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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission parlementaire
de l'économie et du travail entreprend ce matin l'interpellation du
député de Taillon au ministre du Travail sur le rapport Beaudry
et ses suites.
Avant de commencer, je demanderais au secrétaire de la commission
d'annoncer s'il y a des remplacements temporaires pour la durée de la
séance.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Les
remplacements sont les suivants: M. Claveau (Ungava) est remplacé par M.
Perron (Duplessis), M. Gauthier (Roberval) est remplacé par Mme Harel
(Maisonneuve), M. Paré (Shefford) est remplacé par Mme Vermette
(Marie-Victorin) et M. Parent (Bertrand) est remplacé par Mme Blackburn
(Jonquière).
Le Président (M. Charbonneau): Je vous rappelle, d'une
part, que l'interpellation devrait normalement se terminer à midi;
d'autre part, que chaque membre de la commission ce matin a devant lui ou elle
l'ordre des interventions des députés pour une interpellation,
selon l'entente qui est intervenue il y a déjà un bon bout de
temps.
Si on résume, le député qui a demandé
l'interpellation, en l'occurrence le député de Taillon, a d'abord
dix minutes. Par la suite, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu a dix minutes de réplique. Par la
suite, en alternance, il y aura un député de l'Opposition, le
ministre, un député ministériel, un député
de l'Opposition, le ministre, un député ministériel et un
député de l'Opposition, ainsi de suite jusqu'à la fin.
Vers 11 h 40, le secrétaire de la commission indiquera au
président qu'il restera à ce moment-là deux droits de
réplique, d'abord au ministre et, par la suite, au député
de Taillon, pour conclure.
Comme on est déjà un peu en retard, on va procéder
immédiatement sans plus tarder. Je demanderais au député
de Taillon d'entreprendre son intervention. M. le député de
Taillon.
Exposé du sujet M. Claude Filion
M. Filion : M. le Président, l'objet de la présente
interpellation est de discuter dans un contexte relaxe, en présence du
ministre du Travail, des conclusions et des recommandations auxquelles en est
arrivée la Commission consultative sur le travail dont le rapport, on le
sait, est entre les mains du ministre depuis, grosso modo, un peu plus de trois
mois.
Le but premier de la commission était de proposer aux partenaires
et au gouvernement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, question
de règlement.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de question de
règlement, M. le ministre, vous le savez très bien. Comme
parlementaire aguerri, vous devriez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais est-ce qu'il peut dire
n'importe quoi?Cela fait deux mois que j'ai le rapport, pas trois.
Cela peut peut-être changer le ton du débat que je veux calme et
serein moi aussi s'il réalise...
Le Président (M. Charbonneau): On va commencer ce matin
dans l'ordre. Je veux bien que ce soit relaxe, mais il y a malgré tout
des formalités que le ministre connaît très bien,
rusé comme il est. Je vais demander au député de Taillon
de poursuivre son intervention.
M. Filion: Je disais donc que le rapport était entre les
mains du ministre depuis environ trois mois. Le but premier de la commission
était de proposer aux partenaires et au gouvernement des mesures propres
à améliorer les relations du travail. Ces mesures
elle-rnêmes favorisent la poursuite des objectifs suivants: des relations
du travail plus harmonieuses, une organisation du travail plus productive et
une participation valorisante des travailleuses et des travailleurs dans
l'entreprise.
Même si, sur le fond, on peut être en accord ou en
désaccord avec les conclusions dudit rapport, . il nous faut quand
même apprécier la somme et la qualité de travail
considérable qui a été fournie par les membres de cette
commission. L'on ne peut ignorer que la commission a entendu 250 intervenants
dont les mémoires comportaient pas moins de 1675 propositions d'action,
sans compter les études complémentaires effectuées
à l'intérieur du ministère du
Travail ou à l'extérieur avec les chercheurs
universitaires et autres.
Ce forum privilégié a donc été en possession
d'une masse d'information réflétant les aspirations de toute une
société face au phénomène du travail. Au nom de ma
formation politique, permettez-moi, M. le Président, de féliciter
les membres de cette commission et tous ceux qui y ont apporté leur
soutien, notamment en ce qui concerne les ressources humaines du
ministère du Travail.
La commission a vu son mandat comme un groupe de consultation
plutôt qu'un groupe d'étude et de recherche. Ce rapport ne propose
donc pas une réforme profonde et exhaustive du régime du travail
et des relations du travail. Au contraire, ce rapport constitue un ensemble -
et je cite - "...de recommandations tributaires de la recherche d'un modus
vivendi tenant compte des positions divergentes des partenaires à un
moment donné de leur relation." On propose donc, par le rapport Beaudry,
un ensemble de mesures susceptibles d'apporter une entente relative entre les
parties.
II est évident que le résultat de deux ans de
consultation, de concertation, de réflexion, ne peut rester lettre
morte. Depuis que le ministre du Travail a le rapport en sa possession, il a
été impossible de déceler une volonté politique de
ce gouvernement libéral de donner des suites à cette
réflexion majeure. La seule intention connue du ministre était
présentement de procéder à une étude sur
l'étude. Nous désirons nous assurer auprès du ministre
qu'il ne s'agit pas de placer le rapport sur une tablette pendant un certain
nombre de mois, en prétextant l'étude de l'étude sur
l'étude.
En tenant compte de certains aspects du rapport qui nous semblent devoir
avoir des suites dans l'immédiat, de même que certains autres
aspects qui pourraient, dans un avenir plus éloigné, trouver une
application pratique, nous voulons permettre, ce matin, au ministre du Travail
d'énoncer la politique de son gouvernement à l'égard de
certaines catégories de travailleurs et de certaines recommandations
spécifiques du rapport, et également permettre au ministre de
donner des garanties à savoir que le milieu du travail et le milieu des
relations du travail trouveront un écho favorable dans les
législations et les décisions que ce gouvernement libéral
aura à prendre dans les semaines et les mois qui viennent. En ce sens,
M. le Président, l'approche que nous voulons privilégier est
d'obtenir du ministre des engagements sur certaines recommandations du rapport.
Avant de les aborder, une mise en situation s'impose. Voici donc certains des
facteurs d'analyse du rapport Beaudry qu'il serait, je pense, opportun
d'examiner ensemble ce matin.
D'abord, en ce qui concerne la situation des entreprises au
Québec, notre économie, on le sait, fonctionne en vertu des
règles du marché de la libre entreprise. Elle repose sur le
dynamisme des entreprises. Or, les données colligées dans le
fichier central des entreprises du gouvernement québécois
permettent d'évaluer, selon le rapport Beaudry, à environ 157 000
le nombre total d'entreprises à but lucratif en activité au
Québec et à 250 000 le nombre des établissements.
La répartition sectorielle de ces entreprises est importante car
elle reflète les caractéristiques principales de
l'économie québécoise. En effet, la très grande
majorité des entreprises, près de 79 %, évolue dans le
secteur tertiaire, contre 18 % dans le secteur secondaire et à peine 3 %
dans le secteur primaire. Ces données nous permettent de constater, bien
sûr, une certaine tertiarisation de l'économie, laquelle
entraîne des conséquences importantes au niveau de la
syndicalisation ou de la non syndicalisation.
Les entreprises québécoises sont également de
taille modeste. En effet, toujours selon le rapport Beaudry, 87 % de toutes les
entreprises québécoises comptent, en 1985, moins de 50
employés, alors que 0,2 % seulement en emploient 500 et plus. En ce qui
concerne la répartition des travailleurs et des travailleuses
québécois selon le champ d'application, je réfère
le ministre aux tableaux du rapport Beaudry, en page 26. Rapidement, on voit
que plus de 800 000 personnes sont affectées ou régies par le
Code du travail et que 1 000 000 de personnes sont régies par la Loi sur
les normes du travail.
En ce qui touche la présence des femmes sur le marché du
travail, le rapport Beaudry indique que 74,1 % de la hausse nette de la
population active observée entre 1974 et 1984 est attribuable aux
femmes. J'attire également l'attention du ministre sur les statistiques
portant sur l'accroissement du travail à temps partiel.
À l'aube des négociations sur le libre-échange, le
ministre doit faire en sorte que le secteur du travail au Québec soit
prêt à affronter les défis de la concurrence qui sont et
seront les nôtres. Nos lois du travail, en fixant des droits et
obligations aux parties, permettent un équilibre entre elles. Mais, il y
a plus. En normalisant les rapports de cette façon, ces lois du travail
peuvent devenir des outils de développement économique.
Ma première question au ministre du Travail est la suivante.
À la lumière des facteurs mentionnés et de l'orientation
générale du rapport, et compte tenu de la nécessité
d'adapter nos lois du travail au contexte moderne, nous demandons au ministre
du Travail quelles sont ses intentions au sujet de l'application du rapport
Beaudry.
Au chapitre des rapports collectifs du travail, le rapport contient une
réaffirmation sans équivoque de la liberté d'association
et de la négociation collective comme fondements des rapports collectifs
de travail. On sait que l'une des recommandations majeures de la commission
vise à créer un conseil des relations du travail favorisant une
approche administrative des problèmes de relations du travail et
contribuant ainsi à déjudiciariser le secteur des relations du
travail qui est dominé de façon inacceptable par des
éléments de droit et par l'utilisation de recours
exagérés aux tribunaux. L'approche est centrée sur la
conciliation et l'accommodement tout en n'écartant pas l'adjudication.
La compétence de ce conseil s'étendrait aux matières
reliées à l'accréditation, à la convention
collective, aux conflits de travail ainsi qu'aux pratiques déloyales.
Les pouvoirs de ce conseil, on le sait, seraient très étendus.
Les outils du conseil seraient non pas de nature judiciaire mais de nature
essentiellement administrative.
Je termine ma question. La création d'un CRT aurait
également pour effet d'uniformiser une mécanique qui existe en
Ontario, en Colombie britannique et au niveau fédéral. Cette
approche intégrée semble donner d'excellents résultats
ailleurs et aurait pour effet de rendre nos lois du travail plus
compétitives, eu égard aux lois ontariennes notamment. Plus
importants encore, les problèmes de délais sont devenus une piaie
en relations du travail et la mise sur pied d'un CRT ne peut que corriger cette
lacune.
Ma question: Le ministre est-il d'accord qu'il y a lieu d'adopter une
approche intégrée et administrative des relations du travail et
créer un CRT pour remplacer certaines institutions existantes?
J'ai d'autres questions, M. le Président, et comme j'aurai la
chance de revenir, je vais m'arrêter ici.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord et merci, M. le
député de Taillon, M. le ministre.
Réponse du ministre M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie, M. le
Président. Je remercie le député de Taillon de donner
l'occasion aux parlementaires, qui ont bien voulu nous rejoindre, et à
la population qui nous écoute de faire un pas de plus concernant le
rapport Beaudry, une pièce importante dans le domaine des relations du
travail au Québec.
Je tiens spécialement à remercier de participer à
ce débat, oui, les amis d'en face, comme on les appelle, mais
également les députés de La Peltrie, de Frontenac, de
Lafontaine, de Labelle et de Vimont, le sous-ministre du Travail et les autres
hauts fonctionnaires du ministère du Travail qui sont à la
disposition des parlementaires. S'il y avait des questions précises qui
demandent une recherche rapide, on pourrait vous répondre
immédiatement.
J'ai relevé, dans les propos du député de Taillon,
quelques inquiétudes, à peine voilées, quant à la
possibilité pour le gouvernement d'étudier des études qui
ont déjà été étudiées. Je me souviens
qu'il n'y a pas tellement longtemps j'étais de l'autre côté
de la Chambre et je reprochais au gouvernement d'alors, le gouvernement du
Parti québécois, justement d'adopter cette attitude à la
suite du dépôt de rapports de commissions. Je me suis bien promis
que si la population nous faisait confiance un jour et que nous changions de
côté de la Chambre, comme cela a été le cas le 2
décembre, on tenterait de changer la façon de gouverner parce que
les gens ont voté pour du changement, ils n'ont pas voté pour des
études sur des études sur des études qui n'aboutissent
jamais nulle part, sauf dans la dialectique parlementaire.
Je ne sais pas si cela suffit pour rassurer le député de
Taillon mais comme, en vertu de notre règlement, il doit prendre ma
parole je l'assure, M. le Président, par votre intermédiaire,
qu'on n'a pas l'intention de faire des études sur des études sur
des études. On n'a pas l'intention non plus de rompre un
équilibre qui s'est dessiné au fur et à mesure des
années entre les parties syndicales et patronales entre autres, d'un
coup sec, sur un coup de tête, sans évaluer tes impacts comme tels
du rapport de la commission Beaudry.
Le député de Taillon m'a également reproché,
à mots à peine voilés, d'avoir été lent
à réagir, d'avoir le rapport en ma possession depuis environ
trois mois, si j'ai bien saisi les propos du député. Je pense que
je pourrais dire que le rapport a été rendu public il y a environ
deux mois et je serais un peu plus précis que le député de
Taillon qui a dit environ trois mois. Je gagnerais cette guerre de
précision, finalement, mais je ne voudrais pas abuser. Je dirai...
M. Perron: Deux mois et demi. Comme vous n'êtes pas fort
dans les chiffres..,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Duplessis suggère un règlement à deux mois et demi. Si le
député de Taillon veut le faire sien, libre à lui. (10 h
30)
Je noterai, cependant, qu'il y a deux mois exactement, en
réaction au dépôt du rapport de la commission Beaudry,
j'étais immédiatement intervenu pour remercier la commission et
les commissaires du travail
sérieux, du travail honnête qu'ils avaient fait. Cette
journée-là, j'avais émis un communiqué de presse
qui disait ce qui suit: "De plus, malgré la prolongation du mandat, le
ministre apprécie le fait qu'il semble que le coût sera
inférieur à celui estimé initialement, ce qui est tout
à l'honneur des membres de la commission", profitant de l'occasion pour
remercier le président de la commission, le juge René Beaudry, et
les commissaires, Mme Jeannine McNeil, MM. Jean-Jacques Gagnon, Viateur
Larouche, Jean Gérin-Lajoie pour la qualité et le sérieux
du travail. Je pense que cela a été fait dans les meilleurs
délais. En tout cas, on n'a pas pris environ deux mois pour les
remercier de ce côté-ci de la Chambre; on l'a fait
immédiatement lorsque le rapport a été rendu public.
Le député de Taillon l'a souligné, ce travail
sérieux s'est échelonné sur tout près de deux ans.
La commission Beaudry, qui était à l'époque la commission
Châtillon, a été créée le 7 mars 1984 et
quelque deux ans après, soit le 20 janvier 1986, elle a rendu public son
rapport. Deux mois après la publication, nos amis d'en face
prétendent, eux en tout cas, être en mesure de se prononcer sur
les recommandations du rapport Beaudry. Les commissaires eux-mêmes n'ont
pas, de leur propre aveu, quant à eux, réussi à faire
l'unanimité sur chacune des recommandations.
Pour rassurer le député, je peux lui citer le rapport
Beaudry à la page 5 où il est écrit: "Certains
commissaires ont maintenu tout au long des délibérations des
réserves individuelles quant au contenu et à la portée de
certaines recommandations." Je pense qu'il faut être conscient de cet
énoncé qui est très important au début du rapport
Beaudry.
Comme je l'ai indiqué tantôt, un gouvernement qui prend son
rôle au sérieux ne joue pas avec le fragile équilibre
social qui existe dans les relations du travail comme on joue ou comme on a
joué dans le passé avec le droit de veto du Québec, une
partie de poker, un coup de dés.
Être réaliste et responsable, c'est évaluer les
avantages et les inconvénients de chacune des 111 recommandations de la
commission Beaudry. Être réaliste et responsable, c'est examiner
attentivement également l'argumentation qui sous-tend chacune des 111
recommandations du rapport Beaudry. À cette fin, il faut faire remarquer
que plusieurs recommandations reposent sur des recherches très
élaborées commandées par la commission elle-même. Je
ne sais pas si le député de Taillon prétend avoir lu
toutes et chacune dé ces études. Il y a 29 études qui
accompagnent ou, devrais-je dire, accompagneront le rapport; 13 de ces
études sont présentement à l'impression et seront
disponibles vers la fin d'avril ou le début de mai. Je peux
peut-être vous les citer.
It y a l'étude qui touche le programme d'accès à
l'égalité en emploi pour les femmes au Québec,
Ménagères et femmes collaboratrices, la reconnaissance d'un
statut de travail; La concertation au Québec, étude de cas et
perspectives; Le traitement des rapports collectifs de travail dans la grande
presse d'information au Québec; Un véritable Code du travail, un
projet réalisable; Les sources d'information en matière de
conditions et de relations du travail; Les normes du travail; Les jeunes et le
marché du travail; Les changements technologiques et le travail au
Québec, un état de situation; La participation des travailleurs
dans l'entreprise au Québec, un état de situation; Les statuts de
travail, une analyse socio-institutionnelle de la population active
québécoise; L'extension juridique des conventions collectives au
Québec; Le traitement des rapports collectifs de travail par des
organismes administratifs. Ce sont donc les treize études qui sont
présentement è l'impression et qui vont être disponibles
vers la fin d'avril. Une autre étude est en processus de décision
quant à savoir si elle va être publiée ou non et elle
s'intitulerait Situation et statut de travail. Quinze autres études
seront disponibles prochainement pour consultation au centre de documentation
du ministère à Québec.
Vous comprendrez que l'ensemble de ces études constitue un
travail très volumineux. C'est aisément - et on le concevra de
l'autre côté de la Chambre -plus de 1000 pages d'information qu'on
doit avoir si on veut être capable de poser ou de prendre des
décisions sérieuses et réfléchies. On peut se
demander, également, si la commission a vraiment proposé des
consensus. Si on s'attarde à la réaction des divers intervenants,
soit du milieu syndical, soit du milieu patronal, on peut sérieusement
s'interroger sur cette présence de consensus, sur cette absence de
consensus ou sur ce consensus mitigé qu'il nous faut vérifier
à fond.
On m'indique qu'il me reste une minute, M. le député.
J'avais quand même pris note de vos questions précises. J'aimerais
peut-être profiter de cette minute - quitte à interrompre et
à revenir plus tard au message que je voulais vous livrer - pour
répondre à vos questions précises. La première
portait sur les intentions du gouvernement concernant le rapport Beaudry.
Allez-vous le mettre sur une tablette ou si vous ne le mettrez pas sur une
tablette? La réponse du ministre est claire et précise. Je l'ai
indiqué au début. Non, on ne "tablettera" pas le rapport Beaudry.
J'ai d'ailleurs fait savoir quelles étaient les premières
interventions du gouvernement dès le lendemain du dépôt,
dans un communiqué de presse dont vous avez certainement dû
prendre connaissance.
Quant à votre deuxième question qui touche la
possibilité de la création d'un conseil des relations du travail,
vous m'avez demandé quelle était l'opinion du ministre. Je peux
faire beaucoup plus que ce que vous avez demandé. Je peux vous faire
connaître l'opinion du Parti libéral du Québec dans ce
domaine, qui faisait partie du programme électoral finalement du Parti
libéral, programme pour lequel on a été élus et
qu'on compte bien mettre en application qui s'intitule: Pour un meilleur
environnement du travail. Le programme électoral du Parti libéral
du Québec, novembre 1985. Je suis certain que le député a
pris connaissance de la page 15 dudit document où on parle de
l'établissement d'un conseil des relations du travail au Québec.
Je reviendrai lorsque j'aurai un peu plus de temps.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Taillon.
M. Filion: Encore?
Le Président (M. Charbonneau): Encore selon la... C'est ce
qu'on m'a indiqué moi ici, c'est-à-dire qu'au début, le
critique et le ministre ont chacun dix minutes. Après cela... Â
moins que vous vouliez qu'on passe immédiatement à Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. Filion: Le député de l'Opposition, c'est la
députée de Marie-Victorin.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Argumentation Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Donc, je vais bien jouer mon rôle
d'Opposition. J'ai bien entendu le ministre qui nous a fait bonne lecture de
toutes les études qui sont en cours actuellement. Il y en a au moins
treize, et on me dit que ça va prendre énormément de
temps. Elles sont faites?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en impression.
Mme Vermette: Elles sont en impression. Alors, il faut en prendre
connaissance maintenant, à mon avis. Ce que cela veut dire, c'est que
ça peut prendre énormément de temps avant qu'on en prenne
connaissance. Rien ne nous dit quand. C'est fin avril qu'elles seront
finalement publiées. Cela veut dire qu'avant qu'on en prenne
connaissance, parce qu'il y a un volume considérable d'études,
cela peut prendre énormément de temps avant que vraiment on
s'attaque au fond du rapport Beaudry. Voilà.
Si, comme le prétend votre gouvernement, depuis votre
arrivée au pouvoir, vous représentez les chevaliers du bien
social qui s'installent au-delà de tout soupçon en invoquant une
seule chose, soit l'efficacité, en quoi les mesures qui sont
indiquées dans le rapport Beaudry sont-elles si en opposition ou
pourraient être en opposition avec votre ligne de parti? Si je regarde
votre ligne de parti, je pourrais peut-être les évoquer justement
pour vous rafraîchir la mémoire. Cela date un petit peu
maintenant. En fait, on indiquait que le gouvernement libéral
révise les diverses lois et recours dans les relations du travail en vue
de les simplifier et d'accroître la confiance et la compréhension
de ces lois et recours par les employeurs et les employés. On disait
aussi que le gouvernement libéral agit en vue de modifier la dynamique
de confrontation en une dynamique de concertation au niveau des relations du
travail.
Lorsqu'on prend le rapport Beaudry, qui est tout sur une base de
concertation et de participation, je me demande en quoi - ma question je la
répète - en quoi ce rapport pourrait devenir en opposition avec
la ligne de parti du Parti libéral? Voilà. Et au nom de quoi
pourrait-on éviter de s'inspirer des pistes qui sont mises de l'avant
dans le rapport Beaudry en ce qui concerne les réformes et les mesures
mises de l'avant pour favoriser la concertation, parce que tout ce qu'on peut
retrouver dans le rapport Beaudry, en fait, c'est un ensemble de mesures
susceptibles d'apporter une relation de détente dans les
oppositions.
Tout compte fait, on sait fort bien qu'actuellement le climat des
relations du travail au Québec est très souvent dû surtout
à une mauvaise gestion des ressources humaines. On en arrive à
des conflits. Les taux d'absentéisme, les roulements consécutifs
de travail, une mauvaise production finalement au bout de la ligne, des
ralentissements de travail, etc., tout cela fait appel à une nouvelle
mentalité où il y a de la place pour différents
intervenants, notamment le monde patronal, le monde syndical et surtout les
groupes socio-économiques. Il y a une place pour tout, il y a une place
pour tout le monde, pour toute personne quelle qu'elle soit.
La création d'emplois, à mon avis, doit être
traitée comme une des priorités de toutes les politiques
économiques gouvernementales. La réalisation d'un tel objectif
relève, entre autres, d'un choix politique. C'est pourquoi le
gouvernement du Parti québécois avait mis de l'avant, en mai
1985, un organisme de concertation: la table nationale de l'emploi.
J'espère que ce même mécanisme de concertation
demeurera.
En plus, est-il possible au ministre de m'informer quant aux moyens
qu'il entend
prendre pour favoriser une véritable concertation entre les
partenaires puisque, à mon avis, c'est la seule avenue pour le
Québec d'atteindre le niveau le plus élevé possible de
l'emploi? Dans la Presse du samedi 24 janvier 1986, Lisa Binsse...
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Marie-Victorin, je voudrais vous signaler que vous
n'avez plus que cinq minutes, donc, il faudrait conclure votre
intervention.
Mme Vermette: Alors, je vais conclure. N'avez-vous pas
l'impression, M. le ministre, que le travailleur n'aura pas beaucoup de choix
quant à ses moyens de pression s'il considère déjà
que le gouvernement libéral est un gouvernement de patrons et que sa
voix n'a pas beaucoup de résonnance auprès de ses
gouvernants?
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je remercie Mme la
députée de Marie-Victorin des quelques questions précises
qu'elle m'a adressées. 11 y a certains commentaires sur lesquels vous
comprendrez que je ne vous adresse pas de remerciements particuliers.
En ce qui concerne l'arrimage entre certaines recommandations de
principe contenues dans le rapport Beaudry et certains éléments
du programme électoral du Parti libéral du Québec pour
lesquels nous avons été élus, c'est facile à faire.
 une question du député de Taillon, tantôt j'ai
répondu qu'en ce qui concerne la possibilité de la
création d'un conseil des relations du travail, il s'agit d'une des
recommandations du rapport Beaudry, il s'agit également d'un engagement
électoral du Parti libéral du Québec. Vous devinerez
facilement, aisément, qu'à moins d'un empêchement majeur
qui puisse nous venir peut-être de l'autre côté de la
Chambre, de l'Opposition, qui va s'opposer à la création d'un tel
conseil des relations du travail, et peut-être d'une absence totale de
consensus dans la société québécoise quant à
la création d'un tel conseil des relations du travail, à moins
d'empêchements majeurs de la sorte, dis-je, vous pouvez vous attendre
à la création d'un conseil des relations du travail au
Québec dans les meilleurs délais.
Maintenant, vous connaissez notre processus législatif. Il faut
procéder par voie de législation. On a siégé quatre
jours durant la période des fêtes et on vient de revenir ici, en
session. Est-ce que vous pensez sérieusement que, comme ministre du
Travail, j'ai eu la possibilité de tout mettre en place, après
les avoir analysées sérieusement et sans avoir en ma possession
les études qui sous-tendent le rapport Beaudry, et d'arriver avec une
loi la semaine passée? Je pense que ça aurait été
un peu irresponsable.
Si vous vous attendez à des gestes dans ce sens, dans ce que
j'appelle les meilleurs délais, des délais normaux qui font en
sorte qu'on a le temps dans la société d'établir les
consensus, oui de la partie patronale, oui de la partie syndicale, oui des
travailleurs et des travailleuses non organisés, parce qu'il y en a
beaucoup dans le secteur privé au Québec, on va le faire et on va
aller dans ce sens, parce qu'il y a arrimage quant à ce sujet entre le
programme du Parti libéral du Québec et la recommandation de
principe de la commission Beaudry. (10 h 45)
Vous parliez tantôt de détente dans les relations du
travail. Vous disiez à juste titre qu'on ne fait pas un usage maximum de
nos ressources humaines au Québec, dans le monde des relations du
travail et ailleurs également en entreprise. Je crois que vous avez
raison. Je crois qu'on peut sérieusement anticiper des progrès
qui vont faire en sorte qu'avec de meilleures relations du travail on ait une
plus grande productivité, donc une position concurrentielle dans la
vague du libre-échange dont on parle, qui sera non pas au
désavantage des Québécois et des Québécoises
dans certains secteurs d'activité, mais à l'avantage des
Québécois et des Québécoises. Il y a des nouveaux
systèmes de relations du travail qui se développent dans un sens
de participation et non de confrontation et qui sortent des sentiers
traditionnellement connus.
Je suis heureux de souligner que l'an passé, au Québec,
l'entreprise qui s'est vu décerner le Mercure de l'entreprise, là
où il y avait les meilleures conditions de vie au travail pour les
travailleurs et les travailleuses, c'est la compagnie Générale
Électrique du Canada, située à Bromont, dans le
comté de Brome-Missisquoi. Je suis heureux de vous souligner qu'il y a
des entreprises qui vont dans le sens que vous suggérez, Mme la
députée. Je peux vous assurer que ce n'est pas le ministre du
Travail qui va mettre un frein à ça. C'est le ministre du Travail
qui va faire en sorte que des événements comme ceux-là
soient soulignés, qu'ils servent d'exemple à d'autres entreprises
et qu'on s'inspire des systèmes de relations du travail qui ont
coûté des fortunes à développer, mais qui sont parmi
les meilleurs au monde, qui apportent aux travailleurs et aux travailleuses un
meilleur climat de travail, une meilleure rémunération, une plus
grande satisfaction et qui apportent, du côté de l'entreprise, une
plus grande compétitivité et une plus grande
profitabilité.
Je pense que c'est ce qu'on recherche un peu tous ici, ce matin. Merci,
M. le
Président.
Une voix: Bravo, M. le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre.
C'est au vice-président de la commission, M. le député de
Vimont.
M. Jean-Paul Théorêt
M. Théorêt: M. le Président, le 7 mars 1984,
le précédent gouvernement créait par décret
gouvernemental la Commission consultative sur le travail. Cette commission
avait reçu comme mandat de faire une démarche de consultation, de
concertation et de législation sur le travail et la révision du
Code du travail, strictement pour le secteur privé.
Le gouvernement précédent venait donc de donner un mandat
tronqué à cette commission. Je dis bien tronqué, M. le
Président, puisqu'il avait, par manque de courage politique, exclu de
cette consultation les travailleurs du domaine de la construction et les
travailleurs et travailleuses des secteurs public et parapublic. Deux ans de
travail, des dizaines et des dizaines d'heures de rencontres et de discussions
pour en arriver, malgré le travail sérieux des commissaires,
à un rapport qui, de l'aveu même de ces commissaires, n'a pas fait
consensus sur chacune des recommandations proposées.
Or, M. le Président, une de ces 111 recommandations du rapport
Beaudry portait sur le salaire minimum. On sait fort bien que la question du
salaire minimum a largement polarisé les discussions consacrées
aux normes minimales du travail, autant pendant la rencontre avec les membres
de la commission qu'après le dépôt des recommandations du
rapport Beaudry.
Faut-il réviser le salaire minimum? Les membres de la commission
disent oui. Pourtant, c'est en vain que l'on cherchera, dans les deux courtes
pages que les commissaires consacrent à cette question, une
justification à cette recommandation. Le débat reste donc
à faire entre l'argument social et l'argument économique, quant
à hausser ou à ne pas hausser le taux du salaire minimum.
L'argument social est" connu. Peut-on vivre avec 4 $ l'heure? Selon cet
argument, le salaire minimum devrait être à la mesure des besoins
essentiels, mais les besoins de qui? D'une personne seule? D'un couple avec
enfants comptant sur un seul salaire? D'une épouse qui cherche un
salaire d'appoint? Telle est la faille de cet argument qui confond salaire
minimum et garantie de revenu.
L'argument économique veut qu'il faille demeurer
compétitif avec les autres provinces et spécialement avec la
province voisine de l'Ontario où, disent-ils, les employeurs ont
déjà des avantages sur ceux du Québec, comme des
coûts sociaux inférieurs sur la masse salariale, et où
toute augmentation du salaire minimum aurait un effet négatif sur la
création d'emplois.
Il faut donc que le salaire minimum soit un compromis entre ces deux
objectifs, l'un portant sur le niveau de vie et l'autre sur le niveau de
l'emploi. Ce serait donc un choix politique que notre gouvernement aura
à prendre sur cette question et, même s'il est toujours difficile
pour un gouvernement de renoncer à une hausse du salaire minimum,
j'aimerais demander au ministre du Travail, avant d'augmenter le salaire
minimum, de songer plutôt à envisager d'éliminer la
discrimination basée sur l'âge qui existe dans les taux du salaire
minimum pour les moins de 18 ans, discrimination qui, comme dans le cas de
l'aide sociale, a été maintenue par le gouvernement qui nous a
précédés.
J'espère donc, M. le ministre, que vous abolirez cette
discrimination qui a été créée par l'ancien
gouvernement péquiste.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
vice-président. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je veux
bien répondre immédiatement surtout que c'est une question qui me
tient tellement à coeur...
Le Président (M. Charbonneau): Ah! Je m'excusel Je
m'excusel
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mais je pense que le
règlement me l'interdit.
Le Président (M. Charbonneau); D'accord, vous avez raison.
Je m'excuse. C'est plutôt à la députée de
Chicoutimi.
Une voix: Non, le député de Taillon.
Le Président (M. Charbonneau): C'est le
député de Taillon. Vous avez changé d'ordre, très
bien, cela ne me dérange pas.
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, j'ai entendu tantôt
à deux reprises le ministre du Travail faire allusion au programme du
Parti libéral. Que je sache, il est ministre du Travail de l'ensemble
des Québécois et pas seulement des partisans libéraux; il
a été nommé par son chef ministre du Travail pour
l'ensemble des Québécois. Je crois qu'il est important que le
ministre du Travail prenne conscience de sa responsabilité à
l'égard de l'ensemble des travailleurs et des travailleuses du
Québec. Dans ce sens, les travailleurs et les travailleuses du
Québec ne demandent pas è
douze partisans libéraux de décider quelles seront ou
quelles ne seront pas les modifications aux lois du travail. Je ne veux pas
insister là-dessus parce que je pense que le rapport Beaudry est trop
important pour qu'on tente de le diluer dans la politique.
M. le Président, ma question est la suivante... Le ministre nous
a dit tantôt: Ne vous inquiétez pas, on ne le mettra pas sur une
tablette même confortable. Par ailleurs, il avait commandé
à son ministère une étude interne, qualifiait-il. A-t-il
reçu cette étude de son ministère qu'il était
censé recevoir autour de l'ouverture de la session et quel est son
échéancier de travail précis pour faire en sorte que les
recommandations du rapport Beaudry, de façon générale, ne
restent pas lettre morte? Le ministre peut-il nous dire quels sont les
délais qu'il s'est fixés? Afin de l'éclairer dans sa
réponse, je lui rappellerais son Telbec du 22 janvier 1986 dans lequel
il disait: "Le titulaire du ministère du Travail fait actuellement
étudier tous les aspects ci-haut mentionnés. Prochainement, il
consultera ses collègues du Conseil des ministres et annoncera
dès que possible les décisions pertinentes." C'était
grosso modo il y a deux mois, le 22 janvier. Peut-il nous dire quels sont les
délais et l'échéancier précis qu'il s'est
fixé afin d'éviter de succomber à la grande tentation dans
ce dossier-ci, que le ministre lui-même a évoquée
tantôt en disant: Écoutez, if n'y a pas de consensus parfait.
Bien sûr, il n'y a pas de consensus parfait. Le rapport Beaudry a
pris deux ans et il nous le dit en toutes lettres. Si le ministre s'imagine
qu'en quelques mois il va réussir à former un consensus, il se
trompe. Les personnes expérimentées qu'il a lui-même
félicitées tantôt n'ont pas réussi à
créer ce consensus avec les intervenants. Il existait une table de
concertation au sujet de la commission Beaudry. La grande tentation, encore une
fois, du ministre du Travail, M. le Président - mais l'Opposition ne le
laissera pas, je l'espère, succomber à cette tentation - c'est de
dire: II n'y a pas de consensus, je ne bouge pas.
Il y a des travailleurs et des travailleuses syndiqués qui ont
besoin d'un conseil des relations du travail au Québec. Les
délais d'accréditation, les délais de règlement en
matière de congédiement sont rendus inacceptables. Les
procédures judiciaires font en sorte que dans certains cas, M. le
Président, les gens sont obligés d'attendre huit ans pour savoir
s'ils ont un syndicat dans leur boutique ou non.
Dans un autre cas, un congédiement dans les Cantons de l'Est, M.
le Président, la dame qui avait été
congédiée a été obligée d'attendre six ans.
Cela n'a pas d'allure. On prend une mauvaise tournure actuellement et le
gouvernement du Parti libéral et le ministre du Travail ont la
responsabilité de donner suite aux recommandations du rapport
Beaudry.
Également, M. le Président, en terminant, la commission a
élaboré plusieurs recommandations en ce qui a trait aux rapports
individuels de travail, c'est-à-dire aux travailleurs et travailleuses
qui ne sont pas régis par le Code du travail, mais plutôt par la
Loi sur les normes du travail. Plusieurs catégories de travailleurs et
de travailleuses sont touchées: les conjointes salariées, les
travailleurs à temps partiel -j'ai donné les chiffres
là-dessus tantôt - les travailleurs à domicile, les
travailleurs domestiques, la main-d'oeuvre forestière, les personnes
handicapées et, comme le soulignait mon prédécesseur au
microphone -qui a fort bien relaté l'éditorial de Jean Francoeur
- il y a toute la question du salaire minimum.
Quelle est la position du ministre lè-dessus et quel
échéancier s'est-il fixé pour que le Québec ne
prenne pas de retard préjudiciable dans toutes les lois du travail?
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Taillon. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Étant donné la
situation réglementaire, M. le Président, je vais d'abord
répondre aux questions qui m'ont été adressées par
le député de Vimont, avec le consentement du député
de Taillon...
Le Président (M. Charbonneau): Tout cela dans vos cinq
minutes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...tenter de répondre. Tout
cela dans les cinq minutes qui me sont allouées en vertu du
règlement.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant è la question du
salaire minimum, le député de Vimont a posé le
problème de façon très précise. Il faut
décider en tenant compte du niveau de vie et du niveau d'emploi, surtout
l'emploi chez nos jeunes. Il faut également décider en fonction
de la non-discrimination. Est-ce que le salaire minimum doit être
différent à cause d'un critère d'âge?
Le fait que la clause "nonobstant" qui concerne la Charte canadienne des
droits et libertés de la personne soit devenue, avec l'élection
du Parti libéral du Québec, applicable à l'ensemble des
citoyens et des citoyennes du Québec pose la question de façon
très sérieuse sur le plan juridique. Je crois que c'est le
professeur Henri Brun qui la posait quant è la discrimination du
côté
de l'aide sociale. Je crois que la même question -
là-dessus mon collègue d'en face, qui est avocat, partage sans
doute mes opinions - se pose quant à la discrimination à cause de
l'âge quant au salaire minimum. Je tiens à assurer que de ce
côté-ci de la Chambre le Parti libéral du Québec
prend tous les moyens disponibles pour s'assurer que la discrimination, tant au
niveau de l'aide sociale qu'au niveau du salaire minimum, disparaisse dans les
meilleurs délais.
En ce qui concerne le niveau du salaire minimum, il y a
présentement trois provinces canadiennes qui ont un salaire minimum
supérieur à celui de la province de Québec. Il y a trois
autres provinces canadiennes qui ont un salaire minimum égal à
celui de la province de Québec et dans les autres il est
inférieur. Le salaire minimum canadien moyen est égal à
celui du Québec. Le salaire minimum national américain est
supérieur à celui de la province de Québec et le salaire
minimum des États de la Nouvelle-Angleterre, lorsqu'on parle de notre
position concurrentielle, est supérieur à celui que l'on retrouve
présentement dans la province de Québec.
C'est compte tenu de ces facteurs et des répercussions sur
l'emploi, surtout sur l'emploi des jeunes, et surtout compte tenu de la
position concurrentielle du Québec face, oui, aux États de la
Nouvelle-Angleterre, oui, également, à l'Ontario que la
décision gouvernementale sera prise quant au salaire minimum. (Il
heures)
Est-ce que j'ai le temps de répondre aux questions du
député de Taillon? Oui? Pour revenir aux questions du
député de Taillon qui mentionne que, sur le plan des
accréditations, cela traîne, sur le plan des congédiements
illégaux, cette dame de l'Estrie a dû attendre huit ans. Si je me
souviens, au cours les huit dernières années, ce n'était
pas le Parti libéral du Québec qui était au pouvoir,
c'était le Parti québécois qui était au pouvoir. Si
elle a attendu huit ans, elle a attendu pendant l'administration
péquiste. Mais il a raison de le souligner aujourd'hui - je ne voudrais
pas qu'il se choque - parce que ça n'a pas de sens. Je pense qu'il y a
un consensus là-dessus entre l'Opposition et le Parti libéral du
Québec.
J'ose croire que je ne prendrai pas - je ne pense pas demeurer huit ans
ministre du Travail, les mandats des ministres du Travail sont
généralement plus courts; je regardais les photos en sortant de
mon bureau, ça ne dure pas tellement longtemps - j'ai l'intention de
profiter au maximum du temps pendant lequel je serai ministre du Travail pour
corriger de telles aberrations que vous avez mises en place. Mais, s'il vous
plaît, donnez-moi au moins le temps d'en profiter pendant que je suis
là et de travailler au maximum pour corriger ces aberrations.
Donnez-moi, au lieu de vos dénonciations, votre collaboration dans le
sens de ces corrections. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je devrais
peut-être, au nom des jeunes, exprimer ma reconnaissance au ministre du
Travail d'avoir enlevé ou souhaiter vouloir enlever cettedistinction entre le salaire minimum...
Le Président (M. Charbonneau): J'ai encore fait une
erreur, que voulez-vous! On est rouillé un peu après quelques
mois sans interpellation. Je crois que la règle de l'alternance, dans le
cas qui nous régit, m'oblige à donner d'abord la parole au
député de La Peltrie. Mais vous êtes la prochaine
intervenante. Je m'excuse de cette erreur. M. le député de La
Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Je suis heureux aujourd'hui de pouvoir prendre part au
débat en commission parlementaire portant sur le rapport de la
Commission consultative sur le travail, connu sous le nom de rapport Beaudry.
En lisant le rapport de la commission, j'ai été frappé par
l'ampleur des changements suggérés dans le milieu du travail.
Cette nécessité d'apporter du changement est sans doute le
résultat d'un laxisme et d'un laisser-faire depuis plusieurs
années, qui se sont surtout accentués depuis les cinq
dernières années, période pendant laquelle le Parti
québécois exerçait le pouvoir au Québec.
Au cours de la dernière campagne électorale au
Québec, c'est le Parti libéral du Québec qui a su
représenter, incarner aux yeux de la population, ce
phénomène de changement. Le programme politique du Parti
libéral sur l'avenir de la société
québécoise, longuement mûri et réfléchi, est
la pierre angulaire ou plutôt la plaque centrale de toute mesure
législative qui sera présentée à l'Assemblée
nationale au cours de la prochaine session.
Les récentes années au Québec ont été
marquées par une recherche effrénée pour établir de
nouveaux modes de dialogue entre les partenaires socio-économiques
québécois, la thématique de la concertation, de la
consultation, de rencontres au sommet. Cette course à la
nouveauté aura été surtout caractérisée par
le développement de toutes sortes de moyens. Le Parti libéral n'a
rien contre le dialogue entre les partisans socio-économiques, au
contraire; mais nous en avons surtout contre la multiplication à
l'infini des forums d'échange et contre les
conséquences néfastes évidentes d'une telle
approche.
À titre d'exemple, les partenaires socio-économiques qui
se transmettent leur point de vue sur une même question dans le cadre de
forums différents ne constituent pas pour autant une garantie de la
prise en considération par les uns des positions exprimées par
les autres et, en ce sens, n'ajoutent pas d'efficacité au dialogue.
Ensuite, l'augmentation des points de rencontre conduira presque certainement
à une dépréciation de la notion de dialogue et aura comme
conséquence la perte de crédibilité.
Finalement, il faut savoir que l'intérêt du Québec
pour ce genre d'échange entre partenaires n'est pas nouveau. Avant 1976,
les gouvernements ont toujours été préoccupés par
cette question. Les mécanismes favorisant les échanges existent,
tel le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
institué le 18 décembre 1968, dont le mandat dans la
documentation officielle du ministère affirme - et je cite: "Un
carrefour où peuvent se rencontrer régulièrement les
grands partenaires sociaux et l'État pour discuter de toute question
relative aux rapports collectifs et individuels de travail, aux normes de
travail, à la main-d'oeuvre, à la santé et à la
sécurité du travail ainsi qu'à la sécurité
du revenu." Extrait du rapport annuel de 1984 du ministère du
Travail.
À la lumière de cette description du rôle du CCTM,
nous nous demandons pourquoi l'ancien gouvernement n'a pas
considéré cet organisme dans les opérations de dialogue.
On se rappellera que l'actuel chef de l'Opposition était lui-même
à l'époque ministre du Travail.
En conclusion, notre programme propose de faire du CCTM l'organisme de
dialogue par excellence entre l'État et ses partenaires
socio-économiques. En ce sens, nous voulons éviter les
dépenses inutiles de temps et d'énergie. Lorsque les instruments
de dialogue existent, qu'on s'en serve. D'ailleurs, c'est cette philosophie
pratique de faire des choses qui ressort des délibérations du
rapport que nous étudions. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de La Peltrie. Mme la députée de Chicoutimi,
maintenant, c'est à vous.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Bien. Jamais deux sans trois! Je veux simplement
dire que je me réjouis qu'on ait enlevé cette distinction
à l'endroit du salaire minimum pour les jeunes, ou qu'on ait l'intention
de le faire. Cependant, hier, plusieurs lecteurs de la Presse nous rapportaient
une déclaration du ministre du Travail disant qu'il avait
rencontré son homologue ontarien de manière à voir dans
quelle mesure il pourrait ajuster l'augmentation éventuelle du salaire
minimum québécois avec celui de l'Ontario.
Une voix: Des contacts.
Mme Blackburn: Des pourparlers, des échanges, des
contacts; de toute façon il a été en rapport avec son
homologue ontarien, il n'est peut-être pas allé le retrouver en
Ontario. Alors, est-ce qu'il faut comprendre que le gouvernement a l'intention
d'être constamment à la remorque de l'Ontario pour établir
nos propres conditions de travail et de vie? Il y a quelque chose
là-dedans qui finit par être irritant. C'est comme si on ne
pouvait pas souffler ni respirer sans l'Ontario. Je lisais, vous le savez, le
document du ministre des Finances et c'est la même chose. Cela revient
peut-être 40 fois par page. Est-ce que, par hasard, on serait devenu
incapable de réfléchir par nos propres moyens?
Cela dit, je voudrais vous dire ce qui me préoccupe par rapport
aux orientations qui me semblent être celles du gouvernement.
Actuellement, le monde du travail, on le sait, est en profonde mutation. De 70
% de travailleurs à temps complet qu'on était en 1951, on est
rendu à 50 %. Cela veut dire que seulement la moitié des
travailleurs travaillent à temps complet. L'organisation du travail est
prévue en fonction des travailleurs à temps complet et non pas
à temps partiel. Quel est le portrait des travailleurs à temps
partiel? Ce sont des femmes et ce sont des jeunes: 400 000 qui reçoivent
le salaire minimum. Ce sont des gens qui sont sans sécurité, sans
permanence et sans moyens pour assurer leur retraite. Ma question est la
suivante mais, avant de la poser, j'y reviens un peu... On est en train de nous
dire qu'il y a treize études. Pendant qu'on est en train
d'étudier, les jeunes... Ce sont treize études qui sont... C'est
quinze?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il y a 29 études. Il y en a
treize à l'impression...
Mme Blackburn: Bon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...une en décision
d'impression et quinze qui vont être disponibles au ministère du
Travail. Ce ne sont pas des études qui sont en train d'être
faites; elles sont faites.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
Mme Blackburn: Cela dit, pendant qu'on est en train de faire ces
études, cela ne met pas de beurre sur le pain des jeunes. Ma question
est la suivante. Est-ce que le
ministre a l'intention de donner suite aux recommandations 2 et 3 - je
ne les lirai pas intégralement - Travail à temps partiel,
décret et convention, Travail à temps partiel et normes du
travail? Il me semble que ce serait un minimum.
Pour revenir brièvement sur le salaire minimum, il me semble
qu'on n'a pas besoin de penser très longuement pour se rappeler des
données. Le salaire minimum est aujourd'hui de 4 $. En dollar constant,
il faudrait, pour qu'ils puissent conserver leur pouvoir d'achat, qu'on leur
donne 5 $. Ils ont perdu 20 % de leur pouvoir d'achat. Il me semble que ce sont
des données qui parient sans qu'on ait besoin d'aller voir ce qui se
passe en Ontario.
Par ailleurs, en 1975, le salaire minimum représentait 56 % du
salaire horaire moyen. Actuellement, il ne représente plus que 36 %. Il
me semble que ce sont des données qui parlent d'elles-mêmes. Je
demande au ministre - une troisième question - s'il a l'intention de
favoriser la syndicalisation dans les secteurs où on retrouve
massivement des travailleurs à temps partiel.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je remercie Mme la
députée de Chicoutimi de ses questions. Vous comprendrez, dans un
premier temps, que pour respecter l'ordre des intervenants, je vais d'abord
répondre au député de La Peltrie et ensuite tenter de vous
répondre durant le court temps mis à ma disposition, tout cela
dans cinq minutes, Mme la députée. Je vais faire mon
possible.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien,
adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au député de
La Peltrie, je pense que ce sera très bref comme réponse. Son
discours allait tellement dans le sens du programme électoral du Parti
libéral du Québec, qui a été endossé par la
vaste majorité de la population, tellement dans le sens des
préoccupations mêmes de l'actuel ministre du Travail et de tout le
gouvernement - et je le souhaite, dans le sens des préoccupations
également en ce qui concerne le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, et je le souhaite, dans le sens des préoccupations de
l'Opposition - que la réponse me paraît très facile
à donner. On semble avoir en tout cas des éléments de
consensus quant à cet organisme; donc, la réponse que je lui
donne est une réponse positive.
Je ne voudrais pas être moins positif envers Mme la
députée de Chicoutimi, loin de là, mais au début de
vos remarques, Mme la députée de Chicoutimi, vous m'avez
placé dans une drôle de situation. Vous avez dit: Est-ce que vous
êtes à la remorque de l'Ontario en ce qui concerne le salaire
minimum? Est-ce qu'on est incapable de réfléchir au
Québec? Est-ce que vous allez tout le temps regarder ailleurs ce qui se
passe?
Oui, je vais regarder ailleurs pour m'inspirer, pour m'enrichir, pour
apporter des éléments à ma réflexion. Je ne ferai
pas ce que le gouvernement précédent a fait, penser qu'il
était isolé en Amérique du Nord, penser que le
Québec est une société tellement différente des
autres qu'il ne fallait pas regarder ailleurs, penser qu'il n'y avait rien
d'enrichissant ailleurs. Ils ont des qualités et des défauts, les
gens d'ailleurs, il s'agit de prendre les qualités et d'oublier les
défauts, comme on doit certainement, nous aussi, au Québec, avoir
de nombreuses qualités mais certainement aussi quelques petits
défauts.
J'ai l'intention de regarder ailleurs parce qu'en ne regardant pas
ailleurs, vous savez ce que vous avez fait? Vous avez créé du
chômage et vous avez créé des assistés sociaux par
centaines de milliers au Québec, parce que vous vous êtes
isolés et parce que vous n'avez pas regardé ailleurs, parce que
vous n'avez pas tenu compte de la situation concurrentielle des entreprises
québécoises et surtout des petites et moyennes entreprises
québécoises. Nous éviterons de répéter les
erreurs que votre gouvernement, il n'y a pas tellement longtemps, a
commises.
Vous avez mentionné quelque chose d'important. Vous dites que le
salaire minimum, en 1981, était de 4 $ l'heure. Si on ne veut pas subir
de perte de pouvoir d'achat, le salaire minimum, suivant vos chiffres, devrait
être augmenté de 20 %, à 5 $. S'il y a eu une perte du
pouvoir d'achat de 20 % chez les travailleurs qui étaient au salaire
minimum en 1981, je vous soulignerai qu'il doit au moins y en avoir eu 19,8 %
sous le gouvernement péquiste, parce que vous venez juste d'être
battus, vous venez juste d'être relégués de ce
côté-là de la Chambre. Si vous voulez nous en attribuer 0,2
%, sans faire de calcul de façon très savante, je suis prêt
à prendre le blâme, mais vous devrez prendre 19,8 % de blâme
là-dedans.
Je vous ferai également remarquer que parmi les travailleurs et
les travailleuses qui étaient au salaire minimum en 1981, il y en a la
moitié aujourd'hui qui ne sont plus au salaire minimum, qui ont eu des
augmentations de salaire, pour ceux qui ont réussi à conserver
leur emploi, qui n'ont pas eu de perte d'emploi comme telle. Mais
pendant que nous sommes sur ce sujet, je profite de ce débat, de
cette occasion. On a parlé des gens qui sont au salaire minimum, on a
parlé des jeunes qui sont traités avec discrimination. C'est
peut-être parce qu'on n'en a pas eu le temps encore, mais il y a un autre
sujet qui me préoccupe, c'est la question des travailleurs et
travailleuses au pourboire qui sont, eux aussi, en bas du salaire minimum. Ils
ont reçu, au cours des dernières années, la visite de gens
d'un autre ministère, qui s'appelle le ministère du Revenu, ce
qui a créé des situations humaines très difficiles. Cela a
fait en sorte que des gens ont choisi d'abandonner le marché du travail
pour l'aide sociale, finalement, plutôt que de se faire harasser. (11 h
15)
C'est un problème qui, comme député, pas juste
comme ministre parce que je ne suis pas responsable du ministère du
Revenu, a fait que j'en ai parlé à mon collègue.
J'aimerais que tout le monde en Chambre s'attarde également à
penser à ces travailleurs et travailleuses au pourboire qui sont en bas
du salaire minimum. Ils ne sont pas à 4 $ l'heure, eux. Peut-être
qu'avec leurs pourboires, dans certains cas, ils réussissent, selon le
type d'hôtellerie ou de restauration dans lequel ils oeuvrent, à
se faire plus que le salaire minimum, mais il y en a qui demeurent
également en bas du salaire minimum.
Ce que je vous dis, finalement - c'est là mon message, Mme la
députée de Chicoutimi - c'est que les préoccupations du
ministre du Travail, comme je l'ai indiqué à la suite de la
publication du rapport Beaudry, vont d'abord et avant tout vers ceux et celles
qui se retrouvent au bas de l'échelle, parmi les plus
défavorisés, les plus bas salariés dans la
société, et il y en a beaucoup encore en bas du salaire
minimum.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le vice-président et député de Vimont.
M. Jean-Paul Théorêt
M. Théorêt: M. le Président, il existe
présentement un véritable fouillis dans nos lois du travail. Il
faut faire le ménage qui s'impose, si l'on veut se doter d'un
véritable droit du travail cohérent et efficace. Il faut donc
codifier, simplifier et donner l'autonomie nécessaire à un
véritable code du travail.
L'amorce de cette réforme en profondeur devrait consister,
d'abord, en cet acquis à l'éparpillement de nos lois
ouvrières. Actuellement, le champ du travail est affecté par un
certain nombre de dispositions légales, dont celles du Code du travail,
de la Loi sur les normes du travail, de la loi sur les maladies
professionnelles et autres.
Toutes ces lois interagissent sur le milieu du travail, le
réglementent et en fixent les balises. Nous pouvons difficilement
continuer à fonctionner dans une telle situation. Nous ne pouvons
accepter de poursuivre plus longtemps, par exemple, de mêmes
réalités avec des définitions différentes, selon
que l'on se réfère à une loi ou à l'autre.
C'est pourquoi nous préconisons le regroupement de toutes les
lois d'influence sur le travail dans un code des lois du travail. Il nous
faudrait aussi harmoniser toutes nos lois qui ont une incidence sur le travail,
en cherchant à leur donner une certaine compatibilité avec celles
des sociétés avec lesquelles nous sommes en compétition.
De fait, les écarts entre les lois du travail qui viennent nuire au
caractère compétitif du Québec au plan économique
devront être évalués très sérieusement et, le
cas échéant, aplanis au bénéfice d'une meilleure
performance économique.
Il s'agit là d'un exercice urgent et important dans un contexte
où les discussions devant nous mener au libre-échange
canado-américain s'accélèrent et laissent voir un
développement possible et ce, à moyen terme. Il s'agit aussi d'un
exercice délicat dans la mesure où les arbitrages à faire
constituent un test majeur de la maturité sociale du Québec. Cet
effort d'ajustement aux défis socio-économiques de demain ne
pourrait se faire sans un minimum de balises. C'est ainsi que
l'opération harmonisation de nos lois du travail ne pourra se faire que
sur la base de quatre principes fondamentaux.
Premièrement, il est indispensable que nos lois du travail ne
soient pas un handicap à la création d'emplois permanents chez
nous et aux investissements. Deuxièmement, nos travailleurs et nos
travailleuses ne doivent pas être laissés à des pratiques
inacceptables dans une société évoluée.
Troisièmement, il faut reconnaître que les droits individuels
doivent être respectés. Quatrièmement, il faut
privilégier les approches de prévention des conflits plutôt
que de concentrer ses efforts à inventer des systèmes
conçus pour régler coup après coup les problèmes,
ce qui était la spécialité, on s'en souvient tous, du
gouvernement qui nous a précédés.
C'est dans cette perspective que nous sommes convaincus qu'en
transmettant cette approche positive à nos lois du travail nous
obtiendrons des résultats justes et intéressants pour tous les
intervenants. J'espère donc, M. le ministre, qu'une des premières
attentions qu'on portera au rapport sera de procéder à la refonte
des lois du travail et ce, dans les plus brefs délais possible.
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
vice-président. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Cela étonne
parfois de nouveaux parlementaires de comprendre, après quelques jours
-je crois que c'est le dixième jour que l'on siège - que, dans ce
Parlement, si on a tous les droits de poser des questions, il n'en va pas de
même pour obtenir des réponses.
Cela dit, j'aimerais beaucoup - ce sera bref, cinq minutes -
après la réponse du ministre du Travail, pouvoir quitter cette
interpellation, à midi, en sachant ce que le ministre du Travail pense
de certaines questions, c'est-à-dire d'une façon claire et
précise - je les lui poserai rapidement tantôt - sur le salaire
minimum, sur le congé de maternité et sur la table nationale de
l'emploi. Je voudrais faire cette remarque préliminaire: Le ministre du
Travail nous parlait de la recherche de consensus, et il a raison, mais
j'aimerais le mettre en garde contre une recherche de consensus qui,
finalement, peut mener à l'inertie. Le rapport Beaudry était
assez ambitieux. D'ailleurs, il s'intitule "Une responsabilité
collective de travail". Justement, dans cette recherche, c'est un parti pris en
faveur des consensus qui l'a conduit à des recommandations qui ne
s'éloignent pas beaucoup de ce qu'est le juste milieu. Si on reprend,
par exemple, les aspirations, qui étaient assez inconciliables entre le
milieu patronal et le milieu syndical exprimées devant la commission
Beaudry, on peut conclure que les recommandations de la commission Beaudry se
situent dans une ligne médiane, tout au moins.
Peut-être avons-nous péché, nous, l'ancien
gouvernement, précisément à chercher dans tous les
domaines un consensus qui n'est pas possible. Il faut trancher. C'est à
l'État, c'est au ministre du Travail et c'est à ses
collègues du gouvernement de prendre leurs responsabilités et,
à un moment donné, de trancher dans des aspirations qui peuvent
être inconciliables. Il faut donc tenir compte de cet équilibre
social à maintenir, mais de la responsabilité également de
l'État de trancher parfois sur des questions de cet ordre.
J'aimerais savoir du ministre s'il entend donner suite aux prises de
position, je pense, unanimes, quasi unanimes... Un Telbec rappelait que
l'ensemble du monde patronal et des affaires avait, à
l'unanimité, manifesté son désaccord profond sur plusieurs
recommandations du rapport Beaudry, qui, à ses yeux, constituaient une
menace sérieuse au bon fonctionnement et parfois même à la
survie de plusieurs entreprises si elles étaient mises en application.
Est-ce que les milieux d'employeurs lui ont fait valoir quelles étaient
ces recommandations qu'ils jugeaient totalement inacceptables et qu'en pense le
ministre?
La table nationale de l'emploi. Le gouvernement a mis sur pied en mai
1985 cet organisme qui a été salué pourtant par tous les
milieux, patronal et syndical. Je rappelle au ministre ce qu'en dit le rapport
Beaudry qui recommande, évidemment, la poursuite du mandat. Le mandat de
cette table, c'est de bâtir une politique de plein emploi et de pleine
utilisation des ressources humaines, de voir à la supervision d'une
telle politique et à son suivi. Quelle est l'intention du ministre
à l'égard de la table nationale de l'emploi? Entend-il la
maintenir? Quel mandat entend-il lui confier? Entend-il revoir sa composition?
On sait que, parmi les partenaires dont on attend une responsabilité
collective, il y en a des nouveaux qui se constituent. Je pense, en
particulier, aux groupes de femmes, aux groupes de personnes
handicapées, aux groupes qui étaient aussi
représentés lors des audiences de la commission Beaudry.
Quant au salaire minimum, le gouvernement du Québec avait
déposé à la table nationale de l'emploi, en juin 1985, une
proposition en vue d'augmenter le salaire minimum. Entend-il donner suite
à cette proposition? Quant à la distinction fondée sur
l'âge, je pense qu'on n'a pas besoin d'attendre - j'imagine que ce n'est
pas ce que souhaite le ministre - un jugement de cour pour faire invalider une
loi du Québec, si tant est qu'il faille recourir à des tribunaux,
ce qui n'est pas, de toute façon, intéressant, selon nous, dans
une société pour faire évoluer les lois. Comment entend-il
intervenir sur la question du salaire minimum? Il nous a cité avec
raison les provinces canadiennes, je crois que c'est la Saskatchewan, le
Manitoba, et le salaire minimum fédéral américain qui, en
dollars canadiens, est actuellement à 4,25 $. Entend-il donner suite
à cette proposition du gouvernement du Québec qui a
été soumise à la table de l'emploi de hausser le salaire
minimum en sachant pertinemment qu'il s'agit finalement de travailleurs et de
travailleuses - parce que les travailleurs au salaire minimum sont aux deux
tiers des travailleuses - qui travaillent dans des établissements, dans
des commerces qui ne sont pas soumis à la concurrence?
Pour la plupart, il s'agit de commerces dans l'hébergement, la
restauration, le commerce de détail qui ne sont pas soumis à la
concurrence étrangère, même pas celle de nos voisins
ontariens.
Le Président (M. Charbonneau): Votre dernière
phrase, Mme la députée de Maison-neuve.
Mme Harel: Vous allez me permettre de conclure?
Le Président (M. Charbonneau): Une
phrase parce que sinon on va peut-être...
Mme Harel: De conclure. Alors, très rapidement sur le
congé de maternité. Est-ce que au sujet d'une politique de
maternité, cette politique de maternité qui est attendue par les
femmes du Québec et par les Québécoises, qu'on retrouve
dans le programme du Parti libéral et que, malheureusement, on ne
retrouve pas, qui n'a pas eu l'air de faire consensus chez les membres de la
commission Beaudry, on peut s'attendre que le ministre donne suite à des
recommandations qui ont été acheminées, je crois, à
sa collègue de la Condition féminine, à savoir d'assurer
aux Québécoises une véritable politique de
maternité, un congé de maternité, ce dont, de toute
façon, les Québécoises souhaitaient discuter lors de la
deuxième partie de la conférence nationale des
Québécoises qui a été annulée par son
gouvernement. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, on va vous donner une minute de
plus.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En cinq minutes...
Le Président (M. Charbonneau): En six minutes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En six minutes, je vais tenter de
répondre à toutes les questions de Mme la députée
de Maisonneuve, c'est déjà beaucoup, surtout si je dois
répondre à celui qui est intervenu juste avant elle, M. le
député de Vimont. Je vais procéder rapidement. C'est plus
bref avec le député de Vimont. Il m'a posé une question
quant à la codification de nos lois du travail. Il s'agit d'une
recommandation de la commission Beaudry. Elle a même soumis en annexe un
projet de codification. Il s'agit encore là d'un élément
qui est contenu au programme électoral du Parti libéral du
Québec. Il y a donc arrimage entre cette partie de l'idéologie du
rapport Beaudry et le programme électoral du Parti libéral du
Québec. À ce sujet, comme dans le cas du salaire minimum, j'ai
commencé à regarder ailleurs ce qui se passait
également.
Étant donné que nos sources et nos origines en
matière de loi et de réglementation et même de codification
sont des origines qui nous viennent des vieux pays, comme on les appelle dans
notre jargon, comme l'Angleterre, comme la France, surtout, lorsqu'on parle de
codification parce qu'on sait que c'est sous le Code Napoléon que les
codifications ont évolué, il y a une mission du ministère
du Travail formée de fonctionnaires qui va se rendre dès ce
printemps sur place pour vérifier de quelle façon se sont pris
ces anciens pays, ces vieux pays, pour réussir les codifications dans de
tels domaines. À partir de leur expérience, sans copier, avec
notre originalité québécoise, qui nous appartient à
nous autres, sans copier, mais en s'inspirant des succès qu'ils ont
connus là et aussi ailleurs en Amérique du Nord, je pense qu'on
peut en arriver au Québec à un projet de codification qui est
souhaité par la partie patronale, par la partie syndicale et, parce que
c'est dans notre programme, en tout cas, par le Parti libéral du
Québec et aussi j'ose l'espérer, par nos amis d'en face
également qui nous aideront à réaliser dans les meilleurs
délais cette codification. On veut faire un travail sérieux. On
veut laisser un code du travail qui pourra survivre un certain temps et dont on
aura tous raison d'être fiers comme parlementaires, une fois qu'on aura
unanimement voté pour, je le souhaite. On aura un objet de fierté
dans ce qu'on léguera à la prochaine Législature et aux
travailleurs et aux travailleuses du Québec.
Quant aux questions de Mme la députée de Maisonneuve, elle
me dit: II faut trancher, à un moment donné. Vous êtes au
gouvernement. Ne cherchez pas tout le temps des consensus. Ce n'est pas
nécessaire. J'ai peur que vous tombiez dans l'inertie, les gens du Parti
libéral du Québec. Oui, il faut trancher. Moi je me demande - si
vous dites qu'un consensus n'est pas nécessaire - quelle était
votre excuse à vous quand vous étiez là pour demeurer dans
l'inertie. Je me demande quelle était votre excuse.
Je peux tenter de répondre à des questions un peu plus
précises. J'ai pris en note une question sur la table nationale de
l'emploi. Quelles sont les orientations du gouvernement quant à cette
table? La décision n'est pas arrêtée et je vais vous dire
pourquoi. Il y avait une multitude de forums, de consultations, des sommets,
des tables, des conseils, des commissions où on retrouvait un paquet
d'opinions. Moi, j'en ai hérité de beaucoup au ministère
du Travail, dont la table nationale de l'emploi. Excusez-moi, elle était
au ministère de l'Emploi et de la Concertation. Il y avait un autre
ministère qui s'occupait de tout cela. (11 h 30)
Ce que je veux, c'est un forum où seront
représentées les femmes et en nombre important. Ma
collègue à la Condition féminine insiste à chaque
Conseil des ministres, à chaque fois - on est un peu vis-à-vis en
Chambre ou de biais, si vous me permettez l'expression. Oui, les femmes auront
beaucoup de place.
Ce forum, est-ce qu'il va s'appeler la table nationale de l'emploi,
est-ce qu'il va s'appeler le sommet, est-ce qu'il va s'appeler la commission'
Tout ce que je veux vous
dire, c'est qu'on veut éviter de multiplier ces forums parce
qu'on a l'impression, lorsqu'on les multiplie, que cela ne donne pas les
résultats auxquels s'attend la population. La preuve, c'est qu'ils ont
choisi - parce que vous aviez tout cela, ces tables-là - ils ont choisi
de dire: Cela n'avance nulle part quand on a tout cela. On veut avoir des
forums privilégiés, puis, à partir des consensus qui
seront établis ou des parties de consensus, on tranchera et on prendra
des décisions.
Quant au salaire minimum, vous êtes revenu dessus, et c'est une
question d'actualité. Vous avez parlé des jeunes, vous avez
parlé des femmes surtout qui travaillaient au salaire minimum dans notre
société. Là, vous m'avez un peu surpris! Jusque-là
je vous suivais, Mme la députée de Maisonneuve, et je pense qu'on
n'avait pas trop de différence d'opinion, mais lorsque vous m'avez dit
que cela touchait des entreprises qui n'étaient pas en situation
concurrentielle et que vous m'avez parlé d'hébergement, entre
autres, de restauration, je m'excuse. Moi je représente depuis un peu
plus de cinq ans à l'Assemblée nationale du Québec, la
magnifique circonscription de Brome-Missisquoî où je n'ai pas
d'hébergement et de restauration en nombre suffisant. Je l'avoue, on est
en train de corriger cette situation. On a la Coupe du monde, la finale de la
Coupe du monde du ski qui se tient è Bromont en fin de semaine et on
manque d'hébergement. On est obligé de loger les athlètes
ailleurs. Mais il y a de la concurrence là-dedans. Si c'est trop cher
ici, les gens vont rester ailleurs.
Moi, je suis frontalier avec l'état du Vermont et même avec
la différence d'argent, il faut se tenir dans une situation
compétitive. On ne le fait pas dans l'essence, pour vous donner un
exemple, à cause des taxes que votre gouvernement a imposées dans
le temps. Les gens vont faire le plein au Vermont. On se retrouve constamment,
et cela il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, dans n'importe
quel commerce qui fait affaire avec le public, soit dans une situation de
concurrence avec un autre Québécois qui est sur l'autre coin de
rue ou avec quelqu'un d'étranger qui fournit le même bien ou le
même service. Il faut à tout prix, si on veut avoir des emplois au
Québec, se replacer dans une situation concurrentielle. Je compte sur
votre appui pour qu'on replace le Québec dans une situation
concurrentielle.
Le Président (M. Charbonneau): Merci M. le ministre. M. le
député de Frontenac.
M. Roger Lefebvre
M. Lefebvre: Le précédent gouvernement a
décidé en 1984, et ce, après huit ans de pouvoir, de se
pencher enfin sur l'épineux problème des relations du travail au
Québec. Ce gouvernement, malgré ses engagements électoraux
de 1976 et 1981 en cette matière, a tellement attendu avant d'agir que
l'étude qu'il avait commandée sera finalement
évaluée par un autre gouvernement, celui qui a été
élu le 2 décembre 1985.
La Commission consultative sur le travail a finalement remis, le 20
janvier 1986, son volumineux rapport. Il faut maintenant de façon
concrète, intelligente et sans bousculade faire la meilleure utilisation
possible des recommandations du rapport, et ce, dans l'intérêt des
personnes les plus touchées dans ce débat au Québec: les
travailleurs et les travailleuses.
Il est bien évident, M, le Président, que tous les membres
du nouveau gouvernement souscrivent aux buts recherchés par la
commission consultative, soit améliorer au Québec les relations
du travail et améliorer la productivité et la participation des
travailleurs et des travailleuses dans l'industrie. Il faut, et le Parti
libéral du Québec qui forme maintenant le gouvernement l'a dit en
campagne électorale, rendre, dans les prochaines années, notre
régime de relations du travail mieux adapté aux
réalités sociales.
Le rapport Beaudry, M. le Président, dans ses recommandations,
vise plusieurs ministères du gouvernement du Québec. Le
ministère de l'Éducation est concerné lorsqu'on lui
suggère des moyens d'améliorer la gestion des ressources humaines
et la création d'associations d'employeurs; le ministère de
l'Industrie et du Commerce est également concerné lorsqu'on
suggère des moyens d'améliorer la gestion des ressources humaines
et la création d'associations d'employeurs; le ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu est
évidemment concerné au plus haut point. Tant de ministères
engagés dans la recherche des solutions rendent la tâche
difficile. Les suggestions du rapport Beaudry, dans certains cas,
amèneront des changements qui, vous en conviendrez, sont si. importants
que ces suggestions, méritent réflexion avant de décider
de leur application.
Je veux, à titre d'exemple, citer la suggestion apportée
à la page 283: "Que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, les associations patronales et syndicales, le
ministère de l'Éducation, les commissions professionnelles, les
institutions d'enseignement assistent les petites et moyennes entreprises pour
élaborer et dispenser la formation requise..." Je n'ai pas à
insister longuement pour vous convaincre qu'une telle mécanique d'aide
à la petite et moyenne entreprise, qui suggère la mise à
contribution de tant d'intervenants, ne peut être mise en application
facilement.
La commission consultative créée par
l'ancien gouvernement traite du sort des travailleurs syndiqués
et de ceux qui ne le sont pas, traite du sort des travailleurs
handicapés, du chômage des jeunes. Le rapport Beaudry parle du
travail à temps partiel en regard des lois sur les normes du travail, du
travail à domicile en regard des décrets s'appliquant dans le
secteur du vêtement particulièrement. La consultation -et on l'a
dit à plusieurs reprises ce matin -a été vaste. Les
recommandations doivent être évaluées avec grand soin et
prudence.
M. le Président, le rapport Beaudry suggère plusieurs
mesures concordantes avec le programme du Parti libéral
dévoilé au cours de la dernière campagne électorale
telles que le changement technologique auquel le monde du travail doit
s'adapter, l'accès à l'égalité, le régime
enregistré d'épargne-recyclage, l'amélioration de la
protection de la conjointe salariée de l'employeur.
Le Parti libéral a longuement discuté, pendant la
dernière campagne électorale, du sort des jeunes travailleurs et
particulièrement des jeunes chômeurs.
Le rapport Beaudry, à cet égard, note que les programmes
d'aide aux jeunes chômeurs sont trop nombreux. On se souviendra que le
Parti libéral a suggéré à cet égard le
guichet unique.
Les membres de l'Opposition doivent cependant bien comprendre que le
Parti québécois ne forme plus le gouvernement du Québec.
Le 2 décembre dernier, le peuple du Québec a décidé
de façon non équivoque qu'il souhaitait un style de leadership
différent. Le nouveau gouvernement peut maintenant - et il a reçu
le mandat de le faire - appliquer ses propres politiques en matière de
relations du travail. L'Opposition péquiste a promis de donner sa chance
au nouveau gouvernement et d'être vigilante mais positive. Il faut
souhaiter que ce n'était pas là que des mots.
Le nouveau gouvernement prendra le temps raisonnable qu'il faut pour
mettre en place de façon intelligente sa politique en matière de
relations du travail. Le nouveau gouvernement et particulièrement le
nouveau ministre du Travail veut évaluer, vérifier avec prudence
les applications du rapport Beaudry dans un secteur d'activité
névralgique pour la vie de tous les Québécois.
M. le Président, en terminant, je voudrais assurer tous les
travailleurs et toutes les travailleuses du Québec et tous les
intervenants impliqués dans ce très complexe monde du travail que
le nouveau gouvernement du Québec saura trouver dans le rapport de la
Commission consultative sur le travail les éléments qui,
combinés avec ceux de son propre programme électoral, lui
permettront de vraiment améliorer le sort de tous les travailleurs et de
toutes les travailleuses du Québec, ce pourquoi, il a été
élu le 2 décembre dernier.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député. M. le député de Taillon.
M. Filion: J'ai combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Si on s'entend pour faire
ça un peu comme on l'avait prévu, pour finir non loin de midi,
vous auriez cinq minutes, le ministre aurait dix minutes de réplique et
après ça vous auriez dix minutes pour conclure et on finirait
comme ça.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau}: Cela va-t-il pour tout le
monde?
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, rapidement pour qu'on puisse
se comprendre en termes de lois du travail au Québec. De 1976 à
1985 le gouvernement précédent - on le sait, le
député de Brorne-Missisquoi et ministre du Travail le sait - a
adopté la Loi sur les normes du travail remplaçant le salaire
minimum, étendant les conditions de travail minimales à tout un
secteur d'activité, et ce que plusieurs observateurs appelaient la
convention collective des non syndiqués.
Deuxièmement, le Code du travail a été
amendé à quelques reprises, à au moins deux reprises
à ma connaissance, en 1977 et il y a une couple d'années. En 1977
avec la loi 45. Donc, les lois du travail de façon
générale ont été maintenues à jour par le
gouvernement précédent. Comme il fallait une réflexion en
profondeur sur ces lois, le gouvernement précédent a formé
la commission Beaudry qui a déposé le rapport qui est maintenant
entre les mains du ministre du Travail actuel.
Le secteur du travail est un secteur extrêmement important. Les
gens dans leur vie, ceux qui nous écoutent aujourd'hui, ce qu'ils ont de
plus important après leur famille, c'est le travail. Ce que je dis,
c'est qu'on n'a pas le droit de faire la politique avec ça, de la
démagogie avec ça, et de dire que l'Opposition d'aujourd'hui,
à cause de ce qu'elle a fait lorsqu'elle était au pouvoir, est
responsable de la perte du pouvoir d'achat du travailleur qui est au salaire
minimum. C'est de la pure démagogie. Dans ce sens, nous sommes
préoccupés de voir l'angle sous lequel le ministre du Travail
aborde les conclusions du rapport Beaudry. Vu qu'il n'a pas répondu
à nos questions ce matin et vu qu'il a dix minutes devant lui je vais
lui poser simplement trois questions. Premièrement, le
ministre du Travail a-t-il reçu, oui ou non, l'étude de
son ministère sur le rapport Beaudry et, sinon, quand la recevra-t-il?
Cela, c'est à l'intérieur de son ministère.
Deuxièmement, dans le secteur non syndiqué, quand le
ministre du Travail a-t-il l'intention d'agir pour protéger les
clientèles qui, comme on l'a vu tantôt, sont moins bien
protégées, la syndicalisation demeurant pour l'Opposition le
meilleur moyen de protéger les travailleurs et les travailleuses? Ces
clientèles ont été évoquées par mes
collègues à différentes reprises durant la période
de questions, mais on n'a reçu aucune réponse: la conjointe
salariée de l'employeur, les travailleurs à temps partiel, les
travailleurs à domicile, les travailleurs domestiques, les personnes
handicapées, les 200 000 personnes et plus qui travaillent dans les
forêts.
Le rapport Beaudry demande tout simplement la formation d'un groupe
d'enquête. On n'a pas besoin de faire une étude sur une
étude sur une étude pour former un groupe d'enquête. On ne
peut pas dire que le monde patronal qui s'insurge contre le rapport Beaudry
peut être contre un groupe d'enquête. C'est ce que les 200 000 ou
300 000 travailleurs forestiers du Québec demandent. Pour toutes ces
clientèles particulières, quelle est l'intention du ministre et
dans quels délais compte-t-il agir pour donner suite au rapport
Beaudry?
Troisièmement, dans le secteur syndiqué, quel est son
échéancier de travail en ce qui concerne la création d'un
CRT au Québec? C'est simple. Il nous dit que son programme
libéral qui semble être devenu la bible, une nouvelle table de
Moïse... Des programmes faits en catimini encore par des groupes-conseils?
On en voit dans tous les secteurs. Alors, quel est son échéancier
de travail en ce qui concerne la création d'un conseil des relations de
travail?
En terminant - il reste dix minutes au ministre du Travail pour
répondre à trois simples questions - je voudrais l'assurer d'une
chose pour qu'il la tienne pour acquise dans son intervention. Il peut compter
sur la totale collaboration de l'Opposition pour mener à bien
l'application des recommandations du rapport Beaudry, de façon
générale.
Nous sommes prêts à en discuter, nous sommes ouverts, et
nous tenterons de le faire ensemble, si vous exprimez le minimum de
volonté politique dont vous avez besoin. Mais on le sait, le monde
patronal vient vous mettre des bâtons dans les roues. Mais vous
êtes ministre du Travail et, que je sache, vous avez une
responsabilité à l'égard des travailleurs et des
travailleuses du Québec.
Le Président (M. Charbonneau: M. le ministre.
Conclusions M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le député.
Non pas parce que j'y suis tenu par le règlement, parce que je pourrais
choisir dans ma réplique de vraiment répliquer à
l'ensemble du débat, mais parce qu'il m'y a si gentiment invité,
je vais tenter au meilleur de ma connaissance de répondre aux questions
précises et directes du député de Taillon. Il m'excusera
si, quant è la première, je ne peux pas répondre par un
oui ou par un non. Si vous m'obligez à répondre par un oui ou par
un non, je vais vous dire que soit le oui ou le non va être partiellement
nuancé. Est-ce que vous désirez toujours que je vous
réponde par un oui ou par un non ou si vous voulez une réponse
intelligente?
M. Filion: Dites-moi simplement quand vous comptez avoir
l'étude du ministère, si vous ne l'avez pas
déjà.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement, on a
reçu du ministère du Travail une analyse du rapport Beaudry qui
est préliminaire, parce qu'elle ne peut pas s'appuyer sur des rapports
qui ne sont pas encore publiés par la commission Beaudry, tel que je
vous l'ai expliqué au début. Ils n'ont pas pu étudier des
rapports qui ne sont pas publiés. Je ne sais pas comment vous avez fait
de votre côté de la Chambre, vous m'épatez tous les
jours.
Quant à votre deuxième question, vous avez parlé de
tout le secteur non syndiqué. Il y a 75 % du secteur privé au
Québec qui . est non syndiqué. Vous avez dit: Nous sommes pour la
syndicalisation; c'est la façon de protéger les travailleurs,
etc. De notre côté, au Parti libéral du Québec, on
s'exprime très clairement sur ce point. Il y a des chartes,
québécoise et canadienne, des droits et libertés de la
personne qui garantissent des droits fondamentaux, dont le droit
d'association.
Le rôle du ministère du Travail est de s'assurer que la
volonté des travailleurs et des travailleuses soit librement
exprimée, cela veut dire hors du maximum de contraintes possible. Si
vous nous demandez si on a l'intention non pas d'attendre les jugements, mais
de fonctionner pour que les chartes et québécoise et canadienne
s'appliquent pour reconnaître ces droits-là à l'ensemble
des travailleurs et travailleuses du Québec, je dirai oui, mais
librement exprimés dans la mesure du possible. (11 h 45)
En ce qui concerne votre groupe d'enquête, le fait que 200 000
à 300 000 travailleurs demanderaient une enquête, vous dites: On
ne veut pas une étude sur une
étude sur une étude. Vous voudriez peut-être une
enquête, sur une enquête sur une enquête. 200 000 à
300 000 travailleurs'? J'ai été sensibilisé par le
ministre responsable du dossier au fait qu'il y avait des demandes, mais pas de
200 000 à 300 000 travailleurs. Je ne voudrais pas vous accuser
d'exagérer en cette Chambre, je n'ai pas le droit de le faire. Je suis
obligé de prendre votre parole, je vais vérifier. Si vraiment
j'ai de 200 000 à 300 000 demandes, je pense que vous m'avez soumis
entre les mains un dossier fort palpitant et important ce matin. Je
vérifie dès cet après-midi si, effectivement, on a
reçu ces 200 000 à 300 000 demandes. Si c'est le cas, on bougera
en fin de semaine sur ce dossier.
Quant à l'échéancier pour l'établissement
d'un conseil des relations de travail au Québec, étant
donné qu'on a déjà indiqué qu'on s'oriente vers une
codification dans le domaine des lois du travail, on veut tenter au maximum,
quand cela ne pénalise pas indûment le travailleur ou la
travailleuse, de ne pas procéder à la pièce, mais de
procéder par une révision en profondeur, une codification de
notre système de relations du travail.
Je ne suis pas en mesure, au moment où vous me posez la question,
de vous dire que, le 16 juin prochain, cela sera le cas. Mais on bouge quand
même dans certains secteurs. Vous avez dû remarquer la
volonté et l'action gouvernementale en ce qui concerne la fameuse carte
de classification dans l'industrie de la construction. J'en profite pour vous
souligner que cet après-midi, à Montréal, à l'OCQ -
cela mérite d'être souligné parce que c'est un
précédent; on cherche, nous autres, les consensus - les sept
associations patronales, les cinq associations syndicales, les trois
sous-ministres concernés...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'avez-vous contre les
sous-ministres?
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de question de
règlement. Vous allez avoir dix minutes en réplique. La meilleure
chose, c'est de réserver vos commentaires pour votre
réplique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, les trois sous-ministres
concernés, celui du Travail, celui de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et celui de l'Éducation, vont
être présents, de même que le président de l'OCQ, de
façon que le fameux permis de travail que vous avez
décrété comme gouvernement soit aboli au 31 janvier
prochain et que l'accès au monde du travail et à la
sécurité d'emploi dans le domaine de la construction
relèvent de critères de formstion, de qualification et de
compétence. Finalement, on élimine en bonne partie -j'ose le
croire - le marché noir et on donne une chance à notre jeunesse
d'avoir accès à ce monde du travail qui s'appelle le monde de la
construction. Je pense que c'est comme cela qu'ils vont devenir de vrais
bâtisseurs, et non pas en se promenant avec des bannières.
Je pourrais peut-être profiter de l'occasion pour rassurer
l'Opposition en lui disant que le gouvernement bouge, bouge sérieusement
et bouge pour l'ensemble de la population du Québec pour donner des
suites sérieuses à ce travail important qui s'appelle le rapport
Beaudry.
À cet effet, après avoir effectué beaucoup de
consultations chez les parties syndicales, chez des parties patronales, chez
des groupements non organisés, à peu près tout ce que j'ai
pu consulter - je m'en excuse, je n'ai pas eu le temps, mais j'aurais
probablement dû consulter l'Opposition également pour tenter
là aussi de dégager un consensus - j'avais annoncé, il y a
deux mois, que je tenterais de m'adjoindre les meilleurs experts pour me
permettre une analyse la plus sérieuse possible des conséquences
pratiques de l'application des recommandations de principe du rapport Beaudry
compte tenu de la situation concurrentielle de l'entreprise
québécoise qui est surtout de la PME. J'en profite pour vous
l'annoncer, j'espère que vous n'aurez pas d'objection face aux personnes
que j'ai choisies pour me conseiller dans ce domaine. La première, c'est
Guy Bisaillon, je pense qu'il est bien connu des membres de l'Assemblée
nationale du Québec, c'est l'ex-député de Sainte-Marie qui
est actuellement professeur à l'ENAP, l'École nationale
d'administration publique. La deuxième, c'est Gilles Laporte, qui est
ex-sous-ministre au Travail et qui est un avocat de pratique privée. Je
pense que j'ai réussi à recruter là deux sommités
qui garantissent un certain équilibre dans l'analyse des applications
pratiques des recommandations théoriques du rapport Beaudry.
Je pense que le gouvernement bouge, va de l'avant. Je pense que vous
devriez nous en féliciter, vous devriez, comme vous l'avez fait et je
l'apprécie, nous apporter votre concours. Non seulement le limiter au
point que vous avez mentionné, à un petit point précis,
à la création d'un élément, mais apporter au
gouvernement votre concours le plus complet et le plus total sur toutes les
questions qui ont été débattues ici ce matin et sur toutes
les réponses qu'on vous a fournies. Je vous remercie d'avoir
provoqué ce débat.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Taillon, je
vous signale que, le ministre n'ayant pas pris au complet ses dix
minutes, vous n'avez quand même droit qu'à dix minutes.
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, nous avons choisi ce forum ce
matin pour interpeller le ministre du Travail sur les suites du rapport Beaudry
pour pouvoir échanger avec lui dans un contexte moins partisan, comme je
l'ai dit.
Étant donné que le rapport Beaudry contient des
recommandations extrêmement importantes pour des tas de gens dont on a
parié, il est important que l'on puisse travailler sereinement, en
collaboration, je vous l'ai assuré, non seulement sur la création
d'un CRT, mais sur l'ensemble des travaux, permettant une application, par
exemple, du rapport Beaudry, pas permettant sa mise à l'écart ou
permettant l'application d'une recommandation. Ce rapport a été
fait par des gens qui connaissent le secteur, par des gens qui avaient cette
expertise. De plus, le ministre est entouré, au ministère du
Travail, de personnes possédant toute l'expertise et la sagesse voulues
pour le conseiller adéquatement.
En ce sens, M. le Président, l'on dispose actuellement de tous
les atouts nécessaires pour réaliser le rapport Beaudry. Il y
avait un colloque à Montréal, fait conjointement par les
écoles de relations industrielles de Laval et de Montréal.
Malheureusement, le ministre du Travail était absent, j'étais
présent. Il existe une volonté chez les intervenants du monde du
travail, il existe une attente importante. Ne pas satisfaire cette attente
créerait une frustration qui, elle, affecterait le climat social au
Québec.
On sait que le gouvernement du Parti libéral, de 1970 à
1976, avait eu certaines difficultés, c'est le moins qu'on puisse dire,
à maintenir le tissu social dans le secteur du travail. La page est
tournée, mais ce que je voudrais indiquer au ministre du Travail, c'est
qu'il est important de ne pas, justement, dégrader ce tissu social. Il
l'a souligné lui-même, les dernières années, au
Québec, de façon générale dans le secteur du
travail - ce n'est pas facile - cela a relativement bien été.
Cela, c'est dans le monde syndiqué. Mais dans le monde non
syndiqué, il reste encore beaucoup de travail à faire.
Dans ce sens, si le ministre du Travail veut agir, nous sommes
prêts à collaborer avec lui à 200 %, mais qu'il agisse,
cependant. Nous sortons de l'interpellation un peu déçus, ne
connaissant pas la pensée du ministre sur les sujets que nous avons
évoqués et sachant maintenant qu'il a reçu de façon
partielle l'étude de son ministère sur le rapport Beaudry et
qu'il va sûrement recevoir, dans les semaines qui viennent, nous dit-il,
les études accessoires au rapport Beaudry.
Encore une fois, je voudrais, en terminant, souligner deux autres
mesures extrêmement importantes. Parce qu'il y a énormément
de mesures, je ne peux pas toutes les traiter ce matin. Je veux parler de
l'obligation contractuelle. L'obligation contractuelle, c'est l'obligation
faite aux fournisseurs du gouvernement de se conformer à un plan,
à un programme d'accès à l'égalité dans les
cas où il existe discrimination. L'obligation contractuelle constitue
une des recommandations du rapport Beaudry. Également, il y a le
très important secteur de la participation des travailleurs et des
travailleuses à leur entreprise. Je l'ai dit tantôt, sur le plan
économique, les frontières vont tomber, en partie, dans les
années qui viennent. Il faut que les différents agents,
c'est-à-dire les différents partenaires de la production
économique puissent se tenir ensemble et se concerter pour affronter les
défis qui seront les nôtres.
Pour y arriver, le rapport Beaudry, entre autres, suggère une
participation accrue des travailleurs à l'entreprise. Cette
participation est primordiale. Il faut, au Québec, se donner des outils
en termes de relations du travail et en termes de travail qui soient modernes
et adaptés.
Ce n'est pas tout de dire qu'il faut que l'ère de la
confrontation se termine. Encore faut-il y mettre les moyens et prendre les
outils contenus, entre autres, dans ce rapport parce qu'encore une fois, il y
va de la paix sociale. C'est ce qui nous préoccupe hautement du
côté de l'Opposition. On sait que le monde patronal fait front
commun par stratégie, M. le ministre. Par stratégie, le monde
patronal fait front commun contre le rapport Beaudry. On sait aussi que le
monde patronal est fort bien représenté au sein du gouvernement
libéral dans les petits comités de bénévoles qui
décident en catimini. Je mets le ministre du Travail en garde. Nous
serons là. Il peut être assuré de notre collaboration,
mais, au nom des travailleurs et des travailleuses, qu'il agisse. Je pense
qu'il y va de notre avenir collectif.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Taillon. Sur ce...
M. Filion: Non, non, c'est fini.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je désire un consentement
pour souligner un événement international en 30 secondes. Il
s'agit de la présence à Montréal...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Filion: Non, non, pas de consentement. M, le Président,
pas de consentement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il n'y a pas de consentement pour
le souligner?
Mme Harel: La présence de l'OIT.
M. Filion: Ah! Excusez-moi. Ce n'est pas pour répliquer.
Allez-y.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne traiterai pas du rapport
Beaudry. Je veux simplement en 30 secondes souligner la présence
actuellement, depuis le 18 du mois jusqu'au 26, de l'Organisation
internationale du travail à Montréal. Il s'agît de la
Conférence des Amériques. Plus de 32 pays y sont
représentés et le Canada y a un délégué
canadien qui est le sous-ministre du Travail de la province de Québec,
M. Yvan Blain. Je tenais à le souligner.
Le Président (M. Charbonneau): Les commerciaux importants
ayant été diffusés, je voudrais d'abord remercier les
membres de la commission pour leur collaboration. Je pense que cette
première interpellation s'est déroulée dans un climat et
une atmosphère qui ont permis un échange fructueux de part et
d'autre. Sur ce...
Une voix: Grâce à vous.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, le
président a un rôle bien minime dans cela. De toute façon,
les travaux de la commission s'étant bien déroulés, ils
sont ajournés sine die. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 57)