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(Dix-sept heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail se réunit
aujourd'hui pour étudier le projet de loi 105, Loi sur l'application de
certaines dispositions fiscales à une société en
commandite exploitant des mines d'amiante.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements? Est-ce que
vous voulez en prendre note, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau) remplace M. Gobé
(Lafontaine) et M, Paradis (Matapédia) remplace M. Hétu
(Labelle).
Le Président (M. Théorêt): Merci. Je
déclare la séance de la commission ouverte. Je vais demander
à ceux qui veulent intervenir en remarques préliminaires de le
faire. Je demanderai tout d'abord au ministre de l'Énergie et des
Ressources s'il a des remarques préliminaires à adresser.
M. Ciaccia: Aucune remarque.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que le
ministre délégué aux Mines a des remarques
préliminaires à adresser?
M. Savoie: Aucune.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, avez-vous des remarques préliminaires
à faire?
Remarques préliminaires M. Christian
Claveau
M. Claveau: J'ai des remarques préliminaires dans le sens
où - merci, M. le Président, de m'avoir donné la parole -
il reste que vous comprendrez qu'on est quand même, en tant que formation
politique, relativement surpris de la rapidité avec laquelle se sont
déroulés les événements depuis une couple de jours.
C'est ce qui nous amène d'ailleurs à devoir faire face à
une nouvelle loi qui se présente comme cela, en catastrophe, à la
toute dernière minute, avant de partir en vacances, comme le faisaient
si bien remarquer mes collègues tout à l'heure.
Avant de procéder à l'étude, nous tenons quand
même à avoir en tant que formation politique, un minimum
d'informations et de références concernant toutes les incitations
qui ont amené le ministre â demander notre consentement pour une
acceptation si rapide de ce projet de loi. C'est dans ce sens que j'ai
demandé la tenue de cette commission parlementaire, au cours de laquelle
on ne s'attardera probablement pas à l'étude
détaillée, article par article, mais on va plutôt tenter de
voir les grandes lignes et les implications sociales et économiques d'un
tel projet de loi. Comme je le disais tout à l'heure en Chambre, il n'en
reste pas moins que ce projet de loi introduit une nouvelle notion dans la
fiscalité ayant trait aux sociétés en commandite. On
aimerait bien avoir des éclaircissements de la part du ministre sur les
modalités et les différentes facettes qui peuvent justifier ce
projet de loi tel qu'on le présente.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, avant de céder la parole au ministre, si
j'ai bien compris, si vous obtenez une réponse satisfaisante à
vos questions et à vos inquiétudes de la part des ministres
concernés, vous vous engagez à ce qu'on adopte les articles de la
loi dans les secondes qui suivront. Est-ce cela?
M. Claveau: À vrai dire, on ne prendra quand même
pas le projet de loi d'une façon globale ou disons à la
légère. On va prendre le cheminement normal en regardant point
par point, article par article, section par section, mais sans embarquer dans
tout le dédale qu'on peut connaître en commission parlementaire
généralement. Il reste que c'est un projet de loi de trente
articles. C'est quelque chose d'assez important. On ne peut pas dire que...
Le Président (M. Théorêt): Étant
donné l'entente qui avait eu lieu, c'est pour cela que je voulais vous
faire confirmer, M. le député d'Ungava, la manière dont
nous procéderions.
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Peut-être, pourrais-je donner quelques
explications au député d'Ungava. Je faisais partie de la
commission parlementaire quand les négociations, quand
l'expropriation de General Dynamics a eu lieu et quand le gouvernement a
décidé d'acheter pour fonder la Société nationale
de l'amiante. Je ne veux pas relever les vieux débats, mais je veux
justement situer le débat aujourd'hui.
La raison pour laquelle nous sommes obligés de procéder de
cette façon, c'est qu'il y a des pertes énormes dans la
Société nationale de l'amiante, il y a des pertes énormes
dans toute l'industrie. Non seulement, devons-nous faire des démarches
pour maintenir l'industrie - comme vous le savez, mon collègue, le
ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones est
allé à Genève, est allé aux États-Unis pour
faire les sollicitations nécessaires - mais, dans ce cas-ci, nous sommes
pris comme actionnaire de la Société nationale de l'amiante.
Nous avons des pertes considérables. Éventuellement, les
pertes vont se chiffrer à plus de 500 000 000 $. Alors, aujourd'hui,
nous sommes obligés de prendre les mesures nécessaires pour faire
deux choses: premièrement, maintenir autant que possible les emplois
dans le domaine de l'amiante; deuxièmement, non seulement essayer de
réduire mais arrêter les pertes que nous subissons par la
Société nationale de l'amiante et la Société
Bell.
Nous avons réussi à convaincre deux autres
associés: Camchib Resources et LAQ, la compagnie LAQ, pour rationaliser
les opérations de l'amiante dans ce secteur, dans cette ville. Au lieu
d'entrer en compétition -on coupe les prix de 40 %, de 50 % - on va
travailler ensemble, on va rationaliser l'industrie. LAQ va être
l'opérateur. Nous allons prendre les gisements qui sont les ptus
économiques et ceux-ci seront exploités. Au lieu de couper les
prix entre LAQ, Camchib et Bell Asbestos, le marketing sera fait par une
compagnie. On va maintenir les prix du mieux qu'on peut et on ne se
compéti-tionnera pas entre nous.
On aurait pu faire cela par une société, par corporation.
Si on l'avait fait par une corporation, on ne serait pas obligé de venir
aujourd'hui vous demander, par une loi spéciale, de faire certains
changements au Code civil, des exceptions au Code civil, des exceptions
à la Loi sur les impôts. On n'a pas pu procéder par
corporation, parce qu'il y a trop de poursuites, dans le secteur de l'amiante,
par les "amiantosés", ceux qui ont souffert de l'amiantose. La nouvelle
corporation aurait été obligée d'assumer toutes les
poursuites possibles dans l'avenir, celles du passé et celles de
l'avenir. Alors, les compagnies LAQ et Camchib Resources n'ont pas voulu
s'embarquer - et nous non plus - dans une société, une
corporation, où elles auraient détenu tous les actifs et auraient
fonctionné comme une corporation.
Le seul moyen juridique de le faire, c'était par une
société en commandite où chacun maintient la
propriété de ses gisements, maintient la propriété
de ses actifs, et où il y a un exploiteur, la compagnie LAQ. Le
marketing et toute l'entreprise seront dirigés par eux. Il y a
différentes mesures dans le projet de loi. Mais pour avoir la
société en commandite, les deux autres associés ont dit:
On veut les mêmes avantages que si on était une corporation.
Pourquoi être pénalisés? Alors, le seul but du projet de
loi aujourd'hui, ce n'est pas de conférer des avantages auxquels ils
n'auraient pas droit, ce n'est pas de faire des changements et des concessions
qu'on ne serait pas appelé à faire, c'est seulement pour
prévoir la même situation juridique, les mêmes avantages
pour les commanditaires que s'ils avaient formé une corporation.
L'autre problème que nous avons, c'est que si Camchib Resources
est en difficulté financière, normalement ce qui arriverait,
d'après le Code civil, c'est que la société en commandite
serait dissoute et qu'il faudrait recommencer. Tous les actifs qu'on aurait
transférés... On serait pénalisé. Alors ce qu'on
veut faire, c'est se protéger contre cette situation qu'advenant le cas
où il y aurait une difficulté financière chez un des
commanditaires, la société en commandite pourrait continuer.
On arrive è la dernière minute parce qu'on a finalement
réussi à convaincre nos deux autres associés de signer
l'entente. On perd un montant de plus de 1 500 000 $ par mois, en plus de
toutes les autres pertes. On va arrêter ces pertes parce qu'on aura
rentabilisé pour le moment l'exploitation de ces mines avec la
société en commandite. Mais, on n'a pu réussir à
faire signer nos partenaires qu'à la condition qu'on adopte ce projet de
loi pour donner les mêmes avantages fiscaux et les mêmes avantages
de la Loi sur les mines, et pour prévoir que, s'il y a des
difficultés, la société en commandite va demeurer, ne sera
pas dissoute et qu'on ne pourra pas avoir une saisie des biens des
commanditaires parce qu'il y aurait des dettes d'une des compagnies, des
commanditaires.
C'est pour ces raisons que nous avons présenté le projet
de loi aujourd'hui et pour ces raisons que nous en avons absolument besoin.
C'est pour, finalement, s'assurer qu'on protège au moins 1500 emplois
dans la région. Si on ne peut pas faire cela, ce sont les 1500 emplois
qui peuvent éclater, qui peuvent disparaître. Alors, on veut les
protéger en tenant compte de la situation mondiale de l'amiante, en
tenant compte de la situation financière des associés et en
tenant compte de la situation juridique dans laquelle ils se trouvent
maintenant pouf fonctionner.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de l'Ungava.
Discussion générale
M. Claveau: Merci, M. le Président. À la suite des
explications que le ministre vient de nous donner, peut-il nous confirmer s'il
s'agit là du même projet qui avait déjà
été mis sur les planches, disons, mis en chantier, dans le temps
où M. Rodrigue était ministre de l'Énergie et des
Ressources sous le gouvernement du Parti québécois?
M. Ciaccia: Oui. Nous ne faisons que continuer l'opération
de rationalisation qui était commencée. C'est exactement le
même projet, mais on a eu des difficultés avec le gouvernement
fédéral parce que lui aussi nous a causé des
problèmes sur la question des impôts et de la fiscalité.
Alors, il a fallu faire toutes ces négociations. On a eu des
problèmes avec les associés sur l'aspect juridique mais,
sensiblement, il n'y a pas de changement à ce projet.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de l'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Vous nous dites qu'il
y avait eu des problèmes antérieurement justement avec les
compagnies pour les amener... Je suppose qu'entre autres LAQ n'était
peut-être pas nécessairement intéressée au
départ, étant donné que c'est une compagnie rentable. Avec
le fédéral aussi, en ce qui concerne la question des droits
d'imposition... (17 h 30)
Le fait d'arriver comme cela, finalement à la dernière
minute, et de dire: On a réussi à mettre nos intervenants
ensemble, à les faire s'entendre une fois pour toutes sur une convention
entre eux, à la suite de cela, la position du gouvernement
représente un changement de cap par rapport aux négociations
antérieures? Est-ce que ce que vous nous présentez là
comme projet de loi, ces modifications fiscales, étaient
prévisibles? Avaient-elles déjà été
demandées par la compagnie antérieurement? Avaient-elles aussi
déjà été négociées ou quelque chose
s'est-il présenté à la toute dernière minute?
M. Ciaccia: Non, c'était déjà
négocié; ils l'avaient demandé. Un des problèmes
qu'on a eus, c'est que, à ce moment-là, je ne crois pas que
toutes les parties connaissaient les problèmes juridiques qui pouvaient
découler d'une société en commandite. Ils se sont tous mis
d'accord en disant: Oui, on va rationaliser les opérations; on va se
mettre ensemble et on va exploiter comme si c'était une seule
société. C'est là que les problèmes juridiques ont
commencé. Les avocats ont examiné les différentes
alternatives et les conséquences et ils se sont aperçus qu'il y
avait des problèmes et qu'il fallait que ce soit une
société en commandite. Quand ils ont examiné les
conséquences fiscales d'une telle société et la
façon de procéder juridiquement, ils ont vu qu'ils perdaient
certains avantages ce qui aurait pu rendre la compagnie encore moins
rentable.
C'est de cela qu'on veut s'assurer. On ne veut pas pénaliser la
société en commandite, car c'est le seul moyen de
procéder. On ne veut pas lui dire: Vous n'avez pas de choix, puisqu'on
ne veut pas la pénaliser. Alors, ce n'est pas un revirement. Il nous a
fallu du temps pour négocier avec le gouvernement fédéral
et nous avons finalement obtenu le consentement de toutes les parties pour
signer cette entente sur la base des négociations antérieures.
Cela faisait même plusieurs mois, avant le 2 décembre, que cela
avait commencé.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Mon collègue d'Ungava a encore des choses
à faire.
Le Président (M. Théorêt): Ah! Excusez-moi,
je pensais que vous m'aviez fait signe.
M. Gauthier: Je voulais juste que vous preniez note de mon
nom.
Le Président (M. Théorêt): D'accord. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Quand vous nous parlez
de la démarche qui a été suivie, est-ce que vous pourriez
nous situer dans le temps? À quel moment, les avocats des quatre
compagnies en sont-ils arrivés à la conclusion que cela devait se
faire par une société en commandite pour échapper aux
différentes poursuites, entre autres? Pourriez-vous nous dire aussi
quand les demandes ou les négociations ont effectivement commencé
avec le gouvernement pour en arriver à des avantages spécifiques
relatifs à cette société en commandite?
Vous avez bien dit, tout à l'heure, qu'il ne s'agissait pas de
pénaliser les sociétés, parce qu'elles se mettaient en
commandite pour fonctionner. En disant cela, on peut présupposer que les
autres sociétés en commandite dans lesquelles des compagnies de
d'autres secteurs sont engagées, elles, se sentiront
pénalisées, même si le problème n'est
peut-être pas tout à fait aussi crucial et ne se présente
peut-être pas tout à fait de la même façon que dans
l'amiante. Elles pourraient dire: Si on fonctionne normalement, comme une
société en commandite le fait, on nous pénalise.
Il me semble que, si j'étais une société en
commandite qui fait des affaires dans les patates frites, je me sentirais aussi
pénalisé
par ce fait et je demanderais Je même genre d'intervention.
M. Ciaccia: Avant de laisser mon collègue vous donner plus
de précisions sur les dates et sur les négociations, je voudrais
seulement expliquer la différence entre cette situation-ci et celle des
autres sociétés en commandite.
On ne crée pas vraiment de précédent pour les
autres, parce que la situation est totalement différente. La
nue-propriété des actifs demeure avec les commanditaires ici.
C'est pour cette raison qu'on a besoin du projet de loi. Dans les autres
exploitations, vous n'avez pas la situation qui existe ici. C'est une situation
assez particulière. Cela ne crée pas vraiment de
précédent dans ce sens-là, parce que cela ne s'applique,
les conditions ne sont toutes réunies que dans cette situation. Je
pourrais laisser mon collègue, le ministre délégué
aux Mines et aux Affaires autochtones, vous donner plus de précisions
sur les dates de la poursuite des négociations.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Les premières demandes fiscales datent de
septembre 1985. Cette société en commandite présente, en
gros, les mêmes aspects et est assujettie aux mêmes lois que toutes
les autres sociétés en commandite, sauf ce qui sera
modifié par cette loi.
Tout le principe de cette loi a été élaboré
dès les premières demandes fiscales remontant à avant
septembre 1985. Cela a été approuvé par le gouvernement
précédent, vers octobre 1985.
M. Ciaccia: Je veux juste expliquer un autre aspect. C'est que
dans ce cas-ci, la Loi sur les mines prévoit qu'il faut que le
propriétaire soit l'utilisateur pour bénéficier des termes
de la loi. Dans ce cas-ci, la propriété se trouve avec les
commanditaires; l'utilisateur n'est pas les commanditaires, l'utilisateur c'est
la compagnie qui va gérer. Il peut devenir propriétaire. Il n'est
ni propriétaire... Il ne remplit pas les deux fonctions. Alors ce ne
sont pas des avantages qu'on leur donne. On régularise la situation,
parce que la Loi sur les mines exige que le propriétaire et
l'utilisateur soient le même. On dit: Les propriétaires sont les
commanditaires. L'utilisateur est un des commanditaires. On ne le
pénalisera pas parce que nous-mêmes avons créé cette
situation. C'est tout ce qu'on fait.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'aurais encore une question au moins. S'il vous
plaît, M. le Président. Tout à l'heure, le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones nous disait
que déjà la demande était là sur la table depuis
septembre 1985 et que cela semblait être une condition sine qua non pour
que les compagnies décident de se mettre ensemble. La question qui me
vient tout de suite à l'esprit c'est: Comment se fait-il qu'on n'ait pas
traité le dossier avant? En sachant qu'on avait déjà sept
à huit mois de délai, on aurait très bien pu arriver avec
un projet de loi déposé dans les limites fixées par les
règlements de l'Assemblée nationale, avant le 15 mai, et suivre
une procédure tout à fait normale, qui n'aurait d'aucune
façon entravé les négociations avec le
fédéral ou avec les compagnies pour qu'ils en arrivent à
une entente de principe sur les modalités.
M. Savoie: On a travaillé le dossier
régulièrement depuis notre élection. On a eu des
rencontres, le ministre de l'Énergie et des Ressources et
moi-même, avec les gens impliqués dans la société en
commandite, on a eu des "briefings" continuellement, on a eu un suivi. Mais il
y avait des négociations entre les parties, comme l'a souligné
tout à l'heure le ministre de l'Énergie et des Ressources. Il y a
eu des négociations, d'une part entre les parties elles-mêmes, et
d'autre part entre notre gouvernement et le gouvernement fédéral.
Il y a eu des tractations, des rencontres, des discussions. Finalement, cette
semaine cela en est venu à une pointe. Pour ce qui est
spécifiquement des motifs qu'ils donnent pour une procédure
d'urgence, on n'a pas la liberté de discuter de cela à cette
commission, des motifs les plus criants. Car on fait affaire avec deux
compagnies qui sont sur le marché public; de plus, il y a des
problèmes en ce qui concerne la divulgation vis-à-vis de la
Commission des valeurs mobilières; troisièmement, il y a une
question très particulière dont vous êtes au courant et
dont je ne voudrais pas discuter à cette commission.
M. Ciaccia: Vous me permettez, M. le Président. Les
modalités des détails de la société étaient
en évolution. Il y avait des négociations entre les partenaires.
Chacun voulait certains avantages. Il y avait des détails en ce qui
concerne toutes les possibilités, non seulement en termes fiscaux et au
sujet des impôts, mais tous les détails d'opération. Cela
prend du temps à négocier. Ils ont pris le temps, et pendant
qu'ils étaient en évolution, pendant qu'ils discutaient de tous
les autres détails, nous, on ne pouvait pas déposer cette loi,
parce que cela aurait pu causer des problèmes aux négociations
qui étaient en cours. Même si
on dit que les grandes lignes du principe de la façon de
procéder, étaient fixées au mois de septembre, avant que
toutes les parties -parce qu'il y a plusieurs parties, il y a deux autres
sociétés à part les sociétés du
gouvernement, chacune avec son bureau d'avocat - aient négocié
tous les détails de l'entente...
M. Savoie: On ne pouvait pas adopter une loi accordant certaines
dispositions fiscales à la société en commandite tant que
la société en commandite n'existait pas. Il fallait attendre la
création de la société en commandite avant de voir
à l'adoption d'une loi sur l'application.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que, par contre, l'adoption de cette loi
n'était pas un prérequis, n'était pas, disons, une demande
sine qua non de la part des compagnies impliquées pour qu'elles se
forment en commandite. Est-ce que, si le gouvernement ne lui avait pas promis
d'en arriver à cette loi, la compagnie se serait formée quand
même?
M. Ciaccia: Non, c'était une des conditions, mais si on
avait adopté le projet de loi au début, on serait placé
dans une mauvaise position de négocier, parce qu'il y a toutes sortes
d'autres modalités: les pourcentages, la rentabilité. On a
essayé de négocier les meilleures conditions possibles, tout en
acceptant la question qu'il ne fallait pas pénaliser les commanditaires.
Mais si nous avions adopté le projet de loi avant que tous les autres
aspects des négociations aient été terminés, on se
serait enlevé un outil important. Ils auraient dit: On a la loi, on a
les avantages, maintenant, les autres aspects de l'entente, on va les
négocier et on va prendre notre temps, et on n'aurait pas pu faire la
meilleure transaction possible. Il fallait absolument que nous ayons tous les
détails de l'entente avec les meilleurs avantages que nous pouvions
obtenir. Â ce moment-là, on pouvait accepter de déposer le
projet de loi parce qu'on n'avait plus d'autres choses à négocier
et l'entente devenait finale.
Le Président (M. Théorêt): Merci M. le
député de l'Ungava. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Comme je
présume que le ministre délégué aux Mines, au
début de la commission, avant que j'arrive, nous a remerciés
d'avoir accordé notre consentement à un dépôt aussi
tardif, je me permettrai de le remercier de nous avoir facilité les
choses au moment de l'étude du projet de loi hier après-midi,
alors qu'il a mis des ressources à notre disposition. Nous lui en sommes
reconnaissants, bien que je vous avoue qu'on n'a pas aimé beaucoup qu'on
ait négocié notre consentement d'avance. Mais on a
présumé que le gouvernement penserait que l'Opposition, soucieuse
de préserver des emplois, ne saurait refuser ce consentement.
M. le Président, il y a une question qui me préoccupe un
peu et je voudrais profiter de la présence peut-être de Me
Brière ici. On sait que le projet de loi modifie, en tout cas, porte sur
trois grands objets principalement, en ce qui concerne les droits miniers. Il y
a des ajustements qui sont faits pour permettre à la
société en commandite de profiter des différents
avantages, des quatre ou cinq avantages, qui découlent de cette loi.
Également le projet de loi modifie en quelque sorte, permet à la
société en commandite de profiter, en ce qui concerne les lois
sur le revenu, d'un certain nombre d'opérations, de déductions,
d'allocations, de dépréciations, de dépenses d'exploration
et autres, je n'entrerai pas dans les détails. Il y a un
troisième aspect qui touche en quelque sorte le Code civil. C'est toute
la question de la faillite éventuelle d'un des membres de la
société en commandite. J'aimerais savoir si c'est possible de
faire dans un projet de loi ce qu'on fait là? C'est-à-dire, en
quelque sorte, qu'on modifie les règles du jeu en obligeant, entre
autres, je prends la disposition qui oblige en cas de faillite d'un des
partenaires, que les actifs se vendent en bloc et que l'acquéreur
éventuel des actifs fasse automatiquement partie de la
société en commandite à son tour en remplacement.
J'aimerais savoir s'il n'y a pas un danger, d'une certaine façon, que
cette disposition puisse être contestée d'une quelconque
façon. J'avoue que c'est là ma plus grande préoccupation
dans ce projet.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Roberval Je vais donner la parole au ministre de
l'Énergies et des Ressources puisqu'il est le seul à pouvoir
accorder...
M. Ciaccia: Peut-être, si le député de
Roberval me le permet, que je peux commencer une explication et si on a besoin
d'explications additionnelles, Me Brière pourra ajouter. C'est vrai que
c'est un article qui n'est pas dans l'ordinaire des choses. Mais dans le
contexte de l'industrie de l'amiante, qu'est-ce qu'on veut faire? On ne veut
pas causer de préjudice à un créancier, et je ne crois pas
que l'exception que nous faisons cause ce préjudice, parce que si un
créancier avait le droit, dans ce cas-ci, d'aller saisir la mine,
qu'est-ce qu'il aurait? 11 aurait un trou. Il aurait une mine qui n'est
vraiment pas vendable. Je n'ai pas besoin d'expliquer au député
de Roberval la
condition des mines d'amiante aujourd'hui. On ne fera pas un gros
débat là-dessus, je pense que c'est accepté. (17 h 45)
Alors si le droit que l'on donne au créancier c'est de saisir le
trou qui se trouve dans l'endroit, il n'y a pas grand droit parce qu'il n'y a
pas de marche pour cela. Cependant, en disant que la société en
commandite ne sera pas dissoute, d'une façon on ajoute des droits au
créancier, sans en enlever aux autres commanditaires, car le
créancier, au lieu d'aller saisir le trou et de mettre fin à
l'opération, que va-t-il avoir? Il va avoir les revenus. Alors si on me
demandait mon évaluation, je dirais que le créancier va avoir
plus de droits, des droits qui seront plus tangibles, et il va pouvoir au moins
exercer certains droits pour faire prévaloir sa créance, parce
qu'il va avoir des revenus. Alors si on regarde la balance des
inconvénients, une situation serait que l'on donne au créancier
le droit de saisir la mine qu'il ne peut pas revendre parce qu'il n'y a pas de
marché. L'autre situation, et c'est la solution que nous donnons au
créancier, c'est qu'il va avoir des revenus qu'il pourra saisir. Alors,
en ce sens-là, on ne cause pas de préjudice au
créancier.
M. Gauthier: Si vous me le permettez juste avant que M.
Brière prenne la parole, sur le plan de la logique, M. le ministre, ce
que vous dites cela se tient. On y avait pensé, puis votre
collègue, le ministre délégué aux Mines, hier nous
avait laissé voir qu'on avait bien défendu son dossier à
ce niveau-là. C'est sur le plan juridique que je parle, parce qu'on sait
que parfois... Je ne voudrais pas faire offense aux grands juristes qui ont
influencé le développement du droit dans cette
société, mais il est arrivé certaines occasions où
la logique et la loi cela n'était pas nécessairement identique.
Il y a des choses qui font que, sur le plan juridique, on ne peut pas accepter,
même à partir d'une excellente intention, qui est celle du
ministre et qu'on appuie d'ailleurs...
Il arrive des fois que cela crée des problèmes quand on va
plaider à certains tribunaux supérieurs. J'aimerais entendre Me
Brière là-dessus ou le ministre. Je présume que le
ministre préfère laisser à son expert le soin de nous
donner quelques détails là-dessus.
M. Brière (Jules): À l'article 26, qui
énonce que la société n'est pas dissoute par la faillite,
il faut dire tout de suite que le caractère "exorbitant", entre
guillemets, de cette disposition est assez relatif, parce que la
société en commandite est un contrat. C'est vrai que le Code
civil dispose, à l'article 1892, que normalement une
société en commandite est dissoute par la faillite de l'un de ses
associés, mais on peut soutenir et avec beaucoup de vraisemblance que
par contrat on pourrait stipuler que la société en commandite
n'est pas dissoute par la faillite dans la société. Donc, c'est
pour plus de certitude seulement ou pour qu'il n'y ait pas de doute sur l'effet
recherché que l'on a prévu l'article 26. Il est très
possible juridiquement qu'un contrat de société en commandite
conclu en vertu du Code civil puisse contenir une telle clause.
M. Gauthier: À ce moment-là, si vous le permettez,
ce seraient les autres partenaires qui, par contrat, accepteraient de supporter
ou de suppléer à la disparition d'un des membres.
M. Brière: De prendre des engagements de façon
qu'il y ait suffisamment de biens dans la société pour assumer
les dettes.
M. Gauthier: D'accord.
M. Brière: Ce qui revient à peu près au
même, du point de vue de l'effet pratique, avec une disposition comme
celle-ci.
L'article 27 évidemment est un peu plus singulier, exceptionnel.
Son effet c'est d'ajouter en quelque sorte une condition à la vente qui
est analogue à une charge. Cela existe en droit, des charges sur des
biens, comme vous le savez. Dans les cas de faillite ou de vente de biens, des
créanciers qui ont un lien sur les biens bénéficient d'un
avantage par rapport à d'autres. On en ajoute un, qui est un sui generis
mais qui est un peu du même type que les types de conditions qui
entourent la vente des biens en justice parfois.
Du point de vue de l'avantage ou de l'intérêt des
créanciers éventuels, cela ne crée pas plus d'effets
négatifs qu'un lien existant sur les biens. Quelqu'un qui aurait un lien
en vertu de la loi sur les biens en stock, par exemple sur la fibre d'amiante,
serait dans une situation au fond "privilégiée", entre
guillemets, par rapport à un créancier ordinaire. Dans ce cas-ci,
on ajoute une condition à la vente qui est celle de vendre en bloc et
assujettie aux obligations déjà consenties à
l'égard de la société. Cela place la société
dans une situation plus favorable qu'elle ne le serait si cette condition
n'était pas là, de la même façon qu'un
créancier a un privilège ou un lien réel sur un bien qui
est vendu.
M. Gauthier: Me Brière, je veux bien me rendre à
vos arguments d'autant plus...
M. Brière: C'est singulier.
M. Gauthier: ...que c'est un peu particulier, en effet. Je crois
que l'argument d'assimiler cela à un lien qui existe, par ailleurs, sur
certains biens dans les cas de
faillite, est peut-être une façon de le présenter
qui rend l'article un peu plus acceptable. Je vous avoue cependant que je me
fie à vous qui êtes un expert à ce niveau. Je suis un peu
mal à l'aise avec cet article. On va voter en l'acceptant puisqu'il
constitue une partie essentielle du projet de loi. Je tenais à vous
mentionner la réserve que j'ai face à cela.
M. Ciaccia: M. le Président, on peut ajouter que ce n'est
pas seulement Camchïb qui a accepté les clauses que vous trouvez
dans le projet de loi, le banquier de Camchib a pris également part aux
négociations. C'est le créancier principal de Camchib. Il les a
acceptées. Il ne se sent pas lésé par les clauses qui sont
dans le projet de loi.
M. Gauthier: Dans son cas, la logique lui suffisait.
M. Ciaccia: Dans son cas, il voyait aux conséquences
possibles pour lui. Alors, la logique lui suffisait.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. le député de Roberval. M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président. Rapidement, a-t-on
des ententes concernant l'heure à laquelle on doit terminer les travaux
de la commission'?
Le Président (M. Théorêt): Je pense qu'il y a
des ententes pour présenter le projet de loi pour adoption en
deuxième et troisième lecture à l'Assemblée
nationale. Ce que je ne sais pas, M. le whip, c'est à quelle heure on
ferme de l'autre côté. Il serait important de savoir si,
effectivement, ils vont attendre qu'on ait terminé avec l'adoption
ici.
M. Vallières: Très bien. Je vais procéder
très rapidement. J'ai quelques questions à poser au ministre. Le
ministre nous a dit que, finalement, le projet de loi débouchait sur la
consolidation de différentes mines dans la région de
Thetford-Mines. J'aimerais savoir si, dans les négociations qui ont eu
lieu pendant cette assez longue période de temps pour la mise en place
du consortium - je pense principalement à JM Asbestos - toutes les mines
ont été invitées à participer à cette
consolidation? Tantôt, on a parlé des avantages que peut
représenter cette mise en commun des différentes entreprises
concernées. Est-ce qu'il n'y aurait pas eu avantage à
prévoir qu'un autre producteur de l'envergure de JM Asbestos puisse
faire partie de cette entente, afin qu'on puisse procéder à la
mise en marché de l'amiante au Québec à partir d'une seule
source?
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: M. le Président, JM Asbestos a
été invitée, mais la maison mère de JM Asbestos,
c'est Johns Manville. Ils ont déposé les documents de faillite
sous la section 12 de la loi américaine sur les faillites. Ils n'ont pas
été en mesure de participer ni aux négociations ni
à l'entente qui a été prise par les associés qui
font partie de l'entente présente.
M. Vallières): Est-ce que le ministre est en mesure de
nous affirmer que le procédé qui est employé ne permettra
en aucune façon d'exercer une compétition déloyale, de
quelque manière que ce soit, envers le reste du secteur privé,
dans le domaine de l'amiante au Québec?
M. Ciaccia: Pas du tout. C'est encore le secteur privé qui
continue l'exploitation, d'après les règles du marché.
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. À la suite de
toutes ces informations, je pense qu'on pourrait profiter du temps qu'il nous
reste pour procéder à l'étude du projet de loi article par
article, et peut-être pourrait-on terminer.
Le Président (M. Théorêt): Oui, M. le
député d'Ungava, sauf que, étant donné l'heure et
avec la permission des membres de la commission, je ne lirai pas les articles
un à un, je vais seulement les appeler et demander aux
députés, particulièrement aux députés de
l'Opposition, s'ils ont des questions avant l'adoption de ces articles ou, du
côté ministériel, s'ils ont des commentaires à
faire.
Étude détaillée
Interprétation
J'appelle donc l'article 1. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Je pense qu'on sait quand même... C'est
suffisamment expliqué par rapport au champ d'application.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 1 est adopté.
Des voix: Adopté.
Droits sur les mines payables par la
société
Le Président (M. Théorêt): Adopté,
J'appelle l'article 2. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: On n'a pas de question particulière sur
l'article 2.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 3. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: À l'article 3, il apparaît une nouvelle
notion qu'on ne retrouve pas généralement, à moins que je
ne me trompe, lorsqu'on parle de sociétés en commandite. Il
s'agit de la notion du droit de propriété fictif et fiscal qui
est donné à la nouvelle compagnie. Est-ce que le ministre
pourrait nous informer davantage sur les impacts de cette notion qui
apparaît dans le projet de loi?
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Boutin (Raymond): Règle générale, dans
les sociétés en commandite, cette fiction juridique sur le plan
fiscal n'existe pas, pour la raison qu'une société en commandite
est, de fait, propriétaire des actifs, ce qui n'est pas le cas ici, le
commanditaire conservant la nue-propriété du bien et la
société en commandite n'étant que l'utilisateur de ces
biens. C'est ce qui fait que, dans une société en commandite, en
général, on n'a pas besoin de cette fiction juridique sur le plan
fiscal.
M. Claveau: Actuellement - vous permettez, M. le
Président? - par le même projet de loi, on donne donc une
propriété fictive des biens à la société en
commandite, est-ce cela?
M. Boutin: La Loi concernant les droits sur les mines, afin de
permettre à un exploitant ou à un contribuable de
bénéficier, par exemple, d'une allocation pour
dépréciation, oblige cet exploitant à cumuler à la
fois la qualité de propriétaire et d'utilisateur. Ici, ces deux
qualités étant partagées entre deux personnes, on doit
créer cette fiction juridique pour permettre à la
société d'entrer dans le cadre de la loi générale
des droits sur les mines.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, pour information et pour le Journal des
débats, la personne qui vous répond est M. Raymond Boutin, du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Ce que M. Boutin est en train de nous dire, c'est
que, avec cette nouvelle fiction - c'est ainsi que je l'interprète - la
compagnie en commandite pourra bénéficier, entre autres, des
amortissements sur les biens. Elle pourra bénéficier des
allocations pour le développement de la recherche, de toutes les
différentes allocations qui sont données aux droits sur les
mines. Elle pourra, par le fait même, en tant que compagnie,
déduire ces différents frais de ses frais d'exploitation dans
l'établissement de son revenu. Est-ce cela?
M. Boutin: Ce qui est permis à toute société
en commandite qui existe, par ailleurs, sur les droits miniers, mais suivant
une structure usuelle. On lui confère les mêmes avantages.
M. Claveau: Et chacun des intervenants, à ce
moment-là, perd les droits particuliers qui sont les siens. C'est
renvoyé a la société en commandite.
M. Boutin: C'est cela. C'est la formule de "flow-through". Un
contribuable concède à l'autre; c'est l'autre qui a l'avantage,
mais, de cette façon, on évite la double comptabilité. On
règle le problème en permettant à un seul des deux de
réclamer l'exemption prévue dans la loi. (18 heures)
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M, Claveau: C'est ça.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 4. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: On n'a aucune intervention particulière.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article 4 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gauthier: J'aurais peut-être une question.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Profitant peut-être de la présence du
juriste... Si la compréhension que j'ai de cette loi est bonne, dans
tout ce qui est écrit là - parce qu'il y a pas mal de choses, on
va le voir: quelqu'un qui aime lire Je soir avant de se coucher peut s'amuser
longtemps avec cela - on n'accorde aucun droit supplémentaire entre
celui de régler la "mautadite" question de propriété,
parce que la société n'est pas propriétaire des biens.
C'est cela? Est-ce qu'on n'aurait pas pu, au lieu de tout écrire cela -
la question est peut-être bien ridicule - de présenter un projet
de loi disant que, pour les fins de ce dossier ou de ce problème qui
nous intéresse, la société est réputée
être propriétaire des sites et des équipements tout
simplement, et tout s'applique comme... Qu'est-ce qui fait qu'on est
obligé de tout réécrire cela, si on ne donne pas de droits
nouveaux?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Savoie: Ce sont les dépositions fiscales sur lesquelles
on s'attarde principalement; ensuite, à la dernière section de la
loi, il y a des dispositions spécifiques concernant la Loi sur les
faillites.
M. Gauthier: II y a cet aspect.
M. Savoie: Oui, mais c'est tout. Ce sont des dispositions d'ordre
fiscal, ce sont des modifications à la Loi sur l'impôt et à
la Loi concernant les droits sur les mines. C'est là que cela joue, pour
la déduction: qui va avoir droit à la déduction. Il y a
une petite modification à ce niveau.
M. Gauthier: Ce que vous me dites, M. le ministre, c'est qu'il
faut redire tout cela finalement, même si on sait que le seul
problème qu'on corrige par cela, c'est de faire comme s'ils
étaient propriétaires. On ne peut pas dire cela aussi simplement.
Il faut réécrire tout cela. C'est cela?
Le Président (M. Théorêt): ...
M. Ciaccia:i Je pense que M. Brière peut ajouter un
complément de réponse.
M. Brière: Pour ajouter, il y a un élément
additionnel qui fait qu'on devait s'assurer que ce problème n'est
réglé qu'à l'égard de l'entreprise de cette
société en commandite qui consiste à exploiter des mines
d'amiante. Une société en commandite, constituée en vertu
du Code civil, peut modifier son objet, peut avoir des entreprises tout
à fait différentes dans d'autres secteurs. On avait donc cette
première contrainte de s'assurer que ce règlement ne vise que
l'exploitation de mines d'amiante.
Le Président (M. ThéorÊt): Cela
répond-il à votre question, M. le député de
Roberval Merci. J'appelle maintenant l'article 5. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Si vous permettez, je remarque que les articles 5, 6,
7 et 8, en fait, si je ne m'abuse, sont tous des éléments qui
découlent de la Loi sur les mines. C'est ça? Dans le fond, ce que
disait mon collègue de Roberval, ces articles ne sont là que pour
préciser point par point les différentes exemptions dont les
compagnies pourront bénéficier à partir de la Loi sur les
mines, en appliquant la Loi sur les mines.
M. Boutin: L'objectif est de faire en sorte que...
Le Président (M. Théorêt): M. Boutin.
M. Boutin: ...de faire en sorte que ce qui est prévu, par
exemple, à l'article 17 -je parle des allocations pour investissements -
dans la loi générale, puisse être applicable au cas
particulier de la société en commandite.
M. Ciaccia: Sauf pour la raison explicitée par Me
Brière, on aurait pu dire que, pour les fins de cette loi, la
société en commandite est réputée être une
corporation. Tous les termes de la loi qui s'appliquent à la corporation
en ce qui concerne l'exploitation s'appliqueraient. On n'ajoute pas... Pour les
raisons que Me Brière a données on ne pouvait pas le faire d'une
façon aussi simple que cela. Il a fallu répéter tous les
termes et conditions de la loi pour qu'ils s'appliquent spécifiquement
à cette société en commandite. C'est pour cela qu'on
répète tous les articles techniques, si je peux dire, qui
concernent la Loi sur les mines et, plus tard, les articles spécifiques
qui découlent de la Loi sur les impôts.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci. À la suite de cela...
Le Président (M. Théorêt): L'article 5 est-il
adopté? Adopté. Article 6? M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): L'article 7. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 8. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Les allocations pour investissement relèvent
encore de la même loi.
M. Savoie: La Loi concernant les droits sur les mines.
M. Claveau: La Loi concernant les droits sur les mines, oui, en
fait.
Le Président (M. Théorêt): Adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Article 9? M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Là, il y a quand même une petite
variante, je pense, à l'article 9 qui mériterait peut-être
une explication complémentaire, étant donné que pour les
indemnités en dommages et intérêts, ce ne sont pas tout
à fait les mêmes clauses à l'intérieur de la Loi
concernant les droits sur les mines. Est-ce que c'est compris globalement aussi
à l'intérieur de la même loi?
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre. M.
Boutin va donner la réponse.
M. Boutin: Ce sont les dépenses présentement
déductibles en vertu de l'article 8 de la loi générale des
droits sur les mines.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que cet article s'applique au passé des
compagnies ou juste à partir du moment où il y a formation de la
nouvelle compagnie en commandite? Est-ce que la compagnie en commandite a
à répondre du passé de chacune de ses parties?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Boutin: Sur le plan de la fiscalité, la
société en commandite pourra réclamer toute dépense
en dommages et intérêts qu'aura encouru un membre, que ce soit
à l'égard de dommages causés dans le passé ou dans
le futur.
M. Claveau: D'accord. La même chose en ce qui concerne les
réclamations pour les victimes de l'amiantose, si la nouvelle compagnie
se tient responsable finalement des... Non?
M. Boutin: Si la nouvelle compagnie, la société en
commandite, était déclarée responsable, elle pourrait
déduire dans le calcul de son profit les indemnités qu'elle devra
verser.
M. Ciaccia: Cet article ne crée pas responsabilité
à la société en commandite par rapport à tout,
mais, s'il y avait un jugement contre la société en commandite,
ces dommages et intérêts pourraient être déduits.
M. Claveau: Cela veut dire que chacune des quatre compagnies qui
composent la société en commandite reste responsable
individuellement de son passé, finalement.
M. Ciaccia: Oui. On n'enlève pas l'obligation, mais on
n'en ajoute pas non plus.
M. Gauthier: C'est comme dans la vraie vie, on traîne
toujours nos erreurs, M. le ministre.
M. Ciaccia: II faut vivre avec.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je n'ai pas d'autres questions à l'article
9.
Le Président (M. Théorêt): L'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, j'aimerais quand même avoir de
brèves explications sur la signification de l'article 10.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre. M.
Boutin.
M. Boutin: L'article 10. La Loi concernant les droits sur les
mines, à l'article 27, stipule, par exemple, que lorsqu'un bien
bénéficie d'une aide, sous forme d'assistance financière
ou sous forme d'impôt, le coût de ce bien doit être
réduit de l'aide dont l'entreprise a bénéficié, ce
qui a pour effet de réduire l'allocation pour dépréciation
que l'exploitant pourrait réclamer. Cet article mentionne que toute
forme de déduction d'impôt peut, tel un crédit à
l'investissement fédéral, par exempte, ou tel un crédit au
provincial, être considérée comme une forme d'aide.
Un problème d'interprétation pourrait se poser quant
à savoir si le fait d'adopter le présent projet de loi constitue
en soi une aide gouvernementale. Pour éliminer ce risque
d'interprétation qui viendrait pénaliser la société
en commandite, on précise, à l'article 10, en d'autres termes,
que ce projet de loi ne doit pas être considéré comme une
forme d'aide ou de rabattement à l'impôt. C'est l'objectif de
l'article 10. C'est pour éliminer cette ambiguïté possible.
Je ne dis pas qu'elle serait réelle, mais probable.
M. Claveau: Évidemment, vous doutez de
l'interprétation des gens de l'impôt.
Le Président (M. Théorêt): M, le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'espère que ma dernière intervention
n'a pas été interprétée comme étant un doute
que je pourrais porter contre les gens de l'impôt qui, d'ailleurs, j'en
suis sûr, font très bien leur travail.
Le Président (M. Théorêt): On va faire passer
le message, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Cela dit, j'aimerais... Les informations techniques
qui nous ont été données sont relativement
satisfaisantes.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
L'article 10 est-il adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 11. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Sur le plan politique, peut-être que le
ministre pourrait nous expliquer le troisième paragraphe de l'article 11
quand il dit que l'article 35 de la loi concerne également les personnes
liées. Son application signifie que la société et ses
membres ne pourraient, à titre exemplaire, bénéficier que
d'un crédit de droits, exemption de base de 500 000 $, pour l'ensemble
de leurs exploitations minières au Québec. Est-ce que le ministre
peut nous dire à quelle règle fiscale cela s'applique?
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: L'article 11. Je ne sais pas si vous lisez les notes
explicatives, parce que l'article 11 a seulement deux...
M. Claveau: Oh! pardon.
M. Ciaccia: ...paragraphes. C'est tellement technique que...
M. Claveau: Je suis confus, M. le ministre. Vous m'excuserez.
Remarquez que, avec la rapidité avec laquelle vous me demandez de
réagir sur le projet de loi, il peut arriver que l'on se mêle un
peu dans les différents textes qui nous ont été remis
depuis hier. Mais, en fait, le deuxième paragraphe de l'article 11 fait
référence à certaines modalités fiscales qui
pourraient peut-être être expliquées d'une façon plus
précise.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué.
M. Savoie: En vertu de la Loi concernant les droits sur les
mines, il y a une exemption de base de 500 000 $ et on dit à l'article
11, deuxième paragraphe, "malgré l'article 35 de cette loi",
l'article 35 concernant le droit sur les mines. Alors l'article 35 de la loi
concerne également les personnes liées. Son application signifie
que la société et ses membres ne pourraient, à titre
d'exemple, bénéficier d'un crédit de droits, l'exemption
de base étant de 500 000 $, pour l'ensemble de leurs exploitations
minières au Québec.
Alors, en reconnaissant à l'article 2 du projet de loi que la
société construit une exploitation distincte de ses membres, on
se doit par souci de concordance de lui attribuer un crédit de droits et
faire de même pour chacun des membres qui exercerait d'autres
activités minières au Québec.
Le Président (M. Théorêt): Cela va, M. le
député d'Ungava, comme explication?
M. Claveau: Cela va, M. le Président.
M. Savoie: Avez-vous reçu copie de... Vous avez cela entre
les mains, je pense, les notes explicatives concernant le projet de loi,
où c'est tout expliqué.
M. Ciaccia: Mais des fois des notes explicatives ont besoin
d'explication. C'est cela le problème.
M. Savoie: Je me demandais s'il y avait quelque chose de
particulier concernant les notes explicatives.
M. Claveau: Non. Ma question ne visait pas à faire
expliquer les notes explicatives, mais bien à avoir des
précisions concernant les modalités fiscales ou les
différentes facettes de la fiscalité qui pourraient être
comprises dans ce paragraphe du projet de loi.
M. Gauthier: Pour le Journal des débats également,
mon collègue sent le besoin de faire préciser des choses par le
ministre. C'est légitime parce que les notes explicatives ne font pas
partie du Journal des débats. Vous comprenez? (18 h 15)
M. Ciaccia: Autrement dit, le ministre veut vous dire qu'il ne
pourra pas vous poser des questions sur la base des notes explicatives, mais
qu'il va pouvoir poser des questions en Chambre sur la base de ce que vous
dites dans le Journal des débats.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
Calcul du revenu pour une année
d'imposition
L'article 11 est-il adopté? Adopté. J'appelle l'article
12. M. le député de l'Ungava.
M. Claveau: L'article 12 est très clair.
Le Président (M. Théorêt): Adopté?
Adopté. J'appelle l'article 13.
M. Claveau: Cela va-t-il pour l'article 13? C'est la même
chose.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 14.
M. Claveau: Fonctionne-t-on toujours en fonction de la fiction
juridique du droit de propriété qui est donné à la
nouvelle compagnie qui est formée?
Une voix: C'est bien cela.
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
M. Claveau: Juste peut-être pour...
Le Président (M. Théorêt): Excusez-moi, c'est
que j'avais entendu votre collègue...
M. Claveau: D'accord, je vais attendre l'autre nouveau point et
cela va faire.
Le Président (M. Théorêt): J'appelle
maintenant l'article 15.
M. Claveau: Dans le fond ce que je voulais dire, c'est que par
rapport à l'ensemble de ces articles, et peut-être aussi pour le
Journal des débats, nous aimerions, en tant que formation politique,
avoir des informations concernant justement la façon dont le
ministère ou les gens responsables de l'imposition des compagnies
minières entendent appliquer ou interprètent, ou risquent
d'interpréter les modalités qui sont apportées dans la
loi.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux Mines. Il passe la parole à
monsieur?
M. Lépine (Gaétan): M. Gaétan
Lépine.
Le Président (M. Théorêt): M. Gaétan
Lépine.
M. Lépine: En vertu de quel article en particulier? Y
a-t-il un article en particulier?
M. Claveau: Non, dans l'ensemble, sans s'attarder aux questions
spécifiques, dans l'ensemble, comment l'impôt voit ou risque de
voir ou d'interpréter ce genre de modalité?
M. Lépine: Le présent article ne vise à
conférer aucun avantage, en fait, à un commanditaire à un
particulier. 11 ne fait que rendre applicable la Loi sur les impôts qui,
normalement, aurait été appliquée si chacun des membres
avait continué d'exploiter son entreprise seul. D'accord?
M. Claveau: Donc, aux fins de l'impôt, de l'avis du
ministre, il n'y a aucun problème à ce que la fiction juridique
qui était créée tout à l'heure quand on parlait des
droits miniers, la loi sur les droits miniers, soit étendue; pour les
fins de perception d'impôts, cela ne crée aucun problème en
soi?
M. Ciaccia: Non. Il n'y a pas d'avantage additionnel ni de
désavantage créé par la présente loi en ce qui
concerne la Loi sur les impôts. On adapte la Loi sur les impôts
à la situation des commanditaires d'une société... Un des
commanditaires va être l'utilisateur. On n'ajoute pas et on
n'enlève pas.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Pour être bien sûr qu'on se comprend
bien - ma question au ministre est d'ordre général - de l'article
2 à l'article 11, on réécrivait, pour la question de la
fiction juridique, ce qui est déjà inclus dans la loi sur les
droits miniers. De l'article 12 'à l'article 25, c'est exactement la
même opération qui se fait pour la Loi sur les impôts. C'est
cela, à toutes fins utiles? On n'a rien changé, on a
réécrit. Le seul changement qu'on a apporté, sauf erreur,
c'est le pourcentage de jours qu'on ajoute dans le cas d'une transaction qui se
ferait è trois mois. C'est la seule chose qui est ajoutée. Le
reste, point pour point, jusqu'à l'article 25, c'est la même
affaire?
M. Ciaccia: C'est la même chose.
Le Président (M. Théorêt): Étant
donné que le député de Roberval a très bien saisi
toute la portée de ces articles, puis-je demander au
député de Roberval et au député d'Ungava s'ils sont
prêts à adopter en bloc?
M. Gauthier: Un derrière l'autre.
Le Président (M. Théorêt): Ou en bloc, vous
pouvez le faire en bloc aussi, les articles 15 à 25.
M. Claveau: On a encore du temps.
Le Président (M. Théorêt); C'est une
suggestion tout simplement. Étant donné que cela répond
exactement...
M. Claveau: Non, je n'ai pas de question particulière par
rapport a cela. C'était le but...
Le Président (M. Théorêt): Les articles 15
à 25 inclusivement sont-ils adoptés?
M. Claveau: Adopté.
Dispositions générales et
finales
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 26.
M. Claveau: C'était le but, d'ailleurs, de mon
intervention, à savoir si cela s'appliquait effectivement, d'une
façon globale.
M. Gauthier: Je suis convaincu que Me Brière est
impressionné par la façon dont on légifère, avec
beaucoup de rapidité et d'efficacité.
M. Claveau: La rapidité qu'on met à comprendre de
tels...
Le Président (M. Théorêt): II est
sûrement impressionné par le fait que vous comprenez très
rapidement le sens de chacun des articles.
M. Ciaccia: Exactement. C'est exactement ce que j'allais
dire.
M. Gauthier: M. le Président, il faut tout dire. Quand on
a lu les articles, on s'aperçoit qu'on n'a pas tellement
intérêt à les relire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: Cela démontre la capacité de
compréhension d'une Opposition responsable.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, sur l'article 26.
M. Claveau: L'article 26.
M. Gauthier: Sous réserve des commentaires qu'on a faits
tantôt.
Le Président (M. Théorêt): Oui,
effectivement, on en a parlé au début, mais si vous avez d'autres
explications à demander.
M. Claveau: Je pense que, sous réserve des commentaires
qui ont été faits par le député de Roberval au
début...
Le Président (M. Théorêt): L'article 26
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 27 qui est également... M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, il a trois lignes de plus que
l'autre. C'est le cas que le ministre mentionnait tout à l'heure,
l'obligation d'aliéner en bloc. Vous nous disiez, M. le juriste, qu'il
n'y avait pas de problème au plan juridique, que cela ne créait
pas préjudice aux créanciers d'aliéner en bloc ou
d'obliger l'aliénation en bloc des biens de la compagnie.
M. Ciaccia: Dans les circonstances actuelles, non. J'ai
même été informé que le banquier, le
créancier de l'un des sociétaires, était
entièrement d'accord avec les termes et les conditions du présent
projet de loi et qu'il ne se sentait pas lésé par celui-ci. Il a
pris part aux négociations.
M. Claveau: On ne risque pas d'avoir de rebondissements.
M. Savoie: C'est pour cela que le ministre parlait tout à
l'heure de la balance des inconvénients, qu'il valait mieux avoir des
revenus qu'un trou. Dans son discours du début, il disait qu'il valait
mieux avoir de l'argent qui revient à un créancier plutôt
que d'avoir un trou et d'être obligé de rouvrir constamment la
convention.
M. Claveau: C'est une hypothèse. Il n'est pas
évident que le créancier décide d'agir de cette
façon non plus.
M. Savoie: C'est cela. Il pourrait permettre la continuation,
comme il l'a dit.
M. Claveau: Et il pourrait aussi décider de ne plus
exploiter son trou.
M. Ciaccia: Je n'ai pas suivi.
M. Savoie: Le député demande s'il peut abandonner
ou ne pas exploiter son trou. Il est tenu, en vertu de cela, aux mêmes
obligations. Il faut qu'il assume les obligations de celui qu'il remplace.
M. Ciaccia: Oui, oui, s'il n'avait pas cette disposition, il
pourrait rester avec le trou.
M. Claveau: II pourrait dire: Moi, je ne permets plus...
M. Ciaccia: Oui, il voudrait rester là, le regarder et ne
rien faire avec.
M. Claveau: Par cette disposition, si je comprends bien, il y a
différentes hypothèses: pour autant que l'exploitation soit
continue, pour autant que personne ne puisse bloquer la continuité des
opérations et pour autant que le transfert de propriété se
fasse massivement à un nouveau propriétaire sans division de la
propriété, à ce moment-là, il n'y a pas de
contrainte. N'importe qui peut acheter. Ils peuvent se racheter entre eux. Cela
peut être acheté par un tiers. Cela peut être
exploité par une coopérative de consommation. Pour autant qu'il
n'y a pas de...
M. Ciaccia: Mais, c'est la clause qui protège vraiment
les emplois, car il faut que cela continue d'être en opération.
C'est cette clause qui protégera les emplois, qui obligera le nouvel
acquéreur à respecter la société en commandite.
Autrement, si un créancier voulait mettre fin à la
société, s'il voulait seulement acheter la mine sans l'exploiter,
cela vaudrait dire qu'il faudrait congédier tous les travailleurs.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: À la suite de ce que vient de dire M. le
ministre, c'est effectivement dans ce sens que cet article nous
préoccupe passablement. Nous sommes très intéressés
à conserver ces emplois. On parle d'environ 1500 emplois dans le
secteur. On veut quand même, en tant qu'Opposition, avoir l'assurance que
l'article en question ne sera pas contesté et ne nous amènera pas
dans un dédale juridique qui pourrait être encore pire que la
situation première dans laquelle on...
M. Ciaccia: Le banquier de tous les associés a
accepté cette clause. Il ne se sent pas lésé par cette
clause. Alors, je pense que c'est la réponse à votre
question.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Une question, M. le Président, au ministre.
Je ne sais pas où, dans l'article, il y a obligation d'exploiter. Je
vois deux obligations là-dedans: premièrement, de céder en
bloc, et, deuxièmement, de faire partie de la société.
Mais, il n'y a rien qui dit, à mon avis, qu'on ne peut pas faire partie
de la société, que le puits, par exemple, ne soit pas en
exploitation tout en faisant partie des actifs de la société.
Cela se trouve-t-il quelque part?
M. Ciaccia: II doit assumer toutes les obligations du
commanditaire.
M. Gauthier: Oui, mais les obligations du commanditaire, ce n'est
pas nécessairement d'exploiter la mine. C'est qu'on peut avoir... Ne
peut-on pas penser...
M. Ciaccia: C'est prévu dans la convention. La convention
prévoit qu'elle doit être exploitée. Alors, le nouvel
acquéreur doit assumer cette obligation.
M. Gauthier: Cela veut dire que tous les puits, toutes les mines
qui font partie de l'actuelle convention vont être en exploitation?
M. Ciaccia: Tant que les commanditaires le veulent.
M. Gauthier: Voilà. Donc dans l'article, en assumant les
obligations du commanditaire, je n'ai pas l'impression que cela oblige à
une exploitation. Cela peut...
M. Ciaccia: Oui, cela l'oblige.
M. Gauthier: Le commanditaire peut décider, comme membre
de la société, avec les autres de la société, que
ce puits n'est pas en exploitation pour une raison ou pour une autre, pour une
période d'un an, six mois, trois ans... Je ne vois pas dans l'article,
M. le ministre - je regrette -l'obligation d'exploiter. Je vois l'obligation de
vendre en bloc et l'obligation de faire partie de la société
mais...
M. Ciaccia: C'est la société en commandite qui
prend ces décisions... Le nouvel acquéreur doit mettre ses actifs
à la disposition de la société en commandite.
M. Gauthier: Les actifs. Mais la société peut
décider de ne pas exploiter pour une période de temps.
M. Ciaccia: Oui. On ne peut pas, dans la convention, obliger la
société en commandite à exploiter pour toujours. Ce qu'on
peut faire, c'est empêcher une tierce partie qui va acquérir ou
qui va avoir des créances, de mettre fin à l'exploitation.
M. Gauthier: Oui, d'accord. Pour cela, on se comprend,
mais...
M. Ciaccia: Alors, c'est dans ce sens-là qu'on dit que
cela protège les emplois.
M. Gauthier: Pour l'exactitude des choses, M. le ministre, ce que
vous dites me démontre que mon commentaire est justifié. Il y a
deux obligations: la première, c'est de disposer en bloc; la
deuxième, c'est de faire partie de la société.
L'obligation de
continuer les activités n'est pas inscrite et ne peut pas
être inscrite non plus. Cela est une décision que la
société va prendre dans le cadre normal de ses
activités.
M. Ciaccia: Exactement, mais la personne qui va acquérir
en bloc doit assumer les obligations du commanditaire qui sont prévues
dans la convention et...
M. Gauthier: Mais qui ne sont pas nécessairement celles
d'exploiter. Cela peut être celle de...
M. Ciaccia: Elles sont celles d'exploiter tant que la
majorité ne décide pas de ne plus exploiter.
M. Gauthier): D'accord, mais c'est parce que vous avez dit
tantôt que l'article obligeait l'exploitation. Dans le fond, ce n'est pas
tout à fait le cas. C'est qu'il garantit que la société va
survivre et que, dans le cadre des décisions normales dans un contexte
normal, on va exploiter, mais elle n'oblige pas, elle ne crée pas cette
obligation.
M. Ciaccia: Elle oblige... On peut le dire d'une autre
façon. Elle empêche la cessation...
Une voix: À d'autres.
M. Ciaccia: Non. Elle empêche qu'un tiers acquéreur
puisse mettre fin à ces emplois, tant que la société en
commandite décide de continuer les activités.
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Dans ce sens-là, à la suite de
l'intervention de mon collègue de Roberval, pourrait-on imaginer
l'hypothèse où il y a un des quatre partenaires qui est dissous,
qui disparaît, qui tombe en faillite; les trois autres restent là.
L'entité juridique continue à exister, la compagnie est là
mais elle n'exploite pas nécessairement tant que la faillite n'est pas
réglée?
M. Ciaccia: Non, elle va continuer à exploiter. C'est pour
cela qu'on fait ce projet de loi, pour que la faillite ne mette pas fin
à la société. Alors, s'il y a une faillite, on continue
à exploiter. La part de la société qui est en faillite
peut changer de main, mais la société en commandite va continuer,
l'exploitation va continuer.
M. Claveau: Dans le sens où on a vu des cas, par exemple -
pour ne citer que Forex, entre autres - où ce n'est pas si facile que
cela de changer des propriétés de main, à la suite de
problèmes financiers, pour une compagnie. Alors, il n'est pas
nécessairement évident qu'il y a un acquéreur
intéressé par la partie qui pourrait faire faillite.
M. Ciaccia: Les autres sont dedans et continuent.
Peut-être que mon collègue.. (18 h 30)
M. Savoie: Supposons qu'un des partenaires de la
société en commandite fasse faillite... Souvent, lorsqu'il y a
faillite, il y a une debenture sur les biens du commanditaire en
difficulté. Celui qui reçoit en vertu de l'acte de la debenture
sera tenu, en vertu de l'article 27, de continuer d'assumer les obligations et
de faire partie de la société en commandite.
M. Claveau: Finalement, le syndic est obligé de continuer
à exploiter.
M. Savoie: Si c'est pris en main par un syndic, cela constitue un
transfert et, en conséquence, il doit, lui aussi, assumer toutes les
parties... C'est pour cela qu'on disait que même un créancier qui
intervient doit continuer les activités. Comme le ministre l'a
souligné tout à l'heure, c'est la question du reste des
inconvénients, c'est-à-dire qu'il vaut mieux avoir de l'argent
que d'avoir un trou et que rien ne fonctionne.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Cela va.
Le Président (M. Théorêt): L'article 27
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 28. M. te député d'Ungava.
M. Claveau: Pas de problème là-dessus.
Adopté, à moins que le ministère...
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 29. M. le député d'Ungava.
M. Gauthier: Là, on va en discuter longtemps.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: C'est une loi à effet rétroactif, si je
comprends bien.
M. Ciaccia: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle l'article 30. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Cela va pour l'article 30. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que les intitulés des sections sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi 105 intitulé Loi sur l'application
de certaines dispositions fiscales à une société en
commandite exploitant des mines d'amiante est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'ensemble des articles du projet de loi 105 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Je remercie tout spécialement mes collègues, les membres
de l'Opposition et tous les fonctionnaires également, d'avoir
accepté d'être présents ici et pour leur excellente
collaboration. Je cède la parole au député d'Ungava pour
le mot de la fin et, ensuite, au ministre.
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le député de Roberval, merci,
M. le Président. Tout ce qu'on espère, c'est que le projet de loi
aura les implications prévues et que les emplois qui sont en jeu dans la
région de l'amiante seront sauvegardés à la suite de
l'application de ce projet de loi. C'est dans ce sens qu'on a accepté de
collaborer et de donner notre consentement pour que ce projet de loi soit
approuvé dans les plus brefs délais.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Je veux remercier les membres de l'Opposition pour
avoir collaboré à l'adoption du présent projet de loi, qui
était absolument essentiel pour nous, pour la société et
pour les travailleurs. On vous remercie pour votre collaboration.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Je déclare
les travaux de la commission de l'économie et du travail terminés
et j'ajourne sine die. Dans quelques minutes, je serai à
l'Assemblée nationale pour faire rapport du projet de loi.
(Fin de la séance à 18 h 32)