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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission de l'économie et du travail entreprend ce matin
l'étude des crédits du ministère du Travail pour
l'exercice financier 1986-1987. Avant d'aller plus loin, je vais demander au
secrétaire de la commission, M. Bédard, s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: Non, M. le Président. Il n'y a aucun
remplacement pour cette séance.
Le Président (M. Charbonneau): Bon. Très bien.
Comme nous avons quorum, nous allons commencer sans plus tarder.
Je voudrais rappeler aux membres de la commission rapidement que la
procédure est assez simple. Le ministre a d'abord une période
d'environ 20 minutes pour faire des remarques préliminaires. Il n'est
pas membre de la commission. C'est la raison pour laquelle il se trouve
à la table des témoins. Par ailleurs, tous les membres de la
commission après lui, en commençant par le critique officiel, le
député de Taillon, ont une période qu'ils peuvent utiliser
aussi pour faire des remarques préliminaires. Après quoi, nous
engageons la discussion.
Je ne sais pas s'il y a eu entente entre le ministre et le critique sur
l'ordre, mais je présume que oui. Donc, en fonction de cet ordre, il
semble qu'on ferait ce matin les programmes 1 à 4 et le programme 8.
Pour chaque élément, les membres de la commission ont un droit de
parole de 20 minutes. Les réponses que le ministre apporte ne sont pas
comptabilisées dans la période de temps des
députés.
Donc, déjà, les membres de la commission qui avaient moins
d'expérience en ont un peu plus aujourd'hui, après avoir fait une
journée hier avec les crédits du ministère de l'Industrie
et du Commerce et du ministre délégué aux Petites et
Moyennes Entreprises. À ce moment-ci, je vais demander au ministre du
Travail s'il veut bien engager la discussion et nous faire ses remarques
préliminaires et peut-être aussi nous présenter les
fonctionnaires qui l'accompagnent.
Remarques préliminaires
M. Pierre Paradis M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
J'indiquerai au cours de mon exposé, en temps et lieu, le nom et
le titre des gens qui m'accompagnent. Dans un premier temps, je salue le
président de la commission, ainsi que les membres de la commission
parlementaire.
D'abord, M. le Président, avant de vous faire part des
principales actions qui ont occupé le ministère du Travail au
cours de ces derniers mois, ainsi que des gestes, législations ou autres
choses que nous entendons faire en cette première véritable
année d'administration gouvernementale libérale, permettez-moi de
présenter aux membres de la commission les collaborateurs qui
m'accompagnent et qui sont là, eux aussi, pour vous donner tous les
renseignements qui leur seront demandés. Parmi ceux et celles qui
m'accompagnent, je vous présente donc mon sous-ministre en titre, M.
Yvan Blain, M. Raymond Désilets, à droite là-bas qui est
sous-ministre adjoint aux relations du travail, M. Réjean Parent qui est
sous-ministre adjoint à la recherche et à l'administration, ainsi
que M. François Delorme qui est secrétaire général
du ministère. Cet après-midi, à la demande expresse de
l'Opposition, M. Alcide Fournier, président de l'Office de la
construction du Québec, sera présent. Dans le domaine de
l'habitation, viendra nous joindre, entre autres, M. Claude Chapdelaine,
président de la Régie des entreprises de construction du
Québec, ainsi que de la Commission du bâtiment. Enfin, de mon
cabinet, je vous présente M. Jean Larivière, conseiller politique
responsable des travaux parlementaires - il est suffisamment connu dans cette
enceinte - M. Alain Ménard, conseiller politique dans le domaine des
relations du travail.
Je commencerai mes remarques en vous dressant un bref bilan de ce qui a
été fait au cours de l'année qui s'achève au sein
du ministère du Travail. Au cours de l'exercice 1985-1986, le
ministère a élargi le champ de ses interventions parce que le
ministre du Travail s'est vu confier la responsabilité de l'application
de la nouvelle législation régissant les rapports collectifs de
travail dans les secteurs public et parapublic (la Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic) et des dispositions relatives à la nouvelle procédure
d'arbitrage médical établie dans la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles. Pour
rendre opérationnels les mécanismes prévus à
ces nouvelles législations en matière d'arbitrage médical
et de médiation dans les secteurs public et parapublic, le
ministère a mis sur pied deux nouveaux services rattachés
à la Direction des relations du travail: premièrement, le service
de l'arbitrage médical, établi à Montréal et
à Québec, et, deuxièmement, le service de la
médiation dans les secteurs public et parapublic, appelé à
intervenir en cas de différends et de désaccords lors des
négociations collectives dans ces secteurs d'activité.
Le ministère a également agi comme interlocuteur
gouvernemental auprès de l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération, organisme gouvernemental institué en vertu
du nouveau régime de négociation dans les secteurs public et
parapublic, de manière à faciliter son démarrage sur le
plan administratif.
La décision gouvernementale du 13 décembre 1985 de confier
au ministre du Travail certaines fonctions du ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur relativement à la sécurité dans
les bâtiments et les lieux publics a également
entraîné le transfert au ministère de deux nouvelles
directions générales: la Direction générale de
l'inspection et la Direction générale de la normalisation. La
première direction est chargée de voir à l'application des
lois relatives à la sécurité du public et de
vérifier les bâtiments et les installations, tandis que la seconde
entité, principalement mandatée pour aviser le ministre sur la
réglementation adoptée par la Commission du bâtiment et sur
ses activités pourrait relever de la structure administrative du
ministère sur une base permanente.
En plus d'avoir à amorcer la révision de son plan
d'organisation administrative supérieure et d'avoir institué
à cette fin un groupe de travail interne, le ministère du Travail
a également poursuivi les efforts amorcés en matière de
gestion des ressources humaines. D'une part, l'ensemble des gestionnaires du
ministère a réalisé la première phase du programme
de développement préparé auparavant et, d'autre part, ils
ont établi certaines politiques internes en accord avec l'orientation
gouvernementale sur la délégation au ministère d'un champ
de responsabilités beaucoup plus étendu dans le domaine de la
gestion de leurs ressources humaines.
Le ministère a ainsi adopté des politiques
générales en matière de gestion du travail à temps
partiel et d'indemnisation des départs volontaires. Par ailleurs, le
ministère a également préparé certaines
procédures internes de façon à assurer une planification
plus rigoureuse des besoins de développement informatique et une
comptabilité plus grande entre les divers biens informatiques acquis par
le ministère.
Afin de se conformer aux dispositions de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels, le ministère a terminé l'inventaire et
l'enregistrement des dossiers traités dans ses diverses unités et
il a produit un index général de classement de ces documents.
À la suite de la publication du rapport de la Commission
consultative sur le travail et la révision du Code du travail dont le
mandat a pris fin le 28 février dernier, le ministère a
été invité à préparer à l'intention
du ministre une première analyse du contenu du rapport de manière
à se préparer adéquatement à la seconde phase du
processus qui doit conduire è la détermination des orientations
d'une réforme éventuelle de certaines lois du travail.
D'ailleurs, je profite de l'occasion pour vous rappeler qu'en plus de
cette analyse entreprise par les fonctionnaires j'ai nommé le 21 mars
dernier MM. Gilles Laporte et Guy Bisaillon, deux praticiens
spécialisés dans le domaine des relations du travail, afin qu'ils
analysent les conséquences réelles et pratiques de l'application
éventuelle des recommandations du rapport. En plus, j'ai demandé
à mes proches collaborateurs d'effectuer une évaluation plus
détaillée des éléments du rapport qui convergent
avec les idées émises dans le cadre du programme électoral
de notre formation politique.
D'autre part, sur le plan législatif, le ministère a
procédé à une analyse systématique des articles des
lois qu'il administre pour évaluer leur conformité avec les
dispositions relatives aux libertés fondamentales contenues dans la
Charte des droits et libertés de la personne. Ces dernières ont
maintenant préséance, depuis le 1er janvier 1986, sur toutes les
lois québécoise, même celles adoptées
antérieurement à cette date. Le résultat de l'analyse et
de la position du ministère quant aux dispositions
considérées comme incompatibles avec la charte a
été transmis en décembre 1985 au ministère de la
Justice.
Au niveau extraministériel, il convient enfin de souligner que le
sous-ministre du Travail du Québec a agi comme
délégué du Canada lors de la 71e session de la
Conférence internationale du travail, tenue à Genève du 7
au 27 juin 1985. Le sous-ministre a également représenté
le Canada en compagnie d'un porte-parole désigné par Travail
Canada lors de la douzième conférence régionale des
États d'Amérique membres de l'Organisation internationale du
travail, qui s'est déroulée à Montréal du 18 au 26
mars 1986.
Maintenant, passons aux orientations pour l'exercice financier
1986-1987. M. le Président, je vais maintenant vous entretenir
sur les mandats qui occuperont passablement nos efforts au cours du
prochain exercice qui sera, comme je vous Je mentionnais au début de mon
intervention, la première année d'administration complète
de notre gouvernement.
Sur le plan administratif, à la suite d'études et analyses
qui sont présentement en cours et qui portent sur des directions bien
spécifiques ou sur l'ensemble du ministère, il est possible de
prévoir que nous aurons à réexaminer son plan
d'organisation administrative supérieure, ainsi que son fonctionnement
administratif afin de le rendre toujours plus fonctionnel et de l'adapter
à l'évolution de sa situation.
Le ministère devra prendre en compte dans sa
réorganisation éventuelle les recommandations à venir dans
tes divers rapports d'efficacité administrative qu'il fait
réaliser, ainsi que les changements engendrés par les
responsabilités qu'il doit maintenant assumer en matière
d'arbitrage médical et de médiation dans les secteurs public et
parapublic. Il faudra aussi voir dans quelle mesure l'ajout d'un nouveau mandat
dans le domaine de la sécurité des bâtiments et des lieux
publics affectera sa structure de fonctionnement.
Le ministère poursuivra ses activités en matière de
développement de ses ressources humaines. Il s'agira en particulier de
réaliser les étapes du programme de perfectionnement
destiné au personnel d'encadrement de manière à inciter
chaque gestionnaire à développer ses habiletés par rapport
à diverses facettes de l'administration.
Sur le plan législatif, M. Je Président, est-il
nécessaire de vous rappeler qu'en tant que ministre du Travail je suis
chargé de l'application des lois dont le gouvernement me confie la
responsabilité en matière de relations du travail et de
sécurité dans les bâtiments et les lieux publics. J'assume,
en effet, la responsabilité de plusieurs législations relatives
au domaine de l'habitation et je réponds également devant
l'Assemblée nationale de l'administration des organismes suivants: la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, la
Commission du bâtiment du Québec, le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, le Conseil des services essentiels, l'Institut
de recherche et d'information sur la rémunération, l'Office de la
construction du Québec et la Régie des entreprises de
construction du Québec. J'assume ainsi la responsabilité
d'élaborer et de proposer au gouvernement des politiques et des mesures
de nature à favoriser des relations du travail harmonieuses entre les
employeurs et les salariés. Je vois à la mise en oeuvre de ces
politiques et de ces mesures, en surveille l'application et en coordonne
l'exécution.
J'aborderai ici les éléments qui me tiennent
particulièrement à coeur et sur lesquels j'ai l'intention de
consacrer beaucoup d'énergie et, par conséquent, d'orienter les
actions de mes collaborateurs et collaboratrices fonctionnaires.
Comme je l'expliquais précédemment, j'ai fait entreprendre
des études comparatives, d'autres visant l'analyse concrète des
recommandations du rapport de la Commission consultative sur le travail et la
révision du Code du travail. Il me paraît nécessaire et
essentiel d'approfondir les recommandations et d'agir avec prudence avant de
les mettre en application. Je tiens à connaître les
répercussions de l'application des recommandations du rapport Beaudry
sur la société dans son ensemble avant de poser un geste
quelconque. Il y a des sujets en faveur desquels j'ai déjà
plusieurs arguments qui militent. Mentionnons, entre autres, le
développement de la médiation préventive. Il est ainsi de
notre intention de mettre en place une opération ayant pour objectif de
promouvoir l'utilisation de la médiation préventive par les
parties syndicale et patronale. Nous espérons faire porter davantage nos
efforts sur la prévention des conflits et mettre en ce sens l'expertise
technique du ministère à la disposition des intervenants.
D'autre part, afin d'obtenir des résultats plus satisfaisants que
ceux obtenus en vertu des dispositions dans l'actuelle législation, nous
étudions la possibilité d'introduire dans nos lois des
mécanismes susceptibles de décourager le recours à la
grève et au lock-out illégaux.
Par ailleurs, si je poursuis la nomenclature des éléments
du rapport Beaudry qui me paraissent favorables, je peux vous assurer de notre
volonté de travailler à une codification des lois du travail.
L'éparpillement de nos lois ouvrières mérite que l'on s'y
attarde. Il est inadmissible que le champ du travail soit affecté par un
certain nombre de dispositions juridiques dont celles du Code du travail, de la
Loi sur les normes du travail, de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et autres, qui contiennent des
définitions différentes d'une même réalité.
Nous verrons donc à regrouper toutes les lois qui ont une influence sur
le travail dans un code des lois du travail. De plus, il nous faudra harmoniser
toutes nos lois qui ont une incidence sur le travail en cherchant à leur
donner une certaine compatibilité avec celles des sociétés
avec lesquelles nous sommes en compétition. Vous aurez sûrement
remarqué, M. le Président, que la compétitivité du
Québec par rapport aux provinces et aux États limitrophes, entre
autres, est importante pour l'actuel gouvernement.
Aux demandes qui me sont parvenues relativement à une hausse du
salaire minimum, je réponds que je m'empresserai de l'augmenter lorsque
j'aurai la conviction que
cette hausse ne nuira pas à notre situation concurrentielle et ne
causera pas, par conséquent, des pertes d'emplois. J'entretiens les
mêmes principes pour les lois qui régissent nos relations du
travail. Nous nous devons de faire tout en notre pouvoir pour que les
écarts de lois du travail qui viennent nuire au caractère
compétitif du Québec au plan socio-économique soient
évalués très sérieusement. Il va sans dire que cet
effort d'ajustement ne pourra se faire sans un minimum de balises qui me sont
particulièrement chères. Nos travailleurs et travailleuses ne
doivent pas être laissés à des pratiques inacceptables dans
une société évoluée. C'est pourquoi nos lois du
travail devront assurer la protection de la main-d'oeuvre
québécoise.
En second lieu, il faut reconnaître que les droits individuels
doivent être respectés-Un équilibre est à
rétablir chez nous et nous ne perdrons pas de vue cette
nécessité dans la recherche d'une législation
adaptée à notre société.
Troisièmement, il faudra que le gouvernement adopte des lois du
travail conçues pour assurer des relations continues entre les parties
de façon à prévenir autant que possible des situations
conflictuelles. Dans cette perspective, l'édification d'un code des lois
du travail sous notre gouvernement ne perdra pas de vue que le meilleur
système de règlement des problèmes ne vaudra jamais une
approche de prévention.
Enfin, nous chercherons à simplifier nos lois du travail qui ne
se caractérisent pas actuellement par leur simplicité. Je crois
que l'accès et la compréhension de nos lois étant
améliorés, l'efficacité des procédures
prévues à nos lois du travail ne pourrait qu'augmenter.
Il est évident que le ministère du Travail, sous
l'administration libérale, représente de nombreux défis
à relever et il ne faudrait pas passer sous silence les gestes qui
devront être posés dans les organismes gouvernementaux qui sont
sous ma juridiction. Ainsi, sans vouloir les citer par ordre d'importance, je
me contenterai à ce stade-ci de la commission parlementaire de vous
faire part, M, le Président, ainsi qu'aux autres membres de la
commission des grandes lignes directrices qui conduiront nos gestes dans les
prochains mois.
D'abord, il devient nécessaire d'apporter certaines modifications
législatives aux pouvoirs du Conseil des services essentiels. Il
m'apparaît intolérable et injustifié qu'un syndicat puisse,
par exemple, acquérir légalement le droit de grève en
déposant une liste de services essentiels qui n'assure pas la
santé et la sécurité du public.
D'autre part, au cours de l'exercice financier qui s'amorce, nous
entendons respecter notre engagement électoral relatif à
l'abolition de la carte de classification dans l'industrie de la construction.
Actuelle- ment, les cinq comités de travail que j'ai formés et
qui ont pour mandat de me faire des recommandations sur les actions à
poser dans le but d'en arriver à une formation des travailleurs plus
adéquate et à l'abolition de cette carte de classification se
réunissent régulièrement. Ces tables de travail doivent me
faire parvenir leur rapport pour le 16 mai prochain. Je vous rappelle que la
carte de classification, qui vient à échéance le 31
décembre de cette année, sera définitivement abolie.
Dorénavant, la compétence sera enfin le principal critère
d'entrée sur le marché de la construction, autant à
l'égard des entrepreneurs que des salariés.
Par ailleurs, il me semble approprié de vouloir me pencher
sérieusement sur le déficit sans cesse croissant de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail. Nous devrons
absolument, dès cette année, étudier les
possibilités qui s'offrent à nous afin de freiner ce
déficit et même de le réduire. Comme vous devez vous en
douter, M. le Président, les objectifs d'une gestion saine et efficace
ne s'appliquent pas uniquement aux ministères du gouvernement, mais
également aux organismes qui relèvent de notre juridiction. Par
conséquent, en collaboration avec mon adjoint parlementaire, j'ai
l'intention de poursuivre mes consultations auprès des intervenants
intéressés et de poser des gestes au cours du présent
exercice financier.
En terminant, et je conclurai mes notes préliminaires
là-dessus, nous avons l'intention de faire tout en notre pouvoir pour
corriger des lacunes qui causent depuis déjà trop longtemps des
embêtements importants aux entreprises et aux travailleurs, ainsi
qu'à l'ensemble de notre société. L'objectif que nous nous
sommes fixé est plus que louable: rendre d'ici quelques années
notre régime des relations du travail plus souple, plus efficace, plus
compétitif et mieux adapté aux réalités sociales et
économiques. En désirant atteindre un tel objectif j'aurai besoin
de la collaboration de tous les regroupements, organismes, personnes ou autres
et j'ose espérer qu'ensemble nous parviendrons à bonifier notre
système des relations du travail au Québec. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
M. le député de Taillon. (10 h 30)
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, la qualité des
relations du travail au Québec est extrêmement importante à
plus d'un point de vue. Non seulement les personnes impliquées
quotidiennement dans une relation où des services sont rendus en
contrepartie d'une rémunération doivent-elles accomplir leurs
tâches respectives dans la plus grande satisfaction possible, mais
encore l'ensemble de ces relations du travail crée un climat qui
permettra aux travailleurs et aux travailleuses d'atteindre
l'épanouissement professionnel légitimement recherché de
la même façon que ce même climat doit permettre à
l'entreprise d'atteindre ce degré de productivité
nécessaire pour assurer son essor économique. Avec ou sans
libre-échange, il y aura toujours des usines, des chantiers, des
manufactures ou des bureaux où une meilleure relation entre patrons et
employés devient un outil indispensable pour réaliser un meilleur
rendement économique de l'entreprise et, donc, un meilleur statut
concurrentiel vis-à-vis des autres entreprises d'ici ou d'ailleurs. Un
exemple tiré de l'actualité, celui de General Motors, à
Boisbnand, illustre fort bien cette réalité.
Pour y arriver, chacune des parties, patrons et employés, doit,
évidemment, franchir les étapes préalables. L'acceptation
de l'existence et de la légitimité de l'autre partie et le
respect réciproque sont assurément des conditions
premières de bonne entente. Mais il y en a d'autres: la participation
des travailleurs à la gestion de l'entreprise; l'importance d'une
formation appropriée pour les cadres intermédiaires et les
contremaîtres, c'est-à-dire ceux qui sont appelés à
vivre au jour le jour les relations du travail; la meilleure circulation de
l'information à tous les niveaux; une prise de connaissance accrue par
les travailleurs des contraintes financières et autres de l'entreprise.
Ce ne sont là que quelques exemples du type d'outils qu'il faut mettre
de l'avant si l'on veut au Québec affronter les défis
énormes de la compétitivité.
Dans ce cadre et au-delà des efforts des parties
elles-mêmes, l'Etat a aussi ses responsabilités. Il doit
définir le régime des relations du travail qui s'applique autant
dans le secteur syndiqué que dans le secteur non syndiqué. Il
doit définir des règles du jeu claires, précises et
à la portée de tous. Il doit veiller, en plus, au bon
fonctionnement des institutions qu'il a mises en place pour répondre aux
besoins légitimes des individus ou des groupes. Ces institutions, ces
mécanismes doivent, on le sait, être modernisés. Par
exemple, il est impérieux que la machine administrative étatique
puisse répondre adéquatement aux besoins des travailleurs qui
veulent se regrouper en association accréditée. Le nombre de
requêtes en accréditation actuellement pendantes, les
délais qui s'allongent dans le traitement des plaintes de
congédiement pour activités syndicales et bien d'autres, ces
problèmes ne sont pas près d'être solutionnés compte
tenu de l'attitude du ministre du Travail et des crédits
déposés, lesquels ne prévoient aucune augmentation
d'effectifs. Il en va de même pour un travailleur, un syndicat ou une
entreprise qui est aux prises avec un conflit de travail ou avec un litige
important. Dans ces cas, le ministère du Travail doit être en
mesure de fournir les ressources propres à dénouer le conflit ou
même, dans certains cas, à le prévenir. Songeons ici aux
importants services de conciliation et à celui de la médiation
préventive dont l'importance névralgique ne semble pas à
première vue, selon les crédits, avoir été retenue
par le gouvernement libéral.
De façon générale, le rôle du
ministère du Travail, l'un des plus petits en termes d'effectifs, 1314
personnes pour l'année qui vient, et également petit en chiffres
absolus, 56 000 000 $ pour la même période, n'en est pas moins
fondamental, et ce, d'autant plus que ce ministère a su se bâtir
une crédibilité remarquable dans le milieu. Il est rare de nos
jours que les fonctionnaires méritent autant de respect dans leur
sphère d'activité et c'est pourtant le cas des hommes et des
femmes qui oeuvrent au ministère du Travail. Je profite de l'occasion
qui m'est donnée aujourd'hui pour rendre hommage à leur
compétence et à leur dévouement toujours
désintéressés.
Par contre, nous sommes actuellement préoccupés par le
comportement du gouvernement libéral depuis son arrivée au
pouvoir, car ses agissements constituent un risque sérieux à
l'égard de nos institutions de travail et risquent également de
mettre en péril le climat social si fragile. Par exemple, au sujet des
recommandations du rapport Beaudry, le manque de vision globale du gouvernement
et l'absence de principes directeurs, qui caractérisent ses
interventions, nous amènent à constater un immobilisme
inadmissible. Nous avons eu l'occasion, lors de l'interpellation du mois de
mars dernier - le ministre s'en souviendra -de souligner le caractère
urgent d'une mise en vigueur d'une bonne partie des recommandations du rapport
Beaudry afin de moderniser notre régime des relations du travail non
seulement dans le secteur syndiqué, mais également dans le
secteur non syndiqué. La protection du travail à temps partiel,
la hausse du salaire minimum, la reconnaissance du travail de l'épouse
salariée, la protection du travail à domicile, la protection du
travail domestique, un groupe d'enquête sur la main-d'oeuvre
forestière, l'institution d'obligations contractuelles, les programmes
d'accès à l'égalité, la promotion de l'embauche des
personnes handicapées, un salaire minimum égal pour les moins de
18 ans, ce ne sont là que quelques-unes des recommandations du rapport
Beaudry visant des groupes non organisés, non protégés par
une convention collective. Ces recommandations du rapport Beaudry, moins
spectaculaires que la création d'une commission des relations du
travail
pour le secteur syndiqué, n'en méritent pas moins
l'attention immédiate du ministre puisqu'il ne semble pas en faire cas,
du moins jusqu'à maintenant, ceci incluant son discours d'ouverture de
ce matin.
De plus, les gestes posés par le ministre du Travail depuis qu'il
est en fonction nous font appréhender une détérioration
des relations du travail à court et à moyen terme. Qu'il suffise
de mentionner les interventions inefficaces du ministre dans les conflits de
travail à la STRSM toujours non réglés en ce qui concerne
les employés d'entretien, celui des cols bleus de Montréal
où les employés sont sans convention collective depuis quinze ou
seize mois ou celui du transport scolaire qui a dû se régler par
une loi spéciale, la première loi spéciale adoptée
par le Parlement dans le secteur privé, alors qu'il ne s'agissait pas
d'un conflit dans un secteur essentiel, ni d'une grève illégale.
De plus, nous assistons à une nouvelle et inquiétante
politisation des conflits de travail alors que l'oeuvre de
dépolitisation était à peu près terminée
sous le gouvernement précédent.
Le peu d'intérêt que manifeste le gouvernement à
l'égard des relations du travail est bien caractérisé par
l'allocation de dépenses ou les crédits qu'il a accordés
à ce secteur cette année. En effet, les crédits du
ministère du Travail subissent une baisse de 15,6 %, soit le plus fort
pourcentage de diminution après celui du ministère du Commerce
extérieur qui est de 17,1 % et celui du ministère des Relations
internationales qui est de 16,6 %. Cette compression, cette diminution de 15,6
% est d'autant plus forte et surprenante que le ministère du Travail,
à la suite des lois 42 et 37, doit absorber la création des
services de l'arbitrage médical et de la médiation dans les
secteurs public et parapublic et également, doit à la suite de la
réorganisation administrative interne gouvernementale,
récupérer les crédits de la qualification professionnelle
des entreprises de construction, autrefois au ministère de
l'Habitation.
Les statistiques mêmes du ministère du Travail, ainsi que
les analyses des nombreux observateurs de la scène des relations du
travail au Québec concluent unanimement au fait que les relations du
travail au Québec ont contribué de façon significative, au
cours des dernières années, à la stabilité
politique et sociale et j'ajouterais économique.
En ce qui concerne l'avenir, le ministre du Travail doit fournir des
réponses adéquates aux attentes légitimes des intervenants
et il doit également entreprendre des démarches
nécessaires afin que cette stabilité et ce développement
ne soient pas mis en péril. Dans la poursuite de cet objectif, le
ministre peut être assuré de l'absolue collaboration de
l'Opposition. Il ne lui reste cependant qu'à afficher la volonté
politique minimale nécessaire sans reculer devant la composition presque
exclusivement patronale des comités de bénévoles qui
décident de beaucoup de choses dans ce gouvernement libéral.
Ainsi, au cours de l'étude des crédits qui s'amorce, il
est primordial que le ministre nous indique ce que son gouvernement entend
faire concrètement, c'est-à-dire en termes d'investissement
d'énergie et de ressources dans les domaines suivants:
premièrement, le rapport Beaudry et ses suites; deuxièmement, les
relations du travail et leur encadrement, en particulier, le rôle des
organismes publics, tels le Conseil sur les services essentiels, l'Institut de
recherche et d'information sur la rémunération, les modifications
à la loi 37, les modifications à la loi 42 et les normes
minimales de travail; troisièmement, l'aide financière à
la CSST qu'a soulignée également le ministre dans son allocution;
enfin, le règlement de placement dans l'industrie de la construction.
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient faire quelques remarques
préliminaires? M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que je pourrais avoir une information avant
d'entreprendre l'étude des crédits comme telle? II y avait eu une
demande de renseignements dans un cahier. Est-ce qu'on pourrait en disposer
immédiatement et après tomber dans les crédits?
Le Président (M. Charbonneau): C'est-à-dire
qu'à ce moment-ci on est à l'étape des remarques
préliminaires, que les membres de la commission, ainsi que notre
invité, le ministre, peuvent faire. On n'a pas encore abordé
comme telle l'étude des crédits programme par programme ou
élément par élément.
M. Maltais: J'en avais déduit que les remarques
préliminaires étaient terminées. Le porte-parole...
Le Président (M. Charbonneau); Je pensais que vous vouliez
en faire également,
M. Maltais: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon.
M. Maltais: C'était une demande de directive concernant la
façon dont on va aborder les crédits parce que j'avais conclu que
le ministre et le porte-parole avaient terminé leurs remarques
préliminaires. À moins que des collègues de mon
côté...
Le Président (M. Charbonneau): Je
voulais simplement vérifier si le ministre avait quelque chose
à ajouter.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être quelques points de
précision. Le critique de l'Opposition s'est interrogé sur ce
qu'il appelle une lacune dans mes notes d'introduction ou les orientations du
ministère quant au nombre de requêtes en accréditation qui
seraient en attente. II y a plusieurs chiffres qui ont circulé sur la
place publique au cours des dernières semaines, des derniers mois, quant
à ce nombre de requêtes en accréditation. J'imagine que les
propos qu'il a tenus, qui sont des propos sérieux, doivent tenir compte
d'un chiffre assez précis, quand même. Est-ce qu'il pourrait
m'indiquer quel chiffre il a retenu dans ce débat public?
M. Filion: On aura l'occasion d'en reparler quand on arrivera au
programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Cela va vous donner le
temps d'aller vérifier. J'indiquerais également - et c'est
important, ce qu'il a mentionné comme critique de l'Opposition - qu'il y
a des compressions budgétaires sérieuses, au ministère, de
15 % approximativement cette année. Je veux seulement indiquer - et je
touche du bois lorsque je le fais parce que c'est un ministère dont la
situation est appelée à changer de façon quotidienne et
même de façon horaire - et c'est le sous-mînistre en titre
qui me le faisait remarquer, qu'au moment où on se parle il y a quelque
2160 personnes en grève dans la province de Québec. Le
sous-ministre m'indiquait - il est là depuis plusieurs années, je
crois - qu'il s'agit d'une situation qui est quasi exemplaire, que c'est rare
que l'on descende en bas d'un certain plancher. Autour de 3000, au
ministère, on juge que c'est une situation qui n'est jamais acceptable
comme telle, mais qui est dans la normalité des relations du travail
qu'on a connues au cours des dernières années au Québec.
Je vous indique que, malgré ces coupures budgétaires, les
individus en place ont fourni des efforts extraordinaires depuis
l'arrivée du gouvernement libéral, ce qui fait en sorte que ce
matin nous pouvons vous communiquer un résultat qui n'est pas
satisfaisant - parce qu'un résultat satisfaisant, c'est personne en
grève au Québec, tout le monde au travail - mais un
résultat, une situation améliorée, une action positive. Je
tiens à remercier les gens qui ont déployé des efforts
extraordinaires sur le plan de la prévention et, lorsqu'il y a eu des
conflits sérieux, sur les moyens curatifs qui y ont été
apportés.
Je suis certain que le critique de l'Opposition se joint au ministre, ce
matin, pour abonder dans ce sens que, malgré ces coupures, l'action du
ministère connaît des répercussions sur le terrain, qui
sont en nette amélioration, disons.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon,
Discussion générale
M. Filion: Si le ministre me le permet avant d'aborder le
programme 1, à la suite de ses remarques, est-ce que le ministre a eu
l'occasion de regarder les statistiques pour l'année 1985?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on a les statistiques pour
l'année 1985. C'est en haut de cela. Malheureusement, on le
déplore.
M. Filion: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est en haut de 2000, la moyenne.
On le déplore.
M. Filion: Oui, mais est-ce que vous avez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Alors qu'il y avait beaucoup moins
de conventions collectives arrivant à échéance, dans un
contexte plus favorable, les chiffres étaient plus négatifs.
M. Filion: Est-ce que le ministre est au courant que
l'année 1985 est une année à peu près record quant
au nombre de jours-hommes, jours-femmes perdus pour des conflits de travail?
Est-ce que le ministre est au courant de cela? (10 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous êtes au
courant que l'année 1985, comparativement à 1986, pour les
conventions collectives qui arrivent à échéance, ce n'est
pas comparable, parce qu'il est dans vos habitudes de comparer des choses non
comparables? Deuxièmement, au sujet des chiffres que je viens de vous
citer, si vous me dites que 1985 est un record, le record vient d'être
brisé. C'est fait pour cela, des records.
M. Filion: Le ministre est-il au courant que 1986 n'est pas
terminée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah!
M. Filion: II parle de comparer des pommes avec des pommes. S'il
veut comparer 1985 avec une année, il est très mal placé
pour comparer 1985 à 1986. Franchement! On va avoir de la misère
à se comprendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
comprends que le député est nouveau dans cette Chambre, mais,
lorsque je parle d'une situation qui évolue à chaque jour et
même à chaque heure, je laisse sous-entendre la situation que l'on
connaît présentement, et j'ai indiqué qu'on ne pouvait pas
parler pour toute l'année. Lorsque des commentaires comme ceux-là
sont apportés, on pourrait éviter des pertes de temps finalement,
si le député prêtait complètement attention aux
propos. Je n'ai pas dit que 1985 et 1986 étaient comparables; c'est vous
qui avez fait cette comparaison. J'ai dit que 2000 sur une base quotidienne,
c'était une situation qui n'était pas arrivée souvent au
ministère dans les dernières années, qu'on était
dans une situation qui pouvait changer. Il peut y avoir à l'heure du
midi ou en début d'après-midi quelque chose d'important qui se
déclenche comme conflit de travail. Personne ne le souhaite, mais tous
ces chiffres-là pourraient être changés.
Au Québec, il est important de le mentionner sur la place
publique lorsqu'on a des difficultés importantes et sérieuses
dans les relations du travail, mais il est également important de le
souligner - et là-dessus, je fais appel à la collaboration de
l'Opposition pour jouer un rôle positif dans la société -
lorsque les relations du travail vont relativement bien, lorsqu'on
établit un climat de travail qui est de plus en plus sain, lorsque, par
la prévention, on peut éviter des conflits de travail et qu'on
obtient des résultats qui sont favorables non pas au Parti
libéral du Québec, non pas au Parti québécois, non
pas d'un côté de la table, mais qui sont favorables à
l'ensemble de la population québécoise parce que favorables
à l'ensemble de l'économie québécoise. Je ne
comprends pas pourquoi l'Opposition s'acharne à dire: Peut-être
qu'après-midi cela ne sera pas vrai. Il faut profiter d'une situation
telle qu'elle existe ce matin. C'est peut-être un "adon", on aurait pu
être à 5000 ou à 6000. Je vous le souligne pour que vous
puissiez, vous aussi, collaborer à refaire le visage du monde des
relations du travail au Québec pour que, au Québec, on se dise:
Peut-être que sur le plan des relations du travail, avec les
améliorations qu'on tente d'apporter, on n'est pas pire qu'ailleurs. Et
peut-être qu'on pourra communiquer ce message outre-frontières si
on le partage nous-mêmes, et cela fera en sorte que ce message
contribuera à amener ici des investissements qui créeront de
l'emploi pour ceux et celles qui sont à la recherche d'un emploi dans
notre société. Là-dessus, je compte sur votre
collaboration, M. le critique de l'Opposition.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: M, le Président, je ne sais pas si le ministre
du Travail était distrait au moment de mes remarques
préliminaires, peut-être l'est-il encore actuellement.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai même compris que je
n'étais pas distrait actuellement, mais allez-y.
M. Filion: Effectivement, nous avons souligné l'importance
de la qualité, d'un bon climat des relations du travail au Québec
non seulement pour les personnes engagées quotidiennement dans la vie
des relations du travail, mais aussi sur le plan économique, ce qui a
été longtemps malheureusement sous-estimé au
Québec. En ce sens-là, refaire le visage ou l'image des relations
du travail au Québec par rapport aux sociétés qui nous
entourent, je pense que c'est important. Comme je l'ai souligné
également dans mes remarques préliminaires, pour y arriver, il
faut plus que des voeux pieux, il faut plus qu'une statistique un matin; il
faut des gestes concrets, il faut l'investissement d'énergies et de
ressources parce que, dans ce secteur comme dans les autres, il faut
continuellement s'adapter aux réalités changeantes et mouvantes.
En ce sens-là, si le ministre n'était pas distrait au moment de
mes remarques préliminaires, il aura également compris que nous
accordons notre absolue collaboration à tout geste, pour autant qu'il y
ait une volonté politique, que pourra poser le gouvernement dans le sens
précis de redorer le blason du Québec en matière de
relations du travail.
Je suis convaincu qu'avec l'excellente équipe qui l'entoure, si
la volonté politique peut sortir un peu des comités de
bénévoles extrêmement dangereux, où ce sont des
non-élus qui décident... On connaît, d'ailleurs, la
composition de ces comités de bénévoles qui,
malheureusement, viennent du milieu patronal. On s'en inquiète, d'autant
plus qu'on a assisté à la disparition du ministère de la
Concertation. On aura l'occasion tantôt de regarder le budget du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, organisme qui peut servir de
plaque tournante aux différentes parties pour se concerter dans le sens
d'actions communes. Malheureusement, les crédits ne semblent pas
soutenir cette priorité qu'on devrait accorder au CCTMO.
M. le Président, quant à moi, cela termine les
débats préliminaires. Je suis prêt à passer au
programme 1.
Le Président (M. Charbonneau): Autrement, on pourrait
passer la journée à faire un débat fort
intéressant, mais j'imagine que le même débat va revenir
tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je retiens, M. le
Président, qu'il y a eu des propos cordiaux entre l'Opposition et le
ministre...
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je retiens, c'est
qu'il y a eu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...sur certains points.
Travaillons sur ces points positifs.
Le Président (M. Charbonneau): II y a eu aussi
également une passe d'arme d'égal à égal.
Semble-t-il que chacun a eu un temps de discussion et de réplique
à peu près équivalent. Ceci étant dit, on va passer
au programme 1. M. le vice-président.
Organisation des travaux
M. Théorêt: M. le Président, mon
collègue a demandé tantôt, étant donné qu'il
y a eu des demandes de renseignements additionnels de l'Opposition pour
l'étude des crédits, si on ne pouvait pas passer à cela.
Il me semble que ce serait opportun qu'on passe à travers ce cahier
avant le programme 1 puisqu'il y a certains renseignements là-dedans sur
lesquels on pourrait poser des questions lors de l'étude du programme.
Est-ce que vous me donneriez la parole?
Le Président (M. Charbonneau): Je ne comprends pas
très bien la demande du député de Saguenay. Je voudrais
lui demander de (a préciser un peu.
M. Maltais: Je peux faire cela, M. le Président. Avant
d'entreprendre l'étude des crédits - de toute façon,
remarquez bien qu'on n'en fera pas un plat - programme par programme, il y a eu
des demandes de faites concernant des comtés spécifiques.
J'aurais aimé qu'on puisse en discuter avant de passer à
l'étude des programmes. Remarquez que cela ne changera pas la terre,
sauf que cela éviterait peut-être, lorsqu'on va revenir dans les
différents programmes, de poser ces questions pour retarder le
débat.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: Ce que je suis prêt à soumettre aux
membres de la commission -évidemment, je suis ici pour étudier
les crédits du ministère du Travail; la formule qu'on a
préparée en collaboration, c'est d'étudier programme par
programme - c'est que, s'il y a des éléments qui font partie des
renseignements additionnels, on peut y faire référence en cours
de route.
M. Maltais: Habituellement, M. le Président - et vous en
avez l'expérience puisque vous avez présidé d'autres
commissions parlementaires - avant d'entre- prendre les volets de chacun des
crédits, les questions pertinentes au dossier sont discutées.
J'ai déjà participé à d'autres commissions
et je n'irai pas jusqu'à demander le vote sur une pareille proposition
compte tenu de la situation actuelle. Cependant, c'est une offre de
collaboration et c'est pour éviter que, lors de l'étude des
programmes volet par volet, on ne retarde indûment ces questions. De
toute façon, peu importe votre décision, c'est vous qui
êtes le souverain ici.
M. le Président, nous allons poser les questions que l'Opposition
a soumises étant donné qu'il y a des questions spécifiques
qui se rattachent à des comtés et on aurait aimé les
poser. Maintenant, cela vous appartient.
Le Président (M. Charbonneau): Après une
dixième année de vie parlementaire, la souveraineté des
parlementaires au d'un parlementaire en particulier, c'est fort relatif.
M. Maltais: La souveraineté, M. le Président, on en
a tellement parlé que tout le monde l'a oubliée.
Le Président (M. Charbonneau): Associée ou pas
associée, elle a toujours ses limites. Cela étant dit, pour le
bon ordre des travaux qu'on a à faire et le fonctionnement qu'on doit
utiliser, je crois qu'il est préférable qu'on aborde les
programmes. Finalement, dans la constitution des programmes, on a les grands
dossiers et les questions additionnelles ou complémentaires qui peuvent
s'y rattacher, je crois que c'est plus logique et plus compréhensif
qu'elles se posent à l'occasion des grands dossiers qui peuvent se
présenter lorsqu'on étudie les crédits programme par
programme.
Autrement, si vous faisiez appel à mon expérience qui est
- je vous le rappelle en toute humilité - un peu plus longue que la
vôtre, à ma connaissance, ce n'est pas arrivé souvent qu'on
procède comme vous le demandez. Généralement, on
procède, soit dans l'ordre des programmes ou dans un ordre qui est
convenu entre l'Opposition ou le ministre. On peut inverser l'ordre des
programmes et parler d'un certain nombre de grands dossiers, mais je
croîs que, dans ce cas-ci, il serait peut-être
préférable, pour ne pas perdre de temps, de commencer
l'étude programme par programme.
M. Maltais: Je n'argumenterai pas plus longtemps, M. le
Président, mais je veux simplement rappeler les faits suivants. Je ne
pense pas qu'en cette Chambre il y ait quelqu'un qui ait fait plus de
commissions parlementaires que vous et moi ici. Depuis trois ans, j'ai
assisté aux plus longues qui existaient, que ce soit sur la loi 42,
l'éducation, etc. M. le Président, je peux vous dire
combien il y a de carreaux et de lumières au plafond et vous aussi.
Je peux vous dire une chose aussi: Nonobstant ce que vous avez dit,
lorsque, notamment, des renseignements supplémentaires étaient
demandés par l'Opposition, il était de coutume que nous en
discutions avec le ministre et les membres de la commission avant le
début de l'étude de chacun des volets. C'est votre
décision. Cependant, soyez certain qu'autour des crédits on aura
l'occasion d'y revenir, bien sûr, même si cela ne s'y rattache pas
directement ou indirectement, puisque j'ai parlé de questions
spécifiques se rattachant à différents comtés dans
cette même commission parlementaire.
Lors de l'étude des crédits antérieurs, nous avions
posé des questions et demandé des renseignements qui devaient
nous être fournis subséquemment aux crédits de 1986. Or, il
y a eu un changement de gouvernement le 2 décembre. Pour cela, nous
n'avons pas pu avoir les réponses. Même s'il y a eu un nouveau
gouvernement, nous devons avoir des réponses aux questions qu'on a
posées antérieurement. Là-dessus, je me soumets à
votre décision.
Le Président (M. Charbonneau): L'objectif n'est pas
d'empêcher les membres de la commission d'obtenir le maximum
d'information à l'occasion de l'étude des crédits. Le
problème, c'est qu'on a un nombre d'heures limité pour
l'étude de ces crédits et que, dans ce nombre d'heures, on va
essayer de couvrir le maximum de matière. Donc, avec votre collaboration
on va immédiatement commencer. Je sais qu'il y a aussi une espèce
d'entente entre les leaders pour qu'il y ait une utilisation du temps qui
permette à l'Opposition de faire son travail dans notre système
parlementaire. Par ailleurs, cette entente n'empêche pas et ne doit pas
empêcher des députés ministériels d'obtenir les
informations dont ils ont besoin. Je vais essayer de faire en sorte que tout le
monde, à la fin de l'étude des crédits, aura obtenu le
maximum d'information, compte tenu des contraintes de temps. Sans plus tarder,
je demanderais au député de Taillon d'entreprendre la
discussion.
Une voix: Vous appelez le programme
Le Président (M. Charbonneau): Le programme 1.
M. Filion: Le programme 1.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. le
député de Frontenac?
M. Lefebvre: Est-ce que je dois comprendre que vous avez rendu
une décision sur l'intervention du député de Saguenay?
Le Président (M. Charbonneau): Oui. Si j'ai bien compris
la demande du député de Saguenay, il me demandait de passer,
d'abord, aux demandes antérieures de renseignements additionnels de
l'Opposition concernant les crédits. Je lui ai indiqué qu'il
serait préférable, à mon avis, compte tenu du nombre
d'heures limité, on n'a que cinq heures... Par exemple, hier, le
ministère de l'Industrie et du Commerce disposait d'un plus grand nombre
d'heures pour l'étude des crédits et on n'a pas
procédé comme cela, de toute façon. L'expérience
que j'ai à titre de président de commission dans une
précédente Législature et à titre de
député depuis une dizaine d'années, c'est que, de deux
choses l'une: ou on commence programme par programme et les informations
additionnelles sont obtenues au cours de l'étude de ces programmes ou
encore il y a une entente pour ne pas suivre l'ordre des programmes. Mais,
généralement, cette entente intervient entre le ministre et le
critique officiel de l'Opposition dans le dossier en question. Donc, je crois
que, finalement, compte tenu qu'on a seulement cinq heures aujourd'hui et trois
heures en particulier pour les programmes 1 à 4 et le programme 6, et
qu'il est déjà 11 heures, si on veut compléter
l'étude de ces programmes...
M. Lefebvre: M. le Président, on peut tenir pour acquis
qu'avant la fin des travaux il y aura une période spécifique qui
permettra aux parlementaires de poser des questions dans le sens indiqué
par le député de Saguenay?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, mais ce qui pourrait
aussi être fait, c'est que si le député de Saguenay ou
d'autres collègues voyaient une de leurs questions plus
spécifiquement rattachée à l'un des programmes ou à
l'un des éléments de programme qui arrivent en cours de
discussion, il me ferait plaisir de leur donner la parole et pas
nécessairement d'attendre à la fin pour leur permettre d'obtenir
les renseignements qu'ils désirent.
M. Lefebvre: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis qu'il y aura une
période de temps prévue strictement pour les fins de la question
que j'ai soulevée, à savoir qu'on aura tout le temps voulu pour
poser les questions?
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, tout le
temps voulu...
M. Lefebvre: Vous faites référence au
fait qu'on est limité à une période d'environ cinq
heures. Alors, on peut prévoir qu'à un moment donné on
manquera de temps. Je pense qu'il est impartant qu'on puisse, avant
l'étude des crédits comme telle, savoir s'il y aura une
période de temps minimale prévue pour poser les questions
auxquelles faisait référence le député de Saguenay.
(11 heures)
Le Président (M. Charbonneau): Je dois vous dire qu'au
total on a cinq heures. De deux choses l'une: ou il y a entente entre les
formations politiques selon la tradition, une entente plus rigoureuse; s'il n'y
en a pas, je suis obligé d'appliquer le règlement de façon
plus stricte et, dans ce cas, d'appeler programme par programme chaque
député sur chaque élément durant 20 minutes, le
ministre a du temps de parole qui n'est pas comptabilisé dans le temps
des membres de la commission. Je signale à tous les membres, ceux qui
ont plus d'expérience et ceux qui en ont moins, que, si on fait cela, il
est évident qu'on risque de ne pas avoir te temps de passer au
travers.
M. Lefebvre: M. le Président, je dois vous faire la
remarque suivante. On me laisse entendre qu'une période d'environ 30
minutes serait suffisante pour répondre à la suggestion que je
vous fais. Alors, je vous demande de prévoir une période de 30
minutes pour permettre aux membres de la commission de poser les questions
auxquelles on faisait référence.
Le Président (M. Charbonneau): Je puis vous dire qu'hier
on m'indiquait - et cela m'a été confirmé - que l'entente
intervenue entre les leaders voulait que 10 % du temps était
réservé aux députés de l'Opposition. Comme je vous
l'ai indiqué, je ne veux pas nécessairement confiner les membres
de la commission du côté ministériel à 10 % du temps
à la fin. S'ils veulent utiliser leur temps de parole, ils peuvent le
faire en cours de route.
Si tel n'est pas le cas, c'est évident qu'on va essayer de faire
en sorte que ce temps de parole minimum qui avait été convenu
soit accordé. Est-ce qu'on s'entend?Cela va?
M. Lefebvre: Je vous ai demandé une demi-heure, M. le
Président. Rendez une décision, à tout le moins je saurai
à quoi m'en tenir.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: M. le Président, une heure est
déjà entamée. Il serait peut-être mieux qu'on se
mette à fonctionner plutôt que de se demander comment fonctionner
et qu'on épuise le temps de cinq heures qui nous est alloué par
les leaders pour l'ensemble. Je vous rappelle qu'il y avait les programmes 1
à 4 et 8 qu'on se proposait d'étudier cet avant-midi. Il nous
reste les programmes 5, 6 et 7 pour cet après-midi. Je suis convaincu
que le ministre n'aura pas d'objection à déborder cet
après-midi sur l'un des programmes.
Le Président (M- Charbonneau): Le ministre n'a pas le
droit d'intervenir dans ce cas-ci. Ce sont des problèmes qui se
règlent entre les membres de la commission.
M. Filion: Bon, alors ma suggestion, M. le Président, est
donc de commencer.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'on s'entend sur
cinq heures? Il est clair que j'entends respecter cela et faire en sorte que
mes collègues ministériels aient la possibilité d'obtenir
les renseignements. Il y a une entente entre leaders quant à un temps
minimum...
M. Chevrette: M. le Président, l'entente entre les
leaders, c'est effectivement 10 % du temps qui a été
négocié, en ce sens qu'on sait que, normalement, c'est
l'Opposition qui pose les questions concernant les crédits. Il se peut
pertinemment que les ministériels aient quelques questions. À ce
moment, vous avez à faire un décompte à l'intérieur
de la commission et permettre 10 %.
M. Maltais: Effectivement, on a quelques questions à
poser. Commençons et on réglera le problème.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ouvrage! Cela
va? Bon, très bien. M. le député de Taillon.
M. Filion: Avez-vous appelé le programme l?
Le Président (M. Charbonneau): Je l'ai appelé et je
l'appelle à nouveau.
Relations et normes de travail
M. Filion: Vous l'appelez, d'accord. Au programme 1, les
crédits couvrent la Direction générale des relations du
travail, le bureau du commissaire, la Direction des relations du travail et la
Direction des décrets. Les crédits qu'on retrouve à la
page 12 du cahier explicatif nous indiquent une augmentation de 12 % des
crédits pour 1986-1987. La grande partie de cette augmentation se situe
à l'élément 2, Relations du travail, avec une augmentation
de 31,9 %. La hausse des crédits, comme je l'ai mentionné
tantôt, s'explique par la création des services de l'arbitrage
médical
et de médiation dans les secteurs public et parapublic.
Cependant, si on se réfère aux documents qui ont
été distribués par le Conseil du trésor lors du
dépôt des crédits, à la page 87, on constate, dans
les prévisions déposées en mars par le Conseil du
trésor, une variation de 3 % d'augmentation sur ce programme. Or, dans
le cahier explicatif, c'est une augmentation de 12,6 %. Mon équipe n'est
pas parvenue à comprendre pourquoi on parle de 3 % dans le cahier du
Conseil du trésor et de 12,6 % dans le cahier du ministère.
Est-ce qu'on peut nous expliquer la différence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je suis heureux de constater
que vous vous êtes vous-même aperçu qu'il y avait, sur le
plan du programme 1, Relations et normes de travail, une augmentation de 12,6
%, car, en écoutant votre exposé du début, vous souligniez
qu'il y avait eu une diminution au ministère et vous disiez que
c'était important, dans le domaine des relations du travail, non pas de
soustraire ou de compresser dans les effectifs ou dans les ressources mises
à la disposition des parties, mais d'ajouter. Lorsqu'on parle de 12,6 %
-il est vrai qu'il y a de nouveaux éléments -on ajoute quand
même des outils qui sont là pour améliorer les relations du
travail, et c'est 12,6 %.
Quant aux autres documents auxquels vous référez, on
pourrait sans doute retrouver des projections d'il y a un an, 18 mois ou 24
mois et même des projections récentes. Ce qu'il est important de
retenir pour les membres de la commission c'est, quels sont les crédits
que cette commission demande à l'Assemblée nationale d'approuver
pour les fins de l'exercice financier qui s'en vient. Comme vous l'avez
souligné à juste titre, au service des relations et normes du
travail, c'est une augmentation de 12,6 %. Il y a peut-être eu - j'ai eu
cela dans d'autres programmes - des études faites par le Conseil du
trésor qui disaient: plus 14 %, moins 28 %, plus 56 %. Ce sont des
travaux qui sont effectués et qui nous amènent aux crédits
qu'on demande à cette commission d'approuver. Les crédits qu'on
demande d'approuver c'est réellement les chiffres que vous avez devant
vous. Je ne veux pas qu'on pense qu'il y a d'autres chiffres qu'on vous demande
d'approuver. On demande à l'Assemblée nationale, aux
parlementaires de regarder les chiffres qui sont là et de poser des
questions sur ces chiffres. Si vous me posez des questions sur d'autres
chiffres, je peux essayer de retourner dans le temps, aller rechercher les
autres chiffres, la raison qui était en arrière des autres
chiffres et parler d'autres chiffres que ceux qu'on a devant nous autres. Je
veux bien parler des chiffres qu'on a dans les cahiers et qu'on demande. Si
vous le voulez, je suis prêt à prendre le temps mais je n'ai pas
l'impression que cela permettra à nos débats d'avancer parce que
les chiffres qui ont été finalement retenus par l'exécutif
pour présentation aux membres du législatif et approbation par
l'Assemblée nationale, ce sont ceux que vous avez devant vous. Si vous
voulez que j'aille voir les autres chiffres, je vais y aller et je viendrai
avec une réponse, mais quand on arrivera avec la réponse on sera
obligé de dire que finalement les chiffres qui sont retenus sont ceux
qui sont dans ce cahier-là. Je voudrais m'assurer qu'on a bien les
mêmes. Total pour 1986-1987, 10 037 900 $, au programme 1. C'est possible
que le Conseil du trésor ait fait d'autres évaluations, d'autres
hypothèses mais il ne les a pas retenues. C'est l'hypothèse qui a
été retenue. Est-ce que cela va ou voulez-vous qu'on aille voir
vraiment?
M. Filion: Peut-être pas immédiatement, M. le
ministre. J'aimerais comprendre. Les crédits du ministère du
Travail sont octroyés par le Conseil du trésor. Ils sont
votés ensuite par l'Assemblée nationale, bien sûr. C'est
simplement pour mon information et le ministre n'est pas obligé de me
répondre tout de suite. Il pourra peut-être me répondre cet
après-midi. J'essaie de comprendre. Dans les crédits
déposés par le Conseil du trésor...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être intervenir
et vous donner la réponse tout de suite. La différence entre 3 %
et 12,6 %?
M. Filion: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ici 3 %, c'est par rapport aux
crédits votés l'an passé et 12,6 % c'est par rapport aux
sommes réellement dépensées l'an passé. C'est la
différence de pourcentage. Il s'agit finalement de choses comparables.
Je pense que vous comprenez ce qu'on se dit.
M. Filion: Donc, les 3 % s'appliquaient sur les dépenses
prévues...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Prévues et les 12,6
%...
M. Filion: S'appliquaient sur les dépenses
réelles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...encourues.
M. Filion: Toujours à l'intérieur de ce
programme-là, est-ce que le ministre a reçu le rapport interne de
son ministère sur le rapport Beaudry?
L'application du rapport Beaudry
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous faire part de la
discussion. J'ai reçu un rapport préliminaire synthèse qui
dressait le plan de travail du ministère. J'ai rencontré les
hauts fonctionnaires et, à partir de ce plan synthèse que nous
avons précisé, les fonctionnaires sont au travail au moment
où on se parle.
M. Filion: Quand le ministre envisage-t-il recevoir le rapport
interne de son ministère sur le rapport Beaudry?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le prochain rapport que je
recevrai, s'il vient dans de courts délais, sera un rapport
intérimaire parce que les études dont on s'était
parlé au moment de l'interpellation un vendredi... J'ai
vérifié les échéanciers parce que je pensais que
cette question-là était pour venir. C'est encore à
l'impression mais j'avais des dates de production... Quant à
l'étude qui touche les programmes d'accès à
l'égalité en emploi pour les femmes au Québec, on me dit
qu'elle sera finie d'imprimer dans la semaine du 21 avril. C'est
également la même date pour le rapport d'étude concernant
les ménagères et femmes collaboratrices, la reconnaissance d'un
statut de travail. C'est également la même date pour la
concertation au Québec, une étude de cas et perspectives. On me
parle de la mi-mai pour le traitement des rapports collectifs de travail dans
la grande presse d'information au Québec. On me parle également
du 21 avril pour un véritable Code du travail, un projet
réalisable. On me parle également du 21 avril pour les sources
d'information en matière de conditions et de relations du travail. En ce
qui concerne les normes du travail, on n'a pas été capable de me
fournir une réponse ou de me donner une date ou une période
précise. Quant aux jeunes et le marché du travail, on me parle de
la mi-mai. Quant aux changements technologiques et le travail au Québec,
un état de la situation, on me parle également de la mi-mai.
Quant à la participation des travailleurs dans l'entreprise au
Québec, un état de la situation, on me parle du 28 avril ou vers
le 28 avril. Quant aux statuts de travail, une analyse socio-institutionnelle
de la population active au Québec, on me parle de la mi-mai 1986. Quant
à l'extension juridique des conventions collectives au Québec, on
me parle de la semaine du 28 avril. Quant au traitement des rapports collectifs
de travail par des organismes administratifs, on me parle également de
la mi-mai.
Donc, dès que mes fonctionnaires auront en main ces documents,
ils pourront donner suite à la commande. Mais, pour ne pas perdre de
temps, on a déjà eu des prémisses et une rencontre
préliminaire précisant la commande du ministre aux fonctionnaires
sur le rapport à fournir.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne le comité
formé de deux personnes de l'extérieur du ministère,
chargé d'étudier également les suites du rapport Beaudry,
quel est le délai qu'a fixé le ministre à ce comité
et quel est son mandat précis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le mandat précis, c'est de
conseiller le ministre sur les impacts pratiques de l'application des
recommandations du rapport Beaudry - là-dessus, je pense qu'on va
s'entendre, cela faisait partie de votre exposé du début -compte
tenu de la situation compétitive des entreprises
québécoises. Il n'y a pas de date de gelée dans le ciment,
mais on a parlé d'échéanciers avec les principaux
intervenants et on a parlé de la fin juillet, mais on dépend
également de la production des rapports et des études. Eux aussi
vont pouvoir vraiment puiser la quintessence du rapport dans ces
études-là. Elles ne sont pas encore disponibles. Je comprends
l'empressement de l'Opposition, mais je ne peux quand même pas recevoir
les études avant que celles que l'ancien gouvernement a
commandées soient disponibles. Cela me pose un problème
pratique.
M. Filion: Dans l'ensemble, si je comprends bien, à peu
près à la mi-année, le ministre, parce que ces deux
comités, un comité interne et un comité que
j'appelle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas eu de formation de
comité interne.
M. Filion: En tout cas, un groupe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu demande aux
fonctionnaires qui sont des praticiens dans le quotidien des choses et,
à l'extérieur...
M. Filion: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez parler d'un
comité de deux, ils sont deux: un praticien qui a pratiqué plus
dans un côté et un praticien qui a pratiqué un peu plus
dans un autre côté. On ne peut pas appeler cela un gros
comité; ce sont deux conseillers qui ont de l'expérience, qui
prennent les recommandations et les études et qui conseillent le
ministre de façon à maintenir un sain équilibre dans les
rapports.
M. Filion: On se comprend, M. le ministre. Comité ou
groupe, peu importe, équipe, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aussitôt
qu'il y en a deux, on peut parler d'un groupe.
M. Filion: Donc, à la mi-année, grosso modo, le
ministre devrait avoir reçu l'ensemble des documents, des observations,
des recommandations, des analyses sur le rapport Beaudry. Si je comprends bien,
finalement, les rapports...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il n'y a pas de grève
dans les imprimeries.
M. Filion: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il n'y a pas de grève
dans les imprimeries. S'il y a une grève dans les imprimeries et qu'on
n'a pas les rapports, on ne pourra pas travailler. On n'en prévoit pas,
mais...
M. Filion: Soyons sérieux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que le ministre contrôle,
ce sont les demandes qui ont été adressées. Toutes choses
étant normales, les rapports sortant de l'imprimerie à temps, le
groupe de deux étant déjà formé et attendant ces
choses-là, on va procéder le plus rapidement possible. Je tente
que ce soit terminé vers la fin du mois de juillet de façon
è être capable de procéder en législation dès
l'automne.
M. Filion: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont les objectifs que je me
suis fixés.
M. Filion: D'accord, comme on en a discuté d'ailleurs lors
de l'interpellation... En législation, est-ce qu'il y a certaines
parties du rapport Beaudry - les rapports collectifs de travail, les rapports
individuels de travail... Quand le ministre parle de législation pour
l'automne, est-ce que je dois comprendre qu'à ce moment-là il y
aurait vraisemblablement une partie des recommandations du rapport Beaudry en
ce qui concerne la création d'une commission des relations du travail
qui serait un peu plus mûre que d'autres portions des recommandations?
(11 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai déjà
indiqué que les recommandations, à la suite des avis des experts
que je recevrai ainsi que des fonctionnaires à l'interne, qui ne
compromettront pas la situation compétitive des entreprises
québécoises auront préséance. J'ai également
indiqué - vous le comprendrez aisément - que là où
il y a des arrimages que l'on constate à la simple lecture du rapport
Beaudry et à la simple lecture du programme du Parti libéral du
Québec on risque de procéder encore plus rapidement.
J'ai également indiqué que les dispositions du rapport
Beaudry qui traitent du droit au travail, de l'égalité au travail
et des plus bas salariés recevront une considération encore plus
spéciale et plus diligente.
M. Filion: Plus spéciale. Je n'ai pas compris vos derniers
mots. Je m'excuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et diligente.
M. Filion: Et diligente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Diligente, oui. L'ensemble du
rapport Beaudry est pris en considération mais j'ai indiqué -on
ne peut pas tout faire en même temps, comme on dit - ses
préférences. J'ai même qualifié les trois derniers
de caprices personnels du ministre.
M. Filion: En ce qui concerne la création d'une commission
des relations du travail, est-ce que le ministre déjà... Il a lu
le rapport Beaudry. J'ai l'impression qu'il doit commencer à être
assez familier avec les recommandations et la création d'une
éventuelle commission des relations du travail qui, on le sait, existe
ailleurs et particulièrement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ontario, Canada.
M. Filion:... si on suit un peu la ligne que semble
développer le ministre qui est celle de la compétitivité,
en Ontario, en Colombie britannique, au niveau fédéral existe
déjà une commission des relations du travail. Est-ce que le
ministre a certaines idées ou certaines réflexions assez
avancées sur les pouvoirs qui pourraient être confiés
à cette commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, cela existe
ailleurs, comme vous le mentionnez, mais cela a également
déjà existé au Québec jusqu'en 1969, si les
historiens m'ont bien rapporté les faits. Je n'ai pas d'idée
arrêtée. Je suis en consultation. Hier soir même j'ai
rencontré plusieurs intervenants dans le cadre d'une réunion
sectorielle de l'Association du Barreau canadien. Plusieurs juges du Tribunal
du travail m'ont fait des recommandations verbales ou des suggestions, si je
peux utiliser ce terme. Les praticiens ont posé des points pour et des
points contre parce qu'il y a toute la question de la déjudiciarisation
comme telle et ce sont des intervenants avec qui il faut échanger.
Mais si vous me demandez si, personnellement, j'ai des principes sur
lesquels je me suis arrêté, non, sauf que je constate, comme vous
pouvez le constater
vous-même, qu'il s'agit d'une recommandation importante lorsqu'on
analyse le rapport Beaudry. Je constate également que l'on retrouve un
tel engagement dans le programme électoral du Parti libéral du
Québec. Maintenant, quant à mettre ensemble la tuyauterie ou la
plomberie, pour utiliser une expression de l'ex-député de
Taillon, il faut prendre le temps nécessaire pour s'assurer que cela va
bien fonctionner une fois que ce sera arrimé.
M. Filion: Maintenant, dans l'ensemble de ses réflexions
sur le rapport Beaudry, en dehors du programme du Parti libéral, j'ai
déjà eu l'occasion, lors de l'interpellation, de signaler au
ministre du Travail qu'il était ministre de l'ensemble des travailleurs
et qu'il ne dépendait pas, je l'espère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pas dans le programme du Parti
québécois trop trop.
M. Filion: ...d'un écrit fait par une douzaine de
personnes du Parti libéral. Quels sont les principes directeurs que le
ministre a donnés ou a signalés à l'ensemble des
collaborateurs internes ou externes qu'il active actuellement sur les suites du
rapport Beaudry pour les aider à cerner les matières qui sont les
plus sujettes à législation et application plus ou moins
immédiates, en dehors du programme du Parti libéral?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas nécessairement en
dehors du programme du Parti libéral mais... Je vous reprends un peu
là-dessus parce que vous le mentionnez à plusieurs reprises. Je
me suis davantage inspiré, vous le comprendrez, du programme du Parti
libéral parce qu'il a reçu davantage l'approbation de l'ensemble
de la population que le programme du Parti québécois en
matière de relations du travail. Donc, je suis conscient que cela ne
s'applique pas juste aux militants du Parti libéral qui ont
travaillé à partir des associations de comté, des
colloques régionaux, du congrès général du parti.
Cela s'applique également à la diffusion qui en a
été faite auprès de la population et de l'appui massif que
la population a donné entre autres à cet élément de
programme lors de la dernière campagne électorale.
Quant aux dispositions contenues dans votre programme, je les ai
parcourues mais je suis également conscient qu'elles ont
été rejetées par la vaste majorité de nos
concitoyens.
Les grandes orientations du ministère du
Travail
Maintenant, les grandes directions et orientations dont j'ai
discuté jusqu'à maintenant avec mes proches collaborateurs, que
j'ai communiquées à certains groupes ou intervenants majeurs lors
de rencontres privées, semi-privées et quelques-unes même
publiques - hier, c'était public. Il y avait un journaliste de
Radio-Canada sur place lorsque je les ai communiquées - je peux vous les
répéter en commission parlementaire si vous ne les avez pas
captées aux nouvelles, comme on dit.
Le premier principe qui m'anime et qui nous anime comme gouvernement en
matière de relations du travail est de favoriser une approche
préventive plutôt qu'une approche curative. Un peu comme dans le
domaine de la médecine, si vous me permettez ce parallèle. C'est
peut-être un relent de critique aux Affaires sociales qui me revient.
C'est moins spectaculaire de faire de la médecine préventive que
de faire une opération à coeur ouvert ou de la médecine
curative. Mon ami le député de Viau en a subi une l'an
passé. C'est moins spectaculaire, mais cela peut être
drôlement efficace. Un peu comme la médecine préventive
peut aider à sauver des milliers de vies, peut-être qu'une
approche plus préventive au ministère du Travail peut faire en
sorte qu'on sauve des milliers de conflits et quelques centaines d'emplois par
année. Ce serait déjà un objectif qui, si on
réussit à l'atteindre, honorera tous ceux et toutes celles qui y
auront collaboré. Là-dessus, on compte recevoir la collaboration
de nos vis-à-vis à l'Assemblée nationale.
Un deuxième principe qui anime mes discussions avec mes proches
collaborateurs est celui de favoriser les relations harmonieuses entre les
parties plutôt que l'approche traditionnelle conflictuelle.
Traditionnellement, on avait un système de relations du travail, ou on a
connu, on a vécu au Québec un système de relations du
travail qui était davantage basé sur des règles qui
amenaient des situations conflictuelles. L'image que je peux utiliser pour
aider le député de 1 aillon à comprendre est
peut-être la suivante: dans nos conflits de travail, on avait dans le
coin gauche la partie syndicale, dans le coin droit, la partie patronale. Le
poids des opposants pouvait varier selon les conflits. Au centre on avait soit
le médiateur, le conciliateur, ou l'arbitre et parfois, en tout dernier
recours, le ministre du Travail avec un gilet rayé et un sifflet et on
fixait les règles du jeu, la grandeur de l'arène dans nos
relations du travail, etc.
Cette approche occupe encore une place importante dans le domaine des
relations du travail. Comme gouvernement, on regarde un peu également ce
qui s'est installé au Québec dans les dernières
années. On regarde ce qui se fait ailleurs sur la planète dans
des sociétés qui, dans certains domaines, nous ont
dépassés sur le plan de la
productivité et de la création de richesses. On regarde,
et je déteste entre toutes autres choses citer en exemple ce qui arrive
dans le comté de Brome-Missisquoi que j'ai l'honneur de
représenter à l'Assemblée nationale du Québec, le
système de relations du travail qui s'est installé dans le parc
industriel de Bromont, chez IBM, chez Mitel, chez General Electric. On regarde
les résultats que cela donne. On regarde le niveau de satisfaction des
travailleurs et des travailleuses, on regarde le niveau de satisfaction des
employeurs. On se rend compte entre autres que cette année, à
l'occasion des Mercuriades qui sont organisées par la Chambre de
commerce de la province de Québec, l'entreprise qui s'est vu
décerner le Mercure de la qualité de vie en entreprise - et c'est
important autant pour le travailleur, le cadre ou l'employeur -c'est General
Electric, de Bromont, dans le comté de Brome-Missisquoi, et on se dit
qu'il y a peut-être des avantages à faire connaître à
l'ensemble de la population québécoise ce type de relations du
travail et à les mettre un peu plus en vedette qu'elles ne l'ont
été sous un précédent gouvernement.
Le troisième principe, c'est de favoriser, entre autres par le
biais des groupes socio-économiques, l'expression des volontés
des travailleurs et travailleuses et des employeurs non organisés au
Québec. On sait que dans les secteurs public et parapublic plus de 80 %
de nos travailleurs et travailleuses se sont organisés, sont
syndiqués, ont manifesté un choix dans cette direction et
exercent leurs droits qui découlent des chartes des droits et
libertés de la personne et du Code du travail tel qu'on le connaît
aujourd'hui. Dans le secteur privé, la situation est très
différente. À peine 23 % des travailleurs et travailleuses sont
syndiqués dans le secteur privé au Québec, ce qui laisse
une vaste majorité, 77 % des travailleurs et des travailleuses, qui ne
se sont pas syndiqués pour une multitude de raisons.
Il est important pour le ministère du Travail du Québec de
prêter une oreille attentive à ces travailleurs et à ces
travailleuses et de faciliter l'expression de leur volonté sur des
organismes qui dépendent du ministère du Travail ou avec lequel
le ministère du Travail est en collaboration et, parmi les principes que
j'ai exprimés à mes plus proches collaborateurs, cela en est un
autre. Pourrais-je continuer?
Il y a un quatrième principe et vous avez pu l'observer...
M. Filion: Si vous vous contentiez seulement de les
énumérer parce que, j'ai aussi d'autres questions aux
collègues ministériels. Seulement une énumération
de principes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux arrêter là si
vous voulez. C'est parce que seulement donner le titre ne donne pas le
raisonnement qu'il y a en arrière. Si cela vous suffit pour le
moment...
M. Filion: Oui, cela nous suffit pour le moment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je peux passer à une
autre question.
M. Filion: ...quant à moi. Quel est le quatrième
principe?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais être obligé
de l'expliquer. Je ne donne pas un principe sans explication.
M. Filion: Bien alors, allez. Seulement pour le bon
fonctionnement de notre commission, M. le ministre, brièvement les
autres principes directeurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter d'être le
plus bref possible. Le quatrième principe. Pour notre gouvernement et
pour le ministre du Travail actuel, il est important d'assurer en tout temps le
maintien de l'ordre social dans nos relations du travail. Il ne faut pas que,
lorsqu'il y a une grève ou un lock-out qui est illégal,
l'illégalité paie, que l'illégalité rapporte, comme
cela s'est déjà produit au Québec sous d'autres
administrations. Dans les services publics jugés essentiels, il faut
revoir certaines dispositions de la loi de façon à s'assurer que,
en toute occasion, la santé et la sécurité du public
soient maintenues.
Il y a également un cinquième principe avec lequel je suis
certain que vous allez être d'accord, c'est de s'assurer que l'ensemble
de notre réglementation et de nos lois au ministère du Travail
soient conformes aux deux chartes des droits et libertés des individus,
soit la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne et la Charte canadienne des droits et libertés. J'ai
indiqué dans mes notes préliminaires qu'il fallait recréer
un certain équilibre face aux droits collectifs par rapport aux droits
individuels, et l'application de ces chartes permet de refaire un certain
équilibre.
Un autre principe qui nous est cher découle d'un droit
fondamental qui est garanti par les deux chartes et qui donne accès aux
droits collectifs, c'est de s'assurer de la libre expression de la
volonté des travailleurs et des travailleuses quant à leur droit
d'association. Vous avez manifesté quelques inquiétudes quant au
nombre de requêtes - j'attends toujours votre chiffre, je compte l'avoir
cet après-midi - qui seraient en attente. Il est également
important pour le ministère du Travail et pour le ministre
du Travail de s'assurer que, lorsqu'un requête en
accrédition est déposée quelque part dans une unité
de travail, le travailleur puisse librement s'exprimer. À cet effet, on
constate que, à l'occasion de ces requêtes en
accréditation, le taux de congédiement a tendance à
augmenter. Cela nous inquiète, ce genre d'attitude, lorsqu'une
requête est déposée.
D'un autre côté, il faut également s'assurer que le
travailleur ou la travailleuse exprime librement sa volonté et que ce
choix est fait dans le maximum de secret possible. Lors du dépôt
d'une première requête en accréditation
présentement, ce sont seulement les travailleurs ou travailleuses qui
sont en faveur d'une association qui expriment leur accord, ceux qui ne sont
pas en accord ne vont pas voter. On trouve que ce n'est pas tellement secret
comme approche et que ce n'est pas apte, cela non plus, à assurer le
maximum de liberté dans l'expression de l'opinion de travailleurs et
travailleuses, quant à la volonté d'exercer un droit
d'association ou quant à la volonté qu'ils ont de ne pas exercer
un droit d'association.
Ce sont là actuellement les six grands principes qu'il m'a fait
plaisir de vous communiquer.
M. Filion: M. le Président, d'abord je voudrais signaler
au ministre que l'énoncé de ces principes ne nous a pas
jetés en bas de notre chaise. Je pensais qu'il y en avait un
septième qui était en vertu de la tarte aux pommes, avec lequel
on aurait été d'accord. En ce qui concerne la codification des
lois du travail, lors de l'interpellation, le ministre s'était
montré sensible à cet aspect du rapport Beaudry. Aujourd'hui,
est-il en mesure de traduire sa sensibilité en termes d'engagement?
La codification des lois du travail
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Me demandez-vous de m'engager sur
des points sur lesquels j'ai demandé à des experts de me
conseiller, avant que les experts me conseillent et avant que sortent de
l'imprimerie des études qui sous-tendent les recommandations du rapport
Beaudry? C'est bien le sens de votre question? (11 h 30)
M. Filion: M. le ministre est-il en train de me dire que de
prendre une décision sur une codification unique des lois du travail
après qu'un comité de cinq personnes a étudié
pendant deux ans toute la question... Le ministre est-il en train de me dire
qu'il a besoin d'avis additionnels sur une question aussi simple, aussi
élémentaire que celle-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous la précisez. Si vous
me parlez de la codification, je vous ai déjà indiqué -
portez bien attention - que cela faisait partie d'une recommandation importante
du rapport Beaudry, qu'il y a des arguments qui sont soutenus par une
étude qui est présentement en train d'être imprimée,
que j'ai demandé des avis à des experts. Mais je vous indiquerai
- et cela va peut-être vous rendre optimiste - que cette codification
fait également partie du programme électoral du Parti
libéral du Québec. Cela devrait vous rendre optimiste. Si vous
aviez lu le programme, peut-être que vous éviteriez de poser de
telles questions et peut-être même qu'aux dernières
élections vous auriez voté libéral.
M. Filion: Dans votre déclaration d'ouverture, M. le
ministre, juste pour éviter que vous vous placiez vous-même dans
une situation d'incohérence que vous auriez créée, vous
disiez: "Dans cette perspective, l'édification d'un code des lois du
travail sous notre gouvernement ne perdra pas de vue qu'un meilleur
système", etc. Ma question est simple: Est-ce qu'on peut entrevoir, pour
la fin de l'année 1986, qu'une réunification des lois du travail
sera faite ou non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous répondre de la
façon suivante, cela peut peut-être faciliter votre
compréhension. Si nous sommes prêts, nous avons jusqu'au 15 du
mois prochain pour déposer des projets de loi sans le consentement de
l'Opposition. Étant donné votre attitude, on pourrait même
passer le 15 du mois prochain, parce que vous semblez désirer cela. Avec
votre consentement on pourrait déposer et procéder pour adoption
avant le 21 juin.
Je vous ferai remarquer que j'ai rencontré les experts que j'ai
nommés, également mes fonctionnaires sur ce sujet. Quant à
la codification - je les prends à témoin - j'ai demandé de
presser l'accélérateur au maximum. Ce qu'on m'a dit dans la
machine, c'est que l'exigence que je posais ou le voeu que j'exprimais - j'aime
autant le souligner ainsi - de pouvoir présenter cela à
l'automne... Il y a des délais très difficiles à
rencontrer. C'est ce qu'on m'a indiqué. On m'a même plaidé
en faveur du printemps prochain. J'ai replaidé, dans le sens que vous
l'indiquez, en faveur de l'automne et et c'est l'état du dossier que je
vous livre bien humblement.
M. Filion: Le ministre étant conscient que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une grosse affaire, on se
comprend!
M. Filion: Le ministre étant conscient qu'une codification
unique peut se faire
indépendamment des, j'allais dire, décisions qui peuvent
être prises sur certains morceaux... Une codification unique, c'est une
opération législative qui consiste, encore une fois, à
réunir dans un texte au lieu de plusieurs textes l'ensemble des outils
législatifs qui peuvent être nécessaires. Notamment, je
pense aux nombreux délégués syndicaux qui n'ont pas, dans
bien des cas, de formation juridique, mais qui servent concrètement
d'avocat dans combien de dossiers. Avoir un seul document au lieu d'en avoir
plusieurs facilite le travail des gens qui sont appelés à se
servir... Deuxièmement, et c'est important, cela facilite aussi pour la
population... De plus en plus la population elle-même cherche à
connaître le fondement de ses droits dans tous les secteurs. Étant
avocat vous-même, je suis convaincu que vous avez vécu des
situations où les gens venaient vous voir à votre bureau et ils
avaient eux-mêmes parfois lu, mais avec leur propre
interprétation, le texte de loi qui concernait, en partie, leur
problème.
Dans ce cas-ci, une codification unique... Et le rapport Beaudry n'en
fait pas un plat, je pense. Même, si ma mémoire est bonne, au
colloque organisé conjointement par les relations industrielles de Laval
et celles de Montréal - auxquelles malheureusement vous n'assistiez pas
- cette matière de la codification unique faisait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez... M. le Président,
mon cabinet était présent et le samedi que vous me mentionnez, je
faisais du bureau de comté dans Brome-Missisquoi. Ce n'est
peut-être pas une méchante habitude pour un
député.
M. Filion: Lors de cette séance de travail, même
certains représentants de la partie patronale - qui, on le sait,
s'oppose à tout le rapport Beaudry - avaient peine à trouver de
bons arguments pour s'opposer à une codification unique des lois sur le
travail, parce que, encore une fois, je pense que c'est une activité qui
va de soi, qui est naturelle, souhaitée et souhaitable.
Je passerai maintenant à un autre aspect...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
voudrais simplement faire une remarque. C'est un domaine complexe. Je partage
cela avec vous. Je vous pose une question d'ordre théorique qu'on se
pose et à laquelle on n'a pas apporté de réponse. En ce
qui concerne les droits individuels dans le louage de services, etc., est-ce
qu'on sort cela du Code civil pour amener cela dans le Code du travail? C'est
une décision fondamentale sur le plan juridique. C'est tellement
complexe - je pense qu'on partage la même orientation - que mes
prédécesseurs au ministère du Travail, Reynald
Frechette,
Pierre Marc Johnson, etc., ont tous analysé la situation et je
pense qu'il n'y en a aucun, sauf erreur, qui est passé aux actes. On a
la volonté politique de passer aux actes; il y a un risque en passant
aux actes. On calcule le risque, mais la volonté politique est
là. Si vous nous assurez votre collaboration dans ce sens, cela va
faciliter notre travail. Mais la complexité des questions qui
sous-tendent cette codification n'est pas à négliger et a fait en
sorte que mes prédécesseurs ont préféré
l'immobilisme. Je ne préfère pas l'immobilisme, mais je vais
bouger de façon prudente en calculant chacun des risques
inhérents à cette activité.
M. Filion: Vos prédécesseurs, par contre,
évidemment, ont mis sur pied la commission Beaudry. En ce qui concerne -
le ministre l'a souligné tout à l'heure; peut-être pas dans
sa déclaration d'ouverture, mais un peu plus tard - tout le chapitre
portant sur les normes minimales du travail, je comprends que la Commission des
normes du travail n'est pas partie comme telle de ce programme. Est-ce qu'on
peut en savoir un peu plus sur les intentions précises du ministre en ce
qui concerne les groupes que j'ai mentionnés dans ma déclaration
d'ouverture, par exemple, le travail de la conjointe salariée, le
travail à temps partiel, le travail domestique"?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Est-ce que je peux
répondre? Oui. Moi, cela ne me fait rien. Je vais peut-être vous
poser une question de directives M. le Président. J'ai l'impression que
votre collègue qui est critique au travail est en train d'embarquer dans
vos dossiers où vous êtes critique en main-d'oeuvre. Je ne sais
pas si vous avez organisé vos flûtes ensemble, si vous êtes
d'accord avec cela. J'ai fait une préparation sur les crédits du
ministère du Travail. Je peux répondre spontanément sur
les crédits de la Main-d'Oeuvre. Mais je n'aimerais pas qu'on utilise le
temps de la commission ici pour traiter des dossiers de main-d'oeuvre et qu'on
reprenne le tout, la semaine prochaine, aux crédits de la
Main-d'Oeuvre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, on n'est
pas nombreux. Donc, nous avons une certaine facilité à nous
coordonner.
M. Filion: On s'entend bien et vu que cela fait partie du rapport
Beaudry...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il n'y a pas de...
Le Président (M. Charbonneau): Si je me sens
lésé dans mes prérogatives, ne vous inquiétez pas,
mon collègue en sera avisé en temps et lieu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Maltais: Question de règlement. Il faudrait quand
même s'entendre. On a dit qu'on était ici pour étudier les
crédits du ministère du Travail. Tout à l'heure, vous
m'avez refusé... Je me soumets à votre décision. S'il faut
passer tous les ministères, soit! Cela ne me fait rien. Par contre, on
va partager le temps mieux que cela. On va s'orienter mieux que cela. Je
comprends que le député de Taillon voudrait couvrir tous les
aspects qui ont trait au travail, au revenu, etc., au Québec. C'est son
droit; il n'y a pas de problème. Mais, si on s'est fixé un cadre
de travail, on va le respecter des deux côtés ou cela va
être le "free for all" et, là-dessus, on peut jouer longtemps.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, on va
convenir que le rapport Beau-dry... Le problème, c'est que ce n'est
souvent pas facile de faire la démarcation, d'une part, et quand un
ministre a à la fois le ministère du Travail et celui de la
Main-d'Oeuvre et que le rapport Beaudry... On ne coupera pas le rapport Beaudry
en pages et en quarts de page.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On fait très bien la
distinction.
Le Président (M. Charbonneau): Nous aussi, ne vous en
faites pas. M. Théorêt.
M. Théorêt: Je veux juste rappeler au
député de Taillon que, tout à l'heure, il se plaignait
qu'on prenait énormément de temps pour étudier les
crédits du ministère. J'ai l'impression que, ce matin, ce n'est
pas l'étude des crédits du ministère du Travail qu'on
fait, mais l'étude du rapport Beaudry. Alors, est-ce qu'on pourrait
revenir...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: M. le Président, je l'ai effectivement
mentionné moi-même dans ma question que la question des normes
minimales fait partie de la Commission des normes du travail qui, curieusement,
fait partie non pas du ministère du Travail, mais de celui de la
Main-d'Oeuvre. Elle a déjà été rattachée au
ministère du Travail, mais, historiquement, il est arrivé une
dissociation. Dans ma question, je l'avais souligné. Ma question est
simple. Si vous êtes d'accord, je vais la poser. Si vous n'êtes pas
d'accord, je ne la poserai pas, c'est tout. Mais, vu que le ministre, d'une
part, a soulevé lui-même la question des conditions de travail des
employés non syndiqués au Québec et vu, d'une
deuxième part, que le rapport Beaudry constitue un tout et que les
rapports individuels du travail sont la moitié au moins du rapport
Beaudry en termes de contenu et de substance, dans ma question, je tenais un
peu votre consentement pour acquis pour que le ministre nous dise quelques mots
sur ses intentions concernant la protection des conditions de travail des
travailleurs et travailleuses sans convention collective, donc, soumis à
la Loi sur les normes du travail. Si vous vous y opposez, je vais retirer ma
question; sinon, on va la poser et, durant quelques minutes, le ministre va
nous livrer son opinion là-dessus.
M. Théorêt: M. le Président, cela fait 45
minutes qu'on est là-dessus. M. le député de Taillon aura
l'occasion de poser cette question la semaine prochaine lors de l'étude
des crédits budgétaires de la Main-d'Oeuvre.
M. Filion: C'est bien. Je retire ma question, M. le ministre. Le
Conseil du trésor, dans les crédits du mois de mars, a
fixé à 175 000 000 $ les crédits périmés
nets en ce qui concernait l'objectif global. Est-ce que le ministre du Travail
est en mesure de nous dire quelle est la part du ministère du Travail
sur cette somme globale de 175 000 000 $ et, en particulier, s'il a...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mémoire, c'est un
chiffre inférieur à celui du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, mais je pense que cela vous a
été communiqué à la page 10 des renseignements que
vous aviez demandés.
M. Filion: Non, 1986-1987, M. le ministre, pas 1985-1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des crédits
périmés en 1986-1987...
M. Filion: Oui, les prévisions de 175 000 000 $ pour
1986-1987...
M, Paradis (Brome-Missisquoi): On va attendre un peu. Notre
comptable... Cela ne me fait rien. On n'a pas de crédits
périmés en 1986-1987. On n'a pas de crédits
adoptés, on ne peut pas avoir de crédits
périmés.
M. Filion: D'accord. Maintenant, est-ce que le ministre est au
courant que l'objectif fixé par le gouvernement... Je vais vous lire la
phrase: Enfin, le gouvernement prendra les moyens, en cours d'année,
pour réaliser l'objectif annoncé de 175 000 000 $ pour les
crédits périmés nets pour l'ensemble. Est-ce que, selon
l'expérience vécue en 1985-1986, le ministre est en mesure de
nous dire quelles sont ses expectatives pour le ministère du Travail en
termes de crédits périmés nets?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis surpris que le
président n'intervienne pas
d'office, mais je pourrais peut-être me permettre d'attirer son
attention. Est-ce qu'on est tenu de répondre à des questions
hypothétiques...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en vertu du
règlement?
Le Président (M. Charbonneau}: Écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut prendre du temps sur des
questions hypothétiques...
Le Président (M. Charbonneau): On ne fera pas de
débat de cette nature. Vous répondez ou vous ne répondez
pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il y a une question qui me parle
de crédits périmés alors qu'on demande d'adopter des
crédits...
Le Président (M. Charbonneau): Vous avez la
liberté, M. le ministre, de répondre comme vous l'entendez,
alors, faites-le.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas de réponse.
Compressions budgétaires non
identifiées
M. Filion: En ce qui concerne les compressions non
identifiées qu'on voit un peu partout en tête de chapitre dans
tous les ministères, à savoir Rationalisation et autres mesures,
le ministre peut-il nous dire, pour son ministère, où
s'appliquera la part de compressions non identifiées?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que, dans le programme 1,
vous pouvez m'indiquer le chiffre auquel vous faites
référence?
M. Filion: Ma question s'applique au programme 1. Est-ce qu'il
peut nous dire, pour le programme 1, où et comment s'appliquera la
compression non identifiée et coiffée du titre Rationalisation et
autres mesures?
M. Maltais: M. le Président, question de règlement.
Je pense que le député de Taillon demande une chose à
laquelle... Dans le volet 1 des crédits, les compressions sont
identifiées. Celles qui ne sont pas identifiées, cela veut dire
qu'il n'y en a pas. Alors, je pense qu'il est très clair, M. le
Président... Écoutez, on peut passer quinze jours
là-dessus, mais il faudrait quand même qu'il prépare ses
crédits, M. le Président.
M. Filion: Franchement, franchementl
M. Maltais: Je ne comprends pas qu'on puisse admettre de poser
des questions sur des choses qui sont nettes, claires et précises dans
le programme. Je crois qu'il y a un autre document et un énoncé
d'une heure...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît!
(11 h 45)
M. Maltais: Mais, M. le Président, il faut quand
même avancer à un moment donné.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay, s'il vous plaît!
M. Maltais: Qu'on avance.
Le Président (M. Charbonneau): Je crois que les membres de
la commission, de part et d'autre, ont la liberté de poser les questions
qu'ils veulent. Le ministre a la liberté de répondre comme il
l'entend. En l'occurrence c'était une question pertinente, relative aux
crédits. On est au programme 1 et j'imagine que le ministre peut
indiquer si, oui ou non, il y a des compressions qui sont à la rubrique
Rationalisation et autres mesures. Est-ce qu'il y a des compressions dans ce
programme qui sont sous cette rubrique-là? Je ne crois pas qu'on ait
raison dans ce cas de faire un débat sur la pertinence des
questions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de répondre.
On trouve les catégories de dépenses aux pages 13 et 14 et, dans
le cadre de ce programme-là, je ne retrouve pas l'élément
auquel le député de Taillon fait référence. S'il
pouvait m'indiquer où je pourrais le retrouver je pourrais
peut-être apporter une réponse. À première vue, il
m'apparaît que cet élément auquel il fait
référence pourrait théoriquement s'appliquer à
d'autres programmes mais ne s'applique pas au programme 1. Est-ce possible?
Non?
M. Filion: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À quels chiffres
faites-vous référence?
M. Filion; Pour l'information du ministre, je suis surpris de
devoir lui donner moi-même l'information étant donné que
c'est son ministère. Le chapitre coiffé de Rationalisation et
autres mesures pour le ministère du Travail, tel que
déposé dans les crédits, c'est 1 400 000 $. Ma question
est celle-ci pour le programme 1: Quelle est la portion des 1 400 000 $ qui
s'applique au programme 1 et où et comment entend-il se
conformer à cette contrainte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais que vous aviez
regardé les documents avant, je m'excuse. Si vous attendiez au programme
4 vous pourriez poser cette question où c'est identifié. Votre
question serait précise et justifiée. Je tente de comprendre
votre question quant au programme 1. Étant donné qu'il n'y a pas
de compressions vous me demandez d'identifier les compressions. Quand il n'y a
pas de compressions je ne peux pas les identifier. Dans le cadre des autres
programmes où il y a des compressions, si vous me demandez de les
identifier, il me fera plaisir de le faire. Là où il n'y en a
pas, la question m'apparaît à première vue
superfétatoire.
M. Filion: En page 17 de votre livre des crédits, M. le
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va essayer de se
comprendre.
M. Filion: ...on a une compression budgétaire de 24 000 $
pour le programme 1, élément 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. C'est là-dessus que
vous voulez une réponse?
M. Filion: C'est cela. Où est-ce?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. On va vous donner la
réponse sur les 24 000 $.
M. Filion: Entre-temps, M. le Président, on pourrait
peut-être passer à l'élément 1. La réponse
pourrait peut-être être donnée plus tard.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai la réponse. Si vous
voulez l'avoir tout de suite on pourrait régler cela. C'est sur le
fonctionnement. On donne, à titre d'exemple, que ce sont des
compressions qui peuvent être appliquées sur les
déplacements des conciliateurs. Ce sont des dépenses de
fonctionnement qui sont compressées et on ajuste au cours de
l'année. Comme le sous-ministre l'indique, c'est très
aléatoire comme fonctionnement au cours de l'année. On ne peut
pas prévoir de façon précise mais on se fixe des objectifs
de saine gestion et de rigueur de gestion.
M. Filion: Est-ce qu'on peut passer à
l'élément 1, M. le Président? En ce qui concerne
l'élément 1 du programme 1, quelques questions très
rapides. Quant à la diminution de 13,2 % que l'on retouve à la
rubrique Fonctionnement-Personnel au niveau 1, Traitements, diminution de 102
400 $, on nous indique qu'il s'agit d'une diminution de trois effectifs
permanents. Est-ce qu'il s'agit de postes vacants qui n'ont pas
été comblés? De quoi s'agit-il exactement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de postes de soutien de
personnel qui, à cause de la mécanisation et de
l'informatisation, ne sont plus requis.
M. Filion: Aucun professionnel n'est touché?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucun commissaire n'est
touché.
M. Filion: À la page 15, est-ce que le ministre peut
m'expliquer ce que veut dire le réaménagement budgétaire
du programme 1 de 25 000 $?
Le Président (M. Charbonneau): Dans notre programme, on
peut discuter élément par élément. Les droits de
parole sont sur les éléments.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le transfert de
l'élément 3 à l'élément 1. La question
pourrait revenir en sens inverse à l'élément 3.
M. Filion: Mais de quoi s'agit-il? Je sais que c'est un transfert
d'un élément à l'autre, mais juste le contenu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit qu'à cause des
dépenses de l'année dernière sur les frais de
déplacement des commissaires on est obligé d'aller chercher
l'argent dans ce programme et le ramener dans l'autre programme.
Une voix: D'un élément à l'autre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'un élément
à l'autre. Je m'excuse.
M. Filion: D'accord. On sait que l'élément 2 subit
une hausse de 31,9 % qui s'explique, encore une fois, par la création
des deux services dont on a parlé, plus particulièrement au
chapitre du fonctionnement par une augmentation de 54,6 % de ses
dépenses. À la page 17 du cahier explicatif des crédits,
combien de postes sont affectés par la diminution attribuable à
la compression des effectifs permanents de 121 500 $? De quels postes s'agit-il
puisqu'on parle ici, évidemment, de relations du travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux postes de médiateur,
secteurs public et parapublic.
M. Filion: Donc, je dois comprendre
qu'il s'agit d'une diminution à l'intérieur du nouveau
service créé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le nouveau service
créé, oui c'est cela.
M. Filion: Dans les secteurs public et parapublic. Est-ce
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan du fonctionnement,
cinq postes avaient été prévus. Il y en a trois qui ont
été retenus, comblés par l'intérieur et, en cas de
besoin, il y a des possibilités ad hoc. Il y en avait cinq de
prévus au début. Il y en a trois qui ont été
retenus et comblés de l'intérieur. S'il y avait un besoin
additionnel, il y a des possibilités pour les deux autres ad hoc. On a
des budgets pour les ad hoc.
M. Filion: Est-ce qu'il y a ou est-ce qu'il y avait des postes de
conciliateur vacants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement, il n'y en a
pas. Ils sont tous comblés.
M. Filion: Présentement, il n'y en a pas. Est-ce
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en avait, mais cela a
été remplacé.
M. Filion: Est-ce que ]e dois comprendre, M. le ministre, que
dans vos crédits il n'y aura aucune augmentation du nombre de
conciliateurs au ministre du Travail?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si, en touchant du bois, on peut
maintenir les relations du travail dans la progression positive qu'elles ont
connue au cours des quatre derniers mois, vous avez raison.
M. Filion: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le sous-ministre m'indique
qu'on a des chances d'avoir moins de grèves.
M. Filion: Justement, parlons...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais on peut vous assurer qu'en
cas de besoin les outils vont être là. On est souple au
ministère du Travail; vous l'avez vous-même souligné. Il
s'agit d'une structure légère et souple qui est là pour
répondre aux besoins. Des déplacements en cours de mandat peuvent
survenir. Si on pouvait prévoir dans notre boule de cristal - ce que
vous aviez, vous, à l'époque, que nous autres, on n'a
malheureusement pas - le déroulement de toute l'année, on
pourrait être très précis.
Mais c'est une situation volatile dans les relations du travail. On
répond aux besoins. On pense, avec les crédits qu'on demande
à cet élément, qu'on en aura suffisamment. Il se peut
qu'on se trompe, il se peut qu'on ne se trompe pas.
M. Filion: ...l'augmentation du nombre de postes de conciliateur.
Au chapitre du Service de la médiation préventive, combien y
a-t-il de postes que je qualifierais de professionnels actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Y inclus le directeur, cinq.
M. Filion: Est-ce que ces postes sont comblés
actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre - encore une fois, la
même question - d'après les crédits qui sont devant nous,
qu'il n'y a aucune augmentation des professionnels au Service de la
médiation préventive pour l'année qui vient?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf besoin ad hoc.
M. Filion: C'est-à-dire selon les crédits qu'on a
ici, il y en a cinq...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez comment cela
fonctionne. Si, en cours d'année, il y avait un besoin...
M. Filion: Maintenant, à ce moment, comment le ministre
concilie-t-il la préoccupation que je partage véritablement sur
la médiation préventive et l'importance qui doit y être
donnée dans l'avenir de plus en plus - on pourrait en parler pendant
trois heures, mais on ne le fera pas... Comment concilie-t-il sa
préoccupation partagée, encore une fois, par nous avec le fait
que, à cinq pour le nombre de demandes que reçoit ce service, il
est bien clair qu'on n'arrive pas à faire tout le travail? Est-ce que le
ministre a été au Conseil du trésor pour réclamer
des effectifs additionnels à ce titre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On participe, comme gouvernement,
à créer cette orientation. On répond aux besoins -c'est
volontaire - de la part des parties. S'il fallait que cela se développe
dans le sens où vous le souhaitez ou on le souhaite, il y a des
transferts possibles de conciliateurs à cette unité, au cours de
l'année, des gens qui ont beaucoup d'expérience. C'est un
déplacement, mais il faut éviter ce qui s'est passé avec
des gouvernements antérieurs. Lorsqu'on sentait un besoin, on ne voyait
pas
le déplacement que cela occasionnait ailleurs. C'est certain que,
si cela fonctionne mieux sur le plan préventif, cela en prend moins sur
le plan curatif. L'ancien gouvernement disait: On s'en va dans le
préventif. Cela va en prendre autant dans le curatif et on grossit le
préventif. Ce n'est pas une approche qui nous semble de la saine gestion
dans les années que l'on vit présentement avec l'état
financier dont on a hérité. On pense que, si la prévention
augmente, le curatif va diminuer et il y aura transfert de ressources pour
répondre véritablement aux besoins, mais la volonté
gouvernementale est celle qui a été exprimée, celle que
vous partagez d'accentuer sur le côté de la prévention. On
ne laissera pas les parties sans outil si elles nous en demandent.
M. Filion: Est-ce que le ministre nous dit qu'il considère
que les effectifs actuels du Service de la médiation préventive
sont suffisants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où on se parle,
mes hauts fonctionnaires m'indiquent que l'on répond adéquatement
à la demande.
M. Filion: En ce qui concerne la création des deux
nouveaux services, rapidement, combien de personnes dans le Service de
l'arbitrage médical et combien d'effectifs dans l'autre service qui a
été créé, celui de la médiation, secteur
public? Avec les chiffres que vous m'avez donnés tantôt en ce qui
concerne les secteurs public et parapublic, j'ai cru comprendre que
c'était cinq et qu'il y a eu une compression de deux, en tout cas.
Pourriez-vous faire le point là-dessus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout et partout, la
réponse est dix quant à la première unité, onze
quant à la deuxième, y compris le soutien.
M. Filion: Y compris le soutien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Y compris le soutien.
M. Filion: Je ne sais pas si j'emploie la bonne expression, mais,
en termes de professionnels.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est la bonne expression.
Arbitrage médical: deux médecins comme professionnels, un
à Québec, un à Montréal, puis l'autre... Six
professionnels.
M. Filion: Est-ce que, à six professionnels, le ministre
se sent suffisamment équipé pour affronter la prochaine ronde de
négociations dans le secteur public qui est amorcée et, on le
sait à cause de la loi 37, où les médiateurs sont
appelés à jouer un rôle qui peut devenir crucial?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a une question de nombre. Il
y a une question de qualité et de compétence. On a opté
pour le deuxième critère.
M. Filion: Mais, ceci dit, est-ce que le ministre est conscient
de l'ampleur du secteur et de l'ampleur des activités auxquelles on peut
raisonnablement s'attendre dans ce secteur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Étant donné la
compétence et la qualité des individus, on s'attend à ce
que ce soit possiblement satisfaisant. Au cas où, là aussi, il y
a des provisions ad hoc.
M. Filion: Est-ce que ces médiateurs sont
déjà engagés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. (12 heures)
M. Filion: Si je comprends bien ce que vous me dites, c'est que,
s'il y avait demain matin - ce qu'on ne souhaitera personne -l'émergence
d'un conflit dans le secteur public, il n'y aurait pas de médiateurs,
comme le prévoit la loi 37.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est en position d'engager. On a
une liste d'admissibilité.
M. Filion: Et quand ce concours - je suppose que c'est un
concours - se termine-t-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a eu lieu.
M. Filion: II a eu lieu. On est au stade de l'engagement. Est-ce
que le ministre a prévu une période de formation pour ces
médiateurs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est déjà
commencé.
M. Filion: Ils ne sont pas engagés. Comment cela peut-il
être...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils sont en formation. La
sélection a été faite. Ils sont sur la liste
d'admissibilité.
M. Filion: Non, mais, en formation, vous me comprenez? Les former
à leur travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour clarifier au niveau de la
formation, M. le
député, le programme de formation est prêt.
Aussitôt qu'ils sont embauchés, cela fonctionne.
M. Filion: Est-ce que le ministre peut nous donner une date
d'embauché?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand il y aura besoin, si besoin
il y a. Vous êtes sans doute au courant que le ministère
possède - et vous t'avez vanté dans vos notes
préliminaires; vous semblez l'oublier dans vos questions additionnelles
- une expertise profonde. Sans posséder une boule de cristal totalement
limpide à long terme, sur le court terme, on peut quand même voir
venir certaines choses. Dans nos politiques de saine gestion, on tente de ne
pas garder ce qu'on peut appeler communément la liste de paie des gens
qui ne sont pas au travail comme tel. Maintenant, dès qu'on sent les
besoins - et là-dessus on peut se fier à l'expérience de
gens qui en ont déjà vu venir d'autres - on procède de
façon que les services que l'on se doit de rendre soient bien
rendus.
M. Filion: La loi 37 crée une sorte d'obligation pour le
gouvernement de fournir ses médiateurs. Les parties elles-mêmes
sont en droit de s'attendre è recevoir rapidement des médiateurs
qui sont formés à leur travail, qui sont déjà
rompus aux contraintes de leur travail. On le sait, il s'agit là de
quelque chose de nouveau et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministère remplira ses
obligations.
M. Filion: Bien qu'en même temps le ministre me confirme
que, si un conflit demain matin qui éclate dans les hôpitaux, les
médiateurs ne sont pas là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, des conflits dans
les hôpitaux, si vous avez suivi l'actualité dernièrement,
il y en a eu quelques-uns et le service auquel vous faites
référence, c'est un des services, mais, sauf erreur, au
ministère, il y a également ce qui s'appelle les services
essentiels. Ça siège présentement, au moment où on
se parle. J'aime cela tenter d'apporter des solutions à des
problèmes, mais il ne faut pas épuiser le tiroir à
solutions lorsque le problème n'est pas là, non plus.
M. Filion: Si on est capable d'éviter le conflit, on n'a
pas besoin de se pencher sur la question des services essentiels. Le ministre a
semblé l'oublier à un moment donné dans le conflit des
cols bleus et dans le conflit de la STRSM. Les services essentiels, c'est une
matière sur laquelle il faut se pencher lorsqu'il y a conflit. Si on est
capable d'éviter le conflit, on évite l'accessoire même si,
dans ce cas-ci, l'accessoire, ce sont curieusement les services essentiels. Je
m'inquiète, d'ailleurs, comme les éditorialistes
québécois, de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous n'avez pas
compris le rôle.
M. Filion: ...l'approche du ministre sur cette question de
vouloir, dans certains cas, faire passer les services essentiels avant la
question primordiale de la solution au conflit lui-même. Dans ce sens, il
pouvait bien tantôt nous dire que ces chiffres étaient bien beaux,
que c'était 2000, mais ils ne comprenaient pas le conflit des cols bleus
de Montréal où il y a plusieurs milliers de travailleurs qui sont
toujours sans convention collective.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai de la difficulté
à suivre. Je vais tenter d'apporter non pas des réponses, mais
certains correctifs. Je pense que mon critique a oublié le rôle du
Conseil des services essentiels. Je pense qu'il le voit strictement comme
curatif, alors qu'il y a beaucoup de médiation qui se fait à ce
niveau. J'oserais souhaiter, par respect pour l'institution et pour ses
membres, que le critique de l'Opposition comprenne mieux son fonctionnement. Ce
n'est pas simplement un conseil qui agit de façon curative, mais c'est
un conseil qui agit également de façon préventive. La
liste des conflits qui ont pu être évités grâce
à la collaboration du Conseil des services essentiels est beaucoup plus
longue que la liste des conflits où le Conseil des services essentiels a
dû intervenir de façon curative. Est-ce qu'on s'entend
là-dessus?
M. Filion: On...
M. Paradis (Brome-Mîssisquoî): On ne s'entend
pas?
M. Filion: On ne s'entend pas, on va passer à
l'élément 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne s'entend pasl Bon.
Soutien aux relations du travail dans la
construction
M. Filion: En ce qui concerne l'élément 3 du
programme 1, le ministre peut-il nous expliquer la compression
budgétaire de 150 000 $? De quelle façon et où sera-t-elle
appliquée?
M. Paradis (Brame-Missisquoi): Quels 150 000 $? II s'agit des
commissaires ad hoc au placement. Maintenant, c'est fait à l'interne,
sauf un cas, celui de Me Leboeuf.
M. Filion: Ah! Je croyais que la disparition des commissaires ad
hoc de l'extérieur remontait peut-être à 1983 ou 1984. En
deux mots, y avait-il une partie du budget 1985-1986 qui était
demeurée pour les commissaires ad hoc? C'est cela? Je vois le
sous-ministre adjoint qui me fait signe que oui. Alors, c'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M.
Parent indique que oui. Il est plus en mesure... Vous comprendrez que,
ayant été assermenté le 12 décembre...
M. Filion: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ayant été
assermenté le 12 décembre, sur l'année dernière, je
tente d'apporter les réponses que je peux pour éclairer
l'Opposition actuelle.
M. Filion: Toujours dans le même élément 3 du
programme 1, lorsqu'on regarde le budget de fonctionnement,
particulièrement la catégorie 4, Services, on constate qu'il y a
une réduction de 70,9 % de ce budget, soit une diminution d'environ 200
000 $. C'est la même chose?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la même chose que pour
les 150 000 $, les 50 000 $ additionnels, c'est... Je cherche la réponse
pour les 50 000 $ supplémentaires. 25 000 $, 25 000 $, à 01 et
02.
M. Filion: Répétez-moi cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):25 000 $ sont passés
à 01 et 25 000 $ sont passés à 02.
M. Filion: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On additionne les deux, cela fait
50 000 $. C'est cela qu'on retrouve.
M. Filion: D'accord, parfait. Au programme 2... Le programme 1
cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Filion: Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Le député de
Saguenay avait une question...
M. Filion: ...de mon côté.
Le Président (M. Charbonneau): ...sur le programme 1. M.
le député de Saguenay.
M. Maltais: Oui.
Le Président (M- Charbonneau): Cela va.
M. Maltais: M. le Président, au programme 1, je remarque,
dans le préambule des crédits, que "ce programme vise à
établir le cadre des relations entre employeurs ou associations
d'employeurs et salariés ou associations de salariés.
À la page 31 du mémoire sur les demandes de l'Opposition,
j'aimerais avoir des explications, M. le ministre, concernant les mandats que
le ministère a donnés au cours de l'année 1985 à
certains individus concernant plus particulièrement la grève de
Marine Industrie. Faut-il se rappeler que cette grève a
été, quand même, l'une des plus longues au Québec au
cours des dernières années? Je m'aperçois que, en
médiation spéciale, elle a coûté environ 55 790 $
payés à des gens fort connus - on parlait de
dépolitisation tout à l'heure - dans les milieux gouvernementaux
du temps, soit M. Jean-Roch Boivin et M. Claude Filion. J'aimerais savoir si,
au Québec, il n'existe pas d'autres médiateurs aussi
compétents. Lorsqu'on parle d'une opération de
dépolitisation, il faut être clair et précis, et dire que
ces personnes avaient d'abord un préjugé favorable envers le
gouvernement du temps. J'aimerais savoir aussi si les sommes justifiées
ainsi ont été vraiment efficaces compte tenu de la durée
du conflit de travail. Voilà, M. le Président, en attendant
d'autres questions.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que ces
événements étant survenus avant mon assermentation comme
ministre du Travail, je prends, comme vous, connaissance des chiffres qui sont
contenus au dossier. Je constate qu'il ne s'agit pas d'un comité de
bénévoles.
M. Maltais: M. le Président, j'aimerais rappeler au
ministre que, lors de cette grève, nous avons posé des questions
et on nous avait dit, à ce moment, que l'entourage du bureau du premier
ministre faisait des efforts remarquables et on ne savait pas à quel
prix à ce moment. On parlait d'efforts remarquables, soit, mais je
rappelle au ministre que la grève a duré au-dessus d'un an
malgré les dépenses de médiation spéciale, en
dehors de tout le ministère du Travail qui a dû se pencher sur
cela. Je me demande si l'efficacité de ces médiateurs
spéciaux avait sa place à ce moment. Est-ce que dans l'avenir, M.
le ministre, vous pourrez quand même donner la certitude que les
médiateurs spéciaux que vous allez engager seront un peu
dépolitisés, un peu plus bénévoles et un peu plus
efficaces?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu à nommer,
jusqu'à maintenant, un médiateur spécial dans l'important
conflit que le critique de l'Opposition vient de soulever, la ville de
Montréal et ses cols bleus. J'ai pris comme politique de nommer le
sous-ministre en titre au ministère. Il est certain que je ne pense pas
que ce sait politiser un dossier que de nommer le sous-ministre en titre comme
médiateur spécial dans un important dossier. C'est l'attitude que
j'ai prise jusqu'à maintenant-Maintenant, s'il y avait des situations
particulières, je n'exclus pas la possibilité de recourir
à des gens de l'extérieur comme je l'ai fait, à un moment
donné, dans le cas de la STRSM. J'ai confié, à ce moment,
un mandat à un M. Larouche. Il n'a pas d'affiliation
particulière, de façon affichée, avec une formation
politique.
Je tiens compte de vos propos et de vos remarques qui m'incitent
à beaucoup de prudence lorsqu'on choisit des médiateurs
spéciaux de façon à éviter quelque politisation que
ce soit de quelque conflit que ce soit. Je prends bonne note de ces remarques.
J'indique également qu'à la STRSM présentement deux
conseils de médiation ont déjà été
nommés qui étaient formés de fonctionnaires à
l'interne.
M. Maltais: Tout à l'heure, on a parlé, pour
l'engagement de médiateurs, de comités de sélection,
d'examens et de cours. Est-ce que vous pouvez m'assurer que ces personnes qui
agissaient comme médiateurs spéciaux avaient suivi les cours,
avaient passé des examens, avaient été retenues par un
comité de sélection?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vérifier. La
commission de médiation comprenait trois individus: M. le juge Burns, du
Tribunal du travail.
M. Maltais: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Jean-Roch Boivin et, à
l'époque, M. Claude Filion. Un était payé à
l'interne et deux étaient contractuels selon les informations que
j'ai.
M. Maltais: D'accord. Toujours à la page 31, il y a un
mandat: "enquêter sur le fonctionnement de l'administration du
comité paritaire dans l'industrie de l'automobile de Montréal",
qui a coûté 14 800 $. Est-ce que ce rapport est public? Quel est
le résultat de cette enquête?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y avait deux individus de
nommés: M. Jean Lévesque à l'interne et M. Claude Filion
de l'externe. (12 h 15)
M. Maltais: Est-ce que ces gens-là avaient tous des
arrêtés en conseil provenant du Conseil du trésor ou si
c'était simplement sur invitation du premier ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le pouvoir de nommer les
enquêteurs, suivant la loi, appartient au ministre et ils ont
été nommés par le ministre.
M. Maltais: À l'aide de trois arrêtés en
conseil?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'ils ont
été nommés avec tous les documents requis.
M. Maltais: Merveilleux! Merci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux, pas les trois.
M. Maltais: Les deux?
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, le
président va se prévaloir de son droit de parole comme membre de
la commission pour vous demander si, finalement, les médiateurs dont on
vient de parler n'avaient pas été agréés par les
parties concernées lors des conflits en question.
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Dans le cas de Marine, on
m'indique qu'ils avaient été agréés par les parties
avant de commencer leur travail. Dans le cas de l'enquête, non.
Le Président (M. Charbonneau): Dans l'enquête, il
n'y a pas de médiation. On se comprend.
M. Paradis (Brome-Missisquoî): Je parlais des
médiateurs. C'est évident que...
Une voix: J'essaie de donner les réponses les plus
succinctes, mais les plus complètes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui, cela va.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 41? S'il
n'y a pas d'autres questions, je vais demander si le programme est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Programme
2?
Aide financière à l'IRIR
M. Filion: Au programme 2, une seule question. Sauf erreur, la
loi prévoit un conseil d'administration composé de 19 membres et,
selon les informations que nous possédons actuellement, il y a cinq
personnes qui ont été nommées. En passant, je dois
féliciter les membres de l'institut pour la qualité des documents
produits par l'institut de recherche. Quand le ministre a-t-il l'intention de
compléter la formation du conseil d'administration?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon collègue de
l'Opposition n'était pas présent lorsqu'une loi a
été adoptée comme telle, mais il a quand même la
possibilité de prendre connaissance des remarques des intervenants qui
sont censés déléguer des gens à ce conseil,
lesquelles ont été adressées à l'époque au
ministre responsable, au parrain du projet de loi. Dans les discussions que
j'ai eues avec les représentants de ces groupes, etc., il semble que la
position qu'ils avaient adoptée sous l'ancien gouvernement soit
maintenue sous l'actuel gouvernement pour le moment.
M. Filion: Pourriez-vous être plus explicite?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais, si vous me le
permettez, retourner à la transcription de la commission parlementaire
pour l'adoption de la loi: on avait indiqué que, dans certains cas on
assurerait notre collaboration à certains groupes, et que dans certains
autres cas on n'assurerait pas notre collaboration. C'était sous
l'ancien gouvernement.
Sous le présent gouvernement, étant donné qu'on a
indiqué qu'on procéderait avec les outils mis en place quant
à la négociation dans les secteurs public et parapublic, les gens
ont maintenu les mêmes positions.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre que le ministre n'a pas
l'intention de compléter le conseil d'administration de l'institut?
Est-ce que c'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il ne faut pas
nécessairement déduire cela de ma réponse. On tente de le
compléter. Étant donné qu'il s'agit d'un outil de travail
qui est essentiel, névralgique, si je peux utiliser cette expression,
dans les négociations ou qui peut servir de base dans les secteurs
public et parapublic, il s'agit d'assurer le maximum de
crédibilité à cet organisme. Dans le but de lui assurer le
maximum de crédibilité, le ministre a l'intention d'utiliser le
maximum de prudence dans la nomination des individus qui doivent siéger
à ce conseil d'administration, de façon à s'assurer, si
possible, l'appui de tous les intervenants qui, directement ou indirectement,
pourraient être affectés.
M. Filion: Le ministre a-t-il l'intention de revoir la loi
37?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas à cette session-ci.
M. Chevrette: Elle vous dépanne?
M. Filion: Je ne poserai pas la question...
M. Chevrette: Un de vos conseillers spéciaux dit: Vous
avez fait une bonne "job".
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Chevrette: C'est le député Rivest qui disait
cela anciennement: Vous avez fait une bonne "job" avec la loi 37.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, M. le
député de Joliettel
M. Filion: Je ne vous le demanderai pas, non plus, à
l'autre session, ni à l'autre ensuite; alors, je dois comprendre que vos
intentions ne sont pas arrêtées sur la loi 37. Est-ce cela, pour
bien se comprendre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne suis pas responsable de
votre compréhension. Je suis juste responsable de mes
réponses.
M. Filion: Oui, mais écoutez, on est ici pour se
comprendre un petit peu. Je vous ai posé des questions sur l'institut
qui faisait partie de la loi 37. Vous me donnez des réponses sibyllines
et nuageuses sur le conseil d'administration. Quelles sont vos intentions eu
égard à la loi 37?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un parlementaire m'indique,
à ma gauche, que mes intentions sont bonnes. Quant aux postes à
combler directement au conseil d'administration, l'article 6 de la loi
prévoit que douze autres personnes nommées à parts
égales à partir des listes patronales et syndicales
dressées par les groupes visés par la loi en compléteront
la composition. Le gouvernement peut aussi nommer, en plus de ces personnes,
quatre autres membres après consultation des groupes patronaux et
syndicaux les plus représentatifs du secteur privé.
À ce jour, seuls les trois administrateurs permanents de
l'institut ont été nommés et il est nécessaire de
pourvoir à la désignation par le gouvernement des autres membres
du conseil d'administration. Donc, nous avons l'intention de
procéder,
mais, si vous vous remémorez la première partie de ce
paragraphe, vous comprendrez l'extrême prudence qui nous anime
étant donné la situation actuelle qui prévaut quant aux
négociations telles quelles.
M. Filion: M. le ministre, on sait déjà que le
gouvernement n'entend évidemment pas modifier la loi 37 pendant
l'actuelle négociation, modifier les règles du jeu en plein cours
de ronde. Cependant, est-ce l'intention du ministre de faire valoir les
modifications à la loi 37, notamment, en ce qui concerne le droit de
grève dans le secteur public, immédiatement après la fin
de la présente ronde de négociations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous pouvez m'indiquer à
peu près la date de la fin de la présente ronde de
négociations, je pourrai vous indiquer quelles sont mes intentions.
M. Filion: Cela va pour ce programme, quant à moi.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 2? M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Non, c'est très clair.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Juliette.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, aux
tables sectorielles, s'il est exact qu'après 29 séances rien n'a
débouché à l'éducation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre ne pourrait pas vous
le dire.
M. Chevrette: En fait, vous supervisez exclusivement le
déroulement global sans être responsable sectoriellement; c'est
chacun des ministres, je suppose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même si le ministre était au
courant, il serait guidé par la prudence dans les commentaires qu'il
pourrait exprimer ou dans les réponses qu'il pourrait apporter.
M. Chevrette: Vous avez appris assez vite.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie.
M. Chevrette: Vous n'aviez pas le choix. Vous aviez fait de
belles déclarations à Noël.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous avez des questions
à poser sur un dossier, je vous invite è le faire. Vous
obtiendrez des réponses.
M. Chevrette: Vous avez assez politisé sans qu'on le
fasse.
M. Filion: Dans la même veine, M. le Président,
à part le rôle que peut jouer le ministère par
l'intermédiaire des médiateurs qui ne sont pas encore
engagés et par l'intermédiaire du rôle de tutelle qu'exerce
le ministre vis-à-vis du Conseil des services essentiels, est-ce que le
ministère du Travail s'occupe activement du dossier des
négociations dans les secteurs public et parapublic?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne me fait rien de
répondre, M. le Président, mais je suis obligé de corriger
des imprécisions dans ce qui a été formulé. Vous
dites que les médiateurs ne sont pas encore engagés, alors qu'au
programme 1 on a répondu exactement sur le nombre, les entrées en
fonction, etc. La question posée, sauf erreur, m'apparaît relever
également du programme 1 qui est déjà adopté. Je
peux revenir en arrière si...
M. Filion: Au programme 2, l'institut, c'est dans le secteur
public.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous avez mat compris
le rôle et la fonction de l'institut, en vertu du texte de loi. Vous
parlez de relations du travail comme telles et l'institut n'est pas un institut
de relations du travail.
M. Chevrette: II a un rôle à jouer. M. Filion:
Quel est le rôle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut peut-être donner
l'objectif du programme 2 de façon à répondre aux
questions de l'Opposition. "Ce programme pourvoit une aide financière au
fonctionnement de l'Institut de recherche et d'information sur la
rémunération. Cet institut a pour fonction d'informer le public
de l'état et de l'évolution..."
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, M. le
député de Taillon soulève une question de
règlement.
M. Filion: Ma question est simple. Quel est le rôle du
ministre dans les négociations des secteurs public et parapublic
à part son rôle de ministre tuteur?
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député de Taillon, je ne crois pas que ce soit une
question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux répondre. Il doit
s'assurer de l'application des lois du travail, du Code du travail et de la loi
37, des lois dont je suis responsable comme ministre, c'est mon rôle. Ce
n'est pas cela? J'ai prêté serment de faire cela.
M. Filion: À part votre rôle à l'institut et
celui que vous pouvez jouer à l'occasion au Conseil des services
essentiels, quels sont vos autres rôles?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on s'est bien compris, la
responsabilité de l'institut a été confiée au
ministre du Travail pour assurer le maximum de neutralité dans les
fonctions de l'institut qui sont d'informer le public de l'état et de
l'évolution de la rémunération globale des salariés
du secteur public avec celle des autres salariés
québécois. Dans le but d'assurer ce maximum de neutralité,
le ministre est responsable de répondre en Chambre aux questions qui
sont posées quant à cet institut. Il est également
responsable des crédits que vous retrouvez à la page 20 du
document que vous avez devant vous. Ces crédits connaissent cette
année une variation de 99,4 % qui s'explique aisément parce que
l'institut n'est entré en fonction que dans les derniers mois du dernier
exercice financier. Est-ce que cela répond à votre question?
M. Filion: D'accord. Cela va pour le programme 2.
Le Président (M. Charbonneau): Le programme 2 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle le
programme 3.
Conseil des services essentiels
M. Filion: En ce qui concerne le Conseil des services essentiels,
je pense que c'est ce matin dans le Soleil que j'ai lu, sauf erreur, que le
ministre examinait la possibilité de donner des pouvoirs additionnels au
Conseil des services essentiels. Est-ce qu'il peut nous dire quels pouvoirs
additionnels il songe à remettre au conseil pour lui permettre d'exercer
son rôle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne l'ai pas lu dans le Soleil
parce que je n'en ai pas eu le temps ce matin, j'étais à un autre
comité interministériel, mais je l'ai clairement indiqué
dans l'exposé du début.
M. Chevrette: Comme on est au programme du Conseil des services
essentiels, est-ce que le ministre peut rappeler les grandes lignes quant aux
pouvoirs accrus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne me fait rien de les
rappeler, mais j'ai indiqué, quant à l'amendement...
M. Filion: À part la question des listes de services
essentiels que vous avez mentionnée ce matin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le moment, c'est
l'élément sur lequel j'ai attiré votre attention ce matin.
Quant à la possibilité d'inclure d'autres éléments
dans les modifications qui s'en viennent, étant donné que je n'ai
pas de décision arrêtée quant aux suggestions qui me sont
faites au moment où on se parle, je préfère maintenir un
certain degré de prudence et de confidentialité.
M. Filion: Vous n'écartez pas la possibilité que
les amendements législatifs accordent des pouvoirs accrus au conseil
pour lui permettre d'exercer pleinement son rôle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est loin d'être
exclu.
M. Filion: Vous êtes plutôt en faveur. (12 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis très favorable au
maintien en tout temps des services qui visent à assurer la santé
et la sécurité du public.
M. Filion: Est-ce qu'on peut s'attendre à des amendements
législatifs d'ici à un an?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si possible, certains amendements
- si possible, je l'indique bien - au cours de la présente session.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela voudrait
dire que, finalement, cela correspondrait aux déclarations
récentes que vous avez formulées, à savoir que certains
des pouvoirs du Conseil des services essentiels devraient être
augmentés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On parle d'augmentation de
pouvoirs. On peut utiliser ce terme. Il peut être aussi juste et
approprié de parler d'un ajustement des pouvoirs pour répondre
à la volonté du législateur dans le projet de loi initial.
Je pense qu'il n'y a pas un parlementaire qui siégeait à
l'époque - je donne un exemple pour être plus
compréhensible - qui aurait souhaité qu'une partie soumette au
Conseil des services essentiels une liste de services essentiels à
l'endos d'un carton d'allumettes. Je pense que ce n'était la
volonté d'aucun
des parlementaires, de quelque côté de la Chambre, à
l'époque où cette loi a été adoptée. Comme,
dans la pratique, nous avons constaté que de tels incidents pourraient
survenir - il y a ce qu'on appelle des trous qu'on n'avait pas vus comme
législateurs ou que vous n'aviez peut-être pas vus à
l'époque; je pourrais même utiliser cette expression - il s'agit
de les combler de façon à assurer à la population du
Québec, que nous représentons tous comme députés de
nos circonscriptions électorales respectives, en tout temps, les
services afin de ne pas compromettre la santé et la
sécurité des gens.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme qui concerne ie Conseil des services essentiels?
Vous n'en avez pas. M. le député de Saguenay, c'est clair?
Très bien. Le programme 3 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Une question, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre a l'intention
d'élargir le champ des services essentiels? On sait que c'est aux
transports en commun. On sait que c'est dans le domaine de la santé.
Est-ce qu'il a envisagé de considérer le transport scolaire comme
étant un des services essentiels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le critère actuel, c'est
santé et sécurité du public. Comme vous faites
référence au système de transport scolaire - je pense
qu'on n'a pas eu l'occasion de le mentionner publiquement - j'en profite non
pas pour passer un commercial, mais pour annoncer quelque chose qui est
réglé. Les Autobus Chevrette, à La Tuque, cela s'est
réglé dans la libre négociation entre les parties. Ce
n'est pas l'intention du gouvernement d'aller au-delà de la santé
et de la sécurité du public, mais ce n'est surtout pas
l'intention du gouvernement d'aller en deçà de la santé et
de la sécurité du public.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Est-ce que le programme 3 est adopté?
Une voix: Adapté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Le programme
4?
Direction et gestion interne
CCTMO M. Filion: Au programme 4, élément 1, je n'ai
pas de question. Élément 2, le CCTMO. On sait que, durant la
campagne électorale notamment et à plusieurs reprises depuis, le
gouvernement libéral, le ministre du Travail a fait valoir, en
abolissant le ministère de la Concertation, l'importance d'activer le
CCTMO comme table de consultation et de concertation au niveau des
intervenants. Je pense particulièrement aux intervenants
socio-économiques et également aux intervenants syndicaux qui
sont systématiquement exclus des comités de sages du gouvernement
libéral qui prennent les décisions. Comment le ministre du
Travail concilie-t-il l'engagement électoral de son parti et les
crédits de son ministère au chapitre du CCTMO et, notamment - je
voudrais aussi l'ajouter - le rapport Beaudry? Une des recommandations du
rapport Beaudry est clairement de procéder à une revalorisation
du rôle du CCTMO, notamment en l'élargissant et en permettant au
CCTMO d'étudier tout projet ministériel ayant trait au domaine du
travail: conditions de travail, ressources humaines, relations du travail,
toutes questions se rapportant aux lois du travail. On suggérait
même que certains sujets fassent l'objet d'une consultation obligatoire
ou automatique au CCTMO, par exemple, les nominations ou les renouvellements de
mandats de certaines fonctions d'administration des lois du travail.
De plus, le rapport Beaudry recommandait la participation de groupes
socio-économiques - donc, modifiait la participation à la table
CCTMO - aux travaux du CCTMO par la création de ce qu'ils appelaient,
eux, des comités spéciaux, mais qui peuvent être des
sous-comités.
Encore une fois, le CCTMO, une fois revalorisé, toujours aux yeux
de la commission Beaudry, devrait assumer l'importante tâche de
réorienter le gouvernement sur les suites à donner aux autres
recommandations de la commission Beaudry et - je voudrais le souligner ce matin
-poursuivre le travail de révision des lois du travail. Le rapport
Beaudry était, historiquement, dans le temps, nécessaire pour
jeter un nouveau coup d'oeil sur les lois du travail pour procéder
à une modernisation des lois du travail comme je l'ai dit tantôt,
notamment pour nous permettre d'affronter les défis économiques,
les défis de la concurrence qui seront les nôtres. En ce sens, la
commission suggérait donc que le CCTMO poursuive le travail de
révision des lois du travail.
M. le Président, si on regarde un peu le processus en cours, la
commission Beaudry était constituée de cinq personnes qui ont
travaillé pendant deux ans pour accoucher de ce qu'elles-mêmes
appelaient un compromis actuellement nécessaire au niveau des relations
du travail. Le ministre nous a dit ce matin qu'il a créé un
comité de deux
personnes. On peut se demander si ce comité va être
obligé de travailler pendant cinq ans. On peut espérer que non
à la lueur des remarques du ministre.
Tout cela étant dit, encore une fois, étant donné
l'ensemble de ces faits, on ne retrace dans les crédits aucune
augmentation importante de son budget. Connaissant le fonctionnement du CCTMO,
il faut investir les ressources nécessaires pour le faire fonctionner au
niveau du secrétariat, au niveau de la participation de
différents intervenants à ce concert. Donc, comment le ministre
conciiîe-t-il tout cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, je suis heureux de voir ou de constater les
préoccupations de mon collègue qui sont pour le moins
récentes. On se souviendra que, sous l'ancien gouvernement, quand un de
mes prédécesseurs - je pense qu'il est député
d'Anjou - avait reçu du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre un avis qui ne faisait pas nécessairement son affaire, il
a arrêté d'envoyer des projets pour consultation au conseil
consultatif. Il a été suivi en cela par ses successeurs.
On me confie également que celle qui m'a
précédé au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avait même fait préparer un
projet de loi pour se soustraire aux avis et ne plus rien avoir à faire
avec le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. De cette
position initiale, les propos de ce matin divergent carrément et sont
accueillis avec bienveillance par le présent titulaire et du
ministère du Travail et du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Quelles sont nos vues, nos orientations, les actions que l'on pourrait
poser quant au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre? Nous
recevons plusieurs avis, mais, comme orientation majeure, il nous
apparaît que ce conseil, que l'on veut important quant à son
rôle à jouer au sein de la collectivité, ait un peu le
statut - si vous me permettez l'exemple et les exemples clochent toujours un
peu - du Conseil supérieur de l'éducation. Si le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre peut en arriver, dans son
rôle et dans sa composition, à une telle orientation, le
gouvernement actuel ou le ministre actuel le consultera aisément.
Maintenant, quant au budget comme tel - et là il y a des
inquiétudes d'exprimées de la part du critique de l'Opposition -
il y a quand même une augmentation de 8,7 % et on sait que, dans l'actuel
conseil, il y a plusieurs sous-comités qui siègent sur plusieurs
questions. Là aussi - à cet effet, j'ai signé une lettre
hier ou avant-hier qui a été expédiée à M.
le président - il est question de bénévolat de la part et
des parties patronales, et des parties syndicales, et des autres intervenants
qui peuvent être impliqués.
M. Filion: Quand le ministre du Travail a-t-il l'intention de
donner suite à la recommandation du rapport Beaudry relativement
à l'élargissement du rôle, autant en contenu qu'en nombre
de participants, du CCTMO?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre entend donner suite,
oui, en partie aux recommandations du rapport Beaudry, oui, en grande partie au
programme électoral du Parti libéral du Québec, oui, en
partie aux consultations qu'il mène avec les divers intervenants dans un
délai minimal compte tenu de l'importance du conseil et de l'oeuvre
à accomplir dans cette opération.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: ...je voudrais intervenir parce que le ministre
affirme des choses sans nuance, en ce sens que Mme Marois, au moment où
elle a occupé le poste de ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, est une de celles, avec Bob Dean, qui ont
institué tous les sommets et toutes les rencontres de concertation sur
les programmes spécifiques de création de main-d'oeuvre. Elle ne
se contentait pas seulement d'aller chercher des avis au CCTMO, mais elle
allait directement parler aux gens concernés. Il me semble que le
ministre, dans un souci d'objectivité, pourrait au moins le dire, parce
que sa démagogie, depuis le matin au perroquet et ici, je pense qu'il en
a assez fait...
Une voix: Question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez. M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!.
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): Question de
règlement, M. le député de Vimont. À l'ordrel
À l'ordre! Question de règlement, M. le député de
Vimont.
M. Théorêt: Le député de Joliette
arrive après quelque deux heures et demie de débat en commission
des crédits et tout d'un coup...
Le Président (M. Charbonneau): Je vais
d'abord voir où veut en venir le député de Vimont
et, par la suite, je vais statuer.
M. Chevrette: Que j'arrive après trois heures, s'il ne
sait pas que l'électronique, ça existe...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, dans ce
cas! Je voudrais rappeler aux membres de la commission que les membres de la
commission, de part et d'autre de cette grande et nouvelle table, sont libres
et maîtres absolus de leurs propos et que le ministre est
également maître absolu de ses propos, bien sûr, avec les
règles auxquelles nous oblige le règlement.
Une voix: Les leaders s'étaient entendus pour qu'on fasse
l'étude des crédits.
Le Président (M. Charbonneau): D'une part, l'article 35,
comme me le signale le secrétaire de la commission, nous indique un
certain nombre d'éléments quant à la façon dont
nous devons utiliser notre droit de parole. Je voudrais inviter les membres de
la commission à relire l'article 35 et vous rappeler qu'il nous reste
quinze minutes. Il serait peut-être plus indiqué d'utiliser ces
quinze minutes sur le fond plutôt que sur la forme.
M. Maltais: Je suis bien d'accord avec vous, M. le
Président.
M. Lefebvre: II y avait une période ce matin, M. le
Président, pour les remarques préliminaires. J'invite le leader
de l'Opposition, à l'avenir, à être présent au
moment où des remarques telles qu'il vient de nous en servir doivent
être faites.
M. Chevrette: M. le Président, quand quelqu'un affirme des
propos ici en commission parlementaire, on peut les relever et il est dit dans
le règlement qu'on doit le faire immédiatement à la
première occasion qu'on a, et c'est ce que j'ai fait.
Le Président (M. Charbonneau}: Je pense que...
M. Chevrette: Deuxièmement, M. le Président, il y a
des moyens électroniques qui existent. J'ai écouté la
commission et je m'excuse si les députés ne le font pas, mais je
le fais dans mon bureau. J'ai le droit comme député, en tout
temps, dans cette Chambre - et le leader adjoint de l'Opposition le sait - de
faire le tour de l'ensemble des commissions si je le veux bien. Chez eux, ils
font le tour de la caméra pour se montrer quand il y en a un qui parle.
On doit avoir le droit de faire le tour des commissions...
M. Théorêt: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: ...l'article 35, sixième
paragraphe, du règlement dit bien: "imputer des motifs indignes à
un député ou refuser d'accepter sa parole".
Le Président (M. Charbonneau): Voilà la raison pour
laquelle j'avais rappelé aux membres de la commission
l'intérêt que tous avaient de relire l'article 35 sur la
façon dont on utilise le droit de parole. Cela dit, M. le
député de Saguenay, je pense qu'on va mettre...
M. Maltais: Je pense que ce serait d'abord le leader de
l'Opposition qui devrait relire cet article. Nous autres, on était bien
tranquilles ici et on n'avait pas de problème avant qu'il arrive. (12 h
45)
Le Président (M. Charbonneau): Si tout le monde en
convient, on va mettre fin à cet échange sur la forme.
M. Maltais: Je pense que le leader de l'Opposition...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, M. le
député de Saguenay!
M. Maltais: ...aurait avantage à inclure ses remarques
dans les remarques préliminaires du porte-parole et, de cette
façon, cela éviterait de perdre du temps.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Maltais: Le but du leader de l'Opposition, c'est bien clair,
c'est de faire perdre du temps à la commission.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay, s'il vous plaît!
M. Maltais: Pendant ce temps-là...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Maltais: ...on oublie des choses très importantes.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: Voilà, c'est terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Merci...
M. Maltais: Bienvenue.
Le Président (M. Charbonneau): ...de votre collaboration.
M. le député de Johette également, à l'ordre!
M. Chevrette: Oui, M. le Président, j'invoque l'article
132. Cela vous fera 100 numéros à lire, entre 32 et 132.
M. Maltais: M. le Président, le leader a beau invoquer les
arguments qu'il voudra, cela ne nous dérange pas.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Johette. L'article 132...
M. Maltais M. le Président, on n'a jamais mis cela en
doute.
Le Président (M. Charbonneau}: M. le député
de Johette, je pense qu'il faut faire la différence entre l'article 132
et l'article 35. L'article 132 vous donne effectivement le droit d'intervenir
ici.
M. Maltais: On n'a jamais mis cela en doute.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 35 balise la
façon dont on utilise ce droit de parole en commission ou à
l'Assemblée.
M. Maltais: Ce n'est pas sur le droit de parole qu'on
s'interroge, c'est sur le contenu.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, le
député de Johette a-t-il d'autres interventions sur le programme
4? Je pense qu'on est au programme 4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aurais une nuance à
rapporter aux propos du député de Johette.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais d'abord
demander, si le ministre le veut bien, au député de Johette s'il
a terminé son intervention.
M. Chevrette: Je n'ai pas terminé, mais s'il veut faire la
nuance que je lui demandais, je serai peut-être exempt de continuer.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. M. le ministre,
avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui me concerne, nous sommes
au programme qui touche le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre et je veux tout simplement réaffirmer les propos que j'ai
tenus quant au projet de loi qu'a fait préparer celle qui m'a
précédé, Mme Marois. Si le député de
Johette, leader de l'Opposition, veut indiquer que Mme Marois a
déjà participé à une table sous le ministère
de l'Emploi et de la Concertation, à un sommet quelque part, si elle y
est allée, je ne le nierai pas. Mais en ce qui concerne le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, si mes propos sont inexacts,
qu'il les nie. Qu'il me dise que Mme Marois n'a jamais fait préparer un
projet de loi pour être soustraite aux avis du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre et là on fouillera plus à
fond.
M. Chevrette: J'aurais voulu nuancer et je le
répète, M. le Président, s'il a droit aux nuances, je dois
y avoir droit aussi.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Johette, vous avez droit à vos propos.
M. Chevrette: C'est que Mme Marois a préféré
travailler, par exemple au niveau du textile, directement avec le monde
patronal du textile et avec les syndiqués du textile, donc rapprocher le
pouvoir de consultation des gens réellement touchés. C'est aussi
une orientation que peut prendre un gouvernement. On pourrait se tourner de
bord et demander au ministre du Travail, si le député de Saguenay
me laisse parler, s'il considère, au point de vue de l'efficacité
dans la consultation, qu'il est préférable d'aller directement
auprès des gens impliqués, tant du monde patronal que syndical,
ou d'une superstructure?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai indiqué tantôt,
pour répondre à votre question, que le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre nous apparaissait un forum
privilégié. J'ai également indiqué, lorsque le
critique de votre formation politique m'a demandé quels étaient
les grands principes qui nous animaient, que, oui, dans les secteurs public et
parapubhc plus de 80 % des travailleurs et travailleuses sont organisés,
sont syndiqués, etc. Or, dans le secteur privé, c'est à
peine 23 % des travailleurs et travailleuses qui sont organisés. Il en
demeure 77 % qui, dans ces structures, n'ont pas nécessairement voix au
chapitre et on a plus de difficultés à entendre ou à
capter le message, comme parlementaires
À ce moment, j'ai indiqué qu'il était parmi les
priorités de l'actuel gouvernement et de l'actuel ministre de
prêter une oreille attentive à ces gens qui constituent 77 % de
notre main-d'oeuvre québécoise. On peut souhaiter aller les
consulter directement. C'est une opération qui est louable. Dans
certains cas, elle peut même être praticable. On peut
également aménager les structures plus officielles de
consultation en fonction d'assurer l'expression des opinions de ces
gens par d'autres formules au sein d'organismes qu'on s'apprête
à réformer. Oui, je considère accorder une oreille
attentive à la partie patronale structurée, à la partie
syndicale structurée, mais également à ceux et à
celles qui, dans le passé, n'ont pas eu cette facilité d'exprimer
leurs opinions et leurs intentions.
Quant au mécanisme pour le faire, on peut le faire de
façon un peu plus structurée, par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre; on peut le faire par l'entremise de la table
nationale de l'emploi; on peut le faire par l'entremise des tables
sectorielles. L'important, c'est de s'assurer qu'ils ont pu exprimer leur
opinion et, une fois cette opinion exprimée, qu'on prenne des
décisions sur le plan gouvernemental et sur le plan législatif,
comme à l'Assemblée nationale, qui répondent au maximum
aux intentions des intervenants.
Le Président (M. Chabonneau): Sur le même sujet?
J'avais aussi une question, mais allez-y.
M. Filion: Allez-y, je vous en prie, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je veux juste demander ceci
au ministre: Étant donné qu'il vient d'indiquer qu'il croyait
à l'importance du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
et à l'importance que ses avis soient connus, est-ce qu'il n'y a pas une
certaine contradiction entre cette affirmation et le fait que, par exemple, au
niveau des dépenses en communications, il y ait une réduction des
crédits, donc une réduction du potentiel éventuel du
conseil de faire connaître ses opinions, faire connaître ses avis
d'une façon adéquate?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que sur le plan
pratique, pour répondre à votre question, les communications
englobent les frais de déplacement, de repas, etc., des membres du
conseil et non pas ce qu'on entend en termes de communications, d'impression de
bulletins, le sens de votre question.
Le Président (M. Charbonneau): Si c'est le cas, M. le
ministre, est-ce que vous ne trouveriez pas plus acceptable... Je suis
convaincu que vous allez être d'accord avec moi que ce ne devrait pas
être sous cette rubrique. Je pense qu'il y a une différence entre
communications et frais de déplacement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison, on a suivi la
codification de l'ancien gouvernement et on le regrette.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, vous savez, on
ne se sent pas très visés mais... M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, toujours dans la même
veine, d'une part, le gouvernement libéral abolît le
ministère de la concertation et, d'autre part, il le dit lui-même,
on veut revaloriser le CCTMO. Là-dessus, c'est parfait, puisque c'est
une des recommandations du rapport Beaudry. Finalement, le gouvernement doit
bien, j'espère, garder quelques contacts quelque part, ailleurs qu'avec
ses comités de bénévoles qu'on commence à bien
connaître. En ce sens, est-ce que le ministre ne considère pas
urgent de débloquer les fonds nécessaires pour permettre au CCTMO
de jouer immédiatement le rôle qui était joué
auparavant par le ministère de la concertation et lui faire jouer le
rôle dont je parlais tantôt au niveau des nouveaux pouvoirs du
CCTMO? C'est bien clair qu'avec le budget de 444 000 $, je pense qu'il y a
environ... Je regarde les traitements, qui sont plus de la moitié du
budget. On n'arrive pas à activer suffisamment le CCTMO pour lui
permettre de recevoir au sein de ses comités spéciaux, au sein de
ses sous-comités l'ensemble des intervenants dans tous les secteurs du
travail du Québec. Ma question au ministre est simple. Est-ce qu'il
s'est présenté au Conseil du trésor pour réclamer
des crédits additionnels pour le CCTMO et, sinon, quand compte-t-il le
faire?
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Je vais tenter d'apporter de
nouvelles précisions aux réponses que j'ai déjà
données. Quand vous étiez au gouvernement, vous avez
décidé, parce que vous avez reçu des avis qui ne faisaient
pas votre affaire, de ne plus consulter le Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre.
M. Filion: II y avait un ministère à la
concertation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! oui. Comme vous le dites, il y
avait un ministère à la concertation parce que les avis
reçus du CCTMO ne faisaient pas l'affaire du député
d'Anjou et de ses successeurs.
M. Filion: II y avait un ministère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Notre programme
électoral...
M. Filion: ...au complet. Pour répondre à la
question du ministre, il y avait un ministère au complet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, il y avait un CCTMO qui
existait et dont vous ne vous serviez pas. Un ministère a
été créé lors de la petite crise interne au
Parti québécois. Mais il y avait un Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre que vous avez choisi d'ignorer, de laisser sur
les tablettes, de ne pas utiliser, à partir du moment où vous
avez reçu des avis défavorables. Le Parti libéral du
Québec n'a pas attendu la parution du rapport Beaudry pour se prononcer
quant au rôle que le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre aurait à jouer dans la société
québécoise dans l'éventualité de l'élection
d'un gouvernement libéral. Le rapport Beaudry a été rendu
public quelques mois après l'assermentation de l'actuel cabinet et, par
accident de parcours, les propos tenus par les commissaires quant à
l'utilisation du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre vont
dans le même sens que les propos que l'on peut retrouver dans le
programme du Parti libéral du Québec.
Vous comprendrez que, dans un premier temps, nous entendons revoir le
rôle du conseil pour lui donner l'importance que nous souhaitons, un peu,
comme je l'ai indiqué, conformément à la fonction que
joue, à l'intérieur du ministère de l'Éducation, le
Conseil supérieur de l'éducation. Vous comprendrez
également que, vu la politique du Parti libéral du Québec
de demander à l'ensemble des intervenants de contribuer, chacun à
sa façon, à l'avancement de la société
québécoise, les gens qui seront appelés à
siéger aux sous-comités et qui ne sont pas des permanents du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre devront le faire
également bénévolement, de façon à s'assurer
que chacun apporte sa contribution à ce Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre.
En plus de ce Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, ce
n'est pas parce que le ministère à l'Emploi et à la
Concertation a été aboli que n'existe plus ce qu'on appelle la
table nationale de l'emploi et que des tables, dans certains secteurs
identifiés, n'ont pas été maintenues.
Donc, la consultation pourra s'effectuer auprès de la population,
oui, au niveau du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui
aura un rôle différent de celui qu'il jouait sous l'ancien
gouvernement, ne serait-ce que parce qu'il sera consulté.
Deuxièmement, les tables les plus importantes seront maintenues pour que
nous puissions recueillir les suggestions et opinions de la population dans
tous les secteurs, le plus fréquemment possible, lorsque les
circonstances l'exigeront.
J'indique aussi que les députés continuent
également de consulter, chacun dans sa circonscription électorale
- en tout cas, de ce côté-ci de la Chambre, et j'imagine que c'est
la même chose pour ceux et celles qui ont été élus
de l'autre côté de la Chambre - de façon à porter
à l'attention du ministre les propos qu'ils recueillent à
l'occasion des tournées effectuées dans chacune de leur
circonscription électorale respective et du bureau de comté
qu'ils font sans doute au moins une fois par semaine.
M. Filion: Le ministre sait-il un peu comment fonctionne le
CCTMO?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je puis vous dire comment il a
fonctionné sous votre gouvernement, oui.
M. Filion: Comment fonctionne-t-il depuis sa création?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Depuis sa création?
M. Filion: Oui, en pratique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il a été
utilisé à certaines époques. Il a été non
utilisé sous certains gouvernements. Ce qui nous intéresse
davantage, c'est qu'il sera utilisé sous l'actuel gouvernement, une fois
son rôle revu. Je vous indique dans quelle direction. Si vous savez
comment fonctionne le Conseil supérieur de l'éducation, vous
connaissez déjà les principales orientations que l'on
s'apprête à lui donner.
M. Filion: Le ministre connaît le budget du Conseil
supérieur de l'éducation. Est-ce que le ministre a une
idée des travaux, du personnel de soutien, de recherche, de
professionnels qu'il faut mettre au service d'une table comme celle du CCTMO
pour lui donner la chance de jouer un rôle un peu plus grand? Est-ce que
le ministre est conscient que la majorité des intervenants du CCTMO,
lorsqu'ils se présentent à une table, ont devant eux non
seulement la question et la problématique qui leur sont soumises, mais
aussi des recherches, des documents d'appoint nécessaires pour leur
permettre de se faire une idée sur la question qui leur est soumise, ou
le problème ou le projet de loi ou le projet de règlement ou le
projet de politique qui leur est soumis?Si le ministre est
véritablement conscient de cela, pourquoi n'a-t-il pas fait le
nécessaire pour augmenter de façon importante le budget du CCTMO
qui n'est, encore une fois, que de 400 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va commencer par prendre la
situation dans l'état où vous l'avez laissée.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, si vous me
le permettez, avant de vous donner le droit de parole pour donner votre
réponse, je voudrais juste signaler qu'une entente est intervenue pour
qu'on continue encore une dizaine de minutes, soit jusqu'à 13 h 10. Je
voulais en informer tous
les membres de la commission ainsi que vous-même, si vous ne
l'étiez point. Ce qui vous permet, d'ailleurs, de donner votre
réponse. (13 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de donner la
réponse. On prend le dossier dans l'état où on en a
hérité, comme plusieurs autres dossiers. Lorsqu'on est
arrivé au gouvernement il y avait un Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre qui avait littéralement été "tablette"
par le gouvernement précédent. Pour des raisons qui lui
appartiennent, le gouvernement précédent avait
décidé de ne pas consulter ou de faire le tour du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre et d'aller, un peu comme l'a
indiqué le député de Juliette tantôt, consulter par
le biais du ministère de l'Emploi et de la Concertation qu'on avait
créé de toutes pièces et qui a permis, j'imagine, de
court-circuiter le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
Nous avons comme objectif, à la suite de notre engagement
auprès de la population à l'occasion de l'élection,
à la suite de ce qui est contenu dans notre programme électoral,
de redonner une place prépondérante au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre et de le consulter. Avant de procéder
à ces sages consultations, nous avons " l'intention de réformer
ce conseil de façon à augmenter, si je peux m'exprimer ainsi, sa
prestance, son autorité dans la société
québécoise, ce que vous avez détérioré lors
de votre passage au gouvernement. Dès que le nouveau rôle sera
assis, nous serons en mesure d'identifier des budgets requis pour que ce
nouveau rôle soit assumé.
Si je comprends bien votre question, vous nous demandez, avant de
préciser complètement quel sera le nouveau rôle, d'apporter
toutes les réponses financières en tenant pour acquis que le
rôle n'est pas encore défini. J'ai de la difficulté
à vous suivre. Ce qu'on a inscrit dans les cahiers, ce sont des
crédits qui permettent au conseil de fonctionner ou de survivre, au
moment où on se parle, et qui nous permettront de revoir son rôle
et sa composition. Si, à la suite de cette révision, des
crédits additionnels étaient requis, ou si les crédits
pouvaient être diminués à cause de l'apport des nombreux
bénévoles qui voudront participer au bon fonctionnement d'un
conseil aussi important, on ajustera les crédits en conséquence.
Ce matin, on vous dit: Écoutez! Vous n'avez rien fait avec; vous l'avez
détérioré; vous ne l'avez pas utilisé; vous avez
affecté sa crédibilité; vous avez choisi de le contourner.
Nous autres, on a l'intention de s'en servir et on pense que, dans
l'état de la situation, les sommes d'argent qu'on vous demande
d'approuver sont suffisantes pour le moment. Si vous partagez une opinion
différente, vous êtes libres de l'exprimer. On est ici pour cela.
Mais on vous dira quelque chose; on ne fera pas avec le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre ce que vous avez fait avec lui: décider
de l'ignorer, décider de le contourner et déprécier ses
avis.
M. Filion: Deux remarques, brièvement, avant de passer
à l'élément suivant. Je crois que le ministre n'est
manifestement pas au fait des avis qui ont été donnés par
le CCTMO dans les neuf dernières années sur un tas de sujets,
comme je l'ai dit tantôt, sur un tas de projets de politique, de projets
de loi, de projets de règlement. Deuxièmement, si je comprends
bien l'attitude du ministre, c'est: en attendant qu'on ait défini le
rôle du CCTMO, étant donné que le ministère de la
Concertation a été aboli, pendant ce temps, ce qu'on va faire, on
va se référer à notre comité de
bénévoles de l'État-Provigo, aux administrateurs du
gouvernement du Québec Inc., qui ont la compréhension patronale
facile, mais qui peuvent manquer, dans certains cas, d'une sensibilité
quant aux besoins des groupes socio-économiques, des groupes non
syndiqués et des groupes syndiqués de la société
québécoise.
Pour ma part, M. le Président, je suis prêt à passer
à l'élément suivant.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a...
Une voix: On pourrait passer à...
Le Président (M. Charbonneau): L'élément 2,
Conseil consultatif, et l'élément 3, Direction. Allez-y. Je vous
rappelle qu'il reste cinq minutes.
Soutien administratif et technique
M. Filion: D'accord. Une question rapide sur
l'élément 4. On note une diminution de 46,8 % aux dépenses
de soutien administratif du ministère. D'autre part, il y a une somme
d'environ 500 000 $ qui s'explique pour le réaménagement
budgétaire à la Direction des communications et à la
Direction de la planification et de l'évaluation.
Cependant, quant aux dépenses de fonctionnement...
Une voix: ...où nous sommes exactement...
M. Filion: Nous sommes aux pages 34 et 35. On est à
l'élément 4 du programme 4.
Une voix: D'accord, cela va.
M. Filion: Soutien administratif du
ministère - je l'ai dit pour vous permettre de suivre - subit une
diminution de 46,8 % et, d'autre part, une diminution de 0,3 % sur le plan du
fonctionnement et des autres dépenses. Globalement, cela donne une
diminution de 16,2 %. D'autre part, il y a une somme d'environ 500 000 $ qui
s'explique par le réaménagement budgétaire de la Direction
des communications et de la Direction de la planification et de
l'évaluation.
Quant aux dépenses de fonctionnement, il y a une diminution de
315 200 $ au chapitre des communications et une augmentation de 336 400 $
à loyers; cela me semble énorme. Dans les deux cas, les chiffres
me semblent élevés. Quelles sont les explications pour ces deux
chiffres, pour expliquer les variations?
Une voix: Les loyers s'expliquent d'abord parce que, dans les
crédits donnés l'année précédente, on nous
avait donné seulement onze douzièmes des crédits pour les
loyers. Donc, il y a l'ajustement du douzième mois. Deuxièmement,
on a des nouveaux loyers à cause du Service de l'arbitrage
médical, du Service de la médiation dans les secteurs public et
parapublic à Québec et Montréal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux leur donner l'explication
à plus haute voix. Quant aux crédits pour les loyers, à
votre question sur les loyers, les crédits de l'an passé sur les
loyers ne couvraient que onze douzièmes, c'est-à-dire onze mois
sur douze, d'où la nécessité d'ajuster.
Il y a les deux nouveaux services qui ont été mis en place
qui nécessitent, sur le plan des loyers, à Québec et
à Montréal...
M. Filion: Est-ce qu'il y a des loyers déjà
engagés pour le Service de la médiation dans les secteurs public
et parapubhc où les médiateurs ne sont pas encore
engagés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, le septième
étage au ministère du Travail.
M. Filion: Donc, il n'y a pas de loyer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'est pas à ciel
ouvert.
M. Filion: Ce que je veux dire, il n'y a pas d'augmentation de
loyer due...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, par rapport à l'an
passé.
M. Filion: D'accord.
Une voix: On n'a pas ces espaces.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est responsable à la
SIQ.
M. Filion: L'autre chiffre, la diminution de quelque 300 000 $
sur le plan des communications?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour deux raisons: la revue
interne du ministère du Travail, il y a eu un transfert au programme 4,
élément 1; il y a 140 000 $ pour le placement obligatoire dans
les médias des choses que l'on a été obligé de
placer obligatoirement au ministère, qui ont changé de programme
et qu'on retrouve au programme 4, élément 1,
également.
M. Filion: En deux mots, ce sont des changements de programme. En
ce qui concerne les communications, il n'y a pas de diminution. Parfait.
Une voix: ...de nouvelles responsabilités.
Normalisation de la sécurité
M. Filion: Juste une dernière question, M. le
Président, sur l'élément 5 du programme 4; et cela termine
le programme 4 pour moi. ]e veux que le ministre m'explique... À
Normalisation de la sécurité, je veux juste comprendre. Je
comprends, d'une part, qu'il y a une récupération due à
l'intégration des responsabilités qui relevaient du ministre
responsable de l'Habitation. Par contre, le montant est de seulement 858 000 $
et on appelle cela Normalisation de la sécurité. Finalement,
c'est quoi? Est-ce que c'est le budget pour un service qui établit,
peut-être, les normes sans inspecter? II semble également que ce
soit une nouvelle direction dans l'organigramme du ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit strictement de la
normalisation et non de l'inspection.
M. Filion: Alors, cela fait quoi, cela? Cela fixe des normes,
point? C'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela fixe des normes sur
l'application du Code du bâtiment.
M. Filion: Et c'est bel et bien la nouvelle Direction
générale de la normalisation dans le nouvel organigramme du
ministère, d'accord. Combien y a-t-il de professionnels - ou d'effectifs
- dans cette direction?
Une voix: Seize.
M. Filion: Est-ce un transfert exclusivement du ministre
responsable de l'Habitation? II n'y a pas d'ajouts, de diminutions ou de...
M. Paradis (Brome-Missisquoî): Je peux même vous
indiquer, en complément de réponse, qu'il est possible que cela
demeure à l'intérieur du ministère, comme il est possible
que l'on envisage de voir ce qu'il y aurait à faire avec la Commission
du bâtiment.
Une voix: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il y a des choses qui ne sont pas
arrêtées, étant donné l'état du dossier dont
on a hérité.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le programme 4
est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Dans ce cas,
je vais suspendre les travaux de la commission jusqu'après les affaires
courantes cet après-midi. À bientôt.
(Suspension de la séance à 13 h 10)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! La
commission reprend l'étude des crédits du ministère du
Travail. La parole est à M. le député de Taillon.
M. Filion: Juste avant de passer au programme 5, aux fins de
compléter une question de ce matin où j'avais interrogé le
ministre du Travail sur l'élément Rationalisation interne et
autres mesures 1 400 000 $, page 87 du document du Conseil du trésor du
mois de mars. Est-ce que le ministre est en mesure de ventiler ce montant de 1
400 000 $ et de nous dire où il s'est appliqué, le cas
échéant, et dans quelle mesure?
C'est relatif à la question de ce matin, dans le programme cette
fois-ci, c'est cela?
Une voix: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour faciliter la
compréhension. Je vais vous lire les notes que j'ai en guise de
réponse. Vous allez en avoir autant que moi: Malgré l'ajout de la
Direction générale de la normalisation, 18 postes et 858 100 $ en
provenance de l'ex-ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur au programme de direction et gestion interne, les crédits
alloués diminuent de 1 356 700 $ grâce à la
non-récurrence de la masse salariale du cabinet du ministre du Travail
à une compression d'effectif, au contrat d'analyse des conventions
collectives et enfin, à la non-récurrence des budgets de la
commission consultative sur le travail et de la commission Quesnel.
M. Filion: En ce qui concerne la compression d'effectif, quelle
est-elle?
M. Paradis (Brome-Missisquoî): Parlez-vous de la masse au
cabinet?
M. Filion: Non, non. Bien non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis à l'aise, n'est-ce
pas?
M. Filion: Oui, vous cumulez plusieurs ministères.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela me ferait plaisir de vous le
dire.
M. Filion: Je sais que cela vous ferait plaisir, je vais le dire
pour vous, vous cumulez plusieurs ministères avec un seul cabinet. Cela
va de soi. Mais en ce qui concerne donc plutôt la compression d'effectif,
serait-ce possible d'obtenir une ventilation de cette compression?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va tenter de vous donner la
réponse. Bilan au niveau de l'effectif: au 1er avril 1985, l'effectif
régulier autorisé au ministère du Travail était de
324 postes. À la suite de l'adoption des lois sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic et sur les accidents du travail et des maladies professionnelles,
deux nouveaux services ont été créés au
ministère du Travail, soit le service de médiation dans les
secteurs public et parapublic ainsi que le service de l'arbitrage
médical.
Afin de doter en personnel ces deux nouvelles unités, le Conseil
du trésor a autorisé 21 nouveaux postes, ce qui fixait à
la fin du mois de septembre 1985 le nombre d'employés réguliers
autorisés pour l'ensemble du ministère à 345.
Un premier plan de compression demandé par le Conseil du
trésor a entraîné l'abolition de trois postes le 30
septembre 1985. Par la suite, l'application du CT no 159604 du 17
décembre 1985 relatif aux effectifs réguliers autorisés a
entraîné l'abolition de huit postes supplémentaires,
ramenant l'enveloppe totale de l'effectif régulier autorisé au
ministère du Travail à 334. Il s'agit de l'enveloppe
utilisée lors de la préparation des crédits pour
l'exercice financier 1986-1987.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay, vous voulez poser une question?
M. Maltais: Oui, M. le Président. Avant de passer à
l'élément 5, j'ai une question à
poser. Ce matin, le ministre m'avait dit qu'il me donnerait
peut-être un complément de réponse et j'y serais
très intéressé. Contrats variés, médiation
des contrats divers, un contrat de 14 800 $ accordé à Me Claude
Filion concernant une enquête sur le fonctionnement de l'administration
du comité paritaire de l'industrie de l'automobile de
Montréal.
M. le ministre, j'aimerais savoir quelles ont été les
recommandations et quelle a été l'application de ce contrat
aussi, parce que pareil mandat nécessite nécessairement des
recommandations et des modifications à certaines lois. Est-ce que votre
ministère envisage de suivre ces recommandations et de les mettre en
vigueur immédiatement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pouvez-vous m'indiquer la page
dans le cahier?
M. Maltais: Page 31.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Page 31. C'est la nomination d'un
tuteur, la réponse que j'avais donnée concernant Jean
Lévesque et Claude Filion.
Cela va. Le 25 septembre 1985, dans ce dossier, il y a eu une
requête en évocation et en nullité et pour émission
d'une ordonnance de sursis présentée par les parties
contractantes à la convention collective prolongée sous forme de
décret sur les salariés de garage de la région de
Montréal.
Cette requête visait à faire annuler le rapport des
enquêteurs chargés par le ministère du Travail
d'enquêter sur l'administration du comité paritaire et à
annuler la décision du ministre du Travail de suspendre les pouvoirs du
comité paritaire et de nommer un administrateur provisoire, soit un
tuteur.
Le 26 septembre 1985, il y a eu une ordonnance de sursis émise
par la Cour supérieure levant provisoirement la suspension des pouvoirs
du comité paritaire et ordonnant au ministre du Travail de surseoir
à toute décision concernant le comité paritaire.
Le 3 octobre 1985, il y a eu requête du ministre du Travail et du
tuteur à la Cour d'appel afin d'obtenir la permission d'appeler de
l'ordonnance de sursis.
Le 9 octobre 1985, il y a eu requête pour permission d'appeler
accordée par la Cour d'appel. L'audition a été
fixée au 13 décembre 1985.
Le 10 octobre 1985, il y a eu requête du ministre du Travail et du
tuteur à la Cour d'appel pour faire suspendre l'exécution de
l'ordonnance de sursis émise par la Cour supérieure.
Le 11 octobre 1985, la requête pour faire suspendre l'ordonnance
de sursis a été rejetée par la Cour d'appel.
Le 11 décembre 1985, le jugement a été rendu par
l'honorable juge Pierre-A. Michaud accordant en partie la requête en
évocation et ordonnant la réouverture de l'enquête sur
l'administration du comité paritaire. Le jugement suspend
également la nomination du tuteur jusqu'à ce que, suite au
complément d'enquête, le ministre du Travail prenne une nouvelle
décision.
Le 13 décembre 1985, il y a eu déclaration à la
Cour d'appel que l'appel sur l'ordonnance de sursis est devenu sans objet.
Le 13 janvier 1985, il y a eu démission de l'un des
enquêteurs au motif qu'il occupe une charge incompatible avec la
poursuite de l'enquête.
Le 20 février 1985, il y a eu réouverture de
l'enquête devant un seul enquêteur, objection des parties
contractantes à la réouverture de l'enquête au motif
qu'elle doit se faire en présence de deux enquêteurs nommés
à l'origine.
Le 20 février 1985, il y a eu objection des parties contractantes
rejetée par l'enquêteur. Les parties impliquées ont de
nouveau été convoquées pour le 6 mars 1986 par
l'enquêteur afin de procéder à la réouverture de
l'enquête, il est possible que de nouvelles procédures judiciaires
soient intentées par les parties contractantes afin de faire
déclarer que l'enquêteur ne peut effectuer seul la
réouverture d'enquête ordonnée par la Cour
supérieure.
Le 6 mars 1986, il y a eu remise de l'enquête à une date
ultérieure et il y a une décision de tenir une rencontre entre
des représentants du comité paritaire et du cabinet du ministre.
Cela n'a pas été fait encore, c'est l'ensemble du dossier comme
tel, grosso modo. Il y a de la part d'une des parties une requête en
évocation devant la Cour supérieure à la suite de
l'enquête. Un juge de la Cour supérieure a accordé en
partie la requête en évocation au motif que les règles de
justice naturelles n'avaient pas complètement été suivies.
Il y a eu appel et désistement de l'appel. Le juge, dans son ordonnance,
a demandé de reprendre l'enquête. Il y a des objections
étant donné qu'il y avait deux enquêteurs à
l'origine de nommés par le ministre et qu'il n'en restait qu'un seul
à savoir si on pouvait continuer l'enquête avec un seul
enquêteur au dossier. Il y a des pourparlers entre les parties au moment
ou on se parle. Mais si vous me demandez si on a abouti à quelque part
au moment où on se parle, on n'a encore abouti nulle part.
M. Maltais: II n'y a rien de réglé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De façon pratique, le
comité paritaire fonctionne...
M. Maltais: ...de cour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...avec la
présence d'un des enquêteurs à ces réunions.
Excusez, ce n'est pas l'enquêteur, c'est le tuteur qui assiste aux
réunions avec des pouvoirs qui ne sont pas des pouvoirs complets de
tuteur parce que le juge les a mitigés.
M. Maltais: ...qui peuvent être sujets à être
ramenés en cour en n'importe quel temps,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'il est possible
que de nouvelles procédures judiciaires soient intentées par les
parties contractantes afin de faire déclarer que l'enquêteur ne
peut effectuer seul la réouverture d'enquête ordonnée par
la Cour supérieure.
M. Filion: Excusez, je n'ai pas compris la dernière
question du député de Saguenay.
M. Maltais: Ah! On peut relever les galées, mais je peux
la reposer bien clairement. Je veux savoir si les parties en cause peuvent
remettre devant la cour ou contester une décision de l'enquêteur
ou du tuteur en n'importe quel temps puisqu'on ne reconnaît pas le
principe qu'un enquêteur seul peut agir comme tuteur. Ce qui veut dire
que ce dossier peut se promener d'une cour à l'autre pendant encore un
bout de temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des prétentions
d'une des parties en ce sens que, pour reprendre l'enquête, il faudrait
qu'il y ait deux enquêteurs parce que initialement mon
prédécesseur a nommé deux enquêteurs pour effectuer
l'enquête.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres questions? On peut aborder maintenant le programme 5.
Une voix: Le programme 6.
Le Président (M. Charbonneau): 5. Le programme 5, Cela va?
Est-ce qu'on a commencé le programme 5?
Une voix: On a commencé le programme 5, mais on a
adopté le...
Le Président (M. Charbonneau): Je pense qu'on
était revenus sur des questions antérieures. Le programme 5, M.
le député de Taillon ou M. le député de Shefford.
Le programme 5. M. le député de Shefford.
Qualification professionnnelle des entrepreneurs en
construction
M. Paré: M. le Président, je veux très
rapidement rappeler un peu la loi 53 qui va nous ramener aux programmes 5 et 6
puisqu'on va parler de la Commission du bâtiment. On pourrait se rappeler
très rapidement que ça constitue une réforme majeure dans
le secteur du bâtiment parce qu'il y a eu beaucoup de consultations sur
cela, qu'on a eu presque consensus à quelques exceptions près et
que ça vise davantage la responsabilisation des intervenants du milieu
dans le but d'améliorer davantage la qualité et la
sécurité de la construction au Québec.
On se rappellera aussi - cela ne fait pas longtemps - c'est en juin
dernier - que l'Opposition libérale a voté contre le projet de
loi 53. Puisque le ministre est maintenant responsable de ce secteur
d'activité depuis quatre mois, j'aimerais lui demander quelles actions
concrètes il a menées dans ce secteur depuis le 12
décembre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Effectivement, depuis mon
assermentation le 12 décembre, j'ai, par personne interposée,
observé ce qui se passait à la Commission du bâtiment. J'ai
personnellement, et également par personne interposée, à
mon cabinet rencontré plusieurs des administrateurs de la Commission du
bâtiment. Je n'ai pas terminé mes consultations et, lorsque je les
aurai terminées, j'aviserai des décisions.
M. Paré: Est-ce qu'on peut savoir, en gros, dans ce
secteur, quels sont vos objectifs, vos priorités en matière de
sécurité et de qualité de construction dans le
bâtiment du Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai déjà eu
à indiquer assez clairement, je le crois, les critères
d'entrée sur le marché du travail de la construction, autant pour
les salariés que pour les entrepreneurs. Cela devait d'abord et avant
tout être basé sur la qualification, sur la compétence.
M. Paré: J'aurais une question se rapportant à
votre texte d'entrée de ce matin. Je n'y étais malheureusement
pas, mais j'ai pu quand même prendre note rapidement. On retrouve
à la page 8: "II faudra aussi voir dans quelle mesure l'ajout d'un
nouveau mandat dans le domaine de la sécurité des bâtiments
et des lieux publics affectera sa structure de fonctionnement."
Quel est l'impact de ce nouveau mandat pour 1986-1987 sur le
présent budget, en ce qui concerne votre ministère? Qu'est-ce que
cela peut apporter comme impact?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous retrouvez les impacts de
façon détaillée en ce qui concerne la qualification
professionnelle des entrepreneurs en construction aux pages 38, 39 et 40 du
document qui vous a été remis. En ce qui concerne la
sécurité dans les bâtiments et
lieux publics, au programme 6, aux pages 41, 42 et 43. Ce sont de brefs
tableaux facilement accessibles et compréhensibles.
M. Paré: Justement là-dessus, on retrouve, si on
fait le total, une diminution de 3 000 000 $ qui est expliquée par une
rationalisation des dépenses et autres mesures.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, j'aimerais vous suivre,
M. le député de Shefford. Est-ce que vous pouvez m'indiquer quel
programme et à quelle page, parce qu'on joue dans six pages?
M. Paré: Dans le programme 6. Je dois vous dire que j'ai
un peu les deux parce que j'interviens un peu sur les deux en même temps,
si vous n'y voyez pas d'objection.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, je peux passer de l'un
à l'autre, à condition que vous m'indiquiez où on
passe.
M. Paré: Le programme 6.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le programme 6, cela va.
M. Paré: Au programme 6, on a une diminution de 3 000 000
$ qu'on explique par la rationalisation des dépenses et autres mesures.
Est-ce qu'on peut avoir une ventilation de cela? Comment l'expliquez-vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais répondre plus
en détail. Si vous le désirez, je le ferai. En ce qui concerne la
grosse partie, soit pour 2 710 700 $, il y a une diminution de 28 postes
autorisés.
M. Paré: Oui, d'accord. Le retrait du programme
Équerre, 400 000 $, il en a même été question dans
une autre commission ce matin. Il n'y a pas de problème à cela.
C'est la compression imposée par le Conseil du trésor de 2 466
200 $. Comment cela s'explique-t-il, si on veut le ventiler? Le chiffre est
là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lequel?
M. Paré: À la page 43.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Page 43.
M. Paré: Où vous expliquez... Vous parliez
tantôt de 2 710 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Paré: Est-ce qu'on s'est entendu, programmes 5 et 6
ensemble?
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon! Vous vous
êtes entendus.
Une voix: Est-ce qu'on essayait de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le détailler au
maximum.
M. Paré: Oui, j'aimerais cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. La diminution des 28
postes autorisés, c'est 975 000 $; les postes historiquement non
comblés, compte tenu des délais de recrutement - on appelle cela
la gérance des postes vacants - 700 000 $; les traitements
récupérés dans le cas des congés sans traitement et
des employés en assurance-maladie, 625 000 $, ce qui donne un sous-total
de 2 300 000 $; l'abandon du programme Équerre, c'est-à-dire des
crédits non récurents pour 400 000 $, compression sur les postes
d'occasionnels, 14 500 $, ce qui donne un autre sous-total de 414 500 $ qu'on
ajoute aux 2 300 000 $. Fonctionnement et autres dépenses, j'ai les
détails même s'il s'agit de montants moins considérables,
afin que les totaux balancent.
Programme Équerre, transport et hébergement, 100 000 $,
compression des frais de voyage à la suite des diminutions de personnel
et élimination de surplus à la catégorie 03, 222 000 $;
placements média, diminution de la dépense de 60 000 $ à
30 000 $, ce qui fait 30 000 $; aménagement, provisions au budget
1985-1986 non nécessaires parce que les dépenses sont
payées à même un fonds commun à la SIQ, 150 000 $;
ameublement, 32 600 $; réaménagement de budget au capital, .13
000 $. Pour un sous-total de 547 600 $.
Le montant de 13 000 $, réaménagement de budget au
capital, est ajouté à l'élément 08, capital,
équipements; il y a une addition de 13 000 $ provenant de
l'élément fonctionnement et autres dépenses, location plus
achats, achats à termes, etc., pour 13 000 $; ce qui devrait
compléter votre chiffre. S'il y a une erreur, il me fera plaisir de
tenter de préciser davantage.
M. Paré: Non, c'est clair. Quels sont les critères
utilisés pour amener ces abolitions de postes qui équivalent
à 2 710 000 $? Non seulement les critères mais je veux savoir
quels sont les postes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'après ce qu'on m'indique,
cela va dans le sens de la rationalisation des activités et de la
responsabilisation du milieu que vous avez évoquée
tantôt.
M. Paré: Est-ce qu'on peut dire que cela peut être
un résultat découlant du projet de loi 53?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne va pas à
l'encontre.
M. Paré: Est-ce que cela va dans son sens?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à ces
éléments, pour une certaine partie, oui. Votre critique m'indique
non et mes gens m'indiquent oui.
M. Paré: Justement, en parlant de la loi 53 et de la
Commission du bâtiment, pour que la Commission du bâtiment puisse
jouer effectivement, complètement et totalement son rôle, à
quel moment la fusion de la Régie des entreprises en construction
à la Direction générale de l'inspection sera-t-elle
effective?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque les consultations que je
mène auront été terminées et qu'une décision
sera arrêtée, il est possible que la direction que vous venez
d'indiquer soit prise, comme il est possible que d'autres directions soient
considérées et adoptées.
M. Paré: Est-ce que vous pouvez expliquer davantage? parce
que cela revient un peu à ma première intervention où je
vous disais que la loi 53 avait été adoptée il n'y a pas
tellement longtemps et que le Parti libéral avait voté contre et
qu'elle n'était pas tout à fait en vigueur. Quelles sont vos
intentions et vos orientations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque j'aurai terminé
mes consultations et que j'aurai pris ma décision, je vous en ferai
part,
M. Paré: Mais vous n'avez pas encore d'idée ou
d'orientation présentement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si j'avais arrêté ma
décision, j'aurais arrêté également mes
consultations.
M. Paré: Sur la loi 53, comme cela avait presque fait
l'unanimité des intervenants du milieu, que ce soit dans le domaine des
fédérations des municipalités -je pourrais en
énumérer plusieurs - à quelques exceptions près,
quand vous faites vos consultations, est-ce que vous avez l'intention de
consulter de nouveau ces mêmes gens?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas tellement eu de
changements au chapitre des associations; il y en a eu moins qu'au
gouvernement.
M. Paré: Donc, cela voudrait dire, si vous refaites la
même consultation, qu'on peut s'attendre à ce qu'on en arrive au
même résultat qu'en juin 1985,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si les con- sultations sont
menées auprès des mêmes gens et si les mêmes gens ont
conservé la même opinion et la même idée, les
réponses devraient être les mêmes.
Une voix: Qui sont ces gens?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si les consultations sont
menées auprès d'un ensemble plus vaste et si certains individus
ou certains groupements avaient changé d'idée depuis ce
temps-là, les aboutissements pourraient être différents.
Mais comme c'est hypothétique, je n'oserais pas m'embarquer dans ces
situations pour ne pas violer notre règlement.
M. Paré: La loi 53, qui venait créer la Commission
du bâtiment du Québec, avait comme base ou comme fondement la
responsabilisation du milieu, la prise en charge et même la
déréglementation de façon à simplifier, à
faire en sorte qu'il y ait moins de codes, moins de règlements, que les
intervenants puissent être tout près des décisions et que
ce ne soit pas nécessairement des fonctionnaires, même pas des
fonctionnaires, des gens nommés à un conseil
d'administration.
Je pense que cela va bien plus dans le sens utilisé par le Parti
libéral durant la campagne électorale, dont on entendait parler
hier ici même, en commission parlementaire, par le représentant de
l'Industrie et du Commerce. C'est, è mon avis, tellement clair que cela
répond aux nouveaux critères de développement
économique dans le sens de la prise en charge par le milieu, la
déréglementation, la responsabilisation. C'est non seulement
à la mode, mais c'est bien que cela aille dans ce sens-là et cela
faisait l'unanimité.
Moi, j'aurais plutôt espéré qu'on n'aille pas en
consultation là-dedans, qu'il y ait une idée arrêtée
et qu'on aille plutôt dans le sens contraire, sinon
d'accélérer, au moins de cheminer toujours dans le même
sens. Est-ce que vous êtes en train de nous dire qu'on ne continue pas
dans le même sens, que là on modère, on arrête et on
consulte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des principes,
j'endosse l'exposé que vous venez de nous faire. Sur le plan des
principes, aucune difficulté entre ce qui me semblait être un
porte-parole de l'Opposition et le ministre.
Sur le plan des implications, nous pouvons jouir, au moment où
l'on se parle, d'une certaine expérience dans le sens que
l'ex-gouvernement ne pouvait pas avoir vu qu'il s'agissait, lorsqu'il l'a
créée, d'une nouvelle expérience comme telle. Nous
profitons peut-être de l'arrivée du nouveau gouvernement, qui va
par contre dans le sens des principes que vous venez d'énumérer,
pour faire le point.
M. Paré: Est-ce que vous avez l'intention de nommer
prochainement les deux vice-présidents de la Commission du
bâtiment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aussitôt que les
consultations seront terminées et que les décisions seront
prises, cette décision-là également sera prise, mais elle
sera conséquente à la première décision.
M. Paré: Vous n'avez pas dans le temps un délai
fixé. Quels sont les délais que vous vous fixez pour être
capable de faire les consultations nécessaires pour vous amener à
prendre une décision définitive?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous assurer que cela sera
fait dans les meilleurs délais.
M. Paré: J'aurais une autre question. Toujours dans votre
texte, on voit - je le savais, parce que j'étais aussi à l'autre
commission, où on entendait le ministre des Affaires municipales,
responsable de l'Habitation - qu'il y a eu des décisions du premier
ministre à l'effet de scinder le ministère de l'Habitation et
celui de la Protection du consommateur pour, finalement, les mettre sous la
responsabilité de trois ministres. Vous, comme responsabilité,
c'est la Commission du bâtiment du Québec en fonction de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre autres et la Régie
des entreprises de construction.
M. Paré: Oui, d'accord. On retrouve cela ici. Moi,
j'aimerais connaître, selon vous, quelles sont les raisons qui ont
amené à scinder le ministère de l'Habitation? Est-ce que
vous pensez que cela va donner un meilleur service à l'ensemble du
secteur ou de toute l'entreprise de construction du Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que cela faisait partie -
je peux vous émettre mon opinion, c'est une décision qui a
été prise par le premier ministre - du mandat d'un changement de
gouvernement de redéfinir de nouvelles priorités, de nouvelles
orientations, de diminuer le nombre de ministres au cabinet par souci
d'efficacité et de saine gestion. Lorsqu'on a départagé
les fonctions, j'imagine que la question de la Protection du consommateur, il y
avait une certaine parenté avec la Justice. Je pense que, dans le
passé, cela l'a déjà été de toute
façon. Je ne voudrais pas me tromper et vous induire en erreur. (16 h
45)
Quant au ministère de l'Habitation comme tel, cela se conjuguait
bien - vous l'avez souligné dans vos remarques - avec le
ministère des Affaires municipales. Quant à la question de
l'inspection des bâtiments, des entrepreneurs en construction comme tels,
cela relevait davantage du ministère du Travail Ce n'est pas le seul
ministère qui a subi une réorganisation à la suite de
l'arrivée du nouveau gouvernement. On se retrouve avec moins de
ministères et moins de ministres qu'auparavant et on se retrouve avec la
création de nouveaux ministères qui ont certaines
responsabilités. Un ministre délégué à la
Privatisation, il n'y en avait pas dans l'ancien gouvernement; le
ministère des Pêcheries était cumulé par le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, etc. Il y a eu tout
un réaménagement. Le premier ministre a agi sagement en
départageant - c'était un ministère quand même assez
important en termes de volume d'activités, de nombre de fonctionnaires
et de budget - suivant les liens de parenté les plus étroits et
en demandant au ministre du Travail d'assumer la charge en ce qui concerne les
entrepreneurs en construction, tout ce domaine, et la sécurité
dans les bâtiments comme telle. C'est inspiré par la sagesse et la
saine gestion.
M. Paré: Dans l'autre ministère où on a
étudié les crédits, la sagesse de la décision a
été mise en doute, vous vous en doutez bien. Vous avez
utilisé deux arguments. Le premier dit qu'il y a moins de
ministères. Vous êtes revenu en disant que par contre on a
ajouté des ministères. Vous avez parlé de la
Privatisation; il y a le ministère du ministre
délégué aux PME et d'autres ministères ont
été ajoutés. Donc, finalement il n'y a pas eu de
diminution du nombre de ministres au Conseil des ministres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais oui! Il y en avait une
trentaine. Vous vous rappelez. Il y en a eu trois ou quatre de nommés
juste avant l'élection. Il y en avait une trentaine dans l'ancien
cabinet, il y en a 27 maintenant. 30 moins 27, cela donne 3.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Paré: Je ferai le calcul mais la différence
n'est pas vraiment importante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien trois, trois ministres!
M. Paré: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous auriez dû dire cela
à ceux qui étaient titulaires.
M. Paré: Ce qui est important à mon avis c'est le
service qu'on peut rendre en fonction des ministères qu'on crée
ou des
organismes qu'on se donne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des orientations qu'on se donne
mais on n'est pas pour créer quelque 200 ministères au
Québec.
M. Paré: Est-ce que vous croyez, vous, comme ministre
responsable d'une partie du secteur de l'habitation, que l'on peut rendre plus
de services à cette grande entreprise qui est l'habitation dans son
ensemble et qui génère pour 4 000 000 000 $ d'investissements par
année, quelle est mieux desservie en étant divisée entre
des ministères que lorsqu'on avait une personne ministre avec son
cabinet et sa responsabilité, sa pensée et son devoir au Conseil
des ministres de défendre les dossiers de l'habitation? Est-ce qu'on
dessert mieux tout ce secteur de l'habitation en l'ayant divisé et
scindé en trois alors qu'une seule personne pouvait avoir la
responsabilité de tout ce secteur, autant pour ce qui est de
l'habitation sociale, de l'habitation privée que pour tous les codes qui
peuvent régir cette même habitation?
C'est une question que je pose. Il peut y avoir des
interprétations différentes sauf que je vous donne juste un
exemple. Pour parler de l'habitation je suis ici, et ce matin j'étais
avec une autre personne qui peut me donner des interprétations
différentes sur les lois. Vous disiez tantôt que vous êtes
d'accord que l'habitation relève du ministère des Affaires
municipales. Je suis d'accord moi aussi quand on parle d'habitation sociale.
Sauf que l'habitation générale et tout le secteur de l'industrie
de l'habitation au Québec, c'est 4 000 000 000 $ et on est loin d'avoir
4 000 000 000 $ réservés seulement au secteur de l'habitation
sociale. Je pense que l'habitation c'est bien plus que juste du social. C'est
de l'économique, à un tel point que le Conference Board a reconnu
qu'au Québec c'est grâce a Corvée-habitation que la reprise
économique est venue parce qu'on a injecté
énormément par la concertation de tout le milieu: les finances,
les municipalités et le gouvernement. Donc, vous me dites que ça
a diminué un peu le nombre de ministères - s'il n'y a pas
d'autres nominations bientôt - et que cela permet un meilleur service. Du
fait que vous n'ayez pas à intervenir dans d'autres secteurs de
l'habitation mais que vous ayez celui-ci, comment voyez-vous que cela peut
donner un meilleur service pour ce qui est de l'habitation au
Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voyez, il y a des gens dans
la société québécoise qui partagent votre opinion,
à savoir que ce serait mieux d'avoir un ministère de
l'habitation. J'en ai recontré d'autres - et ça fait seulement
quatre mois que je suis ministre - qui disent qu'il devrait y avoir un
ministère de la construction. Ils disent: Écoutez, l'habitation
c'est juste un segment, ça prendrait la construction comme telle,
ça prendrait un ministre à la construction. Vous allez en
rencontrer dans tous les secteurs qui ont des intérêts à
défendre et qui visent à avoir un interlocuteur qui siège
au Conseil des ministres où la décision finale se prend. Je
regarde l'orientation qu'a prise le nouveau gouvernement dans le sens d'une
saine gestion, de la déréglementation et dans la
responsabilisation des parties.
Je regarde sur le plan de l'habitation ce qui a été
confié au ministère du Travail. J'ai eu des discussions avec
quelques-uns de mes prédécesseurs comme ministres du Travail, qui
ont eu à faire face à un ministre de l'Habitation qui
était responsable de certaines choses et, eux, comme ministres du
Travail étaient affectés et auraient voulu intervenir quant au
statut de certains organismes ou etc. Là, le ministre de l'Habitation
qui avait eu une autre vision s'opposait, et son opposition faisait en sorte
que cela retardait les décisions importantes dans le domaine de la
construction. Ce sont des choix qui s'effectuent en fonction d'un maximum
d'efficacité et d'une saine gestion. C'est le choix que le
présent gouvernement, à la suite du mandat qu'il a reçu de
la population, a effectué.
Ce sont mes commentaires quant à cette partie. Quant à la
partie Corvée-habitation, vous avez mentionné un article du
Conference Board ou etc. Parce que je suis voisin de pupitre à
l'Assemblée nationale du ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation, j'ai été à même de voir
certains chiffres quant aux effets économiques des analyses internes au
ministère quant à Corvée-habitation. Il me fera plaisir de
vous faire parvenir ces chiffres qui disent finalement: Est-ce que cela a
vraiment stimulé, est-ce que cela a vraiment profité aux gens qui
en avaient besoin dans la société ou si cela n'a pas
été aux gens qui auraient pris des décisions de construire
de toute façon et qui n'étaient pas parmi les plus
défavorisés?
Était-ce une sage décision quant au logement social? Vous
m'en avez parlé. Je ne voudrais pas vous citer les chiffres ici, mais
cela m'avait impressionné lorsque mon collègue et voisin de
pupitre m'avait montré cette analyse interne qui avait été
effectuée au ministère de l'Habitation. Si voua ne l'avez pas
vue, je peux demander à quelqu'un d'aller chercher les chiffres et on
pourra les regarder. Vous pourrez peut-être comparer ce qu'a dit le
Conference Board avec ce que les analystes internes du ministère ont dit
et peut-être que la vérité se situe entre les deux.
M. Paré: Non, je vous remercie, vous
n'aurez pas besoin de me faire parvenir cela parce qu'il en a tellement
été question cet avant-midi que le ministre a même reconnu
qu'il avait été mal cité quand il disait que les
programmes avaient été inutiles et n'avaient pas apporté
les résultats escomptés. Je dois vous dire que si on regarde
les...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, moi je vous indique
seulement ce que j'ai vu d'une étude interne au ministère. Si
vous voulez qu'on aille la chercher, je vous en fais l'offre, on la regardera
ensemble et on passera nos commentaires. Je n'ai pas d'objection.
M. Paré: Non, je ne veux surtout pas qu'on reprenne le
débat de cet avant-midi parce que, de toute façon, on peut, vous
et moi, les relire dans le Journal des débats. On ne peut pas revenir
sur Corvée-habitation et je ne veux pas reprendre la même
discussion, mais si c'était à refaire on devrait, comme
société québécoise, le refaire dans d'autres
domaines. À mon avis, les résultats sont favorables.
Quant à moi, je vous demandais cela, question d'efficacité
et peut-être un peu d'amitié parce qu'on est voisins de
comté, mais aussi parce que je connais vos lourdes
responsabilités comme ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. Comme le secteur de l'habitation au
Québec est tellement important, ne risque-ton pas - c'est la question
que je me posais, je vous dis comme je le pense - que l'habitation n'ait pas
toute l'attention nécessaire? Vous pouvez me dire que non, sauf que ma
crainte, c'est que si ce n'est pas vous, cela peut être au niveau du
ministère des Affaires municipales que cela peut être comme cela
quand on ne privilégie pas des secteurs. Quand on regarde les chiffres
de janvier, février et mars dans la construction, ce sont des
diminutions par rapport aux années précédentes où
on a battu des records grâce à des programmes qu'on avait
amenés. C'étaient les sujets dont je voulais traiter. Je n'aurai
pas d'autres questions sur les programmes 5 et 6. Je ne sais pas si mes
collègues ont d'autres questions sur ces programmes-là.
M. Filion: J'aurais peut-être une question, mais avant...
Je reconnais M. Guy
Lapointe qui est assis à la droite du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...à gauche.
M. Filion: M. Claude Chapdelaine qui est président de la
Commission du bâtiment. Le ministre a fait état tantôt des
consultations qu'il a menées relativement à la Commission du
bâtiment. Comme il est toujours très vague - c'est le moins qu'on
puisse dire - dans les échéanciers futurs - je vais lui poser une
question bien simple, c'est: Quand le ministre a-t-il commencé ses
consultations avec les principaux intervenants relativement à la
Commission du bâtiment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au mois de janvier.
M. Filion: Avec les principaux intervenants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au mois de janvier. Je n'ai pas la
date, mais je pourrais vérifier à mon agenda.
M. Filion: Deuxième question: En ce qui concerne la
compression de 2 700 000 $, le ministre a-t-il reçu une "commande" -
entre guillemets - du Trésor? Ou si c'est une suggestion du
ministère du Travail quant à l'endroit où s'effectue cette
coupure de 2 700 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même réponse que
celle donnée par le président du Conseil du trésor au
leader de l'Opposition en Chambre, cet après-midi.
M. Filion: À savoir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'étiez pas
là?
M. Filion: À savoir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais la répéter:
Le Conseil du trésor n'impose pas à l'intérieur de chaque
ministère les endroits où les compressions doivent être
effectuées.
M. Filion: Donc je dois comprendre que, comme pour l'ensemble de
vos compressions, il s'agit de choix que vous avez faits...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de choix dont le ministre est
responsable.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'intérieur...
j'aimerais apporter une précision aux choix dont le ministre est
responsable à l'intérieur de l'enveloppe qui lui est
allouée. Si on avait hérité d'une situation
financière telle qu'exposée aux crédits
déposés l'an dernier aux états financiers par le
gouvernement précédent, si cela avait été la
même situation à la fin de l'année que celle que le
gouvernement précédent avait prévue, je pense qu'on aurait
eu d'autres enveloppes. On a hérité d'une situation qui
n'était pas celle qui avait été représentée.
En conséquence, le président du Conseil du trésor a
dû indiquer
certaines compressions budgétaires de l'ordre total, comme vous
l'avez vu, de plus de 1 000 000 000 $. Les ministères ont tous
été mis à contribution, sauf le ministère des
Affaires sociales comme tel sur le plan du désengorgement des
hôpitaux qui s'est vu accorder 157 000 000 $ sur trois ans. Nous avons
tous été mis à contribution, mais à
l'intérieur des enveloppes de chaque ministère, les ministres ont
pris les décisions qu'ils avaient à prendre, compte tenu des
lourdes responsabilités qu'ils avaient et de la situation
financière qui nous avait été léguée par le
gouvernement précédent.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, évidemment pour la
partie du ministère de l'Habitation... Nous avons les renseignements en
page 17; ce sont les renseignements supplémentaires fournis à
l'Opposition. J'aimerais savoir si c'est dans les us et coutumes du
ministère de faire autant de photographies, 2200 $ de photographies.
Cela m'intrigue. Je répète ma question: est-ce une coutume
à l'intérieur d'un ministère de l'Habitation de faire
autant de photographies? II y en a pour 2200 $, toutes par M. Gosselin;
j'imagine que c'est un bon photographe. Est-ce de mise? J'aimerais avoir des
explications là-dessus, est-ce une habitude de faire autant de
photographies dans votre ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je constate comme vous qu'il y a
eu des sommes consacrées à des photographies. C'est
expliqué comme suit, je vais vous donner les explications. Le
photographe est Réjean Gosselin. Il y a eu une séance de
photographie lors de la présence de M. Rochefort aux inaugurations de
nouvelles lignes de métro de Montréal et du projet Sainte-Gemma:
130,80 $; séance de photographie à la demande du ministre Jacques
Rochefort: 106,64 $; séance de photographie à la demande du
ministre Jacques Rochefort: 43,60 $; séance de photographie à la
demande du ministre Jacques Rochefort: 117,72 $; séance de photographie
à la demande du ministre Jacques Rochefort: 54,54 $.
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: On a lu les renseignements additionnels. Cela donne
quoi de lire une, deux ou trois pages? On l'a lu. C'est à
l'intérieur des renseignements additionnels.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je peux peut-être
compléter. Je reprends donc avec un peu plus de détails. Vous
comprendrez que je n'étais pas là, mais je les ai les
détails, je peux vous les donner.
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais rappeler aux
membres de la commission...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis ici pour répondre
aux questions.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais rappeler aux
membres de la commission... Â l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaîtl Je voudrais rappeler aux membres de la
commission, pour les uns et aux autres, qu'ils sont maîtres de leurs
questions et que le ministre est maître de ses réponses.
M. Filion: M. le Président, question d'information...
M. Chevrette: Puis-je demander à M. le
député de Brome-Missisquoi de s'élever au rang de
ministre.
M. Théorêt: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Filion: Au lieu de tenter de faire... Enfin, je ne qualifierai
pas ce qu'il était en train de faire avec le député de
Saguenay... (17 heures)
M. Chevrette: C'est quétainel
M. Filion: ...mais franchement! On les a lus les livres des
renseignements additionnels.
M. Maltais: M. le Président, je regrette mais c'est moi
qui avais la parole. M. le député de Taillon, c'est sur une
question de règlement, il nommera le règlement et il prendra la
parole. Jusqu'à maintenant il a posé toutes les questions qu'il a
voulu; je ne l'ai pas interrompu et je n'ai pas l'intention de l'interrompre
non plus. C'est à mon tour. Je vous ai demandé si vous aviez
d'autres questions, vous m'avez dit non.
Alors, la question m'appartient. Je poserai les questions que je
voudrai, quand je le voudrai et comme je le voudrai. Est-ce clair?
M. le ministre, j'aimerais savoir... Et je répète, c'est
une question bien importante, si cela ne plaît pas au leader de
l'Opposition, il a juste à se taire. C'est cela.
Alors, je voudrais savoir, parce qu'à ce
prix-là l'ancien ministre de l'Habitation, on serait mieux de le
mettre dans un musée pour ne pas qu'il soit égratigné.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! Je
voudrais simplement rappeler néanmoins aux membres de la commission et
aux ministres qu'il nous reste une heure et que, si on veut faire une
étude de crédits sérieuse...
Une voix: ...maillet!
M. Maltais: Maillet pour maillet, on se passe le "bat". T'es-tu
vu la tête?
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, à
l'ordre, M. le député de Saguenayl J'aimerais que l'on revienne
aux questions parce que le temps file. Donc, c'était au ministre
à compléter sa réponse, si je ne m'abuse.
M- Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais apporter les
précisions demandées par les députés
ministériels. Quant à la première séance de
photographie qui est indiquée au troisième rang de la page 17,
c'est pour indiquer les inaugurations de nouvelles lignes de métro de
Montréal et du projet Sainte-Gemma: 130,80 $. La deuxième, c'est
la séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM. Ce sont les
informations additionnelles que j'ai: 106,64 $. Séance de photographie
lors de l'inauguration d'un HLM - c'est l'information additionnelle dont je
dispose 43,60 $. Séance de photographie officielle à la suite de
la nomination du ministre, M. Jacques Rochefort: 650 $.
Séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 117,72 $;
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 54,50 $;
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 61,04 $;
séance de photographie lors d'Expo Habitat de Boucherville: 49,05 $;
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 21,80 $;
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 130,80 $,
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 95,92 $;
séance de photographie lors de l'inauguration d'un HLM: 26,16 $; C'est
ce que j'ai comme information additionnelle.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! Est-ce
que le député de Saguenay a terminé?
M. Maltais: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y.
M. Maltais: Je voudrais savoir si c'est dans les habitudes du
ministère... Je comprends que vous êtes nouveau au
ministère, M. le ministre, mais vous avez quand même des officiers
qui sont avec vous. Est-ce que, habituellement - ou antérieurement -
c'est de mise qu'il y en ait tant ou est-ce que c'était tout a fait par
hasard lors de la campagne électorale?
M. Chevrette: ...des quatorze soleils.
M. Maltais: On ne parle pas des quatorze soleils, on parle des 50
photos de M. Rochefort. On parlera des quatorze soleils tantôt. On va
parler des photos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a une discrétion
ministérielle. Quand le ministre les commande, il choisit son
photographe. C'est ce qu'on m'a indiqué.
M. Maltais: Peut-on vous suggérer d'être un peu plus
humble, M. le ministre, à l'avenir et de vous servir des photos que la
presse produira?
Merci, c'est terminé pour moi sur ceci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Taillon?
M. Filion: M. le Président, le ministre du Travail qui a
des responsabilités, comme on l'a mentionné tantôt, lourdes
sur les épaules et qui administre une bonne partie du budget de l'Etat
avec le Travail, la Main-d'Oeuvre et la Sécurité du revenu et
encore une fois qui vient de se prêter à un jeu que je ne qualifie
pas avec le député de Saguenay, peut-il nous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je ne
laisserai pas passer ce commentaire.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis ici pour répondre
aux questions des parlementaires et lorsque vous jugez les questions
recevables, mon devoir est de répondre. Maintenant, si le
député a des commentaires à faire sur les
règlements ou sur votre approbation des questions, qu'il vous le dise,
mais à ce moment-là il attaque la présidence.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais signaler au
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il veut des réponses
à ses questions...
Le Président (M. Charbonneau): ...et aux membres de la
commission que les députés peuvent utiliser leur temps de
parole
pour faire des commentaires et pour poser des questions.
Le ministre est libre de ses propos, comme je l'ai rappelé
è plusieurs reprises, et les membres de la commission sont
également libres vis-à-vis de ces propos.
Je voudrais rappeler au ministre que le député de Taillon
avait son droit de parole et que le ministre aura l'occasion de
répliquer. Le connaissant, je sais très bien qu'il saura
répliquer lors de son droit de parole. M. le député de
Taillon.
M. Filion: Ma question au ministre du Travail qui, encore une
fois, administre une bonne partie de l'argent des citoyens et qui vient de
passer les dernières minutes à nous énumérer ce qui
apparaît déjà dans un cahier est la suivante: Est-ce qu'il
a pris la peine de s'informer, en se préparant pour la présente
étude des crédits et en se préparant à
l'interrogatoire serré du député de Saguenay, si,
premièrement, il y avait effectivement, à l'occasion des photos
qui ont été prises du ministre de l'Habitation à
l'époque, un photographe disponible à la SHQ et
deuxièmement, si également ce n'est pas exact que ces
photographies ont été prises à l'occasion de la
tournée de celui qui était alors ministre de l'Habitation du
Québec sur le livre vert sur l'habitation dans le sens qu'il combinait
deux opérations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les renseignements que je vous ai
communiqués sont les renseignements lors... Pour faire suite aux
questions de l'Opposition, j'ai posé les questions aux fonctionnaires,
ce sont les réponses qui vous ont été données par
écrit. J'avais quelques notes pour des réponses additionnelles.
Si vous voulez rester sur le sujet, je vais rester sur le sujet et je vais
tenter de vous en donner davantage. Qu'est-ce que vous voulez savoir au juste''
Si c'était à l'occasion de la tournée sur le livre vert?
La réponse donnée par le sous-ministre de l'époque est
non, ce n'était pas à l'occasion de la tournée, sauf une
qu'on m'indique à ma droite 614,76 $; les autres c'est non.
M. Filion: Quant au reste, on s'entend que c'était lors de
l'inauguration de locaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au reste, on s'entend que
c'est ce que j'ai dit auparavant.
M. Filion: À savoir que c'était lors de
l'inauguration de locaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans chacun des' cas, je peux vous
les reprendre, si vous voulez. Séance de photographie dans la
majorité des cas lors de l'inauguration d'un HLM, sauf que j'ai
également indiqué une dépense de 130,80 $ aux fins
d'inauguration de nouvelles lignes du métro de Montréal et du
projet Sainte-Gemma.
M. Filion: Avez-vous oublié ma première
question?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en avez un autre, c'est une
séance de photographie lors d'Expo-Habitat de Boucherviile.
M. Filion: Avez-vous oublié ma première
question?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pouvez-vous la
répéter s'il vous plaît?
M. Filion: Est-ce qu'il y avait un photographe à la
SHQ?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le sous-ministre m'indique qu'il
n'avait pas de photographe à temps plein au ministère, qu'ils
n'avaient pas assez d'activités pour cela.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont,
M. Théorêt: M. le Président, il est
drôle que le député de Taillon trouve peu sérieuses
- et qu'il veuille prendre ma parole, il trouve toutes peu sérieuses les
questions posées par mon collègue le député de
Saguenay - et, après coup, immédiatement, passe cinq minutes,
à demander des détails à savoir s'il y avait un
photographe ou non.
M. Filion: ... la vérité.
M. Théorêt: J'aimerais rappeler au
député de Taillon que les membres du côté
ministériel qui avaient droit à 30 minutes, selon les ententes
pour la période de questions, n'en ont utilisé que sept
jusqu'à maintenant. Donc je pense que nous n'avons pas abusé,
nous avons laissé le temps nécessaire à l'Opposition pour
poser toutes les questions. Il ne faudrait quand même pas que le
député de Taillon veuille faire un débat sur des questions
qu'il ne trouve pas sérieuses et qu'il prenne cinq minutes pour
continuer à poser des questions là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): J'aimerais cela que...
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taillon.
M. Filion: Je pense qu'il est important, on n'est pas en Chambre
ici et surtout en
Chambre on devrait le faire. Je pense qu'en tant que
députés élus, nous nous réunissons en commission
pour connaître les faits, la vérité quelle qu'elle soit,
mais toute la vérité et non pas des portions de
vérité pour tenter de discréditer de façon indue et
j'allais même dire, injuste...
M. Maltais: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: ...uniquement, M. le Président, quand on veut
fouiller un sujet on essaie de le fouiller au complet...
Le Président (M. Charbonneau): Une question de
règlement, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Une question de règlement, M.
Président. Je ne permettrai pas au député de Taillon de
déborder. Ce sont eux qui ont demandé ces renseignements
supplémentaires. C'est vous autres. Ce n'est pas moi qui les ai
demandés. En me rendant compte de ce qui avait là-dedans, c'est
normal qu'on interroge le ministre. Si cela ne vous plaît pas, c'est
quand même sous votre gouvernement que cela s'est passé et on a le
droit de les interroger comme vous avez le droit de les interroger. La
vérité est celle qui est écrite ici et c'est celle qu'on a
dite. Je ne tolérerai pas, M. le député de Taillon, que
vous mettiez en doute la parole d'un parlementaire, ici. Nous sommes tous
passés par l'électorat comme vous, et chacun, ici, fait son
devoir comme il entend le faire et j'entends poser toutes les questions qui
pourront être pertinentes pour mon éclairage, sur un document
fourni par un ministère. Je ie ferai, que cela vous plaise ou non.
Merci, M. le Président, c'est à vous.
Le Président (M. Charbonneau): Bon, ceci dit...
M. Maltais: Amen!
Le Président (M. Charbonneau): ...je vous rappelle que
nous en sommes encore aux programmes 5 et 6, qu'il est 17 h 12 et que le
président de la commission et député de Verchères
voudrait bien parler aussi du programme 7 avant qu'il soit trop tard. Est-ce
que le député de Joliette a d'autres questions au sujet des
programmes 5 et 6?
M. Chevrette: M. le Président, je n'accepterai pas les
remarques du très brillant député de Saguenay. S'il ne
sait pas où il est présentement, il est en Chambre. D'accord?
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre, à l'ordrel Je pense que c'est le
député de Shefford, M. le député de Joliette.
À l'ordre, M. le député de Saguenay, c'est le
député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): De part et d'autre, merci
tout le monde. Il reste trois quart d'heure, restons "cool".
M. Paré: Oui, très rapidement parce que je pense
que l'autre programme est aussi important que ceux que nous sommes en tram
d'étudier. C'était seulement pour faire une remarque, au sujet de
l'habitation, à savoir que je trouvais un peu dangereux...
Des voix: ...
M. Paré: M. le Président, je ne m'entends pas
parler moi-même, alors, je pense que c'est la même chose pour tout
le monde. Très rapidement, pour dire que la division du ministère
de l'Habitation, le fait de scinder les responsabilités
m'inquiétait, parce que deux personnes pouvaient ne pas avoir la
même vision de l'habitation. C'est un peu ce que j'ai constaté
aujourd'hui alors que, concernant le programme Corvée-habitation, ce
matin, ce qu'on entendait à l'autre commission, le ministre des Affaires
municipales, responsable de l'habitation, a déclaré que
Corvée-habitation a eu de bons résultats. On en avait besoin
parce que c'est un programme créé en fonction d'une situation.
Maintenant, on n'en a plus besoin parce que la situation économique au
Québec est très bonne, c'est presque la vie en rose. Cet
après-midi, on entend dire ici que Corvée-habitation, ce n'est
pas un bon programme. C'est ce que j'ai entendu tantôt parce que
vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'excuse, là! Ce que
vous avez entendu tantôt, c'est que j'ai vu un rapport interne du
ministère de l'Habitation que m'a montré le ministre, qui faisait
en sorte que les analyses disaient que ce ne sont pas les plus
défavorisés dans la société, qui en ont
profité, etc. C'est ce que vous avez entendu.
M. Paré: Je peux vous relancer exactement la même
offre que vous m'avez faite tantôt. Vous vouliez me faire parvenir ce
rapport; je pourrai vous faire parvenir le Journal des débats de ce
matin qui disait que non seulement c'était un programme qui avait
été utile dans le temps et que cela allait bien. Maintenant, vous
dites qu'il faut couper partout parce que cela ne va pas bien
économiquement. On l'entendait aussi ce matin, mais c'était moins
sûr parce qu'il fallait justifier la coupure d'un programme comme
Équerre et le programme d'accès à la
propriété. C'était une inquiétude que j'avais. Je
vous souhaite bonne chance au
niveau de votre section de l'habitation et vous pourrez compter sur ma
collaboration.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que les programmes 5
et 6 sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Aide financière relative
aux activités de placement
de l'OCQ
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Très
bien. Au programme 7, M. le ministre, c'est votre humble serviteur qui va avoir
l'heureuse tâche de s'entretenir avec vous au sujet du programme de
l'aide financière relative aux activités de placement de l'Office
de la construction du Québec. Vous comprendrez que d'une façon
préliminaire, cela va nous permettre d'aborder aussi les
décisions que vous avez annoncées récemment au sujet du
règlement de placement dans l'industrie de la construction, et des
comités que vous avez mis sur pied pour la formation et la qualification
de la main-d'oeuvre, et l'abolition du certificat de classification.
Je voudrais d'abord vous dire, avant de vous poser une première
question, qu'on est heureux de constater finalement qu'il y a maintenant une
différence entre les actions que le ministre pose et les propos qu'il
tient, et ceux qu'il tenait, ainsi qu'un certain nombre de ses
collègues, lorsqu'il était de ce côté-ci de
l'Assemblée nationale. Je crois qu'il y a une différence
importante entre l'abolition de la carte de classification et son remplacement
par un autre système de préférence d'embauché,
basé par exemple sur la qualification, ce que vous proposez, et
l'abolition pure et simple du règlement de placement entendue comme
l'abolition de tout système de préférence
d'embauché. À cet égard, tous ceux qui ont suivi les
travaux de la commission Cliche et l'importance de ne pas revivre un certain
nombre d'événements et de situations s'entendent pour dire qu'on
doit avoir un système quelconque de préférence
d'embauché. On ne peut pas laisser n'importe qui travailler dans le
secteur de la construction, n'importe comment. (17 h 15)
C'est un peu différent, vous en conviendrez, des propos qu'on
nous tenait il n'y a pas tellement longtemps alors que l'abolition pure et
simple du règlement de placement était présentée
comme une abolition pure et simple de tout système de
préférence d'embauché. Mais qu'importe, l'important c'est
que, maintenant, le ministre revient à une approche un peu plus
raisonnable, ce qui est aussi important et on doit reconnaître de bonne
foi que sa démarche mérite de donner la chance au coureur dans la
mesure où il a réussi à associer toutes les parties
concernées dans l'industrie de la construction pour une réflexion
sur un nouveau système d'embauché, de
préférence.
La première question que je voudrais lui poser est:
Néanmoins, est-ce que, dans les mandats qui ont été
confiés au comité que vous avez mis sur pied, on va se
préoccuper particulièrement des conséquences que pourrait
avoir l'ouverture de l'industrie de la construction à un nombre de
travailleurs beaucoup plus grand qu'il y en a actuellement? Je m'explique. Le
nombre d'individus qualifiés ou de personnes qualifiées
actuellement dans l'industrie de la construction, selon les chiffres qui
proviennent de l'OCQ et qui datent du mois d'août 1985 - je crois que le
président de l'OCQ et quelques-uns de ses collègues qui sont ici
pourront le confirmer - c'était 147 907 et le nombre de salariés
qui avaient une carte de classification, donc qui étaient classifies,
était de 71 290. Cela veut dire qu'il y avait une différence de
76 617. Vous conviendrez qu'il y a un danger de faire accroire au gens que,
tout à coup, parce que, demain matin, 76 000 personnes de plus
pourraient avoir accès et travailler légalement, donc avoir un
permis de travail dans l'industrie de la construction, que,
nécessairement, il y aurait une facilité plus grande pour tout le
monde de travailler et de trouver de l'emploi. Est-ce que le ministre, dans les
mandats qu'il a confiés, a donné un mandat particulier sur ce
problème des conséquences d'ouvrir d'une façon très
large, avec le critère de la qualification, l'industrie de la
construction?
M. Paradis (Brome-Missisquoî): Je vous remercie, M. le
Président, de l'analyse de la situation que vous faites et que je ne
partage pas complètement, mais dont l'essentiel est partagé.
Quant aux nuances, on pourrait en discuter jusqu'à la fin de nos
débats et cela ne serait pas terminé.
Quant à la participation et à la mise sur pied des
comités, je tiens à le dire publiquement: Je tiens à
remercier publiquement les hauts officiers de l'Office de la construction du
Québec qui ont prêté leur concours à cette approche,
dont M. le président, et à remercier également mon
attaché politique dans la construction, Me Maureen Flynn, à
remercier également les sept associations patronales, les cinq
associations syndicales, les trois sous-ministres, dont celui du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et de
l'Éducation qui se sont impliqués. Quant aux problèmes
particuliers que vous soulevez au sujet du nombre de personnes qui
détiennent présentement une carte de qualification
versus ceux - pas beaucoup de celles - qui détiennent une carte
de classification, il y a une des tables ou un des comités de travail
qu'on a mis sur pied - si vous préférez cette expression - et qui
se penche sur le problème. Il s'agit de la table des manoeuvres et les
parties impliquées se penchent sur ce problème. J'ai donné
comme échéancier - cela tombe pile, c'est le 16 mai - un mois
pour remettre les rapports, leurs conclusions quant à ce problème
particulier que vous soulevez.
Le Président (M. Charbonneau): Évidemment, dans les
mandats qui ont été confiés, on va se préoccuper de
cette question.
Par ailleurs, je n'ai vu nulle part dans les mandats - j'ai bien lu le
dernier bulletin de l'Office de la construction sur les mandats qui ont
été confiés ainsi qu'un texte que le ministère a
publié - qu'on s'intéresserait au problème qui
était une des trois composantes, finalement, du règlement de
placement, le problème de la priorité de l'embauche
régionale. Est-ce que cette question, qui est aussi au coeur de l'actuel
système de placement dans l'industrie de la construction, va être
étudiée par un des comités? Si oui, par lequel?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La table ou présentement
toutes ces parties sont réunies se penche sur une phase transitoire
parce que j'ai clairement indiqué qu'à compter du 1er janvier de
l'an prochain il n'y aurait plus de permis de travail comme tel au sens
où on l'entendait, cumulé sur le nombre d'heures. Cela va
être une carte de qualification et de compétence qui va remplacer
l'ancien permis de travail.
Cette étape transitoire est supposée prendre fin dans un
mois et, dans des étapes ultérieures, oui, nous analyserons le
sujet que vous mentionnez. Est-ce qu'on maintiendra une priorité
d'emploi régional? Est-ce qu'on changera la formule actuelle? Parce que,
si vous avez un chantier - vous l'avez peut-être vécu de
façon pratique dans votre circonscription électorale - de la
façon dont la région est divisée, c'est que vous
êtes juste en dehors ou, si votre travailleur est juste en dehors de la
circonférence, il ne peut pas aller travailler au chantier qui est juste
à côté, mais celui qui est très
éloigné peut le faire, etc.
Il y a des problèmes d'application et de pratique sur lesquels
nous nous pencherons, mais cela ne fait pas partie, au moment où on se
parle, du mandat des tables qui siègent présentement et qui
doivent me faire rapport le 16 du mois prochain.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien votre
réponse, est-ce qu'on peut tenir pour acquis que, dans une étape
ultérieure, avant que le règlement soit remplacé par un
autre règlement ou par un autre système de
préférence d'embauché et de placement, est-ce que, dans
une étape ultérieure, on procédera de la même
façon et est-ce qu'on associera les parties à la discussion et
à l'amélioration du système de priorité
d'embauché régionale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, là aussi,
je manifesterai beaucoup de prudence. Vous comprendrez que, lorsque des parties
avec autant d'intérêt conflictuel - là, je ne parle pas
strictement de la partie patronale et de la partie syndicale parce qu'il peut
exister entre les parties syndicales des intérêts conflictuels,
comme il peut en exister entre les parties patronales - lorsque vous avez
à ce niveau-là douze personnes aux tables ou à la table
centrale, lorsque vous avez les ministères également qui ont
chacun leurs préoccupations, qu'il s'agisse de la division entre
l'éducation et la main-d'oeuvre sur le plan de la formation, lorsque
vous avez tous ces éléments-là autour d'une table, vous
réunissez quelque chose qui est tissé de fragilité. Au
moment où l'on se parle, ce tissu a subi l'épreuve de quelques
réunions avec succès et je ne voudrais pas qu'aucun des
commentaires que je pourrais exprimer ici coupe un fil ou fasse en sorte que le
tissu se déchire. Je demeure optimiste quant à l'issue des
mandats qui ont été confiés aux différentes tables,
mais je vous demanderais de partager ma prudence jusqu'à ce que les
rapports soient soumis.
Le Président (M. Charbonneau): Vous remarquerez que les
propos que je tiens aujourd'hui sont des propos qui sont loin d'être
incendiaires ou provocateurs et perturbateurs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne vous les ai pas
reprochés.
Le Président (M. Charbonneau): ...dans les travaux que
vous avez commandés. D'autant plus que les remarques
préliminaires que j'ai faites, je les ai encore à l'esprit. Je
pense que le ministre est conscient que c'est un problème important, la
priorité d'embauché régionale, et qu'on ne pourra
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux rassurer le
député, qui est actuellement président, mais il est
d'abord et avant tout député avant d'être président,
le ministre représente une région.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien?
Troisième question, et c'est plus directement relié aux
crédits d'aujourd'hui, il y a un autre élément qui est
lié au système du placement dans l'industrie de la
construction, c'est le contrôle des agences de placement, d'une
part, qui a été instauré à la suite de la
commission Cliche, et le rôle de l'OCQ comme agence de placement.
Ce qu'on constate dans les crédits, c'est qu'il y a une
diminution importante de l'aide financière relative aux activités
de placement de l'Office de la construction. Est-ce qu'il y a une
décision quelconque qui a été prise quant au rôle
que l'OCQ tiendra dorénavant sur le placement dans l'industrie de la
construction? Qu'est-ce qui motive une diminution si importante à sa
face même des crédits qui sont accordés à l'OCQ pour
ses activités de placement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En pratique, le gouvernement qui
nous a précédés a coupé la subvention. Nous la
ressuscitons pour 2 800 000 $. C'est l'état du dossier. Quant au
fonctionnement, placement par l'OCQ, placement syndical, etc., au moment
où l'on se parle, c'est le statu quo.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, c'était le
problème du financement de l'OCQ si je comprends bien la subvention qui
est là. L'OCQ est financé à la fois par des
prélèvements des parties et la subvention gouvernementale. Je
ferai remarquer au ministre que, lorsque les élections sont intervenues,
il y avait des discussions et il y avait même eu un mémoire qui
était sur le point d'être discuté au Conseil des ministres.
Il n'y a pas eu de décision de maintenir l'abolition de la subvention
gouvernementale. Si je comprends bien le nouveau gouvernement a
décidé de non pas reconduire la subvention, telle qu'elle
était, mais de couper un peu la poire en deux et de donner au moins la
moitié de l'aide financière qui avait accordée
l'année précédente- C'est cela!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On s'est donné le temps de
réévaluer la situation. On s'est donné l'oxygène
nécessaire pour permettre la réunion à une même
table des parties intéressées sur des problèmes
fondamentaux. Sur le plan des subventions, on a mitigé la subvention
traditionnelle et originale. On n'a pas suivi la décision du
précédent gouvernement qui l'avait coupée. Je ne sais pas
s'il était sur le point de revenir sur sa décision, etc. On a
agi...
Le Président (M. Charbonneau): À moins que mes
informations...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous aviez raison, il y a eu une
demande pour réinstaller la subvention à l'OCQ, mais, le 8
octobre 1985, le Conseil du trésor l'a refusée.
Le Président (M. Charbonneau): Je sais aussi pour avoir
rencontré le précédent ministre que, même si le
Conseil du trésor l'avait refusée, cela ne voulait pas dire que
le cabinet avait tranché. Cela dit, je comprends que le problème
était...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand le Conseil du trésor
décide...
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui est clair, c'est
que le problème n'était pas réglé au moment
où les élections sont intervenues et que le ministre a eu sur sa
table de travail le même problème.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne prétends pas que
cela satisfasse toutes les parties. Ce que je prétends, c'est que cela a
passé au Conseil du trésor et qu'ils en ont la moitié.
Le Président (M. Charbonneau): Les fonctionnaires du
Conseil du trésor étaient sensiblement les mêmes.
Je voudrais demander au ministre s'il entend associer cette commission
parlementaire, une fois que ces comités auront produit leur rapport,
avant d'adopter d'une façon définitive le nouveau système
de placement dans l'industrie de la construction? Quand je parle d'associer la
commission parlementaire, je ne demande pas au ministre, nécessairement,
s'il a l'intention de doubler le processus de consultations des parties ou de
leur participation par une autre consultation publique. Est-ce que d'une
façon quelconque les députés de la commission de
l'économie et du travail pourraient être associés ou
consultés ou tout au moins prendre connaissance, avant qu'il y ait
l'adoption définitive et avant que le ministre fasse adopter d'une
façon définitive, par le Conseil des ministres le nouveau
règlement qu'il nous annonce?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Suivant les résultats des
comités qui me seront soumis, il y a même une possibilité
que l'Assemblée nationale soit saisie du dossier.
Le Président (M. Charbonneau): Vous voulez dire en termes
législatifs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais le législatif
entraîne une première lecture, une deuxième lecture, une
commission parlementaire, une troisième lecture...
Le Président (M. Charbonneau): Nous on parle actuellement
d'un règlement. Si je comprends bien les solutions pourraient être
aussi législatives, non pas uniquement réglementaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les
solutions peuvent - là je suis encore dans les hypothèses
- requérir, surtout en ce qui a trait à la qualification de la
main-d'oeuvre, ou exiger une intervention de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. J'aurais d'autres
questions mais mon collègue de Joliette me fait signe qu'il veut...
M. Chevrette: C'est juste une dimension. Au sujet de ces tables,
quand vous avez donné le mandat aux cinq ou six parties, je ne sais pas,
il y en a tellement, est-ce que vous avez demandé aux parties de bien
penser à ne pas ouvrir au point où l'infiltration pourrait se
faire équivalente à celle qu'il y avait en 1974?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est clair que personne ne
souhaite la loi de la jungle dans l'industrie de la construction. Il y a des
expressions consacrées dans le milieu que vous connaissez sans doute
assez parfaitement pour avoir siégé à une certaine
commission, à une certaine époque. Personne ne souhaite que les
gens qui sont... Les expressions utilisées, c'était le pompier
qui travaillait de façon reconnue dans la construction. Aux tables, les
gens sont en train de travailler consciencieusement pour que des normes de
compétence et de formation fassent en sorte que ce soit les vrais et
véritables travailleurs de la construction qui aient accès au
marché, mais que le critère d'accès au marché ne
soit plus la classification comme avant mais devienne vraiment cette
compétence et cette qualification qui peuvent être
déjà possédées par le travailleur ou qui peuvent
s'acquérir par le biais de la formation. D'où l'avantage, dans ce
cas - le député de Shefford mentionnait tantôt qu'à
ses yeux il pourrait y avoir des avantages ou des inconvénients de
diriger certains ministères ou qu'il y ait un seul titulaire ou
plusieurs - au moment où on se parle, est surtout dans ce dossier de
cumuler à la fois les fonctions de ministre de la Main-d'Oeuvre et de
ministre du Travail. Je pense que vous comprenez ce à quoi je fais
référence. (17 h 30)
M. Chevrette: Trente secondes, M. le ministre. Si le nombre
d'heures ne joue pas et que ce n'est que la compétence, vous savez qu'il
y a eu un "racket" de cartes, qui émanait même de la
Côte-Nord et qui a été mis en preuve. La carte de
compétence est acquise. Je ne crois pas que le ministère puisse
revenir avec la passation d'examens. C'est un genre de diplôme de
compétence reconnu tacitement par l'attribution d'une carte. Si vous
n'exigez aucun critère en termes d'heures, ces gens, qui ont un droit
acquis en termes de carte de compétence, ne risquent-ils pas de se
réinsérer dans la construction comme avant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux vous dire, c'est
que les représentants aux tables siègent présentement. Ils
regardent le problème que vous soulevez avec la vision des années
quatre-vingt, forts de l'expérience d'avant 1976, parce que plusieurs
individus étaient déjà là, forts de
l'expérience de 1976 à 1986, en tentant de conserver certains
avantages, certaines améliorations et en tentant d'éliminer de
graves inconvénients qui étaient décriés par
l'ensemble de la société.
Le Président (M. Charbonneau): Pendant qu'on est encore
sur cette problématique, je voudrais demander au ministre s'il a
l'intention, dans la démarche qu'il a entreprise à l'égard
de toute la problématique du placement dans l'industrie de la
construction... Je sais qu'il a eu l'occasion de rencontrer probablement toutes
les centrales syndicales et toutes les parties concernées; j'ai fait cet
exercice également. L'un des problèmes qui demeurent, avec lequel
on a été confrontés et qui est toujours difficile à
résoudre, c'est le problème de la stabilisation des travaux de
construction. Est-ce que le ministre ne serait pas d'avis qu'il ne serait pas
temps, étant donné qu'il a mis sur pied toute une série de
comités et que les parties semblent vouloir collaborer, de mettre sur
pied également un groupe de travail qui verrait à proposer
à l'Assemblée nationale et au gouvernement un moyen de stabiliser
un peu plus les travaux dans l'industrie de la construction, de sorte qu'on
pourrait peut-être régler toute une série de
problèmes qui sont vécus régulièrement dans
l'industrie de la construction?
Je sais, et je ne vous le cache pas - je vous l'ai indiqué -
qu'on a fait, quand on était au gouvernement, de multiples efforts qui
n'ont pas abouti. Ce n'est pas un problème facile. Mais dans la mesure
où vous avez maintenant mis en place toute une série de
mécanismes qui sont délicats, on en convient... mais mieux, vaut
profiter des bons moments quand le temps est beau plutôt que lorsque le
temps est à l'orage pour amorcer des choses qui doivent être
amorcées. Donc, est-ce qu'il ne serait pas opportun, dans les semaines
ou dans les mois qui viennent, d'entreprendre aussi un travail de
réflexion et d'élaboration de la possibilité de stabiliser
des travaux, en particulier les travaux gouvernementaux qui représentent
environ 40 % de l'ensemble des travaux de la construction au Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous dites, peut-être
à juste titre, que le ciel est beau, mais on m'indique également
- je pense que, d'expérience, vous devez le
reconnaître aussi - que, dans la construction, il y a des orages
soudains.
Le Président (M, Charbonneau): Effectivement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un problème
d'envergure que vous soulevez. Le président de l'OCQ m'indique qu'en
1980 ils ont écrit un livre à l'OCQ sur le sujet.
Le Président (M. Charbonneau): Je le sais. J'en ai pris
connaissance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sous votre gouvernement, il y a
même eu des sommets sur le sujet. J'ai eu à choisir certaines
priorités comme ministre. On n'a pas toutes les marges de manoeuvre
qu'on souhaiterait avoir comme ministre, mais j'ai eu à choisir
certaines priorités et je pense qu'il apparaît clairement que les
priorités choisies, au moment où on se parle, sont des
priorités qui se dirigent vers une formation accrue des travailleurs de
la construction pour une compétence et une qualification accrues.
Si nous pouvons aboutir dans cette priorité, nous ne resterons
pas oisifs. Nous cheminerons vers d'autres priorités. Mais, avant de
cheminer vers d'autres priorités, il nous paraît important de bien
cheminer dans celle qui nous préoccupe présentement.
Le Président (M. Charbonneau): On aura sans doute
l'occasion de s'en reparler dans les mois qui viennent, mais j'aurai sans doute
aussi d'autres occasions de vous rappeler cette priorité. Je pense que
vos collaborateurs - je les ai vus réagir un peu -sont conscients de
l'importance de cette question.
Les interdits de la construction
Une dernière question pendant qu'on a l'avantage d'avoir le
président de l'Office de la construction avec nous. On a parlé
beaucoup des interdits de la construction. J'aimerais qu'on fasse la
lumière. Est-ce qu'il y a effectivement 35 000 personnes, ou à
peu près, qui sont interdites dans la construction à la suite du
ménage - si on peut utiliser cette expression - qui avait
été fait en 1982 ou si les chiffres ne sont pas, pas plus
conservateurs mais plus petits, plus limités que ceux qui sont
véhiculés un peu partout dans les médias et dans l'opinion
publique actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez, M. le
Président, cela dépend de la définition que vous donnez
à l'individu qui est un interdit de la construction. Est-ce que c'est
quelqu'un qui travaille dans la construction, qui a déjà
détenu une carte et qui, à cause de l'application de l'actuel
règlement, ne peut pas obtenir un renouvellement de ladite carte de
classification, son permis de travail?
Est-ce qu'il s'agit d'un jeune qui a suivi un cours et qui est
compétent et qualifié, mais qui n'a jamais effectué les
heures requises pour obtenir son permis de travail, sa carte de classification?
Est-ce qu'il s'agit de quelqu'un qui travaille au noir?
Le Président (M. Charbonneau): Je vous parle des 34 054
personnes qui n'ont pas eu de renouvellement en 1982. Je comprends que, avec le
mot "interdit", on peut comprendre tous ceux qui n'ont pas accès
à l'industrie de la construction. Cela fait beaucoup de monde au
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement. Je ne sais pas si le
député de Shefford est encore ici, je ne sais pas si c'est aussi
répandu dans sa circonscription électorale que cela peut
l'être dans celle du député de Brome-Missisquoi. Entre
autres, la rénovation domiciliaire, chez nous, et c'est de
notoriété publique, s'effectue généralement par des
gens qu'on pourrait qualifier d'interdits de la construction. Ils se font
prendre de temps à autre par des inspecteurs de l'Office de la
construction du Québec, sont traduits devant les tribunaux et
reçoivent généralement de la magistrature les peines
minimales parce que le juge ne veut jamais, dans ces occasions, donner plus que
le minimum.
Les travaux de rénovation chez nous -si j'avais à
spéculer ou à mettre un chiffre -qui sont effectués dans
ce qu'on peut appeler le marché noir s'élèvent à 85
%. Je ne sais pas à combien pour Shefford.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne veux pas interrompre
le ministre, mais je veux lui dire que je suis d'accord avec lui. C'est
évident que si on utilise le terme "interdit" dans son sens strict,
à part les gens qui ont leur carte de classification au Québec,
tout le monde est interdit dans la construction.
Voici ce que je voulais savoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a qui travaillent.
Le Président (M. Charbonneau): ...profitant de la
présence de l'OCQ. Il y a 34 054 personnes qui n'ont pas eu leur
renouvellement. Ce qu'on entend souvent, c'est que ces 34 054 personnes sont
encore en demande et se considèrent encore comme interdites alors que
dans les faits, selon les chiffres et les vérifications que l'OCQ, selon
mes informations, la très grande majorité de ces gens ont eu
l'occasion de se réinscrire et n'ont pas choisi de revenir dans
l'industrie de la construction. C'est juste cela que je
voulais faire confirmer par le président de l'OCQ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur les chiffres, on peut, dans le
domaine des interdits, à peu près confirmer n'importe quel
chiffre comme infirmer à peu près n'importe quel chiffre. Si vous
demandez aux députés nouvellement élus comme aux
députés qui sont ici depuis plusieurs années et qui font
régulièrement leur bureau de comté combien de cas d'OCQ
ils ont par semaine à leur bureau - oui, est-ce que vous avez une
précision? - vous allez peut-être avoir des surprises sur le
nombre d'interdits. Est-ce qu'il faut compter chaque cas qu'on voit, chaque cas
étant un peu différent, etc.?
Ce qui nous intéresse et ce qui semble vous intéresser
également, c'est que l'orientation prise et les comités qui sont
au travail aboutissent sur des critères de qualification, de formation
et de compétence. A ce moment, les véritables travailleurs de
l'industrie de la construction seront protégés et les
consommateurs en bénéficieront.
Le Président (M. Charbonneau): On verra cela quand on
aura le nouveau système et qu'il aura été
expérimenté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme je vous le dis, c'est
l'objectif visé dans toute sa fragilité.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien! M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Juste une petite information. J'ai rencontré
dernièrement un groupe d'interdits de la construction et eux-mêmes
disent être 110 000 au Québec. C'est le chiffre qu'eux-mêmes
avancent. Cela ne vient pas de l'un ou de l'autre. C'est le chiffre qui m'a
été donné par des représentants de l'Association
des interdits de la construction.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'ensemble de la
main-d'oeuvre.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. le
député de Taillon.
Situation financière de l'OCQ
M. Filion: M. le Président, dans les documents qui nous
ont été remis en annexe, en ce qui concerne la situation
financière de l'Office de la construction du Québec, c'est le
document 1, annexe A, je ne sais pas si le ministre en a pris connaissance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De la situation financière?
Oui.
M. Filion: Oui. Alors, dans ce sens, sans trop aller dans les
détails parce que le temps file, grosso modo, il y a, à
très court terme si j'ai bien compris, au 30 juin 1986, un besoin net de
3 500 000 $. Selon l'estimation de l'Office de la construction du
Québec, il sera impossible pour l'Office d'obtenir un
élargissement de sa marge de crédit, de son banquier habituel,
pour couvrir ce montant de 3 500 000 $. Quelles sont les intentions de l'office
- je peux poser la question à M. Fournier ou au ministre d'abord, j'ai
l'impression - en ce qui concerne ce besoin net qui est
concrétisé par une obligation financière au 30 juin 1986,
c'est-à-dire dans à peine une couple de semaines?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que, pour le moment,
il n'y a pas de danger de faillite pour l'Office de la construction du
Québec, il n'y a pas de décision d'arrêtée et une
rencontre qui traitera du sujet est prévue pour la semaine
prochaine.
M. Filion: Est-ce que le ministre écarte ou envisage la
possibilité d'une commission parlementaire sur la situation
financière de l'Office de la construction du Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas avant la réunion
d'Information de la semaine prochaine.
M. Filion: Réunion d'information...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ou d'échange.
M. Filion: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas avant la réunion de la
semaine prochaine.
M. Filion: Qui est une réunion des membres de
l'office?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y aura pas de commission
parlementaire avant la réunion de la semaine prochaine entre les gens de
l'office et le cabinet du ministre.
M. Filion: Quel est l'éventail d'hypothèses ou de
possibilités envisagées par le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y en a pas
d'éliminées au moment où on se parle.
M. Filion: Quel est l'éventail? Parmi les plus
sérieuses...
M. Paradis: Si je vous disais qu'on en avait déjà
considéré certaines comme plus
sérieuses, on vous indiquerait qu'on est quasiment prêt
à en éliminer quelques-unes. Je veux garder toutes les portes
ouvertes quant aux décisions à prendre dans ce dossier.
M. Filion: Bon, cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Le programme 7 étant
terminé, est-ce que le programme 7 est adopté?
Une voix: Adopté.
Aide financière à la CSST
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. M. le
député de Taillon, si je ne m'abuse, nous sommes rendus au
programme 8, Aide financière de la Commission de la santé et de
!a sécurité du travail. M. le député de
Taillon.
M. Filion: Lors du dépôt des crédits
budgétaires 1986-1987, le gouvernement annonçait la cessation de
l'aide à la CSST. Le montant de la compression a été
fixé à 22 000 000 $, soit la cessation complète du
transfert que le gouvernement avait l'habitude de faire pour financer cette
inspection. Le Conseil du trésor a indiqué, dans son document
d'explication, que l'absence de crédits est due è l'abolition de
cette aide.
Le temps étant limité, sans qu'il soit nécessaire
de refaire l'historique du problème de l'aide à l'inspection
à la CSST, est-ce que le ministre, dans un premier temps, peut dire
quelles ont été les consultations qui ont été
menées et qui ont conduit à la suppression de l'aide à la
CSST?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me permettez une telle
réponse, d'après les avis que j'ai reçus, cela ne peut pas
se faire de la façon dont c'est prévu sans qu'il y ait
législation. Le ministre n'a pas arrêté sa décision
quant à la possibilité ou non d'introduire une législation
et, compte tenu des dates qui sont contenues dans le document d'information que
vous avez, vous comprendrez que si cette décision devait s'appliquer, la
législation devrait procéder au cours de la présente
session. (17 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): J'ai bien compris, à
ce moment-là, que le ministre considère que l'article 249 lie le
gouvernement quant aux deniers qui doivent être accordés
annuellement pour les activités d'inspection de la CSST.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au dossier complet de la
CSST sur le plan financier, depuis mon arrivée comme titulaire au
ministère, les chiffres qui m'ont été fournis n'ont jamais
varié dans la marge positive, mais toujours dans la marge
négative dans une fourchette qui est très étendue. Je n'ai
pas la prétention comme ministre, au moment où on se parle, de
détenir ce qu'on appelle communément l'heure juste sur la
situation financière de la CSST, mais j'entends la détenir dans
les meilleurs délais. Au moment où on se parle, je n'ai pas la
situation exacte.
M. Filion: Dans ce cas-ci, M. le ministre, on traite de la
question de l'aide financière pour l'inspection.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais cela fait partie...
M. Filion: Vous m'avez répondu dans un premier temps: On
ne peut pas évidemment ne pas payer l'aide financière à
l'inspection tant que l'article 249 n'est pas amendé. Cependant, il
reste une somme d'environ 15 000 000 $ ou 16 000 000 $ qui n'a pas
été versée sur le budget 1985-1986, qui complétait
une enveloppe d'environ, encore une fois, 21 000 000 $ ou 22 000 000 $. Or,
comme l'article 249 n'a pas encore été amendé, je
comprends qu'il y aura des mesures prises par le gouvernement pour assurer le
versement de cette somme de 15 000 000 $ ou 16 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous pouvez
répéter la fin de votre question, s'il vous plaît? II y a
un mot qui m'a échappé.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre que le gouvernement
prendra les mesures nécessaires pour verser la somme de 15 000 000 $ ou
16 000 000 $ - de 16 000 000 $, m'informe-t-on - qu'il reste à verser
pour compléter le budget de l'aide à l'inspection à la
CSST pour l'année 1985-1986?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne suis pas en mesure,
étant donné la réponse antérieure que je vous ai
fournie, de donner une réponse soit affirmative, soit négative
à votre question au moment où on se parle.
M. Filion: Le ministre nous a dit tantôt... Je pense que
c'est important. On est actuellement en train d'étudier les
crédits du ministère du Travail pour l'année 1986-1987.
Dans ces mêmes crédits, on apprend que le Conseil du
trésor, le gouvernement annule, à toutes fins utiles, selon les
crédits, le versement de l'aide à l'inspection, 22 000 000 $.
Le ministre me répond: Écoutez, je ne suis pas au courant
de la situation financière de la CSST. Nous sommes ici à
défendre, à examiner des crédits où
n'apparaît pas cette
somme de 22 000 000 $ et où n'apparaît pas non plus la
somme de 16 000 000 $ qu'il reste à verser pour compléter le
budget 1985-1986. On parle donc d'une somme, ici, de 40 000 000 $. Je pense que
c'est suffisamment important pour qu'on puisse obtenir des réponses.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il vous manque des
éléments, comme il m'en manque. Je ne prétends pas tous
les avoir, mais il vous en manque peut-être plus qu'il ne m'en
manque.
L'an passé, le gouvernement précédent avait
décidé que c'était la dernière fois, il y avait 5
000 000 $, etc.
M. Filion: C'est fauxl
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez que je
vérifie à nouveau? Je peux vérifier. C'était
indiqué clairement dans le cahier explicatif des crédits de l'an
passé, à ce qu'on m'indique.
Maintenant, vous comprendrez qu'en ce qui concerne la C5ST et
l'importance des sommes financières qui sont dirigées à
cet organisme, soit par les contributions qu'elle reçoit, soit au niveau
des subventions gouvernementales, là aussi nous agissons avec
extrêmement de prudence. On ne prétend pas, comme je vous l'ai
indiqué tantôt, avoir l'heure juste quant aux états
financiers de la CSST.
M. Filion: Pour l'information du ministre, dans ce cas-là,
pour compléter son information, il y a une note du Conseil du
trésor en date du 19 décembre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a tout cela.
M. Filion: ...rétablissant la base budgétaire de la
CSST d'une part et d'autre part, en date du 5 mai 1985, ça, c'est
arrivé en mars, avril et mai 1985, il a été clairement
établi... D'ailleurs, cela a été confirmé par un
telbec, si l'on veut, informant que le ministre d'État à l'Emploi
et à la Concertation avait avisé les employeurs qu'ils n'auront
pas à payer les coûts que représentent les frais
d'inspection à la CSST. La lettre è laquelle je fais allusion est
une lettre du 20 juin 1985 où, à l'annexe II, on disait que la
compression non réalisée de 15 700 000 $ avait été
réintroduite dans les crédits de base du ministère du
Travail. Donc, le manque à gagner pour l'année 1985-1986 avait
été rétabli d'une part. D'autre part, il y a l'article
249. Même si le ministre n'a pas l'heure juste quant à la
situation financière de la CSST, nous dit-il, en ce qui concerne cet
article, il me semble que c'est suffisamment clair: Toute somme requise pour
l'application de la présente loi et des règlements relativement
à l'inspection est prise à même les deniers accordés
annuellement à cette fin par la Législature. Or, nous sommes en
train d'étudier les deniers accordés annuellement par la
Législature et nous n'y retrouvons pas cette somme, encore une fois, de
22 000 000 $, plus les 15 700 000 $; des sommes qui doivent être
versées en vertu de dispositions statutaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. C'est pourquoi
je vous ai indiqué, dès le début, en plus de vous indiquer
que la situation financière de la CSST qui nous était
communiquée par les parties était floue, que s'il devait y avoir
des suites à donner aux documents que vous avez indiqués, il
faudrait procéder par législation parce que, actuellement, il y a
une obligation légale.
M. Filion: D'accord. Donc, est-ce que je dois conclure, M. le
ministre, que le gouvernement n'a pas pris la décision de ne pas verser
l'aide financière pour l'inspection?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ni de la verser ni de ne pas la
verser.
M. Filion: Comment se fait-il qu'on ne la retrouve pas dans les
crédits?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme le député le
sait ou l'apprendra, la décision peut quand même être prise
dans un sens ou dans un autre parce que, comme l'a indiqué le ministre
des Finances hier en Chambre, il y a un fonds de suppléance prévu
pour les imprévus.
M. Filion: On connaît la position du Parti libéral
quant aux frais d'inspection, et plus particulièrement lorsqu'il y a eu
une tentative d'amendement à l'article 249, où le Parti
libéral et probablement le député de Brome-Missisquoi,
l'actuel ministre du Travail - je ne sais pas s'il siégeait à ce
moment -défendaient vigoureusement la position selon laquelle les frais
d'inspection devaient être financés par le gouvernement. Est-ce
que le ministre du Travail a changé d'idée maintenant qu'il a
changé de côté de la Chambre ou est-ce qu'on doit
comprendre qu'il maintient la même position?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dépendant de la
décision qui sera annoncée en temps et lieu, vous serez à
même de porter un jugement.
M. Filion: Voulez-vous me répéter cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dépendant de la
décision qui sera annoncée en temps et lieu, vous serez à
même de
porter un jugement. Une troisième fois?
M. Filion: Au moment où on se parle, le ministre du
Travail n'a pas d'opinion ferme sur cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il avait opinion ferme, je vous
en ferais part. Je n'ai pas l'habitude de jouer à la cachette.
M. Filion: Je comprends quand même que le ministre n'a pas
été consulté dans la portion de la préparation des
crédits où la somme de 22 000 000 $ a été
soustraite du livre des crédits qui a été
déposé en Chambre et qu'on étudie aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez mal compris.
M. Filîon: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez mal compris.
M. Filion: Je comprends que vous avez été
consufté,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprenez mieux.
M. Filion: Cela aide à montrer des montants de coupures
qui ne sont pas complètement faites. C'est tout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que votre dernier
commentaire a eu réponse lors de ma première intervention et que
vous étiez, peut-être à cause de votre formation d'avocat,
pertinemment au courant que, tant qu'il n'y a pas de législation sur le
sujet, il ne peut y avoir de changements.
M. Filion: Mais, par contre, ce chiffre fait actuellement partie
du montant affiché par le président du Conseil du trésor,
comme étant le montant des compressions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il n'est pas indiqué
comme dépense, il n'est pas indiqué comme dépense. Mais
dans l'ensemble du budget de la CSST, si la marge d'erreur n'était,
à la suite des chiffres qui m'ont été communiqués,
que de 26 000 000 $, je serais des plus heureux. Si le déficit annuel de
l'an passé n'était que de 26 000 000 $, je serais des plus
heureux.
D'après ce qu'on m'indique présentement, c'est que les
chiffres pourraient être d'un tout autre ordre de grandeur et que le
montant de 26 000 000 $, dont vous me parlez, ne pourrait être qu'une
goutte d'eau dans l'océan.
M. Filion: Dernière question sur le sujet, M. le
Président. Le ministre du Travail a déclaré qu'il
était de son intention de revoir le système de financement de la
CSST. Il me fait signe que oui. Est-ce qu'il a l'intention de saisir cette
commission parlementaire quant à cet important sujet?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un sujet capital mais, avant
de procéder de quelque façon que ce soit, je pense qu'une saine
et rigoureuse administration commandera d'être en présence d'une
position financière clairement établie. Au moment où on se
parle, ce n'est pas le cas. Les échos que l'on en reçoit nous
indiquent que la situation est très inquiétante sur le plan
financier.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce que le
programme 8 est adopté?
M. Filion: Juste une dernière question avant. Dans le
cours de cette réflexion ou de ce débroussaillement, que le
ministre n'a manifestement pas réussi à faire depuis le 12
décembre, est-ce que le ministre écarte ou n'écarte pas la
possibilité que les travailleurs et travailleuses soient appelés
à contribuer au financement de la CSST?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucune solution n'est
écartée au moment où on se parle, sauf qu'il y a
différents secteurs dans la CSST. Vous avez tout le secteur de la
réparation. Vous venez d'en souligner un, soit l'inspection. Vous avez
l'administration. À quel niveau? Avec quel degré de
représentation et quel degré de contrôle pour les
travailleurs? Avec quel degré de représentation et quel
degré de contrôle pour les employeurs? L'implication
gouvernementale. C'est un héritage très lourd qu'on prend.
M. Filion: Une dernière remarque sur le même sujet.
Ce n'est pas une question. Si le ministre envisage ou n'écarte pas la
possibilité plutôt, pour simplifier, de faire contribuer les
travailleurs et les travailleuses au système de la santé et de la
sécurité, je vous ferais remarquer qu'il s'agirait là
d'une remise en question du compromis de base qui avait donné naissance
à la Commission des accidents du travail, à l'époque, et
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, à savoir qu'en contrepartie du fait que les employeurs
étaient soustraits à des poursuites judiciaires devant les
tribunaux, il se créait une mutuelle d'assurances pour protéger
les travailleurs et les travailleuses des accidents qu'ils pouvaient subir sur
les lieux mêmes de leur travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont exactement les propos que
m'a transmis M. Larose, le président de la CSN, il y a à peu
près une semaine et demie. M. Filion: Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mot pour mot.
M. Filion: Est-ce que c'est également la teneur des propos
du Conseil du patronat?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne les ai pas rencontrés
officiellement, quant à cet élément. Je ne peux pas vous
répondre là-dessus. Mais je peux dire que le vocabulaire ou les
mots que vous avez utilisés coïncident exactement avec les propos
qui m'ont été transmis. C'est pourquoi il n'y a pas de
décision de prise. Nous sommes en consultation. Nous avons
rencontré M. Larose. Je suis sur le point, parce qu'il y a eu une
demande à cet effet, de rencontrer M. Laberge également. On
rencontre les parties intéressées. Mais il n'y aura pas de
décisions de prises tant que le portrait ou la photo financière
de la CSST ne sera pas complètement éclaircie, qu'on ne pourra
pas voir où on en est sur le plan des déficits annuels, à
ce qu'on me dit, et sur le plan des déficits actuariels. (18 heures)
Lorsque la situation financière sera clairement
présentée, des décisions pourront être prises. Dans
l'intervalle, nous évaluons toutes les avenues possibles pour replacer
cette importante commission - elle est capitale et pour les employeurs et pour
les travailleurs au Québec - dans une situation financière la
plus saine possible. Je pense que, sur cela, vous allez nous épauler
parce que vous non plus, je pense, ne voulez pas d'une Commission de la
santé et de la . sécurité du travail qui ait un bilan
financier pas trop reluisant.
M. Théorêt: M. le Président, j'aimerais
porter à votre attention qu'il est 18 h 2.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous me permettez, j'ai
une question et cela compléterait finalement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est difficile de refuser des
choses à un président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
Est-ce que vous n'auriez pas déclaré, la semaine dernière,
à
Drummondville, devant un groupe du Conseil des viandes du Canada, que
vous étiez en faveur d'une contribution des employés, mercredi
dernier, au motel Dauphin?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai évoqué que
j'étais en faveur... Non, Le Dauphin.
Le Président (M. Charbonneau): Le
Dauphin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai indiqué que
j'étais en faveur, sur le plan des organismes gouvernementaux, que les
représentations sur le plan des décisions soient également
justifiées par une participation sur le plan financier. Si vous l'avez
interprété comme s'appliquent à la CSST, il faut
également tenir compte des propos du critique officiel qui a
parlé du compromis historique quant à la réparation.
Quant à l'administration, il y a des pourparlers qui sont en
cours. Il y a des gens qui ne sont pas opposés à avoir un droit
de parole à un conseil d'administration et à payer leur part des
frais d'administration.
Quant à l'inspection, il y a des problèmes de principe qui
se posent. Est-ce que, comme certaines gens m'ont dit, l'employeur va
être le seul à contribuer et c'est lui qui va payer la police
parce que c'est ça l'inspection? Tous ces problèmes se
reposent.
À la base de tous ces problèmes, il y a la situation
financière dont on hérite. Au moment où on se parie, si
j'avais le tableau clair de la situation financière, il me ferait
plaisir de vous en informer et de vous le livrer. J'ai tenté de l'avoir,
mais, comme ministre, on ne peut pas avoir tout ce qu'on veut parfois. Je n'ai
pas réussi à l'obtenir au moment ou on se parle. Dès que
je l'aurai, je vous le communiquerai.
À partir de l'établissement d'un tableau financier clair
et de l'expérience acquise dans le passé, il y aura des
décisions qui seront prises en vue de s'assurer que la Commission de la
santé et de la sécurité du , travail du Québec ait
une gestion saine et donne des services et aux travailleurs et aux employeurs
dont les employeurs et les travailleurs seront satisfaits.
Parce que, un peu à l'exemple de ce que j'ai mentionné
tantôt, les interdits de la construction, si vous faites du bureau de
comté de façon régulière, chaque semaine, vous
recevez des gens qui sont victimes d'un accident du travail qui se plaignent de
la CSST et vous recevez des employeurs qui contribuent à la CSST qui se
plaignent. Donc, il y unanimité des deux parties sur les plaintes.
À partir de ce consensus, je pense qu'il faut poser des gestes
sérieux et importants.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
je vais demander aux membres de la commission si le programme 8 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère du
Travail sont adoptés. Sur division?Une voix:
Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Adopté sur division. M. le député de Taillon.
Conclusions
M. Filion: Je voudrais remercier le ministre du Travail. On n'a
pas eu beaucoup de réponses, mais on en a eu certaines et j'en suis fort
heureux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On donne le maximum.
M. Filion: Évidemment, tout cela dépend, comme je
l'ai dit dans mon discours d'ouverture, de la volonté politique dans la
mesure où le ministre voudra faire des choses dans le sens de sa propre
déclaration d'ouverture. Je répète qu'il peut disposer de
notre entière collaboration.
Maintenant, cela nous a aidés à comprendre la raison pour
laquelle le ministère de la Concertation a été aboli. Avec
tous les comités qu'à créés le ministre du Travail,
il doit y avoir assez de monde dans cela, pour abolir le ministère de la
Concertation. Cela étant dit, je remercie le ministre du Travail. Encore
une fois, on peut faire partie de ce comité. Cette commission-ci est une
bonne table pour échanger sur des politiques ou des réflexions.
Même en dehors de cette table-ci, je peux l'assurer de la collaboration
de l'Opposition.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un mot de la fin, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Un mot de la fini Je vous
donne le mot de la fin,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je vous remercie, M. le
critique de l'Opposition, de la collaboration que vous nous offrez. Je tiens
à vous assurer que, dans toutes les consultations qu'on mène
lorsqu'on fait partie de l'Exécutif, il demeure une consultation qu'on
ne doit jamais oublier ou mettre de côté, c'est la consultation de
ceux et de celles qui subissent régulièrement le test de
l'électorat, et cela, ce sont les 122 membres de l'Assemblée
nationale du Québec. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
D'autant plus que celui qui vous parle a subi le test trois fois avec
succès. Nous aurons l'occasion vous et moi d'échanger nos points
de vue, la semaine prochaine, à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Sur ce, je voudrais rappeler aux membres de la commission que demain
matin, à 10 heures, à la salle 150, nous aurons une séance
de travail pour préparer notre voyage de vendredi à Boston.
Sur ce, les travaux de la commission de l'économie et du travail
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 6)