Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission élue permanente de l'énergie et des
ressources est à nouveau réunie aujourd'hui aux fins d'examiner
les circonstances entourant la décision du conseil d'administration de
la Société d'énergie de la Baie James de régler
hors cour la poursuite civile intentée à la suite du saccage du
chantier de LG 2 survenu en 1974 et, plus spécifiquement, le rôle
du premier ministre et de son bureau à cet égard.
Les membres de cette commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Bourbeau (Laporte), M.
Tremblay (Chambly), M. Gratton (Gatineau), M. Dussault (Châteauguay), M.
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Perron
(Duplessis), M. Rodrigue (Vimont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Desbiens (Dubuc), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Pagé (Portneuf), M.
Doyon (Louis-Hébert) et M. Saintonge (Laprairie); le rapporteur
étant toujours M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet).
Je dois vous rappeler que notre journée de travail sera
étalée à partir de maintenant jusqu'à 13 heures,
avec arrêt de 13 heures à 15 heures, et de 15 heures à 18
heures. Les personnes invitées devant nous aujourd'hui pour poursuivre
d'abord les questions et réponses à nous être
données sont Me Yves Gauthier et, en deuxième lieu, si nous
pouvons l'entendre aujourd'hui, Me Jean-Roch Boivin.
Pour les besoins de la cause, je veux dire que, normalement, nous
devrions reprendre nos assises mercredi matin, compte tenu de certaines
décisions qui devront être prises à l'Assemblée
nationale. C'est dire que, si nous n'avons pas repris hier, c'est à
cause des événements que les gens ont connus et qui font que nous
n'avons siégé ni à la fin de l'après-midi hier ni
hier soir.
Ceci étant dit, la parole est toujours au député de
Laporte; je lui accorde encore, pour le temps dont il en a besoin, le droit de
parole en posant des questions à Me Yves Gauthier. M. le
député de Laporte.
Témoignages M. Yves Gauthier (suite)
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Me Gauthier, nous en
étions rendus hier, lors de la suspension de la séance, à
une réunion que vous avez tenue à vos bureaux, au bureau du
premier ministre, le 6 février 1979, avec votre ancien avocat, du temps
où vous étiez président du syndicat du local 791, avec Me
Michel Jasmin. Combien de temps a duré cette rencontre?
M. Gauthier (Yves): Le 6 février? M. Bourbeau: Le 6
février 1979.
M. Gauthier (Yves): Me Jasmin est arrivé à 8 h 55.
Il est reparti à 10 h 25. Je ne suis pas arrivé tout de suite.
C'est-à-dire que, quand je suis arrivé, il était
déjà là. Cela a dû être une réunion
d'une heure ou quelque chose comme cela. Quand je suis arrivé, il
était là.
M. Bourbeau: Et sur quoi ont porté vos discussions?
M. Gauthier (Yves): Sur l'argumentation, M. le Président,
qu'il voulait présenter en cour.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez vous rapprocher un peu de
votre micro?
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Bourbeau: On a un peu de difficulté à vous
entendre. Est-ce que vous pourriez répéter la
réponse...
M. Gauthier (Yves): Est-ce que cela fonctionne?
M. Bourbeau: Oui, oui, ça va.
Alors, je vous ai demandé sur quoi ont porté vos
discussions lors de cette rencontre du 6 février.
M. Gauthier (Yves): Oui, M. le Président. C'était
sur son argumentation -moi j'appelle cela une argumentation, ce n'est
peut-être pas le terme juridique - mais je sais qu'il avait
préparé des feuilles sur lesquelles il parlait du fait que le
chantier
de la Baie-James aurait pu ouvrir avant la date à laquelle il a
ouvert, qu'il y avait eu des délais pour l'ouverture du chantier et que,
selon lui, ces délais avaient été volontaires.
Apparemment, il y a eu des visites ou des pressions par le bureau du premier
ministre - le premier ministre Bourassa - ou de M. Boyd qui avaient
retardé un peu l'ouverture du chantier. Je sais qu'il avait cela. Il
avait aussi une feuille de temps. Il voulait démontrer que le chantier
fonctionnait bien, que les gars étaient en avance dans leur programme.
Il y avait aussi - c'est ce qu'il démontrait - le fait que la paix
sociale était revenue sur le chantier. Je le sais, pour l'avoir
expérimenté moi-même: j'ai voulu, à un moment
donné, me rendre au chantier et le système était
très rigide. Il ne fallait pas faire de gaffes parce que les hommes
prenaient l'oiseau bleu aussi vite. L'oiseau bleu, c'est l'avion qu'ils
appellent comme cela. Pour être admis sur les chantiers, il fallait aller
à Place Dupuis, il fallait montrer patte blanche et dire pourquoi on
allait là. Ce sont eux qui déterminaient où tu devais
habiter. J'ai voulu y aller, à un moment donné, et, quand j'ai vu
que c'était aussi compliqué que cela, j'ai laissé
tomber.
Ce sont là les arguments ou les affaires qu'il voulait faire
valoir. Ils étaient en avance dans leur travail. Il n'y avait plus de
problèmes sur le chantier. Je comprends, ce n'était pas un
chantier fermé, mais il était difficile d'y
pénétrer. Il était bien facile d'en sortir quand cela ne
fonctionnait pas. Je pense que c'est à peu près tout.
C'étaient les arguments. Le chantier aurait dû ouvrir avant le
temps où il a ouvert, il y a eu des pertes de temps volontaires, mais il
ne m'a pas expliqué tout cela. Je sais qu'il voulait présenter
cela. Il disait que la paix était revenue et que le système qui
existait était un bon système, qu'il n'y avait plus de risque de
saccage. On a parlé pendant environ une heure.
M. Bourbeau: II voulait présenter ces arguments-là
à la cour ou...
M. Gauthier (Yves): C'était à la cour. Est-ce que
c'était à la cour? Est-ce que c'était à la SEBJ? Je
ne le sais pas, mais c'est ce qu'il voulait faire valoir.
M. Bourbeau: Dans quel but?
M. Gauthier (Yves): Pour gagner sa cause. Pour montrer que tout
allait bien.
M. Bourbeau: Pour montrer que?
M. Gauthier (Yves): Que le chantier allait bien.
M. Bourbeau: Que le chantier allait bien. Ah bon! Quelle a
été votre réaction devant ces arguments-là?
M. Gauthier (Yves): Je n'ai pas eu de réaction. Cela
concordait un peu avec mes idées, alors je ne me suis pas obstiné
trop trop avec lui.
M. Bourbeau: Sans vous obstiner avec lui, puisque vous avez
passé au-delà d'une heure avec lui...
M. Gauthier (Yves): Non, pardon. Pas une heure, 55 minutes. Si je
calcule le temps où je suis arrivé, cela donne 55 minutes.
M. Bourbeau: Vous vous souvenez très bien...
M. Gauthier (Yves): En 55 minutes, il a eu le temps de me donner
ce résumé.
M. Bourbeau: Avez-vous pris des notes lors de cette
réunion?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Bourbeau: Mais vous vous souvenez très bien que vous
avez été 55 minutes avec lui?
M. Gauthier (Yves): Oui, je ne veux pas dire une heure parce que
je suis arrivé en retard à la réunion. Je suis
arrivé après lui.
M. Bourbeau: Lui est allé au bureau du premier ministre,
selon les registres que nous avons...
M. Gauthier (Yves): Une heure et cinq minutes, je pense.
M. Bourbeau: Non, une heure et trente minutes.
M. Gauthier (Yves): Je ne sais pas, le 6 février, 8 h 55,
mettons 9 heures, et 10 h 30, cela ferait une heure et demie.
M. Bourbeau: Exactement une heure et demie.
M. Gauthier (Yves): Pas dans mon bureau physique, mais il
était à Hydro-Québec.
M. Bourbeau: Alors, il a été dans les bureaux
adjacents à celui du premier ministre pendant une heure et trente
minutes. Vous dites que, dans votre bureau, il a été 55
minutes.
M. Gauthier (Yves): Je dis qu'il n'était pas
nécessairement dans les bureaux adjacents au bureau du premier ministre
puisqu'il y a des pieds qui nous séparaient.
D'après moi, il est resté avec moi pas plus d'une heure.
C'est l'argumentation qu'il m'a donnée. M. le Président, je
n'emploie peut-être pas le bon terme, "argumentation", mais je sais que
cela était pour être présenté à ses
adversaires.
M. Bourbeau: À ses adversaires? M. Gauthier (Yves):
Oui. M. Bourbeau: Ou au juge?
M. Gauthier (Yves): Au juge et à ses adversaires,
c'était pour faire valoir cela devant eux.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin vous a dit, l'après-midi
même de cette visite, que le conseil d'administration de la SEBJ devait
se réunir?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Dans votre témoignage, avant-hier, au sujet
de cette réunion du 6 février, je vais citer le journal des
Débats R/1184, page 1. C'est vous, Me Gauthier, qui parliez. Si vous
voulez, je vais laisser le temps à votre procureur de retrouver le
document. Vous avez dit à ce sujet et de Me Jasmin: "...il était
venu me montrer des procédures qu'il devait présenter aux avocats
dans la journée, ou au conseil de la SEBJ. Il avait des documents. Je
n'ai pas... J'ai toujours eu l'impression, lorsque Me Jasmin venait me voir,
que c'était pour un support moral; on aurait dit qu'il venait se
pratiquer avec moi quand il allait voir les avocats ou quand il allait en cour.
Mais, le 6 février, il est venu et il avait des papiers qu'il devait
présenter aux avocats de la SEBJ, je pense. Parce que, si je me souviens
bien, il était arrivé de bonne heure le matin. Il devait s'en
aller à la cour voir les avocats adverses." Me Jasmin avait avec lui des
documents, des papiers, des procédures. Est-ce qu'il vous les a
montrés?
M. Gauthier (Yves): Non. Il m'a peut-être montré un
résumé, mais je ne me souviens pas des procédures
légales, de format légal. Non. Non, M. le Président,
excusez.
M. Bourbeau: Vous avez certainement vu des papiers puisque vous
dites qu'il avait des papiers avec lui.
M. Gauthier (Yves): Oui, je les ai vus comme je vois la pile de
papiers qu'il y a là et là, et que vous avez, mais...
M. Bourbeau: Alors, il les a montrés, mais...
M. Gauthier (Yves): II les a montrés, mais il a surtout
parlé de vive voix des arguments que je vous donne.
M. Bourbeau: II ne vous les a pas exhibés pour en faire la
lecture?
M. Gauthier (Yves): Non...
M. Bourbeau: Non.
M. Gauthier (Yves): ...M. le Président.
M. Bourbeau: Quand vous dites qu'il venait se pratiquer avec
vous, de quelle façon se pratiquait-il?
M. Gauthier (Yves): Je pense bien que... Pas dans un exercice.
Cela a été mon expression qu'il venait s'exercer, mais... Il
venait présenter son affaire et cela devait lui donner de... Pour moi,
s'exercer est une expression. Je pense bien que j'ai dit que j'avais
l'impression qu'il venait s'exercer. Je ne pense pas avoir dit qu'il venait
s'exercer de telle heure à telle heure. Il faudrait peut-être
qu'on le relise, mais cela me surprendrait que j'aie dit cela. Cela doit
être dans le même paragraphe. J'ai toujours eu l'impression que
c'était cela. Non, il n'y avait pas de répétition, il n'y
avait pas de "cue", il n'y avait rien. Il n'y avait pas de photographe ni rien
de cela.
M. Bourbeau: Alors, pourquoi Me Jasmin venait-il vous voir avant
d'aller en cour?
M. Gauthier (Yves): Vous le lui demanderez, M. le
Président. Je ne sais pas pourquoi il venait me voir.
M. Bourbeau: Non, c'est à vous que je le demande, c'est
vous qui l'avez reçu.
M. Gauthier (Yves): Je vous ai dit que j'étais un support
moral pour lui. Il venait me voir, c'est tout. J'ai l'impression qu'il est
allé en cour d'autres journées et qu'il n'est pas venu me voir,
d'après ce que je peux voir.
M. Bourbeau: II y en a quelques-unes. Mais il semble que, les
autres jours, il allait voir Me Boivin.
M. Gauthier (Yves): Ah! C'est possible. Vous demanderez à
Me Boivin.
M. Bourbeau: On le lui demandera. Mais, en ce qui vous concerne,
pour être un peu plus sérieux, Me Jasmin est venu vous voir et il
vous a...
M. Gauthier (Yves): Excusez, je suis sérieux. J'essaie de
répondre à des questions qui ne sont pas sérieuses. C'est
difficile.
M. Bourbeau: Enfin...
M. Lalonde: Pardon! Oh! Oh!
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, je ne
voudrais pas que...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui. De part et d'autre,
n'engagez pas ce débat, s'il vous plaît.
Une voix: ...un vendredi 13.
Le Président (M. Jolivet): Oui, justement, pour les
superstitieux, le vendredi 13 mai, c'est encore pire, mais il fait beau.
Profitons-en, mais, à l'intérieur, restons aussi calmes qu'on
l'était depuis le début, cela allait bien.
M. Lalonde: J'aimerais quand même, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...rappeler au témoin que le mandat de la
commission est d'examiner le rôle du premier ministre et de son bureau
dans la décision qui a été prise de régler hors
cour la réclamation de 32 000 000 $ pour 200 000 $ et qu'on est
exactement juste sur cette question du rôle du bureau du premier
ministre. Je pense que les questions doivent être extrêmement
sérieuses et demandent des réponses très sérieuses
aussi.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je pense qu'il faudrait
éviter d'embarquer dans une discussion à savoir si c'est
sérieux ou pas sérieux. Je pense que l'ensemble de la question
est sérieux, mais, ce que je veux dire, c'est que, si l'un emploie
envers l'autre des mots comme on en a entendu, cela amène des
répliques qui, à mon avis, de part et d'autre, ne sont pas
nécessaires pour les besoins de la cause.
M. le député, veuillez recommencer.
M. Duhaime: ...libéraux mis à l'amende. As-tu vu
cela?
M. Bourbeau: Me Gauthier, le 6 février, en matinée,
Me Jasmin est à votre bureau et apporte avec lui des procédures.
Vous avez dit, et je vous ai cité au texte, qu'il vient vous voir pour
se pratiquer avec vous. Vous l'avez dit d'ailleurs une autre fois avant-hier,
lors de votre témoignage, à deux reprises. Je présume que
Me Jasmin vous a fait part des arguments qu'il allait invoquer, n'est-ce
pas?
M. Gauthier (Yves): Ce sont des arguments, remarquez qu'il y en a
peut-être d'autres aussi. Je me souviens de ces arguments.
M. Bourbeau: Pourquoi vous exposait-il ses arguments à
vous?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Bourbeau: Le lui avez-vous demandé?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: En votre qualité de conseiller spécial
du premier ministre, pourquoi avez-vous accepté que Me Jasmin vienne
s'exercer avec vous?
M. Gauthier (Yves): C'est-à-dire que je ne l'ai
accepté, je l'ai subi, il était là. Il y en a d'autres qui
viennent me voir pour d'autres choses, je reçois beaucoup de monde.
M. Bourbeau: Êtes-vous obligé de subir la
présence de gens dont vous ne voulez pas?
M. Gauthier (Yves): Je pense que c'est un peu dans ma fonction de
recevoir pas mal de monde. Je reçois au moins, d'après ce que je
peux voir, un cas par jour. J'ai l'impression que personne ne viendra plus me
voir...
M. Bourbeau: Me Jasmin...
M. Gauthier (Yves): Si on voit que je parle à la
télévision, que je peux dire tout ce qui s'est dit, je vais
perdre mes clients.
M. Bourbeau: Me Gauthier, vous nous avez dit que Me Jasmin
était un ami à vous, n'est-ce pas?
M. Gauthier (Yves): Oui, M. le Président.
M. Bourbeau: Comment pouvez-vous dire que vous avez "subi" sa
présence, si c'est un ami?
M. Gauthier (Yves): Ah bien, je pense qu'on va un peu trop
loin.
M. Jutras (Germain): Attendez, j'ai une objection, M. le
Président; c'est encore une façon de déformer les paroles
du témoin.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras.
M. Jutras: M. Gauthier n'a pas dit qu'il subissait sa
présence, mais qu'il avait subi l'exercice de Me Jasmin, ce n'est pas la
même affaire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. Gauthier, dans l'exercice de vos fonctions de
conseiller spécial du premier ministre, combien d'avocats vont s'exercer
avec vous le matin de leur cause?
M. Duhaime: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Duhaime: Franchement, c'est cela qui n'est pas sérieux,
c'est niaiseux.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, d'une façon ou
d'une autre, je n'accepte pas la question.
M. le député de Laporte.
M. Gauthier (Yves): Je n'ai pas à répondre à
cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que la question est
extrêmement pertinente. Peut-être qu'on pourrait la poser
autrement, à savoir s'il y a d'autres avocats qui se sont
pratiqués avec Me Gauthier. Est-ce dans l'exercice de ses fonctions de
recevoir des avocats de la pratique privée qui viennent s'exercer devant
lui le matin avant d'aller voir leurs adversaires? On peut la poser de
différentes façons, mais c'est extrêmement important parce
que, si c'est dans l'exercice de ses fonctions et si tous les jours ou toutes
les semaines il y a des avocats qui ont des causes et qui pensent qu'ils
devraient aller se pratiquer devant Me Gauthier, cela donne un éclairage
tout à fait différent à la réunion du 6
février.
Le Président (M. Jolivet): Cependant, je dois quand
même être bien clair. J'ai compris à plusieurs occasions la
réponse de notre invité, qui a dit: J'ai eu l'impression que. La
façon dont la question est posée, c'est comme s'il avait, et
c'est différent. Ce n'est pas la même chose. En
conséquence, je ne peux pas accepter la question. Posez-la autrement et
l'on verra.
M. Bourbeau: M. Gauthier, quand Me Jasmin vous déclinait
les arguments qu'il comptait employer, est-ce que vous faisiez la critique de
ces arguments?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous répondiez à ces
arguments?
M. Gauthier (Yves): Rien, je l'écoutais et je les trouvais
bons.
M. Bourbeau: Est-ce que vous lui disiez alors que vous les
trouviez bons?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Bourbeau: Vous ne le lui disiez pas? Qui est-ce qui parlait
pendant l'heure où M. Jasmin était dans votre bureau?
M. Gauthier (Yves): Me Jasmin. M. Bourbeau: Et vous? M.
Gauthier (Yves): J'écoutais. M. Bourbeau: Pendant une heure.
M. Gauthier (Yves): Ah oui!
M. Bourbeau: Vous ne lui avez pas adressé la parole?
M. Gauthier (Yves): Oui, je lui ai adressé la parole, mais
je ne me souviens pas de ce que je lui ai dit, M. le Président.
M. Bourbeau: Vous ne vous souvenez pas du tout de ce que vous
avez dit?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Comment vous souvenez-vous exactement des arguments
que Me Jasmin a employés? Vous avez énuméré tout
à l'heure exactement les arguments, l'un après l'autre. Vous nous
avez dit qu'il a été dans votre bureau 55 minutes. Vous n'avez
pas dit 54 ou 56, mais 55 minutes.
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Bourbeau: Vous avez eu un souvenir très exact de cette
réunion et vous n'êtes pas capable de nous dire du tout ce que
vous avez répondu?
M. Gauthier (Yves): Non, je vous dis que c'est lui qui a
parlé tout le temps. Il m'a donné la liste de ses arguments ou
points de vue. Cela a duré assez longtemps, ce qu'il m'a dit
là.
M. Bourbeau: Si vous ne disiez pas un mot, enfin c'est ce que
vous dites, pourquoi...
M. Gauthier (Yves): ...excusez, excusez, ce n'est pas cela que
j'ai dit.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, je m'excuse...
M. Bourbeau: Alors, je vais reprendre ma question.
Le Président (M. Jolivet): Oui, recommencez.
M. Bourbeau: Je vais la reprendre, M. le Président. Au
sujet des arguments que vous présentait Me Jasmin, là-dessus,
vous n'avez pas répondu, c'est assez clair. Alors, pourquoi Me Jasmin
perdait-il son temps à venir faire des sparages devant vous, si vous ne
répondiez pas?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne peux, en aucune façon, accepter la question.
M. Duhaime: C'est une question qui n'est pas sérieuse.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, vous poserez la question à...
M. Lalonde: Me Jasmin...
Le Président (M. Jolivet): ...Me Jasmin...
M. Lalonde: ...si on peut.
Le Président (M. Jolivet): ...s'il vient devant cette
commission et a à répondre à des questions. (10 h 30)
M. Bourbeau: Me Gauthier, est-ce que Me Jasmin s'est
étonné du fait que vous ne l'aidiez pas dans sa pratique?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne pense pas qu'il se soit
étonné, il ne me l'a pas dit, en tout cas.
M. Bourbeau: II ne s'est pas plaint devant vous que vous ne
collaboriez pas?
M. Duhaime: M. le Président, je soulève une
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre, je vous
écoute.
M. Duhaime: Le député de Laporte est en train de
faire de la caricature. Me Gauthier, avant-hier, quand il a rendu son
témoignage, a fait, le lendemain, un commentaire sur un article en
première page, je pense, du journal Le Soleil de Québec. Il a
très bien explicité le sens de l'expression qu'il avait
utilisée. Il a dit aussi, je m'en souviens très bien: "J'ai
toujours eu l'impression..." Le député de Laporte fait maintenant
disparaître l'impression et cela devient une affirmation. Ensuite, on a
introduit dans des questions des faits, des événements et des
choses qui, non seulement ne sont jamais survenus, mais dont personne ne
connaît même l'existence, pour tenter, je ne dirais pas de
discréditer, parce que cela me paraît très évident,
mais de caricaturer la version des faits que rend ici, ce matin, Me Gauthier.
Je voudrais juste rappeler au député de Laporte qu'hier
après-midi, il ne se rappelait même pas des questions qu'il
avaient lui-même posées quelques heures auparavant.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
ministre, n'entrez pas dans.... M. le ministre, M. le ministre...
M. Duhaime: Si on veut faire un reproche à
quelqu'un...
Le Président (M. Jolivet): ...n'entrez pas dans...
M. Bourbeau: C'est absolument faux, le président l'a dit
d'ailleurs.
M. Duhaime: ...sur des événements qui sont survenus
il y a plusieurs années...
M. Bourbeau: D'ailleurs, le Président a dit lui-même
que c'était faux.
M. Duhaime: ...je pense qu'il y a lieu peut-être de
nuancer. Je serais assez embêté de vous raconter ce que j'ai
fait...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, M. le
ministre...
M. Duhaime: ...le 6 février pendant 55 minutes, entre 11
heures et midi, franchement, soyez donc sérieux!
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, votre point de
règlement étant fait, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais simplement que
vous compreniez et qu'on comprenne tous quel est le problème du
député de Laporte pour poser des questions sur une réunion
de 55 minutes au sujet de laquelle le témoin se souvient exactement de
ce que l'autre a dit, mais pas du tout de ce qu'il a dit. Est-ce que c'est une
pratique? Est-ce que c'est une discussion? C'est pour cela qu'il est
obligé de rafraîchir la mémoire du témoin. La
caricature, ce n'est pas la question du député de Laporte, c'est
un peu l'impression de la description de ce
qui s'est passé. Quand le témoin dit qu'il ne se souvient
pas du tout de ce qu'il a dit, mais qu'il se souvient très bien qu'il
est arrivé après Me Jasmin, que cela a duré 55 minutes,
qu'il se souvient de tous les arguments que Me Jasmin a donnés et qu'il
ne se souvient pas du tout de ce qu'il a dit, ce n'est pas facile pour le
député d'essayer d'avoir la description de ce qui s'est
passé.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras, sur cette
question.
M. Jutras: M. le Président, pour le bénéfice
des députés, je ne pense pas que le témoin ait dit qu'il
se souvenait exactement de ce que M. Jasmin lui avait dit. Il a raconté
quelques arguments que M. Jasmin lui a donnés. Quant à l'heure de
visite, il y a une bonne indication qui lui est donnée par un document
que vous avez déposé à la commission et dont vous lui avez
remis copie. Ce document indique une heure d'arrivée et une heure de
sortie et peut expliquer le temps qu'il raconte pour la visite de M.
Jasmin.
M. Lalonde: Oui, mais...
M. Jutras: Je suis convaincu que, n'eût été
de ce document-là, il n'y a personne qui aurait pu se souvenir du temps
d'une visite survenue il y a cinq ans, à moins de l'avoir noté
dans son agenda.
M. Lalonde: Très bien, mais le témoin se souvient
qu'il est arrivé après.
M. Jutras: Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): Tout comme la question du
paletot, hier. D'une façon ou d'une autre, ce sont des choses qui sont
possibles.
M. Duhaime: C'est comme les pitons.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
Une voix: Les pitons à Fernand.
Le Président (M. Jolivet): Tout ce que je demande au
député de Laporte, c'est de poser ses questions en ne faisant pas
des affirmations, dans ses questions, qui n'ont pas été faites
par l'invité qui est devant nous. Et je pense que c'est bien clair pour
tout le monde qui écoute attentivement le déroulement des
questions qui ont été posées et des réponses qui
ont été données. Notre invité a dit: J'ai eu
l'impression que... Alors, au moment où le député dit:
Dans la pratique qu'il a exercée devant vous, ce n'est pas cela qui a
été dit dans la réponse qui a été
donnée. Il faut quand même être honnête envers
l'invité qui est devant nous, qui doit nous apporter un
éclairage, mais qui ne doit pas être considéré comme
un accusé. On a souvent répété cela. M. le
député de Laporte, en faisant attention à la façon
dont vous posez vos questions.
M. Bourbeau: M. le Président, je vous assure que je fais
attention, mais ce n'est pas toujours très facile...
Le Président (M. Jolivet): Ah!
M. Bourbeau: ...parce que la mémoire est courte dans ce
cas-ci, M. le Président. Tout à l'heure...
M. Jutras: C'est un commentaire auquel je m'oppose, M. le
Président. Si vous regardez votre règlement, à 168, il est
bien clair qu'on ne peut pas suggérer, dans des questions, des
hypothèses, des opinions, ou quoi que ce soit, des imputations de
motifs...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, ça va, Me
Jutras. C'est pour cela que j'en ai fait mention au député. Mais
je crois que tout le monde - que ce soit notre invité, comme il l'a fait
tout à l'heure, ou le député qui le questionne ce matin -
doit éviter de faire la dernière partie de son intervention en
faisant des affirmations. La personne qui est devant nous, parce qu'elle a
prêté serment, doit quand même être
considérée. Je pense que notre invité a droit à ses
privilèges et nous n'avons pas le droit, comme membres de cette
commission, de les brimer de quelque façon que ce soit.
M. le député de Laporte, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, Me Gauthier a employé le mot "s'exerçait". Alors, je
peux peut-être employer le mot "s'exercer" plutôt que "pratiquer".
Cela va peut-être régler le problème...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, ce
n'est pas ce qu'il a dit. Il a dit: J'avais l'impression qu'il
s'exerçait. Je pense que vous devriez dire tout cela pour bien faire
comprendre la question. Si vous faites autre chose que cela, c'est dommage,
mais je vais être en désaccord longtemps avec vous.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: II a dit qu'il avait l'impression que le
témoin venait s'exercer avec lui.
Une voix: Se pratiquer.
M. Bourbeau: Mon collègue dit: "se pratiquer". Tout
à l'heure, il a dit "s'exercer". Disons qu'on peut s'entendre sur
les deux mots.
Hier, dans votre témoignage - avant-hier, plutôt - Me
Gauthier, lorsque l'honorable ministre vous a questionné, au
début de votre témoignage, il vous a posé la question
suivante - c'est au ruban 1184, page 1, dernière ligne. "M. Duhaime:
Est-ce que vous avez souvenir de ce document... "M. Gauthier (Yves): "Bien non.
"M. Duhaime: ...dont il vous aurait saisi, ou porté à votre
connaissance? "M. Gauthier (Yves): Pas du tout. Je ne comprenais rien
là-dedans. "M. Duhaime: Pardon? "M. Gauthier (Yves): Je ne comprenais
rien dans les documents qu'il me... - évidemment, vous parliez de Me
Jasmin - C'était sa procédure qu'il voulait faire."
Je termine ici, le reste n'est pas important pour ma question. Vous avez
déclaré que vous ne compreniez rien dans les documents que Me
Jasmin vous montrait...
M. Duhaime: Non, non, non, non. Je m'excuse, franchement...
M. Bourbeau: Je le cite encore... M. Duhaime: Vous allez
le relire.
M. Bourbeau: "Je ne comprenais rien dans les documents qu'il
me... C'était sa procédure qu'il voulait faire."
M. Duhaime: Bon, voilà.
M. Bourbeau: Si vous ne compreniez rien dans les documents de Me
Jasmin et dans la procédure qu'il voulait faire, pourquoi Me Jasmin
venait-il vous consulter?
M. Gauthier (Yves): Je n'en ai aucune idée. Vous le
demanderez à Me Jasmin.
M. Bourbeau: Avez-vous demandé à Me Jasmin pourquoi
il venait vous consulter?
M. Gauthier (Yves): Non, pas du tout. Comme je vous l'ai
déjà dit, c'est un ami et cela ne me dérangeait pas qu'il
vienne.
M. Bourbeau: Cela ne vous dérangeait pas, mais, à
titre de conseiller spécial du premier ministre, est-ce que cela ne vous
causait pas des problèmes?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne crois pas, parce que je
reçois beaucoup de monde et ces gens ont bien d'autres choses à
dire. En fait, c'est un peu cela. Où je m'en vais, et je ne veux pas
trop parler non plus, c'est qu'il y a des personnes autres que Me Jasmin qui
sont venues au bureau. Il y a peut-être des personnes parmi vous autres
ou de vos amis qui sont venus. Je n'aimerais pas être obligé un
jour de dire cela, mais, comme ça va là, il n'y a plus de secret
dans mon affaire, dans mes fonctions. C'est seulement cela que je
déplore; mais ceci est un aparté, oubliez-le.
M. Lalonde: Non, on est intéressé à savoir
quels députés sont allés dans votre bureau.
M. Gauthier (Yves): II me faisait plaisir de recevoir Me Jasmin,
comme il me fait plaisir de recevoir d'autres personnes. Je pense bien que mon
rôle est de recevoir du monde. Je ne leur demande pas un
résumé de ce dont ils veulent me parler avant qu'ils arrivent. Je
vais peut-être le faire à l'avenir, mais je pense bien... Je veux
bien assurer que Me Jasmin serait venu - il venait - ou que d'autres seraient
venus, je les aurais reçus. Je le concevais comme cela. Ce
n'était pas à moi de dire aux gens: Je ne vous reçois pas,
dites-moi ce dont vous voulez me parler par lettre. Je pensais que je rendais
plus service en le faisant tout de suite. C'est tout.
M. Bourbeau: De toute façon, en ce qui me concerne - je
parle pour moi - si vous voulez dire tout ce que vous savez, il n'y a aucun
problème.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, je ne le permettrais pas. Si cela peut piquer votre curiosité,
cela ne pique certainement pas la mienne en vertu du mandat de la
commission.
M. Lalonde: C'est M. Gauthier qui a suggéré...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, je le sais, mais je
ne le permettrais pas, de toute façon. Il a dit que c'était un
aparté. M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Quand Me Jasmin vous donnait l'impression qu'il
s'exerçait et qu'il pratiquait ses arguments avec vous, est-ce que Me
Jasmin était au courant que vous ne compreniez rien dans les
documents?
M. Gauthier (Yves): C'est-à-dire que je ne comprenais rien
dans les documents, mais je comprenais sa parole, par exemple.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que cela lui donnait, puisque vous ne
compreniez pas?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, moi. Je sais que je
comprenais ses arguments. J3 ne m'y connais pas en procédure et je
n'étais pas pour commencer à jouer à l'avocat à mon
âge, mais, quand il parlait, je le comprenais. Je ne comprenais pas les
procédures, et s'il y en avait, je ne
m'en souviens pas au juste, mais je me souviens que, de vive voix, il
m'avait donné cela.
M. Bourbeau: Quelle différence y avait-il entre le contenu
des procédures et les arguments de Me Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, M. le Président,
parce que je n'ai pas regardé les procédures plus qu'il ne le
faut. Je les ai prises et je les ai mises là, mais j'ai
écouté ce qu'il avait à me dire.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin vous a remis une copie de ces
documents?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il a laissé dans votre bureau une
copie des procédures?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il laissé une copie des
papiers?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: La rencontre du 6 février au cours de
laquelle vous avez eu l'impression que Me Jasmin venait "pratiquer" ses
arguments dans votre bureau, comment s'est-elle terminée?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas.
M. Bourbeau: Mais vous vous souvenez qu'elle a duré 55
minutes?
M. Gauthier (Yves): J'ai dit 55 minutes, parce que je sais que je
suis arrivé en retard. Je reçois quelquefois du monde chez nous
le matin, des gens qui ne veulent pas venir au bureau; ils se rendent à
leur travail, ils arrêtent à la maison. C'est une habitude que
j'avais prise quand j'étais notaire, je recevais des gens autant au
bureau, à la Place Crémazie, que chez nous.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin vous a dit qu'il venait vous
rencontrer ou s'exercer ou pratiquer, selon le terme, parce que vous
étiez conseiller spécial du premier ministre?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: A-t-il fait allusion au cours de cet entretien aux
négociations qui étaient en cours en vue de régler la
cause à la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Non, pas aux négociations.
M. Bourbeau: Au moment où l'entretien a eu lieu, le
procès était toujours en cours; on était au 6
février 1979, mais, parallèlement, des négociations
étaient en cours, on a appris cela ici depuis ce temps. Est-ce que les
entretiens que vous avez eus avec Me Jasmin portaient uniquement sur les
arguments qu'il voulait invoquer à l'égard du procès ou
également sur les négociations qui étaient en cours?
M. Gauthier (Yves): Non, pour autant que je suis concerné
et que je me rappelle, c'était pour ces raisons.
M. Bourbeau: Ces raisons, est-ce qu'il les a invoquées
dans le but d'aller les plaider devant le juge ou d'aller les plaider devant
ceux qui pouvaient régler la cause?
M. Duhaime: M. le Président, pour faire une question de
règlement, si le député de Laporte n'a pas d'autres
questions, on pourrait peut-être passer à autre chose.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. La question est mal
posée et irrecevable. D'une façon ou d'une autre, la question
n'est pas recevable, de la façon qu'elle est posée.
M. Duhaime: Ce qui se passe dans le cerveau de quelqu'un, c'est
bien embêtant des fois.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. Gauthier, parmi les arguments que Me Jasmin vous
a énoncés le matin du 6 février, vous avez fait
état tout à l'heure que la plupart de ces arguments portaient sur
la stabilité du chantier. Vous avez dit que le chantier était
contrôlé, qu'il n'y avait plus de saccage sur le chantier, que la
paix était revenue. Est-ce que Me Jasmin vous a dit que ces arguments,
il était pour les employer devant le juge à la cour?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier, la seule chose
à ajouter en ce qui concerne les questions, c'est qu'elle a
été posée tout à l'heure, cette question.
M. Lalonde: Non, pas celle-là.
M. Gauthier (Yves): Cela ne me dérange pas d'y
répondre, il n'en a pas été question.
Le Président (M. Jolivet): Peut-être pas de la
même façon. D'accord, allez-y. Donc, vous avez répondu non,
c'est ce que j'ai compris.
M. Gauthier (Yves): Oui, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, une question de
règlement au sujet de ce que vous venez de dire là. J'aimerais
souligner que le témoin a fait porter l'essentiel de cet entretien sur
la question de la relative paix sociale sur le chantier, je crois que c'est
l'essentiel des arguments que Me Jasmin a invoqués ce matin-là.
Je pense que c'est tout à fait...
M. Gauthier (Yves): Non, ce n'est pas cela.
Le Président (M. Jolivet): Excusez. Allez donc!
M. Gauthier (Yves): Je veux tout de même corriger. Il a dit
que cela portait essentiellement sur la paix sociale; j'ai
énuméré d'autres arguments. Il m'en a certainement
nommé d'autres. Je pourrais toujours y penser, mais vous me demandez
cela à brûle-pourpoint. Mais la paix sociale, c'est un aspect de
la chose. Je pense plutôt qu'il m'a parlé plus longtemps de
l'ouverture du chantier, qui avait été retardée pour
certaines raisons que je n'ai pas à dire et qui ne dépendaient
pas de nous, c'est tout.
M. Bourbeau: Est-ce que l'argument de la capacité de payer
des défendeurs a été invoqué?
M. Gauthier (Yves): Peut-être pas à ce moment, mais
il avait déjà été invoqué depuis
longtemps.
M. Bourbeau: À votre souvenir, ce matin-là... (10 h
45)
M. Gauthier (Yves): Non. Ce matin-là, je ne peux dire
qu'il l'a mentionné. Il l'a peut-être fait, mais je ne m'en
souviens pas, M. le Président.
M. Bourbeau: En tant que conseiller spécial du premier
ministre, à la suite de cette réunion, quelle a été
votre réaction?
M. Gauthier (Yves): Aucune, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin vous a demandé de poser
un geste quelconque lors de cette réunion?
M. Gauthier (Yves): S'il a posé un geste quelconque?
Le Président (M. Jolivet): Non. S'il vous a demandé
à vous de poser un geste quelconque.
M. Gauthier (Yves): Non, non. Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Quand Me Jasmin vous a décliné ses
arguments, est-ce que vous avez fait valoir le point de vue de la
Société d'énergie de la Baie James?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président. D'abord, je ne
les connaissais pas.
M. Bourbeau: Vous ne connaissiez pas qui?
M. Gauthier (Yves): Les arguments qui étaient
invoqués par la Société d'énergie de la Baie
James.
M. Bourbeau: Je ne demandais pas quels étaient les
arguments que la Société d'énergie de la Baie James
invoquait. Je vous ai demandé si vous avez invoqué des arguments
à vous pour défendre les intérêts de la SEBJ.
M. Gauthier (Yves): Non, non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin vous a dit, lors de cette
réunion, qu'il avait transmis la veille un projet de règlement de
125 000 $ qui devait être étudié le jour même au
conseil d'administration de la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Non, il ne m'a pas parlé de document.
Non.
M. Bourbeau: Je ne parle pas de document; je parle d'un projet de
règlement de 125 000 $.
M. Gauthier (Yves): Ah! Non, non, non.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il a été question que, le
jour même, le conseil d'administration de la SEBJ se
réunissait?
M. Gauthier (Yves): II n'en a pas été question,
mais je l'ai appris ici.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez fait rapport au premier
ministre de cette rencontre?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez fait rapport à Me
Jean-Roch Boivin, son chef de cabinet?
M. Rodrigue: M. le Président, question
de règlement.
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
Une voix: La question a déjà été
posée.
Le Président (M. Jolivet): Non, je m'excuse. J'accepte
cette question parce que cela a été en question
générale au départ et, à chacune des
réunions, il a posé la même question. Je ne la refuserai
pas.
M. Rodrigue: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Vimont.
M. Rodrigue: Vous n'aviez pas entendu ma question de
règlement?
Le Président (M. Jolivet): Non, non.
M. Rodrigue: Peut-être que vous en avez
présumé.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'était pas la
vôtre que j'entendais.
M. Rodrigue: Ah! Je m'excuse. Effectivement, M. le
Président, je pense que c'est la troisième ou la quatrième
fois que cette question est posée par rapport à l'entrevue qu'a
eue...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
justement, j'avais compris que c'était votre question de
règlement, puisque quelqu'un de votre côté m'avait
soufflé. Et je l'avais bien comprise.
M. Rodrigue: Ah bon!
Le Président (M. Jolivet): J'ai dit qu'en
général la question a été posée. Maintenant,
c'est particulier au niveau de chacune des réunions et je ne peux les
refuser.
M. Rodrigue: Alors, vous avez statué sur la question de
règlement sans l'entendre. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Non, je l'avais entendue, mais
par des échos.
M. Rodrigue: Enfin, pas que je sache.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Me Gauthier, trois jours plus tard, le 9
février 1979, Me Jasmin, l'avocat des syndicats québécois
et votre ancien avocat quand vous étiez président dusyndicat, et Me Jean-Paul Cardinal se sont rendus au bureau du premier
ministre rencontrer Me Jean-Roch Boivin. Est-ce que vous avez eu connaissance
de ces visites?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que vous-même ce jour, le 9
février, n'auriez pas rencontré Me Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne le pense pas, M. le
Président.
M. Bourbeau: En fouillant dans votre mémoire, vous ne vous
souviendriez pas que ce jour, le 9 février...
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Bourbeau: ...Me Jasmin est allé vous voir?
M. Gauthier (Yves): Je peux bien fouiller, mais je pense que j'ai
déjà fait pas mal de fouillage jusqu'à maintenant et cela
ne me dit rien.
M. Bourbeau: Me Gauthier, le 16 février, quelques jours
plus tard - c'était quatre jours avant la déclaration du premier
ministre en cette Chambre lorsqu'il a dit que, ni de près ni de loin, le
règlement ou partie de règlement n'avait eu lieu dans son bureau
- vous avez reçu, vous, dans votre bureau, dans les bureaux du premier
ministre, rue Dorchester, à Montréal, deux personnes. Vous avez
reçu un M. Yvan Latouche et vous avez reçu Me Michel Jasmin, qui
était l'avocat des syndicats québécois. Combien de temps
ont duré ces rencontres?
M. Gauthier (Yves): Ici, on dit de 10 h 09 à 11 h 43. M.
Michel Jasmin, de 10 h 23 à 11 h 43.
M. Bourbeau: Je pense que nous n'avons pas les mêmes
renseignements.
M. Gauthier (Yves): Pardon?
M. Bourbeau: J'ai dit: Je pense que nous n'avons pas les
mêmes renseignements.
M. Gauthier (Yves): Ah, c'est la feuille qui m'a
été remise par... Le 16 février?
M. Bourbeau: Oui, oui.
M. Gauthier (Yves): Pour Yves Gauthier, Yvan Latouche, de 10 h 09
à 11 h 43.
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Gauthier (Yves): Le 16 février, pour Yves Gauthier,
Michel Jasmin, de 10 h 23 à
11 h 43.
M. Bourbeau: Sur la feuille que j'ai ici, c'est Michel Jasmin, de
10 h 23 à 16 heures.
M. Gauthier (Yves): À 16 heures? Ce n'est pas cela que
j'ai ici.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Gauthier (Yves): Vous n'avez pas eu la même feuille pour
moi, quelque part.
M. Bourbeau: Non.
M. Gauthier (Yves): II y a eu un petit mélange.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a vraiment quelque
chose qui ne fonctionne pas parce qu'on a une feuille qui émane du
bureau du premier ministre et qui nous dit que, le 16 février, Me Michel
Jasmin a été au bureau de Me Yves Gauthier de 10 h 23 à 16
heures.
M. Gauthier (Yves): Voulez-vous voir ma feuille?
M. Lalonde: 16 heures.
M. Bourbeau: 16 heures exactement. Pardon?
M. Gauthier (Yves): Je peux passer ma feuille.
Le Président (M. Jolivet): En fait, pour le moment, ce que
nous avons de déposé devant nous, ce sont les heures qui nous ont
été données par le bureau du premier ministre.
Effectivement, en date du 27-04-1983...
M. Gauthier (Yves): Le 27?
Le Président (M. Jolivet): ...on parle de 16 heures.
M. Gauthier (Yves): Le 16 février? Le Président
(M. Jolivet): Oui. M. Bourbeau: Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): Ce que vous avez entre les
mains, c'est le document. Quelles sont les signatures?
M. Gauthier (Yves): Mais non, c'est indiqué Yves Gauthier,
puis on a souligné en rouge les endroits où j'avais
rencontré Michel Jasmin et, une fois la même journée, le 16
février, Yvan Latouche.
Le Président (M. Jolivet): Peut-on en avoir une
photocopie?
M. Gauthier (Yves): La voici, elle est ici.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est sur le papier du bureau du premier
ministre?
M. Jutras: Peut-on avoir une photocopie de votre document?
Le Président (M. Jolivet): Oui, on peut vous en faire
parvenir une.
M. Bourbeau: La mienne est annotée. Est-ce que
quelqu'un...?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de
problème. Je pense que le secrétaire des commissions doit avoir
ce document. Donc, les gens du Secrétariat des commissions vont lui
faire parvenir la deuxième copie.
M. Gauthier (Yves): D'accord. M. Tremblay: M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Chambly.
M. Tremblay: ...il va falloir retourner au registre pour
clarifier cette situation.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, il faudra certainement trouver un moyen de concilier l'une et
l'autre.
M. Lalonde: Peut-on inviter le registre ici?
Le Président (M. Jolivet): Pour permettre les
vérifications, avez-vous d'autres questions? On pourrait revenir sur
cette question.
M. le député de Laporte, d'accord, allez-y donc.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien commencer, mais
je ne sais si je ne devrai pas m'arrêter à un moment donné,
parce qu'il est bien évident que, si la rencontre avec Me Jasmin a
duré de 10 h 23 à 16 heures, c'est une rencontre qui est plus
longue; en fait, elle aurait été de cinq heures. Dans l'autre
cas, c'est un heure trente; remarquez que c'est encore une bonne rencontre.
M. Duhaime: II faut faire attention, M. le
député.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Vous le savez très bien; ces heures qui sont
indiquées ici ont sans doute été inscrites par une
personne que je ne connais pas, en tout cas, et on ne peut pas dire qu'une
rencontre a duré de telle heure à telle heure correspondant
à l'heure de l'entrée et de la sortie. Ce qui est inscrit ici et
qui a été déposé par le premier ministre à
la demande de l'Opposition, c'est la transcription de ce qui est
retrouvé au registre. C'est tout ce qu'on peut en dire. Que ce soit une
erreur ou non, on va le vérifier. Je ne sais pas si on va pouvoir
retrouver le nom de la personne qui a fait ces écritures, mais, si elle
en fait 58 par jour depuis trois ou quatre ans, j'ai l'impression...
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, les questions que le député de Laporte a à poser,
s'il veut les poser, eu égard au fait que ce qu'il voulait demander peut
être utile encore ou s'il veut les retarder, c'est son choix le plus
strict.
M. Bourbeau: Je suis obligé de me fier à la parole
du premier ministre. Sur le papier du premier ministre ici, c'est
indiqué 16 heures.
M. Duhaime: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, je vais quand
même essayer de trouver une solution...
M. Duhaime: Vous allez retirer cela, en tout cas.
Le Président (M. Jolivet): ...à ce problème.
Je pense qu'il peut y avoir des erreurs humaines qui se sont produites; il faut
le vérifier. Arrêtons de vouloir faire autre chose qu'une
possibilité d'erreurs. Vous vous souvenez d'une lettre qui faisait
mention de la présence d'une personne ici pour le mercredi 3 mai, alors
qu'en réalité c'était le mardi 3 mai, si je ne me trompe
pas. L'erreur, c'était seulement la journée, mais la date
était bonne et l'appel avait été fait en
conséquence. Donc, des erreurs comme celles-là peuvent se
produire. Ce qui est important, c'est de vérifier s'il y a eu erreur ou
non et lequel des documents est véridique. Donc, à partir de
cela, il y a peut-être d'autres questions qui peuvent être
posées. On peut prendre le temps qu'il faut pour faire les
vérifications qui s'imposent. Il y aura d'autres moyens de poser des
questions si vous ne voulez pas poser celles-là immédiatement et
les poser plus tard. Tout ce que je veux, c'est qu'on n'accuse pas qui que ce
soit d'avoir voulu tromper quelqu'un.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Me Gauthier, combien de temps a duré la
visite de Me Jasmin à votre bureau le 16 février 1979?
M. Gauthier (Yves): Ma petite feuille n'est pas revenue.
Le Président (M. Jolivet): Elle va revenir.
M. Gauthier (Yves): D'après moi, il est venu le matin.
Quand j'ai eu faim, nous sommes allé dîner. L'affaire de quatre
heures - je ne sais pas, je ne veux pas m'embarquer - c'est peut-être
qu'on a mangé et qu'il est revenu après. Je ne le sais pas.
Une voix: C'est possible.
M. Gauthier (Yves): Pour autant que je suis concerné, on
est parti pour manger vers midi.
Le Président (M. Jolivet): Sans vouloir poser de question,
mais simplement pour donner l'information: de la même façon que
cela s'était produit dans un autre cas où il était
revenu...
M. Gauthier (Yves): Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): ...chercher un paletot. L'heure
de sortie, c'est l'heure où il resigne en partant.
M. Gauthier (Yves): Oui, lorsque nous sommes allés
dîner, il a dû dire: Je vais revenir. Je ne le sais pas. Que ce
soit 16 heures, je ne le sais pas. Je ne pense pas qu'on ait parlé
durant quatre heures, cela me surprendrait.
M. Bourbeau: Quel était le but de la visite de Me Jasmin
à votre bureau le 16 février 1979?
M. Gauthier (Yves): II n'y en avait pas, de but, d'après
moi.
M. Bourbeau: Pourquoi était-il dans votre bureau?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. J'aimerais bien cela que
vous le lui demandiez. Je vais vous relire mon texte, je ne peux pas voir
autrement. Vous faites allusion à M. Latouche à ce
moment-là.
M. Bourbeau: Mais non, je ne fais aucune allusion à M.
Latouche.
M. Gauthier (Yves): C'est la journée où il est venu
avec M. Latouche.
M. Bourbeau: Je vous demande ce que Me Jasmin est venu faire dans
votre bureau
le 16 février 1979.
M. Gauthier (Yves): D'après moi, il n'est venu rien
faire.
M. Bourbeau: Sans regarder votre papier, d'après votre
mémoire à vous.
M. Gauthier (Yves): Je n'ai pas besoin de mon papier pour dire
que je ne sais pas ce qu'il est venu faire. Il y a des possibilités qui
sont plausibles et je peux en énumérer plusieurs. Exactement ce
qu'il est venu faire, je ne le sais pas.
M. Bourbeau: Dix jours plus tôt, soit le 6 février,
vous aviez exactement la mémoire de ce qui s'est passé, les
arguments, les heures.
M. Gauthier (Yves): Oui. Je n'avais pas les heures
complètes.
M. Jutras: Je veux soulever une objection, parce que le
témoin a répondu. C'est l'impression que le député
de Laporte retire que monsieur avait une mémoire complète. Le
témoin a répondu et il faut s'en tenir à ses
réponses. Il a dit qu'il ne se souvenait pas de plusieurs choses. Il se
souvenait des heures uniquement parce qu'elles étaient
mentionnées dans un document qu'on lui avait remis.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement, je suis obligé de différer d'opinion parce que,
sur la feuille des entrées et des sorties à l'égard de la
réunion du 6 février, ce n'était pas indiqué 55
minutes, mais 1 heure trente. C'est le témoin lui-même qui, de par
sa propre mémoire, se souvenait que ce n'était pas 1 heure
trente, mais 55 minutes. Ce n'est pas dans les documents.
Le Président (M. Jolivet): Mais, M. le
député...
M. Gauthier (Yves): C'est parce que j'ai une raison.
Le Président (M. Jolivet): ...sans vouloir relire la
transcription, ce que j'ai compris au niveau de la réponse, c'est qu'il
a dit: Je n'ai pas été tout le temps là et je donne une
réponse de 55 minutes. Mais est-ce que c'est 53, 56? Je pense qu'il a
dit environ une heure. Il a donné 55 minutes pour dire environ une
heure. C'est ce que j'ai compris.
M. Gauthier (Yves): C'est cela, M. le Président.
M. Bourbeau: Alors, la réunion...
M. Gauthier (Yves): Pour l'affaire de 16 heures ou de telle
heure, je ne le sais pas. Je vous dis bien franchement, M. le Président,
que je ne le sais pas.
M. Bourbeau: Me Jasmin était dans votre bureau le 16
février 1979; est-ce que vous avez souvenance de cela?
M. Gauthier (Yves): Oui, oui.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez souvenance de l'objet de sa
visite?
M. Gauthier (Yves): Non, je n'en ai pas la souvenance.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pouvez nous dire de quoi il a
été question?
M. Gauthier (Yves): Oui. Il est entré. Il y avait eu M.
Latouche qui était arrivé avant. Me Jasmin est entré. M.
Latouche était venu me voir parce qu'il se plaignait qu'il avait
été congédié illégalement et qu'il avait un
dossier à me montrer. Est-ce que c'est moi qui aurais appelé Me
Jasmin pour qu'il vienne? Je ne le sais pas. Est-ce qu'il est venu par hasard?
Cela me surprendrait. Il est peut-être venu voir une autre personne. Il
faudrait regarder sur la liste. Il est peut-être venu voir un autre type
au bureau. Je ne le sais pas. J'avais l'impression que les deux se
connaissaient. (11 heures)
J'ai beau chercher... Ne vous imaginez pas que je n'ai pas
cherché pour trouver cette affaire-là. J'avais l'impression quand
Me Jasmin est entré qu'ils se connaissaient, M. Latouche et lui. J'ai
même l'impression que M. Jasmin m'avait déjà parlé
de ce gars-là, mais je ne sais pas pourquoi; j'aimerais bien le savoir.
Cela me chicote bien plus que vous autres. Comment se fait-il que ce type est
là? Est-ce que c'est un "chum" ou s'il est venu par hasard? M. Latouche
m'avait appelé la veille. J'ai parlé deux fois à M.
Latouche, une fois avant qu'il vienne et une fois après qu'il est venu.
D'après ce que je pense, Me Jasmin l'avait déjà vu;
peut-être pas à son bureau ou je ne sais quoi. Ils semblaient se
connaître. D'habitude, je ne lis pas les journaux ou ces
choses-là, mais, apparemment, M. Latouche disait qu'il ne le connaissait
pas; alors, je ne peux pas argumenter bien longtemps. Mais je sais qu'il est
venu quand M. Latouche était là.
M. Bourbeau: Est-ce qu'ils sont entrés tous les deux
ensemble dans votre bureau?
M. Gauthier (Yves): Non, M. Latouche est arrivé avant.
M. Bourbeau: M. Gauthier, on me remet à l'instant la
photocopie du document que
vous avez. Pouvez-vous nous dire qui a préparé ce
document?
M. Gauthier (Yves): Excusez?
Le Président (M. Jolivet): Le document que vous aviez
entre les mains, qu'on a fait photocopier, est-ce que vous avez reçu
l'original?
M. Gauthier (Yves): Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Qui a
préparé ce document?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, c'est au bureau du premier
ministre, soit M. Tremblay. Je ne le sais pas. La feuille que je vous ai
passée?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas; je pense que c'est
Lise-Marie Laporte qui me l'a donnée.
M. Duhaime: M. le Président...
M. Gauthier (Yves): Est-ce que les heures coïncident?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...pour régler le problème, je
demanderai qu'on fasse des vérifications. S'il faut déposer une
copie du registre, on la déposera. Autrement, cela va "tataouiner",
comme je connais mes amis à ma gauche, cinq heures de temps pour trois
heures.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
ministre. D'une façon ou d'une autre, sur cette question, le ministre
dit qu'ils feront les vérifications qui s'imposent, quitte à
déposer le registre lui-même. Maintenant, je sais que le
député de Laporte a peut-être autre chose à dire; je
vais lui donner l'occasion de le faire.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement, il est bien évident que la meilleure preuve, c'est
celle qu'on cherche. Si on avait l'original, ce serait encore mieux. En tant
que notaire, évidemment, j'aime bien les originaux, mais on a deux
documents ici. Il y en a un, la photocopie, qui provient de M. Gauthier et qui
dit que la sortie de Me Jasmin était à 11 h 43 du matin, ce qui
veut dire que la rencontre aurait duré une heure trente minutes.
Une voix: M. le Président...
M. Bourbeau: Je n'ai pas terminé...
Le Président (M. Jolivet): On va laisser M. le
député de Laporte terminer; vous reviendrez après. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: L'autre document émane du bureau du premier
ministre, puisque c'est le papier du premier ministre; l'autre n'a aucune
identification.
Le Président (M- Jolivet): D'accord, cela a
été déposé. Nous sommes d'accord avec cela.
M. Bourbeau: II y a une lettre de couverture, une espèce
de document frontispice qui dit que la sortie a eu lieu à 14 heures.
Le Président (M. Jolivet): À 16 heures.
M. Bourbeau: 16 heures, oui, plutôt 4 heures de
l'après-midi.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Bourbeau: Entre les deux documents, je ne sais pas lequel
prévaudra. Je serais porté à regarder celui sur le papier
du bureau du premier ministre.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député, je suis d'accord avec vous quant à
l'interprétation, mais je pense que le ministre a quand même une
bonne réponse à donner sur la vérification. Si on
déposait le registre, on pourrait faire la correction qui s'impose sur
cette partie.
M. Bourbeau: Un habeas corpus. M. Duhaime: Qui
vérifiera?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, on a un sérieux
problème.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Duhaime: Le bureau du premier ministre, quand on m'a fourni
les heures qui correspondaient, semble-t-il, à ce qui était au
registre... Ce n'est pas le premier ministre qui a fait le dépôt;
c'est moi qui l'ai fait, on s'en souvient, ici, en commission
parlementaire.
M. Bourbeau: Vous l'avez vérifié avant?
M. Duhaime: Je m'excuse, je vais terminer...
M. Lalonde: On s'y est fié, quand même. Le
Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! On va permettre au ministre de donner son
opinion.
M. Duhaime: Je vous ai demandé si cela correspondait aux
heures sur la feuille que vous aviez en main. On m'a fait signe que oui parce
qu'il n'y a pas eu d'explosion. Je veux expliquer qu'en faisant ce
dépôt, pas plus moi que le premier ministre, nous ne pouvons nous
porter garants que les heures d'entrée et de sortie correspondent
à la réalité. Tout ce qu'on fait, c'est déposer
devant la commission la transcription de ce qui apparaît au registre.
C'est la seule preuve qu'on peut faire. Je vais faire faire une nième
vérification et, s'il est maintenu que c'est 16 heures, on en viendra
à la conclusion que c'est bien 16 heures qui est indiqué dans le
registre, mais si Me Gauthier dit que ce n'est pas 16 heures, on aura à
établir si on retient l'heure que mentionne Me Gauthier ou bien l'heure
du registre, à moins qu'on ne puisse retrouver le nom du citoyen ou de
la citoyenne qui a inscrit ces chiffres dans le registre et qu'il vienne le
dire devant la commission parlementaire, sous serment. Dans l'hypothèse
où il aurait cette mémoire phénoménale, lui,
pourrait nous le dire. Cela, ce serait la meilleure preuve. Le reste, c'est un
écrit, mais c'est un écrit qui est basé sur du
ouï-dire. Cela ne m'impressionne pas beaucoup comme preuve.
M. Lalonde: Nous, on vous croit, jusqu'à preuve du
contraire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Duhaime: Pardon?
M. Lalonde: On vous croit, jusqu'à preuve du
contraire.
M. Duhaime: Ah! Je pensais que vous me croyiez sur parole. Vous
êtes très gentil et je vous en suis très reconnaissant.
M. Lalonde: Je vous crois sur parole et sur écrit, en
plus, mais jusqu'à preuve du contraire. Là, on voit que votre
écrit est contredit par le témoin.
M. Duhaime: C'est cela. Mais ce n'est pas le mien, ce n'est pas
mon écrit, M. le Président, qu'on se comprenne bien.
M. Lalonde: Mais c'est vous qui l'avez déposé.
M. Duhaime: Allez au diable, si vous ne comprenez rien.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, il est réel que nous avons un sérieux problème
quant à l'heure de sortie finale dans ce cas-là. Nous avons la
parole d'une personne qui est devant nous, qui est sous serment. Nous avons un
écrit qui a été préparé pour répondre
aux besoins des gens de la commission, pour les aider à poser leurs
questions. Je pense que le député de Laporte peut continuer. On
trouvera le moyen de régler ce problème-là.
Oui, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: J'ai une question à ce sujet, au
président ou au ministre. Étant donné que, physiquement,
le bureau du premier ministre n'est pas tellement loin d'ici, est-ce qu'il y
aurait moyen que, d'ici quelques minutes, le ministre prenne les dispositions
pour qu'on fasse les vérifications?
M. Duhaime: Oui, soyez sans inquiétude. C'est
déjà en train de se faire.
M. Bourbeau: Ah bon! Très bien! M. Lalonde: Quelle
efficacité!
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous aurez la
réponse. Allez à vos questions, M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président, il faut
que toute la vérité éclate.
M. Duhaime: Je tiens pour acquis que c'est en train de se faire.
En supposant que mes auditeurs normaux sont là.
M. Lalonde: C'est gentil pour ceux qui nous écoutent.
M. Duhaime: Bien oui.
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Bourbeau: Au sujet de la rencontre, M. Gauthier, du 16
février, à votre bureau, vous nous avez dit tout à
l'heure, je crois, que Me Jasmin est entré dans votre bureau au moment
où M. Latouche y était. Est-ce exact?
M. Gauthier (Yves): Oui, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est vous qui avez convoqué Me
Jasmin pour entrer dans votre bureau, qui l'avez demandé?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, M. le Président. Je
pense que j'ai déjà répondu à cela, mais...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Gauthier (Yves): ...cela n'est pas
grave. Je ne le sais pas. Je ne m'en souviens pas.
M. Bourbeau: Alors, Me Jasmin était en dehors de votre
bureau et, à un moment donné, il est entré?
M. Gauthier (Yves): Cela, c'est pas mal évident.
M. Bourbeau: Mais je pense qu'il est intéressant de le
dire, quand même. Est-ce que Me Jasmin, au moment où il est
entré dans le bureau, vous a dit pourquoi il venait vous voir?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président. Comme je vous l'ai dit, c'est peut-être moi qui lui
avais dit de venir, c'est peut-être lui qui a dit: Je vais y aller. Je ne
le sais pas. J'aimerais bien être capable de vous répondre. Si
cela vous chicote, vous autres, cela me chicote encore bien plus. C'est moi qui
suis assis ici et qui réponds. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Bourbeau: M. Latouche, lui, était dans votre bureau
depuis un certain temps?
M. Gauthier (Yves): Si on se fie aux papiers, cela n'a plus l'air
certain. Il aurait été au bureau à 10 h 09. Je l'ai
peut-être reçu plus tard. Mais je sais que, quand j'étais
là avec M. Latouche, Me Jasmin est arrivé après. Cela, je
le sais. Je m'en souviens parce qu'ils avaient l'air de deux gars qui se
connaissaient.
M. Bourbeau: À la demande de qui avez-vous
rencontré M. Yvan Latouche?
M. Gauthier (Yves): À la demande de Daniel Latouche, son
cousin. Et je pense aussi, mais, je ne veux rien affirmer... Je me demande si
M. Jasmin ne m'avait pas déjà demandé de le recevoir en
disant qu'il l'avait déjà vu et que le gars était mal
pris. Mais, de cela, je ne suis pas sûr. J'aimerais bien vous rassurer,
mais j'en ne suis pas capable. Je sais que M. Daniel Latouche m'a
demandé de le recevoir. Et je pense que ce n'est pas seulement au
téléphone. C'est après une réunion qu'on avait eue
je ne sais pas si c'est sur le référendum ou quoi. Il me l'a
demandé de vive voix. Il me l'a peut-être demandé au
téléphone, mais il me semble qu'en sortant d'une réunion
il m'a dit: Recevrais-tu mon cousin, mon petit cousin?
M. Bourbeau: Est-ce qu'il vous a dit pourquoi il voulait que vous
rencontriez son petit cousin?
M. Gauthier (Yves): Oui. C'est qu'il avait perdu sa position
à la SEBJ, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il vous a demandé de faire quelque
chose pour lui?
M. Gauthier (Yves): II m'a demandé de le recevoir, de
regarder son cas.
M. Bourbeau: Mais, puisqu'il avait perdu sa position, est-ce
qu'il vous a demandé de lui trouver une autre position?
M. Gauthier (Yves): Non. Il m'a dit: Veux-tu le recevoir? Il m'a
dit qu'il avait été congédié injustement.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y avait d'autres personnes
présentes à la réunion du 16 février, à
votre bureau, autres que M. Yvan Latouche et Me Michel Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce que, au cours de la réunion, une
quatrième personne est entrée dans votre bureau, à votre
connaissance?
M. Gauthier (Yves): À ma connaissance, non.
M. Bourbeau: Est-ce qu'au cours de la réunion M. Yvan
Latouche vous a remis un ou des documents?
M. Gauthier (Yves): II ne m'a pas remis de documents mais il
avait un dossier pas mal épais qui voulait me prouver qu'il avait
été mis dehors injustement et qu'il y avait certaines choses qui
ne fonctionnaient pas à Hydro-Québec, qu'il y avait
peut-être des contrats sans soumissions, des choses comme cela. Je me
souviens - j'ai pris quelques notes - qu'il avait l'organigramme de la
Baie-James, les différents postes, les différentes compagnies qui
travaillaient là. Il m'a remis un document sur M. Boyd. Le dossier
était pas mal épais. J'ai écouté ce qu'il me
disait, j'ai pris quelques notes, mais c'est à peu près tout.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il vous a remis le dossier?
M. Gauthier (Yves): J'ai l'impression qu'il ne m'a pas remis le
dossier, mais une chose dont je suis sûr, c'est que j'ai fait faire une
photocopie de l'organigramme, ainsi que du document de M. Boyd, de la
réprimande qu'il avait eue. J'en ai fait une photocopie, mais,
après cela, Jasmin m'a dit: T'es bien "toto", il y en a 10 000
copies.
M. Bourbeau: Quel usage avez-vous fait des photocopies que vous
aviez faites?
M. Gauthier (Yves): Je ne sais pas si je l'ai dit,
peut-être pas, mais l'heure du dîner arrivait et je voulais aller
manger. J'ai fait des photocopies. Je les ai peut-être lues et
jetées tout de suite après le dîner. D'ailleurs, Jasmin m'a
dit que l'affaire de Boyd ne valait pas cinq cents, que cela s'était
passé en 1972 et que tout le monde savait cela. D'ailleurs, si vous
voulez le voir, c'est dans le recueil de jurisprudence et tout est
rapporté là-dedans. Quand il me l'a donné, je l'ai
feuilleté et j'en ai fait des photocopies, et c'est après cela
que Jasmin m'a dit que cela ne valait pas cinq cents. Je l'ai parce qu'il m'a
été fourni.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez remis une copie de ces
documents-là à Me Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Je ne le pense pas; peut-être
l'organigramme. Dans le fond, M. Latouche est un nationaliste - je n'ai rien
contre cela - et avec son organigramme il me prouvait que c'étaient les
Américains qui avaient les contrats, Bechtel, etc. Je n'entrerai pas
là-dedans; je pense que cela n'a rien à faire avec notre cause et
ce n'est pas correct. J'avais fait une photocopie de l'organigramme, de cela,
ici, là. Je ne pense pas en avoir fait d'autres feuilles.
Peut-être quelques-unes, mais j'avais pris des notes. J'en ai
peut-être fait d'autres, mais je ne pense pas avoir remis quoi que ce
soit à Jasmin, surtout pas cela, parce qu'il l'avait. Il me l'a dit tout
de suite après le dîner.
M. Bourbeau: Qu'il avait le document?
M. Gauthier (Yves): II a dit: On l'a, cette affaire-là,
c'est publié à 10 000 exemplaires.
M. Bourbeau: Ah bon! Est-ce qu'il a été question,
au cours de l'entretien avec M. Latouche, du fait qu'il souhaitait obtenir un
emploi?
M. Gauthier (Yves): Je ne peux pas dire qu'il en a
été question. Je voyais bien qu'il n'avait pas de travail. Il
nous l'a dit, qu'il n'avait pas d'emploi. Je n'ai rien promis. Vous pouvez le
lui demander. Je n'ai pas dit: On va vous trouver un emploi, on va faire ceci,
on va faire cela. J'ai dit: Je vais regarder. Je pensais qu'il était
ingénieur. Il était bon. Il nous avait bien
présenté son affaire. Un bon vendeur, si vous voulez.
J'étais peut-être le poisson, mais en tout cas... J'ai
trouvé qu'il avait du bon sens. Il devait avoir à peu près
mon âge et il n'avait pas de travail. Je lui ai dit que j'essaierais de
faire quelque chose pour lui, mais je ne lui ai rien promis.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez essayé de faire quelque
chose pour lui?
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. J'essaie de
voir, en vertu, du mandat qui nous est donné, ce que vient faire la
suite de questions. J'ai laissé aller, au départ, parce que
certaines choses avaient été dites par certains invités,
mais je voudrais être bien clair: en vertu du mandat qui nous a
été accordé, c'est la question de la Baie-James. Je
voudrais bien savoir s'il y a lien de cause à effet dans cela.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. (11 h 15)
M. Lalonde: Je ne sais pas si le député de Laporte
veut en faire la démonstration, mais il me semble que c'est assez clair
que notre mandat est d'examiner les circonstances entourant la prise de
décision. Une des circonstances qui a été
alléguée dans l'article du journal qui portait l'accusation,
c'était que le bureau du premier minstre avait fourni des armes aux
adversaires, c'est-à-dire aux procureurs des défendeurs. On
mentionne justement cette réunion où, semblerait-il,
d'après les allégations, le bureau du premier ministre aurait
remis à Me Jasmin des documents et, s'il y avait eu en échange de
ces documents une promesse de trouver un emploi ou des démarches pour en
trouver, cela devient tout à fait pertinent.
M. Rodrigue: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: La question a été posée
à l'invité à savoir s'il avait utilisé ce document,
ce qu'il en avait fait. Il nous a dit: Je pense que je l'ai jeté,
finalement; en tout cas, je ne m'en suis pas servi. Cela répond à
la question que vient de soulever le député de
Marguerite-Bourgeoys concernant les "armes" qui auraient pu
hypo-thétiquement, selon l'imagination du journaliste de la Presse,
être fournies aux procureurs des défendeurs. Or, il a
répondu à cela. Il dit qu'il pense l'avoir jeté. Dans la
mesure où le témoin a déjà répondu à
cette question, je pense que de savoir si, à un moment donné, il
a fait quelque chose pour trouver un job à quelqu'un ou qu'il n'a pas
fait quelque chose pour trouver un job à quelqu'un, ou qu'il l'a
accueilli ou qu'il ne l'a pas accueilli, cela n'a rien de pertinent avec le
mandat de la commission.
M. Duhaime: Sur un autre point, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur un autre
point de règlement.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas un point de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse.
M. Duhaime: C'était la vérification que j'ai
demandé de faire et qui a été faite.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Duhaime: On a vérifié auprès du bureau du
premier ministre tout à l'heure, au registre à Montréal,
et l'inscription qui y est mentionnée, "16 heures" ici sur la feuille,
correspond à l'entrée, 16 heures, qui correspond probablement
à la feuille que votre service de recherche vous a transmise. Oui, c'est
ce qu'on me dit. On fait un signe affirmatif derrière vous.
M. Lalonde: Non.
M. Duhaime: M. le Président, il n'y a pas une grande
énigme en cela, je pense bien qu'on n'écrira pas un livre sur les
16 heures du 16 février. Il y a une chose qu'on sait, c'est: 10 h 09, 11
h 43 et 10 h 23, 16 heures. Me Gauthier nous dit qu'il est sorti pour aller
dîner. Cela a été mis en preuve déjà, ces
questions ont déjà été posées. Il est sorti
pour aller dîner. L'inscription vis-à-vis de Michel Jasmin
à l'heure de la sortie pour le lunch n'y est pas. Le retour, s'il y a
une entrée à 16 heures quelque part, c'est qu'il a dû y
aller, si on tient les autres heures qui sont là pour avérer...
C'est peut-être la journée de l'imperméable, il a
été longuement question de l'imperméable, cela avait l'air
à vous fasciner beaucoup. Je ne sais pas de quelle couleur il peut
être, j'ai hâte que vous le demandiez.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que ce n'était pas
cette journée, M. le ministre, c'était au mois de janvier.
M. Duhaime: C'était peut-être cette
journée-là.
M. Lalonde: II faisait beau.
Le Président (M. Jolivet): Donc, d'une façon ou
d'une autre, c'est clair; le document qui avait été
déposé étant celui qui est actuellement le plus juste,
allons-y.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...pour enchaîner avec l'information
donnée par le ministre, j'aimerais savoir s'il y a d'autres rencontres
qui n'apparaissent pas dans la liste du premier ministre. Quand je vois la
liste de Me Gauthier, 1978, je vois une rencontre de Me Michel Jasmin avec
Michel Carpentier, le 18 novembre, qui n'apparaît pas à notre
liste à nous. On pourrait peut-être poser des questions à
Me Gauthier, à savoir comment il se fait que cette réunion
apparaît à la liste qu'il nous a remise. Est-ce parce qu'il a
été question de la discussion de la cause? Est-ce qu'il y aurait
d'autres rencontres, M. le ministre, qui, par erreur simplement, ne seraient
pas contenues dans la liste que vous nous avez remise?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: J'ai demandé qu'on fasse la
vérification tout à l'heure parce que, moi aussi, cela m'a
frappé de voir que, le 18 novembre, sur la liste qu'a
déposée ici Me Gauthier, on voyait le nom de M. Carpentier. J'ai
demandé qu'on fasse la vérification. Tout ce que je peux dire
pour l'instant, c'est que, si le nom de M. Carpentier n'est pas apparu sur la
liste déposée par le bureau du premier ministre, c'est que cela
n'a rien à voir avec l'affaire de la Baie-James. J'ai demandé
qu'on refasse la vérification. Même si vous faites des grimaces,
c'est cela que je vous dis quand même.
M. Lalonde: Je n'ai pas fait de grimaces.
M. Duhaime: Pas vous; vous, vous en faites tout le temps, je
parle de votre collègue à gauche.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président. Le ministre est encore de
mauvaise humeur.
Pourtant c'est lui qui nous demande de siéger le vendredi.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Duhaime: M. Michel Jasmin, d'après ce que j'ai cru
comprendre du jugement de la Cour supérieure, va venir ici. Alors, je ne
pense pas que ce soit sous le secret professionnel de connaître
l'horloge.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, une chose est certaine, c'est que Me Gauthier n'a pas à
répondre pour M. Carpentier.
M. Lalonde: Non, c'est sûr.
Le Président (M. Jolivet): Vos questions,
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Duhaime: J'ajoute ceci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Duhaime: Si la rencontre Carpentier-Jasmin a eu quelque chose
à voir avec la Baie-James, M. Carpentier, si vous le désirez,
pourrait témoigner là-dessus. Il va voir en quoi ils en ont
parlé. S'ils n'en ont pas...
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Une voix: M.
Pouliot, lui?
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Ne commencez pas ce
débat. M. le député de Laporte.
M. Duhaime: Pouliot, ce n'est pas pareil.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Duhaime: Vous ne le savez pas.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne faisais pas de
grimace. Si le ministre savait ce que c'est que des grimaces...
M. Duhaime: Latouche non plus, ce n'est pas pareil. Latouche,
c'est votre bénévole, c'est inscrit à la page...
Une voix: Est-ce que je peux prendre la parole?
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lalonde: Regardez votre...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Duhaime: Vous lui payez ses dépenses.
M. Bourbeau: M. Gauthier...
M. Duhaime: II l'a dit lui-même.
M. Bourbeau: ...le cas de M. Latouche que vous avez
étudié dans votre bureau... Le cas de M. Latouche, M. Yvan
Latouche...
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Bourbeau: ...que vous avez étudié dans votre
bureau le 16 février...
M. Gauthier (Yves): Vous dites que j'ai étudié?
M. Bourbeau: Qui vous a été présenté.
M. Gauthier (Yves): Pardon?
M. Bourbeau: Qui vous a présenté le dossier? Est-ce
Me Jasmin ou M. Latouche?
M. Gauthier (Yves): M. Latouche.
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin a discuté de ce dossier
avec vous?
M. Gauthier (Yves): On en a discuté tous les trois.
M. Bourbeau: Alors, vous en avez discuté aussi?
M. Gauthier (Yves): Bien oui. Il me montrait les feuilles et M.
Jasmin les regardait aussi.
M. Bourbeau: De quel autre sujet a-t-il été
question avec M. Latouche lors de son entretien avec vous?
M. Gauthier (Yves): Seulement de son affaire, son
congédiement.
M. Bourbeau: Et avec Me Jasmin au cours de l'entretien?
M. Gauthier (Yves): C'était toujours dans l'affaire de M.
Latouche.
M. Bourbeau: Est-ce qu'au cours de cet entretien entre
vous-même, Me Jasmin et M. Latouche, vous avez discuté du saccage
de la Baie-James?
M. Gauthier (Yves): Non. Pas moi. J'avais M. Latouche devant moi
pour parler de son affaire.
M. Bourbeau: Mais son affaire avait eu lieu...
M. Gauthier (Yves): Son congédiement injuste.
M. Bourbeau: Est-ce qu'eux en ont parlé?
M. Gauthier (Yves): Pardon?
M. Bourbeau: Est-ce que Me Jasmin ou M. Latouche en a
parlé?
M. Gauthier (Yves): Du congédiement injuste?
M. Bourbeau: Non, du saccage de la Baie-James.
M. Gauthier (Yves): Ah! Je ne le pense pas. Pas à moi en
tout cas.
M. Bourbeau: Entre eux, en ont-ils parlé?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il a été fait mention de
l'état des procédures en cours relativement au...
M. Gauthier (Yves): Les procédures de M. Latouche?
M. Bourbeau: Les procédures de M. Jasmin relativement au
saccage de la Baie-James.
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, M. le
Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il a été question devant
vous de la possibilité d'un ajournement du procès de la SEBJ
contre les syndicats?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne pense pas.
M. Bourbeau: Vous ne pensez pas?
M. Gauthier (Yves): Remarquez bien que c'est peut-être
possible, mais je ne me souviens pas de cela.
M. Duhaime: Si vous permettez, M. le député de
Laporte, je vais donner l'information tout de suite concernant la date...
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. le ministre.
M. Duhaime: ...du 18 novembre 1978: Michel Carpentier-Michel
Jasmin, 10 h 10 à 14 h 34. On me dit que cette réunion - on a le
point de vue de M. Carpentier, semble-t-il - n'a rien à voir avec le
mandat de la commission. Et j'ajouterais, M. le Président, même si
le député de Marguerite-Bourgeoys tout à l'heure n'avait
pas eu une réaction particulière, cette fois-ci, il a eu une
expression dans son visage qui en disait long.
M. Lalonde: Est-ce que c'est de la joie ou...
M. Duhaime: J'aime mieux vous voir comme cela.
M. Lalonde: Alors, comme cela, on...
M. Duhaime: J'ajoute, M. le Président, qu'au registre - et
les libéraux peuvent le vérifier parce qu'ils l'ont entre les
mains -apparaissent des noms de personnes qui ont pu rencontrer des
attachés politiques au bureau du premier ministre et ces noms ne sont
pas nécessairement reliés à l'affaire de la Baie-James. De
toute évidence, si vous prenez votre liste - on peut vous la fournir, on
l'a derrière vous - vous allez voir...
M. Lalonde: La liste que vous nous avez donnée?
M. Tremblay: ...
M. Duhaime: ...vous allez voir qu'il y a une liste de personnes
qui vont au bureau du premier ministre. Vous n'avez pas à me faire une
grimace et à être surpris parce que je vous dis que M. Carpentier,
sa rencontre avec M. Jasmin, cela n'avait rien à voir avec la Baie-James
et le mandat de la commission. Point, tiret, à la ligne. Maintenant,
vous pouvez faire les réactions que vous voulez, vous ne
changerez...
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Réellement, le ministre aurait besoin d'un
Yves Gauthier pour le rassurer. Il manque d'assurance. À chaque
réaction qu'on a, on ne peut même pas le regarder sans qu'il se
sente assujetti...
M. Duhaime: Je ne suis pas capable de m'habituer à votre
visage.
M. Lalonde: ...à la suspicion générale. Non,
en fait, vous nous avez fourni une liste, on doit fonctionner comme cela
à la commission parlementaire. On avait demandé une enquête
publique indépendante, mais...
Le Président (M. Jolivet): Ne recommencez pas.
M. Lalonde: Non, non, mais laissez-moi terminer, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui.
M. Lalonde: Je veux quand même expliquer aux gens pourquoi
on est obligé de dire au ministre: Merci beaucoup, monsieur. Dans une
enquête publique, le commissaire-enquêteur...
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement.
M. Lalonde: ...aurait le pouvoir de dire: Je demande
l'assignation de tel témoin. Il ne demanderait pas la permission au
ministre. Ici, c'est le ministre qui nous dit cela, on
doit le croire.
Le Président (M. Jolivet): Je dois dire aussi, avant que
d'autres interviennent, que les documents qui sont déposés,
ordinairement, ce ne sont pas des dépôts, ce sont des
distributions à l'ensemble des membres, parce qu'il n'y a pas de
dépôt en commission parlementaire. Mais quand un ministre dit: "Ce
sont les heures, les chiffres, les objets, et les vérifications que j'ai
faites donnent ce que je dis", en vertu du règlement, on doit le croire.
Je pense qu'on ne peut pas mettre en doute ce qu'il nous dit.
M. Lalonde: Non, non, je veux dire qu'on doit le croire.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais clarifier une chose, puisque le
député de Marguerite-Bourgeoys y a fait allusion. Tout le monde
sait que ce dossier implique une très grave accusation portée par
le quotidien La Presse à l'endroit d'un parlementaire d'abord, d'un
député et du premier ministre. Tout le monde sait que la conduite
d'un parlementaire est réglée par l'Assemblée nationale et
ses institutions. Si le Parti libéral du Québec avait
été un peu plus courageux, il y a peut-être un volontaire
d'entre vous qui aurait pu se lever à l'Assemblée
nationale...
M. Lalonde: ...trois.
M. Duhaime: ...et porter une accusation conformément aux
dispositions de notre règlement. Au lieu d'avoir la commission
permanente de l'énergie et des ressources, la commission de
l'Assemblée nationale aurait siégé là-dessus. Vous
savez très bien qu'il y a des sanctions, il y a d'ailleurs eu des
précédents ici qui ont été commis. Si vous manquez
de courage, aujourd'hui comme hier - j'ai perdu mon petit papier - il est
peut-être temps...
Le Président (M. Jolivet): Non, non, n'en faites pas la
lecture, M. le ministre.
M. Duhaime: On suggère: "L'Opposition devra retrouver sa
dignité, sinon elle perdra sa peine." C'est Joanne Martin-Godbout qui
dit cela dans le journal Le Droit du samedi 7 mai 1983.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
ministre, n'entrez pas dans la lecture...
M. Duhaime: II ne faudrait pas que le député de
Marguerite-Bourgeoys laisse croire aux gens qu'il aurait fallu...
Le Président (M. Jolivet): ...mais votre point
étant fait...
M. Lalonde: M. le Président, on nous provoque.
M. Duhaime: ...faire la commission d'enquête...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, je pense
que...
M. Duhaime: ...sur la conduite d'un parlementaire.
M. Lalonde: On m'a provoqué, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, non, non.
M. Lalonde: On a dit qu'on devait mettre mon siège en
jeu.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Le ministre est impatient...
Le Président (M. Jolivet): ...je pense qu'on va revenir
aux questions, comme je vous avais demandé tout à l'heure, mais
un peu de relâchement nous a amenés à cette discussion.
M. Lalonde: M. le Président, oui, mais j'ai...
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Lalonde: ...une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Ah! Je suis obligé de
vous entendre!
M. Lalonde: Parce que vous laissez le ministre dire ses
âneries qu'il a répétées dix fois...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: ...et, quand on vient pour rectifier ou expliquer, on
n'a pas le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, non, non, je
m'excuse, je n'ai voulu en aucune façon ouvrir cette discussion, mais,
comme vous m'avez demandé...
M. Lalonde: Mais vous l'avez laissé
faire.
Le Président (M. Jolivet): ...de donner votre point de vue
sur la question de la commission d'enquête qui avait été
refusée, le ministre a eu à répondre et à dire
pourquoi il ne l'a pas accordée. Ceci étant dit, allons donc aux
questions.
M. Lalonde: Sa question était...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vous demande de me
prêter pour quelques secondes le droit de parole qui vous
appartient...
Le Président (M. Jolivet): Oui, je vais vous le
prêter.
M. Duhaime: Vous le remettrez.
M. Lalonde: C'est toujours le président qui le donne. Il
ne fait que le prêter. Le ministre revient encore avec son histoire de
mettre son siège en jeu. Je lui dis: Attendez, vous ne perdez rien pour
attendre.
M. Duhaime: Ah bon, très bien, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Duhaime: C'est une menace très grave qu'on me fait.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député de Laporte, vos questions. M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. Gauthier, lors de cette réunion dans votre
bureau le 16 février 1979, en présence de M. Yvan Latouche et de
Me Jasmin...
M. Gauthier (Yves): Qui avait été mon avocat.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Gauthier (Yves): Qui avait été mon avocat au
syndicat..
M. Bourbeau: Oui.
M. Gauthier (Yves): Parce que vous ajoutez toujours cela. (11 h
30)
M. Bourbeau: Cette fois-ci, c'est vous qui l'avez ajouté,
c'est très bien. Votre ancien avocat, quand vous étiez
président du syndicat. Je vois que vous ne l'avez pas oublié non
plus. Est-ce qu'à ce moment-là M.
Latouche aurait fait part de sa préoccupation, et cela aurait
fait l'objet d'une discussion, au cas où le procès aurait
été perdu, le procès de la SEBJ, en Cour
supérieure, qu'il y aurait possibilité de porter la cause en
appel?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'une discussion aurait été
tenue entre vous-même, M. Jasmin et M. Latouche, sur la
possibilité qu'il y ait éventuellement un appel en cas de
jugement?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président. Il a surtout
été question de la position qu'il venait de perdre. Selon tout ce
qu'il m'a expliqué, d'après moi, il était de bonne foi, il
voulait me montrer qu'il y avait eu des irrégularités et qu'elles
existaient depuis 1968, avec les textes qu'il m'a remis, l'affaire de M. Boyd.
J'ai vu en lui un nationaliste assez poussé. Avec l'organigramme qu'il
m'a montré, on voyait bien que c'étaient tous des
Américains qui avaient les contrats. Les Canadiens français
n'avaient rien. Son patron, c'était un Allemand.
Je pense même, je ne connais pas trop les procédures, qu'il
avait fait une motion pour faire déclarer la nationalité d'un de
ses patrons dans une cause, car il y avait plusieurs causes qui étaient
en marche. Je vous l'ai dit, je pensais que c'était un ingénieur,
il connaissait son affaire. Je l'ai vu environ une heure. J'ai vu un gars qui
voulait essayer de faire valoir son point de vue. Je ne dis pas qu'il partait
en guerre contre la SEBJ, mais il n'était pas content. Je ne pouvais pas
le blâmer, car il avait perdu son emploi. C'est tout. S'il y a eu des
discussions avec M. Jasmin pour la cause, je ne le sais pas. Peut-être
que j'étais parti faire des photocopies à ce moment-là, je
ne m'en souviens pas.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il aurait été
déclaré par M. Jasmin en votre présence qu'il n'y avait
pas de problème et que la cause se réglait hors cour?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne me souviens pas de cela, M. le
Président.
M. Bourbeau: En recevant la photocopie ou en voyant la photocopie
du document relatif à M. Boyd, est-ce que M. Jasmin aurait
déclaré en votre présence...
M. Duhaime: M. le Président...
M. Bourbeau: ...qu'avec ces informations, la cause pourrait se
régler hors cour?
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. M. le
ministre sur une question de règlement, quoi?
M. Duhaime: Oui. On attribue à quelqu'un des mots. On
demande ensuite à Me Gauthier s'il les a entendus. Je me demande si l'on
devrait pas tout simplement attendre plutôt que de faire une suggestion
en posant une question. Si ce scénario est admissible, M. le
Président, devant cette commission, il va se produire ceci... Je vais
faire une hypothèse.
Est-ce que Me Jasmin vous aurait dit telle chose? Réponse: Non.
Est-ce que Me Jasmin vous aurait dit telle autre chose? On peut trouver 600
contenus possibles, ou 614, si vous aimez mieux, à ce genre de questions
qui peuvent s'éterniser pendant une semaine. Ce sont des questions
hypothétiques. Vous pouvez demander au témoin quelle a
été la conversation qu'il a eue avec Me Jasmin. Mais vous ne
pouvez pas tenter d'obtenir des réponses qu'on souhaiterait obtenir au
service de la cause qu'on défend ici très courageusement de
l'autre côté. Il faudrait qu'on le fasse conformément au
règlement.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Réellement, le ministre a un souvenir aussi
pauvre qu'on puisse se l'imaginer de son expérience au prétoire.
En interrogatoire direct, on peut aller au-delà de...
M. Duhaime: ...on se sert de tous les moyens. C'est bien...
M. Lalonde: ...simplement demander: Avez-vous eu une
conversation...
M. Duhaime: ...d'un petit procureur de la couronne comme
vous...
M. Lalonde: ...et sur quoi a-t-elle porté? On peut
demander à un témoin: Est-ce que vous avez parlé de
l'accident?
M. Duhaime: Sur ceci, d'accord.
M. Lalonde: On peut demander: Est-ce que vous avez parlé
de l'automobile qui était impliquée dans l'accident? Ce ne sont
pas des questions suggestives. On peut demander à Me Gauthier si Me
Jasmin a parlé du saccage, s'il a parlé de la cause, s'il a
parlé du règlement. Cela n'est pas suggestif.
M. Duhaime: Cela, c'est correct. Ne mettez pas des mots dans sa
bouche.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. Gauthier, vous avez dit tout à l'heure que
vous n'aviez fait aucune promesse à M. Latouche. Quel geste avez-vous
posé subséquemment pour tenter de régler son
problème?
M. Gauthier (Yves): J'ai référé son nom
à la SHQ.
M. Bourbeau: Vous voulez dire à la Société
d'habitation du Québec?
M. Gauthier (Yves): Oui, j'avais parlé à M.
Michaud. Ils étaient deux, il y avait M. Cyr et M. Michaud.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez donner les noms au complet,
parce que les gens qui nous écoutent ne le savent pas?
M. Gauthier (Yves): Ah! Excusez. M. Michaud, je pense que c'est
Paul, et M. Cyr, c'est Luc.
M. Bourbeau: Vous parlez de Luc Cyr?
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez parlé à M. Luc
Cyr de ce...
M. Gauthier (Yves): Non, c'est à M. Michaud que j'en avais
parlé.
M. Bourbeau: Vous avez parlé à M. Michaud. Quelle
est la fonction de M. Michaud, à la SHQ?
M. Gauthier (Yves): Dans le temps, c'était l'assistant de
M. Cyr.
M. Bourbeau: L'assistant de M. Luc Cyr.
M. Gauthier (Yves): Oui, excusez, Luc Cyr, M. le
Président.
M. Bourbeau: Est-ce que, effectivement, la SHQ, M. Michaud ou M.
Luc Cyr a trouvé un emploi à M. Latouche, à votre
connaissance?
Le Président (M. Jolivet): Oui, Me Jutras.
M. Jutras: M. le Président, nous nous embarquons dans
d'autres affaires qui n'ont absolument rien à voir ici. En tout cas,
jusqu'à maintenant, il n'y a rien en preuve qui pourrait montrer un lien
quelconque avec le mandat que la commission s'est donnée
d'enquêter sur les circonstances du règlement de la poursuite de
la Baie-James.
Le Président (M. Jolivet): De la même façon
que j'avais refusé qu'on embarque dans un dossier pour lequel nous ne
sommes pas ici; je ne sais pas si d'autres commissions parlementaires auront
à juger de ces choses dans l'avenir, mais, pour le moment, je n'ai pas
ce mandat. M. le député de Laporte, en revenant à la
pertinence du mandat qui nous est confié.
M. Bourbeau: M. Gauthier, est-ce que vous avez discuté de
la rencontre du 16 février dans votre bureau avec M. Claude Dumas, qui
était le chef de cabinet du ministre de l'Énergie, M. Guy
Joron?
M. Gauthier (Yves): De la rencontre avec M. Latouche?
M. Bourbeau: M. Latouche et M. Jasmin.
M. Gauthier (Yves): J'ai l'impression que oui, mais bien
longtemps après. Je ne sais pas; j'ai toujours eu l'impression que M.
Latouche avait eu sa position tout de suite après. Cela n'a pas l'air
d'être cela; il semble que ce soit au mois de juillet qu'il a eu sa
position, peut-être à ce moment. M. Dumas m'a déjà
appelé une fois pour cela, mais j'ai été le premier
surpris, je pensais qu'il travaillait déjà. M. Latouche m'a
appelé pour prendre son rendez-vous, il est venu et, après cela,
je l'ai rappelé; j'ai eu de la difficulté à le rejoindre
parce qu'il avait une couple de numéros, mais il m'a rappelé et
je lui ai dit: Mon cher monsieur, ils ont besoin d'un gérant de projet,
allez-y. Mais quand j'ai reçu un autre appel téléphonique
six mois après, pour me dire qu'il n'avait pas de job, j'ai
trouvé que je n'étais pas le diable bon.
M. Bourbeau: Qui vous a appelé, six mois après?
M. Jutras: Un instant!
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Jutras: J'ai fait une objection tantôt à des
questions semblables...
Le Président (M. Jolivet): Je le maintiens.
M. Jutras: ...et je renouvelle l'objection. Même si le
témoin, par ailleurs, peut vouloir répondre à certaines
questions, ce serait éterniser les débats de votre commission si
vous décidiez de permettre des questions qui ne se rapportent pas du
tout au mandat de la commission. Si vous me le permettez, à titre de
contribuable, je trouve que...
M. Lalonde: Pardon?
M. Jutras: ...il y a des exagérations ici. M. Lalonde:
Est-ce que Me...
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras, je voudrais
simplement vous rappeler que vous avez le droit d'avoir des opinions, mais pas
de les exprimer comme cela, s'il vous plaît.
M. le député de Laporte, en vous rappelant que le mandat
de la commission, c'est de faire la lumière sur la question du saccage
de la Baie-James et des décisions qui ont été prises
à ce sujet et non pas autre chose; je ne permets pas la question.
M. Bourbeau: Lors de la réunion du 16 février, M.
Gauthier, est-ce que vous avez dit à M. Latouche de prendre contact avec
M. Luc Cyr ou avec une autre personne à la Société
d'habitation du Québec?
M. Rodrigue: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, vous n'en avez pas besoin,
je ne la permets pas.
M. Bourbeau: M. le Président, si c'est votre
décision, je vais la retirer.
Le Président (M. Jolivet): Oui, parce que hier, j'en ai
pris une qui était dans le même sens. S'il vous plaît!
M. Bourbeau: M. Gauthier, lors de la réunion que vous avez
eue le 16 février, il semble que Me Jasmin ait quitté vos bureaux
définitivement à 16 heures de l'après-midi. Pourriez-vous
nous dire ce qui s'est passé entre 11 h 43 le matin et 16 heures de
l'après-midi?
M. Gauthier (Yves): Je n'en ai aucune idée, M. le
Président.
M. Duhaime: M. le Président, un instant.
M. Gauthier (Yves): Aucune idée.
M. Bourbeau: Quatre heures de l'après-midi, c'est la
même chose que 16 heures, pour l'information du député.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, juste un instant, juste un
instant.
M. Duhaime: Je voudrais faire une question de...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Gauthier (Yves): Cela ne me
dérange pas de répondre.
M. Duhaime: Je pourrais faire une question de règlement,
M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: J'ai longuement expliqué tout à l'heure
la signification de ces heures d'entrée et de sortie qui apparaissent.
La seule preuve que cela donne, c'est que quelqu'un, un jour, a fait cette
inscription. Qui est-ce? Je l'ignore. Nous avons déposé ces
listes de dates avec les heures et j'ai très bien dit tantôt, et
c'est même expliqué au bas... Je vais lire la note: Les heures se
réfèrent aux heures d'entrée et de sortie du bureau
principal et non pas nécessairement aux heures de durée de la
visite elle-même avec M. Gauthier.
Ce que je voudrais bien faire comprendre au député de
Laporte, c'est qu'à partir de ces horaires et de ces dates, vous ne
pouvez pas induire, comme vous venez de le faire en posant votre question,
qu'il y a eu une réunion qui a commencé le matin à 10 h 23
et qui s'est terminée à 16 heures de l'après-midi.
M. Bourbeau: Je n'ai pas induit cela.
M. Duhaime: Me Gauthier...
M. Bourbeau: J'ai fait la nuance...
M. Duhaime: Oui, c'est ce que vous avez très bien dit
et...
M. Bourbeau: J'ai fait la nuance dans ma question. Vous n'avez
pas compris cela?
M. Duhaime: Soyez sans inquiétude, même si j'avais
l'air quelquefois de ne pas vous écouter....
M. Bourbeau: Non, non, non.
M. Duhaime: ...je vous écoute tout le temps.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laporte, en reprenant votre question, pour clarifier la situation; cela va nous
permettre de ne pas recourir aux galées.
M. Bourbeau: M. le Président, je me souviens d'avoir fait
la nuance, mais je vais la refaire...
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, d'une façon
ou d'une autre, reprenez-la, cela va clarifier notre situation.
M. Bourbeau: II faut comprendre, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Bourbeau: ...que, ce matin, quand j'ai posé ma
question, on ne savait pas si la réunion, enfin, je ne sais plus quel
mot employer, si la visite...
M. Duhaime: L'entrée, l'entrée.
M. Bourbeau: ...s'était terminée à 16 heures
ou à 11 h 43.
Le Président (M. Jolivet): Tout ce que je sais, M. le
député, et je pense que cela peut clarifier la situation, c'est
qu'il y a eu une entrée et une sortie et qu'on a la parole, sous
serment, de Me Gauthier, que la rencontre s'est terminée à 11 h
43.
M. Bourbeau: Non, je conteste cela, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Une voix:
Non, on n'a pas suggéré...
Le Président (M. Jolivet): Non, ce n'est pas cela. Le
reste...
M. Bourbeau: C'est votre interprétation à vous.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Ce que je vous
demande, c'est que vous avez peut-être d'autres questions à
poser... Qu'est-ce qui s'est passé entre 11 h 43 et 16 heures? Mais, ce
que je veux dire, c'est ce que Me Gauthier nous a dit, selon les heures qu'il
nous a données, de 10 h 23 à 11 h 43. Il y a peut-être
d'autres choses qui se sont produites - vous avez le droit de poser les
questions que vous voulez - entre 11 h 43 et 16 heures.
Une voix: Pour autant que ce soit pertinent, bien sûr.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, sur les questions.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Bourbeau: Me Gauthier, ce matin, se basait sur un document qui
n'est plus exact, qui a été confirmé comme n'étant
plus exact par le ministre.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le
député...
M. Duhaime: Non, non.
Le Président (M. Jolivet): ...je n'accepterai pas cela. Me
Gauthier est sous
serment. Il a dit: Moi, ce que j'ai, c'est cela. Non, non. Je pense
qu'il a dit sous serment que c'était de 10 h 23 à 11 h 43. La
seule question qu'on peut se poser, c'est: Est-ce que, entre 11 h 43 et 16
heures, tel qu'il apparaît sur le document déposé comme
heure de sortie finale, il s'est passé quelque chose? Et,
là-dessus, je peux vous permettre des questions.
M. Lalonde: M. le Président, on a un conflit...
Le Président (M. Jolivet): Oui, j'en ai un.
M. Lalonde: Le témoin, sous serment... Bon, c'est vrai,
c'est son document. Il se fie à un document qui a été
préparé par... Il nous a dit que c'était par une
demoiselle... Enfin, il a pris ce qu'on lui donnait.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: II dit que c'est 11 h 43. C'est cela?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: Et le ministre, lui, sous son serment d'office, nous
dit que c'est 16 heures.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
Président. Je m'excuse.
M. Lalonde: Alors, je m'excuse. M. Duhaime: Oui.
M. Lalonde: Vous m'avez demandé de prendre votre parole.
Alors, j'ai pris votre parole, mais...
M. Duhaime: Mais, ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Lalonde: ...c'est à cause d'un serment d'office.
M. Duhaime: Oui, mais, ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Mais, ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lalonde: Bon, alors, je ne dois plus prendre votre parole?
M. Duhaime: Oui, vous êtes mieux de ne pas aller plus loin
que cela, à part cela.
M. Lalonde: Est-ce que je dois prendre votre parole, oui ou
non?
M. Duhaime: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. le ministre, pour
vous expliquer et pour qu'on soit bien clair. Moi, j'ai compris ce que vous
avez dit. J'espère que tout le monde l'a compris de la même
façon, mais clarifiez-le donc.
M. Duhaime: Le député de Marguerite-Bourgeoys, M.
le Président, peut peut-être s'amuser, mais il ne jouera pas au
fou. Ce que je dis, c'est que nous devons déposer à
l'Assemblée nationale, par le bureau du premier ministre, un document
sur lequel est écrit: 16 février 1979, Yvan Latouche et Michel
Jasmin; 10 h 09: YL; 11 h 43: YL. Je tiendrai pour acquis que YL, c'est Yvan
Latouche.
M. Lalonde: On va s'entendre là-dessus.
M. Duhaime: 10 h 23: MJ, et 16 heures. Me Gauthier est ici et il
vous dit que, selon lui, c'est 11 h 43. Si vous voulez mon avis, pour
l'instant, en tout cas, c'est la meilleure preuve que nous ayons. Je ne peux
pas faire plus que de vous dire - et je donne ma parole là-dessus - que
le chiffre de 16 heures qui est inscrit ici correspond au document qui m'a
été fourni. Il correspond aussi à l'heure d'entrée
au registre et vous pouvez le vérifier et ne pas mettre en doute ma
parole comme vous venez de le faire. Vous l'avez dans les mains, ce maudit
papier-là, depuis cinq semaines.
M. Lalonde: Non. Voyons donc!
M. Duhaime: Alors, arrêtez de "zigonner" pour rien.
M. Lalonde: Écoutez, on l'a...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Duhaime: Ce qu'il s'agit de savoir maintenant, c'est quelle
est la meilleure preuve. Est-ce que c'est Me Yves Gauthier qui est devant vous,
qui est en vie et qui dit: C'est 11 h 43? Ou bien si tout le monde va rester
assis à cheval sur une heure qui est écrite là? Jen'ai aucune espèce d'idée à savoir qui a fait cette
inscription.
M. Lalonde: Je ne sais pas si Me Jutras a des choses à
ajouter...
M. Duhaime: La meilleure preuve est là.
M. Lalonde: ...mais je pense que le ministre va plus loin que ce
que le témoin... J'ai bien dit, d'ailleurs, j'ai bien fait attention
pour dire que Me Gauthier se fie à une liste qu'on a
préparée pour lui...
M. Duhaime: Oui, oui.
M. Lalonde: Je ne pense pas qu'il puisse jurer qu'il a
vérifié les registres lui-même.
M. Duhaime: Non, non, je n'ai jamais dit cela.
M. Lalonde: Mais vous, vous venez de vérifier les
registres. Et, aux registres, c'est 16 heures.
M. Duhaime: Moi, je n'ai pas vérifié les registres,
j'étais assis ici.
M. Lalonde: C'est cela, vous venez de faire vérifier les
registres.
M. Duhaime: Bon. (11 h 45)
M. Lalonde: À moins que vous ne disiez n'importe quoi - ce
que je n'exclus pas - ou que vous ne déposiez n'importe quoi - ce qui
est encore possible - mais il faut quand même croire quelque chose. Vous
venez dire que la vérification a été faite. Je
présume qu'elle a été faite par des gens fiables, assez
fiables pour que vous puissiez dire maintenant: vérification faite. Le
registre dit 16 heures.
M. Duhaime: Oui, c'est ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Me Gauthier est là et son papier dit 11 h
43.
M. Duhaime: Que voulez-vous que cela me fasse?
M. Lalonde: On peut, quand même, poser des questions sur
après 11 h 43 jusqu'à 16 heures.
M. Duhaime: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Duhaime: ...je n'ai aucune espèce d'objection à
ce qu'on pose des questions entre 11 h 43 et 16 heures et qu'on puisse avoir
une explication, si on est capable de l'obtenir. La seule chose que je voudrais
qu'on fasse quand on pose ces questions, c'est ne pas tenir des faits pour
avérés alors qu'ils sont en point d'interrogation. C'est cela que
vous avez fait tantôt.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras voulait ajouter
quelque chose.
M. Jutras: À partir des réponses du témoin,
je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys, selon moi, a
raison quand il dit que la réponse de M. Gauthier est basée
uniquement sur un document qu'on lui avait remis.
M. Lalonde: C'est cela, c'est ce qu'il a dit.
M. Jutras: Si ce document est erroné ou inexact, ce n'est
pas M. Gauthier qui l'a fabriqué.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. C'est cela. Ce que
je voulais dire, c'est que nous étions devant deux faits. À
partir de cela, je ne vois aucune objection à ce que des questions
soient posées entre 11 h 43 et 16 heures. Je ne voulais pas qu'on dise
autre chose que ce qui a été dit devant la commission.
M. le député de Laporte, poursuivez avec vos questions en
vertu de votre droit de parole.
M. Bourbeau: Me Gauthier, à votre connaissance, à
quelle heure Me Jasmin est-il arrivé à votre bureau? À
quelle heure est-il sorti?
M. Gauthier (Yves): II y a une chose dont je suis sûr,
c'est qu'il est entré après M. Latouche - cela semble
confirmé - et, selon moi, nous sommes partis à 11 h 45 pour aller
manger. L'affaire de 16 heures, je ne me souviens vraiment pas de ce que nous
avons pu discuter.
M. Bourbeau: Est-ce que vous êtes allé manger seul
avec M. Jasmin...
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Bourbeau: ...ou avec M. Jasmin et M. Latouche?
M. Gauthier (Yves): Je ne suis pas allé manger avec M.
Latouche, certain. Je suis certain de cela.
M. Bourbeau: Est-ce que vous vous souvenez de l'endroit où
vous êtes allés manger?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas. Comme je vous l'ai
dit, d'habitude, on allait au Méridien, mais je n'ai pas de
souvenance.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez souvenance d'être revenu
à votre bureau avec Me Jasmin après le lunch?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez souvenance d'avoir
discuté avec Me Jasmin au cours du lunch?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas parce que, comme je
vous l'ai dit, j'ai présumé être allé manger avec
lui parce qu'il était midi, mais nous ne sommes peut-être pas
allés manger ensemble. Je ne le sais pas. Si vous dites qu'il est sorti
à 16 heures... Je ne peux pas vous le dire. Je ne me souviens pas de
cela.
M. Bourbeau: En général, quand vous allez manger au
Méridien, à quelle heure revenez-vous?
M. Gauthier (Yves): Je n'ai pas d'heure. Parfois, c'est 15
heures. Le service n'est pas trop vite au Méridien. C'est un grand
restaurant, mais le service n'est pas rapide. Et, comme je ne suis pas au
régime, quand j'y vais, je mange. Je ne mange pas en une demi-heure,
vous pouvez être sûr de cela. Je ne le sais pas. Je ne suis
même pas sûr d'être allé manger avec Me Jasmin. Une
chose dont je suis sûr, c'est que je ne suis pas allé manger avec
M. Latouche. J'ai vu M. Latouche une fois. Je lui ai parlé deux fois au
téléphone.
M. Bourbeau: Selon les deux registres, la première copie
que vous aviez ce matin et celle que nous avions, une chose est certaine, c'est
que vous êtes parti vers 11 h 45.
M. Gauthier (Yves): Oui, oui. Je ne sais pas à quelle
heure je suis revenu.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Gauthier (Yves): Je ne signe pas quand je reviens.
M. Bourbeau: Si M. Jasmin est revenu avec vous, est-ce qu'il
devait signer...
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Bourbeau: ...d'après les procédures en vigueur
au bureau du premier ministre?
M. Gauthier (Yves): D'habitude, lorsque quelqu'un sort et dit
qu'il va dîner, ils ne le font pas signer. Il est peut-être venu
dîner. Je ne le sais pas.
M. Bourbeau: Quand il entre une deuxième fois, vous dites
qu'ils ne le font pas nécessairement signer.
M. Gauthier (Yves): Bien non. S'il n'a pas signé en
sortant, ils ne le font pas signer en revenant. Il a signé une fois.
C'est ce qui se fait d'habitude. Ce n'est pas toujours la même personne
qui est là. M. Lebel est le régulier, mais, à l'heure des
repas il se fait remplacer par d'autres. Je ne pourrais pas vous dire... Une
chose dont je suis sûr, c'est que je n'ai jamais mangé avec M.
Latouche.
M. Bourbeau: Si M. Jasmin a signé le registre pour sortir
à 16 heures, c'est donc qu'il est revenu.
M. Gauthier (Yves): Je pense bien que c'est une bonne
déduction, mais je ne le sais pas. Je ne m'en souviens pas. Cela ne me
fait rien de répondre à toutes les questions, mais je vous dis
qu'à 11 h 43 je suis allé dîner, certainement pas avec
Latouche, peut-être avec Jasmin, mais je ne me souviens pas de ce dont on
a parlé.
M. Bourbeau: Une dernière question sur cette
rencontre-là, enfin sur l'ensemble de votre rencontre avec Me Jasmin ce
jour-là.
M. Gauthier (Yves): Avec monsieur qui, dites-vous?
M. Bourbeau: Avec Me Jasmin.
M. Gauthier (Yves): Je pensais que c'était avec M.
Latouche.
M. Bourbeau: Je veux vous poser une question sur votre rencontre
avec Me Jasmin, sur le fait que vous étiez avec Me Jasmin pendant un
certain temps.
M. Gauthier (Yves): C'est parce que c'était une rencontre
à trois.
M. Bourbeau: Vous avez été à trois pendant
un certain temps et à deux pendant une autre période.
M. Gauthier (Yves): Bien oui, pour dix minutes, d'accord.
M. Bourbeau: A-t-il été question, au cours de cette
rencontre avec Me Jasmin seul, de la cause de la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): J'aimerais vous faire remarquer que je n'ai
pas eu de conversation avec Me Jasmin seul, si on se fie sur cela ici parce que
M. Latouche est entré à 10 h 09 et Me Jasmin à 10 h 23.
Alors, il n'y a pas eu de "parlement" privé là.
M. Bourbeau: Alors, vous n'avez pas été seul avec
Me Jasmin?
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...je veux soulever une question de règlement.
J'aurais dû les compter. Je vais prendre une chance, je vais dire que
cela fait dix fois que j'explique au député de Laporte que les
heures d'entrée et de sortie...
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas la question.
M. Duhaime: ...ne correspondent pas... C'est exactement cela qui
a été sa question.
M. Lalonde: Non, mais non. Il a demandé au
témoin...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lalonde: ...si, à son souvenir, il a été
seul avec Me Jasmin. C'est tout ce qu'il a demandé.
Le Président (M. Jolivet): Cette fois-ci, le
député de Laporte avait raison de poser cette question.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Me Gauthier, on était toujours au 16
février, 4 jours avant la déclaration en Chambre du premier
ministre. Est-ce qu'au cours de l'entrevue que vous avez eue dans votre bureau,
le matin, il a été question du fait que l'offre de
règlement venait de passer de 125 000 $ à 175 000 $ dans la cause
de la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): II n'en a pas été question. Je
n'étais pas au courant des montants et je ne pouvais pas prévoir
que, dans quatre jours, M. Lévesque parlerait. Il n'a jamais
été question de montant.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il a été question que,
quelques jours auparavant, la question de la cause de la SEBJ et du
règlement hors cour possible avait été
évoquée en Chambre par le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Gauthier (Yves): Je sais qu'il y avait un député
qui avait parlé de cela, mais je pensais que c'était soit le
député Gratton ou le député Pagé. On m'avait
dit cela. J'ai toujours pensé que c'était M. Gratton ou M.
Pagé. Excusez.
M. Bourbeau: Qui vous a dit qu'il avait été
question en Chambre de la cause?
M. Gauthier (Yves): Le matin, au bureau, je suppose bien, en
lisant les journaux, on se parle. Je pensais que c'était M. Pagé
ou M. Gratton. Je ne savais même pas que c'était le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bourbeau: Le matin, quelqu'un au bureau vous avait
évoqué cela?
M. Gauthier (Yves): J'ai l'impression que oui.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Je voudrais bien
être clair sur la question. Est-ce que c'est le matin de la rencontre ce
que vous avez posé comme question?
M. Gauthier (Yves): Non, pas le matin.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez dit le matin; c'est
pour cela que je voulais juste corriger cela.
M. Gauthier (Yves): Non, non pas le matin.
M. Bourbeau: Si j'ai bien compris, un matin des jours
précédents, quelqu'un au bureau avait évoqué le
fait qu'il avait été question en Chambre, à
l'Assemblée nationale, du règlement de la cause.
M. Gauthier (Yves): Je ne sais pas pourquoi, j'en avais
déduit que c'était M. Gratton ou M. Pagé.
M. Bourbeau: Est-ce que cela préoccupait quelqu'un au
bureau du premier ministre, le fait que l'Opposition avait posé des
questions?
Le Président (M. Jolivet): Juste une chose. C'est une
question d'opinion, il n'a pas à répondre.
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez fait rapport de votre entrevue
avec Me Jasmin et M. Latouche au premier ministre à la suite de cette
réunion?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Bourbeau: Est-ce que vous en avez fait rapport à Me
Boivin?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Bourbeau: Est-ce que vous en avez fait rapport à
quelque autre personne?
M. Gauthier (Yves): À M. Latouche, à un moment
donné, c'est tout, le petit-cousin.
M. Bourbeau: En quels termes en avez-vous fait rapport à
Daniel Latouche?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. J'ai dit: Je pense bien
que j'ai trouvé une "job". Je me trompais parce qu'il l'a eue seulement
six mois après. C'est en juillet
qu'il a dit.
M. Bourbeau: Pour rafraîchir notre mémoire, quelles
étaient les fonctions de M. Daniel Latouche à ce moment?
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. Vous n'avez
pas à répondre à cette question.
M. Lalonde: C'est en preuve.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je le sais, mais il n'a
pas à répondre à cette question.
M. Duhaime: À 15 000 $ par jour, vous n'êtes pas
drôle!
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Bourbeau: M. Gauthier, à la suite de l'entretien...
M. Ciaccia: Vous auriez dû penser à cela quand vous
avez accepté 200 000 $.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal.
M. le député de Vimont, c'est M. le député
de Laporte qui a la parole.
M. Bourbeau: M. Gauthier, à la suite de l'entretien du 16
février 1979 auquel participaient Me Jasmin et M. Yvan Latouche,
avez-vous, le 28 février 1979, soit quelques jours plus tard, pour
donner suite à cet entretien, reçu M. Luc Cyr à votre
bureau?
Le Président (M. Jolivet): Non, je n'accepte pas la
question.
M. Duhaime: Je vais m'opposer.
Le Président (M. Jolivet): Moi aussi. Pour les mêmes
raisons que j'ai données, cette question n'a trait en aucune
façon à l'affaire qui est devant nous.
M. Duhaime: La SHQ, vous en parlerez avec M. Latouche.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit: À la suite
de l'entretien, pour donner suite à l'entretien. Je n'ai pas dit que
c'était pour d'autres raisons.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, d'une façon
ou d'une autre, la question n'a pas trait à notre mandat et elle est
refusée.
Une voix: Le rôle du premier ministre.
M. Bourbeau: Pour donner suite à l'entretien, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Elle est refusée, M. le
député.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Sur la question de
règlement. Une question de règlement.
M. Lalonde: Oui, sur "la". En fait, c'est très
général. Une question de règlement. Le témoin a
répondu à plusieurs questions entourant la réunion du 16
février. Ce qu'il a fait après, il a appelé M. Michaud
pour lui demander de trouver une "job" à M. Latouche, et cela a
été permis. Maintenant, on ne peut poser la question, à
savoir s'il aurait parlé à M. Cyr le 28 février pour les
mêmes raisons. Je comprends mal. J'aimerais qu'on m'explicite.
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que j'ai
peut-être été un peu trop permissif. J'essayais de voir
où le député allait avec ses questions et, quand je l'ai
arrêté, il n'a pas continué. Je ne lui permettrai pas, non
plus, de continuer cette fois-ci.
M. Lalonde: Alors, on ne saura jamais ce qui s'est
passé?
Le Président (M. Jolivet): Ah! Vous aurez d'autres
occasions. Vous avez la période des questions à
l'Assemblée nationale. Vous avez d'autres commissions que vous pouvez
demander si vous voulez, mais vous ne discuterez pas du problème de la
SHQ ici ce matin. Le problème, c'est la Baie-James et je vais observer
mon mandat.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je respecte votre
décision, mais on ne saura pas si cela avait trait au dossier ou
non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
votre curiosité n'est pas celle de la commission.
M. Bourbeau: Dans ces conditions, M. le Président, je
n'aurai pas d'autres questions.
Le Président (M. Jolivet): Je vous remercie. M. le
député de Bourassa n'est pas là aujourd'hui. On passe donc
aux députés de l'Opposition. C'est le député de
Louis-Hébert qui m'avait demandé la parole. Est-ce que le
député de Louis-Hébert prend son droit de parole?
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert. Oui?
M. Gauthier (Yves): Jusqu'à quelle heure
siège-t-on?
Le Président (M. Jolivet): Jusqu'à 13 heures. Vous
voulez avoir quelques moments de répit?
M. Gauthier (Yves): Oui, un petit brin.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Une suspension.
(Suspension de la séance à 11 h 57)
(Reprise de la séance à 12 h 03)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'énergie et des ressources reprend
ses travaux. La parole est au député de Louis-Hébert. M.
le député.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Me Gauthier, au
début de votre témoignage - je pense que c'est dans votre
déclaration préliminaire - vous avez indiqué quel
était...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
voulez-vous approcher votre micro, j'ai de la difficulté à vous
entendre.
M. Doyon: Pour reprendre, M. Gauthier a indiqué qu'il
avait une opinion sur le mérite de la cause qu'avait intentée la
SEBJ contre les divers syndicats. Cette opinion, il se l'était
formée à titre de tuteur. Je ne pense pas déformer les
paroles de M. Gauthier ou l'esprit de sa déclaration; il a dit que cela
ne valait rien, que cela ne valait pas cinq cents ou quelque chose
d'approchant. J'aimerais savoir de M. Gauthier s'il a gardé cette
opinion après être devenu conseiller spécial au bureau du
premier ministre, donc après le 3 octobre 1979.
M. Gauthier (Yves): Ah oui, c'est une opinion que je
m'étais faite. Elle était peut-être simpliste, mais, pour
moi, c'était toujours la même opinion.
M. Doyon: Alors, M. Gauthier, j'imagine que cette opinion que
vous vous étiez formée à titre de tuteur, c'était
à la suite des renseignements qui étaient à votre
disposition ou qui vous avaient été fournis par des
syndiqués ou par vos avocats. J'aimerais savoir comment vous vous
êtes formé cette première opinion, que vous dites avoir
gardée tout au long, même après votre arrivée au
bureau du premier ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je m'oppose.
Le Président (M. Jolivet): Oui, moi aussi.
M. Duhaime: Je peux motiver.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, ce n'est pas
nécessaire. C'est une question d'opinion. Je sais que j'ai un
problème, cependant. Me Gauthier en a fait mention dans ses notes
préliminaires. Je suis mal pris un peu à l'ouverture...
M. Lalonde: Je peux vous éclairer, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Comme c'est une
question d'opinion, on demande: Comment vous êtes-vous formé cette
opinion?
M. Doyon: Ce n'est pas une question d'opinion, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Laissez-moi quand
même terminer, on verra après. Ce que je voudrais savoir quant
à la formulation de la question, c'est comment, par quels moyens,
à cause des documents -on peut dire - privilégiés qu'il
avait - parce qu'il était tuteur - s'est-il formé cette
idée? On va en avoir pour longtemps s'il commence à parler de
cette chose.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Doyon: ...je pense qu'il faut distinguer entre une question
qui n'est pas recevable et une question qui peut amener une réponse qui
est longue. Je ne pense pas que nous ayons, à cette commission, à
nous rebuter pour une question que nous pouvons ou ne pouvons pas poser compte
tenu de la longueur de la réponse qu'elle peut amener. Je pense que,
lorsque je pose une question aussi simple que celle-là, une opinion que
vous affirmez et qu'il a reconnue il y a deux instants comme étant la
sienne, et que je lui demande, ce qui est très fondé, est
très à propos: Sur quoi vous êtes-vous basé pour en
arriver à cette opinion...
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Doyon: ...on ne peut pas y trouver quoi que ce soit à
redire, avec tout le respect que je vous dois.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, si vous voulez
intervenir avant que je prenne une décision finale.
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Le cheminement d'une
pensée, cela peut prendre
trente ans, dans un sens. C'est qu'il y a beaucoup
d'éléments qui viennent s'ajouter dans un dossier. On se forme
une opinion. Si vous me demandez mon opinion sur le Parti libéral, par
exemple...
Le Président (M. Jolivet): Ah! non, M. le ministre! M. le
ministre!
M. Duhaime: ...je vais vous la donner, mais cela pourrait
être long. Cela a évolué, cela a changé. Si l'on
commence à interroger tous et chacun des témoins en disant:
Quelle est votre opinion, quel est votre avis, quelle est l'évolution,
comment avez-vous fait cette évolution...
Le Président (M. Jolivet): Non, je n'aurai pas
besoin...
M. Duhaime: ...sur quel papier, sur quel document...
Le Président (M. Jolivet): ...d'un éclairage
additionnel.
M. Duhaime: ...M. le Président, on va passer
l'année ici.
Le Président (M. Jolivet): Je peux comprendre l'objection
de M. le ministre. Je suis obligé de dire que notre invité en a
fait mention dans ses notes préliminaires. La question qui est
posée par le député peut entraîner une très
longue réponse, j'en conviens, comme elle peut entraîner une
réponse très brève. Je pense que vous devrez
répondre, Me Gauthier, à la question qui vous est
posée.
M. Gauthier (Yves): Pourquoi je m'étais formé cette
opinion?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela et comment?
M. Gauthier (Yves): Dans le fond de moi, c'était bien
simple. Je me disais que les individus qui ont causé le saccage
étaient déjà à l'ombre. J'ai toujours compris que
Duhamel n'avait jamais été notre employé; c'est lui qui
avait fait le saccage. C'étaient les explications qu'on m'avait
données. Le chantier marchait bien. D'après moi, ce
n'était pas une affaire légale. Je n'ai pas consulté des
avocats, lu des textes. Il y en a qui ont dit que j'avais lu la cause de
Gaspé Copper, mais je n'ai jamais lu cela. Ce sont eux qui ont
été condamnés. Ils ne se sont pas reconnus coupables comme
nous. C'était bien évident que le local 791 n'avait pas affaire
là-dedans. Pour être pratique, c'est qu'il n'avait pas d'argent.
Les Américains en avaient, mais ils étaient un petit peu loin.
D'après moi, c'était la même chose. Ils n'avaient jamais
engagé Duhamel et, à un moment donné, ils ne savaient
même pas qu'il était là. C'était mon opinion.
À part cela, quand j'ai pris cela, il n'y avait pas beaucoup
d'argent là-dedans. On avait emprunté de l'argent à la
Banque Provinciale. Ce n'était pas le temps de commencer à
s'embarquer dans des frais. On n'avait même pas d'argent, je vous l'ai
dit, on mettait des employés dehors. Quand je suis parti, à ma
souvenance, en 1978, on avait ramassé 238 000 $. Avant, quand je l'ai
pris, c'était vide, on était dans le rouge. Après, je ne
le sais pas, mais j'ai l'impression que cela a redescendu. Il y a un groupe du
local 791 qui a formé un autre groupe, affilié aux
Américains.
Pour répondre à la question de M. le député,
c'est mon opinion. Je peux me tromper, mais c'était l'opinion que je
m'étais faite à savoir qu'on n'était pas responsable. Il
faut, quand même, être un peu pratique. Si je m'étais dit:
Ma cause n'est pas bonne on ne gagnera jamais, j'ai l'impression que les gars
le savaient eux-mêmes et qu'ils auraient formé un autre syndicat.
Quand l'action serait arrivée, je ne sais pas, de X millions, ils
auraient dit: Ne saisissez rien, on n'a rien. Cela se faisait j'en ai
l'impression, dans les syndicats, pas seulement là. En tout cas, les
syndiqués connaissaient mon opinion aussi. C'est moi qui leur demandais
de rester dans le syndicat, de ne pas s'en aller, parce que notre cause
était bonne.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Ooyon: Oui, merci. Me Gauthier, est-ce que cette opinion que
vous vous êtes faite, vous l'avez formulée partiellement à
la suite de discussions que vous avez eues avec les membres du syndicat dont
vous étiez le tuteur?
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Doyon: Oui. Quelles étaient ces personnes, par exemple,
que vous avez consultées?
M. Gauthier (Yves): Ah! C'était à des
réunions de l'exécutif. Je n'ai à l'idée personne
en particulier. Il y avait M. Paré, M. Jean-Louis... C'était
l'exécutif du temps. À part cela, je parlais à d'autres
gars aussi, c'est évident, et il y a d'autres personnes qui m'en
parlaient.
M. Doyon: Est-ce que l'opinion des personnes du syndicat
était unanime? Comme tuteur, j'imagine que vous étiez
appelé à travailler en collaboration avec diverses personnes.
Est-ce que l'opinion était unanime parmi les personnes que vous avez
consultées ou avec lesquelles vous avez discuté de cela,
concernant, par exemple, la valeur de la poursuite dont le syndicat dont
vous étiez tuteur était l'objet?
M. Gauthier (Yves): Dans mon opinion, oui, elles étaient
pas mal unanimes.
M. Doyon: Me Gauthier, après votre arrivée au
bureau du premier ministre, donc après le 3 octobre, ou, si vous voulez,
le 17, on n'en est pas à quelques jours près, est-ce que vous
vous êtes enquis d'une façon ou d'une autre des arguments qui
pouvaient être ceux de la partie adverse, étant donné que
vous ne portiez plus le chapeau de tuteur?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne m'en suis pas enquis, M. le
Président.
M. Doyon: Est-ce que vous avez réalisé que la
situation que vous occupiez était une situation qui, le moins qu'on
puisse dire...
M. Duhaime: M. le Président, je demande au
député de ne pas continuer, parce qu'il vient de sortir de
l'ornière.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, cette question a été posée, M. le
député.
M. Duhaime: En plus, vous prêtez des intentions, c'est
encore plus grave.
M. Doyon: M. le Président, ma question n'était
même pas terminée!
Le Président (M. Jolivet): Non, mais...
M. Doyon: Elle n'était pas terminée. Alors, on ne
peut pas... Si on prête des intentions...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert... Non, non, d'accord, d'accord, d'accord.
M. Doyon: ...c'est à moi qu'on en prête, M. le
Président.
M. Duhaime: Bien oui, c'est cela que j'ai dit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne me préoccupe pas de cela; c'est vous qui avez la parole - c'est moi
qui l'ai pour le moment - et je vous demande de ne pas poser une question qui a
déjà été posée. Si vous avez une autre
question, allez-y.
M. Doyon: Me Gauthier, est-ce que l'idée ne vous est pas
venue de prendre le même procédé que vous aviez
utilisé vis-à-vis des gens du syndicat dont vous étiez
tuteur pour obtenir le même type de renseignement de l'actionnaire unique
qui était le gouvernement du Québec, pour qui vous travailliez
à partir du mois d'octobre 1978?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous ne l'avez pas
fait, M. Gauthier?
M. Gauthier (Yves): Je pense que cela ne regarde pas le
député.
M. Duhaime: II a déjà répondu, M. le
Président.
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en suis pas occupé, c'est
tout. Je ne voudrais pas m'étendre, mais je pense bien que M. Doyon a
déjà été fonctionnaire. J'aime autant... Je ne
réponds tout simplement pas; c'est non, je ne me suis pas enquis, c'est
aussi simple que cela, même si c'était l'actionnaire principal. Je
vous dis que, quel que soit le gouvernement qui était là, cela ne
me dérangeait pas, c'était zéro. Cela avait
été pris dans le temps de M. Bourassa, mais je n'ai jamais dit:
C'est la faute à Bourassa, c'est ci et c'est ça. J'avais
l'expérience des syndicats, c'est tout.
M. Doyon: Me Gauthier, est-ce que, à votre idée, la
SEBJ est un organisme sérieux?
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
c'est une question d'opinion; je ne demanderai pas qu'il réponde
à cette question.
M. Gauthier (Yves): Je ne répondrai pas à cette
question, parce que...
Le Président (M. Jolivet): Ah non! Non! D'une façon
ou d'une autre, c'est une question d'opinion.
M. Doyon: Me Gauthier, hier, vers 11 h 10 - je l'ai pris en note
ici - vous avez dit: "M. Jasmin est venu me voir, comme les gars vont partout
où cela peut aider leur cause." Comment en êtes-vous venu à
la conclusion que Me Jasmin était venu vous voir pour aider sa
cause?
(12 h 15)
M. Gauthier (Yves): Parce que j'étais l'ancien tuteur, je
suppose. En fait, il est venu parce qu'il pensait qu'il aidait sa cause.
Il est venu pour autre chose aussi. Mais, je ne pense pas qu'il pensait
qu'en venant me voir, moi, j'irais voir M. Lévesque pour lui dire de
régler. On peut peut-être lui prêter cette
intention-là, mais moi, je connais M. Jasmin et ce n'était pas
pour cela.
M. Doyon: Mais, vous avez affirmé vous-même, M.
Gauthier...
M. Gauthier (Yves): J'ai affirmé que, lorsqu'un avocat a
une cause, il fait tout son possible pour essayer de la gagner. S'il faut qu'il
aille voir le gars du Bell Téléphone, il va y aller. S'il faut
qu'il aille en voir un autre, il va y aller. Mais M. Jasmin, autant que je me
souvienne, ne venait pas pour cela. C'était un ami, je vous l'ai dit, on
se voyait souvent, fréquemment. Je comprends que les autres puissent le
faire. Je comprends que n'importe quel avocat qui a une cause essaie de la
gagner. Mais je n'ai pas à m'étendre sur cela, M. le
Président.
M. Doyon: Vous avez dit - et là, ce sont vos paroles, M.
Gauthier - que la visite de Me Jasmin était une visite qui était
faite pour l'aider à gagner sa cause.
M. Gauthier (Yves): Non, je m'excuse, je n'ai jamais dit
cela.
M. Jutras: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, Me Jutras.
M. Jutras: On prend une phrase qu'on sort de son contexte. On
oublie toutes les autres phrases où on a expliqué amplement les
motifs, les buts, l'atmosphère qui régnait lors de ces
réunions, et on dit: Oubliez tout cela, vous avez dit tel bout de phrase
et justifiez cela maintenant. Alors, je fais objection, M. le Président,
parce que c'est une question qui contient des déductions de la personne
qui questionne.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. le
député.
M. Doyon: Je pense, M. le Président -et c'est là le
but de l'opération que nous poursuivons - que nous essayons d'obtenir
des réponses. À partir de ces réponses-là, nous
avons le droit de poursuivre plus à fond, de façon à
savoir ce qu'on voulait dire par les mots qu'on a employés. Les mots qui
ont été employés, quand ils sont cités, il
appartient au témoin de les expliquer ou d'en assumer les
conséquences. Et je ne pense pas, parce qu'on a dit oui et qu'on a dit
non après, qu'on ne puisse pas faire valoir le oui
précédent. M. le Président, la réponse demeure et
le témoin a répondu à une question de mon collègue
de Laporte qu'il avait perçu... On ne met pas en doute les paroles.
L'objection reconnaît que les paroles sont bien fondées. On ne met
pas en doute ces paroles-là. À une question qui était
posée par mon collègue de Laporte, il a répondu: M. Jasmin
est venu me voir, comme les gars vont partout où cela peut aider leur
cause. À partir de là, M. le Président, je pense qu'il est
important de savoir du témoin, de l'invité en quoi il a pu savoir
de M. Jasmin qu'on espérait de lui qu'il aide sa cause. Et ces
paroles-là ont été...
Le Président (M. Jolivet): Justement! Vous êtes en
train, à mon avis - en tout cas, selon mon gros bon sens - de vous
embourber dans votre demande. Je veux bien être clair. Posez une question
claire, mais pas comme vous l'aviez commencée. Vous avez mis des paroles
dans la bouche de notre invité et vous avez posé une question
après. Cependant, vous les avez utilisées hors contexte, comme
disait Me Jutras. Je voudrais bien aussi que notre invité sache de quoi
vous parlez. Et c'est cela qui m'inquiète, la façon dont vous
posez vos questions.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non, reprenez...
Peut-être que je pourrais permettre au député de
Louis-Hébert de reformuler sa question. Cela va peut-être nous
aider à voir si j'ai mal saisi. Mais, je vous le dis: J'essaie de vous
suivre et là, j'étais vraiment mal pris.
M. Doyon: Alors, ma question à Me... M. Duhaime: M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès de mon collègue. Je
voudrais faire une question de règlement qui rejoint l'incident
qui...
M. Doyon: De vous, cela ne me surprend pas; il n'y a pas
grand-chose...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député. M. le ministre.
M. Duhaime: Je pense, M. le Président, qu'il y a une
règle qui est établie, que tout le monde a suivie. Le
député de Louis-Hébert devrait s'y conformer. Si on veut
se référer au témoignage antérieur de Me Gauthier,
il faudrait qu'on nous dise, comme le faisait tout à l'heure le
député de Laporte - là-dessus, il est excellent, le
député de Laporte - ruban 1184, page 1 ou ruban 1186, page 3.
Alors, il faut qu'on fasse une référence quelconque pour que Me
Gauthier puisse prendre connaissance de ce qu'il a dit, et qu'on évite
de sortir une phrase ou deux du contexte, en toute justice pour le
témoin.
C'est cela qui est ma question.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Pour les besoins de la
cause, je pourrais prendre un exemple typique sur la manière de poser
une question. Comme ancien professeur de français, j'ai souvent eu
l'occasion d'expliquer à des élèves que cela fait une
différence, la ponctuation et l'intonation, dans ce qu'on va dire. Et je
vous donne l'exemple bien typique qu'on nous enseignait et que vous avez
certainement entendu. C'est quand on dit, de façon différente, la
même phrase: II sortait en pleurant du café et il sortait en
pleurant, du café. Il y a une sapristi de différence! C'est
seulement cela que je veux faire comprendre au député de
Louis-Hébert afin qu'il pose sa question de façon qu'on comprenne
ce qu'il veut dire.
M. Duhaime: M. le Président, vous allez me permettre
d'ajouter ceci à ce que vous venez de donner comme exemple; cela peut
paraître très bizarre, mais c'est aussi très sage.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Vous savez que j'ai souvent eu
l'occasion de recevoir des fleurs, mais le pot vient de temps en temps aussi.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: J'ai ici le ruban 1250, à la page 1, à 11
h 10, M. Gauthier répond à une question de M. Bourbeau: "Dans le
fond, s'il n'était pas venu me voir, selon moi, il aurait
été niaiseux. Je parle de M. Jasmin. Un avocat, lorsqu'il a une
cause, selon moi, il va voir le plus de gens qu'il peut, il faut qu'il gagne sa
cause." Ce sont les paroles au ruban 1250, page 1.
Le Président (M. Jolivet): Votre question.
M. Doyon: Ma question est la suivante: Étant donné
que vous avez donné cette réponse-là, qu'est-ce qui vous a
fait croire que M. Jasmin allait vous voir pour l'aider à gagner sa
cause?
M. Gauthier (Yves): Parce que je pouvais être son
témoin.
M. Doyon: Parce que vous pouviez être son
témoin.
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Doyon: Est-ce que vous avez discuté de cette
possibilité que vous soyez le témoin de M. Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Cela a déjà été
soulevé.
M. Doyon: À quel moment cela a-t-il été
soulevé?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas exactement, mais est-ce que
je n'ai pas dit cela? Je sais qu'il avait été question que je
sois témoin.
M. Doyon: Est-ce que vous avez - vous ne vous souvenez pas quand,
si je comprends bien - discuté du témoignage que vous auriez pu
rendre dans cette cause?
M. Gauthier (Yves): Non, on n'en a pas discuté. Au cours
d'une conversation dont je ne me souviens pas, il avait dit: Tu peux être
appelé comme témoin, tu sais.
M. Doyon: C'est la seule raison qui vous a fait affirmer...
M. Gauthier (Yves): Je pense que c'est une bonne raison, quand il
me dit que je peux être témoin.
M. Doyon: Est-ce que vous avez eu l'occasion, à la suite
de cette information transmise par M. Jasmin que vous pourriez être un
des témoins dans cette cause-là, de préparer avec lui le
témoignage que vous pourriez avoir à rendre?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Doyon: Est-ce que les liens d'amitié qui vous liaient
à M. Jasmin et que vous avez réaffirmés à plusieurs
reprises ont joué dans la façon dont vous avez reçu M.
Jasmin à votre bureau?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président. Ces liens
d'amitié n'ont rien eu à faire pour entraver mon processus de
pensée, tout comme j'ai d'autres amitiés avec - je l'ai dit
encore - des gens du Parti libéral que je vois
régulièrement. Quand on est ensemble, on ne parle pas
d'élection. On parle d'autres choses. Que ce soit Jasmin ou un autre, on
est des amis et c'est tout.
M. Doyon: C'est sur la base de cette amitié que les
rencontres, selon vous, répétées...
M. Gauthier (Yves): Pardon? Vous dites les rencontres
répétées?
M. Doyon: C'est sur la base de cette amitié que les
rencontres répétées que vous avez eues avec M. Jasmin - il
y en a eu plusieurs...
M. Gauthier (Yves): II y en a eu quatre.
Le Président (M. Jolivet): Je ne
voudrais pas être désagréable - comme je le dis
souvent - mais...
Une voix: Est-ce le bon mot?
Le Président (M. Jolivet): ...c'était mon mot. Je
le connais assez pour le dire depuis le début. La façon dont vous
posez votre question: C'est sur cette base que...
M. Doyon: Est-ce que c'est?
Le Président (M. Jolivet): Je pense que c'est quand
même important. Une question est une question. S'il faut commencer
à faire de l'analyse de texte et ensuite vous montrer à poser des
questions, on va le faire; mais, s'il vous plaît, n'affirmez pas des
choses pour poser votre question. Une affirmation et une question, c'est bien
différent.
M. Doyon: M. le Président, ma question était
très simple. Je disais ceci et, si vous n'y voyez pas de
question, je vais essayer de trouver une autre manière. Est-ce que les
liens d'amitié qui vous liaient à M. Jasmin ont joué d'une
façon ou d'une autre dans les quatre ou cinq rencontres que vous avez
eues avec lui à partir du mois d'octobre 1978 jusqu'au 16 février
1979?
M. Gauthier (Yves): C'est quatre rencontres en trois mois. Cela
n'a affecté d'aucune manière le déroulement de la
chose.
M. Doyon: D'après les renseignements que nous avons, si
l'on remonte au 17 octobre, il y en a eu deux en 1978 et trois en 1979; le
total est de cinq.
M. Gauthier (Yves): Le total est de quatre si on parle du dossier
de la Baie-James, M. le député.
M. Doyon: Ce que je voudrais savoir,
Me Gauthier, c'est: Est-ce que vous avez continué à
revoir, après le 16 février, Me Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Duhaime: Je vais m'opposer très fermement ici. Je pense
que les gens ont droit à ce que j'appellerais un minimum de vie
privée. Je préviens tout de suite le député de
Louis-Hébert que, s'il choisit cette tribune pour faire de
l'"éclaboussage", il se trompe d'endroit. Cela n'a absolument rien
à voir avec le mandat de la commission, le fait que Me Gauthier ait pu
avoir des rencontres avec qui il voudra...
M. Doyon: M. le Président sur la question de
règlement...
M. Duhaime: ...après le mois de février.
M. Doyon: ...avec votre permission. Je pense qu'il est important
pour la commission de comparer le comportement de Me Gauthier avec Me Jasmin
alors qu'il y avait une cause de 32 000 000 000 $ qui était en suspens
et dont on désirait le règlement.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse.
Il y a juste une chose que j'ai de la misère à comprendre:
vous dites de comparer le comportement...
M. Doyon: Si vous me laissez l'expliquer, vous allez tout
comprendre cela.
Le Président (M. Jolivet): Avant d'aller plus loin, si
vous dites de comparer le comportement...
M. Duhaime: Comparer quoi?
M. Lalonde: M. le Président, si vous laissez...
Le Président (M. Jolivet): Je vais le laisser terminer.
Oui, M. le député. Je vais simplement le mettre en garde au sujet
de ce qu'il dit. Il dit: comparer le comportement. On ne peut pas comparer des
comportements, au sujet de ce qu'on a ici devant nous. Allez-y donc.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'un minimum de
patience pourrait nous permettre de comprendre.
Le Président (M. Jolivet): J'en ai eu beaucoup, vous
savez, mais il y a des limites.
M. Lalonde: Comparer le comportement entre deux personnes dans
une période avec le comportement de ces deux mêmes personnes dans
une autre période, c'est le but de la question. Lorsque le ministre
invoque la vie privée, je veux bien. Mais, lorsque le témoin
lui-même invoque l'amitié comme raison majeure - je n'ose pas dire
la seule, pour ne pas mettre dans sa bouche des mots qu'il n'aurait pas
prononcés - de la présence de Me Jasmin à quelques
reprises dans son bureau, où il a été question de la
cause, à ce moment, je ne sais pas, cela dépend de la
réponse. Si, après le règlement de la cause, on se voit
moins souvent, ou on ne se voit plus, ou on ne parle plus de causes, ou Me
Jasmin ne vient plus parler de ses causes à Me Gauthier, là on
peut tirer des conclusions...
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas cela que je veux
dire. Il faut tout de même bien se comprendre. C'est que le
député a commencé par un préambule en disant de
comparer des comportements. S'il a une question, qu'il l'a pose, mais qu'il ne
fasse
pas de préambule, s'il vous plaît. Cela va permettre
d'aller plus rapidement et, en même temps, de savoir la réponse
à sa question.
M. Lalonde: C'est de la question de règlement qu'il
parlait.
M. Doyon: C'était sur la question de règlement, M.
le Président. Ce n'était pas la question que j'ai posée au
témoin. Vous ne m'avez pas laissé la lui poser. Si vous me le
permettez, sur la question de règlement...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Doyon: Sur la question de règlement, quand j'ai
parlé de comportement, c'était pour vous expliquer la base de la
question que je voulais poser au témoin. C'était pour vous
indiquer que je désirais comparer deux comportements: un qui
était antérieur au 16 février, où il y a eu, dans
l'espace de cinq mois, cinq rencontres; je voulais comparer ce comportement, au
niveau des rencontres et au niveau des communications entre le témoin et
Me Jasmin, avec ce qui s'était passé postérieurement au 16
février. Je n'ai jamais demandé au témoin: Quel a
été votre comportement? Je n'ai jamais, dans un préambule,
employé ce mot. Je vous ai expliqué, sur une question de
règlement, que je voulais comparer deux comportements dans deux
périodes différentes. Je n'ai pas fait ce que vous m'accusez
d'avoir fait.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, c'est exactement ce que moi,
en tout cas, j'avais saisi de l'orientation que vous vouliez prendre. Le 16
février 1979 est, pour le député de Louis-Hébert,
une date historique, semble-t-il, dans sa vie, d'après ce qu'il vient de
nous indiquer. Il voudrait donc établir que, jusqu'au 16 février
1979 - à partir du jour, j'imagine, où Me Gauthier et Me Jasmin
se connaissent - cela a été la période ante; puis du 16
février 1979 à nos jours, cela a été l'autre
période. Ensuite, il voudrait évaluer si, entre les deux
périodes, il y a des variables dans les comportements.
M. le Président, je vous en supplie, ne laissez pas notre
commission s'engager dans cette voie. On va être rendu en 1987 et on
n'aura pas encore fini. (12 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Même là, je ne
l'accepterais pas, puisque j'ai dit que la date à laquelle nous devons
nous arrêter est la date du règlement hors cour, soit mars 1979,
et je ne bougerai pas. Si vous voulez, entre cette période, sur le
mandat, allez, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. Lalonde: M. le Président, si vous...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, j'ai une question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends que le mandat de
la commission est d'examiner les circonstances entourant la prise de
décision. Mais, pour expliquer ces circonstances, il est souvent
nécessaire d'aller au-delà de cette période, ce que vous
avez d'ailleurs permis de faire lorsqu'on a posé la question à Me
Beaulé, à savoir s'il avait, durant la fin de semaine, en fait,
en plein milieu de son témoignage, communiqué avec Me Boivin. La
question a été permise. Ce que vous n'avez pas permis, c'est de
parler du contenu de la conversation, parce que Me Beaulé avait dit que
cela n'avait rien à voir avec le mandat. Ce sont des questions
très pertinentes. Par hypothèse, par exemple, seulement pour
illustrer, si Me Jasmin n'est plus jamais venu se confier à Me Gauthier,
au bureau du premier ministre, sur ses autres causes... À partir du 16
février, il y en a eu d'autres. À ce moment, on peut quand
même dire que le lien d'amitié qui les unissait et qui semblait
être la principale raison devait être accompagné d'autres
raisons.
M. Jutras: M. le Président, juste le fait que vous
laissiez soulever des hypothèses semblables pour des questions que vous
jugez irrecevables crée déjà un préjudice à
votre invité. Cela laisserait entendre que cela ne serait pas le cas,
alors que ce n'est pas du tout... M. Gauthier serait prêt à
répondre à la question, mais, si cela ne regarde pas le mandat de
la commission, cela ne le regarde pas.
Le Président (M. Jolivet): Allez, Me Gauthier. On va
voir.
M. Jutras: M. le Président, vous avez bien saisi. Si cela
ne regarde pas le mandat de la commission, il n'a pas à répondre
à cela.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que...
M. Lalonde: Oui, mais est-ce que vous voulez répondre, oui
ou non?
M. Jutras: C'est parce que vous soulevez des hypothèses
laissant entendre que, possiblement, il y aurait eu moins ou plus de
rencontres...
M. Doyon: Oui, mais...
M. Jutras: ...ou quoi que ce soit. Ce sont des hypothèses
sur des questions irrecevables, qui ont pour effet de créer un
préjudice à l'invité.
Une voix: C'est cela.
M. Jutras: Alors, je m'oppose, M. le Président, à
ce que des hypothèses semblables soient soulevées sur des
questions lorsque vous les avez jugées irrecevables.
Le Président (M. Jolivet): Vous savez, dans notre
façon parlementaire d'agir, des fois, on utilise toutes sortes de
façons détournées pour faire comprendre ce qu'on ne
devrait pas faire directement et, à certaines occasions, c'est bien
difficile de faire en sorte que cela ne se produise pas.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Et...
M. Lalonde: J'ai dit une question de règlement...
Le Président (M. Jolivet): Oui, je sais. J'en ai beaucoup
pour le moment. Je vais commencer par en régler une.
M. Lalonde: Sur ce que je voulais dire.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Je vais commencer par
en régler une. Il y a le ministre qui veut intervenir sur la question de
règlement et on verra ensuite.
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Je serais tenté
d'essayer de lire une nouvelle fois l'éditorial du journal Le
Droit...
Le Président (M. Jolivet): Mais ne le faites pas.
M. Duhaime: ...mais on va s'y opposer. Ce que je veux dire, M. le
Président, de façon très claire, c'est qu'ici ce n'est pas
une salle de psychanalyse ou une réunion de groupes organisés ou
de psychiatrie. Les questions de comportement sur une... Je pars du principe
suivant: Me Gauthier nous a dit qu'il connaissait Me Jasmin depuis 1970.
peut-être même avant, jusqu'à 1983 inclusivement; cela
commence à faire pas mal de temps. Si, pour le député de
Louis-Hébert, le 16 février 1979 est une date critique, une date
centrale dans la vie de Me Gauthier, de Me Jasmin et de leurs relations et
interrrelations, ce que je vous dis, à moins que ce ne soit
carrément et directement relié au mandat de notre commission,
c'est que, si nous commençons à entrer dans des analyses de
comportement et s'il fallait qu'on fasse des comparaisons de comportement sur
nos périodes de vie respectives - je le dis sans aucune espèce de
malice ou de taquinerie - cela pourrait être très long dans
certains cas, peut-être plus court dans un, très long dans
l'autre, mais le point est qu'on n'en sortira jamais.
Le Président (M. Jolivet): Sur la même question,
avant que je passe au député de Marguerite-Bourgeoys, parce qu'il
y a une autre question qu'il voudra soulever ensuite...
M. Doyon: M. le Président, l'objection que fait le
procureur de Me Gauthier que nous ne pourrions pas, au moyen
d'hypothèses, vous faire valoir notre point de vue, à ce moment,
je pense que la présidence serait la première perdante
là-dedans. Notre devoir ici est de vous éclairer sur le
bien-fondé de nos questions. Pour que vous puissiez prendre une
décision éclairée, notre devoir est de vous montrer, et le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a fait d'une façon qui
est suffisamment convaincante pour qu'on comprenne rapidement, que si, pendant
un espace de cinq mois, on va voir une personne, si on dit qu'on va voir cette
personne parce qu'on est lié par des liens d'amitié avec elle et
si, après - ce sera à établir et à voir - il n'y a
plus de rencontre, cette commission a le droit de savoir cela parce que cela va
éclairer cette commission sur la nature des visites antérieures
au 16 février. Si je ne pose pas la question...
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement.
M. Doyon: ...la commission ne le saura jamais. Si vous ne la
permettez pas, vous ne permettrez donc pas à la commission de faire son
travail. Je pense qu'on doit, tous ensemble, être d'accord: quant aux
questions on ne peut pas tirer de ligne artificielle là-dedans et on ne
peut pas dire qu'à partir de telle date, une question est recevable ou
elle ne l'est plus. Une question est recevable tant et aussi longtemps, quelle
que ce soit la date où elle se situe, qu'elle permet à la
commission...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
m'excuse, ne remettez pas en cause ma décision.
M. Doyon: Je ne remets rien en cause, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais vous êtes en
train de le faire indirectement.
M. Doyon: Je suis en train de dire que le fait de dire
qu'automatiquement une question ne serait pas acceptable parce qu'elle porte
sur un événement qui est postérieur à telle date
est une limite qui ne
doit pas nous guider absolument, sans exception.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, ce
que je veux savoir au niveau de l'ensemble des questions qui sont
posées, c'est en rapport au mandat. Une fois que je sais cela, vous
saurez à ce moment-là la pertinence des questions qui seront
posées. Je veux seulement m'assurer de cela parce que notre
invité a le droit aussi à une certaine forme de justice. Je ne
veux pas parler de tel ou tel comportement dans les questions qui sont
posées, soit sous forme de question de règlement ou autres. Ce
que j'ai dit tout à l'heure - je voudrais, quand même, le
répéter - c'est que c'est notre droit parlementaire qui fait
qu'on est à gauche ou à droite et qu'on utilise certains moyens.
Sans vouloir dire qu'on les a utilisés, je dis que cela existe, et c'est
dans ce sens que je ne peux pas arrêter toute question de
règlement tant que je n'ai pas, au moins, entendu l'ensemble de la
question de règlement pour voir si, effectivement, cette question de
règlement est permise ou pas. C'est la façon que j'ai toujours
utilisée et que je vais continuer à utiliser. La seule chose que
je veux dire, c'est que je demande à tous et à chacun de ne pas
utiliser une question de règlement pour faire indirectement ce que le
règlement ne permet pas de faire directement. C'est ce que j'ai voulu
dire.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste avant, il y avait sur la
même question...
M. Lalonde: Non, je l'ai posée bien avant lui.
M. Tremblay: C'est-à-dire que je...
Le Président (M. Jolivet): Je vais commencer par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Tremblay: L'alternance ne joue pas dans les questions de
règlement, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Après.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai cru comprendre - j'ai
sûrement mal compris -que vous auriez laissé croire ou, enfin, que
j'aurais fait indirectement ce que je ne peux pas faire directement. Je pense -
je ne veux pas prendre à témoin Me Jutras, qui a sûrement
une expérience de la preuve - qu'il est tout à fait permis,
lorsqu'une objection est faite à une question, de démontrer au
juge du tribunal, à la présidence ici, quelle est la raison de
cette question, quelle est la pertinence et comment elle se rattache à
la cause principale. C'est ce que j'ai voulu faire et je pense qu'on devrait
laisser à Me Gauthier le soin d'y répondre, s'il veut y
répondre. À ce moment-là, on enlève à la
commission un élément important de son travail. Je vous rappelle,
M. le Président, qu'au cours de nos travaux vous avez jugé bon -
et vous l'avez admis et vous nous en avez fait état - de modifier,
peut-être de resserrer la façon d'interpréter la
recevabilité des questions. Vous l'avez fait et vous ne vous en
êtes pas excusé. En fait, c'est une décision que vous avez
prise, ce qui ne vous empêche pas de réviser certaines de vos
décisions antérieures. Je vous invite à le faire, par
exemple pour celle de vos décisions qui empêcherait la commission
de poser des questions pertinentes, mais qui portent sur une étape
ultérieure au règlement, pour permettre de porter un jugement sur
ce qui s'est passé pendant la période du règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, je pense qu'il y a lieu
d'éclairer un peu ici la perspective que l'Opposition a. Je pense que
c'est là notre problème présentement. L'Opposition part du
point de vue que la seule raison pour laquelle Me Jasmin a rencontré Me
Gauthier, c'est parce que c'était son ami. Me Gauthier a dit tout
à l'heure qu'il était aussi un témoin potentiel dans cette
cause. Si l'Opposition avait compris cette partie-là, elle pourrait dire
que la seule et unique raison pour laquelle Me Jasmin a rencontré Me
Gauthier, c'est que c'était son ami. Il y a aussi d'autres
éléments. Me Gauthier l'a dit tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, je continue toujours à maintenir que le mandat pour lequel nous
sommes ici, c'est la décision prise par le conseil d'administration de
la Société d'énergie de la Baie James. Le règlement
a eu lieu à une certaine date et je ne change pas ma décision sur
cette question. Si vous voulez poser des questions entre la date du 16
février et le reste, vous avez amplement le droit de le faire et je vais
vous le permettre. Évidemment, comme le dit le député qui
est à ma gauche, si c'est pertinent, bien entendu.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, votre décision est
rendue et je vais m'y conformer. Compte tenu que je ne peux pas savoir comment
cela se passait après le 16 février, je vais essayer de savoir
comment cela se passait avant le 17 octobre.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, mais ce n'est pas
cela que j'ai dit. J'ai dit entre le 16 février et la date où le
règlement a été signé, c'est-à-dire au mois
de mars 1979. La date exacte, c'est le 13 mars. Donc, vous avez presque un
mois.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez, docteur!
M. Doyon: M. le Président, le mois que vous me donnez est
très limitatif. Je vais poser la question simplement pour la forme.
Le Président (M. Jolivet): Vous voyez, M. le
député, je ne veux pas vous être désagréable
encore, mais de la façon dont vous avez dit cela, vous mettez en cause
ma décision et je ne l'accepte pas. Comme président, je n'ai pas
le droit d'accepter que vous mettiez en doute par vos propos la décision
que j'ai rendue.
M. Doyon: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. S'il vous
plaît!
M. Doyon: Ce que j'ai dit, c'est que vous me donniez un mois et
que je considérais cela comme étant limitatif. C'est une opinion
personnelle que j'exprime. Je vous l'ai exprimée avant "votre"
règlement et je continue, tout en respectant votre règlement et
en m'y conformant dans les questions que je vais poser, de croire que c'est
limitatif.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député. Je ne veux pas vous être désagréable
et passer pour quelqu'un qui veut vous chercher noise, mais il y a une chose
qui est certaine, c'est que vous parlez de mon règlement. Ce n'est pas
mon règlement, mais l'Assemblée nationale qui est ici par
moi.
M. Lalonde: C'est un lapsus.
Le Président (M. Jolivet): C'est un lapsus qui en dit
beaucoup, quant à moi.
M. Doyon: C'est votre décision, M. le
Président.
M. Lalonde: C'est "décision" qu'il voulait dire.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, je n'accepterai pas que vous mettiez en doute ma conduite autrement que
par les moyens que le règlement vous permet. J'ai rendu une
décision; cette décision est basée sur ce que j'ai
à mettre en pratique au niveau du règlement. J'espère que
vous ne ferez pas indirectement ce que vous ne pouvez pas faire directement, M.
le député.
M. Duhaime: M. le Président, sur un autre sujet...
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Duhaime: ...mais ce ne sera pas quelque chose qui va vous
embarrasser. Je pense que cela va aider tout le monde.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Vous reprendrez vos
questions ensuite, M. le député de Louis-Hébert.
M. Duhaime: Nous avions convoqué pour aujourd'hui,
à la séance de ce matin, Me Yves Gauthier et aussi Me Jean-Roch
Boivin. Je ne citerai pas mes sources, M. le Président, mais j'avais
estimé que nous pourrions terminer avec Me Gauthier vers 11 heures;
donnons-nous une marge d'erreur et disons midi. J'aurais espéré
que l'on commence avant l'heure du lunch le témoignage de Me Boivin.
Alors, avec la tentative d'opération de psychanalyse qui est en train
depuis 20 ou 25 minutes, on brûle beaucoup de temps. Je voudrais
suggérer, si on peut, de libérer Me Boivin.
M. Lalonde: Faites une motion.
M. Duhaime: Ah! Je peux... Non, je ne ferai pas de motion.
M. Lalonde: Cela va bien.
M. Duhaime: Mais si vous étiez d'accord, je pense que cela
permettrait au chef de cabinet du premier ministre de travailler aujourd'hui.
Je crois qu'il doit se rendre à Montréal. M. le Président,
je vous le demande pour les fins de nos travaux, pour que ce soit bien
officiel, car je ne voudrais pas qu'on me fasse un reproche et qu'on dise que
le chef de cabinet du premier ministre est disparu, et que cela paraisse en
première page, comprenez-vous?
M. Lalonde: Non, non.
M. Duhaime: Alors, si on le libérait d'un commun accord,
cela nous arrangerait. Si vous refusez, je serai obligé de lui demander
de perdre son après-midi et de rester à la disposition de la
commission sans qu'on ait la garantie qu'il sera appelé à
témoigner aujourd'hui. Connaissant le député de
Louis-Hébert, cela risque d'être long; d'autant plus que cela fait
cinq jours qu'il n'est pas venu à la commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, M. le
ministre.
M. Duhaime: Là, il veut se faire remarquer un peu, je le
comprends.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, s'il vous
plaît, ne faites pas ces choses. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. (12 h 45)
M. Lalonde: M. le Président, à peu près aux
mêmes sources que je ne citerai pas et que le ministre avait, moi aussi,
je croyais qu'on pourrait terminer l'interrogatoire de Me Gauthier autour de
midi, entre 11 h 30 et midi. Mais les choses se produisant comme on sait, cela
ne pourra pas, malheureusement, se terminer avant 13 heures. Je suis
parfaitement d'accord pour libérer - c'est tout un honneur pour nous de
lui donner sa liberté - Me Jean-Roch Boivin. Maintenant, dans cette
même ligne d'organisation de nos travaux, s'il nous restait quelques
heures cet après-midi - Me Boivin n'étant plus disponible
à la suite de notre décision - est-ce qu'on pourrait donner suite
à un télégramme dont je viens de recevoir une copie et qui
vous a été envoyé, M. le Président? Je ne sais pas
si vous l'avez eu: "M. le Président, dans la semaine du 4 avril...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Duhaime: Est-ce que je pourrais avoir une copie de votre
télégramme?
Le Président (M. Jolivet): Oui, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Oui, tenez, c'est signé par M. Maurice
Pouliot.
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est justement ce pour
quoi je ne vous...
M. Lalonde: Voulez-vous le lire?
Le Président (M. Jolivet): Non, je ne le lirai pas.
M. Lalonde: Bien oui, mais c'est adressé à vous, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oh! Je le sais. Tout simplement
pour vous dire que je n'ai aucun mandat de nommer ici des personnes qui ne sont
pas à être invitées à cette commission. Ce n'est pas
moi qui décide de cette question. Donc, je ne lirai pas tout
télégramme que je reçois de qui que ce soit, et je ne le
permettrai pas, non plus.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lalonde: Cela touche les travaux de la commission.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le
député, je vous l'ai dit, si vous voulez toucher...
M. Lalonde: Écoutez...
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Cette question a
été réglée.
M. Lalonde: Si vous voulez qu'on soit ici à 18
heures...
Le Président (M. Jolivet): Oh! Il n'y a pas de
problème, quant à moi; je suis disponible jusqu'à 18
heures.
M. Lalonde: ...on peut en parler longtemps.
Le Président (M. Jolivet): Mais il y a juste une chose que
je peux vous dire, c'est ce que, si vous voulez entrer dans ce débat,
vous y allez par motion. Je n'accepterai pas autre chose que cela.
M. Lalonde: M. le Président, c'est une information que je
veux donner, tout simplement, à la commission. Est-ce qu'on nous
bâillonne au point de...
Le Président (M. Jolivet): Non, ce n'est pas une question
de bâillon.
M. Lalonde: Bon. Alors, c'est un télégramme dont
j'ai reçu copie, qui vous est adressé. Un
télégramme de Maurice Pouliot, président-directeur
général du...
M. Duhaime: Je n'en ai pas eu de copie, moi, je ne comprends pas
cela.
M. Lalonde: ...Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction (international)...
Le Président (M. Jolivet): Qui dit...
M. Lalonde: ...et qui vous informe que: "Je suis toujours
disponible à être entendu...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, M. le
député.
M. Lalonde: ...devant cette commission si vous le
désirez."
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député, d'accord.
M. Lalonde: II dit, à part de cela, qu'ils ont fait un
mémoire à la suite de
l'invitation...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! C'est
donc fait. Votre message est passé, mais je dois vous dire...
M. Lalonde: ...du secrétaire des commissions.
Le Président (M. Jolivet): ...que, compte tenu que je n'ai
pas ce mandat des membres de la commission par une motion, je ne le ferai
pas.
M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que je pourrais en
avoir une copie?
Le Président (M. Jolivet): Vous voulez avoir le
télégramme? Tenez. Oui, mais, M. le député, on me
fait mention à ma gauche - vous en avez fait mention de l'autre bord que
M. Giroux avait envoyé un télégramme; mais M. Giroux
était convoqué devant cette commission et il expliquait pourquoi
il ne pouvait pas venir. Il s'excusait et disait qu'il serait disponible pour
la commission. C'est bien différent.
Dans le cas de M. Pouliot, je n'ai reçu aucune indication de
cette commission. Je ne suis pas président de ma gauche ou de ma droite,
je suis président de l'ensemble...
M. Paradis: Sur la question...
Le Président (M. Jolivet): Non, non, je n'accepterai pas
de discussion.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non. Si vous voulez faire quoi
que ce soit, vous ferez une motion. Je l'accepterai et on la discutera.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre permet qu'on en parle?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre permet qu'on en discute
maintenant?
Le Président (M. Jolivet): Non. M. Duhaime:
Non.
M. Lalonde: Non? Vous allez l'avoir! M. Paradis: M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ...c'est simplement une précision...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Paradis: ...pour qu'on se comprenne bien, sur le
parallèle que je fais dans le cas de M. Giroux. Sauf erreur, dans le cas
de M. Giroux, son nom apparaissait sur la liste maîtresse de la
commission. On ne l'avait pas, sauf erreur, convoqué pour telle
journée, telle heure, mais son nom apparaissait...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Non, non, j'ai
vérifié. Il était convoqué pour la journée,
comme tout le monde avait été convoqué. La seule chose,
c'est qu'on avait une indication dans son cas qu'à cause de maladie il
demandait d'être relevé de son devoir de venir, mais, en
même temps, il se rendait disponible.
M. Paradis: Je m'excuse, donc, de la petite inexactitude. Mais
vous me dites que tout le monde qui était sur la liste était
convoqué pour la première journée?
Le Président (M. Jolivet): Les ententes qu'il y a eu, moi,
je...
M. Lalonde: M. Latouche était là?
M. Paradis: Donc, le nom de M. Pouliot apparaissait sur la
liste?
Le Président (M. Jolivet): Non, non.
M. Paradis: M. Latouche, son nom apparaissait?
Le Président (M. Jolivet): Je dois vous dire une chose.
Tout ce que je peux vous dire, quant à moi: Le mandat que j'ai, c'est de
faire en sorte que les gens qui viennent devant cette commission puissent
être entendus. Cette question-là a été longuement
discutée.
M. Paradis: Si je comprends bien, M. le Président,
très brièvement, pour conclure...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Paradis: ...vous seriez prêt à lire un
télégramme de M. Latouche, mais non un télégramme
de M. Pouliot?
M. Lalonde: M. Giroux était dans la même
situation.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président!
Le Président (M. Jolivet): Non. Ce sont les gens qui
étaient convoqués devant cette commission pour être des
témoins, de part et d'autre.
M. Duhaime: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais rendre une chose
claire. Je comprends que le député de Brome-Missisquoi, qui est
assidu à nos travaux, ne peut pas se rappeler tout. Moi non plus,
d'ailleurs. M. Pouliot, son nom n'est jamais apparu sur aucune liste, n'est-ce
pas?
M. Lalonde: Non.
M. Duhaime: À moins qu'il ne vous ait écrit une
lettre en vous envoyant une liste.
M. Lalonde: Non, non.
M. Paradis: On n'a pas eu de lettre.
M. Duhaime: Le cas de M. Latouche est différent, M. le
Président. Je l'ai déjà dit: M. Latouche est un
bénévole qui travaille pour le Parti libéral du
Québec. Je l'ai qualifié de "faiseux"...
Le Président (M. Jolivet): Ah, non. M. le ministre. M. le
ministre.
M. Duhaime: ...et il ne viendra pas devant la commission
parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le ministre, je
n'accepterai pas cela. M. le ministre, je n'accepterai pas cela. Non.
M. Duhaime: D'accord, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on revient au
député de Louis-Hébert.
M. Lalonde: Non. Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II y a quand même des limites.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On a déjà assez de temps à
perdre et à consacrer pour savoir si quelqu'un a menti à
l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Lalonde: ...qu'on ne viendra pas entendre le ministre dire des
menteries ici...
M. Duhaime: Quelles menteries?
M. Lalonde: ...à savoir que M. Latouche travaille
bénévolement pour le Parti libéral.
C'est complètement faux.
M. Duhaime: C'est lui qui l'a dit. M. Lalonde: C'est
complètement faux.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député de Louis-Hébert.
M. Lalonde: Cela ne se passera pas comme cela, je m'excuse.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je vais...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. Juste un
instant. Juste un instant.
Une voix: 1344 $.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je ne
vous permettrai pas de faire lecture de choses que je n'ai pas permises.
M. Duhaime: Je ne ferai pas de lecture, M. le Président,
je veux seulement faire une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, non.
M. Duhaime: Je veux demander au député de
Marguerite-Bourgeoys de...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. le
ministre...
M. Duhaime: ...retirer ses paroles.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, je veux
m'assurer...
M. Duhaime: Cela va être la deuxième fois.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le ministre. Je veux
m'assurer que vous ne ferez pas indirectement ce que je ne permets pas
directement.
M. Lalonde: Qu'il le fasse.
Le Président (M. Jolivet): Et, en
conséquence...
M. Lalonde: Qu'il le fasse.
Le Président (M. Jolivet): ...je vais donner la parole au
député de Louis-Hébert.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Attention, M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. Duhaime: Ah oui. Parce que c'est très sérieux,
ce qui vient de se produire. Le député de Marguerite-Bourgeoys,
je l'ai entendu très clairement, a dit que je raconte des menteries.
M. Lalonde: M. Latouche n'est pas un bénévole du
Parti libéral.
M. Duhaime: Ce que je dis, M. le Président, c'est que M.
Latouche travaille bénévolement pour le Parti libéral du
Québec. C'est ce qu'il a dit à l'émission d'André
Arthur et c'est ce qu'il a écrit dans un papier de vingt pages qu'il a
fait distribuer. Il a même ajouté, dans son papier, que le Parti
libéral du Québec lui avait remboursé des frais de
séjour et de déplacement...
Le Président (M. Jolivet): Bon, vous voyez...
M. Duhaime: ...pour 1344 $. Alors, ce ne sont pas des
menteries.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Vous
voyez dans quoi je ne voulais pas m'embarquer, mais...
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): ...par vos questions de
règlement...
M. Duhaime: C'est la pure vérité.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Le ministre...
Le Président (M. Jolivet): Oui, juste un instant. On va y
aller tranquillement.
M. Duhaime: Vous devriez vous excuser.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Pas du tout.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Duhaime: Si vous ne voulez pas retirer vos paroles, vous
devriez vous excuser.
Le Président (M. Jolivet): Je sais qu'on arrive à
13 heures...
M. Duhaime: On commence à avoir faim.
Le Président (M. Jolivet): ...et qu'on va devoir
suspendre, mais ce n'est pas une raison pour commencer une bataille qui n'a pas
lieu d'être ici. C'est dans ce sens que je vous demanderais, s'il vous
plaît, de laisser tomber cet incident. Pour moi, on va clore l'incident
en vous disant que vous n'aviez, ni l'un ni l'autre, dans vos questions de
règlement, à faire quoi que ce soit. Je demanderais au
député de Louis-Hébert de continuer ses autres
questions.
M. Duhaime: S'il en a.
M. Doyon: Je voudrais savoir de Me Gauthier si, entre le 16
février 1979 et la date où la signature du règlement hors
cour de la poursuite de 32 000 000 $ pour le montant de 200 000 $ a eu lieu,
c'est-à-dire le 13 ou le 16 mars, il a revu Me Jasmin.
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas M. le
Président. Je ne le pense pas, mais...
M. Doyon: Vous n'en êtes pas sûr?
M. Gauthier (Yves): Non, je n'en suis pas sûr. Cela ne me
regarde pas. Pour vous, je dis: Non, je ne pense pas l'avoir revu.
M. Doyon: Me Gauthier, à part les cinq visites que vous a
faites Me Jasmin à votre bureau ou au bureau du premier ministre, entre
le 17 octobre 1978 et le 16 février 1979, est-ce qu'il y a eu d'autres
rencontres qui n'apparaissent pas et qui auraient eu lieu ailleurs qu'au bureau
du premier ministre avec Me jasmin?
M. Gauthier (Yves): Je ne le crois pas. Dans l'espace de quatre
mois, sur cinq visites, il y en a deux où il a été fait
mention de la Baie-James. Me Jasmin est déjà venu bien avant la
tutelle, pendant et après. Si vous voulez me demander - je ne le sais
pas - si Me Jasmin venait me voir seulement pour sa cause et qu'après
cela il est disparu dans la brume, ce n'est pas cela. On est encore amis. On ne
s'est pas parlé depuis que cette affaire est commencée.
M. Doyon: Ce que j'ai demandé plus spécifiquement,
Me Gauthier, c'est si, entre le 17 octobre 1978 et le 16 février 1979 il
y a eu d'autres rencontres.
M. Gauthier (Yves): D'autres rencontres? Non, je ne le pense pas.
Peut-être à son "party" d'huîtres, mais des rencontres avec
lui, non.
M. Doyon: Est-ce qu'il y a eu des conversations
téléphoniques?
M. Gauthier (Yves): II y en a peut-être eu une. Quand il
est revenu le 17 janvier, je
pense qu'il m'a appelé dans la semaine suivante.
M. Doyon: II vous aurait appelé dans la semaine du 6
janvier?
M. Gauthier (Yves): Non, non, après le 17 janvier. Il est
venu le 17 janvier et il est revenu le 6; entre-temps, je pense qu'il m'a
appelé.
M. Doyon: Est-ce que c'était au sujet de la poursuite?
M. Gauthier (Yves): Bien non, c'est là qu'il avait dit
qu'il y aurait peut-être un règlement. C'est pour cela que,
lorsque j'ai dit que Jasmin m'avait dit qu'il y aurait peut-être un
règlement, c'était dans la semaine après le 17.
M. Doyon: Est-ce que c'est à ce moment-là que vous
avez vous-même appris la possibilité d'un règlement?
M. Gauthier (Yves): Par téléphone, Jasmin a dit que
peut-être il y aurait un règlement. C'est cela que j'ai dit
à Aquin aussi. Je ne pouvais pas en dire plus, je n'avais pas d'autre
version.
M. Doyon: Est-ce que vous aviez demandé à Me Jasmin
de vous informer?
M. Gauthier (Yves): Non. Je vais répondre tout de suite:
Je ne lui ai jamais demandé.
M. Doyon: Pouvez-vous informer cette commission, Me Gauthier,
à savoir si, entre le moment où vous êtes entré au
bureau du premier ministre et le moment où la cause s'est
réglée, vous avez eu l'occasion de discuter de cette cause avec
Me Jean-Roch Boivin, le chef du cabinet du premier ministre?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Quand Me Jean-Roch Boivin vous a mentionné
à un certain moment -avec un point d'interrogation ou je ne sais trop
quel point - Vous êtes encore le tuteur ou êtes-vous encore le
tuteur, est-ce que, à la suite de cette remarque, vous avez parlé
à Me Jean-Roch Boivin des raisons qui l'avaient amené à
faire cette remarque?
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Doyon: Est-ce que Me Jean-Roch Boivin vous en a parlé
lui-même?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Est-ce que vous étiez au courant, Me Gauthier,
de la position de M. Robert Boyd concernant la possibilité ou la
non-possibilité d'un règlement de la poursuite de la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Quand avez-vous appris que M. Boyd était contre
un règlement de la poursuite?
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant.
M. Gauthier (Yves): Je peux répondre.
M. Duhaime: M. Boyd était favorable à un
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant.
M. Doyon: Défavorable.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! C'est
parce que vous dites: Quand avez-vous appris? Il faudrait peut-être
demander, la première fois: Est-ce que vous avez appris?
M. Doyon: II va dire: Je ne l'ai jamais appris.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que c'est important,
la première qui est préliminaire à quand. Lorsque vous
dites "quand", c'est que vous laissez sous-entendre qu'il le savait.
M. Doyon: Si je demande à quelqu'un: Quand êtes-vous
allé à Montréal? il va dire: Je n'y suis jamais
allé.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Je m'excuse, M. le
député, c'est le gros bon sens qui parle.
M. Doyon: M. le Président, j'ai tenu pour acquis cette
chose que tout le monde connaît, c'est-à-dire la position de M.
Boyd. Sur la question de règlement, je vais me conformer. Je pense que
j'ai, tout de même, le choix des questions que j'ai à poser
ici.
Le Président (M. Jolivet): Oui. J'ai aussi, moi comme
président, le choix de déterminer si elles sont recevables ou
non. La seule chose que je vous dis, c'est quand vous demandez: Quand avez-vous
appris, il s'agit de savoir d'abord s'il l'a appris.
M. Doyon: M. le Président, on se fait accuser
régulièrement de faire perdre le temps de la commission. Je ne
vois pas ce
qu'ajouterait une question supplémentaire de la nature de la
suivante: Avez-vous appris à un moment donné, Me Gauhier, que M.
Boyd était contre le règlement de la poursuite intentée
par la SEBJ?
M. Duhaime: Je dois m'opposer à la manière dont
cette question est posée.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Si vous me donnez quelques minutes, je vais trouver
la date exacte...
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous le permettre,
parce que, depuis tout à l'heure...
M. Duhaime: ...du conseil d'administration.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Je vais vous le
permettre, M. le ministre.
M. Duhaime: Et on va savoir ce que M. Boyd a dit.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure pour les
travaux de cet après-midi, de façon exceptionnelle, je permets au
député de Brome-Missisquoi de poser une question sur un document
que notre invité devra apporter cet après-midi, s'il ne l'a pas
en sa possession.
M. Paradis: C'est strictement dans le but
d'accélérer les travaux, M. le Président. Vous nous avez
référés - je vous donne la citation - au ruban 1190-ER
page 2; à l'arrêté en conseil du 18 octobre 1978, que vous
aviez en votre possession, mais vous n'avez pas communiqué
l'information. Pour accélérer, pour cet après-midi, est-ce
que vous auriez l'obligeance de le communiquer aux membres de la
commission?
Le Président (M. Jolivet): Donc, je vais vous demander
d'en donner une copie à notre greffier pour qu'on puisse en faire des
copies et je vais suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'énergie et des
ressources, malgré le beau temps à l'extérieur, continue
d'examiner les circonstances entourant la décision du conseil
d'administration de la Société d'énergie de la
Baie James de régler hors cour la poursuite civile
intentée à la suite du saccage du chantier de LG 2 survenu en
1974 et, plus spécifiquement, le rôle du premier ministre et de
son bureau à cet égard.
Nous avions, au moment de la suspension, demandé
l'arrêté en conseil 3179-78 du 18 octobre 1978; il va vous
être distribué s'il ne l'a pas déjà
été. Avec Me Yves Gauthier qui répond aux questions, la
parole est toujours au député de Louis-Hébert. M. le
député, vous avez la parole.
M. Doyon: Merci, M. le Président. La question sur laquelle
on s'est laissé avant le lunch avait trait à la position qu'avait
prise M. Boyd concernant le règlement de la poursuite intentée
par la SEBJ contre les syndicats. La question que j'adressais à Me Yves
Gauthier était la suivante: À quel moment, Me Gauthier, avez-vous
été mis au courant ou avez-vous appris que M. Boyd était
contre un règlement hors cour de la poursuite qui avait
été intentée par la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Je ne l'ai jamais su, M. le
Président.
M. Jutras: Je soulève une objection, M. le
Président parce que la question est suggestive.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, parce qu'il y
a deux intervenants au même moment, selon un écho que j'ai
entendu... Il y a M. le ministre, d'abord, et il y a Me Jutras qui voulait
intervenir, mais j'avais donné la parole à Me Jutras. Je vais la
laisser à Me Jutras.
M. Jutras: Alors, M. le Président, la question est
suggestive en ce qu'elle suggère à l'invité que M. Boyd
était contre un règlement. J'ai eu le loisir de relire la
déclaration complète faite par M. Boyd. L'invité n'est pas
ici pour répondre des positions prises par M. Boyd. M. Boyd a dit dans
sa déclaration qu'il favorisait un règlement, mais, si possible,
après jugement ou après une reconnaissance de
responsabilité de la part des syndicats impliqués. On
suggère dans la question à l'invité une réponse
indiquant que M. Boyd était contre un règlement. Alors, la
véritable question qui ne contiendrait pas de suggestion serait la
suivante: Avez-vous appris, à un moment donné, une position que
prendrait M. Boyd?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, sur les remarques que vient de
faire le procureur de M. Gauthier, il parle d'un règlement après
jugement. Je pense qu'il faut bien s'entendre sur les termes. S'il y a
jugement, il n'y a
pas règlement hors cour. Je vais reformuler ma question
autrement.
Le Président (M. Jolivet): Ouste une chose, parce que vous
m'embêtez tous les deux. Vous êtes tous les deux avocats, mais
j'essaie d'agir...
M. Doyon: M. le Président, je ne veux pas...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui.
M. Doyon: M. le Président, je veux passer aux questions
immédiatement. Je n'en fais pas une question spéciale. La
question que je veux poser à M. Gauthier, c'est...
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Doyon: ...avez-vous appris, M. Gauthier, à un moment
donné, la position de M. Boyd concernant la poursuite intentée
par la Société d'énergie de la Baie James?
M. Duhaime: M. le Président, je pense qu'il est
important...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...que je soulève une question de
règlement. Je voudrais me référer à la page 118 du
dossier déposé par la Société d'énergie de
la Baie James où il est fait état d'une décision unanime
du conseil d'administration en date du 20 février 1979 et c'est dit:
"Après discussion, sur proposition...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Duhaime: ...dûment faite et appuyée, il est
unanimement résolu..."
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys
M. Lalonde: Le ministre prétend répondre à
la question posée.
M. Duhaime: Non, non, non.
M. Lalonde: La question ne lui est pas posée. Il n'a pas
le droit de parole. Ce n'est pas une question de règlement.
M. Duhaime: Oui.
M. Lalonde: La question est posée à Me Gauthier:
Est-ce qu'il a appris la position de M. Boyd, à un moment donné,
sur cette poursuite? C'est tout à fait raisonnable...
M. Duhaime: Non, non.
M. Lalonde: ...et ce n'est pas au ministre de
répondre.
Le Président (M. Jolivet): Oui, un instant. M. le
ministre.
M. Duhaime: Non, je n'ai pas l'intention de répondre, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur la question
de règlement.
M. Duhaime: Dans la question qui a été posée
ce matin, le député...
Une voix: Ce n'est pas celle-là. Elle est partie,
celle-là.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Attendez une
seconde.
M. Duhaime: ...de Louis-Hébert a dit...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, mais M. le
ministre...
M. Duhaime: ...la position de M. Boyd est qu'il était
contre un règlement. Et c'est faux.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais, M. le ministre, cela
a été rectifié par Me Jutras. Je voulais simplement
clarifier la situation. Cela a été fait. Me Gauthier, avez-vous
une réponse à la question qui est posée?
M. Gauthier (Yves): Je ne l'ai jamais su, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: En ce qui concerne le téléphone et les
visites de M. Jasmin à votre bureau, est-ce que vous avez, à un
moment donné, discuté spécifiquement avec Me Aquin de la
nature de ces visites?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Est-ce que, au moment de ces visites et, plus
spécifiquement, après que vous avez été
contacté à ce sujet par Me Aquin, vous avez été
conscient, à un moment donné, que les visites faites par Me
Jasmin pouvaient servir...
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous laisser finir.
M. Doyon: Oui, merci. ...à déstabiliser les avocats
de la SEBJ, tel que cela a été rapporté ici en commission
par Me Aquin?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vous rappelle, avant que j'aie des objections de part et d'autre par d'autres
avocats - je n'en suis pas un, vous en êtes un - que la façon dont
vous posez votre question est tellement hors règlement que je ne peux
même pas la permettre.
M. Doyon: M. le Président, étant donné
que...
Le Président (M. Jolivet): Posez-la comme il faut.
M. Doyon: Ma question est la suivante et seulement le
témoin peut répondre à cette question.
Le Président (M. Jolivet): Je ne veux pas répondre
à sa place, non plus. Je ne veux pas répondre à sa
place.
M. Doyon: Et seulement le témoin peut répondre
à la question: s'il était lui-même conscient...
Le Président (M. Jolivet): Mais oui, mais...
M. Doyon: M. le Président, lui seul peut nous donner cette
réponse.
Le Président (M. Jolivet): Mais, M. le
député, vous demandez une opinion et, en vertu de l'article
168....
M. Doyon: Non, non, non. Non, M. le Président. Sur la
question de règlement, vous allez me permettre de plaider deux
minutes.
Le Président (M. Jolivet): Allez, posez votre question que
je la comprenne bien. Peut-être que j'ai de la misère à la
comprendre. Allez-y donc, pour voir.
M. Doyon: M. le Président, voici ma question à Me
Gauthier.
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier, s'il vous
plaît, simplement pour bien comprendre la question.
M. Doyon: Me Gauthier, est-ce que, au moment où les
visites identifiées ici, qui se sont faites à partir du 17
octobre 1978 jusqu'au 16 février 1979 par Me Jasmin à votre
bureau - donc, au bureau que vous occupiez dans le bureau du premier ministre -
vous étiez conscient, à un moment donné, que ces
mêmes visites pouvaient servir à Me Jasmin d'argument visant
à déstabiliser les avocats de la SEBJ et, plus
particulièrement, Me Aquin, qui a communiqué avec vous à
ce sujet?
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...il faudrait peut-être poser la question
à Me Aquin. Et elle lui a été posée. Vous demandez
maintenant à Me Gauthier: Êtes-vous conscient que...
M. Doyon: Étiez-vous conscient.
M. Duhaime: Étiez-vous conscient? Il faudrait qu'on
établisse de façon très claire et très nette - je
pense que Me Gauthier a bien répondu à cela ce matin - que, quant
aux rencontres qu'il y a eu au bureau de Me Boivin avec les procureurs, il
n'était pas au courant. Il a été également
établi clairement lors du témoignage de Me Aquin - c'est
lui-même qui l'a dit - que ce dernier aurait été mis au
courant. Il a donné sa version des faits. Vous demandez une opinion
à Me Gauthier sur les réactions possibles ou conditionnelles de
Me Aquin. Vous êtes complètement en dehors du dossier.
M. Doyon: M. le Président, sur cette question.
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez-y, parce que c'est
ainsi que je l'avais compris, d'ailleurs.
M. Doyon: C'est très simple. Il a été
établi ici - je pense que, dans les propos du ministre, c'est reconnu -
que Me Jasmin avait senti le besoin de se rassurer, parce qu'il était
déstabilisé par une information qui lui était
parvenue...
Le Président (M. Jolivet): Me Aquin. M. Duhaime: Me
Aquin.
M. Doyon: Pardon, Me Aquin était déstabilisé
par une information qui lui était parvenue concernant des contacts qui
auraient eu lieu au bureau du premier ministre.
Le Président (M. Jolivet): Jusque-là, je ne vous
dirai pas le contraire.
M. Doyon: À partir de là, parce que Me Jasmin
allait voir quelqu'un, en l'occurrence, Me Gauthier, il est important de savoir
si Me Gauthier était conscient du danger qu'il y avait pour lui de
participer à de telles rencontres et, par conséquent, de donner
prise à un sentiment de déstabilisation de la part des avocats
qui représentaient la SEBJ. Seul le témoin peut nous informer de
cela. Il va nous dire: Oui ou non, cela ne m'a jamais effleuré l'esprit.
Je l'ai fait sans m'en rendre compte et, si cela a été
évoqué, je ne le savais pas, cela ne m'a jamais effleuré
l'esprit. Ou encore:
Je le savais et je l'ai fait volontairement, sachant que telle chose
pouvait arriver. Il va nous le dire. C'est tout. C'est le seul but de ma
question et elle n'est pas plus méchante que cela.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...ce que le député de
Louis-Hébert vient de dire confirme exactement ce que j'ai
soulevé moi-même. Vous demandez à Me Gauthier de s'exprimer
sur les états d'âme de Me Aquin. Franchement, cela n'a
absolument... Je ne vois pas ce que cela vient faire dans nos discussions. Si
vous êtes intéressé à la psychanalyse, vous
n'êtes pas à la bonne place. Cela fait deux fois, là!
M. Doyon: Pas du tout. Je ne m'informe pas de cela. Les
états d'âme de Me Aquin à ce sujet, on les connaît
déjà. La commission en a été informée. Ce
que je veux savoir, c'est si Me Gauthier a participé à ces
rencontres, sachant qu'elles pouvaient avoir l'effet que Me Aquin a dit
qu'elles avaient ou s'il ne le savait pas, purement et simplement. Ce n'est pas
plus compliqué que cela et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas
poser cette question.
Le Président (M. Jolivet): Me Jutras, vous allez m'aider,
vous aussi.
M. Jutras: M. le Président, si je peux vous aider,
à l'article 168, on dit: "Est irrecevable une question: 3. dont la
réponse serait une opinion professionnelle ou une appréciation
personnelle." On demande à l'invité de dire s'il était
conscient que Me Jasmin pourrait se servir de ses visites pour
déstabiliser les avocats de la SEBJ. On demande au témoin de
donner son appréciation personnelle du comportement que Me Jasmin aurait
pu avoir à la suite de telle et telle visite. Qu'on pose simplement la
question suivante au témoin: Avez-vous eu connaissance d'un fait,
à savoir: Me Jasmin s'est-il servi des visites? C'est sur un fait, mais
qu'on ne pose pas une question sur une appréciation personnelle.
Le Président (M. Jolivet); M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il faut distinguer entre une
appréciation, une opinion et une réalité. Ce qui nous
intéresse ou ce qui intéresse le député de
Louis-Hébert, ce n'est pas ce que Me Jasmin peut penser ou ne pas
penser. Il s'adresse à un conseiller spécial au bureau du premier
ministre. Il me semble qu'il est important d'établir si Me
Gauthier était conscient ou faisait sciemment des gestes qui
pouvaient affaiblir la position ou affaiblir l'efficacité des avocats de
la SEBJ qui est une société d'État dont le principal
actionnaire est le gouvernement représenté par le premier
ministre pour lequel Me Gauthier travaille. Il me semble que c'est seulement Me
Gauthier qui peut répondre à cette question: L'avez-vous fait
sciemment? Parce que c'est son comportement ou son rôle qu'on
étudie; le rôle du bureau du premier ministre. On est rendu
là. Était-ce volontaire? Le faisiez-vous parce que vous vouliez
que les avocats de la SEBJ sachent bien que le bureau du premier ministre
était en faveur des défendeurs ou si cela ne vous a pas
traversé l'esprit?
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...sur la question de règlement, le
député de Marguerite-Bourgeoys - je ne sais pas si c'est parce
que c'est un vendredi 13 - vient juste de nous dire que le bureau du premier
ministre était en faveur des défendeurs. J'ai toujours compris
que ce que le bureau du premier ministre, par la voix du premier ministre,
avait dit aux dirigeants d'Hydro et de la SEBJ, c'est qu'il était
favorable à un règlement hors cour. Je pense que le pas qui vient
d'être franchi n'a jamais été établi. Le grand
danger quand on fait de l'interprétation, comme viennent d'en faire le
député de Marguerite-Bourgeoys et le député de
Louis-Hébert, pour qui cela me semble être la
spécialité, c'est qu'on veut aller au-delà des faits pour
essayer de soutenir ce qui, pour l'instant, est un échafaudage, une
hypothèse. On demande à Me Gauthier: Êtes-vous conscient
que ces rencontres pouvaient déstabiliser, etc.? Mon Dieu Seigneur, en
quoi cela peut-il nous préoccuper, cette histoire? C'est
complètement irrecevable. Je pense que Me Jutras a fait une suggestion.
Il peut peut-être poser les questions à votre place, cela va aller
plus vite.
M. Doyon: Ce serait plus utile pour vous.
M. Duhaime: Posez des questions sur des faits et non pas sur des
opinions, des appréciations. Il me semble que l'article 168 est
très clair. "Une question ne doit contenir que les mots
nécessaires pour obtenir les renseignements demandés. Est
irrecevable une question: 3. dont la réponse serait une opinion
professionnelle - ce n'est pas notre cas - ou une appréciation
personnelle." Je pense qu'on est en plein dans le mille, M. le
Président. Cette question est irrecevable. Je vous demanderais d'inviter
le député à
demander autre chose.
Le Président (M. Jolivet): Une dernière question,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre ne se souvient pas de ce que M.
Laliberté a dit, le premier jour de son témoignage, lorsqu'il a
rapporté la conversation, la rencontre qu'il a eue avec M. Jean-Roch
Boivin, le 3 janvier 1979. C'est bien dit que le message était que le
premier ministre souhaitait que la cause soit abandonnée, qu'il y ait
règlement. C'est là, je l'ai lu je ne sais pas combien de fois.
On va le sortir, si vous voulez.
M. Duhaime: Non, non. Sortez-le.
M. Lalonde: Je vais retrouver l'origine. Il n'y a aucun doute que
le bureau du premier ministre ne cache pas qu'il était en faveur des
défendeurs. Si on règle une poursuite de 32 000 000 $ pour 200
000 $ ou 300 000 $, je ne sais pas qui cela favorise!
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, mon problème étant d'un tout autre ordre, je ne peux pas
accepter que Me Gauthier réponde à une appréciation. Je ne
pourrai jamais le faire. Si vous voulez reprendre votre question de
façon à la rendre recevable, je vais vous la permettre.
M. Doyon: M. le Président, je voudrais reformuler ma
question. M. Gauthier, saviez-vous que, quand vous receviez Me Jasmin, ces
rencontres avec Me Jasmin étaient susceptibles de donner ouverture
à un sentiment qu'il y avait parti pris d'un côté?
Le Président (M. Jolivet): Vous êtes aussi mal pris
que le député de Chambly, la semaine passée, M. le
député. Le problème que j'ai, c'est truffé
d'hypothèses possibles. Je ne vois pas comment notre invité
pourrait répondre à une question comme celle-là.
M. Doyon: Le problème auquel vous m'obligez à faire
face - et j'essaie de respecter votre décision - c'est que vous avez
déclaré ma question irrecevable, sur la base que je demandais une
opinion. Si on part sur une fausse prémisse, vous me mettez dans une
situation extrêmement difficile. Je ne mets pas votre jugement en doute;
la preuve, c'est que je vais m'y conformer. Je dois vous expliquer ma situation
qui n'est pas facile, parce que, selon mon opinion que je continue d'avoir et
qui est différente de la vôtre - je vais me conformer à la
décision que vous avez rendue - ce que je demandais n'était pas
une opinion, mais un fait: Est-ce que vous saviez telle chose ou si vous ne la
saviez pas? Cela est une question de fait. Ce n'est pas une question
d'opinion.
Le Président (M. Jolivet): C'est le reste qui
m'inquiétait. Le député de Chambly, la semaine
passée, a été obligé de retirer toutes ses
questions parce que, finalement, il n'avait pas les moyens de les poser
puisqu'il émettait des hypothèses. C'est simplement cela.
M. Tremblay: C'est arrivé, ce cas-là.
M. Doyon: Je n'ai rien perdu, si vous étiez là.
Le Président (M. Jolivet): C'est que notre invité -
s'il vous plaît - il faut quand même lui donner la chance de savoir
quelle est vraiment la question et à quoi il doit répondre. Si
vous avez d'autres questions, je vous laisse aller.
M. Doyon: La question demeure qu'on ne saura pas si les gestes
qui ont été posés l'ont été sciemment ou
s'ils ont été faits innocemment ou pas. C'est important pour nous
de le savoir. Je dois me résoudre à ne pas le savoir. Je vais
passer à une autre question parce que je ne peux pas avoir de
réponse à cette question.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, il
y avait une façon - Me Germain Jutras l'avait dit - de poser la
question, qui, quant à moi, me semblait recevable, mais c'est votre
droit de ne pas la poser.
M. Doyon: Non, non.
Le Président (M. Jolivet): Si vous ne voulez pas la poser
et qu'elle n'est pas recevable, passons à autre chose.
M. Doyon: Vous me dites que le procureur de Me Gauthier avait
proposé une façon de poser la question. Je ne pouvais poser une
question pour laquelle je m'exposais à me faire dire par le
témoin: Je ne suis pas au courant de ce qu'a fait et de ce qu'a dit Me
Jasmin. Et c'est ce que j'aurais eu comme réponse. C'est pour cela que
je ne l'ai pas posée.
Le Président (M. Jolivet): En tout cas. De toute
façon, allez donc!
M. Lalonde: Avant...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...d'aller plus loin, si vous me le permettez...
M. Tremblay: En long et en large.
M. Lalonde: ...je pourrais répondre à une demande
du ministre...
M. Tremblay: II ne veut pas faire la lumière, non.
M. Lalonde: ...si je peux arrêter d'entendre des bruits du
côté du comté de Chambly.
Le Président (M. Jolivet): Allez, allez! M. le
député, assez!
M. Lalonde: Ici, je lis dans le journal des Débats du 30
mars 1983 page CI-203: "M. Laliberté: Nous ne sommes pas entrés
dans le détail du règlement hors cour. Le souhait qui m'a
été exprimé - il parlait de la réunion du 3 janvier
- est que la cause soit abandonnée et qu'il y ait un règlement
hors cour."
M. Duhaime: Ah bon!
M. Lalonde: Une seule cause abandonnée des
défendeurs, je dis que cela favorise les défendeurs.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, ceci étant dit de part et d'autre, M. le député de
Louis-Hébert, vous avez toujours la parole.
M. Doyon: Sur le même sujet, Me Gauthier, à quel
moment avez-vous été informé précisément que
Me Jasmin avait fait état de vos rencontres à Me Aquin, entre
autres?
M. Gauthier (Yves): Jamais. Vous me demandez à quel
moment...
M. Doyon: Tout d'abord, si je peux commencer d'une autre
façon, avez-vous déjà été informé que
Me Jasmin avait fait état des rencontres qu'il avait avec vous?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Doyon: Vous ne l'avez jamais su?
M. Gauthier (Yves): Je l'ai su bien après.
M. Doyon: Quand vous avez été nommé comme
conseiller au bureau du premier ministre, Me Gauthier, est-ce que vous avez
discuté de votre nomination avec Me Jean-Roch Boivin? Est-ce que c'est
la personne avec qui vous faisiez affaires concernant cette nomination?
M. Gauthier (Yves): C'était M. Gilles Tremblay qui
s'occupait des modalités.
M. Doyon: Des modalités, mais en ce qui concerne le
principe même de l'engagement, avec qui avez-vous fait affaires?
M. Gauthier (Yves): Je pense que je l'avais dit, mais ce n'est
pas grave. J'avais vu à peu près tout le monde: MM. Michel
Carpentier, Jean-Roch Boivin et... C'étaient des amis, alors...
C'était au cours d'une réception. On avait commencé
à en parler comme cela et j'ai continué.
M. Doyon: Et avez-vous, au moment de ces discussions, soit avec
M. Jean-Roch Boivin ou avec M. Carpentier, établi quelle était
votre position ou votre opinion concernant la poursuite qui avait
été engagée par la SEBJ?
M. Gauthier (Yves): Non, non, M. le Président, je n'ai
jamais parlé de cela.
M. Doyon: Est-ce que déjà, au moment où vous
avez été engagé, votre opinion, que vous nous avez
exprimée précédemment, était la même qu'elle
était après votre nomination?
M. Gauthier (Yves): Oui, c'était la même
opinion.
M. Doyon: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Oui, M. le Président. Lors du long
interrogatoire du député de Laporte, à 11 h 45 - la date
n'est pas inscrite là-dessus, c'était le mercredi 11 mai - il y a
eu des questions relatives au paiement de per capita à l'union
américaine. J'aimerais clarifier quelques détails
là-dessus. Au moment de votre passage comme tuteur du syndicat
québécois, c'est-à-dire en 1979 est-ce que le syndicat
payait des per capita au syndicat américain?
M. Gauthier (Yves): En 1979?
M. Tremblay: Oui. Au moment où vous étiez tuteur,
je m'excuse.
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Tremblay: C'est cela, vous avez été tuteur
d'octobre 1978 à...
M. Gauthier (Yves): 1977.
M. Tremblay: De 1977 à...?
M. Gauthier (Yves): 1977 à 1978.
M. Tremblay: Bon, d'accord. Donc, dans cette période de
1978, est-ce que vous étiez conscient si...
Des voix: On est en train de...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: Cela vaut pour tout le monde.
M. Tremblay: M. Lalonde...
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Ne vous
inquiétez pas, c'est parce que...
M. Tremblay: Ne me mélangez pas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chambly, reprenez votre question.
M. Tremblay: Je suis certain qu'ils vont aimer cela. (15 h
30)
M. Gauthier (Yves): Si eux autres aiment cela, moi, je n'aimerai
pas cela.
M. Tremblay: Non, mais vous savez toutes ces choses. Vous
connaissez les réponses.
Le Président (M. Jolivet): Quelle est votre question?
M. Tremblay: En 1978, au moment où vous
étiez...
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Tremblay: ...tuteur ou président du syndicat, le
syndicat québécois payait-il des per diem ou des per capita au
syndicat américain?
M. Gauthier (Yves): Oui, il en payait, mais il a
arrêté, à un moment donné.
M. Tremblay: Savez-vous à quel moment il a commencé
à en payer ou s'il en a toujours payé?
M. Gauthier (Yves): J'ai l'impression -là, c'est une
impression, mais cela devait être ainsi - qu'il en a toujours
payé, du per capita, sauf qu'avant que j'arrive là, ce que j'ai
cru comprendre, c'est qu'il y avait déjà eu des ententes entre
les Américains et le local québécois avec un monsieur
Meloche qui était gérant. Je pense que c'était basé
sur 2600 personnes. Il payait 2 $ par mois, c'est-à-dire qu'il envoyait
à peu près... Il payait sur 2000, mais ils étaient 7000.
C'est ce qu'avaient été les ententes. Quand M. Ryan est
arrivé là, la tutelle qu'on avait à Québec, il l'a
donnée un peu aux Américains qui ont essayé de se faire
payer sur 7000, comprenez-vous?
M. Tremblay: Bon! L'entente entre M. Meloche que vous
présumez...
M. Gauthier (Yves): Je n'étais pas au courant de cela. Je
l'ai appris.
M. Tremblay: Non, mais cela aurait été vers quelle
période ou en quelle année?
M. Gauthier (Yves): En 1974 ou en 1975.
M. Tremblay: Avant le saccage ou après le saccage?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, il
n'était pas là. Il ne pouvait pas le savoir, à ce
moment-là.
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, mais je sais que
c'était...
M. Tremblay: Oui, mais, M. le Président, je présume
qu'il aurait pu avoir l'information puisque, étant président du
syndicat, il était à même d'avoir les informations dans les
procès-verbaux du syndicat.
M. Lalonde: Peut-on aider le témoin, peut-être? La
tutelle est arrivée après le saccage.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, je pense.
M. Gauthier (Yves): II a bien raison!
M. Lalonde: La tutelle est arrivée après le
saccage. Ils n'ont pas mis la tutelle avant le saccage.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Tremblay: Oui, mais il était quand même au
courant des choses ou des documents du syndicat avant, pendant et après
le saccage, comme président du syndicat.
Le Président (M. Jolivet): La seule chose, c'est que vous
présumez, M. le député, qu'il a pris connaissance de ce
qui se passait avant, alors qu'il a dit qu'il ne les connaissait pas. Donc,
vous ne pouvez pas lui demander de connaître quelque chose dont il n'a
pas pris connaissance. C'est ce que j'ai compris. C'est simplement dans ce
sens-là.
M. Tremblay: C'est-à-dire qu'il n'a peut-être pas
pris connaissance de tous les
documents qui étaient disponibles, mais... Le Président
(M. Jolivet): D'accord.
M. Tremblay: ...je lui demandais s'il avait pris connaissance de
ces documents-ci. Donc, M. Gauthier, vous n'étiez pas conscient, vous ne
saviez pas, au moment de votre passage, quel était l'historique des
paiements au syndicat américain?
M. Gauthier (Yves): Ce que je savais, c'est qu'il y avait
déjà une entente entre les Américains et le local
québécois pour payer 2 $ et ils avaient basé cela sur 2600
hommes. C'est ce qui était l'entente. À l'arrivée de M.
Ryan, en 1976...
Une voix: Le maire?
M. Gauthier (Yves): Oui, le maire.
Le Président (M. Jolivet): Yves Ryan.
M. Gauthier (Yves): Un ami de M.
Ciaccia. Après, quand Ryan est arrivé en 1976 et le
nouveau représentant des Américains, ils ont voulu monter cela
à 7000. Ils ont dit: On va vous demander le paiement sur 7000 et non pas
sur 2600. C'est là qu'ils ont commencé à avoir des
problèmes, parce que c'étaient 14 000 $ par mois que le local
québécois donnait. Cela s'en allait à Washington. On ne
pouvait pas faire autrement. M. Ryan avait laissé la supervision ou la
tutelle, comme on pourrait dire, entre les mains des Américains. En fait
- j'avais fait faire des vérifications - on payait même pour des
gars qui étaient morts. Alors, j'ai arrêté cela. Quand je
suis arrivé, après l'élection de M. Paré, on est
allé à Washington et on leur a dit: Cela ne marche pas. On n'est
pas pour vous payer pour des gars qui sont morts. Vous essayez de
défaire l'entente qui avait déjà été faite.
Je n'ai jamais vu l'entente de M. Meloche avec les Américains, mais
c'est ce que disaient tous les gars qui étaient là. Pour
répondre aux questions des autres jours, c'est pour cela que les
Américains ne voulaient pas faire d'élections tout de suite. Ils
n'étaient pas pressés, parce qu'ils se disaient: On va prendre le
contrôle de notre syndicat, de la succursale.
M. Tremblay: M. Meloche n'était plus en fonction au moment
où vous êtes arrivé.
M. Gauthier (Yves): Non.
M. Tremblay: Savez-vous s'il était en fonction au moment
de la formation du syndicat?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas.
M. Tremblay: Vous ne savez pas à quel moment, non plus, il
a terminé ses fonctions avec le syndicat?
M. Gauthier (Yves): Non, mais j'ai toujours compris que ce
n'était pas dans les meilleures conditions. Je sais qu'à un
moment donné il est disparu. De l'ai vu une fois à une
assemblée, il m'a donné la main et il m'a dit: Je suis M.
Meloche.
M. Tremblay: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir au
moment où vous avez changé de fonction. Vous êtes
passé de président, ou tuteur du 791, et vous êtes
allé au bureau du premier ministre comme conseiller politique. Je ne
pense pas vous citer hors contexte. Au ruban 1249 vous avez mentionné
que, même si la résolution était datée du 18
décembre à savoir que vous cessiez vos fonctions de tuteur, vous
avez pris vos fonctions le 3 octobre 1978.
Le Président (M. Jolivet): II y a deux choses. Le 18
octobre...
M. Ciaccia: Non, le 3 octobre.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, ce n'est pas cela.
Vous avec parlé du 18 décembre. Si vous parlez de
l'arrêté en conseil, c'était le 18 octobre.
M. Ciaccia: Je ne parle pas de l'arrêté en conseil.
Je parle de la résolution.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Il y avait une
décision pour le remplacer au 18 décembre.
M. Ciaccia: Oui, la décision pour le remplacer, le 18
décembre.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Ciaccia: Vous dites: Moi, moralement, lorsque j'ai
envoyé mon dernier compte, c'est parce que je n'étais plus
là. Si je comprends bien, moralement, le 3 octobre, dans votre
idée, vous n'étiez plus tuteur du 791. Vous étiez rendu au
bureau du premier ministre et vous occupiez vos fonctions de conseiller
politique ou de conseiller au bureau du premier ministre. Est-ce que je peux
vous dire que même moralement - vous avez changé de position, vous
n'étiez plus tuteur - et factuellement vous avez maintenu la même
position une fois rendu au bureau du premier ministre au sujet des poursuites
ou de la cause qui avait été prise contre les
syndicats, contre le 791 et l'International Union? Vous avez
mentionné: Moi, je pensais que cela ne valait pas cinq cents - je pense
que c'est ce que vous avez dit - la cause qui avait été prise,
les procédures. Est-ce que je suis exact en concluant que votre position
- je pense que vous l'avez déjà dit; je veux seulement situer la
discussion - votre opinion, votre conclusion quant à la valeur de la
cause n'a pas changé pendant que vous étiez tuteur et
après que vous êtes allé au bureau du premier ministre?
Est-ce exact?
M. Gauthier (Yves): J'avais toujours la même opinion. Je ne
parle pas de position.
M. Ciaccia: Opinion. M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Ciaccia: L'opinion sur la cause, ça ne valait pas cinq
cents. Est-ce que je pourrais conclure que le but de votre engagement au bureau
du premier ministre n'était pas de pousser la SEBJ à continuer
ses poursuites devant les tribunaux?
M. Gauthier (Yves): II peut conclure ce qu'il veut...
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: II me semble que c'est simple de poser des questions.
Vous voudriez que le témoin partage votre propre appréciation ou
conclusion sur des faits qui sont peut-être dans votre tête, je ne
le sais pas. Cela m'apparaîtrait très simple de poser des
questions, plutôt que d'essayer d'entortiller une question pour trouver
une réponse qui pourrait être à votre goût. Je n'ai
jamais vu cela, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'ai posé une question assez directe, assez
claire...
M. Duhaime: Est-ce que je pourrais conclure...
M. Ciaccia: Je demande si on peut conclure que le but - c'est
pour cela que la question est assez claire - de son engagement...
M. Duhaime: C'est de l'argumentation. M. Ciaccia: Non,
non, ce n'est pas une argumentation.
M. Duhaime: Oui, c'est une argumentation.
M. Ciaccia: Dans votre esprit, c'est une argumentation. Dans le
mien, cela ne l'est pas.
Le Président (M. Jolivet): Allez donc! Expliquez-moi donc
cela, pour voir.
M. Ciaccia: Je vais répéter la question, M. le
Président. Je ne passerai pas de remarques sur toutes les interruptions
qu'on a eues aujourd'hui sur les questions.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Allez-y.
M. Ciaccia: Je vais y aller. Peut-on conclure que le but de votre
engagement au bureau du premier ministre n'était pas de pousser la
Société d'énergie de la Baie James à continuer sa
poursuite devant les tribunaux?
M. Duhaime: M. le Président, il a déjà
répondu qu'il n'avait aucun mandat.
M. Ciaccia: Un instant!
Le Président (M. Jolivet): Oui, je n'ai pas
décidé de...
M. Ciaccia: Je n'ai pas posé de question sur le mandat. Il
peut y avoir un mandat. Qu'il y ait ou non un mandat, je ne pose pas la
question sur le mandat. Nous allons arriver à certaines conclusions
à savoir s'il y en avait un, oui ou non. C'est la commission qui va
décider et qui va apprécier les faits. Je n'ai pas posé de
questions sur le mandat. J'ai demandé clairement: Est-ce que le but,
est-ce qu'on peut conclure... C'est pour cette raison que j'ai
référé aux déclarations...
Le Président (M. Jolivet): C'est ce qui m'embête.
Vous allez me permettre d'être embêté. Il y a parfois des
questions... À partir de différents textes que vous avez, vous
dites: Je tire une conclusion et je vous demande: Est-ce que vous êtes
d'accord avec la conclusion que j'en tire? C'est comme cela que je la comprends
et je ne pense pas être...
M. Ciaccia: Je vais reformuler ma question.
Le Président (M. Jolivet): Ah bon! D'accord. Cela va me
permettre de voir plus clair.
M. Ciaccia: Est-ce que le but de votre
engagement au bureau du premier ministre était de pousser la
Société d'énergie de la Baie James à continuer ses
poursuites devant les tribunaux?
Le Président (M. Jolivet): Bon! La question qui me vient
à l'esprit, c'est que vous demandez de donner une opinion sur le but de
son engagement. Je ne peux pas l'accepter comme question en vertu de l'article
168.
M. Paradis: II y a quelqu'un qui lui a dit pourquoi il
était engagé là.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais écoutez.
M. Lalonde: Ce n'est pas une opinion. Il faut quand même...
J'aimerais, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non, mais c'est parce
que...
M. Lalonde: ...soulever une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Allez-y donc!
M. Lalonde: II y a une confusion ici, à savoir que, quand
on pose une question sur ce que quelqu'un pense, sur ce que quelqu'un a
décidé, a cru, a appris, c'est son opinion. On ne lui demande pas
son opinion. On a dit: Quel est le but de votre engagement? Était-ce
d'aller dans le sens que la SEBJ continue sa poursuite? C'est oui ou c'est
non.
Une voix: Ce n'est pas long. C'est clair.
M. Duhaime: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: On a demandé - je ne sais pas si c'est hier ou
avant-hier - à Me Gauthier... D'abord, l'Opposition a voulu savoir quels
étaient les divers mandats de Me Gauthier au bureau du premier ministre.
Il y a eu des objections. Je pense que vous avez décidé qu'en
dehors de ce qui nous occupait cela n'intéressait pas la commission. Me
Gauthier a répété à plusieurs reprises qu'il
n'avait aucun mandat dans l'affaire de la Société
d'énergie de la Baie James. Il a même ajouté davantage.
J'ai compris que c'était une espèce de reproche que lui avait
fait le chef de cabinet du premier ministre, Me Boivin, en lui demandant s'il
était encore tuteur du local 791. Posez votre question en demandant:
Aviez-vous un mandat pour vous occuper des affaires de la SEBJ? Il me semble
que c'est simple et, après cela, vous poserez votre autre question. Mais
c'est parce que vous connaissez déjà la réponse à
la première et la réponse à la deuxième va aller
exactement dans le même sens. Mais ce que vous faites, c'est que vous
voulez faire un lien entre l'engagement de Me Gauthier et la poursuite par la
SEBJ, alors qu'il nous a dit en commission qu'il n'avait pas de mandat dans ce
dossier. Cela me paraît bien clair.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre me suggère une question qui a
déjà été posée. La réponse est
claire. Il n'avait pas de mandat. Je ne veux pas la poser. Je ne veux pas aller
contre les directives, contre le règlement et contre les
décisions de la présidence. J'ai entendu qu'il n'y a pas de
mandat. Ma question ne se rapporte pas au mandat. Non, pas du tout. J'ai
posé une question à savoir si le but de l'engagement était
de pousser la SEBJ à poursuivre les procédures légales
devant les tribunaux. Je pense que c'est clair. C'est oui ou non, la
réponse.
M. Duhaime: Je suis à la veille de donner ma langue au
chat, M. le Président. Je suis vraiment découragé. Je ne
sais pas comment faire comprendre quelque chose au député de
Mont-Royal. Je pense que je vais donner ma langue au chat.
M. Lalonde: C'est une bonne idée. Parfait!
M. Ciaccia: II peut bien dire non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Oui, M. le Président. C'est grave, ce qui se
passe présentement, parce que le député de Mont-Royal n'en
est peut-être pas conscient, mais il y a des gens qui nous regardent et,
de la façon dont il pose ses questions, cela pourrait créer des
doutes non fondés, mais des doutes quand même dans l'esprit de la
population. C'est cela qui est grave, parce que notre but ici est
d'éclairer...
M. Ciaccia: Aïe! Aïe! Aïe! S'il vous
plaît!
Le Président (M. Jolivet): Mon problème, M. le
député...
M. Tremblay: ...la population.
M. Lalonde: M. le Président, on ne peut pas poser nos
questions confidentiellement. (15 h 45)
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
j'ai un problème qui est le suivant. Non, M. le député.
Écoutez ma réponse. C'est qu'on nous a demandé de tenir
une commission parlementaire télévisée. À partir de
cela, il est évident que chacun de ceux qui nous écoutent
à la télévision actuellement ou qui nous verront en
différé, dans certains cas, se feront une idée. Les gens
sont capables de se faire une idée de ce qui se passe ici à cette
commission parlementaire. Comme Québécois, ils ont cette
capacité. La question qui m'importe pour le moment n'est pas les gens
qui nous écoutent à la télévision. C'est: Est-ce
que la question est selon le règlement ou non?
On a posé une question: Est-ce que vous aviez un mandat de vous
occuper du dossier de la Société d'énergie de la Baie
James? On nous a dit que c'était non. J'ai cru comprendre que vous avez
accepté cette réponse.
M. Ciaccia: Absolument, il m'a dit qu'il n'avait pas de
mandat.
Le Président (M. Jolivet): Et maintenant vous posez comme
question: Dans quel but? Allez-y, reprenez-la, on va voir, pour être
sûr de ne pas me tromper.
M. Ciaccia: Bon. Je vais la répéter encore, M. le
Président, pour que ce soit clair. Est-ce que le but de votre engagement
était de pousser la Société d'énergie de la Baie
James à continuer ses poursuites devant les tribunaux dans la cause du
saccage de la Baie-James?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vimont, je m'excuse encore une fois.
M. Rodrigue: M. le Président, je soulève une
question de règlement, bien sûr, en vertu de l'article 168 de
notre règlement. Cette question contient, d'abord, une déduction;
elle contient également une suggestion de réponse jusqu'à
un certain point et elle demande l'appréciation personnelle de la
personne qui est en avant de nous. D'abord, il faudrait qu'il sache quels
étaient les motifs de ceux qui l'ont embauché; à ce
moment, il est obligé de déduire quels seraient les motifs de
ceux qui l'ont embauché parce qu'ils ne lui ont peut-être pas
été exprimés complètement et en long et en large.
Essentiellement, à l'article 168, alinéa 2, la question ne doit
pas contenir "une déduction" et même "une suggestion" de
réponse ce qui force le témoin, plutôt l'invité,
s'il n'est pas d'accord avec le contenu du préambule de la question,
à rétablir les faits constamment. Je pense que vous n'avez pas
permis ce genre de questions devant cette commission. Il m'apparaît que
celle-ci n'est pas plus recevable que les autres.
Le Président (M. Jolivet): Je vais prendre une
décision parce qu'on me pousse à en prendre une sur cette
question. Mon problème est le suivant et je ne veux pas entrer dans le
fond, mais je veux quand même rendre justice à notre
invité. On dit dans une première question - et personne ne
conteste la véracité de la question et de la réponse -
Avez-vous eu un mandat de vous occuper du dossier de la Société
d'énergie de la Baie James? La réponse est non.
Cela étant dit, je pourrais poser toutes sortes de questions
positives ou négatives qui me permettent une réponse soit
positive ou soit négative. L'invité a dit: Je n'avais aucun
mandat. Si, dans la deuxième question, on lui suggère une
réponse où il est obligé de dire non, mais qu'on ne lui
pose pas la contre partie où il pourrait dire oui, c'est qu'on laissera
sous-entendre, sans poser la deuxième partie de la question, qu'il avait
eu un mandat. Je ne peux accepter cela.
Soyez bien clair, M. le député. C'est qu'à la
façon dont vous posez votre question, c'est soit oui ou soit non. Mais
il est possible que, par rapport à la question, si c'était non,
cela laisse sous-entendre qu'à la première réponse qu'il a
donnée à la question: Avez vous un mandat, il aurait conté
un mensonge.
M. Ciaccia: Non, non, non. Est-ce que je peux m'expliquer?
Une voix: Voyons donc!
M. Ciaccia: Je peux m'expliquer, M. le Président? Je vais
m'expliquer.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y donc, allez-y donc.
M. Ciaccia: M. le Président, on peut, premièrement,
avoir un mandat, clair, spécifique, écrit ou verbal, de s'occuper
d'un certain dossier.
Le Président (M. Jolivet): Parfait.
M. Ciaccia: Premièrement. Maintenant l'invité, Me
Gauthier, nous a dit qu'il n'avait pas de tel mandat. Je ne remets pas en
question sa réponse. Mais, M. le Président, je voudrais obtenir
d'autres informations parce que, tout en ne donnant pas un mandat à
quelqu'un, on pourrait toujours avoir un certain but quand on engage une
personne comme conseiller au bureau du premier ministre. Sans lui donner de
mandat, on peut dire: Écoutez...
M. Duhaime: C'est cela, l'hypothèse.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas une hypothèse.
M. Duhaime: Ah! Ah! Vous me faites rire, vous autres.
M. Ciaccia: C'est une hypothèse! Il faut que j'explique la
raison... Une voix: C'est une hypothèse jusqu'à ce qu'il
réponde à la question.
Le Président (M. Jolivet): Allez, allez.
M. Ciaccia: II faut que je réponde à la demande de
directive sur la question du mandat.
M. Duhaime: Duplessis était meilleur que vous autres.
M. Ciaccia: Tout en n'ayant pas de mandat, il est possible que la
raison de l'engagement d'une certaine personne était d'arriver à
certaines conclusions ou à certains buts. C'est cela que je veux savoir.
Je sais qu'il n'a pas eu de mandat. J'accepte qu'il n'ait pas eu de
mandat, mais je demande - sans essayer d'obtenir indirectement la question du
mandat - si le but de son engagement était de pousser la
Société d'énergie de la Baie James à continuer ses
poursuites devant les tribunaux. Si vous dites qu'il y a une contrepartie
à poser à cette question, après que Me Gauthier aura
répondu à celle-là, on pourrait peut-être demander
la contrepartie.
Le Président (M. Jolivet): Ma mère dirait qu'il est
"ratoureux". Le problème que j'ai, c'est qu'on dit qu'il n'y a
pas de mandat, mais il y a un but. Expliquez-moi donc la différence qui
existe en français entre un but et un mandat s'il s'agit d'un mandat
donné spécifiquement soit par écrit, soit oralement, ou
s'il y a un but et si ce but est de faire en sorte... J'ai un grand
problème. Je vous le dis bien honnêtement. À moins qu'on ne
me donne la permission de laisser poser la question, j'ai un
problème.
M. Paradis: M. le Président, est-ce que je peux...
Le Président (M. Jolivet): Essayez de me convaincre.
M. Paradis: ...pas essayer de vous convaincre, mais essayer de
régler ensemble le problème? On peut engager quelqu'un et lui
donner un mandat spécifique. On peut aussi engager cette
personne-là sans lui donner de mandat spécifique dans tel
domaine, parce qu'elle a telles connaissances, parce qu'elle a telle opinion,
parce qu'on veut bénéficier de ses opinions, de ses
connaissances, de ses contacts, de choses qu'elle a mises en place. On veut
bénéficier de cela, mais on ne lui donne pas le mandat. On peut
lui donner le mandat de s'occuper de sortir les poubelles au bureau du premier
ministre, mais on veut pouvoir bénéficier de ses contacts, de
toutes les choses qu'elle a établies, qu'elle a mises en place. C'est
possible et c'est le droit strict de la commission, des parlementaires qui
siègent des deux côtés d'avoir cette
information-là.
M. Duhaime: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...dans mon village, quand on laboure, on met les
chevaux en avant de la charrue, parce que, si vous avez déjà
essayé d'atteler cela en arrière, cela n'avance pas vite. Vous
avez oublié vos martingales, vous devriez les remettre. Ce que vous
tentez de faire actuellement, c'est partir d'une hypothèse, dans votre
esprit, et argumenter sur elle. Je pense que je donnerais raison au
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Non, je pose des questions et j'établis des
faits.
M. Duhaime: Si vous partiez de questions qui établiraient
des faits, vous pourriez ensuite argumenter. Vous vous y prenez exactement
à l'envers. C'est pour cela que nous avons des règles de
procédure qui interdisent ce genre de manoeuvre. C'est très
clair. Si vous voulez le dire, vous le ferez en conférence de
presse.
M. Ciaccia: Bien, voyons!
M. Paradis: M. le Président, sur la question de
règlement, les règles de procédure ne doivent pas
interdire d'établir les faits par des questions. C'est strictement cela
que le député fait.
M. Duhaime: Non, non, ce ne sont pas des faits; c'est une
déduction.
M. Paradis: M. le ministre, qu'il ait une hypothèse dans
la tête, s'il pose une question qui est une question de fait qui a pour
but d'éclairer cette commission et qu'elle est recevable et pertinente,
à ce moment-là, le témoin répond et cela
établit le fait. Lorsque tout est fait, cela confirme l'hypothèse
qu'il avait quand il a commencé ou cela l'infirme. Un des deux.
M. Duhaime: M. le Président, je ne
reprendrai pas les...
M. Ciaccia: Je peux demander si le but de son engagement
était de s'assurer que la Société d'énergie de la
Baie James continue les poursuites devant les tribunaux. Étant
donné son expérience dans le domaine, je peux lui demander si
cela était un des buts de son engagement. C'est au témoin de dire
oui ou non. C'est clair. S'il dit non, on procédera à la
prochaine question.
M. Rodrigue: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je pense qu'il va falloir que
je prenne la décision que je la juge recevable ou irrecevable, mais,
dans mon esprit, avant de vous accorder la parole, M. le député
de Vimont, je vous dis que j'ai un doute et je dois avoir un doute qui soit
favorable à l'invité qui n'est pas là comme accusé.
Je pense que tout le monde est bien conscient de cela. La seule chose que je
voudrais bien que vous compreniez c'est que cette question, pour moi - j'ai le
droit d'avoir des doutes dans mon esprit - est basée sur une sorte
d'hypothèse qui risque d'amener l'invité dans une partie et non
pas dans les deux parties de la possibilité qui serait offerte par la
question. C'est simplement cela. Je vous le dis: Je suis tenté de la
déclarer irrecevable. Il pourra la reposer d'une autre façon et
cela pourra peut-être m'aider, mais de la façon dont il l'a
posée, elle est irrecevable.
M. Gratton: M. le Président, je vous avoue que cela fait
une demi-heure qu'on discute de cela...
Le Président (M. Jolivet): Je le sais.
M. Gratton: ...je ne comprends réellement pas pourquoi on
ne laisse pas répondre l'invité. M. Gauthier n'est quand
même pas dépourvu. Je suis bien sûr qu'il est capable de
répondre. S'il y a des distinctions ou des clarifications à
apporter, il est sûrement assez vite pour les faire. Il l'a prouvé
jusqu'à maintenant et il me semble que votre doute - puisque vous dites
vous-même que vous avez un doute, que vous n'êtes pas sûr -
devrait aller dans le sens d'éclairer le plus possible la commission. Si
M. Gauthier trouve que c'est irrecevable et vous donne raison ou vous confirme
dans vos doutes, il aura seulement à le dire et je suis sûr que le
député de Mont-Royal va laisser tomber. Mais ne continuons pas
à parler pendant une autre demi-heure pour savoir si c'est recevable ou
si cela ne l'est pas.
Le Président (M. Jolivet): Je suis d'accord avec vous.
C'est pour cette raison que j'avais laissé une certaine forme de
latitude à certaines questions, à un moment donné, mais on
m'a demandé une directive que j'ai donnée. J'avais
déjà dit que, sur certains points, il fallait me permettre une
certaine latitude, mais on m'a dit non.
M. Lalonde: Qui "on"? Ce n'est pas moi.
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Je sais que ce n'est
pas vous, sauf qu'on m'a dit non et le règlement dit que, si une
personne s'oppose, je suis obligé de faire appliquer le
règlement. Donc, M. le député de Mont-Royal, allez-vous
poser de nouveau votre question autrement ou...?
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que ma question
était assez claire. Je n'ai pas une autre façon de la poser plus
clairement. Si vous me dites qu'elle n'est pas recevable...
M. Lalonde: On ne le saura pas.
M. Ciaccia: ...on ne saura pas si le but de Me Gauthier
était de pousser la SEBJ...
M. Lalonde: On sait que cela ne vous dérange pas, vous
autres. Votre idée est faite. Leur "boss" a décidé.
M. Ciaccia: ...à continuer les procédures devant
les tribunaux, en accord avec l'opinion de M. Boyd et de M. Giroux. Si vous
dites qu'elle n'est pas recevable, je vais poser une autre question. Bon!
Le Président (M. Jolivet): Allez, une autre question. Oui,
Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): J'aimerais bien avoir une directive. Je
réponds ou je ne réponds pas?
Le Président (M. Jolivet): Non, vous ne répondez
pas, parce que la question n'est pas recevable.
M. Gauthier (Yves): Ah! J'aurais pu y répondre, mais en
tout cas!
Une voix: C'est parce que vous ne le savez pas.
M. Paradis: M. Gauthier aurait pu y répondre, mais on ne
le laissera pas répondre.
M. Ciaccia: On ne connaîtra jamais la réponse.
M. Gratton: C'est une drôle de façon de
procéder pour faire la lumière.
M. Gauthier (Yves): Je vous le dirai tout à l'heure, les
gars! Je vous le dirai en
arrière.
Des voix: Ah! Ah!
M. Paradis: Oui, tout l'éclairage.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Me Gauthier a dit qu'il va nous le dire en
arrière.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: En arrière, je sais la réponse. Je n'ai
pas besoin qu'il me le dise.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal!
M. Ciaccia: Bon! Au ruban 1203, page 3...
M. Duhaime: 1203, page 3.
M. Ciaccia: Je sais qu'il est tard, vendredi après-midi,
mais M. le ministre...
Le Président (M. Jolivet): Non, non, allez-y, M. le
député.
M. Ciaccia: ...allez-vous être obligé de
répéter tout ce que je dis?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Ciaccia: À la suite d'une question de mon
collègue, le député de Laporte -c'est au milieu de la
page, si vous voulez suivre - Me Gauthier dit: "Les discussions, en autant
qu'elles concernent la Baie-James, ont toujours été bien courtes
et je ne voulais pas avoir de papiers sur cela et de règlement, parce
que je n'ai jamais cru à l'affaire." Et là, vous continuez en
disant: "Pour moi, cela ne valait pas cinq sous." Est-ce que des documents ou
des papiers vous ont été offerts?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président. Je
m'aperçois que je n'ai pas un très beau langage, par exemple.
M. Ciaccia: Ce n'est pas un reproche qu'on va vous faire.
M. Gauthier (Yves): Non, non. Mais c'est "non", la
réponse. Je n'ai jamais vu de documents sur cela.
M. Ciaccia: D'accord. Mais plus tard, sur le ruban 1204, page 3,
vous parlez encore de documents: "Je n'ai jamais lu de papiers disant qu'on
réglait pour tant et qu'on faisait telle proposition." Et au bas de la
page. "Je ne voulais pas les voir." Quelqu'un voulait-il vous les montrer?
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas, M. le Président,
mais je ne voulais pas les voir. Je n'avais pas de mandat là-dedans.
M. Ciaccia: Non, mais, M. le Président, je ne parle pas de
mandat. Même quand on n'a pas de mandat, c'est possible que quelqu'un
puisse essayer de nous montrer des papiers. Vu la réponse que Me
Gauthier a donnée à M. Bourbeau, cela laissait entendre qu'il ne
voulait pas voir les documents. Cela me porte à croire que quelqu'un
voulait les lui montrer. C'est pour cela que j'ai posé cette question
à Me Gauthier, mais, si je comprends bien votre réponse, personne
n'a voulu vous montrer de documents?
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier, je m'excuse,
voulez-vous répondre?
M. Gauthier (Yves): Oui, excusez-moi. (16 heures)
M. Ciaccia: Personne n'a voulu vous montrer des documents, ni Me
Jasmin ni...?
M. Gauthier (Yves): Y a-t-il moyen de reposer la question?
Le Président (M. Jolivet): Justement, par le
dérangement que j'ai eu aussi, notre invité n'a pas compris la
question. Voulez-vous répéter, M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Je vous ai demandé si quelqu'un voulait vous
montrer des documents et vous m'avez dit non.
M. Gauthier (Yves): C'est cela.
M. Ciaccia: Alors, la question que je vous pose est: Même
Me Jasmin ne voulait pas vous montrer des documents?
M. Gauthier (Yves): C'est moi qui ai dit que je ne voulais pas en
voir. C'est simple. La seule chose que j'aie vue, c'est quand il est venu, le 6
février, me montrer ses différentes argumentations. C'est tout.
Argumentations, je pense que ce n'est pas le terme légal, mais ses
raisons. C'est tout.
M. Ciaccia: Est-ce que Me Jasmin voulait vous montrer des
documents?
M. Gauthier (Yves): Non. La seule chose qu'il m'ait
montrée était une feuille à peu près comme
celle-là.
M. Ciaccia: Au ruban 1200, on parle du local 791. Cela commence
à 1200, page 2, puis vous continuez à la première ligne
en
page 3. Vous dites: "Je n'étais plus là mais le
gérant du local m'a fait parvenir des lettres en décembre 1979
pour me dire qu'il avait été convoqué." Est-ce que vous
pouvez nous expliquer comment cela s'est fait?
M. Gauthier (Yves): Oui, je vais vous donner les lettres. Je vais
vous les donner.
M. Ciaccia: Non, je ne veux pas nécessairement...
M. Gauthier (Yves): Non, non. Je vais vous les donner et vous
allez pouvoir voir qu'elles parlent d'elles-mêmes. C'est cela.
M. Ciaccia: Non, la question que je voulais vous poser n'est pas
nécessairement... On va prendre connaissance des lettres, mais
peut-être pouvez-vous nous expliquer qu'un an après que vous avez
cessé d'être légalement le tuteur...
M. Gauthier (Yves): Ah bien, je vais répondre. Ne
continuez pas. Je sais ce que vous aimeriez savoir.
M. Ciaccia: ...que dix-huit mois ou quinze mois...
M. Gauthier (Yves): Non, je vais vous répondre tout de
suite.
M. Ciaccia: ...après que moralement vous avez cessé
d'être...
M. Gauthier (Yves): C'est une lettre qui avait été
envoyée à M. Pierre-Marc Johnson.
M. Lalonde: Excusez-moi. Est-ce que le témoin pourrait
attendre que le député termine sa question, s'il vous
plaît?
M. Gauthier (Yves): Ah oui!
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui. D'accord.
M. Gauthier (Yves): Allez-y.
M. Ciaccia: Me Gauthier, vous nous dites ici qu'au mois
décembre 1979 le gérant du local vous a fait parvenir des
lettres. Alors, la question que je vous pose est: Pouvez-vous nous expliquer
comment il se fait qu'un an après que vous avez cessé
d'être légalement le tuteur du local 791, et même quinze
mois après que vous avez cessé moralement d'être en
fonction, le gérant vous ait fait parvenir des documents au sujet du
local 791?
M. Gauthier (Yves): Oui. Il m'a fait parvenir des documents:
c'étaient des lettres qui étaient adressées à MM.
Pierre-Marc Johnson, René Lévesque, Pierre Marois, Louis Laberge,
Fernand Daoust. C'est parce que les Américains, l'International Union of
Operating Engineers, avaient convoqué le local 791
québécois dont M. Yves Paré était gérant
d'affaires. Ils l'avaient convoqué pour la question du per capita et je
sais qu'on m'avait dit que M. Paré était allé - je ne sais
si c'était à Montréal ou à Toronto, en tout cas -
avec une délégation et que cela n'avait rien donné.
Maintenant, la lettre que le gérant du local écrivait
à M. Pierre-Marc Johnson était pour se plaindre qu'il n'y avait
pas assez d'action, que les gars ne se grouillaient pas. "Au nom de quelque 12
000 travailleurs de la construction, membres de l'Union des
opérateurs-ingénieurs, local 791, nous tenons à vous
souligner - ce n'est pas bien bon de lire cela - que grâce à votre
inertie le Conseil provincial, et le Building Trades américain sont en
train d'écraser des syndicats et des travailleurs qui ne paient pas de
taxes per capita à Washington." Cela continue.
C'était seulement pour me tenir au courant parce que M.
Paré, je me suis fait un ami de lui quand j'étais au local. C'est
tout. C'était seulement pour dire qu'il se faisait "maganer" par les
Américains, qu'il n'était pas content et qu'il se plaignait. Il
m'a envoyé une photocopie des lettres qu'il avait reçues et qu'il
avait envoyées à M. Johnson.
M. Ciaccia: Je vous remercie de nous en avoir donné le
contenu.
M. Gauthier (Yves): Les voulez-vous?
M. Ciaccia: Oui, si vous voulez nous en faire parvenir une copie,
mais cela ne me donne pas la réponse à ma question. Pourquoi
ont-ils continué à vous...
M. Gauthier (Yves): Je ne le sais pas. C'est un ami.
Demandez-lui, à M. Paré. Je ne sais pas pourquoi. Je sais que je
l'ai reçue. Il devait se dire: J'ai écrit à M. Johnson et
je n'ai pas reçu de réponse; alors, je vais lui écrire et
peut-être que je vais avoir une réponse. Je ne le sais pas. Je ne
peux pas vous le dire.
M. Ciaccia: D'après votre témoignage, cela faisait
quinze mois que vous n'étiez plus tuteur du local 791.
M. Gauthier (Yves): C'est cela.
M. Ciaccia: Vous n'auriez pas maintenu une certaine
autorité morale avec le local 791? Est-ce que c'est pour cela qu'il vous
gardait au courant?
M. Gauthier (Yves): Est-ce une question ou si vous continuez
à réfléchir? Je
m'excuse, mais, pour moi, il réfléchit toujours parce que
je ne vois pas ce qu'il veut me demander.
M. Ciaccia: J'ai commencé, M. le Président... Un
instant!
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je
m'excuse, M. le député, je vais vous donner la permission. Ce
n'est pas cela que je veux faire, M. le député.
Me Gauthier, je n'accepterai pas - je l'ai fait à d'autres
occasions - cette forme d'intervention de votre part. Le député
de Mont-Royal pose des questions. Il a le droit de poser ses questions. Vous
devez, d'abord, attendre qu'il ait fini de poser sa question pour pouvoir y
répondre. Mais je n'accepterai pas, cependant, cette forme
d'intervention de votre part. Je m'excuse.
M. le député de Mont-Royal, vous pouvez poser vos
questions.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je crois que le
témoin a entendu ma question.
M. Gauthier (Yves): Excusez-moi, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je pense qu'il a entendu ma question. Je l'invite
à répondre, s'il le veut.
M. Jutras: La question est la suivante: Est-ce qu'il conserve une
certaine autorité morale en 1979?
M. Ciaccia: Est-ce qu'il a conservé une certaine
autorité, soit morale, soit autre? Est-ce qu'il était encore
perçu, durant cette période, par les syndicats...
M. Gauthier (Yves): Je ne le pense pas, M. le
Président.
M. Ciaccia: Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ils ont
continué à vous envoyer de la correspondance?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Gauthier (Yves): La seule explication que je vois, c'est qu'il
savait que j'étais au bureau du premier ministre et il a envoyé
la lettre à M. René Lévesque. Il a dû se dire: Je
vais en envoyer une à Gauthier, il va lui en parler. Je ne le sais
pas.
Une voix: Est-ce qu'il y a donné suite? M. Gauthier
(Yves): Je ne le sais pas. M. Ciaccia: Est-ce que vous y avez
donné suite?
M. Jutras: M. le député, si vous le permettez. Vous
avez questionné sur ces lettres. Sont-elles déposées
devant le commission?
Le Président (M. Jolivet): Me Gauthier a permis qu'on en
fasse une distribution, non pas un dépôt.
M. Jutras: Cela ne se rapporte pas du tout au problème de
la Baie-James et du saccage. C'est un problème entre syndicats et on
veut sensibiliser les personnes en autorité.
Le Président (M. Jolivet): Si je l'ai permis - je fais
bien attention à ce que je vais dire par rapport à d'autres
où je ne l'ai pas permis - c'est que Me Gauthier en a fait mention dans
la réponse qu'il a donnée et j'ai cru bon qu'une question soit
posée à cet effet.
M. Gauthier (Yves): C'est bien.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais juste savoir si vous avez donné
suite à ces lettres.
M. Gauthier (Yves): Non, M. le Président.
M. Ciaccia: Est-ce que c'étaient des lettres - je ne les
ai pas devant moi -adressées au premier ministre ou si elles vous
étaient adressées?
M. Gauthier (Yves): C'est indiqué. Vous n'avez pas votre
copie?
M. Ciaccia: Non, c'est parce que je le l'ai pas.
Le Président (M. Jolivet): On va les avoir; c'est parce
qu'on est allé en faire des photocopies, pour le moment.
M. Gauthier (Yves): II m'a envoyé une lettre qu'il avait
envoyée à Pierre-Marc Johnson.
M. Ciaccia: Alors, c'était adressé...
M. Gauthier (Yves): À Pierre-Marc Johnson. Il y avait des
copies pour moi et M. Laberge. C'est indiqué là-dessus.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, vous n'avez pas
donné suite à ces lettres qui vous ont été
envoyées?
M. Gauthier (Yves): Non, M. le
Président.
M. Ciaccia: Vous avez fait un certain témoignage,
certaines affirmations en réponse aux questions de M. Laferrière,
un des administrateurs qui avaient été nommés au conseil
d'administration de la Société d'énergie de la Baie James.
Est-ce que vous saviez que M. Laferrière était un permanent du
Parti québécois entre 1968 et 1970?
M. Gauthier (Yves): Je ne peux pas dire que je le savais
directement, mais je ne savais pas depuis combien de temps il était
là. Je sais qu'il était là à un moment
donné. Je ne sais pas ce qu'il faisait.
M. Ciaccia: Mais vous saviez qu'il était un permanent au
Parti québécois.
M. Gauthier (Yves): Oui, il était là. Je le
savais.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il était - j'essaie de me souvenir
de la réponse que vous avez donnée durant votre témoignage
- un de vos adjoints, pendant la campagne électorale en 1970? Est-ce
qu'il a travaillé avec vous?
M. Gauthier (Yves): II travaillait avec moi. Adjoint là?
On ne se donnait pas tellement des postes.
M. Ciaccia: Je vais retirer le mot "adjoint". Est-ce qu'il
travaillait avec vous durant la campagne?
M. Gauthier (Yves): Ah oui! Il a travaillé avec moi.
M. Ciaccia: C'était l'un de vos amis, comme vous l'avez
mentionné. M. Laferrière était aussi une connaissance,
comme il l'a dit lui-même, de M. Boivin et de M. Lévesque.
Pouvez-vous nous affirmer qu'à aucun moment ces faits - le fait qu'il
était permanent au Parti québécois, qu'il ait
travaillé avec vous durant les élections, qu'il connaissait M.
Boivin, qu'il connaissait M. Lévesque - n'ont pesé dans la
balance pour le nommer administrateur de la Société
d'énergie de la Baie James?
M. Gauthier (Yves): M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, je ne permettrai
pas la question puisque ce n'est pas vous qui avez eu à prendre la
décision.
M. Gauthier (Yves): M. le Président, c'est cela que
j'allais dire.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Une voix:
Opération salissage.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais seulement me
référer...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Normalement, je n'aurais pas posé cette
question, mais...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député. M. le député, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: ...c'est M. Gauthier lui-même qui a
parlé de la nomination de M. Laferrière. Je pense que c'est sur
le ruban 1228, je le cherche ici. Il a dit, en effet: "Si vous allez chercher
les nominations politiques dans l'affaire de Laferrière, vous allez vous
lever de bonne heure en maudit, parce que chez nous, ce n'est pas fort; vous
chercherez longtemps."
M. Gauthier (Yves): C'est écoeurant.
M. Ciaccia: C'est lui qui a soulevé la question que ce
n'était pas politique; alors, j'ai essayé de
m'enquérir.
Le Président (M. Jolivet): C'est simplement que
j'étais pris un peu parce que, comme il n'a pas participé
à la décision, il ne peut pas le savoir.
Une voix: Oui, mais il a dit cela.
M. Ciaccia: II a dit cela; alors, j'accepte votre
décision.
Le Président (M. Jolivet): Je conviens qu'il a dit une
chose semblable, que vous venez de lire, mais cela ne veut pas dire qu'il a
participé à la décision.
M. Ciaccia: Je ne l'ai pas inventé, M. le
Président.
M. Gauthier (Yves): Cela ne veut pas dire que c'est vrai.
M. Ciaccia: Alors, s'il n'a pas participé à la
décision, il n'était pas en mesure, non plus, de dire que ce
n'était pas une décision politique.
M. Gauthier (Yves): Ah! Vous avez bien raison. Il a bien raison.
Excusez, il a raison.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président. Revenons
à Me Beaulé. Vous avez
mentionné dans le témoignage que vous avez donné
les noms de Me Aquin, Me Jasmin, Me Cutler, Me Beaulé et un autre dont
vous ne vous souveniez plus. Vous avez dit que les représentants
américains vous ont demandé si vous pouviez vous fier à
ces personnes. Est-ce que M. Woll, M. Fanning ou M. Turner, que vous avez
mentionnés dans votre témoignage, vous ont également
demandé si ces personnes avaient d'excellents contacts au bureau du
premier ministre?
M. Gauthier (Yves): Je ne m'en souviens pas, mais j'ai
certainement dû leur dire que j'avais travaillé avec Me Jasmin,
avec Me Aquin et avec Me Beaulé.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, vous avez dû
certainement leur dire que ces gens avaient travaillé avec le premier
ministre.
M. Gauthier (Yves): Bien, peut-être pas le premier
ministre.
M. Rodrigue: Question de règlement.
M. Ciaccia: Bon, encore une fois de l'obstruction. Il a
répondu à la question.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Question de règlement parce que le
député de Mont-Royal vient d'imputer une réponse à
la personne qui est devant nous. Il dit: Vous avez sûrement dit que ces
personnes avaient travaillé avec le premier ministre." Il n'a même
pas dit le bureau du premier ministre, il a dit avec le premier ministre.
Alors, il me semble que c'est pousser un peu loin...
M. Ciaccia: J'ai répété ce qu'il a dit.
M. Rodrigue: ...les déductions qu'il peut faire en posant
de telles questions. Il a complètement transformé la
réponse qu'avait donnée Me Gauthier. Me Gauthier a dit: J'ai
peut-être mentionné cela et le député de Mont-Royal
dit: Bon, c'est cela; vous leur avez dit que...
M. Ciaccia: II n'a pas dit "peut-être", il a dit
"sûrement". (16 h 15)
M. Rodrigue: ...ces avocats avaient travaillé avec le
premier ministre. Il n'a même pas dit avec le bureau du premier
ministre.
M. Ciaccia: Pour l'information du député de Vimont,
Me Beaulé a représenté le premier ministre dans la
contestation de l'élection en 1973.
M. Duhaime: On n'est pas au courant de cela.
M. Lalonde: Vous ne connaissez pas cela?
M. Ciaccia: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Non,
mais...
M. Ciaccia: ...je n'ai pas imputé, j'ai seulement
répété les mots de Me Gauthier.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous, pour les besoins
de la cause, la répéter? Cela va peut-être clarifier la
situation.
M. Ciaccia: M. le Président, la réponse de Me
Gauthier est parfaitement dans l'ordre; cela confirme les propos que Me
Beaulé a tenus au ruban 916, page 2. Je le cite textuellement. Me
Beaulé répondait à une question que je lui posais, je
crois. Il dit: "J'ai même dit au journaliste qu'après 22 jours en
cour j'espérais que les Américains n'étaient pas
déçus de m'avoir choisi, peut-être aussi à cause de
mes connaissances juridiques." La réponse de Me Gauthier...
Le Président (M. Jolivet): Je veux juste savoir. Une
question a été posée. Il y a eu une question de
règlement. Est-ce que j'ai entendu une réponse?
M. Gratton: La réponse avait été
donnée avant. Le député de Vimont était juste en
retard.
Le Président (M. Jolivet): Moi, je ne l'ai pas
entendue.
M. Paradis: On va demander au témoin de la
répéter.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la cause,
parce que je n'ai entendu aucune réponse, n'ayant entendu qu'une
question de règlement, voulez-vous reprendre votre question? On va voir
la réponse de Me Gauthier.
M. Ciaccia: On peut aller chercher le journal des
Débats.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le
député.
M. Ciaccia: J'avais demandé à Me Gauthier si M.
Woll et M. Fanning ont également demandé si ces personnes
auxquelles je me suis référé, MM. Aquin, Jasmin,
Beaulé, avaient d'excellents contacts au bureau du premier ministre. La
réponse que j'ai eue, que j'ai comprise de Me
Gauthier, c'était que sûrement - il a mentionné, je
pense, trois noms - Jasmin, Aquin et Beaulé...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Ciaccia: ...avaient travaillé... M. Rodrigue:
Avec Me Gauthier. M. Ciaccia: ...avec Me Gauthier.
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi. Je pense que la
meilleure réponse qu'on pourrait avoir, c'est Me Gauthier qui la
donnerait. Allez-y donc.
M. Gauthier (Yves): À quelle question -je ne le sais pas -
répondre? C'est sûr que j'ai travaillé avec Jasmin, j'ai
travaillé avec Beaulé et j'ai travaillé avec Aquin. Je
n'ai jamais travaillé avec Cutler dans des élections. Ce n'est
pas un gars d'élections. C'est cela que j'ai répondu. Ils m'ont
demandé s'ils connaissaient quelque chose au point de vue du droit et
j'avais "élaboré" sur cela. Ils m'ont demandé si je les
connaissais. J'ai dit: Je les connais, je peux me fier sur eux, ils ont
déjà travaillé avec moi. C'est ce que j'ai dit.
M. Ciaccia: Depuis le 15 avril 1983, est-ce que vous avez eu des
communications, des conversations téléphoniques... Depuis le 15
février 1983...
Le Président (M. Jolivet): Le 15 février 1983.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Ciaccia: Cette année.
M. Gauthier (Yves): Février ou avril?
M. Ciaccia: Non, non, février.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que j'avais compris,
d'ailleurs, le 15 février.
Une voix: 1983.
M. Ciaccia: 1983, cette année-ci. Est-ce que vous avez eu
une conversation téléphonique ou des communications avec Me
Jasmin?
M. Gauthier (Yves): Oui, M. le Président.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pouvez préciser combien de
fois vous avez communiqué avec lui?
M. Gauthier (Yves): Non, je ne peux pas le préciser, mais
je sais qu'il m'a appelé... Là, je dis février; c'est
peut-être plutôt en mars qu'il m'a appelé.
M. Ciaccia: Après le 15 février?
M. Gauthier (Yves): Après le 15 février, oui, il
m'a appelé.
M. Ciaccia: À quel sujet?
Le Président (M. Jolivet): Non, ne répondez pas
puisque c'est la même question qui a été posée. J'ai
déjà rendu une décision, M. le député, sur
cette question.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Non, vous avez... Allez.
M. Ciaccia: Je veux comprendre votre décision.
Peut-être que je l'ai mal comprise. Je crois que vous avez dit que vous
ne permettriez pas de question après une certaine date, le 13 mars,
à moins que la question ne soit pertinente au mandat de la commission.
Si on doit poser des questions et essayer d'établir le rôle du
premier ministre dans la décision de la SEBJ, je crois - je vous le
soumets très respectueusement -qu'une conversation entre le conseiller
du premier ministre et Me Jasmin, même après la date, est
très pertinente parce qu'il aurait bien pu discuter du rôle du
premier ministre.
Le Président (M. Jolivet): J'ai rendu une décision,
je ne la changerai pas. Je l'ai vérifiée avant de la rendre, la
dernière fois. J'ai pris le temps et les précautions de la
vérifier et ma réponse a été claire. Le mandat
concerne ce qui s'est passé quant à la décision de la
Société d'énergie de la Baie James de faire un
règlement hors cour. En conséquence, je ne permettrai pas de
questions au-delà de cette décision-là. La décision
étant prise, on ne peut pas la changer aujourd'hui. Elle a
été prise en mars 1979, le 13 mars.
M. Ciaccia: Vous avez permis qu'on aille...
Le Président (M. Jolivet): J'ai permis la question, mais
je n'ai pas permis...
M. Ciaccia: ...après la date dans les questions
adressées à Me Cardinal, à Me Beaulé. Si vous vous
en souvenez, je voudrais seulement vous rappeler votre décision dans le
cas de Me Beaulé. Je lui avais posé la question: Est-ce que vous
avez communiqué avec le bureau du premier ministre vendredi...
Le Président (M. Jolivet): Le vendredi
après-midi.
M. Ciaccia: Oui. Cette question a été permise.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais...
M. Ciaccia: Ce qui n'a pas été permis, c'est le
contenu...
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Ciaccia: ...parce qu'à ce moment-là il y a eu
une objection formulée par Me Beaulé qui disait que cela ne
faisait pas partie du mandat. Ici, je n'ai pas entendu d'objection de la part
du témoin, Me Gauthier.
Le Président (M. Jolivet): Écoutez. Je sais bien
que Me Gauthier n'en a pas fait.
M. Ciaccia: Cela peut être pertinent. Si c'est pertinent au
mandat...
Le Président (M. Jolivet): Non, non, le mandat qu'on a est
le suivant. Je vais le relire, je pense que c'est la meilleure des solutions.
Non, non, je l'ai vérifiée, je vais maintenir ma décision
et je ne voudrais pas qu'on passe une demi-heure à discuter ma
décision. Notre mandat, c'est "d'examiner les circonstances entourant la
décision du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James de régler hors cour la poursuite
civile intentée à la suite du saccage du chantier LG 2 survenu en
1974 et, plus spécifiquement, le rôle du premier ministre et de
son bureau à cet égard." Or, c'est en regard de la
décision du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James et elle a pris cette décision finale
le 13 mars 1979.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Non, non. Je m'excuse. Pour le
reste, si vous avez des questions, il y a une période des questions
à l'Assemblée nationale, il y a d'autres commissions
parlementaires qui pourraient être instituées s'il y a une
décision prise dans ce sens, mais, ici, cette commission n'a pas
à étudier ce qui s'est passé après la
décision du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la Baie James et je ne le permettrai pas.
M. Ciaccia: Demande de directive. Pourriez-vous m'expliquer
pourquoi vous me permettez de poser la question à savoir s'il y a eu une
communication, même si la communication a eu lieu après le 15
février, mais, à la minute où j'essaie d'obtenir une
information sur ce qui s'est dit là, vous m'arrêtez? Si cela n'est
par pertinent...
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas pertinent parce
que cela dépasse notre mandat. La seule chose que je vous dis, c'est
que, sur le contenu, il n'y aura pas de question.
M. Gratton: M. le Président, j'ai une question à
vous poser.
Le Président (M. Jolivet): Si c'est pour remettre en cause
la décision que j'ai rendue il y a déjà une semaine et
demie, c'est non.
M. Gratton: Vous jugerez si cela la remets en cause. J'ai besoin
d'une information. Je vous demande une directive.
Le Président (M. Jolivet): Je verrai.
M. Gratton: Si le cabinet du premier ministre était encore
en train de manipuler la preuve ou d'essayer d'affecter la façon de
travailler de cette commission et qu'il le faisait aujourd'hui et qu'il le
faisait hier et qu'il le ferait demain...
Le Président (M. Jolivet): Bon, d'accord. Si c'est
cela...
M. Gratton: ...on n'aurait pas la possibilité de
questionner les témoins à ce sujet-là.
Le Président (M. Jolivet): C'est justement pourquoi je
vous dis que, si c'est votre opinion, il y a d'autres lieux qu'ici. Non, non,
je n'ai pas le mandat, comme président de cette commission, d'examiner
tout ce qui s'est produit après. Vous aurez d'autres lieux pour le
faire. Vous le ferez à l'Assemblée nationale, à la
période des questions, ou par d'autres façons, mais le mandat que
j'ai est tout ce qui est relatif à la décision...
M. Gratton: M. le Président, le mandat de la commission
n'est pas de blanchir...
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Gratton: ...le bureau du premier ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député.
M. Gratton: C'est de savoir ce qui s'est passé dans le
bureau du premier ministre.
Le Président (M. Jolivet): Ce qui s'est passé pour
la décision...
M. Gratton: Voyons donc!
Le Président (M. Jolivet): Je n'accepterai pas...
M. Lalonde: Vous avez dit que...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, d'accord, juste un
instant. Je vais, quand même, vous dire que je n'accepterai plus de
questions sur la décision que j'ai rendue. Si c'est cela, je vais vous
arrêter immédiatement. Je n'accepterai pas de questions sur autre
chose que le mandat qui m'est confié.
M. Lalonde: Je suis d'accord avec vous. Il faut poser des
questions sur le mandat. Lorsque vous dites qu'il s'agit de poser des questions
sur le mandat, je prends la partie du mandat que vous avez mentionnée,
c'est-à-dire "les circonstances entourant la décision." Bon! "Les
circonstances entourant la décision", normalement, cela aurait dû
se passer dans ce temps-là, si je vous suis.
Le Président (M. Jolivet): C'est exact.
M. Lalonde: Mais je vous soumets - et vous n'avez pas encore
rendu de décision là-dessus - que, dans le mandat, il y a le mot
"examiner" et que l'examen sera fait en 1983.
Le Président (M. Jolivet): Oh! Je m'excuse.
M. Lalonde: L'examen se fait en 1983. Le Président (M.
Jolivet): Non, non.
M. Lalonde: Je vous soumets l'hypothèse suivante qu'en ce
qui concerne le rôle du premier ministre, par exemple...
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le
député. Je dois vous arrêter maintenant.
M. Lalonde: Oui, mais, écoutez! À ce
moment-là, la commission ne peut pas savoir ce qui est
arrivé.
Le Président (M. Jolivet): Si vous croyez qu'il y a
d'autres choses...
M. Lalonde: Les gens qui nous regardent...
Le Président (M. Jolivet): Je vous l'ai dit tout à
l'heure.
M. Lalonde: ...qui trouvent que cela n'a pas de bon sens...
Le Président (M. Jolivet): C'est votre opinion.
M. Lalonde: Cela n'a pas de bon sens!
Le Président (M. Jolivet): Ce que je vous dis, c'est
"d'examiner les circonstances entourant la décision - si vous voulez
faire de l'analyse de texte, on va en faire - du conseil d'administration de la
Société de la Baie James de régler hors cour la poursuite
intentée à la suite du saccage", cette décision a
été prise en 1979.
M. Ciaccia: Excusez-moi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal! M. le député de Mont-Royal!
M. Ciaccia: Je m'excuse. Je vais attendre que vous finissiez.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Donc, je ne change pas
d'idée. Passez à d'autres questions, s'il vous plaît. Ce
n'est en aucune façon dans le mandat de cette commission. Allez!
M. Ciaccia: M. le Président, combien de conversations
téléphoniques avez-vous eues avec Me Jasmin? Non, je vous pose la
question.
M. Gauthier (Yves): Oui, excusez-moi.
M. Ciaccia: Combien de conversations téléphoniques
avez-vous eues avec Me Jasmin depuis le 15 février 1983?
M. Jutras: M. le Président, je veux soulever une
objection. L'invité est réellement dans une drôle de
position. D'une part, vous jugez que le contenu des conversations est
irrecevable parce que cela dépasserait le mandat et, d'autre part, vous
permettriez des questions visant à savoir combien il y a eu de
conversations téléphoniques. À mon point de vue, il
faudrait que la présidence soit logique et qu'elle refuse ce genre de
discussion, si Me Gauthier ne peut pas dire le contenu, parce que cela peut
laisser entendre à des gens qui l'écoutent que l'honorable juge
Jasmin et Me Gauthier, qui est membre de la Chambre des notaires, auraient
parlé de leurs témoignages ensemble, auraient fait des
ajustements ou quoi que ce soit. Seulement le fait de laisser planer un doute
semblable crée un préjudice. Si on ne peut pas
révéler le contenu, à mon sens, la question de savoir
combien il y a eu de conversations téléphoniques est tout
à fait irrecevable.
M. Lalonde: J'en appelle de votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Mon problème est le
suivant. J'avais permis cette question, mais, quand est arrivée la
suite, j'ai fait une vérification pour m'assurer de la décision
que j'avais à rendre et sur le contenu, compte
tenu que cela n'a trait en aucune façon à la
décision qui a été prise à ce moment-là,
nous avons refusé toute question additionnelle. Vous avez raison d'une
certaine façon, en disant que je n'aurais peut-être pas dû
accepter d'abord une question, à savoir s'il y a eu des conversations
téléphoniques ou non après la date du 19 mars 1979. La
raison pour laquelle je l'avais permis, c'est que je l'avais permis à
l'autre occasion, mais je n'avais pas permis qu'on aille plus loin dans cette
discussion.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ...si je comprends bien, je ne pourrais pas demander
au témoin si le contenu de cette conversation téléphonique
concernait son témoignage devant cette commission? Est-ce que c'est cela
ou bien puis-je lui poser la question? C'est une demande de directive.
Le Président (M. Jolivet): Comme je ne voudrais pas qu'on
soit injuste envers la personne qui est devant nous et pour permettre de
régler ce problème, je vais demander à Me Gauthier s'il
est prêt à y répondre, de façon à clarifier
la situation. Me Gauthier.
M. Gauthier (Yves): Oui. Au sujet de Me Jasmin, s'il m'a
appelé, il m'a appelé, effectivement. Il m'a appelé deux
vendredis de suite. Il m'a appelé avant, je ne sais pas quand, mais il
m'a demandé si j'avais lu les articles dans la Presse et j'ai
été bien court dans mes discussions, parce que...
M. Ciaccia: C'est tout?
M. Gauthier (Yves): Oui.
M. Lalonde: C'est tout?
M. Jutras: C'est personnel, mais je pense que ce serait
préférable quand même que l'invité continue sa
phrase.
M. Gauthier (Yves): Oui, je...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Duhaime: Est-ce qu'on pourrait suspendre?
Le Président (M. Jolivet): Non, non.
M. Duhaime: Oui, on peut suspendre.
Le Président (M. Jolivet): On va suspendre pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise de la séance à 16 h 51)
Le Président (M. Jolivet): Nous recommençons nos
travaux. M. le ministre, vous avez quelque chose à me proposer, je
pense.
M. Duhaime: Oui, M. le Président, depuis la suspension, il
y a une quinzaine de minutes, j'ai eu l'occasion de discuter avec mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys. Non pas qu'il s'agisse d'un vendredi
13, mais bien parce que c'est aujourd'hui vendredi, qu'il est près de 17
heures, nous nous entendons pour que les travaux de la commission soient
suspendus. Nous allons vous proposer un ajournement jusqu'à mercredi
prochain, 10 heures. Nous continuerons avec Me Yves Gauthier, mercredi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, effectivement, c'est un
ajournement sine die, j'imagine, puisque nous allons recevoir un autre ordre de
la Chambre.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: Maintenant, avant d'ajourner, j'aimerais porter
à votre attention un incident qui est arrivé juste avant la
suspension. Un personnage qui était assis dans les chaises en
arrière et que l'on m'a dit s'appeler M. Bertrand Bélanger est
venu, pendant qu'on posait une question, présenter un bout de papier au
témoin. Je n'ai pas vu le bout de papier; certains l'ont vu. Il serait
écrit dessus: "Veux-tu un break? Va aux toilettes", ou quelque chose
comme cela.
M. le Président, on a permis à tous les témoins
d'être accompagnés soit de conseillers, soit d'avocats.
Même, depuis que Me Jutras est ici, il peut faire des objections. Ces
conseillers peuvent même -ce qui ne se fait pas en cour - parler au
témoin pendant son témoignage, pendant qu'on pose des questions,
discuter peut-être des réponses; ils ne discutent sûrement
pas de température. On n'a pas soulevé cela. Mais que quelqu'un
dans l'assistance se lève et intervienne dans le témoignage, M.
le Président, je vous demande de statuer sur le caractère
acceptable ou inacceptable, à mon sens, de cette façon de
procéder.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Alors, M. le Président, je serais, bien
sûr, d'accord avec le député de Marguerite-Bourgeoys. Je
n'accepterai pas qu'en quelque manière que ce soit quelqu'un intervienne
en cours de témoignage soit pour
suggérer des réponses ou donner des indications. Mais ce
n'est pas de cela qu'il s'agit. Ce message, dont on m'a communiqué le
contenu - je regrette de devoir donner ces précisions à la
télévision, mais je vais devoir le faire à cause des
allusions que cela contient - se référait essentiellement
à des besoins physiques que l'état de santé du
témoin qui est devant la commission parlementaire l'oblige à
satisfaire. Je ne sais pas si c'est écrit quelque part dans la Charte
des droits et des libertés, je n'ai jamais souhaité de malheur
à personne mais je pense qu'on ne peut pas, non plus, reprocher à
qui que ce soit de remplir des devoirs que la nature nous impose à tous
de combler. Je pense que c'était cela qui était le contenu de
cette note qui a été transmise et rien de plus.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
interventions, donc... Oui, Me Jutras, j'ai cru comprendre qu'il y avait, de
votre part...
M. Jutras: L'article 4 de la Charte des droits et des
libertés de la personne dit: "Toute personne a droit à la
sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation".
Alors, c'est une question qui relève de la dignité de
l'invité, une question tout à fait personnelle. M. le
député, vous avez sans doute vu que je me suis
inquiété, moi aussi, de ce petit papier qui est arrivé
à un moment donné, parce que je n'accepterais jamais que l'on
suggère des réponses à des témoins de cette
façon, mais, quand j'ai vu que la nature du message se rapportait
à l'état de santé du témoin...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet); M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...je ne veux pas que les propos du ministre ou de Me
Jutras fassent suggérer que nous n'acceptons pas ce genre de contrainte.
Au contraire, jusqu'à maintenant, le témoin l'a demandé
parce que, semble-t-il, c'est à la personne elle-même de
connaître sa condition et non pas à une personne
étrangère de se lever dans la salle pour lui dire que maintenant
il est dans cette condition. Je pense que vous n'avez jusqu'à maintenant
jamais refusé de suspendre au moment opportun. Je regrette qu'on
permette - j'espère qu'on ne le fera plus - à quelqu'un qui est
étranger à nos débats, qui n'est ni membre, ni
témoin, ni conseiller, de suggérer, parce qu'un témoin
semble avoir de la difficulté à répondre: "Veux-tu un
"break"?" C'est presque une directive.
Le Président (M. Jolivet): Je tiens pour acquis qu'on
s'entend bien sur le fait que nous avons permis aux invités d'être
accompagnés d'une personne ou deux, dans certaines circonstances. Je
sais même qu'en cours de témoignage d'autres personnes des
personnes faisant partie de la même étude sont venues apporter des
renseignements additionnels qui pouvaient manquer. Donc, je crois comprendre
que ce n'est pas dans le but d'empêcher quelque réponse que ce
soit, au contraire. On connaît l'état physique de la personne qui
est devant nous, comme on a connu aussi, à d'autres moments, d'autres
personnes qui avaient une condition physique difficile. Dans ces
circonstances...
M. Lalonde: M. le Président, avant de terminer, est-ce
qu'il y aurait moyen de savoir si cette personne est encore secrétaire
particulier au bureau du premier ministre? On me dit qu'en mai 1982,
d'après les renseignements... Alors, ce serait une interférence
du bureau du premier ministre lui-même. Je ne peux pas l'affirmer;
j'aimerais savoir si elle y est encore.
Le Président (M. Jolivet): On pourra faire les
vérifications qui s'imposent.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: ...je voudrais, tout simplement, dire au
député de Marguerite-Bourgeoys que je suis parfaitement
prêt, si cela peut intéresser à ce point l'Opposition,
à faire en sorte que l'on retrouve ce billet, qu'on le dépose
devant la commission et qu'on le remette aussi entre les mains de la presse.
Vous verrez qu'il n'y a rien là.
Le Président (M. Jolivet): Ceci étant donc dit,
j'ajourne donc nos travaux à la prochaine motion, puisque ce sera sine
die, en disant, cependant, que fort probablement mardi nous aurons une motion
pour mercredi prochain, 10 heures.
(Fin de la séance à 16 h 58)