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Audition des mémoires sur
le projet de loi no 1 :
Charte de la langue française
au Québec
(Onze heures cinquante minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
C'est une nouvelle séance. Je me permettrai quelques commentaires
tantôt. Pour le moment, je dois faire l'appel des membres de la
commission. M. Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Charbonneau
(Verchères) remplace M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Godin (Mercier), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)...
M. Grenier: Remplacé par M. Biron (Lotbinière).
Le Président (M. Cardinal): ...remplacé par M.
Biron (Lotbinière); M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Constatant qu'il y a quorum, je donne immédiatement l'ordre du
jour. Oui, M. le député de Rosemont?
M. Paquette: C'est une demande de directive. Au début de
la semaine, je vous avais demandé si vous pouviez aujourd'hui nous
déposer la liste des mémoires, pas nécessairement dans
l'ordre, mais qui seraient...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Rosemont, mais cela a été fait hier.
M. Paquette: Ah oui?
Le Président (M. Cardinal): La liste a été
remise à chacun...
M. Paquette: On a une liste complète de tous les
mémoires.
Mme Lavoie-Roux: ...pour une semaine à venir.
Le Président (M. Cardinal): Oui, une liste complète
a été remise; elle n'a pas été
déposée, elle a été remise à chacun des
membres de la commission qui étaient présents. Mon
secrétaire particulier est à votre disposition pour vous remettre
une copie de cette liste, comme vous êtes membre de la commission.
M. Paquette: Ce n'est pas cela que je vous avais demandé,
M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Qu'est-ce que c'est
exactement? La liste de tous ceux qui sont convoqués?
M. Paquette: J'ai bien reçu cette liste de tous les
mémoires. Ce que je veux avoir, c'est la liste de ceux qui sont
convoqués pour la semaine prochaine, de façon que nous puissions
organiser nos interventions.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, j'ai demandé au secrétaire de la commission s'il
était possible qu'avant la fin des travaux de cette séance, je
puisse avoir cette liste. C'est avec plaisir que je donnerai cette liste
dès que je l'aurai. Je ne l'ai pas encore moi-même.
M. Paquette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse d'avoir confondu
les deux listes. Aujourd'hui, nous avons M. Burford Charles Norman, comme il le
veut, à titre personnel, mémoire 157, et le Congrès
national des Italo-Canadiens, région de Québec, mémoire
118. Avant que nous ne procédions, cependant, je veux bien indiquer que
je n'ai pas à me prononcer sur les travaux de l'Assemblée
nationale. Je regrette, cependant, pour les témoins qui sont devant
nous, le retard qui s'est produit. Nous sommes vraiment à la merci de ce
procédé démocratique et des procédures qui y sont
rattachées. Je n'ai pas à juger, donc, du temps employé
avant cette séance et je ne peux non plus préjuger du temps
employé par un témoin. J'ai donc invité deux
témoins ce matin, une personne et un groupe.
Nous devrons, à la fin de la séance, nous entendre sur la
façon de procéder. A cet égard, je rejoins le
député de Rosemont et j'espère aussi savoir quels seront
les témoins invités pour lundi. Sans plus de délai,
j'invite M. Norman... M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais demander une directive au
président. Vu l'heure avancée et que les travaux de la commission
doivent se terminer à 13 heures, est-ce qu'on pourrait indiquer s'il va
y avoir possibilité d'entendre les deux mémoires ce matin, ou
d'entendre le deuxième mémoire, celui d'un groupe qui est ici? Je
crois qu'il ne pourra pas revenir lundi. Je demande s'il était possible,
avec le consentement unanime de la commission, d'assurer ce groupe que son
mémoire sera entendu ce matin.
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, M. le
député de Mont-Royal. Je viens justement d'indiquer que je ne
puis, en aucun moment je suis
revenu souvent sur cette question préjuger du temps
employé envers un témoin. Je ne peux pas demander à un
témoin de se retirer, ni à la commission de renoncer d'avance
à son droit d'intervenir. C'est pourquoi j'ai voulu, très
honnêtement, indiquer au deuxième groupe, le Congrès
national des Italo-Canadiens, qu'il serait fort possible qu'il ne puisse pas
être entendu aujourd'hui. Je ne puis pas savoir à quel jour, ni
à quelle heure cet organisme pourrait être convoqué. Il va
falloir que le ministre, avec l'aide du secrétaire de la commission,
communique avec ces gens s'ils ne peuvent pas être entendus ce matin.
Mais il me paraît quand même impossible, physiquement, même
si on ne prenait que quelques minutes pour le premier témoin, d'entendre
en entier le deuxième groupe.
M. Ciaccia: Cela dépendrait de l'intention du groupe
ministériel; s'il veut s'entendre pour limiter le débat du
premier témoin, sans lui enlever le temps il a 20 minutes
car s'il veut limiter son temps, ce serait alors possible d'entendre les deux
groupes ce matin.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: ... je pense que si on acceptait de
réduire au minimum les interventions de part et d'autre, il ne
resterait, tout compte fait, qu'une demi-heure pour entendre le mémoire
de la communauté italienne. Le problème, c'est que, par la suite,
il y aurait peut-être un délai trop grand entre l'audition du
mémoire et les réactions de part et d'autre qu'on aurait à
ce mémoire, que je considère très important.
Le Président (M. Cardinal): Je suis d'accord avec vous, M.
le député de Verchères. C'est pourquoi j'ai indiqué
au député de Mont-Royal que même si le témoin
présent ne prenait que le temps qui lui est alloué et que toute
la députation renonçait à son droit de parole, nous
n'aurions quand même pas le temps d'étudier sérieusement le
second mémoire.
Oui, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si c'est
de votre ressort de répondre à la question que je veux poser,
mais si, honnêtement, on prévoit qu'on ne peut pas les entendre ce
matin, ne serait-ce pas mieux de le leur indiquer maintenant, plutôt que
de les voir encore plus frustrés dans une heure parce qu'on ne les aura
pas entendus? Je me demande...
Le Président (M. Cardinal): La question est recevable,
madame, mais c'est au ministre de décider s'il désire ou non
répondre à cette question. M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: Je trouve que M. Norman, qui a at- tendu toute la
journée hier et qui nous a promis qu'il serait ici aujourd'hui, a droit
à être entendu et à prendre le temps qui lui revient. Je
reconnais aussi que la communauté italienne, qui est ici ce matin,
devrait être entendue et, par conséquent, je proposerais, en
raison des facteurs que nous ne pouvons contrôler, que nous puissions
faire siéger la commission jusqu'à deux heures, jusqu'à
temps que les deux groupes soient entendus.
M. Morin (Sauvé): Même jusqu'à trois
heures.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je ne sais pas s'il y a lieu de prolonger la
commission cet après-midi après une heure, mais il est clair que
la communauté italienne joue un grand rôle dans la province, et
principalement à Montréal. Par conséquent, je pense que ce
serait de mauvaise grâce que de vouloir passer rapidement leur
mémoire. Je pense bien que si on doit s'entendre, vu l'importance du
mémoire, on devrait sûrement accorder tout le temps qui est
alloué à cette communauté. Cependant, il serait
peut-être préférable de leur dire immédiatement de
revenir, s'il y a lieu, dès mardi matin.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: S'il y a possibilité de faire remplacer des
gens en commission, je n'ai pas d'objection à appuyer la motion.
Personnellement, j'ai des engagements à une heure et c'est très
important. Il n'est pas question pour moi d'annuler ces engagements. Donc
à partir de cela, j'opterais plutôt pour une formule selon
laquelle on les remettrait à une date fixe et je crois que c'est le
privilège du ministre de faire cela. Donc, il pourrait y avoir une
entente immédiatement entre le ministre et le secrétaire de la
commission pour dire: Vous revenez à telle heure, tel jour; à ce
moment-là, on commencerait avec eux cette journée-là.
M. Laurin: M. Chevrette peut être remplacé, si c'est
possible.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez, les questions qui me
sont posées... Oui, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je suis un peu dans la
même situation que le député de Joliette, mais, par
ailleurs, je m'étais préparé à intervenir sur ce
mémoire. Comme j'ai vécu longtemps dans le quartier italien
à Montréal, je trouve qu'il est important de bien approfondir...
J'aurais préféré la formule du député de
Mégantic-Compton selon laquelle on fixerait clairement un moment
où on serait certain que les gens pourraient témoigner, parce
qu'ils seraient les premiers.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Laurier avait demandé la parole.
M. Marchand: Je n'avais pas demandé la parole, mais je me
demande, avec tout le temps que vous perdez actuellement à discuter s'il
passe ou s'il ne passe pas, si c'était commencé, probablement
qu'à 12 h 30 il pourrait commencer.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Même si le groupe commençait à 12 h 30, nous
ne pourrions pas terminer normalement pour l'heure de l'ajournement. Je termine
en disant ceci: Comme il ne semble pas y avoir de consentement, bien au
contraire, je vais commencer immédiatement les travaux de cette
commission et, au moment de l'ajournement, nous prendrons cette
décision. Comme dirait Shakespeare: We will cross that bridge when we
will come to it. Alors, M. Norman, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie. A l'ordre!
Une Voix: Est-ce Duplessis qui a dit cela?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: On commence à trouver des termes
anglophones.
Le Président (M. Cardinal): Je vous demanderais
d'être brève, cependant.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être très brève,
mais comme tout le monde a pu s'exprimer sur cette suggestion, à savoir
si on siégerait jusqu'à deux heures ou trois heures, c'est
à grand regret. J'aurais pu continuer jusqu'à 1 h 15 si on avait
été... Parfois on ajoute un quart d'heure, vingt minutes. Mais je
suis vraiment dans l'impossibilité, à cause d'engagements
antérieurs, de siéger plus tard que cette heure-là. Je ne
sais pas s'il y en a d'autres dans mon groupe qui sont dans la même
position, mais je...
M. Lalonde: Je suis dans cette même position.
Le Président (M. Cardinal): Madame, si vous le permettez,
justement pour conclure ici, j'ai senti que plusieurs membres de la commission
étaient dans cette situation. Pour cette raison, justement, je rends la
directive que nous allons commencer les travaux et qu'au moment de
l'ajournement, je demanderai à la commission soit le consentement, soit
une directive. M. Norman, veuillez vous identifier, s'il vous plaît, pour
les membres de la commission, et vous avez 20 minutes pour exposer votre
mémoire. Nous commençons à 12 h 4.
M. Burford Charles Norman
M. Norman (Burford Charles): Merci, M. le Président. Mon
nom est Burford Charles Norman, de Montréal. M. le Président,
avec votre indulgence, je vais présenter mon mémoire en
anglais.
Le Président (M. Cardinal): Oui, monsieur.
M. Norman: Merci. Beginning with the preamble, I am without doubt
as to the integrity and sense of justice of the present provincial government.
On November 15, 1976, the Québécois' solidarity was midwife to a
new era in French Canadian history and are now asserting their own distinctness
as a people in control of their own destiny.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi, M. Norman, est-ce que vous pourriez approcher votre micro,
s'il vous plaît?
M. Norman: The proposed bill 1 presents in general the normal
aspirations of an independent nation and appears to be within the bounds of the
BNA Act. However, due to our history, there exists a substantial Anglophone
minority whose acquired privileges should not be negated overnight, culminating
in a form of cultural shock which could lead to polarization and animosity.
The majority has the power and with it the opportunity to allow a
transitory period (from the present until independence) so this minority can
adapt and decide their future as individuals.
As an individual citizen, I have not the resources to back my proposals
with statistics. They are based simply on the gut feeling of a Montreal born
Anglophone who is aware in a moderately knowledgable way of the historical
social phenomenon in which we are all immersed. This is a dialectical process
which is apparently resulting in a re-allocation of political and economic
power. Let us all strive to make this transition as easy and equitable as
possible.
Therefore, I, Burford Charles Norman, respectfully submit the following
suggestions and ideas to this parliamentary commission for your
consideration.
The preamble of bill 1 states that "The French language has always been
the language of the Québec people". To make this statement more
accurate, I suggest that it be modified to read "the majority of Québec
people", or "the language of the descendents of the original European settlers
to this area who have always been the majority in Québec, this is,
indeed, the very instrument by which... etc."
The second paragraph of the preamble states, "to make of French the
language of government and law". During the proposed transitory period
(reference to paragraph 3 of this brief), I suggest the above be modified to
read: "To make French the primary language of government and law".
In reference to article 8 of chapter III of bill 1, I would like to see
further study and consideration by this commission on the possibility of
drafting and tabling of bills in the National Assembly being prejudicial to the
democratic representation of Anglophones in the National Assembly if done in
French only.
As the owner of a small company, I recommend that artificial persons be
permitted to plead before the said bodies in article 11, Chapter
III, if the said artificial persons are below a certain size to be
determined and are able to demonstrate that their knowledge of French is
insufficient to assure them a fair hearing. This proposal to be in effect
during the proposed transitory period. Reference to the paragraph 3 of this
brief.
In reference to article 43 of chapter VII, Bill 1, the object is obvious
and readily understood. However, English toys and games should be available in
anglo areas (to be defined) perhaps with the permission of the Office de la
langue française (article 41) as there exist many of the same made in
English countries which are beneficial and of quality. Allowing unilingual
French articles while forbidding unilingual English ones deprives the anglo
minority and will be considered a punitive measure by them and businesses
involved. It is also contrary to universal principles of equity.
The same inequity exists for other minority groups also. For example,
there exist Chinese games which have Chinese characters on the pieces and are
never translated into any other language. Are they that is the Chinese
to be deprived of the right to go to a Chinese shop in "Chinatown" and
buy this game? The same applies to many other ethnic toys and games.
To retain this article, on the correction sheet, this is an amendment
here, as it presently reads would be and injustice.
Perhaps the Government of Québec could use its good offices to
contact certain manufacturers and show them the lucrative market in
Québec for French games and toys, a market already exploited by many
games which were available originally only in English.
In reference to article 46, chapter VII of Bill 1, I maintain that
languages other than French should be permitted in commercial advertising.
The total gallicization of the whole visual façade, with no
Greek, Italian, English, Chinese, etc., would be stifling and a certain
character would be lost. The mirror of Montreal, for example, would no longer
reflect a true image of actuality.
I therefore suggest that: 1- French appears in all advertising with the
minority language or languages in a subordinate position, for example, smaller
print or beneath the French.
And, for your consideration: 2- French only signs to be tax deductible.
Paragraph 19 of this brief refers to article 52 of the Bill 1.
Until independence is attained, I propose that any Canadian anglophones
entering Québec and taking domicile therein should be allowed permanent
access to English schools. It is unlikely taht there will be an overwhelming
influx of Angloes, however, a clause could be inserted to revert to the article
as it presently exists if this suggestion were to be abused.
Most important, in respect to this, it would be imperative that this
right be given only to Canadians and landed immigrants who are in Canada at the
time this Bill becomes law. All subsequent immigrants to Canada who eventually
come to Québec would have to attend French schools.
This suggestion appears to be in accord with section 95 of the British
North America Act as regards concurrent powers of legislation respecting
"Immigration into the Province".
Paragraph 21 is deleted.
Paragraph 22. Article 90 should include a clause calling for a municipal
referendum on any place name changes.
Conclusion. The Québécois have more than proved to the
world, their collective will to exist as a people. In the ensuing period
following their great social victory, they have an opportunity to be
magnanimous notwithstanding injustices perpetraded upon francophones by
anglophones in the past in Canada.
With faith in the Québécois inherent philosophical
humanism and sense of social justice, I respectfully submit the above for your
consideration.
That is the end of my brief. Thank you.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci beaucoup, M. Norman. Je cède la parole à M. le
ministre.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier chaleureusement M. Norman
d'avoir eu la patience de nous attendre une longue journée et surtout de
nous présenter un mémoire aussi bien fait. Je le remercie
d'autant plus que je sens que c'est non seulement un honnête homme dans
le sens du XVIIe siècle, mais également que c'est un anglophone
qui semble avoir fait de grands efforts et avoir réussi à
comprendre l'évolution récente des francophones au Québec,
leur désir collectif, le désir qu'ils ont de redresser certaines
situations et j'ai même l'impression qu'il trouve absolument normal que
le peuple québécois puisse un jour aboutir à une autonomie
de plus en plus grande que l'on pourra appeler souveraineté.
Ceci nous change de certaines autres opinions que l'on croit
monolithiques dans la communauté anglophone.
Quant à ses suggestions, je n'ai malheureusement peut-être
pas le temps de les commenter toutes, mais je voudrais attirer du moins son
atten tion sur quelques-unes d'entre elles. Je pense que la première
qu'il nous fait est de modifier le préambule. J'ai déjà eu
l'occasion, à deux reprises, de dire que ce préambule serait
modifié et il sera sûrement modifié dans le sens des
désirs que vous nous exprimez, peut-être pas avec la formulation
que vous nous suggérez aujourd'hui, mais cette formulation nouvelle sera
sûrement conforme à l'esprit qui anime votre propre suggestion de
façon qu'il devienne bien clair que le peuple québécois
comprend tous les groupes qui font partie de la population du Québec,
même si la langue officielle doit être le français, comme
elle l'a toujours été, en fait.
En ce qui concerne l'article 8, je pense, M. Norman, que nous avons
été bien clair là-dessus
dans la loi. La loi permet la publication des lois en français et
en anglais. J'étudierai quand même votre suggestion pour voir s'il
est possible d'aller plus loin dans ce sens. J'examinerai aussi avec attention
votre suggestion en ce qui a trait à l'article 11. Déjà,
l'article 11, tel que formulé, va quand même dans le sens de vos
recommandations, en ce sens qu'il permet à deux personnes morales qui
sont d'accord pour plaider en anglais, l'usage de cette langue. Nous pourrons
étudier s'il est possible d'aller plus loin dans cette direction; je
voudrais simplement vous signaler quand même qu'il faut prendre garde
à toutes les parties en cause. Nous pensons, par exemple, au cas
où un individu de langue française pourrait être poursuivi
par une personne morale de langue anglaise. Je pense qu'il n'est
peut-être pas exagéré de prétendre qu'en vertu du
principe que le français doit être la langue officielle, le
francophone aurait le droit que les procédures se déroulent en
français. C'est un peu le sens que vous accordez vous-même
à la primauté du français dans une société.
Il reste que j'étudierai quand même votre suggestion.
Sur la langue des jouets, tel que nous en parlons à l'article 43,
il est possible qu'il persiste encore certains malentendus, malgré mes
déclarations à cet égard. Cet article ne vise que les jeux
où l'apprentissage d'une langue constitue le principe même du jeu.
Il exclut tous les autres jeux qui sont 98% ou 99% des jeux. Si nous avons fait
un sort à ce genre particulier de jeu, c'est précisément
parce qu'il est lié, d'une façon intime, à la
qualité de la langue française et à la
nécessité d'un apprentissage adéquat de la langue
française par les francophones. L'article dit, d'ailleurs, qu'il n'est
pas interdit de vendre ces jeux en anglais également. Etant donné
que certains malentendus semblent persister à cet égard, il est
possible que nous soyons obligés d'en arriver à une formulation
plus claire.
En ce qui concerne vos autres suggestions, je veux simplement vous dire
que nous les accueillons avec sympathie et que nous allons sûrement y
accorder toute l'attention désirable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, since this brief seems to be
more an affirmation of the eventual independence of Québec from Canada,
rather than an in depth study of the principle and problems of Bill 1, and
since we have a group that is waiting patiently which has made a very
comprehensive study of the Bill, regardless of the political future of this
province, I will forgo any questions and any further comments in the hope that
we can proceed to the next submission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: M. Norman, je vous remercie énormément de
votre présence ici ce matin et je vous remercie du contenu de votre
mémoire. C'est rafraîchissant de voir l'approche que vous avez
vis-à-vis des améliorations qu'il faut apporter au projet de loi
no 1. Tout le long de votre mémoire, je me demandais ce que vous faisiez
dans la vie, mais lorsque j'ai réalisé que vous étiez
propriétaire d'une petite entreprise, j'ai vu pourquoi votre
mémoire était si clair.
Je voudrais quand même que vous nous expliquiez, au paragraphe 9,
où vous mentionnez: "During the proposed transitory period, I suggest
the above be modified to read..." and so on... La période de transition
que vous voyez serait de quelle longueur?
M. Norman: In this brief, I have taken the point of view of the
government who is going for independence, I am not necessarily for
independence. I would like to make that clear. The most beautiful thing that
could happen, I think, as far as I am concerned, is a new Constitution and so
on. However, if it does not work out, independence is it. So, this proposed
period would start now and/or at bill 1 and go until independence or until the
referendum shows that we will not have independence perhaps. So, it is an
indeterminate period of time. There are certainly going to be renegotiations,
if we stay as one country. There are going to be renegotiations, if we go
independent in Québec. Who can say when it is going to be? Perhaps M.
Lévesque, M. Laurin, but I cannot tell you when that would be. It is an
indeterminate period of time.
M. Biron: O.K. Thank you very much for this.
You said a little bit further in section 11 concerning artificial
persons in the Court... Would you explain a little bit more on this?
M. Norman: Yes. I would like to clarify that. Le ministre, Dr
Laurin, mentioned that the laws and so on will be published in English... Oh!
Just a moment! We are talking about only the courts at the moment, are we?
M. Biron: Article 11.
M. Norman: Yes. Well, for example, during this transitory period
at least, if I were to go to Court and were taken to Court by the government,
by the Crown, I would like to defend myself in English simply "pour les
nuances". For this reason, I will incorporate probably shortly and I would like
to have this option at least during this transitory period. I might mention,
just going back to the other articles, there about the laws of representation
in the National Assembly that Dr Laurin mentioned. I am afraid that we would
not have proper representation if certain people were not permitted to speak in
English and so on. I would like to be able to participate in English if
necessary, rather than just having after the fact bills and laws published in
English. This is my concern.
M. Biron: Mais si vous allez en cour comme personne morale, comme
entreprise, contre un individu, vous n'avez pas d'objection à ce que
l'indi-
vidu, lui, s'il veut employer la langue française, l'emploie
même si vous, vous voulez employer la langue anglaise dans vos questions
et réponses. C'est ça?
M. Norman: Si je suis "incorporated", against an individual, I
would see it certainly that the individual does not speak English or does not
please to, then it would have to be in French and so on.
M. Biron: Je suis totalement d'accord avec vous là-dessus,
parce que j'ai fait l'expérience personnellement d'aller à la
Cour fédérale pour des questions de brevets et, à
l'époque, j'avais voulu, pour rendre service à l'autre partie,
plaider en anglais. J'ai fait une erreur, parce que le fond de ma pensée
n'était pas aussi précis dans l'autre langue que dans ma langue
à moi. Alors, j'aurais dû plaider en français et le
laisser, lui, plaider en anglais, dans sa langue. On aurait eu le maximum. Je
rejoins votre sentiment là-dessus.
Je voudrais aussi que vous nous expliquiez davantage l'article 18,
paragraphe 2. Je trouve excellente la suggestion que vous faites, lorsque vous
dites: "French only signs to be tax deductible". Je trouve ça excellent,
cette suggestion. Pourriez-vous nous expliquer un peu plus?
M. Norman: I must give credit for that particular item all
the other items in this brief were my own now you think this one is
excellent. It was given to me by a "confrère" at Air Canada with whom I
worked. I also worked there, as a technician. Mr Ted Page gave me that
suggestion.
Firstly, I think it would be against something like the universal
principles of equity, but a lot of things are, perhaps... I could live with
that. I have a bilingual sign outside my little business. I do not want to have
to paint the English out. I could say that 90% of my business is done with
Ontario. If my business goes well, it is not going to save our economy by any
means. But the people who come up from Ottawa... Just last week, I signed a
contract, and if they see a French only sign, some people could be turned off.
I would certainly like to see a bilingual sign available, since I am doing
business with these people. I advertise in the yellow pages in French and in
English, in Ottawa and in Toronto, only in English. But the French only signs
tax deductible, it makes two classes of people perhaps, if you want. I do not
know, is it going to be French with English underneath or with Greek
underneath? Would it be tax deductible? It is an open suggestion. It is just a
suggestion. These are proposals for you to play with. I could sit and talk
about it for an hour, on that topic only.
M. Biron: Je vous remercie. Maintenant, à l'article 22, je
trouve aussi excellente la suggestion pour les changements de noms d'endroits,
de villes, de municipalités. On demanderait que ces changements ne
soient faits qu'après un référen- dum de la corporation
municipale ou de l'endroit en question.
M. Norman: Yes, I had the opportunity of speaking to Mr Guy
Tardif in Lachine, I guess it was in the month of April and I posed that
question to him; his opinion, at that time, was that certainly they would have
a referendum. For instance, if they want to change Sherbrooke to Laurinville, I
think that they should have a vote first of the people living there and they
could study the historical significance of it. If Lord Sherbrooke did nothing
for the country and is not of historical significance, away he goes and maybe
Sherbrooke street too, but that is municipal, of course, and that is being
done, Burnside to Maisonneuve, etc., without a referendum.
I would like to see a referendum on changes of place names.
M. Biron: M. Norman, je vous remercie beaucoup et je voudrais
avoir beaucoup d'autres Québécois comme vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais remercier M.
Norman de son mémoire très modéré mais qui
défend quand même à sa façon certains droits,
certaines possibilités pour la minorité anglophone de vivre de
façon harmonieuse au Québec. Je pense que c'est le premier des
mémoires qui nous vient de la communauté anglophone qui n'affirme
pas que la loi soit discriminatoire ou à rencontre de la Charte des
droits et libertés de la personne. J'aimerais vous poser une question
à ce sujet. Vous mentionnez au niveau de l'accès à
l'école anglaise que vous aimeriez que, dans une période
transitoire, les Canadiens d'autres provinces aillent à l'école
anglaise. Quelles sont les raisons qui vous amènent à nous
proposer que les Canadiens des autres provinces aient accès à
l'école anglaise au Québec?
M. Norman: For a very simple reason. I guess there are several
reasons and I should not say simple, one being perhaps for the party itself,
for the government in power. It could be a good tactical reason because a
French Canadian now, a Québécois, can go to New Brunswick under
Hatfield's government and apparently go to a French school, and in certain
places in Ontario. I think there is also one school in Manitoba and so on. But
it is coming along. The thing is, to shut these people out, during this
transitory period that I am proposing paragraph 3, is a little strong in my
point of view. I do not think that there will be many of them coming in, but,
if they do... My brother lives in Ontario I was born here, he was too,
but he had most of his education down there and so on if he were to come
back, I would like to see his family have the right to do that if he wishes. I
think, if he were wise, he would send them to a French school, but I would like
to see the option
open during the transitory period. Since other provincial governments
are striving, apparently, to allow French schools to be available for
Québécois who go there, I think that perhaps then, in return we
could too. I have mentioned the inequities, I am aware of the Manitoba Act and
everything else. Maybe we can rise above that and do a little better
because...
M. Paquette: J'espère que ce sera un traitement juste
envers les Canadiens anglais des autres provinces, c'est ce que vous dites?
M. Norman: ... and landed immigrants at the time this bill is
passed any others afterwards coming to Canada going to Ontario for five years
then coming here, it is too late even if you are from England. This is my
recommendation. They come knowing what the situation is.
M. Paquette: But do you think that article 52, as it is written
now, is against the Charter of Human Rights, of Civil Liberties we have in
Québec? Do you think it is discriminatory?
M. Norman: Well, I do not know the Charter of Human Rights. I do
know the BNA Act, I had a course on it about ten years ago and I have studied
it since. I do know that 93 gives us absolutely no protection for the English
language, only the nominational schools, 133 is the same. So, I know that these
are privileges which you are allowing to be maintained. I realize this. I
cannot answer whether it is against. I do not think in my heart that it is
against the Human Rights Charter. I do not even know it. I have not read it,
but I do not think it is, no.
M. Paquette: La Commission des droits et libertés de la
personne, dans le rapport qu'elle vient de rendre public nous a indiqué
que selon elle l'article 52 n'était pas donc, elle vous donne
raison là-dessus à rencontre de l'article 10 de la Charte
des droits et libertés de la personne, que ce n'était pas un
critère discriminatoire que le critère retenu pour l'accès
à l'école anglaise. Pourquoi pensez-vous vous connaissez
bien la communauté anglophone qu'autant de mémoires de la
communauté anglophone nous disent que cet article va à rencontre
des droits et des libertés de la personne? J'aimerais que vous exprimiez
le sentiment de votre communauté, autrement dit, sur ce
problème.
M. Norman: Je comprends la question que vous avez posée,
M. Paquette. Est-ce que ce serait possible, pour clarifier un peu, de le dire
en anglais, s'il vous plaît? Parce que I speak a working man's
French.
M. Paquette: I would like you to give us the feeling of the
English community, especially in Montreal where you live, why all the briefs we
had, at this commission, say that article 52 is against the Human Rights
Charter, why do you think all these briefs I think it is a general
feeling in the English-speaking community are against Human Rights
Charter? So, I would like you to give me an idea of how you sense the feeling
of your community on this point.
M. Norman: The majority of the English community, I think they
have less awareness of the history of Canada and Québec on the average
than the average French-speaking Quebecers have, although I think that the
French-speaking Quebecer, in my opinion, has had a slight bias to his training
also in schools in the past. But, at least the French Canadian, we mentioned
the Westminster Act, the Quebec Act, knows what you are talking about. Our
people on the average do not. For some reason we just do not know about it. We
do not know about the Manitoba Act. Perhaps, for the French people, it has been
used as a propaganda but it is a fact, I mean, it did exist. Now, the English
people community, I believe, from my experiences, are a little frightened of
the change and they are not aware of the legal facts that are behind them. I
wrote a letter to the Gazette in which it is said basically that there is no
hope for bilingualism right now with this government. We may as well prepare
ourselves and hope that they give us perhaps a little bit more in bill 1. I
suggested, you know, that they write a brief or get together and do so, and
study the situation. But the people just generally do now know the historical
background and it is getting very emotional, it is almost hysteria, which is
dying down, I think, somewhat now. It is now a learning process. They have been
forced to learn about this through newspapers and articles and so on. It is an
educational process we are all going through.
M. Paquette: Vous avez l'impression que ces critiques de
discrimination qu'on fait contre la charte correspondent plutôt à
une certaine anxiété, une certaine angoisse qu'on trouve dans la
communauté anglophone.
M. Norman: I must admit that I have never read the Charter and I
do not want to back myself into a corner trying to defend why they have done
so.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. Norman, je voudrais vous remercier de votre
présentation à cette commission parlementaire.
De toute évidence, c'est une décision individuelle que
vous avez faite de présenter ce mémoire, qui a sûrement
exigé de vous un travail qui nous a donné quand même des
suggestions et qui a soulevé des questions que d'autres, plus
équipés, plus organisés ou ayant des ressources
financières et humaines plus considérables, nous ont aussi, dans
quelques cas, mentionnées.
Je voudrais, pour ne prendre qu'un peu de temps, me
référer à votre suggestion sur l'affi-
chage. C'est dans l'article 16, "in reference to article 46 of Bill 1, I
maintain that languages other than French should be permitted in commercial
advertising". Vous continuez, à l'article 17, à l'appui de votre
prise de position, en disant qu'il y aurait une certaine perte, that there
would be a loss of the image by forcing French only signs and more particularly
in wards, in regions where the difference is more obvious, like the Greek,
Italian, English, Chinese signs in some areas. Other people have said that the
French only signs would be some kind of a maquillage, would be artificial. Do I
read you correctly when I compare your statement with the other statements
which we have read from editorialists that the French only would be somehow,
somewhat artificial and would amount to some maquillage of the reality?
M. Norman: Well, when you take the whole entity of Québec,
of course, it is a French province, but when you take Montreal, which I know
best, and you go down St. Lawrence Street, it is such a mixed community from
one end to the other, Chinese at one end and with Greek, Italian, etc., at the
other end. I have lived there this is a good place. I just think it would be a
damn shame to destroy the atmosphere that exists there. I could see more
French, I would suggest that French appears on all signs, all store fronts,
etc. But, if my impression, from reading the bill, is right, all this would
disappear, and I would feel about the word stifled I used that it is the word I
would fear. I would just feel closed in that there are laws that I cannot put
up an English sign, my goodness, I just feel... I know that they have the right
to pass this law. But I just feel it would be too much. If you go into small
French towns and so on, they are all French, you are not going to see any Greek
signs or English signs perhaps, but Montreal is a bit different, I think it is
a little bit of an exception and, definitely, the mirror image is not going to
be the correct one if it is totally French and no other language.
M. Lalonde: But you would favor more French on signs so that the
image, even in those areas where you have other than French people living
there, that still the French fact, the French culture be present at the same
time?
M. Norman: Certainly, that is in paragraphe 18, my first
suggestion is that French appears in all advertising, all signs, that is
all.
M. Lalonde: I thank you, je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, il reste cinq minutes à
votre parti? Non? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, I supposed that you
know very well the West part of the Island. You have been living there quite a
few years. So, you have been a witness of all the changes that took place in
the West Island, and this, I would say, at all levels.
If you take for instance the municipal level, I think that this is into
the Western part of the Island; they used to control their municipalities and
administrate them the way they thought was the best.
It was about the same thing for the school boards, I mean, in those days
I am speaking about twelve, fifteen years ago school boards were
quite independent. It has changed at both levels, considering the
centralization of education that we had in Québec, it was, for the West
part of the Island, a very quite important change. And with the MUC, at the
Island level, it has been a centralization where the people in the West part of
the Island lost their autonomy too.
Another quite important change took place too. I think that was about
twelve or fifteen years ago, very seldom were people looking for jobs were
asked if they could speak French. This is rather new.
So, considering all these deep changes, at my point of view, the
English-speaking Quebecers are trying to change the law, their scale of value
or their way of seeing things, and their feelings. They look at the future now
quite differently than they used to do.
Being an English Quebecer, would you mind to explain me or to explain to
this commission to what extent you feel that things have changed?
M. Norman: I think that you have just mentioned all the changes
that have gone on in the West Island, I have always lived there, I live rjght
on St. Lawrence Street, but always West. The changes you mentioned, I concur
with that. I think that the hard core English who look down upon the French
Canadians with contempt, perhaps they have left or are leaving. There were some
and it is also the same on the French side, there are some who have contempt
for us. O.K.?
But I think that the anglophones in general are willing to change. I
think that everybody who has been writhing... not everybody, absolutely, but a
lot of people writing to the newspapers, English newspapers, are indicating
that we should accept the primacy of the French language, that it should be the
primary language. I think that all the political parties are for it, it is a
fact. We have to adjust to it. The thing is that things cannot be changed
overnight or you have a future shock. People just cannot... There is a hiatus
that they just cannot get across. It has to be an evolutionary process. You can
have a catalysis speed it up, but, you cannot change overnight.
Bill 1, it is just a little strong for my likings, it is legal, I think
I am not a lawyer, but I studied it somewhat and it can be done.
I am just asking for these changes, because I think it would soften the blow.
Whether the people deserve the softening of the blow or not by the French
Canadians is another matter. I am not trying to defend anything from the past
and I am not saying
that we have been good guys. We are willing to change, but we need a
chance.
M. Saint-Germain: Very well. Now, we already have a language law.
Let us forget about the chapter on education. If we think about the four other
chapters, do you think that if the four chapters would have been kept the way
they are now, this evolution that you have considered, that you have noticed,
would have kept going along?
M. Norman: Yes, it would. I know some of them. There are some
very strong nationalist francophones, French Canadians in Québec, I
think there are a large number of them and I believe that if Bill 1 does not go
through, more or less substantially as it is, I am afraid, not that I like
necessarily everything in it, but I am afraid of violence. I think that there
is a large group that we have to satisfy all through the articles, whether they
are right or wrong totally, very seldom are they totally right, I think.
As long as this government that we have now is able to do something,
they have to satify both sides. Even if one of the most important is the
extremist element on the French side, my heart says that this must go through,
with perhaps some changes, but it is better it go through, in my opinion.
M. Saint-Germain: I understand very well. So, you are considering
that the radicals, as you said, the French-speaking radicals, politically have
to be pleased, one way or the other. But this is really a political point of
view.
But my question was concerning the English-speaking groups exclusively,
the way that would act in the future, if we did not have this law in
particular.
If you do not mind to give your point regarding the English-speaking
Quebecers exclusively.
M. Norman: The feeling is that the English communities have voted
pretty much for the Liberal Government in the prior election and their feeling
was they felt somewhat stab in the back. Now, they realize... Well, they do
from bill 22 only. I am talking only about that.
Now, at least, with the Parti québécois, they know what
they are going to get, you know. It is better to know than have something
sneaked up on you and I think a lot of your Liberal confrères have said
that... Even one yesterday said he signed it; so, I understand.
So, the thing is that they are quite substantially the same. We have to
face the fact that both bills are the same. M. Biron, I believe, also supports
this bill in many of its aspects, so there is no way out. The Liberals had to
take the initial blow and, unfortunately, suffering for that, but, yes, if bill
22 would have stayed in, a similar evolution would have appear or would have
continue. I do not think there mould be a hell about it, they are just being
speeded up a bit now.
M. Saint-Germain: Yes...
M. Norman: It is just a general impression.
M. Saint-Germain: ...but you are always mentioning a political
point of view. I mean you have a right, you certainly...
M. Norman: You know, I am comparing bill 1 and bill 22.
M. Saint-Germain: ...have a right to have... M. Norman:
Yes.
M. Saint-Germain: ...your political ideas, there is no doubt
that, but what I want you to answer to is: Is the English speaking milieu,
without this bill, as I said before, excepting the chapter regarding education,
without this bill 1, do you think the evolution regarding the French-speaking
fact, do you think that this evolution would have kept going on in the English
milieu? I am speaking about facts, now, not of a political point of view.
M. Norman: No politics. I think I have just mentioned that
though, I answered it, yes, I do believe, in all honesty, that it would have
continued. I think I have just said that already. Certainly, it would have.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez terminé, M.
le député de Jacques-Cartier? Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. Norman, je vous remercie au nom de la commission pour votre
patience, votre travail et pour la façon avec laquelle vous avez comparu
devant cette commission.
J'invite le prochain organisme convoqué devant nous, le
Congrès national des Italo-Canadiens, région de Québec,
mémoire 118. C'est M. Renzo Viero qui a communiqué avec le
secrétaire de la commission.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Norman: Je n'ai pas compris la dernière partie.
Le Président (M. Cardinal): M. Norman a-t-il quelque chose
à ajouter?
M. Norman: Non, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
M. Norman: O.K, thank you very much.
Le Président (M. Cardinal): Si le groupe veut s'approcher.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je me sens très
à l'aise pour soulever la question, étant donné qu'une
fois, il y a quelques jours, j'avais, contrairement à une autre
suggestion, invité un groupe à donner son point de vue,
même si l'ajournement devait suivre quinze minutes après.
Toutefois, cette fois-ci, nous sommes devant une situation un peu
différente, dans le sens que c'est vendredi et que nous ne nous
réunirons que dans 48 heures. Je me demande s'il y aurait lieu de
laisser le choix au groupe qui est devant nous, à savoir s'il
préfère commencer maintenant, malgré la brisure qui va se
produire nécessairement à 13 heures, de toute évidence, ou
s'il préfère ne pas commencer le mémoire maintenant.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je vais faire deux choses et je
l'indique immédiatement, pour le bon entendement de tous. Je vais
demander quand même au groupe de s'identifier, d'identifier les personnes
présentes et, ensuite, je leur poserai cette question. Vous êtes
d'accord, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, si vous voulez bien
vous identifier et, ensuite, nous discuterons... Oui, M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: II semble qu'on se dirige vers la présentation
des membres qui sont ici et qu'on va reporter ensuite le travail à
lundi. Maintenant, comme il y aura des députés qui ne seront pas
les mêmes autour de la table, je me demande même si on a besoin de
laisser les témoins s'identifier avant de décider si, oui ou non,
on continue de siéger.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez, M. le
député de Mégantic-Compton, je vois difficilement comment
je puis demander à un organisme quelle est son opinion si cet organisme
n'a pas déjà comparu devant la commission. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est vraiment une question, M. le
Président. Si ces personnes s'identifient, est-ce que ce sont elles qui
doivent automatiquement être les premières lundi?
Le Président (M. Cardinal): Non, madame. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Ma question va justement
revenir tantôt, pour savoir quelles sont leurs possibilités, leur
disponibilité et leurs désirs. Je vous prierais, justement pour
que vous ayez ce droit de parole, de bien vouloir vous identifier.
Congrès national des Italo-Canadiens de la
région du Québec
M. Viero (Renzo): Merci, M. le Président. Renzo Viero,
président du Congrès des Italo-
Canadiens, accompagné par Padre Duchini, Me Sciascia, M. Taddeo
et M. Montini, comme témoins.
Le Président (M. Cardinal): Du Congrès
national...
M. Viero: Des Italo-Canadiens, région de
Québec.
Le Président (M. Cardinal): ... des Italo-Canadiens,
région de Québec.
M. Viero: Pas de la ville de Québec, mais de la province
de Québec.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon! C'est région du
Québec.
M. Viero: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, je n'emploierai
pas de mots savants, mais cela peut être ambigu. Alors, vous
représentez la région du Québec?
M. Viero: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Alors, je vous pose la
question que les membres de la commission veulent bien vous poser. Est-ce que
vous préférez commencer votre mémoire ou si vous
préférez revenir à un autre moment? Je termine en disant
ceci: Est-ce qu'à ce moment, lundi, 15 heures, serait possible pour
vous?
M. Viero: M. le Président, nous voudrions commencer tout
de suite notre exposé, parce que nous croyons qu'il nous sera impossible
d'être présents lundi.
Le Président (M. Cardinal): Je veux quand même
apporter un détail. Il faut distinguer entre le rôle du ministre,
du président, du secrétaire de la commission. Si vous commencez
immédiatement, il est fort possible qu'à 13 heures ou 13 heures
et quelques minutes, nous devions ajourner. A ce moment, je ne vous demande pas
de venir lundi. Je vous demande si vous avez une autre suggestion?
M. Viero: Nous répondrons suivant la décision de la
commission.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous êtes
à notre disposition, je vous invite immédiatement... Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si le mémoire doit prendre environ 20 minutes,
puisqu'il est 12 h 50, et si les témoins désirent procéder
tout de suite, est-ce qu'on peut avoir maintenant le consentement de la
commission afin de permettre aux témoins de compléter la
présentation de leur mémoire?
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Mont-Royal; un instant, s'il vous plaît!
C'est pourquoi je vais indiquer l'heure de cette horloge. Nous sommes
à 12 h 50, le temps maximum qui vous est alloué est de 20
minutes, ce qui voudrait dire qu'il faudrait le consentement de la commission
pour que nous ajournions nos travaux à 13 h 10. Oui, M. le
député de Mégantic-Compton; ensuite, le
député de Verchères.
M. Grenier: Pour compléter peut-être le point de
vue, c'est que lundi midi, on commence à 15 heures. Si on prend
connaissance du mémoire aujourd'hui, il faudra, lundi, commencer
à poser des questions sur un mémoire qu'on aura
déjà entendu depuis deux jours. Je pense que ça ne
changerait pas beaucoup de chose, vu qu'ils sont disposés à
revenir. Si ce n'est pas lundi, ce sera mardi ou mercredi, mais qu'on entende
le mémoire au début. C'est un mémoire important et quand
on pose des questions, j'aime avoir le mémoire présent, tandis
que là, ça fera au moins 48 heures qu'on aura entendu le
mémoire, alors on pourrait attendre... Ce n'est que 20 minutes de plus,
en fait, et ça ne peut pas changer, je ne le pense pas, la
décision de la commission.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, ce n'est pas une directive que vous demandez au
président à ce moment-là.
M. Grenier: Oui, je le propose sous forme de directive, si vous
voulez.
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne peux l'accepter,
parce que j'ai demandé aux porte-parole du Congrès national des
Italo-Canadiens s'ils voulaient commencer. Ils ont manifesté leur
désir de commencer.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: ...j'abonde dans le sens du député
de Mégantic-Compton. De deux choses l'une: Ou on commence aujourd'hui et
on finit aujourd'hui, cet après-midi, ou on leur demande de revenir
à un autre moment. On aura, je pense, amplement le temps, à ce
moment-là, de passer leur mémoire, c'est-à-dire d'entendre
les témoins et les différents membres de la commission auront
amplement le temps de poser leurs questions.
Je pense que pour la communauté italienne, pour les membres de la
commission et pour le gouvernement, qui aura à prendre des
décisions, et pour le public également qui suit les travaux de la
commission, il faut veiller à ce qu'il y ait une certaine unité
de présentation et de compréhension. Moi, en tout cas, je
m'oppose catégoriquement à ce qu'on coupe ça en deux.
M. Lalonde: M. le Président, on s'en va vers ça. Le
temps passe.
Le Président (M. Cardinal): Oui, je comprends. Ecoutez! Je
ne veux imputer d'inten- tions à personne et si nous arrivons à
13 heures, sans compter qu'il pourrait y avoir un vote à
l'Assemblée nationale...
Mme Lavoie-Roux: II est censé y avoir un vote.
M. Lalonde: ...un vote qui peut arriver dans trois minutes.
Le Président (M. Cardinal): Je suis obligé aussi de
donner ce renseignement. Je n'ai pas le droit de brimer les privilèges
de tous et de chacun. C'est pourquoi j'ai demandé à l'organisme
de répondre à la question, à savoir s'ils
désiraient commencer. Il y a eu des interventions des
députés. Je vais être obligé d'en permettre
d'autres, parce que je ne puis refuser ce droit, ni aux députés,
ni aux organismes.
Alors, Mme le député de L'Acadie et M. le
député de Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que nos invités ont
exprimé le désir de commencer. C'est un choix qu'ils ont fait,
à moins qu'ils ne changent d'idée après avoir entendu les
députés. Moi, je pense qu'on devrait répondre à
votre motion. Vous avez fait une motion, à savoir si on pouvait
continuer jusqu'à 1 h 10, et...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, non, je
ne veux pas faire de procédure; je n'ai pas fait de motion, j'ai
demandé un consentement.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Vous demandez un consentement. Nous, on est
prêt à l'accorder jusqu'à 1 h 10, mais il y a d'autres
points de vue qui se sont manifestés et auxquels je dois dire que je
suis assez sympathique. Mais ils nous ont exprimé le désir de se
faire entendre. Alors, je pense qu'il faudrait leur redemander si c'est encore
leur désir et si telle est la chose et que vous avez le consentement
pour qu'on continue jusqu'à 1 h 10...
M. Charbonneau: On pourrait peut-être demander au
député de L'Acadie...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Non. Est-ce que c'est une
question que vous voulez poser au député de L'Acadie? Elle peut y
répondre, si elle désire le faire.
M. Charbonneau: Elle a indiqué tantôt qu'elle devait
quitter et moi également. Alors, si on pouvait s'entendre pour savoir
quels sont les horaires, peut-être y a-t-il possibilité de tout
faire cet après-midi. Si personne n'est disponible, si jamais il y avait
possibilité... Le député de Marguerite-Bourgeoys a
également indiqué...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
député de Bourassa et, ensuite, M. le député de
Châteauguay.
M. Laplante: Considérant les frais que cela comporte, une
douzaine de personnes venues de Montréal pour ce mémoire,
Montréal-Québec... Elles sont déjà ici, on est
vendredi... Pour ma part, je suis prêt à donner le temps voulu,
jusqu'à 14 heures, 14 h 30, pour pouvoir passer ces gens. Après
tout, ce sont des gens qui, la plupart du temps, viennent par leurs propres
moyens. Je pense que ce serait juste qu'on puisse les recevoir, quel que soit
le nombre de personnes qui reste autour de la table.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je partage les mêmes
idées que M. le député de Verchères. Ou bien on les
entend totalement, ou bien on les renvoie à un autre jour. En ce qui me
concerne, j'aurais préféré les entendre un autre jour.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Papineau.
Je donne la parole à M. Viero.
M. Viero: M. le Président, je suis un peu surpris de voir
à quel point on essaie de faire passer le temps, surtout lorsque nous
avons l'intention de vous présenter notre document et aussi en fonction
du fait que les témoins qui m'accompagnent seront dans
l'impossibilité d'être présents à cette commission
avant vendredi, le 24.
Le Président (M. Cardinal): Alors, dans les circonstances,
comme les porte-parole ne reviennent pas sur leur décision, je leur
donne la parole, mais je n'ai un consentement, présentement, que
jusqu'à 13 h 10. M. Viero.
M. Viero: Merci.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Si on n'a pas la certitude qu'on les entend
aujourd'hui complètement, je pense qu'il ne serait pas rationnel de
fonctionner. Je ne donne pas mon assentiment à ce que l'on fonctionne
seulement pour 20 minutes.
Le Président (M. Cardinal): Motion adoptée, je
poserai la question à 13 h.
Oui, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: A 12 h 50, ces gens ont dit: On voudrait être
entendus aujourd'hui. Par courtoisie on aurait dû continuer. On avait le
consentement unanime de continuer jusqu'à 13 h 10. Par toutes vos
interventions, on semble toujours ne jamais accorder le droit de parole aux
témoins, mais plutôt vouloir imposer ses vues. L'un prépare
une chose, l'autre prépare l'autre.
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Ciaccia: En toute décence, M. le Président,
qu'on permette aux témoins de compléter leur mémoire.
M. Charbonneau: M. le Président, les députés
de l'Union Nationale ainsi que le député de L'Acadie et
même le député de Marguerite-Bourgeoys, ainsi que les
membres du côté ministériel ont eu un échange
fructueux, peut-être difficile pour vous. Quant à moi,
personnellement, et pour d'autres de la commission, je peux vous dire que j'ai
lu le document de la communauté italienne et j'aurais même
préféré avoir l'occasion, dans cette commission, que la
communauté italienne puisse le lire en entier. Or, je doute qu'elle
puisse le faire en vingt minutes. Je trouve que c'est un des mémoires
les plus importants qu'on ait à entendre ici devant la commission. Je me
sens particulièrement frustré d'être obligé de
couper cela à la moitié, aux trois quarts, ou au tiers, et de
recommencer une autre journée. On n'est même pas certain
actuellement, compte tenu du temps, et même si on avait poursuivi
à 12 h 50, que les gens de la communauté italienne auraient pu
nous présenter en entier, au moins, leur mémoire. Je regrette,
mais je trouve que là vous charriez un peu.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Verchères. N'imputez pas d'intentions. M.
Viero.
M. Viero: M. le Président de la commission parlementaire,
MM. les représentants du gouvernement, messieurs et madame, un cordial
bonjour.
Notre présence ici aujourd'hui témoigne sans aucun doute
de la détermination du groupe italo-canadien à participer au
débat autour du projet no 1, et à faire valoir l'unanimité
de notre collectivité face à des recommandations précises
contenues dans notre document Etude de la loi no 1 et
synthétisées dans le document que je vous présenterai dans
quelques instants. Un échéancier bien planifié a permis au
Congrès italo-canadien, avec la collaboration du Consiglio et des
paroisses nationales de rencontrer la plupart des membres de notre
collectivité pour fins de consultation et de recommandations face au
projet de loi. C'est le fruit de cette consultation et du consensus de tous les
intéressés que je, président du Congrès
italo-canadien, vous présente aujourd'hui.
Les idées contenues dans ce document expriment les
recommandations que la Fédération des associations italiennes du
Québec avait défendues dès sa fondation en 1972.
Idées défendues auprès du gouvernement en place et en
commission parlementaire à l'association du débat touchant la loi
22.
Nous avons toujours pris une part active dans l'évolution
culturelle de notre province et participé à tous les
débats autour de la question de la langue par la voix de la
Fédération des associations italiennes, aujourd'hui devenue le
Congrès italo-canadien. Le congrès représente aujourd'hui
au-delà de 40 associations et compte parmi ses membres entre autres six
représentants de syndicats, dix représentants du clergé
catholique ita-
lien, et deux des dénominations des communautés
protestantes, douze élus spécifiquement porte-parole de la
collectivité en général. Nos idées
générales sont certainement connues. Nous n'avons qu'à
nous référer aux éditoriaux et commentaires parus dans les
différents journaux de la province à savoir: La
Fédération des associations italiennes du Québec vient de
poser un geste extrêmement significatif qui favorisera largement le
rapprochement des communautés linguistiques de la province. La Presse
1973.
Le Président (M. Cardinal): Excusez-moi, M. Viero. Je ne
suis, comme je l'indiquais au début, qu'un serviteur de la commission.
Comme il est 13 heures, que je n'ai pas eu le consentement unanime sur ce qui
va se produire, je demande les intentions de la commission.
M. Ciaccia: M. le Président, si la commission pouvait
consentir à...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, nous sommes appelés au vote. A ce moment-là, nous
avons quand même deux minutes, peut-être, pour savoir quel est le
désir de la commission. Est-ce que j'ai le consentement, pour continuer,
unanime ou non?
M. Ciaccia: Consentement accordé de ma part, M. le
Président.
M. Laurin: Mon consentement est accordé.
Une Voix: Consentement à quoi, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): Consentement afin que nous
poursuivions; mais, je ne puis absolument pas fixer d'heure, je ne sais pas
combien de temps prendra le vote.
M. Paquette: M. le Président, je pense...
Le Président (M. Cardinal): Nous pouvons revenir, nous
allons seulement suspendre.
M. Paquette: Si vous me permettez, M. le Président, je
pense qu'on tourne en rond depuis tout à l'heure. Pourquoi est-ce qu'on
ne convient pas, peu importe l'heure, de laisser terminer les vingt minutes des
témoins pour qu'ils finissent de nous présenter le
mémoire?
Le Président (M. Cardinal): Avec ce
consentement-là, je suspends immédiatement les travaux pour
permettre aux membres de la commission de voter, nous reviendrons, mais je ne
puis garantir l'heure, l'exposé a commencé à 12 h 58.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous regrettons
sincèrement, mais le porte-parole officiel du parti est occupé
cet après-midi...
Mme Lavoie-Roux: Si c'est seulement pour vingt minutes pour finir
la lecture du mémoire, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): Je vous demande 18
minutes.
M. Saint-Germain: Bon, alors entendu. Parfait.
Mme Lavoie-Roux:... finir la lecture, pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): Les travaux de la commission
sont suspendus pour la période du vote et nous reprendrons
immédiatement après pour 18 minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 13 h 14
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
La séance n'ayant été que suspendue, elle reprend
à 13 h 14 et le consentement déjà obtenu de la commission,
c'est de continuer pendant dix-huit minutes. Je ne souhaite pas, je n'accepte
pas de débat à ce sujet. M. Viero, vous pouvez poursuivre pendant
dix-huit minutes, s'il vous plaît.
M. Viero: Merci, M. le Président. J'étais en train
d'évoquer les articles et les critiques de la presse et je vais
continuer ainsi. "Qu'un bon enseignement de l'anglais comme langue seconde n'a
rien d'incompatible avec une politique dont l'objectif est de faire du
français la langue officielle du Québec." Le Soleil, mars 1973.
"Les immigrants déjà arrivés au pays doivent continuer
à jouir des privilèges que leur reconnaît la loi." La
Presse, 1975. "Que tout enfant instruit à l'école
française devra acquérir une parfaite connaissance de langue
anglaise". La Presse, mars 1975.
La politique de la communauté a toujours été celle
d'aider ses membres à s'intégrer harmonieusement à la
collectivité québécoise. Les Italiens ont toujours
cherché à participer entièrement au progrès de la
province et, aujourd'hui, cette communauté veut encore proposer des
formules qui puissent vraiment rallier toutes les composantes de notre
société, composantes qui permettront aux diverses
communautés du Québec d'amorcer un rapprochement visant à
la bonne entente.
Dans divers milieux, on a voulu, à tort ou à raison,
identifier les Italiens aux anglophones, sans analyser les effets ou les causes
qui acheminaient involontairement l'immigrant italien vers le contexte anglais.
L'Italien veut être considéré comme un citoyen à
part entière, désirant vivre en paix et en harmonie avec tous les
membres de la collectivité québécoise, et reste
préoccupé à vouloir trouver les meilleures solutions aux
questions de l'heure.
II faut essayer de comprendre que, pour les Italiens, l'instruction de
leurs enfants est une chose fondamentale qui se traduit comme la plus grande de
leurs préoccupations. Ils veulent éviter à leurs enfants
toutes les difficultés auxquelles ils ont eu eux-mêmes à
faire face, en voulant donner à leurs enfants des outils capables de
leur faire gagner convenablement leur vie.
C'est là une des raisons qui fait que les Italiens s'accrochent
à cette idée d'apprendre les langues anglaise et
française.
Il n'y a pas de parti pris. Nous regardons l'aspect pratique de la
connaissance de plusieurs langues, surtout dans un contexte
nord-américain. Les Italiens veulent se rapprocher des Canadiens
français, tout en restant fidèles à leurs principes:
Connaître plus de langues, en savoir plus, pour mieux gagner leur vie.
Comme disaient nos parents, une deuxième langue, c'est une
deuxième possibilité de gagner sa vie.
On sait que les immigrants ont à faire face à divers
problèmes d'intégration et d'adaptation. Notre
société se doit de leur faciliter cette intégration et non
de leur causer de plus grands soucis, de plus grandes inquiétudes, comme
répartir les enfants dans des écoles à disciplines
diverses.
Le seul désir des Italiens résidant au Québec est
de vivre en paix et harmonie avec la communauté
canadienne-française. Une affinité naturelle existe entre les
deux groupes et il va sans dire que non seulement les Italiens ne s'opposent
pas au fait que leurs enfants apprennent le français, mais ils vont s'en
faire un devoir.
Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel nous vivons, qui nous
sollicite constamment à embrasser le bilinguisme et qui nous oblige
à être bilingue, ni le désir des parents de
s'intégrer dans une collectivité canadienne dans le respect de la
loi et de l'égalité.
Malheureusement, l'enseignement de l'anglais dans les écoles
françaises au Québec a été donné d'une
façon lamentable, soit par accident, ou intentionnellement. Il faut
défaire le mythe qui a toujours fait de l'Italien un
élément angliciseur. L'Italien est là pour bâtir
avec vous un Québec prospère, puisqu'il fait partie
intégrante de la collectivité québécoise.
En résume, l'Italien se trouve entraîné,
fasciné, forcé peut-être à apprendre la langue
anglaise, car souvent c'est pour lui la clef qui lui ouvrira les portes du
monde du travail et des affaires.
Par contre, il vit et pense presque comme les Canadiens français
et, côte à côte, les jours se succèdent. Il partage
avec eux l'habitation, les loisirs et mille et un contacts journaliers. Ces
quelques phrases décrivent assez bien la situation de la
communauté italienne et devraient permettre de faire tomber certains
tabous à leur égard.
Notre préoccupation a toujours été celle de tout
bon citoyen qui veut participer au progrès et au développement
socio-culturel du Québec dans un contexte de
sérénité et d'harmonie.
Cet objectif est donc maintenu et poursuivi dans le document que je vous
ai présenté et qui synthétise nos
préoccupations.
M. Sciascia, M. Taddeo et M. Montini vous présenteront nos
remarques vis-à-vis de la loi no 1.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
M. Sciascia (Tony): Suite à cet exposé...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, approchez votre
micro, s'il vous plaît.
M. Sciascia: ... de base de l'autre président, il
était essentiel que vous compreniez la position prise par notre
communauté sur la Charte de la langue française. En effet, notre
position a été assez souvent mal interprétée. Nous
avons tenté, dans l'étude qui vous a été soumise,
de clarifier sans équivoque cette position vis-à-vis du projet de
loi. Nous vous répétons, en termes plus précis, les
convictions de notre communauté.
Premièrement, nous reconnaissons le bien-fondé des
principes généraux qui animent la charte tels que la
préservation et le rayonnement de la langue française. Nous
sommes entièrement d'accord sur le fait que le français devrait
être la langue prioritaire du Québec. Nous appuyons le
français comme langue de travail, comme langue de communication à
l'intérieur des organismes de l'administration et des entreprises
d'utilité publique.
Deuxièmement, nous acceptons que tous les
néo-Québécois soient intégrés à
l'école française, à condition qu'il y ait des garanties
légales que l'anglais sera enseigné comme langue seconde.
Troisièmement, nous voulons, tel qu'exprimé par 150 000
Italiens, que les néo-Canadiens déjà résidants au
Québec aient la liberté de choix de la langue d'enseignement, tel
que promis officiellement par le premier ministre, le 25 octobre 1976. Tout en
reconnaissant l'importance et la priorité du français au
Québec, notre communauté, qui n'est ni anglaise, ni
française, refuse de devenir unilingue, car nous réalisons
clairement l'importance économique de la connaissance de la langue
anglaise dans le contexte nord-américain. Notre communauté veut
demeurer et devenir bilingue à tout prix. Cela ne nous empêchera
pas de continuer à vivre en amitié et en harmonie avec les
collectivités, comme nous l'avons fait par le passé. Nous croyons
sincèrement avoir de grandes affinités avec les
Québécois de langue française.
In fact, the Italian community lives side by side with the francophone
community. We deal daily businesses with the francophones in the French
language. We definitely have an affinity towards the French culture. We are
easily attracted to it and in many aspects, it resembles our own. The fact that
we have chosen in the past to learn English, to learn the English language,
should not be seen as an insult to the French culture or a refusal to integrate
the French community.
It should not be forgotten that, in fact, we wish to learn both French
and English as we have done in the past. We are perfectly in agreement with the
majority of francophones who have
clearly expressed the same wish, namely to learn English as a second
language. Therefore we refuse categorically to become prisoners of a linguistic
ghetto, and we firmly believe that this is not the wish of the majority to
create such a state of affairs.
Notre communauté n'est plus une communauté d'immigrants.
En effet, nous sommes depuis longtemps bien établis et enracinés
au Québec. Nous sommes des Québécois, soit par naissance
ou par un libre choix de faire du Québec notre pays. Nous avons, dans le
passé, participé à bâtir un Québec fort et
nous continuerons, dans l'avenir, à bâtir ensemble un
Québec encore plus fort. En tant que communauté active dans la
société québécoise, nous n'acceptons pas la
discrimination, l'intolérance et la coercition qui se retrouvent dans le
projet de loi.
Comme il a déjà été exprimé par
plusieurs groupes, nous aussi sommes contre l'article 172 qui déracine
et abroge les droits les plus élémentaires de la personne
lorsqu'il s'agit de l'application de la Charte de la langue française.
Nous sommes étonnés que le gouvernement, qui s'est toujours
débattu vigoureusement pour le respect des droits et libertés de
la personne, propose maintenant l'abrogation de ces droits. Pourquoi le
législateur a-t-il jugé nécessaire d'utiliser une clause
semblable à celle que l'on retrouve dans cet article? Nous voudrions
bien comprendre la pensée du législateur. Mais jusqu'à
maintenant, les raisons de cette clause n'ont pas été
données.
Nous ne sommes pas d'accord avec l'effet rétroactif de l'article
48 concernant les raisons sociales qui efface radicalement des droits acquis.
Nous ne voyons pas la nécessité de forcer des commerçants
à changer leur nom de raison sociale qu'ils ont utilisé depuis
des années. Cette disposition rétroacitve est injuste. Elle ne
prend pas en considération la perte financière que pourraient
subir les commerçants qui devront convertir leur raison sociale dans la
langue française seulement. Pour la même raison, nous
suggérons que l'article 46 concernant l'affichage soit amendé,
afin de permettre à tout citoyen de s'exprimer en français ou,
soit en français et anglais, tel que reconnu par l'article 35 de la Loi
sur la langue officielle.
La restriction de cette disposition n'est pas réaliste, vu
qu'elle ignore totalement le fait qu'il existe et qu'il a toujours
existé des secteurs de la population d'expression anglaise, surtout
à Montréal et dans la banlieue. De plus, nous trouvons l'article
37 du projet de loi discriminatoire. En effet, cet article crée un
préjugé linguistique basé sur la connaissance exclusive
d'une langue. Il restreint considérablement les droits de l'employeur
d'embaucher des employés et désormais il n'aura plus le droit
d'exiger une autre langue que le français, à moins qu'il
établisse que la connaissance d'une autre langue que le français
est indispensable, et ce, conformément à des règlements
qui seront adoptés par l'Office de la langue française. Cet
article enfreint carrément le respect du droit d'égalité
de tout homme, sans distinction de race, de sexe, de langue et de religion.
L'impact du projet de loi est d'une portée trop rigide et risque
de se traduire par l'intolérance, l'injustice et l'abus des droits de la
personne. Nous suggérons aux législateurs d'éviter
à tout prix la discrimination et l'injustice et de favoriser,
vigoureusement, la compréhension et l'amitié entre tous les
groupes de notre communauté québécoise.
M. Viero: M. Taddeo.
M. Taddeo (Donat): Je vais essayer dans deux minutes de vous
donner une synthèse du rapport Parent et de celui de la commission
Gendron. En effet, je crois que ces deux rapports nous ont donné une
analyse approfondie de la situation des groupes ethniques qu'on se doit de
mettre en évidence afin d'arriver à une meilleure
compréhension réciproque qui pourrait corriger les perceptions
subjectives et souvent superficielles.
Il est étonnant, cependant, que les études du rapport
Parent et de la commission Gendron n'aient jamais eu d'impact sur la population
québécoise, et encore plus étonnant que les mesures
proposées par ces études n'aient jamais été
appliquées de façon concrète par nos administrateurs
gouvernementaux.
Le rapport Parent, en effet, parle et je cite: "Le problème de
l'orientation culturelle et scolaire des néo-Canadiens vers la culture
d'expression française et la culture d'expression anglaise est apparu
dès le début du siècle. Cette situation retrouve ses
causes dans des facteurs qui sont à la fois sociologiques, politiques,
psychologiques et scolaires." Les solutions proposées par le rapport
Parent étaient, entre autres, d'améliorer l'enseignement de
l'anglais, d'avoir une attitude accueillante envers les nouveaux citoyens, de
distinguer entre culture canadienne-française et origine ethnique,
d'agir par la persuasion et non par la coercition.
Quant à la commission Gendron, je crois que son troisième
volume résume de façon assez compréhensible les
mêmes questions. Là encore, on retrouve que l'attitude des groupes
ethniques se résumait ainsi en 1972: Ils ne veulent pas choisir entre
les deux cultures, ils manifestent un attachement au bilinguisme, ils
choisissent l'école anglaise pour les raisons suivantes:
Premièrement, la connaissance de l'anglais permet de travailler
n'importe où en Amérique du Nord. Deuxièmement,
l'école anglaise donne un enseignement de meilleure qualité.
Troisièmement, l'école canadienne-française a
refusé l'enfant parce qu'il était d'une langue
étrangère. Et la commission Gendron conclut en disant que des
mesures incitatives sont préférables à des mesures
coercitives. En effet, garantissez-nous un bon enseignement de l'anglais dans
les écoles françaises, une bonne qualité de
l'enseignement, une attitude accueillante, des mesures incitatives au lieu de
mesures coercitives, tel que suggéré textuellement et par le
rapport Parent et la commission Gendron, et nous garantissons une
intégration harmonieuse avec la majorité francophone.
M. Montini (Angelo): A la suite de tout ce qu'on vient de vous
dire, il nous semble que le fait de donner des garanties aux francophones quant
à la langue nationale, la langue de travail, la langue de communication,
aurait pu motiver le législateur à être plus souple, moins
coercitif, plus tolérant et plus ouvert quant à la langue
d'enseignement. Une telle attitude incitative dans le contexte du projet de loi
no 1 pourrait mieux servir la cause de l'intégration des
néo-Canadiens à la majorité francophone. Il ne faudrait
pas oublier qu'il nous est difficile d'avoir une foi aveugle dans les promesses
faites par certains ministres quant à l'enseignement de l'anglais langue
seconde. Ce même ministre avait jadis promis aux néo-Canadiens
résidants la non-rétroactivité de la loi et je me
réfère à M. René Lévesque, au Canadian Club,
le 25 octobre, où il avait aussi promis d'utiliser comme critère
d'admissibilité à l'école anglaise le recensement de la
langue parlée à la maison par la famille et l'enfant, et cela a
été promis le 7 novembre par M. Jacques-Yvan Morin à
Notre-Dame-de-Pompéi. Il est nécessaire qu'on dise publiquement
que, dans les écoles anglaises, ils ont la garantie de devenir
bilingues, nos Italiens. L'enseignement du français dans les
écoles anglaises se fait dès la première année, 180
jours par année, 20 minutes par jour. En deuxième,
troisième et quatrième année, 30 minutes par jour. En
cinquième, 40 minutes par jour et, en sixième année, 45
minutes par jour, et je parle de la CECM. Leurs professeurs sont tous et
je souligne le mot "tous" des spécialistes en langue
française.
Vous comprenez pourquoi il nous est difficile d'abandonner un
système qui répond pleinement à nos attentes linguistiques
pour un autre système qui refuse catégoriquement l'enseignement
de l'anglais, langue seconde, dès la première année ou qui
se limite aux promesses qu'un jour, on enseignera l'anglais et bien.
Nous croyons qu'une compréhension mutuelle nécessite que
les deux parties fassent des efforts sérieux de rapprochement.
Résumant brièvement la position présentée, nous
constatons que le problème des Italiens, aux yeux de la majorité
francophone, s'est toujours posé au niveau de l'intégration
scolaire, alors que les vraies causes de ce problème sont
enracinées à la fois dans l'histoire de l'immigration au
Québec qui date du début du siècle et dans un contexte
d'une dynamique relationnelle silencieuse mais réelle qui existe depuis
très longtemps entre la majorité francophone et la
communauté italienne.
Il semble évident que la mauvaise perception réciproque
entre les deux groupes franco-italiens soit une des causes majeures des
conflits que nous avons vécus ces dix dernières années. Il
faut alors lutter des deux côtés afin de "redimensionner" cette
perception, puisque le problème scolaire est l'épicentre
même du conflit, c'est à ce chapitre que nos efforts doivent
converger. Nous pourrions partir du principe que la loi ne devrait pas avoir un
caractère rétroactif, discriminatoire et discrétionnaire,
qu'elle devrait être égale pour tous et qu'une période de
transition devrait être aménagée afin d'assurer une
intégration calme et sereine.
Nous croyons enfin que nulle autre déclaration de notre
communauté soit aussi éloquente et honnête dans sa
pensée que celle qui a rallié 150 000 signataires adultes de
notre groupe de Montréal sur les 220 000, y comptant les jeunes,
c'est-à-dire toute la communauté. Et les signataires ont souscrit
à ceci: nous reconnaissons et appuyons les aspirations de la
majorité francophone du Québec, nous voulons une loi qui soit non
rétroactive, telle que promis par M. René Lévesque le 25
octobre 1976 au Canadian Club, nous voulons une loi égale pour tous.
Et les 150 000 signatures, vous les aviez juste derrière vous,
elles viennent d'être sorties de la salle, en quatre paquets qu'on vous
avait remis tantôt.
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous demander de
conclure justement sur ce fait des signatures, elles sont sorties de la salle
parce que ça n'était pas permis d'agir de cette façon. Il
y a d'autres moyens, il n'y a pas de débat en commission parlementaire.
J'ai déjà laissé passer plus de temps que permis. Je suis
lié et par une motion et par un consentement et je dois ajourner les
travaux sans céder la parole à qui que ce soit.
Je veux simplement indiquer, avant de vous remercier que lundi, nous
recommencerons à quinze heures et que, normalement, les mémoires
qui devraient être étudiés sont les suivants: 42, 24, 29,
54 et peut-être 114.
Ceci dit, je remercie les porte-parole du Congrès national des
Italo-Canadiens, région du Québec, et je ne puis leur dire quand
nous poursuivrons cette étude du projet de loi 1 avec eux. Ils nous ont
eux-mêmes indiqué qu'ils n'étaient pas disponibles lundi.
Ils auront donc des indications de la part de la commission à ce sujet
pour revenir devant nous.
Je vous remercie très sincèrement. Je remercie aussi les
membres de la commission après cette deuxième semaine de travaux,
et avant d'ajourner, je crois qu'il y a une question? M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Est-ce que vous avez une idée des
mémoires qui vont être présentés les autres jours de
la semaine prochaine?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, malheureusement, je n'ai devant moi que la liste que je viens de
donner. Je n'ai pas de liste au-delà de cette période. Au fur et
à mesure que je l'aurai, je ferai comme les semaines dernières,
je l'indiquerai à la commission. La difficulté, c'est qu'on ne
peut pas convoquer 25 organismes pour une semaine. Nous savons ce qui se
produit.
C'est une indication pour lundi. J'espère que nous pourrons
l'accomplir. Je regrette de ne pouvoir accéder à votre demande
immédiatement. De fait, ce n'est pas directement au président
à donner ces listes. La semaine que nous venons de terminer vivait sous
un consentement que nous
avons eu vendredi dernier et qui est maintenant expiré.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
exprimer un voeu. Je n'ai pas le droit de m'adresser à eux, comme vous
me l'avez signalé. Je voudrais quand même, compte tenu du fait que
tous les membres de cette commission aimeraient pouvoir dialoguer avec la
communauté italienne, que le ministre et son secrétaire, ou son
chef de cabinet, ou peut-être le secrétaire de la commission, qui
préparent le temps des auditions montrent le plus possible de souplesse
pour accommoder cette communauté qui, quand même, s'est
dérangée aujourd'hui et que nous ne pouvons entendre pour toutes
les raisons qui ont été invoquées.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, ce voeu est adressé au ministre qui va vous répondre
immédiatement. M. le ministre.
M. Laurin: A cet égard, M. le Président, vous avez
rendu une décision et je voudrais vous demander une directive sur votre
décision. Est-ce que votre décision veut dire qu'il n'y a
absolument pas moyen d'entendre à nouveau les membres de la
communauté italienne à une heure quelconque, à 15 heures,
après le dîner, par exemple, pour qu'on puisse procéder
à un échange de vues avec eux, parce que j'y serais prêt,
pour ma part?
Le Président (M. Cardinal): Non, ce n'est pas une
directive que je puis rendre, M. le ministre, je puis le regretter, mais c'est
sur un point de vue purement personnel. A cause des règlements et
à cause du consentement qui n'a pas été accordé
au-delà de 18 minutes, qui d'ailleurs ont été
dépassées, je suis dans l'impossibilité de permettre la
poursuite des travaux de cette commission. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce qu'on pourrait savoir quelques jours à
l'avance quand cette communauté italienne sera présente, pour
qu'on ait le temps, à nos ordres du jour d'avoir les... Je le sais, pour
ma part, et c'est le cas, bien sûr, des gens du côté
ministériel, M. Biron voudrait être présent ici, et quand
on le sait... Cet après-midi, cela lui est impossible et il tient
à être présent à la présentation de ce
mémoire. C'est le cas probablement des membres de l'Opposition
libérale également.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je vais retenir votre demande avec beaucoup
d'attention. Vous voyez que j'indique aujourd'hui, plus de 48 heures à
l'avance, qui nous aurons lundi. Je tenterai, pour autant que cela me sera
possible, dans mon rôle, de satisfaire votre voeu. Sur ce, les travaux de
la commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et
des communications sont ajournés au lundi 20 juin, à 15
heures.
(Fin de la séance à 13 h 36)