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Audition des mémoires sur
le projet de loi no 1 :
Charte de la langue française
au Québec
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je constate qu'il y a quorum et nous commençons une nouvelle
séance. Si chacun veut regagner son fauteuil et cesser les conversations
particulières. Nous commençons une nouvelle séance de la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications pour l'étude, après première lecture, du
projet de loi no 1, Charte de la langue française au Québec.
J'appelle les membres de la commission et je les prie de m'indiquer les
changements, s'il en est.
M. Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Godin (Mercier)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau) remplacé par M.
Charbonneau (Verchères); M. Laplante (Bourassa), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Paquette (Rosemont). Y a-t-il remplacement pour M.
Paquette (Rosemont)?
Une Voix: II n'est pas encore remplacé.
Le Président (M. Cardinal): S'il y a remplacement, il
faudrait me l'indiquer avant la fin de cette séance, s'il vous
plaît.
M. Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé
par M. Goldbloom (D'Arcy McGee). Je reviens: M. Paquette (Rosemont)
remplacé par M. Lacoste (Sainte-Anne); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je fais aussi, comme le règlement l'exige, l'appel de nos
invités. Je leur demanderais d'indiquer leur présence. Ordre des
ingénieurs, mémoire 230; Congrès juif canadien,
mémoire 112; Grand conseil des Cris du Québec. Merci,
mémoire 101.
Sur ce j'invite immédiatement l'Ordre des ingénieurs
à se présenter devant nous.
Pendant ce temps, je donne le programme de la journée. La
commission a une première séance aujourd'hui à compter du
moment présent jusqu'à 13 h. A 13 h, en vertu de l'avis
donné à la Chambre, je devrai ajourner sine die.
Il y a Assemblée nationale à compter de 15 h et
après les affaires courantes et la période de questions,
c'est-à-dire vers 16h, nous reprendrons nos travaux; ce sera une
nouvelle séance. Cette séance sera suspendue à 18h pour
reprendre vers 20 h ou 20 h 15, suivant l'avis qui sera donné à
l'Assemblée nationale et ceci jusqu'à 23 h au moins.
J'espère qu'avec la collaboration des membres de la commission, nous
pourrons bien recevoir nos invités et les entendre tous.
Alors, messieurs, vous connaissez je pense la règle, cela fait
déjà quelques jours que vous attendez; vous avez entendu cette
commission. Vous avez 20 minutes pour exposer votre mémoire ou un
résumé du mémoire. Si vous désirez que ce qui n'est
pas dit soit déposé en annexe au journal des Débats, vous
le demandez tout simplement à la présidence; vous devez
cependant, auparavant, vous identifier, s'il vous plaît.
Ordre des ingénieurs du Québec
M. Perron (Gilles): M. le Président, mon nom est Gilles
Perron, président de l'Ordre des ingénieurs. Immédiatement
à ma droite, Jacques Soucy, directeur général, à
mon extrême droite, Vincent Foster, représentant du public, membre
du bureau et membre du comité administratif de l'Ordre des
ingénieurs et à ma gauche, Robert Masse, secrétaire de
l'ordre.
Le Président (M. Cardinal): J'ai trois documents
concernant votre ordre. Je ne sais pas ce que vous avez l'intention de
nous...
M. Perron: Je pourrais peut-être, M. le Président,
vous exposer la façon dont on entend présenter, si vous voulez,
nos vues. Nous avons déposé, le 3 juin, un mémoire et hier
ou avant-hier, nous avons apporté deux autres documents, un document qui
est en blanc, celui-ci, qui est une analyse du sondage et en troisième
lieu un autre cahier vert qui s'intitule: Considérations
supplémentaires au mémoire.
Je croyais d'abord vous donner un résumé, très
général, du sondage et ensuite vous présenter nos
suggestions quant aux modifications que nous proposons au projet de loi no
1.
Le Président (M. Cardinal): Désirez-vous que les
autres documents que vous n'aurez pas lus soient portés...
M. Perron (Gilles): Je désirerais qu'ils soient tous
déposés, s'il vous plaît.
Le Président (M. Cardinal): Non seulement
déposés, mais publiés en annexe au journal des
Débats?
M. Perron (Gilles): Publiés, c'est notre désir, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cette demande est
accordée, monsieur (Voir annexe 1). Vous pouvez commencer. Nous
commençons à 10 h 17 minutes.
M. Perron (Gilles): Premièrement, je désirerais
remercier la commission parlementaire de donner l'occasion à l'Ordre des
ingénieurs de s'exprimer.
Comme vous le savez, notre profession est une des plus mobiles. Elle est
composée de 20 000 membres en gros, c'est une profession que vise
peut-être ou, enfin, qui est affectée peut-être un peu
particulièrement par le projet de loi no 1.
La composition de l'Ordre des ingénieurs est, au total, de 58% de
francophones et de 42% d'anglophones. Parmi les membres qui résident au
Québec, ces pourcentages changent: 62% de francophones et 38%
d'anglophones oeuvrent au Québec. Conséquemment, il nous est
apparu difficile de présenter un mémoire strictement
philosophique ou d'opinion, étant donné ce clivage un peu
automatique qui pouvait se présenter entre les deux groupes sur des
questions visant la langue et, donc, particulièrement plus
émotives. A cette fin, pour en arriver à être plus
factuels, nous avons décidé, même dans des délais
très courts, de procéder à un sondage scientifique avec un
échantillonnage de 2000 membres au-delà de 10%
conséquemment 2000 membres parmi ceux qui résident au
Québec et répartis selon les pourcentages de la communauté
anglophone et de la communauté francophone. Nous avons émis un
questionnaire comportant 28 questions; la réponse a été
extraordinairement bonne, jusqu'à 65%, soit environ 1300
répondants sur 2000. Le sondage lui-même a été
confié à une firme spécialisée, parce qu'on voulait
garder une entière objectivité.
D'autre part, nous avons reçu beaucoup de requêtes de nos
membres, tant verbales qu'écrites et à la suite du congrès
annuel des 10 et 11 juin. Nos membres ont demandé que nous poussions
l'analyse du sondage plus loin et que nous rendions public le contenu du
mémoire et du sondage. Conséquemment, nous avons confié
à une deuxième firme spécialisée l'analyse des
données du sondage: c'est ce document blanc.
Je voudrais vous donner assez brièvement les résultats de
ce sondage. Disons que la marge d'erreur, d'après les
spécialistes qui ont fait l'analyse, est très faible. Elle est
moins de 5%. Par ailleurs, les données brutes furent
pondérées, parce qu'on a eu un peu plus de répondants
anglophones que francophones. Nous avons dû faire une pondération
pour représenter précisément les deux groupes. Le
questionnaire du sondage comprenait 28 questions, dont une seule était
ouverte. Le souci d'une méthodologie rigoureusement scientifique a
présidé à la conception du questionnaire.
La compilation, comme je vous le disais, a été
présentée dans le mémoire déposé à la
commission parlementaire. La présentation du questionnaire était
claire. Il n'y a pas lieu de croire que des erreurs significatives peuvent
être associées à la codification des réponses. Les
réponses au sondage ont été regroupées selon la
région, le secteur de travail et l'âge des répondants pour
chacun des groupes linguistiques.
Ainsi, 66% des ingénieurs, qui ont répondu au
questionnaire, proviennent du Montréal métropolitain, alors que
34% demeurent dans d'autres régions du Québec. La moitié
des répondants, 49%, travaillent dans le secteur industriel, 23%
oeuvrent dans le génie-conseil, 19% dans la fonction publique et 9% dans
l'enseignement ou autre.
La majorité des répondants, tant francophones
qu'anglophones, soit 46%, ont entre 31 ans et 45 ans. Cependant, la proportion
des répondants âgés de plus de 46 ans est plus
élevée chez les anglophones, soit 40%, que chez les francophones,
20%.
Dans l'analyse de résultats, afin de bien cerner le point de vue
des ingénieurs, les variables suivantes ont été retenues
pour l'analyse: le groupe linguistique, la région de résidence,
l'âge, et le regroupement des ingénieurs selon leur réponse
aux questions suivantes:
Question 2: "Dans sa forme actuelle, pensez-vous que le projet constitue
un pas en avant pour le Québec"?
Question 22: "Si ce projet de loi devenait loi, prévoyez-vous
demeurer ou quitter le Québec"?
Question 24: "Avez-vous déjà lu intégralement le
texte du projet de loi no 1?"
Ainsi, l'ensemble des résultats démontre que les opinions
diffèrent grandement selon la langue maternelle. Il fallait s'y
attendre. Ces résultats sont donc le reflet de véritables
microcosmes de la communauté québécoise; d'un
côté, les francophones et de l'autre, les anglophones.
Le profil des répondants: L'analyse des résultats du
sondage a permis d'identifier le profil des répondants qui ont une
attitude favorable à l'égard du projet de loi. Ce sont
essentiellement les ingénieurs francophones, âgés de moins
de 30 ans, qui oeuvrent dans le secteur public et qui résident en dehors
de la région de Montréal.
De la même façon, nous avons pu tracer le profil des
répondants qui prévoient quitter le Québec si toutefois le
projet de loi est adopté dans sa forme actuelle et, par
conséquent, qui ont une attitude défavorable vis-à-vis du
projet de loi. Ce profil est à peu près à l'inverse de
l'autre.
Les points saillants. Connaissance de la langue seconde et
utilité de l'anglais. La majorité des ingénieurs
possède une connaissance jugée suffisante ou excellente de la
langue seconde. On notera cependant que le terme "suffisante" peut donner lieu
à diverses interprétations. Il est intéressant de noter
que, quel que soit le groupe linguistique auquel il appartient,
l'ingénieur évalue hautement la connaissance de l'anglais, tant
dans sa formation que dans la pratique même du génie. Connaissance
du projet de loi. La majorité des ingénieurs anglophones, 55%, a
lu intégralement le texte de la loi no 1 alors que ce n'est le cas que
pour 36% des ingénieurs francophones. Dans l'ensemble, ceux qui ont lu
intégralement le projet valorisent plus que les autres la connaissance
de l'anglais dans la pratique du génie et utilisent cette langue plus
souvent dans leur milieu de travail.
Impact du projet de loi. La majorité des membres de l'ordre, 61%,
qui est faite de 95% d'anglophones et de 39% de francophones, considère
que, dans sa forme actuelle, le projet de loi ne constitue pas un pas en avant
pour le Québec. Cette opinion varie, cependant, selon le secteur de
travail du répondant. Ainsi, ceux du secteur privé
croient, pour la plupart, que le projet n'est pas un pas en avant pour le
Québec, tandis que ceux du secteur public croient le contraire.
Modalités d'application. A la question suivante: "Selon vous, les
modalités d'application vous apparaissent-elles équitables,
généreuses, répressives, originales ou banales?" il se
dégage qu'une majorité d'ingénieurs francophones est
d'accord avec le projet de loi. Quelques-uns pensent même qu'il ne va pas
assez loin. Les autres francophones et les anglophones en très grande
partie se montrent défavorables et estiment que les modalités
d'application sont répressives. Notons toutefois que plus
l'ingénieur est jeune, plus il tend à être d'accord avec
les modalités d'application et les mécanismes institutionnels
prévus par le projet de loi.
Les modalités d'application touchant la profession. La presque
totalité des membres, 92%, admet que tout ingénieur non
francophone, qui travaille ou désire s'installer au Québec,
devrait acquérir une connaissance suffisante du français. Par
contre, quant au temps requis pour apprendre le français, les opinions
sont partagées. Les résultats montrent que ce sont les
anglophones, à 52%, principalement, qui estiment que trois ans est une
période insuffisante pour l'apprentissage.
Par ailleurs, les ingénieurs divergent d'opinion quant à
la possibilité pour leurs firmes de fonctionner uniquement en
français au Québec. On vous réfère ici à
l'analyse des résultats, page 17.
Pour ce qui concerne les communications de l'ordre avec ses membres, 51%
des ingénieurs francophones et 96% des anglophones ne sont pas d'accord
pour que l'ordre communique exclusivement en français avec ses membres
et le public.
Par ailleurs, la majorité appuie la politique de l'ordre de
fournir tous les documents officiels, les textes de loi et les
règlements pertinents à la profession dans une version
anglaise.
Inquiétudes soulevées par le projet de loi. La
majorité des ingénieurs, qu'ils soient anglophones ou
francophones éprouvent des inquiétudes vis-à-vis du projet
de loi no 1. Dans l'ensemble, les ingénieurs anglophones sont beaucoup
plus inquiets que leurs confrères francophones. Il ressort clairement
que, tant pour les francophones que pour les anglophones, ce sont les
conséquences possibles et, en particulier au plan de l'économie,
qui suscitent le plus d'inquiétude.
A noter cependant que seulement 17% des ingénieurs francophones
indiquent que le projet de loi ne les inquiète pas.
En résumé, les ingénieurs anglophones, pris comme
groupe, sont ceux qui expriment le plus d'inquiétude face au projet de
loi no 1. Les ingénieurs de la région de Montréal sont
plus inquiets que leurs confrères des autres régions du
Québec. Il est intéressant de constater que ce sont ceux qui ont
lu intégralement le texte du projet qui sont plus inquiets que ceux qui
ne l'ont pas lu intégralement.
Par ailleurs, on a pu remarquer que le niveau d'inquiétude
croît avec l'âge.
Conséquences probables du projet de loi. Il ressort clairement
que les ingénieurs francophones voient différemment de leurs
confrères anglophones les conséquences probables. Par exemple,
chez les ingénieurs francophones, à 42% on croit que le projet de
loi entraînera une amélioration des perspectives d'emploi pour les
francophones alors que seulement 22% des anglophones sont du même avis.
Il faut noter que 35% des francophones et 80% des anglophones sont d'avis que
ce projet entraînera une baisse du niveau de vie au Québec.
Ainsi, une légère majorité de francophones se
révèle par ses réponses favorables au projet de loi, alors
que la vaste majorité des anglophones est contre. Notons que la
majorité des réponses des francophones et des anglophones peuvent
être interprétées comme suit: Conséquences sur
l'économie. A court terme, il se dégage un consensus à
l'effet que la loi aura un impact négatif sur l'économie. A long
terme cependant, 40% des francophones croient que l'impact sera positif alors
que 33% croient qu'il sera négatif. Chez les anglophones, la très
grande majorité est d'avis que l'impact sera négatif.
Exode des firmes d'ingénieurs. Sur cette question, on observe une
très nette différence d'attitude entre les anglophones et les
francophones. 75% des ingénieurs anglophones croient qu'il y aura un
exode important de firmes d'ingénieurs du Québec. La proportion
est inversée chez les francophones.
Perspectives d'emplois: La loi aura, selon les répondants, des
répercussions sur leurs perspectives d'emplois. Ce sentiment est plus
marqué chez les anglophones, soit 93% que chez les francophones, 61%.
Dans l'ensemble, l'impact serait négatif. Notons, toutefois, qu'un
nombre élevé de francophones, 65%, croit que l'application de la
loi favorisera l'accès d'ingénieurs francophones à des
postes supérieurs. Les anglophones, quant à eux, et dans la
même proportion, croient le contraire.
Conséquence personnelle: Globalement, les membres
domiciliés au Québec croient que le projet de loi aura un impact
défavorable sur leur travail, c'est-à-dire que 23% croient que
l'impact sera favorable, 44% croient qu'il n'y aura aucun impact, et 33%
croient qu'il sera dévaforable. Alors, ceci est un sommaire de l'analyse
des données provenant du sondage. Maintenant, je voudrais, je pense
qu'il me reste suffisamment de temps, vous présenter les modifications
que l'Ordre des ingénieurs suggère.
A la lumière des opinions exprimées par nos membres lors
de ce sondage, l'ordre a jugé bon de suggérer quelques
modifications aux articles qui le concerne directement dans son fonctionnement.
En passant, c'est le dernier cahier vert déposé, qui s'intitule
"Considérations supplémentaires au mémoire".
En page 2, à l'article 4, les travailleurs ont le droit
fondamental d'exercer leurs activités en français, quelles que
soient la nature, la forme et la taille de l'entreprise. Cet article proclame
un droit fondamental et universel, quelle que soit la situation de
l'entreprise. Ce droit est tempéré par
d'autres articles, tels que l'article 37 et l'article 113. L'ordre
propose le libellé suivant: "Tout Québécois a le droit de
travailler en français". La reconnaissance d'un droit fondamental n'a
pas besoin d'être qualifiée ou précisée par un
quelconque, etc. Ainsi amendée, la loi proclame le droit et impose
à la société la nécessité de s'assurer que
tout Québécois, qui veut l'exercer, pourra le faire. Le
libellé de l'amendement rend l'article similaire aux articles 2, 3, 5 et
6 qui traitent aussi des droits.
L'article 10 dit qu'une "version anglaise des textes de loi est
imprimée et publiée par les soins de l'administration". Nous
suggérons le libellé suivant: "Une version anglaise des projets
de loi, des textes de Ioi et des projets de règlements, des
règlements afférents et des avis, est imprimée et
publiée par les soins de l'administration". Nous croyons qu'il est aussi
important que les projets de loi soient publiés en anglais que le texte
des lois elles-mêmes.
L'opinion générale des membres de l'ordre soutient cette
modification suggérée; réponse aux questions 18 f) et 18
g). A l'article 27, il est dit que "les ordres professionnels doivent
communiquer en français avec leurs membres, ainsi qu'avec le
public."
Nous ne suggérons aucune modification car le libellé
n'exclut pas la possibilité de communiquer également en anglais.
Les résultats de l'enquête, questions 18d et 18e indiquent que les
membres de l'Ordre des ingénieurs sont d'accord pour qu'une version
anglaise accompagne la version française.
L'article 32, et celui-ci est d'importance pour nous... "Les ordres
porfessionnels peuvent délivrer des permis temporaires valables pour une
période d'au plus un an, aux personnes autorisées à
exercer leur profession en vertu des lois d'une autre province ou d'un autre
pays et qui ne remplissent pas les conditions de l'article 30 quant à la
connaissance de la langue officielle. Ces permis ne sont renouvelables que deux
fois et sous réserve que l'intérêt public le justifie. Pour
chaque renouvellement, les intéressés doivent se présenter
à des examens tenus conformément aux règlements du
gouvernement".
Le chapitre du projet de loi qui traite de la langue de certains
organismes parapublics nous touche dans notre fonctionnement organique et
technique, et plus particulièrement dans notre rôle précis
de délivrance des permis de pratique. Nous croyons que les conditions
d'obtention d'un permis de pratique autres que la langue sont du ressort du
Code des professions et de la loi particulière de chaque ordre
professionnel et ne devraient pas se trouver de quelque façon dans une
autre loi. Nous référons ici aux mots "autorisées à
exercer leur profession en vertu des lois d'une autre profession ou d'un autre
pays" dans le premier alinéa de l'article 32. Ces mots n'ajoutent rien
de valable à l'article. Au contraire, à cause du grand nombre de
pays sans loi autorisant l'exercice du génie ou autre profession, tout
immigrant de ces pays ne pourrait obtenir un permis temporaire. Par ailleurs,
et tout en respectant la primauté de la langue française, le
projet devrait tenir compte de la difficulté certaine d'apprendre la
langue française, surtout pour les ingénieurs, à cause de
la nature de leur travail qui les oblige à une grande mobilité.
Nous suggérons donc que la période minimale de validité
soit de deux ans plutôt qu'un. A ce moment, on pourrait limiter la
possibilité de renouvellement du permis à une seule fois au lieu
de deux.
Le chapitre 5 du projet de loi no 1 ne couvre d'aucune façon
l'exercice temporaire de profession par des personnes non domiciliées au
Québec, mais qui y viennent de temps à autre, soit à titre
d'expert, soit à titre de consultant dans le contexte d'un travail ou
d'un projet bien spécifique, ou même qui ne viennent pas au
Québec, mais posent des actes professionnels nécessitant la
sanction de l'ordre professionnel. Selon la Loi des ingénieurs, ne
peuvent être admises à l'ordre que les personnes
domiciliées au Québec ou encore domiciliées dans une
province contiguë, mais travaillant continuellement au Québec.
Lorsque des experts, spécialistes ou consultants domiciliés hors
du Québec sont engagés pour des projets spécifiques
situés au Québec, la Loi des ingénieurs nous autorise
présentement à accorder une licence temporaire valide pour chaque
projet spécifique et ce pour la durée du projet. Le Code des
professions reconnaît ce besoin en autorisant l'émission
d'autorisations spéciales valides pour trois mois, durée
nettement insuffisante pour un projet d'irgénierie.
Si les, articles 30 et 32 du projet de loi entendent inclure tous les
permis, les licences et autorisations spéciales, nous sommes alors
d'avis qu'il y a nécessité d'ajouter un article 32a qui pourrait
se lire comme suit: "Sous réserve des conditions imposées dans
leur loi particulière, les ordres professionnels peuvent accorder des
autorisations spéciales aux personnes possédant les
qualifications professionnelles requises, mais qui ne sont pas
domiciliées au Québec et n'y pratiquent pas leur profession de
façon continue". Il est certain que nous devrons toujours avoir recours,
occasionnellement, à des ingénieurs de l'extérieur du
Québec et qu'ils seront généralement anglophones. Chez les
ingénieurs canadiens, il existe des ententes qui permettent justement
ces échanges entre provinces et qui ont été, jusqu'ici,
favorables au Québec. Il y a en effet plus d'exportations de
Québec, par exemple, avec l'Ontario, que nous n'avons
d'importations.
Plusieurs questions du sondage ont une incidence sur l'article 32.
Ainsi, 52% des ingénieurs anglophones sont d'avis que trois ans ne
constituent pas une période suffisamment longue pour apprendre le
français.
Par ailleurs, 95% des ingénieurs francophones et 86% des
ingénieurs anglophones croient que tout ingénieur non francophone
qui travaille ou désire s'installer au Québec, devrait
acquérir une connaissance suffisante du français.
De plus, 12% des ingénieurs anglophones ont indiqué,
spontanément, qu'une des conséquences probables du projet de loi
no 1, s'il était adopté tel quel, serait la difficulté de
recruter des ingénieurs qualifiés de l'extérieur du
Québec.
Article 36: "II est interdit à tout employeur de congédier
ou rétrograder un salarié pour la seule raison qu'il ne parle que
le français ou qu'il ne connaît pas suffisamment une langue
donnée, autre que le français. Toute contravention au
présent article, en plus de constituer une infraction à la
présente loi, autorise le salarié à faire valoir ses
droits auprès d'un commissaire-enquêteur nommé en vertu du
Code du travail, au même titre que s'il s'agissait d'un
congédiement pour activités syndicales, les articles 14 à
19 du Code du travail s'appliquent alors, mutatis mutandis".
Cet article pourrait créer de sérieux problèmes aux
bureaux d'ingénieurs. Prenons le cas de deux ingénieurs
francophones, dont l'un est uni-lingue et l'autre est bilingue. Le premier a
plus d'ancienneté, ils travaillent tous deux à un projet de
l'Etat. Le travail terminé, le seul projet où ils peuvent
être affectés en est un pour un client américain. La
connaissance de l'anglais est nécessaire pour y travailler. Selon
l'article 36, il semblerait difficile de congédier l'ingénieur
unilingue et de garder l'ingénieur bilingue. Nous craignons aussi que
cet article puisse être utilisé comme moyen de pression par
certaines personnes amenées à être congédiées
lors de la terminaison du contrat.
Notons à cet égard que 63% des ingénieurs
francophones sont d'avis que la connaissance de l'anglais est nécessaire
dans la pratique du génie.
L'article 37: "II est interdit à tout employeur d'exiger, pour
l'accès à un emploi ou à un poste, la connaissance d'une
langue autre que le français, à moins que l'accomplissement de la
tâche ne nécessite la connaissance de cette autre langue,
conformément aux règlements adoptés à cet effet par
l'Office de la langue française. Il incombe à l'employeur de
prouver que la connaissance de l'autre langue est nécessaire."
Il faudrait rappeler au législateur que, pour la très
grande majorité des postes réservés aux ingénieurs,
l'habileté à lire l'anglais est essentielle. Pour un nombre
élevé de postes, comprendre l'anglais et le parler peut aussi
s'avérer nécessaire. Compte tenu de l'étendue de ces
exigences, il est important de connaître la réglementation de
l'office. Nous avons des réserves sur la valeur de cet article. Si on ne
peut mieux justifier son utilité, nous suggérons de l'abolir.
Les réponses données à la question 14 du sondage,
notamment par les ingénieurs francophones, soulèvent de
nombreuses interrogations quant à la pertinence de l'article 37. De
plus, notons que 30% des ingénieurs francophones et 76% des
ingénieurs anglophones ne croient pas que leurs firmes pourraient
fonctionner uniquement en français au Québec. L'article 37
pourrait donc poser des problèmes importants pour les entreprises
employant des ingénieurs.
Articles 52 et 58: Afin de faciliter la mobilité du personnel
dans les entreprises ou établissements dont le rayonnement administratif
dépasse les frontières du Québec, nous proposons les
modifications suivantes aux articles 52 et 58. Article 52, je vais simplement
au paragraphe a) où nous désirons ajouter "ou ailleurs au Canada"
et qui se li- rait comme suit: "Les enfants dont le père ou la
mère a reçu, au Québec ou ailleurs au Canada,
l'enseignement primaire en anglais". Quant au reste, cela va.
Article 58: Le présent chapitre ne s'applique pas aux personnes
qui, aux conditions fixées par règlement et là,
nous voulons ajouter: "afférant à cette loi" sont de
passage au Québec ou y séjournent pour une durée de deux
ans. Cette exemption est renouvelable une seule fois. Ici, je pourrais me
permettre un commentaire. En général, les projets de génie
sont couverts par une période de deux ans et je pense qu'avec un
renouvellement possible, nous couvrirons à peu près 99% des
projets de génie.
L'enquête ne portait pas spécifiquement sur les questions
soulevées par les articles relatifs à la langue
d'enseignement.
Cependant, on doit noter que les articles 52 et 58 ont une incidence sur
la facilité qu'auront les entreprises à recruter au Québec
des ingénieurs provenant de l'extérieur. De nombreux organismes
ont fait état de ce problème, en particulier, les directeurs des
centres de recherche industrielle à Montréal.
Articles 67 à 74. A cause des pouvoirs discrétionnaires
qui lui sont confiés, il y aurait tout avantage à faire de
l'office un organisme de concertation en lui ajoutant un conseil
d'administration formé principalement de personnes non employées
de l'Etat. Le président et les deux vice-présidents pourraient
être fonctionnaires de l'Etat, comme à l'actuelle régie.
Les membres de l'ordre, dans une proportion de 61%, sont d'avis que les
mécanismes institutionnels prévus sont trop lourds. De plus, les
ingénieurs ont indiqué, dans une proportion de 38%, que les
modalités d'application les inquiétaient. A noter
également que 36% des ingénieurs ont indiqué qu'une des
conséquences probables du projet de loi no 1 serait une plus grande
bureaucratisation du système gouvernemental.
Article 86. "Sur la publication de la liste visée à
l'article 85 dans la Gazette officielle du Québec, l'emploi des
expressions et termes y figurant devient obligatoire dans les textes et
documents émanant de l'administration, dans les contrats auxquels elle
est partie ainsi que dans les ouvrages d'enseignement, de formation ou de
recherche publiés en français au Québec et
approuvés par le ministre de l'Education."
Les pouvoirs confiés à l'office par cet article sont trop
vastes. Le manuel scolaire ne pourrait être approuvé par le
ministre de l'Education s'il ne contient pas la bonne terminologie. En
dernière analyse, c'est l'usage qui justifie l'acceptation d'un mot. Les
ingénieurs sont parmi les principaux usagers de nouvelles terminologies
et de terminologies techniques. A cet égard, il faudrait prévoir
des mécanismes plus souples.
Articles 106 et 119. La loi no 1 oblige toutes les entreprises de plus
de 50 employés à avoir un programme de francisation.
Contrairement à la loi 22 qui était compensatoire, la loi 1 est
d'application universelle, comme le sont la majorité des lois. Les
articles 106 et 119 confèrent à l'office un
pouvoir de sanction, ce qui le rend à la fois juge et partie.
Nous croyons qu'on devrait avoir le moyen de recourir au pouvoir judiciaire
dans les cas d'infractions présumées. Ceci devrait être le
mécanisme retenu par la loi no 1. Les réponses données
à la question 3 sont en ce sens pertinentes, la majorité des
membres de l'ordre, 57%, trouve que les modalités d'application sont
répressives.
Articles 115 et 116. Tout programme de francisation doit refléter
un engagement de l'entreprise. C'est donc la direction de l'entreprise qui doit
en être responsable. Le rôle qu'accorde le projet de loi no 1 au
comité de francisation peut créer des problèmes.
Nous croyons que ce comité devrait avoir un rôle uniquement
consultatif.
Article 119. Bien que le texte de cet article n'exclue pas la
possibilité d'appel des décisions de l'office, si ce droit
existe, il nous semble préférable que les modalités soient
précisées et fassent partie de l'article 119.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. Perron. Il est 10 h
43. Depuis 10 h 37, j'ai présumé le consentement unanime de la
commission pour vous laisser dépasser le temps prévu par la
motion.
M. Perron (Gilles): Merci de votre gentillesse.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie, c'est
à la commission que vous le devez. Alors, M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je m'adresserai d'abord
à vous, si vous le permettez, et je vous prierais, en l'occurrence,
d'excuser l'absence du ministre d'Etat au développement culturel, retenu
ce matin par une réunion spéciale du cabinet.
Messieurs de l'Ordre des ingénieurs, nous vous remercions
infiniment de vous être présentés devant nous ce matin, non
pas comme témoins, mais beaucoup plus comme invités, pour nous
faire connaître vos points de vue sur la Charte de la langue
française au Québec. Ces remerciements sont d'autant plus
sincères que le travail que vous avez proposé revêt une
originalité assez remarquable.
Cela a été véritablement l'étude d'un
microcosme en y donnant la dimension de la vie quotidienne.
Quelques opinions ont été exprimées, mais on les
prend justement comme des opinions. Je voudrais également vous remercier
de nous avoir présenté ce matin vos deux autres mémoires.
Le premier, celui qui porte sur l'évaluation méthodologique, est
très important, à mon avis. Si vous vous souvenez, au moment
où vous avez fait connaître publiquement les résultats du
sondage, ces derniers ont été immédiatement mis en cause,
par certains, du point de vue méthodologique justement.
Je me souviens, de mémoire, qu'on parlait de certaines
distorsions possibles à cause du fait que le pourcentage des
répondants francophones et anglophones n'était pas similaire.
Vous nous affirmez ce matin je n'ai malheureusement pas eu le temps de
prendre connaissance du dossier vous nous affirmez ce matin qu'il y a
eu, au moment du dépouillement et de l'interprétation, une
pondération.
Ce sera donc, en conséquence, très utile pour la
crédibilité même du travail que vous avez
effectué.
Je vous remercie également de nous avoir fait parvenir ce matin,
d'une façon plus détaillée et consécutivement au
premier travail, des recommandations précises. On y reviendra
tantôt; je n'ai malheureusement pas eu le temps d'en prendre connaissance
complètement. C'est un peu dommage parce que j'aurais aimé
réagir pour que vous partiez, j'allais dire, beaucoup plus satisfaits.
Beaucoup de ces recommandations ont déjà été
soumises, voire même la presque totalité, que je sache,
après l'avoir parcouru en lecture rapide. Cela vient confirmer certaines
demandes déjà faites par d'autres groupes.
A ce compte-là, on est très heureux de retrouver justement
ce recoupement, ce qui nous permettra justement de faire des
réajustements. On nous accuse de beaucoup de choses à propos de
la charte. Mais quelle est la raison d'être d'une commission
parlementaire. C'est justement pour demander aux Québécois en
quoi ils sont d'accord ou non avec l'écriture même du projet de
loi no 1.
Les ingénieurs acceptent, dites-vous, cette fois, non pas avec
des opinions personnelles, mais bien après une véritable
enquête sur le terrain, les objectifs poursuivis par le projet de loi. En
même temps ça, je crois que c'est tout à fait
normal, c'est d'ailleurs pour ça que nous sommes ensemble ce matin
ils affichent certaines réticences sur le plan des
modalités d'application de la charte. Nous sommes heureux justement de
les entendre, nous sommes précisément ici pour ça.
L'Ordre des ingénieurs, ou plutôt les ingénieurs
eux-mêmes, se divisent particulièrement en deux groupes au
Québec: ceux qui travaillent dans le secteur public et ceux qui
travaillent dans le secteur privé. J'aimerais, au préalable, vous
demander, au moins approximativement, le pourcentage des quelque 20 000
ingénieurs qui travaillent dans le secteur public par rapport au secteur
privé.
M. Perron (Gilles): J'ai ici des données très
détaillées: à la fonction publique, groupe
fédéral, provincial et municipal: 13,3%; en pratique
privée, patrons et employés: 16,5%, dans l'industrie: 62,4%; dans
l'enseignement: 5,2%; divers: 2,7%.
M. Fallu: De l'ensemble de ces groupes, quels sont ceux qui sont
en relation d'employés par rapport à patrons ou encore artisans
autonomes?
M. Perron (Gilles): Je dirais que... Vous permettez que je vous
fasse répéter la question?
M. Fallu: Ceux qui sont en relation d'employés, j'allais
dire au sens du Code du travail,
c'est-à-dire ceux qui sont salariés-cadres, non,
n'utilisons pas le mot "cadre" pour le moment, salariés au sens du Code
du travail.
M. Perron (Gilles): Au sens du Code du travail. A ce moment-ci,
cela exclut un certain niveau de cadres. Je suis obligé de vous donner
une estimation et j'espère que si mes confrères trouvent que ce
n'est pas à point... On considère qu'il y a environ 95% ou entre
90% et 95% des membres de l'Ordre des ingénieurs qui sont des
salariés, à divers niveaux.
Si on exclut les cadres supérieurs, je dirais que c'est
probablement de l'ordre de 80%. Je ne sais pas si mes confrères sont
d'accord avec cette opinion.
M. Fallu: Du moins, c'est un ordre de grandeur que vous nous
donnez.
M. Perron (Gilles): C'est un ordre de grandeur, mais je ne
l'affirmerais pas d'une façon catégorique.
M. Fallu: Cette question est importante, notamment à
propos de certains articles qui sont relatifs à cette relation entre
employeur et employés. C'est à cette fin que je demande une
précision.
Les recommandations que vous faites ce matin à la commission sont
nombreuses. J'aimerais, très rapidement et sans aller au fond, comme je
vous l'ai dit tantôt, étant donné que le document vient de
nous arriver, réagir un peu à vos suggestions.
A l'article 4, notamment, je trouve que la suggestion que vous nous
faites est très positive, à savoir, distinguer dans l'article le
principe général de certaines modalités qui s'y
appliquent. Je ne dis pas carrément que nous sommes prêts à
l'intégrer dans le projet de loi, mais c'est une suggestion que, pour ma
part, je trouve extrêmement positive.
A propos de l'article 10, la question nous est souvent posée:
Pourquoi fait-on seulement allusion, dans le texte, au texte de loi, et non pas
au projet, et non pas au règlement? Je crois qu'il faut se
référer à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Excusez une référence aussi lointaine et surtout aussi vieille.
Précisément, puisque nous vivons toujours dans cette
constitution, on ne mentionne, dans l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, que les projets de lois. C'est par voie de conséquence,
puisque ce que la loi n'interdit pas, elle le permet, peut-être bien, par
voie de conséquence, donc qu'un projet de loi ou peut-être un
règlement... Ce qui est sûr, c'est déjà très
certainement prévu par la Charte de la langue pour certains
règlements qui ayant trait à la santé, à la
sécurité, devront pour leur part, être publiés en
anglais. Si je vous fais cette affirmation, c'est tout simplement pour vous
rassurer sur le plan constitutionnel.
M. Perron (Gilles): Merci.
M. Fallu: A l'article 27, à propos des ordres
professionnels qui doivent communiquer en français avec leurs membres,
ainsi qu'avec le public, vous nous suggérez de ne faire aucune
modification, car le libellé, dites-vous, n'exclut pas la
possibilité de communiquer également en anglais. C'est un fait.
Mais aussi en français?
M. Perron (Gilles): Premièrement en français. C'est
notre pratique, si vous voulez. Nous avons un journal mensuel qui est à
peu près bilingue, mais qui a peut-être une petite
prédominance francophone. Les textes importants, à tout
événement, sont traduits, en général.
M. Fallu: Ou sont en français, traduits en anglais?
M. Perron (Gilles): Ils sont en français, d'abord, et
traduits en anglais.
M. Fallu: A l'article 32, là on est en plein dans la
matière, chez vous...
M. Perron (Gilles): Oui.
M. Fallu: Je voudrais simplement vous rappeler et c'est
pour réagir à la page 4 de vos propositions ...Nous
lisons: "Nous croyons que les conditions d'obtention d'un permis de pratique
autres que la langue sont du ressort du Code des professions et de la loi
particulière de chaque ordre professionnel et ne devraient pas se
trouver, de quelque façon, dans une autre loi".
Je voudrais tout simplement vous faire remarquer la nature assez
particulière du projet de loi no 1, puisque, au-delà d'un simple
projet de loi, il s'agit d'un projet de charte. C'est dans cette dimension que
nous trouvons l'ensemble des aspects de la vie du Québec, par rapport
à la langue.
Vous êtes également inquiets... Enfin, vous êtes
d'accord pour respecter la primauté du français dans l'ordre.
M. Perron (Gilles): Cela y est déjà.
M. Fallu: La preuve est là. Vous soulignez qu'on devrait
tenir compte de la difficulté certaine d'apprendre la langue
française, surtout pour les ingénieurs, à cause de la
nature de leur travail qui les oblige à une grande mobilité. Je
comprends que certains aient cette réticence, mais je voudrais
également vous rappeler, et vous en féliciter d'ailleurs, que la
tradition a voulu que les examens fussent préparés, dans le
passé, de concert avec l'Ordre des ingénieurs et que, sans
dévoiler ou sans faire surtout de comparaison odieuse, les
ingénieurs ont toujours mis beaucoup de sérieux à se
présenter à ces examens de français et le taux de
succès est remarquablement élevé.
M. Perron (Gilles): Merci.
M. Fallu: A l'article 36, vous avez donné des exemples
concrets pour illustrer ce qui pourrait arriver. Il s'agit encore une fois de
l'expression "seule raison" pour une rétrogradation ou un
congédiement. Ici, de nombreuses expertises nous ont appris que,
notamment pour ce qui a trait aux activités syndicales, il fallait
exclure vraiment toutes les raisons à l'exception de... c'est pour
cela que le mot "seule" apparaît et que l'expertise, notamment
dans les griefs ou les arbitrages syndicaux, puisque c'est de cela qu'il
s'agit à toutes fins pratiques, ici, c'est la relation
employés-employeur de nature syndicale, puisqu'ici, c'est "mutatis
mutandis" l'expérience nous révèle que, si on veut
que la preuve, puisqu'ici, la preuve est à l'employeur, le fardeau de la
preuve est relayé à l'employeur, si on veut vraiment qu'il n'y
ait pas d'autres formes de discrimination, il faut vraiment serrer de
très près la raison. Enfin, je ne voudrais quand même pas
entrer dans l'histoire de tous les griefs et de tous les arbitrages qui ont
créé de nombreux précédents judiciaires, mais je
voulais tout simplement vous le signaler.
M. Perron (Gilles): Me permettez-vous un mot à ce
moment-ci? C'est qu'on aimerait, en tout cas, en principe, avoir une certaine
souplesse et l'exemple qu'on a donné veut illustrer certaines
situations, étant donné la diversité des travaux qui
existent dans les firmes de génie-conseils, en particulier. Il arrive,
à certains moments, et peut-être qu'à ce stade-ci, dans
notre économie, nos firmes d'ingénieurs-conseils oeuvrent
beaucoup sur le marché international et la connaissance de l'anglais
devient un atout nécessaire.
On voudrait que la Charte de la langue française nous permette
justement assez de souplesse pour être capables d'agir.
M. Fallu: Justement, je vous renvoie, à ce
compte-là, à votre demande relativement à l'article 37,
qui est complémentaire. Je cite le texte du projet de loi, de charte:
"...à moins que l'accomplissement de la tâche ne nécessite
la connaissance de cette autre langue..."
Or, la preuve était donnée tout simplement. Je pense qu'il
n'y a pas de contradiction entre l'application de l'article 36 et de l'article
37. Au contraire, il y a complémentarité ici, de telle sorte que
c'est peut-être un peu cela que je voulais souligner ce que
vous nous proposez ou votre inquiétude au sujet des articles 36 et 37
n'est peut-être pas fondée, tout simplement.
A propos de la constitution de l'office, vous nous apportez une
comparaison qui, au demeurant, est intéressante, c'est-à-dire
votre propre fonctionnement chez vous. C'est intéressant parce que,
justement, il y a dans... Comment rappelez-vous déjà? C'est le
conseil de régie?
M. Perron (Gilles): Ce qu'on demande, c'est que le
président et les deux vice-présidents soient fonctionnaires et
qu'il y ait un conseil d'administration qui provienne de
l'extérieur.
M. Fallu: Oui. Dans votre mémoire, vous nous faites part
de l'expérience vécue chez vous.
M. Perron (Gilles): II faudrait que j'y retourne.
Malheureusement, je ne me souviens pas.
M. Fallu: Bon, laissons. Je voudrais déjà vous
rassurer. Nous avons déjà eu plusieurs représentations
relativement, j'allais dire pour le moins, à la formulation, et
peut-être même à la composition de l'office. Je peux vous
assurer que nous allons, pour le moins, reformuler, d'une façon assez
substantielle, tenant compte de l'ensemble des remarques que nous avons eues
jusqu'à maintenant... Les vôtres arrivent en voie de
conséquence. Nous sommes là pour écouter. Nous
tâchons d'écouter le mieux possible. Nous avons quand même
confiance dans la bureaucratie gouvernementale. La seule chose que nous
voulons,c'est lui donner un mandat clair. Vous voudrez bien nous comprendre de
ce point de vue.
Concernant les articles 115 et 116 à propos du programme de
francisation, vous savez que les syndicats, pour leur part, exigent une
présence d'au moins 50% des travailleurs ou des salariés au sens
du Code du travail, à ce qui sera le conseil, le comité, bref,
qu'importe la dénomination... Ce qui est sûr, c'est qu'il serait,
à la limite, assez difficile que ces comités aient un rôle
uniquement consultatif. Il faut que les gens soient présents et que cela
devienne en fait, leur propre affaire, qu'ils se prennent en main au niveau
local, au niveau de l'industrie, au niveau de la boîte, quoi!
M. Perron (Gilles): Me permettriez-vous de formuler, de
reformuler notre crainte? Si on veut réellement progresser dans un
programme de francisation, il faut que l'industrie ou la direction de
l'entreprise y soit. On préférerait qu'un comité de
francisation soit un peu comme un chien de garde, qu'il voit à ce qui se
passe, et si cela ne fonctionne pas, qu'il ait un droit lui permettant
d'avertir les autorités, ou enfin, de se défendre de quelque
façon que ce soit. On ne voudrait pas que le comité dirige
l'opération francisation. Il faut que l'industrie elle-même, ou la
direction, en soit convaincue, si on veut que cela progresse
véritablement.
M. Fallu: Vous voulez garder, en somme, le droit de
gérance dans le domaine de la francisation?
M. Perron (Gilles): Le comité, si vous voulez, exercerait
de la surveillance au nom des employés. Je pense que cela a tout
à fait de l'allure. D'autre part, il faut que ce soient les directions
d'entreprises elles-mêmes qui mettent en marche le programme. Si ce
comité, formé d'employés et de membres de la direction, se
rend compte que cela ne va pas ou que cela ne fonctionne pas suffisamment vite
etc., qu'on puisse faire des représentations aux endroits voulus, de
façon à pouvoir stimuler la bonne marche d'un programme de
francisation, et non pas que le comité lui-même dirige cette
opération à l'intérieur d'une entreprise.
M. Fallu: Oui, c'est une conception que je reçois avec
intérêt. M. le Président, provisoirement.
Le Président (M. Blank): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie l'Ordre des
ingénieurs de s'être donné la peine, non seulement de
présenter un mémoire, mais aussi d'avoir fait ce sondage qui, je
crois, jette un éclairage assez intéressant sur la question
linguistique, en 1977, au Québec.
Avant de commencer, je voudrais quand même en réponse aux
propos du député de Terrebonne, excuser l'absence du ministre. Il
a demandé à la commission de l'excuser. Cela ne me rassure pas,
par exemple, parce que ses absences sont de plus en plus nombreuses, et
ajoutées aux absences du député de Taschereau qui est
suffisamment informé, et qui est maintenant à Paris
naturellement, on lui souhaite un bon voyage cela m'inquiète un
peu.
Cela m'inquiète d'autant plus que plusieurs avant vous,
messieurs, ont reçu des assurances de la part du ministre à
l'égard de certaines de leurs représentations, mais vous, on ne
peut pas vous faire d'assurances, on ne peut pas vous en donner, parce qu'il
n'y a pas de ministre ici. Je ne veux pas, naturellement, minimiser le
rôle du député qui de toute évidence non
seulement du député de Terrebonne, mais du député
en général à cette commission; naturellement c'est une
réunion de députés ...C'est seulement de la part du
gouvernement, de la part du ministre, que vous auriez pu recevoir les
assurances que le député de Terrebonne n'a pas pu vous
donner.
Quant au sondage, il y a plusieurs aspects intéressants, mais
cela ne demeure qu'un sondage. Mais il reste quand même à
souligner, je crois, que l'appui, en ce qui concerne au moins votre
clientèle, vos membres, que l'appui, dis-je, à l'égard du
projet de loi no 1 est directement proportionnel à l'ignorance qu'on a
du projet de loi et à l'éloignement dans lequel on est du
problème linguistique, c'est-à-dire de Montréal et de son
agglomération. Je ne sais pas si cela vous a frappé: vous avez
dit tout à l'heure que la proportion de ceux qui ne l'ont pas lu
augmente à mesure qu'augmente la proportion de ceux qui l'appuient et
qu'elle augmente aussi à mesure qu'on s'éloigne de
Montréal. Je me demande, non seulement si vous y avez songé, mais
si vous avez pu porter des conclusions là-dessus. Sinon, je ne veux pas
vous inviter à faire une considération politique. Simplement au
point de vue de votre clientèle...
M. Perron (Gilles): Je voudrais premièrement, si vous
voulez, relever "ce n'est qu'un sondage". Scientifiquement, il est très
valable et c'est pour cela que nous avons eu recours à des firmes
spécialisées. Pas pour porter nous-mêmes des jugements sur
ce sondage, mais par des gens qui s'y connaissent; et le sondage comporte une
marge d'erreur de moins de 5%. Donc, il est représentatif de la
profession.
M. Lalonde: Excusez-moi de vous interrompre. Quand j'ai dit: "ce
n'est qu'un sondage", ce n'était pas péjorativement ou pour
enlever la valeur qu'il a comme sondage. Ce que je voulais dire, c'est que
lorsqu'on discute d'un projet de loi et de virgules souvent, on ne peut pas
s'en rappor- ter à un sondage pour savoir la sagesse de telle
disposition ou non. Mais comme éclairage, j'ai aussi affirmé et
je le répète, que c'est extrêmement intéressant.
M. Perron (Gilles): Maintenant, quant au profil que nous avons
dégagé d'après le questionnaire il est à l'effet
que je vais essayer de m'en rappeler sans y référer
l'ingénieur favorable, comme profil, est un bonhomme qui était
jeune, dans la fonction publique et en dehors de Montréal. Il y a
l'inverse. Maintenant, c'est un fait que pour les gens qui n'en prennent pas
connaissance, on lit le titre, on est pour ou on est contre de prime abord.
C'est quand on approfondit que les opinions s'adoucissent. Ceux qui
étaient contre deviennent un peu moins contre, parce qu'on
réalise que ce n'est pas si mauvais que cela et là on s'attache
à des modalités et la même chose pour les autres. On est
moins pour, quand on voit qu'il y a certaines modalités qui ne vont
pas.
M. Lalonde: D'ailleurs, M. Perron, je pense que les conclusions
que vous venez de porter sont tout à fait pertinentes et c'est le
tableau qu'on a pu dresser depuis cinq semaines à cette commission
parlementaire. Alors qu'auparavant ceux qui étaient contre se faisaient
traiter par le ministre de tous les noms, on s'est aperçu que la
très grande majorité des gens, souvent est-ce qu'on peut
douter de la sincérité de quelques-uns? Ce n'est pas à moi
de porter de jugement la très grande majorité des gens
sont en faveur des objectifs du projet de loi, c'est-à-dire que le
français soit, dans les faits... C'est dans les modalités qu'on a
des doutes sérieux et je comprends le gouvernement qui est un peu pris,
pour avoir politiquement pris position à l'encontre de la loi 22. Il
faut qu'il aille plus loin et là on s'aperçoit, depuis 60
mémoires, que, au niveau de combien de dispositions, il va falloir qu'il
recule.
Enfin! La précision aussi au niveau des salariés est
importante, je pense. Vous ne représentez pas, ici, un groupe
privilégié, en ce sens, d'exploiteurs j'emploie un peu le
vocabulaire qu'on entend souvent de l'autre côté de la table
mais bien simplement des Québécois anglophones et
francophones qui sont au fond un actif extrêmement sérieux de
notre population et une population économique. Il y a aussi ce
phénomène que, si j'avais le temps, j'aimerais vous entendre
développer, à propos de l'exportation de la compétence du
génie québécois depuis quelques années.
Combien de firmes québécoises... Là, je m'attache
seulement à une minorité parce qu'au fond, vos 62% qui
travaillent dans l'industrie... Je pense plutôt aux 16% qui sont des
organisations professionnelles et qui exportent leurs connaissances à
travers le monde, d'une façon souvent étonnante par rapport
à une population assez limités. Avez-vous quelque chose à
dire là-dessus?
M. Perron (Gilles): Je vais essayer de vous donner quelques
chiffres de mémoire. Si je me rappelle bien, l'industrie, ce qu'on
appelle la partie
industrie du génie-conseil qui s'exporte, rapporte dans le
Québec quelque chose comme $200 millions d'honoraires par année,
avec toutes les retombées que cela implique. Par exemple,
l'ingénieur qui fait un projet, qui fait un "design", spécifie
automatiquement le matériel qu'il connaît et celui qu'il
connaît davantage, c'est le matériel local. Alors, cela a donc des
retombées économiques extrêmement importantes.
C'est une des grandes préoccupations de l'Ordre des
ingénieurs, à ce moment-ci, à cause de la mobilité.
On est inquiet, dans certains milieux anglophones et francophones, parce que,
si on applique trop rigidement les modalités de la charte, il va
continuer de se produire ce qui s'est déjà produit: certains
glissements de firmes ou de centres de recherche vers l'extérieur. Il y
en a qui se font un peu sournoisement et il y en a d'autres qui se font de
façon plus ouverte. Il y a des bureaux de génie-conseil... Par
exemple, je pourrais vous nommer une organisation en particulier, qui n'a pas
de projet dans le Québec, qui oeuvre strictement à
l'extérieur, dans l'Oeust du pays, dans l'Est du pays et à
l'échelle internationale. Or, tout ce paquet d'employés, on
pourrait le prendre et le déménager à Vancouver, à
Hamilton, à Toronto, cela ne changerait rien à la conception ou
au travail que l'on fait. Alors, les ingénieurs francophones et
anglophones qui sont heureux de vivre à Montréal ou dans le
Québec, à ce moment, se sentent inquiets et craignent que ces
groupements déménagent à l'extérieur. C'est ce qui
se reflète dans le sondage que nous avons fait.
M. Lalonde: Pour ces gens-là, il y a une certaine analogie
avec les sièges sociaux, c'est-à-dire une mobilité.
Vous avez parlé de la primauté du français dans
l'Ordre des ingénieurs, vous avez dit que c'est déjà chose
faite. Vous pourriez peut-être prendre quelques secondes pour faire
l'histoire parce que, si je me souviens bien, il y a 20 ou 25 ans,
commençait à peine l'effort cohérent du francophone vers
le génie. Auparavant, c'était plutôt peut-être
pourriez-vous m'éclairer là-dessus une profession
où l'on retrouvait une majorité d'anglophones. Est-ce vrai?
M. Perron (Gilles): Quand on prenait le génie, même
à mon époque, vers 1940, on se faisait regarder drôlement
dans nos collèges classiques.
M. Lalonde: C'était presque anticlérical de le
faire?
M. Perron (Gilles): Presque.
Je peux vous dire que, juste avant 1950, on avait 40% de francophones
à l'Ordre des ingénieurs, alors qu'aujourd'hui, nous sommes
rendus à 60% ou tout près, 58%. Jusqu'avant les années
1960, les délibérations du conseil d'administration, les
procès-verbaux, à peu près tout se passait en anglais.
Graduellement, il y a eu cette pratique où les gens s'exprimaient dans
leur langue, sans qu'il y ait de traduction. C'était la règle,
cela fonctionnait très bien, mais, graduellement, si vous vou- lez...
C'est que le nombre d'administrateurs francophones est nettement
supérieur à celui des autres et aujourd'hui, tout se
déroule en français. Non pas que la liberté des
anglophones soit brimée. Ils peuvent s'exprimer en anglais, il n'y a
aucun problème. Les résolutions qu'ils présentent en
anglais sont inscrites dans la langue dans laquelle on les présente,
mais il reste que, dans les faits, c'est 99,9% en français.
M. Lalonde: Je ne veux pas prendre trop de temps, M. le
Président. Je voudrais simplement assurer l'Ordre des ingénieurs
qu'en ce qui concerne l'Opposition officielle, nous avons pris connaissance de
votre mémoire avec beaucoup d'intérêt, plus
particulièrement en ce qui concerne les dispositions de l'article 32, la
connaissance du français de la part de vos membres pour
l'émission d'un permis. Déjà, la loi 22 contient des
dispositions dans ce sens on n'a rien inventé ici des
dispositions qui créent souvent des problèmes, qu'il aurait
fallu, de toute façon, je pense, assouplir ou enfin ajuster à la
réalité. Nous apporterons beaucoup d'attention à ces
articles, lorsque l'étude, article par article, de cette loi nous sera
soumise.
Il en est ainsi des recommandations que vous faites pour le conseil
d'administration de la régie. Plusieurs l'ont fait avant vous. On
désire une direction collégiale. Sur les pouvoirs d'appel aussi,
le ministre a déjà donné des assurances à ce
propos.
Je termine. En ce qui concerne l'article 52, si je fais erreur vous me
corrigerez, votre préoccupation, c'est strictement la mobilité,
pour conclure à l'élargissement du critère de
fréquentation de Québec à Canada. C'est strictement la
question de mobilité. Parce que si la mobilité vous avait... Si,
par hypothèse, la majorité, la très grande majorité
des ingénieurs dont vous aviez besoin venait des Etats-Unis, est-ce que
vous suggéreriez d'étendre cela aux Etats-Unis par exemple?
M. Perron (Gilles): II n'y a pas de problème. En fait, si
vous voulez, dans l'émission de permis ou dans le fait d'accorder la
permission de travailler au Québec, il y a les permis temporaires par
projet, mais il y a d'autre part le genre de firmes dont je faisais mention
tout à l'heure, qui importent de l'extérieur du Québec des
gens pour faire un projet et qui sont ici pour une période de l'ordre de
deux ans et qui, par après, s'en retournent à l'extérieur.
Ceux-là, on ne voudrait pas les forcer à faire la scolarisation
de leurs enfants en français, parce qu'ils ne sont pas ici en
permanence. C'est pour cela qu'on suggère deux ans, avec un
renouvellement, ce qui porte à quatre ans le maximum et, à ce
moment-là, on couvre presque 100% des projets.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. Perron.
Le Président (M. Blank): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord, au nom de l'Union Nationale, vous remercier de votre
participation et du mémoire vraiment judicieux que vous nous donnez ce
matin. On fait la preuve, avec votre mémoire, qu'on en a encore pas mal
à apprendre et on voit que, quand on donne le temps et qu'on fait une
sélection des mémoires, il nous en reste certainement sur la
tablette de très sérieux à étudier. J'espère
bien qu'on aura devant nous tout le temps qu'il faut pour faire venir des
groupes comme le vôtre encore pour nous permettre de donner vraiment tout
l'éclairage dont on a besoin. Je ne vous cache pas qu'un mémoire
comme celui de ce matin est juteux et sert, je pense bien, à toute la
table. On n'a pas été gâtés ces derniers temps.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Grenier: Oui, je le souhaite. On n'a pas été
gâtés. Pas besoin de vous dire qu'un mémoire comme
celui-là est plus important que les kilomètres qu'on a
reçus hier parce que, ramasser environ 20 000 lettres, à moi tout
seul, dans mon comté, je peux le faire facilement. Il s'agit
d'être un peu organisateur pour réussir cela, mais ce n'est pas
cela qui fait avancer les discussions à la table et ce n'est pas cela
non plus qui va faire qu'on va modifier les articles de la loi. Le ministre,
qui s'apprête à présenter des amendements, a besoin de
personnes comme vous aujourd'hui et on devrait voir à remplacer
certaines personnes comme celles qui se sont présentées ici,
surtout avec des mémoires individuels, pour rencontrer des
représentants de groupes aussi importants que le vôtre.
On touche ce matin avec vous vraiment à l'âme du
problème de la langue, je pense. Vous êtes dans le milieu pour
nous démontrer jusqu'à quel point l'impact est important sur
l'économie du Québec. Une première question que j'aimerais
vous poser, ce serait pour savoir combien d'ingénieurs ont depuis
environ six mois demandé à quitter ou ont quitté le
Québec pour aller travailler ailleurs et, à l'inverse, combien
ont demandé à venir travailler au Québec.
M. Perron (Gilles): Nous avons justement des statistiques. Si
vous permettez, je vais demander au secrétaire de l'ordre, qui est aux
prises avec le problème d'une façon quotidienne, de vous donner
les chiffres qu'il peut avoir en main.
M. Massé (Robert): Les chiffres que nous avons sont ceux
des ingénieurs qui quittent le Québec pour aller vers d'autres
provinces généralement, et il y a des ententes entre les
associations provinciales, qui font exactement la même chose que l'ordre
au Québec. Ces gens-là procèdent par transfert. Dans les
six derniers mois, c'est-à-dire depuis le début de
l'année, il y a 175 ingénieurs qui ont quitté la province
de Québec pour aller dans d'autres provinces. La plupart du temps, cela
m'a l'air que c'est en Ontario et en Alberta. Cela semble être les
marchés favoris.
M. Grenier: Je m'excuse. Est-ce que c'est plus que
d'habitude?
M. Massé: C'est un peu plus que d'habitude. Il y a
certainement une accentuation, mais cela peut être dû à la
situation économique, sans le qualifier autrement. Pour répondre
à votre deuxième question, ceux qui viennent au Québec par
le même mécanisme, généralement, ce sont des
multinationales, des ingénieurs qui sont transférés d'une
province à l'autre. Depuis le début de l'année, il y a
quinze personnes qui sont arrivées de l'extérieur pour venir au
Québec.
M. Grenier: Est-ce que c'est plus ou moins que d'habitude?
M. Massé: C'est beaucoup moins que d'habitude. C'est de
huit à dix fois moins que d'habitude.
M. Grenier: Je voudrais bien, M. le Président, qu'on
comprenne... Article quoi?
Le Président (M. Cardinal): L'article 100, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Est-ce qu'on pourrait nous préciser combien
il y en avait à ce moment-là et combien il y en a
aujourd'hui?
M. Grenier: Je ne sais pas si on a ces données. Est-ce que
vous pouvez les fournir?
M. Laplante: C'est vague.
M. Grenier: On aimerait avoir en nombre les personnes qui ont pu
quitter le Québec depuis environ six mois et les personnes qui y sont
venues. C'est ça, je pense, le sens de la question du
député de Bourassa? Du côté des
ingénieurs.
M. Dussault: ... point de comparaison.
M. Massé: J'ai dit que c'était 175 pour les six
derniers mois, ce qui est un peu plus fort que d'habitude. Normalement, on en a
environ 300 par année. C'est une chose qui se fait d'année en
année. C'est assez semblable. Cela varie sûrement de 250 à
300. Cela dépend beaucoup du climat économique et du jeu des
multinationales qui changent les ingénieurs. Du côté des
arrivées, le chiffre est généralement de 20 à 25
par mois. C'est une moyenne assez forte; elle démontre la
mobilité des ingénieurs. Depuis les six derniers mois, je dirais
même les dix derniers mois, cela a baissé très fortement et
la moyenne est d'environ 2,5 par mois, ce qui ferait 30 par année,
comparativement à 250 par exemple.
M. Grenier: M. le Président, je voudrais bien que le
ministre tienne compte de ça. Je voudrais bien que le ministre lise le
journal des Débats ce matin avant de prendre sa décision et de
faire ses amendements, lundi prochain. Voilà une donnée,
ce matin, qui n'est pas une lettre écrite parmi celles des cinq
kilomètres, une donnée très précise et qui nous
montre l'impact de la loi 1. Il y a là une richesse qu'on doit signaler
au ministre, qui est peut-être plus importante que d'autres qu'on a
véhiculées au cours de ces derniers jours. C'est un point
très important, je pense.
C'est-à-dire que je me base sur les chiffres qu'on m'a
donnés.
M. Fallu: ... les chiffres, mais les causes.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Vous savez qu'il n'y a pas de
débat entre les députés.
Mme Lavoie-Roux: II y a des sourds qui ne veulent pas entendre et
des aveugles qui ne veulent pas voir.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Madame, s'il vous plaît, à l'ordre! M. le
député de Mégantic-Compton, vous avez la parole...
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Cardinal): Ne provoquez pas les autres
à vous interrompre.
M. Grenier: C'est-à-dire qu'ils m'interrompent, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): C'est ça, je ne
voudrais pas... à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Grenier: Pardon?
M. Lalonde: Je m'excuse de vous avoir interrompu. C'était
pour vous approuver.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Cela fait mal, quand on arrive avec des
données comme ça. On aime mieux, de l'autre côté de
la table, être poète, rêvasser, faire de belles
déclarations, ronronner, mais on n'aime pas entendre parler de chiffres,
ça fait mal. C'est pour ça qu'il faut continuer d'entendre des
mémoires dans ce sens, pour que l'économie du Québec n'en
souffre pas trop. A partir d'aujourd'hui et avec les données d'hier
soir, je vais vous dire une chose: il va se faire, de ce côté-ci
de la table au moins, des pressions fort considérables pour qu'on
continue d'entendre des mémoires comme le vôtre.
Je pense que nous, de l'Union Nationale, nous demanderons au ministre,
avec les données que nous avons, de sélectionner parmi les
mémoires qui restent, des mémoires semblables au vôtre. On
va peut-être proclamer la fin des philosophes, des poètes. Qu'on
reçoive ici des personnes qui vont nous dire quel est l'impact de la loi
1 sur l'économie du Québec. C'est ça qui nous
intéresse et c'est ça qui devrait intéresser les gens du
gouvernement, c'est-à-dire les députés du
gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Les députés
ministériels.
M. Grenier: Ministériels. Merci, M. le
Président.
Vous dites, à la page 5, que chez les ingénieurs
canadiens, il existe des ententes qui permettent justement ces échanges
entre provinces qui ont été jusqu'ici favorables au
Québec. J'aimerais savoir dans quel ordre ces échanges peuvent
être favorables au Québec.
M. Perron (Gilles): Toutes les provinces ont l'équivalent
de l'Ordre des ingénieurs, mais il existe un organisme de coordination
au-dessus de ça qui s'appelle le Conseil canadien des ingénieurs
sur lequel nous siégeons en tant qu'ordre, comme toutes les provinces.
C'est pour standardiser les normes d'accréditation des ingénieurs
à travers le Canada et faciliter les transferts. On s'échange des
données entre organisations professionnelles et le Québec
requiert davantage de permis à l'extérieur qu'il ne s'en fait
demander par d'autres, jusqu'à maintenant. Alors, ça joue en
notre faveur.
M. Grenier: D'accord, merci. Je n'aurai pas le temps, bien
sûr, pour plusieurs questions. Il y en a une qui m'intéresse d'une
façon particulière. Un instant, je vais essayer de la retrouver.
L'Opposition officielle a signalé tout à l'heure qu'il y avait eu
pas mal de francisation depuis une décade. Est-ce que vous sentez que,
depuis 1971, par exemple, le mouvement s'est accentué du
côté de la francisation chez les ingénieurs?
M. Perron (Gilles): Forcément, parce que le nombre de
diplômés qui sortent des universités du Québec
augmente continuellement. Cela a un impact sur la venue d'autres. On se sent
moins à l'aise si on travaille exclusivement en anglais, c'est
évident.
M. Grenier: II y a une question qui n'est pas
énoncée dans votre mémoire, bien sûr, mais qui est
sortie parmi d'autres questions qui ont été posées et qui
m'intrigue un peu. On nous dit que, alors que vous avez terminé votre
collège ou votre séminaire du temps et que vous avez fait votre
choix pour le groupe des ingénieurs, c'était une profession
plutôt rare, qui était pas mal plus anglophone qu'elle ne l'est
dans le moment.
Pouvez-vous nous dire jusqu'à quel point cela peut être
francisé pour que cela ne fasse pas de tort et qu'on conserve
suffisamment de gens bilingues ou de gens unilingues anglophones si cela est
nécessaire, si cela devait être pour des gens qu'on amène
ici? Jusqu'à quel point peut-on aller, en pourcentage, pour que le
groupe d'ingénieurs puisse quand même continuer de respirer et de
vivre à l'aise, d'aider le Québec à vivre à
l'aise?
M. Perron (Gilles): Ce sera une appréciation un peu
personnelle, vous allez comprendre. Mais il semble, d'après les
réactions, les conversations qu'on a autour de nous et dans
Montréal, Dieu
sait si on en rencontre, des gens qui sont anglophones, qui sont
inquiets que la principale préoccupation, c'est la scolarisation
des enfants, d'être forcés d'envoyer les enfants à
l'école strictement française.
Les individus eux-mêmes, je pense qu'ils ne sont pas
réticents à apprendre le français, en principe. Si nous
avions une recommandation à faire, en tant que les ingénieurs
sont visés, je dirais: Nous désirons, il est extrêmement
désirable et peut-être nécessaire que tous les francophones
aient une connaissance pratique de l'anglais; conséquemment, le
système scolaire devrait être capable de nous la fournir. En
second lieu, que les anglophones aient suffisamment de français dans
leurs écoles pour apprendre la langue d'une façon pratique
aussi.
M. Grenier: Je laisse le peu de temps qui peut me rester...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez commencé
à 11 h 15, M. le député de Mégantic-Compton; vous
pouvez regarder l'horloge, autant que moi.
M. Grenier: Si vous le permettez, je garderai peut-être une
couple de minutes pour le député de Gaspé.
Des Voix: Oui, oui.
Le Président (M. Cardinal): Tout le monde semble d'accord,
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: D'accord. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Pour le député
de Gaspé; on lui laissera deux minutes, généreusement. Je
pense que tout le monde est d'accord. Sur ce, Mme le député de
L'Acadie; il reste huit minutes au parti de l'Opposition officielle.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. D'après
les statistiques que vous avez données tout à l'heure qui, je
comprends, sont des statistiques qu'à ce moment-ci, vous donnez de
mémoire, il y aurait environ 175 ingénieurs qui auraient
quitté la province, ce qui ne semble peut-être pas pour les
premiers six mois, s'éloigner trop des statistiques habituelles. Mais
quant à l'entrée des ingénieurs, si j'ai bien compris,
alors que c'était de 20 à 25 par mois, nous en recevons
maintenant de deux et demi à trois.
M. Perron (Gilles): II y en a dix fois moins. Mme Lavoie-Roux:
Dix fois moins.
M. Grenier: C'est presque le double quand même qui a
quitté, 175.
Le Président (M. Cardinal): Attention, M. le
député de Mégantic-Compton.
Mme le député de L'Acadie, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je vais continuer ce que le député
de Mégantic-Compton disait. Il a interprété que
c'était presque le double qui avait quitté. Est-ce qu'on peut
déduire cela?
M. Massé (Robert): Pour les premiers six mois de 1977,
c'est presque le double de ce que l'on aurait normalement dans cette
période. Mais quand on regarde la moyenne mensuelle annuelle, c'est
faiblement plus.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Maintenant, l'autre question. On voit,
dans les journaux et je me demande si vous pourrez nous commenter ces
informations que nous lisons de temps à autre... Concernant le
chômage des ingénieurs dans le Québec présentement,
est-ce que la situation est plus grave que d'habitude ou si...
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, attention. Est-ce que vous parlez du projet de loi no 1?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous
spécifiez que ce sera à la suite du projet de loi no 1 qu'il y
aurait plus de chômage, votre question est admissible.
M. Lalonde: C'est sous-entendu.
Mme Lavoie-Roux: Honnêtement, c'était dans cet
esprit.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Perron (Gilles): La situation du chômage, à
l'Ordre des ingénieurs, comme nous la voyons nous avons un bureau
d'emploi au service de nos membres n'est pas alarmante. Il peut y avoir
des congédiements assez importants, mais il semble que les gens peuvent
se trouver de l'emploi ailleurs. Cela ne veut pas dire que cela répond
à leurs aspirations, mais ils peuvent se trouver au moins un gagne-pain.
Tel que nous la voyons présentement du siège social de l'Ordre
des ingénieurs, elle n'est pas alarmante outre mesure.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous dites qu'ils peuvent se trouver un
emploi ailleurs, est-ce que c'est dans le domaine du génie ou si ce sont
d'autres types d'emplois se rapprochant du travail de technicien?
M. Perron (Gilles): En général, c'est dans le
domaine du génie. Par exemple, vous pouvez être ingénieur
de discipline électrique et être obligé d'aller vous
accrocher à un autre domaine. Si vous êtes un chercheur et qu'il
n'y a pas de recherche à faire, vous êtes obligé de prendre
autre chose qui
convient moins à vos aspirations. C'est dans ce
sens-là.
Mme Lavoie-Roux: Cela demeure dans le domaine du génie,
d'une façon générale?
M. Perron (Gilles): Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Les questions que je voulais vous poser sont
d'un autre ordre. Il s'agit de la langue seconde. Je n'ai malheureusement pas
pris connaissance de votre évaluation méthodologique au complet.
J'avais quand même lu votre mémoire et j'ai cru discerner la
nécessité pour des ingénieurs d'avoir une bonne
connaissance de la langue anglaise, même s'ils fonctionnent, comme vous
disiez tout à l'heure, à près de 90% ou 95% en
français.
Est-ce que vous pourriez me dire vous avez sans doute des enfants
si dans le moment, vous avez l'impression que l'enseignement de la
langue seconde qu'on donne à vos enfants dans les écoles
françaises est satisfaisant?
M. Perron (Gilles): Je pourrais peut-être aller plus loin.
Quand je regarde la composition qu'on fait, je dis même que
l'enseignement du français ne m'apparaît pas satisfaisant et,
quant à l'enseignement de l'anglais, il me semble que les enfants qui se
débrouillent, chez nous en tout cas, l'acquièrent plutôt
à l'extérieur de l'école; d'après moi, je n'ai pas
fait d'enquête personnelle, il me semble que ce soit insuffisant.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez que vos enfants acquièrent
une connaissance d'usage pratique de l'anglais, vous devez recourir, si je me
réfère à vos propos, à des moyens extérieurs
à l'école, soit les envoyer dans des camps, soit dans des
échanges entre étudiants des différentes provinces, est-ce
que c'est cela la situation?
M. Perron (Gilles): II faut sûrement ajouter à ce
qui existe dans le domaine scolaire, tel que constitué.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question que je voudrais vous poser,
c'est au sujet de l'utilisation des manuels dans les universités, dans
les facultés de génie. Je pense qu'il y a une assez grande
proportion des manuels qui sont de langue anglaise. Dans quelle mesure
croyez-vous que ceci puisse être diminué et dans quelle
proportion, si cette utilisation des manuels anglais peut être
diminuée, à votre point de vue, restera-t-eIle toujours
nécessaire, pour la formation de l'ingénieur et pour son travail
ultérieur dans la pratique?
M. Perron (Gilles): II y a 25 ans, il n'existait absolument pas
de documentation en français dans le domaine technologique, dans le
domaine du génie. Il en existe une faible proportion aujourd'hui et
c'est difficile de prévoir quand il y en aura suffisamment dans l'avenir
pour pouvoir se contenter de la langue française, mais, en 1977, je
dirais que la très forte proportion de la documen- tation technique ou
technologique est de langue anglaise.
Mme Lavoie-Roux: Les communications scientifiques et votre mise
à jour des développements technologiques, dans le domaine des
différents génies, est-ce qu'elle vous arrive, comme
professionnels, majoritairement en anglais? Quelle est la proportion en
français et en anglais, pour les revues scientifiques, etc.?
M. Perron (Gilles): En très grande proportion en langue
anglaise. Les colloques ou séminaires qui sont organisés sont
généralement patronnés par des associations à
caractère scientifique qui sont anglophones, à la base.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends cela, si on reste sur le continent
nord-américain, mais dans les congrès à l'extérieur
de l'Amérique du Nord, est-ce que l'anglais semble également y
prédominer, non seulement comme moyen de communication, mais de
diffusion de la recherche scientifique?
M. Perron (Gilles): Je pense qu'à peu près le seul
pays où on a des conférences qui sont organisées d'abord
en français, c'est en France et, là encore, on permet ou va
donner la traduction simultanée, l'interprétation
simultanée, et on peut présenter ses documents, sa documentation
scientifique en langue anglaise.
Mme Lavoie-Roux: C'est la langue de communication
générale?
M. Perron (Gilles): D'une façon générale,
l'anglais est la langue de communication dans le domaine scientifique.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie et je regrette de ne pas avoir
plus de temps. Je trouve ce mémoire extrêmement
intéressant. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci beaucoup, Mme le
député de L'Acadie. Il vous restait même encore une
minute.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai gardée pour mon collègue
qui désire poser des questions.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! Dans ce cas-là,
je lui en accorderai deux. M. le député de Gaspé, avec
deux minutes gracieusement offertes par la commission.
M. Le Moignan: M. le Président, je n'ai pas de question
spéciale, mais c'est peut-être pour compléter une des
questions de Mme le député de L'Acadie. Quand vous parlez de
cette pauvreté, de cette rareté des manuels en langue
française, j'imagine qu'en France, dans les universités, on doit
former là-bas des ingénieurs et tout ce que vous voulez. Quels
sont les manuels en usage en France et en Belgique?
M. Perron (Gilles): Malheureusement, je ne suis pas en position
de faire des commentaires. Je présume qu'on a des manuels
français, mais je suis sûr qu'on a aussi des textes anglais. Mais
je ne peux pas vous faire une proportion. Malheureusement, je ne suis pas au
fait.
M. Le Moignan: Maintenant, une dernière question. Je vois,
à l'article 52, que vous avez ajouté: "Les enfants dont le
père ou la mère a reçu, au Québec ou ailleurs au
Canada, l'enseignement primaire en anglais". A ce moment, vous seriez ouvert,
favorable à ce que tous ceux qui demeurent au Canada et qui viennent
travailler au Québec puissent aller à l'école
anglaise.
M. Perron (Gilles): Au moins ceux qui y viennent en
résidence non permanente. Si ces gens viennent ici au Québec en
résidence permanente, je pense qu'il est normal et logique qu'ils
viennent s'intégrer et qu'ils apprennent le français.
M. Le Moignan: Alors, pour ces gens qui viennent de façon
permanente, même si leur milieu de vie, leur culture, leur langue
première est l'anglais, vous suggéreriez qu'ils soient
intégrés à l'école française?
M. Perron (Gilles): Qu'ils soient intégrés, mais il
y a peut-être un mode d'intégration un petit peu plus en douceur
que celui d'aller brutalement à l'école française, sans
anglais. Je pense que l'école française devrait contenir un
enseignement en anglais, tout comme les écoles anglaises devraient
contenir une programmation française, qui permette d'acquérir
pratiquement ce qui est pour eux, quand ils arrivent, la langue seconde, et
qui, graduellement, devrait devenir la langue première.
M. Le Moignan: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee, avec aussi deux minutes.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. J'ai deux question
à poser. Je les poserai ensemble, parce que la deuxième est en
quelque sorte un corollaire de la première.
Vous déposez des documents qui comprennent notamment un sondage.
Nous avons reçu, plusieurs collègues l'ont souligné, des
expressions d'opinion de la part de beaucoup de personnes, notamment de
certains groupes qui ont donné un avis sans avoir appuyé cet avis
sur des données précises. Voici que vous déposez un
document étoffé avec une analyse des réponses
récoltées parmi les membres de votre corporation
professionnelle.
Vous avez été avare d'interprétations, mais,
puisque le document est là, des interprétations seront faites.
J'aimerais avoir les vôtres, notamment à un égard
particulier. Je remarque que vous avez fait une distinction entre les
répondants selon leur âge. Il y a clairement des
différences entre les jeunes et les moins jeunes. Qu'est-ce que vous
voyez comme avenir de votre profession, en vertu des résultats que vous
déposez, dans les deux hypothèses, l'adoption du projet de loi
tel quel ou l'adoption du projet de loi avec les modifications que vous
recommandez.
Voici la question corollaire. Le député de Terrebonne, que
je félicite, entre parenthèses, pour une intervention très
pondérée, vous a rassuré quant à certains articles.
Il l'a fait en fonction de sa sincérité évidente, mais le
fait, pour un membre d'un gouvernement, de déclarer que vous devez vous
rassurer, qu'il n'y aura pas d'inquiétude ne suffit pas quand il y a un
texte qui sera interprété par d'autres. Alors, j'aimerais vous
demander, en indiquant la perspective d'avenir de votre profession, votre
réaction devant cet effort sincère de vous rassurer quand il y a
quand même un texte qui est devant nos yeux.
M. Perron (Gilles): Premièrement, l'avenir de notre
profession. Il est sûr que, s'il fallait avoir des modalités
extrêmement rigoureuses dans l'application du projet de loi no 1, qu'on
accepte dans ses objectifs, il n'y a aucun doute, il me semble qu'on se
priverait d'expertises extrêmement valables qui peuvent venir de
l'étranger. J'espère que les représentations que l'on fait
et c'est un peu le deuxième point... A titre de citoyens
professionnels de l'Ordre des ingénieurs, c'était notre devoir de
démontrer les problèmes qui peuvent surgir de modalités
trop rigoureuses.
A ce moment-là, le député de Terrebonne nous a
rassurés. Quant à moi, je dis que nous avons fait notre devoir.
Nous avons donné nos considérations et je pense qu'on doit avoir
confiance qu'on en tiendra compte. Je l'espère. C'est tout ce que je
puis dire.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier. Je souligne qu'il reste dix minutes au parti ministériel.
M. Bertrand: Merci, M. le Président. M. Perron, je
voudrais vous remercier beaucoup. J'ai une admiration sans borne pour les
ingénieurs et pour le génie québécois tel qu'il
s'illustre à travers des réalisations aussi prestigieuses que la
Manicoua-gan. Quand je pense au génie québécois, je pense
à la Manic et surtout au fait français de la Manic, à la
capacité qu'a eue le génie québécois, à
cette époque, de traduire et de concrétiser son génie,
à tous les niveaux de travail, en français. Je pense que votre
organisme est sans doute pour beaucoup dans les efforts qui ont
été faits pendant les dernières années pour faire
en sorte que vous soyez le reflet du Québec dans sa complexité,
bien sûr, mais en même temps dans sa volonté d'être de
plus en plus français.
J'aurais plusieurs questions à vous poser. Je suis effectivement,
comme le député de Mégantic-Compton, extrêmement
heureux que vous soyez ici ce matin, parce que votre mémoire est tout
simplement intéressant dans tous les sens du terme. Le sondage que vous
avez réalisé et que vous vous êtes donné la peine de
faire et je dois le souligner, parce que cela manifeste le
sérieux que vous mettez à venir devant la commission
parlementaire et le sérieux que vous mettez à l'analyse du
projet de loi no 1... Il y a plusieurs questions que je voudrais vous poser,
donc je vais y aller. Je vais tenter que les miennes demandent des
réponses brèves pour que je puisse vous en poser le maximum.
Il y a des variations dans le pourcentage des ingénieurs
francophones au Québec depuis plusieurs dizaines d'années. Je
note, dans un tableau que vous nous avez soumis, qu'il y a une chute du
pourcentage francophone de 1945 à 1960 environ, et une remontée
de 1960 à 1977. Y a-t-il un ou deux facteurs particuliers qui
expliqueraient à la fois la chute pendant une quinzaine d'années
et la remontée depuis une quinzaine d'années?
M. Perron (Gilles): C'est une chute dans la proportion... Il y a
évidemment la période de guerre et d'après-guerre pendant
laquelle il y a eu une recrudescence d'ingénieurs ou de candidats
anglophones. C'est ce qui fait que la proportion a diminué. M. le
secrétaire pourrait peut-être donner des précisions...
M. Massé: Comme vous le savez, c'est après la
guerre qu'a commencé le développement technologique, si on veut
accélérer ... D'ailleurs nos effectifs ont commencé
à monter dès ce moment-là. Il y avait un besoin
d'ingénieurs, mais malheureusement, à ce moment-là, nous
n'avions pas d'ingénieurs francophones en nombre suffisant. Ceux qui
sont venus étaient anglophones en très grosse
majorité.
M. Bertrand: Qu'est-ce qui, à partir de 1960
j'imagine que la réponse nous viendrait vite de l'Opposition officielle,
et pourquoi pas? qu'est-ce qui aurait expliqué cette
remontée, principalement, au cours des quinze dernières
années?
M. Perron (Gilles): Je pense qu'il y a eu des changements
d'idéologies parmi la population. Il s'est fait une évolution
dans la pensée de nos gens. On s'est ouvert davantage aux
carrières scientifiques. C'est devenu, pour nous, quelque chose
d'accessible, qui n'était plus si loin. Les parents ont pensé que
leurs enfants pouvaient y aller. Il y a eu des incitations. C'est un
phénomène qu'il est peut-être difficile de préciser,
mais cela a été une évolution générale dans
la pensée de notre groupe.
M. Bertrand: C'est donc intimement lié à la
révolution tranquille des années 60 et à la
métamorphose de notre société et des
mentalités?
M. Perron (Gilles): Je crois.
M. Bertrand: Vous savez, d'une certaine façon, c'est un
peu ce que je suis en train de faire, mais...
M. Lalonde: C'était gentiment dit.
M. Bertrand: A trop sentir le parfum on peut s'étouffer,
alors prenez-le modestement!
M. Perron (Gilles): Le secrétaire me dit que cela a
peut-être coïncidé avec le déménagement de
l'école polytechnique sur la montagne où notre génie est
devenu plus en évidence. Je ne sais pas.
M. Bertrand: En tout cas, j'en suis fort heureux, parce que nous
sommes plusieurs autour de cette table à avoir fréquenté
les collèges classiques. Je n'ai rien contre mon éducation dans
un collège classique et je ne regrette absolument rien.
Je pense même, quelquefois, à l'instar du titulaire du
Haut-Commissariat, qui, à une certaine époque, avait dit qu'il y
avait certaines valeurs dans ce système qu'on aimerait peut-être
retrouver aujourd'hui dans le système public. Il n'en demeure pas moins
que le moins qu'on puisse dire, c'est que la fonction d'ingénieur
n'était pas particulièrement courue et qu'elle commence à
l'être davantage, et Dieu sait que c'est sans doute à l'avantage
des Québécois.
Sur les chiffres nouveaux que vous nous avez apportés sur les
départs, les arrivées, vous êtes devenus presque une gare,
au sens littéral du terme, j'aimerais savoir si vous avez des
statistiques qui remonteraient à cinq ans ou à dix ans sur les
départs et les arrivées. Avez-vous des courbes de départs
et d'arrivées? En d'autres mots, est-ce un phénomène qui a
commencé le 16 novembre au matin, ou est-ce un phénomène
qui, quand même, a commencé au début des années
1960, il y a eu des départs à cette époque, il y a eu des
arrivées, comment cela s'est-il orienté au cours des
dernières années?
M. Perron (Gilles): M. le secrétaire peut vous donner
quelques chiffres.
M. Massé: Je ne peux pas vous fournir de courbe
là-dessus, mais je puis dire que, depuis les dix ou quinze
dernières années, les arrivées et les départs, du
moins ceux que l'on peut contrôler, se compensaient assez
raisonnablement. Dernièrement, les départs se sont un peu
accentués, par contre, les arrivées ont faibli
énormément. Cela ressort, je dirais, depuis septembre 1976, si
cela peut vous rassurer.
M. Bertrand: Non, très honnêtement, monsieur, je
comprendrais que certaines inquiétudes, qui peuvent se manifester dans
certains milieux, fassent qu'on assiste à des phénomènes
comme ceux-là. J'espère qu'ils sont temporaires. Mais, ce que je
veux surtout savoir, y aurait-il un certain nombre de facteurs qui, de
façon générale, jouent toujours, depuis une quinzaine
d'années, et qui font qu'il y a, de toute façon, des
départs et en grand nombre et qu'il y a, de toute façon, des
arrivées, et en grand nombre, comme vous le dites, à peu
près l'équivalent. Quel est le phénomène majeur qui
explique la mobilité qui peut exister dans votre profession,
départs et arrivées inclus?
M. Perron (Gilles): On peut les prendre secteur par secteur. Il y
a le secteur industriel; il y a des entreprises nationales qui peuvent avoir
des succursales à travers les diverses provinces et qui, pour fins de
formation et d'entraînement du personnel, effectuent des transferts. Ceci
contribue à la mobilité.
D'autre part, en termes de génie-conseil, il y a peut-être,
pour plusieurs d'entre elles, 25% du chiffre d'affaires qui est effectué
à l'étranger. Or, on a énormément
d'ingénieurs qui sont appelés à aller travailler en pays
étranger, soit dans le Moyen-Orient, dans les pays d'Afrique, en
Amérique latine. C'est difficile de dire combien nous avons
d'ingénieurs membres de l'ordre qui sont là, mais il y en a
quelques centaines, cela est sûr.
Ce sont les deux principaux facteurs, si vous voulez, mobilité
à travers les nationales et projets à l'extérieur du
pays.
M. Bertrand: M. le secrétaire a insisté et, pensant
en cela, sans doute, ne pas vouloir me contrarier, je lui en sais gré, a
parlé du mois de septembre. Pourquoi le mois de septembre? S'est-il
passé quelque chose de particulier? J'aurais compris que novembre ait pu
expliquer des choses, mais septembre?
M. Massé: Non, justement, comme vous le savez, le 1er
juillet 1976, une clause est entrée en vigueur dans la loi 22 qui disait
qu'il fallait que tous les Canadiens et non seulement les étrangers
sachent le français. Il y a eu un assez fort nombre d'arrivées,
à l'Ordre des ingénieurs, de personnes, avant le 1er juillet et,
à cause des lenteurs administratives normales, date de réunions,
etc., un ralentissement très fort s'est fait sentir au début de
septembre. C'est à partir de ce moment que la moyenne, qui était
d'environ 20 arrivées par mois, est tombée à 2, 2 1/2, 3,
si vous voulez.
M. Bertrand: M. le secrétaire, je ne voudrais pas vous
imputer d'intentions, de motifs, ou vous prêter des paroles que vous
n'auriez pas dites, mais je vous pose la question et vous
m'interpréterez convenablement est-ce que vous voulez dire qu'il
y avait déjà, à l'intérieur de la loi 22, des
clauses, des règlements qui faisaient en sorte que, de toute
façon, il y avait déjà d'inscrit, à
l'intérieur de la loi 22, ce genre d'effet sur les départs et les
arrivées?
M. Massé: Oui, c'était la condition de la
connaissance de la langue française. Depuis le début de
l'automne, si vous voulez, ou après le 1er juillet en tout cas, et
dernièrement la même chose, les compagnies nationales qui,
d'habitude, transféraient les ingénieurs d'une province à
l'autre le font beaucoup moins vers le Québec, et, lorsqu'elles le font,
les ingénieurs refusent d'accepter le transfert. C'est pour cela que
cela a tombé.
M. Bertrand: Je trouve cela intéressant. On se rend compte
qu'à poser des questions, des fois on obtient des réponses que en
tout cas, je vous l'avoue franchement, je ne pensais pas trouver. Je vous avoue
que dans un certain sens, cela me fait plaisir.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela qu'il faudrait continuer d'en
poser.
M. Bertrand: C'est exact.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Je crois que le député de Vanier
n'était pas suffisamment informé, M. le Président. On en
tiendra compte.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Cela allait trop bien depuis ce matin. A l'ordre, M. le
député de Vanier aussi.
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je pense que la question du
député de Vanier n'avait rien pour provoquer l'ire ou la
réaction, d'aucune personne.
M. Lalonde: Voyez notre intérêt, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est de la sympathie que l'on voulait lui
exprimer, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Manifestez-la silencieusement,
s'il vous plaît. M. le député de Vanier, il vous reste
à peine deux minutes.
M. Bertrand: Merci beaucoup. J'aimerais savoir, dans ce
pourcentage de personnes qui, au cours des sept, huit ou dix derniers mois, ont
quitté le Québec, quel est le pourcentage de ces personnes qui
sont des anglophones et quel est le pourcentage qui sont des francophones?
M. Massé: Je ne peux pas vous donner de pourcentage exact
là-dessus, mais je peux vous dire que la plupart sont des
anglophones.
M. Bertrand: Parce qu'il y a quand même un tableau que je
trouve extrêmement intéressant dans votre sondage, c'est celui
qui, en réponse à la question "Si le projet de loi devenait une
loi, prévoyez-vous demeurer au Québec, demeurer certainement,
demeurer probablement, ne pas être affecté, quitter probablement
le Québec, quitter certainement le Québec?... Quitter
probablement le Québec et quitter certainement le Québec", il y a
6% des francophones qui répondent que ce serait leur cas et chez les
anglophones, quitter probablement le Québec et quitter certainement le
Québec, il y en a 49%.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez raison de parler
rapidement, M. le député de Vanier, parce que le temps
s'écoule.
M. Bertrand: Ce sera très bref, M. le Président.
Vous avez été large pour tout le monde.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
invoquer votre indulgence à l'égard du député de
Vanier, pour être d'une générosité...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais m'informer suffisamment. M. Perron,
j'aimerais savoir si à l'heure actuelle il manque d'ingénieurs au
Québec.
M. Perron (Gilles): Cela, c'est selon les gens que vous
interrogez. Vous avez des réponses qui varient. Pour certains il y en a
trop, pour d'autres il n'y en a pas assez. Il en manque
énormément.
M. Bertrand: Est-ce qu'on en forme suffisamment au
Québec?
M. Perron (Gilles): Là, encore, il faut rattacher cela
à la première question. Je peux vous donner une opinion
personnelle. D'après moi on n'en a pas trop, certainement pas en 1977 et
si on en forme suffisamment? Je pense que la formation ici même au
Québec est de 1500 par année, à peu près; 1000 par
année sortent diplômés de nos universités. L'apport
total est de l'ordre de 2000. On pourrait peut-être en former davantage
chez nous.
M. Bertrand: Où vont-ils ces diplômés, M.
Perron?
M. Perron (Gilles): Je pense qu'à ce moment-là on
doit se rapporter aux proportions d'emplois que j'ai données plus
tôt à savoir que 60% vont dans l'industrie, tout près de
15% dans le génie-conseil, 5% dans l'enseignement. En somme on
renouvelle, si vous voulez, les secteurs où nos gens sont
déjà.
M. Bertrand: Indépendamment de cette notion de
départ et d'arrivée dont on a parlé tantôt et
je note avec vous qu'effectivement il y a plus de départs que
d'arrivées depuis une dizaine de mois ce que je voudrais savoir
c'est si vous avez espoir, vous, que la formation d'ingénieurs au
Québec, francophones ou anglophones, va compenser pour ces
départs et va constituer tranquillement un Ordre des ingénieurs
du Québec qui s'alimentera à même le réservoir
québécois.
M. Perron (Gilles): Compenser? Si des industries, des
sièges sociaux ou des firmes de génie-conseil glissent à
l'extérieur, à ce moment-là on n'a pas besoin de
compenser. Cela va diminuer le besoin, si une telle chose doit se produire.
M. Bertrand: D'accord. Je voudrais vous remercier et remercier
surtout l'Opposition de m'avoir permis d'ajouter quelques minutes.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, M. le
Président, Gilles Perron, M. Jacques Soucy, M. Vincent Foster, M. Robert
Massé, qui représentez l'Ordre des ingénieurs au nom de la
commission, c'est-à-dire de tous les partis qui la compo- sent, je vous
remercie de votre exposé très intéressant avec
statistiques à l'appui, ce qui suppose un travail pour la
présentation de ce mémoire. Je vous remercie aussi de votre
patience. Pour une fois, cependant, vous avez pu être entendu sans
grandes interruptions. Alors, je souhaite que la journée se continue
ainsi. Oui, M. Perron.
M. Perron (Gilles): Est-ce que je peux ajouter un mot de
remerciement, au nom de l'Ordre des ingénieurs et de mes
collègues qui m'accompagnent.
Nous nous excusons en même temps pour la production
peut-être un peu tardive de documents mais on était toujours
limités par des contraintes de temps. Si on avait eu dix jours de plus,
on aurait sans doute produit d'autres courbes, dont celle que requérait
le député tout à l'heure sur l'exode. A tout
événement, nous sommes très heureux d'avoir pu exprimer
notre point de vue, c'est un devoir de citoyen, et nous avons confiance qu'on
tiendra compte de nos inquiétudes. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie d'autant
plus, M. Perron. Evidemment, vos dernières paroles m'incitent à
dire qu'on ne saura jamais quand la commission sera suffisamment
informée. Merci, et j'appelle immédiatement le prochain
organisme, le Congrès juif canadien, mémoire no 112.
M. Grenier: Est-ce que vous pourriez, pendant que le nouveau
groupe s'installe à la table, répondre à la question du
député de Gaspé que vous avez prise en
délibéré?
Le Président (M. Cardinal): Malheureusement, je n'ai pas
eu le temps, je vais même donner l'emploi de mon temps. Vous savez que
nous avons terminé la séance d'hier vers 23 h 20; ensuite,
j'avais une réunion qui n'était pas de la nature d'un caucus,
absolument pas, et, ce matin, nous avons repris nos travaux vers 10 h 12. J'ai
repensé à la question, mais, à cause des
conséquences de ce choix parmi d'autres mémoires
déjà déposés, je ne suis pas encore prêt,
malheureusement, à rendre ma décision.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous nous voyez tout à
fait intéressés à votre décision, parce que
ça peut affecter naturellement les travaux...
Le Président (M. Cardinal): Exactement.
M. Lalonde: ... de la commission. Maintenant, je
m'inquiète, je vois circuler le leader adjoint du gouvernement avec les
règlements dans les mains. Cela sent le bâillon, M. le
Président.
M. Grenier: Cela a l'air de rien, mais il y a anguille sous
roche.
M. Charbonneau: ... le député de Laval circulait
parmi nous hier soir.
M. Lalonde: C'est le député de Saint-Jacques qui se
promène avec le règlement.
M. Grenier: II y a anguille sous roche.
M. Charbonneau: II y avait le député de Laval qui
frayait parmi vous hier.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Allez-y, M. le
député...
M. Grenier: II se brasse des choses, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde: Que le gouvernement veuille nous mettre le
baîllon, ça ne nous surprendrait pas beaucoup, ça va nous
fâcher. On va faire tout ce qu'il faut pour ne pas se laisser
bâillonne'' mais que le gouvernement vous bâillonne et vous
empêche de rendre votre jugement, je n'aimerais pas cela. C'est pour
ça que je veux vous demander quand vous avez l'intention de rendre votre
décision sur...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, je vais tenter de
répondre à la question, je vais donner une réponse...
M. Grenier: M. le Président, avant la
réponse...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... est-ce que vous me permettriez de vous
suggérer de le faire à l'heure du dîner? Cela va vous
donner une couple d'heures. Vous avez besoin d'un bout de temps pour manger
vous aussi, mais c'est un bon temps de réflexion... Est-ce que vous
pourriez nous informer, dès la reprise, à 16 h 30, de votre
décision sur la motion du député de Gaspé?
Le Président (M. Cardinal): Je vous ferai remarquer
qu'à l'heure du lunch, je vais manger comme tout le monde, mais j'ai
aussi d'autres préoccupations. En plus, cet après-midi, comme
vous pouvez le deviner, j'aurai la période des affaires du jour à
présider. Je peux tenter de vous satisfaire, mais je ne puis pas le
promettre à ce moment-ci, parce que, vraiment, il faudrait que je fasse
certaines recherches. Ce n'est pas simplement le fait de
réfléchir...
M. Grenier:... M. le Président, c'est bien là vo-
tre conviction, il n'y a pas de force extérieure qui vous demande de
remettre votre décision...
Le Président (M. Cardinal): Ah non, je puis, du fond du
coeur et de l'âme, en mon âme et conscience, dire qu'il n'y a
aucune force extérieure. Parfois, des gens d'un parti ou d'un autre
peuvent venir plaider devant moi, ça se fait de tous les partis, et
j'accepte ça comme une plaidoirie "ex parte", comme ça se fait
"in camera" devant les juges, ça ne va jamais plus loin que
ça.
M. Grenier: M. le Président, vous êtes un excellent
président, on va vous conserver, s'il n'en dépend que de
l'opposition.
Le Président (M. Cardinal): Je vais faire tout ce qui est
possible pour me conserver moi-même jusqu'à la fin. Madame le
député de L'Acadie.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant!
M. Dussault: Relativement à la même question de
règlement, si le député de Saint-Jacques avait le
règlement en main, c'est qu'il avait le mien et je lui demandais des
conseils judicieux, puisqu'il a beaucoup d'expérience dans ce
domaine.
Le Président (M. Cardinal): Et vous allez me remplacer
dans quelques minutes.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, Mme le député de L'Acadie a demandé la
parole, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Burns: Moi, je me promenais avec la liste des membres...
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire, ne
venez pas troubler la paix de cette commission.
M. Burns: Je m'en vais, M. le Président.
M. Lalonde: C'est l'organigramme des vacances des
députés.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il faut comprendre la
nature des questions des collègues qui sont assis de ce
côté de la table.
Hier soir, en quittant la salle, j'ai rencontré, dans
l'ascenseur, un aimable député qui siégeait avec moi entre
huit heures et onze heures, un député du côté
ministériel qui, sans doute par compassion et je voudrais le
rassurer, je n'en ai pas besoin m'a dit que j'aurais fort probablement
quelques soirées libres d'ici peu.
Cela m'a vraiment mis la puce à l'oreille et, au lieu de diminuer
mon anxiété, cela l'a augmentée, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, je ne peux en rien je l'ai déjà mentionné
préjuger des motions, des avis, qui seront donnés à
l'Assemblée nationale. Cependant, je dois dire que moi, j'ai
abandonné le projet de vacances et que j'espère être avec
vous la semaine prochaine.
M. le député de Vanier et M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bertrand: M. le Président, j'ai cru voir naître
une angoisse chez le député de L'Acadie et je me propose
personnellement pour lui faire visiter quelques bons coins de Québec si
jamais cela l'intéressait.
M. Lalonde: Oh! M. le Président. On n'admet pas que le
parti ministériel vienne dans notre talle.
M. Bertrand: Nous avons déjà embrassé
l'Opposition, M. le député, en votre absence.
Le Président (M. Cardinal): C'est le président qui
l'a fait et je souligne que le député de Vanier est
célibataire.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je m'inquiète qu'on
empêche le député de L'Acadie de passer des nuits calmes et
qu'on l'empêche de dormir avec ces tracasseries d'ascenseur. J'aimerais
bien qu'on précise, cet après-midi, à votre retour, si
c'était possible, la journée de demain. D'abord, cela donnerait
une bonne nuit au député de L'Acadie et à nous aussi.
Probablement aussi qu'on pourrait partir pour une meilleure fin de semaine.
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, je vais
être très honnête. Je ne donne la journée de demain
qu'à la fin de toute la séance. Je ne le fais jamais au milieu,
parce que je ne sais jamais ce qui va se produire. On l'a vu encore hier soir.
Je ne sais pas si, ce soir, je devrai m'astreindre à un cours de
procédure parlementaire.
M. Grenier: II n'y a pas de fumée sans feu, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Ne dites pas cela au
président. Il faut dire cela au parti ministériel, si cela vous
tente. C'est votre droit.
Si vous le permettez, est-ce que nous pouvons procéder?
Des Voix: Oui, oui.
Le Président (M. Cardinal): Alors, nous avons devant nous
le Congrès juif canadien, mémoire 112. C'est M. Lévy qui a
communiqué avec la commission, je pense. Est-ce que je pourrais vous
demander, comme d'habitude, de présenter tous ceux qui vous accompagnent
ainsi q ue vous-même? Ensuite, vous aurez 20 minutes pour
présenter votre mémoire. M. Lévy.
Congrès juif canadien, région du
Québec
M. Schwartzben (Melvin): M. le Président, Madame, MM. les
députés. Je m'appelle le Dr Melvin Schwartzben. Je suis
président du Congrès juif canadien, région de
Québec. A ma droite se trouvent M. Félix Meloul, ancien
vice-président du congrès; M. Mayer Lévy, directeur des
relations communautaires; à ma droite, M. Ted Baker, directeur
exécutif du congrès; à ma gauche, M. Alan Rose,
vice-président exécutif du congrès, et Me Frank
Schlesinger, membre principal du comité de rédaction.
May I, as the Chairman...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse,
vous-même?
M. Schwartzben: Moi-même, j'ai dit que je suis le Dr Melvin
Schwartzben.
Le Président (M. Cardinal): Oui, au début. Je
m'excuse, je me rappelle.
M. Schwartzben: C'est un nom très long et peut-être
que c'est difficile.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas facile.
M. Schwartzben: C'est Schwartzben.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. Schwartzben. Vous
commencez votre mémoire?
M. Schwartzben: Je commence le mémoire. Le
Président (M. Cardinal): Alors, 12 h 02.
M. Meloul (Félix): C'est l'introduction, M. le
Président.
M. Schwartzben: C'est juste l'introduction.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais c'est compris
dans l'exposé. M. Schwartzben, vous avez la parole.
M. Schwartzben: May I, as the Chairman of the Canadian Jewish
Congress, the official representative organization of our Jewish Community in
Québec, express our appreciation for this hearing today? We believe this
action exemplifies your esteem for a community which has been deeply rooted in
Québec for over 200 years.
Le mémoire que vous avez devant vous fut préparé
par le comité conjoint des relations communautaires du Congrès
juif canadien et de la B'nai B'rith. Nous avons fait de grands efforts pour
obtenir la plus importante participation de notre communauté dans la
rédaction de ce mémoire. Je ne veux pas expliciter cette question
car mes collègues le feront bientôt.
Je voudrais tout simplement vous dire que vous ne devriez pas être
déconcertés par ce qui semble être une contradiction, de
par notre position.
Ainsi que vous le remarquerez dans le mémoire, nous sommes en
faveur du principe du projet de loi no 1, lequel vise à faire de la
langue française la langue principale, primordiale et d'usage du
Québec.
En même temps, nous nous opposons à bien des dispositions
du projet de loi no 1 et ceci, madame et messieurs, n'est pas une
contradiction. C'est précisément parce que nous voulons que la
langue française s'épanouisse et soit la langue de la vie
quotidienne que nous nous opposons à la coercition qu'on retrouve dans
le projet de loi no 1 tel que rédigé à l'heure actuelle.
Il ne contribuera pas à accomplir le but visé, tout au contraire,
il pourrait faire en sorte que l'accomplissement de ce but soit rendu
difficile, sinon impossible.
Notre mémoire ne discute pas de statistiques, de pourcentages, de
chiffres, non plus de controverses constitutionnelles. Nous nous sommes surtout
attardés aux transgressions que le projet no 1 pourrait faire à
la Charte des droits et libertés de la personne.
Nous faisons appel au gouvernement et à l'Assemblée
nationale, non pas pour repenser les objectifs du projet de loi no 1, mais pour
repenser les moyens et les manières de les accomplir.
Dans notre esprit, il n'existe pas de meilleure façon ni de
meilleure manière, que le chemin déjà reconnu de la
compassion, de la compréhension et de l'éducation, lesquels font
tendre le peuple vers un but. Si je peux me permettre de reprendre une
expression prophétique en la paraphrasant: ni par la peur, ni par la
puissance, mais par l'esprit de bonne volonté et de tolérance.
C'est ce que nous recherchons.
Je demanderai maintenant à M. Félix Meloul de lire la
première partie du mémoire.
M. Meloul (Félix): Je vais commencer par la
préface, mais j'aimerais quand même dire un tout petit mot de
votre patience. Ceux qui sont physionomistes ont dû voir qu'on
était dans la salle depuis au moins trois jours. Donc, nous avons eu de
la patience. Merci, de part et d'autre.
Si vous avez l'impression que c'est du déjà vu, nous
sommes pratiquement les derniers... Non? J'espère que non. Nous
représentons un segment de l'opinion publique et, forcément, nous
venons avec les mêmes inquiétudes et les mêmes espoirs que
les autres segments de l'opinion publique québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la remarque que vient de faire
monsieur est tout à fait pertinente. Quand on a commencé à
annoncer au public qu'on était suffisamment informé, on a mis les
gens dans la situation où se trouve ce monsieur qui se dit: Est-ce que
je viens ici pour rien ou pour quelque chose? C'est tout ce que je voulais
dire.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez,
monsieur...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est vrai.
Le Président (M. Dussault): ... présentez votre
mémoire de la même façon que les autres et la commission,
je pense...
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes intéressés,
monsieur.
Le Président (M. Dussault): ... sera fort
intéressée d'entendre vos propos.
M. Meloul: Le Congrès juif canadien, région du
Québec, est le porte-parole reconnu de la communauté juive de la
province de Québec, laquelle comprend quelque 115 000 âmes. Le
Congrès juif canadien est un corps élu démocratiquement
qui représente virtuellement tous les courants d'idées au sein du
judaïsme au Québec. La B'nai B'rith est la plus importante des
organisations de services juifs. Ces deux organismes vous soumettent
conjointement et respectueusement ce qui suit.
C'est le fruit d'un travail d'un comité ad hoc et de quarante
mémoires reçus de la communauté, ainsi que de plusieurs
réunions dont certaines rassemblaient plus de 1000 personnes.
La communauté juive, bien qu'unie, n'est pas monolithique. En
raison de l'importance du projet de loi no 1, nous avons sollicité, par
le biais d'une série de réunions publiques ouvertes à tous
les membres de la communauté juive, la plus grande expression possible
de points de vue à l'égard dudit projet. Un comité
spécial a été établi par le comité conjoint
des relations communautaires du Congrès juif canadien et de B'nai
B'rith, afin d'étudier le projet de loi. Ce comité
commença à se réunir alors que le livre blanc était
publié. Il a étudié sérieusement les
répercussions du projet de loi, son impact sur la vie du Québec
et ses conséquences pour la communauté juive et toutes les
minorités au sein de la province.
La poussée du projet de loi no 1 est d'une importance cruciale
à l'endroit des citoyens du Québec. La communauté juive
croit que toute forme d'encouragement doit être donnée à
l'épanouissement de la culture et de la langue française, car
cela reflète les aspirations légitimes de la majorité de
nos concitoyens de la province. Dans notre présentation à la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications de l'Assemblée nationale sur la Loi de la langue
officielle, loi 22, nous avons déclaré que: "La communauté
juive est unanime dans sa conviction que le langage prééminent du
travail et des communications en cette province, doit être le
français. Nous sommes toujours attentifs et éprouvons une
profonde sympathie envers les aspirations linguistiques et culturelles des
Québécois de langue française. La communauté juive
du Québec a, durant les dernières années, en commun avec
d'autres communautés dont la langue de base est l'anglais, vécu
une transformation considérable dans l'usage et la priorité de
l'anglais et du français, grâce à l'adoption plus large du
français en tant que langue d'expression et de tra-
vail. Il est à relever que les toutes dernières
statistiques publiées indiquent que le groupe le plus bilingue non
francophone dans la province de Québec est la communauté
juive."
Conformément à cette politique, dans notre
présentation à la commission Gendron faite à une date
antérieure, la politique substantielle de la communauté juive
entre autres: a) Exprima sa compréhension des aspirations du peuple
francophone de la province de Québec tendant à maintenir son
intégrité linguistique et culturelle, et, en conséquence,
suggéra que les mesures en vue d'aboutir à cet objectif soient
fondées sur des motifs constructifs, et l'automotivation dirigée;
b) Proposa que rien ne devrait déroger ou diminuer en aucune
manière aucun droit ou privilège acquis ou exercé en ce
qui concerne la langue et, en particulier, le français et
l'anglais par n'importe quel habitant de la province de Québec;
c) Insista sur le fait que toute division des résidants du Québec
entre groupes majoritaire et minoritaire soit éliminée et que
tous les Québécois soient considérés comme
possédant un statut éga-litaire; d) Proposa qu'il n'y ait point
de distinction entre les résidants nés au Québec, ceux qui
s'y sont établis ou y vinrent avant ou après une certaine date;
e) Recommanda que toutes les écoles établissent un système
éducatif qui fournisse à leurs étudiants une connaissance
de travail des langues française et anglaise en tant que moyens de
communication; f) Insista en vue de l'adoption d'un code des droits de l'homme
incorporé dans la constitution, qui inclurait des garanties pour la
liberté de choix des langues française et anglaise en faveur de
tous les Québécois.
Ainsi, la communauté juive reconnaît que l'avancement pour
la langue et la culture françaises est un développement positif
dans cette province.
Ainsi qu'on pourra le remarquer dans le mémoire qui suit, notre
souci majeur réside dans le fait qu'il ne devrait pas y avoir de
violation des droits de l'homme pour n'importe quelle personne, et que
l'équité, en termes de loi, habitude et usage, soit maintenue
pour tous les individus, sans distinction. Nous partageons un souci profond
avec de nombreux segments de l'opinion publique dans la province à
savoir que la Charte des droits et libertés de la personne ne devrait
être supplantée de quelque façon que ce soit par le projet
de loi no 1, et que l'attitude adoptée par le Parti
québécois, pendant qu'il était dans l'Opposition, à
savoir que toute nouvelle loi ne l'emportera pas sur la Charte des droits et
libertés de la personne, soit honorée. Nous croyons que
l'épanouissement du français, comme dans l'étude
établie dans le livre blanc et dans la loi proposée, ne doit pas
diminuer les droits et libertés fondamentaux de l'homme, de tous les
citoyens du Québec.
Quelles qu'aient été les injustices du passé dont
la communauté juive fut aussi la victime, comme cela est arrivé
si souvent malheureusement dans notre histoire, celles-ci ne peuvent être
corrigées par des mesures discriminatoires ou coercitives. Les
problèmes culturels et linguistiques du Québec doivent
plutôt être résolus par la coopération et la
compréhension la plus étroite de la part de tous les citoyens,
sans distinction d'origine.
Introduction.
La communauté juive appuie une politique linguistique qui rend le
français langue primordiale et langue d'usage au Québec. Notre
communauté a commencé à prendre les mesures
nécessaires, il y a de cela un certain nombre d'années, pour
permettre aux institutions communautaires dont la langue d'expression
était presque exclusivement l'anglais de s'exprimer aussi efficacement
en langue française.
La communauté juive au Québec est composée de
personnes parlant français, anglais et bilingues. Toutefois, les deux
derniers groupes constituent la majeure partie de la communauté. Il est
à noter que bien des personnes bilingues trouveraient difficile, sinon
impossible, de communiquer en langue française avec les institutions
communautaires ou gouvernementales sur des problèmes compliqués.
Il existe des degrés de bilinguisme, de telle sorte que bien des
personnes bilingues peuvent facilement s'exprimer jusqu'à un certain
point dans leur langue seconde. Quoi qu'il en soit, la majorité des
personnes dans notre communauté ont toujours
bénéficié et s'attendent à recevoir des services
communautaires offerts en langue anglaise. Telle est la réalité
linguistique de notre communauté.
Nous appuyons le projet de loi no 1, pour autant qu'il a pour objet de
faire du français la langue principale, primordiale et d'usage au
Québec. Nos objections vis-à-vis du projet de loi no 1 sont
fondées sur ce qui nous semble être un traitement injuste des
minorités ou des individus ou une violation de leurs droits et de leurs
libertés. Nous sommes d'accord avec la déclaration faite par
l'actuel vice-premier ministre et ministre de l'Education à
l'Assemblée nationale le 21 juin 1976, lorsqu'il dit: "On juge une
démocratie par le traitement qu'elle offre à ses
minorités". Ceci devrait s'avérer vrai également en ce qui
concerne le traitement des individus.
Nous comptons que l'Assemblée nationale et le gouvernement
continueront d'appuyer les principes et dispositions de la législation
en vigueur applicable au Québec, offrant la protection des droits et
libertés pour les minorités et les individus. Il est donc
impératif que l'article 172 du projet de loi no 1 soit supprimé
de façon que, dans les termes de l'article 52 de la Charte des droits et
libertés de la personne, "les articles 9 à 38 de cette charte
prévalent sur toute disposition" de la Charte sur la langue
française au Québec.
En premier lieu, nous traiterons des droits fondamentaux, tant des
individus que des minorités, et, en deuxième lieu, de la
substance et de l'administration du projet de loi no 1.
Les droits fondamentaux. D'abord les droits et
libertés de la minorité de langue anglaise. L'Acte de
l'Amérique du Nord britannique protège certains droits collectifs
de la minorité. Par exemple, l'article 93 garantit certains droits
à l'enseignement à la fois des protestants et des catholiques
romains tant en Ontario qu'au Québec, et l'article 133 garantit certains
droits linguistiques au niveau fédéral et au Québec.
L'article 43 de la Charte des droits et libertés de la personne
du Québec stipule que "Les personnes appartenant à des
minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser
leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe". Le
troisième paragraphe du préambule du projet de loi no 1 mentionne
que l'Assemblée nationale entend "poursuivre cet objectif dans un climat
de justice et d'ouverture à l'égard des minorités qui
participent au développement du Québec." A notre point de vue,
cette intention n'est pas appliquée de façon logique dans le
projet de loi no 1 ainsi que l'indiquent les exemples suivants:
Premièrement, il semblerait que le mot "Québécois"
figurant dans le préambule aussi bien que dans les articles 2,6, et 112b
du projet de loi no 1 se prête à des interprétations
diverses. Il peut signifier chaque Québécois, quelle que soit son
ethnicité ou sa langue; Québécois de langue
française ou seulement Canadien français. L'emploi de ce terme
tendrait à créer différentes classes de
Québécois. Contrairement à ce que certains auteurs du
projet de loi no 1 ont déclaré, y compris le premier ministre et
le ministre d'Etat au développement culturel, le premier paragraphe du
préambule exclut les personnes ne parlant pas français au sein du
Québec de la définition du "Québécois". Ainsi, un
touriste belge ou un Onta-rien de langue française aurait le droit de
demander que certaines personnes communiquent avec lui en français aux
termes de l'article 2 du projet de loi no 1 où i! est stipulé que
"tout Québécois" jouit d'un tel droit. Assurément, un tel
touriste n'est pas inclus dans la définition du terme
"Québécois". Nous croyons que toutes les personnes devraient
avoir des droits linguistiques égaux au Québec. Nous prions donc
le gouvernement de remplacer le terme "Québécois" par les mots
"Toute personne".
Un second exemple de violation des droits de la minorité figure
au chapitre III du projet de loi no 1 qui traite de la langue et de la
législature et des tribunaux. L'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique stipule, tel qu'indiqué ci-dessus,
une certaine protection de la langue pour la minorité parlant anglais au
Québec. La question n'est pas de savoir ici si l'Assemblée
nationale peut, oui ou non, constitutionnellement, diminuer ces droits. Il est
clair que l'Assemblée nationale peut éliminer ou diminuer bien
des droits des minorités, par exemple ceux figurant à l'article
43 de la Charte des droits et libertés de la personne.
L'élimination des droits linguistiques de la minorité,
proposée au chapitre III du projet de loi no 1, est inéquitable
et injuste. Il faut garder présent à l'esprit le fait que ces
droits linguistiques ont été le privilège de la
communauté de langue anglaise du
Québec depuis bien avant la confédération. Enfin,
nous ne pouvons accepter le fait que l'élimination de certains droits de
la minorité de langue anglaise dans les tribunaux et la
législation tendra à préserver ou à contribuer au
développement de la langue et de la culture françaises.
Troisièmement, certaines collectivités locales de langue
anglaise se sont exprimées dans cette langue au Québec depuis le
XVIIIe siècle. Le but du chapitre IV du projet de loi no 1 vise à
forcer ces collectivités locales par exemple des commissions
scolaires et des municipalités à travailler dans la langue
française. Ceci est inéquitable et injuste. Le fait de changer la
langue de travail des institutions parlant essentiellement anglais ne
contribuera sûrement pas à l'épanouissement de la langue
française au Québec. En dernier lieu, il est à noter que
des institutions similaires d'expression française se trouvant dans la
province voisine du Nouveau-Brunswick seront capables de s'administrer
exclusivement en langue française. Le traitement d'une minorité
par une législature se rapporte évidemment à un traitement
législatif. A notre point de vue, le traitement législatif
proposé dans le projet de loi no 1, en regard de la minorité de
langue anglaise au Québec, affectera de façon déplorable
les valeurs et les croyances démocratiques de notre
société.
Droits et libertés de la personne. Les droits de l'homme ont
été transgressés dans un certain nombre d'articles du
projet de loi no 1. Afin d'illustrer ces transgressions, nous donnons les
exemples suivants:
L'article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne
prévoit la protection d'un nombre de libertés fondamentales, y
compris la liberté de parole. L'article 10, en outre, prévoit que
"Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice, en
pleine égalité, des droits et libertés de la personne,
sans distinction, exclusion ou préférence fondée et en
particulier sur la langue." Il semblerait que l'article 46 du projet de loi no
1, qui interdit l'emploi d'une langue autre que le français dans
l'affichage, entre clairement en contradiction avec les droits et
libertés ci-dessus. Nous croyons que protéger la liberté
de parole revient également à protéger le libre cours de
l'information commerciale. Une telle liberté d'expression est et devrait
rester partie intégrante de la loi du Québec.
Une autre violation des droits et libertés de la personne figure
au chapitre VIII, qui traite de la langue d'enseignement. L'élimination
des enfants parlant anglais et venant d'écoles anglaises de
l'extérieur du Québec n'est pas une classification rationnelle.
Pourquoi classer différemment des enfants? Supposons, par exemple, que
deux familles parlant anglais viennent d'Ontario au Québec et que l'un
des pères ait reçu un enseignement élémentaire au
Québec. Pourquoi les enfants de ce dernier devraient-ils être
classés comme étant admissibles aux écoles anglaises alors
que les enfants des autres parents ne le seraient pas? La Charte des droits et
libertés de la personne déclare dans le préambule que tous
les êtres humains "ont droit à une égale protection de la
loi." Selon nous, la classification législative au chapitre
VIII du projet de loi no 1 fournit une protection inégale et est
injuste, inéquitable et arbitraire. Ce type de classification
discriminatoire n'existe pas pour ce qui est de l'admission des enfants aux
écoles existantes anglaises et françaises ailleurs au Canada.
Des violations possibles des droits de l'homme figurent également
dans les articles du projet de loi no 1 ; qui traitent de l'application de la
loi. Deux bureaucraties puissantes sont établies, l'Office de la langue
française et la Commission de surveillance et les enquêtes. Ces
organismes gérés, tel que stipulé, par une personne et
dotés de pouvoirs énormes devraient être assujettis
à des contrôles spécifiques et efficaces incluant
clairement des droits d'appel interjetés à propos de
décisions administratives.
Enfin, la protection de la langue et de la culture française
n'est point hostile en soi aux droits et libertés de groupes, de
minorités ou d'individus. Il est important, cependant, que le projet de
loi no 1 soit dans tous ses aspects logique avec de tels droits et de telles
libertés. Il est bon de rappeler que les paragraphes 2 et 3 du
préambule de la Charte des droits et libertés de la personne
déclarent que "Le respect de la dignité de l'être humain et
la reconnaissance des droits et libertés dont il est titulaire
constituent le fondement de la justice et de la paix" et que "Les droits et
libertés de la personne humaine sont inséparables des droits et
libertés d'autrui et du bien-être général."
Nous avons ensuite une vingtaine de pages que nous n'allons pas lire,
mais que nous aimerions, M. le Président, verser en annexe au journal
des Débats. C'est une suite d'articles et de changements
suggérés avec les raisonnements et les justifications pour ces
changements.
Je tiens à dire tout de suite qu'ils ne sont pas tous
négatifs. Il y a certains aspects qui sont très positifs et
où nous sommes très ouverts.
Il y a évidemment l'article 172, que j'ai presque envie de lire,
en tout cas le raisonnement que nous donnons. En conclusion, à la page
28, nous lisons ceci: "La communauté juive du Québec appuie la
tentative d'essai du gouvernement de promouvoir et de préserver la
langue française. Toutefois, nous croyons que les modifications que nous
avons proposées n'amoindrissent nullement un quelconque des objectifs
formulés par le gouvernement, eu égard au projet de loi no 1. A
notre avis, en adoptant ces changements, une acceptation plus enthousiaste des
principes généraux de cette législation émanerait
du grand public. Nous maintenons l'idée que le but du projet de loi no 1
doit être consistant avec la protection des droits de l'homme et la
dignité de tous les citoyens. Nous croyons que la langue
française peut s'épanouir sans coercition et
pénalité. Finalement, nous attendons que ce gouvernement, qui a
si bien énoncé par le passé l'importance des
libertés individuelles, fera les changements nécessaires afin
d'assurer que le projet de loi no 1 devienne la Charte de la langue
française pour toutes les personnes au Québec".
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie.
Vous avez demandé que ce qui n'a pas été lu puisse
paraître au journal des Débats. Effectivement, cela sera mis en
annexe au journal des Débats, comme cela est un droit reconnu à
tous les organismes qui sont venus nous voir ici.
Maintenant, je cède la parole à M. le député
de Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, je voudrais, avant même
de remercier nos invités, excuser pour son absence le ministre d'Etat au
développement culturel, retenu encore à cette heure au Conseil
exécutif. Dans un message qu'il me faisait tantôt parvenir, il me
prie instamment et personnellement de l'excuser de cette absence bien
involontaire, car il croyait être de retour à la commission vers
midi; de même, M. Lévesque, le premier ministre, aurait
aimé assister à nos travaux ce matin, il est, lui aussi, retenu.
Il s'était lui aussi promis de venir vous entendre.
D'ailleurs, vous savez que tant M. Laurin que M. Lévesque, et
notamment M. Lévesque récemment, à la Canadian Jewish
Association, où il a eu l'occasion d'être invité, ont
depuis les derniers mois rencontré assez fréquemment des
organismes de la communauté juive du Québec, d'une façon
beaucoup plus précise, peut-être, que d'autres communautés
du Québec, pour s'enquérir personnellement des réactions
et éventuellement des remarques faites à la limite des craintes
de la communauté juive, communauté qui a une importance notoire
au Québec, pour justement mieux traduire peut-être, même
avant l'audition de votre mémoire, ici, dans une volonté
législative les besoins exprimés par chacun des
Québécois, entre autres vous-mêmes.
Je voudrais en premier lieu vous remercier de votre patience. C'est un
fait, nous sommes très physionomistes, quelques moments sont longs
quelquefois; alors, nous nous plaisons à reconnaître des visages,
quelquefois avec un peu d'angoisse, parce qu'on sent la fatigue chez eux
peut-être davantage que chez nous, puisque nous participons aux
débats, alors que vous n'êtes que spectateurs. Je vous remercie
également de nous avoir présenté un mémoire qui est
remarquable à plusieurs égards. Il est remarquable parce qu'il
est le résultat d'une très vaste consultation. Ce n'est pas un
mémoire qui nous vient d'un exécutif quelconque, d'une
élite quelconque, qui a été cogité par quelques
membres d'un bureau d'administration ou quelques scripteurs
bénévoles. Il a une qualité absolument remarquable, celle
d'être un résultat et, de ce point de vue, je pense qu'il
pèse lourd ici comme témoignage ce matin.
Ce mémoire reflète également de multiples aspects
de la communauté juive du Québec. Je veux souligner par là
notamment la dernière partie, les recommandations qui touchent à
peu près tous les chapitres de la charte de la langue, ce qui est,
j'allais dire, un peu inusité dans les mémoires que nous
recevons, puisque habituellement, chacun spécialise ses remarques dans
son domaine, alors que vous avez fait un effort absolument considérable
pour couvrir l'ensemble de la Charte de la langue. La communauté juive
du Québec est
effectivement, après la communauté francophone et la
communauté d'origine britannique ou écossaise, comme le disait
quelqu'un récemment, la plus vieille communauté à faire
partie de l'ensemble de ces minorités, peut-être, qui sont des
Québécois. C'est la communauté, vous l'avez
souligné, qui est de fait la plus bilingue au Québec. Je crois,
sans vouloir faire de comparaison de quelque nature que ce soit, que cela est
probablement une qualité maîtresse de tout votre peuple à
travers le monde, d'avoir su, dans cette survivance, à travers non
seulement l'histoire, mais aussi sur les divers continents, vous adapter au
pays ou à la majorité que vous côtoyez.
Je suis toujours ému à la pensée de ces amis
personnels venus plus ou moins récemment quelques-uns sont ici
depuis quatre ou cinq générations, c'est-à-dire aussi
longtemps que mes propres ancêtres, en l'occurence qui sont
à la limite, parce qu'ils nous le disent, sans quoi on ne le saurait
pas, Juifs comme on dit, car ils sont tellement intégrés à
la communauté québécoise que c'est à s'y
méprendre, j'allais dire.
Je ne suis pas toujours sûr que la communauté juive devrait
être perçue comme une minorité ici au Québec, car
elle a en son sein une sorte de démultiplication de facteurs qui fait
qu'une partie de la communauté juive est justement francophone, et
j'allais dire tellement bilingue ou autrement qu'elle est, j'allais dire, non
seulement intégrée mais presque assimilée. Cette
variété de la communauté juive du Québec donne de
ce fait un dynamisme assez extraordinaire qui, pour nous je ne voudrais
pas exclure dans ma pensée l'aspect religieux du fait linguistique, de
sorte que je ne voudrais pas voir dans la communauté juive l'expression
d'une minorité linguistique comme on en a souvent parlé ici
à cette table, au contraire fait qu'un ensemble d'individus
à caractère religieux ou à prédominance religieuse,
du moins, mais avec des particularités de langue, qu'une partie devrait
être étiquetée, dans notre tradition de vocabulaire, pour
le moins de Canadien français, que d'autres seraient de langue
prédominante yiddish, et d'autres seraient de langue prédominante
anglaise.
Du moins, c'est la vision, à vivre avec la communauté
juive, à vivre avec des amis, que je retiens de la communauté
juive.
Il serait pour moi très long de reprendre l'ensemble de
l'expertise que vous avez faite de la charte de la langue. Je vous en ai
déjà remercié, mais, devant l'ensemble des
recommandations, s'il fallait les prendre les unes après les autres, il
faudrait sans doute y passer quelques jours, j'allais dire. Je me bornerai, si
vous permettez, puisque l'ensemble des recommandations ont été
versées au procès-verbal, au feuilleton de la commission,
à souligner et très rapidement et en faisant un choix qui, je le
sais d'avance, ne sera peut-être pas tout à fait judicieux,
quelques-unes de vos recommandations.
D'abord, la recommandation globale, comme on pourrait l'appeler, est que
la communauté juive appuie une politique linguistique qui tend à
faire du français la langue et vous avez utilisé dans
votre présentation divers adjectifs qui soit primordiale, qui
soit d'usage.
C'est peut-être là le mot le plus important, au
Québec, pour autant, dites-vous et je l'admets au point de
départ, on nous l'a souligné et c'est une volonté du
législateur que celle-ci ne viole pas les droits de l'homme.
Il y a eu je passe du préambule à l'article 172,
pour ainsi dire très certainement beaucoup de fausses impressions
relativement et je veux exprimer le fond de ma pensée
à l'aspect de l'écriture ou de la technicité
d'écriture de l'article 172. nous en sommes très conscients et
j'allais dire très bien informés.
M. Bertrand: C'est le troisième... Mme Lavoie-Roux:
Pardon?
M. Bertrand: C'est le troisième qui dit cela, bien
informé.
Mme Lavoie-Roux: Sur cet article. C'est ce que j'ai cru
comprendre.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fallu: Je sais fort bien que...
Mme Lavoie-Roux: C'est devenu une technicité, c'est
intéressant.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, Mme le député!
M. Fallu: Très brièvement, maintenant, à
propos des diverses recommandations. Il y en a une qui me tient
particulièrement à coeur, étant député du
comté de Terrebonne, et vous comprendrez pourquoi à l'instant.
C'est relativement à l'article 54. Vous avez certaines
hésitations. Je voudrais vous rassurer, notamment pour ce qui a trait
pardon, c'est l'article 58 aux écoles religieuses qui sont
régies par la Loi sur l'enseignement privé. Vous comprenez
pourquoi, comme député de Terrebonne, je tiens à la
communauté de la Côte cachée.
M. Schwartzben: La situation est que notre communauté a
besoin de trouver des rabbins, des personnes chargées de la religion
venant d'autres endroits du monde. Nous ne sommes pas assez avancés chez
nous pour avoir cela. C'est très difficile, si l'on doit trouver
quelqu'un des Etats-Unis, d'Australie ou d'un autre pays du monde, de venir
ici, si toute la famille, les enfants, sont éduqués ou viennent
d'une culture anglaise.
Pour venir ici, cela sera un changement, mais pour autant que nous
aurions les institutions, les rabbinats et des personnes comme cela, des
professeurs, cela arrivera avec le temps nous ne serons pas obligés de
les chercher en dehors du Québec. Pour le moment, c'est de nous donner
une chance d'avoir cela, de ne pas créer une situation où nous
n'aurions pas un rabbin, une per-
sonne religieuse, une institutrice, quelqu'un comme cela. C'est la
raison de cela.
M. Fallu: D'ailleurs, à mon avis, c'est un engagement
formel, je crois que l'école rabbinique est, à plusieurs points
de vue, assez mal traitée du point de vue strictement des droits de
l'homme. Le temps passera.
Bref, je me refuse finalement à faire l'analyse article par
article, parce que ce serait, d'une part, beaucoup trop long et peut-être
un peu fastidieux, ici, en commission. Je peux j'allais utiliser le mot
vous rassurer, mais je pense que je n'en ai pas besoin vous dire que
chacune des recommandations a déjà été, par le
groupe ministériel, longuement soupesée,
décortiquée.
On les a comparées, les unes après les autres, aux autres
recommandations qui étaient faites par d'autres groupes, d'autres
mémoires, qui n'ont même pas été
présentés, quelques-uns, du moins, et on a, dans l'esprit de la
charte et aussi dans l'esprit de la reconnaissance complète des droits
de l'homme, tenu compte des recommandations. Je ne veux pas dire par là
qu'on a tenu compte de toutes vos recommandations, parce qu'on s'est rendu
compte... Je me souviens, entre autres, de l'analyse de votre mémoire
sur trois recommandations. Il nous est apparu, entre autres, que les
recommandations étaient faites, suite à ce qui nous est apparu
pour le moins une certaine incompréhension de la portée
même de l'article. Enfin, je ne veux pas vous chicaner sur la chose.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Terrebonne, je vous remercie. Est-ce que vous voulez réagir aux propos
du député?
M. Schlesinger: Oui, si possible, j'aimerais peut-être
faire un petit commentaire sur une des choses qui ont été dites
par M. le député. On reconnaît et on est heureux de savoir
que le député reconnaît les efforts qui ont
été faits par la communauté juive pour devenir bilingue et
pour être "fluent", parler de façon assez courante la langue
française, mais, de là, il ne faut pas quand même faire le
saut et croire que toute la communauté juive est complètement
bilingue. Il reste qu'il y a des personnes, dans notre communauté, qui
sont unilingues ou peut-être bilingues en anglais et en yiddish. Ces
gens-là auront quand même des problèmes si des changements
ne sont pas apportés au projet de loi.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
député de D'Arcy McGee a émis le souhait de prendre la
parole, brièvement, quelques secondes, quelques minutes, et ensuite, je
passerai la parole au député de L'Acadie. Je vais leur donner ce
privilège, si on peut dire.
M. Grenier: Je comprends, la situation est tout à fait
particulière.
Le Président (M. Dussault): D'accord, je vous
remercie.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Il ne conviendrait
pas, je crois, que je sois celui qui, au nom de l'Opposition officielle, pose
des questions aux porte-parole du Congrès juif canadien. Après
tout, étant issu de cette communauté, comme mon collègue
de Saint-Louis, ayant été actif, étant actif dans de
nombreux organismes, selon la compatibilité de ces activités avec
mes responsabilités publiques, je me permets de croire que je suis
presque suffisamment renseigné sur la communauté juive. Tel n'est
peut-être pas le cas de tous mes collègues à cette
table.
Le mémoire qui est devant nous reflète les faits
historiques qui ont sensibilisé la communauté juive à
toute considération qui touche les droits et libertés de la
personne. Il est conséquent avec la série de mémoires
présentés par le Congrès juif canadien au cours des
récentes années et des récentes décennies sur les
grandes questions de l'heure. Je voudrais tout simplement remercier les
porte-parole du Congrès juif canadien, les féliciter pour un
mémoire qui est présenté, de toute évidence, dans
un esprit constructif et avec une très grande dignité. Ce disant,
M. le Président, avec votre permission, j'aimerais passer la parole
à ma collègue de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je me joins
à mon collèque de D'Arcy McGee pour vous souhaiter la bienvenue.
J'ai l'impression que c'est déjà une chose faite, puisque, depuis
plusieurs jours, vous errez dans les couloirs du Parlement, sinon à
l'intérieur du salon rouge.
Je voudrais profiter de l'occasion pour souligner la contribution de la
communauté juive dans de nombreuses sphères d'activités au
Québec, activités culturelles, activités commerciales,
activités professionnelles, activités scientifiques. Je tiens
à le souligner d'une façon toute spéciale aujourd'hui.
Comme le disaient mon collègue de D'Arcy McGee, et, d'ailleurs, le
député de Terrebonne, je pense que vous avez eu le souci
d'examiner le projet de loi sous tous ses aspects et de faire des
recommandations qui sont fort appropriées.
Ce qui m'a le plus frappée, ce sont les appréhensions que
vous apportez ici de la part d'une communauté qui souvent a
été l'occasion ou plutôt l'objet de discrimination. Je
comprends que vous soyez particulièrement sensibles à des
articles, par exemple, comme l'article 37, non pas parce qu'ils
prévoient qu'on puisse exercer de la discrimination, mais à cause
du silence qu'ils contiennent, comme d'ailleurs d'autres articles. Vous
appréhendiez que, possiblement, ceci puisse devenir l'objet d'abus et
l'exemple que vous apportez, c'est celui, maintenant devenu presque
célèbre, du député de Saguenay, qui, je pense, est
une toute petite illustration de ce qui pourrait survenir là-dessus. Je
dois vous dire qu'il y a eu des assurances de la part du gouvernement
qu'on s'assurerait que de semblables choses ne puissent arriver. On a
également eu ici d'autres groupes minoritaires. Comme il est très
souvent difficile de discerner, dans le cas de congédiement ou le cas
d'incompétence parmi un ensemble de facteurs, et souvent celui de la
langue pourrait être utilisé, je pense qu'on ne saurait prendre
trop de précautions pour prévenir des abus dans toute la mesure
du possible. Ceci ne doit pas empêcher un gouvernement de
légiférer sur la question linguistique, mais il doit prendre
toutes les précautions nécessaires pour ne jamais laisser de
porte ouverte à ce type de discrimination.
Il y a une autre chose que, de la part de l'Opposition officielle, je
voudrais vous dire, comme je l'ai dit à d'autres groupes minoritaires
qui sont venus ici, particulièrement à la
Fédération des groupes ethniques. Là-dessus, je pense que
je ne partage peut-être pas l'approche du député de
Terrebonne, à moins que je ne l'aie mal interprétée.
Il s'est tout à coup senti très proche de personnes de
votre communauté parlant français à un point tel qu'ils se
seraient même assimilés, voulant sans doute vous payer ou vous
donner un tribut de son estime et de son admiration. Je souhaite que votre
communauté, comme toutes les autres, puisse se sentir à l'aise
dans la langue française, dans une communauté, dans une province
dont la langue de communication est le français. Je souhaite
également qu'on soit capable de vous laisser vos caractéristiques
propres et tous vos attributs, de même qu'aux autres communautés
qui se sont présentées devant nous.
C'est dans la mesure où nous saurons le faire que le
Québec sera un pays riche qui s'affirmera dans un esprit de respect, ce
qui indiquera la qualité de sa vie démocratique.
Il y a deux questions que je veux vous poser. La première
le député de Terrebonne y a touché c'est la
remarque que vous avez faite quant aux délais qui devraient être
donnés aux écoles religieuses pour obéir c'est
peut-être un mauvais terme, mais je n'en trouve pas de meilleur
à l'article 58, en ce qui concerne l'acquisition du français
comme langue seconde. Quelles sont les difficultés particulières
qui empêchent les écoles religieuses de répondre à
cette exigence? J'ai l'impression qu'il s'enseigne déjà du
français dans ces écoles. J'aimerais avoir un peu d'explications
sur ce point.
M. Levy: Mme le député, nous ne voudrions pas nous
attarder trop longtemps sur cette question, car l'association des
écoles... juives est en rapport avec le ministère de l'Education
en ce moment pour des arrangements finaux. Nous avons déjà
commencé le processus de la langue française comme langue
d'instruction aux degrés 1, 2 et 3. Le gouvernement demande qu'on
augmente ces heures de français. On est en train de faire des
tractations pour essayer de revenir à un processus beaucoup plus lent,
au lieu de le faire en 2 ou 3 ans.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, traditionnellement, sauf
les écoles juives sefaraddes, les écoles juives privées
ont toujours fonctionné dans la langue anglaise, avec,
évidemment, le français comme langue seconde. M'indiquez-vous
qu'elles vont se transformer pour, éventuellement, dans un délai
qu'on jugera convenable, devenir des écoles françaises qui auront
l'anglais comme langue seconde, plus, récemment, l'hébreu
et cela, je le sais ...?
M. Levy: Cela tend vers cette direction, Mme le
député. Nous avons demandé une période
d'années un peu plus longue. C'est tout. Mais, le but est de franciser
ces écoles le plus vite possible.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que vous vouliez ajouter quelque
chose?
M. Meloul: J'aimerais ajouter quelque chose ici. C'est vrai que
cela se fait progressivement. Et depuis trois ans cela se fait même avec
une certaine intensité. Mais, c'est justement ce que nous avons voulu
souligner, qu'il y a deux aspects. Il y a cet aspect que vous avez
souligné et que nous soulignons à notre tour. L'autre aspect,
c'est l'admission dans ces écoles. Si, par exemple, un parent religieux
orthodoxe veut envoyer son enfant à cette école et qu'il n'est
pas de langue anglaise, il ne peut pas l'envoyer. Il sera obligé de
l'envoyer à l'école française, même sefaraddi qui
n'est pas nécessairement religieuse et orthodoxe.
C'est là que nous demandons un délai, juste ce point
là. Mais tout l'aspect général de ce que nous demandons
est une espèce de ralentissement en ce qui concerne cela. Je suis
éducateur et je suis évidemment tenté d'aller plus loin,
mais j'aimerais, avec la permission du Président, faire une petite
analogie avec ce que nous savons tous puisque nous sommes tous de descendance
judéo-chrétienne, c'est que Moïse a pris 40 ans, dans le
désert, pour que les générations puissent
s'éteindre et que la future génération puisse vraiment
être prête à faire face au futur, à la loi et
à la Thora, etc. Voyez-vous, vous ne pouvez pas le faire. Il est dommage
que M. Laurin ne soit pas là, j'aimerais lui dire qu'il y a une patience
à prendre ici. La dame qui a 60 ans, le monsieur qui a 60 ans
actuellement et qui vont à un hôpital juif, par exemple, ne
pourront pas s'exprimer en français. Ils vont peut-être agoniser,
mais ils ne pourront pas le faire. Avec toutes les lois du monde, il y a une
patience. Par contre, il faut mettre l'accent sur l'enfant parce que, lui, il
va naître, progresser et grandir dans cette société
québécoise qui est majoritairement francophone et, comme nous
avons déjà dit, nous en prenons le pli, il n'y a pas de doute
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve extrêmement intéressante
votre ouverture vis-à-vis de ces écoles, qui, justement, depuis
des années, probablement des générations, fonctionnent en
anglais et que vous êtes prêts à convertir, selon des
modalités que vous jugez justes et équitables, pour qu'elles
deviennent des écoles françaises.
Une dernière question d'information. Le
Congrès juif canadien, région de Québec,
compte-t-il dans ses membres également des personnes de la
communauté juive française de Montréal, qui, je le sais,
est moindre que la communauté anglaise mais s'est quand même
accrue considérablement dans les dernières années?
M. Meloul: Vous en avez en face de vous. Votre humble serviteur
est ex-vice-président du congrès et je suis évidemment
issu de la communauté juive de langue française, cela s'entend je
crois. Je suis ex-vice-président auss de l'Association sefaradde
francophone. Actuellement, le président de l'Association sefaradde du
Québec est le secrétaire du Congrès juif canadien, section
québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Je suis extrêmement heureuse de vous
entendre dire cela, pour qu'ensuite certains ne mettent pas en doute votre
représentativité. Une chose que je voudrais faire remarquer en
terminant, c'est que je connais des personnes de la communauté
sefaradde. Même si le problème de langue ne se pose pas pour elles
de la même façon que pour les membres de la communauté
juive anglophone, elles ont, à l'égard de ce projet, de loi no 1,
les mêmes appréhensions, à cause des expériences
antérieures qu'elles ont vécues et la plupart dans un
passé beaucoup plus récent que les membres de la
communauté anglaise. Je réalise fort bien que toute cette
question de perception devient extrêmement importante pour votre
communauté. Je vous remercie beaucoup et surtout de votre patience
depuis trois jours.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, on est toujours coincé
sur une fin d'heure. Je ne sais pas comment le hasard fait cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, qu'est-ce que vous voulez? C'est le destin qui vous
accompagne.
M. Grenier: II n'y a pas de groupe qui peut mieux me comprendre
que ceux qui sont là.
Le Président (M. Cardinal): Justement, me permettez-vous
un mot pour éviter que vous ne soyez coupé dans vos élans
oratoires? Est-ce que vous êtes disposés, messieurs, à
revenir avec nous cet après-midi vers 16 heures ou à peu
près? Nous n'avons pas fini de poser des questions. L'Union Nationale a
encore tout son temps, soit dix minutes, il reste encore quelques minutes que
j'ai à calculer au parti ministériel, il reste encore treize
minutes... Pardon, au parti de l'Opposition officielle, 13 minutes au parti
ministériel, ce qui veut dire que nous en avons encore pour au moins une
bonne demi-heure. Si vous voulez être assez gentils pour venir
après les travaux de l'Assemblée nationale, je pense que
là, avec la permission du député de
Mégantic-Compton, je pourrais dès ce moment ajourner le
débat.
M. Grenier: Oui. D'accord, cela irait. J'aimerais peut-être
avoir une précision, avant, M. le Président. Je crois que ce sont
les Cris que nous devons entendre après ceux-là cet
après-midi. Je me demande si ce ne serait pas bon de s'informer
auprès de ces gens s'ils pourraient revenir au début de la
soirée afin qu'on vide notre question après avoir entendu, cet
après-midi, la communauté juive, avant six heures, à
savoir si on continue et avec qui, qu'on sache une fois pour toutes, qu'on se
donne le temps, qu'on ne soit pas toujours pris avec des gens qui sont
là, en ayant l'air de gens qui ont envie de faire perdre le temps du
monde important.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Mégantic-Compton. Il y aura toujours des
invités qui seront là, parce que j'ai déjà
indiqué de façon précise que le mandat de la commission,
c'est de recevoir des invités et des témoins. Alors, je ne sais
pas évidemment, les représentants des Cris sont à
l'arrière là-bas si je puis me permettre de leur donner
congé jusqu'à 20 heures. Encore une fois, qu'est-ce que vous
voulez? Je suis pris dans une situation où je ne sais pas ce qui va se
produire.
M. Grenier: Je vous inviterais à le faire à l'heure
du midi, parce que j'ai bien l'intention qu'on vide la question avec tout ce
qu'on a depuis deux jours. Je veux qu'on vide la question, alors invitez-les
à nous revenir à 20 heures ce soir, parce que je prendrai
certainement le temps, avec notre parti, de vider la question.
Mme Lavoie-Roux: Et nous attirer des reproches des
députés ministériels continuellement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Bourassa sur une question de
règlement.
M. Laplante: Est-ce que le député peut vous donner
un ordre semblable?
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne le prends
pas...
M. Grenier: M. le Président, une question de
règlement.
M. Laplante: C'est un manque de...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. Je ne le prends pas comme un ordre. Je le prends comme une
demande. Bon, c'est réglé?
M. Grenier: D'accord, c'est cela.
Le Président (M. Cardinal): Cependant, cette demande je ne
la refuse pas, mais j'ai de la difficulté à demander qu'un groupe
ne se présente qu'à 20 heures. A ce moment-là, la
commission sera, en quelque sorte, vide, ce sera un débat entre les
députés et là vous me demandez une directive, dans le
fond. Si telle est la question, j'ai ap-
pris que parfois il ne faut pas poser de question si on ne veut pas
connaître la réponse. Parce que ma réponse va être
que je ne pourrai pas agir ainsi.
M. Grenier: M. le Président, une proposition, une
suggestion, si vous voulez...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, c'est toujours
bienvenu.
M. Grenier: Ce n'est pas un ordre, c'est une suggestion. Si c'est
un règlement que d'asseoir des gens là, on demandera aux Cris de
venir nous entendre nous parler à hauts cris d'ici 17 heures ou 18
heures, parce que j'ai l'impression qu'on va vider la question une fois pour
toutes.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas un
règlement, c'est une question de mandat de la commission. A ce
moment-là, ce que je peux faire, suite à votre demande, c'est de
suggérer qu'il n'y ait qu'un seul représentant de ce groupe qui
vienne, pro forma, si vous permettez, ce qui permettrait à la commission
de continuer. Parce que, je le dis, dès le moment présent, quoi
qu'il arrive aujourd'hui, s'il advient que nous n'avons plus d'invités
devant nous, je suspendrai ou j'ajournerai les travaux sine die. D'accord?
Et sur ce, la commission ajourne ses travaux sine die. Vous revenez avec
nous quand même cet après-midi, s'il vous plaît.
(Fin de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 17 h 1
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous avons devant nous le Congrès juif canadien, mémoire
112. L'audition a débuté à 12 h 2, ce matin, et a
été suspendue vers 13 heures. La parole est au
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, on arrive
déphasé pour le moins.
Le Président (M. Cardinal): Ne m'en parlez pas, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Qui est déphasé, le
président ou le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: J'aurais dû dire que nous sommes
déphasés.
Je veux d'abord...
Le Président (M. Cardinal): ...M. le député
de Mégantic-Compton.
Je voudrais quand même, parce que c'est une nouvelle
séance, établir clairement quels sont les membres de la
commission. Je ne voudrais pas l'oublier. Vous n'avez pas commencé votre
exposé.
Les membres de la commission pour cette séance qui débute
immédiatement et qui durera au moins jusqu'à 23 heures sont M.
Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Charbonneau (Verchères),
membre de la commission cette fois-ci, M. Charron (Saint-Jacques), M. le
ministre, M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau) remplacé par M. Fallu
(Terrebonne), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa), M.
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Paquette (Rosemont) remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
bienvenue, M. le député de Lac-Saint-Jean M. Roy
(Beauce-Sud), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est que le député de D'Arcy
McGee remplace...
Le Président (M. Cardinal): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) est remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): Merci beaucoup. La commission
est établie.
Je n'ai pas d'ordre du jour à donner, il a été
fourni ce matin. Nous avons devant nous...
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, oui; allez-y, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Un très court point de règlement. C'est
que je crois que cette commission avait choisi le député de
Rosemont comme rapporteur, il y a quelques semaines...
Le Président (M. Cardinal): C'est exact.
M. Charron: ... au début de ses travaux. Le
député de Rosenont n'est plus au Québec pour quelque
temps, 'aisant partie d'une délégation parlementaire à
I'étranger. Je me demande, dans le cas où cette commission
terminerait ses travaux pendant l'absence du député de Rosemont,
s'il ne faudrait pas choisir immédiatement un nouveau rapporteur.
M. Chevrette: M. le Président, je crois que c'est moi qui
suis rapporteur de la commission, proposé, je ne me souviens pas par
qui, mais à la première séance de la commission...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Si vous permettez,
non, je pense que c'est M. Pa-quette (Rosemont). Je ne suspends pas, je vais
vérifier et ensuite, je reviendrai sur cette question, parce qu'elle est
importante.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): M. le secrétaire
peut-il... C'est vraiment M. Paquette (Rosemont) qui a été
nommé. Oui, M. le député de Mont-Royal, sur une question
de règlement.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, le député de
Rosemont est parti seulement pour une période de quinze jours...
Mme Lavoie-Roux: Dix jours.
M. Ciaccia:... dix jours, alors, ce n'est pas une longue
période. On pourrait le garder comme rapporteur.
M. Charron: Je suis parfaitement d'accord à l'effet que si
le député de Rosemont revient avant que la commission n'ajourne
ses travaux, on puisse par une nouvelle motion, lui remettre ses droits; il
avait été le choix de la commission. Au cas où cette
commission se juge suffisamment informée de quelque autre manière
d'ici ce temps, il faudrait peut-être nommer un rapporteur
intérimaire. Est-ce que je peux proposer que le député de
Verchères soit le rapporteur de cette commission durant l'absence du
député de Rosemont?
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Je sais ce qu'est l'intérim. Je ne préjuge en rien
de la fin des travaux de cette commission; même ce matin, j'ai
indiqué que j'étais très heureux de passer tout le mois de
juillet et août avec vous. Par conséquent, je ne voudrais pas que
l'on croie que cette suggestion du député de Jacques-Cartier et
ministre... le député de Saint-Jacques pardon, je m'excuse
pour le député absent de Jacques-Cartier soit
interprétée comme étant le début de la fin des
travaux. Je demande simplement à la commission si elle est d'accord; il
me faut un consentement unanime, sans quoi encore une fois, j'indique ce
qu'il faut faire et je ne voudrais pas qu'on s'enferre dans la procédure
je devrai demander une motion qui sera débattable. Alors, est-ce
que la commission est d'accord unanimement pour nommer par intérim un
remplaçant au député de Rosemont?
Des Voix: D'accord.
M. Bertrand: Oui, on est d'accord; par intérim.
Le Président (M. Cardinal): Par intérim, d'accord.
Alors, voulez-vous, s'il vous plaît, M. le député de...
M. Lalonde: On court un risque, mais... M. Bertrand: Par
intérim.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques et M. le ministre, voulez-vous répéter votre
suggestion dans ce cas?
M. Charron: Je propose, si la commission devait achever ses
travaux durant l'absence du député de Rosemont que, par
courtoisie, nous respections, tout autant que les députés de
l'Opposition qui l'accompagnent actuellement dans un voyage en France... Je
propose, si cette commission devait faire rapport à l'Assemblée,
que le député de Verchères soit mandaté par cette
commission pour le faire.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Ecoutez! Vous m'avez
donné un consentement et vous voulez recommencer.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement poser une question.
Le Président (M. Cardinal): On va recommencer. Un instant!
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'est simplement pour demander s'il n'y aurait pas
lieu de présenter ce changement pour mardi ou mercredi de la semaine
prochaine? Il n'y a rien d'urgent aujourd'hui. C'est certain qu'avec le nombre
de mémoires qu'on a devant nous, ça ne peut pas presser. Si on
pouvait présenter la motion mardi, par exemple, à la reprise des
travaux...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Mégantic-Compton, je regrette. Vous savez que
ces jours-ci, j'en accepte pas mal. J'avais un consentement de la commission.
Est-ce que ce consentement m'est retiré?
M. Grenier: II était accordé par tout le monde? Le
Président (M. Cardinal): Oui.
M. Grenier: S'il l'a été, je vous l'accorde, vu que
c'est intérimaire.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Merci beaucoup! Vous
êtes fort gentil, je l'apprécie.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Mme le député de L'Acadie avait quelque chose
à dire aussi.
Mme Lavoie-Roux: C'est une directive, M. le Président. Je
voudrais savoir si celui qui est nommé rapporteur de la commission a le
droit de parole, s'il peut participer au débat ou, si, au contraire,
pour préserver son impartialité dans le rapport qu'il
présentera, il est soumis au silence.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, un rapporteur d'une commission est premièrement,
nécessairement, membre de la commission; deuxièmement, tout comme
le président, il a tous les pouvoirs d'un membre d'une commission,
à savoir faire des motions, parler, voter et même rapporter,
puisque c'est son rôle.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a une autre
intervention? Bon! Dans ce cas, je vais reprendre non pas le débat,
parce que je ne voudrais pas du tout que c'en soit un... La parole est au
député de Mégantic-Compton, sur la question principale,
avec dix minutes pour le parti de l'Union Nationale.
M. Grenier: Merci, M. le Président.
Je voudrais, comme l'ont fait les autres, bien sûr, remercier la
communauté juive d'être devant nous avec son mémoire, qui
est subdivisé en trois, et qui nous donne vraiment un éclairage
différent de ce qui nous a été donné.
Vous avez dit bien sûr ce qu'on a senti dans tous les
mémoires, à savoir que tout le monde est bien d'accord, en
pratique, à une refrancisation du Québec. Dans la théorie,
il n'y a pas de mémoire ici, je pense, qui n'ait pas dit ça, mais
c'est toujours dans la pratique que cela accroche. C'est dans les faits qu'on
retrouve des choses qui vont moins bien.
Comme on l'a signalé antérieurement, c'est toujours facile
d'être pour la vertu et contre le vice, mais, pour le vôtre, on se
rend compte qu'il y a des faits qui ne sont pas ce qu'on a relevé dans
d'autres mémoires.
Ce qui m'a vraiment réjoui pas surpris, je le savais, mais
je suis content de le voir écrit c'est ici, à la page 2,
"il est à relever que les toutes dernières statistiques
publiées indiquent que le groupe le plus bilingue non francophone, dans
la province de Québec, c'est la communauté juive". Cela me fait
plaisir de le lire et que vous soyez ici aujourd'hui pour qu'on puisse vous
signaler ce fait. J'aimerais savoir comment ce groupe a senti le besoin de se
franciser plus qu'un autre groupe qui n'est pas un groupe anglophone, mais une
communauté allophone au Québec. A quoi attribuez-vous ce facteur
d'être plus bilingues que d'autres?
M. Schlesinger: Pour commencer, je ne crois pas qu'il y ait lieu
de nous comparer à d'autres groupes. Si la communauté juive
trouve entre ses membres beaucoup de personnes qui ont cru bon d'apprendre la
langue française, c'est parce que les personnes se rendent compte
qu'elles vivent dans une province où la majorité est francophone
et elles ont probablement pris chacune sa propre décision; chacun a
décidé que c'était normal d'apprendre cette langue pour
pouvoir communiquer avec ses confrères d'autres langues, à part
égale. Je ne crois pas que cela ait été une politique
comme telle, énoncée par la communauté, mais des personnes
individuelles ont décidé que c'était normal et,
naturellement, ces personnes ont décidé de faire les
démarches nécessaires pour apprendre le français.
M. Grenier: Je ne suis pas pleinement satisfait. Votre
communauté, je me trompe peut-être, j'espère ne pas errer,
mais, il me semble, c'est une communauté allophone, si on veut la
qualifier; je n'aime pas l'expression, mais je pense qu'il faut ainsi la
qualifier pour se comprendre, et c'est peut-être la première qui
est répartie un peu partout dans le secteur du Québec. On voit
d'autres communautés qui sont très majoritairement
limitées à la ville de Montréal, alors que votre
communauté est assez répandue à la grandeur du
Québec. C'est peut-être un facteur qui explique le fait que ces
personnes sont plus bilingues que d'autres. Mais quand je vois une
communauté de 115 000 âmes, qui se dit et je pense que
c'est vrai une des communautés les plus bilingues, je me dis que
c'est peut-être plus que ce que vous nous dites, c'est peut-être
plus qu'une conviction personnelle. Il y a peut-être, à
l'intérieur, une espèce de mouvement d'accueil qui fait que, chez
vous, c'est plus facile d'apprendre la langue française que pour
d'autres communautés. Est-ce que je me trompe ou est-ce que cela peut
être vérifié?
M. Schlesinger: Je crois que quand des personnes d'origine juive
sont venues s'installer au Canada et surtout à Québec, la plupart
d'entre elles ne parlaient ni l'anglais ni le français. Alors, c'est
certain que ceux qui se sont installés dans les régions où
il n'y avait presque pas d'anglais ont appris le français plus
facilement que les autres. D'autre part, les personnes qui doivent offrir des
services à la population francophone aussi ont décidé que
c'est nécessaire d'apprendre le français et les personnes se
sentent à l'aise dans le Québec et veulent participer à la
société québécoise et un des moyens les plus
faciles de participer à une société, c'est d'essayer
d'apprendre la langue de la majorité. C'est évident que quand il
faut apprendre une autre langue, on prend des démarches pour le faire.
Historiquement, ceux qui ont été accueillis par la
communauté anglophone
ont acquis la connaissance de la langue anglaise. C'était plus
facile pour la plus grande partie des immigrants ici d'apprendre l'anglais, vu
la situation qui existait pour l'accueil des immigrants.
M. Grenier: Merci. Vous avez un autre facteur et je dois vous
signaler qu'il y a eu des groupes qui sont venus ici, des groupes
exagérés des deux côtés. On a vu cela. Vous vous
prononcez, peut-être de façon indirecte, pour le libre choix.
C'est ce que j'ai cru détecter, le libre choix de l'enseignement de la
langue, de façon indirecte peut-être; il semble qu'on le
détecte à l'ensemble de cela. Je dois vous dire qu'il y a des
groupes qui sont venus ici et à la lumière de plusieurs
mémoires que nous avons, on se demande pourquoi tant d'insistance pour
le libre choix chez certains groupes anglophones principalement, tant
d'insistance pour vouloir donner le libre choix alors que dans l'ensemble je
pense que la loi je ne parle pas des programmes de partis politiques, je
parle de la loi que nous avons devant vous protège en très
grande partie, au moins, l'élément anglophone déjà
installé au Québec. Alors, c'est à se demander, à
un moment donné, si des groupes anglophones ne voulaient pas tout
simplement angliciser en étant tenaces au point de vouloir qu'on laisse
le libre choix, si ce n'était pas simplement pour "bilinguiser", mais
pour angliciser les 4% ou 5% d'étudiants qui fréquentent les
écoles anglaises. Je ne sais pas si on doit détecter chez vous
cette volonté indirecte d'un libre choix. Je ne peux pas dire qu'il y
ait un article de votre mémoire qui le dit, mais dans l'ensemble, est-ce
que c'est votre volonté d'avoir un libre choix ou si vous acceptez que
les nouveaux arrivants juifs s'incorporent d'abord à la
communauté canadienne-française?
M. Meloul: Je suis très heureux de répondre
à cette question. Je suis très heureux qu'on nous pose cette
question, parce que ça va faire plaisir aux deux côtés de
la table. C'est pas facile. Il y a eu une progression depuis la loi 22 et
même depuis ce qu'on a proposé à la commission Gen-dron;
honnêtement, au moment de la loi 22, on était pour le choix pur et
simple, le libre choix. Il y a eu une nette progression. Ce que nous proposons
aujourd'hui, c'est le libre choix pour les anglophones seulement, pour les
vraies personnes de langue anglaise, et ce libre choix serait donc d'envoyer
l'enfant à l'école anglaise ou à l'école
française.
C'est clair, j'espère. Le deuxième point là-dessus,
nous avons mis une nuance quant à l'école religieuse. J'ai
répondu, ce matin, l'école orthodoxe. Bien que nous soyons tous
Juifs, il y a des orthodoxes parmi nous; il y a des moins orthodoxes parmi
nous. Il y a des gens pour qui l'éducation est intimement liée
à la religion, elle doit se donner, non pas par un instituteur, mais
par,un rabbin. Cela s'est vu dans d'autres religions évidemment. Vous
connaissez la question. Ceux-là pourrait venir d'une origine non
anglophone et, toutefois, avoir besoin d'aller à l'école juive
religieuse orthodoxe.
Malheureusement, dans l'état actuel des cho- ses au
Québec, une telle école n'est qu'anglophone. Donc, il y a une
nuance dans le cas de ces enfants qui pourraient ne pas être d'origine
anglophone. Quant à la majorité de la communauté, il n'y a
aucun doute, nous avons progressé là-dessus, notre position est
bien différente de celle de la loi 22, du moment où on a
proposé quelque chose pour la loi 22. C'est le libre choix des
anglophones, c'est-à-dire d'aller à l'école anglaise ou
à l'école française.
M. Grenier: Je vous remercie. Je dois vous dire que vous donnez
aujourd'hui un son de cloche tout à fait différent de celui de
bien d'autres mémoires qu'on a eus. Cela me fait plaisir de l'entendre
parce que je sais que vous répondez peut-être à des
aspirations des deux côtés de la table. Ce que j'ai dit tout
à l'heure, je ne le donne pas comme affirmation, mais à voir
venir des groupes ici qui disent: il faut un libre choix à des gens qui
sont installés ici, c'est à se demander, quand on y tient
tellement, si c'est pour angliciser ces 4% ou 5%. Je m'interroge, je ne dis pas
que c'est une certitude. Tandis que lorsqu'on dit que ce serait pour les rendre
bilingues, cela expliquerait des choses, mais on a des témoignages qui
font qu'à cause du système francophone qui était vraiment
mal organisé jusqu'à ces dernières années,
ça commence à monter, on se rend compte qu'on ne faisait pas avec
ces jeunes, qui s'incorporaient aux écoles anglaises, des gens
bilingues, mais des Anglais, au moins de mentalité.
Vous venez nous témoigner que vous vous êtes rendu compte
de ça, vous avez progressé depuis quelque temps et vous
êtes une minorité qui donne un point très clair dans le
programme.
Personnellement, je crois que c'est un éclairage important pour
notre parti. Je veux que vous en soyez bien conscients. On prend bonne note de
ce passage qui n'est pas celui de beaucoup de monde de la commission.
Je ne veux pas utiliser tout mon temps. Je m'arrête là. Je
vois que le député de Gaspé a des questions à
poser.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. Je cède maintenant la
parole au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je veux tout d'abord
remercier nos invités pour leur mémoire. Je veux les remercier,
premièrement, pour l'aspect très positif de leur mémoire
et aussi parce qu'ils sont très soucieux et très
préoccupés de la question des droits minoritaires. Ils veulent
que notre société ne soit pas divisée entre majoritaires
et minoritaires, mais que tout le monde soit traité sur une base
égalitaire.
Avant de poser quelques brèves questions, je voudrais seulement
me référer à des propos que le député de
Terrebonne a tenus ce matin. Je sais bien que ce n'était pas de mauvaise
foi, il voulait certainement accueillir les invités. Mais quand il a dit
que ces gens étaient assimilés, étant moi-même
membre d'un groupe minoritaire, je me suis senti un peu... cela m'a
touché; je ne voudrais pas
aller trop loin en disant insulté, parce que je ne veux pas vous
attribuer de mauvais motifs. S'il y a une chose, c'est qu'on veut garder notre
identité. Les minorités veulent garder leur identité. Je
crois qu'il faut faire une distinction entre l'assimilation et
l'intégration. Nous sommes prêts, comme minorités, à
nous intégrer au Québec, à la société
québécoise. Mais de là à être
assimilés... Nous non plus, nous ne voulons pas perdre ce que nous
sentons de façon viscérale.
J'espère que ce n'est pas une des intentions du projet de loi no
1 que d'assimiler les gens. Si c'est le cas, c'est une raison de plus...
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Mont-Royal! Oui, M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Vous êtes en train, M. le député,
d'interpréter mes paroles, ce n'est pas un souhait que j'ai fait, c'est
une constatation pour quelques individus. D'ailleurs, c'était vraiment
minoritaire la remarque que j'ai faite, c'était pour quelques individus
qui se sont assimilés; donc, ce n'est nullement un souhait.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Terrebonne.
M. Ciaccia: Je répète, je crois qu'il y a vraiment
un manque de communication. Ces individus que vous disiez soi-disant
assimilés, si vous le leur demandiez, je suis certain qu'ils vous
diraient la même chose que je vous dis: Nous ne sommes pas
assimilés, nous sommes intégrés. C'est malheureux que ce
côté-là de la table, des fois, ne semble pas comprendre
cette différence.
En tout cas, je ne veux pas susciter un débat, c'est une remarque
que je veux faire. Je voudrais procéder à certaines brèves
questions.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal, parce qu'il y a un débat qui va
s'amorcer si cela continue en ce sens-là. S'il vous plaît!
M. Ciaccia: Le meilleur moyen d'éviter le débat, ce
serait d'arrêter de parler de ce côté-là et de me
laisser faire mes commentaires. A ce moment-là, il n'y aurait pas de
débat. Je donnerais mes commentaires...
Le Président (M. Dussault): Je vous prierais, s'il vous
plaît, M. le député de Mont-Royal de continuer votre
intervention dans le sens prévu, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: Très bien, merci. Il y a plusieurs jeunes gens
de... Je vous inviterai à faire des commentaires. Voulez-vous faire des
commentaires sur ce que...
M. Schlesinger: Oui, j'aimerais faire un bref commentaire.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Schlesinger: C'est qu'on est d'accord avec le fait que la
communauté juive, comme d'autres minorités, ne veut pas
s'assimiler. En effet, la communauté juive, comme d'autres
minorités, veut garder son intégrité comme
communauté et ses capacités et ses caractéristiques
distinctives qui composent le groupe ethnique ou le groupe minoritaire que
compose la communauté juive.
D'autre part, comme M. le député de Terrebonne a
parlé d'assimilation, j'ai cru qu'il voulait dire intégration,
parce que je crois que le ministre Laurin a déjà
déclaré que l'intention du gouvernement était de
sauvegarder le statut des minorités et leur intégrité et
c'est dans cette optique que nous avons interprété les dires de
M. le député.
M. Ciaccia: Très bien, parce que c'est seulement de cette
façon qu'on peut maintenir et apporter une contribution au
développement culturel de cette société.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député! Excusez-moi, M. le
député de Mont-Royal, il y a une question de règlement de
la part du député de Papineau. Oui, M. le
député.
M. Alfred: C'est pour expliquer quelque chose, une question
d'explication. Le député de Terrebonne parlait en
pédagogue...
Le Président (M. Dussault): Est-ce une question de
règlement, M. le député de Papineau?
M. Alfred: Oui, ... et lorsqu'il a dit presque assimilé,
il a fait la distinction entre deux termes que Piaget a employés dans
son livre: "Accommodation et Assimilation".
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Papineau, je ne peux pas vous laisser continuer, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Alfred: Donc, le terme assimilation était
pédagogique.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Papineau, ce n'est pas une question de
règlement. M. le député de Mont-Royal, continuez, je vous
laisse une minute de plus, c'est normalement déjà
écoulé.
M. Ciaccia: C'est plus qu'une minute, mais j'accepte le temps
additionnel. Merci.
Il y a plusieurs membres de votre communauté et de la
communauté anglophone, spécialement parmi les jeunes, qui sont
inquiets des effets possibles du projet de loi 1.
Je me réfère à un mémoire qui a
été présenté spécifiquement sur l'article
112 où on réfère à des Québécois et
les suggestions, les recommandations qui avaient été faites
à ce moment étaient clairement d'amender cet article afin que,
quand on parle d'augmentation du nombre de Québécois à
tous les niveaux de l'entreprise, on comprenne
vraiment les gens qui parlent le français. Est-ce qu'il y a des
inquiétudes, à votre connaissance, parmi les jeunes, dans votre
communauté? Face au projet de loi, face à des situations, s'il
n'y a pas d'amendement, est-ce qu'ils disent que peut-être ils n'auraient
pas autant de chances ici, est-ce qu'ils parlent de quitter la province?
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît,
très brièvement.
M. Schlesinger: D'accord. On peut se référer
à notre commentaire sur l'article 112b, à la page 25 de notre
mémoire. On dit que le mot "Québécois, doit être
remplacé par "de manière à assurer l'utilisation du
français à tous les niveaux de l'entreprise, y compris, au sein
du conseil d'administration et au niveau des cadres". En effet,
l'inquiétude est causée par le mot "Québécois". On
a déjà parlé ce matin de la question des
Québécois quand on lit le préambule au projet de loi. Si
on interprète "Québécois" comme étant seulement un
Canadien français, naturellement, il y a de l'inquiétude, mais si
on parle seulement d'une connaissance de la langue française, je crois
que, probablement, l'inquiétude sera beaucoup diminuée.
L'inquiétude est partagée par toute la communauté de la
province de Québec, et non seulement la communauté juive. C'est
une question de droit humain, plutôt que d'une minorité
quelconque.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
témoin. Je passe maintenant la parole, le temps du Parti libéral
est malheureusement écoulé. J'ai été quand
même généreux, malgré les questions de
règlement qui ont pu intervenir. Oui, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il y a peut-être un
petit malentendu, parce qu'avant l'ajournement de ce midi, je pense, mais je ne
peux pas l'affirmer, parce qu'on a tellement de travaux, différents
détails, il m'a semblé qu'il nous restait au moins huit ou neuf
minutes...
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que le président nous avait
dit.
Une Voix: C'est ce que le président nous avait dit.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, il restait six minutes. S'il était vrai que
c'était huit minutes, vous auriez encore largement profité du
temps que vous aviez. C'est pour cela que je me permets maintenant de donner le
temps qui reste à M. le député de...
M. Lalonde: Alors, nous avons eu plus que huit minutes.
Le Président (M. Dussault): Oui, vous avez eu le temps
qu'il fallait. Alors, je me sens tout à fait à l'aise.
M. Ciaccia: Vous ne l'avez pas fait d'une façon
très élégante, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je voudrais
maintenant laisser la parole à M. le député de
Gaspé pour deux minutes.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Excusez, je vais
revenir en français.
M. Alfred: C'est gentil!
M. Le Moignan: Non, cela priverait les membres de la commission
des réponses qu'ils vont nous donner en français.
Une Voix: On n'a rien contre le bilinguisme!
M. Le Moignan: Non, cela aurait l'air trop prétentieux de
ma part. Je voudrais simplement revenir sur certaines...
M. Bertrand: Ne commencez pas à dire la messe !
M. Le Moignan: ...questions de mon voisin, le
député de Mégantic-Compton. Cela m'intéresse
beaucoup, parce que si votre groupe compte 115 000 Juifs, j'aimerais savoir
quelle proportion de Juifs de langue française vous avez. Simplement, en
vitesse?
M. Schlesinger: C'est à peu près un
cinquième à un sixième. Cela veut dire, à peu
près 20 000 à 25 000.
M. Le Moignan: Ils sont tous cantonnés, en somme... Vous
êtes situés dans la région presque immédiate de
Montréal?
M. Schlesinger: A peu près, mais il en existe
naturellement en dehors de Montréal également.
M. Le Moignan: Mais, en dehors de Montréal, la proportion
n'est pas tellement forte. A travers la province, on peut dire que c'est un
chiffre minime.
M. Schlesinger: Je n'ai pas les statistiques, je regrette.
M. Le Moignan: Mais, à Montréal, vous avez vos
propres écoles?
M. Schlesinger: A Montréal, il y a deux écoles
francophones juives.
M. Le Moignan: Maintenant, ceci veut dire que beaucoup de Juifs
envoient leurs enfants dans les écoles anglaises. Ils ne vont pas tous
dans vos propres écoles. Est-ce que vos écoles sont suffisantes
pour vos enfants?
M. Schlesinger: II y a des écoles juives proprement dites
et il y a les écoles publiques protestantes, qui accueillent la plus
grande partie des étudiants juifs.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé, votre temps est aussi écoulé. Vous n'aviez que deux
minutes.
Mme Lavoie-Roux: II est raide, n'est-ce pas!
Le Président (M. Dussault): Maintenant, je cède la
parole à M. le ministre d'Etat au développement culturel, pour
treize minutes.
M. Laurin: Messieurs du Congrès juif canadien, je suis
très heureux d'être venu à la commission parlementaire
dont je m'excuse de m'être absenté ce matin avant
que votre témoignage ne soit terminé. Je suis content de
renouveler les bons contacts que j'ai eus avec divers membres de votre
communauté, à quelques occasions, avant que ne débute
cette commission parlementaire.
Je prends évidemment à mon compte tout ce que vous a dit
le député de Terrebonne ce matin. Pour nous, du gouvernement,
vous représentez une communauté très importante non
seulement par le nombre, mais en raison du fait que vous êtes
établis depuis longtemps au Québec, que vous êtes
intégrés à la vie du Québec et que votre apport
à la vie du Québec a toujours été et demeurera
précieux. Et c'est bien en ce sens que nous voulons continuer de
présenter toute législation qui a trait aux divers groupes qui
participent avec nous au développement du Québec.
J'ai vu, à la lecture attentive de votre mémoire, que vous
accordez une très grande attention à la protection des droits et
libertés de la personne. Croyez que nous comprenons parfaitement cette
préoccupation. Elle est la nôtre également, et même
si quelques formulations temporaires ont pu vous amener à penser que
notre préoccupation était moindre que la vôtre, je pense
bien que la nouvelle version du projet de loi dissipera à ce sujet toute
crainte, toute inquiétude, toute préoccupation que vous pourriez
avoir et qu'en ce sens, l'un ou l'autre des membres de votre groupe n'aura pas
à faire des procès par anticipation de l'action du
gouvernement.
Vous voudriez aussi cela se comprend que la présente
législation accorde davantage de place à l'anglais au
Québec. Malgré que nous comprenons, jusqu'à un certain
point, votre préoccupation dans ce domaine, nous ne pouvons pas vous
suivre totalement puisque le but premier de la législation est quand
même de faire du Québec un pays français, beaucoup plus
français en tout cas qu'il ne l'a été, mais cependant dans
le respect de toutes les particularités culturelles et avec tout le
respect qui se doit à tous les groupes, encore une fois, qui participent
avec nous au développement du pays.
Je vois que vous avez lu avec attention le projet de loi, puisque vous
nous faites une cinquantaine de recommandations. Je n'ai vraiment pas le temps
de les étudier toutes avec vous, mais je pense que je peux vous dire
qu'une bonne partie de vos préoccupations proviennent d'un malentendu au
sujet du projet de loi.
Beaucoup des choses que vous nous demandez sont en fait
accordées, dans le projet de loi, mais d'une façon et selon une
formulation qui a pu vous induire en erreur. Par exemple, dans la
recommandation que vous nous faites à l'article 3, il est bien
évident qu'en assemblée délibérante, vous aurez le
droit d'intervenir et de vous exprimer en français.
A l'article 6, nous remplacerons le mot "Québécois", dans
le sens de vos voeux.
A l'article 15, rien ne vous empêche d'avoir les textes et
documents en anglais, en même temps qu'ils seront en français.
Ceci vaut pour plusieurs articles, pour l'article 16, pour l'article 25, pour
l'article 26, pour l'article 27, pour l'article 41 et pour beaucoup d'autres
articles. Plusieurs groupes l'ont fait avant le vôtre, ils ont
exprimé cette préoccupation avant que vous ne l'exprimiez. La
nouvelle version du projet de loi sera beaucoup plus claire à cet
égard et il sera spécifié que l'usage d'une autre langue
continuera d'être permis, là où il n'est pas interdit de
façon spécifique, ou là où une prescription de la
loi ne demande pas l'interdiction d'une autre langue que le
français.
Je pense que ceci tient compte d'une dizaine ou d'une douzaine de vos
demandes et je pense que, de ce point de vue, vos craintes seront
dissipées.
Ceci vaut pour toutes les traductions, les versions, les catalogues, les
formulaires d'emploi dont il est question à un endroit ou à un
autre du projet de loi.
Vous nous faites aussi une recommandation à l'article 30. Vous
nous demandez que cet article ne s'applique pas cet article touche les
ordres professionnels, comme vous le savez à toute personne
membre d'un ordre professionnel, au moment où cette loi entrera en
vigueur. Ceci nous semble une recommandation valable et nous essaierons d'y
satisfaire dans toute la mesure du possible, car nous avons appris, en effet,
que, malgré la loi 22, il y a encore, au Québec, un certain
nombre de professionnels qui ont de la difficulté à se conformer
aux règlements actuels et ne possèdent pas encore une
connaissance de la langue française qui les habiliterait à passer
les examens appropriés. La nouvelle version de la loi prévoira un
délai, assez long, qui permettra aux professionnels, qui ne se seraient
pas encore conformés à la loi existante, d'acquérir une
connaissance suffisante de la langue française pour pouvoir se
présenter aux examens et les réussir.
Vous ne voudriez pas non plus qu'en vertu de l'article 37, des gens
perdent leur emploi. Je pense que ce n'est pas le sens de l'article 37 et nous
veillerons, bien sûr, à ce qu'aucune personne, juive ou
anglophone, ne souffre de cet article, ne soit l'objet de discrimination en
raison de cet article. Si nous avons voulu faire cesser la discrimination
à l'endroit des francophones, pour des raisons linguistiques, ce n'est
sûrement pas pour l'établir à l'endroit des
anglophones.
Je comprends aussi votre préoccupation particulière en ce
qui concerne les produits alimentaires importés, que votre
communauté consomme de façon spécifique. Nous essaierons
aussi de faire droit à cette demande dans les règlements,
de même qu'à votre autre demande en ce qui concerne les
messages commerciaux placés à l'intérieur des commerces de
détail.
Nous avons étudié cette recommandation et nous essaierons
d'y donner suite dans toute la mesure du possible, sans que cela nous
entraîne, cependant, à sacrifier un article que nous croyons
essentiel et qui a trait à la francisation des raisons sociales.
A l'article 52, vous nous demandez de faire une modification qui existe
déjà dans le projet de loi, car les anglophones qui
fréquentent une école anglaise, du fait qu'ils fréquentent
une école anglaise, ne perdent pas leur droit à
l'admissibilité à l'école anglaise. Peut-être
l'article n'est-il pas assez clair, mais je pense que si vous le relisez bien,
vous verrez que cette demande est déjà satisfaite dans le projet
de loi. Vous nous demandez aussi qu'un parent accompagne l'enfant lorsqu'il
s'agit de vérifier l'admissibilité de l'enfant à
l'enseignement en anglais. Cela va de soi. Il n'y a absolument rien dans le
libellé de la loi qui empêche un parent d'accompagner son enfant,
d'autant plus que la preuve d'admissibilité devra être fournie par
le parent, évidemment pas par l'enfant.
Vous nous faites beaucoup d'autres recommandations en ce qui concerne
l'office. Là aussi, je crois qu'il sera possible de satisfaire la
plupart de vos demandes, soit qu'elles sont déjà inscrites en
filigrane dans le projet de loi, soit que nous apporterons des amendements qui
iront dans le sens de vos souhaits, lorsque vous souhaitez par exemple, que
l'office soit moins bureaucratique, qu'un lieu soit trouvé où une
entreprise puisse contester d'une certaine façon le refus, la suspension
ou l'annulation d'un certificat de francisation, ou encore lorsque vous vous
opposez à l'utilisation du terme québécois dans
l'énonciation des objectifs que doivent poursuivre les programmes de
francisation.
Je pense que vous verrez dans la version finale du projet de loi que
ce que je disais au début les craintes que vous
entreteniez au sujet de la concordance possible entre les deux chartes, celle
du français et celle des droits de la personne, telle qu'elle a
été tentée dans l'article 172... Le projet de loi sera
amendé de façon telle que vos inquiétudes n'auront plus
lieu d'être exprimées, d'être senties. Je suis donc heureux
de vous dire que vos efforts n'auront pas été vains, que votre
mémoire a contribué pour beaucoup à notre
réflexion, qu'il nous sera possible de satisfaire vos demandes. En
retour de quoi, nous vous demandons, à vous aussi, peut-être de
faire un effort additionnel pour comprendre davantage la portée, le
sens, l'esprit de ce projet de loi et surtout le mouvement collectif, le
mouvement social dont il témoigne et qui amène une
majorité à mieux définir son identité et à
se doter des moyens dont elle a besoin, non seulement pour se maintenir dans
l'existence, mais pour se développer et pour donner son caractère
distinctif à cette communauté, à ce peuple qui a ses
lettres de noblesse au Québec, qui a droit à l'existence, mais
aussi et surtout qui a droit à son développement, qui a droit
d'apporter sa contribution à l'oeuvre, à l'édifice de la
civilisation universelle.
D'ailleurs, je pense bien que la communauté juive nous entendra,
d'autant plus qu'elle compte déjà dans son sein un nombre
croissant de Juifs francophones, de Juifs sefaraddes qui n'ont
déjà aucune difficulté à reconnaître nos
préoccupations, à les partager et aller également dans le
sens du mouvement collectif que nous entendons instituer par cette loi.
Encore une fois, merci pour votre contribution et soyez sûrs que
tous les autres problèmes qu'on ne peut pas régler par cette loi
et que vous avez soulevés à l'occasion de votre mémoire,
comme celui de l'enseignement religieux pour la communauté juive seront
réglés aussi à d'autres niveaux par d'autres
politiques.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le ministre. Je
pense que ceci termine l'audition...
Mme Lavoie-Roux: Ils veulent peut-être répondre.
M. Levy: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, je parle des
députés. Oui, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il restait quelques minutes au parti
ministériel?
Le Président (M. Cardinal): Oui, il reste quelques
minutes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je regrette, à ce
moment-là, vous allez en accorder ici, parce que...
M. Chevrette: M. le Président, on va s'abstenir si on veut
partir un débat.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez, s'il vous
plaît. Il reste quelques minutes, j'espérerais qu'on ne les
emploie pas; mais je ne voudrais pas, si on les emploie, que l'on commence un
débat à cette heure-ci, alors que nous allons suspendre à
18 heures. Mais chacun des députés est libre et en aucun cas, je
ne vais brimer la liberté de qui que ce soit.
Un instant, M. le député de Verchères et ensuite,
M. le député de Mont-Royal.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pourriez m'indiquer, M. le
Président, combien de temps il pourrait rester au parti
ministériel?
Le Président (M. Cardinal): Environ une minute.
M. Charbonneau: Ce sera très bref.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, M. le
député de Mont-Royal a demandé la parole.
M. Charbonneau: M. le Président, on n'a pas demandé
à l'Opposition, si c'est dans les limites
du temps qui nous est accordé, la permission d'utiliser cette
minute.
Le Président (M. Cardinal): Non, d'accord, mais M. le
député de Mont-Royal, je pense, demande une question de
règlement.
M. Ciaccia: Exactement, M. le Président. Je voulais
seulement faire remarquer, c'est une question de règlement et du temps
alloué aux députés de l'Opposition officielle, que le
président qui était à votre siège avant vous nous a
coupé la parole d'une façon très inélégante.
Il n'a pas eu la même élégance que vous de donner une autre
minute ou deux; alors, on n'avait même pas terminé nos
interventions, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, M. le
député de Mont-Royal. Je m'excuse, je ne puis permettre cela. Ce
n'est pas moi qui suis ici, c'est la présidence et je ne fais pas de
personnalité, ni de distinction de personnes et je veux remercier autant
le député de Saint-Louis que le député de
Châteauguay, que le député de Jonquière que d'autres
qui, à l'occasion, m'ont remplacé. Je n'accepterai pas de
comparaisons qui seraient peut-être flatteuses, mais qui sont dans
l'objectivité non recevables.
M. Ciaccia: C'est une plainte, ce n'est pas une comparaison, je
me plains de la façon dont le règlement a été mis
en vigueur pendant que j'avais le droit de parole.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais vous savez fort
bien, M. le député de Mont-Royal, avec votre expérience,
qu'une fois qu'un président a rendu une décision, elle est
rendue. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
vous demander si le président qui vous a précédé
croit que le temps du parti ministériel était
complété quand vous êtes arrivé. Il avait dit qu'il
y avait 13 minutes au parti ministériel et je suis convaincue qu'il a
utilisé 13 minutes. Je n'ai pas d'objection à ce que vous donniez
une minute au député de Charbonneau...au député
de...
M. Charbonneau: II y avait un monseigneur qui était
célèbre et je n'ai aucune honte à porter ce nom.
Mme Lavoie-Roux: ...au député de Verchères,
mais je pense que réciproquement, vous pourriez peut-être accorder
une minute au député de Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, je vais répondre directement à votre question. M. le
député de Châteauguay, avant de quitter ce fauteuil, m'a
indiqué qu'il restait une minute au parti ministériel.
Mme Lavoie-Roux: Parfait.
Le Président (M. Cardinal): Deuxièmement, qui veut
parler du côté du parti de l'Opposition officielle? M. le
député de Mont-Royal, je vous accorde une minute. Ensuite, il y
aura une minute pour le député de Verchères.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Vous parlez, dans
votre mémoire, de droits individuels. Le Parti québécois
parle très souvent de droits collectifs. Est-ce que nous faisons face
à un problème culturel d'interprétation ou croyez-vous que
la question des droits individuels est un concept fondamental qui devrait
exister chez tous les peuples et toutes les nations?
M. Schlesinger: En effet, si les droits fondamentaux doivent
être respectés pour chaque individu, normalement, il n'y a pas
d'atteinte aux droits de la collectivité. Dans une société
démocratique, la communauté juive a toujours pris cette position:
les droits individuels et humains doivent être respectés en tout
temps.
M. Chevrette: Appel au règlement, s'il vous plaît.
M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je ne voudrais pas interrompre votre conversation
avec les membres de l'Opposition officielle, mais je considère que cela
devient quasiment indécent pour nos témoins.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Par respect pour la présidence, je ne veux pas
continuer mon intervention, mais je voudrais, par exemple, que l'invité
puisse terminer sa réponse, s'il vous plaît.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Schlesinger: M. le ministre a dit qu'on avait une fausse
impression de la loi. Peut-être que c'est l'article 172 qui nous a fait
craindre un peu plus que nécessaire. Quand on voit, dans un projet de
loi, un article qui supprime une charte des droits de l'homme, on commence
naturellement à avoir des pensées qui mènent à des
craintes, surtout quand on voit dans le préambule que la
définition du groupe privilégié sera limitée
à des personnes qui sont de langue française seulement.
M. le ministre vient de nous dire, heureusement, que cela sera
amendé. Peut-être que cela va soulager un peu les craintes. Il
faut toujours garder à l'esprit de chaque Juif ce qui est arrivé
dans le passé. C'est pour cette raison que chaque fois qu'il y a la
moindre atteinte, ou tentative d'atteinte, ou possibilité d'atteinte aux
droits et libertés individuels, il faut devancer les autres pour
souligner notre appui à tout droit humain et liberté individuelle
dans une société démocratique. Par contre,
je ne crois pas que, si on respecte tous les droits humains et
démocratiques, cela doive porter atteinte aux droits de la
collectivité. Dans une démocratie, ce sont les minorités
qui doivent être protégées.
M. Ciaccia: Je suis d'accord avec vous. Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères, une minute vous aussi. Je vous demande la même
collaboration que m'a accordée le député de
Mont-Royal.
M. Charbonneau: De toute façon, M. le Président,
c'est juste pour illustrer le type de malentendu que le ministre d'Etat au
développement culturel a mentionné tantôt.
Vous avez, à la page 2 de votre mémoire, fait
référence à une présentation que vous avez faite
devant la commission Gendron, paragraphe A, l'utilisation du terme "peuple
francophone de la province du Québec". Si on regarde l'utilisation que
le gouvernement a fait du même terme "peuple", en l'utilisant comme "le
peuple québécois", je comprends très bien les malentendus
qui naissent de l'interprétation du terme "québécois". La
seule remarque que je voudrais vous faire, c'est que, dans notre esprit,
l'utilisation du terme "peuple" était différente de la
façon dont vous l'avez fait.
Pour nous, à l'encontre de la façon dont vous l'avez fait,
on aurait préféré utiliser le terme "nation"; pour nous,
le terme "peuple", c'est dans le sens d'une société qui habite un
même territoire et qui veille sur l'autorité des mêmes
droits. Je pense que, dans des débats fondamentaux on s'en rend
compte aujourd'hui il est important de bien situer les concepts de base
et d'utiliser les bons termes pour exprimer les bonnes réalités.
Je pense que vous avez raison, compte tenu de votre perception du terme
"peuple", d'être inquiets de la façon dont nous l'avons
utilisé, mais je vous signale que notre utilisation n'était pas
dans le même sens que la vôtre.
Ce que je trouve extraordinairement intéressant, d'autre part,
c'est que vous êtes probablement un des seuls groupes ici, autre que
québécois francophones ou que canadiens-français, qui a
admis très clairement qu'il y avait une nation francophone au
Québec. Que cette nation ait le droit ou non à
l'autodétermination, qu'elle l'exerce ou non, c'est une autre question,
mais elle existe et je pense que je vous rends grâce de l'avoir compris
déjà à l'époque de la commission Gendron.
Merci.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Puis-je vous permettre
justement de terminer cette audition?
M. Levy: Je voudrais seulement dire deux mots à M. le
ministre. Quand il s'est attardé à l'article 52, c'est que, dans
le livre blanc, il était clairement mentionné que dans le cas des
enfants qui allaient à l'école primaire française et qui
étaient de parents anglophones, leur progéniture avait le droit
d'aller à l'école anglaise par la suite.
J'ai étudié le cas avec le député de
Rosemont, M. Paquette, qui, malheureusement, n'est pas là. Il m'avait
dit que c'était un lapsus, qu'il avait été omis du projet
de loi et qu'il verrait à ce que ce soit réinséré
là-dedans. C'est une promesse qu'il m'avait faite au début des
auditions.
M. Laurin: II est bien inclus à l'article 57, mais je fais
une dernière vérification.
M. Schlesinger: Puis-je demander l'indulgence de la commission
pour faire deux commentaires sur les paroles de M. le ministre?
Le Président (M. Cardinal): Oui, certainement, je vous
demanderai de le faire brièvement, parce que je devrai suspendre
bientôt.
M. Schlesinger: M. le ministre a fait allusion aux articles 48 et
49, brièvement, comme quoi il n'avait pas l'intention de changer les
dispositions de la charte de la langue en ce qui concerne les raisons
sociales.
Dans notre mémoire, nous avons dit que cela équivaut, en
effet, à une expropriation sans indemnité, parce qu'il y a quand
même des petits commerçants qui ont établi leur commerce
depuis longtemps, même il y en a qui existent depuis plus de cent ans,
qui ont établi un certain achalandage pour leur commerce. Alors, il y en
a qui ne sont pas traduisibles, en les forçant à tout simplement
abandonner leur nom, en effet, cela crée une situation qui est injuste
pour ces personnes, parce que cela les force à perdre tout l'achalandage
attaché à leur commerce. Et, pour une grande partie de ces
commerces, c'est le plus grand bien de leur commerce. Alors, pour cette raison,
je crois que quand il n'y a pas moyen de changer les raisons sociales sans
perte pour les personnes en question, il devrait avoir un amendement à
la loi ou au projet de loi, permettant à ces personnes de ne pas
être obligées de changer leur raison sociale.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez terminé?
M. Schlesinger: Deuxièmement, c'était la question
de l'article 172. On a entendu beaucoup qu'on avait l'intention de le changer,
mais jusqu'à ce moment, on n'a pas eu la substance de ce changement.
Nous ne pouvons pas être trop forts en exprimant notre désir que
l'article soit supprimé complètement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
Tantôt, le député de Montcalm a référé
à l'indécence de la présidence quand la présidence
parlait au député de L'Acadie. Pourquoi le député
de Montcalm ne réfère-t-il pas à l'indécence du
ministre maintenant qu'il n'écoute même pas les questions et les
commentaires de nos invités? Le ministre a une obligation
d'écouter les commentaires. Le président préside seulement
la commis-
sion. Alors, je voudrais que vous souleviez la question
d'indécence maintenant.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
tout témoin s'adresse à la présidence, dans toute
procédure parlementaire. Vous le savez. Cela fait assez longtemps que
vous êtes ici pour le savoir. Si vous ne le savez pas, il est grandement
temps que vous l'appreniez.
M. Lalonde: II y a de la procédure et il y a de la
décence.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Montcalm, maintenant que votre
question est posée et que je l'ai entendue, et que je la suis, je donne
la parole...
M. Schlesinger: Seulement pour deux instants. La
communauté juive était probablement la communauté la plus
heureuse quand la Charte des droits de l'homme a été
adoptée et peut-être plus heureuse que tout autre citoyen
québécois. Alors, c'est pour cette raison que nous tenons plus
à cette Charte des droits de l'homme que toute autre personne. Toute
atteinte à cette charte doit être rejetée.
Le Président (M. Cardinal): Merci, monsieur. Si vous
permettez, au nom de toute la commission, c'est-à-dire de tous les
partis qui la composent, je vous remercie d'avoir accepté de venir
devant nous volontairement, d'avoir préparé votre mémoire,
de l'avoir présenté et d'avoir répondu aux questions.
Maintenant, c'est terminé. Merci beaucoup. Comme nous allons
suspendre nos travaux dans quelques minutes, je vais me permettre quelques
remarques. Après ces remerciements...
Est-ce que vous voulez ajouter un mot?
M. Schwartzben: Nous voulons seulement vous remercier,
d'accord?
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Merci beaucoup.
Alors, je n'appellerai pas immédiatement...
M. Schwartzben: Une minute!
Mme Lavoie-Roux: II n'avait pas terminé.
M. Lalonde: II ne les a pas donnés.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! J'avais compris... Je
m'excuse!
M. Schwartzben: ... Pas si vite que cela. Après deux
jours, je dois prendre quelques minutes.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! Non, c'est parce que
je regarde l'horloge devant moi. Je vous en prie. Je m'excuse vraiment.
M. Schwartzben: Nous devons attendre l'autre vol jusqu'à
10 heures. Comme ça, nous avons assez de temps.
M. le Président, messieurs les ministres, madame et messieurs les
députés, merci de nous avoir écoutés et de nous
avoir rassurés. Nous espérons que la commission et les
rédacteurs de la loi tiendront compte de notre effort.
Merci bien!
Le Président (M. Cardinal): Merci! Je ne vous dira pas
"bienvenue", parce que je ne souhaite pas qu'il y ait un autre débat
semblable un jour. Mais enfin, espérons que tout se réglera, sans
aller au fond du problème, je n'ai pas le droit...
Une Voix: Vous êtes toujours les bienvenus...
Le Président (M. Cardinal): Merci à tous! Vous
êtes toujours les bienvenus dans cette Assemblée nationale qui
appartient à tous les contribuables.
M. Schwartzben: Merci!
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez avant la
suspension quelques remarques. Je fais une invitation au groupe suivant, le
Grand conseil des Cris du Québec, mémoire 101, à se
présenter à 20 heures. C'est à 20 heures que nous
recommencerons ce soir.
Je souligne une chose: J'ai reçu cet après-midi une lettre
datée du 7 juillet qui vient de l'AI-can Aluminium Limitée, 1,
Place Ville-Marie, Montréal, adressée à mon nom et dont
j'ai fait faire 20 photocopies pour chacun des membres de la commission et que,
comme d'habitude, j'ai fait distribuer à chacun des membres de la
commission. Je ne le fais pas pour qu'une nouvelle motion me soit
présentée, mais simplement parce que je veux que, comme
président, chaque fois qu'on s'adresse à moi, je pense qu'on
s'adresse, à ce moment-là, à la commission... Chacun
d'entre vous a devant lui ou, enfin, tout près, cette lettre de
l'Alcan.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui? Un instant! Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous nous faites part de
cette lettre de l'Alcan. Pour ma part, j'ai reçu un
télégramme des distributeurs d'équipement et j'ai cru
comprendre, d'après la copie qu'on m'a envoyée, que semblable
copie avait été adressée à chacun des membres de
cette commission.
Le Président (M. Cardinal): Sauf au président, on
ne sait pas que le président est membre de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je le déplore et j'espère
au'on vous a envoyé depuis une copie, M. le Président. Je voulais
savoir quelle réponse, dans
ces cas, vous adressez aux intéressés parce qu'il semble
vraiment que ce soit pour des raisons qu'eux jugent importantes qu'ils auraient
souhaité comparaître devant cette commission.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, ceia dépend des cas. Dans le cas de l'Alcan, si je n'ai pas
encore répondu, c'est que j'ai reçu cette lettre pendant que
j'étais à la commission parlementaire. Alors, la réponse
viendra plus tard.
Dans le cas que vous soulignez, je n'ai pas reçu le
télégramme, je ne peux pas présumer de la réponse
que je rendrai.
Pour terminer, M. le député de Mégantic-Compton, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Grenier: Je ne voudrais rien soulever, parce qu'on est
à 15 secondes de la fin.
Le Président (M. Cardinal): De toute façon, je vais
me lever et cela va finir là.
M. Grenier: Si vous me dites que c'est terminé, c'est
terminé; sinon je voudrais bien qu'on ajourne et on reprendra à
20 heures.
Le Président (M. Cardinal): Nous n'ajournons pas, nous
suspendons. M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je dois
considérer que nos prochains invités sont d'ores et
déjà à la table pour la reprise des travaux à 20
heures.
Le Président (M. Cardinal): Non, j'ai justement
indiqué que nos invités étaient le Grand conseil des Cris
du Québec, mémoire 101, et qu'ils sont déjà
invités à être là à 20 heures.
M. Charron: Bien, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Et sur cela, ce n'est pas un
ajournement, c'est la même séance. Tout simplement, le
Président se lève et les travaux sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 9
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Est-ce que je peux demander à messieurs les députés
et à madame le député de regagner leurs fauteuils, s'il
vous plaît?
A l'ordre, M. le député de Gaspé, M. le
député de Mégantic-Compton, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le député de Mont-Royal. Le temps des
caucus est terminé. Messieurs les députés de l'Opposition,
à l'ordre, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'écoutent plus du tout.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Est-ce qu'il faut que je suspende la séance? La
séance est suspendue pour deux minutes à cause des
députés.
(Suspension de la séance à 20 h 10)
Reprise de la séance à 20 h 11
Le Président (M. Cardinal): Je regrette infiniment cet
incident, je me permets de le dire, je le regrette infiniment. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je regrette infiniment cet
incident, c'est-à-dire que, pendant qu'il y a des invités ici, on
se permette des mini-caucus et qu'on ne réponde pas à la demande
de la présidence.
De toute façon, nous commençons quand même et nous
avons devant nous le Grand Conseil des Cris du Québec, mémoire no
101; messieurs, madame, je vous donne la parole.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais et notre parti
aurait quelques motions...
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous auparavant que
ceux qui sont témoins devant nous s'identifient?
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
M. Moses (Ted): My name is Ted Moses, I am representing the Grand
Council of the Crees. I am also the director general of the Cree School Board.
I would like, at this time, to introduce the delegation from the Grand Council
of the Crees. On my right, I have the legal advisor of the Grand Council of the
Crees who is also our anglophone legal advisor, Mr James O'Reilly, and on my
left... ready? On my left is also the legal advisor of the Grand Council of the
Crees, Miss Monique Caron, my francophone advisor.
M. Lalonde: M. le Président, nous n'avons pas entendu,
à cause du défaut technique. We did not hear, before the
technical defect, the name of your legal advisor to your right; could you
introduce him, please?
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous m'avez devancé.
J'allais poser la question, parce que ce n'était pas entendu, ni
enregistré.
M. Moses: On my right is the legal advisor of the Grand Council
of the Crees who is also my anglophone advisor, Mr James O'Reilly.
Le Président (M. Cardinal): Anglophone très
bilingue, n'est-ce pas? Est-ce que vous êtes prêt à
commencer ou...
M. Ciaccia: Tous les anglophones sont bilingues, M. le
Président. Une bonne proportion des anglophones sont bilingues, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Je ne participe pas au
débat, je vous en prie. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous avez demandé la parole?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'aime pas le dire devant la commission, mais je
trouve fort étrange qu'on ait enlevé de ce côté-ci
le fauteuil qui appartenait à l'Union Nationale et qu'on l'ait
transféré du côté du gouvernement. On aurait pu
avoir la décence de laisser au moins ce fauteuil qui appartenait
à notre parti.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton. Oui, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je veux juste indiquer que lorsqu'on est
arrivé, la disposition des fauteuils était comme cela. Si vous
voulez l'avoir, je vais vous le donner.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Nous pouvons discuter de la forme de la table, de la grandeur de
la table, de la forme des fauteuils. Je rappellerai, cependant, au
député de Mégantic-Compton que c'est moi et je dis
moi qui ai obtenu un fauteuil additionnel, parce que M. Biron venait
ici.
M. Grenier: A ma demande, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous l'accorder. Je ne
sais pas qui a changé les fauteuils ce soir. Je le regrette d'ailleurs.
J'espère que ceci pourra se faire sans procédure.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le journal des Débats pourrait
démontrer que le député de Verchères vient de
prendre son fauteuil pour le donner au député de
Mégantic-Compton?
Le Président (M. Cardinal): Vous venez de le faire, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'allais vous indiquer, avant
la guerre des fauteuils, que nous avions quelques motions à
présenter à cette assemblée ce soir. Toutefois,
étant donné la présence de nos invités, j'aimerais
vous demander la directive suivante: Dans l'hypothèse où je
suspendrais la présentation de la ou des motions qu'a actuellement
l'Opposition officielle, est-ce que vous me reconnaîtriez
immédiatement après la fin de la présentation et de la
période des questions et réponses de nos invités pourque
je puisse faire la présentation des motions que je vous ai
annoncées?
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques et ministre délégué au Haut-Commissariat,
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, sur la question de
règlement.
M. Charron: Sur la question soulevée par le
député de Marguerite-Bourgeoys, je pense que le
député n'a pas à nous faire languir. S'il a des intentions
qu'il estime urgentes et importantes de présenter à la
commission, je pense qu'il devrait le faire tout de suite.
Il n'a pas le droit, ni dans les règlements, ni même dans
la pratique, de réclamer d'avance un traitement qui devrait lui
être réservé à la fin du témoignage de nos
invités qui, par ailleurs je le signale, viennent de fort loin pour nous
donner leur témoignage.
Nous faisons une chose ou nous faisons l'autre. Si nous entendons
immédiatement nos invités, soit et, par la suite, M. le
Président, ce sera à votre guise de reconnaître, selon la
tradition habituelle de cette commission comme de cette Assemblée
nationale, les opinions émanant de votre droite, comme cela peut
être aussi de votre guise de souhaiter que le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il nous affirme déjà qu'il est possesseur
de motions devant soulever l'intérêt de cette commission, les
soumettre tout de suite, à notre avis, mais je ne vois pas pourquoi,
dans le genre d'un film comique, il nous ferait des "previews" avant même
que nous ayons entendu nos invités.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal a demandé la
parole.
M. Ciaccia: M. le Président, ce n'est pas que le
député de Marguerite-Bourgeoys ou que l'Opposition officielle
demande des faveurs sur la question de règlement, c'est seulement par
courtoisie pour nos invités. Ils viennent de loin et nous
préférerions qu'ils soient entendus. Mais, vous le savez, M. le
Président, nous avons le droit de présenter certaines motions. Le
député de Marguerite-Bourgeoys et l'Opposition officielle ont
pleinement le droit de les présenter, mais, par courtoisie, nous serions
prêts à laisser entendre les témoins des Cris, pourvu que
nous ne perdions pas le droit de présenter nos motions. C'est pour cela
que nous demandions au parti ministériel, au gouvernement, s'il
était d'accord pour laisser procéder les invités et nous
sauvegarder nos droits de présenter nos motions.
Naturellement, M. le Président, si le gouvernement n'est pas
prêt à se prononcer, nous n'aurions aucun choix que de
présenter nos motions maintenant. Ce n'est pas par manque de respect
pour nos invités, mais nous avons des motions assez importantes et nous
voulons préserver nos droits à cette commission.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cela va peut-être
rappeler ce qui s'était dit hier soir, alors que nous avions
décidé d'entendre vers 22 heures le mémoire de la CSN.
Vous aviez signalé, à ce moment, que pour siéger
vous me donnerez probablement les termes plus techniques d'une
commission on ne pouvait pas se permettre de siéger sans avoir
des invités, que certains appellent des témoins. Alors, si cela
devait être le cas, on ne pourra pas laisser continuer, à moins
que vous ne m'avisiez par le ministre qui nous accompagne ce soir, que vous
nous disiez qu'après ces invités, il y aura d'autres
témoins qui seront ici. S'il devait y avoir d'autres témoins,
j'aimerais le savoir tout de suite; sinon, j'aimerais qu'on revienne à
une motion que nous étions en train de discuter hier et qu'on a
laissé tomber pour recevoir les représentants de la CSN. Est-ce
que vous pourriez m'en informer immédiatement?
Le Président (M. Cardinal): Je pose quand même la
question. Si je la comprends bien, vous demandez que, s'il n'y a pas d'autres
invités que le grand Conseil des Cris du Québec,
immédiatement, nous revenions à la motion que vous avez
proposée hier soir.
M. Grenier: Oui. Plus précisément, cela devait
être cela, puisque vous aviez bien spécifié hier que cela
nous prenait des invités pour pouvoir continuer à siéger.
Cela devait être cela. Si on entend les Cris ce soir... D'ailleurs, je
les ai rencontrés hier soir, je leur ai dit qu'il y aurait un
débat devant eux; ils s'attendent à cela. Si cela devait
être comme cela, je suis bien prêt. Si vous me confirmiez
qu'après, on pourra reprendre la motion, je suis bien d'accord, mais si
vous me dites: On ne peut pas, immédiatement, je voudrais bien revenir
à notre motion d'hier soir...
M. Charron: M. le Président... Le Président (M.
Cardinal): Oui...
M. Grenier: ... qui sera, d'ailleurs, très courte, j'aime
mieux vous le dire; j'ai autre chose. C'est seulement pour en parler; ce sera
peut-être différent. J'aurai quelque chose à vous
préciser tout de suite après.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, il n'est pas question de
bousculer les motions qui sont déjà prises en
délibéré par cette commission. Il me semble que la mission
fondamentale de cette commission, à ce moment, est d'entendre les
témoins. Les témoins sont on ne peut plus près de nous,
ils sont à la table et prêts à nous livrer leur
témoignage actuellement. Cela devrait être la première
tâche de la commission. Par la suite, puisqu'il n'y a pas d'autres
témoins d'invités ce soir, si le temps de nos travaux le permet,
j'estime normal que les motions que vous avez en délibéré,
M. le Président, et que cette commission a déjà soumises
dans ses précédents travaux, reçoivent la priorité
de traitement par la suite, et ce, dans le respect de tous ceux qui les ont
proposées. De là à admettre que n'importe quel
député de cette commission peut se prévaloir du droit de
présenter une nouvelle motion à la suite des motions
précédemment prises en délibéré par rapport
à l'ordre traditionnel des interventions de cette assemblée, cela
me paraît exagéré.
La position que le gouvernement soutient sur cette question est celle du
respect des travaux de la commission. D'abord, sa mission fondamentale est
d'entendre nos invités et je pense qu'on ne devrait pas retarder plus
longtemps.
Deuxièmement, il y a des motions en délibéré
qui devraient être considérées, comme celle du
député de Mégantic-Compton. Je crois savoir que le
député de Marguerite-Bourgeoys en a une également.
J'admets, fondamentalement, qu'on y accorde notre attention, mais par la suite,
lorsque ces motions seront libérées, la rotation normale des
motions reprendra son cours.
M. le Président, je ne vois pas pourquoi, ce soir, nous
changerions la marche de nos travaux que l'on suit depuis cinq semaines. Que
l'initiative de toute nouvelle motion, à la suite de la disposition des
motions déjà sur place, soit faite en accordant la rotation
régulière.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, pouvez-vous me
confirmerje n'ai aucune espèce d'objection d'entendre, non
seulement je n'ai pas d'objection, mais je suis désireux d'entendre les
témoins, les invités qui sont icipouvez-vous me confirmer
qu'après avoir entendu les témoins, on pourra reprendre, selon
l'ordre qui vous plaira, les motions? Si oui, je suis d'accord. Si ce n'est pas
possible, alors, je vais reprendre ma motion d'hier soir
immédiatement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. C'est une demande de
directive. Je ne suspendrai pas les travaux, je ne prendrai pas en
délibéré, je vais rendre la directive
immédiatement.
M. Lalonde: M. le Président, vous ne me donnez même
pas le droit de réplique.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député. Il n'y a pas de droit de réplique sur une question
de règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Non, mais laissez-moi répliquer au
député de Saint-Jacques qui conteste la demande que je vous ai
faite...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est par grande générosité que je
vous accorde que le droit de répliquer. Il n'en existe absolument pas,
d'après les règlements. Vous m'avez interrompu. Je regrette, je
ne suis pas Jean-Guy Cardinal, je suis le Président, mais quand
même je l'accepte et je vous accorde la parole.
M. Lalonde: M. le Président, je ne vous ai pas
appelé par votre nom, j'ai dit M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Vous m'avez interrompu quand
même, monsieur.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai essayé d'avoir le
droit de parole. Il faut quand même interrompre quelqu'un, tout le monde
parle en même temps, ici, alors...
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, je n'accepte pas
cette affirmation. Je regrette, je ne veux pas que ce soir on commence ce genre
de scène.
M. Lalonde: J'essaie d'avoir le droit de parole...
Le Président (M. Cardinal): Quand vous voulez avoir le
droit de parole, vous le demandez au Président, vous ne l'interrompez
pas. Je vous l'ai accordé. Je vous prie de l'utiliser d'une façon
qui ne soit pas une provocation à la commission.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, le
député-ministre de Saint-Jacques conteste la demande que je vous
ai faite de me reconnaître après l'audition de ces témoins.
Peut-être qu'en vertu des règles de cette commission, il n'y a pas
de précédent à cet effet.
Je souligne quand même que la présidence a une certaine
indépendance à l'égard des travaux, et que la
présidence peut établir des règles de conduite des travaux
qui reconnaîtraient justement ou qui pourraient vous faire accepter la
suggestion que je vous ai faite.
Si la suggestion que je vous ai faite n'est pas acceptable, à ce
moment, je m'en remettrais à la deuxième position prise par le
député-ministre de Saint-Jacques pour que les motions qui
seraient déjà devant cette commission, au moment où
l'audition de ces témoins serait terminée, soient vidées
avant de procéder à d'autres travaux.
A ce moment, si vous rendez votre décision et que celle-ci est
que vous ne pouvez pas me reconnaître en priorité après
l'audition des témoins, à ce moment, immédiatement
après votre décision, si telle est votre décision, je vous
demanderai de me permettre de présenter des motions dont la discussion
pourrait être suspendue jusqu'après l'audition des témoins,
à moins que le gouvernement n'y consente pas. Ce sont des motions dont
une d'ailleurs a déjà été acceptée par la
présidence vous vous en souvenez, vous étiez là, M.
le Président et il y en a une autre d'ailleurs que le
député de L'Acadie veut présenter. Ce sont des motions
extrêmement utiles, extrêmement pertinentes aux travaux de cette
commission.
Alors, dans votre directive, j'aimerais que vous me disiez si je peux,
en même temps, présenter immédiatement des motions dont le
débat pourrait être suspendu jusqu'après l'audition des
témoins.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, devant cette commission présentemment, il y a
premièrement des invités qui sont devant nous.
Deuxièmement, il y a une motion qui se lit comme suit: "Que l'ACELF soit
invitée à se présenter devant cette commission pour
expliquer l'impact de la loi 1 sur l'ensemble des minorités
françaises vivant hors Québec, le vendredi 15 juillet." Cette
motion a été prise en délibéré.
Il y a une deuxième motion devant cette commission: "Que cette
commission invite..." et c'est une motion non pas amendée par la
procédure habituelle, mais de consentement "... l'Union des
conseils de comté du Québec à venir expliquer les
implications de la loi 1 sur l'administration des municipalités
rurales." C'est une motion du député de Mégantic-Compton.
Elle a été jugée recevable et le débat est
commencé.
On me parle de courtoisie. On invoque que, à ma guise, je
pourrais faire ceci ou cela.
On invoque le droit de présenter une motion, M. le
député de Mont-Royal, on parle de motion en
délibéré. Je ne vois pas pourquoi et là, je
dis cela au-dessus de toutes les lignes de partis j'accorderais à
un parti, celui de l'Opposition officielle ou non officielle, ou
ministériel, une préférence pour une motion alors que,
devant nous, nous avons déjà des témoins. Si nous
voulons
vraiment revenir à des motions, nous pilons revenir aux motions
qui sont devant cette commission et les autres viendront dans l'ordre où
la présidence en jugera l'à-propos, selon les règles
habituelles contenues dans le code qui est devant moi et qui est bien connu du
député de Laval. Ma directive est rendue.
M. Lalonde: M. le Président, une information, un
renseignement. Est-ce que l'effet de votre directive m'empêcherait de
faire une motion, actuellement, dont le débat pourrait avoir lieu
après l'audition des témoins?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Donc, si je veux faire une motion qui soit entendue
actuellement, à moins d'avoir le consentement unanime, j'imagine...
Le Président (M. Cardinal): Exactement.
M. Lalonde: ...du gouvernement, il faudrait que je la
fasse...
Le Président (M. Cardinal): Pas du gouvernement, de la
commission.
M. Lalonde: De la commission, oui. A ce moment-là, il
faudrait que je la fasse maintenant et qu'elle soit discutée maintenant.
Et seulement le consentement unanime de la commission pourrait permettre
l'audition des témoins avant la discussion de ma motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, il me semble que c'est clair.
Nous fonctionnons normalement. La première mission de cette commission,
c'est d'entendre des témoins, c'est l'ordre même de la
Chambre...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques, je m'excuse, ce n'est pas la première mission, c'est le
mandat de la commission.
M. Charron: Le mandat premier de la commission est d'entendre les
témoins, ce que, de ce côté-ci de la table, nous sommes
tout à fait disposés à faire immédiatement.
Deuxièmement, c'est ensuite dans l'ordre régulier des choses
d'étudier les motions qui sont en suspens, qui sont en
délibéré; vous l'avez vous-même signalé.
Troisièmement, si le député de Marguerite-Bourgeoys ou
n'importe quel autre membre de la commission a une motion à
présenter, elle viendra après; mais on ne peut pas prendre les
trois missions en même temps. Respectons-les dans l'ordre, mais je suis
désireux, M. le Président, d'entendre le témoignage de ces
invités que je respecte.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous avez donné une directive je ne
sais pas quel terme utiliser pour M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): J'ai donné une
directive et je suis prêt à en donner une autre.
M. Grenier: J'aimerais connaître maintenant quelle est
votre décision relativement à la question que je vous ai
posée, à savoir si je dois faire ma motion devant les
témoins ou si je pourrai continuer la motion après l'audition de
ces invités.
Le Président (M. Cardinal): Je vais aussi rendre cette
directive. J'ai donné ce matin, au début de la journée,
l'ordre du jour. J'ai appelé les invités qui étaient
devant nous. Tous ont répondu à l'appel. Il n'y en avait que
trois. Lorsque ces invités auront terminé l'exposé de leur
mémoire, auront répondu aux questions des membres de la
commission, je suis disposé... Parce qu'il n'y a plus d'autre
invité de prévu pour aujourd'hui. Pour aujourd'hui, il y en a
d'autres prévus pour plus tard. Il y a ici des motions adoptées
qui invitent d'autres invités. Je suis disposé, jusqu'à 23
heures, sans ordre de préférence, si ce ne sont les traditions de
l'Assemblée et des commissions, à entendre toutes motions,
à les faire débattre, et sans préférence pour aucun
parti, je veux que ceci soit clair. Je pense que ma réponse est
claire?
M. denier: Merci. Oui. Il me manque une autre partie maintenant,
je m'excuse, est-ce que la tradition ou la coutume établie dans cette
Chambre fait que la motion qui viendra après est celle qui était
en discussion hier soir quand on l'a abandonnée? Est-ce qu'elle aura
priorité sur d'autres? Remarquez bien que c'est seulement pour le
savoir, je n'y tiens pas plus qu'il faut, c'est pour savoir ce que vous avez
à dire.
Le Président (M. Cardinal): Normalement, M. le
député de Mégantic-Compton, ce serait votre motion, dont
le débat est commencé, qui reviendrait devant cette
commission.
M. Grenier: D'accord.
Le Président {M. Cardinal): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Un dernier éclaircissement. Ecoutez, je
voudrais que les règles du jeu soient bien établies pour qu'il
n'y ait pas de procédure inutile ou supplémentaire. Je voudrais
bien que les règles soient établies. Si j'ai bien compris, les
motions qui sont en délibéré...
Le Président (M. Cardinal): II y a une motion en
délibéré et il y a une motion dont le débat a
été suspendu à la demande même du
député de Mégantic-Compton.
M. Lavoie: II y a ces deux genres de motions, une dont le
débat a été suspendu et une autre en
délibéré. On suspendrait ça, on entendrait les
té-
moins qui sont invités et, après, on arriverait à
ces motions, et libre aux députés ministériels ou autres,
une fois que ces témoins seront libérés, soit ce soir ou
demain, même s'il n'y a pas d'autres témoins devant la commission,
de présenter, soit du côté ministériel ou du
côté des oppositions, d'autres motions qui pourront être
discutées.
Le Président (M. Cardinal): Je m'avance beaucoup, M. le
député de Laval, mais je vous dis très simplement oui.
M. Lavoie: Bon!
M. Charron: Nous sommes à l'écoute de nos
invités, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cela étant fait, le
grand conseil des Cris du Québec, je vous prierais, s'il vous
plaît... à l'ordre, s'il vous plaît! Je vous prierais
d'identifier les trois personnes qui sont devant nous, c'est le mémoire
no 101. C'est fait, mais est-ce qu'on recommence ou si on l'accepte?
Mme Lavoie-Roux: On peut bien recommencer.
Le Président (M. Cardinal): J'aimerais mieux qu'on
recommence et qu'on fasse le tout d'une seule pièce. Je sais fort bien
qui vous êtes, chacun d'entre vous, mais j'aimerais mieux, pour le
journal des Débats, que l'on recommence, ce serait plus simple.
Vous êtes d'accord, M. O'Reilly? Ce serait plus simple.
Allez, cela ne prendra que quelques minutes.
Grand conseil des Cris du Québec
M. Moses: Mr President, my name is Ted Moses. I represent the
Grand Council of the Crees. I am also the director general of the Cree School
Board. I would like to present the delegation for the Grand Council of the
Crees. On my right, is Mr James O'Reilly the legal advisor for the Grand
Council of the Crees and he is also my anglophone advisor. On my left, she is
also the legal advisor for the Grand Council of the Crees, as well as my
francophone advisor, Miss Monique Caron.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Si j'ai dit ceci, c'est
pour une raison que je veux bien indiquer. C'est évident que c'est au
journal des Débats, ce que vous avez déjà dit. Mais, avec
la procédure, on peut l'avoir oublié. Nous recommençons
vous avez vingt minutes pour exposer votre mémoire. A vous.
M. Moses (Ted): M. le Président, M. le ministre, membres
de la commission, le Grand Conseil des Cris du Québec
représentant le peuple cri du Québec apprécie cette
occasion de vous communiquer la position des Cris sur le projet de loi no
1.
I have been delegated by Grand Chief Billy
Diamond and the Grand Council of the Crees of Quebec were previouslv met
in Rupert House to explain the Grand Council of the Crees' brief and the
development since the date of the brief.
Chief Diamond and the other Cree Chiefs greatly regret not being here
but have had the chance to convey their views to Premier Lévesque and
Minister Yves Bérubé. Before going any further, however, I wish
to speak to you briefly in cree, if you may permit me, Mr Chairman.
Le Président (M. Cardinal): It is all right.
M. Moses: (S'exprime dans sa langue).
This has been a historic week for the Crees of Québec. We had the
privilege of welcoming the Premier of Québec in James Bay, on Tuesday,
July the 5th. The Crees were very pleased that he came and were very delighted
and very pleased for these messages.
He confirmed, in the name of his government, that the James Bay and
Northern Quebec Agreement would be fully respected and that our rights would be
guaranteed.
In regard to Bill 1, the Premier promised that Cree, English and French
would be teaching languages in Cree schools, which will soon be under the
jurisdiction of the Cree School Board. He indicated that the Crees would
basically be exempt from Bill 1. He also stated that the Grand Council of the
Crees and corporations, entities and organisms provided for in the agreement
would be exempt from Bill 1, as well as future corporations where the Crees are
the majority.
Finally, he mentioned that the preamble to Bill 1 would recognize the
rights of the Indians of Québec to maintain and develop their own
culture.
Because of the guarantees received and the continuing meetings which had
been held, I really do not need to go into the brief which, no doubt, some of
you probably have seen. The brief essentially sought certain items which I will
highlight, the first one being the protection of rights under the
agreement.
Bill 1, as drafted, breaches or conflits with certain provisions of the
agreement. The second one being that the recognition of the rights with respect
to education be guaranteed. The third one, that the right to continue to
conduct our affairs as in the past being Cree and in English. Fourthly, the
clear objective of the Cree people to acquire functional knowledge of
French.
Since the letter from Dr. Laurin, committing the Government to certain
amendments, there have been two meetings respecting the nature and extent of
the amendments. These meetings have been very positive. There has been an
agreement on most amendments. The commitments from Premier René
Lévesque that our language and culture would be maintained and
developed, that we would continue to use English, that we would do this at our
own pace.
We wish to have an acknowledgement from this commission that the
amendments will be introduced to Bill 1, so that the teaching
languages will be Cree, English and Frencoh and the school board could
determine the rate of introduction of the teaching languages.
Secondly, that the Crees in the corporations and entities constituted by
the James Bay and Northern Quebec Agreement and other entities controlled by
them will be exempted from the provisions of Bill 1.
Thirdly, that there will be the recognition of the maintenance and the
protection of the Cree language and culture.
Before terminating, I wish to say a few things about the Crees. There
are eight Cree communities in Northern Québec, on James Bay and Hudson
Bay as well as in the interior, in the Abitibi region. The Crees occupy some
150 000 square miles in which they are active hunters, fishermen and trappers.
The Crees fought in Court the James Bay project. There were two years of
intensive negotiations and, then, the agreement which is known as the James Bay
and Northern Quebec Agreement.
Now, there is the legislation process. We have developed a new working
relationship with Québec and we wish to maintain that relationship. The
Crees are happy with the agreement. The agreement is looked upon by the Crees
as the Crees' Charter. Thank you, Mr Chairman.
Le Président (M. Dussault): Merci beaucoup, monsieur. Je
passe la parole à M. le ministre d'Etat au développement
culturel.
M. Laurin: I wish to thank the Grand Council of the Crees of
Québec and Mr Moses for the brief they have presented. I would like you
to convey my best greetings to your chief, Mr Billy Diamond, that I have met
already and whom I would have had the pleasure to meet again at this
commission, but I understand that he has been unable to come.
I hope to see him soon, maybe after the amendments are presented and to
have his acknowledgement that what we have discussed together is now written to
his own satisfaction and to the satisfaction of his people.
I could gather that the brief you have presented today is shorter than
the one you anticipated, and it is the direct result of all the meetings we had
together. As you have just stated in your brief, we had the occasion to meet a
few times to clear what possible misunderstandings might exist between us, to
understand each other better, to go at the root of all the problems that were
confronting your people in the relationship with the present Legislation or
with the Government, and I think those meetings have been very productive and
very fruitful.
I had many occasions to discuss the result of those meetings with the
Prime Minister of Québec. I had occasions to tell him that your demands
were legitimate and that I favoured their acceptance by the Government. When he
finally left for this historic visit at Fort Rupert, which is the first one by
the chief of a Québec Government, we were perfectly in agreement with
the message he wanted to convey to you and even to the letter with the next of
the amendments he wanted to propose to you. At the same time, here, at this
Commission, we had the pleasure of receiving another community you know well,
the Naskapi people, and coincidentally, at the same time, as he was speaking to
you, I was speaking to the Naskapi people in exactly the same terms.
So, there is a common commitment of this whole Government regarding the
amendments we want to put in our revised version of Bill 1. And those
amendments, we have reason to believe, will correspond exactly to your wishes.
For example, we will guarantee your rights as a founding people of
Québec; we will recognize the right you have of maintening and
developing your original culture, and as far as specifics are concerned, we
will guarantee to you the right to receive instruction either in the Cree
language or in the French language or in the English language, at the rate of
introduction you will see fit to accept. Also, we will put in those amendments
what we have accepted together, in the future, the Cree people will acquire
gradually at its own pace a functional knowledge of French, so as to benefit
the following generations who want to take part in the collective
mainstream.
Also, we have accepted, and it will be written in the revision of the
Bill, that your organisms, those which are foreseen in the agreement and those
which you control, because you will constitute the majority, will be exempted
from the provisions of Bill 1, which means that you will have the right to
communicate between your organisms or with the Québec Government in the
language of your choice.
I think this is the essential of what we have discussed together. For
the rest, because there are other problems which we have discussed together, a
solution will be found, not in the Charter itself, but in the measures we will
be called to take in the future. Those problems pertain to the cultural
development of your people, and, as you well remember, we have come to an
agreement whereby we will be ready to form a committee where those problems
will be discussed and we will try to find together the best solutions or the
best instruments or the best tools or measures to identify those problems,
first, and, second, to put at your disposal what you need to develop your
culture. By this, for example, we mean action taken by one or the other
ministry of the government or the setting up of joint organisms whereby we can
work together to the eventual strengthening of your institutions and
particularly your cultural institutions.
I think all this means the respect we have for your people, the great
case we make, not only of their culture, but also of their contribution to the
Québec of tomorrow. By this, we would like to develop a continued and
increasing sense of partnership and friendship for the years to come.
I think it is with this message of goodwill and this message of
cooperation for thousands of
moons to come that I would like to wish you the best of luck in
everything you do or will be called to do in the future, hoping that we will be
in this common search or venture the ideal partners which we want us to become.
Thank you very much.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie M. le
ministre, le témoin veut-il réagir aux propos de M. le
ministre?
M. Moses (Ted): Mr Minister, all of which you have said has been
discussed and has been accepted. I have been instructed and I am mandated to
tell this Commission what I have just said, and I will certainly convey your
best wishes to Chief Diamond and the other members of the Grand Council of the
Crees.
However, we have one small problem, that is, will the Crees, as
individuals themselves be exempted from the provisions of Bill 1?
M. Laurin: All those who are eligible to the advantages set up in
the convention will be eligible, in the sense that they will be exempted in the
same way as organisms will be.
M. Moses: Mr Minister, I think we have an agreement provided that
you bind yourself to what you have just said.
M. Laurin: I understand it this way too.
M. Moses: Mr Chairman, we would have liked to have said more
about the results of the progress that have been made in the past with respect
to the amendments. We are really happy with it, so long as, in the future, we
can discuss the issues in the province which are related to the culture of the
Cree people.
M. Laurin: We will do it in the same spirit we have gone through
those negotiations.
M. Moses: Thank you. I just would like to assure you that the
Cree people are prepared to discuss and negotiate in good faith as they have
always done. The Crees have not broken their word and, provided the other
parties are in good faith, we intend to operate in that direction.
M. Laurin: That is a good omen for the future.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie et je
cède la parole au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Before we get too
carried away with all of the good wishes between all parties, I certainly hope
that they all continue. First of all, I want to thank and welcome the
representatives of the Crees and their legal advisors, both anglophone and
francophone, and hope that the relationships that were started between the Cree
people and the Government of Québec, relationships of participation, of
goodwill and of generosity on both parts, not only on the part of government
but on the part of the Crees, because you did inhabit these territories from
time immemorial and it was with heavy heart that you gave all of your rights to
these areas in consideration for certain protection in the agreement.
I would just like to remind the Minister, however, and remind the
members of this Commission that the goodwill that the Minister shows now and of
which I am very appreciative and I hope that it will continue was
not quite apparent at the beginning of the introduction of the White Paper and
of Bill 1. It was through the questions that had to be asked of the Minister
and I believe, unnecessarily, but it had to be done, that the Minister who, at
first, I think, ignored the demands of the Crees, ignored the James Bay
agreement, which is apparent by the terms of the Bill 1. It was only through
the intervention of the Official Opposition and bringing the Government to task
in the sphere of the historic agreement that the Minister did finally meet with
you and has given you the insurances which you originally sought.
I would also like to point out to members of this Commission the words
of introduction that Mr Moses gave to the members after he had introduced his
legal advisors and, if you note, they were said in French. The reason that I
note that is that I discussed and negotiated with the Cree people for many
years and it was through historic facts not of their own volition that they
just did not understand and could not even pronounce one word of French.
And I think that the fact... should be noted and accepted by all the
parties here that Mr Moses began his presentation in the French language. It is
a sign of the good faith of the Cree people. It is a sign of their faith in
wishing to implement the objective that has been set forth in the James Bay
Agreement to introduce the French language in their schools. It is very
difficult for them. All the negotiations as a matter of fact, in many
instances, had to be done through the means of interpreters. Those who do speak
a second language in the Cree community, it has always been English. I would
like to, personally, congratulate the Cree people and Ted Moses for this show
of good faith towards their implementation of the agreement. I think that it is
a lesson for us and a lesson for the government to also show good faith on its
part. Would you like to make a comment? Voulez-vous faire un commentaire,
monsieur?
M. O'Reilly: Oui, s'il vous plaît, M. le Président.
Il y a un petit point.
Mr Ciaccia, I know that you are an excellent negotiator and that you did
take the interest of the province at heart, but I do not think the Crees gave
up all their rights, they get a few in return. Do you not agree on that?
M. Ciaccia: Yes, you did. And I hope I did not
mislead the Commission, the members of this committee, in saying that
you gave up all your rights. I think I said in exchange for certain rights
which are included in the James Bay Agreement. If I did not, I stand
corrected.
M. O'Reilly: I hope you would not want to leave Mr Laurin the
legacy of the Crees having no rights. We like to be reasonable, but not that
reasonable.
M. Laurin: I corrected by myself.
M. Ciaccia: Mr Chairman and Mr O'Reilly, all I wanted to
emphasize was how much the Cree people had given up by the signature of the
agreement. They have given up something that emotionally was probably much more
difficult to give up than the benefits which were conferred by the
Government.
M. O'Reilly: Mr Chairman, if I just may respond one thing. I know
that Mr Moses and the others are very conscious. I just wanted to single out
that perhaps that agreement would not have been possible without the
comprehension of persons like Mr Ciaccia, the tough negotiator on the other
side, but he was fair. I think that what Mr Moses was alluding to is that that
degree of fairness has been continued by the present Government. Obviously,
people cannot be too idealistic, time may change things, but up until now it
has been very good.
M. Ciaccia: The other point that I wanted to make before... I
want to ask a few questions of the Cree representative about the statements
made on both sides and by the Minister about the desire of the Government to
protect the Crees' own culture. The intimation here being that you can protect
the Crees' culture on its own and refer only to its language and its customs.
However, I think that the Cree people, as did the Inuit people, have made a
very valid point; and that is that. The culture of these people was threatened
with extinction, with dangers, precisely because the communities had been
isolated and had lost their participation with the larger community around
them.
I think, Mr Chairman, and Mr Minister, what the Cree people are saying
and the main reason why they are asking for exemption from Bill 1 is not
because of the desire to continue always protecting the English language or
speaking English. That is not the reason. They have realized that the only way,
the only method that they can preserve their own culture is if they can
participate in the larger community around them, if they can communicate with
the people around them. Right now, the only way they have of doing that is
through the medium of the English language. Mr Chairman, if I may be so bold as
to suggest to the members of this Commission that we have a lesson to take from
the native people.
Perhaps the people who have drawn up Bill 1 and the spirit of Bill 1
should also realize that the only way to protect the culture, to protect the
language is not an isolation, not in ghettoising, but in being able to
communicate with the language of communication, with the main language of the
people around us, whether it is French, English or otherwise. I think that it
is a lesson that has been lost through the... that has not been properly
appreciated by the Government in assessing the briefs that have been submitted
by the Naskapi, by the Inuit and by the Crees.
Just to elucidate the members of this Commission, as to why you want
exemptions from Bill 1, because it is possible that, in spite of the good will
of the Minister, that there may be some around this table and in the public,
and in the French-speaking community who may misinterpret your desire or your
reasons why you want exemptions from Bill 1. Could you give us briefly the
reasons why you do not want this particular legislation to apply to the Cree
communities at this time?
M. Moses: Mr Chairman, I would like to thank Mr. Ciaccia for the
comments he had made and I fully support those comments, because, you know, the
culture of the Cree people is in the land which they have occupied from time
immemorial, I mean hunting, fishing and trapping.
In answer to Mr Ciaccia's question, the reason why we could like to have
exemption from Bill 1 is because, for historical reasons, the Crees have
received their education in English for those Crees who have received certain
education, due to the fact that they have attended federal schools, the other
reason being that their first language is Cree and virtually all of the Cree
people in the James Bay area speak Cree. A predominant number of the Cree
people in James Bay speak English, as I have just mentioned; they have received
a certain education in the English language.
The other thing that I would like to point out to the members of this
Commission is that we have made efforts towards introducing French as a third
language. I will give you an example: there is a school in Fort George where
some Crees are presently attending and the instruction is in Cree and in
French, as well as in English. There is also another school in Eastmain which
is the community which I come from; there is also a French school and the
school children receive their education in Cree, French and, to a certain
extent, in English as well. There is also another school in Rupert House or
Fort Rupert, as it is commonly known to other people, where there is a French
school and the Crees receive their education in Cree, French and some
English.
So, up to now, I think I am not far out in saying that there are
approximately 300 to 400 Crees who have received their education in Cree and
French as well as in English, and these Crees are trilingual, they speak fluent
Cree, they are fluent in French as well as fluent maybe it is
not fluent but they are having a knowledge of the English language.
The other reason why the Cree people wish to be exempt from Bill 1 is
because of their self-determination. They would like to be exempt from Bill 1,
so that they are not trying to remove themselves from the mainstream with the
collective life of Québec.
We would like to introduce the second or third languages of instruction
at the rate, we feel, they should be introduced and we are very much interested
in being trilingual.
The other point that I would like to make is, as I said, a predominant
number of the Crees speak English. It is because of the corporations, the
entities which would be established under the James Bay and Northern Quebec
Agreement, as well as other corporations which are exclusively administrated by
the Cree people.
If the language of communication is not English, then, there is no way
in which we can operate these corporations, for the reasons which I have
previously given.
M. Ciaccia: What you are saying is that the agreement, in
addition to providing benefits in the hunting and fishing inland, also provides
for your participation in Government corporations, in local government, in
regional government, in development corporations, in school boards, and that
the only way right now, that you can effectively participate in these various
structures is through communications in English?
M. Moses: Yes, Mr Ciaccia, you are very correct in that.
M. Ciaccia: There is another provision in the agreement which
provides an obligation, on the part of the Government, to provide work,
contracts, to stimulate the economic development of the Cree people. The reason
for that particular provision was, as part of the agreement, to alleviate the
very high unemployment in many of the Cree communities and to permit the Cree
people and those who wish to do so to participate in the economic life of
Québec.
Recently, in the National Assembly, there has come to what is commonly
known now as the Lessard Principle. That means that the Minister of Transport
and Public Works at the time insisted that if anyone was to receive employment
from the Province, no matter how menial or what kind of task was asked to be
implemented, that person had to speak English.
Mme Lavoie-Roux: French.
M. Ciaccia: French, I am sorry. That would mean that if Bill 1 is
implemented, what effect obviously that would have on you, that would be it
would be impossible for any of your people to receive employment from the
Province. Is that correct?
M. Moses: Mr Chairman, in answer to Mr.
Ciaccia's question, it is yes. But, with respect to section relating to
SOTRAC, which is the remedial works mecanism which was set up under James Bay
and Northern Quebec Agreement, it stipulates there that the works can go on and
increase.
M. Ciaccia: But that is providing that the agreement expressed it
so in Bill 1?
M. Moses: Yes, that is correct.
M. Ciaccia: Are there any other conflicts between Bill 1 and the
James Bay Agreement?
M. Moses: Mr Chairman, I would like our legal advisor, Mr
O'Reilly, to make a comment with respect to the last question and, if you
permit me, I will let him speak.
M. Ciaccia: O.K., but because he makes his comment, just in case
there is a repetition of the incident which occurred here the other night when
the Inuits came, where, suddenly the members of the Government pulled out a
telegram from some so-called dissidents, in addition to answering a question,
could you also comment on the representativity of the Grand Council of the
Crees and their ratification of this agreement by the Crees? I just would not
want any surprises from the other side of the table.
M. Moses: Mr Chairman, the Grand Council of the Crees is composed
of one chief from each band, as I have just mentioned; there are eight
communities or there are eight bands in the James Bay area as well as in Hudson
Bay and the interior of the Abitibi region; so, therefore, there is one chief
from each band on the Grand Council of the Crees as well as one person
delegated by each band who is the official representative of that band. So,
therefore, you have two members from each band making a total of sixteen people
on the Grand Council of the Crees.
The Grand Council of the Crees is very close to the people. They have a
very good relationship with them. The Cree people have a lot of respect for the
Grand Council of the Crees and they have a lot of confidence in the Grand
Council of the Crees.
With respect to the confirmation which Mr Ciaccia just asked me, prior
to the signing of the James Bay and Northern Quebec Agreement, the Crees were
unanimous in their vote to the terms and conditions of the agreement, but,
during the confirmation process, there was only one vote that was against out
of a total of something like 1600 Cree people voting for and in favour of the
ratification of the James Bay and Northern Quebec Agreement.
One correction, before the ratification process, it was 1600 that were
in favour for the James Bay Agreement, but, during the ratification process, it
was 922 in favour of the James Bay Agreement to I who was against it.
M. Ciaccia: Were you going to make a comment on the previous
question?
Une Voix: Yes.
M. Ciaccia: Go ahead.
M. O'Reilly (James): Mr Chairman, if I may, yes. S'il y a encore
des Cris qui sont contre l'entente, il y a quelque chose qui serait
extrêmement étrange, parce que, jusqu'à maintenant, on ne
les a pas vus à part d'une voix que M. Moses a mentionnée.
Quant à la convention et au conflit possible entre la convention
de la baie James et le projet de loi no 1, évidemment, les Cris ont fait
abstraction des dispositions générales en tant que loi
générale d'application générale à tous les
citoyens. Ils se sont concentrés uniquement sur le projet de loi no 1
quant aux effets possibles du projet de loi no 1 sur eux en tant que Cris,
c'est-à-dire en tant qu'autochtones. Ils ne se prononcent pas sur le
reste évidemment, surtout s'il y a une exemption.
Par le biais d'une formule que nous avons discutée ensemble avec
le ministre Laurin et avec ses représentants par après, les
représentants des Cris et d'autres groupes autochtones, le Dr Laurin et
ensuite ses conseillers, nous espérons arriver au résultat qu'il
n'y aura pas de conflit entre les dispositions du bill 1 et celles de la
convention de la baie James, de sorte que si on prévoit que des
bénéficiaires de la convention c'est pourquoi on a
posé la question tantôt sont exemptés des
dispositions du projet de loi no 1, si les corporations aussi sont
exemptées, nous pensons qu'on peut éviter ou contourner tout
conflit qui aurait possiblement existé.
Evidemment, si le projet de loi no 1 était demeuré dans sa
forme actuelle, nous avons pensé c'est seulement notre opinion,
comme conseiller juridique qu'il y avait plusieurs conflits entre les
dispositions du projet de loi no 1 et la convention de la baie James. C'est
pourquoi nous avons communiqué avec le ministre qui, après
certaines discussions et d'autres représentations je sais que M.
le député Ciaccia en a fait aussi a étudié
la question et a accepté de trouver une formule pour résoudre ces
conflits.
M. Ciaccia: En terminant, je veux seulement remercier le
conseiller juridique anglophone des Cris. Je souhaite bonne chance à M.
Moses et aux Cris. J'espère que le gouvernement pourra s'inspirer des
principes qui sont contenus dans l'entente avec les Cris et les Inuit.
Merci.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député. Je cède la parole à M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. I think we have
been privileged this week to have this opportunity of meeting with the Cree
people, which was for us the first time that we had this opportunity, the
Naskapi, the Inuit and the Cree people.
I have no particular comment tonight, but I just want to tell you that
we admire the fact that you have a great devotion for your culture, for your
history, for your traditions and, just as the French have the same ambition of
keeping their culture, their language. I see, there is no doubt, that you want
to remain just as you are. In the past, the English language was for you a
means to deal with other peoples. Now, I see that you are introducing slowly,
probably it will require a great sacrifice from your people, but just the fact
that you have this agreement signed with the Government, and with the words of
the Minister I do not know exactly all the terms of this but I think it is an
encouragement for your people. When all the details reach their end, I think
you will keep on, giving a real good example of faithfulness to your past. In
this case, I think that the Québec people here, the Quebecers, will
certainly admire the way and the lesson that you are giving us tonight. Since
you came here, it is because you wanted to have your desires heard. I am sure
that you also want to leave Québec with the assurance that you will give
your own people who are waiting for you, the best of news. It is the reason
why, as Mr Ciaccia just said, I wish you good luck, and I hope maybe another
time, not on the same Commission, we will have a chance maybe to meet you up in
James Bay or somewhere around the place. Thank you.
M. Moses: Mr President, I certainly will convey your comments,
your remarks and your wishes to the Cree people, but other than that, if the
Government wants to give us more rights, we will certainly take them.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé, vous avez terminé? Je cède la parole à M.
Shaw, excusez, je n'ai pas le droit de vous nommer ainsi, M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. First of all, I would
like to say how proud I am of the native people and of what they are doing and
have done and that you and Mr Diamond and the Grand Council of the Crees have
made it quite clear that you wanted no part of Bill 1 and the Government knew
that you meant it. I hope that this will be a lesson to the anglophone
community, who are equally concerned about the Bill and their language and
their institutions and their cultures, and I mean cultures, and perhaps that
they can learn from you that firmness works.
I have two questions though. I have understood that some complaints have
been made by the Grand Council of the Crees concerning communications with the
Government. Have you found that, since your recent negotiations with the
Government, the negotiations that you are having with the "fonctionnaires" of
the Government now are being conducted with you in English?
M. Moses: Well, to a great extent, the communication between the
various Government departments and the Cree people is now in English, but prior
to that, there were certain problems, but that has been resolved.
M. Shaw: That has since been resolved. Obviously, it is quite
important for you, as Canadians and as North-Americans, to demonstrate your
national pride as well. I noticed that the original agreement that ceded the
Ungava district, in 1898-1912, the cession was made on the basis that services
would be provided to the native people and the land claims would be
settled.
Are the schools presently being provided by the Department of Education
of the Province of Québec?
M. Moses: Yes. The three schools, as I have mentioned, are under
the Department of Education. As a matter of fact, they are presently under the
jurisdiction of the Commission Scolaire du Nouveau-Québec, which we will
take over. Those schools will come under the jurisdiction of the Cree School
Board.
M. Shaw: The Cree School Board.
M. Moses: The other thing I would like to point out is that the
budget of the Cree School Board, part of it will be funded by the Québec
Department of Education and the other part by the Federal Government.
M. Shaw: So the Federal Government is still picking up a piece of
the tab of your education bill in the Nouveau-Québec?
M. Moses: Yes, in part.
M. Shaw: A third question. I noticed that, under Bill 1, we have
a question of names, the changing of the names of towns. The previous
Government began a policy of changing the names of the various towns in
Nouveau-Québec.
Under your concept of Bill 1, do you have a say in the change of the
names in New-Québec? In the Ungava district?
M. Moses: Yes, we hope that it will be part of the discussions
which will go on with Dr Laurin, in respect to the Cree culture.
M. Shaw: I want to thank you again, and being married to a girl
who is part Cree, it makes me very proud of the work that you have done in your
negotiations with the Government.
M. Moses: Is she eligible under the agreement?
M. Shaw: No, unfortunately no.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce terminé, M. le
député de Pointe-Claire?
M. Shaw: Oui.
Le Président (M. Cardinal): II reste une minute au parti
de l'Union Nationale.
Une Voix: On la donne.
Le Président (M. Cardinal): Vous la donnez, d'accord.
M. Grenier: Si vous me permettez, pendant cette minute, je
voudrais d'abord remercier le député de Verchères de
m'avoir laissé le fauteuil qui était occupé, avant le
début de la séance, par le parti ministériel, mais en
dehors de cette question, qui est peut-être moins importante, je
voudrais, au nom de l'Union Nationale, remercier les Cris qui sont venus devant
nous ce soir présenter ce mémoire.
Merci.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: Le député de Deux-Montagnes a
imputé des motifs pas mal indignes quand il a dit que c'était un
cadeau d'Indien. Je crois que nos invités se sentent un peu
insultés de ces paroles et je lui demanderais de s'excuser.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Mont-Royal. Je ne vois pas ce qu'il y a d'indigne
à employer ces termes. Au contraire.
M. Ciaccia: Je les ai entendus, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Moi aussi, j'ai entendu. Je ne
sais pas si c'est au journal des Débats, mais c'est
l'interprétation qui peut être digne ou indigne. Alors, je laisse
porter et nous terminerons l'audition avec M. le député de
Duplessis.
Mme Lavoie-Roux: Cela est grave.
M. Perron: Merci, M. le Président. Comme j'ai fait l'autre
soir avec les Inuit de mon comté, je m'adresserai, si le
président le permet, en anglais aux gens qui sont présents et qui
représentent la nation...
Le Président (M. Cardinal): C'est permis
présentement, tout à l'heure, avant...
Mme Lavoie-Roux: Et on nous affirme que cela sera encore permis
par la loi 1.
M. Perron: Merci.
M. Ciaccia: ... si vous êtes une personne morale, seulement
si vous êtes une personne morale.
M. Lalonde: Si vous êtes immoral, cela ne marche pas.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Perron: Thank you, Mr. President. It is with a real pleasure
that I address myself to the representatives of the Cree nation and I am
welcoming them in front of this Commission.
I will not have any question, except one, to ask you, but I would like
to inform this Commission that in the county of Duplessis, there is one band of
the Cree nation who is part of my county; it is over at Whale Head.
The question I would like to ask is this one: What is the percentage of
the Cree nation who actually speak English? What is the percentage of the old
Cree nation?
M. Moses: If you are looking for a percentage, I can say, if you
are talking of the older generation, that there is a very small percentage of
it. I think there are hardly any that speak the English language. Their first
language is Cree and they know a few words in English. The middle-aged people
understand and can speak a bit of English. Well, the middle-aged people can
speak English as well as people within my generation who are fluent in English
as well as in Cree which is their first language.
M. Perron: Thank you, Mr. President, and once again, welcome to
this Commission. I hope that you will have a good trip back home and tell all
your people that I am sure that the Government the Quebecers, will work right
now hand in hand with the Crees, with the Cree nation.
Thank you, Mr President.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce terminé?
D'accord. Dans ce cas, je remercie le Grand conseil des Cris du Québec
de s'être présenté devant nous. Je remercie
particulièrement...
I thank particularly Mr Ted Moses, Mr James O'Reilly et madame Monique
Caron. Merci.
Vous êtes les derniers témoins ce soir. Si vous voulez
ajouter quelque chose, je vous le permets certainement. Vous pouvez parler en
cri d'ailleurs.
M. Moses: I wish to express my appreciation to the Chairman, the
Minister and the members of this commission. In Cree, when we say: Thank you
very much, we say: (s'exprime dans sa langue) and in French, it is: Merci
beaucoup.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela. Alors...
M. Moses: It is so strange to see that, after five years of
argument, there is not even a sign of a fight when I come here before the
commission.
Le Président (M. Cardinal): Merci, et je souligne un
point, M. Moses. J'avais bien indiqué qu'en commission parlementaire, il
ne devait jamais y avoir de démonstration favorable ou
défavorable. C'est la première fois que les députés
se permettent, depuis quatre semaines, d'applaudir. C'est quelque chose de
particulier et je veux le souligner. Je leur demande de ne pas recommencer.
Mme Lavoie-Roux: On a été exemplaire...
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys et ensuite M. le
député de Saint-Jacques.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné
que...
Le Président (M. Cardinal): Merci. Vous êtes
libérés.
M. O'Reilly: On est libéré, merci. On va se sauver
avant que la bataille ne commence.
M. Lalonde: Vous devriez rester, ce sera peut-être un beau
spectacle.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je constate qu'il est 21 h
37. Nous avons été...
Le Président (M. Cardinal): J'ai 37 et demie, moi.
M. Lalonde: ... suivant un ordre de la Chambre, convoqués
jusqu'à 23 heures. Je constate qu'aucun invité n'attend, n'a
été convoqué. Je me demande s'il y a eu quelque
défectuosité dans les communications entre le ministre et les
invités qui nous restent. Il y en a à peu près 200. Je
voudrais savoir de vous, M. le Président, quels seront, demain matin,
puisqu'il ne semble pas y en avoir ce soir, les invités devant cette
commission puisque l'ordre de la Chambre nous oblige à revenir demain
matin à 10 heures. Je m'excuse, c'est jusqu'à 23 heures
seulement; étant donné que c'est vendredi demain, ce sera
certainement un autre ordre. Enfin, jusqu'à 23 heures; est-ce qu'il y a
d'autres invités et pourquoi n'en avons-nous pas?
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Saint-Jacques a la parole et ensuite Mme le
député de L'Acadie. Je peux vous dire que j'ai donné la
liste ce matin, qu'il n'y en a pas d'autres. Vous vous rappelez qu'à la
suite d'une demande de directive, j'ai indiqué plus tôt que je
consentais que, même sans témoin, l'on poursuive les travaux de
cette commission et que l'on présente, en particulier, la motion de M.
le député de Mégantic-Compton. Cependant, je reviendrai
sur ce point tantôt. Je donne la parole à M. le
député de Saint-Jacques et ensuite à Mme le
député de L'Acadie.
M. Charron: M. le Président, au nom du gouvernement, je me
réjouis, comme le député de Marguerite-Bourgeoys, que
cette commission ait enfin réussi à suivre son ordre du jour pour
une de ses séances. C'est probablement une des premières fois que
nous ne nous trouvons pas obligés de demander à certains de nos
invités de patienter à l'extérieur parce que les
débats ont été plus longs que prévu. C'est
d'ailleurs avec beaucoup de satisfaction que je constate que les derniers
témoins de ce soir ont été parmi les fondateurs du pays
que nous occupons.
Maintenant, cette assemblée est effectivement convoquée,
par la motion adoptée cet après-midi, si bon lui semble, à
poursuivre ses travaux jusqu'à
23 heures. Je sais que cette commission est déjà saisie
d'une motion, depuis hier, du député de Mégantic-Compton,
motion que nous aurions avantage à étudier et à voter. Par
la suite, une autre motion, que vous avez vous-même, je crois, M. le
Président, prise en délibéré, émanant du
député de Marguerite-Bourgeoys, selon votre décision quant
à la recevabilité...
Mme Lavoie-Roux: De Gaspé.
M. Charron: De Gaspé, pardon... selon votre jugement sur
la recevabilité de cette motion, méritera notre attention.
Par la suite, M. le Président, nous reviendrons à la
tradition normale d'une commission qui se trouve sans motion pendante devant
elle, c'est-à-dire que vous reconnaîtrez à tour de
rôle les députés, dans l'ordre habituel, qui ont des
motions à présenter devant cette assemblée. J'en ai une au
nom du gouvernement, le député de Marguerite-Bourgeoys en a
signalé d'autres.
Quand on aura disposé de la mienne, ce sera au tour de
l'Opposition officielle de présenter la sienne, mais je pense que,
d'ores et déjà, nous pouvons aller à celle du
député de Mégantic-Compton.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur une question de
règlement.
M. Lalonde: M. le Président, le
député-ministre de Saint-Jacques vient d'affirmer que l'ordre de
présentation des motions serait de la façon qu'il a
indiquée, à savoir que la motion qu'il a annoncée serait
présentée avant la mienne. Je n'ai pas perçu dans votre
directive, M. le Président, ce genre de chronologie. J'aimerais que vous
me rassuriez, à savoir qui va avoir préséance à ce
moment-là. Je vous ai demandé une directive, vous avez
refusé de me reconnaître immédiatement. A ce
moment-là, je respecte votre directive, mais je n'ai pas perçu
dans votre directive une indication selon laquelle ce serait la motion du
député-ministre de Saint-Jacques qui serait reconnue avant la
mienne.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ne préjugez de rien, sauf des usages prévus
à l'article 4 du règlement. Nous en sommes à la motion du
député de Mégantic-Compton. Je rappelle qu'il a encore,
quant à lui, au moins deux minutes, M. le député de D'Arcy
McGee a parlé, mais il est avec nous ce soir. Il n'a parlé que
pendant cinq minutes et Mme le député de L'Acadie a
déjà parlé pendant dix minutes, ce qui fait qu'il lui
reste dix minutes; tout cela en vertu de l'article 160 du règlement.
Nous retombons avec cet article général qui permet à
chacun des députés de toute l'Assemblée nationale de
s'exprimer pendant vingt minutes. Le temps est déjà compté
pour le passé, mais je me dois, pour le moment, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, d'accorder la parole au
député de Mégantic-Compton, en lui rappelant qu'il lui
reste deux minutes.
M. Lalonde: M. le Président, vous me permettrez...
Le Président (M. Cardinal): Je vous permets tout, pourvu
que...
M. Lalonde: ... et je déteste interrompre le
député de Mégantic-Compton, mais je vous ai demandé
si la suggestion du député-ministre de Saint-Jacques était
bonne. Vous ne m'avez pas répondu, peut-être que c'est par
distraction, étant donné que vous...
Le Président (M. Cardinal): Pardon, ce n'est pas du tout
par distraction. J'ai dit que nous verrions en temps et lieu, quand la motion
du député de Mégantic-Compton aura été
débattue, ce qu'il adviendra des travaux de cette commission.
M. Lavoie: Battue?
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas dit battue, M. le
député de Laval, j'ai dit débattue.
M. Lavoie: D'accord.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... vous me permettrez encore, sur une question de
règlement... Parce que je me demande en vertu de quel principe ou de
quelle pratique il vous est impossible, actuellement, de rassurer l'Opposition
officielle quant aux suggestions du député-ministre de
Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a un règlement qui l'autorise à
supposer que sa motion serait présentée avant la mienne?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour les travaux de la Chambre comme pour les travaux des
commissions, et ceci en vertu de l'article 163 et ensuite de l'article 4, dans
les cas non prévus par les règles de procédure, nous
n'avons plus de règle de pratique, mais, dans un cas de divergence
d'opinions sur l'interprétation d'une règle de procédure,
le président décide en tenant compte des usages de
l'Assemblée, depuis son origine; c'est l'article 4. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... est-ce que je peux, étant donné que
vous m'avez beaucoup éclairé quant au contenu du
règlement, vous demander quand
même comment vous interprétez les usages de
l'Assemblée en ce qui concerne la suggestion du
député-ministre de Saint-Jacques?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je regrette. Je n'ai pas du tout interprété
la suggestion du député de Saint-Jacques et je n'ai pas du tout
l'intention d'interpréter la vôtre. Je viens de dire et je
répète que, quand nous aurons disposé, quand nous aurons
débattu la motion du député de Mégantic-Compton, le
président, selon l'article que je viens de lire et qui est très
clair, en décidera. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: Je comprends, M. le Président, que vous prenez
en délibéré ma demande de directive?
Le Président (M. Cardinal): Absolument pas, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je viens, au contraire, de rendre
une directive en disant que l'article 4 s'applique et que le président
en décidera en temps et lieu.
M. Lalonde: Mais de quelle façon la décision
va-t-elle être faite, M. le Président? Il y a des usages, vous les
connaissez, mais...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous en prie. Vous avez suffisamment
d'expérience en cette Assemblée nationale, en commission
parlementaire, pour ne pas exiger davantage de la présidence. Ma
directive est rendue et je donne la parole au député de
Mégantic-Compton.
Reprise du débat sur la motion pour entendre
l'Union des conseils de comté
M. Grenier: M. le Président, j'ai une proposition qui
pourrait faire l'unanimité autour de cette table. Cela évitera
peut-être des priorités ministérielles...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je vous arrête avant que vous n'alliez plus
loin. Est-ce que vous parlez sur la motion qui se lit comme suit et que je vais
relire?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Cardinal): "Que cette commission invite
motion corrigée, et non pas amendée l'Union des
conseils de comté du Québec à venir expliquer les
implications de la loi 1 sur l'administration des municipalités
rurales", motion déclarée recevable par la présidence,
comme vous le savez.
M. Grenier: Si vous le permettez, je le ferai sous forme de
directive.
Suite à la discussion que nous avons eue hier soir sur cette
motion, aujourd'hui, les débats se sont déroulés d'une
façon peut-être un peu diffé- rente pour permettre de voir
autre chose, d'avoir un éclairage différent.
J'aimerais vous faire savoir que l'intention de l'Union Nationale, ce
n'est pas de faire des motions dilatoires pour faire perdre le temps à
cette commission. L'Union Nationale est convaincue, dans le moment, qu'il
manque peu de chose pour l'éclairage des députés. Suite
à cela, on aimerait vous faire savoir qu'on aurait aimé
transformer notre résolution d'hier soir et l'englober dans une autre
motion un peu plus large qui permettrait, après avoir
étudié l'ensemble des mémoires qui restent à
étudier, soit environ 200, de les diviser en neuf groupes
différents. Vous jugerez, à ce moment-là, si c'est
recevable ou pas...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, vous faites votre intervention sous forme de demande
de directive. Vous vous dirigez vers une nouvelle motion, alors que je vous ai
donné la parole sur une motion qui était déjà
devant cette commission.
M. Grenier: Ecoutez, M. le Président, si vous me dites que
ce n'est pas recevable...
Le Président (M. Cardinal): Je vous dis que c'est une
nouvelle motion, qu'elle n'est pas prioritaire. Vous devez, à ce
moment-là, retirer votre motion. Nous prendrons une autre motion, selon
ce qui adviendra devant cette commission.
M. Grenier: Si j'avais le consentement unanime, je pourrais
demander qu'on l'amende, sinon...
Le Président (M. Cardinal): Je pourrais demander le
consentement unanime. D'accord, M. le député.
M. Grenier: Ce serait peut-être intéressant de faire
connaître notre proposition. Je veux vous faire savoir que ce n'est pas
notre intention de retarder les débats. Je dois vous laisser entendre
immédiatement que, quant à nous, nous avons presque suffisamment
entendu de mémoires pour mettre fin à ces débats.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. Si vous le permettez, M. le député de Saint-Jacques.
Je pense que j'ai compris l'intervention du député de
Mégantic-Compton et j'y reviendrai tantôt. S'il désire un
consentement unanime, je lui permettrai de lire la nouvelle motion et je
demanderai ce consentement.
Auparavant, comme le député de Saint-Jacques a
demandé la parole, je vais la lui accorder et je reviendrai à
vous, M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, il n'y a pas consentement
unanime pour qu'à ce moment-ci, le député de
Mégantic-Compton modifie la motion qu'il nous avait
présentée hier.
M. Grenier: Est-ce que vous avez donné le consentement? Je
m'excuse, j'ai été dérangé.
M. Charron: II n'y a pas consentement à ce moment-ci.
M. Grenier: Est-ce que vous permettez que je lise le texte que
j'ai devant moi, quitte à demander le consentement par la suite? Cela
prendrait une minute.
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Madame et MM. les membres de
la commission, je vous autorise certainement à lire cette motion, mais
rien de plus.
M. Grenier: D'accord. Si vous le permettiez, j'aurais
peut-être une très brève explication, qui va être pas
mal moins longue que la lecture de la motion elle-même, pour
démontrer ce qu'on entend par cette motion. C'est une motion de trente
secondes.
M. Charron: Je suggère au député de
Mégantic-Compton de prendre la plus courte des deux.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, comme je ne veux pas que l'on s'enferre dans des
questions de procédure, etc.... A l'ordre, sil vous plaît! Soyons
calmes, paisibles, sereins. Il fait beau, c'est l'été, nous
sommes ensemble depuis déjà quelques semaines...
M. le député de Mégantic-Compton, avec beaucoup de
générosité, je vous laisse la parole, quitte à vous
interrompre si vous franchissez des bornes...
Mme Lavoie-Roux: Infranchissables.
Le Président (M. Cardinal): Non pas infranchissables, ce
serait un pléonasme, qui ne seraient pas acceptables. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous permettez, M. le Président, que le
point...
Le Président (M. Cardinal): L'on vous permet, M. le
député de Mégantic-Compton, mais, s'il vous plaît,
à votre préambule, il n'y a pas de motion.
M. Grenier: Je ne provoquerai pas de débat, M. le
Président, je vais donner une courte explication, lecture de ma motion
et, s'il n'y a pas unanimité, nous serons en mesure de prendre une
décision après, mais je dois vous dire une chose, la
décision de l'Union Nationale, c'est celle qui est depuis le
début de cette commission, depuis le début de nos travaux, de
seconder le gouvernement dans des efforts loyaux qui sont faits, et on
considère que les efforts qui ont été faits en vertu du
projet de loi no 1 sont des efforts loyaux, et, à partir de là,
notre motion sera courte et les travaux pourraient être courts à
partir de ce soir également.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas à moi
à vous remercier a ce moment-là, c'est au gouvernement. Le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: La motion se lit comme suit: "Cette commission ne se
déclare pas suffisamment informée tant et aussi longtemps que
n'auront pas été convoqués et entendus en cette
commission, parmi ceux qui ont fait connaître en temps voulu leur
intention d'être entendus ici par les membres de cette commission ou,
à défaut, parmi ceux dont on aurait intérêt à
connaître le point de vue, des organismes ou individus
représentant le milieu rural il y en a neuf le monde
municipal, les minorités francophones hors Québec, les industries
de type sectoriel, le domaine spécialisé du transport et des
communications, le monde du sport, le milieu agricole ou encore ceux qui ont
bâti ce pays, les gens de l'âge d'or, et enfin le monde
hospitalier."
M. le Président, si ce devait être cela, je pense que, si
vous me permettez, seulement pour compléter, ce sont les trente secondes
dont j'ai besoin, pour notre part, nous nous contenterions d'un mémoire
par secteur, ce qui veut dire qu'au rythme où nous allions dans les
bonnes journées de cinq mémoires par jour, si la commission
était appelée à siéger à compter de lundi,
nous pourrions avoir terminé mardi soir, s'il y a unanimité
autour d'un mémoire qui pourrait être choisi dans chacun des
secteurs par cette commission, par les délégués des partis
à cette commission.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je n'ai pas l'intention de rendre immédiatement
une décision sur la recevabilité de cette motion.
Vous vous rappellerez que, le 7 juin, cela fait déjà un
mois, j'avais indiqué que chaque fois qu'une motion serait
présentée devant cette commission, avant de rendre une
décision, pour des fins très démocratiques, j'inviterais
les membres de la commission j'ai bien dit les membres de la commission,
je m'en tiens à ceux-là à m'informer
eux-mêmes de ce qu'ils pensent de cette recevabilité.
Nous pouvons donc procéder de deux façons. Je puis
écoutez, je vous donne une chance tout simplement tout de suite
demander s'il y a unanimité sur la motion ou je puis demander si on veut
en discuter pendant quelques instants, non pas pendant une heure, parce que le
président peut être suffisamment informé à un moment
donné ce n'est pas qu'à nos commissions, ce n'est pas
aussi lourd si l'on désire que ce soit accepté. Il y a un
risque à ce que je demande s'il y a accord. Il y a peu de risque
à ce que je demande ce que l'on pense de la recevabilité de la
motion.
Quant à moi, je me prononcerai après vous avoir
entendus.
M. Grenier: Vous allez me permettre une intervention très
brève.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Dans l'ordre, M. le député de
Mégantic-Compton, M. le député de Vanier, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Mégantic-Compton, uniquement sur la recevabilité de la motion et
très brièvement. Ce n'est pas l'article 160 qui s'applique, c'est
purement une générosité du président.
M. Grenier: M. le Président, avec votre permission, ce que
nous avons proposé ici, ce n'est pas, bien sûr, pour dire que nous
prenons les devants pour faire un débat à caractère
purement politique. Ce que nous voulons, c'est mettre fin, d'une façon
correcte et d'une façon éclairée, à cette
commission pour qu'on ne se dise pas mardi que c'est l'un ou l'autre parti qui
portera "l'onéreux" de fermer cette commission. Je pense que si,
ensemble, nous décidions d'un accord commun d'accepter cette
proposition, il y aurait peu de débats oiseux autour de cette table et
cela ne retarderait pas indéfiniment ces débats. Nous serions
passablement plus éclairés, puisque c'est un secteur qui a
été très peu représenté à cette table
et je pense qu'il serait facile d'avoir un comité tel qu'il avait
été proposé à la commission, alors que nous
siégions avec le leader du gouvernement et que nous parlions d'un
comité pour juger de la priorité des mémoires alors que
ces débats devaient être télévisés.
Il y aurait lieu de faire très brièvement un comité
de trois ou quatre personnes représentant les partis politiques et de
décider dans chacun des secteurs quel mémoire pourrait être
présenté. Si c'était le cas, je pense qu'à neuf
mémoires, on pourrait clôturer cette session qui pourrait
commencer lundi matin pour donner la chance à nos témoins de
venir, et se terminer mardi soir.
Je pense que là, il n'y a personne qui pourrait dire, comme lors
de ces débats que nous lisions, qui sont ceux de l'Opposition du temps
sur la loi 22, qui disait que cela faisait à peine cinq semaines, deux
mois qu'on entendait des mémoires, à peine cinq motions, neuf
amendements et tout cela, et tenter de jeter l'onéreux sur un autre
parti.
Ce n'est pas notre intention. Notre intention, c'est qu'on a
été éclairé, on a eu d'excellents mémoires,
qui ont été jugés par le ministre ou son cabinet, on nous
a apporté ici des mémoires très représentatifs. En
dehors des discussions peut-être plus partisanes qui sont faites à
cette table, on pourrait en sélectionner ici neuf autres. Là, on
mettrait fin à ces débats avec un éclairage suffisant et
ce serait là vraiment une collaboration qui pourrait être
apportée, je pense, par l'Opposition officielle autant que l'opposition
de l'Union Nationale, et que le gouvernement aurait grand avantage à
retenir pour la fin des débats, qui pourrait être amorcée
pour mardi soir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je ne vous interromps pas?
M. Grenier: ... M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Dans le court exposé
que vous venez de faire, qui est très objectif, d'ailleurs, j'ai cru
comprendre qu'il y a peut-être le désir d'une autre motion, celle
de créer un comité?
M. Grenier: Non, je n'en fais pas une motion. C'est simplement un
voeu qui pourrait être fait. Maintenant, si quelqu'un pouvait nous
assurer, bien sûr, qu'il y aurait un mémoire de chacun de ces
secteurs, on n'a peut-être pas besoin de comité. C'est un voeu que
j'exprime, ce n'est pas une autre motion.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, c'est à vous
directement que je m'adresse.
Le Président (M. Cardinal): II faut toujours s'adresser au
président, d'ailleurs.
M. Bertrand: C'est plus que cela. Ce n'est pas simplement pour la
forme, c'est parce que c'est de vous que j'attends une réponse. Je ne
comprends pas très bien la démarche dont vous venez de nous faire
part lorsqu'après la lecture de ce que pourrait être une nouvelle
motion du député de Mégantic-Compton, vous dites: Nous
allons, comme ce fut le cas pour d'autres motions qui avaient été
présentées dans le passé, d'abord,
démocratiquement, permettre qu'il puisse y avoir des opinions
exprimées sur la recevabilité de cette motion.
Je ne comprends pas votre démarche, parce que vous avez dit avant
que vous alliez suivre ce qui était déjà
déposé sur la table. Il y avait sur la table une première
motion du député de Mégantic-Compton, dont le débat
a commencé hier soir, et qui avait été suspendue. Il y
avait, deuxièmement, une motion que vous aviez décidé de
prendre en délibéré et qui avait été
présentée par le député de Gaspé.
Vous avez donc, comme vous deviez le faire, donné la parole au
député de Mégantic-Compton qui, au moment de prendre la
parole, nous a fait part de sa volonté, si les membres de la commission
y consentaient unanimement, et c'est vous qui l'avez invité à
obtenir le consentement unanime, de présenter une nouvelle motion et,
à ce moment, si le consentement unanime était donné, nous
allions débattre sa recevabilité, et ensuite, si elle
était reçue, débattre sur le fond de cette motion.
Or, avant même que le député de
Mégantic-Compton ait lu sa nouvelle motion qu'il entendait
présenter, peut-être en remplacement de l'autre, M. le ministre et
député de Saint-Jacques vous a fait part qu'il ne donnait pas son
consentement à
la réception de cette motion, et vous aviez dit qu'il fallait
consentement unanime pour la réception de la motion.
Donc, je ne comprends pas que, maintenant que le texte de la motion nous
a été lu, vous donniez place à un débat sur la
recevabilité, alors que vous avez vous-même dit, et je pense que
je n'interprète pas vos paroles, c'est ce que vous avez fait, vous avez
dit que cette motion pourrait être acceptée sur la table, à
condition qu'il y ait, sans même aucun débat, consentement unanime
pour que le député de Mégantic-Compton présente
cette motion au lieu de celle qui avait été
présentée hier soir et dont le débat avait
été suspendu.
Alors, ce que je vous demande, c'est de demeurer fidèle, comme
vous l'avez toujours été depuis le début de la commission,
à l'attitude que vous avez eue dans les minutes qui ont
précédé, et de faire en sorte que vous posiez la question:
Y a-t-il ou pas consentement unanime pour que le député de
Mégantic-Compton puisse convertir sa motion?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, vous avez en partie raison. J'ai été d'une
générosité qui... Je ne sais pas comment la qualifier, ce
n'est pas moi. Les gens jugeront...
Une Voix: Exagérée peut-être?
Le Président (M. Cardinal): ... mais, si je comprends bien
votre intervention, et si on me permet de mettre quelque chose entre de petits
tirets j'ai dit, il y a deux possibilités: ou bien je demande le
consentement ou bien je me fais aviser et je décide. Je n'ai pas
demandé le consentement immédiatement; si je l'avais
demandé, je considérerais que votre intervention est un
non-consentement, si je vous interprète bien. Il faudrait que je vous
interprète. Non pas que ce que vous avez dit n'était pas clair;
au contraire, c'est tellement clair pour moi que je vais jusque-là. Je
ferme les tirets .
J'ai voulu le faire simplement pour que l'on entende la motion, que l'on
puisse y réagir mais, ne craignez pas, il ne se passera pas beaucoup de
minutes avant qu'une décision soit rendue.
Je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys
et ensuite je me permettrai de décider de cette question, à moins
que vous n'ayez quelque chose à ajouter. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais l'intention
d'intervenir sur l'intervention du député de Vanier parce que, de
toute évidence, il y a une question de règlement. Vous en avez
décidé, je pense, d'une façon tout à fait
éclairée. Autrement dit, il y a consentement unanime et, s'il n'y
a pas de consentement unanime, vous devez décider de la
recevabilité. Je dois tout d'abord dire que, en ce qui concerne le
consentement unanime, nous sommes prêts, nous, de l'Opposition
officielle, à donner notre consentement. Maintenant, si ce consentement
n'est pas accueilli, s'il n'y a pas de concurrence de la part des
députés ministériels, à ce moment, sur la
recevabilité, M. le Président, je pense que la motion
d'amendement, en fait, du député de Mégantic-Compton est
tout à fait recevable. Elle élargit, naturellement, le concept de
cette motion.
M. Charron: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je m'excuse. M. le député de Saint-Jacques
sur une question de règlement.
M. Charron: Je m'excuse également auprès de mon
excellent ami, le député de Marguerite-Bourgeoys, mais il vient
lui-même de mettre noir sur blanc la situation. Bien sûr, il y a
débat sur la recevabilité si, d'abord, il y a consentement
unanime. Je vous ai signalé, dès le début, comme l'a
rappelé le député de Vanier, qu'il n'y a pas consentement
de notre part puisqu'une autre motion, celle du député de
Gaspé, est en délibéré actuellement et nous allons
procéder selon l'ordre habituel. Le député de
Mégantic-Compton pourra revenir plus tard avec celle-là; donc, il
est inutile d'engager le débat sur la recevabilité actuellement
puisqu'elle ne peut même pas être entendue par le président
de cette commission.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, je pense
que je suis suffisamment informé. Certains membres de cette commission
sont ici, avec nous, depuis le début; certains sont venus, sont partis,
sont revenus. J'avais indiqué un certain nombre de voies possibles au
tout début des travaux de cette commission; non pas que nous en sommes
à la fin. Je ne préjuge jamais de rien.
J'ai voulu faire encore un petit exercice de démocratie, cela me
revient encore; enfin, cela me revient. Je ne regrette rien...
Une Voix: Ne le regrettez pas, M. le Président. M.
Ciaccia: Ne chantez pas surtout.
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne chanterai pas,
surtout que j'ai vu des témoins dans cette salle qui pourraient chanter
mieux que moi. Alors, je ne regrette rien et je dirai ceci tout de suite. Cette
motion, quant au fond, est de la même nature que la motion du
député de Gaspé, en ce sens qu'elle donne une
préférence à un certain nombre de groupes. Hier soir, il
n'y avait qu'un organisme de mentionné; ce soir, M. le
député de Mégantic-Compton a raison. Il a divisé,
et c'est très sage, les organismes ou individus en un certain nombre de
catégories.
De toute façon, sa motion n'indique pas quels sont ces
organismes, quel est le numéro de leur mémoire. Quant à
cela, je l'excuse. Il n'a pas cette clé sur le numéro des
mémoires, bien qu'il ait reçu comme membre de la
commission...
M. Grenier: Avais-je le droit de mettre dans une motion les
numéros...? Je pense qu'on n'a pas le droit.
Le Président (M. Cardinal): C'est une parenthèse.
Ce n'est pas la question que vous n'aviez pas le droit, mais vous n'avez pas
indiqué... Vous n'avez indiqué que des groupes, mais, quand
même, je sens très bien, je pense, vers quoi vous vous dirigez. Il
y a un certain nombre de groupes qui, avant la fin des travaux de cette
commission, seraient préférés ou
privilégiés. Comme hier soir, face à la motion du
député de Gaspé, j'ai réservé mon jugement
parce que j'ai donsidéré, en toute sagesse, que cela engageait
l'avenir. De même ce soir, devant cette motion, je prendrai la même
position et je la prendrai en délibéré. La décision
est rendue et on ne peut plus en discuter.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Puisque votre décision est rendue quant
à la politesse que nous avions rendue au député de
Mégantic-Compton de nous laisser lire son projet de motion, eût-il
été recevable, et puisque vous venez de rendre votre
décision sur la motion présentée par le
député de Gaspé hier, à qui je réserve tout
mon respect, qui tentait d'orienter les travaux de cette commission, je
voudrais, au nom du gouvernement, vous faire connaître notre position
à ce moment-ci des travaux de cette commission.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, par
délicatesse, politesse, éthique, etc., je vais vous laisser la
parole, mais j'aurais un commentaire à faire.
Allez-y, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je comprends que votre décision est que la
proposition d'amendement du député de Mégantic-Compton
n'est pas acceptée...
Le Président (M. Cardinal): Pardon. Un instant.
Mme Lavoie-Roux: Elle est prise en délibéré.
M. Lalonde: Elle est prise en délibéré? Le
Président (M. Cardinal): Oui.
M. Lalonde: A ce moment, peut-on discuter du fond ou, enfin, de
la motion principale?
Le Président (M. Cardinal): Non, parce que je n'ai pas
décidé si elle était recevable ou non. J'ai simplement dit
que, comme celle du député de Gaspé, elle était
prise en délibéré.
M. Lalonde: On va se faire fourrer bien raide!
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je ne voudrais
pas ce soir... Un instant, s'il vous plaît. Je ne voudrais pas ce soir
que l'on considère que la présidence fait le jeu de quelque parti
que ce soit. J'ai référé tantôt à l'article
4. J'ai permis, et c'était une permission vraiment
généreuse, au député de Mégantic-Compton de
lire son préambule et sa motion. J'ai même demandé, comme
l'a dit le député de Vanier, bien que j'eusse pu rendre la
décision immédiatement comme je l'avais indiqué le 7 juin,
j'ai même demandé à la commission, qui s'est
exprimée, son opinion; je n'ai interrompu personne. Je considère
qu'il est parfaitement normal que devant des motions prises en
délibéré on ne discute point du fond. Je considère,
deuxièmement, qu'il est parfaitement normal, conforme aux usages
immémoriaux de cette Assemblée, dans cet édifice qui a 100
ans cette année, que le parti ministériel ait une certaine
initiative. Je pense que personne ne peut le leur reprocher, même pas les
partis de l'Opposition.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président...
M. Grenier: Si vous rendez une décision sur la motion que
j'ai présentée ici, je dois vous dire que je retire... si vous me
donnez l'autorisation et je reviens à ma motion principale.
Le Président (M. Cardinal): Non, je regrette. Attention.
Il faut être honnête envers tous. M. le député de
Mégantic-Compton, si vous retirez cette motion, j'ai déjà
rendu une directive depuis le début des travaux de cette commission
selon laquelle, à cette commission, avec le mandat qu'elle
possède, qui lui a été donné par l'Assemblée
nationale, un membre de la commission et vous en êtes membre
est maître de la motion qu'il présente et peut la
retirer.
Vous venez donc de retirer votre motion et...
Une Voix: D'amendement.
Le Président (M. Cardinal): Non, pas d'amendement, c'est
une nouvelle motion.
M. Grenier: Je retire ma nouvelle motion.
Le Président (M. Cardinal): C'est une nouvelle motion.
S'il vous plaît. C'était une motion, si on peut dire, comme je
viens de l'entendre, de remplacement. Dans ce cas, en justice pour tous, je
dois vous redonner la parole sur la motion que vous aviez d'abord
présentée. Est-ce qu'il est nécessaire que je la relise?
En vous rappelant qu'il vous reste deux minutes sur le fond de cette
motion.
M. Charron: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Saint-Jacques, sur une question de règlement.
M. Charron: Je ne veux pas vous être
désagréable, d'autant plus que nous aurions pu arrêter tout
ce scénario du député de Mégantic-Compton
dès le début si nous avions refusé la courtoisie de lui
laisser lire ce qu'il avait l'intention d'émettre, si nous avions
émis notre consentement à ce qu'il émette une autre
proposition à la place de celle qu'il avait, hier,
présentée. Tout cela n'existerait pas si au départ nous
n'avions refusé cela au député de Mégantic-Compton.
Nous avons dit que nous refusions de remplacer une motion par une autre, comme
c'était son souhait. C'est lui-même qui nous a offert de retirer
sa motion pour en présenter une autre. L'autre a été prise
en délibéré. Qu'il ne revienne pas avec la
précédente qu'il a choisie de présenter à sa
place.
M. Grenier: Non.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Charron: Oui, il a retiré la première.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Dois-je rappeler l'article 100, M. le député de
Saint-Jacques?
M. Grenier: C'est une directive, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, monsieur.
M. Grenier: Non, pas maintenant, je m'excuse. J'avais
demandé tout à l'heure une directive.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, je laisse la
parole encore à M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, la question est simple. Comme
plusieurs témoins à cette table, on a entendu le
député de Mégantic-Compton dire qu'il n'avait pas
l'intention de faire de motion dilatoire, c'est à son honneur par
rapport à d'autres membres de l'Opposition. Il a voulu faire une
proposition qui remplaçait celle qu'il avait faite hier étant
donné qu'il disait lui-même qu'il lui manque peu de chose pour son
éclairage et pour se déclarer suffisamment informé. Nous
avons dit à ce moment-là qu'il ne pouvait pas remplacer sa
proposition. Par courtoisie, nous lui avons permis de la lire et par
courtoisie, M. le Président, vous avez accepté de la prendre en
délibéré. Maintenant que vous l'avez prise en
délibéré, il dit qu'il ne veut plus la présenter,
mais qu'il préfère revenir à sa proposition initiale.
C'est prendre cette commission pour...
M. Grenier: M. le Président.
M. Lalonde: La décision est rendue.
M. Charron: Autrement, M. le Président, toute courtoisie
et tout esprit poli que les membres de cette commission pourraient avoir les
uns envers les autres demeure inutile maintenant puisque par pure politesse
et pourquoi ne pas le dire par pure politesse politique nous
avons permis à l'Union Nationale d'affirmer à l'intention des
media ce qu'elle aurait présenté si nous lui avions permis de
présenter autre chose que ce qu'elle avait présenté hier.
Parce que l'Union Nationale se permet de changer d'avis de jour en jour,
aujourd'hui, elle avait une autre opinion que celle d'hier.
M. Grenier: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, oui.
M. Grenier: Je ne permettrai pas au député de
Saint-Jacques de dire qu'on change d'opinion chaque jour. Jusqu'à
hier...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Mégantic-Compton, ce n'est
pas une question de règlement, c'est une question de privilège et
il n'y en a pas en commission. Vous pourrez demain donner un avis au
président une heure avant l'Assemblée, en vertu de l'article 49,
alinéas 1 et 2. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur
une question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, c'est justement pour faire
suite à l'intervention du député-ministre de
Saint-Jacques. Je pense que votre décision a été rendue et
que le député de Mégantic-Compton est tout à fait
autorisé à commencer à exercer son droit de parole que
vous lui avez accordé avant l'intervention du député de
Saint-Jacques. Je ne pense pas que le député de Saint-Jacques,
qui vient d'apparaître ici depuis quelques minutes, après cinq
semaines de délibérations où la courtoisie a
été la règle M. le Président, vous pouvez en
témoigner de tous les côtés, avec quelques
écarts, naturellement... Quand même, cela a pu cimenter une
volonté de tous les membres de cette commission de faire un travail
positif. Je pense qu'on en a fait un. Je pense que le député de
Mégantic-Compton devrait recevoir, de la commission, comme il a
reçu de vous, M. le Président, le droit de s'exprimer sur sa
motion principale.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je ne voudrais pas justement,
comme vous l'avez dit vous-même, après quatre semaines d'à
peu près 13 heures par jour de courtoisie, sauf quelques incidents
passagers, rendre une décision qui fasse que, non pas tout se termine
mal, parce que nous n'en sommes pas à la fin, mais que tout se continue
mal.
Pour ces raisons, et je m'en excuse auprès des membres de la
commission et de ceux qui sont devant nous, je vais suspendre la séance
pendant exactement quatre minutes pour y réfléchir et je
reviendrai rendre ma décision. Exactement... pardon?
Mme Lavoie-Roux: Elle a été rendue, votre
décision?
Le Président (M. Cardinal): Un instant, ce qu'a dit le
député de Saint-Jacques, je pense, ne se rapporte pas à ma
décision. Ce que j'avais rendu comme décision, c'est que
j'acceptais que le député de Mégantic-Compton retire sa
motion; je lui ai ensuite donné la parole sur sa motion principale.
Cependant, j'avoue que je me trouve dans une situation où je ne voudrais
pas du tout que l'on considère que je joue le jeu d'un parti ou d'un
autre, que ce soit l'Union Nationale, le Parti québécois ou
d'autres partis. J'ai entendu plusieurs intervenants et, sans revenir sur...
non pas sur une décision, j'avais simplement donné la parole, je
regrette, au député de Mégantic-Compton. J'aimerais quand
même y penser pendant quelques minutes. J'ai dit que je prenais quatre
minutes seulement.
Cela sera un repos pour la commission...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avant que vous preniez quelques minutes de
réflexion, permettez-moi de vous dire qu'il y a quelques jours à
peine, vous m'avez permis de retirer une motion, malgré le manque de
consentement du reste des membres ou de quelques membres de cette commission.
Vous avez décidé, à ce moment-là je pense
que c'est un précédent qui est valable qu'un membre de
cette commission pouvait unilatéralement retirer une motion, même
si le consentement n'était pas accordé par les autres membres, ce
qui, je pense, est tout à fait pertinent à ce débat et ce
qui donne automatiquement, je crois, le droit au député de
Mégantic-Compton de s'exprimer sur sa motion principale qui est aussi
valide et vivante qu'avant.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm sur la question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys soulève avec raison, c'est
le droit de retirer sa proposition, mais pas pour revenir à une autre
proposition; c'est nettement différent comme approche.
Dans le cas présent, le député de
Mégantic-Compton avait une proposition débattue sur la table,
proposition qu'il a amendée et sur laquelle il n'y a pas eu
consentement...
M. Grenier: M. le Président, j'ai demandé une
directive sur ma motion.
M. Chevrette: ... qu'il a remplacée, excusez. Est-ce que
je pourrais finir?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: C'est une directive que j'ai demandée au
président sur ma motion; ce n'est pas un amendement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Non, ce n'est pas un amendement. A l'ordre! M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: On fera la joute un peu plus tard. C'est une
proposition de remplacement sur laquelle le consentement a été
refusé et il reviendrait, en retirant sa proposition de remplacement,
à une proposition qu'il ne voulait plus débattre lui-même,
par le fait qu'il voulait...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais terminer, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Oui, j'aimerais beaucoup que
vous puissiez continuer et terminer.
M. Chevrette: J'ai été très calme, je
portais le nom de mon comté. Il revenait donc à une proposition
que lui-même ne reconnaissait plus, dans son désir de vouloir
apporter une proposition de remplacement, ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys n'a pas fait. Il a apporté une motion qu'il a
retirée mais pas en faveur d'une autre, parce qu'il n'y en avait pas
d'autre. Donc, quant à être exact, soyons précis dans les
faits qu'on apporte devant la commission pour vous permettre, durant votre
moment de réflexion, de bien y réfléchir.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm. M. le député de
Mont-Royal, sur la même question.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais seulement
rappeler au président, avant qu'il ne suspende les débats pour
prendre sa décision, qu'en aucun temps, contrairement aux propos et
à la déclaration du député de Saint-Jacques, le
député de Mégantic-Compton n'a retiré sa motion. Il
a demandé s'il pouvait en faire une autre. Par courtoisie, c'est vrai,
par courtoisie, le député de Saint-Jacques lui a permis de lire
sa deuxième motion. Puisque c'était par courtoisie, il n'y avait
aucunement la décision ou le désir, de la part du
député de Mégantic-Compton, de retirer sa première
motion. C'était la question de savoir s'il aurait pu avoir le
consentement de la commission pour débattre la motion, la nouvelle
motion qu'il devait proposer.
Vous, par courtoisie, avez décidé de procéder d'une
ou de deux façons. Premièrement, de demander le consentement ou
bien d'entendre certaines représentations très limitées
sur la recevabilité.
En aucun moment et c'est important, parce que je crois qu'il y a
des sujets assez importants en jeu le député de
Mégantic-Compton n'a retiré sa première motion.
C'était une question de courtoisie, une question de directive. Cela a
été réglé, cela a été
décidé. Alors, juridiquement, légalement, sa
première motion est maintenant devant nous et vous lui avez
accordé le droit de procéder.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères, sur une question de règlement.
M. Charbonneau: Très rapidement, en vertu de l'article
100, est-ce que je pourrais demander au député de
Mégantic-Compton cela vous permettrait peut-être de
résoudre le problème étant donné qu'il ne
voulait justement pas faire de motion dilatoire et qu'il nous avait
proposé une motion qui, à certains égards, pouvait
paraître intéressante... On pourrait peut-être lui demander
s'il serait prêt à retirer sa motion principale et
présenter celle qui n'était pas acceptable tantôt et
recevable à un autre moment donné.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Sinon, on va mettre en doute la valeur et la
prétention du fait que vous ne vouliez pas présenter de motions
dilatoires.
M. Grenier: Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Non, non, c'est assez. Je m'excuse. Je n'ai pas reconnu
tantôt, je m'en excuse, le député de D'Arcy McGee. C'est la
dernière intervention que j'entends. Ensuite, je le dis tout de suite,
je suspendrai la séance pendant quatre minutes.
Le noeud de la question, le noeud du problème... Non, un, et
ensuite, je suspends la séance. C'est justement de savoir si, à
travers les décisions que j'ai rendues, le député de
Mégantic-Compton n'a pas, dans le fond, remplacé une motion par
une autre, laissant tomber la première. Je ne rends pas la
décision justement et c'est pourquoi je veux suspendre la
séance.
Je dis une seule intervention pour que nous ne nous rendions pas
à 23 h sur une question de règlement.
M. le député de D'Arcy McGee, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: M. le Président, je soumets respectueusement
à votre considération ce qui suit: La motion du
député de Mégantic-Compton était recevable, a
été jugée recevable, a été reçue et a
subi un certain débat.
Le député de Mégantic-Compton est arrivé ce
soir avec une requête qu'il a adressée d'abord à la
présidence et, suivant votre directive préliminaire, à
l'ensemble des membres de cette commission, une requête de pouvoir
substituer une motion différente.
A partir de ce moment-là, immédiatement, le
député-ministre de Saint-Jacques a dit: Je ne donne pas mon
consentement à cette procédure. Vous avez, par courtoisie, permis
au député de Mégantic-Compton d'aller néanmoins
plus loin afin de saisir les membres de la commission de la vraie nature de sa
proposition.
Mais je soumets respectueusement, M. le Président, que nous nous
trouvons en ce moment dans une situation où, à partir du moment
où le député de Mégantic-Compton a formulé
sa re- quête, la réaction des membres de la commission, notamment
du côté ministériel, a été que toute cette
procédure était entachée d'irrégularités et
n'était pas recevable, n'était pas conforme à notre
règlement.
Donc, M. le Président, il me semble que nous nous retrouvons dans
le statu quo ante où le député de Mégantic-Compton
avait le droit de parole sur la motion qu'il avait bel et bien
présentée et qui était en discussion.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Vanier, si je vous accorde la parole cela ne serait
pas... Je regrette. Il est 10 h 25, j'ai dit tantôt quatre minutes. Je
regrette pour tous, je suspends la séance jusqu'à 10 h 30. Nous
reprendrons les travaux de la commission à 10 h 30.
(Suspension de la séance à 22 h 25)
Reprise de la séance à 22 h 35
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je vois que beaucoup de livres de règlements sont sur cette table
et j'indique que, quand la décision sera rendue, on ne pourra invoquer
aucun règlement pour l'attaquer, qu'elle soit bonne ou mauvaise.
La commission, comme l'usage en est établi, a usé de
beaucoup de politesse envers le député de
Mégantic-Compton, ce qui nous a entraîné, dans ce
dédale de procédure où l'on peut se demander si une motion
prise en délibéré peut être retirée.
Cependant, j'admets que j'ai accepté qu'elle soit retirée,
et ceci conformément à deux décisions rendues, depuis que
cette commission siège, à savoir que le proposeur d'une motion en
est maître et peut toujours la retirer sans le consentement ni de la
commission, ni de la présidence.
J'ai suspendu les travaux, parce que, justement, je voulais prendre
quelques minutes, après avoir entendu tous ceux qui se sont
prononcés, tant sur la recevabilité de la motion retirée
que sur l'opportunité de revenir à la motion principale du
député de Mégantic-Compton.
La motion prise en délibéré étant
retirée, il n'y a plus de délibéré. Nous revenons
donc à la motion principale, et je donne la parole à M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je vous remercie, M. le Président. Evidemment,
depuis le dépôt de ma motion, hier soir... Il est peut-être
bon de la faire connaître aux gens qui étaient ici à cette
table et aux autres qui se sont ajoutés: "Que cette motion invite
l'Union des conseils de comtés du Québec à venir expliquer
les..."
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Cardinal):... quand même, je veux
être sage pour tout le monde, pour autant que je puisse l'être. Je
vous ai mentionné tantôt que si nous revenions à votre
première motion, il vous restait deux minutes.
M. Grenier: D'accord, merci. Je vous fais grâce de la
lecture, c'est simplement pour vous dire qu'il y a eu changement d'attitude
dans cette commission. C'est ce qui fait que l'Union Nationale n'a pas
changé d'opinion, mais, étant donné que nous voyons
aujourd'hui, avec un éclairage nouveau, que la commission tire à
sa fin, nous avons voulu présenter tout à l'heure un amendement
qui n'en était pas un et qui n'a pas été reçu. Je
voudrais donc, M. le Président, en terminant l'étude de ma motion
d'hier soir, vous proposer cet amendement qui se lira maintenant comme suit,
sur ma motion...
Le Président (M. Cardinal): Attendez un peu, vous proposez
un amendement à votre propre motion? Non, quand même, je peux
aller loin, mais il y a des limites.
Une Voix: A moins qu'il n'y ait consentement unanime.
M. Charron: II n'y a pas consentement unanime.
M. Grenier: Je m'excuse, dans ce cas-là, il n'y en a
pas.
Mme Lavoie-Roux:... on est d'accord.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, à l'ordre!
Il y a eu une motion principale...
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): II y a eu une motion qu'on a
appelée ce soir, pour fins de procédure de remplacement, mais
vous ne ferez pas un amendement à votre propre motion.
M. Grenier: D'accord. Je m'excuse, M. le Président. Je
dois admettre que l'Union Nationale n'a peut-être pas dans sa
députation son procédurier que nous regrettons beaucoup dans des
moments comme ce soir, la batterie du Parti libéral est plus
considérable, de même que celle du Parti québécois.
Je voudrais que vous teniez compte de ces choses. Sur la motion principale que
j'avais hier, alors qu'il ne me restait que deux minutes, je dois vous dire que
je la retiens comme telle et je vous dis qu'elle a sa valeur. A partir de
maintenant, je laisse la parole aux autres députés que vous
voudrez bien entendre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je n'en doute pas. Merci, M.
le député de Mégantic-Compton. M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Pourrais-je vous
demander, avant de commencer, combien de minutes il me reste? Vous l'avez
indiqué...
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai indiqué
tantôt. Attendez un peu. Il faudrait que je retourne...
Mme Lavoie-Roux: II avait parlé cinq minutes.
Le Président (M. Cardinal): Oui, vous aviez parlé
cinq minutes et il vous reste quinze minutes.
Motion d'amendement
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Ce n'est pas que je
voudrais nécessairement prendre les quinze minutes, mais simplement pour
me gouverner dans l'utilisation de mon droit de parole.
Je vous ai indiqué sur cette motion du député de
Mégantic-Compton qu'à mon sens, il y a une importance assez
particulière à entendre les représentants du monde rural,
et notamment parce que nous disons toujours que le palier municipal de
l'administration publique est celui qui est le plus près de la
population. Si cela peut être vrai en principe, pour l'ensemble des
municipalités, cette vérité est moins perceptible quand il
s'agit d'une grande métropole. Quand il s'agit d'une petite
municipalité rurale, et je vous rappelle qu'au Québec, il y a
à peu près les trois quarts de nos municipalités qui ont
moins de 1000 âmes de population... Nous avons donc des entités
qui sont peut-être grandes en territoire, mais petites en ce qui concerne
leur population. Quand les dirigeants municipaux, quand les élus du
peuple quittent leur maison, ils sont nécessairement et
immédiatement en contact avec cette population. Je suggère, en
vertu d'une certaine expérience dans ce domaine, que dans une ville
comme Montréal, dans une ville comme Québec et ce n'est
pas péjoratif, ce que je vais dire les citoyens n'ont pas une
tendance générale à s'en aller de chez eux vers
l'hôtel de ville se présenter à l'hôtel de
ville, à demander des renseignements, à faire valoir leurs points
de vue sur des mesures proposées par ces mêmes autorités
municipales. Dans les municipalités rurales, il y a un contact qui est
quotidien, il y a une coutume, une habitude généralisée
d'aller voir les dirigeants municipaux pour discuter avec eux de questions qui
préoccupent les administrés. S'il y a une question qui
préoccupe tous les Québécois, et par la force des choses
ce n'était peut-être pas toujours le cas mais par la
force des choses, c'est devenu le cas, c'est bien la question linguistique.
Dans l'administration courante d'une entité municipale, les
communications sont importantes pour la vie quotidienne des citoyens. Si ces
citoyens ne peuvent recevoir leurs communications et leurs services dans une
forme et donc dans une langue qui leur sont compréhensibles, il y a un
affaiblissement, non seulement de la valeur de cette administration locale,
mais du sens même de ce vieux principe que ce palier d'administration est
le plus près du peuple.
Connaissant les municipalités rurales du Québec, M. le
Président, je suis en mesure d'affirmer que, même si,
individuellement, elles sont dirigées par des personnes qui connaissent
leur population, qui connaissent leur administration et qui sont capables de
bien s'exprimer sur les problèmes qui peuvent se présenter, il
faut dire que, contrairement aux grandes villes, ces municipalités sont
presque toutes dirigées par des personnes qui doivent gagner leur vie
à faire autre chose. C'est pour cette raison que l'Union des conseils de
comté a une telle importance dans l'économie de l'administration
municipale. Ce n'est pas désobligeant à l'endroit de l'Union des
municipalités du Québec de dire que ce dernier organisme n'a pas
tout à fait la même importance par rapport à ses membres
parce que les cités et villes sont généralement en mesure
de s'exprimer convenablement et individuellement. Mais, les
municipalités rurales, qui représentent une proportion importante
de notre population, se fient énormément à leur conseil de
comté et encore davantage à l'Union des conseils de comté
pour exprimer leur point de vue.
J'ai participé activement à plusieurs congrès
annuels de l'union et à un congrès spécial, assez
mémorable, quelques jours après mon accession au titre et
à la responsabilité de ministre des Affaires municipales. C'est
ainsi que j'ai été en mesure, que je suis en mesure
d'apprécier la valeur de cet organisme et son importance pour ses
membres. Je suggère respectueusement, M. le Président, que le
fait, pour cette commission parlementaire, de ne pas entendre l'Union des
conseils de comté du Québec serait un geste désobligeant
à l'endroit du milieu rural et de sa population, et justement pour les
raisons que j'ai déjà invoquées. Parce que cette
population, dans ses communications avec ses dirigeants, veut être en
mesure de travailler, de transiger à son aise, ne veut pas être
prise dans des tracasseries inutiles.
Il y a une réalité qu'il faut reconnaître et cette
réalité a voulu, selon cette tendance bien humaine que nous avons
peut-être en majorité, de graviter vers des semblables... C'est
ainsi, notamment sur le plan linguistique, qu'il y a dans les grandes villes
des quartiers à forte prépondérance de langue
française, d'autres quartiers à forte prépondérance
de langue anglaise et, dans le cas des municipalités rurales, il y a des
municipalités entières qui, par cette force de gravité,
sont devenues, à toutes fins pratiques, ou bien francophones ou bien
anglophones. Et puisque nous avons devant l'Assemblée nationale, devant
cette commission parlementaire, un projet de loi qui vise à renforcer,
à protéger la langue française au Québec, nous
devons, en toute justice, être vigilants à notre propre endroit,
comme législateurs.
Nous devons nous assurer que, par l'adoption d'une loi qui vise un but
que nous acceptons, je crois, à l'unanimité ou presque je
ne parle pas pour d'autres que les membres de la formation dont je fais partie
le principe fondamental, le but visé ne souffre plus de
discussion; mais, par un projet de loi qui vise cet objectif accepté,
nous ne devons pas brimer les droits de qui que ce soit, et je ne parle
même pas de droits, je parle d'une réalité de vie
quotidienne, nous ne devons pas compliquer inutilement la vie quotidienne de
citoyens qui veulent transiger, normalement et facilement, avec leur
administration municipale.
M. le Président, quelques collègues à cette table
ont soulevé le fait que l'Union des conseils de comté du
Québec n'a pas posé de geste pour demander d'être entendue.
Je vous avoue que j'aurais pu c'est une chose qui s'est
déjà vue dans les annales politiques du Québec
prendre le téléphone, appeler le président de l'Union des
conseils de comté du Québec, appeler plusieurs des préfets
de comté et susciter une action, faire envoyer un
télégramme à cette commission parlementaire nous
avons effectivement reçu des télégrammes de divers
organismes j'aurais pu susciter un tel geste. J'aurais pu faire demander
par l'Union des conseils de comté une occasion exceptionnelle
d'être entendue devant la commission parlementaire ou plus simplement
l'acceptation de cette invitation proposée par la motion du
député de Mégantic-Compton.
Je n'ai pas voulu agir de cette façon, même si je dois
conserver dans mon for intérieur quelques soupçons quant à
l'initiative prise par diverses personnes pour faire présenter des
opinions devant cette commission parlementaire. Je pense que la motion
présentée par le député de Mégantic-Compton
suffit, devrait suffire pour convaincre les membres de cette commission
parlementaire d'accepter d'entendre et je suis convaincu de
l'acceptation de l'Union des conseils de comté cet organisme.
Alors, M. le Président, mon temps de parole tire à sa fin. Je
voudrais terminer en proposant un amendement qui aurait pour effet, très
simplement, d'ajouter, à la fin de la motion du député de
Mégantic-Compton, les mots suivants: le 19 juillet 1977. Merci, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
recevabilité, est-ce que vous allez poser des questions à cette
commission?
M. Charron: M. le Président, il n'y a pas deux minutes de
questions sur la recevabilité. Le député de D'Arcy McGee
vient de nous farcir un dix minutes sur une motion qui devait
nécessairement être recevable.
M. Goldbloom: Ce que le député de Saint-Jacques n'a
jamais fait de sa vie.
M. Lalonde: Non, jamais.
M. Goldbloom: Jamais. La vierge offensée! Ah! J'ai mon
voyage.
M. Lalonde: On va vous en donner.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs les députés!
M. Charron: Mais pas du tout. Les propos insignifiants du
député de D'Arcy McGee, on peut en entendre encore, ce sont des
droits propres à l'Opposition de les fournir.
M. Goldbloom: Toujours des insultes! C'est le style du
député de Saint-Jacques. Quel honneur pour l'Assemblée
nationale! J'ai mon voyage.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs les députés!
M. Goldbloom: C'est dégoûtant!
M. Charron: Nous sommes disposés à les
entendre.
M. Goldbloom: J'ai mon voyage!
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs les députés!
M. Charron: Les Québécois l'ont eu de vous bien
avant que vous l'ayez de moi.
M. Lalonde: Ce ne sera pas long qu'ils vont l'avoir de vous
aussi.
M. Charron: Allez-y.
Le Président (M. Dussault): Je demanderais, s'il vous
plaît, votre collaboration. Il reste quelques minutes. Il me semble qu'il
faudrait terminer cela dans le calme. Etant donné cette demande
d'amendement, je vais suspendre les travaux de la commission pendant une minute
avant de rendre une décision sur cet amendement.
(Suspension de la séance à 22 h 54)
Reprise de la séance à 22 h 55
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je demanderais aux députés de reprendre leur place. M. le
député de D'Arcy McGee soumettait un amendement à la
proposition, à savoir ajouter à la fin de la motion les mots: "Le
19 juillet 1977" et je déclare que cet amendement est recevable.
M. Chevrette: Vingt minutes là-dessus, c'est brillant.
Le Président (M. Dussault): Cela veut donc dire maintenant
que le débat doit se faire sur cet amendement.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. Chevrette:
D'après le règlement...
M. Bertrand: M. le Président, une directive, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Est-ce que vous allez permettre que le débat
se fasse uniquement sur une date? Allez-vous bien vérifier qu'il ne
porte que là-dessus?
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Vanier, le débat ne se fera que sur
l'amendement, à savoir la date du 19 juillet 1977.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux commencer?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. Si je suis bien informé, la parole était au
député de Mont-Royal en lui rappelant que dans deux minutes, je
devrai ajourner le débat sur la motion d'amendement.
M. Ciaccia: M. le Président, nous avons devant nous un
amendement du député de D'Arcy McGee sur la motion principale du
député de Mégantic-Compton demandant que l'Union des
conseils de comté du Québec...
M. Laplante: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant.
M. Laplante: Est-ce que vous pourriez nous lire l'amendement?
Le Président (M. Cardinal): Justement, j'étais pour
intervenir... à l'ordre, s'il vous plaît. Il n'y a rien de
dilatoire là-dedans, le règlement exige que toute motion soit
remise par écrit au président. Je demande que la motion
d'amendement me soit remise par écrit, s'il vous plaît. Un
instant, s'il vous plaît.
J'ai toujours agi de la même façon, ce qui est parfaitement
recevable.
Merci. L'amendement se lit comme suit: "En ajoutant à la motion
principale, à la fin de la motion, les mots "le 19 juillet 1977".
Il vous reste trente secondes, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je vais commencer ce soir, je terminerai demain. Le
19 juillet, M. le Président, c'est un mardi.
Le Président (M. Cardinal): Sur ce, M. le
député de Mont-Royal, permettez que j'ajourne les travaux
à demain, dix heures.
Les travaux de cette commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 59)
ANNEXE 1 (1)
Mémoire
Présenté par l'Ordre des
Ingénieurs du Québec
à
la commission parlementaire d'étude du projet
de loi no 1
Charte de la langue française au
Québec
Avant-propos
En mai dernier, l'Ordre des ingénieurs a fait un sondage
d'opinion auprès de ses membres domiciliés au Québec dans
le but de connaître leur réaction face au projet de loi no 1 sur
la langue française et d'en faire part au gouvernement sous forme de
mémoire.
Le sondage est basé sur un échantillon de 2,000
ingénieurs travaillant, à divers niveaux de
responsabilités, dans les secteurs de l'industrie privée, de la
fonction publique, de l'enseignement et du génie-conseil.
Le souci d'une méthodologie rigoureusement scientifique a
présidé à la conception du questionnaire. La compilation
des réponses a été confiée à la firme
"Sondage d'opinion du Québec".
Comme en fait foi le taux de participation, 58% de réponses dans
les six jours ouvrables suivant l'envoi, ce sondage exprime bien
l'intérêt de nos membres pour cette importante question qu'est la
langue française. D'ailleurs, ils ont clairement exprimé,
à travers ce sondage, leur désir que l'Ordre se prononce
publiquement.
Le présent mémoire est donc l'expression même d'un
groupe de citoyens québécois et non celle de personnes prises
individuellement. C'est en cela sans doute qu'il puise son originalité
et qu'il mérite une attention particulière.
Mémoire
L'Ordre des ingénieurs, le 30 avril 1977, comptait 19,753 membres
actifs, dont 18,184 domiciliés au Québec, soit 62% de
francophones et 38% d'anglophones.
Nous avons recueilli l'opinion de 1,168 ingénieurs
domiciliés au Québec: 56% francophones et 44% anglophones. Nous
sommes convaincus que les résultats, dans les deux cas, sont fiables
à cause d'abord de la méthode aléatoire de
sélection et, ensuite, du taux élevé de réponses
(58%), au moment de la rédaction de ce mémoire.
Pessimisme justifié
Notre sondage démontre que les ingénieurs ont une bonne
connaissance du projet de loi no 1, que leurs inquiétudes sur le plan
personnel sont relativement faibles, tandis qu'à leur avis les
conséquences socio-économiques du projet, dans sa forme actuelle,
pourraient être importantes surtout sur le plan d'une baisse du niveau de
vie au Québec. Notons, au passage, que ce pessimisme est justifié
par les conséquences et non les principes du projet de loi. En effet,
57% des ingénieurs francophones pensent que le projet de loi est "un pas
en avant" pour le Québec, tandis que 39% de ce même groupe et 95%
d'anglophones sont d'avis contraire.
D'autre part, les ingénieurs, tant francophones qu'anglophones,
reconnaissent que le projet n'aura pas d'effets positifs, du moins à
court terme, sur l'économie du Québec. A long terme, cependant,
le groupe francophone est légèrement plus optimiste: 40%
anticipent un effet positif d'une telle loi sur l'économie.
Conséquences du projet de loi no 1
Toutefois, une très forte proportion d'ingénieurs ressent
des inquiétudes vis-à-vis des conséquences du projet de
loi no 1: 71% des anglophones et 26% des francophones prévoient un exode
important des firmes de génie du Québec; 54% des anglophones et
19% des francophones craignent un effet défavorable dans leur milieu de
travail d'ici cinq ans et 49% d'anglophones quitteraient "probablement" ou
"certainement" le Québec si une telle loi entrait en vigueur.
Par ailleurs, les deux groupes croient que les perspectives d'emplois
pour les francophones vont s'améliorer si cette loi est
adoptée.
Modalités d'application répressives
Malgré certaines réticences sur le plan des
modalités, on sent chez les ingénieurs une très grande
sympathie vis-à-vis des objectifs poursuivis par le projet de loi,
à savoir un Québec plus intensément français. On se
demande alors pourquoi le gouvernement, dans les détails, procède
comme si la majorité des Québécois étaient contre
les objectifs du projet de loi.
Par contre, presque tous les ingénieurs de l'échantillon
reconnaissent que l'anglais est "utile" ou "nécessaire" dans leur
formation et dans la pratique du génie. Actuellement, 81% des
répondants prétendent avoir une connaissance de la seconde langue
qui est "suffisante" ou "excellente".
On ressent toutefois une inquiétude de la part des deux groupes
linguistiques quant à une trop grande bureaucratisation du
système gouvernemental. Aussi posons-nous la question suivante à
la Commission: Faut-il réellement s'aventurer à mettre sur pied
une nouvelle et imposante bureaucratie, qui elle-même risquerait
d'être incontrôlable? Et que dire du mandat extrêmement
rigide qui lui donne le pouvoir d'accorder aux entreprises des permis
d'opération, d'y procéder systématiquement à
l'inspection et de s'assurer que partout au Québec le programme de
francisation soit appliqué?
Le succès qu'ont connu le syndic et les enquêteurs de
l'Ordre des ingénieurs à faire respecter les lois et les
règlements régissant la pratique du génie au
Québec, nous font préconiser une approche similaire dans le cas
du projet de loi no 1.
Il eût sans doute été plus simple et, certainement,
moins coûteux aux contribuables que la Loi no 1 proclame les droits
linguistiques des Québécois et qu'il leur donne accès
à un système de redressement équitable et rapide.
Nous espérons donc que d'une façon générale
le projet sera amendé pour faire plus confiance aux citoyens et que les
mesures qu'il propose cadreront davantage avec des droits déjà
acquis au Québec.
Education
Même si les média d'information en ont fait grand
état, le domaine de l'éducation n'est pas un des principaux
sujets d'inquiétudes des ingénieurs vis-à-vis du projet de
loi no 1. Le sondage indique, par contre, la très grande importance que
les ingénieurs accordent à la connaissance de l'anglais dans leur
formation et la pratique de leur profession. L'anglais, nul ne l'ignore
aujourd'hui, est la langue des affaires à travers le monde. L'on sait
que le gouvernement a l'intention de renforcer l'enseignement de cette langue
dans les écoles publiques francophones. Il est impensable que dans le
contexte international les ingénieurs québécois ne
puissent pratiquer et rivaliser sur le plan technologique sans avoir une
connaissance adéquate des deux langues.
Comité de francisation
Même si le sujet n'a pas été abordé par le
questionnaire, l'idée de créer un comité de francisation
dans l'entreprise, de caractère interdépartemental nous
paraît excellente. Les communications à l'intérieur de
l'entreprise n'en seront qu'améliorées et, par conséquent,
elles pourraient stimuler la productivité au Québec. Vu la
diversité des entreprises au Québec, il serait
préférable que la composition de ce comité ne soit pas
édictée, quitte à la soumettre à l'approbation de
l'Office de la langue française, et que le comité ait une
fonction de coordonnateur et de conseiller plutôt que celle que lui
accorde le projet de loi. Il est donc essentiel que l'entreprise
québécoise puisse demeurer compétitive et que sa
francisation réponde à ce souci.
Les sièges sociaux
La quantité et la qualité d'emplois disponibles aux
Québécois dépendent, dans une certaine mesure, de la
présence et du développement des sièges sociaux tant
à caractère national qu'international au Québec. Il y va
donc de l'intérêt économique de la province de rendre
alléchante l'invitation à ce type d'entreprise de s'installer au
Québec, ce qui freinerait ou empêcherait carrément l'exode
amorcé ou anticipé que nous indique le sondage. Le Québec
pourrait être un important carrefour d'activités commerciales et
industrielles bien plus important qu'il ne l'est actuellement, par sa situation
géographique, la richesse de ses ressources naturelles, son
originalité culturelle, son énorme potentiel
économique.
Pour atteindre cet objectif, la future loi devrait faire preuve d'un peu
plus d'originalité que son projet actuel. Il semble y avoir nombre de
modalités contraignantes qui, en effet, n'ont rien à faire avec
la francisation du Québec. On laisse aux chefs d'entreprises le soin de
les souligner. Par contre, les législateurs pourraient eux-mêmes
concevoir certaines mesures incitatives. De telles mesures, certains pays les
appliquent d'ailleurs, surtout pour encourager l'implantation chez eux
d'entreprises étrangères en mettant à leur disposition des
zones franches. N'y aurait-il pas lieu, dans le cas du Québec, surtout
dans des régions peu développées mais disposant de moyens
de communication, d'instaurer des zones d'exception qui permettraient aux
entreprises, dont le commerce est international, de s'y installer sans
être directement touchées par le programme de francisation
ni avoir besoin du permis d'opération. Bref, ces entreprises ne
devraient pas tomber sous le coup de la future loi sur la langue
française.
Le rôle de l'OIQ
La moitié des répondants francophones (51%) et la
majorité (96%) des anglophones ne sont pas d'accord que l'ordre
communique exclusivement en français avec ses membres et le public.
Les trois quarts de l'échantillon estiment plutôt que
"toute communication entre l'Ordre et ses membres peut être faite dans
l'une ou l'autre des langues officielles du Canada".
Ainsi, le mandat de l'OIQ, tel que défini par ses membres, est
clair: la majorité des membres appuierait la politique courante de
l'Ordre, soit de "fournir aux membres anglophones, tous les documents officiels
(79%), les textes de lois et règlements de l'Ordre (82%), dans une
version anglaise".
La langue de communication des ordres professionnels
Nul doute que les ordres professionnels doivent assumer pleinement leurs
responsabilités dans l'intégration de leurs membres à la
réalité québécoise. Cette volonté, nos
membres eux-mêmes nous l'ont indiquée. Et si l'article 27 n'exclut
pas l'utilisation d'autres langues, en particulier l'anglais, nos commentaires
s'arrêtent là.
Si, par contre, la volonté du gouvernement est que les ordres
professionnels communiquent uniquement en français avec leurs membres
ainsi qu'avec le public, cette mesure nous paraît aller à l'en-
contre de l'intérêt des Québécois. Si
l'administration publique elle-même trouve irréaliste de se plier
à cette exigence, les ordres professionnels, dont une des principales
responsabilités est de voir à ce que les lois et les
règlements régissant la pratique soient compris et
observés, pourraient fort bien l'imiter.
La langue de certains organismes parapublics
Le chapitre du projet de loi qui traite de la langue de certains
organismes parapublics nous touche dans notre fonctionnement organique et
technique et, plus particulièrement, dans notre rôle précis
d'émission des permis de pratique.
Nous croyons que les conditions d'obtention de permis de pratique,
autres que la langue, sont du ressort du Code des professions et de la Loi
particulière de chaque ordre professionnel et ne devraient pas se
trouver de quelque façon dans une autre loi. Nous référons
ici aux mots "autorisés à exercer leur profession en vertu des
lois d'une autre province ou d'un autre pays" dans le premier alinéa de
l'article 32. Ces mots n'ajoutent rien de valable à l'article. Au
contraire, à cause du grand nombre de pays sans loi autorisant
l'exercice du génie ou autre profession, tout immigrant de ces pays ne
pourrait obtenir un permis temporaire.
Par ailleurs, et tout en respectant la primauté de la langue
française, le projet devrait tenir compte de la difficulté
certaine d'apprendre la langue française, surtout pour les
ingénieurs à cause de la nature de leur travail qui les oblige
à une grande mobilité. Nous suggérons donc que la
période minimale de validité soit de deux ans plutôt qu'un;
à ce moment, on pourrait limiter la possibilité de renouvellement
du permis à une seule fois au lieu de deux.
Le chapitre V du projet de loi ne couvre d'aucune façon
l'exercice temporaire de professions par des personnes non domiciliées
au Québec mais qui y viennent de temps à autre soit à
titre d'experts, soit à titre de consultants dans le contexte d'un
travail ou d'un projet bien spécifique, ou même qui ne viennent
pas au Québec mais posent des actes professionnels nécessitant la
sanction de l'Ordre professionnel.
Selon la Loi des ingénieurs, ne peuvent être admis à
l'Ordre que les personnes domiciliées au Québec, ou encore,
domiciliées dans une province contiguë mais travaillant
continuellement au Québec. Lorsque des experts, spécialistes ou
consultants domiciliés hors du Québec sont engagés pour
des projets spécifiques situés au Québec, la Loi des
ingénieurs nous autorise présentement à accorder une
licence temporaire valide pour chaque projet spécifique, et ce, pour la
durée du projet. Le Code des professions reconnaît ce besoin en
autorisant l'émission d'"autorisations spéciales" valides pour
trois mois, durée nettement insuffisante pour un projet
d'ingénierie.
Si les articles 30 et 32 du projet de Loi entendent inclure tous les
permis, licences et autorisations spéciales, nous sommes alors d'avis
qu'il y a nécessité d'ajouter un article 32 a) qui pourrait se
lire comme suit: "32 a) Sous réserve des conditions imposées dans
leurs lois particulières, les ordres professionnels peuvent accorder des
autorisations spéciales aux personnes possédant les
qualifications professionnelles requises, mais qui ne sont pas
domiciliées au Québec et n'y pratiquent pas leur profession de
façon continue".
Il est certain que nous devrons toujours avoir recours occasionnellement
à des ingénieurs de l'extérieur du Québec et qu'ils
seront généralement anglophones. Chez les ingénieurs
canadiens, il
existe des ententes qui permettent justement ces échanges entre
provinces et qui ont été jusqu'ici favorables au
Québec.
L'industrie du génie-conseil
Certains des articles du projet de loi apportent des restrictions
sérieuses dans le fonctionnement de firmes qui oeuvrent principalement
sur le marché international en ce qui concerne la langue des affaires et
l'engagement de personnel compétent pour faire le travail en ce
domaine.
La majorité des firmes de génie-conseil de grande à
moyenne envergure vit surtout des contrats accordés par d'autres pays.
Les choses étant ce qu'elles sont, ces contrats se déroulent
majoritairement en anglais, qui est soit la langue du client, soit la langue
des affaires. Il s'ensuit que, même si la langue de travail au sein Je la
firme québécoise peut être le français, tous les
documents techniques et toutes les négociations se font dans une autre
langue. Il en va ainsi de certains secteurs de l'ingénierie où la
langue internationale reconnue n'est pas le français.
Réputation internationale
Le Québec doit être fier à juste titre de la force
et de la réputation de ses firmes de génie-conseil: dans ce
domaine, le Québec possède la prépondérance en
regard des autres provinces. Les firmes québécoises jouissent
d'une réputation internationale, elles doivent s'alimenter à
même les meilleurs talents, où qu'ils se trouvent, pour
prospérer et continuer à fonctionner. La présence de ce
secteur n'est pas négligeable au Québec, car les
répercussions de ses activités sont nombreuses sur
l'économie de toute la province. Avec ses 11,000 employés, dont
plus de 3,000 ingénieurs, le secteur du génie-conseil apporte
à l'économie $150 millions en salaires par année,
achète au Québec pour $75 millions de fournitures et exporte pour
$200 millions de produits du Québec; les effets secondaires et indirects
des activités de ce secteur au Québec se comptabilisent mal, mais
sont d'importance majeure.
Objet de promotion et de fierté
Si ces firmes de génie-conseil ne peuvent se procurer l'expertise
nécessaire à leur fonctionnement et si elles ne peuvent continuer
à concurrencer les firmes hors du Québec à cause de
restrictions imposées par le projet de loi sur la langue, il est certain
que le Québec en souffrira. Le client ne cherche pas les
difficultés, il ira ailleurs; le spécialiste dont on a besoin
pour obtenir tel contrat ne cherche pas non plus les difficultés et il
ira aussi ailleurs puisque ses services sont en demande. Tout en respectant le
principe de la primauté de la langue française, le Québec
doit faire face aux réalités de son existence dans une mer
d'anglophones et d'une économie liée inévitablement
à des contingences où la langue ne tient pas la première
place.
La Charte de la langue française ne doit pas être un
épouvantail, mais bien un outil de promotion et de fierté pour
tous les Québécois.
Référer à la version PDF page CLF-1551
Analyse des résultats du sondage
Composition de l'échantillon
L'Ordre, en date du 31 mars 1977, comptait 19 747 membres actifs
répartis à travers le monde; de cette population mondiale, 59%
sont francophones pour 41% d'anglophones. De ce nombre 18 184 ingénieurs
sont domiciliés au Québec dont 62% sont francophones.
Nous avons fait parvenir un questionnaire aux 2000 membres
sélectionnés aléatoirement pour l'échantillon de ce
sondage. Au moment de rédiger ce rapport, nous avions reçu un
total de 1168 réponses. Les résultats que nous vous
présentons ici s'appuient donc sur la compilation de ces
données.
Le tableau ci-dessous démontre la composition de
l'échantillon par région, secteur de travail, et âge.
Référer à la version PDF page CLF-1552
Utilisation du français dans le milieu de
travail
Pour 78% des francophones et 23% des anglophones, le français est
la langue principale dans le milieu de travail des ingénieurs de
l'échantillon; 84% des francophones et 20% des anglophones admettent
parler français tout le temps ou la plupart du temps.
Référer à la version PDF page CLF-1553
Connaissance de la seconde langue
Selon les répondants francophones, 7% seulement ont une "faible"
connaissance de la langue anglaise; parmi eux, 44% et 49% estiment leur
connaissance "suffisante" et "excellente".
Chez les anglophones, par ailleurs, 33% avouent avoir une "faible"
connaissance du français, 48% jugent leur connaissance "suffisante" et
18% "excellente".
Référer à la version PDF page CLF-1554
Utilité de l'anglais
Les ingénieurs de l'échantillon évaluent hautement
la connaissance de l'anglais tant dans leur formation que dans la pratique
même du génie. En effet, presque la totalité des
répondants, soit 98%, reconnaît que l'anglais est "utile" et
"nécessaire" dans la formation d'un ingénieur et la pratique du
génie.
Référer à la version PDF page CLF-1555
Connaissance du projet de loi
Presque tous les membres de l'échantillon (97%), tant
francophones qu'anglophones, connaissent le projet de loi no 1 dans ses grandes
lignes. Par ailleurs, les résultats indiquent que 55% des anglophones et
37% des francophones ont lu intégralement le texte de ce projet de
loi.
Référer à la version PDF page CLF-1556
Inquiétudes
Presque tous les anglophones et une forte proportion de francophones
(80%) ressentent des Inquietudes vis-à-vis du projet de Loi sur la
langue française et notamment quant aux conséquences
possibles.
C'est principalement au chapitre de l'économie au Québec
que les francophones (53%) et les anglophones (83%) craignent le plus.
En outre, 62% des anglophones et 29% des francophones sont inquiets des
répercussions du projet de Loi sur l'unité canadienne.
Mentionnons également que "les droits de la minorité"
inquiètent bon nombre d'anglophones (64%).
Référer à la version PDF page CLF-1557
Modalités d'application
La majorité des répondants principalement les anglophones
(84%), par rapport à 39% des francophones, considère
"répressives" les modalités d'application du projet de Loi. Par
ailleurs, 43% des francophones et 47% d'anglophones jugent ces modalités
"équitables".
En ce qui a trait au contrôle du gouvernement chargé de
veiller à l'application de la Loi, 40% des francophones et 87% des
anglophones trouvent ce système de contrôle
"exagéré", alors que 48% des francophones considèrent
qu'il est "nécessaire et adéquat".
Référer à la version PDF page CLF-1558
Référer à la version PDF page CLF-1559
Effets sur l'économie
Près de la moitié des répondants pensent que, si ce
projet de loi était voté tel quel, il aurait un effet
négatif à court (47%) et à long terme (52%) sur
l'économie du Québec, les anglophones étant à ce
sujet beaucoup plus pessimistes que les francophones: 61% des anglophones
contre 37% chez les francophones anticipent un effet négatif à
court terme, alors que 82% contre 31% y voient un effet négatif à
long terme. Par ailleurs, 40% des francophones estiment, qu'à long
terme, une telle loi aurait un effet positif.
Les opinions sont partagées en ce qui a trait à
l'éventuel exode des firmes d'ingénieurs du Québec: 71%
des francophones ne croyant pas qu'il y aura un exode important si une telle
loi entrait en vigueur, tandis que 73% des anglophones croient le
contraire.
Cependant, près des trois quarts (73%) dont 93% des anglophones
de l'échantillon admettent la possibilité qu'une telle loi puisse
avoir des répercussions sur les perspectives d'emploi en
génie.
Référer à la version PDF page CLF-1560
Conséquences personnelles
Si un tel projet de Loi entrait en vigueur, 54% des anglophones et 19%
des francophones craignent que cela ne les affecte défavorablement dans
leur travail d'ici les cinq prochaines années. La majorité des
francophones, cependant, croit que cela pourrait avoir un effet favorable (28%)
ou n'avoir aucun effet (50%), une comparaison avec 14% et 30% chez les
anglophones.
De même, les répondants diffèrent d'opinion selon la
langue sur la question de l'accessibilité d'un plus grand nombre de
francophones aux postes supérieurs à la suite de la mise en
vigueur de cette Loi: 63% des francophones pensent que ce sera le cas alors que
64% des anglophones sont d'un avis contraire.
Presque la moitié des répondants anglophones (46%) se
sentent menacés par le projet de Loi. En plus, la moitié des
répondants anglophones anticipent de "quitter probablement (40%) ou
"certainement (9%)" le Québec" si une telle Loi entrait en vigueur.
Chez les francophones, comme on s'y attendait, 7% seulement se sentent
menacés et prévoiraient quitter le Québec (6%) si le
projet de Loi devenait Loi.
Référer à la version PDF page CLF-1561
Référer à la version PDF page CLF-1562
Conséquences générales
Une très faible proportion d'anglophones (4%) estime que le
projet de Loi no 1, dans sa forme actuelle, constitue un pas en avant pour le
Québec, comparativement à 57% chez les francophones.
Quant aux conséquences probables du projet de Loi, les
répondants envisagent plutôt des conséquences
négatives telles "une baisse du niveau de vie au Québec", "une
perte des libertés civiles" et "une plus grande bureaucratisation du
système gouvernemental". Très peu de répondants, tant
francophones qu'anglophones, croient à un Québec plus
démocratique (9%) et à "une amélioration des
communications entre les Québécois" (12%) comme
conséquences d'un tel projet de Loi.
Les anglophones, pour leur part, craignent "une perte des
libertés civiles" (80%) et "une baisse du niveau de vie au
Québec" (79%).
De leur côté, les francophones croient que ce projet de Loi
améliorerait "leurs perspectives d'emploi" (39%) tout en reconnaissant
une éventuelle "baisse du niveau de vie au Québec (35%).
Référer à la version PDF page CLF-1563
Faisabilité d'un Québec
français
La presque totalité des répondants (90%) admet que "tout
ingénieur non-francophone qui travaille ou désire s'installer au
Québec devrait acquérir une connaissance suffisante du
français".
Par contre, quant au temps requis pour apprendre le français, les
opinions sont partagées: 65% pensent que trois ans est un laps de temps
suffisant: 34% croient qu'il faut plus de trois ans à un
ingénieur qui travaille pour apprendre le français. Les
résultats montrent, par ailleurs, que ce sont les anglophones (50%) qui
estiment que trois ans est une période insuffisante pour
l'apprentissage.
D'autre part, 74% des anglophones pensent que la firme pour laquelle ils
travaillent ne pourrait fonctionner uniquement en français au
Québec. Les francophones ne sont pas tout à fait de cet avis
puisque 69% pensent qu'il est possible que leur firme opère uniquement
en français au Québec.
Référer à la version PDF page CLF-1564
Rôle de l'OIQ
Le but de ce sondage étant de consulter les membres de l'OIQ afin
de déterminer l'action que cet organisme devait entreprendre; les
résultats nous donnent deux instructions claires: "l'Ordre devrait se
prononcer publiquement sur le projet de Loi no 1 et présenter un
mémoire au gouvernement".
La moitié des répondants francophones (51%) et la
majorité (96%) des anglophones ne sont pas d'accord pour que "l'Ordre
communique exclusivement en français avec ses membres et le public."
Les trois quarts de l'échantillon estiment plutôt que
"toute communication entre l'Ordre et ses membres peut être faite dans
l'une ou l'autre des langues officielles du Canada".
Ainsi, le mandat de l'OIQ, tel que défini par ses membres, est
clair: la majorité des membres appuierait la politique de l'Ordre, soit
de "fournir aux membres anglophones, tous les documents officiels (79%), les
textes de lois et les règlements de l'Ordre (82%), dans une version
anglaise."
Référer à la version PDF page CLF-1565
Référer à la version PDF page CLF-1566
(ANNEXE A)
L'Ordre des ingénieurs du Québec:
Rôle et structures
L'Ordre des ingénieurs du Québec est le seul organisme qui
représente tous les ingénieurs en tant que professionnels et
aussi la seule autorité qui régit l'exercice de cette profession
au Québec.
Historique
Fondé en 1920, sous l'appellation de la Corporation des
ingénieurs professionnels du Québec, l'Ordre a comme raison
principale la protection du public, c'est-à-dire qu'il veille à
ce que seules des personnes qualifiées soient admises à la
pratique du génie dans la province. Il s'emploie, en outre, à
inculquer à ses membres le sentiment légitime d'appartenir
à une véritable profession, à favoriser l'évolution
de la profession en collaboration avec les facultés de génie, les
sociétés savantes, les divers organismes ou groupements
socio-économiques.
Législation
Tout comme les autres corporations professionnelles au Québec,
l'OIQ est régi par le Code des professions, de même que par une
loi qui lui est propre, la Loi des ingénieurs: ses membres sont soumis
à un ensemble de règlements dont un Code de
déontologie.
Administration
Le conseil d'administration de l'OIQ s'appelle le Bureau; il est
composé de vingt-quatre administrateurs, dont quatre sont nommés
par l'Office des professions afin d'v représenter le public; les vingt
autres sont élus par les membres dans sept régions
électorales. Un comité administratif formé de cinq
administrateurs s'occupe des affaires courantes de l'Ordre.
Siège social
Le siège social de l'Ordre des ingénieurs du Québec
est situé au 2075 University, bureau 1100, Montréal. Le
secrétariat comptait, au début du mois d'avril 1977, 39
employés permanents, dont 19 occupent des postes de cadre. Le
secrétariat est placé sous l'autorité du directeur
général, et les services qui y sont groupés se divisent en
cinq secteurs distincts: le Service d'admission et d'enregistrement, le Service
des affaires juridiques, le Service des communications, les Services aux
membres et le Service des affaires administratives.
Effectifs
L'OIQ regroupe actuellement quelque 20,000 membres. Les francophones
(58.5%) y sont plus nombreux que les anglophones (41.5%). On évalue
à près de 15% ceux qui pratiquent à titre
d'ingénieurs-conseils, soit comme employeurs ou comme employés.
La majorité des membres de l'OIQ sont à l'emploi d'entreprises
privées, publiques ou parapubliques: 60% des membres oeuvrent dans
l'industrie.
Conseil canadien des ingénieurs
L'OIQ compte parmi les onze associations constituantes du Conseil
canadien des ingénieurs, les autres associations professionnelles
regroupant les ingénieurs des autres provinces canadiennes et du
Territoire du Yukon: le siège social du Conseil canadien se trouve
à Ottawa.
Administration des procédures d'admission à l'exercice de
la profession
La profession d'ingénieur, par ses associations professionnelles
provinciales, a établi des procédures régissant
l'admission des personnes qualifiées à l'exercice de la
profession d'ingénieur.
Elle consacre un temps et des efforts considérables à
l'évaluation aussi juste que possible des titres et qualités
d'ingénieurs étrangers et à leur équivalence
canadienne, et accepte un grand nombre de diplômés
étrangers, comme satisfaisant aux exigences académiques
d'admission à la profession. Au cours des dix dernières
années, plus de 20% des nouveaux membres admis à l'Ordre chaque
année étaient diplômés d'établissements
étrangers.
L'OIQ a d'ailleurs fait connaître ses vues sur cet aspect
particulier de l'admission d'un fort pourcentage d'étrangers à la
pratique du génie au Québec, dans un mémoire soumis au
Comité mixte spécial du parlement sur la politique de
l'immigration, le 6 juin 1975.
L'OIQ, à l'instar des autres associations professionnelles
provinciales, doit administrer les procédures d'admission des candidats
à l'exercice de la profession et émettre les permis de pratique
en conséquence.
Référer à la version PDF page CLF-1568
Rôle du syndic
Nous avons vu plus haut que la vocation première de l'OIQ est la
protection du public. Mais pour que cela se fasse efficacement, il est de prime
importance que la profession de l'ingénieur soit elle-même
respectée par tous et partout. C'est ainsi que l'Office des professions
du Québec créa la fonction du syndic. Le rôle du syndic, au
sein de l'OIQ, est de maintenir la discipline professionnelle chez les membres
de l'Ordre, en s'assurant que ceux-ci exercent la profession
conformément aux lois et règlements qui la régissent ainsi
qu'en logeant les plaintes requises devant le Comité de discipline.
Inspection professionnelle
Le Code des professions exige des ordres professionnels la mise sur pied
d'un Comité d'inspection professionnelle, dont l'objet est la
vérification constante de la compétence des membres et de la
qualité des services rendus. Pour faire face à un public de plus
en plus averti, les candidats à la pratique du génie, doivent,
non seulement se qualifier à l'admission, mais par la suite maintenir
leurs connaissances et leur compétence à un niveau suffisamment
élevé; voilà l'objectif précis que le Comité
d'inspection professionnelle de l'OIQ doit poursuivre.
La formation continue des professionnels
La législation professionnelle québécoise fait, de
la formation continue, une obligation formelle pour les corporations
professionnelles en raison de la responsabilité qu'elle leur confie
de^vérifier la compétence de leurs membres par l'inspection
professionnelle.
C'est pourquoi, l'Ordre des ingénieurs du Québec a mis sur
pied un comité chargé d'étudier les composantes et les
différentes étapes de la formation professionnelle de ses
membres. Le Conité d'éducation permanente s'intéresse aux
différentes modalités de mise en application de stages de
perfectionnement professionnel et de recyclage et d'un programme de formation
continue. Le sujet demeure une préoccupation constante des doyens de
facultés de génie et des représentants de l'Ordre.
Référer à la version PDF page CLF-1569
Référer à la version PDF page CLF-1570
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Référer à la version PDF page CLF-1574
ANNEXE 1 (2)
Considérations supplémentaires au
mémoire
présenté par l'Ordre des
ingénieurs du Québec
à la commission parlementaire d'étude du
projet de loi no 1
Charte de la langue française au Québec
6 Juillet 1977
Ordre des ingénieurs du Québec
2075, rue University
Montreal
Introduction
Les résultats du sondage indiquent que la majorité des
membres attendaient de l'Ordre qu'il se prononce publiquement sur le Projet de
loi no 1 et qu'il présente un mémoire au gouvernement. Tel est le
mandat que recevait l'Ordre des ingénieurs du Québec à
travers un sondage qu'il effectuait auprès de 2000 de ses membres.
Dans l'ensemble, les ingénieurs favorables au Projet de loi no 1
sont convaincus que le gouvernement apportera des modifications à ce
projet en fonction des commentaires qu'il aura reçus. Par contre, ceux
qui s'y opposent ne croient pas que le gouvernement le modifiera.
 la lumière des opinions exprimées par nos membres
lors de ce sondage, l'Ordre a jugé bon d'apporter quelques modifications
aux articles qui le concernent directement dans son fonctionnement.
Article 4 "Les travailleurs ont le droit fondamental d'exercer leurs
activités en français, quelles que soient la nature, la forme et
la taille de l'entreprise."
Cet article est ambigu. Il proclame un droit fondamental et universel,
quelle que soit la situation de l'entreprise. Mais ce droit est
tempéré par d'autres articles, tels l'article 37 et l'article
113. L'Ordre des ingénieurs du Québec propose le libellé
suivant: "Tout Québécois a le droit de travailler en
français". La reconnaissance d'un droit fondamental n'a pas besoin
d'être qualifiée ou précisée par un "quelles que
soient...". Ainsi amendée, la loi proclame le droit et impose à
la société la nécessité de s'assurer que tout
Québécois qui veut l'exercer pourra le faire. Le libellé
de l'amendement rend l'article similaire aux articles 2, 3, 5 et 6 qui traitent
aussi de droits.
Article 10 "Une version anglaise des textes de loi est imprimée
et publiée par les soins de l'Administration."
Nous suggérons le libellé suivant: "Une version anglaise
des projets de loi, des textes de loi. des projets de règlements, des
règlements afférents et des avis est imprimée et
publiée par les soins de l'Administration".
(les révisions sont soulignées)
L'article devrait aussi porter sur les projets de loi et de
règlement, sur les règlements et sur les avis officiels, en vertu
du même principe que celui qui justifie une version anglaise pour tout
texte de loi. Dans bien des cas, les règlements et projets (surtout
lorsqu'ils sont de nature technique) sont aussi importants que la loi.
L'opinion générale des membres de l'Ordre soutient cette
modification suggérée (Questions 18 f) et 18 g).
Article 27 "Les ordres professionnels doivent communiquer en
français avec leurs membres ainsi qu'avec le public."
Nous ne suggérons aucune modification car le libellé
n'exclut pas la possibilité de communiquer également en anglais.
Les résultats de l'enquête (Questions 18 d) et 18 e), indiquent
que les membres de l'Ordre sont d'accord pour qu'une version anglaise
accompagne la version française.
Article 32 "Les ordres professionnels peuvent délivrer des permis
temporaires valables pour une période d'au plus un an aux personnes
autorisées à exercer leur profession en vertu des lois d'une
autre province ou d'un autre pays et qui ne remplissent pas les conditions de
l'article 30 quant à la connaissance de la langue officielle.
Ces permis ne sont renouvelables que deux fois, et sous réserve
que l'intérêt public le justifie.
Pour chaque renouvellement, les intéressés doivent se
présenter à des examens tenus conformément aux
règlements du gouvernement."
Le chapitre du Projet de loi qui traite de la langue de certains
organismes parapublics nous touche dans notre fonctionnement organique et
technique et, plus particulièrement, dans notre rôle précis
d'émission des permis de pratique.
Nous croyons que les conditions d'obtention d'un permis de pratique
autres que la langue, sont du ressort du Code des professions et de la loi
particulière de chaque ordre professionnel et ne devraient pas se
trouver de quelque façon dans une autre loi. Nous référons
ici aux mots "autorisés à exercer leur profession en vertu des
lois d'une autre province ou d'un autre pays" dans le premier alinéa de
l'article 32. Ces mots n'ajoutent rien de valable à l'article. Au
contraire, à cause du grand nombre de pays sans loi autorisant
l'exercice du génie ou autre profession, tout immigrant de ces pays ne
pourrait obtenir un permis temporaire.
Par ailleurs, et tout en respectant la primauté de la langue
française, le projet devrait tenir compte de la difficulté
certaine d'apprendre la langue française, surtout pour les
ingénieurs, à cause de la nature de leur travail qui les oblige
à une grande mobilité. Nous suggérons donc que la
période minimale de validité soit de deux ans plutôt qu'un;
à ce moment, on pourrait limiter la possibilité de renouvellement
du permis à une seule fois au lieu de deux.
Le chapitre V du Projet de loi no 1 ne couvre d'aucune façon
l'exercice temporaire de professions par des personnes non domiciliées
au Québec mais qui y viennent de temps à autre soit à
titre d'experts, soit à titre de consultants dans le contexte d'un
travail ou d'un projet bien spécifique, ou même qui ne viennent
pas au Québec mais posent des actes professionnels nécessitant la
sanction de l'Ordre professionnel.
Selon la Loi des ingénieurs, ne peuvent être admis à
l'Ordre que les personnes domiciliées au Québec, ou encore,
domiciliées dans une province contiguë mais travaillant
continuellement au Québec. Lorsque des experts, spécialistes ou
consultants domiciliés hors du Québec sont engagés pour
des projets spécifiques situés au Québec, la Loi des
ingénieurs nous autorise présentement à accorder une
licence temporaire valide pour chaque projet spécifique, et ce, pour la
durée du projet. Le Code des professions reconnaît ce besoin en
autorisant l'émission d'"autorisations spéciales" valides pour
trois mois, durée nettement insuffisante pour un projet
d'ingénierie.
Si les articles 30 et 32 du projet de loi entendent inclure tous les
permis, licences et autorisations spéciales, nous sommes alors d'avis
qu'il y a nécessité d'ajouter un article 32 a) qui pourrait se
lire comme suit: "32 a) Sous réserve des conditions imposées dans
leurs lois particulières, les ordres professionnels peuvent accorder des
autorisations spéciales aux personnes possédant les
qualifications professionnelles requises, mais qui ne sont pas
domiciliées au Québec et n'y pratiquent pas leur profession de
façon continue."
Il est certain que nous devrons toujours avoir recours occasionnellement
à des ingénieurs de l'extérieur du Québec et qu'ils
seront généralement anglophones. Chez les ingénieurs
canadiens, il existe des ententes qui permettent justement ces échanges
entre provinces et qui ont été jusqu'ici favorables au
Québec.
Plusieurs questions du sondage ont une incidence sur l'article 32.
Ainsi, 52% des ingénieurs anglophones sont d'avis que trois ans ne
constituent pas une période suffisamment longue pour apprendre le
français (Question 18 b) (22% des ingénieurs francophones sont du
même avis). Par ailleurs, 95% des ingénieurs francophones et 86%
des ingénieurs anglophones croient que tout ingénieur
non-francophone qui travaille ou désire s'installer au Québec
devrait acquérir une connaissance suffisante du français
(Question 18 a). De plus, 12% des ingénieurs anglophones ont
indiqué spontanément qu'une des conséquences probables du
Projet de loi no 1, s'il était adopté tel quel, serait la
difficulté de recruter des ingénieurs qualifiés de
l'extérieur du Québec (Question 7 a).
Article 36 "II est interdit à tout employeur de congédier
ou rétrograder un salarié pour la seule raison qu'il ne parle que
le français ou qu'il ne connaît pas suffisamment une langue
donnée, autre que le français.
Toute contravention au présent article, en plus de constituer une
infraction à la présente loi, autorise le salarié à
faire valoir ses droits auprès d'un commissaire-enquêteur
nommé en vertu du Code du travail, au même titre que s'il
s'agissait d'un congédiement pour activités syndicales; les
articles 14 à 19 du Code du travail s'appliquent alors, mutatis
mutandis."
Cet article pourrait créer de sérieux problèmes aux
bureaux d'ingénieurs. Prenons le cas de deux ingénieurs
francophones dont l'un est unilingue et l'autre, bilingue. Le premier a plus
d'ancienneté. Ils travaillent tous deux à un projet de l'Etat. Le
projet terminé, le seul projet où ils peuvent être
affectés est un projet pour un client américain. La connaissance
de l'anglais est nécessaire pour travailler à ce projet. Selon
l'article 36, il semblerait difficile de congédier l'ingénieur
unilingue et de garder l'ingénieur bilingue. Nous craignons aussi que
cet article puisse être utilisé comme moyen de pression par
certaines personnes amenées à être congédiées
lors de la terminaison du contrat.
Notons à cet égard que 63% des ingénieurs
francophones sont d'avis que la connaissance de l'anglais est nécessaire
dans la pratique du génie.
Article 37 "II est interdit a tout employeur d'exiger pour
l'accès à un emploi ou à un poste la connaissance d'une
langue autre que le français, à moins que l'accomplissement de la
tâche ne nécessite la connaissance de cette autre langue,
conformément aux règlements adoptés à cet effet par
l'Office de la langue française.
Il incombe à l'employeur de prouver que la connaissance de
l'autre langue est nécessaire." Il faudrait rappeler au
législateur que pour la très grande majorité des postes
réservés aux ingénieurs, l'habileté de lire
l'anglais est essentielle. Pour un nombre élevé de postes,
comprendre l'anglais et le parler peut aussi s'avérer nécessaire.
Compte tenu de l'étendue de ces exigences, il est important de
connaître la réglementation de l'Office.
Nous avons des réserves sur la valeur de cet article. Si on ne
peut mieux justifier son utilité, on devrait l'abolir.
Les réponses données à la question 14 du sondage,
notamment par les ingénieurs francophones, soulèvent de
nombreuses interrogations quant à la pertinence de l'article 37. De
plus, notons que 30% des ingénieurs francophones et 76% des
ingénieurs anglophones ne croient pas que leur firme pourrait
fonctionner uniquement en français au Québec (Question 10).
L'article 37 pourrait donc poser des problèmes importants pour les
entreprises employant des ingénieurs.
Articles 52 et 58
Afin de faciliter la mobilité du personnel dans les entreprises
ou établissements dont le rayonnement administratif dépasse les
frontières du Québec, nous proposons les modifications suivantes
aux articles 52 et 58:
Article 52 "Par dérogation à l'article 51, peuvent
recevoir l'enseignement en anglais, à la demande de leur père et
de leur mère: a)les enfants dont le père ou la mère a
reçu, au Québec ou ailleurs au Canada, l'enseignement primaire en
anglais; b)les enfants qui, à la date de l'entrée en vigueur de
la présente loi, sont domiciliés au Québec, et i. qui
reçoivent déjà, au Québec, l'enseignement en
anglais à l'école maternelle, primaire ou secondaire, le
même droit s'étendant à leurs frères et soeurs
cadets; ii. dont le père ou la mère est, à ladite date,
domicilié(e) au Québec et a reçu, hors du Québec,
l'enseignement primaire en anglais.
Lorsqu'un enfant est à la charge d'un seul de ses parents, la
demande prévue au présent article doit être faite par ce
dernier.
(les révisions sont soulignées) Article 58 "Le
présent chapitre ne s'applique pas aux personnes qui, aux conditions
fixées par règlement afférant à cette loi. sont de
passage au Québec ou v séiournent pour une durée de deux
ans. Cette exemption est renouvelable une seule fois."
(les révisions sont soulignées)
L'enquête ne portait pas spécifiquement sur les questions
soulevées par les articles relatifs à la langue d'enseignement.
Cependant on doit noter que les articles 52 et 58 ont une incidence sur la
facilité qu'auront les entreprises à recruter au Québec
des ingénieurs provenant de l'extérieur. De nombreux organismes
ont fait état de ce problème, en particulier les directeurs des
centres de recherche industrielle à Montréal.
Articles 67 à 74
La constitution de l'Office.
A cause des pouvoirs discrétionnaires qui lui sont
confiés, il y aurait tout avantage à faire de l'Office un
organisme de concertation, en lui ajoutant un conseil d'administration
formé principalement de personnes non employées de l'Etat. Le
président et les deux vice-présidents pourraient être
fonctionnaires de l'Etat, comme à l'actuelle Régie.
Les membres de l'Ordre, dans une proportion de 61%, sont d'avis que les
mécanismes institutionnels prévus sont trop lourds (Question 16).
De plus, les ingénieurs ont indiqué, dans une proportion de 38%,
que les modalités d'application les inquiétaient (Question
17).
A noter également que 36% des ingénieurs ont
indiqué qu'une des conséquences probables du Projet de loi no 1
sera une plus grande bureaucratisation du système gouvernemental.
Article 86 "Sur publication de la liste visée à l'article
85 dans la Gazette Officielle du Québec, l'emploi des expressions et
termes y figurant devient obligatoire dans les textes et documents
émanant de l'administration, dans les contrats auxquels elle est partie
ainsi que dans les ouvrages d'enseignement, de formation ou de recherche
publiés en français au Québec et approuvés par le
ministre de l'Education."
Les pouvoirs confiés à l'Office par cet article sont trop
vastes. Un manuel scolaire ne pourrait être approuvé par le
ministre de l'Education s'il ne contient pas "la" bonne terminologie. En
dernière analyse, c'est l'usage qui justifie l'acceptation d'un mot. Les
ingénieurs sont parmi les principaux usagers de "nouvelle" terminologie
et de terminologie technique. A cet égard, il faudrait prévoir
des mécanismes plus souples.
Articles 106 et 119
La loi 1 oblige toutes les entreprises de plus de 50 employés
à avoir un programme de francisation. A rencontre de la loi 22 qui
était compensatoire, la loi 1 est d'application universelle (comme le
sont la majorité des lois et les articles 106 et 119), et confère
à l'Office un pouvoir de sanction, ce qui le rend à la fois juge
et partie. Nous croyons qu'on devrait avoir le moyen de recourir au pouvoir
judiciaire dans les cas d'infractions présumées: ceci devrait
être le mécanisme retenu par la loi no 1.
Les réponses données à la question 3 sont, en ce
sens, pertinentes: la majorité des membres de l'Ordre (57%) trouvent que
les modalités d'application sont "répressives".
Articles 115 et 116
Tout programme de francisation doit refléter un engagement de
l'entreprise: c'est donc la direction de l'entreprise qui doit en être
responsable.
Le rôle qu'accorde le Projet de loi no 1 au Comité de
francisation peut créer des problèmes. Nous croyons donc que ce
comité devrait avoir un rôle uniquement consultatif.
Article 119
Bien que le texte de cet article n'exclut pas la possibilité
d'appel des décisions de l'Office, si ce droit existe, il nous semble
préférable que les modalités soient
précisées et fassent partie de l'article 119.
ANNEXE 1 (3)
Evaluation méthodologique
et
Analyse des résultats
du sondage
mené par
L'Ordre des Ingénieurs du Québec
auprès de ses membres
au sujet du Projet de Loi no 1
La Charte de la langue française au
Québec
- Juillet 1977 -
Introduction
Le présent rapport se divise en deux sections. La première
section porte sur l'évaluation méthodologique de l'enquête
menée par l'Ordre des Ingénieurs du Québec auprès
de ses membres au sujet du projet de loi no 1. La deuxième section
présente quelques résultats obtenus lors de cette
enquête.
SECOR INC. ne fut impliqué dans la confection du questionnaire,
la sélection de l'échantillon et dans la conduite de
l'enquête. Nos services ont été retenus suite à la
réunion du Conseil d'administration de l'Ordre du 20 juin 1977. Lors de
cette réunion il fut décidé de nous confier les
questionnaires complétés et de nous charger du mandat de faire
l'évaluation méthodologique de l'enquête et une nouvelle
analyse des résultats qui refléterait mieux la composition
linguistique de l'Ordre.
On retrouvera en annexe les versions française et anglaise du
questionnaire.
Evaluation méthodologique
des résultats du sondage effectué
par
l'Ordre des Ingénieurs du Québec
au sujet du Projet de Loi no 1 La Charte de la langue
française
Introduction
Deux concepts fondamentaux sous-tendent l'évaluation
méthodologique des résultats d'un sondage: la fiabilité et
la validité des résultats. Différents types d'erreur
peuvent vicier ces deux caractéristiques d'un sondage. Nous
évaluerons la fiabilité et la validité des
résultats du sondage de l'O.I.Q. en analysant les différents
types d'erreur susceptibles de ce produire dans un sondage de ce genre.
Les erreurs peuvent être associées aux points suivants: 1.
Définition de la population 2. Le cadre échantillonnai 3. Le mode
d'échantillonnage 4. L'erreur échantillonnai 5. L'erreur de
non-réponse 6. L'erreur de codification 7. Les biais provenant de la
formulation et de la séquence des questions 8. Erreurs provenant de la
traduction du questionnaire
Nous analyserons successivement chacune de ces sources possibles
d'erreur.
Référer à la version PDF page CLF-1580
1 - La population
La population dont a été tiré l'échantillon
est l'ensemble des membres actifs de l'Ordre des Ingénieurs du
Québec domiciliés au Québec, selon l'adresse inscrite du
lieu de résidence au fichier de l'Ordre. En date du 31 mars 1977,
l'Ordre comptait 19,747 membres actifs, dont 18,184 étaient
domiciliés au Québec.
On retrouve deux catégories de membres actifs: les membres
juniors et les membres. Les membres juniors sont des membres qui ont
complété leur scolarité de génie mais qui n'ont pas
encore terminé leur stage pratique de deux ans nécessaire
à l'obtention du certificat d'ingénieur.
L'enquête fut menée auprès des membres actifs
domiciliés au Québec en date du 31 mars 1977. Cette population
correspond à ce qu'il est convenu d'appeler couramment les
ingénieurs au Québec.
2- Le cadre échantillonnai
La population décrite ci-dessus fut à la base de
l'échantillon. Aucun nom ne fut exclu pour des raisons telles adresses
inconnues, adresses étrangères, etc. De même seulement sept
des 2000 questionnaires expédiés ne purent être
livrés à leur destinataire. Les membres juniors furent
traités de la même façon que les membres
réguliers.
3- Le mode d'échantillonnage
Un échantillon de 2000 noms fut tiré selon une
procédure aléatoire simple, chaque membre dans la population
effective ayant une probabilité égale d'être choisi dans
l'échantillon. Le choix des sujets fut effectué à l'aide
d'une liste de nombres aléatoires générés par
ordinateur. Un questionnaire fut expédié par courrier entre le 13
et le 26 mai 1977.
4- L'erreur échantillonnale
L'erreur échantillonnale provient des variations probables mais
d'ampleur contrôlable qui résultent du fait qu'un
échantillon et non l'ensemble de la population fut étudié.
Les résultats basés sur les réponses d'un sous-ensemble de
la population peuvent donc être différents de ceux obtenus si la
population entière participait à l'enquête. L'erreur
possible variera, selon le niveau de confiance recherché, le nombre de
sujets répondant à la question (n), le nombre de sujets dans la
population (N), et la variance des réponses dans la population. La
formule suivante donne l'écart ou l'intervalle autour d'un pourcentage
obtenu dans un échantillon où se situeraient les résultats
d'enquêtes similaires auprès de la même population dans 19
cas sur 20 (niveau de confiance de 95%).
Référer à la version PDF page CLF-1581
5 - L'erreur de non-réponse
Un taux de réponse de 100% est rarement atteint dans une
enquête. Il y a donc une possibilité additionnelle d'erreur si les
sujets qui ne répondent pas à l'enquête ont des opinions
dont la distribution est différente de celle des opinions des sujets qui
participent à l'enquête.
Pour déceler le biais de non-réponse, il est d'usage de
faire un second envoi aux personnes qui n'ont pas répondu au premier ou
de faire des entrevues téléphoniques avec un
sous-échantillon de ces personnes. La comparaison des résultats
obtenus de ce sous-échantillon avec ceuxobtenus à la suite du
premier envoi permet de cerner les biais possibles de non-réponse. Les
contraintes de temps n'ont pas permis à l'O.I.Q. de faire deux envois.
Le taux de réponse dans l'ensemble (67%) est cependant
élevé et se compare favorablement aux taux obtenus lors de
sondages par entrevues personnelles. Par contre, le taux de réponse
diffère entre francophones et anglophones. Bien qu'ils ne
représentent que 37.3% des membres de l'Ordre domiciliés au
Québec et 37.6% des sujets dans l'échantillon, les anglophones
représentent 42% des répondants. Cette situation doit être
corrigée par une pondération appropriée des
résultats bruts de sorte que les conclusions tirées de l'ensemble
de l'échantillon ne soient pas spoliées par ce
phénomène."
L'erreur maximale (mais peu plausible) associée au biais de
non-réponse dans le cas du questionnaire de l'Ordre, serait de 17%.
Considérons le cas suivant, qui porte sur l'erreur maximale, pour une
réponse dichotomique.
Dans cet exemple, nous avons fait l'hypothèse que tous les
non-répondants auraient répondu "oui". Ceci fait passer la
réponse "oui" de 50% à 67%. Cette hypothèse est peu
plausible. Si les non-répondants avaient divisé leurs
réponses dans une proportion de 60%40%, au lieu de 50%50%
comme les répondants (et de 100% 0% dans l'exemple), l'erreur
aurait été de 3.5%. Selon les hypothèses les plus
probables, l'erreur associée à la non-réponse sera
inférieure dans tous les cas à 5%. Dans les cas de
réponses se situant aux extrémités (80% ou plus), le taux
d'erreur pourrait être légèrement plus élevé.
Par contre, la probabilité que les non-répondants soient
très différents des répondants sur ces questions où
un large consensus se dégage chez les répondants est faible.
C'est pourquoi nous ne croyons pas que le biais de non-réponse pour ce
type de question puisse entraîner une erreur supérieure à
5%.
6 Erreur de codification
Le questionnaire comprenait 52 questions. Une seule était
ouverte. La codification de cette question fut faite sur une grille
établie à partir d'un échantillon de 20 questionnaires
complétés en français et de 20 questionnaires
complétés en anglais. Certaines questions donnaient lieu à
des réponses multiples. Dans ce cas, deux ou trois réponses
furent codées. La présentation du questionnaire était
claire et il n'y a pas lieu de croire que des erreurs significatives puissent
être associées à la codification ou au rapport des
réponses.
7 Les biais provenant de la formulation
et de la séquence des questions
La formulation des questions et l'ordre de présentation des
questions sont généralement les principales sources d'erreur d'un
questionnaire, quoiqu'on n'en fasse pas souvent état. *On peut fabriquer
des exemples où le taux d'erreur est plus élevé si l'on
suppose que les non-répondants auraient répondu (et auraient pu
répondre) de façon parfaitement contraire aux répondants.
Ce sont là cependant des situations sans intérêt
méthodologique.
Référer à la version PDF page CLF-1582
Dans l'ensemble, le questionnaire de l'O.I.Q. est bon. La
majorité des questions sont claires et sans équivoque. Nous
soulignerons ici certaines faiblesses. La question 24 portant sur la lecture du
texte du projet de loi no 1 aurait dû être au début. Une
telle question située au début aurait augmenté le taux de
non-réponse sur certaines questions, mais elle aurait contribué
à diminuer les réponses au hasard. Il est fort probable qu'un
nombre important de répondants connaissaient peu le projet de loi. A cet
égard, les réponses à certaines questions (notamment les
questions 3, 16 et 17) doivent être traitées avec prudence. De
plus les réponses à la question 24 peuvent être
biaisées par les réponses antérieures.
Le questionnaire n'offrait pas le choix de répondre "Ne sais
pas". Ceci contribue à forcer les "hésitants" et les "ignorants"
à donner une réponse et tend à fausser les
résultats. Cet effet est moins marqué pour les questions les plus
claires et généralement les plus controversées.
Certaines questions invitaient des réponses multiples alors que
le questionnaire demandait une seule réponse. C'est le cas des questions
3, 5, 17, 20 et 21. Les réponses à ces questions devront
être traitées avec prudence.
La question 26 sur le lieu de domicile peut être ambiguë pour
certains répondants qui demeurent à la périphérie
de Montréal (Valleyfield, Mirabel, Ste-Thérèse, Sorel,
Verchères, etc.)
Certaines échelles auraient pu être utilisées aux
questions 12, 13, 14, 15 et 16. La formulation des questions ne semble pas
introduire des biais de désirabilité sociale ou d'acquiescement.
Le fait que les répondants soient hautement scolarisés diminue
aussi la probabilité de ces biais.
Certaines des réponses possibles à la question 20 sont
ambiguës et leur interprétation peut varier selon les opinions des
répondants.
Finalement, on notera que les réponses possibles aux questions 20
et 21 ne constituent pas une liste exhaustive. La catégorie "autre" ne
peut corriger le biais entraîné par la suggestion des autres
réponses. Nous croyons qu'il vaut mieux interpréter ces deux
questions comme deux séries de questions dichotomiques exprimant un
accord ou un désaccord avec des énoncés.
Par ailleurs, nous sommes d'avis que les questions 1, 2, 4, 6, 7, 9, 11,
19, 22, 25, 27 et 28 ne font pas problème et sont formulées
correctement.
8 Erreurs provenant de la traduction du
questionnaire
II est très difficile d'obtenir une équivalence parfaite
entre deux versions d'un même questionnaire. La traduction d'un
instrument exige donc un soin particulier afin de bien saisir toutes les
nuances et subtilités des erreurs possibles dans le passage d'une langue
à l'autre. Le libellé en général simple et concret
des questions dans le présent sondage facilite grandement la
tâche. Cependant, quelques questions nous semblent souffrir
d'imperfection à ce niveau.
Q. 8 Si une telle Loi entrait en vigueur ... if such a law were enforced
Q.10 ...votre firme pourrait fonctionner ...could conduct its affairs
Q.18 (d) (f) (g) Le sens de la version anglaise est fort
différent de la version française. Q.21 une amélioration
des communications entre les Québécois improved communications
amongst citizens in Quebec. Q.23 actuellement dans votre travail would you say
that in terms of work
Conclusions
Dans l'ensemble, l'enquête rencontre les critères usuels de
qualité pour des sondages.
Le taux de réponse (65%) est très élevé.
Ceci diminue non seulement l'erreur échantillonnale qui est de moins de
2.6%, mais aussi l'incidence de l'erreur de non-réponse, que nous
situons à moins de 5%. Ceci donne donc une marge d'erreur maximale de
l'ordre de 7.50%.
Les données brutes furent pondérées pour assurer
une représentation proportionnelle aux anglophones et francophones. Le
fait que les résultats soient pondérés ou non en fonction
de la langue ne change pas cette marge d'erreur.
Les réponses à certaines questions doivent être
traitées avec prudence. Ceci ne veut pas dire qu'elles n'ont pas de
valeur. Toutefois, la formulation ambiguë de ces questions a pu être
interprétée de façon différente par certains
répondants et en conséquence, la marge d'erreur associée
à ces questions serait plus grande. Cependant, pour les questions
cruciales la formulation nous semble adéquate.
Référer à la version PDF page CLF-1583
Analyse des résultats du sondage
effectué par
L'Ordre des Ingénieurs du Québec
au sujet du Projet de loi no 1 La charte de la langue
française I Composition de l'échantillon
En date du 31 mars 1977, l'Ordre comptait 19,747 membres actifs
répartis à travers le monde dont 18,184 domiciliés au
Québec. L'enquête fut menée auprès de membres actifs
domiciliés au Québec. Pour ce faire, un échantillon de
2,000 membres fut constitué selon une procédure aléatoire
et un questionnaire fut envoyé à ceux qui avaient
été sélectionnés. Un total de 1,307 questionnaires
dûment complétés furent retournés à
l'Ordre.
Parmi les 18,184 membres actifs domiciliés au Québec,
62.7% sont francophones et 37.3% sont anglophones. L'échantillon
reflétait adéquatement ces mêmes proportions. Cependant,
étant donné que le taux de réponse varie selon le groupe
linguistique, il fut nécessaire de pondérer les résultats
obtenus de façon à ne pas sous-représenter
(sur-représenter) l'opinion des francophones (anglophones). Pour ce
faire nous avons assigné un poids de 1.0769 à chaque
réponse d'un ingénieur francophone et un poids de 0.8955 à
chaque réponse d'un ingénieur anglophone. Suite à cette
pondération, les pourcentages dans les tableaux qui suivent
reflètent bien la composition par groupe linguistique des membres actifs
domiciliés au Québec.
Afin de bien cerner le point de vue des ingénieurs, nous avons
retenu comme variable d'analyse le groupe linguistique, la région de
résidence, l'âge, le regroupement des ingénieurs selon
qu'ils ont répondu oui ou non à la question 2 (Dans sa forme
actuelle, pensez-vous que le projet constitue un pas en avant pour le
Québec?), le regroupement des ingénieurs selon qu'ils
prévoient rester ou quitter le Québec (Q.22) et le regroupement
des ingénieurs selon leur réponse à la question 24
(Avez-vous déjà lu, intégralement, le texte du Projet de
loi no 1?) Pour chacune des variables d'analyse retenues les réponses
ont été pondérées afin de bien représenter
la juste proportion d'anglophones et de francophones. La
représentativité de l'échantillon, la marge d'erreur et
l'impact de ces procédures de pondération sont discutés
dans le rapport portant sur l'évaluation méthodologique des
résultats du sondage.
Le tableau I montre la composition de l'échantillon par
région, par secteur de travail et par âge.
Référer à la version PDF page CLF-1584
Référer à la version PDF page CLF-1585
On doit noter que 86.4% des ingénieurs oeuvrant dans la fonction
publique sont francophones de même que 69% des ingénieurs oeuvrant
dans le secteur "enseignement ou autre". De plus, l'importance de chaque groupe
linguistique selon l'âge présente un certain
intérêt.
Il - Utilisation du français dans le
milieu du travail
Pour 57% des membres de l'Ordre, le français est la principale
langue utilisée dans le milieu de travail alors que 62% des membres de
l'Ordre parlent en français la majorité de leur temps au travail.
Cependant, tel qu'illustré au tableau III, l'utilisation du
français au travail varie selon que le membre de l'Ordre est du groupe
francophone ou anglophone.
Référer à la version PDF page CLF-1586
Référer à la version PDF page CLF-1587
Référer à la version PDF page CLF-1588
Référer à la version PDF page CLF-1589
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Référer à la version PDF page CLF-1591
Référer à la version PDF page CLF-1592
V - Opinion générale quant
à l'impact du projet de loi no 1
Dans l'ensemble de l'échantillon (ainsi pondéré),
61.4% des répondants ne considèrent pas que le projet de loi no 1
constitue un pas en avant. Cependant, l'écart d'opinion à ce
sujet entre francophones et anglophones est considérable. Alors que 60%
des francophones considèrent le projet de loi comme un pas en avant,
seulement 4% des anglophones abondent dans le même sens. Cette
constatation vaut pour la plupart des résultats obtenus avec ce sondage.
Les francophones diffèrent profondément d'avis avec les
anglophones de sorte que les résultats pour l'ensemble de
l'échantillon doivent être utilisés avec réserve. De
même, parce que les anglophones se retrouvent surtout à
Montréal, parmi les ingénieurs plus âgés et parmi
ceux oeuvrant dans l'industrie, toutes les ventilations sur cette base donnent
des résultats qui reflètent la concentration des anglophones dans
certaines catégories particulières.
Référer à la version PDF page CLF-1593
Référer à la version PDF page CLF-1594
VI Les modalités
d'application
Les réponses à certaines questions portant sur les
modalités d'application de la loi reflètent beaucoup plus des
attitudes générales vis-à-vis de la loi qu'une opinion
précise sur des modalités particulières. C'est le cas des
réponses aux questions 3 et 16.
Ainsi, 53% des ingénieurs francophones considèrent les
modalités d'application "équitables" ou
"généreuses" alors que ce n'est le cas que pour 5% des
ingénieurs anglophones. De même en ce qui a trait aux
mécanismes institutionnels prévus aux fins de l'application de la
loi, 51% des ingénieurs francophones et 7% des ingénieurs
anglophones considèrent ces mécanismes "nécessaires et
adéquats" alors que 43% des ingénieurs francophones et 90% des
ingénieurs anglophones les trouvent "exagérés".
L'évaluation des modalités d'application du projet de loi
no 1 par ceux qui considèrent cette législation comme un pas en
avant et ceux qui sont d'avis contraire ne fait surgir aucune surprise, sauf
peut-être, que 11% de ceux qui considèrent le projet de loi no 1
comme un pas en avant trouvent les modalités d'application
"répressives" et 18% d'entre eux, que les mécanismes
institutionnels prévus sont "exagérés". Par ailleurs, ceux
qui croient que le projet de loi no 1 ne constitue pas un pas en avant jugent
les modalités d'application et les mécanismes institutionnels de
la même façon que les anglophones (86% modalités
d'application "répressives" et 88% mécanismes institutionnels
"exagérés").
Les résultats détaillés apparaissent au tableau
XVI.
Référer à la version PDF page CLF-1595
Référer à la version PDF page CLF-1596
Référer à la version PDF page CLF-1597
Référer à la version PDF page CLF-1598
Référer à la version PDF page CLF-1599
Référer à la version PDF page CLF-1600
Référer à la version PDF page CLF-1601
Le tableau XXII fait ressortir les résultats suivants: a) les
ingénieurs anglophones pris comme groupe sont ceux qui expriment le plus
d'inquiétudes face au Projet de loi no 1, b) comme groupe, ceux qui sont
d'avis que le Projet de loi no 1 constitue un pas en avant sont les moins
inquiets, c) comme groupe, les ingénieurs de la région de
Montréal sont plus inquiets que leurs confrères des autres
régions du Québec, d) le niveau d'inquiétude croît
avec l'âge et e) comme groupe, ceux qui ont lu intégralement le
Projet de loi no 1 sont plus inquiets que ceux qui ne l'ont pas lu
intégralement.
VIII - Les conséquences probables du projet de loi no 1 a)
Les conséquences générales
II ressort assez clairement du tableau XXIII que les ingénieurs
francophones voient différemment de leurs confrères anglophones
les conséquences probables du projet de loi no 1. Par exemple, chez les
ingénieurs francophones, 42% croient que le projet de loi no 1
entraînera une amélioration des perspectives d'emploi pour les
francophones alors que seulement 22% des ingénieurs anglophones sont du
même avis. De même 35% des ingénieurs francophones et 80%
des ingénieurs anglophones sont d'avis que le projet de loi no 1
entraînera une baisse du niveau de vie au Québec.
Référer à la version PDF page CLF-1602
Afin de faciliter les comparaisons entre groupes d'ingénieurs,
nous avons construit le tableau XXIV où les pourcentages indiquent la
proportion des ingénieurs du groupe qui ont mentionné la
conséquence probable. Ici encore, à cause de la faiblesse
méthodologique de cette partie de l'enquête, on doit utiliser les
résultats avec prudence. Cependant, comme critère de comparaison
entre groupes, la méthode est valable.
TABLEAU XXIV
Référer à la version PDF page CLF-1603
b) Conséquences sur l'économie
A cause de certaines faiblesses méthodologiques, les
réponses à la question 5 doivent être reçues avec
prudence. Néanmoins, à court terme, il se dégage un
consensus à l'effet que l'impact sera négatif. A long terme, deux
francophones sur cinq croient que l'impact sera positif alors qu'un sur trois
croit qu'il sera négatif. Chez les anglophones, la très grande
majorité est d'avis que l'impact sera négatif.
Référer à la version PDF page CLF-1604
La différence d'attitude entre anglophones et francophones ne
peut être plus marquée que dans les réponses à la
question 8. (Tableau XXVI) Trois ingénieurs francophones sur quatre
croient qu'il n'y aura pas d'exode important de firmes d'ingénieurs du
Québec. La proportion est l'inverse chez les anglophones. Les
différences d'attitudes selon le lieu de résidence ou l'âge
des ingénieurs présentent également un certain
intérêt.
La loi aura, selon les répondants, des répercussions sur
leurs perspectives d'emploi. Ce sentiment est plus marqué chez les
anglophones (93%) que chez les francophones (61%), chez ceux de la
région de Montréal (77%) que des autres régions du
Québec et chez les ingénieurs plus âgés (72% et 83%)
que chez ceux âgés de moins de 30 ans (65%). (Tableau XXVII) Dans
l'ensemble, selon les ingénieurs qui ont répondu à cette
question, l'impact sera négatif bien qu'un nombre élevé de
francophones croient que l'application de la loi favorisera l'accès
d'ingénieurs francophones à des postes supérieurs. De
plus, notons que ceux qui avaient répondu "non" à la question 7
n'ont pas répondu à la question 7a. Rappelons ici que la question
7a était une question ouverte et que les ingénieurs
étaient libres d'indiquer les répercussions qu'ils
prévoyaient sur les perspectives d'emploi en génie suite à
l'adoption de la loi 1.
Référer à la version PDF page CLF-1605
Référer à la version PDF page CLF-1606
La majorité des membres de l'Ordre domiciliés au
Québec (53%) croient que si le projet de loi no 1 est adopté,
plus de francophones auront accès à des postes supérieurs.
Cela demeure vrai quelle que soit la région des ingénieurs. Par
contre, les opinions à cet égard sont différentes selon le
groupe linguistique ou le groupe d'âge auquel appartient
l'ingénieur: 65% des ingénieurs francophones croient que plus de
francophones auront accès à des postes supérieurs alors
que 65% des ingénieurs anglophones croient le contraire et 64% des
ingénieurs de moins de 30 ans croient que plus de francophones auront
accès à des postes supérieurs alors que 59% de ceux
âgés de 46 ans et plus croient le contraire.
Par ailleurs, tel que l'indiquent les réponses à la
question 23 (tableau XXVIII) 78% des membres ne se sentent pas personnellement
menacés par le projet de loi no 1. (45% des ingénieurs
anglophones se sentent personnellement menacés). Il convient de noter
cependant, que les ingénieurs de la région de Montréal et
ceux âgés de plus de 45 ans se sentent plus menacés
personnellement que ceux des autres régions du Québec ou des
groupes moins âgés.
Référer à la version PDF page CLF-1607
Référer à la version PDF page CLF-1608
Référer à la version PDF page CLF-1609
II ressort de notre analyse que ceux qui prévolent quitter le
Québec sont en général des anglophones très
opposés à cette législation et sont convaincus que les
conséquences seront négatives tant pour la pratique du
génie que pour l'économie du Québec. Par exemple, aucun de
ceux qui prévoient quitter le Québec croit que le Projet de loi
no 1 constitue un pas en avant pour le Québec et 90% de ceux qui
prévoient quitter le Québec trouvent les modalités
d'application "répressives" (46% de ceux qui prévoient rester
sont du même avis) et 93% sont d'avis que les mécanismes
institutionnels prévus sont "exagérés"). Il convient
également de noter que ceux qui prévoient demeurer au
Québec ont indiqué deux sujets d'inquiétude en moyenne
à la question 20 alors que ceux qui prévoient quitter le
Québec en ont indiqué 3.7.
Ceux qui prévoient quitter sont plus sceptiques vis-à-vis
de la possibilité que le gouvernement modifie son Projet de loi en
fonction des commentaires reçus. En effet, 71% de ceux qui
prévoient quitter ne croient pas que le gouvernement modifiera son
Projet alors que 58% de ceux qui prévoient rester sont d'avis
contraire.
La différence d'attitude qui prévaut entre ceux qui
prévoient rester et ceux qui prévoient quitter le Québec
ne pourrait être exprimée plus clairement que par les
réponses aux questions 5 et 21.
Référer à la version PDF page CLF-1610
Référer à la version PDF page CLF-1611
Référer à la version PDF page CLF-1612
Référer à la version PDF page CLF-1613
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Référer à la version PDF page CLF-1616
ANNEXE 2
Mémoire soumis par
Le Congrès Juif Canadien Région du
Québec
A
La Commission de l'Education
des Affaires culturelles et des
Communications
sur
Le Projet de loi no 1 Charte de la langue
française au Québec
2 juin 1977
Préface
Le Congrès Juif Canadien, Région du Québec, est le
porte-parole reconnu de la communauté juive de la Province du
Québec, laquelle comprend quelque 115 000 âmes. Le Congrès
Juif Canadien est un corps élu démocratiquement qui
représente virtuellement tous les courants d'idées au sein du
Judaïsme au Québec. La B'nai B'rith est la plus importante des
organisations de services Juifs. Ces deux organismes vous soumettent
conjointement et respectueusement ce qui suit:
La communauté juive, bien qu'unie, n'est pas monolithique. En
raison de l'importance du Projet de loi No 1, nous avons sollicité par
le biais d'une série de réunions publiques ouvertes à tous
les membres de la communauté juive, la plus grande expression possible
de points de vue à l'égard dudit Projet. Un comité
spécial a été établi par le Comité Conjoint
des Relations Communautaires du Congrès Juif Canadien et de B'nai B'rith
afin d'étudier le Projet de loi. Ce comité commença
à se réunir alors que le Livre Blanc fut publié, et
étudia sérieusement les répercussions du Projet de loi, eu
égard à son impact sur la vie au Québec et à ses
conséquences pour la communauté juive et toutes les
minorités au sein de la Province.
La poussée du Projet de loi No 1 est d'une importante cruciale
à l'endroit des citoyens du Québec. La communauté juive
croit que toute forme d'encouragement doit être donnée à
l'épanouissement de la culture et de la langue française, car
cela reflète les aspirations légitimes de la majorité de
nos concitoyens dans la Province. Dans notre présentation à la
Commission de l'Education, des Affaires Culturelles et des Communications de
l'Assemblée Nationale sur la loi de la langue officielle (Loi 22), nous
avons déclaré que: "La communauté juive est unanime dans
sa conviction que le langage prééminent du travail et des
communications en cette Province, doit être le français. Nous
sommes toujours attentifs et éprouvons une profonde sympathie envers les
aspirations linguistiques et culturelles des Québécois de langue
française.
La communauté juive du Québec a, durant les
dernières années, en commun avec d'autres communautés dont
la langue de base est l'anglais, vécu une transformation
considérable dans l'usage et la priorité de l'anglais et du
français, grâce à l'adoption plus large du français
en tant que langue d'expression et de travail.
Il est à relever que les toutes dernières statistiques
publiées indiquent que le groupe le plus bilingue non-francophone dans
la Province du Québec, est la communauté juive."
Conformément à cette politique, dans notre
présentation à la Commission Gendron faite à une date
antérieure, la politique substantielle de la communauté juive
entre autres: "a) Exprima sa compréhension des aspirations du peuple
francophone de la Province du Québec tendant à maintenir son
intégrité linguistique et culturelle, et en conséquence
suggéra que les mesures en vue d'aboutir à cet objectif, soient
fondées sur des motifs constructifs, et l'auto-motivation
dirigée. b)Proposa que rien ne devrait déroger ou diminuer en
aucune manière aucun droit ou privilège acquis ou exercé
en ce qui concerne la langue et en particulier le français et
l'anglais par n'importe quel habitant de la Province du Québec.
c) Insista sur le fait que toute division des résidents du Québec
entre groupes "majoritaire" et "minoritaire" soit éliminée et que
tous les Québécois soient considérés comme
possédant un statut égalitaire.
d) Proposa qu'il n'y ait point de distinction entre des résidents
nés au Québec, ceux qui s'y sont établis ou y vinrent
avant ou après une certaine date. e) Recommanda que toutes les
écoles établissent un système éducatif qui
fournisse à leurs étudiants une connaissance de travail des
langues française et anglaise en tant que moyens de communication. f)
Insista en vue de l'adoption d'un Code des Droits de l'Homme incorporé
dans la Constitution, qui inclurait des garanties pour la liberté de
choix des langues française et anglaise en faveur de tous les
Québécois."
Ainsi, la communauté juive reconnaît que l'avancement pour
la langue et la culture françaises est un développement positif
dans cette Province.
Ainsi qu'on pourra le remarquer dans le mémoire qui suit, notre
souci majeur réside dans le fait qu'il ne devrait pas y avoir de
violation des droits de l'homme pour n'importe quelle personne, et que
l'équité, en termes de loi, habitude et usage, soit maintenue
pour tous les individus, sans distinction. Nous partageons un souci profond
avec de nombreux segments de l'opinion publique dans la Province à
l'effet que la Charte des droits et libertés de la personne ne devrait
pas être supplantée de quelque façon que ce soit par le
Projet de loi No 1, et que l'attitude adoptée par le Parti
Québécois pendant qu'il était dans l'Opposition, à
savoir que toute nouvelle législation ne l'emportera pas sur la Charte
des droits et libertés de la personne, soit honorée. Nous croyons
que l'épanouissement du français, comme dans l'étude
établie dans le Livre Blanc et dans la législation
proposée, ne doit pas diminuer les droits et libertés
fondamentaux de l'homme de tous les citoyens du Québec.
Quelqu'aient été les injustices du passé dont la
communauté juive fut aussi la victime, comme cela est arrivé si
souvent dans notre histoire, celles-ci ne peuvent être corrigées
par des mesures discriminatoires ou coercitives. Les problèmes culturels
et linguistiques du Québec doivent plutôt être
résolus par la coopération et la compréhension la plus
étroite de la part de tous les citoyens, sans distinction d'origine.
Introduction
La communauté juive appuie une politique linguistique qui rend le
français langue primordiale et langue d'usage au Québec. Notre
communauté a commencé à prendre les mesures
nécessaires il y a de cela un certain nombre d'années pour
permettre aux institutions communautaires dont la langue d'expression
était presqu'exclusivement l'anglais, de s'exprimer aussi efficacement
en langue française.
La communauté juive au Québec est composée de
personnes parlant français, anglais et bilingues. Toutefois, les deux
derniers groupes constituent la majeure partie de la communauté. Il est
à noter que bien des personnes bilingues trouveraient difficile, si non
impossible, de communiquer en langue française avec les institutions
communautaires ou gouvernementales sur des problèmes compliqués.
Il existe des degrés de bilinguisme, de telle sorte que bien des
personnes bilingues, peuvent facilement s'exprimer jusqu'à un certain
point dans leur langue seconde. Quoiqu'il en soit, la majorité des
personnes dans notre communauté ont toujours
bénéficié et s'attendent à recevoir des services
communautaires offerts en langue anglaise. Telle est la réalité
linguistique de notre communauté.
Nous appuyons le Projet de loi No 1, en autant qu'il a pour objet de
faire du français la langue principale, primordiale et d'usage au
Québec. Nos objections vis-à-vis du Projet de loi No 1 sont
fondées sur ce qui nous semble être un traitement injuste des
minorités ou des individus ou une violation de leurs droits et de leurs
libertés. Nous sommes d'accord avec la déclaration faite par
l'actuel Vice Premier Ministre et Ministre de l'Education à
l'Assemblée Nationale le 21 juin 1976, lorsqu'il dit: "On juge une
démocratie par le traitement qu'elle offre à ses
minorités". Ceci devrait s'avérer vrai également en ce qui
concerne le traitement des individus.
Nous comptons que l'Assemblée Nationale et le Gouvernement
continueront d'appuyer les principes et dispositions de la législation
en vigueur applicable au Québec, offrant la protection des droits et
libertés pour les minorités et les individus. Il est donc
impératif que l'article 172 du Projet de loi No 1 soit supprimé
de façon à ce que, dans les termes de l'article 52 de la Charte
des droits et libertés de la personne, "Les articles 9 à 38 (de
cette Charte) prévalent sur toute disposition" de la Charte sur la
langue française au Québec.
En premier lieu, nous traiterons des droits fondamentaux, tant des
individus que des minorités, et deuxièmement de la substance et
de l'administration du Projet de loi No 1.
1. Droits fondamentaux
A. Les droits et libertés de la minorité de langue
anglaise.
L'Acte Britannique de l'Amérique du Nord protège certains
droits collectifs de la minorité. Par exemple, l'article 93 garantit
certains droits à l'enseignement à la fois des Protestants et des
Catholiques Romains tant en Ontario qu'au Québec, et l'article 133
garantit certains droits linguistiques au niveau fédéral et au
Québec.
L'article 43 de la Charte des droits et libertés de la personne
du Québec stipule que: "Les personnes appartenant à des
minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser
leur
propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe." Le
troisième paragraphe du préambule du Projet de loi No 1 mentionne
que l'Assemblée Nationale entend "poursuivre cet objectif dans un climat
de justice et d'ouverture à l'égard des minorités qui
participent au développement du Québec". A notre point de vue,
cette intention n'est pas appliquée de façon logique dans le
Projet de loi No 1 ainsi que l'indiquent les exemples suivants:
Premièrement, il semblerait que le mot "Québécois"
figurant dans le préambule aussi bien que dans les articles 2, 6 et
112(b) du Projet de loi No 1, se prête à des
interprétations diverses. Il peut signifier: chaque
Québécois, quelle que soit son ethnicité ou sa langue;
Québécois de langue française; ou seulement Canadiens
Français. L'emploi de ce terme tendrait à créer
différentes classes de Québécois. Contrairement à
ce que certains auteurs du Projet de loi No 1 ont déclaré, y
compris le Premier Ministre et le Ministre d'Etat au Développement
Culturel, le premier paragraphe du préambule exclut les personnes ne
parlant pas français au sein du Québec de la définition
"Québécois". Aussi, un touriste Belge ou un Ontarien de langue
française aurait le droit de demander à ce que certaines
personnes communiquent avec lui en français aux termes de l'article 2 du
Projet de loi No 1 où il est stipulé que: "Tout
Québécois" jouit d'un tel droit? Assurément, un tel
touriste n'est pas inclus dans la définition du terme
"Québécois". Nous croyons que toutes les personnes devraient
avoir des droits linguistiques égaux au Québec. Nous prions donc
le Gouvernement de remplacer le terme "Québécois" par les mots:
"Toute personne".
Un second exemple de violation des droits de la minorité figure
au chapitre 3 du Projet de loi No 1 qui traite de la langue et de la
législature et les tribunaux. L'article 133 de l'Acte Britannique de
l'Amérique du Nord stipule, tel qu'indiqué ci-dessus, une
certaine protection de la langue pour la minorité parlant anglais au
Québec. La question n'est pas de savoir ici si l'Assemblée
Nationale peut éliminer ou diminuer bien des droits des minorités
par exemple, ceux figurant à l'article 43 de la Charte des droits et
libertés de la personne. L'élimination des droits linguistiques
de la minorité, proposée au chapitre 3 du Projet de loi No 1, est
inéquitable et injuste. Il faut garder présent à l'esprit
le fait que ces droits linguistiques ont été le privilège
de la communauté de langue anglaise du Québec depuis bien avant
la Confédération. Enfin, nous ne pouvons accepter le fait que
l'élimination de certains droits de la minorité de la langue
anglaise dans les tribunaux et la législation, tendra à
préserver ou à contribuer au développement de la langue et
de la culture françaises.
Troisièmement, certaines collectivités locales de langue
anglaise se sont exprimées dans cette langue au Québec depuis le
18ème siècle. Le but du chapitre 4 du Projet de loi No 1 vise
à forcer ces collectivités locales par exemple des
commissions scolaires et des municipalités à travailler
dans la langue française. Ceci est inéquitable et injuste. Le
fait de changer la langue de travail des institutions parlant essentiellement
anglais ne contribuera sûrement pas à l'épanouissement de
la langue française au Québec. En dernier lieu, il est à
noter que des institutions similaires d'expression française se trouvant
dans la province voisine du Nouveau Brunswick seront capables de s'administrer
exclusivement en langue française.
Le traitement d'une minorité par une législature se
rapporte évidemment à un traitement législatif. A notre
point de vue, le traitement législatif proposé dans le Projet de
loi No 1 en regard de la minorité de langue anglaise au Québec,
affectera de façon défavorable les valeurs et les croyances
démocratiques de notre société.
B. Droits et libertés de la personne
Les droits de l'homme ont été transgressés dans un
certain nombre d'articles du Projet de loi No 1. Afin d'illustrer ces
transgressions, nous donnons les exemples suivants:
L'article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne
prévoit la protection d'un nombre de libertés fondamentales y
compris la liberté de parole. L'article 10 en outre prévoit que:
"Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice, en
pleine égalité, des droits et libertés de la personne,
sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la...
langue". Il semblerait que l'article 46 du Projet de loi No 1 qui interdit
l'emploi d'une langue autre que le français dans l'affichage, entre
clairement en contradiction avec les droits et libertés ci-dessus. Nous
croyons que protéger la liberté de parole revient
également à protéger le libre cours de l'information
commerciale. Une telle liberté d'expression est et devrait rester partie
intégrante de la loi du Québec.
Une autre violation des droits et libertés de la personne figure
au chapitre 8 qui traite de la langue d'enseignement. L'élimination des
enfants parlant anglais, venant d'écoles anglaises de l'extérieur
du Québec, n'est pas une classification rationnelle. Pourquoi classer
différemment des enfants? Supposons par exemple que deux familles
parlant anglais viennent d'Ontario au Québec, et que l'un des
pères ait reçu un enseignement élémentaire au
Québec. Pourquoi les enfants de ce dernier devraient être
classés comme étant éligibles pour l'admission aux
écoles anglaises alors que les enfants des autres parents ne seraient
pas éligibles? La Charte des droits et libertés de la personne
déclare dans le préambule que tous les êtres humains "ont
droit à une égale protection de la loi". Selon nous, la
classification législative au chapitre 8 du Projet de loi No 1 fournit
une protection inégale, et, est injuste, inéquitable et
arbitraire. Ce type de classification discriminatoire n'existe pas pour ce qui
est de l'admission des enfants aux écoles existantes anglaise et
française ailleurs au Canada.
Des violations possibles des droits de l'homme figurent également
dans les articles du Projet de loi No 1 qui traitent de l'application de la
loi. Deux bureaucraties puissantes sont établies L'Office de la
langue française et la Commission de surveillance et les enquêtes.
Ces organismes, gérés tel que stipulé par une personne, et
dotés de pouvoirs énormes, devraient être sujets à
des contrôles spécifiques et efficaces incluant clairement des
droits d'appel interjetés à propos de décisions
administratives.
Enfin, la protection de la langue et de la culture française
n'est point hostile aux droits et libertés de groupe, de minorité
ou d'individu. Il est important cependant que le Projet de loi No 1 soit dans
tous ses aspects, logique avec de tels droits et de telles libertés. Il
est bon de rappeler que les paragraphes 2 et 3 du préambule de la Charte
des droits et libertés de la personne déclarent que: "le respect
de la dignité de l'être humain et la reconnaissance des droits et
libertés dont il est titulaire constituent le fondement de la justice et
de la paix; (et que) "les droits et libertés de la personne humaine sont
inséparables des droits et libertés d'autrui et du
bien-être général".
Dispositions spécifiques du Projet de loi no
1
A. Substance du Projet de loi no 1
PREAMBULE Changements suggérés
II est suggéré que le préambule en vigueur soit
remplacé et se lise comme suit: "L'Assemblée Nationale constate
que la langue française est, depuis toujours, la langue de la
majorité du peuple résidant au Québec, et que c'est elle
qui permet à la majorité des résidents du Québec
d'exprimer leur identité;
Et l'Assemblée Nationale reconnaît la volonté de
tous les résidents du Québec d'assurer la qualité et le
rayonnement de la langue française; elle est donc résolue
à faire du français la langue du Gouvernement et de la Loi aussi
bien que la langue normale et habituelle du travail, de l'enseignement et des
communications;
L'Assemblée Nationale entend poursuivre cet objectif afin de
respecter les minorités comprenant la population du Québec, et de
respecter particulièrement leur langue et leurs cultures
respectives;
Et ces principes s'inscrivent dans le mouvement universel de
revalorisation des cultures nationales qui confèrent à chaque
peuple l'obligation normale d'apporter une contribution à la
communauté internationale;..."
Raisonnement
Le préambule existant laissant supposer comme il le fait que la
langue française a été la langue du "peuple
québécois", suggère deux faits de base qui sont
historiquement inexacts. Le premier fait erroné veut qu'aucune autre
langue n'ait fait partie de la culture du Québec. Il n'est pas dans
l'intention de la communauté juive d'entrer dans un débat en
rapport avec ce que fut la contribution de Québécois parlant
anglais dans un contexte historique et social, tout comme ce n'est pas
l'intention de la communauté de débattre la forme des
présomptions de base qui ont été présentées
dans la première partie de cette soumission. Néanmoins, il est
clair que l'anglais a été la langue d'un pourcentage substantiel
de la population du Québec et plus encore, elle continue de
représenter une langue parlée par un segment substantiel de la
population dans des régions spécifiques notamment la zone de
Montréal. Le préambule tel que rédigé, ne
reconnaît pas ces faits, et dans le but d'atténuer les craintes et
appréhensions de ces personnes dont la langue maternelle est l'anglais,
le changement suggéré est soumis sans avoir à affecter
clairement le français, restant la langue primordiale de la
Province.
Le second fait susceptible de causer des conflits, laisse supposer que
"Québécois" ne sont seulement que des personnes dont la langue
maternelle est le français. Comme nous l'avons déclaré
précédemment, l'emploi du terme Québécois est
à la fois confus et déroutant. Le 13 mai 1977, le Premier
Ministre René Lévesque fit la déclaration suivante au
Congrès Juif Canadien: "Un Québécois est quelqu'un qui
vit, travaille et paye ses taxes... au Québec". Nous croyons que le
dessein du préambule, lequel est appuyé par la majorité de
la communauté juive, répond mieux en remplaçant le terme
"Québécois" par "toute personne".
En poursuivant, le libellé suggéré dans le second
et troisième paragraphes du préambule, ne nuit pas à la
politique fondamentale du gouvernement, et en outre reflète les
idées et principes du Livre Blanc, sur le rôle à assumer
des minorités au Québec.
ARTICLE 2 Changements suggérés "Toute personne a le droit
d'exiger que communiquent en français ou en anglais avec elle
l'Administration, les services de santé et les services sociaux, les
entreprises d'utilité publique et les ordres professionnels. En outre,
toute personne a le droit d'exiger des associations de salariés et des
diverses entreprises exerçant au Québec, de communiquer avec elle
en français."
Raisonnement
II appert que l'article tel qu'il existe n'empêcherait aucune des
entités inscrites de communiquer avec un résident du
Québec en anglais. Toutefois, il y a eu un certain degré
d'appréhension dans les esprits des personnes parlant anglais à
l'effet qu'elles ne seront pas capables de bénéficier de tous les
différents services qui leur avaient été offerts jusqu'ici
en anglais. En autant que nous croyons qu'il est du dessein du Gouvernement
qu'une telle pratique du passé se perpétue, il ne semble pas
déraisonnable de suggérer qu'une expression soit donnée
à cela d'une façon législative concrète.
ARTICLE 3 Changements suggérés
Nous voudrions ajouter à cette phrase les mots: "et en
anglais".
Raisonnement
A nouveau, alors que la conclusion est que l'emploi de l'anglais n'est
pas interdit, il appert qu'il y a une implication voulant que ceux qui parlent
l'anglais dans une assemblée délibérante ne puissent pas
avoir le droit d'agir ainsi. Nous ne croyons pas que c'est là le
véritable dessein du gouvernement et suggérons qu'une protection
soit accordée aux Québécois de langue anglaise qui ont
sans aucun doute à indiquer leur point de vue à cet
égard.
ARTICLE 5 Commentaire
II n'est pas réaliste et il peut être dur et injuste de
requérir d'une petite entreprise employant 5 personnes ou moins, de
communiquer avec un client en français. A titre d'exemple, une petite
entreprise familiale qui n'est pas d'expression française,
requérerait un démembrement immédiat d'un employé
de la famille pour se conformer à cette disposition. Une telle
conformité forcée n'avancerait en aucun cas la tentative ou le
dessein du Projet de loi no 1, d'une part, et ne permettrait pas d'autre part
à la langue française de s'épanouir, mais cette situation
pourrait avoir des effets désastreux essentiellement au niveau de
l'entreprise familiale.
ARTICLE 6 Changement suggéré "Toute personne a droit
à l'enseignement en français".
ARTICLES 7 à 13 INCLUS Changements suggérés
Sans se commettre, notre communauté dans la controverse apparente
qui a été développée à savoir si oui ou non
ce chapitre particulier est ou n'est pas constitutionnel, nous croyons qu'une
consultation devrait être faite par le Gouvernement du Québec
à la Cour d'Appel dans un effort afin de déterminer si oui ou non
ces articles sont intra vires. Si le Gouvernement ne croit pas bon d'en
référer de la question pour l'opinion juridique, alors nous
suggérons que la loi actuelle soit maintenue.
Raisonnement
Le concept selon lequel des personnes morales doivent plaider devant les
Tribunaux en français, semble être non seulement injuste et dur,
mais également un déni du droit fondamental de toute personne
devant les Tribunaux à pouvoir comprendre les procédures dans
lesquelles elle est impliquée. Une personne morale ne peut agir
seulement que par le biais d'une personne physique. De nombreuses
procédures requièrent qu'elles soient appuyées par des
dispositions sous serment, et cette loi proposée exigerait de la part
des personnes de jurer sur des dépositions sous serment dans une langue
qu'elles ne comprennent pas.
En outre, la grande majorité des sociétés sont en
réalité des personnes réelles qui ne sont pas
différentes des personnes physiques. Ces personnes se verraient
interdire les mêmes droits devant les Tribunaux. Par exemple, une
personne morale (dont le seul propriétaire est une personne unilingue
parlant anglais) est poursuivie devant le Tribunal des petites créances,
cette personne de langue anglaise devra plaider sa défense en
français.
En conclusion, en raison du fait que de nombreuses procédures
peuvent être suffisamment complexes et qui demanderaient l'avis de
professionnels additionnels, tels que des comptables et des ingénieurs,
ces dispositions du Projet de loi No 1 affectent ainsi de façon adverse
les droits de bien des professionnels de langue anglaise.
ARTICLE 15 Changement suggéré "Les textes et documents de
l'Administration doivent être rédigés dans la langue
officielle et seront disponibles en anglais à ceux qui font une demande
d'une version anglaise".
Raisonnement
Près d'un million de résidents du Québec ne doivent
pas se trouver dans la position où ils pourraient soit mal
interpréter la loi, soit n'être pas capables de
bénéficier des politiques économique et sociale mises de
l'avant par le Gouvernement actuel.
ARTICLE 16 Changements suggérés
II est suggéré que le mot "peuvent" mentionné en
1ère ligne, soit remplacé par le mot "seront" et que le mot
"anglais" soit inséré après le mot "traduction" se
trouvant à la 2ème ligne.
ARTICLE 17 Changements suggérés
Nous remplacerions la seconde phrase par la suivante: "Si la personne
morale avec laquelle il correspond s'est adressée à lui en
anglais, alors une traduction anglaise devra accompagner la
réponse".
ARTICLE 18 Changements suggérés
Nous voudrions suggérer que la référence à
"une autre langue" figurant à la 4ème ligne, soit
supprimée et remplacée par le mot "anglais" lorsqu'il y a
communication avec une partie canadienne à l'extérieur du
Québec.
ARTICLES 21 A 24 INCLUS Changements suggérés
Nous voudrions suggérer que ces articles soient remplacés
et que la loi en vigueur qui relève de ces domaines, continue d'avoir
cours.
Raisonnement
Tenter de légiférer l'emploi du français dans les
domaines considérés par ces articles, semble être une
intrusion inutile dans la gestion des collectivités locales d'expression
anglaise. Il est infaisable et injuste d'exiger que les conseils municipaux de
langue anglaise soient forcés de délibérer et d'employer
une langue autre que celle dans laquelle ils ont mené leurs
délibérations depuis le 18ème siècle. De la
même manière, il est exorbitant à l'endroit des droits de
la minorité de légiférer à l'effet que des
Commissions scolaires protestantes de langue anglaise devront utiliser
seulement la langue française lorsqu'elles auront à faire
circuler un quelconque message d'importance ou afficher des avis. En
conclusion, les dispositions de l'article 23 mettront en danger l'emploi de
plusieurs personnes de langue anglaise dans les collectivités locales
d'expression anglaise.
ARTICLE 25 Changements suggérés "Les services de
santé et les services sociaux doivent offrir leurs services au public
dans la langue officielle aussi bien qu'en anglais, et peuvent offrir de tels
services dans d'autres langues là où ils sont requis. Ils doivent
utiliser la langue officielle pour s'adresser à l'administration;
Les entreprises d'utilité publique et les ordres professionnels
doivent offrir leurs services au public dans la langue officielle ou bien
lorsque requis, en anglais. Ils doivent également utiliser la langue
officielle pour s'adresser à l'administration".
Raisonnement
Nous suggérons que les services de santé et les services
sociaux devraient être traités séparément dans cet
article. Etant donné que le fait de recevoir des services sociaux et des
services de santé constitue un droit figurant au chapitre 48, une Loi
respectant les services de santé et les services sociaux (articles 4 et
5), la pratique courante doit permettre de continuer ainsi là où
des clients sont desservis dans leur propre langue. Notre réseau
d'établissement de services sociaux et de services de santé
connait une longue histoire de services donnés dans les langues des
patients et des clients. Ceci est particulièrment important dans le cas
de personnes âgées ou de personnes ayant des incapacités
majeures, qui ne peuvent vraisemblablement pas apprendre d'autres langues. Nous
croyons que le Gouvernement comprend bien ce phénomène et
continuera de respecter la différence linguistique en autant qu'elle
affecte les services de santé et les services sociaux.
ARTICLE 26 Changements suggérés
Nous suggérons que les ordres professionnels soient inclus dans
la liste stipulée.
ARTICLE 27 Changements suggérés "Les ordres professionnels
doivent communiquer en français avec leurs membres, mais ces
communications peuvent être accompagnées d'une version
anglaise.
ARTICLE 30 Changements suggérés
Nous suggérons qu'un paragraphe supplémentaire soit
ajouté à l'article 30 se lisant comme suit: "L'article 30 ne
s'applique pas à toute personne membre d'un ordre professionnel à
la date où cette loi entrera en vigueur".
Raisonnement
Nous souhaitons rappeler au Gouvernement les déclarations faites
par le Ministre d'Etat au Développement Culturel à l'effet que
nulle personne ne perdrait son emploi comme conséquence du Projet de loi
No 1. En outre, le Gouvernement devrait prendre toutes les mesures
nécessaires pour éviter une application discriminatoire et
arbitraire de cette disposition.
ARTICLE 32 Changements suggérés
A cet article, nous voudrions ajouter ce qui suit, qui d'ailleurs est
mentionné dans la Loi 22: "Un ordre professionnel peut émettre
à un citoyen canadien, membre d'un ordre similaire d'une autre Province
et qui ne possède pas la connaissance de la langue française du
travail exigée en accord avec l'article 30 (Projet de loi No 1) un
permis restrictif qui autorise son titulaire à pratiquer sa profession
pour le compte exclusif d'un employeur dans une fonction qui ne l'amène
pas a traiter directement avec le public."
ARTICLE 36 Changement suggéré
Nous suggérons que l'article 36 soit supprimé.
Raisonnement
Nous pensons que la Charte des droits et libertés de la personne
interdit déjà le congédiement d'un employé en se
basant sur le critère seul de la langue, étant entendu que les
capacités linguistiques ne seront pas nécessaires pour accomplir
les tâches requises pour un tel emploi. Nous devons également
faire objection à la différenciation entre deux classes de
citoyens, ceux qui parlent français et ceux qui parlent anglais.
Allons-nous prétendre que l'article 36 permet aux personnes de langue
anglaise d'être congédiées ou rétrogradées
simplement parce qu'elles ne peuvent pas parler français, lorsqu'on sait
que la connaissance du français n'est pas requise pour l'accomplissement
de leurs fonctions? Cela est absolument inacceptable de la part de la
communauté juive et constitue une violation absolue des dispositions de
la Charte des droits et libertés de la personne.
ARTICLE 37 Changements suggérés
II est difficile d'émettre une quelconque opinion en regard de
cet article avant que les règlements ne soient émis. Toutefois,
la communauté juive a constaté avec effroi les
déclarations récentes de la politique du Gouvernement, lesquelles
apparemment indiquaient que certaines personnes de langue anglaise, qui
n'avaient pas une prétendue compétence en français, ne
seraient pas capables de servir dans certains travaux de construction
routière. Nous réitérons notre croyance dans le fait que
nulle personne ne devrait perdre son emploi comme conséquence de
l'adoption du Projet de loi No 1.
ARTICLE 41 Changement suggéré
Nous recommandons que le paragraphe 3 soit remplacé par:
"D'autres langues peuvent être employées à la condition que
le français soit diffusé de façon plus importante ou
à tout le moins, d'une façon aussi importante que toute autre
langue."
ARTICLE 42 Changement suggéré
Nous recommandons d'insérer la phrase suivante après les
mots: "du plus large public": "des produits alimentaires importés
employés aux fins de l'observance des pratiques religieuses.
L'observance des lois du Kashruth est une nécessité constante
pour les membres de la communauté juive. Nous avons déjà
soumis un mémorandum détaillé au Ministre d'Etat au
Développement Culturel à ce sujet. Nous souhaitons
réitérer le fait qu'une tribulation illégitime retomberait
sur des Juifs pieux par le simple fait d'entraver la vente de ces produits.
ARTICLE 46 Changements suggérés
Nous voudrions suggérer qu'une exception soit faite dans cette
disposition de façon à permettre aux catalogues et à tout
matériel similaire de publicité d'être adressés
à un individu en anglais ou en tout autre langue et ceci peut être
adéquat au type de catalogue ou de matériel de publicité
à expédier.
Nous voudrions encore suggérer la phrase suivante: "(d) Des
messages commerciaux placés à l'intérieur de n'importe
quel commerce de détail ou à l'extérieur dans l'entourage
immédiat d'un tel commerce, doivent être rédigés en
français, ou en français et dans une autre langue, en autant que
le français domine ou à tout le moins figure d'une façon
aussi évidente qu'en tout autre langue."
Raisonnement
II semble que ce soit une méthode peu appropriée que celle
de pénaliser le petit commerçant qui a récemment fait une
dépense assez importante pour avoir de nouvelles affiches publicitaires
placées sur ses lieux, à cause de la Loi 22, pour demander
à l'heure actuelle qu'il obtienne une publicité additionnelle, en
dépit des dispositions du Projet de loi No 1 qui semblent accorder un
délai de quatre ans. En outre, il semblerait exagéré de
requérir que la publicité conçue tout en français,
soit faite afin de s'appliquer à ces régions où d'autres
langues quotidiennes sont utilisées. Afin de conserver "le fait
français" ou en fait une apparence française oonvenable, nous
soumettons qu'il est suffisant de requérir l'emploi du français
plus celui de n'importe quelle autre langue applicable. Tel est le cas par
exemple en France de la Loi No 75-1349 du 31 décembre 1975, relative
à l'emploi de la langue française.
ARTICLES 48 & 49 Changements suggérés
Les dispositions existantes de la loi en rapport avec les raisons
sociales des compagnies semblent suffisantes et convenablement
appropriées à l'heure actuelle dans le développement
social et économique du Québec et les dispositions contenues dans
le Projet de loi No 1 semblent excessives. Par conséquent, nous
soumettons le fait que les articles 48 et 49 soient supprimés et que la
loi actuelle s'appliquant aux raisons sociales des compagnies, continue
d'être en cours pour les quatre prochaines années.
Dans l'alternative, nous ferions la suggestion suivante: Le changement
coercitif de raison sociale ne prend pas en considération la perte
substantielle de clientèle que de nombreuses compagnies pourront
encourir. Ce qui à l'heure actuelle est présenté dans le
Projet de loi No 1 équivaut à une expropriation sans
compensation. Tout comme il est évident, une compagnie qui a
utilisé sa raison sociale en association et en rapport avec une certaine
entreprise, a habituellement au cours des années,
développé sa clientèle en conjonction avec les services
et/ou des marchandises qu'elle offre au public. D'imposer soudainement un
impératif qui peut, dans certains cas, littéralement
détruire le travail sans prix de nombreuses années, ne semble pas
être une façon appropriée de remédier à la
question. Le Gouvernement devrait aussi considérer le statut des
entreprises canadiennes et étrangères qui ont des raisons
sociales anglaises ou dans une autre langue.
ARTICLE 52 Changement suggéré "Les enfants suivants,
à la demande de leur père ou de leur mère, peuvent
recevoir l'enseignement en anglais: a) Un enfant dont le père ou la
mère a reçu son enseignement primaire en anglais; b) Un enfant
dont le père ou la mère est résident au Québec
à la date de la mise en vigueur de cette Loi.
Lorsqu'un enfant est confié à la garde de l'un de ses
parents, la demande prévue dans cet article doit être faite par ce
parent.
Nonobstant ce qui précède, rien dans cet article
n'affectera les droits des descendants de toutes personnes qui choisissent
d'aller à l'école de langue française même si elles
avaient l'autorisation d'aller à l'école de langue anglaise selon
les dispositions précédentes".
ARTICLE 54 Changement suggéré
Une disposition devrait être faite dans cet article à
l'effet que, un parent doit en tout temps être présent si
l'éligibilité d'un enfant pour son enseignement en anglais est
à définir et si l'enfant est présent lors d'une telle
décision. En outre, nous voudrions suggérer que la date du 31
décembre 1977, soit changée par celle du 1er septembre 1978.
ARTICLE 55 Changement suggéré "Le gouvernement doit par
règlement: (a) prescrire la procédure à suivre lorsque des
parents invoquent l'article 52 et les éléments de preuve qu'ils
doivent produire à l'appui de leur demande, étant entendu qu'en
tout temps une preuve secondaire sera acceptable; (b) prescrire un appel des
décisions des organismes scolaires et des personnes
désignées par le Ministre, traitant de l'application des articles
52 et 54. La décision du comité d'appel pourra interjeter appel
auprès d'un tribunal composé de trois juges de la Cour
Provinciale du district dans lequel l'organisme scolaire est situé".
ARTICLE 57 Commentaire
Nous recommandons fermement que le programme du Ministère de
l'Education en rapport avec les écoles de langue anglaise, soit accru
immédiatement de telle manière que tout enfant qui se voit
décerné et reçoit un certificat de fin d'études
secondaires soit capable de fréquenter avec autant de facilité,
soit un CEGEP ou une université de langue anglaise, ou bien un CEGEP ou
une université de langue française. Il est clair qu'afin
d'atteindre son but, les normes de l'enseignement de la langue française
devront être graduellement développées. Le programme
idéal devrait être tel, qu'il devrait permettre à un
étudiant recevant un certificat de fin d'études secondaires
d'être assez versé en langue française afin de pouvoir
être qualifié pour n'importe quelle profession qu'il désire
entreprendre et poursuivre au Québec.
ARTICLE 58 Changements suggérés
Nous recommandons d'ajouter ce qui suit à l'article 58: "... pour
un temps limité et cela ne s'appliquera pas aux personnes qui
requièrent une éducation religieuse pour leurs enfants dans une
école religieuse régie par la Loi sur l'Enseignement
Privé."
ARTICLE 61 Changements suggérés
Nous suggérons que cet article soit supprimé et que la loi
en vigueur soit maintenue. Rien d'utile ne pourrait être desservi en
permettant la publication de n'importe quel avis requis qui puisse affecter les
droits d'individus de langue anglaise, en le publiant exclusivement en langue
française. Ce droit a été accordé aux deux groupes
de langue majeure pendant des décennies, et d'y déroger en ce
moment, on ajoute inutilement aux anxiétés et aux
appréhensions de la minorité de langue anglaise.
B. Application de la Loi
ARTICLES 67 à 74 inclus
II nous semblerait que l'Office de la langue française serait
mieux desservi si le Président était assisté par au moins
deux autres personnes nommées par le Gouvernement. Les nominations
additionnelles seraient représentatives des groupes minoritaires, la
position du Gouvernement en regard des minorités serait alors
satisfaite. A différents moments depuis l'élection du
Gouvernement, bien des choses ont été dites à propos des
droits des minorités qui seraient entendues sur les questions qui
peuvent vraisemblablement affecter leur position particulière au sein du
Québec. Par conséquent, il semblerait que ceci serait une
occasion logique pour le Gouvernement de démontrer sa bonne foi en
prévoyant une représentation minoritaire au sein de l'Office de
la langue française.
ARTICLE 95 Commentaire
L'insertion de cet article entre en conflit avec certains articles
précédents où la signification a été que
l'anglais peut être encore employé dans certains domaines de
l'administration. En outre, cet article n'anticipe pas une situation dans
laquelle se trouvent de nombreuses compagnies. Nous nous en rapportons de
façon spécifique aux compagnies de moins de 50 employés
qui sont à prédominance ou totalement de langue anglaise à
l'heure actuelle et qui dans le contexte des conditions économiques et
à cause des marchés que ces compagnies desservent, sont
vraisemblement appelées à demeurer dans un avenir
prévisible. En outre, il est à prévoir que n'importe
laquelle de deux personnes s'exprimant en langue anglaise, peut communiquer
avec l'autre en anglais. A moins que certains de ces droits ne soient
clairement énoncés, il y aurait lieu à une date
ultérieure pour une interprétation judiciaire contraire des
droits des personnes parlant anglais même entre elles, et par
conséquent nous soumettons le point voulant que cet article devrait
être substantiellement amendé, si non supprimé.
ARTICLES 99, 103 & 105 Commentaire
Ces articles sont en outre des exemples où la décision
d'un fonctionnaire peut causer des dommages substantiels à une personne.
Ainsi qu'on le verra dans la discussion d'articles subséquents, il doit
y avoir une disposition en appel qui permettrait à une personne contre
qui une sanction est prise, d'être à même d'en appeler
à une plus haute autorité selon les règles et coutumes de
la justice habituelle.
ARTICLE 106 Changements suggérés
II est suggéré qu'il soit permis à la
législation en vigueur (Loi 22) se rapportant aux certificats de
francisation, de demeurer en cours.
Le paragraphe A de l'article 106 est répugnant et coercltif. Dans
une société libre et ouverte, des personnes et des entreprises
doivent avoir le droit individuel d'entrer en affaires avec qui elles veulent
de la façon dont elles veulent. Toute intrusion par l'Etat constitue une
dérogation majeure aux pratiques qui ont été
adoptées au Québec pendant des générations.
La législation en vigueur (Loi 22) apparaît en autant
qu'elle permet à un individu le choix de négocier ou non avec le
Gouvernement. Il y a un nombre incalculable d'entreprises qui n'ont jamais
négocié avec le Gouvernement ou ses agences et au sujet
desquelles il est peu vraisemblable qu'elles aient besoin de négocier
dans un avenir prochain.
En outre, le fait d'exposer n'importe quelle compagnie aux caprices
éventuels d'un fonctionnaire à un moment donné, dans la
mise en application des articles 106 et 119, semble indûment dur et en
fait répressif.
ARTICLE 111 Changement suggéré
II est suggéré que cet article soit supprimé.
ARTICLE 112 (B) Changement suggéré
L'article 112 (B) devrait être supprimé et remplacé
par ce qui suit: "de manière à assurer l'utilisation du
français à tous les niveaux de l'entreprise, y compris au sein du
conseil d'administration et au niveau des cadres."
Raisonnement
La référence à "Québécois" dans cet
article rappelle la discussion exposée sous le titre "Préambule".
Le mot "Québécois" devrait être supprimé pour les
raisons indiquées précédemment.
ARTICLE 119 Changements suggérés
Les changements suggérés en rapport avec l'article 119 ont
été discutés en partie dans l'article 106. Une disposition
d'appel est nécessaire avant que n'importe quelle détermination
qui pourrait avoir de sérieuses ramifications soit prévue. Par
conséquent, nous suggérons d'ajouter à l'article 119 ce
qui suit: a) Que la suspension ou l'annulation du certificat de n'importe
quelle entreprise ne soit pas prononcée avant que l'audition à
laquelle l'entreprise en question doit être invitée, n'ait
été tenue. b)Que l'exécution d'une telle décision
soit suspendue, en attendant que le droit de l'entreprise
pénalisée puisse en appeler à un banc de trois juges de la
Cour Provinciale de la juridiction dans laquelle cette entreprise fait
affaires. c)Que la décision prise par le banc composé des dits
juges soit à même d'être interjetée auprès de
la Cour d'Appel.
ARTICLE 120 Changements suggérés
Suite à notre suggestion d'ajouter une représentation
minoritaire à l'Office, nous suggérons également
d'augmenter le comité pour épauler et assister le
Président dans l'accomplissement de ses fonctions.
ARTICLE 133 Changement suggéré "Toute personne ou groupe
de personnes peut adresser une requête pour une enquête, et une
copie d'une telle requête doit être signifiée à la
compagnie ou aux personnes contre qui une telle pétition a
été rédigée".
Raisonnement
Nous croyons que si n'importe quelle réclamation est faite contre
un autre citoyen, ledit citoyen affecté doit avoir le droit d'être
capable d'identifier et de comprendre la réclamation de ses
accusateurs.
ARTICLE 142 Changements suggérés
Cet article doit être amendé de façon à
permettre à la personne contre laquelle l'enquête est
dirigée, d'y être présente. En outre, une disposition doit
être rédigée à l'effet que, avant que toute
procédure soit intentée contre cette personne, le droit d'appel
envisagé et établi sous l'article 119, devrait s'appliquer.
ARTICLE 163 Commentaire
Nous nous objectons en principe, à la nécessité
d'avoir des sanctions pénales eu égard à la
législation linguistique. La multiplicité de telles sanctions
rend confuse et affaiblit l'application de la loi criminelle en
général.
ARTICLE 172 Commentaire
La communauté juive se sent spécialement concernée
à propos de l'insertion de cet article. Il est le catalyseur majeur qui
a suscité l'anxiété et l'appréhension de tous les
segments de la société du Québec. Permettre à un
article de cette nature de demeurer, dément non seulement la tentative
de législation des droits de l'homme qui fut reçue avec tant
d'empressement par notre communauté et en fait par tous les citoyens du
Québec, mais tente à promouvoir un degré
d'intolérance et ne tient aucun compte des droits et libertés de
la personne.
Conclusion
La communauté juive du Québec appuie la tentative d'essai
du Gouvernement de promouvoir et de préserver la langue
française. Toutefois, nous croyons que les modifications que nous avons
proposées n'amoindrissent nullement un quelconque des objectifs
formulés par le Gouvernement eu égard au Projet de loi No 1;
à notre avis, en adoptant ces changements d'acceptation plus importants,
les principes généraux de la législation seraient à
venir, émanant du grand public. Nous maintenons l'idée que les
buts du Projet de loi No 1 doivent être consistants avec la protection
des droits de l'homme et la dignité de tous les citoyens; nous croyons
que la langue française peut s'épanouir sans coercition et
pénalité. Et finalement, nous attendons que ce Gouvernement qui a
si bien énoncé par le passé l'importance des
libertés individuelles, fera les changements nécessaires afin
d'assurer que le Projet de loi No 1 deviendra la Charte de la langue
française pour toutes les personnes au Québec.
RESPECTUEUSEMENT SOUMIS
Harvey Crestohl, C.R.
Président
District 22, B'nai B'rith
Dr. Melvyn Schwartzben
Président
Congrès Juif Canadien
Région du Québec
Joel Pinsky
Président
Comité Conjoint des Relations Communautaires
Congrès Juif Canadien et
B'nai B'rith
ANNEXE 3 Mémoire du grand conseil des Cris du
Québec
Le Grand Council of the Crees (of Québec) représente les
Cris de la Baie James et du Nord québécois.
Les Cris sont les descendants directs d'une des grandes nations
indiennes d'Amérique et constituent un des peuples fondateurs du
Québec.
Ils possèdent une culture reliée intimement aux
activités traditionnelles de la chasse, la pêche et le trappage.
Néanmoins, à travers les siècles, ils ont pu s'accommoder
des changements qu'ont apportés les autres civilisations tout en gardant
leurs valeurs fondamentales.
Les Cris comptent environ six mille cinq cents (6,500) personnes
regroupées en huit (8) bandes situées le long de la côte
est de la Baie James et à l'intérieur des terres dans la
région d'Abitibi.
La partie du Québec habitée par les Cris n'est devenue
partie intégrante du Québec qu'en 1898 et 1912.
Une grande partie de la population crie est jeune et il est à
noter que la plupart des Cris qui ont reçu une certaine éducation
l'ont reçue dans les écoles fédérales en
anglais.
Convention de la Baie James et du Nord québécois
Une entente connue sous le nom de la Convention de la Baie James et du
Nord québécois a été conclue le 11 novembre 1975
entre les Cris du Québec et le gouvernement du Québec. Cette
entente a été le fruit d'un long processus de procédures
judiciaires et de négociations pour reconnaître certains droits
aux autochtones et régler certains conflits entre les parties. Elle
précise et garantit certains droits et obligations des parties l'une
à l'égard de l'autre. Elle touche un grand nombre de secteurs
d'activités de la vie, dont, à titre d'exemples, l'octroi des
terres, la chasse, la pêche et le trappage, l'éducation, les
services sociaux et de santé, le gouvernement local et l'administration
régionale et autres.
Les Cris considèrent que la Convention constitue leur charte.
Elle leur fournit les moyens par diverses structures et corporations de
contrôler leur avenir et de gérer leurs affaires.
Projet de loi no 1
C'est à la lumière de la Convention que les Cris
désirent faire connaître à la Commission leur position
actuelle sur le projet de loi no 1.
Le projet de loi no 1 tel que présenté en première
lecture, entre en conflit directement et indirectement avec plusieurs
dispositions de la Convention. Il contredit l'esprit de certains articles de la
Convention qui sont fondamentaux et qui ont fait l'objet de longues discussions
avant la signature de la Convention.
Enfin, l'application intégrale du projet de loi no 1 aux Cris
constituera une entrave sérieuse à la mise en application de la
Convention.
Le ministre d'Etat au développement culturel a reconnu les
problèmes sérieux inhérents à l'application du
projet de loi no 1 face aux garanties prévues par la Convention en
faveur des Cris.
Le 30 mai 1977, il s'est engagé envers les Cris à
respecter intégralement la Convention et à apporter les
amentements nécessaires au projet de loi no 1 pour qu'il se conforme
à l'esprit et à la lettre de la Convention.
Considérant l'engagement du ministre et espérant que la
Commission sera saisie des amendements nécessaires au projet de loi no
1, nous limitons notre présentation à certains points
essentiels.
Usage de la langue française
Déjà en majorité bilingues (cri et anglais), les
Cris ont accepté de poursuivre l'objectif d'acquérir une
connaissance usuelle du français.
Cet objectif appert clairement, entre autres, d'une des dispositions du
chapitre de la Convention concernant l'éducation citée
ci-dessous.
Devant la Commission parlementaire étudiant le projet de loi
fédérale pour approuver la Convention, le Grand Chef Billy
Diamond a confirmé l'intention des Cris en ce sens.
Effets particuliers sur la Convention
II importe d'esquisser certaines incompatibilités entre le projet
de loi no 1 et la Convention. Ceci est présenté uniquement
à titre d'information et d'illustration, et en prenant pour acquis que
les amendements attendus apporteront les corrections nécessaires.
Education
Le chapitre 16 de la Convention prévoit un programme
général d'éducation pour les Cris de la Baie James. Ce
chapitre stipule, entre autres, que: "Les langues d'enseignement sont le cri
et, quant aux autres langues, selon la pratique actuelle dans les
communautés cries du Territoire. La Commission scolaire crie se fixe
comme objectif l'usage du français comme langue d'enseignement pour
permettre aux diplômés de ses écoles de poursuivre leurs
études en français, s'ils le désirent, dans une
école, un collège ou une université ailleurs au
Québec. Les commissaires fixent le rythme d'introduction du
français et de l'anglais comme langues d'enseignement après avoir
consulté le comité des parents, compte tenu des exigences de
l'enseignement ultérieur."
Pour des raisons historiques, la pratique actuelle dans les
communautés cries est à l'effet que les langues d'enseignement
sont le cri et l'anglais. Cette situation est en train d'évoluer dans le
sens de l'apprentissage d'une troisième langue: le français. Deux
des établissements sont déjà pourvus d'écoles
françaises, et les jeunes autochtones qui fréquentent ces
écoles sont en voie de devenir trilingues. Toutefois, il faut noter
qu'une accélération démesurée risque
d'entraîner des effets négatifs. Il serait vain de vouloir
brusquer ce processus.
L'article 59 du projet de loi reconnaît le droit aux Cris à
l'instruction dans leur langue maternelle. En faisant abstraction de
l'enseignement dans toute autre langue, notamment l'anglais, cet article entre
en conflit avec la disposition de la Convention reproduite ci-haut. Cette
dernière disposition garantit aux Cris le droit à l'enseignement
en anglais et en cri. Cette clause prévoit également que les Cris
s'engagent à introduire l'usage du français dans leurs
écoles. Toutefois, elle leur reconnaît la discrétion d'agir
en ce sens à leur propre rythme et en impliquant les parents. Ce pouvoir
de déterminer eux-mêmes le rythme du processus de francisation est
une pierre d'achoppement du chapitre 16 de la Convention. C'est sur la base de
cette reconnaissance que les Cris ont donné leur accord à la
Convention elle-même.
Par conséquent, l'article 59 du projet de loi, même s'il
reconnaît le droit à l'enseignement en cri, est insuffisant pour
donner effet au chapitre 16 et, de plus, entre directement en conflit avec
celui-ci.
Organismes administratifs
La Convention crée plusieurs organismes administratifs ayant des
responsabilités très étendues dans les secteurs
d'activités les plus divers. Parmi ceux-ci on peut
énumérer, à titre d'exemples, l'Administration
régionale crie (chapitre 11 A), le Conseil régional cri pour les
services de santé et les services sociaux (chapitre 14), le
Comité conjoint chasse, pêche et trappage (chapitre 24) et
la Commission scolaire crie (chapitre 16). Ces organismes se classent dans deux
catégories: la première est administrée en
exclusivité par des autochtones, la seconde conjointement par des
autochtones et des non-autochtones.
Le bon fonctionnement de tous ces organismes requiert une grande
facilité de communication entre toutes les parties
intéressées. La langue seconde de la presque totalité des
Cris, et, par conséquent, de toutes les personnes susceptibles à
court ou à moyen terme de siéger sur les conseils
d'administration desdits organismes, ou d'y travailler, est l'anglais. Pour
cette raison, jusqu'à ce que le processus de francisation
mentionné plus haut soit suffisamment engagé, il sera
nécessaire que la langue de communication et de travail de ces
institutions soit le cri et l'anglais.
Au niveau de l'administration locale, la Convention consacre le statut
du cri comme langue de communication, reconnaissant ainsi son importance pour
le peuple cri et sur le plan culturel et sur le plan pratique.
Le projet de loi vise une francisation immédiate ou
accélérée de toute l'administration publique, y compris
les organismes ci-haut mentionnés. De plus, il accorde le droit à
tout individu d'exiger que ces corps, dans toutes leurs sphères
d'activités, que ce soit les relations de travail, l'embauche, les
communications internes et externes, et autres, fassent affaires avec lui en
français. Il apparaît évident que l'application
intégrale du projet de loi aurait pour résultat concret de causer
tant de problèmes, d'ennuis et d'inconvénients, à tous les
niveaux, que l'auto-détermination des Cris, un des fondements de la
Convention, se trouverait sérieusement compromise. La réalisation
même de la Convention en dépend.
Conclusion
II faut souligner aux membres de la Commission que les Cris ne
réclament du gouvernement du Québec à titre de
représentant du peuple du Québec, que le respect de son propre
engagement à titre de signataire de la Convention. Ils ne demandent rien
d'autre que ce qui leur est dû.