Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Audition des mémoires sur
le projet de loi no 1 :
Charte de la langue française
au Québec
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Même si ce n'est que le deuxième jour, nous
commençons la quatrième séance de la commission permanente
de l'éducation, des affaires culturelles et des communications pour
étudier, après la première lecture, le projet de loi no 1,
Charte de la langue française au Québec.
Comme c'est un début de séance, je vais faire l'appel des
députés et souligner les remplacements pour cette
séance:
MM. Alfred (Papineau), Bertrand (Vanier), Bisaillon (Sainte-Marie),
Chevrette (Joliette-Montcalm) remplacé par M. Charbonneau
(Verchères); MM. Ciaccia (Mont-Royal), de Bellefeuille (Deux-Montagnes),
Dussault (Châteauguay), Godin (Mercier), Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Biron (Lotbinière); MM.
Guay (Taschereau), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Laplante (Bourassa), Laurin
(Bourget); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); MM. Le Moignan (Gaspé), Paquette
(Rosemont), Roy (Beauce-Sud), Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson
(Rouyn-Noranda).
Je rappelle aussi que nous sommes un mercredi et qu'en vertu d'une
directive que j'avais émise aux présidents des commissions et
qui, par conséquent, s'applique à moi dans les circonstances,
pour faciliter les caucus, le Conseil des ministres et autres réunions
des députés, nous terminerons la séance de ce matin
à midi. Comme nous sommes encore en session, cela sera comme hier, un
ajournement sine die, en attendant la motion du leader parlementaire du
gouvernement, après les affaires courantes.
Enfin, l'ordre du jour. Hier, nous avons entendu le Dr
Jean-François Saucier. Je demande à ceux que je vais nommer de
bien vouloir indiquer s'ils sont présents.
Ad Hoc Committees of the Richelieu Valley School System. Vous serez les
premiers à être entendus ce matin; du moins, je
l'espère.
M. Gaston Laurion.
M. Roger Julien.
Montreal Women Council.
Montreal Lakeshore University Women's Club.
M. Robert Marteau.
M. W.R. David Ross.
Mme Hélène Bergevin.
Merci, aux invités témoins.
Pour faciliter la tâche des députés, je donne quand
même le numéro des mémoires, je pense que cela peut les
aider. Le Ad Hoc Committee for School Committees of the Richelieu Valley School
System, mémoire 51; M. Gaston Laurion, mémoire 84; M. Roger
Julien, mémoire 90; le Montreal Wo- men Council, mémoire 63; le
Montreal Lakeshore University Women's Club, mémoire 57.
Quand nous avons terminé hier soir vers 23 h 20, personne n'avait
acquis le droit de parole. Nous commençons donc à nouveau. M. le
député de Vanier.
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Vanier a été reconnu d'abord.
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que l'Association des
enseignants du Sud-Ouest du Québec est considérée comme
absente, n'étant pas présente hier soir au moment de l'appel?
Le Président (M. Cardinal): C'est exact, c'est la
directive qui a été donnée au début,
conformément au règlement. C'est pourquoi je ne l'ai pas
appelée ce matin. M. le député de Lotbinière, chef
de l'Union Nationale.
M. Biron: Je vais vous demander une directive, M. le
Président. Je sais qu'hier soir vous avez demandé la permission
unanime de cette commission pour continuer après 23 heures. Je voudrais
savoir si, à l'avenir, vous vous en tiendrez strictement au
règlement, de terminer à l'heure sans demander de permission aux
membres de la commission. Parce que je constate que si on commence ce
jeu-là, comme a dit hier soir le député de
Marguerite-Bourgeoys, à chaque soir on aurait raison de continuer
jusqu'à 23 h 20 ou 23 h 30 et on sait que le matin on commence assez
souvent très tôt.
Le Président (M. Cardinal): Je suis obligé, M. le
député de Lotbinière, de prendre la directive comme un
voeu envers tous les membres de la commission. Comme je l'ai indiqué,
hier, malgré le règlement qui nous lie sur les heures, pendant la
session; ainsi, ce soir, nous ne siégerons pas. C'est quand même
la commission qui est maîtresse de ses travaux et le président
n'en est que le serviteur.
Personnellement ce n'est pas une directive je souhaiterais
que l'on s'en tienne aux heures aux deux extrémités des
séances de cette commission, c'est-à-dire qu'on puisse commencer
à 10 heures et non pas 10 h 20. C'est donc un appel à tous
d'être présents à 10 heures de façon à
terminer soit à 18 heures, soit à 23 heures où, dans le
fond, nous gagnerions le temps que nous perdons présentement, au
début de la séance.
M. Biron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je pense qu'il vaut mieux que
nous donnions immédiatement
préavis. Hier soir, nous avions de très bonnes raisons,
compte tenu des circonstances, mais je pense qu'on aura toujours de très
bonnes raisons, compte tenu d'autres circonstances.
Nos invités doivent savoir que, bien sûr, en terminant
à 11 heures, 11 h 30, nous ne sommes pas rendus chez nous à cette
heure et on doit revenir le matin à 8 heures. De ce fait, puisque nous
sommes là pour des mois, je pense qu'il est valable que l'on
considère cela. Je vous le dis, M. le Président, cela peut
peut-être en amener d'autres à se faire une idée aussi,
quant à moi, les jours où je pourrai être présent
à cette commission, je ne donnerai pas mon consentement à
l'avenir pour dépasser 11 heures.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Ce que vous indiquez par là,
c'est que, comme il me faut le consentement unanime de la commission, chaque
fois que vous serez présent, je sais que votre consentement ne sera pas
accordé.
M. Samson: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Maintenant, le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais demander au
ministre d'État au développement culturel s'il aurait objection
à déposer les études démographiques qu'il a en sa
possession et qui, selon ce que nous avons entendu, auraient influencé
le gouvernement dans la décision plus sévère qu'il a prise
touchant l'admission à l'école anglaise des enfants venant, par
exemple, des autres provinces du Canada. Ne croit-il pas qu'il serait
d'intérêt pour tous les membres de cette commission que ces
études soient déposées le plus tôt possible?
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, je dois intervenir immédiatement pour rappeler qu'en
commission parlementaire et c'est une directive que je donne pour la
poursuite de ces travaux je n'accepterai pas de dépôts de
documents. Nous ne sommes pas à l'Assemblée nationale, nous
n'avons pas de système d'archives en commission parlementaire. Je vous
suggère trois moyens d'obtenir le même résultat. Le premier
moyen, c'est de faire motion à l'Assemblée nationale, soit en
vous levant au moment des motions non annoncées ou à la
période des questions, soit en déposant votre motion au journal
des Débats, mais à l'Assemblée nationale même, ce
qui aura pour effet de permettre le dépôt pour tous les membres de
l'Assemblée nationale. Le deuxième moyen qui peut être
utilisé, c'est de demander au ministre, si la documentation n'est pas
trop volumineuse, de la remettre à chacun des membres permanents de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Où fait-on cela?
Le Président (M. Cardinal): À la commission
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Et le troisième moyen
qui est...
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que c'était ce que je
faisais!
Le Président (M. Cardinal): Justement, ce n'est pas la
formulation que vous avez employée. On ne peut pas faire de demande de
dépôt.
M. Samson: II vaut mieux le faire devant le monde.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Samson: C'est pour cela que cela a été fait
comme cela.
Le Président (M. Cardinal): Oui. Et la troisième
possibilité, je ne la suggère pas fortement cependant, cela a
été fait à l'occasion du projet de loi 22.
Vous vous rappelez probablement que les mémoires qui n'ont pas
été entendus ont été ajoutés en annexe au
journal des Débats. Vous avez le choix des moyens. Je vous recède
la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je peux
demander au ministre d'État au développement s'il pouvait
déposer... Non, il ne faut pas qu'il soit déposé...
M. Lalonde: Remettre.
Mme Lavoie-Roux: ... remettre aux membres permanents de cette
commission les études démographiques dont je viens de parler.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre
d'État.
M. Laurin: En fait, je pense bien que du côté
ministériel ceux qui ont déjà participé au Conseil
des ministres se rendent compte qu'il y a beaucoup de documents que peuvent
étudier les ministres qui ne sont pas dans une forme qui puisse
être présentée, parce que non assez coordonnés et,
en plus de ça, il y a des études qui se poursuivent actuellement
et qui ne sont pas terminées. Dès que ce sera terminé, je
m'arrangerai sûrement pour trouver un moyen de les faire connaître
afin d'éclairer la discussion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, deux questions. Je
comprends que nous sommes les plus humbles représentants du peuple en
étant députés et non ministres, mais je pense qu'il y a,
parmi nous, j'ose croire ce sont peut-être des illusions
certaines personnes qui seraient quand même capables de prendre
connaissance de données démographiques qui ne seraient pas
ordonnées de façon parfaite. Je veux soumettre cela au ministre.
Par contre, je suis d'accord qu'il lui est impossible de remettre celles qui ne
sont pas complétées.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît.
M. de Bellefeuille: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je veux vous demander, M. le
Président, si les questions que pose le député de
Lavoie-Roux sont régulières à ce moment-ci... le
député de L'Acadie, sont régulières...
M. Lalonde: Ah! ...
M. de Bellefeuille:... puisque nous devons entendre des
témoins. Est-ce que, M. le Président, le député de
L'Acadie ne devrait pas, comme vous l'avez vous-même proposé,
trouver un autre moyen pour obtenir les renseignements qu'elle recherche?
Le Président (M. Cardinal): Vous permettez que je
réponde, Mme le député? La question s'adresse à
moi. Très brièvement, parce que, justement, je voudrais qu'on
entende des témoins aujourd'hui, je voudrais mentionner deux choses au
sujet de cette demande de directive. Si j'ai accepté les questions du
député de L'Acadie, questions que je ne connaissais pas avant
qu'elle ne les pose, c'est que je considère qu'elles sont
régulières et j'ai même indiqué des voies possibles
pour accéder au but proposé.
D'autre part, je souhaiterais volontiers, suite à votre question,
que, le plus tôt possible aujourd'hui, vu que nous n'allons siéger
que de dix heures à midi et après les affaires courantes,
jusqu'à 18 heures, nous procédions à l'audition des
témoins.
Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je retiens ma question
pour demain pour permettre d'avancer aujourd'hui.
Le Président (M. Cardinal): Ce sont les témoins et
invités qui devraient vous remercier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je devrais ajouter qu'il est de coutume au
Parlement que, lorsque quelque ministre se sert de documents ou sous-tend une
déclaration ou un point de vue, tel ministre dépose les documents
sur lesquels est basée son argumentation, et, vu que ce sont des
données démographiques que ce sont des chiffres, je ne vois pas
très bien pour quelle raison on ne dépose pas au moins les
études qui seraient terminées, même si elles ne sont pas
ordonnées.
Je crois qu'il y a là une tradition bien établie et
surtout que nous sommes en commission parlementaire. Il faut donc
nécessairement être renseigné sur la loi. Je vois mal
pourquoi le ministre nous refuserait ces documents.
Le Président (M. Cardinal): Je vais prendre votre
intervention comme une demande de directive et je vais y répondre
immédiatement en conséquence.
D'après le règlement qui prime l'usage, quand il y a texte
écrit et clair, dès qu'un ministre a lu une phrase d'un
mémoire, d'un rapport ou d'une étude, l'Opposition ou tout
député peut, à l'Assemblée nationale, comme je
l'indiquais tantôt, demander le dépôt de ce mémoire,
de ce rapport ou de cette étude.
Tant que le ministre n'a pas lui-même lu une partie du texte, on
peut quand même la lui demander et il peut refuser. À partir du
moment où il en a lu une partie, le ministre se doit de le
déposer,
Alors, présentement, nous sommes en commission parlementaire.
J'ai déjà indiqué au député de L'Acadie les
moyens qu'elle pouvait exercer, par exemple à l'Assemblée
nationale ou à cette commission, et quant à moi, je suis
présentement satisfait de la réponse du ministre qui, me
sernble-t-il, promet que tous les documents qu'il pourra remettre aux membres
de la commission, il les remettra avec la plus grande diligence.
Est-ce exact, M. le ministre?
M. Laurin: Dès que cela sera terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord? M. Lalonde:
Je pense...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... que cela appelle une autre question. Le ministre
a-t-il une idée quand cela sera terminé, parce que nos travaux
ici ne seront pas éternels?
M. Laurin: Ce sont des promesses qu'il est difficile de faire,
parce que leur réalisation ne dépend pas uniquement de nous.
M. Lalonde: Une autre question, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez auparavant,
nos travaux ne sont pas éternels, mais ils s'éternisent. Je vous
prierais d'être bref dans vos questions.
Mme Lavoie-Roux: Nos questions sont brèves.
M. Lalonde: Elles sont fondamentales, M. le Président.
Parce que, sur une question assez importante et un point assez important de ce
projet
de loi, c'est-à-dire le choix du critère d'admission
à l'école anglaise, le ministre a invoqué des
données démographiques. Comment le ministre peut-il croire que
les modestes membres de cette commission parlementaire pourront poser des
questions pertinentes si nous n'avons pas ces données
démographiques? Il nous demande un acte de foi. C'est pourquoi, M. le
Président, nos questions sont extrêmement fondamentales. Je ne
veux pas en faire une motion à ce stade-ci. Je pense que cela
retarderait les travaux et nous ne voulons pas le faire. Peut-être
qu'éventuellement on pourra le faire, mais nous demandons la
coopération du ministre.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. De toute façon, la motion
serait irrecevable à la suite de la directive que j'ai donnée.
Mais, pour vous accommoder, parce que vous avez raison, j'invite le ministre
à vous répondre.
M. Laurin: M. le Président, la plupart des données
démographiques qui ont servi au gouvernement sont déjà
connues. Elles existent dans plusieurs documents, dont le recensement
général du Canada en 1971, elles existent à la CECM. Je
suis sûr que le député de L'Acadie a eu amplement
l'occasion de les parcourir. Elles existent dans plusieurs études qui
ont été préparées à l'occasion du
problème de la restructuration scolaire de l'île de
Montréal. Nous n'avons pas tiré ces données uniquement du
chapeau des divers ministères, mais on les a rassemblées, et je
pense que d'autres peuvent les rassembler également. Encore une fois,
pour celles qui ne sont pas publiques, et pour celles qui se poursuivent, j'en
informerai les membres de la commission, ainsi que l'Assemblée
nationale, dès que ce sera possible.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien le ministre, M. le
Président, lorsqu'il a parlé de nouvelles données
démographiques, du moins pour la partie qui est complétée,
elles n'étaient pas nouvelles et je les connais fort bien. Je vous
remercie du renseignement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres questions de la part du député? Est-ce que je peux
inviter le premier témoin de cette séance? Alors, le Ad Hoc
Committee for School Committees of the Richelieu Valley School System,
représenté par Mrs Noreen Brownridge. Je rappelle à cette
association, à ce comité, que, d'après la motion qui a
été adoptée à cette assemblée hier, les
personnes et les organismes qui se présentent devant nous ont 20 minutes
pour se faire entendre. Alors, Mrs Brownridge, la parole est à vous.
Ad Hoc Committee for
School Committees of the Richelieu
Valley School System
Mme Brownridge: M. le Président, les membres de la
commission parlementaire...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, Madame,
pourriez-vous vous identifier très précisément pour les
fins du journal des Débats.
Mme Brownridge: My name is Noreen Brownridge and I am the
chairperson of the School committees of the Richelieu Valley School System.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous allez
être la seule à vous exprimer?
Mme Brownridge: No. I am accompanied by Mr Cliff Brownridge, Mr
Ralph Pitkington, Mr David Sewell.
Le Président (M. Cardinal): Les membres de la commission
sont satisfaits? Allez Madame.
Mme Brownridge: This brief if presented to you on behalf of six
elementary schools under the Richelieu Valley School Board and the Richelieu
Valley High School. Altogether, we represent 2173 families. Before reading the
brief, I would like to give you a little background information. Many of the
members of our coordinating committee and particularly the original draftees of
the brief are parents whose children have completed or are presently taking
their primary education in a bilingual program at Mount Bruno School.
The parents are in the forefront, or the first in the protestant school
system for better, French teaching and they opted for the bilingual program for
their children. Otherwise to refer to as the Saint-Lambert program. The parents
are all very cognizant of the need of English school graduates to be
functionally bilingual so that they can be full participants in the
Québec society.
In order to shorten our presentation to the 20 minutes allowed, I will
read sections that emphasize our main points. It relates not only to the bill 1
but also to the White Paper which was the rational behind bill 1.
Page 1: Brief to the Legislative committee on Quebec government's bill 1
or Charter of the French language. Item 1, Basic position.
Be it resolved that we, an Ad Hoc Committee comprised of members of
School Committees of the Richelieu Valley School System, while supporting the
aspirations of the French speaking people of Québec and Canada to
protect and enhance their language and culture, oppose many aspects of the
Québec Government's proposed bill 1, "A Charter of the French
Language".
We believe that the policies outlined in this Bill reveal very
disturbing tendencies that if enacted into law, would be undemocratic, unjust
and discriminatory. We also believe that the purported rationale behind this
legislation to protect and enhance the French language and culture will not be
achieved, and, in fact, the reverse will result. We do not believe that the
enhancement of the French culture in Québec can only be advanced by a
diminution of the use of
English and the severe encroachment on the rights of all
non-francophones proposed in the Bill.
We believe that Québec would become disassociated from the
mainstream of North American Industrial Society. This would result in an exodus
of people from this province, particularly those most highly qualified and
educated including members of the French-speaking community. 2.French culture
not endangered in Québec. We contest the main argument as outlined, that
the French culture in Québec is endangered. We also do not agree that
the sole guardian of the French culture in North America is the Government of
Québec.
We believe that rather than disappearing, the French culture never has
been more alive. We believe that there has been an "épanouissement" of
the French culture in recent decades not only in Québec, but in other
parts of Canada as well. We also believe that it has been due to the
determination of the French-speaking people of Canada, acting individually to
enter the mainstream of North American Society. This was not due to government
alone.
Québec has become a society of individuals who are interested in
an economy based on the North American model and have equipped themselves for
this by acquiring the requisite educational skills. Interdependence with other
groups and maximum labour mobility is a virtual necessity to remain in this
mainstream.
The building of a modern French school system in Québec in the
1960's is obviously significant factor in equipping French speaking citizens
for their rightful place in Canadian society.
We believe that certain statistics quoted from the Gendron Commission
are inaccurate. For example, it was asserted that the language of business in
Québec is carried out 82% in English. This should be corrected to read
that the English community of Québec is able to operate in English 82%
of the time. The truth of the matter is, according to the Gendron Commission,
that 64% of francophones use French only, 32% use French and English and 3% use
English only.
In a study of language use in the Montréal area commissioned by
the Montréal Star, March 27, 1976, it was shown that in answering to the
question "What is the predominant language used in their place of occupation?"
78,1% of the French-speaking population responded it was French. Likewise, the
English reported 77,8% for English in their place of work. Those who crossed
linguistic lines at their place of work both English and French were 20,3% and
19,7% respectively.
I will skip the next paragraph and go on to the item number 3. 3.
Support for aspirations of the French community.
We support the aspirations of the French-speaking community of
Québec to be able to live in a French milieu. This is obviously an ideal
for many who feel threatened by the existence of the strong English culture
that has developed throughout North America. But the ability to speak French,
in itself, is not sufficient to ensure the survival of French culture in
Québec.
I will skip on to the item number 4.
Defence of English community. There is in Québec in addition to
the French-speaking community and there is a piece left out in your copy
here a significant English-speaking community that has its historic
roots over a period of 200 years and is an inseparable part of Québec
society.
We deplore the presumption of guilt that is projected onto the present
generation of English-speaking Quebecers by the authors of the White Paper. In
fact, we reject totally the concept of collective guilt, and note that
historically, this type of argument has led to arbitrary and undemocratic
measures, wherever it has been used. We skip to the second last paragraph.
The mythical idea of the English-speaking community as being rich and
the French poor needs to be clarified by addressing the facts as they exist
today.
In an extensive report carried out by the Montreal Star in March 1976,
it showed that the salary levels earned today by English and French-speaking
Quebecers no longer favours one particular language group.
It was shown that in one employment category "construction" that
French-speaking workers, on average, earned $13 300 to the $8800 earned by
their English-speaking counterparts. Although this tremendous differential
might be partially explained by the strong unions of the French workers and the
Olympic construction boom, it was nevertheless true.
In fact, summarizing the blue collar workers, the Star concluded "It may
be seen that French speaking workers often report higher mean incomes than
English-speaking ones in the same occupational category".
Going on to discuss the differential in the managerial and professional
workers category, it showed that the English were favoured $21 000 to $19 000
and $14 400 to $12 300 respectively. However, in looking at these categories,
the educational profiles should not be ignored for the English population has
19,3% with university training versus 8,4% in the French-speaking
community.
Also to turn to the preponderance of English who fill the top jobs in
international and Canadian Head Offices located in Montréal, some
mention must be made of the fact that 20 years ago there was a significant
difference in the educational profiles between English and French Canada, and
Quebecers from both language groups are obviously a minority for the top
Canadian jobs.
In summary, it was shown that in seven of the eleven job categories
investigated, French-speaking employees earned more than their English
counterparts. I now go to the last paragraph.
It is even more disconcerting that the attitude to the immigrant in the
White Paper is totally repressive and the message is that he must assimilate
into the French sector. Some mention should be made of the fact that Canada is
a nation of immigrants and the French community cannot be excluded from this
definition. We should respect the people who come to our shores from other
parts of the world because we ourselves are the descendants of previous
immigrants. No group in Canada has any "God given rights" more that those of
any other.
I will ask Mr Cliff Brownridge to continue, my throat is getting
dry.
M. Brownridge (Cliff): I go to section 5. Economically not viable
to create a unilingual state. We believe that the basic aim of the White
Paper...
Une voix: ... where?
M. Brownridge: Pardon?
Une voix: Where are you reading?
M. Brownridge: Section 5, page 5. Economically not viable to
create a unilingual state.
We believe that the basic aim of the White Paper to create a unilingual
French-speaking community will not serve the best interests of that community.
A modern industrial society is dependent on mobility of labour and has to be
able to find expertise all across the continent. The population of
Québec is not sufficiently big enough to provide the variable skills
that are required by large industrial complexes. Indeed Canada as a whole is
insufficient. To attract these people, they must have access to community and
social environments where their families can grow up and, if they are here long
enough, also become bilingual. Most of this mobile population feeding the head
offices and large industrial concerns will require an English language
infrastructure, in addition to French.
If that is not provided, these businesses will not remain here or in
future locate in Québec.
No other community in Canada or the United States would have such
limited possibilities for growth and this will result in economic stagnation.
When this happens, then not only will there be a net emigration of anglophones,
but they would likely be joined in equal numbers by francophones.
Fundamental rights to language in Québec society. Traditionally,
the fundamental rights of Quebecers have been guaranteed by a willingness on
the part of both language groups in Canada to accommodate each other. The
Québec Act of 1774 guaranteed for the French-speaking people the right
to their religion and language. This was at a time when these same rights were
not even given to native born Catholics in Great Britain. For example, in
Québec, a Catholic could become a member of the governing body, but a
British
Catholic could not become a member of the British House of Commons.
It could in fact be argued that the granting of language, religious and
legal rights to the French-speaking community in 1774 set a precedent in
intergroup tolerance that has lasted until today. It ensured that Canada would
not become a "melting pot" with English Protestants totally dominating as in
the United States, but would allow for the development of the "Canadian
Mosaic".
This concept of different linguistic, ethnic and religious groups
retaining as much as possible of their own significant culture, while being a
part of a "whole" is the very essence of the Canadian experiment.
The basic idea behind this Bill to limit the use of English in asserting
the total primacy of French, and make Québec as French as Ontario is
English seems totally retrogressive when most Canadians today agree that
minority language rights should be increased all across Canada. It is difficult
to understand how the authors of this Bill, who criticized the restrictive
Manitoba School Act of 1890, can now argue that what they are doing is only
bringing this Province into line with what the English-speaking provinces did
one hundred years ago. Is this some equality of injustice that is being
proclaimed?
The British North America Act regulates that English and French are the
languages to be used in the Courts and Legislature of Québec. This
clearly infers that the English community has the same rights to the use of
English as the French community has to the use of their language.
The restrictions now being imposed on the English-speaking community is
to go against the basic tenets of the BNA Act of 1867, that allowed the setting
up of "Dissident Schools". Although many opponents of the English school system
will no doubt argue that they were allowed purely on the basis of religion, it
is obvious to any open-minded person that what was being set up here was a
school system to serve the predominantly English-speaking Protestant
community.
The school trustees were empowered to set up schools to serve the
spiritual, moral and educational needs of the population and it could be argued
that in restricting attendance to a portion of the community that wishes to
attend these schools is negating the school trustees duty to serve his
community.
In summary, we believe that minority language rights should be
maintained in Québec and a person should not be discriminated against
because of race, religion, language or creed, as stated in the Québec
Bill of Rights.
We oppose the action of the government to amend Section 52 of the
Charter of Human Rights and Freedoms (1975 Chapter 6) to allow it to
discriminate in the case of language, as outlined in Section 172 of Bill 1.
Section 7: Stability of the family unit. As the educational process is
so closely interwoven with the family unit and its stability, it is obvious
that,
for the proper hearing of children that parent, child and teacher must
be at one with respect for each other, their agreed aims pedagogically and
their desire to have their children grow up to respect both linguistic
cultures.
The avowed aim of the White Paper, to remove some existing residents'
rights, including the French, to the choice of their school system and to force
all future immigrants and Canadians from other provinces into the French school
system, is unjust and discriminatory.
It has been proven that forcing children to attend schools in a language
against their will not only can cause incalculable family disunity and anguish,
but will be the cause of lower academic achievement.
Studies recently carried out in the United States have indicated that
French-speaking Americans, when allowed to attend school in their "home
language", achieved a higher pedagogical rating that their compatriots who have
attended unilingual American schools.
We quote from a study "Language as a Factor in Intergroup relations", by
Wallace E. Lambert, McGill University, July 1976. "In the northern regions of
Maine, some 85% of the families have kept French alive as the home language and
one of the two home languages, even though, traditionally, all schooling has
been conducted in English. We participated in an experiment wherein a random
selection of schools in the area were permitted to offer one third of the
elementary school curriculum in French, and where a second sample of schools
with children of comparable intelligence scores and socio-economic backgrounds
served as control or comparison in that all their instruction was in English.
After a five-year run, the children in the partial French schools clearly
out-performed those in the control schools not only in grade placement levels,
but in the English language achievement scores."
This indicates that the policy of the Bill in forcing immigrant children
into French schools, particularly those whose mother tongue is English, will
lower their academic level because of the "coercive effect".
It seems remarkable that a Québec government would be espousing a
policy of forcing people into a linguistic mold when all the other provinces of
Canada are moving to eradicate these injustices and, in the United States,
hundreds of communities have opened up ethnic bilingual schools in the last
five to ten years.
These are guaranteed by the Federal Act of 1974, the Bilingual Education
Act.
O.K.
Mme Brownridge: Item no. 8: Objectives of the school system. The
objective of the school system in Québec must be twofold: a) To equip
the child with an education that will not only prepare him or her for
Québec society, but also allow him or her to enter the North American
Job market. b) To ensure that the child graduates functionally bilingual
respecting the history, culture and contribution of all linguistic, ethnic and
religious groups in Canada.
The Québec School system has developed rapidly since the early
1960's when Québec created at that time a modern educational system in
the Catholic sector to compare with the existing Protestant School system. At
that time, the curriculum was matched to train graduates for industrial society
and a proper taxation base was established to support French-speaking children
throughout secondary school.
Recent trends, however, have indicated a hopeful sign on the one hand
and a disturbing tendency on the other. The experimentation in the Protestant
School system with various French immersion or bilingual programs is producing
a growing number of functionally bilingual graduates. These graduates are not
only distinguished by their fluency in French, but by their respect and
positive attitude to the French-speaking community.
Today, in the Protestant School Board of Greater Montreal's school
system, over 45% of the English pupils enter the Grade 7 French immersion
program, and, in the South Shore Protestant School system, 50% of the pupils
enter the bilingual (French Immersion) program at Kindergarten.
These facts illustrate the present attitude of the English-speaking
community towards the need to learn French and participate in the majority
culture of Québec".
I will skip the next section which is dealing with the English teaching
in the French school.
I will go down to the last paragraph on page 9. "The Québec
School system must produce graduates who are able to communicate effectively in
both languages. English is the prime language throughout North America and in
the world both for business, science and technology. Any government or
educational system that does not equip its students with English is obviously
intending to force these individuals into a cultural ghetto, and is doing a
grave disservice to its citizens. This attitude may be prevalent today,
particularly amongst the nationalist groups in their thrust for French primacy,
but it is a policy that is self-defeating. A free people will eventually decide
what language it desires to learn and use and will not be proscribed by the
dictates of an academic nationalistic fancy.
We recommended that: 1)The English School system of Québec must
be able to accept to its student population any child whose parents wish it to
attend its pedagogical courses if it is able, without any limitations on their
ethnic original language, citizenship, race, religion or creed. 2)The English
School system of Québec must be able to operate in its own basic
language for administrative and teaching purposes and must be enabled to
communicate with the Government of Québec in the English language.
Le Président (M. Cardinal): Madame, je regrette de vous
interrompre. Je ne veux pas vous couper la parole. Vous avez déjà
légèrement dépassé votre temps et je pense qu'avec
la permission des membres de la commission, nous pourrions vous donner quelques
brèves minutes pour conclure.
Mme Brownridge: Can I just read the conclusion?
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît.
Oui.
Mme Brownridge: The conclusion on page 11. "We would like to
repeat our main arguments against the main provisions of Bill 1. a) We oppose
the objective of restricting the English community's basic rights to language
use as incompatible with Quebec's tradition of linguistic and religious
intergroup tolerance. b)We oppose the basic tenets of the Bill that in effect
divide Québec society up into various classes of citizens whose rights
are delineated on the basic of linguistic, ethnic, immigration and residential
status. c) We believe that the argument that French culture can only be
protected by a restrictive legislation is fictitious and has nowhere been
proven. In fact, we believe that the French community in Québec has the
strength, maturity and vitality to occupy its rightful place in Québec
society without any restrictions on English community. d)We oppose the thesis
that the government of Québec be the sole guardian of French cultural
survival and under the guise of this guardianship usurp authority and duties
that have been successfully carried out by independent bodies serving the
people.
Thank you very much.
Le Président (M. Cardinal): Merci beaucoup, Mme
Brownridge. Pour le bon ordre et la bonne marche de ces travaux, je rappelle
que je tenterai de répartir équitablement la période des
questions entre les députés suivant la motion qui a
été adoptée hier. Je devrai cependant d'office suspendre
la séance à 12 heures. À ce moment-là, il est
possible que nous n'ayons pas terminé cette période de questions.
Il restera peut-être une dizaine de minutes. Alors, nous
déciderons sûrement à ce moment-là de la
procédure à suivre. M. le ministre d'État, s'il vous
plaît.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier le Ad Hoc Committee for
School Committees of the Richelieu Valley School System pour le mémoire
qu'il vient de nous présenter. Étant moi-même bilingue,
j'ai pu scruter avec attention ce mémoire aussi bien que comprendre les
paroles qui viennent d'être dites. Si j'essaie de le résumer, il
semble que le comité juge que tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes en ce qui concerne la langue française au Québec.
Évidemment, un chapitre entier du livre blanc en donnait un tableau
très différent et je ne pense pas, pour ma part, que les quelques
remarques consacrées à ce sujet par le comité
réussissent à contrer d'une façon valable l'analyse qui a
été faite dans le livre blanc. Mais le comité croit quand
même que pour le français au Québec tout va pour le mieux
dans le meilleur des mondes.
Là où cela ne va pas assez bien, le comité
prétend que les francophones n'ont qu'à s'en prendre à eux
en raison, par exemple, de leurs traditions ou des caractéristiques de
leur système scolaire. C'est sur cette base que le comité tire
des conclusions qui, au fond, voudraient nous ramener avant même le
moment où la loi 22 a été adoptée, loi 22, quand
même, qui n'acceptait plus le libre choix et amenait une intervention de
l'État dans le domaine de la langue des affaires et du commerce pour
corriger une situation que le gouvernement d'alors avait quand même
trouvé susceptible d'être corrigée. Le comité
prétend plutôt nous ramener à l'époque bénie
de 1969 où le gouvernement avait plutôt opté pour une
philosophie du libre choix.
Ce que le comité préconise, c'est le retour à ce
libre choix intégral, le retour à un statu quo ante 1974, le
retour à un bilinguisme aussi bien fonctionnel qu'officiel,
intégral. Évidemment, ce sont là des conclusions
auxquelles le gouvernement ne peut souscrire.
Dans mon exposé d'hier, je disais que la rigueur intellectuelle
est indispensable à tout dialogue qui se veut fécond. Or, le
document que nous présente le comité et sur lequel il
prétend appuyer ses conclusions, c'est-à-dire l'enquête du
Montreal Star de mars 1976, ne me semble pas briller particulièrement au
coin de la rigueur intellectuelle. On peut parler ici d'une enquête,
peut-être même d'un questionnaire, mais sûrement pas d'une
étude scientifique. Je pense que si nous avions le temps, nous pourrions
démontrer facilement les lacunes d'une pareille étude et en
particulier ses erreurs méthodologiques. Je ne mentionnerai, par
exemple, que la faible dimension de l'échantillonnage sur lequel les
auteurs de ce questionnaire se sont basés.
On n'a interviewé que 700 membres de la communauté
montréalaise, aussi anglophones que francophones, et on a tenté
de comparer huit catégories de revenus avec cinq ou six
catégories d'éducation pour essayer de mettre en
corrélation le revenu avec le degré d'éducation. Par la
suite, on a demandé aux répondants de se situer dans ces huit
catégories qui, elles-mêmes, ont un écart assez grand,
puisqu'il s'agit de revenus entre 0-$5000, $5000-$10 000, $10 000-$15 000, et
on a émis l'hypothèse que les répondants avaient un revenu
moyen correspondant à la médiane de cet écart. Je pense
que, d'un point de vue méthodologique, ceci est très contestable,
surtout étant donné la faible dimension de
l'échantillon.
Par ailleurs, on fait état, dans cette enquête ou ce
questionnaire du Star, de résultats où on dit, par exemple,
qu'à peu près 78% des francophones interrogés disent
qu'ils travaillent en français dans leur milieu, que 75% ou 76% des
anglophones tra-
vaillent également en anglais dans leur milieu. Ce ne sont pas
là des données originales, puisque la même enquête
avait été faite en 1971 pour la connaissance de la commission
Gendron et, dès 1971, on en est arrivé aux mêmes chiffres,
ce qui peut démontrer par ailleurs qu'en cinq ans, il n'y a pas eu de
changement ni d'amélioration dans ce domaine.
D'ailleurs, la pertinence de ces informations est assez faible puisqu'il
s'agit de communications horizontales et non pas de communications verticales,
c'est-à-dire de communications spécifiques liées aux
fonctions qu'exercent des employés dans la structure d'une
administration. Je ne crois donc pas que l'on puisse tirer des conclusions
aussi larges d'une étude dont la rigueur intellectuelle n'est pas la
qualité la plus marquante.
Je voudrais quand même poser deux questions au comité.
Lorsqu'il dit dans son mémoire que les statistiques sur lesquelles sont
basées le livre blanc sont "hoary, outdated, falsified", est-ce qu'il
pourrait nous apporter des arguments à l'appui de cette affirmation,
puisque, lorsque le taux de 82% dont on parlait tout à l'heure a
été immédiatement corrigé, c'était un mot
qui avait sauté et que, dans le livre blanc, il y avait beaucoup
d'autres statistiques, beaucoup plus importantes en ce sens qu'elles avaient
justement trait à ces communications verticales spécifiques au
sein de l'entreprise?
Est-ce que le comité pourrait nous dire si toutes ces
données statistiques que contient le livre blanc sont vraiment
"outdated, hoary and falsified"? Est-ce qu'il pourrait nous prouver, pour
chacune des statistiques contenues dans ce chapitre du livre blanc, que ces
statistiques sont vraiment dépassées et falsifiées ou
étranges? C'est là ma première question.
Le Président (M. Cardinal): Qui va répondre au nom
du comité?
Mme Brownridge: Mr Cardinal, we would appreciate, if possible,
that we get our questions in English because not all of us are fluently
bilingual and it is difficult to translate along the line here. Thank you.
Le Président (M. Cardinal): You will have to live with
that, it is not possible to have the translation here in this assembly.
Everybody has a right to speak his own language and that is the way it is.
Mme Brownridge: Well, maybe we can have a translation of the
question...
Le Président (M. Cardinal): L'Assemblée nationale
ne peut pas la fournir. Nous prendrons le temps nécessaire, vous devrez
vous entendre entre vous.
Mme Brownridge: Thank you. Mr Mackasey.
M. Mackasey: About the Gendron report, do you have any statistics
that would prove the Gen- dron report to be inaccurate? I will gladly
translate, if I can hear. It is only common politeness. Do you have anything
that could substantiate the so-called inaccuracy of the Gendron report and the
fact that it may be out of date?
Le Président (M. Cardinal): Je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce d'agir comme traducteur. Je
vous remercie.
M. de Bellefeuille: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: II y a un adage italien qui dit traduttore
traditore, et je pense, M. le Président, que la traduction, fournie avec
beaucoup de bienveillance par le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est inexacte et incomplète.
M. Mackasey: Pourquoi ne pas le traduire vous-même? Je vais
accepter votre traduction avec plaisir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais que le député de
Deux-Montagnes fasse valoir ces mêmes arguments sur certains articles du
projet de loi no 1.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys et M. le député de
Deux-Montagnes.
Tout d'abord, la question posée par le député de
Deux-Montagnes est, d'une façon déguisée, une question de
privilège et non pas une question de règlement. Elle n'est donc
pas acceptable, de même que l'intervention du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Ici, je dois rappeler les traditions de cette Assemblée nationale
et de cette commission. Chacun je répète ce que j'ai dit
tantôt en anglais a le droit de s'exprimer dans sa langue, il n'y
a pas de traduction simultanée dans cette commission, rien n'est
prévu pour ce faire, le journal des Débats est
rédigé soit en français, soit en anglais, selon la langue
qu'emploie l'intervenant ou l'opinant et, par conséquent, je dois
rappeler à tous les invités et à tous les
députés qu'ils doivent trouver eux-mêmes les moyens de
passer à travers les travaux de cette commission en obtenant
eux-mêmes un service de traduction.
Je remercie le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Cependant, cette façon de procéder peut créer les
difficultés que nous connaissons présentement, surtout quand la
traduction vient d'un dé-
puté d'un autre parti que le parti de celui qui a posé la
question.
Je pense que l'incident est clos et je demande au comité de voir
lui-même à se pourvoir de traducteur, si nécessaire.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais besoin d'une directive pour
compléter. Nous allons avoir des intervenants qui ne parlent
peut-être pas et qui ne comprennent pas la langue française.
Étant donné que nous sommes dans une province bilingue, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu pour M. le ministre qui, déjà, parle
l'anglais très bien, de répondre à son groupe, de
façon abrégée, en anglais. Je crois que cela donnerait
plus de justice à ces groupes, que cela les aiderait à mieux
comprendre, puisqu'on les a invités à s'exprimer dans leur langue
personnelle.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau sur la même question.
M. Guay: Sur la question de règlement, M. le
Président, je m'en voudrais de ne pas corriger l'affirmation du
député de Gaspé. La loi 22 stipule clairement, dans son
article premier, que la province de Québec n'est pas un État
bilingue, mais un État qui n'a qu'une langue officielle et c'est la
langue française.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Elle a tout à coup des
qualités!
M. Lalonde: Prenons la loi 22 et on va s'en aller chez nous.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Une
voix: Au lieu d'écoeurer le monde.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. S'il vous
plaît! À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Cela nous sera utile plus tard.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît. Chacun son tour. La parole est du député de
Rouyn-Noranda sur la même question de règlement.
M. Samson: M. le Président, par courtoisie, je pense que
le ministre est parfaitement capable de s'exprimer en anglais. C'est d'ailleurs
rapporté dans le Devoir du 3 mai 1977, alors qu'il a fait des
déclarations en anglais, à l'émission radiophonique Sunday
Morning de CBC. Il s'est très bien exprimé, paraît-il.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur la même question de règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
Je pourrais invoquer l'article 4 de notre règlement, les usages de
l'Assemblée. Mais je crois que cela va au-delà d'une question de
règlement. On invite des gens à présenter des
mémoires et on cherche des solutions. Premièrement, c'est
d'usage, cela a été dans les coutumes, non seulement de
politesse, mais dans les coutumes de notre assemblée, de pouvoir
s'exprimer dans la langue anglaise ou dans la langue française.
Ce n'est pas un ordre que je voudrais donner ou imposer au ministre par
l'article 4, mais c'est une question de courtoisie. Comment pouvons-nous
essayer d'avoir des solutions? Quelle sorte d'atmosphère de division
allons-nous créer dans notre province si on adopte de telles
attitudes?
Ce n'est peut-être pas la faute des gens qui sont ici. Nous
parlons de vieilles habitudes, de vieilles coutumes qu'on essaie de changer. On
essaie de changer le droit, les coutumes de notre société, pour
qu'on puisse tous s'exprimer en français. On est d'accord avec cela. Je
crois que même ces gens ici sont d'accord.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, attention. Vous en venez presque au principe de la loi.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je vais retourner à l'article 4
et je demanderais au ministre... Ce n'est pas une question d'être
symbolique. Peut-être que, symboliquement, il veut montrer à ses
électeurs que vraiment il protège leurs droits, mais ce n'est pas
une question de protection de droits. Si on veut des réponses, c'est une
question de communication. Communiquons donc avec ces gens-ci dans la langue
qu'ils comprennent le mieux et, au fur et à mesure qu'on
procédera, on imposera les lois qui seront nécessaires, mais,
pour créer une bonne atmosphère et pour se conformer à
l'article 4, soyons donc assez courtois pour parler à ces gens dans la
langue qu'ils comprennent le mieux.
Le Président (M. Cardinal): Une dernière
intervention sur la question de règlement par le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je dis que c'est la dernière intervention et je
donnerai la parole au ministre après.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Taschereau a invoqué la loi 22. Je suggérerais qu'il la lise
complètement et il trouverait, au deuxième paragraphe de
l'article 10, que "toute personne a le droit de s'adresser à
l'administration publique en français ou en anglais, à son choix"
et l'article 17 du projet de loi no 1 dit même: "L'administration
communique dans la langue officielle avec les autres gouvernements et avec les
personnes morales."
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État,
s'il vous plaît. On n'en fera pas une question de privilège.
M. Laurin: M. le Président, par courtoisie, je vais
répéter ma question en anglais.
Mme Lavoie-Roux: II faut l'implorer.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Parce que ce n'est pas normal.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Je regrette,
messieurs.
M. Lalonde: Si vous n'avez pas de dignité, vous n'avez
rien. ... la normalité.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. J'ai donné la parole au
ministre d'État et, si on veut être courtois et employer la langue
de ceux qui sont devant nous, on doit être courtois et laisser parler
ceux qui ont la parole. M. le ministre d'État.
M. Laurin: In your brief, you submitted that the statistics upon
which the White Paper is based are outdated, hoary and falsified. You take one
of those statistics, one that has been corrected, because one member of the
sentence has slipped, and it was put back in the final edition of the White
Paper, but, in this chapter, there are many other statistics. Does your
judgment apply to all the statistics in this chapter of the White Paper? Are
all the statistics outdated, hoary and falsified? I have asked you the question
to prove to us where and how those data, those statistics are outdated and
falsified, all the statistics that appear in this chapter of the White
Paper.
M. Brownridge: I can answer that question. We do not necessarily
disagree with certain aspects... Can you hear me? We do not necessarily
disagree with the Gendron Commission. That is why we have it in the brief. We
mentioned some statistics, but we think it is outdated.
Now, when you say that the statistics in the Montreal Star are possibly
outdated, we think that the basis on which the Montreal Star study was carried
out is as accurate scientifically as the Gendron Commission, but the difference
is that this was carried out March 30th 1976 and, when I read bill 1 and I read
all the rational in the Gendron Commission, I find it is incredible that Mr
Laurin has been quoting even 1971 statistics by Vaillancourt. I think that what
we need and what the Québec Government should do today is to do a
statistical summary today, in 1977. Surely, when you are going to pass a bill
which affects the English community, 1 million of people in this country, we
should have statistics that are accurate in 1977. The best that we could find
was statistics in 1976 and, if the Government would like to give me more
accurate figures than the Montreal Star figures, taken in 1977, I would like to
read them and I would be willing to agree with them.
Now, let us get this question of the rich and the poor sorted out. In
table 2, in the Montreal Star study, I wish to read it its in entirety. There
are eleven categories of employment and remember that this is the area where
the English impact, Montreal, the simple city of Montréal which is so
English is conceded.
Now, we take eleven candid risks. Manager, English, the average figure
was $21 000; French, $19 000; there, the English were ahead. Profes-sional,
English, $14 300; French, $12 300. Entertainment, art and recreation, English,
$11 000; French, $12 900, here there was a differential, French over English of
$2000. Clerical, English, $7500; French, $8700, here the French were ahead
$1200. Sales, English, $11 700; French, $12 500. Protection services, English,
$5900; French, $10 600. That is a hell of a difference. Other services,
English, $5200; French, $7300. Processing, English, $11 400; French, $7400. How
do you explain that one? I do not know. Machining and fabricating, English, $10
000; French, $13 000. Construction and materials handling, English, $8800;
French, $13 300. We agree that was probably the Olympic construction and the
very strong French Unions which should got that, but that is a tremendous
differential and nowhere do we read that in the White Paper. Transportation,
English, $14 500; French, $10 900. I think that if we are going to pass a bill
to discriminate against the English in this province, at least, we should get
the facts right.
M. Laurin: I presume that you have not understood my comments on
this survey of the Montreal Star, while I submitted that the study was
unreliable because it was unscientific, but anyway. You have not given me the
proof that I was asking you. You have not given me figures, but just
statements. I will pass to another question.
In another page of your brief, you submit that the Québec State
is not the sole guardian of the French culture in North America. Could you tell
me what you mean by that? And could you give me other organisms who, in your
opinion, are the guardians of the French culture in Québec?
M. Brownridge: I am being quite willing to do that. I think that
it is a tragedy that members of this particular Government seem to think that
the only French. Speaking people live in Québec. I come from Manitoba
and, eight years ago, I was on a committee to get French elementary schools in
Manitoba. So, I do not have to apologize to any Quebecers. In fact, I would
like to ask members of the PQ, here, if any of those people were trying to get
French language schools in Manitoba. There are Franco-Manitobans and they are
the fourth group in Manitoba. They are not the second group, as we are in
Québec. They are the fourth largest group. Yet, the Government of
Manitoba is pas-
sing positive legislation. Now, you ask: Where else? The United States
is the largest, one of the greatest countries in the world. We live next to
it.
Do you realize that there are many francophone Americans? We mentioned
that they have now the right under the Bilingual Act of 1974 to send their
children to school in French. There are 2 200 000 Franco-Americans who do not
speak English. They are classified under the Bilingual Act as other languages
or limited English capacity. Now, this means that these people can now have
rights which this Bill 1 is trying to take away from the minorities in this
province. The Franco-Americans, 2,2 million who have limited English I think,
can not be ignored, when we consider the size of Québec.
I would like to read, to support this, some idea of what is happening in
the United States. This is an editorial from the Linguistic Reporter, April
1977, "Language Rights". "Although not fully codified into law, one of the
rapidly emerging legal issues in the United States today is that of language
rights. Propelled almost simultaneously by several forces, language is moving
both by direction and implication to take its place alongside race, sex,
religion and national origin as a characteristic against which discrimination
is prohibited. More positively, both through court decisions and congressional
legislation, as well as through executive action, the right to use and
understand one's native language is becoming increasingly recognized as a basic
principle."
This is something that I would imagine that most members of the Parti
québécois, being social-democrats and interested in individual
rights, would support. "The 1976 Amendment to the Voting Rights Act requires
information on ballots to be in the language of the voter. The congressional
resolution last year requiring the Census Bureau to issue questionnaires in
Spanish, and a court action in Chicago requiring public telephones to carry
instructions in Spanish are all milestones in this process, the recognition
that an answer by a court witness is not valid evidence if the witness does not
know English well enough to understand the question."
I think this is the question that we are trying to make this morning in
this Assembly that there are one million English-speaking Canadians living in
this province and the least we can get in some sort of translation. This is a
right which is going to be built into the law in the United States.
I will continue. "Former Senator Tunney's proposed Bilingual Course Act
is a further step towards protecting the rights of linguistic minorities in the
use of their own language in court proceedings. For the benefit of
lexographers, the term "language rights" was first attested by Roger Shuy
during the staff discussion of the Center of Applied Linguistics in February
1976. This may thus join an earlier coinage "language of wider communication".
The recent Plain English Movement supported by President
Carter and publicized by several insurance compagnies is also a step in
this direction."
So, here we see that the United States is going in one direction and
Québec is going in the other direction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
le Comité de parents de la commission scolaire de la vallée du
Richelieu qui, je pense, est venu ici pour essayer de sensibiliser les membres
du gouvernement à des problèmes qui, pour ces gens, sont aigus,
créent chez eux des préoccupations qui, à certains
égards, sont fondées, à d'autres égards, le sont
peut-être moins. Mais, de toute façon, je n'irai pas plus loin
dans mes commentaires et je veux vous remercier de vous être
présentés ici.
Je vais vous poser des questions en français. Je vais le faire le
plus tranquillement possible. Si vous ne comprenez pas, il me fera plaisir de
vous les traduire. Je pense que ce qui se produit aujourd'hui, avec vos
enfants, qui sont dans des classes d'immersion, et pour lesquels vous vous
préoccupez pour que, dans l'avenir ou la génération qui va
vous suivre, on puisse participer à la vie du Québec, si jamais
ils ont à revenir ici pour d'autres problèmes ou en d'autres
occasions, cette situation ne se répétera pas et j'en suis fort
heureuse, mais je pense qu'il faut quand même vivre avec certaines
réalités.
Vous n'avez peut-être pas en main les statistiques que je voudrais
vous demander. Si vous pouviez nous les faire parvenir, elles
m'intéresseraient beaucoup.
Pourriez-vous nous faire parvenir des statistiques sur la population
scolaire de la vallée du Richelieu? Est-ce une population en croissance
ou en décroissance? Serait-il possible aussi d'obtenir la langue
maternelle des élèves qui fréquentent vos écoles?
Également, quel est le nombre d'étudiants ou
d'élèves qui, tant au niveau de l'enseignement
élémentaire que de l'enseignement secondaire suivent ou sont dans
des cours d'immersion? Quelles sont les projections que l'on fait quant
à l'acquisition fonctionnelle de la langue seconde pour vos enfants,
qu'ils soient dans le secteur élémentaire ou secondaire?
Je ne pense pas que vous ayez ici ces statistiques. Si vous pouviez me
les faire parvenir, cela serait extrêmement intéressant.
Je voudrais simplement relever certaines affirmations que vous faites.
Il y en a d'abord une à la page 6 et je suis contente que vous l'ayez
signalée. Elle parviendra peut-être à sensibiliser les
membres du gouvernement à un argument qu'on utilise sans, je crois, en
comprendre vraiment la portée. J'ai eu l'occasion de le dire au ministre
de l'Éducation. Vous le résumez en d'autres termes, quand vous
dites, à la page 6: La comparaison que l'on fait avec le traitement des
minorités dans les autres provinces ne doit pas être la mesure de
la justice qu'on veut établir dans cette province. "Is
this some equality of injustice that is being proclaimed"? Je pense que
c'est l'idée. Je suis d'accord là-dessus.
À la page 7 de votre mémoire, vous citez le rapport de M.
Lambert de l'Université McGill qui, je sais, s'est
intéressé de très près au programme d'immersion des
écoles anglaises de la rive sud. Je pense que c'est exact quand il dit
que le fait que "... in forcing immigrant children into French schools,
particularly those whose mother tongue is English will lower their academic
level because of the "coercive effect".
Je pense que c'est vrai. C'est une constatation que nous avons faite
auprès des enfants, par exemple, d'origine italienne placés, soit
dans les écoles françaises ou dans les écoles anglaises.
Les statistiques que nous avons sont davantage pour les écoles
anglaises. Au départ, c'était là un choix que les parents
faisaient en venant au pays. De toute façon, ils ne seraient pas
éduqués dans leur langue maternelle, l'immigration leur imposait
ceci. Chez ces enfants, d'une façon générale, on
réalise que la performance scolaire est plus basse, parce
qu'évidemment, ils ne sont pas instruits dans leur langue maternelle.
Mais là où j'ai un peu plus de difficultés à vous
suivre, c'est que si j'accepte, votre argument pour les enfants de langue
maternelle anglaise, c'est de comprendre pourquoi vous l'étendez aux
enfants qui ne sont pas de langue maternelle anglaise?
Je pense que votre argument est justifié et peut être
prouvé scientifiquement pour les enfants de langue maternelle anglaise.
On a un secteur anglophone, mais pourquoi prolongez-vous votre raisonnement aux
enfants d'immigrants qui ne sont pas de langue anglaise? Parce qu'ils
pourraient aussi être dans le secteur français et le
problème sera le même pour eux, parce qu'ils ne sont pas, de toute
façon, de langue anglaise. Vous dites que, pour eux, il faudrait qu'ils
aient le libre choix d'aller au secteur anglophone ou au secteur
francophone.
À cet égard, je vous demanderais si vous avez
examiné de plus près, sur l'île de Montréal,
l'influence ou l'attraction très forte. Je pense que cela peut
être facilement justifié ou établi par des statistiques
aussi qui ont été tenues assez régulièrement que la
majorité de ces enfants se sont intégrés au secteur
anglais. Je voudrais essayer de comprendre quel est votre argument pour que ces
enfants, qui ne sont ni de langue française ni de langue anglaise,
soient intégrés à l'école anglaise. Est-ce que vous
me comprenez bien? Oui?
Mme Brownridge: Oui. The statistics for the Richelieu Valley... I
will just give you a little bit of history about the bilingual program there.
The St. Lambert project was started by parents' pressure which then were
brought about to McGill. Dr Lambert and Dr Tucker then introduced this project
in a study where English students would go into a French immersion class in an
English school. In other words, the students would all be English-speaking, to
start with, and they would start to learn French from a French teacher. This is
the difference between going into a French school where the other children
already know the French language and they are at disadvantage. Here, they all
start on the same level and they all start to learn vocabulary and very quickly
pick it up. In the Richelieu Valley system, we, as parents, were actually
instrumental in asking the Richelieu Valley Board to bring the same program
into our schools seven years ago. Today, the first class is now in high school
and they are functionally bilingual. Their English has not suffered, they are
doing well in high school in the English program and they are now doing the
equivalent of grade 10 in the second language education. Certainly orally, they
are much superior to the children who have been even through the French
immersion grade 7 program. So that it does not seem to have influenced their
English learning and yet they can read and write in both languages now. They
will certainly be able to come to this Commission in another ten years and
present themselves in either English and French. They will have no trouble. My
kids, I have four of them, and they have all been through the program and have
no problem communicating and working in French in our community.
As far as the Richelieu Valley School system is concerned, because it is
a spread out system with seven schools throughout a large area, they could only
have one school big enough to accommodate our French immersion program. So,
Mount Bruno School was designated as the school which offers both a English
classes stream and a French stream and pupils from the other areas may come in
to the Mount Bruno School, although it is mainly people in Saint-Bruno. It
usually has an enrollment of 40 in the kindergarten each year, that is being
the general trend, and, this year, fortunately, it is the same trend. So, we
have one class in each grade in French immersion in that school and that is all
for the whole system. But, as I said, that is namely a number's problem in the
Richelieu Valley area. The other thing is that, according to the numbers, in
the statistics for the Richelieu Valley system itself, we are diminishing. Last
year, in the enrollment of September, it was 2080 students. Our present
predictions as of June, in April 30th of this year were that, next year, we are
going to have 1876, and there have been no new enrollment into the other grades
other than kindergarten and, in three of the communities, the kindergarten
enrollment is down drastically. In fact, in Boucherville, there are three
enrolled for kindergarten. I do not know how they are going to have a class. So
that the English community is diminishing in that area, which is predominantly
French-speaking, and we are going to have problems even keeping schools,
because Boucherville, Chambly and Mountainview have such low numbers right now
that if there is anymore lowering of the English population in that area, they
will not have schools anymore. Mount Bruno and Courtland Park, in the
Saint-Bruno area, are the only schools that have kept up their numbers and yet
it is a growing population on the
South Shore, so that you know, normally, demographically, we should be
enlarging, but there are people that have moved definitely. Is that all the
statistics you wanted?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Brownridge: OK. I will ask Mr Sewell to answer the other
questions.
M. Sewell: Mon fils, la semaine dernière a dit à sa
mère: Maman, je suis Français, vous êtes quelque chose
d'autre. Il est dans le programme, en deuxième année, un petit
gars de sept ans. Je pense qu'il comprend, il va s'assimiler au secteur
francophone-anglophone, il a commencé, il devient à l'aise dans
les deux langues.
Sur la question des francophones, les immigrants, c'est une question de
choix. Je pense que la McGill Study suggests that immigration to the province,
anglophone immigration to the province is declining by 32% and other
immigration... I am sorry... anglophone immigration to the province
represents... 29% of immigration to the province is English-speaking. 32% of
immigration to the province is French-speaking, already French-speaking. That
is a trend in immigration demographically proven from figures that they have
collected. Most of these appeared in the Montreal Star of the last weekend,
that English-speaking immigration to the province is only 29%, French-speaking
immigration to the province is 32% and the natural fact then, that indicates a
pretty strong trend.
And from there, it might be that by giving choice, people will naturally
either choose French, choose English or choose both, and be trilingual
possibly, or certainly bilingual. There is a suggestion here that within the
bill, for some reason or other, people, if they had the choice, would choose
one over the other. I think that possibly, it could have been the case stated
six, seven, or eight years ago. The things have been rapidly changing in this
province and the indications are that there is more French immigration to this
province than English and why not provide to the immigrants a chance to become
trilingual or a chance to become bilingual? It is pretty obvious that the way
the employment situation is going that it makes sense to become French,
francophone, to speak French as your second language because that is where the
money is.
In most of the occupations that are available to, the immigrant
population, the highest paid sector is the French, if you can speak French and
get into those occupations, you can make more money. I think that is what
people are doing. The bogus that they are all heading for the managering and
they want to be the head of the multinational corporation with the head office
in Montreal at the moment is fallacious. They want to be able to live a good
life and make a decent wage and right now, the direction is go French. And the
coercive effect to have to fore immigrants into francophones schools is
fallacious, it is unnecessary. It is driving a finishing nail with a
sledge-hammer.
It is not necessary, it does not need to be coercive. They are going to
choose it anyway, the unions have seen that they will make more money if they
are working in French than if they are working in English. They will choose it.
The job has been done.
Mme Lavoie-Roux: Merci monsieur, merci madame.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, avant de poser quelques
questions à nos invités de ce matin, je me dois de
répéter ce que je disais hier, pour être sûr que nous
soyons vraiment attentifs à nos invités et que si on a des
statistiques, des chiffres ou des faits qui nous sont apportés par nos
invités, même s'ils ne font pas notre affaire pour le moment,
s'ils ne font pas l'affaire de notre parti, je pense qu'il faut les voir avec
ouverture d'esprit.
Il ne faut certainement pas avoir d'avance un préjugé sur
la question. On en a tous un, mais il faut se rendre a l'objectivité,
comme je le disais hier. Au-delà de nos prises de position personnelles
ou des prises de position de notre parti, il faut faire abstraction de cela et
il faut franchir la ligne de parti, juger au mérite et apprécier
les interventions que nos invités peuvent faire.
M. le Président, je voudrais poser une question à Mme
Brownridge. I have to thank you very much for the brief that you have deposited
this morning. Do you have any children?
Mme Brownridge: Yes.
M. Biron: O.K. What do you do personally for your children? Are
they in any French immersion course?
Mme Brownridge: Yes, I said it before; they have been to the
French immersion and they are all functionally bilingual, they are operating in
the community, in sports and everything else, and they mix quite really with
the French-speaking people. In fact, for the last five years, my kids have been
on French exchanges. They have gone to Lebel-sur-Quévillon, they have
gone to Sainte-Anne-des-Monts and have spent a week or two there, totally in
French, and have been very comfortable and have participated in the culture of
Québec.
M. Biron: Do they speak a good French? And how many years do they
need to speak a good French?
Mme Brownridge: I think elementary school can do it. You know,
they obviously have to use it after that, to keep it up and to learn to write
it fluently, they need to keep on with French. In high school, they continue,
at least two periods,
learning literature and learning the grammar to perfection.
M. Biron: And all your children have been to those French
immersion courses?
Mme Brownridge: One child has been for six years in the
elementary school. He is now in his first year in high school. The other one
went to the grade 7, French immersion, because he missed the other, and he is,
I would say, nearly as fluent maybe not in his accent, but certainly in
his writing ability, as the other one, and the other one is in grade 4, right
now, and one has just started in kindergarten.
M. Biron: Have you seen any big difference between those who have
gone to French immersion courses, at low age, and the other ones who have been
there only in grade 7 or grade 8?
Mme Brownridge: Yes. First of all, the accent. My three who have
been to the kindergarten program, when they speak French, you would not know
that they were English-speaking. In other words, they have a French accent. My
youngest, in kindergarten, right now, has what I think is a horrible accent.
She goes "professeur". She has a definite accent, but she sticks up from the
teacher. This will change, I guess, but the other one who is being through the
French just the one year plus two periods a year in high school, definitely has
an English accent when he speaks French. Maybe this will change when he uses it
more in the context.
M. Biron: O.K. Now, tell me, have you seen any differences in the
other courses that they are following, let us say, as mathematics, history or
things like this? Are they as good as the other ones or have they suffered
because they are learning two languages?
Mme Brownridge: No, they are in the regular high school program.
Well, one has got 98 in maths, you cannot beat that, and the other one is doing
very well in English particularly, which was the thing we wondered about, one
coming through the whole total program, was whether they would do well in
English, and they are in with the regular class now and they are doing just
equally as well as the others.
M. Biron: So, as a mother, you would recommend to all parents to
send their children to full immersion course when they are young?
Mme Brownridge: Highly. And Mr Lambert's study, I think, has
proven us too that he followed that up original group through and although they
were the sort of picked up group you can say, you know, that they had
the ought on effects... if you like they still have done very well. They
do not seem to suffer, because, you are doing the maths, whether you are doing
it in French or you are doing it in English, it does not really matter, you are
doing maths and the same with history and science. It is just that once they
have the vocabulary, it does not seem to make any difference.
M. Biron: Very good. You had a comment?
M. Sewell: Well, I was going to suggest that it seems, the
indications are that children in the immersion program actually do better
academically than those who are not. In other words, those you are following,
let us say, the regular English stream do not seem to be performing quite as
well academically. Whether more demand is made of the children and, therefore,
to... I do not know, but it seems, the indications are that... There is a
number of years of data on that, that each year of the French immersion program
the children in it seem to be better academically.
M. Biron: That is a new readiness of mind, so they are doing
better. Very good. Do you have any figures on the percentage of the children in
your schooling system who are going to French immersion courses?
Mme Brownridge: Yes, it is hard to say, because it is only in the
one school and therefore, you know, not offered in the other areas and they
have to drive their children if they want to put them in, but there are half
the kindergarten class, 50%; in Saint-Bruno itself, we have forty children,
this year, registered in the French immersion and forty registered in the
English stream. So it is by 50-50 initially.
M. Biron: I have another question on an another subject, on the
economic matter. Maybe somebody else will answer. You said that the
French-speaking Quebecers were a little bit late on the economic matters,
because of the schooling system that we had in the past, but you brought some
figures to say that maybe we are making more money right now, but what do you
have to suggest to be sure that the French-speaking people in this province
will have their place all across the business area?
M. Brownridge: The reason why we quoted those figures was that we
had a meeting a few weeks ago in Saint-Lambert and Mr Payne was speaking for Dr
Laurin at the time, I think, and he was saying that he could not see why French
Canadians were predominating in the head offices in Québec and I pointed
out that if there is equal opportunity for French Canadians in head offices in
Canada, then they could never be more than 25% to 30%. You know, he was
astounded at this, but this is the point, that if we have a head office of a
Canadian corporation and I understand that the recent study that was out a few
days ago showed precisely that... So, you know, we look at the rational behind
bill 1 and we start asking these questions. We are in a period of rapid change
and, you know, when you read the bill, you think:
Where the heck have the PQ been in the last ten years? Since I came to
Québec which is not that long ago from Manitoba, I have seen a dramatic
change. We come to this Legislature and we do not hear a word of English
spoken. We walk around Québec City, we do not hear any English.
At the turn of the century, Montreal was 50%-50%, English and French.
Today the statistics of the Gendron Commission say it is 62% French. Where is
the great endangerment of the French? It seems incredible. This is the best
economic statistics we could lay our hands on; I would predict that if this
Government was to get the best scientific appraisal, use data research, as did
the Montreal Star, why do not they go out and prove to us that we are wrong?
This is what I would like to see, but I will tell you what we show is that the
thing is switched over: instead of being seven out of eleven, it is probably
nine out of eleven today.
So, we just do not buy this.
M. Biron: So, you were lucky to have a little bit of English,
because my good friend, the member from L'Acadie, asked the Minister to ask the
questions in English. You said a little bit later because I have to go a
little bit faster, we have only ten minutes for our party on page 6 that
you are stucking about minority language rights and maintain, what will be the
minimum that you will require as an English-speaking Canadian and Quebecker?
What would be the minimum rights you would require to be protected in this
province?
M. Brownridge: I would say that if we are looking at linguistic
rights, we should start to look at our friends south of the border. Here, we
have built into legislation in 1977, you know... the California Bill, that was
passed only a few weeks ago, says that if a child of a limited English
capability, if there are twenty in a school system, they have the right to a
bilingual education . This is a right, you can go to a school. We had to fight
our Protestant School system, even though we got it, because we are flexible.
But, in this Bill, French-speaking Quebecers are not allowed to choose. They
are not allowed to send their children to an English school, it they are not
getting an adequate capability in English. Now, in the United States, we are
getting into a situation where they are moving forward and Québec, which
has possibly the greatest tradition of linguistic tolerance, going back to
1974, and I do not buy this, 1974, that was probably one of the most advanced
acts of its time to recognize the rights of French Canada to operate in its
own...
This was an advanced act. You could say that the American Act of 1974 is
a direct relationship of that. Remember, in the States, we are not talking
about French, we are talking about any linguistic minority.
M. Biron: Also, I have to complete, I think my ten minutes are
now over. I just want to thank you very much, but you have to understand that
here, because of the only 6 million or 7 million of French-speaking people on
the North American continent, French has to be more protected because of the
environment that we have with the English-speaking North American people. So,
that is just the idea of having a little bit more protection for the French
language because of the environment that we have on the North American
continent. So, thank you very much again.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. My question will be in
regard to article 8, fold no 2, where you say that to insure that the child
graduates functionally bilingual.
I would like to know if you have any particular suggestions so that we
can reach that point.
Mme Brownridge: Well, I think I have already explained that
starting a bilingual program early in a child's life makes him functionally
bilingual and that perhaps this choice should be given to every Quebecker. I
know that the teaching of English in the French schools has not been very good
and I know many French-speaking parents who are very unhappy with it and they
would just give their back teeth to be able to put their kids into a program
like ours. My suggestion is that the argument, I know, has been used on the
French side that they must get their French language first. We went through
this argument with many of our English friends in our program and I think that
we have proven that it does give the child a functional system. They can choose
the language. They are not just going to revert to English, as some people say,
once they get English, they say they will forget their French. I do not buy
that. I think that a child is going to be able to choose the language and will
adopt both languages and will get the culture of his home environment. This is
not going to change his culture. That is my suggestion, that each child be
given a choice.
M. Samson: All right. I have a limited time of five minutes. My
second question will be: As you know, we now have two school systems, one which
is French and the other, which is English. What would you say if we would have,
first, one single system, which would be French, with possibilities of English
language courses in this system or else, keeping the two systems that we have
now and in which two systems we will have English or French a a second language
and compulsory?
M. Sewell: Well, it seems to me that you do not want to put the
cart before the horse. I think that if the amount of French instruction was
increased in English schools and I think the mechanisms exist within the
Department of Education now to obtain that, that eventually, it would become
logical to do what is implied in your question. I think that is the process
that should be going through.
M. Samson: My third question regards paragraph 4 of the same
article, in which you say that
"today in the Protestant School Board of Greater Montreal's school
system, over 45% of the English pupils enter the Grade 7 French immersion
program and in the South Shore... 50%..."
Could you tell me if there is any special reason why this could not
reach the bracket of 100%, right now?
Mme Brownridge: Because when children get to grade 7, they have
an opinion themselves. The parents can choose when they go to kindergarten. But
when they get to grade 7, the students have often, and unfortunately, a
negative feeling for the French language by this time. They had a struggle
learning it and they know that they do not want to go on with it. I think it is
changing. I think that you will find the figures going up as the employment
situation changes in Québec. People realize that they have to learn
French to get a job. Economic necessity is the greatest pressure to learn a
language, believe me.
M. Samson: Will you feel...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Rouyn-Noranda, comme midi va sonner
bientôt, vous aurez la parole à la reprise...
M. Samson: M. le Président... Le Président (M.
Cardinal): Oui.
M. Samson: ... j'ai une question de règlement. Cet
après-midi, je dois siéger à la Chambre. Je ne pourrai pas
être ici. Une dernière question...
Le Président (M. Cardinal): Même si...
M. Samson: Pourrais-je vous prier, M. le Président...?
Le Président (M. Cardinal): Je ne puis comme "Cardinal"
qu'accepter cette demande!
M. Samson: Vous auriez peut-être pu consulter
"Lévesque" avant.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas dans l'ordre.
Le député de Rouyn-Noranda, une très brève
question, s'il vous plaît, et une très brève
réponse.
M. Samson: Par courtoisie, je termine. C'est fini. D'accord.
Thank you very much.
Le Président (M. Cardinal): Je veux remercier, si vous
permettez, les députés et les témoins ce matin, pour leur
collaboration. Nous avons fait, je pense, un bon avant-midi. Je rappelle
à tous que nous ajournons nos travaux sine die et que nous reprendrons
ces travaux, après les affaires courantes, cet après-midi. Le "Ad
Hoc Committee for School Committees of the Richelieu Valley School System" is
invited to stay with us in Québec City, if they wish.
M. Sewell: II y a une question que le Dr Laurin m'a posée
et il n'a pas reçu une réponse. Who would protect...?
Le Président (M. Cardinal): Je...
M. Sewell: A very quick word. Who would protect the French
culture in Québec? It is the people himself who will protect it and I
think the example of 2,2 million Americans proves that.
Finalement, nous vous disons un grand merci pour...
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes prêt
à revenir cet après-midi?
M. Sewell: Oui, si vous voulez.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes invité.
Merci. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 43
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs! Le quorum étant constaté, je dois rappeler, même
si cela prend quelques minutes, que nous commençons une nouvelle
séance en vertu d'une motion du leader parlementaire du gouvernement. Je
dois donc faire l'appel des membres. M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm) remplacé
par...
M. Godin: M. Charbonneau (Verchères).
Le Président (M. Cardinal): ... M. Charbonneau
(Verchères); M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Godin (Mercier).
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Biron (Lotbinière); M.
Guay (Taschereau), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa),
M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé),
M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), juste à temps. M. Samson (Rouyn-Noranda). M. Samson,
évidemment, sera absent à cause de sa motion à
l'Assemblée nationale. Sans commentaire, s'il vous plaît.
À l'ordre! Je dois aussi rappeler l'ordre du jour. Nous avions
devant nous, à l'ajournement sine die à 12 heures, le Ad Hoc
Committee for School Committees of the Richelieu Valley School System. Le
suivant, M. Gaston Laurion.
M. Godin: M. le Président, une question de
privilège, de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Non, attendez que ceci soit
terminé. M. Laurion est ici? Après, s'il vous plaît, M. le
député.
M. Godin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Roger Julien, ici. Montreal
Women Council, ici, merci. Montreal Lakeshore University Women's Club. Merci.
M. Robert Marteau. M. David Ross. Mme Hélène Bergevin. Avant de
commencer ces travaux, je désire souligner un point. J'ai reçu
une note. Enfin, je ne l'ai pas reçue, elle a été
déposée sur cette table à 16 h 25, et elle se lit
exactement comme suit: M. le Président. Nous regrettons, mais
c'était absolument nécessaire pour le Comité Ad Hoc de
partir pour Montréal, parce qu'un des membres du comité a une
réunion urgente à Montréal, ce soir à sept heures.
Signé, Mme Noreen Brownridge. Juste un simple commentaire. Je suis un
peu surpris de cette façon de procéder. Les témoins ont
eux-mêmes décidé que la commission était
suffisamment informée.
M. le député de Mercier.
M. Godin: Vu que...
Le Président (M. Cardinal): Sur une question de
règlement?
M. Godin: Oui, question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Godin: Vu que nous n'avons pas consommé tout notre
temps d'une part et que, d'autre part, nous avions des commentaires à
faire sur ce mémoire qui nous a été soumis, je me demande
si la période qui nous est réservée ne pourrait pas aller
jusqu'à son terme, même en l'absence des témoins.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Vous me demandez une
directive sous forme de question de règlement? Conformément
à l'une des motions adoptées hier, j'ai tenu le temps
employé par chacun des députés et par chacun des partis.
Je n'avais pas l'intention de dévoiler ce temps qui restait au
début de la séance pour ne pas inviter la députation
à l'employer en entier. C'est toujours un danger, mais c'est un droit
strict quand même. Il reste au total un peu plus de trente minutes pour
terminer cette audition. Au Parti québécois, il reste 13 minutes;
au Parti libéral, 15 minutes; le Parti de l'Union Nationale a
épuisé son temps. Le député de Rouyn-Noranda a
épuisé son temps. Le député de Beauce-Sud est
absent et normalement la parole aurait été au
député de Verchères qui est également absent.
La réponse à la question posée par le
député de Mercier n'est pas facile, mais je vais prendre sur moi
de permettre, en l'absence des témoins, pourvu qu'on ne dépasse
pas le temps prévu par la motion et, très strictement, des
interventions qui ne sont plus des questions aux témoins, mais qui
pourraient être des commentaires sur le mémoire qui nous a
été présenté. Je voudrais cependant souligner que
je ne désire pas qu'il y ait un débat entre la députation,
ceci n'entre pas dans le mandat de la commission qui a été
répété à maintes reprises. Je voudrais, de plus,
profiter de cette occasion pour appeler le témoin suivant dès que
les députés auront jugé qu'ils ont employé tout le
temps permis ou que j'aurai indiqué que ce temps est
écoulé.
Oui, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est une directive que
je vais vous demander. Est-ce une décision que vous venez de rendre?
Le Président (M. Cardinal): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, j'oublie.
Le Président (M. Cardinal): Qui demande la parole? M. le
député de Taschereau. Je m'excuse, M. le député de
Verchères avait la parole, il vient juste d'arriver. M. le
député de Verchères, pour vous rappeler ce qui se passe,
il reste peu de temps, les témoins ont quitté, je ne veux pas de
débat entre la députation, je permets des commentaires dans les
limites qui vous sont attribuées à votre parti, il reste 13
minutes.
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je regrette que les gens
nous aient quittés. Je comprends que cela faisait déjà
deux jours qu'ils étaient ici. Je le regrette d'autant plus que, pour
une bonne part, c'étaient des gens de mon comté. J'aurais
aimé leur faire les observations que j'avais à faire, en leur
disant d'abord que pour un sujet aussi controversé, cela aurait
été facile pour un député du gouvernement du Parti
québécois qui prône des options assez différentes
des leurs, de ne pas se prononcer et surtout en commission parlementaire avec
eux comme interlocuteurs.
De toute façon, ce n'est pas la façon dont je
conçois la représentativité d'un député
d'une part, et d'autre part, je les avais déjà rencontrés,
je leur avais dit les choses suivantes: D'abord, on les rejoint, je pense,
lorsqu'ils parlent de certains objectifs éducationnels qui recoupent et
qui sont reconnus dans le livre blanc, objectifs d'apprentissage de la langue
seconde en particulier, objectifs sur lesquels on insiste beaucoup, afin qu'on
évite la création d'un ghetto. Je pense qu'à ce sujet, le
gouvernement rejoint ces gens-là.
Ce que je n'ai pas apprécié, que je ne peux accepter,
c'est l'impression qui se dégage que l'apprentissage d'une langue
seconde, en particulier dans le contexte nord-américain et
québécois, l'apprentissage de l'anglais, ne puisse se faire
adéquatement que dans un système anglophone, qu'à
l'école anglaise. Je pense que c'est inacceptable.
C'est d'autant plus inacceptable que depuis un certain nombre
d'années et de plus en plus, surtout si on croit les prises de position
du ministre de l'Éducation, l'enseignement de la langue seconde, de la
langue anglaise en particulier, dans le système francophone
s'améliore et va aller en s'améliorant.
Par ailleurs, je leur avais déjà dit, lorsque je les ai
rencontrés, que l'autre observation qui me frappait, à la lecture
de leur mémoire, c'était une perception totalement
différente de la réalité québécoise qui les
conduisait, à mon sens, à faire une mauvaise évaluation de
la situation de la langue et de la culture française.
Leur évaluation les amène à faire une argumentation
qui détruit l'ensemble du projet de loi et qui, de toute façon,
nie même sa raison d'être.
Je trouve important qu'on s'attarde sur cette évaluation, car
finalement, elle est basée sur deux choses: ou il y a un problème
et il y a une situation dangereuse pour la culture et la langue
française au Québec, dans ce cas, on doit prendre tous les moyens
pour enrayer ce danger; ou, par ailleurs, il n'y a pas de problème et il
n'y a pas de danger, auquel cas il n'y a pas lieu d'intervenir et, s'il y a une
intervention, naturellement, elle devient abusive. C'est ce que ces gens
prétendent en disant que la charte est antidémocratique, injuste
et discriminatoire.
Si on regarde de plus près, les gens affirmaient que la culture
française et la langue française ne sont pas en danger au
Québec et, bien plus, la langue et la culture ont le vent dans les
voiles et se sont renforcées depuis quelques années, surtout
à cause d'une hausse de l'instruction chez les francophones voulant,
à leur avis, s'intégrer dans la société
industrielle nord-américaine.
Dans la deuxième affirmation, je pense qu'il est exact de dire
que, plus que jamais, la culture française et la langue française
ont le vent dans les voiles, mais, cependant, ce qu'on a négligé
de dire, c'est que, si cela se produit aujourd'hui, ce n'est pas uniquement
parce qu'il y a eu un système d'instruction amélioré qui
voulait qu'on intègre les gens dans une société
industrielle, mais également parce que cette instruction, comme le dit
clairement le livre blanc, a amené une prise de conscience de
l'identité nationale et une fierté accrue au niveau de la nation
canadienne-française ou franco-québécoise. Mais on doit
aussi dire que cette vigueur accrue n'empêche pas les
événements et les situations de jouer dangereusement contre nous.
La preuve, c'est qu'au cours des récentes années, on constate un
affaiblissement numérique tant au Canada qu'au Québec de la
situation des Canadiens d'origine française ou d'origine
québécoise, parce qu'à l'exception des Acadiens, je pense
que tous les autres Canadiens français des autres provinces sont
originaires du Québec.
On pourrait, à ce sujet, citer une multitude de chiffres, mais je
m'abstiendrai de le faire ici pour essayer de permettre à un autre
collègue de prendre la parole. Mais je pense qu'outre cette question
numérique, il y a également une autre chose qu'il est important
de signaler. C'est la présence de l'influence envahissante et je
pense qu'on aurait dû le dire à ces gens ce matin
croissante et, à mon sens, disproportionnée de leur culture sur
le territoire québécois et sur notre communauté nationale.
Parce que je pense qu'il est important ici, à un moment donné, de
bien définir les mots et les réalités et cela
au-delà des exigences compréhensibles du contexte
nord-américain et des relations diverses que l'on doit entretenir avec
les gens qui nous entourent.
Je ne crois pas que ce soit en interprétant différemment
des autres, les statistiques pour démontrer que finalement, la langue de
travail à Montréal, en particulier, c'est le français,
qu'on va établir que la nation canadienne-française ou
franco-québécoise n'est pas en danger. D'ailleurs, l'usage du
français au travail pourrait se généraliser et cela
n'assurerait pas pour autant les garanties nationales, car,
parallèlement, les nouveaux arrivants continueraient de s'assimiler
à la mino-
rité anglophone, comme cela se fait depuis une quinzaine
d'années.
On a signalé, à juste titre, que depuis plusieurs
années déjà, il y avait eu un regain de vie de la culture
et de la langue française au Québec, mais parallèlement,
on aurait pu se demander, on aurait pu s'attendre surtout à ce que ce
regain de vie affecte les nouveaux arrivants, ce qui n'est pas arrivé.
Lorsqu'on dit qu'on n'a pas besoin de mesures coercitives pour amener les
nouveaux arrivants à s'intégrer, je pense qu'on en a la preuve au
cours des récentes années, s'il y avait eu la moindre bonne
volonté, la moindre volonté surtout de comprendre ce qui se
changeait au Québec au cours des années, on aurait
peut-être pu réviser nos positions. Mais, la preuve en est trop
éclatante pour qu'on puisse, à ce sujet, se dédire
aujourd'hui.
Il y a une autre notion. On est revenu, à plusieurs reprises, sur
le besoin du bilinguisme individuel, je suis d'accord avec cela, mais par
ailleurs, je pense qu'il faut peut-être faire une distinction entre ce
qu'est un individu bilingue et un individu assimilé. Moi qui ai
vécu dans un quartier italien à Montréal, à ville
Saint-Michel, pendant une dizaine d'années, j'ai vu ce qu'étaient
des enfants d'immigrants parlant trois langues, mais devenant progressivement
chaque jour, parce qu'ils vivaient dans un système anglophone, devenir
des anglophones. C'est cela qui est inacceptable et c'est ce qu'on aurait voulu
que ces gens comprennent, surtout dans un milieu comme celui de la rive sud,
dans un milieu où depuis des générations, finalement, ces
gens baignent dans un contexte francophone.
J'aurais aimé également leur poser la question suivante:
Qu'a-t-on à dire sur les études qui démontrent que
l'unilinguisme anglais est encore plus profitable? À cela, on n'a
qu'à se référer aux études du professeur
Vaillancourt, qui a remis à jour les données de l'enquête
Gendron. J'aurais aimé poser un certain nombre d'autres questions.
J'aurai sûrement l'occasion de rencontrer ces gens dans mon comté
et leur en faire part de vive voix. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
je voudrais remercier le ministre d'avoir accédé non seulement
à notre demande...
M. Godin: Question de règlement, M. le Président.
Est-ce que le temps est écoulé?
Le Président (M. Cardinal): Le temps de qui? Du
député de Verchères?
M. Godin: De notre parti.
Le Président (M. Cardinal): Non, il reste sept minutes au
Parti québécois.
M. Godin: Ah! Ce sera à nous par la suite.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, et votre tour par la suite.
M. Godin: Merci bien.
Le Président (M. Cardinal): Suivant la liste fournie par
votre représentant. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais remercier le ministre d'avoir eu la
courtoisie, à la demande de ceux qui ont présenté le
mémoire, de leur adresser la parole en anglais, parce qu'ils ne
semblaient pas comprendre les questions du ministre.
M. Paquette: ... très bien et celles du
député de L'Acadie.
M. Ciaccia: Ceci dit... Excusez... Écoutez!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, mais, écoutez! Quand on vous critique, ce
n'est pas bon. Quand on vous remercie, ce n'est pas bon. Voulez-vous nous dire
ce que vous voulez de nous?
M. Paquette: ... compléter.
Une voix: Que vous vous taisiez!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! À l'ordre!
Une voix: Vous allez être déçu.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Je rappelle
à tous les députés qu'il reste présentement 22
minutes pour ce débat. Comme il n'y a pas de question de
règlement, ceci n'est pas soustrait du temps et, par conséquent,
s'ils veulent utiliser leur temps au maximum, je les prierais de
procéder avec ordre.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'aurais
préféré, puisque les gens qui ont présenté
le mémoire ne sont pas ici, que nous procédions à un autre
mémoire. Toutefois, puisque vous avez rendu la décision que nous
pouvions continuer, je crois de mon devoir, étant donné que le
parti ministériel a soulevé certaines questions, je ne veux pas
faire de débat entre députés, je veux seulement apporter
certaines remarques sur les propos du comité et aussi la réaction
du ministre. Ceci dit et ayant remercié le ministre, je dois dire que je
m'interroge un peu sur la réaction du ministre vis-à-vis du
mémoire quand il dit que le thème de ce mémoire, le
message laisse supposer que tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes.
Ce n'est pas de cette façon que je l'ai lu et la raison pour
laquelle je voudrais rectifier un peu cela, c'est qu'il se peut que ce ne soit
pas votre interprétation de ce mémoire qui...
M. Guay: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Sur une question de
règlement, M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, vous avez bien dit, au moment
où vous avez rendu votre décision, qu'il n'était pas
question de faire un débat. Il s'agit donc, si j'ai bien compris votre
décision, de s'en tenir à l'énoncé, au
mémoire qui a été présenté ce matin ainsi
qu'aux commentaires qui ont été faits par les personnes qui ont
comparu et non de commenter les commentaires qu'ont pu faire le ministre, le
chef de l'Union Nationale ou quelque autre député autour de cette
table.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact... Oui, sur la
question de règlement.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, si vous permettez...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Mont-Royal, en
préambule, faisait référence à la réaction
du ministre, mais il allait parler justement du contenu du mémoire pour
lui en donner son interprétation.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je voudrais rappeler deux choses à l'occasion de
cette question de règlement. J'ai premièrement indiqué
qu'il n'était pas nécessaire d'employer tout le temps qu'il nous
reste, et, deuxièmement, cette invitation qui a été faite
par deux députés de partis différents au
député de Mont-Royal s'applique fort bien, s'il veut en venir
immédiatement au mémoire présenté par le Ad Hoc
Committee.
M. Ciaccia: Je vais donner un peu ma perception du message que
j'ai eu du mémoire du Ad Hoc Committee. Premièrement, ce
n'était pas le statu quo qu'il demandait. Ses porte-parole ont
donné l'exemple même du fonctionnement de leurs écoles...
les cours d'immersion, la nécessité de parler le français
au Québec. Ce n'est pas une question de prétendre que c'est le
mieux dans le meilleur des mondes. Ils savent qu'il y a des changements, mais
ils s'opposent à l'unilinguisme et ils ne croient pas que
l'unilinguisme, ou anglais ou français, sera à l'avantage du
Québec. Ils veulent certes des changements, mais ils mettent en doute la
méthode de certains changements. Ils nous ont donné beaucoup de
statistiques sur les emplois et sur l'éducation et peut-être que
cela serait un bon argument on l'a déjà mentionné
pour faire une division dans le projet de loi entre les mesures sur
l'éducation, la langue d'enseignement, et les mesures sur la langue de
travail, parce qu'en mêlant les deux, on fausse un peu le débat.
Il y a des problèmes différents dans les deux matières,
mais quand ils disent qu'ils ne voient pas de danger pour la culture
française, ils disent cela selon leur propre perception de la
communauté où ils habitent.
Ils nous ont donné des statistiques de certaines villes,
où les écoles anglaises vont en diminuant, où le nombre
des élèves va en diminuant, où la population de langue
anglaise va en diminuant.
Si vous vous mettez à leur place et si vous regardez le
problème et les accusations et les déclarations qui sont faites,
de leur point de vue, peut-être qu'ils ne voient pas où est la
menace à la culture française. Ils voient plutôt une
diminution de leur communauté, dans leur milieu.
Alors, je ne crois pas qu'on doive trop critiquer leur
déclaration sur ce sujet. M. le Président, je voulais seulement
apporter ces précisions. Dans l'intention d'être bref et
d'entendre autant de mémoires que possible, l'autre remarque que je
voulais faire c'est qu'il faudrait comprendre. Je ne sais pas pourquoi... Vous
avez apporté certaines remarques disant pourquoi ils nous avaient
quittés; ils vous avaient laissé une note. Il faut comprendre
qu'ils sont venus ici, qu'ils ont été convoqués par la
commission depuis hier matin et peut-être devrait-on repenser la
méthode par laquelle nous convoquons ou la commission convoque les
différents...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, c'est déjà tout repensé à la suite de
cet incident.
M. Ciaccia: Très bien. Alors, je termine mon intervention
sur ce point. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mont-Royal. Je rappelle, pour être juste envers
tous, qu'il reste à chacun des deux partis sept minutes et je
cède la parole au député de Mercier.
M. Godin: D'abord, je déplore que nos invités aient
filé à l'anglaise, comme on dit. Ou comme on dit en anglais: Take
a French leave.
Une voix: Takes French leave.
M. Godin: Je savais que vous le diriez. Je dirai deux mots sur le
contenu du mémoire tel que je l'ai vu.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, M. le
député, utilisez votre micro, s'il vous plaît.
M. Godin: Je dirai deux mots sur le contenu du mémoire tel
que je l'ai vu. Au fond, ce que le mémoire recommande c'est un
libéralisme intégral avec un petit "I", messieurs, et nous avons
constaté par le passé que si nous laissons jouer les forces
économiques qui existent au Québec, automatiquement le
français est perdant. C'est justement cette situation que nous voulons
corriger. L'économie nord-américaine est un fleuve et le
gouvernement du Québec veut le canaliser en
partie pour que la langue française, dans ce fleuve, puisse
survivre. D'autre part, on a cité abondamment comme étant des
modèles, ou le nec plus ultra, la fine pointe du progrès, des
lois américaines, entre autres le fameux Bilingual Education Act des
États-Unis ainsi que la loi adoptée par l'État californien
à l'égard des écoles bilingues. Nous connaissons ces lois,
nous les avons étudiées longuement il y a longtemps
déjà et je pense qu'elles ont été
présentées dans une perspective totalement erronée. Ces
lois-là en fait ne visent qu'une chose, c'est-à-dire sont
l'équivalent des classes d'accueil qui existent au Québec. Ces
classes d'accueil visent à accueillir les immigrants ici au
Québec et à les intégrer le plus tôt possible au
secteur français. Les lois américaines ont le même but. Ces
lois ne s'appliquent qu'aux secteurs élémentaire et secondaire et
visent, le plus rapidement possible, à transférer les nouveaux
immigrants qui ne parlent pas suffisamment l'anglais au secteur anglais. Par
exemple, en Californie, cette loi qui vise à couvrir 225 000 jeunes
Mexicains ne dispose que d'un budget annuel de $3 millions alors qu'au
Québec les classes d'accueil qui sont destinées aux mêmes
fins, qui visent à accueillir ici des immigrants qui ne parleraient ni
le français, ni l'anglais et à leur fournir des professeurs qui
parlent leur langue maternelle, soit l'espagnol, soit l'italien ou autres, ces
classes d'accueil comptent actuellement au Québec 3000 étudiants
et disposent d'un budget de $8 millions. Alors, je pense que le nec plus ultra
n'est pas le modèle américain, mais bien les règlements et
les lois qui s'appliquent au Québec actuellement
D'autre part, j'ajouterais que face à ces accusations disant que
nous sommes discriminatoires, totalement répressifs à
l'égard des immigrants et qu'on nous cite ces lois illustre je n'irai
pas jusqu'à dire la mauvaise foi, vu qu'ils ne sont pas là, mais
une attitude qui m'apparaît difficile à comprendre. Le budget
total américain pour ces classes d'accueil, au fond, est de $135
millions et le budget total du secteur anglophone au Québec est
d'environ $360 millions, au primaire et au secondaire, pour 200 000
étudiants. Quand on compare je ne dirais pas la
générosité, parce qu'il ne s'agit pas de
générosité, mais d'une répartition juste des
budgets les montants affectés au secteur anglophone au
Québec et au secteur bilingue aux États-Unis et qu'on
découvre que le budget est trois fois plus élevé au
Québec qu'il ne l'est au total chez nos voisins du sud, qui sont 220
millions d'habitants, je me demande où est la discrimination et j'aurais
aimé poser ces questions à nos amis de la vallée du
Richelieu.
Malheureusement, ils ne sont pas là, M. le Président, et
je me permets tout simplement de mettre à la disposition des gens qui
voudront en prendre connaissance ces deux lois américaines qu'on nous a
citées en exemple et qui, au fond, ne sont que des pâles copies de
nos règlements qui traitent ici des classes d'accueil pour les
immigrants.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de
Mercier, vous remettez ces documents devant vous sur la table, je ne
veux pas faire de suggestions qui vont embarrasser nos fonctionnaires. Est-ce
que vous désirez qu'ils soient reproduits en annexe au journal des
Débats ou si vous désirez qu'ils soient simplement reproduits
pour les membres permanents de la commission?
M. Godin: Simplement reproduits pour les membres permanents de la
commission...
Le Président (M. Cardinal): Alors, vous les remettrez,
s'il vous plaît...
M. Godin: ... ainsi que pour la presse.
Le Président (M. Cardinal): ... au secrétaire des
commissions afin que l'on puisse en envoyer à chacun des membres
permanents.
M. Godin: D'accord. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Le suivant sur la
liste, après entente entre les partis, était M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que je comprends
qu'il cède son droit de parole ou qu'il l'exerce?
M. Mackasey: M. le Président, je vous remercie mais, comme
vous voyez, nos témoins ne sont pas ici. Je voulais tout simplement leur
signaler, je pense que c'est à la page 7, un passage qui est
contradictoire dans leurs termes. Ils parlent des immigrants qui parlent
déjà une autre langue. À mon égard, s'ils sont
obligés d'aller dans le système francophone, ils auront le
même résultat positif. On parle donc de ceux qui apprennent deux
langues, par exemple entre les âges de 5 ans ou 10ans. On peut dire qu'un
immigrant portugais qui arrive dans le système français a
déjà deux langues à apprendre en même temps.
Mais si mes témoins étaient ici... peut-être que le
ministre pourrait m'aider, s'il y a une possibilité de définir
pour la commission le mot "immigrant".
Il me semble qu'on parle beaucoup d'immigrants. Est-ce que nous sommes
encore un immigrant au bout de trois ans, par exemple, ou si nous sommes un
citoyen canadien? Est-ce que nous sommes un immigrant pour 15 ans, 20 ans ou 30
ans? Ou est-ce qu'on est un citoyen sans avoir tout à fait les
mêmes droits qu'un autre citoyen? Il me semble que, bientôt, dans
la discussion, je dis la discussion au lieu du mot "argument", parce que ce
sera triste, si le bill no 1, pour une raison ou une autre, commençait
à mettre la chicane entre les anglophones et les francophones, parce que
vivre dans cette province, il y à cent ans, sans vraiment de grands
arguments...
Mais est-ce qu'il y a une possibilité, M. le ministre, d'avoir
une définition d'un immigrant? Pas seulement ce mémoire, mais
tous les mémoires emploient le mot "immigrant". Il faut savoir quelle
est la définition du ministre pour le mot "immigrant". Est-ce qu'un
immigrant est quelqu'un qui vient de la Pologne et au bout de trois, quatre ou
cinq ans, devient un citoyen canadien? Est-ce qu'il est encore immigrant?
En conclusion, comment voyez-vous qu'un immigrant doit employer le mot
"citoyen" ou "résidant" ou "Québécois", si vous voulez, et
laisser de côté le mot "immigrant"? Est-ce que c'est au bout de
trois, cinq, dix ou vingt ans? Au moins pour les fins du bill no 1?
Peut-être que le ministre pourrait répondre?
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je ne permettrai pas au
ministre de répondre, parce qu'il a épuisé son droit de
parole. Il peut retenir votre question et y répondre, s'il le juge
à propos.
M. Mackasey: Je savais qu'il ne pouvait me répondre, mais
j'ai quand même pris une chance. Je m'arrange très bien avec le
ministre. On en discutera privément, peut-être.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Deux-Montagnes, en soulignant qu'il reste au parti
ministériel cinq minutes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais aussi
déplorer le départ précipité de nos quatre
témoins qui ont pris la poudre d'escampette. Je dis cela pour
éviter des efforts surperflus de traduction.
Je déplore également le fait qu'au Québec, il y ait
encore un nombre important de citoyens canadiens, résidents du
Québec, qui soient incapables de s'exprimer en français, qui
soient même incapables de comprendre le français, encore que leur
capacité de comprendre le français semble varier selon
l'interlocuteur.
Le proverbe dit: II n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Lorsque M. Laurin, calmement, posément, dans un français limpide,
leur a posé quelques questions, nos quatre témoins ont paru ne
pas comprendre ces questions et en ont demandé la traduction. Lorsque
Mme le député de L'Acadie leur a posé, maternellement,
avec la même pondération, à son tour, des questions, cette
fois, nos témoins ont paru comprendre.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez la réponse.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Ils préfèrent l'approche
maternelle à l'approche thérapeutique.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Madame, messieurs! Le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, nos quatre
témoins, pour en venir à la substance de ce qu'ils nous ont dit,
ont soutenu, en somme que la collectivité anglophone du Québec a
à tel point évolué dans ses attitudes, que les correctifs
que le gouvernement veut apporter sont devenus superflus.
Je n'ai aucune hésitation, M. le Président, à vous
confesser mon âge et à vous dire que depuis que j'ai l'âge
d'observer ce qui se passe autour de moi, cela fait 40 ans que, successivement,
à Ottawa, à Montréal, et ensuite, dans le beau
comté de Deux-Montagnes je ne vais pas vous chanter la pomme
j'entends des porte-parole du milieu anglophone dire exactement la
même chose.
Il n'y a pas de problème, ne vous en faites pas,
Québécois francophones, ne vous en faites pas, Canadiens
français, les Canadiens anglais ont compris, la preuve: telle ou telle
chose.
Après quarante ans, à force d'entendre ce refrain, je suis
devenu incrédule, M. le Président, et je considère que le
fait qu'il y ait encore aujourd'hui une proportion importante de nos
concitoyens du Québec qui soient incapables de communiquer avec nous en
français montre bien que les progrès qu'on prétend
constater sont surtout illusoires. Si on s'en remet aux statistiques, on
constate que le bilinguisme chez les anglophones du Québec n'a pas fait
de progrès. La connaissance du français chez les anglophones du
Québec, dans l'ensemble de cette population, n'a pas fait de
progrès.
Je sais qu'il y a quelques programmes expérimentaux d'immersion
totale en français à l'élémentaire et au
secondaire, mais je sais par ailleurs que j'ai visité des groupes
d'étudiants à Laval, à Châteauguay et à
Deux-Montagnes, dans des écoles anglaises et que, dans chaque cas, on
m'a clairement indiqué que la seule façon de me faire comprendre,
c'était de m'adresser à eux en anglais, ce que j'ai fait, puisque
la communication, c'est ce qui prime. Cependant il est grand temps, M. le
Président, que tous les Québécois se rendent compte que la
primauté du français n'est pas un simple rêve ni un projet
qu'on peut remettre et confier aux générations montantes. La
primauté du français, c'est un simple fait sociologique et il est
indélicat pour des Québécois de ne pas eux-mêmes
apprendre le français, s'ils ne le possèdent déjà,
et de remettre cette obligation aux générations montantes. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): La parole est au
député de Marguerite-Bourgeoys et comme on dit dans certaines
parties de certains sports, avec un solde de temps de cinq minutes pour le
parti qu'il représente.
M. Lalonde: M. Le Président, je ne prendrai pas cinq
minutes, je sais que le député de Jacques-Cartier veut parler
quelques minutes. Je profiterai d'autres interventions pour faire des
observations plus générales. Je veux simplement dire qu'on doive
se dissocier de l'ironie du député de Deux-Montagnes à
l'égard de nos témoins qui ne se sont pas présentés
cet après-midi. Ils ont attendu un jour complet avant d'être
entendus et ils ont invoqué, d'ailleurs, par écrit, à
votre endroit, M. le Président, une raison valable.
Il est facile de faire de l'ironie à l'endroit de gens absents,
mais je pense que ce n'est pas une grande preuve de courage.
Une voix: Très bien.
Le Président (M. Cardinal): Le temps du parti
ministériel étant épuisé, je donne la parole au
dernier intervenant, avec trois minutes. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je voulais simplement, M. le Président,
attirer l'attention du gouvernement et en particulier du ministre des Affaires
culturelles sur le quatrième titre, c'est-à-dire à la page
3, le quatrième titre: "Defence of English community" et je crois que
les quatre premiers paragraphes de ce quatrième titre sont plus qu'une
description philosophique: c'est une question de fait.
À mon avis, il y a là des vérités
fondamentales sur lesquelles devrait être basée toute loi
linguistique ou philosophie linguistique au Québec. Malheureusement, je
ne vois, entre la Charte de la langue française et ces quatre
paragraphes, aucune relation possible. C'est une opinion personnelle. Je crois
qu'il y a là des vérités fondamentales dont il faudrait
nécessairement tenir compte. Peut-être aussi que le
député de Deux-Montagnes pourrait lire et méditer ces
quatre paragraphes, en particulier. Il verra là des questions de fait
que, malheureusement, malgré sa longue expérience, il n'a pas
observées dans la communauté québécoise. Ceci dit,
j'aurais aimé poser quelques questions à nos invités. Il y
a des choses dans le mémoire, à mon avis, qu'on accepte moins
facilement, mais je ne critiquerai pas les absents, ce n'est pas mon genre. Je
me reprendrai plutôt sur les mémoires suivants. Je vous
remercie.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier. Il est vrai que les absents ont
toujours tort.
Je voulais souligner à cette commission que nous avons
commencé ce débat exactement à 10 h 35. Pour expliquer aux
députés comment fonctionne, dans la pratique, la motion qui
règle le modus vivendi de cette commission, j'enlève du temps qui
est utilisé dans l'heure et demie toutes les questions de
règlement et les interventions qui ne sont pas pertinentes.
Présentement, tous les partis ont épuisé leur temps.
J'appelle donc le prochain témoin, le prochain invité, M. Gaston
Laurion, qui présentera le mémoire qui porte le numéro 84.
Les mêmes règles s'appliquent, il y a 20 minutes au maximum pour
la présentation du mémoire.
M. Gaston Laurion, si vous voulez bien vous identifier, non seulement
par votre nom que je viens de donner, mais avec vos titres et qualités,
pour les fins, non seulement du journal des Débats, mais aussi des
membres de cette commission. M. Laurion.
M. Gaston Laurion
M. Laurion (Gaston): Gaston Laurion, écrivain et
professeur titulaire de littérature québécoise et
française à l'Université Concordia.
J'aimerais d'abord remercier cette commis- sion de recevoir aujourd'hui
mon mémoire et, de cette façon, de protéger ma
liberté d'expression et . les droits de la personne, ce qui ne fut pas
le cas lors de la présentation du bill 22.
J'aimerais également féliciter la commission d'avoir
commencé ses assises, probablement symboliquement, le jour du 25e
anniversaire du couronnement de la reine.
Le présent mémoire se propose en premier lieu de
féliciter le gouvernement québécois pour nous offrir une
loi sur la langue qui respecte le droit du Québec au français. La
loi no 1 nous délivre du bilinguisme institutionnel que consacraient les
lois 63 et 22 et qui s'était établi chez nous à la faveur
de notre manque de vigilance, des pressions économiques dont nous avons
été l'objet et, il faut bien le dire, de la lâcheté
de nos gouvernements.
Il va sans dire, toutefois, que les bénéficiaires de cette
situation ne renonceront pas facilement aux avantages qu'ils en retirent. De
nombreuses dispositions de la loi leur paraîtront outrancières,
alors qu'en réalité, elles découlent tout normalement du
principe que le Québec constitue un État français. D'autre
part, l'aspect coercitif de certaines mesures ainsi que les sanctions qui
frappent les contrevenants choquent sans doute les Québécois dont
le libéralisme s'accommoderait plus volontiers de l'incitation. C'est
pourquoi nous croyons utile de présenter ce mémoire à la
commission parlementaire afin de mettre en garde le gouvernement
québécois contre tout adoucissement du projet de loi qui serait
en désaccord avec son principe fondamental ou qui inclinerait au laxisme
de nos gouvernements antérieurs, dont les néfastes effets se font
toujours suffisamment sentir. En outre, nous voudrions proposer quelques
corrections de détail, pouvant, selon nous, améliorer ou
préciser certains articles.
La cohérence doit sans doute être considérée
comme l'une des qualités principales d'une loi. Aussi, toute proposition
d'amendement qui ne respecterait pas le principe fondamental de la Charte de la
langue française, à savoir que seul le français est la
langue officielle du Québec et que, par conséquent, cet
État devient institutionnellement unilingue, devrait-elle être
rejetée par le gouvernement comme un facteur d'incohérence. Les
partisans d'un Québec bilingue restent nombreux et c'est au nom du
bilinguisme et du biculturalisme, principes essentiellement incompatibles avec
celui qui anime la loi no 1, que l'on réclame pour les Canadiens de la
langue anglaise venant s'établir au Québec, les mêmes
critères d'admissibilité à l'enseignement en anglais que
pour les Québécois de culture anglaise ou ayant adopté
celle-ci.
On voudrait, en somme, que les enfants des nouveaux venus au
Québec, ayant fait leurs études en anglais dans toute province du
Canada, fussent admissibles à l'enseignement en langue anglaise sous
prétexte qu'ils ne doivent pas être traités comme des
immigrants. Dans un Québec considéré comme bilingue, ce
voeu paraîtrait parfaitement légitime, mais il le serait aussi en
faveur de
tous les anglophones du monde immigrant au Québec, à vrai
dire, voire de tous ceux qui désireraient s'inscrire à
l'école anglaise. On préconiserait là, en effet, le simple
libre choix de la langue d'enseignement que consacrait la loi 63. La loi 22,
elle, a prétendu limiter cette liberté de choix à ceux
dont les enfants avaient une connaissance suffisante de la langue anglaise
(articles 41, 42, 43), mais elle devenait, de ce fait, incohérente et
odieusement discriminatoire. D'une part, elle consacrait le bilinguisme et le
pouvoir intégrateur des anglophones du Québec, mais, de l'autre,
elle limitait illogiquement ce pouvoir en ne traitant pas tous les nouveaux
venus sur un pied d'égalité. On connaît les
conséquences de cette incohérence et les pressions bien
compréhensibles qui n'ont cessé d'être exercées en
faveur d'un retour au libre choix intégral.
Dans un Québec français, c'est-à-dire
institutionnellement unilingue, la liberté de choix cesse d'être
exigible et même acceptable. Nous avons affaire non plus à deux
communautés nationales, mais bien à une nation de langue
française au sein de laquelle vivent des groupes minoritaires de
cultures variées, dont le plus important est celui de langue anglaise.
On peut favoriser l'épanouissement culturel de ces groupes et même
reconnaître à certains d'entre eux, pour des raisons historiques,
un statut particulier qui n'est alors en rien discriminatoire dans le
sens péjoratif de ce mot mais ce statut ne devra jamais aller
jusqu'au pouvoir d'intégration des nouveaux arrivants, sans quoi nous
nous retrouverions avec la thèse des deux communautés nationales
et d'un Québec bilingue. En outre, on voit mal à quel titre
d'exception on devrait accorder les mêmes privilèges aux nouveaux
immigrants de langue anglaise ou aux anglophones des provinces venant
s'établir au Québec. Dans les deux cas, les raisons historiques
favorisant les anglophones déjà établis au Québec
ne peuvent évidemment pas s'invoquer et, quant au premier, on exercerait
de surcroît une inexcusable discrimination à l'égard des
immigrants dont la langue maternelle n'est pas l'anglais.
Un autre argument non négligeable, quoique faible, consiste
à faire valoir que, dans un Québec qui n'est pas encore
indépendant, on ne peut traiter les anglophones des provinces comme des
immigrants. On se fonde ici non plus sur l'histoire, mais sur des raisons
constitutionnelles. Pourtant, exclure les anglophones des provinces de notre
système d'enseignement en langue anglaise ne contrevient nullement
à l'AANB et reste donc tout à fait constitutionnel. On pourrait
ajouter que, sur le plan de l'éducation et de la langue, comme dans les
domaines de juridiction provinciale exclusive, les provinces ne jouissent pas,
face au Québec, ou entre elles, d'un statut différent de celui
des pays étrangers. Leurs résidents venant s'établir au
Québec, en toute connaissance de cause, d'ailleurs, sont
constitutionnellement assimilables à des immigrants. Ceux qui affirment
le contraire et reprochent au gouvernement d'outrepasser son mandat de bien
gouverner en excluant les anglophones des provinces de notre enseignement en
langue anglaise font preuve, soit d'ignorance, soit de
malhonnêteté intellectuelle, à moins que leur
sentimentalisme ne les égare.
Il est donc impératif que sur l'admissibilité à
l'enseignement en langue anglaise, le projet de loi no 1 conserve sa
cohérence initiale et que l'on s'en tienne aux critères
déjà retenus. Ces derniers sont d'ailleurs empreints de
générosité, puisqu'ils étendent la qualité
d'anglophones non seulement aux résidents québécois de
langue anglaise, mais également à tous ceux qui ont opté
pour la culture anglo-saxonne, en ayant eux-mêmes fréquenté
l'école anglaise ou en ayant commencé à y envoyer leurs
enfants.
Quant aux anglophones des provinces, il nous semble parfaitement normal
qu'ils renoncent à venir s'établir au Québec en tant que
membres de la majorité anglophone du Canada. Ils devront
désormais décider au préalable de devenir vraiment
Québécois et se comporter ni plus ni moins comme les Belges ou
les Suisses qui, changeant de zone linguistique ou de canton, adoptent la
langue officielle de leur nouveau lieu de résidence. Nous ne pouvons
plus nous permettre de recevoir chez nous des personnes, d'où qu'elles
viennent qui, au lieu de s'intégrer à la majorité, iront
grossir les rangs du groupe anglophone et contribueront ainsi à
maintenir sa prédominance économique et sa puissance
culturelle.
Une seule réserve importante nous apparaît
nécessaire sur les dispositions de la loi no 1 concernant la langue
d'enseignement: celles-ci ne s'appliquent qu'aux niveaux primaire et secondaire
alors qu'à notre avis, elles devraient s'étendre, toujours au nom
de la cohérence, au collégial et à l'universitaire. Sauf
exceptions, seuls les étudiants admissibles à l'enseignement
primaire ou secondaire en anglais devraient pouvoir accéder à
l'enseignement collégial et universitaire dans cette langue. Ces
dernières années en particulier, beaucoup d'étrangers
venant de toutes les parties du monde ont été admis au
Québec, dans les cégeps et les universités de langue
anglaise. Rappelons que les premiers sont subventionnés à 100% et
les secondes à quelque 80% par les deniers publics. Nous croyons que
l'hospitalité en matière d'enseignement ne peut être
exercée, dans un État français, par un groupe minoritaire,
anglophone ou autre. Seules les institutions de langue française
devraient offrir cet avantage aux étrangers, en échange du
traitement que les Québécois reçoivent eux-mêmes en
dehors du Québec. Si des étrangers désirent étudier
au Québec, dans des institutions de langue anglaise, nous proposons que
la loi leur impose de payer intégralement les coûts des services
qu'on leur y offre. Cette mesure mettrait fin à de nombreux abus et
permettrait d'accorder des bourses aux étrangers voulant
fréquenter les institutions supérieures de langue
française pour qu'ils s'y familiarisent avec la culture
québécoise.
Après le chapitre VIII sur la langue d'enseignement, c'est
l'aspect coercitif de la Charte de la langue française qui, au fond,
semble soulever le
plus d'objections, même si celles-ci ne sont pas toujours
articulées de façon très explicite. L'esprit qui anima les
lois 63 et 22 peut être qualifié de libéral. Le dirigisme
de la loi no 1 s'oppose au libéralisme de la culture
nord-américaine et, de ce fait, choque les esprits conditionnés
par cette idéologie. Or, il faut bien se dire que le libre
échange, tant sur le plan économique que sur le plan culturel,
loin d'être synonyme de liberté, ne peut que favoriser les plus
puissants au détriment des plus faibles, dont nous sommes. Le libre
choix de la langue d'enseignement constitue sans doute l'un des meilleurs
exemples des conséquences fâcheuses que peut entraîner chez
nous l'idéologie libérale: c'est l'anglais, soutenu par une
sociodynamique puissante, qui y gagne. Dans le domaine culturel, en
général, et plus particulièrement dans celui de la langue,
le Québec doit adopter, à cause du contexte
nord-américain, une attitude dirigiste, d'ailleurs en accord avec la
social-démocratie, et prendre des mesures protectionnistes et
coercitives si nous n'acceptons pas de nous dissoudre dans le grand tout
continental dominé par la culture et la langue anglo-saxonnes.
À cet égard, la Charte de la langue française
répond à nos attentes et nous regretterions que le gouvernement
cédât au chantage exercé par les tenants du
libéralisme pour qui toute contrainte constitue trop aisément une
atteinte aux droits de l'homme ou à ceux de la personne. Faire du
Québec un État français suppose la coercition à
cause précisément du degré élevé de
détérioration culturelle auquel nous a conduit plus d'un
siècle de philosophie libérale. D'ailleurs, toute loi
sérieuse comporte un aspect contraignant puisqu'autrement, elle n'aurait
pas lieu d'être. En particulier, toute loi sur la langue, en dehors du
libre choix, prendra nécessairement une allure contraignante, voire
discriminatoire, dans la mesure où nous en avons besoin et à la
mesure de nos besoins. Il suffira de s'assurer que la contrainte imposée
est nécessaire et suffisante pour protéger la
collectivité, qu'en outre, toute limitation de la liberté
individuelle reste cohérente et respecte les droits essentiels de la
personne.
Dans le domaine de la langue, l'incitation de style libéral s'est
avérée insuffisante pour protéger les droits, qu'ils
soient collectifs ou individuels, de la majorité.
Il est donc devenu impérieux d'affirmer ces droits au moyen d'une
loi coercitive qui enlève à une minorité
privilégiée la possibilité d'agir comme elle l'a fait par
le passé à la faveur du laisser-aller de nos gouvernants. De
toute évidence, une telle action privera cette dernière de
certains avantages auxquels elle s'était habituée, comme nous
d'ailleurs, mais la coercition ne sera là que justice et remplacera
celle qu'ont toujours exercée sur les nôtres ceux qui, grâce
à leur puissance économique, nous ont imposé leur
langue.
Nous fondant toujours sur le principe de cohérence invoqué
plus haut, pour ce qui est de l'admissibilité à l'enseignement en
langue anglaise, et supposant que tous les articles de la charte
découlent de son article premier, nous soumettons maintenant les
amendements suivants.
Article 10. Dans un Québec français, cet article ne
devrait rester en vigueur que pour une durée d'environ cinq ans. Il
représente tel quel une concession faite à l'article 133 de
l'AANB qui s'écarte de l'esprit de la loi no 1.
Article 11. La dernière ligne de cet article s'inspire de
l'option Québec bilingue. Nous proposons de remplacer les mots "en
langue anglaise" par "dans une autre langue acceptée par le juge et les
jurés s'il y a lieu".
Article 13. Remplacer "seule la version française du jugement"
par "seul le texte français ou la version française du
jugement".
Article 18. Comme l'usage international est de rédiger les
contrats dans les langues des États contractants, nous proposons de
supprimer les mots "même uniquement dans une autre langue lorsqu'elle
contracte"; la même règle s'applique en effet au reste du Canada
et à l'étranger.
Article 35. Remplacer "seule la version française de la sentence"
par: "seul le texte français ou la version française de la
sentence".
Article 51. Ajouter au premier paragraphe ou ailleurs, "les
collèges d'enseignement général et professionnel et les
universités" et rédiger un article régissant
l'admissibilité à ces deux niveaux.
Article 52. Il nous semble souhaitable d'étendre à la
fréquentation de l'école secondaire les critères
d'admissibilité contenus dans cet article. Les anglophones, en effet,
envoient leurs enfants à l'école primaire de langue
française, pour ensuite les inscrire à l'école secondaire
en langue anglaise. D'une part certains parents ont eux-mêmes suivi cette
voie, d'autre part, il ne faudrait peut-être pas que la loi dissuade de
faire de même pour leurs enfants, ceux qui à l'avenir le
voudraient. L'élargissement que nous proposons reste dans l'esprit du
projet de loi dont l'un des buts est d'offrir l'enseignement en anglais aux
anglophones résidant au Québec au moment de sa promulgation. Voir
également l'article 56, paragraphe 2.
Article 59. Écrire Inuit sans "s", ce mot étant
déjà un pluriel. Il serait souhaitable d'inscrire dans la loi que
dans le cas où les Indiens et les Inuit reçoivent l'enseignement
dans leur langue, la première langue étrangère à
enseigner doit être le français.
Article 89. Au paragraphe f), il serait bon de préciser que
l'expression "terminologie géographique" recouvre les appellations
servant à désigner les artères et places dans les
municipalités, rues, avenues, boulevards, etc., devant un nom propre;
nord, sud, est, ouest.
Article 163. Dans le cas d'une raison sociale, article 48, on devrait
prévoir une amende par jour d'utilisation comme cela se fait au Mexique
pour les sociétés qui ont déjà une raison sociale
en langue étrangère et qui pourraient ne pas être
touchées par l'article 49. Cela éviterait des poursuites
répétées en rapportant quelques deniers à
l'État.
Conclusion. Légiférer sur la langue représente
une tâche difficile. Très peu de pays y furent contraints
et les modèles n'abonderont jamais. Lorsqu'on s'y résigne, c'est
que la situation le commande. Il y a lieu de réprimer les abus et de
changer les habitudes souvent anciennes. Il faut donc s'attendre à des
réactions vives et à des protestations parfois violentes. Qu'on
songe seulement à celles qu'a soulevées la loi 22 qui ne
réclamait pourtant qu'une timide prédominance du français
au Québec. La Charte de la langue française, elle, va beaucoup
plus loin puisqu'elle veut rompre avec le bilinguisme pour consacrer la nature
essentiellement française du Québec. Non seulement elle s'oppose
à une tradition considérée à juste titre comme
néfaste pour les Québécois en établissant un
unilinguisme institutionnel, mais par son dirigisme contraignant, elle trouble
des esprits conditionnés par l'idéologie libérale du
laisser-aller.
Les bénéficiaires actuels du bilinguisme se sentiront donc
lésés et certains de nos concitoyens éprouveront de la
culpabilité à renoncer au libéralisme dont ils sont
imbus.
Il ne faudrait pas oublier que le bilinguisme dont on vante les
mérites ne peut être que transitoire et conduit
inévitablement à l'anglicisation, d'aucuns diraient
l'anglicisation tendancielle de notre peuple dans le contexte
nord-américain où nous vivons. Songeons aussi que le
libéralisme n'a jamais profité qu'aux puissants dont nous ne
faisons pas partie. Alors, nous nous féliciterons de prendre enfin
toutes les mesures qui s'imposent, y compris la contrainte, pour assurer notre
avenir français en cette terre d'Amérique où règne
la langue anglaise.
Le Président (M. Cardinal): M. Gaston Laurion, il me fait
plaisir de vous remercier très sincèrement. Il vous restait
même une minute. C'est rare que ceci se produit.
Je voudrais, avant que nous commencions à vous questionner,
souligner un certain nombre de points techniques. À chaque minute, nous
sommes à la disposition d'une cloche qui peut sonner et qui appellerait
les députés pour un vote, le mercredi après-midi. Il faut
quand même commencer le débat. Je désire tout de suite
indiquer à M. Laurion particulièrement et aux autres personnes
que je vais nommer par la suite qu'il faudrait peut-être qu'elles soient
disponibles pour la séance de demain. Est-ce que cela vous est possible,
M. Laurion?
M. Laurion: Cela fait déjà deux jours que
j'attends, ce sera peut-être difficile. Je ne sais pas encore.
Le Président (M. Cardinal): C'est votre décision.
Je vous fais l'invitation, parce qu'on n'a pas eu le temps de vous
questionner.
M. Laurion: II ne faudra pas dire que j'ai filé à
l'anglaise.
Le Président (M. Cardinal): Non, nous em- ploierons pour
vous l'expression en anglais. Est-ce que cela vous satisfera?
Mme Lavoie-Roux: On dira qu'il a pris la poudre d'escampette.
M. Lalonde: On pourra dire qu'il a pris la poudre
d'escampette.
Le Président (M. Cardinal): Deuxièmement, si vous
permettez, pour éviter toute difficulté de procédure, le
prochain témoin est encore M. Roger Julien et, au nom de la commission,
je m'excuse auprès de lui; les suivants sont: le Montreal Women Council,
le Montreal Lakeshore University Women's Club, je saute ceux qui n'ont pas
indiqué leur présence, la Société nationale
populaire du Québec, le Pierrefonds Comprehensive High school, M.
Louis-Paul Chénier, le Comité de coordination de l'ensemble de la
communauté grecque de Montréal, l'Institut canadien de recherches
sur les pâtes et papiers, Les Fils du Québec, M. G. Brosseau.
Pour les membres de la commission, j'indiquerai en temps et lieu les
numéros de chacun de ces mémoires que je n'ai pas encore devant
moi.
J'indique de plus que, s'il y a vote, du consentement des membres de la
commission, je considérerai qu'il y a ajournement à demain matin,
dix heures, parce qu'il nous sera impossible de revenir à temps. Est-ce
que ce consentement m'est accordé?
M. Lalonde: Consentement accordé.
Le Président (M. Cardinal): Alors, demain, ajournement
à dix heures, dès que nous aurons terminé nos travaux.
Ceci étant dit, je cède immédiatement... oui, sur une
question de règlement?
M. Biron: Je voudrais redire à M. Laurion que j'aimerais
particulièrement qu'il soit ici demain matin afin qu'on puisse discuter
avec lui de son mémoire, parce que je ne voudrais pas qu'il soit
accusé de s'être faufilé sans qu'on puisse le questionner
et discuter avec lui de son mémoire.
Le Président (M. Cardinal): C'est une invitation
pressante, M. Laurion.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est plus une question
d'information, une directive. Est-ce que je dois comprendre que tous les
organismes que vous avez appelés sont des gens qui sont
déjà convoqués pour demain?
Le Président (M. Cardinal): Ils sont déjà
convoqués pour demain, mais je puis, suite à votre question, vous
informer que deux organismes ont déjà mentionné qu'ils ne
pourraient pas demeurer ici plus qu'une journée...
M. Lalonde: Additionnelle?
Le Président (M. Cardinal): Additionnelle, à partir
de demain. C'est une invitation à la députation d'exercer la
démocratie avec patience et équilibre, mais aussi avec une
certaine retenue.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président, mais...
Le Président (M. Cardinal): Oui...
M. de Bellefeuille: Voulez-vous parler plus fort, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vais utiliser mon
micro.
Je veux simplement mentionner que certains organismes ne pourront pas
demeurer au-delà de la période de 24 heures. Je ne puis pas,
à ce moment-là, comme président, forcer la commission
à limiter le droit de parole de quiconque. Jusqu'à présent
je m'excuse de prendre deux minutes pour le dire il n'y a eu de
bâillon pour personne. J'ai indiqué tantôt que nous avons
commencé à étudier un mémoire ce matin à 10
h 35 et que nous avons terminé, il y a exactement 23 minutes, que le
temps est tenu continuellement par la présidence. La motion est
applicable, on le voit. J'ai eu la collaboration et des témoins et des
députés, mais je suis obligé d'indiquer à ceux qui
viennent devant nous qu'il faut se soumettre à certaines
contraintes.
Ceci étant dit, à moins qu'il n'y ait d'autres questions,
d'autres demandes, j'inviterai M. le ministre d'État au
développement culturel à questionner le témoin.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier le professeur Laurion pour
son mémoire clair, bien écrit, articulé, et d'une
rigoureuse logique.
L'affirmation centrale sur laquelle il base toutes ses
considérations est que le Québec, bien qu'il constitue
actuellement une province, constitue également une nation avec toutes
ses caractéristiques. Je pense que cela est fondamental puisque
même si le Canada est le résultat de l'union de deux peuples
fondateurs, ce qui explique et justifie la loi fédérale sur le
bilinguisme et le culturalisme, il n'en reste pas moins qu'à
l'intérieur de cet État, il existe deux nations, une nation
anglaise qui s'étend sur plusieurs provinces, et une nation
française qui, elle, réside au Québec.
Il en découle logiquement que dans la nation anglaise qui
s'étale sur plusieurs provinces, il y a des minorités que l'on
appelle françaises, et qu'au Québec, où la nation
française réside, il y a une minorité qui s'appelle la
minorité anglaise. Je pense que tout irait beaucoup mieux au pays, dans
cet État qui s'appelle le Canada, si les minorités pouvaient se
percevoir comme minorités, aussi bien au point de vue logique qu'au
point de vue sociologique, qu'au point de vue psychologique, et en tirer les
conclusions qu'il faut sur le plan des conséquences pratiques dans
toutes les sphères de la vie collective.
Encore une fois, je crois que c'est sur cette donnée fondamentale
que le professeur Laurion appuie les amendements qu'il nous suggère. Ils
sont justifiables du point de vue logique, mais le gouvernement a choisi de ne
pas considérer que cette approche logique et il a voulu tempérer
cette approche logique par une approche politique, une approche
sociologique.
C'est la raison pour laquelle il a présenté, dans le
projet de loi, un statut particulier que je suis d'accord, avec le professeur
Laurion, pour qualifier de très généreux, un statut
particulier pour la minorité anglophone.
Il reste que certains de ces amendements nous paraissent même
s'inscrire dans cette problématique plus large que nous avons
adoptée et nous les considérerons avec intérêt.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le ministre. Est-ce
que M. Laurion désire répondre à cette intervention?
M. Laurion: Non. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux également remercier le professeur
Laurion pour le mémoire qu'il présente. Je pense qu'il correspond
à des convictions profondes chez lui et à des expériences
qu'il a vécues et qu'il traduit, dans une certaine mesure, des
aspirations d'un grand nombre de Québécois francophones.
Par contre, je suis un peu surprise de la conviction qu'il a que le seul
moyen d'atteindre les objectifs qu'il juge importants et qui se sont
partagés beaucoup d'autres quant à la place qu'enfin, le
français doit avoir au Québec et la nécessité et
l'impératif que, de plus en plus, les Québécois vivent en
français, c'est de brimer les autres... Je trouve quand même
surprenant l'insistance qu'il met sur la coercition et sur le dirigisme. Est-ce
que c'est là pour lui vraiment la seule façon de faire
évoluer une situation qui a quand même évolué
peut-être que là-dessus, il ne partage pas mon point de vue
vers une plus grande reconnaissance du français au Québec et qui
devrait aller en s'accroissant? Dans un domaine aussi fragile je pense
que tout le monde le reconnaîtra qui touche à des valeurs
quand même fondamentales chez les individus, est-ce qu'il voit ce
dirigisme et cette coercition comme absolument indispensables au point
même où il ne semble pas voir qu'on puisse y mettre certaines
limites?
J'aimerais peut-être, si vous voulez, que vous précisiez
quelle est l'extension que vous donnez aux mots coercition et dirigisme.
M. Laurion: L'extension est très grande, mais je lisais
récemment que Thomas d'Aquin disait que toute loi doit être
coercitive, sinon ce n'est pas une loi. Je me souviens que lorsque j'ai lu la
loi 22, la première fois, il y a quelques années, j'ai
pouffé de rire spontanément. Je me suis dit: Ce n'est pas une
loi. C'est vraiment l'impression que j'avais, que ce n'était pas une
loi.
Premièrement, toute loi, à mon avis, a un aspect coercitif
qui est commandé précisément par la situation à
laquelle elle s'attaque.
D'autre part, pourquoi est-ce que j'insiste sur cette coercition? Parce
que, d'une part, je veux que la loi soit efficace et parce que je veux aussi
je pense que c'est un droit de ma personne également ne
pas mourir avant que le Québec ne soit français.
Je veux un Québec français pour moi, pas uniquement pour
ma postérité. Je veux aujourd'hui ce Québec
français, je ne le veux pas dans 50 ans. Je ne le veux pas dans cent
ans, c'est trop aléatoire et d'autre part, je crois que j'ai le droit de
vivre, comme personne, dans un pays qui m'appartient, dans un pays
français où on ne me méprise pas, comme cela arrive,
lorsque je parle français.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je me permets de souligner que, quand
même, je vous trouve peut-être un peu pessimiste, mais cela peut
être une question d'évaluation subjective.
Je voudrais passer à la page 2, au paragraphe intitulé
"Dans un Québec bilingue", où vous dites que le critère
qui limitait ou qui permettait ce n'est peut-être pas le terme que
vous utilisez l'admissibilité à l'école anglaise,
était discriminatoire, odieusement discriminatoire. Je voudrais vous
demander, puisque vous vous êtes intéressé, probablement en
tant que professeur, et aussi parce que vous faites des recommandations au
sujet de la langue d'enseignement, est-ce que vous ne croyez pas que le
critère qui est retenu par le projet de loi 1 soit lui aussi
discriminatoire?
M. Laurion: C'est le moins discriminatoire possible. C'est un
critère très objectif et qui englobe le plus d'anglophones
authentiques. J'entends par anglophones authentiques, non seulement ceux qui
sont anglophones de souche, mais également ceux qui ont adopté la
culture anglaise. Donc, c'est très vaste, le critère est
extrêmement vaste. Il englobe aussi bien quelqu'un qui est venu d'un pays
étranger, il y a plusieurs années, et qui a adopté la
culture anglaise, soit en commençant à envoyer ses enfants
à l'école anglaise, soit en y étant allé
lui-même. Je ne vois pas contre qui il y a de la discrimination. D'une
part, je ne vois pas contre qui et, d'autre part, je ne vois pas comment la
discrimination peut être odieuse, parce que je crois qu'il faut
distinguer certainement entre discrimination et discrimination. Discrimination
veut dire tout simplement distinguer. Alors, on distingue. Une loi,
nécessairement, est discriminatoire, elle distingue. Là où
la discrimination est répréhensible, c'est lorsqu'elle devient
vexatoire inutilement.
Mme Lavoie-Roux: Pour continuer dans la même ligne, M.
Laurion, est-ce que vous ne trouvez pas discriminatoire le fait, par exemple,
que seront exclus de l'école anglaise les enfants de parents qui sont
présentement au Québec, citoyens canadiens, et qui ont des
enfants nés au Québec, mais dont les parents n'ont pas
été éduqués en anglais au Québec, alors que
le critère retenu permet à des francophones de faire
éduquer leurs enfants en anglais?
M. Laurion: De quels groupes exactement parlez-vous?
Le Président (M. Cardinal): Très brièvement,
nous avons une minute, à cause du règlement. Est-ce que Mme le
député de L'Acadie veut continuer sa question et attendre la
réponse demain?
M. Laurion: Je vous le donnerai si je suis là. Il reste
deux jours.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Laurion: Je veux bien être généreux pour
la nation, mais, quand même, c'est à mes frais que je suis ici,
moi.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Nous avons justement
épuisé cette minute.
M. Laurion: Je vais voir.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse...
M. Laurion: Cela m'intéresserait beaucoup de revenir
demain. Je vais prendre une décision et...
Le Président (M. Cardinal): Nous vous le souhaitons, M.
Laurion, mais, d'après l'article 31, je n'ai vraiment pas le choix.
À 18 heures, le mercredi, le président doit quitter son fauteuil.
Les travaux de la commission sont ajournés à demain, 10 heures.
Je rappelle cependant aux députés qu'il y aura un vote
incessamment à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 17 h 57)