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Étude du projet de loi 101:
Charte de la langue française
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Nous allons commencer une nouvelle séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, pour
étudier article par article le projet de loi 101, Charte de la langue
française. Je souligne que nous avons aujourd'hui, une première
séance de la commission qui ajournera ses travaux sine die à 13
heures.
Cet après-midi, suivant la motion qui sera adoptée par
l'Assemblée nationale, après proposition du leader parlementaire
du gouvernement, nous aurons une nouvelle séance qui commencera
après les affaires courantes et dont je ne sais l'heure de
clôture, à cause des débats qui se produiront à
cette Assemblée nationale. Il y aura donc deux séances
aujourd'hui. Je vais donner la liste des membres et je vous prierais de
m'indiquer les changements.
M. Alfred (Papineau) remplacé par M. Godin (Mercier).
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères), M. Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) est remplacé par M. La-berge (Jeanne-Mance); M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par
M. Fallu (Terrebonne); M. Dussault (Châteauguay), M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. La-plante (Bourassa). Cela me fait plaisir
de vous revoir, M. le député de Bourassa. M. Laurin (Bourget),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé) remplacé par M.
Goulet (Bellechasse); M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) évidemment remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee); bonjour, M. le député.
M. Goldbloom: Mes hommages, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda). On
m'indique que, peut-être, M. Charron (Saint-Jacques) sera
remplacé. Je vais procéder comme aux autres séances;
pourvu que ce soit dans un temps raisonnable, j'accepterai le remplacement.
M. Lalonde: ...préférence, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je veux vous
rappeler que la commission était rendue, à son ajournement de
vendredi...
Mme Lavoie-Roux: II paraît que vous avez...
Nouvel article 23 (suite)
Le Président (M. Cardinal): Ne commencez pas à
être tannants; un instant, je vais vous dire où nous en sommes et
on y reviendra. Nous en étions à un nouvel article 23,
déposé par le gouvernement... Si vous permettez, je vais
terminer; ce ne sera pas long. Cela fait partie d'une série d'articles
23, 24 et 25 qui sont de nouveaux articles.
Nous avons eu deux conventions à la commission à ce sujet:
la première, on acceptait que ce ne soient pas des amendements mais
plutôt une espèce de réimpression du projet de loi;
deuxièmement, la présidence a consenti que l'on discute autant de
l'article que des articles 23, 24 ou 25, et même 25a qui, lui, est un
amendement.
Oui, M. le député de Mégantic-Compton, sur une
demande de directive.
M. Grenier: Oui. À la suite de la parution de la motion de
clôture qui apparaît en appendice au feuilleton aujourd'hui et qui
se lit comme suit: "Que, conformément à l'article 156 du
règlement, le rapport de la commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications sur l'étude du projet de
loi no 101, Charte de la langue française, après la
deuxième lecture, soit déposé à l'Assemblée
nationale avant les affaires du jour le 24 août 1977, la commission
devant mettre fin à ses travaux à 23 heures, le mardi 23
août 1977," à la suite de cet avis de motion, M. le
Président, serait-il possible qu'on ait le consentement unanime, sans,
évidemment, soulever de débats interminables, pour passer
à une partie qui ferait peut-être un consensus autour de la table,
soit la francisation des entreprises? C'est un point qui, à mon sens,
est un point chaud. Inutile de se conter des peurs, il est bien évident
que d'ici à demain soir, 23 heures, on n'aura pas le temps de passer
à travers toute la loi. Il me semble qu'il y a là un chapitre
vital sur lequel il pourrait y avoir rapidement un consensus afin qu'on puisse
terminer l'étude d'une couple d'articles qui semblent pressants, 22, 23
et peut-être 24. Ensuite, on passerait immédiatement au chapitre
de la francisation des entreprises.
Le Président (M. Cardinal): Dans votre question, M. le
député de Mégantic-Compton, il y a deux choses: une
demande de directive à la présidence et une demande de
consentement de la commission. La demande de directive, je la prends comme
ceci: La commission est-elle prête, après l'étude, vous
avez bien dit de l'article 24...
M. Grenier: Si c'est son désir, après l'article 23,
je n'y vois pas d'objections.
Le Président (M. Cardinal): ... ou après l'article
23 ce sera à la commission à en décider
à passer à un autre chapitre? À ce moment-là, on
suspendrait un certain nombre d'articles. La directive est très simple:
Dans ce cas, il faut vraiment le consentement unanime de la commission parce
que nous sommes ici pour l'appel, article par article, dans l'ordre. Je serais
prêt, selon le désir de la commission, immédiatement ou
après l'étude de l'article qui est devant nous, à
permettre un débat très restreint à moins qu'un
consentement ne jaillisse unanimement de la commission, ce qui simplifierait ma
tâche.
Cela vous convient-il comme réponse?
M. Grenier: Oui.
Chapitre IV: La langue de l'administration
Nouvel article 23 (suite)
Le Président (M. Cardinal): Alors, nous allons tenter de
passer à travers l'article 23 et je reviendrai à votre demande.
Au moment de nous quitter, nous en étions à l'article 23. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys s'était exprimé, il
lui reste 8 minutes. M. le ministre s'était exprimé. M. le
député de Mégantic-Compton s'était aussi
exprimé, mais il lui reste 18 minutes. M. le député de
Mont-Royal avait pris la parole, il lui reste 17 minutes. Mme le
député de L'Acadie avait fait de même, il lui en restait
17. M. le député de Taschereau s'était aussi permis
d'intervenir, il lui reste 16 minutes. Enfin, le député de D'Arcy
McGee, qui est encore avec nous aujourd'hui, a un solde créditeur de 18
minutes. Sur ce, est-ce que le côté ministériel
désire s'exprimer à nouveau ou... M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, en effet, vendredi
après-midi, nous avions abordé l'article 23 et j'avais
indiqué des réserves quant à l'usage du critère de
prédominance que l'on propose dans cet article. J'ai reçu, comme
d'habitude, un accueil tout à fait frigorifié de la part du
gouvernement, mais, de toute manière, ne m'attendant quand même
pas à voir de la lumière de l'autre côté, je vais
proposer l'amendement suivant:
Que l'article 23 soit modifié en remplaçant les mots "avec
prédominance du français" par les mots "mais aucune inscription
rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur celle qui
est rédigée en français."
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que je peux avoir le
texte de votre amendement s'il vous plaît? Merci. Je vais relire
l'amendement qui est proposé et ensuite ce que serait l'article, si
l'amendement était adopté:
Motion d'amendement au nouvel article 23.
Que l'article 23 soit modifié en remplaçant les mots "avec
prédominance du français" par les mots "mais aucune inscription
rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur celle qui
est rédigée en français."
Une remarque, c'est que les guillemets ne semblent pas placés
tout à fait aux bons endroits. Par les mots qui sont entre guillemets,
il me semble que ce sont tous les mots que l'on ajoute qui...
M. Lalonde: Ce n'est pas par les mots qui sont entre guillemets,
excusez-moi. Vous voyez, la deuxième paire de guillemets est avec "avec
prédominance"...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. C'est parce qu'il y
a quatre fois des guillemets. Parfait. L'article amendé se lirait comme
suit: "Les organismes municipaux ou scolaires, les services de santé et
les services sociaux reconnus en vertu de l'article 108f peuvent afficher
à la fois en français et dans une autre langue, mais aucune
instruction rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur
celle qui est rédigée en français. Sans aucun
débat, je déclare qu'en vertu de l'article 70 et des autres
articles pertinents, dans les circonstances, l'amendement est recevable. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai indiqué vendredi
dernier les raisons qui m'ont amené à proposer cet amendement,
même s'il y a ici quelques nouveaux membres ou anciens membres qui sont
revenus de vacances, je ne voudrais quand même pas prendre davantage le
temps de cette commission pour souligner que déjà
l'égalité du traitement des langues dans des inscriptions
multilingues est difficile à mesurer, d'autant plus que la
prédominance sera une source de problèmes, non pas seulement pour
ceux qui sont appelés à appliquer la loi c'est leur
problème mais surtout pour ceux qui y sont soumis. Toujours en se
souvenant, et je pense qu'il faut se le rappeler, parce que j'ai cru voir
sursauter quelques membres ministériels de cette commission, vendredi,
lorsque j'ai souligné la possibilité de l'application des
articles concernant les pénalités, c'est-à-dire l'article
95 qui prévoit la pénalité pour contravention à
chacun des articles de cette loi. Alors, pour toutes ces raisons, je pense que
la motion d'amendement est inspirée par la prudence et la sagesse et je
crois que cela devrait être la source de l'inspiration de toute cette
loi.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Châteauguay sur la motion d'amendement de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Dussault: Dans l'amendement de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, on a laissé tomber l'expression "et les autres
services", est-ce que c'est involontaire ou si cela a été voulu?
Son explication n'a pas du tout porté sur ce point.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si je peux retrouver le bout de papier que le
gouvernement nous a passé...
M. Dussault: II était dactylographié.
M. Ciaccia: II était dactylographié la
deuxième fois.
Mme Lavoie-Roux: C'est une erreur de transcription. Le
député de Châteauguay a raison.
M. Dussault: C'est une erreur de transcription.
Le Président (M. Cardinal): Sans qu'on fasse de
débat là-dessus, est-ce que j'ai le consentement de la commission
pour que...
M. Lalonde: Oui, j'ai retrouvé le bout de papier du
gouvernement. En effet, c'est une erreur.
Le Président (M. Cardinal): Bon. De toute
façon...
M. Lalonde: J'avais seulement la troisième version...
Le Président (M. Cardinal): Je me permets d'user sans
abuser de mon autorité, en vertu de 65,2. Je vais corriger le texte de
l'amendement. Cela réglera la question.
M. Burns: Bonjour.
Le Président (M. Cardinal): Bonjour, M. le
député de Maisonneuve. Vous remplacez, je suppose, M. le
député de Saint-Jacques?
M. Burns: Exactement, M. le Président; on ne peut rien
vous cacher.
Le Président (M. Cardinal): Correction est faite
immédiatement.
M. Burns (Maisonneuve).
M. Lalonde: Vous venez assister à l'exécution?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Maisonneuve et leader parlementaire
du gouvernement et ministre d'État à la réforme
parlementaire et électorale, je vous prierais de laisser la commission
poursuivre sa séance dans le calme et la sérénité
qui la caractérisent.
M. Burns: Je viens voir mes patients.
Le Président (M. Cardinal): Incorrigible! Voulez-vous vous
exprimer sur la motion d'amendement?
M. Burns: Plus tard, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Cela devient contagieux.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur la motion d'amendement. Je m'excuse, M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Grenier: D'accord, M. le Président; bien rapidement,
j'aurai l'occasion de revenir sur la motion...
Le Président (M. Cardinal): II y a un mélange dans
la distribution des feuilles. M. le député de
Mégantic-Compton, sur la motion d'amendement.
M. Grenier: Cela va bien; on est bien sûr qu'on a la
bonne?
M. le Président, j'aimerais très brièvement vous
faire savoir que, dans les mots présentés dans l'amendement, on
enlèverait les mots "avec prédominance du français" pour
ajouter "mais aucune inscription rédigée dans une autre langue ne
doit l'emporter sur celle qui est rédigée en français".
Honnêtement, j'ai l'impression qu'on dit, en d'autres mots, exactement ce
qui est dans la loi, sauf qu'on en prend plus pour dire la même chose;
cela revient à peu près... Qu'on dise "prédominance du
français" ou "mais aucune inscription rédigée dans une
autre langue ne doit l'emporter sur celle qui est rédigée en
français", je pense que c'est bonnet blanc et blanc bonnet et je
voudrais bien que, si on peut voir la distinction...
Je n'ai peut-être pas l'esprit assez subtil ce matin c'est
lundi pour saisir toute la différence entre les deux, mais,
à première vue, cela me semble pareil. Je ne vois pas pourquoi on
perdrait un temps vraiment précieux ce matin, étant donné
la motion qui nous est présentée. Pourquoi ne passerait-on pas
rapidement à l'article lui-même pour l'adopter? Ensuite on
pourrait passer à l'article 24 et puis revenir, comme on l'a
demandé tout à l'heure, à la francisation des
entreprises.
Il est évident qu'on ne peut pas perdre plus de temps sur cet
amendement. On demanderait de revenir à la motion principale en votant
le plus rapidement possible cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur la motion d'amendement.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas commencer un
long débat avec le député de Mégantic-Compton, mais
il y a une grande différence entre le projet de loi...
Prédominance veut dire qu'un doit être prédominant sur
l'autre et l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys veut
dire qu'ils doivent être au moins égaux. Il y a une grande
différence. Le but, c'est d'éviter des difficultés
d'application.
Vendredi, le député de Taschereau a utilisé comme
exemple la City of Westmount qui pourrait bien, avant 1983, changer en ville de
Westmount. Ce n'est pas là la difficulté.
Je pense bien qu'il n'y aura pas de difficulté pour cet organisme
concernant cette enseigne. La difficulté va se trouver dans toutes les
petites enseignes, l'affichage à l'intérieur d'une série
de structures, d'édifices, que ce soit dans les écoles, dans les
hôpitaux. Le but, c'est vraiment d'éviter des difficultés
d'application pour que personne ne commence à chercher avec une loupe:
Est-ce plus grand ou plus petit? L'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys rendrait la mise en application de cet article beaucoup
plus facile.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! J'avoue qu'à ce
bout-ci de la table, j'ai de la difficulté à entendre les
opinants...
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): ...parce qu'il y a des
conversations qui me bourdonnent dans les oreilles de chaque côté,
tant à gauche qu'à droite.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Avec cet amendement, on a encore un autre exemple
où, sous le couvert de pallier des difficultés d'application, on
étend encore une fois la place de l'anglais au Québec, non pas
que ce soit de façon très importante, mais, article par article,
amendement par amendement, si on avait accepté tous les amendements du
genre, on se retrouverait avec quelque chose qui ressemblerait au projet de loi
no 22.
Je vais préciser ce que je viens de dire. Je ne suis pas d'accord
avec le député de Mégantic-Compton. L'amendement ne veut
pas dire la même chose que la proposition, si je peux m'exprimer en
termes de mathématiques, l'amendement dit "plus grand ou égal",
français plus grand ou égal, alors que la proposition originale
disait "français plus grand qu'anglais". Le français doit avoir
prédominance sur l'anglais, c'était la proposition originale.
L'amendement dit: "Le français doit avoir plus de place ou être
égal à l'anglais". Donc, on étend légèrement
le visage bilingue, dans certaines institutions, alors que nous voudrions qu'il
y ait vraiment prééminence du français.
Quand on amène à l'appui de cet amendement l'argument que
cela va diminuer les difficultés d'application, je regrette, mais les
difficultés d'application sont exactement les mêmes. Par exemple,
pour déterminer si une inscription ne l'emporte pas sur le
français, là, je reprendrais tous les arguments du
député de Marguerite-Bourgeoys vendredi. Si vous avez deux
inscriptions de couleurs différentes, est-ce que les deux langues sont
traitées sur le même pied ou si l'une prédomine sur
l'autre? C'est tout aussi difficile. D'ailleurs, vous avez trois
critères à déterminer: prééminence du
français, prééminence de l'anglais ou
égalité entre les deux. Dans un cas comme dans l'autre, il faut
exclure l'une des possibilités ou prouver les deux autres. C'est
exactement la même difficulté d'application dans les deux cas,
sauf que l'amendement va nous donner un visage du Québec un peu plus
bilingue que la proposition originale. Pour cette raison, nous devrons voter
contre l'amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee, tout d'abord.
M. Goldbloom: Le plaidoyer du député de Rosemont
serait empreint de plus de logique si le député de
Marguerite-Bourgeoys n'avait pas puisé la phraséologie qu'il a
utilisée pour cet amendement à l'article 47 du projet de loi qui
se lit comme suit, je lis le dernier bout: "... mais aucune inscription
rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur celle qui
est rédigée en français". Ce n'est pas le
député de Marguerite-Bourgeoys qui a pondu cela. Il me semble que
le gouvernement manque de cohérence dans ses prises de position. Que
l'on me dise que ce n'est pas dans le même domaine, j'en conviens.
Mais il me semble que, quand il s'agit d'un produit et de son emballage,
d'un menu, d'une carte de vin, ce sont des choses qui sont changées
assez souvent. Il y a des changements de menu dans les restaurants à
tous les quelques mois, par exemple, tandis que dans un hôpital, M. le
Président, si, de bonne foi, sans y avoir été
obligé par quelque loi que ce soit, on a fabriqué une enseigne
qui dit "Unité de soins intensifs", "Intensive Care Unit", et si
l'importance des lettres est exactement la même dans les deux cas,
obliger cet hôpital à faire le tour de tout l'établissement
et remplacer toutes ces enseignes, toutes les affiches, je trouve que c'est
exagéré, que c'est tatillon, et puisque c'est dans le domaine des
services de santé et des services sociaux, je trouve que le gouvernement
va trop loin en n'utilisant pas la même phraséologie qu'il a
lui-même pondue pour l'article 47.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je tiens d'abord à
souligner que l'article 23 touche non seulement les services de santé et
les services sociaux, mais également les municipalités et les
commissions scolaires. Évidemment, on pourrait soutenir qu'on pourrait
scinder, faire deux articles, cela demeurerait possible, et il faut quand
même répondre à l'argument du député de
D'Arcy McGee.
Il me donne deux arguments, le dernier disant que certains
hôpitaux auraient déjà établi des affiches bilingues
et ce serait trop onéreux de leur demander de les changer. On pourrait
appliquer ce raisonnement à tous les articles. Une première
chose, on pourrait l'appliquer aux commerçants qui ont fait l'affichage
de leur commerce de façon bilingue pour se conformer à la loi
22.
Ce qu'on fait à d'autres endroits dans la loi et à cet
endroit, ce sont des délais. Les petits commerçants auront un
délai plus long, ceux qui se sont conformés à la loi 22 et
qui mettent des affiches bilingues auront un délai plus long et de la
même façon, les services de santé et les hôpitaux
auront six ans pour se conformer à cette prescription. Par exemple, si
vous avez une salle de soins intensifs où il y a une inscription
bilingue, prédominance du français veut peut-être tout
simplement dire, changer les plaques de place et les mettre l'une au-dessus de
l'autre, et à la prochaine occasion où on va peinturer le mur, on
le fera. On a six ans pour le faire.
Je pense que les hôpitaux ont amplement le temps de faire ces
petits changements, de même
que les municipalités et les commissions scolaires. En ce qui
concerne la supposée contradiction avec l'article 47, où
effectivement, on emploie la terminologie de votre amendement, dans le projet
de loi, en ce qui concerne les produits, les menus et les cartes de vin, je
tiens à dire que l'article 47 est un article tout à fait
différent. Par exemple, quand on parle d'inscription sur des produits ou
emballages, on veut vraiment prédominance ou égalité du
français dans ce cas-là.
C'est vraiment ce qu'on veut et c'est ce qu'on a dit aussi,
prédominance ou égalité du français parce qu'il
peut être plus difficile à certains commerçants qui veulent
faire affaire au Canada ou aux États-Unis de faire en sorte que leurs
emballages ne soient pas également bilingues, le français et
l'anglais exactement à la même place, la même chose dans
certains restaurants où on pense au tourisme. On voulait vraiment qu'il
y ait prédominance ou égalité du français. Ce n'est
pas une contradiction.
Dans ce cas, on veut qu'il y ait prédominance ou
égalité du français alors que, dans l'autre cas, on veut
qu'il y ait une prédominance stricte.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II est évident que je diffère
d'opinion avec le député de Rosemont dans le jeu de convaincre ou
de se laisser convaincre. Je ne me laisse pas convaincre par ses arguments.
Quand on parle du visage français du Québec, il me semble que ce
visage est donné dans une plus importante mesure par les produits et par
les emballages que par les enseignes dans les hôpitaux. Il me semble, M.
le Président, que la visite à l'épicerie est presque
quotidienne et, espérons-le, la visite à l'hôpital est
plutôt rare; pourtant, on est plus exigeant à l'endroit de
l'hôpital.
On va combien de fois dans sa vie à un hôpital? Et c'est
là où l'on va donner un visage français au Québec
au point de dire que l'égalité n'est plus légale? Je
trouve que c'est nettement exagéré et que c'est un manque de
logique, et je trouve que l'on embête des gens qui ont d'autres choses
à faire que de changer des enseignes à l'intérieur de
l'institution. Ils doivent se préoccuper du soin des malades, et l'on va
entrer dans l'hôpital avec des inspecteurs pour voir si l'enseigne
"Unité de soins intensifs" est plus importante que l'enseigne "Intensive
Care Unit". C'est ridicule.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais cru comprendre
du ministre d'État du développement culturel que, dans le cas des
institutions anglaises qu'on reconnaissait comme faisant partie de la
communauté anglophone l'objectif était la bilinguisation de ces
institutions, et c'est dans ce sens qu'on prévoit, par exemple,
l'affichage dans les deux langues etc.. Enfin, je n'entrerai pas dans les
détails. Par la motion telle qu'elle est présentée, ce
n'est plus la bilinguisation des institutions anglo- phones à qui on
veut reconnaître une survie, mais c'est vraiment leur francisation
à plus ou moins long terme et qu'on n'avoue pas. Et cela me semble clair
par la résolution telle qu'elle est présentée et, dans ce
sens, je trouve que c'est excessif. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit depuis
quelques jours, c'est une question d'approche.
Pense-t-on qu'on va atteindre mieux nos objectifs en ayant cette mesure
qui ne me paraît vraiment pas en conformité avec les principes que
le gouvernement a reconnus? Il a dit: II y a une communauté anglaise et
il y a certaines institutions qui collent à la réalité de
la communauté anglophone, on les lui laisse. Quand on arrive avec des
amendements de la sorte où, finalement, on sent bien qu'à plus ou
moins long terme, c'est une francisation générale de ces
institutions qu'on désire j'ai eu l'occasion de le mentionner au
sujet des commissions scolaires quand, par exemple, on exigeait les
échanges en français entre commissions scolaires anglaises
je pense que c'est un but inavoué, mais qui est là, et contre
lequel je m'oppose parce que je pense qu'il va empêcher de
réaliser l'objectif, d'une part, de francisation générale
du Québec et, d'autre part, de bilinguisation nécessaire des
institutions anglaises qui doivent servir une population française.
Là-dessus, je pense qu'on s'entend.
Et l'autre question que je me pose, c'est justement qui va assurer cette
surveillance à savoir si un affichage prime dans la langue
française plutôt que dans la langue anglaise. J'ai vraiment
l'impression qu'il y aura deux façons de procéder. Ou on aura des
enquêteurs qui vont faire le tour des hôpitaux pour vérifier
ce que le député de D'Arcy McGee décrivait tout à
l'heure. Est-ce qu'une traduction prime en français ou prime en anglais,
ou est-ce que ce seront les patients qui, à l'occasion de leur visite
à l'hôpital, pendant qu'ils seront dans la salle d'attente et
qu'ils méditeront sur les maux qui les affectent, n'auront d'autre chose
à faire que de mesurer le lettrage des affichages français ou
anglais et ensuite d'aller porter plainte?
Vous allez peut-être dire que je caricature, mais cela va
être l'une ou l'autre approche. Et dans un cas comme dans l'autre, je
pense que, pour des institutions qui essaient vraiment d'être au service
de la population personne ne va le contester et elles sont
tellement au service de la population que le ministre d'État au
développement culturel l'a dit. Je pense que c'est d'ailleurs
l'expérience de chacun d'entre nous, il y a de plus en plus de
francophones qui vont dans les hôpitaux anglophones. Je ne veux pas aller
en dehors du sujet, M. le Président, mais c'est peut-être un autre
point qu'il faudrait examiner j'estime que ce n'est pas dans la
pertinence du débat II reste que ce sont quand même des
institutions qui veulent être au service de la population et qui le sont.
Souvenez-vous, il y a deux ans, quand, au moment de la grève de
Sainte-Justine, le Montreal Children's Hospital a été
obligé de prendre la relève de Sainte-Justine. Je pense qu'il l'a
fait le mieux possible, dans des conditions extrêmement difficiles. Et
là, on va les mettre dans une situation où, d'une
part vous aurez soit appelons-les les enquêteurs, ou vous
les appellerez d'un autre nom plus élégant, si vous
préférez, mais dont les fonctions seront quand même celles
d'un enquêteur ou encore les tracasseries d'individus qui
porteront plainte parce que le lettrage ne serait pas selon ce que devrait
être, dans leur esprit, la prédominance du français par
rapport à l'anglais.
Je pense que la question fondamentale qu'il faut se poser, et je la pose
au ministre d'État au développement culturel, quand il s'agit des
institutions anglophones reconnues comme étant des institutions
appartenant à la communauté anglophone, est-ce que l'objectif du
projet de loi 101 est la bilinguisation de ces institutions pour qu'elles
puissent vraiment servir le public comme il se doit, francophone ou autre? Ou
est-ce qu'à long terme sont-ce vraiment des objectifs de francisation de
ces institutions que l'on poursuit?
Le Président (M. Cardinal): Le ministre d'État au
développement culturel.
M. Laurin: Je pense que je me suis longuement exprimé sur
ce sujet. J'ai parlé, en effet, de bilinguisation, mais la
bilinguisation n'exclut pas du tout la prédominance du français
dans un pays majoritairement francophone.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Alors, c'est clair.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je m'excuse d'ajouter un mot, mais soyons logiques
et regardons ce sur quoi porte cet article. C'est sur l'affichage. Mais
qu'est-ce que l'on affiche dans un hôpital, M. le Président?
Généralement, c'est un texte dactylographié qui indique
que, tel jour, la clinique n'aura pas lieu parce que c'est un jour
férié ou quelque chose comme cela. Est-ce que cela veut dire que,
parce que les caractères sont les mêmes on utilise le
même appareil pour dactylographier en français et en anglais
est-ce que cela veut dire que, dans chaque hôpital, il faudra
acheter deux machines à écrire avec des caractères plus
importants pour le français? Est-ce que cela veut dire que si une
personne, par erreur, place la feuille en anglais au-dessus de celle en
français, l'hôpital serait passible d'une amende?
Il y a des limites à charrier des choses. Il s'agit ici de donner
sérieusement, et ce n'est pas un opposant qui vous parle, au
Québec un visage davantage français, mais avec des enfantillages
comme ceci, on ne le fera pas. On fera rire de nous.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: D'où vous vient cette colonne
vertébrale?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Maisonneuve, à l'ordre!
M. Burns: II est choqué.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'aime beaucoup la
présence du député de D'Arcy McGee au sein de cette
commission. Elle a été trop rare à mon goût,
jusqu'à maintenant. D'ordinaire, cette présence signifie, de la
part de l'Opposition officielle, un rehaussement du niveau du débat. Je
ne sais pas si c'est parce que c'est lundi matin, mais je dois dire que le
dernier argument utilisé, ou la dernière intervention du
député d'Arcy McGee me déçoit singulièrement
par rapport au standard auquel nous étions habitués.
M. Goldbloom: On est kif-kif.
M. Guay: Je suis heureux d'entendre le député de
D'arcy McGee dire qu'il y a des limites à charrier, parce que j'ai
l'impression qu'il dépassait singulièrement la limite dans sa
dernière intervention. Il est évident que, quand on parle de
quelque mesure que ce soit dans cette loi, il y en a et l'Opposition
officielle a un quasi-monopole de cela qui s'imaginent qu'il va y avoir
des enquêteurs derrière chaque colonne de chaque bureau, presque
dans chaque salle de bain de chaque hôpital, et ainsi de suite. Il est
bien évident que, ce soient les hôpitaux ou que ce soient,
à d'autres articles, les syndicats, les entreprises, le gouvernement ou
les commissions scolaires, ceux qui se conformeront à la loi de bonne
foi, qui sont j'en suis convaincu l'immense majorité des
Québécois, tant les personnes physiques que les personnes
morales, il est bien évident que ces per-sonnens n'auront rien à
craindre de la présence hypothétique, éventuelle, et
épisodique d'un enquêteur, si tant est qu'il y en a qui va faire
son tour en 1983. Il ne faut pas oublier qu'il nous reste quand même six
ans et demi pour appliquer cet article. Quand j'entends Mme le
député de L'Acadie parler de menaces bureaucratiques de la part
d'enquêteurs je ne sais pas si c'est son expression exacte, mais
enfin, cela revenait à peu près à cela...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est l'idée.
M. Guay: C'est un peu l'idée. D'ailleurs, ce n'est pas la
première fois que c'est soulevé. La même chose d'ailleurs a
été soulevée à maintes reprises dans d'autres cas.
Je me dis, de deux choses l'une: Ou bien les gens se conforment à la
loi, et, à ce moment, qu'est-ce qu'ils ont à craindre dans ce
cas? C'est l'immense majorité des Québécois qui sont
respectueux des lois, pour lesquels il n'est absolument pas nécessaire
de même prévoir des dispositions d'ordre pénal dans une
loi.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Guay: J'ai dit l'immense majorité, comme
disait votre ancien chef qui affectionnait cette expression, même
s'il s'est aperçu que l'immense majorité n'était pas tout
à fait pour lui.
Mme Lavoie-Roux: Vous apprendrez cela, vous autres aussi.
M. Guay: D'autre part, il existe, néanmoins, toujours dans
nos sociétés, une minorité qui, pour une raison ou pour
une autre, viole les lois. Ce peut être simplement quelqu'un qui fait
Montréal-Québec sur la transcanadienne à plus de 70 milles
à l'heure. Ce peut aussi être quelqu'un, un corps, un organisme,
une personne morale ou une personne physique, qui n'observera pas la loi 101
lorsqu'elle sera sanctionnée. C'est pour cela qu'il faut prévoir,
inévitablement, malheureusement, dans toute loi, celle-là comme
les autres, des dispositions d'ordre pénal c'est peut-être
fort, mais... Si bien que je ne vois pas très bien les hôpitaux,
à moins qu'ils fassent preuve d'une mauvaise foi ce qui
m'étonnerait beaucoup de leur part se mettent à s'opposer
à cet article de la loi 101. J'imagine que, d'ici 1983, ils auront eu le
temps de s'y conformer. D'autre part, s'imaginer qu'à chaque
communiqué affiché sur un babillard dans un hôpital, il va
y avoir un commissaire-enquêteur qui va aller vérifier la nature
du communiqué, j'appelle cela du charriage. C'est bien évident
que la commission d'enquête va avoir d'autres choses à faire que
d'aller vérifier ce que j'appellerais, et ce qui serait très
difficile à inscrire au journal des Débats, du "tataouinage".
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de D'Arcy McGee, ensuite M. le
député de Rosemont, enfin M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Goldbloom: M. le Président, déception pour
déception, je me demande, en écoutant le député de
Taschereau, si l'on n'est pas pour vérifier si ce qui est exigé
par la loi a effectivement été réalisé, pourquoi
l'inscrire dans la loi? Si c'est dans la loi, c'est pour être
appliqué. La loi est là. Nous disons souvent dura lex sed
lex.
Vous imposez des choses aux hôpitaux, il faudra que les
hôpitaux s'y conforment et, selon la philosophie que semble afficher le
Parti québécois je prends comme exemple notre
collègue de Lafontaine, qui est responsable du secteur de
l'environnement il faut 6 millions d'inspecteurs au Québec pour
que cela aille bien. Alors les 6 millions d'inspecteurs vont aller dans les
hôpitaux et vont porter plainte, paraît-il et il y a des
pénalités qui sont prévues dans la loi.
Quand on gifle la bonne foi des gens qui ont déjà
créé l'égalité d'affichage entre les deux langues
et que l'on dit: ce n'est plus assez bon, il me semble M. le Président,
très respectueusement, par rapport aux opinions des
députés d'en face, que l'on va trop loin. C'est simplement cela
que j'ai voulu illustrer par ce qui était peut-être
légèrement caricatural, mais qui reflétait quand
même la réalité quotidienne dans un hôpital.
M. Guay: Puis-je poser une question au député de
D'Arcy McGee?
Le Président (M. Cardinal): Oui, vous pouvez, s'il
désire y répondre.
M. Goldbloom: Certainement.
M. Guay: L'allusion qu'il a faite aux 6 millions d'inspecteurs,
qui est une figure de style employée par le ministre
délégué à l'environnement pour des raisons
évidentes, c'est pour inviter la population à s'occuper de son
environnement, ce qui me semble assez légitime, dois-je conclure que
l'ancien ministre de l'environnement s'oppose à ce que les citoyens
soient mis à contribution de façon active pour s'occuper de leur
propre environnement dans leur propre milieu?
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, M. le
député de D'Arcy McGee, je vous dispense de répondre parce
que le débat est en train de prendre une tangente et nous en sommes
rendus à l'environnement et non à la langue.
J'ai reconnu M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on en est à
l'environnement linguistique...
Le Président (M. Cardinal): On peut jouer sur les mots,
quand il est question de langue.
M. Goldbloom: Qui parait-il est tout aussi importante.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: C'est la raison pour laquelle cet article est
différent des autres qui traitent des inscriptions bilingues qui sont
permises en certains cas sur les emballages, et vous avez mentionné
l'article 47. Il y a aussi l'article 86, où on dit que, dans tous les
cas où l'usage d'une autre langue est permis, le français devra y
occuper une place au moins aussi importante et, encore là, c'est la
prédominance ou l'égalité qui est permise à
l'article 86. Je tiens à vous faire remarquer que l'économie de
la loi est telle que cette loi attache énormément d'importance au
visage public, à l'environnement linguistique dans lequel baignent les
Québécois. Partout, dans la loi, on est beaucoup plus rigoureux
sur l'affichage public, sur les inscriptions qui sont à la vue du
public, sur la signalisation routière par exemple, on l'a vu lors d'un
débat précédent. C'est dans la logique du projet de loi
d'attacher une importance très grande à cet environnement
linguistique dans lequel baignent les Québécois. Cela explique
qu'il y a une différence entre cet article et les autres où on
demande prédominance ou égalité.
Vous parlez des communiqués sur les babillards, je tiens à
vous dire que si vous avez un gouvernement tatillon, qui se met à
regarder les détails, parce que, en définitive, c'est cela qui
est en
jeu, cela sera la même chose avec votre amendement. Vous avez un
communiqué sur les babillards, et le communiqué est en anglais,
celui en anglais se trouve au-dessus de celui en français, des personnes
pourraient également soutenir qu'il n'y a pas égalité mais
prédominance de l'anglais, et vous aurez les mêmes tracasseries.
Je dis que vous avez exactement les mêmes problèmes administratifs
possibles avec votre amendement qu'avec le texte original et que, de ce point
de vue, c'est égal. De sorte que votre seul argument valable est de
dire: II y a des gens qui se sont déjà conformés et on
leur demande de changer. Quant à cela, on en resterait à la loi
22, si on prenait cet argument. Je tiens à vous faire remarquer encore
une fois qu'on leur donne six ans pour s'adapter et qu'au bout de six ans
toutes les inscriptions ont des chances de changer de toute façon.
Même cet argument à mon avis, ne doit pas être retenu, et,
en ce qui concerne l'autre concernant les contrôles tatillons possibles,
il y a un paquet de mécanismes de prévus pour bloquer les gens de
mauvaise foi qui s'érigeraient en mini-enquêteurs et qui
essaieraient de faire des tracasseries inutiles aux services de santé.
De toute façon, ces tracasseries possibles, mais s'il reste quand
même de minces possibilités dans la loi, seraient aussi grandes
avec votre amendement qu'avec le texte original.
Le Président (M. Cardinal): Dans l'ordre, justement pour
éviter que cela ne devienne un pur dialogue, je tiens ce dialogue au
niveau de toute la table, MM. les députés de
Marguerite-Bourgeoys, de Bourassa et ensuite de D'Arcy McGee.
M. Lalonde: L'argument du député de Rosemont a du
vrai. C'est exact que la preuve de la prédominance souffre des
mêmes maux que la preuve de l'égalité parce que la
prédominance est l'absence d'égalité.
Il faut donc prouver absence d'égalité. Il reste qu'il me
semble y avoir un élément de moins, un élément qui
a trait peut-être à l'aspect subjectif de la prédominance.
La prédominance, c'est quoi? Est-ce beaucoup de prédominance?
Est-ce peu de prédominance? Est-ce que, justement, le message
dactylographié que le député de D'Arcy McGee
décrivait tantôt, qui serait, en français, un pouce plus
haut que celui de l'anglais, serait de la prédominance? Peut-être
que des gens diraient non. C'est le même caractère, le même
message, le même espace.
Alors, il y a quand même un élément de plus dans la
prédominance parce qu'il y a un aspect subjectif dans la qualité
ou le volume de prédominance.
J'aimerais parler du brillant plaidoyer du député de
Taschereau tantôt, avant de passer à des choses sérieuses,
et je vais le citer...
M. Guay: Je suis heureux d'entendre que le député
de Marguerite-Bourgeoys n'est pas sérieux.
M. Lalonde: II est évident que ceux qui se conforment de
bonne foi à la loi n'ont rien à craindre. Trouvaille du
siècle, le lundi matin, à 10 h 50!
Ce n'est pas cela le problème. C'est comment se conformer
à la loi. Il est certain qu'on présume la bonne foi de 90% ou de
95% ou de 98% des gens. C'est vrai que, dans toute société, il y
en a qui, par atavisme, par malformation ou autrement, ne veulent jamais se
conformer à la loi, mais il faut quand même donner une chance
à ceux qui veulent s'y conformer de s'y conformer et, pour cela, la loi
doit être bonne, doit être juste, ne doit pas être
tatillonne, ne doit pas être inutilement vexa-toire, ce que cet article
comporte. Quant à la preuve, il y a sûrement un peu plus de
chances; lorsqu'on parle.
J'ai pris l'amendement tel qu'il est là, même s'il ne me
plaît pas complètement, parce que vous l'avez déjà
utilisé à 47; vous avez des chances, j'imagine, non pas de vous
mettre en contradiction parce que cela n'a pas l'air de gêner le
gouvernement, mais d'attirer la sympathie.
Je préférerais le critère de la loi 22 qui est
encore plus souple, qui permettait à plus de gens de dire: Je vais me
conformer si je fais cela comme ça. Quant à l'argument concernant
les craintes que certains expriment à propos des six millions
d'inspecteurs, j'avoue que, si votre loi n'est pas trop vexatoire, coercitive,
cet argument ne m'impressionne pas beaucoup, mais il s'adonne que votre loi est
vexatoire dans plusieurs de ses dispositions, elle est inutilement vexatoire,
sûrement, et elle est coercitive d'un bout à l'autre. C'est une
loi pénale parce que tout notre système de vérification
des lois, au fond, repose sur la conscience des citoyens, sauf
peut-être... Même dans le droit criminel, si vous voyez, par
exemple, quelqu'un qui est en train de se faire occire par un de ses voisins,
devant vous, et que vous appelez la police, vous êtes un
dénonciateur. Donc, là-dessus, il n'y a réellement rien de
très... Au contraire, je pense que c'est bon que ce soit comme cela.
Cela fait appel à la conscience sociale, à la conscience civique,
pourvu que ce ne soit pas de la délation organisée et que ce ne
soit pas récompensé financièrement; par exemple si vous
arrivez avec une dénonciation et que vous avez $10. Mais pour que ce
système, qui fonctionne actuellement... Combien de lois reposent sur la
plainte? Il faut que quelqu'un se plaigne que cela va mal, sans cela il
faudrait un policier à chaque maison, à chaque coin de rue, ce
qui fait que cela devient un État sinon un pouvoir policier. Mais, pour
cela, il faut que la loi ne soit pas inutilement vexatoire parce que là
où cela devient odieux, où cela semble être de la
délation, ce système qui, autrement, fonctionne comme il faut,
c'est justement lorsqu'on traite de façon vexatoire une personne ou un
groupe de personnes par une loi. C'est ce qu'on fait actuellement quand, dans
des institutions qu'on reconnaît comme étant anglaises
à l'article 108f, on dit "d'une autre langue", mais, au fond, c'est
cela, ce sont les hôpitaux anglais, ce sont les commissions scolaires
anglaises...
M. Guay: ...
M. Lalonde: Cela n'existe pas actuellement.
Légiférons pour maintenant.
M. Guay: L'hôpital Cabrini à Montréal,
pourquoi pas?
M. Lalonde: Admettons qu'il y ait une ou deux institutions.
M. Guay: Bon, c'est... M. Lalonde: Alors, si...
Mme Lavoie-Roux: ...Italiens...
M. Lalonde: Si on dit dans des institutions d'une langue,
anglaise à 98% des cas et à 2% italienne ou autre, si, dans ces
institutions, leur langue, la langue qui fait que la loi a été
faite de telle sorte qu'on les reconnaisse, doit passer en deuxième,
c'est inutilement vexatoire, cela invite. L'égalité, je l'avoue,
n'est pas facile, non plus, à prouver. Au moins, si vous avez
l'égalité, vous allez inviter au respect de la loi. Cachez-la
en-dessous, votre langue, à ce moment-là, vous n'allez pas
inviter au respect de la loi et c'est une loi qui n'est pas bonne.
Le Président (M. Cardinal): Dans l'ordre, M. le
député de Bourassa, M. le député de D'Arcy Mc-Gee,
M. le député de Terrebonne, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Laplante: Tout a été dit, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Les jeux sont faits pour
longtemps.
M. Laplante: ...passez à un autre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bourassa, d'accord. M. le député de D'Arcy Mc-Gee.
M. Goldbloom: Pour fins de comparaison, nous avons fait allusion
à d'autres articles de ce projet de loi. Je me permets de revenir
à ces articles pour faire une démonstration. À l'article
47, on parle d'inscriptions sur un produit, sur son emballage, sur un document
ou un objet accompagnant ce produit, etc. C'est un article d'application
générale.
À l'article 86, qui se trouve dans le chapitre IX intitulé
"Dispositions diverses", on voit que, dans les cas où la présente
loi autorise la rédaction de documents à la fois en
français et dans une ou plusieurs autres langues, le français
doit figurer d'une façon au moins aussi évidente que toute autre
langue. De nouveau, c'est un article à portée
générale, tout le monde doit s'y soumettre.
Mais, quand on arrive à l'article 23, ce n'est pas un article
d'application générale. L'application se limite aux institutions,
aux organismes qui sont reconnus en vertu de l'article 108f. Le paragraphe f)
de l'article 108 se limite aux organismes municipaux et scolaires et
l'on inclurait maintenant les services de santé et les services sociaux
qui sont chargés d'organiser ou de donner de l'enseignement dans
une langue autre que le français. Un texte d'amendement nous est
proposé pour élargir cet article.
Si l'on compare le texte de l'article 23, tel qu'imprimé dans le
projet de loi, on y trouve la même chose. Ce n'est pas un article
à portée générale, c'est un article qui se limite
aux institutions minoritaires. Cela veut dire quoi?
M. Paquette: Minoritaires publiques.
M. Goldbloom: Publiques ou privées, cela se limite
à des institutions minoritaires. Cela veut dire que
l'égalité des langues dans l'affichage serait légale
à l'hôpital Sainte-Justine et serait illégale à
l'hôpital Montreal Children's. Je vous permets de réfléchir
là-dessus, M. le Président. Les hôpitaux de langue
française ne sont pas soumis à la même chose;
l'égalité des langues dans l'affichage, qui est acceptable dans
les institutions de la majorité, est...
M. Paquette: Non, c'est le français uniquement. Je
m'excuse, M. le Président, mais...
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez poser une
question. Je ne permettrai pas qu'on change le style de la commission.
M. Paquette: La règle générale est
l'affichage unilingue français, mais il y a des exceptions faites pour
les organismes publics et parapublics de la minorité.
M. Guay: À l'article 22.
M. Paquette: C'est à l'article 22. Les hôpitaux
francophones affichent uniquement en français et on fait une exception
pour les hôpitaux anglophones.
M. Laplante: Vous perdez votre temps, c'est juste pour vous faire
parler, ce qu'il fait là. Voyons, il sait cela!
M. Paquette: Non, non, je pense que c'est une erreur que le
député a faite.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: Ce sont de bons acteurs, en face!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Comme vous
êtes déjà intervenu, on n'effacera pas ce que vous avez
dit, on appliquera l'article 96.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II y avait, dans le livre blanc, de douce
mémoire, une déclaration que la santé et la
sécurité l'emporteraient sur toute autre considération.
Cela existait dans l'esprit du projet de loi no 1.
II me semble que, tout comme on dit qu'il y a des
Québécois d'expression française qui s'adressent aux
hôpitaux de langue anglaise, l'inverse est également vrai. J'ai vu
de nombreuses familles qui ne sont pas d'expression française
s'adresser, par exemple, à l'hôpital Sainte-Justine. Il me semble
que, si l'on dit que l'affichage doit être unilingue français, il
y a quand même des considérations de santé et de
sécurité qui amèneraient des institutions qui s'occupent
de la santé, de la sécurité des gens, à afficher
dans les deux langues.
Dans telles circonstances, M. le Président, il me semble que l'on
est nettement injuste et exagéré dans les exigences que l'on
impose aux institutions qui, par définition, et cette définition
se trouve dans l'article 23 et au paragraphe f) de l'article 108, sont des
institutions à caractère anglophone ou qui appartiennent à
une autre minorité linguistique.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Terrebonne, ensuite M. le député de Mégantic-Compton,
enfin M. le député de Mont-Royal.
M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je ne sais trop de quelle
philosophie s'inspire l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Veut-on protéger le caractère, disons-le tout de go,
anglophone des institutions reconnues en vertu de l'article 108f? Il faudrait
alors reconnaître un caractère unilingue à ces institutions
et, par conséquent, limiter une certaine permissivité,
peut-être à la limite, accorder une certaine permissivité
dans l'affichage en raison de fonctionnalité. Veut-on reconnaître
une certaine place au français dans ces institutions? Il faudrait alors
proposer ou il aurait fallu proposer, comme amendement, de retrancher à
la fin de l'article 23 "avec prédominance du français", de telle
sorte que l'article aurait permis l'affichage à la fois en
français et dans une autre langue.
Enfin, veut-on reconnaître une certaine prédominance du
français dans ces institutions? Il faut alors, soit être d'accord
avec le dernier membre de phrase de l'article 23 tel qu'il est
rédigé, soit encore "verbier" différemment avec un "mais
aucune inscription", etc.
Ce que je ne comprends pas ce matin, M. le Président, et ce que
l'Opposition officielle ne nous a surtout pas expliqué, c'est sa
position de base. D'ailleurs, elle ne nous l'a pas expliqué ce matin
à propos de l'article 23 et de son amendement, pas plus qu'à tout
autre article d'ailleurs. Qu'est-ce que le Parti libéral propose
à cette table? Est-ce que c'est l'unilinguisme anglais dans les
institutions? Est-ce que c'est une permissivité laissée ad
libitum? Est-ce une réelle prédominance du français?
J'aimerais enfin entendre les fondements, la philosophie de base sur laquelle
ce parti s'appuie pour présenter ici quelques "mais".
J'attends une réponse, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Terrebonne. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, M. le Président. On signalait
en face tout à l'heure que tout avait été dit et c'est un
peu vrai. Quand on arrive à un amendement comme celui-là, je
pense qu'il faudrait faire davantage confiance à la loi et à ses
effets d'entraînement. Mais le visage français, si on veut que la
province en ait un, que ce soit d'un côté ou de l'autre de la
table, je pense que ça ne doit pas être uniquement dans des
discours. Il faut qu'en pratique cela apparaisse quelque part. Quand on voit
"prédominance" dans les enseignes, ou principalement, dans les
indications anglophones et c'est le cas, si on veut avoir une
prédominance du français il faut que ce soit dit tel quel.
Il est bien évident, quand j'ai dit tout à l'heure que
c'était blanc bonnet et bonnet blanc, si on veut s'en tenir à
l'amendement proposé par le Parti libéral: "Mais aucune
inscription rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur
celle qui est rédigée en français," c'est évident
que cela peut aller de plus à égal, mais on suppose que si on
veut donner un visage français, comme tout le monde se bat à le
dire, on va vouloir que ce soit plus considérable, plus important. Et si
on veut que ce soit plus important, on appelle cela prédominance, et
c'est l'article de la loi.
À partir de là, il ne faudrait pas se battre et dire: On
veut que ce soit prédominant, et dans une motion mettre cela
égal. Je pense bien qu'à partir d'ici, il y a des articles qui
sont importants. On est en train de se battre et on est en train d'analyser
notre mille-pattes à savoir sur quelle patte il a des cors. À
partir de là, je pense qu'il serait plus important de passer à
des articles. Et on sait que le temps est limité à partir de ce
matin. On ne se le fait plus dire par les journaux, on se le fait dire par une
motion qui nous est donnée. Il faudrait s'en tenir aux amendements
importants et mettre de côté nos amendements secondaires, et en
présenter de plus sérieux.
La différence entre l'article 47 et l'article 23, bien sûr
qu'il y en a une. Si, avec l'article 47, on veut respecter un peu la loi 22 qui
permettait au secteur plus privé de "bilinguiser" ses annonces, on veut
un peu plus le respecter en parlant des termes qui sont choisis par
l'amendement de l'Opposition officielle, si on veut choisir à l'article
47, je pense qu'on n'a pas le droit de choisir à l'article 23, et
à partir de là, il doit y avoir une différence entre
l'article 47 et l'article 23, et elle doit exister dans les faits. On l'a ce
matin.
Quand on parle de secteur public, on est capable d'exiger, pour les
dispositions de l'administration, du gouvernement et de ses ministères
et des organismes tant municipaux que scolaires, on est en mesure d'exiger
davantage, et cela se fait dans l'article 23 alors que dans l'article 47, c'est
le secteur plus privé. Si on veut faire une différence et si on
veut vraiment donner un visage français, si on ne commence pas par le
secteur public, je me demande par quel bout on va commencer, alors que dans le
secteur privé, il est clair que c'est plus compliqué. L'article
47 nous permettra peut-être d'y mettre la pédale douce avec le
terme qui nous est soumis. Maintenant, pour être capable de le
discuter et d'en voir la différence, il faudrait se rendre
à l'article 47.
Ce matin, je demanderais bien que des deux côtés de la
table on accepte de se pencher sur des amendements importants et on n'essaie
pas de tenir le temps; on est limité dans le temps à partir de ce
matin. Qu'on arrive avec des amendements importants et qu'on laisse nos options
partisanes qui sont peut-être, pour le Parti libéral,
option jeunesse, comme cela a été confirmé en fin de
semaine et qu'on décide cette semaine qu'il y a un travail devant
nous, c'est la loi 101. Qu'on adopte au moins les parties les plus importantes
de la loi, c'est ce qu'on veut faire et c'est ce qu'on veut bonifier pendant
les deux jours de travail qui nous restent. À partir de là, on
oublie son option partisane, quand on en a une, et on travaille sur le fond de
la loi, sur les parties les plus sérieuses qu'on a plus avantage
à bonifier pendant ces quelques heures de travail qui nous restent d'ici
demain soir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, parfois c'est par des
articles du projet de loi qui ne semblent pas être trop importants qu'on
voit vraiment l'esprit de cette loi. Bien que je veuille passer à
d'autres articles qui, peut-être, sembleraient avoir une plus grande
importance, je pense qu'on ne peut pas laisser passer certaines choses, et la
réaction que j'ai devant un article tel que celui que nous
étudions, est la suivante: On nous dit qu'on veut un visage
français pour le Québec. Personne à cette table n'est
contre cela, mais remarquons bien que cet article n'affecte pas vraiment des
endroits publics, tels qu'on les connaît.
Pensons aux écoles anglaises. Comment pensez-vous faire un visage
français pour le Québec en vous attachant à des
écoles qui ont une clientèle strictement anglophone? Ce n'est pas
là que vous allez franciser le Québec dans le sens que vous
l'entendez. Je voudrais que vous réfléchissiez aussi sur la
portée de cet article. Cela semble être quelque chose qui n'est
pas important.
Vous dites aux petits enfants, tous ceux qui vont rester dans ces
écoles, vous essayez de leur passer un message. Soyons au moins
honnêtes! Vous essayez de leur passer un message. Le message, c'est qu'il
n'y a pas d'égalité entre les deux communautés, c'est
là le message, et cela va affecter un individu. Le jeune, qui a cinq ou
six ans, qui est anglophone, qui va être obligé d'apprendre le
français, dont la rentrée à l'école est
déjà restreinte, il va toujours devoir regarder le mot
français qui sera prédominant pour lui. J'ai eu
l'expérience pour votre intervention, du côté
ministériel dans des écoles minoritaires où il y
avait des Indiens. Et, avec des tactiques comme celles que vous venez
d'employer, dans les deuxième, troisième, quatrième
années, ces petits enfants étaient tellement complexés
qu'ils se sentaient vraiment inférieurs à cause d'une
série de tactiques comme celles-là. Si c'est ce à quoi
vous vou- lez arriver, provoquer et arriver à cette fin, vous allez
réussir.
M. Bertrand: Qu'est-ce que vous pensez des petits enfants sur la
rue Sainte-Catherine à Montréal où il n'y a absolument
rien d'écrit en français?
M. Ciaccia: Je veux garder mon droit de parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je suis sûr que, la plupart d'entre vous de
l'autre côté de la table, ce n'est pas ce que vous pensez. Je sais
que vous n'êtes pas de mauvaise foi, que vous pensez vraiment, de bonne
foi, que la seule chose que vous faites, c'est de franciser le Québec.
Mais je vous suggère que vous ne comprenez par la portée, les
conséquences de toutes ces petites tracasseries. Vous donnez un message
à une communauté et votre ministre dit que ce n'est pas le
message qu'il veut donner. Ce n'est pas cela qui va franciser le Québec.
Ce n'est pas les enseignes "toilettes", "toilets" dans une école
protestante, ce n'est pas cela qui va aider la langue française, mais le
côté négatif, psychologique, dans toutes ces petites
institutions, dans toutes ces écoles, c'est à cela que je vous
invite à penser.
M. Paquette: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je vous invite à penser à toutes ces
petites tracasseries.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas si le
député me permettrait de lui poser une question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, certainement.
M. Paquette: Ce n'est pas du tout partisan, ce que je veux faire,
mais vous dites que les jeunes dans les écoles, parce qu'ils vont voir
une prédominance du français dans l'affichage, vont se sentir un
peu comme des citoyens de deuxième classe.
M. Ciaccia: C'est cela. Oui.
M. Paquette: Ne pensez-vous pas que vous négligez
et c'est là le point fondamental vous négligez la
situation du Québec en Amérique du Nord. On est dans un continent
où la proportion est de 1 à 40. Les compagnies sont des
propriétés anglaises, ces jeunes-la, ne pensez-vous pas qu'ils
vont lire des manuels d'histoire et s'apercevoir que, finalement, les gens qui
ont développé surtout l'Amérique du Nord étaient
des anglophones.
C'est ce que vous ne comprenez pas. C'est qu'on est déjà
dans une situation inégale, mais dans l'autre sens. Je n'ai pas du tout
l'impression que cela va avoir ces effets dans les écoles. Mais, par
exemple, ils vont se rendre compte que le Québec est majoritairement
francophone. Cela, ils vont s'en rendre compte.
M. Ciaccia: La réponse à votre question, c'est que
ce n'est pas en créant ces problèmes pour les jeunes,
symboliquement dans des écoles, que vous allez changer ce que vous
dites. Ce que vous faites, c'est que vous aliénez encore plus un secteur
qui devrait être avec vous. Il devrait le réaliser, il le
réalise, moi, je réalise qu'il y a une minorité en
Amérique du Nord et qu'il faut faire quelque chose. Mais ce à
quoi je m'oppose, c'est la façon dont vous vous y prenez pour
aliéner tout le monde et dire que, pour me remonter, il faut que
j'abaisse quelqu'un d'autre. Ce n'est pas la bonne manière. C'est comme
cela que j'interprète cela. Excusez-moi.
M. Paquette: C'est une mauvaise interprétation.
M. Ciaccia: Je veux faire mon possible pour être certain
que cette minorité va non seulement survivre mais va s'épanouir.
J'ai moi-même choisi de demeurer ici au Québec, j'ai
peut-être fait un choix plus que vous ne l'avez fait, mais je trouve
qu'on exagère, qu'on va un peu trop loin et que cela ne sera pas
productif. C'est tout ce que je dis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne serais pas
intervenue de nouveau, n'eût été l'intervention du
député de Terrebonne, qui a même demandé quelle
était la position du Parti libéral à l'égard des
institutions anglophones. Évidemment, il est tellement perdu dans la
position tout à fait unilatérale et dans un seul sens de son
propre parti qu'il n'a évidemment jamais écouté ou lu ce
que d'autres ont dit dans d'autres partis.
Alors, je m'excuse pour ceux pour qui c'est une
répétition, mais je sens la nécessité de le faire
ici. Je pense que, déjà, depuis plusieurs mois, le Parti
libéral a dit et fait valoir qu'il reconnaissait l'existence d'une
communauté anglophone. La communauté anglophone du Québec
est soutenue par des institutions, des institutions publiques, des institutions
parapubliques et des institutions privées, particulièrement dans
le domaine de l'éducation, des services de santé et des services
sociaux. Là où ces institutions desservent la population
française ou non anglophone, compte tenu des articles 2 et 5 de la loi
101, dans notre esprit, ces institutions doivent prendre des mesures pour se
conformer aux exigences des articles 2 et 5 de la loi 101 qui assurent à
tous les Québécois le droit de se faire servir dans leur langue.
L'article 2, c'est le droit de communiquer en français dans les services
publics de santé, etc.
Dans notre esprit, ces institutions doivent se conformer aux exigences
des articles 2 et 5. Ceci va se traduire par une bilinguisation réelle.
Il faut qu'elle soit réelle, là où des non-anglophones,
particulièrement des francophones, se prévalent des services de
ces institutions dans les domaines publics et parapublics. Dans ce sens, je
pense qu'il n'y a pas de réticence de la part du Parti libéral
que cette bilinguisation soit nécessaire et existe réellement
dans les faits.
Cependant, nous avons toujours dit que nous nous opposerions je
regrette que le député de Mégantic-Compton qui a pourtant
crié: La communauté anglophone, les Anglais, etc., ne voit
même pas cette différence aux mesures inutilement
tracassières, dans ce sens que non seulement on les oblige à se
bilinguiser ou à devenir bilingues je ne sais pas si le terme
"bilinguiser" est tellement français mais on leur demande aussi
d'être bilingues pour pouvoir servir tous les citoyens qui frapperont
à leur porte. Il nous semble inutilement tracassier et allant contre les
objectifs même de la loi 101, ou de la réalisation de ces
objectifs, de prendre des mesures supplémentaires et inutiles. D'une
part, on crée de la résistance au lieu de créer de la
collaboration. De toute façon, je pense qu'il y a des motifs de l'autre
côté de la table inavoués pour que, à moyen et
à long terme, ces institutions deviennent françaises. C'est
là la position du Parti libéral. Ce qui ne nous semble pas
justifié pour atteindre, pour répondre, en particulier, aux
droits fondamentaux décrits dans le chapitre 2, nous devons nous y
opposer. C'est le sens de la position que nous prenons ce matin.
J'espère que c'est clair pour le député de Terrebonne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
Mme le député de L'Acadie. M. le député de
Mercier.
M. Godin: Merci, M. le Président. Le député
de Mont-Royal a semblé découvrir ce matin que l'esprit de la loi
101 était de promouvoir le français. On ne l'a jamais
caché que l'esprit de la loi 101 était de faire du
français la langue de la primauté au Québec. Si vous
découvrez cela ce matin, vous n'avez encore rien compris à ce qui
se passe ici.
Ce qui frappe aussi, c'est que les gens d'en face s'imaginent qu'on va
appliquer la même politique qu'eux ont tenté d'appliquer. C'est un
autre gouvernement qu'il y a ici. Les gens qui ont voté pour nous
veulent autre chose que ce que vous avez proposé de leur donner. C'est
cela qui s'est passé. Je pense que, si on ne faisait qu'appliquer la loi
22, on ne livrerait pas la marchandise qu'on a promis de livrer. C'est cela
qu'il faut que vous compreniez peut-être ce matin, après tellement
de mois de discussions là-dessus. Ce qui s'applique maintenant au
Québec, c'est la règle de la majorité linguistique. Si,
dans une école, un jeune anglophone, parce qu'il voit "homme", "man" sur
la porte des toilettes, devient anti-Québécois, je pense qu'il
n'est pas très exigeant pour aimer ou ne pas aimer la province dont il
fait partie ou le pays dont il fait partie.
À Mirabel, par exemple, vous avez "Welcome" juste en dessous de
"Bienvenue" et il y a une troisième langue, je pense que c'est
l'espagnol, "Bienvenido", qui est en troisième place et c'est un
très bon exemple de la prédominance du français; à
Dorval, c'est la même chose, il y a trois langues, la grosseur des
caractères est la même, sauf que le français est en haut.
C'est ce que veut dire la prédominance.
Effectivement, ce dont on doit se rendre compte, c'est qu'il est normal
que, dans une province à majorité anglaise, ce qu'on peut appeler
le fardeau du bilinguisme soit sur une minorité française et vice
versa, dans une province dont la majorité est française.
Autrement, avec le rapport de forces en présence, cette majorité
française au Québec, si elle ne joue pas son rôle de
majorité, si elle ne tente pas de rester elle-même et de faire
savoir aux autres qui vivent avec elle ce qu'elle est, se condamne, se suicide
et c'est ce qui se produisait dans le passé.
Une autre chose qui me frappe, M. le Président, c'est qu'on
entend dire, depuis une semaine que je suis revenu: Écoutez, la
minorité était prête à le faire, tout ce qui est
dans la loi 101. Vous nous dites que tout le monde était prêt
à le faire, que c'est déjà commencé et que cette
loi aurait l'effet de rendre amer ce qui aurait été fait
spontanément et que cela risque de retarder les effets de la loi 101
le fait qu'on l'adopte de retarder un processus qui se faisait
tout seul. J'ai des doutes là-dessus, parce qu'encore tout
récemment, un des blessés des incidents à la Robin Hood
était dans un hôpital anglophone et le médecin était
anglophone; la victime n'a pas compris ce que le médecin lui disait
parce que le médecin ne parlait pas français. Alors, quand on
parle de sécurité et de santé, je me demande s'il n'y a
pas plus de risques pour nous, majorité pour l'instant, que pour vous,
minorité. C'est la question que je me pose après avoir lu ces
rapports dans les journaux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, je vous ai reconnu immédiatement
après le député de Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: ... 96, je vais attendre, très bien.
M. Grenier: Encore une fois, M. le Président, bien
brièvement, et je me réserve quelques minutes pour revenir, en
cas d'avoir d'autres attaques.
Je comprends mal que le député de L'Acadie dise que je
n'ai pas compris cet amendement; j'ai pourtant bien expliqué que j'avais
compris qu'entre "prédominance" et l'amendement qui est apporté,
à savoir "aucune inscription rédigée dans une autre langue
ne doit l'emporter sur celle qui est rédigée en
français"... Il me semble avoir établi clairement qu'entre les
deux, je voyais la différence qu'il pouvait y avoir, sauf que
c'étaient bien plus les effets d'entraînement qu'on doit
comprendre là-dedans et que je ne vois pas, entre les deux, pourquoi on
s'opposerait à rendre prédominants tout signe et toute
indication, pour le public, mis dans ces institutions qui sont gouvernementales
ou paragouvernementales.
Le député de L'Acadie utilise des termes suivant lesquels
je n'ai rien compris. Je regrette de voir qu'elle est en train de se mouler un
peu fort dans l'équipe libérale. Elle qui a toujours l'habitude
de faire la distinction des choses, est sur de mauvaises traces et elle que je
considère beaucoup, avec le député d'Outremont... Je
voudrais leur demander de ne pas trop s'imbiber dans ce parti parce qu'à
un moment donné, il fait fausse route et il y a peut-être des gens
j'aime mieux la mettre en garde qui ont avantage à ce que
le député de L'Acadie déclare des choses qui donnent plus
de crédibilité à leurs déclarations que si
c'était fait par d'autres membres de cette équipe. Je voudrais
lui tendre une perche en lui disant d'être sur ses gardes et d'attendre
que son parti ait pris une position définitive pour être capable
de mieux la défendre, parce qu'actuellement je sais que cela ne
se dit pas autour d'une table comme celle-ci il y aurait peut-être
des petites choses que Mme le député de L'Acadie sera en mesure
de mieux analyser dans quelque temps et elle se rendra compte que, dans
certains secteurs, elle peut s'être fait rouler par ses semblables, par
les gens de son parti qui sont, à mon sens, en train de lui faire faire
des déclarations auxquelles elle croit plus ou moins. Quand on assure
ici et qu'on vient dire qu'on ne voit pas l'utilité et qu'on propose un
amendement de ce genre, il me semble que, si on a annoncé et si on
amène ici François Thibault, il ne sera peut-être pas
d'accord; il voudra peut-être qu'il y ait prédominance du
français...
M. Lalonde: Cela vous irait, Joe Clark?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Cela vous fait bien mal... Mais il est heureux que M.
Biron se présente sous l'étiquette libérale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, s'il vous plaît! Revenez
au sujet de l'amendement.
M. Grenier: Trouvez-en un chez vous qui va aller aux genoux de M.
Biron et cela va être un grand homme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grenier: M. le Président, j'en reviens à
l'amendement... fusion avec les bons éléments, pas avec le parti.
Les bons éléments du parti, ceux qui demandent à venir
chez nous, pas avec le parti en général.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous
plaît! Aidez le député de Mégantic-Compton à
reparler de l'amendement.
M. Grenier: M. le Président...
M. Lalonde: Oui, mais admettez que le député de
Mégantic-Compton attaquait le député de L'Acadie...
M. Grenier: Je ne vous ai pas attaqué personnellement,
j'espère que vous ne vous êtes pas senti attaqué quand j'ai
dit que Mme le député de L'Acadie était influencée
par de moins bons éléments...
M. Lalonde: N'attaquez pas le député de
L'Acadie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Mégantic-Compton, s'il
vous plaît! Sur l'amendement.
M. Grenier: M. le Président, j'ai pour le
député de L'Acadie beaucoup de respect, beaucoup de
considération. Je l'ai dit et je le répète, sans doute
qu'elle se ressource énormément en fin de semaine quand elle
vient séjourner dans mon comté. C'est sans doute là
qu'elle prend son ressourcement qui la rend toujours très près
des gens et capable de faire une déclaration très sensée,
mais je lui demande, encore une fois, de s'éloigner des moins bons
éléments qui pourraient lui inspirer des choses moins valables
pour son parti.
M. le Président, je pense qu'on devrait cesser de perdre du temps
sur un amendement de ce genre. Comme je l'ai dit tout à l'heure, on
essaie de trouver quelle patte du mille-pattes a des cors aux pieds. Qu'on
passe à des amendements plus valables, le plus rapidement possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement rectifier quelques-uns des
propos qui, je crois, ont été mal interprétés par
le député de Mercier. Il dit être surpris de constater que
je découvre aujourd'hui que le projet de loi no 101 essaie
d'établir la primauté du français. Je devrais dire, ou il
a mal compris ce que j'ai dit, ou bien il n'a pas été ici depuis
longtemps. Cela fait des années qu'on le sait. On l'a accepté et
on l'a démontré, je pense, avec des gestes assez concrets.
Voici le problème, M. le Président: Jusqu'où
va-t-on aller, à quelle extrémité va-t-on se rendre? Quand
on dit que c'est la règle de la majorité qui prévaut
maintenant, je dois avouer que je suis un peu déçu du
député de Mercier. J'aurais pensé que le concept qu'il
avait de la démocratie aurait aussi prévu un rôle pour les
minorités, un certain respect pour elles. Vous donnez l'exemple de
Mirabel, c'est un endroit public, j'accepte volontiers qu'il y ait la
primauté du français à Mirabel.
Je parlais des écoles anglophones qui sont tout à fait
différentes du coin Peel et Sainte-Catherine. Ce n'est pas un endroit
public, à mon avis, une école anglophone, dans le sens de
l'affichage. C'est un endroit où iront seulement des anglophones.
D'après votre projet de loi, pas même les anglophones vont y
aller, en tout cas. C'est de vouloir tracasser par la prédominance et
les conséquences qu'il peut y avoir sur les enfants qui sont dans ces
écoles. C'est un message que vous leur faites. Ce n'est pas une question
de primauté, c'est un message. Vous leur dites: Vous n'êtes pas
égaux et vous ne le serez jamais. C'est par des petites tracasseries
comme cela.
Il ne faut pas être toujours contre la loi 22. S'il y a quelque
chose de bon dans la loi, je crois que vous avez l'esprit assez mûr pour
le reconnaître. On dirait qu'on prend comme approche que, si c'est dans
la loi 22, automatiquement ce n'est pas bon, il faut faire quelque chose de
différent. Je ne trouve pas que c'est une approche responsable.
Je voulais simplement rectifier un peu les propos du
député de Mercier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse de cette
intervention supplémentaire qui n'était certainement pas
planifiée, mais je veux revenir sur l'intervention du
député de Mégantic-Compton. Je suis sûre qu'elle est
marquée au coin, comme aime le dire le ministre d'État au
développement culturel, de la fraternité, de l'amitié, je
n'oserai pas dire de l'affection.
M. Grenier: C'est votre député, n'oubliez pas
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même
rétablir...
M. Lalonde: II y a beaucoup de Québécois qui sont
mal représentés.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même rétablir
certains faits. Je pense que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les positions que j'ai prises ici,
en particulier celles que j'ai explicitées tout à l'heure au
député de Terrebonne, sont les miennes... Je suis à la
source de cette prise de position, à savoir la reconnaissance de la
communauté anglophone, de ses institutions et de l'approche qu'on doit
avoir à l'égard de cette communauté et du respect de ses
institutions tout en les adaptant aux besoins d'un Québec
français et quant à la prééminence du
français dans le Québec.
Je ne voudrais pas que le député de
Mégantic-Compton, même si cela part d'un bon coeur, se fasse de
souci. Je suis tout à fait indépendante dans les positions que
j'ai prises sur la langue, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien, madame.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je voudrais réagir aux commentaires du
député de Mercier. Je n'ai pas de difficulté à
comprendre que le nouveau gouvernement a une attitude différente et plus
exigeante quant au sujet fondamental dont nous parlons ici, mais c'est une
question de mesure et nous parlons de la mesure. J'ai dit à plusieurs
reprises, vendredi et aujourd'hui, que je trouve tout simplement que la mesure
est un peu exagérée, que l'on va trop loin dans un domaine qui
est particulièrement important.
Son importance m'amène à regretter l'attitude du
député de Mégantic-Compton qui n'a pas été
fidèle à lui-même, tout à l'heure, parce que c'est
lui qui, depuis le début de la séance d'aujourd'hui, dit: II faut
passer aux choses importantes. Il s'est livré à plusieurs minutes
de partisanerie inutile. Ce n'est pas à la légère que moi
et mes collègues parlons de ce sujet.
Peut-être n'étais-je pas ici lorsque le ministre l'a
expliqué; si tel est le cas, je m'en excuse. Je voudrais lui demander
particulièrement une explication. C'est une explication qui me
permettrait de mieux comprendre cette série d'amendements, de nouveaux
articles que nous sommes appelés à étudier et que je
trouve d'une importance capitale. Le ministre peut-il expliquer à cette
commission encore une fois, s'il l'a déjà fait
comment il se fait que les services de santé et les services sociaux
n'étaient pas visés par le projet de loi no 1 et le sont par le
projet de loi no 101? Est-ce que c'était un oubli? Est-ce que
c'était une erreur? Est-ce que c'était une découverte? Si
oui, qu'est-ce que le gouvernement a découvert entre les deux projets de
loi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: Je me suis longuement expliqué vendredi
après-midi sur les raisons qui ont amené le gouvernement,
finalement, dans le projet de loi no 101, à soumettre les hôpitaux
et les services sociaux anglophones au processus de francisation. Je ne veux
pas répéter. Je pense que le député de D'Arcy McGee
était là à ce moment, il me semble.
M. Goldbloom: J'étais ici et j'ai écouté
cette explication, mais ce qui manquait là-dedans c'est la
réponse à la question que j'ai posée: Pourquoi n'y
avait-il rien dans le projet de loi no 1, pensé par le même
ministre, avec, je présume, les mêmes conseillers, en examinant le
même problème?
M. Laurin: Je crois que je me suis longuement exprimé sur
le processus de réflexion qu'a suivi le gouvernement. J'ai dit qu'il n'y
avait là aucune improvisation, que c'était une réflexion
qui avait commencé dès la mise sur pied du projet de loi et qui
s'était poursuivie au cours des mois qui ont suivi, au fur et à
mesure que des éléments s'ajoutaient à notre
réflexion. Il s'est agi là, au fond, d'un continuum qui,
graduellement, nous a amenés, d'abord à mettre des articles dans
le chapitre des organismes parapublics, ensuite à en inclure dans les
entreprises, ensuite, dans l'administration à la suite non seulement de
notre réflexion, mais de toutes les recherches que nous avons faites et
des réactions qui nous sont venues.
Je pense, encore une fois, qu'il ne s'agit ni d'un oubli, ni d'une
erreur, mais d'une réflexion qui s'est poursuivie à partir de
principes très clairs qui se sont explicités à la suite de
notre réflexion et des recherches que nous avons faites. Je ne pense pas
devoir revenir davantage là-dessus. Je réfère le
député de D'Arcy McGee à ma déclaration de
vendredi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee avec encore une minute.
M. Goldbloom: Un dernier mot, M. le Président. Je me
tourne de nouveau vers le député de Mercier.
Je ne me rappelle pas s'il était présent à
l'occasion de la présentation d'un mémoire pendant la
défense duquel le principal porte-parole a dit essentiellement ce qui
suit au gouvernement: Vous dites que vous voulez que les minorités en
général et la minorité anglophone en particulier soient
présentes et s'épanouissent à l'intérieur d'un
Québec nouveau, mais vous ne voulez pas les voir. Et c'est là
où je trouve démesuré ce qui est préconisé
ici, c'est-à-dire que l'on veut diminuer la visibilité de la
minorité même dans ses propres institutions; c'est cela que je
trouve exagéré, c'est pour cela que je trouve que le gouvernement
va trop loin et que l'égalité déjà
réalisée de bonne foi, un peu partout dans de telles institutions
je parle des hôpitaux devrait suffire plutôt que
d'exiger un changement additionnel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de d'Arcy McGee. Est-ce que l'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys sera adopté?
M. Laurin: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys à l'article
23 rejeté sur division. Est-ce que l'article 23, tel que modifié,
sera adopté?
M. Laurin: Adopté.
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 23 est adopté sur division.
M. Grenier: M. le Président, je reviens à ce que la
présidence avait entendu au début de cette commission ce matin,
à savoir de vous proposer, à cause de la motion soumise par le
leader du gouvernement ce matin, en vertu de l'article 156. J'aimerais vous
rappeler qu'au début de l'étude à cette commission ce
matin j'ai demandé une directive à l'effet de savoir s'il y
aurait lieu de commencer sans trop de retard, après l'étude
de
ce chapitre qui porte sur la langue d'administration, à faire un
tour de table. Il semblait bien que le président était
prêt, il ne l'a pas dit dans ces termes, à faire un court
débat, et j'entends par court débat demander la position de
chaque parti, à savoir si on serait prêt à passer,
immédiatement après ce chapitre, à l'étude de la
francisation des entreprises.
Je vous demande, comme directive, s'il y a lieu d'avoir l'assentiment de
cette salle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député, étant donné que le chapitre IV comporte
encore deux articles, soit 24 et 25, qui n'ont pas encore été
adoptés, et même un autre article, non étudiés par
la commission, n'y aurait-il pas lieu c'est une suggestion que je fais
d'amener votre demande de directive un peu plus tard,
c'est-à-dire après qu'on aura terminé l'étude
complète du chapitre IV?
M. Grenier: D'accord, M. le Président. C'est votre
suggestion, je suis prêt à l'accepter. À l'article 24,
depuis longtemps attendu...
Nouvel article 24
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! J'appelle l'article 24, le nouvel article 24,
qui va être considéré comme une motion principale et qui se
lit comme suit: "Les organismes municipaux ou scolaires, les services de
santé et les services sociaux reconnus en vertu de l'article 108f
doivent se conformer aux articles 15 à 23 avant la fin de l'année
1983 et prendre, dès l'entrée en vigueur de la présente
loi, les mesures voulues pour atteindre cet objectif".
Est-ce que ce nouvel article 24 est adopté?
Des voix: Adopté, M. le Président... Mme
Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il y a lieu.
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Les...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, conformément à
des directives déjà rendues, je me dois, à ce stade-ci de
respecter la traditionnelle rotation qui est de donner la parole après
le parti ministériel, à l'Opposition officielle.
M. Grenier: D'accord. Mais vous allez me permettre, M. le
Président, s'il y a lieu avant, de vous demander... je ne sais pas ce
qui nous attend, mais c'est depuis que l'article 13 ou 14 a été
adopté que je propose un amendement à l'article 24.
M. Lalonde: Nous n'en verrons qu'un.
M. Grenier: Je pense que vous vous en doutez. Maintenant, il est
clair que ce matin, j'aurais voulu, à la fin de mon intervention,
cela va peut-être donner plus de brièveté au débat
soumettre un amendement au tout départ avant qu'on commence
à discuter et qu'on arrive avec d'autres sortes d'amendements qui seront
peut-être moins complets que celui que j'ai à proposer et qui
serait à 24 et 25.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Mégantic-Compton, je me rappelle que c'est moi-même, je pense,
qui avais rendu cette directive. J'avais alors dit qu'à moins du
consentement de l'Opposition officielle puisque c'est à elle
maintenant de parler de vous donner la parole pour proposer votre
amendement, l'Opposition officielle a le droit à ce stade de prendre la
parole et même, s'il y a lieu, de présenter un amendement. C'est
la tradition et je n'y peux rien.
M. Grenier: Très bien.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux être
brève parce que je pense que ce serait notre choix que nous puissions
compléter ce chapitre touchant particulièrement les services de
santé et les services sociaux le plus rapidement possible, il est trop
important pour qu'on s'allonge inutilement et qu'on risque de le laisser en
plan avant la clôture de cette commission.
Nous aurions pu souscrire à l'article 24, tel que
rédigé, parce qu'il prévoit dans les faits un délai
qui permet aux institutions concernées de s'adapter aux changements
d'une façon plus réaliste que lorsqu'on le leur impose
immédiatement. Mon amendement ne surprendra...
Des voix: Ah!
Le Président (M. Vaillancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: J'ai un amendement, je pense, M. le
Président, qui ne surprendra personne puisque, dès le
départ, vendredi ou jeudi soir peut-être, quand sont
arrivés les amendements du gouvernement.
M. Grenier: M. le Président, question de règlement,
je dois vous soumettre ici bien honnêtement que je suis fort
désappointé.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Non, permettez-moi de continuer ma question de
règlement. On manque, ici, à l'éthique, je pense. Depuis
l'article 13 ou 14 que je veux amener un amendement ici, et, dès le
départ, au lieu de discuter sur la motion, sur l'article, on se
dépêche de nous amener un amendement. Or, ce que j'ai dit tout
à l'heure au député de L'Acadie, je le dis une
deuxième fois, je regrette qu'on mette
cela dans la bouche du député de L'Acadie, la
crédibilité qui reste au parti repose sur le député
de L'Acadie, et qu'on se serve d'elle pour manquer à une éthique
ou une entente morale qu'on avait avec l'Union Nationale.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, j'espère
que vous allez rappeler le député à l'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt): Un instant, Mme le
député de L'Acadie, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Je n'ai jamais vu de chose aussi
incohérente.
Le Président (M. Vaillancourt): Je pense que ce
n'était pas une question de règlement.
M. Grenier: Oui, j'ai vu pire que cela dans le Parti
libéral.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Mégantic-Compton, à l'ordre, s'il vous plaît! Je pense
que vous avez déjà siégé antérieurement au
15 novembre dans cette Chambre, et vous savez que la présidence doit
après avoir assuré la parole au parti ministériel,
accorder la parole à l'Opposition officielle, et tant que ces traditions
ne seront pas changées...
M. Grenier: Avant le 15 novembre, j'ai appris qu'on ne devait pas
compter sur la parole du Parti libéral, j'ai aussi appris cela, j'ai
appris deux choses.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Mégantic-Compton, vous ne pouvez, je pense, reprocher à
quelque parti que ce soit d'exercer non pas un privilège mais un droit
qu'il a.
M. Grenier: Non, légalement il y a droit.
Le Président (M. Vaillancourt): Votre message est
passé et je recède la parole à Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais que ce n'est pas
le lieu et la place, je le ferai après, mais je ne sais vraiment pas ce
dont le député de Mégantic-Compton parle.
Le Président (M. Vaillancourt): Sur votre motion
d'amendement, s'il vous plaît!
M. Grenier: N'ajoutons pas au ridicule!
Le Président (M. Vaillancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: Non, vous l'avez déjà assez fait.
Le Président (M. Vaillancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Vendredi soir dernier, quand le gouvernement est
arrivé avec l'article intitulé 25a dans lequel il soumettait
immédiatement au bilinguisme la tenue des dossiers médicaux, je
pense que tout le monde se souviendra, ceux qui étaient là, que
j'ai immédiatement protesté en disant: Ceci n'est pas
réaliste, et cela peut provoquer des risques pour les patients; mon
amendement va dans ce sens et ne m'a été inspiré par
personne, M. le député de Mégantic-Compton, sauf moi. On
verra ce qu'il vaut, de toute façon.
Compte tenu, je pense, qu'aucun délai n'est accordé pour
la bilinguisation des dossiers médicaux, je propose immédiatement
un amendement à l'article 24, que ce dernier soit modifié en
ajoutant, dans la cinquième ligne, après le chiffre 23, les mots:
et 25a. L'article amendé se lirait comme suit: "Les organismes
municipaux ou scolaires, les services de santé et les services sociaux
reconnus en vertu de l'article 108f, doivent se conformer aux articles 15
à 23 et 25a, avant la fin de l'année 1983 et prendre, dès
l'entrée en vigueur de la présente loi, les mesures voulues pour
atteindre cet objectif."
L'amendement est fait uniquement dans cet esprit d'être plus
réaliste et ne pas obliger, du jour au lendemain, la tenue de dossiers
bilingues sans permettre une certaine période d'adaptation, comme on le
fait pour les dossiers scolaires ou les procès-verbaux scolaires et tout
ce que contiennent les articles 15 à 23. Cela me semble être une
mesure de prudence. C'est dans ce sens qu'est fait l'amendement, et je pense
que tout le monde se souviendra que j'avais soulevé cette
difficulté dès qu'on nous a présenté l'amendement,
jeudi soir dernier. C'est le sens de mon amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. Je
comprends le sens de votre amendement et je comprends également, puisque
j'étais absent, que cette motion que vous avez entre les mains est une
motion d'amendement pour que soit inséré entre les articles 25 et
26 un article 25a qui se lirait comme suit et je pense que dans le
passé, on avait, dans un cas semblable, considéré cet
amendement réellement comme un amendement et non pas comme une motion
principale, puisque l'article en question n'existe pas Alors, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, si vous pouviez m'éclairer
sur ce point.
M. Lalonde: Je sais que lorsqu'on remplaçait les articles,
on considérait et on l'a fait de façon unanime on
considérait les nouveaux articles comme étant des motions
principales. Maintenant, je serais embêté de vous dire si
l'article 25a a été traité de cette façon jeudi
soir quand il a été introduit. Je suggère quand
même... Si c'est pour la recevabilité de la motion, que ce soit
comme motion principale ou que ce soit comme motion d'amendement, la
présidence avait, à la demande d'ailleurs du député
de Saint-Maurice au début de la discussion vendredi matin,
considéré que tous ces articles étaient discutés
globalement et avait permis la référence lorsqu'on discutait de
l'article 23,
aux articles 24, 25, 25a etc. Alors, dans cette mesure, je pense que
l'article 25a a existence légale même s'il n'a pas
été adopté. Il est proposé par le gouvernement de
la même façon que les 219 articles sont proposés pour le
projet de loi, et dans cette mesure, la motion d'amendement... Alors,
étant donné qu'il a existence devant cette commission, ayant
été déposé par le gouvernement et ayant
été accepté comme tel par l'Opposition, même s'il
n'a pas été adopté, il est aussi existant que tous les 219
articles et on peut y référer à ce stade-ci même
s'il n'a pas été adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je regarde et je lis attentivement "que soit inséré entre les
articles 25 et 26 un article 25a" et non pas "un amendement à l'article
25". Je dois présumer, compte tenu du libellé de cela, que ce
texte, s'il est adopté, constituera dans le projet de loi
définitif un nouvel article et en conséquence, je déclare
cet amendement recevable et reçu.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez. Je pourrais m'étendre
davantage mais je pense que le ministre a saisi l'objet de cette demande qui
permet... Compte tenu de la nécessité de l'adaptation dans les
milieux hospitaliers qui, jusqu'à maintenant ont toujours tenu
strictement en anglais leurs dossiers, compte tenu de l'argument que nous avons
fait valoir la semaine dernière et que je ne voudrais pas
répéter, à savoir qu'il y a des médecins plus vieux
qui auraient besoin de cette période d'adaptation, il y a aussi les
professionnels de la santé auxquels on accorde quand même un an
pour s'adapter, on leur donne un permis d'un an avant de leur donner leur
permis permanent, il y a la question de l'association des hôpitaux
universitaires avec McGill, la présence de personnes qui viennent comme
invités, comme consultants, etc. Je ne veux pas développer
beaucoup d'arguments, mais strictement dire qu'il me semblerait plus sage,
compte tenu de l'adaptation rapide qu'il faudrait faire d'ici trois semaines.
La loi doit entrer en vigueur au moment de sa sanction. Cela me semble
imprudent de ne pas permettre cette période de transition qui, si je ne
m'abuse, a également été demandée par les
représentants des hôpitaux et des institutions. Peut-être
que là-dessus le ministre d'État au développement culturel
pourrait en dire davantage. Je n'ai pas d'autres arguments à faire
valoir. Cela me semble un argument de bon sens. Mon bon sens n'est
peut-être pas le vôtre, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: II nous semble que cette prescription faite à
l'article 25a est parfaitement applicable dans un avenir très
immédiat et je m'en suis déjà expliqué vendredi
après-midi quand j'ai donné mes commentaires sur les
considérations générales qui portaient aussi bien sur
l'article 23, 24 et 25 et qui avaient été faites par les
députés de l'Opposition. Il nous semble en effet que c'est
parfaite- ment applicable immédiatement parce que, si je me
réfère aux conversations que j'ai eues avec les
représentants des hôpitaux anglophones et aux textes qu'ils nous
ont apportés à l'appui de leurs positions, eux-mêmes
assuraient que, déjà, les hôpitaux anglophones, les
professionnels anglophones des hôpitaux et services sociaux
étaient parfaitement en mesure d'assurer dans la langue officielle les
services aux patients, aussi bien à la salle d'urgence que dans les
unités de soins.
Si les professionnels anglophones nous disent qu'ils sont parfaitement
en mesure d'assurer, à tout patient francophone des services sociaux ou
des services hospitaliers, des services dans la langue officielle, cela veut
dire que, de leur propre aveu, les professionnels de ces organismes
spécialisés possèdent déjà une connaissance
suffisante de la langue officielle. D'ailleurs, j'avais rappelé à
cet égard que, déjà depuis plusieurs années,
l'évolution avait été engagée dans cette direction,
aussi bien depuis la présentation de la Loi sur l'immigration en 1964,
que depuis l'adoption du Code des professions en 1973, que depuis l'adoption de
la loi 22 en 1974. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les gouvernements successifs
ont fait savoir aux professionnels qu'ils devaient acquérir une
connaissance de la langue officielle. Cela fait maintenant plusieurs
années. Si nous avons ajouté, dans la loi actuelle, un dernier
moratoire d'un an, il ne pourrait s'appliquer qu'à quelques très
rares exceptions, et peut-être que ces exceptions sont à ce point
minimes qu'on aurait pu se priver, même dans la présente loi, de
donner ce moratoire.
Même s'il se trouvait encore quelques très rares
professionnels étrangers ou non étrangers à ne pas pouvoir
utiliser la langue officielle, dans une équipe pluridisciplinaire, il se
trouve toujours des collègues anglophones bilingues ou des
collègues francophones qui, verbalement, très rapidement,
pourraient interpréter quelques notes écrites en français
aux dossiers pour le bénéfice de l'un ou l'autre des
professionnels engagés dans l'équipe pluridisciplinaire, qu'il
s'agisse d'un médecin, qu'il s'agisse d'un interne, qu'il s'agisse d'un
jeune collègue ou qu'il s'agisse d'un membre de l'équipe
pluridisciplinaire, comme une infirmière, puisqu'il s'agit au fond d'un
jargon médical ou d'un jargon spécialisé que tous les
membres de l'équipe pluridisciplinaire ont connu de par les
études qu'ils ont effectuées.
Il nous semble donc que le problème que pose le
député de L'Acadie est, en pratique, beaucoup moins ardu qu'elle
ne le présente et qu'il pourrait être rapidement
réglé au niveau des communications verbales, s'il ne peut
être réglé prima facie au niveau des communications
écrites. Par ailleurs, étant donné tout ce qui a
été dit depuis quelques années sur ce sujet, le
délai de six ans nous paraîtrait beaucoup trop long en toute
circonstance. Il nous semble, au contraire, que ce n'est que justice que de
permettre à des professionnels francophones de pouvoir verser aux
dossiers des pièces dans leur propre langue, ce qui leur permettrait,
d'ailleurs, d'exprimer beaucoup
plus complètement, beaucoup plus adéquatement les
constatations, les observations qu'ils ont pu faire ou les opinions qu'ils ont
pu se former à la suite des observations ou des examens cliniques qu'ils
ont effectués. Je pense que ceci pourrait se solder par une meilleure
qualité des soins pour les patients soit francophones, soit anglophones
que ces professionnels sont appelés à traiter.
Par ailleurs, il faut aussi signaler que, si un physiothérapeute,
un médecin ou une infirmière a pu réussir à se
faire embaucher par un hôpital anglophone ou un service social
anglophone, c'est que, déjà, cette personne possède une
connaissance suffisante de la langue anglaise. Autrement, je crois bien que sa
demande de candidature, sa candidature aurait été refusée.
Il s'ensuit donc que, si elle a été embauchée, cette
personne est parfaitement capable, comme je le disais tout à l'heure, de
servir, au besoin, d'interprète ou de pouvoir compléter, par une
communication verbale, ce que pourrait avoir de trop imprécis ou de trop
obscur une communication écrite.
C'est par expérience que je parle ici, puisque j'ai eu
moi-même l'occasion de travailler dans des hôpitaux anglophones
où, au sein d'équipes pluridisciplinaires, j'ai souvent
joué ce rôle de navette entre certains professionnels anglophones
qui n'avaient pas une connaissance suffisante de la langue française et
d'autres patients ou membres de l'équipe infirmières, par
exemple qui ne possédaient pas une connaissance suffisante de la
langue anglaise.
Je pense que tout en respectant la justice, tout en respectant la
qualité des soins, tout en respectant les principes qui sont inscrits au
chapitre II de cette loi, et qui énoncent très bien les droits
que nous devons respecter, cette mesure en rend l'application possible, d'une
façon immédiate. C'est pour cette raison, M. le Président,
que nous rejetterons cet amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ici, je
dois céder la parole à l'Opposition reconnue et au
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, pour vous dire que
l'amendement, bien sûr, répond à un besoin, soit l'article
25a où on doit donner, bien sûr, aux services sociaux, aux
services de santé, le temps de s'incorporer. Mais, à mon sens, il
est vraiment incomplet, tel que je l'avais prévu; c'est pourquoi nous
arriverons immédiatement, après la défaite de cet
amendement, avec une autre proposition plus globale qui, je l'espère,
sera reçue et justifiée recevable...
Mme Lavoie-Roux: Avec autant de grâce que vous recevez le
nôtre.
M. Grenier: ...et que nous débattrons à ce moment.
En attendant, c'est un minimum que nous appuierons, bien sûr.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre
d'État au développement culturel revient avec le même
argument qu'il a fait valoir à deux reprises au moins,
antérieurement, et je ne saurais le lui reprocher. Sauf que, je pense,
il ne tient pas tout à fait compte de la réalité. Il
répète que les représentants des hôpitaux
anglophones ou des services sociaux lui ont fait valoir que,
déjà, ils étaient prêts à servir la
population française dans sa langue et que, dans les faits,
c'était déjà presque existant, et à partir de cela,
il dit: Je ne vois pas pourquoi il faudrait retarder que les dossiers soient
tenus tel que le propose l'article 25.
Je pense que les hôpitaux anglais peuvent dire: Nous sommes
prêts à servir les patients francophones dans leur langue; ils
peuvent s'assurer qu'à la salle d'urgence, par exemple, il y ait
toujours de service un interne de langue française, ou, qui puisse
s'exprimer en français. Également, au bureau d'admission, on peut
s'assurer que, continuellement, il y ait toujours aussi une infirmière
de langue française ou un médecin de langue française, et
aussi dans certains autres services clefs où le patient a son premier
contact avec l'hôpital. Par la suite, selon que le patient est
francophone ou pas, on peut s'assurer que la personne qui en prendra la
responsabilité puisse s'exprimer en français. Mais, il y a une
différence entre cela et dire que l'hôpital et tout son personnel
professionnel, dans l'immédiat, sont prêts à comprendre le
français ou à rédiger en français, quoique cela ne
soit pas l'exigence de l'article 25a. Il faut faire une différence entre
les deux et je pense que, si on demandait aux représentants des
hôpitaux anglophones de venir ici s'exprimer, c'est peut-être
l'interprétation qu'ils nous donneraient.
Je comprends mal cette position avec le fait que l'article 34
prévoit que les ordres professionnels peuvent délivrer des permis
temporaires, valables pour une période d'un an, aux personnes venant de
l'extérieur du Québec et qui se sont déclarées
aptes à exercer leur profession, mais qui ne remplissent pas les
exigences de l'article 32. Ce qui veut dire, qu'au départ, on admet que
des personnes peuvent arriver ici, travailler dans un hôpital et ne pas
posséder la langue officielle. Je pense qu'on prend un risque en ne
permettant pas aux hôpitaux de mettre en place des mécanismes et
de mesurer comment ils pourraient se conformer à la loi. Mais ceci exige
une période de transition et je ne peux vraiment pas comprendre le
gouvernement de la leur refuser.
Je voudrais citer ici une partie de lettre qui a été
adressée par les représentants des hôpitaux. Je ne croyais
pas que j'aurais à la citer, mais, dans les circonstances, ce sera
peut-être un élément plus convaincant que le
témoignage que j'apporte, parce que j'ai aussi travaillé dans des
hôpitaux et je connais quand même la vie des hôpitaux.
Celle-ci est adressée au ministre d'État au
développement culturel et signée par M. Patterson au nom des
établissements et des associations figurant sur la liste
ci-attachée. Il parle justement de ce que le ministre nous affirme, en
première partie, comme quoi, de plus en plus, ils essaient,
et
se sentent capables dans une très large mesure de
répondre aux besoins de la clientèle francophone. Il ajoute:
"Vous avez cependant sollicité notre opinion sur d'autres
possibilités, y compris l'ajout d'une section distincte traitant des
services de santé et des services sociaux. Tout en
réitérant notre crainte au sujet d'une loi rédigée
à la hâte dans un domaine aussi complexe, nous avons tenté,
dans le peu de temps qui nous a été donné, de
rédiger quelques suggestions d'articles appropriés."
Voilà ce qui touche au point en litige dans le moment. "À
notre avis, même s'il est important que le malade soit soigné dans
la langue qu'il comprend le mieux, il est également important pour lui
que son dossier soit rédigé dans la langue que le médecin
et que les membres du personnel qui doivent suivre ces instructions comprennent
le mieux. Il nous est possible de concevoir un système qui puisse
satisfaire aux exigences du bilinguisme, mais, dans un avenir immédiat,
un tel système pourrait être grandement préjudiciable au
traitement des malades."
J'imagine que celle-ci a dû être écrite avec
l'approbation et la consultation des médecins et du personnel
professionnel qui fonctionnent à l'intérieur de ces
hôpitaux. Je continue: "Une infirmière, un interne ou un
médecin comprenant mal la langue dans laquelle est rédigé
le dossier médical pourraient poser des actes qui entraîneraient
des conséquences graves sur le malade. Tout en reconnaissant que nos
professionnels pourront éventuellement devenir suffisamment bilingues
pour que le bilinguisme puisse être respecté en toute
sécurité à l'intérieur des établissements,
il est évident que, dans le contexte actuel, ceci prendra un certain
temps."
Cela ne me semble pas de l'exagération. Cela me semble un fait
réaliste, basé sur une prudence, un respect des patients, et je
ne peux vraiment pas m'expliquer l'obstination du gouvernement à ne pas
accepter un tel amendement. Il y en a ici qui ont déjà dit
j'espère qu'on n'osera pas le dire aujourd'hui que c'est un
amendement dilatoire. Ce n'est pas un amendement dilatoire, et je
préviens les coups parce que, quand on veut refouler ou repousser nos
amendements, c'est l'argument de force qu'on fait valoir.
Sans charrier, sans dramatiser les choses, qu'on assure aux patients la
sécurité, cette première sécurité, par une
tenue de dossiers auxquels les gens peuvent se référer rapidement
et qu'on soit assuré qu'il comprennent la teneur des dossiers. Le
ministre d'État au développement culturel l'a fait valoir, et je
ne voudrais pas déformer sa pensée, à peu près
ceci; il y a quand même toujours aux alentours quelqu'un qui pourra
traduire, s'il y a quelqu'un qui est mal pris. Mais quand on connaît
parfois les urgences qui se présentent dans les hôpitaux, est-ce
qu'on aura toujours la personne qui, au moment précis, pourra venir
faire la traduction? Ce qu'on demande, ce n'est pas qu'ils ne soient pas soumis
à cette bilinguisation des dossiers, mais qu'on permette une transition
raisonnable, afin que ceci se fasse sans préjudice des patients et de
l'ensemble des services de santé. Et, j'insiste davantage pour les
services de santé, peut-être, que pour les services sociaux
où il n'y a pas les mêmes urgences, où il n'y a pas de
décisions rapides qui doivent être prises. C'est vraiment en
pensant aux hôpitaux d'une façon particulière que je
propose cet amendement. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'appuie l'amendement du
député...
M. Burns: Est-ce que les dossiers sont en français?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans ces cas, on
fonctionne en anglais, et demain matin, on leur dit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Allez donc faire d'autres tours en haut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
La parole est au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que le ministre ne
nous a pas expliqué la distinction entre les aspects.
Premièrement, l'aspect de donner les services aux francophones dans leur
langue. Cela est un aspect du problème. Et l'autre aspect, c'est la
régie interne des hôpitaux et la régie interne des soins
médicaux. Il me semble que les représentants de ces
hôpitaux ont fait cette claire distinction.
Ils ont rassuré le gouvernement et le ministre, ils leur ont dit:
Nous sommes prêts à fournir les services médicaux aux
francophones dans leur langue. Mais de là à aller plus loin et
à imposer certaines règles, certaines procédures, de la
part du gouvernement, dans les hôpitaux, il ne va y avoir qu'un effet, ce
sera de réduire le service, la qualité des services offerts par
ces hôpitaux.
Le ministre semble prendre position... C'est la deuxième fois
qu'il le fait, il l'a fait vendredi et on n'a pas eu la chance de corriger ce
qu'il a dit. De ce côté-ci de la table, il laisse l'impression que
nous allons plus loin que ce que les représentants de ces hôpitaux
demandent. C'est absolument faux. Nous ne demandons pas plus que les
représentations qui ont été faites et nous ne demandons
pas plus que ce qui est nécessaire, d'après eux, pour le bon
fonctionnement et la distribution de ces soins.
Il y a un autre principe en jeu ici: Mous avons affaire à une
profession, à des talents qui, parfois,
sont assez rares, à des spécialistes assez rares dans leur
domaine. Si nous mettons toujours des obstacles à la pratique de leur
profession, ces gens-là ne seront pas obligés de rester ici. Ils
ne seront pas obligés, il y a des demandes partout qui requièrent
leurs talents.
M. Burns: Bien oui, bien oui!
M. Ciaccia: C'est bien beau, pour le parti ministériel, de
rire de cela, mais c'est un fait, c'est la réalité. C'est
seulement la population qui va en souffrir.
M. Burns: Bien oui!
M. Ciaccia: II me semble qu'une fois que ces représentants
ont assuré que les soins aux francophones seraient donnés dans
leur langue, le reste ne peut être qu'une tracasserie de la part du
gouvernement.
M. Burns: Bien oui!
M. Ciaccia: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Maisonneuve à l'ordre?
M. Lalonde: À son bureau.
M. Ciaccia: Dites-lui de retourner à son bureau, on
était plus tranquille.
Le Président (M. Cardinal): II est assez grand pour le
faire tout seul.
M. Ciaccia: II y a un autre principe et je me
réfère encore à la lettre qui a été
envoyée au ministre. Ces organismes soulignent le fait que "plusieurs
membres du personnel médical et clinique de nos établissements
sont originaires de pays étrangers ou de provinces autres que le
Québec et ont reçu leur formation en dehors du Québec.
Certains d'entre eux jouissent d'une réputation internationale. Ils
constituent un apport précieux au soin des malades tant au niveau de la
clinique, de l'enseignement que de la recherche. Nous croyons que les
Québécois voudront continuer à se prévaloir des
services offerts par ces professionnels même si, individuellement, chaque
membre des équipes qu'ils forment ne peut s'exprimer
intégralement en français". La chose la plus importante est la
qualité des soins qui vont être donnés par ces
hôpitaux. La question de la langue, dans ce domaine, je vous le fais
remarquer, est très secondaire, d'abord qu'ils ont assuré les
services en français. Je ne vois pas comment on peut vraiment assurer
que les services seront toujours à un niveau très professionnel
et, d'autre part, aller totalement à l'encontre des
représentations faites par ces professionnels, par ces organismes et
inscrire dans la loi des mesures auxquelles ces gens ne pourront pas se
conformer sans qu'il en découle une réduction dans la
qualité des services rendus.
Le ministre nous dit: Cela fait longtemps qu'ils savent qu'ils doivent
parler français.
M. Burns: La transcription, est-ce que cela vous
intéresse?
M. Ciaccia: C'est vrai. La majorité de ces gens,
d'après la lettre, le font. Mais la majorité, ce n'est pas tous
les gens.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Maisonneuve.
M. Ciaccia: Ce n'est pas tous ces médecins. Même
dans les suggestions qui ont été faites, en tenant compte des
talents de ces personnes, on ne demande pas d'être exempté, mais
on demande que les programmes de francisation tiennent compte de la situation
des personnes qui sont près de la retraite et de celles qui ont fait
leurs études à un moment où on n'exigeait pas une
connaissance de la langue officielle pour pratiquer leur profession lors de
l'entrée en vigueur de la loi.
Pour ces raisons, M. le Président, je pense qu'on devrait appuyer
l'amendement du député de L'Acadie et même aller plus loin,
à notre suggestion originale d'avoir un chapitre spécial pour les
soins médicaux, pour ces hôpitaux, pour tous les articles du
projet de loi et les conditions qui devraient les affecter.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une nouvelle
motion?
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas une nouvelle motion, c'est une
suggestion que je fais.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le leader
parlementaire...
M. Burns: Vous pourriez amender votre motion...
Le Président (M. Cardinal): M. le leader...
M. Burns: ...et mettre la transcription...
Le Président (M. Cardinal): M. le leader...
M. Burns: ...une loi, ça va venir...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader parlementaire...
M. Ciaccia: ...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez droit à vingt
minutes comme tout le monde...
M. Ciaccia: Comment votre loi est-elle rédigée, si
vous pouvez faire des commentaires comme ça?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Quand on passe son temps à faire des
clôtures, M. le Président, on ne peut pas avoir de patience.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre, ah! S'il vous plaît!
M. Burns: Cela ne vous intéresse pas?
Le Président (M. Cardinal): Bien oui, bien non, ce n'est
pas dans la pertinence du débat.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lalonde: C'est dans l'impertinence du ministre.
M. Burns: Je trouve nos députés, à cette
commission, très patients, très patients.
M. Lalonde: Eux, ils ont appris à respecter
l'opposition.
M. Burns: Ouais...
Le Président (M. Cardinal): Non, non...
M. Ciaccia: On ne parle pas des enseignes de rues, on parle de
soins médicaux, on devrait être plus sérieux.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: On parle des...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Peut-être auriez-vous besoin d'un
médecin, vous aussi?
Le Président (M. Cardinal): ... est-ce que vous avez
terminé?
M. Ciaccia: Sûrement.
M. Burns: Cela m'arrive souvent d'avoir besoin d'un
médecin.
Mme Lavoie-Roux: Pas trop quand même.
M. Burns: J'ai mon psychiatre à côté de moi,
ça va bien.
Le Président (M. Cardinal): C'est dans 48 minutes l'heure
de la récréation et du repas. M. le député de
Mercier.
M. Godin: Pour faire suite à l'intervention du
député de Mont-Royal, M. le Président, j'aimerais lui
citer un proverbe juif qui dit que les faux amis sont comme des oiseaux
migrateurs, quand l'automne arrive, ils s'en vont. C'est une allusion aux
gens...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce un proverbe chinois?
M. Godin: Cela vient de Jewish Quotation de Rosten. "Les faux
amis sont comme des oiseaux migrateurs, quand l'automne arrive, ils s'en vont".
C'est une allusion aux gens dont M. le député de Mont-Royal nous
annonce le départ éventuel, de gens qui se sentiront tellement
malheureux au Québec de devoir parler un peu français à
des patients français...
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que j'ai dit; M. le
Président, article 96, M. le Président, il met des paroles dans
ma bouche, ce n'est pas ça que j'ai dit.
Le Président (M. Cardinal): M. le député,
à l'ordre.
M. Godin: On nous menace de départ de cerveaux, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier, attendez un instant.
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Ce que vous avez à dire
est assez important pour qu'on ne vous interrompe pas.
M. Godin: Certainement, merci.
M. Lalonde: Avec la loi 101, c'est l'automne.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est même l'hiver.
M. Godin: Il passe son temps à dire que la loi 101 risque
d'avoir des effets de "brain drain", sur le Québec comme dirait M.
Ciaccia. Je répète le proverbe, enfin il consultera le journal
des Débats. Je pense que malheureusement, les gens qui ne veulent pas
vivre selon les lois du pays ont le choix ou de vivre malheureux ou de vivre
ailleurs effectivement.
J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier, vous pourriez invoquer le règlement vis-à-vis de votre
collègue.
M. Godin: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee, qu'est-ce que vous soulevez? Est-ce que vous voulez prendre la
parole ou soulever une question de règlement?
M. Goldbloom: J'avais demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que M. le
député de Mercier avait terminé?
M. Godin: Oui, j'ai terminé. M. le député de
D'Arcy McGee peut intervenir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Un autre proverbe!
M. Godin: Plus tard.
M. Lalonde: ...vous savez.
M. Burns: Tant va la cruche à l'eau... pierre qui roule
n'amasse pas mousse.
Le Président (M. Cardinal): Bon, l'heure de la
récréation est recommencée. M. le député de
D'Arcy McGee, vous êtes mieux d'attendre un instant, que les passions se
calment et que les esprits reviennent à la motion d'amendement de Mme le
député de L'Acadie.
M. Goldbloom: M. le Président, encore une fois, j'aimerais
réagir...
M. Burns: Ah oui!
M. Goldbloom: ...à ce que... M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Si le député de Maisonneuve peut
cesser d'abaisser le niveau du parlementarisme, je voudrais réagir aux
propos intéressants...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, ne provoquez pas ce qui existe déjà en soi. Veuillez
poursuivre.
M. Ciaccia: ...des redondances.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais réagir,
encore une fois, aux propos sensés du député de Mercier
qui a dit que ceux qui ne veulent pas parler, et je cite ses propres mots, "un
peu de français".
Il me semble qu'un peu ne suffit pas, qu'il faut faire mieux que cela;
ceux qui ne veulent pas parler français au Québec sont de faux
amis et, comme des oiseaux migrateurs, ils s'envoleront.
Justement, c'est de nouveau une question de mesure et je trouve que l'on
va trop loin dans cette série d'articles parce que, déjà,
on exige des professionnels qu'ils soient en mesure de parler français.
C'était la loi 64, si ma mémoire est fidèle, dans son
temps, qui a exigé cela et, quand on exige déjà que ceux
qui soignent les malades et qui doivent communiquer avec ces derniers puissent
s'exprimer convenablement en français, il me semble que l'on peut quand
même laisser aux hôpitaux, comme matière de régie
interne, certaines décisions quant au fonctionnement de l'hôpital.
C'est pour cela que je trouve que l'on va un peu trop loin quand on
dépasse cette exigence qui est celle d'une communication humaine valable
entre le professionnel de la santé et celui qu'il soigne.
Le Président (M. Cardinal): L'amendement de Mme le
député de L'Acadie sera-t-il adopté?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que l'opposition du gouvernement à
cet article repose sur une ambiguïté que je pense avoir
décelée entre les propos de ce groupe d'hôpitaux de
services sociaux et de services de santé représenté par M.
Patterson dans la lettre du 11 août et les propos du nouvel article
24.
En effet, il semble acquis, et le ministre, à plusieurs reprises,
s'est appuyé sur cette affirmation, cet aveu, que ces hôpitaux
parlons de ces derniers sont en mesure d'offrir des services en
langue française. C'est écrit en toutes lettres dans la lettre
qui lui a été adressée et, à la première
page, je cite: "Nous affirmons que les établissements que nous
représentons sont en mesure d'offrir des services en langue
française et de prendre les mesures nécessaires pour
améliorer ces services là où une amélioration
s'impose." À la suite, on dit même, et je cite: "Sur demande et
après autorisation du malade, nous ferons parvenir dans la langue
officielle un résumé du dossier à un professionnel ou
à un établissement." Il n'y a aucun doute que ces hôpitaux
sont en mesure d'offrir des services en langue française, mais l'article
25a va plus loin quand il dit que, dans les services de santé et les
services sociaux: "Les pièces versées au dossier clinique sont
rédigées en français ou en anglais, à la convenance
du rédacteur". On va encore plus loin dans la phrase qui suit:
"Toutefois, it est loisible à chaque service de santé ou au
service social d'imposer que ces pièces soient rédigées
uniquement en français".
Maintenant, il pourrait y avoir un service, dans un hôpital
anglais, qui décide de tout rédiger seulement en français.
Il pourrait y avoir un service de santé, un service social qui
imposerait que ces pièces soient rédigées uniquement en
français. Ici, on est devant le cas où les pièces
versées au dossier clinique...
Donc, dans le dossier d'un malade, un médecin, ou une
infirmière ou un autre professionnel de la santé décide de
rédiger dans une langue autre que l'anglais, et ici, on dit bien que
c'est soit en anglais, soit en français. On n'a pas mis une autre
langue, au cas où on arriverait à la tour de Babel, parce que
nous avons plusieurs professionnels de la santé qui viennent d'autres
pays et dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais.
Pour administrer ce dossier, cela demande quand même une
compréhension des deux langues. Cela présume une
compréhension individuelle des deux langues de la part de chaque
professionnel de la santé. On n'en est pas rendu là. Et ce n'est
pas ce qu'affirme la lettre du 11 août. On dit qu'on est en mesure
d'offrir des services en français, donc dans un service donné
et Dieu sait si je ne suis pas expert. J'écoute le
ministre d'État, le député de D'Arcy McGee et le
député de L'Acadie qui, tous trois, ont travaillé dans les
hôpitaux à des titres différents, mais il m'apparaît
quand même qu'offrir un service dans une langue, c'est faire en
sorte qu'un service, qui est constitué de plusieurs personnes,
puisse donner un service dans une langue en comptant sur la présence de
quelqu'un qui parle français à l'intérieur du service.
Mais cela n'implique pas que tout le monde, à l'intérieur du
service, parle ou comprenne le français, alors que, pour administrer ce
dossier, il faut être en mesure de permettre que chacun des
professionnels de la santé qui va être appelé à
administrer ce dossier, cela peut être n'importe qui, j'imagine que
quelqu'un qui est entré son dossier est constitué
pour une appendicite et qu'au bout de trois jours, il a une crise cardiaque, il
faut que son dossier dans un département ou un service puisse être
consulté par les membres du personnel de l'autre service. Il y a donc
une communication qui doit être possible à ce moment-là.
C'est ce que l'article 25a dit, et il va beaucoup plus loin que ce qu'affirme
être capable de faire le service de santé, actuellement. C'est
pourquoi je pense qu'on prend à la légère la proposition,
l'affirmation à la page 2 qui dit que: "II nous est possible de
concevoir un système qui puisse satisfaire aux exigences du
bilinguisme," parce que cela serait réellement un service,
c'est-à-dire un système de communications qui présumerait
le bilinguisme individuel de chacun des membres de ce service. Et je continue
la citation: "Mais, dans un avenir immédiat, un tel système
pourrait être grandement préjudiciable au traitement des malades."
Est-ce que ce n'est pas justement le cas, que je viens de décrire dans
mes termes profanes, où on a permis que s'introduisent à
l'intérieur d'un dossier, des documents, des pièces dans les deux
langues et, tout à coup, qu'il y a un professionnel de santé qui
a à consulter ce dossier, et qui ne connaît qu'une langue? Parce
que ce n'est pas encore le bilinguisme complet à l'intérieur. On
peut offrir des services en français. Et laissez-moi vous dire que cette
affirmation selon laquelle un tel système pourrait être grandement
préjudiciable au traitement des malades ne vient pas contredire
l'affirmation qu'on trouve à la première page et qui dit que ces
établissements sont en mesure d'offrir des services dans la langue
française. C'est pour cela que l'article 25a nous apparaît
actuellement dangereux. Cela ne veut pas dire que cela ne pourrait pas
être éventuellement possible. Je me demande pourquoi le
gouvernement ne fait pas état de la même prudence et du même
j'allais dire réalisme à propos de 25a qu'il le
fait à propos des articles 14 à 23. C'est la question qui est ici
restée sans réponse.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, encore une fois, comme dans
plusieurs articles, l'amendement est beaucoup plus large que les raisons qu'on
évoque. Il vise à retarder l'application de l'article 25a,
possiblement de six ans, jusqu'en 1983, en l'exceptant des dispositions de
l'article 24. Alors que l'article 25a contient trois dispositions de nature
bien différente. Je pense que la troisième ne pose aucun
problème. Il faudrait que dès l'entrée en vigueur de la
loi, les résumés des dossiers puissent être fournis en
français au public qui le demande.
Mme. Lavoie-Roux: D'accord. M. Lalonde: C'est cela.
M. Paquette: Le deuxième élément,
élément qui est au centre de, l'article 25a, le fait qu'il soit
loisible à chaque service de santé ou service social d'imposer
que ces pièces soient rédigées uniquement en
français, ne cause pas de problèmes non plus, puisque c'est
exactement ce que vous demandez avec l'amendement. C'est qu'on laisse les
services concernés organiser le système qu'ils voudront bien,
alors le deuxième article laisse au service le choix de la
décision, tout simplement.
Le seul qui fait problème, et, à ce moment, votre
amendement aurait dû être formulé comme ceci: Que la
première phrase de l'article 25a soit soumise aux dispositions de
l'article 24 et au programme de francisation demande à être
commenté, mais je tiens, encore une fois, à vous dire que les
renseignements que nous avons, c'est que les hôpitaux peuvent s'adapter
à ceci très rapidement; d'autre part, dans cet objectif que nous
partageons de la qualité des soins, on a mis en évidence
vendredi, suite à une discussion, qu'il était probablement plus
important que le rédacteur puisse écrire dans sa langue que le
lecteur puisse lire dans sa langue. Autrement dit, il est plus difficile de
s'exprimer, de rédiger que de lire le texte d'un autre lorsqu'on a
accès aux dossiers et que, possiblement, il s'y trouve des pièces
rédigées en français dans un hôpital anglophone. Par
conséquent, je pense que le plus tôt cette disposition sera
appliquée, plus nous pourrons avoir une plus grande qualité de
soins, parce qu'on permettra à des gens de rédiger dans leur
langue. Bien sûr, ce n'est pas une question à appliquer demain
matin, cela peut prendre un mois, deux mois, le temps d'établir les
mécanismes nécessaires s'il y en a, mais je pense que ce n'est
pas nécessaire pour cela de soumettre cet élément à
un dispositif aussi large que l'article 24, qui laisse six ans aux
hôpitaux pour s'adapter. Je pense que, justement à cause de cet
argument de la qualité des soins, on devrait permettre le plus
rapidement possible aux rédacteurs de pouvoir verser des pièces
aux dossiers dans la langue de son choix.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Mégantic-Compton, à deux reprises c'est un compliment
que je veux lui faire ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...a demandé s'il n'y aurait pas lieu
d'accorder préséance à certaines parties de la loi 101
plutôt qu'à d'autres, compte tenu du
temps qu'il nous reste à discuter en commission parlementaire. Il
n'a pas eu de réponse. Je voudrais simplement lui dire, et je pense
qu'il va le réaliser lui-même, que cela n'a plus aucune
importance, l'ordre dans lequel on présente les amendements n'a plus
aucune espèce d'importance. Je pense qu'on était ici
vis-à-vis un amendement important. La porte est fermée, comme
toujours. Alors qu'on discute ce que vous considérez urgent, M. le
député de Mégantic-Compton, ce qu'on peut, nous,
considérer urgent, je pense que cela ne fait aucune espèce de
différence. C'est du pareil au même. N'oubliez pas que,
depuis...
Le Président (M. Cardinal): Madame, je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: Je parle de l'amendement qu'on ne veut pas
accepter, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous vous adressez au
député de Mégantic-Compton.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Vous
réaliserez que, depuis le début de cette commission, tous les
efforts qu'on a faits, et je répète, l'article 13, l'article 17,
l'article 20, maintenant l'article 24...
M. Burns: Si vos amendements étaient bons, on les
accepterait! Voyons donc!
Le Président (M. Cardinal): M. le leader
parlementaire...
M. Burns: On en a accepté des amendements qui avaient du
bon sens. Cela n'a pas de bon sens, ce que vous nous proposez.
Une voix: Les handicapés, on a accepté. Le
Président (M. Cardinal): D'accord? M. Grenier: Je crois bien,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Heureusement qu'ils l'ont accepté, parce
qu'ils n'en auraient accepté aucun, à part cela, M. le
Président.
M. Lalonde: C'était une honte de ne pas y avoir
pensé.
Mme Lavoie-Roux: À part cela, cela a pris six heures pour
le leur faire accepter.
Le Président (M. Cardinal): Attendez un peu, Mme le
député de L'Acadie.
M. Burns: II a fallu y penser avant.
M. Lalonde: Vous n'êtes pas vite à penser.
M. Paquette: II a fallu corriger votre texte.
Le Président (M. Cardinal): Bon, le quatuor est
terminé? Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce dont je veux que vous
vous rendiez compte, c'est que tous les efforts qu'on fait sont, à
toutes fins pratiques, inutiles. Votre clôture, vous pourriez la mettre
ce midi, et ce serait la même chose, mais, paraît-il, que vous avez
des délais à respecter.
M. Burns: Vous avez hâte que je la fasse, à part
cela.
M. Lalonde: Non, on n'a pas hâte.
M. Burns: Vous avez hâte!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Burns: Vous avez hâte, c'est incroyable!
M. Lalonde: On veut étudier toute la loi, nous autres.
Elle est tellement mauvaise et tellement mal faite...
M. Burns: Je n'arrête pas de recevoir des demandes des
députés libéraux pour me dire: Quand mettez-vous fin
à cela?
M. Grenier: De votre siège?
M. Burns: De mon siège.
M. Lalonde: Nommez-les!
M. Burns: Voulez-vous que je les nomme?
M. Lalonde: Nommez-les!
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez continuer...
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: II y en a quelques-uns ici à la commission qui
seraient gênés.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Certainement pas moi. Ce n'est sûrement pas le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vais suspendre quelques minutes, si vous voulez, pour que les
conversations privées puissent se poursuivre. Êtes-vous d'accord?
Non?
M. Goldbloom: II s'agirait de suspendre...
Le Président (M. Cardinal): Non, vous n'êtes pas
d'accord pour suspendre? Alors, veuillez suivre les règlements, s'il
vous plaît.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Rosemont vient de réaffirmer ce que le ministre d'État au
développement culturel a également affirmé à
quelques reprises, c'est-à-dire que vous avez le consentement des
organismes de santé pour procéder de la façon dont vous
procédez à l'égard des dossiers.
M. Paquette: ...
Mme Lavoie-Roux: C'est bien ce que vous avez dit, c'est
l'amendement qui est sur la table.
Le Président (M. Cardinal): Si vous avez à corriger
quelque chose, M. le député de Rosemont, vous utiliserez
l'article 96.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On vient de lire un extrait d'une lettre qui a
été adressée par le représentant des organismes de
santé et des services sociaux indiquant qu'il serait
préjudiciable aux patients de procéder avec précipitation
et de ne pas permettre une période de transition. On continue de nous
affirmer qu'ils sont d'accord. Là-dessus, je laisse au public le soin de
déterminer qui est de bonne foi dans cette chose, et les
conséquences, vous les prendrez.
M. Burns: C'est ce qu'un gouvernement fait, il prend ses
responsabilités. C'est ce qu'on fait.
Mme Lavoie-Roux: Quand on entend le député de
Maisonneuve qui nous arrive et nous apporte comme argument: Mais en Allemagne,
est-ce qu'ils sont écrits en français? Qu'il soit donc de bonne
foi, le député de Maisonneuve, il est capable de l'être de
temps en temps.
M. Burns: Pas souvent.
Mme Lavoie-Roux: II sait fort bien que dans les hôpitaux
anglophones de Montréal, ils ont traditionnellement, historiquement,
tous les adverbes que vous voudrez, rédigés en anglais; que leur
personnel, même s'il s'est, dans une grande partie, "bilinguisé",
ne l'est pas complètement. On dit, ne prenez pas de risque pour les
patients. La situation n'est pas la même, M. le Président,
pouvez-vous transmettre cela au député de Maisonneuve?
Le Président (M. Cardinal): C'est déjà fait,
Mme le député, il a sûrement des oreilles pour
entendre.
M. Burns: Je suis tout ouïe!
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la motion de Mme le
député de L'Acadie serait adoptée?
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, comme l'a très bien
souligné le député de Rosemont, l'amendement du
député de L'Acadie dépasse de loin la portée de son
argumentation alors qu'on demande peut-être un délai limité
pour permettre à certains professionnels de s'acquitter de l'assurance
qu'ils ont déjà donnée d'une acquisition prochaine de la
langue officielle. L'amendement porte sur six ans alors que je pense bien que
le député de L'Acadie elle-même serait prête à
admettre que six ans est un délai non nécessaire, trop long. Mais
par ailleurs, je voudrais m'adresser à d'autres points de son
argumentation ainsi que de celle du député de Mont-Royal. On a
fait grand cas des professionnels étrangers qui peuvent nous arriver des
autres pays ou des autres provinces, un peu, M. le Président, comme si
la langue française, qui est une langue de civilisation mondiale,
parlée dans plusieurs pays soit comme langue première ou soit
comme langue seconde, était une sorte de dialecte. On peut penser qu'un
très grand nombre de professionnels étrangers, qu'ils soient
Espagnols, Yougoslaves, qu'ils viennent du Moyen-Orient ou du Proche-Orient,
ont une connaissance sommaire de la langue française,
précisément parce que c'est une langue qui est répandue
aux confins de l'univers, qui depuis des siècles est la langue de la
diplomatie internationale, qui est une des grandes langues de la civilisation
mondiale et que peut-être aucun honnête homme, au sens du
dix-huitième siècle, ne pourrait se permettre d'ignorer. On ne
peut pas assimiler la connaissance de la langue française à la
connaissance d'une langue circonscrite au territoire d'un pays souvent
très limité. Il nous semble, M. le Président, que, dans
l'avenir, quand un professionnel viendra au Québec et si on lui dit
qu'il doit avoir une connaissance d'usage de la langue française, c'est
déjà aller un peu dans le sens de ce qu'il a déjà
commencé à faire. C'est peut-être demander de lui une
connaissance qu'il possède déjà du fait justement du
statut international depuis longtemps reconnu de la langue française. Ce
n'est donc pas la connaissance d'un dialecte qu'on lui demande, ce n'est donc
pas la connaissance d'une langue dont l'utilisation est restreinte ou
circonscrite à un très petit nombre de territoires, mais c'est la
connaissance d'une grande langue de civilisation.
Et je pense que l'exigence que nous portons est beaucoup limitée
du fait, justement, du statut qu'a déjà atteint la langue
française.
Et je répète aussi l'argument que j'ai déjà
utilisé. Ce n'est pas d'hier, ce n'est pas d'aujourd'hui que
l'État du Québec demande aux professionnels qui viennent au
Québec de connaître la langue française. Cela fait
déjà un très grand nombre d'années que cette
exigence est inscrite dans nos statuts, et si elle n'a pas encore
été reconnue par certains professionnels anglophones, soit ici
même au pays, soit dans les autres provinces canadiennes, je pense qu'ils
n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes. Ils n'ont pas voulu
reconnaître cette exigence déjà inscrite dans nos statuts
depuis plusieurs années.
Mme Lavoie-Roux: Les patients, qu'est-ce que vous en faites?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laurin: J'en arrive aux patients. Demander, imposer
même, comme disait le député de Mont-
Royal, que chacun des membres d'une équipe pluridisciplinaire
écrive dans sa langue, ce n'est pas une imposition. C'est simplement
aller dans le sens, non seulement de la structure d'un pays, mais
également dans le sens des inclinations naturelles de quelqu'un qui
trouve sûrement plus de facilité à exprimer son opinion,
surtout scientifique, quand il le fait dans sa propre langue.
Je rappelle à nos amis d'en face que déjà,
lorsqu'il a été question de la langue de la justice, nous avons
permis aux juges, précisément pour cette raison, d'exprimer leurs
avis dans leur langue, quitte bien sûr, à ce qu'il y ait ensuite,
une traduction. Si nous l'avons reconnu pour les juges, pourquoi ne pas le
reconnaître également pour des spécialistes qui trouveront
sûrement plus de facilité à exprimer toutes les nuances de
leur pensée et de leurs opinions, si on le leur permet dans la langue
qu'ils connaissent le mieux, dans leur langue maternelle, celle dans laquelle
ils ont fait leurs études.
On peut penser que de cette façon, la qualité des soins
sera améliorée, aussi bien pour les patients anglophones qui
auront été soumis à leurs soins ou à leur
surveillance, que pour les patients francophones.
C'est donc au nom de la qualité des soins que nous posons cette
exigence dans l'article 25a. Par ailleurs, j'ai déjà
souligné que si un francophone va s'engager dans un service social ou
dans un hôpital anglophone, c'est que, déjà, il est
bilingue, déjà, il possède une connaissance de la langue
anglaise. Et si jamais une difficulté intervenait, il est
extrêmement facile, pour ce francophone déjà bilingue, de
compléter la communication écrite par une communication verbale
immédiate qui lui permettrait de traduire le sens de ses observations,
de ses opinions, de ses directives ou de ses avis aux personnes
intéressées, qu'il s'agisse d'une infirmière, qu'il
s'agisse d'un collègue ou même qu'il s'agisse d'un
supérieur.
C'est la raison pour laquelle nous disons que cette mesure est
immédiatement applicable. Par ailleurs, je signale que si nous
permettons à un professionnel francophone de s'exprimer en
français, cela ne veut pas dire qu'il se prévaudra
nécessairement de cette permission, de ce droit que nous lui donnons. Il
est bien possible, du fait justement qu'il est bilingue, qu'il possède
déjà la connaissance de la langue anglaise, que, pour fins de
commodité, pour fins de rapidité, il ne se prévale pas de
son droit et écrive surtout dans certaines situations urgentes, les avis
ou opinions qu'il pourrait donner dans une autre langue que la sienne.
Étant médecin moi-même, je peux vous dire que, bien des
fois, ce qu'il y a à inscrire dans un dossier, dans une situation
d'urgence, ce ne sont pas de longs palabres, ce ne sont pas de longues
déclarations, mais simplement des notations très brèves
où le mot essentiel est le nom d'un médicament ou le nom d'une
intervention qu'il s'agit de faire et qui est, comme le soulignait le
député de Terrebonne l'autre jour, à peu près
identique dans les deux langues du fait de la proximité, de la
connaturalité des deux langues française et anglaise.
Par ailleurs, je pense que le délai qu'on nous demande est
déjà inclus dans la loi. Si on avait porté toute
l'attention qu'il faut au chapitre du programme de francisation de
l'administration, les articles 124 à 128, on aurait vu que lorsqu'un
organisme social ou un hôpital a de la difficulté à mettre
en application d'une façon immédiate quelque disposition de la
loi, on accorde dans ce chapitre tous les délais et toute la souplesse
requise, puisqu'on permet à l'organisme en question de se
prévaloir de ces difficultés, d'en informer l'office, de demander
un délai, et nous donnons même jusqu'à décembre 1978
à certains organismes sociaux, hospitaliers ou autres de
l'administration pour faire leurs représentations à l'office. Il
semble donc que le délai et la souplesse qu'on nous demande sont
déjà énoncés dans la loi; en ce sens, ils ont
déjà été pensés par le législateur,
qui a justement voulu accorder à sa loi toute la souplesse
désirable pour qu'elle soit applicable sans heurt, sans
difficulté pour la plupart des personnes concernées.
Je ne crois donc pas, en conséquence, que la mesure que nous
proposons soit préjudiciable en quoi que ce soit au bien-être du
malade; au contraire, elle peut contribuer à l'améliorer. En
l'occurrence, avec toutes les explications que nous donnons, et qui n'avaient
peut-être pas été perçues d'une façon
adéquate par nos amis d'en face, les deux langues, française et
anglaise, peuvent être comprises par les membres de l'équipe
pluridisciplinaire, et il n'est pas nécessaire de continuer à
afficher le même caporalisme linguistique qui a eu cours jusqu'ici dans
certains hôpitaux anglophones en disant, par exemple, que l'anglais est
nécessairement la langue que l'équipe peut le mieux
comprendre.
Pour toutes ces raisons, je ne vois aucune raison valable, à
quelque niveau que ce soit, pour souscrire à l'amendement qu'on nous
suggère.
M. Burns: Le vote.
Le Président (M. Cardinal): L'amendement de Mme le
député de L'Acadie, à l'article 24, sera-t-il
adopté?
M. Guay: Rejeté. M. Burns: Rejeté.
Le Président (M. Cardinal): Appel nominal. Nous allons
voter sur un amendement à l'article 24 proposé par Mme le
député de L'Acadie. Après tout ce que nous avons entendu,
il n'est pas nécessaire de le relire. Mme et MM. les
députés, vous m'indiquerez si vous êtes favorables ou
défavorables à cet amendement.
M. Godin (Mercier).
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères).
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Charron
(Saint-Jacques).
M. Lalonde: Non, c'est Burns (Maisonneuve). M. Burns:
C'est Burns.
Le Président (M. Cardinal): Pardon. Je m'excuse, il y a
une erreur sur ma feuille.
M. Lalonde: II va voter pour.
Mme Lavoie-Roux: II va voter en faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Burns (Maisonneuve).
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget).
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Goulet (Bellechasse).
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Défavorable.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud).
Absent.
M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
M. Goldbloom: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Absent.
Le résultat du vote est le suivant: 6 votes favorables, 11 votes
contre. La motion d'amendement est rejetée.
Nous passons à l'article 24 qui est la motion principale. Le
nouvel article 24.
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le ministre.
J'allais vous accorder la parole.
Mme Lavoie-Roux: On laisse toute la place à notre
collègue de Mégantic-Compton.
M. Lalonde: II me semblait que l'on...
Le Président (M. Cardinal): Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: On l'attend depuis longtemps.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Burns: Cela vient d'être adopté. Passez à
autre chose.
Le Président (M. Cardinal): Non, à l'ordre, M. le
député de Maisonneuve, cela n'a pas été
adopté.
M. Burns: On est rendu à l'article 25.
M. Grenier: On a déjà demandé au
président de regarder un peu plus longtemps à sa gauche.
Le Président (M. Cardinal): J'ai encore penché
à gauche.
Mme Lavoie-Roux: C'est son tour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, une question de
directive, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Y a-t-il moyen d'appeler la fanfare, étant
donné que l'Union Nationale présente son amendement qu'elle nous
a annoncé cette semaine?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: M. le Président, je vous demande de ne pas
l'appeler, elle est déjà arrivée; elle est à la
droite depuis assez longtemps que ça retentit.
Le Président (M. Cardinal): C'est l'heure des messages
publicitaires. M. le député de Mégantic-Compton.
M. Burns: On est en train de régler la question de la
grosse caisse, avec le bill 2.
M. Grenier: M. le Président, à l'article 24, je
voudrais proposer un amendement à la motion principale qui ferait qu'il
y ait obligation de se conformer, d'ici 1983, quant à l'article 15 pour
les textes et documents d'administration, à l'article 19, comme c'est
convenu, pour qu'il y ait des convocations, l'ordre du jour et des
procès-verbaux et, à l'article 20, pour les personnes
nommées, mutées ou promues dans l'administration, de même
qu'à l'article 21 où sont les contrats d'administration.
Il y aurait évidemment dérogation à l'article 16
qui a déjà été voté, où il y avait
communication écrite avec les autres gouvernements, les personnes
morales, de même qu'à l'article 17, le gouvernement, son
ministère et les autres organismes.
Quant à l'article 18, bien sûr, c'est un amendement qui
fera l'objet de l'étude de l'article suivant, soit l'article 25.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, êtes-vous en train de parler de l'article
24?
M. Grenier: Article 24. Et je vous dis ce qui sera apporté
dans l'amendement que nous vous soumettons. L'amendement se lirait comme suit;
je vous l'ai remis pour diffusion.
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai.
M. Grenier: II arrive. Dans la cinquième ligne, remplacer
les chiffres 15 à 23 par les chiffres suivants: 15, 19, 20 et 21;
ajouter, après le mot "objectif", à la fin de la septième
ligne, les mots suivants, "ces organismes et ces services peuvent, nonobstant
les articles 16 et 17, utiliser une autre langue que le français". Et a)
"dans leurs communications écrites avec les autres gouvernements et avec
les personnes morales établies au Québec"; b) "dans leurs
communications écrites entre eux et dans les communications
écrites avec le gouvernement, ses ministères et les autres
organismes de l'administration".
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, M. le
député de Mégantic-Compton, je vais relire...
M. Grenier: Je relis maintenant l'article qui se lit comme
suit...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît.
M. Grenier: À l'article 24, je pense que tout le monde l'a
en main: "Les organismes municipaux ou scolaires, les services de santé
et les services sociaux reconnus en vertu de l'article 108f doivent se
conformer aux articles 15, 19, 20 et 21 avant la fin de l'année 1983 et
prendre, dès l'entrée en vigueur de la présente loi, les
mesures voulues pour atteindre cet objectif."
Deuxième paragraphe: "Ces organismes et ces services peuvent,
nonobstant les articles 16 et 17..." Encore là, vous devez rayer le
premier alinéa de l'article 15, M. le Président. Je reprends le
paragraphe: "Ces organismes et ces services peuvent, nonobstant les articles 16
et 17, utiliser une langue autre que le français: a)dans leurs
communications écrites avec les autres gouvernements et avec les
personnes morales établies au Québec; b) dans leurs
communications écrites entre eux et dans les communications
écrites avec le gouvernement, ses ministères et les autres
organismes de l'administration.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Quelle est cette précipitation qui, après 205
heures, vous saisit? M. le député de Mégantic-Compton,
avant d'interroger les membres de la commission sur la recevabilité, je
désirerais cependant vous poser une question. Dans votre paragraphe ou
sous-paragraphe a), vous proposez ceci: "Dans leurs communications
écrites avec les autres gouvernements". Puis-je savoir de quoi il
s'agit? S'agit-il du gouvernement français, du gouvernement canadien, du
gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: De l'Allemagne, M. le Président.
M. Grenier: Avec le gouvernement allemand. De tous les paliers de
gouvernement définis dans l'article. On le lit, à la page 2, au
paragraphe a).
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Cardinal): Juste un instant,
je veux quand même éviter cette question. Pour une fois,
dans un texte de la loi, il n'y a pas, comme il existait autrefois, ce
préambule où l'on explique chacun des termes qu'on utilise.
Lorsqu'on emploie le mot "gouvernement" dans un texte de loi, et qu'on dit "les
autres gouvernements", malgré la réponse que vient de me donner
le député de Mégantic-Compton, je continue quand
même à m'interroger sur la portée exacte de cette
inclusion: "Autres gouvernements". Est-ce que la loi...
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Comme je l'ai déjà mentionné, le
président ne peut se lever à cette table, mais il s'attend que,
pendant qu'il parle, on l'écoute.
Faudra-t-il que le ministère des Affaires intergouvernementales
vienne régir cette loi avec tous les gouvernements du monde? Je ne vois
pas de restrictions, personnellement. Mais, de toute façon, je vais
permettre, après cette question, et ce n'est pas pour critiquer M. le
député de Mégantic-Compton, mais purement une
vérification vous savez qu'à l'article 65, paragraphe 2,
je pourrais réfléchir et qualifier le mot "gouvernement" qui est
dans cet article. Mais auparavant je vais permettre un mini-débat, pas
au sens de notre règlement, mais au sens où la présidence
l'a toujours entendu, sur la recevabilité. Cela sera un
représentant par parti pendant un maximum de cinq minutes.
M. le leader parlementaire du gouvernement, voulez-vous parler sur la
recevabilité?
M. Burns: Uniquement.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, je vais
permettre, au départ, à M. le député de
Mégantic-Compton de le faire. Ensuite, je passerai à vous et,
après, à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Grenier: Si vous me permettez, M. le Président,
j'interviendrai...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur une question de directive.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président. Je
voudrais tout simplement vous demander la directive suivante: Comment
pourriez-vous me permettre d'attirer votre attention sur l'article 16 qui
emploie les mêmes mots: "Les autres gouvernements"?
Le Président (M. Cardinal): Je vous le permettrai dans
votre intervention sur la recevabilité.
M. Lalonde: Ce n'est pas sur la recevabilité.
Le Président (M. Cardinal): Non. Vous pouvez le faire
quand même. Ce n'est pas le fait que, dans un autre article, on emploie
la même expression qui m'émeuve dans ce cas. Ceci est dit tant
pour le parti ministériel que pour M. le député de
Mégantic-Compton. M. le député de Mégantic-Compton,
sur la question de recevabilité.
M. Grenier: Si vous me le permettez, M. le Président, je
ferai mon intervention, s'il n'y a pas d'objection, après le parti
ministériel et le Parti libéral. Je dérogerai à la
règle.
Le Président (M. Cardinal): Quant à moi, je n'ai
pas d'objection. M. le député de Maisonneuve et leader
parlementaire, sur la recevabilité.
M. Burns: Je veux simplement vous faire remarquer bien
respectueusement que cet amendement n'est absolument pas recevable. D'abord, on
m'informe malheureusement je n'ai pu suivre tous les travaux de cette
commission, de sorte qu'il y a évidemment des faits et gestes qui ont
été posés au cours des séances
précédentes que je ne connais pas mais on me signale
qu'entre autres à l'article 17 il y a eu une motion d'amendement
où on proposait d'ajouter un deuxième alinéa qui se lisait
comme suit: "Les organismes visés à l'article 23 peuvent
cependant utiliser la langue anglaise dans leurs communications écrites
entre eux". Je pense que cet amendement, sauf erreur, a été
défait.
Mme Lavoie-Roux: ...vous ne prenez pas de chance.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Certains ont été jugés recevables, certains
irrecevables, certains ont été défaits.
Mme Lavoie-Roux: ...recevable.
Le Président (M. Cardinal): Et certains amendements ont
été adoptés.
M. Burns: Le député de L'Acadie est bien turbulent
ce matin. Que se passe-t-il?
Le Président (M. Cardinal): II a pris l'habitude des
autres.
M. le député de Maisonneuve.
M. Lalonde: Surtout depuis que le député de
Maisonneuve est arrivé.
M. Burns: Pour aller au coeur du sujet...
Le Président (M. Cardinal): Continuez à être
sérieux, c'est cela.
M. Burns: En plus du fait que, déjà, on a
discuté d'un amendement semblable que la commission a jugé
inutile d'accepter, ou a tout simplement rejeté, je vous
réfère à l'article 154, alinéa 2, de notre
règlement, où on lit que "la commission peut amender un projet de
loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du
projet de
loi et qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en
deuxième lecture". Je pense que notre règlement est très
sage lorsqu'il énonce une telle disposition. À un certain moment
on peut voter pour ou contre le principe d'un projet de loi en deuxième
lecture, mais ce qui est très important, c'est que, lorsque le projet de
loi est adopté en deuxième lecture, le député qui a
voté pour ou contre un projet de loi, et surtout celui qui a voté
pour, ne se retrouve pas, en commission parlementaire, dans une situation
où il regrette son vote de deuxième lecture.
C'est dans ce sens qu'existe le deuxième alinéa de
l'article 154. C'est ce pour quoi on veut rassurer les députés
d'avoir voté pour un projet de loi, surtout ceux qui ont voté
pour ce projet, en leur disant: Le projet de loi ne sera pas essentiellement
changé, lorsque des amendements seront présentés
après la deuxième lecture. Je pense, et je vous le soumets
respectueusement, que les amendements qu'on propose actuellement à
l'article 24 changeraient et modifieraient de façon essentielle, le
projet de loi, et permettraient même à un certain nombre de
députés de regretter leur vote de deuxième lecture. Je
dirais que ce n'est pas le projet de loi auquel j'ai donné mon accord.
Dans ce sens, je vous demanderais d'appliquer, de façon très
pertinente et très sérieuse, les dispositions de l'alinéa
2 de l'article 154. Je termine là-dessus, car vous m'avez indiqué
que vous ne vouliez pas de longs discours au niveau de la recevabilité.
Je vous demanderais simplement de juger cet amendement irrecevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Maisonneuve et leader parlementaire, vous ne m'en voudrez certainement pas, si
je me permets de vous poser deux questions.
M. Burns: Certainement.
Le Président (M. Cardinal): Vous auriez pu et c'est
avec un point d'interrogation que je dis la phrase invoquer l'article
158 qui me paraît plus fort que l'article 154-2. À cette question,
vous n'avez pas besoin de répondre. La deuxième question, est-ce
que vous avez dans votre plaidoirie, de savant juriste, invoqué qu'un
amendement semblable avait été jugé recevable par la
présidence et battu aux voix?
M. Burns: Oui, j'ai argumenté qu'un amendement à
l'article 17 avait été proposé, et que cet article ou cet
amendement, tout à fait jugé recevable, avait été
défait.
Le Président (M. Cardinal): À ce moment...
M. Burns: Cependant, si vous m'en parlez, et votre
première question était, à l'effet, de savoir pourquoi je
n'invoquais pas l'article 158.
C'est que l'article 158, à mon avis, se pose globalement,
relativement au principe, alors que je touchais strictement à l'aspect
partiel d'un amendement qui, à mon avis, modifie comme 158
d'ailleurs, c'est la même chose, mais 154, 2e paragraphe nous dit qu'il
ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième lecture, et je
pense que 158 et 154, 2e paragraphe peuvent être invoqués de
façon indifférente.
Le Président (M. Cardinal): N'oubliez pas aussi que j'ai
déjà indiqué...
M. Burns: Si vous le voulez, M. le Président, j'invoque
également 158.
Le Président (M. Cardinal): Je ne voulais pas vous
embarrasser du tout, mais je voulais comprendre votre cheminement. Je comprends
qu'à ce moment vous invoquiez un autre article sans le mentionner, c'est
que la présidence peut toujours, en jugeant de la recevabilité
d'une motion, même étudier le but que la motion veut atteindre, en
vertu de l'article 65, 1er paragraphe.
M. le député de Mégantic-Compton, êtes-vous
prêt ou désirez-vous attendre?
M. Grenier: J'avais dit: Si les deux veulent intervenir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais aimé que le
député de Maisonneuve ait l'occasion de venir plus souvent
à la commission parlementaire pour être baigné par la
sagesse de vos décisions antérieures; c'est que son
argumentation, si vous vous souvenez, a été faite surtout
au début, quand on s'est posé des questions sur la
recevabilité de quelques amendements à compter des articles 7, 8,
etc. J'aimerais souligner, à l'encontre des arguments, que la motion
d'amendement n'a pas pour effet de renier le principe accepté. Nous
sommes actuellement, dans les articles de ce chapitre IV, dans des exceptions
justement. Si on acceptait l'argumentation du député de
Maisonneuve, M. le Président, il faudrait que vous mettiez aussi en
doute la sagesse ou la recevabilité des motions principales ou des
articles qui permettent à certains organismes de l'administration de
communiquer en anglais et de communiquer dans une autre langue.
Le Président (M. Cardinal): Je vais répondre
à votre question tout de suite. Il y a eu peu de motions du
côté ministériel, il y a eu l'article 21a ou 22a, les
autres ont été considérés par la commission comme
étant des textes de loi.
M. le député de Mégantic-Compton, avant d'ajourner,
puis-je souligner une chose sur la forme de la motion, pour que vous ayez le
temps de la corriger, quelle que soit sa recevabilité ou non. Ce ne
serait pas après la septième ligne, mais après la
huitième ligne, parce que, si j'ai bien compté, il y a huit
lignes dans le nouvel article 24.
Cela étant dit, je dois ajourner ce débat sine die.
M. Grenier: Merci. (Fin de la séance à 13 h 4)
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Mont-Royal, M. le député de Bourassa...
M. Chevrette: Ils recommencent déjà et ils viennent
d'arriver.
Le Président (M. Cardinal): ...s'il vous plaît! Ce
n'est pas commencé encore. Ayez un peu de retenue.
M. Grenier: C'est à la veille!
Le Président (M. Cardinal): Pour une fois de plus, une de
ces fois qui achève, de ces rencontres amicales...
Mme Lavoie-Roux: Cela doit vous faire de la peine, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Beaucoup, madame. Nous
commençons une nouvelle séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications pour
étudier le projet de loi no 101, article par article, après la
deuxième lecture.
Au moment de nous quitter, à l'ajournement sine die de nos
travaux, à 13 heures, nous en étions à discuter de la
recevabilité d'une motion présentée par M. le
député de Mégantic-Compton sur l'article 24. Auparavant,
avant que nous n'en venions à cela, je dois, à nouveau, appeler
les députés pour savoir ceux qui auront le bonheur de voter sur
les prochaines motions recevables.
M. Alfred (Papineau) remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M.
Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères). M. Charron (Saint-Jacques)? Est-ce qu'il y a un
remplacement?
Une voix: Non.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Comme un seul homme!
Le Président (M. Cardinal): Cela me fait plaisir de vous
revoir, M. le député.
M. Chevrette: Le plaisir est pour moi, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. Godin (Mercier).
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau)
remplacé par M. Vaillancourt (Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière, vous êtes toujours fidèle. M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: À vos ordres!
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Présente.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan (Gaspé).
M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Godlbloom (D'Arcy
McGee).
M. Goldbloom: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Alors, nous avions commencé le débat sur l'article 24 et
M. le député de Mégantic-Compton avait proposé une
motion d'amendement qui date de l'article 17, si je ne me trompe. J'aimerais
bien qu'on me corrige si je commets quelque erreur dans la décision que
mon devoir m'oblige à rendre.
La motion de M. le député de Mégantic-Compton
je vais tenter d'être bref, mais c'est quand même un cas peu
facile propose que dans la cinquième ligne l'on remplace les
chiffres
15 à 23 par les chiffres suivants: 15, 9, 20 et 21, et qu'on
ajoute, après le mot "objectif", à la fin, non pas de la
septième, mais de la huitième ligne c'est une correction
qui vient de la présidence les mots suivants: "Ces organismes et
ces services peuvent, nonobstant les articles 16 et 17, utiliser une langue
autre que le français: a)dans leurs communications écrites avec
les autres gouvernements et avec les personnes morales établies au
Québec; b) dans leurs communications écrites entre eux et dans
les communications écrites avec le gouvernement, ses ministères
et les autres organismes de l'administration".
Madame, messieurs de la commission, à l'occasion de
l'étude de l'article 17, cette proposition d'amendement avait
été jugée prématurée.
Ce matin, j'ai commencé un tour de table pour connaître
l'opinion de chacune des formations politiques sur la recevabilité de
cette motion et j'entends continuer ce tour de table. À l'ajournement
des travaux, M. le député de Marguerite-Bourgeoys n'avait pas
terminé son brillant exposé.
M. Lalonde: C'est peut-être parce qu'il était bref
que vous l'avez trouvé plus brillant. Je voulais plaider en même
temps en faveur et à l'encontre de la recevabilité de la
motion...
M. Chevrette: Cela, c'est brillant.
M. Lalonde: La motion historique de l'Union Nationale...
Le Président (M. Cardinal): Nos concurrents nous demandent
de quel côté vous plaidez?
M. Lalonde: Je pense qu'on peut diviser cette motion en deux
parties, la première et la deuxième, la première
étant nécessairement au début et que je trouve recevable,
M. le Président, cela change des chiffres tout simplement qui se
réfèrent à des articles. Je ne crois pas que cela aille
à l'encontre du principe. On a déjà fait des motions pour
augmenter ou réduire les exceptions qui sont en fait comprises dans ces
articles qu'on étudie actuellement. Quant aux autres, je suis
peiné de vous dire que je ne pense pas que ce soit recevable, parce
qu'on a déjà décidé que, dans leurs communications
écrites avec les autres gouvernements et avec les personnes morales
établies au Québec, à l'article 16 ou 17, et dans leurs
communications écrites entre eux, etc., à l'article 16 ou 17,
cela a déjà été décidé, sauf que, et
ceci est pertinent, je pense, le reste aussi, mais celle-ci est plus
pertinente. Au moment où nous avons étudié les articles 16
et 17, l'article 22 n'était même pas présenté.
Lorsqu'on a voté pour ou contre les articles 16 et 17, il n'était
pas question des services sociaux et des services de santé. Dans cette
mesure, il y aurait peut-être recevabilité de ces deux
alinéas parce que le principe qu'on a voté n'affectait pas ces
services. Pour le reste, je pense que c'est recevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Compton, sur la recevabilité.
M. Grenier: Je remercie M. le député de
Marguerite-Bourgeoys d'être pour et contre la motion. Cela me permet
de...
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez de la
recevabilité?
M. Grenier: Je veux dire la recevabilité, pour la motion,
on verra tout à l'heure. Je voudrais quand même dire qu'elle est
conforme, d'après moi, à l'esprit du règlement 70 alors
qu'on retranche des chiffres et qu'on ajoute des mots, si vous aimez, et cela
ne change pas le fond, contrairement à ce que disait le leader du
gouvernement. Bien sûr, on ne change pas le fond de l'article qui nous
est présenté par le gouvernement, car l'article 24 établit
un régime d'exception en ce qui concerne l'application d'un certain
nombre d'articles pour ces organismes municipaux, scolaires et les services de
santé et les services sociaux dont la majorité des
administrés sont d'une langue autre que le français. L'amendement
ne vise qu'à préciser ce régime d'exception
spécialement aux articles 16 et 17.
Comme le signalait tout à l'heure le député de
Marguerite-Bourgeoys, les articles 16, 17 et 18 établissent, bien
sûr, l'utilisation exclusive de la langue française, mais, ce qui
s'est produit, lors de l'étude de ces articles, M. le Président,
vous allez admettre avec moi que l'amendement qu'on vous proposait, et c'est
comme cela qu'il s'est fait une réputation d'amendement historique, la
remarque que je précisais disait: On reviendra à l'article 24,
puisqu'il était, à ce moment-là, jugé
prématuré. S'il était jugé prématuré,
il me semble que cela va être difficile de le rendre non recevable
à l'article 24. Si c'était prématuré et
qu'aujourd'hui on vous dit qu'il est trop tard, il aurait fallu que j'aie une
directive à l'article 16 et à l'article 17 pour savoir s'il
était ou non recevable. Là, je serais revenu de façon plus
formelle ou plus agressive ce qui n'est pas mon genre mais il
reste que si c'était jugé irrecevable aux articles 16, 17 ou 18,
je me sens bien malheureux de me faire dire que, dans le deuxième
alinéa, comme le signalait le député de
Marguerite-Bourgeoys, il serait jugé irrecevable sur cette partie.
Quant à la première partie, je pense qu'il répond
en toute équité à l'article 70 et qu'il devrait
être, à mon sens, jugé reçu.
Le Président (M. Cardinal): Bon! M. Grenier:
Salomon!
Le Président (M. Cardinal): Je vais m'ennuyer
tantôt. On va discuter de la recevabilité de la motion et on va
décider.
En vertu de l'article 70, techniquement, en vertu des premières
phrases de l'article 70, l'amendement est parfaitement recevable dans sa
technique. Il ne faut cependant pas oublier les ar-
ticles 154, 158 et 65-1. J'y reviendrai. La décision n'est pas
rendue.
M. le député de Mégantic-Compton s'est très
bien préparé à faire cette motion, mais il s'est fait
jouer quelques tours, comme, par exemple, le fait qu'un nouvel article ne
possède que sept lignes au lieu de huit lignes et que, depuis le moment
où le projet d'amendement a été jugé
prématuré à l'occasion de l'étude de l'article 17,
nous n'étions pas dans la même économie du projet de loi
101. Je reviendrai aussi sur ce sujet.
L'article 16 du projet de loi, qui a été adopté sur
division, se lit comme suit: "Dans ses communications écrites avec les
autres gouvernements et avec les personnes morales établies au
Québec, l'administration n'utilise que la langue officielle." Je
voudrais bien que chacun retienne ce principe établi à l'article
16.
L'article 17, qui a été adopté à
l'unanimité...
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Le Président (M. Cardinal): ... à
l'unanimité.
Mme Lavoie-Roux: Je n'y étais pas.
Le Président (M. Cardinal): Oui, j'y étais. "Le
gouvernement, ses ministères et les autres organismes de
l'administration utilisent uniquement la langue officielle dans leurs
communications écrites entre eux". L'article 16 a été
adopté sur division, l'article 17, unanimement.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes sûr que ce n'est pas le
contraire, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est signé,
entré...
Mme Lavoie-Roux: Ah, écoutez...
Le Président (M. Cardinal): C'est impossible que ce
fût le contraire. Il est impossible que ce soit le contraire.
Mme Lavoie-Roux: Dix contre six, ce n'est pas
l'unanimité.
Le Président (M. Cardinal): Non, il n'y a pas ça,
je m'excuse pour ces articles, non. À moins que le secrétariat ne
me convainque du contraire, l'article 16 aurait été adopté
sur division, l'article 17, unanimement, et l'article 18, sur division. Qu'on
me corrige, je suis prêt à prendre la correction.
Mme Lavoie-Roux: Pas sur la fin de la recevabilité, mais
sur la correction.
Le Président (M. Cardinal): J'aime autant...
M. Grenier: M. le Président, si cela peut vous aider, j'ai
bien indiqué je suivais les amendements à mesure
que l'article 16 avait été adopté sur division, de
même que l'article 17.
Le Président (M. Cardinal): Alors, article 16,
adopté sur division, de toute façon, de même que l'article
18. D'accord?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je prendrai les détails
sur l'article 17.
À l'occasion de l'article 17, la proposition fut jugée
prématurée et le leader parlementaire m'a rappelé ce matin
qu'un amendement avait été proposé, jugé recevable
et battu à l'occasion de l'article 17. C'est peut-être ce qui nous
divise présentement. C'est peut-être l'amendement qui avait
été rejeté sur division ou sur vote. Vraiment, je n'ai pu
vérifier ce fait. Le leader parlementaire du gouvernement a eu une
argumentation qui m'a frappé, sur laquelle je l'ai questionné. Je
lui ai dit: Monsieur, comment pouvez-vous me demander de juger irrecevable une
motion si vous m'informez qu'elle a été jugée recevable la
première fois, mais qu'elle a été rejetée?
J'ai l'impression que, dans toute cette affaire, M. le
député de Mégantic-Compton, non pas par les membres de la
commission, non pas par la présidence, s'est, en quelque sorte, fait
jouer un tour. Au moment où nous avons discuté des articles 16,
17 et 18, il n'était pas question d'inclure dans le chapitre que nous
étudions présentement les services sociaux. Si bien que nous
avons changé complètement l'économie du chapitre 4, la
langue de l'administration. Je reviens au texte de l'amendement proposé.
Dans l'alinéa a), on parle de gouvernement. J'ai posé une
question à M. le député de Mégantic-Compton ce
matin, on m'a répondu que dans l'article 16, on parlait de gouvernement.
Je me demande encore si les autres gouvernements, dans l'article 16, sont les
mêmes autres gouvernements dans le projet d'amendement.
On ajoute ensuite "et avec les personnes morales établies au
Québec".
Je me demande, en droit, ce que veut dire "établies". Est-ce
qu'une personne morale, une société, appelons cela une
corporation, selon les termes de notre droit, bien que je n'aime pas cette
expression, qui a une filiale ou une succursale au Québec, est une
personne morale établie au Québec?
Jusqu'à présent, en matière juridique, nous avons
parlé de résidence et de domicile. "Etablies au Québec" me
paraît être une nouvelle expression qu'en droit, j'ai beaucoup de
difficulté à définir dans son acceptation
précise.
Il y a plus que cela, c'est l'alinéa b). Dans leurs
communications écrites entre eux et dans les communications
écrites avec le gouvernement, ses ministères et les autres
organismes de l'administration. C'est là que le bât blesse. Je me
dis ceci. Que ce soit sur division ou que ce soit unanimement, maintenant que
les articles 16, 17 et 18 ont été adoptés, même si
la motion était prématurée au moment où elle fut
présentée, elle est maintenant, et à mon humble regret,
caduque, irrecevable, au moment où elle est une deuxième fois
présentée. Et je le regrette vraiment pour le
député de Mégantic-Compton, qui a tout fait pour
présenter son amendement. Il l'a annoncé souvent. J'espère
qu'il conservera quand même son amitié à la
présidence. La motion est donc irrecevable.
M. Grenier: Vous savez que celle-ci vous est acquise depuis de
nombreuses années.
Le Président (M. Cardinal): De toute façon, vous
avez fort bien annoncé à tous ceux qui voulaient l'entendre que
vous la présenteriez. Elle a été lue souvent, même
par la présidence qui l'a décortiquée. Je reviens à
l'article 24. Il reste à Mme le député de L'Acadie
dix-huit minutes et au député de Mégantic-Compton pas mal
de temps sur l'article.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Ce n'est pas une suspension. Juste une seconde.
Je vous donne les détails. Je ne vous donnerai pas toutes les
péripéties de l'adoption de l'article 17 parce qu'il y a eu une
série d'amendements jugés recevables et irrecevables, des votes
et même un sous-amendement. Finalement, après discussion, ladite
motion concernant la motion principale, concernant l'article 17, est
adoptée par dix voix contre six et je corrige mon cahier. Je fais amende
honorable aux membres de cette auguste commission.
M. le député de Saint-Jacques, ministre
délégué au haut-commissariat.
M. Charron: M. le Président...
M. Grenier: Comme je vous l'ai dit, M. le Président, on
peut rarement démentir le livre bleu. Je voulais le signaler.
Le Président (M. Cardinal): Pardon?
M. Grenier: C'est bien difficile de démentir le livre
bleu.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, comme on ne peut rien se cacher, qu'il y a
présentement d'inscrite au feuilleton une motion en vertu de l'article
156, vous pourrez relire ce soir, à tête reposée,
après les débats de cette commission, les articles 123, 124 et
125 de notre règlement et vous verrez que vous avez encore de multiples
occasions de présenter des amendements.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
faire une motion de condoléances à l'Union Nationale?
Le Président (M. Cardinal): Non, Madame.
M. Grenier: On aura la réciproque au Parti libéral,
il n'y en a pas eu une qui a été acceptée; jamais. Pas par
la présidence, par le gouvernement.
M. Charron: Voilà, M. le Président. Voilà la
réciprocité que nous attendions.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, M. le
député de Saint-Jacques.
Mme Lavoie-Roux: C'est aussi cela que vous avez eu là-bas,
hein?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques et ministre, sur ces hautes considérations, revenons au
sujet qui est devant nous. Article 24. Nouvel article 24.
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas m'en prendre
à votre décision sur la recevabilité, aucunement...
Le Président (M. Cardinal): Non, n'essayez pas.
M. Charron: Je la considère sage et bien fondée. Je
pense que vous n'avez pas de crainte quant à l'amitié que peut
vous conserver le député de Mégantic-Compton, il vous l'a
dit lui-même. Je signale tout simplement au député qui
vient de proposer cette motion irrecevable que, comme vous l'avez dit
vous-même, il s'est peut-être joué un tour, mais je crois
qu'il ne s'est pas joué un tour, M. le Président, je le dis en
toute amitié pour le député. Son amendement était
prématuré à un endroit et était devenu caduc
à un autre.
C'est je pense, à cause de l'armature solide du projet de loi, de
la qualité du projet de loi...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Saint-Jacques, je vous rappelle à l'ordre.
Mme Lavoie-Roux: Le pont de Trois-Rivières a
déjà tombé.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Jacques, vous n'êtes pas
obligé de vous montrer plus brillant que le président.
M. Charron: M. le Président, je voulais signaler à
la commission mon plaisir de la retrouver. Je l'aurais espérée
plus avancée dans l'étude du projet de loi, mais puisque ainsi
vont les choses, je propose l'adoption de l'article 24, nouveau texte
proposé.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Cette motion
serait-elle adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, il vous reste 18 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Pour démontrer comme on veut bien
s'associer aux déboires de l'Union Nationale...
Le Président (M. Cardinal): Arrêtez d'en parler,
s'il vous plaît, et revenez à l'article 24.
Mme Lavoie-Roux: Je suis toujours à l'article 24.
M. Grenier: ... seulement à cet article, par exemple, nous
autres.
M. Paquette: ... la moyenne au bâton est meilleure...
M. Grenier: Ah! Pas le diable! M. Paquette: Sur la
recevabilité.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous souviendrez, M. le Président,
qu'au moment de l'adoption de l'article 22a, nous avions proposé un
amendement visant à retrancher les services de santé et les
services sociaux du chapitre de l'administration.
Le Président (M. Cardinal): Cela n'a pas été
accepté.
Mme Lavoie-Roux: Cela fut jugé prématuré. Ni
accepté, ni rejeté, ce fut jugé prématuré.
On recommence.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Nous voulons, à ce moment-ci, proposer un
amendement, et je vous avertis tout de suite, M. le Président, que cela
sera très court. La discussion ne sera pas très longue quant aux
membres de l'Opposition officielle, mais c'est pour nous une question de
principe et nous la représentons ici à l'article 24. Que
l'article 24 soit modifié en retranchant les mots "... les services de
santé et les services sociaux..." et en ajoutant l'alinéa
suivant: "Les dispositions des articles 15 à 23 ne s'appliquent pas aux
services de santé et aux services sociaux reconnus en vertu de l'article
108f."
L'article amendé se lirait comme suit: "Les organismes municipaux
ou scolaires reconnus en vertu de l'article 108f doivent se conformer aux
articles 15 à 23 avant la fin de l'année 1983 et prendre
dès l'entrée en vigueur de la présente loi, les mesures
voulues pour atteindre cet objectif. Les dispositions des articles 15 à
23 ne s'appliquent pas aux services de santé et aux services sociaux
reconnus en vertu de l'article 108f."
Le Président (M. Cardinal): ... la question de
recevabilité avant qu'on ne passe à autre chose. Je suis
prêt parce que, quand même, il faut que ce jeu s'exerce toujours
avec cette possibilité aux membres de la commission de s'exprimer.
Un très bref débat, d'au maximum quinze minutes; un
représentant par parti sur la recevabilité. Après cet
échange, quoiqu'il en soit, je me sentirai, si je ne le suis pas,
suffisamment informé.
Mme le député de L'Acadie, voulez-vous vous exprimer sur
la recevabilité? Ou quelqu'un d'autre?
M. le député de Mont-Royal, sur la
recevabilité.
M. Ciaccia: En ce qui a trait à la façon technique,
l'article 70, je ne crois pas qu'il y ait de problème quant à la
recevabilité de cette motion. Ce que cette motion vise, et ce qui la
rendrait recevable, c'est de retirer de l'application de certains articles,
certains services de santé et certains services sociaux qui sont
reconnus en vertu de l'article 108. Nous n'attaquons pas le principe de
l'article. Nous voulons seulement retirer de l'application de certains
articles, certains services qui seront mentionnés plus tard dans le
projet de loi.
Il y avait un argument que le député de Maisonneuve avait
donné ce matin quant au principe de certains articles, argument qui
disait que ceux qui avaient voté pour le projet de loi ne devraient pas
se trouver face à un changement contre le principe.
Je voudrais seulement faire remarquer à la présidence que
c'est un nouvel article qui a été introduit par le gouvernement.
Cela ne porterait pas atteinte même au principe que le
député de Maisonneuve a mis de l'avant ce matin.
Le Président (M. Cardinal): D'accord? M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Cela parle mieux devant un
micro, malgré que je connaisse toutes vos possibilités.
M. Charron: Je vais faire mon autodafé une autre fois.
M. le Président, j'invoque l'article 70 du règlement, qui
est celui...
Mme Lavoie-Roux: On invoque le même.
M. Charron: On invoque le même, celui qui traite de la
recevabilité d'un amendement, en vous faisant remarquer que l'article 70
du règlement je le cite de mémoire dit qu'un
amendement ne peut pas aller à l'encontre... merci madame... "Il
est irrecevable si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé..."
Or, M. le Président, le gouvernement vous a
présenté un nouveau texte de l'article 24, où vous
remarquerez vous-même que la différence entre le texte initial,
dans le cahier imprimé de l'ensemble du projet de loi et dans ce que
nous appelons le papillon nouveau, qui est porteur du nouveau
texte qui est le choix du gouvernement que la modification est
précisément ce que Mme le député vise à
retirer.
D'ailleurs, la preuve en est que Mme le député propose,
dans son amendement, nommément, le fait que les services de santé
et les services sociaux sont écartés des dispositions des
articles 15 à 23. alors que l'intention du gouvernement, dans cet
article modifié, est de précisément inclure les services
de santé et les services sociaux, un peu en s'inspirant de l'article
22a, qui a précédemment été adopté par la
commission. Je soutiens donc que cet amendement nous ramènerait
exactement au texte initial que récuse maintenant le gouvernement,
puisqu'il en a présenté un autre. Je ne veux pas toucher le fond,
mais les députés savent très bien que ce nouvel article 24
vient à la suite de négociations avec les services sociaux et les
services de santé du monde anglophone. Précédemment, on
avait imposé à ces services un peu ce qu'ils ont appelé
les traitements de n'importe quelle autre entreprise. Le gouvernement a choisi,
par principe, et c'est ce qui est dans l'article 24, plutôt que d'exiger
un rendement rapide de ces services sociaux et services de santé qui
seraient copiés sur le modèle d'une entreprise proprement
industrielle, nous avons respecté, à leur demande je
rappelle cet événement pour dire qu'il s'agit du fond nous
avons décidé, dis-je, à la suite de leurs
représentations, et c'est désormais cela le principe de l'article
24, qu'un amendement ne peut pas toucher le fond, parce qu'il est irrecevable,
s'il a pour effet d'écarter, comme le dit l'article 70, la mesure
principale contenue dans l'article. C'est précisément cela que
nous voulons faire, c'est permettre, en même temps qu'aux organismes
municipaux et scolaires, aux services de santé et aux services sociaux
de bénéficier d'un calendrier allongé, quant à
l'application des dispositions des articles 15 à 23, plutôt que de
s'y soumettre comme n'importe quelle autre entreprise.
Je soutiens que si vous recevez cet amendement, l'article 70 du
règlement s'en trouvera violé, puisqu'on permettra ainsi, en
rendant recevable un pareil amendement, de toucher au fond même de
l'article, qui est l'intention même du gouvernement. On peut
modifier...
En conclusion, ce que je jugerais recevable, ce n'est pas une
modification aussi radicale que celle que présente Mme le
député, qui vise à annuler l'effet de l'article
recherché par le gouvernement, au domaine des services de santé
et des services sociaux.
Si Mme le député nous proposait qu'au lieu de 1983, comme
on le dit dans l'article, on dise que, pour ces gens, c'est 1985, ou c'est
1988, c'est une manière d'amender le rendement d'un article, mais on ne
touche pas au coeur de l'article. Ce que madame vise, et ce que le gouvernement
ne vise pas, ce n'est pas seulement qu'on ne s'entend pas sur le calendrier.
Nous disons que les services de santé, les services sociaux c'est
le principe de l'article doivent subir un calendrier imposé
à l'intérieur de six ans, comme les autres organis- mes qui y
sont mentionnés, et madame veut les en exclure complètement.
Je pense qu'en proposant un article de ce genre, elle viole la
disposition de l'article 70 de.no-tre règlement.
Le Président (M. Cardinal): Je reconnais M. le
député de D'Arcy McGee, mais je l'informe d'avance qu'il ne
pourra pas se prononcer sur... Il va falloir qu'il y ait un choix pour savoir
qui se prononce sur la recevabilité, parce que je reconnais aussi Mme le
député de L'Acadie. J'ai dit, sur la recevabilité, une
personne par parti et un maximum de cinq minutes. Je n'ai jamais
dérogé à cette règle. Je ne permettrai pas que tous
les membres d'un même parti parlent sur la recevabilité. À
moins qu'on veuille parler d'autre chose, soulever une question de
règlement, demander une directive, je ne donnerai pas la parole... soit
que trois personnes demandent des directives. Il y a toujours des moyens
de...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie, je vous accorde la première question
de directive.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voulais vraiment
pas intervenir sur la recevabilité. Je pense que c'est le
député de Mont-Royal qui a accepté cette
responsabilité.
Le Président (M. Cardinal): Moi aussi.
Mme Lavoie-Roux: Voici la seule question que je voulais poser, je
pense qu'il faut être clair là-dessus. Est-ce que l'article 24 qui
est proposé par le gouvernement est un nouvel article qui est maintenant
inclus dans la loi, et alors, c'est l'article original, ou est-ce un amendement
aux intentions et à l'article antérieur du gouvernement?
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous répondre,
madame. Il y a trois faits qui se sont produits au sujet des articles 22a, 23,
24, 25 et 25a. Au sujet de 22a dont je parlerai tantôt lors de la
décision sur la recevabilité, il a été convenu par
tous, et surtout par la présidence, que c'était un amendement.
D'ailleurs, le texte se lisait comme un amendement. Lors des articles 23, 24 et
25, j'ai obtenu consentement unanime de la commission en vue d'accepter que
c'était une nouvelle impression du projet de loi et que ce
n'étaient pas des motions d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord!
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez. À
l'occasion de 25a, M. le député de Jonquière qui, à
l'occasion, me remplace fréquemment et longuement, a ce matin rendu une
décision à la suite d'un voeu de la commission pour que 25a soit
aussi considéré non pas comme un amendement, mais comme un
article, sans quoi
une motion d'amendement qui était présentée
n'aurait pu être reçue. La commission a donc fait le lit dans
lequel nous couchons présentement. Est-ce que cela répond
à votre question ou est-ce que vous avez quelque chose...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur une demande de directive ou sur une...
M. Ciaccia: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee avait une demande de directive.
M. Goldbloom: C'était essentiellement celle
formulée par ma collègue de L'Acadie, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Les grands esprits se
rencontrent. M. le député de Mont-Royal, vous ne devez pas
dépasser les cinq minutes sur la question de recevabilité.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Saint-Jacques s'est référé à l'article 22a. Je
voudrais vous dire que notre amendement ne va pas à l'encontre de 22a,
premier point. Deuxième point, il a dit que cet article avait
été inséré de cette façon à la
demande même des organismes et des hôpitaux affectés. Je
crois que ce n'est pas tout à fait exact. Ce que ces organismes ont
voulu... Cela peut affecter...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une demande de
directive.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas une demande de directive. Je parle
sur la recevabilité. Cela peut affecter la recevabilité.
Le Président (M. Cardinal): En même temps, vous vous
servez de l'article 96 pour corriger les faits. C'est tout à fait
conforme aux règlements. Je vous laisse continuer.
M. Ciaccia: C'est pour clarifier. Oui, pour corriger un peu.
Merci. Ils auraient préféré être inclus dans un
chapitre spécial. Ils ne voulaient pas être inclus au chapitre des
entreprises ni au chapitre de l'administration parce que cela cause certains
problèmes. Finalement, si l'article 24 original avait inclus ce que
l'article 24 inclut maintenant, peut-être que le raisonnement suivant
lequel on irait à l'encontre du principe s'appliquerait. Je vous
signale, M. le Président, que, puisque c'est un nouvel article qui a
été proposé par le gouvernement, même après
la deuxième lecture, je vous signale que cela ne devrait pas être
un refus de recevabilité, mais que nous devrions avoir le droit de
présenter une motion pour soustraire l'application de certains articles
aux services mentionnés dans notre amendement. Le fait est que ce
n'était pas l'article original dans le projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Brièvement, M. le Président, bien
brièvement, pour tenter de vous convaincre de recevoir cet amendement,
parce que les amendements n'ont pas longue vie, souvent, ils sont
mort-nés. Je voudrais bien ici...
Mme Lavoie-Roux: Souvent ils sont prématurés.
Le Président (M. Cardinal): ... des amendements.
M. Grenier: On essaie qu'ils ne ressemblent pas à
ça, M. le ministre. Comme il définit les applications du
présent chapitre, est-ce qu'il s'attaque au fond, le deuxième
paragraphe peut nous permettre d'en douter quelque peu, mais je pense qu'en
vertu de l'article 70, il vient, comme le dit l'article, vous allez être
mal pris pour juger, bien mal à l'aise parce qu'il y a deux partis qui
vous disent qu'en vertu de l'article 70, il est recevable et que, en vertu de
l'article 70, il y a un parti qui vous dit qu'il n'est pas recevable. J'aime
mieux ne pas être président, M. le Président.
Excepté que je vous demanderais de l'appliquer, s'il y a lieu, puisqu'il
répond à une donnée de l'article 70, à savoir qu'il
retranche des mots pour en ajouter d'autres et, d'après moi, il
définit les applications du présent chapitre.
Le Président (M. Cardinal): Madame, messieurs, je
n'invoquerai ni l'article 154, qui se réfère à un principe
adopté à l'Assemblée nationale, justement parce que, M. le
député de Mont-Royal, M. le député de
Mégantic-Compton, l'article 22a n'existait pas lors de l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi 101. Ce n'est pas un jugement à
la Salomon. Salomon n'a jamais fait de jugement, il a simplement fait peur et
les gens ont décidé eux-mêmes.
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous nous faire peur?
Le Président (M. Cardinal): Je ne rendrai donc pas de
jugement à la Salomon et je ne vous ferai subir aucune crainte. Donc, je
ne me réfère pas à l'article 154, ni à l'article
158, mais à cette règle d'or de nos assemblées
délibérantes qui veut que, dans une même session, que ce
soit en commission ou en assemblée nationale, l'on ne revienne pas sur
ce qui a déjà été décidé, quelle que
soit la façon dont ce fut décidé. Or l'article 22a, je
l'ai fait sortir des tiroirs, il fut adopté après des motions
d'amendement et de sous-amendement. Il était justement en soi une motion
d'amendement sur laquelle il y a eu une motion de sous-amendement, on a vu la
motion de sous-amendement rejetée et la motion d'amendement
adoptée sur division.
L'article 22a, tel qu'adopté sur division, se lit comme suit:
"Les services de santé et les services sociaux doivent assurer que leurs
services sont
disponibles dans la langue officielle, ils doivent rédiger dans
la langue officielle les avis, communications et imprimés
destinés au public." Tel en a voulu la commission permanente et
élue de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications.
Un autre fait. Et là, M. le député de
Mégantic-Compton, vous allez être très heureux, qu'il
arrive à une autre formation politique le même
phénomène, est-ce qu'à la suite de l'adoption de l'article
22a et de la référence à l'article 108f, qui n'a jamais
été adopté, qui n'a jamais été reçu
par cette commission, unanimement, comme un texte nouveau, qui n'a jamais
été jugé recevable, si c'était un amendement, on
pourrait s'interroger longuement, mais je le ferai brièvement, à
savoir si on pouvait juger que la motion est prématurée, donc
pour le moment, est recevable? Mais je ne fonderai pas ma décision
là-dessus.
Ce serait, d'une part, trop facile et ce serait jouer avec ce projet de
loi où, sans cesse, je dois l'affirmer comme président, on fait
un pas en arrière et plusieurs pas, parfois, en avant, où on
suspend des chapitres entiers et où on revient ensuite à d'autres
chapitres.
Je ne voudrais pas comparer, par conséquent, M. le
député de Mégantic-Compton, le rendement des
décisions recevables ou irrecevables entre deux formations politiques.
En tant que président, je puis évidemment lire Dale Carnegie tous
les soirs, mais vous l'avez dit vous-même, c'est l'expression que vous
avez employée, vous seriez mal à l'aise de rendre une
décision.
Je vais, d'une façon très mal à l'aise,
déclarer que cette motion est irrecevable.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce que je peux préparer une autre motion
de sympathie, moi aussi?
Le Président (M. Cardinal): Elle sera irrecevable.
M. Grenier: Mais il y a toujours un côté de la table
à qui on ne peut pas faire de motion de sympathie et cela me surprend,
c'est en face de moi. Elles sont toujours votées majoritairement.
M. Paquette: C'est parce qu'on n'a pas confié cela...
C'est pour cela.
M. Grenier: Je comprends.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, 17
heures, c'est l'heure de la petite pause-café. M. le
député de D'Arcy McGee, sur quelle question s'il vous
plaît?
M. Goldbloom: Une demande de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Certainement, M. le
député.
M. Goldbloom: Je m'excuse de vous demander une explication de la
décision que vous venez de rendre. Pourriez-vous m'indiquer, puisque
vous avez fondé votre décision en partie sur le fait que le
nouveau texte proposé pour l'article 108, paragraphe f), a
été déposé, donc, pour l'information des membres de
cette commission, mais n'a pas été étudié, encore
moins adopté, pourriez-vous m'indiquer comment nous pourrions sortir de
ce cercle vicieux? Ce qui avait été proposé comme
modification à l'article 24 faisait allusion au paragraphe f) de
l'article 108. Il me semble, M. le Président, puisqu'il s'agit d'une
modalité, une modalité de calendrier, qu'il faudrait qu'il y ait
un mécanisme par lequel l'Opposition puisse proposer une modification
à une modalité sans attaquer le fond de la question. Le fond de
la question se retrouve effectivement dans un texte déposé, mais
pas encore étudié, encore moins adopté.
C'est la directive que je vous demande, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee, j'ai mentionné simplement en obiter dictum, et non pas en
motif de la décision, la référence à l'article
108f. J'ai même indiqué à ce moment-là que ce
n'était pas le fond de ma décision, c'est-à-dire la base
de ma décision.
La raison de ma décision, c'est que le projet d'amendement qui
est devant moi me paraît clairement aller à l'encontre de ce qui a
été décidé à l'occasion de l'article 22a par
cette même commission, au cours d'une même session.
Quant à la sous-question de votre question qui pourrait suivre,
il me serait difficile d'y répondre immédiatement. J'ai
souligné que l'article 108f, jamais, à ma connaissance, devant
cette commission, n'a été reçu comme texte principal ou
comme motion d'amendement. Cela m'embarrasse et c'est pourquoi je me suis
permis, encore une fois, sans être trop technique, en obiter, d'indiquer
que cela serait déjà une raison, mais que je ne voulais pas
l'invoquer pour ne pas embarrasser la commission.
Comme dirait un savant journaliste qui s'appelle Gilles Lesage, du
journal Le Soleil, après ces paroles verbales pour rendre ma
décision, je ne veux pas revenir au serpent qui se mord la queue.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. J'ai reconnu
d'abord le député de Saint-Jacques et, ensuite, M. le
député de Bourassa, sur cette question.
M. Charron: M. le Président, je propose l'adoption de
l'article 24.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: C'est une simple question que je veux vous poser.
Sur les jugements que vous rendez, sur les motions des partis d'Opposition,
est-ce que vous ne voyez pas là, parce qu'ils se sont servis du
même cahier vert pour faire leurs résolutions...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Ce n'est pas
une demande de directive. C'est une question politique dont le président
ne se mêle jamais. Je tiens a souligner quand même, quitte à
prendre un peu de temps deux minutes que nous savons tous qu'il y
a un avis au feuilleton, en vertu de l'article 156, alinéa 2. Les
articles que j'ai mentionnés au député de
Mégantic-Compton tout à l'heure, 123, 124 et 125, s'appliqueront
et tous les partis devront déposer, devant le secrétaire de la
commission, à la fin des travaux de cette commission, leurs amendements.
Ce sera alors à la présidence de décider, après
beaucoup de réflexion, quels seront les amendements recevables, les
amendements irrecevables ou les amendements qui sont les mêmes et qu'on
peut regrouper ensemble.
Donc, les livres bleus, les livres blancs et toutes les autres couleurs
de livres seront alors réunis devant la présidence qui aura ce
devoir d'en juger.
Cela étant dit, M. le député de Saint-Jacques a
proposé l'adoption de l'article 24. J'ai reconnu M. le
député de Mont-Royal qui a encore un dossier vierge sur l'article
24.
M. Ciaccia: À l'article 24, j'avais déjà
soulevé ce problème au ministre...
Le Président (M. Cardinal): Pas à l'article 24
parce que vous n'avez pas parlé à l'article 24. Si vous voulez
que je vous enlève du temps...
M. Ciaccia: Très bien. J'avais soulevé dans les
discussions des articles 22 à 25...
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Ciaccia: ... le problème de confidentialité des
dossiers. Alors, brièvement, je vais proposer un amendement à
l'article 24 pour protéger ce principe et je fais la motion d'amendement
suivante: Que l'article 24 soit modifié en ajoutant l'alinéa
suivant: "Nonobstant toute disposition de la présente loi, aucune
personne ne peut effectuer des examens, des inspections ou des enquêtes
concernant les dossiers médicaux des établissements offrant des
services de santé et des services sociaux si elle n'a pas le pouvoir de
le faire en vertu de l'article 7 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux."
Le Président (M. Cardinal): Puis-je avoir le texte de
votre amendement, s'il vous plaît? Merci.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais sur quelle question?
Sur la recevabilité?
M. Guay: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous de lire
l'amendement auparavant, parce que parfois, mes décisions sont
très rapides sur la recevabilité ou l'irrecevabilité?
M. Guay: Naturellement.
Le Président (M. Cardinal): Que l'article 24 soit
modifié en ajoutant l'alinéa suivant: en ajoutant un
alinéa, donc "Nonobstant toute disposition de la présente
loi, aucune personne ne peut effectuer des examens, des inspections ou des
enquêtes concernant les dossiers médicaux des
établissements offrant des services de santé et des services
sociaux si elle n'a pas le pouvoir de le faire en vertu de l'article 7 de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux."
Nous allons recommencer le même phénomène cet
après-midi, quitte à y passer tout l'après-midi. D'accord,
mais M. le député de Taschereau, avant que vous ne vous exprimiez
sur la recevabilité, j'aimerais mieux que quelqu'un du côté
de l'Opposition officielle qui a proposé la motion puisse le faire.
Même règle: Un représentant par formation politique,
un maximum de cinq minutes et la décision sera rendue et elle ne sera
pas prise en délibéré.
M. Ciaccia: Nous jugeons que cette motion est recevable.
Premièrement, elle ne va pas à l'encon-tre des principes
énoncés dans l'article 24, mais puisqu'il y a une loi 65, article
7, qui donne certains pouvoirs d'examiner les dossiers médicaux, le but
de notre motion est d'enlever...
M. Grenier: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Grenier: N'y aurait-il pas lieu qu'on ait copie de...
Le Président (M. Cardinal): Vous n'avez pas reçu
copie...
M. Grenier: Non. ...de l'article 7 dont on fait mention ici? Cela
serait-il possible parce qu'on en aura besoin pour parler sur la
recevabilité?
Le Président (M. Cardinal): Remarquez bien qu'il est
possible qu'on se rende jusque la. J'aimerais bien que quelqu'un nous lise
l'article 7.
M. Ciaccia: Je vais lire l'article 7. Je ne voulais pas aller au
fond, mais peut-être que cela peut...
Le Président (M. Cardinal): Pas sur le fond.
M. Ciaccia: Non. Je vais lire l'article 7 pour
démontrer... quant à la recevabilité de la motion.
Le Président (M. Cardinal): C'est non seulement conforme
aux règlements... M. le député de Mégantic-Compton
vous a posé une question. Vous aviez le droit d'y répondre, vous
y répondez.
M. Ciaccia: Très bien. L'article 7 se lit comme suit et je
cite: "Sont confidentiels les dossiers médicaux des patients dans un
établissement. Nul ne peut en donner ou prendre communication,
même aux fins d'une enquête si ce n'est avec l'autorisation
expresse ou implicite du patient ou encore sur l'ordre du tribunal..."
et les mots suivants sont importants quant à notre motion "...ou
dans les autres cas prévus par la loi ou les règlements. Il en
est de même des dossiers des personnes qui reçoivent des services
sociaux d'un établissement." C'est le premier paragraphe de l'article 7.
Je crois que les autres ne sont pas vraiment pertinents au présent
débat.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mont-Royal, vous pouvez continuer.
M. Ciaccia: Alors notre amendement ne vise aucunement à
déroger du principe de l'article 24, mais puisque dans l'article 24, on
soumet les organismes, les services de santé et les services sociaux
à toutes les dispositions de la loi et une des dispositions de cette loi
est d'accorder certains pouvoirs aux enquêteurs, aux commissions
d'enquête, d'examiner, de regarder, d'enquêter sur le fait que les
documents ou les communications se fassent en français ou non, cela
donnerait à ces enquêteurs le pouvoir d'aller examiner les
dossiers médicaux, d'après la loi 65.
Puisque c'est un pouvoir assez confidentiel, ce sont des documents
confidentiels, c'est très restreint, à savoir qui devrait avoir
accès à ces documents; je crois que c'est nécessaire pour
se tenir dans le principe de la confidentialité, d'apporter cet
amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, sur la recevabilité.
M. Paquette: M. le Président, mon collègue de
Taschereau n'était pas inscrit, c'est pourquoi je le remplace. Je pense
premièrement que cet amendement n'a aucun lien avec l'article 24 qui
parle des délais suivant lesquels les organismes visés à
l'article 128f doivent se conformer aux articles 15 à 23, et dans
l'amendement, on nous parle de confidentialité des dossiers. Je pense
que si l'amendement devait se raccrocher quelque part, ça devrait
être à l'article 25a où on parle des dossiers, mais
même là, je pense qu'il ne serait pas recevable puisque cet
article ne change absolument rien à la loi 65. Je pense que le
député a lu tantôt l'article 7 de la loi 65 qui parle de la
confidentialité des dossiers.
Je l'ai relu également; cet article dit exactement la même
chose et ce n'est d'ailleurs pas dans une loi linguistique que doit être
préservée la confidentialité des dossiers, mais bien dans
une loi comme la loi 65 qui parle de l'organisation des services de
santé et services sociaux. Je pense que cet amendement est tout à
fait irrecevable pour ces deux raisons... Superfétatoire.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, M. le Président, pour vous
dire que je constate également que cet article, dans son appellation,
n'ajoute rien à la francisation du Québec. C'est bien
évident, mais s'il est un endroit où on peut l'accrocher pour
pouvoir en discuter, je pense qu'il n'est pas mal venu de l'apporter ici. Moi,
je commence à avoir peur des articles qu'on remet à d'autres
articles. J'aimerais mieux qu'on en discute immédiatement que de le
projeter sur l'article 25 et risquer qu'il arrive, aujourd'hui, le même
sort qu'on a connu pour un autre amendement il y a quelques minutes, à
savoir qu'ici il pourrait être prématuré, et à
l'article 25, ce serait trop tard.
Je pense que si vraiment on veut parler des dispositions en vertu de
l'article 7, sur les services de santé et les services sociaux, je pense
que ce serait l'endroit, à cet article, d'autant plus qu'il ajoute, il
est dans l'esprit de l'article 70 et il permet, en ajoutant des mots, de
préciser le sens de cet article et de donner plus de clarté sur
l'ensemble de l'article 24.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, vous avez encore quelques minutes sur la recevabilité.
M. Ciaccia: C'est exactement à cet article-ci, je crois,
que cet amendement doit être apporté. Parce que l'article 24 donne
un certain délai avant d'aller examiner les documents, etc. Nous disons
que même après l'expiration de ce délai, vous ne pouvez pas
toucher la confidentialité des dossiers; deuxièmement, on dit que
ce n'est pas une loi linguistique qui protégera la
confidentialité. Je soutiens que si la loi linguistique ouvre la porte
au fait que ces dossiers peuvent être regardés par le
comité de surveillance, les enquêteurs, c'est exactement dans
cette même loi qu'il faut apporter les modifications pour assurer la
confidentialité.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Madame, messieurs,
une fois de plus, une décision.
M. le député de Mont-Royal a raison de dire que l'on
pourrait, dans cette loi le projet de loi no 101 avoir une
disposition qui référerait nommément ou pas à la
confidentialité des dossiers médicaux prévus à
l'article 7 de la loi qui porte sur les services de santé.
D'autre part, malgré la conviction qu'a apportée M. le
député de Mégantic-Compton, je vois difficilement comment
cet amendement pourrait venir à la suite de l'article 24. J'ai un peu
l'impression que, cet après-midi, à cette commission j'en
suis rendu à la troisième décision sans qu'on n'ait jamais
discuté du fond nous en sommes à la course aux amendements
avant que ne tombe le couperet qui, comme l'épée de
Damoclès, pend au-dessus de nos têtes.
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Bon. Si vous voulez m'attaquer, faites-le. Ce sera la fin. Ce que
je veux dire par là, et vous ne devriez pas le prendre en mauvaise part,
s'il vous plaît je ne participe pas au débat ni aux
discussions politiques c'est que, une fois de plus, c'est la
troisième fois, sinon la quatrième, que je vous dis que cette
motion d'amendement n'est pas, quant à moi, jugée irrecevable...
Je juge seulement. C'est pourquoi j'ai employé le mot course et je m'en
excuse pour ceux que j'ai pu vexer. Elle ne devrait venir, à mon humble
point de vue, qu'à l'article 25 et non pas à l'article 25a, comme
l'a indiqué M. le député de Rosemont.
Alors, s'il vous plaît, pas de précipitation, en aucune
façon. Je déclare donc, pour le moment, la motion
prématurée. Vous pourrez y revenir à l'occasion de
l'article suivant.
M. Charron: Je propose l'adoption de l'article 24.
Le Président (M. Cardinal): Pour la Xe fois, M. le
député de Saint-Jacques... L'article 24 serait-il
adopté?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: L'article 24, si on en juge par la 4e édition,
je pense, la 5e...?
Mme Lavoie-Roux: C'est la même que le brouillon que vous
m'avez donné.
M. Lalonde: ...mentionne à la fin les mesures voulues pour
atteindre cet objectif. Je me demande dans quelle mesure le gouvernement veut
décrire, par ce dernier membre de phrase, des réalités
autres que la loi. S'il suggère que ce sont des mesures telles que
décrites dans les articles qui ont précédé ou si
ces mots veulent faire référence aux articles 124 et suivants qui
contiennent des dispositions d'organisation, de l'implantation de ces articles,
je pense que cette disposition est, je ne veux pas dire superfétatoire,
inutile, parce que la loi contient toutes les dispositions nécessaires
pour voir à ce que ces articles soient mis en place. Je crains que les
mesures voulues pour atteindre cet objectif ne réfèrent à
autre chose, mais autre chose qu'on ne décrit pas, ce qui est fort
indésirable dans une loi.
On veut que la loi soit suivie, soit respectée. Donc, on doit la
faire claire et précise. Je prétends c'est la question que
je me pose à ce stade-ci que d'ajouter les mesures voulues pour
atteindre cet objectif, c'est un peu faire la même erreur grave que de
dire à l'article 124 on y reviendra dans les jours qui viennent
et je lis l'article 124 "Les organismes de l'administration qui
ont besoin d'un délai pour se conformer à cer- taines
dispositions de la loi ou pour assurer la généralisation de
l'utilisation du français dans leurs domaines..." encore
là, on ajoute à la loi, mais on ne dit pas comment, on ne dit pas
quoi. Cela appartient au domaine de la littérature.
Au fond, ce qu'on veut faire avec les articles 14 à 27
inclusivement, c'est donner le contenu des obligations qui se rattachent
à l'administration et aux organismes de l'administration.
Dans l'article 124 et les articles suivants, ce qu'on veut faire, c'est
dire comment cela va être mis en place. Par analogie, on pourrait dire
que les articles 14 à 27, c'est le contenu du programme de francisation,
avec les objectifs. Je me reprends. Cela inclut les objectifs avec le contenu
des obligations, tandis que les articles 124 et suivants, c'est la
procédure à suivre.
Je pense qu'il faut s'élever contre cet emploi de la loi, contre
cet usage de la loi pour créer des droits qui n'en sont pas, des
obligations difficiles, impossibles à respecter. Comment les organismes
qui devront se conformer à l'article 24 vont-ils pouvoir
déterminer ou prouver que les mesures qu'ils prennent pour atteindre
l'objectif, c'est-à-dire se conformer aux articles 14 à 23,
comment vont-ils prouver que ce sont les mesures voulues, voulues par qui? Pas
par la loi, parce que la loi n'en parle pas. La loi décrit simplement la
situation qui devrait exister éventuellement. C'est une façon de
légiférer qui, je pense, est dangereuse. Mais j'y reviendrai.
Ainsi, utiliser une loi pénale pour décrire une situation
désirée, quand on sait très bien que cela va prendre au
moins six ans pour y arriver, et devoir procéder, par les articles 124
et suivants, par des exemptions que les fonctionnaires vont peut-être
donner, s'ils le veulent bien.
C'est une façon tout à fait inacceptable d'utiliser le
droit pénal. Mais il m'apparaît qu'au moins, le premier
problème que j'ai dans cette économie de droit, ce sont justement
ces mots, les mesures voulues pour atteindre cet objectif. Je pense qu'ils ne
devraient pas être là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'ai été
très surpris d'entendre le début de l'intervention du
député de Marguerite-Bourgeoys qui nous dit que cet article est
inutile et peut-être même superfétatoire, mais il n'a pas
osé employer le mot. Je le comprends.
M. Lalonde: J'ai dit les derniers mots, les mesures voulues.
M. Paquette: Oui, parce qu'à ce moment-là, je me
serais demandé pourquoi vous avez essayé d'y faire tant
d'amendements, si cet article est inutile. Mais je pense que, justement,
l'article n'est aucunement inutile et l'important, là-dedans, c'est
évidemment la date où les organismes doivent commencer les
programmes de francisation et la date où ils doivent les terminer,
c'est-à-dire en 1983.
II faut bien finir la phrase. Les mots qui sont là sont
là. Quand on dit "les mesures voulues pour atteindre cet objectif", cela
dénote le souci du législateur de laisser le plus d'initiative
possible aux organismes en question. C'est important de le faire, parce qu'il
n'y a pas un de ces organismes qui soit exactement dans la même situation
qu'un autre. On veut laisser de la souplesse. C'est dans les articles 124 et
suivants qu'on précisera, sans entrer dans tous les détails,
encore une fois pour des motifs de souplesse, quelques modalités
d'application, par exemple le fait que les organismes doivent présenter
un état de la situation de francisation dans les entreprises avant le 31
décembre 1978. Ils doivent présenter un rapport comprenant une
analyse de leur situation et l'office les aide à préparer ce
rapport. Si l'office juge cela insuffisant, il peut intervenir.
Les mots "les mesures voulues pour atteindre cet objectif", cela veut
tout simplement dire qu'on laisse l'initiative aux organismes en question, un
très large degré d'initiative. Cela me surprend que vous soyez
contre cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, comme d'habitude, j'ai
écouté avec attention et respect l'honorable député
de Rosemont. Cette fois, je le trouve, pour utiliser une expression bien de
chez nous, dans les patates.
On n'adopte pas une loi, M. le Président, pour laisser une
initiative à quelqu'un. On adopte une loi pour lui imposer des
contraintes.
M. le Président, il me semble que le texte de l'article est
parfaitement clair dans ses cinq premières lignes et que les cinq
premières lignes suffisent pour exprimer les contraintes que veut
imposer la loi.
Une voix: ... 83.
M. Goldbloom: Je cite: "Les organismes municipaux ou scolaires,
les services de santé et les services sociaux reconnus en vertu de
l'article 108f doivent se conformer aux articles 15 à 23 avant la fin de
l'année 1983." M. le Président, c'est ce que veut dire la loi,
c'est ce que veut dire l'article. À partir de cette date inscrite dans
le texte de l'article proposé, le solde, et je ne voudrais pas blesser
la sensibilité du député de Mercier, mais le solde, c'est
de la poésie.
M. le Président, non seulement ce n'est pas une façon de
laisser une liberté d'action, une initiative aux personnes morales
visées; bien au contraire, ces mots additionnels sont de nature à
restreindre une liberté d'action parce qu'en certains cas, les mesures
voulues pourraient ne pas être possibles immédiatement dès
l'entrée en vigueur de la présente loi. Peut-être qu'il
faudrait, dans une certaine institution, une période de
préparation et d'information des gens. Si un inspecteur arrivait et
disait: Je regrette, ce que vous faites comme mesures de préparation ne
constitue pas les mesures voulues pour atteindre cet objectif... Je vous
rappelle, M. le Président, mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
l'a fait à plusieurs occasions, nous sommes dans le droit pénal
ici.
Il me semble que si l'on veut, effectivement, laisser de la
liberté et une marge de manoeuvre aux personnes visées, on doit
mettre un point après la date 1983. La loi sera claire et tout le monde
saura qu'en date du 31 décembre 1983 l'organisme en question devra
être en conformité. Mais, pour ce qui suit cette date dans le
texte, c'est une façon qui n'est même pas explicitée; il y
a d'autres endroits dans ce projet de loi, comme dans beaucoup d'autres que
nous avons vus où l'article accorde au ministre responsable de
l'application de la loi ou au lieutenant-gouverneur en conseil,
généralement le droit d'établir des
règlements qui régiront l'application de l'article. Tel n'est pas
le cas ici. Il n'y a pas de règlements qui sont prévus. Il n'y a
pas de critères qui sont établis, ce n'est qu'une façon de
renforcer sur le plan des émotions et de la conviction morale des
auteurs de ce projet de loi, ce qui est assez clairement dit dans les cinq
premières lignes du texte que nous avons sous forme
dactylographiée devant les yeux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je ne voudrais pas allonger
le débat, d'autant plus que je sollicite l'adoption de l'article 24
depuis quelques minutes, mais, puisque le débat est engagé, aussi
bien y répondre comme il faut.
Les arguments invoqués par le député de Rosemont
étaient fondés. Quand le député de D'Arcy McGee dit
qu'on pourrait éteindre l'article après les mots "année
1983" et que l'essentiel de ce que comporte comme imposition dans une loi
l'article serait atteint, je dis que ce n'est pas l'idée du
législateur. Nous n'avons pas fait de poésie, comme nous n'avons
pas non plus étiré un texte législatif pour le plaisir de
le faire.
Quand on demande aux organismes municipaux ou scolaires, aux services de
santé et aux services sociaux dont les administrés sont en
majorité d'une langue autre que le français de se conformer aux
articles 14 à 23 avant la fin de l'année 1983, nous voulons, en
plus, préciser comment. Je suis convaincu que, de l'autre
côté, on aurait levé le bouclier en disant qu'on imposait
ça sans dire comment on allait le faire, car il y a dans les mots que
juge inutiles le député de D'Arcy McGee plus qu'un sens. On dit:
"et prendre, dès l'entrée en vigueur de la présente loi".
Autrement dit, un organisme ne sera pas libre de continuer à être
unilingue anglophone jusqu'en 1982, comme plusieurs de ces organismes le sont,
lorsque leurs administrés seront en majorité d'une langue autre
que le français, et, rapidement, improviser un programme de francisation
la dernière année, qui ne respecterait pas leur clientèle,
pour se conformer au projet de loi. Un autre qui aurait, à sa guise,
envoyé braire la loi en disant: On s'en-lignera vers 1981 ou 1982...
Parce que nous voulons précisément que cette francisation
se fasse doucement, calmement, dans le respect, nous avons choisi, un
délai de six ans, mais il faut que ces six années soient
utilisées vers cet objectif. C'est pour ça que c'est dès
l'entrée en vigueur. On va commencer lentement, on sait de quel monde et
de quel ghetto on va sortir plusieurs de ces organismes. On sait quelle
nouveauté on va leur apprendre, qu'il y a une majorité
française ici au pays. On sait quel choc on va occasionner chez
certaines consciences qui ont toujours vécu comme si le Québec
français n'existait pas. Parce qu'on le sait et parce qu'on a
l'intention de le faire en vue d'aboutir harmonieusement en 1983 avec des
organismes municipaux, scolaires, avec des services de santé, des
services sociaux qui respectent la majorité française du
Québec, on dit qu'il faut prendre tout le temps que ça nous prend
et on va commencer dès l'entrée en vigueur du projet de loi.
Si on arrêtait le texte là où le suggérait le
député de D'Arcy McGee tantôt, c'est vraiment la cacophonie
qu'on créerait immédiatement. Tout le monde dirait: On a un
couteau sur la gorge. On ne sait pas avec qui on va le faire, comment on va le
faire, par qui on va le faire. Ce que précise la dernière partie
de la phrase, et c'est pourquoi le gouvernement ne la laissera pas tomber,
c'est que ces organismes ont six ans, soit, mais qu'ils doivent se mettre
à l'oeuvre tout de suite. Plus ils se mettront à l'oeuvre, comme
le dit l'article, dès l'entrée en vigueur de la présente
loi, moins les mesures apparaîtront coercitives, moins les mesures
apparaîtront difficiles, plus nous prendrons, comme le dit le texte du
projet de loi, les mesures voulues, à leur rythme, pourvu que l'on sente
que, dès l'entrée en vigueur du projet de loi, on s'adonne
à la respecter.
Si un organisme nous dit: Laissez-nous commencer lentement, nous
prendrons les bouchées doubles vers les années 1980 ou 1981
c'est le rythme de l'entreprise dont on parle l'Office de la
langue française, en vertu de l'article 124 que l'on retrouve plus loin,
aura toute la liberté d'établir ce calendrier, ce que nous ne
voulons pas. C'est ce que nous exigeons en disant dès l'entrée en
vigueur. Ce que nous craignons, c'est qu'il y ait des coins de
récalcitrants et, fortement, qui se refusent à l'objectif du
projet de loi, qui se disent: Puisque le projet de loi me dit que j'ai six ans
pour le faire et que je ne suis pas obligé de commencer tout de suite,
j'attends. Nous craignons que le pourrissement du climat social continue de
cette façon.
Autrement dit, le gouvernement a accepté un délai, a
même prolongé le délai prévu à la loi 22,
mais à condition que nous l'entreprenions avec ces organismes calmement,
mesurément, dès l'entrée en vigueur du projet de loi.
Quand on dit que la dernière partie de l'article est inutile,
j'espère avoir convaincu le député qu'il faisait
erreur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Saint-Jacques. S'il vous plaît! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais aimé que le
député de Saint-Jacques fasse référence aux
articles 124 et suivants. Ce qui est inutile dans l'article 24, c'est justement
l'engagement de prendre, dès l'entrée en vigueur de la
présente loi, les mesures voulues pour atteindre cet objectif, justement
à cause des dispositions de l'article 124 et des suivants. L'article 124
est aussi mal fait que l'article 24 d'ailleurs, mais il y a moyen de
l'améliorer. L'article 124 se lit actuellement: "Les organismes de
l'administration qui ont besoin d'un délai pour se conformer à
certaines dispositions de la loi"; il devrait se lire "pour se conformer
à la loi". On ne se conforme pas à certaines dispositions, on se
conforme à la loi. "Ou pour assurer la généralisation de
l'utilisation du français dans leur domaine." Là, on est en
dehors de la loi. On leur dit exactement si on veut légiférer et
on veut utiliser le droit pénal et on veut imposer à ce monde des
amendes s'il ne se conforme pas, mais, au moins, on s'en tient à la loi.
On ne fait pas de voeux pieux.
Alors, les organismes de l'administration qui ont besoin d'un
délai pour se conformer à la loi doivent adopter le plus
tôt possible le plus tôt possible, c'est encore du domaine
de la littérature, mais il y a moyen de l'améliorer,
peut-être mettre une date un programme de francisation on a
mis "sous contrôle, avec l'aide de l'office," mais il y a moyen de faire
intervenir l'office sans lui donner l'air d'un ogre comme on le fait
là... enfin! C'est là. C'est là-dedans. C'est tout
là.
À l'article 125, c'est la même chose. Les organismes de
l'administration doivent présenter à l'office avant le 31
décembre 1978 admettons qu'on garde cela un rapport
comprenant une analyse... On sait maintenant comment cela se fait une
francisation. On ne le savait pas il y a trois ans. Cela prend une analyse
linguistique et, ensuite, une décision à savoir s'il y a besoin
d'un programme. Il n'y en a pas besoin, si le statut de la langue
française est tel que désiré par la loi et, ensuite, ce
programme de francisation qui est préparé par l'organisme
j'imagine que c'est la même chose que pour les entreprises est
quand même accepté par l'office.
Il faut que l'organisme ou l'entreprise sache si l'office est d'accord
ou non, ensuite, il est mis en oeuvre et c'est là que l'infraction doit
arriver, s'il y a une infraction.
Je ne comprends pas le gouvernement de s'en tenir à ce
libellé qui est rempli de trous. Cela ne sert à rien d'envoyer le
monde devant les cours pour contester de tels articles. C'est ce qui va arriver
si vous n'imposez pas une rigueur de légiste, simplement. Demandez aux
légistes. Vous allez voir ce qu'ils vous diront là-dessus. Ils
vous diront que cela n'a pas de bon sens, parce que vous avez
décidé de faire une loi pour dire exactement ce que ces
organismes doivent faire. Maintenant, qu'on s'en tienne à la loi. Qu'on
n'aille pas dire: "ou pour assurer la généralisation de
l'utilisation du français". Qu'on indique dans un article, un peu comme
j'ai un amendement à proposer éventuellement, si on rend
là, que le contenu du pro-
gramme de francisation, ce seront les objectifs décrits dans les
articles 14 à 27.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pourriez-vous revenir, s'il vous
plaît, à l'article 24?
M. Lalonde: II est bien difficile de revenir à l'article
24 et d'en parler intelligemment sans parler des articles 124 et suivants. En
tout cas, je pense que j'ai fait le maximum pour attirer l'attention du
gouvernement sur ce défaut dans la loi et je l'ai fait de façon
non partisane parce qu'au fond, je pourrais être contre cet article au
point de vue du contenu, mais je parle simplement du mécanisme, le
mécanisme que le gouvernement entend faire dans une... Je l'invite
à le réviser.
On aura des amendements à proposer, et si c'est après le
rapport, on va les proposer après le rapport et je suggère au
gouvernement de les regarder.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Saint-Jacques et ministre délégué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports a exprimé assez
clairement la pensée et l'intention du gouvernement, mais il n'a pas
réussi à me convaincre que ce qu'il appelle précis dans
les trois dernières lignes du texte que nous avons devant les yeux est
autre chose qu'imprécis, et c'est cela le problème sur le plan
législatif.
C'est de la mauvaise législation. C'est mal rédigé
pour traduire la pensée et l'intention du gouvernement, et combien de
fois, depuis le début de notre discussion sur cette série
d'articles, le ministre d'État au développement culturel n'a-t-il
pas dit: II n'y a pas de mal à inclure dans tout ceci les institutions,
les établissements de santé, les services sociaux, parce que ces
établissements auront jusqu'à la fin de 1983 pour s'y conformer;
mais quand on introduit dans la loi l'obligation de prendre, dès
l'entrée en vigueur de la loi, des mesures voulues qui ne sont pas
précisées, là, on se retrouve devant l'article 172 de
même projet de loi qui se lit comme suit: "Lorsqu'à la suite d'une
enquête, un commissaire-enquêteur a la conviction qu'il y a eu
contravention à la présente loi ou aux règlements
adoptés sous l'autorité de la présente loi, il met en
demeure le contrevenant présumé de se conformer dans un
délai donné.
Si le commissaire-enquêteur estime que la contravention subsiste
passé ce délai, il transmet le dossier au procureur
général pour que celui-ci en fasse l'étude et intente,
s'il y a lieu, les poursuites pénales appropriées.
J'attire votre attention, par la suite je n'en ferai pas lecture
sur les articles 195 à 198 inclusivement. C'est pour cela, M. le
Président, que l'imprécision des trois dernières lignes
devient exagérée par rapport à l'intention du
gouvernement, si l'intention est celle exprimée à maintes
reprises par le ministre d'État au développement culturel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement dire
que l'Opposition officielle votera contre l'article 24 tel que proposé.
Depuis le début, je pense, nous avons essayé de faire valoir
qu'il aurait été beaucoup plus sage, plus prudent, de retirer les
services de santé et les services sociaux du chapitre de
l'administration. Dans ce contexte-là, compte tenu qu'aucun des
arguments que nous avons pu faire valoir n'a été retenu, nous
devrons voter contre l'article 24.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement, nous
sommes d'accord avec les articles 15, 19, 20 et 21 qui visent à
reconnaître et à établir la prééminence du
français, comme on l'a signalé au passage. Nous croyons que tous
les organismes de l'administration et tous les services doivent s'y
conformer.
Mais nous aurions cru juste et raisonnable de donner aux organismes
municipaux et scolaires à majorité de langue anglaise un
délai pour s'y conformer, comme on le donne, jusqu'en 1983, mais, comme
on l'a dit dans nos contre-propositions, dans les amendements que nous avons
apportés, nous avons tenté de faire l'étude des articles
16, 17 et 18 et du dernier amendement qui a été rejeté
où il s'agit de consacrer l'exclusivité de la langue
française. Nous aurions voulu que ces articles reconnaissent l'existence
d'une communauté anglophone articulée, pour lui permettre de
continuer à utiliser la langue anglaise si elle le juge à propos,
sans, bien sûr, en faire une obligation.
Il s'agit, bien sûr, d'un traitement d'exception, cette
communauté anglophone articulée ne touche qu'un nombre
limité de municipalités, comme vous le savez, ou de commissions
scolaires. Le gouvernement a voulu quand même, en l'incorporant à
ce chapitre des services de santé et des services sociaux, un nombre
restreint de ces services qui feront maintenant partie de cet article de loi.
Il en va de même des communications écrites avec les autres
gouvernements, les autres personnes morales, comme c'est cité à
l'article 16, et les communications écrites entre eux et avec le
gouvernement et ses ministères et les autres organismes, comme on l'a
constaté dans les articles précédents.
Je pense qu'on s'est battu autant qu'on a pu, vous le savez, pour tenter
de faire retirer de cet article les services de santé et les services
sociaux. On a même proposé un chapitre spécial qui aurait
pu reconnaître ces services en les soustrayant à l'un ou l'autre
des chapitres. Cela a été impossible à cause des
amendements qui ont été rejetés.
Maintenant, de toute évidence, vous devinez qu'on ne pourra pas
voter pour cet article 24 dans sa constitution actuelle. Quant à la
deuxième partie, qui commence après le mot 1983 et qui se
lit:
"...et prendre, dès l'entrée en vigueur de la
présente loi, les mesures voulues pour atteindre cet objectif", bien
sûr que c'est vague, que c'est imprécis et les articles 124, 125
et 126 le préciseront peut-être davantage. Cela eût
été mieux de les reporter intégralement, comme on l'a
signalé, à ces articles.
Il est de toute évidence que le ministre vient de faire savoir
que les ministériels voteront contre, c'est-à-dire qu'on a
voté contre les amendements proposés et on votera contre cet
article que le gouvernement fera sien, encore une fois. Je ne vous cache pas
que c'est un peu décevant. Je n'ai pas l'intention de faire un long
exposé là-dessus. C'est décevant, de ce
côté-ci de la table, de sentir que les propositions qu'on peut
faire ne sont jamais acceptées et on sait que, jusqu'à
maintenant, le seul amendement qui a été accepté a
été celui des handicapés.
Je pense bien que, quand le gouvernement a décidé de le
laisser continuer à parler anglais ou dans une autre langue, il est
sourd-muet, je ne pense pas qu'on aurait tellement affecté le visage
français du Québec. Si c'est cela qu'on appelle un amendement
majeur apporté par l'Opposition qui est accepté par le
gouvernement, je vous dis qu'il n'y a pas à le crier trop fort, parce
que ce n'est pas cela qui va donner la meilleure contenance au gouvernement. M.
le Président, nous voterons contre l'article 24.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, on semble vouloir s'en prendre
aux légistes qui ont conseillé le gouvernement dans la
rédaction des articles du projet de loi, rédaction dont ils sont,
en grande partie, responsables. Pourtant, M. le Président, ce sont les
mêmes légistes qui conseillaient le précédent
gouvernement et qui ont été les artisans de la rédaction
de la loi 22. Je ne vois pas comment le député de
Marguerite-Bourgeoys pourrait aujourd'hui condamner les mêmes
spécialistes qui, selon lui, l'auraient si bien servi lors du moment de
la rédaction de la loi 22. Il me fait plaisir de prendre ici leur
défense. Je pense qu'ils ont mûri comme du bon vin et ils sont
encore meilleurs en 1977 qu'ils ne l'étaient en 1974.
Quant à la querelle que nous fait le député de
Marguerite-Bourgeoys, ainsi que celui de D'Arcy McGee, elle me fait penser, au
fur et à mesure qu'elle s'allonge et s'étire et se complique,
à la querelle des universaux ou à la querelle sur le sexe des
anges. Il s'agit de la variété la plus extraordinaire de
nominalisme, de casuistique, de scolastique à laquelle je n'ai jamais
assisté à cette commission. Il me semble que ce que nous
reprochent les gens de l'Opposition, c'est précisément ce qu'ils
nous reprocheraient si nous ne l'avions pas mis dans le projet de loi,
c'est-à-dire la souplesse, toute la souplesse désirable. Si nous
n'avions pas mis à la fin de cet article toutes les mesures voulues pour
atteindre cet objectif, si nous n'avions pas mis à un autre chapitre
plu- sieurs mécanismes qui permettront aux services de santé et
aux services sociaux de s'ajuster à l'objectif que nous leur fixons,
nous nous serions encore faits taxer de rigorisme, de faire montre de
coercition, de recourir à des mesures répressives. Et
précisément, dans cet article comme dans beaucoup d'autres, la
rédaction, la formulation sont marquées au coin de la
flexibilité et de la souplesse. C'est précisément ce que
l'on nous reproche. Je dirais au député de D'Arcy McGee que si
les deux dernières lignes sont imprécises, c'est
délibéré, c'est voulu. Justement, c'est un autre nom pour
la souplesse, pour la flexibilité que nous voulons assumer dans les
circonstances, et pour les raisons qu'a très bien mentionnées le
député de Saint-Jacques. Je n'accepte pas cette
référence, par exemple à l'article 172, que nous a faite
le député de D'Arcy McGee, parce que le député de
D'Arcy McGee n'a pas vu qu'avant de recourir à l'article 172, les
organismes concernés pourraient recourir à l'article 124,
à l'article 125 et à l'article 126. En somme, l'Office de la
langue française leur donnerait tout le temps, toutes les chances,
toutes les occasions de s'ajuster aux échéanciers que nous leur
proposons, aux objectifs que nous leur imposons. Ce n'est qu'après toute
une série de rencontres, de discussions, de présentation de
rapports, de discussions à propos de ces rapports que la Commission de
surveillance pourrait intervenir. Et c'est uniquement en face d'une preuve
manifeste de mauvaise volonté ou d'opposition à la
réalisation des articles de la loi que cette commission pourrait
intervenir.
Au contraire, ce que nous visons, M. le Président, c'est un
effort de collaboration, un effort de concertation que les deux
dernières lignes de l'article prétendent assurer, ainsi que les
trois ou quatre articles qui apparaissent beaucoup plus loin. C'est dans cette
optique que nous abordons ce travail difficile, comme l'a dit le
député de Saint-Jacques, et nous espérons, qu'avec ces
mesures, nous pourrons avoir le temps et les occasions pour convaincre les
organismes municipaux, scolaires et les services de santé qu'ils ont
tout intérêt, eux-mêmes, à appliquer la loi de la
meilleure façon possible. Je déplore que l'Opposition veuille se
saisir de ce prétexte pour lutter, pour s'opposer à l'article 24
et pour annoncer sa décision de voter contre l'article 24. J'ai bien
employé le mot de prétexte, M. le Président,
prétexte au surplus légaliste, au surplus qui appartient, qui
ressort du juridisme le plus éclatant.
Car, au fond, ce que l'Opposition veut cacher, c'est qu'elle s'oppose
à la bilinguisation des services de santé, c'est qu'elle s'oppose
à la francisation relative des services sociaux et des hôpitaux,
parce qu'elle ne veut pas reconnaître le droit que possèdent aussi
bien les malades francophones que les travailleurs francophones qui oeuvrent
dans ces hôpitaux, de voir reconnaître enfin leurs droits dans un
pays qui leur appartient.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Lalonde: Envoyez pour la galerie. Se cacher derrière
les légistes, c'est très, très lâche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre! À l'ordre, la parole est à M.
le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je regrette vivement l'intervention que vient de
faire le ministre. Pour utiliser une expression latine, c'est infra dignitate.
Il fait des arguments, des procès d'intention. Il se plaît
à insulter de façon exagérée les
députés qui ont le devoir de s'opposer à ce avec quoi ils
ne sont pas d'accord. C'est le rôle normal d'une Opposition, M. le
Président.
Je pensais avoir, sauf une petite allusion humoristique, à
"être dans les patates", évité des mots
désagréables à l'endroit de qui que ce soit. Je ne crois
pas que le ministre est à la hauteur de lui-même quand il affuble
l'Opposition de mots comme casuistique et juridisme, et que sais-je encore!
Il me semble que nous sommes dans un domaine d'une importance majeure,
un domaine qui avait été omis. Les raisons données par le
ministre, un peu plus tôt dans la journée, ne m'ont pas
semblé convaincantes. Ce domaine a été omis du projet de
loi no 1. À cause de cette omission, les intéressés ne se
sont pas prévalus du droit qu'ils auraient eu de venir témoigner
et expliquer devant la commission parlementaire... C'est vrai que le ministre,
comme moi, a une certaine expérience de ces institutions, mais je
suggère respectueusement que le ministre, comme moi, depuis un certain
nombre d'années, est actif plutôt dans le domaine de la vie
publique...
M. Laurin: L'an dernier, j'étais là.
M. Goldbloom:... et il n'a peut-être pas eu assez de
contacts avec tout l'éventail des institutions et des services
représentés dans ce domaine. Ayant agi de façon a priver
ces personnes de l'occasion de s'exprimer publiquement sur la question,
d'entretenir un dialogue public comme les autres intéressés
60 sur 264 au moins ont pu le faire le ministre, en compagnie de
son collègue des Affaires sociales, a rencontré des porte-parole
et a échangé une certaine correspondance.
Aujourd'hui, les autres membres de la commission, et je parle,
notamment, pour ceux qui siègent de ce côté-ci de la table,
parce que, par définition et ne me comptez pas d'histoire, M. le
Président, vous ne le ferez pas, s'il est vrai qu'il y a eu, de temps en
temps, au sein d'un parti ministériel une opposition circonstancielle,
oui, cela s'est produit, mais c'est une situation exceptionnelle les
députés ministériels, surtout sur ce projet de loi, en
font preuve depuis le début de nos débats, ils appuient sans
réserve tout ce que dit le ministre, comme si c'était l'Evangile.
Ce sont notamment les députés de l'Opposition qui ont
été privés de la possibilité d'examiner
publiquement, avec les intéressés, toutes les implications de
cette série d'articles. À cause de cela, si, aujourd'hui, nous
trouvons que le gouvernement va trop loin, tout en acceptant et combien
de fois l'ai-je dit la thèse fondamentale que le Québec
doit se donner un visage de plus en plus français, mais dans le respect
de la présence et de la vitalité des minorités qui
existent en son sein.
Or, M. le Président, ce n'est pas celui qui vous parle à
qui on peut imputer une volonté de priver le moindrement la malade
francophone de tous les services et de toutes les communications qui feront que
sa santé sera rétablie et que son anxiété sera
soulagée. M. le Président, c'est ce que je fais depuis plus de 28
années maintenant et je pense avoir établi devant l'opinion
publique mes états de service à cet égard.
C'est peut-être surtout pour cela, M. le Président, que je
trouve gratuites les insultes offertes par le ministre en disant tout
simplement qu'il n'est pas d'accord avec le point de vue de l'Opposition. Il
aurait pu le dire d'une façon beaucoup plus courtoise et je regrette
qu'il ne l'ait pas fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de D'Arcy McGee. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il n'était pas
dans mes intentons de reparler sur l'article 24. J'avais fait part de ce que
serait la position de l'Opposition officielle, mais devant les affirmations
absolument gratuites du ministre d'État au développement
culturel, qui, une fois de plus, en dernière analyse, a toujours recours
à sa série d'épi-thètes, je dois reparler je pense
que, tout au long, nous avons dit que nous étions pour la
bilinguisa-tion des services publics et parapublics qui ont affaire avec la
population en général et qui doivent rendre des services à
la population francophone.
Je pense que j'ai eu à m'expliquer deux fois ou trois fois ce
matin là-dessus. Je pense que c'est une affirmation absolument gratuite
même si on m'a dit qu'on ne pouvait pas imputer de motifs. Quand on dit
qu'on veut remettre au chapitre V la langue des services de santé et des
services sociaux, que c'est une façon détournée de ne pas
accepter qu'ils puissent en venir à servir la population francophone,
c'est inexact. Je pense qu'à ce moment-ci, on pourrait parler
d'improvisation, parce que c'était quand même ce qui était
dans la loi no 1 et c'est ce que le gouvernement avait prévu.
Maintenant, quelqu'un, dans sa sagesse ou dans son autoritarisme, entre
la loi 1 et la loi 101, a décidé que non, qu'il fallait utiliser
la méthode forte, qu'il fallait bien s'assurer qu'on ait toutes les
possibilités de contrainte et qu'on en arrive finalement à la
francisation et non pas à la bilinguisa-tion des institutions que le
gouvernement a reconnues comme des institutions appartenant à la
communauté anglophone.
C'était dans ce sens que nous croyions, compte tenu des autres
dispositions de la loi, je reviens encore une fois à des articles 2, des
articles 4, des articles 28 et suivants, cet objectif pouvait être
atteint sans rigueur outrancière et inutile, sans cette rigueur qui,
finalement, va empêcher la réalisation des objectifs de
francisation ou de bi-linguisation de ces organismes anglophones publics ou
parapublics.
Ce pourquoi je reviens à la charge, c'est que je pense que ce que
le ministre d'État au développement culturel a dit est une
déformation des faits et une déformation de ce que nous avons
affirmé depuis le début de ces débats sur la langue des
services de santé et des services sociaux. Je pense que, quand le
gouvernement ne se rend pas, comme ce matin, à un amendement qui est
celui de faire passer en premier lieu la prudence, le service aux usagers, aux
bénéficiaires et non pas un objectif politique qui va à
l'encontre de tout ce qui est normalement requis pour servir les
bénéficiaires, les patients, je pense que c'est le gouvernement
qui se trompe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cet article 24 est adopté? Les travaux de la commission sont
suspendus jusqu'à 20 heures. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous serez reconnu.
(Fin de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Nous continuons la séance de cet après-midi. Le quorum est
présumé. ...sur l'article 24.
Mme Lavoie-Roux: On propose le vote sur l'article 24, M. le
Président.
M. Grenier: Appel nominal.
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal.
M. Bertrand: M. le Président, je vais prendre la parole
avant...
Mme Lavoie-Roux: "Filibuster"! "Filibuster"! M. Bertrand:
À l'article 24...
M. Grenier: II n'est plus question qu'on retarde les
débats?
M. Bertrand: Sur l'article 24 qui se lit comme suit, je voudrais
que les membres de la commission prennent bien conscience de l'article sur
lequel ils sont appelés à voter.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, faites simplement lire l'article 145. Vous aurez un moyen beaucoup plus
efficace...
M. Bertrand: C'est celui qui demande de constater le quorum, M.
le Président?
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Bertrand: II y a d'autres moyens d'être efficaces, M. le
Président. On peut s'en prévaloir.
Mme Lavoie-Roux: On s'en va à 20 h 30.
M. Lalonde: La décence prend le dessus.
M. Bertrand: Je pense qu'il y a moyen de dire un certain nombre
de choses conformément à ce que permettent nos règlements,
à savoir que chaque député a un droit de parole de 20
minutes...
M. Lalonde: C'est du "filibuster".
M. Bertrand: ...selon l'article 70, si ma mémoire est
bonne.
Le Président (M. Cardinal): C'est 160. M. Bertrand:
C'est 160.
M. Grenier: Me permettez-vous une suggestion au
député de Vanier?
M. Bertrand: Une question en vertu de l'article 100? Je suis
prêt à répondre.
Mme Lavoie-Roux: Honnêtement, on rit de nous.
M. Lalonde: Sérieusement, j'invoque le quorum.
Le Président (M. Cardinal): D'accord!
M. Lalonde: Nous sommes ici. Nous ne l'avons pas invoqué
pour l'ouverture, mais il y a maintenant une question de décence.
À 20 h 10, le gouvernement n'est pas là! L'Opposition est ici, au
complet: quatre libéraux et deux de l'Union Nationale.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je suis aussi sérieux que vous. À 20 h 10,
je constate que, même si le quorum est présumé, l'on peut
l'invoquer. C'est ce que vous avez fait et, à ce moment, je ne puis pas
commencer les travaux de cette commission tant qu'il n'y aura pas quorum.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à ce qu'il y
ait quorum.
Mme Lavoie-Roux: On a quorum.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'or- dre, s'il vous plaît! J'ai constaté...
M. Laplante: J'ai le droit à 20 minutes.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a personne qui ait le
droit à 20 minutes. J'ai constaté, en vertu de l'article 145
et je vais le vérifier qu'il y a quorum.
Nous pouvons commencer les délibérations de cette
commission.
M. Grenier: S'il vous plaît!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Puis-je proposer le vote sur l'article 24? Appel
nominal.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais, à ce
moment-ci de nos délibérations, prenant prétexte de la
discussion sur l'article 24, simplement dire aux membres de la commission que,
depuis le début de nos travaux en cette commission parlementaire pour
l'étude, article par article, du projet de loi no 101, nous n'avons
réussi tout au plus qu'à étudier une quarantaine
d'articles.
Mme Lavoie-Roux: La pertinence du débat. M. Bertrand:
... de ce projet de loi...
M. Lalonde: La pertinence du débat, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord.
M. Bertrand: Or, au moment d'aborder l'article 25, au moment de
mettre fin à l'étude de l'article 24, le moins qu'on puisse dire
est que l'ensemble des discussions qui ont porté sur la langue ou les
langues qui devaient être reconnues d'usage au niveau des organismes
municipaux, scolaires, au niveau des services de santé et des services
sociaux et autres services reconnus en vertu de l'article 108, le moins qu'on
puisse dire est que jusqu'à maintenant, l'Opposition a certainement
trouvé tout le temps nécessaire pour faire valoir son point de
vue et exprimer le fond de sa pensée sur la nécessité de
faire en sorte que la majorité et la minorité trouvent leur
compte dans ces articles qui touchent à un secteur
particulièrement délicat, à savoir celui de la
santé, entre autres choses. La raison pour laquelle le gouvernement
voudrait inciter à ce stade-ci l'Opposition officielle à faire
preuve de plus de diligence dans les travaux, à faire en sorte que nous
puissions et je pense qu'en cela, nous serions tout à fait
conformes à un voeu exprimé par d'autres membres de l'Opposition
reconnue aborder l'étude d'articles qui sont inclus dans un autre
chapitre et qui sont peut-être, dans un certain sens, aussi importants,
sinon plus importants que tous ces articles que nous avons discutés sur
la langue de l'administration.
Au moment de prendre une décision sur le sort qui doit être
réservé à l'article 24, je pense qu'il serait tout
à fait conforme à l'esprit qui préside à ces
travaux, surtout au moment où on sent que va bientôt s'abattre sur
la commission, de par le voeu de l'Assemblée et non de par le voeu de la
commission elle-même, parce que nous sommes toujours dans l'ignorance la
plus totale...
Mme Lavoie-Roux: ... si vous pouvez arrêter...
M. Bertrand: ... de ce qui se déroule à
l'Assemblée nationale, je pense qu'il serait donc fort utile pour la
nation que nous puissions toucher d'autres chapitres de la loi et faire en
sorte que nous puissions, par exemple, discuter du chapitre sur la langue de
travail, qui concerne des milliers et des milliers de travailleurs du
Québec.
Pour ces raisons, je demanderais que nous puissions adopter l'article 24
à l'unanimité.
Le Président (M. Cardinal): Madame et messieurs,
après 208 heures et 24 minutes de présidence, avec l'aide
particulièrement de M. le député de Jonquière, et
d'autres députés, ceux de Bourassa et de Châteauguay, je
vous avoue que je suis un peu malheureux à cette heure. J'ai presque
l'impression que la crédibilité de la présidence est mise
en doute.
J'aurais pu, il est exact, appeler le vote, il y a quelques minutes.
J'espère qu'on ne m'en voudra pas non pas de ne pas en avoir
profité, mais pas exécuté ce qu'on demandait.
J'espère surtout que les dernières heures de cette commission ne
feront pas que tout le travail qui a été accompli sera
détruit par quelques incidents de procédure.
Vous devez le deviner, à chaque moment, je dois exercer, dans une
certaine mesure, le jugement qui m'est accordé. J'espère que l'on
me par-
donnera ce délai qui a été causé par ce qui
vient de se produire.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, avant de continuer sur
l'article 24...
Le Président (M. Cardinal): L'article 24, oui.
M. Lalonde: ...permettez-moi de vous rassurer en ce qui concerne
l'Opposition officielle, par rapport à la crédibilité de
la présidence. L'incident de ce soir qui a vu, à 20 h 10, six
députés de l'Opposition, deux de l'Union Nationale et quatre du
Parti libéral, donc tous les effectifs de l'Opposition, attendre les
députés ministériels pour ouvrir les débats, la
séance ne vous ont sûrement pas fait fléchir, M. le
Président. Le quorum étant présumé, vous avez
ouvert la séance...
Le Président (M. Cardinal): Oui, je l'ai fait.
M. Lalonde: ...j'ai moi-même fait appel à l'article
du règlement qui vous demandait de constater le quorum. À ce
moment-là, le député de Vanier, comme c'est son droit, en
vertu du règlement, a pris la parole, et laissez-moi vous dire qu'en ce
qui concerne la présidence, quant à nous, nous n'avons aucun
doute sur la crédibilité de la présidence et sa
façon de mener les débats. Si, par hasard, la guillotine tombant
sur notre cou, nous n'avions pas le loisir d'exprimer notre opinion, notre
satisfaction en ce qui concerne la conduite des débats par la
présidence, que ce soit vous, M. le Président, qui ayez
été à la chaise de la présidence ou un de vos
remplaçants, laissez-moi, en quelques mots, simplement vous dire que,
soit à l'occasion du projet de loi 101 ou de son
prédécesseur, jamais nous n'aurons un mot à redire. Au
contraire, la présidence a toujours été, d'après
nous, inspirée par le respect du règlement, la sagesse, souvent
même la fraîcheur et l'humour.
N'eût été cette direction de nos travaux, Dieu sait
à quel niveau du débat nous serions. Ceci dit...
M. Chevrette: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Je n'ai rien dit, M. le Président.
M. Lalonde: Ceci dit, M. le Président, j'ai soulevé
des doutes à l'égard de la technique législative qui a
été adoptée dans la rédaction des articles 24 et
suivants. Réagissant à ces interrogations, le ministre
d'État au développement culturel n'a pu trouver autre chose que
le persiflage qu'on a entendu avant l'ajournement. La méthode est
classique, M. le Président; pris de court, ne connaissant pas la
réponse, la tentation était grande d'enterrer la question sous un
amas d'injures et de bassesses pour distraire la galerie. C'est ce à
quoi le ministre a consacré ses talents tantôt. Pourtant, personne
ne sera dupe.
M. Chevrette: La pertinence de la question.
M. Lalonde: Après des semaines de débats, souvent
longs, mais toujours francs de la part de l'Opposition officielle, cette
dernière, malgré la menace tangible et immédiate d'un
bâillon odieux, continue de préparer et de proposer des
changements visant à améliorer le projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. À l'ordre, s'il vous
plaît! La seule personne que je reconnaisse, qui ait demandé la
parole... à l'ordre, s'il vous plaît! c'était M. le
député de Bourassa, sur une question de règlement.
M. Laplante: Ce n'est pas sur ce que dit le député
de Marguerite-Bourgeoys, mais dans le règlement qui dit qu'après
qu'on a demandé le vote, si le député de
Marguerite-Bourgeoys a demandé le vote, au début de la
séance de ce soir, est-ce qu'il peut y avoir un autre droit de
réplique actuellement ou si c'était seulement pour le plaisir de
demander un vote?
Le Président (M. Cardinal): En commission parlementaire,
il n'y a pas de droit de réplique. J'ai mentionné tantôt
que je n'étais pas heureux de l'incident qui s'est produit devant moi ce
soir. M. le député de Marguerite-Bourgeoys a agi en gentilhomme
en invoquant l'article 145, ce qui m'a permis de suspendre la
séance.
Je voudrais que tous en soient conscients et que l'on constate et
là, ce n'est pas moi que je mets en cause le rôle de la
présidence dans une circonstance semblable. Je voudrais que l'on en
revienne au fond du débat. Nous en sommes toujours à l'article 24
et je continue à tenir le temps comme je l'ai toujours fait.
M. Laplante: M. le Président, ce que je veux vous
signaler, c'est que, lors de la réouverture, c'est exact que le
député de Marguerite-Bourgeoys a demandé une suspension de
la séance; lorsqu'on a eu quorum, à ce moment-là, le
député de Marguerite-Bourgeoys a demandé le vote.
Là, le député de Vanier s'est prévalu de son droit
de parler durant vingt minutes. Après cela, le député de
Vanier a dit: On a terminé, et personne de nous ne veut prendre la
parole. Est-ce que le vote était annoncé à ce
moment-là?
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Vanier a encore 18 minutes, s'il veut encore
s'exprimer.
M. Laplante: Oui, mais, en renonçant à son droit,
le vote ne revient pas là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): II n'a pas renoncé
à son droit.
M. Laplante: Je crois que ce n'était qu'un "show" que le
député de Marguerite-Bourgeoys voulait nous présenter.
Le Président (M. Cardinal): II n'a pas renoncé
à son droit. En vertu de l'article 160, chaque député
membre d'une commission parlementaire peut s'exprimer sur chacune des motions,
sur chacun des points, sur chacun des articles, pendant vingt minutes
d'affilée ou par pièces.
M. le député de Joliette-Montcalm, je suppose que c'est
sur une question de règlement.
M. Chevrette: C'est une demande de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que si quelqu'un demande le vote, cela ne
présume pas qu'il est suffisamment informé? Comment peut-il
invoquer ou demander un droit de parole après avoir demandé le
vote? Pourriez-vous répondre à cela, s'il vous plaît?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, lorsque la demande de vote a été
proposée, et je vous avoue très franchement que je ne sais plus
par qui, parce que j'ai entendu deux ou trois opinants...
M. Chevrette: Par le député de
Marguerite-Bourgeoys?
Le Président (M. Cardinal): Et je ne l'ai pas prise au
sérieux. Si je l'avais prise au sérieux, nous ne serions pas
rendus à la même...
M. Chevrette: Est-ce que je peux interpréter que vous
l'avez prise comme une stratégie...
Le Président (M. Cardinal): Vous ne m'embarquerez pas dans
une question de partisanerie politique et de stratégie politique.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Sur une question de directive, M. le
Président, je n'étais pas ici à 20 heures pile...
M. Goldbloom: On a constaté cela.
M. Paquette: Vous avez constaté cela. Moi, j'ai
constaté plusieurs fois votre absence aussi.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Laissez faire les duos.
M. Paquette: Je ne voudrais pas entrer dans ce débat parce
que ce n'est pas la première fois que cela arrive.
Le Président (M. Cardinal): II n'est pas question de
débat, d'ailleurs!
M. Paquette: Je me rappelle que, la veille de la
Saint-Jean-Baptiste, nous étions onze à siéger et il y
avait un député de l'Opposition, un seul. Maintenant, j'aimerais,
puisque l'Opposition est prête à voter, qu'on passe
immédiatement au vote de l'article 24 parce qu'il y a d'autres articles
extrêmement importants dans ce projet de loi qu'on devrait avoir
l'occasion de discuter.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vous
répondrai tantôt. M. le député de D'Arcy McGee sur
la même question de règlement.
M. Goldbloom: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le député de
Joliette-Montcalm, je voudrais dire tout simplement qu'entre le moment
où des députés de l'Opposition ont proposé le vote
sur l'article et le moment de l'intervention du député de
Joliette-Montcalm, le député de Vanier avait pris la parole. Il
était donc normal que le député de Marguerite-Bourgeoys,
si c'était lui qui avait demandé le vote, puisse quand même
réagir aux propos du député de Vanier. Le fait donc
d'avoir suggéré le vote auparavant n'était pas à
mon sens contraignant.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de D'Arcy McGee. Écoutez, n'exigez quand même
pas tout de la présidence et, par-dessus tout, autre chose en plus. M.
le député de Vanier, à 20 h 12, a demandé la
parole. Il a parlé pendant deux minutes exactement. J'ai
considéré, et je le répète, que la demande du vote
qui a précédé n'était pas une demande
sérieuse qui était purement une stratégie, et cela, c'est
une motion en vertu de l'article 65, 1er paragraphe, qui me permet de juger du
but de cette motion. Je regrette, si j'ai dû, pour des raisons et
je le dis très sincèrement de démocratie, refuser
cette mise aux voix, de même que, s'il n'y avait pas d'Opposition et, de
même, s'il n'y a pas de députés ministériels, je ne
procéderais pas au vote.
C'est ainsi que j'ai agi et la commission ou l'Assemblée
nationale jugera de mon attitude.
Je voudrais, s'il vous plaît, je voudrais que l'on prenne cela
très sérieusement parce que, si jamais une autre situation
semblable se produit, je la prendrai peut-être au sérieux.
M. le député de Mégantic-Compton, je suppose que
c'est sur une question de règlement ou de directive.
M. Grenier: Question de règlement, M. le Président,
pour préciser que ce vote, bien sûr, c'était au
début de la séance et il était presque 20 h 10. Je pense
que vous avez vite saisi la situation et vous n'avez pas d'excuse à
fournir à la commission.
Quand le député de L'Acadie et moi-même avons
demandé le vote, vous avez senti que c'était bien plus pour
blaguer et, à ce moment, le député de Vanier, une fois le
quorum constaté il y avait insuffisamment de
députés du côté du gouvernement le
député de Vanier a jugé bon de prendre la parole pour
utiliser le temps en attendant qu'il arrive suffisamment de
députés ministériels, ce qui est absolument normal et ce
qui se fait régulièrement autour d'une table ici, quand le
gouvernement est minoritaire. On tâche de trouver le temps...
S'il y avait eu de la méchanceté de ce
côté-ci de la table, d'autres occasions se sont
présentées, spécialement le lundi 8 août, alors que
le gouvernement était encore en minorité; on aurait pu demander
un vote n'importe quand et battre le gouvernement.
Il est bien évident que ce qui s'est passé... Comme l'a
fait tantôt le député de Marguerite-Bourgeoys, jamais nous,
de l'Union Nationale, ne profiterions d'une telle situation. C'était
l'esprit qui animait tout à l'heure le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est-à-dire sauter sur une occasion qui serait
vraiment indécente, à mon sens, au début d'une commission,
pour battre le gouvernement. Il n'y a personne qui nous trouverait drôle,
en commençant par le président, et je ne pense pas que mon parti
me trouverait drôle de proposer une telle chose.
Il est bien évident que c'était de bon aloi, de bonne
guerre de le faire à l'ouverture d'une commission. J'aimerais bien que
vous ne sentiez pas le besoin d'expliquer aux députés
ministériels que votre poste a été affecté par
cela. Loin de là. Cela a été une bonne boutade au
début, qui semblait avoir un tour de sérieux... Qu'on continue
tout de suite d'étudier la motion à l'article 24.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. À l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant. À l'ordre!
On ne va pas discuter de cela toute la soirée.
M. Chevrette: Puis-je proposer un vote de félicitations
à tout le monde et on commence?
Le Président (M. Cardinal): Non. Une voix: Tout le
monde est bien fin.
Le Président (M. Cardinal): Non. À l'ordre! Ce
serait une motion et l'article 160 s'appliquerait. Je rappelle...
M. Chevrette: Etre certain qu'ils ne parleraient pas 20 minutes
chacun, je le proposerais.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Remarquez bien qu'un certain vendredi, j'ai failli voter et je
vous ai même dit: Je vous remercie de m'avoir dispensé de cette
obligation.
Je voudrais bien que cet incident... Là, vraiment, je dois le
dire, je n'ai pas de félicitations à faire au parti
ministériel à l'occasion de cet incident et je remercie les
représentants des partis de l'Opposition de l'appui qui m'a
été accordé.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je dois vous dire que je suis entièrement
d'accord...
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le
député de Mont-Royal auparavant, M. le député de
Châteauguay ensuite.
M. Dussault: Ce sera bref, mais, à la suite des propos de
M. le député de Mégantic-Compton, je tiens quand
même à dire que le 8 août au matin, il n'y a pas eu de
danger. Il n'y a pas eu de problème de quorum. Je crois que c'est
important de clarifier cet événement parce que c'est à
partir de fausses bases que M. le député avance cette chose.
M. Grenier: Je ne veux pas donner de noms ici et j'ai le papier.
Je le soumettrai privément au député. Je ne veux pas
donner de noms ici.
M. Dussault: Je l'apprécierais. J'étais là
chaque matin et il n'y a pas eu de problème de ce genre.
M. Grenier: Mais nous étions en minorité à
ce moment-là et qu'on cesse de dire cela parce que je peux donner les
noms officiellement au journal des Débats.
J'ai le papier en main.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, s'il vous
plaît! Je sais que tout cela est enregistré au journal des
Débats, que les journalistes sont présents, qu'il y a un public
devant nous. Je donne la parole a M. le député de Mont-Royal et
je vais revenir à l'article 24.
M. Ciaccia: Brièvement, pour vous dire que je suis
entièrement d'accord avec votre décision et sur la façon
dont vous l'avez prise. Je partage aussi les propos de mon collègue, le
député de Marguerite-Bourgeoys, et, à l'appui de votre
décision, je voudrais seulement souligner, pour répondre à
la question soulevée par le député de Bourassa, que,
souvent, le ministre appelle demande un vote sur un article après que
nous sommes intervenus; cela n'enlève pas le droit de parole au ministre
ou à un député ministériel... Ils continuent.
Alors, il y a assez de précédents pour appuyer votre
décision, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous savez, M. le
député de Mont-Royal, que le ministre proposeur de la motion a un
droit illimité de parole.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais les autres sont revenus.
Le Président (M. Cardinal): Les autres ont un droit en
vertu de l'article 160, et j'espère que nous allons oublier tout cela,
tous tant que nous sommes, et continuer à vivre ensemble bien
amicalement, pour le reste de la soirée, sans compter que nous aurons la
journée de demain.
Nous sommes à l'article 24, et au moment où nous avons
quitté l'article 24, M. le député de Marguerite-Bourgeoys
avait la parole sur l'article 24; je recommence à compter le temps pour
vous, à compter du moment présent.
M. Lalonde: Merci, M. le Président, j'ai peut-être
pris deux minutes depuis le début de cette séance, et il est
maintenant 20 h 32.
Le Président (M. Cardinal): J'ai marqué 20 h 31
pour vous, voulez-vous que je marque 32?
M. Lalonde: Non, cela va. D'autant plus que les objections que
j'ai soulevées cet après-midi, à propos de l'article 24,
ne touchent pas le fond, ne touchent pas la conception ou l'option fondamentale
du gouvernement. Ces objections visent plutôt à rendre la loi plus
réaliste, plus facile d'application, en fait, plus cohérente.
Dans sa réponse, le ministre a parlé de souplesse, il a
invoqué les légistes, et il a terminé en accusant
l'Opposition d'éviter la reconnaissance du français dans le
secteur des services de santé et des autres services mentionnés
à l'article 34. Mes collègues ont répondu à cette
dernière accusation.
Il reste que le ministre n'a pas répondu à mes objections,
qui se situent au niveau de la cohérence législative.
Seule la vaine prétention du parrain du projet de loi peut
expliquer une attitude aussi dépassée à l'égard de
la réalité législative qu'on nous propose de maquiller
sous l'illusion d'un roman, de phrases creuses, de lieux communs appartenant au
vocabulaire cryptorévolutionnaire des illuminés de salon. Le
refus du ministre de discuter ouvertement de la technique législative,
en se cachant bravement derrière des légistes qui ne sont
même pas ici pour protester de leur compétence, ne peut
procéder que du narcissisme pitoyable dont le député de
Saint-Laurent faisait état à l'Assemblée nationale, et qui
veut protéger ce texte qu'on nous propose de toute modification, telle
une souillure.
L'ignorance du ministre à l'égard des problèmes que
j'ai soulevés est tragique, dans le sens qu'elle entraîne non
seulement le gouvernement, mais, derrière lui, tous les
Québécois dans une aventure dont ces derniers paieront la
note.
Le ministre a parlé de souplesse, qui visait à enlever le
caractère de répression dont on a accusé le gouvernement
dans ce projet de loi. M. le Président, laissez-moi vous dire que la
répression, souvent, s'inscrit dans l'arbitraire et c'est ce que ce
projet de loi contient dans plusieurs articles, y compris l'article 24.
Lorsqu'on propose des articles comme l'article 24, et je me
réfère surtout à sa dernière partie, ainsi
qu'à l'article 124, que j'ai eu l'occasion de mentionner, on crée
des situations floues, des situations qu'on veut souples, mais à propos
desquelles on admet d'avance et j'invoque les propos du ministre
à cet égard la sagesse de l'Office de la langue
française. Mais ce n'est pas le ministre, ce n'est pas le gouvernement
qui va prendre ces décisions quotidiennes à propos de
l'application, ce sont des fonctionnaires, naturellement bien
intentionnés, mais encore faut-il leur donner des critères, des
articles de loi clairs, autrement, c'est l'arbitraire qui sera la loi, et c'est
ce qu'on veut éviter et c'est ce qu'on doit éviter comme
législateurs, nous, autour de cette table.
Ainsi, le ministre a dit: Lorsqu'il y aura apparence manifeste de
mauvaise volonté, l'office pourra intervenir. Mais c'est encore
là une illustration de l'arbitraire auquel on aura permis, si on adopte
cet article 24, de s'inscrire dans cette loi.
L'arbitraire est la corruption de la loi. La loi doit demeurer notre
institution fondamentale en démocratie. Une mauvaise loi, même
administrée par le meilleur des gouvernements, par la meilleure fonction
publique, va toujours demeurer une mauvaise loi.
Alors, je pense que nous avons toutes les raisons, M. le
Président, non pas les raisons qui ont été
persiflées par le ministre tantôt, mais toutes les raisons
fondamentales, comme législateurs, de voter contre cet article 24.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa. Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Bertrand: Adopté. M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 24, tel que préalablement lu, est adopté sur
division.
Nouvel article 25
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle maintenant le nouvel article 25 qui se lit comme suit c'est
une motion principale :"Les organismes scolaires, les services de
santé et les services sociaux reconnus en vertu de l'article 108f
peuvent utiliser à la fois la langue officielle et une autre langue dans
leurs communications internes." Est-ce que cet article 25 est adopté? M.
le ministre.
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je reviens à l'amendement que j'avais
proposé quant à la confidentialité des dossiers, mais
avant de le proposer, j'y ai fait quelques changements. Je vais vous les
soumettre dans quelques instants.
Je voudrais, avant de lire ma motion d'amendement, dire au parti
ministériel, et particulièrement au ministre, qu'il ne s'agit pas
de ne pas accepter que les services médicaux soient donnés dans
les deux langues. Il ne s'agit pas d'attaquer la langue française. Je
réalise que c'est une langue de gens très civilisés. Tous
les autres arguments qu'on nous fait valoir et qu'on nous renvoie chaque fois
que nous avons une suggestion ou une recommandation à faire, nous les
avons tous entendus, M. le Président.
Ma motion d'amendement concerne strictement la confidentialité
des dossiers. Je propose, par conséquent, que l'article 25 soit
modifié en ajoutant l'alinéa suivant: "Nonobstant toute dis-
position de la présente loi, nul ne peut effectuer une
inspection, un examen ou une enquête concernant un dossier confidentiel
en vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
(1971, chapitre 48), à moins d'y être préalablement
autorisé par l'ordre d'un tribunal, expressément ou implicitement
par le patient."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Sur la recevabilité, M. le Président.
Je vous avoue qu'à priori je ne suis pas du genre rébarbatif
à toute forme d'amendement. Je vous avouerai même qu'au contraire
la discussion ne peut être que fructueuse, dès lors que
l'Opposition nous apporte des amendements et, donc, permet d'améliorer
nos lois. Mais dans ce cas très précis, M. le Président,
je voudrais qu'on comprenne très bien ou qu'on fasse comprendre
très bien à quel titre ce nouvel alinéa peut s'ajouter au
paragraphe de l'article 25 que nous avons déjà. L'article 25 fait
mention des organismes scolaires, des services de santé et des services
sociaux, et parle de l'utilisation de la langue officielle et d'une autre
langue dans les communications internes.
Là, il est très spécifiquement question de services
de santé et de services sociaux. Il est question des dossiers et de la
confidentialité des dossiers. Je vous fais valoir très
humblement, M. le Président, que je considère cette motion
d'amendement et l'ajout de l'alinéa comme sans aucune suite logique avec
l'alinéa qui précède. À moins que le
député de Mont-Royal ne l'ait devant lui, nous avons
déjà devant nous ces motions d'amendement du gouvernement
ont été déposées et distribuées à
l'ensemble des membres un nouvel article qui se situerait après
l'article 25, avant l'article 26, qui est l'article 25a.
Il parle des services de santé et des services sociaux, des
pièces versées au dossier et de la langue de ces dossiers et de
la rédaction pour chacun des services de santé et des services
sociaux, alors je ne comprends pas selon quelle cohérence et sur quel
principe d'économie de la loi on se fonde pour faire venir cet
alinéa à ce moment-ci, à l'article 25.
Je ne vois pas la logique et là-dessus, je pense que c'est votre
rôle en tant que président de la commission de voir à ce
que tout de même une motion d'amendement, aussi valable soit-elle dans
son fond, dans son principe, puisse être discutée au bon moment et
c'est uniquement ce que je fais valoir. Cela n'a rien à voir avec la
pertinence de l'amendement et c'est uniquement sur la recevabilité
à ce stade-ci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
une intervention de l'Opposition officielle sur la recevabilité.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la recevabilité, en ce qui concerne soit
l'article 70 ou les autres articles pertinents, je pense que cette motion est
parfaitement recevable.
Il est vrai que l'article 25 traite des organismes scolaires, des
services de santé et des services sociaux, mais vous remarquerez que
justement l'amendement traite de la Loi des services de santé et des
services sociaux. Donc, c'est une exception au texte même du nouvel
article 25 qui traite, en plus des organismes scolaires, des services de
santé et des services sociaux.
Quant à l'ordre dans lequel l'amendement se trouve à
inclure la référence au dossier, je vous invite, par exemple,
à lire les articles 9 et 10 du projet de loi qui sont déjà
adoptés, où l'article 9 dit: "Seul le texte français des
lois et des règlements est officiel." Alors que c'est seulement à
l'article 10 qu'on parle d'une version anglaise possible et, si on avait
traité d'une façon aussi stricte, aussi limitée,
l'argument du député de Vanier, on n'aurait pas admis que le
gouvernement nous parle d'un seul texte français officiel à
l'article 9, étant donné que c'est seulement à l'article
10 qu'on suggère l'existence d'un autre texte.
Alors, le fait que cet amendement qui concerne les dossiers apparaisse
avant l'article 25a qui lui aussi traite de dossiers, ne m'apparaît pas
comme étant un défaut qui devrait aller à l'encontre de la
recevabilité.
Enfin, je vous ferai remarquer que l'article 25 est justement là
pour traiter des communications internes et, comme vous avez entendu les
témoignages, y compris les témoignages du ministre dans une de
ses interventions il y a quelque temps aujourd'hui ou la semaine
dernière disant que "communications internes", c'est plus loin
que dossier, mais cela comprend un peu les dossiers et aussi l'opinion, peut
être un obiter dictum, parce que cela ne faisait peut-être pas
partie de la décision du président à ce moment; mais c'est
cet après-midi, je crois, celui qui occupait le siège que vous
occupez actuellement, en décrétant que cette motion d'amendement
du député de Mont-Royal à l'article 23 ou à
l'article 24 était prématurée et que cela devait
être justement à l'article 25, à cause du fait que
l'article 25 traite de communications internes.
Alors, tous ces arguments plaident en faveur de la
recevabilité.
M. Goldbloom: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee sur une question de règlement.
M. Goldbloom: L'article de notre règlement que j'invoque
est précisément celui qui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas sur la recevabilité que vous... M. le député de D'Arcy
McGee?
M. Goldbloom: Non, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. S'il vous plaît, puisqu'on ne permet qu'une seule intervention
par parti politique sur la recevabilité...
M. Goldbloom: J'ai compris cela, mais j'ai invoqué le
règlement en faisant allusion à cet article qui empêche les
membres de cette Assemblée nationale de contester les décisions
de la présidence et c'est justement pour vous rappeler, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee, je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys l'a rappelé à la présidence.
M. Goldbloom: Vous l'avez compris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
verrez tout à l'heure si j'ai compris.
M. Goldbloom: Excellent. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, l'amendement proposé
par le Parti libéral, au strict regard de l'article 70, je pense bien,
est des plus recevables; nous aurions eu tendance, quant à nous,
à fixer un pareil amendement à l'article 25a alors qu'on dit,
dans les services de santé et les services sociaux, "les pièces
versées au dossier clinique sont rédigées en
français ou en anglais à la convenance du rédacteur."
Cependant, à l'article 25, il y a sa place, étant donné
qu'on implique également les services de santé et les services
sociaux. Peut-être le jugerez-vous prématuré, comme cela a
été fait à l'article 24, mais je pense qu'il appartient
à l'Opposition officielle de le rapporter à ce moment-là,
si ça devait être le cas.
Cependant, il semble qu'en vertu de l'article 70, il devrait être
jugé recevable et que sa pertinence avec l'article 25 peut être
discutée, mais il peut être également acceptable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Évidemment, je suis placé dans une situation passablement
difficile, compte tenu du fait que j'étais présent lorsque la
présidence, cet après-midi, a jugé cette motion
prématurée en alléguant, dans un obiter dictum et non pas
dans un dispositif, que cette motion serait plutôt à sa place
à l'article 25.
Je pense que, si je mettais cette motion aux voix à ce moment-ci
et si, par hypothèse, elle était battue, je causerais un
préjudice énorme et irréparable à celui qui
présente cette motion, puisque, si elle était battue, il ne
pourrait revenir à l'article 25a avec une motion identique, cette chose
ayant été jugée à ce moment-là. J'estime
que, compte tenu de l'article 25 et de l'article 25a qu'on a
considérés comme étant une motion principale, j'estime que
ce serait causer un préjudice au député de Mont-Royal que
de l'accepter à ce moment-ci. En conséquence, pour lui permettre
de la représenter à l'article 25a qui, après lecture, me
semble s'appliquer beaucoup plus que l'article 25, je le dis avec tout le
respect que je dois à la présidence...
Mme Lavoie-Roux: À la présidence indivisible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...indivisible, je me dois, compte tenu du fait que c'était un obiter
dictum et non pas un dispositif, de ne déclarer ni recevable, ni
irrecevable la présente motion, mais de déclarer, encore une
fois, prématurée, avec beaucoup plus de succès la
prochaine fois pour le député de Mont-Royal.
M. Bertrand: Cela ne fera pas des enfants forts.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voulais simplement vous faire remarquer, M. le
Président, que le fait que nous ayons présenté cette
motion, que le député de Mont-Royal ait présenté
cette motion à l'article 25, n'était pas pour créer des
retards à cette commission. C'était simplement pour nous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...ni
d'embarras au président.
M. Lalonde: ...ni d'embarras au président. C'était
simplement pour nous conformer à ce que nous avions compris comme
étant une décision de la présidence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'espère m'en être bien tiré.
M. Lalonde: Très bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 25, tel que lu au préalable par la présidence, est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
M. Grenier: M. le Président, un instant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: À l'article 25, j'aurais voulu faire une
proposition d'amendement qui fait que le fond de l'amendement à
l'article 25, le texte original du projet de loi, rejoint l'esprit du
législateur dans ce texte et sa volonté de reconnaître la
communauté anglophone et les minorités culturelles avec
générosité. Il poursuit la reconnaissance d'exceptions
telles que formulées à l'article 108f avec plus de
générosité. J'aimerais vous faire lecture de notre
amendement, "que l'article 25 soit modifié en ajoutant, à
la fin du texte, les mots: "et, s'il y a lieu, dans leur
dénomination".
Vous reconnaîtrez, M. le Président, que je me suis servi
d'un article ultérieur. Vous n'avez pas le droit de le voir, c'est vrai,
mais, pour la dénomination, cela vient d'un article ultérieur de
notre loi.
L'article ainsi modifié se lirait comme suit: "Les organismes
scolaires, les services de santé et les services sociaux reconnus en
vertu de l'article 108f peuvent utiliser à la fois la langue officielle
et une autre langue dans leurs communications internes et, s'il y a lieu, dans
leur dénomination."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: J'aimerais... À la fin, il faudrait les deux
virgules qui ont été ajoutées, que vous avez
déjà reconnues; dans la dernière ligne, après "et",
il ne devrait pas y avoir de virgule et après le mot "lieu" non
plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité? M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que nous n'avons
pas à être très longs pour juger cette motion irrecevable
pour une raison bien simple: Dans le fond, elle ne fait qu'ajouter les mots
"...et, s'il y a lieu, dans leur dénomination". Alors, je fais valoir,
M. le Président, et je vous reporte à l'article 14 adopté:
"Les organismes et services de l'administration ne sont désignés
que par leur dénomination française", et d'autres articles aussi
qui font référence... L'article 17: "Le gouvernement, ses
ministères et les autres organismes de l'administration utilisent
uniquement la langue officielle dans leurs communications écrites entre
eux" et il y a des paragraphes ensuite qui touchent plus spécifiquement
un certain nombre d'organismes, l'organisme scolaire, les services de
santé et services sociaux.
Alors, je fais valoir auprès de vous, M. le Président, que
c'est une question qui a déjà été discutée,
amplement d'ailleurs. Il y a déjà eu des amendements sur cette
question de dénomination et l'article 14 est très clair à
ce point de vue, de telle sorte que je ne vois pas pourquoi nous reviendrions
sur un débat de fond qui a déjà été fait et
à partir duquel nous pouvons prétendre qu'il y a
déjà un article très précis, l'article 14, qui a
été adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y
aurait-il un membre de l'Opposition officielle qui voudrait intervenir sur la
recevabilité?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur la recevabilité... L'amendement
proposé à l'article 25 est en vue de rejoindre l'esprit du projet
de loi no 101, comme vous le voyez dans le texte de l'article 25 où il
est dit: "Les organismes scolaires peuvent utiliser à la fois la langue
officielle et la langue de la majorité de leurs administrés, s'il
y a lieu, dans leur dénomination et, le cas échéant...",
etc.
Cela constitue une mesure d'exception à l'article 14, comme vous
le constatez. C'est au profit des organismes reconnus qui sont signalés
à l'article 108f. Vous reconnaîtrez qu'il est conforme à
l'article de nos règlements, au numéro 70, et, pour cela, je vous
demanderais de le juger recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
première chose que j'aimerais faire remarquer au député de
Mégantic-Compton est que l'article qu'il vient de lire est l'ancien
article 25...
M. Grenier: Oui, l'ancien article du projet de loi no 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...du
projet de loi no 1 alors que le vote a été demandé sur le
nouvel article 25 tel que lu il y a quelques minutes.
Je pense que, pour rendre cette décision, je dois me
référer et à l'article 14 et à l'article 66 du
projet de loi no 101 dont le principe a été adopté en
deuxième lecture par l'Assemblée nationale.
Or, l'amendement tel que proposé par le député de
Mégantic-Compton demande à ajouter les mots "...et, s'il y a
lieu, dans leur dénomination". Si on lit ensemble l'article 14, on se
rend compte que les organismes, les services de l'administration ne sont
désignés que par leur dénomination française,
à moins que je ne me trompe.
L'article 14 tel qu'adopté... "Le gouvernement, ses
ministères et les autres organismes de l'administration et leurs
services ne sont désignés que par leur dénomination
française."
Je pense que cet article 14 ayant été adopté et
considérant également l'article 66 dont je vous dispense de la
lecture ici, considérant la décision de la commission sur
l'article 14 et considérant l'article 66, j'estime que cet amendement va
à l'encontre d'une décision adoptée par les membres de la
commission et, en conséquence, je le déclare irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avant de voter, parce qu'on a tellement de nouveaux
textes de ces articles, on est rendu au quatrième, je pense, pour
l'article 25, il semble que le dernier texte fait sauter la dénomination
en ce qui concerne les organismes scolaires dont la majorité des
administrés serait d'une langue autre que le français. Ma
question s'adresse au ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Étant donné les diverses versions que
nous avons eues de l'article 25, est-ce le désir, M. le
Président, je m'adresse à vous, maintenant, j'aimerais que
l'oreille du ministre soit tendue...
M. Laurin: Elle est tendue.
M. Lalonde: Est-ce le désir, par ces changements
successifs que nous avons depuis le texte original de l'article 25, que les
organismes scolaires dont la majorité des administrés est de
langue autre que le français n'utilisent que leur dénomination
française? Autrement dit, en termes très pratiques, est-ce que la
PSBGM, le Protestant School Board of Greater Montreal, devra s'appeler
seulement en français?
M. Laurin: M. le Président, pour répondre à
la fois à la question du député de Marguerite-Bourgeoys et
à la préoccupation du député de
Mégantic-Compton, si la permission de celui-ci m'était
accordée, j'aimerais, en lieu et place de l'amendement qui nous est
proposé, proposer moi-même un amendement qui répondrait,
encore une fois, aux préoccupations des deux côtés et j'en
donne lecture rapidement, "...peuvent utiliser à la fois la langue
officielle et une autre langue dans leur dénomination et leurs
communications internes".
Mme Lavoie-Roux: Les commissions scolaires...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laurin: C'est la même chose au début. Cela se
lirait comme ceci: "Les organismes scolaires, les services de santé et
les services sociaux reconnus en vertu de l'article 108f peuvent utiliser
à la fois la langue officielle et une autre langue dans leur
dénomination et leurs communications internes.
Mme Lavoie-Roux: Là, vous le mettez à l'article 25,
ce n'est plus l'article 66 qui vaut?
M. Laurin: L'article 66 vaudrait quand même en vertu de...
C'est parce que cela traite plutôt des raisons sociales. Souvent, cela se
chevauche, mais ce serait une autre façon d'aborder le
problème.
Mme Lavoie-Roux: Sans vouloir être méchante, on
vient de s'apercevoir qu'on avait fait sauter l'article 25 pour les commissions
scolaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Les membres de la commission ont devant eux le
nouvel article 25. Nous avons eu un amendement proposé par le
député de Mégantic-Compton. Certaines personnes sont
intervenues sur la recevabilité. Cette motion a été
jugé irrecevable. Donc, légalement, elle n'existe plus et, en
conséquence, tout autre membre de la commission peut présenter un
amendement à l'article 25.
M. Laurin: Je propose, en conséquence, un amendement, M.
le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, étant donné qu'il y a une motion principale, vous me
permettrez que l'amendement se libelle comme suit: Que le nouvel article 25
soit modifié en ajoutant après les mots "autre langue dans leur"
les mots "dénomination et leurs" de telle sorte que le nouvel article
tel qu'amendé se lirait comme ceci: "Les organismes scolaires, les
services de santé et les services sociaux reconnus en vertu de l'article
108f peuvent utiliser à la fois la langue officielle et une autre langue
dans leur dénomination et leurs communications internes".
M. Laurin: C'est cela! Une voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement quelques mots pour
féliciter les légistes du gouvernement, qui ont encore une fois
sauvé le gouvernement d'un écueil que je n'appellerai pas de
l'improvisation.
On a souvent accusé l'Opposition officielle d'écrire des
amendements à la dernière minute et ce que je vais vous dire,
lorsque vous m'aurez rappelé à l'ordre, M. le Président,
c'est que, si on avait adopté ce projet de loi jeudi dernier, comme la
motion en haut voulait qu'on le fasse, on aurait encore une erreur de plus dans
le projet de loi; mais nous allons sûrement appuyer cet amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous me voyez tout réjoui, tout rajeuni, tout
ragaillardi de voir qu'un sous-amendement est sensiblement le même...
Cela me satisfait, mais, comme vous voyez, je suis facile à
satisfaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'amendement, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Lalonde: Pour être à l'Union Nationale, il faut
être facile à satisfaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'amendement.
M. Grenier: Je n'ai pas saisi, mais je pense que c'était
méchant un peu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Voulez-vous que je répète?
M. Grenier: Ce qui vient du premier siège de l'Opposition
officielle, c'est toujours correct, mais
je ne peux pas en dire autant pour le deuxième siège.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, s'il vous plaît, sur
l'amendement! C'est votre premier amendement.
M. Grenier: Oui. Je suis tout estomaqué. Vous me
comprenez. Je voudrais dire qu'on est d'accord sur l'amendement qui revient,
qui est sensiblement le même que celui qu'on a proposé il y a un
instant. Peut-être que la terminologie, que quelques mots de vocabulaire
là-dedans ne le rendaient pas recevable et vous l'avez dit. Mais,
maintenant, je suis satisfait de voir qu'on reconnaît que cet amendement
avait sa place et que le gouvernement a voulu s'en faire le "compositeur", mais
cela correspond exactement à nos inquiétudes.
Donc, à deux mains, nous voterons pour l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement proposé par le député de Bourget et ministre
d'État au développement culturel est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Une voix: À l'unanimité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 25 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Un petit instant, s'il vous
plaît!
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Seulement un instant. Vous
savez qu'il y a toujours des écritures à faire à la suite
d'une adoption précipitée comme celle qui se produit.
M. Lalonde: Est-ce une accusation à l'égard de
l'Opposition officielle?
Le Président (M. Cardinal): Non. Au contraire. Ce soir,
j'ai souligné votre collaboration et je ne dirai pas le reste.
Je vais essayer de me débrouiller dans tous ces papiers. Alors,
si je ne me trompe pas...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton, sur quel sujet?
M. Grenier: Y aurait-il lieu d'avoir copie de l'amendement
proposé par le gouvernement qui ressemblait au nôtre? Demain, j'ai
un caucus et je veux absolument le montrer aux membres de l'Union Nationale qui
seront renversés de voir cela, un amendement adopté par le
gouvernement.
M. Lalonde: Allez-vous le mettre dans la statue?
M. Grenier: Oui, dans un cadre dans le corridor.
Mme Lavoie-Roux: II y a toutes sortes de petites reliques que
vous pouvez ajouter.
M. Grenier: Oui, avec le livre bleu et autre chose.
Article 25a
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît! Comme je l'ai dit quelquefois,
il est normal qu'à cette heure, il y ait la pause-café. Je vois
d'ailleurs des gens se diriger de ce côté.
Si vous permettez, nous pouvons revenir à l'ordre, s'il
vous plaît! à la pertinence du débat et, si je ne me
trompe pas, nous sommes rendus à l'article 25a et je rappelle deux
choses.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je rappelle que l'article 25a
qui, à l'origine, aurait été je n'ai pas dit avait,
mais aurait été proposé comme motion d'amendement
est, à la suite d'une motion proposée par un des partis de
l'Opposition ce matin, jugé par la commission et par la
présidence comme motion principale, c'est-à-dire que l'on a
considéré unanimement, parce que personne n'a dit le contraire et
ce n'est pas une présomption, juris tantum, mais juris et de jure, que
c'était un nouveau texte du projet de loi no 101.
J'appelle donc l'article 25a qui se lit comme suit: "Dans les services
de santé et les services sociaux, les pièces versées au
dossier clinique sont rédigées en français ou en anglais,
à la convenance du rédacteur. Toutefois, il est loisible à
chaque service de santé ou service social d'imposer que ces
pièces soient rédigées uniquement en français; les
résumés des dossiers cliniques doivent être fournis en
français à la demande de toute personne autorisée à
les obtenir". Donc, motion principale, article 25a. Messieurs du parti
ministériel, avez-vous à vous exprimer?
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel en propose l'adoption. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Ciaccia: M. le Président... Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je sais que la présidence est indivisible et
je me fie à l'indivisibilité de la présidence...
Mme Lavoie-Roux: ...Ce n'est pas un mort-né!
M. Ciaccia: ...malgré que j'aie l'impression que, chaque
fois que je lis un article où je devrais avoir le droit de...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes toujours
prématuré.
M. Ciaccia: ...proposer un amendement...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez le droit de
parler.
M. Ciaccia: J'ai le droit de parler, mais quand c'est... Vous
excuserez mes remarques...
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes tout
excusé. La présidence est sans émotion, elle ne fait que
recevoir des motions.
M. Ciaccia: M. le Président, ceci étant dit de
vous, je vais vous présenter une motion, mais pas sans
émotion.
M. Lalonde: Ce n'est pas une "démotion" non plus.
M. Ciaccia: Je propose que l'article 25a soit modifié en
ajoutant l'alinéa suivant: "Nonobstant toute disposition de la
présente loi, nul ne peut effectuer une inspection, un examen ou une
enquête concernant un dossier qui est confidentiel en vertu de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux (1971, chapitre 48)
à moins d'y être préalablement autorisé par un ordre
du tribunal ou expressément ou implicitement par le patient."
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
député de Mont-Royal, je reconnais dans ce texte un texte qui lui
ressemble étrangement sauf quelques termes. J'ai reconnu M. le
député de Vanier. Je lui demande sur quoi il désire
parler. Est-ce sur la motion d'amendement?
M. Bertrand: Sur la recevabilité de la motion
d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je ne sais pas si je dois le
laisser faire.
M. Bertrand: Je vous demande une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! C'est beaucoup
mieux.
M. Bertrand: J'invoque un droit que je possède de par
votre volonté dans la mesure où vous décidez d'exercer
cette volonté, à savoir que vous pouvez demander leur avis aux
parlementaires, aux législateurs, comme nous appelle le
député de Marguerite-Bourgeoys, ce qu'ils pensent de la
recevabilité de cette motion d'amendement. Très humblement, M. le
Président, par respect pour la fonction que vous représentez ici,
que vous incarnez, j'invoque la permission, brièvement, de faire valoir
mon point de vue sur la non-recevabilité, l'irrecevabilité de
cette motion d'amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, devant...
M. Chevrette: D'une façon éloquente.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm... cette prière...
Une voix: On n'attendait pas plus d'un cardinal.
Mme Lavoie-Roux: Une supplique! M.Grenier: II va
succomber!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton vient de le dire, je ne puis qu'y succomber. Encore une
fois, la même règle...
Mme Lavoie-Roux: C'est de l'émotion.
Le Président (M. Cardinal): ...une fois que nous avons
commencé... Ce n'est pas de l'émotion.
Mme Lavoie-Roux: Non?
Le Président (M. Cardinal): C'est de la démocratie
en marche.
Mme Lavoie-Roux: Oh!
Le Président (M. Cardinal): Une fois que nous avons
commencé, nous allons continuer. Un représentant par parti et pas
plus de cinq minutes. M. le député de Vanier, sur la
recevabilité de la motion.
M. Bertrand: D'accord! Merci beaucoup, M. le Président. Je
veux faire valoir auprès de vous qu'au moment où nous avons
jugé que vous aviez jugé irrecevable, de par la fonction que vous
occupez, cette motion d'amendement à l'article 25, on avait
soulevé du côté de l'Opposition officielle des remarques
que vous auriez faites précédemment au cours de la
journée, à savoir que cette motion d'amendement avait
été jugée à ce moment-là, et je ne me
rappelle pas exactement à quel article elle avait été
présentée...
M. Goldbloom: À l'article 24.
M. Bertrand: ...à l'article 24, elle avait
été jugée prématurée.
Vous n'aviez pas dit, semble-t-il, qu'elle était recevable ou
irrecevable, vous la jugiez prématurée. Paraît-il que vous
auriez indiqué à quel moment elle aurait pu être
discutée, mais ces renseignements ne m'étant pas parvenus de
source officielle, je voudrais vous faire valoir à ce moment-ci, et je
pense que c'est au moment où un amendement est jugé bienvenu en
termes de temps, c'est-à-dire est-ce le bon article dont vous jugez de
la recevabilité ou de l'irrecevabilité?
Si vous jugez que c'est le bon article dont on peut discuter de la
recevabilité, faisons-le maintenant; mais je pense qu'il est tout de
même loisible que vous puissiez demeurer très libre de juger s'il
est ou non recevable. Or, je fais valoir auprès de vous, M. le
Président, qu'il est irrecevable. Il est irrecevable pour deux raisons:
il est irrecevable parce qu'il fait référence essentiellement
à des pouvoirs d'inspection, d'examen, d'enquête concernant des
dossiers confidentiels qui seraient touchés par l'article 25a,
semble-t-il. Mais je fais valoir très humblement auprès de vous,
M. le Président, qu'il y a déjà tout un chapitre,
même plus qu'un chapitre, il y a tout un titre de la loi, le titre 3
portant sur la Commission de surveillance et sur les enquêtes.
Les articles 147 à 174 inclusivement, M. le Président,
font tous référence à la constitution d'une commission de
surveillance et d'enquête et aux pouvoirs de cette commission de
surveillance et aux membres qui en font partie et à leurs
responsabilités. L'alinéa, la motion d'amendement proposée
par le député de Mont-Royal qui aurait pour but d'ajouter un
alinéa à l'article 25a, je fais valoir très humblement, M.
le Président, qu'il se présente à un mauvais moment dans
l'étude de ce projet de loi, puisqu'il y a tout un chapitre qui porte
spécifiquement là-dessus, sur la surveillance et les
enquêtes.
Il est question très spécifiquement de ça dans
l'alinéa. Très spécifiquement. Je fais valoir
auprès de vous qui êtes, je l'ai déjà dit, mais je
le redis parce que c'est bon que ces choses soient dites et redites et connues
du public, vous êtes un éminent juriste, vous avez une longue
carrière dans l'enseignement du droit et vous n'êtes pas sans
savoir que lorsqu'il est question, et là je ne veux pas toucher au fond,
je fais très attention, je prends uniquement le texte qui nous est
présenté et la portée d'un tel texte.
Je fais valoir auprès de vous, M. le Président, qu'il fait
référence à une loi qui existe, la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, statuts de 1971, chapitre 48. La motion
d'amendement à l'article 25a demande que soit respecté un article
d'une loi déjà votée dans notre parlement, c'était
même à l'époque où le gouvernement libéral
était en fonction, M. le Président, 1971, sanctionnée le
24 décembre 1971 et brièvement, je vous fais lecture de
quelques-unes des lignes de cet article 7 du chapitre 48 des statuts de 1971,
"sont confidentiels les dossiers médicaux des patients dans un
établissement. Nul ne peut en donner ou prendre communication, mettre,
même aux fins d'une enquête, si ce n'est avec l'autorisation
expresse ou implicite du patient ou encore sur l'ordre du tribunal ou dans les
autres cas prévus par la loi ou les règlements."
M. le Président, je vais valoir auprès de vous, là,
je n'attaque pas l'Opposition officielle pour dire que c'est du "filibuster" ou
quoi que ce soit, mais je dis que c'est une motion, dans sa forme, dans son
fond, dilatoire, parce qu'à toutes fins pratiques, elle ne fait que nous
inviter à inscrire dans le projet de loi no 101 un article d'une loi
déjà existante et à ce que je sache, même les lois
votées sous le gouvernement libéral doivent être
respectées. Je pense que c'est notre devoir, comme citoyen, de les
respecter.
Donc, très humblement, pour la première raison que je vous
ai mentionnée, si elle était même recevable, elle serait
prématurée parce qu'elle ne se situe pas au bon moment; il y a un
titre qui porte sur la commission de surveillance et d'enquête.
Deuxièmement, dussiez-vous la juger bienvenue à ce
stade-ci, je dis que, quant à sa recevabilité, je ne comprendrais
pas qu'on l'accepte comme motion d'amendement, étant donné son
contenu, étant donné qu'elle fait référence
à une loi qui, de toute façon, doit être respectée,
indépendamment des lois que nous votons en ce moment.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie de votre
avis, M. le député de Vanier, et je demanderais à M. le
député de Mégantic-Compton, avec toute sa sagesse, de
m'informer.
M. Grenier: Seulement une directive. Étant donné
que vous avez permis au député de Vanier de vous adresser une
prière, je pense qu'il serait peut-être de bon goût de dire:
amen, il a terminé, mais, comme amen veut dire qu'il en soit ainsi et
que je ne suis pas d'accord, il faudra laisser dire amen par un autre.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
directive. Voulez-vous vous exprimer sur la recevabilité?
M. Grenier: Je reviendrai, non pas sur la recevabilité. Je
reviendrai sur le fond de la motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal ou M. le député de D'Arcy McGee sur la
recevabilité de la motion d'amendement.
M. Goldbloom: D'abord, il s'agit, à l'article 25a qui est
proposé, de dossiers. J'invoque la patience manifestée par mon
collègue de Mont-Royal. C'est la troisième fois qu'il arrive avec
un texte semblable parce que...
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous? Vous parlez
un excellent français. Ce n'est pas de la patience, c'est de la
persévérance.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Ce sont les deux,
sans doute, mais il s'agit bien de dos-
siers ici et, à l'encontre de l'argument offert par l'honorable
député de Vanier, je dois souligner deux choses: D'abord, que
l'article 25a prévoit que les pièces versées au dossier
clinique soient rédigées en français ou en anglais
à la convenance du rédacteur. Comment le savoir s'il n'y a pas
d'inspection, d'examen ou d'enquête? Et il y a justement, comme le dit le
député de Vanier, le titre III qui est consacré à
toute cette question d'enquête et qui accorde des pouvoirs
d'enquête par rapport à l'application de cette éventuelle
loi.
Quand il s'agitet le ministre est bien placé pour le
savoird'un dossier médical, d'un dossier clinique, par
définition, c'est un document confidentiel qui doit être à
l'abri des examens, des inspections et des enquêtes, à moins que
la personne intéressée, c'est-à-dire le malade, ne donne
son autorisation ou à moins que les tribunaux n'ordonnent un tel
examen.
Maintenant, si cet amendement est nécessaire, c'est parce que,
dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, il est
indiqué que les dossiers médicaux sont confidentiels et que nul
ne peut en donner ou prendre communication, même aux fins d'une
enquête, si ce n'est avec l'autorisation expresse ou implicite du patient
ou encore sur l'ordre du tribunal ou dans les autres cas prévus par la
loi ou les règlements.
L'article 7 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux ne dit pas "cette loi", ne se réfère pas à
elle-même en quelque sorte, mais se réfère à "la
loi", donc, le terme général et, une fois adopté, le
projet de loi no 101 ferait partie de ce que l'on englobe dans ce terme
général, "la loi". Donc, par le simple fait de ne pas apporter le
genre d'amendement proposé par le député de Mont-Royal, on
rendrait les dossiers médicaux, dans les établissements de
santé, des documents ouverts aux enquêtes prévues dans le
projet de loi no 101.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je crois que
l'amendement est éminemment recevable. Si l'on veut faire état du
fait que l'amendement mentionne une autre loi, une loi qui existe
déjà, qui a été adoptée comme l'a dit le
député de Vanier, je soutiens respectueusement, M. le
Président, que l'article 151 du projet de loi no 101 mentionne une autre
loi, celle de la Fonction publique et aussi que l'allusion à la Loi sur
les services de santé et les services sociaux sert tout simplement
à identifier de quelle sorte de dossier on parle.
M. le Président, je crois que c'est une question d'une importance
telle qu'il faut que vous considériez cet amendement recevable.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais demander une directive?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal, sur une demande de directive.
M. Ciaccia: Quand le député de Vanier se
réfère au fait que cet amendement réfère à
une loi qui a déjà été adoptée, n'est-il pas
un fait que la référence a l'amendement est pour faire une
exception à la loi qui a déjà été
adoptée? Ce n'est pas seulement pour y référer que cette
loi s'applique, mais c'est pour restreindre la portée de l'article
7.
Le Président (M. Cardinal): C'est une question difficile,
M. le député de Mont-Royal, vous parlez d'une loi... à
l'ordre, s'il vous plaît! ...qui a été adoptée, vous
ne parlez certainement pas du projet de loi 101. Si vous parlez du chapitre 71
des Statuts annuels du Québec, c'est-à-dire Statuts annuels 1971,
chapitre 48, c'est une loi qui est adoptée et qui est en vigueur. Si
vous permettez, plutôt que de répondre immédiatement
à cette question, j'y reviendrai dans la décision que j'aurai
à rendre en pensant, entre autres, à l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique qui est une autre loi qui existe depuis
longtemps.
Vous verrez que nous remontons loin dans le temps et dans l'espace.
Est-ce que quelqu'un de l'Union Nationale veut se prononcer sur la
recevabilité? Non? M. le député de Gaspé.
D'accord, la décision... Oui, M. le député de
Vanier, demande de directive?
M. Bertrand: C'est une question que je vous pose, M. le
Président, et vous n'avez même pas besoin de me répondre
immédiatement, je suis convaincu que vous aurez peut-être à
y répondre dans votre décision. Quand il est fait mention
à l'article 7 du chapitre 48 des Statuts de 1971, tel que cité
par le député de D'Arcy McGee, il était question, dans les
autres cas prévus par la loi ou les règlements, je vous demande
s'il n'est pas exact que dans ces cas-là, cela peut bien vouloir dire la
présente loi et les règlements qui sont joints à cette
loi.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
député de Vanier. Ce n'est pas tout à fait de la
même façon, la même question que celle de M. le
député de Mont-Royal.
Une voix: À l'inverse.
Le Président (M. Cardinal): À l'inverse, mais c'est
la même chose, vice versa, vous le retournez à l'envers et vous
arrivez au même résultat.
Si on parle en termes de législation, il est un principe qui veut
que chaque législation particulière, chaque législation
spéciale n'affecte pas les lois générales, à moins
qu'une exception précise ne soit établie. Le chapitre 48 des
Statuts annuels de 1971 constitue une loi générale ou une loi
spéciale. Je n'ai pas à en décider. J'ai à
décider, en vertu des articles de notre règlement, 70, 158, 154
et 65-1 ; on peut discuter du moment de la présentation de la
motion.
Or, nul n'ignore, même pas la présidence, qu'il y a un avis
au feuilleton en vertu de l'article 165, alinéa 2, et que, probablement,
et c'est à vous de le souhaiter et non pas à moi, on en discutera
demain. Ce qui veut dire que les travaux de cette commission, quoi qu'il
arrive, auront un terme un jour, même si c'est dans trois mois. Il y a
donc un doute qui peut s'élever. Il y a une question de libellé:
"Nonobstant toute disposition de la pré-
sente loi" c'est parfait "nul ne peut effectuer une
inspection, un examen ou une enquête concernant un dossier qui est
confidentiel, en vertu de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, à moins d'y être préalablement
autorisé par un ordre du tribunal ou expressément ou
implicitement par le patient." Sans me prononcer sur le fond "par le patient",
pour autant que ces dossiers... Messieurs les médecins à cette
table me le diront, ils sont au courant des dossiers et ils peuvent donner des
permissions. La loi le permet, le chapitre 48 de 1971. Mais, tel ne sera pas le
fondement de ma décision.
Je vais être obligé de m'informer s'il s'agit d'une
question de quorum ou de vote.
M. Lalonde: II doit y avoir un vote à peu près
à cette heure-ci.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, je vais
m'informer; on aurait le temps...
M. Charron: Vous pouvez continuer, M. le Président; de
toute façon, on a le temps de se rendre.
Le Président (M. Cardinal): On a le temps de se rendre,
c'est cela. J'ai répondu tantôt à une question de M. le
député de Mont-Royal que je référerais à
l'article 133. J'ai eu, à ma connaissance, au moins trois fois, à
rendre des décisions concernant des références à
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Tel n'est pas
le cas ici. C'est très différent. Il s'agit de corrélation
entre deux législations. Je pense que tout te monde sera d'accord. C'est
pourquoi, avant que vous n'alliez voter, Madame et Messieurs, je déclare
que, vu le doute qui pourrait subsister au sein de mon esprit et vu le respect
profond que j'ai de la démocratie, cette motion est jugée
recevable et reçue et cette séance est suspendue pour le temps du
vote.
(Suspension de la séance à 21 h 28)
Reprise de la séance à 21 h 46
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il n'y a pas encore
quorum du côté ministériel.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Oui, on l'a.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Remettez-vous du vote auquel je n'ai pas participé pour ne
pas avoir de conflits d'intérêt dans le rôle que je joue ici
en cette salle 81-A.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes un privilégié, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je ne le sais pas.
Mme Lavoie-Roux: De ne pas avoir à voter des choses comme
cela.
Le Président (M. Cardinal): Je suis "une recluse".
Mme Lavoie-Roux: Qui était recluse? Jeanne Le Ber?
Le Président (M. Cardinal): Au moment de la suspension
pour le vote, nous en étions à une motion d'amendement de M. le
député de Mont-Royal au nouvel article 25a. Cette motion
d'amendement avait été jugée recevable. J'accorde la
parole à M. le député de Mont-Royal, à 21 h 47.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, il s'agit ici de la
confidentialité des dossiers médicaux des patients. C'est un
principe fondamental. Il ne s'applique pas seulement dans notre droit à
nous, mais dans toutes les juridictions. Il peut être assimilé aux
rapports avocats-clients. C'est un principe reconnu dans toutes les
juridictions. Même le ministre, quand j'ai soulevé cette question
de confidentialité, ne l'a pas contestée. Il a admis que ce
n'était pas l'intention à moins que je ne l'aie mal
compris de porter atteinte à ce principe.
Il est absolument essentiel que ce soit inclus dans le projet de loi,
à cause des dispositions de l'article 7. Je vais expliquer ce que permet
l'article 7 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Le Président (M. Cardinal): Je vous dis tout de suite que
je vous le permets parce que c'est très pertinent au débat.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je crois
également que cela va au coeur du débat. L'article 7 dit: "Sont
confidentiels les dossiers médicaux des patients dans un
établissement. Nul ne peut en donner ou prendre communication,
même aux
fins d'une enquête, si ce n'est avec l'autorisation expresse ou
implicite du patient, ou encore sur l'ordre du tribunal, ou dans les autres cas
prévus par la loi ou les règlements."
M. le Président, il y a trois cas permettant d'avoir accès
aux dossiers médicaux des patients. Premièrement, s'il y a une
autorisation expresse ou implicite du patient. C'est le premier cas. Le
deuxième cas, c'est s'il y a un ordre d'un tribunal. Et le
troisième cas s'applique aux cas ou aux incidents prévus par la
loi, pas la Loi des services de santé ou services sociaux. L'article ne
dit pas par "cette" loi, il dit par "la" loi.
Si on regarde la version anglaise, on dit: "for other cases provided for
by law, for the regulations" not by this law, but by law. Il peut y avoir une
autre loi qui permette l'accès à ces dossiers. Par le projet de
loi 101, je prétends, M. le Président, que c'est une de ces lois,
une loi du Québec qui permet, d'après les articles du projet de
loi, aux commissaires-enquêteurs de faire enquête si, par exemple,
un dossier rédigé en anglais ou en français... Il y a
différentes conditions dans le projet de loi qui permettraient à
ces enquêteurs, sans permission aucune, justement par le fait de
l'autorisation par le projet de loi, d'avoir accès à ces dossiers
médicaux des patients.
M. le Président, cela veut dire que cela ouvre la porte à
toutes sortes de personnes qui auraient droit à ces dossiers et cela
enlève immédiatement la confidentialité de ces dossiers.
Dans l'économie de notre loi, ce n'était certainement pas
l'intention par l'article 7 des services de santé d'ouvrir la porte et
d'enlever la confidentialité. Si cet amendement n'est pas
accepté, cela veut dire que la notion de confidentialité des
dossiers n'existe plus.
Je dirais même que si le gouvernement veut apporter des doutes sur
l'interprétation, pour ce qui me concerne, il n'y a pas de doute. C'est
clair, on dit "la" loi, on ne dit pas "cette" loi, mais si le gouvernement veut
apporter des doutes sur mon interprétation de la loi, il doit cependant,
même avec une telle interprétation que certains du
côté ministériel ont laissé entendre, accepter cet
amendement pour qu'il n'y ait aucun doute dans la confidentialité. Je
pense que ce principe est un principe sacré et qu'il doit être
préservé et on ne peut pas y porter atteinte du tout.
Pour ces raisons, M. le Président, je suis d'avis que
l'amendement que j'ai proposé devrait être accepté. Cela ne
va pas à l'encontre du tout du principe du projet de loi, cela ne change
pas les obligations de francisation, cela ne change pas les obligations des
médecins ou des hôpitaux quant aux autres articles les obligeant
à se conformer soit au programme de francisation ou aux autres articles
du projet de loi. C'est strictement pour préserver le principe de
confidentialité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que cet amendement
est éminemment dilatoire. Je ne veux pas dire que c'est dans l'intention
de l'Opposition de faire un "filibuster", mais peut-être que, très
honnêtement, elle pense que cet amendement change quelque chose à
la situation qui existe déjà. Autrement, j'aurais de la
difficulté à m'expliquer qu'elle l'ait présenté
trois fois de façon prématurée, à des articles
où cela n'avait rien à voir pour, finalement, l'avoir
considéré recevable sur un doute du président. J'admets
qu'en cas de doute, la présidence puisse accepter qu'un amendement soit
recevable.
M. le Président, je ne pense pas que cet article change quoi que
ce soit. Par exemple, le député de D'Arcy McGee a soutenu que
l'article 25a, tel qu'il est rédigé, étant donné
qu'il exige que certaines pièces des dossiers soient écrites en
français à la convenance du rédacteur, était
inacceptable cela revient à cela, je pense sans que
possiblement des enquêteurs de la Commission de surveillance et
d'enquête aillent regarder les dossiers.
Je soutiens que la loi permet de rendre l'article 25a applicable. Il
suffira simplement à l'Office de la langue française de demander,
comme cela se fait dans tous les programmes de francisation, dans le cas des
entreprises, dans le cas des organismes d'administration, de demander, par
exemple, au directeur du service, comment la loi est appliquée, ou
à la direction générale de l'hôpital, comment la loi
est appliquée dans tous les services dont elle a la
responsabilité. Je ne sache pas qu'on va aller regarder les
pièces dans les dossiers, d'autant plus que je soutiens que l'article 7
de la loi 65 est suffisamment explicite, de sorte que les enquêteurs ne
pourront pas le faire, de toute façon. Ils auront d'autres moyens de
vérifier.
Je pense qu'il va falloir se fier à la parole des services des
hôpitaux qui vont nous dire: Oui, on a appliqué la disposition, ou
non. Ils vont nous donner des exemples... Ils vont nous dire: Dans tel service,
tant de personnes ont rédigé leurs dossiers en français
cette année parce qu'ils sont de langue française, ou il n'y en a
pas, parce qu'il n'y en a pas de langue française dans ce service. Je
pense que c'est comme cela que la vérification va se faire. Elle doit se
faire comme cela.
L'article 7 de la loi 65 est très explicite là-dessus: On
dit qu'on peut consulter les dossiers, et je cite, "sauf si ce n'est on
ne peut consulter les dossiers. Les dossiers sont confidentiels avec
l'autorisation expresse ou implicite du patient, ou encore sur l'ordre du
tribunal, ou dans les autres cas prévus par la loi ou les
règlements". Je soutiens que c'est implicite dans cet article. Quand on
dit la loi et les règlements, on parle de la loi 65 et des
règlements y afférents. Autrement, il faudrait soutenir que cet
article 7, de la loi 65 ne s'applique qu'à moins qu'une loi ne dise
autre chose. Cet article ne s'appliquerait pas, par exemple, si une autre loi
existait. Je pense que personne autour de cette table n'a regardé
l'ensemble des lois qui existent actuellement et qui sont en vigueur. Ce n'est
pas nécessaire de le faire non plus, à mon avis. Peut-être
y a-t-il d'autres cas où les dossiers des patients pourraient être
mis en danger? Il est clair que dans l'intention du législa-
teur, l'article 7 doit s'appliquer, à moins que d'autres fins
prévues à cette loi n'exigent la consultation des dossiers. Le
législateur voulait préserver l'étanchéité
des dossiers, une confidentialité absolue des dossiers.
Je pense que la loi 101 doit se conformer à l'article 7 de la loi
65. Sans cela, il faudrait revoir toutes les lois pour s'assurer qu'elles ne
sont pas en contradiction avec un article. Il faudrait même
insérer dans la loi 101, reprendre presque tous les articles des statuts
refondus, les mettre dans cette loi, de crainte que la loi 101 ne contrevienne
à un de ces articles.
Le député de D'Arcy McGee a mentionné l'article 151
où on fait référence à la Loi de la fonction
publique. C'est tout simplement pour dire que, dans ce nouveau cas des
fonctionnaires de la Commission de surveillance et d'enquête qui
n'était pas prévu à la Loi de la fonction publique,
celle-ci va s'appliquer. On parle de la Loi de la protection du consommateur
à un autre article. On dit: Elle va être amendée comme
suit. Quand on sent le besoin de contrevenir à une loi existante ou de
la changer, c'est alors et uniquement dans ce cas que, dans la loi 101, on
parle des autres lois. Évidemment, il faut supposer, sans cela, ce
serait impossible de légiférer, il faut supposer que la loi 101,
lorsqu'elle est muette sur un amendement aux autres lois, c'est qu'elle
considère devoir se soumettre à ces autres lois. Autrement, il
faudrait insérer... On aurait un projet de loi 101 aussi volumineux que
les statuts refondus ou que l'ensemble des lois qui existent et qui sont en
vigueur actuellement.
Alors, tout repose sur l'interprétation de l'article 7 de la loi
65. Je soutiens que l'interprétation est celle que j'ai donnée
et, pour cette raison, l'amendement que nous propose le Parti libéral
est tout à fait inutile, comme beaucoup d'amendements.
Le projet de loi no 101, tel qu'il existe, n'est absolument pas
contraire à la confidentialité des dossiers. Comme je l'ai
expliqué, il y a d'autres mécanismes dans le projet de loi no 101
pour vérifier l'application de l'article 25a. il n'est pas
nécessaire d'aller fouiller dans les dossiers privés des
patients, ce à quoi je m'opposerais de toutes mes forces, si je croyais
une minute que le projet de loi no 101 contrevient à cette
confidentialité des dossiers qui est prévue à l'article 7
de la loi 65.
Je termine là-dessus. J'espère que vous voyez pourquoi on
va voter contre l'amendement et je pense qu'il n'est pas dans l'intention de
l'Opposition de se servir de cet amendement pour dire: On l'a rejeté;
alors, il sont contre la confidentialité des dossiers. C'est faux. Nous
voulons tout simplement avoir une loi qui respecte les principes de la
législation et qui ne reprend pas à son compte, par une
méfiance excessive et ce n'est pas la première fois qu'on
la retrouve dans les interventions du député de Mont-Royal...
J'ai été très content qu'on nous ramène
continuellement certaines préoccupations, mais je pense que là,
vraiment, on va trop loin, de penser que, par le projet de loi no 101, on
voudrait s'em- barquer à regarder... que les
commissaires-enquêteurs commenceraient à regarder les dossiers de
chacun des patients pour voir si l'article 25a va être appliqué.
Je pense que c'est complètement voir dans le projet de loi no 101 des
choses qui n'y sont pas.
M. Ciaccia: Faites donc venir le ministre de la Justice pour
avoir son opinion sur l'application de l'article 7.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Merci, M. le député de
Rosemont.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je veux dire simplement et bien rapidement que nous
serons pour l'amendement qui est proposé par le Parti libéral
pour la bonne raison que je pense que cela rend beaucoup plus clair un article
du projet de loi et que cela donne des précisions qu'on n'a pas à
chercher dans une autre loi qui s'appelle la loi 65. Lorsqu'on précise
ici et que l'on dit "...à moins d'y être préalablement
autorisé par un ordre du tribunal ou expressément ou
implicitement par le patient...", je pense que c'est honnête de faire
cela et de permettre que n'importe qui ne mette pas le nez dans le dossier des
patients. Même si des députés d'en face nous ont dit tout
à l'heure que c'était absolument impensable qu'on puisse le
faire, on a déjà vu la suspension des règles d'anciennes
lois. On en a été témoin et ce n'est pas au temps de
Noé. C'est pendant la mini-session qu'on a vu un ministre se lever en
Chambre et nous dire qu'il suspendait des articles de la loi 23 et de la loi
253. Il est bien sûr que cela devient plus onéreux, si c'est fait
par une loi qu'on a adoptée quand on est le gouvernement, cela devient
plus pénible de suspendre nos articles.
On peut facilement dire à la Chambre ici que des lois
adoptées par d'anciens gouvernements, étaient trop rigides, trop
dures et qu'on peut se permettre de suspendre des articles qui relevaient,
entre autres, vous vous en souvenez de la loi 253, des services essentiels dans
les hôpitaux, et l'autre, la loi 23, sur la reprise des services dans les
écoles.
Il est sûr que si on le met dans notre loi, quand on est le
gouvernement, on court moins le risque que l'on puisse venir dire par la suite
que la loi est moins bonne quand c'est la nôtre. Je pense que trop fort
ne casse pas et on devrait l'indiquer ici dans la loi, et cela clarifie une
situation que les personnes auraient régulièrement en
présence, et même, si à l'article 7 de la loi 65, cela me
semble assez implicite, je pense que ce n'est pas aussi clair que dans ce texte
et, à partir de là, je pense qu'on devrait accepter cet
amendement et l'inclure dans l'article 25a.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, quand j'étais
étudiant en médecine et quand j'ai assisté aux cours
donnés en déontologie médicale, c'est à peu
près la première chose que l'on m'a enseignée, que le
rapport médecin-malade est totalement privilégié, que seul
le malade peut autoriser que le contenu de son dossier soit
dévoilé, à moins qu'un tribunal ne juge que, dans ce cas
particulier et j'insiste là-dessus non pas pour
vérifier la conformité d'un dossier à une loi quelconque,
mais que, dans le cas particulier de ce malade, l'accès au dossier doit
être autorisé.
M. le Président, je pense que M. le député de
Mégantic-Compton, tout à l'heure, a utilisé une expression
qui est bien de chez nous et qui résume en peu de mots la justification
de cet amendement: "Trop fort casse pas".
Je soutiens respectueusement qu'il y a un doute, qu'il y a une
divergence de vues et d'interprétation quant à l'application de
l'article 7 du chapitre 48 des lois de 1971. Si ce doute existe, si cette
divergence d'interprétation existe, je suggère, par votre
intermédiaire, que le ministre d'État au développement
culturel devrait être le premier à cette table à dire: Trop
fort casse pas, on va assurer qu'il n'y ait pas de doute dans l'esprit de qui
que ce soit quant à la nature confidentielle des dossiers
médicaux et des dossiers des clients des agences de bien-être
social.
Il n'y a rien de plus fondamental dans une société comme
la nôtre. Je sais pertinemment, et le député de Rosemont
l'a déjà dit, qu'il n'y a pas un seul député
à cette table, qu'il n'y a pas un seul député dans toute
l'Assemblée nationale qui oserait se lever et dire: Ce n'est pas une
chose importante, on exagère l'importance de la nature confidentielle du
dossier médical. Personne n'oserait dire cela. Devant ce fait unanime,
il me semble que nous devons assurer que le dossier médical demeurera
totalement confidentiel, sauf quand il s'agit de l'autorisation du malade
lui-même, du client lui-même, ou d'un ordre d'un tribunal
donné par rapport à un dossier précis, pas à
l'examen général des dossiers, dans une agence de bien-être
social ou dans un hôpital.
Si l'article 25a, qui est proposé, exige que les pièces
versées au dossier clinique soient rédigées en
français ou en anglais, à la convenance du rédacteur, mais
que chaque service de santé ou chaque service social ait le loisir
d'imposer que les pièces soient rédigées uniquement en
français, c'est une exigence de la loi, et si cette exigence est
décidée par une institution mentionnée ici à cet
éventuel article parce qu'il n'est pas encore adopté
il faudrait que l'on puisse, à un moment donné, savoir si
oui ou non la loi a été respectée. Il faudrait donc que
quelqu'un aille vérifier.
Le député de Rosemont a placé ce problème
sur un plan relativement simple. Il a dit: L'office demanderait aux chefs de
services de déclarer que la loi est respectée. Je suis d'accord
avec lui que c'est une façon élégante d'obtenir une
certaine confirmation, mais que fait-on si le chef du service donne une telle
déclaration à l'office et qu'un des membres de son service porte
plainte en disant que ce n'est pas vrai? Comment allons-nous déterminer
qui a raison?
S'il s'agit du bien commun, on peut aller devant un tribunal et demander
que le dossier soit rendu public. S'il s'agit du bien du malade, on peut
demander que d'autres personnes aient accès à ce dossier, surtout
si le malade y est consentant. Mais quand il s'agit d'un conflit entre deux
membres du personnel d'un hôpital dont l'un dit que la loi a
été respectée et l'autre dit le contraire, il faut
trancher la question, parce que la loi est là et doit être
respectée.
M. le Président, il faudrait que ce dossier soit exposé au
scrutin de quelqu'un qui y serait autorisé. Non pas en vertu du chapitre
48 des lois de 1971, mais en vertu de l'éventuelle loi 101. Je trouve
que, même si je vais un peu loin en donnant l'exemple, M. le
Président, ce n'est pas exagéré, si l'on tient compte d'un
certain climat qui existe aujourd'hui à certains endroits au
Québec. Il y a du mauvais sang qui existe entre des membres de la
société québécoise. S'il y a une
dénonciation de quelqu'un qui déclare que la loi doit être
respectée, on s'expose à une chose qui devrait être
empêchée par la loi que nous avons devant les yeux. C'est pour
cette raison, M. le Président, que je crois que le ministre devrait
être le premier à dire, contrairement à son collègue
de Rosemont, que cet amendement est acceptable, est accepté et est
même nécessaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de D'Arcy McGee. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'ai entendu
l'argumentation du député de Rosemont qui dit que l'article 7 de
la loi 65, je pense, nous protège contre toute exagération ou
geste répréhensible qui pourrait menacer la
confidentialité des dossiers médicaux. Je ne veux pas, à
ce moment-ci, développer d'argumentation sur la nécessité
de la confidentialité des dossiers médicaux. Je pense que, de
soi, c'est assez clair. On n'a qu'à se rappeler tout le grand
débat qui a eu lieu, il y a deux ans à peu près, sur la
question du fameux dossier cumulatif, alors qu'on croyait que des informations
confidentielles pourraient devenir publiques d'une certaine façon, que
leur accès serait permis à un certain nombre de personnes.
À mon point de vue, probablement que, dans la majorité des cas,
il se serait agi d'informations de nature beaucoup moins intime ou
confidentielle que celles, peut-être, dont il peut s'agir dans le cas de
dossiers médicaux.
Mais, quand le député se dit assuré que l'article 7
de la loi 65 couvre tous les aléas d'une telle ouverture ou enfin,
même s'il y a absence, dans la loi 101, de résolutions ou
d'articles tels que présentés par le député de
Mont-Royal, il se fie d'abord à la bonne foi de l'Office de la langue
française que je ne veux pas mettre en doute à ce moment-ci, mais
qui décidera comment on fera cette vérification?
Le député de D'Arcy McGee a quand même
apporté un exemple concret en disant: Là où il y
aura conflit, pour quelque raison que ce soit et c'est possible,
à un moment donné, les affirmations de l'un pourront être
contestées par l'autre qu'arrivera-t-il?
Le député de D'Arcy McGee ajoutait: N'y aurait-il qu'un
doute possible, on devrait prévoir, dans la loi 101 elle-même, que
ce doute n'existe plus. Je voudrais, à ce moment-ci, porter à
l'attention du député de Rosemont que, moi aussi, comme lui
voudrait, de bonne foi, penser que tout va se passer dans le meilleur des
mondes et qu'il n'y a pas de difficultés qui vont survenir. Mais, quand
il dit que l'article 7 de la loi 65 aura préséance, je me permets
d'en douter.
Si je le réfère à l'article 203 du projet de loi
101: "L'article 40 de ladite loi est modifié par l'addition, à la
fin, de l'alinéa suivant dans les dispositions transitoires
: "Les lois doivent s'interpréter, en cas de doute, de
manière à ne pas restreindre le statut du français".
Quand vous retournez à l'article 40, la première partie
touche évidemment les griefs ou l'arbitrage lors d'un grief et le
deuxième alinéa se lit comme suit: "II en est de même des
décisions rendues en vertu du Code du travail par les enquêteurs,
les commissaires-enquêteurs et le Tribunal du travail". Est-ce qu'il
s'agit uniquement des enquêteurs rattachés au Tribunal du travail?
Je n'en suis pas certaine. De toute façon, relativement à
l'article 14 du projet de loi, il semble qu'on ne doive pas, dans
l'interprétation d'une situation sur laquelle un jugement sera
posé, à savoir si le français est menacé ou son
usage est restreint de quelque façon, à accorder
préséance à la loi 101 selon l'article 14.
Enfin, j'apporte ceci à l'attention du député de
Rosemont. Je ne suis pas aussi convaincue que lui que ce soit l'article 7 de la
loi 65 qui ait préséance si un problème était
soulevé. C'est tout ce que je veux dire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Sur ce point, M. le Président, comme ce qui
serait, éventuellement, hypothétiquement nous sommes dans
les hypothèses malheureusement mis en question serait l'usage du
français ou non dans le dossier, sans référence au
propriétaire du dossier ou à la personne dont le nom
paraîtrait au dossier, une procédure très simple
consisterait, pour la personne responsable du dossier à enlever le nom
ou toute référence à une personne en particulier.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous parler un peu plus fort?
M. Godin: Je pense que, dans le cas que vous soulevez, depuis
à peu près trois quarts d'heure, une heure, il serait très
simple, comme il ne s'agirait que de la langue utilisée au dossier, si
cela venait jamais en discussion, de faire disparaître le nom de la
personne qui apparaîtrait à ce dossier.
Ce serait la tâche du superviseur ou de la personne responsable du
dossier de voir qu'il n'y ait jamais de lien de fait entre le dossier et la
personne qui en est le sujet. Je pense que si effectivement on veut trouver des
puces à une loi quelle qu'elle soit, on peut toujours y parvenir. Cela
dénote une méfiance absolument totale à l'égard de
la fonction publique, du moins l'Office de la langue française, et, dans
un tel cas, il serait du devoir de la législature, d'une part, donc
nous, de voir que de tels abus ne se produisent jamais; mais jusqu'à
preuve du contraire, il n'est pas question de rendre public un dossier avec le
nom de la personne au dossier. Mais, si jamais il y avait conflit sur la langue
du dossier en question, il suffirait de faire sauter le nom tout simplement. Je
ne vois pas comment cela peut s'appliquer. On ne cherche pas à voir si
le dossier de M. X est en français ou en anglais, mais si tel
hôpital tient bien ce dossier conformément à la loi, c'est
tout.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avec le
consentement du député de Marguerite-Bourgeoys qui était
le suivant.
M. Lalonde: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne s'agit pas de savoir si le nom
du propriétaire du dossier sera rendu public ou non ou si le dossier
sera rendu public ou non. Ce qui est en question, c'est l'intrusion dans des
dossiers médicaux de personnes qui n'ont pas la compétence
médicale ou professionnelle pour examiner un dossier. Je pense bien
qu'on ne s'efforcera pas de rendre public le dossier de X, en tout cas, on le
souhaite, mais il reste que c'est l'intrusion dans l'examen des dossiers
médicaux qui sont dits confidentiels, de personnes qui n'ont pas la
compétence professionnelle pour intervenir dans ces dossiers.
M. Godin: Mme le député de L'Acadie, si le nom
n'apparaît pas, un dossier est absolument...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Mercier, l'indivisible
présidence a déjà statué que les duos
étaient défendus.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, laissez le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Godin: Excusez-moi, on y reviendra.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, à l'égard de
l'amendement, je lis l'article 7 de ce qu'on appelle la loi 65, qui est le
chapitre 48, Loi sur les services de santé et les services sociaux qui
dit que: "Sont confidentiels, les dossiers médicaux des patients dans un
établissement. Nul ne peut en donner ou
prendre communication, même aux fins d'enquête, si ce n'est
avec l'autorisation expresse ou implicite du patient ou encore sur l'ordre du
tribunal ou dans les autres cas prévus par la loi ou les
règlements."
Je pense que c'est évident que lorsqu'on dit: "prévus par
la loi ou les règlements", on réfère à toute loi.
Une fois une loi adoptée, c'est toute loi.
Je lis l'article 25a suggéré par le gouvernement où
on dit: "... dans les services de santé et les services sociaux, les
pièces versées au dossier clinique sont rédigées en
français ou en anglais à la convenance du rédacteur."
Si vous lisez l'article 160 du projet de loi no 101, on dit: "Les
inspecteurs assistent les commissaires-enquêteurs dans l'exercice de
leurs fonctions, vérifient et constatent les faits pouvant constituer
des infractions..." Alors, dans l'hypothèse où quelqu'un, que ce
soit un médecin, que ce soit un autre professionnel de la santé,
que ce soit un employé d'un hôpital, par exemple, porterait une
plainte disant que telle personne ou tel établissement ne permet pas
à un rédacteur d'écrire ses pièces qu'il verse au
dossier dans la langue française, qu'arrive-t-il? L'article 161 dit que
les commissaires-enquêteurs procèdent à des enquêtes
et si vous allez un peu plus loin, vous verrez qu'à l'article 169, il
est dit: "pour les enquêtes, les commissaires-enquêteurs et les
inspecteurs délégués par eux sont investis des pouvoirs et
de l'immunité accordés aux commissaires nommés en vertu de
la Loi des commissions d'enquête."
Et la Loi des commissions d'enquête, comme vous le savez, permet
aux commissaires-enquêteurs de forcer quiconque à produire des
pièces, des documents et, si la plainte a trait justement à une
pièce versée à un dossier clinique, nécessairement,
l'enquêteur ne pourra pas faire enquête à moins d'avoir
cette pièce.
Je pense que la suggestion de dernière minute du
député de Mercier tient de la plus haute naïveté. Non
seulement on ne peut suggérer ou assumer qu'on va enlever le nom de la
personne qui est visée par ce dossier, par cette pièce, mais cela
serait illégal que de falsifier le dossier en enlevant la
pièce...
M. Godin: M. le Président, je m'excuse, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: C'est ridicule.
M. Lalonde: La Loi des commissions d'enquête refuse...
M. Godin: On tombe dans la farce. C'est une farce. On coupe les
cheveux en quatre. C'est un concours de chiure de mouche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre!-
M. Goldbloom: Je m'excuse!
M. Godin: C'est du simple ridicule ce qui se passe ici. Cela
devient ridicule.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Goldbloom: Je m'excuse!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, M. le député de D'Arcy McGee,
M. le député de Mercier, s'il vous plaît! Je suis
prêt à tous vous reconnaître l'un après l'autre et je
cède à nouveau la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si j'ajoute à cela, au cas où il y
aurait un doute dans l'esprit d'un membre de cette commission, l'article 203 du
projet de loi qu'on étudie, qui dit: "L'article 40 de ladite
loi..." pour bien faire comprendre ce qu'est ladite loi, il faut que je
revienne un peu plus à l'article 202 qui dit: "L'article 14 de la Loi
d'interprétation (Statuts refondus 1964, chapitre 1) est remplacé
par le suivant: ..."
L'article 203 dit: "L'article 40 de ladite loi..." donc
réfère à la Loi d'interprétation.
Non, ce n'est pas le projet de loi no 101.
Alors, "l'article 40 de ladite loi est modifié par l'addition,
à la fin, de l'alinéa suivant: "Les lois doivent
s'interpréter, en cas de doute, de manière à ne pas
restreindre le statut du français."
Quand j'ajoute l'article 7 qui dit "... dans les autres cas
prévus par la loi ou les règlements" et que j'ajoute les
dispositions concernant les enquêtes, les dispositions de l'article 25a
sur les dossiers cliniques, je ne peux avoir autre chose qu'un doute, au moins,
au moins un doute, et quand le député de Mégantic-Compton
dit "trop fort ne casse pas", je pourrais dire dans la langue de Shakespeare,
pour tous ceux qui ont appris le bridge: "When in doubt, play trump". S'il y a
un doute, surtout concernant la confidentialité des dossiers
médicaux, ne prenons pas de risque.
Je ne comprends pas, à moins que cela procède d'un
hermétisme épouvantable, qu'on a vu ici depuis deux et trois
semaines, ou d'une allergie chronique de la part de ce gouvernement à
toute suggestion qui vient de l'Opposition officielle, je ne comprends pas
pourquoi le gouvernement, voyant une petite brèche possible, ne tente
pas de la fermer avec un amendement comme celui-là, ou, étant
donné que vous ne voulez pas adopter les amendements que l'on vous
propose, mettez-en un de votre propre cru, comme vous l'avez fait pour nos
handicapés.
Je ne comprends pas que le gouvernement, ayant pris connaissance de ce
doute, qui vient de la très mauvaise Opposition officielle, la
méchante Opposition officielle... Ce n'est pas en anglais qu'on vous
parle, on vous parle en français, on vous parle de dossiers de malades
qui sont peut-être des francophones, imaginez-vous! Si c'étaient
des Anglais, peut-être, mais ce sont peut-être des francophones
dont les dossiers...
M. Godin: Ne faites donc pas de farce plate comme cela, M. le
député.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Votre position suggère à peu
près tous les abus.
M. Godin: C'est du racisme, vous nous prêtez des intentions
racistes que personne n'a ici, mon cher monsieur. Personne n'a ces intentions,
c'est vous qui les avez, ce n'est pas nous qui les avons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Vous avez perdu votre conscience.
M. Godin: Je n'endurerai pas qu'à cette table il y ait du
racisme.
M. Lalonde: Vous allez endurer bien des affaires. Ce n'est pas du
racisme, c'est votre position qui suggère ce genre de propos. Depuis
trois semaines, il n'y a pas moyen de parler de valeurs objectives, c'est
toujours en fonction soit de l'anglais, soit du français. Nous vous
parlons d'une valeur objective, c'est de la confidentialité des dossiers
médicaux.
Mme Lavoie-Roux: Des amendements dilatoires!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, je ne comprends pas que le
gouvernement s'entête à considérer cet amendement comme
étant encore une tentative dilatoire, mauvaise, méchante de
l'Opposition officielle. Il s'agit simplement d'une perche que nous vous
tendons, pour que vous considériez, comme nous l'avons fait, à un
moment donné, quand vous avez griffonné un amendement il y a
quelques minutes, avant le vote, où vous avez ouvert une brèche,
sans le savoir, après quatre versions d'un article, vous avez
laissé tomber une disposition que vous aviez déjà, nous
vous tendo.ns la perche. Vous avez ouvert une brèche, sans le savoir,
par un amendement qui est arrivé griffonné jeudi, fermez la
brèche. C'est simple, vous n'avez qu'à accepter l'amendement
qu'on vous propose, c'est aussi simple que cela, parce qu'il y a un doute. Il
n'y a aucun doute que quiconque va lire l'article 7, du chapitre 48, avec les
dispositions de cette loi, surtout avec le changement qu'on fait à la
loi d'interprétation, il n'y a aucun doute qu'un enquêteur de la
commission d'enquête, du troisième bureau je ne sais pas
comment vous l'appelez maintenant ...
Une voix: Politburo.
M. Lalonde: II n'y a aucun doute, c'est un
commissaire-enquêteur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, quelqu'un a dit: Politburo.
Ce n'est pas quelqu'un de l'Opposition officielle. C'est même un ministre
du gouvernement.
M. le Président, on dit: La Régie ou l'Office de la langue
française, c'est du bon monde. Oui, c'est du bon monde, je le sais, et
cela va sûrement continuer d'être du bon monde, mais, quand
même, quand vous lui donnez le devoir de faire enquête, vous allez
lui donner le devoir de faire enquête, la loi le dit, il y a quelqu'un
qui se plaint que le dossier ne peut pas recevoir des pièces
versées dans ce dossier dans deux langues. On ne le verra jamais.
Sûrement que cela peut être vu, mais, à ce moment, si ce
n'est pas vu, enlevez votre projet 25a. Si c'est si confidentiel, vous ne
pourrez jamais vous assurer de son application.
Il y a sûrement quelqu'un qui peut faire une plainte.
L'enquêteur sera mis devant cette situation. La loi lui dit de faire
enquête, et la loi lui donne les pouvoirs, en plus. Vous allez reprocher
à cet enquêteur d'agir de mauvaise foi, s'il fait enquête.
Mais pas du tout. C'est son devoir de faire enquête, à moins que,
d'autre part, vous lui disiez que le chapitre 48 lui interdit d'aller consulter
le dossier médical. Il faut le dire, c'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, la suggestion faite tout
à l'heure par le député de Mercier, procédait
évidemment d'un désir de faire une contribution constructive
à ce débat.
Je dois lui expliquer que dans un dossier médical et il
faut qu'il en soit ainsi chaque feuille doit porter le nom et
l'identité du malade. Autrement, il y a le risque que la feuille soit
mise dans le mauvais dossier et que les mauvaises conclusions soient
tirées par les professionnels qui ont à soigner le malade en
question.
Il me semble, M. le Président, qu'à moins de faire des
acrobaties très considérables, on ne pourrait considérer
qu'un tel dossier puisse être disponible à un enquêteur qui
n'a pas l'autorisation du malade et qui n'exerce pas une fonction
professionnelle par rapport aux soins de ce malade.
Deuxièmement, M. le Président, je voudrais vous informer
que, jusqu'à il y a quelques années, je pouvais, dans l'exercice
de mes fonctions, dans l'exercice de ma profession, écrire
moi-même au service des archives d'un hôpital et recevoir
directement, par retour du courrier, les renseignements cliniques,
professionnels qui se trouvaient dans le dossier d'un malade. Je n'avais
qu'à déclarer dans ma lettre que j'avais été
consulté par ce malade et je pouvais recevoir tous les documents.
Depuis un certain nombre d'années, M. le Président, ce
n'est plus possible. Si je veux obtenir de tels renseignements du service des
archives d'un hôpital, il faut que le malade écrive à
l'hôpital et autorise l'envoi des renseignements à un
médecin qui est identifié dans la lettre signée par ce
malade.
M. le Président, à moins que le ministre n'ait en sa
possession ici, ce soir, un avis juridique qu'il peut déposer qui dit
clairement, de façon "incontestable", qu'il n'y a aucun danger, que la
loi est étanche et que ce que nous croyons être une lacune ou une
ouverture, dans l'article 7 du chapitre 48 des lois de 1971... Je crois qu'il a
le devoir, en vertu du principe fondamental qui a été
énoncé et qui a été renforcé par la preuve
qu'il n'y a pas de mal, qu'il n'y a pas de dommage causé au projet de
loi du gouvernement par cet amendement, je crois que le ministre doit
l'accepter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les argumentations de nos amis d'en face et je dois
conclure que, malgré l'assaut qu'ont livré ces vagues hautes et
forcenées au roc de l'argumentation du député de Rosemont,
celui-ci ne me paraît pas du tout entamé par cet assaut. L'axe
majeur de son argumentation demeure non entamé et c'est le suivant: Si
le législateur avait voulu contrevenir à l'article 7 de la loi
65, le législateur l'aurait dit. Or, le législateur n'a pas dit
que l'article 7 était aboli. Donc, l'article 7 de la loi 65 reste en
vigueur. Il sera observé par l'Office de la langue française, non
pas parce que l'office est gentil, non pas parce que l'office est
composé d'hommes et de femmes polis, ayant de bonnes manières,
ayant toute la bonne foi désirable, mais parce que l'Office de la langue
française est tenu d'observer les lois du Québec.
Je suis convaincu, pour ma part, que cette hypothèse qu'a
soulevée l'Opposition est destinée à demeurer une pure
hypothèse et que la discussion que nous venons d'avoir est
destinée à demeurer une discussion purement académique.
Ceci revient à dire que le doute n'existe que dans l'esprit de
l'Opposition qui, d'ailleurs, depuis le début des travaux, l'a
cultivé d'une façon systématique. Il n'y a donc pas de
brèche...
M. Goldbloom: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Laurin: ... sauf la brèche que l'on veut bien
"fantasmer" ou imaginer. En effet, M. le Président, si le
législateur avait voulu modifier quelque article que ce soit d'une loi
antérieure, il l'aurait fait de la façon qu'il a utilisée
dans le chapitre portant sur les dispositions transitoires et finales. Il
l'aurait fait, par exemple, en modifiant ou en abrogeant, comme il l'a fait
dans ce chapitre, l'article 202, l'article 203, l'article 204, l'article 205,
l'article 206, l'article 207, l'article 208, l'article 209, l'article 210,
l'article 211, l'article 212. Ce qui veut dire que le législateur a bien
pris le soin de revoir, d'examiner en profondeur toutes les lois
antérieures pour voir lesquelles pouvaient entrer en contradiction avec
l'un ou l'autre des articles de la loi 101.
S'il a choisi d'ignorer la loi 65 ou le chapitre 48, c'est que
c'était son intention délibérée de l'ignorer. Il
n'y a donc aucun doute à ce sujet. D'ailleurs, M. le Président,
j'aurais aussi un autre argument à faire valoir. Si jamais il y avait eu
doute, ce que je nie, ce n'est pas à l'article 25a que le
législateur aurait choisi d'intervenir, car l'article 25a ne dit qu'une
chose: il donne le droit à un professionnel de rédiger une note
qu'il verse au dossier dans la langue de son choix.
L'article 25a n'a aucunement le but de décrire le
mécanisme selon lequel l'observation ou l'observance de cette
règle doit être menée. Si jamais le législateur
avait eu cette intention, ce n'est sûrement pas à l'article 25a
qui établit une règle qu'il l'aurait fait. Cela aurait
été, par exemple, au chapitre de la commission de
surveillance.
Mais il ne l'a pas fait justement parce qu'il veut que l'article 7
continue de prévaloir et continue de guider les travaux de l'office. En
effet, tout ce que dit l'article 25a, encore une fois, c'est qu'il donne le
droit à une personne de rédiger une note dans la langue de son
choix. Même si, par inadvertance, quelqu'un pouvait mettre les yeux sur
un dossier et y voyait des notes, les unes écrites en anglais, les
autres écrites en français, jamais il ne pourrait dire que
l'article 25a a été ou non observé. Car il est
possible...
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît. Certainement... non?
M. Laurin: Après.
Le Président (M. Cardinal): Alors, monsieur...
M. Laurin: Car il est possible que le rédacteur ait
écrit en français ou en anglais selon son choix et non pas selon
sa langue maternelle. Justement peut-être pour des raisons de
commodité que j'ai évoquées à une occasion
précédente.
Si jamais l'office veut vérifier si cet article 25a est
observé, il a une façon beaucoup plus pertinente, beaucoup plus
raisonnable, beaucoup plus indiquée de le vérifier que le moyen
que nous propose le député de Mont-Royal. C'est simplement de
demander au directeur général de l'institution ou au directeur
des services professionnels s'il a émis une directive autorisant chacun
des professionnels de l'institution d'écrire les notes qu'il verse au
dossier dans sa langue. C'est cette pièce administrative qui fera foi de
l'observation ou de la non observation de l'article 25a et non les moyens que
nous propose le député de Mont-Royal dans son amendement à
l'article 25a.
D'ailleurs, il y a d'autres moyens que pourrait prendre l'office
également pour vérifier l'observation de cet article 25a. Mais
encore une fois, M. le Président, l'axe majeur de l'intervention du
député de Rosemont continue à demeurer et c'est là
ce qui fait qu'il n'y a aucun doute dans notre esprit que le législateur
n'a pas voulu contrevenir à l'article 7 de la loi 65; autrement, il
l'aurait dit de la même façon qu'il l'a dit dans le dernier
chapitre.
C'est la raison pour laquelle cette discussion, encore une fois, nous
paraît purement académique, est destinée à demeurer
une pure hypothèse. Il n'y a aucun doute possible sur
l'interprétation à donner à ces divers articles. C'est la
raison pour laquelle nous nous voyons obligés de rejeter cet
amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre vient de dire
que tout ce que fait l'article 25a, c'est de permettre aux professionnels de
rédiger ou en français ou en anglais leurs notes, leurs
observations aux dossiers. Qu'est-ce qui arrive si le deuxième
alinéa de cet article trouve son application? Qu'est-ce qui arrive si un
service de santé ou un service social impose que toutes les
pièces ne soient rédigées qu'en français? À
ce moment, son argumentation tombe.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, quand j'ai fait mon
amendement, j'ai été très bref dans mon exposé,
parce que, franchement, je croyais que, vu les déclarations du ministre
suivant lesquelles il voulait respecter la confidentialité, il n'y
aurait pas eu de débat si étendu sur cet article, que cela
n'aurait pas été contesté. Je vois que ce n'est pas le
cas.
Le ministre nous donne l'argument que le projet de loi ne va pas
à l'encontre de l'article 7 de la loi sur les services de santé.
Il ne modifie pas l'article 7. Mais c'est spécifiquement pour cette
raison que nous avons besoin de l'amendement. Encore une fois, j'aurais
préféré que des juristes et, sans manque de respect envers
le ministre d'État au développement culturel... Encore une fois,
nous sommes en face d'un argument légal, nous sommes en face de deux
articles de la loi. Il n'y a aucun doute que, s'il y avait un juriste du
côté ministériel, il pourrait régler les propos que
le ministre vient de donner.
Le ministre a dit: L'article 7 n'est pas changé par la loi 101.
Mais c'est spécifiquement pour cette raison que la
confidentialité est atteinte, parce que l'article 7 donne le droit aux
enquêteurs d'aller dans les dossiers médicaux. L'article 7 dit: II
y a trois cas où on peut aller vérifier les dossiers des
patients: l'autorisation du patient, l'ordre d'un tribunal ou les autres cas
prévus par la loi. Maintenant et je voudrais signaler cela au
député de Rosemont, s'il se souvient de l'expression la
loi, c'est la loi. La loi, c'est global. Cela veut dire que n'importe quel
article dans n'importe quelle loi peut permettre une exception. S'il
vérifie avec le ministre de la Justice, il verra que c'est la seule
explication, c'est la seule interprétation qu'on puisse donner aux mots
"la loi". L'article 7 ne dit pas: cette loi. Cette loi se
référerait seulement à l'article 7. Alors, dans ce cas, je
n'avais pas à donner mon amendement. Je n'aurais pas proposé mon
amendement. C'est parce que l'article 7 prévoit des cas où,
peut-être, une autre loi donnerait la permission d'aller examiner ces
dossiers que j'ai fait mon amendement.
Comment la loi 101 donne-t-elle cette permission? Je vais vous
référer aux termes de l'article 25a. Ce n'est pas seulement
l'article 25a qui ouvre la porte à l'atteinte à la
confidentialité. La raison pour laquelle j'ai fait mon amendement, c'est
parce que je voulais être certain que cela ne tombe pas caduc. À
un moment, on m'a dit que c'était prématuré. Alors, je
voulais être certain qu'on pourrait en discuter. Ce n'était pas
une question dilatoire, ce n'était pas une question de l'apporter au
mauvais moment. Finalement, dans l'article 25a, on se réfère aux
dossiers cliniques. L'article 25a dit que les pièces versées aux
dossiers cliniques sont rédigées en français ou en
anglais, à la convenance du rédacteur. L'article 160 donne aux
enquêteurs le droit de vérifier. Ils vérifient et
constatent les faits. La seule façon dont ils puissent le faire, c'est
en allant voir les dossiers médicaux. Ils ont ce droit par l'article 7
de la loi sur la santé.
Je voudrais aussi référer à l'article 57 de la Loi
des statuts refondus 1964, la Loi d'interprétation. L'article 57 dit
clairement: "L'autorisation de faire une chose comporte tous les pouvoirs
nécessaires à cette fin." Si le projet de loi donne aux
enquêteurs le pouvoir de vérifier et de constater les faits
pouvant constituer des infractions à la présente loi et si un des
faits dans l'article 25a est de s'assurer que les pièces versées
au dossier soient rédigées en français et qu'il est aussi
loisible à chaque service de santé ou à chaque service
social d'imposer que ces pièces soient rédigées uniquement
en français, il est clair, il n'y a aucun doute que ces enquêteurs
peuvent aller dans les dossiers médicaux pour vérifier tous les
différents faits contenus dans le projet de loi. Cela est une atteinte
au droit de confidentialité, un principe fondamental. Je ne peux pas
comprendre pourquoi on essaie de contourner, on refuse d'accepter ce
principe.
Si, comme le dit le député de Mercier, l'hôpital
peut donner le dossier sans le nom du patient, il faudrait modifier le projet
de loi 101 pour qu'on dise cela. Tel que le projet de loi 101 est
rédigé, ce n'est pas ce que l'hôpital est obligé de
faire, de le donner, et ce n'est pas à cela que les enquêteurs
sont restreints. Ils ont les pouvoirs.
Finalement, une représentation a été faite par
différents organismes, différents hôpitaux et services
sociaux. Une lettre a été envoyée au ministre
d'État aux Affaires culturelles. C'est pour cette raison que je ne
comprends pas du tout l'approche, l'attitude du ministre. Ce n'est pas nous qui
avons porté à son attention la question de la
confidentialité. Une lettre d'à peu près 22 ou 23
hôpitaux qui sont affectés... Un instant, M. le Président,
je vais lire une lettre de M. Patterson qui, lui aussi est avocat, il parlait
au nom de ces différents organismes. Il y a une autre question
importante. Je cite la lettre sur la confidentialité. "Nous n'avons pas
à nous étendre sur ce point étant donné que nous
sommes sûrs que vous comprendrez c'est
une lettre au ministre l'impossibilité de traiter des
patients qui savent à l'avance que tout renseignement donné au
médecin paraîtra dans son dossier médical et sera ensuite
examiné par des inspecteurs de la langue." C'est la
préoccupation. En plus d'écrire cette lettre, M. Patterson et son
groupe ont suggéré un amendement à la loi qui n'est pas
exactement l'amendement que nous avons proposé, mais en somme qui
retient les principes de mon amendement.
M. le Président, si le gouvernement n'accepte pas cet amendement,
il va à l'encontre de ses déclarations, il va à l'encontre
de ce principe de confidentialité. Ce n'est pas une façon de
rédiger un projet de loi en portant atteinte à un principe
très fondamental dans notre société.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui. Un instant, si vous me
permettez...
M. Lalonde: Non, je n'ai pas...
Le Président (M. Cardinal): D'accord! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys en vertu de l'article 92, je vous
reconnais.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais dire au grand
juriste de "l'enveloppement" culturel que dans la Loi d'interprétation
que lui-même suggère d'amender à l'article 203, l'article
61 dit, au dixième alinéa, et je vais le lire
complètement: "Les mots "actes impériaux" ou "statuts
impériaux" signifient les lois passées par le Parlement
impérial; les mots "actes fédéraux" ou "statuts
fédéraux" signifient les lois passées par le Parlement du
Canada; les mots "acte", "statut" ou "loi", partout où ils sont
employés sans qualificatif, s'entendent des actes, statuts et lois de la
Législature du Québec. C'est pour ajouter à son bagage
juridique dont il nous a fait état si brillamment, tantôt.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre
d'État.
M. Laurin: M. le Président, tout ce que je pourrais
retirer de cette dernière remarque, c'est que c'est plutôt la loi
65 qu'il faudrait amender, si vraiment le député de
Marguerite-Bourgeoys avait raison. Mais, pour lui faire plaisir et même
si je continue à persister dans l'opinion que j'exprimais tout à
l'heure, afin d'aider l'Opposition à se départir du dernier doute
qu'elle pourrait posséder en la matière, je suis prêt
à suspendre l'étude de cet amendement et, dans l'intervalle qui
nous sépare du début de la prochaine séance, demain matin,
je ferai les recherches et études nécessaires en consultation
avec les juristes du gouvernement et, demain matin, je pense bien que je serai
en mesure d'apporter une réponse qui dissipera tous les doutes de
l'Opposition officielle.
M. Lalonde: Cela nous a pris une heure.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques, sur la motion du député de Bourget et ministre
d'État, parce que je suis... non, sur la motion d'amendement?
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Parce que j'ai une motion
devant moi.
M. Charron: Oui, sur la motion de suspension qui vient
d'être présentée...
Le Président (M. Cardinal): C'est ce que je veux
savoir.
M. Charron: ... par le ministre d'État au
développement culturel.
Le Président (M. Cardinal): Parce que je recommence
à compter le temps qui court.
M. Charron: Je partage également son opinion que plusieurs
des remarques faites par les députés de l'Opposition ne sont pas
à l'encontre de la loi 101, au contraire. Mais, si vous me permettez de
faire état de ma vaste expérience, M. le Président, ce qui
m'apparaît être une mauvaise rédaction de la loi 65 avait
échappé à ma vigilance en 1971, lorsqu'elle avait
été adoptée. Effectivement, je pense qu'il aurait
été approprié de dire, dans les trois circonstances
échappatoires à l'application de l'article 7, comme vient de
signaler le député de Mont-Royal, il aurait été
mieux dans la rédaction, que les juristes de l'époque, ce
n'était pas le gouvernement qui vous parle qui, à
l'époque, employait les juristes, le gouvernement de l'époque a
présenté une mauvaise loi, mal conseillé par des juristes,
et il aurait dû inclure à ce moment-là "la présente
loi", plutôt que d'utiliser la clause échappatoire...
M. Lalonde: Jamais, on ne va accepter ça, jamais.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Lalonde: Jamais.
M. Charron: ... présentée par le
député de...
M. Lalonde: C'est pire que votre affaire.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, à
l'ordre!
M. Charron: Toujours est-il, M. le Président, que, puisque
le ministre d'État s'est engagé...
M. Lalonde: C'est épouvantable.
M. Charron: ... à reprendre cette discussion avec
l'Opposition après consultation, je propose l'ajournement des travaux de
la commission à de-
main matin, après la période des questions, puisque la
Chambre doit siéger.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques, vous faites une proposition semblable en vertu de l'article 77
probablement...
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): ... vous savez qu'il y a un
débat et nous sommes à 22 h 53. Je vais tenter, dans la mesure
qui m'est possible, de résoudre cette question. J'ai devant moi à
la fois trois questions: l'article 25a, l'amendement de M. le
député de Mont-Royal à l'article 25a et la motion de
suspension de M. le député de Bourget, ministre d'État au
développement culturel.
M. Charron: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: En vertu de l'article 77, de toutes les questions qui
sont devant vous, la mienne a maintenant préséance.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez parfaitement raison,
M. le député de Saint-Jacques. Je veux simplement demander si la
commission, au lieu de faire un débat jusqu'à 23 heures,
m'accorde le consentement unanime pour ajourner les travaux.
M. Lalonde: M. le Président, et pour...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est pour appuyer la motion.
M. Grenier: Je signale au gouvernement que j'ai une motion
prête pour cet article demain, un amendement...
M. Charron: Ah oui!
M. Grenier: ... qui est important, et j'aimerais le faire
connaître pour qu'il y réfléchisse et qu'il l'incorpore,
s'il y a lieu, demain.
M. Charron: Ne m'empêchez surtout pas de dormir.
M. Grenier: Je ne pense pas. Cela va en prendre plus que
ça pour empêcher le gouvernement de dormir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons continuer jusqu'à 23 heures. M. le
député de Mégantic-Compton, si vous voulez
présenter votre amendement, il me faut le consentement...
M. Charron: II n'y a pas consentement, M. le Président,
nous prendrons demain...
M. Grenier: Je ne veux empêcher personne de dormir.
M. Charron: Je propose la motion d'ajournement du débat
à demain.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Les travaux de la commission
sont ajournés jusqu'à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 55)