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Etude du projet de loi no 101:
Charte de la langue française
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous allons commencer une autre séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications.
Je rappelle que cette séance sera ajournée sine die
à 13 heures et que nous attendrons une motion du leader parlementaire du
gouvernement pour reprendre nos travaux.
Je vais donner la liste des membres de la commission. Les whips ou les
représentants des partis m'indiqueront les changements
appropriés.
M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier), M.
Charbonneau (Verchères) remplacé par M. Morin (Sauvé); M.
Charron (Saint-Jacques).
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par M. Vaillancourt (Jonquière); M.
Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg).
M. de Belleval: Présent.
M. Grenier: Y aurait-il des difficultés au sein de la
Fonction publique à cause de la loi?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Quelqu'un qui possède une particule ne peut se faire
remplacer que par quelqu'un qui en possède une aussi. Donc, M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes) est remplacé par M. de Belleval
(Charlesbourg).
M. Dussault (Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget).
M. Laurin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Présente.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud). Est-ce que je comprends que M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
est remplacé par M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce)?
De toute façon, cela pourra être modifié s'il y
avait lieu, pourvu que cela ne soit pas un même changement officiel au
cours de la même séance.
M. Samson (Rouyn-Noranda).
Hier, lorsque je me suis permis motu proprio d'ajourner les travaux
à 18 heures, nous avions devant nous une motion de M. le
député de Saint-Jacques que je déclare évidemment
caduque, parce que sa substance et son objet n'ont plus d'application pratique.
Si vous permettez...
A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Cardinal): Vous pouvez le faire dans le
corridor, sans quoi vous demanderez la permission à la
présidence.
Comme le mandat de la commission est d'étudier le projet de loi
no 101, Charte de la langue française, après la deuxième
lecture, article par article, j'appelle immédiatement l'article 70.
Chapitre VIII: La langue de l'enseignement
Article 70
M. Charron: M. le Président, je propose que l'article 70
soit adopté.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais y souscrire immédiatement,
mais j'ai une seule question.
Le Président (M. Cardinal): D'accord!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait m'expliquer, cela aussi
c'est devenu caduc hier, mais j'avais demandé si on ne pourrait pas
être, à partir de maintenant, simplement poser des questions pour
éclairage. On a mis...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, je pense
que la commission est d'accord pour procéder de cette façon. S'il
y a consentement unanime, je ne tiendrai pas le temps, pourvu qu'on n'abuse pas
évidemment de ce temps.
Mme Lavoie-Roux: Ah, ne craignez pas!
Le Président (M. Cardinal): Si j'ai le consentement de la
commission, nous allons procéder. Vous avez proposé les articles
70, 71, 72, 73, 74, 75 et 76 sous forme de dialogue, enfin, de questions et de
réponses. Mme le député de L'Acadie, vous avez la
parole.
Mme Lavoie-Roux: La remarque que je ferais sur l'article 70 est
la suivante. Il semble que l'article 70 n'aurait pas été
nécessaire, n'eût été le fait que, pour les enfants
qui demandent leur inscription à l'école française, on ne
requiert la signature que d'un parent alors que, pour les enfants qui demandent
leur inscription à l'école anglaise, on requiert la signature des
deux parents. J'aimerais que le gouvernement m'explique pourquoi on a
jugé nécessaire de faire cette différence.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: C'est parce qu'on ne voulait pas créer des
querelles de ménage ou donner la préséance à la
femme ou à l'homme dans le ménage. On voulait que ce soit l'objet
d'un accord au niveau de la famille pour cette démarche importante.
Mme Lavoie-Roux: En admettant que votre argument soit juste, j'y
reviendrai, il me semble que même si on demande son inscription en
français, les parents pourraient avoir le même problème
quant au choix de l'école, par exemple.
M. Laurin: Non, puisque c'est...
Mme Lavoie-Roux: Je trouve un peu malheureux qu'on ait mis cette
disposition. On aurait dû, dans les deux cas, le requérir pour les
deux ou dans les deux cas ne le requérir que d'un seul parent. Je trouve
un peu inutile, dans ce sens-là, qu'on ait été
obligé d'ajouter l'article 70 à cette fin.
M. Laurin: Cela nous paraît être une décision
à ce point importante qu'elle requiert l'accord des deux parents.
Mme Lavoie-Roux: Bon! En tous les cas, je voulais le signaler,
parce que je trouve quand même qu'il y a là un
élément je ne voudrais pas, à ce moment-ci, parler
de discrimination mais quand même un peu particulier.
Qu'arrivera-t-il dans le cas où la famille se trouve dans une
situation qui n'est pas légalement une situation de charge légale
d'un enfant, ou de tuteur légal de l'enfant? En fait, l'enfant se trouve
un peu dans une situation de flottement, parce qu'on sait fort bien que, dans
des querelles de famille, il y a souvent une période de flottement,
où l'enfant est soit avec la mère, soit avec le père. Je
ne suis pas sûre que vous puissiez, par cela, résoudre le
problème que vous prévoyez.
M. Laurin: Nous n'avons pas prévu de règlement.
J'espère que nous ne serons pas obligés d'en faire pour cet
article. Il me semble qu'avec l'article 70, étant donné que
l'enfant peut être à la charge d'un seul de ses parents, ou
à la charge d'un tuteur, il me semble que cela prévoit quand
même les cas les plus obvies.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Dans sa question, le député de L'Acadie
fait une relation entre l'article 70 et la formule de demande d'admission
à l'école anglaise, plus correctement, la demande de recevoir
l'enseignement en anglais. Cette relation est-elle effectivement ce qui
explique l'existence de l'article 70?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Laurin: La formule, au fond, entérine ou incarne le
principe que j'énonçais tout à l'heure. C'est bien
sûr que la formule a été élaborée à la
suite de l'accord qui est intervenu sur le principe que je viens
d'énoncer.
M. Forget: Oui, je n'ai pas de doute que la formule ait
été rédigée par des gens qui se sont
inspirés du principe que vient d'énoncer le ministre, mais ce
n'est pas vraiment la nature de ma question. Y a-t-il une autre raison à
l'existence de l'article 70 que cette formule?
M. Laurin: II n'y a pas d'autre raison que celle que j'ai
énoncée, que pour cette décision, elle nous semblait assez
importante pour nécessiter l'accord des deux parents, lorsqu'ils sont
là.
M. Forget: Je vais formuler ma question d'une autre façon.
C'est un peu pénible, parce que cela prendrait probablement
l'éclairage d'un conseiller juridique, mais dans le fond, le sens de ma
question c'est qu'il n'y a pas de raison d'avoir l'article 70 dans la loi. Le
Code civil tient déjà compte du fait que, lorsqu'un parent est
mort ou qu'il n'a plus la garde des enfants, c'est l'autre parent qui s'en
occupe, qui signe toutes les formules qui doivent être signées, y
compris le consentement au ma-
riage, ce qui doit être au moins aussi important que l'admission
à une classe en anglais.
M. Charron: C'est exact.
M. Forget: C'est un article complètement redondant et sans
utilité.
M. Laurin: Je pense que la même remarque pourrait
être faite sur un certain nombre d'autres articles qui sont
peut-être inutiles. En raison de l'inquiétude qui peut exister
dans certains milieux, on a cru nécessaire, parfois, de mettre des
choses qui, juridiquement parlant, n'étaient peut-être pas
nécessaires. Mais, au fond, il n'y a pas d'inconvénients à
mettre des choses un peu redondantes quand cela répond à des
inquiétudes de la part de gens qui ne sont pas rompus à la
lecture des projets de loi. La même chose pour l'article 84. On y dit que
l'usage d'une autre langue est permis lorsque ce n'est pas interdit. Pour nous,
c'était bien évident dans la première rédaction du
projet de loi, mais on a eu tellement de questions là-dessus en
commission parlementaire de la part de gens assez expérimentés
pour avoir une bonne connaissance des lois... Pourtant ils étaient
inquiets. C'est pour répondre à cette inquiétude-là
que nous avons mis un article qui, au fond, était redondant et inutile,
mais qui apaisait certaines inquiétudes. C'est un peu la même
chose pour l'article 70.
M. Forget: Je pense qu'il y a une bonne distinction entre les
deux. L'autre article n'était pas inutile, étant donné
qu'il y avait une restriction qu'il fallait préciser, mais dans ce
cas-ci, le danger de dire autrement que ne le dit le Code civil, ce que l'on
croit que le Code civil dit, peut créer des difficultés
d'interprétation, et loin d'aider, cela peut compliquer. Il y a un grand
principe en législation qui veut que le législateur ne
légifère pas pour rien. Quand il y a déjà une loi,
il ne s'amuse pas à en faire d'autres exprimées
différemment sur le même sujet. Pour cette raison, je ne vois
vraiment pas l'utilité de cet article, en dépit de l'explication.
On voit que l'article étant là, il est encore nécessaire
d'expliquer ce qu'on veut dire dans le cas où on veut l'appliquer. On
n'a rien acquis dans le fond.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Deux choses. D'abord, ma première intention
est de proposer de passer...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: On comprendrait, mais on n'entend pas. D'abord,
passer au vote de l'article 70, s'il n'y a pas d'autres argumentations. L'autre
chose qui importe, c'est la déclaration du ministre
délégué au Haut-Commissariat d'hier soir, à savoir
qu'on était prêt à faire le dépôt des...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Grenier: ... demandez donc au ministre d'aller faire des
caucus... Qu'on s'entende. ... des règlements, s'il y a lieu.
Pourrait-on en prendre connaissance? Des amendements, je veux dire...
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, M. le
député de Mégantic-Compton, je me fais le porte-parole des
membres de la commission. Ce que j'ai entendu hier soir, c'est une promesse de
M. le député de Saint-Jacques de déposer les amendements
au chapitre de la langue de l'enseignement.
M. Charron: Je vais le faire en cours de séance, ce matin,
M. le Président, dès qu'on arrivera à un article où
le parti ministériel aura des amendements à présenter.
M. Grenier: Peut-on adopter l'article 70?
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie a demandé la parole sur l'article 70.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que l'article 70, c'est quand
même important qu'on clarifie ce qu'il veut dire. Il n'est pas dans notre
intention de vous demander de le retirer, je vous le dis au départ.
C'est une suggestion pour vous. C'est à vous de décider ce que
vous voulez faire, c'est votre point de vue encore une fois.
Nos préoccupations sont moins juridiques que celles de mon
collègue, mais je me demande ce que vous voulez tenter de corriger.
D'une part, le fait que justement les deux soient là et que cela
évite les discussions peut aussi amener la contrepartie, en ce sens que
l'enfant, là où ses parents ne s'entendront pas, deviendra un peu
l'otage dans des querelles autres que celles qui concernent l'école, et
cela peut devenir seulement une occasion de plus pour envenimer, à
être utilisé dans les querelles des parents. En tout cas, je vous
le donne comme suggestion et comme considération, et vous ferez ce que
vous en voudrez.
M. Charron: Je voudrais...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre.
M. Charron: La préoccupation de Mme le
député et celle du député de Saint-Laurent sont
fondées. Dans les cas où, par exemple, une dispute familiale
viendrait anéantir en quelque sorte la possibilité d'utiliser
l'article 69 qui demande le consentement des deux parents c'est
l'inquiétude de madame je dis que n'importe quel régime
scolaire, y compris celui dans lequel nous vivons, y compris même
l'hypothèse du libre choix total comme le préconise le
député de Mont-Royal, ne donnerait...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: C'est avec des déclarations gratuites comme
cela qu'on fait des manchettes erronées. Je n'ai pas
préconisé le libre choix total, M. le Président, et je
veux que ce soit clair. Je ne veux pas qu'on me dise cela et qu'on m'impute
cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Mont-Royal! A l'ordre, M. le député de
Mont-Royal! Si vous voulez soulever une question...
M. Ciaccia: Je commence à avoir mon voyage, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez soulever une question de privilège, vous
aurez toute la possibilité au cours de la journée. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je continue, M. le Président. Je veux dire que
n'importe quel régime scolaire, dans un cas de dispute familiale... Par
exemple, prenons l'hypothèse où nous serions dans un parfait
régime de libre choix, ou même dans l'hypothèse de
l'application de la loi actuelle, la loi 22, qui soumet l'enfant à un
test. S'il y a désaccord entre l'homme et la femme, à savoir si
je présente mon enfant pour qu'il ait un test par lequel on mesurera son
aptitude à aller à l'école anglaise ou si, sans test
aucun, j'inscris mon enfant à l'école anglaise. S'il y a
désaccord, il n'y a aucun tribunal qui peut se rendre jusque dans la
famille pour dire: Prenez une décision quelconque. C'est pour cela que
la loi ici réclame qu'il y ait entente, parce qu'autrement, sur le plan
matrimonial, on n'a pas de moyen d'intervenir quand le père et la
mère d'un enfant ne sont pas d'accord sur la culture à donner
à l'enfant. Qu'est-ce que vous voulez que le juge, que le ministre de
l'Education, que le principal d'école ou que le président de la
commission scolaire fassent, dans pareil cas, sauf d'attendre qu'il y ait
accord quelque part pour inscrire l'enfant?
Je dis au député de Saint-Laurent, qui avait cette
préoccupation juridique, qu'il a en grande partie raison sur la
redondance de l'article 70, mais nous en avions parlé nous-mêmes
au niveau du Conseil des ministres et des ministres qui ont été
appelés à travailler plus précisément sur le projet
de loi. On a vraiment préféré la redondance à ce
moment-ci pour précisément éviter que l'enfant qui serait
à la charge d'un seul de ses parents reçoive une contestation
judiciaire, en quelque sorte, sur ce droit-là, puisque l'article 69
disait "à la demande du père et de la mère", et que la
mère existe encore quelque part dans le paysage et qu'elle viendrait
s'opposer.
Pour éliminer tous ces délais additionnels qui,
finalement, j'en suis convaincu, à cause de l'article 69 et à
cause du code civil, seraient gagnés devant les tribunaux, on finirait
par dire à la dame qui s'oppose qu'elle a perdu la garde légale
de son enfant par exemple, au sens du code civil, mais tout le délai
serait au désavantage de l'enfant. Maintenant que l'article 70
reprécise l'intention de ce que le code civil dit, je pense que les
tribunaux et même l'autorité scolaire qui reçoit
l'inscription de l'enfant pourront, à sa face même, se prononcer
sur la pertinence de l'inscription scolaire de l'enfant, puisqu'il sera dit
qu'en vertu de l'article 70 ils ont la preuve que, par une décision de
la cour, il a été décidé que le parent et lui seul
a la garde de l'enfant, et de ne même pas entamer des poursuites
quelconques. La clarté du texte lui permettra de rendre une
décision tout de suite et permettra l'inscription de l'enfant sans
délai additionnel devant les tribunaux. J'admets la redondance, mais
j'espère que le député de Saint-Laurent comprend pourquoi.
C'est dans l'intérêt même de l'enfant que nous nous
accordons pour la mettre dans le texte de loi, pour ne pas avoir de poursuites
additionnelles devant les tribunaux tellement le texte de loi sera clair.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas prolonger la discussion
là-dessus, mais je veux tout simplement mettre le gouvernement en garde
contre tout écueil et je répète qu'il y a une
période de flottement où les parents ne sont pas
séparés, où ils ont normalement la charge de l'enfant. Un
parent part pendant un mois et revient ensuite et ainsi de suite. Cela peut
causer des problèmes, et certains des écueils que vous voulez
éviter ici vous les retrouverez pourtant dans les familles francophones
pour des raisons comme le choix de l'école, le secteur privé ou
le secteur public, telle école plutôt que telle autre, etc. C'est
à vous, à ce moment-ci, de prendre vos décisions, mais
nous sommes prêts à adopter l'article, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Ces recommandations
étant faites aux ministériels, l'article 70 sera-t-il
adopté?
M. Charron: Adopté. Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. J'appelle
l'article...
Une Voix: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, permettez j'appelle quand
même l'article 71 pour respecter le mandat de la commission. M. le
ministre d'Etat au développement culturel.
Amendements déposés
M. Laurin: Je pourrais peut-être profiter de cette
occasion, M. le Président, pour déposer les amendements dont on
parlait hier. Il y en a une quinzaine; il y en aura d'autres, parce que ce sont
surtout des amendements qui touchent le titre I de la loi, et nous continuons
à travailler au titre II de la loi, qui touche l'application du titre I,
qui se réfère surtout à des principes alors que le titre
II touche à l'application. Nous continuons à réviser tous
les
articles du titre II et il est probable que j'aurai à
déposer d'autres amendements d'ici quelques jours là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel...
M. Laurin: Dans ce texte, il y a quelques amendements qui
manquent, qui touchent plus spécialement la langue de l'enseignement,
qui avaient été adoptés par le Conseil des ministres, il y
a déjà une semaine, et que je vous communiquerai d'ici quelques
minutes.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le ministre
d'Etat au développement culturel, puis-je vous poser une question? Tout
d'abord, il s'agit de projets d'amendements.
M. Laurin:... projets d'amendements.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Et, deuxièmement,
est-ce que c'est conforme à ce qui avait été
annoncé? Est-ce qu'il s'agit de projets qui ne se rapportent qu'au
chapitre VIII ou...
M. Laurin: Non, qui se rapportent à...
Le Président (M. Cardinal): Non, au titre I en entier.
M. Laurin: ... tous les chapitres du titre I, y compris le
préambule.
Le Président (M. Cardinal): Y compris le préambule,
que nous étudierons peut-être plus tard, quand nous aurons fini
l'étude article par article.
Merci, M. le ministre.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, seulement pour clarification,
vous dites qu'il s'agit de projets d'amendements plutôt que
d'amendements. Est-ce que c'est en vertu d'une décision que vous prenez
ou si c'est pour refléter l'intention du ministre?
Mme Lavoie-Roux: L'intention...
Le Président (M. Cardinal): C'est en vertu d'une directive
que je rends, parce que, tant qu'un amendement n'est pas adopté par la
commission, ce n'est qu'un projet d'amendement, comme la Charte de la langue
française n'est qu'un projet de loi présentement.
M. Forget: La raison pour laquelle je pose la question, c'est
que, dans une autre commission sur la loi 48, cette semaine, le
président de la commission a rendu une décision qui était
directement à l'opposé de celle-ci. Je ne veux pas opposer les
deux décisions, mais ça me pose un certain problème
d'interprétation. Il a dit: Lorsque le ministre qui présente la
loi introduit des amendements, ils sont considérés, ipso facto,
comme faisant partie du projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): Ah! bien, écoutez!
C'est autre chose. Il n'a peut-être pas compris votre question à
prime abord. Nous pouvons faire de la sémantique et c'est un peu
byzantin. Si vous demandez si le gouvernement propose ces textes comme projets
définitifs et comme faisant partie du texte actuel du projet de loi, je
suis prêt à dire oui si le gouvernement dit oui. Ce n'est pas
à moi à répondre. Si vous demandez si ce sont des
amendements à la loi, moi je vous dis qu'il n'y a pas de loi encore et
qu'il n'y a pas d'amendements encore. Il n'y a que des projets.
M. le ministre d'Etat, si vous voulez clarifier cette... Bon! M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, si vous permettez. Les
amendements que le député de Saint-Laurent a entre les mains, le
gouvernement les considère comme faisant désormais partie du
texte du projet de loi.
M. Forget: Ah bon!
Le Président (M. Cardinal): Alors, tout le monde est
d'accord... c'est-à-dire que lorsque j'appellerai un article, je devrai
suivre ce texte et considérer que cela sera un nouveau texte.
M. Charron: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): Parfait? Merci de votre
question, M. le député de Saint-Laurent.
J'ai donc appelé l'article 71, à moins que M. le ministre
n'ait quelque chose à ajouter.
M. Charron: ...71.
Article 71
Le Président (M. Cardinal): Cet article sera-t-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...une seule question. Le ministre de
l'Education, qui vient d'arriver, pourrait-il nous indiquer selon quels
critères il désignera les personnes chargées de
vérifier le pouvoir d'admissibilité des enfants à
l'enseignement en anglais? Sont-ce des personnes à l'intérieur
des commissions scolaires? Sont-ce des personnes à l'intérieur du
ministère? Ou à l'extérieur de l'un et l'autre?
M. Morin (Sauvé): Le premier critère qui a
prévalu au choix de ces personnes, ce sont leurs qualités
intellectuelles et leur impartialité. Nous sommes allés chercher
dans la plupart des cas les personnes qui, déjà, avaient acquis
l'expérience des critères de la loi 22 et qui avaient
été choisies, je dois le dire, avec grand soin, par le
gouvernement antérieur.
Ce sont, à quelques exceptions près je n'ai
pas la liste devant moi les mêmes personnes que celles qui,
déjà, avaient dû faire face à des situations
semblables dans l'application de la loi 22. Naturellement, elles vont appliquer
non plus la connaissance suffisante de l'anglais, comme c'était le cas
sous l'empire de l'ancienne loi, mais les critères de l'article 69.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Cardinal): L'article 71 sera-t-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. J'appelle
l'article 72. Vous permettez, une question de procédure. Je ne lis pas
les articles parce que tout le monde en a pris connaissance, je le
présume, déjà depuis un certain temps, avec les travaux
qui ont été entrepris par chacune des formations politiques.
Alors, simplement pour accélérer les travaux... Si on
demande de les lire, j'y procéderai.
Alors, l'article 72 sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Bien non.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Article 72
Mme Lavoie-Roux: Le ministre de l'Education pourrait-il nous dire
de quelle façon se fera cette reconnaissance du droit à
l'école anglaise? Qui reconnaîtra ce droit? Cela sera-t-il
confié, par exemple, aux personnes dont vous venez de parler?
Pouvez-vous nous indiquer pendant combien de générations ce droit
demeurera valide?
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse. J'ai manqué la fin
de votre question.
Mme Lavoie-Roux: Pendant combien de générations ce
droit demeurera-t-il valide?
M. Morin (Sauvé): Ce sont effectivement les personnes
désignées par moi, oeuvrant sous la direction de M. Proulx, qui
constateront si oui ou non les parents des enfants désirant se
prévaloir de l'école anglaise répondent bien aux
critères désignés par l'article 69.
Ils le feront à partir des formulaires que Mme le
député aura pu lire et qui ont été
distribués avec le projet de règlement du 8 juin dernier de
même qu'avec le tout nouveau règlement que j'ai
déposé devant cette commission et devant la Chambre la semaine
dernière.
Je tiens à souligner tout de suite le fait qu'il y a une
commission d'appel, n'est-ce pas. Nous avons tenu à ce que ces personnes
n'aient pas à prendre des décisions de dernier ressort, de sorte
que, au vu des formulaires et des pièces justifica- tives qui doivent
les accompagner, la personne désignée par moi ainsi que toutes
celles qui dépendent d'elles dans chacune des régions du
Québec vont porter un jugement sur l'admissibilité de l'enfant
à l'école anglaise. Dans la plupart des cas j'imagine que cela ne
fera pas problème. D'ailleurs, à l'heure actuelle, plusieurs
centaines de cas sont déjà réglés. Les lettres
seront expédiées quand la loi aura été
adoptée. Je dis réglés, mais s'ils sont
réglés sur le papier, ils ne le sont pas encore juridiquement
parce que, tant que cette loi ne sera pas adoptée, aucune
décision, comme je l'ai dit à plusieurs reprises en Chambre,
aucune décision définitive ne peut être rendue par les
personnes que j'ai désignées. Mais elles se préparent, la
prévoyance étant le devoir de tout gouvernement.
Lorsqu'une personne de langue anglaise ne sera pas satisfaite de la
décision rendue par une personne désignée par mot, il y a
un appel des décisions en vertu de l'article 78 des organismes scolaires
et des personnes désignées par le ministre de l'Education portant
sur l'application de l'article 69 ainsi que des décisions du ministre de
l'Education prises en vertu de l'article 75. Cet article, je vous le rappelle,
m'autorise à annuler une déclaration d'admissibilité qui
aurait été délivrée par erreur. Il y a donc appel
de toutes les décisions qui peuvent se présenter à cette
commission, tel que décrit dans l'article 79. Suis-je suffisamment
explicite ou voulez-vous plus de détails, Mme le
député?
Mme Lavoie-Roux: Je veux simplement savoir si ces personnes que
vous allez désigner je pense que vous avez mentionné dans
différentes régions sont des fonctionnaires du
ministère de l'Education, soit au bureau régional, soit...
M. Morin (Sauvé): C'est très variable, M. le
Président. Certains ont plutôt fait carrière dans les
administrations scolaires, d'autres se trouvaient dans les bureaux
régionaux du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a peut-être une première
chose à établir. Ce ne sont pas les mêmes personnes,
nécessairement, que les personnes de l'article 71. Vous faisiez
allusion, tout à l'heure, à des gens qui avaient acquis beaucoup
d'expérience dans l'application de la loi 22. Il ne s'agit pas des
mêmes personnes, parce que, si ma mémoire est bonne, dans le cas
de ces personnes qu'on appelait... Je ne sais pas si vous faisiez allusion
à la commission de surveillance ou à la Régie de la langue
française quand vous parliez de ... A la commission de surveillance?
M. Morin: Non. Il y avait également une commission de
surveillance.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez dit que ces personnes
étaient en partie des personnes qui avaient exercé cette fonction
à l'égard de la loi 22. Etaient-ce des fonctionnaires ou des...
C'est là-dessus que vos réponses ne sont pas claires.
M. Morin (Sauvé): II y avait, comme à l'heure
actuelle, des gens venant de diverses origines. Certaines personnes venaient
des commissions scolaires, d'autres avaient été choisies dans les
directions régionales du ministère. Le gouvernement
antérieur avait recherché dans chaque cas la personne la plus
apte à vérifier si, oui ou non, la connaissance de l'anglais
avait été suffisante. A ces personnes désignées, on
avait adjoint, dans chaque cas...
Mme Lavoie-Roux: ... des gens du ministère.
M. Morin (Sauvé): ... des gens du ministère
spécialisés dans les tests. Evidemment, sous l'empire de la
charte, il n'y aura plus de test; donc, ces personnes émanant du
ministère ne seront plus dans le tableau. Il n'y aura plus que des
personnes désignées par moi, en provenance de divers organismes
de nature scolaire, et qui, le hasard le veut ainsi, mais nous avons voulu
assurer la continuité, sont généralement les mêmes
personnes que celles qui avaient été désignées par
le gouvernement antérieur pour appliquer la loi 22. Il y a quelques
exceptions, mais je pourrais même, si Mme le député le
désire, fournir la liste, pour qu'elle puisse procéder à
des vérifications.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas là le sens de ma
question.
Le Président (M. Cardinal): Je suggérerais
plutôt qu'il y ait une question au feuilleton.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, ce ne sont pas les noms. Il s'agit
évidemment d'une composition mixte de personnes qui oeuvrent à
l'extérieur du ministère et de personnes qui oeuvrent à
l'intérieur du ministère.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Mme Lavoie-Roux:
C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article 72...
Mme Lavoie-Roux: Non. Je regrette.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, et ensuite M. le député de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une autre question. Ma question s'adresse
au ministre de l'Education. L'article 72 a trait aux personnes qui veulent
inscrire des enfants dans le secteur anglais ou qui veulent
immédiatement se prévaloir de ce droit, parce qu'ils n'ont
peut-être même pas encore d'enfants.
M. Morin (Sauvé): C'est pour l'avenir. C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour l'avenir celui-là. Tandis que
l'article 73 je m'excuse il faut quand même éclaircir cela
est pour ceux qui sont déjà dans un secteur
français et qui voudraient faire reconnaître pour leurs
descendants le droit à l'école anglaise. Est-ce que
j'interprète bien?
M. Morin: Attention!
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de chevaucher sur les deux articles
à la fois, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas de l'article 72, par
exemple, un père ou une mère, ou même une personne qui
n'est pas mariée et qui n'a pas encore d'enfants, peut faire
établir pour l'avenir son droit à envoyer ses enfants à
l'école anglaise. Dans le cas de l'article 73, il s'agit de quelque
chose de beaucoup plus précis. Vous savez comme moi que certains
anglophones ont mis leurs enfants à l'école française pour
qu'ils puissent apprendre ce qui, pour eux, est la langue seconde. Nous voulons
que le fait pour un anglophone d'avoir inscrit ses enfants à
l'école française ne soit pas un empêchement dirimant, au
détriment des enfants.
Autrement dit, nous voulons qu'ils puissent revenir à
l'enseignement en anglais, puisque, normalement, ce serait là qu'ils
seraient inscrits. Nous avons voulu sauvegarder les droits des enfants
anglophones qui seraient à l'école française pendant un,
deux, trois ans, pour apprendre le français. De même les classes
d'immersion, par exemple. Certains conseillers juridiques nous ont fait
remarquer que, si un anglophone se trouvait dans une classe d'immersion
française, il recevait l'enseignement en français et non pas en
anglais. Alors, il a fallu faire une disposition législative pour
sauvegarder le droit des enfants anglophones en immersion à revenir
à l'enseignement en anglais.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien la distinction que j'avais faite en
1972-1973. Il y avait une question supplémentaire. Non, je garderai ma
question pour l'article 73 parce qu'elle s'applique peut-être plus
à l'article 73, c'est pour les descendants à qui on veut assurer
le droit à l'anglais.
Le Président (M. Cardinal): D'accord madame. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: A la suite des questions de Mme le
député de L'Acadie, le ministre a répondu à la
question que je voulais poser.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, puisqu'à l'article 70,
tout à l'heure, on a vu que le législateur veut un luxe de
précautions pour interpréter la loi, lorsqu'on arrive à
l'article 72, n'est-il pas étonnant que la loi elle-même soit
silencieuse sur les difficultés qui peuvent se soulever soit au moment
de la mise en application de la loi, soit dans les années
subséquentes, si les preuves documentaires doivent être produites,
les pièces justificatives, pour reprendre l'expression du ministre
font dé-
faut? On peut imaginer des circonstances où même les
pièces de l'état civil fassent défaut, quoique cela arrive
assez rarement au Québec, mais cela arrive dans d'autres coins du monde,
et les registres scolaires peuvent certainement brûler, peuvent
être égarés. Or, comme cet article peut s'appliquer pendant
20 ans ou davantage, le risque d'une telle carence administrative est quand
même assez réel pour se demander ce qui va arriver, il n'y a
aucune procédure de prévue dans la loi qui permette de pallier
l'absence documentaire.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, M. le Président,
le député a raison, il se produit des cas où la preuve
documentaire est difficile à établir. Je puis vous dire que,
d'après l'expérience du dernier mois ou des six dernières
semaines, ces cas ne sont pas nombreux. Mais il en existe et n'y en
eût-il qu'un, il faudrait évidemment prévoir comment on
résoudra le problème.
La solution se trouve à l'article 10 du règlement
concernant la demande de recevoir l'enseignement en anglais, règlement
qui a été adopté en vertu de l'article 77 du projet
enfin qui sera adopté en vertu de l'article 77, parce que l'article 77
n'a pas encore été adopté, ni l'ensemble de la charte. Je
vais me permettre de lire l'article en question et s'il n'est pas clair, le
député pourra me poser d'autres questions. "Lorsqu'il est
impossible pour le parent d'obtenir l'attestation prévue à
l'article 7 ou à l'article 8, selon le cas, celui-ci produit à la
commission scolaire ou à l'institution où est faite la demande
d'admission une déclaration assermentée donnant une description
des démarches faites pour obtenir telle attestation et mentionnant les
écoles, institutions ou établissements scolaires où il a
effectivement reçu l'enseignement en anglais et tous autres
renseignements pertinents et les pièces qu'il a en main concernant ses
études primaires en anglais". Il se pourrait donc par exemple qu'une
personne ait perdu son certificat de fin d'études, que l'école
ait été incendiée depuis lors, que les archives soient
passées au feu également, mais qu'elle ait un bulletin qu'elle a
conservé avec ses vieux papiers dans le fond d'un tiroir, un
bulletin...
Mme Lavoie-Roux: Un bon bulletin.
M. Morin (Sauvé): ...bon ou mauvais, un bulletin qui
montre que l'élève John Smith a effectivement fait sa
troisième et sa quatrième année dans une école
anglaise à Repentigny ou à Châteauguay, peu importe.
Sur la base de cette preuve documentaire, la personne
désignée sera en mesure de s'assurer que la personne
répond aux critères de la loi, mais, évidemment, la
meilleure preuve documentaire, c'est un certificat d'études. Bien
sûr que, s'il n'y a pas moyen d'obtenir la meilleure preuve documentaire,
nous devrons nous rabattre c'est le bon sens qui prévaudra dans
ces cas sur d'au- tres preuves. A la limite, s'il n'y avait aucune
preuve, la personne désignée par moi pourra se rabattre sur des
témoignages assermentés disant que cette personne, effectivement,
était confrère de classe de telle autre qui peut, sous serment,
affirmer qu'elle était bien à l'école St. Mary's de 1928
à 1933.
Nous avons donc prévu le problème qu'a soulevé le
député, avec beaucoup de pertinence.
M. Ciaccia: J'ai seulement une question.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: II y a certains aspects de l'article 72 qui ne sont
pas clairs dans mon esprit, M. le Président. M. le ministre de
l'Education, quand vous dites "une personne qui veut se prévaloir de ses
droits pour ses enfants", cela implique-t-il directement ou implicitement, que,
si elle ne se prévalait pas de ses droits, ses enfants, plus tard, ne
les auraient pas? Que veut dire exactement l'article 72?
M. Morin (Sauvé): C'est une bonne question et le
député se souviendra que, dans l'ancien projet de loi, il y avait
une date limite.
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je pense que c'était le 31
décembre...
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... 1978 ou 1979.
Mme Lavoie-Roux: 1978.
M. Morin (Sauvé): 1978. L'Opposition nous avait fait
remarquer que c'était trop restrictif et que, de la sorte, beaucoup de
parents ou de personnes qui ne sont pas encore parents, qui auraient le droit
de transmettre le droit d'aller à l'école anglaise, se
trouveraient écartées, parce que ces personnes n'auraient pas
fait valoir leurs droits à temps. Je vous rappelle que c'est une des
contributions de l'Opposition.
Nous avons supprimé cette date. C'est un assouplissement que
j'estime tout à fait raisonnable et justifié en ce sens que,
désormais, il n'y aura pas de limites aux droits d'un enfant de faire
valoir le fait que ses père et mère allaient à
l'école anglaise. J'ajoute que les personnes qui n'ont pas encore
procréé, qui ne sont même pas encore mariées, mais
qui voudraient sauvegarder le droit de leurs enfants éventuels, de leurs
enfants encore à venir, à aller à l'école anglaise
peuvent, dès maintenant, faire reconnaître ce droit. Mais si, par
hasard, elles ne le faisaient pas, par négligence, pensant par exemple
qu'aujourd'hui le mariage est une institution désuète et qu'elles
n'auront peut-être pas d'enfants, les enfants de ces personnes pourront
quand même se prévaloir de la loi à n'importe quel moment
dans l'avenir.
M. Ciaccia: M. le Président, il y a quelque chose qui
n'est pas clair. Votre interprétation confirme un peu les doutes que
nous avions. Vous dites que, dans le projet de loi antérieur, il y avait
une date limite pour les parents...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Ciaccia: ... ce qui impliquait, pour nous ou pour moi, si le
parent ne se prévalait pas de ses droits avant cette date, ils
deviendraient caducs. S'ils devenaient caducs, ils le deviendraient pour les
enfants. Vous nous dites maintenant: Nous avons enlevé la date. Il
reste, dans mon esprit, qu'il doit le faire. S'il ne le fait pas, vous
pourriez, à l'encontre d'une application pour un enfant, à
l'avenir, dire: Vos parents ne l'ont pas fait. Ne serait-il pas plus clair
c'est une suggestion de dire que si ce n'est pas fait par le
parent, cela sera sans préjudice aux droits de celui qui se conforme
à l'article 69? Il ne faudrait pas laisser ce doute. Pour moi, il y a ce
doute à l'article 72. Quand un enfant, dans cinq ou dix ans, va vouloir
s'inscrire...
M. Morin (Sauvé): Dans cent ans, M. le
député.
M. Ciaccia:... on va pouvoir dire: Ton père ne s'est
jamais prévalu de l'article 72, alors tu ne peux pas le faire. Il
faudrait ajouter "sans préjudice aux droits créés dans
69".
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président, le fait que
nous ayons supprimé la date limite fait que, désormais, on ne
peut pas interpréter cet article ou quelque autre article comme limitant
les droits d'une personne à aller à l'école anglaise. Dans
le temps, je veux dire.
M. Ciaccia: Dans le temps. Mais le fait que vous ayez
supprimé seulement la date laisse entendre qu'il faut qu'il y ait cette
obligation. Vous avez seulement dit qu'on ne mettrait pas une date limite, mais
c'est quand même une obligation de le faire.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je vous
invite à lire l'article 72. Nous l'avons retourné dans tous les
sens pour être sûrs qu'il n'impose aucune espèce de limite
d'espace ou de temps. Lisez-le attentivement avec moi. "Une personne qui veut
se prévaloir du paragraphe b) de l'article 69 j'ajoute entre
parenthèses que ce soit maintenant ou que ce soit n'importe quand dans
l'avenir, pour transmettre le droit à l'enseignement en anglais à
ses enfants, peut faire reconnaître ce droit par une des personnes
désignées par le ministre de l'Education en vertu de l'article
71". Il n'y a donc pas de limite de quelque nature que ce soit. Et même,
supposons que les parents meurent dans l'intervalle sans avoir fait
reconnaître leurs droits, les enfants peuvent le faire reconnaître
plus tard.
M. Ciaccia: Non. Je suis d'accord avec le ministre de la Fonction
publique. Les enfants ne peuvent pas. Ecoutez. C'est pour éviter les
ambiguïtés, les conflits. Nous allons donner cette loi à des
fonctionnaires, à d'autres personnes pour l'administrer. Il faudrait au
moins, qu'on leur donne des instructions aussi claires que possible pour ne pas
qu'il y ait ces conflits. A ce moment-ci, je ne propose pas un amendement, mais
la suggestion que je fais au ministre, est qu'il consente à ce que cela
soit sans préjudice aux droits des personnes qui ne se sont pas
prévalues de cet article et sans préjudice aux droits
créés dans l'article 69.
M. Morin (Sauvé): Excusez-moi, M. le député,
j'ai manqué la fin de votre question.
M. Ciaccia: A ce moment-ci, je n'en fais pas un amendement, c'est
une suggestion. Pour éviter l'ambiguïté, pour éviter
l'application rigide, parce que c'est à des fonctionnaires, à
d'autres personnes que vous allez confier l'application de cette loi, pour
qu'il n'y ait pas de doute, est-ce que vous pourriez ajouter à la fin de
cet article des mots selon lesquels ce serait sans préjudice aux droits
créés par l'article 69, afin que cela soit absolument clair que
le fait pour un parent de ne pas avoir utilisé l'article 72
n'enlèvera pas le droit à l'enfant?
M. Morin (Sauvé): L'article 72 nous paraît clair
comme cela, et nous ne voyons pas la nécessité de l'alourdir avec
le membre de phrase que suggère le député. Il me semble
que c'est clair. La rédaction est presque limpide.
M. Ciaccia: Je reviens aux propos du député de
Saint-Jacques tout à l'heure. Quand mon collègue, le
député de Saint-Laurent, attirait son attention sur le fait que
l'article 70 était redondant, qu'il n'était pas
nécessaire, la réponse du député de Saint-Jacques
était que c'était pour qu'il n'y ait pas de doute, que
c'était vrai que c'était redondant, mais que c'était pour
que cela soit clair. Je crois que cet argument s'appliquerait encore plus
à l'article 72 parce que peut-être que, dans votre esprit, c'est
clair, dans le mien, cela ne l'est pas. S'il y a des doutes, il se peut que,
dans l'esprit de ceux qui seront appelés à appliquer cette loi,
il y ait des doutes. La seule chose que je suggère, c'est qu'une loi
devrait être aussi claire que possible. Si on peut inclure un article 70
qui est déjà inclus dans le code civil où il n'y a aucun
doute, il me semble que, dans l'article 72, ce serait de l'intérêt
de tous, pour l'administration de la loi, de l'éclaircir, de la
clarifier davantage.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, pour
l'ordre des travaux, juste une intervention? J'ai devant moi les demandes de
droit de parole de M. le député de Saint-Laurent dans
l'ordre de M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, de
M. le ministre de la Fonction publique.
Je vais indiquer tout de suite que si l'on entre dans un débat,
je vais être obligé d'appliquer l'article 160.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce n'était
pas présent au moment où la commission a décidé
de ne pas faire de débat en vertu de cet article 160 et de s'en
tenir à de brèves questions. Mais, à compter du moment
où on dépasse une certaine brièveté, je vais
être obligé d'appliquer le règlement.
Mais quand même... Est-ce que M. le ministre de l'Education a
changé de place? Bon!
M. le ministre de l'Education, vous avez la parole. Vous serez suivi de,
comme je l'ai indiqué, M. le député de Saint-Laurent, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce et M. le ministre de la
Fonction publique.
M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour nous,
l'article 72, qui a connu de nombreuses rédactions successives, nous
paraît répondre, par sa limpidité, à toutes les
situations. Si le député pense qu'il n'est pas clair, qu'il
propose un amendement. C'est la façon démocratique de
régler notre dilemme actuel.
M. Ciaccia: Je comprends. Mais on essaie d'aller vite ce matin,
et je ne voulais pas me faire accuser de faire des motions dilatoires ou
d'essayer de prendre le temps de la commission. Je vais essayer d'aborder la
question d'une autre façon.
Le fait que vous ayez mis une date dans l'article antérieur
n'avait-il pas l'implication que si la personne ne se prévalait pas de
ce droit avant cette date, cela devenait caduc? Vous avez enlevé la
date. Alors le principe demeure le même. S'il ne se prévaut pas du
droit, il va devenir caduc.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il peut s'en prévaloir
en tout temps.
M. Ciaccia: Mais s'il ne s'en prévaut pas, s'il
meurt...
M. de Belleval: Le droit est caduc.
M. Ciaccia: ... et qu'il ne s'est pas prévalu de
ça, le droit est caduc.
M. de Belleval: Bien sûr.
M. Ciaccia: Alors, si le droit est caduc, je ne pense pas que ce
soit votre intention vous me dites que cela ne l'est pas je
voudrais que ce soit...
M. Morin (Sauvé): Non...
M. Ciaccia: ... clairement établi que c'est sans
préjudice des droits créés à l'article 69.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je puis inviter
le député a faire un amendement formel.
Etude suspendue
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, oui,
mais... Si vraiment, il y a un accrochage sur cet article, le seul moyen de
résoudre la situation d'une façon élégante, c'est
d'en suspendre l'étude et de ne pas l'adopter; de le suspendre tout sim-
plement, ce qui permettrait de rédiger une motion d'amendement.
Je n'aimerais pas, comme président, que l'on rédige
rapidement un amendement qui part d'une suggestion. Alors si la commission est
consen-tente, au lieu de discuter, nous pourrions tout simplement, à
partir de la suggestion de M. le député de Mont-Royal, suspendre
l'adoption et non pas l'étude de cet article, et y revenir lorsque nous
aurons devant nous une motion d'amendement.
Alors, très précisément, l'adoption de l'article
72, du consentement unanime de la commission, est suspendu, et j'appelle
l'article 73. Mais auparavant, je voudrais mentionner que j'ai reçu de
M. le ministre d'Etat au développement culturel trois nouveaux projets
d'amendement, dans le sens que j'ai déjà indiqué à
cette commission...
M. Laurin: Quatre.
Le Président (M. Cardinal): Quatre? J'en ai trois ici...
Cela est le quatrième... Quatre se rapportant aux articles 76, 77, 78 et
79 du projet de loi, et la distribution peut en être faite
immédiatement.
L'article 73 est donc appelé.
M. Grenier: Ils n'ont pas été remis à la
commission?
Le Président (M. Cardinal): Non. Je viens de les recevoir
et je les fais distribuer.
Article 73. L'article 73 sera-t-il adopté?
Des Voix: Adopté. Mme Lavoie-Roux: Un instant!
Article 73
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'avais indiqué tout à l'heure
qu'une question que j'avais posée au ministre à l'article 72,
suite à ses explications, se trouvait déplacée à
l'article 73 et il me semblait plus pertinent, en tout cas, à mes yeux,
de la poser à l'article 73.
Le ministre peut-il nous dire, pendant combien de
générations...
Le Président (M. Cardinal): Oui, s'il vous plaît, M.
le ministre, soyez attentif aux paroles de Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour qu'il puisse me répondre, ce
n'est peut-être pas leur importance...
Pouvez-vous nous indiquer pendant combien de générations
peut se transmettre ce droit à l'école anglaise, s'il y a des
générations où on ne l'utilise pas? Est-ce qu'il devient
caduc ou est-ce qu'il est...
M. Morin (Sauvé): Oui. S'il n'est pas utilisé par
une génération qui choisit, par exemple, d'aller à
l'école française pour mieux s'intégrer à la
vie
québécoise, sans pour autant perdre son caractère
anglophone, le droit devient caduc, mais si chaque génération a
le souci de l'exercer, c'est à vrai dire ce qu'on pourrait appeler une
concession perpétuelle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je voudrais quand même que cela
soit très clair. Une génération ne l'utilise pas, envoie
ses enfants à l'école française. Ce sont les parents,
à ce moment, qui doivent... Non pas nécessairement les parents
c'est là où on a le conflit ...qui doivent se
prévaloir de cette conservation, de ce droit à cette conservation
de leur droit.
Ces enfants qui sont allés à l'école
française, qui étaient des anglophones il reste quand
même des anglophones, on sait ce dont on parle ne s'en
prévalent pas, leurs parents leur ont conservé leur droit, mais
eux décident aussi que, pour les études primaires de leurs
enfants ou des petits-enfants d'une génération, ils les envoient
aussi à l'école française parce qu'ils ont trouvé
cela bon d'aller à l'école française, à ce moment,
est-ce qu'ils résilient leurs droits ou sont-ce les droits que les
grands-parents ont conservés au départ qu'on peut faire
prévaloir?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire si la seconde
génération, parmi celles que vous avez
énumérées...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... si la seconde
génération va à l'école française.
Mme Lavoie-Roux: Pour le primaire ou le secondaire parce qu'ils
trouvent que c'est utile.
M. Morin (Sauvé): Si on applique...
Le Président (M. Cardinal): Permettez-moi seulement une
seconde...
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Au sujet des projets
d'amendements présentement distribués... C'est pourquoi je me
permets de vous interrompre pour revenir là-dessus, pour que cela soit
clair pour les travaux de la commission, il y a deux feuilles. Il y a la
première feuille qui est une motion d'amendement et la deuxième
feuille qui est le texte du projet de loi qui se lirait comme suit s'il
était amendé. Comme la commission a, unanimement, ce matin,
décidé de ne pas procéder par motion d'amendement et de
prendre l'article tel que projeté comme si c'était un nouveau
texte, comme si on avait, selon l'ancien système, ajouté des
papillons au texte même, je voudrais bien que l'on ne procède pas
selon cette façon de motion d'amendement et que l'on prenne le texte,
par exemple, de 76, sur la deuxième page du projet qui vous est
remis.
Je voulais le souligner pour que la journée se poursuive avec des
règles très précises et qu'on puisse continuer à
être aussi efficaces que nous le sommes présentement.
Je m'excuse, M. le ministre.
Oui, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je vous comprends.
M. Morin (Sauvé): Je vais tenter de répondre
à la question de Mme le député. Je pense que je comprends
bien sa question maintenant. Les enfants d'une personne qui a fait ses
études à l'école anglaise sont allés à
l'école française pour mieux s'intégrer à la
société québécoise, pour apprendre le
français.
Ils ont cependant, de par leurs parents, le droit d'aller à
l'école anglaise. L'article 73 va permettre à la personne que
j'ai désignée de reconnaître le droit de ces personnes se
trouvant à l'école française pour les fins de la
transmission à leurs descendants. Cela répond-il à votre
question?
Mme Lavoie-Roux: La première partie. Mais quand ces
enfants à qui votre personne a conféré le droit de
conserver leur droit à l'école anglaise, si ces enfants, eux
aussi, pour leurs études primaires et secondaires, décident
d'envoyer leurs propres rejetons à l'école française, pour
autant... Si je comprends bien, c'est pour autant que chaque
génération fait valoir son droit, même si elle ne l'exerce
jamais? Est-ce cela?
M. Morin (Sauvé): Je pense que, si on lit l'article 73, on
peut répondre oui à votre question, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Voici l'autre question que je voulais vous
poser. Dans le cas d'une famille francophone on connaît ça
aussi, c'est comme M. Charron et c'est comme moi ...
M. Charron: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Excusez, le député de
Saint-Jacques. ...on a envoyé, par hasard ce qui n'est le cas ni
pour l'un, ni pour l'autre nos enfants à l'école anglaise,
au primaire et au secondaire, on les a envoyés au secteur anglais parce
qu'on avait le même objectif que ceux dont on a parlé avant,
c'est-à-dire qu'ils apprennent la langue seconde.
Puis-je demander pour mes petits-enfants, le droit ils sont
francophones comme le député de Saint-Jacques et le
député de L'Acadie d'aller à l'école
anglaise?
M. Laurin: Vos enfants petits ou vos petits-enfants?
Mme Lavoie-Roux: Non, mais...
M. Morin (Sauvé): Vos petits-enfants... Mais vos enfants
sont allés à l'école secondaire anglaise. Ils ne sont pas
habilités à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Non, à l'école primaire anglaise
parce que je voulais qu'ils apprennent l'anglais. Tout cela est
hypothétique, d'ailleurs.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire que dans un cas comme cela
la réponse est oui.
Mme Lavoie-Roux: J'acquiers le droit pour mes enfants d'envoyer
leurs enfants...
M. Laurin: ... utilisé.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Sans doute ne l'utiliseriez-vous pas,
Madame.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon le problème ne se
pose pas, ni pour moi ni pour le député de Saint-Jacques, je le
répète. Mais, mes petits-enfants... J'ai présumé,
M. le député de Saint-Jacques. Mes petits-enfants peuvent aussi,
même s'ils sont à l'école française, et primaire et
secondaire, se prévaloir de ce droit pour leurs descendants qu'ils
auront obtenu de leurs grand-parents.
M. Morin (Sauvé): Techniquement, s'ils avaient
l'intelligence de le faire vérifier, s'ils tenaient à ce point,
la réponse est oui.
M. Laurin: Cela fait partie du patrimoine de la famille.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait partie de la dot. M. de Belleval:
C'est cela!
Mme Lavoie-Roux: D'accord! Mais il y a un autre...
M. Morin (Sauvé): Evidemment, la réponse
générale qu'il faut ajouter à cela, c'est que, dans un
Québec qui sera de plus en plus français...
Mme Lavoie-Roux: Où on enseignera mieux l'anglais dans les
écoles.
M. Morin (Sauvé): ... où on enseignera mieux
l'anglais à l'école française, il y aura moins de
pressions exercées sur les personnes, les individus, pour aller à
l'école anglaise.
Mme Lavoie-Roux: II y a une dernière catégorie, M.
le ministre, que j'ai signalée et qui me préoccupe. Elle rejoint,
pour des raisons différentes, la catégorie signalée par le
député de Mégantic-Compton au sujet de l'extension qu'il
voulait faire accorder au secondaire. C'est celle des parents, et j'en connais
plusieurs, anglophones, dans le sens que tout le monde entend, qui ont
envoyé, même avant les années soixante, mais devantage
depuis les années soixante, leurs enfants à l'école
française, parfois, non seulement au primaire, mais également au
secondaire. Ensuite les enfants sont allés au CEGEP anglais et à
l'uni- versité anglaise. Ces enfants, qui sont quand même des
membres de la communauté anglophone, il n'y a pas de doute
là-dessus, ont perdu...
M. Morin (Sauvé): Vous ne voulez pas ramener le
critère de la communauté anglophone dans la loi, cependant.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je veux simplement savoir si ces
enfants, pour leurs enfants, n'auront plus accès à l'école
anglaise. C'est perdu.
M. Morin (Sauvé): Soyons précis. Ils sont
allés à l'école...
Mme Lavoie-Roux: Primaire française.
M. Morin (Sauvé): Et leurs parents, eux, étaient
allés à l'école anglaise. Ils vivent toujours.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Ils sont en mesure de faire
reconnaître leurs droits.
Mme Lavoie-Roux: Ah bien, s'ils vivent ou s'ils ne vivent pas,
là, je vous... Si vous voulez un cas précis...
M. Morin (Sauvé): C'est parce que la loi vise des cas
précis.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous en donner un, un cas précis.
Le cas de l'enfant anglophone qui a fait son primaire, son secondaire
français, qui vient d'une famille strictement anglophone, pour ce que
cela veut dire, mais vraiment dans le cas particulier, qui va au CEGEP anglais,
à l'université anglaise.
M. de Belleval: Ses parents sont morts.
Mme Lavoie-Roux: Ses parents sont morts. Pour elle, c'est
fini.
M. de Belleval: Elle a perdu ses droits.
Mme Lavoie-Roux: Elle a perdu ses droits.
M. de Belleval: Bien oui!
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'elle a obtenu le
droit pour ses enfants, d'aller à l'école française.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on parle du droit à
l'école anglaise, et cela, elle n'avait pas besoin de l'obtenir.
M. de Belleval: Elle n'a pas l'ours, mais elle a l'argent.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'avait pas besoin de l'obtenir, M. le
ministre, je vous ferai remarquer qu'elle l'a toujours.
M. Laplante: Elle a déjà fait un choix. Mme
Lavoie-Roux: Elle l'a toujours.
M. Morin (Sauvé): Mais dans le cas que vous avez
mentionné, effectivement, les enfants de ces personnes qui, j'imagine,
sont déjà bien intégrées à la
société québécoise puisqu'elles sont allées
à l'école française, les enfants de ces personnes
devraient aller à l'école française également.
Mais, c'est à l'avantage de ces enfants. Dans le Québec de
demain, ce sera à l'avantage des enfants d'aller à l'école
française. Je ne serais pas surpris, d'ailleurs, que beaucoup de jeunes
anglophones aillent à l'école française, au moins une
partie du temps.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, vous n'avez pas à me...
M. Morin (Sauvé): Le député de Mont-Royal
est d'accord avec moi, cela se pratique d'ailleurs déjà.
Savez-vous que nous avons déjà des écoles
francophones où il y a tellement d'anglophones que cela pose un
problème pour les francophones?
M. Ciaccia: C'est arrivé à mon garçon qui
est allé à l'école française du début,
même avant les grands projets de loi que nous avons. Cela a
été un problème. Je ne sais pas si cela est encore
aujourd'hui, mais cela a été un problème.
M. Morin (Sauvé): On a pu trouver des solutions, mais ce
problème n'est pas encore tout à fait réglé. Il y a
beaucoup de parents francophones qui disent: Mais notre école n'est plus
française, elle est anglaise; et dans la cour de
récréation, tout le monde parle anglais. Donc, cela pose des
problèmes là aussi. Mais nous les réglerons en temps et
lieu, n'est-ce pas? C'est simplement pour dire qu'il y a beaucoup de parents
qui vont avoir tendance à envoyer leurs enfants anglophones à
l'école française, au moins pour une partie de leurs
études.
M. Ciaccia: Je ne veux pas interrompre le député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà en marche depuis
longtemps; enfin, je ne suis pas pour entrer dans les arguments que j'ai
donnés l'autre jour. Je les laisse tomber. Mais il reste que ces enfants
ont perdu leur droit à l'école anglaise, même s'ils
étaient des anglophones.
M. Morin (Sauvé): La réponse est oui.
M. Ciaccia: L'article 73 ne redonne pas les droits à un
enfant anglophone qui a fait son cours élémentaire en
français, parce que ses parents voulaient qu'il apprenne le
français, qu'il s'intègre... Alors ses enfants à lui
n'auront pas le droit...
M. Morin (Sauvé): Je suis obligé de vous demander,
M. le député, si, dans votre hypothèse, les parents de cet
enfant vivent toujours ou ne vivent plus, parce que s'ils vivent toujours,
l'interprétation qu'on doit donner à l'article 73 est que les
parents peuvent faire enregistrer leurs droits, en dépit du fait que les
enfants soient à l'école française.
M. Ciaccia: Mais les petits enfants? M. Morin (Sauvé):
C'est la même chose. M. Ciaccia: C'est un peu bizarre.
M. Morin (Sauvé): C'est complexe, mais ce n'est pas
bizarre.
M. Ciaccia: Je ne porte pas d'accusations contre l'article.
J'essaie de le comprendre. Si un enfant, prenons un cas hypothétique, un
enfant dont les parents sont anglophones va à l'école
élémentaire française.
M. Morin (Sauvé): Et sont allés à
l'école anglaise au Québec?
M. Ciaccia: Oui, ils sont allés à l'école
anglaise au Québec. Ils remplissent les conditions de l'article 69, mais
ils veulent que leur enfant aille à l'école française. Cet
enfant va à l'école élémentaire française.
Les enfants de cet enfant perdent-ils leur droit d'aller à
l'école anglaise, parce que, lui, étant un parent qui n'a pas
assisté...
M. Grenier: On est dans un coin; tout à l'heure, je vais
aller féliciter le ministre de l'Education qui est allé s'asseoir
là pour équilibrer les propos. Vous ne savez pas combien
j'étais heureux, à un moment donné, de sentir que toute la
table a participé aux délibérations!
M. Morin (Sauvé): On peut y retourner, M. le
Président.
M. Ciaccia: Non, non.
M. Grenier: Maintenant, il arrive que le fait que les discussions
se font à ce bout de la salle, si cela ne s'améliore pas et qu'on
s'installe ici jusqu'au mois de septembre, je vais demander qu'on change de
salle. Il y a quand même une limite. On ne participe pas aux
débats, on ne voit pas et on n'entend pas les discussions, les trois
quarts du temps, parce qu'il y a des dialogues qui se tiennent dans le coin,
des conciliabules. Les journalistes demandent des resnseignements. Je vous
demande une directive là-dessus. S'il n'y a vraiment pas moyen et
c'est comme cela depuis le début de participer, parce qu'on
n'entend pas, qu'on répartisse, comme le ministre de l'Education allait
le faire. J'étais sur le point de prendre la parole pour le
féliciter d'avoir réussi, avec cela, à faire rabattre les
journaux dans le coin, à empê-
cher la lecture des journaux par l'ensemble des députés,
et les nôtres inclus, pas uniquement les ministériels.
M. Laplante: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Grenier: Je n'ai pas terminé. A partir de là, si
le ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Mégantic-Compton, je
pense que je ne permettrai pas d'autres interventions là-dessus. Le
ministre n'aura pas à changer de place, et nous n'aurons pas à
changer de salle si tout le monde observe un certain décorum et si on
écoute les intervenants. Je demande la collaboration de tous les
députés. Nous sommes ici depuis une semaine et demie
déjà et je pense que nous pouvons continuer ici. Le ministre a
toujours eu cette place. C'est un appel au silence et au décorum et
à une bonne attitude de la part de tous les députés et je
pense que tout le monde va se comprendre.
M. Grenier: Nous n'avons pas réussi cela depuis le
début.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
n'était pas une question de règlement, M. le député
de Mégantic-Compton, mais c'est un appel à l'attention de tous
les députés.
M. Morin (Sauvé): Je vais parler le plus fort
possible.
M. Laplante: Je ne peux pas laisser passer cela, M. le
Président, parce que, actuellement, nous sommes à travailler sur
ce que le ministre est à expliquer au sujet de l'article 496 de
l'Instruction publique. Nous ne sommes toujours pas pour lui donner tous nos
arguments. C'est un autre "show", un autre spectacle qu'est en train de faire
le député de Mégantic-Compton. C'est ce qu'il cherche
actuellement.
M. Grenier: Voyons donc! Je ne le vise pas du tout. Ce n'est pas
cela du tout. Je n'ai même pas parlé du député de
Bourassa.
M. Laplante: Non, en général. Vous êtes fort
là-dessus, faire votre spectacle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa, M. le député de
Mégantic-Compton, je vous en supplie, ce ne sont pas des questions de
règlement. M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Bourassa, s'il vous plaît! De part et d'autre, ce
ne sont pas des questions de règlement, je demande la collaboration de
tous, et je cède à nouveau la parole au député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je veux assurer le
député de Mégantic-Compton que je cherche vraiment
à avoir une réponse à la signification de l'article
73.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre, MM. les députés de
Mégantic-Compton et de Bourassa.
M. Ciaccia: M. le Président, pour revenir à la
question, le ministre est-il en train de me donner une réponse ou
veut-il que je la reformule?
M. Morin (Sauvé): Je pense que j'ai saisi la question du
député de Mont-Royal, M. le Président, et je vais tenter
d'y répondre.
Si un enfant est à l'école française à
l'heure actuelle, mais que ses parents ont été autrefois à
l'école anglaise, ils peuvent faire reconnaître le droit de cet
enfant à aller à l'école anglaise en dépit du fait
qu'il soit à l'école française. Le second alinéa de
l'article 73 dit que, dans ces cas, les enfants sont réputés
recevoir l'enseignement en anglais pour les fins de l'article 69,
c'est-à-dire qu'ils peuvent transmettre leur droit.
M. Ciaccia: Je reviens à ma question originale. Si le
parent ne se prévaut pas de l'article 72 parce que vous, moi et
les membres de cette commission savons que les articles 72 et 73 sont
là, mais la majorité des parents ne connaissent pas toutes les
procédures administratives, alors, il se peut qu'un parent ne sache pas
qu'il a le droit de se faire reconnaître ce droit et il ne le fera pas.
Est-ce que cela veut dire que si le parent ne vient pas au ministère et
dit: Reconnaissez mon droit, parce que mon garçon va à
l'école française. Est-ce que cela veut dire que son
garçon va perdre ce droit?
M. Morin (Sauvé): La réponse technique est oui,
mais nous allons évidemment faire une campagne d'information pour que
tous les citoyens et je crois que le milieu anglophone est très
sensibilisé à la question soient parfaitement au courant
des dispositions de la loi. Mais, il est exact, le député de
Mont-Royal a raison, M. le Président, que, dans un cas comme
celui-là, si les parents ne se prévalent pas de leur droit, ils
le perdent forcément. C'est comme dans les autres domaines du droit, il
faut surveiller ses intérêts et surveiller ses propres droits.
M. Mackasey: That is why, as you wish, now and then, just to
remind everybody that that is my right? Il n'y a pas d'autre raison.
M. Morin (Sauvé): That is perfectly all right with me.
M. Ciaccia: M. le Président, pourrais-je demander au
ministre pourquoi le gouvernement a pris cette approche qu'un droit aussi
personnel je ne voudrais pas que ma question soit mal
interprétée devienne caduc, à moins que quelqu'un
pose un geste? Est-ce que la loi ne devrait pas être toujours en effet
dans une telle situation?
M. Morin (Sauvé): Je vais essayer de me faire comprendre
du député. Avant de rédiger ces arti-
des, nous avons été voir ce qui se faisait ailleurs et
nous avons constaté qu'ailleurs, comme je l'ai laissé entendre
dans mon discours de deuxième lecture, c'est le principe de la
personnalité des lois qui s'appliquait aux droits scolaires des
minorités. Quand on applique le principe de la personnalité des
lois, il faut que la personne s'en prévale. Si elle ne s'en
prévaut pas, forcément, elle tombe dans la majorité.
M. Ciaccia: Vous n'appliquez pas la reconnaissance d'une
collectivité autre que le français?
M. Morin (Sauvé): Indirectement, on la reconnaît.
Mais comme cette collectivité ne peut pas être définie
on a vu toutes les difficultés qu'il y avait à
définir une communauté anglophone, qu'est-ce que c'est une
communauté anglophone? C'est très difficile à
définir, parce qu'il faut trouver des critères d'adhésion
ou de non-adhésion. De sorte que nous nous sommes rabattus sur des
critères techniques rattachés de très près à
chaque personne. Dans un système comme celui-là, il faut que la
personne fasse valoir ses droits.
M. Ciaccia: La seule critique, dans cette perception que vous
avez, c'est une fois que vous reconnaissez, par exemple, que vous voulez
encourager le plus de personnes possible à envoyer leurs enfants aux
écoles françaises, je crois que c'est un bon objectif à
avoir, c'est quelque chose qui devrait se faire, mais, une fois que vous
reconnaissez que vous ne voulez pas enlever de droits à la personne qui
envoie son enfant à une école française, pourquoi
imposez-vous des restrictions à cette personne?
Une fois que vous reconnaissez que, oui, cette personne peut avoir des
droits, la seule question que je pose, c'est pourquoi imposer des restrictions,
être obligé de poser un geste pour conserver son droit.
M. Morin (Sauvé): Ce sont les exigences du système,
M. le député, parce que, s'il n'y avait pas ces exigences, ce ne
serait pas administrable. On ne pourrait pas établir qui a droit
à quoi.
M. Ciaccia: Ce sera passablement difficile à
administrer.
M. Morin (Sauvé): Cela va très bien jusqu'ici, je
ne voudrais pas...
M. Ciaccia: Vous n'avez pas encore commencé! Je veux
continuer dans l'esprit positif...
M. Morin (Sauvé): Administrativement, c'est en marche, je
ne voudrais pas vous le cacher.
M. Ciaccia: ... qu'il semble y avoir des deux côtés
de la table, ce matin. Puis-je en venir à l'amendement de l'article 72?
Il est suspendu, très bien, excusez-moi.
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions y revenir cet
après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu, au préalable, le député de Saint-Laurent et,
après, le député de Mégantic-Compton, sur l'article
73.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
aussi essayer d'être extrêmement bref. Je crois que ce qu'on vient
de voir, dans les échanges entre mon collègue de Mont-Royal et le
ministre de l'Education, c'est qu'il n'était pas suffisant, pour avoir
le droit de fréquenter l'école anglaise, que les parents aient
été eux-mêmes à l'école anglaise au
Québec, mais encore faut-il qu'ils en fassent la demande. S'ils n'en
font pas la demande avant leur mort ou que l'enfant qu'ils ont eu est
allé lui-même à l'école française, alors le
droit est éteint. Il y a donc une exigence supplémentaire aux
exigences mentionnées à l'article 69.
Je crois qu'à l'article 73, on voit non pas tellement une
exigence...
M. Morin (Sauvé): Si l'enfant est mineur, je ne voudrais
pas passer sous silence le fait qu'un tuteur peut intervenir. Ce n'est pas dans
tous les cas de décès des parents que les droits se perdent;
n'est-ce pas?
M. Forget: Dans le cas normal où il y a des parents, s'ils
ne réclament pas ce droit pour leurs enfants, les enfants ne peuvent pas
le réclamer pour eux-mêmes. C'est un droit qui doit être
exercé par le parent et, à défaut par le parent de le
faire avant son décès...
Mme Lavoie-Roux: Son départ.
M. Forget:... ou son départ, par négligence ou
autrement, alors le droit est éteint.
Je crois que, dans l'article 73, on a un autre exemple, une restriction
qui semble aller au-delà de ce qui découle de l'esprit même
de la loi. La loi semble dire, enfin, dit expressément, dans le premier
paragraphe, que, pour ce qui est du présent et de l'avenir, les jeunes
anglophones qui vont à l'école française conservent, pour
leurs descendants, le droit de fréquenter l'école anglaise.
Cependant, cette proposition n'est pas vraie pour le passé,
c'est-à-dire que de jeunes anglophones d'il y a dix ans ou quinze ans
qui sont allés à l'école française n'ont pas
conservé, ne conservent pas le droit pour leurs enfants d'aujourd'hui de
fréquenter l'école anglaise. Ceci semble une restriction
absolument sans fondement logique. Ces jeunes qui sont allés à
l'école française, il y a dix ans, il ya quinze ans et qui ont
été nos collègues de classe on s'en souvient, dans
certains cas, de façon assez sensible ont perdu un droit pour
leurs descendants alors que leurs neveux ou nièces qui sont des
descendants, les fils ou les fil-
les de leurs frères et soeurs qui sont allés à
l'école anglaise, peuvent indéfiniment et à
perpétuité conserver ce droit pour leurs descendants.
Il semble qu'il s'agit là d'une restriction qui donne, en quelque
sorte, un effet rétroactif à la loi, puisque rien ne permettait
de savoir, pour les jeunes qui allaient a l'école française il y
a dix ans ou quinze ans, que le fait d'aller à l'école
française constituerait pour eux une restriction future pour leurs
descendants.
On donne donc à la loi linguistique, à la restriction
d'accès à l'école anglaise, un effet rétroactif par
cette façon de rédiger l'article 73. Je comprends qu'on ne le
fait pas en disant explicitement que la loi a un effet rétroactif, mais
c'est exactement la même chose qui se produit. Effectivement, des
décisions prises dans le passé dans une optique d'absence et
d'ouverture totale des deux systèmes d'éducation,
rétroactivement, apparaissent comme étant une espèce
d'entonnoir dans lequel on s'est engagé, à l'époque, sans
le savoir.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas un entonnoir, c'est un
choix de s'intégrer davantage à la société
québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Oui...
M. Forget: Rationalisation mise à part, M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): C'est un entonnoir, mais par l'autre
bout. On s'est ouvert sur le Québec et non pas...
M. Ciaccia: Ne créez-vous pas deux catégories
d'Anglo-Québécois? Je ne parle pas de catégories
d'anglophones, mais de deux catégories
d'Anglo-Québécois.
Si quelqu'un a oublié de se prévaloir de ce droit, un
petit morceau de papier qu'il aura oublié d'avoir, il pourrait y avoir
deux personnes de la même culture qui pour le moment, je vais
accepter la nouvelle culture anglo-québécoise du ministre d'Etat
au développement culturel pour une lacune ou un manque
administratif, n'auraient pas les mêmes droits. Ne créez-vous pas
l'impression que vous voulez que certaines catégories de personnes
perdent leurs droits en le faisant de cette façon? L'article 69 est
déjà assez restreint.
M. Morin (Sauvé): C'est le contraire, M. le
Président. C'est tout le contraire. L'article 73 veut sauvegarder les
droits des enfants qui, bien qu'étant anglophones, sont allés
à l'école française. C'est pour sauvegarder ces droits. Il
ne faudrait pas l'interpréter a contrario comme étant
restrictif.
J'ai deux observations à faire aux remarques, par ailleurs, fort
pertinentes de M. le député. D'abord, les personnes qui ont
choisi d'aller à l'école française il y a quinze ans, il y
a vingt ans, avaient fait un bon choix. Elles avaient fait un excellent choix.
Ce sont probablement des personnes très bien intégrées
à la société québécoise, dont les enfants
seront probablement à l'image de leurs parents, parfaitement
intégrés à la société
québécoise, quoique demeurant par ailleurs des anglophones
possédant très bien leur langue.
Il fallait tirer la ligne quelque part. On ne pouvait pas remonter aux
grands-parents et aux arrière-grands-parents. Dans toute loi qui tente
d'accorder des droits à une minorité, il faut délimiter
les personnes qui auront le droit de se prévaloir des dispositions de la
loi. Donc, à un certain moment, il faut, avec le plus d'intelligence, le
plus de tact et le plus de délicatesse possible, tirer la ligne. Je puis
assurer M. le député de Mont-Royal que nous avons tiré la
ligne la plus large possible, mais il fallait la tirer. On n'a pas voulu
remonter aux grands-parents parce que cela posait des problèmes de
preuve insurmontables.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas que mon garçon perde ses
droits pour l'avenir, si j'oubliais de faire quelque chose. C'est seulement
cela. Pas pour la forcer... Si on commence à donner l'impression
qu'aller à l'école anglaise est un prix... C'est ce que ces
articles laissent entendre. It is a prize. C'est une mauvaise impression
à créer. C'est justement pour éviter qu'on ne crée
cette approche, cette attitude. On veut enlever cette attitude, il me semble,
et cela serait dans votre intérêt. Cela ne devrait pas être
un prix, "a prize", d'aller à l'école anglaise. Comme en 1974
quand il y avait des tests. Si vous réussissiez votre test... si vous
perdiez, vous alliez à l'école française. Il doit y avoir
un autre moyen de rendre l'accès à l'école
française plus attrayante que de dire: Négativement, vous avez
perdu...
M. Morin (Sauvé): Cela viendra sûrement avec les
effets bénéfiques de la loi 101, de la Charte de la langue
française. Il y aura certainement d'ici quelques années des
pressions d'ordre social, économique qui s'exerceront et qui feront
qu'il sera avantageux d'aller à l'école française. Pour
cela, il faut attendre que la charte porte ses pleins effets. Cela peut prendre
quelques années. Je ne doute pas que dans l'avenir cela soit le cas. En
réponse à votre question, M. le député, je dirais
ceci: Vous avez des droits, vos compatriotes anglophones, nos compatriotes
anglophones ont des droits, mais il faut qu'ils les fassent valoir. Comme dans
n'importe quelle autre loi. Par exemple, les lois mettent à la
disposition des gens l'obtention d'un passeport, l'obtention de droits sociaux,
de bénéfices sociaux, mais il faut s'inscrire.
M. Ciaccia: Ce n'est jamais caduc. L'obtention d'un passeport
n'est jamais caduc, mais là, vous le rendez caduc... Vous transformez un
droit en privilège. La notion de privilège, vous venez de la
commencer à l'article 73.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal. Puis-je rappeler aux membres de la
commission que ce matin nous avons dévié de notre
procédure normale? Il a été convenu qu'on poserait des
questions au ministre pour obtenir les approfondissements
nécessaires,
mais il ne faudrait quand même pas, une fois qu'on a eu les
éclaircissements nécessaires, on tombe dans un débat qui
vienne dévier de certains articles qui ont été
adoptés. Je pense qu'il faut bien se comprendre là-dessus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je n'ai pas
d'objection à répondre aux questions. Loin de là, parce
que j'ai l'impression qu'on a tout de même pu progresser ce matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'apprécie
énormément la forme de discussion qu'on a ce matin, parce qu'il y
a moins de discours de 20 minutes et on a vraiment plus de réponses
à nos questions et plus rapidement. C'est, bien sûr, pour la
présidence plus difficile de diriger les débats, parce que c'est
souvent la même personne qui intervient. Ainsi, tout à l'heure,
dans le débat qui s'est tenu à ce bout-là de la table et
dans lequel je suis intervenu pour dire que je n'avais pas entendu, je n'avais
vraiment pas entendu et ça me faisait quelque chose, parce que Mme le
député de L'Acadie a fait référence à
l'amendement que j'avais apporté au paragraphe a), et je voudrais bien
comprendre ce qui s'est dit à ce moment-là.
On n'a pas précisé davantage sur l'enseignement primaire
en anglais, à l'article 69a je ne veux pas y revenir c'est
parce que je parle de l'article 73 et on faisait référence
à a). Quand on parle de l'enseignement primaire en anglais, je pense que
Mme le député de L'Acadie a dit, à ce moment-là: Je
fais référence à l'amendement du député de
Mégantic-Compton pour permettre aux enfants éloignés, qui
n'avaient pas fréquenté le primaire... Je pense que
c'était ça, n'est-ce pas? Bon!
Mme Lavoie-Roux: D'après ce que je comprends, plus on en
parle, plus ça devient compliqué, dans la majorité des
cas, sauf si vos parents sont disparus, si les parents sont
décédés, ils peuvent aller se réclamer...
M. Grenier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...de ces droits si, eux, ont fait leurs
études en anglais.
M. Grenier: D'accord. A partir de là... Mme
Lavoie-Roux: Si les parents... M. Grenier: ...il est entendu...
Mme Lavoie-Roux: S'ils sont morts, c'est une autre affaire.
M. Grenier: Je crois comprendre qu'on parle d'enseignement
primaire. On n'a pas précisé volontairement; cela veut donc dire
qu'un enfant qui n'aurait fait qu'une année ou deux années au
primaire a quand même droit de s'inscrire c'est ce qui a dû
se dire tout à l'heure, j'imagine à l'école
anglaise.
M. Morin (Sauvé): Parlez-vous des parents ou des
enfants?
M. Grenier: Des enfants de parents qui ont fait une année
ou deux au primaire, non pas tout le cours.
M. Laurin: C'est le règlement qui...
M. Morin (Sauvé): Cela, évidemment, c'est le
règlement qui règle cette disposition...
M. Grenier: Cette partie.
M. Morin (Sauvé): ...et il faut avoir fait au moins trois
ans à l'école primaire, n'est-ce pas, pour pouvoir faire
reconnaître l'admissibilité de ses enfants à l'école
anglaise.
M. Grenier: Bon! Cela n'affectera peut-être pas beaucoup de
cas, mais le ministre de l'Education sait que, à un moment donné,
il y a une année au primaire qui est passée au secondaire, ce
qu'on appelait la septième année. Si cela devait arriver, je ne
sais pas si c'est prévisible, qu'on prenne la sixième et qu'on en
fasse une année au secondaire, j'ai l'impression que c'est à
l'inverse qu'on travaille dans le moment, à savoir, selon une
réponse qui m'a déjà été faite en Chambre,
qu'il est même possible qu'on ramène une année du
secondaire au primaire. Mais si ça devait être l'inverse, qu'on
perde une autre année de primaire c'est une façon de
parler, de dire "perdre" mais, dans le contexte, qu'on perde une
année du primaire qui irait au secondaire, si on parle de trois ans dans
la réglementation, j'imagine que ce ne sera pas rétroactif et
qu'on ne pourra pas revenir à cette année du primaire pour des
élèves qui n'auraient que trois années, incluant une
sixième, et qui pourraient passer au secondaire.
M. Morin (Sauvé): L'esprit de la réglementation,
d'ailleurs, c'est de se montrer libéral dans le bon sens du mot,
c'est-à-dire qu'on est considéré comme ayant
été à l'école anglaise dès qu'on y a
passé trois ans. Autrement dit, un enfant, un parent peut s'être
permis, dans le passé, d'aller trois ans à l'école
anglaise, trois ans à l'école française; son droit est
encore transmissible, parce qu'il a fait au moins trois ans à
l'école anglaise.
M. Grenier: J'écoutais tout à l'heure le
député de Mont-Royal. Il est bien évident que
l'économie de notre loi fait que c'est l'incorporation davantage
à la communauté canadienne-française. Je pense bien que
c'est l'économie de notre loi, le but de la loi. Il ne faut pas se
surprendre, je pense...
M. Morin (Sauvé): C'est ça, l'économie de la
loi, comme vous le dites très bien.
M. Grenier: Oui, d'accord. Bon! Alors, je pense bien qu'il ne
faut pas se surprendre, qu'on ne peut pas imposer de pénalisation aux
gens qui oublieront de fréquenter l'école anglaise au primaire.
Je pense bien que c'est dans ce but que c'est fait, et si des parents
oubliaient de fréquenter pendant trois années le cours primaire,
pour donner un droit à leurs enfants plus tard, on ne peut quand
même pas inclure dans notre loi qu'il y ait une amende à payer ou
une décertification qui sera donnée. Je pense que ça ne
peut pas aller jusque-là, parce que l'économie dit que c'est pour
viser à une plus grande intégration à la communauté
canadienne-française. C'est peut-être ça une bonne partie
de la réponse que vous nous donniez tout à l'heure.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais tout en sauvegardant les
droits de la minorité...
M. Grenier: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ... parce que l'esprit de la loi, c'est
de protéger la majorité, mais aussi, de protéger la
minorité.
M. Grenier: C'est ça.
M. Morin (Sauvé): C'est de trouver un juste
équilibre, très difficile à définir, entre les deux
collectivités. C'est une ligne sinueuse, mais on l'a voulue la plus
juste et la plus précise possible. Il est évident que si on
recherche des cas extrêmes, on va en trouver où la loi,
malheureusement, a des effets qui ne sont pas très souhaitables, mais il
fallait tirer la ligne quelque part.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je suis heureux qu'on
procède dans une telle atmosphère, j'apprécie cette
façon de procéder. Je pense qu'elle est la meilleure pour
progresser réellement.
Nous sommes ici en face d'un projet de loi, et, comme le ministre l'a
souligné, quand la loi est rendue loi, il faut que tout le monde
obéisse à la loi. You must abide by the law once it is
adopted.
That is the basis of democracy, whether we like it or not, it is the
law, so I think the minister is right in saying that, and he can understand why
we want the law to be as perfect as possible and I am pleased that the minister
said that, in the section 73, he cleared a problem that has worried many of my
constituents, not necessarily myself, that if a child is in the French system,
and I want to be using my own language so that I can be sure, if not for any
other reason, is presently in the French system and the parents are English,
that if the child wants next year to leave the French system and return to the
English system, there is nothing to prevent that, since that decision is not
really made by the child but by the parents. This is logical.
M. Morin (Sauvé): Is some cases, it is conceivable that
the child would ask his parents to change his school because his friends have
been going from one school to the other.
M. Mackasey: Oui, et cela existe souvent. Je comprends, comme
vous l'avez souligné vous-même, pour des cas particuliers, c'est
difficile de le décider dans la loi.
Therefore, the justice of this bill will depend to a great degree on
regulations, it must. Since there are so many variations on the theme, you
could never put everything in the law and determine the extreme cases that we
are talking about.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais les droits fondamentaux
doivent être bien définis dans la loi.
M. Mackasey: C'est pour cela que je parlais hier des
déficients mentaux, dans la loi et non pas dans les règlements,
mais j'y reviendrai.
M. Morin (Sauvé): A l'article 77.
M. Mackasey: Now, the point I want to make is that as I
understand however, an anomaly which I do not think you are into, I really
believe that you are trying to walk a middle course, I do not think that you
have any ulterior motive, if I did, I am not very bashful, I would tell you, I
think that you are trying to put a bill together that represents the rights of
the majority but also the rights of the minority. I appreciate that. It is very
hard to define who is within the majority and who is within the minority.
Having said all that, what bothers me about section 73, as you have explained
it, if John and I were younger than we are I will talk for myself, but I
still have a child in an elementary school ... the point to what I want
I get to is...
M. de Belleval: It does not work that way.
M. Ciaccia: Young at heart!
M. Mackasey: ...that as long as I am alive, my child will have
freedom of choice in the sense of going to English or going to French schools,
but, if I am dead by an accident on the highway, going home on Friday...
M. Morin (Sauvé): How old is your child?
M. Mackasey: Twelve.
M. Morin (Sauvé): He will get a tutor.
M. Mackasey: He will get what?
M. de Belleval: He will get a tutor.
M. Morin (Sauvé): II va se faire donner un tuteur et
appliquer l'article 70.
M. Mackasey: We will come back to the tutor because you have got
a loophole and I will try to help you with after. I can have a tutor tomorrow
as
we do in social welfare in order to draw more money. If I want freedom
of choice, I can put my child in the hands of an English-speaking tutor, if I
were a French-speaking Canadian right now, and say: All right, she can go to
the English school; so you better watch your loophole.
But what I am trying to say, yes, really, is that if, by accident,
somebody is killed on a highway, a neighbour, immediately, the rights of that
child or the children of that child have been eliminated in the sense that he
has the right to have freedom of choice flowing from the English. Am I right or
wrong on that? If my child happened to be going to the French school
system...
M. Morin (Sauvé): No. I am sorry.
M. Mackasey: Well, I just wanted to check. ...and I die.
M. Morin (Sauvé): It is not the case. C'est parce que
votre enfant, à douze ans, se fera donner un tuteur, et ce sera
l'article 70 qui s'appliquera, qui dit que, lorsque l'enfant est à la
charge d'un seul de ses parents ou à la charge d'un tuteur, la demande
prévue à l'article 69 est faite par le parent ou le tuteur.
M. Mackasey: Très bien. On va prendre le cas, par exemple,
d'un enfant qui est rendu à 23 ans et étudie à
l'Université de Montréal, si vous voulez.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais est-il allé à
l'école française ou anglaise?
M. Mackasey: Toujours à l'école française,
parce qu'il a déjà la connaissance de l'anglais et il sait fort
bien que c'est la bonne manière d'apprendre l'autre langue.
M. Morin (Sauvé): II est bien intégré,
celui-là.
M. Mackasey: Je ne passe pas cette réflexion contre le
ministre dans le sens que vous avez fréquenté l'université
anglaise et aussi le Dr Laurin.
C'est là que vous avez sans doute pris votre compétence
dans l'autre langue. Dans ce cas, ce jeune homme ou cette jeune fille de 23
ans, dont les parents sont d'expression anglaise, est non seulement à
l'Université de Montréal pour apprendre le français mais
aussi pour suivre un cours spécialisé, si vous voulez. Ses
parents sont morts dans un accident. Cet enfant aura-t-il le droit de choisir
pour ses enfants d'aller à l'école anglaise ou
française?
M. Morin (Sauvé): Je reprends l'hypothèse. Les
parents sont décédés alors que l'enfant qui a fait toutes
ses études en français, bien que d'origine anglophone, se trouve
à l'Université de Montréal et a atteint l'âge de 23
ans.
M. Mackasey: Oui.
M. Morin (Sauvé): Dans ce cas, effectivement, vous avez
raison, ses enfants devront aller à l'école française.
M. Mackasey: Oui, et ce n'est pas...
M. Morin (Sauvé): Ce ne sera pas une bien grosse
catastrophe.
M. Mackasey: Au contraire! Au contraire! Ce n'était pas
une catastrophe lorsque vous avez été à
l'université aux Etats-Unis. Au contraire, vous êtes un meilleur
homme, aujourd'hui, un meilleur ministre à cause... Mais, quand
même...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas inscrit dans la loi,
cependant.
M. Mackasey: Exactement! Tout ce que vous êtes en train
de...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi d'être obligée de vous
interrompre.
M. Mackasey: Ce que vous décrivez, intentionnellement "or
unintentionnaly" in 73, is that you will decide, not you, but the State will
decide, not the parents, whether they should go the English school system. And
that is a fundamental change in our thinking maybe it should not be but for
those of us just who were brought up in the belief in individual rights.
M. Morin (Sauvé): I have just one restriction to what you
said. It is not the State that will decide, it is the law.
M. Mackasey: O.K.
M- Morin (Sauvé): Therefore it is the rule of law.
M. Mackasey: All right. Laws are not always just. They may appear
to be just, they may be based on justice. You are in effect saying then
technically: The law will decide where my grandchildren will go to school if my
child happens to go to the French system. The law will decide, not the parents.
That is the fundamental change, that we have never discussed before since we
are here. You are saying to the English-speaking community... but you have
already told the French-speaking community they cannot now I am not
being sarcastic my philosophy, I think, we might as well answer here.
You are saying in this bill to the French-Speaking parents: you cannot go to an
English-speaking school. Not because they want to but because the law says they
cannot. What you are saying is that the law has decided that French-speaking
parents shall not have freedom of choice. The law decides that. Will the
French-speaking Canadian accept the law?
Mme Lavoie-Roux: Je me sens vraiment confuse d'interrompre mon
collègue...
M. Mackasey: The point I am trying to get at is...
M. Morin (Sauvé): C'est intéressant! Je n'ai pas
d'objection.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que j'avais une suggestion à
faire. Je trouve aussi intéressant ce que dit mon collègue, sans
aucun doute, mais...
M. Morin (Sauvé): We were down to fundamentals.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est parce qu'on a suspendu l'article
72 parce qu'on se propose de faire un amendement. Or, cet amendement, dans
l'hypothèse où il serait accepté, pourrait avoir un effet
de concordance, peut-être, sur l'article 73. J'allais demander qu'on
arrête de discuter de l'article 73 et proposer qu'on les suspende tous
les deux.
M. Morin (Sauvé): Ah non!
Mme Lavoie-Roux: Non. Vous ne voulez pas? D'accord! Ce disant,
cet après-midi, concernant l'amendement, je peux vous assurer que ce
sera une présentation très brève, mais je ne voudrais pas
qu'on soit coïncé après cela, si, à un moment
donné, cela crée quelque chose pour l'article 73. C'est pour cela
que je demandais qu'on arrête de discuter de l'article 73 dans
l'hypothèse où on aurait accepté la suspension des
articles 72 ou 73.
M. Mackasey: Le ministre dit qu'il n'est pas prêt. Je vais
terminer mes questions et mes réponses avec le ministre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord!
M. Mackasey: Je le fais objectivement. Positively. I am trying to
be positive. I just wanted it clear that what 73 does is to establish a new
principle, by-law, legally which says, in effect, that, sooner or later, the
determination as to what school system the children will go will become based
on law and not on the wishes of the parents. In other words, it will be no
longer the parents' prerogative to determine what it does for the children.
M. Morin (Sauvé): M. le député, j'ajouterais
que, dans la mesure où ces parents ont fait leurs études en
anglais, ils peuvent se prévaloir des dispositions de l'article 69b.
Dans ce cas, ils ont le choix d'envoyer leurs enfants à
l'école anglaise et nous ne le leur retirons pas. Mais, pour le reste,
évidemment, il y a des cas limites, des cas extrêmes, parce qu'il
a fallu tirer la ligne quelque part. Je suis obligé de vous citer
Lacordaire pour terminer: "II est des cas où la liberté opprime
et la loi libère".
M. Mackasey: En conclusion, M. le ministre, "because, I do not
want to go on and on, but there will be cases, I am afraid, where people who
want to send their children to French school, they are elderly but the children
are young, this happens in life, call them accidents, if you like, but,
nevertheless, people who want to send their children, Englisk-speaking
Canadians who want to integrate in the French-speaking society of
Québec, and, hell, why should they not? We live here, and we could be
part of the community, I have always accepted that concept, and I am better for
it.
Having said that, they say: I am going to put my child in the
French-speaking system so he, or she, can better integrate. Then, they say
and this has been brought up to me we would like to do it, but we
are better not do it, because if but they say this, maybe emotionally,
but they say: We will put them in the English system and teach them French
privately, because who knows, twenty years from now, whether they want their
children to go to the French system or the English system?
M. Morin (Sauvé): Je vais vous répondre. M. le
Président, je vais répondre à M. le député
que c'est à la suite de représentations qui nous ont
été faites par des parents, précisément, que nous
avons introduit cette disposition de l'article 73.
M. Mackasey: Je suis heureux que vous l'ayez dit clairement que
si votre enfant est dans le système français, et si,
l'année prochaine ou l'année suivante, je décide de
retirer mon enfant et de l'envoyer à l'école anglaise, cela ne
fera pas tort à ses enfants. That, I think, is progress. I appreciate
that. I am looking further down the road to the...
M. de Believal: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît.
M. de Belleval: ...je pense que non seulement le privilège
vaut pour ses enfants, mais il vaut aussi pour leurs enfants à eux,
s'ils désirent se prévaloir du même...
M. Laplante: M. le Président, une question de
règlement.
M. de Belleval: Ils peuvent transmettre ce droit à leurs
enfants.
M. Mackasey: S'il va à l'école française.
M. de Belleval: Oui, tout le temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Le député de Bourassa, sur une question de
règlement. S'il vous plaît!
M. Mackasey: D'accord. O.K. Fine.
M. Laplante: II a été entendu que ce soient des
questions qui soient posées. Actuellement, on discute le fond de tout
cela. Nous sommes là. C'est difficile d'intervenir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'effectivement ce matin, comme je l'ai dit tout à l'heure, les
règles de procédure normales ont été
écartées, dans le but de permettre de poser des questions pouvant
approfondir les articles. Je pense qu'il n'était certainement pas de
l'intention de la présidence que cela devienne un débat sur les
articles, puisque, à ce moment, tout le monde peut présenter des
amendements.
Je pense que l'un des buts, avoués ou inavoués, de cela,
était de permettre non seulement un dialogue, ou de faire en sorte que,
puisqu'il n'y avait pas d'amendement proposé, que cela aille plus vite.
Or, je pense que nos discussions sur l'article 73 nous démontrent que
nous serions peut-être rendus plus loin si nous avions un amendement en
bonne et due forme.
Evidemment, la commission est maîtresse de ses travaux, les
membres peuvent discuter. Je n'applique pas l'article 160, depuis que nous
avons dévié des règles de procédure. Je n'applique
pas l'article 160, mais c'est la commission qui l'a voulu ainsi. Quand
même, c'est vous qui décidez.
M. Charron: De la façon dont nous procédons, je ne
sais pas si on conviendra que la discussion sur l'article 73 a atteint sa
limite et que nous devrions procéder immédiatement à son
adoption, à moins qu'il y ait des amendements formels de l'autre
côté.
M. Ciaccia: Pourrais-je faire un bref commentaire sur l'article
73? Je n'abuserai pas, M. le Président. Le principe, M. le ministre de
l'Education, qu'on cherche à établir dans l'article 73 et dans
les discussions de ces articles est celui-ci: Vous avez établi, à
l'article 69, je crois, ce que la communauté anglophone va prendre pour
elle comme des droits fondamentaux. Pour elle, ce sera fondamental, parce que
l'article 69 est le seul article qui permet l'accès à ses
écoles, à son réseau.
M. Morin (Sauvé): Interprété, cependant,
à la lumière des articles suivants, y compris l'article 73.
M. Ciaccia: Oui. Interprété à la
lumière des articles suivants. C'est exactement le point où je
veux en venir.
Il ne faudrait pas, quand on crée certains droits fondamentaux.
Remarquez bien que je ne suis pas d'accord, peut-être avec... ils ne sont
pas allés assez loin, etc. Mais, une fois qu'on admet que ces droits ont
été créés, il ne faudrait pas qu'on perde un droit
fondamental parce que quelqu'un aura oublié d'aller chercher une
permission d'un bureaucrate.
Le Président (M. Vaillancourt): Excusez-moi, mais je pense
que ce que vous dites actuellement n'entre pas du tout dans le cadre de ce qui
a été permis ce matin. Je pense que vous émettez une
affirmation, vous n'êtes pas d'accord avec quelque chose. Ce quelque
chose mériterait peut-être un amendement, mais je pense que cela
ne va pas dans la ligne de pensée de ce qui a été
décidé ce matin.
M. Ciaccia: Pensez-vous que...
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement... Je
ne sais pas si le député avait terminé.
M. Ciaccia: Non, je n'avais pas terminé.
M. Paquette: Excusez-moi.
M. Ciaccia: Est-ce que cela serait possible...
M. Grenier: M. le Président, on trouve agréable la
période des questions et réponses, mais il me semble que le
député de Mont-Royal s'est exprimé passablement. On a tous
des questions, on brûle de poser des questions, mais on n'a pas le choix,
à cause de la disposition de la table encore une fois. On est
collé sur vous, collé en face du ministre. Il y a des
intervenants à ce bout-ci qui ont des questions intelligentes aussi
à poser. Il faudrait qu'on soit raisonnable. Il n'y a que la
raison...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je vous comprends. Ce matin,
cela me fait un peu penser à une commission parlementaire qui
étudie des crédits où tout le monde pose des questions au
ministre etc. On a dévié de la procédure habituelle, vous
l'avez voulu. Il devient plus difficile pour la présidence d'être
strict, de faire respecter le règlement puisque la discussion est
ouverte, le dialogue s'est engagé. C'est la volonté des membres
de la commission. Tant qu'on ne me dira pas le contraire, la discussion est
large...
M. Laplante: Sur la question de règlement, M. le
Président. La question était que il y a eu
unanimité là-dessus cela porterait sur des
questions-réponses, non pas sur des discussions.
M. Ciaccia: Je vais terminer ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
d'accord avec vous, M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Ce sont des discussions qui se font actuellement
de fond...
M. Ciaccia: Ma question est celle-ci: Si, pour un droit
fondamental, par exemple, comme le droit de travailler en français, vous
ne rendez pas ce droit caduc par l'exercice ou non... C'est un droit qui existe
et une personne n'a pas besoin d'aller chercher une permission chez un
bureaucrate pour travailler en français. Ne serait-il pas possible pour
vous de réévaluer l'article 73? Si vous créez un droit
fondamental pour les enfants de ceux qui sont encouragés à aller
aux écoles anglaises, faites-le de telle façon que cela ne
dépende pas d'un acte administratif.
M. Morin (Sauvé): La réponse, M. le
Président, c'est qu'à notre avis ce ne serait pas administrable.
Il doit y avoir quelque part des formalités qui doivent être
accomplies pour faire reconnaître ce droit par ailleurs indiscutable.
C'est pourquoi je suis obligé de dire que l'article 73, tel que
rédigé, nous paraît répondre à la conception
que nous nous faisons, conception, je pense, très libérale des
droits des enfants. Si le député pense que cela n'est pas
conforme à l'idée qu'il se fait de la justice, il peut toujours
faire une proposition d'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
permettre trois courtes questions. Les députés de
Mégantic-Compton, Gaspé et L'Acadie. Ensuite je demanderai si
l'article 73 est adopté.
M. Charron: D'accord.
M. Grenier: Très rapidement, M. le Président. Suite
à la réponse du ministre de l'Education tout à l'heure,
à l'article 73, qu'on reporterait au paragraphe a) l'amendement que
j'avais apporté pour le mot "secondaire", vous vous rappelez le mot
"secondaire" qui avait été défait, je ne veux pas revenir
là-dessus, mais j'aurais aimé que dans la
réglementation... Vous m'avez répondu de même que le
ministre d'Etat au développement culturel que la
réglementation prévoirait probablement trois années de
faites au primaire. J'aimerais, au niveau de la réglementation, ajouter
de la souplesse lorsque cela arrivera. On sait que vous devrez être
très détaillés dans la réglementation. S'il y avait
lieu d'ajouter de la souplesse pour les régions à
l'extérieur de Montréal et d'en venir peut-être à
une année au niveau primaire. Si c'était possible... Je vous pose
la question...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je prends bonne
note des observations du député pour la suite du monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais faire une
très brève intervention. Après avoir écouté
les questions, d'ailleurs fort pertinentes, des membres de l'Opposition
libérale... Je crois que ceci a permis au ministre de donner un
très bon éclairage.
L'Opposition officielle parlait surtout, je crois, selon le
critère de la langue maternelle. On ne peut pas regarder l'article 73 de
façon isolée, mais il faut l'inclure dans la perspective de
l'article 69, dont on prend la peine ici d'extrapoler toute la portée,
et aussi en cohérence avec le choix du critère de
fréquentation scolaire. Je crois que l'article 73, après toutes
les questions je ne veux pas brimer les autres députés qui
auraient des questions invite les personnes désignées par
le ministre à ne pas interpréter l'article 69 de façon
tellement restrictive. Je crois qu'à ce moment-ci, nous sommes
peut-être en état de passer au vote sur cet article, si cela
répond aux préoccupations, évidemment, de tous les membres
de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Une dernière brève question, Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je vais passer mon droit de parole au
député de Saint-Laurent.
M. Morin (Sauvé): Sera-t-il aussi brillant?
M. Forget: Je fais des efforts désespérés,
M. le Président, mais sans espoir, malgré tout.
Il semble y avoir une contradiction dans les deux textes ou dans une
façon d'interpréter les deux textes et je voudrais m'assurer que
l'interprétation que j'en fais est la même que celle que pourra en
faire le ministre.
En vertu de l'article 72, une personne qui a ou n'a pas d'enfants peut
obtenir un certificat selon lequel, étant donné qu'elle est
elle-même diplômée d'une institution d'enseignement de
langue anglaise, elle peut transmettre son droit à un enseignement en
langue anglaise à ses enfants. A supposer que nous soyons en face d'une
personne qui peut se prévaloir de l'article 72, mais dont l'enfant vient
de terminer, en juin dernier, le 30 juin, ses études secondaires en
français, on se trouve donc devant la situation où un certificat
peut être délivré vis-à-vis d'un enfant qui vient de
terminer ses études secondaires en français et qui, à ce
titre-là, parce qu'il vient de les terminer le 30 juin dernier et qu'il
n'est pas en cours d'étude c'est donc une différence d'un
an ne pourra pas transmettre à ses enfants le droit à une
éducation anglaise, mais qui, en quelque sorte, en vertu de l'article
72, aurait le droit lui-même d'aller dans une école anglaise,
droit dont il ne s'est pas prévalu.
Il me semble qu'on se trouve là, entre 72 et 73, devant une
situation qui est un peu absurde puisqu'il y a là un droit pour l'enfant
à aller à l'école anglaise, droit qu'il n'a pas
exercé, mais qu'il ne peut pas transmettre, simplement parce qu'il vient
de terminer ses études une année avant un autre enfant qui est
exactement dans la même situation.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais préciser, pour que le
député puisse répondre lui-même, je pense, à
la lumière de la loi, aux hypothèses qu'il vient de soulever, que
l'article 73 se réfère à tous les paragraphes de l'article
69, a), b), c), d).
M. Forget: Cela ne le dit pas.
M. Morin (Sauvé): Oui, pour les fins de l'article 69.
Mme Lavoie-Roux: Cela le dit.
M. Forget: Cela le dit.
M. Morin (Sauvé): N'est-ce pas?
M. Forget: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Tandis que l'article 72 ne s'applique
qu'au paragraphe b).
M. Forget: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Où est la difficulté?
M. Forget: La difficulté semble en être une un peu
de contresens, puisque l'article 72 prévoit qu'un droit sera maintenu
par le parent qui en fait la demande. L'esprit de la loi semble suggérer
que l'enfant, même s'il va à l'école française,
transmet ce droit à ses enfants, à ses propres enfants. On a
toutes les conditions réunies, sauf un problème de date. Cela ne
s'applique pas, il n'y a rien qui s'applique, ni l'article 69, ni rien.
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'il faudra y revenir cet
après-midi, quand nous reviendrons à l'article 72.
Mme Lavoie-Roux: Oui, à l'article 72.
M. Morin (Sauvé): Mais je voudrais souligner tout de
suite, pour l'intelligence de l'article 72, que celui-ci n'ajoute pas de
droits; il dit simplement comment le droit doit être exercé dans
le cas de l'application du paragraphe b) de l'article 69.
M. Ciaccia: J'aurais une question, M. le Président. Le
premier article ne touche pas à cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Cela laisse une discrétion.
M. Charron: M. le Président, je propose que l'article 73
soit adopté.
Mme Lavoie-Roux: L'article 73 est adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 73 est-il adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
73, adopté.
M. Morin (Sauvé): Nous reviendrons sur l'article 72,
peut-être cet après-midi, M. le Président...
M. Charron: C'est cela. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle l'article...
M. Morin (Sauvé): ... pour donner à tout le monde
le temps de se préparer.
Articles 74 à 76 inclusivement
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle l'article 74.
M. Morin (Sauvé): Pour donner à tout le monde le
temps de se préparer.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'adoption de l'article 74.
M. Charron: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'adoption de l'article 75.
M. Charron: L'article 75 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. L'article 74 est
adopté...
M. Charron: L'article 75, une question du député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): L'article 75 est
appelé. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dans l'article 75, est-ce que je pourrais demander
s'il y a un temps limite, au gouvernement, pour annuler une déclaration
d'admissibilité rendue par erreur? Le gouvernement peut se tromper
lui-aussi. On doit encourager le gouvernement à bien administrer la loi.
Si le gouvernement prend un an ou deux pour annuler une déclaration
d'admissibilité, durant ce temps, l'enfant aura reçu son
instruction dans une langue, il aura eu accès à une certaine
école et il faudra l'obliger à sortir de cette école pour
aller dans une autre. Y aura-t-il un temps limite?
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, M. le
ministre, avant de répondre? J'accepte la question, elle est très
pertinente, pourvu qu'elle n'engage pas de débat. Vous savez ce qui
vient de se produire. Je ne voudrais pas que la bonne foi de la
présidence ait des surprises à la suite des déclarations
de Mme le député de L'Acadie. On devait poser des questions,
répondre à des questions. Je ne voudrais pas qu'il y ait de
débat. M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): Je vais demander à M. le
député comment sa question se rattache aux cas d'erreur
prévus à l'article 75. Il s'agit purement ici d'une erreur, pour
ainsi dire, de la personne que j'ai désignée, qui a reconnu ou
n'a pas reconnu le droit d'un enfant d'aller à l'école anglaise.
Si par la suite, on se rend compte qu'il y a une erreur, il faut que quelqu'un
puisse faire en sorte que cette erreur soit corrigée. En l'occurrence ce
serait le ministre. Mais nous avons prévu, pour écarter l'aspect
arbitraire du geste aspect arbitraire tout à fait
hypothétique, mais qui pourrait tout de
même se présenter de la part du ministre qu'il y ait
un appel en vertu de l'article 78 pour le cas où je me serais
trompé dans l'annulation de l'erreur. Je vous écoute.
Le Président (M. Cardinal): Recommencez, M. le
député.
M. Ciaccia: Je vais recommencer. Je prends le cas où il
n'y a pas d'erreur de la part du ministre. Il n'y a pas d'erreur d'annuler une
déclaration qui a été rendue par erreur, par exemple,
quelqu'un peut être admis à une école, et on
réalise, six mois plus tard, que cette déclaration a
été donnée par erreur, qu'il n'aurait pas dû
être admis. Pouvez-vous, un an plus tard, annuler ce droit
d'accès? Ne devrait-il pas y avoir...
M. Morin (Sauvé): Je crois que la réponse est oui,
en vertu de la loi.
M. Ciaccia: Ne devrait-il pas y avoir une prescription, un temps
limite pour ne pas causer... Si vous vous en apercevez seulement deux ans plus
tard, il y a aussi erreur de votre part de l'avoir accepté à ce
moment-là. Pourquoi pénaliser celui qui, de bonne foi
l'enfant est toujours... on doit présumer que l'enfant est de bonne
foi.
M. Forget: Dans les douze mois qui suivent ou à
l'intérieur d'un délai raisonnable.
M. Ciaccia: C'est cela, cela prend un délai. Ce n'est pas
une question d'arbitraire, seulement d'administration.
M. Forget: Si vous voulez me permettre, très
brièvement, à titre de suggestion.
Le Président (M. Cardinal): On vous permet.
M. Forget: Merci, M. le Président. A supposer qu'il y ait
même un délai, ne serait-il pas plus humain d'envisager que, s'il
y a annulation d'erreur, on n'oblige pas l'enfant à sortir d'une classe
et d'une école et de s'intégrer dans une autre classe et une
autre école pendant l'année scolaire, mais qu'on attende à
l'année scolaire suivante?
M. Ciaccia: II ne faudrait pas que cette personne devienne une
"non person", M. le ministre, parce qu'il y a eu erreur.
Le Président (M. Cardinal): M. le Président, et non
pas M. le ministre. M. le ministre.
M. Ciaccia: M'avez-vous entendu?
M. Morin (Sauvé): Peut-être y aurait-il
effectivement lieu de prévoir une disposition comme celle-là dans
le règlement.
Mais la loi est un énoncé de principe, et je ne pense pas
qu'il y aurait lieu, de la sorte, de circonvenir l'application du principe. Ce
que je puis dire au député, c'est que, si, par hasard, un enfant
était à l'école anglaise par erreur ou à
l'école française par erreur, et que cela s'étendait sur
quelques mois...
M. Ciaccia: II ne peut pas être à l'école
française par erreur.
M. Morin (Sauvé): ... et que tout le monde était de
bonne foi dans l'affaire, il est évident que le ministère de
l'Education ne refuserait pas de subventionner la place occupée par cet
élève dans l'école ou au sein de la commission
scolaire.
M. Forget: Et n'obligerait pas l'enfant à quitter
l'école en plein milieu de l'année.
M. Morin (Sauvé): Et n'obligerait, sans doute pas, non
plus, l'enfant à quitter la classe en plein milieu de l'année. Je
pense que ça, c'est le bon sens qui nous dicte ce genre de
comportement.
M. Ciaccia: Mais, à la fin de l'année, cela
pourrait aussi causer des difficultés pour retourner dans une autre
école d'une autre langue. La seule chose, c'est d'essayer de se...
M. Morin (Sauvé): Pas nécessairement. Ce serait
peut-être aussi à l'avantage de cet enfant, vous savez. Il ne faut
pas tenir pour acquis le changement, que certains acceptent volontairement...
Certains 'placent leurs enfants volontairement dans une école. L'enfant,
au sujet duquel une erreur aurait été faite, ne serait pas plus
maltraité que l'enfant auquel les parents disent: Mon jeune, tu vas
aller à l'école française pour apprendre la langue
française. Ce n'est pas une catastrophe!
M. Charron: Si je peux préciser, M. le Président,
en quoi le prejudice ne serait pas si grave que ça à l'endroit
d'un enfant à qui on permettrait de compléter l'année
scolaire, par erreur, dans le réseau anglais, c'est que, si l'erreur a
été commise, c'est que l'enfant n'avait pas le droit d'y aller,
c'est-à-dire que ni son père, ni sa mère n'étaient
allés à l'école anglaise, qu'il n'avait aucun
frère, aucune soeur à l'école anglaise, qu'il
n'était pas inscrit, au moment de l'adoption de la loi, qu'il
appartenait donc, naturellement, à la communauté francophone. De
lui dire, au bout d'une année, par exemple, dans le cas d'une erreur...
Encore une fois, il ne faut pas présumer qu'il va y avoir 50 000 erreurs
de commises. On met cette disposition à cet endroit pour éviter
la répétition des événements qu'a connus
l'année scolaire qu'on vient de terminer. Donc, dans ces cas-là,
rappeler l'enfant à son milieu naturel n'est pas une brisure...
M. Ciaccia: Non, j'accepte le principe, M. le ministre. Je
suggérerais une période de temps limitée, de la part du
ministre, à l'intérieur de laquelle il devrait agir...
M. Charron: La réponse du gouvernement là-dessus,
M. le Président, au député de Mont-Royal, c'est que nous
ferons les provisions nécessaires
au chapitre de la réglementation à l'application de cette
loi, mais la loi doit consacrer le principe...
Une Voix: C'est ça.
M. Charron: ... que s'il y a erreur, pour que ce ne soit pas
préjudiciable à tous les autres qui vivraient le même cas,
mais qui, eux, seraient à l'école française comme
cela a été le cas, cette année, pour quelques-uns
le ministre se déclare le droit d'appliquer la loi pour tout le
monde.
M. Forget: M. le Président, il ne s'agit pas de remettre
en question le principe que, s'il y a une erreur, le ministre a le droit de la
corriger. L'idée, c'est de savoir si cette correction d'erreur peut
intervenir quatre ans après qu'on l'a constatée ou qu'elle a
été commise. Alors, elle peut bouleverser les situations. Est-ce
qu'elle peut prendre effet en plein milieu de l'année scolaire, alors
qu'il s'agit d'enfants qui vont être gênés dans leur
développement scolaire à cause d'une décision, d'une
erreur administrative? Ce sont des réassurances que nous cherchions
à obtenir de la part du ministre, et la réponse disant que le
règlement peut le faire, c'est seulement en partie une réponse,
parce qu'un règlement ne peut pas éteindre un droit que la loi
donne au ministre en disant: Après telle date, le ministre ne peut plus
exercer le droit. Si la loi dit: "Le ministre peut", il peut en tout temps et
il peut éternellement. Le règlement serait ultra vires si on
disait: A partir de telle date, il n'a plus le droit. Ce n'est pas possible, un
règlement comme Ça.
M. Morin (Sauvé): Non, mais il faut tenir pour acquis,
tout de même, M. le Président, que cette loi va être
appliquée avec bon sens et avec discernement. N'importe quelle loi,
appliquée par des gens rigides et malveillants, peut porter des fruits
amers, tandis qu'une loi qui est exigeante, il ne faut pas se le cacher, mais
qui est appliquée avec bon sens je peux assurer les membres de
l'Opposition que nous allons l'appliquer avec le plus gros bon sens possible
une telle loi ne devrait pas poser de difficultés. Il est
évident que, si une personne a été admise par erreur dans
une classe anglaise, le ministre de l'Education ne va pas, en plein milieu de
l'année, la forcer à changer d'école. Il laissera les
délais nécessaires et il l'appliquera avec humanité.
M. Charron: Je propose l'adoption de l'article 75, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais, pour les prochaines années, je
pense que ces vérifications, sauf exception pourront se faire avant
même le mois de septembre. Quoiqu'il arrive toujours, au mois de
septembre ça, on le sait...
Les prévisions finales sont toujours établies au 30
septembre parce que justement il y aura des changements au cours de
l'été et au cours du mois de septembre, mais cette année,
on sait avec certitude qu'un délai a été accordé
jusqu'au 30 septembre pour remplir les formulaires et tout cela. Ce qui veut
dire que la vérification ne pourra se faire qu'en octobre, novembre et
décembre. A ce moment, si, par exemple, vous vous retrouviez, non pas
devant des cas exceptionnels, ce qui peut toujours se présenter, mais
devant 200 cas, ce qui n'est quand même pas exagéré non
plus, mais devant 100 à 200 cas, va-t-on les faire sortir au mois de
novembre des écoles?
M. Morin (Sauvé): La date que me dictera le bon sens, je
ne saurais la dire aujourd'hui. Mais il est évident que si le premier
trimestre est déjà écoulé, il faudra faire preuve
de réalisme. Cependant, j'ajouterai ceci. Il s'agirait de cas d'erreurs
de bonne foi. Si, par hasard, ce qu'à Dieu ne plaise, il y avait
derrière ces erreurs des cas de fraude ou de défi à la
loi, je serais moins enclin à faire preuve de tolérance.
Le Président (M. Cardinal): Ceci dit, pouvons-nous passer
à l'adoption de l'article 75?
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Charron: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Si vous
permettez, un instant. L'entente que les membres de la commission avaient
conclue ce matin portait sur les articles 70 à 75 inclusivement et
n'allait pas au-delà, d'autant plus que le gouvernement lui-même a
proposé un texte amendé de l'article 76.
Je déclare donc cette entente terminée. Nous reprenons la
procédure habituelle de l'étude, article par article, en suivant
le règlement à la lettre et, par conséquent...
M. Morin (Sauvé): M. le Président... Le
Président (M. Cardinal): Oui...
M. Morin (Sauvé): ... puis-je tenir pour acquis que nous
reviendrons à cette entente pour le débat sur l'article 72?
Le Président (M. Cardinal): Exactement, comme diraient les
anglophones: "By implication."
M. Morin (Sauvé): Les choses, quelquefois, valent mieux
lorsqu'elles sont dites.
Le Président (M. Cardinal): Entièrement d'accord.
Cela reste au journal des Débats.
M. Charron: L'article 76, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): L'article 76... Oui, monsieur
le...
M. Charron: ... pour que tout le monde se comprenne bien puisque
beaucoup de papiers ont circulé ce matin avec la déposition des
amende-
merits que le gouvernement apporte à la loi, j'aimerais qu'on
travaille avec le texte dont la première ligne j'espère
que tous les députés l'ont en main dit: "L'article 76 du
projet de loi numéro 101 se lirait comme suit:..."
Je pense que c'est celui-ci. Il est de trois paragraphes et on travaille
donc...
Mme La voie-Roux: II est beaucoup plus clair, moins
compliqué.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre et
député de Saint-Jacques, j'ai justement déjà
indiqué que nous ne procéderions pas par amendement, que l'on
considère que le projet de loi a un nouveau texte. C'est pourquoi,
contrairement à ce que j'ai fait pour les articles
précédents, je vais prendre le temps de lire ce texte. Cela
pourra peut-être sauver du temps par la suite.
Le texte définitif, pour que tout le monde sache que c'est
celui-là, et on me corrigera si je commets la moindre erreur se lit
comme suit: L'article 76 se lirait comme suit: "Aucun organisme scolaire qui ne
donne pas déjà dans ses écoles l'enseignement en anglais
n'est tenu de le donner, ni ne peut en prendre l'initiative sans l'autorisation
expresse et préalable du ministre de l'Education. "Toutefois, tout
organisme scolaire doit, le cas échéant, se prévaloir des
dispositions de l'article 496 de la Loi de l'instruction publique pour assurer
l'enseignement en anglais à tout enfant qui y aurait été
déclaré admissible. "Le ministre de l'Education accorde
l'autorisation prévue au premier alinéa s'il est d'avis qu'elle
est justifiée par le nombre d'élèves qui relèvent
de la compétence de l'organisme et qui sont admissibles à
l'enseignement en anglais en vertu de l'article 69."
Y a-t-il des représentants du parti ministériel qui
veulent s'exprimer sur l'article 76 tel que lu?
M. Morin (Sauvé): Je dirai simplement...
Le Président (M. Cardinal): Le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): ... qu'il s'agit surtout d'un article de
portée administrative. On se souviendra d'ailleurs que la loi 22
contenait des dispositions presque semblables et que nous avons en quelque
sorte adaptées au nouveau projet de loi.
L'article 76 a donc pour but de s'assurer qu'une commission scolaire, se
prévalant de l'article 496 de la Loi de l'instruction publique, puisse
faire ce qui est nécessaire pour assurer l'enseignement en anglais
à tout enfant qui aurait été déclaré
admissible.
Si vous voulez, c'est la conséquence administrative des articles
qui précèdent. En même temps, elle fait intervenir, comme
c'est toujours le cas, le ministère de l'Education dans la
décision de donner ou de ne pas donner l'enseignement en anglais ou en
français. Elle ne peut donc en prendre l'initiative sans l'autorisation
expresse et préalable du ministre de l'Education; mais celui-ci nous dit
le dernier paragraphe de l'article 76, tel que nous l'avons
réécrit, celui-ci accorde l'autorisation prévue si,
à son avis, elle est justifiée par le nombre
d'élèves. Là, bien sûr, nous devons nous
référer à toute la réglementation qui régit
l'ouverture de nouvelles écoles ou de nouvelles classes dans les
écoles.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplemen
je comprends que nous n'en sommes plus aux questions que le
ministre ait l'occasion, un peu plus tard, de préciser ce qu'on entend
par les termes "n'est tenu de le donner". "Aucun organisme scolaire qui ne
donne pas déjà dans ses écoles l'enseignement en anglais
n'est tenu de le donner ni ne peut en prendre l'initiative sans l'autorisation
expresse et préalable du ministre de l'Education." Ce deuxième
membre de phrase était au texte contenu dans la loi 22, je pense. Ce qui
m'inquiète, c'est pourquoi on a mis les termes "n'est tenu de le
donner", au lieu d'utiliser pour la forme on aurait pu le modifier un
peu le texte de la loi 22. N'y-a-t-il pas danger, à ce
moment-là, et c'est dans ce sens que je voudrais plus d'explication,
qu'à un moment donné, on soit en conflit avec une décision
d'une commission scolaire qui, elle, peut dire, je ne suis pas tenu de donner
l'enseignement en anglais; ou s'il faut l'interpréter dans le sens
qu'elle n'y est pas tenue parce que le nombre d'élèves n'est pas
suffisant. Dans le cas d'un appel fait au ministre par une commission scolaire
qui refuserait de le donner pour une raison qui ne serait pas reliée au
nombre d'élèves, mais serait reliée, peut-être
à une prise de position qui serait la sienne et un ordre du ministre de
l'Education qui serait en contradiction avec la position de cette commission
scolaire? Qu'arriverait-il? Pour le moment je ne veux pas en dire davantage.
C'est vraiment une question.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, le
ministre pourra répondre. Il lui reste encore 18 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je vais donner la parole
à M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, si vous me le permettiez, je
remettrais à quelques minutes mes propos. C'est un peu rapide, d'abord
on vient d'avoir l'amendement, et notre position qui est connue au livre bleu
est atténuée par la déposition de l'amendement de ce
matin. J'aimerais mieux attendre quelques minutes encore. J'interviendrai au
cours du débat.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, justement, pour que tout soit bien clair ne parlez pas
d'amendement, parlez de texte modifié.
M. Grenier: D'accord! Oui, je m'excuse. Je l'avais compris tout
à l'heure.
Le Président (M. Cardinal): Nous ne sommes pas sur...
M. Grenier: On est tellement habitué de parler
d'amendement depuis le début de la commission.
Le Président (M. Cardinal): II faut que non seulement je
suive le temps mais aussi ce qui se passe pendant ce temps là. Merci, M.
le député de Mégantic-Compton. Dans ce cas, est-ce que M.
le ministre veut répondre immédiatement?
M. Morin (Sauvé): A la question de Mme le
député de L'Acadie?
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président, nous avons
voulu protéger la commission scolaire, et qu'il soit bien clair qu'elle
n'est pas obligée de donner l'enseignement en anglais si elle estime que
le nombre d'enfants est insuffisant. Cependant, il y aura là-dessus,
à un moment ou à un autre, l'intervention du ministère de
l'Education, qui lui, a ses normes et peut dire: Dans ce cas-là vous
devez accorder l'enseignement en anglais. D'ailleurs, le second paragraphe
vient qualifier le premier. Tout organisme scolaire doit, le cas
échéant, se prévaloir c'est impératif,
n'est-ce pas de l'article 496 de la Loi de l'instruction publique pour
assurer l'enseignement en anglais à tout enfant qui est
déclaré y être admissible.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le ministre, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je préférerais l'autre approche, M. le
Président. Je crois que c'était plus efficace quand on pouvait
poser des questions plutôt que... Ce ne sont pas des articles où
l'on peut faire des discours, ce sont des articles d'application de la loi.
Le Président (M. Cardinal): Permettez que je vous
réponde immédiatement, monsieur...
M. Ciaccia: Non, c'est mon commentaire.
Le Président (M. Cardinal): D'accord!
M. Ciaccia: Dans mes vingt minutes. Je ne vous critique pas.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, oui.
J'accepte.
M. Ciaccia: C'est mon commentaire. Je ne suis pas pour commencer,
il me semble que c'est plutôt dans l'intérêt du bon
déroulement de nos travaux, si nous avons des questions
spécifiques sur ces articles, plutôt que de s'étendre et de
faire des discours de vingt minutes, de poser une question. En tout cas, je
vais poser les questions que j'aurais posées. Si le ministre veut y
répondre, libre à lui.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, justement,
je vais répondre à ceci tout de suite, au poit de vue de la
directive. Personne n'est obligé, premièrement, d'utiliser les
vingt minutes.
Deuxièmement, j'ai déjà indiqué à M.
le député de Mégantic-Compton qu'il pourrait intervenir
par une question qui dure une minute, vingt fois, et son temps serait quand
même respecté.
A ce moment, le problème ne vous appartient plus, il
m'appartient. Personne n'est donc tenu, parce que l'entente ne subsiste plus,
de s'en tenir à de grands exposés. Absolument pas.
M. Ciaccia: La première question que j'avais portait sur
le premier alinéa. Est-ce que cela s'appliquerait dans la question de
l'enseignement de la langue seconde, ou bien, est-ce que la question de
l'enseignement de la langue seconde serait régie par un autre
paragraphe? Est-ce que le premier paragraphe veut dire que, si un organisme
scolaire veut augmenter ou donner l'enseignement de la langue seconde, il ne
pourrait pas le faire ici?
L'autre question que j'avais est celle-ci: Ce n'est pas très
clair, sur la question du nombre d'enfants ayant droit à l'enseignement,
si un enfant ou un groupe tombe sous les termes de l'article 69. J'aurais
aimé avoir un peu d'explication sur ces deux points.
Le Président (M. Cardinal): Pour permettre à M. le
ministre de répondre, je vais prévoir une autre situation. Il
pourrait arriver que les questions qui ne dépassent pas deux minutes
chacune c'est ce que nous faisons présentement soient
tellement nombreuses que, si le ministre prend plus de temps à
répondre que la question ne prend de temps à être
posée, il n'ait plus la possibilité de répondre, parce que
son temps serait épuisé. Faites attention, s'il vous plaît,
encore une fois, que tout se fasse de bonne foi. M. le ministre.
Une Voix: A ce moment, cela devient son problème.
M. Morin (Sauvé): Je peux répondre très
brièvement, M. le Président.
A la première question, il est clair que l'article 76 ne
s'applique qu'à l'enseignement en anglais et non pas à
l'enseignement de l'anglais. L'article 76 n'a rien à voir avec
l'enseignement de la langue seconde.
Deuxièmement, pour ce qui est du nombre d'élèves
requis, il est prévu, non seulement dans les normes du ministère,
comme Mme le député de L'Acadie le sait, mais il est prévu
dans la nouvelle politique sur les petites écoles. Il y a donc un
ensemble de réglementation fort important, qui régit l'ouverture
d'une école anglaise ou d'une école française, d'une
classe française ou d'une classe anglaise. Mais, en tout état de
cause, un enfant qui est autorisé, qui est admissible à
l'ensei-
gnement en anglais, doit recevoir l'enseignement en anglais. Seulement,
cela ne se fera pas toujours nécessairement par l'ouverture d'une
école ou d'une classe, les enfants ne sont pas assez nombreux, cela se
fera par entente administrative entre commissions scolaires comme c'est le cas
à travers le Québec, particulièrement là où
les anglophones sont disséminés. Il y a des ententes qui
permettent à l'enfant (en le forçant à voyager,
malheureusement) de recevoir l'enseignement dans la langue qui est la
sienne.
M. Ciaccia: II n'y aura pas de conflit entre les articles 76 et
69, dites-vous?
M. Morin (Sauvé): Je puis vous assurer qu'il n'y a aucune
contradiction entre ces deux articles. C'est purement administratif. Il ne faut
surtout pas y chercher des intentions cachées. Ils n'en contiennent
aucunement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le ministre, les critères qui existent,
à l'heure actuelle, pour déterminer si l'enseignement en anglais
continuera, parce que ce n'est pas logique si, dans des écoles, il y a
un enfant d'expression anglaise il faut prendre une autre
procédure il y a sans doute les règlements basés
sur la loi qui existe déjà, ces critères
changeront-ils?
Nous avons votre parole que les critères ne seraient plus
restrictifs, mais par exemple... we can be assured that the law or the
regulations will not be changed in such a way that, where a school board, in
some part of Québec, far from the big cities, may have... where 80
English-speaking children are entitled and are receiving... Yet I realize that
the second paragraph is designed to protect us against the barebone of the
first, but there are in this province many areas where we have small minorities
of English people disappearing, not because of the law, but the true evolution;
Gaspé is a very good example and it is obvious that sooner or later, not
to practical but if only for financial reason you retain two school systems,
that I would appreciate and understand. The criteria that exist presently, I am
asking you, the minister of Education, do you find them satisfactory? Do you
think it is too expensive? Do you find in the future to restrict, or through
regulations, by changing regulations, to change the criteria in these areas?
That is the point in which I am interested.
M. Morin (Sauvé): Tout le mouvement de ces
dernières années, et particulièrement depuis le 15
novembre, est en sens inverse. Je veux dire qu'il va vers des écoles
plus petites et qu'il y a une volonté de notre part, non pas de
restreindre l'accès à l'école et de forcer les enfants
à voyager, mais au contraire, de conserver dans chaque village et
éventuellement quand on aura pu s'entendre sur la définition du
quartier, dans les villes, dans chaque quartier de la ville une
école... Evi- demment on ne peut pas descendre en bas d'un certain
nombre, mais ce nombre est tombé graduellement d'année en
année, et j'ai énoncé une politique, il n'y a pas si
longtemps. Monsieur le député était en Chambre à ce
moment et se souviendra qu'en vertu de certains programmes adoptés par
le gouvernement antérieur, que nous avons repris également et
améliorés dans certains cas, le nombre d'enfants requis pour
ouvrir une école pour la maintenir ou pour la réouvrir est de
moins en moins élevé. Il y a un programme qui s'appelle SOPEC qui
a pour but d'augmenter le nombre de maîtres. Dès que vous avez
maintenant 28 enfants vous avez droit à un nombre minimum de
maîtres. Nous allons bien sûr tenter d'appliquer cette politique de
la manière la plus générale possible.
En réponse à votre question, bien sûr les
règlements peuvent modifier la chose, mais toute la tendance des
règlements, est au contraire d'approcher l'école du milieu
qu'elle doit desservir. Cela vaut pour les anglophones comme pour les
francophones.
M. Mackasey: What you are saying is that you believe what I
believe, that the ratio between the teachers and the size of the class should
be: smaller classes. Secondly, a more decentralized school system to
reintroduce some degree of humanity.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela, compte tenu des
ressources du milieu, bien sûr.
M. Mackasey: You have my full support on that, and if this is the
purpose, I accept it.
M. Morin (Sauvé): I know that.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, c'est le dépôt
de l'article de ce matin. Je ne sors pas mon encensoir pour le ministre, mais
pour lui dire que le paragraphe central modifie considérablement
l'article qui apparaissait antérieurement, et nous donne presque
entière satisfaction puisque le premier paragraphe est pour une saine
administration. Ce n'est pas uniquement dans le domaine de l'enseignement qu'on
le voit, on voit cela au domaine des affaires sociales, quand on a
administré une boîte qui appartient principalement à l'Etat
ou à la municipalité ou à une corporation publique. Le
troisième paragraphe également. Le paragraphe central se lit
cependant: "Tout organisme scolaire doit" c'est ce mot "doit" qui
devient important "se prévaloir de l'article 496" démontre
qu'à ce moment-là, advenant un nombre suffisamment
considérable d'élèves qui se conforment aux normes
régulières du ministère de l'Education, la commission
scolaire devra, le cas échéant, se prévaloir de la loi
pour donner l'enseignement en anglais. Le ministre, d'après l'article,
ne peut le refuser bien sûr. Le fait que les gens se prévalent de
l'article 496... Cette modification pour nous, qui était demandée
depuis quelques temps, change
considérablement le texte et je voudrais bien qu'on tienne compte
de cela.
La formulation qu'on faisait dans notre livre bleu, s'il est dans les
mains du gouvernement et des media d'information, vient nous donner
satisfaction, et nous permettra d'endosser cet article de la loi.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Un instant! J'ai
reconnu Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très bref. Les gens se
souviendront qu'hier soir nous avions dit que nous avions un amendement
à proposer à l'article 76. Mais, devant le nouveau texte qui
vient de nous être présenté, je pense que ce qui
était ambigu dans le texte antérieur est passablement
amélioré. Nous allons nous aussi voter en faveur de l'amendement,
immédiatement après que le ministre il doit certainement
lui rester trois minutes aura répondu à une question qui
est vraiment une question d'information.
Se souvient-il moi, je ne m'en souviens pas de la
densité de population qu'un village doit avoir, non pas pour ouvrir son
école sur place, mais pour se prévaloir, par exemple, d'ententes
avec une commission scolaire éloignée, pour desservir des enfants
en langue anglaise? Ce serait la même chose en langue française,
mais le problème se pose moins, je pense bien.
M. Morin (Sauvé): Pour autant que je sache, Mme le
député, avec votre permission, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Certainement. M. Morin
(Sauvé):... il n'y a pas de plancher...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela que je voulais dire.
M. Morin (Sauvé): ... au nombre d'enfants requis pour
conclure des ententes entre commissions scolaires pour que l'enseignement soit
donné en français ou en anglais selon le cas. Dès qu'un
enfant a le droit de recevoir l'enseignement dans une langue, la commission
scolaire est habilitée à faire des ententes avec d'autres
à cet effet. Je pense que l'ancien ministre de l'Education s'en
souviendra. Ce sont des règles qui ont d'ailleurs été
précisées...
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas le droit de
participer au débat, mais c'est exact.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, c'est ce que veut dire le
second paragraphe. J'ajouterai...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, mais je ne savais pas dans quelle
mesure. Si c'est un enfant perdu, non pas à Gaspé, mais à
Trois-Pistoles, est-ce qu'à ce moment-là ce serait dans un
régime de pensionnat ou d'internat dans une école de
Gaspé?
M. Morin (Sauvé): Cela pourrait prendre toutes sortes de
formes, mais vous avez raison de penser que, dans ces cas-là, la
commission scolaire a une obligation, et nous le lui rappelons dans le second
alinéa...
Je dirai, à l'intention du député de
Mégantic-Compton...
Mme Lavoie-Roux: Qui vous avait posé la question.
M. Morin (Sauvé): ... que son livre bleu a
été utile sur ce plan. Si notre pensée s'est
précisée, c'est justement parce que l'on voyait venir les
difficultés. Quand l'Opposition, de la sorte, nous signale des choses,
Mme le député de L'Acadie s'apprêtait à le faire
pour cet article, nous en tenons compte.
M. Bertrand: Bravo!
Le Président (M. Cardinal): Dois-je comprendre que nous
sommes prêts à adopter l'article?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Une Voix:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous une
remarque, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Ils ne veulent vraiment pas.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas un amendement,
c'est l'article 76 modifié.
Deuxièmement, quant au ministre de l'Education, j'aurais
aimé qu'il parle de l'ex-ministre plutôt que de l'ancien
ministre.
L'article est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Je respecterai votre volonté.
Mme Lavoie-Roux: Cela se rapproche trop du légendaire.
Nouvel article 77
Le Président (M. Cardinal): Article 77. Je souligne le
même phénomène, il n'y a pas de motion d'amendement. Je
devrai accepter avec un consentement unanime que l'on présente un nouvel
article qui se lirait comme suit: "Le gouvernement peut, par un
règlement, statuer sur la procédure à suivre, lorsque des
parents invoquent l'article 69, et sur les éléments de preuve que
ces derniers doivent apporter à l'appui de leur demande. "Le
gouvernement peut également, par un règlement, exempter de
l'application du présent chapitre les enfants qui ont des
difficultés graves d'apprentissage et statuer sur la procédure
à suivre dans un tel cas."
Oui, M. le député de... Un instant! J'ai toujours
l'habitude de demander au parti ministériel s'il a à s'exprimer
sur l'article avant de donner la parole.
M. Grenier: M. le Président, avant l'intervention du
ministre, je m'excuse...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, à moins que
ce soit une question de règlement ou...
M. Grenier: C'est une question de directive. Le
Président (M. Cardinal): D'accord, allez-y.
M. Grenier: Ce serait pour demander s'il serait possible
c'est peut-être prévu par le ministre, ou peut-être va-t-il
même nous l'annoncer comme l'a fait l'autre jour le ministre
délégué au Haut-Commissariat s'il y aurait lieu
qu'on suspende l'article 77 et qu'on apporte des règlements, qu'on
étudie les règlements qui ont été
déposés par le ministre il y a environ une semaine? Cela pourrait
modifier nos attitudes passablement sur l'étude de l'article 77.
Le Président (M. Cardinal): Je vous ferai remarquer que ce
n'est pas une question de directive. C'est une question que j'admets, c'est une
question qui s'adresse beaucoup plus au gouvernement qu'elle ne s'adresse au
président.
Alors, M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
d'abord, avant de répondre à la question du député,
dire dans quel esprit cet article 77 vous est soumis. Tel qu'il existait dans
l'ancienne rédaction, il avait simplement pour but d'autoriser le
gouvernement à définir la procédure à suivre
lorsque les parents invoquent l'article 69. Donc, c'est tout simplement un
article qui a pour effet d'autoriser le gouvernement à
réglementer, à procéder par voie de règlements.
Le second paragraphe est le fruit d'une suggestion de l'Opposition
libérale. C'est à la suite du problème soulevé,
l'autre soir, par Mme le député de L'Acadie et repris par
plusieurs députés, que nous avons voulu introduire, dans la loi,
à un article qui nous a paru mieux indiqué, des dispositions
autorisant le gouvernement à résoudre ce problème des
enfants qui ont des difficultés graves d'apprentissage et à le
faire par règlement. Je sais que cela ne répond pas à
toutes les exigences de l'Opposition libérale, mais je peux vous assurer
que ce paragraphe se trouve là à la suite de leur intervention et
que, dans notre esprit, il nous permet de répondre aux
difficultés qui ont été soulevées.
Ce qui m'amène à répondre à votre question.
M. le député de Mégantic-Compton. Pour la rédaction
de ces règlements j'ai pressenti quelques fonctionnaires qui connaissent
bien la question des difficultés d'apprentissage, les cas de handicaps
sensoriels, de difficultés d'adaptation sociale, et leur première
réaction est très éloquente.
Nous en avons pour quelque temps à préparer cette
réglementation, si elle doit être bien faite. Ce sont des notions
difficiles à manier que celles des handicaps sensoriels, que celles des
mésadaptations sociales. Il y a déjà beaucoup de
réglementations qu'il va falloir revoir au sein du ministère.
Nous en avons donc, au bas mot, pour quelques semaines. Je puis cependant
assurer le député de Mégantic-Compton que nous avons
reconnu qu'il s'agit ici d'un problème réel et que nous allons
faire diligence. Les règlements seront portés à la
connaissance de la Chambre et du public, le plus vite possible.
J'ai déjà, d'ailleurs, pressenti des fonctionnaires. Nous
allons mettre des équipes de fonctionnaires et des équipes
spécialisées là-dessus. Mais, même avec toute la
spécialisation que ces personnes ont à leur disposition, elles en
ont certainement pour quelque temps à élaborer cette
réglementation. Je ne peux pas envisager de la déposer avant
l'adoption de la loi, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Pour sauver du temps, je
n'indique pas sur ma feuille le temps qui est employé. Je ne pense pas
qu'on parle sur la motion, mais seulement sur une question du
député de Mégantic-Compton. J'ai reconnu deux membres de
la commission qui veulent également, je pense, poser des questions soit
au président, soit au ministre. Mme le député de L'Acadie,
M. le député de Rosemont.
Mme Lavoie-Roux: Une question de directive. Je reviens à
la charge sur la requête du député de
Mégantic-Compton, qui demandait que nous puissions suspendre pour
discuter des règlements. Je crois ou j'ai cru comprendre qu'il ne s
agissait pas nécessairement des règlements touchant l'amendement
que vous apportez quoique ce serait bien souhaitable que vous les ayez,
mais je comprends que vous ne les ayez pas mais c'était suite
à une requête qu'il avait déjà faite au tout
début de cette commission, on ne sait plus les jours exactement,
où il avait demandé au moment où vous avez
déposé les règlements touchant l'article 69 et qui
affectent la rentrée scolaire qu'on puisse trouver un moment pour
en discuter. Il avait voulu les discuter sur le champ. On lui a
conseillé, à ce moment-là, d'attendre l'article 77 et
qu'il serait loisible à ce moment-là de poser des questions sur
ces règlements. C'est le sens, je pense, de la requête du
député de Méganti-Compton et je suis prête à
l'appuyer parce que c'est relié à la question de la
rentrée scolaire et il est bon que nous ayons tous les
éclaircissements possibles sur ce règlement.
Le Président (M. Cardinal): Avant de répondre, le
député de Rosemont veut-il poser une question sur le même
sujet?
M. Paquette: Non. Ce n'est pas sur le même sujet.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, dans ce
cas, je vais répondre au député de Mégantic-Compton
et à Mme le député de L'Acadie, pour autant que la
présidence est concernée.
J'ai déjà rendu une directive très
généreuse je me permets de la qualifier moi-même
suivant laquelle, au moment de l'étude de l'article 77, nous
pourrions étudier les règlements qui s'y rapporteraient, s'ils
étaient alors déposés devant la commission, et je
maintiens cette décision. Un instant! M. le député
de...
M. Grenier: Sur la question de directive que j'ai
posée...
Le Président (M. Cardinal): Bon!
M. Grenier:... et qui a été appuyée par Mme
le député de L'Acadie...
Le Président (M. Cardinal): D'accord! M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: On s'excuse. Je comprends que c'est à cause
des règlements qu'on est obligé de passer par des directives,
mais, en fait, c'est au ministre qu'on s'adresse, et vous le comprenez.
Toujours sur la question de directive, pour rester en règle, si le
règlement nous était déposé, principalement sur les
dispositions transitoires, cela nous permettrait peut-être de modifier
considérablement l'amendement qu'on se propose d'apporter à
l'article 77. Je me demande s'il y a lieu, si le ministre peut nous
répondre, qu'on fasse l'étude de ces règlements
déposés au cours de la semaine dernière et qu'on suspende
l'article 77.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Je sais que le
ministre va répondre, mais ce n'est pas tout à fait
régulier; mais, quand même, on peut avoir une petite trêve
ou un interlude pour vider cette question.
Avant que le ministre ne réponde, cependant, je souligne que ma
directive est que l'on ne peut pas adopter le règlement. C'est une
affaire qui concerne l'Exécutif. J'ai simplement permis que l'on en
discutât. Est-ce que M. le ministre a quelque chose à ajouter?
M. Forget: Avec un accent circonflexe.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voulais
simplement dire que je suis à la disposition de la commission pour
répondre à des question qui auraient trait à des articles
du règlement, puisque nous considérons qu'il complète le
chapitre VIII. Nous n'avons pas, cependant, à adopter le
règlement en question, mais si, par hasard, il y avait des suggestions
de la part des membres de l'Opposition ou des membres du côté
ministériel en vue d'améliorer le règlement, nous en
prendrions bonne note.
Le Président (M. Cardinal): C'est non seulement une
question qui concerne l'Exécutif, mais il serait absolument contraire
à la logique, ce serait une pétition de principe si nous
adoptions un règlement à l'occasion d'un article alors que la loi
n'est pas encore adoptée.
M. Grenier: Une question...
M. Morin (Sauvé): Le but du dépôt des
règlements était d'informer, de renseigner pleinement les
députés sur la portée de l'article 77 et d'ajouter
l'éclairage le plus exact possible sur le sens des autres articles du
chapitre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, sur une autre question. M. le député de
Mont-Royal, je vous ai reconnu, mais je veux qu'on vide cette question.
M. Grenier: Sur la même question, je vais préciser,
si vous me permettez, très brièvement...
Une Voix: Pas de Mont-Royal, Notre-Dame-de-Grâce.
M. Grenier: ... et si le ministre le permet et ça nous
permettra...
Le Président (M. Cardinal): Pas de Mont-Royal,
Notre-Dame-de-Grâce, je m'excuse. Mais, enfin, je ne sais pas si je dois
m'excuser, parce que je ne sais pas qui est flatté des deux
députés.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le règlement qui a été
déposé vendredi dernier, M. le Président, par le ministre
de l'Education, j'aimerais savoir si cela affecte les enfants qui entrent
à l'école anglaise pour la première fois en septembre 1977
et, si oui, comment? Sinon, pourquoi? A la suite de ça, nous pourrons
travailler, à l'heure du lunch, à notre amendement à
proposer.
Le Président (M. Cardinal): Je permets que la question
soit posée et que la réponse soit donnée pour gagner du
temps.
M. Morin (Sauvé): La réponse est tout à fait
brève, M. le Président. Le règlement prévoit deux
phases distinctes. Il y a d'abord un règlement général,
qui porte sur toutes les rentrées à venir, qui pourra, bien
sûr, être modifié dans la suite du temps si, par hasard,
nous découvrions qu'il ne répond pas aux besoins, et il comporte
également une deuxième partie, sous le titre de "dispositions
transitoires", lesquelles s'appliquent aux inscriptions pour l'année
scolaire 1977-1978, c'est-à-dire la rentrée qui vient dans un peu
moins d'un mois.
M. Grenier: Cela affecte les enfants inscrits à
l'école anglaise pour la première année.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Le Président (M. Cardinal): La réponse est
donnée. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
J'aimerais savoir si vous voulez parler sur la motion principale, parce que je
suis en train de me demander si l'article doit être suspendu pour fins
d'étude ou non.
Alors, il ne faudrait pas parler sur la motion principale.
M. Charron: ... suspendre l'article.
Le Président (M. Cardinal): Non. Il y a une proposition
qui a été faite.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Jusqu'à maintenant, je n'ai pas dit un mot.
Tout le monde essaie de décider à l'avance pour moi quelle sera
mon approche à l'amendement et je n'aime pas cela.
Je vais parler de l'amendement pour le moment. C'est ce qui est devant
nous, et le ministre de l'Education a souligné, dans son amendement...
J'ai une question à lui poser. Nous travaillons ce matin dans une
atmosphère agréable. On veut continuer dans cette
atmosphère. Mais, quand même, il a souligné exactement
d'empêcher, à la lumière de l'expérience...
Quand le ministre est de bonne foi et il est de bonne foi
et dit que le gouvernement peut également par règlement exempter
de la réglementation du présent chapitre VIII les enfants,
n'est-il pas vrai, M. le ministre, qu'un autre ministre, un autre gouvernement
peut changer ces règlements?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, un gouvernement qui nous
succéderait, dans beaucoup beaucoup d'années,
naturellement...
M. Mackasey: Je l'accepte, whether liking it or not.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Morin (Sauvé):... un tel gouvernement, qui pourrait
être mal intentionné Dieu sait qui pourrait nous
succéder...
M. de Belleval: II serait certainement mal
intentionné.
M. Morin (Sauvé): ... un tel gouvernement, je dois le dire
au député, pourrait modifier la réglementation. De
même, un ministre qui serait mal intentionné pourrait prendre
l'initiative de faire modifier le règlement par son gouvernement, mais
je ne pense pas qu'on puisse, s'agissant d'enfants handicapés et
s'agissant d'une question qui a des aspects moraux très importants,
faire cela ou qu'un gouvernement, quel qu'il soit, puisse faire cela, sans
s'attirer les foudres de l'opinion publique.
M. Mackasey: J'accepte ce que vous dites. Vous avez raison, mais
il arrive souvent que les règlements ne sont pas nécessairement
décidés par un ministre, ni par le cabinet, mais par des
fonctionnaires. Cela m'est arrivé avec l'assurance-chômage, si
vous voulez, et souvent les règlements faussent l'esprit du ministre ou
même l'esprit de la loi, de sorte que je vais répéter ce
que j'ai dit l'autre soir, exactement pour les raisons que vous avez
soulignées, les questions morales, les cas particuliers de ces enfants,
que cela serait préférable, non pas nécessairement, de le
lier avec l'article 69, mais d'avoir au moins un article général
dans la loi pour protéger ces enfants et, après, revenir avec les
règlements qu'on souligne ici dans votre amendement.
Je me demande la raison de cette méthode. Vous la trouvez
difficile, vous la trouvez impossible. Ce n'est certainement pas parce que vous
n'avez pas les meilleures intentions pour ces enfants. Vous le savez autant que
moi, M. le ministre, il est plus difficile d'amender un article dans une loi
que de changer des règlements. Je sais que vous avez exactement le
même esprit et la même compassion pour les enfants. Alors, pourquoi
ne pas mettre dans la loi un article, comme l'amendement du
député? Après, comme vous l'avez fait ici de bonne foi, je
vous en félicite, pour votre amendement... Faites les deux. Ce n'est pas
la fin du monde.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Encore une fois, nous sommes en train d'errer sur la forme. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, par sa dernière
question, vient de me prouver qu'il posait des questions sur le fond de
l'article et non plus uniquement sur le règlement. S'agit-il de modifier
l'article ou de faire des règlements? Nous parlons du fond. J'aurais pu
laisser répondre M. le ministre, mais je pense que je commettrais un
précédent qui engagerait la commission pour l'avenir. J'ai aussi
constaté que M. le député de Rosemont voulait, soit poser
une question de règlement, ou une demande de directive, ou...
M. Paquette: M. le Président, je voulais poser une
question au ministre sur le fond.
Mme Lavoie-Roux: ...sur les règlements.
Le Président (M. Cardinal): Sur la question des
règlements?
M. Paquette: Non, non. Sur le fond de l'article, sur sa
formulation et sur sa portée.
Le Président (M. Cardinal): J'aimerais autant pas. Si vous
me permettez, comme le dirait le député de
Notre-Dame-de-Grâce, pour que nous suivions "a nice clear path", il
serait bon de savoir où nous en sommes et où nous allons. Par
conséquent, je souligne que je demande immédiatement, et je veux
que cela soit bref, qu'il n'y ait pas de débat. Il n'y a pas de
débat sur cette question. Il y a une proposition selon laquelle
l'étude ou l'adoption de l'article 77, non pas tel qu'amendé
comme le dit le député de Notre-Dame-de-Grâce, mais tel que
modifié et de nouveau présenté par le gouvernement, que
cette étude soit suspendue. Si je n'ai pas le consentement unanime, il
suffit d'un non et nous passons à la motion de fond.
M. Charron: C'est non, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): J'ai entendu un
"non". La question est réglée et dès ce moment nous
passons à l'étude de la motion de fond. Je demande, soit à
M. le ministre d'Etat au développement culturel...
Mme Lavoie-Roux: Sur une question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie, sur une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande qui a bonne foi dans cette
histoire-là. Je regrette que le député de Saint-Jacques
n'ait pas été ici au tout début quand le
député de Mégantic-Compton je pense que le ministre
de l'Education s'en souvient très bien, de même que le ministre
d'Etat au développement culturel nous avions convenu qu'on aurait
l'occasion... C'est le gouvernement qui a fait la suggestion là-dessus,
je ne pourrais jurer si c'est lui ou le président, en tout cas,
un des deux que ce soit fait à l'article 77. Là, vous nous
dites non. C'est non. Ecoutez!
M. Charron: Le non que je viens d'opposer, madame... J'ai suivi
le début du débat à partir de mon bureau, en haut, et je
sais comment le député de Mégantic-Compton est intervenu.
Je viens d'opposer mon refus à ce qu'on suspende l'étude de
l'article 77, mais qu'on procède immédiatement à son
analyse... Je ne regretterai aucunement que l'Opposition fasse valoir son
opinion sur ce sujet. Il n'est pas question de suspendre l'étude de
l'article.
Le Président (M. Cardinal): Oui, justement...
Mme Lavoie-Roux: Vous introduisez les règlements sur
lesquels vous vous êtes engagés à accepter que nous
puissions en discuter.
M. Laurin: Bien oui, vous pouvez en discuter.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, vous permettez que je rétablisse les faits. Vous savez que je
suis ici depuis le début.
M. Charron: Je pense que Madame fait un feu de paille.
Le Président (M. Cardinal): Non, non!
Mme Lavoie-Roux: Pas tout à fait.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Sur proposition, si je ne me trompe pas, du député
de Mégantic-Compton, appuyée par Mme le député de
L'Acadie, on a demandé que l'on regarde certains règlements dans
nos délibérations, à un moment donné. J'ai alors
rendu une directive disant que je ne permettrai pas qu'on le fasse, à
moins qu'on ne soit rendu à l'article auquel ces règlements se
rapportent.
A ce moment, le parti ministériel m'a indiqué que
c'était l'article 77. Comme président de la commission, je ne
puis forcer le gouvernement à présenter ses règlements,
mais, comme président, je puis dire que, s'ils sont
présentés, je permettrai qu'on en parle au moment du débat
sur l'article 77. Est-ce que cela rétablit les faits?
Mme Lavoie-Roux: Mais les règlements ont
déjà été présentés.
Le Président (M. Cardinal): A moins qu'il y en ait
d'autres, parcs que si l'article est modifié...
Une Voix: II n'y en a pas d'autres.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas d'autres. Ils nous l'ont dit au
début.
Le Président (M. Cardinal): S'il n'y en a pas d'autres, on
ne suspend pas l'étude de l'article. On pourra parler de l'article et
des règlements pendant le temps prévu par le règlement. M.
le député de Mégantic-Compton, et ensuite M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Grenier: M. le Président...
M. Laurin: Seulement une question de règlement. Je
voudrais profiter du fait que vous avez invoqué ces questions pour
signaler que le texte de l'article 83 qui a été distribué
comportait une erreur de frappe. Une ligne a été sautée,
et je voudrais distribuer la version corrigée.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je permets que la
nouvelle version soit distribuée. Puis-je en avoir une copie, s'il vous
plaît? Merci. Mme le député de L'Acadie, de quoi
s'agit-il?
Mme Lavoie-Roux: D'une directive. Le Président (M.
Cardinal): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien interpréter ce que vous
venez de dire, M. le Président. Doit-on conclure que, comme il n'y a pas
suspension de l'article 77, vous convenez qu'on pourra discuter à la
fois du fond de l'article 77 et de ses règlements, au moins d'une partie
de ses règlements, et que le temps sera calculé pour la
discussion des deux, à partir des normes établies par le
règlement, soit vingt minutes au total pour chacun des membres?
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, la question
est délicate. Je pense que c'est la première fois que cela se
présente. Je ne connais pas de précédent. Je vois,
à l'heure qu'il est, que nous allons nous rendre jusqu'à
l'ajournement en discutant de règlement. Je ne présume pas que
c'est ce que désirent faire les membres de la commission. C'est
pourquoi, je me permettrai, à cette heure-ci, de prendre la question en
délibéré et je rendrai une réponse dès le
début des travaux de la commission. On peut quand même commencer
à parler du fond.
Oui, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je reviens encore à ma question
de tout à l'heure parce que je voudrais bien qu'à l'heure
du lunch on soit capable de modifier notre amendement. On me dit que les
dispositions transitoires du règlement déposées vendredi
dernier à l'Assemblée nationale se réfèrent
à l'enfant qui recevait légalement l'enseignement en anglais en
1976-1977. Ma question demeure toujours la même: Qu'est-ce qui arrive
à l'enfant qui s'inscrira pour la première fois à
l'école anglaise en 1977-1978?
M. Morin (Sauvé): M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre de l'Education,
étant donné l'heure, je vais permettre la question et la
réponse.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas sûr d'avoir bien
compris la question. Si M. le député veut m'expliquer ce qu'il a
dans l'esprit, je ferai l'impossible pour lui répondre à la
reprise de la séance, à 15 heures. Je n'ai pas saisi la question,
je ne vois pas où est la difficulté.
M. Grenier: Dans les mesures transitoires, on fait appel
uniquement aux enfants qui sont à l'école depuis 1976-1977. On ne
parle pas des enfants qui vont s'inscrire pour la première fois en
1977-1978. Je voudrais savoir du ministre ce qui arrive à ces
jeunes?
M. Morin (Sauvé): Les enfants qui s'inscrivent pour la
première fois en 1977-1978?
M. Grenier: Pour la première fois. Dans les mesures
transitoires, il n'en est pas question.
M. Morin (Sauvé): Ils sont assujettis à la charte.
Evidemment il faut qu'elle soit adoptée assez rapidement, mais ils sont
assujettis à la charte et les parents ont déjà d'ailleurs
des formulaires, étant donné que, dans l'arrêté en
conseil du 8 juin, j'avais déjà mis des formulaires à la
disposition de ceux qui voulaient s'en prévaloir. Les parents ont
déjà rempli des formulaires dans plusieurs centaines,
sinon à l'heure actuelle, des milliers de cas, parce que les commissions
scolaires viennent de rouvrir ces jours derniers . La machine
administrative est déjà en marche. Cependant, tant que la charte
n'est pas adoptée, aucune décision finale ne peut être
rendue quant au droit des enfants de recevoir l'enseignement en anglais. Est-ce
que cela répond à la question?
M. Grenier: C'est assez complet, oui.
M. Morin (Sauvé): Si vous avez d'autres questions, je suis
à votre disposition.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez...
M. Mackasey: J'en aurais d'autres sur le même sujet, mais
il est tard. Elles ne sont pas toutefois nombreuses.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'avais la parole et mon intervention sera courte,
j'aimerais la faire avant l'ajournement, pour les raisons que vous allez
voir.
Je pense comprendre les préoccupations des députés
de l'Opposition et je les partage. Personnellement, j'aimerais qu'on affirme
plus clairement à moins que le ministre puisse me convaincre que
cela est déjà fait le droit des enfants en
difficulté d'apprentissage d'être exemptés de l'application
du chapitre. J'aurais une suggestion à apporter au ministre,
peut-être pourrait-il la regarder avant la reprise de nos travaux.
Premièrement, il me semble que les deux paragraphes de l'article
77, qui vient d'être déposé, devraient être dans des
articles séparés. Il s'agit de deux choses
différentes.
Mme Lavoie-Roux: Je suis complètement d'accord.
M. Paquette: Le deuxième paragraphe devrait faire l'objet
d'un nouvel article. Il s'agit vraiment d'une idée nouvelle et d'un cas
différent et cela nous permettrait en même temps de mieux discuter
peut-être, parce que...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Paquette: On pourrait peut-être le formuler comme suit,
mais il faudrait réviser cela sur le plan légal: un premier
paragraphe dans ce nouvel article qui affirmerait le droit et un
deuxième qui parlerait des règlements.
Le premier pourrait dire: "Les enfants qui ont des difficultés
graves d'apprentissage doivent être exemptés de l'application du
présent chapitre."
Dans un deuxième paragraphe: "Le gouvernement peut, par
règlement, statuer sur la procédure à suivre dans un tel
cas."
Il y a peut-être des difficultés, mais j'aimerais
soumettre...
Une Voix: C'est bon.
M. Paquette: ... cette façon de formuler le nouvel
article, ce que je souhaite être le nouvel article, au ministre pour
étude.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, je vous remercie beaucoup de votre collaboration, parce que vous
enlevez une épine du pied à la présidence. Comme nous
n'avons pas procédé par motion d'amendement, je n'ai pas eu
à me prononcer sur la recevabilité du texte que nous avons devant
nous, mais s'il y avait eu un amendement, évidemment, de fait, j'aurais
eu à me prononcer.
Je pense que le débat se termine là-dessus, c'est que nous
avons une demande concernant l'étude du règlement. Je rendrai ma
décision cet après-midi. Nous avons une suggestion au
gouvernement; c'est à lui d'en prendre acte et les travaux... Oui, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, si cela peut alléger
le repas que les membres vont prendre, le gouvernement souscrit à la
proposition du député de Rosemont et nous accepterions d'y voir
deux articles plutôt qu'un seul à cet effet.
Le Président (M. Cardinal): Je vous fais remarquer qu'il y
a une question de procédure à ce sujet, mais je n'insisterai pas,
et la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 16 h 30
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous commençons une nouvelle séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, pour
étudier, après la deuxième lecture, article par article,
le projet de loi 101 intitulé Charte de la langue française. Je
dois indiquer le nom des membres de la commission, et l'on doit m'indiquer s'il
y a des modifications à ces noms.
M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères), M. Charron (Saint-Jacques).
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg).
M. de Belleval: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay), M. Grenier (Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Oui.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). Est-ce que M. Lalonde est avec nous cet
après-midi?
M. Ciaccia: II va venir tantôt.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce); et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Avant de commencer nos travaux, nous en étions à l'article
77. Si vous permettez, M. le ministre, cela va prendre un instant. Nous avons
demandé une directive sur l'étude de l'article 77 et des
règlements y afférents. J'avais cru comprendre qu il y avait une
entente au sein de la commission selon laquelle on étudierait, au moment
de l'article 77, les règlements qui pouvaient s'y rapporter. Mais,
depuis cette entente, les membres de la commission ont souvent changé,
pour ce qui est de plusieurs partis. Je maintiens la directive que l'on puisse
débattre comme je suis poli, je me tais quand d'autres parlent
que l'on puisse débattre du règlement. Mais je vous avoue
qu'après avoir étudié le règlement et les
précédents, je ne puis personnellement suspendre l'application
des règlements et tout particulièrement l'application de
l'article 160. Par conséquent, à moins d'un consentement unanime
pour donner plus de générosité, nous pourrons
débattre et de l'article 77 avec les modifications qui peuvent se
produire, et des règlements, mais dans le cadre strict de l'article
160.
Sur la question de règlement? Non?
M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il n'y a pas que
la nuit qui porte conseil, l'heure du déjeuner également. A la
suite des représentations qui nous ont été faites par le
député de L'Acadie au nom de l'Opposition officielle, par MM. les
députés de Mégantic-Compton et de Gaspé pour
l'Union Nationale, de même qu'à la suite de certaines
interventions de députés ministériels, nous avons
décidé de présenter une nouvelle rédaction du
second alinéa de l'article 77. Je viens de dire à Mme le
député de L'Acadie que le gouvernement a décidé de
se rendre aux arguments que vous avez fait valoir l'autre jour pour adopter un
texte qui soit plus contraignant pour le gouvernement à l'égard
des enfants présentant des difficultés graves d'apprentissage.
C'est la raison pour laquelle, si vous me permettez de le faire, et selon les
indications que vous me donnerez, je serais disposé à retirer le
second alinéa de l'article 77, tel que nous l'avons
présenté ce matin, pour lui substituer un nouvel article portant
le numéro 77a, qui sera évidemment renuméroté au
moment où la loi aura été adoptée dans son ensemble
et je demanderais qu'on distribue à tous les membres de la commission,
le texte de l'article tel que je l'ai rédigé.
Le texte est le suivant: "Que le projet de loi no 101 soit
modifié en ajoutant, entre l'article 77 et l'article 78, un article 77a
qui se lirait comme suit: Les enfants présentant des difficultés
graves d'ap- prentissage doivent être exemptés de l'application du
présent chapitre. Le gouvernement peut, par règlements,
définir les catégories d'enfants visées à
l'alinéa précédent et déterminer la
procédure à suivre en vue de l'obtention d'une telle
exemption."
J'ose espérer, M. le Président, que cette nouvelle
rédaction satisfait aux exigences qui ont été
énoncées par les divers membres de l'Opposition et par ceux du
gouvernement. Nous avons, pendant l'heure du déjeuner, examiné de
très près tous les textes qui nous ont été
suggérés, et c'est vraiment la version qui a fini par s'imposer
à nous; nous n'en voyons pas d'autres.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre de l'Education,
madame et messieurs les membres de la commission, comme je veux comprendre
d'une façon très claire ce qui se passe, il en découle que
l'article 77...
M. Morin (Sauvé): Ne comporte plus qu'un seul
paragraphe.
Le Président (M. Cardinal): ... ne comprend qu'un seul
paragraphe, qui se lirait comme suit: "Les enfants présentant des
difficultés graves"... c'est ça?
M. Morin (Sauvé): Non.
Le Président (M. Cardinal): Non. Bon!
M. Morin (Sauvé): Ce serait le premier qui resterait, M.
le Président.
M. Charron: Autrement dit, M. le Président, si vous me
permettez de vous éclairer...
Le Président (M. Cardinal): Bon! Alors, oui,
certainement.
M. Charron: ... pour que votre décision soit encore plus
sage, à l'article 77, on reviendrait au texte initial du premier cahier
du projet de loi...
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! C'est ce que je
voulais savoir.
M. Charron: ... puisque le papier n'avait été
présenté qu'à cause de la présence du
deuxième paragraphe.
Le Président (M. Cardinal): Je comprends que le texte
proposé cet avant-midi est retiré en entier.
M. Charron: En effet, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord? Deuxièmement,
que l'article 77 se lit comme H apparaît à la page 15 du projet de
loi no 101...
M. Charron: C'est exact.
Le Président (M. Cardinal): ... et, troisièmement,
il y a la proposition voulant je n'en fais
pas une motion qu'un article nouveau soit ajouté, qui se
lise, selon le texte que nous a livre' M. le ministre de l'Education.
M. Charron: C'est exact.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, je proposerais
que l'on procède de la façon suivante, surtout à la suite
de la directive, Mme le député de L'Acadie, que j'ai rendue avant
que vous n'arriviez. Que l'on prenne l'article 77 tel que rédigé
au projet de loi et que l'on convienne parce que c'est une question
d'accord entre les membres de la commission que l'on convienne
qu'ensuite je n'appellerai pas l'article 78, mais j'appellerai un article,
temporairement je le souligne qui s'appellera 77a. Je dis
temporairement, parce que je pense qu'en bonne législation il faudrait
tout simplement renuméroter les articles.
M. le ministre de l'Education, qui est un savant juriste, sait que,
lorsqu'il y a des lettres au bout des articles, il s'agit de droits nouveaux
à la suite d'une loi qui existe déjà. Par
conséquent, je demanderais je ne pourrais pas dire un
consentement unanime mais je demanderais la collaboration entière
de la commission pour que l'on puisse procéder dans cet ordre.
M. Charron: Vous avez la nôtre, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez la nôtre, mais il ne faut pas y
voir une approbation à l'article tel que rédigé.
D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Absolument pas! Il s'agit
simplement de la méthode de travail entre nous, madame.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Grenier: ... consentement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci à tous, et nous
prenons donc l'article 77, qui existait auparavant, dans le projet, et que
j'appelle immédiatement. Cet article sera-t-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Si l'on parle de
l'article, je demande si le côté ministériel n'a pas un mot
à dire.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! C'est parce qu'il a dit:
Adopté.
M. Morin (Sauvé): Nous en avons déjà
débattu ce matin amplement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, nous n'avons pas
débattu l'article ce matin. Nous avons débattu...
M. Laurin: De toutes sortes de choses...
Le Président (M. Cardinal): ... de tout ce qui pouvait
être autour de l'article. Nous n'avons pas commencé le
débat sur la motion de fond.
M. Morin (Sauvé): M. le Président,
néanmoins, j'ai déjà eu l'occasion d'expliquer pourquoi
cet article a été inscrit au projet de loi et pour l'instant je
n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Là, j'ai compris. On vient de me dire que
la discussion des règlements et de l'article 77, c'est 20 minutes,
et...
Le Président (M. Cardinal): Oui, à moins qu'il n'y
ait eu consentement, et il ne semble pas y avoir eu ce consentement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. D'ailleurs, ça me convient.
Peut-être qu'on aurait pu y aller plus...
Je voudrais simplement demander au ministre s'il peut spécifier
certaines choses. La définition, à l'article 1, paragraphe b),
dans le règlement...
Le Président (M. Cardinal): Nous avons convenu qu'on
pouvait parler soit de l'article, soit du règlement dans le cadre...
Mme Lavoie-Roux: De l'article lui-même. Le
Président (M. Cardinal): Allez, Madame.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre pourrait-il spécifier...
C'est vraiment une question d'information. Il est écrit: "Toute
institution d'enseignement de la classe maternelle des niveaux primaire et
secondaire détenant un permis, une reconnaissance pour fins de
subvention ou une déclaration d'intérêt public,
conformément à la Loi de l'enseignement privé."
Et je sais fort bien ce qu'il y a ici à l'article 68. J'imagine
que, dans les faits, on a approuvé ici dans les règlements ce
qu'il y a au paragraphe b). Ce que vous appelez un permis, qu'est-ce que c'est?
Je ne connais pas les règles pour cela. L'institution privée, non
subventionnée, a-t-elle besoin d'un permis?
M. Morin (Sauvé): Oui. Une institution non
subventionnée doit obtenir un permis du ministère de l'Education
pour pouvoir dispenser un enseignement sur le territoire du Québec. Il y
a donc trois niveaux, en quelque sorte...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): ... d'habilitation, premièrement,
le simple permis qui n'entraîne pas de subvention; deuxièmement,
la reconnaissance pour fins de subvention qui comporte une subvention
de 60% du coût dans le secteur public et, enfin, une
déclaration d'intérêt public laquelle comporte une
subvention de l'ordre de 80% du coût dans le secteur public.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous dites déclarée
d'intérêt public, elle ne reçoit pas nécessairement
de subvention. Dois-je établir une équivalence entre ces
institutions déclarées d'intérêt public et qui ne
reçoivent pas de subvention et le mot "permis" du paragraphe b)?
M. Morin (Sauvé): Je ne saisis pas la question.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être plus précise. Je pense
que le seul exemple que je connaisse il y en a peut-être un autre
est le cas du Lower Canada College qui ne reçoit pas de
subvention du gouvernement. Le mot "permis" s'applique-t-il ici?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, oui. Ces gens ont un
permis.
Mme Lavoie-Roux: Alors, toute la loi s'applique à eux,
même s'ils se subventionnent complètement.
M. Morin (Sauvé): Entendons-nous bien. Mme Lavoie-Roux:
C'est cela...
M. Morin (Sauvé): II faut distinguer la loi pour les fins
de la reconnaissance des droits des parents et la loi pour les fins de sanction
éventuelle, lorsqu'une institution subventionnée ne respecte pas
la loi, auquel cas, elle risque de perdre ses subventions pour le niveau
concerné.
M. le Président, je ne sais pas si je suis conforme au
règlement. J'allais simplement dire que le projet de règlement ne
porte pas sur les sanctions. Il porte sur la demande de recevoir l'enseignement
en anglais. Or, certains parents anglophones ont fait des études dans
des institutions privées, ayant obtenu un permis ou, n'ayant pas de
permis à l'époque, et c'est pour faciliter...
M. Charron: Les parents...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je vous remercie.
M. Morin (Sauvé): ... l'obtention par les parents de la
reconnaissance du droit de leurs enfants à recevoir l'enseignement en
anglais.
Mme Lavoie-Roux: Parce que nous avions donné notre
approbation au fait que les institutions qui reçoivent des subventions
et qui sont privées...
M. Charron: Elles sont reconnues.
Mme Lavoie-Roux: ... quant à l'admission, soient
reconnues, mais je me demandais si, par ce mot...
M. Morin (Sauvé): Non. Cela n'a pas cet effet. Mme
Lavoie-Roux: Cela n'a pas cet effet.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, justement,
pour qu'on s'entende bien... Je vais additionner le temps et de Mme le
député de L'Acadie et de M. le ministre parce que, comme je l'ai
indiqué tantôt dans la directive, nous sommes régis par
l'article 160 et je n'ai pas l'intention que cela devienne, même si le
dialogue est intéressant, un dialogue où je ne sache plus
où le temps en est rendu.
M. Morin (Sauvé): Vous avez dû remarquer que je suis
très bref dans mes réponses.
Le Président (M. Cardinal): Cela ne fait rien. Le temps
passe quand même.
Mme Lavoie-Roux: Pour aller rapidement, justement, à
l'article 9, toujours dans les règlements... Quant à l'article 77
tel qu'il est, nous allons voter en faveur. Alors, c'est vraiment sur ce qu'il
y a dans les règlements. L'article 9. Dans le cas où les
registres sont incomplets, l'attestation suivant laquelle le père ou la
mère a complété au moins la moitié du cours
primaire en anglais constitue une preuve suffisante de cette
fréquentation. Ceci va dans le cas où, comme vous dites, les
dossiers sont perdus ou lorsqu'on ne trouve pas les preuves; une demi-preuve
suffit.
Dans le cas où les parents et je pense que c'est ce qui
peut se produire n'ont pas complété leur enseignement
élémentaire parce qu'à ce moment, les niveaux de
scolarité pouvaient être plus bas on peut avoir des parents
qui sont allés à l'école, si on remonte au début
des années trente et même davantage, qu'advient-il?
Est-ce que ceux-là vous les considérez comme perdus?
M. Morin (Sauvé): Non, justement, c'est la raison pour
laquelle nous avons précisé qu'il suffisait d'avoir
complété trois ans, en somme, la moitié du cours primaire,
pour pouvoir habiliter l'enfant à aller à l'école
anglaise. Si nous avions exigé les six années ou même les
sept de l'époque, alors nous aurions probablement accumulé un
grand nombre de cas où les parents, n'ayant pas complété
leur cours primaire, ne pourraient pas habiliter leurs enfants à aller
à l'école anglaise, ce qui serait, évidemment,
aberrant.
Nous savons que dans beaucoup de cas les gens n'ont fait que quatre ou
cinq ans de scolarité. Nous avons dit: Bon, s'ils nous prouvent qu'ils
en ont fait la moitié, ce sera suffisant à des fins de
reconnaissance.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est simplement dans le cas où
les registres sont incomplets. Si quelqu'un a passé quatre ans à
l'école anglaise, deux ans à l'école française et
qu'il ne le mentionne pas, est-ce qu'il tombe sous cet article?
M. Morin (Sauvé): II a suffisamment d'années,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Supposons que des parents... Un parent peut
avoir envoyé son enfant à l'école anglaise uniquement
pendant trois ans, parce qu'il voulait qu'il apprenne l'anglais. Il a
complété son primaire en français. Alors, ce n'est pas six
ans qui sont requis, mais trois ans, si je comprends bien.
M. Morin (Sauvé): II suffit qu'il établisse...
Mme Lavoie-Roux: Trois ans de scolarité dans le
secteur.
M. Morin (Sauvé): ...qu'il a fait trois ans de
scolarité. Cela suffit.
Mme Lavoie-Roux: Cela va! Je dois dire que c'est assez large.
M. Morin (Sauvé): Je note la constatation, Madame.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, il n'y a pas de...
M. Morin (Sauvé): J'espère que le
député de Notre-Dame-de-Grâce est d'accord. Je ne voulais
pas vous provoquer à faire une intervention intempestive.
M. Mackasey: Je vais faire une intervention tout à
l'heure, si vous me provoquez...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous l'avez fait, M. le ministre.
M. Mackasey: Vous serez mon ami, si vous ne me provoquez pas du
tout.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ecoutez, j'ai déjà suffisamment de difficulté
à calculer ce temps. Je souligne tout de suite que Mme le
député de L'Acadie et M. le ministre de l'Education ont eu un
temps limité, et que le temps du ministre d'Etat au développement
culturel, je ne le calcule jamais en vertu de l'article 160, alinéa
2.
M. Morin (Sauvé): ...la relève du ministre de
l'Education en temps et lieu, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez fort bien compris,
monsieur. Mme le député de L'Acadie.
M. de Belleval: C'est notre frappeur de relève.
Mme Lavoie-Roux: II y a une autre remarque que je veux faire.
C'est simplement dans un sens de prévoyance. Je ne sais pas si, à
ce moment-ci, le ministre de l'Education serait prêt à
réviser les 30 jours de grâce qu'il a accordés pour les
inscriptions scolaires, c'est-à-dire d'étendre au 30 septembre le
délai accordé pour compléter les inscriptions scolaires.
Je voudrais simplement lui faire part d'une réalité. Les
commissions scolaires qui, dans un esprit de prévoyance, ont
commencé à faire leurs inscriptions beaucoup plus tôt, cela
remonte même au mois de mars, ont réalisé que pour obtenir
les dossiers... Je disais, M. le ministre de l'Education, que même les
commissions scolaires qui ont fait preuve de beaucoup de prévoyance,
comme vous l'avez signalé à quelques reprises, ont dû, pour
obtenir ces dossiers souvent cela a pris plus d'un mois et dans
un assez grand nombre de cas, que je ne pourrais quantifier je pense
qu'il vous serait peut-être plus facile d'obtenir les informations, je ne
sais pas même si vous pourriez les obtenir il semble que beaucoup
de ces dossiers aient été incomplets. Il a fallu les retourner.
Ceci veut dire que ce délai d'un mois, comme je le disais ce
matin...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, j'aurais une question
préliminaire, madame. Où se trouve ce délai d'un mois
auquel vous faites allusion?
Mme Lavoie-Roux: Le 30 septembre.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que ce n'était pas dans le
règlement 1860 du 8 juin? Dans le règlement que vous avez devant
vous, il n'y a pas de tel délai.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de limite? M. Morin
(Sauvé): Non, cela a été supprimé.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, ma question n'est plus pertinente
si le délai est...
M. Morin (Sauvé): Non. Nous sommes parfaitement conscients
des difficultés que vous avez mentionnées. C'est pour cela que
nous avons retiré le...
Mme Lavoie-Roux: La dernière chose que je veux mentionner.
C'est une question qui a été discutée ce matin. On me dira
peut-être qu'elle n'est pas pertinente puisqu'elle se rapporte à
un article qui a été adopté ce matin. Mais je veux quand
même signaler une autre contradiction. On retrouve cela aussi dans les
règlements et les demandes d'admission qui sont attachées aux
règlements. Ce matin, nous avons discuté pendant un certain temps
du bien-fondé que le père et la mère signent quand il
s'agit d'une demande d'admission à l'école anglaise et qu'un seul
parent signe lorsqu'il s'agit d'une demande d'admission à l'école
française.
Je ne veux pas répéter les arguments qui ont
été utilisés ce matin. Je pense qu'on veut éviter
certains problèmes. On en a parlé, difficultés familiales
ou autres; mais ce qui peut résulter, c'est qu'un parent pourrait
décider d'inscrire l'enfant justement dans un cas de discorde
à l'école française, alors qu'on requiert la
signature de deux parents pour l'école anglaise. Ce qui fait que si un
parent décide de l'envoyer à l'école française
les deux parents que vous vouliez prendre en considération
l'autre se trouve à ce moment sans aucun droit de recours. C'est quand
même l'objet de l'article 70 qui était de prévenir
les difficultés là où il y a discordance entre les
parents.
M. Morin (Sauvé): La raison pour laquelle nous avons
cette fois dans la loi maintenu l'exigence de la demande du
père, c'est que nous nous sommes rendu compte que si on disait: Du
père ou de la mère, nous n'avions rien résolu. Les
mêmes problèmes vont surgir en cas de désaccord. S'il y a
désaccord, de toute façon, nous sommes devant un problème
qui peut être insoluble.
Finalement, nous avons décidé qu'il valait mieux retenir
la demande des deux à la fois. Nous avons pris le moindre mal, si vous
voulez, dans des situations de discorde, parce que dans la plupart des cas,
cela ne causera pas de difficulté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le fait que vous ne l'exigiez pas
quand il s'agit d'un enfant du secteur français peut accentuer cette
discorde puisqu'un parent peut simplement aller signer, en français;
l'enfant est admis, alors que pour l'anglais cela prend la signature des deux
parents. Je pense qu'à ce moment vous pouvez créer une
difficulté supplémentaire ou accentuer des difficultés
parce que ce ne sont pas les mêmes normes qui s'appliquent dans les deux
cas.
M. Morin (Sauvé): Nous pensons qu'au contraire nous allons
empêcher que ne se développent justement dans les ménages
désunis des chicanes, et que justement cela ne s'envenime parce que l'un
peut agir sans le consentement de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Mais celui qui déciderait de signer
l'admission en français, sans consulter l'autre. Qu'est-ce qui
arrive?
M. Morin (Sauvé): C'est la règle
générale qui s'applique à ce moment. La règle
générale de l'école française. N'oubliez pas que ce
principe nous l'avons adopté à l'article 68.
Mme Lavoie-Roux: D'accord mais ce que vous voulez éviter
par l'article 70, vous le provoquez ou vous pouvez le provoquer davantage en
exigeant pour l'école française une seule signature et elle peut
être signée sans droit de recours pour l'autre à ce
moment.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas notre avis, M. le
Président.
M. de Belleval: Bien au contraire, en fait, on pourrait avoir des
situations où des enfants n'iraient ni à l'école
française ni à l'école anglaise. Au moins, on assure le
droit à l'école de l'enfant, s'il y a désaccord. C'est
l'école générale, l'école française à
ce moment. Si on exigeait deux signatures dans les deux cas, on aurait des
enfants comme l'a expliqué le ministre de l'Education qui,
à cause de discorde entre les deux parents, seraient privés de
l'école, un point c'est tout.
Mme Lavoie-Roux: Mais, il reste que de toute façon, ce
qu'on veut prévenir par l'article 70 ne semble pas être
diminué.
M. de Belleval: On ne légifère pas la concorde
entre les parents par la loi, vous avez raison.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même ce que vous avez voulu
faire dans l'article 70.
M. de Belleval: C'est que, en cas de discorde, on trouve un moyen
d'envoyer un enfant à l'école française, l'école
générale.
Mme Lavoie-Roux: En tous les cas, l'article 70 est adopté.
On a signalé ces difficultés ce matin et ceci me semble un autre
élément de ce problème, je tiens à le signaler.
Le Président (M. Cardinal): Madame, j'ai accepté la
pertinence du débat parce que c'est sûr qu'à l'article 77
on parle encore des parents. Il n'y avait pas...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais il reste que c'est rattaché au
règlement...
Le Président (M. Cardinal): Non, j'ai dit c'est
pertinent.
L'article 77 est-il adopté?
M. Laurin: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Non...
M. de Belleval: Prenez tout votre temps.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. le député de Mégantic-Compton, c'est à
votre tour.
M. Grenier: Vous nous excuserez. Laissez-nous parler d'amour. On
est bien satisfait du gouvernement qui nous soumet les amendements, mais, mon
Dieu, que cela prend du temps avant qu'on les ait et qu'on n'a pas beaucoup de
temps pour en faire l'étude et pour s'ajuster!
Cela peut vous faire sourire de voir que vous causez du trouble à
l'Opposition, mais...
M. Morin (Sauvé): Nous répondons au voeu de
l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! J'ai permis...
M. Grenier: Je suis d'accord, mais je ne veux pas le critiquer.
On est satisfait, mais on aimerait cela, avant d'arriver à l'article...
Il faut voter; cela fait deux minutes et demie qu'on discute et il faut voter.
Pour une meilleure compréhension de l'Opposition, on aurait dû
l'avoir à l'heure du lunch.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, c'est depuis 16 h 42
que nous en discutons. M. le député de Mégantic-Compton,
sur la pertinence du débat.
M. Grenier: Ce sont des amendements qui sont importants.
M. Ciaccia: ... c'est par consentement, soyez un peu plus
ouvert.
M. Grenier: On voulait s'assurer, M. le Président, une
dernière fois, quant à cet article 77, que les dispositions
transitoires du règlement déposé à
l'Assemblée nationale vendredi dernier assuraient la rentrée
scolaire. On avait demandé cela. Le ministre l'avait envoyé aux
commissions scolaires. Contrairement à ce qu'on avait dans notre livre
bleu, je m'empresse de le signaler, il faudrait comprendre clairement que
l'article qu'on proposait ici disait: "Nonobstant l'article 69, peuvent
recevoir c'était un amendement que nous apportions à ce
moment-là, que nous n'apporterons pas l'enseignement en anglais,
pour l'année scolaire 1977-1978, les enfants qui, à la date de
l'entrée en vigueur de la présente loi, étaient
déjà inscrits à une commission scolaire ou à une
institution dispensant l'enseignement en anglais selon les normes d'inscription
en vigueur avant cette date."
Le règlement qui a été déposé,
après étude, nous donne partiellement satisfaction. Il est
évident que ce règlement prévoit une rentrée
scolaire par une loi qui n'est pas encore votée, mais l'explication que
le ministre nous a donnée, en Chambre, disant qu'il semblait bien que
les commissions scolaires, en général, se conformeraient et, s'il
devait y avoir chaos, à cause de l'adoption du règlement, elles
savent bien qu'à partir d'aujourd'hui, quand l'article est adopté
en commission, on a de grosses chances qu'il soit adopté comme article
de loi dans quelques jours... A partir de là, cela donnera quand
même quinze jours ou trois semaines pour s'ajuster, principalement
à Montréal, et il est de toute évidence qu'il y aura
certaines difficultés, mais elles seront largement limitées par
l'adoption de cet article 77 qui est passablement transformé avec
l'amendement qui arrive à la fin.
M. Morin (Sauvé): Inspiré par l'Opposition dans une
certaine mesure.
M. Grenier: Oui, je vous remercie.
Pour la deuxième partie, j'aurai l'occasion d'intervenir tout
à l'heure pour dire la ressemblance qu'il y a avec la proposition que
nous avons faite hier soir.
Pour le moment, je peux vous dire qu'en ce qui nous concerne, nous
sommes presque pleinement satisfaits, parce que ce sont des choses pour
lesquelles nous nous sommes battus depuis déjà quelques semaines
en Chambre. La réglementation met les situations passablement plus
claires et, si ça suscite du mécontentement à
Montréal, ce n'est pas à nous d'en porter l'onéreux, parce
que les rentrées sont bousculées.
On aurait préféré, par notre amendement, reporter
cela à une année, mais, comme le gouvernement veut absolument que
sa loi soit votée cette année, dans les quinze jours de
délai qu'il reste, je pense qu'il y aura peut-être moyen de
coordonner les efforts pour faire en sorte que la rentrée ne soit quand
même pas trop douloureuse.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. L'article 77 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Non, pas encore.
Le Président (M. Cardinal): Non. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je ne parlerai pas trop
longtemps. J'accepte l'invitation, comme nouveau venu, de participer à
la commission. Je n'en avais aucune intention. Par mes tendances irlandaises,
j'ai accepté l'invitation du ministre d'y participer.
M. de Belleval: Moi aussi, j'ai du sang irlandais dans les
veines.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: C'est pour cela qu'on s'entend bien.
M. de Belleval: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Revenez à la
pertinence du débat.
M. Mackasey: Vous n'êtes sûrement pas
assimilé...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce et M. le ministre. A l'ordre, M. le ministre de la
Fonction publique.
M. Ciaccia: Vous pouvez donner votre généalogie
à la commission tous les deux.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, à l'ordre! La parole est à M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce et c'est le seul que j'ai reconnu jusqu'à
présent.
M. Mackasey: M. le Président, cet article est très
important. Tout le monde comprend autant que moi que l'esprit d'une loi
dépend beaucoup des règlements. Si les règlements
surpassent la loi, la loi est illégale.
Franchement, je ne sais pas si nous avons à notre disposition,
à l'Assemblée nationale je n'ai pas encore eu la chance de
le savoir un département, un ministre responsable pour examiner
de temps en temps les règlements. Je suis content parce que cela arrive
souvent, dans le domaine fédéral du moins, que nous soyons
obligés de réviser un règlement qui va trop loin. Si un
citoyen n'est pas content du règlement, il va à la cour
fédérale, il reçoit l'assurance-chômage qui
coûte $8 millions au gouvernement, parce que le règlement a
surpassé l'intention de la loi. C'est normal.
Je ne dis pas que c'est nécessairement le cas ici. On n'est pas
pour recommencer le débat que j'ai fait à l'Assemblée
nationale pour dire que les règlements qu'on applique proviennent d'une
loi inexistante. Il est difficile d'accepter... On va dire, pour au moins cinq
minutes encore ce qu'est la procédure parlementaire, pas pour retarder
les travaux...
Il faut que les règlements soient basés sur une loi qui
existe, pas sur un projet de loi qui a pu exister il y a trois semaines, au
mois de septembre, octobre, novembre, décembre, mais sur une loi qui
existe actuellement. C'est pour cela que j'ai toujours prétendu, et
à l'Assemblée nationale, d'une manière positive... J'ai
avancé l'argument auquel le ministre d'Etat au développement
culturel a répondu d'une façon très gentille, que ces
règlements étaient complètement illégaux parce
qu'ils n'avaient aucune relation avec la loi existante. L'information que les
règlements...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Excusez-moi, c'est la
première fois que j'interviens sur la pertinence du débat. Nous
avons convenu, en cette commission, que nous parlions et d'un projet de loi et
d'un projet de règlement. Vous ne pouvez pas invoquer que des
règlements sont illégaux, il n'y a pas de règlements
devant nous, il n'y a pas d'amendement devant nous. Il y a un projet de
règlements, et j'ai permis qu'on en discute.
M. Mackasey: Vous avez raison, M. le Président. Nous
n'avons pas encore les règlements parce que nous ne pouvons pas avoir
les règlements devant nous avant que le projet de loi ne soit
acccepté. Mais ce n'est pas le cas. Nous avons les règlements
devant nous basés sur une loi qui n'existe pas encore. Votre reproche
est précis et exact. J'aurais été un peu
déçu si vous ne l'aviez pas souligné. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce discutait de
règlements qui n'existaient pas.
Mais, demandez aux commissions scolaires ou aux commissaires
d'écoles si les règlements n'existent pas. Ils ont
déjà reçu les règlements. Ils les ont eus avant
nous, même avant que le projet de loi ne soit accepté ou
adopté. Je ne parlerai pas ici de la question, à savoir si les
règlements sont légaux ou illégaux, on en parlera une
autre fois, peut-être en cour si c'est nécessaire.
Voici une autre question que je me pose: En vertu de cet article, on
demande aux commissaires d'écoles de décider selon les
règlements déjà distribués, l'Opposition n'avait
donc aucune possibilité de les étudier avant que le projet de loi
soit devant nous. Mais, quand même, l'article 77 si ce n'est pas
cet article cela relève de cet article demande à ceux qui
travaillent aux commissions scolaires protestantes, catholiques, anglaises,
françaises, comme vous voulez, à West Island ou ailleurs, de
décider eux-mêmes si vraiment quelqu'un qui arrive à
l'école pour inscrire son enfant peut le faire selon l'article 69 et
selon les règlements qui sont déjà à leur
disposition, légalement ou illégalement, ce n'est pas la question
pour le moment.
Quelques-uns craignent, et je comprends leur cause d'une façon
objective, ils sont craintifs, parce que, après avoir rendu une
décision sur l'admissibilité d'un enfant au mois de septembre,
selon les critères, selon la loi, selon les règlements, une
personne je pense que c'est ce que le ministre dit
désignée par le ministre peut arriver, trois, quatre, cinq mois
plus tard et décider que le commissaire ou le secrétaire
était en défaut en décidant qu'un élève
était admissible selon les règlements, selon la loi. On demande
à ces personnes de prendre une responsabilité énorme, M.
le Président, selon l'article 77. On n'exige pas, par exemple, de ceux
qui sont jugés compétents, que leur rôle soit d'inscrire
les enfants dans le système d'éducation selon les normes, selon
les règlements. Une fois qu'ils décident qu'un enfant n'est pas
admissible, le parent peut aller en appel quelque part, mais s'il
prétend que l'enfant est admissible, qu'est-ce qui arriverait
c'est la question que je veux poser au ministre à son retour si,
trois, quatre ou cinq mois plus tard, une personne désignée par
le ministre décide qu'il y a une erreur qui a été commise,
non pas par l'enfant, pas par les parents de l'enfant, peut-être six
mois, sept mois plus tard, mais par la personne désignée par le
ministre, qui décide qu'il y a eu une erreur de jugement?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est-ce que vous discutez de l'article 75 ou 77?
M. Mackasey: M. le Président, vous savez mieux que moi que
tous les articles d'un projet de loi relèvent un peu des autres
articles...
Le Président (M. Cardinal): C'est parce que l'article 75 a
été adopté.
M. Mackasey: ...et quand je parle de la procédure...
Le Président (M. Cardinal): Non, je m'excuse...
M. Mackasey: ...je parle de la procédure pour inscrire les
enfants dans les systèmes d'éducation. Quand les parents
demandent, selon les critères de l'article 69, d'inscrire leurs enfants
dans les écoles, quelqu'un doit décider si, vraiment, les enfants
ont droit d'aller à l'école, selon les critères de
l'article 69. J'accepte ça, mais je me demande, en toute
sincérité, si, après cette décision prise de bonne
foi, par quelqu'un qui travaille à la commission scolaire, soit à
Verdun, soit à LaSalle, où vous voulez, il n'y a pas un grand
danger, M. le ministre, avec les fonctionnaires je le sais par
expérience comme un commerçant, si vous voulez. Il arrive
parfois trois ans en retard, parce qu'on a trop de travail vous trouvez
cela au salaire minimum si vous voulez. Alors, quelqu'un peut arriver un
an après et dire: Cet enfant n'a pas d'affaire à l'école
ici, malgré qu'il ait été accepté de bonne foi par
le professeur ou le principal, le secrétaire de la commission ou un
autre. Quelqu'un
désigné par le ministre peut revenir et dire que cet
enfant, qui est inscrit de bonne foi par les parents, accepté de bonne
foi par la commission scolaire, n'est pas admissible, parce que ce
fonctionnaire décide qu'il ne l'est pas, parce qu'il est question de
jugement ici, c'est très difficile, et je comprends que c'est
difficile.
M. Laurin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre. Je
l'attendais, parce que...
M. Laurin: Malgré vos appels réitérés
au député de Notre-Dame-de-Grâce, pour qu'il se limite
à la discussion de l'article 77, je l'écoute attentivement et il
n'a fait que parler de l'article 75.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact, et je dois
accepter la question de règlement en vertu de l'article 40.
M. Mackasey: Le ministre a raison.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vous rappelle à l'ordre formellement. Vous
ne parlez pas de l'article 77. Vos propos ne sont pas pertinents au
débat. Vous parlez de l'article 75. Vous pouvez parler de l'article 69
par référence, mais non pas de l'article 75, qui a
déjà été adopté par cette commission.
Il n'est donc pas question d'erreur ou de...
M. Mackasey: M. le Président, je l'accepte.
Le Président (M. Cardinal): Vous devez l'accepter, de
toute façon.
M. Mackasey: Oui, mais, écoutez, M. le Président,
vous pouvez me dire quoi faire, mais sans les remarques. Ce n'est pas
nécessaire. J'étais ici quand on a adopté l'article 75. Je
n'ai pas dit un mot, malgré que j'avais...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, veuillez ne pas récidiver. Vous parlez
à nouveau de l'article 75. La décision est rendue. Je vous
prierais de parler de l'article 77.
M. Mackasey: J'accepte l'article 75 qui dit que le ministre de
l'Education peut révoquer un certificat... Je l'accepte.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey:... mais je parle de l'article 77.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre, s'il vous plaît! Très
formellement à l'ordre! Je vous prierais de parler de l'article 77.
M. Mackasey: Voici encore quelqu'un qui, se- lon l'article 77, va
émettre je ne sais pas si c'est le bon mot un certificat
d'admissibilité, n'est-ce pas, selon l'article 77 et selon un
numéro que je n'ai pas le droit de mentionner.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez compris.
Continuez.
M. Mackasey: J'ai toujours su que, selon l'article soixante et
quelque chose, quelqu'un va mettre à la disposition des parents un beau
certificat, accroché au mur, à côté d'un calendrier
pour dire: "Mon enfant n'est pas un citoyen de deuxième classe, il a le
droit d'aller à l'école, à cause de l'article 69,
quelqu'un a décidé de poser un certificat..."
M. Grenier: A côté de l'image de...
M. Mackasey:... je dis que l'article 77 décrit la
manière par laquelle le certificat est remis. D'accord, mais je demande
à M. le Président... Il ne peut nier qu'il y a une relation entre
l'article 75 et l'article 77... L'article 75 est avant l'article 77 et
ç'aurait dû être le contraire, mais, selon l'article 77, il
est fort possible que quelqu'un fasse une erreur et c'est normal que le
ministre, selon l'autre article soit obligé de corriger l'erreur. C'est
le but visé. Je le comprends. Mais il faut attirer l'attention de la
commission, non pas nécessairement sur les objections, mais sur les
prétentions de beaucoup de gens qui travaillent dans le système
de l'éducation et qui sont de bonne foi. On leur demande de prendre une
responsabilité terrible selon des règlements qui ne sont
même pas légaux, de prendre une décision de jugement et,
selon l'autre article, quelqu'un désigné par le ministre, peut
décider que cet enseignant qui avait des bonnes intentions a mal
agi.
Qui va souffrir à cause de l'erreur? L'enfant, le parent ou
l'enseignant?
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: ... question de règlement. Je
considère que M. le député de Notre-Dame-de-Grâce se
moque de la présidence et je voudrais bien qu'il s'en tienne
formellement à l'article 77.
M. Mackasey: On ne donne pas un ordre au président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Châteauguay.
M. Mackasey: Le député ne m'insulte pas, il insulte
le président. Je ne reconnais que le président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! La question de règlement n'apporte jamais de débat.
Veuillez revenir à l'article 77, s'il vous plaît, pour autant que
la chose soit possible.
M. Mackasey: Question de privilège.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
L'article 77, s'il vous plaît!
M. Mackasey: M. le Président, Mr Chairman... Le
Président (M. Cardinal): Oui, monsieur...
M. Mackasey: I cannot leave the wreck go on... The member has
said that I am trying to mock you or insult you. What I am saying...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Ceci est
réglé.
M. Mackasey: Well, let him apologize and then, it will be
regulated and then, it will be accepted.
Le Président (M. Cardinal): Non. Ce n'est pas
nécessaire.
M. Mackasey: I think you are big enough to get up yourself.
Le Président (M. Cardinal): Merci quand même, mais
veuillez poursuivre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Je termine parce que je veux terminer et non
à cause du député. I am saying that you are putting a
terrible responsibility on people who will have the responsibility in September
to interprete 69; if six, seven, eight, ten months later, a civil servant comes
along and says: "We have to revok the certificate according to that article of
a number I cannot mention because you have made a mistake." It is not going to
be the school teacher or the commissaire who are going to pay the price, it
will be the student or the child.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous admettrez qu'il ne s'agit pas de moi, mais que
la présidence a une énorme patience. Veuillez poursuivre.
M. Mackasey: You go ahead and I will use the rest of it
later.
Le Président (M. Cardinal): Non, il a commencé.
M. Mackasey: Si ce que je dis n'est pas acceptable par les
membres de la commission, je demanderais à la presse de le noter,
malgré qu'ils ne partagent pas mes sentiments, ils ne partagent
même pas le fait que j'ai le droit, selon les règlements,
d'exprimer mon point de vue pendant vingt minutes avec ou sans leur
consentement. Si j'ai déjà pris mes vingt minutes...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, sur une question de règlement.
M. Paquette: M. le Président, cela fait plusieurs fois que
vous demandez au député de Notre-Dame-de-Grâce de revenir
à l'article 77. Avant de vous demander de donner la parole à un
autre, j'aimerais suggérer au député de
Notre-Dame-de-Grâce soit de parler sur l'article 77, ou de passer son
tour, ramasser ses idées et revenir dans quelque temps sur l'article 77.
On va l'écouter avec intérêt. On ne demande pas mieux. Pour
le moment, je ne vois pas la pertinence des interventions.
M. Mackasey: Vous êtes obligé de m'écouter,
avec ou sans intérêt.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Rosemont.
M. Mackasey: Tant que vous êtes à cette
assemblée, si vous ne voulez pas m'écouter, vous n'avez
qu'à aller ailleurs. Ce n'est pas long.
M. Paquette: On veut vous écouter, mais sur l'article
77.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je sais bien que vous avez
droit à vos vingt minutes. Elles se terminent, d'ailleurs, à 17 h
20. Je voudrais bien que vous respectiez la décision de la
présidence. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Une Voix: Est-ce que vous avez terminé? M. Mackasey:
Oui.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Mackasey: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que M. le ministre voulait passer...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. M. le ministre
d'Etat au développement culturel.
M. Laurin: Je vais essayer de répondre brièvement
aux quelques questions qui se sont glissées quand même dans
l'intervention du député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce fait tout un plat à partir de mauvaises
décisions hypothétiques prises par des commissions scolaires. Ce
sont des décisions hypothétiques et c'est
précisément pour tenter de les limiter dans toute la mesure du
possible que le ministre de l'Education a répété à
plusieurs reprises depuis quelques semaines en invitant les commissions
scolaires à faire montre de prudence dans l'application d'un
règlement qu'il déposait à l'Assemblée
nationale. D'ailleurs, M. le Président, ce règlement ne
force pas les commissions scolaires à se conformer aaux
énoncés qui y sont contenus. C'est tellement vrai qu'il y a
certaines commissions scolaires qui ont refusé d'appliquer le
règlement. En aucune occasion le ministre a forcé le PSBGM, par
exemple, d'appliquer le règlement. Donc il est faux de dire que le
règlement déposé par anticipation à l'adoption de
la loi constitue une obligation pour les commissions scolaires. Le seul qui
crée une obligation, c'est celui qui a été
déposé en vue de la Loi de l'instruction publique et qui donne
légitimement, tout de suite, les droits au ministre de l'Education de
demander que les formules soient remplies de telle ou telle façon. Par
ailleurs, il y a là une question de bon sens. Qu'est-ce que le
député préfère? Est-ce qu'il aurait
préféré que la loi 22 s'applique? Que les inscriptions se
fassent sous l'égide de la loi 22 et qu'on continue d'appliquer durant
la période intercalaire ces tests odieux que lui, comme les autres,
abominent, et qu'il a dénoncés et que nous avons
dénoncés...
M. Mackasey: Ils le dénonceront encore.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs!
M. Laurin: J'ai l'impression, M. le Président, que c'est
une tempête dans un verre d'eau qui obéit à des motifs
inavoués.
M. de Belleval: Un verre d'eau vide.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, à 17 h 22.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, ce n'est pas mon
intention d'essayer de...
M. Laurin: Par ailleurs, M. le Président, même si,
par accident, un ou deux élèves anglophones se retrouvaient dans
une école française en vertu d'une erreur de la commission
scolaire, je ne vois pas que ce soit une catastrophe.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel, j'ai présumé la permission de M.
le député de Mont-Royal de se laisser interrompre.
M. Ciaccia: Pour ne pas susciter un autre débat entre le
ministre et le député de Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Cardinal): Je vous accorde une minute de
plus.
M. Ciaccia: Non, je n'en aurai pas besoin. Je ne trouvais pas du
tout à propos la remarque du ministre car ce n'était pas le point
que le député de Notre-Dame-de-Grâce voulait soulever.
Je vais revenir à l'article 77. Premièrement, j'aurais
aimé, si le ministre de l'Education avait été ici, je
voulais seulement lui demander question technique au sujet du mot
"le gouvernement"... Dans un projet de loi, normalement, que ce soit le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. de Belleval: Ancienne expression "lieutenant-gouverneur en
conseil".
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le ministre de la Fonction publique.
M. Ciaccia: Je lui posais une question. Ce n'était pas un
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Indiquez-le à la
présidence, s'il vous plaît. Les dialogues et les duos sont
interdits, à moins que la commission ne le précise d'avance.
M. Ciaccia: Quand j'ai mon droit, c'est un consentement.
Le Président (M. Cardinal): Non, lisez l'article 92,
lentement.
M. Ciaccia: Je ne voulais pas l'interrompre pour... votre
question.
Le Président (M. Cardinal): Je ne peux pas permettre, ni
d'un côté ni de l'autre, ce genre d'entretien privé.
M. Ciaccia: Je vous remercie, très bien, M. le
Président. La seule chose que je voudrais souligner et je ne ferais pas
mon devoir si je n'en parlais pas... C'est que l'article 77, par ses termes
mêmes, nous embarque dans toute une question de procédures, de
règlements, et nous savons les problèmes que la
réglementation peut susciter. On peut rendre très onéreux
au citoyen qui essaie de se conformer... Quand vous donnez un pouvoir pas mal
large aux règlements, les questions d'éléments de preuves,
les questions de procédures... Je pense qu'il faut porter à
l'attention du gouvernement qu'il ne faut pas d'un côté donner un
droit qui, au début, est très restreint, et par une série
d'articles, réduire sinon ce droit, du moins rendre son application
difficile et causer des obstacles à un citoyen qui veut se
prévaloir de ce droit. Je sais, une fois que vous avez accepté et
qu'on a accepté qu'il faut des restrictions comme à 69, qu'il
faut administrer. Cela est un principe qu'on ne peut pas contester. Mais il est
bon de faire remarquer encore au gouvernement les difficultés d'un
projet de loi linguistique et spécialement dans un contexte comme celui
de l'article 77, encore qu'il donne un large pouvoir.
Quand on dit les éléments de preuves, on peut rendre
l'exercice de ce droit assez difficile. On entend des plaintes, M. le
Président. C'est ici qu'on doit porter à l'attention du
gouvernement que les formulaires, que ce qu'on demande parfois est trop
onéreux. On donne l'impression que par les règlements, on essaie
de bloquer l'application de la loi. Il ne faudrait pas que cela arrive. Je ne
ferais pas mon devoir si je ne portais pas ces préoccupations que des
gens de bonne foi je ne parle pas
de ceux qui essaient de contourner la loi, je parle de ceux qui sont de
bonne foi qui ont des droits...
Ils ont l'impression, M. le Président, que ceux qui administrent
la loi et ceux qui rédigent ces règlements semblent donner
l'impression qu'ils ont certains droits, mais ils ne veulent pas s'en
prévaloir. Je voudrais faire remarquer que je suis d'accord, par des
mesures incitatives, avec le ministre d'Etat que ce n'est pas un
désavantage d'aller à l'école française; ce n'est
pas cela qu'on essaie de dire, mais il ne faudrait pas qu'on essaie
d'encourager les gens, parce que c'est contre-productif; ce n'est pas cela qui
crée une atmosphère entre les deux communautés. Ce n'est
pas par des règlements difficiles qu'on devrait essayer d'arriver
à ce but. Ce sont seulement quelques remarques sur la portée des
règlements et leur application qui ont été
soulevées par l'article 77 et que je voulais porter à l'attention
du gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, si le gouvernement a
déposé les règlements, la presque totalité des
règlements en même temps que la loi, c'est pour se conformer
à une demande que le parti ministériel, lorsqu'il était
dans l'Opposition, a souvent faite, à savoir qu'une loi de cette
importance ne pouvait s'étudier de la meilleure façon que
lorsqu'on avait en même temps l'éclairage des règlements.
Ce qui nous apparaît un avantage ne peut être décrit
maintenant par le député de Mont-Royal ou par d'autres
députés de l'Opposition officielle que comme un
désavantage. Je pense que cela allait de soi.
Par ailleurs, j'aimerais faire remarquer au député de
Mont-Royal que si un article appelle des règlements et, en particulier,
l'article 69, c'est précisément parce que l'article 69 constitue
une dérogation par rapport au principe de l'article 68. Il est bien
évident que si, par exemple, le gouvernement avait supprimé, d'un
seul trait de plume, l'école anglaise au Québec, comme le
gouvernement du Manitoba a supprimé l'école française, en
1890, on n'aurait pas eu besoin de règlements.
On a besoin de règlements maintenant justement pour...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce!
M. Mackasey:... la loi du Manitoba.
M. Laurin:... établir des balises pour
l'application...
M. Ciaccia: Vous avez manqué le point de mon
intervention.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce!
M. Laurin: Non, j'y viens. ... pour établir justement les
conditions dans lesquelles les dérogations devront être
applicables et les méthodes que nous devons prendre pour les
administrer. Je comprends la crainte du député de Mont-Royal. Il
a peur que, par des règlements trop complexes, on réduise le
droit, qu'on rende son application difficile et, il l'a dit lui-même,
qu'on le bloque.
Il me semble que le ministre de l'Education a fait assez de
déclarations en Chambre et ailleurs à cet effet, qu'il est
maintenant évident que le règlement a pour but de faciliter
l'application, l'administration de ces dérogations que nous avons
établies à l'article 69.
Par ailleurs, je me rappelle très bien les témoignages,
par exemple, de la CECM qui a dit que les formulaires sont à ce point
faciles à remplir et qu'ils sont déjà tous remplis, qu'ils
sont déjà dans les coffres de la CECM, qu'ils sont tenus
là, qu'ils ont même été mis sur ordinateur pour le
jour où la loi ayant été adoptée, il sera possible
de prendre les décisions qui s'imposent à la suite des
réponses qui ont été données par les parents
d'élèves.
Ces formulaires ne me semblent pas trop complexes, puisqu'ils ont
déjà été remplis, à la satisfaction des
organismes scolaires. Par ailleurs, même si cela était le cas,
hypothétiquement, le projet de loi comporte également un droit
d'appel et il sera toujours possible aux intéressés qui n'auront
pas été satisfaits, soit par la façon dont les formulaires
auront été remplis ou par la décision qui aura
été prise par la personne désignée par le ministre,
de porter appel de cette décision et de voir à ce que leurs
droits soient maintenus.
Encore une fois, M. le Président, j'ai l'impression que ces
craintes, même si je peux les comprendre, ne sont pas fondées.
Le Président (M. Cardinal): L'article 77 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): J'appelle je demande un
peu d'attention l'article 77a, temporairement, je l'espère.
L'article 77a qui vous a été distribué se lirait comme
suit: "Les enfants présentant des difficultés graves
d'apprentissage doivent être exemptés de l'application du
présent chapitre. Le gouvernement peut, par règlement,
définir les catégories d'enfants visés à
l'alinéa précédent et détermine la procédure
à suivre en vue de l'obtention d'une telle exemption."
Oui, sur une demande de directive, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pourrais-je savoir du président ou de la
commission... Ce matin, nous avions suspendu la discussion sur l'article 72
afin de nous permettre d'apporter un amendement. Pourrais-je demander quand
allons-nous reprendre la discussion sur cet article?
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas la
décision de la présidence, c'est la décision de la
commission. Vous faites bien de me rappeler ce fait. Nous avons le choix
devant nous, comme j'ai appelé l'article 77a, de suspendre
l'étude de l'article 77a et de revenir à l'article 72.
M. Ciaccia: Puisque vous appelez 77a, nous allons continuer avec
77a. Je demanderais si on pourrait, après 77a, reprendre l'article
72.
Le Président (M. Cardinal): Y a-t-il consentement de la
commission qu'après l'étude et l'adoption de l'article 77a nous
revenions à l'article 72?
M. Charron: II y a consentement.
M. Grenier: Oui. Mais le député de Mont-Royal avait
peut-être une concordance avec l'article 77 et aurait
préféré passer l'article 72 avant. Sinon, on est aussi
bien de faire ce qu'il dit.
Le Président (M. Cardinal): Alors, j'ai le consentement
unanime?
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Donc, nous allons
étudier l'article 77a et, immédiatement après son
adoption, s'il est adopté, nous reviendrons à l'article 72.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Le député de L'Acadie avait
demandé la parole avant moi.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Mme le
député de L'Acadie. Est-ce sur la motion de l'article 77a?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lalonde: Sur la recevabilité, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Non, il n'y a pas de question
de recevabilité, ce n'est pas une motion. Nous avons
décidé, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, avant
votre retour, que nous ne prenions pas ceci comme une motion d'amendement, mais
comme un projet de loi modifié du consentement de toute la commission,
sans se prononcer sur le fond. Mme le député de L'Acadie a
concouru, avec tous les membres de cette commission, à cet effet.
M. Lalonde: C'est bien beau, M. le Président, mais l'ajout
d'un article me semblait assez difficile à concilier avec...
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai longuement
souligné ce matin, M. le député.
M. Lalonde: Je voudrais seulement inviter le gouvernement
à avoir la même condescendance lorsque nous aurons des articles
à ajouter.
Le Président (M. Cardinal): Nous verrons.
M. Lalonde: Nous verrons, dit-il, d'un air de pouvoir.
Le Président (M. Cardinal): Remarquez que c'est à
la suite d'un consentement unanime que j'ai accepté ce mode de
procéder. J'ai même souligné que, sur le plan purement de
la rédaction juridique, il faudrait rétablir l'ordre des
articles. Par conséquent, c'est purement du consentement des membres de
la commission que nous passons à l'étude de l'article 77a. M. le
député de Rosemont. Non? Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le député de
Rosemont.
Le Président (M. Cardinal): Dans l'ordre, Mme le
député de L'Acadie, M. le député de Rosemont, M. le
député de Mégantic-Compton. Est-ce que vous parlez?
M. Grenier: Non, au nom du...
Le Président (M. Cardinal): Non, ce n'est pas cela. Je
veux savoir si on parle de la motion principale?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on parle...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, est-ce sur une question de règlement ou sur la motion
principale?
M. Paquette: Non, sur la motion principale.
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion principale.
C'est à vous le premier dans ce cas. A moins que vous ne cédiez
votre droit de parole...
M. Paquette: J'aurais d'abord aimé entendre les arguments
du député de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, Mme le
député de L'Acadie, M. le député de Rosemont et M.
le député de Mégantic-Compton. Je suis simplement la
tradition, le fait qu'une politesse soit accordée à Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je dois d'abord
souligner que deux choses heureuses se sont passées. La première,
c'est que, vendredi soir, nous avons convaincu le gouvernement de
l'opportunité d'inclure une disposition dans la loi qui tienne compte
des enfants atteints de difficultés d'apprentissage ou de handicaps.
Pour le moment, ne nous chicanons pas sur les mots. Non seulement nous les
avons convaincus de ceci, mais nous les avons également convaincus
d'inscrire les droits de ces enfants dans la loi. Là-dessus, je voudrais
souligner en passant que j'ai senti les efforts du député de
Rosemont et du député de Vanier qui, pour autant qu'ils pouvaient
le faire, nous ont donné un appui peut-être discret à cause
de la forme de ce Parlement, mais qui...
M. Morin (Sauvé): Ils étaient tout à fait
ouverts, et je suis prêt à le reconnaître.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont dû être un peu ouverts,
puisque je m'en suis aperçue, mais, je veux dire...
M. Paquette: ... l'esprit du ministre...
M. Bertrand: Peut-être même un peu trop aussi, M. le
ministre, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): Je ne me prononcerai pas
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, de toute façon, une fois mes
formules de politesse finies c'était sincère je
pense que c'est déjà un progrès considérable. Mais,
malheureusement, nous sommes incapables de souscrire, en dépit de ces
progrès que je viens de souligner, à la formulation
complète du premier paragraphe. En fait, c'est le deuxième: "Les
enfants présentant des difficultés graves d'apprentissage doivent
être exemptés de l'application du présent chapitre".
Pour ma part, je voudrais, si les gens sont consentants, expliquer
pourquoi je m'oppose à "difficultés graves d'apprentissage", le
faire très brièvement, parce que je pense qu'on a
intérêt à adopter l'article 77 le plus rapidement possible,
et si ce que je ferai, à ce moment-ci, à titre de suggestion,
n'est pas accueilli, j'en ferai un amendement ou un sous-amendement, un
amendement, pardon. Oui, on est sur une motion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... sur
une motion principale.
Mme Lavoie-Roux: ... principale.
La raison pour laquelle je pense que les termes utilisés: "des
difficultés graves d'apprentissage"...
M. Laurin: Question de règlement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Laurin: Je me demande si cela n'allégerait pas les
choses si, tout de suite, vous nous présentiez votre amendement?
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez, bon!
M. de Belleval: Tout d'un coup qu'on l'aime!
Mme Lavoie-Roux: Je vais le lire et... Il n'est pas
dactylographié, parce qu'on vient de recevoir le vôtre quelques
instants auparavant, et on savait que vous en prépariez un. Alors,
c'était... Je vais essayer de débrouiller ça. "Que
l'article 77a soit modifié, en retranchant le mot "graves", en ajoutant,
après le mot "apprentissage", les mots "suffisamment marqués pour
justifier un enseignement spécial dans un groupe approprié" et,
le deuxièmement...
M. de Belleval: On ne l'aime pas.
Des Voix: On ne l'aime pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Alfred: C'est vous qui l'aviez, l'autre jour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Alfred: C'est vous qui l'aviez, l'autre jour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Bien, honnêtement, je trouve que,
pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que c'était un ministre avec
de bonnes intentions, celui-là. C'est la première fois qu'on le
voyait, et il est pire que les autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Revenons à la motion d'amendement.
Une Voix: ... l'enseignement...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ça.
Des Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Alors, il se lirait comme tel... Si je vous le
lisais au complet, cela sera plus simple, il me semble. Bon! "Les enfants
présentant des difficultés d'apprentissage suffisamment
marquées pour justifier un enseignement spécial dans un groupe
approprié doivent être exemptés de l'application du
présent chapitre."
Je vais vous dire les raisons qui motivent ceci. Voulez-vous l'avoir, M.
le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. De
toute façon, je la déclare recevable. La motion est
déclarée recevable.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même expliquer
brièvement, parce que...
M. Guay: M. le Président... Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Guay: ... je voudrais savoir du député de
L'Acadie... Non, ça, c'est entendu...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je l'ai indiqué avant.
M. Guay: Oui, mais je veux simplement savoir si le paragraphe 2:
"le gouvernement peut, par règlement", etc., demeure?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il demeure. Il faut des règlements
là-dessus, il n'y a aucun doute.
M. Guay: II faut des règlements. M. Bertrand: II faut des
règlements.
Mme Lavoie-Roux: Je vais essayer de vous expliquer
brièvement pourquoi je trouve que l'unique terme "difficultés
graves d'apprentissage" est trop vague pour vraiment s'assurer que les enfants
qui doivent être couverts le seront. Vous allez dire: "Vous ne faites pas
confiance au gouvernement qui fera des bons règlements"? Enfin,
peut-être que je devrais lui faire confiance, mais je peux quand
même avoir certaines réticences. Personne ne pourra me
blâmer de ceci et, de toute façon, ce n'est pas ce que je sens que
j'interviens. L'intérêt de cette proposition, c'est qu'on s'assure
que les enfants soient vraiment couverts et protégés.
Quand vous regardez tous les documents qui utilisent les mots
"difficultés graves d'apprentissage", vous ne les retrouvez qu'à
un seul endroit soit dans la convention collective que j'ai indiquée
l'autre soir, entre la Fédération des commissions scolaires, le
ministère de l'Education et la Centrale d'enseignement du Québec,
à l'article 8.02.01, dans laquelle on explique quel devrait être
le rapport maître-élèves pour une catégorie
d'élèves.
Il s'agit de l'alinéa b), qui dit: "Un instituteur par douze
élèves de l'élémentaire identifiés soit
comme souffrant de troubles graves d'apprentissage..." c'est le terme
utilisé ici "... soit comme débiles mentaux légers"
et, après cela, vous continuez à l'alinéa c) qui couvre
les sensoriels et les inadaptés sociaux etc., et vous y retrouvez les
autres catégories d'enfants.
Alors, si on reprend simplement l'alinéa b) pour ne pas
compliquer les choses, compte tenu, je crois, que personne d'autre n'a la
convention devant lui, le fait qu'à l'alinéa b), on lit: "...
soit comme souffrant de troubles graves d'apprentissage, soit comme
débiles mentaux légers...", déjà les débiles
mentaux légers sont exclus des enfants souffrant de troubles
d'apprentissage graves et je pense qu'il est important que les
déficients mentaux entre autres et les sensoriels, que ce soient les
sourds, les aveugles et les infirmes-moteurs soient également
couverts.
C'est pour cela que je trouve que, déjà, au départ,
lorsqu'on se réfère uniquement à ce terme dans ce sens qui
est quand même dans les catégories utilisées par le
ministère de l'Education et qui est un texte légal du
ministère de l'Education, c'est trop restreint.
Je vous explique maintenant la suggestion que je fais. Vous retrouvez
dans l'annexe XII, l'enfance inadaptée, dans cette même convention
collective, une définition générale et ensuite des
définitions particulières couvrant différentes
catégories d'enfants.
Alors, la définition générale, et ceci est
uniquement pour les enfants qui requièrent de l'aide spéciale en
classe spéciale, de l'enfant en difficulté d'apprentissage dans
une perspective d'organisation scolaire ou d'adaptation, le définit
comme étant celui qui, en raison d'une déviation intellectuelle
ou physique, d'une perturbation affective je ne lirai pas trop vite
caractérisée, ou de troubles d'apprentissage
marqués et vous retrouvez le mot "marqués" ne peut
profiter de l'enseignement régulier, et, par conséquent, doit
être soumis à un enseignement spécial dans un groupe
approprié."
C'est la définition générale. Suivant les
différentes déviations et là, il ne s'agit vraiment pas
d'enfants qui peuvent être dans des classes régulières,
mais vraiment des enfants qui requièrent un enseignement spécial
dans un groupe approprié et qui est défini dans l'annexe XII
touchant l'enfance inadaptée.
C'est dans ce sens que si le gouvernement consentait...
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse d'interrompre mon
collègue, mais étant donné que les propos du
député de L'Acadie sont, je crois, fort pertinents, j'aimerais
que les membres de cette commission y apportent une attention... On a douze
caucus autour de la table et quant à moi, étant voisin du
député de L'Acadie, j'ai de la difficulté à suivre
ses propos.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que ce n'est pas parce qu'ils
sont trop confus, mais il reste que, de toute façon, c'est la raison
pour laquelle je pense que simplement, "trouble d'apprentissage grave" est trop
général et pourrait, dans les règlements, trop restreindre
les enfants ayant des besoins spéciaux. Je ne veux pas dire que ce sont
les intentions du gouvernement, mais ce que je veux assurer ici, c'est que ces
catégories d'enfants soient vraiment protégés. Pourquoi je
me réfère à l'autre catégorie et que je fais
l'autre proposition? C'est que je pense qu'à ce moment-là, elle
rejoint...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Puis-je demander, non seulement aux
députés mais à tous les gens qui se trouvent dans cette
salle un peu plus de collaboration parce que la présidence remarque
également que le silence est loin d'être complet. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, ce n'est pas dans l'intention de...
J'essaie de vous expliquer le mieux possible les raisons. Je serais
prête, s'il y a des gens qui veulent me poser des questions sur le sujet.
C'est vraiment pour essayer d'améliorer la résolution. C'est dans
ce sens que je fais cette proposition. Je n'ai rien d'autre à ajouter
pour le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Non. Ce n'est pas à moi à parler; je
m'excuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
M. Paquette: Je pense que c'est à moi, M. le
Président. J'avais demandé la parole auparavant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont, sur l'amendement.
M. Paquette: Je vais être très bref pour permettre
au député de Mégantic-Compton de donner la position de son
parti avant l'ajournement. J'aimerais d'abord remercier le ministre d'avoir
accepté l'amendement que je lui proposais ce matin et je tiens à
dire que, pour une fois, on a un exemple de collaboration entre tous les partis
autour de cette table. On a arrêté de faire de la politique. On
s'est mis, puisqu'on était d'accord sur le fond, à essayer de
trouver la meilleure formulation possible. Je tiens à dire que nous
devons le fond à l'initiative du député de L'Acadie et la
forme, pour beaucoup, au député de Mégantic-Compton qui
nous avait proposé un amendement, il y a deux jours, pour qu'on affirme
explicitement le droit des enfants présentant des difficultés
graves à être exemptés de l'application du présent
chapitre.
Maintenant, je ne suis pas d'accord avec l'amendement du
député de L'Acadie, justement pour les raisons qu'elle invoque.
Elle dit que le terme est trop général. Je pense que, justement,
il doit être général. S'il était trop
restreint...
Mme Lavoie-Roux: II est...
M. Paquette: Laissez-moi terminer.
Mme Lavoie-Roux: D'accord!
M. Paquette: Vous avez commencé avec quelque chose de
très restrictif, les enfants de langue anglaise, dans votre amendement
initial à l'article 69, ce qui empêchait les parents, par exemple,
francophones ou italophones de choisir la meilleure institution pour leurs
enfants.
Je ne reviendrai pas sur votre amendement. Et là, vous voudriez
restreindre le sens des mots "difficultés graves d'apprentissage". Je
pense que, justement, si on veut que cet article s'applique au plus grand
nombre d'enfants possible, il faut donner toute la souplesse nécessaire
au ministre et à ses fonctionnaires de définir, dans les
règlements, les catégories d'enfants visés, de
façon qu'on atteigne exactement le but que tout le monde autour de la
table désire, c'est-à-dire donner à tous les enfants, sans
exception, sans distinction de langue maternelle, qui souffrent de
difficultés d'apprentissage graves, la possibilité d'être
exemptés de la loi.
Je pense que, vraiment, on devrait en rester au texte tel
qu'indiqué. Il me semble que cela correspond au désir de tous les
partis représentés autour de cette table.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'avais pris une entente avec
le député de Rosemont pour qu'il fasse son bref exposé,
étant donné qu'on savait que la coutume voulait que ce soit les
ministériels d'abord et ensuite l'Opposition libérale et
l'Opposition de l'Union Nationale, mais j'ai bien voulu accepter qu'il le
fasse, vu qu'il avait eu la parole avant.
Je veux d'abord dire au gouvernement combien je suis reconnaissant du
fait qu'il ait accepté presque entièrement la proposition qu'on
avait rédigée; la nôtre se lisait: "Le gouvernement doit
exempter de l'application du présent chapitre les enfants ayant des
difficultés graves d'apprentissage et statuer par règlement sur
la procédure à suivre dans tel autre cas". On avait, en gros, le
texte qui était près de ce qui nous est fourni aujourd'hui: "Les
enfants présentant des difficultés graves d'apprentissage doivent
être exemptés de l'application du présent chapitre". Pour
cette partie, je suis satisfait, avec l'autre membre de notre parti qui est
ici, de réaliser que le gouvernement a attaché de l'importance
à notre motion qui fut présenté ici il y a une couple de
jours et à notre contribution également.
J'avais insisté un peu pour prendre la parole avant 6 heures,
puisqu'à l'amendement de Mme le député de L'Acadie... Je
ne suis pas sûr que cela fera l'unanimité autour de la table,
cependant, en principe, je considère que, si le terme de la seconde
partie est imprécis ou plus vague comme on a semblé la dire, par
contre, entrer dans les définitions détaillées qu'on nous
fournit, je ne suis pas convaincu que cela doive faire partie de la loi parce
qu'on peut, à un moment donné... Je pense que cela vient de
bonnes données, qui sont celles des Affaires sociales, cela peut
être correct. Mais, il suffirait peut-être d'oublier un secteur ou
deux pour ensuite être obligé de modifier la loi pour les entrer
dans la loi. Encore une fois, je préférerais quand même la
motion du député de L'Acadie à la motion large et
peut-être imprécise qui nous est présentée par le
gouvernement. J'aurais voulu terminer avec un sous-amendement qu'on pourrait
discuter. Je ne voudrais pas encore... Je pense que cela peut se juger
rapidement et qu'on ne parte pas a faire des envolés oratoires de 20
minutes chacun. Je pense que ce n'est pas cela qu'on note aujourd'hui. On se
rend compte qu'il y a beaucoup plus de collaboration des deux
côtés de la table. Cela nous donnera le temps d'y penser pendant
le souper et, après le souper, ce sont des choses qui se feront bien
rapidement.
Je dirais, concernant la motion, et je le fais distribuer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
sous-amendement est-il écrit?
M. Grenier: Oui, il est écrit et va être
distribué.
Le sous-amendement se lirait comme suit; dans la seconde partie: "Le
gouvernement peut, par règlement, définir... et j'ajoute:
"après consultation avec le Conseil québécois de l'enfance
exceptionnelle..."
M. Charron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Jacques sur une question de règlement.
M. Charron: II ne s'agit pas, vous l'avouerez bien, d'un
sous-amendement qui affecte l'amendement proposé. Il s'agit d'un nouvel
amendement à un tout autre paragraphe. Que le député garde
en bandoulière cette munition et que nous disposions le plus rapidement
possible de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que j'allais dire. Les premiers mots que j'ai vus, c'est qu'au troisième
alinéa... L'amendement de Mme le député de L'Acadie est
proposé au premier alinéa de l'article 77a, de telle sorte que,
techniquement, il est irrecevable mais il pourra être recevable plus
tard.
M. Grenier: D'accord. Je l'ai fait distribuer et je suis content
qu'il soit distribué puisque cela permettra peut-être de
réfléchir là-dessus pendant le souper et ce sera
certainement utile en revenant après le souper...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, c'est de l'information, peut-être, s'il y a un nouvel
amendement.
Je vous reconnais le droit de parole sur l'amendement de Mme le
député de L'Acadie.
M. Grenier: Je reviens à l'amendement de Mme le
député de L'Acadie. Je soumettrai un sous-amendement,
après le souper, si jamais l'amendement fourni par Mme le
député de L'Acadie ne faisait pas l'unanimité, ne recevait
pas l'assentiment de l'ensemble des députés autour de la
table.
Encore une fois, j'aime à dire que l'amendement apporté
par le député de L'Acadie clarifie certainement une situation qui
me semble vague d'après la seconde partie de l'article qui nous est
présenté, mais, advenant qu'il ne soit pas accepté, qu'il
ne fasse pas l'unanimité, je vous ferai part d'un sous-amendement
à la reprise des travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
aucun autre intervenant sur ma liste. L'amendement est-il adopté?
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais quand
même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Très rapidement. J'étais l'un des
quelques-uns qui écoutaient attentivement le député de
L'Acadie et je crains que le brouhaha ait empêché le
député de Rosemont de bien comprendre le sens de la proposition
du député de L'Acadie qui reproche non pas à la
proposition du gouvernement d'être trop vague, mais, au contraire,
d'être incomplète. Elle s'en réfère à un
document qui semble qui n'est peut-être pas la bible, en
l'occurrence être écrit et refléter la réa-
lité telle que définie par des experts. On me dit même que
le ministère, que le ministre de l'Education est partie à cette
convention collective.
M. Morin (Sauvé): Pas la loi.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas la loi, mais cela nous donne quand
même une idée de la réalité qui est couverte par les
mots que l'on nous offre. On nous offre, par exemple, les mots "troubles graves
d'apprentissage" et on voit, à la page 89, au paragraphe 2: "II y a un
instituteur par douze élèves de l'élémentaire
identifiés soit comme souffrant de troubles graves d'apprentissage
c'est le terme utilisé par l'amendement soit comme
débiles mentaux légers."
M. Paquette: Difficultés.
M. Lalonde: II semble donc pour les experts que "troubles graves
d'apprentissage" ne couvre pas toute la réalité de l'enfance
inadaptée. C'est dans ce sens, je pense, d'après ce que j'ai
compris, qu'est l'amendement du député de L'Acadie, auquel je
n'ai pas participé, de toute façon, j'étais à une
autre commission.
C'est dans ce sens, étant donné qu'on dit plus loin
comment on les traite et quelle est la réalité de tous les jours
pour ces enfants, qu'on les met dans des classes, qu'on les distingue justement
comme justifiant un enseignement spécial dans un groupe
approprié.
Si on prend seulement l'amendement proposé ou la motion
principale du gouvernement, on aura ceux qui souffrent de troubles graves
d'apprentissage qui seront couverts, mais même si on voulait en
élargir la portée par règlement, on ne pourrait pas, parce
que les règlements ne peuvent pas aller au-delà de la loi et les
débiles mentaux légers ne seraient pas couverts.
L'amendement suggère que si on parle des enfants
présentant des difficultés d'apprentissage suffisamment
marquées pour justifier un enseignement spécial dans un groupe
approprié, à ce moment-là, on couvre toute la
réalité de l'enfance inadaptée et, au niveau des
règlements, on peut alors dire que c'est telle ou telle sorte de
déviation et autre chose. C'est pour cela qu'il me semble que
l'amendement n'est là que pour aider à légiférer en
pleine réalité et on ne risque pas, lorsque la loi sera
adoptée, de voir qu'on aura légiféré pour une
partie seulement des enfants inadaptés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous êtes prêts à prendre le vote sur l'amendement?
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lalonde: En terminant, si vous me permettez, j'aimerais
remercier le gouvernement d'avoir accepté d'inclure ce droit dans la
loi. Cela faisait partie de mon plaidoyer de l'autre soir et je pense, alors
qu'on nous suggérait de le faire par règlement, qu'il est
extrêmement important que cela
soit un droit inscrit dans la loi et c'est ce que la motion du
gouvernement fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux essayer de répondre au
député de Mégantic-Compton si je peux apporter un peu plus
d'éclaircissements. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys a expliqué le sens très restrictif du terme
"troubles d'apprentissage graves, ou difficultés graves d'apprentissage"
qui, déjà, dans la convention, excluent beaucoup de
catégories d'enfants. Et quand je me réfère à ce
qui est en annexe et que je tire de la définition générale
"les enfants présentant des difficultés d'apprentissage
suffisamment marquées pour justifier un enseignement spécial dans
un groupe approprié doivent être exempts de l'application du
présent chapitre". Je vous ai dit que c'était la
définition générale. Vous retrouvez après cela,
dans les définitions particulières, les déviations
intellectuelles, parce que M. le député de
Mégantic-Compton se demandait si ceci était tellement
général. Ceci inclut les déviations physiques, les
infirmes-moteurs, les infirmes-moteurs cérébraux, les
infirmes-moteurs-cérébraux graves physiques etc., les
déviations auditives, le sourd, le demi-sourd, les déficiences
visuelles, l'aveugle, le demi-voyant, les déviations socio-affectives,
le perturbé affectif grave. Je me réfère aux termes
généraux qui commencent le chapitre, et vous les y retrouvez, il
ne s'agit évidemment pas d'énumérer dans la loi je
suis tout à fait d'accord toutes ces catégories. Mais
c'est déjà une garantie que ces enfants seront couverts par les
règlements qui seront préparés par le gouvernement.
Alors, il ne s'agit pas d'un terme général. Je me
réfère vraiment à la terminologie utilisée par le
ministère de l'Education qui, en sous-titre prenait les
différents types d'enfants. Ça fait partie de la convention
collective. Vous retrouverez toutes ces catégories d'enfants. Cela me
semble beaucoup plus précis que ce terme utilisé par le
gouvernement et qui ne se réfère, dans la convention collective,
qu'à un seul groupe limité d'enfants. C'est ça,
l'argumentation,
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sauvé, très brièvement,
puisqu'à 18 heures je suspendrai la séance jusqu'à 20
heures.
M. Morin (Sauvé): Très brièvement. Nous
avons voulu choisir une expression qui soit la plus générale
possible, de manière à inclure toutes les difficultés
graves d'apprentissage qui comprennent celles que vous avez
énumérées et qui se trouvent détaillées de
la sorte dans la convention collective pour être sûr qu'on n'oublie
rien. Mais ce n'est pas parce que la convention collective
énumère toutes les sortes de difficultés graves
d'apprentissage, ce n'est pas pour cela que la loi doit faire la même
chose. D'ailleurs, c'est dans les règlements que les divers types de
difficultés graves d'apprentissage seront énumérés
et feront l'objet de dispositions spéciales après que nous aurons
consulté les experts, après que nous aurons établi toutes
les catégories de difficultés graves d'apprentissages qui peuvent
se présenter, aussi bien les déficiences intellectuelles,
moyennes ou profondes, que les déficiences dites physiques, comme les
maladies, les insuffisances vitales ou cardiaques, ou encore les perturbations
socio-affectives. Tout cela peut être inclus sous l'appellation
générale "difficultés graves d'apprentissage"
M. Lalonde: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. Morin (Sauvé): Je veux bien, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avec
quinze secondes, puisque dans quinze secondes, je suspendrai d'office les
travaux.
M. Lalonde: II pourrait penser à ma question pendant le
lunch. Est-ce qu'il peut s'engager, dans les règlements, à
couvrir toutes ces catégories? Au fond, on ne veut pas que ce soit une
chicane de mots, on veut que tous soient compris.
M. Morin (Sauvé): Mais il est clair, M. le
Président, que toutes ces catégories, qui sont des
difficultés graves d'apprentissage ou qui mènent à des
difficultés graves d'apprentissage, vont être incluses. C'est
évident.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Lorsque nous avons suspendu nos trauvaux à 18 heures, nous avions
devant nous une motion d'amendement proposée par Mme le
député de L'Acadie. C'est exact?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que oui.
Le Président (M. Cardinal): Je viens de recevoir le texte
que je fais distribuer immédiatement et qui se lit comme suit: "Que
l'article 77a soit modifié en retranchant le mot "...graves..." et en
ajoutant, après le mot "...apprentissage...", les mots "suffisamment
marqués pour justifier un enseignement spécial dans un groupe
approprié".
C'est l'amendement. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de lire
l'article tel qu'il serait après l'amendement.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous voulez jouer des
tours à mes collègues, c'est le temps.
M. Charbonneau: Existent-ils?
Le Président (M. Cardinal): Pardon, Madame. Ecoutez.
M. de BeIleval: Si vous voulez jouer des tours à vos
collègues, c'est le temps.
Le Président (M. Cardinal): Pas à moi, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Non. Ah oui! J'avais dit: M. le
Président. Je voulais parler...
M. Charbonneau: Vous pouvez voter maintenant... Ils ne sont pas
là et on ne leur dira pas.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, je pense qu'on pourrait
finir cela dans trois minutes.
Le Président (M. Cardinal): Si on suspendait la
séance?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas si on suspendait la séance. Je
suis même prête, je l'ai dit, à demander qu'on retire ma
motion. Tiens voilà le... Il se sauve encore.
M. Morin (Sauvé): Bien oui, je dois... Mme Lavoie-Roux:
... le député de Sauvé.
M. Morin (Sauvé): Vous n'êtes pas en Chambre pour
notre débat?
M. Laurin: Non. On va régler cela dans trois minutes.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je veux, M. le ministre d'Etat au
développement culturel et M. le ministre de l'Education, et je l'ai
mentionné officiellement ou officieusement je ne m'en souviens
plus avant le souper, c'est que, si vous voulez garder votre
terminologie de "en difficultés graves d'apprentissage" et si vous vous
engagez mon collègue de Marguerite-Bourgeoys pense que
l'engagement est déjà pris par le ministre de l'Education
lorsque vous ferez vos règlements, à ce que ces catégories
qu'on retrouve ici soient couvertes ou...
M. Lalonde: ... incluses...
M. Morin (Sauvé): On peut prendre l'engagement de s'en
inspirer. Je ne voudrais pas nous attacher les mains derrière le dos
pour découvrir ensuite que ces catégories, qui ont
été pensées pour les fins de la convention collective,
deviennent, en quelque sorte, réglementaires, sinon législatives
par la suite. Je peux donner l'assurance à Mme le député
que j'ai parfaitement compris ce qui l'inspire, et que nous allons nous
inspirer de cela et, sans doute, d'autres documents aussi, parce que nous
n'excluons aucune catégorie d'enfants ayant des difficultés
d'apprentissage.
M. Lalonde: Je prends sa parole. Mme Lavoie-Roux:
Là-dessus...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Puis-je terminer mes trois minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Un instant. A l'ordre! M. le
député de Papineau me demande une directive.
M. Alfred: Madame, accetez-vous... Acceptez-vous que je pose une
question à Mme le député de L'Acadie?
Le Président (M. Cardinal): C'est à moi que vous
devez le demander, mais c'est à Madame de répondre.
M. Alfred: Acceptez-vous? Une question bien simple, si elle
accepte d'y répondre.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez... Allez-y rapidement.
M. Alfred: Alors, je voudrais savoir ce qui est "marqués".
Sont-ce les enfants ou les difficultés?
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous me dites?
M. Alfred: Je suis un peu brouillé par votre texte. Je
veux savoir ce qui est "marqués". Sont-ce les enfants ou les
difficultés?
Mme Lavoie-Roux: Je ne comprends pas.
M. Laurin: Ce sont les enfants.
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, on parle des enfants. Si c'est
embrouillé dans le texte... "... les enfants présentant des
difficultés d'apprentissage suffisamment marqués pour justifier
un enseignement spécial." Ce sont les enfants. Je ne sais pas ce dont
vous parlez.
M. Charron: ... féminin pluriel.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Vous voulez deux "e" et un "s".
Excusez-moi. Ce que je veux dire...
M. Charron: II est mieux que cette loi soit écrite en
français.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! Ecoutez. A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux dire... M. Lalonde: Je le
crois sur parole.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est que cette assurance que le ministre de
l'Education vient de me donner m'apparaît suffisante...
M. Le Moignan: II me dérange!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Vous pourriez le confesser! Le Président
(M. Cardinal): A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: ... et je pense même qu'ils me semble
être des enfants qui sont vraiment en difficultés graves
d'apprentissage... Ce sont ceux qui sont définis ici dans la convention
collective, sauf une catégorie que j'ai peut-être
mentionnée au ministre d'Etat au développement culturel. Si cela
peut aussi produire, comme résultat que d'autres qui ne sont pas
inscrits et peuvent l'être, d'une façon temporaire dans les
règlements ou autrement en tout cas peu importe, élargir
dans le sens de s'occuper vraiment d'enfants dans ces cas difficiles, cela me
suffit.
Je serais prête, M. le Président, s'il y a consentement
général des membres de la commission, à retirer ma motion
et à ce qu'on vote sur l'article 78a.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, je vous remercie et je vous félicite. Il est vrai que la
motion ne vous appartient plus, parce qu'elle a été
débattue pendant un certain temps qui est devant moi. S'il y a
consentement unanime, je puis la retirer et nous voterons sur l'article
77a.
M. Charron: Très bien! Il y a sûrement
consentement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous retirez votre... Mme Lavoie-Roux: C'est
parce que...
M. Lalonde: Est-ce que vous me donnez la permission de parler, M.
le Président?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pour le bénéfice des membres de cette
assemblée, y compris de l'Union Nationale, qui n'ont peut-être pas
entendu les propos de Mme le député de L'Acadie, elle
suggère de retirer sa motion devant l'assurance du ministre de
l'Education que les règlements vont couvrir tous les enfants...
M. Charron: Tel qu'elle l'a mentionné.
M. Lalonde: ... qui pourraient être affectés de
problèmes d'apprentissage et, quant à moi, je l'appuie
totalement. Je fais confiance au gouvernement là-dessus. Je prends sa
parole et j'invite les membres de cette commission à accepter
unanimement le retrait de la motion du député de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Remarquez ceci, je viens de le
souligner, c'est que la motion n'appartient plus à Mme le
député de L'Acadie. Elle appartient à la commission. Il me
faut le consentement de la commission.
M. Grenier: Vous avez mon consentement pour que cette motion soit
retirée.
Le Président (M. Cardinal): Alors, il y a consentement
unanime. Dans ce cas, la motion d'amendement de Mme le député de
L'Acadie au sujet de l'article 77 est retirée et nous revenons à
la motion principale, qui est l'article 77a.
M. Grenier: M. le Président...
M. Charron: C'est cela. Je crois que le député
avait un amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Comme je l'ai signalé avant le souper,
étant donné que la motion qui nous est arrivée du
gouvernement nous plaisait, et j'ai eu l'occasion de le dire avant le souper,
et que je considère que le plus contient le moins, alors, dans les
définitions qui sont plus larges et qu'on peut lire ici: "Le
gouvernement peut, par règlement, définir les catégories
d'enfants visés à l'alinéa précédent et
déterminer les procédures à suivre en vue de l'obtention
d'une telle exemption, et que "le député de L'Acadie proposait
une motion
pour transformer et préciser les catégories, comme j'avais
senti, au tout début, que le ministre avait dit ici qu'il serait
nettement contre, j'avais proposé une motion qui aurait pu passer entre
les deux et qui dirait: "après consultation avec le Conseil
québécois de l'enfance exceptionnelle", mais, comme je le disais
tout à l'heure, que le plus doit contenir le moins, je présume
que cela se fera et visiblement qu'on consultera ces gens. Donc...
M. Charron: C'est un des organismes les plus respectés
dans ce domaine. C'est bien évident qu'on va le consulter; Mme le
député en est membre, d'ailleurs.
M. Grenier: Je le faisais uniquement pour trouver un moyen terme
qui aurait permis à l'équipe libérale de se joindre
à l'Opposition pour en arriver à un consensus. Etant donné
que la motion est retirée, conséquemment, honnêtement, je
dois retirer aussi la mienne puisque c'était...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous retirez votre
motion qui concerne le second alinéa de l'article 77a.
M. Charron: C'est cela!
Le Président (M. Cardinal): C'est cela!
M. Charron: M. le Président, je propose que l'article 77a
soit adopté par la commission.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment, nous
allons voter pour ce nouvel article. Je tiens à souligner que, pour
nous, pour l'Opposition officielle, c'est peut-être, à mon point
de vue, le premier gros amendement qui est accepté à ce projet de
loi depuis son dépôt. Je m'en réjouis. Qu'on donne un
droit, dans la loi, à ces enfants me semble extrêmement important.
Compte tenu de la collaboration que le gouvernement veut maintenant accorder
pour la définition des règlements, nous sommes certainement
prêts à l'adopter.
Je voudrais qu'à ce moment-ci, le gouvernement comprenne. Je ne
veux pas soulever une question de privilège...
Le Président (M. Cardinal): Vous ne le pourriez pas.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce n'est pas une question de... J'ai
été quand même un peu surprise que, sur une question comme
celle-là, certains membres du parti ministériel nous aient
imputé des intentions de filibuster. Ceci n'a jamais été
notre intention, et je pense que certains députés du parti
ministériel ont compris et ils nous ont apporté leur appui. En ce
qui touche l'Opposition officielle, nous sommes prêts à voter sur
l'article 77a et favorablement.
Le Président (M. Cardinal): J'accepte votre intervention
en vertu de l'article 96 et non pas de l'article 49.
M. le ministre d'Etat au développement culturel.
M. Laurin: Je reconnais cette contribution de l'Opposition
officielle et je l'en remercie beaucoup. Il est vrai que, dès le
début, ce problème a été abordé. Je pense
que, dès ma première intervention, j'ai reconnu la justesse et le
bien-fondé de l'argumentation, du fait d'abord de poser le
problème et de la justesse de l'argumentation qui était
énoncée par le député de L'Acadie à cet
effet. Je n'ai jamais songé à lui impliquer quelque intention
machiavélique que ce soit à cet égard. Je pense que c'est
une excellente contribution et encore une fois nous sommes heureux d'y avoir
concouru.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je peux vous dire une chose, c'est qu'on est heureux
nous aussi. Le ministre semble oublier de dire que l'Union Nationale y avait
collaboré pour...
M. Laurin: Le député de Rosemont en avait
parlé.
M. Grenier: Bon, c'est suffisant qu'un le dise. Je reprends quand
même pour vous dire que nous sommes très heureux d'avoir
collaboré, d'avoir signalé au gouvernement que c'était
incomplet et que ça prenait une motion qui ressemblait à cela, et
d'avoir réussi à la faire écrire à peu près
dans le texte que l'Union Nationale avait proposé. On est prêt
à l'appuyer.
M. Charron: ... que l'article soit adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): L'article 77a serait-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Grenier:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Si vous vous rappelez, j'avais
accepté que nous revenions à l'article 72 dont l'étude
avait été suspendue.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
Retrait de l'article 72
M. Laurin: ... il n'est peut-être pas tout à fait
indispensable que le proposeur de la motion soit là parce que je pense
qu'on a une nouvelle à annoncer qui peut lui être
communiquée par ses collègues de l'Opposition officielle.
Ce matin, quand on a étudié l'article 70, le
député de Saint-Laurent nous a fait valoir que c'était
peut-être superfétatoire, qu'il s'agissait peut-être d'une
redondance qui était inutile d'un point de vue strictement
juridique...
Une Voix: ...
M. Laurin: Je parle de 70.
Le Président (M. Cardinal): Nous parlons de...
M. Laurin: Non, je parle de 70; c'était juste pour amorcer
ce que j'avais à dire sur 72, parce que le législateur
légifère toujours pour quelque chose. J'avais répondu
qu'il y avait peut-être un souci pédagogique pour répondre
à des inquiétudes. Nous avons pensé à toutes ces
remarques lorsque nous avons reconsidéré le cas de l'article 72
et, tout bien reconsidéré, il est en effet certain que l'article
72 n'est pas strictement nécessaire, pas strictement essentiel. Depuis
que nous avons fait tomber la date qui apparaissait au projet de loi 1, "31
décembre 1977", il apparaît parfaitement possible de
répondre aux fins de l'article 72 par le libellé de l'article 73,
c'est-à-dire de confier à la personne désignée par
le ministre de l'Education le soin de voir à ce que le droit à
l'enseignement en anglais pour les personnes visées par le paragraphe b)
soit reconnu.
En conséquence, M. le Président, nous retirons l'article
72, purement et simplement. Je fais la motion de retirer l'article 72.
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute, il nous arrive comme un
cheveu sur la soupe...
Le Président (M. Cardinal): Moi aussi, je suis
obligé d'attendre une minute, mais je vous laisse le temps, je ne
suspendrai pas la séance.
M. de Belleval: On peut passer à un autre article en
attendant.
Le Président (M. Cardinal): Non.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous vous referiez aux propos du
député de Saint-Laurent...
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez sur la motion?
Parce que nous sommes devant un drôle de fait. Ne parlez plus de 72 parce
qu'on demande qu'il soit retiré. Parlez sur la motion de retrait de
72.
Mme Lavoie-Roux: Ce matin, quand le député de
Saint-Laurent a parlé de l'article... Ah! Vous voulez dire que vous vous
referiez au député de Saint-Laurent non pas pour faire des liens
sur le contenu de 70 et 72, mais pour utiliser le même argument que le
député de Saint-Laurent utilisait à 70. D'accord.
En ce qui touche 72, on nous avait bien expliqué ce matin que
l'objectif de l'article 72 était pour permettre aux personnes qui, dans
l'avenir, vou- draient se prévaloir d'un droit, de pouvoir
l'exercer...
M. Laurin: C'est-à-dire que le droit est reconnu à
l'article 69, quant aux modalités, aux procédures, que ce soit
pour a), b), c) ou d), c'est toujours par le biais, par l'intermédiaire
de la personne désignée par le ministre. Ce cas est prévu
à l'article 73.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie et ensuite M. le député de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y donc, M. le député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, on vous a cédé le droit de parole.
M. Ciaccia: Je vais vous dire mes préoccupations.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'aurai assez de difficultés à tenir le temps et
à suivre la procédure dans un cas semblable. Je demande que vous
m'aidiez.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je vais vous dire, M. le Président, que je
suis inquiet...
M. Bertrand: Pas encore!
M. Ciaccia: ... quand le gouvernement retire un article pour le
motif...
M. Charbonneau: Ce n'est pas la loi.
M. Ciaccia: ... que cet article n'est pas nécessaire,
strictement nécessaire, parce que le même raisonnement s'applique
à l'article 70. L'article 70 est encore moins nécessaire que
l'article 72.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! L'article 72 avait
été suspendu, l'article 70 est adopté.
Une Voix: C'est adopté.
M. Ciaccia: Je comprends, mais je veux parler de la raison pour
laquelle je suis inquiet, quand je vois le gouvernement retirer l'article 72.
Il nous arrive avec cette proposition, tout de suite, subitement.
M. Laurin: Après cinq heures de réflexion.
M. Ciaccia: Vous avez eu la chance de réfléchir sur
la portée de l'article 72, s'il était retiré.
M. Charron: J'espère que vous allez y
réfléchir, avant de faire votre amendement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Ciaccia: Oui, j'ai réfléchi, avant de faire
l'amendement, M. le député de Saint-Jacques, et c'est pour
cela que je voulais faire mon amendement, mais je serais irresponsable, si je
vous disais que je peux vous dire tout de suite l'implication qu'il y a de
retirer l'article 72. Si c'était de l'autre côté de la
table et que cela arrivait au député de Saint-Jacques, je crois
bien que, lui-même, il ne pourrait pas nous dire sa pensée
immédiatement, nous donner une opinion, parce que le ministre d'Etat
vient de nous dire que cela fait cinq heures qu'il réfléchit, il
doit alors savoir ce que cela comporte de retirer l'article 72.
Il y a tellement de droits accordés dans ce projet que je serais
irresponsable d'accepter qu'on retire un article sans avoir eu moi aussi
l'occasion, les mêmes cinq heures que le ministre d'Etat, pour
réfléchir sur sa portée, parce que, quand je vois les
amendements qui ont été déposés par le
gouvernement, par les ministériels, sur le projet de loi, j'ai encore
plus de raisons d'être inquiet. Il ne nous a pas fait de faveur dans les
amendements. Si vous regardez certains de ces amendements, ils sont très
inquiétants. Il ne me donne pas l'occasion de ne pas m'inquiéter;
il me donne toutes les raisons au monde de m'inquiéter. C'est pour cela
que je...
M. Laurin: ... quel homme inquiet!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Ciaccia: Non, c'est parce que vous êtes
inquiétant, M. le ministre. C'est vous qui êtes inquiétant,
M. le ministre.
Le Président (M. Cardinal): N'interrompez pas... A
l'ordre, s'il vous plaît! Il ne faut pas interrompre votre
confrère. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je voudrais continuer.
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le
député de...
M. Ciaccia: Est-ce que...
Le Président (M. Cardinal): ... Mont-Royal, vous
êtes tout à fait dans la pertinence du débat, vous avez
droit à vingt minutes et vous n'êtes pas obligé de les
utiliser, mais vous pouvez le faire. Par conséquent...
M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
écoutez...
M. Lalonde: Je n'ai pas parlé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, mais je vous ai entendu.
Qu'avez-vous fait?
M. Lalonde: J'ai fait un signe de tête.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal!
Mme Lavoie-Roux: Vigoureux.
M. Ciaccia: M. le Président, je demanderais une
période de réflexion. Pourrait-on suspendre l'étude...
M. de Belleval: Quinze secondes.
M. Ciaccia: Non, un peu plus longtemps que cela, plus que quinze
secondes.
Le Président (M. Cardinal): Je m'attendais à
cela.
M. Ciaccia: Pourrait-on suspendre l'étude de l'article 72
en vue de la propsoition qui vient d'être faite par le ministre d'Etat?
Si le ministre d'Etat est prêt à amender l'article 72...
M. Laurin: Je ne l'amende pas, je le retire.
M. Ciaccia: ... j'avais un amendement à proposer...
M. Laurin: II n'y en a plus.
M. Ciaccia:... après les discussions de ce matin et je
serais prêt à faire mon amendement. Cela donnerait un
éclaircissement sur l'article 72, mais, à ce stade-ci, M. le
Président, je pense que, pour être juste envers l'Opposition, on
devrait nous donner le temps de réfléchir, et je demanderais la
suspension de l'étude.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, si vous proposiez un amendement à ce stade-ci, je ne
pourrais évidemment pas l'accepter. J'ai reconnu, dans l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys et M. le député de
Saint-Jacques.
M. Lalonde: M. le Président, la seule chose que je
voudrais souligner, c'est que, n'ayant pas participé au débat ce
matin, je suis tout à fait vierge quant aux préjugés que
je pourrais avoir quant à l'article 70 ou à l'article 72, sauf
qu'il arrive, d'après les réactions de mes collègues ici,
que le retrait proposé par le ministre semble créer une certaine
inquiétude et je demanderais si, en toute justice, le gouvernement
serait prêt à suspendre l'examen de cette motion...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas le gouvernement.
C'est la commission.
M. Lalonde: Oui, la commission, mais si le gouvernement
était prêt à accepter, parce que si le gouvernement
accepte, naturellement la commission acceptera, la suspension... Je ne sais
pas, pour une heure ou jusqu'à demain matin, simplement pour qu'on
puisse se rendre compte de l'effet...
M. Laurin: Le député nous rejoint dans notre
cheminement.
M. Lalonde: ...vous rejoint dans votre réflexion de cinq
heures.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous avez... M. Lalonde: Si vous
pouvez...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys est tout
à fait pertinent dans son intervention et j'aimerais qu'on
l'écoute jusqu'au bout.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je voulais simplement
supplier, très humblement, le gouvernement de considérer que
peut-être l'Opposition aurait besoin de quelques minutes, serait-ce
quelques heures de réflexion sur la proposition de retrait; non pas que
nous soyons, en principe, en désaccord, mais nous voudrions mesurer
l'effet de cette proposition avant de nous déclarer pour. Ce n'est pas
pour retarder les travaux, au contraire, on étudierait un autre
article.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Sain-Jacques et ministre délégué
au Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports...
M. Bertrand: ...etc..
Une Voix: Et autres lieux...
Le Président (M. Cardinal): ...a la parole.
M. Charron: La demande répétée par les deux
députés de l'Opposition doit être refusée par le
gouvernement parce que c'est à leur suggestion même que nous avons
procédé à cette analyse. J'étais témoin, ce
matin, quand le député de Mont-Royal, à cause de
l'inquiétude que lui causait l'article 72, a essayé
d'éteindre ou d'atténuer les effets de cette portée par un
amendement qu'il nous a suggéré.
Nous arrivons ce soir et nous lui suggérons d'éteindre la
source de l'inquiétude et là, il est inquiet que nous
éteignions son inquiétude.
Cette commission n'a pas...
Une Voix: ...
M. Ciaccia: C'est justement là mon inquiétude.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une Voix: On ne vous le fait pas dire.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: J'ai l'impression que la commission, dans ce cas,
doit suivre les recommandations du ministre d'Etat au développement
culturel et se prononcer immédiatement sur l'article 72.
Nous n'en voulons plus dans le projet de loi. Nous avons
été convaincus par le député lui- même, ce
matin, que cet article pouvait avoir des effets ambigus, superfétatoires
et, pour employer son langage, dangereux et devant conduire à
l'extinction de la minorité anglophone.
Donc, nous nous sommes dit que les arguments du député
avaient une portée certaine et nous proposons de retirer purement et
simplement cet article maintenant.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Nous ne sommes plus, certains disent sous "l'empire" de l'article
160, j'aime mieux dire la...
M. Guay: ... "république"...
Le Président (M. Cardinal): ...j'aimerais mieux dire que
nous n'agissons plus en vertu de l'article 160. Nous sommes devant une motion
de retrait. Je pense que tout le monde est d'accord.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! ...et d'autres articles s'appliquent. Tant qu'une motion n'a pas
été mise en délibéré, je l'ai indiqué
tantôt, elle peut être retirée avec la permission du
député qui l'a présentée. Tel n'a pas
été le cas. Cette motion a déjà été
mise en délibéré.
Après la mise en délibéré, elle peut faire
l'objet d'une motion non annoncée, ce qui est le cas. Tout le monde a
été pris par surprise, de retrait avec la permission de son
auteur.
Le proposeur de la motion de retrait doit se borner à
énoncer succinctement ses motifs et la motion est mise aux voix
immédiatement. Il l'a fait. Cette motion ne peut provoquer, s'il y a
lieu, qu'un débat restreint au cours duquel le proposeur peut parler dix
minutes. Il n'a pas employé ses dix minutes; il peut exercer un droit de
réplique de même durée s'il le désire, après
que les représentants des partis reconnus ce sont les seuls
partis que nous avons en cette auguste assemblée, je le souligne
se sont fait entendre pendant une durée d'au plus dix minutes. Alors,
sur ce...
M. de Belleval: Adopté.
M. Charron: Je propose le vote sur la motion du ministre
d'Etat...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je vous ai donné une directive qui restreint
singulièrement le droit de parole.
M. Ciaccia: Je veux seulement faire une remarque.
Le Président (M. Cardinal): Article 85.
M. Ciaccia: Je ne veux pas prolonger le débat, je veux
seulement dire au député de Saint-Jacques qu'il se peut que la
conlusion à laquelle il en est venu soit la bonne. Il a peut que je sois
d'accord
pour retirer l'article 72, parce que l'article n'est pas
nécessaire, mais la seule chose que je demande, c'est que, si on est un
peu de bonne foi cela nous est venu subitement... Je ne serais pas
irresponsable en réagissant tout de suite, mais je demanderais seulement
un certain temps. Nous l'avons remis ce matin à cet après-midi et
cet après-midi à ce soir. Si ce que vous dites est vrai, je
n'aurai aucune difficulté à me conformer à votre analyse
et à consentir à voter avec vous en faveur du retrait. La seule
chose que je demande, c'est que vous me donniez un peu de temps pour
réfléchir, c'est tout.
Le Président (M. Cardinal): Nous sommes, M. le
député de Mont-Royal, dans une espèce de jungle de
procédure. Si nous n'avions pas discuté de la motion de retrait
et que nous ayons accepté la suspension de la nouvelle motion, je serais
très libre de dire: Ai-je consentement unanime de la commission pour que
la nouvelle motion de retrait au sujet de l'article 72 soit retirée?
Cependant, avec une souplesse extraordinaire, je serais quand même
prêt à poser de nouveau la question. Ce n'est pas moi qui vais
décider sur un cas semblable, c'est la commission. Le parti
ministériel est-il prêt à reconsidérer sa
décision d'étudier, dès ce soir, le retrait de l'article
72?
M. Charron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): J'ai une réponse. A
compter de ce moment-là, nous sommes dans un débat restreint en
vertu des articles 85 et 86.
M. le député de Gaspé.
Une Voix: Un vote.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Non, je n'ai pas
l'intention d'employer mes dix minutes. Si le gouvernement reconnaît la
non-nécessité de l'article 72... Nous-mêmes en avons
discuté à l'heure du dîner et avons pensé qu'il
serait sage d'accepter, en somme, cette idée a cause des autres effets,
des autres dispositions dans le même chapitre.
Je ne sais pas s'il faut interpréter cela comme le début
de la sagesse qui semble vouloir animer les ministériels.
M. de Belleval: Ce n'est pas le début.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Le Moignan: On commence à le voir dans ce sens; on
aimerait qu'il y ait un peu plus de persévérance. Si c'est vrai
qu'il y a une espèce d'effet d'entraînement, cela pourrait aider
à bon nombre de dispositions dans l'ensemble du projet de loi no
101.
On peut prévoir, sinon d'autres retraits, du moins la venue
prochaine d'autres adoucissements. Je pense que, de notre part, dans les
circonstances, il serait peut-être paradoxal d'engager la lutte, de
consacrer beaucoup de temps pour conserver cet article puisque, implicitement
je ne suis pas juriste mais il semble qu'on peut le retrouver
dans les autres articles qui le précèdent. C'est tout ce que j'ai
à dire, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, je pose la question
suivante: M. le député de Bourget j'ai la motion par
écrit propose le retrait de L'article 72, et je l'ai
indiqué tout à l'heure, en vertu de l'article 85 de notre
règlement. Cette motion de retrait... Il ne s'agit pas du fond de
l'article. Oui, M. le Président de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, excusez-moi de vous
interrompre. Je voulais simplement indiquer, s'il me reste quelques secondes
avant mes dix minutes...
Le Président (M. Cardinal): Oui, il vous en reste.
M. Lalonde: ... que, vu que notre suggestion de suspendre n'est
pas acceptée, nous allons nous abstenir, parce que nous n'avons pas eu
le temps de mesurer l'effet de ce retrait, non pas que nous soyons contre,
mais, étant donné que le gouvernement ne nous donne pas
l'occasion, le loisir de mesurer l'effet de ce retrait, nous allons nous
abstenir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous remercie beaucoup, c'est votre droit strict.
J'indique sur la feuille qui est devant moi: Motion de retrait de l'article 72,
et je dois, suite à votre intervention, faire l'appel nominal, je n'ai
pas le choix.
M. Grenier: ... l'appel nominal.
Le Président (M. Cardinal): Oui. Alors, la motion de M. le
député de Bourget est à l'effet de retirer l'article 72.
Vous indiquerez si vous êtes favorables ou défavorable à
cette motion.
M. le député Alfred (Papineau).
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères).
M. Charbonneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Charron
(Saint-Jacques).
M. Charron: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Morin (Sauvé). M.
Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Je m'abstiens pour les raisons que je vous ai
données.
Le Président (M. Cardinal): Abstention. D'accord. M. le
Belleval (Charlesbourg).
M. de Belleval: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Favorable.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Abstention, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa). M.
Laurin (Bourget).
M. Laurin: Pour.
M. Lalonde: On ne s'abstient pas sur la langue officielle, nous
autres.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Abstention... Ne tournez pas le fer dans la
plaie.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Favorable, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Favorable, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), absent.
M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), absent. M. Samson (Rouyn-Noranda),
absent.
Voici le résultat de ce vote: Pour: 11 Contre: 0
Abstentions: 3
La motion est adoptée et l'article 72 est retiré du projet
de loi.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Si vous me
permettez, quelques minutes, car il y a quand même des écritures
à faire en ce moment.
M. Charron: Je voulais tout simplement vous dire, M. le
Président, que je propose l'adoption de l'article 78.
Le Président (M. Cardinal): Attendez que je l'appelle.
Au sujet de l'article 78, M. le député de Saint-Jacques,
je dois vous souligner...
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous un amendement à cet
article?
Le Président (M. Cardinal): Non, il n'y a pas
d'amendement, suite à l'entente...
M. Charron: II y a un nouveau texte.
Le Président (M. Cardinal): Soyons prudents, lents
à réagir malgré que nous soyons vifs dans nos propos,
comme l'a dit saint Paul.
M. de Belleval: Et il a dit que la chair était faible
aussi.
Mme Lavoie-Roux: L'esprit est prompt.
Le Président (M. Cardinal): La petite période de
récréation est terminée?
Mme Lavoie-Roux: S'achemine-t-on vers les Saintes Ecritures, M.
le Président?
Le Président (M. Cardinal): Avec un président comme
vous en avez un, c'est fort possible.
M. Charron: II ne sera pas sanctionné, il va être
sanctifié.
Mme Lavoie-Roux: Avec la bénédiction du
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Cela va bien dans le moment.
Nouvel article 78
Le Président (M. Cardinal): Nous avons devant nous un
nouveau texte pour l'article 78. C'est pourquoi j'en donnerai lecture.
L'article 78 du projet de loi 101 se lirait comme suit: "II y a appel
des décisions des organismes scolaires, des décisions des
institutions visées au second alinéa de l'article 68 et des
personnes désignées par le ministre de l'Education portant sur
l'application de l'article 69 ainsi que des décisions du ministre de
l'Education prises en vertu de l'article 75. "La commission d'appel est
formée de trois membres nommés par le gouvernement."
Est-ce que je pourrais souligner qu'il m'apparaît difficile qu'on
dise: "formée par le gouvernement" et non pas "formée par le
lieutenant-gouverneur en conseil"?
M. Charron: C'est un nouveau vocabulaire que vous retrouverez
tout au long de cette loi...
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Charron: ... et d'autres lois que le nouveau
gouvernement du 15 novembre utilise. Nous ne faisons plus appel au
lieutenant-gouverneur en conseil, comme cela s'impose.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas-là, je n'ai
pas...
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais simplement rappeler au
député de Saint-Jacques, qui n'était naturellement pas
à la commission de la Justice ce matin pour le projet de loi 57, que,
dans ce projet de loi probablement qu'on a fait une erreur grave, une
faute mortelle...
M. Charron: Un oubli.
M. Lalonde: On a encore employé "lieutenant-gouverneur en
conseil" dans le projet de loi 57.
M. Laurin: Cela ne devait pas être dans le même
contexte.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas là, comme
ce n'est pas une motion d'amendement qui est devant moi, je n'ai pas à
la déclarer recevable ou irrecevable. Je croyais cependant de mon devoir
de souligner ce fait parce que diverses législations...
Une Voix: Ils vont nommer Jean-Noël Tremblay.
Mme Lavoie-Roux:... Cela va aller avec la statue de
Duplessis!
Le Président (M. Cardinal): Parce que...
M. Grenier: On pourrait peut-être l'appeler
Jean-François Cloutier.
Le Président (M. Cardinal): Diverses législations
passent devant nous avec des textes libellés de façon
différente. Je n'ai pas à me prononcer sur le libellé. Je
dois accepter autant ce que le gouvernement peut présenter que ce que
l'Opposition peut proposer. Cet article 78 nouveau... Un instant! L'article 77
ne sera pas adopté immédiatement. Je dois, suivant la coutume, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, donner la parole au parti
ministériel, vous l'admettrez? Non?
M. Lalonde: Oui, sûrement, M. le Président. Une
Voix: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! J'ai reconnu M. le député de Vanier et, ensuite,
pour l'Opposition officielle, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bertrand: Une directive, M. le Président, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! d'accord!
M. Bertrand: Je ne sais pas si elle doit venir de vous ou d'un
entendement commun des membres de cette commission et j'en réfère
peut-être au leader du gouvernement, c'est à la lecture de la
motion d'amendement à l'article 78. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une motion
d'amendement.
M. Charron: C'est un nouvel article.
Le Président (M. Cardinal): C'est un article
modifié.
M. Charron: Un article modifié. D'accord!
M. Bertrand: N'y aurait-il pas lieu que le deuxième
alinéa figure à l'article 79 plutôt qu'à l'article
78? Cela m'apparaîtrait un peu plus logique.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, votre question, comme d'habitude, est fort pertinente, et ce n'est pas
à la présidence d'y répondre. C'est au gouvernement d'y
répondre, selon le libellé de cet article.
M. Bertrand: C'est parce que j'oublie tellement souvent de passer
par vous, M. le Président que je voulais le faire à
l'excès.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez parfaitement raison.
M. le député de Saint-Jacques et ministre.
M. Charron: M. le Président, le jeune et prometteur
député de Vanier a raison, et je crois que vous devriez
plutôt considérer l'article 78 comme formé du seul premier
alinéa. Nous introduirons la formation de la commission d'appel à
l'article 79 qui, lui, est préparé.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Je suis prêt
à accepter ceci, parce que nous n'avons pas discuté du fond de
cette motion principale. Je n'ai même pas besoin de demander l'avis de la
commission.
M. Lalonde: Vous avez raison.
Le Président (M. Cardinal): Suite à la demande de
M. le député de Saint-Jacques, ministre d'Etat à tout ce
que vous savez, je retire immédiatement le deuxième alinéa
de l'article 78 modifié.
M. le député de Mégantic-Compton, sur quelle
question?
M. Grenier: On avait pourtant distribué notre volume aux
ministériels il y a un mois, et je comprends mal qu'on n'ait pas
très bien copié la page 85. On ne l'a pas copiée
textuellement puis-
que c est exactement à l'article 79 qu'on avait mis cela.
Le Président (M. Charron): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bertrand: M. le Président...
M. Grenier: Je pense qu'on l'avait passé au
député de Vanier, s'il ne l'a pas passé au ministre.
M. Bertrand: M. le Président, c'est parce que tous les
membres du gouvernement n'originent pas de l'Union Nationale.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. de Belleval: Dieu nous en préserve!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde:
Malheureusement!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
Une Voix: II n'est pas si mauvais, M. le député de
Vanier.
Le Président (M. Cardinal): Votre message est
passé.
M. Grenier: D'ailleurs, je l'aurais soulevé à
l'article 79, de toute façon. J'attendais cela. Je suis heureux de
constater que le ministre a vérifié lui aussi et il s'est rendu
compte que cela allait mieux, comme on l'avait prévu à l'Union
Nationale, nous, à l'article 79.
Une Voix: Ils sont donc bons!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ceci étant dit...
Le Président (M. Cardinal): Oui, cela étant
dit.
M. Grenier: J'aimerais mieux que cela vienne de vous autres de
temps en temps parce que pour nous cela a l'air de nous vanter, et ce n'est pas
bon.
M. Guay:... une motion de félicitations.
M. Grenier: Gardez cela pour la fin de la veillée, vers
onze heures.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! Les journalistes ont
probablement entendu ce qui a été dit. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, sur quelle question...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Inutile de vous dire qu'on est complètement
d'accord sur l'article 78, tel que rédigé.
Le Président (M. Cardinal): II a terminé. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sur quelle question
désirez-vous...
M. Lalonde: Sur la motion principale, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Sur la motion
principale, j'ai mentionné, tantôt, que je m'informais si le parti
ministériel désirait d'abord s'exprimer.
M. Laurin: Bien sûr.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: II est bien entendu que cela se termine avec le
premier alinéa.
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est
réglé. M. Laurin: C'est là-dessus que je parle.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laurin: Je n'ai pas grand-chose à dire. La modification
que nous avons introduite vise à tenir compte de la nouvelle version du
règlement que nous avons déposée en Chambre et tient
compte de toutes les personnes et organismes qui sont mentionnés
à ce règlement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur l'article.
M. Lalonde: Sur l'article. Etant donné le retrait du
deuxième alinéa, j'ai un argument de moins à apporter. La
seule chose... En principe, nous sommes d'accord. Il n'y a qu'une question de
libellé. Quand on dit: "II y a appel des décisions des organismes
scolaires, des décisions des institutions visées au second
alinéa de l'article 68 et des personnes désignées...",
c'est comme s'il y avait appel des personnes désignées.
Alors, il y aurait peut-être lieu d'enlever le deuxième
"...des décisions..."
M. Laurin: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Je vais reprendre ceci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, brillant juriste que vous
êtes.
M. Lalonde: C'est une question de linguistique plutôt que
de...
Le Président (M. Cardinal): Quand même, cela se
confond. "Il y a appel des décisions des organismes scolaires,
M. Lalonde: Virgule...
Le Président (M. Cardinal): Et vous enlevez "...des
décisions...". Vous avez remarqué M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que j'ai souligné la virgule. Alors, l'article se
lit je ne pense pas qu'il soit nécessaire de tout le relire
comme il se lisait tantôt, en enlevant, après la virgule,
après le mot "scolaires", les mots "des décisions".
Cet article 78 est-il adopté?
M. Lalonde: Tel qu'amendé, oui. Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté, tel
qu'amendé, parce qu'il y a vraiment eu un amendement. Un instant, s'il
vous plaît!
J'appelle l'article 79 et le même phénomène se
répète.
Nouvel article 79
M. Laurin: Je peux vous proposer la nouvelle formulation.
Le Président (M. Cardinal): Vous en avez une nouvelle en
plus de celle qui...?
M. Laurin: Non. C'est-à-dire qu'étant donné
que nous avons fait sauter le deuxième alinéa de l'article 78,
j'aurais une nouvelle version afin de réintroduire ce...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je vous
écoute M. le ministre.
M. Laurin: L'article 79 se lirait donc comme suit: "L'appel
prévu à l'article 78 est interjeté auprès d'une
commission d'appel instituée à cette fin par le gouvernement,
selon les modalités fixées par ce dernier. La commission d'appel
est formée de trois membres nommés par le gouvernement. Les
décisions de la commission d'appel sont sans appel".
Le Président (M. Cardinal): Oui, il y a une motion qui est
adoptée.
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Je veux avoir le
texte devant moi. Un instant, s'il vous plaît! La précipitation
n'est jamais bonne conseillère.
Le nouvel article 79...
M. de Belleval: Cela fait trois mois que vous parlez de
précipitation.
M. Lalonde: La précipitation est l'amie de l'erreur.
Le Président (M. Cardinal): Le nouvel article 79 se lirait
comme suit: "L'appel prévu à l'article 78 est interjeté
auprès d'une commission d'appel instituée à cette fin par
le gouvernement, selon les modalités fixées par ce dernier. La
commission d'appel est formée de trois membres nommés par le
gouvernement. Les décisions de la commission d'appel sont sans
appel".
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur ce nouvel
article.
M. Lalonde: Le nouvel article 79 ne change pas le premier
alinéa et c'est le premier alinéa qui crée les
problèmes, à mon sens, parce que le gouvernement propose...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je m'excuse vraiment de vous
interrompre. Vous dites: ...ne change pas le premier alinéa. Vous parlez
de quel premier alinéa?
M. Lalonde: Je veux dire que le nouvel article contient le
même premier alinéa qu'on avait avant à l'article 79.
Le Président (M. Cardinal): II n'a qu'un alinéa.
C'est un seul alinéa.
M. Bertrand: Trois phrases dans un alinéa.
M. Lalonde: Qu'on ait mis cela dans le même alinéa,
la première phrase reste la même. C'est cette première
phrase qui me semble devoir recevoir l'examen minutieux de cette commission, et
je vais vous dire exactement pourquoi.
Ici le gouvernement propose de créer un droit d'appel, enfin, il
est créé par l'article 78, mais il propose de créer
l'organisme qui va recevoir ces appels. M. le Président, je pense qu'un
organisme d'appel doit être créé par la loi et non pas par
le gouvernement. Je pense qu'un organisme d'appel... Si on se
réfère, par exemple, aux lois qui contiennent de telles
dispositions, on retrouve dans la loi la création du tribunal d'appel,
ou de l'organisme d'appel, ou de la commission d'appel, qu'on l'appelle comme
on voudra, alors qu'ici, tout ce qu'on dit, c'est que l'appel prévu est
interjeté auprès d'une commission d'appel instituée
à cette fin par le gouvernement, donc, une commission d'appel qui serait
le bras du gouvernement, qui serait le bras du Conseil exécutif alors
que, comme vous le savez, M. le Président, on doit accorder aux
commissions, aux régies, aux organismes d'appel le caractère
d'indépendance le plus complet, le moins contestable possible,
c'est-à-dire qu'on doit le situer dans le pouvoir judiciaire ou
quasi-judiciaire et non pas dans le secteur du pouvoir exécutif.
Je regrette que le gouvernement, peut-être par inadvertance, ait
pensé que ce pouvoir d'appel pourrait simplement s'exercer à
travers un organisme créé par le gouvernement. La première
phrase de l'article 79 dit très clairement que les appels
interjetés en vertu de l'article 78 et cela se retrouve à
un autre article un peu plus loin dont le numéro m'échappe
actuellement mais qui a trait
aux appels, je pense, de la suspension ou du refus d'un certificat de
francisation tous ces appels vont être entendus par un bras
exécutif, vont être entendus par des gens nommés par
l'exécutif, non pas comme juges, non pas comme faisant partie du pouvoir
judiciaire, mais comme d'autres fonctionnaires faisant partie du pouvoir
exécutif.
C'est pour ces raisons que je propose un amendement à l'article
79 qui se lit comme suit: "Que l'article 79 soit modifié en
remplaçant les mots "L'appel prévu à l'article 78 est
interjeté auprès d'" par les mots "est instituée", en
remplaçant les mots "instituées à cette fin par le
gouvernement, selon les modalités fixées par ce dernier" par les
mots "pour entendre l'appel prévu à l'article 78" et en
remplaçant les mots "membres nommés par le gouvernement" par les
mots "juges de la Cour provinciale désignés par le juge en chef
de cette cour."
L'article amendé se lirait comme suit: "Est instituée une
commission d'appel pour entendre l'appel prévu à l'article 78. La
commission d'appel est formée de trois juges de la Cour provinciale
désignés par le juge en chef de cette cour."
Naturellement, les autres dispositions offertes par la nouvelle motion
selon lesquelles ces décisions seraient sans appel demeurent.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, merci. Un instant, s'il vous plaît! A l'ordre!
Je suis en train de me demander si je ne devrais pas suspendre la
séance quelques minutes, parce que...
Mme Lavoie-Roux: ... un autre... Le Président (M.
Cardinal): Un instant. C'est que j'ai devant moi un premier texte qui a
été modifié une première fois, une seconde fois, et
là j'ai une motion d'amendement. J'avoue bien humblement que la motion
d'amendement que j'ai devant moi et qui vient d'être lue par le
député de Marguerite-Bourgeoys ne correspond pas exactement
à l'amendement de l'article modifié deux fois qui vient des
ministériels.
M. Lalonde: Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je m'en excuse, mais étant donné les
changements de dernière minute, je n'ai pas pu la faire
dactylographier.
Le Président (M. Cardinal): Que voulez-vous que la
présidence fasse d'un texte qui n'existe pas puisqu'il n'est pas
conforme à quoi que ce soit? Ce n'est pas une perte de temps. Je suis
prêt à suspendre cinq minutes pour que du côté
ministériel, on présente un texte définitif de l'article
79, qu'on le soumette à l'Opposition officielle et que celle-ci puisse
soumettre un amendement que je déciderai recevable ou non...
M. Grenier: A l'Union Nationale aussi.
M. Lalonde: Ils sont d'accord, M. le Président, on les
aime bien.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes d'accord, il y
a donc suspension des travaux de cette commission pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 2)
Reprise de la séance à 21 h 10
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît,
à l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! MM. les ministres et
députés, à l'ordre! A l'ordre, M. le député
de Mont-Royal! Je n'ai accordé la parole à personne.
M. Ciaccia: Je n'ai rien dit.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
D'accord.
M. Ciaccia: Dans le journal des Débats, cela va être
encore moi.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Il y a deux
façons de s'en tirer. Il est bien sûr... Vous savez, au lieu de
suspendre la séance, j'ai le pouvoir d'ajourner les travaux.
Mme Lavoie-Roux: Servez-vous-en!
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai fait hier soir.
M. Lalonde: En toute déférence.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
J'ai devant moi un nouveau texte qui, évidemment, n'est pas
polycopié. Il y a deux possibilités et je les offre pour aider la
commission. Nous sommes à l'article 79 et j'ai eu trois textes devant
moi, si bien qu'à la fin, en ayant trois et un amendement, je n'avais
plus de texte. C'est un paradoxe, mais les choses en sont ainsi.
M. Ciaccia: ...
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi j'ai suspendu
la séance pour cinq minutes, suspension qui a duré dix minutes.
Je pourrais bien lire le nouveau texte que me soumet le gouvernement ou tout
simplement suspendre l'étude de l'article 79, mais, pour donner une
chance...
Une Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! ... à tous, je vais lire le nouveau texte qui m'est
proposé et la décision sera prise après par la commission
ou par la présidence.
Le nouvel article 79, il ne s'agit pas d'une motion d'amendement, encore
une fois, il s'agit d'un nouvel article au projet de loi.
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, je voudrais une
directive.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela veut dire que mon amendement ou ma motion ou le
débat sur ma motion est suspendu.
Le Président (M. Cardinal): Elle est caduque.
M. Lalonde: Elle est caduque, parce qu'il y a un nouveau
texte.
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est cela, elle est
caduque. "Une commission d'appel est instituée..."
Je reprends le texte du nouvel article 79. "Une commission d'appel est
instituée pour entendre l'appel prévu à l'article 78.
Cette commission est formée de trois membres nommés par le
gouvernement. L'appel est interjeté selon les modalités
fixées par la commission. Les décisions de la commission sont
sans appel."
Le texte a-t-il été écrit par chacun ou si... Je
puis le reprendre.
M. Lalonde: Je l'ai pris.
Le Président (M. Cardinal): Je puis le remettre pour qu'on
le copie et qu'on m'en remette le texte. C'est cela, le problème, c'est
que, si nous commençons à étudier le nouvel article 79, ni
vous, ni moi n'aurons un texte devant nous, à moins que la commission ne
s'en satisfasse. Oui, M. le député de Bourassa.
Article suspendu
M. Laplante: A moins que les membres de la commission ne soient
pas d'accord, je suggère qu'on suspende l'article 79 en attendant que
tout soit prêt et qu'on commence l'article 80; aussitôt que
l'article 80 sera terminé, nous retournerons à l'article 79.
Le Président (M. Cardinal): C'est une suggestion que j'ai
faite, mais elle a été, semble-t-il, refusée.
M. Charron: Cela va. Je pensais que vous proposiez le choix sans
lire le texte.
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Charron: Maintenant que vous l'avez lu, je suis d'accord pour
qu'on le suspende, pour que le texte soit régulièrement
distribué.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques...
M. Charron: Oui, M. le Président, je propose qu'on passe
à l'article 80.
Le Président (M. Cardinal): Je suspends l'étude de
l'article 79 avec le consentement de la commission. Je le remets à M. le
ministre d'Etat au développement culturel qui en remettra des textes
à la commission et nous passons à l'article 80.
L'article 80, je n'ai pas besoin de le lire, je n'ai devant moi aucun
texte nouveau, c'est celui qui apparaît au projet de loi. M. le
député de Mégantic-Compton... Un instant!
M. Grenier: Une directive.
Le Président (M. Cardinal): C'est pour demander une
directive; M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: A quel moment pouvons-nous proposer un amendement
pour améliorer l'enseignement de la langue seconde?
Une Voix: M. le Président, vous avez le droit de
parole!
M. Lalonde: Excusez-moi. Je vous ai
précédé.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys veut-il me remplacer? Cela serait avec beaucoup de plaisir
que j'irais me reposer.
M. Lalonde: Cela me reposerait.
Le Président (M. Cardinal): Cela vous reposerait? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai le droit de vous demander de
me remplacer.
M. Lalonde: Je ne prétends pas avoir la
compétence...
M. Grenier: Je l'apprécierais. Cela serait moins long.
Cela le changerait de l'Opposition et il nous ferait perdre moins de temps.
Faites-le donc nommer, M. le Président. C'est le seul moyen.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas besoin de le faire
nommer. Je puis le désigner...
M. Grenier: Ah oui?
Le Président (M. Cardinal): ...en vertu du
règlement.
M. Grenier: Je reviens à ma directive. Voulez-vous
m'indiquer à quel article on pourra proposer une motion pour
l'amélioration de l'enseignement de la langue seconde?
Une Voix: N'importe où.
Le Président (M. Cardinal): La première fois que
vous avez posé la question, elle m'a pris par surprise. La
deuxième fois que vous me la posez, même s'il y a quelques petits
mouvements dans la commission, je puis y répondre.
Je ne puis comme président, parce que je m'impliquerais dans le
fond de la loi, vous dire à quel moment. Je puis vous dire simplement
ceci, et ce sera très précis. Dès que j'aurai
appelé un article et que nous aurons discuté de cet article, vous
pourrez toujours proposer un amendement que j'aurai déclaré
recevable ou non recevable...
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Cardinal): ...quand cela sera votre tour
de parler. Comme j'ai appelé l'article 80, je dois, comme d'habitude,
accorder la parole au parti ministériel, ensuite à l'Opposition
officielle et enfin au parti de l'Union Nationale.
M. le député de Saint-Jacques et ministre
délégué.
M. Charron: La meilleure explication que je puis donner de
l'intention du gouvernement dans la présentation de cet article, dans
l'inclusion de cet article dans le projet de loi, est on ne peut plus
clairement exprimée par le texte même de l'article.
Effectivement, le gouvernement croit qu'aucun certificat de fin
d'études secondaires ne devrait être délivré
à un élève au Québec s'il n'a du français,
parlé et écrit, la connaissance exigée par les programmes
du ministère de l'Education.
Cet article, je le signale, est, aux yeux du gouvernement, essentiel et
majeur pour faire du français la langue officielle du Québec et
pour faire du Québec un Etat français.
Il est inconcevable qu'au sortir d'un régime entièrement
financé par les deniers publics de la majorité et de la
minorité québécoises, un étudiant qui termine ses
études secondaires n'ait pas une connaissance dite suffisante ou,
à tout le moins, normale de la langue de la majorité du pays.
En ce sens, j'attirerai l'attention des membres de la commission. Nous
ne disons en aucun endroit qu'il s'agit d'une connaissance parfaite de la
langue française ou d'une connaissance exhaustive de la langue
française. Tel n'est pas notre voeu. Tel n'est pas notre
désir.
Nous exprimons l'idée qu'un jeune étudiant sortant du
système scolaire anglophone devrait avoir, à la fin de ses onze
années de scolarité, une connaissance minimale qui lui permettra,
dans les autres éléments de la loi, de faire face aux
dispositions de la loi.
C'est donc, non seulement une intention normale d'une majorité
chez elle d'exiger que l'on partage de façon minimale la connaissance de
sa langue, mais c'est aussi et c'est pour cela qu'à cet article,
dans son principe même, nous serons inflexibles mais c'est aussi
parce que nous avons la conviction de rendre service aux jeunes citoyens
québécois anglophones, puisqu'à partir de l'adoption de
cette loi, la langue de travail sera le français, la langue de promotion
dans les entreprises sera le français, la langue de l'administration
sera le français, la langue des services sera le français. Si le
système scolaire anglophone devait continuer à déverser
sur le marché du travail des jeunes qui n'ont pas de notre langue une
connaissance suffisante, il leur rendrait un fort mauvais service.
Au moment où nous francisons notre pays, où nous prenons
possession de notre pays comme majorité, nous devons nous assurer que le
système scolaire anglophone où de nos jeunes concitoyens
continueront, en vertu de cette loi et des articles déjà
adoptés par cette commission, à s'instruire, nous devons nous
assurer que ces jeunes anglophones, citoyens québécois, partagent
la richesse collective de la majorité, la culture et la langue
française.
C'est pourquoi, M. le Président, je propose l'adoption de
l'article 80.
Article 80
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 80 est-il adopté? Mme le député de L'Acadie.
Des Voix: Adopté.
M. Mackasey: On demande la collaboration pour ces paroles. On
prend 20 minutes pour l'appuyer et faire connaître ses sentiments, pour
rendre service. On pourrait dire au moins merci.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord souligner que nous sommes tout à fait d'accord avec ce premier
alinéa de l'article 80...
M. Charron: ...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela qu'il est le premier? Parce
qu'il y en aura d'autres qui, je pense ont comme objectif et le
député de Saint-Jacques l'a très bien expliqué...
Il est normal que ce moyen soit utilisé pour que, dans les faits, le
français devienne la langue commune et la langue de communication, plus
particulièrement pour les enfants qui sont présentement à
l'école et qui, éventuellement, formeront la
société adulte de demain.
Il faut quand même signaler qu'il ne s'agit pas là d'une
préoccupation nouvelle puisqu'on la retrouvait dans la loi 22, à
l'article 44. On y disait que les programmes d'études devaient assurer
la connaissance de la langue française, parlée et écrite,
aux élèves qui recevaient l'enseignement en langue anglaise. Le
ministre de l'Education doit prendre les mesures nécessaires à
cet effet.
Ce n'est pas la vertu de ce premier article qui fait défaut, bien
au contraire, on est tout à fait d'accord avec les objectifs... Ce qui
est là est excellent. Mais nous trouvons que l'article est incomplet
parce que la grande majorité de la population désire que
l'enseignement de l'anglais, langue seconde, soit assuré aux enfants qui
fréquentent l'école française qui, de plus en plus, sont
appelés à fréquenter l'école française.
Je sais, M. le Président, que le député de
Mégantic-Compton a déjà, non seulement laissé
entendre, mais demandé une directive. Peut-être même a-t-il
déposé une motion d'amendement touchant cet enseignement de la
langue seconde dans les écoles françaises! Je le lui aurais
laissé si son amendement avait fait état d'une autre
préoccupation dont il n'a pas fait mention.
M. Grenier: Etes-vous sûre que vous l'auriez
laissé?
M. Lalonde: Peut-être!
M. Grenier: La main sur le coeur?
Mme Lavoie-Roux: Je disais, M. le Président, que nous
aurions laissé à l'Union Nationale en tout cas je parle en
mon nom personnel l'initiative de cette motion d'amendement. Je veux
tout de suite reconnaître que ce n'est pas seulement la
préoccupation de l'Opposition libérale, mais c'est celle
également de l'Union Nationale. C'est inscrit pour
l'éternité dans le livre bleu.
Si nous prenons l'initiative de le faire, c'est que je suis sûre
que l'Union Nationale se reprocherait un oubli qu'elle aurait fait et que,
d'ailleurs, le gouvernement a fait, mais je suis certaine, qu'elle appuiera
cette motion. "Nous voudrions proposer la motion d'amendement suivante, M. le
Président: "Que l'article 80 soit modifié en ajoutant les deux
alinéas suivants. Le premier alinéa est le suivant: "A cette fin,
le ministre de l'Education doit prendre les mesures nécessaires pour...
"
M. Grenier: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Mégantic-Compton. Vous aurez l'occasion, tout à l'heure, de dire
ce que vous voulez dire.
Mme Lavoie-Roux: "A cette fin, le ministre de l'Education doit
prendre les mesures nécessaires pour accorder une attention prioritaire
à la qualité du français et ainsi contribuer à
renforcer, dans toute la vie quotidienne de l'école, les apprentissages
que font les étudiants en classe de français." "Et le ministre de
l'Education doit prendre les mesures nécessaires pour assurer
l'enseignement de la langue française comme langue seconde aux
élèves qui reçoivent l'enseignement en langue anglaise et
assurer l'enseignement de la langue anglaise comme langue seconde aux
élèves qui reçoivent l'enseignement en langue
française afin de donner aux uns et aux autres une connaissance d'usage
de la langue seconde."
Je vous ferai remarquer que ces préoccupations se trouvaient
déjà dans la loi 22, et sur ce point, je pense qu'elles n'ont
jamais été contestées par qui que ce soit. Au contraire,
elles répondaient vraiment à un désir de l'ensemble de la
population.
Je vous laisse le soin de déclarer la recevabilité de
cette motion, M. le Président.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Rosemont.
M. Paquette: Est-il possible de scinder cet amendement? Je pense
qu'il y a là deux amendements de nature très différente.
L'un concerne la qualité du français le premier paragraphe
et le deuxième concerne la langue seconde.
Personnellement, je n'ai pas du tout la même attitude face aux
deux. Je ne sais pas si c'est trop tôt, mais je voudrais savoir s'il est
possible de scinder, après un certain temps de débat, l'article
pour le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je pense que ce n'est pas une question de règlement. La question que
vous me posez et que j'ai à me poser est la suivante: Les amendements
proposés...
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
J'entends la cloche. Pourriez-vous vous informer s'il s'agit d'un vote ou d'un
quorum.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or la
question que la présidence a à se poser face à un
amendement est de savoir si cet amendement est conforme à...
Une Voix: C'est pour un vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si c'est
pour un vote, la commission suspend donc ses travaux jusqu'à la fin du
vote.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut se
parler?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
commission a suspendu ses travaux.
(Suspension de la séance à 21 h 25)
Reprise de la séance à 21 h 40
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laurin: Est-ce qu'elle avait fini ses interventions?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
S'il vous plaît, à l'ordre, messieurs les députés
membres de la commission! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Avant la suspension, une motion d'amendement a été
présentée à la commission par Mme le député
de L'Acadie. Je sais que certains députés voudraient intervenir
sur la recevabilité. Comme je ne veux pas en faire un débat, et
comme l'éclairage actuel de la présidence est suffisant, sans
vouloir, évidemment dire par là que je ne veux pas entendre les
arguments des deux partis, je permettrai seulement à un membre de chaque
parti d'intervenir, s'il y a lieu, sur la recevabilité. M. le
député de Saint-Jacques avait demandé la parole et je
présume que c'est sur la recevabilité pour le parti
ministériel.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut avoir une copie? Elle n'a pas
été distribuée.
M. Charron: Regardez dans votre livre bleu.
M. Grenier: C'est du pareil. Non, il y a des virgules qui ne sont
pas aux mêmes places.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, il y a plus que cela, monsieur.
M. Lalonde: La qualité du français.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
demanderais aux trois intervenants, puisqu'il y en aura trois, d'être le
plus brefs possible pour que nous puissions continuer nos travaux.
M. Charron: M. le Président, je laisse à mes
collègues le soin d'intervenir sur le fond d'un pareil amendement si
jamais vous le jugez recevable. J'ai l'impression que si je regarde le
paragraphe 3 qu'on nous propose, selon lequel le ministre de l'Education doit
prendre les mesures nécessaires pour assurer l'enseignement de la langue
française comme langue seconde aux élèves qui
reçoivent l'enseignement en langue anglaise; c'est
précisément ce que dit l'article. Quand l'article dit qu'aucun
certificat d'études secondaires ne peut être donné si
l'étudiant n'a pas une connaissance suffisante, appréciable en
tout cas, du français, cela présuppose, à moins de courir
comme un chien qui court après sa queue, que le ministre de l'Education
a pris les mesures nécessaires pour assurer cet enseignement de la
langue française. Je me demande si dans ce sens on peut appeler
amendement un article qui vient répéter la même chose que
l'article premier du projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Je pense que c'est
l'article 70 qui est notre maître et qui nous indique le corridor
à l'intérieur duquel nous devons demeurer pour un amendement.
Alors, il s'agit d'ajouter des mots. C'est ce que nous faisons. Nous n'en
retranchons pas, nous n'en remplaçons pas parce que le
député de L'Acadie a bien indiqué notre entier accord avec
le premier alinéa. Ces mots que nous ajoutons prennent la forme de deux
alinéas. Ces alinéas seraient irrecevables si leur effet
était d'écarter la question principale. Or, la question
principale c'est la connaissance d'une langue, la connaissance de la langue
française, en l'occurrence, et c'est ce dont traitent les deux
alinéas que nous ajoutons, la connaissance d'une langue. Quant au
premier alinéa, c'est la qualité de cette langue, la
qualité du français, et ce n'est pas par hasard que nous avons
ajouté ce premier alinéa dans notre amendement avant le
deuxième. C'est que nous accordons une importance primordiale à
la qualité du français. Le deuxième alinéa traite
aussi de la connaissance d'une langue, la connaissance, en fait, de deux
langues. La connaissance de la langue française comme langue seconde aux
élèves qui reçoivent l'enseignement en langue anglaise, et
aussi la connaissance de la langue anglaise comme langue seconde aux
élèves qui reçoivent l'enseignement en langue
française.
Je ne vois pas, M. le Président, comment vous pourriez
déclarer irrecevable un amendement qui ne fait qu'ajouter, qui ne change
pas, naturelle-
ment, le premier alinéa nous l'acceptons et qui n'a
pas pour effet d'écarter la question principale. La question principale
de cet article, c'est que tout élève ait du français une
connaissance valable, une connaissance exigée par les programmes du
ministère de l'Education. Nous ajoutons à cela; nous croyons que
c'est insuffisant.
Naturellement, l'amendement doit changer, nous le changerons
sûrement, mais nous n'écartons pas la question principale. La
question principale, c'est d'avoir du français une connaissance telle
que celle exigée par les programmes du ministère de l'Education
et nous ajoutons à cela la qualité du français, en ce qui
concerne le premier alinéa de l'amendement, et nous ajoutons la
connaissance, comme langue seconde, du français et de l'anglais. Je
pense qu'à ce moment-là, M. le Président, la motion est
tout à fait recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, je ne ferai pas d'avocasserie
là-dessus, ce n'est pas ma spécialité. Je comprends que
d'autres peuvent se charger de préciser la recevabilité de la
motion comme vous le savez, ce n'est pas mon fort mais je pense
que cet amendement présenté par l'Opposition libérale
ajoute et précise l'alinéa qu'on a déjà. Cette
précision incite le ministre à prendre les mesures
nécessaires. Je pense qu'elle doit être acceptée, M. le
Président, pour qu'on puisse la discuter.
M. Charron: Je me demande, M. le Président, si vous me
permettez de compléter mon intervention de tout à l'heure pendant
une seule minute... En écoutant l'opinion du député de
Marguerite-Bourgeoys sur la recevabilité, ses arguments atteignent,
à mon avis, le principe même de la loi qui a été
voté pour consacrer le français comme langue officielle du
Québec. Si la loi qui a statué que l'enseignement se donne en
français au Québec, sauf par dérogation, en vient à
préciser que l'enseignement de la langue anglaise doit se faire aux
étudiants qui reçoivent l'enseignement dans la langue officielle,
il s'agit d'un argument qui va à rencontre du principe de la loi qui
visait à faire du français la langue officielle et qui, par
ailleurs, dans des articles dont la commission a déjà
disposé, a fait du français la langue d'enseignement au
Québec. Nulle part ailleurs, M. le Président, il nous est permis,
vous le savez, dans notre règlement, lorsque l'Assemblée a
disposé du principe d'une loi, de l'altérer ou de le modifier.
Nous devons plutôt travailler à le compléter et,
actuellement, le français est la langue de l'enseignement au
Québec. C'est un principe qui se rattache au fait que nous avons fait du
français la langue officielle du Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière intervention, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement les
réactions à la suite de l'intervention du député de
Saint-Jacques, le leader adjoint du gouvernement. Je pense qu'il est vrai que
le principe fondamental de cette loi, c'est le français langue
officielle, mais, si ce principe était aussi inaltérable, aussi
sacré, on n'aurait pas ajouté l'article 69 qui consacre...
M. Charron: Une dérogation.
M. Lalonde: ... qui est une dérogation, mais qui, quand
même, consacre l'école anglaise et si consacrer l'école
anglaise, ce n'était pas une altération au principe fondamental,
à ce moment-là, M. le Président, de la même
façon, le fait d'assurer, comme langue seconde, la connaissance de
l'anglais aux francophones, cela n'altère pas non plus le principe
fondamental.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
prêt à rendre ma décision sur la recevabilité. Il ne
fait aucun doute que le premier alinéa de l'amendement est recevable, en
raison du fait que le premier alinéa de l'amendement non seulement
n'écarte pas la motion principale, mais vient au contraire qualifier la
qualité de l'enseignement du français qui devrait être
donné dans les écoles et, en ce sens, cet amendement du premier
alinéa de l'article 80 qui est proposé est recevable.
D'autre part, j'estime que l'amendement au deuxième alinéa
est irrecevable et ce, pour les raisons suivantes: Premièrement, c'est
que je vois entre les deux alinéas une différence majeure. Dans
le premier alinéa, on dit: pour accorder une attention prioritaire
à la qualité du français alors que, dans le
deuxième alinéa, on parle de l'enseignement de la langue
française comme langue seconde.
En aucun moment j'estime que cette motion est
prématurée il n'a été consacré un
principe de langue seconde dans la loi, actuellement.
On ne parle pas de la qualité de la langue française, on
parle de la qualité de l'enseignement de la langue française
comme langue seconde. Or, à aucun moment n'a été
consacré le principe que la langue française était, pour
l'enseignement en anglais, la langue seconde.
D'autre part, l'article 69 est une dérogation à un
principe général je pense que c'est l'argument essentiel
à l'article 68 qui fait du français la langue officielle
du Québec, non seulement dans le domaine du travail, des affaires et de
l'administration publique, mais aussi dans le domaine de l'enseignement.
J'estime personnellement que tel que rédigé, l'article 69 ne
consacre pas un principe, mais constitue une exception à l'article 68
qui est la consécration d'un principe fondamental, soit le
français, langue d'enseignement.
J'estime que, tel que rédigé, l'article 80 constitue une
dérogation à l'article 68 adopté par les membres de cette
commission et ce, en raison même des termes premiers de l'article 69 qui
dit: "Par dérogation à l'article 68..."
Or, pour les membres de cette commission, le mot "dérogation"
veut dire "une exception à une
règle générale" préalablement établie
par l'article 68.
Pour les raisons mentionnées plus haut, j'estime irrecevable ce
deuxième alinéa. D'autre part, si, ultérieurement dans la
loi, on en vient à consacrer officiellement une langue seconde ou
à établir comme principe qu'il y a une langue seconde, le
deuxième alinéa de l'article tel que proposé pourrait
être déclaré recevable, mais la présidence ignore
totalement quel est le contenu des articles ultérieurs de la loi.
Pour toutes ces raisons, le deuxième alinéa est
jugé irrecevable et le premier est déclaré recevable.
M. Charron: Sur le fond du premier alinéa de l'amendement,
je veux seulement attirer votre attention et l'attention des membres de
la commission sur la connexion possible entre l'article, tel que
libellé dans le projet de loi actuel, et l'alinéa
présenté par l'Opposition libérale.
On dit qu'aucun certificat de fins d'études secondaires ne pourra
être délivré à un jeune étudiant dans une
classe d'école anglaise, s'il n'a du français, parlé et
écrit, une connaissance exigée par les programmes du
ministère de l'Education.
A cette fin, explique-t-on, le ministre de l'Education doit prendre les
mesures nécessaires pour accorder une attention prioritaire à la
qualité du français. J'imagine qu'il s'agit de la qualité
du français enseigné aux jeunes anglophones.
M. Lalonde: Bien oui.
M. Charron: Alors, cela ne s'y rattache pas, parce que, ce dont
on parle à l'article 80, c'est de l'enseignement du français
comme langue seconde à des jeunes anglophones. On veut s'assurer que,
lorsqu'ils vont sortir...
On parle des jeunes anglophones à l'article 80.
Une Voix: Non.
Une Voix: C'est pour tout le monde.
M. Charron: C'est pour tout le monde.
M. Lalonde: Bon. Ce n'est pas seulement pour les anglophones.
M. Charron: C'est pour tout le monde.
M. Lalonde: Souvenez-vous qu'il y a 80% de francophones.
M. Charron: A cette fin, on dit que le ministre de l'Education
doit prendre les mesures nécessaires pour accorder une attention
prioritaire à la qualité du français qui est
enseigné dans les écoles et ainsi contribuer à renforcer
dans toute la vie quotidienne de l'école l'apprentissage que font les
étudiants en classe de français.
Ce paragraphe est absolument inutile. On dit qu'aucun certificat de fins
d'études secondaires ne peut être délivré à
l'élève, au paragraphe 1, s'il n'a pas une connaissance
exigée par les programmes du ministère de l'Education. Les
programmes du ministère de l'Education à l'égard des
jeunes étudiants francophones vont avoir des exigences et les programmes
du ministère de l'Education à l'égard des étudiants
anglophones, sachant qu'il s'agit pour eux d'une langue seconde, vont
probablement être moins exigeants que pour les jeunes dont c'est la
langue maternelle, mais cela présuppose, partout... Quand on dit
qu'aucun certificat de fins d'études secondaires ne pourra être
émis, on sous-entend qu'à cette fin le ministre de l'Education va
prendre les mesures nécessaires pour accorder l'attention afin que,
lorsque l'article 80, premier paragraphe, s'appliquera, les jeunes puissent y
répondre.
Je dirais même que si la commission adoptait, telles que
libellées, les trois lignes de l'article 80... Le ministre de
l'Education reçoit automatiquement automatiquement, sans qu'on y
ajoute le paragraphe redondant et gonflé de l'Opposition libérale
le mandat d'organiser des programmes en conséquence,
c'est-à-dire que la qualité du français enseigné
sera au niveau que tout le monde espère à l'article 80,
c'est-à-dire des programmes au niveau des programmes du ministère
de l'Education.
Il s'agit d'un amendement inutile qui ne fait que surenchérir
et venant d'où on sait, cela fait encore plus curieux sur
l'intention du législateur exprimée dans le premier paragraphe de
l'article 80.
M. Laplante: M. le Président, en refusant le
deuxième alinéa, la motion d'amendement de l'article 80...
Une Voix: ...misère?
M. Laplante: Oui, je suis fatigué, moi aussi. ...que
l'article 80 soit modifié en ajoutant les deux alinéas
suivants... En refusant le deuxième, cela fait partie d'une proposition
globale, vous refusez l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
j'ai déclaré irrecevable le deuxième...
M. Ciaccia: Vous n'avez pas compris encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...d'autre part, le premier était techniquement et légalement
recevable; je l'ai déclaré recevable et, en ce qui me concerne,
j'ai considéré les deux alinéas comme étant
présentés séparément. Je pouvais en accepter un et
en refuser un autre. C'est la décision que j'ai rendue, d'ailleurs.
M. Laplante: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai des nouvelles, M. le Président, pour
le député de Saint-Jacques.
Je suis fort étonnée que le député de
Saint-Jacques trouve que l'article 80, tel que formulé, le satisfasse
pleinement et qu'il le juge comme assurant nécessairement la
qualité du français.
Tout le monde sait que l'enseignement du français dans les
écoles inspire des inquiétudes persistantes et suscite de larges
attentes, et j'aurais aimé qu'il prenne connaissance je comprends
qu'il est au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports
et plein air...
M. Lalonde: Ministre du plein air.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...et à la joie... Il n'a pas eu le temps
de prendre connaissance des dernières recommandations et du dernier
document publié par le Conseil supérieur de l'éducation
touchant l'enseignement du français, langue maternelle, et j'aimerais le
citer. Il parle évidemment de cette inquiétude persistante au
sujet de la qualité du français dans les écoles et, s'il
est exact que déjà, les certificats d'études assurent,
évidemment, la connaissance du français parlé et
écrit; c'est évident. C'est sur la qualité de cette
connaissance du français parlé et écrit que nous en avons,
et c'est pour ça que nous avons présenté ce premier
alinéa.
J'aimerais ici, pour son intérêt, citer une étude
qui a été faite ou un sondage qui a été fait par le
centre de sondages de l'Université de Montréal, dont il a
peut-être entendu parler, mais il ne l'a pas lu je peux bien
comprendre sur les aspirations des parents quant à l'école
de leurs enfants, et qui avait été commandé par la
Commission des écoles catholiques de Montréal, il y a maintenant
un peu plus d'un an, et dans lequel on interrogeait les parents sur leur indice
de satisfaction quant à l'enseignement des langues. C'est assez
intéressant. On le faisait évidemment auprès de la
population tant francophone qu'anglophone, c'est-à-dire des enfants qui
étaient dans le secteur anglais ou français. Le plus haut indice
de satisfaction allait à l'enseignement de l'anglais comme langue
première, au sujet duquel 87,2% des parents, qui avaient des enfants
inscrits à l'école anglaise, se disaient satisfaits en ce qui
concerne la compréhension, le parler, la lecture et l'écriture de
l'enseignement de l'anglais, langue première.
Venait ensuite l'enseignement du français comme langue
première, avec un taux, cette fois-là, de 44% de satisfaction sur
les quatre plans que je viens de mentionner, soit environ seulement la
moitié du taux de satisfaction que les parents du secteur anglais
éprouvaient vis-à-vis de l'enseignement de l'anglais comme langue
première. Je pense que, constamment, dans tous les colloques
organisés pour des parents, quel que soit le milieu scolaire où
ils se retrouvent qu'on se rappelle la commission scolaire de Chambly,
la commission scolaire de Saint-Jérôme ou des Laurentides
les gens ont exprimé constamment ces préoccupations.
J'aimerais vous référer je pense que vous en avez
pris connaissance à ce moment-là aux articles de Lysianne
Gagnon qui finalement ont été réédités dans
un petit bouquin et qui faisaient justement état de cette pauvre
qualité du français. Il est bien clair que même si chaque
année nous accordons des attestations d'études, au niveau
secondaire, pour les élèves qui étudient en
français, ils obtiennent leur diplôme, mais ceci ne semble pas
garantir la qualité du français, non seulement parlé, mais
encore bien davantage du français écrit. Le Conseil
supérieur de l'éducation qui s'exprime sur le problème, le
fait d'une façon assez vigoureuse également à
l'égard des apprentissages pré-scolaires. Il préconise des
mesures pour les enfants, même au niveau de la maternelle, et recommande
que le ministère de l'Education, en collaboration avec d'autres
ministères, instaure des mesures qui visent à faciliter les
premiers apprentissages de la langue, de mettre vraiment les fondements pour
que cette qualité de la langue, cet apprentissage de la langue
française comme langue maternelle puisse se continuer et vraiment
produire des résultats que tout le monde souhaite, et je suis certaine,
également le gouvernement. Le conseil supérieur continue en
disant qu'évidemment l'enseignement de la langue maternelle à
l'école ne relève pas de la seule responsabilité des
maîtres qui en sont chargés. C'est l'ensemble de l'école
qui doit porter le souci de la qualité de la langue dans ce lieu
immédiat et familier et de sa pratique courante par les
étudiants.
C'est dans ce sens que, quand nous demandons que soit assurée ou
soit accordée une attention prioritaire à la qualité du
français et ainsi contribuer à renforcer dans toute la vie
quotidienne de l'école les apprentissages que font les étudiants
en classe de français, nous pensons non seulement au programme de
français, mais nous pensons également à toute la formation
des maîtres et tout ce qui entoure la vie de l'école, ce qui fait
que cette qualité de français sera assurée. Le conseil
supérieur recommande que tous les membres de chaque établissement
scolaire accordent une attention prioritaire au français, leur langue de
travail, et dans ce sens puissent contribuer à déployer comme
à renforcer dans toute la vie quotidienne de l'école
l'apprentissage du français chez les élèves.
Je pense que, pour le moment, je vais m'arrêter ici. Il semble
qu'il s'agit d'un fait indéniable et je m'étonne que,
particulièrement, le député de Saint-Jacques se trouve
bien certain que toutes les garanties de cet enseignement du français,
de la qualité du français, soient contenues à l'article
80, tel qu'il est formulé. Au départ il a oscillé un peu
entre savoir si cela s'appliquait aux étudiants de langue anglaise ou si
cela s'appliquait également aux étudiants de langue
française. Il a fini par conclure que cela s'appliquait aux deux. J'ai
des doutes; je pense que sa première interprétation était
peut-être celle qui était juste et qu'en fait, le gouvernement a
omis de se préoccuper de la qualité du français pour les
enfants qui sont dans les écoles françaises. C'est vraiment le
sens de l'amendement que nous proposons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'ai pris connaissance de
l'amendement proposé par le Parti libéral et il est bien
sûr qu'on voyait venir la difficulté puisqu'on a ajouté
je n'ai pas le droit de parler de l'autre partie qui a été
rejetée mais on a tenté de mettre dans le deuxième
paragraphe ce qui apparaissait sur deux paragraphes précis qui parlaient
de la langue seconde alors qu'on a ajouté un fignolage à
l'article 80, et c'est là-dessus qu'on est actuellement en train de
discuter.
Pour nous, nous reconnaissons, comme le député de L'Acadie
bien sûr, et on a lu les articles de Lysianne Gagnon sur l'état du
français ici et on rejoint ses préoccupations. Mais sans vouloir
que cela devienne l'objet d'un amendement formel parce que dans l'article 80,
je pense que c'est déjà suffisant, et ce serait être
masochiste que de faire l'objet d'une mention explicite en disant que le
français on dit déjà qu'on a besoin du
français et en allant redire après: Oui, mais notre
français n'est pas bon et il faut l'améliorer. C'est à peu
près ce que donne l'amendement qui est proposé ici par
l'équipe libérale. Je trouve que l'article 80 confirme un
état, un droit; en droit un état de fait existant.
A l'heure actuelle, un élève qui n'a pas obtenu, au niveau
du secondaire IV et du secondaire V, les crédits exigés par le
programme du ministère de l'Education, au niveau du français
écrit et parlé, ne peut obtenir ses certificats à la fin
de ses études secondaires. Oui en principe, bien sûr, de cet
article dont le bien-fondé nous apparaît nécessaire pour la
prééminence du français et qui est souhaité par
l'ensemble des anglophones du Québec.
Cependant, il faut savoir si, dans les faits, la fréquence et la
qualité des cours de français exigés par les programmes du
ministère permettent aux élèves du secondaire d'obtenir
une connaissance écrite et parlée du français qui peut
leur être utile et bénéfique.
On ne peut pas voter pour l'amendement parce que nous avons
découvert que cet article était complet par lui-même et que
c'était une répétition que d'aller dire qu'il fallait se
donner du bon français. C'est déjà compris puisqu'on dit
qu'il faut, pour obtenir les certificats, répondre à ces
exigences.
J'avais demandé une directive pour en faire un article à
part. Il est bien sûr qu'immédiatement après, je vous
demanderai à nouveau, M. le Président, de présenter
à nouveau mon article, puisqu'on avait compris que cela devait faire un
article séparé. Si on devait parler de langue seconde, il ne
fallait pas le mettre à l'article 80.
Nous voterons contre l'amendement. Quant à la motion sur laquelle
nous reviendrons après, elle est, à mon sens, complète et
elle correspond exactement à la réalité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, pour appuyer ce que vient de
dire le député de Mégantic-Compton, il est bien
évident que l'article 80 était rédigé à
l'intention des écoles anglaises. Il s'agissait, bien sûr, de
s'assurer que tout élève étudiant en anglais à
l'école secondaire ne puisse quitter l'école, à moins
d'avoir un certificat attestant sa connaissance du français parlé
et écrit. Je trouve donc plus logique, si amendement il doit y avoir
à ce sujet, qu'il vienne après l'article 80, mais j'en reviens,
M. le Président, à l'amendement présenté par le
député de L'Acadie.
Par suite de votre décision, l'huile de castor qu'il y avait dans
cet amendement est disparue et il ne reste plus que le jus d'orange qui
était destiné à la faire passer, mais, même sur le
jus d'orange... J'ai l'impression que tout le monde s'entend sur les vertus du
jus d'orange. C'est sucré, c'est délicieux...
M. de Belleval: C'est bien mieux qu'une pomme.
M. Laurin: Je pense qu'il est très facile d'établir
une unanimité sur la nécessité de la qualité du
français au Québec, cela va de soi, cela va encore davantage de
soi depuis le 15 novembre et depuis la présentation de ce projet de loi,
puisque ce projet de loi est intitulé Charte de la langue
française et, ainsi que le livre blanc le disait très bien, qu'il
a pour but d'établir non seulement la primauté du français
au Québec, mais le caractère français du pays
québécois.
Ajouter une phrase comme celle qu'on veut nous faire ajouter, cela
m'apparaît être une tautologie, une pétition de principe, un
voeu pieux et ceci d'autant plus, M. le Président, que cela nous semble
être bien davantage une question de politique générale, une
question de volonté politique, d'abord, et ensuite une question de
programmes établis en fonction d'une volonté politique.
D'ailleurs, le discours inaugural faisait largement et clairement
état de cette volonté politique du gouvernement d'assurer la
qualité de l'enseignement du français au Québec et le
livre blanc en faisait aussi largement mention et tous les discours du ministre
de l'Education, depuis six ou sept mois, vont dans le même sens. Le
ministre de l'Education a même dit à plusieurs reprises que
c'était là sa première priorité pour l'année
qui vient, priorité assortie d'allocations budgétaires, assortie
également de programmes qui sont en train d'être
élaborés et assortie également d'une volonté qui
s'exprimera bientôt dans le livre vert qui sera rendu public et où
l'on pourra voir davantage les politiques que le gouvernement entend mettre de
l'avant pour incarner cette volonté, cette nécessité
d'affirmer la qualité du français.
Pour ce qui nous concerne, M. le Présient, le gouvernement est
beaucoup plus intéressé à éliminer les causes qui
ont empêché la qualité du français, qui ont
miné la qualité du français, et cette première
cause, c'est justement ce statut de colonie inférieure qu'a toujours eu
le Québec au sein du Canada et le statut colonisé qu'a
toujours
eu la langue française à l'intérieur même de
notre propre pays et toutes les mesures que nous entendons prendre, aussi bien
par cette charte que par toutes les autres politiques, auront pour but
d'éliminer ce statut inférieur, ce statut de colonisé que
notre langue a toujours eu chez nous.
Je pense que le premier geste à poser, si l'on veut
véritablement améliorer la qualité du français au
Québec, c'est de redonner à ce peuple sa langue, c'est de lui
redonner sa fierté, c'est de faire du français une langue non
seulement officielle, mais une langue rentable, une langue utile, une langue
indispensable, la langue commune de tout le monde, la langue de la
cohésion sociale, la langue qu'il ne sera plus possible d'ignorer, non
seulement si l'on veut participer à la vie collective, mais si l'on veut
atteindre son plein épanouissement sur le plan individuel.
Ces mesures nous apparaissent bien plus essentielles que
l'énoncé de voeux pieux qui arriveraient dans une loi. C'est
toute une politique dont il s'agit ici et nous le savons, et les articles qu'a
mentionnés le député de L'Acadie sont très clairs
à ce sujet. Ce qui a manqué et ce qui manque encore, c'est la
motivation des enfants québécois, des professeurs
québécois en ce qui concerne leur propre langue. Il s'agit
d'abord d'améliorer avant tout la motivation pour l'enseignement et
l'apprentissage du français et cette loi est le premier geste et le
geste le plus important que nous posons à cet effet et toutes les autres
politiques, que ce soit celles du ministère de l'Education, que ce soit
celles des autres ministères également, par voie indirecte,
aboutiront à cet effet.
En l'occurrence, M. le Président, il me semble absolument
superfétatoire, inutile, d'ajouter quelque chose dont on se satisferait
trop facilement pour éviter de poser les véritables gestes
politiques qui comptent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, encore une fois, je suis
complètement d'accord avec le ministre d'Etat au développement
culturel. Je pense qu'il représente au moins quelqu'un qui est connu de
la minorité, si vous voulez. J'appuie complètement, sans
réserve le but de l'article 80. Je félicite même le
ministre délégué au Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, le député de Saint-Jacques.
C'était mon intention de... Mais il a tellement de rôles à
jouer, comme celui d'adopter la motion tout à l'heure et d'adopter les
amendements! Cela me donne l'occasion de le féliciter des sentiments
exprimés tout à l'heure sur les droits des minorités et
sur la nécessité que les minorités, à l'avenir, si
elles veulent demeurer au Québec, aient une connaissance de la langue
française que, malheureusement, je n'ai pas pu avoir ici, même
dans la ville de Québec, quand j'étais jeune. Quand j'allais
à l'école Salaberry, St. Patrick, l'enseignement en
français n'était pas nécessaire ni même de
première qualité.
Je partage complètement les vues du ministre et du
député de Saint-Jacques qui est aussi ministre sur cette
nécessité pour les minorités d'apprendre le
français. Elles sont même obligées, au niveau secondaire,
d'avoir un certificat attestant leurs connaissances en français, mais,
quand...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, sur une question de
règlement, très brièvement. J'ai la-vague impression que
le député de Notre-Dame-de-Grâce est en retard d'un article
ou, en tout cas, se trompe, puisqu'il traite de l'article 80 tel que
rédigé dans le projet de loi et non pas de l'amendement qui est
proposé par Mme le député de L'Acadie.
M. Mackasey: Je répète, M. le Président,
exactement les sentiments du ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
toujours dit qu'il est...
M. Mackasey: ...exactement les mêmes paroles et, si vous
voulez être très légaliste, vous n'aurez qu'à
présenter une motion contre le ministre à cause de son discours,
un discours formidable, que j'appuie. Sur la nécessité de parler
français parfaitement, je suis parfaitement d'accord et
j'apprécie sa compétence dans sa langue. J'admire quelqu'un qui
parle parfaitement une langue. Cela représente un homme instruit;
pourquoi pas?
J'espère que le jour viendra où tous les
Québécois, au moins d'expression anglaise, auront la même
compétence et parleront les deux langues. J'ai dit que j'étais
complètement d'accord avec l'article 80.
Quand on vient, par exemple, à l'amendement du
député de L'Acadie, l'amendement à l'article que le
ministre a décrit ainsi: "morning juice", jus d'orange. I have been
called worse, Mr Minister, it does not frighteen me to be called orange juice,
you have called it yourself "castor oil" because the second part of the
amendment suggests...
M. Laurin: I am right to speak about it now.
M. Mackasey: You did, you called it castor oil and I used to have
to take castor oil when I was a kid; there was no better remedy, I do not
think. I am not going to...
M. Laurin:... where it comes from.
M. Mackasey: Comme un anglophone, M. le Président, on
parlait de la recevabilité de l'amendement, si vous voulez, l'amendement
du député de L'Acadie. Ce n'est certainement pas moi qui vais
décider si les enfants de mes concitoyens d'expression française,
à l'avenir, devraient avoir une connaissance de la deuxième
langue surtout à une époque où le monde devient de plus en
plus petit, si vous voulez. S'il n'y a aucune mention à l'article 80, de
la nécessité, s'il y a vraiment nécessité, à
l'avenir, pour un enfant d'expression françai-
se d'avoir la connaissance dans la deuxième langue ou dans une
deuxième langue, ce n'est certainement pas moi qui va décider
pour les parents d'expression française si les enfants doivent
être restreints au système français. C'est à eux
à décider. Je ne me suis jamais prononcé contre le concept
du manque de liberté de choix pour les francophones à
Québec. Ce n'est certainement pas moi qui vais décider, si
peut-être, dans l'avenir, ce sera à l'avantage de ces enfants
d'expression française d'apprendre la langue anglaise, comme le
suggère l'amendement du député de L'Acadie. Il devrait
aider la cause du système français. Comme l'a souligné le
ministre, le deuxième paragraphe le dit, et Mme le député
de L'Acadie le sait très bien la nécessité d'enseigner la
langue anglaise dans les écoles françaises. Elle est certainement
plus compétente que moi...
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement. J'ai l'impression que notre excellent ami en a manqué
un bout parce que cette partie dont parle le député a
été jugée irrecevable tout à l'heure. Je pense que
le député participait aux travaux de l'Assemblée, en haut,
à ce moment-là.
M. Mackasey: En collaboration avec mon ami le ministre.
M. Charron: Oui. Il apportait sa contribution.
M. Mackasey: Oui, et je pense que ma contribution était
plus objective que la vôtre, parce que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'ii vous plaît.
Tenez-vous-en à l'amendement proposé par Mme le
député de L'Acadie.
M. Charron: Ce dont on parle, M. le député, c'est
uniquement le premier paragraphe.
M. Mackasey: Oui, je le sais. Je parle exactement du premier
paragraphe. Au premier paragraphe, l'amendement dit que si les anglophones
veulent atteindre le but de l'article 80, il faut en avoir le moyen dans le
système de l'enseignement, avoir la connaissance non seulement de parler
français, pas seulement écrire le français, mais avoir une
connaissance suffisante de la langue pour vivre dans le Québec de
l'avenir. C'est normal. J'espère qu'ils voudront toujours vivre ici,
comme ils vivent ici depuis longtemps, plus longtemps que le
député. C'est normal. A mon âge, je peux dire cela. Je
pense au lendemain. C'est normal que le député de L'Acadie, par
son amendement, suggère de rassurer la minorité anglophone, si
besoin il y a qu'elle soit rassurée. Quand ils arrivent à la fin
de leurs études, qu'ils en aient au moins la possibilité,
grâce au système d'enseignement... C'est un des buts visés
par l'article 80, l'habileté de parler français,
l'habileté d'écrire le français, l'habileté de
travailler en français, l'habileté à jaser avec mon ami en
français aux parties des Expos...
M. Charron: Au hockey aussi.
M. Mackasey: Oui, je me rappelle.
M. Lalonde: Au gouret.
M. Mackasey: Cela, je suis capable de le faire, par exemple.
Sacrer en français de temps en temps, cela aide aussi.
Sérieusement, ce que je veux dire, M. le Président, ce
n'est pas assez de dire à l'article 80 ce que tout membre désire
et je pense à la majorité des anglophones du Québec. On
désire que nos enfants aient la compétence dans les deux langues.
Il y a à cela beaucoup de raisons, non seulement parce qu'on veut vivre
au Québec, non seulement parce qu'on veut travailler au Québec,
mais parce que quelqu'un qui a vraiment la compétence dans les deux
langues, c'est quelqu'un qui a la formation nécessaire et nous sommes
complètement d'accord avec la majorité de la population
anglophone de Montréal sur l'article 80. M. le ministre, vous n'avez
qu'à aller voir les efforts que les anglophones font à l'heure
actuelle dans les classes d'immersion. Le ministre d'Etat au
développement culturel sait fort bien que ces gens savent qu'ils seront
obligés de parler français pour rester au Québec et pour
travailler au Québec. Pourquoi pas? On parle de l'avenir. On n'est pas
intéressé au passé et ce n'est pas à moi de juger
si les enfants d'expression française ne devraient pas aussi en
même temps être obligés d'avoir un certificat de
compétence dans une deuxième langue... Je laisse cela aux parents
d'expression française de décider eux-mêmes. S'ils veulent
vivre dans une atmosphère unilingue française, c'est leur choix,
parce qu'il y a assez d'injustices contre les francophones dans les autres
provinces, et cela me concerne depuis quinze ans. Je sais ce qui c'est
passé dans les autres provinces et je suis prêt à accepter
le principe de l'article 80, que les enfants d'expression anglaise, à
l'avenir, soient compétents dans les deux langues officielles du Canada
au moins. C'est mon pays, la province de Québec et le pays, le
Canada...
Moi, je veux que mes enfants parlent les deux langues. Mais l'amendement
la première partie et non seulement la première le
jus d'orange dont le ministre a parlé, avec l'huile de ricin, a
renforcé, je pense, avec raison, l'article 80. Mais le décrire,
cela crée une obligation au ministre de l'Education ou au
ministère de l'Immigration, parce que le ministre de l'Education n'a pas
toujours la même volonté. Le ministère est plus imposant et
c'est pour cela qu'il est important que le ministère de l'Education ait
à sa disposition toutes les mesures nécessaires pour accorder la
priorité à la qualité du français pour que les
anglophones apprennent le français comme il faut. C'est facile de
l'apprendre comme il faut, et pas, malheureusement de la manière dont
j'ai été obligé de l'apprendre, dans la rue, avec des
voisins ou aux loisirs, ici, à Québec, parce qu'il était
impossible à cette époque de l'apprendre à
l'école.
M. le Président, je pense qu'on devra réétudier
l'amendement tel qu'écrit, même les deux parties dont vous avez
dit qu'il est impossible... pour me prononcer sur la nécessité
pour les Français d'apprendre une deuxième langue. Comme je l'ai
dit, ce n'est pas à moi de juger cela, mais je veux absolument donner
mon appui à l'amendement que le député de L'Acadie a
présenté, surtout le premier paragraphe, la section du jus
d'orange, qui s'applique aux anglophones.
On aime cela, M. le ministre, le jus d'orange. L'huile de ricin, on va
vous laisser cela pour vous.
M. Charron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Merci, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je propose qu'on vote, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aurais tout d'abord une directive à vous
demander. Etant donné la déclaration du ministre d'Etat au
développement culturel à savoir que l'article 80, malgré
son libellé, est à l'intention des écoles anglaises, il
devrait donc se lire, quand on parle du français, comme d'une langue
seconde, pourriez-vous reconsidérer votre décision quant au
deuxième alinéa de notre amendement qui parle de la langue
seconde?
Je ne vous demande pas une décision immédiate. Si vous
préférez y réfléchir, je pourrais parler sur le
premier alinéa pendant que vous y réfléchissez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je ne reconsidérerai pas
cette décision, je vais même peut-être essayer de
l'expliciter davantage.
A aucun moment, et nous sommes rendus à l'article 80, n'est
intervenue la notion de langue seconde, puisque dans votre deuxième
alinéa il y a une notion de langue seconde, que ce soit la langue
française ou la langue anglaise, il y a une notion, une entrée de
principe de langue seconde. Or, dans la loi, telle qu'intitulée,
à l'article 68, tel que rédigé, et à l'article 69,
tel que rédigé, il n'y a aucune affirmation de principe, il n'y a
aucune notion principale contenue dans la loi qui affirme le principe d'une
langue seconde ou des langues secondes. Mais j'ai dit, en toute justice pour
les membres de la commission, que, si le gouvernement, dans une motion
principale ce pourrait être à l'article 188 parlait
de l'affirmation du principe d'une langue seconde, et à ce
moment-là, des amendements pourraient être possibles.
J'espère que cette décision est bien comprise.
Je ne veux pas, par une décision, faire entrer dans la loi un
principe qui n'est pas encore contenu dans la loi, comme motion principale
contenue dans un article. La loi dit actuellement que la langue d'enseignement
est le français et elle dit, d'une part, que, par exception, par
dérogation, ont droit à l'école anglaise et
là on a quatre alinéas... Tant que cette notion de langue seconde
ne sera pas introduite par un article qui sera une motion principale, je ne
peux pas à ce moment-ci donc cette motion peut être, dans
un sens, prématurée je ne peux pas l'inclure de
moi-même.
M. Lalonde: M. le Président, je crois que votre
interprétation de l'article 80 selon laquelle il n'introduit pas le
principe de langue seconde contredit l'interprétation du ministre selon
laquelle cet article est à l'intention des écoles anglaises.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
présidence n'est pas là pour interpréter les intentions
des membres de cette commission. Je dois d'ailleurs vous dire puisque la
suspension malgré un orgueil bien légitime, je n'ai pas la
prétention de décider tout seul, j'aime consulter puisque
la suspension de la séance est survenue au moment où il y avait
vote, j'ai cru sage de consulter qui de droit. Cette décision
était partagée, puisqu'elle a été corroborée
par qui de droit. Par conséquent, je ne reconsidère pas cette
décision, je considère qu'elle est prématurée dans
les circonstances.
M. Lalonde: Je voudrais simplement parler en faveur de
l'amendement du député de L'Acadie...
M. Grenier: M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je ne veux pas accélérer pour rien, il
me semble qu'avec l'intervention de mon voisin de droite on a eu
l'éclaircissement dont on avait besoin. J'aurais voulu qu'on en appelle
au vote sur l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si les
membres de la commission sont prêts à voter.
M. Lalonde: Non, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le député de
Mégantic-Compton d'avoir déjà été convaincu
par les propos du député de Notre-Dame-de-Grâce, mais je
pense que certains autres députés n'ont pas été
ainsi persuadés.
M. Charron: C'est exact.
M. Lalonde: D'après ce que je peux voir des intentions des
députés ministériels.
M. de Belleval: Le député n'a pas été
brillant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, de toute évidence, le
gouvernement est pris par surprise par l'amendement du député de
L'Acadie. Et l'interprétation du député de Saint-Jacques
qui a quand même eu le loisir... C'est peut-être la jeunesse.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bourassa, s'il vous plaît!
Ma surprise, c'est que des politiciens soient surpris d'un...
M. de Belleval: ...d'un autre politicien.
Le Président (M. Cardinal): Oui!
Mme Lavoie-Roux: C'est pas drôle!
M. Lalonde: Le ministre du plein air et du plaisir, lui, au
moins, est retombé sur ses pattes rapidement. C'est peut-être
à cause de la jeunesse. Après avoir laissé paraître
un coin du traumatisme qui a présidé à la rédaction
de cet article, il a quand même reconnu que cela s'appliquait à
tout le monde. Le ministre d'Etat au développement culturel, lui, n'en a
pas fait de même. Il a affirmé, calmement, froidement, qu'il
s'agissait d'un article, l'article 80, à l'intention des écoles
anglaises.
Une Voix: "surtout".
M. Lalonde: Ah, on ajoute un "surtout"! On a droit à
toutes les pirouettes ce soir, M. le Président.
M. Paquette: Lisez-le...
M. Lalonde: ... je lis: "Aucun certificat de fin d'études
secondaires ne peut être délivré à
l'élève il n'y a pas de langue anglaise là encore
qui n'a du français, parlé et écrit, la
connaissance exigée par les programmes du ministère de
l'Education".
M. Morin (Sauvé): Lisez-le donc en anglais aussi, cela
contribuerait au"filibuster".
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: Ce n'est pas un "filibuster"! M. Morin
(Sauvé): Ce n'est pas un "filibuster"?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Morin (Sauvé): Excusez-nous, M. le
député, excusez-nous.
Le Président (M. Cardinal): Vous devez vous excuser
auprès de la présidence. A l'ordre! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît. A l'ordre!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Mackasey: ... de commencer.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai lu l'article et je ne
vois dans l'article aucune référence à la langue de
l'élève. Je dois en conclure que ce certificat doit être
délivré à tout élève qui a du
français, parlé et écrit... c'est-à-dire ne peut
être délivré à aucun élève qui n'a du
français parlé et écrit, la connaissance exigée par
les programmes du ministère de l'Education.
M. le Président, on voit bien jusqu'à quel point on a
tenté ici encore de masquer la vérité. Ce qu'on voudrait,
c'est dire: II faudrait que les anglophones parlent français. D'accord,
et nous l'avons dit, le député de L'Acadie l'a dit, nous sommes
d'accord avec le principe que les maisons d'enseignement doivent assurer la
connaissance du français à tous les élèves. Cela
devrait aussi s'appliquer aux francophones, non?
M. Laurin: Cela va de soi. Une Voix: On est d'accord.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Est-ce de la tautologie? Est-ce de la pétition
de principe? Est-ce que ce sont des voeux pieux? Quand 80% des parents
francophones exigent une qualité du français, est-ce qu'on rit de
cela? Va-t-on se fier à des chimères, à des chartes et
à des parades pour assurer la qualité du français aux
élèves dont les parents déplorent depuis des années
une mauvaise qualité? Rit-on de cela à cette commission?
M. Bertrand: Non.
M. Lalonde: Si vous ne riez pas de cela, votez en faveur de
l'amendement pour une fois.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Morin (Sauvé): ...
M. Lalonde: Oui, c'est une priorité du ministre de
l'Education, sûrement! Evidemment, allons donc!
M. Morin (Sauvé): Absolument!
M. Lalonde: Ce sont des voeux pieux. Cela, c'est de la
tautologie.
M. de Belleval: Le plan Cloutier, était-ce des voeux
pieux?
M. Lalonde: Ce sont des pétitions de principe.
M. de Belleval: C'est vous qui l'avez approuvé.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre de la Fonction
publique, s'il vous plaît.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On prend la peine de passer des heures et des heures
à étudier un projet de loi ici...
M. Mackasey: ...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, veuillez ne pas interrompre un membre de votre
propre parti, s'il vous plaît.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... on prend la peine de passer des heures, des
semaines, à adopter un projet de loi qu'on veut, nous, rendre un peu
plus sensé. On se fout, de l'autre côté de la table de la
qualité du français qu'on veut sauver...
Des Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde:... M. le Président, alors que nous sommes
appelés ici, non pas à faire un roman, un roman qu'on nous offre
comme texte de loi, mais à adopter une loi. C'est dans la loi que la
volonté politique doit s'inscrire. Ce n'est pas simplement dans le
discours inaugural. On sait ce qu'on a dit dans le discours quand on a
parlé de générosité, entre autres...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel, s'il vous plaît.
M. Laurin: D'accord.
M. Lalonde: M. le Président, si j'ai pu réveiller
le ministre d'Etat au développement culturel pour une interruption,
c'est déjà un exploit.
M. le Président, lorsque Lysiane Gagnon a fait son enquête
et publié les résultats de son enquête, cela a
évoqué dans l'esprit de beaucoup de Québécois et de
Québécoises je pense plutôt aux parents une
réalité que chacun déplorait et déplore encore.
A savoir que la qualité du français, qu'on veut sauver,
qu'on veut épanouir comme langue, que la qualité de cette langue,
malheureusement, était en danger. Je pense que c'est dans cette Charte
de la langue française, dans ce document dans lequel on doit retrouver
non seulement les principes, non seulement les modalités, mais aussi
retrouver la volonté politique d'un gouvernement. Je pense que c'est
là qu'on doit retrouver cette volonté politique d'assurer
à tous les Québécois, à toutes les
Québécoises et à nos enfants, une qualité du
français. Pourquoi, et combien de personnes nous l'ont mentionné,
nous l'ont souligné, depuis quelques années que je m'occupe de
cette question: Vous voulez sauver votre langue, et regardez comment on la
parle, comment on l'écrit.
Nous voulons sauver notre langue... Mainte- nant, je parle de
francophones qui nous en parlaient. Voyez comment on la traite dans les
écoles. Comment nos enfants ne sont pas capables de la parler et encore
moins de l'écrire. Plusieurs à ce moment-là, il
faut quand même le remarquer, le souligner vont dire que la
qualité de l'enseignement de la langue en général, et on
peut aussi parler de la langue anglaise... On peut même se
référer à l'expérience américaine qui
démontre qu'il s'agirait d'un phénomène moderne voulant,
je ne sais pour quelles raisons n'étant pas un pédagogue
moi-même, que la qualité de la langue...
M. Grenier: M. le Président...
M. Lalonde: ...que la qualité de la langue...
M. Grenier: ...une directive.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Grenier: II parle de...
Le Président (M. Cardinal): C'est très difficile de
vous accorder cela.
Une Voix: ...une directive pendant qu'il parle. M. Grenier:
Non...
Le Président (M. Cardinal): ...vous soulevez une question
de règlement, monsieur...
M. Grenier: Alors, c'est une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Grenier: J'écoute le député de
Marguerite-Bourgeoys parler de pédagogie. J'ai enseigné un peu
les langues, le latin et le français, et je me demande si c'est la bonne
façon...
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes sûr que
c'est une question de règlement?
M. Grenier: Oui. Je me demande si ce ne serait pas une bonne
façon d'assurer la prééminence de voter l'article 80.
Le Président (M. Cardinal): D'accord...
M. Lalonde: M. le Président, l'Union Nationale est un
petit peu honteuse...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: ...de ne pas avoir pensé à cet
amendement.
Le Président (M. Cardinal): ...peut parler
jusqu'à...
Mme Lavoie-Roux: 11 heures moins 10.
Le Président (M. Cardinal): Non, pas moins 10, moins
quart.
Une Voix: Moins quatorze.
Le Président (M. Cardinal): II a commencé à
22 h 25. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
prendre tout mon temps, mais s'il est possible...
M. Charbonneau: II nous a déjà fait cette
promesse.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lalonde: II est possible... C'est une intention, ce n'est pas
une promesse. Mais il est possible que les interruptions me forcent,
naturellement, à aller au-delà du temps que je voulais
employer.
L'Union Nationale est un petit peu rouge dans la figure de ne pas avoir
pensé à cet amendement. Mais avant même...
M. Grenier: Les 11% ne doivent pas venir de l'Union
Nationale.
M. Lalonde: ...de penser à la langue seconde, qui est
aussi importante et qu'on aura, j'espère, l'occasion de traiter à
une étape ultérieure, nous avons, nous, insisté pour
inscrire en ce projet de loi, en cette loi, la volonté politique
d'enseigner une langue de qualité à nos enfants.
M. le Président, si le ministre est satisfait de discours, de
parades, de chimères, les Québécois, eux, sont
mécontents de la qualité de la langue enseignée. Ils
donneront une dose d'huile de castor au Parti québécois qui se
retrouvera, après la purge électorale qu'on verra, là
où tout ce qui suit l'huile de castor doit se retrouver.
M. Charron: Assez parlé de purge!
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce que je puis...
M. Ciaccia: Non, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur l'amendement de Mme le député de L'Acadie.
M. Ciaccia: Premièrement, M. le Président, je suis
entièrement d'accord avec le but d'enseigner le français dans les
écoles anglaises. C'est quelque chose, M. le Président, qui
aurait dû être fait avant, mais si on veut rédiger ici une
bonne loi pour que les gens comprennent exactement quelle est la portée
de l'article 80.
L'article 80 tel que rédigé, est-il inclus dans le projet
de loi pour les écoles anglaises? Je sais qu'on ne procède pas
par la méthode de questions, mais, si vous permettez, le ministre
d'Etat... Est-ce l'intention que l'article 80 s'applique aux écoles
anglaises?
M. de Belleval: A toutes les écoles.
M. Ciaccia: Ecoutez. Si personne ne peut répondre...
Est-ce l'intention que cela s'applique aux écoles de langue anglaise,
parce que cela peut affecter...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal. Les ministres d'Etat, au développement culturel de la
Fonction publique ou de l'Education ne sont pas obligés de
répondre, parce que nous ne sommes pas à la période de
questions et qu'ils ne font pas de discours.
M. Ciaccia: Ils ne sont pas obligés de
répondre.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Par conséquent, vous procédez un peu à
l'inverse de ce que le règlement prévoit.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je posais cette question est
que nous avons un amendement ici pour enseigner le français, pour
accorder une attention prioritaire à la qualité du
français. C'est très bien, et nous sommes tous d'accord pour que
le gouvernement prenne les mesures nécessaires, mais le
député de Saint-Jacques a soulevé un point très
important, quand il a parlé de l'article 80. Il a parlé des
écoles anglaises, des personnes de langue anglaise; il s'est
référé à la connaissance qui sera exigée par
les programmes du ministère de l'Education. Il me semble que c'est tout
à fait logique que la connaissance qui sera exigée par le
ministère de l'Education quant aux écoles anglaises ne soit pas
tout à fait la même que celle qui sera exigée pour les
écoles françaises.
Je crois bien qu'éventuellement, cela va venir au même
niveau, mais c'est un nouvel article et ce seront des nouveaux programmes. La
loi va entrer en vigueur assez prochainement, je crois bien, quand elle sera
adoptée. Il y aura beaucoup de problèmes d'ordre pratique; les
enfants qui seront dans les écoles secondaires de langue anglaise,
n'auront pas eu le bénéfice de recevoir l'enseignement du
français, mais il y aura cette obligation selon l'article 80.
Comment allons-nous administrer l'article 80? Allons-nous faire une
distinction entre la connaissance exigée par les programmes du
ministère vis-à-vis des écoles anglaises et celle
exigée vis-à-vis des écoles françaises? Si oui,
dans l'intérêt de rédiger une bonne loi où il n'y
aura pas d'ambiguïté, cela ne serait-il pas dans l'ordre de
spécifier, comme principe cette distinction dans l'enseignement du
français dans les écoles anglaises et l'amendement du
député de L'Acadie qui vise à l'amélioration du
français dans toutes les écoles?
Est-ce possible d'avoir une réponse à ma question? Je sais
qu'ils ne sont pas obligés de répondre, je n'essaie pas
d'allonger le débat. C'est une question d'ordre pratique. S'ils veulent
répondre, libre à eux.
M. Charron: Le gouvernement...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre
délégué...
M. Charron:... a fourni toutes les réponses, à
l'avance, aux questions du député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je m'excuse. Je vais continuer. Vous vous
préparez à la motion de clôture. J'ai posé une
question. Je sais qu'il est tard et que vous êtes tous bien
fatigués et moi aussi, mais je pense que j'ai posé une question
très valable.
L'article 80 ne fait pas de distinction entre les écoles
françaises et les écoles anglaises.
M. de Belleval: Cela dépend des programmes.
M. Ciaccia: Oui, mais il y a certains principes...
M. Paquette: ... d'un programme à l'autre. C'est au niveau
des programmes.
M. Ciaccia: Ce sont des inquiétudes que plusieurs ont.
Alors, qu'allez-vous faire? Allez-vous le laisser tel quel? Ce n'est pas clair.
Ce n'est pas une loi claire.
M. de Belleval: C'est très clair.
M. Ciaccia: C'est parce que vous êtes fatigués.
C'est pour cela que vous voyez des ambiguïtés.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: II arrive de vacances.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre!
M. Mackasey: J'ai 20 minutes pour la motion. Je parlerai. Je ne
suis pas fatigué. J'étais déjà ici ce matin quand
le ministre n'était pas ici.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce! Il reste tellement peu de
temps que j'aimerais qu'on en profite au maximum.
M. le député de Mont-Royal, vous avez terminé?
M. Ciaccia: Pour le moment, j'ai terminé. On ne veut pas
prendre au sérieux les commentaires...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Ciaccia:... que nous avons à faire.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, je n'ai pas
l'intention de retarder le débat, loin de moi cette idée. Sur cet
amendement proposé par le Parti libéral, nous avons entendu tant
et plus d'argumentations. Je pense que tout le monde est convaincu que tout est
à l'article 80 tel quel. Je trouve déplorable, à la fin de
cette journée, alors qu'on a fait une journée très
acceptable, on a fait de l'excellent travail, je trouve que ce "parlethon",
commencé par trois députés j'en exclus le
député de L'Acadie qui fait toujours des interventions
équilibrées exprimant bien sa pensée. Avec elle, on sait
à quoi s'en tenir Mais partir un "parlethon" qui dure depuis plus
d'une heure sur cet article, sur cet amendement qu'on apporte, alors qu'on sait
qu'il y aura place ensuite pour discuter de la langue seconde sur un nouvel
article. En exposant des données brèves, précises, et en
tâchant d'étoffer avec des arguments valables, il me semble que
cela dénoterait, devant la commission et devant les gens qui assistent
au débat, un esprit de collaboration et de contribution.
On se dirige, c'est évident, avec une "parlote" comme
celle-là... La semaine prochaine on fera possiblement face à une
guillotine, et on se demandera pourquoi. On ne l'aura peut-être pas
volé! On se demandera où mettre le mea culpa. Je n'ai pas
l'intention d'absorber le mea culpa. On veut travailler honnêtement,
donner le temps qu'on a pris sur l'article 69. Il était important, on a
pris le temps qu'il fallait. Cela s'est fait bien et honnêtement. C'est
notre intention de prendre le temps qu'il faudra sur la langue de travail, la
langue du commerce. On n'a pas l'intention de faire perdre le temps de la
commission et de passer pour des ridicules aux yeux de tout le monde qui vient
nous visiter et d'être... Les gens de Québec aiment mieux venir
ici plutôt qu'assister "aux vues" en ville. Ils trouvent cela plus
drôle.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Ce n'est pas par cela qu'on va revaloriser le
rôle des députés...
M. Lalonde:... vient de parler.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Grenier: Mon intervention sur la motion a été
faite tout à l'heure, vous savez à quoi vous en tenir. J'aimerais
cela demander au Parti libéral, une fois pour toutes, d'arrêter de
faire les masochistes et d'arrêter de vouloir perdre les 11% qu'il leur
reste. Ils sont peut-être rendus...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grenier: Comme je l'ai dit, il n'y a plus que leurs familles
à voter pour eux.
Le Président (M. Cardinal): M. le député, le
Parti libéral soulève, par le député de
Marguerite-Bourgeoys, une question de règlement. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous savez, M. le Président, comme protecteur
de nos droits, de nos privilèges, que nous avons, sans aucun danger
d'intimidation de qui que ce soit, le droit d'utiliser le règlement pour
faire valoir nos points de vue. Je ferai remarquer au député de
je ne sais pas quelle place...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... que nous n'avons même pas utilisé le
temps maximum qui nous était dévolu...
M. Grenier: Ce n'est peut-être pas des... que vous
avez.
Le Président (M. Cardinal): Excusez-moi, ce n'est pas une
question.
M. Lalonde: Je veux que nos privilèges soient
reconnus.
Le Président (M. Cardinal): Indiquez-moi de quel
règlement vous parlez.
M. Lalonde: Le règlement, vous le savez, M. le
Président. C'est cela le règlement.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie.
A l'ordre, s'il vous plaît. M. le député de
Mont-Royal, cela a besoin d'être très précis, sur une
question de règlement.
M. Ciaccia: Très précis. L'article 96. Je viens de
finir une intervention et je me fais accuser, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, vous avez raison, je
vous donne la parole.
M. Ciaccia: Je me fais accuser par le bouffon de l'Union
Nationale d'être masochiste. J'ai soulevé une question... Par des
bouffonneries, je me fais accuser d'avoir soulevé une question pour
perdre du temps. J'ai parlé trois minutes, c'est une question
très importante...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal! M. le député de Mont-Royal!
M. Ciaccia: ... pour beaucoup de gens et je n'accepterai pas
d'être...
Le Président (M. Cardinal): C'est une question de
privilège déguisée. Vous la soulèverez en Chambre
demain, si tel est votre désir.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je ne relève pas les propos du
député de Mont-Royal.
M. Lalonde: ... accusé de faire un filibuster.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Grenier: Je les connaissais d'avance. Je pense que les gens
dans la salle sont capables de juger de quel côté je ne
dirai pas où est le bouffon de quel côté il se fait
le plus de bouffonneries. C'est établi déjà depuis
quelques minutes.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Revenez-en au
sujet, s'il vous plaît! L'amendement de Mme le député de
L'Acadie.
M. Grenier: Je voudrais vous laisser savoir que cet amendement
qu'on a proposé... On sait que partagé comme il l'est la
partie qui a été enlevée pour l'autre partie il
pourra être présenté dans un article un peu plus loin, et,
comme je l'ai dit, faire l'objet d'études sérieuses,
brèves. Qu'on apporte ici l'argumentation dont on a besoin. Ensuite,
passons à un autre. J'aurais voulu que cet argument qui est en train de
prendre une partie de la soirée... Qu'on termine ce soir la langue
d'enseignement. On aurait été capable de le faire. On aurait pu
terminer la journée avec cela. On aurait été jugé
par le gouvernement c'est lui qui a la responsabilité du projet
de loi on aurait été jugé comme voulant
collaborer.
On gâche notre journée, après toutes ces heures
qu'on a faites, et on risque d'avoir, à cause d'un amendement aussi
long, des journées de travail à faire dans la journée de
samedi, ce qui ne fera pas l'affaire de personne, parce qu'on n'a pas assez de
sérieux.
Alors, je demande une chose, M. le Président, c'est qu'on en
appelle au vote immédiatement et qu'on arrête cette parlote, ce
concours de "parlage" et qu'on vote sur l'article 80.
Le Président (M. Cardinal): J'espère, M. le
député de Mégantic-Compton, que vous ne demandez pas une
question préalable, parce qu'on aurait un débat qui durerait
jusqu'à demain pour savoir si on va voter.
M. Grenier: Non, pas de motion, vous pouvez en être
sûr.
Le Président (M. Cardinal): Alors, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, un mot pour terminer. Je
suis fort étonnée de voir que tout le monde semble croire que cet
amendement a été mis là pour s'amuser. Enfin, c'est votre
privilège de penser cela.
M. de Belleval: ...importance.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je pense, et ceci a été
exprimé par l'Association des professeurs de français, cela a
été exprimé par le CEQ, c'est exprimé par la
population en général, et, si vous avez remarqué, si on a
pris la peine de lire le contenu du premier alinéa, il s'agissait
vraiment d'une motion qui va au-delà même de la qualité de
l'enseignement du français, tentant d'y englober toutes les conditions
qui font que l'école française va être
revalorisée.
Il y a une chose que les gens semblent oublier. Les personnes qui ont
rencontré suffisamment de groupes non francophones et même de
personnes de langue française... C'est peut-être dommage d'avoir
à le reconnaître, et j'aurais pré-téré ne pas
le faire ce soir, mais compte tenu que tout ça est devenu une blague...
Et ce qui est assez étonnant, c'est qu'une partie de la
résistance des non francophones à envoyer leurs enfants à
l'école -française, et d'un nombre d'immigrants aussi à
envoyer leurs enfants à l'école française, c'est justement
la qualité du français à l'école
française...
M. Laplante: Ne vous mélangez pas; c'est ça qu'on
oblige...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Bourassa. Mme le député de L'Acadie.
M. Laplante: Ne nous prenez pas pour des paillasses.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Bourassa! Il reste tellement peu de temps que
j'aimerais qu'on l'emploie à travailler. Mme le député de
L'Acadie, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai que le ministre de l'Education, et
même le premier ministre dans son discours inaugural, ont parlé du
français comme priorité dans le domaine de l'éducation.
Mais on sait fort bien, et ceci a été exprimé par
l'Association des professeurs de français dans les questions et
réponses que nous avons échangées au moment de leur
comparution devant la commission parlementaire, qu'on sent le besoin que ceci
soit réaffirmé hors de tout doute et, cela malgré les
intentions du ministre de l'Education qui, je sais, sont fort sincères.
L'on a eu l'occasion d'en discuter au moment de l'étude des budgets de
l'Education on sait fort bien que présentement un grand nombre de
commissions scolaires retranchent du temps de l'enseignement du français
et, entre-temps, on dit: Ah! Tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes! Mais moi je pense qu'il faut être un peu plus sérieux et
qu'il est important que cette volonté politique soit affirmée
ici.
Il y a des attitudes qui sont créées, une confiance qui
est développée, quand les gens sentent qu'au-delà de ce
qu'on prononce dans un discours, à une occasion donnée, la
volonté politique est exprimée dans une loi. Je ne
m'étendrai pas davantage, M. le Président, mais je trouve
dé- plorable qu'un amendement qui visait vraiment un objectif à
mon point de vue extrêmement important, et venait, comme le disait le
ministre d'Etat au développement culturel, préciser ce qui avait
été exprimé dans le livre blanc, j'ai fort bien lu le
chapitre sur la qualité de la langue dans le livre blanc.
Formulée de cette façon-ci, cette motion venait vraiment
renforcer, à l'intérieur de l'école, non seulement la
qualité de l'enseignement, mais également toute
l'atmosphère qui doit être créée si on veut
conserver non seulement des écoles françaises, mais des
écoles qui, au point de vue de la langue, sont des écoles de
qualité, des écoles qui seront valorisées, des
écoles où les gens voudront envoyer leurs enfants en se disant:
C'est vraiment un privilège d'acquérir une qualité de
langue qui soit la meilleure possible. C'est dans ce sens que j'ai fait cette
motion. On peut voter contre, c'est pleinement votre droit, mais c'était
l'objectif de cette motion et c'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Mme le
député de L'Acadie. Est-ce que je puis mettre cette motion aux
voix?
M. Laurin: Oui, M. le Président.
M. Charron: Le ministre de la Fonction publique va conclure, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): Conclure, il faut s'entendre
sur les mots.
M. le ministre de la Fonction publique, donnez-nous le temps, quand
même, parce qu'il reste peu de temps, de conclure sur deux votes,
l'amendement et l'article.
M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Je ne prendrai que quelques secondes, M. le
Président, pour reconnaître, avec le député de
L'Acadie, le sérieux des objectifs qu'elle mettait de l'avant et qu'elle
a toujours mis de l'avant d'ailleurs dans cette commission en ce qui concerne
la qualité de l'enseignement du français. Je pense que
nous-mêmes aussi, du gouvernement, en de nombreuses circonstances, avons
manifesté le même souci. Je pense aussi que l'article 80, tel
qu'il est rédigé, reflète aussi ce souci. Il le
reflète à la fois pour les écoles anglaises, bien
sûr, mais il le reflète aussi pour les écoles
françaises.
Je pense aussi que vous reconnaissez comme nous les difficultés
de mettre ces objectifs en pratique. Ces objectifs ont été
poursuivis par plusieurs gouvernements, avec plus ou moins de succès;
nous reprendrons aussi le flambeau et essaierons de poursuivre les mêmes
objectifs. Je pense que l'ensemble de la loi aussi, concourra, comme l'a dit le
ministre d'Etat au développement culturel, à la poursuite de ces
objectifs. Le seul point qui nous sépare actuellement, c'est la
formulation d'un article en particulier et, là-dessus, vous avez aussi
eu l'amabilité de reconnaître que nous pouvions
légitimement différer d'opinion, mais sur le fond, je pense que
nous sommes d'accord.
Toute cette journée, nous avons eu des discussions fructueuses,
dans la bonne humeur, qui n'ont pas exclu, à l'occasion, les blagues
normales, mais qui ont fait avancer les travaux. Il peut y avoir eu encore
quelques accrochages il y a quelques minutes, mais j'ai bon espoir que, dans
les prochaines heures, nous pourrons reprendre nos discussions dans le
même esprit qui nous a animés cet après-midi.
Quant à nous, nous continuons comme je l'ai dit à
reconnaître le bien-fondé des objectifs poursuivis, tout en
différant sur une formulation en particulier.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je mets cette motion
aux voix, est-ce que vous demandez l'appel nominal?
M. Charron: Non. Rejetée surdivision.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, je demande si
l'article 80 est adopté.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): La motion de Mme le
député de L'Acadie est rejetée sur division. L'article 80
est adopté. Je pense que, sur ce, même s'il nous reste...
M. Charron: Je demande l'ajournement du débat, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton... un instant, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Avez-vous l'information du leader pour la
journée de demain. Il devait prendre cela en considération
à 8 h 15?
Le Président (M. Cardinal): Non, je n'ai pas
d'information. Je suis à la commission beaucoup plus qu'à
l'Assemblée nationale. Tout ce que je sais, c'est que je dois ajourner
à demain, dix heures, c'est-à-dire, sine die, puisque ce sera
selon la motion.
Une Voix: Après la période des questions.
(Fin de la séance à 22 h 58)