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Étude du projet de loi no 101 -Charte de la
langue française
(Dix heures 8 minutes)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Maintenant que cela commence à être
enregistré...
Mme Lavoie-Roux: On est mieux de se taire!
Le Président (M. Cardinal): Ce serait une très
bonne idée si cela se faisait pendant un bon bout de temps!
C'est une nouvelle séance de la même commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications pour
étudier le projet de loi 101, article par article, après la
deuxième lecture.
Je fais l'appel des membres de la commission. M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Bertrand (Vanier), M. Charbonneau
(Verchères), M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Duhaime
(Saint-Maurice); M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
de Bellefeuille (Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa) remplacé pas Godin
(Mercier).
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud).
À l'ordre, s'il vous plaît! On prendra le "coffee break" un
peu plus tard!
M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Raynauld
(Outremont).
M. Raynauld: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Duhaime: Vous avez mentionné que je remplaçais
quelqu'un, mais je pense que c'est inexact. Je suis membre de la
commission.
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est exact. Vous
remplacez quelqu'un.
M. Duhaime: Non.
Une voix: Tu n'es pas membre.
M. Duhaime: Comment, je ne suis pas membre! J'ai entendu hier que
c'était un et indivisible.
Le Président (M. Cardinal): Au contraire de la
présidence, ce qu'on appelle le leader parlementaire et ses adjoints,
c'est pas une Sainte-Trinité, c'est divisible et il faut qu'il y ait des
remplacements.
M. Lalonde:... diviser des fois.
Le Président (M. Cardinal): Je rappelle qu'à
l'ajournement, quelques secondes avant l'ajournement, nous avons adopté,
sur division, l'article 18. Pour bien remplir le mandat de la commission et que
nous ne soyons pas sans objet devant nous, j'appelle immédiatement
l'article 19. Je demande à M. le ministre d'État au
Développement culturel s'il veut s'exprimer.
Article 19
M. Laurin: Je demande l'adoption, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): L'article 19 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On reconnaît, à l'article 19, une
catégorie de documents à caractère plus officiel que ce
dont on a traité à l'article 18 et, quant à nous, nous
sommes prêts à adopter cet article et à appuyer le
gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, ici, bien sûr, comme
vous le savez, nous n'avions pas d'amendement. Vous l'aviez perçu
à l'avance, pas vous, mais les autres membres de la commission. Puisque
nous voulons assurer la prééminence de la langue française
et donner au Québec un visage essentiellement français, il est
nécessaire que tout avis de convocation ainsi que les ordres du jour et
les procès-verbaux d'une assemblée délibérante dans
l'administration soient rédigés en français.
Ainsi, dans les organismes municipaux et scolaires dont les
administrés sont en majorité de langue anglaise, ces documents
seront soit en français, soit en anglais. Je pense, M. le
Président, que nous n'avons pas de réserve sur cet article et que
nous l'appuierons.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce que l'article
19 sera adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté unanimement.
M. Duhaime: ...
Nouvel article 20
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Je vous rappelle que l'article 20 est remplacé par un
nouvel article et ceci, du consentement unanime de la commission, mais, au cas
où certains n'auraient pas encore le texte devant eux, même s'il a
déjà été distribué, je le fais distribuer
immédiatement.
Sur le nouvel article 20... M. le ministre, j'ai appelé l'article
20 nouveau, ce n'est pas un amendement. Sur le nouvel article 20, M. le
ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: Les changements par rapport au texte original sont
minimes. Il s'agit simplement de modifier le mot "entité de
l'administration" pour "organisme de l'administration", au début du
premier paragraphe, et de remplacer le mot "amender", à la
dernière ligne, par le mot "modifier".
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, je n'ai pas
compris la première...
M. Laurin: Remplacer le mot "entité de l'administration"
par le mot "organisme de l'administration" et, à la dernière
ligne, remplacer le mot "amender" par "modifier".
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous permettez,
sur les termes, je m'excuse d'être si précis, mais, encore une
fois, ce n'est pas que des mots soient remplacés par d'autres mots. Dans
les faits, c'est exact, mais il ne s'agit pas de l'article 20, même
modifié. Il s'agit d'un nouvel article qui est accepté comme
remplaçant l'article qui existe dans le projet de loi.
C'est exactement une motion principale. Mme le député...
Il n'y a pas de motion, c'est un consentement unanime de la commission.
M. Duhaime: Qui a déjà été
donné.
Le Président (M. Cardinal): Oui, lors du
dépôt de tous ces textes.
M. Duhaime: D'accord.
M. Laurin: C'est ce qu'on maintient encore.
M. Duhaime: Alors, adopté?
Le Président (M. Cardinal): Non, Mme le
député de L'Acadie avait demandé la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre considère cela parmi les quinze ou vingt amendements. Je ne
voudrais pas déformer ce qu'il a dit hier. Il a parlé d'autres
amendements qui devaient venir. J'espère qu'ils ne seront pas tous d'une
teneur aussi substantielle.
M. Laurin: Non, j'ai dit qu'il y avait des amendements de
concordance, des précisions, des clarifications, mais qu'il y en avait
aussi qui touchaient au fond.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Alors, de toute façon,
ceci ne nous paraît pas satisfaisant que la teneur de l'article tel que
rédigé et qui dit: "Pour être nommé, muté ou
promu à une fonction dans l'administration, il faut avoir de la langue
officielle une connaissance appropriée à cette fonction."
Certains seront tentés de rétorquer immédiatement
sans doute pas le ministre d'État au développement culturel qui,
je sais, connaît la loi 22 avec toutes ses virgules, également les
lois 1 et 101 qu'il y avait un article qui était similaire dans
la loi 22, disant: "Pour être nommé, muté ou promu à
une fonction administrative"; ce qui est très différent de
"à une fonction dans l'administration", parce qu'une fonction dans
l'administration implique, je pense, toutes les catégories d'emplois qui
peuvent se trouver à l'intérieur des services publics. À
ce moment, on ouvre la porte peut-être à des difficultés
inutiles pour certaines catégories d'employés dont l'exercice des
fonctions n'entraîne pas de contacts directs avec le public. Je pense que
l'exemple le plus frappant de celui-là, ceci aura fait la
célébrité du ministre des Transports, on l'a cité
déjà plusieurs fois...
M. Duhaime: II était déjà
célèbre, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est la partie triste de sa
célébrité. Je pense qu'en le formulant de cette
façon-ci, "à une fonction dans l'administration",
immédiatement, tout le monde est inclus
dans cette formulation, et ceci au détriment de certains
travailleurs pour qui la connaissance de la langue officielle ne s'imposerait
pas.
Je pense qu'il est souhaitable qu'éventuellement, tout le monde
ait de la langue officielle une connaissance suffisante au moins, comme on l'a
dit, pour qu'elle soit la langue de communication générale. Mais
entre-temps, je pense que tel que rédigé, ceci pourrait exclure
de la fonction publique des personnes qui n'ont pas de contact avec le public
et qui, pour des raisons la plus simple étant qu'elles sont
arrivées, par exemple, dans cette province depuis peu longtemps
ne possèdent pas encore cette connaissance de la langue officielle; des
emplois leur seraient fermés, alors que la fonction qu'elles
occuperaient ne nécessiterait même pas, à ce moment, la
connaissance de la langue officielle.
C'est dans ce sens que nous allons proposer un amendement que je lis:
Que l'article 20 soit modifié en ajoutant dans la première ligne
du premier alinéa après le mot "...fonction..." le mot
"...administrative...", et en ajoutant un troisième alinéa qui se
lirait comme suit: "Les fonctions dont l'exercice n'entraîne pas de
contacts directs avec le public peuvent cependant être exclues de
l'application du présent article".
L'article amendé se lirait comme suit: "Pour être
nommé, muté ou promu à une fonction administrative dans
l'administration, il faut avoir de la langue officielle une connaissance
appropriée à cette fonction. Pour l'application de
l'alinéa précédent, chaque organisme de l'administration
établit les critères et modalités de vérification,
soumis à l'approbation de l'office de la langue française.
À défaut de quoi, l'office peut les établir
lui-même. Si l'office estime insatisfaisants les critères et
modalités, il peut soit demander à l'organisme concerné de
les modifier, soit les établir lui-même. Les fonctions dont
l'exercice n'entraîne pas de contacts directs avec le public peuvent
cependant être exclues de l'application du présent article".
Le Président (M. Cardinal): Merci, Mme le
député de L'Acadie.
Le texte est distribué immédiatement et je ne permettrai
pas de débat sur la recevabilité parce qu'en vertu des articles
70, 65,2 et 154, la motion est parfaitement recevable quant à sa forme
et quant à son contenu, en ce sens qu'il y aurait pu avoir
problème pour le paragraphe qui est ajouté, mais ce paragraphe ne
rejette pas la totalité de la substance de l'article. Il ne fait qu'une
restriction, enfin qu'une exception au principe de l'article.
Immédiatement nous commençons le débat sur l'amendement
présenté par Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas
répéter les arguments que déjà j'ai fait valoir et
qui, j'espère, peuvent avoir une certaine influence sur l'attitude que
le gouvernement adoptera face à cet amendement. Je vais simplement
terminer ici et laisser d'autres s'exprimer, quitte à ce que je revienne
plus tard. Il y a des choses qui me semblent plus claires que d'autres. On peut
procéder plus rapidement si la même clarté...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce que quelqu'un
de l'Union Nationale voudrait s'exprimer?
M. Grenier: J'aurais une question à poser au ministre
à savoir qu'est-ce qu'il entend par "fonction dans
l'administration"?
M. Duhaime: On est sur l'amendement si je comprends bien?
Le Président (M. Cardinal): J'admets quand même la
question. Pour savoir si l'amendement est valable ou pas, il serait
peut-être intéressant d'entendre une réponse.
M. le ministre d'État.
M. Laurin: C'est une fonction liée à un poste quel
qu'il soit.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être n'importe quel poste.
M. Grenier: Par "fonction dans l'administration", vous n'entendez
pas le terme d'administration tel que définit dans l'amendement du
député de L'Acadie?
M. Laurin: L'acceptation est sûrement plus large.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je voudrais poser à la marraine de l'amendement
la même question que le député de Mégantic-Compton.
Qu'entendez-vous précisément par la fonction administrative de
l'administration? Quelle nuance faites-vous entre une fonction administrative
de l'administration et toute autre fonction? Cela me semble redondant à
première vue.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on entend, c'est une fonction qui, de par
sa nature même, appelle des contacts et des communications avec des
personnes à l'extérieur de la fonction publique.
Y a-t-il redondance? Non, je ne le crois pas. Ce pourrait être une
fonction administrative. Il s'agit de l'administration.
M. Godin: II y a deux sortes de fonctions, dans votre esprit,
quoi!
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Godin: M. le Président, puis-je prendre la parole sur
le fond de la question?
Le Président (M. Cardinal): Certainement, oui. M.
Grenier: Mais après...
Le Président (M. Cardinal): Je laisse cela à
votre... Dans ce cas, non.
M. Godin: D'accord, M. le député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cardinal): À la suite d'un
amendement, si vous permettez, M. le député de
Mégantic-Compton, afin que nous n'errions pas, normalement, j'aurais
dû demander au parti ministériel de s'exprimer et, ensuite, ce
serait à vous, parce que la proposition vient de l'Opposition
officielle.
M. Grenier: Oui, j'avais cru que c'était
déjà fait pendant que j'étais occupé.
Le Président (M. Cardinal): Non, j'ai permis des
questions.
M. Grenier: Bon, si c'est au nom du parti ministériel, je
n'ai aucune objection.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, je vais donner la
parole à M. le ministre d'État au développement
culturel.
M. Laurin: II est bien évident que nous n'étions
pas satisfaits de l'article 14 de la Loi de la langue officielle parce que les
mots "fonction administrative" n'y étaient pas définis. À
force d'étudier cet article, nous nous sommes rendu compte que, par
suite de cette carence au niveau de la définition, il était
très difficile de se faire une juste idée de la signification de
ce que visait la loi et il était encore plus difficile de prévoir
les modalités d'application de cet article. D'ailleurs, quand le cas
dont parlait le député de L'Acadie a été
soulevé, cela nous a donné une occasion de retourner à
l'article et de nous rendre compte à quel point il était
difficile de s'y retrouver, aussi bien au niveau des principes qu'au niveau des
modalités d'application.
Je dois dire que, lorsque nous avons préparé cet article,
nous y avions également pensé car, évidemment, nous nous
étions référés à l'article originel de la
loi 22. Au fur et à mesure que se poursuivait notre examen, nous nous
sommes rendu compte que ce qualificatif, ajouté au substantif de
fonction, pouvait cannoter une certaine ambiguïté de même
qu'une certaine obscurité. Il nous a semblé
préférable d'employer le mot "administration" du fait que,
précisément, l'annexe définissait très clairement
l'extension ainsi que la compréhension du concept de l'administration.
Pour éviter toute obscurité, toute ambiguïté, nous
avons résolu de rédiger l'article en conformité avec la
définition que nous avions donnée de l'administration et
l'extension que nous avions donnée au concept d'administration dans
l'annexe.
Par ailleurs, M. le Président, il nous semble qu'il ne faut pas
faire de distinction trop spécieuse dans cet article. Là, il y a
vraiment une raison de principe. Nous estimons que, s'il est vrai, comme nous
l'avons dit depuis l'examen de ce chapitre, que le français doit
être la langue officielle, ceci doit s'appliquer d'abord et avant tout
à l'administration qui reflète, au premier chef, comme il se
doit, les orientations de base ou les principes qui président à
la législation. C'est donc au niveau de l'administration tout
entière que ce concept de langue officielle doit être
étendu et appliqué. Ce qui veut dire, en clair, M. le
Président, que tous les fonctionnaires de l'administration dans un
État dont la langue officielle est le français, dans une
administration qui fonctionne fondamentalement dans la langue officielle,
doivent posséder une connaissance au moins élémentaire de
la langue officielle, car il arrive constamment que des fonctionnaires, quel
que soit leur poste, quelle que soit leur fonction, de la plus haute à
la plus basse, de la plus élevée à la plus subalterne,
doivent posséder cette connaissance de la langue officielle car ils sont
tous appelés à avoir des communications, à un moment ou
l'autre, soit avec le public, bien sûr, mais soit entre eux, aux divers
paliers. Que ce soient des communications horizontales, avec des fonctionnaires
de même rang ou de même catégorie, ou que ce soit au niveau
vertical, soit avec leurs supérieurs, soit avec leurs
subordonnés. C'est là que je dis, M. le Président, que si
nous n'y prenons garde, nous pouvons tomber dans des distinctions
spécieuses qui risquent de nous faire déroger au principe et
à la nécessité d'adhérer à ce principe dans
les activités propres à l'administration. On ne peut nier que
même si un fonctionnaire, par la définition de son poste, n'est
pas appelé à avoir des contacts avec le public, il peut quand
même toujours arriver que, par accident, ou d'une façon
accessoire, ou d'une façon éventuelle, il puisse également
avoir des contacts avec le public.
Et, à ce moment-là, évidemment, même !e
député de L'Acadie est d'accord qu'il faut une connaissance de la
langue officielle. Mais, même s'il ne s'agit pas de contacts avec le
public, étant donné que la langue officielle est celle qui
prévaut à tous les niveaux de l'administration, il est probable,
pour ne pas dire évident, qu'à un moment ou l'autre, tout
fonctionnaire, quel qu'il soit, devra utiliser la langue officielle. Qu'il
s'agisse par exemple de communications, d'avis qu'il reçoit de ses
chefs, de ses supérieurs, qu'il s'agisse de correspondance, d'avis qui
sont affichés à l'un ou l'autre des endroits où il est
appelé à travailler, qu'il s'agisse de réunions
opérationnelles où il est appelé à donner son avis,
qu'il s'agisse d'interprétation d'ordres ou de directives qu'il
reçoit des paliers supérieurs, il devra, quel que soit son
emploi, posséder une connaissance de la langue officielle pour
comprendre ces avis, ces directives, pour exprimer son avis, pour faire valoir
ses suggestions, ses recommandations. On ne peut donc éviter d'avoir
à connaître cette langue officielle.
Ceci est encore plus vrai, évidemment, s'il s'agit d'un poste qui
comporte une certaine autorité, un certain pouvoir, en même temps
qu'un certain devoir de s'adresser à des subalternes, pour leur
communiquer les vues, les politiques gouver-
nementales en telle ou telle matière. C'est donc notre opinion,
M. le Président, qu'il n'est pas possible, à quelque poste que ce
soit au sein de l'administration, d'ignorer la langue officielle, qu'il n'est
pas possible de ne pas en avoir une connaissance élémentaire, une
connaissance d'usage. Évidemment, le niveau de cette connaissance peut
varier selon les postes qu'on occupe, selon aussi le palier de l'administration
ou le niveau d'administration où on peut avoir à travailler. Par
exemple, il est bien évident que, dans certaines municipalités
dont la majorité des administrés sont de langue anglaise, on aura
peut-être moins souvent l'occasion ou il paraîtra moins souvent
nécessaire d'avoir à utiliser la langue officielle. Même
là, puisqu'il y a des administrés de langue française dans
toutes les municipalités du Québec, et puisque nous avons
reconnu, dans les principes fondamentaux, à tout citoyen
québécois, à toute personne, le droit à l'usage de
la langue française, pour l'application de ce droit, il est bien
évident que les fonctionnaires, qui sont l'émanation de
l'administration, doivent, pour respecter ce droit, pour communiquer avec
quelque citoyen que ce soit qui veut que ce droit soit respecté,
puissent faire usage de la langue officielle et, en l'occurrence, la langue
française.
Je ne veux évidemment pas parler ici des modalités que
nous avons choisies pour que ce droit soit appliqué à certains
niveaux d'administration. Nous avons voulu être souples, en l'occurrence,
en laissant à chacun de ces niveaux d'administration le soin de
définir les modalités de ce principe.
Mais, sur le plan des principes, il nous semble absolument incontestable
aussi bien qu'inévitable que toute fonction au sein de l'administration
exige une connaissance d'usage de la langue officielle et aussi, on pourrait
aller plus loin, appropriée aux postes respectifs de l'administration.
C'est pour ces différentes raisons, M. le Président, qu'il nous
paraît impossible d'accepter l'amendement du député de
l'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie désirerait vous poser une question, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis encore incapable de m'habituer à
interrompre les gens pendant qu'ils parlent. Heureusement qu'il nous reste du
temps, de part et d'autre.
Le Président (M. Cardinal): De toute façon vous
n'interrompiez pas, vous terminiez votre phrase. C'est possible, car M. le
ministre a un temps illimité et vous, vous n'avez pas employé
tout votre temps!
Mme Lavoie-Roux: II y a beaucoup de principes que le ministre a
énoncés et avec lesquels je suis d'accord. Je pense que c'est
inutile de revenir là-dessus, à savoir que le français,
c'est la langue de l'administration, etc. Je voudrais quand même qu'il
m'explique si, suite à la rédaction de cet article, on
empêche il s'agirait que quelqu'un fasse une plainte on
peut empêcher je vais nommer celui-là, parce que c'est le
cas le plus simple un immigrant portugais qui arrive de demander un
emploi manuel, parce que, très souvent, il n'y a pas de contact avec le
public, dans la fonction publique.
Je sais fort bien que dans le cas des professionnels vous avez des
délais prévus. Peu importe, on ne reviendra pas là-dessus.
Mais dans le cas de ces gens qui même peuvent vouloir un emploi
temporaire ou permanent, est-ce qu'à ce moment-là vous allez
dire: Les gens vont être compréhensifs, il vient de descendre de
l'avion, on sait fort bien qu'en travaillant là il va finir par
apprendre le français, etc.? Il reste qu'il se peut que quelqu'un porte
plainte parce que, justement, il le rencontre au bas de l'escalier et lui
demande un renseignement et le monsieur en question est incapable de le
fournir. Je voudrais savoir ce que vous prévoyez pour ces
difficultés, à moins que vous ne me disiez: Non, tant qu'il
n'aura pas acquis une connaissance élémentaire, pas très
sophistiquée, mais élémentaire du français, il ne
peut trouver d'emploi dans la fonction publique. J'aimerais qu'il
réponde à cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, avant que l'on passe aux
plaintes, je pense qu'il faut décider des principes en cause, car il y a
dans le projet de loi plusieurs articles qui montrent qu'avant de passer aux
plaintes et aux pénalités il y a bien des mesures de
prévues, des rencontres, des éclaircissements, des chances
d'établir des correctifs et tout cela. Je ne voudrais donc pas
préjuger de nos discussions ultérieures à cet
égard. Mais je pense, pour répondre plus particulièrement
à la première question du député de L'Acadie, je
pense, en effet, que l'article tel que rédigé, interdirait
à un immigrant nouvellement arrivé, qui ne possède aucune
connaissance du français, d'occuper un poste dans l'administration
dès son arrivée. Mais du fait que nous employons les mots
"connaissance appropriée," cela veut certainement dire que, pour
certaines fonctions, cette connaissance sera véritablement minimale.
Si l'on se rappelle que tous les immigrants, ou presque, peuvent
bénéficier soit de classes d'accueil ou de certains cours quand
ils mettent le pied au Québec, qu'il s'agisse des COFI ou d'autres
mesures qui ont été ou qui seront prises par les
ministères du gouvernement, je pense que peu de temps après son
arrivée la langue appropriée pour le genre d'emploi auquel semble
penser le député de L'Acadie pourrait être acquise en un
minimum de temps. Le principe demeure. Je crois que pour obtenir,
détenir et exercer un poste au sein de l'administration qui a
défini la nécessité de l'utilisation d'une langue
officielle, il faut quand même avoir une connaissance minimale de cette
langue officielle. Encore une fois, le mot "approprié" nous paraît
très souple, très flexible, d'autant plus flexible que pour
certains niveaux d'administration cette connaissance sera définie par
les or-
ganisations et les organismes appropriés, en l'occurrence, des
municipalités ou des commissions scolaires.
En ce qui concerne le gouvernement lui-même, nous avions, si vous
vous le rappelez bien, prévu dans le projet de loi no 1 un
règlement à cet égard. Nous avons justement pensé
que même ce règlement pourrait être trop contraignant. Nous
avons décidé, après mûre réflexion, de nous
en tenir aux examens actuels de la Commission de la fonction publique que nous
avons étudiés et qui nous semblent très souples, qui nous
semblent permettre beaucoup de latitude, justement parce que les
règlements de la Commission de la fonction publique, en ce qui concerne
l'admission, l'admissibilité à différents postes, sont
très élaborés, nous semblent tenir compte de plusieurs
conditions axées sur la réalité, définies
après un examen des réalités.
C'est la raison pour laquelle avec ces mécanismes que nous avons
prévus il nous paraît possible de tenir au principe, tout en
sachant d'avance que pour certains postes dans l'administration la connaissance
exigible de la langue officielle sera véritablement minimale,
élémentaire.
Le Président (M. Cardinal): Un instant!
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je ne parlerai plus, je reviendrai
après.
Le Président (M. Cardinal): Je ne voudrais pas qu'on
recommence... J'ai reconnu dans l'ordre pour respecter quand même
le porte-parole de l'autre parti reconnu les députés de
Mégantic-Compton, d'Outremont, de Mercier. Alors, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cet amendement qui est
apporté par le député de L'Acadie répond à
des besoins qui doivent être précisés dans cette loi. J'ai
d'abord posé la question au ministre afin qu'il nous dise ce
qu'était la fonction dans l'administration. On s'est rendu compte,
à moins que je ne fasse erreur, que c'est à peu près
quelqu'un qui est sur une liste de paie. À partir de là, inutile
de vous dire que je trouve le terme large et que cela peut engendrer
passablement de difficultés. Je vois mal que le jardinier du parlement,
qui est un spécialiste, qui est ici depuis trente ans, qui se trouverait
être je ne sais pas si le cas se présente quelqu'un
de langue étrangère, et c'est possible que cela se produise, cela
arrive assez souvent principalement dans la région de Montréal...
Ces spécialistes sont des gens qui ne parlent pas notre langue. Cela ne
les empêche pas d'être excellents dans leur domaine. On pourrait se
voir, un jour ou l'autre, privé de ces gens.
Vous vous rappelez, M. le Président, d'une façon
particulière, en 1969, un cas dont vous avez été
témoins, à plusieurs reprises, avec le député
d'Anjou et le député de Mégantic-Compton, dont on a fait
largement état dans la province, d'un procès qui avait eu lieu
pour un coupeur de foin qui travaillait le long de la route. Le prétexte
n'était pas la langue, mais une chicane de famille; on avait
décidé d'avoir sa tête. À ce moment, on l'a
poursuivi en justice. La raison de ce procès était que cet
employé avait été trouvé couché le long de
la route à trois heures de l'après-midi. Remarquons que
c'était pour régler une chicane de famille. Ce n'était pas
l'employé qui était mauvais. C'était un bon
employé.
Alors, on a poursuivi en justice cet employé. Celui-ci a
réussi à conserver son emploi parce qu'il a fait la preuve que,
s'il était couché, ce n'était pas parce qu'il était
fatigué, c'était pour regarder si le foin était
coupé égal. ... Si vous vous souvenez, on en a largement fait
état pour vous démontrer comment l'administration peut laisser
passer pas mal de problèmes.
M. Duhaime: J'espère que vous allez inscrire cela dans vos
mémoires, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sûrement, parce qu'on en a trop souvent
parlé à l'occasion d'un congrès qui se tenait dans la
province pour un parti politique que je ne nommerai pas.
À ce moment, je pense que cela illustre très bien qu'on
avait là une chicane de famille à régler et qu'on a voulu
profiter de cette circonstance pour se débarrasser de cet homme qui
était pourtant excellent. Il a réussi à sauver son emploi
parce qu'il a fait preuve de ce que je vous ai dit.
Il est clair que, dans un tel secteur, avec le taux de chômage que
nous avons actuellement et qui pourra continuer je ne le souhaite pas et
personne ne le souhaite il y a beaucoup de gens qui vont envier le
travail de l'autre; et cela pour plusieurs bonnes raisons. On tentera d'avoir
le poste d'une autre personne. Et si on ne le croit pas, on viendra voir dans
nos régions comment cela se passe; j'en ai été
témoin c'était à tirer des larmes de voir
comment des gens peuvent tenter de s'infiltrer dans une organisation pour
essayer d'avoir le travail de l'autre, et sous tous les prétextes
possibles.
Et même si on n'a aucune qualification pour cela, on va, par tous
les moyens par de l'intimidation auprès des gens, auprès de
comités, auprès de l'administration tenter d'avoir l'emploi et,
là, on prête flanc à cela. L'article va prêter flanc
à cela.
M. Duhaime: Non.
M. Grenier: Oui, M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche. L'article va prêter flanc à cela, dans ce sens que
la personne qui ne maîtrisera pas une deuxième langue, puisqu'elle
entre dans la définition de "fonctions dans l'administration", cela sera
n'importe qui à ce moment... L'article va permettre de profiter de la
personne qui est un excellent travailleur et qui n'est pas au sein de
l'administration même, dans le sens, qu'il a à entrer en contact
avec des gens, à régler des choses avec des gens. Il va profiter
de l'article, qui est trop large, pour s'en débarrasser. Vous verrez les
cas qui arriveront après. Même s'il n'y en avait
qu'un, cela serait un de trop. Je pense qu'il faut le
prévoir.
M. Fallu: La conclusion, c'est...
M. Grenier: Cela se réglera ensuite. Je vois la bonne
intention du ministre et je la comprends. Mais parce que cela sera
laissé a d'autres, tout le monde n'est pas aussi large peut-être,
tout le monde a des intentions et des raisons de vouloir faire mettre de
côté tel ou tel employé, tels des directeurs ou des
administrateurs trop zélés qui veulent faire appliquer la loi
trop strictement.
Je veux bien prendre la parole du ministre qui est correct, mais il
reste que, large comme cela, à mon sens, c'est trop. Par contre, dans
son amendement, le député de L'Acadie précise le mot et la
première partie dans "fonctions" qu'elle définit comme
administratives, cela précise suffisamment, je pense, pour que l'article
soit acceptable.
J'aimerais appuyer cet article mais à la fin, il me semble qu'on
devient trop large, dans le dernier paragraphe, quand on dit: "Les fonctions
dont l'exercice n'entraîne pas de contacts directs avec le public peuvent
cependant être exclues de l'application du présent article."
Là aussi, le danger que l'on remarque au début de
l'article nous revient sous une autre forme à la fin.
Quand on veut la prééminence du français, on ne
peut pas endosser cette fin d'article. Je n'en fais pas une motion, remarquez
bien.
Mme Lavoie-Roux: "Peuvent" M. Grenier: Oui, mais...
Mme Lavoie-Roux: II y a des règlements plus haut qui sont
préparés.
M. Grenier: D'accord. Cela ressemble étrangement à
l'article 14 de l'ancienne loi 22. Ce n'est pas parce que c'était dans
la loi 22 que c'était mauvais, mais si on veut vraiment la
prééminence, même avec le mot "peuvent", on ne dit pas
"doit", j'aurais voulu que le député de L'Acadie, sans en faire
un amendement, accepte de retirer ce dernier paragraphe, car cet amendement,
à mon sens, frise la perfection.
Vous avez certainement consulté des gens de mon comté en
fin de semaine. De toute évidence, c'est trop près de la
réalité québécoise. Je sais que vous avez bien
pensé. Votre séjour à Saint-Herménégilde, en
fin de semaine, vous a certainement inspirée pour amener cet amendement.
Je sais qu'il est près d'une réalité que tous les gens
souhaitent. M. le Président, j'endosserai l'article, bien sûr,
à la fin, si ce n'est pas possible d'avoir cet amendement, mais je
souhaiterais que, dans l'amendement apporté par le député
de L'Acadie, on puisse corriger la fin, sans en faire un amendement, bien
sûr, et que les termes "fonctions dans l'administration" soient
précisés afin qu'on n'englobe pas tous les employés sur
une liste de paie.
M. Duhaime: Puis-je poser une question, M. le Président,
au député de Mégantic-Compton?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député, si le député veut bien vous
répondre.
M. Duhaime: Je veux lui demander s'il a bien lu le
deuxième paragraphe de l'article 20. C'est chaque entité de
l'administration qui établit ses propres critères et
modalités de vérification...
M. Grenier: C'est là qu'est le danger.
M. Duhaime:... et c'est soumis à l'approbation de l'Office
de la langue française.
M. Grenier: Oui.
M. Duhaime: Cela répond à vos appréhensions
et à vos craintes. Il n'y a là aucun problème.
M. Grenier: L'application de la règle.
M. Duhaime: Ce ne seront pas les mêmes critères et
les mêmes modalités pour chaque entité, c'est bien
évident.
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'il faut une connaissance minimale du
français.
M. Duhaime: C'est entendu. Cela prend une connaissance
minimale.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Il y a une
question sur une question. M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je suis
également embarrassé par cet article 20 même si, en
général, j'en approuve l'intention. Il est évident que
l'expression d'une connaissance appropriée à une fonction est la
bonne expression au départ. C'est celle qui évite d'exclure des
gens sur une base purement discriminatoire. Ce qui m'ennuie, c'est que la
connaissance appropriée à la fonction peut être une
connaissance zéro, parce que le contenu linguistique des fonctions varie
énormément. Il y a beaucoup de fonctions où le contenu
linguistique est à peu près zéro. Il faut se rappeler ici
que ce n'est pas un article sur la langue du travail. La langue du travail va
faire l'objet d'un autre chapitre où on essaie justement de s'assurer
que, dans la mesure où justement les fonctions ont un contenu
linguistique, ce contenu va être français.
On parle de la langue de l'administration. Cette langue de
l'administration a vraiment affaire à des institutions au départ.
C'est la caractéristique de ce chapitre. On essaie de définir la
langue de personnes morales bien plus que la langue d'employés, qui va
faire l'objet d'un autre chapitre.
Si on était capable d'avoir une façon, et je n'ai pas
trouvé la façon de faire, de reconnaître que le contenu
linguistique d'un grand nombre de fonctions est à peu près nul,
à ce moment, il me semble que ce serait acceptable d'avoir un article
comme celui-là. Justement, même dans l'interprétation que
le ministre a donnée, il a insisté sur le fait que ce contenu
n'était pas nul. Au contraire, même si quelqu'un est
l'employé du gouverne-
ment, l'employé d'une agence quelque part en province, descend un
escalier et rencontre quelqu'un, il faut qu'il soit capable de parler
français. Je trouve cela excessif, parce que ce n'est pas attaché
à la fonction. Un hasard peut faire que quelqu'un puisse s'adresser
à une autre personne et que si cette dernière n'a pas une
connaissance adéquate du français, quelqu'un pourra s'en
plaindre.
La raison des amendements qui ont été proposés
un seul amendement qui comprend deux parties c'était une
tentative pour essayer de donner...
M. Duhaime: C'est un article de la loi 22, l'article 14, mot
à mot.
M. Raynauld: La loi 22, cher monsieur, je ne l'ai même pas
ici.
M. Duhaime: Vous devriez la regarder.
M. Raynauld: Si vous voulez vous y référer,
faites-le, si vous voulez.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Raynauld: On essaie, avec cet amendement, de s'occuper des
fonctions à contenu linguistique, pour qu'il y ait un contenu
linguistique positif. C'est pour cela qu'on parle de fonction administrative.
Il y aurait peut-être d'autres moyens de le faire; je serais satisfait si
on était capable d'interpréter cet article comme voulant dire
qu'un coupeur de foin, un jardinier ou un balayeur, un type qui va couper des
arbres dans la forêt n'est pas nécessairement tenu de parler
français. Il faut accepter ici, comme pour d'autres articles qui s'y
rapportent, le fait que, d'un côté, on a les objectifs qu'on veut
poursuivre, faire du Québec un pays français; on peut accepter
cela, c'est la surréalité. À côté de cela, il
y a aussi la réalité qui veut que, dans la communauté
québécoise, il y a des gens qui ne parlent pas français.
On veut essayer de corriger cela et on va le corriger avec le temps, mais il y
a des gens qui ne parlent pas français. Il y a aussi des fonctions qui
n'ont aucun contenu linguistique. Pourquoi ne pourrions-nous pas trouver une
voie qui tienne compte de ces deux réalités? D'un
côté, des fonctions qui n'ont pas de contenu linguistique, donc,
cela n'a aucune espèce d'importance du point de vue de la langue, et,
d'autre part, il y a aussi des Québécois qui ne parlent pas
français. Même si la proportion n'est pas très grande, elle
représente 10% à 15% de la population du Québec.
À ce moment-là, est-ce qu'on va nécessairement
exclure des fonctions de l'administration 10% à 15% de la population,
aujourd'hui, quand, en fait, la fonction peut ne pas requérir cette
connaissance du français que ces gens n'ont pas? Enfin, je voudrais
ajouter une autre chose. Par l'administration, on n'entend évidemment
pas seulement des organismes existants comme un minis- tère; on entend
aussi, par les services d'administration, des programmes d'activités.
Lorsque le gouvernement parce qu'il faudra bien qu'il y vienne, à
un moment donné va, par exemple, lancer des travaux publics pour
combattre le chômage, des travaux publics de construction de route, par
exemple, où on a besoin de gens qui vont conduire un bulldozer sur la
route, est-ce qu'à ce moment-là, on va dire que le contenu
linguistique est tel que les gens qu'on veut aider parce qu'il va y en
avoir, là-dedans, qui ne connaissent pas suffisamment le français
vont être exclus de cela?
M. Duhaime: Cela va être la tour de Babel. M. Paquette:
... approprié...
M. Raynauld: Bien oui, cela va être la tour de Babel parce
que, évidemment, des gens qui travaillent, c'est embarrassant. On aime
mieux les laisser chômer. Mais, quand on essaie de poursuivre certains
objectifs d'emploi, par le biais de ce contenu linguistique, et il n'y a pas de
contenu linguistique dans ces fonctions, si on interprète cet article de
façon restrictive, cela peut donner lieu à l'exclusion de
gens.
Donc, je reviens à mon point fondamental. Ne serait-il pas
possible de trouver une formule... Je ne suis pas nécessairement
attaché à l'amendement qui a été proposé,
même si je pense que c'est une amélioration. Il me semble qu'on
devrait essayer de rechercher une façon de régler le cas de
fonctions qui n'ont pas de contenu linguistique, d'un côté, et,
d'autre part, le fait qu'il y a quand même une certaine proportion de la
population qui ne parle pas français à l'heure actuelle et qui
serait exclue de fonctions dont le contenu linguistique serait à peu
près nul. Je pense, encore une fois, à des travaux publics qu'on
peut mettre en marche, à toutes sortes d'activités
gouvernementales qui font partie de ces services administratifs et qui
empêcheraient ces programmes d'atteindre les objectifs fixés.
On a essayé, dans l'amendement, par "fonction administrative", de
ne retenir que les fonctions à contenu linguistique positif,
c'était l'intention de l'amendement; d'autre part, le dernier paragraphe
concernant les contacts directs avec le public, on l'a ajouté parce que,
encore une fois, il y a un autre chapitre sur la langue du travail. Ici, il
faut bien se rabattre sur les liaisons entre l'administration et le public et
c'est la raison pour laquelle il est présenté sous cette
forme.
Encore une fois je pense que ce n'est peut-être pas la forme
idéale, mais je pense que le problème est réel et qu'il
faudrait essayer de le résoudre. Si ce n'est pas en restreignant le mot
"fonction", ce serait peut-être d'admettre au départ,
peut-être dans ce troisième alinéa, qu'il y a effectivement
des fonctions dont le contenu linguistique est à peu près
nul.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, je pense que l'article 20 est
au coeur même du principe de base qui sous-tend la loi 101, qui est la
francisation du milieu de travail. Quand on parle de la connaissance
appropriée du français, cela veut dire que, par exemple, le
garçon d'ascenseur, immigrant portugais frais débarqué au
Royal Victoria c'est ce que les gens de Montréal vivent, ce que
j'ai vécu et c'est ce qui met les Québécois en maudit
c'est qu'ils entrent dans l'ascenseur, et le gars ne sait même pas
dire, premier, deuxième, troisième, quatrième,
cinquième étage, en français. Il n'a pas une connaissance
appropriée du français. Cet article veut
précisément qu'il ait cette connaissance, on ne lui demande pas
grand chose, qu'il connaisse peut-être 20 mots en français pour
commencer.
Cela aurait deux effets; cela aurait premièrement l'effet de lui
montrer qu'au Québec, maintenant, la langue rentable c'est le
français. Peut-être que cela l'incitera à envoyer ses
enfants à l'école française. En tout cas cela aura des
effets sur la mentalité de ghetto que l'on retrouve dans plusieurs
groupes ethniques de Montréal, ce que j'ai constaté dans mon
comté, parce qu'on arrive à une situation où beaucoup de
ces gens n'ont jamais l'occasion même de prendre conscience qu'il existe
au Québec une majorité francophone. Les fonctions dont vous
parlez dans votre amendement et contre lequel je vais voter pour les raisons
que je vais préciser tout à l'heure, c'est qu'il me semblerait
aberrant que, mettons le laveur de plancher qui serait un Indien frais
débarqué de New Delhi à Montréal, si un
Québécois francophone dans l'hôpital lui demande où
est la salle des rayons-X, qu'il ne nous regarde pas comme si on était
des Martiens, comme cela m'est arrivé. Parce que je trouve cela aberrant
que, dans la fonction publique, parce que c'est une partie de la fonction
publique aussi, on s'adresse, dans un pays majoritairement francophone,
à un fonctionnaire et qu'il nous regarde, quand on lui parle
français, comme si on débarquait d'une soucoupe volante, d'un
OVNT. C'est ce qu'on veut éviter.
Au fond, cela se limitera à fort peu de choses: qu'il puisse
savoir au moins 20 phrases, au moins 30 phrases, au moins qu'il prenne
conscience que, dans ce pays qui s'appelle le Québec, il y a une
majorité francophone. Autrement, il est dans un ghetto, autrement il va
rester tout à fait en dehors de la réalité
québécoise et il va être aliéné au
sens strict du terme Je l'ai constaté dans le comté de
Mercier: des gens qui sont terrorisés par la réalité
québécoise, sans la connaître, qui sont comme des
bêtes traquées chez eux, sur la rue Esplanade ou ailleurs. Le
français pour eux c'est comme si on tirait une grenade dans leur cuisine
et je trouve cela aberrant. C'est une chose qu'on doit changer, la loi 22
d'ailleurs allait dans cette direction. Au fond vous revenez avec la loi 22 et
l'article 14 dont parlait mon collègue le ministre du Tourisme, Chasse
et Pêche tout à l'heure, qui dit précisément qu'il y
a des postes qui seront exclus de la connaissance du français s'ils
n'ont pas de contact avec le public.
À mon avis, cela grignote le principe et il faut éviter de
grignoter ce principe. Nous voulons qu'autant que possible tout le monde qui
travaille dans l'administration publique puisse au moins savoir dire bonjour en
français, puisse au moins savoir, si quelqu'un lui demande où est
la salle des soins intensifs, puisse comprendre ce qu'est cette langue et non
pas nous regarder comme si le français était un non-être,
une chose qui n'existe pas. Au fond, c'est à l'administration
elle-même peut-être de prendre des initiatives pour
l'administration des entités ou des organismes pour que cette
démarche soit faite progressivement au sein de cette fonction publique.
C'est ce qui distingue peut-être la loi 101 de la loi 22, c'est cette
volonté que le français devienne rentable.
C'est surtout et là, c'est social cette
volonté que les nouveaux immigrants, les nouveaux
Québécois ou tous ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'avoir un
seul contact positif avec le français puissent l'avoir et ne soient pas
totalement perdus quand un patient d'un hôpital, un visiteur dans un
hôpital ou dans n'importe quelle administration leur pose des questions
dans la langue de la majorité. Au fond, ce que cette loi
reconnaît, c'est tout simplement la règle de la majorité,
et cet article aussi. La connaissance appropriée, c'est très
souple, très large. Cela implique peut-être que le gars va parler
français une fois par mois. Mais au moins qu'il ait l'occasion de le
faire et que l'hôpital ou l'organisation, l'administration, prennent des
mesures pour que cette démarche soit faite. Si on ne fait pas cela,
à mon avis, le principe du français, langue de travail,
grâce auquel nous voulons que le français devienne la force
d'inertie linguistique au Québec... Que quelqu'un qui débarque
ici, en débarquant, en mettant le pied au Québec, ait
déjà un pied dans l'entraînement vers le français.
Si vous n'avez pas cela, vous grignotez le principe et vous vous retrouvez avec
le ghetto, avec le problème des 80% d'immigrants qui vont à
l'école anglaise.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est plus le cas. M. Godin: Avec 70%,
65%? Mme Lavoie-Roux: Non. Du tout. M. Godin: Avec 40%. C'est
changé? Mme Lavoie-Roux: C'est changé. M. Lalonde:
Le bill 22.
M. Godin: Tant mieux, je m'en réjouis. Je pense que ce
n'est pas étranger, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Godin: Je pense que, si c'est changé, c'est le
résultat des débats qui ont eu lieu là-dessus au
Québec depuis quatre ou cinq ans. Nous voulons, au fond, marquer le
coup, et nous voulons insister
encore plus. Nous voulons que ce processus, qui est entamé,
s'accélère pour que, rapidement, la langue ici au Québec,
la langue qui a la force d'inertie, la langue qui a la force d'attraction, soit
le français. Au fond, ce qu'on veut neutraliser, c'est une espèce
de totalitarisme économique qu'il y avait surtout à
Montréal, qui faisait que... Je me souviens beaucoup plus dans le
passé de nombreux cas de gens qui ont été obligés
d'apprendre l'anglais, des francophones de Montréal, pour travailler, et
qui sont humiliés de cela depuis des années, alors qu'ils sont
chez eux. Ils sont nés ici.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes tous d'accord avec cela.
M. Godin: Ce qui me frappe, c'est que, tous autant que vous
êtes de l'autre côté, vous dites que vous êtes
d'accord, vous êtes d'accord avec le principe, vous êtes d'accord
avec ceci, vous êtes d'accord avec cela, mais vous passez votre temps
à grignoter les principes, d'une part, et, d'autre part, on ne peut pas
être d'accord sans être d'accord avec les mesures qui vont arriver
à l'objectif visé. On ne s'entend peut-être pas sur la
vitesse. Vous voulez quasiment suivre le courant de l'histoire, très
lent, avec de grandes périodes calmes, des étangs, des marigots,
comme on disait par chez nous, alors que nous voulons que cela soit un torrent
vers la francisation. On veut que cela se fasse rapidement, que les gens
prennent vite conscience que la réalité, c'est cela. On pense que
le meilleur moyen d'y parvenir c'est rapidement, et non pas en tergiversant, en
laissant des portes ouvertes et en faisant de cette loi un gruyère plein
de trous.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas beaucoup dans le gruyère,
il y en a beaucoup plus dans l'emmenthal.
M. Godin: En tout cas, on s'entendra sur les fromages plus tard!
Mais ce que je veux dire, c'est que, ou on est pour le principe avec tout ce
que cela entraîne, ou on est contre. C'est une des choses qui me
frappent.
Maintenant, on parle d'exclure des gens. Supposons le balayeur portugais
de l'hôpital Royal Victoria qui ne pourrait pas dire à un
francophone où est la salle de Rayons X. Le député
d'Outremont a dit qu'on allait exclure des gens. Il n'est pas question d'en
exclure, il est question que s'il y avait une plainte, cette personne puisse,
par les soirs ou autrement, comprendre ce que c'est "la salle des Rayons X",
comprendre "où est le stationnement", comprendre "où est la salle
des soins intensifs". Ce n'est pas la fin du monde que d'apprendre cela. Et,
surtout, la connaissance de ces 20, 30, 50 phrases va permettre de se rendre
compte qu'ici, au Québec, qui est le seul petit coin francophone de ce
continent, de ces deux continents voisins, qu'il y a un peu de français
qui se parle ici et qu'il y a un peu de francophones en Amérique du
Nord.
C'est cela, l'objectif de la loi. On veut éviter, autrement dit,
que quelqu'un puisse passer sa vie au Québec sans parler un
traître mot de français; on veut qu'il sache au moins une
vingtaine de traîtres mots de français. On pense qu'un des moyens,
c'est l'article 20 tel que rédigé. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mercier. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le principal
problème que l'on affronte ici, dans l'article 20, vient du fait qu'on
introduit peut-être cet article je ne veux pas prêter de
motifs au gouvernement parce qu'il y en avait un semblable dans la loi
22 et qu'on n'a pas voulu faire moins. Mais j'attire votre attention, M. le
Président, sur le fait que la loi 22 j'ai été
à même de m'apercevoir de cette lacune dans l'administration de
cette loi ne prévoyait pas de programme de francisation de
l'administration publique, alors que le projet de loi 101 en prévoit et
les articles 124 et suivants comprennent des dispositions qui sont dans un sens
général. J'aurai l'occasion, j'espère, de revenir à
ces dispositions, parce qu'on y a inclus un gouffre de discrétion et
d'arbitraire que j'aimerais bien voir disparaître, mais, quand
même, on a prévu tout un processus de francisation de
l'administration et on ne l'avait pas dans la loi 22. Dans ce sens, l'article
20 est à peu près inutile, parce que le programme de francisation
va, comme dans l'entreprise, déterminer quel est le processus de
francisation, quel poste, quel est le contenu de français qu'on doit
exiger a telle, telle ou telle activité.
J'ai écouté le député de Mercier. Ce sont
les remarques que je voulais faire au début pour bien comprendre qu'on
peut difficilement parler de l'article 20 et même des articles qui l'ont
précédé dans ce chapitre. J'avais, M. le Président,
au début du chapitre de la langue de la législation et de la
justice, proposé un article qui faisait le rapport entre ce chapitre et
d'autres dispositions, ... non, c'était dans le chapitre des
droits fondamentaux pour faire la liaison avec les autres dispositions
de ce projet de loi qui déterminent la façon dont les principes
fondamentaux sont appliqués. Nous avons ici, dans ce chapitre de la
langue de l'administration, des modalités d'application et il faut aller
au chapitre IV du titre II, dans la francisation de l'administration, pour
trouver le complément de ces modalités. Parce qu'on n'est plus
dans les principes ici, on est dans les modalités, mais il faut trouver
une autre formule de modalités ou de mise en place de ces
modalités dans le chapitre IV du titre II.
Il y a des divergences entre les deux. C'est pour cela que je vais
proposer, à la fin de ce chapitre, parce que je pouvais difficilement le
faire au début, une corrélation, un amendement qui va faire la
corrélation entre ce chapitre-ci et l'article 124 du chapitre IV. Vous
avez me rappeler à l'ordre, M. le Président, lorsque je vais vous
citer un mot ou, en fait, une ligne de l'article 124.
"Les organismes de l'administration qui ont besoin d'un délai
pour se conformer à certaines dispositions de la loi ou pour assurer la
généralisation de l'utilisation du français..."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
rappelle à l'ordre, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Duhaime: ... M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais prévu que vous
me rappelleriez à l'ordre. On parle donc de la
généralisation de l'utilisation du français; on va
beaucoup au-delà de ce chapitre IV du titre premier, la langue de
l'administration, et c'est dans ce sens que je vais proposer des
amendements.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt le
député de Mercier donner des exemples concrets. Je pense qu'il a
tout à fait raison, sauf dans la mesure suivante:
Lorsqu'on demande dans notre amendement de reconnaître qu'au
départ, certaines fonctions peuvent être soustraites a
l'application de ce principe, c'est en vertu d'un autre principe aussi qui se
rattache peut-être, davantage à des droits individuels, à
des droits fondamentaux qu'au grand principe de droit collectif qui sous-tend
ce projet de loi. Ce n'est pas grignoter un principe que de l'ajuster à
des réalités, à une réalité
démocratique où des gens peuvent descendre du bateau et vouloir
travailler et être prêts à accepter toutes sortes de
fonctions que, comme société industrielle, moderne, nos gens ne
sont plus prêts à faire. Ce n'est pas notre seule
société qui est dans cette situation. Apparemment, c'est dans
l'ordre des choses.
Le danger, c'est qu'il soit présumé exclus au
départ, si on a un contenu linguistique pour chaque fonction, même
des fonctions qui n'entraînent aucun contact, et qu'il se
développe une habitude ou une mentalité démontrant qu'ils
sont présumés ne pas être admissibles, alors que notre
approche différente, sans grignoter, sans renier le principe, permet
peut-être l'admissibilité ou l'admission à des fonctions de
cette nature, et ensuite, l'apprentissage tout à fait simple, si
j'en crois les exemples donnés par le député de Mercier
de cette langue, dans la mesure nécessaire, et peut-être
davantage. Il n'y a rien de plus vrai que de dire que cette loi est la loi sur
la langue officielle qu'on a bien décriée dans certains milieux,
y compris de l'autre côté de la table, et qu'elle a pour but de
faire du français une langue nécessaire. Là-dessus, je
pense que sur les principes ou sur son objectif, on ne peut être
davantage d'accord. C'est exact que jusqu'à maintenant, et encore dans
l'avenir, je le pense, on devra continuer d'apprendre l'anglais. L'anglais,
qu'on le veuille ou non, va demeurer, à moins que l'histoire ne change
énormément, utile et même nécessaire. J'ai relu le
rapport Gendron en fin de semaine. Je ne peux pas retrouver actuellement,
j'essaie de trouver l'endroit exact où on parle d'une langue
indispensable comme l'anglais langue seconde. Ce n'est pas un parti politique
qui dit cela. C'est une commission d'enquête tout à fait
apolitique et qui, je crois, a fait quand même l'examen le plus exhaustif
de la situation linguistique qui a été fait depuis ces
dernières années.
Il reste, toutefois, que le français et c'est le
diagnostic de la Commission Gendron est en train de devenir encore une
langue non nécessaire dans certains secteurs d'activités, et
parmi les plus importants d'une société industrialisée
avec l'urbanisation qui nous a frappés à l'après-guerre,
au milieu du travail. C'est cela qu'est le diagnostic du rapport Gendron. Donc,
faire du français une langue nécessaire, on pourrait
résumer le rapport Gendron, les trois volumes dans cette phrase. C'est
ce que la loi 22 voulait faire d'une façon différente,
conformément, d'ailleurs, aux dispositions et aux recommandations de la
Commission Gendron, à savoir, procéder par incitation
plutôt que par coercition. C'est un choix politique. Le choix politique
de ce gouvernement est différent. Je pense que sur les principes, on
s'entend. Il faut faire du français une langue nécessaire. On ne
peut pas reprocher à l'Opposition, dont c'est la fonction principale, de
mettre en garde le gouvernement dans l'application d'un principe comme cela, de
faire attention, de ne pas piétiner d'autres principes. Le principe que
j'ai mentionné tantôt, qui se rattache à des droits
fondamentaux, le droit d'accéder à une fonction qui n'exige pas
le contenu linguistique, même si on ne connaît pas cette langue. Je
pense que cela est fondamental. C'est pour cela qu'on insiste là-dessus,
non pas parce qu'on voudrait que la fonction publique soit remplie de gens qui
ne connaissent pas le français, c'est aberrant. C'est le petit
exemple.
Ce n'est pas non plus qu'on veut faire pleurer les coeurs. Ce n'est pas
cela. C'est quand même un peu odieux de voir que ce sont des gens
incapables de se défendre, souvent, ne sachant pas du tout la langue
quand ils arrivent ici, ou à peu près pas, qui seront les
premières victimes d'une loi qui veut du bien, au fond, qui veut aider
la collectivité. Il ne faut pas le faire aux dépens de ces gens
qui ne connaissent pas notre langue et qui pourraient simplement se faire
refuser des fonctions dont nous-mêmes ne voulons pas.
Alors, il ne faut quand même pas exagérer. C'est le seul
but de cet amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je veux faire part de
certaines de mes inquiétudes concernant l'article 20. On a parlé
de principe et je voudrais assurer le député de Mercier que le
fait d'accepter un principe. Le principe dans ce projet de loi, c'est le droit
de travailler en français, c'est d'établir la primauté du
français, de faire du français la langue principale pour
éviter que des gens ne passent toute leur vie au Québec sans
connaître le français. On peut accepter ce principe. Mais dans la
rédaction de nos lois, il faut prévenir les abus possibles parce
que ces lois seront appli-
quées par des individus et ce seront des individus qui en
subiront les conséquences. Parfois, ces individus n'ont pas les moyens,
n'ont pas les capacités de se défendre, spécialement dans
ce cas-ci.
S'il s'agit de positions-cadres, de positions administratives, je pense
que ces gens sont à un niveau assez avancé pour pouvoir se
défendre. Ils peuvent trouver d'autres emplois, quoique je n'admette pas
que, du jour au lendemain, on change complètement les règles du
jeu. Il devrait y avoir une période transitoire. Il s'agit ici d'un
secteur de la population qui, vraiment, ne peut pas se défendre. Ces
gens n'ont pas le moyen de combattre des abus possibles de congédiement
parce qu'ils ne connaissent pas la langue, ce n'est pas nécessairement
leur faute.
Je vois aussi un autre conflit possible. On parle des fonctions de
l'administration et on dit que l'office peut créer certains programmes.
Alors, dans une municipalité ou à un certain niveau et les
exemples ont très bien été donnés autour de la
table; le député de Mégantic-Compton a donné
certains exemples cela fait peut-être longtemps que ces gens
travaillent dans l'administration à des postes où vraiment ils
n'ont pas vu la nécessité ou autre d'utiliser le français.
Avec votre article 20, ... quelqu'un de l'office va dire: Écoutez,
à partir d'aujourd'hui, c'est le français. Cette personne n'a pas
une connaissance suffisante du français: Donc, elle est
congédiée...
M. Paquette: Absolument pas. Elle n'est pas engagée.
M. Ciaccia: Elle n'est pas engagée, mais... M.
Paquette: ... nommée, mutée ou promue...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Bien, elle n'est pas nommée. M. Godin:
La loi n'est pas rétroactive. M. Ciaccia: Non, la loi...
Excusez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Celui qui est déjà là n'est pas
congédié.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pourrez les corriger lorsque vous aurez le droit de parole. À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: On dit des faussetés, M. le Président. On
ne peut accepter cela. C'est faux ce qu'il vient de dire.
M. Ciaccia: Voulez-vous me donner une chance de m'expliquer?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Pour la postérité, on devrait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Joliette-Montcalm. À
l'ordre!
M. Ciaccia: J'entends des commentaires de l'autre
côté... Ce qu'un immigrant fait à d'autres endroits. Ces
situations sont couvertes dans les autres articles du projet de loi no 101. Un
immigrant qui va venir au Québec maintenant sera obligé d'aller
à l'école française. Alors, cette situation, qui a
été décrite par le député de Mercier, ne
pourra pas continuer. Il est vrai que, dans le passé, les immigrants qui
venaient ici s'intégraient aux écoles anglaises.
Ils ne pourront plus le faire. Cela peut prendre quelque temps avant
qu'ils apprennent la langue. D'un seul coup, vous enlevez la possibilité
à ces personnes qui n'ont pas la connaissance du français, mais
qui n'ont peut-être pas d'autres moyens d'emploi. Vous dites que ces gens
n'auront pas le droit d'être employés dans certaines fonctions
où, vraiment, la connaissance...
M. Duhaime: Appropriée.
M. Ciaccia: ... appropriée... Quand, de ce
côté-ci de la table, on a parlé de connaissances
appropriées, de question de tests et tout cela, vous vous êtes
élevés contre cela et vous avez été
scandalisés. La question des tests, vous êtes les premiers
à dire que ce n'est pas une façon d'administrer une loi.
M. Duhaime: C'est que le contrôle était entre les
mains du gouvernement et là, on le met entre les mains de l'office. Ce
n'est pas la même chose.
M. Ciaccia: Soyez consistants dans vos critiques des lois.
À chaque fois qu'il y a quelque chose ici qui peut ressembler à
la loi 22, immédiatement, vous vous élevez contre ça. Je
voudrais vous faire remarquer qu'il y avait beaucoup de choses dans la loi 22
qui étaient très acceptables et qui ont eu aussi un effet assez
positif. Le fait qu'il y avait des choses positives dans la loi 22 est
prouvé par le fait que vous avez refusé d'en discuter en 1974.
S'il y avait vraiment eu des principes auxquels vous vous opposiez, vous auriez
été plus loin que l'article 1, mais, parce qu'il y avait des
choses dans la loi 22 qui étaient acceptables à tous les
francophones, vous vous êtes arrêtés à l'article 1.
Soyez au moins honnêtes en réalisant cela. Ne faites pas de
démagogie en critiquant chaque fois qu'il y a un article par lequel on
veut amener un peu de bon sens dans l'administration, un peu d'humanité
et de décence. Ne dites pas: "Ah! c'est la loi 22". Il y avait beaucoup
de bon dans la loi 22.
M. Duhaime: Une bonne chose, c'est que cela a permis aux
électeurs de se prononcer le 15 novembre. Ils en avaient assez de vous
autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le leader adjoint.
M. Ciaccia: Ne critiquez pas globalement un projet de loi. Cela
ne vous fera pas honneur de le faire de cette façon.
Naturellement, si on accepte le principe de l'unilinguisme total dans la
province de Québec, en partant de cela, vous avez une certaine
cohérence dans le projet de loi, c'est-à-dire que c'est de
l'unilinguisme et que vous ne voulez pas du tout accepter l'effet qu'il peut
avoir sur les personnes d'une autre langue, les personnes anglophones qui
peuvent être employées dans des fonctions où cette
connaissance, pour le moment, n'est pas requise. Même avec l'amendement
du député de L'Acadie, cela va être quelque chose de
transitoire parce qu'il y a tellement de pressions sociales, il y a tellement
d'autres articles dans le projet de loi, il y a tellement d'autres principes
fondamentaux, il y a tellement d'autres restrictions que, même si vous
acceptiez l'amendement du député de L'Acadie, ce serait pour une
courte durée. Ce serait une façon de faciliter la transition pour
ces personnes qui n'ont pas eu l'avantage, dans le passé je
n'essaie pas d'excuser, je n'essaie pas de dire si elles auraient dû oui
ou non le faire; c'est la réalité des choses...
M. Godin: ... M. Ciaccia?
M. Ciaccia: L'autre principe et ici, on n'aide pas la
population c'est qu'on est tellement inflexible, même dans les
modalités l'article 20, c'est une modalité qu'on
donne vraiment l'impression je ne voudrais pas, encore une fois, qu'on
interprète mal mes paroles que l'anglais n'est pas
nécessaire, que la population ne doit pas l'apprendre; c'est seulement
une langue au Québec.
Le fait qu'on dise qu'on devrait connaître l'anglais, ce n'est pas
parce qu'on ne devrait pas avoir la primauté du français. On
semble aller vers les deux extrêmes. Il y eut un temps, dans notre
histoire, où, c'est vrai, il y avait de l'unilinguisme des deux
côtés. C'est cela qui a créé ces deux solitudes,
c'est cela qui a fait ces distinctions. Il y avait deux ghettos.
Pour changer cela, on va à l'autre extrême et on dit: On va
l'enlever complètement. C'est l'impression qu'on a. On n'aide pas la
population, on n'aide pas les étudiants, on n'aide pas ceux qui sont sur
le marché du travail en leur disant: Avec le projet de loi no 101, cela
va être seulement l'unilinguisme. On oublie la réalité. Le
député de Mercier a dit: On ne veut pas avoir de ghetto. Pour
éviter le ghetto de Westmount, il ne faudrait pas créer le ghetto
de Québec. Si le principe du ghetto...
M. Godin: Ce n'est pas le ghetto de Westmount qui
m'inquiète, c'est le ghetto de la rue Esplanade qui
m'inquiète.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas un ghetto, c'est un pays.
M. Duhaime: C'est incroyable! Incroyable!
M. Ciaccia: Malgré que le côté
ministériel n'est pas d'accord avec mes propos, je vais continuer. C'est
notre responsabilité de le démontrer. Cela ne veut pas dire que
toutes les personnes au Québec ne devraient pas parler le
français, oui, elles le devraient. La langue de communication devrait
être le français, définitivement, mais n'essayez pas
d'enlever la réalité. Vous avez eu des mémoires qui ont
été présentés, je vais le souligner. Ce n'est pas
un Anglais qui vous parle, voulez-vous réaliser cela?
M. de Bellefeuille: La Suède, est-ce un ghetto?
M. Ciaccia: Des mémoires ont été
présentés par des groupes francophones. On est
catégorisé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, revenez à la motion. M. le
député de Joliette et tous les députés, je suis
prêt à reconnaître tous les députés qui
veulent prendre la parole, M. le ministre également. M. le
député de Joliette, s'il vous plaît! Est-ce que je peux
vous inclure sur ma liste d'intervenants?
M. Chevrette: Vous pouvez m'inclure, M. le Président. Je
vais vous demander une directive, dans ce cas-là. C'est un moyen de dire
ce que j'ai à dire.
Des voix: Non, non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
directive, M. le député de Joliette.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi, quand on sait d'avance que ce n'est
pas selon le règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, Mme le député de L'Acadie!
M. Chevrette: Ce n'est sûrement pas vous qui pouvez me
donner des leçons là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette, faites votre demande de directive, s'il vous
plaît.
M. Chevrette: Je veux savoir si ce doit être un membre de
la commission qui rappelle à l'ordre un député qui est
toujours en dehors de la motion ou si c'est la présidence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence pourrait d'office le faire, mais elle a pris l'habitude,
depuis le début des travaux, d'attendre.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait formuler le voeu que la
présidence le fasse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez, les voeux pieux sont toujours per-
mis. Je redonne la parole au député de Mont-Royal.
M. Chevrette: Cela veut donc dire que vous ne le ferez pas.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
directive.
M. Chevrette: Donc, vous risquez de me rappeler à l'ordre
souvent, parce que je vais le faire avec lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
votre droit, M. le député.
M. Chevrette: Cela fait cent fois qu'il répète la
même chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! La directive est rendue. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pouvez-vous m'indiquer
si c'est dans l'ordre qu'un député rappelle la présidence
à l'ordre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de Joliette n'a pas rappelé la
présidence à l'ordre.
Mme Lavoie-Roux: Mais il vous a dit que vous ne vous acquittiez
pas de vos fonctions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas de cette façon que je l'ai interprété. M. le
député de Mont-Royal.
M. Chevrette: J'ai été beaucoup plus
élégant qu'elle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Comme je le disais tantôt, l'article 20 essaie
de consacrer dans les modalités certains principes qui peuvent
être difficiles d'application, qui peuvent et qui vont causer des
difficultés à des individus, si nous ne tentons pas d'appliquer
les principes généraux de ce projet de loi d'une façon
équitable, de manière que cela cause le moins de
difficultés possible aux individus concernés. C'est très
limité, M. le Président. Je voudrais faire remarquer aux
ministériels que c'est une fonction administrative, d'après eux,
dans l'administration. Nous reconnaissons que, pour certaines fonctions, cette
exception ne sera pas de mise; on veut donner le droit, la permission, parce
qu'on sait que l'application de cette loi peut être très difficile
pour certains individus. Nous voulons minimiser les difficultés à
l'égard des personnes, des individus, sans porter atteinte au principe
des droits fondamentaux qui ont été énoncés au
début du projet de loi.
Pour cette raison, le gouvernement devrait être plus flexible.
S'il l'était, il éviterait beaucoup de mauvaises impressions
qu'il crée dans la population; ce ne sont pas des mauvaises impressions
qui sont créées par ce côté-ci de la table, vous
avez seulement à vous référer à la Gazette de ce
matin, ce n'est pas... vous voyez les inquiétudes, les
préoccupations que les personnes ont...
Une voix: Les incertitudes seraient
préférables.
M. Ciaccia: Les incertitudes? Oui, les incertitudes aussi, vous
avez raison.
Pour ces raisons, M. le Président, je crois que le gouvernement
ne perdrait pas ses objectifs, ne s'écarterait pas de ses objectifs en
acceptant la proposition d'amendement du député de L'Acadie. Pour
répondre au député de Mégantic-Compton, qui avait
soulevé une certaine objection au dernier paragraphe de l'amendement du
député de L'Acadie, c'est seulement un paragraphe qui pourrait
donner... c'est permissif, ce n'est pas obligatoire. Franchement ceux qui vont
appliquer cette loi, j'en suis certain, n'utiliseraient pas cette exception, ce
serait plutôt une exception à la règle, mais c'est pour
leur donner le droit d'exclure l'application de cet article dans certains cas.
Encore une fois, cela ne porte pas atteinte au principe de la loi, mais cela
permet une application qui serait plus équitable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Comme mon
collègue de Mégantic-Compton, je dois souscrire à
l'article 20 tout en m'intéressant de façon assez étroite
à l'amendement que le député de L'Acadie vient de nous
soumettre.
On parle déjà depuis trois ou quatre mois qu'il faut
rendre au Québec un visage de nature à exprimer l'âme de la
collectivité. Si j'abonde dans ce sens, compte tenu des autres remarques
que je pourrais formuler, je ne veux pas pour autant m'affubler d'un masque
dans le but de me rendre agréable aux anglophones, même s'ils sont
très nombreux dans mon comté.
Je voudrais vous faire part d'une expérience, même si je
suis en cause. Quand on parle de poste, de la possibilité pour nos
anglophones d'entrer dans une fonction au gouvernement ou encore de conserver
le poste qu'ils détiennent actuellement. Je me souviens très bien
qu'au cours des saisons 1965-1966 il ne s'agit pas ici d'immigrants, il
s'agit d'anglophones de la région de Gaspé qui étaient
fonctionnaires, soit au provincial, soit au fédéral, et qui
m'avaient demandé de leur donner des cours en français, cours
élémentaires pour leur permettre de remplir leurs fonctions. Ces
cours ont débuté avec une vingtaine d'élèves au
mois d'octobre ou novembre, avec le résultat qu'au printemps de 1965,
nous avions 85 anglophones d'inscrits. Nous avons dû faire appel à
un ou deux autres professeurs. À ce moment,
ces gens savaient très bien qu'ils étaient mal à
l'aise. Il y avait justement là le gérant de la pisciculture de
Gaspé, donc du ministère du Tourisme, Chasse et Pêche, qui
était fonctionnaire à ce moment et qui ne comprenait pas deux
mots de français. Il s'est inscrit aux cours et je crois qu'aujourd'hui
il est assez bilingue pour remplir son poste. Mais, à l'intérieur
de la même organisation ou administration, je sais par ailleurs qu'il y a
des gens qui ont atteint un âge respectable la cinquantaine
peut-être et il serait peut-être difficile de leur demander
aujourd'hui d'apprendre le français, s'ils sont des coupeurs de foin ou
s'ils s'occupent de gazon ou s'ils s'occupent de saumon dans la rivière.
Ce sera assez difficile pour ces gens. Mais, ici encore, il s'agit de cas
d'exception. Je ne parle pas pour le Montréal métropolitain. Je
remarque les immenses progrès qui ont été accomplis dans
notre région, sans omettre le fait qu'aujourd'hui encore, en 1977, il y
a des anglophones qui travaillent peut-être pour le gouvernement et qui
ne sont pas bilingues pour autant. Si le député de Mercier dit
qu'il faut commencer avec 10, 20, 30 ou 40 mots, plusieurs de mes amis se sont
déjà attelés à la tâche. Ils ne deviendront
jamais parfaitement bilingues, mais pour autant qu'ils puissent se
débrouiller dans la langue française, dans la langue officielle,
pour conserver leur poste, c'est tout ce qu'ils demandent. Je sais très
bien qu'ils sont en retard, parce qu'ils n'ont jamais senti ce besoin dans le
passé. C'est regrettable qu'il y ait aujourd'hui des lois pour les
forcer à apprendre la langue. Ils n'étaient peut-être pas
motivés, ils étaient peut-être un peu gênés de
commencer à apprendre le français. Vous savez, les anglophones de
notre région sont timides, et quand ils sentent que les Canadiens
français se débrouillent assez bien en anglais, ils ne sentent
pas le besoin de dire deux mots de français. Je ne dis pas pour autant
que je les approuve, mais...
M. de Bellefeuille: Mais vous leur donnez l'absolution.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Le Moignan: Pour ce qui est de l'absolution, cela concerne
toujours le passé, et, pour le passé, M. le député
de Deux-Montagnes, je suis très large. Mais, pour l'avenir, je les
incite à une amende honorable, c'est comme cela que cela marche, je les
incite à plus de contrition. Comme je vous l'ai dit, chez nous...
M. de Bellefeuille: Au ferme propos.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Le Moignan: Non, à la contrition. Le ferme propos,
c'est difficile. Ce n'est pas facile dans tous les cas. Pour en revenir aux
choses sérieuses, c'est très vrai. Cet article 20 concernant les
personnes qui occupent déjà une fonction, le ministre l'a
mentionné, je sais qu'on le retrouve plus tard dans la loi. Il n'est pas
question de les déplacer, on peut les inviter et je crois que
l'invitation, sans être une coercition, va produire de très bons
effets. Encore une fois, je ne parle pas du Montréal
métropolitain, je ne suis pas spécialiste, il y a trop de monde
là-bas, cela me dépasse. Mais, chez nous, dans mon milieu,
déjà je travaille ainsi que d'autres, il y a des anglophones qui
sont inquiets, il y en a qui veulent vendre leur propriété, parce
qu'à un certain moment on a pensé que, pour vivre sur une ferme,
il fallait à tout prix parler le français. Alors, toutes ces
choses étant dissipées, on peut réaliser les effets
bénéfiques de la loi 101. La loi 22 avait d'ailleurs
déjà commencé à semer cette inquiétude, et
je crois que la nouvelle loi pourra certainement permettre à tous nos
anglophones, je ne parle pas tellement d'immigrants, parce que nous n'en
n'avons pas, et les quelques immigrants qui sont chez nous se sont
immédiatement intégrés à la collectivité
francophone. Dans cet amendement, au sujet des contacts avec le public, il faut
être humain. Je crois que quelqu'un l'a mentionné tout à
l'heure. Quand nos étudiants anglophones se présentent au bureau
de la main-d'oeuvre du Québec, qu'on leur donne une formule
exclusivement en français et qu'on refuse de leur répondre dans
la langue anglaise, ces gens-là se sentent frustrés. Je pense
qu'il faudrait commencer par leur permettre d'entrer sur le marché du
travail, là, je parle de travail occasionnel, que cela soit dans la
sylviculture, dans la plantation des arbres, au ministère des
Transports. Si on leur permet de travailler en contact avec des francophones,
leur tâche en sera facilitée pour autant et, sans rejeter la
langue de Shakespeare, ils seront peut-être très heureux de
pouvoir un jour apprendre non seulement des bribes mais être capables de
se débrouiller dans la langue de Racine, Corneille, Molière, ou
de tous ces grands maîtres de la pensée.
Pour toutes ces raisons, nous sommes d'accord avec cette loi et, en
plus, avec cette motion d'amendement qui pourrait adoucir la présente
loi et qui fournirait au gouvernement de manifester son souci d'inviter les
anglophones surtout, et même les immigrants, à se lancer, à
songer à apprendre la langue française pour être capables
d'apporter leur contribution au développement du Québec. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: L'arrivée du député de Mercier,
ce matin, amène une espèce de bouffée d'air frais à
la commission. Il était attendu. Cela me fait penser au petit nouveau
qui arrive à l'école à la fin de novembre, quand tout le
monde est ensemble depuis deux mois...
M. Godin: M. le Président, on appelle cela un baiser
empoisonné.
M. Grenier: Non, cela ne sera pas méchant.
Cela me fait un peu penser à ce petit nouveau qui arrive à
l'école au mois de novembre quand tout le monde se connaît, que
tout le monde se dispute, que tout le monde est au courant des problèmes
de l'autre. Quand le petit nouveau arrive, tout le monde se garroche et tout le
monde pense qu'il va amener des affaires épouvantables... Mais je pense
que le ministre d'État au développement culturel va le rencontrer
ce midi au lunch et va lui dire: Gérald, tu es intelligent,
agréable, compétent, humain, disponible et normal, mais tu parles
trop.
M. Godin: M. le Président, il s'agissait bien d'un baiser
empoisonné.
M. Grenier: Le député de Mercier, M. le
Président, est arrivé ce matin et il nous a confié, nous a
rappelé qu'il y avait des changements depuis quatre ou cinq ans. S'il
avait assisté à nos travaux ce n'est pas, bien sûr,
sa faute, la Providence a fait qu'il n'a pas pu être avec nous autres
pour des raisons tout à fait justifiées il se serait rendu
compte qu'il ne faut pas parler; depuis quatre ou cinq ans, c'est un terme
tabou de votre côté. Les changements au Québec qui sont
arrivés depuis 1971, il ne faut pas parler de cela, il faut
arrêter en 1971. Tous les chiffres qui nous ont été
produits arrêtaient en 1971 ou à peu près. Il ne faut pas
parler, parce que l'évolution a commencé à ce
moment-là chez les anglophones.
M. Paquette: C'est faux. C'est parce qu'il y avait un recensement
en 1971.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Au lunch, ce midi, avis de rencontrer quelques-uns
des membres de votre parti pour vous mettre au pas, mais on a changé,
c'est plus doux, on ne vous dira pas comme en 1945: Toé,
tais-toé.
M. Godin: Cela fait dur.
Le Président (M. Vaillancout, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, M. le député de
Saint-Maurice et ministre.
M. Duhaime: Veuillez rappeler à l'ordre le
député de Mégantic-Compton en lui indiquant qu'il est
interdit en commission d'avoir un dialogue d'un côté à
l'autre de la table et d'adresser ses propos à la présidence.
M. Grenier: Une jasette, je m'excuse. Merci, M. le ministre.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
Une voix: C'est un jeune président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Effectivement, M. le député de
Mégantic...
Mme Lavoie-Roux: Le député de
Mégantic...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, Mme le député de L'Acadie!
M. Duhaime: II y avait un "cross table".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Maurice et ministre du Tourisme a raison et il
faut nécessairement que vos propos passent par l'intermédiaire de
la présidence. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Duhaime: Je pense que vous dérangez le
député de Gaspé dans sa lecture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Le Moignan: M. le Président, ce sont des suggestions
pour aider mon collègue dans son argumentation.
Mme Lavoie-Roux: ... ici par hasard.
M. Grenier: M. le Président, on va attendre la fin de la
journée pour voir ce qui est dit dans les journaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Grenier: M. le Président, il faudrait peut-être
faire le point à la fin de la journée pour savoir ce qu'il y a
dans les journaux. Je conseillerais au ministre de regarder les nouvelles de
Radio-Canada, ce soir, pour voir qui se permet de lire les journaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégangic-Compton, revenez donc à la
motion d'amendement.
M. Grenier: J'ai vu un bout de film tout à l'heure qui ne
sera peut-être pas de nature à édifier le Parti
québécois.
M. le Président, plus sérieusement, par ce que le
député de Mercier nous livrait tout à l'heure, il se rend
compte lui aussi que des changements importants peuvent s'être produits
depuis quatre ou cinq ans, c'est vrai, on les a notés. Bien sûr,
parfois, pour se défendre, on a le sens de l'exagération; bien
sûr, on a fait état de chiffres depuis 1971 également; non
seulement on s'est bloqué en 1971, mais on semblait éprouver une
satisfaction à parler de chiffres qui précédaient les
années 1970 et 1971.
Vous êtes témoin, M. le Président, et le
député de Mercier également l'est, qu'il y a eu des
modifications et qu'on a senti que le mouvement de francisation du
Québec avait fait un pas important à partir des années
soixante-dix et peut-être quelque peu avant. Par ce qu'on a vécu
ici depuis une vingtaine d'années, peut-être depuis les vingt
dernières années, on a vu qu'il y avait là vraiment un
changement qui mérite d'être signalé.
Le député de Mercier disait que la différence qu'il
y avait entre ce côté-ci de la table et l'autre côté,
c'est que nous voulions être des gens plus incitatifs alors que, de
l'autre côté, on croyait à des formules coercitives en ce
sens qu'on se qualifiait de torrent, alors qu'on voulait procéder avec
une eau plus douce de ce côté-ci.
Il faudrait peut-être se rappeler les difficultés. On a
connu des difficultés, on l'a dit avant, il faut se le redire; il y a
les difficultés qu'on a eues dans le secteur de l'enseignement à
vouloir aller trop vite et, comme on l'a signalé, on a peut-être
fait dans dix ans ce qu'on aurait dû prendre 25 ans à faire ici au
Québec.
Les bouleversements qui se sont faits sentir, bien plus dans le secteur
rural que dans les grands centres, n'ont certainement pas contribué
à donner un climat intéressant au Québec. Il y a des
choses qui doivent prendre du temps. Il y a des choses qui ne peuvent pas
être des torrents. Il y a des choses qui doivent aller en douce et qui
doivent se faire lentement. La nature vous le savez mieux que moi, vous
en parlez même dans vos poèmes la nature ne fait pas de
bonds. Il faut y aller lentement, vivre avec la nature et laisser aller les
mouvements. Je ne suis pas de cette catégorie de gens qui croient qu'on
doive tout bouleverser en peu de temps. J'aime bien analyser les situations et
suivre le mouvement. Bien sûr qu'on peut inciter les gens à faire
certains changements, mais de là à les forcer à entrer
dans des mouvements et les obliger à tout chambarder en peu de temps, ce
n'est généralement pas bon. C'est pour cela que des mesures aussi
astreignantes qu'on rencontre ici, ce n'est pas "apeurant", excepté que
c'est la règle depuis le début... Il n'y a pas d'exception. Cette
règle ne souffre pas d'exception. La loi n'a pas de largesse. On se rend
compte que la loi n'a pas de largesse nulle part. Pour des cas de ce genre, ce
serait possible, il me semble, d'apporter des exceptions, mais on ne semble pas
s'en préoccuper.
Le député de Mercier signalait tout à l'heure un
cas d'exception qu'il a rencontré dans un hôpital, cet Indien qui
n'a pu lui indiquer la salle d'urgence ou quelque chose du genre. Je vais vous
en signaler un autre. J'étais, il n'y a pas si longtemps, avec le
député de Marguerite-Bourgeoys je m'excuse de vous
distraire ...
M. Lalonde: Je vous entends.
M. Grenier: ...la vice-présidente et le
député du Lac-Saint-Jean à un déjeuner à
l'hôtel Saint-Honoré à Paris. La vice-présidente a
sursauté quand un garçon de table est venu nous deman- der pour
notre déjeuner, le matin: What do you want?
M. Godin: Est-ce qu'il parlait français?
M. Grenier: Non, pas un traître mot! On a changé de
garçon.
M. Lalonde: II n'est pas couvert par la loi.
M. Grenier: Pas à Paris, je ne pense pas. On ne l'a pas,
celle-là. Des cas d'exception, il y en a partout. Tout de suite, les
gens de l'autre côté de la table vont nous dire: Oui, mais ce
n'est pas pareil. Leur sécurité est acquise. Il n'y a aucun
problème. Nous autres, ce n'est pas cela, c'est qu'on est menacé.
On l'est pas mal moins, menacé. Des cas d'exception, il y en aura
partout.
Moi aussi, je suis horrifié de cela. Je suis horrifié de
rencontrer des gens qui ne peuvent pas me répondre, mais ce sont des cas
d'exception. Ce ghetto anglophone qu'on a connu et dont on a fait état
ici à la commission, il est pas mal plus réceptif maintenant. Je
suis allé quelques fois à Montréal, je n'y vais pas
souvent, mais j'y vais quelques fois. Je vais dans le West Island aussi, je ne
vais pas seulement dans le coin de chez Dupuis. On est témoin des
changements qu'il y a là. La loi va apporter des correctifs vraiment
intéressants. Ce à quoi on s'accroche, ce sont des faits comme
ceux de ce matin qui ne changeront pas le visage français du
Québec, mais ce sont des cas pénibles. On aimerait quand
même laisser les cas d'exception et ne pas s'accrocher à ces
gens.
Je n'ai pas peur, vous savez. Avec ce qui est commencé, avec le
mouvement qui est commencé dans le Québec, on aura au
Québec, nous autres, nos tontons macoutes qui vont se charger de
dénoncer des faits trop épouvantables. Évidemment, je ne
fais peur à personne, ce n'est pas cela...
M. Duhaime: Les tontons ne donneront plus rien.
M. Grenier: Ce sera notre façon quand même de
dénoncer des personnes qui ne seraient pas conformes à la loi.
Pardon?
M. Duhaime: Les tontons ne dénoncent pas, ils
approuvent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: On aura nos gens qui feront... D'ailleurs, ce dont on
se plaint dans les journaux actuellement... Vous sentez que le mouvement, ce
n'est pas encouragé, et ces gens devraient être
réprimandés qui... Il y a des serveuses de table, par exemple,
qui prétendent ne plus vouloir servir les gens, parce qu'ils s'adressent
à elles en anglais. Ce ne doit pas être de nature à
tellement aider le tourisme ici dans la ville de Québec. Il y en aura de
ces cas, mais encore là, il ne faut pas s'accrocher à cela et y
perdre du temps. Ce sont des cas isolés.
Ce sont des cas isolés que la loi ne veut pas protéger et
qu'on devrait, à mon sens, dans un geste humain, encore une fois,
protéger, mais cela ne se fait pas. On a appris cela depuis le
début. Le président devrait dire au député de
Mercier qu'on a appris depuis le début, je vais vous dire cela ce
matin... Cela fait longtemps qu'on est ici ensemble. Nous sommes les
élèves qui sont arrivés au début de septembre, si
vous voulez. M. le député de Mercier, vous êtes le petit
nouveau qui nous arrive et qui apprend des choses neuves ce matin, mais cela ne
bouge pas ici. Vous allez être surpris d'apprendre cela. On ne bouge pas.
On reste sur le même article. Les gens disent: ...
M. Duhaime: C'est sur le modèle des chaises berceuses,
cela bouge, mais il n'y a rien qui avance.
M. Grenier: On dit, nous autres, qu'on fait du "filibuster", et,
de son côté, vous ne le saurez pas, le gouvernement fait de la
"filibuste". C'est la différence entre les deux, mais cela ne bouge
quand même pas plus.
Je vais vous dire une chose. On semble accrocher à des articles.
Je suis quasiment convaincu, ce matin, que cela ne sert plus à rien
d'essayer d'avancer, seulement pour le plaisir de mettre un pied devant
l'autre.
C'est rendu que la motion qui nous arrive cet après-midi et qui
sera discutée en Chambre...
M. Chevrette: Le député de Mégantic-Compton
va à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
vous dire que vous auriez beaucoup plus de chances de convaincre le
gouvernement si vous parliez de l'amendement...
M. Grenier: L'amendement est large, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
à l'article 20? Avec deux minutes.
M. Grenier: II me reste plus que cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II vous
restait douze minutes et il vous en reste maintenant deux.
M. Grenier: C'est intéressant et cela a
intéressé la commission.
M. Paquette: Le temps passe vite.
M. Grenier: Les journaux sont tous tombés quand j'ai
commencé à parler. Juste pour faire une mise au point. Je
voudrais qu'on cesse de prétendre qu'il se fait du filibuster. Non.
C'est rendu qu'on passe une journée sur un article ou qu'on passe dix
articles dans une journée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'amendement.
M. Grenier: Sur mon amendement et l'amendement à je ne
sais plus quel article...
Mme Lavoie-Roux: 20.
M. Grenier: 20? Bon. Pour parler de l'amendement à
l'article 20, c'est rendu que ce n'est plus important; qu'on passe une
journée ou six jours, cela ne change rien. À partir de là,
qu'on accuse l'Opposition de faire du filibuster oui ou non, c'est aussi
intéressant à l'article 20 qu'à l'article 65, pour perdre
notre temps, vu que cela ne change rien. Je pense bien qu'à partir de
là, cela ne sert à rien à l'Opposition de vouloir
étudier tous les articles du projet de loi, on ne changera rien.
M. Duhaime: Adoptez-le.
M. Grenier: C'est aussi bien de le publier.
M. Duhaime: Adoptez-le.
M. Grenier: Cela ferait quasiment aussi bien, mais le ministre ne
devrait pas nous dire cela, parce qu'il va apprendre qu'en politique, autour
d'une table, on est censé être ici pour suggérer des
changements et cela a l'air de ne rien donner.
On a un amendement ce matin qui est humain, encore une fois, comme celui
d'hier matin, sur lequel on a passé quelques heures. L'amendement qu'on
apporte à l'article 20 est humain et fait appel à des cas qu'on
n'a pas besoin de transformer, qu'on veut laisser là et qui ne
changeront pas le visage...
On est aussi francophone... En tout cas, je n'ai pas la
réputation d'être un Anglais dans mon coin. Je peux vous dire
cela, et on ne francisera pas le visage du Québec ici, mais il est bien
sûr que l'argumentation fait qu'on a l'air à défendre cela;
on ne cède rien de l'autre côté, rien de rien.
Je voudrais bien que cet amendement... De grâce, vous n'avez pas
envie d'en essayer un ce matin? La journée serait bonne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Cela tire sur la fin. On va électri-fier nos
chaises cet après-midi!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, votre temps...
M. Grenier: ... tire sur la fin?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... est
malheureusement expiré, au moment où vous commenciez à
parler de l'amendement.
M. Grenier: Je termine les 30 secondes qu'il me reste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
D'accord.
M. Grenier: Ce n'est pas sur le temps d'un autre. Ah non! Je ne
me fâche plus parce que je sais que cela ne sert plus à quoi que
ce soit.
M. Duhaime: ... conclusion. Cela a l'air nouveau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Je vous demanderais, M. le Président, de faire
fléchir le gouvernement. Servez-vous de votre autorité. Faites
donc fléchir le gouvernement. Essayez donc!
Mme Lavoie-Roux: II ne peut pas. Il faut qu'il soit neutre.
M. Grenier: Je ne peux pas m'adresser aux autres. Je n'ai pas le
droit. Je suis obligé de demander cela au président et je vois
l'autre président qui va vous succéder dans une minute et je
pense qu'il va essayer. Il va demander au gouvernement de fléchir, de
donner un petit quelque chose, de permettre aux gens qui parlent anglais, qui
ont 62 ans et qui ne sont pas encore à l'âge de leur pension, de
continuer de parler leur langue. Cela va être large, une
générosité incommensurable, comme dirait Jean-Noël
Tremblay. J'ai terminé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je vous remercie beaucoup.
S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de
Mercier.
M. Le Moignan: M. le Président, c'est une demande de
directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je ne suis pas totalement d'accord avec mon
collègue de Mégantic-Compton.
M. Grenier: II pense qu'il peut le faire fléchir, lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, une directive, s'il vous plaît!
M. Le Moignan: C'est une directive. Il a fait allusion à
ceux qui lisaient des journaux et j'étais l'un de ceux-là, aussi
bien que les ministres et les membres de l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: ... francophone...
M. Le Moignan: ... mais il ne faudrait pas laisser au public
l'impression qu'on lit le journal parce qu'on veut perdre du temps. J'ai
remarqué, hier, qu'on a apporté comme argument...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, malheureusement, je constate que ce n'est
point une demande de directive; c'est une question de privilège
déguisée qui n'existe pas en commission parlementaire.
M. Le Moignan: Je veux savoir si on peut utiliser cela pour
éclairer notre pensée parce qu'on m'a fait parvenir tout à
l'heure une coupure de journal où je m'étais mal exprimé.
C'est cela que j'avais reçu et cela a tout clarifié. Ce n'est
donc pas parce que je veux lire des journaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, tout ce que je pourrais vous dire est que
chacun a droit à ses sources de référence.
M. le député de Mercier.
M. Lalonde: ... source d'inspiration. M. Grenier: II pige
dans Allô-Police.
M. Godin: M. le Président, puisque vous me donnez enfin la
parole, j'en profiterai pour dire que, si certains de nos amis d'en face ont
l'impression qu'on est absolument intraitable et qu'on ne change pas, ils n'ont
qu'à consulter le nombre d'amendements apportés à ce qui
fut le projet de loi no 1 et ils verront qu'il y en a un "méchant"
paquet, comme on dit chez nous.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas toujours pour le mieux, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Vous interviendrez après moi. M. Ciaccia:
L'article...
M. Godin: D'autre part, j'ai l'impression que ce qui se confronte
ici, ce sont deux visions du Québec. D'un côté, vous avez
ceux qui voudraient que les Québécois deviennent des
Nord-Américains anglophones, que le Québec soit le lieu pour
devenir des Nord-Américains anglophones, tandis que de notre
côté, on voudrait que les Québécois deviennent des
Québécois francophones.
Ce sont deux visions qui se confrontent. L'une est quelquefois
qualifiée de colonisée par nous et l'autre est qualifiée
d'entêtée, de fermée je ne sais pas quels arguments
vous avez utilisés pendant... intransigeance fanatique par nous.
Mme Lavoie-Roux: Intransigeance.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Godin: Alors qu'en fait, on estime que le Québec ne
doit pas être une sorte de chambre de décompression pour devenir
des Nord-Américains anglophones, mais plutôt un lieu où le
français puisse se développer autant qu'il est possible à
une langue de le faire dans un pays donné.
Ce qui s'affronte ici, ce sont deux visions du
Québec. La nôtre est claire. On veut que ce soit un pays
français. Quand on parle des gens qui débarquent d'un bateau et
qui n'auraient pas l'occasion d'avoir un emploi parce qu'ils ne parlent pas
français, ce que la loi veut faire, c'est qu'à l'instant
où quelqu'un met le pied au Québec, s'il veut rester ici, que son
wagon soit placé sur la bonne voie ferrée dès le
départ pour éviter ces révisions déchirantes plus
tard quand le français sera vraiment la langue de travail, et pour
éviter ces frictions et ces tensions. Fondamentalement, c'est ce qui
oppose les deux côtés de cette Chambre. Quand j'entendais tout
à l'heure un député d'en face nous dire qu'on va faire un
ghetto de 5 millions ou 6 millions de personnes avec la loi no 1, des ghettos
de six millions de personnes, il y en a peut-être de 100 à 150
dans le monde. On appelle cela des pays. Au-delà d'un certain nombre de
millions de personnes, ce ne sont plus des ghettos, ce sont des pays, M. le
député d'Outremont.
Ce qui est un ghetto, c'est que dans une majorité, une
minorité refuse de reconnaître la réalité de cette
majorité. Elle se tient à l'écart de la vie collective,
culturelle, économique et sociale de cette majorité. C'est cela
qu'on appelle un ghetto.
Nous, on ne se considère pas comme un ghetto de l'Amérique
du Nord. On se considère comme un pays. On considère comme des
ghettos des groupes au Québec qui n'ont aucun contact, n'en n'ont jamais
eu et ne veulent pas en avoir avec la majorité francophone. Pour
éviter justement ce genre de situation, l'article 20 doit être
adopté tel quel. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mercier. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'est votre collègue qui m'a mis sur la
liste.
Le Président (M. Cardinal): Votre nom est
indiqué.
M. Chevrette: J'avais fait une intervention hors d'ordre, selon
lui.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, mon collègue de
Mercier vient d'aborder un aspect que je voulais toucher en débutant mon
intervention.
C'est cela qu'on n'a pas encore compris en face. C'est la
troisième fois qu'on s'attaque au Québec, à la solution du
problème linguistique. Évidemment, on n'a pas la
prétention de le régler indéfiniment, ad vitam aeternam,
mais si on veut que cette troisième approche que nous faisons ait un
certain caractère de permanence, il faut mettre fin, au Québec,
aux sociétés parallèles qui existent.
Le meilleur témoignage qu'on a, c'est la difficulté qu'on
a à se comprendre, je parle de la minorité anglophone et de la
majorité francophone au Québec dans ce débat ici. Le
député de Mont-
Royal a cité la Gazette tout à l'heure. Il y avait un
autre article dans la Gazette de ce matin où on comparait le ministre
d'État au développement culturel à Idi Amine Dada qui
aurait dit aux anglophones d'Ouganda de sacrer leur camp. Je suis certain que
ce commentaire fait par un professeur de l'université, soit dit en
passant, est assez partagé, pour le moment, dans la minorité
anglophone.
J'ai fait plusieurs assemblées dans le West Island et j'ai pu me
rendre compte de cela. On voit là tout simplement le résultat de
plusieurs décennies de vie en marge de deux sociétés qui
s'ignorent et qui n'ont pas de communication. Cela commence dans le domaine
scolaire. C'est pourquoi le chapitre sur la langue d'enseignement vise à
une certaine intégration d'une partie de nos concitoyens
québécois en les amenant à l'école
française, mais il va rester encore là une part de ghetto tout
simplement parce qu'on reconnaît l'existence de la minorité
anglophone. On ne voudrait pas, justement, lui donner l'impression qu'on lui
dit de partir, on veut qu'elle reste avec nous pour développer le
Québec.
Dans les chapitres sur la langue d'administration, et en particulier
à l'article 20, et sur la langue du travail, on a accepté tous
les amendements de l'Opposition. Presque à chaque article, on vise
à étendre les possibilités de cette vie en marge de la
minorité anglophone au Québec. Si on peut espérer une
solution permanente, qui ait un certain caractère de permanence, du
problème linguistique, il faut éviter ces exceptions, ces
ghettos. On va réserver, dans l'article 20, avec l'amendement, un
certain nombre de postes où, encore une fois, il va être possible
de vivre en marge de la société francophone. Je comprends qu'il
faut se préoccuper des individus, faire en sorte qu'ils ne soient pas
lésés, mais il faut avoir cette préoccupation d'une
certaine cohérence de notre société tout en respectant les
minorités, les droits individuels.
Je tiens à dire à nos amis d'en face qu'ils ont
exagéré les dangers possibles de l'article 20. Il y en a
toujours, dans n'importe quelle loi, dans cet article en particulier. Par
exemple, on dit que cette loi n'a pas de largesse, l'article qui est là
aurait pu être beaucoup plus radical. Quand le député de
Mégantic-Compton nous donne ces exemples de gens qui coupent du foin ou
quand le député d'Outremont nous dit qu'il y a des postes
où le contenu linguistique est zéro, d'une part, je soutiens
qu'il n'y a pas de poste où le contenu linguistique soit
zéro...
M. Raynauld: Quel est le lien?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Paquette: Je vais vous dire pourquoi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, adressez-vous au président, s'il vous plaît.
M. Paquette: Oui, M. le Président. Prenez, par exemple,
quelqu'un qui s'en va travailler en forêt
pour couper du bois ou pour construire des routes, je comprends que le
contenu linguistique est minimal, mais cette personne a des collègues de
travail, elle doit comprendre certaines directives, elle doit pouvoir
communiquer avec le contremaître. Il faut aussi respecter le droit au
travail des citoyens québécois et ne pas étendre
inutilement les postes où le bilinguisme est nécessaire. C'est ce
qu'on va faire si on laisse la possibilité à trop de postes de
pouvoir s'exercer sans une connaissance du français. L'article 20 est
quand même mesuré, tel qu'il est.
C'est pourquoi, je pense, on n'a pas besoin de l'amendement. On dit: Une
connaissance appropriée à cette fonction. On ne demandera pas
à quelqu'un qui s'en va travailler dans le bois de savoir écrire
en français, cela me paraît évident. On ne lui demandera
pas non plus de pouvoir converser de façon très
élaborée, mais on va lui demander d'avoir une
compréhension minimale du français. On a donné l'exemple
des garçons d'ascenseur, on a également donné l'exemple
d'autres fonctions. Je ne pense pas qu'il y ait de poste au Québec, dans
un pays où la langue officielle est le français, où on
veut éviter les ghettos, où on veut éviter les
sociétés parallèles, de poste où le contenu
linguistique soit zéro.
L'article est nuancé, il parle d'une connaissance
appropriée à la fonction. Je tiens également à
dire, concernant le cas qu'on mentionnait, de gens qui travaillent c'est
le député de Mont-Royal qui disait cela depuis un bout de
temps dans des organismes possiblement en anglais, il n'est pas question de les
congédier. L'article ne parle pas de congédiements, il parle de
ce qui va se passer à l'avenir, il parle de nouvelles nominations, il
parle des mutations ou des promotions.
Le danger que soulignait le député de
Mégantic-Compton, de quelqu'un dans la situation de chômage
où on se trouve qui voudrait prendre la place d'un autre, c'est
impossible avec cet article. Quelqu'un qui a déjà une fonction
dans l'administration ne peut pas être congédié sur la
seule base de ses insuffisances linguistiques.
D'autre part, il reste le problème des nouveaux immigrants qui
arrivent, mais je soutiens, M. le Président, que le problème est
le même que celui qu'on a dans tous les pays. Un nouvel immigrant qui
arrive aux États-Unis sait qu'il va avoir besoin d'une connaissance
minimale de l'anglais pour travailler et il s'arrange pour l'acquérir le
plus vite possible. Il ne se présentera même pas pour avoir un
poste s'il n'est pas capable de parler anglais, où qu'il soit aux
États-Unis. Ce sera la même chose à l'avenir, l'article ne
traite pas du passé, ce sera la même chose à l'avenir au
Québec et les gens vont être informés, je pense qu'ils le
sont déjà pas mal avec tout le débat qui entoure la loi
101. Ils seront informés que le français est nécessaire
pour travailler au Québec, ou au moins de façon minimale.
Si d'aventure, il y avait dans l'administration des gens qui
exagéraient pour des motifs quelconques il y a toujours des gens
qui font des excès je tiens à souligner qu'il existe des
pro- tections pour les travailleurs qui se feraient traiter possiblement
injustement. La Charte des droits de l'homme continue à s'appliquer. Un
travailleur qui est lésé dans ses droits pourra faire appel
à la Commission des droits et libertés de la personne. Il existe
également des recours qui sont prévus explicitement dans la loi
au protecteur du citoyen. Alors je pense, M. le Président, que cet
article fait quand même preuve de nuances, il ne traite pas les gens
injustement, il n'est pas rétroactif, il demande une connaissance du
français appropriée à la fonction. Encore une fois ce
n'est pas par une attitude d'inflexibilité qu'on ne veut pas recevoir
l'amendement, mais c'est que, si on reçoit celui-là, et on avait
reçu tous les autres que nous a proposés l'Opposition depuis le
début de nos travaux, on se retrouverait assez près de la
situation actuelle, avec ce danger de perpétuer des
sociétés parallèles et d'être obligé encore,
dans trois ou quatre ans, d'arriver avec un autre débat linguistique. Si
on veut avoir une solution qui ait un certain caractère de permanence
pour une couple d'années, M. le Président, il faut éviter
tous ces ghettos, toutes ces exceptions qui permettraient à l'anglais,
au travail, dans l'administration, dans des questions d'ordre public
d'être suffisant pour vivre au Québec.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Au départ
je voudrais rectifier une affirmation du député de Mercier. Selon
l'interprétation du député de Mercier, les gens d'en face
en se référant à l'Opposition veulent faire
des Québécois des nord-américains anglophones. Je pense
qu'il faut quand même rétablir les faits, parfois on va
au-delà de sa pensée, je suis prête à l'admettre,
mais il y a quand' même ici un public et la loi 22 a statué sur le
caractère officiel de la langue française au Québec.
Il faisait, un peu plus tôt dans sa première intervention,
allusion au fait que, par exemple, les immigrants envoyaient leurs enfants
à l'école anglophone. Je dois dire ici et j'ai eu
l'occasion de le dire à quelques reprises que selon les
statistiques que l'on a pour les années 1975/76, 1976/77, quand il
s'agit d'immigrants non francophones et non anglophones, la situation est
corrigée. Je pense que cela aussi est le résultat vous
avez vu les débats qui ont eu lieu de la loi 22, de la mise en
place des classes d'accueil. Je pense qu'il faut reconnaître cela. Je ne
crois pas qu'il soit dans l'intention des gens d'en face de faire des
Québécois des nord-américains anglophones. Si
c'était cela, je ne serais pas ici.
Deuxième chose, je pense que c'est malheureux qu'on doive passer
autant de temps sur des articles je ne mentionnerai que les trois
derniers, 13, 17 et 20 je pense que de part et d'autre il y a eu
certaines taquineries: "C'est un filibuster, c'est un filibuste" etc. Mais,
quand ces amendements sont présentés, il me semble évident
que vous différez d'opinion avec nous, mais c'est
quand même dans l'esprit d'essayer d'établir la justice
à l'égard de tous, le plus possible.
Je pense que et j'y reviendrai tantôt en me
référant à une déclaration de la Commission des
droits de la personne quand une loi est préparée, est
adoptée, il me semble que, dans notre société, un
gouvernement doit s'efforcer de n'y laisser aucun élément de
discrimination et ne doit ouvrir la porte à aucune possibilité de
discrimination. Il se peut qu'une loi soit adoptée et qu'après
coup, on réalise que certains éléments nous ont
échappé et qu'il y avait là une ouverture à de la
discrimination possible, mais on ne l'avait pas vue.
Je pense qu'un bon gouvernement je ne fais pas d'ironie
s'empresserait, j'imagine, de revenir devant l'Assemblée nationale et de
faire corriger ce qui a été une omission. Aujourd'hui, on vous le
signale avant que la loi soit adoptée. C'est un peu dans ce sens que je
comprends mal l'attitude du gouvernement qui dit: Non, on essaie d'être
juste pour tout le monde, etc., alors que même le ministre d'État
au développement culturel a dit: C'est vrai qu'au départ, tel que
rédigée, la loi interdirait, si on l'applique à la lettre,
c'est vrai que, sans une connaissance minimale je ne pense pas
déformer vos paroles, M. le Ministre sans une connaissance
minimale de la langue française, quelqu'un pourraît être
exclu.
C'est à ce moment-ci que je voudrais faire allusion à
l'opinion de la Commission des droits de la personne qui a donné un avis
au moment où le ministre des Transports, et j'y ai fait allusion au
point de départ, voulant donner un exemple, avait émis une
directive suivant laquelle les employés occasionnels devaient avoir une
connaissance du français. Alors, je cite ce qui a été
publié dans le Soleil par M. Paul Bennett; je pourrais également
citer un autre journaliste qui a été très fidèle
ici, M. Falardeau, qui, dans un autre journal, a aussi rapporté cette
opinion de la Commission des droits de la personne: "La directive émise
le 27 avril dernier par le ministre québécois des Transports, M.
Lucien Lessard, exigeant que, dorénavant, tous les employés
occasionnels embauchés par ce ministère puissent s'exprimer en
français devrait être corrigée de façon qu'elle ne
s'applique qu'aux catégories d'emplois où l'employé a
effectivement à utiliser la langue française. Tel est l'avis qu'a
transmis au ministre la Commission des droits de la personne..." Je passe le
reste. "Selon les membres de la commission, la directive du ministre est
rédigée de façon trop absolue, sans tenir compte ni de la
nature des emplois postulés par les candidats, ni du cas
spécifique des immigrants qui ne parlent ni le français ni
l'anglais. Cette directive lit-on dans un texte remis hier à la
Presse devrait prévoir explicitement et de façon positive
qu'il y a des postes où la communication dans la langue de la
majorité n'est pas requise parce que l'utilisation d'une langue
donnée dans tel ou tel poste n'est pas une qualité exigée
par la nature de l'emploi." Et là, il donne des exemples, ceux qui
effectuent des travaux de voirie, etc. "Pour sa part, la Commission des droits
de la personne estime que, bien qu'elle ne soit pas discriminatoire au sens de
la charte des droits de la personne, cette directive n'en soulève pas
moins une question de "justice distributive " puisque, par exemple, certains
immigrants autochtones qui ne connaissent pas le français peuvent
être privés d'un emploi où l'utilisation de la langue
française ne serait pourtant pas nécessaire."
Là, j'insiste beaucoup sur "peuvent être privés d'un
emploi" et je fais une différence entre être nommé,
muté ou promu. Et je pense que muté et promu se passent dans un
second temps ou, pour utiliser l'expression qu'on utilise maintenant un peu
ironiquement, dans une société normale, le bonhomme ou
l'employé a eu le temps de faire l'apprentissage de ce minimum de
français, pour utiliser les termes de l'article, d'une connaissance
appropriée du français selon qu'il est requis pour un emploi
donné.
Je continue de citer la Commission des droits de la personne: "Pour un
emploi qui exige l'usage verbal ou écrit de la langue, l'employeur, dans
le contexte québécois, serait, selon nous, justifié
d'exiger d'un candidat une certaine connaissance d'un français
approprié à l'emploi qu'il postule" mais, de poursuivre la
commission, et je cite de nouveau: "L'État doit faire en sorte que les
immigrants, les Québécois de diverses origines ethniques et les
autochtones puissent avoir accès aux emplois occasionnels où
l'utilisation de la langue française n'est pas essentielle ou même
nécessaire, c'est-à-dire qu'elle n'est pas une qualité
exigée par la nature de l'emploi. Procéder autrement serait faire
de la discrimination contre une partie importante de la population
québécoise", conclut la commission.
Je pense que c'est suffisant. Quelqu'un va arguer immédiatement
que la Commission des droits de la personne ne s'est prononcée que sur
le cas des emplois temporaires et qu'on pourrait décider que l'article
ne touche que les emplois permanents. Je pense que même cela n'est pas
clair dans cet article, il peut s'agir de l'un ou de l'autre. Mais le
même raisonnement qu'on applique à la question d'employés
temporaires pourrait certainement être étendu dans le cas des
employés permanents. C'est là un témoignage quand
même important et qui a de la valeur. Je voudrais que les membres... je
souhaiterais plutôt, parce que mes voeux ne sont pas souvent
exaucés, que le gouvernement réalise que cet amendement a
été proposé non pas pour s'amuser autour de la table,
mais, vraiment, pour mettre à l'abri de toute discrimination possible
des personnes, des individus.
Je ne veux pas dire qu'au Québec on fait plus de discrimination
qu'ailleurs, je pense qu'il ne faut pas charrier non plus. Mais toute
société doit éviter d'ouvrir la moindre porte à la
discrimination, surtout à la discrimination envers les personnes les
plus faibles.
J'entendais le député de Rosemont il n'aime pas
qu'on lui fasse des compliments qui, quand même,
s'intéresse de près à ces problèmes de justice et
d'équité, dire: Ces gens pourront toujours porter plainte
à la Commission des droits de
la personne. Cela m'a étonnée. Cela me rappelait un peu
justement une explication que le ministre des Transports avait donnée et
qui me surprenait beaucoup moins. Il avait dit: Je n'ai pas entendu une seule
plainte. Qu'on m'apporte une seule plainte et je l'examinerai.
M. Duhaime: Un seul cas.
Mme Lavoie-Roux: Un seul cas, ce que vous voudrez. Mais, dans un
cas comme dans l'autre, il reste que les personnes touchées, dans ces
circonstances, sont les personnes les plus faibles, les plus démunies
qui, justement, ont le plus de difficulté à faire valoir leurs
droits. Ce qui, compte tenu de l'absence de la connaissance de la langue, leur
rend ces démarches extrêmement difficiles, sinon impossibles, et
illusoires. Je pense que là-dessus on pourrait s'entendre.
En conclusion, M. le Président, le député
d'Outremont a dit: Si vous pouvez trouver quelque chose de mieux. Nous, par cet
amendement, n'avons pas la possession tranquille de la vérité. On
serait prêt à souscrire à une autre formulation qui serait
meilleure, et qui, justement, préviendrait cet abus possible. Il me
semble que les gens du gouvernement peuvent comprendre cela, qu'on veut
éviter... Je suis certaine que, s'ils s'appliquaient à trouver
des arguments dans l'autre sens, ils souscriraient peut-être à
certains des arguments qu'on a fait valoir. C'est le sens de l'amendement, M.
le Président, et je n'ajoute rien à ce moment-ci.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, monsieur.
M. Dussault: ... me permettez-vous de poser une question à
Mme le député avant votre...
Le Président (M. Cardinal): Oui, si elle veut bien vous
répondre.
M. Dussault: Vous avez fait intervenir la Commission des droits
de la personne sur un exemple et un cas que vous dites être une directive
venue de M. Lessard, ministre des Transports. Est-ce que la Commission des
droits de la personne a fait une intervention sur l'article 19 qui était
un ancien article du projet de loi 1 et qui est devenu l'article 20 dans le
projet de loi 101?
Mme Lavoie-Roux: Je ne saurais répondre à cette
question.
M. Lalonde: Je peux vous répondre.
M. Dussault: J'aurais voulu que vous puissiez me répondre,
parce qu'effectivement, on a vérifié et il n'y a pas eu
d'intervention dans ce sens. On a davantage eu la préoccupation de mieux
faire encore l'article 20 pour être bien sûr qu'il n'y aurait pas
de discrimination et faire en sorte que les modalités d'application de
l'article ne soient pas à l'encontre de quels que droits que ce
soient.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pourrais peut-être répondre. Il est
exact que la Commission des droits et libertés de la personne, dans son
mémoire du 6 juin, ne fait pas référence directement
à l'ancien article 19, qui est l'article 20 modifié. Toutefois,
je pourrais répéter une remarque qui me paraît
fondamentale, à la page 3 de ce mémoire. Je dis
répéter, parce que je l'ai déjà dit ici. Je pense
que, pour notre bénéfice, c'est bon de se le redire. La
commission, je cite: "Bref toute législation justifiée par les
intérêts légitimes de la majorité doit
découler d'une analyse préalable rigoureuse permettant de fixer
l'objectif poursuivi en fonction du malaise à éliminer. Le choix
des moyens adéquats et mesurés qui découle de cette
analyse doit être fait dans un esprit positif alimenté aux vertus
du respect d'autrui, de la tolérance et du pluralisme".
M. le Président, c'est extrêmement intéressant, ce
débat, même si d'aucuns pourraient penser qu'on aurait pu accorder
plus de temps à d'autres articles plus fondamentaux qu'à
celui-ci. Vous avez aussi remarqué probablement que des intervenants des
deux côtés de la table se sont à peu près
divisé les deux heures qui ont été prises
là-dessus, peut-être pas également, mais enfin, plusieurs
intervenants de l'autre côté ont quand même tenté de
collaborer ou de contribuer à la discussion. Là où je
crois que réside la différence fondamentale, c'est que même
si dans la loi, la langue de l'enseignement, on prétend
reconnaître la communauté anglophone comme telle, comme
communauté, et comme communauté donc, avec ses institutions et
avec ses chances "normales" non seulement de survivre, mais de se
développer, de s'épanouir avec ses valeurs culturelles. Alors
qu'on prétend le faire dans un chapitre, d'un autre côté,
on dit des choses comme je viens d'entendre: on ne veut pas que ce soit un
ghetto, on veut que cela se fasse en français. Je me demande
jusqu'à quel point le gouvernement s'est imposé, justement,
l'analyse préalable rigoureuse dont la commission parlait tantôt,
jusqu'à quel point le gouvernement s'est posé la question, par
exemple vous allez me rappeler à l'ordre, M. le Président,
je vous le promets, dans à peu près 30 secondes à
savoir dans quelle mesure le fait de forcer une commission scolaire anglophone
d'écrire en français à une autre commission scolaire
anglophone, est nécessaire, est un moyen adéquat et
mesuré. On répond: On ne veut pas qu'ils restent dans un ghetto,
on veut les forcer, les encourager à devenir des francophones. À
devenir des francophones ou à demeurer des anglophones? C'est là
qu'est la question.
C'est de là que vient la source de la frustration et des
affrontements créés par plusieurs dispositions de cette loi. Je
voulais simplement mentionner cela, parce que cela va revenir, ces
échanges de propos qui sont inspirés de bonne foi, des deux
côtés, mais qui viennent de la différence de la conception
qu'on se fait d'une société. Nous croyons, quant à nous,
que la société québécoise doit être
éminemment française, mais il faut re-
connaître, non seulement tolérer mais reconnaître que
la communauté anglophone a le droit de se nourrir à la
réalité pour non seulement demeurer et vivoter, mais rester avec
ses institutions, de sorte qu'une institution anglophone qui écrit
à une autre institution anglophone, cela ne me paraît pas
être un accroc à la réalité francophone qu'elle le
fasse en anglais.
Pour revenir à l'amendement, je pense que, comme...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez été
surpris?
M. Lalonde: Non. Je vous l'avais promis. Je pense qu'il importe
que cette disposition soit dans le projet de loi, même si j'ai mis en
doute l'utilité de l'article 20 à cause des autres articles, 120
et suivants, parce que les programmes de francisation, de toute façon,
vont inclure des dispositions concernant l'embauche, le contenu linguistique de
chaque emploi, et si on n'a pas une telle disposition dans le projet de loi, on
laissera ça à l'arbitraire, dans une bonne mesure, de l'office de
la langue française, à savoir si telle fonction exige un contenu
linguistique et dans quelle mesure. Je crois qu'on doit légiférer
sur ce principe. Ce principe doit être dans le projet de loi et non pas
laissé simplement au bon vouloir, à la discrétion d'un
fonctionnaire.
On ne légifère pas pour le gouvernement. Naturellement,
les députés ministériels d'en face sont sûrement
persuadés par les propos du ministre qui représente le
gouvernement ou des ministres, disant: Nous allons agir avec mesure. Nous
allons agir avec justice, et je ne peux pas les blâmer d'être
impressionnés favorablement par de tels propos, mais c'est notre devoir,
je pense, comme législateurs, de suggérer aussi que, dans un
mois, dans un an, ou dans trois ou quatre ans, un autre gouvernement pourrait
être là ou le même gouvernement, mais avec d'autres
hommes...
Alors, on ne légifère pas pour le gouvernement. On fait
des lois pour la population et, dans cette mesure, je pense que c'est notre
devoir, comme législateurs, de faire en sorte que les principes soient
inclus dans la loi, laissant aux règlements et à l'administration
le soin de les appliquer.
On a enlevé de l'article 19 du projet de loi no 1 à
l'article 20 du projet de loi no 101 les références aux
règlements, mais je souligne qu'étant donné le chapitre IV
du titre II, on revient ni plus ni moins à la discrétion du
fonctionnaire et du gouvernement quant à l'application de ces
principes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, quatre minutes.
M. Ciaccia: Très brièvement. Le but de l'amendement
du député de L'Acadie est de faire certaines exceptions pour une
catégorie d'employés qui peuvent difficilement se
défendre. Quand le député de Rosemont dit qu'il ne veut
pas que ces gens au Québec vivent en marge, je pour- rais lui poser la
question suivante: Qu'allez-vous faire avec ceux qui n'ont pas eu la chance...?
C'est beau de dire pour l'avenir, mais on parle de ces gens qui n'ont pas eu la
chance... Or, le but du projet de loi est de ne pas ouvrir la porte à
ceux qui, possiblement, auraient un esprit revanchard, je ne dis pas que vous
l'avez, mais ceux qui, possiblement, l'auraient, pour qu'on ne se fasse pas
dire demain: Dura lex sed lex. C'est la loi et on va l'appliquer. C'est
justement pour éviter cela.
Quand le député de Mercier dit que, de ce
côté-ci de la table, on veut faire des Nord-Américains
anglophones, ce n'est pas par l'amendement à l'article 20 qu'on va faire
cela et je l'inviterais à regarder tous les membres à cette
table. Quant à moi, je ne vois pas de Nord-Américain anglophone,
et quand vous dites que six millions, cela s'appelle un pays, je vous
défie moi aussi de trouver un autre pays qui a une minorité de
20% où on ne lui reconnaît pas sa langue officielle...
M. Godin: Oui, ils l'ont leur langue.
M. Ciaccia: Avec une minorité de 20%?
M. Godin: Giovanni, ils l'ont.
M. Ciaccia: Vous aurez le temps d'intervenir.
M. Godin: Giovanni, ils l'ont.
M. Ciaccia: C'est parce que vous avez soulevé la question
et je ne pouvais pas, comme le député de L'Acadie le dit... Il y
a des gens ici et il ne faudrait pas induire les gens en erreur.
Il y a une minorité de 20% qui n'ont pas leur langue officielle
et on... Mais ce qui est le plus important, c'est que vous voulez couper le
contact avec les gens autour d'elle, avec les peuples autour de cette
minorité, et c'est cela qui crée le ghetto.
M. de Bellefeuille: Ce sont des conneries. M. Ciaccia:
Couper le contact. M. Paquette: II charrie.
M. Ciaccia: ... et c'est cela quand vous voulez mettre, les
grandes restrictions que vous mettez dans ce projet de loi. L'exemple qu'on
vous donne à l'article 20 est seulement un exemple. De combien d'autres
avons-nous discuté ici? Et ce n'est pas assez de répondre qu'ils
peuvent aller à la Commission des droits de la personne. Ces gens n'ont
pas les moyens, les connaissances pour se prévaloir de toutes nos lois,
ils vont subir des injustices.
Avant qu'un cas célèbre arrive à la Commission des
droits de la personne, il peut y avoir beaucoup de difficultés et
d'injustices causées. Nous ne sommes pas contre le principe de
créer un Québec francophone sujet, naturellement, à la
reconnaissance de la réalité de la collectivité où
il y a des minorités qui existent ici. Ce n'est certai-
nement pas par l'amendement du député de L'Acadie que nous
allons porter atteinte aux objectifs légitimes que la loi 101 pourrait
avoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal. M. le député de
Mercier.
M. Godin: 30 secondes, M. le Président, pour terminer. Je
ne pense pas qu'il y ait une volonté nette de l'autre côté
de la Chambre de vouloir faire des Québécois des
Nord-Américains anglophones, mais, faute d'une volonté nette
telle qu'elle apparaît à la loi 101 de faire du Québec une
communauté où le français sera la langue indispensable,
faute de cette volonté, la force économique, la force d'inertie
joue contre la langue française. Les Québécois
francophones n'ont pas d'autres choix de s'assimiler comme cela se fait, comme
des mémoires nombreux des centrales syndicales, où loge la
majorité à l'intérieur du Québec, l'ont
démontré dans le passé.
Ce refus d'intervenir dans les forces en présence que je
décèle dans l'amendement de Mme le député de
L'Acadie équivaut à laisser jouer les forces économiques.
Cela équivaut à faire des gens qui débarquent ici des
Nord-Américains anglophones ou du moins les laisser devenir des
Nord-Américains anglophones, au lieu de s'inscrire dans la logique de la
loi 101 qui est précisément de rappeler aux gens qui arrivent ici
que, pour travailler au Québec, c'est le français qu'il faut
parler, et pas une autre langue, le français.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mercier. Est-ce que vous êtes
disposés à prendre le vote sur l'amendement?
M. Paquette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, j'aurais quelques remarques
à faire avant qu'on passe au vote. Je voudrais répéter au
député de Mégantic-Compton que si nous avions
accepté la grande majorité des amendements proposés par
l'Opposition officielle et par l'Union Nationale, la loi 101 aurait perdu son
caractère. La loi nous aurait ramenés au bilinguisme
institutionnel, à une société bilingue qui était
véritablement l'essence, pour nous en tout cas, de la loi 22.
Si nous avions pris à notre compte tous ces amendements, la loi
101 serait devenue une véritable guimauve, une véritable passoire
où la population n'aurait pas reconnu les exigences qu'à juste
titre elle pose depuis un nombre croissant d'années.
C'est la seule raison qui nous a fait refuser les amendements et non pas
un entêtement rigide et stérile. Au contraire, ce refus s'inscrit
dans une perception des besoins de la population, une communion avec ses
exigences et une volonté politique qui prétend désormais
les incarner.
Même si vous n'êtes pas d'accord avec ce que je viens de
dire, c'est quand même l'esprit qui a présidé à
notre considération des amendements qui nous ont été
soumis.
J'aimerais aussi revenir sur certaines des remarques du
député de Marguerite-Bourgeoys qui a cru déceler quelques
divergences entre cet article 20 et l'article 124. Je n'en vois pas, pour ma
part, parce que le titre II parle des programmes de francisation qui
s'appliqueront à l'administration et prévoit, comme il se doit,
certains délais dans l'application des programmes. Surtout si l'on s'en
tient aux cas spécifiques ou spéciaux qui ont été
soulevés ce matin, et en particulier avec des citoyens qui n'auraient
pas une connaissance de la langue officielle, à l'heure actuelle, en
particulier ceux qui peuvent vivre dans les municipalités
anglophones.
Déjà, dans les articles qui vont suivre, on verra bien
qu'un délai est accordé puisque, dans ces cas spécifiques,
un délai de sept ans sera accordé. On en discutera dans les
quelques heures qui vont suivre. Il y a donc déjà une souplesse
au niveau de l'étalement dans le temps quant aux modalités
d'application du principe qui est quand même inscrit dans l'article 20.
Il y a des délais dans les articles 23, 24 et 25, il y a aussi des
délais dans les programmes de francisation tels qu'ils sont
prévus à l'article 124.
Le député de Marguerite-Bourgeoys aurait aimé que
la loi soit encore plus spécifique sur les principes afin
d'éliminer le plus possible la part d'arbitraire, la part de
discrétion. Il a fait cette remarque surtout en se
référant à la partie de l'article qui a trait au
rôle de l'Office de la langue française. Pourtant, je dois
rappeler au député de Marguerite-Bourgeoys que l'application des
programmes de francisation, et non pas seulement de l'article, sera
basée sur toute une série d'articles qui paraissent à ce
chapitre, c'est-à-dire les articles 14 à 23. Peut-être le
député de Marguerite-Bourgeoys aurait-il voulu qu'on
s'étendit davantage sur ces principes, mais ils sont quand même
là et les programmes de francisation ne seront pas laissés
à la discrétion ou à l'arbitraire de l'office puisque
l'office, en s'acquittant de son rôle, qui est d'approuver des
règlements venant de la Commission de la fonction publique ou des
services de personnel des municipalités ou des contentieux, aura quand
même une direction à suivre, celle que tracent les articles 14
à 23. Je pense donc que la part de discrétion et d'arbitraire ne
sera pas aussi considérable que celle que soulignait le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Je voudrais aussi tenter de dissiper une équivoque. Encore une
fois, certaines interventions tendent à laisser croire qu'il y a ici une
volonté d'exclure la minorité ou la collectivité
anglophone de certains emplois. Il ne s'agit pas du tout de cela. Le
député de Rosemont l'a d'ailleurs très bien
souligné, il ne s'agit pas d'exclure ni l'anglais, ni la langue
anglaise, ni les anglophones, mais il s'agit, au contraire, de demander
à tous les citoyens du Québec, aux anglophones y compris,
d'acquérir ou d'augmenter la connaissance de la
langue officielle de façon que, dans les postes qu'ils occuperont
au sein de l'administration, ils aient de cette langue la connaissance
appropriée au poste qu'ils détiennent. Il ne s'agit donc pas de
nier, d'exclure, mais, au contraire, de promouvoir, d'inciter, de
développer le caractère d'une société qui se veut
institutionnellement unilingue parce que c'est un pays français dans sa
majorité et qu'il entend affirmer son identité aussi bien pour
des raisons de cohérence et de logique que pour des raisons très
pratiques comme celle de la nécessité de faire du français
la langue du travail aussi bien dans les entreprises du secteur privé
que dans le secteur public.
J'ai été évidemment très sensible aux
citations du rapport de la Commission des droits de la personne, mais, encore
une fois, je signale, comme le député de Rosemont le signale
souvent, que la Commission des droits de la personne n'a pas trouvé
discriminatoires les articles du projet de loi et, en particulier, l'article
19, l'ancien article 19 ou le nouvel article 20, dont il n'a pas parlé.
Je crois que ceci est quand même très significatif.
Quant aux remarques de la Commission des droits et libertés de la
personne sur un cas précis, nous les avons étudiées
effectivement, avec beaucoup d'attention. Ces remarques se
référaient à un cas précis et non pas au principe
général inclus dans l'article 20 du projet de loi.
Par ailleurs, je crois que l'amendement que nous propose aujourd'hui le
député de L'Acadie ne correspond pas aux remarques de la
Commission des droits de la personne sur le cas précis dont elle avait
alors à s'occuper. Je ne retrouve ni un parallélisme exact ni
même une conformité entre l'amendement qui nous est proposé
et les remarques de la Commission des droits de la personne. Dans ces
remarques, la Commission des droits de la personne n'avait pas parlé du
public, par exemple; elle avait dit, elle avait fait l'affirmation que certains
emplois ne nécessitaient pas la connaissance du français, mais
elle n'allait pas jusqu'à dire qu'il s'agissait d'emploi où
l'employé n'était pas en contact avec le public. C'est donc
déjà une interprétation qu'a faite le député
de L'Acadie d'une opinion de la Commission des droits de la personne, une
interprétation que l'on peut contester et que, pour ma part, je
conteste, car je continue à croire, M. le Président, qu'on ne
peut pas limiter le public au consommateur ou à l'administré.
Le public, c'est également tous les citoyens
québécois avec lesquels tout employé de l'administration
peut établir des contacts, aussi bien ses collègues de travail
que ses supérieurs ou ses inférieurs. Et, dans un État,
dans un gouvernement, dans une administration dont la marque de commerce est la
langue officielle dont ils se servent, il nous apparaît impératif,
essentiel qu'une connaissance, au moins minimale, de cette langue officielle
soit requise pour pouvoir considérer que cet employé puisse
être à sa place dans ce poste et remplir les obligations qui en
découlent. Autrement, on se retrouverait dans ces petites
sociétés parallèles dont certains de mes collègues
ont parlé, ou encore dans une sorte de "babélisme" qui ne
convient pas aux administrations pour des raisons d'identité, de
cohérence ou d'efficacité.
Je pense donc, M. le Président, que le gouvernement, en se
référant à ce critère de la connaissance
appropriée à la fonction, connaissance définie à la
lumière des principes directeurs de la loi, mais dont les
modalités d'application sont laissées aux divers niveaux
d'administration, laissant simplement à l'office le soin de voir si les
principes ont été respectés, constitue
précisément ce que la commission des droits de la personne nous
recommandait, c'est-à-dire la mise en place de moyens adéquats,
mesurés, nuancés pour atteindre l'objectif tout à fait
légitime et normal que le gouvernement s'est fixé. C'est la
raison pour laquelle, encore une fois, nous croyons opportun de rejeter
l'amendement qui nous est suggéré.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je reviens à la
charge, probablement avec peu de chances de succès. Cet amendement
était uniquement dans le but que nous n'ouvrions pas de porte à
la discrimination.
Je me permets de relater très brièvement un cas qui s'est
produit à mon bureau, il y a deux jours; on a refusé un emploi
à un professeur de langue française Libanais qui avait douze ans
d'expérience, des diplômes, des références etc., en
lui disant que cela ne faisait pas un an qu'il était au Québec.
Il est reparti avec son petit bonheur. Je me suis demandé si une telle
règle existait. Il m'a mentionné cela au cours d'une
conversation, cela m'a un peu étonnée. Je n'ai pas réagi
devant lui, mais j'ai ensuite essayé d'avoir des informations. Cela
n'existe pas dans les faits. Quand je parle d'ouvrir des portes à la
discrimination, c'est un exemple. C'est dans ce sens que l'amendement est fait,
pour protéger des individus contre de la discrimination possible.
Pour en revenir à ce que le ministre d'État au
développement culturel disait, c'est-à-dire il n'y avait pas de
parallélisme entre ce que le député de L'Acadie faisait
valoir et ce que la Commission des droits de la personne faisait valoir. Avec
tout le respect que je lui dois, je me permets de différer d'opinion.
Évidemment, l'exemple n'est pas le même. On avait un exemple
très précis concernant le cas sur lequel la Commission des droits
de la personne s'était prononcée. Malheureusement je ne l'ai pas
ici, je vais essayer de le trouver pour cet après-midi, cela ne changera
rien, mais de toute façon, la commission s'est aussi prononcée
à cette occasion et a émis une opinion dans le sens qu'on devrait
régir des fonctions administratives, mais non pas d'autres types de
fonctions ne requérant pas de contacts avec le public...
En tout dernier ressort, j'aimerais demander au gouvernement s'il
pourrait prévoir dans le règlement je n'ai pas
d'amendement de préparé, c'est une suggestion que je lui fais
qu'au moins, pendant une période de six mois, un nouvel immi-
grant, dans ce type de fonctions que j'ai décrites et qui ne
touchent pas, qui n'occasionnent pas de contacts avec le public, il soit
exempté de cette exigence. Comme je ne peux penser à un
amendement immédiatement, à titre de suggestion, ne pourrait-il
pas y avoir une disposition dans ce sens-là qui n'empêcherait pas
ces personnes d'avoir un emploi? Qu'on prévoit un délai pendant
lequel ils feront l'acquisition minimale de la langue officielle comme le
disait le député de Mercier. Je suis d'accord avec lui
là-dessus. Mais qu'on trouve une porte de sortie quelconque pour
éviter la discrimination! Si vous ne le voulez pas dans la loi, trouvez
un moyen de le faire dans les règlements. Merci, M. le
Président.
M. Laurin: On va y penser. M. Lalonde: Très
rassurant. M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Mercier. Dernière
intervention.
M. Godin: II se vend des guides de conversation à $0.50
dans tous les pays du monde, en français, en italien, enfin, partout
dans le monde il s'en vend. Ce n'est pas compliqué. Quand vous voyagez,
M. le député d'Outremont, en Angleterre, vous apportez votre
petit guide de conversation...
M. Raynauld: Ce ne sont pas les guides qui manquent, ce sont les
lois qui existent.
M. Godin: C'est assez élémentaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette... M. Fallu (Terrebonne) ?
M. Fallu: Contre.
Le Président: M. Bertrand (Vanier), M. Char-bonneau
(Verchères), M. Duhaime (Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Contre.
Le Président: M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président: M. Dussault (Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président: M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre.
Le Président: M. Grenier (Mégantic-Compton)?
M. Grenier: En faveur.
Le Président: M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président: M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: En faveur.
Le Président: M. Le Moignan (Gaspé)?
M. Le Moignan: Favorable.
Le Président: M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président: M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président: M. Ciaccia?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président: L'amendement est rejeté. Huit voix,
contre; six voix, pour.
Nous revenons à la motion principale. L'article 20 sera-t-il
adopté?
M. le député de MargueriteBourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas d'autres
amendements à proposer à cet article pour l'instant.
Une voix: Bravo!
M. Lalonde: J'ai entendu un "bravo", M. le Président. Je
ne voulais quand même pas faire de fausses joies.
M. Paquette: ... avait ajouté "pour l'instant".
M. Lalonde: Je ne veux vous faire des joies d'aucune sorte, ni de
fausses, ni de vraies.
M. Duhaime: Vous allez avoir des remèdes à 15
heures cet après-midi. Vos remèdes à 15 heures. Il y aura
des remèdes cet après-midi à 15 heures.
Mme Lavoie-Roux: Les menaces maintenant. M. Duhaime: Des
remèdes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur l'article 20.
M. Lalonde: M. le Président, j'entends le ministre...
M. Paquette: Chassez le naturel, il revient au galop.
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui nous a attaqués.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends que M. le ministre vous a tendu une perche, mais vous n'êtes
pas obligés de mordre à l'hameçon. L'article 20.
Mme Lavoie-Roux: C'est le ministre de la Pêche.
M. Lalonde: Je ne mords pas, M. le Président. Je suis
content que le gouvernement ait trouvé des remèdes à ses
propres maladies, j'ai hâte de les voir. Cela doit être des
remèdes extrêmement drastiques.
M. Duhaime: Des recettes.
M. Lalonde: M. le Président, cet article tel qu'il est
proposé, ressemble, dans son principe, aux dispositions actuelles de la
Loi sur la langue officielle. Nous avons naturellement discuté en long
et en large, au niveau de l'amendement, quelles seraient les modalités
que nous voudrions apporter au principe émis à cet article, et je
m'étonne d'autant plus de l'aspect restrictif de cet article qu'un peu
plus loin, à l'article 37, le gouvernement prévoit justement les
permis restrictifs pour les membres des ordres professionnels je
réfère à la deuxième partie de l'article 37
qui autorise son détenteur à exercer sa profession exclusivement
pour le compte d'un seul employeur dans une fonction ne l'amenant pas à
traiter avec le public.
M. le Président, c'est déjà un critère qu'on
a reconnu dans la loi, qu'on nous offre pour les professionnels. On va
favoriser les professionnels encore une fois, mais le petit monde, les gens qui
arrivent ici pour essayer de refaire leur vie avec leur famille, on va leur
demander une connaissance de la langue officielle qu'ils n'ont pas de toute
évidence et on va leur refuser un emploi, non pas emploi professionnel,
on ne parle pas des gens privilégiés, on parle des gagne-petit,
pour des fonctions que, même les membres de notre société,
les membres actuels ne veulent même plus remplir.
Je pense que cet article est une contradiction d'un principe qui est
reconnu d'autre part par le gouvernement envers les professionnels, envers ceux
qui peuvent se défendre, envers ceux qui ne sont pas démunis de
moyens pour faire valoir leurs droits. Je trouve la position du gouvernement
très fragile et très vulnérable à ce point de vue.
J'espère que le gouvernement s'en rend compte. De sa main gauche, il
refuse à des gagne-petit, des nouveaux arrivés tout à fait
démunis linguistiquement et souvent matériellement,
l'accès à une fonction qui n'est pas une menace du tout et qui
n'enlève pas d'emplois à nos Québécois d'ici,
qu'ils soient anglophones ou francophones, parce que ce sont des emplois que
nos gens ne veulent pas occuper.
C'est clair. On compte sur l'immigration pour occuper ces emplois.
Toutes les sociétés que l'on dit développées,
toutes les sociétés industrielles affrontent ce genre de
problèmes de main-d'oeuvre. Je ne vais pas m'étendre
là-dessus.
De l'autre main, on dit aux professionnels: Naturellement, vous n'avez
pas affaire au public, très bien. Vous pouvez avoir accès aux
professions, aux ordres professionnels, ici, chez nous, sans avoir besoin de
connaître un traître mot de la langue officielle. Vous n'avez pas
besoin de suivre des cours pour obtenir votre permis d'exercer votre
profession. Il s'agit là d'un cas flagrant où le gouvernement
utilise deux poids, deux mesures. Dans ce cas, c'est encore d'autant plus
odieux que le poids lourd, le poids écrasant, on l'utilise à
l'encontre des gens qui ne sont d'aucune menace, d'aucune façon pour
nous, ni culturellement, ni au point de vue économique, et dont on a
besoin, au contraire; ils sont démunis au point de vue linguistique
on parle de notre langue mais ils ne sont pas démunis dans
leur propre langue; ils sont quand même dans une situation de
vulnérabilité au point de vue linguistique.
M. le Président, je pense que le parallèle que je viens de
tracer est très révélateur sur le genre de principe, sur
le principe même qui a inspiré le gouvernement dans son projet de
loi. Lorsqu'on a choisi un système de valeurs inspiré d'objectifs
strictement nationalistes et ethnoculturels, on est susceptible de créer
des situations comme celles-ci. On est susceptible de s'attaquer à des
réalités, à des valeurs démocratiques, comme celles
que nous avons tous décrites ici, à cette commission, lorsque
nous avons étudié l'article concernant les jugements des
tribunaux. Nous sommes susceptibles, lorsqu'on choisit cette inspiration, sans
savoir... C'est de l'inconscience.
Comment peut-on parler d'inconscience après deux heures et demie
de débats pour tenter d'ouvrir les yeux et d'ouvrir la conscience du
gouvernement? Je ne le sais pas, mais j'ose croire qu'il s'agit là
encore d'un entêtement inconscient.
On est inconscient et on ne reconnaît pas les erreurs flagrantes
qui, à un oeil plus indépendant, à un esprit ayant un
certain recul, ne s'étant pas laissé complètement
influencer, complètement laver par la propagande strictement doctrinaire
du gouvernement, verrait dans son évidence même jusqu'à
quel point cette loi crée des injustices, des situations
discriminatoires j'en ai une, je l'ai mentionnée, 2037
à l'égard des citoyens, à l'égard de leur
capacité de gagner leur vie, à l'égard de leur
capacité de s'impliquer, de s'imbriquer, de s'implanter dans notre
société, d'en faire partie, de contribuer à la vie
québécoise, à l'économie, au bien-être
démocratique, économique et social de notre
collectivité.
C'est malheureux qu'on doive, encore une fois, à cause de
l'incompréhension de ce gouver-
nement, de son entêtement et à cause des injustices
implicites, les 5%, 10% ou 15% d'erreurs importantes suggérées
par des articles, alors que, dans la grande majorité des cas, nous
serions en faveur d'un tel article... Nous serions peut-être en faveur de
80% du contenu, de l'application d'un tel article. Nous ne pouvons, à
cause justement des 10%, 15% ou 20% de contenu erroné, de portes
ouvertes à la discrimination, d'entêtement et de radicalisme dont
cet article fait état, nous ne pouvons l'appuyer. C'est malheureux,
parce que le gouvernement est en train de légiférer pour une
petite minorité de gens.
De plus en plus, à chaque décision, à chaque
article que l'on rencontre, on est devant une situation où le
gouvernement s'enferre, est en train de se peinturer dans un coin, de perdre
petit à petit la sympathie des Québécois dans sa
démarche qui aurait dû recevoir l'appui de la grande masse des
gens. De plus en plus, le gouvernement est en train de s'isoler dans son choix.
Un choix qui ne correspond pas aux désirs et aux aspirations de la
majorité. La majorité des gens ne comprend pas que le
gouvernement asujettisse le succès de son entreprise de faire du
Québec un état français, asujettisse le succès de
son entreprise à de petits immigrants qui arrivent ici, qui ne parlent
pas notre langue et qui, pendant six mois, pourraient quand même faire
des "jobs" de balayeurs ou occuper des emplois subalternes que, nous, Canadiens
français, Québécois, parce qu'on a eu la chance
d'appartenir à une société économiquement
développée, surtout depuis quelques décennies, ne voulons
même pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés, sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 16 h 20
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame,
messieurs!
M. le député de Mégantic-Compton, M. le
député de Joliette-Montcalm...
M. Grenier: Je suis allé saluer les invités du
ministre qui sont là. Du monde charmant.
Le Président (M. Cardinal): Même si nous allons nous
ennuyer en fin de semaine parce que nous ne serons pas ensemble, nous allons
commencer une nouvelle séance de la commission de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications, étudiant, après
la deuxième lecture, article par article, le projet de loi 101.
J'appelle donc les membres de cette commission. M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Bertrand (Vanier), M.
Charbon-neau (Verchères)...
M. Charbonneau: Présent.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Charron (Saint-Jacques)
remplacé par M. Duhaime (Saint-Maurice). Bonjour, M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, mes hommages.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)...
Une voix: II est reposé.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Ciaccia
(Mont-Royal)...
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes): Présent.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Dussault
(Châteauguay)...
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Guay (Taschereau)
remplacé par M. Godin (Mercier).
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Vous savez combien les gens
sont heureux que vous soyez avec nous.
M. Godin: C'est réciproque.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa) remplacé par M.
Vaillancourt (Jonquière); M. Lau-rin (Bourget)... À l'ordre, s'il
vous plaît! Vous pouvez parler en même temps que les autres
députés mais respectez un tant soit peu la présidence.
Une voix: Je m'excuse.
Le Président (M. Cardinal): Je ne demande pas d'excuse.
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)...
M. Le Moignan: Présent, comme toujours.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Paquette
(Rosemont)...
M. Paquette: Présent, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Raynauld
(Outremont)...
M. Raynauld: Encore.
Le Président (M. Cardinal): ...M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Au moment de l'ajournement de la séance à 13 heures, vous
en étiez à l'article 20. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait la parole. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant!
M. Charbonneau: Est-ce que mon collègue, M. Desbiens, est
inscrit?
Le Président (M. Cardinal): Non, il n'est pas inscrit sur
la liste. Il peut encore y avoir un changement, mais cela n'a pas
été indiqué.
M. Charbonneau: M. Desbiens.
M. Chevrette: II parle du député de Vanier,
Jean-François.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! M. Bertrand (Vanier)
remplacé par M. Desbiens (Dubuc). Monsieur, est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Nous avons commencé ce débat sur l'article 20 à 10
h 10, ce matin. Nous le reprenons avec M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, avant de continuer,
peut-être devrions-nous exprimer notre accueil favorable au nouveau
programme de travail tracé par le gouvernement pour la fin de semaine,
tout en souhaitant que cela ne nous empêche pas d'avoir l'occasion de
passer à travers tous les articles de ce projet de loi dans un avenir
rapproché. M. le Président, je faisais le parallèle entre
l'article 20 et l'article 37. Si j'en crois certaines rumeurs c'est
peut-être un espoir que j'exprime le gouvernement aurait des
suggestions à faire à ce stade-ci qui nous feraient
peut-être changer d'opinion en ce qui concerne notre vote sur l'article
20.
M. Laurin: J'en aurai d'ici une quinzaine de minutes.
Mme Lavoie-Roux: On peut peut-être le suspendre.
M. Lalonde: Peut-on suspendre l'article 20, M. le
Président?
M. Duhaime: On peut passer à l'autre article.
Suspension de l'article 20
Le Président (M. Cardinal): On peut suspendre
l'étude de l'article 20.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela qu'on veut dire.
Le Président (M. Cardinal): Passer à l'article
21.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Oui, parce que suspendre la
séance...
M. Duhaime: M. le Président, non.
M. Lalonde: Non, pas la séance, j'ai dit suspendre
l'article 20, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): De suspendre l'article 20, y
a-t-il consentement unanime?
M. Grenier: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, l'article 20 est
suspendu.
M. Duhaime: Le nouveau programme de travail, M. le
Président, a été imaginé dans l'espoir que les gens
en face de nous pourront, au cours de la soirée de vendredi, samedi et
dimanche, se revigorer et travailler de façon
accélérée à compter de lundi, 10 heures.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Saint-Maurice. De toute façon, nous avons un
avis pour travailler lundi, à 10 heures. Comme président, je
devrai faire respecter cet avis indiqué en Chambre cet
après-midi.
M. Lalonde: M. le Président, dans vingt minutes, j'aurai
des remarques à faire sur l'accélération qui pourrait
aussi être du côté du gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, pourvu que vous
réussissiez à le faire en parlant sur un article, sur un
amendement ou en demandant une directive.
J'appelle l'article 21. Est-ce que je comprends, cependant... Je
voudrais bien savoir comment les travaux de la commission vont se
réaliser. Avez-vous l'intention d'étudier l'article 21 pendant un
certain temps et de revenir à l'article 20, même si l'article 21
n'est pas adopté?
Une voix: On est aussi bien de finir...
M. Grenier: On devrait terminer l'article 21, pendant qu'on est
dans l'esprit de l'article 21, et, une fois adopté, revenir à
l'article 20, si c'est là le désir de la commission.
M. Duhaime: Article 21.
Le Président (M. Cardinal): Alors, dans ce cas, comme il
n'y a pas de consentement et que j'accepte la suggestion de M. le
député de Mégantic-Compton, j'appelle l'article 21.
Article 21
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre en propose
l'adoption. Cet article sera-t-il adopté? M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur l'article 21.
M. Lalonde: M. le Président, nous avons actuellement dans
la loi en vigueur une disposition qui a une portée semblable ou analogue
et qui a créé un certain nombre de problèmes pratiques. Il
s'agit des contrats entre les institutions scolaires anglophones et leurs
professeurs. Je me demandais si mon interprétation était
partagée par le gouvernement, à savoir que les dispositions de
l'article 21 seraient telles qu'une commission scolaire, une maison
d'enseignement anglophone reconnue par la loi devraient passer un contrat en
français pour leurs professeurs ou un contrat bilingue, mais enfin, ils
devraient passer un contrat en français.
M. Laurin: C'est exact, M. le Président. La langue
française devrait y apparaître, même si l'article 21
n'interdit pas l'emploi additionnel de la langue anglaise.
M. Lalonde: Je m'excuse, aussi longtemps que le président
tolérera cette période de questions...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez raison.
M. Lalonde: Est-ce que le gouvernement a reçu des
représentations des maisons d'enseignement anglaises à ce propos?
Parce que je sais que c'est le cas actuellement et que cela crée des
problèmes qui peuvent paraître tracassiers, étant
donné que, dans les faits, le contrat est passé en anglais. Tout
ce qu'on fait, c'est faire traduire et accoler une copie, ce qui semble
à plusieurs simplement inutile et superfétatoire, pour employer
un qualificatif cher à nos amis d'en face.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, c'est le
président qui l'a employé pour la première fois.
Mme Lavoie-Roux: Nous nous excusons, M. le Président.
M. Lalonde: Je vous en donne le droit d'auteur, M. le
Président, mais il a aussi été employé souvent par
nos amis d'en face.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais depuis. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est moi qui m'excuse.
Allez!
M. Lalonde: J'ai une motion d'amendement préparée
pour cela. Maintenant, d'un autre côté, c'est tellement clair,
c'est tellement réduit à ce problème, ce que je veux
proposer, que je demande au gouvernement s'il considère important,
fondamental qu'un contrat entre une maison d'enseignement anglaise et un
professeur anglophone qui va enseigner dans cette maison d'enseignement, dont
le contrat va être négocié en anglais, écrit en
anglais, signé en anglais, et auquel on va attacher une traduction qui
souvent ne sera jamais utilisée, mais qui va devoir être,
littéralement, en fait, attachée au contrat... Cela paraît
à plusieurs comme tracassier.
M. Laurin: En l'occurrence, je pense que j'aimerais autant qu'il
propose l'amendement. Cela va me donner le temps de l'étudier.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous pouvez déposer votre amendement et j'en
prendrai connaissance.
M. Lalonde: M. le Président, je propose que l'article 21
soit modifié en ajoutant un deuxième alinéa qui se lirait
comme suit: Les organismes scolaires visés à l'article 23
peuvent, cependant, utiliser...
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord. M. Lalonde:
... la langue anglaise à cette fin.
Le Président (M. Cardinal): L'article 23, mais nous
parlons de l'article 21.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Lalonde: Au texte dactylographié, j'ai ajouté le
mot "scolaire" après le mot "organisme".
Le Président (M. Cardinal): Je relis l'amendement et je le
fais distribuer. M. le député de Marguerite-Bourgeoys propose que
l'article 21 que nous étudions présentement soit modifié
en ajoutant un deuxième alinéa qui se lirait comme suit: Les
organismes scolaires visés à l'article 23 peuvent cependant
utiliser la langue anglaise à cette fin.
Encore une fois, cette fois-ci, je ne demanderai pas de débat sur
la recevabilité. Ce genre d'amendement vient devant nous au moins pour
la quatrième fois. Si cet amendement était tout à fait
contraire au principe du projet d'article 21, je le refuserais
immédiatement. Mais l'article 21, pour la bonne compréhension de
ceux qui nous écoutent et qui, je l'espère, nous comprennent,
c'est que les contrats conclus par l'administration, c'est-à-dire par
toute l'administration y compris ceux qui se rattachent en sous-traitance, sont
rédigés dans la langue officielle. Ces contrats et documents qui
s'y rattachent peuvent être rédigés dans une autre langue
lorsque l'administration contracte à l'extérieur du
Québec. Par conséquent, lorsque l'on fait un amendement disant
que
les organismes visés peuvent utiliser la langue anglaise, c'est
évidemment une autre langue, même si ce n'est pas à
l'extérieur du Québec. Cela pourrait l'être, mais enfin!
Par conséquent, je déclare l'amendement recevable et je
cède de nouveau la parole à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai indiqué les
raisons qui nous portent à proposer cet amendement. Je n'ai pas à
expliquer très longuement. Je pense qu'il s'agit là encore d'une
question qui est tout à fait anodine, pour employer un qualificatif que
le député d'Outremont a introduit dans nos
délibérations hier, anodine en ce qui concerne l'objectif de
cette loi, soit de consacrer le caractère français de cette
province, mais toutefois une question qui est considérée comme
importante par ceux de ces organismes visés à l'article 23, les
organismes scolaires. Vous remarquerez que je n'ai pas inclus les
municipalités à dessein. J'ai réduit cela aux organismes
scolaires, parce que la langue anglaise, en l'occurrence, pour ceux
visés à l'article 23, est justement un instrument de travail
essentiel et la substance même des activités de ces organismes. Je
pense que ce serait strictement dans l'ordre des choses que le gouvernement
reconnaisse qu'imposer comme il le fait à l'article 21 l'emploi d'une
langue qui, par l'effet de l'article 84 pourrait être accompagnée
d'une autre langue, c'est-à-dire qu'imposer un bilinguisme dans les
faits pour ces contrats n'ajoute pas grand chose à la reconnaissance,
à la consécration du fait français au Québec.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement... Ah! M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, leader parlementaire adjoint et député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: Si vous me permettez, M. le Président, et si
mon collègue d'en face désire y répondre, j'aurais une
question à poser, pour la bonne compréhension de l'amendement qui
est proposé à l'article 21.
Vous avez parlé, tout à l'heure, à partir de
l'exemple d'un professeur qui aurait un contrat à passer avec une
administration scolaire. Le texte de l'article 21 se lit pourtant bien: "les
contrats conclus par l'administration" ce qui, à mon sens, signifie,
tous contrats. Est-ce que votre amendement a pour but de permettre à une
commission scolaire anglophone de n'utiliser que l'anglais dans ses
contrats?
M. Lalonde: Oui.
M. Duhaime: Si je comprends bien, vous voudriez que votre
amendement permette l'unilinguisme anglais pour une commission scolaire
anglophone dans tous ses contrats.
M. Lalonde: Dans ses contrats, oui.
M. Duhaime: Cela répond à ma question.
M. Lalonde: C'est d'ailleurs ce que j'ai expli- qué, par
le jeu à l'article 84 et à l'article 21, la commission scolaire
pourrait utiliser l'anglais avec le français. Mais on sait que dans les
faits, ce qui va arriver, c'est que le contrat va être quand même
fait en anglais, discuté en anglais, négocié en anglais et
signé en anglais.
La copie française ne sera qu'une espèce d'ajout
strictement pour se conformer à la loi, mais qui ne sera pas, je pense,
propre à promouvoir le fait français dans ce milieu.
Le Président (M. Cardinal): Si j'avais entendu cette
question et obtenu la réponse, j'aurais peut-être permis un
débat je ne préjuge jamais sur la
recevabilité de la motion. Comme je n'ai pas à me prononcer sur
le fond, le débat sur l'amendement va continuer.
M. le ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, après cette
précision apportée à la demande du député de
Saint-Maurice et après les explications à l'appui de la motion
que vient de nous fournir le député de Marguerite-Bourgeoys, nous
nous verrons obligés de nous opposer à cet amendement.
En effet, lors de l'exemple dont il s'est servi pour introduire sa
motion, le député de Marguerite-Bourgeoys s'est servi du cas d'un
professeur qui aurait un contrat à passer avec un organisme scolaire. Il
y a bien d'autres contrats qu'un organisme scolaire peut passer, non seulement
avec un très grand nombre d'individus, mais également avec un
très grand nombre d'organismes, d'entreprises en particulier, avec
d'autres commissions scolaires, d'autres entreprises, avec plusieurs personnes
morales. Il faut bien réaliser qu'un organisme scolaire, dans certains
cas, constitue un organisme très important qui comporte un très
grand nombre d'activités, qui a à régir les conditions de
travail d'un très grand nombre d'individus, qui a un budget à
administrer, qui comporte la fourniture de services très onéreux
et de natures diverses. À ce moment, on se rend compte que l'amendement
tel que rédigé ouvrirait la porte à un très grand
nombre de cas.
Ce sont précisément ces extensions auxquelles nous
trouvons beaucoup d'objections. Il est aussi un autre argument que nous voulons
faire valoir. Même si le député de Marguerite-Bourgeoys
parle simplement d'un ajout qui serait là un peu comme un appendice,
parce qu'en réalité la langue anglaise continuerait d'être
la seule qui vaille, je pense qu'il y a un principe qui est ici oublié:
Tout contribuable, du fait qu'il participe, d'une façon
générale, au financement de toutes les commissions scolaires qui
sont des organismes publics, a le droit de consulter les résultats de
quelque transaction que ce soit établie entre une composante de
l'administration et une entreprise. À ce moment, si l'on
considère que la grande majorité des contribuables, des
administrés québécois, sont de langue française, il
est tout à fait normal, logique, cohérent que ce contribuable
francophone puisse comprendre le contrat qu'il a le droit de consulter.
À ce moment, si nous accep-
tons l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, le
contribuable francophone, qui consulte ou compulse un contrat
rédigé uniquement en langue anglaise, perdrait, sinon son latin,
du moins son français, car on ne peut exiger, par la loi, que tous les
contribuables francophones soient bilingues.
Donc, ce n'est pas un simple ajout, comme le dit bien le
député de Marguerite-Bourgeoys, mais c'est, au contraire,
l'illustration d'un principe, principe qui, en l'occurrence, serait
nié.
Par ailleurs, il y a là aussi le même argument que nous
avons déjà fait valoir souventefois aujourd'hui, c'est que cette
exigence que pose désormais l'administration à l'endroit de
toutes ses composantes, incitera davantage les organismes scolaires anglophones
à faire droit à la réalité démographique,
linguistique de ce pays, à reconnaître le caractère de ce
pays et à participer davantage à la vie collective, en même
temps qu'à permettre la reconnaissance des droits légitimes des
francophones.
Ce n'est pas une contrainte si lourde que cela et, même si elle
comporte certains inconvénients, on ne peut les qualifier de
tracasseries si on les compare aux avantages que cette demande peut constituer
sur le plan collectif, aussi bien pour la majorité francophone
d'ailleurs que pour la minorité anglophone qui prendra davantage
conscience de la réalité institutionnelle et linguistique du pays
du Québec.
Donc, pour toutes ces raisons, M. le Président, nous allons voter
contre cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le député de Gaspé va prendre la
parole.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Ce sera beaucoup moins brillant, M. le
Président. Je serai peut-être plus bref.
M. Grenier: II ne faut pas s'amoindrir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Gaspé, sur la motion
d'amendement.
M. Le Moignan: Je reviens donc, M. le Président, sur la
motion d'amendement. Je pense que c'est déjà presque inclus,
parce que, quand il n'y a rien dans l'article qui dit que c'est uniquement la
langue française, il pourrait peut-être se produire des cas
où l'administration aurait à conclure peut-être en anglais
certaines transactions dans une autre langue. Je ne suis pas juriste, mais,
à mon point de vue, cet article est superfétatoire; c'est le beau
mot qu'on a inventé. Je m'inspire donc de ce mot et comme on va parler
plus loin des organismes municipaux et scolaires, je pense que cet amendement,
à notre point de vue, n'a pas sa raison d'être ici.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette... À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! Je vous
en prie. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je ne sais pas si c'est
à cause de la méconnaissance des faits, mais l'exemple pris par
le député de Marguerite-Bourgeoys m'apparaît tout à
fait aberrant, parce que les contrats individuels d'enseignants sont des
formules standardisées et elles émanent du ministère de
l'Éducation, alors que le ministère, à l'article 17 que
nous avons adopté c'est peut-être pour cela que vous vous
interrogiez sur la recevabilité tantôt on peut lire
à l'article 17: "Le gouvernement, ses ministères et les autres
organismes de l'Administration utilisent uniquement la langue officielle dans
leurs communications écrites entre eux."
On sait que toutes ces formules sont écrites en langue
officielle, en langue française. Même actuellement, dans les
décrets, dans les conventions collectives signées entre la
centrale syndicale et les corporations anglophones, on dit même une
réserve dans le décret, en disant que le texte français
prévaut à toutes fins que de droit advenant des conflits
d'interprétation devant les tribunaux.
On n'ajouterait même pas cela à la suite de la motion
d'amendement apportée par le député de
Marguerite-Bourgeoys. On leur donnerait un droit supérieur à tout
ce qui a été envisagé préalablement.
Pour ma part, c'est une chose bien claire. En plus de cela, j'ajouterai
que c'est une condition de travail. Dans bien des cas, ils négocient
leurs propres conditions de travail. Le député de
Marguerite-Bourgeoys ignore peut-être qu'il y a beaucoup de francophones
qui enseignent dans le milieu anglophone et qui dispensent un enseignement en
français dans le secteur anglophone à titre de langue seconde, et
que ces gens ont le droit, selon toute l'économie du texte de loi et
même des articles que nous avons adoptés jusqu'à
maintenant, à une version française tout au moins, et ce serait
elle qui devrait primer en vertu des articles qui sont déjà
adoptés.
Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il fait même fi de la copie
authentifiée. L'autre aspect, les sous-contractants. Il oublie que le
milieu protestant anglophone en particulier, et ce sont des commissions
scolaires qui recouvrent une foule de petits milieux... Par exemple, si on
regarde la région de Lanaudière, on a une école anglaise
à Joliette et à Rawdon, mais qui dépend de la Commission
scolaire West Island, je crois, laquelle peut fort bien donner un sous-contrat
d'entretien de l'école de Rawdon à un très bon francophone
qui n'aurait même pas accès à un contrat en langue
française. Si la commission dit: Elle peut utiliser l'anglais, elle peut
décider aussi de ne pas utiliser le français.
Je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys en a assez
entendu pour dire que c'est superfétatoire.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Mont-Royal avait demandé la parole.
M. Ciaccia: Très brièvement, M. le
Président. On nous accuse très souvent d'apporter des arguments
qui se répètent et disent la même chose à l'appui de
nos amendements et sous-amendements, parce que nous sommes contre certains
articles. Je voudrais faire remarquer au gouvernement que plusieurs des
articles qui sont inclus dans le projet de loi sont répétitifs.
Nous avons déjà, à l'article 15, par exemple...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, non seulement les articles sont répétitifs...
M. Ciaccia: Non, non.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vous demanderais de parler de la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Ciaccia: Oui. La raison pour laquelle on fait une motion
d'amendement à l'article 21, M. le Président, c'est pour
permettre... Avant d'aller au fond de la motion... Je parlais quand même
sur le fond de la motion en disant que nous sommes obligés d'apporter
ces amendements aux articles parce qu'il y a une répétition de la
part du gouvernement dans le projet de loi. La raison pour laquelle nous
apportons l'amendement à l'article 21, c'est parce qu'on a encore les
mêmes principes. Par exemple, à l'article 15, on dit
déjà: L'administration rédige dans la langue officielle
ses textes et documents... On le répète à l'article 21. On
est obligé, pour les mêmes raisons pour lesquelles nous avons
apporté les autres amendements, d'apporter un autre amendement ici pour
permettre certains cas spécifiques.
Peut-être pourrions-nous changer la rédaction de
l'amendement. Ce n'est pas le but, comme le disait le député de
Joliette-Montcalm, d'obliger un francophone, qui pourrait conclure un contrat
avec une commission scolaire anglophone, de le faire en anglais. Ce n'est pas
le but de notre amendement. S'il y a lieu de changer quelques mots, on est
prêt à le faire. Je suis bien certain que le député
de Marguerite-Bourgeoys serait prêt à le faire. C'est seulement
pour dire que, dans l'atmosphère du projet de loi, on oublie certains
principes élémentaires. Je ne vois rien d'anormal à ce
qu'une commission scolaire qui transige avec un anglophone fasse ce contrat en
anglais. Pour moi, il n'y a rien d'anormal là-dedans. Ce n'est pas ce
qui va empêcher la francisation du Québec. Ce n'est pas ça
qui va assimiler les non-anglophones.
M. Chevrette: M. le député de Mont-Royal, j'aurais
une question à poser.
M. Ciaccia: C'est pour rendre...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, M. le député de Joliette-Montcalm désire vous
poser une question. Vous avez le droit d'y répondre ou non.
M. Chevrette: Comme je suis gentil avec lui, il va me laisser
poser une question.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que vous me laissez poser une question?
M. Ciaccia: Asseyez-vous donc de l'autre côté que je
puisse mieux vous voir.
M. Chevrette: Cela me fait plaisir.
M. Ciaccia: Je sais que dans votre coeur vous êtes avec
nous, mais vous votez toujours contre vos sentiments.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Ne me faites pas dire des choses que vous savez
fort bien...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous posez une question.
M. Chevrette: Sûrement, M. le Président. Je
commentais ces brillants commentaires. Si l'amendement que vous apportez dit
que les organismes visés à l'article 23 peuvent utiliser la
langue anglaise, s'ils décident de l'utiliser, quel est
l'élément de votre amendement qui certifiera qu'un francophone
pourra exiger la version française?
M. Ciaccia: Justement, la réponse se trouve dans les
raisons que j'ai données pour appuyer cet amendement, je l'ai
qualifiée... J'ai dit que si les mots vont trop loin, je n'ai pas
consulté le député de Marguerite-Bourgeoys, mais je pense
bien qu'il serait prêt à faire des changements pour assurer qu'un
francophone puisse conclure son contrat en français.
M. Chevrette: Est-ce que votre amendement, M. le
député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Je vais vous répondre d'une autre
façon. Je vais vous répondre de la même façon qu'on
me répond de l'autre côté quand je pose une question. Il
faut aussi se fier à la bonne foi. Quand je pose une question comme
celle-là, si je dis que l'article dit telle chose, on me répond,
du côté ministériel: Bien oui, mais on ne l'appliquera pas
de cette façon.
Nous allons être équitables, nous allons être justes.
Dans le contexte actuel, je pense bien que, même si une commission
scolaire a le droit de rédiger un document en anglais, elle ne le ferait
pas si la personne avec laquelle elle transige est française. Ce serait
normal de le faire en français, et je pense bien qu'elle le fera.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous, à ce moment, être
en accord, M. le député de Mont-
Royal, avec le député de Marguerite-Bourgeoys qui dit que
la version française ajoutée à la version anglaise serait
de la papeterie inutile?
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ce qu'il a dit. Vous avez mal
compris ses paroles. Je vais continuer mon intervention. Il se produit des
situations à Montréal où vous avez des commissions
scolaires anglophones qui transigent avec des anglophones. Elles vont
certainement faire leurs contrats en langue anglaise. Je ne trouve rien
d'inéquitable à approuver l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys. C'est seulement réaliste et c'est en accord avec
la pratique. Je ne vois pas pourquoi on devrait insister à ce point. Je
trouverais que ce serait seulement une façon d'agir équitablement
et de permettre à ces commissions scolaires de rédiger leurs
contrats, si elles le font avec d'autres anglophones, dans leur propre langue.
Pour ces raisons, j'appuierai l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que ce n'est pas le
meilleur amendement que l'Opposition nous ait présenté. Nous
devons le rejeter pour cinq raisons. Premièrement, c'est un amendement
ambigu parce que, quand on le regroupe avec l'article 21 qu'il vise à
amender, on retrouve les mots "on peut utiliser la langue anglaise à
cette fin". Or, il y a deux fins de mentionnées à l'article 21,
et on ne sait pas laquelle. Je pense que, clairement, ce n'est pas dans
l'intention du proposeur de dire qu'on peut utiliser la langue anglaise lorsque
l'administration contracte à l'extérieur du Québec. Je
pense que ce n'est pas cela. Dans ce sens, l'amendement est ambigu.
Deuxièmement, il est ambigu aussi parce qu'on parle d'utiliser la
langue anglaise, "peuvent utiliser la langue anglaise". Après avoir
posé une question au député de Marguerite-Bourgeoys
tantôt, on a obtenu la réponse que l'objectif visé
était qu'ils puissent utiliser uniquement la langue anglaise, ce qui
n'est pas le sens de l'amendement tel qu'il est rédigé. Tel qu'il
est rédigé, j'irais dans le sens c'est mon deuxième
argument contre du député de Gaspé qui dit
qu'à ce moment, tel qu'il est rédigé, il est inutile,
parce que l'article 84 permet l'utilisation de la langue anglaise à
côté de la langue française. Si on voulait exclure la
langue française, il faudrait le préciser. Il ne rend pas non
plus l'objectif que voulait le député de Marguerite-Bourgeoys
c'est ma troisième raison parce qu'il est trop large. Le
député de Marguerite-Bourgeoys pensait à des contrats de
travail individuels, par exemple, avec des employés, alors que cela
touche tous les contrats, même avec des fournisseurs francophones. Alors,
on pourrait dire, comme le député de Mont-Royal: Ces trois
raisons sont suffisantes pour essayer de le rédiger à nouveau,
mais, à mon avis, cela n'en vaut pas la peine, parce que le principe que
cherche à atteindre le député de
Marguerite-Bourgeoys ne me paraît pas souhaitable. Il me semble
qu'on doit en rester aux dispositions de l'article 84 qui permet l'utilisation
de la langue anglaise à côté de la langue française
dans ces cas, parce qu'il faut également protéger, même
dans le cas que vous avez mentionné, le professeur francophone qui peut
être engagé par un organisme scolaire anglophone il y en a
beaucoup et qui a le droit de discuter de son contrat en
français, surtout quand il discute avec un administrateur anglophone
bilingue d'une commission scolaire anglophone, ce qui rend les choses faciles.
C'est ma quatrième raison.
Ma cinquième raison, c'est que l'objectif même poursuivi
par le député de Marguerite-Bourgeoys est inacceptable, parce
qu'il faut non seulement protéger les droits du travailleur francophone
dans les institutions scolaires anglophones, mais également faire
pression sur les administrateurs scolaires anglophones pour qu'ils puissent
manier la langue française au point d'être capables de conclure
des contrats avec des francophones dans cette langue.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je pense que
l'amendement doit être rejeté.
Le Président (M. Cardinal): Êtes-vous disposé
à...
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement une question que je voudrais
poser à un des ministres. Lorsque l'administration contracte, à
l'extérieur du Québec, il y a possibilité d'utiliser une
autre langue. Considérez-vous comme un contrat à
l'extérieur du Québec l'engagement d'un professeur qui serait
localisé par exemple à Calgary?
M. Laurin: Non.
Mme Lavoie-Roux: Même s'il habite Calgary?
M. Duhaime: ... mon confrère canadien.
Mme Lavoie-Roux: C'est considéré comme un contrat
d'ici, cela?
M. Duhaime: Oui, autrement, si on a un problème, il va
falloir aller plaider dans l'Ouest.
Le Président (M. Cardinal): Cessez de plaider devant moi
et revenez à la motion.
Mme Lavoie-Roux: C'était une question.
M. Duhaime: Une très bonne question et une excellente
réponse.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Madame, je ne vous
fais pas de reproche, c'est que deux avocats ont commencé
à...
M. Grenier: Vous êtes la "cajolée" du...
Le Président (M. Cardinal): C'est la petite période
de repos... Est-ce que cet amendement de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys sera adopté?
M. Duhaime: Sur division.
M. Lalonde: Rejeté sur division.
Le Président (M. Cardinal): Rejeté sur division et
j'en reviens à l'article 21.
Mme Lavoie-Roux: Non, à l'article 20.
Le Président (M. Cardinal): L'article 21, parce que c'est
un amendement à l'article 21.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! je m'excuse. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): L'article 21 sera-t-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président. M.
Chevrette: Adopté. Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: M. le Président, on pourrait laisser en
suspens l'article 20 et procéder à l'article 22, si on a un
consentement.
Le Président (M. Cardinal): Le gouvernement n'est pas
prêt à revenir à l'article 20.
Une voix: Non, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. J'appelle l'article
22. Est-ce que le côté ministériel...
M. Duhaime: Je proposerais l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): Cet article sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Lalonde: M. le Président, seulement quelques questions.
Excusez-moi. Vous avez reconnu madame.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est lui qui a parlé le
premier.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. L'article 22...
M. Grenier: M. le Président, je voudrais vous inviter
à une prudence que vous avez l'habitude d'avoir, et aussi à jeter
un coup d'oeil un peu plus long à votre gauche, parce quand arrive
l'adoption d'un article c'est la deuxième fois que cela nous
arrive bien sûr que j'étais pour l'adoption de l'article
21, mais j'aurais aimé ajouter, pour le journal des Débats,
certaines explications, mais je me reprendrai à l'article 22.
Le Président (M. Cardinal): Je ne sens pas le besoin de
m'excuser, M. le député de Mégantic-Compton. J'ai
demandé si cet article serait adopté.
M. Grenier: Oui, mais avant même que l'Opposition
officielle ait dit adopté, vous vous êtes retourné vers le
gouvernement; j'aimerais que vous gardiez vos regards vers la fin de la file de
votre gauche.
Le Président (M. Cardinal): Vous aimez mieux que je me
retourne vers la gauche?
M. Grenier: II existe un parti, à la toute fin, à
20%, qui représente la moitié des votes du gouvernement; ce qui
est assez important dans la population.
M. Duhaime: Commencez à regarder à gauche le
député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Mégantic-Compton, je prends bonne note de votre
conseil.
M. Duhaime: Cela va être intéressant.
Le Président (M. Cardinal): Vous profiterez d'un autre
article pour ajouter les addenda qui manquent présentement au journal
des Débats.
M. Grenier: Merci.
Article 22
Le Président (M. Cardinal): J'appelle donc l'article 22 et
je donne la parole à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, plusieurs organismes ont
posé des questions sur les critères mentionnés a l'article
22, c'est-à-dire les critères de santé et les
critères de sécurité publique. Je me souviens d'au moins
un organisme qui a suggéré un critère beaucoup plus
éprouvé en droit qui est le critère de
l'intérêt public. C'est un critère qui a subi
l'épreuve de l'interprétation, de l'application dans nos lois,
dans des jugements, et qui est quand même assez vague, on le
reconnaît. Je n'ai pas l'intention de proposer le remplacement des
critères de santé et de sécurité publique par
celui-là, mais je me demande jusqu'à quel point le gouvernement
pourrait nous dire, pour la sécurité publique, quels seront les
critères d'application, qui va décider qu'il y a une question de
sécurité publique?
Est-ce qu'on va énoncer dans des règlements, quoique
l'article n'en prévoit pas, les critères d'application de la
sécurité publique? Est-ce que, au fond, on ne parle pas de
sécurité tout court? Je me pose des questions sur l'ajout du mot
"public" à "sécurité". Au fond, c'est la
sécurité des individus qu'on recherche, des individus
ajoutés les uns aux autres, si on veut, mais des individus qui
justifieraient l'usage d'une langue autre que le français
pour bien comprendre les messages affichés par l'administration.
C'est cela qu'on veut couvrir, je crois. Je me demande si le gouvernement ne
pourrait pas expliciter davantage ces critères.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: Je pense, M. le Président, que les
critères sont assez larges pour permettre à l'administration, par
des directives administratives, de les expliciter. Nous les avons voulus,
justement, suffisamment larges pour donner à l'administration toute la
latitude désirable. C'est un fait que nous avons pensé surtout
aux individus, aux droits individuels, à la santé, à la
sécurité en particulier: Nous avions d'abord pensé
à des règlements ici. Dans la première version il y avait
des règlements. Plus nous avons réfléchi au
problème, plus nous avons pensé que des règlements
n'étaient pas nécessaires, ne feraient qu'encombrer davantage la
situation. Je pense que c'est tellement évident, la santé et la
sécurité publique, que le bon sens des organismes de
l'administration viendra compléter l'intention très claire du
gouvernement.
M. Lalonde: Dans un deuxième temps, M. le
Président, ayant reçu ces renseignements, je suis d'accord avec
cette façon d'aborder le problème, à savoir de laisser
l'interprétation de l'application de ces critères aux cours de
justice, au fond. En pratique, ce qui va arriver, c'est que, si le procureur
général croit qu'il y a une infraction à cet article, des
dispositions seront prises pour amener ce cas devant des juges et ce sera au
juge à décider si l'intérêt public et la
santé justifient l'usage d'une autre langue. Pour ces raisons, je suis
prêt à voter en faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 22 sera adopté?
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... nous n'avons pas d'amendement à apporter
ici, sauf qu'on aurait aimé voir incorporer, dans l'article 22, vers le
centre de l'article, "sauf dans les cas visés par l'article 23". Nous
n'en faisons pas un amendement, nous le signalons seulement.
Compte tenu de notre engagement en faveur de la
prééminence du français et de notre volonté de
donner au Québec un visage essentiellement francophone, nous acceptons,
bien sûr, que le français devienne la langue exclusive de
l'affichage dans l'administration, sous deux réserves. Dans le cas
mentionné à l'article 23, "pour des raisons de santé ou de
sécurité publique" dans lesquels cas, il faut le noter, nous
retenons l'expression "d'une autre langue". On sait que cette expression "d'une
autre langue" peut servir à la langue anglaise mais aussi aux autres
minorités que nous avons ici au Québec. Alors, sans autre
restriction, je voulais seulement signaler qu'on aurait aimé voir
incorporés les cas visés à l'article, mais rien ne nous
empêchera de voter pour l'article dans sa rédaction actuelle.
M. Laurin: M. le Président, j'ai quand même
l'impression, pour ne pas dire la certitude, que l'hypothèse que
soulève le député de Mégantic-Compton est
parfaitement couverte par l'article 23 qui suit.
M. Grenier: Par le nouvel article 23? M. Laurin: Oui,
bien...
Mme Lavoie-Roux: Dans l'article 23 tout était
là.
M. Lalonde: Je pense que c'est le but même de l'article 23
de permettre l'affichage à ces organismes visés par cet
article.
Mme Lavoie-Roux: Municipaux et scolaires. M. Grenier:
D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 22 sera adopté?
M. Lalonde: Oui, adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 22 est adopté.
M. Grenier: La nouvelle rédaction, d'accord.
Motion pour insérer l'article 22a
M. Laurin: M. le Président, avant de passer à
l'article 23, nous aurions une motion d'amendement, cette fois
véritable, pour insérer entre l'article 22 et l'article 23 un
article 22a qui se lirait ainsi: "Les services de santé et les services
sociaux doivent assurer que leurs services sont disponibles dans la langue
officielle. Ils doivent rédiger dans la langue officielle les avis,
communications et imprimes destinés au public.
Je vais m'expliquer brièvement là-dessus. La substance de
cet article apparaît déjà à l'article 28, mais
à la suite des longues discussions que le ministre des Affaires sociales
et moi-même avons eues avec les représentants des services sociaux
et des services de santé anglophones, il a été convenu
entre nous, que pour les objectifs de "bi-linguisation" et de francisation des
services sociaux et hospitaliers, il paraissait plus opportun de lier le
processus à celui qui avait cours dans les organismes de
l'administration plutôt qu'aux entreprises du secteur privé. Nous
avons donc convenu de cette nouvelle façon d'aborder le problème,
mais à la suite de cette entente, il faut, évidemment, faire des
concordances, les concordances appropriées en ce qui concerne les
articles qui touchaient déjà les services de santé et les
services hospitaliers; et c'est la raison pour laquelle, pour fins de
concordance, nous introduisons ici, entre l'article 22 et l'article 23, cet
article 22a qui assimile pour les fins couvertes par l'article, les
services de santé et les services sociaux aux organismes de
l'administration.
M. Ciaccia: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre. Est-ce que cela veut dire, M. le ministre, que vous allez
éventuellement retirer l'article 129?
M. Laurin: Oui, oui. Cela va de soi. Il y a plusieurs articles de
concordance qui découlent de cette entente.
M. Lalonde: Ainsi qu'amender 28?
M. Laurin: Oui, nous amenderons l'article 28 aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 22a sera adopté? M. le député de...
M. Lalonde: M. le Président, on vient seulement de
recevoir l'article 22a. En lisant dans l'annexe la définition de
l'administration, nous ne voyons pas les services de santé et les
services sociaux inclus dans l'administration.
M. Laurin: Ils apparaîtront également, M. le
Président, dans l'autre train d'amendements que je déposerai
dès que ce sera prêt. Cela fait partie de ces concordances dont je
parlais.
M. Lalonde: II reste, M. le Président, que sous
l'apparence d'un article qui semble déjà acceptable, enfin qui ne
semble pas changer grand chose, il faut quand même...
M. Laurin: Qui ne change rien, je crois.
M. Lalonde: ...se rendre compte qu'on comprend maintenant dans
l'administration les services de santé et les services sociaux,
c'est-à-dire que les services de santé et les services sociaux
sont inclus dans l'administration maintenant, et non plus dans la
catégorie dans laquelle ils étaient, la catégorie b) de
l'annexe.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont maintenant dans la catégorie
a.
M. Lalonde: Là, ils rentrent dans a.
M. Laurin: C'est exact! M. le Président, c'est à la
demande même des organismes que nous avons consultés lors d'une
rencontre.
M. Lalonde: Pour évaluer, pour mesurer l'effet de cet
amendement, il nous faut déterminer dans quelle mesure les dispositions
concernant l'administration diffèrent des dispositions qui concernaient
les organismes parapublics à compter de l'article 28. J'avoue que je
préférerais, si c'est l'accord du ministre et des membres de
cette commission, de peut-être suspendre l'examen de cet article
maintenant pour le reprendre un peu plus tard, très bientôt pour
nous permettre, au moins, de mesurer quelles sont les différences et
nous faire une idée, parce qu'il y a sûrement une
différence de traitement entre l'administration et ses organismes, dans
lesquels on inclurait, maintenant, les services de santé, et le
traitement qu'on fait des organismes parapublics à l'article 28 du
chapitre V. Autrement on les aurait tous compris dans le même...
M. Laurin: Je suis disponible pour répondre à
toutes les questions d'ores et déjà ou à répondre
à toutes les interventions d'ores et déjà à
l'occasion de la discussion de cet article autant tout de suite que plus
tard.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel est
l'effet de l'inclusion maintenant des services de santé et des services
sociaux dans l'administration, quelle différence de traitement cela
signifie pour ces services comparativement à ce qui existait
avant...
Mme Lavoie-Roux: Dans la catégorie b.
M. Lalonde: ...quand ils étaient dans la catégorie
b et ils étaient couverts par les articles 28 et suivants?
M. Laurin: II faut dire que dans le projet de loi 101 qui a
été déposé, il y avait déjà une
modification par rapport au projet de loi no 1...
Mme Lavoie-Roux: Avec 129.
M. Laurin: ... puisque, dans la loi 101, la francisation ou la
bilinguisation des services de santé, des services sociaux, devait
s'effectuer selon le modèle qui avait été adopté
pour les entreprises. Donc, ce n'est pas la première modification, c'est
une deuxième modification. Déjà, dans la version
originelle du projet de loi 101, il y avait eu une modification. C'est une
autre modification que nous apportons, à la suite, encore une fois, des
rencontres que nous avons eues avec ces représentants.
L'effet, par rapport au projet originel 101, par exemple, c'est de ne
pas soumettre les services de santé et les services sociaux à
certaines obligations qui avaient été prévues pour les
entreprises, comme, par exemple, les comités de francisation, dont
certains membres devaient être des employés du personnel de
l'institution. Également, c'est de ne pas soumettre les services de
santé et les services sociaux aux exigences prévues à
l'article 135, c'est-à-dire en ce qui a trait au programme de
francisation qui avait été prévu pour les entreprises.
M. Paquette: M. le Président... Je pensais que vous aviez
terminé, excusez-moi.
M. Laurin: Non, je n'avais pas tout à fait terminé.
Ce sont les deux principaux changements qui ont été
effectués. Maintenant, en assimilant les services de santé et les
services sociaux pour fins de francisation aux organismes de l'administra-
tion, la conséquence, évidemment, c'est que, pour
l'établissement de ces programmes de francisation, nous nous
référerons aux divers articles de ce chapitre,
c'est-à-dire de 14 à 27, d'une part, et, d'autre part, pour
l'établissement et la mise en oeuvre de ces programmes de francisation,
nous nous référerons aux articles du titre II, qui se
réfèrent au programme de francisation de l'administration.
M. Lalonde: M. le Président, si vous le permettez, il y a
deux changements. Il y a de 1 à 101, où on trouvait, dans 101,
les services de santé et les services sociaux comme une entreprise, et
maintenant, de 101 à 22a, où les services de santé et les
services sociaux, non pas qu'ils reviennent dans les organismes parapublics,
mais ils sont compris dans l'administration. Si on compare les dispositions des
articles 28 et 29, qui sont les seules, dans le chapitre V, qui touchent
directement les services de santé et les services sociaux, on voit qu'en
les mettant dans le chapitre IV plutôt que dans le chapitre V, on leur
impose des obligations différentes.
M. Laurin: C'est très juste.
M. Lalonde: Ainsi, dans l'article 28, les seules obligations
étaient d'assurer que leurs services soient disponibles dans la langue
officielle, et rédiger dans cette langue les avis de communication, les
imprimés, etc. Dans l'article 29, cela couvrait les communications
écrites avec l'administration et les personnes morales, alors qu'en les
incluant dans l'administration, on dit: "Les communications internes devront
être dans la langue officielle", ce qui est un traitement qui se
rapproche beaucoup plus des entreprises et de la francisation des entreprises
que des organismes parapublics tels qu'ils sont dans les articles 28 et
suivants.
Je me demande si, en ce faisant, le ministre a l'impression de
répondre aux demandes qui lui ont été faites par le groupe
de services sociaux et de services de santé. Récemment, cela a
été public, je pense. Le ministre les a rencontrés. Il
avait été annoncé, du moins avec le dépôt des
amendements en vrac, que ces services étaient retirés des
entreprises, mais nous venons seulement d'apprendre qu'ils sont maintenant dans
l'administration, c'est-à-dire qu'ils sont traités à peu
près de la même façon que les entreprises seront
traitées dans leur programme de francisation, à savoir que leurs
communications internes... Parce que les services sociaux et les services de
santé ne sont pas compris à moins que ce soit l'intention
du ministre de le faire dans les exceptions des articles 23, 24, 25,
etc.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre veut répondre à cela. J'avais une autre question, pour
mon éclairage personnel. On dit depuis tantôt qu'on inclut les
services sociaux et de santé dans l'administration; je voudrais savoir
si l'annexe A, où on définit ce qu'est l'administration, sera
modifiée explicitement.
M. Raynauld: Oui, il a répondu à cela. M.
Paquette: L'annexe A sera modifiée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais aussi quelques
questions à poser au ministre au sujet du nouvel article 22a.
M. Chevrette: II vaut mieux répondre lentement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm, s'il vous plaît! M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais...
M. Laurin: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Marguerite-Bourgeoys veut que je réponde
à sa question.
M. Lalonde: Oui. D'ailleurs, depuis que j'ai terminé ma
question, je vois que, dans les amendements que vous avez distribués en
vrac, il y a quelques jours, les services de santé et les services
sociaux sont inclus dans les articles 23, 24 et 25, mais changés. Est-ce
que c'est l'intention du ministre de les maintenir?
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Alors, ils vont être
considérés comme les commissions scolaires et les
municipalités pour la période de transition.
M. Laurin: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ils conserveront toujours le privilège de
pouvoir, dans leurs communications internes, continuer...
M. Laurin: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ... en anglais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, la question des dossiers de
ceux qui reçoivent des services médicaux, M. le ministre... Il y
a deux problèmes dans la question des dossiers. Il y a la question de la
langue dans laquelle ils vont être rédigés. Il y a aussi la
question de confidentialité, parce que nous traitons d'un domaine qui
est particulier. Premièrement, est-ce qu'il va y avoir une protection
pour la confidentialité? Parce que, dans les autres articles du projet
de loi, vous avez des comités de surveillance, des droits
d'enquêtes. Est-ce que ceux qui vont vouloir faire enquête sur un
organisme public qui fait partie de l'administration, qui se conforme au projet
de loi 101... Il me
semble qu'à moins que vous ne mettiez des stipulations
particulières, cela veut dire que tous vont avoir accès aux
dossiers confidentiels d'une personne malade. Je crois que,
premièrement, il faudrait...
M. Laurin: Me permettriez-vous de vous arrêter tout de
suite...
M. Ciaccia: Oui.
M. Laurin: ... parce que c'est un faux problème puisqu'il
a déjà été résolu par la loi 65, qu'on
appelait 65 dans le temps, lorsqu'elle a été votée,
où il y avait un article 7 qui assurait la confidentialité des
dossiers. Il est bien évident qu'on ne peut pas aller à
l'encontre de l'article 7 dans l'établissement ou la surveillance d'un
programme de francisation.
M. Ciaccia: Alors, vous dites que l'article 7 de la loi 65,
à laquelle vous vous référez... C'est une loi qui a
été adoptée antérieurement au projet de loi 101.
Alors, à moins que...
M. Laurin: Elle est encore en vigueur, et on s'y conformera.
M. Ciaccia: Elle est encore en vigueur, mais vous n'avez pas de
conditions spéciales dans le projet de loi qui dit que nonobstant les
articles dans le projet de loi 101, l'article 7 de la loi 65 est...
M. Laurin: C'est une loi du Québec qui est actuellement en
vigueur. On l'observera comme les autres.
M. Ciaccia: II y a un principe de loi... Je ne veux pas entrer
dans un débat juridique, c'est vrai. Je vous remercie, de plus, du fait
qu'on ne siégera pas vendredi soir et samedi. Cela va nous permettre de
nous reposer et la parole va nous venir plus vite. Je ne veux pas entrer dans
un débat juridique, mais une loi subséquente, à moins
qu'il y ait des stipulations contraires, va amender la loi antérieure.
À moins, M. le Président...
Une voix: Bien non...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
même, peut-être pour faire avancer les débats, que, si un
amendement semblable faisant référence à l'article 7 de la
loi 65 était présenté, je le déclarerais
irrecevable, parce qu'on n'a pas à faire mention d'une loi existante, et
le législateur est tenu de respecter ses propres lois.
M. Ciaccia: Alors, le ministre nous assure que cet aspect
va...
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: L'article 164 du règlement s'applique en
commission. Vous lirez la loi 65, cela va répondre à votre
question. Vous posez une question à un ministre pour obtenir des
renseignements que vous pouvez normalement obtenir dans la loi 65. C'est
clair.
M. Ciaccia: M. le Président, on vient de recevoir un
amendement sur la table. Ne charriez pas. On essaie d'obtenir des informations.
On n'a même pas eu la chance d'étudier cet amendement. Pour
accélérer les travaux de la commission, on demande des
renseignements.
M. Duhaime: Vous avez bien beau les accélérer.
M. Ciaccia: Prenez les questions dans l'esprit dans lequel elles
sont posées. D'ailleurs, ce n'est pas à vous que je le demandais,
c'était au ministre d'État.
M. Laurin: Je veux simplement vous dire qu'on y a pensé,
qu'on en a discuté...
M. Ciaccia: C'est cela que je voulais savoir.
M. Laurin: ...et que rien dans la présente loi ne nous
apparaît incompatible avec les dispositions de l'article 7 de la loi 65
que nous entendons observer comme toutes les autres lois.
M. Ciaccia: Très bien. Dans mon autre question, il s'agit
de la langue dans laquelle les dossiers vont être
rédigés.
M. Laurin: Cela va faire partie des programmes de francisation et
c'est un problème qu'on ne peut pas résoudre par voie
législative, parce que c'est trop complexe.
M. Ciaccia: C'est parce que le dossier sera rédigé
par le médecin dans la langue qu'il comprend le mieux.
M. Laurin: Ce sont des modalités.
M. Ciaccia: Seulement une autre question. Sur la question de la
francisation, vous l'avez enlevée des entreprises, vous l'avez inscrite
à administration. Cela veut dire que l'Office de la langue va avoir
certains pouvoirs de réglementation. Je pense qu'il y a eu des
représentations qui vous ont été faites pour qu'il y ait
un droit d'appel des décisions de l'Office de la langue française
quand il s'agira des hôpitaux et que ce droit d'appel devrait être
dévolu à une commission composée, je crois, de membres de
l'Association des médecins et de l'Association des hôpitaux.
Êtes-vous prêt à...
M. Laurin: M. le Président, sans vouloir encore une fois
interrompre le député de Mont-Royal, je voudrais simplement le
référer à certains articles du titre II qu'il a
sûrement lus, mais qui apportent déjà une réponse
à ses questions, lorsqu'on dit, par exemple: que les organismes de
l'administration qui ont besoin d'un délai pour se conformer
à certaines dispositions de la loi doivent adopter un programme de
francisation, qu'une analyse de leur situation linguistique doit être
faite, qu'un exposé des mesures à prendre doit être
établi, etc. Plusieurs articles se rapportent à l'analyse des
tâches à accomplir et à l'établissement des
programmes et je pense que le député de Mont-Royal, après
avoir lu bien attentivement ces articles trouvera réponse à ces
questions.
M. Ciaccia: J'ai lu les articles attentivement, M. le
Président. Ma question, je la répète. Si le ministre ne
veut pas y répondre, libre à lui. Des représentations nous
ont été faites; malgré ces articles, différents
organismes nous ont demandé s'il pourrait y avoir... qu'il devrait y
avoir ils l'ont suggéré des appels des
décisions de l'Office de la langue française touchant les
services de santé. Ils vous ont suggéré que la commission
d'appel se compose de trois membres dont l'un est le président de la
commission nommé par le gouvernement, un autre par l'Association des
hôpitaux du Québec et un troisième, par la Corporation
professionnelle des médecins du Québec. Voici ma seule question:
Est-ce que c'est...
M. Laurin: Question de règlement, M. le Président.
Ces questions se rapportent au titre II et j'y répondrai lorsqu'on
arrivera au titre II.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, nous avons commencé à faire ce qu'on a
déjà fait au début de la commission, c'est-à-dire
à poser des questions, mais je pense que, dans l'intérêt de
tous, il y aurait lieu de demander si l'article 22a est adopté, sinon,
à ce moment-là, j'accorderai le droit de parole aux
députés qui voudront intervenir et ceux qui auront des
amendements à proposer pourront les proposer.
Je dois vous dire que, depuis que la conférence de presse est
commencée, je n'ai tenu aucun chronométrage officiel parce qu'on
a suivi une procédure qui était irrégulière ou
anormale; pensant arriver par là à l'adoption de l'article 22a
plus rapidement, mais lorsque la présidence constate que tel n'est pas
le cas, elle se doit de dire aux membres de la commission que nous revenons
à la procédure normale, à l'étude article par
article, c'est-à-dire l'article 22a.
M. Ciaccia: Quelques brefs commentaires, M. le Président,
sur l'article 22a. Puisque maintenant les services de santé seront
assujettis, d'après l'article 22a, aux stipulations qui gouvernent la
francisation de l'administration, je crois que le problème se pose quand
même, même si le ministre a dit qu'il va y avoir des articles de
concordance, en enlevant à l'article 129 comme une entreprise, il se
pose tout de même des problèmes très sérieux.
Je crois que nous devrons avoir des assurances du ministre que le
traitement et la manière avec laquelle il va procéder à la
francisation de ces services n'ira pas à l'encontre du bon rendement, du
professionnalisme et de la qualité des services médicaux, parce
que nous touchons à un domaine qui n'est pas le même que le
domaine scolaire, le domaine du travail ou autre. C'est un service
médical, c'est une profession. Il faut absolument qu'il y ait des
règles toutes particulières, des protections et des restrictions.
Une des restrictions, c'est que l'article 22a ait un appel à une
commission des décisions de l'Office de la langue française qui
implique dans ses décisions des professionnels, des médecins, des
membres des associations d'hôpitaux.
Ce n'est pas la question de promouvoir un anglophone ou un francophone.
Ce n'est pas cela le problème. Le problème, c'est le rendement
des services médicaux qui vont affecter le patient, parce que le patient
peut mourir en langue française ou en langue anglaise, s'il n'a pas les
bons services. C'est cela qu'il faut réaliser. On sacrifie assez de
choses au service de la langue. On est même prêt à
réduire certains services. Il ne faudrait pas que les services
médicaux soient réduits parce qu'on veut que le projet de loi
soit cohérent. C'est de cela que je voudrais prévenir le
gouvernement et le mettre en garde. Je me fais le porte-parole de beaucoup de
représentations qui nous ont été faites, qui ont
été faites à la commission parlementaire. On n'a
même pas eu la chance d'en faire sur certains articles du projet de loi
parce que ces articles ont été introduits après que la
commission parlementaire ait tenu ses séances.
M. le Président, c'est primordial, c'est important que les
services médicaux soient protégés, que les patients soient
protégés, que ceux qui font appel à ces services puissent
avoir les meilleurs services possibles. C'est pour cette raison on vient
de nous donner l'article 22a, nous ne savions pas que c'était
l'intention du gouvernement d'ainsi faire que nous voulons mettre le
gouvernement en garde et lui recommander fortement de prendre des dispositions
différentes et plus flexibles. J'espère qu'il ne
démontrera pas vis-à-vis des services médicaux la
même inflexibilité, la même dureté...
M. Laurin: Ne commencez pas!
M. Ciaccia: Non, je ne commence pas. Écoutez, vous ne
pouvez me dire que je me suis trompé, seul l'avenir nous le dira. Vous
direz: Voyez-vous, le député de Mont-Royal est encore parti en
peur. Je vous dis que je ne parle pas seulement en mon nom, je parle au nom de
ceux qui nous ont fait des représentations. C'est notre devoir, c'est
notre responsabilité de porter ces choses à l'attention du
gouvernement. Qu'il rende aussi publiques les représentations qui ont
été faites. Vous allez voir que ce sont des choses assez
importantes et cela ne touche pas la langue. Cela touche les services
médicaux, les services que les patients ont le droit d'avoir, que tous
les citoyens, de n'importe quelle langue, ont le droit d'avoir. Ces services ne
doivent pas être amoindris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 22a sera adopté?
M. Laurin: M. le Président, je partage les
préoccupations du député de Mont-Royal. Je les partage
autant pour les patients francophones dans les hôpitaux anglophones que
pour les patients anglophones dans les hôpitaux anglophones. En tant que
professionnel qui, depuis des années, a défendu ces principes
dans mon activité professionnelle, je n'ai sûrement pas
l'intention d'en déroger maintenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, vu que la période
s'est transformée, c'est devenu une période de questions...
Ça aurait été mon intention d'y participer, mais je ferai
une intervention très brève pour permettre au ministre de me
répondre immédiatement après. L'amendement, bien
sûr, nous arrive... Il faut se faire une idée autour de ce qu'on
nous donne là.
J'aurais aimé savoir du gouvernement de façon plus claire
pourquoi on prend cet amendement et qu'on l'amène au chapitre de
l'administration, alors que cela semblait bien établi, aux articles 28
et 29 de la langue des organismes parapublics. Il y a certainement des
avantages. Qu'est-ce que cela apporte? Quant à la dernière partie
de l'article qu'on donne ici, je pense qu'elle a son complément à
l'article 23, mais, pour le premier alinéa, j'aimerais que le ministre
me dise dans ses termes pourquoi cela est amené au chapitre de la langue
de l'administration. Qu'est-ce que cela donne de plus de l'avoir là,
bien brièvement, messieurs?
M. Laurin: M. le Président, les hôpitaux
anglophones, en particulier à Montréal, ont eux-mêmes
porté devant l'opinion publique certains faits incontestables auxquels
ils nous importe d'apporter toute notre attention. Ce sont les hôpitaux
anglophones eux-mêmes qui nous disent que, dans les hôpitaux
anglophones, la proportion de patients francophones ne cesse d'augmenter. Il y
a, par exemple, à Montréal, un hôpital anglophone
spécialisé où la majorité des patients sont des
patients francophones. Les anglophones nous font également valoir un
autre fait, c'est que, dans leurs hôpitaux, le nombre de travailleurs
occupés à des tâches de soutien, occupés à
des tâches professionnelles comme celles de travailleur social, de
psychologue, de physiothérapeute, d'anes-thésiste et je pourrais
continuer l'énumération de toutes les professions, ne cesse
d'augmenter.
Il est donc important d'assurer à ces patients francophones les
meilleurs soins possible dans une langue qu'ils puissent comprendre, car on
sait que, pour un patient qui est dans une situation difficile, délicate
de son existence, où il connaît déjà du stress, des
angoisses, il ne faut pas ajouter délibérément à
ses difficultés en y ajoutant des obstacles dus à une
communication impossible ou difficile.
Par ailleurs, c'est un droit pour le francophone, et surtout quand il
est un patient, de se faire parler dans sa langue, surtout quand il vit une
période difficile de son existence. Autant je suis prêt et autant
le gouvernement est prêt à garantir que les patients anglophones
recevront les meilleurs des soins dans leur langue dans leurs hôpitaux,
autant il lui apparaît également indispensable de prendre les
mesures pour que les patients francophones aient le droit de s'y faire traiter
et d'y parler leur langue dans cette période difficile de leur
existence. Ceci vaut également pour les travailleurs francophones, car
nous avons dit, au chapitre II, que toute personne au Québec avait le
droit de travailler en français. Si on étend l'application de ces
principes dans tous les détails de son existence le travail n'est
pas un des moindres éléments de cette existence il nous
semble que le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour faire
en sorte que le travailleur francophone qui travaille dans un hôpital
anglophone voie également ses droits respectés en tant que
travailleur et qu'il puisse bénéficier d'une administration qui
voit à ce que ce droit soit respecté et à ce que ce droit
s'incarne au niveau des pratiques administratives et au niveau des
communications qu'il reçoit.
Ce sont les deux raisons fondamentales qui, à la
réflexion, nous ont amenés à prendre les mesures que
d'abord on avait mises dans le chapitre des entreprises, mais que maintenant
nous mettons dans le chapitre de l'administration, et il peut se trouver une
troisième justification à cette décision que nous avons
prise, du fait que tous les services sociaux, tous les services de santé
sont des organismes publics financés à même les fonds
publics et même je dirais à 100% à même les fonds
publics.
Il nous semble que l'objectif que nous poursuivons à cet
égard est parfaitement légitime, d'autant plus que je l'ai
dit à plusieurs reprises il ne s'agit pas de franciser les
hôpitaux ou les services sociaux anglophones.
Il ne s'agit pas d'en changer l'identité, d'en changer le
caractère, il s'agit d'assurer aux francophones qui y sont
soignés ou qui y travaillent, les mêmes conditions de traitements,
entendus dans tous les sens de ce terme, que ceux dont peuvent
bénéficier les travailleurs ou les patients anglophones.
M. Grenier: Merci. Une dernière question. Vous avez
répondu aux trois quarts de la question que je me posais. Est-ce que
c'est complet d'abord aux articles 28 et 29, si on a cru bon de l'apporter
à la langue de l'administration? La raison bien spécifique de
cela, est-ce qu'il y a lieu de savoir qu'il est probablement bien
légal...
M. Laurin: Comme je l'ai dit tout à l'heure, les
représentants que nous avons rencontrés
préféraient, à tout prendre, tomber sous le régime
qui avait été élaboré pour l'administration
plutôt que sous celui qui avait été élaboré
pour les entreprises, car il y avait certains mécanismes prévus
au chapitre des entreprises auxquels ils s'opposaient d'une façon assez
catégorique. J'ai mentionné surtout les comités de
francisation, car c'était vraiment là que le bât blessait.
Ils ne voulaient pas
voir des syndiqués, dont peut-être certains auraient
été francophones, siéger dans des comités de
francisation qui auraient eu une tâche, qui auraient eu des fonctions
à exercer au niveau de l'analyse de la situation linguistique de
l'hôpital et de l'établissement d'un programme de francisation. En
même temps, ils avaient certaines objections à certains autres
mécanismes qui sont prévus à ce chapitre.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article 22a, tel que
présenté, à sa face même, en tout cas,
personnellement, compte tenu du moment où ceci a été
introduit, m'apparaît tout à fait correct. Je pense que les
remarques que vous avez faites, sont justes, à savoir qu'un patient
francophone qui se présente d'urgence dans un hôpital peut arriver
soit dans un hôpital anglais, soit dans un hôpital français,
mais ne le choisit pas, si c'est un cas d'accidenté, et même si ce
n'est pas un cas d'accidenté. Qu'il soit servi dans sa langue,
écoutez, je pense qu'on souscrit tous à ceci, et que soient
également rédigés dans la langue officielle les avis,
communications et imprimés destinés au public. Pour moi, cela
fait partie de la sécurité publique qui doit s'appliquer à
l'égard des citoyens francophones tout autant que ce qu'on
prévoit pour les citoyens anglophones.
Ce qui me gêne un peu plus je m'excuse, si on fait
référence à d'autres articles, mais on nous soumet quand
même, à ce moment, une décision de mettre les organismes de
la santé dans la langue d'administration c'est que, aux autres
amendements qui sont proposés, dans les articles 23, 24 et 25, comme je
le mentionnais tout à l'heure, la période de transition qui est
prévue pour les organismes scolaires et municipaux s'applique-t-elle
également pour les services de santé?
Par contre, ils échappent à l'article 14, quant à
la dénomination.
M. Laurin: Est-ce que je peux vous interrompre?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Laurin: Vous allez trouver cette mention dans les articles qui
traitent des raisons sociales; vous verrez que, là aussi, une
constatation a été faite pour bien marquer qu'il ne s'agit pas de
franciser complètement, mais de bilinguiser.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors...
M. Paquette: C'est à l'article 25 que ces services
vont...
Mme Lavoie-Roux: Non, l'article 25 dit que les organismes
scolaires peuvent utiliser à la fois la langue officielle et la langue
de la majorité de leurs administrés. Là où ils sont
soustraits à la dénomination, c'est strictement pour le scolaire
et le municipal, à l'article 25, et non pas pour les organismes de
santé.
M. Paquette: II y a un amendement dans ceux qu'on nous a
remis.
M. Laurin: C'est à l'article 66, Mme le
député de L'Acadie.
M. Paquette: II y a eu un dépôt d'amendement
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: II y a un dépôt d'amendement...
M. Dussault: Le nouvel article 24.
Mme Lavoie-Roux: Le mot "dénomination" n'est pas
dedans.
M. Laurin: On enlève le mot "dénomination".
Mme Lavoie-Roux: On l'enlève. Maintenant, M. le ministre
me dit...
M. Laurin: La dénomination est souvent une question de
raison sociale.
Mme Lavoie-Roux: Alors, l'article 66 couvrirait cela.
M. Laurin: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous m'excusez, si je vais voir...
M. Laurin: Oui, oui. Je ne vous demande pas de me croire sur
parole.
Mme Lavoie-Roux: Je m'en excuse, ce n'était pas ce que je
voulais insinuer.
M. Laurin: Vous êtes tout absoute.
M. Lalonde: Même si on le pense, on ne le dirait pas.
Mme Lavoie-Roux: Ils seraient couverts pour ce qui a trait...
C'est la langue du commerce et des affaires. Vous me dites qu'ils rentrent dans
le chapitre de la langue de l'administration et là, pour ce qui est de
la dénomination, ils retournent à la langue des affaires et du
commerce. D'accord!
Une voix: C'est clair.
Mme Lavoie-Roux: Vous comprendrez que je veux quand même
faire les concordances.
Une voix: C'est simple, comme le dirait votre collègue de
l'Agriculture.
Mme Lavoie-Roux: Le reste, c'est une question touchant les...
L'article 17: "Le gouvernement, ses ministères et les autres organismes
de l'administration utilisent uniquement la langue officielle, dans leurs
communications écrites entre eux". Là aussi, ne peut-on
créer, par exemple, dans tout cela des difficultés? Je pense que
le ministre, docteur se souviendra que, lorsqu'on transmet un dossier
médical, il pourrait être difficile de le traduire parce qu'on n'a
pas un traducteur qui, sur-le-champ... C'est une question de minute, c'est une
question d'heure, c'est une question de 24 heures. Là-dessus, est-ce que
l'article 17 se trouve... Il y a peut-être cet aspect qu'il faudrait
examiner, M. le Président.
M. Laurin: Oui, je pense que nous en tiendrons compte dans les
articles 124a et 126 où nous parlons de l'établissement effectif
d'un programme de francisation. D'ailleurs, la question a déjà
été longuement discutée entre nous et il est bien
évident que nous en tiendrons compte.
M. Raynauld: M. le Président... Mme Lavoie-Roux:
Vas-y, vas-y!
M. Raynauld: Je voyais comme principale implication de ce
changement, justement, l'application du programme de francisation par rapport
à celui des entreprises. Par exemple, pour donner seulement un cas
particulier, l'article 125. Si c'est un organisme de l'administration, à
ce moment-là, celui-ci doit présenter à l'office, avant le
31 décembre 1978, un rapport comprenant une analyse de sa situation
linguistique et un exposé des mesures qu'il a prises, tandis qu'à
l'article 130, en vertu du programme de francisation des entreprises, elles ont
jusqu'à 1983, si je comprends bien.
M. Laurin: Les hôpitaux ont jusqu'à 1983.
M. Raynauld: C'est là que je ne comprends plus. Vous
dites, à ce moment-là... Est-ce parce que vous faites une
distinction entre le rapport mentionné à l'article 125...
Mme Lavoie-Roux: Cela va être en vertu de 23.
M. Raynauld: ...et un programme de francisation qui va jusqu'en
1983 en vertu de l'article 24?
Mme Lavoie-Roux: Article 24.
M. Paquette: Si on veut comparer...
M. Raynauld: Mais ce rapport 1978 n'est pas exigé des
entreprises.
M. Paquette: II l'est dans le règlement concernant le
certificat temporaire.
M. Raynauld: Au fond, ce qu'on a tous à l'esprit, je
suppose, pour mesurer l'impact de ce changement, c'est de savoir si, en faisant
partie de l'administration, désormais, les hôpitaux, les services
sociaux sont davantage restreints ou s'ils sont plutôt soumis à un
régime plus large dans le programme de francisation. Au fond, c'est cela
qu'on veut savoir.
M. Fallu: ...le programme de francisation. M. Lalonde: ...
M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Raynauld: En soi, je n'ai pas d'objection à 22a. Ce
sont des clarifications.
M. Lalonde: M. le Président, on cherche les implications
de ce changement. J'en ai trouvé quelques-unes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
pour cela que je suis large.
M. Lalonde: ...par exemple, en passant des entreprises à
l'administration, on leur enlève le droit d'appel de l'article 142 qui
est disponible pour les entreprises et qui n'est pas disponible dans
l'administration, ni en vertu des articles de ce chapitre ni en vertu des
articles du chapitre IV du titre II. J'ai un autre problème, M. le
Président. Quand on dit, dans les amendements aux articles 23, 24 et 25,
on inclut, d'après le nouveau texte, les services de santé et les
services sociaux dont les administrés sont en majorité d'une
langue autre que le français. Pour les organismes municipaux et
scolaires, cela va assez bien, mais pour les hôpitaux, qu'est-ce que sont
les administrés? Est-ce que ce sont les usagers, tel que la loi qui
s'applique à ces institutions le suggère, ou est-ce que ce sont
les employés?
Si ce sont les usagers, à ce moment, cela peut être de
majorité française pour le mois de janvier, de majorité
anglaise pour le mois de février, ou pour un an, cela peut être de
majorité anglaise, et cela les fera entrer dans cette exception, pour
l'année suivante, ce sera une majorité française,
peut-être, dans certains cas. Je me demande si on ne devrait pas,
suspendre l'article pour être en mesure de le discuter de façon un
peu plus cohérente, ici, à cette commission. Vous avez fait
preuve de largesse et d'une patience énorme, depuis l'introduction de
cet article, je vous en remercie, mais je pense que tout ce que nous avons
réussi à faire, c'est de soulever les questions et,
réellement, de les ajouter les unes aux autres. Je vous demande s'il n'y
aurait pas lieu de suspendre, avec l'accord du gouvernement,
nécessairement, l'examen de cet article, pour que nous puissions revenir
demain et avoir le loisir de l'étudier, en étudier les
implications.
M. Laurin: M. le Président, je trouve que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas très
généreux. Il m'a posé, je crois, beaucoup de questions,
ainsi que les députés de L'Acadie, d'Outremont, de
Mégantic-Compton. J'ai l'impression d'y
avoir répondu d'une façon assez complète.
Peut-être subsiste-t-il un ou deux problèmes auxquels nous n'avons
pas pu répondre de façon à satisfaire certains
députés, mais je ne crois pas que, sur la masse des questions qui
m'ont été posées, la rareté des réponses, si
satisfaisantes soient-elles, puisse justifier une suspension de tout ce
chapitre.
Nous sommes à l'article 22 qui n'est pas un principe, mais qui
nous a permis d'aborder l'examen général de toute la question. Je
pense que, dans l'analyse des articles qui suivront, nous pourrons continuer
d'éclairer suffisamment les oppositions, je l'espère, à
leur satisfaction, pour qu'il paraisse pertinent de continuer l'étude de
ces articles.
M. Grenier: À la suite de ce que le ministre vient de nous
dire, à la suite de la demande du député de
Marguerite-Bourgeoys, des explications que le ministre nous a fournies, c'est
à la demande même de l'Association des hôpitaux anglophones
que c'est arrivé là, je pense que nous avons suffisamment
questionné le ministre. Pour notre part, nous serions prêts
à voter cet article proposé par le gouvernement, en faisant, bien
sûr, confiance, là-dessus, à ce que le ministre vient de
nous dire, aux informations qu'il vient de nous donner, ce changement de
chapitre qu'on a fait répond à une exigence du milieu à
laquelle le gouvernement a décidé de se soumettre, il n'y a pas
de raison de retarder le débat, et nous devrions passer au vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais réagir aux
propos du ministre. Je ne voulais pas minimiser les réponses qu'il a
données. Je pense qu'il a tenté de répondre d'une
façon assez complète. Je fais plutôt
référence aux questions. Je ne suis pas sûr de
connaître toutes les questions pertinentes qui doivent être
posées. Nous les voyons surgir à mesure que nous relisons le
chapitre depuis le début, depuis l'article 14. Je me demande si c'est la
meilleure façon d'étudier une question aussi importante. En tout
cas, si le ministre ne veut pas le suspendre, à ce moment, nous allons
continuer à poser des questions. Qu'est-ce qu'un administré?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, nous avons entrepris
l'étude de l'article 22a à 17 h 25. Vous avez demandé le
consentement unanime pour la suspension de l'étude de l'article 22a,
elle a été refusée. En conséquence, je dois,
à ce stade-ci, pour que les débats reprennent leur allure
normale, vous dire que nous allons commencer l'étude de l'article 22a
selon les procédures régulières de cette commission
parlementaire. Vous savez, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
que vous avez toujours le loisir de proposer une motion de suspension de
l'étude de l'article 22a, si vous le voulez.
En conséquence, et conformément aux règles
établies, je cède la parole à un député de
l'Opposition officielle, qui serait Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le député, je le
répète, ce n'est pas l'adoption de l'article 22a en soi qui nous
préoccupe, mais c'est son insertion dans le chapitre de
l'administration, sans que nous soyons en mesure d'en voir toutes les
répercussions, et compte tenu que, déjà, le ministre nous
a indiqué que, à certains égards, cela peut se rattacher
au chapitre touchant la langue du commerce, où il est maintenu un
article qui les touche, que certaines autres choses seront prévues
à l'article 124, dans certains règlements.
Je pense que, pour nous, il est difficile de nous prononcer non pas sur
la teneur de l'article 22a, mais à savoir qu'une fois cet article
inséré dans le chapitre de l'administration, tout s'ensuivra.
C'est dans ce sens que je vais faire une motion pour que l'étude de
l'article 22a soit suspendue jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
motion pourrait-elle m'être remise par écrit, s'il vous
plaît, conformément encore à la tradition?
Il est proposé par Mme le député de L'Acadie que
l'étude de l'article 22a soit suspendue jusqu'à 20 heures.
Mme le député de L'Acadie, je considère que la
motion: telle que rédigée...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas correct?
Suspension de l'étude de l'article 22a
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... je
pourrais peut-être me permettre de la corriger. Que l'étude...
Mme Lavoie-Roux: Oui, que l'étude...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
l'article 22a soit suspendue et que l'on entreprenne l'étude de
l'article 23, par exemple. Dans cette forme, la motion... ou l'article 20, ou
l'article suivant.
Mme Lavoie-Roux: On peut revenir à...
M. Lalonde: On veut laisser au gouvernement le choix des autres
articles, ce n'est pas nécessairement parce qu'on veut aller à un
autre article déterminé.
M. Laurin: On peut revenir à l'article 20.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous acceptez l'amendement que la présidence fait?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Que
l'étude de l'article 22a soit suspendue et que
la commission procède à l'étude de l'article
suivant de la loi, tout simplement.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Duhaime: D'accord. On peut donner notre consentement pour
suspendre l'étude de l'article 22a et revenir à l'article 20 tout
de suite.
M. Lalonde: À l'article 20, cela va.
Nouvel article 20 (suite)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
20, M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, j'ai été
très sensible à la suggestion que m'a faite le
député de L'Acadie lors de l'étude de l'article 20.
Contrairement peut-être à ce que certains auraient pu penser, non
seulement j'ai été très sensible, mais j'ai soumis
à mes conseillers et à mes collègues ministériels
toute une série de formulations susceptibles d'entériner la
suggestion qu'elle me faisait.
Malheureusement, toutes les formulations que nous avons tentées
se sont avérées impossibles en pratique. Tout ce que je peux
dire, à ce moment-là, c'est que nous tenons à ce que
l'article 20 soit adopté tel qu'il est formulé actuellement,
quitte à ce que, dans les directives administratives, que
l'administration et en particulier l'administration gouvernementale pourra
établir, nous tenions compte de la suggestion qu'elle nous fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si, d'une part, je
reconnais que le ministre a sans aucun doute tenté d'apporter une
correction à ce qui nous apparaissait une lacune je n'ai pas
à revenir sur les arguments qu'on a longuement discutés ce matin
je pense que cela partait de convictions assez sincères pour
qu'on sente le besoin de l'examiner.
Par contre, on avait beaucoup d'espoir qu'avec toute son équipe,
il puisse trouver un amendement ou un 20a au besoin qui aurait permis d'assurer
qu'au moins dans la nomination sur les autres points, je pense qu'on
était d'accord, à sauver la mutation et la promotion. Je suis
évidemment déçue qu'on n'ait pas trouvé de formule
qui puisse répondre à cette attente que nous avions.
Je prends comme un engagement formel du ministre d'État au
développement culturel que, lors de l'élaboration des
règlements, j'imagine, qui entreront en vigueur pour l'application de
cet arti- cle, concernant particulièrement on en parle justement
au deuxième paragraphe une disposition claire qui exemptera, du
moins pour un certain délai, l'obligation qui est faite de
connaître la langue officielle. Si nous avons cet engagement moral
je suppose qu'on l'appelle comme cela du ministre, à ce moment,
nous voterons pour l'article 20, parce que nous sommes d'accord quand
même avec les deux autres points: mutations et promotions, à moins
d'un handicap extraordinaire qui empêcherait un individu, pour des
raisons de santé ou autres raisons, mais il devrait normalement
être capable de faire l'acquisition de la langue officielle qui lui
permettra d'être muté ou promu à l'intérieur de la
fonction publique. Si j'ai cet engagement ou si nous avons cet engagement moral
du ministre, en dépit de cette déception de voir que ceci ne
puisse pas avoir été corrigé ou être inclus dans
l'article, nous voterons pour l'article 20.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement,
puisqu'on sera peut-être en mesure de voter avant 18 heures, il faut dire
que, bien sûr, on aurait voulu voir précisé par la loi ce
terme "fonction dans l'administration". Si le ministre peut, dans sa
réglementation, ne pas laisser aux directions locales le soin de... On
dit que la Régie de la langue française en aura la
responsabilité. L'administration locale, parfois, n'a pas la même
interprétation. Qu'on soit assuré qu'il y aura une planification
de faite et qu'on soit assuré que celui qui a à nettoyer les
planchers n'est peut-être pas aussi, même dans le cas qui a
été cité par le député de Mercier... On
n'exigera pas autant d'un homme comme celui-là que ce qu'on pourra
exiger de quelqu'un qui aura, par exemple, à siéger à un
conseil d'administration des employés. Alors, rassuré par la
parole du ministre, je pense que c'est dans le sens de la
prééminence du français. Je pense qu'il ne faut pas
hésiter à voter pour l'article 20.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
est-ce que le nouvel article 20 sera adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Laurin: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 20 est adopté. Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 5
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame,
messieurs!
Si messieurs les ministres et députés veulent bien
regagner leur fauteuil, nous allons continuer cette même séance de
la Commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications.
Au moment de la suspension de la séance à 18 heures, la
commission avait suspendu l'étude de l'article 22a qui est un
amendement, et avait, de consentement unanime, décidé de revenir
à l'article 20. Puis-je demander si quelqu'un du côté
ministériel veut intervenir sur l'article 20 qui est un article nouveau
et qui n'est pas un amendement?
M. Lalonde: M. le Président, pourrais-je vous
suggérer que, d'après mon souvenir, l'article 20 aurait
été adopté unanimement?
M. Paquette: L'article 20 est adopté, M. le
Président.
M. Lalonde: Tout de suite après l'adoption de cet article,
la commission a suspendu ses travaux.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je n'étais
pas là à ce moment et je n'ai pas d'indication montrant que cela
ait été fait. Je vais...
M. Duhaime: Nous en sommes à l'article 23, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, vous avez suspendu.
Une voix: On peut revenir.
Une voix: À votre demande.
M. Lalonde: Si vous voulez suspendre jusqu'à la semaine
prochaine, c'est d'accord.
M. Duhaime: Non, y êtes-vous prêt? Une voix:
L'article 22a.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, si vous permettez,
je puis rappeler l'article 22a ou l'article 23.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... nous avons un problème à l'article
22a, un problème que nous avons examiné durant la suspension, et
si le gouvernement, compte tenu du fait que cet article nous a
été proposé de façon un peu inattendue... Je
n'accuse pas le gouvernement d'avoir voulu nous prendre par surprise. Le
gouvernement respecte trop l'Opposition pour avoir eu cette intention.
M. Duhaime: Vous l'avez dit.
Une voix: Ce qui est déjà depuis une semaine.
M. Lalonde: L'article 22a, non.
Une voix: Sous le titre 29.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Commençons sous de bons augures, s'il vous plaît.
M. Lalonde: M. le Président, nous n'avons pas l'intention
de retarder les débats. Si le gouvernement suggérait de suspendre
l'étude de l'article 22a et de procéder immédiatement
à l'article 23, nous serions d'accord. Je vais peut-être attendre
la réaction du gouvernement à cette proposition.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre du Tourisme et
député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: M. le Président, si je comprends bien le sens
de l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys, plutôt
que de parler d'une suspension de l'étude de l'article 22a
jusqu'à 20 heures aujourd'hui, je donnerais mon consentement à ce
qu'on reporte l'étude de l'article 22a à la reprise de la
séance de demain matin. La nuit portant conseil et connaissant vos
talents respectifs, je suis convaincu que vous pourrez examiner cela et
possiblement voter avec nous pour l'adoption de l'article 22a demain.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le ministre du Tourisme de son offre. Je
pense que cela répond, dans une bonne mesure, à nos
inquiétudes. La seule chose dont je ne puis pas l'assurer à ce
stade-ci, c'est si à 10 heures demain nous serons prêts à
entreprendre l'étude de l'article 22a. Je ne veux pas entreprendre un
débat prématuré, sauf que je voudrais que ce soit bien
clair qu'il est possible que demain à 10 heures nous ne soyons pas
prêts; je ne le sais pas, je ne veux pas promettre que nous le
serons.
M. Duhaime: Let us come to the river.
Le Président (M. Cardinal): Puis-je suggérer, pour
que nous puissions travailler, qu'on appelle l'article 23? Je qualifierai cet
article tantôt et, du consentement unanime de la commission,
l'étude de l'article 22a qui est un amendement, encore une fois serait
suspendu jusqu'au moment où la commission...
M. Duhaime: Jusqu'à 10 heures.
Le Président (M. Cardinal): ... jusqu'à 10 heures,
jusqu'à la prochaine séance.
M. Duhaime: On verra ensuite.
M. Grenier: Vous avez notre consentement.
Nouvel article 23
Le Président (M. Cardinal): J'appelle l'article 23 et je
rappelle ce fait. L'article 23 n'est pas celui qui apparaît dans votre
projet de loi, c'est un...
Une voix: Est-ce que vous avez le texte?
Le Président (M. Cardinal): Je vais tenter d'avoir le
texte. Vous l'avez déjà, je pense.
M. Chevrette: On n'en a pas ici. J'ai été
changé... et je ne l'ai pas.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela, enfin, à
moins que le gouvernement n'indique qu'il y ait un changement depuis.
L'article 23 est un de ces nouveaux articles qui, du consentement
unanime de la commission, est accepté comme n'étant pas un
amendement. L'article 23, et on me corrigera du côté
ministériel si je me trompe, se lirait comme suit, le nouvel article 23:
"L'administration peut afficher à la fois en français et dans une
autre langue avec prédominance du français dans les
municipalités, services de santé et services sociaux dont la
majorité des administrés sont d'une langue autre que
française ainsi que dans les établissements scolaires dispensant
l'enseignement dans une autre langue que le français". Si j'ai bien
saisi le nouvel article par rapport à celui qui apparaît au projet
de loi, ce qui est ajouté, c'est: "services de santé et services
sociaux".
Est-ce que les membres de la commission sont suffisamment
informés?
M. Grenier: Oui, M. le Président.
M. Laurin: J'en recommande l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): J'ai entendu le ministre
d'État au développement culturel en recommander l'adoption.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je comprends que vous n'êtes pas d'accord.
M. Lalonde: Je ne suis pas d'accord, M. le Président. Ce
n'est pas pour être désagréable à l'endroit du
ministre, sauf que les amendements, non pas sous forme d'amendement, mais sous
forme de motion principale, je pense...
Le Président (M. Cardinal): C'est une motion principale,
oui, ce n'est pas un amendement.
M. Lalonde: C'est cela! Les changements, disons, sans employer le
mot "amendements", que le gouvernement nous propose dans cet article nous
créent un problème; je vais vous dire lequel. Sans l'addition ou
avant l'addition des mots "services sociaux et services de santé", je
pense...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, c'est
plutôt, "services de santé et services sociaux".
M. Lalonde: Oui, merci. Je n'avais pas le texte devant moi:
là, je l'ai... "services de santé et services sociaux", je pense
que le texte se tenait très bien et, à ce moment-là, il
s'agissait de décider si nous étions d'accord oui ou non.
Là où j'ai un problème, c'est qu'on dit "services de
santé et services sociaux dont la majorité des administrés
sont d'une langue autre que française". Or, si on s'en reporte soit aux
lois actuelles, soit à la tradition, il est très difficile de
concilier la terminologie utilisée par le gouvernement dans ce nouvel
article 23 avec la réalité. En effet, que sont les
"administrés" pour les municipalités? Très facile à
déterminer. Les contribuables sont là, il y a une
délimitation territoriale. Quant à la langue anglaise ou langue
autre que française, je pense que, si le gouvernement, à moins
qu'on me réponde différemment, suit la jeune tradition
établie par la Régie de la langue française jusqu'à
maintenant, on s'en est reporté strictement au recensement pour
déterminer quelles sont les municipalités dont la majorité
serait d'une langue autre que la langue française. Mais là
où commence mon problème, c'est en ce qui concerne les services
de santé et les services sociaux. Les services de santé et les
services sociaux n'ont pas de délimitation territoriale. Alors, si on
s'en reporte à la réalité quotidienne, on parle de
bénéficiaires, on parle d'usagers en ce qui concerne les
élections, par exemple. De quelle façon allons-nous
déterminer les administrés dans ce cas-ci? C'est plutôt une
forme de question que je pose, M. le Président, et je vais terminer
là mon intervention, espérant que le gouvernement va
répondre à mes questions.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys et madame et messieurs, membres de la commission, comme il
s'agit d'une motion principale, je n'ai évidemment pas à me
prononcer sur la recevabilité. Mais j'ai déjà
indiqué que, sur toute motion, et cela en est une, je puis
suggérer des corrections. J'admets, sans me prononcer sur le fond, que
le mot "administré" est difficile à prendre avec les six mots qui
ont été ajoutés.
M. le ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: J'attendrais les suggestions du député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, cela peut être
drôle et friser le ridicule. C'est le gouvernement qui a
décidé d'inscrire ces organismes dans l'article 23 et qui a
décidé que ce serait la majorité des administrés de
ces organismes qui détermineraient le traitement que la loi leur
donnerait.
M. Laurin: J'attendrais encore l'amendement du
député.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous permettez,
sans qu'il y ait d'amendement, qu'invoquant le règlement 65, paragraphe
2, pour accélérer les travaux de cette commission, je me permette
une suggestion? Pourquoi ne dirait-on pas, après les mots "services de
santé et services sociaux", "dont la majorité des
administrés ou des usagers sont d'une langue autre", etc., ce qui
comprendrait les administrations, les services de santé et les services
sociaux?
Mme Lavoie-Roux: C'est un problème personnel.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Cardinal): Le "ou" est dis-jonctif et non
conjonctif. Ce n'est pas une motion. Oui, M. le député de
Rosemont?
M. Paquette: J'aurais une autre suggestion. Le
Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Paquette: On distingue déjà les
établissements scolaires des municipalités. On pourrait tout
simplement faire trois membres de phrases, en gardant la formulation originale
"dans les municipalités dont la majorité des administrés
sont d'une langue autre que le français, dans les services de
santé et services sociaux dont la majorité des usagers sont d'une
langue autre que française, ainsi que dans les établissements
scolaires."
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, en faites-vous un amendement ou la commission accepte-t-elle que ce
soit une suggestion?
M. Lalonde: J'aimerais mieux que ce soit un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, dans ce cas, M. le
député de Rosemont, je vous demanderais de poser par écrit
votre amendement.
M. Raynauld: C'est la meilleure affaire, mais cela ne
résout pas le problème de fond.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Sans
suspendre la séance, est-ce qu'on peut...
M. de Bellefeuille: M. le Président, une suggestion...
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais sur quelle question,
M. le député de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Une suggestion, si vous me permettez tout
simplement de demander au dé- puté de Rosemont de
répéter sa suggestion, sa proposition ou son amendement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, sauf que je dis tout
de suite que je n'ai pas le consentement pour que ce soit uniquement une
suggestion. Si c'est fait formellement, je devrai l'avoir par écrit,
comme j'ai toujours fait, à titre de motion d'amendement à une
motion principale.
M. Grenier: M. le Président...
M. Paquette: M. le Président, je vous suggérerais
de modifier votre suggestion, mais si vous ne voulez pas le faire, je peux
l'écrire.
Le Président (M. Cardinal): Non, mais il semble que M. le
député de Marguerite-Bourgeoys n'accepte pas que ce soit une
suggestion.
M. Lalonde: Exactement.
M. Grenier: M. le Président, la proposition du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui n'était pas un
amendement, était faite à titre de suggestion. Elle est
peut-être correcte ainsi sans qu'on soit obligé d'en faire un
amendement. Est-ce qu'on a entendu le gouvernement à ce sujet? Il a dit
non.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas répondu, il attend nos
réponses.
Le Président (M. Cardinal): J'attends. M. le
député de Mégantic-Compton, je n'ai pas l'intention de
suspendre les travaux dès le début d'une séance. J'attends
simplement la décision du parti ministériel.
M. Raynauld: M. le Président, peut-être qu'en
attendant d'avoir...
Le Président (M. Cardinal): Cela dépend de quoi
l'on parle. J'ai appelé un article et on ne sait pas quel est le texte
de l'article.
Mme Lavoie-Roux: On attend l'amendement.
Le Président (M. Cardinal): C'est bien difficile de
parler, au fond.
M. Laurin: M. le Président, je propose de suspendre les
articles 23 et 24.
Le Président (M. Cardinal): Vous proposez de suspendre
l'étude des nouveaux articles 23, 24 et 25?
Mme Lavoie-Roux: On est bien d'accord... M. Raynauld:
L'article 25 aussi. M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je comprends que j'ai
obtenu le consentement unanime...
Mme Lavoie-Roux: Vous ne l'avez pas demandé à
l'Union Nationale?
Une voix: Regardez à gauche, M. le Président!
Le Président (M. Cardinal): Premièrement, qui ne
dit mot consent, deuxièmement...
M. Grenier: Mme le député de L'Acadie, je vous en
suis reconnaissant...
Le Président (M. Cardinal): ...l'on sait tous que,
quiconque ne s'exprime pas, à ce moment, on doit présumer...
Mais, quand même, pour me rappeler que M. le député de
Mégantic-Compton m'a demandé d'être à gauche, du
moins dans mes regards, je le regarde et lui demande s'il consent...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il n'avait rien dit avant et on a tenu
cela pour acquis. Dites-moi merci.
M. Grenier: M. le Président, est-ce que je comprends qu'on
s'en va vers l'article 26 maintenant?
Le Président (M. Cardinal): Vous comprenez que
l'étude des nouveaux articles 23, 24 et 25 serait suspendue et que nous
arriverions, par conséquent à l'article 26, déjà
prévu dans le projet de loi...
M. Grenier: Vous ne pensez pas que ce serait mieux de suspendre
les travaux pour la soirée afin de permettre au gouvernement de
réétudier ces articles et de nous apporter les articles
définitifs?
Le Président (M. Cardinal): Non, parce que... M.
Grenier: Non.
Le Président (M. Cardinal): Nous vivons en vertu d'une
motion de l'Assemblée nationale et j'ai déjà
indiqué comme directive que nous devons travailler jusqu'à 23
heures, ce soir.
M. le député de Joliette-Montcalm, sur une question de
règlement.
M. Chevrette: Je suis surpris que le député de
Mégantic-Compton soit aussi agressif devant le fait qu'on veuille
apporter des amendements positifs, lui qui en réclame depuis le
début. Devant cet effort du gouvernement, au lieu d'être agressif,
il devrait se montrer positif.
M. Grenier: Ce ne sont pas des amendements que vous avez
là, ce sont des suspensions.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, ce n'est pas une question de règlement, c'est un
message que vous avez voulu passer.
M. Chevrette: Non, mais c'est le seul moyen de dire quelque
chose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie, sur quelle question.
Mme Lavoie-Roux: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour rassurer le député de
Joliette-Montcalm, c'est comme cela que nous avons interprété le
geste du ministre d'État au développement culturel.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Il y a deux partis
qui ont passé leur message, est-ce que le député de
Mégantic-Compton n'a rien à passer?
M. Grenier: Les miens sont pas mal tous passés.
Le Président (M. Cardinal): Bientôt, je vais
annoncer les réalisateurs de l'émission, les
collaborateurs...
Mme Lavoie-Roux: Les personnages muets, les personnages
fictifs.
M. Grenier: Si j'ai droit à mon message, ce serait
peut-être de suspendre la commission pendant la fin du discours du chef
de l'Union Nationale, qui est vraiment important, en haut actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Faites une motion, on pourra en discuter.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, nous avons quorum, même si vous vous absentez,
malgré que cela nous peinerait beaucoup.
Suspension de l'étude des articles 22a à
25
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que j'ai le
consentement de la commission, sérieusement, pour que nous suspendions
l'étude des nouveaux articles 22, 23, 24, 25 et 22a aussi, qui est
suspendu, 22a, 23, 24 25? Pour que nous soyons tous dans le cadre du mandat de
la commission, j'appelle immédiatement l'article 26.
Article 26
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel?
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): Cet article sera-t-il
adopté?
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais souligner
ici quand même des corrections ou
des modifications qui ont été apportées à
l'article 1, des modifications que je trouve positives. J'avais souligné
dès le départ que, telle que formulée dans l'article 1,
l'utilisation strictement de la langue officielle dans l'administration avait
omis de considérer qu'il était fort difficile, compte tenu que
l'administration comprend non seulement des services administratifs
d'équipement ou de comptabilité, mais également des
services pédagogiques, j'avais trouvé comme une omission
très sérieuse, dis-je, le fait qu'on n'avait rien prévu
non pas pour ces services administratifs ou d'équipement et qu'on avait
omis de mentionner des services d'enseignement.
Je pense qu'en ce qui nous touche, l'article 26 est une
amélioration très positive. Dans ce sens, nous allons voter pour
l'article 26, qui tient compte de la réalité et, je pense,
respecte vraiment une institution telle qu'on veut la respecter dans sa
culture; nous voterons donc pour cet article.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Mme le
député de L'Acadie.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je n'ai pas de remarque
particulière. Nous sommes prêts à adopter l'article 26.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: J'aimerais entendre, M. le Président, les
paroles de Mme le député dans la bouche de M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Voulez-vous me provoquer, ce soir, c'est ce que vous
essayez de faire? M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, vous allez parler sur la
motion d'adoption de l'article 26?
M. Ciaccia: Quand il n'y a pas de discussion ou quand je ne
prends pas la parole, il faut tenir pour acquis que j'appuie les remarques de
mes collègues. Est-ce que c'est assez clair?
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le député de Terrebonne trouve
que tout se passe dans un climat trop calme, j'avais pourtant tenté de
présenter cela d'une façon positive. Faut-il que je lui rappelle
que c'était une omission inexplicable de la part du gouvernement de ne
pas avoir rédigé dans la loi 1 l'article 26 tel qu'il est
maintenant rédigé.
M. Duhaime: Voyons donc!
Le Président (M. Cardinal): L'article 26 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté unanimement.
Merci. Madame, messieurs, j'appelle l'article 27.
Article 27
M. Laurin: J'en propose l'adoption.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel en propose l'adoption.
Mme Lavoie-Roux: Là, nous en sommes moins sûrs.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une minute, je n'ai pas demandé la
parole.
Le Président (M. Cardinal): Non. Qui a demandé la
parole?
Mme Lavoie-Roux: Nous allons être bons princes, M. le
Président. On me dit que l'Union Nationale a un amendement à
présenter. Nous en avions un d'ailleurs. Je ne sais pas s'il se
rapprochait... Cela me fait plaisir de céder notre droit de parole et ce
n'est pas un piège que nous lui tendons. Je ne sais comment vous appelez
cela, du fiel, du vinaigre, ou un cadeau de Grec c'est vraiment dans un
esprit de fraternité... Une voix: Et d'égalité.
Mme Lavoie-Roux: ...et d'égali... moins sûr, moins
sûr!
Une voix: De liberté.
Mme Lavoie-Roux: Je vais céder notre droit de parole. Je
me sens encore un peu culpabilisée, à cause de ce qu'il a dit
à mon égard la semaine dernière; alors, dans un esprit de
réparation, je vous cède mon droit de parole, M. le
député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, sur l'article 27.
M. Grenier: Si vous permettiez une négociation ouverte, je
demanderais au député de L'Acadie de faire son amendement
à l'article 27, et nous reviendrons, dès que nous serons
prêts, pour proposer notre amendement que nous traînons depuis
assez longtemps à l'article 24, dès que nous en entreprendrons
l'étude.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes rendus à l'article 27.
M. Duhaime: M. le Président, si les gens de l'Opposition
pouvaient s'entendre, je pense que nous pourrions peut-être
accélérer nos travaux.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je pensais qu'il avait un amendement.
M. Chevrette: Je trouve que vos négociations sont assez
ouvertes.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît. L'article 27.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas d'amendement à faire.
Nous en avons un, si vous n'en avez pas.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
M. Duhaime: Pigez dans la caisse, madame, vous en avez en
masse!
Mme Lavoie-Roux: Nous avons fait cela dans un geste de...
M. Paquette: Magnanime.
Mme Lavoie-Roux: Non, magnanime, c'est un peu fort.
M. le Président, je vais immédiatement lire l'amendement
que nous voulons proposer. "Que l'article 27 soit modifié, en ajoutant,
dans la deuxième ligne, après le mot "routière", les mots
"sauf lorsque la sécurité exige l'utilisation d'une autre
langue", et en retranchant dans la deuxième ligne, le mot
"français"." L'article amendé se lirait comme suit: "Seule la
langue officielle peut être utilisée dans la signalisation
routière, sauf lorsque la sécurité exige l'utilisation
d'une autre langue. Le texte peut être complété ou
remplacé par des symboles ou des pictogrammes".
Le Président (M. Cardinal): Je suis prêt à
entendre un représentant de chaque parti, pendant au plus cinq minutes,
sur la recevabilité. M. le député de Saint-Maurice,
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et leader parlementaire
adjoint.
M. Duhaime: M. le Président, sur la recevabilité,
il me paraît très clair que cette motion d'amendement va bien
au-delà de ce qui est permis par nos règlements, et bien
au-delà également de ce que vous avez accepté comme
recevable, comme motion d'amendement, jusqu'à présent. Il est
bien certain que cette motion d'amendement change tout le sens de l'article 27.
Je n'utiliserai pas tout mon temps de parole, je veux simplement vous dire et
vous réitérer que, à sa face même, cet amendement
est irrecevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
d'Outremont, sur la recevabilité.
M. Raynauld: M. le ministre, je ne sais pas s'il avait vraiment
terminé, mais il n'a donné aucune espèce de raison.
Le Président (M. Cardinal): II avait terminé.
M. Raynauld: II avait terminé, alors, c'est plus facile.
Je ne vois en aucune façon comment on peut avancer que cet amendement
nie la proposition principale, puisqu'il s'agit d'une restriction à
l'application du principe général de l'article 27. Nous avons
déjà, en plusieurs cas, comme à l'article 22, par exemple,
des exceptions de ce genre, sauf lorsque la santé et la
sécurité exige ceci ou cela, et quant à moi, il me
paraît vraiment évident que cet amendement est recevable.
Encore une fois, il ne nie pas. Il apporte une restriction à
l'application du principe général et c'est un amendement qui est
tout à fait dans l'ordre, à mon avis.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mégantic-Compton veut-il se prononcer sur la recevabilité?
M. Raynauld: ...le principe général. Cela ne le nie
pas.
M. Grenier: Bien sûr que la motion du député
de L'Acadie est recevable et je pense qu'elle ne contredit pas l'idée
principale de l'article que nous étudions ici et qu'elle est conforme
à l'article 70 de notre règlement, comme vous le savez.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je vais rendre ma
décision immédiatement. En commission parlementaire, on peut
amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne soit pas étranger
à l'objet du projet. Je pense que dans ce cas, il n'est pas
étranger à l'objet du projet.
Deuxièmement, en vertu de l'article 70, un amendement doit se
rapporter directement au sujet de la motion proposée. Je pense qu'il se
rapporte directement au sujet de la motion proposée, et il ne peut avoir
que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par
d'autres. La motion ajoute des mots et en retranche un autre.
Il est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale. Je ne pense pas qu'il le fasse. Et en vertu de l'article 65-1., le
but de la motion ne me paraît pas être un but dilatoire, et par
conséquent, je déclare la motion recevable.
M. Chevrette: On peut passer des remarques.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, sur la motion d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous remercie de
votre décision et vous avez eu tout à fait raison d'ajouter
qu'elle n'était pas dilatoire. Pour moi, c'est un amendement de bon
sens.
On sait fort bien qu'il peut y avoir des circonstances
particulières ou des situations ou des tra-
vaux de routes... Je regardais le député de Mercier, qui
je sais, a un faible pour les Cantons de l'Est où on retrouve des ponts
couverts sur lesquels le poids est limité. Enfin, il y a des conditions
particulières qui font que quelqu'un qui emprunte ces routes doit
vraiment être à l'abri de tout risque.
S'il n'y a pas de situation particulière qui ne l'exige, en
admettant que... Je me dis qu'un tel amendement permet de prévoir toutes
les situations, celles qui exigeraient un peu plus de renseignements pour que
le citoyen soit mieux protégé.
Et je pense que dans ce sens, la motion d'amendement
présentée ne rogne ou ne grignote pas, comme le disait si bien le
député de Mercier ce matin, le grand principe que la
signalisation routière est dans la langue officielle l'amendement
prévoit des cas, évidemment qui sont des cas d'exception et
même des cas que peut-être on ne peut pas prévoir d'une
façon immédiate.
Cette porte est ouverte et ne crée pas de problème et
c'est dans ce sens que l'amendement est fait.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. J'ai reconnu M.
le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Contrairement au député de L'Acadie,
je trouve que c'est un amendement qui n'a aucun bon sens. C'est le gros bon
sens qui nous dit que sa proposition n'a aucun bon sens.
Est-ce qu'à Saint-Léonard, il faudrait mettre des panneaux
de signalisation en italien? Est-ce que dans la colonie polonaise de Rawdon, il
faudrait mettre la signalisation routière en polonais?
Il y a des questions de signe qui se comprennent par tout être
humain normal, intelligent, qui se fie un peu à son jugement.
Pour moi, c'est vraiment dilatoire, contrairement à un des
arguments apportés par la présidence. C'est le genre de
proposition...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm.
Mme Lavoie-Roux: II vous contredit, M. le Président.
M. Ciaccia: Le député de Joliette-Montcalm me
permettrait-il une question?
Le Président (M. Cardinal): Non. Je demande à M. le
député de Joliette-Montcalm de respecter la décision de la
présidence.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Lalonde: C'est beaucoup demander.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il me permettrait une question?
M. Chevrette: Ont-ils fini?
Le Président (M. Cardinal): Un instant, laissez-le
recommencer, on verra après. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, ce genre de
résolution ou de proposition d'amendement peut amener un débat de
quelque deux heures quand on sait, au départ, le nombre de
communautés qu'on a au Québec, et on sait fort bien que c'est
impossible, que c'est impensable parce qu'il y a du va-et-vient dans certaines
communautés, parce qu'elles sont cantonnées dans un endroit bien
spécifique... Excusez si je dérange...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Justement, M. le député de Joliette-Montcalm, cette
fois-ci, vous avez raison...
M. Chevrette: Un à un, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je ne répondrai pas
parce que la présidence ne bronche jamais. Je demanderais aux autres
députés, qu'ils soient du sexe féminin ou masculin, de
s'abstenir de conversations pendant que nous entendons l'intervention
intéressante de M. le député de Joliette-Montcalm.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie?
M. Chevrette: Un instant, M. le Président, je n'ai pas
fini.
Le Président (M. Cardinal): C'est une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, alors que je n'ai rien
fait et que vous identifiez le sexe féminin, de la façon que vous
le faites, j'ai l'impression qu'il y a un peu de discrimination parce que j'ai
dix collègues masculins, aucun d'eux ne se sent visé et moi, cela
m'est fort difficile de ne pas me sentir visée par une telle
intervention.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, ceci n'est pas une question de règlement, mais une demande de
directive. Il est sûr que, quand je dis: les membres de la commission
d'un sexe ou d'un autre, je m'adresse à tous les membres de la
commission individuellement.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui sont...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, revenez au sérieux de la question.
M. Chevrette: J'avais cru qu'une question m'avait
été posée, je vais m'arrêter...
Le Président (M. Cardinal): Vous permettez une question de
M. le député de Mont-Royal?
M. Chevrette: Surtout par M. le député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, je ne lui demanderai pas, M. le
Président, pourquoi il insiste toujours pour s'asseoir de notre
côté de la table. Ce n'est pas ce que je veux lui demander.
M. Chevrette: Précisément pour ne pas vous
voir.
M. Ciaccia: M. le Président, je l'attendais...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cette fois, Mme le député de L'Acadie, je demanderai
à messieurs les membres de cette commission de manifester plus de
sérieux ce soir.
M. Chevrette: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm!
M. Chevrette: Excusez.
M. Ciaccia: Je voudrais demander au député de
Joliette-Montcalm...
Le Président (M. Cardinal): Avec sérieux
là?
M. Ciaccia: Oui, je le suis toujours d'ailleurs.
Les communautés que vous avez identifiées, savez-vous que
toutes ces communautés comprennent l'anglais?
M. Chevrette: Non, monsieur, je pourrais vous le prouver noir sur
blanc, vous irez dans la colonie polonaise de Rawdon et vous verrez que
ça prend du polonais pour y entrer. Ni l'anglais ni le français
n'y est parlé. Ce sont des rentiers, des gens d'un certain âge qui
ne connaissent ni les rudiments de la langue anglaise ni ceux de la langue
française. Durant ma campagne électorale, il a fallu que je fasse
venir un interprète pour venir à bout de parler à
quelques-uns. Donc, vous avez tort de me dire qu'ils connaissent la langue
anglaise.
M. Ciaccia: Et les communautés que vous avez
identifiées à Montréal?
M. Chevrette: Saint-Léonard, par exemple? Il y en a qui
parlent français, il y en a d'autres qui parlent anglais, donc, les deux
communautés sont tellement familières avec nos signes
réguliers de circulation routière qu'elles n'ont pas besoin de
transcription. Dans certaines municipalités, à ce que je sache,
les Italiens, les Grecs, les Chinois, les Japonais, les Polonais, se
promènent dans certaines paroisses québécoises typiquement
francophones où vous avez de la signalisation routière, à
l'intérieur de certaines municipalités, qui est uniquement
francophone et il n'y a rien qui arrive; il y a un arrêt, un symbole qui
est très représentatif et qui fait en sorte que les gens
regardent. Aux coins de rue, ici, c'est comme en France, tu sais qu'il y a une
priorité à droite; donc, tu ne t'aventures pas sans regarder des
deux côtés. Ici, au Québec, quand tu arrives à un
coin de rue, tu arrêtes parce que tu sais que c'est normal; il y a un
arrêt. Je pense que les courbes sont identifiées non pas par la
langue, mais par des signes. C'est vraiment charrier que d'arriver à
présenter un amendement ici, c'est tirer le diable à quatre
épingles, arrangez cela comme vous voudrez, faites quelque comparaison
que vous voudrez; c'est charrier au cube.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Du
côté de l'Union Nationale.
M. Grenier: Brièvement, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ...je trouve que cet amendement est des plus
sensés...
Le député Columbo peut se retirer s'il n'aime pas
siéger avec nous autres. On ne l'a pas vu et on ne s'est pas
ennuyé cet après-midi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, avec toute votre expérience...
M. Charbonneau: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! M. le député de
Mégantic-Compton, vous savez bien, avec votre expérience, qu'on
ne peut pas désigner un député par son nom.
M. Chevrette: Très bien.
M. Grenier: Je m'excuse, je ne le répéterai plus,
je ne réitérerai pas sur ce...
M. Charbonneau: Quand on me compare avec des gens intelligents,
ça ne me fait rien.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, il n'y a rien de drôle.
M. Charbonneau: Si on m'avait comparé à Bourassa,
ce n'est pas pareil.
M. Grenier: M. le Président, je pense qu'on s'attend bien
que le gouvernement trouve que cet amendement n'a pas sa place, puisqu'il ne va
pas selon l'esprit du projet de loi qu'on étudie depuis le début,
c'est-à-dire qu'on retire partout la possibilité de faire
allusion à la langue anglaise. On veut la rendre, bien sûr, au
niveau de la langue grecque et de la langue chinoise et de la langue japonaise
et de la langue polonaise je pense qu'on l'a mentionné
alors qu'ici on fait allusion au fait qu'on pourrait se servir, dans la
province, d'une langue seconde qui est la langue anglaise.
À partir de là, je pense qu'il n'y a rien de bien criant
là-dedans et que notre signalisation routière porte la
signalisation officielle en français, et qu'à l'occasion... Il y
a quand même des pictogrammes qui ne sont pas encore
développés. Il s'agit de sortir un peu de la province de
Québec pour savoir
qu'il y a encore des termes qui sont mis. Les gens qui sont avertis dans
ce secteur savent bien, non seulement dans les autres provinces du Canada, mais
dans les autres pays, qu'il y a encore des pictogrammes qui ne sont pas admis
au niveau international. À partir de là, je pense qu'on peut se
servir... J'ai l'impression "que le système du pictogramme va se
développer de plus en plus et, éventuellement, on ne fera appel
qu'à des pictogrammes dans la signalisation routière, mais, en
attendant, il n'y a pas de scandale. Je sais que le gouvernement est aux prises
avec son mot "stop". Il ne saura pas comment s'en sortir tout à l'heure.
C'est une grosse chicane ici dans le moment.
M. Duhaime: C'est français.
M. Grenier: Quand on sait que ce mot "stop" au Québec a
été barbouillé pendant une dizaine d'années... On
ne saura pas comment s'en sortir puisqu'en France, cela fait longtemps qu'on
l'a accepté. Ici, on sera obligé de mettre un...
M. Godin: Est-ce que c'est vous? M. le député de
Mégantic-Compton, est-ce que le mot "on" exclut la personne qui parle
quand vous dites: On barbouillait les affiches?
M. Grenier: II l'exclut toujours dans mon langage à moi.
Je ne me suis jamais mêlé de barbouiller le mot "stop" puisque
j'ai toujours pensé que c'était d'un ridicule consommé ce
que les gens faisaient. Cela ne m'a jamais scandalisé, parce qu'il faut
aller en France pour savoir qu'on l'utilise tant qu'on veut. Cela a l'air que
le gouvernement a arrêté cette règle-là à
savoir si on l'utilise ou pas, on va essayer de trouver un pictogramme.
Cela ne me scandalise pas d'arriver à un coin de rue et de voir
le mot "arrêt" et de voir le mot "stop". Cela ne me scandalise pas de le
voir à Paris non plus. Cela ne me scandalise pas de le voir dans les
autres provinces, où on s'en sert.
Je ne comprends vraiment pas et je trouve étrange qu'il y a des
gens quand même au gouvernement qui s'acharnent à dire que c'est
le français et que le reste doit être des symboles, quand on ne
peut pas prendre de pictogrammes, qu'on se serve de symboles et qu'on ne
veuille pas se servir de la deuxième langue ici.
Si on voulait accepter une fois pour toute qu'encore là, il n'y a
rien qui fera mal à personne et que c'est une sécurité
à se donner, il y a un très grand nombre de nos gens... Bien
sûr qu'il y a un exemple à donner au député de
Joliette-Montcalm, peut-être un exemple de personnes qui ne saisiront pas
le mot ou anglais ou français. Mon Dieu, je ne suis pas un
spécialiste en espagnol, et je vais dans les aérogares où
je comprends quand même, parce que c'est toujours accolé à
un autre mot, c'est ou bien le français, on le saisit quand même,
l'un ou l'autre.
Il n'y a pas beaucoup de citoyens au Québec qui seraient
embarrassés par une signalisation en anglais ou en français.
C'est à cela qu'on fait allusion. Je me demande pourquoi, M. le
Président, faire une chicane et vouloir à tout prix... On sait
que tout à l'heure on aura de la misère à régler le
mot "stop" dans le Parti québécois, mais ce n'est quand
même pas une chicane... Ah oui! c'est bien plus profond qu'on pense et
vous êtes au courant à part cela, quand on aura à le
régler tout à l'heure, est-ce qu'on dira "oui" ou est-ce qu'on
dira "non" au mot "stop"? Il y aura une grosse chicane chez vous. Je n'ai pas
besoin d'assister à vos caucus pour le savoir.
M. Godin: II va y avoir des démissions
peut-être.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Grenier: M. le Président, je voudrais bien qu'on
s'entende une fois pour toutes et qu'on arrête de se faire peur, de se
faire peur avec des riens, la peur d'avoir peur. Ce sont des termes...
M. Charbonneau: Vous avez donc peur de vivre dans une
société française?
M. Grenier: Pardon?
M. Charbonneau: Vous avec donc bien peur de vivre dans une
société française!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Grenier: Je n'ai pas peur, il intervient à propos de
tout et de rien.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je le laisse toujours faire, comme s'il disait des
propos toujours corrects, quand il parle.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton. Je viens de rappeler le député de
Verchères à l'ordre! Je vous prierais de continuer, avec tout le
calme qui vous caractérise.
M. Grenier: J'ai bien l'impression que vous allez être
obligé de vous reprendre au cours de la veillée. Je voudrais bien
qu'on comprenne cela. Cela ne sert à rien. Il y a des gens
là-dedans qui ne le comprendront pas. Heureusement, qu'il y en a de ce
côté, en face de nous, qui comprennent cela et qui savent bien...
Je voudrais bien que, dans ce parti, on arrête d'avoir peur de ces
termes. Cela n'inquiète personne, surtout que ce n'est pas cela qui va
changer notre visage. On le veut, tout le monde est d'accord là-dessus.
On l'a démontré. Je vais continuer, si cela ne vous
dérange pas.
M. Charbonneau: ...mon collègue. Une voix: Ces
sacrés curés!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton, cela ne
dérange peut-être pas les autres, mais cela dérange
ma conscience vis-à-vis des articles 26 et 100, que je dois invoquer si
fréquemment. M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je pense que la motion est
là. Qu'on tombe dessus à bras raccourcis, qu'on soulève
des arguments, j'accepte cela, mais qu'on tombe sur une motion à bras
raccourcis comme on vient de le voir ici, et dire: C'est le bon sens qui dit
que cela n'a pas de bon sens, en voilà une histoire! Le bons sens dit
justement que cela a du bon sens. Je ne vois pas pourquoi on se lancerait en
l'air de même pour venir dire que cela n'a pas de bon sens du tout. On
grossit les faits, alors que, bien sûr, cela mérite d'être
étudié, une motion comme cela. Bien sûr que je vais appuyer
une motion comme cela, parce que, justement, cela a du bon sens. Comme on l'a
dit ce matin, quand je répondais au député de Mercier, on
ne veut pas être un torrent et tout régler dans l'espace de cinq
ans. On va y aller par étapes. Cela va entrer dans l'esprit des gens. Le
système du pictogramme va se développer au Québec comme
ailleurs. Dans cinq ans, au maximum dix ans, on n'en aura plus, vous le savez
mieux que moi. On va avoir changé tout ce système dans dix ans.
Pourquoi aller faire une chicane? Pourquoi aigrir les gens contre un
système qu'on apporte, qui ne change absolument rien au fait
français...
M. Godin: 33!
M. Grenier: Ah oui! Ils sont venus régler un cas à
Saint-Léonard, ils l'ont mal réglé. Je n'étais pas
pour cela et vous le savez, à part de cela. M. le Président, je
voudrais qu'on apporte des arguments bien positifs à un amendement
apporté comme ici, qui est sérieux, et qu'on tente de
ridiculiser. Qu'on le dise sérieusement, ce qu'on a contre cela, et
ensuite, on le mettra aux voix. Ce n'est pas sûr qu'on va gagner, mais on
le mettra aux voix. On aura laissé porter les arguments. Ce que je
n'aime pas à cette table, c'est qu'il se trouve toujours une couple de
députés du côté du gouvernement, et quand il arrive
un amendement ne vous en faites pas, ce ne sera pas gênant, on va
en apporter, on en a d'autres à apporter tout à l'heure, des
arguments de bon sens qu'on a encore je vois le député de
Deux-Montagnes qui lève la main pour demander... Il apporte des
arguments et c'est agréable de discuter avec le député de
Deux-Montagnes. Le député de Mercier apporte des arguments et
c'est agréable de jaser avec ces gens, c'est valable.
Pourquoi se trouve-t-il toujours des gens autour de la table qui
viennent nous crier des bêtises quand on apporte un amendement qui
correspond à la réalité québécoise? On n'est
pas en France ici. On est au Québec. On a une minorité anglophone
importante au Québec. On travaille avec elle. On essaie d'apporter
quelque chose qui correspond à notre réalité
québécoise. Je n'ai envie de copier personne. Je n'aime pas plus
les Anglais que je n'aime les Français. Ce que je veux, c'est
être
Québécois. À partir de là, je voudrais bien
qu'on s'acclimate à notre province, que certains appellent notre pays.
Je voudrais bien qu'on s'acclimate à cela, qu'on finisse par y penser,
qu'on arrive avec des solutions qui vont correspondre à notre
réalité et qu'on arrête de s'inquiéter et de
s'énerver avec des amendements comme on apporte, qui sont des plus
sensés. Qu'on discute sérieusement à cette table avec des
arguments qui sont valables, mais pas uniquement en interrompant les gens qui
s'efforcent d'apporter des amendements qui sont sérieux. C'est possible
qu'il y en aient qui le soient moins. Un amendement comme cela, je pense qu'il
est sérieux. Il serait peut-être bon qu'on prenne quelques minutes
pour y penser avant de dire que cela n'a pas de bon sens du tout.
Personnellement, j'aurai peut-être l'occasion de revenir sur cet
amendement, mais je ne me gênerai pas du tout de voter en faveur d'un
amendement de ce genre, parce qu'il correspond réellement à notre
communauté québécoise.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. Comme nous n'avons pas de
pictogramme pour suivre notre route à la commission, j'indique
dès maintenant la voie que nous allons suivre. M. le
député de Mont-Royal, M. le député de
Saint-Maurice, M. le député de Mercier. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, franchement, nous sommes
vraiment arrivés à un point un peu ridicule, quand il faut
prendre le temps de la commission pour essayer de convaincre les
ministériels qu'on peut avoir la signalisation dans une autre langue que
le français. C'est une situation pitoyable.
Il faut vous apporter des arguments pour ça. On peut vous donner
une série d'arguments.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! S'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Mais la situation est bizarre. Une voix: On le
sait!
M. Ciaccia: On pourrait commencer à vous dire: Regardez
combien ça va coûter pour changer les signaux existants, mais ce
n'est même pas là le problème. Si c'était seulement
une question d'argent, si c'était un principe important,
l'économique pourrait peut-être devenir secondaire, avec les
montants qui sont impliqués. Mais il me semble, M. le Président,
que l'article 27, tel que rédigé par le gouvernement... Qu'est-ce
qu'on peut dire là-dedans? C'est le comble des complexes. Quand
quelqu'un a vraiment un complexe, il rédige un article comme l'article
27. On ne peut pas avoir une enseigne, une signalisation dans une autre
langue
pour des raisons de sécurité, quand il y a un million de
personnes, 20% de la population... Et même si les 20% n'étaient
pas là... Savez-vous? Je vais faire une suggestion au gouvernement. On
va oublier l'anglais. C'est vrai, les Anglais, ils ont été de
gros méchants, et il ne faut pas avoir le mot anglais...
M. Godin: C'est vous qui le dites; ce n'est pas nous.
M. Ciaccia: Non, je vais essayer de résoudre vos
problèmes et vos complexes.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Godin: M. O'Gallagher, est-ce que c'est vrai?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier!
M. Ciaccia: Alors, on va enlever ces mots-là, mais,
puisqu'il y a 220 millions d'Américains au sud de nous, on va utiliser
la langue américaine. Est-ce que c'est mieux, ça, M. le
Président? Là, on va tout perdre et on aura chassé les
Anglais du pays, mais les Américains ne nous ont jamais rien fait de
mal. On peut avoir des enseignes américaines, et parce que les
Américains viennent ici de New York, de tous les autres États,
pour le bien de l'industrie touristique, il y aura des enseignes
américaines. Que voulez-vous qu'on dise de plus là-dessus? On ne
peut pas dire plus que ça. Ce n'est pas la question de pictogrammes et
tout le reste, voyons! C'est quasiment ridicule d'être obligé de
faire perdre le temps de la commission à parler sur un tel article!
Si le gouvernement s'en tient à cet article et n'accepte pas
cette recommandation, cet amendement qui est tellement, je dirais,
décent et pratique un amendement pratique, ce n'est même
pas au niveau d'une communauté ou d'une autre si le gouvernement
ne peut pas accepter, M. le Président, c'est un gouvernement dans lequel
il faut perdre tout espoir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice et ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: M. le Président, si le député de
Mont-Royal trouve que l'article 27, tel que proposé, est ridicule, dans
son analyse, il est en train de nous dire que chacun des États
américains est aussi couvert de ridicule, parce que je n'ai jamais vu
une signalisation routière dans une autre langue que l'anglais.
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas allé à New York?
M. Lalonde: C'est en français dans le Maine...
Mme Lavoie-Roux: Dans le Maine, dans le New Hampshire et dans le
Vermont.
M. Ciaccia: Dans le Maine? Au moins, dites la
vérité.
M. Duhaime: Au Nouveau-Brunswick, à
l'Île-du-Prince-Édouard.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: Le "Quenn Elizabeth Highway", all the way through.
"English" tout le long.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Mme
Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: En France, M. le Président, on affiche en
français. En Italie, on affiche en italien. En Belgique, quand vous
êtes en Wallonie, vous voyez les indications routières en
français et, quand vous arrivez dans les Flandres, vous avez une
signalisation routière en flamand. C'est parfaitement normal.
Mme Lavoie-Roux: ...normal. M. Duhaime: Normal, bien
sûr. Mme Lavoie-Roux: C'est très normal.
M. Duhaime: II faut lire l'article 27 dans son entier. La
signalisation routière...
M. Ciaccia: ...aussi.
M. Duhaime: ...de plus en plus, et même si le
député de Mégantic-Compton confond les aérogares
avec la signalisation routière, ça, c'est une autre
question...
M. Grenier: ...
M. Duhaime: ...de plus en plus, les pictogrammes et les signaux
routiers revêtent des caractères que tout le monde comprend, et je
pense que, sur le plan du tourisme, par exemple, pour nous, au Québec,
ce qu'il faut offir comme pays, comme paysage, c'est en quelque sorte un
dépaysement et une différence.
Ce qu'il faut que l'on fasse, c'est affirmer le caractère
français du Québec partout, de sorte qu'un Américain, qui
va venir en voyage au Québec avec sa famille, cela ne lui prendra pas
une heure, lorsqu'il aura vu, de façon répétée, les
mêmes mots, les mêmes signaux et les mêmes pictogrammes, il
va faire exactement comme nous lorsqu'on est en Italie, en Allemagne ou dans
n'importe quel autre pays, dans une langue avec laquelle on n'est pas tellement
familier, on apprend très rapidement.
Sur le plan de la culture, si les visiteurs étrangers, de langue
anglaise ou de toute autre langue,
ne retenaient que ces quelques mots de français pendant leur
séjour au Québec, ce serait déjà beaucoup. J'ai
hâte de voir disparaître du Québec le genre d'affiches comme
"slippery when wet", qui m'apparaît absolument absurde, ou encore le
"yield" qu'on voit partout.
Je pense que ce genre d'expressions sera remplacé par des
signaux. Qu'on les mette en français et je vous assure que le visage
français du Québec va en bénéficier. Je ne vois en
aucune façon...
Je suis convaincu que tous ceux qui sont autour de la table ont
vécu des expériences, que ce soit au Japon ou dans n'importe quel
pays du monde, il est très rare, extrêmement rare, de rencontrer
une signalisation routière bilingue ou trilingue.
C'est pour cela que l'article 27 dit que la signalisation sera en
français et qu'elle pourra être complétée ou
remplacée par des symboles ou pictogrammes. Je pense qu'il n'y a pas
lieu de retenir cette motion d'amendement qui introduit un
élément de sécurité au mauvais endroit. À ce
compte-là, il faudrait introduire des affiches bilingues, trilingues, et
même en quatre ou cinq langues, à peu près dans tous les
pays du monde. C'est cela qui serait ridicule, M. le député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je reviens aux ponts couverts mentionnés par ma
collègue de L'Acadie. En principe, on met un maximum de tant de livres
en utilisant un mot latin. Donc, il n'y a pas de problème quant au
bilinguisme.
D'autre part, je dois dire que la signalisation routière
comporte, dans une proportion de 98%, des noms de lieux. Il y a
l'Anse-aux-Fraises, par exemple, qui est difficilement traduisible en anglais
"strawberry", je ne sais quoi. Il y a même une baie des Anglais,
pas loin d'ici comme quoi on n'en veut pas aux Anglais du tout
M. Ciaccia: C'est évident, vous allez tous les jeter
dedans quand vous aurez passé votre projet de loi.
M. Godin: D'autre part M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît la signalisation routière a
également, à mon avis, une fonction pédagogique. Je me
souviens, par exemple, que dans les tunnels, auparavant, on indiquait "hauteur
libre", ce qui était une aberration linguistique. On l'a remplacé
par gabarit. Maintenant les Québécois, grâce à cela,
savent un mot de plus. Sur les autoroutes, on met...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Godin: Le gabarit, c'est la dimension de votre Cadillac.
M. de Bellefeuille: Revenez d'Ottawa, batêche!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Je vous en
prie.
M. Godin: C'est un mot d'origine italienne ou romaine. J'ai
hâte qu'aux péages d'autoroute on mette enfin, au lieu de "monnaie
exacte" qui est un anglicisme horrible, "l'appoint". Je suis sûr que
l'automobiliste, qui ne passera pas dans la bonne ligne quand il n'aura pas
l'appoint, c'est-à-dire les $0.30 ou $0.25, va apprendre très
rapidement ce que l'appoint veut dire. C'est dans ce sens que cela aura un
effet pédagogique. Cela s'appliquera aux touristes aussi bien qu'aux
Québécois, aussi bien qu'à nos amis d'en face qui
apprendront quel est le mot français précis pour désigner
une réalité précise. Comme il n'y a à peu
près que 3% ou 4% de mots susceptibles d'être traduits, je ne
pense pas que cela soit la cause des catastrophes routières que se
plaisent à nous décrire nos amis d'en face,
éventuellement, si jamais on décidait de mettre gabarit au lieu
de "hauteur libre" ou "free height", ou l'appoint au lieu de "exact money". Je
ne pense pas que cela cause beaucoup d'accidents.
Pour cette raison, je serai contre l'amendement de ma collègue de
L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez chacun votre tour. Dois-je revenir à mon sermon
sur la patience?
Mme Lavoie-Roux: C'était votre sermon sur la montagne.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je serai bref.
M. Lalonde: Promises, promises.
M. Raynauld: Je suis toujours bref.
M. Duhaime: Parlez donc en pictogrammes, cela va aller bien plus
vite.
M. Raynauld: Ce que je voudrais faire ressortir ici, c'est que,
premièrement, lorsqu'on dit: Sauf lorsque la sécurité
exige l'utilisation d'une autre langue, on n'impose pas l'anglais dans la
signalisation routière. On ne parle pas, on ne veut pas imposer le
bilinguisme à travers toute la province de Québec. On laisse cela
au jugement de ceux qui vont appliquer la loi. S'il y a des cas où la
sécurité pourrait exiger l'utilisation d'une autre langue, on
voudrait que ce soit permis dans la loi. Ce n'est que cela que demande
l'amendement. Ce n'est pas une histoire où on va être
obligé d'invoquer des arguments bien fondamentaux. On veut laisser cette
possibilité et si, à l'expérience, on s'aperçoit
que la sécurité n'exige pas l'utilisation
d'une autre langue, l'amendement sera inopérant. Ce n'est pas
dangereux cela. Ensuite, on aime bien, du côté ministériel
être cohérent. Il faudrait peut-être qu'il soit
cohérent avec l'article 22, dans l'affichage. On l'a mis là dans
l'affichage, "sauf lorsque la santé et la sécurité
publique exigent aussi l'utilisation d'une autre langue". Cela est un article
de cohérence. Si c'est bon pour l'affichage, peut-être que ce
serait bon aussi pour la sécurité publique dans les rues et pour
la signalisation routière.
Je voulais simplement faire ressortir cela. Là-encore, on a
toujours tendance à donner un sens tellement étendu à un
amendement, ce sont souvent des amendements secondaires, qu'on en vient
à nous accuser de vouloir tout changer ou de tout bilinguiser ou d'avoir
vraiment des attitudes réactionnaires lorsque, dans le fond, on demande
une chose de simple bon sens, je pense.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, d'abord j'aimerais remercier le
député d'Outremont d'avoir été un des premiers ou
le premier, en l'occurence, je crois, à parler sur l'amendement parce
qu'on assiste souvent, justement, ici à cette table...
M. Grenier: Je réserve tous mes efforts pour le
député de Mercier...
M. Fallu: Vos collègues ne l'exigent pas de vous.
Merci.
Mme Lavoie-Roux: Vous parlez pour vos collègues du
gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: C'est très souvent à partir d'actions ou
de prémisses qu'on finit par bâtir un roman-fleuve qui aboutit
à la cassette numéro je ne sais trop quoi, en tous cas, il y a
des aiguilles qui commencent à s'user.
À propos de l'amendement, M. le Président, le noeud du
problème est la sécurité. Or, puisqu'on a proposé
un article qui n'en tient pas compte, il ne s'agit même pas de
cohérence entre articles, il faudrait justement qu'on justifie pourquoi
on n'a pas fait cette exception, on n'a pas inscrit ce "sauf" en l'occurence.
Il faut tenir compte d'abord d'une première réalité, les
approches linguistiques. On sait entre autres que les graphies ou le
système alphabétique étant très près, ici au
Québec, entre l'anglais et le français, ce sont des langues qu'on
pourrait dire à la limite presque indoeuropéennes, le même
alphabet romain nous permet de comprendre, de pouvoir lire, notamment,
facilement l'autre langue. Et d'un. De deux, on sait que la colonisation
française de l'Angleterre pendant quelques siècles a
profondément marqué la langue anglaise au point que près
de la moitié de l'anglais est du français, de telle sorte que des
mots comme "danger" et "danger" s'écrivent exactement de la même
façon, sans exception même d'un accent.
J'ajouterai également qu'au Québec, il y a de nombreux
précédents qui font que la signalisation s'en va vers l'usage
international, à savoir le pictogramme. Je crois que c'est une chance
à peu près inespérée qu'on a de prendre
collectivement une décision dans ce domaine, d'arriver à un
système cohérent pour une fois au Québec et qui soit
à l'image d'un peuple moderne.
J'ajoute également qu'il existe de nombreux
précédents au Québec dans le domaine de la signalisation
routière unilingue. Le ton a été donné depuis
déjà plusieurs années. Ne pensons qu'à l'autoroute
40, dit boulevard Métropolitain, à Montréal et, que je
sache, la vitesse, les excès de vitesse sont plus responsables des
accidents que la signalisation routière.
Enfin, j'ajouterai que, pour ce qui a trait à la
sécurité, c'est beaucoup moins, dans la signalisation je
m'excuse de jouer un peu à l'expert le texte qui est important
que le nombre de signalisations. Le nombre de barils jaunes et le nombre de
flèches sont beaucoup plus importants que le nombre de mots.
Là-dessus, je n'ai aucune hésitation à voter ce soir pour
qu'on uniformise la signalisation routière au Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Terrebonne. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais, en toute
simplicité, une fois de plus, laisser parler Montesquieu dans...
M. Ciaccia: On va avoir du "fun" avec lui.
M. de Bellefeuille: ..."L'Esprit des lois"; "Lorsque, dans une
loi, les exceptions, limitations, modifications ne sont point
nécessaires, il vaut beaucoup mieux n'en point mettre. De pareils
détails jettent dans de nouveaux détails".
J'estime qu'il y a là, dans cette pensée de Montesquieu,
beaucoup de sagesse. J'estime qu'il faudrait quand même se faire
collectivement confiance, se rendre compte que le gouvernement, malgré
ce que certains en disent, cherche à gouverner le mieux possible. On va
peut-être se rendre compte qu'à certains points routiers, par
exemple, à la frontière, cela serait un usage à conseiller
que de remettre à des touristes venant de l'extérieur du
Québec un feuillet expliquant le sens des pictogrammes. On pourrait
même voir le gouvernement poser un geste qui serait peut-être
marginal quant à la loi. Il pourrait mettre à la frontière
elle-même une enseigne qui dirait aux Américains en
américain: Vous êtes les bienvenus ici au Québec. On dirait
cela en américain, et même en anglais, mais cela serait des
exceptions.
Ces exceptions... Je pense qu'il faut se faire confiance. On n'a pas
besoin d'inclure cela dans la loi. Il faut que la loi indique les grandes
lignes de ce que sera le système de signalisation. Cela me paraît
absolument suffisant. Comme dit Montesquieu, de pareils détails jettent
dans de nou-
veaux détails. Si on introduit cette question de
sécurité, je dirais plutôt que c'est une question de
courtoisie, comme je viens de l'indiquer, à l'égard des
étrangers qui arrivent chez nous. Il y a peut-être certaines
mesures que la courtoisie encouragerait ou exigerait. Je pense qu'il faut se
faire confiance...
M. Laurin: ...avec l'article 15.
M. de Bellefeuille: Bon. C'est de toute façon permis
merci, M. le ministre grâce à l'article 15.
Je pense qu'il ne faut pas s'enferrer dans de tels détails. Il
faut rester avec l'esprit général de la chose. Pour cette raison,
je vais voter contre l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Deux-Montagnes. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je ne veux pas répéter les
arguments de mes collègues. La seule chose que je voudrais demander au
ministre je pense qu'on peut poser des questions au ministre dans une
commission parlementaire c'est: Suite à l'argumentation du
député d'Outremont qui, à mon sens, est la seule
argumentation qui puisse, éventuellement, nous faire changer
d'idée...
M. le ministre a-t-il, dans la préparation de la loi,
consulté son collègue des Transports pour savoir si, dans les
statistiques d'accidents au Québec depuis les dernières
années, il a décelé des indices pouvant nous amener
à changer d'idée à ce sujet ou, si au contraire, les
indices indiquent qu'il n'y a pas de problème à faire en sorte
que la signalisation au Québec soit francophone, unilin-gue
française?
M. Laurin: Je pense que ce n'est même pas
nécessaire, M. le Président, de consulter le ministre des
Transports pour savoir s'il y a eu une augmentation des accidents parce que la
signalisation routière est en français, parce que,
déjà, elle est à 90% française au Québec,
parce que, déjà, la plupart des mots sont remplacés par
des symboles et des pictogrammes, parce que la comparaison qui peut être
faite avec d'autres pays montre que, pour ne pas comprendre les mots ou les
signaux nécessaires, il faudrait vraiment avoir un quotient intellectuel
de 50 ou de 60 et ce n'est pas la caractéristique majeure des citoyens.
Je pense qu'il y a seulement 10% des citoyens qui sont en dessous de 60 comme
quotient intellectuel.
Donc, en l'occurrence, c'est un argument qui ne me semble pas justifier
toutes ces consultations.
M. Charbonneau: À ce sujet-là... Écoutez! Si
le député d'Outremont veut poser une question additionnelle, du
moment que je pourrai continuer...
M. Raynauld: Si le ministre veut bien répondre à la
question que je vais lui poser. Signalisation routière, est-ce que
ça comprend les routes qui ne sont pas les routes auxquelles tout le
monde pense? Par exemple, des routes qui conduisent à certains endroits
tout à fait spéciaux, pour la construction, les mines... Est-ce
que ça comprend aussi, par exemple, les aéroports, à
supposer que certains aéroports soient québécois? Ils vont
tous le devenir, sans doute... Oui, alors, est-ce que, par signalisation
routière, on entend aussi tous ces cas spéciaux? Est-ce qu'on les
a eus à l'esprit? Moi, je ne pense pas tellement à la route 40 ou
à la route 20, mais je pense qu'il pourrait peut-être y avoir des
cas spéciaux de signalisation routière où la question de
sécurité pourrait se poser. Je pense à des routes de
construction, d'accès aux forêts, aux mines, ou je ne sais quoi,
mais des cas spéciaux. Est-ce que la signalisation routière
couvre tout ça ou, s'il se posait un cas comme ça, ne pourrait-on
pas invoquer que la route n'est pas entièrement publique, qu'il y a des
cas spéciaux et, à ce moment-là, que l'article ne
s'appliquerait pas?
M. Laurin: Oui, on y a pensé, M. le Président, et
je vais répondre au député d'Outremont par un exemple
concret. Lorsque je me promenais en Italie, il m'arrivait parfois, sur des
routes vicinales, de me heurter à des panneaux où c'était
marqué "lavori in corso". Je me suis demandé...
Mme Lavoie-Roux: Travaux en cours...
M. Laurin: ...à peu près durant dix ou quinze
minutes ce que ça pouvait bien vouloir dire et, après très
peu de temps, j'ai découvert ce que ça voulait dire, ne serait-ce
qu'en continuant quelques mètres, pour me rendre compte que "lavori in
corso", c'étaient probablement des travaux.
La plupart du temps, lorsqu'on parle de signalisation, on a affaire,
justement, à des notions très simples comme celles-là et
les autres sens viennent à la rescousse du sens de la vue, je crois,
pour renseigner l'automobiliste, et j'ai donc l'impression qu'à partir
de ces minimes exceptions, qui peuvent être résolues à la
manière de rébus assez faciles, on ne peut pas
légiférer d'une façon générale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je ne voudrais pas
revenir sur les propos du député de Mont-Royal, qui a
tenté de nous ridiculiser, de ridiculiser la volonté du
gouvernement de franciser cette société. Je voudrais plutôt
revenir sur les propos du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, parce qu'on nous sert souvent l'argument économique, ici,
devant cette commission et ailleurs, depuis le 15 novembre. C'est pour indiquer
que, dans la vallée du Richelieu, où on a un potentiel
touristique énorme, on s'est rendu
compte et on se rend compte quotidiennement que si on avait une
différence marquée à offrir, si on avait vraiment quelque
chose d'intéressant à offrir, on aurait encore un meilleur
potentiel touristique et, finalement, en termes économiques, on aurait
des retombées beaucoup plus importantes.
Je pense que, tant dans le domaine de la signalisation que dans d'autres
domaines, lorsque des touristes américains, ontariens ou des Maritimes
viennent au Québec, pensant découvrir une société
française et se rendant compte qu'on se casse en quatre et en dix et en
mille pour les servir en anglais, ils sont déçus.
Je pense qu'une des premières impressions que les gens de
l'étranger ont dans un autre pays, dans une autre province, dans une
autre société, c'est justement l'image extérieure que
cette société donne. La signalisation, c'est un des
éléments importants de l'image visuelle qu'on donne aux
étrangers qui arrivent chez nous. Personnellement, lorsque j'arrive de
l'autoroute 40 de l'ouest vers l'est, je me demande si je suis à Toronto
ou à Montréal. Lorsque je regarde les enseignes commerciales
anglaises, je suis suffisamment révolté pour faire en sorte et
pour exiger que, dorénavant, chez nous, la signalisation soit en
français et que je me sente chez nous quand j'arrive dans mon propre
patelin. C'est la volonté des gens que je représente. Ces gens,
indépendamment de leur opinion politique sur l'avenir des structures
politiques de ce pays, veulent une chose, c'est de vivre en français au
Québec et de cesser de se sentir humiliés, étrangers dans
leur propre pays, notamment parce que, visuellement, à chaque jour, ils
sont agressés par une signalisation ou par des enseignes commerciales
anglophones.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, j'ai fait plusieurs milliers
de kilomètres en Espagne...
M. Lalonde: C'est du "filibuste", cela!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dussault: ...en automobile. J'espère qu'à la
longue, l'Opposition va se rendre compte que c'est assez incroyable que l'on
doive s'expliquer si longtemps pour lui faire comprendre que ce n'est pas
indispensable les enseignes bilingues au Québec pour la circulation
routière. En Espagne, comme je le disais, j'ai fait des milliers de
kilomètres en automobile et je n'ai jamais vu d'affiches bilingues.
Une voix: Chacun raconte sa vie.
M. Dussault: Pourtant, quand je suis sorti de l'Espagne, je
connaissais tout l'affichage espagnol. Cela ne m'a pas pris de temps à
le comprendre, parce que je pense qu'un humain, le moindrement doué,
peut, après avoir vu une situation une deuxième fois, ou un
symbole dans une situa- tion donnée, l'interpréter; et encore
plus, évidemment, après une troisième fois. Je pense que
les anglophones du Québec sont aussi doués que je ne pouvais
l'être quand j'ai fait le tour de l'Espagne en automobile, et qu'ils
seront aussi capables d'interpréter les signes parce que les mots
sont des signes qu'on utilisera dans notre affichage routier. Je suis
allé à Vancouver et je n'ai vu nulle part là-bas,
malgré qu'il y ait passablement de Canadiens français,
d'affichage bilingue. La transcanadienne qui mène en Ontario, a
été, je ne sais pas si elle l'est encore, mais je sais qu'elle
l'a été longtemps, elle l'est probablement encore, d'ailleurs,
unilingue française. À ma connaissance, on n'a jamais entendu
parler qu'un Ontarien n'avait pas réussi à s'en retourner chez
lui, parce que l'affichage était unilingue français sur
l'autoroute en question. On a vu très longtemps sur les
commutateurs...
Une voix: Ils ont beaucoup d'accidents, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de Mont-Royal.
M. Dussault: On a vu très longtemps sur les commutateurs
les mots "out" et "on". Je pense qu'au bout d'un certain temps, "off" et
"on"... Vous voyez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Terrebonne.
M. Dussault: Vous voyez comme je n'y attache plus tellement
d'importance, mais cela a pris quand même un certain temps avant qu'on en
arrive à croire qu'on pouvait voir si les lumières étaient
allumées ou pas, sans avoir nécessairement ces mots écrits
sur le commutateur. Tout cela pour dire qu'à un moment donné, les
symboles, cela finit par être de petits problèmes, même si
l'Opposition essaie de nous en faire un gros.
M. Ciaccia: On n'a pas demandé les lumières rouges
bilingues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que les membres de la commission sont disposés à voter sur
l'amendement? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je m'en voudrais de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas ajusté sa voix.
M. Lalonde: Je m'en voudrais de ne pas ajouter ma voix à
ceux et celles qui appuient l'amendement, étant donné
qu'autrement, on sera en minorité, ce qu'on est
généralement dans le vote, mais pas dans les interventions. Toute
l'avant-garde du gouvernement a fait des interventions en faveur de
cet article, ce qui me porte à penser que l'article doit contenir
des faiblesses, puisque les gros canons ont tonné, sauf peut-être
le député de Rosemont et j'ai pour lui une certaine
faiblesse intellectuelle, un certain préjugé favorable, comme le
ministre me souffle et son silence m'inquiète, M. le Président.
Au fond...
M. Charbonneau: II a gardé sa balle pour la fin.
M. Lalonde: ...très sérieusement, je pense que
l'amendement ne veut couvrir que la très petite exception ou la
très grande exception, parce que, quand il s'agit de
sécurité, il s'agit quand même de faire en sorte que des
gens, des individus, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs, ne soient pas pris par
surprise par une signalisation qu'ils ne comprennent pas. Oui, le ministre a
raison, quand il dit que 90% de la signalisation routière est en
français et, dans des milieux qu'on pourrait considérer, d'autre
part, anglophones, Montréal, par exemple.
Là-dessus, je pense oui, Montréal qu'on doit
rendre un hommage certain à des gens qui nous ont
précédés, non seulement ici à ce gouvernement,
à cette Assemblée, mais aussi à l'administration
municipale de Montréal. Sans tambour, ni trompette, sans grande
législation, simplement par conscience sociale évidente, ils ont
fait en sorte que notre identité, qui est majoritairement francophone au
Québec, se reflète sur des panneaux que tous voient et
comprennent, dans la très grande majorité.
Naturellement, je ne vous raconterai pas l'histoire de cet
Américain qui s'en venait à Montréal et...
M. Duhaime: Racontez...
M. Lalonde: ...et qui cherchait à aller "downtown" et qui,
voyant l'inscription, "centre-ville" s'est aperçu qu'il ne s'en allait
pas à "centre-ville". Il s'est alors retrouvé au bout de
l'île, M. le Président. Il n'y a pas de question de
sécurité là, sauf une question de perte de temps un peu.
Mais j'imagine qu'après un certain temps, il aura fait comme nos grands
voyageurs d'en face, soit l'Italie ou l'Espagne, et se sera habitué
à l'inscription "centre-ville" pour "downtown".
Naturellement, M. le Président je ne veux pas prendre le
droit d'auteur de cette remarque qui m'a été soufflée d'en
face lorsqu'on a vu, à quelques reprises, une inscription
routière, on peut la comprendre, mais si cette inscription est, pour un
anglophone, le mot "précipice", c'est peut-être la dernière
fois qu'on la voit.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ...je pense que le député de Rosemont a
invoqué l'article 96.
M. Paquette: ...le député de Marguerite-Bourgeoys
m'a reproché de ne pas parler tantôt, mais, étant
donné que je suis...
Mme Lavoie-Roux: On l'a.
M. Paquette: ...de ce...
Mme Lavoie-Roux: Ce mot d'esprit.
M. Paquette: ...mot d'esprit, j'aimerais lui dire pourquoi je
suis contre l'amendement, c'est qu'étant donné les infractions
que la Gazette prête au ministre dans le journal d'aujourd'hui en le
comparant à Idi Amine Dada, je tiens à souligner qu'on pourrait
mettre des inscriptions anglaises qui ne favoriseraient pas
nécessairement la minorité anglophone.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'était pas
l'article 96, comme vous l'avez remarqué, mais je voulais quand
même laisser à l'auteur tous ses droits. C'est très gai,
très drôle, quand on parle de précipice ici, M. le
Président, mais il reste qu'il peut demeurer, il peut y avoir
l'exception que, je pense, le député des Deux-Montagnes a
soulevée, lorsqu'il a suggéré qu'il y aurait
peut-être lieu, à l'entrée de la province... Il a
parlé de frontière, il était peut-être un peu en
avant de son temps.
M. de Bellefeuille: La frontière, cela peut être
avec les USA, M. le député.
M. Lalonde: Les USA, oui.
M. de Bellefeuille: En attendant d'autres.
M. Lalonde: À la frontière des USA, on doit
s'arrêter, mais, quand on traverse le grand pays du Canada et qu'on passe
d'une province à l'autre, je ne vois pas comment on pourrait distribuer
des feuillets en passant d'une province à l'autre.
M. Charbonneau: On va régler cela rapidement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: S'il fallait arrêter les automobilistes chaque
fois qu'on traverse d'une province à l'autre, qu'on passe d'une province
à l'autre, M. le Président, peut-être qu'il y aurait lieu
de prévoir dans la loi justement qu'aux régions limitrophes des
enseignes...
M. de Bellefeuille: Détail.
M. Lalonde: ...d'autres langues, accueil, langues d'accueil, les
nouveaux venus, les touristes. Ce serait peut-être une question de
sécurité, peut-être pas. Je laisserais cela au jugement du
gouvernement ou au jugement...
M. de Bellefeuille: C'est cela. D'accord. C'est
précisément ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Oui, mais il faudrait encore que la loi le lui
permette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: II faudrait encore que la loi permette au
gouvernement...
M. de Bellefeuille: La loi le permet. M. Lalonde:
...d'installer un signal...
M. de Bellefeuille: ...une enseigne routière.
M. Lalonde: ... une enseigne routière dans une autre
langue, mais la loi ne le permet pas. La question de sécurité
pourrait naturellement être déterminée par un juge au cas
où on reprocherait, de la part de ce gouvernement, par exemple, à
une municipalité d'avoir indiqué, d'avoir fait une signalisation
routière dans une autre langue. Je fais confiance aux juges pour
déterminer s'il s'agit là d'une question de
sécurité.
Je pense que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
devrait s'intéresser d'une façon tout à fait
particulière, et plus positive, à l'amendement.
Je suis sûr qu'il ne voudrait pas changer de nom, de ministre du
Tourisme qu'il devienne ministre du "Tout Risque". Je suis sûr qu'il ne
serait pas du tout d'accord si les statistiques prouvaient qu'un seul
pas beaucoup; la sécurité, c'est pour l'exception touriste
s'est cassé le cou simplement parce qu'il n'a pas compris un ordre, une
indication, un avertissement.
Naturellement, quand on a les noms de rue, et le député de
Mercier en a mentionné, ou d'endroit au Québec en
français il y en a de très élégants et de
très charmants on ne voudrait pas qu'ils soient traduits en
anglais.
Je ne vois pas comment on pourrait traduire Mont-Laurier en anglais, mon
pays natal. Mais lorsqu'on a un danger... Je ne sais pas si on a trouvé
une traduction française élégante pour "man hole", je
pense... J'espère que ce n'est pas "trou d'homme"...
J'ai déjà vu et entendu "trou d'homme", mais
j'espérais que quelqu'un me le souffle avant que je ne le dise. On
pourrait peut-être demander à la Régie ou à l'office
de la langue française de se forcer davantage, mais...
M. Duhaime: ...au Québec qui est très beau à
voir.
M. Lalonde: ...quelqu'un, qui verrait l'indication "trou
d'homme", pourrait imaginer toutes sortes de choses. "Trou d'homme",
pensez-vous que cela le porterait à réduire la vitesse, par
exemple? C'est important parce qu'on ne parle pas de piétons, on parle
d'automobilistes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît. S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Messieurs les députés, franchement... À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Y a-t-il un règlement qui imposerait le
sérieux un peu à cette commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le sérieux doit être une chose acquise, au départ, en
commission parlementaire. Je constate depuis quinze minutes que les
députés ne donnent absolument pas l'exemple à
l'assistance.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président.
J'espère que vous ne m'en tenez pas responsable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
pas porté de jugement, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vous remercie. Pour revenir au sérieux de
l'amendement, je pense que, lorsqu'on parle de sécurité, on ne
doit pas lésiner. Si on ne sauvait qu'une vie, si on ne sauvait que
quelques blessures par année par une telle disposition, le gouvernement
devrait avoir la sagesse de l'inscrire dans son projet de loi, quitte à
lui, à ce moment, à déterminer quand la
sécurité justifierait une inscription dans une autre langue.
Ce serait probablement la très petite minorité, la
très petite exception, mais il me semble que la sagesse devrait lui
dicter d'appuyer cet amendement qui ne va pas du tout à l'encontre de
notre grand principe dans ce projet de loi, qui est de protéger, de voir
à l'épanouissement de notre culture et de notre langue
française.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Comme je ne veux pas être en reste avec
mes collègues d'en face qui ont beaucoup voyagé. Moi, je voudrais
leur demander ce qu'ils feraient s'ils arrivaient en Allemagne et voyaient un
signe comme "umleitung"?
Une voix: On le demanderait.
M. Paquette: Je prendrais mon dictionnaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: II y en a à qui c'est arrivé...
M. Dussault: ...suisse-allemande...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'étaient des gens quand
même d'intelligence raisonnable et, ne comprenant pas le signe,
c'était "détour", ils se sont promenés longtemps. Mais
ceci est plutôt à titre d'anecdote comme celles qui ont
été racontées plus tôt.
Je pense que l'objectif de l'amendement, évidemment, à
partir de cet amendement, on a fait de grands détours pour raconter
toutes ses expériences personnelles ou quelques-unes de ses
expériences personnelles, je pense que le seul point de l'amendement sur
lequel il fallait insister, c'était
vraiment "lorsque la sécurité l'exige". Je pense que, en
tous les cas, dans l'application de la loi, si l'amendement n'est pas retenu,
je souhaite qu'on permette quand même à certaines
municipalités ou même certaines paroisses de pouvoir exercer leur
jugement si les circonstances l'exigent, sans pénalité. Qu'ils
puissent prendre les mesures qui s'imposent et, comme le mentionnait mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys, ça ne peut être que dans
des cas d'exception, mais je pense que, quand il s'agit de la
sécurité, les cas d'exception se justifient.
En terminant, je voudrais simplement poser une question au ministre
d'État au développement culturel.
L'article 219 dit...
M. Laurin: C'est le dernier. La présente loi entre en
vigueur le jour de sa sanction.
M. Duhaime: Avez-vous un amendement là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: C'est juste pour vous faire miroiter un peu
d'espoir.
Non, mais, sérieusement, dans le cas de la signalisation
routière, il y a certaines personnes ici qui ont dit: II faut quand
même que les gens s'habituent. Est-ce que vous prévoyez... Je sais
que cela n'est pas prévu dans la loi et une loi qui est adoptée,
elle entre en vigueur le jour de sa sanction, ce n'est pas ça que je
veux remettre en question. Je pense qu'il faudrait peut-être
éviter, particulièrement dans certaines localités, comme
le mentionnait le député de Marguerite-Bourgeoys dans la ville de
Montréal, c'est déjà presque une chose faite, à peu
d'exceptions près, les gens se sont habitués de brusquer la
situation dans de tout petits villages où on est habitué à
cet affichage dans les deux langues. Il ne faudrait peut-être pas
provoquer de brusqueries qui, finalement, seraient vraiment malencontreuses,
créeraient non pas des frustrations, mais des sentiments qui
empêchent de réaliser les objectifs poursuivis. Si on savait
attendre au moins, je ne sais pas, quelques mois ou un certain temps, qu'on
n'agisse pas avec trop de rigueur, dès le lendemain de l'adoption de la
loi sur cette question particulière. Je pense qu'on permettrait aux gens
de s'adapter à cette partie de la loi, avec laquelle on est d'accord
je l'ai dit au tout départ sur le principe même.
C'est vraiment une façon de donner au Québec son visage
français, mais il y a quand même une pédagogie sociale dont
il faut savoir tenir compte dans l'application d'une chose qui dérange
ou qui change quelque chose chez un certain nombre de gens. J'insiste
particulièrement dans le cas de petits villages; c'est peut-être
davantage des personnes plus âgées qui sont encore dans ces
villages anglophones, par exemple.
J'inviterais donc le gouvernement, dans l'application de la loi,
à tenir compte de cette période de transition psychologique; je
pense qu'elle s'impose.
M. Laurin: II me fait plaisir de répondre à la
question du député de L'Acadie.
D'abord, un mot sur la sécurité. Évidemment,
lorsqu'un automobiliste comprend lentement, péniblement ou difficilement
une indication, la prudence lui conseille de ralentir ou de s'arrêter,
pour aller manger ou de se munir d'une bonne carte, et ainsi de suite.
Une voix: Ou de prendre une bicyclette!
M. Laurin: Oui, aussi mais en ce qui concerne plus
spécifiquement la question du député, le ministère
des Transports s'est penché sur ce problème et nous avons
étudié l'exemple de certains autres pays et, en particulier celui
de la Grande-Bretagne notre tradition britannique nous y autorise, ici
au Québec et la Grande-Bretagne, comme vous le savez, vient
d'abandonner complètement le système de signalisation
littérale, à base de lettres, pour adopter un système
basé sur les pictogrammes et les symboles d'une façon
intégrale.
C'est l'intention du ministère des Transports du Québec
d'imiter, dans les plus brefs délais, cet exemple et, en fait, le code
est en préparation à l'heure actuelle. Je pense qu'il sera
terminé d'ici quelques mois et le ministère des Transports entend
uniformiser ce code à l'échelle du Québec et entend faire
une campagne de publicité pour que tous les automobilistes
québécois aient la chance d'apprendre ce code et de
l'utiliser.
Il est donc probable que cet article 27 deviendra caduc, en grande
partie, dès que cette réforme sera mise en vigueur.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, permettez-moi une autre
question. Si je comprends bien le ministre, c'est qu'il pourrait même y
avoir une période de transition de prévue et pendant un certain
temps peut-être, pourrait subsister ce qui existe jusqu'au moment
où les gens se seraient habitués aux pictogrammes et
symboles.
M. Laurin: D'autant plus que l'article 15 du présent
projet de loi nous permet d'accompagner la signalisation proprement dite de
textes susceptibles d'expliciter les signaux paraissant au bord des routes.
Je pense qu'en l'occurrence, après en avoir parlé au
ministère des Transports, toutes les exigences de sécurité
seront respectées.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, sur un point un peu particulier,
celui du député de Mercier qui disait que franciser, amener des
mots qui aideraient peut-être, pédagogiquement, à nous
faire apprendre des mots neufs comme gabarit, par exemple,
ou bien l'appoint... Il me semble que, du côté du
ministère, j'essaierais de m'en tenir, en attendant que le
système de pictogrammes se développe, il me semble qu'on aurait
avantage à s'en tenir à ce qui existe déjà, en
attendant qu'on s'adapte à un nouveau système,
c'est-à-dire qu'on s'adapte au nouveau système de pictogrammes.
On a souvent cette envie de vouloir franciser. On apprend cela. On trouve que
cela fait beau, il n'y a rien contre cela non plus, mais il reste que, quand on
arrive avec des mots aussi nouveaux que gabarit... Je ne vous cache pas que,
quand je suis arrivé dans le tunnel Louis-H. Lafontaine et que j'ai vu
cela pour les premières fois, cela m'a pris une couple de semaines avant
d'aller voir dans mon dictionnaire pour savoir ce que cela voulait dire.
L'appoint, quand on arrive à la monnaie, je pense qu'il y a des
canadianismes qui existent ici, lorsqu'on parle de monnaie. On se comprend.
C'est bien sûr que ce n'est pas aussi français que l'appoint, mais
il ne faut quand même pas non plus... On a souvent cette tendance et on
dirait que c'est propre à nous autres, Canadiens français, et ce
n'est pas vrai seulement quand on est au Québec. Combien de Canadiens
français s'en vont aux États-Unis et nous reviennent... Je n'ai
pas besoin de vous compter d'histoire moi non plus, chacun y va de son
anecdote.
M. de Bellefeuille: Ma tante.
M. Grenier: Non, ce n'est pas ma tante. Celui-là, c'est un
gars de chez nous qui s'appelait Noël Charrette, qui est allé aux
États-Unis et qui s'appelait "Christmas Buggy" l'été
d'après. On a aussi cette maladie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: On est au bord des frontières
américaines. C'est pour vous dire que les Canadiens, surtout les
Canadiens français, ont le sens de l'exagération. Si c'est vrai
d'un bord, c'est vrai de l'autre et, quand ils arrivent, ils s'adaptent
facilement aux États-Unis et ils se dépêchent de changer de
nom. L'autre s'appelait Zéphyr Beauchemin et il est revenu avec le nom
de "Sweet Breeze Macadam", ce n'était pas beaucoup mieux.
M. le Président, je pense qu'ici, ce qu'il faudrait,
peut-être, dans le système, en attendant... Comme vient de le dire
le ministre c'est ce que j'avais dit au tout début de la
discussion on se dirige vers un système de pictogrammes. En
attendant, il me semble qu'on ne devrait pas ajouter, tâcher d'augmenter
encore le nombre de mots plus français ici, mais bien attendre qu'on ait
développé le système de pictogrammes pour s'adapter, une
fois pour toutes, à ce qui existe dans le système
international.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les gens
de la commission sont-ils disposés à voter sur l'amendement
à l'article 27?
Des voix: Vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement est-il adopté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Rejeté.
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement à l'article 27 est rejeté sur division et nous
revenons à l'article 27. L'article 27 sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Adopté. M. Duhaime: Adopté.
Chapitre V: La langue des organismes
parapublics
Article 28
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
27, adopté. J'appelle donc l'article 28.
M. Duhaime: Article 28. Il y a un nouveau texte. Je ferais une
motion pour amender l'article 28... C'est un amendement de concordance. Il
s'agit de retrancher...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre du Tourisme, auparavant, j'ai
appelé l'article 28. J'aimerais appeler le chapitre V, La langue des
organismes parapublics, article 28. M. le ministre.
M. Duhaime: Je ferais la motion pour amender l'article 28 du
projet de loi. Qu'il soit modifié en retranchant, à la
première ligne, les mots "les services de santé, les services
sociaux et", de sorte que l'article 28 se lise: Les entreprises
d'utilité publique, les ordres professionnels, etc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
je comprends que, conformément à une sorte d'habitude qu'on a
prise pour les nouveaux articles, l'article 28, tel que modifié, est la
motion principale qui sera étudiée. D'accord? Il y a consentement
unanime?
M. Lalonde: Un instant, M. le Président. J'aimerais avoir
une directive. Pour quelle raison serait-ce une motion principale?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'aimerais la considérer comme un véritable amendement à
l'article 28, et je le déclare recevable et reçu. M. le ministre.
Pas adopté, je le déclare recevable et reçu.
M. Laurin: Encore une fois, M. le Président, c'est pour
fins de concordance. Comme nous avons, en vertu des explications que je donnais
cet après-midi, assimilé les services de santé et les
services sociaux à des organismes administratifs, il nous fallait
retirer ces deux membres de phrases de l'article 28 pour les incorporer dans un
autre article, ce qui laisse à l'article 28 les mots, à partir de
"les entreprises d'utilité publique".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, nous avons suspendu
l'étude de l'article 22a et les articles 23, 24 et 25, justement
à cause de la question des services sociaux et des services de
santé. La proposition d'amendement du ministre remet en question tout le
débat, à savoir si on doit retirer les services de santé
et les services sociaux de cet article. Cela me surprend que le gouvernement,
après treize jours complets d'étude, article par article, de ce
projet de loi, presque cinq mois après la publication du livre blanc,
après le dépôt du premier projet de loi no 1, après
le dépôt du deuxième projet de loi no 101, après une
longue étude, un long débat en deuxième lecture, en ce 18
août 1977 ne sache même pas exactement ce qu'il veut en ce qui
concerne les services sociaux et les services de santé.
C'est à un autre endroit que nous devrons souligner le
caractère un peu ridicule de ce débat, alors qu'on discute
exactement, à ce moment, à l'Assemblée nationale, de
l'opportunité d'accélérer les travaux de
l'Assemblée nationale justement pour adopter la loi 101. Le gouvernement
ne sait même pas ce qu'il va nous offrir à la place des articles
22a, 23, 24 et 25. Je ne comprends pas du tout comment le gouvernement peut,
avec assurance, avec certitude, nous suggérer, à cette
commission, de retirer ces réalités, ces organismes de
santé et ces services sociaux de cet article 28 avant même qu'on
sache quel sera leur sort, comme partie de l'administration ou non, comme
partie des entreprises, tel que l'article 129 actuel le suggère.
Je demanderais au gouvernement, en l'occu-rence, de considérer la
possibilité de suspendre l'étude de l'article 28 pour qu'on
puisse en discuter dans le cadre du débat qu'on aura à l'article
22a et aux articles suivants.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Afin de
ne pas...
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais avoir une
directive. Je voudrais que vous m'indiquiez si le député de
Marguerite-Bourgeoys a parlé sur l'amendement comme tel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas parlé de
l'amendement. Ce que j'ai compris, c'est qu'il a fait une suggestion de
suspension de l'étude de l'article 28 au parti ministériel et je
demande, en conséquence, s'il y a consentement unanime sans
argumentation, et à défaut, le député de
Marguerite-Bourgeoys pourra, s'il le veut, présenter une motion en ce
sens.
M. Duhaime: M. le Président, avant de vous donner ma
réponse très brève, je vous dirai que la
préoccupation qui m'apparaît assez artificielle
développée par le député de Marguerite-Bourgeoys...
Si on regarde l'amendement, il s'agit d'exclure les services de santé et
les services sociaux du chapitre V. Tout ce qu'il vient de nous dire, on pourra
le reprendre demain suivant son propre consentement lorsqu'on reprendra
l'étude des articles 23, 24 et 25. En conséquence, nous ne
consentons pas à surseoir à l'étude de cet article 28.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
conséquence, vu l'absence de consentement unanime, j'accorde donc la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys, en lui demandant de
parler sur l'amendement tel que proposé par le parti ministériel
à l'article 28.
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Marguerite-Bourgeoys, vous dites bien l'amendement;
est-ce que vous ne l'avez pas déposé comme un nouvel article?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est un
amendement à l'article 28. Une motion d'amendement
présentée par le parti ministériel à l'article
28.
M. Grenier: D'accord! C'est uniquement un... Je pensais que vous
en aviez fait un nouvel article. Je comprends.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De telle
sorte que si vous avez quelque chose à proposer à cet article, ce
sera un sous-amendement et non pas un amendement.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Motion pour suspendre l'étude des articles 28,
29 et 30
M. Lalonde: M. le Président, je fais donc motion que
l'étude des articles 28, 29 et 30 soit suspendue et que la commission
procède immédiatement à l'étude de l'article
31.
M. Duhaime: M. le Président, sur cette motion que vous
devriez juger irrecevable parce que je pense que nous avons refusé notre
consentement... Surseoir à l'étude de l'article 28 et, si cela
peut écourter le débat, nous refusons également notre
consentement à surseoir à l'étude des articles 29 et
30.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
M. le député de Saint-Maurice et ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, je pense qu'à ce stade-ci, le parti
ministériel n'a pas à donner son consentement. C'est une motion
qui doit être jugée recevable ou irrecevable par la
présidence, et à partir du moment où elle est
déclarée recevable, une discussion s'amorce possiblement. S'il y
a lieu, un vote peut être pris immédiatement
si les membres le veulent également. Or, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, étant donné que je
n'ai point appelé encore les articles 29 et 30, je
préférerais que votre motion se lise: Que l'étude de
l'article 28 soit suspendue et que la commission procède
immédiatement à l'étude de l'article 29. Vous me direz que
c'est une procédure très rigoureuse, mais l'article...
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettrez de répondre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...29
n'ayant pas été appelé, je me demande si vous pouvez
présenter légalement une motion qui a trait à l'article
29.
M. Lalonde: Je vais essayer de répondre à votre
appréhension, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, est-ce que
vous consentez à modifier votre motion dans ce sens?
M. Lalonde: Voici, M. le Président, je vais consentir
à tout ce que vous pourriez suggérer, sauf que je voudrais dire
deux choses. Si je suggère d'après votre proposition, ou si je
propose d'après votre suggestion de procéder immédiatement
à l'article 29 et si je viens après proposer de suspendre
l'étude à l'article 29, je ne serai pas très
conséquent et on me prendra pour un membre du gouvernement. Je ne veux
pas cela du tout ce soir. Ce que je voudrais, c'est faire appel au
précédent que le député de Saint-Jacques a fait
lorsqu'il a demandé la suspension des articles 7 à 67
inclusivement, même si les articles 8, 9, 10 et 11 n'avaient pas
été appelés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! D'ailleurs, vous remarquerez que c'est seulement une
suggestion que je vous faisais, parce que j'avais en mémoire cette
motion qui avait été présentée, mais sauf que, par
déformation professionnelle peut-être, je me demandais comment on
pouvait présenter une motion ayant trait à un article qui n'avait
pas été appelé, mais je sais que, dans le cas du
député de Saint-Jacques, il a présenté une motion
demandant la suspension de l'étude des article 7 à...
M. Lalonde: ...67 inclusivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...67
pour entreprendre l'étude de l'article 68 et vu le
précédent...
M. Duhaime: ...la réponse, c'est non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...je
déclare cette motion telle que rédigée recevable et
reçue.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur la motion de
suspension.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas par hasard que
nous présentons cette motion de suspension, et je suis surpris de la
réaction du gouvernement, qui avait déjà accepté de
suspendre l'étude des articles 22a, 23, 24 et 25 qui, justement,
traitent, d'après les projets d'amendement du gouvernement, des services
de santé et des services sociaux.
Je le comprends mal. Étant donné toutefois la
réaction du gouvernement, je devrai prendre quelques minutes pour
expliquer au gouvernement pourquoi nous demandons la suspension de ces
articles.
En effet, la tentative du gouvernement, tentative de dernière
minute, de changer le statut des services sociaux et des services de
santé, tout d'abord du projet de loi no 1 au projet de loi no 101,
d'organismes parapublics, tels que traités au chapitre V du titre I
à des entreprises, telles que traitées dans le titre II, et la
deuxième tentative de ce gouvernement de changer encore une fois ce
statut de l'entreprise à un statut d'organisme de l'administration
soulève des questions très sérieuses sur, tout d'abord, la
capacité du gouvernement d'appliquer de telles dispositions, tel que
suggéré par le gouvernement, et, deuxièmement, la question
de déterminer si c'est bien là le désir et la
compréhension du milieu consulté par le ministre, en particulier,
consulté par son collègue des Affaires sociales, à savoir
de traiter désormais ces organismes comme partie de
l'administration.
Je pourrais soulever quelques problèmes et je vais mentionner,
par exemple, le cas de l'appel. En effet, comme partie des entreprises, en
vertu des articles 129 et suivants...
Le Président (M. Cardinal): Faites attention, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je suis bien d'accord qu'on fasse
une motion de suspension qui n'existe pas comme telle au règlement et
qui ne peut être acceptée qu'en vertu de l'article
général 54, mais je ne voudrais pas qu'à l'occasion d'une
motion de suspension, l'on parle de tous les articles et du principe du projet
de loi.
La motion qui est devant nous est que l'étude des articles 28, 29
et 30 soit suspendue et que la commission procède immédiatement
à l'étude de l'article 31. J'aimerais que l'on prouve à la
commission qu'il y a des raisons de suspendre l'étude de ces articles et
d'étudier l'article 31.
M. Lalonde: II faut se souvenir que, lorsque j'ai fait ma motion
pour suspendre l'étude de l'article 28 en particulier, nous venions de
recevoir une motion d'amendement du gouvernement pour enlever les mots "les
services de santé et les services sociaux".
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes sur la bonne
voie.
M. Lalonde: Je pense que nous devons quand même nous servir
de ce précédent ou de cette indication, de cette intention du
gouvernement, pour justifier notre motion de suspension. C'est la seule
raison.
Nous serions prêts à discuter de l'article tel quel, que
nous soyons d'accord ou non, mais le fait d'enlever ici à l'article 28
ces mots, d'enlever ces réalités, ces organismes, nous
paraît prématuré justement à cause de la
décision, qui date de moins de deux heures, du gouvernement de suspendre
le débat sur les articles 22a, 23, 24 et 25.
Nous voyons très difficilement la cohérence dans l'action
du gouvernement qui, pris de court, à la dernière minute, faisant
état d'un amateurisme rare pour un gouvernement, d'une
précipitation rarement vue aussi dans une...
M. Duhaime: Vous n'êtes jamais content!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: Quand on amende quelque chose...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: ...on improvise, quand on n'amende pas, c'est qu'on
ne comprend rien.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice, s'il vous plaît! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous ai dit que vous étiez maintenant sur la
bonne voie. J'espère que vous y demeurerez seul et qu'on vous laissera
parler.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président. Ces
nouveaux gestes du gouvernement, qui pourraient être accueillis
favorablement s'il s'agissait d'améliorations évidentes ou
d'améliorations que l'on pourrait mesurer après quelques minutes
d'examen, mais cette attitude du gouvernement de vouloir tout changer dans le
statut de ces organismes à la dernière minute, alors que, dans un
autre lieu, vous ne savez pas officiellement...
Le Président (M. Cardinal): Je le sais, monsieur!
M. Lalonde: Vous pouvez le savoir comme vice-président de
l'Assemblée nationale, c'est le contraire que vous ne pouvez pas
savoir.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact.
M. Lalonde: Alors, vous le savez, cela me rassure. Alors que,
dans un autre lieu, on discute justement de l'opportunité
d'accélérer les travaux de la Chambre pour pouvoir adopter ce
projet de loi, on change à la dernière minute, sans
préparation... Tellement sans préparation qu'au moment où
on propose l'amendement, quelques heures après, on accepte d'en
suspendre le débat. Comble de l'incohérence, alors qu'on n'a
même pas décidé quel traitement on va donner à ces
organismes dans les articles 22a, 23, 24 et 25 dont on a suspendu
l'étude, on nous propose de les enlever à l'article 28. Sans
prêter de motifs ou d'in- tentions indignes au gouvernement, je m'attends
qu'on enlève aussi ces mots à l'article 29, mais, là, je
précède le gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Non, vous êtes encore
sur la motion. Vous demandez la suspension de l'article 29.
M. Lalonde: Oui, mais disons que le gouvernement n'a pas encore
donné indication claire de son intention d'enlever ces organismes de
l'article 29, alors je m'en tiendrai à l'article 28.
Comment peut-on, nous, de l'Opposition, discuter sérieusement de
cet amendement, à savoir si on devrait les enlever de l'article 28,
alors qu'on ne sait même pas si on va les mettre dans l'article 22, parce
que le gouvernement a indiqué son indécision, son incertitude,
son hésitation.
M. Duhaime: Vous avez posé des questions, à savoir
qu'est un usager et un administré. Ne partez pas en peur.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est à l'article 22a, mais 23, 24 et 25...
M. Lalonde: On a posé des questions. On n'a pas eu de
réponse ou, enfin, on a sûrement provoqué dans l'esprit du
gouvernement des doutes, puisque, à 20 heures ce soir, à la
reprise des travaux, le gouvernement n'était pas prêt à
procéder à l'examen de ces articles. Comment vous expliquer la
logique et la cohérence du gouvernement qui n'est pas prêt
à offrir à cette commission des propositions certaines, des
propositions claires sur le traitement des services sociaux et des services de
santé aux articles 22a et suivants, et qui, du même souffle, est
prêt à les faire disparaître de l'article 28? Je ne peux,
naturellement, faire trop d'hypothèses, mais je peux quand même
faire celle-ci: Que cette commission accepte la motion d'amendement du
gouvernement sur l'article 28 dont nous demandons la suspension de
l'étude, et, demain, en étudiant l'article 22a, on s'apercevra
que cela ne devrait pas être là.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Voulez-vous
répéter cela, s'il vous plaît?
M. Lalonde: Mon hypothèse est la suivante: Si le
gouvernement n'accepte pas de suspendre l'étude de l'article 28, nous
devrons donc disposer de l'amendement du gouvernement ce soir.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lalonde: Cette commission fait disparaître les mots "les
services de santé, les services sociaux et", qui sont exactement les
termes de l'amendement, et, demain, à la reprise des travaux, ou
à un autre temps, nous déciderons, dans notre sagesse
sagesse avec un petit "s", parce que c'est plutôt la sagesse du
gouvernement de ne pas inclure les services sociaux et les services de
santé dans l'administration, parce que cela crée des
problèmes impossibles. Je pourrais commencer, en plus, dans ces
problèmes tout de suite.
D'ailleurs, les questions que nous avons posées ont
déjà allumé la lumière du ministre, je pense,
à savoir que sont les administrés des services sociaux et des
services de santé. Ce n'est pas un territoire. Qu'est-ce qu'on fait de
l'appel? Qu'est-ce qu'on ferait, par exemple, à l'article 15, quand on
dit que l'administration rédige dans la langue officielle ses textes et
documents, et je puis en faire état, M. le Président, c'est
déjà adopté? Ses textes et documents... Qu'est-ce qui
arrive dans les hôpitaux dont les dossiers sont en anglais? Est-ce que ce
sont des textes et documents couverts par l'article 15?
Alors, en incluant les hôpitaux, les services de santé,
pour employer la terminologie proposée, dans l'administration, on
accroche tout de suite, à l'article 15. Est-ce qu'on veut faire une
exception? Jusque là, M. le Président, on voit jusqu'à
quel point nous ne sommes pas prêts, le gouvernement n'est pas prêt
à discuter ces questions. Je ne le blâme pas. Nous avons
nous-mêmes suggéré la suspension de l'article 22a et des
articles suivants, parce que nous avons indiqué nos inquiétudes
à ce propos. Nous avons aussi, par nos questions, je pense,
souligné les problèmes que le gouvernement n'avait pas vus, dans
sa préoccupation.
Mais je dis que le même problème s'applique pour l'article
28 et pour l'amendement suggéré par le gouvernement. Comment
pouvons-nous, en vous accordant, de l'autre côté de la table, un
minimum d'intelligence... Le ministre a dit tantôt qu'il y a à peu
près moins 10% de la population qui a 60...
M. Duhaime: C'est la moyenne de votre parti.
M. Lalonde: ...de quotient intellectuel, disons que je vous en
accorde plus, admettons que je vous en accorde plus je suis
généreux ce soir, il est 10 heures, je vous en accorde plus
comment, avec cette intelligence brillante, pouvez-vous accepter
d'enlever les services sociaux et les services de santé sans savoir
où ils seront demain?
M. Duhaime: Faites marcher vos "wipers". Une voix: II a
envie de rire.
M. Lalonde: Mais est-ce que, réellement, vous y avez
pensé? Vous n'y avez seulement pas pensé. J'espère que le
gouvernement et les ministres qui dirigent les travaux du gouvernement ici vont
se rendre compte de l'imbroglio dans lequel ils sont en train d'amener la
commission parlementaire en insistant pour attaquer immédiatement,
aborder immédiatement l'étude de l'article 28.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, sur la motion de suspension de l'étude des articles 28, 29 et
30.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement, moi, je suis prêt à entreprendre l'étude
de l'article 28 et des suivants tels qu'amendés, parce que je pense que
ce qui nous a fait suspendre l'étude des autres articles, c'est tout
simplement la nécessité de peut-être repenser la
définition des services sociaux et de santé anglophones, et c'est
un amendement mineur. Le député de Marguerite-Bourgeoys
s'étend beaucoup sur la prétendue confusion... Évidemment,
ça lui permet de gagner du temps et d'établir la position de son
parti. Je pense qu'on lui donne suffisamment de temps jusqu'à demain
matin pour penser à tout ça, et je pense qu'il n'y a aucun risque
à supprimer les mots "les services de santé et les services
sociaux et" dans l'article 28, parce que, de toute façon nous sommes
certains qu'il est souhaitable, et c'est le voeu même des hôpitaux
anglophones, que leur cas soit traité dans le chapitre
précédent; il peut l'être relativement facilement,
d'ailleurs, vous allez le voir avec les amendements demain matin, il peut
l'être très facilement, et nous n'avons aucun problème
à exclure ces types de services du chapitre V. De toute façon, je
pense qu'on est d'accord, tout le monde, pour mettre ça dans le chapitre
précédent.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Ne nous demandez pas de suspendre.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Non. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, la motion proposée par
le Parti libéral actuellement, à savoir de retarder
l'étude de l'article 28, me semble correcte, en ce sens que la
proposition qui nous est arrivée du gouvernement ce soir prend un peu
les gens par surprise. C'est cette façon de nous donner les amendements
au compte-gouttes, depuis qu'on a commencé l'étude de ce projet
de loi...
M. Fallu: Tu as toute la nuit.
M. Grenier: Oui, c'est vrai. Alors, celui-là, ce soir, je
ne sais pas qui y avait pensé et à quel moment il est
arrivé, on l'a eu juste avant l'heure du dîner. Je ne vous cache
pas que, pour l'information dont on a besoin pour un article aussi important,
quand on voit la différence avec l'article 20 et que, sortis du secteur
où ils étaient...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. À l'ordre,
s'il vous plaît! Je m'excuse. J'aimerais bien que, de chaque
côté de moi, l'on cesse les caucus pour que je puisse entendre
l'intervenant.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Ce n'est pas surprenant que vous ayez à subir
des caucus de chaque côté parce que, lorsqu'arrivent de
l'information qui nous vient du gouvernement, des amendements qui nous viennent
à des articles aussi importants que ceux-là et qu'on change les
hôpitaux, du secteur où ils étaient, pour les amener
à la langue de l'administration, je pense bien que, pour nous, il faudra
prendre le temps pour savoir, avoir le temps de
donner une information. Je ne vous cache pas que, pendant l'heure du
dîner, il n'y a vraiment pas eu moyen...
Je veux bien me fier à la parole du ministre, mais on aurait
aimé avoir plus de raisons, savoir pourquoi on a transféré
les hôpitaux du secteur de la langue des organismes parapublics au
secteur de la langue de l'administration, alors qu'on sait maintenant que, pour
la langue d'administration, les organismes seront dominés par l'article
20, ce qui fait que le programme de francisation, au lieu d'être
donné aux institutions, sera maintenant imposé par le
gouvernement ou par l'Office de la langue française.
Si on regarde de pair les articles 124, 125 et 126, je pense que, pour
nous, il y aurait certainement matière à réflexion. J'ai
ici, devant moi, un article de Rodolphe Morrissette du Devoir, qui nous dit que
Laurin s'est ravisé. Les hôpitaux ne sont pas des entreprises.
Alors, avant d'avoir à se prononcer de façon définitive,
je pense qu'il serait sage qu'on reporte l'étude de l'article 28
à demain, 10 heures, à ce moment, je pense bien qu'on aura
l'information nécessaire pour pouvoir poser des questions au ministre et
en venir à une position plus acceptable du côté de
l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: La raison principale pour laquelle nous
demandons la suspension des articles 28, 29 et 30 est qu'à nos yeux,
à tort ou à raison, peut-être à tort aux yeux du
gouvernement, ces articles ne peuvent être dissociés des articles
22a, 23, 24 et 25.
Cet après-midi, quand on nous a présenté un nouvel
article, 22a je ne retire rien de ce que nous avons dit à
sa face même, cela nous a semblé tout à fait acceptable.
D'ailleurs, on retrouve ceci dans l'article 28 qui est l'article dont on parle.
C'est le même contenu, sauf pour le transport en commun.
Alors, après avoir examiné et réalisé qu'on
l'introduisait dans le chapitre de la langue de l'administration, très
rapidement, on s'est aperçu qu'à ce moment, c'étaient des
contraintes différentes qui s'appliquaient vis-à-vis des services
de santé et des services sociaux. C'est pour cela que nous avons
demandé la suspension de l'article 22a, ce à quoi, d'ailleurs, le
gouvernement a souscrit très aimablement. Par la suite, après le
souper, je pense que cela s'est fait aussi d'un commun accord pour les articles
23, 24 et 25, qu'on reconnaissait comme étant reliés à
l'article 22a, mais, quand on arrive à l'article 28, on réalise
aussi fort bien que ces articles sont aussi associés aux articles
précédents, que les hésitations que nous avions au sujet
des articles précédents, on ne peut pas les dissocier de ces
articles 28, 29 et 30 et que nos appréhensions sont assez grandes,
compte tenu que nous ne sommes pas certains, à ce moment-ci, que les
nouvelles contraintes qui seraient apportées aux services de
santé et aux services sociaux, en les intégrant dans le chapitre
de l'administration, ne seraient pas, en fait plus gran- des que ce qu'on a
voulu corriger en les sortant du chapitre du commerce et des affaires, en les
traitant comme des entreprises.
Je pense que nous ne sommes pas prêts. Mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys a parlé d'improvisation du gouvernement. On peut le
qualifier autrement. Il y a certainement, de la part du gouvernement, des
hésitations à savoir où les mettre. D'abord, on ne les a
pas mis, ensuite on les a ajoutés et maintenant on les remet dans un
autre chapitre. On peut toujours se demander suite à la deuxième
décision du gouvernement, si les articles 28 et 29 ne devraient pas
demeurer tels quels, si ce n'est pas, en fait, la décision la plus sage,
compte tenu que les articles 28 et 29, tout en faisant mention des services de
santé et des services sociaux, sont quand même une
démonstration, de la part du gouvernement, que, normalement, suite aux
autres dispositions de la loi qui touchent, par exemple, les ordres
professionnels, on doit assurer que ces services soient disponibles dans la
langue officielle. On pourrait, dans la loi, inclure d'autres articles et ceci
serait suffisant pour atteindre l'objectif de franciser et d'assurer dans la
langue officielle les services aux personnes les requérant dans cette
langue.
Pour toutes ces raisons... Cela a été notre
première motivation cet après-midi en demandant la suspension
d'un premier article. Cela a été suivi, après le souper,
par ceux qu'on connaît. À ce moment-ci, notre requête, pour
suspendre les articles 28, 29 et 30, se situe dans une logique et dans une
prudence qu'il convient d'exercer à l'égard d'institutions qui
le gouvernement, à plusieurs reprises, nous l'a
répété font partie des institutions qu'ils
reconnaissent à la communauté anglophone. On sait fort bien qu'un
certain nombre d'hôpitaux qu'on a en tête sont des hôpitaux
d'enseignement ou des maisons d'enseignement pour l'Université McGill
qui est une institution à laquelle le gouvernement det reconnaître
le droit de continuer de fonctionner et de participer au développement
de la recherche, de la science et de l'éducation au Québec.
Toutes ces raisons nous obligent à penser qu'il faut être
extrêmement prudent pour savoir dans quel chapitre de la loi 101 nous
devrions intégrer les services de santé et les services sociaux.
Nous ne voulons pas, d'une façon prématurée adopter des
articles. Certains, comme d'habitude, interpréteront qu'on veut retarder
les travaux. Au contraire, on est prêt, on vous dit: Passons
immédiatement à l'article 31 et aux suivants. Mais, compte tenu
de l'importance des sujets traités, cela a été notre
motivation avant le souper, c'est la même à ce moment-ci et nous
disons, dans une suite logique: Adoptons la même attitude temporairement
pour être bien sûr que ce que la loi prévoira pour les
services de santé et les services sociaux sera dans
l'intérêt de la population et des bénéficiaires de
ces services.
C'est donc pour ces raisons, M. le Président, que je vais
certainement souscrire à la motion d'amendement de mon collègue
de Marguerite-Bourgeoys pour que ces articles soient temporairement suspendus
et que nous puissions passer
immédiatement à l'article 31 qui touche les ordres
professionnels.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, il s'agit d'une motion
purement et évidemment dilatoire, étant donné que les
interventions se répètent d'un opinant à l'autre
exactement dans la même forme et avec le même contenu.
C'est une motion dilatoire également, parce que, quel que soit le
chapitre où sont placés les services de santé et les
services sociaux, l'exigence dont il est ici question, à l'article 28, a
toujours été la même, à partir du projet de loi 1,
en passant par le projet de loi 101, et à partir des amendements que
nous entendons soumettre.
En effet, dans tous les cas, les services de santé et les
services sociaux, de même que les entreprises d'utilité publique,
auront à assurer que leurs services sont disponibles dans la langue
officielle. Dans tous les cas, ces divers organismes auront à
rédiger en cette langue les avis, communications et imprimés
destinés au public. C'est donc là un faux débat que l'on
essaie de faire actuellement pour tuer le temps, pour empêcher la
discussion à ce moment-ci de la langue des organismes parapublics.
C'est donc la raison pour laquelle, très brièvement, nous
rejetterons cet amendement de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je peux vous assurer et je
peux assurer le ministre d'État que ce n'est pas une motion
dilatoire.
M. Laurin: Je ne vous crois pas.
M. Ciaccia: Vous pouvez le croire ou ne pas le croire. Je vais
vous donner les raisons pour lesquelles nous voulons suspendre l'étude
de ces articles. Si vous voulez parler de discussions dilatoires...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, adressez-vous à la présidence, et non pas au ministre
d'État.
M. Ciaccia: M. le Président, si le ministre veut parler de
motions et de discussions dilatoires, je pourrais vous rappeler ce n'est
pas un reproche qu'il y a eu neuf intervenants sur les signaux lumineux
de circulation. Alors, ce n'est pas nous qui faisons... Oui, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je n'ai pas à juger si la motion est dilatoire ou non. Elle
a été reçue par la présidence. Je vous prierais de
vous adresser à la présidence et de vous en tenir au sujet de la
motion de suspension.
M. Ciaccia: Je comprends, M. le Président, mais je crois
que c'est dans l'ordre d'expliquer notre motion, en disant pourquoi elle n'est
pas dilatoire et d'essayer de réfuter le ministre.
M. le Président, quand, tard cet après-midi, nous avons
reçu un amendement à l'article 22a du gouvernement,
c'était la première fois que nous le voyions. À ce moment,
je me souviens d'avoir soulevé certaines questions que je
considérais très importantes et très pertinentes, quant
à l'introduction de ces articles.
Le gouvernement a jugé bon de suspendre les articles 22a, 23, 24
et 25 et les questions que nous avons soulevées et que j'ai
soulevées se rapportaient à la question des dossiers des
hôpitaux, elles se rapportaient à la question des commissions
d'appel, et je me souviens que la réaction du gouvernement
n'était pas tout à fait accueillante, parce que j'avais
soulevé ces questions.
Il demeure, que nous n'avons pas eu de réponse. Je voudrais
souligner à la présidence le sujet très délicat que
nous touchons, le sujet des services médicaux et des hôpitaux. Ce
n'est pas quelque chose qu'on peut prendre à la légère. Je
ne pense pas que ce soit trop que de demander au gouvernement de suspendre ces
articles qui pourraient avoir des conséquences très
sérieuses, parce que nous faisons face, ici, à une loi qui est
très complexe. Le fait que nous discutions de certains articles qui sont
placés dans un certain chapitre plutôt que dans un autre peut
avoir des conséquences par un certain nombre d'autres articles. C'est
pour cette raison qu'il faut absolument qu'on sache et qu'on puisse
étudier l'effet d'enlever ou d'inclure ces mots dont il est question,
"les services sociaux", dans les articles 28, 29 et 30. Je ne crois pas que ce
soit logique d'essayer de décider cela maintenant, avant même
d'avoir discuté et pris une décision sur les autres articles qui
ont déjà été suspendus.
Je pense qu'il serait tout à fait dans l'ordre des choses de
démontrer quelques-unes des conséquences à placer les
services sociaux, soit dans l'administration, soit sur le chapitre des
entreprises. Je voudrais, M. le Président, rappeler au gouvernement que
ces conséquences pourraient être très sérieuses, et
je sais, et je ne peux pas faire autrement que croire que le gouvernement ne
veut pas porter atteinte, ne veut pas causer des difficultés, par
exemple, aux centres de recherche, à la faculté de
médecine et aux hôpitaux qui sont attachés à la
faculté de médecine de l'Université McGill. Il y a eu des
représentations qui ont été faites, des suggestions, et
nous devons, nous avons le devoir et la responsabilité, d'examiner les
conséquences.
Par exemple, si les hôpitaux sont considérés comme
des entreprises, la question de francisation, c'est de négocier avec les
employés. Si cela fait partie de l'administration, M. le
Président, il y a une série d'articles dans le projet de loi qui
vont s'appliquer et cela peut constituer et causer des difficultés
à l'administration de ces hôpitaux, dans le rendement qu'ils vont
donner à toute la population.
Je ne pense pas que ce soit trop de demander la suspension de ces
articles. C'est trop délicat, c'est trop important. Va-t-il y avoir de
la rétroactivité, par exemple, dans les dossiers? J'ai
soulevé la question de "confidentialité". On m'a donné
certaines réponses que je considère inadéquates. On n'a
pas répondu sur la question de la commission d'appel sur le programme de
francisation et on m'a dit que cela se rapportait à d'autres articles
qui seraient discutés plus tard, mais le problème demeure quand
même, le problème est accentué sur le fait de savoir si les
hôpitaux vont être placés dans un chapitre ou dans un
autre.
M. le Président, pour ces raisons, j'appuierai la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys et je crois que ce serait
irresponsable de la part du gouvernement de nous forcer à discuter sur
ces articles si sérieux et qui peuvent avoir tant de
conséquences. On ne demande pas un ajournement pour toujours, M. le
Président, un délai qui ne serait pas raisonnable. Il se peut
qu'on paisse en discuter demain. Pour ces raisons, j'appuierai la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
d'Outremont, sur la motion qui demande qu'on discute immédiatement de
l'article 31.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Je voudrais, ici
encore, assez brièvement, indiquer les raisons pour lesquelles il faut
suspendre l'étude de cet article et je pense qu'il n'y a rien de
dilatoire dans cette histoire, dans cet amendement, cette fois-ci moins que
jamais. Quand le ministre nous dit que l'article 28 est toujours le même,
je pense qu'il se moque de nous, puisque, cet après-midi, il a
commencé par nous dire que c'était un article de concordance et
ensuite on a découvert, par des questions, que non seulement ce
n'était pas de la concordance, mais que tous les hôpitaux et les
services sociaux étaient déplacés d'un chapitre à
un autre. Quand on sait que le mode d'application du régime
linguistique, selon que c'est une entreprise ou une administration, est
entièrement différent, et on ose nous dire que l'article 28 est
toujours le même, quand on enlève les hôpitaux et les
services sociaux de l'application d'un article, sous prétexte que les
autres mots sont les mêmes.
Il s'agit de tout un secteur, le secteur de la santé, le secteur
des services sociaux dont il est question. On ne peut pas en discuter de
façon intelligente. On n'a même pas les amendements qui vont nous
être proposés pour la suite du projet de loi puisque d'autres
articles aussi, même au-delà des articles 28 et 29, qui sont
également affectés par ce déplacement du secteur de la
santé.
En plus de ça, on nous présente cet amendement cet
après-midi et on voudrait se prononcer immédiatement sur cette
question, lorsque, encore une fois, on change complètement le
régime linguistique qui s'applique aux hôpitaux et aux services
sociaux.
Ensuite, on nous présente des amendements qui ont
été présentés il y a quelques jours ou quelques
semaines. On nous donne un amendement qui nous dit que les services sociaux
auxquels va s'appliquer, par exemple, l'article 23... Le gouvernement nous
présente un amendement dans lequel la majorité des
administrés vont déterminer si les services de santé et
les services sociaux vont pouvoir faire de l'affichage en français ou
dans les deux langues. Cela aussi c'est une blague, parce qu'on ne sait pas ce
que c'est, une majorité d'administrés, quand il s'agit
d'hôpitaux et de services sociaux. On le savait pour les
municipalités. On pourrait le savoir encore pour des commissions
scolaires, mais quand il s'agit des services de santé, c'est absolument
idiot de présenter une chose comme ça. La majorité des
administrés, on ne sait pas ce que c'est. Est-ce que ce sont les
administrés d'hier, les administrés de demain? Qui va faire la
majorité? Est-ce que ce sont ceux de l'année dernière? On
n'en sait rien.
On voudrait ensuite nous faire croire que c'est un amendement dilatoire
que d'exiger d'avoir les amendements sous les yeux et en bloc pour être
capable de juger quel va être le traitement linguistique que l'on va
faire aux hôpitaux dans la province de Québec. Après
ça, on va oser nous dire que ce n'est pas de l'improvisation lorsqu'on
présente des amendements qui, à leur face même, sont
inacceptables parce qu'inapplicables. Une majorité d'administrés
pour les services sociaux, il n'y a personne qui sait ce que c'est.
Les programmes de francisation, on sait qu'ils sont complètement
différents. Il y a deux chapitres. Il y a un programme de francisation
qui s'applique à l'administration. Il y a un programme de francisation
qui s'applique aux entreprises. On déplace les hôpitaux de l'un
à l'autre et on dit: C'est un article de concordance. Enfin, c'est de la
concordance. Cela n'a aucune espèce d'importance. On pourrait passer et
juger immédiatement de toutes les implications de cette histoire sur le
champ.
Cet après-midi, quand on a commencé à poser des
questions, franchement, moi-même, je pensais que c'étaient des
questions sans importance et, tout à coup, on s'est dit: Mais ce n'est
pas sans importance. Cela veut dire, à ce moment-là, que
l'article 15 s'applique aux hôpitaux. Quand on l'a lu, l'article 15, il
ne s'appliquait pas aux hôpitaux. Quand on l'a adopté, il ne
s'appliquait pas aux hôpitaux. Là, tout à coup, on dit:
L'administration rédige dans la langue officielle ses textes et
documents. Pour l'administration en général, cela allait. Pour
les hôpitaux, on dit: Les documents. Un dossier médical, est-ce un
document ou non? On ne le sait pas. Si ce n'est pas exclu, les dossiers
médicaux, est-ce qu'on est capable d'exiger que, demain matin, ils
soient tous en français? Non, et je pense que le gouvernement va
être le premier à admettre ça. Il devra probablement
apporter un changement à l'article 15 ou un changement à
l'article 22a si les hôpitaux appartiennent maintenant à
l'administration plutôt qu'à l'entreprise. Ce n'est quand
même pas nous qui avons décidé que les hôpitaux
relevaient du chapitre des entreprises. C'est le gouvernement qui nous a
présenté un projet de loi. C'est aussi le
gouvernement qui nous a présenté des amendements et qui a
décidé que, tout à coup, les services sociaux
étaient incorporés dans les municipalités. On n'a pas
changé l'expression. On a laissé "la majorité des
administrés" là-dedans. Cela aussi, c'est de l'improvisation.
C'est clair comme de l'eau de roche que ça ne s'applique pas.
Ce soir, on va dire: Adoptez l'article 28 maintenant, parce que
ça n'a pas d'importance. Cela a une importance capitale et on voudrait
discuter de façon intelligente sur cette affaire non pas à partir
des articles, mais à partir de la réalité,
c'est-à-dire les hôpitaux. C'est quelque chose de fondamental, les
hôpitaux. On voudrait être capable d'avoir tous les amendements qui
s'appliquent à l'ensemble du projet de loi avant de discuter de cette
question..
Je dis que se mettre à l'étude de l'article 28 dès
maintenant, c'est préjuger de la question. Mais on n'a pas d'objection
à entreprendre la discussion de fond sur l'article 22a si le
gouvernement est prêt à nous donner les amendements.
Malheureusement, je pense qu'il ne sera même pas prêt à nous
les donner, même si ça fait déjà des mois qu'on
discute de ce projet de loi. C'est de l'improvisation d'un bout à
l'autre.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs... MmeLavoie-Roux: Bravo! Bravo!
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Maurice et ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
M. Duhaime: Nous nous étions engagés à aller
le plus rapidement possible, de façon à pouvoir présenter
les amendements de concordance aux articles 23, 24 et 25. Je pense qu'on se
rendrait à vos désirs. Nous serions prêts à vous
soumettre les amendements aux articles 23, 24 et 25...
M. Lalonde: À 22a? M. Duhaime: ... et 22a.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la commission est
disposée à voter sur la motion?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on est prêt.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Nous votons sur la
motion... À l'ordre, s'il vous plaît! Nous votons sur la motion de
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, qui se lit comme suit: Que
l'étude des articles 28, 29 et 30 soit suspendue et que la commission
procède immédiatement à l'étude de l'article 31. On
m'indiquera si on est favorable ou défavorable à la motion. M.
Fallu (Terrebonne)?
Vote sur la motion M. Fallu: Favorable, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Desbiens (Dubuc)? M.
Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Duhaime
(Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)? M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt
(Jonquière)? M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)? M. Roy
(Beauce-Sud)? M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Mme Lavoie-Roux: Six à sept.
Le Président (M. Cardinal): Le résultat de la mise
aux voix est le. suivant: Pour la motion six, contre la motion sept. La motion
est rejetée.
M. Lalonde: On a passé proche, M. le Président. La
prochaine motion va...
Le Président (M. Cardinal): Au moins, vous n'avez pas
demandé à la présidence de voter.
Mme Lavoie-Roux: Cela aurait été
intéressant. À ce moment, vous votez avec l'Opposition?
Le Président (M. Cardinal): Non, à ce moment, je
vote selon ma conscience.
M. Lalonde: Donc, avec l'Opposition. Cela nous rassure.
M. Charbonneau: Elle n'a pas de conscience.
Le Président (M. Cardinal): Madame, messieurs, maintenant
que nous avons disposé de cette motion, nous n'avons plus rien devant
nous, parce que la motion, c'était d'étudier l'article 31, et
elle a été rejetée. Alors, il faudrait savoir ce que la
commission désire maintenant.
Article 22a (suite)
M. Laurin: L'article 22a, à la lumière de la
réponse que j'ai apportée aux questions de l'Opposition en
déposant les nouveaux articles 23, 24 et 25.
Le Président (M. Cardinal): Alors, la motion qui est
maintenant présentée par M. le ministre d'État au
développement culturel se lit comme suit: Motion d'amendement au projet
de loi no 101, qu'on insère entre l'article 22 et l'article 23, un
article 22 qui se lirait ainsi: "Les services de santé et les services
sociaux doivent assurer que leurs services sont disponibles dans la langue
officielle. "Ils doivent rédiger dans la langue officielle les avis,
communications et imprimés destinés au public."
Cet amendement sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais le 22a, on ne l'a pas eu.
M. Laurin: II a été distribué. M.
Lalonde: C'est le même?
Le Président (M. Cardinal): II a été
distribué. Je viens de le lire.
Mme Lavoie-Roux: C'est celui d'avant le souper?
M. Lalonde: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Exactement la même chose. D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, quelques
secondes pour que chacun retrouve le texte.
Je répète cependant que je considère la motion pour
l'adoption de l'article 22a comme une motion d'amendement au projet de loi no
101. Elle est proposée par M. le ministre d'État au
développement culturel.
M. le ministre désire-t-il s'exprimer? M. le ministre?
M. Laurin: Je pense que j'ai donné les explications avant
le souper, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Comme tout a été
suspendu, je recommence le débat au départ; du côté
de l'Opposition officielle?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais que vous rafraîchissiez notre
mémoire, à savoir quel est l'état du débat sur
l'article 22a.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je viens de dire... Je vais le
répéter d'une autre façon. Je n'ai pas de note sur le
débat de l'article 22a.
M. Lalonde: À ce moment, je pense que vous ne
présidiez pas et que nous avions seulement procédé
à une période de questions.
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi j'ai
considéré tantôt, il y a à peine 45 secondes, que le
débat commençait. En d'autres mots, chacun a une fiche vierge sur
le débat de l'article 22a.
M. Lalonde: Nous allons nous en occuper.
Le Président (M. Cardinal): Pour en faire quoi?
M. Lalonde: Pour mettre à notre fiche.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: J'attendais pour voir si le gouvernement
désirait donner des explications brillantes à l'article 22a.
Quant à nous, si le gouvernement ne veut pas en parler davantage, nous
croyons que la proposition d'amendement, je crois... l'article 22a a
été fait...
Le Président (M. Cardinal): C'est une proposition
d'amendement.
M. Lalonde: ... sous forme de proposition d'amendement et le
résultat est ce que j'ai vu de
plus ridicule ici, à cette commission parlementaire, depuis les
semaines et les mois où nous avons été appelés
à étudier ce projet de loi. À la dernière minute,
sans explication autre que celle de répondre à des questions, et
pas souvent de façon satisfaisante, on chambarde le projet de loi et on
tente, presque rétroactivement, après nous avoir fait
étudier les articles 14 à 22 inclusivement de ce chapitre, sous
le titre de "La langue de l'administration", on nous suggère d'inclure
dans l'administration les services de santé et les services sociaux.
Ces services de santé et ces services sociaux sont une
réalité très concrète dans notre province et pour
nos citoyens et, d'un coup de plume, on vient de les assujettir à des
dispositions complètement différentes, non seulement de celles
qui étaient l'intention du gouvernement en vertu du projet de loi no 1,
à savoir que ces organismes soient considérés comme des
organismes para-publics, dans l'annexe et aussi dans le chapitre V du premier
titre, mais même des dispositions, contrairement aux décisions du
gouvernement lors du dépôt du projet de loi no 101, visant
à considérer ces services sociaux et ces services de santé
comme des entreprises.
M. le Président, je ne sais pas qui décide au
gouvernement, qui inspire le gouvernement actuellement, mais il va falloir
qu'on fasse preuve d'un peu plus de sérieux dans l'étude de ce
projet de loi alors que, dans un autre lieu, on le sait, M. le
Président, puisqu'il s'agit de l'Assemblée nationale, on est en
train de demander à l'Assemblée nationale de suspendre des
règlements de notre code pour hâter, pour accélérer
le...
M. Godin: M. le Président, je demanderais une
directive.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mercier, sur une demande de directive.
M. Godin: Je me demande si les allusions de l'intervenant
à ce qui se passe en haut sont pertinentes à ce qui est
discuté ici.
M. Ciaccia: Oui, très pertinentes.
M. Godin: Je le demande au président, M. le
député de Mont-Royal, il n'y en a qu'un.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal vous n'avez pas à décider en mes lieu et place. Si
l'on parle de la pertinence du débat, M. le député de
Mercier, vous auriez eu simplement à évoquer le règlement.
La directive est donc la suivante: Je demanderais à M. le
député de Marguerite-Bourgeoys de revenir à la pertinence
du débat.
M. Lalonde: M. le Président, on nous demande donc, dans
l'article 22a, d'inclure dans l'administration les services de santé et
les services sociaux. Cela veut dire d'assujettir ces services aux articles 14
et suivants et plus particulièrement à l'article 15, qui dit que
l'administration...
Il faut donc lire que les services de santé et les services
sociaux rédigent dans la langue officielle leurs textes et documents.
Est-ce qu'on s'est demandé, au gouvernement, quel serait l'effet de ces
dispositions à l'article 15 sur les services de santé et les
services sociaux. Il ne faut pas se cacher que le problème, c'est le
problème des hôpitaux et surtout des hôpitaux de langue
anglaise, les quelque vingt hôpitaux qui ont rencontré le ministre
il y a quelques jours avec le ministre des Affaires sociales pour discuter de
la nouvelle avant-dernière décision du gouvernement de
considérer ces services comme des entreprises, en vertu de l'article129.
M. le Président, est-ce que le gouvernement a bien
considéré, a bien mesuré l'effet de sa décision en
apportant cet amendement? Les textes et documents d'un hôpital, est-ce
que cela comprend, par exemple, les dossiers médicaux? Est-ce que cela
veut dire qu'à compter de 1983, les hôpitaux anglophones devront
constituer leurs dossiers médicaux en français? Est-ce que c'est
cela la décision du gouvernement? Si c'est la décision du
gouvernement, est-ce que le gouvernement a tenu compte du fait que plusieurs
des services de ces hôpitaux sont affiliés à des maisons
d'enseignement anglophones et sont en quelque sorte l'extension de ces maisons
d'enseignement que, d'autre part, on reconnaît, en vertu de cette loi,
comme étant des institutions de la communauté anglophone? Est-ce
qu'on veut forcer ces institutions à fonctionner complètement en
français? Il faut le dire.
M. le Président, les dispositions des articles 23, 24, 25,
malheureusement, je ne peux pas en tenir compte actuellement, j'irais à
l'encontre du règlement, mais je ne peux quand même pas faire
abstraction du fait qu'on fait référence, dans de nouveaux
amendements qu'on nous a distribués, aux services de santé et aux
services sociaux dans ces nouveaux projets d'articles.
M. le Président, j'aimerais poser, s'il est possible, une
question au ministre. Est-ce que les dossiers médicaux seront
considérés comme étant les textes et documents, en vertu
de l'article 15?
M. Laurin: II y aura un article spécial à ce
sujet.
M. Lalonde: Voilà, M. le Président, qui ajoute au
ridicule quelque chose qui n'est plus drôle du tout.
Une voix: Lequel?
M. Lalonde: On nous demande d'étudier l'article 28.
Grâce à une demi-heure qu'on a dû perdre à essayer de
convaincre ce gouvernement de suspendre, on est venu à l'article 22.
Mme Lavoie-Roux: On a trouvé les amendements.
M. Lalonde: On a trouvé des amendements griffonnés
sur un bout de papier à 10 h 45 le soir, à la treizième
journée de notre commission parle-
mentaire et, à ma question, on me dit qu'il va y avoir d'autres
amendements.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, à l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Vous avez fait la même chose, arrêtez
de charrier un peu.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, et M. le député de
Verchères et M. le député de Marguerite-Bourgeoys! Je
comprends qu'il commence à être tard...
Une voix: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, jusqu'à
présent, vous vous en étiez tenu, malgré que ce soit
difficile, je l'avouerai pour vous et j'aurai pour vous une grande largesse,
à la pertinence du débat. Mais je pense que vous êtes
carrément en dehors du sujet, même si les attaques contre le
gouvernement sont évidemment permises en commission parlementaire.
Je vous prierais de revenir à l'amendement proposé par M.
le député de Bourget à l'article 22a.
M. Lalonde: C'est très difficile, M. le Président,
de rester dans la pertinence lorsque le gouvernement est assez impertinent pour
nous proposer, à la dernière minute, non seulement un nouvel
article 22a, non seulement des nouveaux articles 23, 24 et 25, mais même
un nouvel amendement qu'on ne connaît même pas, qui va
répondre à une des questions les plus fondamentales que je viens
de poser au gouvernement. Cela, on va en prendre soin dans un nouvel
amendement.
M. le Président, est-ce qu'on veut rire de cette commission
parlementaire? Est-ce qu'on demande à cette commission parlementaire
d'examiner, en toute connaissance de cause, des propositions du gouvernement?
Comment voulez-vous que l'on discute même ne parlons pas de voter
pour l'instant de cette proposition d'amendement si on nous dit: Un des
problèmes principaux soulevés par cet amendement 22a; je
suis dans la pertinence, M. le Président une des principales
questions, on y répondra en temps et lieu, peut-être, dans un
autre amendement.
M. le Président, je proteste! Je pense que c'est mon droit de
député et de membre de cette commission,
délégué par mes électeurs et
délégué par mon parti pour siéger ici, et je n'ai
pas manqué une seule des séancessauf quand j'ai
été appelé à siéger à la commission
de la justice pour étudier sérieusement ce projet de loi.
On l'a fait. On l'a fait avec des débats souvent vigoureux, souvent
longs. On a adopté une quarantaine d'articles jusqu'à maintenant,
en treize jours, et voici qu'à la dernière minute, on nous
demande d'étudier ça.
Je suis fort tenté je vais arrêter maintenant
je suis fort tenté de proposer une autre motion de suspension du
débat, parce que je pense qu'il en va de la dignité même de
cette commission.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre
d'État au développement culturel.
M. Laurin: ... s'il faut poser un geste pour apaiser la
colère sainte du député de Marguerite-Bourgeoys...
Mme Lavoie-Roux: ... pas sainte.
M. Laurin: ... je vais tout de suite remettre aux membres de la
commission l'amendement qui concerne les dossiers.
M. Lalonde: Au compte-gouttes, M. le Président. Il faut
leur démontrer leur ridicule pour qu'on ait quelque chose.
M. Charbonneau: Arrêtez donc!
M. Lalonde: Cela n'a pas de bon sens! Je n'ai jamais vu une
commission parlementaire marcher de même.
M. Charbonneau: Arrêtez donc de charrier...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'or- dre, s'il vous plaît...
M. Charbonneau: Et Seigneur! Vous n'étiez pas souvent
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Cardinal): ... je ne suspendrai pas
l'étude d'un article, je vais suspendre la commission si vous ne
procédez pas selon le règlement.
M. Lalonde: Vous n'auriez pas tort, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député d'Outremont, vous avez demandé la
parole sur une question de directive.
M. Raynauld: Oui, c'est une demande de directive, M. le
Président. Est-ce qu'il est possible que le gouvernement dépose
l'ensemble des amendements relatifs aux services de santé et aux
services sociaux, et est-ce que ce ne serait pas essentiel, pour qu'on ait une
discussion un peu intelligente sur le sujet?
Le Président (M. Cardinal): M. le député
d'Outremont, je dois vous répondre dans les limites de la
compétence de la présidence. Je ne peux pas répondre au
nom du gouvernement. Je ne suis pas membre du gouvernement. Je suis un des
serviteurs de la Législature et non pas de l'Exécutif, et seul le
ministre pourrait vous répondre. Quant à moi, je peux vous dire
que, ayant appelé un article,
22a, qui est un amendement, je ne puis faire davantage, ni exiger
davantage; seuls les membres de la commission le peuvent.
Oui, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement, ce
soir...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous parlez sur le
fond?
M. Grenier: Sur le fond.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Sur le fond, c'est
à votre tour, d'accord.
M. Ciaccia: Faites ce que vous voulez.
M. Grenier: S'il y en a un autre, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): Non, d'accord, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien brièvement, M. le Président,
puisque c'est mon intention d'y revenir demain à l'ouverture de la
commission. Je ne vous cache pas que ce soir, j'y perds mon latin, et je
comprends vraiment mal cet amendement que nous a apporté le
gouvernement, juste avant le souper, et on a demandé la suspension pour
nous permettre d'avoir plus de temps. On revient ici et là, on s'est
lancé dans d'autres articles... Il a fallu en suspendre parce qu'il
semblait qu'il y avait des concordances avec d'autres articles.
On revient, apparemment, alors qu'on déposait ici tous ces
nouveaux articles, puisqu'on en faisait vraiment des nouveaux articles, les
articles 23, 24 et 25. On commence l'étude de l'article 22 pour nous
annoncer immédiatement que cela ne sert à rien d'exposer nos
arguments, il y en a un autre qui va être exposé. On arrive avec
l'autre écrit ici au bout de la plume, au bout de la table. Qu'on soit
obligé, à l'occasion, dans l'Opposition, de préparer des
amendements à la toute dernière minute, cela peut se comprendre,
cela peut s'expliquer, parce qu'on fait face à une loi et, à
mesure, à force de discussions autour de la table, cela peut amener des
changements. Mais que le gouvernement, dans des sujets aussi importants que les
services de santé et les services sociaux, nous chambarde cela, non pas
d'un article à l'autre, mais d'un chapitre à l'autre, qu'il les
change complètement, qu'ils ne soient plus sous le parapluie du
même chapitre, à savoir que les situations ne sont plus les
mêmes, absolument pas... Je me demande vraiment, M. le Président,
où on s'en va. Au début, je me demandais si ce n'était pas
une stratégie du gouvernement que de nous donner, comme on nous le
signalait tout à l'heure, au compte-gouttes, ces amendements ou ces
nouveaux articles on en fait de nouveaux articles Je suis vraiment
perdu au point de penser que le gouvernement n'a pas l'air de savoir et n'a pas
l'air d'avoir préparé ce projet de loi de façon
structurée et de façon logique. On revient, on va en avant, on va
en et on reprend le centre. J'ai bien l'impression que cela n'a pas
été pensé tout simplement. Je me demande pourquoi on nous
fait travailler autour de la table ici. Avec tout ce temps qu'on a
passé, on n'est pas plus avancé qu'on l'était, je pense,
quand on a repris notre commission à 16 h 30 cet après-midi.
On a proposé à 17 h 45, ce soir, de remettre
l'étude de l'article 22a. Je me demande si on n'aurait pas dû
remettre l'étude à demain, comme je l'ai suggéré
à ce moment-là, pour qu'on puisse produire devant la commission
les nouveaux articles qu'on voulait donner. C'est la confusion totale et, le
pire, c'est que ce n'est pas la confusion uniquement chez l'Opposition, c'est
la confusion tout autour de la table de travail. Bien avisé serait celui
qui voudrait venir nous dire vers quoi on se dirige avec ces séries
d'articles qui nous sont distribués et les autres qui peuvent venir
encore.
M. le Président, j'interviendrai demain quand nous aurons fait le
tour de ces articles qui nous sont déposés ce soir et qu'on verra
que le gouvernement a fait son lit. On saura peut-être mieux demain
matin, à 10 heures, à la reprise des travaux, vers quoi on se
dirige, et si on doit reprendre vraiment l'étude de l'article 22. On
aura, à ce moment-là, tous les articles et les amendements qui
doivent s'attacher à ce chapitre du projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères.
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: J'aimerais savoir si je pourrais faire une motion
privilégiée selon laquelle la commission se déplacerait
à l'Assemblée nationale pour aller écouter notre
confrère de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: C'est une "filibuste".
M. Lalonde: On perd assez de temps avec votre amateurisme sans en
perdre davantage.
M. Dussault: M. le Président, est-ce qu'on peut faire
remarquer les dons d'ubiquité du député de Mont-Royal?
M. Fallu: ...
Mme Lavoie-Roux: Quoi?
M. Dussault: Les dons d'ubiquité.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: M. le Président, j'interviens ici. Ce que le
gouvernement est en train de faire là...
M. Charbonneau: Quel article? C'est moi qui ai la parole.
M. Grenier: M. le Président, je vous demande une
directive. Est-ce qu'on est obligé d'être ici? D'abord, on n'est
pas obligé d'être ici. Je pense bien que vous allez nous
répondre que c'est notre droit d'être en haut. Je peux vous dire
une chose, ce qui se discute en haut, actuellement, regarde les membres de la
commission de l'éducation. On a la responsabilité d'être
là chacun son tour. Je pense que les membres du gouvernement qui sont
ici, s'ils sont 71, ce serait leur rôle d'être en haut aussi,
à l'occasion, et de dire leur mot dans ce qui se discute.
Moi-même, j'irai demain et je pense que je serai conforme au
règlement tout en étant en haut pour discuter de ce qui se passe
à l'éducation. Ce sera mon rôle premier d'être
là demain.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, vous savez bien que ce n'est pas, à la
présidence d'indiquer aux députés où ils doivent
être lorsque siègent en même temps une commission et les
membres de l'Assemblée nationale. J'avais reconnu M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, à l'heure qu'il
est, j'ai l'impression qu'on n'aura malheureusement pas l'occasion
d'entreprendre sérieusement l'étude de ces articles, mais je veux
profiter des quelques instants qui restent pour essayer de réfuter les
arguments des gens de l'Opposition qui tentent de faire croire à la
tribune de la presse que tout le travail qui est fait ici au niveau du
gouvernement, en termes d'amendements, travail qui, à mon sens, est
sérieux n'est, tout compte fait, qu'un travail d'amateur.
Je n'ai peut-être pas beaucoup d'expérience parlementaire
encore, mais j'ai assisté à suffisamment de commissions
parlementaires depuis quelques mois pour savoir que ce qu'on fait ce soir,
très sérieusement depuis quelques instants, plus
sérieusement qu'il y a quelques minutes, cela s'est fait à
plusieurs commissions parlementaires. Même si le député de
Marguerite-Bourgeoys prétend que ce n'est pas sérieux, cela s'est
fait notamment, dernièrement, à la commission parlementaire de la
Justice où, effectivement, on a suspendu l'étude de certains
articles pour, par la suite, en arriver à proposer des amendements
sérieux. Si vous n'y comprenez rien, ce n'est pas notre
problème.
M. Lalonde: Article 96.
M. Charbonneau: Si vous considérez que, parce que des gens
du gouvernement décident de revenir devant la table avec des
amendements, décident de réévaluer leur position,
décident d'approfondir certains aspects de la loi, c'est de
l'amateurisme, c'est que vous n'avez rien compris de ce qu'est un
système parlementaire. Je pense qu'on peut diverger d'opinion sur le
bien-fondé de tel ou tel article, mais de prétendre, à la
face du public qui est ici et aux journalistes, que l'attitude du gouvernement,
à ce moment, est irresponsable, c'est prouver, en fait, que ce genre
d'intervention est irresponsable et qu'on vise uniquement à faire perdre
le temps des gens ici.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si le
député de Verchères prenait simplement le temps de lire la
dernière production du gouvernement, qui veut insérer les
articles 25 et 26 et qui n'a pas pris la peine d'inclure les articles 14
à 23 qui prévoient un délai. Vous voyez cela, demain
matin, dans les hôpitaux, qu'à leur convenance, les gens puissent
écrire en français, écrire en anglais, et
débrouille-toi, va comme je te pousse, pour les patients, sans
même avoir prévu un délai pour une chose comme
celle-là!
M. Charbonneau: Vous discutez du fond, madame!
Mme Lavoie-Roux: Si vous ne trouvez pas cela une improvisation,
M. le député de Verchères, je ne sais pas comment vous
appelez cela, mais c'est vous autres qui venez de la produire.
M. Charbonneau: Vous en discuterez quand ce sera le temps de
discuter du fond!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Verchères!
M. Charbonneau: Ne venez pas charrier sur le fait qu'on perd
notre temps!
Mme Lavoie-Roux: C'est cela qu'il y a dedans, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Alors, qu'on en discute au lieu de charrier sur
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je ne charrie pas, c'est la
vérité.
M. Charbonneau: Voyons donc!
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Je ne
sais pas ce que je pourrais dire à cette heure pour vous dérider.
M. le député de Saint-Maurice...
Mme Lavoie-Roux: Qu'il essaie de prouver que ce n'est pas de
l'amateurisme]
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Non, n'essayez pas de vous cacher derrière
des arguments...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice et ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: M. le Président, pour placer le débat
dans son juste contexte et tenter d'apaiser...
M. Charbonneau: Les journalistes sont capables de juger seuls,
madame.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Duhaime: ...ce que l'on voudrait exagérer comme une
tempête dans un verre d'eau, je rappellerai à la commission...
Mme Lavoie-Roux: II y a aussi le déluge dans un dé
à coudre.
M. Lalonde: Un ouragan dans un dé à coudre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais savoir si j'ai la
parole.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez la parole, mais
l'expérience m'apprend qu'à cette heure, il est difficile de la
conserver... J'ai réussi, enfin, un sourire dans cette Assemblée.
M. le député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: Je rappellerai que la question des services sociaux
et services de santé touchant les articles 22a, 23, 24, 25 et 25a,
l'étude en a été suspendue cet après-midi, du
consentement de tous les membres de cette commission. Je pense que du
côté ministériel, on se rendait à un voeu
formulé par les membres de l'Opposition. Nous avons dit que dans les
meilleurs délais nous avons dit quelques heures nous
aurions des amendements à proposer pour concilier et se rendre en
quelque sorte aux voeux et aux désirs de plusieurs des demandes
formulées par l'Opposition. Ce qui me frappe, c'est qu'au moment, je
comprends qu'il est onze heures moins trois, ce n'est pas une raison pour se
pâmer...
Le Président (M. Cardinal): Moins deux. Mme
Lavoie-Roux: ...quelques secondes.
M. Duhaime: ...qu'on tente, en quelque sorte, de dramatiser une
situation qui, en soit...
Mme Lavoie-Roux: Est ridicule.
M. Duhaime: ...est tout à fait dans l'ordre de ce que nous
avons convenu d'un consentement unanime. Je pense que si les gens d'en face
étaient le moindrement sérieux et n'avaient pas cette intention
manifestée aussi bien à cette commission que devant
l'Assemblée nationale, de faire ce petit "filibuster"...
Mme Lavoie-Roux: Je regrette!
M. Duhaime: ...je pense qu'on n'en serait pas là...
M. Paquette: ...trois mois...
M. Duhaime: ...à onze heures moins une, en cette
quinzième journée, devant la commission parlementaire.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, très
brièvement.
M. Lalonde: Je ferai remarquer au ministre du Tourisme que s'il
avait accepté notre proposition de passer à l'article 31...
M. Charbonneau: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: ...à 22 heures, on n'aurait pas perdu une
heure pour des niaiseries.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
M. Charbonneau: II n'y a pas de règlement là.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Avant
que je n'ajourne, M. le député de Marguerite-Bourgeoys à
22 h 37 a commencé à parler de l'amendement qui s'appelle
l'article 22a. Il s'est exprimé jusqu'à 22 h 48, ce qui lui
laisse encore du temps sur cette motion. Depuis 22 h 48 je n'ai rien entendu au
sujet de l'article 22a. Je vous ai permis cette brève
récréation avant l'ajournement des travaux à demain 10
heures. C'est un ajournement sine die, c'est-à-dire après la
période des questions.
(Fin de la séance à 23 h)