théorêt: D'accord, M. le Président, Je me
rends à vos arguments.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Vimont et vice-président de la commission. Sur
ce, les travaux sont ajournés à demain 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 57)