Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des engagements financiers se réunit aux fins
d'examiner les engagements financiers des mois de janvier, février,
mars, avril, mai et juin 1982.
D'abord, je vais faire l'appel des membres de la commission: M. Baril
(Arthabaska), M. Beauséjour (Iberville), M. Bérubé
(Matane), M. Blais (Terrebonne), M. Blouin (Rousseau), M. Caron (Verdun), M.
Champagne (Mille-Îles), M. Middlemiss (Pontiac), M. Pagé
(Portneuf), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Polak (Sainte-Anne), M. Proulx
(Saint-Jean), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
J'aurais besoin d'une proposition pour accepter le procès-verbal
des réunions du 27 mai et du 8 juillet 1982. Le procès-verbal est
accepté.
Nous allons commencer avec le mois de janvier. Est-ce qu'on avait
commencé le mois de janvier à la dernière
réunion?
M. Bérubé: Non. Il ne semble pas y avoir beaucoup
d'événements à l'été, M. le
Président, parce que la Tribune de la presse est au grand complet ce
matin.
Affaires culturelles
Le Président (M. Gagnon): Affaires culturelles, niveau
200? M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II s'agit d'une subvention. "Subvention à
l'Ordre des architectes du Québec, Montréal, à titre
d'aide financière pour fins d'organisation et de tenue d'une exposition
provenant de France et ayant pour thème: Construire en quartiers
anciens, de même que pour la réalisation d'une exposition à
contenu québécois sur le même thème et devant
être présentée dans les villes de Québec et
Montréal en 1982. Le montant de l'engagement est de 30 000 $."
Est-ce que je pourrais avoir des explications sur cette subvention pour
une exposition qui nous vient de France? On se rappelle qu'on est en janvier;
c'est le début des coupures, des restrictions économiques.
M. Bérubé: En fait, un des secteurs qui
créent le plus d'emplois, c'est la rénovation.
Particulièrement à Montréal, je pense que vous avez eu
l'occasion de lire dans les médias, au cours des dernières
semaines, en fait, les travaux assez remarquables de rénovation du
Vieux-Montréal qui ont amené des investissements. On sait que
l'évacuation des centre-ville par la population comme conséquence
de réduire l'assiette foncière des centre-ville. On doit donc
accroître les taux de taxation sur l'ensemble des autres citoyens, avec
la conséquence qu'il y a une fuite encore plus rapide vers
l'extérieur. Donc, tout le problème du rajeunissement et du
repeuplement des centre-ville est un problème que nous vivons à
Montréal, que nous vivons à Québec et, évidemment,
que l'on connaît bien dans les villes européennes.
Or, on sait que, depuis quelques années, grâce à
l'action énergique du ministère des Affaires culturelles, un
effort a été fait pour repeupler les centre-ville, pour inciter
les gens à revenir investir dans nos centre-ville, ce qui a
entraîné des investissements immobiliers spectaculaires. On n'a
qu'à voir, par exemple, dans le Vieux-Québec un certain nombre de
rues qui commencent à être rénovées à des
coûts nettement moindres que ce qui a été fait dans le
passé. On était en train de transformer carrément le
Vieux-Québec en un musée où plus personne n'habitait,
alors qu'au contraire on commence à voir des rues du
Vieux-Québec, à l'heure actuelle, qui sont en train d'être
rénovées à des coûts nettement moindres grâce
à l'imagination d'architectes et d'entrepreneurs. Or, pour accentuer
encore cet effort qui a été entrepris au ministère des
Affaires culturelles, l'idée est venue d'organiser une exposition
conjointe de l'Ordre des architectes et du ministère des Affaires
culturelles ici même au Québec de manière à montrer
ce qui se fait en Europe. Je peux en témoigner pour avoir visité
plusieurs villes allemandes et hollandaises en 1974; elles sont nettement en
avance sur ce qui s'est fait au Québec à cet égard. Je
dois dire que les efforts qui se font au Québec depuis quelques
années, sous l'action énergique de l'actuel ministre des Affaires
culturelles et du précédent, font en sorte que les
mentalités changent par rapport à ce qui existait en 1976. C'est
dans la continuité de cette réforme, de ce vent de renouveau, que
nous avons accordé cette subvention à l'Ordre des
architectes.
Ouf! Je me suis trompé, c'est avant...
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Justement, M. le président du Conseil du
trésor, on a vu passer aux engagements financiers au cours des deux
dernières années beaucoup d'argent dans cette rénovation.
J'ai tenu pour acquis, quant à moi, que...
M. Bérubé: C'est dommage que le
député de Trois-Rivières n'ait pas répondu à
la question, il est l'un des...
Une voix: ... architectes...
M. Bérubé: ... parrains et des promoteurs les plus
actifs dans la rénovation des centre-ville. Je suis convaincu que le
député de Trois-Rivières voudrait sans doute commenter
cette subvention que nous accordons à l'Ordre des architectes du
Québec...
M. Paradis: Mais, M. le Président, j'avais...
M. Bérubé: ... pour tenir une exposition
conjointe...
M. Paradis: .... la parole, j'avais la parole.
M. Bérubé: ... sur la rénovation des
centre-ville et la construction en quartiers anciens. Je suis convaincu...
D'ailleurs, à la suite de l'effort qui a été
souligné dans sa région immédiate, à l'effort qu'il
a fait lui-même pour travailler à une rénovation du
centre-ville de Trois-Rivières, il sera trop modeste pour nous en
parler, mais il pourrait certainement nous en parler pendant de longues
heures.
M. Vaugeois: M. le Président, je ne suis pas modeste
à ce point.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières, je m'excuse, pour le moment la parole est toujours au
député de Brome-Missisquoi; après cela, je vous donnerai
la parole.
M. Vaugeois: D'accord, c'est cela, merci.
M. Paradis: M. le Président, je suis certain que
l'ex-ministre des Affaires culturelles pourrait en parler longuement.
M. Bérubé: Le premier "life saver".
M. Paradis: On en a entendu parler longuement par le
président du Conseil du trésor, mais ce qui me surprend, c'est
qu'au cours des deux dernières années on a vu passer beaucoup de
projets de rénovation, autant pour la ville de Québec que pour la
ville de Montréal, dans les vieux quartiers. Il me semble qu'il y a
beaucoup de travail qui est déjà fait. Ce qui me surprend, c'est
qu'à ce moment-ci où il y a au moins la moitié du travail
qui est complétée, etc., là, on fait une exposition avec
l'Ordre des architectes pour bénéficier de l'expérience
des vieux pays ou de la France etc., si je me fie à votre
réponse, à partir du moment où tous ces plans d'ensemble
ont été faits - c'est entièrement complété -
et l'on donne 30 000 $ pour une exposition en pleine période de
coupures.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, cela ne peut pas plus mal
tomber parce que j'arrive à peine de Boston et, entre Boston et ici je
suis arrêté à Portland; avant de me rendre à Boston,
je suis arrêté à Salem, à Newburyport et à
Portsmouth. Dans chacune de ces villes, j'ai vu des cas fantastiques de
restauration et d'intégration dans un milieu urbain. J'étais avec
le député de Sainte-Anne, avec le député de
Terrebonne; peut-être que le député de Brome-Missisquoi
trouvera qu'on a coûté trop cher au Québec, mais on
était trois à se déniaiser un peu plus et je
considère qu'on a fait une erreur en n'emmenant pas le
député de Brome-Missisquoi. Ce n'est pourtant pas très
loin de chez lui.
M. Bérubé: M. le député de
Trois-Rivières est incurable.
M. Vaugeois: II pourrait prendre le temps d'aller voir les
efforts fantastiques que les gens de la Nouvelle-Angleterre font pour la
revitalisation de leur milieu urbain. À Boston, par exemple, nous avons
marché des distances qui ne se marchent plus ni à
Montréal, ni à Québec, ni à Trois-Rivières
pour aller du bureau de la délégation à des endroits
d'activité, à des bureaux d'affaires, à des lieux de
résidence. Autour du lieu où nous étions, à Quincy
Market, le promoteur nous faisait remarquer que, là où il y avait
2000 personnes à dix minutes à la ronde, il y en a maintenant 35
000 qui y habitent. C'est assez extraordinaire, le phénomène qui
se passe là-bas.
À Montréal, nous avons tenté la même chose.
Je réfèrerai tout simplement le député à un
article paru dans le Devoir, lundi dernier, sous la plume d'Alain Duhamel.
Alain Duhamel fait le compte de ce que la rénovation a provoqué
comme chantiers dans Montréal. Je peux dire que du temps où
j'étais aux Affaires culturelles, en 1979, en particulier, nous avons
signé une entente qui n'impliquait pas beaucoup d'argent, mais qui s'est
multipliée ainsi: 8 $ de l'entreprise
privée pour 1 $ du gouvernement. Cela implique des taxes pour la
ville sans qu'il y ait d'investissements accrus.
Je ne veux pas être très long, mais j'ajouterai
là-dessus que ce n'est pas parce qu'on fait un effort que les
problèmes sont réglés. Ce sont des problèmes
très anciens que les Européens ont appris à
peut-être mieux régler que nous. On se rend compte que les
Américains savent le faire et le défi pour les architectes et
pour ces gens-là, c'est d'intégrer dans un milieu bâti des
éléments nouveaux ou encore de conserver des
éléments anciens pour montrer un sens de la continuité en
milieu urbain. Or, l'exposition que j'ai vue, qui a été
présentée ici, dans le vieux port de Québec, à
côté du site fédéral et en
complémentarité avec une exposition fédérale - si
on critique celle-là, il faudrait critiquer ce que le
fédéral a fait cet été dans le port de
Québec - s'en va maintenant à Montréal. C'est
peut-être plus près du député à
Montréal qu'à Québec, mais je l'invite à aller voir
une présentation d'un travail fait par des architectes de chez nous avec
des architectes et des projets européens. L'exposition est très
intéressante, très stimulante et en termes de retombées
économiques, si on pouvait faire des expositions comme celle-là
dans tout le Québec et amener des gens à construire les villes
là où elles devraient être, à bâtir les villes
en ville, on éviterait des pertes incroyables dans l'étalement
urbain qui est en train de nous mettre en faillite. (10 h 30)
Si vous voulez mon avis, M. le Président, nos villes sont en
difficulté parce qu'on n'a pas organisé ce genre d'exposition il
y a quinze ans. Alors, mieux vaut tard que jamais. Le seul reproche que je fais
au gouvernement et aux gens qui sont passés au ministère des
Affaires culturelles, dont moi-même, c'est de ne pas avoir
organisé plus tôt des expositions comme celle-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
compléter. Je pense que l'Opposition a soulevé une question
extrêmement importante. Il est facile d'arriver et de dire: Une
subvention de 30 000 $ en période de compressions, c'est inutile. Il
reste que les implications sont tellement vastes, les retombées
économiques tellement grandes que ce n'est pas par des visions
politiques à courte vue qu'on va développer le Québec. Je
pense que cela vaut la peine d'ouvrir un peu. J'ai été ravi de
voir le député de Trois-Rivières non pas se porter
à mon secours, mais - j'ai eu droit à de sérieuses prises
de bec avec le député de Trois-Rivières qui, justement,
nous harcèle parce qu'il estime que le gouvernement ne fait pas assez -
répondre à cette question avec tout le brio qu'on lui
connaît.
Je voudrais profiter de l'occasion qu'on vient de nous offrir, pour en
parler, parce qu'on est peut-être un peu en retard dans nos engagements
financiers. Il y a un engagement financier qui vient, je pense, où on va
justement voir un projet tout à fait unique où le
ministère des Affaires culturelles, avec des firmes d'entrepreneurs du
secteur privé, se lance dans de la rénovation urbaine par le
biais de notre Société de développement culturel. C'est
tout à fait nouveau, en ce sens que, dans le passé, si on
regarde, par exemple, comment s'est faite la rénovation du
Vieux-Québec, cela a été purement gouvernemental.
C'est-à-dire que le gouvernement littéralement, avec le fonds
d'administration, défrayait l'ensemble des coûts, se
lançait dans une rénovation extrêmement coûteuse sans
se préoccuper de la vocation économique ultérieure du
bâtiment. Les loyers qu'il aurait fallu aller chercher
ultérieurement étant prohibitifs, personne ne pouvait habiter de
telles maisons. Par conséquent, on a transformé en un
musée littéralement inhabité le Vieux-Québec
historique du bas de la ville.
Il s'agissait d'une première approche. Je ne reprocherai pas au
gouvernement antérieur d'avoir tenté de rénover le
Vieux-Québec. Cependant, la pensée a évolué.
Souvent, le Parti libéral, qui se fait un des tenants de l'initiative
privée, voit dans l'action gouvernementale trop d'intervention. Ce qui
est amusant, c'est que justement, dans ce secteur de la rénovation, nous
avons suivi cette approche de la collaboration gouvernement et secteur
privé pour arriver à stimuler de la rénovation en fonction
des besoins commerciaux économiques d'une société.
Justement, cela implique qu'on amène l'ensemble des intervenants du
secteur privé à se sensibiliser. Il y a eu très peu de
projets de ce type au Québec. Il y a certainement un certain nombre
d'esthètes de la région métropolitaine, j'ai quelques noms
à l'esprit, mais que je ne veux pas mentionner parce, malheureusement,
j'en oublierais et ce ne serait pas rendre témoignage. On connaît
le nom de plusieurs personnes, d'une dame en particulier qui a consacré
une bonne partie de sa vie au développement du Vieux-Montréal,
mais on sait qu'elle a eu beaucoup de difficultés à
entraîner de ses collègues, de ses compatriotes à se
joindre à cet effort. D'ailleurs, la question du député de
Brome-Missisquoi à cet égard est révélatrice, c'est
que finalement il y a relativement peu de gens sensibilisés; se
préoccuper d'une subvention de 30 000 $ dans un secteur aussi important
indique bien que l'effort de pénétration n'est pas complet, et le
député de Brome-Missisquoi ne voit pas tout à fait
l'impact de cela. Or, justement, c'est parce
qu'un grand nombre de nos concitoyens ne sont pas sensibles à
l'importance économique de la rénovation qu'il faut chercher des
moyens pour les sensibiliser. C'est une proposition de l'Ordre des architectes,
cela ne vient pas du ministère. On comprend que les architectes sont
peut-être mieux renseignés sur ce qui se fait à
l'étranger grâce aux revues internationales dans le domaine et,
par conséquent, se sont dit: Si on pouvait sensibiliser entrepreneurs,
population, l'ensemble des dissidents, peut-être que le
député de Brome-Missisquoi aurait été de mettre sur
pied une telle exposition. Cela me paraît hautement louable, et la nature
de la question m'indique que nous avions raison. Par contre, je pense que nous
n'en avions peut-être pas mis assez.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, après quoi, le député de Brome-Missisquoi et
le député de Trois-Rivières. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: D'abord, je voudrais féliciter le ministre parce
que je vois que ce matin il est plein d'allant; sans doute a-t-il eu la
confirmation qu'il ne deviendra pas "backbencher". Donc, je pense qu'il va
rester dans le cabinet. D'ailleurs, la manière dont il réagit est
pleine de confiance, d'espoir et d'allant. On n'a rien contre cela.
Maintenant, M. le Président, je voudrais...
M. Bérubé: Question de privilège, M. le
Président.
M. Polak: ... revenir et poser une question au ministre.
M. Bérubé: C'est une question de règlement
à tout le moins, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur une question
de règlement.
M. Bérubé: Si je comprends bien, M. le
député de Sainte-Anne mettait, au début de la
réunion, en doute mon droit à siéger à cette
commission en tant que ministre responsable, et là c'est vraiment
quelque chose de grave. Je dois dire qu'évidemment nous avons
peut-être des problèmes de remaniement ministériel, mais
ceci témoigne de la présence d'un chef à la tête de
notre parti. Je comprends pourquoi, du côté libéral, on
voit la plus grande sérénité se peindre sur leur visage,
parce que effectivement, organisés comme ils le sont, il n'y a plus
grand gouvernail.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, ce
n'était pas une question de règlement. M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Je ne voudrais pas répondre au point de vue de
l'aspect de l'allant, mais je peux vous assurer que notre équipe en aura
plus qu'on n'en a jamais eu. Je suis certain de cela.
Maintenant, j'aurais une question pour le ministre. Je n'ai rien contre
l'exposition ayant pour thème "Construire en quartiers anciens";
d'ailleurs, j'étais partie de la délégation qui est
allée à Boston trois jours. Ce à quoi je m'oppose un peu,
c'est quand je lis: "Exposition provenant de France". Parce que c'est bien
connu que la coopération entre les secteurs privé et
gouvernemental n'est pas fameuse en France. Ce qu'on a vu à Boston - ils
nous ont expliqué cela pendant toute la journée mardi; on a vu
les projets et toutes les facilités pour le renouveau du port - c'est
justement la coopération entre les secteurs privé et public.
Je me suis demandé la raison pour laquelle on laissait venir une
exposition de France, parce que je n'ai pas l'impression que la France soit
connue comme le pays le plus avancé dans ce domaine. Comme vous l'avez
dit, c'est plutôt la Hollande - le pays d'où je viens - où
on est bien avancé sur ce plan; l'Allemagne aussi, mais pas
nécessairement la France.
J'aurais aimé voir une telle exposition avec les
représentants de Boston, de l'État du Massachusetts, qu'on a
rencontrés et qui peuvent nous donner beaucoup d'information. Ce qui me
fait peur, c'est qu'on se réfère toujours à la France, la
France, la France! Peut-être faudrait-il suivre un peu le modèle
américain, comme celui de Boston, dont le succès est
déjà bien connu. D'ailleurs, l'État fait beaucoup d'argent
avec tous ces développements urbains qu'on a vus. C'est la question no
1: Est-ce qu'il est vrai qu'on accorde une certaine préférence
à la France, même si on sait que la France n'est pas
spécialiste en la matière? Pourquoi pas aux
Américains?
Deuxièmement, est-ce que le gouvernement va dépenser
d'autre argent à cette exposition, mise à part la subvention de
30 000 $?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Pas à ma connaissance. La
subvention s'ajoute à la participation de l'Ordre des architectes pour
couvrir l'ensemble des frais.
Quant à votre question plus spécifique sur la France, je
peux comprendre que les racines françaises du Québec puissent
causer des problèmes de conscience à notre distingué
collègue, qui plonge ses racines dans ce beau pays qu'est la Hollande,
mais il faut quand même se dire une chose, c'est qu'à cause
justement de nos racines françaises le matériel
préparé par cette
exposition qui a circulé en France est déjà en
français. Je comprends que le hollandais est une belle langue, que nous
pourrions faire venir du matériel hollandais et organiser des
systèmes de traduction à l'intention de nos concitoyens qui
visiteraient l'exposition, mais, en dépit de la beauté de cette
langue hollandaise, j'imagine que nous avons pensé qu'utiliser du
matériel d'exposition déjà fabriqué pour un pays
francophone présentait des avantages de traduction importants.
C'est la raison pour laquelle, dans cette exposition, il y a deux
volets. Il y a un volet qui nous vient directement de la France, donc
l'exposition est toute montée, et il y a un volet
québécois monté par l'Ordre des architectes. Je ne peux
pas vous dire si, dans ce volet-là, il y a des exemples
nord-américains, mais on connaît l'action de nos architectes
québécois dans le monde entier et j'imagine que leur ouverture
sur le monde augure bien.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Le coût total du projet était de 43 500
$. On voit que c'est un projet qui se divise en deux, la première partie
ayant pour but la tenue d'une exposition provenant de France et la
deuxième partie du projet étant la réalisation d'une
exposition à contenu québécois. Est-ce qu'on pourrait
avoir la ventilation?
M. Bérubé: La ventilation des dépenses?
H. Paradis: Combien d'argent a été affecté
à ce qui est venu de France et combien d'argent a été
affecté à la réalisation d'une exposition à contenu
québécois?
M. Bérubé: Je pourrais vous donner cela. Le
transport par fret du matériel français...
M. Paradis: Non, le total, pour aller plus rapidement.
M. Bérubé: Non, c'est qu'on ne peut pas
séparer.
M. Paradis: D'accord, allez-y.
M. Bérubé: Le volet québécois
coûte beaucoup plus cher...
M. Paradis: Combien?
M. Bérubé: ... parce qu'il faut le fabriquer.
Alors, vous avez 5000 $ pour la confection du matériel du volet
québécois. Vous avez 5000 $ pour la réalisation des
panneaux. Donc, 10 000 $. Alors que, du côté français, vous
avez 3500 $ de transport et 500 $ d'assurance. L'avantage de la partie
française de l'exposition, c'est qu'elle est toute faite. Vous ne la
fabriquez pas. Vous ne l'avez qu'empruntée et payé le
transport.
M. Paradis: Cela donne 14 000 $. Le coût du projet est de
43 500 $.
M. Bérubé: Oui, le reste, c'est pour le
chargé de projet (six mois). Vous avez des frais de déplacement,
vous avez un programme de communication, les affiches, les
conférenciers, les catalogues et l'organisation des réunions, le
montage, le démontage, la location des supports et l'éclairage,
le gardiennage, les guides étudiants.
M. Paradis: D'accord.
M. Bérubé: Le reste, c'est un ensemble de
dépenses reliées à l'exposition comme telle.
M. Paradis: D'accord. Autrement dit, sur les 30 000 $, la partie
qui a servi à faire venir l'exposition française, c'est 4000
$.
M. Bérubé: 4000 $. M. Paradis: Cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, je ne voudrais pas retarder
les travaux de cette commission, d'autant plus que je m'aperçois qu'on a
beaucoup de visite ce matin. Il y a plusieurs journalistes. Il doit se
préparer quelque chose à cette commission qu'on ignore
encore.
M. Bérubé: Non, non. Ils n'ont rien à faire
ce matin. Ils sont en vacances.
M. Vaugeois: Mais on ne peut pas travailler en toute
discrétion, M. le Président? Cela va rallonger les débats.
Je voudrais ajouter une seule chose. D'abord, un commentaire sur la
dernière intervention du député. Si je me souviens bien,
dans l'exposition française, il y a des exemples gui viennent d'un peu
partout en Europe. Egalement, on ne peut pas dire que lesEuropéens ne savent pas faire en matière d'intégration
d'éléments nouveaux dans le patrimoine bâti. C'est ce
qu'ils ont appris à faire après de multiples guerres. Ils ont su
le faire de façon étonnante. Les exemples sont très
intéressants, du côté français et du
côté européen en général. Mais je serais
d'accord avec le député de Sainte-Anne, il faudrait d'autres
expositions comme celle-là et la prochaine devrait venir de la
Nouvelle-
Angleterre. Là il ne s'agit pas de reconstruire après une
guerre, il s'agit de reconstruire après des phénomènes
liés a certains éléments de progrès comme
l'automobile, etc., ce qui a fait que nos villes se sont modifiées dans
leur organisation. Les exemples de la Nouvelle-Angleterre seraient davantage
appropriés pour ce que nous avons à faire chez nous. Je
terminerai en disant qu'on peut bien s'étonner des 30 000 $ qui sont
là, mais examinons un cas d'intégration qui se déplace par
erreur de 100 pieds, une maison qui s'installe dans le champ, un exemple comme
les Galeries de la Capitale à Québec. Prenons seulement, à
Trois-Rivières, une maison qui s'installe au mauvais endroit et qui
oblige une ouverture de rue de 100 pieds; chez moi, actuellement, cela
coûte 220 $ le pied linéaire. Cela veut dire que cela oblige les
citoyens de Trois-Rivières à investir sous terre, pour des
canalisations, pour des égouts, des aqueducs, 22 000 $ pour 100
pieds.
S'il faut se raccorder à un égout principal un peu plus
loin, là on rentre dans des chiffres absolument délirants. Ici,
on est en face de 30 000 $. Je suis allé à Salem et je vous donne
ce cas de Salem. À Salem, il y avait un tableau sur la rue principale
qui disait: Vous voulez vous construire et profiter des programmes de la ville?
Vous aurez accès aux programmes de la ville si vous réunissez
tant de points. Les quatre critères de base, c'étaient la
proximité d'un égout principal, la proximité d'une
école, etc. J'ai retenu l'exemple de l'école parce que ici on a
dépensé 250 000 000 $ pour transporter nos enfants en 1981-82.
Quinze ans auparavant, on transportait 16% de nos enfants par autobus
scolaires. Actuellement, on en transporte 65%. Cela nous coûte 250 000
000 $. Là-bas on disait: Si vous vous construisez à un quart de
mille d'une école, vous aurez quatre points. Si vous vous construisez
à un demi-mille d'une école, vous aurez trois points. Si vous
vous construisez à un mille d'une école
élémentaire, vous aurez un point. Autrement, vous aurez
zéro point. (10 h 45)
On avait un autre système de points par rapport aux égouts
importants. Si vous voulez, c'est le genre de préoccupations qui nous
entourent et que nous n'avons pas encore suffisamment. Je ne sais pas si le
maire de Verdun est bien distrait, mais il a l'air absorbé par ses
documents. Il est probablement un peu mal à l'aise par notre
échange actuel. Comme maire d'une ville, il voit monter les taxes de ses
citoyens et il sait ce qui coûte cher actuellement. Des études
existent maintenant. On sait, par exemple, ce qui s'est passé avec
l'ouverture du pont Pierre-Laporte dans la région de Québec. Les
taxes ont grimpé là où le développement s'est fait
de façon un peu sauvage. J'insiste, M. le Président, pour
féliciter ceux qui m'ont succédé aux Affaires culturelles
d'avoir tenu cette exposition avec les gens qui pratiquent leur métier,
les architectes, et de ne pas avoir engagé une armée de
fonctionnaires pour 30 ans pour organiser une exposition. Ils se sont
tournés vers des gens de la pratique privée et ils ont dit: Vous
allez nous organiser cela. Cela ne nous coûtera pas cher. Ce n'est pas
cher pour organiser une exposition de cette qualité. Ils se sont
tournés vers une exposition de langue française qui était
prête et ils ont dit: Vous allez nous prêter votre exposition.
Si on devait en organiser une avec nos voisins de Nouvelle-Angleterre,
cela nous coûterait sans doute un peu plus cher parce qu'il faudrait un
matériel approprié, il faudrait traduire, etc. Même
là, ce serait infime comme dépense comparativement aux sommes
qu'il y a à épargner maintenant au Québec pour sauver
notre qualité de vie en plus de rétablir nos finances
municipales.
Le Président (M. Gagnon): Affaires culturelles, no
300.
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Même si je lisais les documents,
j'écoutais attentivement les propos du député de
Trois-Rivières et, naturellement, en tant que maire, je suis conscient
qu'il faut garder nos gens dans le centre de la municipalité. Je pense
que c'est d'une importance qu'il ne faut pas nier. On est même en retard
là-dedans.
Naturellement, qu'on aille chercher les gens où vous êtes
allés les chercher, est-ce la meilleure solution? Je ne peux pas en
juger ici ce matin. Je ne suis pas un architecte de profession, mais je pense
que les gouvernements - nous autres, dans le temps, et vous autres - sont un
peu en retard pour relancer, ramener nos gens dans les municipalités,
comme la ville de Montréal le fait actuellement. La ville de
Montréal fait un excellent travail avec les 20 000 logements qu'elle
veut nous amener pour que nous autres, chez nous aussi, on soit capable de se
réorganiser pour garder nos centre-ville à jour et penser aussi
au petit marchand. Je pense que le petit marchand qui est installé
là depuis nombre d'années a le droit, lui aussi, aux services,
quelle que soit la municipalité. Je suis bien d'accord avec cela, mais
que vous ayez pris les gens là ou ailleurs, je ne suis pas en mesure de
dire si ce sont les meilleurs que vous avez pris. J'espère que ce sont
les meilleurs parce que, quand on pose des gestes, on les pose le mieux
possible.
Le Président (M. Gagnon): Affaires culturelles, engagement
300.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: À l'engagement 300, il s'agit d'une subvention
à la bibliothèque municipale de Rivière-du-Loup aux fins
de transformation et d'agrandissement d'un local de la bibliothèque
municipale. Montant de l'engagement: 373 855 $. Comme je vois cela, il y a
déjà une bibliothèque municipale à
Rivière-du-Loup et il s'agit de l'agrandissement de celle qui existe. Si
tel est le cas, je voudrais savoir si le ministre croit qu'une somme de 373 000
$, dans une période de coupures budgétaires, même brutales,
souvent, est justifiée. Je me rappelle qu'on a eu le fameux cas de la
bibliothèque municipale de Saint-Jean au coût de 2 000 000 $,
où il existe déjà deux autres bibliothèques.
Évidemment, il y en a une à la base militaire. Ce sont des livres
contagieux. On ne peut pas les lire. Ils viennent du fédéral.
Donc, c'est pour cette raison qu'on doit avoir une bibliothèque
municipale.
M. Bérubé: Ils vont enseigner la guerre et la
violence à nos enfants.
M. Polak: Je me demande si une somme de 373 000 $ est
justifiée? Je comprends très bien. Le ministre va me
répondre que le député de Sainte-Anne ne comprend rien
à la culture et aux livres. On doit éduquer nos gens à
lire plus, mais, pour le moment, vous savez qu'on a besoin de pain sur la
planche. Ce n'est pas du tout pour critiquer l'aspect culturel. J'en comprends
la nécessité, mais je me demande, dans le cadre des
priorités, si cette dépense est justifiée. N'aurait-on pas
dû dire: On va remettre cela à un peu plus tard, malheureusement,
chère ville de Rivière-du-Loup? Cette somme, c'est vrai, sur un
budget total, représente une partie très mince, comme le ministre
le dit toujours, mais, pour beaucoup de gens, c'est une somme substantielle,
dix fois 373 000 $, c'est déjà 3 000 000 $. Il y en a des
exemples partout, tout le temps. Donc, je pense que cela devient une question
de priorité. C'est difficile, je le comprends, mais y a-t-il une sorte
de politique qui existe? Ces subventions reviennent tout le temps.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Oui, la priorité existe,
indéniablement. D'une part, vous avez là un effort de
construction quand on sait à quel point l'industrie de la construction
est dans un état déplorable, justement, dans l'ensemble de
l'Amérique. On voit les efforts actuels du gouvernement du Québec
qui, d'ailleurs, commencent à être couronnés de
succès. On voit d'ailleurs qu'à la suite des annonces
gouvernementales dans le domaine de l'habitation le gouvernement
fédéral a décidé, finalement, de s'aligner sur les
positions québécoises, que ce soit en termes d'objectifs de
rémunération, de lutte à l'inflation ou de relance de
l'industrie de la construction. On a l'impression qu'il y a simplement
maintenant à Ottawa - d'ailleurs, c'est déjà une
amélioration très nette - au moins un Parti libéral qui
regarde ce qui se fait à Québec et qui copie. Il n'y a rien de
honteux à copier nos politiques. Je pense que c'est bon, puisque cela
fonctionne.
M. Paradis: ... le comté cet été. Il ne
faudrait pas oublier cela.
M. Bérubé: II y a au moins cela et on se rend bien
compte que, dans le secteur de la construction, il y a un effort
considérable. Or, il s'agit de construire des choses qui
répondent à des besoins. La semaine dernière,
j'étais à l'hôtel de ville de Matane où on discutait
justement de la bibliothèque. On veut l'agrandir. Pourquoi? Parce que,
alors qu'autrefois les Québécois ne lisaient pas, l'augmentation
de la fréquentation des bibliothèques est absolument
étonnante au Québec. On n'a qu'à voir les
bibliothèques centrales de prêt maintenant dans nos
municipalités rurales, qui ne réussissent pas à
répondre à la demande. C'est absolument phénoménal
comme dans tous les villages, dans toutes les municipalités, les
Québécois lisent de plus en plus. Je sais que, dans le cas de
Saint-Jean, le député de Sainte-Anne s'est offusqué de ce
que l'on construise une bibliothèque à côté de celle
de la base militaire de Saint-Jean. Je conçois qu'il y avait
effectivement des manuels d'instruction pour l'assemblage d'une mitrailleuse
M-13, M-17 et des canons de 65 millimètres qui auraient pu être
très intéressants pour un élève de maternelle.
M. Polak: Ce n'est pas vrai.
M. Paradis: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de
règlement.
M. Paradis: À Saint-Jean, M. le président du
Conseil du trésor, il y avait déjà trois
bibliothèques en place. Il y avait celle de la base militaire, il y
avait celle du cégep et il y avait celle d'une polyvalente du
secondaire.
M. Bérubé: Indéniablement, je peux
comprendre effectivement que le député de Sainte-Anne s'offusque
dans le cas d'un agrandissement de bibliothèque pour répondre
à la demande. De fait, ce qui s'est produit, c'est que beaucoup de nos
municipalités ont construit des bibliothèques relativement
modestes, souvent dans des locaux désaffectés de l'hôtel de
ville. Pourquoi? Parce qu'il y avait relativement peu de demande, mais on en
sentait le besoin. Cependant, on n'a pas prévu cette croissance
absolument phénoménale. D'ailleurs, dans le comté du
député de Brome-Missisquoi, il y a la bibliothèque de
Knowlton, où mes enfants vont régulièrement. Cela me
frappe. C'est une très vieille bibliothèque. On voit que nos
compatriotes anglo-saxons ont mis l'accent sur le développement des
bibliothèques. Je suis un peu surpris qu'au moment où les
francophones commencent à profiter de ce courant qui va les amener
finalement à peut-être accroître leur autonomie
intellectuelle le député de Sainte-Anne s'offusque. Est-ce qu'il
trouve normal...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! II y a une difficulté, il n'y a plus d'enregistrement
actuellement.
M. Bérubé: Cela n'a aucune espèce
d'importance!
M. Paradis: Non!
Le Président (M. Gagnon): Vous pouvez continuer à
parler, mais ce n'est plus enregistré. Est-ce réglé? Il
n'y a plus d'enregistrement.
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je disais
donc que, dans le comté de Brome-Missisquoi, il y a une
bibliothèque, à Knowlton, montée par des anglophones,
absolument remarquable. On constate que, dans la plupart de nos
municipalités à majorité anglophone, les
bibliothèques ont été restaurées souvent depuis
presque cent ans. Effectivement, nos concitoyens anglophones ont compris
l'importance de l'éducation, de la lecture, car, trop
fréquemment, la pauvreté est une conséquence directe de
l'ignorance, de l'absence d'accès à des instruments culturels de
ce type-là. C'est vrai et il faut le reconnaître: nous sommes
très largement en arrière. Évidemment, c'est un peu
dommage que le député de Sainte-Anne, qui a vu ses compatriotes
anglophones profiter de cet effort collectif qui, finalement, leur a
peut-être permis de tirer leur épingle du jeu plus facilement,
lorsque des francophones aspirent au même degré de
libération, se mette a critiquer bibliothèque après
bibliothèque.
Je pense, au contraire, que si le député de Sainte-Anne
pense que la société québécoise doit avoir
accès à ces moyens culturels, à ces moyens de
développement intellectuel de manière, justement, à
pouvoir faire face à des crises économiques avec une chance de
s'en tirer - car plus le niveau d'éducation, plus le
développement culturel, intellectuel de notre société sera
grand, plus cette société sera autonome et capable de se sortir
d'une crise économique - par conséquent, il faut non pas ralentir
les constructions de bibliothèques en période de crise, mais
elles sont la solution aux crises que connaît l'humanité.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne. Après quoi, ce sera le député de
Trois-Rivières.
M. Polak: D'abord, je dois vous dire que le ministre
interprète mal mes paroles parce qu'il parle toujours comme si
c'était une vérité absolue que je suis contre les
bibliothèques. Quand j'ai posé ma question tout à l'heure,
j'ai bien dit que, pour moi, c'est une question de priorité. C'est
toujours pénible et c'est difficile de savoir où est la
priorité. Je comprends l'avantage de ces bibliothèques, mais je
me demande si débourser une somme de 400 000 $ maintenant, connaissant
les temps difficiles qu'on traverse, c'est une priorité que les gens
acceptent en général. Est-ce qu'on ne devrait pas dire: Cet
argent, on aurait pu, disons, le faire fructifier dans d'autres secteurs, par
exemple, sur le plan économique pour la création d'emplois? Je
peux imaginer qu'il y a beaucoup de firmes qui demandent des subventions et qui
ne se qualifient pas ou qu'il n'y a pas d'argent de disponible. Si l'on prend
toutes ces sommes cela pourrait aider; une somme de 400 000 $ aurait pu
créer peut-être un nombre d'emplois assez important
maintenant.
M. Bérubé: Dans la construction, oui.
M. Polak: Quelqu'un qui est en chômage va se dire: C'est
bien beau une bibliothèque municipale à Rivière-du-Loup,
mais j'aimerais avoir un job. C'est cela que j'ai dit.
M. Bérubé: Vous allez avoir un emploi dans la
construction.
M. Polak: Oui, mais si notre construction s'accentue sur les
bibliothèques municipales, je trouve cela bizarre que le ministre
réponde qu'en temps de crise économique il faut justement
construire des bibliothèques. C'est un peu comme dire: On va donner aux
chômeurs des billets gratuits pour aller au cinéma. Ce n'est pas
une solution quant à moi. C'est bien beau de dire cela, vous allez vous
informer, regarder des
films, aller dans les bibliothèques lire des livres et, ensuite,
on n'a pas d'emploi. Je pense que l'accent doit être mis sur le secteur
économique en priorité. C'est la question que j'ai posée.
J'ai reçu la réponse du ministre, il a dit que, pour lui,
l'accent doit être mis sur le secteur culturel.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, j'ai toujours
rêvé de voir un ministre des Affaires culturelles qui viendrait
soit des Finances, soit du Conseil du trésor. Si le premier ministre
pouvait être ici ce matin, comme ancien journaliste, pour suivre cela, je
pense qu'il aurait découvert aujourd'hui les capacités
extraordinaires d'un président du Conseil du trésor qui,
j'espère, se sentirait valorisé en héritant du
ministère des Affaires culturelles.
M. Bérubé: C'est mon rêve.
M. Vaugeois: Le discours qu'il vient de tenir sur l'importance du
développement des bibliothèques est absolument remarquable. Il a
su le placer, je pense, sous l'angle qui convient. Il a dit entre autres une
chose que j'aurais aimé entendre autrefois, je l'aurais cité
très souvent: La pauvreté est une conséquence directe de
l'ignorance.
Il y a deux endroits en Amérique, actuellement, qui s'en tirent
assez bien sur le plan économique et où des entreprises
continuent de naître et où des activités économiques
continuent d'apparaître à peu près tous les jours: c'est la
région de Boston, où nous étions, et, bien qu'il y ait des
difficultés, la Californie. Je viens de voir une étude, en
Californie, où l'on demande aux hommes d'affaires: D'où
tenez-vous vos idées d'entreprise, vos ouvertures nouvelles? La
réponse principale: Dans les bibliothèques, dans les lectures que
nous avons faites. Les Américains ont développé, dans
certains coins des États-Unis, une section "affaires" dans leurs
bibliothèques. Ils ne disent pas aux gens: Allez à la
bibliothèque du collège militaire; ils ne disent pas aux gens:
Allez à la bibliothèque de la polyvalente; ils ne disent pas aux
gens: Allez à la bibliothèque du cégep. Déjà
ces bibliothèques ont de petits budgets qui ont fondu au soleil de
façon dangereuse pour leurs acquisitions. Il faut des
bibliothèques pour les gens ordinaires, pour les adultes. Ce sont des
lieux d'éducation permanente; ce sont des lieux où des gens
d'affaires vont chercher leurs idées, de leur avis, à eux. La
réponse des gens de la Californie actuellement à: Où
trouvez-vous vos idées pour créer de nouvelles entreprises
à tous les jours? C'est: Dans les bibliothèques. Dans la
région de Boston, ils vous répondront: À MIT, à
Harvard et dans les huit ou dix universités de la région
de Boston. On voit Polaroid à côté de MIT; bien, Polaroid
va chercher ses idées pas très loin, je pense bien, hein? Les
idées des savants, le fruit de la recherche c'est compilé
à quel endroit? Dans les ouvrages scientifiques, dans les revues, etc.,
qui se trouvent dans les bibliothèques.
Le Québec avait un retard considérable sur ce plan, le
ministre vient de l'évoquer. Il a évoqué également
que, au Québec, les municipalités anglophones ont une avance sur
le reste des municipalités; il y a un rattrapage actuellement. Où
doit-on mettre nos priorités en période de compressions
budgétaires? Je vais juste ajouter une chose. Une autre crise nous a
précédés à l'époque moderne, c'est celle de
1929. J'inviterais le député de Sainte-Anne, qui n'était
pas encore en Amérique à cette époque, de...
M. Polak: Je n'étais même pas né. (11
heures)
M. Vaugeois: ... qui n'était même pas né - on
va tout savoir. On n'est pas obligé de participer seulement à son
expérience propre et de commencer à connaître à
partir du moment où l'on est né, on peut fréquenter les
bibliothèques et on peut lire -j'inviterais le député de
Sainte-Anne à lire un peu, à se trouver une bonne
bibliothèque et à mettre la main sur un livre qui raconterait un
peu l'expérience américaine en 1929, l'expérience de
Roosevelt, d'essayer de trouver les fondements du "new deal". La
première série de lois de Roosevelt était sur le
système bancaire; cela n'a pas donné grand-chose. La
deuxième série de mesures du "new deal" de Roosevelt, - c'est un
élan que les Américains conservent encore aujourd'hui, c'est
assez extraordinaire - aux États-Unis, en pleine période de
crise, ç'a été de créer des orchestres, des
musées, des troupes de théâtre. Son deuxième train
de mesures relève tout du domaine culturel. Il a incité les gens
à donner de l'ouvrage aux artistes, aux créateurs, et à
mettre en place les gens d'imagination et de création, parce que
l'activité économique ne procède pas uniquement des
besoins élémentaires des gens satisfaits de façon
traditionnelle, le progrès économique procède aussi de
l'imagination et de la création, des idées nouvelles. Roosevelt
l'avait compris.
Aujourd'hui, si les Américains ont encore des mesures fiscales,
par exemple, qui viennent en aide aux artistes, si les Américains ont un
nombre considérable d'institutions culturelles du type musée, du
type orchestre, du type théâtre, opéra, la majorité
de ces institutions sont nées en contexte de crise économique, de
l'initiative du président Roosevelt. Je crois que cela a marché
là-bas et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas maintenir tout au
moins un programme de rattrapage pour nos
bibliothèques publiques dans un contexte de crise.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Question de règlement. Si M. Roosevelt
était ici je ne pense pas qu'il serait heureux de
l'interprétation du "new deal" faite par le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Non, par exemple.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Sainte-Anne...
M- Polak: Son interprétation est fausse et
erronée.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, je vous laisserai la parole immédiatement après.
M. Polak: Roosevelt, ce n'est pas un homme de culture, c'est un
homme d'économie.
M. Bérubé: M. le député de
Trois-Rivières est historien et M. le député de
Sainte-Anne est avocat. Chacun son métier.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Vaugeois: M. le Président, je m'excuse, c'est mon
intégrité professionnelle qui est mise en cause, je suis
historien, je sais de quoi je parle.
M. Polak: C'est cela, vous avez lu trop de livres.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaugeois: Je m'excuse, franchement, il faudrait une
bibliothèque dans la cour du député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au ministre.
M. Bérubé: Cela fait deux engagements financiers
et, puisque nous reprenons nos travaux, je crois que c'est quand même
l'occasion de souligner le caractère intéressant des discussions
que nous avons aux engagements financiers. Pour beaucoup de nos concitoyens,
les engagements financiers apparaissent comme une espèce
d'énumération un peu ennuyeuse de toutes les dépenses
gouvernementales et on essaie de trouver une crotte ici et là faisant
à un moment donné, la manchette parce qu'on a trouvé un
détail.
Finalement, lorsqu'on examine le niveau des discussions que nous avons
ce matin, elles portent sur des valeurs fondamentales d'une
société. Quelles sont les priorités d'une
société? Quels sont les choix politiques d'un gouvernement?
L'impression que j'ai, c'est que c'est très rare que nos concitoyens
soient sensibilisés au type de discussions fondamentales qui ont cours
ce matin. L'importance des bibliothèques, l'importance de la
connaissance, de la rénovation d'un centre-ville ne sont pas des
questions dont nos concitoyens entendent parler; je suis certain qu'ils sont
convaincus que ces questions ne sont jamais traitées à
l'Assemblée nationale, ils n'en sont absolument pas au courant. Il faut
quand même souligner la nature des débats, ce matin, car il est
rarissime que l'on porte la moindre attention au type de débats
fondamentaux qui peuvent se tenir à cette commission. Je pense qu'il
faut regretter, en fait, qu'on n'ait pas, disons, une résonance plus
grande sur ces préoccupations des parlementaires, alors qu'au contraire
on va tenter de monter en épingle des cas ici ou là qui,
finalement, amènent nos concitoyens à trouver peut-être que
l'action du Parlement est plutôt futile. Évidemment, on le
comprend facilement puisqu'ils ne savent pas quels sont les véritables
objets des enjeux.
Ce matin, le fait que comme gouvernement nous ayons fait le choix de ne
pas sabrer dans des programmes de bibliothèques m'apparaît un
choix politique fondamental; que, d'un autre côté, le Parti
libéral, lui, se prononce contre la construction de bibliothèques
en période de crise m'apparaît un choix politique fondamental.
C'est quand même intéressant.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, vous n'aurez pas à soulever une question de
règlement, c'est à vous la parole maintenant.
M. Polak: Encore une fois, le ministre fait des
déclarations absolues. Il ne dit pas la vérité, c'est
très sérieux, je dois même presque l'accuser d'être
menteur. Je n'aime pas ce mot-là, mais il ne dit pas la
vérité lorsqu'il dit que nous sommes contre les
bibliothèques. Nous sommes pour de justes priorités. Nous sommes
pour une société où il y a un juste milieu entre le
secteur public et le secteur privé. Vous, vous avez trop lu, vous avez
trop écrit et vous n'avez pas assez produit.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Au niveau de l'idéologie dont vous parliez, M.
le président du Conseil du trésor, ici on a un engagement de 373
855 $ des Affaires culturelles. On a également, qui s'ajoutent à
cela, à partir des fonds publics, 188 617 $ des Affaires municipales et
on a la municipalité de Rivière-du-Loup qui participe pour 216
996 $. On ne parle pas de l'implantation d'une bibliothèque comme telle.
On parle d'un projet de transformation et d'agrandissement. Il faut donc tenir
pour acquis qu'il y avait déjà une bibliothèque et que le
gouvernement a choisi comme priorité d'investir des fonds publics
provinciaux, 562 472 $, pour agrandir quelque chose d'existant. Dans la
période de crise économique que l'on traverse, c'est un montant
important. Si vous avez mis votre priorité là, c'est un choix
gouvernemental que vous faites.
Vous nous dites: Plus on lit, plus on se démerde, finalement,
dans la crise économique, etc. Présentement, si vous avez fait du
bureau de comté cet été, si vous avez vu vos
électeurs, je suis certain que cela leur fait du bien d'aller à
la bibliothèque, mais je suis certain également qu'ils aimeraient
mieux aller à la bibliothèque de façon
complémentaire, le soir après avoir travaillé. La
priorité qu'ils nous réclament comme politiciens
présentement, c'est du travail. La bibliothèque, ils la veulent
le soir également pour continuer à s'améliorer dans la
vie. Ce sont des sommes importantes et il ne s'agit pas d'implantation; il
s'agit d'un agrandissement. Il y a beaucoup de municipalités qui n'ont
même pas présentement de bibliothèque et on aurait pu en
implanter plusieurs petites, plus modestes, dans plusieurs villes. On vous dit:
Vos choix prioritaires, à un moment donné, sont peut-être
un peu désaxés.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre. Après
quoi, ce sera le député de Trois-Rivières.
M. Bérubé: M. le Président, je ne sais pas
si on doit pousser ce débat plus avant. Il reste que c'est vrai que nous
faisons un choix délibéré non pas de ralentir le programme
de construction de bibliothèques, mais de l'accélérer, on
en est parfaitement conscients. C'est un choix politique que nous sommes
prêts à défendre n'importe quand. Il repose essentiellement
sur la conscience qu'un peuple instruit, un peuple cultivé, un peuple
qui a accès à l'expérience étrangère,
à l'expérience du passé par la voie des livres, est
davantage en mesure de faire face aux défis de demain.
Il reste aussi que, si le député de Brome-Missisquoi a des
problèmes avec ses chômeurs, il doit aussi faire son mea culpa. 3e
m'explique: Dans le partage des juridictions, c'est vrai que comme gouvernement
nous avons la responsabilité du développement culturel, de
l'éducation, des affaires sociales. Nous sommes également
propriétaires de nos richesses naturelles et, donc, responsables de leur
aménagement. Mais, en ce qui a trait aux politiques de
développement économique, quelles soient bancaires,
monétaires, commerciales, elles sont, en vertu du partage des
juridictions, essentiellement entre les mains du gouvernement
fédéral. Nous avons demandé comme parti politique que les
Québécois aient plus de pouvoirs pour s'occuper du
développement économique. Votre parti s'est prononcé
contre. Si, aujourd'hui il y a plus de chômeurs au Québec et que
vous trouvez qu'il y en a trop, c'est votre faute. Point.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières. Après, je vous reconnaîtrai, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Oui.
M. Vaugeois: M. le Président, je voudrais ajouter que,
même si j'ai quitté le Conseil des ministres, je continue à
m'intéresser à certaines activités dont celle du
développement des bibliothèques. À ce titre, j'ai eu
l'occasion d'inaugurer avec le député de Brome-Missisquoi, il y a
quelques jours à peine, la nouvelle bibliothèque de Cowansville.
Le député de Brome-Missisquoi était très fier
d'être là, avec son collègue fédéral,
d'ailleurs, parce que le fédéral a fait ressortir à ce
moment qu'on utilise l'argent du fédéral pour le programme de
développement de nos bibliothèques publiques. Ils étaient
tous les deux là et très fiers d'assister à l'inauguration
d'une nouvelle bibliothèque qui était, à toutes fins
utiles, un agrandissement de bibliothèque. Le député de
Brome-Missisquoi a constaté à ce moment que cette
bibliothèque avait l'un des meilleurs taux de fréquentation au
Québec. Les augmentations de fréquentation actuellement sont de
l'ordre de 20% à 25% dans nos bibliothèques publiques. Cela veut
dire que les bibliothèques qu'on ouvre aux gens répondent
à un besoin. Une année après l'autre il y a 20% à
25% de plus de nouveaux lecteurs.
Une des bibliothèques qui se classent le mieux au Québec,
c'est celle de Cowansville, celle qu'on a inaugurée ensemble il y a deux
ou trois semaines. Cette bibliothèque était plutôt modeste
avant. Elle n'était pas très grande, elle était
plutôt modeste. Le maire de Cowansville, avec son conseil municipal, a
décidé de profiter d'un programme gouvernemental pour l'agrandir.
J'ai questionné des gens, des entrepreneurs - j'ai
été là pendant un certain temps - les entrepreneurs
de Cowansville ont dit: Heureusement qu'on a eu cela ces derniers temps, parce
que c'était très lent du coté de la construction. Alors,
eux n'ont pas fait la fine bouche sur le fait qu'il s'agissait d'une
bibliothèque, ils étaient très contents d'avoir
travaillé, d'avoir fait cette bibliothèque, qui est d'ailleurs
très belle. Je suis très fier pour les gens de Cowansville de
l'inauguration de cette bibliothèque. Alors, si les gens de
Rivière-du-Loup et de quelques autres municipalités au
Québec ont des élus municipaux assez clairvoyants, assez
dynamiques pour profiter d'un programme gouvernemental qui est quand même
important - on peut presque le qualifier de généreux - si la
population répond bien à une bibliothèque existante et la
fréquente assidûment, je crois qu'il ne faut pas hésiter.
Il ne faut pas hésiter, c'est l'un des meilleurs placements qu'on puisse
réaliser à ce moment-ci.
Encore une fois, je ne souhaite qu'une chose. Je changerais
peut-être de côté dans cette Chambre si le gouvernement
laissait tomber ce genre de programme, parce qu'on sait qu'actuellement il est
un petit peu au ralenti. Il y a des municipalités, 15 ou 18
municipalités qui actuellement attendent que le gouvernement leur dise:
Oui, on maintient le programme avec les paramètres qui ont
été énoncés. Je ne suis pas inquiet, le
président du Conseil du trésor, par le discours qu'il a tenu tout
à l'heure, démontrait bien qu'il est capable de défendre
ce programme. Mais s'il se trouvait à l'intérieur du gouvernement
des gens qui posaient les mêmes questions que le député de
Sainte-Anne en disant: Est-ce que c'est prioritaire à ce moment-ci? Je
vous assure que je crois assez à des programmes comme cela - il y a des
questions fondamentales comme celle qu'on aborde ce matin - que je me
dissocierais d'un gouvernement qui ferait la fine bouche sur ce genre de
priorité.
Cela étant dit, je veux, malgré tout, m'excuser
auprès du député de Sainte-Anne de l'avoir tout à
l'heure un peu bousculé; il m'a piqué au vif un peu, la seule
chose que je connais un peu dans la vie c'est l'histoire et il a mis en doute
les propos que j'ai tenus sur des éléments importants du "new
deal". Là-dessus, je m'excuse d'avoir réagi comme je l'ai fait
car je l'aime beaucoup et, maintenant que je connais sa femme, j'aime encore
plus sa femme que lui!
M. Polak: Est-ce qu'on peut couper l'enregistrement?
M. Vaugeois: M. le Président, comme "back-bencher" j'ai le
temps de lire et mon collègue de Saint-Jean, comme moi, a le temps de
lire. On s'est amusé ces derniers temps et le député a les
mêmes éléments de formation que moi. Nous nous sommes
documentés tous les deux sur le "new deal" de Roosevelt, parce qu'on
s'est dit: Après tout, on est en période crise, qu'est-ce que
d'autres ont fait en période de crise? On sort de lectures toutes
fraîches, c'est encore plus choquant de se faire dire que ce n'est pas
cela. On a vérifié ensemble et mon collègue de Saint-Jean
m'a alimenté de livres empruntés dans une bonne
bibliothèque. Alors, M. le Président, malgré cela, je
m'excuse du caractère de mes réactions. Je comprends parfaitement
que, dans un débat comme le nôtre, le député puisse
prendre cette position et me provoquer et moi, je ne me pardonne pas d'avoir
réagi comme j'ai réagi. Pour la suite des choses, je proposerais
au député de Sainte-Anne de trouver l'occasion de regarder
ensemble ce genre de documentation et peut-être, aussi, de regarder
ensemble certaines statistiques qui soutiennent le développement des
bibliothèques. Il y une chose à laquelle je m'engage, c'est que,
si on se convainct mutuellement d'un certain nombre de choses, j'aimerais cela
qu'ensemble on presse le gouvernement...
M. Polak: ...
M. Vaugeois: Non. J'aimerais cela qu'on presse le gouvernement
ensemble - je suis prêt à le faire avec les risques politiques que
cela comporte - pour qu'il vérifie un certain nombre de priorités
comme celles-là. S'il est prêt à me tendre la main pour ce
genre d'action, ensemble et avec d'autres, on pourrait faire des pressions pour
que ce programme soit maintenu et que les propositions qui ont
été faites à des municipalités soient maintenues,
soient sur la table. À travers toutes les constructions que l'on puisse
projeter, je continue de croire que c'est parmi les plus
bénéfiques pour une population. Puisqu'il faut, de toute
façon, maintenir un minimum d'activités économiques,
j'aime bien mieux qu'on investisse dans l'éducation permanente, dans
l'éducation populaire que dans l'éducation élitiste ou
réservée à des petits nombres. Il ne faut quand même
pas oublier que, si dans un cégep il y a 4000 ou 5000 inscrits, comme
c'est le cas chez moi, à la bibliothèque municipale, il y en 25
000 d'inscrits, qui peuvent y aller tant qu'ils le veulent, aussi longtemps
qu'ils veulent, qui peuvent y aller tous les jours et le nombre d'heures qu'ils
le veulent, qui peuvent retourner fouiller, retourner questionner ces lieux
où est réuni notre savoir. Là-dessus, je serais
très sévère à l'endroit d'un gouvernement qui
hésiterait à aller de l'avant. Si le député de
Sainte-Anne veut bien revoir tous ces genres de préoccupations, je suis
prêt à faire une ligue avec lui pour avoir une position en face
du
gouvernement qui assurerait le maintien d'un tel programme. Si on
pouvait faire ce petit bout de chemin ensemble, M. le député de
Sainte-Anne, j'en serais ravi. (11 h 15)
M. Polak: C'est malheureux que le député de
Trois-Rivières m'invite pour supporter un programme dans lequel il croit
déjà. J'ai une opinion totalement différente. Je crois que
la priorité doit être le secteur économique et je ne
considère pas que, maintenant, l'agrandissement de bibliothèques
soit une priorité.
Pour ce qui est de lire le livre de Roosevelt, je n'ai pas besoin de le
faire, l'ayant étudié à l'université pendant six
ans. En Europe, on le connaît bien. C'est pour ça que je dis que
vous avez mal interprété le livre, je ne sais pas comment vous
l'avez lu; comme historien, peut-être le voit-on de manière
différente, mais, nous, on l'a étudié au point de vue
économique et on est arrivé à une autre conclusion.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 400, Affaires
culturelles.
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Comme on sait que le
député de Sainte-Anne est le porte-parole du Parti libéral
en matière culturelle, je pense qu'il serait important de souligner
à la population du Québec que le Parti libéral vient de se
prononcer contre un programme de construction de bibliothèques dans nos
municipalités.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: ... encore une question de règlement. Le
ministre a toujours... C'est malheureux parce qu'il semble confirmé dans
ses fonctions et il devrait être un peu moins dur maintenant. Mais encore
il parle en vérité absolue. On n'a jamais dit qu'on était
contre la construction de bibliothèques au Québec, on a dit - je
le répète encore une fois, pour qu'il le comprenne bien - que,
sur le plan des priorités, nos priorités sont ailleurs.
Peut-être aurait-on pu agrandir cette bibliothèque pour 100 000 $,
non pas pour 300 000 $ ou 400 000 $, et consacrer la différence à
un autre secteur.
Par exemple, quand on était à Boston, c'était
intéressant, vous avez suivi notre raisonnement car, savez-vous ce que
vous avez fait? Vous avez engagé un autre conseiller économique,
j'en suis très content parce que c'est ma pensée qu'on a suivie
en coupant justement dans le secteur culturel de la délégation
des Québécois à Boston. On en a 14 ou 16 là-bas et
on a agrandi l'appareil au point de vue économique; ce sont les
instructions que le gouvernement vient de donner. Ces gens ne sont pas
là pour vendre des livres, ils sont là pour vendre le "know how"
technologique du Québec et ils travaillent sur un plan économique
pour attirer de l'industrie vers le Québec et pour l'exportation de
produits.
Finalement, c'est la priorité que vous avez choisie là-bas
et qui est la mienne.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: M. le Président, je m'indigne un peu des
propos du député de Sainte-Anne qui ne voit pas une
priorité dans les Affaires culturelles, qui ne voit pas une
priorité dans l'agrandissement ou la construction de
bibliothèques. S'il y a un programme dans ce domaine, je pense qu'il
faut s'en réjouir et il devrait y avoir concertation avec
l'Opposition.
J'assistais à l'étude des crédits des Affaires
culturelles et on déplorait que ce programme n'atteigne pas 1% du budget
des Affaires culturelles. Je crois qu'il faudrait tendre à atteindre ce
1% parce que, pour les gens, la culture est très importante. Je ne
voudrais en aucune façon que le gouvernement commence à sabrer
dans la construction de bibliothèques, de musées d'art ou dans
les subventions aux troupes de théâtre. Il a été
prouvé que 1 $ dépensé dans les Affaires culturelles a un
multiplicateur de huit, et c'est très important dans une période
de récession économique. Considérant que c'est un
multiplicateur, je pense qu'il ne faut pas sacrifier dans ce domaine.
M. Vaugeois: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Je voudrais encore ajouter - parce que, là,
on est un peu provoqué -que la dernière étape a
été Portland. Sur la rue principale, à Portland, un
chantier pour un musée d'art...
Le Président (M. Gagnon): Je vous ferai remarquer, M. le
député, qu'on déborde largement et depuis longtemps
l'engagement 300. Je trouve la question intéressante, mais, à un
moment donné, il va falloir revenir aux engagements financiers.
M. Vaugeois: C'est ça. Alors, le député de
Sainte-Anne nous demande de dissocier économie et culture et de s'en
tenir actuellement au soutien du développement
économique. De ce côté-ci - en tout cas, je parle au
nom de plusieurs de mes collègues -nous sommes convaincus qu'on ne peut
pas dissocier développement économique et développement
culturel. Comme on vient de le faire remarquer, il a été
démontré - par les autorités fédérales,
d'ailleurs - que 1 000 000 $ placés dans la culture, cela rapportait au
gouvernement 1 300 000 $. La dernière fois qu'on a évalué
la chose, ça nous a donné le résultat suivant: 1 000 000 $
investis en subventions rapporte à l'État 1 300 000 $, parce que,
là aussi, il y a du monde qui travaille, il y a là aussi une
activité économique. La seule façon de sortir de la crise,
sapristi, c'est de mettre au pouvoir des gens d'imagination et de
création. Que voulez-vous...
M. Paradis: Cela a changé certain!
M. Bérubé: Ce n'est pas avec vos questions que vous
faites preuve de beaucoup d'imagination!
M. Vaugeois: Les économistes ont étudié la
crise, les journaux en sont pleins. On peut nous reprocher de trop lire, on
peut nous reprocher d'avoir trop de connaissances; ça, c'est quand
même fantastique, mais, en tout cas, disons qu'on accuse le coup...
M. Polak: Théoriques seulement!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: II reste, M. le Président, qu'en lisant un
peu - disons qu'on lit le moins possible, mais un petit peu, quand même -
on voit l'analyse que nous font nos économistes. Il y a des situations
qui ne se retrouveront plus. Si on ne sait pas répondre à de
nouveaux besoins par de nouveaux produits, on ne s'en sortira pas. La seule
façon d'identifier des nouveaux besoins et de mettre au point de
nouveaux produits, c'est en ayant recours au secteur culturel, que voulez-vous!
Si on ne veut pas comprendre cela...
J'ajouterai encore une chose qui est très concrète et qui
me touche personnellement. Je ne veux pas me donner en exemple, mais
j'appartiens à cette catégorie de gens qui ont fait leur vie et
leurs affaires dans le domaine culturel et je ne m'en suis jamais mal
tiré. Je n'ai jamais fait autre chose dans ma vie que des affaires
culturelles, mais avec le mot "affaires" au sens propre, au sens où il
plaît, où c'est de la musique pour les gens de l'Opposition. J'ai
fait des affaires comme cela. Cela a toujours fonctionné et j'ai fait
vivre ma famille. Je me tire d'affaire encore aujourd'hui et, en quittant la
politique, je retournerai dans ce secteur-là. Je continuerai de faire
des affaires en assurant la liaison entre le mot culturel et le mot
économique.
Je pense que l'avenir du Québec, c'est non pas en consacrant une
distance ou un hiatus entre l'économie et la culture, mais en
réconciliant les deux. Si notre gouvernement doit reconnaître un
secteur prioritaire à ce moment-ci, c'est de se sortir de la
médiocrité de nos interventions en matière culturelle,
parce qu'on est resté médiocre dans le domaine culturel. Il
s'agit de mettre le paquet; c'est la façon dont on peut sortir le
Québec actuellement de ses difficultés. Si l'Opposition continue
de cette façon, comment voulez-vous que le gouvernement fasse plus qu'il
ne fait présentement? Je pense que l'Opposition ne fait pas son travail.
Elle devrait reprocher au gouvernement sa timidité dans le domaine
culturel, la pauvreté de ses efforts financiers dans le domaine
culturel. Après tout, ce ministère a été mis au
monde par des libéraux et ce qu'il y a de plus dramatique au
Québec actuellement, c'est que les libéraux d'hier ne sauraient
pas reconnaître les libéraux d'aujourd'hui.
M. Bérubé: II n'y a plus rien. C'est une
catastrophe!
M. Vaugeois: C'est une honte!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau, suivi par M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Blouin: En conclusion, M. le Président, ce qui me
frappe le plus dans ce débat - ça me frappe, mais ça ne
m'étonne pas - c'est davantage l'attitude contradictoire du
député de Brome-Missisquoi qui vient au salon rouge
déblatérer contre ce programme de bibliothèques, mais qui
se montre le visage lors de l'inauguration à Cowansville dans son propre
comté. Il a une attitude franchement contradictoire: Lorsqu'il rencontre
ses concitoyens et ses électeurs, il donne une image et, lorsqu'il est
ici, il en donne une autre.
M. Bérubé: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Oui. Question de
règlement.
M. Bérubé: Le député de
Brome-Missisquoi, de toute évidence, n'est pas en accord avec les propos
du député de Sainte-Anne, mais on sait que le
député de Sainte-Anne est le porte-parole officiel du Parti
libéral en matière culturelle. Effectivement, ce qui
caractérise le Parti libéral, c'est cette espèce de
dispersion dans toutes les directions.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau, est-ce que vous aviez terminé?
M. Blouin: Cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, de juillet 1981 à
juillet 1982, le Québec a perdu 197 000 emplois. Ce matin, on nous dit
du côté ministériel, par la voix de l'ex-ministre, que la
priorité présentement, si on veut se sortir de la crise
économique, doit être le secteur culturel. Lorsqu'une
société est riche, lorsqu'une société connaît
le plein emploi, c'est facile de redistribuer des richesses, c'est facile
d'atteindre ce que le député de Mille-Îles appelait le
plein emploi. Mais lorsqu'une société n'est même plus
capable d'offrir du travail à ses gens, à sa population, la
priorité doit être la création d'emplois. À partir
de la création d'emplois, à partir du travail qui crée de
la richesse, on peut à ce moment-là le donner, le 1%. Mais tant
que vous n'aurez pas compris qu'un Québec qui est en chômage,
qu'un Québec qui a troqué des sièges sociaux pour des
assistés sociaux est dans une crise d'une extrême gravité,
tant que vous n'aurez pas compris qu'il faut mettre le focus sur la
création d'emplois au Québec, tant que vous n'aurez pas compris
qu'il faut amener du pain et du beurre et donner priorité à cela
-là, il n'y a pas de discordance entre le député de
Sainte-Anne et le député de Brome-Missisquoi à ce
moment-là, vous gratterez les fonds de tiroirs et vous créerez et
contribuerez à créer chaque jour davantage de chômage au
Québec.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Je suis d'accord avec le président du Conseil du
trésor qu'il y a un meilleur achalandage dans les bibliothèques
municipales. On en a une chez nous. J'ai travaillé tout
l'été. Je n'ai pas pu m'absenter comme d'autres ont pu le faire
et tant mieux pour ceux qui ont pu le faire. Quand je regarde cela, je me pose
la question suivante: S'il y a un meilleur achalandage - j'ai pu constater
qu'il y avait des gens, surtout des jeunes, M. le ministre, qui allaient lire
et c'est une place où ils peuvent aller et ça ne coûte rien
- c'est parce qu'ils ne travaillent pas. Vous n'avez pas raison à 100%
de dire: C'est parce que les gens ont réellement l'idée de lire.
Vous et moi n'avons pas la réponse. Mais je me pose la question
sérieusement. Ils n'ont pas d'argent dans leurs poches. Ils sont sur
l'aide sociale ou sur l'assurance-chômage, ils ont une occasion d'aller
dans une bâtisse climatisée, avoir la chance de lire et de ne pas
dépenser un sou. Il y a peut-être ça aussi dans votre
achalandage. Il faudrait aussi que vous alliez en profondeur pour voir si ce
n'est pas parce qu'il y a un malaise, énormément de personnes
sont sans emploi, s'il n'y a pas une clientèle qui s'en va là
parce que cela ne coûte rien.
Je suis d'accord avec vous, il y a un meilleur achalandage. J'ai pu le
constater personnellement. Mon inquiétude, c'est qu'ils n'ont rien
à faire ces gens.
M. Polak: C'est ça.
M. Caron: Mon collègue de Sainte-Anne n'est pas contre
ça. Personne du Parti libéral, autant de ce bord-ci que de votre
côté, n'est contre les centres culturels. On est pour ça
nous autres autant que vous autres, mais pour autant que c'est bien
dispersé. Dans Saint-Jean, je ne le sais pas, je passe vite quand je
vais dans le comté de Saint-Jean, mon ami l'ex-député de
Saint-Jean est moins à Saint-Jean qu'il ne l'était, alors j'ai
moins l'occasion d'y aller.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun, juste pour qu'on puisse en revenir à l'engagement parce
que...
M. Caron: M. le Président, j'en reviens à dire que
c'est vrai qu'il y a plus de monde. Il y a plus de chômage, alors, cela
leur fait une place où aller.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, si possible, on
va passer à d'autres engagements. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je sais que vous
voulez accélérer nos travaux. Je suis prêt à ne pas
utiliser mon droit de parole, de manière à ne pas provoquer
indûment des réactions de l'Opposition, lesquelles provoqueraient
nos propres réponses, ce qui ferait en sorte que dans trois jours nous
serions toujours en train de discuter l'engagement 400.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi, après quoi je reconnaîtrai le
député de Terrebonne.
M. Bérubé: Je reprendrai la parole si, cependant,
il devait y avoir des provocations de l'autre côté.
M. Paradis: M. le Président, il y a un langage tout
à fait discordant de l'autre côté de la table. On
écoutait l'ex-vice-président du Conseil du trésor,
l'ex-ministre aux Affaires culturelles, nous disant que c'est la façon
de sortir de la crise, d'aller dans les programmes de bibliothèques. On
lit dans le Devoir du jeudi 26 août - c'est assez récent - que le
président actuel du Conseil du
trésor nous dit et nous répète depuis janvier qu'il
faut gérer la décroissance au Québec. Il y a des termes,
lorsqu'il parle des fonctionnaires: Car, ce que l'on se prépare à
négocier en réalité sera une série de reculs. D'un
côté, on nous parle de recul. D'un côté, on nous
parle d'avancement. C'est un gouvernement qui ne sait pas s'il doit avancer ou
s'il doit reculer. C'est un gouvernement qui est au neutre, qui ne règle
plus rien et qui ne gère plus rien, sinon la décroissance.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Je dois reprendre la parole. Bon!
D'abord, il y a une chose que l'Opposition ne comprend pas, c'est le rôle
de l'État dans l'économie. Il y a fondamentalement dans les
mécaniques qui régissent l'activité économique un
ensemble d'intervenants qui sont d'abord des individus ou des personnes
morales, des entreprises qui s'occupent d'activités économiques.
Lorsqu'on dit que la pauvreté est souvent la conséquence de
l'ignorance, c'est que plus les individus ont des moyens puissants, ont
accès à de l'information, plus ils ont des chances de trouver une
façon d'exercer une activité économique qui sera rentable.
Par exemple, une personne qui imagine un nouveau produit désiré
par les Américains, désiré par les Européens ou les
Asiatiques; si elle a trouvé un moyen de fabriquer ce nouveau produit
plus économiquement que tous ses concurrents grâce à des
technologies de pointe, cette personne trouvera moyen de développer une
entreprise. Donc, l'activité économique repose d'abord sur
l'imagination et la créativité de nos concitoyens. Elle ne repose
pas sur l'action de l'État. (11 h 30)
L'État, lui, vient, par un ensemble de mesures, encourager,
inciter, encadrer de manière à accélérer le
développement économique et animer ces créateurs. Le
gouvernement le fait dans le cadre de ses juridictions. Il est évident
que mettre l'accent sur l'éducation, sur le savoir et sur les
bibliothèques, c'est dans le cadre du mandat qui est imparti à
cette Assemblée nationale, utiliser pleinement ses instruments à
des fins de développement économique. Plus les
Québécois seront instruits, plus les Québécois
auront accès à des banques de renseignements, plus ils seront en
mesure de faire preuve d'imagination et plus ils seront en mesure de
développer leur économie. Donc, il y a un lien direct entre les
engagements financiers que nous approuvons présentement et le
développement économique.
Au-delà de cette mission, il y a d'autres responsabilités
et d'autres juridictions: l'encadrement du commerce international et
l'établissement des taux d'intérêt qui font qu'une
économie se développe ou ne se développe pas. Ce ne sont
pas des juridictions que nous avons. Si, aujourd'hui, nous faisons face
à un taux élevé de chômage, il est absolument
reconnu par tous les économistes que ce taux élevé de
chômage est relié à des politiques nationales en
matière économique. Je ne dis pas des politiques purement
canadiennes. Cela pourrait être des politiques nationales
américaines, mais on sait que c'est relié à des politiques
nationales économiques qui ont entraîné...
M. Polak: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, sur une question de règlement. Excusez-moi.
M. Polak: Question de règlement. M. le Président,
on est pas mal loin de Rivière-du-Loup. Je pense vraiment...
M. Bérubé: Ah!
M. Polak: ... qu'on n'a pas besoin d'une thèse
économique de la part du ministre. Cela pourrait être très
intéressant dans un débat à part, mais je soumets, M. le
Président, que le ministre va en dehors du cadre de nos études.
On est à l'engagement 300 et il nous donne une grande thèse sans
arrêt.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, j'accepte votre question de règlement avec une
différence. Depuis qu'on a commencé ce matin avec l'engagement
200, on a élargi passablement le débat. Actuellement, je pense
que le ministre donnait une réponse. Je ne demande pas mieux que
d'appliquer le règlement à la lettre, mais il faudra le faire
régulièrement. Depuis qu'on a commencé...
M. Bérubé: M. le Président, je vous
souligne-Le Président (M. Gagnon): ... à l'engagement
200...
M. Bérubé: ... sur la question de
règlement...
Le Président (M. Gagnon): ... j'ai l'impression qu'on a
débordé passablement de part et d'autre. M. le ministre.
M. Bérubé: ... effectivement, M. le
Président, quand vous m'avez donné la parole, je l'ai
refusée tantôt, justement pour nous permettre...
M. Polak: Vous l'avez reprise.
M. Middlemiss: Pour vous montrer qu'il ne sait pas où il
s'en va. Il ne sait pas s'il devrait avancer ou reculer.
M. Bérubé: ... d'accélérer nos
débats, mais j'avais bien dit: Attention! Tout dépendra si
l'Opposition élargit le débat davantage. À ce
moment-là, je me verrais dans la position de répondre. Là,
je suis dans la position de répondre, à la suite de
l'élargissement du député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: La voie était assez large, vous aviez
passé la charrue.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, il y a des
responsabilités dans le domaine économique qui ne sont pas les
nôtres, mais, dans nos domaines de juridiction, nous devons exercer.
Effectivement, dans le domaine culturel qui est le domaine de juridiction de
notre Assemblée nationale, en vertu de la constitution existante, nous
devons construire des bibliothèques. Nous devons faire en sorte que
notre population soit plus en mesure, par son imagination, par sa
créativité et par ses connaissances, d'imaginer des solutions aux
problèmes économiques que nous connaissons et que nous allons
continuer de traverser dans l'avenir. C'est le mandat de cette Assemblée
nationale. Si les politiques économiques nationales occasionnent - je
pense à FIRA, cette agence de tamisage des investissements
condamnée par les provinces canadiennes - si un ensemble de politiques
fédérales causent le chômage que nous connaissons
présentement, ce n'est pas un problème relevant de notre
juridiction.
M. Middlemiss: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député:
À l'ordre! À l'ordre! À l'ordre! M. le
député de Pontiac, sur une question de règlement.
M. Middlemiss: M. le Président, le président du
Conseil du trésor a dit qu'on a provoqué l'élargissement
du débat. Je crois que si on pouvait retourner à l'enregistrement
d'il y a une demi-heure, on entendrait les mêmes paroles du
président du Conseil du trésor. Il n'apporte rien de nouveau
à l'argumentation. C'est une répétition de ce qu'il a dit
précédemment.
Le Président (M. Gagnon): C'est plutôt une question
d'opinion. Je pense qu'il faudrait relire...
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Gagnon): Je sais qu'actuellement on a
élargi le débat. On touche toujours... Vous avez parlé des
priorités actuelles où le gouvernement devrait dépenser
des sommes d'argent. Est-ce dans le domaine culturel ou ailleurs? C'est dans ce
sens que le débat a été élargi. Je permettrai au
ministre de terminer et après...
M. Bérubé: J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez terminé? M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: En deux mots, nous autres, c'est la création
d'emplois et eux autres, ce sont les affaires culturelles.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Affaires culturelles, engagement
200. Affaires culturelles, engagement 300. Engagement 400. Engagement 401.
M. Polak: Engagement 400.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 400, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: "Subvention additionnelle à la Corporation du
centre d'animation et de diffusion culturelles du Bas-Saint-Laurent,
Rivière-du-Loup." Il s'agit d'un montant de 65 000 $ pour en venir
à un total de 115 000 $. J'aimerais savoir ce que fait exactement cette
corporation du centre d'animation, sur le plan pratique.
M. Bérubé: À ma connaissance, elle
gère un musée.
M. Polak: Un autre musée. M. Bérubé:
Oui.
M. Polak: Ce n'est pas une construction, cette
fois-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est le musée de
Rivière-du-Loup, à ma connaissance. Je vérifierai et je
pourrai vous le confirmer, mais je suis à peu près convaincu que
c'est le musée de Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: C'est un ensemble, c'est un complexe avec une
bibliothèque.
M. Bérubé: Oui.
M. Proulx: Un centre culturel. C'est un ensemble. Quand j'y suis
allé, c'était fermé mais j'ai quand même vu que
c'est une très belle organisation. C'est un centre à but
touristique, je pense aussi, pour la population.
M. Paradis: Oui, oui. M. Proulx: C'est ça? M.
Paradis: II ouvre l'hiver?
M. Proulx: J'y suis allé un dimanche soir. C'est
grâce à de tels organismes qu'on peut favoriser le tourisme. Quand
on fait le tour de la Gaspésie et qu'on visite ces centres, ça
amène beaucoup de tourisme.
M. Bérubé: Un des endroits les plus visités
en Hollande, c'est le musée Van Gogh à Otterloo...
M. Polak: II ne reçoit pas une subvention du gouvernement;
ils font de l'argent avec.
M. Bérubé: ... qui fait, d'ailleurs, l'admiration
du monde entier. C'est un des points d'attraction d'un endroit absolument perdu
de la Hollande.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une deuxième question. M. le
Président, si le chiffre multiplicateur de 1 à 8 est vrai,
comment se fait-il que tous ces organismes ont constamment besoin de
subventions de la part du gouvernement? Il n'y a pas d'autofinancement
là-dedans. Prenons ici même, à Québec, de l'autre
côté de la rue, près de l'endroit où je demeure...
Comment ça s'appelle?
Une voix: La maison du spaghetti?
M. Polak: M. le Président, on a passé une loi, il y
a quelques mois, pour instituer une régie, encore une autre
régie, pour contrôler les dépenses de cet organisme.
Toujours des subventions! Le Grand Théâtre en est un exemple. Ils
sont incapables de s'autofinancer. Donc, s'il est vrai qu'on a un effet
multiplicateur, que pour chaque dollar que le gouvernement met là-dedans
il y a huit dollars qui reviennent, à qui ça revient? Et si
ça revient, comment se fait-il qu'ils sont incapables d'autofinancer
leur développement?
Une voix: C'est incroyable!
M. Polak: Ce n'est pas incroyable, c'est la vérité!
Ils viennent toujours chercher des subventions, ils sont incapables de se
financer eux-mêmes.
M. Bérubé: Quel est le montant global des
subventions dans le domaine culturel et quel est le montant global des
subventions dans le domaine industriel?
M. Polak: Je n'ai pas demandé cela, M. le
Président. J'ai demandé...
M. Bérubé: Si les industries sont incapables de
s'autofinancer, pourquoi leur donne-t-on des subventions?
Une voix: C'est vrai. C'est vrai, d'accord.
M. Polak: Tout à l'heure, le député a
mentionné...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement. M.
le député de Brome-Missisquoi.
Une voix: II l'a déjà posée, cette
question-là.
M. Paradis: Les subventions aux industries, M. le
président du Conseil du trésor, sauf dans des cas exceptionnels,
sont des subventions qui arrivent une fois dans la vie de l'industrie, pour le
démarrage. Dans le cas - et c'est le point apporté par le
député de Sainte-Anne - des organismes culturels où le
facteur multiplicateur, si on se fie à vos chiffres, est de 8 pour 1,
ça revient annuellement, sinon biannuellement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, pour
répondre au président du Conseil du trésor, à titre
d'information sur ce qu'on étudie actuellement, j'ai fait le calcul et
si je n'ai pas fait d'erreur, les investissements dans le domaine culturel,
dans les engagements financiers, c'est 1 491 853 $ et dans l'aide aux
industries 5 711 136 $.
M. Bérubé: Bon. Je pense que l'intervention du
député de...
M. Paradis: D'Iberville.
M. Bérubé: ... Saint-Jean d'Iberville ou
Iberville...
M. Polak: Une dernière question, M. le Président.
Est-ce qu'on peut tirer la conclusion - je demande ça au ministre -
que
le chiffre multiplicateur de 1 à 8 n'existe pas dans ce
domaine-là parce que ces organismes ont des subventions chaque
année? Apparemment, ils sont toujours à court de fonds.
M. Bérubé: Non, M. le Président. Par
exemple, si un centre culturel à Rivière-du-Loup contribue
à amener des milliers de touristes et à les y faire
séjourner quelques jours chaque année, il y a des
retombées économiques considérables pour la région.
Si ces touristes, qui avaient envisagé possiblement d'aller faire un
voyage aux États-Unis pour y dépenser leur argent, ont appris
à un moment donné l'existence des richesses
québécoises et qui ont décidé de visiter le
Québec plutôt que le Maine ou ailleurs, ils ont alors
réinjecté cet argent dans l'économie. 150 000 000 $ ou 200
000 000 $ d'activité touristique de plus au Québec, parce qu'il y
a des activités, plutôt que de les injecter dans l'activité
économique du Maine, ceci est quelque chose de très rentable pour
la collectivité québécoise, mais c'est le genre de calcul
que le député de Sainte-Anne ne peut pas faire parce qu'il ne
veut pas.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une réponse directe pour le
président. Demandez aux chauffeurs de taxi à Québec
comment l'industrie touristique était cet été au
Québec. C'est moins que l'année dernière. Vous n'avez pas
réussi du tout. Même là, vos programmes ne sont pas
pratiques. On en parlera plus tard du tourisme.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 401. Engagement 402
des Affaires culturelles. Engagements 600, 601. Engagement 600, M. le
député de Brome Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention de fonctionnement à
Éditions Parti Pris, Montréal, pour 1980-1981. 28 000 $." Est-ce
que la subvention est supérieure ou inférieure à celle de
l'année dernière?
M. Bérubé: II faut le demander.
M. Paradis: D'accord. Quels sont les principaux actionnaires et
les membres du conseil d'administration de Éditions Parti Pris?
M. Bérubé: Oui. Il faut le demander.
Le Président (M. Gagnon): Avez-vous d'autres
questions?
M. Paradis: Non.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 602, 603.
M. Paradis: Oui, engagement 603.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 603, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention à M. Claude Gagnon,
Montréal, à titre d'aide financière pour fins de
restauration de la maison Cours le Royer, monument classé. Montant de
l'engagement: 99 783,03 $." Est-ce que M. Gagnon est le propriétaire de
ladite maison?
M. Bérubé: On va poser la question.
M. Vaugeois: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Trois-Rivières.
M. Paradis: Cela va, si c'est pour...
M. Vaugeois: Je peux répondre à cette question, M.
le Président.
M. Paradis: D'accord, cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: J'ai amorcé cette affaire au moment de
l'entente avec la ville de Montréal. M. Claude Gagnon, à
l'époque en tout cas, n'était pas encore dans le dossier, c'est
un architecte qui s'est joint à d'autres, si mes informations sont
bonnes - je le dis sous toute réserve - et la maison Cours le Royer
appartient à Camp Investments. C'est l'un des premiers partenaires qu'on
ait eus dans le Vieux-Montréal pour amorcer l'entente avec la ville de
Montréal et M. Gagnon était comme le chargé de projet. Il
est devenu même l'espèce de promoteur du projet du Cours le
Royer.
M. Paradis: Mais est-ce un architecte ou un entrepreneur?
M. Vaugeois: D'après moi, c'est un architecte.
M. Paradis: D'après vous, c'est un architecte.
M. Vaugeois: Oui, qui a d'ailleurs remplacé M. Maurice
Desnoyers dans le projet.
M. Paradis: Est-ce la politique du ministère des Affaires
culturelles d'octroyer la subvention à l'architecte?
M. Vaugeois: Non, ici on doit mentionner son nom parce que c'est
la personne avec laquelle on traite et c'est probablement l'agent de
l'entreprise. Vous connaissez les structures de ces grosses entreprises. Le
projet a un peu freiné à un moment et, d'après ce que j'ai
su, c'est M. Gagnon qui était intervenu et qui avait offert ses services
pour le mener de l'avant, négocier les subventions, etc. Cela
traînait avec la ville de Montréal comme avec le gouvernement. Il
y avait plus de demandes que ce qu'on avait pu prévoir et l'argent de
l'entente ne suffisait plus. D'ailleurs, concrètement, j'ajouterai que
cette subvention était infime par rapport au coût des travaux.
M. Paradis: Les travaux sont de 400 000 $ et la subvention est de
100 000 $. C'est...
M. Vaugeois: Ah non! C'est qu'il y a autre chose, c'est que
là on identifie probablement seulement une opération qui est
peut-être celle du garage souterrain ou quelque chose comme cela. Le
projet de Cours le Royer, c'est plusieurs millions de dollars.
M. Paradis: Est-ce qu'on pourrait avoir le curriculum vitae de M.
Claude Gagnon?
M. Vaugeois: C'est un libéral.
M. Paradis: Cela va sûrement être indiqué sur
son curriculum vitae.
Le Président (M. Gagnon): Affaires culturelles,
engagements 604, 605 et 606.
M. Paradis: Engagement 606.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome Missisquoi, engagement 606.
M. Bérubé: ... ce n'est pas vraiment un
libéral.
M. Paradis: "Subventions de fonctionnement pour l'année
financière 1981-1982 aux organismes suivants: "Association
québécoise du jeune théâtre; Centre de musique
canadienne de Montréal; Centre culturel de l'Université de
Sherbrooke; Festival d'été de Québec Inc.;
Théâtre les Gens d'en bas Inc., Rimouski, pour un montant total de
210 400 $." Est-ce qu'il y a eu diminution ou augmentation de la subvention par
rapport à l'année précédente? (11 h 45)
M. Bérubé: On va le demander.
M. Paradis: Des mêmes organismes, oui.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 607, 608.
Affaires intergouvernementales
Affaires intergouvernementales, 400, 800.
M. Paradis: 800.
Le Président (M. Gagnon): 800, M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Contrats négociés. Contrat de services
pour agir à titre de délégué général
du Québec en Belgique pour une période de deux ans et neuf mois.
Le fournisseur est M. Jean-Paul L'Allier, Sainte-Pétronille,
comté de Montmorency. Le montant de l'engagement est de 279 105 $."
Est-ce qu'il s'agit strictement d'un salaire?
M. Bérubé: Oui, je vais vérifier,
étalé sur plusieurs années, attendez un peu. Il s'agit
d'un traitement annuel normal de 59 820 $, auquel s'ajoute la compensation pour
avantages sociaux.
M. Paradis: De combien?
M. Bérubé: De 14%, qui est accordée aux
contractuels parce qu'ils ne sont pas fonctionnaires. On a soustrait de ce
montant 50% de la pension de député et de ministre qui est
payée à M. L'Allier en vertu de la Loi sur la
Législature.
M. Paradis: Pourquoi 50%?
M. Bérubé: C'est une entente contractuelle. En
fait, comme vous le savez, la pension de député est
versée, suivant la loi actuelle, que la personne ait un autre emploi ou
non. De fait, c'est souvent une critique qui a été faite
vis-à-vis des parlementaires qui se retrouvent à l'emploi du
gouvernement et à cumuler les deux. Dans ce cas-là, ce qu'on a
fait, c'est qu'on a soustrait la moitié de cette pension de la
rémunération. À ma connaissance, c'est une des rares fois,
sinon la première fois, que cela se fait.
M. Paradis: Est-ce qu'on peut obtenir copie du contrat?
M. Bérubé: Oui. Je souligne en passant cette
approche du ministère des Affaires intergouvernementales qui est
intéressante, soit de procéder de plus en plus par voie de
contrat pour l'engagement de ses délégués ou agents
commerciaux. Il y a une raison derrière cela. Si nous faisons appel
à un permanent, à une personne qui devient membre de la fonction
publique, lorsqu'elle termine son mandat, elle revient et il faut
essayer de lui trouver une place à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental. Ce n'est pas toujours facile puisque, effectivement,
en période de compression de postes, il n'y a pas souvent de nouveaux
postes. Lorsque quelqu'un quitte, on ferme le poste. Donc, on se retrouve avec
du personnel qu'on n'arrive pas à replacer et qu'on sous-utilise. Une
des innovations du ministère des Affaires intergouvernementales est de
procéder de plus en plus à l'engagement par voie contractuelle de
telle sorte que, lorsque le mandat arrive à échéance, la
personne en question n'est pas couverte par la sécurité d'emploi
qui caractérise, par exemple, la fonction publique.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Dans la sélection des
délégués généraux du Québec à
l'étranger, est-ce qu'on tient compte d'un choix d'idéologie
politique?
M. Bérubé: Oui, mais pas toujours. Cependant, cela
est un facteur dont on tient compte. Si, par exemple, vous avez des relations
purement commerciales avec un pays donné, à ce moment-là,
la personne peut être de n'importe quelle allégeance politique. De
fait, chez nos délégués, si on faisait le recensement, on
verrait qu'il y en a qui sont d'opinion politique différente de celle du
gouvernement.
Si, par contre, on se retrouve en milieu politiquement chaud, où
on établit plus que de simples relations commerciales et qu'il y a des
interactions politiques évidentes entre les gouvernements, à ce
moment-là, c'est bien normal que le délégué du
Québec devienne une personnalité à la fois
économique et en même temps politique. Donc, il peut y avoir des
considérations politiques de prises.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: On mentionnait une réduction de 50% sur la
pension...
M. Bérubé: Ce n'est pas sa pension qui est
réduite, nous ne pouvons pas toucher à sa pension; sa pension lui
appartient. Cependant, comme c'est un contrat que le gouvernement signe, on
peut mettre n'importe quelle clause dans un contrat. Alors, ce que l'on fait,
c'est qu'on soustrait du salaire auquel il aurait droit comme
délégué - tous les autres délégués
recevraient un salaire X, de 60 000 $, par exemple - la moitié de sa
pension. Vu que c'est un contrat, c'est possible. S'il était
employé du gouvernement, c'est-à-dire fonctionnaire, on ne
pourrait pas faire cela.
M. Middlemiss: La moitié, ça fait combien?
M. Bérubé: 12 000 $.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je voudrais reprendre les
chiffres. Je voudrais savoir le revenu total de M. L'Allier aux dépens
de la bourse publique. Je vois ici une somme de 279 000 $; donc, cela donne
environ 90 000 $ par année.
M. Bérubé: Non.
M. Polak: Je n'ai pas encore terminé ma question.
M. Bérubé: Excusez.
M. Polak: Une moyenne de 90 000 $ par année.
M. Bérubé: Non, non.
M. Polak: Bien oui. 279 000 $ divisés par trois ans. C'est
même plus que cela, parce que c'est deux ans et neuf mois. Je donne
même trois mois de plus. Je voudrais savoir quels autres montants il faut
ajouter. Il y a le salaire qu'il reçoit comme
délégué général du Québec. Combien
reçoit-il comme ancien député ou ministre en vertu de la
pension? Troisièmement, quels autres bénéfices a-t-il?
Est-ce qu'il a une allocation résidentielle? Est-ce qu'il y a des frais
de représentation, une autre enveloppe? En d'autres termes, quel est le
montant total que M. L'Allier récupère de la bourse publique
étant notre représentant en Belgique?
M. Bérubé: II a droit à tous les
remboursements de dépenses, frais de représentation prévus
au règlement, règlement que vous avez qui couvre les
délégués et qui couvre absolument tout. Vous avez cela
dans le cahier des normes et règlements. Donc, il a droit à cela
comme n'importe quel fonctionnaire.
Strictement, si on veut voir la rémunération de M.
L'Allier, le traitement normal d'un délégué
général est de 63 000 $, auquel s'ajoutent les avantages sociaux
qu'on lui verserait s'il était employé du gouvernement. Lorsque
la personne est un contractuel, il n'y a plus de contribution de l'employeur
à son régime de retraite. Donc, on rajoute à ces 63 000 $
14% qui représentent la contribution de l'employeur aux avantages
sociaux.
M. Vaugeois: C'est la règle, M. le ministre, pour tous les
contractuels du
gouvernement actuellement?
M. Bérubé: Oui. Donc, on engage sur la même
base que celle de la fonction publique et on ajoute en sus la contribution de
l'employeur aux différents avantages sociaux qui représente 14%.
Donc, le salaire passe de 63 000 $ plus 14%, c'est-à-dire 8820 $,
à 71 820 $. Voilà le salaire. Si M. L'Allier était un
fonctionnaire, donc s'il avait été engagé comme
délégué à l'intérieur de la fonction
publique et qu'on l'avait envoyé en Belgique, il aurait droit à
71 820 $ par année dont 8820 $ qui lui auraient été, non
pas payés directement, mais versés sous forme de contribution de
l'employeur aux différents avantages sociaux. Dans le contrat, nous
soustrayons à ce montant 12 000 $ qui représentent la
moitié de la pension qu'il reçoit présentement comme
ex-député-ministre, ce qui ramène son salaire, sur une
base annuelle, à 59 820 $.
M. Paradis: Cela ne s'additionne pas quelque part.
M. Polak: C'est 90 000 $, la moyenne. M. Paradis: La
moyenne.
M. Polak: Vous donnez 279 105 $ pour deux ans et neuf mois. Je
fais le calcul rapide, c'est 90 000 $ par année. Je voudrais savoir
combien M. L'Allier reçoit au total de la bourse publique,
indépendamment d'où cela vient.
M. Bérubé: Je vérifie. D'abord, il y a
l'indexation qui doit être prévue dans cela.
M. Polak: Plus des petites douceurs à part.
M. Bérubé: Oui. Voyez-vous, on s'engage à
lui verser l'augmentation qui sera accordée aux cadres supérieurs
de la fonction publique pour les années en cause.
M. Polak: C'est cela. Continuez.
M. Bérubé: À rembourser sur
présentation de pièces justificatives tous les frais de
déplacement et de séjour effectués dans l'exercice de ses
fonctions. Ce n'est que ce montant va nécessairement lui être
versé, mais le ministre a dû mettre une provision de
côté de manière qu'on les lui rembourse. Il a droit aux
remboursements prévus dans le cadre de la réglementation couvrant
les délégués généraux. C'est l'ensemble.
M. Polak: Ne trouvez-vous pas que, pour l'année 1982,
c'est un montant que j'appelle scandaleux?
M. Bérubé: Non.
M. Polak: Dépendant de la bourse publique, on a quelqu'un
qui reçoit une pension, en sus de sa fonction, avec tous les frais de
représentation, de voyage et toutes sortes de choses pour bien
représenter le Québec en Belgique, qui n'est tout de même
pas un pays de toute première priorité, je qualifie cela comme un
traitement scandaleux des fonds publics du Québec.
M. Bérubé: À ce moment-là, je
réponds: Non. Je souligne que c'est la première fois que l'on
soustrait d'un salaire auquel une personne a droit la moitié de la
pension. Jamais vous n'avez fait cela quand vous étiez au gouvernement,
cela ne s'est jamais fait, que l'on soustraie du salaire dans le secteur public
le montant d'un pension à laquelle une personne a droit.
M. Paradis: Comme le cas de M. Burns.
M. Bérubé: Donc, non seulement, ce n'est pas
scandaleux, mais c'est un geste unique, dicté par, effectivement, la
situation financière et économique que nous connaissons. Donc, si
vous étiez le moindrement honnête, vous souligneriez ce changement
dans les habitudes; nous soustrayons la moitié de la pension, ce qui ne
s'est jamais fait. Donc, première réponse à votre
question.
Deuxième réponse à votre question. Chaque fois
qu'un Québécois reçoit un dollar, il y a près de 40
cents de ce dollar qui vient de la vente de biens ou services
québécois à l'étranger. 40% du produit
intérieur brut québécois est exporté. Par
conséquent, l'importance...
M. Polak: Pour les réceptions de la
Saint-Jean-Baptiste.
M. Bérubé: ... d'une présence
québécoise à l'extérieur ne fait aucun doute. Des
agents de vente du Québec sont d'une extrême importance car, si on
demandait à tous les citoyens du Québec: Seriez-vous d'accord
pour qu'on vous enlève 40% de vos revenus et qu'on s'enferme chez nous?
M. le Président, le député de Sainte-Anne se ferait sortir
sur la tête par tous ses concitoyens du Québec.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'aurais juste une dernière question. Le
ministre trouve normal et acceptable qu'on paie à quelqu'un, même
s'il s'appelle M. Jean-Paul L'Allier, une somme de 90 000 $ par année.
C'est cela le
montant?
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: Je trouve cela scandaleux.
M. Bérubé: Je trouve qu'on paie le
député de Sainte-Anne trop cher pour la contribution qu'il
apporte au Québec, n'importe quand. Mais, dans le cas du
délégué général du Québec
auprès de la Communauté européenne économique, le
plus puissant organisme économique au monde après les Etats-Unis,
que l'on remette en cause la nomination d'un délégué
chargé de défendre nos intérêts auprès de la
communauté européenne, c'est de l'aberration mentale de la part
du député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Afffaires municipales... M. le
député de Sainte-Anne, sur une question de règlement.
M. Polak: Je voudrais juste vous dire que je ne connais pas
très bien les qualifications de M. Jean-Paul L'Allier, mais je sais
qu'il organise de très belles réceptions. D'ailleurs, à la
Saint-Jean-Baptiste, cette année, il y avait une réception
à la délégation du Québec à Bruxelles. Je ne
sais pas combien cela a coûté, ce serait intéressant
d'avoir des chiffres là-dessus, parce qu'on ne les trouve pas dans ce
document. Mais je sais que le vin coulait à flot et tout le monde
pouvait y aller parce qu'on est bienvenu chez les Québécois, on
est riche et on débourse. Cela a coûté très cher.
C'est une autre affaire scandaleuse.
M. Bérubé: M. le Président, lorsque le 14
juillet on célèbre la fête nationale de la France, personne
ne trouve scandaleux que les Français célèbrent leur
fête.
M. Polak: Mais demandez aux Belges...
M. Bérubé: Lorsque les Américains
fêtent le 4 juillet ici au Québec, au Consulat
québécois, personne ne trouve cela scandaleux.
M. Polak: Demandez aux Belges, ce soir on va boire le champagne
avec tous les Belges.
M. Bérubé: Lorsque les Hollandais fêtent leur
fête nationale, personne ne trouve cela scandaleux.
M. Polak: Nous, on paie pour le champagne des Belges.
M. Bérubé: Ce qui est scandaleux, c'est que le
député de Sainte-Anne ne soit pas plus québécois
qu'il l'est présentement.
Affaires municipales
Le Président (M. Gagnon): Affaires municipales,
engagements 600, 601, 602, 603, 604.
M. Paradis: Engagement 604.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi, engagement 604.
M. Paradis: Attendez un petit peu, il y en a une liste à
l'engagement 604. Il s'agit de subventions à diverses
municipalités à titre d'aide financière pour la
réalisation de divers projets dans le cadre du programme
d'amélioration des équipements communautaires, le programme
communément appelé PAEC. Montant de l'engagement: 1 315 300 $.
Pour ce qui est, dans la liste qu'on nous fournit en annexe, des projets de
construction de bibliothèques dans les centres de L'Assomption et de
Chambly, on a un coût total de 438 300 $. Y a-t-il d'autres sources de
financement? (12 heures)
M. Bérubé: Dans le cas des bibliothèques,
c'est toujours un peu compliqué, parce que le ministère des
Affaires municipales est impliqué ainsi que le ministère des
Affaires culturelles.
Finalement, cette semaine, ce que nous venons de faire au Conseil du
trésor, c'est une série de virements pour faire en sorte que,
désormais, on ne soit pas aux prises avec un versement des Affaires
municipales, un versement de l'OPDQ et un versement des Affaires culturelles,
alors que, dans le fond, c'est un seul et même programme, financé
de différentes sources. On a donc fait tous les virements, on a
consolidé et, désormais, il y aura un seul versement.
Alors, je ne peux pas vous répondre. Mais, dans le cas d'une
bibliothèque, c'est tout à fait plausible que le ministère
des Affaires culturelles verse une subvention et il y a même des cas
où l'OPDQ en verse. Il faut le demander.
M. Paradis: J'ai posé la question parce que, si on le
compare avec l'engagement 300 des Affaires culturelles, sur lequel on a
passé pas mal de temps, le coût des deux projets semble peu
élevé. Est-ce qu'on a exagéré dans l'un? Je
détesterais revenir sur l'engagement 300...
M. Bérubé: Moi aussi!
M. Vaugeois: M. le Président.
M. Bérubé: Vous voulez parler des
bibliothèques.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Effectivement, on y est revenu. Le programme est
normalisé et il dit tout simplement que la contribution gouvernementale
va être de tel ordre si la municipalité fait telle chose, compte
tenu de sa population et des pieds carrés de bibliothèque qu'elle
prévoit.
Ensuite, la provenance de l'argent à l'intérieur du
gouvernement a beaucoup varié, comme vient de le signaler le
président du Conseil du trésor. Je suis d'ailleurs content
d'apprendre qu'on vient de simplifier un peu la chose, mais ça ne
changera jamais le montant qui est versé à la
municipalité.
M. Bérubé: Assez souvent, ce sont les normes d'un
programme, mais le financement peut provenir de trois sources; il peut venir de
l'OPDQ, il peut venir de PAEC ou du ministère des Affaires
culturelles.
M. Paradis: Les chiffres que nous a donnés tantôt le
député d'Iberville disaient qu'au ministère des Affaires
culturelles, c'est strictement 25%, comparé à 100% à
l'Industrie et au Commerce. Il faudrait ajouter ces chiffres pour changer son
pourcentage.
M. Beauséjour: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je viens de les ajouter, ça donne
maintenant 1 930 153 $ et, du côté de l'Industrie - à moins
qu'on ne les retrouve à d'autres engagements 5 711 136 $. Je n'ai pas vu
si, au Conseil exécutif, on ajoute autre chose dans le domaine de
l'industrie; peut-être devrais-je réviser mes chiffres.
M. Vaugeois: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Cela montre qu'on est plus vite que
l'Opposition.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, sur le même
engagement, 606-04, on voit sur la liste que dans le comté de
Pontiac...
M. Bérubé: L'engagement 606-04?
M. Middlemiss: L'engagement 604, le même...
M. Bérubé: 604.
M. Middlemiss: Oui. On voit que pour la municipalité
d'Aylmer, comté de Pontiac, il y a un montant de 300 000 $. Est-ce qu'il
s'agit du même montant de 300 000 $ dont nous avons déjà eu
l'occasion de discuter il y a quelques mois, je ne sais pas, peut-être
lors de l'étude des engagements du mois de novembre 1981? Il y avait,
à ce moment-là, un montant de 300 000 $ pour la même chose.
Est-ce qu'on peut vérifier s'il s'agit du même montant de 300 000
$ qui apparaîtrait deux fois? C'est au mois de novembre 1981, si je ne me
trompe.
M. Bérubé: On me dit qu'il n'apparaît pas
deux fois sous le même titre. Ici, il apparaît sous forme
d'engagement et, antérieurement, il apparaissait sous forme
d'information.
M. Middlemiss: Quelle est la différence entre engagement
et information?
M. Bérubé: L'engagement, c'est le bureau du
contrôleur des finances qui autorise le déboursé.
On me dit que le montant que vous avez vu, ce n'était pas un
montant d'engagement, mais c'était une explication d'un projet dans
lequel on faisait effectivement référence à cet engagement
qui venait d'un autre ministère, mais ce n'était pas un
engagement que nous approuvions, nous approuvions un autre engagement,
c'était dans le cadre d'informations qui étaient
ajoutées.
M. Middlemiss: C'était au ministère des Affaires
municipales. Ce n'était pas au ministère des Affaires
culturelles. Est-ce qu'on peut vérifier? Est-ce qu'il s'agissait de
salles de spectacles?
M. Bérubé: On peut vérifier, mais il
faudrait trouver l'engagement auquel vous faites référence.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il a quelque chose aux engagements du
ministère des Affaires municipales, au mois de novembre? Il y avait Amos
et Aylmer qui avaient à peu près une partie du total de 1 000 000
$ dont 300 000 $ étaient...
M. Bérubé: On me dit que normalement on n'engage
pas la dépense deux fois, parce que, à partir du moment où
elle est engagée, elle est gelée dans le budget d'un
ministère. Alors le ministère ne sera pas intéressé
à le geler deux fois.
M. Middlemiss: II s'agisait de deux
subventions: une à Amos et une autre à la ville de Aylmer
pour des salles de spectacles. Pour Aylmer c'était 300 000 $ et il
semble que ce soit le même montant de 300 000 $.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Bérubé: On va demander au ministère des
Affaires municipales.
Une voix: ... une contribution du fédéral aussi,
n'est-ce pas?
M. Bérubé: Je pense qu'il faudrait avoir plus de
précisions sur cet engagement auquel vous faites
référence.
M. Middlemiss: Je vous l'apporterai cet après-midi. Je
l'ai à mon bureau.
M. Bérubé: D'accord.
M. Paradis: On peut demander au président du Conseil du
trésor le total des engagements pour cet endroit-là et à
quelle date ils ont été faits.
M. Bérubé: Mais on n'a personne à qui on
peut demander cela.
M. Middlemiss: Non.
M. Bérubé: J'admets qu'on pourrait demander
à un fonctionnaire du Conseil du trésor de commencer à
fouiller, mais...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac, vous allez apporter l'engagement du mois de novembre cet
après-midi. Alors, 605, 606, 607, 608? M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II s'agit de "subventions représentant le
deuxième versement à titre de compensation pour l'effet de
plafonnement de la taxe d'affaires pour les petites entreprises aux
municipalités suivantes". On a une liste de municipalités. Le
montant est de 412 581,53 $. C'est la taxe d'affaires de quelle année
qu'on gèle en janvier 1982?
M. Bérubé: Je regarde. Pour l'exercice fiscal
1981.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Lorsqu'on la gèle en janvier 1982, on la paie
quand, à ce moment-là? L'engagement financier gèle la
somme, comme vous nous l'avez expliqué, au niveau du
ministère.
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: On la débourse quand habituellement?
M. Caron: Quelques mois ou quelques semaines après.
M. Bérubé: Quelques mois après. Dès
que l'engagement est approuvé, la procédure d'émission des
chèques est entreprise.
M. Caron: II faut dire qu'il y a amélioration aux Affaires
municipales. On paie mieux qu'on payait dans le passé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun, vous aviez la parole.
M. Caron: II y a amélioration.
M. Bérubé: Je voudrais souligner la contibution
extrêmement positive du député de Verdun depuis le
début de nos travaux en commission. Je voudrais, évidemment, ne
pas trop la faire ressortir de peur qu'il ne se retrouve avec un poignard dans
le dos éventuellement. Enfin, je dois souligner, quand même, ses
contributions tout a fait positives à nos travaux. D'ailleurs, celle du
député de Pontiac aussi.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le ministre, de
vous faire remarquer que vous avez coupé sa contribution positive, parce
que M. le député de Verdun était en train de parler.
M. le député de Verdun.
M. Caron: Je veux juste dire que c'est payé quelques mois
après et il faut admettre qu'aux Affaires municipales il y a une grosse
amélioration comparativement aux années
précédentes. Il ne faut pas donner seulement les mauvais
côtés, il faut donner les bons côtés.
Une voix: C'est bien, cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Bérubé: Je suis sûr qu'il va finir par
influencer le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Je suis très content pour la ville de
Verdun.
M. Vaugeois: J'aurais deux questions à poser au ministre.
Je prends cet exemple-là, mais on le trouverait ailleurs. On a ici:
"Subventions à diverses municipalités à titre de
compensation en guise d'impôt foncier." Sur les feuilles blanches qui
suivent, les listes de subventions de 25 000 $ et plus, on retrouve pour la
ville de Québec, Saint-Augustin-de-Desmaures, etc., le même
vocabulaire, "compensation tenant lieu de
taxes à l'égard des immeubles des réseaux des
affaires sociales et de l'éducation". Est-ce qu'il y a une raison pour
qu'on ait ces espèces de précautions de vocabulaire? Pourquoi ne
dit-on pas carrément qu'on paie nos taxes? Pourquoi est-ce qu'il faut
que ce soit dit comme cela? Cela rappelle une époque où on avait
des compensations en lieu de taxes, tandis qu'aujourd'hui, on a convenu par la
réforme de la fiscalité municipale qu'on paierait nos taxes. On
ne paie pas encore 100% de nos taxes, mais on s'en va vers 100%.
M. Bérubé: Voilà! Vous vous êtes
répondu.
M. Vaugeois: Pourquoi ne dit-on pas qu'on paie 50% de nos taxes?
Cela montrerait qu'on ne paie pas encore complètement nos taxes. On paie
50% ou 60% de nos taxes.
M. Bérubé: Justement, c'est que le gouvernement n'a
pas reconnu comme tel que la couronne pouvait taxer la couronne, puisqu'il y a
un principe fondamental dans notre système constitutionnel, c'est que la
couronne ne peut pas taxer la couronne. Par conséquent, ce que nous
payons, ce ne sont pas des taxes. Ce n'est pas, en vertu de l'application de ce
principe, une obligation qui est faite à la couronne du Québec de
payer ses taxes à la couronne d'une municipalité, si on peut
utiliser cette expression, mais c'est en vertu du bon vouloir de Sa
Majesté. Par conséquent, ce ne sont pas des taxes que nous
payons, mais des équivalents de taxes, des "en lieu" de taxes. Ce sont
les subtilités de notre langage constitutionnel.
M. Vaugeois: Je vois de plus en plus, M. le Président, que
le président du Conseil du trésor a la chance de se retrouver aux
Affaires culturelles. J'avais une autre question. Est-ce que M. le ministre
pourrait m'expliquer - j'espère que ça pourrait intéresser
quelqu'un d'autre - la mécanique du 608? Est-ce que cela va rester,
cette "compensation pour l'effet de plafonnement de la taxe d'affaires", ou si
c'est dans les ajustements à attendre de la réforme de la
fiscalité municipale? Est-ce qu'on va vivre avec cela maintenant ou si
c'est une affaire que le gouvernement peut interrompre quand il jugera que les
bienfaits de la réforme de la fiscalité sont maintenant
là?
M. Bérubé: C'est dans la loi. M. Vaugeois:
C'est dans la loi!
M. Bérubé: On a voulu épargner les
entreprises qui auraient pu se voir imposer des taxes d'affaires très
élevées. Cela facilite le financement des municipalités,
mais, également, enlève toute capacité concurrentielle aux
commerçants d'une municipalité. Vous pourriez me dire tant pis
pour les citoyens de cette municipalité s'ils veulent tuer la poule aux
oeufs d'or, mais il semble que, dans la loi 57, la philosophie qui a
prévalu à ce moment ait été de baliser de
manière que le pouvoir des municipalités s'exerce, mais à
l'intérieur d'une limite.
M. Vaugeois: Est-ce qu'un député de la
majorité, M. le Président, peut demander à avoir de
l'information additionnelle par écrit? Je ne sais pas si ça se
fait.
Le Président (M. Gagnon): Absolument.
M. Vaugeois: J'aimerais avoir, par exemple, les cas de la ville
de Québec et de la ville de Verdun. Comment est-on arrivé
à ce montant? Comment l'a-t-on calculé?
M. Bérubé: On demande donc la méthode de
calcul...
M. Vaugeois: Ce sont des cas concrets.
M. Bérubé: ... au ministère des Affaires
municipales dans les cas, par exemple, de la ville de Québec et de la
ville de Verdun. Vous avez raison, la ville de Verdun m'inquiète. Il y a
les 0,57 $, parce que c'est 47 371,57 $ et il me semble que sur les 0,57 $ on
pourrait se poser de sérieuses questions!
M. Caron: Si vous voulez descendre à Verdun, venez voir
cela, M. le ministre, vous êtes le bienvenu. Vous allez être bien
reçu chez moi.
Affaires sociales
Le Président (M. Gagnon): Les Affaires sociales,
engagements 200, 600, 601.
M. Paradis: Excusez...
Le Président (M. Gagnon): Engagement 600, M. le
député de Brome-Missisquoi, Affaires sociales.
M. Paradis: "Subventions à divers établissements du
réseau des affaires sociales pour fins d'équipement et
d'immobilisation et pour le paiement du capital et des intérêts
des échéances obligataires du mois de janvier 1982. Le montant de
l'engagement est de 5 744 720 $." On a une liste qui est en annexe. Est-ce
qu'on pourrait avoir la définition de "capital" qui est inscrit dans les
colonnes marquées "capital"? Est-ce que c'est ce qui nous reste à
payer ou est-ce le montant original? Prenez l'exemple du CLSC de
l'Érable à Plessisville.
M. Bérubé: C'est le capital qui est
remboursé.
M. Paradis Un capital de 500 000 $ et des intérêts
de 101 875 $, pour un total de 601 875 $; c'est la tranche du capital qui est
remboursée?
Le Président (M. Gagnon): D'accord. Engagements 601, 602,
800? Engagement 800, M. le député de Brome-Missisquoi, oui.
M. Paradis: "Subvention à la Corporation
d'hébergement du Québec pour le paiement du capital et des
intérêts d'un emprunt obligataire de 10 000 000 $, série R,
à un taux d'intérêt variable, en remboursement d'emprunts
bancaires contractés pour le financement des travaux de construction de
centres d'accueil et de conception de centres locaux de services
communautaires. Montant de l'engagement, 10 000 000 $ plus
intérêts." Est-ce qu'on peut savoir de quand date cet emprunt?
M. Bérubé: Ce sont de multiples emprunts. C'est un
emprunt obligataire qui a consolidé un ensemble d'emprunts. La question
qui me vient à l'esprit ici, bon, il s'agit d'un emprunt obligataire qui
a servi à consolider une série d'emprunts bancaires. Maintenant,
il faudrait que je retrouve... D'accord! J'ai toute la liste des emprunts. Ah!
Au moment du décret, c'est un emprunt de 10 000 000 $ à
être contracté. Donc, l'emprunt de consolidation n'avait pas
été fait au moment de l'engagement et il doit être
effectué sous forme d'une émission d'obligations série
R.
M. Paradis: D'accord. Lorsqu'on parle d'un engagement - et c'est
peut-être la première fois que je vois cela ainsi - on parle de 10
000 000 $ et on sait ce que cela veut dire. C'est écrit "plus
intérêts", à côté. Quel est le montant de
l'engagement financier? Y a-t-il une provision pour des taux
d'intérêt? Cela se fait-il au "prime" plus? (12 h 15)
M. Bérubé: Comme le prêt n'a pas
été contracté, on ne connaît pas le taux
d'intérêt. Dans le décret gouvernemental, il y est
indiqué que le taux d'intérêt pour chaque période
d'intérêt pertinente soit le taux sur une base annuelle
correspondant à la moyenne arithmétique arrondie à la
hausse au seizième pour cent des taux auxquels les dépôts
en dollars canadiens sont offerts par le Crédit commercial de France, la
Banque nationale du Canada et la Banque royale du Canada aux banques de premier
ordre sur le marché interbanque de l'eurodollar canadien à
Londres, à environ 11 heures de l'avant-midi, heure de Londres,
majoré de un demi pour cent et déterminé deux jours
ouvrables avant le commencement de la période d'intérêt
pertinente pour des dépôts de sommes égales au montant
principal total des obligations série R et pour une période
correspondant à cette période d'intérêt. Vous avez
compris?
M. Paradis: D'accord.
M. Bérubé: Vous êtes chanceux!
M. Paradis: Je comprends que cela va coûter quelque chose.
On parle déjà d'un engagement initial de 10 000 000 $ plus les
intérêts. Ce qui m'intéresse - sans avoir le chiffre exact,
parce que la formule est variable, comme on peut le voir - c'est
l'approximation que le Conseil du trésor a faite des
intérêts. On a engagé le gouvernement. On a engagé
le trésor public pour 10 000 000 $ de capital. Je comprends cela, mais
on l'a engagé pour quel montant d'intérêts, sur combien
d'années?
M. Bérubé: Je ne pense pas qu'il ait
été engagé.
M. Paradis: C'est écrit: "Montant de l'engagement".
M. Bérubé: Montant de l'engagement, 10 000 000
$.
M. Paradis: Plus intérêts. Donc, il y a...
M. Bérubé: Non, le décret ne peut pas
engager plus que 10 000 000 $.
M. Paradis: Ah! Ce que vous me dites, c'est que les 10 000 000 $
comprennent les intérêts?
M. Bérubé: Non, ils ne les comprennent pas.
M. Paradis: Bon! Il faut les ajouter dans ce cas.
M. Bérubé: Mais là, c'est une subvention de
10 000 000 $.
M. Paradis: II s'agit d'une subvention de 10 000 000 $ plus les
intérêts, de la façon dont c'est rédigé dans
notre cahier.
M. Bérubé: Non, non, non. Attendez un peu! Non,
non! C'est...
M. Paradis: C'est écrit: "Montant de l'engagement: 10 000
000 $ plus intérêts". Ce n'est pas écrit: 10 000 000 $,
intérêts compris, ou 10 000 000 $, point final.
M. Bérubé: Laissez-moi terminer. Ce qui arrive,
c'est ceci. Voici un décret et le
décret dit tout simplement: Qu'une subvention de 10 000 000 $
soit accordée à la corporation, payable le 29 janvier ou à
toute autre date antérieure, etc., etc. Donc, on définit
maintenant. On dit également: Qu'une subvention additionnelle soit
accordée à la corporation, payable à toute période
d'intérêt à même les crédits prévus au
budget du ministère des Affaires sociales à être
votés annuellement par la Législature pour l'acquittement des
intérêts sur l'emprunt par voie d'émission d'obligations
série R au montant de 10 000 000 $, etc. Donc, l'engagement que l'on
prend, c'est pour 10 000 000 $, mais, en même temps, la décision
gouvernementale est prise de payer les intérêts à l'aide de
subventions additionnelles, lesquelles devront faire l'objet d'engagements
à chaque année dans le cadre du budget de ce ministère.
Donc, cela veut dire que, dans les années à venir, lorsqu'il y
aura des paiements d'intérêts, il faudra que le ministère
engage les sommes pour verser la subvention en question.
M. Paradis: On dit que ces 10 000 000 $ sont affectés
"pour le paiement du capital et des intérêts d'un emprunt
obligataire de 10 000 000 $, série R, à un taux
d'intérêt variable, en remboursement d'emprunts bancaires
contractés pour le financement des travaux de construction de centres
d'accueil - donc, ces centres d'accueil sont réalisés, sont
implantés au Québec - et de conception de centres locaux de
services communautaires". Est-ce qu'on peut avoir la liste des CLSC qui sont
conçus?
M. Bérubé: Qui ont été
conçus.
M. Paradis: S'ils l'ont été, donc ils le sont.
M. Bérubé: D'accord. On demande donc au
ministère des Affaires sociales de nous fournir la liste des CLSC qui
ont fait l'objet de...
M. Paradis: ... travaux de conception.
M. Bérubé: De conception ou de construction?
M. Paradis: Conception. Ceux qui ne sont pas construits, mais qui
ont été conçus à même cet engagement
financier-là.
M. Bérubé: D'accord. De conception, mais non
construits à l'intérieur de cet engagement. Mais, s'il y a eu des
constructions de CLSC, vous ne voulez pas le savoir.
M. Paradis: Bien, c'est parce que de la manière dont c'est
formulé, il y a eu des sommes qui ont servi au "financement de travaux
de construction de centres d'accueil", mais, suivant le libellé de
l'engagement financier, il n'y a pas d'argent qui a servi à la
construction de centres locaux de services communautaires. Cela a servi
strictement à la conception.
M. Bérubé: Alors, on répondra directement
à la question du député de Brome-Missisquoi,
textuellement: Quels sont les CLSC qui ont fait l'objet de travaux
préparatoires, de plans et devis et de conception dans le cadre de cet
engagement de 10 000 000 $?
M. Paradis: C'est cela. M. Bérubé:
Parfait.
Agriculture, Pêcheries et Alimentation
Le Président (M. Gagnon): Agriculture, Pêcheries et
Alimentation, 300?
M. Paradis: "Subvention additionnelle à la faculté
de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe pour porter
à 110 000 $ la subvention totale afin de poursuivre les travaux de
recherche sur la pneumonie à haemophilus porcine qui frappe les
élevages québécois. Le montant de l'engagement est de 60
000 $". Il s'agit d'une subvention additionnelle. Avant d'engager cette
subvention additionnelle, avait-on un rapport des travaux qui avaient
été faits sur la subvention initiale?
M. Bérubé: Donc, vous voulez savoir si des rapports
ont déjà été fournis.
M. Paradis: Des rapports d'étape.
M. Bérubé: On indique ici que la faculté de
médecine fournira des rapports d'étape sur la dépense des
sommes et les résultats obtenus. De plus, un rapport final sera
préparé, mais on ne nous dit pas s'il y a eu des rapports
antérieurs. Ce que je sais, cependant, c'est que l'équipe de
recherche mise sur pied pour contrôler le problème a obtenu
jusqu'ici des résultats intéressants. Or, si on sait qu'ils ont
obtenu des résultats intéressants, c'est sans doute qu'on a
obtenu des rapports sur ces résultats; sans quoi, il serait difficile de
dire que les résultats sont intéressants. On peut,
néanmoins, demander que le ministère confirme que la connaissance
qu'il a des résultats intéressants repose sur la rédaction
de textes sur feuilles de papier.
Le Président (M. Gagnon): 400?
M. Paradis: Vous laisserez la question telle que libellée
et vous indiquerez: Libellée
par le président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Gagnon): 400? 401? M. Paradis:
Attendez un peu.
M. Beauséjour: Engagement 400, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 400, M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Oui, je regarde ici et cela me semble
être quand même une aide à une industrie, ainsi que
l'engagement 401; alors, je suis obligé de rajuster mes calculs. Si je
rajuste mes calculs, en le vérifiant au Conseil exécutif, il y a
de l'aide aux Affaires culturelles et il y a de l'aide aux industries. Si
j'additionne aussi l'Agriculture, cela me donne, au niveau des Affaires
culturelles, 1 986 153 $ dans les engagements et, dans l'industrie, 7 120 569
$.
M. Bérubé: Ah boni
M. Beauséjour: Et je n'ai pas ajouté les projets
PAAP parce que cela n'est pas directement de l'aide aux industries.
M. Bérubé: Je pense que M. le député
d'Iberville éclaire les travaux de cette commission.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: De façon à s'assurer que les calculs du
député d'Iberville sont exacts, est-ce qu'il pourrait me dire
s'il a vérifié si le réaménagement du
théâtre municipal de Sainte-Agathe-des-Monts, comté de
Labelle, pour un montant de subvention de 50 000 $, a été
additionné, parce qu'on le retrouve aux Affaires municipales?
M. Beauséjour: Je vais l'ajouter, 50 000 $?
M. Polak: Vérifiez tout le livre de janvier.
M. Paradis: Écoutez, on vous aide, mais... Engagement 400.
"Subvention à la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires (SOQUIA) afin de permettre à cette
dernière d'accorder un prêt à L'Abattoir du Témis
Inc., Notre-Dame-du-Lac, comté de Kamouraska-Témiscouata, dont le
but est de rééquilibrer sa structure financière pour
poursuivre ses opérations." Il s'agit d'un prêt à quel taux
d'intérêt? Le montant de l'engagement est de 400 000 $.
M. Bérubé: Cela fait trop longtemps, je ne me
souviens plus du taux. Il faut demander au ministère.
M. Paradis: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On parle de rééquilibrer la structure
financière de L'Abattoir du Témis Inc.; de quelle façon en
est-on arrivé au chiffre de 400 000 $?
M. Bérubé: Sur la base du bilan financier.
M. Paradis: Est-ce qu'on pourrait avoir copie du bilan
financier?
M. Bérubé: Bien...
M. Paradis: On les a eus dans tous les autres cas.
M. Bérubé: Les bilans?
M. Paradis: Ah! D'accord, on était dans les
coopératives, c'est vrai, je me rappelle cela.
M. Bérubé: Je pense que ce n'est pas dans la
tradition de cette commission de divulguer...
M. Paradis: Je vais changer la question, parce qu'on touche
à l'entreprise privée; cela peut être un bilan interne au
niveau des compétiteurs. De quelle façon mathématique
SOQUIA a-t-elle déterminé le montant?
M. Bérubé: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 401, 600, 601,
602.
M. Paradis: Engagement 600.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 600, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention à l'Institut international du
sirop d'érable, Montréal, représentant la participation du
ministère à une campagne de promotion visant à augmenter
la consommation de ce produit aux États-Unis. Le montant de l'engagement
est de 200 000 $; le coût de la campagne est de 600 000 $." Qui est-ce
qui finance les autres 400 000 $?
M. Bérubé: L'institut lui-même qui
représente les producteurs dont, comme tout le monde le sait, le
député de Beauce-Sud. Si je ne m'abuse, cette subvention avait
été décidée à la suite de sa distribution
gratuite de sirop aux membres de l'Assemblée
nationale, ce qui nous avait amenés à comprendre qu'il y
avait des surplus de sirop au moins chez le député de Beauce-Sud
et qu'il y avait peut-être lieu, effectivement, d'organiser une campagne
de diffusion.
M. Paradis: Je tiens à vous assurer qu'il y a encore
beaucoup de surplus de sirop d'érable et ce n'est pas strictement chez
le député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 601, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Une mise au point: la distribution a
été faite après le mois de janvier 1982.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 601, 602.
M. Paradis: Engagement 602.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 602, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Supplément pour porter à 32 000 $ le
coût des honoraires pour l'arpentage et la préparation des plans
et devis des travaux de drainage dans la partie supérieure de la
rivière Saint-Rosaire, comté d'Arthabaska. Le fournisseur est
Pluritec Ltée, Trois-Rivières. Le montant de l'engagement est de
14 000 $." À quoi attribue-t-on ce supplément?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Ce supplément est attribuable
à la localisation même du cours d'eau qui est en terrain
boisé, ce qui a augmenté la difficulté des
déplacements et des opérations du personnel affecté aux
travaux d'arpentage et de levée de terrain.
M. Paradis: De quelle façon le contrat original avait-il
été octroyé?
M. Bérubé: On me dit, à la lecture du code,
qui est le code 3079-8051, qu'on y est allé par soumissions
publiques.
M. Paradis: Et le deuxième... Est-ce qu'on pourrait avoir
l'information?
M. Bérubé: Comment décoder le code?
M. Paradis: Non, le deuxième soumissionnaire était
à quel prix?
M. Bérubé: On pourrait le demander. On va demander
carrément au ministère le mode de sélection du
contractant.
M. Paradis: Avec la ventilation des montants des autres
soumissionnaires. M. Bérubé: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on peut nous donner le pourcentage des
travaux qu'on peut qualifier d'arpentage et des autres qui seraient le devis et
les travaux de drainage? Parce que Pluritec Ltée, pour moi, ce n'est pas
un arpenteur, c'est plutôt une compagnie impliquée dans
l'aménagement.
M. Bérubé: C'est du service professionnel
relié à la construction et au génie général.
Je pense que la description comme telle de la feuille des engagements
financiers n'est peut-être pas trop fidèle. Si je prends l'objet
de la demande, c'est l'impression que j'ai. L'information fournie n'est pas
véritablement adéquate, car la demande au Conseil du
trésor portait sur un supplément à un contrat de services
professionnels reliés à la construction et au génie
général. Donc, c'est par le fichier.
Je vais lire le texte au complet, cela va être mieux. Il faut
avoir recours au fichier. Alors, posons la question plutôt, M. le
député de Brome-Missisquoi, de la façon suivante au
ministère: Quel a été le mode de sélection de
l'entrepreneur?" Ici, je suis en terrain glissant dans la mesure où je
n'ai pas la moindre idée. La description que vous avez aux engagements
financiers me paraît incorrecte puisqu'il s'agit "d'honoraires pour
l'arpentage et la préparation de plans et devis", alors que, sur la
demande que j'ai, qui est venue au Conseil du trésor, ce n'est pas cela
qui est écrit, ce sont des services professionnels reliés
à la construction et au génie général. Donc, la
description que vous avez ne correspond pas à la demande.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: C'est peut-être "relevés" au lieu
"d'arpentage"? (12 h 30)
M. Bérubé: Vous avez une feuille que je n'ai pas,
vous êtes chanceux, vous. J'ai juste une feuille, d'accord. Bon,
là on va y arriver. Ah! Voilà. On a plus d'information ici.
M. Middlemiss: C'est bien.
M. Bérubé: Alors, c'est par le fichier central,
c'est le fichier des services professionnels reliés à la
construction et au génie général. Là, je comprends
maintenant pourquoi l'information que j'ai est... Dans le groupe 4, qui est
"Génie rural et drainage", la description du projet que j'ai ici
est:
"Arpentage, Étude et préparation des plans et devis pour
fins d'exécution de travaux de drainage dans la partie supérieure
de la rivière Saint-Rosaire". Il faut donc tirer la conclusion, de la
description que j'ai, qu'il y a effectivement de l'arpentage.
M. Middlemiss: De l'arpentage "légal" ou de l'arpentage
dans le sens des relevés?
M. Bérubé: Cela doit être dans le sens des
relevés. Car, à ma connaissance, Pluritec n'est pas un
arpenteur-géomètre.
M. Middlemiss: Non, d'accord. Ou bien Pluritec a engagé un
arpenteur-géomètre pour faire la partie qui serait de l'arpentage
"légal". Là, il y aurait un sous-contrat.
M. Bérubé: Ayant été, pendant
quelques années, l'arpenteur général de la province, je
devrais savoir cela.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous voulez avoir le
montant...
M. Paradis: II était arpenteur général et
là, il est architecte de la décroissance.
M. Bérubé: Ne vous en faites pas, vous allez voir
ce que c'est qu'un gouvernement bien géré sur le plan financier.
Regardez bien, d'ici à la fin de l'année, la performance
fédérale et la performance québécoise, et vous
allez voir ce que c'est une administration libérale quand elle est au
pouvoir; c'est l'échec le plus lamentable.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'il y aurait...
M. Paradis: Vous parlez de l'administration provinciale,
là?
M. Bérubé: Non, libérale.
M. Polak: Cela est une remarque gratuite.
M. Bérubé: Ce n'est pas une remarque gratuite. Il
me ferait plaisir de vous indiquer comment, actuellement, sur le plan gestion
financière, les finances publiques sont très bien
gérées. Nous avons réussi des compressions
d'effectifs...
M. Polak: Demandez cela à la population, M. le ministre,
des coupures de salaires.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis: M. le Président.
M. Bérubé: Nous avons réussi des
compressions dans nos programmes.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le ministre! M. le député de Brome-Missisquoi a
la réplique.
M. Paradis: M. le Président, en deux mots, c'est pourquoi
la cote du Québec a baissé.
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Je réponds à la question.
Les agences de cotation ont souligné qu'une des principales raisons
résultait des incertitudes découlant des coupures
fédérales dans le cadre des transferts fédéraux aux
provinces et, dois-je vous le souligner, c'était à nouveau une
question fédérale.
M. Caron: On va abolir le fédéral. M. Paradis:
Est-ce que le ministre...
M. Bérubé: On ne peut quand même pas accuser
l'agence de cotation de l'avoir rappelé.
M. Paradis: Est-ce que le ministre peut m'expliquer pourquoi
l'Ontario n'a pas baissé à ce moment-là?
M. Bérubé: Vous n'êtes pas sans savoir que le
gouvernement...
M. Paradis: Si c'est la faute du fédéral, toutes
les provinces ont baissé.
M. Bérubé: ... ontarien dépend moins des
transferts fédéraux que le gouvernement du Québec.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on peut en revenir
à l'engagement no 602, je crois?
M. Bérubé: Encore une fois, c'est le gouvernement
fédéral.
Le Président (M. Gagnon): Agriculture, Pêcheries et
Alimentation.
M. Paradis: Encore. Ce n'est jamais votre faute.
M. Bérubé: C'est une agence américaine qui
le dit.
M. Paradis: Quand cela va bien au Québec, c'est
grâce au PQ, quand cela va mal, c'est la faute du fédéral.
C'est ce que vous dites?
M. Bérubé: Oui, on est obligé de lutter
constamment...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre!
M. Bérubé: ... contre des forces adverses. Alors
quand nous réussissons c'est effectivement grâce à notre
travail répété et vigoureux...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, M. le
ministre.
M. Bérubé: ... et, quand nous ne réussissons
pas, c'est que le courant est trop fort.
Une voix: Cela va toujours mal, c'est toujours la faute du
fédéral.
M. Polak: Quand on va prendre le pouvoir, la cote va
augmenter.
M. Middlemiss: C'est pour cela que les gens se battent pour
immigrer au Québec, tout le monde veut s'en venir au Québec.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre est-ce qu'on peut
en revenir à Agriculture, Pêcheries et Alimentation, engagement no
602? Est-ce qu'il y a des questions sur l'engagement 602? Non.
Assemblée nationale
Assemblée nationale, engagement 300. M. Paradis:
Engagement 300.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Contrats négociés. Contrat de services
pour l'implantation d'une technique d'échantillonnage statistique en
unité monétaire au bureau du Vérificateur
général, afin de répondre à ses objectifs de
vérification les plus courants. Le fournisseur est H. Marcel Caron et
Ass., Québec. Montant de l'engagement: 50 000 $". Il y a combien de
fournisseurs au Québec dans cette matière?
M. Bérubé: J'ai ici une note. Le bureau du
vérificateur a demandé au SGA, le Service général
des achats, une liste des fournisseurs spécialisés en technique
d'échantillonnage statistique en matière de vérification.
Le Service général des achats a indiqué qu'il lui
était impossible de fournir la liste demandée, étant
donné que la spécialité exigée n'était pas
inscrite au fichier. À ce moment-là, le bureau du
vérificateur a sélectionné lui-même la firme qui
est, dans son esprit, la plus compétente pour faire le travail dans la
mesure où elle avait développé et mis en application cette
technique depuis plus de dix ans.
M. Paradis: Quelle autre firme a-t-on considérée,
lorsqu'on a sélectionné?
M. Bérubé: J'imagine qu'on a
considéré toutes les firmes du Québec susceptibles de
faire le travail.
M. Paradis: À ce moment-là, si on a fait ce
travail, M. le président du Conseil du trésor, la prochaine fois,
il n'y aura plus de raison de dire qu'on n'a pas l'inventaire des firmes.
M. Bérubé: On peut demander au Vérificateur
général quelles sont les firmes au Québec qui auraient pu
faire ce travail. C'est une question plausible à laquelle le
vérificateur, j'en suis certain, va vous répondre avec
énormément de plaisir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Si le M. Caron qui fait partie du groupe a un lien de
parenté avec moi, ça ne dérange rien, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Non.
M. Caron: C'est ce que j'ai pensé, mais je voulais le
souligner.
M. Bérubé: Comme on sait que le Vérificateur
général est choisi par l'Assemblée nationale dans le but
d'effectuer un contrôle le plus apolitique possible de toutes les
dépenses gouvernementales, je suis convaincu qu'aucune
considération politique ne peut prévaloir dans ses
décisions.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, est-il vrai qu'on avait besoin
de ce contrat de services parce que le Vérificateur
général a découvert trop d'erreurs, trop de gaspillage,
une perte de contrôle absolue de la bourse publique? À cause de
cela, il a été obligé de recourir à ce contrat de
services pour répondre, comme on le dit, "à ses objectifs de
vérification les plus courants" parce qu'on a découvert que,
peut-être, même sous votre administration, on a perdu
complètement le contrôle.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, alors,
là, je regrette, mais le député de Sainte-Anne...
M. Polak: Je ne demande pas un
discours, je veux seulement une réponse: oui ou non.
M. Bérubé: Je comprends que, le
député de Sainte-Anne étant avocat, ne sache pas ce que
veut dire "une technique d'échantillonnage statistique". Je voyais le
député de Pontiac frémir dans ses petits souliers en
disant: II s'aventure sur une glace mince.
Effectivement, c'est que le Vérificateur général,
faisant beaucoup de contrôles et s'apercevant qu'il en fait beaucoup pour
rien, se rend compte que ça n'a aucun bon sens d'y aller
méthodiquement et de tout couvrir. Il se dit donc: II faudrait que je
procède de façon aléatoire et y aille au hasard, parce
qu'il y a énormément de travail que je fais inutilement. Par
conséquent, pour simplifier mon travail, je vais utiliser des techniques
statistiques d'échantillonnage. C'est donc parce que c'est trop bien
administré et qu'il ne trouve pas assez d'erreurs qu'il doit faire appel
à des techniques statistiques. Sinon, si c'était bourré
d'erreurs, il n'aurait pas besoin de faire appel à des techniques
statistiques; il aurait simplement le choix. Donc, c'est exactement pour les
raisons contraires.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai parlé à quelqu'un
-évidemment, je ne peux pas révéler le nom, mais de temps
en temps il y a ce qu'on appelle des petites enveloppes brunes qui se passent -
qui m'a dit exactement le contraire de ce que le ministre vient de dire. On a
dit: II y a tellement d'erreurs et tellement de gaspillage que ça prend
un appareil monstrueux pour effectuer le contrôle. Ce qu'on a
décidé de faire, c'est de demander ce contrat de services
justement pour prendre le plus possible d'échantillons, parce qu'on n'a
pas assez de personnel disponible pour faire la vérification. Il faut
procéder par échantillonnage et on a besoin de ces services,
justement parce qu'il y a trop de grands problèmes qui existent.
M. Blouin: Éliminez votre contact, il ne vous donne pas
les bonnes enveloppes brunesl
M. Polak: Je répète juste ce que j'ai entendu
dire.
M. Blouin: II n'est pas bon, celui-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je pense que
l'intervention du député de Sainte-Anne traduit tout simplement
sa méconnaissance de la vérification. J'ai l'impression qu'il a
mal lu. Il a sans doute dû lire le rapport du Vérificateur
général d'Ottawa, qui soulignait que le gouvernement
fédéral était présentement en faillite technique.
D'ailleurs, cela a été confirmé par l'ancien
Vérificateur général fédéral. J'ai
l'impression qu'il confond les documents du Vérificateur
général fédéral avec les documents du
Vérificateur général du Québec.
Non, effectivement, la situation est très différente au
Québec, elle est gérée beaucoup plus sainement et si,
à Ottawa, l'administration libérale - parce que chaque fois qu'on
met des libéraux au pouvoir quelque part, c'est une catastrophe - est en
faillite technique, de l'avis du Vérificateur général, il
faut rappeler au député de Sainte-Anne que, fort heureusement, au
Québec, les libéraux sont dans l'Opposition.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On voit que le Vérificateur
général se voit obligé de procéder par
échantillonnage parce qu'il a été très
occupé. On va parler du Québec, M. le président du Conseil
du trésor; j'ai eu l'occasion de lire ceux du Québec. J'ai eu
l'occasion de lire le rapport annuel, j'ai eu l'occasion aussi de lire le
rapport de la SHQ - il a été chargé de travail, ce pauvre
homme - le rapport de la fête nationale. On le charge de travail et il
n'a plus le temps de procéder autrement que par échantillonnage
dans les autres dossiers, parce qu'il y a trop de "pots à vers" dans le
Parti québécois.
M. Polak: C'est ça exactement que je voulais dire. En tout
cas, à vérifier!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac, vous aviez demandé la parole.
M. Middlemiss: Pour procéder, par contrat
négocié, au choix de H. Marcel Caron et Associés, peut-on
assumer qu'on a contacté tous les gens qui avaient les
compétences nécessaires et que, de là, on a
évalué leurs curriculum vitae?
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'on a posé
comme question au Vérificateur général: Quelle est la
liste des firmes comptables qui pourraient faire ce travail au
Québec?
M. Middlemiss: Mais vous avez dit qu'il...
M. Bérubé: Et le Vérificateur
général va nous répondre.
M. Middlemiss: D'accord.
Communautés culturelles et Immigration
Le Président (M. Gagnon): Communautés culturelles
et Immigration, 300?
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II s'agit d'une "subvention à
Développement et Paix, Montréal, représentant la
contribution du gouvernement du Québec afin de venir en aide à la
population polonaise." Le montant de l'engagement est de 100 000 $. Est-ce que
le montant autorisé va être versé en un seul versement?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Je l'ignore. Il faut le demander au
ministère.
M. Polak: Une question additionnelle.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: On donne une subvention à un organisme qui
s'appelle Développement et Paix. D'ailleurs, je dois vous dire que je
suis en faveur d'une telle subvention, mais quelles mesures a-t-on prises pour
vérifier auprès de cet organisme Développement et Paix que
ce montant de 100 000 $ va être distribué intégralement
pour le bénéfice de la population polonaise? Parce que
très souvent, savez-vous, l'appareil administratif en prend une
partie.
M. Bérubé: Alors, c'est la Conférence
canadienne des évêques.
M. Polak: Ah bon! C'est pas pire.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Sainte-Anne veut qu'on discute ici de la malhonnêteté possible des
évêques canadiens ou je ne sais pas? Est-ce que vous voulez
fouiller un peu plus?
M. Polak: Non, je suis totalement satisfait...
M. Bérubé: Bon.
M. Polak: ... de cet organisme-là. Je pensais que cela
aurait pu être un groupement péquiste. J'avais moins
confiance.
M. Bérubé: Cela pourrait bien être un
mouvement péquiste. Les allégeances politiques des
évêques du Canada, je les ignore complètement, mais je ne
serais pas surpris, cependant, que la très grande majorité
d'entre eux soient péquistes, dans un signe d'ouverture d'esprit
à l'univers québécois.
M. Paradis: Vous pouvez dire aux évêques qu'ils ont
la bénédiction du Parti libéral pour dépenser cette
subvention.
M. Bérubé: Enfin, depuis que vous avez perdu votre
pape, je comprends que vous vous éloigniez des évêques,
mais quand même!
Communications
Le Président (M. Gagnon):
Communications, 400?
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Contrats négociés. Contrat pour
travaux d'installation d'un nouveau pylône de
télécommunications au mont Abijevis, dans la région de
Rouyn. Le fournisseur est Captel Inc., de Trois-Rivières. Le montant de
l'engagement est de 221 952 $." Pourquoi a-t-on procédé par
contrat négocié?
M. Bérubé: Parce que c'est la seule firme
québécoise qui fabrique et installe les pylônes, que,
deuxièmement, le pylône venait de s'effondrer sous l'action de la
neige et du verglas et que, troisièmement, il n'y avait plus de
communications. Cela pressait.
M. Paradis: Est-ce qu'il avait été fabriqué
par la même firme, le premier?
M. Bérubé: Oui, étant donné que c'est
la seule! II semble qu'avec les années on avait ajouté,
rajouté et surajouté des équipements additionnels sur le
pylône qui n'était plus conçu pour supporter une telle
charge. Cela faisait plusieurs années que le ministère leur
soulignait qu'ils devaient investir, mais il semble que la pingrerie excessive
du Conseil du trésor leur faisait reporter cette dépense, la
jugeant moins prioritaire, jusqu'à ce qu'à un moment donné
il s'effondre, tel que le disait le ministère.
M. Polak: Une question additionnelle, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Le ministre vient de dire que c'est la seule firme qui
est capable de s'occuper d'installation de pylônes. Est-ce qu'il a lu un
document qui dit cela spécifiquement ou est-ce une remarque gratuite
encore?
M. Bérubé: Non. Je me souviens du débat au
Conseil du trésor et je l'ai ici. De fait, il y a un plan de
développement de l'infrastructure gouvernementale en matière
de radio-communications. Comme vous le savez, vous avez le
ministère des Transports qui doit avoir des véhicules en cas de
sinistre. Si une route s'effondre, il faut être capable de rejoindre les
équipes. Vous avez également la Sûreté du
Québec qui...
M. Paradis: Ils ne sont pas vites pour les réparer.
M. Bérubé: ... doit être reliée
également à la Gendarmerie royale pour des questions de
surveillance. Vous avez Loisir, Chasse et Pêche, à cause de ses
parcs. Vous avez Terres et Forêts à cause des incendies. Donc,
vous avez toute une infrastructure gouvernementale, mais on constate que ce
sont des réseaux indépendants. Il y a un effort qui est en cours
au ministère des Communications pour consolider l'ensemble de ce
réseau. Ce n'est pas facile parce que les objectifs sont
différents. Par exemple, les radio-communications du ministère
des Transports ont été conçues de manière à
suivre les routes du Québec, alors qu'évidemment le réseau
des forêts surveille toutes les forêts. Donc, les antennes ne sont
pas dirigées vers le même endroit. Consolider l'ensemble de ces
réseaux en un réseau unique n'est pas chose simple, mais on est
en train, au ministère des Communications, de regarder dans quelle
mesure il n'y aurait pas une économie importante en consolidant ces
réseaux. C'est ce qui amenait le Conseil du trésor à
répondre de façon classique que, lorsque l'étude globale
serait terminée, on pourrait autoriser une telle dépense. C'est
ce qui amenait le ministère des Communications à dire que,
lorsque l'étude globale sera terminée, l'antenne sera à
terre. Effectivement, l'antenne est tombée plus vite que l'étude
est arrivée sur le bureau. Alors, on la remplace. (12 h 45)
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Non, je n'ai pas de question. C'est la première
fois aujourd'hui que je suis satisfait de la réponse.
M. Bérubé: On me rappelle la question sur les
évêques. Voulez-vous qu'on reprenne la discussion sur la saine
gestion?
M. Polak: Cela est une question du député de
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 401?
Conseil exécutif
Conseil exécutif, 300? M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention de fonctionnement pour l'année
financière 1981-1982 à l'Association régionale du
Nord-Ouest dont l'objectif est l'intégration globale de la personne
handicapée. Montant de l'engagement, 25 000 $." Est-ce qu'on peut savoir
quelles sont les activités concrètes de cette Association
régionale du Nord-Ouest? On comprend que leur objectif est
l'intégration globale de la personne handicapée. Dans le concret,
qu'est-ce qu'ils font pour atteindre leur objectif?
M. Bérubé: Écoutez, c'est un programme,
premièrement, normé où on distingue ce qu'on appelle des
organismes régionaux qui regroupent au moins six organismes de base.
Vous avez donc un programme de subventions aux organismes qui regroupent toutes
les personnes handicapées. Il s'agit ici de l'Association
régionale du Nord-Ouest. Donc, c'est un programme normé pour
faciliter la concertation au sein d'associations locales. Vous pourriez avoir,
dans les associations locales du Nord-Ouest, une association à La Sarre.
Vous pourriez en avoir un peu partout. Il s'agit là, d'ailleurs, d'une
subvention de l'Office des personnes handicapées qui relève du
Conseil exécutif et cela est important parce que le secrétaire du
conseil exécutif a dû récemment faire une mise au point.
Cela ne relève pas du bureau du premier ministre. Cela relève de
l'Office des personnes handicapées, cette subvention. Cela
n'apparaît pas de façon évidente.
M. Paradis: Qui, lui, relève du Conseil
exécutif.
M. Bérubé: Qui relève du Conseil
exécutif. C'est que, depuis la création des ministères
d'État, plusieurs organismes centraux relèvent de ces
ministères d'État plutôt que des ministères
sectoriels, ce qui a eu comme conséquence des transferts d'imputations
budgétaires sans qu'il y ait augmentation des dépenses.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de lire un petit entrefilet dans la Gazette, que
j'ai trouvé absolument dégueulasse comme entrefilet parce
qu'intellectuellement malhonnête. J'ai eu l'occasion d'expliquer que le
nombre des ministres était toujours de 26, n'avait pas augmenté,
mais qu'il y avait sept ministres, qui, antérieurement, relevaient de
ministères, qui maintenant relèvent du Conseil exécutif
sans augmenter l'enveloppe totale. La Gazette a trouvé le moyen de faire
une nouvelle comme quoi le gouvernement avait créé sept
ministères nouveaux, ce qui était complètement faux. Cela,
c'est quand on
veut carrément briser les ponts entre la communauté
anglophone et l'actuel gouvernement. On s'organise pour fausser les faits.
C'est dommage.
M. Paradis: J'ai eu l'occasion de lire la réponse du
Conseil exécutif. J'ai également eu l'occasion de lire la
réplique du journaliste qui avait écrit l'article. Même
s'il disait que ce que disait, dans sa lettre ouverte dans le Devoir, le
secrétaire du Conseil exécutif pouvait être vrai, il n'en
demeure pas moins que cela coûte quelque chose. Sans remettre en cause le
bien-fondé des nouveaux organismes mis en place, cela coûte
quelque chose et cela coûte plus cher. Vous nous dites que cela a
déplacé de l'argent à l'intérieur des
ministères, mais cela n'apparaît pas dans les budgets des autres
ministères que ça coûte moins cher ailleurs. Le
résultat, c'est que ça coûte pas mal plus cher que
ça coûtait.
M. Bérubé: Oui, cela apparaît.
M. Paradis: Autrement dit, pour faire de quoi, cela coûte
de quoi. C'est ça qu'il vous disait et il se demandait: Est-ce qu'on en
a les moyens présentement?
M. Bérubé: Oui, cela apparaît. J'ai eu
l'occasion de présenter l'évolution des effectifs où on
constate qu'il y a plus de 70 000, 80 000, un nombre assez considérable
de fonctionnaires nouveaux qui ont été engagés de 1970
à 1976, alors que, sous notre administration, il y avait, à la
fin de 1981, de 500 à 700 fonctionnaires, autour de cela, de moins
qu'à notre arrivée et, en ce moment, il doit y en avoir tout
près de 4000 à 5000 de moins. En d'autres termes, depuis le
début de notre administration, soit de 1976 à aujourd'hui, il y a
4000 à 5000 personnes de moins oeuvrant dans le secteur public qu'au
moment de notre arrivée. Cela est la conséquence d'une gestion
très serrée, mais, à l'intérieur de l'appareil
gouvernemental, il y a, évidemment, des déplacements.
Un bel exemple: au ministère de l'Énergie et des
Ressources, nous avons créé des directions pour encadrer l'action
du ministère auprès des industries, pour s'occuper de
développement industriel. Cela n'existait pas avant.
Indéniablement, quelqu'un qui irait voir seulement cette direction
dirait: Croissance de 300% des effectifs responsables du développement
industriel au ministère. S'il se contente simplement de ce titre, il va
donner l'impression qu'il y a 300% d'augmentation des effectifs au
ministère de l'Énergie et des Ressources, mais s'il regarde
l'ensemble du ministère, il va s'apercevoir qu'on a autofinancé
la création de ces directions en ne remplaçant pas des
fonctionnaires oeuvrant dans d'autres secteurs du ministère, de sorte
que c'est une réallocation de personnel. Il y a de nouvelles
activités au gouvernement, indéniablement, mais ces nouvelles
activités se financent par des déplacements budgétaires et
des réallocations de fonds, contrairement à ce qu'on a connu de
1970 à 1976 où, lorsqu'on se vante d'avoir créé 100
000 emplois, on oublie de dire qu'il y avait 84 000 fonctionnaires
là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Dans les savants calculs que vous effectuez, M. le
président du Conseil du trésor, comptez-vous les nombreux
contractuels que votre gouvernement engage soit directement, soit par
l'entremise d'institutions?
M. Bérubé: C'est vrai, indéniablement, et
sain.
M. Paradis: Mais ils ne sont pas calculés. C'est ce que
vous me répondez?
M. Bérubé: Non, les contractuels ne sont pas
calculés. Le personnel occasionnel est inclus, de même que le
personnel permanent, les cadres.
M. Paradis: Je vais vous donner un exemple, un nom connu qui
passe ici à tous les deux ans, Claude Vallée qui travaille
à la Société québécoise d'assainissement des
eaux.
M. Bérubé: II y en a plusieurs.
M. Paradis: D'accord.
M. Bérubé: II y en a sept, huit ou neuf.
M. Paradis: Non, non, je vous donne un exemple. Il y en a
plusieurs dans plusieurs affaires.
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: C'est le problème. Mais lui, est-il inclus
dans vos calculs?
M. Bérubé: Non.
M. Paradis: D'accord. Parfait.
M. Bérubé: Ce qui est calculé, ce sont les
cadres, le personnel permanent et le personnel occasionnel; donc, l'ensemble du
personnel relevant des secteurs public et parapublic. Les contractuels ne sont
pas calculés, mais attention! Dois-je vous rappeler qu'une des
conclusions du sommet de Montréal et les demandes qui sont
réitérées, par exemple, par les organismes
économiques de la région montréalaise
portent sur le faire faire? On demande au gouvernement de chercher moins
à le faire en régie et de le confier davantage au secteur
privé de manière à développer de l'expertise dans
le secteur privé qui soit exportable. De fait, dans la mesure où
vous avez des responsabilités, mais qu'en même temps vous voulez
encourager le développement ailleurs, à ce moment-là, ce
que vous faites, c'est d'engager moins de personnel pour faire du travail en
régie et de procéder davantage par le biais de contractuels.
Cette politique d'avoir recours à des contractuels est demandée
par la société québécoise.
M. Paradis: La petite théorie que vous nous donnez, c'est
que vous donnez cela au secteur privé, etc. Lorsque cette personne -et
je donne comme exemple la Société québécoise
d'assainissement des eaux, un exemple parmi tant d'autres - est engagée
pour deux ans, qu'elle vient ici en renouvellement de contrat, etc., vous ne
viendrez pas faire croire au député de Brome-Missisquoi que vous
donnez cela au secteur privé. C'est une autre forme de fonctionnaires
que vous créez, que vous ne calculez pas et qui servent bien vos
exemples de tableaux.
M. Bérubé: Oui, il y en a très peu.
M. Paradis: Maintenant, j'ai une question additionnelle. Au
niveau des commissions et des régies qui sont mises sur pied par le
gouvernement, les régisseurs de ces commissions et régies
sont-ils inclus dans votre calcul?
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: Ils sont compris dans vos calculs?
M. Bérubé: Oui, oui, globalement, pour les secteurs
public et parapublic.
M. Paradis: Le régisseur de la Régie des
marchés agricoles, pour donner un exemple, est compris dans votre
calcul?
M. Bérubé: Oui, le personnel occasionnel, le
personnel permanent, le personnel d'encadrement des secteurs public et
parapublic, des commissions, des régies et autres.
M. Paradis: D'accord, mais non les contractuels.
M. Bérubé: Pas les contractuels, mais il y en a
très peu.
M. Paradis: II y en a combien?
M. Bérubé: Oh! II y en a très peu. C'est
très marginal.
M. Paradis: Très peu? Très peu, c'est combien,
ça?
M. Bérubé: On pourrait s'amuser. Vous les voyez
venir individuellement.
M. Paradis: Oui.
M. Bérubé: Vous voyez très bien que, par
rapport à une fonction publique qui atteint 300 000 ou 400 000, le
nombre de contractuels qui passent ici, il n'y en a pas, quoi! C'est aussi bien
de le dire. Cela ne change pas les statistiques.
M. Paradis: Cela va vite de mois en mois. Si vous additionnez
tous les contractuels à l'étranger et les contractuels au
Québec, etc., qui passent ici, il y en a pas mal. Entre "pas" et "pas
mal", il y a une bonne marge.
M. Bérubé: Ils ne représentent même
pas un dixième pour cent.
M. Paradis: De janvier à avril 1982, vous en avez 170.
Le Président (M. Gagnon): Cette commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Lors de la suspension de nos travaux, nous en étions rendus aux
dépenses du Conseil exécutif, engagement 600.
Engagement 601? 602?
M. Paradis: 602.
Le Président (M. Gagnon): 602. M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention à la Coopérative de
Sainte-Edwidge, comté de Mégantic-Compton, dans le cadre du
programme de stimulation de l'économie et de soutien de l'emploi (3
emplois permanents). Montant de l'engagement: 30 000 $. Nature du projet:
implantation d'une coopérative." Est-ce qu'on peut savoir du
président du Conseil du trésor dans quel domaine cette
coopérative oeuvre?
M. Bérubé: Je ne le sais pas, mais ce doit
être une erreur parce que je vois que c'est dans un comté de
l'Opposition. Je vais
quand même me renseigner pour voir ce que la coopérative
dans Mégantic-Compton peut bien faire. Je vous dis qu'ils ont un bon
député fédéral, par contre.
M. Paradis: Provincial aussi.
M. Bérubé: Non, fédéral.
Récemment, dans une déclaration qu'il a faite à la presse
et qui était extrêmement intéressante, il a dit que
l'indépendance du Québec était inexorable et que ce
n'était qu'une question de temps. J'ai trouvé, vraiment, que le
député fédéral à Ottawa, même
libéral, était pas mal.
M. Paradis: Ça va en être un autre qui va faire
comme vous, qui va accuser les journalistes de mal le citer.
M. Bérubé: Pas à ma connaissance, en fait,
puisqu'il n'a pas contesté. Il a dû se faire engueuler par son
chef. Ce doit en être un autre qui ne sera pas... Un instant, M. le
Président. C'est parce que je cherche en même temps que je
parle.
Le Président (M. Gagnon): Évidemment.
M. Bérubé: II semble que ce soit une
coopérative de consommation dans le secteur de l'alimentation.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 603? M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention à animateur(trice) et
informateur(trice) à Cooprix, Sherbrooke, dans le cadre du programme de
stimulation de l'économie et de soutien de l'emploi." Création de
35 emplois permanents. Le montant de l'engagement est de 70 000 $. La nature du
projet est "l'implantation de deux magasins d'alimentation coin Galt et Lisieux
et Fleurimont à Sherbrooke. On sait que la fédération, et
non les magasins individuellement, au niveau de la chaîne Cooprix, a eu
des problèmes, comme plusieurs entreprises québécoises en
éprouvent présentement. Est-ce que ces magasins, au moment
où ils ont demandé la subvention, faisaient preuve d'une
solvabilité à moyen terme?
M. Bérubé: La fédération, à ce
moment-là?
M. Paradis: Non, les deux magasins, parce qu'on parle d'un
financement de 70 000 $ pour ouvrir deux magasins; ça ne fait pas un
gros inventaire sur les tablettes, si vous êtes allé à
l'épicerie dernièrement.
M. Bérubé: Ah! Vous voulez les bilans pro
forma.
M. Paradis: Oui. C'est une coopérative. Les membres ont
accès à cela.
Le Secrétaire: Est-ce que l'engagement ne porte pas sur
l'animation du milieu, qui précède l'implantation?
M. Bérubé: Oui, oui. Le magasin n'est pas
implanté pour l'instant. Il s'agit, tout simplement, d'une subvention
d'animation.
M. Paradis: Dans les renseignements qui nous sont fournis dans le
cahier, on a "nature du projet: implantation de deux magasins
d'alimentation".
M. Bérubé: Vous avez raison.
M. Paradis: À part cela, c'est indiqué: "Coin Galt
et Lisieux et Fleurimont à Sherbrooke".
M. Bérubé: Je vous donne raison.
M. Paradis: Je ne verrais pas comment on pourrait faire
strictement de l'animation sur le coin.
M. Bérubé: Bien, on ne sait jamais, avec un orgue,
une crécelle et un petit singe, on peut faire de l'animation
toujours.
M. Paradis: Mais ce n'est pas donné au président du
Conseil du trésor...
M. Bérubé: J'entends bien un orgue de Barbarie,
là.
M. Paradis: ... c'est donné à des gens qui veulent
faire des affaires.
M. Bérubé: Oui, on peut demander au
ministère si le bilan pro forma est public et, si oui, s'il peut nous le
fournir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, je voudrais dire au
président du Conseil du trésor que je n'ai pas calculé les
engagements 602 et 603 dans mes données d'investissements dans le
domaine de l'industrie parce que c'est de l'industrie de services.
M. Bérubé: Oui, vous avez raison.
M. Beauséjour: II y a un autre engagement, à la
page suivante, que j'ai inscrit dans les affaires culturelles puisque c'est
dans le domaine des librairies. Maintenant, dans ces trois pages, cela fait un
montant de 740 000 $ pour le domaine de l'industrie...
M. Bérubé: Oui.
M. Beauséjour: ... contre 56 000 $ pour les affaires
culturelles. Alors, cela garde toujours mon chiffre total à 7 090 566 $
pour le domaine de l'industrie et à 2 036 153 $ pour les affaires
culturelles.
M. Bérubé: Indéniablement, M. le
Président, je pense que les statistiques du député
d'Iberville sont tout à son honneur. J'aimerais peut-être que,
dans une motion unanime, on vote le financement d'une mini-calculatrice pour
lui permettre de tenir ses statistiques à jour et de nous tenir, en
fait, continuellement au courant de leur évolution. Mais il a raison de
souligner que les subventions dans le secteur industriel sont nettement plus
importantes que les subventions dans le secteur culturel. Il a parfaitement
raison.
Le Président (M. Gagnon): II y a juste un problème,
c'est qu'à cette commission on ne peut pas formuler de motion qui engage
des crédits. On peut exprimer un souhait. Engagements 604, 605, 606,
607, 608, 609, 610?
M. Paradis: Engagement 610.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 610, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention additionnelle à Quefoam
Ltée, Iberville, pour porter à 125 000 $ la subvention totale
dans le cadre du programme de stimulation de l'économie et de soutien de
l'emploi." Création totale de 50 emplois permanents. Le montant de
l'engagement est de 60 000 $. La nature du projet est la "production de
sièges industriels en mousse de polyuréthane". Il s'agit d'une
subvention additionnelle de 60 000 $. Qu'est-il arrivé pour qu'on ne
puisse pas fonctionner avec la subvention initiale qui, elle, était de
65 000 $?
M. Bérubé: On va le demander au
ministère.
M. Paradis: Peut-être que le député
d'Iberville, qui est ici et qui connaît très bien tous ces
dossiers, pourrait nous expliquer ce qui est arrivé.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: ... pour éclairer le
député de Brome-Missisquoi, je sais que Quefoam fabriquait un
autre produit, et ici, c'est un nouveau produit. Alors, possiblement que
l'autre subvention a été pour la fabrication d'un produit qui
était différent, qu'elle fabriquait déjà depuis
longtemps et cela ici est un nouveau produit.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est là, M. le Président,
à la suite de l'intervention du député d'Iberville, que
l'on peut distinguer entre un député qui s'occupe de son
comté et un député qui ne s'en occupe pas. Je dois dire
que le député d'Iberville a parfaitement raison. L'analyse qu'il
vient de faire est tout à fait conforme à l'explication que j'ai
ici qui nous vient directement du programme PECEC. De fait, le projet initial
portait sur la fabrication d'éponges domestiques, qui devait
créer sept emplois permanents. À la suite, cependant, du
ralentissement de l'économie, il semble que les besoins en
éponges au Québec ont baissé. On dit que la consommation
de bière a baissé de 2%, d'ailleurs, cet été au
Québec.
M. Paradis: C'est parce qu'elles ne servent pas éponger
les déficits du PQ, parce qu'il y aurait eu une demande là.
M. Bérubé: Les besoins en éponges ont
décru et c'est à ce moment-là que l'entreprise s'est
dirigée vers la production de sièges industriels en mousse de
polyuréthane. Toutefois, compte tenu que, depuis le début de
cette commission, le député d'Iberville souligne que l'on met
trop d'argent dans le développement industriel et pas assez dans le
développement culturel, avec des chiffres probants qu'il réajuste
continuellement au cours de notre séance, il y aurait peut-être
lieu d'examiner de plus près cette subvention et de se poser des
questions.
Une voix: Vous avez juste à envoyer les sièges dans
les cinémas ou dans les théâtres.
M. Beauséjour: Regardez, Quefoam Ltée, Iberville.
Je crois qu'ils n'ont pas délaissé la fabrication
d'éponges...
Une voix: Ils font les deux.
M. Beauséjour: ... excepté qu'ils ont
diversifié leur production et même qu'ils exportent dans d'autres
pays, entre autres dans l'Ouest canadien, je crois.
Une voix: Si c'est un autre pays, cela va aller.
M. Paradis: Je pensais qu'il était pour dire
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Gagnon): 611? 612? M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention additionnelle à Drainbec Gaz
Ltée, Aima, comté du Lac-Saint-Jean, pour porter à 195 000
$ la subvention totale dans le cadre du programme de stimulation de
l'économie et de soutien de l'emploi (22 emplois permanents). Le montant
de l'engagement est de 125 000 $. La nature du projet est
"l'amélioration du fonds de roulement". Pourquoi a-t-on jugé
à propos d'ajouter à une subvention initiale de 70 000 $, qui, je
présume, à ce moment, devait démontrer une
rentabilité du projet, 125 000 $?
M. Bérubé: Quand les éponges ne suffisent
plus, il faut drainer. Je vais essayer de vous donner la réponse.
Essentiellement, c'est relié à l'arrivée du gaz naturel
dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean par le biais de la bretelle qui doit être
construite entre Québec et le Lac-Saint-Jean.
M. Paradis: Le premier projet devait être sur la même
base?
M. Bérubé: Ce qui s'est produit, c'est que la
décision initiale du gouvernement fédéral était
d'assurer des prix identiques à la grandeur du territoire
québécois, comme, d'ailleurs, c'est pratiqué dans le reste
du Canada, et de faire en sorte que nous ne payions pas au Lac-Saint-Jean, par
exemple, le gaz naturel plus cher que dans les Maritimes. Le gouvernement
fédéral s'était donc engagé à financer, par
le biais des tarifs, la construction des bretelles vers le
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Cette entreprise avait donc un marché potentiel très
intéressant de fabrication de tuyaux. Elle est déjà dans
le tuyau de ciment pour aqueduc et égout. Elle avait donc
envisagé de prendre de l'expansion dans le secteur du tuyau de gaz
naturel. Toutefois, les retards apportés à la
pénétration du gazoduc par TransCanada PipeLines - on sait que
présentement les travaux s'approchent de Trois-Rivières mais ils
n'y sont pas encore rendus, il faudra attendre sans doute une année
additionnelle pour qu'ils arrivent jusqu'à Québec; après
cela, il faudra attendre également un certain temps - ont fait en sorte
que la compagnie qui a investi en vue de fabriquer du tuyau d'adduction de gaz
naturel pour la pénétration du gaz naturel se voit placée
dans une situation où le report par la compagnie TransCanada PipeLines
de ses échéanciers a comme conséquence que le gaz naturel
ne pénètre pas aussi rapidement. La compagnie se trouvait donc
dans une situation financière difficile.
M. Paradis: Est-ce qu'on pourrait avoir le nom des principaux
actionnaires et des administrateurs de Drainbec Gaz Ltée?
M. Bérubé: Oui. Germain Véronneau, Michel
Blanchard.
Excusez, je me trompe, je suis rendu dans Quefoam.
Drainbec. Robert Boyd. J'ai hésité tantôt quand j'ai
vu son nom. Je ne crois pas que ce soit le Robert Boyd d'Hydro-Québec,
autrefois. Robert Boyd, mais je continue. Jean-Charles Tull, Julien Dufour,
Jean-Eudes Bergeron et John McLean. Soulignons que M. Dufour et M. Bergeron
sont des représentants de la SODEQ régionale. D'après ce
que je comprends, il s'agit d'un projet de type régional impliquant la
population du coin.
M. Paradis: Mais Drainbec Gaz Ltée est une compagnie
à but lucratif.
M. Bérubé: Oui, oui.
M. Paradis: Ce n'est pas incorporé en vertu...
M. Bérubé: Comme les SODEQ, d'ailleurs.
J'espère que vous n'en doutez pas.
M. Paradis: Non, non. C'est simplement pour
spécifier...
M. Bérubé: Vous me rassurez.
M. Paradis: ... la connotation de ce que vous mentionniez.
Le Président (M. Blais): L'engagement 613? L'engagement
614?
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention additionnelle à Les Muskegs du
Lac-Saint-Jean Inc., L'Assomption, comté du Lac-Saint-Jean, pour porter
à 206 215 $ la subvention totale dans le cadre du programme de
stimulation de l'économie et de soutien de l'emploi (25 emplois
permanents). Montant de l'engagement: 75 000 $. Nature du projet:
Amélioration du fonds de roulement."
Est-ce qu'au moment où on a présenté le premier
projet on avait des bilans pro forma qui permettaient d'offrir une subvention
et de considérer que tout allait rouler? Qu'est-ce qui est arrivé
que...
M. Bérubé: Qu'est-ce qui est arrivé? C'est
qu'il s'agit d'exploiter une tourbière par essorage et séchage,
l'essorage étant, comme vous le devinez un peu, l'utilisation de la
force centrifuge pour extraire l'eau de la tourbière et le
séchage étant l'élimination de l'eau sous forme de vapeur
de la même tourbière. Comme il s'agissait d'une nouvelle
technologie, la fabrication et l'installation de cette essoreuse a pris plus de
temps et a présenté plus de difficultés que ce qui avait
été anticipé. Lorsque, finalement, ils ont
réussi à mettre l'essoreuse en fonction, ils avaient
épuisé le fonds de roulement, ce qui fait que l'essoreuse ne peut
plus rouler.
Le Président (M. Blais): Cela va?
M. Paradis: De quand date la première subvention?
M. Bérubé: II s'agit d'une entreprise du
Lac-Saint-Jean, qui est la propriété de 600 personnes. Il s'agit
donc d'un projet communautaire.
M. Paradis: À parts égales.
M. Bérubé: Oui, c'est Tabreco Inc., c'est une
entreprise de type populaire.
M. Paradis: Oui, mais lorsqu'on dit 600 personnes, est-ce qu'il y
a...
M. Bérubé: J'ai les chiffres. Cette entreprise a
reçu deux autres subventions du PECEC, 56 000 $, en mars 1978, pour 6
emplois et une deuxième de 75 000 $, en janvier, pour 19 emplois. Les
emplois ont effectivement été créés, toutefois,
l'entreprise n'a pas réussi a atteindre l'autofinancement et, pour
maintenir ces emplois, il s'agit d'une subvention additionnelle.
M. Paradis: Lorsque vous mentionnez qu'il y a 600 actionnaires,
est-ce que ce sont des actionnaires à parts égales?
M. Bérubé: J'imagine qu'il y en a qui
détiennent plus d'actions que d'autres, mais enfin...
M. Paradis: Est-ce qu'on peut avoir le nom des principaux
actionnaires et des administrateurs?
M. Bérubé: Oui. Antoine Tremblay, président;
Gérard Morin, vice-président; Benoît Auclair,
secrétaire et Fernand Fortin, directeur. Il s'agit d'un
commerçant, de deux ingénieurs et d'un professeur.
M. Paradis: Combien d'actions ordinaires détiennent-ils
dans ladite compagnie?
M. Bérubé: Je n'ai pas le nombre d'actions qu'ils
détiennent.
M. Paradis: Je maintiens donc la question: Le nom des
principaux...
M. Bérubé: Vous voulez savoir le nombre d'actions
que les gens du conseil d'administration détiennent.
M. Paradis: Oui.
M. Bérubé: Bien.
Éducation
Le Président (M. Blais): Éducation, engagement 200?
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je vous félicite
de votre promotion. Je sais que ça ne dépend pas du premier
ministre, mais tout de même ça peut être un pas dans la
bonne direction.
M. Proulx: C'est un avant-goût du remaniement qui s'en
vient demainl C'est un premier geste.
M. Polak: II s'agit d'un "contrat de services pour la
réalisation d'un projet de recherche..."
M. Bérubé: Oui, le député de
Terrebonne et un homme en pleine ascension!
M. Polak: Je peux continuer sans que le ministre me
dérange, M. le Président? "... dans le cadre de la
coopération franco-québécoise en éducation pour une
période de trois ans. Montant: 97 650 $." J'aimerais avoir quelques
détails sur cette coopération franco-québécoise,
alors qu'on va encore dépenser presque 100 000 $. La description semble
être assez générale: "projet de recherche spécifique
sur le système éducatif". Qu'est-ce que ça veut dire?
M. Bérubé: Je vais essayer de vous donner
ça.
M. Polak: Et, deuxième question: Qui est Réginald
Grégoire, le bénéficiaire de ce contrat?
M. Bérubé: C'est dans le cadre d'un programme sur
la prospective et l'innovation en éducation. Dans la mesure où
nous investissons presque 5 000 000 000 $ ou 7 000 000 000 $ - je pense que
c'est 7 000 000 000 $ - en éducation, il n'est pas mauvais d'investir
quelques sommes pour se poser des questions afin de savoir où on s'en
va. Au ministère de l'Éducation, il y a donc un programme qui
s'occupe de prospective et d'innovation en éducation. En particulier, il
y a un programme de recherche conjoint avec la France dans ces secteurs.
Jusqu'à maintenant, il y a quatre thèmes de recherche qui sont
couverts. D'abord, les formes nouvelles d'éducation au niveau primaire -
il s'agit de toutes les nouvelles techniques d'éducation que l'on
commence à développer - l'avenir des systèmes
multimédias en éducation; la tâche, la formation et le
perfectionnement du
personnel pour l'école de demain - donc, comment doit-on former
nos éducateurs de demain et éviter les désastres comme
ceux qu'on a connus dans le passé, particulièrement en Hollande
ou ailleurs - les phénomènes...
M. Polak: Si j'ai bien compris, le ministre a dit la Hollande?
Vous voyez un produit hollandais, du système hollandais.
M. Bérubé: J'espère que vous avez fait vos
études en Hollande?
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: C'est ce que je pensais aussi.
M. Polak: D'ailleurs, magna cum laudi vous comprenez bien.
M. Bérubé: Toutes nos félicitations un peu
tardives, il va de soi, mais enfin. Les phénomènes de
l'inadaptation scolaire. Ce nouveau thème de recherche porte sur ceci:
comment le système éducatif d'un pays s'ajuste aux besoins
socioculturels du pays. Donc, est-ce que les systèmes d'éducation
sont les mêmes, que vous soyez aux États-Unis, en Angleterre, en
Allemagne, en Hollande, en France ou, au contraire, est-ce que, en fonction des
types de société, des coutumes sociales, le système
d'éducation subit des modifications? Donc, la réflexion de ce
groupe de chercheurs porte essentiellement sur la réponse de ce
système d'éducation aux besoins socioculturels.
On a choisi de faire porter cette étude sur le système
français et le système québécois pour voir comment
les deux systèmes ont évolué pour répondre à
des besoins sociaux différents et comment, justement, les
systèmes s'ajustent. C'est le thème principal de cette recherche.
On va donc étudier sur une base comparative les deux systèmes
d'éducation et on va voir comment ces deux systèmes
d'éducation répondent à des besoins.
M. Polak: M. le Président, j'ai une question
additionnelle. Je n'ai pas encore compris de la réponse du ministre
pourquoi on débourse 100 000 $ de la bourse publique pour comparer.
Est-ce qu'on ne pourrait pas utiliser cet argent dans notre propre secteur? Il
y a un livre du ministre Laurin sur le projet éducatif, que j'ai
étudié pendant l'été. Je ne sais pas ce qu'ils
font. Cette coopération franco-québécoise, je n'ai rien
contre cela en principe...
Une voix: Ah oui!
M. Polak: ... mais je me demande si c'est utile. Parce qu'on sait
très bien où on va. M. Laurin a parlé du projet de
nouvelles écoles communautaires. On connaît bien cela, mais
pourquoi investir 100 000 $? Je dois vous dire en toute honnêteté
que le système français, je l'admire, mais est-ce qu'on apprend
quelque chose de tout cela? Est-ce qu'on améliore notre
système?
M. Bérubé: C'est le but.
M. Polak: C'est le but. C'est peut-être un but sur 20 ans,
mais je suis pratique, 100 000 $, c'est tout de même une somme
substantielle.
M. Bérubé: 20 ans, en fait, ce sera sans fin, il
faudra toujours améliorer. Je pense qu'il faudra toujours maintenir un
programme continu de recherche dans le but d'améliorer. Non, on aurait
pu certainement...
M. Polak: Comparer avec l'Ontario, par exemple.
M. Bérubé: Comparer avec l'Ontario.
M. Polak: Cela coûte beaucoup moins cher d'élever un
élève là-bas qu'ici. Il me semble qu'on pourrait apprendre
quelque chose. Mais le système de la France...
M. Bérubé: Attention, il ne s'agit pas ici de
mesurer la productivité des systèmes respectifs
d'éducation, mais plutôt de voir comment l'école, les
programmes, les matières enseignées, les heures consacrées
à ces matières s'adaptent en fonction des sociétés.
Il s'agit de voir ça.
M. Polak: Vous êtes un de ceux qui seront
considérés pour le poste de nouveau ministre de
l'Éducation, j'imagine, parce que vous parlez très bien de
l'éducation, en termes génériques.
M. Bérubé: Merci.
Une voix: II est connaissant dans tout.
M. Proulx: II est assez compétent pour diriger cinq
ministères.
M. Polak: Je vois ça. Ce matin, la culture. Il est
beaucoup mieux que comme président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Proulx: M. Lévesque ne sait pas où le placer
tellement il est compétent.
M. Paradis: On a une dépense de 100 000 $ qui vise
à la réalisation d'un projet de recherche spécifique,
portant sur le
système éducatif et les besoins sociaux, dans le cadre de
la coopération franco-québécoise en éducation. Le
ministre d'État au Développement économique, M. Bernard
Landry, nous a parlé, à un moment donné, d'un virage
technologique. Est-ce que - vous ne pouvez plus virer à gauche, vous
êtes dans le champ - au niveau éducatif, on a pris soin d'orienter
notre système scolaire pour que les jeunes que l'on forme s'ajustent
à ce virage technologique?
M. Bérubé: Oui, je peux même vous dire qu'au
ministère de l'Éducation, à l'heure actuelle, on
prépare des programmations pour des spécialités dans le
domaine, par exemple, de la biotechnologie pour adapter nos programmes
techniques aux objectifs économiques du gouvernement. C'est un type de
travail. Mais, ici, le projet de recherche qui est en cause est tout à
fait différent.
M. Paradis: Mais...
M. Bérubé: Un système d'éducation,
peut-on dire, peut se donner deux objectifs. Un premier objectif porte sur
l'accumulation chez nos concitoyens d'une base minimale de connaissances pour
s'exprimer correctement dans leur langue, pour manipuler les
mathématiques et l'arithmétique avec un minimum de
compétence de manière à pouvoir, effectivement, se
débrouiller dans la vie. C'est un objectif. Il s'agit d'une formation
plus technique que culturelle, mais ce n'est pas tout. Le système
d'éducation charrie un ensemble de valeurs culturelles, une vision de la
société et même des préjugés, des attitudes
face à la société qui sont à l'image de cette
société. Donc, notre système d'éducation, le
système d'éducation du Québec est à l'image des
Québécois. Justement, la question que l'on peut se poser est la
suivante: Comment un système d'éducation s'ajuste-t-il en
fonction des sociétés pour répondre aux objectifs de ces
sociétés? Donc, comment modifie-t-on, par exemple, les types de
programmes et les heures de cours?
M. le Président, je voudrais seulement souligner la visite parmi
nous de deux députés de l'Opposition qui...
Des voix: Ah! Ah!
M. Polak: II y en a un qui est indépendant. Il est
même habillé comme un indépendant, M. le ministre.
Une voix: M. le Président, pour l'instant, il n'y a qu'un
indépendant.
Des voix: Ah! Ah!
M. Paradis: Ne va pas trop vite!
Le Président (M. Gagnon): Continuez, M. le ministre.
M. Paradis: L'indépendant est-il en cabale?
M. Polak: M. le ministre, pour le débat, pourriez-vous
clarifier les noms?
M. Bérubé: On l'a pressenti pour prendre la
direction du Parti libéral, mais...
M. Bisaillon: Ils voulaient avoir quelqu'un de jeune et de
progressiste.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais faire une
très brève remarque de quinze à vingt secondes.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous demandez la parole, je présume?
M. Blais: Oui, s'il vous plaît! C'est pour saluer...
M. Paradis: M. le Président, je l'avais demandée
avant.
M. Blais: ... moi aussi les deux députés
indépendants de l'Opposition...
Le Président (M. Gagnon): Si c'est pour cette raison, je
vous...
M. Blais: ... qui passent. On a dit que M. Bisaillon avait
été pressenti pour être à la tête du Parti
libéral. C'est strictement impossible. Ils avaient un homme qui pense,
ils ne peuvent pas en avoir un autre. Ils cherchent actuellement un homme qui
dépense.
M. Paradis: C'est pour cette raison qu'on regarde du
côté du Parti québécois. Des gens qui
dépensent, il y en a en masse, là.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Une voix: ... le député de Terrebonne. Ses
cheveux...
M. Blais: C'est ma coupe ministrable.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi, vous avez la parole.
M. Paradis: M. le Président, le président du
Conseil du trésor nous parle des besoins sociaux, du système
éducatif, d'ajuster le système éducatif à ce qui se
passe au niveau social, etc., mais notre système éducatif ne
doit-il pas dépasser un peu ce qui se passe au niveau social et
faire
avancer notre société? Est-ce que ça ne doit pas se
passer en sens inverse? Et, si ça doit se passer en sens inverse,
pourquoi dépense-t-on 100 000 $ pour renverser la vapeur?
M. Bérubé: Le thème de la recherche, tel que
je le comprends...
M. Paradis: Si vous le comprenez!
M. Bérubé: ... c'est d'étudier comment le
système d'éducation peut ou doit s'ajuster aux besoins
socioculturels. On le fait sur une base de comparaison en prenant le
Québec et la France et en regardant comment les deux systèmes
évoluent pour répondre aux besoins socioculturels, ce qui permet,
en fonction des besoins sociaux que l'on identifie, de voir comment on
s'ajuste. Si, par exemple, notre société se dirige vers une
automatisation de plus en plus poussée et qu'il y a de moins en moins de
travailleurs en entreprises, ou même dans les commerces ou dans les
services, le travail étant fait par des robots, à titre
d'exemple, il s'ensuit que les besoins de la société de demain
seront très différents des besoins de la société
d'aujourd'hui.
Comment modifie-t-on un système d'éducation pour
répondre à ce changement des besoins? Cela suppose que le
système d'éducation s'ajuste en fonction des besoins, que ce
n'est pas quelque chose d'objectif en soit, inaltérable, qui est: on
enseigne l'anglais, le français, les mathématiques et, quoi qu'il
arrive, on enseigne toujours la même chose. Il est bien évident
que cela présume que l'importance qu'on va attacher aux matières
enseignées va dépendre du type de société à
l'intérieur duquel on vit.
Pour pouvoir mesurer cela, il faut établir des comparaisons et
c'est le but de la recherche.
M. Paradis: Et on a déjà décidé au
Québec, parce qu'on le fait dans le cadre de la coopération
franco-québécoise, que le modèle économique auquel
on s'attend à répondre au niveau éducatif, c'est le
modèle français.
M. Bérubé: On a choisi deux modèles...
M. Blais: Ils sont francophobes, ma foi du ciel!
M. Bérubé: ... et on va les examiner. Vous pourriez
me demander pourquoi on n'a pas choisi un pays anglo-saxon, mais
là...
M. Paradis: Non, ce n'est pas ce que je vous dis. Je vous dis
qu'au niveau économique - ce n'est pas une question de langue, c'est une
question d'économie parce que je me base sur la réponse et votre
compréhension, que vous avez exposée, de la dépense de 100
000 $ - vous avez basé votre argumentation sur la façon de
répondre aux besoins technologiques et orienter notre système
éducatif en fonction de ça. Vous avez répondu et c'est
votre interprétation personnelle, qui n'est peut-être pas juste,
mais c'est la vôtre, et vous avez approuvé 100 000 $ pour
ça. Je vous dis: À ce moment-là, c'est parce que, au
niveau économique - je ne parle pas de langue - on a choisi le
modèle français et on va ajuster notre système
d'éducation en fonction du modèle économique
français.
M. Bérubé: Non. M. Paradis: Non?
M. Bérubé: On va regarder comment le système
français...
M. Paradis: Qui ne marche pas.
M. Bérubé: ... d'éducation s'ajuste en
fonction des besoins de la société française et on va
regarder comment le système québécois s'ajuste en fonction
des besoins propres à la société québécoise.
À partir de là, on sera en mesure, par l'expérience que
l'on acquiert dans l'un et l'autre des deux systèmes, de voir si, par
exemple, notre système est bien adapté à nos besoins. Si
on s'est donné un système d'éducation...
M. Paradis: Là, je vous suis, M. le président du
Conseil du trésor. On analyse pour voir si notre système
d'éducation s'ajuste bien à nos besoins sociaux. Mais qu'est-ce
que ça nous donne d'aller voir s'il se produit la même chose en
France, s'il arrive la même chose en Angleterre, s'il arrive la
même chose en Hollande ou n'importe où. (15 h 45)
M. Bérubé: Non, c'est...
M. Blais: Seriez-vous devenu séparatiste? Vous ne voulez
pas qu'on aille nulle part.
M. Paradis: Non, non, mais je veux... On est à la
période de janvier 1982...
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: ... on est en période de restrictions
budgétaires et il y a pour 100 000 $ de dépenses pour une
étude de projet. On me dit qu'il y a une partie qui sert à
étudier comment le système d'éducation au Québec
s'ajuste aux besoins sociaux du Québec. C'est très bien.
On me dit également qu'il y en a une partie qui sert à
regarder comment le système d'éducation en France s'ajuste aux
besoins sociaux de la France. Je suis prêt à
payer une étude à la France, je suis bien prêt, mais
pas dans une période de crise économique.
M. Bérubé: Mais là où vous faites
l'erreur, c'est lorsque vous présumez que l'on peut faire cette mesure
dans l'absolu, alors qu'on ne peut la faire que par comparaison.
M. Paradis: Et avec la France strictement?
M. Bérubé: Ah! On pourrait la faire avec d'autres
pays aussi, c'est bien évident. Mais comme il s'agit d'un programme de
coopération culturelle avec la France, on cherche des sujets que l'on
peut faire en commun.
M. Paradis: Et notre ami Réginald Grégoire de
Beauport, comté de Montmorency, de quelle façon a-t-il
été sélectionné pour jouir de ces 100 000 $?
M. Bérubé: II a fait ses études au
collège de Saint-Jean.
M. Paradis: C'est un bon collège.
M. Bérubé: M. Grégoire est un consultant en
éducation - mais je pense que le mieux serait de déposer son
curriculum vitae - qui a fait des travaux pour la Direction des politiques et
des plans du ministère de l'Éducation, pour le Conseil
supérieur de l'éducation, pour l'Université Laval...
M. Paradis: En quelle année?
M. Bérubé: Ah! À l'automne 1976 pour le
Conseil supérieur de l'éducation, donc, j'ai l'impression que
cela date d'avant notre administration; pour l'Université Laval, le
service de l'audiovisuel, pour l'Université Laval, le service de la
technologie et de l'enseignement, pour le service de la recherche du
ministère de l'Éducation sur l'évaluation du programme
SAGE, l'équipe permanente du projet éducatif du ministère
de l'Éducation, pour la firme Biro, Bureau d'informatique et de
recherche opérationnelle, pour la commission canadienne de l'UNESCO,
adjoint au rapporteur du colloque sur l'amélioration de la contribution.
Enfin, si je comprends bien le curriculum vitae, jusqu'à l'automne 1976,
M. Grégoire était à l'Université du Québec,
à la Télé-Université, coordonnateur de la
planification et de la recherche et il a été directeur de la
recherche et du développement. C'est donc un spécialiste de la
recherche en éducation au Québec dans le domaine de
l'audiovisuel, un peu partout, d'après ce que je peux voir.
M. Paradis: Est-ce que c'est un emploi à temps plein?
M. Bérubé: On dit: 120 jours par année. M.
Paradis: Donc, c'est à temps partiel. M. Bérubé:
Oui.
M. Paradis: C'est grosso modo 33 000 $ par année pour un
emploi à temps partiel.
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: J'ai une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je veux juste demander au ministre pourquoi, quand on
fait la comparaison des systèmes, a-t-on choisi la France et non pas,
par exemple, nos provinces soeurs, comme l'Ontario. Tout de même, on a
exactement les mêmes problèmes. Dans le cadre de la constitution
et de la fédération canadienne, les premiers à consulter
pour apprendre des choses et, évidemment, pour les enseigner aussi
seront justement nos soeurs et nos frères canadiens.
M. Bérubé: Parce que cela se fait dans le cadre de
la coopération franco-québécoise. Dans le cadre de la
coopération franco-québécoise, on cherche des sujets qui
intéressent et la France et le Québec.
M. Polak: Ah bon!
M. Paradis: On a pris un contractuel dans ce cas, à qui on
a donné un contrat de 120 jours par année pour 33 000 $? Est-ce
qu'il n'y avait pas, au ministère de l'Éducation, quelqu'un de
disponible et capable d'effectuer ce travail, parce que cela consomme 120 jours
par année. Est-ce qu'on a regardé s'il y avait quelqu'un qui ne
serait pas trop chargé, puis qui aurait ces qualifications au
ministère de l'Éducation?
M. Bérubé: On peut demander au ministère
s'il y a du personnel disponible capable de faire le travail.
M. Paradis: Si on a regardé avant de choisir, si on a fait
l'inventaire de nos ressources humaines pour s'assurer qu'on était dans
l'obligation d'aller donner un contrat à M. Grégoire.
M. Bérubé: Voulez-vous gager qu'on va vous dire
qu'il n'y avait pas de ressources humaines disponibles?
M. Polak: Y inclus les "tablettés".
M. Bérubé: Ah! mais capables de faire le
travail.
M. Paradis: Capables de faire le travail aussi.
Énergie et Ressources
Le Président (M. Gagnon): Engagement 400, Énergie
et Ressources? M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Contrats négociés. Contrat de services
pour la réalisation d'une étude concernant les stratégies
possibles à adopter afin d'écouler les surplus anticipés
d'huiles lourdes au Québec d'ici 1986. Fournisseur: Lamb, Guay Inc.,
groupe Lavalin, Montréal, Québec. Montant de l'engagement: 52 745
$." C'est sur une durée de combien de temps? Le mandat est de combien de
temps?
M. Bérubé: Seize semaines après le
début du projet, le rapport final doit être soumis.
M. Paradis: Seize semaines après le début; donc,
c'est un contrat de seize semaines.
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: Pour 52 745 $.
M. Bérubé: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 600, 601?
M. Paradis: Engagement 601.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 601, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Contrat pour travaux de construction d'une salle
polyvalente à Berthierville, comté de Berthier, pour les besoins
des employés de la pépinière. Le plus bas soumissionnaire
est L'Archevêque et Rivest Ltée, Repentigny, comté de
L'Assomption. Le montant de l'engagement est de 100 000 $." Il y a cinq
soumissions reçues. Combien en a-t-on demandé?
M. Bérubé: Ce sont des soumissions publiques.
M. Paradis: D'accord, cela va, excusez.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 800?
M. Paradis: "Subventions à REXFOR et à la
Coopérative de gestion forestière des Appalaches à titre
d'aide financière pour la réalisation de divers travaux
d'aménagement dans la forêt domaniale des Appalaches au cours des
cinq prochaines années. Le montant de l'engagement est de 1 300 000 $."
Est-ce que REXFOR ne possède pas ses propres budgets pour des travaux de
cette nature?
M. Bérubé: C'est le gouvernement qui paie pour les
travaux d'aménagement sur les forêts publiques. Dans le cas des
Appalaches, c'est la première unité de gestion qui, je pense, en
1974 a fait l'objet d'un plan de gestion intégré. En mai 1974,
c'est cela. Non, c'est en 1972. Dès 1972, elle a commencé ses
travaux. Le premier protocole s'est fait entre 1972 et 1974 à peu
près, quoique c'est en 1973 vraiment que le plan de gestion a
été adopté, d'ailleurs sous l'habile direction d'un de mes
prédécesseurs M. Kevin Drummond, qui a fait un excellent travail
lorsqu'il était aux Terres et Forêts, dois-je dire. Qu'est-ce
qu'il y a?
Une voix: II a voté "oui".
M. Bérubé: J'ai l'impression qu'il y a un lien
direct entre la compétence d'une personne et le vote "oui" qu'il a
apporté, finalement, lors du référendum.
M. Paradis: Est-ce que vous voulez dire par là qu'il y a
60% des Québécois qui sont incompétents?
M. Bérubé: Non, ils ont été induits
en erreur par les libéraux.
M. Paradis: Avec une question nébuleuse où ils ne
se retrouvaient plus.
M. Middlemiss: Une question à la toute dernière
minute.
M. Paradis: Ce ne sera pas difficile de la mettre plus
claire.
M. Middlemiss: Elle était pourtant facile à
comprendre.
M. Bérubé: Le ministère a donc
sous-contracté REXFOR et, subséquemment, conjointement REXFOR et
la coopérative pour les travaux d'aménagement en question
plutôt que de les faire lui-même en régie.
Le Président (M. Gagnon):
Environnement, engagement 200?
M. Paradis: Non, Énergie et Ressources, 801.
Le Président (M. Gagnon): Excusez-moi. Énergie et
Ressources, 801.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Divers: Prêt à Les Calcites et Dolomie
Mattawin Inc., Drummondville, comté de Drummond, à titre d'aide
financière pour fins d'amélioration du fonds de roulement et
d'acquisition d'un appareil qui lui permettra de fabriquer de la poudre de
calcite. Montant de l'engagement: 525 000 $." C'est un prêt à quel
taux d'intérêt et de quelle durée?
M. Bérubé: C'est un prêt qui ne porte pas
intérêt pour les deux premières années. Ensuite, il
va porter intérêt à un taux égal à celui
payé par les entreprises admissibles au programme de financement des
entreprises manufacturières de la SDI, programme 2f.
M. Paradis: Pour combien d'années? J'ai compris pour deux
ans et les années suivantes, mais on ne m'a pas...
M. Bérubé: Suivant le programme 2f. M. Paradis:
Suivant le programme 2f? M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: Est-ce qu'on pourrait avoir le nom des
administrateurs et des principaux actionnaires de Les Calcites et Dolomie
Mattawin Inc.?
M. Bérubé: II faudrait le demander.
Environnement
Le Président (M. Gagnon):
Environnement, engagement 300.
M. Paradis: Ce n'est pas 200? Le Président (M. Gagnon):
Non. M. Middlemiss: Juste celle-là? M.
Bérubé: Oui, c'est vrai.
Le Président (M. Gagnon):
Environnement, engagement 200? 300? M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: À 300, "subventions à divers groupes
oeuvrant dans le domaine de la récupération et du recyclage afin
de permettre à ces groupes de poursuivre leur travail dans ce domaine et
de vérifier les diverses modalités d'intervention - en annexe, on
a les groupes qui ont été subventionnés -pour un montant
total de 310 000 $." C'est dans le cadre de quel programme?
M. Bérubé: II n'y a pas de programme encore. Le
ministère, effectivement, estime que le recyclage doit
représenter, dans les années à venir, une part importante
de la production de matières premières à des fins
économiques. Qu'il est "swell", le député de
Louis-Hébert, avec son "coat" blanc!
M. Doyon: Vous prouvez que vous avez du goût pour une fois,
M. le ministre.
M. Bérubé: C'est vrai. C'est beaucoup mieux que son
manteau carreauté. Il a dû avoir cela dans une vente dans un "pawn
shop" sur la rue Craig.
M. Doyon: C'est tout ce qu'on peut se permettre avec ce
gouvernement!
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on peut revenir
à l'Environnement, quoique vous étiez un peu dans
l'environnement?
M. Doyon: Loin de vous, oui.
M. Blais: C'était assez houleux comme
délégation, mais comme vacances, cela a été
bien.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bérubé: Le problème, cependant, c'est que
notre économie n'est pas organisée pour effectuer du recyclage.
La mise au rancart de déchets se fait de façon
désordonnée et la séparation des déchets
s'avère une entreprise souvent très coûteuse qui rend
économiquement moins rentable le recyclage. Il est bien évident
que si on développe graduellement les techniques de recyclage - à
titre d'exemple, dans certaines municipalités, les citoyens mettent
leurs bouteilles séparément, de telle sorte qu'elles peuvent
être cueillies et automatiquement, évidemment...
M. Paradis: Papier journal, carton.
M. Bérubé: Papier journal, carton. On peut donc
déjà, simplement par des modifications de comportement, arriver
à rentabiliser les opérations de recyclage, mais on a beaucoup de
chemin à faire.
Au ministère de l'Environnement, on veut intéresser de
plus en plus les Québécois à ce genre d'opération.
Pour cela, il faut qu'ils aient l'occasion de voir autour d'eux des
opérations qui fonctionnent. Or, il est encore trop tôt pour
mettre sur pied un tel programme universel d'aide pour inciter. Le
ministère a choisi dans toutes les régions du Québec, en
fait, les groupes qui semblaient les plus dynamiques à l'heure actuelle.
Il s'est organisé pour que, dans chaque région, on ait au moins
un groupe.
Deuxièmement, il s'est organisé également pour
qu'on touche plusieurs secteurs différents, pour que l'expérience
que l'on acquerra d'un groupe un jour puisse servir à d'autres, donc,
pour que tous
n'aillent pas dans le même secteur, mais qu'un aille dans les
bouteilles, l'autre dans les papiers, l'autre dans les plastiques etc. (16
heures)
Le ministère a donc identifié, comme cela, un certain
nombre de groupes et subventionne ces expériences pilotes pour
acquérir lui-même une connaissance quant à la
rentabilité de certaines opérations, quant aux problèmes
opérationnels rencontrés sur le terrain. Il le fait dans un
secteur le plus diversifié possible et, en même temps, il le fait
dans toutes les régions du Québec pour faire en sorte que cette
expertise s'étale rapidement à l'ensemble du Québec. Donc,
ce n'est pas un programme, mais une opération un peu massive de
décollage d'expériences en recyclage.
M. Paradis: Seulement à titre d'information, M. le
Président, si vous m'y autorisez, ma question s'adresse au
député de Terrebonne. Dans cette subvention, on voit qu'il y a un
montant de 25 000 $ qui est allé au Centre de récupération
les Feuillus Inc., qui dessert, entre autres, la région de Terrebonne.
Cela sert à "défrayer une partie du coût des
équipements suivants: une presse, un camion, une gerbeuse et des bacs de
récupération". Est-ce que vous avez été
témoin, M. le député, des activités de ce
mouvement?
M. Blais: Je suis très heureux que le député
de Brome-Missisquoi essaie de vérifier si je m'occupe de mon
comté et cela me fait plaisir de lui en parler. Je vais être le
plus bref possible.
M. Bérubé: Cela va être long, si je comprends
bien.
M. Blais: Je vais être très bref.
M. Paradis: II ne peut pas en parler bien longtemps de son
comté, il n'est jamais là.
M. Blais: Ah oui, je peux en parler très longtemps.
Le ministère de l'Environnement a décidé de faire
à travers le Québec neuf centres régionaux de
récupération. Les Feuillus sera un de ces neuf centres
régionaux. Il a été choisi et le sera officiellement un
peu plus tard lorsque les neuf centres seront nommés, à cause de
la préparation et du dynamisme du personnel des Feuillus. Ils ont
déjà un local, ils récupèrent déjà
journaux, cartons. Ils ont déjà des presses; ils avaient une
petite presse et là, maintenant, ils ont une grosse presse qui emballe
des ballots de 800 livres et cela peut aller jusqu'à 850 livres par
ballot. Cette presse est prêtée par une compagnie. Je m'excuse de
ne pas savoir le nom de la marque de cette compagnie. Si elle fait l'affaire,
cela fera partie de ses équipements, à quoi les 25 000 $
serviront aussi en partie. Ils ont aussi acheté un fourgon de levage
intérieur, c'est-à-dire une chose sur roues que vous devez
appeler un "clark lifter" dans votre comté.
M. Paradis: Un "lift".
M. Blais: Oui.
M. Middlemiss: Un "forklift".
M. Blais: Ou un "forklift", un camion de levage
intérieur.
Une voix: Un quoi? Comment appeliez-vous ça tantôt,
M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Le terme exact, c'est un chariot à levage
à fourchette. C'est pour cela que les échanges du système
éducatif franco-québécois existent; ils nous apportent
aussi certains mots qui nous font comprendre dans notre langue. Plutôt
que de dire: "J'ai bossé mon fender", on dira: "J'ai bossé mon
aile de voiture".
M. Paradis: Bosseler.
M. Blais: Oui, bosseler, bosser. Je pensais à votre ancien
gars des taxis; c'est pour cela que je parlais de voiture.
Les Feuillus, c'est un organisme... Voulez-vous que je vous en parle
plus longtemps? Je peux vous en parler pendant deux heures.
M. Paradis: Ce qui m'intéresse...
M. Blais: J'ai donné le chèque avant-hier.
M. Paradis: ... M. le député de Terrebonne, c'est
qu'avec une subvention de 25 000 $ pour l'achat d'équipement,
après l'expérience d'opération, est-ce une entreprise qui
financièrement peut devenir autosuffisante à moyen terme?
M. Blais: C'est exact. Ce sera autosuffisant et on pense que ce
sera d'ici deux ans.
M. Paradis: Maintenant, est-ce que vous avez pu visualiser la
réaction populaire? Parce qu'ils ont besoin j'imagine, de la
collaboration de la population.
M. Blais: Du côté populaire, ce qui est le plus dur,
c'est que nos bibliothèques sont arrivées très en retard
et que les gens n'ont pas ce système établi de s'impliquer dans
le milieu pour la récupération...
M. Paradis: Vous ne voulez tout de même pas qu'ils jettent
les livres pour les presser.
M. Blais: ... des objets recyclables. Je ne parle pas du Parti
libéral, mais des objets recyclables. Pardon? Si vous m'interrompez
continuellement, je vais vous écouter.
M. Paradis: Non, non. C'est parce que vous parliez des
bibliothèques. Vous ne vous attendez tout de même pas qu'ils
jettent les livres dans les presses pour les recycler.
M. Blais: Certains volumes qui seraient désuets pourraient
passer dans ces presses et être récupérés pour en
faire un programme du Parti libéral en l'an 2016.
Cependant, j'aimerais vous dire que ce centre de
récupération sera rentable d'ici deux ans au maximum. Si on est
pessimiste, cela ne me fait rien de dire même trois ans. Même le
député fédéral du comté, M. Comtois, lui
aussi, a versé des sommes aux Feuillus parce que le mouvement est fort
dans cette région et je suis extrêmement heureux que ce soit dans
mon comté que cela se fasse. Il y aura, en plus, aux Feuillus un centre
pour aider les handicapés; on va engager neuf personnes. Il y aura aussi
huit centres de handicapés et les Feuillus seront un des huit parmi les
neuf centres régionaux de récupération. Si vous ne
comprenez pas, je vous écrirai demain.
M. Paradis: Non, on va tenter de vous relire.
Généralement...
M. Blais: Cela me fait plaisir, M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ... lorsqu'on vous relit, on est plus
mélangé que lorsqu'on vous a entendu.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 600.
Finances
Finances, engagement 200, engagement 300.
M. Paradis: Engagement 300.
Le Président (M. Gagnon): Finances, engagement 300, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Supplément pour porter à 100 000 $ le
coût des services permettant l'accès aux données
spécialisées en économétrie, pour la période
du 1er avril 1981 au 31 mars 1982. Fournisseur: Conference Board. Montant de
l'engagement: 49 000 $."
Quelle est la raison de ce supplément?
M. Bérubé: C'est pour savoir à quelle
vitesse l'économie canadienne se casse la gueule; alors on se branche
directement sur le Conference Board.
M. Paradis: Oui, mais il y a dans le même mois, sauf
erreur: "Frais de cotisation du gouvernement du Québec aux services du
Conference Board" - à l'engagement 200 -pour une somme de 68 500 $. Dans
le même mois, il y a un ajout de 49 000 $. Donc, il est arrivé
quelque chose rapidement.
M. Bérubé: Ici, il s'agit de l'accès
à la banque de données spécialisées et au
modèle économétrique.
M. Paradis: D'accord, mais on avait déjà
versé de l'argent, on avait déjà versé 51 000 $
là-dedans.
M. Bérubé: Oui, parce qu'on reçoit
déjà de l'information du Conference Board.
M. Paradis: Pourquoi a-t-on un supplément de 49 000 $?
À quoi est-ce attribuable?
M. Bérubé: Maintenant, on demande l'accès
à la banque de données spécialisées et,
également, on veut l'accès à des modèles
économétriques qui appartiennent au Conference Board.
M. Paradis: Que vous n'aviez pas avant avec ce que vous
payiez.
M. Bérubé: J'imagine que nous avons nos propres
modèles et ils ont les leurs. Ah! C'est cela. L'utilisation plus grande
des services du Conference Board, à laquelle s'ajoute une augmentation
des tarifs, d'autre part.
Le Président (M. Gagnon): Habitation et Protection du
consommateur, engagement 300.
M. Blais: Je voudrais de l'information supplémentaire sur
l'engagement 300, s'il vous plaît!
Le Président (M. Gagnon): Sur l'engagement 300?
M. Blais: Oui, Conference Board.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Comment se fait-il que, dans une période
économique difficile, l'on verse de l'argent à une entreprise
comme celle-là plutôt que de l'appliquer à créer de
l'emploi?
M. Bérubé: J'avais parfaitement raison. En fait, on
verse de l'argent au Conference Board, comme je l'expliquais tantôt,
rapidement, de manière à pouvoir mesurer l'échec des
politiques fédérales en matière économique et de
pouvoir, au moins, renseigner les Québécois sur l'état
catastrophique d'une économie gérée par un gouvernement
libéral qui, soit dit en passant, est le dernier gouvernement
libéral au Canada et va bientôt disparaître. Je pense qu'un
jour on pourra demander au député de Trois-Rivières de
rédiger un livre d'histoire sur ce que fut le Parti libéral.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Est-ce que vous fournissez également aux
Québécois l'information sur la gestion désastreuse des
fonds publics par le Parti québécois, qu'il est chargé de
gérer? Vous annoncez très clairement aux Québécois
que vous mettez l'accent sur le développement culturel, c'est cela qui
va nous sortir de la crise économique, plutôt que la
création d'emplois.
M. Bérubé: En n'importe quel temps, en fait, la
rigueur de la gestion du présent gouvernement se traduit par une
réduction de la pléthore de fonctionnaires dont nous avons
hérité sous l'administration libérale.
M. Paradis: Qui sont remplacés par des contractuels, qui
coûtent plus cher.
M. Bérubé: En effet, à l'arrivée au
gouvernement, en 1970, du Parti libéral, il y avait 239 000
employés des secteurs public et parapublic, incluant commissions, cadres
et autres. En 1976, lorsque le Parti libéral a quitté le pouvoir,
il y en avait 339 000. Aujourd'hui, il y en a à peu près 335 000.
Donc, on a réduit le nombre d'employés dans le secteur
public...
M. Paradis: D'un pourcentage de combien?
M. Bérubé: II y a une diminution nette. M.
Paradis: De quel pourcentage?
M. Bérubé: Faites le calcul vous-même;
évidemment, ce n'est pas facile pour un député
libéral de faire un calcul de pourcentage, mais enfin, quand
même.
M. Paradis: Non, mais vous dites l'avoir fait, j'imagine que vous
devez l'avoir fait, M. le Président du Conseil du trésor.
M. Bérubé: Si on compare avec l'explosion des
effectifs qui a cours à Ottawa depuis un bon nombre d'années et
qui n'est absolument pas contrainte, on se rend compte que la gestion
fédérale est absolument épouvantable. Lorsque, par
exemple, le Parti libéral critique le niveau des emprunts du
gouvernement du Québec, il dit: 3 000 000 000 $ de déficit sur un
budget de 22 000 000 000 $, évidemment, c'est relativement facile de
calculer que cela représente un pourcentage de 13%, 14%. Cependant, une
administration libérale équivalente à Ottawa va faire un
déficit de 20 000 000 000 $ sur un budget d'à peu près 60
000 000 000 $, c'est-à-dire tout près de 37%, une gestion d'une
incapacité notoire...
M. Paradis: Le ministre des Finances du Québec a fait des
erreurs de calcul dans ses budgets jusqu'à maintenant de combien? Quelle
est sa moyenne depuis qu'il est là?
M. Bérubé: Très peu.
M. Paradis: Cela ne se situe pas autour de 32%?
M. Bérubé: Jamais, jamais!
M. Blais: C'est de la démagogie!
M. Paradis: Donc, le déficit accumulé...
M. Bérubé: Jamais le ministre des Finances au
Québec...
M. Paradis: ... de 18 000 000 000 $ qu'on va avoir au 31 mars est
planifié, il est voulu et c'est sain pour l'économie
québécoise?
M. Bérubé: II n'y a aucune erreur
là-dedans.
M. Blais: Ils ont fait plus que ça dans un an comme
déficit à Ottawa.
M. Paradis: Très bien.
Le Président (M. Gagnon): Si vous voulez, ça
fonctionne assez bien, mais je présume qu'on doit avoir de la
misère à nous enregistrer au journal des Débats parce
qu'on parle plusieurs en même temps.
Nous en sommes rendus à Habitation et Protection du
consommateur.
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi, sur une question de règlement.
M. Paradis: Peut-on remplacer le
député de Portneuf par le député de
Louis-Hébert?
M. Blais: II est irremplaçable; vote!
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de vote à
cette commission.
M. Paradis: Non, il n'y a pas de vote, mais comme
participant.
M. Bérubé: II faut qu'il y ait un consensus. Quelle
est la règle sur ce sujet, M. le Président?
Le Président (M. Gagnon): Je vous
suggérerais...
M. Polak: Si on a peur on dit non, si on n'a pas peur on dit
oui.
M. Blais: Là, je pense qu'on n'acceptera pas!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: ...
M. Bérubé: M. le Président, partout
où va le député de Louis-Hébert il sème la
bisbille, la zizanie et la chicane la plus totale. On le voit d'ailleurs au
sein de sa propre députation.
M. Doyon: M. le Président...
M. Bérubé: C'est vrai, M. le Président, il
n'a pas le droit de parole et je pense que c'est le temps de se vider le coeur.
Messieurs, avez-vous des choses à dire sur le député de
Louis-Hébert?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je dois vous dire que le
député de Louis-Hébert appartient, comme moi d'ailleurs,
à ce qu'on appelle la nouvelle vague. Évidemment, ça fait
peur au gouvernement parce que vous savez très bien que cette
équipe est une équipe de travailleurs et travailleuses et qu'on
veut remplir nos fonctions ici.
Le Président (M. Gagnon): On va arrêter ça
là parce que, normalement, le parti qui remplace un membre par un autre
déclare qu'il remplace un membre par un autre membre élu à
cette commission. Or, ce qui est la pratique de cette commission, compte tenu
qu'à cette commission il n'y a pas de vote, il n'y a pas de motion,
c'est tout simplement pour discuter des engagements financiers...
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que ce
n'est pas au début de la séance que de tels remplacements se font
normalement?
Le Président (M. Gagnon): En pratique ça se fait
plus souvent au début, mais ça s'est fait à tout moment,
me dit-on.
M. Paradis: C'est une jurisprudence constante.
M. Bérubé: M. le Président, vous savez que
le climat qui prévaut à cette commission est un climat de
bonhommie et d'harmonie...
M. Doyon: M. le Président, je renonce aux honoraires parce
que le député de Terrebonne est très tracassé; il
se demande si le gouvernement a les moyens de les payer.
Le Président (M. Gagnon): Nous en sommes rendus à
Habitation... Le seul souhait que je fais actuellement c'est que votre
présence nous permette d'accélérer les travaux.
M. Doyon: Comme d'habitude, M. le Président!
Habitation et Protection du consommateur
Le Président (M. Gagnon): Nous sommes rendus à
Habitation et Protection du consommateur. Engagement 300. Engagement 400.
Engagement 800. Engagement 801. Engagement 802. Engagement 803.
M. Paradis: Engagement 802.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 802, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Subvention additionnelle à l'Office municipal
d'habitation de Québec pour le paiement d'une partie,
c'est-à-dire 90% du déficit d'exploitation des immeubles qu'il
administre, pour l'année 1980. Le montant de l'engagement est de 297
666,47 $.
On est en janvier 1982; qu'est-ce qui a occasionné le retard dans
ce paiement?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: II s'agit d'ajouts de projets aux
autorisations qui étaient antérieures.
M. Paradis: Mais c'est pour l'année 1980. On paie en
janvier 1982, il doit y avoir quelque chose. A-t-on ajouté en 1981-1982
ou si on a ajouté en 1980?
M- Bérubé: Je pense qu'on va demander au
ministère; on a déjà posé cette question, mais j'ai
oublié la réponse. Il y a... (16 h 15)
M. Paradis: La réponse habituelle, je peux vous la
rappeler, les délais n'étaient pas si longs que cela.
C'était un an généralement. La réponse était
que les vérifications finales avaient pris du temps. Il y avait eu des
obstinations un peu sur les montants définitifs, mais cette fois-ci
c'est deux ans.
M. Bérubé: Non. Je ne peux pas vous dire. Je n'ai
rien indiquant pourquoi, en 1982, on ajoute des projets qui datent de 1980.
M. Blais: Mais ce n'est pas deux ans. C'est un an quand
même. Il ne faut pas exagérer. Janvier 1982. L'année 1980
finit le 31 décembre. C'est à la rigueur treize mois. Ce n'est
pas si épouvantable que cela quand même.
M. Paradis: Juste treize mois. L'intérêt sur 297 000
$, ce n'est pas tellement cher pour treize mois!
M. Blais: Poche à Pierre ou Pierre a poche, ce sont les
mêmes poches, l'habitation au Québec.
M. Paradis: Ce n'est pas notre faute.
M. Blais: C'est la congestion quand on ne comprend pas.
M. Polak: M. le Président, une question additionnelle.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, le ministre parle toujours du
fédéral, le montant qu'on y verse et le montant qu'on ne
reçoit pas en retour. Est-ce qu'il a bien pris note du fait qu'il y a
contribution fédérale, sur toutes ces catégories, de
50%?
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: II est bien heureux de cela, j'espère, parce que
moi j'apprécie cela.
M. Bérubé: Oui, c'est notre argent.
M. Polak: Excusez?
M. Bérubé: C'est notre argent.
M. Polak: C'est votre argent, ahl notre argent, oui. Le mien
aussi.
Industrie, Commerce et Tourisme
Le Président (M. Gagnon): 803. Industrie, Commerce,
Tourisme. 400. 600, 601, 602, 603, 604, 605, 606.
M. Paradis: 605.
Le Président (M. Gagnon): 605, M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Subvention à Mondor Ltée, Iberville,
dans le cadre du programme de modernisation pour les industries du textile, de
la bonneterie et du vêtement. Le montant de l'engagement est de 246 881
$." Est-ce qu'on peut savoir du député du comté qui
siège à cette commission si cette entreprise va bien
présentement?
M. Beauséjour: Oui. Que je sache, elle va bien.
M. Paradis: D'accord. Dans le cas du 606, si vous m'y autorisez?
Il s'agit...
M. Bérubé: Cela ne fait pas partie des quelque 50
000 emplois que le Canada va perdre dans le secteur du textile, comme on le
lisait dans les journaux ce matin, à la suite des politiques
fédérales?
M. Paradis: Dont 30 000 au Québec.
M. Beauséjour: Non, les politiques du gouvernement du
Québec, comme ici l'aide qu'on a apportée, permettent...
M. Bérubé: De compenser.
M. Beauséjour: ... de faire fonctionner l'industrie d'une
façon...
M. Bérubé: En fait, si je comprends bien, on passe
notre temps à réparer les erreurs des autres.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 606. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Engagement 606. "Subvention à Tapis Coronet
Inc., Farnham, dans le cadre du même programme. Le montant de
l'engagement est de 437 918 $." Est-ce que cela va également très
bien à Tapis Coronet Inc., de Farnham?
M. Beauséjour: Pour Coronet, je n'ai pas les derniers
développements.
M. Paradis: Vous n'avez pas eu les derniers
développements. Il n'y a pas eu de mises à pied
dernièrement?
M. Bérubé: Vous voulez dire que les politiques
fédérales pourraient avoir un effet nocif également
auprès de Tapis Coronet?
M. Beauséjour: Une chose est certaine. Si je me souviens
bien, est-ce que Coronet ne fabriquerait pas des tapis pour l'automobile? Quand
la vente des automobiles diminue cela affecte aussi les industries qui
fabriquent...
M. Bérubé: À ce moment-là, le
gouvernement fédéral en général donne des
subventions aux producteurs d'automobiles ontariens. On l'a vu dans le
cas...
M. Paradis: Donc, il ne devrait pas y avoir de baisse au niveau
de l'automobile, ça devrait bien aller et on se demande pourquoi il y a
des mises à pied.
M. Bérubé: Je ne pourrais pas vous dire.
M. Beauséjour: M. le Président, une chose est
certaine...
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: ... si Volkswagen, au lieu de s'installer
en Ontario, était venue s'installer à Farnham, cela aurait
même aidé les travailleurs du comté de Missisquoi.
M. Paradis: Le ministre de l'Industrie et du Commerce du
Québec a fait quels contacts avec Volkswagen?
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît, on est
à l'engagement 600.
M. Paradis: Le député d'Iberville a fait quels
contacts avec Volkswagen?
M. Blais: Le ministre M. De Bané lui-même a dit que
le fédéral avait fait ses contacts un an avant sans avertir le
Québec. Il ne faut quand même pas charrier.
M. Polak: ... Nouvelle-Écosse.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne permettrai plus de question à un
député. On questionne ici le président du Conseil du
trésor. D'accord? Si le président veut demander à un
député de répondre à sa place, c'est lui qui le
décide. Je n'accepterai donc plus de question à un
député. Engagement 607.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Bérubé: M. le Président, je n'accepte
plus de questions!
M. Polak: II s'agit ici, M. le Président, d'une
subvention...
M. Beauséjour: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville n'avait pas terminé tout à l'heure.
M. Beauséjour: Sur les questions du député
de Brome-Missisquoi. Il y a une certaine discrétion dans les
démarches du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
mais il pourra vérifier les démarches qui ont été
faites à ce niveau-là, concernant Volkswagen, si le ministre veut
bien lui dire. Maintenant, je veux lui signaler que j'ai apporté ma
calculatrice pour être sûr que mes chiffres sont toujours corrects,
parce que actuellement nous sommes dans les investissements dans le domaine de
l'industrie...
M. Bérubé: Indéniablement.
M. Beauséjour: Je les ai additionnés ici.
M. Bérubé: Ils sont trop nombreux. Surtout à
Iberville.
M. Paradis: Je vais arriver avec mes chiffres. Je les ai au
début de mon cahier.
M. Beauséjour: Je suis toujours à 7 000 000 $,
Affaires culturelles, quelque 2 000 000 $.
M. Paradis: Donc, vous n'êtes pas d'accord avec vos
collègues du trésor et le député de
Trois-Rivières à savoir qu'on doit investir plutôt dans
Industrie et Commerce que dans les Affaires culturelles. C'est là votre
avis.
M. Beauséjour: M. le Président, simplement pour
signaler qu'au cours de la discussion qu'on a eue de près de deux heures
dans la matinée sur les Affaires culturelles à comparer aux
investissements qu'il y a ici dans le domaine de l'industrie, chacun a eu une
bonne part.
Le Président (M. Gagnon): Tout ce que je souhaite, c'est
la fin de cette discussion et qu'on étudie les engagements financiers.
Engagement 607, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: II s'agit ici, M. le Président, d'une subvention
à Les Broderies Laval Ltée, de 154 500 $. J'ai une seule question
générale concernant toutes ces subventions. Qu'est-ce qu'on fait
au point de vue de la modernisation de l'industrie du textile, de la bonneterie
et du vêtement en général? Est-ce que le ministre peut nous
donner des exemples? Est-ce qu'il s'agit d'acheter de nouvelles machineries qui
produisent le
vêtement plus rapidement, plus efficacement? Qu'est-ce qu'on
demande de concret avant que quelqu'un se qualifie pour une telle
subvention?
M. Bérubé: II faudrait prendre les normes du
programme.
M. Polak: Vous êtes au courant, parce que vous êtes
pas mal omniprésent, omnipotent et conscient. Donc, sans doute que vous
devez connaître cela.
M. Bérubé: M. le Président,
j'apprécie ce témoignage d'estime du député de
Sainte-Anne à mon égard. Tout ce que je peux lui répondre
quant au programme de modernisation de l'industrie du textile, c'est qu'il vise
à accroître la productivité. Donc, l'implantation
d'équipement qui accroît la productivité et réduit
les coûts de production des industriels est acceptée.
Ce que j'attends, M. le Président, avec beaucoup
d'intérêt, c'est une subvention à Industrie et Commerce au
Parti libéral, le 800, qui vient bientôt.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 608.
M. Bérubé: C'est une subvention à une
fabrique de balais et de vadrouilles.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 609.
M. Paradis: Cela pourrait servir à faire le ménage
au Conseil des ministres péquiste.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 610, 611.
M. Polak: 611, une question.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, 611.
M. Polak: II s'agit d'une subvention à Fourrures John Toth
Corp., 91 022 $. Je me rappelle qu'il y a deux ou trois mois, quand on a
étudié la subvention, on a vu le même nom, Fourrures John
Toth Corp. Est-ce qu'il se peut qu'on donne à une même compagnie,
dans un laps de temps de deux, trois ou quatre mois, deux subventions?
M. Bérubé: C'est possible. Oui, une entreprise peut
être éligible à plus d'un programme.
M. Polak: II s'agit, de la part de la compagnie, de savoir quoi
en faire, de quel programme il s'agit.
M. Bérubé: C'est ça. En fait, de plus en
plus même, des firmes engagent des spécialistes en subventions,
qui connaissent bien les programmes gouvernementaux et qui préparent la
documentation.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 611. 800, 801,
802?
M. Polak: 802.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 802, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: II s'agit d'une subvention aux Industries provinciales
Ltée., Saint-Damien, comté de Bellechasse, de 100 000 $ pour fins
d'achat de machinerie et de moules et de modernisation de ses bâtisses de
Saint-Damien. Nombre d'emplois créés, 64. M. le Président,
peut-être que cela n'a pas été enregistré, mais
j'entends le député de Terrebonne dire: Pas encore!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne n'a pas demandé la parole. Vous avez la parole, s'il vous
plaît, cela va très bien. Si le député de Terrebonne
a des choses à dire qu'il voudrait voir enregistrer, il peut toujours
demander la parole.
M. Polak: Je suis content, M. le Président, de vous
l'entendre dire parce que je l'ai entendu même si cela n'est pas
enregistré. Ici, il y a un montant d'engagement de 100 000 $, et le
nombre d'emplois créés, 64. Est-ce qu'on a la preuve qu'il y a
vraiment 64 emplois créés? Est-ce qu'on va se servir de ce qu'on
appelle la catégorie des "tablettés" pour faire le "spotcheck",
comme on dit en anglais, afin de vérifier vraiment si cet argent est
destiné aux compagnies qui créent de l'emploi?
M. Bérubé: Vous voulez savoir si nous allons
engager des fonctionnaires pour compter les emplois créés dans
cette entreprise?
M. Polak: Non, je voudrais simplement savoir - j'ai
demandé deux choses - si la note privée que le ministre a devant
lui démontre qu'il y a 64 emplois de créés.
M. Bérubé: Comme il s'agit d'une promesse de
subvention, au moment où la promesse est faite, les emplois ne sont pas
encore créés.
M. Polak: II s'agit d'une promesse du bénéficiaire
qui dit: Si le gouvernement me donne 100 000 $, je vais créer 64
emplois. Est-ce cela?
M. Bérubé: C'est ce qu'il faut présumer,
oui. Il a une facilité de compréhension absolument remarquable,
le député de Sainte-Anne, qui cet après-midi
est beaucoup plus rapide que ce matin.
M. Polak: Merci. Maintenant, je voudrais savoir quel
système de vérification existe après le fait pour
vérifier qu'on ne nous triche pas quand on dit: J'obtiens 100 000 $, je
vous promets 64 emplois, tandis qu'en vérité il n'y a aucun
emploi de créé. D'ailleurs, je dois vous dire - j'ai
vérifié moi-même, mais je n'ai pas le droit de vous
révéler le renseignement que j'ai obtenu - qu'il n'y a pas 64
emplois créés à cette compagnie-là. Est-ce qu'il
s'agit, encore une fois, d'une erreur? On parle peut-être des emplois
retenus et non créés.
Deuxièmement, est-ce que le président du Conseil du
trésor est prêt à recommander à son collègue
de l'Industrie, du Commmerce et du Tourisme de mettre sur pied le
système de vérification en se servant des tablettés? Il y
a tout de même des fonctionnaires qui sont capables, qu'on paie, qui ne
font rien du tout. De temps en temps, on pourrait les envoyer quelque part,
à Montréal et Québec - on n'a pas besoin de voyager
partout dans la province - pour vérifier, au point de vue de la
création d'emplois, quelle est la situation actuelle vu qu'on donne 200
000 000 $ par année de ces subventions.
M. Bérubé: Oui, les questions sur les
méthodes de contrôle ont déjà été
posées au ministère.
M. Polak: Je dois comprendre que ma suggestion est
acceptée.
M. Bérubé: Deuxièmement, en tant que
président du Conseil du trésor nous ne mettrons pas en place une
mécanique pour aller mesurer le nombre d'emplois crées à
la suite de l'octroi d'une subvention, à moins que, dans le
critère pour calculer la subvention, il y ait un nombre d'emplois de
prévu.
M. Paradis: C'est peut-être un peu... Excusez.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert avait demandé la parole.
M. Doyon: Allez-y.
Le Président (M- Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: C'est peut-être un peu l'essentiel de la
question sur ces subventions aux industries. On sait que la création
d'emplois, parce que vous nous l'avez dit, parce qu'on a vérifié
au programme, n'est pas un critère; qu'est-ce qu'on attend pour en faire
un critère dans la situation économique actuelle?
M. Bérubé: Toutes les subventions que l'on donne ne
peuvent pas nécessairement avoir comme objectif la création
d'emplois. Elles peuvent avoir comme objectif la modernisation des entreprises
de manière à protéger les emplois.
M. Paradis: Je suis d'accord avec le président du Conseil
du trésor...
M. Bérubé: Si vous êtes d'accord, parfait, on
pourra changer de sujet.
M. Paradis: Ce que je ne retrouve pas au ministère de
l'Industrie et du Commerce c'est ce genre de programme qui vise la
création d'emplois dans le contexte actuel. Que vous en ayez un à
un moment donné qui vise l'innovation technologique strictement et que
cela ne crée pas d'emploi, ça pourrait être acceptable,
mais on voudrait savoir quelle importance le gouvernement du Québec
accorde à la création d'emplois au Québec.
Présentement, on dirait que le gouvernement se défile, que le
gouvernement se faufile, que le gouvernement se contente de réponses
vagues à ces questions; on voudrait, nous du Parti libéral, que
ce soit vraiment un programme bien identifié avec des
vérifications pour qu'il y ait vraiment de la création d'emplois
au Québec.
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: Vous nous dites que ce n'est pas toujours possible,
on est d'accord avec vous M. le président du Conseil du trésor,
mais si ce n'est pas toujours possible ça veut dire que des fois c'est
possible; alors quel effort faites-vous dans ce sens-là?
M. Bérubé: Tous les efforts valeureux de l'actuel
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui, comme on le sait,
sont couronnés de succès tel qu'en témoignait
récemment la Chambre de commerce de Montréal, qui demandait au
premier ministre de confirmer l'actuel ministre dans ses fonctions.
M. Doyon: Ailleurs, on mange de la galette.
M. Bérubé: Je dois donc en conclure que l'actuel
ministre de l'Industrie et du Commerce qui, comme on le sait, était un
industriel avant de se lancer en politique, propriétaire d'une assez
grande entreprise de fonderie...
M. Paradis: À qui l'a-t-il vendue?
M. Bérubé: II connaît bien le secteur
industriel, beaucoup mieux que le député de Brome-Missisquoi, qui
est un plaideur habile mais dont les connaissances dans le domaine
économique ne sont pas de grande réputation.
M. Paradis: Combien d'emplois avez-vous contribué à
créer au Québec avant que vous soyez en politique, M. le
ministre?
M. Bérubé: Un grand nombre d'emplois par suite tant
des brevets que des chercheurs que j'ai contribué à former au
Québec.
M. Paradis: Mais, directement, vous ne vous êtes pas
impliqué? Je veux dire prendre le risque d'une affaire, d'une
entreprise, cela ne faisait pas partie... Non, je comprends. (16 h 30)
M. Doyon: ... simplement au niveau de la rédaction et de
la présentation de ces choses-là. Le ministre fait grand
état ici dans les engagements 800, 801, etc., du nombre d'emplois
soi-disant crées même si on a des doutes là-dessus et qu'on
n'est pas très sûr, enfin, on est presque sûr que ce ne sont
pas des emplois créés mais probablement des emplois qu'on essaie
de conserver en tenant pour acquis que... M. le ministre va reconnaître
avec moi qu'une personne qui est à la recherche d'une subvention va
probablement tenter de présenter un tableau qui va être de nature
à convaincre les fonctionnaires et les ministres de lui accorder la
subvention qu'il demande. Quel meilleur moyen, M. le ministre, que de vous
faire croire ce que vous êtes déjà prêt à
croire, soit qu'il y aura des emplois de plus? Il y a une vieille technique,
qui est fréquemment utilisée, le meilleur moyen d'être cru
c'est très souvent de dire ce que l'autre personne veut s'entendre dire.
Je vous soumets que, dans ce cas, c'est ça.
La question que je veux poser au ministre, M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): À quel engagement
êtes-vous?
M. Doyon: Je suis à 801, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): 801.
M. Doyon: Je remarque qu'on soutient là-dedans que 25
emplois sont créés. Je demande au ministre - c'est simplement au
niveau de la présentation des documents que nous avons devant nous -
pourquoi dans d'autres subventions, par exemple si je me réfère
à l'engagement 606 que nous avons étudié, pourquoi il
n'éclaire pas cette commission de façon qu'on sache. Ce n'est pas
clair. Quand on regarde le document comme tel, il n'est pas clair qu'il n'y a
pas d'implication d'emplois nouveaux dans les programmes antérieurs:
605, 606, etc. Est-ce que ce n'est pas trompeur, jusqu'à un certain
point d'insister indûment sur le fait que certains programmes - et on se
dépêche de l'écrire - visent à préserver ou
à créer soi-disant de nouveaux emplois alors qu'on est muet sur
des programmes autres que ceux que nous étudions présentement -
605, 606, 607 - où finalement on ne parle que de modernisation et on ne
parle pas d'emplois? Je pense que l'honnêteté voudrait que, quand
il n'y a pas d'emplois de créés, on l'indique et quand on
prétend qu'il y en a et qu'on tente de faire avaler à la
population des programmes comme ceux qui sont indiqués ici à 800
et suivants, on le dit. Quand il n'y a pas d'emplois de créés,
est-ce que la simple honnêteté ne voudrait pas qu'on l'indique
aussi, M. le Président? Il y aurait avantage à le faire, cela
éclairerait les débats, on verrait la différence de nature
des programmes qui sont présentés. Là, on s'en va avec des
programmes qui sont prétendument créés,
prétendument préservés et d'autres programmes qui ne
parlent tout simplement que de modernisation, etc. S'il y a une raison
derrière cela, qu'on la fasse connaître et, s'il y a moyen
d'améliorer cela, le ministre pourrait peut-être y voir. Compte
tenu du fait qu'il est très volubile sur l'utilité des programmes
qu'il nous présente, peut-être qu'il pourrait éclairer la
commission quand il n'y a pas d'emplois de créés, pas d'emplois
de préservés et le dire tout simplement. Je pense que ce serait
plus honnête, ce serait plus juste et on saurait où on s'en
va.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: On peut excuser le député
de Louis-Hébert de reprendre des questions -je ne dis pas qu'elles ne
sont pas fondées -qui ont déjà été
longuement discutées à cette commission. Je dirais seulement que
les cahiers des normes des programmes, qui ont été
distribués aux membres de l'Opposition ainsi qu'aux
députés de notre parti, indiquent à plusieurs endroits que
le nombre d'emplois créés n'est pas une norme utilisée
dans le calcul de la subvention. La subvention peut être versée
sur la base d'un investissement, en pourcentage, avec des objectifs, enfin, il
y a un ensemble de clauses.
Par conséquent, comme tel, le nombre d'emplois
créés dans certains cas, n'influe pas sur le montant de la
subvention. Il s'ensuit que nous n'avons pas le nombre d'emplois
créés pour la majeure partie de ces subventions que nous
accordons, le nombre d'emplois n'étant pas un critère. Toutefois,
l'Opposition, à intervalles réguliers lorsqu'on donne une
subvention à une entreprise, demande: Combien va-t-il y avoir d'emplois
créés? Pour, essentiellement, se conformer à cette demande
de l'Opposition, nous demandons à la SDI de poser la question
carrément à l'entreprise et, en
remplissant la formule, d'indiquer le nombre d'emplois qu'elle compte
créer par ce projet, de manière à pouvoir vous indiquer un
chiffre dans la marge. Il est possible que l'interprétation que donnent
les entreprises du nombre d'emplois soit très variable. Certains de ces
emplois sont des emplois à temps plein pour du personnel
régulier, dans d'autres cas, il s'agit d'emplois à temps partiel,
dans d'autres cas, il s'agit d'emplois de construction.
Il y a une quantité de définitions de termes pour les
emplois, et, évidemment, nous avons un nombre d'emplois
créés. Je n'ai pas avec moi un texte rédigé par la
compagnie définissant exactement ce qu'elle entend par "emplois
créés". Car, il y a des cas où, par exemple, une
entreprise menacée de fermeture va utiliser l'argument, pour justifier
son point de vue, que, si elle n'obtient pas la subvention, elle va devoir
fermer ses portes et qu'on va perdre 50 emplois. À la question: Combien
d'emplois allez-vous créer? essentiellement la firme dit: C'est bien
simple; cette subvention va permettre de garder ou de créer des emplois
pour ces 65 personnes ou ces 15 personnes. Donc, dans certains cas, ce sont des
emplois existants; dans d'autres cas, ce sera du personnel qui avait
été mis à pied qui sera repris. Alors, c'est une question
très vague. Il y a seulement dans le cas de programmes où l'un
des critères pour le calcul de la subvention est le nombre d'emplois
où, là, on devra définir précisément ce
qu'est un emploi, sa durée, etc. Là, c'est normal, il y aura un
contrôle par l'administration de la création réelle de ces
emplois de telle sorte que la subvention soit versée en
conformité avec les règlements et la loi. C'est pour cette raison
que je préférerais quant à moi que, dans tous les cas de
subventions où le nombre d'emplois créés n'a pas
d'incidence sur le montant de la subvention, on enlève la mention. Je
vais demander effectivement au ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme de faire sauter la mention "nombre d'emplois créés"
de manière que l'on n'ait pas cette perpétuelle discussion autour
du nombre d'emplois créés là où l'information est
finalement une information préparée par l'entreprise et sur
laquelle on a relativement peu de contrôle.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 802.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, sur une question de règlement.
M. Polak: Le ministre vient de dire qu'il va suggérer que
la mention "nombre d'emplois" soit enlevée. M. Bérubé:
Oui.
M. Polak: Comme j'ai déjà dit dans le passé,
je m'opposerai formellement.
M. Bérubé: Non, on va le faire. Je ne veux plus
l'entendre, cette question.
M. Polak: Vous allez le faire, mais votre confrère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, quand j'étais à la
commission parlementaire des crédits il y a un mois ou deux, a dit
exactement le contraire de ce que vous dites; il a dit que, dans ce programme,
c'est le nombre d'emplois qui est le facteur déterminant. C'est cela
qu'il a dit. En fait, il a même dit qu'on avait parfaitement raison,
nous, de l'Opposition, de faire la distinction entre "emplois
créés" et "emplois retenus" et qu'on va faire la distinction
à ce point de vue. Si vous ne mentionnez pas à l'avenir le nombre
d'emplois créés, même fautif, cela veut dire qu'on n'a plus
de chance de poser de questions là-desssus. À la fin de
l'année, vous allez tout de même dire à la population: 25
000 emplois créés. Et on n'a même pas la chance de dire:
C'est un mensonge, ce n'est pas vrai. Tandis qu'ici, au moins, on peut faire la
démonstration que ce n'est pas vrai.
M. Bérubé: Non, je vais demander au
ministère...
M. Polak: Si vous enlevez cela, vous enlevez un droit
démocratique à l'Opposition de vous questionner sur cela parce
qu'il s'agit d'erreurs. On a droit d'avoir la possibilité de
démontrer qu'il s'agit d'erreurs.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 803.
M. Paradis: Pardon, M. le Président, sur la
même...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: D'accord, sur la même...
Le Président (M. Gagnon): Sur l'engagement 801.
M. Paradis: Oui. Je veux qu'on s'entende clairement. L'Opposition
demande au ministre, président du Conseil du trésor, qu'on sache
vraiment ce qui arrive au niveau des emplois dans les entreprises qu'on
subventionne. Si ces créations sont de zéro; que ce soit
indiqué "création: zéro"; si c'est "création: 100"
que ce soit indiqué "création: 100"; si c'est pour le maintien de
120
emplois qu'on a été obligé d'injecter des fonds
publics pour éviter des mises à pied, qu'on nous dise toute la
vérité. La réaction du ministre titulaire à la
commission parlementaire de l'industrie, du commerce et du tourisme fut de
dire: Oui, c'est un facteur important et oui, c'est un facteur auquel, dans la
crise économique, il faut donner encore plus d'importance. La
réaction du président du Conseil du trésor est de dire:
Non, ce n'est pas un facteur important et, à part cela, on ne le
marquera plus pour que vous ne posiez plus de questions là-dessus.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Paradis: Qui est-ce qui mène là-dedans? Va-t-il
falloir remonter au premier ministre?
M. Bérubé: Au président du Conseil du
trésor.
Une voix: Un autre aspirant au poste.
M. Bérubé: Non. Strictement parlant, quand il y
aura une norme dans le programme qui fera en sorte que la subvention est
reliée au nombre d'emplois créés, j'aurai la
réponse sur le nombre d'emplois créés. Dans tous les
autres cas où le nombre d'emplois créés ne sera pas une
condition à la subvention, la référence au nombre
d'emplois sera enlevée.
M. Paradis: Ce qu'on sait tout le monde ensemble autour de la
table c'est que dans ces programmes-là, comme le programme à
l'exportation, le programme à l'innovation, etc., il n'est pas question
que le nombre d'emplois, maintenus ou créés, soit
considéré comme une norme; donc, il n'y a pas de programme au
ministère de l'Industrie et du Commerce qui vise la création
d'emplois au Québec. Belle orientation!
M. Bérubé: Parfait, alors ça va. Dans tous
ces cas-là, si le nombre d'emplois créés ne fait pas
partie des critères utilisés par le ministère, nous ferons
disparaître la mention du nombre d'emplois créés.
M. Paradis: Nous autres on se réserve le droit de vous
demander si cela en a maintenu et si cela en a créé. Ce seront
des questions additionnelles à chaque fois.
M. Bérubé: C'est cela, on posera la question.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 802, 803, 804,
805.
M. Middlemiss: Engagement 805.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 805, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: "Subvention à Tri-Steel Inc.,
Montréal, sous forme d'une prise en charge d'une partie du coût
d'un d'emprunt de 1 650 000 $ contracté pour fins d'achat de machinerie
et d'agrandissement de sa bâtisse de Montréal." On voit que la
nature de l'entreprise est la fabrication de pylônes. Est-ce que c'est le
même genre de pylônes pour la communication que Captel? On nous a
dit ce matin que Captel était la seule entreprise qui fabriquait des
pylônes.
M. Bérubé: Alors, vous voulez savoir quel genre de
pylône elle fabrique?
M. Middlemiss: C'est cela.
M. Bérubé: Et est-ce que les pylônes
fabriqués par cette compagnie sont les mêmes que les pylônes
fabriqués par la compagnie Captel...
M. Middlemiss: ... Inc., de Trois-Rivières.
M. Bérubé: Oui, et est-ce qu'elle peut les
installer?
M. Middlemiss: C'est cela. Si ce n'est pas les installer, au
moins les fabriquer. On pourrait partager cela, encourager les gens à
qui on donne des subventions pour des pylônes.
Le Président (M. Gagnon): De 805 à 812, est-ce
qu'il reste d'autres questions? Une question, M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: À 805, j'ai une question additionnelle. Pour une
somme de 392 800 $, on a écrit ici "Nombre d'emplois crées: 95."
Je pose une question, et j'avertis le ministre; si à l'avenir on veut
enlever cette notion-là je vais poser la même question à
chaque article.
M. Bérubé: Parfait.
M. Polak: Je vais vous dire une chose: Je n'ai rien contre le
fait d'enlever la mention, mais à la condition que vous ou votre
collègue de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, à la fin de
l'année, ne disiez pas: Voici la liste des emplois créés.
On joue le jeu correctement, je n'ai aucune objection, on va enlever tout cela,
mais vous ne le mentionnerez pas à la fin de l'année. Cependant,
si vous avez fait la mention: Combien d'emplois créés? Je vous
avertis maintenant qu'on va travailler bien lentement parce qu'on va prendre
chaque article un par un.
M. Bérubé: Pas de problème.
M. Polak: Donc, même si vous dites que c'est vous qui
contrôlez le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, je ne
vous crois pas.
M. Bérubé: Non, la commission des engagements
financiers.
M. Polak: On va attendre. Demain il y aura la grande
conférence de presse et on saura ce qui va arriver.
Maintenant, est-ce que le ministre a quelque chose dans ce document
privé pour indiquer qu'on a vraiment 95 emplois créés? Je
considère que c'est un grand nombre d'emplois créés.
M. Bérubé: Non, il n'y a rien.
M. Polak: Excusez, M. le Président, tout à l'heure
le président du Conseil du trésor a mentionné la
présence de deux indépendants, maintenant on a la présence
du président de l'Assemblée.
M. Bérubé: Alors, une minute de silence, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): De 805 à 812, est-ce
qu'il y a d'autres questions?
M. Polak: Oui, j'ai juste une question.
M. Bérubé: Faut-il s'agenouiller, M. le
Président?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, je me demande si je n'ai pas enlevé la parole au
député de Pontiac tantôt.
M. Middlemiss: Non.
Le Président (M. Gagnon): J'ai l'impression qu'on ne l'a
pas entendu beaucoup tout à l'heure.
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président, et de directive en même temps.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, nous sommes
placés dans une situation un peu délicate où, assis
à notre table, comme le soulignait le député de
Sainte-Anne, il y a maintenant deux présidents. Existe-t-il une
hiérarchie au sein de la présidence en vertu de laquelle nous
pourrions savoir à qui nous devons nous adresser afin de renverser une
décision? Ce serait utile, M. le Président, que vous nous
éclairiez.
M. Polak: Notre commission est indépendante.
Le Président (M. Gagnon): Ce que je peux vous dire, c'est
que lorsque j'agis comme président de commission parlementaire, je fais
partie de l'équipe de la présidence, sous la direction du
président de l'Assemblée nationale. Est-ce que je me trompe de
donner cette interprétation, M. le président? (16 h 45)
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Aux engagements 806 à 811, on parle de
prêts. Quel est le taux d'intérêt que les ministères
facturent à ces compagnies quand elles remboursent plus tard?
M. Bérubé: C'est défini dans le programme.
On pourrait demander plus spécifiquement dans ce cas. À 805, quel
est le taux d'intérêt sur le prêt? Il y a souvent des
subventions d'intérêt, mais pas toujours.
M. Middlemiss: M. le Président, je crois que le
député de Sainte-Anne parlait de 606, parce qu'avant 606, ce sont
les subventions, et après 606, ce sont les prêts.
Le Président (M. Gagnon): Nous sommes rendus à
806.
M. Middlemiss: Oui, d'accord, 806. Excusez-moi. À 805, ce
sont les subventions, et à 806, ce sont les prêts.
M. Bérubé: C'est l'expansion de l'entreprise
manufacturière innovatrice. Si je ne me trompe, PME innovatrice, cela
veut dire congé d'intérêt les deux premières
années, et 10% les années subséquentes. Enfin, on va
demander de vérifier les conditions du programme. Notez bien que vous
avez dans vos cahiers les normes du programme PME innovatrice.
Le Président (M. Gagnon): Avons-nous terminé les
questions sur l'Industrie, Commerce et Tourisme?
Institutions financières et
coopératives
Institutions financières et Coopératives, 400.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: À 400, "Soumissions sur invitation: Contrat de
services pour agir à titre de conseiller dans l'élaboration d'un
règlement concernant les états financiers et les méthodes
d'évaluation de l'actif et du passif de la Caisse centrale Desjardins.
Fournisseur choisi: Charette, Fortier, Hawey et Cie/Touche Ross et Cie,
Montréal.
Montant de l'engagement: 70 000 $. Propositions demandées, 9.
Propositions reçues, 7. Choisi par un comité de
sélection."
Est-ce que les compagnies invitées soumissionnaient
également sur le prix?
M. Bérubé: Oui.
M. Paradis: Les autres soumissions étaient à quel
prix?
M. Bérubé: Je ne le sais pas.
M. Paradis: Est-ce qu'on a pris la plus basse des
soumissions?
M. Bérubé: II faut demander. M. Polak:
Question additionnelle.
M. Bérubé: Un instant. 10 points pour la
compréhension du mandat et la présentation générale
de l'offre; 10 points pour le mode d'organisation proposé; 55 points
pour la qualification de l'équipe, au point de vue de la formation et
des connaissances; 10 points pour le niveau des honoraires par rapport à
la réglementation; 5 points pour la disponibilité et 10 points
pour l'expérience de la firme dans ce genre de projet. On a donc pris
celle qui avait le plus haut pointage, et non pas celle qui avait
nécessairement le plus bas. Je peux vérifier cependant.
Donc, Charette, Fortier, Hawey n'est pas le plus bas soumissionnaire. Il
n'est pas loin par contre.
M. Paradis: II y a combien de différence?
M. Bérubé: II obtient 8,5 alors que d'autres firmes
ont obtenu 10. Donc, d'autres firmes ont soumissionné
légèrement plus bas.
M. Paradis: En argent sonnant?
M. Bérubé: Je n'ai pas les...
Un instant. Ce sont des taux horaires.
M. Paradis: Ce ne sont pas des totaux de...
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Gagnon): Une question additionnelle.
M. Bérubé: Donc, en réponse à votre
question, ce n'est pas celui qui a soumissionné les plus bas taux, mais
c'est celui qui, pour l'ensemble du projet, a présenté la
meilleure proposition.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Est-ce que le ministre a ce renseignement dans ses
notes privées? Pourquoi faut-il un règlement concernant les
états financiers de la Caisse centrale Desjardins? Est-ce parce qu'on
n'a pas confiance en son système? Ou est-ce anormal?
M. Paradis: C'est pour éviter qu'il arrive ce qui s'est
produit à la caisse d'entraide.
M. Bérubé: C'est le rôle du ministère
des Institutions financières et Coopératives d'exercer un
contrôle continu. On nous dit que la Caisse centrale Desjardins va avoir
pour tâche d'administrer une partie importante des liquidités des
caisses qui sont affiliées à la confédération et
que ces liquidités vont être recyclées vers la caisse
centrale au moyen de souscription de parts sociales. On dit que la loi
prévoit qu'il ne peut pas être payé un intérêt
sur les parts sociales lorsque la caisse verrait son capital social
entamé par de tels versements. À ce moment, la loi prévoit
que le gouvernement peut, par règlement, vérifier la valeur des
actifs et passifs de la caisse de manière à s'assurer que la loi
est bel et bien respectée. En d'autres termes, la caisse centrale ne
peut pas verser d'intérêt sur les sommes qui y sont
déposées si ceci a comme conséquence d'entamer le capital
social.
Justice
Le Président (M. Gagnon): Justice, engagement 200. Le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Soumissions publiques. Contrat pour l'achat de 15
000 mètres de tissu, serge de laine et polyester, pour les besoins de la
Sûreté du Québec. Seul soumissionnaire: Satexil Inc.,
Grand-Mère, comté de Laviolette. Montant de l'engagement: 165 900
$."
Est-ce qu'on a une estimation au ministère?
M. Bérubé: De?
M. Paradis: Du prix. Parce qu'il s'agit du seul
soumissionnaire.
M. Bérubé: II faudrait demander à quel prix
le ministère avait estimé ce coût?
M. Paradis: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Une question
additionnelle.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce qu'il s'agit ici de tissu pour les chemises des
policiers?
M. Bérubé: Laine et polyester.
M. Polak: Je me rappelle on a eu un autre article semblable pour
les chemises.
M. Bérubé: Chemises de laine, c'est douteux.
M. Polak: C'était pour les uniformes... M.
Bérubé: II y a eu des chemises.
M. Polak: Ici il s'agit de quoi? Que font-ils avec 15 000
mètres de tissu.
M. Bérubé: Je n'ai pas plus de détails.
M. Polak: Non, non les tailleurs, on a eu cela aussi, je me
rappelle la date. On a aussi eu le textile, les tissus auparavant. La compagnie
DuPont je me le rappelle très bien.
Il s'agit de quoi ici? Que va-t-on faire avec ce tissu?
M. Bérubé: II ne peut s'agir que d'uniformes.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On achète le tissu, mais qui confectionne ces
uniformes-là?
M. Bérubé: C'est peut-être les officiers dans
leurs temps libres. Il doit y avoir un autre contrat de couture.
M. Blais: Une question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Ce serait plutôt une question de directive. Je
m'excuse.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais demander si nous siégons ce soir.
Le Président (M. Gagnon):
Normalement, oui.
M. Blais: J'aimerais savoir si on pourrait arrêter à
six heures, ne pas siéger ce soir et reprendre le temps perdu en
commençant une demi-heure plus tôt demain matin ou en prenant une
demi-heure de moins pour dîner, etc. Je ne sais pas si l'Opposition
pourrait être d'accord là-dessus?
M. Paradis: C'est qu'on est pas mal en retard. Au rythme
où on va là, on devrait finir janvier cet après-midi. On
pourrait amorcer février ce soir et, possiblement, faire trois mois en
deux jours, cette fois-ci, pour nous rattraper. Si on coupe sur notre temps, on
ne pourra, je pense...
M. Blais: Sans couper, je suggérerais, si c'est possible,
on peut tous s'entendre - cela me permettrait d'aller dans mon comté ce
soir - de terminer à six heures, commencer à 9 h 30 demain matin,
ne prendre qu'une heure et demie pour dîner et ne prendre qu'une heure et
demie pour souper demain soir. On reprendrait nos deux heures, mais on aurait
notre soirée ce soir.
M. Bérubé: À moins que l'on mette le
député de Terrebonne au courant de nos discussions, demain matin,
à son arrivée.
M. Paradis: On pourrait faire des arrangements avec le journal
des Débats pour qu'il y ait des transcriptions...
M. Blais: Par devoir, je ne voudrais pas ne pas être ici
quand vous siégez. Quand vous siégez, je tiens à y
être, parce que ce sont mes responsabilités et je tiens à
les prendre. Je le demande.
Le Président (M. Gagnon): Une suggestion, plutôt que
de terminer à 18 heures, on pourrait terminer à 19 h 30 ou 20
heures et aller souper après seulement. Est-ce que cela vous
libérerait assez vite?
M. Blais: Moi, ça me libérerait, mais j'ai
l'impression que mon président et patron a déjà un
rendez-vous.
M. Bérubé: J'ai un rendez-vous, mais je peux le
faire annuler. Non, on le remettra à demain.
M. Blais: Cela, j'aimerais beaucoup.
Le Président (M. Gagnon): Alors, ce serait
réglé? À 19 h 30?
M. Bérubé: Sur ce consensus...
M. Paradis: À 19 h 30, puis demain matin on reprend
à 9 h 30. On ne perd pas de temps.
Le Président (M. Gagnon): 9 h 30, ce qui ferait
récupérer l'autre demi-heure.
M. Blais: On ne perd aucune seconde.
On pourrait aussi accélérer les questions, cela irait plus
vite.
M. Polak: Cela dépend du ministre et du
député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Gagnon): Loisir, Chasse et Pêche,
engagement 300. Revenu, engagement 300.
Transports
Transports, engagements 200, 201, 300. M. Middlemiss: Engagement
300.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci. "Supplément pour porter à 7
051 257,95 $ le coût des travaux de terrassement, de structure de
chaussée, d'embellissement, de construction de ponts d'étagement,
d'éclairage routier et de supersignalisation sur l'autoroute no 10-55 et
divers raccordements, dans les municipalités de Rock Forest et de
Saint-Élie-d'Orford paroisse, comté d'Orford. Montant de
l'engagement: 60 719,12 $. Le contrat initial a été
accordé à l'entreprise Blanchet Ltée, Beauport,
comté de Montmorency, à la suite de soumissions publiques."
Peut-on nous donner les raisons du supplément?
M. Bérubé: Oui, à la fin du contrat,
l'entrepreneur a soumis au gouvernement une réclamation au montant de
817 193,92 $ portant sur 40 points de réclamation. Le contentieux du
ministère des Transports a examiné cette demande et a
recommandé d'y faire droit pour un montant de 170 570,74 $
représentant sans doute des coûts additionnels jugés
raisonnables.
M. Middlemiss: Dans quel domaine des travaux?
M. Bérubé: II faudrait demander au ministère
pour avoir la description de ces réclamations jugées
acceptables.
M. Middlemiss: Peut-on supposer que les 817 193,92 $
étaient la seule réclamation de supplément ou si c'est le
premier supplément qui est arrivé à la fin?
M. Bérubé: Ce n'est pas vraiment une
réclamation de supplément. L'entreprise a estimé qu'elle
avait assumé des coûts additionnels qui n'avaient pas
été prévus dans le contrat. Le ministère a
contesté cette réclamation de la part de l'entrepreneur, mais en
a reconnu néanmoins pour 170 000 $ comme étant valables. Il a
dû se produire que l'entrepreneur a dépensé beaucoup plus
que ce qu'il avait estimé dans sa soumission publique. Toutefois, le
ministère a estimé que peut-être effectivement avait-il eu
des frais additionnels, mais qu'il n'était pas responsable de ces frais
additionnels et que l'entrepreneur avait mal soumissionné purement et
simplement, d'une part; d'autre part, il devait y avoir un certain nombre de
choses où le ministère a jugé qu'effectivement les
coûts additionnels avaient été entraînés de
par la responsabilité du ministère et il a décidé
de payer.
M. Middlemiss: A-t-on le coût du contrat initial, le
montant soumissionné?
M. Bérubé: Oui, contrat de 6 000 143 $.
M. Middlemiss: Auquel on a ajouté 10%?
M. Bérubé: Oui, j'imagine.
M. Middlemiss: Serait-il possible de savoir quels étaient
les deuxième et troisième soumissionnaires et leur soumission
originale?
M. Bérubé: Oui, on pourrait demander le nom et le
prix des autres soumissionnaires lorsque le contrat a été
accordé.
M. Middlemiss: Seulement le deuxième et le
troisième.
M. Bérubé: Oui.
M. Middlemiss: Le nom et le montant des deuxième et
troisième soumissionnaires.
M. Bérubé: II faudrait demander tous les
soumissionnaires. Il faudrait avoir la liste des soumissionnaires et les prix
pour lesquels ils ont soumissionné.
M. Middlemiss: Si l'on a le deuxième et le
troisième, on peut voir l'écart, normalement.
M. Bérubé: Oui, mais on n'a pas le premier ici.
M. Middlemiss: Ce n'est pas le premier? Je croirais qu'on a
donné ça au premier.
M. Bérubé: II faudrait voir.
M. Middlemiss: Entreprises Blanchet Ltée.
M. Bérubé: II faudrait voir. Il a pu y avoir des
modifications après coup. Cela arrive fréquemment qu'on va en
soumissions publiques, on choisit le plus bas
soumissionnaire et, subséquemment, on décide de modifier
le mandat; on ajoute 500 pieds de route additionnels et on modifie le mandat en
conséquence, mais sans retourner en soumissions. Pour être
sûr de ne pas se tromper, il faudrait d'abord avoir tous les
soumissionnaires.
Le secrétaire: Portant sur le contrat original.
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Middlemiss: Je vous ai demandé le montant du contrat
original. Vous avez dit 6 143 000 $.
M. Bérubé: Oui.
M. Middlemiss: On a accordé le contrat sans
négociation. Il a pu avoir augmenté après cela. C'est cela
que vous me dites?
M. Bérubé: C'est cela. C'est le montant initial du
contrat.
Le Président (M. Gagnon): Si vous me permettez, avant
d'entreprendre un autre engagement, j'ai le goût de vous suggérer
qu'on suspende les travaux pour cinq minutes, comte tenu qu'on va se rendre
jusqu'à 19 h 30. Je pense qu'il y en a qui aimeraient bouger un peu. Il
y a peut-être des appels téléphoniques urgents. Mettons dix
minutes. On reprendra à 17 h 10. Merci.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise de la séance à 17 h 20)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Pour les engagements du ministère des Transports, j'aimerais
demander aux membres de l'Opposition les questions qu'ils ont à poser,
plutôt que d'énumérer les engagements les uns après
les autres, on va aller directement à ceux sur lesquels vous avez des
questions à poser. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Engagement 402. "Contrat de services pour agir
à titre de géographe au sein d'une équipe
pluridisciplinaire mise sur pied dans le cadre du programme de construction
d'aéroports dans quinze villages nordiques, pour une période de
deux ans. Fournisseur: M. Jacques Brouard. Montant de l'engagement: 95 000 $."
Il s'agit d'un contrat négocié.
De quelle façon a-t-on recruté M. Jacques Brouard?
M. Bérubé: C'est en dérogation, ils ne sont
pas passés par le fichier. La raison pour laquelle ils ont retenu M.
Brouard, c'est que M. Brouard a précédemment eu l'occasion de
travailler dans le Nord et qu'il a appris la langue inuite.
M. Paradis: C'était essentiel d'avoir la connaissance de
la langue pour exécuter des travaux de géographe?
M. Bérubé: Comme vous le savez, il est question de
réaliser un ensemble de travaux de réfection de pistes
d'aéroports dans les communautés inuites. Ces pistes sont
évidemment un instrument essentiel de communication, puisqu'il n'y a pas
d'autres moyens de communication. Au lieu de les construire n'importe
où, elles se font en concertation avec les gens, alors ils ont
cherché quelqu'un qui avait des connaissances du Nord. Je n'ai pas son
curriculum vitae, mais je suppose que M. Brouard a dû travailler pour le
Centre d'études nordiques ou quelque chose comme ça. C'est donc
un bonhomme qui travaille dans le Nord, il est
géomorphologue-géographe. La principale raison qu'on nous indique
c'est que, d'une part, il a une bonne connaissance de ce type de projet et,
d'autre part, il parle la langue inuite.
M. Paradis: D'accord.
Le Président (M. Blais): Engagement 600.
M. Paradis: Engagement 604.
Le Président (M. Blais): Engagement 604, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: "Soumissions sur invitation. Contrat pour travaux
d'enlèvement des ordures dans diverses municipalités de divers
comtés du district 20 pour une période de trois ans. Plus bas
soumissionnaire: C. Robitaille Transport Enrg., Québec. Montant de
l'engagement: 49 600 $."
Quelle est la localisation géographique du district 20 du
ministère des Transports?
M. Bérubé: Québec.
M. Paradis: Région de Québec?
M. Bérubé: Oui, le bureau régional de
Québec est subdivisé comme suit: La Malbaie, Québec,
Cap-Santé, Hauterive, Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre. C'est la
région de Québec.
M. Paradis: Mais pourquoi est-ce le gouvernement du Québec
qui assume les frais de l'enlèvement d'ordures dans ces
municipalités?
M. Bérubé: Je ne sais pas, ça doit
être
les ordures du ministère; ça peut être lié
à ses ateliers ou à ses bureaux de voirie.
M. Paradis: II ne s'agit pas d'ordures de quartiers
résidentiels ou commerciaux des villes concernées? Pourquoi,
à ce moment là, le ministère des Transports n'a-t-il pas
analysé la possibilité de le faire faire par les services
municipaux, quitte à en défrayer le coût?
M. Bérubé: J'imagine que le soumissionnaire qui
fait ce genre de travail dans la municipalité pourrait soumissionner.
Comme c'est une soumission publique, n'importe qui peut demander, sur
invitation. C'est ce que je regardais, le fichier central...
M. Paradis: Parce qu'on a définitivement choisi de
procéder par soumissions sur invitation...
M. Bérubé: Oui, le plus bas soumissionnaire.
M. Paradis: ... à partir du répertoire. Est-ce
qu'on a étudié la possibilité de le faire faire par des
gens qui oeuvraient déjà dans ce milieu-là?
M. Bérubé: On va demander au ministère
pourquoi il n'a pas utilisé soit la ville ou l'entrepreneur qui
effectuait déjà les travaux pour la ville.
M. Paradis: Très bien.
Le Président (M. Blais): Engagements 605, 606, 607, 608,
609. Quel numéro M. le député? Je vais continuer à
les énumérer. 610...
M. Middlemiss: 615.
Le Président (M. Blais): Engagement 615, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: "Supplément pour porter à 1 163
676,54 $ le coût des travaux de construction d'un pont et de ses
approches sur le chemin du Lac du Moine, dans la municipalité de
Rapides-des-Joachims, comté de Pontiac. Montant de l'engagement: 215
676,54 $. Le contrat initial a été accordé à
Grandmont et Fils Ltée, Drummondville, à la suite de soumissions
publiques."
On constate que le supplément est de l'ordre d'un quart de
million, soit 25%. Est-ce qu'on pourrait avoir les raisons qui ont
apporté ce supplément?
M. Bérubé: On nous dit qu'il y a des travaux de V-5
no 1 et V-5 no 2. Donc, il y a des travaux de déplacement de terre,
j'imagine. Dans un cas, il s'agit de remboursement des dépenses sur des
travaux non récupérables exécutés à date -
je ne sais pas exactement ce que cela veut dire - et dans l'autre cas, c'est
surtout des variations de quantités dues au nouveau design du pont.
Alors, il y a un cas d'à peu près 131 000 $ qui serait
relié à une modification à la conception du pont. Quant
à l'autre cas, "remboursement des dépenses sur des travaux non
récupérables exécutés à date", je ne saurais
dire ce que cela veut dire.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait demander au ministère
de nous donner en détail les raisons?
M. Bérubé: Mais oui.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait savoir aussi s'il y a eu une
étude géotechnique avant la construction et combien elle a
coûté?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Blais): Engagements 616, 617, 618.
Transports 800.
Travail, Main-d'Oeuvre et Sécurité du
revenu
Travail, Main-d'Oeuvre et Sécurité du revenu 600, 601,
602, 603, 604, 605, 606, 607.
M. le député de Brome-Missisquoi, nous revenons à
600.
M. Paradis: "Subvention à 95724 Canada Ltée.,
Saint-Ludger, comté de Beauce-Sud, dans le cadre du programme de retour
au travail des bénéficiaires de l'aide sociale. Dix personnes
pendant cinquante-deux semaines. Montant de l'engagement: 25 692,54 $."
Quelle est la nature des opérations de 95724 Canada
Ltée?
M. Bérubé: Excusez-moi, je n'ai pas saisi.
M. Middlemiss: La nature des opérations de 95724 Canada
Ltée.
M. Bérubé: On va demander à cette entreprise
ce qu'elle fait.
Le Président (M. Blais): Engagements 601, 602, 603.
M. Polak: Engagement 603, oui. (17 h 30)
Le Président (M. Blais): Engagement 603, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: II s'agit de diverses
subventions dans le cadre du programme d'aide au travail. Le montant
total de l'engagement 223 760 $.
Je note sur la liste la ville de Longueuil. Emplois créés:
14, pour 20 semaines, pour un montant de 74 000 $. Je voudrais savoir si toutes
les municipalités ont le droit de participer au programme. Comment
sont-elles choisies?
M. Bérubé: Par le centre de main-d'oeuvre
local.
M. Polak: Oui, mais disons que s'il y a une quarantaine de
municipalités qui disent: On est bien intéressées à
participer à ce programme. Elles soumettent leur demande au
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. C'est lui qui détermine quelles
municipalités?
M. Bérubé: C'est ça. C'est le centre de
main-d'oeuvre, les fonctionnaires en région.
M. Polak: Cela dépend des fonctionnaires.
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: C'est ça la réponse?
M. Bérubé: En région.
M. Polak: Les fonctionnaires en région. Comment sait-on
qu'une région est favorisée plutôt qu'une autre? Est-ce que
cela peut arriver?
M. Bérubé: La répartition entre les
régions se fait au prorata aux centres, c'est-à-dire qu'on alloue
des enveloppes à chaque centre de main-d'oeuvre en fonction,
généralement, de l'importance de la population...
Une voix: Du taux de chômage.
M. Bérubé: ... du taux de chômage. Une fois
que l'enveloppe est répartie, c'est le centre de main-d'oeuvre qui
reçoit un ensemble de projets et retient ceux qui lui semblent les plus
appropriés, les plus valables.
Le Président (M. Blais): Engagements 604, 605, 606, 607.
Engagement 606, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: 606.
M. Bérubé: Vous avez dit que c'était la
municipalité de Verdun?
Une voix: Longueuil.
M. Polak: Non, c'est Longueuil dans le comté du premier
ministre.
M. Paradis: Subventions à divers organismes dans le cadre
du programme d'aide au travail. Le montant de l'engagement est de 225 978,42 $.
Au numéro de l'engagement, 154, on voit le nom de l'organisme: Club de
l'âge d'or d'Iberville Inc. Le montant...
M. Bérubé: 154, dans la liste?
M. Paradis: Dans la liste, oui. Le montant est de 53 760 $. Le
nombre d'emplois créés est de 13 pendant 20 semaines. Quelle est
la nature des activités mises de l'avant par ce projet
spécifique?
M. Bérubé: Le club de l'âge d'or. Il faudrait
le demander.
M. Beauséjour: Ce sont des bénéficiaires de
l'aide sociale qui sont engagés pour venir en aide à des
personnes qui, au lieu de séjourner à l'hôpital, demeurent
chez elles. De deux façons, cela vient aider dans le sens que ça
décongestionne l'hôpital à Saint-Jean. En plus de cela, en
demeurant à la maison, il y a même...
M. Paradis: Un peu comme les CLSC font avec les personnes qui
visitent les gens, au lieu de les garder dans des institutions.
M. Beauséjour: Ce que je voulais signaler, M. le
Président - ce n'est pas évalué ici - ce sont les frais
que ces personnes n'occasionnent pas en demeurant à l'hôpital.
Elles peuvent demeurer plus longtemps chez elles. Comme il n'y a pas de CLSC
dans cette région, ça vient combler ce besoin.
Le Président (M. Blais): 607.
M. Doyon: M. le Président, sur 606 aussi.
Le Président (M. Blais): M. le député de...
Louis-Hébert.
M. Paradis: M. Morin, non excusez!
M. Doyon: C'est probablement l'effet du hasard, mais
peut-être que le président du Conseil du trésor peut
éclairer ma lanterne sur ce qui semble être le chiffre magique de
20 semaines. Est-ce que le président du Conseil du trésor peut
nous expliquer pourquoi, aussi bien en ce qui concerne la fabrique de
Saint-Siméon que le Club de l'âge d'or d'Iberville, on a
jugé bon que ce n'était pas 19, ni 18, ni 21, c'était 20
semaines. Il doit y avoir une raison; s'il n'y en a pas, j'aimerais l'entendre
de la part du
président du Conseil du trésor.
Une voix: Pas besoin d'être extralucide.
M. Bérubé: Vous posez une question dans le but
d'éclairer votre lanterne; cela m'indique à l'avance que vous
avez surtout des problèmes de pétrole dans votre lanterne. Il
faudrait effectivement y ajouter un peu de combustible.
Une voix: Avec la surtaxe...
M. Doyon: Au prix qu'on paie, on en met le moins possible.
M. Bérubé: Effectivement, M. le Président,
je dois reconnaître que le député de Louis-Hébert
n'abuse pas de la matière grise.
M. Doyon: Je pense que le Conseil du trésor a tout
gardé pour lui. C'est bien connu. C'est pour cela que ça va si
bien.
M. Bérubé: 20 semaines, c'est le nombre de semaines
nécessaires pour devenir admissible aux prestations
d'assurance-chômage.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor veut-il
m'indiquer que le but du programme est de s'assurer qu'au bout de 20 semaines
ils ne sont plus sur l'aide sociale, donc dépendants des fonds qu'un
gouvernement n'a plus? Ou si le critère qui est utilisé est-ce
afin de permettre à des gens de tirer certains bénéfices
ou de rendre certains services, comment se fait-il qu'au bout de vingt
semaines, automatiquement, ces services ne sont plus utiles, ne sont plus
requis? Est-il normal que, pendant vingt semaines, on ait des services à
rendre et que, finalement, au bout de vingt semaines, ces services ne soient
plus requis? Si, hypothétiquement, les règlements de
l'assurance-chômage du Canada diminuaient à quinze semaines, par
exemple, la période minimale, est-ce que ces services, qui sont
maintenant rendus et qui sont nécessaires, j'imagine, parce qu'on
accorde des fonds à coups de 25 000 $ ou de 50 000 $ là-dessus,
cesseraient d'être requis au bout de quinze semaines automatiquement et
qu'on épargnerait cinq semaines?
M. Bérubé: Ils seraient ajustés à
quinze semaines.
M. Doyon: Ils seraient ajustés à quinze
semaines.
M. Bérubé: Ils seraient ajustés à
quinze semaines, car il faut bien comprendre une chose: nous finançons
ces programmes essentiellement avec l'économie faite à l'aide
sociale. Plutôt que de verser de l'aide sociale à des gens qui
n'ont pas de travail à fournir en échange, il s'agit d'amener nos
concitoyens qui bénéficient de l'aide sociale à fournir
des services à la communauté en échange des prestations
qu'ils reçoivent. Les économies que nous faisons à l'aide
sociale servent à financer ce programme.
Toutefois, les salaires versés sont supérieurs à
l'aide sociale et on tient compte dans l'économie de la contribution du
Québec à l'aide sociale qui sera épargnée du fait
que l'employé recevra de l'assurance-chômage. Il faut bien vous
dire que l'aide sociale est défrayée à peu près
à 50% par le gouvernement fédéral dans le cadre des
programmes sociaux. C'est le programme des transferts... J'ai oublié le
nom de la série. Par conséquent, l'assisté social qui
bénéficie de l'aide sociale pendant plus de vingt semaines
coûte au gouvernement du Québec au moins 50% de la prestation
qu'on lui verse. Alors, ce que l'on calcule, c'est l'économie que l'on
fait, d'une part, en ne lui versant pas d'aide sociale et, d'autre part, pour
la période où il sera admissible à
l'assurance-chômage, on fera également une économie
à 50% au moins. C'est la somme de ces économies qui est
réinjectée dans ce programme de création d'emplois.
Même là, nous ne récupérons pas tout
l'argent, en ce sens que, si je ne m'abuse, de mémoire, nous
récupérons à peu près la moitié des sommes
que nous mettons dans ces programmes de création d'emplois sous forme
d'économies immédiates en aide sociale et sous forme
d'économies ultérieures à l'aide sociale pendant que la
personne en question bénéficie de l'assurance-chômage.
Donc, nous ne récupérons pas tout; nous récupérons
peut-être 50% de l'argent. Cependant, le calcul qui est fait, c'est que
ces programmes amènent un bon nombre de récipiendaires de l'aide
sociale à quitter de façon définitive l'aide sociale. Il y
a un phénomène de rétention par le marché à
la suite de ces programmes qui fait qu'on estime que, même si le
coût du programme est supérieur à l'économie
à l'aide sociale, il reste que, à cause de la rétention,
il peut y avoir un avantage économique à le faire.
M. Doyon: M. le Président, si je comprends bien le
président du Conseil du trésor, c'est à peu près le
même raisonnement qui a présidé à la mise sur pied
du programme qui a remporté un succès fou et qu'on connaît:
le bon d'emploi pour les étudiants. Les vingt semaines étant
aussi le chiffre magique, j'imagine - et le président du Conseil du
trésor peut peut-être me dire ce qu'il en est là-dessus -
que le président du Conseil du trésor fait une différence
fondamentale entre quelqu'un qui reçoit un chèque de l'aide
sociale et la personne qui reçoit un montant de
l'assurance-chômage du Canada. J'imagine qu'on
préfère voir quelqu'un recevoir un chèque de
l'assurance-chômage du Canada plutôt que de recevoir un
chèque de l'aide sociale. C'est ça qui préside à la
détermination de la période de vingt semaines?
M. Bérubé: En fait, le député de
Louis-Hébert aborde une question beaucoup plus vaste. Lors du sommet
économique de Montebello où tous les intervenants, tant du monde
des affaires, finalement, et gouvernemental que syndical, ont
déploré l'absence d'une véritable politique de
main-d'oeuvre globale, laquelle absence découle de ce que, de fait,
l'assurance-chômage relève d'Ottawa, l'aide sociale de
Québec, il y a du supplément de revenu à Ottawa, il y a
des allocations familiales aux deux. On se retrouve donc avec un ensemble de
politiques de revenu morcelées entre deux niveaux de gouvernement et des
difficultés très fortes d'arrimage les unes aux autres. La
pensée de ceux qui se sont penchés sur la question d'une
politique de sécurité du revenu est qu'il faudrait fusionner
l'ensemble de ces programmes dans un vaste programme de sécurité
du revenu. Mais indéniablement, il faudrait une réforme
constitutionnelle profonde, une volonté fédérale de se
retirer de ces programmes et cette volonté n'existe pas. Par
conséquent, on se retrouve au pis-aller avec un ensemble de programmes
et là chaque gouvernement doit évaluer cela en fonction de sa
problématique propre. La problématique québécoise,
c'est que, lorsqu'une personne relève de l'assurance-chômage
plutôt que de l'aide sociale, eh bien, elle ne relève pas du
même budget. Alors, ceci entraîne des économies pour moi et
s'il y a des économies dans cette opération, je peux prendre ces
économies et les réinvestir dans de la création d'emplois
et dans des projets communautaires. C'est ce que nous faisons. Les
économies que nous faisons à l'aide sociale, nous les
réinjectons directement et même plus dans des programmes de
création d'emplois qui, en même temps, ont des fins utiles.
M. Doyon: M. le Président, dernière question sur le
sujet. J'aimerais connaître la réaction du président du
Conseil du trésor si, dans la même ligne de pensée et avec
un raisonnement aussi rigoureux, le gouvernement fédéral
décidait que la période possible de prestations
d'assurance-chômage était diminuée d'un certain nombre de
semaines, se disant: Je vais faire des économies, ces gens vont
retourner à l'aide sociale et je vais renvoyer la balle dans le camp
provincial, agissant comme le fait le gouvernement provincial actuellement en
envoyant dans le camp fédéral la balle pour ce qui est des
assistés sociaux actuellement.
Quelle serait la réaction du président du Conseil du
trésor devant une telle attitude, hypothétique bien sûr, du
gouvernement fédéral?
M. Bérubé: Ah! II l'a fait depuis deux ans. Il l'a
fait il y a deux ans; il l'a fait l'année dernière. La conclusion
qu'on doit tirer, c'est qu'effectivement il est temps que le Québec
obtienne son indépendance...
M. Doyon: Ah bon!
M. Bérubé: ... de manière à unifier
l'ensemble des politiques de revenu. Là, je pense que le
député de Louis-Hébert est en train de mettre le doigt sur
une des aberrations du système politique canadien à
l'intérieur duquel nous vivons et, je dois en témoigner, il est
lucide: le système qu'il défend est pourri.
Le Président (M. Blais): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, juste pour
illustrer un peu, le but de ce programme, ce n'est pas d'abord de donner des
services à des gens. Je ne parle pas des personnes qui participent
à un projet d'aide au travail, mais je parle des gens qui en
bénéficient, je dirais, par à côté, comme les
personnes qui reviennent de l'hôpital et tout cela. Elles en
bénéficient, mais cela a une fin. Ce qu'il est important de
souligner - je ne sais pas si tous les projets sont similaires, mais, pour ce
qui est des numéros 154, 155, ce sont des projets qui veulent atteindre
un peu le même but - c'est que les assistés sociaux qui y
participent sont réunis régulièrement et que les
responsables de ces projets essaient de leur montrer de quelle façon ils
peuvent se chercher un emploi. Il y en a qui bénéficient de
l'aide sociale depuis assez longtemps et qui ont plus de difficulté
à s'y retrouver. Alors, il y a une éducation dans ce sens pour
que les personnes puissent se retrouver un emploi et, je dirais, laisser l'aide
sociale et laisser l'assurance-chômage. Au moins pour ces deux projets,
il y a un travail qui est fait dans ce sens. Le taux de réussite, je ne
pourrais pas le donner ici; comme de raison, ce n'est certainement pas 100%,
mais ils réussissent quand même à en replacer un certain
nombre sur le marché du travail. On comprendra actuellement aussi, avec
la difficulté au niveau du marché du travail, que cela reste
quand même difficile.
Il y a un autre aspect que je trouve quand même important, c'est
que les gens qui bénéficient de l'aide sociale et qui participent
à ces deux projets, entre autres, quelquefois, en s'apercevant qu'il y a
des gens qui sont plus mal pris soit au point de vue de la santé ou
même de leur situation financière à la maison, sont
portés à avoir
plus de courage dans la vie. (17 h 45)
Une voix: C'est fort;
Le Président (M. Blais): 607? M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord. Est-ce qu'on pourrait savoir si les gens
qui retirent des prestations d'assurance-chômage ont droit de devenir
employés dans ces programmes ou si c'est seulement réservé
aux bénéficiaires de l'aide sociale?
Le Président (M. Blais): M. le ministre, président
du Conseil du trésor.
M. Paradis: Je peux peut-être aider le ministre
là-dessus parce que, quand on s'occupe de son comté et qu'on fait
du bureau de comté, on a affaire à ces programmes.
M. Middlemiss: Dans le domaine agricole, ils n'ont pas le droit
d'avoir des chômeurs...
M. Paradis: C'est strictement l'aide sociale; autrement ils les
refusent.
Le Président (M. Blais): Vous venez de donner un coup bas
au député de Pontiac; cela veut dire qu'il ne s'occupe pas de son
comté. Je n'aimerais pas que ce soit compris comme cela.
M. Paradis: On en avait discuté sur l'heure du midi. Je
voulais savoir si le ministre s'en occupait.
Le Président (M. Blais): II y a une question.
M. Paradis: À moins qu'il n'y ait pas de chômage
dans le comté de Matane.
M. Middlemiss: Est-ce que le président du Conseil du
trésor est avec nous ou non?
M. Doyon: Non, il ne vous écoute même pas, M. le
député.
M. Bérubé: Je m'excuse. Un instant. Je suis en
train de prendre des renseignements.
M. Middlemiss: D'accord. Donc, il a compris la question. Il
semble que le président du Conseil du trésor soit revenu avec
nous.
Le Président (M. Blais): M. le président du Conseil
du trésor.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il a compris ma question ou non? Il ne
semble pas l'avoir comprise.
M. Bérubé: J'ai consulté autour et on a
beaucoup de difficulté à comprendre votre question. Pourriez-vous
la répéter?
M. Middlemiss: Le président du Conseil du trésor
s'est trouvé une bonne excuse. La question était: Les gens qui
reçoivent des prestations de l'assurance-chômage peuvent-ils se
qualifier pour ces programmes?
M. Bérubé: II n'y a pas...
M. Middlemiss: Oui, "qualifier". On leur paie des salaires.
M. Bérubé: Je sais que, sur ces projets, en
général, plus de 80% des gens qui reçoivent des salaires
sont des assistés sociaux. Je sais également que, dans les
critères pour la sélection des projets, on tient compte du nombre
d'assistés sociaux qui vont en profiter. Il arrive parfois que, pour
bâtir un projet comme celui-là, on doive ajouter à une
équipe une certaine expertise qu'on ne prendra pas au sein de
bénéficiaires de l'aide sociale. La grande majorité est
bénéficiaire de l'aide sociale. Au Conseil du trésor, nous
surveillons le pourcentage de bénéficiaires de l'aide sociale qui
participent à ces projets, parce que, si le pourcentage de
bénéficiaires de l'aide sociale devait baisser, les
économies escomptées au chapitre de l'aide sociale ne seraient
pas là. Il s'ensuivrait un déséquilibre budgétaire,
parce que nous avons tenu compte des économies faites à l'aide
sociale au moment où nous avons injecté de l'argent dans ces
programmes. Si nous ne faisons pas les économies équivalentes,
évidemment, le budget ne sera pas en équilibre.
M. Middlemiss: M. le Président, je n'ai pas eu de
réponse. Il ne nous a pas donné de réponse à savoir
si les gens qui retirent des prestations d'assurance-chômage ont aussi le
droit de se joindre à ces programmes.
M. Bérubé: Je vous ai répondu. Ce n'est pas
un pourcentage de 100% de bénéficiaires de l'aide sociale au sein
de ces programmes. Il n'y a pas nécessairement 100% de
bénéficiaires; c'est autour de 80%, le chiffre que j'ai vu assez
récemment. Par contre, la priorité est donnée aux
bénéficiaires de l'aide sociale. Si vous aviez un projet fait
avec des chômeurs, par opposition à un projet fait avec des
bénéficiaires de l'aide sociale, le centre de main-d'oeuvre
privilégierait le projet fait avec les bénéficiaires de
l'aide sociale, parce que, si le pourcentage de bénéficiaires de
l'aide sociale devait baisser dans ces projets, il s'ensuivrait que les
économies escomptées ne seraient pas faites. Il y aurait un
déséquilibre financier. On serait obligé de couper ce
programme au niveau du ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Alors, le ministère s'efforce
de garder le plus grand nombre possible d'assistés sociaux.
M. Middlemiss: II y a des programmes au ministère de
l'Agriculture durant la saison estivale pour aider les agriculteurs. La
condition, c'est seulement les assistés sociaux qui y ont droit et non
pas les gens qui retirent des prestations d'assurance-chômage. Est-ce la
même chose dans ces programmes-ci?
M. Bérubé: Dans le programme PAT, on n'exige pas
100% d'assistés sociaux.
M. Paradis: En pratique, M. le ministre, si la personne n'est
pas...
M. Bérubé: C'est assez proche. Une voix: ...
au centre social.
M. Paradis: ... inscrite aux bureaux de l'aide sociale, cela ne
marche pas. Ils vont vider la banque qu'ils ont aux bureaux de l'aide sociale.
S'ils l'ont vidée, tu peux passer une personne qui est à
l'assurance-chômage. Cela nous pose comme députés en
milieux ruraux et semi-ruraux des problèmes sérieux. Il y a des
personnes qui ont épuisé leur assurance-chômage
après l'avoir reçue pendant 52 semaines et parce que, dans ces
milieux, c'est encore, je pense, au niveau social plus identifié, elles
ne veulent pas aller s'incrire aux bureaux de l'aide sociale, question
d'orgueil; à ce moment-là, on est dans l'impossibilité de
les placer sur ces programmes.
M. Middlemiss: Impossible. Ils veulent travailler et on ne peut
pas.
M. Paradis: Vous devriez voir la réaction de ces gens,
humainement. On est obligé de leur dire: Si tu veux que je te place sur
un programme "Chantier-Québec" ou PAT, etc., il faut absolument que tu
passes par le bureau de l'aide sociale. Même s'ils ne t'émettront
jamais un chèque, il faut que tu sois sur les listes.
M. Bérubé: Est-ce que c'est véritablement
l'expression: "Si tu veux que je te place sur un de ces projets" que vous
utilisez?
M. Paradis: Oui. C'est véritablement l'expression que
j'utilise, parce que, lorsqu'on appelle au centre de main-d'oeuvre, on est au
courant des programmes "Chantier-Québec" lorsqu'on s'occupe de son
comté.
M. Bérubé: C'est vous qui les placez? M.
Paradis: Qui les plaçons! On les recommande.
M. Bérubé: Vous les recommandez!
M. Paradis: Bien oui.
M. Middlemiss: On les aide.
M. Paradis: On les aide. Ils ne savent pas où aller.
M. Bérubé: Voilà! J'ai posé la
question à des fins, n'est-ce pas, de renseignement.
M. Paradis: M. le ministre, si vous faisiez...
M. Middlemiss: Ils ont autant de droits que n'importe qui.
Une voix: Le vieux réflexe qui revient à la
surface.
M. Bérubé: Le vieux réflexe de patronage
d'un député libéral qui vient d'être pris au
piège.
M. Paradis: J'avais la parole.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, M. le
ministre. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le président du Conseil du trésor,
on va vous annoncer ou on va peut-être vous apprendre comment cela se
passe en milieu rural, parce que les gens sont dans cette situation dans le
vrai monde.
M. Doyon: Dans les grandes villes aussi.
M. Paradis: Ils se présentent parce qu'il n'y pas de
bureau de main-d'oeuvre dans mon comté.
M. Bérubé: II n'y a pas de centre de main-d'oeuvre
Québec dans votre comté?
M. Paradis: Non. Il n'y a pas de centre de main-d'oeuvre
Québec dans mon comté. J'ai trois bureaux de comté. Comme
pour tous les autres services gouvernementaux, l'ensemble de la population se
présente au bureau du député. Des fois, c'est nous qui
sommes là lorsque nous faisons nos journées de bureau de
comté; des fois, ce sont nos secrétaires. Ils ne savent
absolument pas où s'en aller. On est obligé de leur expliquer le
cheminement de A à Z. On est obligé de les mettre en contact,
nous, directement. Le bureau le plus proche... C'est de valeur le
député d'Iberville pourrait le confirmer.
M. Bérubé: Vous n'avez aucun centre de main
d'oeuvre et d'aide sociale dans votre comté?
M. Paradis: J'ai un centre d'aide sociale, mais aucun centre de
main-d'oeuvre. Le plus près de chez moi, c'est Granby dans le
comté de Shefford. À ce moment, on est obligé de faire
cela pour nos gens. Ah, oui. Confirmez, M. le député d'Iberville.
Je n'en ai pas à Cowansville, je n'en ai pas à...
M. Bérubé: Je suis sûr que ce serait
contraire aux directives que l'on place du personnel sur recommandation des
députés. J'en suis certain. On demande aux centres de
main-d'oeuvre...
M. Paradis: Autrement si...
M. Bérubé: ... d'être le plus
équitables. On ne leur demande pas de savoir si les gens sont des amis,
de M. Paradis, député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si on ne les envoie pas là, ces gens ne savent
pas où aller dans le système.
M. Bérubé: Ah! Vous pouvez les
référer; cela, c'est très bien. Oui.
M. Polak: Bien oui, comme M. L'Allier, il a été
bien placé.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas l'expression que vous
avez utilisée, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: C'est parce que M. le président du Conseil du
trésor...
M. Bérubé: Vous avez dit: Je te place.
M. Paradis: ... a tenu pour acquis, sans vérifier, que le
député de Brome-Missisquoi avait un centre de main-d'oeuvre dans
son comté et que les gens, au lieu d'aller au centre, venaient au bureau
du député qui pouvait faire du patronage. C'est un autre
élément que je voulais vous soulever et je vais en profiter:
quand il n'y a pas de ces bureaux et que plusieurs services sont absents, cela
nous prend, dans les comtés vastes comme le mien, trois bureaux de
comté. Avec les enveloppes de bureau de député qu'on a
présentement, dans la situation économique actuelle, on n'arrive
pas à financer cela; on est obligé de prendre de l'argent dans
nos associations de comté pour les maintenir ouverts.
M. Bérubé: C'est parfait, cela, c'est
excellent.
M. Paradis: Cela devrait être révisé.
M. Bérubé: Non. M. le Président, tout ce que
je voulais dire, c'est que j'ai demandé au député de
Brome-Missisquoi de bien vouloir répéter sa phrase. Il a bien dit
qu'il expliquait à ses commettants: Si tu veux que je te place sur un
projet. Alors, j'ai bien compris que le député de
Brome-Missisquoi se promène auprès de ses électeurs en
leur faisant croire que c'est lui qui les place...
M. Paradis: M. le Président, une question de
règlement.
M. Bérubé: ... et en mettant en valeur...
M. Paradis: Une question de règlement.
M. Bérubé: ... ce bon vieux petit patronage
traditionnel.
M. Paradis: Une question de règlement M. le
Président...
M. Bérubé: ... auquel on a été
habitué pendant tant d'années et dont on s'est
débarrassé.
M. Paradis: M. le Président, le député de
Brome-Missisquoi n'a pas le temps de se promener auprès de ses
électeurs...
M. Bérubé: Bon.
M. Paradis: ... et de leur dire: Veux-tu un job?. On
reçoit à nos bureaux de comté ceux qui s'y
présentent. Je parlais ce matin avec le député de
Bellechasse qui, lui, est aux prises avec le même phénomène
à cause des politiques du gouvernement péquiste. Il a
été obligé, parce que ses bureaux étaient
inondés, de faire une conférence de presse pour dire que son
bureau de député n'était pas un bureau de placement. Si on
avait un système, si on orientait les fonds du Québec vers la
création d'emplois, on ne serait peut-être pas dans ces
situations.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Oui, simplement une note. Il arrive ceci, c'est que le
gouvernement fédéral est responsable de l'assurance-chômage
et que les provinces sont responsables de l'aide sociale, deux
responsabilités distinctes où chacun des deux gouvernements est
souverain. Il arrive ceci, cependant. Pour ce qui est de l'aide sociale, les
gouvernements provinciaux prennent leurs responsabilités et, tant que
quelqu'un aura besoin d'assistance financière de l'État, que ce
soit un an, deux ans, cinq ans, dix ans, quinze ans, les gouvernements
provinciaux continueront à donner de l'aide sociale aux gens qui en
auront besoin. Cependant, parmi les bénéficiaires d'aide sociale,
il y a un pourcentage assez élevé de personnes qui
sont aptes au travail. Les gens qui sont aptes au travail ne sont pas
des gens normalement admissibles aux prestations d'aide sociale. Les
gouvernements provinciaux s'en occupent par défaut, parce que le
gouvernement fédéral, qui doit s'occuper des gens aptes au
travail en leur donnant des prestations d'assurance-chômage, non de
l'aide sociale, comme on le fait...
M. Middlemiss: ...
M. Blais: M. le député de Pontiac, si vous voulez
parler, vous parlerez après moi, s'il vous plaît!
M. Middlemiss: D'accord.
M. Blais: Je réponds au député de
Louis-Hébert. Il arrive ceci; le gouvernement fédéral ne
prend pas ses responsabilités en continuant de verser des prestations
d'assurance-chômage aux gens aptes au travail. Une personne en
chômage, par définition, est une personne apte au travail et qui
ne trouve pas d'emploi. Vous me répondrez que les gouvernements
provinciaux et fédéral doivent trouver des emplois pour les gens.
D'accord, mais, quand il n'y en a pas, la responsabilité du
chômage est juridiquement, légalement, constitu- tionnellement
fédérale. Le gouvernement fédéral, après 52
semaines, renonce à sa juridiction et la refile aux provinces qui,
elles, n'ayant pas la responsabilité du chômage, sont
obligées de verser des prestations d'aide sociale. Alors, si on lui
refile quelques personnes en ne s'occupant d'elles que pendant 20 semaines, ce
n'est que lui refiler une obligation de paiement d'assurance-chômage pour
52 semaines, parce qu'il n'a pas voulu assumer ses responsabilités de
façon permanente et que les gouvernements provinciaux, encore une fois,
sont obligés de suppléer par des "artifices" comme l'aide sociale
dans de tels cas.
Alors, qu'on ne vienne pas dire que, parce que nous prenons 20 semaines
- qui est le chiffre juste pour bénéficier de
l'assurance-chômage - c'est une façon de refiler la
responsabilité à l'autre. Au contraire, c'est de la lui faire
reprendre parce qu'il n'a pas assez d'énergie pour la conserver.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, le député de
Terrebonne donne des grands coups d'épée dans l'eau comme
d'habitude. Il va de soi que, dans cette opération, le véritable
perdant va être, à la fin du compte, la personne qui est en
chômage ou qui est temporairement ou de façon permanente
bénéficiaire d'aide sociale. Pourquoi? C'est bien facile à
comprendre. Plus le président du Conseil du trésor pourra se
targuer de réussir son opération... Appelons ça
l'opération 20 semaines - pour lui donner un nom - qui va tendre
à se généraliser. On en a vu des amorces avec le bon
d'emploi pour les étudiants, les 20 semaines reviennent, c'est inscrit
là. On voit aussi que l'opération 20 semaines c'est encore ce qui
se passe ici. Plus cette opération 20 semaines va se prolonger et avoir
- selon les critères douteux du président du Conseil du
trésor -des succès que lui n'est pas capable d'apprécier
parce qu'il est en dehors du vrai monde, qu'est-ce qui va se passer? C'est que
le gouvernement fédéral va se retrouver avec un fardeau
supplémentaire sur les bras...
M. Blais: ...
M. Doyon: M. le Président, tout à l'heure le
député de Terrebonne a attiré l'attention de la
présidence sur le fait qu'il avait la parole; on la lui a
laissée. Maintenant, il ne l'a pas et il faudrait qu'il se conforme
à ses propres conseils.
M. Blais: Vous avez raison.
M. Doyon: Merci. Plus cette opération 20 semaines aura des
succès, plus le gouvernement fédéral se retrouvera avec un
fardeau de plus en plus lourd et plus risquera-t-on d'avoir un mauvais exemple
de la province de Québec qui pourrait être suivi par d'autres.
Pourquoi? Parce que dans d'autres provinces on dira: Si la province de
Québec réussit cette opération 20 semaines, si c'est bon
pour le Québec, c'est bon pour nous aussi. À ce moment-là,
on aura un effet de progression géométrique dans les
conséquences qui suivront. Ce qui fait que le gouvernement
fédéral se verra dans l'obligation pour entrer à
l'intérieur de ses capacités financières de payer, parce
que lui a peut-être plus conscience de ses limites de payer que le
gouvernement actuel... Ce qui fera que le chômeur actuel,
bénéficiaire de l'assurance-chômage, qui actuellement
bénéficie de cinquante-deux semaines d'assurance-chômage,
verra cette assurance coupée de cinquante-deux à cinquante et
à quarante éventuellement. Possiblement avec l'effet contraire,
à la fin du compte, que celle qui est recherchée à
très courte vue, le nez collé sur la vitre par le
président du Conseil du trésor, où il reprendra douze
semaines, dix semaines, quinze semaines avant terme des gens dont il avait
voulu se défaire. Ces gens-là reviendront nécessairement
à l'aide sociale. Quoi qu'en dise le président du Conseil du
trésor, dans le moment, on vit encore avec la constitution canadienne
qui, comme le reconnaissait le député de Terrebonne, confie
au
gouvernement fédéral la juridiction totale et absolue sur
l'assurance-chômage. Ce qui fait que le gouvernement
fédéral, quoi qu'en dise le député de Terrebonne ou
le président du Conseil du trésor, aura toujours le dernier mot
sur la façon dont va s'administrer l'assurance-chômage au Canada.
Si par des politiques à courte vue, genre opération vingt
semaines, on refile supposément, parce qu'on a beaucoup de succès
avec cette opération au fédéral, des gens dont il va
devoir s'occuper parce qu'on les aura employés artificiellement, un
à creuser un trou et l'autre à le remplir... C'est cela qu'on
fait. Toi, tu creuses des trous et moi, je vais engager les autres pour les
remplir. On fera cela pendant vingt semaines et on dira pendant les
cinquante-deux prochaines semaines que c'est le gouvernement
fédéral qui s'en occupe. Alors, cela, c'est à courte vue,
et c'est de l'administration à la petite semaine. C'est de
l'administration qui me fait penser que vous n'espérez même pas
garder le pouvoir pour les cinquante-deux prochaines semaines, parce que cela
vous retombera sur le nez avant cela. C'est signe que vous sentez votre fin
approcher. Agir comme cela, vous allez vous retrouver dans une situation
où vous allez devoir reprendre les gens dont vous vous êtes
débarrassés artificiellement en leur faisant créer des
trous.
Le député de Terrebonne gesticule, c'est un signe
d'énervement de sa part. C'est parce que cela l'agace. Qu'il continue de
gesticuler, cela me dérange moins que lorsqu'il parle.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement. M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Ce ne sont pas les paroles qui m'agacent, mais le
timbre de voix qui agace mes oreilles. C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Pour continuer sur la même lancée, je
demanderais peut-être au député de Terrebonne de faire
abstraction des agacements du timbre de voix. Peut-être que ce sont les
arguments qui l'énervent plus qu'autre chose. C'est le fond qui est
agaçant, qui est tannant. Cela, il faut bien le reconnaître, mais
qu'il mette cela sur la faute de ses oreilles et qu'il aille se faire soigner,
c'est son problème.
Qu'un gouvernement agisse de cette façon-là, c'est encore
des faux-fuyants. C'est encore de la fuite. Ce sont de faux prétextes.
C'est une façon d'administrer enfantine et puérile. C'est jouer
au plus fin, c'est jouer au fin finaud. C'est dire: Tu ne me "pognes" pas et
c'est moi qui te "pogne", puis l'autre revient et ça va être toi
et je vais t'avoir à la fin du compte et finalement, c'est qui la
personne qui paie cela? C'est le chômeur, c'est l'assisté social,
qui va se retrouver pris entre l'assistance sociale et
l'assurance-chômage. Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, il y a une chose
qui demeure, c'est que le dernier mot en ce qui concerne la période
d'assurance-chômage, c'est le fédéral qui va l'avoir et si
le fédéral, à tort ou à raison, disons à
tort, parce que le président du Conseil du trésor...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert, vous n'êtes peut-être pas habitué
à cette commission-ci, mais je me permets de vous suggérer
quelque chose. Je vous écoute et il me semble que vous êtes
lancé dans un grand débat, alors qu'on est ici pour examiner les
engagements financiers. Qu'on remette en question des programmes au complet,
j'ai l'impression qu'on peut le faire ailleurs, à l'Assemblée
nationale, entre autres; ici, on examine des engagements financiers et
maintenant, c'est une discussion de fond sur des programmes gouvernementaux.
J'aimerais que vous en arriviez à poser une question au ministre...
M. Doyon: D'accord M. le Président.
M. Bérubé: M. le Président, pas de
problème. Je n'ai aucune objection à écouter le
député de Louis-Hébert. Je le trouve intéressant et
je n'ai aucune objection à ce qu'il continue.
Le Président (M. Gagnon): Je n'ai pas dit que vous aviez
des objections. Je voudrais bien appliquer le règlement de cette
commission le plus possible, parce que, actuellement, nous sommes au mois
d'août et nous étudions les engagements du mois de janvier; au
rythme où cela va, on va reculer au lieu d'avancer.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, très brièvement
sur cela. L'inquiétude que j'avais se référait très
directement au programme 606 et à la série de 20 semaines. Il est
sûr que le chiffre 20 pris comme tel ne peut pas normalement donner prise
à une discussion de ce genre. Mais des informations ont
été données par le président du Conseil du
trésor - c'est là-dessus que je suis revenu - qui nous a dit: II
n'y a pas de mystère là-dedans, voici pourquoi on procède,
on fait des économies, on les réinvestit, on passe le
bébé au gouvernement fédéral, qui, lui, l'a pendant
52 semaines; il ne faut se gêner parce qu'eux autres ils le font, etc. Ce
sont des informations fournies par le président du Conseil du
trésor, lui-même appuyé par le député de
Terrebonne qui est revenu à la charge, qui a dit: C'est parfait,
l'assurance-
chômage, etc. Je n'ai pas besoin de reprendre son
argumentation.
Ce que j'ai voulu souligner, M. le Président, c'est que
derrière ces 20 semaines se cache un piège dans lequel est en
train de tomber le gouvernement du Parti québécois. Qu'il tombe
dans un piège, c'est le cadet de mes soucis. Mais qu'il entraîne
avec lui les centaines de milliers de chômeurs qu'il y a dans la province
de Québec, c'est ça qui m'inquiète. C'est là la
nature de mon intervention. Ces 20 semaines, qui ont l'air totalement
inoffensives, totalement innocentes, qui ne font de mal à personne,
cachent une façon d'administrer la province qui est inquiétante
et qui doit donner lieu, à un moment donné, à une prise de
conscience. On ne peut pas jouer au fin finaud, au plus fin et à la
cachette quand on gouverne la province de Québec tout comme quand on
gouverne n'importe quelle province du Canada. Il faut agir en adulte. Il faut
agir en grande personne. Il ne faut pas essayer de dire: Moi j'ai le moyen de
vous passer une obligation que vous ne voulez pas prendre, sans se rendre
compte que cette obligation, finalement, va nous revenir sur les épaules
plus tôt qu'on ne le pensait et avec une lourdeur accrue. C'est tout
simplement là-dessus que j'en avais, M. le Président.
C'était en relation directe avec ce programme.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Mille-Îles voulait intervenir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mille-Îles?
Une voix: S'il vous plaît! M. Bérubé:
Oui.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. À ce moment,
le député de Rousseau m'avait demandé la parole avant.
Après, ce sera vous.
M. Bérubé: Alors, je vais reprendre ma parole.
Le Président (M. Gagnon): Dans ce cas, j'ai le
député de...
M. Bérubé: Vous avez plusieurs intervenants.
Le Président (M. Gagnon): Vous-même. M.
Bérubé: Je vais intervenir.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Pontiac, le député de Rousseau et le député de
Mille-Îles.
M. Bérubé: M. le Président, l'intervention
du député de Louis-Hébert est intéressante à
de multiples égards et il ne faut pas, je pense, la laisser passer. Il y
aura de nos concitoyens qui liront le journal des Débats et qui
trouveront ce débat, je pense, utile à leur compréhension
du système à l'intérieur duquel ils vivent. De fait, ce
que le député de Louis-Hébert vient de décrire,
c'est l'aberration du système politique à l'intérieur
duquel nous vivons, en vertu duquel les politiques économiques, de
soutien de l'économie, sont entre les mains du gouvernement
fédéral et les pots cassés résultant de la mauvaise
application de ces politiques, également, sont entre les mains du
gouvernement fédéral. L'assurance-chômage est là
pour venir régler les problèmes que causent les juridictions mal
utilisées dans le domaine économique qui relèvent du
gouvernement fédéral. On crée des chômeurs, mais on
s'occupe des chômeurs. La technique fédérale a
consisté à dire: Je vais m'occuper de mes chômeurs pendant
52 semaines; après cela, je vous les passe.
Je les passe à des provinces qui n'ont pas juridiction sur le
commerce extérieur, qui n'ont pas juridiction sur les politiques
monétaires, à qui il manque énormément de
juridictions. On leur dit: Je vous passe le bébé. Arrangez-vous.
Là, évidemment, il faut comprendre que les provinces examinent le
fardeau qu'elles reçoivent. Cette année 14% d'augmentation des
bénéficiaires de l'aide sociale, en une seule année. Il y
a plus de la moitié des bénéficiaires de l'aide sociale
qui sont des gens aptes au travail, qui sont directement les victimes de
politiques économiques néfastes d'un gouvernement
fédéral. Comme gouvernement responsable héritant de gens
qui veulent travailler, nous essayons au moins, tant bien que mal, d'utiliser
leurs talents, leur compétence et, en même temps, sans surcharger
les contribuables québécois qui ont hérité du
problème de la part d'un gouvernement supérieur. C'est ce qui a
amené tous ceux qui sont intervenus dans ce domaine des politiques de
revenu à recommander que l'on transfère aux provinces le
contrôle de toutes les politiques de main-d'oeuvre, que l'on
transfère aux provinces toutes les juridictions de manière
à mettre sur pied des programmes intégrés de
sécurité du revenu.
Voilà des luttes entreprises par d'autres gouvernements qui nous
ont précédés, dans une continuité parfaite qui est
celle de bâtir un système en fonction des besoins des
Québécois. Mais, le système aberrant dans lequel nous
vivons fait en sorte que, d'un côté, on donne des juridictions
économiques à un gouvernement fédéral, on lui donne
une partie des juridictions pour s'occuper des
dégâts qu'il fait, c'est-à-dire s'occuper des
chômeurs; celui-ci ne remplit pas ses obligations et les transfère
aux provinces et, là, vous avez un député dans
l'inconscience la plus totale, parce que ce même député
s'est promené en disant aux Québécois: Dites non, dites
non, on ne veut pas ces pouvoirs-là. À un moment où on
leur demandait: Voulez-vous les pouvoirs nécessaires pour régler
les problèmes? Il a recommandé aux Québécois de
garder cette division des pouvoirs aussi délétère et qui
conduit aux aberrations qu'il décrit. Une fois qu'il est obligé
de vivre avec les conséquences, je ne dirais pas de son ignorance parce
qu'il en était conscient, mais les conséquences des mauvais
conseils qu'il a donnés à ses concitoyens, et qu'il est aux
prises avec les dégâts qui résultent des décisions
qu'il a fait prendre à ses concitoyens, il s'étonne.
M. le Président, ce député s'est trompé de
parlement. Il devrait s'en aller à Ottawa, au plus vite, c'est là
sa place. Il devrait s'en aller à Ottawa parce qu'il y a là 74
nouilles qui ont cessé de nous défendre. Il devrait s'en aller
à Ottawa et, effectivement, rappeler à l'ordre ce gouvernement
fédéral dont il prône le maintien. Mais, ce n'est pas
ça que nous disons aux Québécois. Ce que nous disons,
c'est que le système est mauvais, que le système doit être
changé parce que, comme le dit le député de
Louis-Hébert, il joue contre les travailleurs du Québec. Nous le
disons mais, une fois que les Québécois ont tranché, nous
devons vivre avec les pots cassés et celui qui est responsable des pots
cassés, c'est le député de Louis-Hébert,
entouré de ses acolytes, sous la direction d'un Pierre Elliot Trudeau
qui a mis le Québec dans l'impasse que nous connaissons. Si aujourd'hui
il y a 300 000 aptes au travail qui devraient travailler au Québec,
c'est la conséquence directe de juridictions fédérales et
non pas de juridictions provinciales.
Que le gouvernement fédéral prenne ses
responsabilités. Quant aux thuriféraires du pouvoir
fédéral, ils se sont trompés de parlement. Ils devraient
s'en aller à Ottawa défendre ce qu'ils croient être un
fédéralisme acceptable.
M. Paradis: C'est ça que les péquiste font, ils
s'en vont à Ottawa.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je pense que le
président du Conseil du trésor vient de prouver qu'il ne comprend
pas le système de l'assurance-chômage. Je pense qu'il faudrait lui
donner, ainsi qu'au député de Terrebonne... Tout à
l'heure, j'aurais pu soulever une question de règlement parce que
j'essayais d'éclairer sa lanterne, car il faisait fausse route.
Le système d'assurance-chômage a été
institué ainsi: la moitié des fonds créés est
payée par les travailleurs et l'autre moitié, par l'employeur. Ce
fonds a été créé au cas où les personnes
seraient mises en chômage. Ce fonds est semblable à une compagnie
d'assurance. On ne peut pas retirer plus du fonds que ce qu'on y met.
Malheureusement, ce qui se produit au Québec, c'est qu'on a un
gouvernement qui est censé créer de l'emploi et qui ne le fait
pas. Heureusement que le Québec n'est pas indépendant parce que
si le Québec était le seul à fournir à la caisse
d'assurance-chômage, il ne pourrait pas bénéficier du fait
que, dans le Canada, il y a d'autres provinces qui fonctionnent mieux et leurs
contributions à la caisse d'assurance-chômage aident à
payer les prestations d'assurance-chômage dont nous, les
Québécois, bénéficions présentement, parce
que nous faisons encore partie de la fédération canadienne. Je
pense qu'on devrait prendre ça en considération. (18 h 15)
De plus, je crois que dans le domaine des affaires sociales, même
les prestations sont payées à 50% par le gouvernement
fédéral. Ce sont les paroles mêmes du président du
Conseil du trésor. Je pense qu'on devrait regarder cela comme
l'assurance-chômage - c'est là en cas de nécessité -
mais, d'un autre côté, cela n'empêche pas les gouvernements
des provinces de créer de l'emploi ou de créer un climat apte
à inviter les gens à venir dans cette province pour investir leur
argent et créer de l'emploi. Merci.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, j'ai écouté les
arguments de part et d'autre, ceux du président du Conseil du
trésor et ceux des députés de l'Opposition. Ce qui
m'étonne le plus, c'est que les députés de l'Opposition
cautionnent toutes les thèses et les stratégies du gouvernement
fédéral qui non seulement font en sorte que le
développement économique se situe ailleurs qu'au Québec,
mais en plus créent délibérément du chômage
au Québec, justement pour créer ce sentiment de dépendance
dont vous parlez à l'égard de l'aide sociale économique
que constitue l'assurance-chômage. Ce que vous n'avez pas compris non
plus, peut-être parce que vous ne le vivez pas, c'est que ceux qui
bénéficient de l'aide sociale depuis un bon bout de temps et qui
sont des gens aptes au travail sont heureux et sont fiers de briser ce rythme,
qui est un rythme de dépendance lui aussi, et d'accéder au
travail pour entrer dans le rouage du travail et sentir qu'ils sont plus actifs
pour la collectivité; cela, sur le
plan de la fierté individuelle et de la fierté collective,
c'est extrêmement important. Ce que je retiens finalement, c'est une
grande leçon que nous avons tirée des événements
politiques récents qui concernent votre propre parti. J'en tire les
conclusions suivantes que vous venez de nous démontrer encore une fois
avec tellement d'éloquence: c'est que tous ceux qui ont abattu le chef
qui vient de quitter vos rangs sont ceux qui défendent de façon
acharnée le gouvernement fédéral et qui en sont les agents
directs.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je ne voudrais pas
répéter les différents arguments, mais je voudrais juste
dire que, dans cette politique de programmes de petits travaux de 20 semaines,
ce que je trouve le plus triste dans toute cette histoire de la part du
gouvernement péquiste, c'est qu'on méprise les travailleurs. On
crée de petits programmes - on a vu des exemples pendant des mois et des
mois - on fait des bureaux dans un hôpital, toutes sortes de non-sens
pendant 20 semaines, simplement pour se débarrasser de ces gens comme du
vieux linge pour les envoyer le plus vite possible au fédéral.
Savez-vous, en résumé, on se sert de PAT pour les envoyer
à PET, c'est cela qu'on fait.
Une voix: II y avait du travail.
Le Président (M. Gagnon): Ah! excusez.
M. Polak: Comment?
Une voix: II y avait du travail.
M. Polak: Ils ne peuvent pas construire de programmes d'emplois
permanents. On n'est même pas là pour essayer de concevoir un
programme pour créer des emplois sur une base permanente. On
conçoit des programmes de 20 semaines, des petits programmes
temporaires, seulement dans un but; pas du tout pour que ces pauvres victimes
du chômage regagnent leur fierté, mais simplement pour se
débarrasser de ces victimes le plus tôt possible, les envoyer
à l'autre niveau.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: M. le Président, je suis avec le vrai monde
- il y en a qui ont parlé du vrai monde tout à l'heure - j'ai
reçu à mon bureau de député avant-hier quelqu'un
qui a dit: Moi, je ne veux pas être un assisté social. Il
était chômeur. Vous comprenez la fierté de cet homme de
s'en sortir. On pourrait dire qu'il y a trois paliers, il y a des travailleurs,
il y a des chômeurs, ensuite il y a des assistés sociaux.
Hélas! Il y a 560 000 assistés sociaux, au Québec, il y a
à peu près 400 000 à 450 0000 chômeurs: environ 1
000 000 de Québécois qui ne rapportent pas à l'État
comme c'est là. Je m'indigne un peu de voir qu'il y en a en face qui
voudraient qu'on crée, peut-être considérant la crise
immédiate, d'autres programmes que ceux qui s'adressent à des
assistés sociaux. Je pense que les gens ont une certaine fierté,
ils veulent s'en sortir. C'est pour cela que le gouvernement a lancé, au
mois de mai et au mois de juin, treize programmes différents de
création d'emplois. L'ensemble de ces programmes s'adresse avant tout,
premièrement, aux assistés sociaux pour qu'ils aient le
goût du travail, d'aller dans un autre palier et de s'en sortir. C'est
cela l'histoire.
Quant à moi, je suis un peu surpris de voir les gens; je ne sais
pas, qu'il faudrait aider. Par exemple, il y a d'autres programmes de relance
d'emplois pour la petite et moyenne entreprise, pour aider les manufacturiers;
on donne aussi des subventions pour créer des emplois, pour aller en
chercher ailleurs. Cela ne veut pas dire que la question économique est
mise de côté; on va chercher les plus démunis. Je suis
surpris d'entendre les gens d'en face dire: Ce n'est pas eux qu'il faudrait
aider. Je pense qu'il faut quand même les aider à sortir de
là, qu'ils aillent à un autre palier, à l'échelon
de ceux qui ont une chance d'aller travailler après cela. C'est cela
être dans le vrai monde. J'en ai reçu à mon bureau de
comté et on ne veut pas tomber dans ce système.
Je suis un peu surpris d'entendre le député de
Louis-Hébert défendre avec acharnement le gouvernement
fédéral ici autour de cette table. On est ici pour poser des
questions sur l'administration de la province de Québec, et on est
là à défendre un programme du fédéral. Je
suis absolument estomaqué d'une telle attitude. Qu'il le fasse ainsi
d'une façon naturelle, je n'en reviens pas; vous me surprenez.
Justement, dans la logique du député de Louis-Hébert, si
dans un système fédéraliste il y a des provinces et des
programmes, il ne veut pas qu'on prenne part à ces programmes-là.
Le Québécois collabore à l'assurance-chômage; les
employeurs collaborent à l'assurance-chômage; le
député de Louis-Hébert dit qu'il ne faudrait pas trop
qu'il en bénéficie comme Québécois. À un
moment donné, il faudrait peut-être être logique, c'est un
peu cela.
Le gouvernement s'est pris en main six mois ou dix mois avant le
gouvernement fédéral, s'il faut en parler du gouvernement
fédéral. Les 5%, les 6% sont venus dans le portrait en juin et
juillet; on en parlait ici
au mois de décembre, parce qu'on s'est pris en main et on a
essayé de faire des compressions budgétaires, comme le
gouvernement fédéral le fait dix mois après.
M. Bérubé: II en parle alors que nous sommes au
travail depuis deux ans.
M. Champagne: C'est cela. Alors, je dis: Aidons les plus
démunis et aidons les assistés sociaux en premier lieu et aussi
voyons à la création d'emplois, puis il y a des programmes pour
cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, on assiste encore une fois de
part et d'autre, cela se fait en toute sérénité, à
une différence idéologique fondamentale entre les
députés du Parti québécois et ceux du Parti
libéral. Je suis content que ce débat ait lieu.
Plus spécifiquement, je pense que si on a eu ce
débat-là, c'est parce qu'il n'y avait pas une
compréhension au début de la part de certains
députés autour de la table de ce qu'est une caisse
d'assurance-chômage. Qu'elle soit administrée par n'importe quel
niveau de gouvernement, une caisse d'assurance-chômage, ça le dit,
ça doit s'autosuffire. Si cette caisse-là devient vide, qu'elle
soit administrée par le provincial ou le fédéral, on a
deux choix: ou bien restreindre les périodes auxquelles les gens peuvent
retirer des prestations d'assurance-chômage ou augmenter les
contributions des employeurs et des employés. Il y a un juste milieu, il
y a un juste équilibre à conserver, quel que soit le niveau de
gouvernement qui l'administre. Je n'ai pas entendu d'accusation de la part des
députés de l'autre côté que c'était mal
administré, cette caisse, par le gouvernement fédéral.
Tout ce qu'ils se disent, c'est qu'on aimerait bien l'administrer nous autres,
mais on ne nous le dit pas.
Ce qu'on a entendu d'un député, celui de Terrebonne, c'est
que cette caisse-là ce n'est pas important ce qu'il y a dedans, le
fédéral devra toujours payer; garder cette personne tant qu'elle
est à la recherche d'un emploi. Mais il oublie ce qu'est une caisse
d'assurance-chômage. Tu ne peux pas dépenser de l'argent qu'il n'y
a pas dans la caisse, à moins de t'en aller dans les déficits ou
d'augmenter de façon démesurée les prestations que payent
les employeurs et les employés. Si on s'entend sur une définition
de caisse d'assurance-chômage, je crois qu'on a déjà un pas
de fait.
Le deuxième pas à faire, c'est de se demander pourquoi
nous, au Québec, avons 50% des pertes d'emplois au Canada depuis un an.
Est-ce qu'on a quelque chose comme gouvernement provincial qui siège
à Québec à se reprocher? Est-ce qu'on est, au niveau de
nos mesures de taxation, compétitif avec nos voisins? Est-ce qu'on est,
au niveau de nos mesures réglementaires, compétitif avec nos
voisins et avec nos compétiteurs? Est-ce qu'on peut y apporter des
correctifs, si on n'est pas tout à fait compétitif, de
façon à le devenir? Est-ce qu'on peut avoir des mesures qui
visent, non pas à se débarrasser des sièges sociaux, pour
créer des assistés sociaux dont on prendra soin avec de petits
programmes de 20 semaines, mais à créer un climat favorable comme
gouvernement provincial? Cela s'appelle prendre ses responsabilités.
Pour revenir à un sujet important, lorsqu'on parle de la
dignité de la personne, je suis d'accord avec le député de
Mille-Îles qui dit que la personne - je vous l'ai mentionné
tantôt - ne veut pas s'inscrire sur la liste de l'aide sociale. Le
problème, c'est que tu ne peux pas la placer dans ces programmes si elle
n'est pas inscrite, si tu ne lui fais pas poser ce geste, à cause de
directives administratives qu'il serait très facile de changer, qui ne
coûteraient pas un cent à changer, qui ne lui mettraient pas cette
étiquette d'assisté social. Cela appartient, M. le
député de Mille-Îles, à votre gouvernement, à
vous de changer cela. Cela ne coûterait pas un cent. On parle de redonner
de la dignité à une personne qui est bénéficiaire
de l'aide sociale, qui est à la recherche d'un emploi. On ne lui redonne
pas beaucoup de dignité. On ne la berne pas trop longtemps lorsqu'on lui
parle d'un job qui, dans plusieurs cas, est un job de pelletage de nuages ou de
remplissage de trous pour 20 semaines. On peut se berner soi-même, on
peut dire qu'on a fait quelque chose, mais cette personne est bien consciente
que ce n'est pas le genre d'emploi auquel elle aspire comme
Québécois. Qu'on se regarde comme société et qu'on
se dise ce qu'on peut faire pour redonner le goût d'investir aux
Québécois.
C'est un peu bizarre ce qui arrive. En 1976, 1977 et 1978, lorsqu'on
était en période de croissance économique au
Québec, on parlait contre les multinationales, on tenait des discours,
au Parti québécois, contre les investisseurs
étrangers.
Présentement, il y a une conférence des premiers
ministres. Le premier ministre dénonce la politique du
fédéral qui scrute nos investissements étrangers. Il y a
un revirement de situation qu'on ne comprend plus. Lorsqu'ils viennent
s'établir ici, il y a un paquet de réglementations, des cas
précis et des cas pratiques que vous recevez sans doute, messieurs de
l'autre côté de la table, à vos bureaux de comté.
J'en ai eu un au début de la semaine, un gars qui s'était ouvert
un petit dépanneur sur la route 133 à Philipsburg, juste avant
les États-Unis, de ce côté-ci. Il était en milieu
rural, alors il s'était procuré son permis de la Commission
de protection du territoire agricole. Il s'était procuré
son permis du ministère de l'Environnement parce qu'il n'avait pas
d'aqueduc et d'égout, cela prenait une fosse sanitaire. Il
s'était procuré du ministère du Travail son permis pour
ses plans, pour savoir si ses portes de toilette étaient de la bonne
grandeur et si elles ouvraient du bon côté, etc. Il a fait
approuver ses plans par la Régie des alcools du Québec. Il a
créé cinq emplois - pas juste des emplois de 20 semaines - il a
investi 100 000 $. Le lendemain soir, le ministère des Transports est
arrivé et il a posé deux pancartes de stationnement interdit de
chaque côté de son stationnement. J'ai appelé le
ministère des Transports. On m'a dit que c'était parce que les
camions-remorques stationnaient un peu trop près de la voie.
C'était pour des raisons sécuritaires. J'ai dit: Très
bien, si c'est pour des raisons sécuritaires, je comprends. S'il y a des
stationnements interdits, les gens vont stationner plus à
l'intérieur.
Ce n'est pas tout. Le ministère des Transports ne s'est pas
arrêté là. Il a dit qu'en vertu d'une nouvelle
réglementation il fallait une entrée de 35 pieds strictement pour
des camions-remorques. Cela devient encore moins sécuritaire si un
camion-remorque commence à revirer pour entrer dans une entrée de
35 pieds sur une autoroute. Le gars m'a dit: Tu as raison. Qu'est-ce qu'il
fait, mon gars, à ce moment? Ils ont dit: II ferme ses portes. J'entends
des "franchement" de l'autre côté: C'est de la
réglementation provinciale par-dessus réglementation provinciale;
cela crée des assistés sociaux. On est obligé de faire des
petits programmes de 20 semaines, et on dit que c'est la faute du
fédéral. Il n'y avait pas de réglementation
fédérale dans tout cela. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, il y a trois
points qui viennent d'être soulevés et qui doivent être
repris. D'abord, on nous donne une leçon. On nous dit: Vous savez bien
que la caisse d'assurance-chômage doit s'autofinancer. C'est faux. La
caisse d'assurance-chômage à Ottawa ne s'autofinance pas. Elle ne
s'autofinance pas depuis des années parce que les taux des cotisations
sont basés sur un niveau de chômage que nous avons quitté
depuis des années. En fait, tout le chômage additionnel est
entièrement financé par le gouvernement fédéral.
Donc, première erreur, la caisse de l'assurance-chômage ne
s'autofinance pas.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral impose une
taxe sur les masses salariales, tant de l'employé que de l'employeur,
pour financer une partie de sa caisse. L'autre partie de sa caisse, il y va par
le biais de l'impôt. C'est exactement identique à l'aide sociale.
À l'aide sociale, nous finançons entièrement les
compensations à l'aide de l'impôt. En d'autres termes, chaque fois
qu'un gouvernement doit débourser des prestations, il doit aller
chercher des revenus pour pouvoir les payer. (18 h 30)
On nous fait croire que le gouvernement fédéral a une
caisse qu'il ne remplit pas par le biais d'une taxation; absolument pas.
L'assurance-chômage est un programme défrayé par voie de
revenus de taxation sur la masse salariale et les revenus d'imposition par le
biais de l'impôt fédéral; on s'en sert pour financer les
compensations. Si le programme fédéral est insuffisant en ce
qu'il ne s'occupe pas véritablement des gens aptes au travail, ce qu'il
fait tout simplement, c'est qu'il refile la facture au gouvernement d'une
province qui, elle, va devoir taxer. De cette façon, c'est la province
qui devient impopulaire parce que c'est elle qui est obligée de les
prendre à sa charge et taxer. Qui est responsable des gens aptes au
travail qui ne se trouvent pas d'emploi? C'est le gouvernement en haut.
À ce moment-là, on se promène en haut et on dit: Nous, on
n'a pas taxé, on n'est pas obligé d'augmenter les impôts.
Eux, évidemment, vous voyez comment ils gèrent mal. Ils sont aux
prises avec des taxes, des impôts. Mais des taxes et des impôts qui
sont là simplement pour assumer des responsabilités qui sont du
ressort du gouvernement fédéral.
Donc, la caisse doit s'autofinancer. Oui, elle doit s'autofinancer. Que
le gouvernement fédéral perçoive les impôts
nécessaires pour assumer les responsabilités qu'il a à
encourir en vertu des juridictions accordées par la constitution. Si les
politiques économiques fédérales génèrent
350 000 chômeurs additionnels au Québec, que le gouvernement
fédéral prenne les moyens pour s'en occuper. Ce n'est pas
à une province à devoir le prendre. Lorsqu'une province le prend,
elle est obligée d'assumer le blâme, mais sans être capable
cependant d'appliquer les politiques pour corriger le problème à
la source. Première incohérence, inconséquence du Parti
libéral qui nous fait face.
Deuxièmement. On dit: Que le gouvernement du Québec soit
concurrentiel. Lorsque je regarde l'effort fiscal des entreprises au
Québec, je regrette, mais vous oubliez à quel niveau il
était en 1976. Il n'est à peine plus élevé
actuellement et de fait...
M. Paradis: CSST, 100% d'augmentation. La taxe sur l'essence,
voyons donc!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre s'il vous
plaît!
M. Bérubé: ... non je parle de l'effort fiscal
global.
M. Paradis: Bien oui, mais il faut inclure les taxes
indirectes.
M. Bérubé: Tout est inclus. C'est l'effort fiscal
global.
M. le Président, l'effort comme gouvernement a porté sur
la réduction de l'effort fiscal. Lorsque nous avons pris le pouvoir, il
était à peu près de 13,5% supérieur à celui
de l'Ontario. Nous avions réussi à le baisser à 8%. De
fait, depuis un an, avec la crise économique que nous devons traverser,
nous avons dû hausser l'effort fiscal des Québécois et nous
l'avons ramené à peu près à 14% au-dessus celui de
l'Ontario. J'admets aujourd'hui qu'il est peut-être 1/2% ou 1%
supérieur à ce qu'il était en 1976. Cela, seulement depuis
un an, alors que l'effort fiscal traditionnel au Québec a toujours
été supérieur à celui de l'Ontario. Les efforts du
gouvernement actuel ont porté sur la réduction de l'effort
fiscal, alors qu'il n'en a jamais été de même de la part du
Parti libéral quand il était au pouvoir. Donc, deuxième
observation.
M. Paradis: Est-ce que vous permettez une question?
M. Bérubé: Non, plus tard, M. le
Président.
Donc, lorsqu'on parle de maintenir une capacité concurrentielle
au Québec, je dois dire que c'est justement le sens de l'effort de
l'actuel gouvernement, effort qui avait conduit jusqu'en 1980-1981 à une
réduction de l'effort fiscal qui a fait en sorte que nous
n'étions qu'à 8% au-dessus de celui de l'Ontario, alors que les
libéraux nous avaient toujours maintenus à 13% et 14%. Donc,
première observation: Les libéraux n'ont aucun conseil à
nous donner en ce qui a trait aux objectifs d'administration publique au
Québec, en ce qui a trait aux objectifs de réduction de l'effort
fiscal, parce qu'ils n'ont jamais donné l'exemple. On n'a d'ailleurs
qu'à regarder leur façon de gérer à Ottawa avec les
déficits qui se font présentement.
On nous parle de réglementation. M. le Président, je n'y
peux rien si l'Opposition n'est jamais sortie de sa cour. Mais n'importe qui,
faisant affaires aux États-Unis, connaît la réglementation
environnementale américaine qui est de loin plus sévère
que celle du Québec. N'importe quel industriel ou homme d'affaires qui
doit travailler, que ce soit aux États-Unis ou en Ontario, va savoir que
les réglementations de ces provinces sont tout à fait comparables
à ce qui est en vigueur ici.
Par conséquent, tant et aussi longtemps que le Parti
libéral ne sera pas en mesure de montrer aux Québécois de
véritables solutions d'avenir, nous aurons toujours un exemple à
Ottawa d'administration libérale et, à partir de cela, on pourra
conclure à leur capacité. Ces gens n'ont aucun conseil à
nous donner en ce qui a trait à la réduction de l'effort fiscal.
Ils n'ont aucun conseil à nous donner en ce qui trait à la
réduction de la bureaucratie. On n'a qu'à voir le projet de loi
du ministre de l'Environnement au printemps dernier, où au lieu
d'assujettir l'ensemble des entreprises à des permis environnementaux
donnés a priori, on remplace par l'approbation par le gouvernement des
plans préparés par les professionnels en disant: Puisque les
professionnels ont la responsabilité, puisqu'ils ont les connaissances,
nous nous bornerons à définir les normes, les objectifs et ce
sont les professionnels qui les mettront en application. Voilà une
mesure qui réduit la bureaucratie. Sous notre administration; le nombre
de fonctionnaires n'a pas augmenté de 100 000, comme pendant les six
années de gouvernement du Parti libéral. Il n'y a pas 100 000
fonctionnaires de plus pour administrer la bureaucratie; il y en a 5000 de
moins. Cela, c'est symptomatique d'un effort important fait par ce gouvernement
et que vous êtes incapables de reconnaître, parce que vous
êtes incapables de comprendre comment on gère une administration
publique.
Troisièmement, lorsqu'il s'agit de parler de projets
communautaires, on est là à dénigrer le travail de gens
qui investissent dans des projets genre PAT...
M. Middlemiss: Non.
M. Bérubé: Oui, en décrivant ces projets
comme étant un trou qu'on creuse ici, un trou qu'on bouche
là.
M. Middlemiss: Pendant vingt semaines.
M. Bérubé: On oublie que ces projets communautaires
sont issus de nos concitoyens, viennent de citoyens qui en ont assez de
l'assurance-chômage, qui en ont assez de ne pas pouvoir se trouver un
emploi et qui veulent faire quelque chose d'utile pour leurs concitoyens, qui
conçoivent, comme tantôt, un projet. Je parle du projet des
personnes âgées. On me dit que des personnes âgées
d'Iberville ont mis sur pied un projet pour sortir des gens de l'hôpital
et leur permettre de rester chez eux. Voilà ce que le
député de Louis-Hébert a décrit comme étant
un trou qu'on creuse. Prendre de nos concitoyens qui immobilisent des lits dans
les hôpitaux et qui font en sorte qu'on ne puisse pas donner des services
aussi bons à la population, les sortir, les ramener chez eux et s'en
occuper, avec des gens généreux qui ont le goût de
travailler pour leurs
concitoyens, qui sont prêts, comme bénéficiaires de
l'aide sociale, à aller dans ces maisons et s'occuper de ces malades,
voilà ce que le député de Louis-Hébert a
décrit comme étant un trou qu'on creuse. Le trou que le
député de Louis-Hébert creuse, il est en dessous de ses
pieds. C'est la raison pour laquelle, demain, il n'y aura plus un
libéral dans le monde. C'est fini, le Parti libéral; il n'y a
plus un seul gouvernement libéral dans aucune province canadienne...
M. Paradis: Adolf Hitler a déjà dit quelque chose
de semblable.
M. Bérubé: Et regardez bien la prochaine
élection fédérale.
M. Middlemiss: La provinciale nous intéresse bien
plus.
M. Bérubé: Ce ne sont pas des tomates que M.
Trudeau va recevoir, ce sont des votes pour M. Clark.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Terrebonne, avant de redonner la parole pour un autre
tour sur ce sujet, j'ai l'impression qu'on a discuté de cet engagement
passablement. On a élargi le débat à discuter de
l'ensemble des programmes de retour au travail.
M. Paradis: J'aurais une suggestion à vous faire, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Si vous aviez une suggestion
à me faire, parce que je m'apprête à demander de changer
d'engagement.
M. Paradis: S'il y a entente entre les partis, je vais poser au
ministre la question que j'avais retenue. Elle est très brève et,
s'il veut y répondre, il y répondra; s'il ne veut pas, il ne me
répondra pas et on continuera. Il n'y a pas de discours et il n'y a pas
de préambule à la question.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous tenez à
ravoir le droit de parole, M. le député de Terrebonne? On a
déjà fait d'autres discussions semblables où on a
discuté un programme, où on a invité le ministre, etc. On
l'a fait en ce qui concerne le transport.
M. Blais: M. le Président, je vais vous demander une
explication. Je trouve que la proposition du député de
Brome-Missisquoi est plus qu'acceptable, mais, vu qu'on m'a dit que je ne
connaissais absolument rien de l'assurance-chômage, j'aurais voulu faire
une petite rectification.
M. Paradis: II en a déjà reçu!
Le Président (M. Gagnon): Je vais vous permettre une
petite intervention vu que vous avez été mis en cause.
M. Blais: Une minute ou une minute et demie au maximum.
M. Paradis: Lui, ça va, mais, si l'autre embarque, il y a
un de mes gars qui va embarquer.
M. Blais: D'accord, allez-y, c'est gros ce que vous avez dit tout
à l'heure.
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de question
d'allez-y; on est ici pour étudier les engagements financiers. Je n'ai
rien contre le fait que cette commission exprime le voeu d'inviter un ministre
à un débat comme on l'a déjà fait, mais on est en
train de faire un débat qui ne touche plus les engagements financiers,
à mon point de vue.
M. Blais: Moi, M. le Président, j'ai ici un
élément qui est concerné et, franchement, ce qui a
été dit du côté de l'Opposition, je ne peux pas
laisser passer ça ainsi. Il faut que je réponde.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Paradis: On va y répondre.
M. Blais: Je vais essayer d'être très bref et de
m'exprimer dans des mots assez simples pour que même le
député qui est mon vis-à-vis, le député de
Louis-Hébert, me comprenne. Alors, ça va être
extrêmement simple, comme vous voyez! Justement, je vais essayer de me
rabaisser à votre niveau intellectuel pour une soixantaine de
secondes.
M. Doyon: Vous volez bien bas.
M. Blais: En tant que volage, je pense que vous êtes un
spécialiste.
M. Doyon: Vous volez très bas!
M. Blais: II est question dans ça de
responsabilités, tout simplement et purement. Je l'ai dit tantôt
en termes, à ce qu'il me semble, trop compliqués; je veux me
reprendre en termes simples.
Le gouvernement fédéral a des responsabilités. Les
gouvernements provinciaux ont des responsabilités. La
responsabilité des gens sur le bien-être social, c'est une
responsabilité provinciale. La responsabilité des gens qui sont
aptes au travail est la responsabilité du gouvernement
fédéral. C'est le système dans lequel nous vivons. Au
Québec, comme dans les autres provinces, pour les gens qui sont sur le
bien-être social, jamais vous n'avez vu un gouvernement dire:
Après 40 ou 60 ou 70 semaines, nous ne prenons plus nos
responsabilités. Du côté du chômage, du
côté des gens aptes au travail, le gouvernement
fédéral a décidé qu'après 52 semaines, il ne
prenait plus ses responsabilités. Ce n'est tout de même pas la
faute des gouvernements provinciaux. Le gouvernement fédéral,
comme on m'a dit tantôt, c'est lui qui décidera en fin de compte.
Ce n'est pas notre faute s'il décide après 52 semaines de ne plus
prendre ses responsabilités. D'ailleurs, responsabilité du
côté budgétaire; on finance 7 000 000 000 $ ou 8 000 000
000 $ cette année de la caisse d'assurance-chômage. C'est, je
crois, ce que cela va coûter cette année. Au Québec, on a
eu un déficit de 3 000 000 000 $ l'an passé. On a un
déficit de 3 000 000 000 $ cette année. Nous avons pris nos
responsabilités devant notre budget. Nous avons adopté des
mesures impopulaires qui font votre affaire d'ailleurs, temporairement.
L'augmentation sur l'essence, etc. On a coupé 500 000 $ dans les
salaires, 800 000 $ dans les services...
M. Paradis: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement. M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si ces projets de loi avaient fait notre affaire, on
aurait voté pour en Chambre. Je vous ferai remarquer que l'Opposition a
voté contre.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous avez la parole.
M. Blais: On a pris nos responsabilités pour maintenir
notre déficit à 3 000 000 000 $. À Ottawa, du
côté du chômage, vu qu'ils n'ont pas pris leurs
responsabilités, dans aucun domaine d'ailleurs, leur déficit est
passé de 10 000 000 000 $ à 20 000 000 000 $.
M. Bérubé: Ils se sont trompés de 10 000 000
000 $.
M Blais: 100% en sept mois. Je conclus là-dessus, M. le
Président. Je vous ai dit que je serais très court. Je vais
conclure dans quinze secondes. Ils n'ont pas pris leurs responsabilités.
S'ils avaient pris leurs responsabilités, ils auraient probablement
été obligés de doubler les prestations
d'assurance-chômage. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait, ils ont
coupé à 52 semaines et les gens se retrouvent entre les mains du
Québec. Le député de Louis-Hébert dit que nous
autres on ne prend pas nos responsabilités, qu'on va même aller en
élection bientôt parce que les gens disent qu'on ne les prend pas.
Je m'excuse, nous les avons prises du côté budgétaire. Nous
venons de les prendre devant les gens qui sont sur l'assistance sociale
actuellement pour forcer le fédéral à reprendre une
responsabilité dont il s'est départi par manque de conscience
sociale. Nous trouvons un artifice que la Confédération nous
permet pour lui refiler sa responsabilité qu'il est trop lâche
financièrement de prendre. Ce n'est pas nous qui allons aller en
élection, ce sera le fédéral, parce qu'il est dans un
cul-de-sac financier. Dès que le Parti libéral est dans un
cul-de-sac, il refile le pouvoir à un autre qui, lui, prendra les
responsabilités pour essayer de revenir en disant que l'autre a
été mauvais. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville, avec le consentement du député de Brome-Missisquoi
qui avait la parole avant vous, et après je conclurai avec le
député de Brome-Missisquoi qui a des questions à poser au
ministre.
M. Beauséjour: M. le Président, je suis
obligé de dire pour avoir eu des contacts avec des gens qui ont
travaillé dans l'un ou l'autre des projets dont il est fait mention ici
que ce programme-là est un programme positif. Je ne sais pas quel genre
d'assistés sociaux il y a dans Louis-Hébert, s'il y en a
beaucoup, mais, s'il y a un projet semblable dans son comté, qu'il aille
visiter les gens qui y travaillent. Ce qu'il faut dire aussi c'est qu'au niveau
des assistés sociaux il y en a qui sont plus pourvus, je dirais,
à cause des études, etc. Il y en a d'autres qui sont moins
pourvus. Quand on voit quelqu'un se ramasser sur l'assurance-chômage
après 25 ans de travail, pour se replacer, c'est assez difficile,
puisqu'il ne sait ni lire ni écrire. Dans la situation actuelle, ce
n'est pas tellement facile de se replacer. Faire disparaître ce
programme-là, cela reviendrait à dire à beaucoup de gens
que j'ai rencontrés: Vous avez du coeur au ventre, restez chez vous. On
va vous payer avec l'aide sociale au lieu de faire un travail. (18 h 45)
Aussi, ce que j'ai indiqué, je ne sais pas si tous les projets
sont semblables, mais quant à ces deux projets, il y a des gens qui vont
vous aider à vous replacer sur le marché du travail, à
vous entraîner dans ce sens. Non, restez à l'aide sociale, restez
chez vous, ne faites rien. Pourtant, j'entends beaucoup de gens qui disent que
l'on devrait trouver un moyen pour que les assistés sociaux puissent
aller poinçonner. D'autres disent qu'ils devraient trouver un travail
que les municipalités leur donneraient. Je dis que ce programme est
très bon, pour avoir vu -il -y en a d'autres aussi qui ne sont pas
indiqués ici - des gens qui travaillent sur le projet, comme c'est le
cas ici, qui en profitent. Maintenant, aux gens du club de
l'âge d'or qui ont parrainé le projet, à la
responsable du projet, aux centres de bénévolat qui ont
parrainé le projet et qui sont en contact justement avec des gens des
centres de bénévolat, des gens...
M. Bérubé: Que de creuseurs de trous inutiles.
M. Beauséjour: ... qui quand même rencontrent
d'autres personnes qui ont des problèmes...
Une voix: Dites comme le ministre là.
M. Beauséjour: ... je serai obligé de dire que le
député libéral de Louis-Hébert, je ne sais pas si
c'est la politique du Parti libéral, préfère que vous
restiez chez vous à recevoir de l'aide sociale plutôt que de faire
valoir vos qualités dans des projets et aussi de travailler à
vous chercher de l'emploi. Le Parti libéral, c'est ça, il veut
que vous restiez chez vous à ne rien faire, parce que vous avez trop de
coeur au ventre et vous voulez travailler. Quant à l'emploi dans le
domaine de l'industrie, bien sûr, il y a d'autres programmes qui viennent
en aide dans ce sens, mais il restera toujours qu'il y aura des gens qui auront
besoin d'un tel programme.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, la discussion s'est ouverte
à la suite de réponses qu'avait données le
président du Conseil du trésor au député de
Louis-Hébert. Par la suite, des gens du parti ministériel se sont
raffinés dans leur discussion, l'un vantant tantôt les
mérites du groupe qui a fait une demande pour la subvention, l'autre
vantant l'aspect social des bénéficiaires dans les projets dont
parle les députés d'Iberville et de Saint-Jean. Ce qu'il faut
retenir des réponses du président du Conseil du trésor,
c'est que ce n'était pas la considération essentielle. L'attaque
menée par le député de Louis-Hébert portait sur les
20 semaines. Si les gens du Club de l'âge d'or d'Iberville ont un projet
valable, est-ce qu'il est valable pour 20 semaines? Est-ce que c'est eux qui
ont décidé cela? Est-ce que les malades qui sont sortis de
l'hôpital, au bout de 20 semaines, ne sont plus malades, sont-ils
complètement guéris? Ce n'est pas là l'attaque, M. le
député d'Iberville. Vous n'avez pas compris votre programme. Vous
n'avez pas compris les propos du président du Conseil du trésor.
Le but de la chose, c'est de transférer au fédéral, dans
une politique à court terme, le nez collé sur le pare-brise,
comme disait le député de Louis-Hébert... ce n'est pas
d'aider le club de l'âge d'or, ni d'aider les assistés sociaux. Le
but premier, la substance, la substantifique moelle du programme, c'est de
transférer l'argent; c'est à ça que le Parti
libéral s'attaque. Il ne s'attaque pas à votre club de
l'âge d'or. Il ne s'attaque pas à vos bénéficiaires.
Vous leur direz. Il s'attaque à cette stratégie du chien qui
court après sa queue, à court terme.
Au lieu de vous accrocher à des chicanes éternelles avec
le gouvernement fédéral, qu'est-ce qui vous empêche de vous
asseoir à la même table et de discuter paisiblement ce qu'il y
aurait de mieux à faire pour ces gens? Pas sur 20 semaines, des projets
valables, des projets acceptables et des projets qui ne lâcheront pas les
malades au bout de 20 semaines. C'est ça le sens de l'intervention, M.
le député d'Iberville, et je pense que vous êtes capable de
saisir cela. Parce que si votre projet est valable, il n'est peut-être
pas valable automatiquement seulement pour 20 semaines. Si vos malades sont
malades, ils ne sont pas strictement malades pour 20 semaines. Quand vous aurez
compris cela, vous allez être un des premiers à vous lever en
Chambre et à dénoncer le ministre responsable du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et lui dire que vos
projets sont valables pour plus longtemps que ça. Mes gens en ont besoin
pour plus longtemps que ça. Ce n'est pas se débarrasser des gens.
En essayant de berner vos gens, vous avez réussi à vous berner
vous-mêmes.
Ma question, maintenant, au président du Conseil du
trésor, est la suivante: M. le président du Conseil du
trésor, parmi les chiffres que vous avez cités tantôt
relativement à la compétitivité entre le Québec et
l'Ontario, est-ce que vous avez tenu compte du facteur du déficit
accumulé? Vous avez cité des 16%, 14%, que cela avait
remonté de 1%, que c'était sensiblement comparable. Je veux
savoir si, dans l'établissement de ce calcul, vous avez tenu compte du
déficit accumulé.
M. Bérubé: On tient compte de l'effort fiscal
global. Le déficit accumulé se traduit par un service de la
dette, qui se traduit par un effort de taxation conséquent.
M. Paradis: Pour l'année courante.
M. Bérubé: Le déficit accumulé se
traduit directement dans l'effort fiscal. Je ne vois pas d'autre façon
d'en tenir compte.
M. Paradis: Est-ce l'effort fiscal strictement...
M. Bérubé: Global.
M. Paradis: ... pour l'année courante, par exemple?
M. Bérubé: Oui, oui.
M. Paradis: D'accord. Donc, si une province - je veux vous donner
un exemple -a un déficit accumulé de 18 000 000 000 $, il est
certain que, pour cette année-là, son effort au niveau du service
de la dette sera plus fort que celle qui aurait 2 000 000 000 $ ou 3 000 000
000 $ de déficit accumulé. Mais ce que vous ne considérez
pas, c'est l'obligation pendant l'année suivante, en augmentant le
déficit d'année en année, de suivre et d'être moins
compétitif d'année en année. Mais l'homme qui investit
tient compte de ça.
M. Bérubé: L'effort fiscal est basé sur le
service de la dette actuel. Je rappellerais au député de
Brome-Missisquoi que, depuis trois ans, le déficit est maintenu à
3 000 000 000 $. Je rappellerais au député de Brome-Missisquoi
que le ministre des Finances a réitéré sa volonté
de maintenir ce déficit à ce niveau de telle sorte que
l'inflation vienne gruger graduellement dans l'importance de ce déficit
et le ramène à un niveau qui nous paraît un peu plus
acceptable. Quand il s'agit de variations, il ne s'agit pas de grosses
variations, en ce sens que la moyenne des déficits gouvernementaux en
pourcentage des dépenses est, au Canada, à peu près de
l'ordre de 11%. Si on fait le calcul au Québec, notre déficit
étant autour de 3 000 000 000 $ sur un déficit de 22 000 000 000
$, cela donne à peu près 13,6%.
M. Paradis: Pour le journal des Débats, ce n'est pas sur
un déficit de 22 000 000 000 $, c'est sur un budget de
dépenses.
M. Bérubé: Un budget de dépenses, oui. Je
ramenais cela en budget de dépenses. Je m'excuse, vous avez raison.
Donc, cela donne à peu près 13,6 en pourcentage. Nous sommes donc
légèrement au-dessus de la moyenne nationale.
M. Paradis: Mais au niveau du déficit accumulé,
comment se situe-t-on en comparaison des autres provinces?
M. Bérubé: Pour le déficit accumulé,
je ne pourrais pas vous le dire comme tel, mais il faudrait non pas tellement
parler de déficit accumulé que de service de la dette en
pourcentage des dépenses. Je n'ai pas à l'esprit le chiffre exact
du service de la dette.
M. Paradis: Cela me paraît important. Si on prend une
décision d'investissement dans quelque province canadienne que ce soit,
il est certain que le niveau de taxation pour l'année en cours se
compare également. Mais il est certain que l'homme d'affaires ou
l'investisseur a également en tête ce déficit
accumulé.
M. Bérubé: Non. Je pense qu'on s'en va dans un
exercice qui m'apparaît futile. Il y a deux paramètres qui sont
importants: premièrement, c'est la croissance du déficit et,
deuxièmement, le service de la dette aujourd'hui, qui traduit le
déficit passé. Ce sont les deux facteurs dont il faut tenir
compte. Si le déficit du gouvernement en pourcentage de nos
dépenses est comparable à celui des autres provinces, notre
service de la dette n'augmentera pas plus vite au Québec que dans les
autres provinces. Donc, notre objectif peut être de se ramener sur une
moyenne. Or, si, à l'heure actuelle, le déficit courant du
Québec représente 13,6% des dépenses totales, alors
qu'à Ottawa, si je ne me trompe, il est de 37% ou à peu
près...
Une voix: Vingt.
M. Bérubé: 37%, c'est absolument
phénoménal, c'est incroyable!
Une voix: Avec toute l'assurance-chômage qu'il paie!
M. Bérubé: ... et que la moyenne des provinces
canadiennes est de 11%, eh bien, oui, on peut se dire qu'on devrait le baisser
de 13,6% à 11%. Toutefois, il suffit de maintenir à 3 000 000 000
$ le déficit actuel, de laisser l'inflation gruger dans ce
déficit en laissant, évidemment, les dépenses
croître à côté, ce qui fera que, en maintenant la
politique actuelle encore pendant un an ou deux, nous aurons ramené le
déficit, en pourcentage des dépenses, à un niveau tout
à fait comparable à la moyenne canadienne. Donc, le
problème du déficit n'est pas un problème majeur. Il faut
le bloquer au niveau où il est rendu, indéniablement, mais...
M. Paradis: Est-ce que dans votre stratégie...
M. Bérubé: ... l'écart par rapport à
la moyenne canadienne n'est pas à ce point considérable. On n'est
pas en train de parler de 37% par rapport à 10%, comme à Ottawa;
on est en train de parler de 13,6% par rapport à 11%. C'est ça,
l'effort; alors, c'est moins considérable.
M. Paradis: Mais, est-ce que dans votre stratégie
gouvernementale au Conseil du trésor vous considérez, dans les
prochaines années et comme président, maintenir le déficit
à son niveau actuel, ou proche, ou si vous considérez faire plus
que ça, aller
tranquillement vers un point zéro, embrayer dans l'autre sens,
sans le faire tout d'un coup?
M. Bérubé: Non. Le ministre des Finances l'a
expliqué au sommet de Québec, l'objectif est de maintenir le
déficit au niveau actuel, de l'empêcher de croître, de telle
sorte qu'avec l'inflation, graduellement, ce déficit, en pourcentage de
nos dépenses, se ramène à une moyenne canadienne, ce qui
est encore possible en maintenant l'effort pendant un an ou deux. Donc...
M. Paradis: Mais, au niveau des finances publiques, si l'on fait
cela et qu'on accepte votre théorie, quand même à chaque
année, le pourcentage devrait diminuer comme vous le dites...
Le Président (M. Gagnon): C'est la dernière
question et la dernière réponse.
M. Paradis: ... mais on va toujours administrer avec un
déficit. Est-ce qu'on peut, comme gouvernement, à quelque niveau
qu'on se situe, toujours administrer avec un déficit?
M. Bérubé: Oui, je pense que cela vient d'une
incompréhension que l'on dénote assez souvent chez nos
concitoyens qui, eux, se rendent bien compte que, dans leurs finances
personnelles, ils ne peuvent pas vivre annuellement avec un déficit. Ils
se disent: Si je dépense plus que je gagne, il faut que j'emprunte
à la banque. Si je fais cela un an, deux ans ou trois ans, je vais
évidemment manquer d'argent. Ce qu'on oublie cependant, c'est que si
vous demandez à l'un de nos concitoyens: As-tu une hypothèque sur
ta maison...
M. Paradis: II va dire oui.
M. Bérubé: ... il va dire oui. Donc, tu as fait un
déficit. Il dit: Ah non! Je n'ai pas fait de déficit, j'ai
emprunté de l'argent pour m'acheter une maison. Le problème,
c'est donc un problème de comptabilité, en ce sens que...
M. Paradis: Une minute! Entre la maison et l'épicerie, il
y a une différence.
M. Bérubé: ... un déficit gouvernemental qui
serve à financer des immobilisations...
M. Paradis: Cela va.
M. Bérubé: ... est un déficit tout à
fait acceptable. Deuxièmement, il faut faire attention, lorsqu'on
analyse ce problème, de le faire globalement en ce sens que, lorsque
l'on veut comparer déficits, budgets, emprunts, il faut le faire
à l'échelle de l'ensemble des corps publics. Par exemple, au
Manitoba, les emprunts pour Hydro-Manitoba passent en partie par le
véhicule du gouvernement du Manitoba; donc, apparaissent dans le
déficit du Manitoba les emprunts d'Hydro-Manitoba, alors que, chez nous,
c'est différent. On pourrait également avoir une politique en
vertu de laquelle Hydro-Québec financerait un pourcentage moindre de ses
immobilisations, donc baisserait ses tarifs, comme dans plusieurs autres
services publics nord-américains, et l'Ontario en particulier est un
exemple. Notre taux d'autofinancement de nos immobilisations est beaucoup plus
élevé à Hydro-Québec qu'à Hydro-Ontario, par
exemple. Donc, on pourrait baisser le taux d'autofinancement
d'Hydro-Québec, ce qui aurait comme conséquence qu'il faudrait
hausser les tarifs d'Hydro-Québec, mais aurait comme conséquence
automatiquement de nous amener à baisser nos emprunts. On peut jouer
avec les emprunts d'Hydro-Québec comme avec la taxation
d'Hydro-Québec et on peut jouer avec la taxation et nos emprunts; il
faut donc regarder l'ensemble de la taxation dans une province et l'ensemble
des emprunts. C'est pour cela que, chaque fois que l'on traite de cette
question, on regarde l'équilibre global entre les immobilisations et les
emprunts publics; on ne prend pas seulement les emprunts du Québec et
les immobilisations du Québec, mais on prend les immobilisations
publiques. Si vous faites cette analyse, vous allez voir qu'ils sont en
équilibre, que les immobilisations au Québec, comme celles des
corps publics, sont en équilibre avec les emprunts. Nous avons une
politique au Québec en vertu de laquelle nos tarifs
d'électricité sont peut-être plus élevés que
nécessaire, ce qui nous donne des emprunts d'Hydro-Québec moins
importants que nécessaire. Par contre, c'est compensé
nécessairement par un effort de taxation moindre et des emprunts plus
forts du gouvernement du Québec. Il faut regarder globalement.
M. Paradis: Ce que vous me dites finalement, si l'on s'en tient
aux livres de la province de Québec, lorsqu'on annonce un déficit
de 3 000 000 000 $ cette année, ce déficit est causé par
des immobilisations?
M. Bérubé: Les 3 000 000 000 $ ajoutés aux
autres emprunts des secteurs public et parapublic sont causés
entièrement par des immobilisations.
M. Paradis: II n'y a rien de services au jour le jour...
M. Bérubé: Non, absolument pas.
M. Paradis: ... qui peuvent être' compris
là-dedans?
M. Bérubé: Globalement, je vous dis
globalement...
M. Paradis: Ah oui! mais...
M. Bérubé: ... c'est-à-dire l'ensemble des
emprunts du secteur public...
M. Paradis: ... des opérations comptables...
M. Bérubé: ... et l'ensemble des immobilisations du
secteur public sont en équilibre.
M. Paradis: On a donc investi cette année dans les
immobilisations des secteurs public et parapublic 3 000 000 000 $ au
Québec.
M. Bérubé: Plus que cela, près de 6 000 000
000 $. Il y a pour près de 6 000 000 000 $ d'immobilisations.
M. Paradis: Est-ce qu'on tient compte dans vos calculs pour en
arriver à dire qu'il n'y a pas d'argent qui sert pour acheter
l'épicerie, comme on pourrait dire, est-ce qu'on tient compte de la
dépréciation de nos actifs? (19 heures)
M. Bérubé: Non. Dans la gestion des immobilisations
gouvernementales, on n'ajoute aucune dépense reliée à la
dépréciation.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 607, on
n'arrête pas. 800.
M. Polak: Engagement 800.
Le Président (M. Gagnon): Ne me dites pas que vous avez
une question à 800, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. C'est le seul dossier dont j'ai la
responsabilité.
J'ai une question, il s'agit d'une subvention à la CSST de 2 000
000 $ pour fins de formation, d'information et de recherche. Il est bien connu
que le gouvernement est obligé seulement de payer les frais d'inspection
à la CSST. Au début, quand la CSST commençait à
fonctionner, cela prenait une subvention pour commencer l'appareil, mais pour
le reste, c'est censé être autofinancé par la contribution
de la part des employeurs. Quelle est la raison pour laquelle, en janvier 1982,
on donne encore une subvention de 2 000 000 $?
M. Bérubé: Dans la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, l'article 250 prévoit que le
gouvernement peut verser à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail
une aide financière pour la formation, l'information et la recherche.
Compte tenu de l'effort que les syndicats avaient accepté de mettre dans
des programmes de formation et compte tenu d'un besoin additionnel de 2 000 000
$ dont ils nous ont fait la preuve, le gouvernement a décidé de
réinjecter 2 000 000 $.
Travaux publics et Approvisionnement
Le Président (M. Gagnon): Travaux publics et
Approvisionnement, engagements 200, 600, 601.
M. Polak: Oui, engagement 601.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 601.
M. Polak: Renouvellement d'un bail de location d'un local d'une
superficie de tant de mètres sur le boulevard Dorchester ouest,
Montréal, destiné à loger les services du ministère
du Conseil exécutif; le montant de l'engagement est de 887 100 $. Qui
cela concerne-t-il? Le ministère du Conseil exécutif, qu'est-ce
que cela veut dire? Est-ce que c'est l'équipe du premier ministre?
M. Bérubé: II s'agit de loger les services de
l'OPDQ, l'Office de planification et de développement du Québec
qui, comme on le sait, relève maintenant du Conseil exécutif.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 602, 603, 604.
M. Polak: Engagement 604.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 604, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: II s'agit d'un renouvellement de contrat pour location
de local d'une superficie de tant de mètres à Verdun,
destiné à loger les services du ministère de la Justice.
Je dois remarquer ici qu'il ne s'agit pas d'un renouvellement, il s'agit
vraiment d'une prime de cassation de bail, parce qu'on a aboli la Cour des
petites créances et le Tribunal de la jeunesse dans mon comté,
parce que cette section se trouvait dans le comté de Sainte-Anne. Est-ce
que le ministre a des notes pour confirmer qu'il s'agit vraiment de payer au
locateur une prime de cassation du bail?
M. Bérubé: Je ne peux pas vous répondre, il
faudrait demander au ministère.
M. Polak: II ne s'agit pas de renouvellement de contrat, mais
plutôt d'une prime pour annuler un bail pour un local, vu
qu'on a aboli la Cour des petites créances et le Tribunal de la
jeunesse, section de Verdun.
Le Président (M. Gagnon): Engagements 605, 606, 607, 608,
609, 610, 611.
M. Middlemiss: Engagement, 611.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 611, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Engagement 611. "Soumissions publiques. Contrat
pour travaux de réaménagement de la salle d'audience au palais de
justice, 382 rue Saint-Jérôme, Matane. Plus bas soumissionnaire:
Fernand Bélanger Contruction Inc., Matane. Contrat: 69 380 $.
Imprévus: 6900 $. Montant de l'engagement: 76 280 $."
Est-ce qu'on pourrait avoir la nature des travaux?
M. Bérubé: J'ai vraiment, en général,
peu de renseignements sur ces travaux.
M. Middlemiss: La nature des travaux de
réaménagement, est-ce que c'était de
l'électricité?
M. Bérubé: Non.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait le demander, s'il vous
plaît?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Gagnon): À 611, la nature des
travaux de réaménagement de la salle d'audience au palais de
justice.
M. Bérubé: Oui, c'est un vieux palais de justice.
C'est de la réfection, mais je ne peux pas vous dire ce que c'est. Je
sais qu'il y avait de la réfection à faire dans les corridors. Il
y avait des bureaux. On parle de la salle d'audience; je ne suis pas
allé voir.
Le Président (M. Gagnon): 612, 613, 614, 615? M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: "Supplément pour porter à 4 640 000
$ le coût des travaux de réaménagement de l'édifice
Cook-Chauveau et de La Tour, 20 rue Chauveau, Québec. Montant de
l'engagement: 250 000 $." Est-ce qu'on pourrait savoir à quoi est
dû le supplément?
M. Bérubé: Nettoyage du système de
ventilation des parties basses de l'édifice Cook-Chauveau et de La Tour.
Il y a eu modification à la distribution électrique de haute
tension. Il y a des travaux d'aménagement aux locaux de la ville de
Québec et de la Caisse populaire des fonctionnaires qui sont
situés dans cet immeuble.
M. Middlemiss: Est-ce le premier supplément dans ces
travaux?
M. Bérubé: Non. Le premier CT est de 3 450 000 $,
le deuxième, de 200 000 $, le troisième, de 700 000 $. Les
crédits demandés sont de 250 000 $.
M. Middlemiss: Dans ce cas, est-ce qu'on pourrait savoir quel
était le montant du soumissionnaire le plus près de Becan Inc.,
au moment des soumissions originales?
M. Bérubé: Certainement. Je souligne, en passant,
pour bien faire comprendre le sens de la question: soumissions sur la base des
travaux qui étaient décrits dans les plans et devis, en ce sens
que si les plans et devis sont différents, les autres soumissionnaires
aussi auraient soumissionné sur la base de plans et devis
différents. Donc, il faut faire attention pour ne pas comparer des
pommes et des pommes de terre.
M. Middlemiss: Lorsqu'on a demandé des soumissions
publiques, tout le monde a soumissionné sur le même projet.
M. Bérubé: C'est cela, sur le même plan.
M. Middlemiss: Si on veut comparer, cela prendrait tous les
suppléments qui sont survenus après.
M. Bérubé: Oui. Attention, il faudrait en
même temps introduire toutes les modifications aux plans et devis qui
sont survenues après, en ce sens que, si vous comparez le coût
final après quatre suppléments, par exemple, c'est le coût
final sur la base d'un plan et devis qui a subi, lui aussi, quatre
modifications. Par conséquent, si vous comparez le coût final avec
les soumissions initiales, vous ne comparez pas des soumissions portant sur les
mêmes travaux.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait poser la question, à
savoir quels étaient les suppléments qui ont été
dus non pas à des changements, à des choses imprévisibles
ou à des surprises, mais qui portaient sur la même chose, sans
ajouter de travail? Quel était le supplément sur la base
où les gens ont soumissionné?
M. Bérubé: On devrait donc poser la question: Quels
sont les suppléments qui sont reliés à des modifications
aux plans et devis?
M. Middlemiss: Oui.
M. Bérubé: Par soustraction, les autres
suppléments ne sont pas reliés aux plans et devis.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, sur le même article.
M. Polak: Oui, j'ai une question additionnelle sur le même
article. Ce qui m'inquiète, c'est qu'on voit très souvent ces
suppléments. Le principe d'un contrat, c'est qu'on négocie avec
quelqu'un pour faire certains travaux, possiblement à prix forfaitaire.
Il peut y avoir des dépenses imprévisibles. On a eu le
problème de la nature du sol, etc., mais là, en cours de route,
on change de travaux. Tout à l'heure, vous avez dit nettoyage des
conduits. N'était-ce pas prévisible au moment où on a
demandé des soumissions pour ce contrat? Je commence à avoir
l'impression qu'on va demander des soumissions sur un contrat d'une telle
nature et qu'on change tellement de choses en cours de route que vraiment les
nos 2, 3 et 4 auraient le droit de dire maintenant: Si j'avais su cela,
j'aurais pu présenter tout le paquet ensemble. On aurait peut-être
eu de meilleurs prix aux nos 2 et 3, on s'ouvre à une critique
sérieuse.
M. Bérubé: C'est-à-dire que, très
fréquemment, ce ne sont pas des prix forfaitaires, ce sont des prix
unitaires. On va dire, par exemple: "Nous avons 100 verges cubes de gravier
à déplacer. Combien cela va-t-il nous coûter?" Vous allez
avoir une série de soumissions de prix. Vous allez prendre le plus bas
soumissionnaire. Au moment où vous venez pour commencer les travaux,
vous vous apercevez que ce n'est plus 100 verges cubes, c'est 120 verges cubes.
À ce moment vous allez appliquer le prix unitaire à 120
plutôt qu'à 100. Donc, le plus bas soumissionnaire c'était
le plus bas soumissionnaire sur les prix unitaires identifiés. On lui a
décrit des travaux sur des plans et devis et on lui a demandé:
"Combien soumissionnez-vous pour faire ces travaux?" On a pris le plus bas
soumissionnaire et à partir du moment où on a le plus bas
soumissionnaire sur un certain nombre d'unités de travaux, si on doit en
ajouter à ce moment, on le paie en conséquence.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Juste une petite question additionnelle.
C'est que tout de même le public voit cela d'une autre
manière. Il va se dire, si on demande, pour prendre votre exemple, de
faire une estimation sur 100 wagons de ciment et que soudainement on
découvre que cela en prend 120: Comment se fait-il qu'on n'ait pas
été capable de prévoir que cela en prendrait 120? Le
public se dit: On savait très bien que cela en prendrait 120, sauf qu'on
a retenu des soumissions sur 100. Celui qui a obtenu le contrat le savait
peut-être aussi, ensuite il y a une augmentation, cela réduit son
prix unitaire. Avec cela, on s'ouvre à une critique. Pour moi, il faut
avoir ce supplément seulement dans les cas exceptionnels où on
trouve un cas de force majeure imprévisible. L'affaire de travaux un peu
plus cher qu'avant ou d'une manière différente, je crois que
n'importe quel ministère a l'obligation d'au moins demander les
données les plus près de ce qu'on veut avoir.
M. Bérubé: Oui, effectivement. D'ailleurs, j'ai eu
l'occasion à un moment donné, ici, dans le cas du
ministère des Transports, de présenter des statistiques sur le
pourcentage des contrats où il y avait des dépassements. La
très grande majorité des contrats, je ne me souviens plus de
pourcentage maintenant, se fait sans dépassement. En d'autres termes, la
description des travaux a été faite de façon suffisamment
précise avant de commencer les travaux que les soumissionnaires ont pu
effectivement proposer des prix et on est entré à
l'intérieur des coûts.
Il y a un pourcentage qui est également élevé - je
me souviens que ce n'était pas négligeable - de travaux où
il y a des dépassements qui excèdent les 10% de marge normalement
tolérés. Je pense que le député de Sainte-Anne a
raison de soulever cette question, en ce sens que c'est surtout un signe de
mauvaise gestion qui rend la planification budgétaire difficile. Ce
n'est pas tellement qu'il y a de la fraude ou qu'on s'imagine que cela a
été fait de façon inefficace, c'est surtout qu'il devient
difficile de planifier des budgets. Si un administrateur prévoit que
l'on doive investir X millions de dollars dans un projet et qu'à tout
bout de champ on nous arrive avec des dépassements de 10%, 20% ou 30%,
forcément quand il dépasse ici il faut prendre l'argent ailleurs,
donc on doit couper ailleurs. Il est normal de s'attendre que nos
administrateurs fassent une bonne prévision pour faciliter notre
tâche de préparation des budgets. Cela est indéniable.
Également, des dépassements trop fréquents
pourraient impliquer un mauvais contrôle des coûts, une tendance
à accepter des travaux d'ingénierie mal faits de telle sorte que
les plans et devis sont incomplets. Cela pourrait signaler effectivement de la
mauvaise gestion. C'est pour cela que chaque fois qu'il y a de tels
dépassements, au niveau du Conseil du trésor, il y a une analyse.
Je sais par exemple qu'au niveau du ministère des Affaires sociales,
depuis un certain nombre d'années, on devait constater qu'à
chaque fois que la facture de
construction d'hôpitaux ou de foyers pour personnes
âgées nous était finalement livrée il y avait des
dépassements considérables en ce qui a trait aux autorisations
qui avaient été émises initialement. On est en voie
présentement au ministère des Affaires sociales de faire un
certain ménage dans cette direction pour faire en sorte
qu'effectivement, lorsqu'on nous propose des prix, on nous propose des prix
valables.
Il arrive souvent aussi qu'il y ait des questions d'indexation de
coûts des travaux. C'est qu'entre les moments où les devis sont
préparés et le moment où les travaux sont
réalisés, il s'est écoulé, un an, un an et demi,
deux ans, il y a eu une augmentation des coûts reliée à
l'inflation. Il nous faut à ce moment corriger les engagements initiaux.
À nouveau, je pense que cela implique que, lorsque l'on prépare
les calendriers, l'on prévoie des indexations, par exemple, pour la
mi-période des travaux, de telle sorte qu'on ait une meilleure
précision dans les prévisions de coûts. (19 h 15)
Vous avez raison de soulever cette question. Cela ne me fatigue pas
chaque fois que l'on me pose la question: Mais pourquoi le ministère
a-t-il mal prévu - comme dans le cas d'un pont qu'on analysait
tantôt, je pense que c'était dans le comté de Pontiac -les
quantités requises pour effectuer le contrat? Je pense que c'est
approprié, parce que lorsque les fonctionnaires se font poser la
question, il semble qu'il y a du monde qui s'intéresse à leurs
travaux, ils ont tendance à aiguiser un peu plus leur crayon. Par
conséquent, ils n'aiment pas tellement être obligés de
répondre à ce genre de question. Je pense que ça joue un
rôle utile de contrôle de parlementaires sur les dépenses
publiques. Chaque fois que vous me posez une question de ce type-là,
ça m'apparaît tout à fait fondé. Mais il reste que,
d'une façon générale, chaque fois qu'on a eu l'occasion de
fouiller - je dis bien: D'une façon générale - les
réponses qu'on nous fournit nous semblent satisfaisantes. Maintenant,
c'est bien évident que je ne vais pas personnellement faire
enquête, je suis bien obligé de prendre les réponses qu'on
me fournit aussi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Pour revenir à l'exemple que le
président du Conseil du trésor...
Le Président (M. Gagnon): Je voudrais vous faire une
suggestion. Il reste à peine quinze minutes et je sais que le
député de Brome-Missisquoi a quelques questions sur les
engagements de 800 à 804. Alors, s'il y avait possibilité d'aller
assez rapidement.
M. Middlemiss: D'accord. J'aimerais, avant qu'on finisse
l'étude du mois de janvier, revenir à la question que j'ai
posée ce matin. J'aimerais revenir à l'exemple du
président du Conseil du trésor, lorsqu'il mentionnait que,
lorsqu'un contrat est accordé au plus bas soumissionnaire, ce n'est pas
nécessairement basé sur les prix unitaires. Il y a certainement
un prix global pour les travaux et, ensuite, on demande assez souvent de
fournir un prix unitaire. Le danger qui se présente... Il faut
surveiller, les entrepreneurs sont fins, s'ils s'aperçoivent que, dans
les devis, il y a une erreur sur la quantité et qu'ils prévoient
que la quantité sera plus grande, ils vont vous donner un prix global un
peu bas, un prix unitaire très élevé et, de cette
façon, on accorde le contrat à celui qui cite le plus bas prix.
On dit: On ne tient pas compte du prix unitaire. Mais si les quantités
sont très élevées, ça cause des suppléments
qu'on voit assez souvent dans ces contrats.
M. Bérubé: On me dit que le ministère des
Travaux publics utilise de moins en moins cette technique, semble-t-il, pour la
raison que vous soulignez. Si je comprends bien, nos entrepreneurs sont
rusés.
M. Middlemiss: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez une autre
question?
M. Bérubé: On me dit que le ministère est
également conscient de leur ruse.
Le Président (M. Gagnon): La question de ce matin,
voulez-vous la poser tout de suite ou si on y reviendra?
M. Middlemiss: J'y reviendrai plus tard, je vais attendre.
Le Président (M. Gagnon): Les engagements 800 à 804
inclusivement, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II s'agit de contrats négociés dans
chacun des cas. Sans lire les libellés au complet, dans le premier cas
il s'agit d'une location auprès de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail, d'un local pour la commission
d'enquête sur la tragédie de la mine Belmoral. Le montant de
l'engagement est de 30 000 $.
Est-ce que c'est le même prix que paie la CSST pour ses
locaux?
M. Bérubé: II faudrait poser la question.
M. Paradis: Dans le cas de l'engagement 801, il s'agit d'un
contrat pour l'acquisition d'un terrain d'une personne qui s'appelle Mme
Héléna Gayouska Snilner, de
Grand-Mère, comté de Laviolette, pour agrandir un centre
du ministère des Transports. Le montant de l'engagement est de 50 000
$.
De quelle façon en est-on arrivé à ce montant?
M. Bérubé: L'évaluation a été
faite par le Service d'acquisition d'immeubles du ministère des Travaux
publics. Donc Mme Héléna Gayouska Snilner a accepté
l'évaluation faite par les Travaux publics.
M. Paradis: Quelle était l'évaluation municipale de
ce terrain?
M. Bérubé: II faudrait le demander.
M. Paradis: Engagement 802, il s'agit d'un...
M. Bérubé: Est-ce que vous voulez avoir
également le coefficient de correction pour ajuster l'évaluation
municipale à la valeur du marché?
M. Paradis: Oui. Dans le cas de l'engagement 802, c'est un
contrat de location d'un local pour relocaliser les services du Bureau des
économies d'énergie. Le coût, au mètre carré,
est de 128,63 $. Le fournisseur est Édifice Read Enr., de
Montréal. Le montant de l'engagement est de 690 457 $.
Pourquoi a-t-on procédé par contrat
négocié?
M. Bérubé: J'ai la réponse ici. Non, je n'ai
pas ici les motifs invoqués par les Travaux publics pour déroger
au règlement concernant les contrats du gouvernement pour la location
d'immeubles. Ici, il s'agit d'une dérogation demandée par le
ministère. Donc, eux-mêmes n'ont pas suivi la procédure
pour louer cet espace. Tout ce que j'ai ici, c'est: "compte tenu des exigences
exprimées par les ministères clients - parce qu'il y a une
série de demandes qui ont été faites - du court
délai de livraison des espaces et du coût locatif avantageux, le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement après
analyse propose un local". En d'autres termes, le ministère avait une
série de demandes, des contraintes. Il fallait mettre les gens sur le
même plancher. Il y avait des problèmes d'espace et autres. Il
semble que le ministère, après avoir examiné, a
identifié qu'il y avait un édifice qui correspondait à
cela qui était bon marché et ils sont allés là.
Maintenant, il faudrait demander au ministère de donner les
justifications pour ce choix particulier d'édifice.
M. Polak: Engagement 802, question additionnelle.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 802, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce que les notes du ministre démontrent si
on a été obligé de payer une prime d'annulation du bail
pour les locaux où on était ou si on a loué un nouveau
local à la fin du bail original? Deuxièmement, comment le prix de
location se compare-t-il avec le prix de location qu'on payait auparavant dans
un autre local?
M. Bérubé: Beaucoup plus bas. Je suis au courant.
À l'heure actuelle, on se dirige vers l'édifice Read pour encore
plus d'occupation. À ma connaissance, on abandonne certains
édifices dans la région montréalaise. Je ne les
mentionnerai pas parce que je ne crois pas que ce soit public encore et je ne
voudrais pas mêler les cartes inutilement. Je sais qu'à l'heure
actuelle nous abandonnons un certain nombre de loyers dans la région
métropolitaine pour nous relocaliser auprès de l'édifice
Read qui, semble-t-il, est très bon marché.
M. Paradis: Est-ce que vous avez encore beaucoup de bureaux
à Place Desjardins?
M. Bérubé: Justement, ici, il s'agit d'abandonner
certains bureaux de Place Desjardins.
M. Polak: Maintenant, je voudrais avoir juste un renseignement,
M. le Président. Que le secrétaire prenne note de ma question.
Est-ce que le ministère est obligé de payer une prime
d'annulation du bail original?
M. Blouin: D'habitude.
M. Polak: Pas d'habitude. Quand tu es un bon homme d'affaires, tu
ne paies pas.
M. Blouin: Si vous cassez votre bail, qu'est-ce que votre
propriétaire vous demandera?
M. Polak: À la fin de mon bail, je négocie un
nouveau bail. Autrement, c'est un gaspillage d'argent.
M. Bérubé: II faut comprendre aussi qu'il y a un
objectif de rationalisation ici, en ce sens qu'il existait à l'immeuble
Desjardins des suites ministérielles. Il y en avait cinq dans des tours
différentes, éparpillées. On devait constater souvent que
ces suites n'étaient pas utilisées complètement, parce que
le ministre passe un bout de temps ici à Québec et en passe dans
son comté, ce qui fait que, finalement, on peut dire qu'il ne fait que
passer. Or, la somme de cinq ministres ne faisant que passer donne
peut-être l'équivalent d'un ministre à temps plein.
On s'est rendu compte, en pratique, qu'on avait des suites
ministérielles qui nous coûtaient inutilement cher, qui
étaient là d'ailleurs depuis des années. Il s'agissait non
pas de suites qu'on a louées, mais de suites que le gouvernement
occupait depuis des années, depuis qu'on a construit la Place
Desjardins. Il faut remonter loin. Est-ce le gouvernement libéral qui a
construit Place Desjardins?
M. Paradis: C'est le mouvement Desjardins.
M. Champagne: C'est la fédération des caisses
populaires.
M. Bérubé: Le mouvement Desjardins, mais on en est
propriétaire. La Caisse de dépôt en est propriétaire
pour une bonne part, à ma connaissance.
M. Paradis: Cela se peut, oui, parce qu'il y avait des
difficultés financières au début.
M. Bérubé: 49%, c'est bien ce que je pensais aussi.
On a 40% de propriété dans Place Desjardins. Étant
propriétaire de Place Desjardins à 49%, on occupe effectivement
beaucoup d'espace à Place Desjardins comme gouvernement et cela remonte
à la nuit des temps, à 1974, à ce qu'on me dit. Il y avait
effectivement des suites ministérielles qui étaient là et
on les a maintenues en place, mais on commence à trouver que,
finalement, il y aurait peut-être de la rationalisation d'espace à
faire. Cette opération consiste à fusionner cinq suites
ministérielles pour n'en avoir qu'une seule à ce
moment-là, avec salle de réunions. Au lieu d'avoir cinq salles de
réunions, je pense bien qu'avec une on devrait en avoir assez et ainsi
de suite. Donc, il s'agit d'une opération de rationalisation. Il y a
toute une série de déménagements qui ont cours, qui
impliquent le Bureau des économies d'énergie, également,
ce qui fait qu'on devrait dégager des espaces. Ceux qui étaient
à Place Desjardins ont dû être expulsés pour
relocaliser des suites ministérielles. C'est la conséquence de
cette opération.
M. Polak: II y a quatre bureaux de ministres qui sont devenus
vacants.
M. Bérubé: On s'en débarrasse. M. Polak:
C'est encore vide.
M. Paradis: Engagement 803, il s'agit d'un renouvellement de
contrat pour un local destiné à loger la Commission des affaires
sociales. Le coût au mètre carré est de 158,88 $. Montant
de l'engagement: 1 672 563,28 $. Le fournisseur est 104646 Canada Inc.,
Montréal. Quel est le pourcentage d'augmentation du prix au mètre
carré?
M. Bérubé: Je le demanderai, je ne l'ai pas ici sur
le décret.
M. Paradis: Engagement 804, un autre contrat
négocié pour l'achat d'un immeuble d'une superficie de 590
mètres pour les besoins de la Sûreté du Québec,
Gaspé. Le fournisseur est Habitat Honguedo Inc. Montant de l'engagement:
336 600 $. De quelle façon a-t-on établi le prix?
M. Bérubé: On me dit que, depuis le début de
1976, on est locataire. On me dit que cela a été
négocié du temps du Parti libéral. Bon, ça va. Je
suis sauf.
Excusez-moi, c'est qu'il faut toujours se surveiller avec vous autres,
il faut toujours se méfier. C'est le 15 septembre 1976...
M. Paradis: Que le prix a été fixé?
M. Bérubé: Le MTPA avait loué des
propriétaires de l'époque. D'ailleurs, il n'y a aucune
ingérence politique. Le propriétaire en question est
peut-être péquiste. Il avait loué à l'époque
au gouvernement libéral. Aucune connotation politique, mais on se
méfie toujours parce qu'à chaque fois qu'on a le malheur
d'annoncer qu'en 1976 on a loué quelque chose, immédiatement, on
voit les yeux et les oreilles de l'Opposition qui s'ouvrent subitement. Fort
heureusement, c'est le 15 septembre 1976.
M. Polak: ...
M. Bérubé: J'imagine, mais enfin...
M. Paradis: II ne sait pas si c'est une bonne décision. Ce
qu'on avait loué, il l'achète.
M. Bérubé: II y avait donc un bail à long
terme de quinze ans. La compagnie Habitat Honguedo Inc. a été
retenue pour construire l'édifice en question selon les
spécifications du MTPA pour ensuite le louer au gouvernement pour une
période de quinze ans. Il s'agit d'une pratique avec laquelle nous ne
sommes pas tellement d'accord. Je dois vous avouer qu'on y a mis fin. En
général, ce qui se produisait, c'est qu'on garantissait à
un propriétaire un loyer, il ne courait absolument aucun risque parce
que c'était le gouvernement qui allait le louer pour les quinze
prochaines années. En pratique, on était aussi bien de le
construire nous-mêmes que de se le faire construire et de l'occuper; cela
ne coûtait pas plus cher. Effectivement, on a abandonné cette
politique. La décision a été prise à
l'époque,
j'imagine que c'était peut-être dans le but d'en confier
davantage à l'entreprise privée, de désengager le
gouvernement et de réduire l'administration. Je pense qu'il y avait
aussi des points de vue qui se défendaient à l'époque.
Je ne suis pas prêt à massacrer l'Opposition sur ce point
en particulier. En fait, les conditions du bail à l'époque
entraînaient pour le propriétaire un déficit, compte tenu
que le coût réel de construction s'est élevé
à 365 000 $ par rapport à un coût estimé de 287 469
$. En d'autres termes, il s'est trompé. On voit bien que, même
dans l'entreprise privée, des erreurs comme ça se produisent.
M. Polak: Donc, un bon bail pour le gouvernement. Voulez-vous,
s'il vous plaît, reprendre tout ce que vous avez dit il y a trois
minutes?
M. Bérubé: Cette différence est due au site,
à l'inflation des coûts, aux délais de mise en chantier, au
manque d'expérience du promoteur, à l'achat d'un terrain plus
grand et plus cher que prévu. Voici les causes qui ont mené
à un dépassement: "Selon les analyses financières qui ont
été réalisées à la demande du MTPA, le
propriétaire se trouve maintenant dans une situation très
difficile. Pour cette raison, il n'a pas pu compléter les travaux
d'aménagements extérieurs évalués à 80 000 $
et offrir tous les services qui devaient normalement être fournis, ce qui
nuirait à l'opération normale du poste de la Sûreté
du Québec. À partir des analyses financières, le MTPA
considère qu'un offre d'achat à un montant de 370 000 $, si elle
était acceptée, engendrerait pour le propriétaire une
perte sensiblement équivalente au déficit d'opération
accumulé sur cet immeuble depuis le début du bail et inviterait
le propriétaire à vendre plutôt que d'encourir une
faillite. La valeur marchande probable de cet édifice, compte tenu de la
dépréciation et du bail, s'établirait aux environs de 300
000 $. L'estimation actuelle du coût de remplacement
déprécié de cet immeuble est de l'ordre de 460 000 $."
Donc, si le MTPA déménage, il va lui en coûter 460 000 $.
(19 h 30)
M. Paradis: S'il n'achète pas, l'autre fait faillite.
M. Bérubé: S'il n'achète pas, l'autre fait
faillite. S'il fait faillite, cependant, c'est la caisse d'entraide
économique qui met la main dessus. Je pense que je vais continuer
à vous lire ça. C'est un dossier impressionnant, je m'en
souviens. Mais comme ça fait longtemps, je l'ai oublié. Le MTPA
souligne que "ce dossier se compare à un dossier similaire traité
en 1975 dans lequel l'inexpérience du promoteur a résulté
en une renégociation d'un loyer ne lui permettant pas de rencontrer les
obligations financières de l'immeuble. À la suite de
l'intervention du Protecteur du citoyen, le MTPA avait alors accepté
d'augmenter le montant qu'il payait pour le loyer. Donc, le MTPA a craint que
le Protecteur du citoyen, dans un signe de constance, revienne avec le
même jugement. "Selon les termes du CT du 15 septembre 1976, le MTPA
louait l'édifice au coût de 53 194 $ par an. Par la suite, le MTPA
ajustait annuellement le coût du loyer selon les indices de Statistique
Canada relatifs aux frais d'exploitation. De plus, le loyer de base pourrait
être révisé à chaque terme d'au moins cinq ans,
où le taux d'intérêt du prêt, fixé alors
à 12%, venait à changer etc. "La compagnie Honguedo est la
propriété de quatre hommes d'affaires de Gaspé. Cette
compagnie serait propriétaire de trois bâtiments à
Gaspé, logeant différents services gouvernementaux. En achetant
l'édifice de la Sûreté du Québec, il semblerait que
le MTPA espère que la santé financière de l'entreprise
deviendra assez forte pour éviter des déboires éventuels
à l'autre édifice loué pour loger des services
gouvernementaux. "Donc, s'ils font faillite avec un édifice, ils vont
faire faillite avec l'autre, ce qui fait qu'ils seront pris avec une
série de loyers. Selon le MTPA, une vente à 370 000 $,
c'est-à-dire sensiblement au prix de construction du bâtiment,
laisserait les quatre actionnaires responsables d'une perte de 12 500 $ chacun.
La firme a effectué un emprunt de 976 000 $ auprès de la caisse
d'entraide économique pour financer ses trois édifices. En ce qui
concerne le seul édifice du poste de la Sûreté du
Québec, l'hypothèque originale s'élevait à 309 000
$. Avec tous ses problèmes financiers, la firme a porté
l'hypothèque à 382 000 $, au taux de 11,5%. Après
vérification, il resterait 306 000 $ à rembourser en octobre 1981
et le prêt est renouvelable le 25 août 1982. La firme devrait de
plus 140 000 $ à divers créanciers. "Les états financiers
de l'entreprise montrent des coûts d'immobilisation, au 31
décembre 1980, de 1 054 000 $ pour ses trois propriétés,
dont 322 000 $ sont affectés à la partie bâtisse
Sûreté du Québec. L'entreprise montrerait un
résultat financier déficitaire cumulatif de 115 200 $, comprenant
les postes et les frais d'exploitation accumulés des trois
propriétés. De ce bilan, un montant de 51 324 $ est attribuable
à l'immeuble présentement occupé par la
Sûreté du Québec, soit 45% du déficit total."
Des données présentées, le MTPA fait ressortir que
l'endettement de la compagnie a tendance à croître rapidement, le
fonds de
roulement est largement déficitaire, le rendement global sur le
capital investi est trop faible. La situation financière de la compagnie
Honguedo semblerait donc assez précaire - c'est le moins qu'on puisse
dire -et, conséquemment, les administrateurs de la compagnie se doivent
de prendre immédiatement action.
Trois options semblent se présenter: ne rien faire; ça
c'est la première. La deuxième: ouvrir le bail pour augmenter les
paiements mensuels...
M. Champagne: M. le Président, une question de
règlement. Nous étions convenus d'arrêter à 19 h 30
et l'Opposition aussi, je pense, est impatiente de terminer.
M. Paradis: Je n'aurais pas l'impolitesse d'interrompre.
M. Bérubé: Je suis en train de vous donner...
M. Champagne: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre de
résumer le reste du document?
Le Président (M. Gagnon):
Effectivement, le fait qu'on a soulevé une question de
règlement, je me dois de demander à la commission la permission
de continuer si elle le veut.
M. Bérubé: Je terminerai ma réponse au
moindre signe de l'Opposition.
M. Polak: Je ne vois aucun intérêt à
continuer.
Le Président (M. Gagnon): Nous avons déjà
dépassé de cinq minutes.
M. Bérubé: M. le Président, si vous me le
permettez et s'il y a consentement, il ne me reste même pas une page.
"Alors, voici les options devant lesquelles le MTPA se situait. Ne rien faire:
si rien n'est fait la firme sera très probablement acculée
à la faillite; dans un tel cas, les trois édifices,
propriété de la firme, seraient repris par la Caisse d'entraide
économique de Rimouski. À ce moment-là, soit que la caisse
tente de vendre au gouvernement les deux édifices que ses services
occupent, soit que la caisse demande la réouverture des baux, compte
tenu que l'enregistrement desdits baux n'est pas valide vis-à-vis de la
caisse. Si la caisse proposait au gouvernement d'acheter, la proposition
pourrait couvrir les deux édifices, ce qui pourrait amener des
déboursés encore plus grands. D'autre part, si la caisse
demandait la négociation de nouveaux baux, le gouvernement devrait
acquiescer et faire enregistrer les nouveaux baux. Dès lors, tout
prospect qui voudrait acquérir les édifices des caisses
d'entraide économique serait pris avec les baux jusqu'à leur
terme. "Ouvrir le bail pour augmenter les paiements mensuels. Cette option
présente le désavantage de placer le MTPA vis-à-vis de
tous ses autres locataires qui voudraient voir rouvrir leurs baux. D'autre
part, les seuls revenus provenant de l'augmentation des baux ne seraient
probablement pas suffisants pour permettre à la compagnie de diminuer
ses créances et d'éviter la faillite. "Troisième
possibilité: acheter l'édifice de la Sûreté du
Québec. Cette alternative présente le désavantage
d'intervenir dans l'évolution d'un marché libre où la
libre concurrence devrait jouer. Le principe d'une telle intervention
apparaît interrogeable dans le contexte où les futurs locataires
pourraient fausser les données en espérant pouvoir vendre des
bâtiments au gouvernement par la suite. D'autre part, cette option
pourrait permettre à la firme de se remettre financièrement en
évitant ainsi la faillite tout en continuant de donner les services
attendus dans l'édifice à bureaux. "Il apparaît que, quelle
que soit la solution retenue, un jour ou l'autre le gouvernement devra se
porter acquéreur de l'édifice que ce soit d'Honguedo, de la
caisse d'entraide ou d'une éventuelle autre partie." Par
conséquent, ils ont décidé d'acheter au prix de
construction.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. Paradis: C'est la première réponse
complète qu'on a aujourd'hui.
Le Président (M. Gagnon): Je vous demande d'accorder
quelques minutes au député de Pontiac qui avait demandé un
complément de réponse cet avant-midi. Cela nous permettrait de
terminer le mois de janvier.
M. Paradis: De fermer cela.
M. Polak: Et de commencer février, on l'espère.
Le Président (M. Gagnon): Bien, on devait terminer
à 19 h 30.
M. Paradis: On commence à 9 h 30 demain matin.
M. Polak: Je pensais qu'il était 18 heures. Ah!
Le Président (M. Gagnon): On commence demain matin
à 9 h 30. M. le député de Pontiac, vous étiez aux
Affaires municipales, je crois, à l'élément...
Affaires municipales (suite)
M. Middlemiss: Oui, on était à l'engagement 600 des
Affaires municipales. Je vous posais la question à savoir si les 300 000
$ de la subvention à la ville d'Aylmer dans le comté de Pontiac
étaient les mêmes qu'on avait au mois de novembre 1981 à
l'engagement 200 des Affaires municipales. Même j'ai constaté - il
y en a deux ici - qu'Amos et Aylmer semblent avoir le même montant, mais
ce sont pourtant deux engagements.
Une voix: Le même que celui de novembre 1981.
M. Middlemiss: Novembre 1981, l'engagement 200.
Une voix: Engagement 200 des Affaires municipales.
M. Middlemiss: Oui, aux Affaires municipales, novembre 1981,
engagement 200.
M. Bérubé: On aurait donc engagé deux
fois.
Une voix: C'est très exceptionnel.
Une voix: Quel était le numéro de l'engagement ce
mois-ci? 600 ou 604?
M. Bérubé: C'est possible, oui. Non, non, on va
vérifier.
M. Middlemiss: Affaires municipales, l'engagement 604.
M. Bérubé: On me souligne qu'il pourrait y avoir eu
désengagement du premier et réengagement du deuxième pour
des raisons techniques.
M. Middlemiss: Ou politiques.
M. Bérubé: Si je comprends bien, celui-ci est
PAEC...
M. Middlemiss: Plutôt politiques, je pense.
M. Bérubé: ... et l'autre pouvait être
directement le ministère des Affaires municipales. Il peut y avoir un
jeu comptable. On va vérifier.
Une voix: Ce sont 300 000 $ à Pontiac.
M. Polak: Ce montant peut sauver le budget.
M. Bérubé: Oui, oui. Grâce à la
sagacité du député de Pontiac, on pourrait peut-être
économiser 300 000 $. On pourrait construire une bibliothèque de
plus.
M. Polak: On peut peut-être aviser les institutions
financières américaines, elles vont réviser la cote en la
montant.
M. Middlemiss: Je suis convaincu que cela va être
annulé.
Le Président (M. Gagnon): Merci. La commission des
engagements financiers a terminé les engagements du mois de janvier 1982
et ajourne ses travaux à demain matin, 9 h 30. Espérons qu'on va
passer deux ou trois mois dans la journée de demain.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
(Fin de la séance à 19 h 39)