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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Seize heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
M. le député de Vanier, vous aviez une proposition
à faire?
M. Bertrand: Je demanderais, s'il y a consentement unanime, qu'on
procède immédiatement et que nous n'attendions pas les
retardataires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
quorum étant de dix, nous sommes neuf avec le président. Est-ce
qu'il y aurait consentement unanime pour que la commission des affaires
culturelles continue l'étude des crédits du ministère des
Affaires culturelles?
M. Le Moignan: Oui, le président compte pour deux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
consentement "unanime étant accordé, la commission va donc
poursuivre l'étude des crédits du ministère. Les membres
de la commission pour la séance d'aujourd'hui seront: M. Alfred
(Papineau), M. Bertrand (Vanier); M. Lefebvre (Viau) en remplacement de M.
Bisaillon (Sainte-Marie); M. Bro-chu (Richmond), M. Ouellette (Beauce-Nord) en
remplacement de M. Charron (Saint-Jacques); M. Jolivet (Laviolette) en
remplacement de M. Chevrette (Joliette-Montcalm); M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M.
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marchand (Laurier); M. Lacoste (Sainte-Anne) en remplacement de M. Morin
(Sauvé); M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette (Rosemont), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Nous en étions au programme 2, élément 2. M. le
ministre.
M. O'Neill: M. le Président, à la séance
précédente on nous avait demandé le dépôt
d'un certain nombre de documents concernant surtout des aspects
budgétaires des programmes du ministère des Affaires
culturelles.
Je dépose cet après-midi quelques-uns de ces documents
qui, je pense, apportent des réponses aux questions qui ont
été posées. Le premier document décrit
l'affectation des crédits additionnels par axe de
développement.
Dans un deuxième document, on trouve la réponse à
la question qui a été posée le 10 mai par le
député de L'Acadie relativement aux crédits additionnels
du ministère des Affaires culturelles, globalement et non par axe de
développement. On nous avait également posé une question
le 10 mai au sujet de l'importance de l'industrie du livre et du disque. Nous
fournissons ici quelques renseignements là-dessus. Nous déposons
un document dont certaines données sont tirées de l'étude
sur le commerce du livre au Québec préparée par la firme
Drouin, Paquet et Associés. Il y a d'autres documents. Nous remettons
aux membres de la commission la brochure "La Chanson, un art et une industrie",
publiée en 1975 par le ministère et qui renferme la
réponse à la question du député de L'Acadie.
On nous avait également demandé s'il était possible
de se procurer la liste des monuments et sites historiques du Québec. Je
dépose également ce document à l'attention des membres de
la commission.
On nous a également posé une question concernant le moment
où avait été rendu public le rapport de Grandpré.
Il a été remis le 19 juillet 1976. Le rapport de Grandpré
a été rendu public le 19 juillet 1976, ainsi que deux autres
études effectuées pour le compte du ministère sur le
problème du livre, qui vous sont aussi remises cet
après-midi.
Cela vous fait de la lecture. La lecture fait partie de notre
culture.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Ceux qui s'en viennent ici et qui
n'ont pas le goût de la lecture, je ne sais pas ce qu'ils font.
Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels
(suite)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
nous en étions au programme 2, élément 2. Je remercie M.
le ministre d'avoir déposé tous ces documents, donnant suite
à des questions qui avaient été posées. Y a-t-il
des députés qui auraient des questions à poser sur
l'élément 2 du programme 2?
Mme Lavoie-Roux: Nous avions demandé, si je me souviens
bien, la présence du directeur du patrimoine, parce que nous avions des
questions précises. Je pense que c'est à ce moment-là que
nous nous sommes quittés. Il se peut que, déjà, des
réponses aient été données au sujet de ces
différentes rubriques que je vais soulever, mais, à tout
événement, ce sont des sites qui, je pense, ont
déjà suscité l'intérêt du public et ce serait
peut-être important que l'on précise certaines
réponses.
Je voudrais demander au ministre s'il a été en contact
avec le ministère des Travaux publics au sujet de la restauration de la
partie incendiée du vieux séminaire de Nicolet qui, pendant un
bout de temps, a servi, je pense, à l'Institut de police.
C'est quand même extrêmement intéressant comme
bâtiment. Est-ce que c'est resté tel quel, depuis le feu, ou
qu'est-ce qu'on entend faire? Est-ce qu'il y a un projet de restauration?
M. O'Neill: Les Travaux publics nous ont aver-
tis qu'ils voulaient protéger déjà la
maçonnerie et la couverture en attendant de prendre des dispositions
pour refaire l'intérieur, en vue des fonctions qui seront
attribuées à l'édifice mais, d'ores et déjà,
ils nous ont assurés de la conservation de la couverture et de la
maçonnerie qui sont les éléments essentiels du
monument.
Mme Lavoie-Roux: Parce que cela fait déjà au moins
deux ans, je pense.
M. O'Neill: Trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Trois ans. Est-ce que vous savez la vocation que
vous voulez réserver, une fois rénové, au
séminaire?
M. O'Neill: C'est un bâtiment géré par le
ministère des Travaux publics et nous ne savons pas quelle utilisation
il veut en faire. Même si ce bâtiment a une certaine valeur
historique, cela ne veut pas dire que l'usage de ce bâtiment
dépend de nous. Ce sont les Travaux publics qui peuvent, à ce
moment, prendre leurs décisions en collaboration...
Mme Lavoie-Roux: ...avec le ministère des Affaires
culturelles.
M. O'Neill: ...avec le ministère, mais c'est vraiment leur
propriété.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'école de police est encore
dans la partie attenante?
M. O'Neill: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Mon autre question porte sur la vieille prison
des Trois-Rivières. Il avait été question d'en faire un
lieu d'exposition, un musée national pour les arts et traditions
populaires du Québec. Est-ce qu'on prévoit donner suite à
cette intention du ministère?
M. O'Neill: Pour l'instant, la reconversion de la vieille prison,
comme institution muséologique, ne peut être qu'une intention
parce que la prison est encore occupée par des prisonniers. Mais il est
assuré, si on se fie aux échanges formels que nous avons eus avec
le ministère des Travaux publics, qu'ils nous la destinent pour des fins
culturelles et, quant à nous, ce sera utilisé pour l'expansion du
musée ou des musées qui existeront, au moment de la restauration,
dans la région 04, dans la Mauricie.
M. Bertrand: Si le député de L'Acadie me le permet,
c'est toujours sur les prisons. Au sujet de la prison de Québec, quel
est ce projet dont vous parlez, sur lequel des études
préparatoires sont menées en ce moment?
M. O'Neill: Le projet, c'est de l'utiliser comme prolongement du
musée, c'est-à-dire qu'actuellement il y a une étude qui
est faite là-dessus, on en est aux premières esquisses. Il s'agit
de voir comment on pourrait profiter de cet espace quand même assez
considérable, je n'ai pas les mesures en pieds carrés, construire
une aile qui rattache cet espace au Musée du Québec et ainsi
agrandir considérablement la superficie du Musée du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais également demander au ministre
j'imagine que ce doit être également en collaboration avec
le ministère des Travaux publics si le problème du fameux
tas de terre qui entoure la maison des Jésuites a été
réglé ou est sur le point d'être réglé. Les
gens se rappelleront qu'un des candidats du Parti québécois
à une élection antérieure avait fait un point important de
son programme que ce problème se réglerait. Je pense qu'il n'est
plus en lice, il ne s'est pas représenté aux élections de
1976. De toute façon, il reste que, cette remarque mise à part,
cette maison a probablement droit elle aussi à un zonage de protection,
comme nous en avions parlé l'autre jour. Qu'est-ce qui se passe dans ce
cas particulier?
M. O'Neill: Le problème du tas de terre de M. Racine,
c'est comme cela que cela s'appelle, est une fois de plus sur le point
d'être réglé. J'imagine que c'est la dernière fois.
M. Racine a changé de procureur, le représentant est venu nous
rencontrer et rencontrer les autorités du ministère. Il y a des
nouveaux pourparlers et, conformément à la loi, il y a eu deux
solutions qui ont été proposées. La dernière
proposition, finale, de la part du ministère a été
transmise. Il s'agira de faire le choix entre ces deux propositions. Suite
à cela, s'il n'y a pas satisfaction, il restera, à ce moment,
à entamer les procédures. Ce que nous espérons c'est,
enfin, ce que j'appellerais une entente à l'amiable. S'il n'y a pas
moyen de faire respecter la loi autrement, nous demanderons au contentieux
d'entamer les procédures nécessaires. C'est vraiment sur le point
d'être réglé.
Il va falloir que cet accroc à la loi soit corrigé le plus
vite possible et c'est bien notre intention d'y voir.
Mme Lavoie-Roux: Alors ce n'est pas une question qu'on aura
à reposer l'an prochain?
M. O'Neill: Dans mon idée, aucunement. A moins que la
partie adverse décide d'aller en Cour suprême, mais je ne crois
pas qu'on aille en Cour suprême pour le tas de terre. J'ai l'impression
que cela va se régler bien avant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a continué les
procédures pour l'acquisition du domaine Ca-taraqui, qui est
situé sur le chemin Saint-Louis dans l'arrondissement historique de
Sillery, et du Morrin College qui est situé dans le
Vieux-Québec?
M. O'Neill: Le monument est officiellement exproprié, mais
il y a une requête devant les tribunaux, non pas faire rejeter
l'expropriation, mais concernant le prix de l'expropriation. Evidemment,
cela prend des délais extrêmement longs pour régler
cette question. On peut dire sans réserve toutefois, que le
bâtiment appartient bien maintenant à la couronne. Il est
administré par le ministère des Affaires culturelles comme une de
ses propriétés.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous prévu une vocation
particulière pour ces...
M. O'Neill: II y a plusieurs hypothèses qui ont
été envisagées pour l'occupation du site et des
bâtiments qui s'y trouvent. Evidemment, le premier réflexe est
toujours celui de vouloir faire d'un monument historique une institution
muséologique. Nous croyons pour l'instant que ce n'est peut-être
pas la meilleure solution, compte tenu de la qualité et des
caractéristiques du bâtiment. Toutefois, il y a une chose qui est
certaine, c'est que les bâtiments en cause sont situés sur un site
absolument remarquable, qui est de la même nature que le Bois de
Coulonge. Le ministère, pour l'instant, bien qu'aucune option n'ait
été retenue, cherchera une solution qui permettra une utilisation
par la population du site comme parc public. Actuellement, si on met un peu de
temps à chercher la vocation de ce monument, c'est que nous voulons
précisément trouver une formule qui permettra d'allier
l'utilisation des bâtiments et l'utilisation du parc comme espace vert
dans la bande qui va du parc des Champs de bataille jusqu'à
Cap-Rouge.
Là-dessus, spécifiquement, j'ai eu une communication
téléphonique, il y a environ deux mois.
Je voudrais savoir si le sujet précis que met sur la table le
député de L'Acadie, est cette bande de terrain qui appartiendrait
à une communauté religieuse et qui pourrait être vendue au
gouvernement fédéral. Avez-vous entendu parler de cette
hypothèse?
M. O'Neill: A ma connaissance, il n'y a pas de cas en instance de
transaction, mais il est bien certain que toute cette bande verte, allant du
parc des Champs de bataille jusqu'à Cap-Rouge, est vue de très
près et surveillée par le ministère des Affaires
culturelles, de telle sorte qu'elle ne se perde pas au fil du temps, dès
lors que les institutions religieuses voudront se départir de leurs
bâtiments.
M. Bertrand: Je voulais porter ce cas à votre attention.
C'est peut-être inexact, ou ce sont peut-être des renseignements un
peu incomplets que j'ai eus, mais un M. Garcia, si ma mémoire est bonne,
avait communiqué avec moi pour me signifier qu'il y avait un danger de
ce côté-là. Je ne sais pas exactement où cela est
localisé; entre le Bois-de-Coulonge et les Plaines d'Abraham, il y
aurait une pointe, quelque part, qui appartiendrait à une
communauté religieuse, tout près du cap.
M. O'Neill: II y a un site qui est actuellement en vente, c'est
le domaine Price.
M. Bertrand: C'était sans doute ce à quoi il
faisait allusion.
M. O'Neill: C'est cela, oui.
M. Bertrand: Etes-vous au courant?
M. O'Neill: Nous sommes au courant et nous avons engagé
des pourparlers avec la municipalité de Sillery en vue de nous entendre
sur une utilisation de ce site. Donc, c'est sous protection, dans la mesure
où nous l'avons à l'oeil.
M. Bertrand: Parfait. Merci.
M. O'Neill: II faudrait aussi remarquer que, dans un grand nombre
de ces problèmes qui ont été soulevés, il y a
toujours deux volets reliés ensemble: l'un, c'est la protection et
l'autre, c'est l'usage. Il faut accorder de l'attention aux deux. D'une part,
il faut investir pour la sauvegarde du patrimoine et, d'autre part, pour des
raisons de bon sens et d'économie, il faut essayer de définir, de
déterminer un usage aux bâtiments, lorsqu'on les a acquis ou
lorsqu'on les a protégés. Je pense que c'est vraiment le
problème général qui se pose partout. Autrement, on risque
de protéger d'une façon, mais aussi d'être devant des
édifices qui n'ont pas l'utilité qu'ils devraient avoir.
J'ai, d'ailleurs, là-dessus des exemples. On peut trouver des cas
similaires dans les vieux pays. Tout le monde a remarqué, en France,
comment on réussit à trouver un usage vraiment bien choisi
à des édifices historiques. Cela aide en même temps
à leur conservation.
M. Le Moignan: M. le Président, M. le ministre
soulève justement un point qui touche les autres points
mentionnés par Mme le député de L'Acadie. M. Boucher sait
très bien que la maison Le Bou-thillier de l'Anse-au-Griffon, a
été acquise, je crois, par votre ministère et
cédée à la Société historique de la
Gaspésie, ou il y a des pourparlers qui sont en cours encore avec des
organismes locaux peut-être...
M. O'Neill: C'est cela, y compris des organismes de
l'Anse-au-Griffon et toujours aussi la Société d'histoire de
Gaspé.
M. Le Moignan: A ce moment-là c'est donc dire que votre
ministère a un oeil sur cette maison qui a une grande valeur
historique.
M. O'Neill: Elle nous appartient.
M. Le Moignan: Elle vous appartient.
M. O'Neill: Elle a été acquise, oui.
M. Le Moignan: C'est dire que pour la maintenir en cours de
route, l'organisme ou les organismes locaux auraient peut-être besoin de
vos appuis financiers ou quelque chose, à moins que
ce soient des organismes qui peuvent maintenir l'édifice.
M. O'Neill: II est d'ores et déjà acquis que, quand
on acquiert une propriété comme celle-là pour des fins
communautaires locales, ou régionales, d'abord on en assume, la plupart
du temps, l'entretien, le gardiennage. Souvent, on la loue soit à une
municipalité, et cela va devenir de plus en plus notre politique
d'associer les municipalités et les organismes en milieu, jamais l'un
sans l'autre, autant que possible, à la mise en valeur des
propriétés ainsi louées, symboliquement, aux
municipalités et aux organismes en milieu pour des fins
communautaires.
Dans le cas de la maison qui nous occupe, les pourparlers, c'est parce
qu'on n'a pas encore décidé, localement, quel serait le meilleur
usage à en faire. Dès lors que l'usage qui sera choisi par les
organismes en milieu sera déterminé, la restauration de
l'édifice sera faite en conséquence. A ce moment-là, ce
dont on vient de parler, les coutumes qu'on est en train d'établir
devraient se maintenir, c'est-à-dire qu'on entretient, etc. On
essaierait quand même que certaines responsabilités soient prises
par les autorités locales, des fois même symboliquement, qu'on ne
nous fasse pas payer l'enlèvement de la neige pour aller à la
maison, ce qui arrive dans certaines municipalités.
M. Le Moignan: En l'occurrence, c'est la Chambre de commerce qui
manifeste un intérêt, si ma mémoire est bonne, mais ils ont
tout de même une part, une contribution à apporter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président, d'être
toujours sur des cas concrets qu'on soulève depuis tantôt, mais
puisqu'on a la chance d'avoir le directeur ici, c'est peut-être le...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'était le but de la présence de monsieur aujourd'hui.
M. Bertrand: D'accord. Il y a une maison, à Québec,
pour laquelle j'éprouve une sensibilité particulière,
étant donné que la rue Cartier est une rue
particulièrement vivante à Québec.
Il y a une maison juste au bout de la rue Cartier, qui est la maison
Krieghoff, sur la Grande-Allée et qui souffre vraiment de
détérioration au fil des années. Pour peu qu'on y passe on
sent que cela ne s'améliore pas en tout cas. Je pense que cette maison
était la propriété, ou l'est encore, de la
communauté anglicane, je ne sais pas, le couvent...
M. O'Neill: La maison des vieilles dames anglaises.
M. Bertrand: Dans l'héritage il y avait la maison
Krieghoff et cette maison on parlait de pro- tection et d'utilisation
tantôt ne me semble ni protégée ni utilisée.
Il y a une lampe d'allumée à la journée longue au
deuxième étage, on le voit toujours quand nous passons, mais il
n'y a jamais vie. C'est une très belle maison. C'est un monument
à l'histoire. Qu'est-ce qu'on fait avec cela? Est-ce qu'il y a des
possibilités pour qu'on l'utilise à l'avenir?
M. O'Neill: C'est une question qui a déjà
été posée. On a fait les vérifications. Elle est
bien protégée. C'est pour cette raison qu'il y a de la
lumière. Les dames ne savent pas quoi en faire, mais elles ne veulent
pas la céder pour d'autres fins, pour l'instant. Le gardien y va au
moins une fois par jour et elle est gardiennée, comme on dit dans notre
langage, quotidiennement. De ce point de vue, c'est vrai qu'il n'y a pas
d'amélioration, mais cela ne se détériore pas.
M. Bertrand: II doit y avoir une détérioration qui
se fait. On ne me fera pas croire qu'une maison qu'on n'utilise pas ou dont on
ne s'occupe pas, en termes de rénovation, ne se détériore
pas avec le temps.
M. O'Neill: On l'entretient. On ne la rénove pas, mais on
l'entretient.
M. Bertrand: Qu'est-ce que le ministère des Affaires
culturelles, par sa Direction des sites et monuments historiques, peut faire
dans ce cas? J'ai entendu parler d'individus qui voudraient utiliser la maison,
en faire quelque chose, mais paraît-il qu'ils sont complètement
bloqués sur le plan légal parce que la maison appartient aux
dames anglaises.
Mme Lavoie-Roux: C'est une propriété privée.
M. Bertrand: Exact, mais elles n'en font rien.
M. O'Neill: Légalement on ne peut pas obliger un
propriétaire, sinon à entretenir son monument. On ne peut
l'obliger à le donner ou à le prêter ou à le louer
à qui que ce soit.
M. Bertrand: Est-ce que cela veut dire que, jusqu'à un
certain degré, c'est presque sûrement symbolique dans ce cas que
de la déclarer monument historique?
M. O'Neill: Non. Je pense que l'objectif du classement c'est de
protéger le bien en attendant que l'on puisse en faire quelque chose. Il
n'est pas dit que dans quelques années il y a des
phénomènes démographiques qui se produisent. C'est
peut-être possible que cela devienne utilisable. C'est tout ce qu'on peut
dire pour l'instant. On ne peut pas forcer un propriétaire à
voir...
M. Bertrand: ... cela se perpétuait, ces
dames-là.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, M. le mi-
nistre, je me demande si c'est une priorité quand on songe
à tous les autres édifices que vous possédez
déjà et dont l'entretien et la restauration sont si
coûteuses. On parlait tout à l'heure du vieux séminaire de
Nicolet. Celle-ci au moins n'est pas en perdition.
M. O'Neill: J'ajouterais, M. le Président, qu'il faut
souhaiter que, dans un grand nombre de cas, on puisse ainsi avoir affaire
à des gens qui eux-mêmes prennent bien soin de ce qu'ils
possèdent comme éléments du patrimoine.
Si on ne pouvait pas compter sur cette collaboration, il faudrait
multiplier par je ne sais combien la part du budget qui est
réservée au patrimoine. Ce sont souvent des montants
considérables qui sont engagés. Prenons simplement comme exemple,
s'il avait fallu qu'on ne puisse pas compter sur le séminaire de
Québec pour protéger et mettre en valeur cet édifice
à peu près je pense qu'on peut le dire unique et
extraordinaire.
Ce sont des millions de deniers publics qu'il aurait fallu
dépenser là. Cela, d'ailleurs, nous l'avions déjà
souligné dans le rapport de présentation. Dans la politique de
sauvegarde du patrimoine, nous cherchons de plus en plus à
développer une politique de collaboration, pour que ce ne soit pas la
tâche unique, exclusive de l'Etat, mais que ce soit une tâche de
l'Etat, par sa Direction du patrimoine, mais en collaboration avec les groupes
de citoyens qui manifestent de l'intérêt pour la sauvegarde du
patrimoine. D'ailleurs, je trouve que c'est un procédé logique et
en même temps un procédé économique.
M. Le Moignan: M. le Président, j'imagine qu'au
ministère vous avez déjà fait un inventaire, vous avez une
idée peut-être sommaire ou globale des maisons à
caractère historique qu'il y aurait dans toute la province. A part
toutes ces maisons, là où vous avez non pas des droits acquis
mais qui ont été déclarées sites historiques ou
bien conservées, est-ce qu'il resterait encore beaucoup d'autres lieux
ou locaux dont vous n'êtes même pas au courant que...
M. O'Neill: Nous avons évidemment une bonne connaissance
des monuments qui ont été reconnus ou classés puisque,
à l'occasion de leur reconnaissance ou de leur classement, ces monuments
doivent être enregistrés dans le registre national. Il existe
quand même un patrimoine important qui n'est ni classé et qui peut
bien ne pas être connu de nous. C'est la raison pour laquelle nous avons
des programmes d'inventaire des biens culturels. Cet inventaire des biens
culturels, à ce moment-ci le directeur du patrimoine pourrait
apporter des précisions nous permet de ratisser le territoire
quant à certains types de bâtiments. Nous pouvons dire par
exemple, en ce qui concerne l'art religieux, en ce qui concerne les
églises, les presbytères, que nous connaisons 80%, 85% ou 90% de
ce qui existe. Nous pouvons dire que, pour d'autres types d'architecture, nous
connaissons tel pourcentage de ce qui existe.
Evidemment, la réalité patrimoniale est très grande
et elle varie dans le temps. Il y a dix ans, on n'accordait pas à
certains bâtiments une valeur culturelle, une valeur historique alors
qu'aujourd'hui on leur en confère. Mais chez nous, on a des programmes
d'inventaire, de macro-inventaire et des équipements qui nous permettent
de dépister ce qui doit être rapidement protégé, ce
qui nous permet donc d'intervenir en termes de reconnaissance et de
classement.
M. Le Moignan: Mais dès qu'une maison a cent ans et que
c'est prouvé, devient-elle nécessairement monument historique?
Non. Cela peut dépendre de l'architecture, du personnage qui l'aurait
habitée, peut-être, ou de beaucoup d'autres raisons.
M. O'Neill: II y a un ensemble de critères qui sont
d'ailleurs toujours en raffinement parce que, comme le disait M. Boucher, la
notion de patrimoine évolue. Les quartiers urbains de l'Est de
Montréal auparavant, il y a des gens qui disaient que c'était
laid, mais maintenant on dit que cela fait partie de notre patrimoine.
Je pense que pour autant que la notion de patrimoine s'élargit,
il y a des critères qui auparavant étaient presque automatiques.
Aujourd'hui on est porté à se dire que toutes les maisons de cent
ans n'ont peut-être pas une valeur patrimoniale, soit qu'elles n'aient
pas de valeur architecturale, qu'elles soient isolées, soit qu'il n'y
ait eu aucun événement intéressant qui puisse s'y
rattacher.
Je pense que la notion de conservation va maintenant dépendre
d'un ensemble de critères à pondérer qui évoluent
constamment. Par exemple, jusqu'à maintenant, on avait des
critères comme ceux dont je parlais l'autre jour. On classait d'abord ce
qui était menacé. C'est pourquoi on pensait ne pas être
obligé de classer les édifices gouvernementaux. A certains
moments, on se demande si on ne devrait pas les classer. Un critère qui
était la menace était important. Maintenant, on commence à
essayer de raffiner ces genres de critères. L'âge en était
un qui était presque automatique. On commence à le raffiner parce
que, dans certaines régions, cela n'avait aucun sens. Il y a des
régions qui n'avaient pas de patrimoine parce qu'elles avaient
été colonisées au 20e siècle. Si vous parlez de
cela aux gens de la région, cela paraît un peu contradictoire,
parce que le patrimoine, c'est ce que les gens ont fait.
Disons qu'on travaille assez fort actuellement, à la suite des
macro-inventaires qu'on a lancés depuis l'an dernier pour pallier, si
vous voulez, la non-universalité de certains critères qui
étaient utilisés jusqu'à maintenant. Quand on veut
régionaliser les critères, on a un peu plus d'ouvrage à
faire. Qu'est-ce qui est du patrimoine en Abitibi? Qu'est-ce qui est du
patrimoine dans la Beauce? On est en train d'essayer d'y songer. On a fait une
étude-test sur la Beauce, il n'y a pas très longtemps; on est en
train de l'évaluer. Dans les trois prochaines années, dans les
régions où les hypothèses nous incitent à croire
qu'il y a le plus de patrimoine, on va avoir une idée à peu
près de
tout ce qui, compte tenu de la notion actuelle de patrimoine, peut avoir
une valeur, mais c'est long et cela prend beaucoup de moyens. Disons
qu'actuellement il y a une autre dimension qu'on a ajoutée qui nous
permet une sécurité supplémentaire; on est en train
d'associer de plus en plus les organismes du milieu à la surveillance
d'abord, quand il se passe des phénomènes qui paraissent
menaçants, deuxièmement, à l'inventaire
systématique des régions qu'on ne pourra pas couvrir
nous-mêmes tout le temps. C'est l'état un peu de la question par
rapport à l'inventaire ou à la connaissance de l'ensemble des
biens patrimoniaux qu'il y aura à conserver.
M. Le Moignan: A ce moment-là, les sociétés
historiques locales pourraient jouer un rôle direct avec vous.
M. O'Neill: Un exemple qui illustre bien la difficulté
d'appliquer un critère fondé sur l'âge et qui me vient
à l'esprit, c'est le cas du village minier de Bourlamaque, qui fait
partie de la ville de Val-d'Or. Pour les gens de là-bas, c'est quelque
chose de très vénérable et de très ancien; cela
date de 1934. Le pays a commencé à ce moment dans cette
région. Cela montre comment le critère de l'âge ne peut pas
être appliqué partout de la même façon.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je profite de la
remarque de M. le ministre, puisque j'allais soulever un peu plus tard la
question du village de Bourlamaque. Est-ce votre intention de lui accorder une
certaine attention? Je pense que c'est un petit village minier dont l'industrie
a disparu et le village est un peu, peut-être pas comme Val-Jalbert, mais
il y a une certaine...
M. O'Neill: Non. La différence, c'est qu'il est
habité.
Mme Lavoie-Roux: II est encore habité?
M. O'Neill: II est toujours habité et, actuellement, la
ville s'y intéresse de près, à la fois par respect du
passé et parce que cela constitue aussi un attrait touristique
intéressant. Il y a eu quelques maisons qui se sont
détériorées parce que, à un moment donné,
des gens ont construit autrement. C'est entièrement construit en bois
rond.
Il y en a qui, tout à coup, ont mis des revêtements de
quelque type discutable. A un autre endroit, un des nouveaux
propriétaires qui, lui, voulait absolument montrer son zèle
à l'histoire, à la sauvegarde du patrimoine, a fait des
transformations en bois rond mais il l'a mis en ligne verticale. Dans
l'ensemble, cela offre un bon coup d'oeil, c'est, je pense, une bonne valeur,
et les citoyens de Val-d'Or s'y intéressent beaucoup. J'ai eu
l'occasion, pour ma part, de visiter une de ces maisons, de voir comment
c'était fini à l'intérieur. A ce qu'on m'a dit
là-bas, les gens, actuellement, prennent conscience de l'importance pour
eux de ce témoin du passé.
Mme Lavoie-Roux: Dans un cas comme
Bourlamaque où c'est encore habité, ce que j'ignorais,
est-ce qu'il y a des règlements de zonage qui empêchent, par
exemple, la construction de nouveaux styles de maisons, du genre de celui que
vous décriviez tout à l'heure, avec des revêtements
extérieurs discutables, et même qui, sur le plan des lignes
architecturales, ne sont vraiment pas en harmonie avec ce que vous
décrivez comme étant le coeur du village? Est-ce que ceci est du
ressort de la municipalité, puisqu'il y a encore des gens? Il doit y
avoir encore une municipalité, j'imagine, qui intervient dans ces cas,
ou s'il n'y a vraiment aucun règlement prévu.
M. O'Neill: Si, actuellement c'est la municipalité qui
intervient. J'ignore les types de règlement de zonage qu'on a
appliqués là. L'intervention s'est faite, par exemple,
après qu'il y a eu quelques dégâts. Dans le moment, enfin
à moi on m'a donné l'assurance qu'on allait, désormais,
vraiment protéger ce qui reste. A ma connaissance, on ne nous a
demandé aucune aide pour cela, tout simplement, ce sont les gens de la
ville de Val-d'Or, c'est la municipalité qui prend les choses en main.
En fait, cela ne veut pas dire que c'est très coûteux. Je sais
qu'il va se poser, par exemple, à la longue, des problèmes assez
prosaïques concernant des choses comme l'égout, l'aqueduc, ce sont
de vieux réseaux, mais pour le reste, ils semblent bien se tirer
d'affaires. Quand j'étais de passage là, quand j'ai
visité, on m'a rassuré, d'une part, sur les bonnes intentions, et
on ne m'a pas demandé de subvention, c'est quelque chose d'assez
extraordinaire, parce qu'habituellement, chaque fois qu'on fait une
tournée, on nous parle de subvention.
M. Le Moignan: Le ministre fait mieux de ne pas aller à
Gaspé, alors.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, tout à l'heure on a
parlé de ce programme ou ce macroinventaire qu'on avait à
l'intérieur de votre ministère. On a mentionné, comme
exemple, que, du côté de l'art religieux, on avait peut-être
inventorié jusqu'à 75% de ce qui existait. Est-ce que vous pouvez
nous indiquer les autres domaines prioritaires de cet inventaire, et est-ce que
c'est fait d'une façon systématique? Est-ce que vous avez
établi un ordre de priorités? Où en êtes-vous
rendus? En somme, tout le bilan de ce macroinventaire.
M. O'Neill: Je vais laisser M. Gagnon répondre. Mais avant
cela, je voudrais ajouter une précision. Il y a quelque chose qui,
présentement, peut nous donner une assurance concernant l'inventaire des
biens religieux, c'est aussi l'intervention des groupes religieux
eux-mêmes. Je pense, par exemple, au diocèse de Québec
où le cardinal lui-même est intervenu pour empêcher toute
aliénation de biens religieux.
Toute transaction, quelle qu'elle soit, est actuellement formellement
interdite aux fabriques. Si elles veulent prendre une décision dans ce
secteur, ou poser un geste de ce genre, elles doivent
se mettre en contact avec l'archevêché. Cela est
arrivé, encore là, après qu'il y a eu certains
dégâts de causés. Mais dans le moment, au moins, on a cette
protection. Quand il s'agit d'un diocèse aussi ancien, c'est très
important, parce que, dans certaines de nos paroisses, les trésors
religieux sont considérables.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):Le
député de Viau.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'avais posé une question.
M. O'Neill: II y aurait une dernière partie de la
réponse.
Il y a plusieurs niveaux dans l'inventaire. Prenons l'exemple le plus
contraignant. Si on classe un bâtiment, compte tenu des servitudes que
cela impose au propriétaire quand ce n'est pas l'Etat, ensuite compte
tenu des contributions éventuelles que l'Etat aura à apporter au
propriétaire pour maintenir ou mettre en valeur son bâtiment, il
faut vraiment être très certain, faire des études
historiques assez poussées pour en arriver à ce degré de
certitude qui nous permette ce type d'intervention. Evidemment, on n'est pas
obligé d'aller si loin. Pour s'en tenir à cette qualité ou
à cette précision pour l'ensemble des phénomènes
cela prendrait beaucoup de temps. Ils ont commencé, je pense, en
Hollande en 1905 et ils n'ont pas tout à fait fini. On s'est rendu
compte qu'il fallait procéder par niveaux beaucoup moindres, disons de
l'extensif à l'intensif, graduellement. On avait commencé par
catégories; par exemple, les églises catholiques, cela se termine
cette année. Il y a des catégories de biens qui sont soit
monumentaux et reconnus d'importance par tout le monde, soit des
catégories de biens qui sont en voie de disparition comme les toits de
chaume, il y en a déjà eu au Québec, ou certains types de
moulins ou certains types de fabriques. C'est une catégorie,
j'appellerais cela des types de bâtiments, par exemple, pour rester dans
l'immobilier.
Par contre, même si on allait assez vite dans certaines
catégories d'immeubles, cela ne couvrait pas pour l'ensemble
géographique, pour l'ensemble des bâtiments dans des
régions données. On s'est rendu compte qu'au rythme de
précisions qu'on exigeait dans certains cas on n'arriverait pas assez
rapidement de sorte qu'on a reprogrammé ce qu'on a appelé le
macro-inventaire d'ailleurs. On pensait pouvoir faire un peu plus vite. Mais on
s'est donné un niveau encore plus léger dans des endroits
où on ne fait pas le macro-inventaire. Pour les trois prochaines
années, on pense couvrir six régions qu'on a
considérées comme prioritaires. Pour le reste, on va quand
même associer les organismes en milieu, des gens de renommée qui
savent un peu ce qui se passe dans la région, pour au moins avoir une
couverture pour l'ensemble qui, dans les endroits où on n'aurait pas
programmé le macro-inventaire, on aurait au moins une connaissance des
phénomènes les plus importants. Dans les endroits où le
macro-inventaire sera en cours, on aura une couverture beaucoup plus
sécuritaire. A un niveau encore plus intensif, dans certains ensembles
qu'on aura reconnus d'importance au stade du macroinventaire, on poussera les
études. Quand il s'agira d'intervenir dans des ensembles, il faudra des
fois choisir à partir d'une série de critères, de
concentrer l'intervention dans un, plutôt que de saupoudrer un peu
partout des contributions de l'Etat ou de l'animation de propriétaires
de bâtiments. D'ailleurs, cela va se modifier probablement en cours de
route, parce que déjà l'expérience qu'on a faite en Beauce
nous a fait nous réorienter sur l'intensité qu'on voulait donner
au macro-inventaire, c'est-à-dire qu'on était un peu plus
optimistes.
Cela nous a rendus un peu moins optimistes, mais nous a permis de
découvrir un moyen un peu plus extensif pour pallier cette
difficulté.
Pour les catégories de biens considérés importants
et pour les régions où il y a une concentration très
importante de biens culturels, dans trois ans, on aura une couverture de type
macroinventaire qui nous permettra de programmer plus finement nos
études de classement ou de reconnaissance. Disons que les mauvaises
surprises vont être réduites à un minimum, compte tenu des
moyens que toute collectivité voudra se donner là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Viau.
M. Lefebvre: Je m'excuse de revenir à des cas
particuliers. Sur la petite L'Assomption, du côté nord, il y a une
maison de ferme qui date d'environ 1700, que j'ai vue dans certains volumes de
vieilles maisons et qui ne paraît pas ici.
M. O'Neill: Si elle ne paraît pas au document que vous avez
entre les mains, c'est qu'elle n'est ni reconnue, ni classée.
M. Lefebvre: Oui, mais elle date de 1700 environ et elle est dans
les volumes de maisons historiques.
M. O'Neill: On pourra prendre note de votre intervention et voir
s'il y a des démarches actuellement en cours pour le classement ou la
reconnaissance de cette maison qui en est une parmi des centaines et
peut-être des milliers qui nous échappent.
M. Lefebvre: Mais vous n'avez pas commencé justement par
regarder les volumes qu'il y avait sur le marché pour faire l'inventaire
de ce qui est publié?
M. O'Neill: Ce cas particulier ne m'est pas connu et je ne crois
pas qu'il le soit de nos collaborateurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Puisqu'on faisait allusion à la Beauce tout
à l'heure et à la suite de la question de mon voisin, est-ce que
le manoir de Léry, à Beauceville, a retenu votre attention?
M. O'Neill: II fait partie de l'ensemble des manoirs qu'on va
considérer.
M. Ouellette: J'ai ouï dire cette semaine qu'il allait
être acquis par un groupe et puis déménagé.
Etes-vous au courant de cela?
M. O'Neill: Non, on en prend bonne note.
M. Ouellette: Cela me paraît assez bizarre étant
donné... L'édifice, je veux bien croire qu'il soit historique,
mais le terrain sur lequel il se trouve l'est également. Je regretterais
qu'on déplace cet édifice sous prétexte que le terrain est
très cher.
M. O'Neill: Je voudrais poser une question au
député de Beauce-Nord. Est-ce que la Société du
patrimoine des Beaucerons ne doit pas bientôt nous soumettre un
mémoire sur cette question?
M. Ouellette: Je vais vérifier, M. le ministre.
M. O'Neill: Je pense que oui. J'attends le document.
M. Ouellette: J'espère.
M. O'Neill: On m'a annoncé qu'on allait m'envoyer un
document sur cette question du manoir de Léry.
M. Ouellette: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Beauce-Nord prend avis de la question du ministre. Mme
le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne continuerai pas
l'énumération de toutes les maisons que j'ai ici ou des
institutions. Je voudrais seulement vous demander où vous en êtes
rendus. Je comprends que cela ne relève pas seulement du
ministère des Affaires culturelles, cela sera sûrement fait en
collaboration avec le ministère du Tourisme, mais je pense qu'on avait
dit, à l'Assemblée nationale, qu'on se proposait de convertir la
maison Kent en une maison de "villégiature" pour les personnes
âgées. Est-ce qu'on poursuit ce projet qui me paraissait
être une bonne utilisation de la maison? Où en êtes-vous
rendus?
M. O'Neill: Cette maison a été acquise il y a
plusieurs années par le ministère du Tourisme et c'est lui qui a
entrepris de la restaurer. Je crois que les travaux sont actuellement en cours
de telle sorte que ce soit accessible aux personnes du troisième
âge pour l'été 1977.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question concerne l'archipel de Minguan.
D'ailleurs, vous avez peut-être pris connaissance de la série
d'articles là-dessus dans le Devoir, il n'y a pas tellement longtemps.
Quels sont vos projets? Je pense d'ailleurs que le conseil des monuments avait
déjà adopté une résolution stipulant qu'une demande
vous soit adressée pour en faire un arrondissement historique. Les
articles ont-ils stimulé vos bonnes intentions?
M. O'Neill: Si je vous disais que nous nous apprêtons
à soumettre un document de travail à notre ministre sur la
question, est-ce que cela pourrait répondre à la question?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Alors, l'an prochain, on saura où
vous en êtes rendus. D'accord.
M. O'Neill: On aura bien des choses à dire l'an
prochain.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Alors, il y en a une dernière
que je me permets, touchant les cas particuliers, parce que, dans ma jeunesse,
c'était une chose que j'admirais chaque fois qu'on partait de
Rivière-du-Loup pour monter à Québec, la seigneurie des
Aulnaies. Est-ce qu'on prévoit toujours la création d'un village
historique à Saint-Roch-des-Aulnaies?
M. O'Neill: C'était assez ambitieux, ce village.
Mme Lavoie-Roux: C'était quand même un des beaux
villages du Bas-du-Fleuve.
M. O'Neill: C'est parce qu'il y a des écoles
d'architecture et nous on est un peu pris là-dedans. Il y a eu, si vous
voulez, à travers le monde, des déménagements. On appelait
cela de la restauration à roulettes; il s'en fait encore, d'ailleurs. On
déménageait et on assemblait dans des musées, en fait, des
époques et des styles d'architecture. Les Scandinaves en ont fait de
magnifiques. L'Ontario s'en est fait un.
Mme Lavoie-Roux: Les Américains ont dû en faire
quelques-uns.
M. O'Neill: Ah oui, oui! ils ont fait des reconstitutions totales
aussi. Disons que ce type d'entreprise est très contesté
maintenant par les organismes auxquels vous venez de faire allusion, comme le
Conseil des sites. C'est très controversé et, d'autre part, assez
coûteux. Est-ce qu'éventuellement certains immeubles
intéressants, mais qui sont situés dans des endroits peu
accessibles pourront être relocalisés près de ces
édifices qui eux, les deux principaux, le manoir et le moulin, ont une
valeur certaine? C'est difficile de répondre aujourd'hui à cela.
Un effet, est-ce qu'en créant ce village-là on ne
détruirait pas l'environnement des deux pièces
intéressantes qui restent?
Mme Lavoie-Roux: Ce serait quand même un meilleur choix
comme emplacement que le village
de Chambly, quoique le village de Chambly ait été
financé par des intérêts privés, je pense,
uniquement.
M. O'Neill: II n'est pas allé loin, non plus.
Mme Lavoie-Roux: Je sais cela. Il était bien mal
placé. Mais il reste que là-bas, on l'a créé de
toutes pièces, le village de Chambly, tandis qu'à
Saint-Roch-des-Aulnaies vous avez quand même un noyau important.
M. O'Neill: Enfin, je pense que la...
Mme Lavoie-Roux: C'est une région touristique, quand
même.
M. O'Neill: Pour l'instant, disons que les promoteurs du projet
ont réduit leurs objectifs à leurs moyens. Peut-être, d'ici
quelque temps, les idées des écoles de restauration ou de
protection du patrimoine seront-elles un peu plus fixées et qu'à
ce moment-là on pourra prendre des décisions plus publiables.
Disons que, pour l'instant, ce type d'entreprise serait sûrement
très contesté, si l'Etat y contribuait. On peut vous dire cela
maintenant. Cela ne veut pas dire que cela ne pourrait pas être
intéressant à certains titres, mais, pour l'instant, on attend
que la...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dans vos priorités?
M. O'Neill: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je comprends.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Lacoste: Oui, M. le Président, puisque nous sommes
présentement sur des cas particuliers de maisons historiques, je
voudrais savoir du ministre ou d'un de ses fonctionnaires ce qu'il en est au
sujet de la maison des Patriotes, de l'ancienne prison des Patriotes, plus
communément appelée le Pied-du-Courant à
Montréal.
M. O'Neill: C'est la propriété de deux
ministères. La Société des alcools n'est pas encore
complètement partie. Ensuite, le ministère des Transports ne nous
l'a pas encore livrée. Nous, on a l'intention de faire des choses fort
intéressantes avec, mais il faudrait d'abord qu'on nous la confie, ce
qu'on attend avec impatience.
M. Lacoste: Vous attendez la...
M. O'Neill: On attend que ce soit vidé et, ensuite, que le
ministère des Transports enlève les ajouts, ce qu'il nous a
promis de faire. Parce qu'il y a deux opérations; il y a la
Société des alcools qui s'en va et il y a le ministère des
Transports qui enlève les éléments étrangers. Mais,
compte tenu de la modification des projets d'autoroute, je ne sais pas
où cela en est. Il y avait eu un protocole signé entre les deux
ministres à l'époque, Transports et Affaires culturelles.
Actuellement on attend une décision du ministère des
Transports pour bouger.
M. de Bellefeuille: Question accessoire, M. le Président.
Est-ce que ce protocole auquel on vient de faire allusion est remis en doute ou
s'il tient toujours, d'après les renseignements du ministre?
M. O'Neill: A notre avis, il n'a pas été remis en
cause. On n'a aucune indication de sa mise en doute. Ce qui est incertain,
c'est la décision du ministère des Transports quant à
leurs propres projets concernant la fameuse autoroute. On sait que c'est un
projet qui est bloqué pour le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que les
questions générales sont dans l'ordre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
questions générales sur l'élément 2 du programme 2.
Cela ferait changement d'avec les questions particulières que nous avons
eues.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'aurais deux
questions à poser au sujet de l'élément 2, une à
propos de l'enregistrement des aires de protection. A la dernière
séance de la commission, il y a deux députés, je crois que
c'était le député de Saint-Jean et le député
de Mont-Royal, qui ont, en quelque sorte, exprimé certaines
réserves sur les aires de protection, en ce sens que cela
représente des contraintes que les propriétaires touchés
jugent parfois onéreuses ou ennuyeuses.
Je voudrais exprimer l'avis, parlant de façon très
générale, que ces aires de protection, malgré les
contraintes qu'elles peuvent représenter, sont absolument
indispensables. D'autre part, le travail qui consiste à établir
et à enregistrer les aires de protection en est un très
considérable qui, comme cela a déjà été dit
à cette commission, accuse une certaine lenteur ou retard. Je voudrais
demander au ministre quelles dispositions le ministère a prises pour
accélérer l'enregistrement des aires de protection.
M. O'Neill: II y a eu une mesure de prise dans le domaine du
contentieux parce qu'au moment où les travaux étaient
complétés, où l'enregistrement devait être fait par
les fonctionnaires du ministère de la Justice, il y avait là un
boulot d'étranglement important. Il semble qu'on leur a donné des
effectifs supplémentaires.
Chez nous, au patrimoine, évidemment, est-ce que toutes les aires
de protection sont nécessaires? Cela reste à voir, compte tenu,
justement, des contraintes que cela pose d'une part, ensuite de la lourdeur de
la gestion de ces choses. Quand il n'y a pas de bâtiments dans une aire
de protection, cela va bien. Mais si vous avez une cinquantaine
ou une centaine de bâtiments ou de propriétaires ou de
locataires ou d'occupants qui, chaque fois qu'ils doivent modifier l'aspect
physique ou la destination ou l'usage des immeubles, doivent demander un
permis, c'est assez lourd à gérer.
Devant ce constat, nous étudions actuellement dix aires types de
protection pour savoir quelle sorte de négociation on pourrait avoir
avec les municipalités pour que la gestion puisse en être
assurée en grande partie par ces dernières, de sorte qu'il ne
nous reste à nous, comme ministère, qu'à administrer la
réglementation qui serait ultra vires pour les municipalités ou
encore celles que les municipalités ne voudraient pas gérer,
disons à cause de l'odieux ou ne voulant pas prendre la
responsabilité politique de mesures un peu coerci-tives.
Ce travail avance assez bien. On a déjà des
critères dans des aires de protection un peu moins denses qu'en milieu
urbain. D'autres part, en milieu urbain, à Montréal en
particulier, on a une assez bonne collaboration de la ville qui,
déjà, les gère de façon relativement satisfaisante,
compte tenu des connaissances dont nous disposons présentement.
Actuellement, au service des arrondissements, qui est responsable de ce
domaine, il y a un blitz en cours pour vraiment régler ce
problème assez rapidement parce que, compte tenu d'un autre axe de la
politique d'intervention du patrimoine, cela peut devenir un des moyens les
plus intéressants pour entrer en contact avec une municipalité,
avec la fonction publique de certaines municipalités, et probablement
obtenir une collaboration en dehors des aires de protection qui serait
intéressante.
On a déjà fait cela avec la municipalité de
Boucherville et cela a été fort intéressant comme
résultat. On l'a fait avec Mont-Saint-Hilaire récemment et cela a
été une surprise générale, ainsi que pour eux aussi
d'ailleurs, une collaboration intéressante.
Disons qu'on s'est donné jusqu'à la fin de cette
année pour avoir une politique assez précise sur une dizaine de
types d'aires de protection, ce qui devrait couvrir à peu près
tous les cas et on va procéder de façon générale
avec les municipalités. Plus la municipalité est
équipée techniquement, plus elle aura à assumer de
responsabilité dans la gestion de ses aires de protection; moins elle le
sera, plus on lui donnera d'assistance technique et financière.
M. de Bellefeuille: M. le Président, cette réponse
transforme l'autre question que je voulais poser en une sous-question puisque
l'autre était au sujet des pouvoirs des municipalités. Le
ministre et le ministère ont invité les municipalités
à épauler le gouvernement dans le travail de protection du
patrimoine. Je me rends compte que, malgré cette intention qui a
été annoncée et qui trouve sa source, j'imagine, dans
certains énoncés que l'on retrouve dans le livre vert et qui ont
été confirmés depuis, malgré les renseignements qui
ont été communiqués jusqu'ici sur cette question, il
subsiste pas mal d'incertitude quant aux pou- voirs dont effectivement les
municipalités disposent.
Si une municipalité veut assurer la protection d'une maison
ancienne, le ministre pourrait-il nous dire quels sont les pouvoirs dont elle
dispose à l'heure actuelle et, si ces pouvoirs sont à certains
égards insuffisants, quelles mesures on peut envisager pour les
compléter?
M. O'Neill: D'abord, il faudrait situer cela dans l'ensemble du
problème de la loi sur l'aménagement qu'on nous dit être en
préparation. Les municipalités ont à la fois beaucoup de
pouvoirs pour la réglementation des usages, un peu sur les volumes et
sur les densités. C'est dire que pour certains types de protection,
comme les quartiers urbains, les aires de protection, les ensembles, elles
pourraient faire beaucoup mais là il faut le vouloir. Dans ce sens, la
loi no 2 est intéressante parce qu'elle peut les aider à vouloir.
Mais pour intervenir de façon beaucoup plus détaillée dans
des formes architecturales, dans des détails d'architecture, la
jurisprudence est assez claire là-dessus. Il y a plusieurs
municipalités qui ont été déboutées, qui
voulaient obliger les propriétaires à mettre certains types de
revêtement, certaines couleurs, de sorte que les municipalités
sont assez prudentes là-dedans. On est en train d'étudier comment
on pourrait suppléer à cette carence, c'est-à-dire ce qui
est ultra vires pour les municipalités ne le serait pas dans le cas de
la loi no 2. On est en train de faire une expérience à
l'île d'Orléans là-dessus et dans la ville de
Québec. Cela devrait être d'ici la fin de l'année et nous
donner ce qu'on appelle les annexes culturelles à des
réglementations relativement traditionnelles de zonage. On aimerait que
cela soit moins traditionnel mais disons que, ce que les municipalités
ne pourront ou ne voudront pas faire, en attendant on pourra le faire.
Mais j'imagine que la loi-cadre de l'aménagement devrait pouvoir
leur donner un peu plus de leviers pour intervenir dans ce domaine. Mais,
encore là, il y a beaucoup de choses qui interviennent là-dedans.
Actuellement, la fiscalité locale favorise la destruction du patrimoine.
Si on reste dans le système ou dans la logique fiscale actuelle au
niveau local, ce sera toujours difficile de s'associer les municipalités
à la protection du patrimoine quand il s'agira d'interdire la
densification par exemple qui serait voulue par une municipalité. On a
actuellement sur la côte de Beaupré des problèmes assez
importants de ce côté.
En résumé, disons que les municipalités pourraient
faire beaucoup. Mais l'environnement fiscal et même les lois
d'aménagement dont elles disposent ne les encouragent pas
nécessairement à le faire. C'est pour cela qu'il faut être
derrière avec notre loi et certains moyens financiers.
M. Johnson: En fait, j'aurais une question.
M. O'Neill: Je veux ajouter une précision. Je pense qu'il
serait sûrement avantageux qu'on voie comment croître le pouvoir
des municipalités,
mais il ne faudrait pas oublier qu'il y a deux autres volets qui
s'ajoutent à ce problème. Il y a celui de la capacité
d'intervention heureuse, et il est sûr que la Direction
générale du patrimoine est apte à rendre service aux
municipalités, c'est-à-dire qu'on peut avoir de bonnes intentions
dans l'idée de sauvegarder le patrimoine, mais encore faut-il savoir
quoi faire et ne pas, avec de bonnes intentions, massacrer ce qui existe. Il y
a aussi, évidemment, le problème d'intérêt. Dans le
moment, ce que je trouve encourageant, c'est que les municipalités
manifestent un intérêt plus arand qu'avant. C'est là
qu'intervient la volonté de faire quelque chose. Là, je pense
qu'on ne peut pas suppléer indéfiniment. Si nous rencontrons un
intérêt de plus en plus grand pas simplement de ce qu'on appelle
le conseil municipal mais des citoyens en général, il est certain
que l'intervention deviendra beaucoup plus efficace. Je ne sépare pas le
problème du pouvoir de la capacité d'intervention et aussi de
l'intérêt que porte une population locale à la sauvegarde
du patrimoine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Anjou.
M. Johnson: En fait, ma question s'adresse à M. le
directeur qui parlait tout à l'heure. Précisément, en ce
moment, quel est le pouvoir d'une municipalité face à un bien
qu'elle considère historique, sur le plan constitutionnel, à vos
yeux, sur le plan du droit public? Est-ce que, par exemple, une
municipalité peut décider, par zonage, d'interdire la
transformation d'un secteur? Exemple: une municipalité considère
qu'une maison donnée a un caractère historique qui, pour une
raison ou pour une autre, n'a pas été qualifié par le
ministère des Affaires culturelles ou la Commission des monuments
historiques. Peut-elle inclure, finalement, le secteur dans lequel cette maison
se situe dans un règlement de zonage qui interdit toute forme de
modification, etc.?
M. O'Neill: Non. Toute forme de modification, les
municipalités ne peuvent pas faire cela à cause de ce que je
disais il y a un instant. Elles seraient déboutées plus souvent
qu'à leur tour. Actuellement, il y a un palliatif temporaire, c'est ce
qu'on appelle la loi 91. Si une municipalité considère qu'un bien
est susceptible d'avoir un intérêt historique, architectural ou
culturel, elle peut en interdire la démolition pour un an. Par contre,
il y a un autre moyen qui pourrait être utilisé plus souvent, et
surtout pour les ensembles: on peut faire des zonages qui découragent la
démolition, parce que ce qui encourage la démolition, c'est quand
on peut remplacer une structure par une autre qui est plus payante. Si le
zonage, par exemple, interdit de densifier, si on n'augmente pas les hauteurs,
si on garde les mêmes marges de recul, les mêmes usages, à
ce moment, ce n'est pas très encourageant. C'est ce qui est
arrivé, d'ailleurs. On a eu cet effet avec l'aire de protection des
tours de Saint-Sulpice et rue Jeanne-Mance également. On a su que le
zonage municipal serait à peu près identique aux désirs de
protection dans l'aire de ces tours et sur cette rue dont une maison avait
été classée. En fin de compte, les propriétaires
eux-mêmes ont décidé de recycler parce que le zonage
envisagé était à peu près ce qu'on voulait et,
à ce moment, cela devenait non payant de détruire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est un peu une question accessoire.
J'écoutais ce que vous nous disiez au sujet des possibilités
qu'ont les municipalités d'intervenir ou de ne pas intervenir, mais il y
a un élément qui me préoccupe davantage. Quelles sont les
mesures que vous prenez pour sensibiliser les populations locales, d'abord les
municipalités elles-mêmes, et ensuite les populations locales?
Est-ce que quelques fois par année, votre ministère leur envoie
un peu de documentation sur, par exemple, les nouvelles lois ou vos
réalisations, non seulement aux municipalités mais
également à la population par le truchement des journaux locaux?
Je pense qu'il y a des journaux locaux dans ce qu'on appelle vraiment les
municipalités rurales qui atteignent une grande partie de la population
et qui seraient un moyen d'éducation.
Il reste qu'après les explications qu'on a eues sur le
macro-inventaire il faut que les citoyens deviennent de plus en plus conscients
de cette dimension du patrimoine. Je comprends que cela puisse se traduire par
une demande inopportune d'interventions dans un tas de situations ou de
subventions, mais je pense qu'il faut peut-être équilibrer l'un
avec l'autre. D'un côté, l'éducation de la population dans
ce sens, à long terme, devrait être productive, parce que les gens
apprendront aussi à discerner peut-être un peu plus ce qui a de la
valeur et ce qui en a moins. Ils pourraient protéger déjà
ce qui existe et qui devrait être conservé. Est-ce qu'il y a des
mesures d'éducation et de sensibilisation prises par le ministère
en ce sens, sur une échelle quand même restreinte, mais qui
pourraient à long terme, produire des fruits intéressants?
M. O'Neill: II y a des mesures qui vont des plus simples aux plus
larges. Chaque fois qu'un immeuble est classé, tous les
propriétaires de bâtiments situés dans l'aire de protection
en sont informés, de telle sorte qu'ils se conforment à la Loi
sur les biens culturels, mais ils sont informés aussi dans un but
d'éducation, de notre part. C'est la mesure la plus simple qui
s'exprime, malheureusement, souvent dans le langage juridique, puisque nous
avons, en les informant que leur bien est inscrit dans une aire de protection,
à nous référer aux dispositions de la Loi sur les biens
culturels.
Nous avons aussi fait des efforts de sensibilisation de la population
avec les projets d'animation culturelle. Comme on se l'est dit tout à
l'heure et au cours de la séance précédente, il serait
absolument inutile de la part de l'Etat d'entreprendre la restauration de
monuments qui ne serviraient pas
à des fins utiles, mais aussi qui ne serviraient pas de
modèles ou d'exemples en vue de la conservation et de la mise en valeur
du patrimoine. Nous avons mis de l'avant des activités d'animation
importantes à Place Royale, ici à Québec. Cela allait de
soi, parce qu'à Place Royale le ministère est propriétaire
en quelque sorte d'un quartier; il est propriétaire de 85
bâtiments. Mais, avec le service d'animation de la Direction
générale du patrimoine, nous tendons à animer au maximum
les monuments qui nous appartiennent et à contribuer à
l'animation des monuments auxquels le public peut avoir accès,
même s'ils n'appartiennent qu'à des organismes sans but lucratif
ou à des corporations de fabrique, ou à des organismes autres que
le gouvernement.
Le moyen le plus important que le ministère a mis de l'avant,
jusqu'à maintenant, pour sensibiliser les Québécois
à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine je
pense que c'est le moment de le souligner ici c'est sans contredit la
Semaine du patrimoine, qui a été lancée l'an dernier et
qui se déroulera du 20 au 26 juin pour une deuxième année,
en 1977. Je crois que la Semaine du patrimoine, qui est une opération
qui coûte fort peu cher au gouvernement cela coûtera cette
année aux environs de $165 000 est l'occasion d'une prise de
conscience collective de ce que nous possédons comme patrimoine.
Nous invitons, dans le cadre de cette semaine, tous les organismes qui
veulent s'associer à la prise de conscience collective de notre avoir
culturel collectif, à mettre de l'avant des projets de toute nature qui
s'alignent comme sur une brochette dans ce projet de prise de conscience des
Québécois à l'égard de leur patrimoine.
Evidemment, ces moyens sont encore limités, je pense qu'il faudra
que nous mettions de l'avant bien d'autres moyens pour que les
Québécois soient plus sensibles qu'ils ne le sont à leur
patrimoine. Je pense que l'impact de notre intervention à cet
égard ne peut se mesurer que par des évaluations à chaque
décade. Si on pense à ce que les Québécois
faisaient de leur patrimoine, il y a 30 ans, ou même il y a vingt ans, je
pense qu'on a fait des progrès considérables. Il y a vingt ans,
on était à ce point insensible à notre patrimoine qu'une
bonne partie du patrimoine mobilier a franchi les frontières ou est
allé à des intérêts qui n'étaient pas
Québécois. De plus en plus, les Québécois, et les
jeunes en particulier, se font un honneur, lorsqu'ils meublent leur foyer, de
recourir à des vieux meubles qui rappellent notre histoire, qui
rappellent ce que nous sommes et les valeurs qui sont les nôtres. Je
pense que cet effort de prise de conscience collective ne peut se mesurer
qu'à des périodes aussi importantes que des décades. A ce
compte, on peut espérer que les moyens qu'on a mis de l'avant au cours
des cinq ou dix dernières années au Québec,
particulièrement depuis la Loi sur les biens culturels, nous conduiront,
dans cinq ou dix ans, vers des résultats étonnants.
Il faudrait ajouter à cela une mesure qui dépend de nous
indirectement à cause de l'aide que nous apportons. C'est que toute
l'action qui est entreprise, tout le travail qui est accompli sur le plan
régional par les sociétés d'histoire, qui font un travail
important pour sensibiliser la population, nous voulons coopérer de plus
en plus avec toutes ces sociétés d'histoire, et il y a justement
une façon de coopérer, c'est de les aider
financièrement.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je reviens quand même avec
ma suggestion elle n'est peut-être pas pratique d'utiliser
les hebdomadaires locaux, régionaux par une chronique du patrimoine,
enfin qui pourrait même être élargie. Souvent, ces journaux
ne savent pas quoi publier toutes les semaines, tous les quinze jours, et sont
heureux de reproduire ces articles pour la clientèle. Ils le font
gratuitement. Je pense que les activités que vous avez décrites
sont excellentes. L'an dernier, c'était la semaine des retrouvailles,
cette année la semaine du patrimoine, c'est excellent. Mais ceci serait
une espèce de suivi. Je dis une chronique hebdomadaire mais elle
pourrait être mensuelle. Cela ne demande pas beaucoup d'efforts, et je
pense que cela continue le travail qui est amorcé par les
célébrations dont vous parlez et qui sont excellentes en soi.
M. O'Neill: C'est une excellente suggestion que le directeur des
Communications a déjà sûrement prise en note, puisqu'il est
derrière nous et c'est un grand chasseur de suggestions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député d'Anjou.
M. Johnson: Pour les fins du directeur des communications et
celles du sous-ministre par intérim, je voudrais vraiment donner dans le
sens du député de L'Acadie. Les journaux dits de quartier ou de
paroisse, qui ont souvent une vocation commerciale, qui sont surtout des
véhicules de publicité locale, ont un impact incroyable. Je pense
que tous les députés dans cette salle sont à même de
vous le dire parce qu'ils l'ont vécu et parce qu'ils ont dû passer
à travers cela et parce qu'ils s'en servent aussi, durant leur mandat,
pour communiquer avec les éléments.
Je voudrais inscrire cela dans une perspective qui est tout à
fait compatible à celle que le ministre veut donner à son
ministère, qui est celle de sortir la culture de l'élitisme. J'en
suis, des sociétés nationales, j'en suis, des
sociétés qui voient à la protection du patrimoine sur une
base régionale. Mais je pense qu'il est extrêmement important que
Mme Chagnon, de la rue Rivest, soit consciente de ce qui se passe et que cela
intéresse beaucoup plus l'ensemble de la population que ceux qui ont le
loisir et souvent les moyens de le faire. Je pense qu'il y a vraiment une chose
à véhiculer à ce niveau, dans un langage accessible, le
moins hermétique possible. Ma foi, le patrimoine, c'est une chose qui
peut être passablement stimulante pour tout le monde. Il appartient sans
doute au ministère de faire en sorte que cela le soit pour l'ensemble de
la population.
Mme Lavoie-Roux: II me reste une seule question dans tout ce
domaine du patrimoine j'espère, en tout cas, que c'est la
dernière c'est le vieux problème de Héritage
Canada. C'est un problème, je pense, que tout le monde connaît
même si on ne s'intéresse pas d'une façon
régulière aux problèmes des Affaires culturelles.
Héritage Canada a quand même contribué à la
sauvegarde du patrimoine et je sais que présentement le point litigieux,
entre le ministère des Affaires culturelles et Héritage Canada,
est que ce dernier, à cause de sa charte ou de ses règlements, ne
se soumet pas aux exigences des politiques du ministère des Affaires
culturelles du Québec. Il me semble qu'ils sont quand même
réceptifs à des modifications dans le sens de continuer leur
travail et de pouvoir, en même temps, répondre aux exigences du
ministère des Affaires culturelles qui, soit dit en passant, me semblent
tout à fait légitimes, qu'une fois qu'ils ont fait l'acquisition
de maisons historiques ils puissent, ensuite, collaborer à part
entière avec le ministère des Affaires culturelles. Etes-vous
encore en négociation ou si tout est terminé? Quelles sont vos
intentions dans ce domaine?
M. O'Neill: Nous avons échangé des lettres, M.
Roberts et moi-même, sur la collaboration en matière culturelle.
Comme vous voyez, nous sommes réceptifs à la collaboration. Cela
pourrait faire partie d'un ordre du jour, s'ajouter à d'autres
problèmes similaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Papineau.
M. Alfred: Je veux bien croire que notre ministre peut essayer de
collaborer avec le Canada pour arriver à quelque chose en matière
culturelle, mais nous avons vu ce qui s'est produit dans le passé.
Malheureusement, tout a été négatif. Je suis sûr
qu'on va, pour la forme, engager des négociations en vue d'une
collaboration avec le Canada, mais moi qui suis proche d'Ottawa, je suis
sûr que cette collaboration va être encore inutile et si je le
pouvais, je dirais à notre ministre, bien sûr, de couper court
avec cette dite collaboration qui est peine perdue.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le
député de Papineau n'a pas compris ou ne connaît pas le
problème dont je parle. Il ne s'agit pas de collaboration ou de
relations fédérales-provinciales.
M. Alfred: Vous avez parlé d'Héritage Canada.
Mme Lavoie-Roux: C'est une société privée.
M. O'Neill: Je voudrais simplement dire, M. le Président,
qu'à un moment donné on peut quand même faire des
rencontres sur des problèmes concrets, et Dieu sait que c'est un type de
suggestion qui m'est venu souvent du côté de l'Opposition, parce
qu'à un moment donné vous avez des problèmes concrets sur
lesquels on peut être tout à fait en désaccord et à
un moment donné on peut se rencontrer ne serait-ce que pour dire que
telle ou telle forme d'action, d'intervention en matière culturelle nous
paraît inacceptable. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction entre le
fait de voir si on doit mettre cela à l'ordre du jour d'une
réunion et en même temps de revendiquer cette intervention tout
à fait prioritaire du Québec dans le domaine culturel.
Je voudrais certainement assurer au député de Papineau
qu'il ne s'agit pas de se rencontrer pour se soumettre ou se résigner.
C'est simplement pour aborder parfois des dossiers qui, de toute façon,
doivent être réglés. Remarquez qu'on aurait aimé
dans certains cas, justement, que cette collaboration vienne d'ailleurs, parce
que des fois on nous fait des offres de collaboration puis en même temps
nous apprenons par les journaux, à un moment donné l'existence de
certains projets dans une matière culturelle.
M. Alfred: Vous parlez, M. le Président, du traumatisme
culturel que nous avons vécu nous autres, dans l'Outaouais
québécois, et quand j'entends le terme Canada, cela me
frustre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai bien l'impression que
nous allons probablement adopter le programme 2 vers six heures parce que Mme
le député a dit qu'elle avait terminé. Mais j'aurais une
petite question ici sur la recherche archéologique. Je pense que nous
sommes rendus là.
Vous avez au ministère votre propre service d'archéologie.
Je sais, par exemple, que l'Université de Sherbrooke travaille
très fort dans ce domaine et qu'il y a une Société
d'archéologie de Rivière-du-Loup, comprenant l'Est du
Québec. Cette Société d'archéologie de
Rivière-du-Loup, son mandat s'étend jusqu'à Gaspé.
La Société historique de la Gaspésie, pour ne pas faire de
conflits, a une mission surtout au point de vue de l'histoire et du folklore.
Je sais que ceci a été contesté non pas par notre propre
société historique, mais peut-être par certains
archéologues locaux qui refusaient à la Société
d'archéologie de Rivière-du-Loup de faire des fouilles, par
exemple, sur le territoire de la Gaspésie.
Je sais qu'il y a un budget pas tellement gros affecté à
la Société de Rivière-du-Loup. Leurs fouilles se
limitent-elles aux édifices et aux sites terrestres ou si leur mandat
peut même s'étendre aux fouilles marines? Je crois qu'il y a
encore un problème de juridiction; je n'en suis pas certain.
M. O'Neill: Oui, on couvre le marin aussi. On a, d'ailleurs, une
section qu'on ouvre cette année pour l'archéologie
subaquatique.
M. Le Moignan: Je suppose que, dans la baie de Gaspésie,
on veut aller fouiller, sortir des débris de bateaux, cela relève
du mandat d'une so-
ciété d'archéologie comme celle de
Rivière-du-Loup.
M. O'Neill: Cela relève du mandat du ministère des
Affaires culturelles, d'après la loi 2. Même une
société d'histoire ou d'archéologie qui veut faire cela
doit avoir un permis pour le faire et doit faire un rapport de fouilles, etc.
C'est la même chose que les fouilles terrestres.
M. Le Moignan: Des recherches ont été
effectuées l'an dernier et ont été filmées par
Radio-Canada. On a sorti des ancres et des canons. Est-ce qu'on est
passé par votre ministère à ce moment-là ou bien si
on y est allé directement?
M. O'Neill: On était au courant.
M. Le Moignan: Vous étiez au courant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait une dernière question sur l'élément 2?
Alors, élément 2 adopté? Adopté. Elément 3,
Commission des biens culturels.
Commission des biens culturels
M. O'Neill: Je rappelle simplement, M. le Président, le
but de cette commission. Cette commission émet des recommandations, pour
le bénéfice du ministre des Affaires culturelles, sur toute
question relative à la conservation des biens culturels.
Cette commission a déposé son rapport annuel à
l'Assemblée nationale au cours du mois de mars.
Mme Lavoie-Roux: C'est cette commission, si je comprends bien, M.
le ministre, qui devait être transformée en régie du
patrimoine. Vous nous avez dit, l'autre jour, que cette idée n'avait pas
été abandonnée.
M. O'Neill: Je peux vous dire qu'il y a même un projet qui
nous a été remis la semaine dernière, portant sur quelques
modifications qui pourraient être apportées au statut de cette
commission. Mais c'est arrivé il y a quelques jours et je n'ai pas
encore eu le temps de regarder ce document.
Mme Lavoie-Roux: Mais n'était-ce pas votre intention
d'aller au-delà de quelques modifications, dans le sens qu'elle pourrait
avoir des pouvoirs de décision et ne serait plus uniquement une
commission consultative? Ceci semblait important quant aux décisions
finales à prendre vis-à-vis de la désignation des sites et
leur reconnaissance.
M. O'Neill: Oui, sauf qu'on a à peine amorcé
l'étude du projet comme tel. C'est simplement cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous voudriez quand même la
développer dans ce sens, qu'elle devienne presque un tribunal où
des décisions finales pourraient être prises quant à ce
type de décisions touchant le patrimoine?
M. O'Neill: C'est une hypothèse que nous envisageons, mais
je ne peux pas vous affirmer qu'on a adopté une position ferme encore
sur la question, parce qu'on ne fait que commencer à la regarder.
Mme Lavoie-Roux: Ne croyez-vous pas que ce pourrait être
une certaine protection quand même pour le ministère des Affaires
culturelles qui peut être soumis à beaucoup de pressions, tant par
les individus que par certains groupes? Ce serait dans une optique d'objectiver
le plus possible les décisions?
M. O'Neill: Cela pourrait être un des avantages qu'on
pourrait y trouver.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous ne semblez pas très
convaincu.
M. O'Neill: Non, ce n'est pas cela. C'est que tout simplement au
moment où on formule un certain nombre d'hypothèses, on ne peut
pas, à la fois, dire qu'on formule des hypothèses et dire qu'on
s'est arrêté sur cette idée ou encore sur la forme
précise que cela pourrait prendre tout simplement.
Mme Lavoie-Roux: Alors on y reviendra l'an prochain.
M. O'Neill: Mais c'est sûrement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 3 adopté.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
programme 2 est donc adopté et les travaux de la commission sont
suspendus jusqu'à vingt heures.
M. O'Neill: Alors, je commence par le programme 3.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, madame et messieurs!
Reprise des travaux de la commission parlementaire chargée
d'étudier les crédits du ministère des Affaires
culturelles. Nous en étions au programme 3 que nous commencions, Gestion
interne et soutien. M. le ministre.
Direction et gestion interne
M. O'Neill: M. le Président, je veux d'abord signaler aux
membres de la commission qu'ils ont maintenant à leur disposition les
rapports dont nous avons parlé cet après-midi. D'abord, un
document intitulé "Premiers éléments pour
l'élaboration d'une politique du livre", connu sous le nom du rapport
Mélançon. Vous avez aussi le rapport qui a été
préparé par M. Pierre Contant, qui s'appelle "Mission technique
en Europe sur la distribution du livre, des journaux, des revues et des
périodiques". Un autre rapport auquel il a été fait assez
fréquemment allusion, le rapport de Grand-pré, porte sur la
distribution des périodiques et des livres de poche au
Québec.
Sur le programme 3, élément 1, Direction et gestion
interne, c'est bien cela, une note préliminaire. On remarquera que le
budget indique une diminution des crédits de $1 014 000 qui s'explique
par le fait que les crédits de 1976/77 comprenaient un montant de $1 125
000 qui a été versé en subvention au COJO pour son
programme culturel à l'occasion des Jeux olympiques de Montréal.
Cette subvention a représenté la deuxième tranche de la
participation financière du gouvernement du Québec à ce
programme culturel; une première tranche de $1 750 000 avait
déjà été versée en 1975/76.
Il a été mentionné mardi que nous affecterons $700
000 à l'aide aux industries culturelles à même les
crédits additionnels que le ministère a obtenus pour
l'année 1977/78. Le montant de $400 000 qui paraît
déjà à la catégorie transfert des crédits
1977/78, rattaché au bureau des sous-ministres, est affecté
à l'aide aux industries culturelles. On retrouve aussi un solde de $300
000 qui est inclus dans les crédits des programme 1 et 5.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: En ce moment, je suis un peu mêlée
à cause de mon retard.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une série de questions
brèves qui appellent peut-être des réponses brèves.
Avec la permission de Mme le député, pendant qu'elle va se
rajuster, je pense que je vais refiler toutes les miennes.
On vient de dire qu'il y a une diminution des crédits.
Maintenant, est-ce qu'il y a des montants qui sont demeurés en
réserve ou qui auraient été gelés après
votre exercice financier 1976/77, des montants non dépensés?
M. O'Neill: Certainement, après chaque exercice
budgétaire, il y a toujours ce qu'on appelle des crédits
périmés, des crédits qui n'ont pas été
dépensés, qui sont versés automatiquement au fonds
consolidé du revenu. Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais j'en
prends note et je vais vous répondre tout à l'heure.
M. Le Moignan: Est-ce qu'ils peuvent être utilisés
à d'autres fins?
M. O'Neill: Non, parce qu'au 31 mars, tous les crédits qui
n'ont pas été dépensés sont automatiquement
versés au fonds consolidé du revenu, c'est-à-dire dans la
caisse générale du gouvernement et reventilés pour
l'année suivante.
M. Le Moignan: Est-ce que cela veut dire que certains projets
auraient été annulés, par exemple?
M. O'Neill: Ils ne sont pas nécessairement annulés,
sauf que leur coût est imputé à l'exercice suivant.
M. Le Moignan: Cela veut dire que ces projets peuvent être
reportés au budget 1977/78.
M. O'Neill: Exactement.
M. Le Moignan: De mémoire, vous n'en...
M. O'Neill: II y a des crédits périmés
généralement dans chaque programme. Je ne sais pas le
pourcentage, je vais essayer de voir. Pour l'ensemble du ministère,
c'est-à-dire pour un budget de $45 millions, il est resté $2
millions de crédits périmés. Ce qui représente
environ 4,5%.
M. Le Moignan: Maintenant, nous avons reçu l'organigramme
de votre ministère, la semaine dernière. Je crois que cela
comprend et les Communications et les Affaires culturelles. Non? Celui qui est
ici dans notre instrument de travail.
M. O'Neill: Non. C'est celui des Affaires culturelles.
M. Le Moignan: D'habitude, un organigramme, simplement à
titre de curiosité, est-ce que c'est approuvé par le Conseil du
trésor ou par un arrêté en conseil?
M. O'Neill: En vertu de la Loi de l'administration
financière, les plans d'organisation des ministères sont
approuvés par le Conseil du trésor.
M. Le Moignan: Je ne veux pas revenir sur les chiffres. Vous avez
mentionné les effectifs qui étaient autorisés, je pense,
et le budget de 1977/78, nous l'avons ici. Je suis intéressé
à un
autre point, peut-être plus pratique. Est-ce qu'il y a des postes
vacants à votre ministère? Est-ce qu'il y en avait au 1er avril
1977?
M. O'Neill: Au 31 mars, c'est la même chose, à
minuit près, au 31 mars 1977, si ma mémoire est fidèle
on va en communiquer les chiffres il n'y avait aucun poste
vacant, puisque nous avons obtenu 90 postes additionnels pour l'exercice
1977/78.
Au 1er avril 1977, il y avait 90 postes vacants.
M. Le Moignan: 90 postes vacants à combler au cours de
l'année.
M. O'Neill: A combler au cours de l'exercice. Déjà,
au moment où on se parle, il y a des postes qui sont comblés et
il y en a plusieurs qui sont en voie de recrutement.
M. Le Moignan: Ils sont comblés par des concours...
M. O'Neill: Toujours.
M. Le Moignan: ... je ne dirais pas de circonstances, comme cela
a été dit une fois.
M. O'Neill: Des concours bidons, vous voulez dire? Non, des
concours sérieux.
M. Le Moignan: II y a une chose qui m'intrigue. M. Boucher, vous
êtes ministre par intérim? Excusez, sous-ministre.
M. O'Neill: Non, je suis sous-ministre. Il y a un je ne sais quoi
parfois.
M. Le Moignan: Cela m'a échappé
involontairement.
Mme Lavoie-Roux: II y a des lapsus comme cela.
M. O'Neill: Ah! des lapsus.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a beaucoup de postes par
intérim, actuellement, à votre ministère?
M. O'Neill: Au moment où on se parle, je n'ai pas le
chiffre précis, mais sur 90 postes qui pouvaient être vacants...
Ah! des postes par intérim?
M. Le Moignan: Des postes par intérim, oui.
M. O'Neill: Oui, il y a anormalement beaucoup de postes de cadres
qui sont occupés par intérim, dont le poste de sous-ministre. Il
y a, je pense, actuellement, une dizaine...
M. Le Moignan: Est-ce que ce sont des fonctionnaires assez haut
gradés, des fonctionnaires importants qui sont par intérim dans
le moment?
M. O'Neill: Pour la plupart, ce sont des fonctionnaires qui
occupent des fonctions de cadres.
M. Le Moignan: Est-ce qu'ils sont là depuis longtemps?
Sont-ils là depuis quelques mois ou s'ils étaient
déjà par intérim avant le le 15 novembre?
M. O'Neill: Dans leurs fonctions par intérim? Certains
étaient là avant le 15 novembre, d'autres l'ont été
après.
M. Le Moignan: Quels seraient les noms ou les titres de ces
fonctionnaires ou quelques-uns, par exemple?
M. O'Neill: A la mémoire, il y a donc un sous-ministre par
intérim, il y a le directeur des conservatoires qui exerce sa fonction
par intérim. Il y a le directeur général des arts et des
lettres qui est là par intérim, le directeur du livre qui est
là par intérim, le directeur des arts visuels qui est là
par intérim.
M. Ouellet: Nommez donc les personnes.
M. O'Neill: Le directeur des arts d'interprétation. Si je
pouvais me permettre une plaisanterie, je dirais qu'il n'y a que le ministre
qui n'est pas là par intérim.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, par hasard, on a un ministère
des Affaires culturelles par intérim?
M. O'Neill: Dépendant du fédéral. Bien
permanent.
Mme Lavoie-Roux: Cela me rassure.
M. Le Moignan: J'aurais une question directe, peut-être
méchante. Pourquoi tous ces titulaires par intérim ne sont-ils
pas nommés de façon permanente?
M. O'Neill: Je ne voudrais pas avoir une réponse
méchante à une question méchante; d'ailleurs, elle n'est
pas si méchante que cela.
Nous récoltons la situation, telle qu'elle est, et il s'agit d'y
mettre fin le plus vite possible. Il est certain que l'état
d'intérim ne peut pas être maintenu indéfiniment. Pour ma
part, le premier intérim que j'ai hâte de corriger, auquel j'ai
hâte de mettre fin, est sûrement celui qui concerne le
sous-ministre. Ensuite, je vais voir à ce que les autres postes aussi
soient remplis, occupés de façon permanente, le plus tôt
possible.
M. Le Moignan: Les autres postes...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais juste
faire observer que le ministre avait affaires à forte partie quand il a
perdu son sous-ministre.
M. O'Neill: Pour une plus grande clarté,
quand je suis arrivé au ministère, il y avait un
sous-ministre qui n'était pas par intérim, c'était M.
Barbin. M. Barbin, de toute façon n'a été limogé
d'aucune façon; c'est à la suite d'une forte demande, d'une forte
réclamation venant du ministère...
Mme Lavoie-Roux: Du ministre des Consommateurs.
M. O'Neill: ...du ministre des Consommateurs...
M. de Bellefeuille: Coopératives et Institutions
financières.
M. O'Neill: ...Coopératives et Institutions
financières qui comptait beaucoup sur la compétence de M. Barbin,
spécialement pour le projet de l'assurance-automobile et pour le secteur
des coopératives. M. Barbin, c'est à cause de son trop grand
nombre de qualités, à mon sens, qu'il nous a quittés,
c'est-à-dire qu'il est à la fois très compétent
dans le domaine des Affaires culturelles et très compétent dans
d'autres domaines. J'ai accepté, à contrecoeur, de le laisser
partir devant cette demande.
Mme Lavoie-Roux: Si vous m'excusez, c'est une question
accessoire. Quand les postes sont par intérim et que ce sont des postes
permanents, en fait, remplis par intérim, combien s'écoule-t-il
de temps, normalement, avant que ces postes ne soient rendus permanents?
J'imagine que ce ne sont pas tous des fonctionnaires qui sont à l'essai
dans votre ministère. Normalement, quelle est la période de temps
qui s'écoule?
M. O'Neill: Je ne sais pas quelle est, ailleurs, la
période de temps qui s'écoule; il faut souhaiter qu'elle soit la
plus brève possible. Il faut dire que dans ce cas-ci, comme se posait en
même temps le problème de la réorganisation administrative
du ministère, c'est, en somme, les deux problèmes que nous allons
régler en même temps. La réorganisation des structures et,
en même temps, la désignation des titulaires pour chacun des
postes de direction.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est un problème qui devrait se
résoudre prochainement?
M. O'Neill: Oui, pour ne pas dire très prochainement.
M. Le Moignan: Le ministre doit se familiariser avec...
M. O'Neill: Compte tenu des lenteurs enfin, ce n'est
peut-être pas le bon mot, je ne voulais pas dire les lenteurs de la
Fonction publique compte tenu des processus qu'il faut suivre, au sein
de la Fonction publique. Parce que si j'employais le mot "lenteurs", cela
aurait l'air d'une sorte de jugement de valeur que je voudrais m'abstenir de
faire, à ce moment-ci.
Mme Lavoie-Roux: Parce que la lenteur, c'est toujours
relatif.
M. O'Neill: Oui c'est cela.
M. Le Moignan: J'aurais trois ou quatre questions brèves,
je ne fais jamais de préambule comme vous voyez, cela va très
vite. Avez-vous des employés occasionnels à votre
ministère?
M. O'Neill: Pour l'ensemble du ministère, il y a 102
hommes-année qui nous sont accordés au cours de 1977/78.
C'est-à-dire que nous pourrions employer à titre occasionnel 102
personnes pendant une année et, si vous voulez faire des
multiplications, 204 pendant six mois, 408 pendant trois mois, etc.
M. Le Moignan: Sont-ils affectés à des services
importants ou à des directions générales, oui cela peut se
produire?
M. O'Neill: Tous ces postes occasionnels sont ventilés
entre chacun des programmes et les chiffres apparaissent au livre des
crédits sous la rubrique hommes-année à temps partiel.
M. Le Moignan: J'aurais peut-être pour le moment une
dernière question. Puisque la vie commence le 15 novembre 1976...
M. O'Neill: Pas la vie, l'espoir.
M. Le Moignan: L'espoir de la ventilation. C'est très
frais ici ce soir. Combien d'employés ont-ils été
mutés ou transférés à d'autres ministères,
d'autres régies ou d'autres commissions ou simplement
congédiés?
M. O'Neill: Depuis le 26 novembre? Depuis le 15?
M. Le Moignan: Pas le 15, c'est un chiffre symbolique.
M. O'Neill: D'abord je peux vous dire, sans aucune
réserve, qu'aucun employé n'a été
congédié. Quant aux employés qui pourraient avoir
été mutés, j'ai la conviction, puisque c'est moi qui ai la
responsabilité de signer toutes les mutations
interministérielles, que tous les employés qui ont pu être
mutés depuis le 15 novembre 1976, depuis le 15 novembre 1975 ou le 15
novembre 1974, l'ont tous été à leur demande.
M. Le Moignan: Si c'est vous qui le dites, vous avez ma
confiance.
M. O'Neill: Et si c'était...
M. Le Moignan: Les employés que le ministre l'Allier avait
à son service dans son cabinet, je oomprends que ce ne sont pas des
employés de la fonction publique, est-ce qu'ils se sont
intégrés quelque part dans les services gouvernementaux, pas
tous?
M. O'Neill: Oui, les employés que M. L'Allier avait
à son service dans son cabinet ont tous été mutés
à d'autres fonctions. Voulez-vous les noms ou simplement les nouvelles
fonctions?
M. Le Moignan: Noms et fonctions. On va peut-être retrouver
de nos anciens amis.
M. O'Neill: C'est possible, on ne le sait pas. Vous avez
tellement d'amis, M. le député de Gaspé. M. Denis Renaud,
qui était secrétaire particulier, est muté aux bureaux
régionaux du ministère des Affaires culturelles à
Montréal, M. Pierre-Denis Cantin, qui était secrétaire
particulier adjoint, est muté comme directeur par intérim du
service du théâtre, M. Claude Fortin, secrétaire
particulier adjoint, a été muté à la Régie
des services publics, Mme Lise Lafrenière, secrétaire particulier
adjoint, est mutée au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, M. Jean Lemay a
été muté au ministère des Richesses naturelles, M.
Gilles H. Picard est muté au patrimoine donc à l'intérieur
du ministère des Affaires culturelles. Il y en a d'autres qui sont
restés au cabinet.
M. Le Moignan: Je viens d'écouter une indiscrétion
qui vient d'en face. Combien ont été "tablettés". Je ne
connais pas le mot, je viens de l'entendre.
M. O'Neill: C'est ce qu'on appelle des cadres non
affectés. De ceux-là, aucun. Ils ont tous été
mutés et nommés à des fonctions utiles. Il faut être
juste parce que parmi ce qu'on appelle les cadres non affectés il y a
des gens qui ne remplissent pas exactement la fonction que théoriquement
ils devraient remplir. Dans la plupart des cas ils remplissent des fonctions
utiles. Dans notre cas ici ils ont tous été vraiment mutés
à des fonctions à plein temps pour lesquelles ils ont des
compétences particulières.
Mme Lavoie-Roux: Le total des employés au ministère
des Affaires culturelles s'élève à combien?
M. O'Neill: Je sais que c'est 700 ou 800, mais on va vous donner
les chiffres précis.
Mme Lavoie-Roux: Le total.
M. O'Neill: Employés permanents, 858; employés
à temps partiel, 102; total, 960.
M. Le Moignan: Dans le personnel de soutien du ministre L'Allier
est-ce que le même personnel est demeuré en place?
M. O'Neill: En partie. Mme Bérubé, Mme Delisle sont
demeurées en place. Mme Annette Denis est passée aux services
auxiliaires du ministère. Pour ce qui est des autres: Mme Soma est
passée au service du théâtre du ministère.
Toutes les autres sont demeurées en place. Cinq autres occupent
les mêmes postes.
M. Le Moignan: Mme le député me regarde de temps
à autre, cela me fait plaisir. Ce n'est pas souvent que cela m'arrive
que les femmes me regardent.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne vous en apercevez pas.
M. Le Moignan: La naïveté. Avez-vous des
employés du ministère présentement aux études, qui
poursuivraient des études dans des spécialisations pour revenir
travailler après?
Mme Lavoie-Roux: En perfectionnement. M. Le Moignan: En
perfectionnement.
M. O'Neill: A ma connaissance, à temps plein, il n'y en a
pas. Il n'y en a pas actuellement qui ont reçu un congé sans
solde pour poursuivre leurs études. Il y a, toutefois, quelques
employés qui ont obtenu de l'aide financière, des bourses pour
poursuivre des études à temps partiel. Cela se fait d'une
façon régulière.
M. Le Moignan: A l'Ecole nationale d'administration, par
exemple?
M. O'Neill: L'Ecole nationale d'administration publique offre
souvent des sessions de court terme auxquelles nous inscrivons de nos
employés.
M. Le Moignan: L'été, vous employez des
étudiants?
M. O'Neill: L'été, nous employons des
étudiants dans le cadre du programme d'emploi d'étudiants qui est
dirigé par le ministre du Travail.
M. Le Moignan: Cela représente combien
d'étudiants?
M. O'Neill: L'été dernier, je crois que nous avions
à notre emploi aussi précisément que 100
étudiants.
M. Le Moignan: Cela peut représenter quoi comme
prévisions budgétaires?
M. O'Neill: Je ne me souviens pas exactement des chiffres, mais,
en vertu des règles administratives qui sont établies par le
Conseil des ministres, les étudiants reçoivent une
rémunération qui est basée sur leur niveau de
scolarité. Les étudiants qui viennent de l'université ont
tel traitement, ceux qui viennent du collégial ont un traitement
inférieur, ceux qui viennent du niveau secondaire, la même chose.
Mais je n'ai pas les chiffres en ma possession.
M. Le Moignan: Merci beaucoup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour le
bénéfice du député de Gaspé, il n'y a pas
qu'une dame qui le regarde ce soir, mais il y a beaucoup de dames qui ont
l'occasion de le voir et de le regarder.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je ne veux pas faire d'erreur,
est-ce que le budget de la fête de la Saint-Jean, la fête du
patrimoine fait partie de l'élément 1 du programme 3?
M. O'Neill: Seulement le budget de la fête du patrimoine.
Le budget de la fête de la Saint-Jean relève du Conseil
exécutif. On me précise que-l'expression fête de la
Saint-Jean y gagnerait à être remplacée par celle de
fête nationale. Mais c'est quand même permis encore de dire la
fête de la Saint-Jean.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que saint Jean a été
rayé du martyrologe?
M. O'Neill: Pas du tout. Mme Lavoie-Roux: On lui a
coupé la tête, lui? M. de Bellefeuille: II est encore
saint. Mme Lavoie-Roux: II est encore saint.
M. O'Neill: II est bien reconnu à titre de patron national
du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais être aussi conciliante qu'on
disait que saint Jean était, mais je vais quand même me
permettre...
M. O'Neill: Vous êtes conciliante, vous en êtes
sûre?
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être l'association avec le
mouton.
M. O'Neill: Le mouton était conciliant, mais pas saint
Jean. Non, vous y gagneriez à relire quelques pages de l'Evangile
là-dessus, madame.
Mme Lavoie-Roux: Quand j'aurai du temps de libre, M. le ministre,
j'en lirai. Je voudrais quand même que le ministre nous donne quelques
explications sur l'article qui a paru dans le Devoir d'hier et qu'il a sans
doute lu ou sur lequel quelqu'un a sans doute attiré son attention. La
première, on a procédé sans soumissions pour demander la
composition, tant des paroles que de la musique de la chanson officielle de la
semaine du patrimoine, et l'explication qu'on y retrouve c'est qu'on n'a pas eu
le temps suffisant pour aller en concours. Compte tenu du fait que ce
n'était pas la première année qu'on avait une fête
semblable, puisqu'on avait eu, l'an dernier, la fête des retrouvailles,
et que celle-ci était prévue pour cette année, est-ce
qu'il y a d'autres explications au fait que c'est un manque de temps?
M. O'Neill: M. le Président, ce qui aurait
été souhaitable, cela aurait sûrement été de
procéder par concours. C'est sûrement la méthode la
meilleure dans ce genre de chose. Ce qui s'est produit, c'est ceci.
L'opération préparatoire à la fête du patrimoine
devait commencer en octobre, mais il s'est passé un certain nombre
d'événements, dont le changement de gouvernement, et finalement
tout a démarré, en pratique, au mois de mars. Le responsable de
l'organisation au ministère jugeait qu'à ce moment le temps
était vraiment trop bref pour procéder autrement que de la
façon dont on a procédé, c'est-à-dire donc confier
cette tâche à un coordonnateur qui devait être responsable
de la réalisation de la chanson thème du patrimoine. Autrement
dit, on a utilisé la même méthode qui avait
été utilisée dans d'autres circonstances
antérieurement, par exemple, pour la Superfrancofête. La
chant'août aussi, et la Fête nationale l'an dernier. Alors, dans
les circonstances, je pense bien qu'on doit se dire que c'était ce qu'il
fallait faire.
Concernant cet article, il y a peut-être, quand même, des
petites précisions à apporter.
Mme Lavoie-Roux: II y a un autre point, c'est que vous n'ayez pas
conservé les droits d'auteur sur la chanson et que celle-ci soit devenue
propriété des éditions de la Cour.
M. O'Neill: Ce n'est pas tout à fait exact.
C'est-à-dire que tout est propriété du ministère
jusqu'à la période, si je me rappelle bien, du 30 juin, au moment
où la commercialisation est intéressante. En fait, les auteurs de
la chanson ont cédé gratuitement à la semaine du
patrimoine les droits d'utilisation commerciale de leur chanson, ce qui
équivaut à peu près à une sorte de contribution de
$25 000. Ce à quoi on fait allusion, c'est pour la période qui
suit.
On ne voyait pas qu'au plan administratif on pouvait se lancer dans
cette espèce de contrôle subséquent et c'était plus
simple de remettre cela à ceux qui avaient composé la chanson.
Pour ce qui est de la période même, c'est inexact; donc, nous
avons conservé tous les droits. D'ailleurs je peux vous dire exactement
comment le contrat, enfin cette concession a été formulée.
Les auteurs sont Marc Lepage et Jean-Pierre Guay. Marc Lepage, compositeur,
Jean-Pierre Guay, auteur, qui disent: Nous autorisons, à titre de
compositeur et d'auteur, le ministère des Affaires culturelles du
Québec à utiliser gratuitement les paroles et la musique de la
chanson. J'ai la mémoire en fête, à des fins commerciales
jusqu'au 30 juin 1977 pour la Semaine du patrimoine ou toute autre
activité connexe.
Il y avait donc certaines imprécisions dans l'article en
question. J'ignore où le ou la journaliste a pris ces informations, mais
il y avait quelques détails qui avaient besoin d'être
corrigés.
Mme Lavoie-Roux: Pour la distribution, est-ce que vous avez
offert à différentes compagnies la possibilité de
reproduire le disque ou faire la distribution du disque?
M. O'Neill: Là-dessus, il y a eu quatre compagnies de
disques qui ont été pressenties pour la distribution du disque et
seule la compagnie London a accepté de le faire et ce, sans aucune
garantie de l'Etat. Elle prenait à charge toute l'opération
d'impression du disque et de distribution du disque. Si le disque marchait,
elle pouvait faire ses frais; si cela ne marchait pas, elle entrait en
déficit. C'est une façon habituellement normale de
procéder dans ce type d'opération, le gouvernement n'ayant
lui-même pas les appareils nécessaires pour imprimer ces disques
et le marché de distribution en conséquence.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut évidemment devenir une question
d'appréciation personnelle mais, pour un ministère qui nous dit
respirer l'espoir, le titre de la chanson inspire davantage le deuil. Est-ce
que c'est fondé...
Une Voix: Non, en fait...
Mme Lavoie-Roux: Je lui avais soufflé avant vous.
M. O'Neill: C'est une question d'appréciation, mais vous
comprenez que pour un ministère qui ne veut à aucun prix...
Mme Lavoie-Roux: Intervenir dans la création.
M. O'Neill: C'est ça, verser dans le dirigisme culturel,
il n'osera pas, évidemment, porter des jugements pareils sur la chanson.
Mais on nous a dit que lorsqu'elle a été présentée
dans des milieux qu'on appelle hautement qualifiés, elle a
été l'objet quand même, chez beaucoup,
d'appréciations assez favorables. Là, on est dans un domaine de
goût. De gustibus non disputandum, c'est cela? Je crois que ce sont les
mois qui suivent qui nous montreront que le choix a été, je
l'espère, un bon choix.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas quant à la musique, c'est
quant au texte. Vous même, est-ce que vous avez une appréciation
personnelle?
M. O'Neill: Oui, je pense qu'il est plus facile de porter un
jugement sur le texte que la musique. La diversité des opinions porte
surtout, je crois, sur la musique et l'interprétaiton, certaines
appréciations étant très favorables et d'autres, comme
vous avez pu le voir, étant plutôt défavorables. Je
pourrais porter un jugement sur le texte, je pourrais vous dire que cela me
paraît assez joli, mais n'étant pas non plus poète de
métier...
Mme Lavoie-Roux: Un homme littéraire.
M. O'Neill: N'étant pas homme littéraire, cela
demeure évidemment un jugement d'une valeur plutôt relative.
Si vous me permettez, M. le ministre, je voudrais ajouter que la
journaliste s'est permis, elle, de porter un jugement sur la musique
puisqu'elle dit de cette musique qu'il s'agit d'un thème de java, alors
qu'il s'agit d'une farandole.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai qu'elle a parlé...
M. O'Neill: Parce qu'une farandole cela se danse autour du feu.
Si vous regardez les feuilles de musique faites par des musiciens, on appelle
cela une valse manège et non pas une java. Ce sont les termes en
musique. Ce qu'on appelle chez nous une farandole qui se danse autour d'un feu.
Exactement pour vous donner une idée, celle qui a été
faite pour la Superfrancofête qui est dans un style de farandole, c'est
le même type. Evidemment qu'il y a eu un prétest qui a
été fait avec un focus groupe, comme on dit en termes de
métier, pour apprécier la chanson. Ce n'est pas un hymne national
ni un hymne olympique, c'est tout simplement une chanson promotionnelle, ce
qu'on appelle un "jingle" appuyant une campagne de publicité et qui va
être diffusé au cours de la Semaine du patrimoine et pendant les
semaines qui vont précéder. Je pense que c'est une question
d'appréciation. Elle peut avoir raison comme elle peut avoir tort, mais
ce n'est pas une java, c'est une farandole.
Mme Lavoie-Roux: Merci pour la précision.
M. O'Neill: Peut-être un dernier commentaire. Le paragraphe
qui m'a peut-être surpris le plus, si je fais abstraction des erreurs
dans le texte, c'est le dernier. On dit que cette chanson est la preuve de
l'ignorance ou de l'indifférence des politiciens à l'égard
de la chanson québécoise. Comme s'il aurait relevé de la
responsabilité du ministre de porter jugement et de faire lui-même
le choix de la chanson. Ce n'est ne dans nos prérogatives ni dans nos
intentions.
Mme Lavoie-Roux: Mais je me demande si elle ne faisait pas
davantage allusion aux auteurs de la chanson, dans le sens que vous venez de
l'exprimer.
M. O'Neill: Peut-être. J'ai l'impression, en somme, qu'elle
voulait nous rendre responsables de ce choix. Que le choix soit heureux ou
moins heureux, de toute façon, dans un cas nous n'avons aucun
mérite...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas on va laisser le peuple
décider.
M. O'Neill: Dans l'autre cas, on laissera le peuple
décider.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions sur
l'élément 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Le Moignan: Est-ce que la publicité tombe dans
l'élément 1 ou dans l'élément 2, les bureaux
régionaux?
M. O'Neill: La publicité générale du
ministère?
M. Le Moignan: Oui.
M. O'Neill: L'élément 1.
M. Le Moignan: Cela tombait à ce point-ci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Allez-y,
M. le député de Gaspé.
Contrats de publicité
M. Le Moignan: Des contrats de publicité est-ce que vous
en avez déjà accordé pour l'année 1977/78?
M. O'Neill: II y en a un seul actuellement qui n'est pas
accordé encore mais qui est en marche, c'est celui pour la Semaine du
patrimoine, le plus gros budget de la Direction des communications, qui est de
l'ordre de $125 000 et qui était prévu dans les crédits du
ministère en vue de la Semaine du patrimoine. Cela concerne à la
fois la production d'un cahier spécial qui sera produit à 1 350
000 exemplaires en couleurs à travers tout le Québec, à la
veille de la Semaine du patrimoine. Cela signifie aussi un tiré à
part dans tous les hebdos A-1 du Québec. Cela va rejoindre un peu la
préoccupation que vous aviez là-dessus sur la Semaine du
patrimoine. Cela signifie aussi une couverture en GPR à la radio,
à la télévision, sur la Semaine du patrimoine, pendant
trois semaines précédant la Semaine du patrimoine et une semaine
pendant la Semaine du patrimoine, ainsi que le matériel de promotion tel
qu'affiches, posters, macarons, petits médaillons qui doivent être
distribués pendant cette semaine-là.
C'est le seul budget actuellement, pour 1977/78, qui est en voie
d'engagement; il n'y en a pas d'autre.
M. Le Moignan: Avez-vous d'autres contrats, d'autres genres de
publicité, non pas de qualité inférieure, mais pour des
montants d'argent inférieurs?
M. O'Neill: Habituellement, ce sont des montants assez bas parce
qu'il s'agit, notamment, de placements d'annonces à l'occasion
d'événements spéciaux comme les foires du livre, les
festivals internationaux de la chanson ou des choses semblables. Ce sont des
montants très bas qui sont de l'ordre de $1000 ou $1500. Il n'y a pas
d'autre campagne de publicité d'aussi grande envergure que celle qui est
prévue pour la Semaine du patrimoine qui est inscrite cette année
dans nos budgets.
M. Le Moignan: C'est dire qu'à ce moment-là vous ne
procédez pas par soumissions. Vous soumettez simplement...
M. O'Neill: La prudence administrative veut qu'on
présente, quand même, les projets à quelques maisons, comme
cela a été le cas, d'ailleurs, pour celui de la Semaine du
patrimoine. Nous avons demandé à cinq maisons de publicité
connues à Québec et à Montréal de présenter
leur projet; l'une s'est désistée avant la présentation et
les quatre autres sont venues. Avec des spécialistes en
publicité, on a étudié les projets de chacune des maisons
et l'une des maisons a été choisie. C'est la façon de
procéder habituelle.
M. Le Moignan: Sur quels critères vous basez-vous, par
exemple, pour vous adresser uniquement à cinq maisons, alors qu'il y
aurait peut-être quinze autres maisons?
M. O'Neill: C'est une question d'éthique professionnelle
pour ces maisons, parce que chaque maison qui se présente pour un budget
de publicité engage des frais assez énormes. Sachant qu'une seule
sera choisie, si, au Québec, on prend les dix ou quinze maisons
c'est le nombre à peu près global des maisons d'importance qui
peuvent produire des documents de ce genre on demande à chacune
de ces maisons d'investir des budgets qui sont des pertes, finalement, au bout
de la ligne. C'est la raison pour laquelle l'une de ces maisons, Verret
Publicité, a refusé de se présenter. Elle a dit: Une
chance sur cinq, c'est trop pour moi. S'il y a juste trois maisons, je prends
la chance, mais cinq, c'est trop. J'ai déjà
présenté, à quelques reprises, des budgets et des
programmes, mais j'ai perdu de l'argent. Chaque présentation peut
représenter, parfois, jusqu'à $10 000 pour une maison, selon le
budget. Evidemment, si c'est pour un demi-million de dollars, $10 000, c'est un
budget très facile à dépenser pour une maison qui
présente un projet. Cinq fois comme cela, elle vient de dépenser
$50 000 et elle n'a toujours pas de budget entre les mains pour fonctionner
avec un programme gouvernemental.
Donc, c'est une mesure de prudence administrative, une concertation avec
les maisons de publicité. Je pense que le ministre des Communications
qui est ici pourrait le dire. On essaie de faire la part des choses avec
l'Association des maisons de publicité du Québec pour qu'il y ait
une variation dans les appels des gens qui doivent nous présenter
quelque chose.
M. Le Moignan: Vous établissez votre choix et, ensuite,
vous demandez...
M. O'Neill: On demande à ces gens de se présenter
et ils refusent parfois de le faire.
M. Le Moignan: Vous leur demandez de faire un certain plan de
travail.
M. O'Neill: Exactement, à partir de balises qui sont
établies en conséquence.
M. Le Moignan: C'est vérifié par...
M. O'Neill: Par notre direction qui est habilitée à
le faire, ainsi que par des gens de l'extérieur. Dans le cas de la
Semaine du patrimoine, on a pris quelqu'un du ministère des
Communications, en publicité aussi, pour nous aider dans le domaine. On
avait un cahier de charges établi et chaque projet est
étudié en détail au plan du rendement publicitaire pour
chaque cent dépensé.
M. Le Moignan: Si je prends comme exemple 1976/77, pour
l'année, est-ce que cela représente beaucoup de publicité
faite dans les journaux, dans les revues, à la radio ou à la
télévision? Cela représente quelle part de votre
budget?
M. O'Neill: L'an passé, cela a représenté
à peu près un montant de $30 000, ce qui est très peu par
rapport à cette année. Cette année, par ailleurs, comme on
a un montant un peu plus élevé, on a été un peu
plus exigeant dans le rendement. Si vous me le permettez, je pourrais donner
l'exemple je l'ai ici du rendement qu'on attend pour le budget
dépensé en télévision et radio. Pour chaque annonce
publicitaire qui va être présentée à la radio et
à la télévision, nous avons demandé une valeur
gratuite aux radiotélédiffuseurs, parce que ce sont des messages
d'intérêt public. Nous avons exigé de la part des maisons
de publicité qu'elles nous présentent un projet dans ce
sens-là, où elles pourraient aller chercher des montants gratuits
de temps d'antenne, par exemple, ainsi, pour les media utilisés en vue
de la Semaine du patrimoine, à la télévision, nous
dépensons $43 850 et nous avons obtenu, en retour, du temps d'antenne
gratuit d'une valeur de $47 723 pour un montant de $91 573.
A la radio, nous avons dépensé $22 000, nous avons obtenu,
en valeur gratuite, $45 500, pour un montant total de $67 525. L'encart
publicitaire étant subventionné par l'entreprise privée,
il équivaut actuellement à $179 000. Il n'y a aucun coût
assumé par le ministère. Il en est de même du
pu-blireportage dans les hebdos A1, qui vaut $20 000, ce qui fait que, pour une
dépense de $65 875 en placements media par exemple, nous allons obtenir,
pour la Semaine du patrimoine, $335 367, ce qui nous apparaît très
justifiable pour le montant placé par le gouvernement dans ce
domaine.
M. Le Moignan: Et cette publicité, est-ce que c'est
préparé par des fonctionnaires ou bien vous payez les services,
peut-être, de firmes spécialisées?
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'un petit ministère
comme le nôtre n'a pas les moyens d'être équipé
à préparer tout le matériel. Nous le coordonnons, nous
avons des gens en place qui s'occupent de diriger le travail, de produire, de
concevoir les textes et de voir à ce que l'image du ministère
ainsi que l'image de la Semaine du patrimoine ne soient pas
détériorées, évidemment, par l'entreprise
privée qui ne connaîtrait pas le milieu, mais ce sont eux qui
produisent le document puisqu'ils ont les graphistes et l'équipement
nécessaire pour le faire.
M. Le Moignan: Si j'ai bien compris, vous allez dépenser
moins cette année que l'an dernier en fait de...
M. O'Neill: C'est-à-dire que pour chaque sou
dépensé cette année, on obtient à peu près
cinq fois plus que l'an passé.
M. Le Moignan: Que l'an passé. Maintenant, un petit point
qu'on n'a pas touché, concernant les expositions. L'an passé, le
ministère a fait sa propre promotion, est-ce qu'il a participé,
en 1976/77, du côté...?
M. O'Neill: L'an passé, nous avons participé
à une exposition au Salon du camping à Montréal, sur la
découverte du patrimoine. Nous avons cru que c'était l'endroit
pour diffuser l'information sur le patrimoine québécois aux gens
qui font du camping et du caravaning et qui se promènent en
majorité dans les régions du Québec. Nous avons donc
monté une exposition à ce niveau.
Nous en avons fait aussi plusieurs sur du matériel du patrimoine,
comme une exposition du Vieux Sillery à la Maison des jésuites
à Québec, et aussi au Salon du livre, ainsi qu'au Salon des
métiers d'art où nous avons présenté une collection
qui s'intitulait Courtepointe préparée en collaboration avec le
Salon des métiers d'art.
M. Le Moignan: Auriez-vous été invités
ailleurs, au Canada ou aux Etats-Unis, dans les cadres du ministère,
à mousser une publicité, soit pour faire connaître le
Québec au...
M. O'Neill: L'an passé, nous avons été
invités à participer au Salon du livre de Bruxelles et de Nice.
Nous venons d'arriver de Nice. Nice s'est terminé hier. Nous
étions présents là-bas avec un stand d'exposition sur le
livre, mais qui était payé avec les fonds d'un autre
ministère, ce qui fait que cela ne paraît pas chez nous. C'est la
raison pour laquelle vous ne verrez pas dans les budgets de l'an passé
la présentation, l'exposition à Bruxelles, c'est le
ministère des Affaires intergouvernementales qui a
déboursé le montant. Nous, nous n'avons fait qu'apporter le "know
how" si vous voulez, le "software", l'expertise, en français,
l'expertise nécessaire pour l'exposition comme telle.
M. Le Moignan: Alors ce sont vos fonctionnaires qui...
M. O'Neill: ... qui se sont déplacés. Mais le
montant pour l'exposition, le montage, la préparation,
l'édification du stand a été fait par le ministère
de l'Industrie et du Commerce, avec le budget du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. Le Moignan: Cela représente combien, une exposition en
Europe?
M. O'Neill: $15 000. M. Le Moignan: $15 000 pour... M.
O'Neill: Pour toute l'opération. M. Le Moignan:
L'opération.
M. O'Neill: Transport de matériel, exposants, personnel,
fonctionnaires et dépenses afférentes.
M. Le Moignan: Ce sont des choses prévues qui peuvent se
reproduire dans d'autres pays peut-être de langue française
ou...
M. O'Neill: Je vous souligne qu'on a beaucoup de demandes, mais
les fonds ne nous permettent pas d'être présents partout. Nous
essayons d'aller aux endroits où cela paraît le plus important,
compte tenu des manifestations présentées.
M. Le Moignan: Merci.
M. O'Neill: M. le Président, j'ajoute simplement ceci,
pour souligner ce qui vient d'être dit et mettre en relief un des
aspects. Quand on parle de publicité, évidemment dans certains
cas, cela suppose de l'argent qu'on doit dépenser, c'est-à-dire
le maximum de publicité, de l'information pour ce qui est
dépensé, mais aussi il faut voir qu'il ne va pas de soi que toute
information ou toute publicité soit coûteuse.
Nous estimons que les media d'information ont leur rôle à
jouer, c'est-à-dire que cela fait partie de leur responsabilité
de service public d'information. C'est pour cela que quand nous avons des
contacts avec eux, parfois nous revenons sur ce thème en public, nous
rappelons à ceux qui contrôlent la radio, la
télévision qu'ils ont ici un travail d'animation, de stimulation
à accomplir. Ils doivent faire leur part pour que les gens
s'intéressent aux arts, à la culture, aux oeuvres
littéraires, etc., et ils ne doivent pas s'attendre à être
payés pour cela nécessairement.
Cela fait vraiment partie de leur tâche. Ils ne sont pas là
simplement pour faire de l'argent. Ils sont là pour rendre service au
public. Il n'y a rien d'excessif à leur demander le maximum de
contribution dans ce sens.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une question accessoire à la suite
des remarques du député de Gaspé. On nous a donné
la même réponse quant à la demande de soumissions
auprès des agents de publicité que celle qui nous a
été donnée au moment où on a étudié
le budget sur les Communications. On vient de nous expliquer que ce sont pour
des raisons d'éthique qu'on faisait appel uniquement à un certain
nombre, compte tenu des mises de fonds que ces agences de publicité
étaient appelées à faire dans ces cas.
Il me semble quand même que cela devrait être aux agences de
publicité elles-mêmes de décider si elles veulent faire un
investissement ou non. Je comprends mal que vous ne fassiez appel qu'environ
à cinq. Cela est une première chose. Quand vous dites: On fait
appel à cinq dans un premier cas et à cinq autres dans un
deuxième cas, etc., est-ce que vous avez une liste complète des
agences de publicité auxquelles vous pouvez faire appel?
M. O'Neill: Nous avons une liste complète des agences de
publicité comme nous avons la même chose dans le domaine de
l'imprimerie. D'une part, nous connaissons la valeur de chaque agence et les
capacités dans chaque domaine de chaque agence un peu comme dans
l'imprimerie. Nous savons par exemple que, pour imprimer un livre d'art pour le
Musée du Québec ou pour le Musée d'art contemporain, il
est inutile de faire appel à telle imprimerie située à tel
endroit parce qu'elle ne possède pas les presses pour le faire. Ce
serait une perte de temps pour tous de l'inviter à venir à
Québec, ou nous de se déplacer, pour faire partie de la
soumission du Service général des achats.
Nous tentons de nous adresser selon les capacités et les
spécialisations de chacun dans les domaines qui nous concernent. Je
donnais l'exemple tout à l'heure de Verret Publicité, qui a
refusé de venir. Verret Publicité considère que le compte
qu'on lui offrait était trop peu élevé dans son domaine
parce qu'ils se spécialisent surtout dans le placement media
plutôt que dans la créativité.
Par ailleurs, Cossette Associés, Dusault et BCP sont très
forts en créativité parce qu'ils possèdent un service
important là-dedans. C'est évident que, lorsqu'on a besoin de
beaucoup de créativité, on va faire appel à tel type
d'agences, je ne veux pas nécessairement dire celles-là, mais tel
type d'agences qui pourront répondre déjà au départ
à nos critères qui nous permettront de choisir une de ces
agences.
Ce serait, je pense, fausser le débat d'inviter des gens qui
d'avance sauraient qu'ils n'auraient aucun moyen technique pour réaliser
le type d'opération dont on a besoin. Chaque opération est
différente de l'autre. C'est la même chose dans le domaine de
l'imprimerie. On fera appel, pour imprimer un dépliant, à des
maisons qui ont plus de facilité à faire tel type de
dépliant. Par ailleurs on va faire appel à d'autres types de
maisons pour imprimer des quatre couleurs "process" dans le domaine de la
lithographie de peintures de Jean-Paul Lemieux, par exemple. Sinon on risque
d'arriver devant des résultats qui ne soient pas probants pour ces gens.
Ils se découragent à la longue. Ils sont toujours demandés
mais ne passent jamais.
Je pense qu'il y a une chance au coureur selon le critère de
chacun et c'est à peu près dans ce genre que l'on fonctionne.
Evidemment il n'y a pas de normes rigides là-dedans. Cela évolue.
Il y a des agences qui, il y a quelque temps ne pouvaient pas se permettre de
se présenter pour un budget de $0,5 million. Aujourd'hui elles peuvent
le faire. Il est inutile de demander à une agence
qui contient quatre personnes à temps plein de se
présenter pour faire de la publicité pour le ministère du
Tourisme, par exemple. Je pense que ce n'est pas lui rendre service et ce n'est
pas nous rendre service aussi à nous. C'est un peu dans ce sens que l'on
fonctionne.
Mme Lavoie-Roux: J'admets les explications, M. le ministre.
Mais quand j'entends dire que dans tel genre de publicité, on
sait que telle maison va être capable de le faire, on fait appel à
elle. Je pense que c'est légitime au départ. Mais il ne faudrait
pas, en procédant toujours de cette même façon, ne pas
permettre à d'autres de se développer. C'est qu'il y a aussi une
attitude rigide qui, sans le vouloir, peut s'établir et qui fait que
finalement les gens sont toujours écartés d'un
développement progressif et normal. Je pense que c'est important de
temps à autre de retourner même à des maisons qu'on ne juge
pas suffisantes, à une époque donnée, mais qui ont pu
progresser et se développer et leur donner des chances de se
développer. Sans quoi cela devient, après un bout de temps, un
monopole de quelques agences de publicité.
M. O'Neill: C'est la raison pour laquelle on avait essayé
la maison Verret Publicité, qui est encore trop petite. Par ailleurs, si
on a un projet de $10 000, on n'ira pas s'adresser à une maison aussi
importante que BCP, sachant qu'il y a des comptes qui sont trop petits par
rapport aux frais administratifs encourus. On va s'adresser à des
agences plus petites pour le faire.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je comprends le souci
du député de L'Acadie. Mais sans vouloir lui rappeler une fois de
plus qu'elle est nouvelle venue dans les rangs du Parti libéral, je
crois que ce parti est mal placé pour faire la leçon au
gouvernement sur la question de l'attribution des contrats à des maisons
de publicité. Le nouveau gouvernement a mis en place un système
qui permet à toutes les agences de se partager le travail qui peut leur
venir du gouvernement alors que le gouvernement précédent, au
contraire, favorisait certaines agences au détriment de toutes les
autres. Je n'ai pas besoin d'entrer dans Ses détails. Ce sont des faits
connus qui ont reçu une publicité suffisante. Sans vouloir brimer
la liberté du député de L'Acadie dans l'interrogatoire
qu'elle fait sur ces questions, je voudrais néanmoins lui rappeler que
la situation actuelle représente un énorme progrès par
rapport à ce qui se passait sous l'ancien gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le
député de Deux-Montagnes a vraiment mal interprété
les questions que je posais. Je pense que tout système peut
s'améliorer et c'est dans ce sens que je posais mes questions. Vos
remarques me font penser et confirment le fait que le présent
gouvernement se croit au-dessus de toute possibilité d'erreur et de
faiblesse. L'histoire pourra peut-être prouver le contraire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Rien qu'une petite question. Le
député de Deux-Montagnes va permettre à un nouveau venu,
même s'il n'est pas du Parti libéral, de poser une question au
ministre. Ne croyez-vous pas que la taxe de 2% imposée par le ministre
des Finances pourrait refroidir l'enthousiasme des propriétaires de
postes de radio et de télévision? Quand il s'agira de vous faire
une publicité gratuite, par exemple, est-ce que cela ne vous
gênera pas un peu de les aborder?
M. O'Neill: M. le Président, cela pourra leur servir de
prétexte mais cela ne pourra pas leur servir de raison. Je crois que
c'est quand même tout à fait différent. Il s'agit, encore
une fois, parce que nous avons eu l'occasion d'en parler antérieurement,
d'entreprises qui généralement font de bonnes affaires. La taxe
porte seulement sur la publicité. Comme j'ai déjà eu
l'occasion de le dire, on pourra même considérer cette taxe comme
une mesure de réparation pour tout le dommage causé par la
mauvaise publicité. Il n'y a absolument rien, je pense, de
pénalisant dans cela. Une entreprise privée sait qu'elle peut
être taxée sous une forme ou une autre. Cette forme a
été choisie parce qu'il y avait, je crois, fondement à la
chose et que c'est facilement contrôlable. Enfin 2% de taxe sur la
publicité ne m'apparaissent pas une raison suffisante pour refroidir
l'enthousiasme ou diminuer la volonté de collaboration.
Je rappelle de toute façon qu'il s'agit de services publics. Ce
ne sont pas simplement des entreprises qui doivent être axées sur
le profit. Ce sont des entreprises qui oeuvrent dans le domaine de
l'information. Elles ont une tâche que j'appellerais d'éducation
populaire aussi. Elles ont...
Elles ont une tâche au plan du développement de ce qu'on a
appelé aussi la conscience physique et la conscience nationale. Alors,
je trouve que c'est un service qu'elles doivent rendre à la population
et, d'ailleurs, il faut dire qu'elles s'acquittent en partie de cette
tâche. Nous souhaitons qu'elles rendent encore un plus grand service. De
toute façon, quand nous rencontrons les gestionnaires ou les
propriétaires de ces entreprises, ils nous assurent de leurs bonnes
intentions pour ce qui est de leur collaboration en matière
culturelle.
M. Le Moignan: Une dernière petite question. Je ne me
souviens pas si cela a été mentionné ici en commission ou
si je l'ai lu dans un journal mais on a dit que là où les
annonceurs sont placés près d'une frontière on a
mentionné cela en commission déjà ici par exemple,
en Gaspésie, on pourrait aller faire annoncer au Nouveau-Brunswick parce
que les canaux et les postes entrent très bien ou se servir de postes ou
de canaux américains qui entrent au Québec pour faire de la
publicité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On l'a
dit au ministère des Communications.
M. Le Moignan: On en a parlé. Oublions tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'élément 1 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Elément 2, bureaux régionaux.
Bureaux régionaux
M. O'Neill: Sur les bureaux régionaux, je note une
augmentation substantielle, 39% d'augmentation des crédits. C'est une
façon, je pense, de montrer l'importance que nous attachons à la
présence quotidienne du ministère en région. Nous voulons
être à l'écoute directe de la population et
particulièrement des groupes qui oeuvrent au développement de la
culture et qui sont les partenaires actifs du ministère. Je voudrais
aussi souligner que, cette année, deux nouveaux bureaux régionaux
seront ouverts avec pignon sur rue en région, l'un sur la
Côte-Nord, l'autre à Hull. D'ailleurs, celui-là est
déjà en fonction pour desservir la région de l'Outaouais.
De cette façon sera complété le réseau des neuf
bureaux régionaux du ministère.
Je note également que nous avons réorganisé le
bureau régional de l'Est du Québec, à Rimouski. Deux
agents culturels, qui connaissent bien cette région, y sont
affectés à temps plein et la situation qui avait
été déplorée par M. le député de
Gaspé mardi de cette façon a été, à mon
avis, corrigée.
M. Le Moignan: Quels sont les responsables de ces comités
régionaux et de quel personnel disposent-ils?
M. O'Neill: Le bureau régional de Rimouski comprend, si je
ne m'abuse, trois postes à l'effectif, dont un directeur, qui est un
citoyen du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, dont le nom est M. Nelson
Dumais.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il est encore directeur du bureau de
Rimouski?
M. O'Neill: Oui. Il est actuellement directeur depuis le mois de
septembre 1976, je crois.
M. Le Moignan: Oui. Je sais qu'il est à votre emploi.
M. O'Neill: II a été recruté à la
suite d'un concours, c'est cela. Alors, la situation à laquelle vous
aviez fait allusion lors de la dernière séance a
été effectivement corrigée au cours de l'année
1976. Ce bureau régional, qui avait rempli des fonctions
extrêmement importantes au cours des dix dernières années
dans le cadre de l'administration de l'entente Canada-Québec, avait
connu, aux termes de cette entente, une période de transition,
d'essoufflement et, au cours de 1976, on a injecté du sang nouveau dans
ce bureau régional et tout fonctionne fort bien, je pense, en ce
moment.
M. Le Moignan: Quand j'ai posé ma question, je vous avais
dit qu'il y avait eu un ralenti que je ne m'expliquais pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans le document que le ministre nous a remis,
dans les six axes de développement, à l'axe 3, il est
mentionné que les intentions du ministère sont de donner aux
régions autres que Montréal et Québec les
équipements et les ressources financières indispensables à
la mise en valeur de leurs propres ressources et de briser leur
assujettissement à la culture de la capitale et surtout de la
métropole.
Il me paraît que des efforts pour encourager le
développement de la culture populaire porteront surtout dans les
régions situées à l'extérieur de Montréal et
de Québec. J'aurais quand même une question à lui poser
quant à Montréal, même si les arguments qu'on utilise sont
à l'effet que, déjà, Montréal, sur le plan
culturel, est beaucoup mieux pourvue puisqu'elle a des troupes de
théâtre, des salles de concerts, des musées, etc., et des
bureaux régionaux. Qu'est-ce qu'il entend faire pour encourager,
néanmoins, le développement de la culture populaire à
l'intérieur des quartiers?
A mon point de vue, ceci demeure un problème entier, et il ne me
semble pas qu'il y ait une intention du ministère de trouver un
palliatif à cette situation. On sait fort bien qu'aux salles de concert,
musées et autres, souvent, les gens, dans les quartiers plus populaires,
n'y vont pas, que ce soit pour des raisons financières ou tout
simplement des raisons d'intérêt. Il reste qu'eux aussi ont une
culture populaire qui mériterait d'être encouragée,
d'être développée. Quelles sont les prévisions que
le ministre fait dans le sens du développement de la culture populaire
dans les différents quartiers de la ville de Montréal?
Je pense que la même question pourrait s'étendre
également à la ville de Laval et toute la région
périphérique de l'île de Montréal, parce qu'on a
toujours cette mentalité qu'à Montréal on est
déjà tellement bien servi comparativement au reste de la
province. Je pense qu'il y a deux dimensions à ce problème, celui
des grandes activités culturelles qui, d'ailleurs, ne servent pas
uniquement à la population de Montréal, mais à celle qui
se déplace aussi des autres villes vers Montréal ou même
vers Québec. Il reste toujours ce même besoin de
développement de la culture populaire pour Montréal et la
région, et Québec et sa périphérie, j'imagine.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le ministre.
M. O'Neill: La question du député de L'Acadie, en
ce qui me concerne, m'apparaît extrêmement importante, mais en
même temps éminement difficile. La réalité qu'elle
exprime à travers sa question n'a jamais cessé de
préoccuper le ministère des Affaires culturelles depuis qu'il
existe. Je pense que nous avons tenté, au cours des derniè-
res années, malgré les demandes financières
importantes qui nous étaient présentées par des organismes
culturels, professionnels, des compagnies de théâtre, des
orchestres symphoniques, des compagnies de danse, nous avons tenté de
mettre un terme à la centralisation des équipements culturels sur
l'île de Montréal et même dans la ville de Montréal
au profit des régions.
Un geste qui a été posé l'an dernier et qui, je
crois, mérite d'être signalé, c'est la décision que
nous avons prise de donner une salle à la Nouvelle compagnie
théâtrale, mais de donner cette salle à cette compagnie
à condition qu'elle soit localisée dans l'est de Montréal.
Effectivement, la Nouvelle compagnie théâtrale a reçu une
importante subvention du gouvernement pour acheter un ancien cinéma de
l'est de Montréal, situé sur la rue Sainte-Catherine, à
six ou sept rues à l'est du boulevard Pie IX, pour le convertir en salle
de théâtre, de telle sorte que l'est de Montréal puisse
avoir son noyau, un petit noyau, un modeste noyau, mais quand même un
noyau d'activités culturelles. La Nouvelle compagnie
théâtrale a l'intention de mettre cette salle à la
disposition de groupes communautaires pendant les périodes
d'inoccupation de la salle par la compagnie comme telle.
Nous avons aussi accordé beaucoup d'importance au projet de
relocalisation des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale et
du Musée d'art contemporain dans l'est de Montréal, autour du
complexe olympique. Le projet que nous avons mis de l'avant n'est
évidemment pas réalisé.
Beaucoup de contraintes, de servitudes conditionneront les
décisions qui seront prises par le gouvernement à cet
égard, mais il y avait derrière ce projet une intention
manifeste, de notre part, de décentraliser les équipements
culturels sur l'île de Montréal. Je pourrais aussi exprimer cette
volonté de décentraliser par un geste négatif que nous
avons posé, celui qui consiste à reporter sine die la
construction d'une quatrième salle de spectacles dans le complexe de la
Place des Arts. Lorsque cette Place des Arts a été conçue
et programmée, au début des années soixante, il
était prévu qu'il y aurait, en plus des bâtiments qu'on
connaît, des trois salles de spectacles qu'on connaît, une ou
peut-être même deux salles de plus. Nous avons opté pour un
report sine die d'un tel projet, de telle sorte qu'on puisse, si effectivement
il y a un besoin pour des nouvelles salles de spectateurs sur l'île de
Montréal ou dans la région métropolitaine de
Montréal, imaginer un projet qui permettrait de localiser cette salle
ailleurs que sur l'île. Pourquoi, nous disons-nous, toujours concentrer
dans le centre-ville de Montréal les équipements culturels?
Pourquoi par exemple c'est une opinion personnelle que j'exprime
ne pas penser à la construction d'une salle de spectacles d'un complexe
culturel sur l'île Jésus? Là la population croît sans
cesse et les gens sont à toutes fins pratiques condamnés,
dès qu'ils veulent voir des spectacles de compagnies professionnelles,
à se déplacer vers le centre-ville de Montréal avec tous
les ennuis que cela suppose. On pourrait donc penser, sur l'île de Mont-
réal, à une décentralisation des équipements
culturels.
Tout cela, évidemment, ne règle rien. L'an dernier,
dès que nous avons été le ministère chargé
de subventionner une large partie des loisirs socio-culturels, nous avions
conclu des ententes avec des groupes de citoyens de l'est de Montréal
auxquels, si ma mémoire est fidèle, nous avions accordé
des subventions pour un montant d'environ $300 000 précisément
pour leur permettre de développer des activités de
création et de diffusion dans leur quartier respectif. Ces sommes, cette
année, dans le cadre d'un protocole d'entente entre le ministère
et le haut-commissariat, ont été transférées au
haut-commissariat. Aux dernières nouvelles le haut-commissariat a
l'intention, non seulement de reconduire ces subventions, mais de les augmenter
dans les quartiers populaires de l'est de Montréal.
Tout cela est bien timide, mais le problème est de taille et je
ne crois pas qu'il y ait qu'un seul geste qui puisse être posé
pour penser à un décloisonnement du soutien financier de l'Etat
aux populations des grands centres. Le problème se pose d'une
façon criante sur l'île de Montréal, dans la ville de
Montréal, mais il se pose aussi dans les grands centres comme
Québec, où ce sont toujours la ville de Québec et de plus
en plus la ville de Sainte-Foy qui ont les moyens de se payer des
équipements culturels et qui reçoivent la grosse part du
gâteau, en provenance de l'Etat, et même du gouvernement
fédéral. Il faudrait penser, dans une communauté urbaine
comme celle de Québec, à la création d'équipements
culturels dans des zones satellites du coeur de ce centre urbain.
Je crois que c'est une philosophie que nous devons nous donner de telle
sorte que, comme vous l'avez souligné, la culture ne soit pas qu'une
affaire de professionnels de la culture et une affaire d'élite, par
conséquent, parce que dans les quartiers on est condamné à
s'abreuver à la culture des professionnels et on a souvent un manque
notable et notoire de ressources pour des activités de création
de quartier.
J'ajouterai une brève remarque. L'une c'est qu'il faut ajouter,
aux stimulants déjà mentionnés, à l'encouragement
apporté, les stimulants qui sont apportés par le
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports pour les
activités socioculturelles. Il y a toute une partie de ce budget qui est
consacrée aux activités socio-culturelles de type que
j'appellerais plus populaire. Il y a des gens qui en profitent partout sur le
territoire et incluant des gens de Montréal.
Je peux dire, deuxièmement, qu'un problème que nous avons
soumis tant à la direction de la Place des Arts qu'à la direction
du Grand Théâtre de Québec concerne l'accessibilité
et ce que j'appellerais un peu la mutation de clientèle. C'est
d'ailleurs aussi un problème qui les préoccupe. Comment faire en
sorte que ce ne soient pas des gens qui représentent toujours les
mêmes milieux qui fréquentent ces endroits? On m'a signalé,
à la Place des Arts, qu'on avait déjà remarqué une
cer-
taine mutation de clientèle et que celle-ci avait tendance
à venir, plus qu'avant, de milieux qu'on pourrait qualifier soit de
classe moyenne ou de milieux à revenu modeste, contrairement un peu
à ce qui avait tendance à se produire autrefois.
Evidemment, il ne suffit pas d'aller localiser des institutions de ce
genre à tel endroit pour penser que même si c'est un milieu qu'on
appelle plus populaire les gens y viendront spontanément. Tout le monde
connaît l'expérience de Radio-Canada, qu'on a implantée
dans l'Est, et qui a tout simplement chassé la population, qui n'a pas
fait que les gens de l'est en profitent plus. Il reste qu'actuellement, on nous
a dit qu'à la Place des Arts il y aurait, d'après eux, ce que
j'appelle une sorte de mutation de clientèle. Tout cela étant
dit, le problème demeure considérable et complexe et il serait
prétentieux de notre part d'affirmer que nous avons trouvé la
solution.
Une chose est certaine, nous considérons ce problème comme
important. Quand on parle de la régionalisation, même au sens
social, donc, d'un accès de tous les groupes de la population, de tous
les milieux sociaux aux activités culturelles, il ne faut pas penser
simplement aux régions, il faut penser aussi à des villes comme
Montréal, c'est certain.
Je m'en voudrais de ne pas ajouter ceci à l'endroit de Mme le
député de L'Acadie, qui a déjà
présidé à la destinée d'une grande commission, d'un
grand organisme d'éducation. Le ministère des Affaires
culturelles n'a pas le monopole ou la responsabilité exclusive du
développement culturel communautaire. Les institutions d'enseignement,
particulièrement les commissions scolaires et, sur l'île de
Montréal, le Conseil scolaire de l'île de Montréal, la
Commission des écoles catholiques de Montréal devraient avoir et
ont, je crois, un grand souci de faire servir les équipements scolaires
à des fins communautaires dans les quartiers où ils sont
implantés. Je crois que c'est un arrimage de l'action des institutions
d'enseignement à tous les niveaux et de celle du ministère des
Affaires culturelles et du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports qui vont contribuer à développer la culture
populaire, la culture de quartier.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, ce devait être de la
télépathie, j'allais justement dire quelque chose
là-dessus. Evidemment, il y a l'établissement ou la construction
de salles de théâtre ou de plus petites salles de
théâtre dispersées sur ce grand territoire. Justement, dans
les écoles polyvalentes en particulier, il y a des auditoriums qui
pourraient servir à ces fins. Il y a quand même un problème
qu'il faut réaliser. J'ai été étonnée,
l'autre jour, d'une déclaration assez bruyante du ministre
délégué au Haut-Commissariat à...
M. de Bellefeuille: ...la jeunesse, aux loisirs et aux
sports.
Mme Lavoie-Roux: ... la jeunesse, aux loisirs et aux sports qui
reprochait aux commissions sco- laires de ne pas mettre leurs
équipements à la disposition de la communauté, etc. Ce que
les ministères ne semblent pas réaliser, c'est la bonne
volonté et les efforts faits, à tout le moins, à
Montréal, et, j'imagine, dans d'autres endroits aussi, afin de permettre
l'utilisation de ces équipements tant dans le domaine sportif que dans
le domaine artistique. Il n'y a quand même pas de fonds qui leur
permettent de financer ces activités, ne serait-ce que pour l'entretien,
la surveillance de ces locaux. On se trouve toujours dans une espèce de
cul-de-sac. Je pense qu'il y a de la bonne volonté de part et
d'autre.
Les municipalités disent: Nous, nous sommes tellement
coincées dans nos finances et on sait que, depuis quelques
années, les commissions scolaires le sont de plus en plus. Alors, on est
un peu dans un cercle vicieux. En vue, comme vous le mentionnez,
d'établir ou de mettre à la disposition des citoyens les
équipements de théâtre et autres dont disposent les
écoles, est-ce qu'il y aurait des ententes ou une ouverture plus grande
de la part du ministère des Affaires culturelles. Eux aussi, je le
réalise, ont des ressources qui ont leurs limites, mais ce désir
de part et d'autre devra trouver un moyen de se réaliser. On peut
critiquer, mais je pense que c'est devenu un cercle vicieux.
M. O'Neill: C'est vrai que le problème que vous signalez
là, est sérieux. Il y a, quand même, deux choses qu'on peut
observer quand on fait des tournées. L'une, c'est qu'on arrive, par
exemple, à des endroits; on visite des municipalités et on
s'aperçoit, tout à coup, qu'en matière culturelle elles
ont un budget prévu, des animateurs, elles peuvent avoir des salles de
spectacle à leur disposition, des lieux qu'elles utilisent assez
modestes, mais enfin convenables.
A d'autres endroits, on s'aperçoit que des gens, avec ce qui
semble être à peu près un budget équivalent, ont mis
tout simplement leur argent ailleurs. Dans certains cas, c'est qu'on s'est
lancé dans le spectaculaire. Je veux dire qu'il s'est fait une sorte de
débordement de dépenses en constructions, chez nous, depuis
plusieurs années. Il y a eu des modes qui ont été
lancées; c'était du luxe, on voulait avoir plus beau qu'ailleurs
ou encore on avait décidé à tout prix de construire
quelque chose de beau, parce que l'argent avait été fourni au
moment du centenaire de la Confédération. D'autres voulaient
imiter la ville qui avait eu le cadeau.
Alors, je pense que cela pose un problème aussi de
révision de nos priorités, pour savoir si tout le monde doit
avoir partout le genre d'installations de dernier cri. Il y a peut-être
aussi une réévaluation de priorités du côté,
d'ailleurs, du monde des artistes, de deux qui utilisent ces salles-là,
qui ne doivent pas nécessairement exiger que la salle leur appartienne
ou encore d'avoir toujours le meilleur des équipements partout.
Moi, je pense qu'il y a un problème de ressources
limitées, comme vous le mentionnez. Il y a peut-être aussi un
problème, comme je le dis, de révision de nos priorités.
Cela vaut pour le do-
maine culturel et cela vaut pour le domaine scolaire aussi.
Là-dessus, d'ailleurs, vous pourriez me citer des cas bien plus nombreux
que ceux qu'on peut citer. Mais grand est notre étonnement, quand on va
à certains endroits, de voir le luxe des installations scolaires et de
rencontrer des gens qui, après nous avoir fait visiter l'institution
dont ils sont si fiers, s'empressent immédiatement de nous demander des
subventions, car il ne leur reste pas un sou, sans cela, pour faire des choses
au plan culturel.
On a dépensé très généreusement dans
certains domaines et, à un moment donné, il ne reste pas un cent
pour faire des choses. Je dirais que le contenant est excellent, mais il ne
reste plus un sou pour le contenu.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même, M. le ministre,
qu'on fasse peut-être certaines nuances. Quand on parle du luxe des
équipements scolaires, par exemple des auditoriums qu'on peut retrouver
dans les écoles, il faudrait aller voir de quel luxe on parle. C'est
vraiment tant de pieds carrés dont la construction dépendait des
budgets d'immobilisation, tandis que le problème dont on parle
dépend des budgets de fonctionnement. Même dans l'hypothèse
où il aurait eu du luxe, ce dont je doute... Ce n'était
certainement pas le cas dans l'île de Montréal. C'étaient
des équipements qui répondaient aux normes qui avaient
été établies par le ministère. Il n'y a vraiment
pas eu de luxe dans la construction de ces écoles. De toute
façon, à ce moment-ci, il faut faire la différence entre
les budgets d'immobilisation et les budgets de fonctionnement et les
activités dont on parle, de toute façon, relèvent des
budgets de fonctionnement et c'est là que les gens sont
coincés.
M. O'Neill: Oui, mais, en pratique, l'argent a été
dépensé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela a été
financé avec des emprunts à long terme, tandis que les budgets de
fonctionnement provenaient de sources de financement différentes. Je
pense qu'à ce moment-ci, s'il y a des dépenses qui ne devraient
pas se faire dans les budgets de fonctionnement, c'est une chose, mais je pense
qu'il ne faut pas relier cela au supposé luxe ou au non-luxe de ce qui
existe comme équipement scolaire ou municipal.
J'imagine que cela pourrait être la même chose du
côté municipal quoique, de ce côté, ils ont toujours
eu plus de latitude que dans le domaine scolaire à cet égard.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: On a mentionné tout à l'heure les
bureaux régionaux, et M. le sous-ministre, j'enlève le "par
intérim" parce qu'il fait si bien cela qu'il convaincra son ministre que
c'est l'homme...
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que vous alliez dire autre chose, M.
le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je ne suis pas malin à ce point. Vous avez
mentionné le bureau régional de Rimouski, qui a bien
fonctionné et, à un moment donné, c'est fort
compréhensible, comme toute forme de gouvernement, après un
certain temps cela finit par perdre de l'enthousiasme. Est-ce que, dans vos
autres bureaux régionaux, vous avez connu à peu près les
mêmes situations? Est-ce que le personnel en place dans les autres
bureaux est le même personnel que l'an dernier ou il y a deux ans, ou si
vous avez été obligé de faire des ajustements, des
changements?
M. O'Neill: Dans tous les bureaux régionaux comme dans
n'importe quelle organisation, il y a un roulement de personnel qui est
attribuable au fait que les gens, après un certain temps, souhaitent
changer d'emploi, et c'est tout à fait normal. Dans le cas du bureau
régional de l'est du Québec, je crois qu'on a vécu
là une situation un peu particulière attribuable principalement
au fait que ce bureau a été, pendant de nombreuses années,
un bureau extrêmement important.
Il faut peut-être rappeler, dans la courte histoire de notre
administration publique, qu'à partir du moment où, en 1964, le
gouvernement a créé le Bureau d'aménagement de l'est du
Québec, cela a été le début de la
déconcentration des ministères en région. Pour la plupart
des ministères, sauf pour le ministère de l'Agriculture, le
ministère de la Voirie, le ministère des Terres et Forêts
qui avaient des fonctionnaires en région depuis fort longtemps, cela a
été l'occasion de déconcentrer leurs services dans les
régions. On a bâti, dès 1964, une conférence
administrative dans l'est du Québec dont était membre un
représentant de chaque ministère. Et pendant une période
de 6, 7, 8, 9 ans, toute la période de préparation du plan, et
ensuite lorsque le BAEQ a été remplacé par l'ODEQ,
l'Office de développement de l'est du Québec, avec des
crédits importants provenant de l'entente Canada-Québec, ce
bureau régional a joué un rôle extrêmement
important.
Quand l'entente Canada-Québec a pris fin, le 31 mars 1976, ce
bureau régional revenait à une proportion normale,
c'est-à-dire à celle des autres bureaux régionaux. On doit
donc dire, pour conclure, que ce bureau a été, en ce qui concerne
le ministère des Affaires culturelles, le seul qui ait connu les
bouleversements que vous avez signalés à juste titre.
M. Le Moignan: Dans vos autres bureaux, est-ce que c'est à
peu près le même personnel, le même nombre
d'employés, ou est-ce qu'ils ont un rôle...
M. O'Neill: Oui, c'est essentiellement la même chose, sauf
à Montréal où il y a un peu plus de personnel.
M. Le Moignan: Dans les autres, c'est le même...
M. O'Neill: Dans les autres, c'est trois, trois, trois
partout.
M. Le Moignan: Ce sont à peu près les mêmes
qui sont demeurés sur place?
M. O'Neill: Oui, la rotation de personnel, la mobilité de
personnel n'est pas très grande. Ce qui n'est pas nécessairement
bon parce que, dans un bureau régional, quand on laisse un professionnel
trop longtemps, il finit par ne plus savoir prendre de recul par rapport aux
problèmes régionaux. Il n'est pas mauvais d'épouser les
causes régionales, mais un changement d'air n'est jamais mauvais, un
changement de problématique n'est jamais mauvais.
M. de Bellefeuille: Question accessoire, M. le Président.
Est-ce qu'il ne serait pas exact, M. le ministre, de dire que la tâche
des bureaux régionaux du ministère a fait l'objet d'une
redéfinition récente, une clarification récente?
M. O'Neill: Sur un point, entre autres, c'est le soutien que ces
bureaux devront fournir aux futurs conseils régionaux de la culture.
Je crois que le député de Deux-Montagnes fait allusion au
fait que les bureaux régionnaux du ministère se sont
développés au cours des cinq ou six dernières
années autour du soutien qu'ils ont apporté aux organismes
à caractère socioculturel. Dès que nous avons conclu une
entente avec le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports pour lui transférer toute cette responsabilité en
matière de loisirs socioculturels, les bureaux régionaux se sont
trouvés un beau matin face à eux-mêmes, ne sachant pas trop
trop ce qu'ils deviendraient.
Ce que nous souhaitons qu'ils deviennent, ce sont essentiellement les
antennes du ministère dans les régions, de telle sorte que les
services que nous pouvons administrer à partir de la région le
soient au profit des citoyens et de telle sorte qu'ils puissent devenir
l'écho des régions au profit du ministère.
Et, bien entendu, dans la perspective de création de conseils
régionaux de la culture, le bureau régional dans une
région deviendra le point de chute naturel d'un conseil régional.
Dans le moment, tel qu'on les regarde fonctionner au moment des
tournées, ils semblent être bien conscients de leur rôle,
appréciés des gens. Non seulement ils transmettent la politique
ou les projets du ministère mais aussi ils sont pour nous des lieux
privilégiés d'information par exemple pour nous aider à
connaître les besoins des régions, nous aider à rencontrer
les groupes aussi, nous donner le profil des groupes qui oeuvrent dans tel ou
tel secteur culturel. Je pense que dans l'ensemble ils accomplissent un
excellent travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Papineau.
M. Alfred: Hier, je mentionnais l'état déplorable
de la culture dans notre région outaouaise. Comme vous le savez, je ne
peux pas quand même m'empêcher de le souligner, notre région
a été dé- figurée, d'une part, par la Commission de
la capitale nationale et, d'autre part, par l'envahissement des édifices
fédéraux. Je ne peux pas ne pas le souligner parce que c'est un
fait. Je faisais état de tout cela, l'envahissement, bien sûr, des
édifices fédéraux, l'envahissement des anglophones, tous
ceux qui arrivent chez nous qui polluent non seulement notre culture mais notre
langue. Heureusement il y a le projet de loi no 1 et, comme notre premier
ministre, je me sens humilié de voter pour protéger ma langue.
Dans ce cas-ci je n'ai pas le choix. Est-ce que le ministre et notre ministre
intérimaire... notre sous-ministre intérimaire...
Mme Lavoie-Roux: Cela va de mal en pis ou de mieux en mieux.
M. Alfred: ... à cause, bien sûr, de l'effet
ethnocide provoqué par tous ces envahissements, ont pensé
à considérer comme privilégiée, parce que nous
avons un rattrapage à faire, cette région outaouaise? Je ne parle
pas de béton. En matière pécuniaire, nous avons besoin
d'aide pour sortir du trou. Il est vrai, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, que le projet de loi no 1 va nous aider grandement. Avez-vous
pensé à nous aider pécuniairement davantage? Nous avons
bien du rattrapage à faire. Ceux-là qui vous
précédaient ne pensaient pas à cela. Leur rêve
inavoué a été de faire de nous un district
fédéral, ce que heureusement le 15 novembre a changé.
M. O'Neill: M. le Président, je peux assurer le
député de Papineau que sa région sera traitée avec
beaucoup de sollicitude. Nous en avons donné une première preuve
lorsque nous avons accordé la priorité à la région
de l'Outaouais dans le plan de développement de Radio-Québec. Je
lui signale aussi que c'est une région qui profite déjà,
entre autres, de nos services de bibliothèque de prêts. C'est
peut-être celui qui est le plus développé, du moins il est
parmi les plus développés.
Je voudrais aussi...
Mme Lavoie-Roux: Tout cela s'est fait depuis le 15 novembre!
M. O'Neill: Non. Il y a beaucoup de choses excellentes qui ont
été amorcées avant le 15 novembre, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, M. le ministre, de votre
objectivité.
M. O'Neill: Vous savez, on ne peut pas tout mal faire. Il y a des
choses qu'on fait bien dans la vie. Il faut quand même...
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que vous alliez dire que nous ne
pouvons pas...
M. O'Neill: Je voudrais ensuite signaler à M. le
député de Papineau qu'il y a quand même, parfois, des bons
côtés à des entreprises qui peuvent, à un moment
donné, sembler déplorables ou qui peu-
vent avoir été inspirées, comme dans le cas
mentionné de ce débordement de la capitale nationale, par
peut-être une sorte d'intention d'occupation du territoire. Le bon
côté, c'est quoi? C'est qu'au moment de l'indépendance il
restera quand même que vous hériterez d'un grand nombre
d'édifices spacieux.
Mme Lavoie-Roux: II faudra les dépolluer d'abord, M. le
ministre.
M. O'Neill: Je suis sûr que ce sont des édifices
entretenus respectueusement, selon toutes les normes de l'hygiène,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas que ce soit l'avis du
député de Papineau.
M. O'Neill: Vous savez, j'ai l'impression que nous pourrons faire
beaucoup d'excellentes choses avec tout ce béton qui a été
accumulé là-bas.
M. Alfred: Une question aussi. M. le Président a
souligné que ce béton a été fait, quand même,
avec notre argent. Cependant, je tiens aussi à souligner que loin de
Québec nous nous sentons Québécois, qu'il y a beaucoup de
Québécois qui produisent terriblement et que
l'indépendance, comme l'a souligné M. le ministre, va
effectivement nous débarrasser de ce qu'on peut appeler...
Mme Lavoie-Roux: ... la pollution... M. Alfred: ...
l'ethnocide...
M. Le Moignan: ... plongés dans le paradis terrestre.
M. Alfred: Je suis sérieux quand je parle. D'ailleurs,
vous voyez que je suis plus calme que d'habitude.
M. Le Moignan: Ah oui! mais je vous contrôle.
M. Alfred: Je suis plus calme que d'habitude. Mais ayant
vécu...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez le pouvoir de chasser les
démons, monsieur le député de Gaspé?
M. Le Moignan: Vous avez vu mon geste pacificateur, vous l'avez
compris? Cela va bien, continuez comme cela.
M. Alfred: Ayant vécu une dizaine d'années dans la
région, M. le député de je ne sais pas quel coin...
M. Le Moignan: Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Mais pourquoi voulez-vous faire
l'indépendance? Vous ne connaissez même pas votre nouveau pays
encore.
M. Alfred: Je vous assure qu'il m'est très diffi- cile
d'être objectif, ayant vu l'effet dévastateur non seulement de la
capitale nationale mais aussi de l'envahissement des édifices
fédéraux lesquels ont été la cause de la
déportation de Hull, de 6 000 Québécois qui sont
répartis ça et là à travers le coin et qui, bien
sûr, deviennent des assistés sociaux. Dans tout cela, vous
étiez loin peut-être. Mme le député de L'Acadie
était très loin, à Montréal. Nous avons
assisté à ce dépaysement. C'est la raison pour laquelle je
demanderais au ministre de nous considérer non pas comme
spéciaux, parce que nous de l'Outaouais nous nous considérons
comme des Québécois, mais nous aimerions que le ministre sache
que nous avons 20 ans de rattrapage et que cela mérite d'être
souligné. C'est la raison pour laquelle nous aimerions avoir notre
part.
M. Le Moignan: Est-ce votre mission de rapatrier tout ce monde
avec l'aide du ministre?
M. Alfred: Quant aux bâtiments, par exemple, ils sont
là.
Mme Lavoie-Roux: On les renverra.
M. Alfred: Bien sûr! C'est à nous. Nous allons les
utiliser. C'est normal.
M. O'Neill: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il y aurait lieu de revenir au domaine des affaires culturelles.
M. O'Neill: Je prends en sérieuse considération les
propos de M. le député de Papineau.
M. de Bellefeuille: Sur la même question, M. le
Président, le ministre n'a pas voulu se répéter, mais je
voudrais rappeler au député de Papineau que l'un des deux
nouveaux bureaux régionaux à être ouverts doit l'être
à Hull pour desservir l'Outaouais.
M. O'Neill: Ce à quoi il faudrait ajouter l'implantation
d'un centre régional d'archives nationales.
M. Alfred: Je vous remercie et j'en parlerai, bien sûr,
à ceux qui militent...
M. O'Neill: ... ses électeurs.
M. Alfred: ... très fort pour rendre
québécoise cette région à laquelle certains avaient
contribué à donner une identité culturelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
réponse ayant satisfait le député de Papineau, je pense,
est-ce qu'il y aurait lieu d'adopter l'élément 2 du programme
3?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2 du programme 3, adopté et programme
3, adopté. Programme 4, arts plastiques. M. le ministre.
M. O'Neill: Elément 1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1.
Arts plastiques
M. O'Neill: Incitation à la création et à la
recherche. C'est une politique d'aide qui demeure sensiblement la même
que celle qui prévalait l'année précédente, mais
elle deviendra à la fois plus généreuse et accessible
à un plus grand nombre d'artistes en raison d'une augmentation de $100
000, des crédits qui lui sont réservés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre vient de nous dire que l'aide
financière constitue le moyen principal pour atteindre l'objectif
d'incitation à la création et à la recherche. Est-ce qu'il
pourrait nous dire quels sont les autres moyens qui sont à sa
disposition? De quelle façon entend-il utiliser cet argent pour
atteindre cet objectif d'encouragement à la création et à
la recherche?
M. O'Neill: J'avoue ne pas avoir très bien compris le sens
de la question.
Mme Lavoie-Roux: Vous versez des sommes ou, enfin, il y a des
sommes prévues à votre budget pour l'incitation à la
création et à la recherche. De quelle façon ces sommes
seront-elles dépensées?
M. O'Neill: Essentiellement, je crois qu'il faut évoquer
trois catégories de moyens qui sont utilisés pour aider les
artistes, peintres, sculpteurs, dessinateurs, etc. Le premier moyen est
peut-être le plus vieux que le ministère ait connu, c'est celui de
l'aide directe à des artistes, sous forme de bourses ou sous forme de
contributions qui leur sont données pour des études de
perfectionnement ici au Québec ou à l'étranger, ou pour
l'organisation d'expositions. C'est un programme qui date de 1961, 1962.
Dès que le ministère a été institué, cela a
été une des premières formes d'aide qu'il a mises au
point.
La deuxième forme d'aide qui est apportée aux artistes des
arts plastiques est l'aide qui leur est donnée via ce qu'on appelle la
politique du 1%. Il existe un arrêté en conseil qui a
été adopté il y a plusieurs années et qui
prévoit que le ministère des Travaux publics, dès lors
qu'il construit de nouveaux immeubles pour les fonctionnaires ou des palais de
justice, puisque ce sont des immeubles qui sont de sa responsabilité,
doit mobiliser une somme de 1% du coût total des travaux pour des fins
d'embellissement. Ce montant de 1% est donc versé à des artistes
qui contribuent d'une fa- çon ou d'une autre à l'embellissement
extérieur ou intérieur des immeubles en question. J'ai avec moi
un document qui nous indique ceci: du 31 janvier 1973 au 31 janvier 1977, le
ministère des Travaux publics a effectué des travaux de
construction pour un montant de $46,1 millions. Durant cette période,
par conséquent, le comité du 1% a autorisé 27 artistes
à réaliser 15 projets d'embellissement, pour un total de $430
000.
Les sommes qui sont versées aux artistes sont utilisées de
la façon suivante: un tiers du montant est utilisé à titre
d'honoraires personnels pour l'artiste, et les deux tiers vont à l'achat
des matériaux qui servent à la construction des oeuvres
d'art.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cet arrêté
en conseil qui prévoyait que, dans la construction des édifices
publics, 1% du budget serait alloué à la création
d'oeuvres d'art, de la façon dont il vient de nous le décrire,
devait aussi s'appliquer à tous les édifices publics. Cette
directive touchait également, non seulement je pense, mais j'en suis
certaine, les constructions d'écoles, d'autres édifices publics,
j'imagine. Et dans la très grande majorité des cas, compte tenu
des limites du budget, il a toujours été très difficile
d'appliquer cet arrêté en conseil dont l'objectif était
extrêmement valable. Je demande au ministre si on songe à modifier
l'arrêté en conseil, puisqu'il ne s'applique, il semble, qu'aux
édifices du ministère des Travaux publics, et ne semble pas
être appliqué dans les autres ministères?
M. O'Neill: L'histoire de cette politique du 1% remonte, en
réalité, à 1961, alors que le 8 mai de cette année,
on a adopté le premier arrêté en conseil prévoyant
une telle mesure. Depuis ce moment, cet arrêté en conseil a
été maintes fois modifié, et le dernier
arrêté en conseil en vigueur date du 31 janvier 1973, il porte le
numéro 238-73. Dans cet arrêté en conseil, contrairement
à des arrêtés en conseil antérieurs, les immeubles,
les édifices publics prévus pour l'application de cette politique
sont ceux qui sont construits par le ministère des Travaux publics
exclusivement. Cela exclut donc pour l'instant les immeubles loués avec
baux emphytéotiques par le gouvernement, des baux de 99 ans, pour des
fins de fonctionnaires, cela exclut aussi tous les immeubles construits par le
truchement de paiements de transfert par des institutions
décentralisées telles les commissions scolaires, les CEGEP, les
universités, les hôpitaux.
Au moment où je vous parle, nous prévoyons soumettre au
lieutenant-gouverneur en conseil un projet en vue de donner une extension
beaucoup plus large à l'application de cette politique de 1%, de telle
sorte que ces immeubles que je viens d'évoquer puissent être
couverts par la politique.
Mme Lavoie-Roux: Dans les faits, ils ont déjà
été couverts.
M. O'Neill: Ils l'ont déjà été, cela
a été changé en cours de route.
Mme Lavoie-Roux: Je me souviens qu'elle a été
appliquée dans quelques cas au tout début, et qu'ensuite,
à cause des budgets d'immobilisation prévus, dont on pouvait se
servir, on ne pouvait pas l'appliquer. Si vous modifiez une fois de plus
l'arrêté en conseil, vous allez être obligés de
prévoir également que les budgets permettent la
réalisation, parce qu'il faudra peut-être le remodifier encore une
autre fois pour les soustraire de nouveau.
M. O'Neill: C'est ce qui, en réalité, inciterait
peut-être le gouvernement à y aller progressivement dans ce projet
d'extension. Bien sûr, c'est facile de modifier un arrêté en
conseil, mais son impact est que les constructions publiques seront plus
coûteuses. Cette politique de 1% constitue donc le deuxième moyen
pour le ministère d'aider les artistes.
Le troisième moyen est un tout nouveau moyen qui sera mis en
application cette année et qui est la création, au Québec,
d'une banque d'oeuvres d'art qui, sous le principe de banque d'oeuvres d'art
qui existe dans d'autres pays du monde, permettra au gouvernement, en
l'occurrence au ministère des Affaires culturelles, d'acquérir,
à chaque année, des oeuvres d'artistes québécois,
choisies par des comités de sélection professionnels, qui
serviront à l'embellissement des édifices publics.
L'objet de cette politique est donc double. Il s'agit, d'une part, de
permettre aux créateurs québécois de trouver un
marché plus large que celui qui leur est permis par les seules galeries
d'art, et, du même coup, il permettra de multiplier les moyens de
diffusion de la culture puisque les oeuvres ainsi acquises par la banque
d'oeuvres d'art seront montrées publiquement, dans des édifices
publics, qui dans des mairies, qui dans des écoles, qui dans des
hôpitaux, ainsi de suite. Donc, ce sont les trois moyens que nous mettons
actuellement en oeuvre pour promouvoir le développement des arts
plastiques, la création en arts plastiques au Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce qu'on pourrait faire le
point sur l'état des négociations entre le ministère des
Affaires culturelles et le ministère de l'Education concernant
l'assistance financière à apporter à des écoles ou
des centres privés d'enseignement des arts plastiques? Je pense, en
particulier, au Centre des arts visuels, à Montréal; il y a
également l'Atelier de céramique Julien, à Sainte-Foy.
Où en somme-nous dans ces négociations?
M. O'Neill: Le ministère des Affaires culturelles, depuis
plusieurs années, a été en quelque sorte condamné
à venir en aide à des institutions d'enseignement qui ne
répondaient pas aux exigences du ministère de l'Education et qui,
par conséquent, n'étaient pas admissibles au programme de
financement du ministère de l'Education. C'est le cas d'un très
grand nombre d'institutions tant dans les arts d'interprétation, des
écoles de danse, des écoles de théâtre, des
écoles de musique que du côté des arts visuels; vous avez
effectivement mentionné deux institutions, le Centre d'art visuel de
Montréal et l'Atelier de céramique Julien. On pourrait en nommer
d'autres la Poterie Bonsecours, à Montréal qui ne
sont pas admissibles au programme du ministère de l'Education.
Depuis trois mois, nous avons, avec le ministère de l'Education,
des pourparlers au sommet au sommet voulant dire que cela se fait de
sous-ministre à sous-ministre et cet après-midi
j'étais effectivement en réunion avec le sous-ministre de
l'Education pour discuter du sort de l'Ecole d'art du Musée des
Beaux-Arts. Le problème est le suivant: Le ministère des Affaires
culturelles n'a évidemment pas toutes les ressources nécessaires
pour subventionner les institutions de formation dans les arts et le
ministère de l'Education, lui, a des exigences de divers ordres pour
financer des institutions d'enseignement. On a, au ministère de
l'Education et on le reconnaît une conception
particulière de la formation et de l'enseignement qui fait que pour ce
ministère on ne peut pas devenir un bon potier ou on ne peut pas devenir
un bon tisserand ou un bon céramiste si on ne suit pas un profil de
cours dans lequel il y a de l'éducation physique, de la chimie, de la
philosophie, etc.
Les écoles d'art sont souvent, pour la plupart d'entre elles,
destinées à des personnes de formation variable. On peut
retrouver, par exemple, à l'Atelier de céramique Julien, des
personnes qui sont actuellement aux études, qui sont au CEGEP, qui sont
à l'université. On peut en retrouver qui n'ont qu'un
diplôme secondaire, on peut retrouver des adultes qui ont terminé
leurs études depuis 20 ans et qui ont le goût de suivre des cours
de formation professionnelle limitée pour devenir des professionnels
dans une matière donnée. Par conséquent, ils ont tendance
à ne pas s'inscrire à des programmes d'institutions reconnues par
le ministère de l'Education ou subventionnées, en tout cas, par
le ministère et à aller dans des institutions qui, elles, sont
condamnées à venir au ministère des Affaires
culturelles.
Ce qui est convenu, entre le ministère de l'Education et nous,
c'est que nous allons entreprendre de tirer cette grosse épine de nos
pieds respectifs, tout le problème de l'enseignement des arts.
Nous allons chercher, au cours de la prochaine année, ces
solutions qui vont nous permettre de trouver des formules nouvelles ou de faire
éclater les formules actuelles, de telle sorte qu'on adapte davantage
les réseaux institutionnels aux exigences de la formation des arts.
Entre-temps, les institutions qui jusqu'à maintenant ont reçu de
l'aide du ministère des Affaires culturelles ne seront pas
pénalisées pendant cette recherche d'une solution acceptable par
les deux ministères. Nous continuerons à les subventionner.
Evidemment, nous ne pourrons pas leur donner les ressources leur permettant de
se développer à leur goût, mais avec ce que nous avons
comme enveloppe budgé-
taire c'est environ $1 million que nous consacrons chaque
année à l'enseignement des arts nous allons garder bien en
vie les institutions existantes.
M. Le Moignan: M. le Président, nous avons reçu un
communiqué du ministère des Affaires culturelles, en mars, je
pense, nous disant que 38 artistes se partagent la somme de $25 000, 38
artistes faisant partie d'un groupe de 78 candidats, et à ce
moment-là un jury fut composé de trois spécialistes... Qui
étaient ces trois spécialistes qui furent choisis?
M. O'Neill: Je n'ai malheureusement pas la réponse
à votre question. Il y a plusieurs jurys en réalité qui
sont formés...
M. Le Moignan: Choisis hors de la fonction publique?
M. O'Neill: Oui, je n'ai pas les noms des personnes avec moi,
mais on pourra vous les communiquer à la prochaine réunion. Ces
jurys...
M. Le Moignan: Oui, à la prochaine séance. Je
regarde l'heure...
M. O'Neill: Oui, j'imagine bien qu'il y aura une prochaine
réunion.
M. Le Moignan: Je pense qu'on ne terminera pas ce soir.
M. O'Neill: Ces jurys sont publics. Lorsqu'ils sont
formés, un communiqué de presse accompagne la nomination des
membres et tout cela est très public. Il n'y a aucune raison pour que
cela ne vous soit pas communiqué.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question sur cet
élément 1. Ce n'est peut-être pas aussi directement dans le
sens de l'encouragement de la créativité, mais dans le sens, je
pense, d'une certaine considération pour ceux qui ont été
des créateurs au Québec et qui, présentement, se trouvent
dans des situations pécuniaires difficiles. Il ne s'agit pas de
créer pour eux une espèce de fonds de pension un peu
déguisé, mais vraiment de reconnaître les services qu'ils
ont rendus au plan culturel à la communauté
québécoise, et ceci peut être autant dans le domaine des
arts plastiques que dans le domaine de la littérature ou du
théâtre. Je ne nommerai personne, je pense que vous en connaissez
et je me demandais si on pourrait peut-être encore faire appel à
leur créativité, d'une autre façon, en les utilisant ou
plutôt en utilisant leurs services, dans un autre domaine
d'activité qui pourrait être celui de personnes-ressources soit
à l'intérieur des écoles, dans le domaine des arts, en
littérature ou même ce qui pourrait peut-être être un
projet conjoint avec le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Education. Avec le ministère des Affaires sociales
dans une perspective d'être des animateurs dans les maisons pour
personnes âgées ou... Enfin je pense aux personnes
âgées. On pourrait penser également a d'autres institutions
où certains de nos comédiens pourraient être fort
appréciés, surtout les gens de théâtre qui sont de
la même génération, parfois, que les personnes que l'on
retrouve là.
Il ne s'agit pas vraiment d'une pension déguisée, mais
bien au contraire, je pense que ce sont des personnes qui ont acquis une
sagesse, qui avaient de grands talents et qui sont mises dans des situations
où elles ne peuvent plus produire, parce qu'on sait que toutes les
sociétés dans ce domaine sont peut-être ingrates envers
ceux qui ont été les premiers créateurs et parmi les plus
grands créateurs quel que soit le domaine de leurs activités.
Peut-être qu'un tel programme n'impliquerait pas au départ des
sommes très considérables et pourrait être envisagé
par le ministère des Affaires culturelles sur une base un peu plus
formelle qu'elle ne l'a peut-être été déjà.
C'est une question que je pose au ministre: Comment considérerait-il une
telle initiative?
M. O'Neill: On peut envisager trois formules possibles. Il y a la
première formule à laquelle vous avez fait allusion. C'est la
formule d'une pension d'Etat, par exemple. Cela nous paraît assez
délicat.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que nous pensons...
M. O'Neill: Je vous avoue que nous n'avons jamais analysé
cette formule. On préfère y repenser. On trouve qu'il y a des
risques dans cela et que c'est passablement délicat. Il y a la formule
de la multiplication des prix. Déjà, on en ajoute cette
année pour le secteur des auteurs. Vous parliez tout à l'heure
des gens à qui on doit beaucoup. Il n'y a aucune raison, sauf
évidemment les raisons de budget, qui fait qu'on devrait
nécessairement limiter, comme on les limite jusqu'ici, les prix. Cela en
est une. La troisième qui, je pense, est vraiment la plus
intéressante a déjà été occasionnellement
appliquée avant.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais.
M. O'Neill: Vous connaissez des cas. Je trouve que c'est la plus
intéressante et je trouve, quant à moi, très
intéressante la suggestion que vous faites concernant les services
qu'ils pourraient rendre dans certains secteurs, parce qu'en somme il y a parmi
eux des gens irremplaçables. C'est un peu la tragédie de
l'artiste. D'une part, on a de la misère à l'utiliser dans les
cadres ordinaires, selon les normes ordinaires. Parfois, c'est pour des raisons
de santé, parfois c'est pour des raisons de tempérament. D'autre
part, ce sont des gens qui véhiculent avec eux une richesses
irremplaçable.
J'estime que c'est cette troisième formule qu'il faudrait
étudier de beaucoup plus près. Quand vous mentionnez la
contribution qu'ils pourraient fournir dans des maisons d'enseignement, par
exemple, dans des milieux où, en somme, les gens ne pourront jamais
trouver l'équivalent de ce que
peut apporter la personne en question, je suis tout à fait
d'accord avec vous.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, dans un cours de
littérature où on étudie le théâtre, la
poésie pour des jeunes, que ce soit au niveau secondaire ou au niveau du
CEGEP, avoir des contacts avec des gens qui ont été parmi nos
meilleurs romanciers je pense à Yves Thériault, par
exemple, ou à Marcel Dubé je pense que cela pourrait
être extrêmement stimulant pour les étudiants et
peut-être produire beaucoup plus de fruits dans quelques heures
d'entrevue que souvent bien des heures d'enseignement.
M. O'Neill: J'espère qu'à ce moment-là nous
ne serons pas bloqués par des normes administratives, des exigences
pédagogiques qui perdent leur sens dans ces cas, c'est-à-dire que
vous avez des gens qui n'ont pas de titres universitaires, mais ils ont le
génie à la place, c'est beaucoup mieux. Alors, j'espère
qu'à ce moment-là on n'ira pas les empêcher dans les
milieux d'éducation d'apporter leur contribution.
Mme Lavoie-Roux: S'ils sont utilisés comme
personnes-ressources, comme personnes invitées les
modalités, il faudrait les examiner de plus près je pense
qu'à ce moment-là ce n'est pas une personne qu'on engage à
temps plein, qui doit avoir tel brevet ou tel diplôme. Il n'y aurait
probablement aucun conflit qui serait créé, par exemple, avec les
syndicats. Ce sont vraiment des personnes-ressources. Je suis sûre que
votre ministère a assez d'imagination pour trouver une formule.
M. O'Neill: J'ai mentionné ces détails parce que
justement des artistes nous ont confié que l'on ne faisait pas appel
à leurs services dans certaines institutions parce qu'ils n'avaient pas
le curriculum vitae idéal.
Tout le monde leur reconnaissait le talent, voire le génie mais
pas le bon curriculum. Alors il va falloir évidemment qu'on mette de
côté les formalités et qu'on reconnaisse la valeur de la
personne.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, sans entrer davantage dans les
modalités, je pense que, peut-être, dans les cas que vous
signalez, je ne connais pas les détails, il s'agit davantage de
personnes qui voulaient s'engager comme enseignants, et à ce
moment-là vous rentrez dans toutes les difficultés qu'on vient de
souligner. Serait-ce plus normal que ce soient des personnes-ressources que le
ministère des Affaires culturelles mettraient à la disposition
des milieux d'éducation ou des différentes maisons pour personnes
âgées et autres que j'ai mentionnées tout à
l'heure?
M. Alfred: M. le Président, dans ce cas-ci, je vous assure
que j'appuie Mme Lavoie-Roux...
M. de Bellefeuille: De L'Acadie.
M. Alfred: totalement.
Mme Lavoie-Roux: Le député de L'Acadie.
M. Alfred: Je m'excuse, Mme le député de L'Acadie.
Personnellement, j'ai déjà utilisé ce facteur,
étant donné que j'étais chef de département en
français et je faisais venir des personnes-ressources de ce genre. Je
pense que ces personnes-ressources, pour nous et pour les groupes, ont
été plus bénéfiques que pour tous les cours d'un
professeur à longueur d'année, pendant toute l'année. Dans
ce cas-ci, je pense que j'appuie totalement Mme le député de
L'Acadie.
M. Le Moignan: L'esprit de sagesse qui revient. C'est
l'Esprit-Saint qui circule en ligne directe.
M. Lavoie: II va peut-être me trouver de trop.
M. O'Neill: Attention, il est à côté de vous.
Vous allez attraper l'Esprit-Saint.
Mme Lavoie-Roux: C'est mon cousin, faites attention.
M. Alfred: Qui est votre cousin?
Mme Lavoie-Roux: Le député de Laval. Cousin,
cousine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Madame et messieurs, revenons aux affaires
culturelles et laissons la parenté.
Mme Lavoie-Roux: II est tard.
M. Le Moignan: Cela relève de la généalogie
de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que Mme le député de L'Acadie aurait d'autres questions à
poser sur l'élément 1 du programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Si j'en ai d'autres, je les ai
oubliées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je n'ai rien de spécial.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Viau. Sur l'élément 1.
M. Lefebvre: Je voudrais avoir un peu d'explications sur ce que
vous avez dit sur le 1%. Vous avez dit 2/3 pour les matériaux et 1/3, ce
qui veut dire que quelqu'un qui construit, enfin qui fait une sculpture dans un
arbre, il n'est pas payé.
M. O'Neill: Je n'ai pas compris.
M. Lefebvre: Vous avez dit 2/3 pour les maté-
riaux et 1/3 comme salaire, comme rémunération, ce qui
veut dire que si cela ne lui coûte rien comme matériaux, il n'est
pas payé.
M. O'Neill: C'est une question...
M. Lavoie: C'est une question d'ingénieur.
M. O'Neill: Je ne sais pas si le cas s'est déjà
présenté. Dans le cas de l'arbre, j'imagine que l'artiste a
dû acheter l'arbre, a dû le faire couper, le faire transporter dans
son atelier, acheter un certain nombre d'outils pour le travailler, a
peut-être même engagé un certain nombre de personnes,
d'artisans pour le soutenir dans son travail, bref l'idée de la
politique, c'est qu'un minimum de 1/3 de la subvention aille en honoraires
à l'artiste.
M. Lefebvre: Ce qui voudrait dire par exemple, si vous parlez de
la verrière qu'il y a à la station Berri-Demontigny, que
l'artiste a été payé $170 000, et qu'il y aurait pour $115
000 de verre.
M. O'Neill: Ce serait vrai si cette verrière avait
été financée à même cette politique de 1%. Ce
n'est pas le cas.
M. Lefebvre: C'est cela. Si je juge de la valeur par le
matériel, je pose un point d'interrogation.
M. O'Neill: Mais j'ai ici des chiffres qui indiquent les montants
qui ont été versés aux artistes entre 1971 et 1977, du 31
janvier 1973 au 31 janvier 1977, comme je l'ai dit tout à l'heure.
Le 1% a rapporté $428 000 pour une moyenne de croisière
annuelle de $107 000. Sur les $428 000, $312 000 ont été
utilisés pour l'achat de matériaux et $163 000 ont
été versés en salaires à 27 artistes, ce qui fait
une moyenne de $5900 par artistes. Il y a, bien sûr, des artistes qui ont
touché très peu, en raison de l'importance de l'oeuvre. D'autres
ont touché plus mais, dans le cas des artistes qui touchent des montants
importants, dans tous les cas ils se sont fait assister pour la
réalisation de leur oeuvre. Il arrive très peu fréquemment
qu'un artiste, pour la réalisation d'une oeuvre qui est
incorporée dans l'immeuble, travaille seul.
M. Lefebvre: Le seul point d'interrogation que je posais
était sur le critère 2/3-1/3. Ce n'est pas par la valeur du
matériel, d'après moi, qu'on juge une oeuvre d'art.
M. de Bellefeuille: M. le Président, si j'ai bien compris
les observations qui ont été faites à la question du
député de Viau, en réalité, quand on parle du
coût du matériel, on inclut à ce chapitre le coût de
l'exécution?
M. O'Neill: Votre question m'embête, en
réalité, parce que je n'ai pas toutes les informations avec moi.
Ce que je constate c'est que, le tiers allant aux artistes eux-mêmes, il
est divisé entre tous les participants. Je vois, par exemple, ici des
cas. Je vais prendre le cas du montant le plus élevé:
Sûreté du Québec, à Québec, je ne sais pas
à quel immeuble on fait allusion. Toujours est-il qu'il s'agissait d'un
projet de construction de $13 400 000. Le 1% a donc rapporté $134 000.
$89 000 sont allés aux matériaux. $44 670 000 ont
été divisés entre trois artistes. C'est le cas pour lequel
le montant destiné aux artistes eux-mêmes est le plus
élevé. Le cas le moins élevé est de l'ordre de
$1160, et la moyenne, comme je l'ai indiqué, est de $5900 par
artistes-contrat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'élément 1 est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2: Conservation et diffusion des arts plastiques. M. le
ministre.
M. O'Neill: Dans le nouveau budget, la part du budget
consacrée au développement des musées d'Etat
s'accroît de 65%, donc le Musée du Québec et le
Musée d'art contemporain. Il faut également mentionner $850 000
affectés au programme "Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels"
pour amorcer la restauration de la vielle prison des Plaines qui sera
intégrée au Musée du Québec. Pour les musées
privés, vous savez qu'il existe 45 musées privés, 46 avec
le Musée des Beaux-Arts, c'est cela, qui sont répartis dans
à peu près toutes les régions du Québec. Les
crédits destinés à ces musées privés sont
augmentés de 52%. Maintenant, pour ce qui est de l'artisanat, on doit
noter des crédits additionnels de $200 000 avec la mise en pratique
d'une nouvelle politique d'incitation aux regroupements régionaux
d'artisans. Dans le même élément, il y a la création
de banques d'oeuvres d'art qui ont pour mandat d'acquérir et de faire
circuler les oeuvres qui seront exposées dans les édifices
publics et parapu-blics. $100 000 seront affectés à une banque
nationale et un montant identique servira à la constitution de banques
régionales. Ce sont les aspects principaux qui méritent
d'être soulignés dans cet élément.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je pense qu'il y avait un projet
dont vous avez hérité dans le livre vert, qui était celui
de la création d'une commission des musées. Est-ce que ce projet
a été mis de côté ou si vous prévoyez une
législation qui établirait cette commission des
musées?
M. O'Neill: II n'est pas mis de côté. On m'a
même parlé d'un projet qui est avancé. Nous espérons
être capables, on pourrait dire que nous avons la certitude, à
moins que les travaux de la session se déroulent trop lentement, de
pouvoir à la fois le présenter et le faire adopter dans la
première partie de la session.
Mme Lavoie-Roux: Dans le budget que vous venez de ventiler, si
j'ai bien compris, il y a 52% d'augmentation de subventions aux musées
privés. Vous l'exprimez, d'ailleurs, quelque part dans le document, dans
un de vos axes...
M. O'Neill: C'est cela exactement, c'est 52%. Vous avez cela au
programme 4.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. "La révision de notre
politique de développement des musées privés
entraînera un redressement significatif de l'aide financière
à ces organismes régionaux et locaux". Pouvez-vous nous dire
quelle est la part de ce montant qui va au Musée des Beaux-Arts?
M. O'Neill: Le Musée des Beaux-Arts a droit, d'une part,
à une subvention régulière qui est de $600 000 et on
prévoit également une réserve étant
donné que le Musée des Beaux-Arts a pris l'habitude de
déficits considérables de $900 000. Là, pour ce qui
est de la deuxième partie, il faut que nous attendions d'avoir plus de
détails sur les prévisions budgétaires du Musée des
Beaux-Arts.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce votre intention de nationaliser le
Musée des Beaux-Arts?
M. O'Neill: Je n'emploierais pas cette expression. Nous nous
demandons si le temps n'est pas venu d'élever le Musée des
Beaux-Arts à la dignité de musées d'Etat.
C'est-à-dire que c'est une dimension, d'une valeur, d'une qualité
telle et en même temps, si vous voulez, c'est un lieu, c'est une
institution qui profite tellement des subventions gouvernementales que nous
nous demandons si, au fond, il ne serait pas mieux de le considérer
comme cela, parce qu'il est de plus en plus... je dirais qu'il est en train de
revêtir de plus en plus ce statut.
Mme Lavoie-Roux: C'est une façon plus
élégante.
M. O'Neill: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...de dire qu'il deviendrait la
propriété de l'Etat.
M. O'Neill: Oui. Enfin, c'est une façon de mettre en
relief l'idée, au fond, qu'on lui accorde un statut meilleur, d'une
certaine manière.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, les autres montants qui sont
prévus vont être divisés entre quels musées
particulièrement. Pouvez-vous énumérer les principaux
musées au Québec?
M. O'Neill: Sur les 45?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que ce sont tous des musées
locaux ou s'il y a d'autres grands musées à part le Musée
des Beaux-Arts et le Musée d'art contemporain, évidemment?
M. O'Neill: Le Musée d'art contemporain, le Musée
de Québec, le Musée des Beaux-Arts, après cela, on arrive
dans une autre catégorie. Le Musée de Québec et le
Musée d'art contemporain, comme vous le savez, sont deux musées
d'Etat. En 1977/78, leur budget sera respectivement de $2 millions pour le
Musée du Québec et $1 million je fais des chiffres ronds
pour le Musée d'art contemporain. Ce sont les deux musées
d'Etat. Donc aux musées d'Etat va une somme légèrement
plus élevée que $3 millions. Pour les musées sans but
lucratif, ce qu'on appelle dans notre jargon, les musées privés
et les centres d'expositions, le montant prévu en 1977/78 est de $4 077
600 dont une grande part ira au Musée des Beaux-Arts, tous les autres
musées ayant des tailles relativement identiques.
Ces musées sont subventionnés en fonction d'une politique
très normalisée en vertu de laquelle ils reçoivent de
l'aide financière pour le personnel permanent du musée, ainsi
qu'une subvention qui est basée sur les superficies d'exposition de
l'institution.
Les musées sont divisés en un certain nombre de
catégories et ceux qui reçoivent la subvention la plus
élevée pour fins de fonctionnement peuvent recevoir une
subvention qui va chercher jusqu'à $83 000 par année. Les
musées qui peuvent atteindre ce montant sont les musées de
Gaspé, Chicoutimi, Joliette et Rimouski. Il y a toutes les autres
catégories de musées qui reçoivent, pour la
catégorie 2, $53 000, pour la catégorie 3, $41 000, pour la
catégorie 4, $24 000, pour la catégorie 5, $19 000, pour la
catégorie 6, $7500, et puis il y a les centres d'exposition qui peuvent
recevoir jusqu'à $45 000 ou jusqu'à $21 000, selon leur
catégorie.
Cette politique est très normalisée. Elle est en vigueur
depuis trois ans et, cette année, nous avons fait faire un bond
considérable aux montants mis à la disposition de ces
musées privés. En réalité, les subventions
destinées à ces musées font un bond de 55%.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je vois qu'il y a un beau
document. Est-ce qu'il s'agit d'un document de travail strictement
réservé à la régie interne ou s'il pourrait
être mis à la disposition des membres de la commission? Je pense
que cela nous familiariserait avec les musées qu'on connaît moins,
et aussi à la manière dont fonctionne ce financement des
musées.
Mon autre question...
M. O'Neill: Excusez-moi, Mme le député, il n'y a
rien de plus public. Il est disponible même pour ceux qui n'administrent
pas de musée.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez au devant de ma question en parlant
de ceux qui n'administrent pas de musée. Est-ce qu'il semble y avoir des
demandes plus considérables pour la création de musées
locaux ou si on est plutôt dans un état de stagnation dans ce
domaine?
M. O'Neill: II y a évidemment, à cause de
l'emballement et de la préoccupation nouvelle des
Québécois pour leur patrimoine, des projets nombreux de
création de nouveaux musées. Les projets que nous avons sur la
table viennent toutefois de groupes qui proposent la création de
musées thématiques couvrant des thèmes qui ne sont pas
couverts par le réseau actuel des musées. Ainsi, on a un projet
en vue de la création d'un musée de l'homme. A peu près
toutes les sociétés qui se respectent ont un musée de
l'homme, au sens générique du terme, bien sûr. Nous n'avons
pas de musée de l'homme.
Mme Lavoie-Roux: On va changer cela bientôt.
M. O'Neill: On pourrait peut-être appeler cela le
musée de la personne, enfin, je ne sais trop.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, vous aviez des hommes
à l'année.
M. O'Neill: Des hommes-année, oui.
M. de Bellefeuille: Les personnes-année.
Mme Lavoie-Roux: Cela devrait être les
personnes-année.
M. O'Neill: II y a donc un projet en ce sens. On a un projet en
vue de la création d'un musée de la science et de la technologie.
On a un autre projet, que vous connaissez sans doute bien, qui est un
musée d'histoire naturelle. Il y a d'autres projets comme le
musée de la chasse, le musée de la pêche, le musée
de la couleur, le musée de la lumière, le musée,
enfin...
M. de Bellefeuille: Le musée de l'humour.
M. O'Neill: Le musée de l'humour. Il y a des projets de
tous ordres.
Mme Lavoie-Roux: On le mettra à l'intérieur de
l'Assemblée nationale.
M. Le Moignan: Quel sorte d'humour? M. Alfred: De l'humour
noir.
M. Lavoie: C'est vrai qu'il y a un peu d'humour bleu aussi.
M. Alfred: Ce n'est pas drôle, M. le député
de Laval.
M. Le Moignan: M. le Président, pour revenir à
votre exposé, vous avez mentionné un budget d'environ $3 millions
pour les musées du Québec et d'art contemporain. Quel pourcentage
de ces sommes va au budget d'acquisition d'objets d'art?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, j'aimerais vous indiquer que la tradition
veut que l'Opposition officielle, par sa représentation ou son
représentant, puisse poser ses questions, à moins que ce soit une
question accessoire, sur le même sujet. Je pense que Mme le
député de L'Acadie n'avait pas fini de poser des questions
là-dessus.
M. Le Moignan: Je pourrai revenir après, j'en aurai
quelques-unes.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux vraiment pas vous faire de
difficultés, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Place aux femmes! Je reviendrai après.
M. O'Neill: Pour répondre brièvement, pour le
Musée de Québec, c'est $203 000, pour le Musée d'art
contemporain, c'est $200 000.
M. Le Moignan: Je reviendrai après. M. O'Neill: Je
voudrais peut-être... Mme Lavoie-Roux: Compléter, oui.
M. O'Neill: ...si vous me le permettez, Mme le
député de L'Acadie, compléter ma question en vous
disant... Ma réponse, plutôt. Non seulement je serais ministre, je
serais même député de l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait toujours considérer cela.
M. O'Neill: Face à ce nombre important de projets de
création de nouveaux musées, nous nous sommes donné comme
ligne de conduite non pas de rejeter l'idée de la création de
nouveaux musées, nous avons même réservé une
enveloppe qui nous permettrait de réaliser toutes les études
préparatoires à la création de nouveaux musées. On
ne crée pas un musée de l'homme en improvisant dans quelques
mètres carrés; la plupart du temps, les projets de musée
de cette importance sont planifiés au cours de cinq, six, sept ou huit
ans, c'est relativement complexe.
Donc, nous avons des sommes pour cela et nous ne voulons aucunement
écarter l'idée de créer de nouveaux musées. Pour
l'instant, nous croyons, dans l'état actuel du réseau de
musées et il faut les voir pour le comprendre et le croire
qu'il est préférable, pour l'Etat du Québec, de mobiliser
ses ressources à la modernisation du réseau actuel plutôt
qu'à la création de nouveaux musées, ce qui nous
condamnerait à saupoudrer, ici et là, et à maintenir des
institutions qui, dans bien des cas, ont plus l'air de bazars ou de magasins
d'antiquités que d'institutions muséologiques.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, il y avait aussi des projets de
création de musées, comme vous venez de le mentionner:
musées des sciences, de technologie, des sciences naturelles. Je ne sais
pas si c'est celui qui vient de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. C'est un vieux
sujet et les gens badinent: Les specimens sont à la veille
d'être mangés par les souris. Cela pourra faire un autre genre de
musée si on ne s'en occupe pas bientôt. Le Musée maritime
d'océanographie à Rimouski, de foresterie, d'agriculture, celui
des arts et traditions populaires, on en a parlé tout à l'heure
un peu. Dans le cas des autres, est-ce qu'il y a des projets de
réalisation à assez court terme ou si ce sont des projets
beaucoup plus lointains?
M. O'Neill: Je voudrais donner, avant qu'il ne continue la
réponse, une précision sur le Musée des sciences
naturelles à la Commission des écoles catholiques. Je voudrais
donner une précision parce qu'il y a eu un petit malentendu
là-dessus. Le projet même nous a été soumis et la
demande de subvention était considérable. On voulait une
réponse, si je me rappelle bien, en dedans de deux semaines. Ce qui leur
a été dit, c'est qu'on ne pouvait pas la leur donner en dedans de
deux semaines, mais qu'on prenait le projet au sérieux.
Nous avons appris qu'à partir de ce moment-là la CECM
avait plus ou moins décidé, apparemment, d'abandonner le projet
et de se désintéresser un peu des oeuvres qui étaient en
danger.
Je voudrais simplement souligner cela, je pense que les gens doivent
comprendre que, quand ils arrivent comme cela à la hâte, avec une
demande considérable, on ne puisse pas tout à coup bouleverser
tout le budget, puis dire: Oui, on répond à cela. Cela demande
quand même un certain nombre d'études. Nous autres, actuellement,
trouverions regrettable que ce soit comme cela mis de côté en
disant qu'il n'y a rien à faire et en disant que, étant
donné que la Commission des écoles catholiques de Montréal
n'a pas les ressources nécessaires, on doit se résigner à
perdre ce qui est entreposé là.
Pour notre part, nous aimerions que ce soit repris.
Mme Lavoie-Roux: Pour...
M. O'Neill: Une étude un peu plus approfondie.
Mme Lavoie-Roux: Pour que le ministre ne s'inquiète pas
davantage, je dois dire que, si la CECM a pris cette décision, c'est
parce que le projet est à l'étude depuis je dirais des
années. Il est passé par le Conseil scolaire de l'île, qui
est probablement celui qui vous a adressé la demande davantage que la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Il y a des
démarches qui ont été faites dans le temps auprès
du gouvernement du Canada et le ministère de l'Education. Cela
m'étonne tout de même que ce soit la première fois que le
ministère des Affaires culturelles en soit touché, mais peu
importe, je pense que les détails n'ont peut-être pas tellement
d'importance. Je suis heureuse de voir que cela demeure une
préoccupation pour vous. Même si elle ne se réalise pas
dans le mois qui vient, il reste qu'il y a des spécimens très
intéressants qui proviennent du
Musée de sciences naturelles des sourds-muets, le Mont
Saint-Louis, je pense, enfin deux ou trois maisons d'enseignement
privées qui les ont légués à la Commission des
écoles catholiques de Montréal, qui malheureusement n'a jamais eu
les budgets pour réaliser ce musée. Ce serait dommage que tout
ceci soit vraiment perdu. Est-ce que c'est vraiment un budget trop
considérable? Et à un peu plus long terme que
l'échéancier de deux semaines qu'on vous a soumis, peut-on
espérer que, pas nécessairement la Commission des écoles
catholiques de Montréal, mais que le milieu montréalais puisse
avoir un jour ce musée de sciences naturelles?
M. O'Neill: Moi, ce que j'aimerais, c'est qu'à
défaut de pouvoir trouver dans l'immédiat ce que j'appellerais la
solution idéale on accepte au moins d'envisager des solutions
peut-être imparfaites ou partielles, mais qui permettent au moins de
sauver ce qu'il y a là, pour se donner un peu de temps au lieu de
prendre comme décision de dire: C'est fini, c'est perdu puisqu'on n'a
pas les ressources. C'est quand même une partie importante du patrimoine.
Alors je comprends un petit peu la réaction de gens qui disent: Ecoutez,
on a un problème grave, sérieux, vous devez nous aider. J'aurais
aimé aussi qu'on comprenne, surtout quand on arrive à des
montants de cette ampleur, qu'on ne puisse pas demander à une
administration d'essayer de trouver la solution-miracle en dedans de deux
semaines.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux reposer la question. Est-ce
que c'est vraiment la première fois que le ministère des Affaires
culturelles entend parler de ce projet de musée?
M. O'Neill: C'est la première fois que j'en entends parler
moi. Je ne sais pas l'histoire ancienne là-dessus, là vraiment je
ne la connais pas.
Je crois, si ma mémoire est fidèle, que ce projet a
été porté à notre connaissance pour la
première fois il y a environ huit mois, mais certainement pas plus que
cela.
Si vous me le permettez, je voudrais, en réponse à une
question que vous avez posée tout à l'heure, à savoir s'il
y aurait création de nouveaux musées cette année, dire:
Non, il n'y aura pas création de nouveaux musées. Toutefois,
pendant la Semaine du patrimoine, le ministre des Affaires culturelles aura le
grand plaisir je me permets de le signaler ici parce qu'il y a des
intéressés d'inaugurer le Musée d'histoire et de
tradition populaire de la Gaspésie, qui est localisé dans la
circonscription de Gaspé et qui a été construit avec une
aide financière du ministère des Affaires culturelles. Je suis
content de signaler cela pour que les gens soient bien conscients que nous ne
pensons pas seulement à la région de l'Outaouais.
Mme Lavoie-Roux: Cela me rassure.
M. Le Moignan: Est-ce que je pourrais dire un petit mot à
ce stade-ci?
M. Alfred: La région de l'Outaouais a vingt ans de
rattrapage à faire.
Mme Lavoie-Roux: Elle est cernée par des envahisseurs.
M. Le Moignan: Des envahisseurs étrangers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'on a discuté de ce sujet tout à l'heure, M. le
député de Papineau.
M. Le Moignan: Vous me donnez la parole, Mme le
député?
Mme Lavoie-Roux: II me reste, pour le moment, une autre question.
Je voudrais quand même savoir quelle est la philosophie du
ministère des Affaires culturelles vis-à-vis le
développement des musées futurs. J'imagine que l'on ne pense
sûrement pas à la création des musées aujourd'hui de
la même façon qu'on y pensait autrefois, dans le sens que le
musée soit une institution beaucoup plus active, un endroit où il
se fait beaucoup plus d'animation. Si on pense encore au musée
traditionnel, il est toujours au même endroit. Si les gens ne se
déplacent pas, il est peu ou pas utilisé. Est-ce qu'on pense
à des nouvelles formules pour que les musées je me demande
si même on ne devrait pas songer a changer le nom aussi deviennent
un instrument de culture beaucoup plus intéressant, approprié
à la mentalité et aux besoins d'aujourd'hui?
M. O'Neill: On pourrait d'abord dire des musées ce qui a
été dit des bibliothèques. Elles aussi ne doivent pas
être des sortes d'endroits poussiéreux et amorphes où les
gens vont à l'occasion emprunter des livres, mais des endroits où
il se fait de l'animation culturelle et de l'éducation. Ceci n'est pas
une innovation. Il y a déjà des choses qui se font en ce sens. Si
je compare cela à ce que j'ai vu dans d'autres pays, nous avons du
chemin à faire en vue de l'utilisation du musée, par exemple,
comme instrument pédagogique. Cela est une chose importante. Il y a
aussi, évidemment, une activité qui vient compléter le
travail des musées, c'est celle des expositions itinérantes, qui
permet à des gens qui vivent dans des endroits assez
éloignés de profiter d'oeuvres d'art qu'autrement ils n'auraient
jamais la chance de voir et d'apprécier.
Il y a également une formule intéressante, celle des
galeries, la formule des centres d'exposition.
Il y en a une, entre autres, à titre d'exemple, celle qui est
reliée à un centre socio-culturel à Trois-Rivières.
Si je me rappelle bien, cela s'appelle le centre Pierre-Boucher.
Une Voix: La galerie du Parc.
M. O'Neill: La galerie du Parc. Il y a quand même un
musée qui s'appelle Pierre-Boucher, à Trois-Rivières.
C'est en souvenir de l'un des ancêtres du sous-ministre actuel. Mais
à côté de cela, il y a ce centre d'exposition. Vous avez
des gens qui se rendent à ce centre socio-culturel et qui peuvent
profiter d'une salle réservée pour des expositions. On a souvent
eu l'occasion de la visiter. C'est intéressant de voir comment les gens
se rendent le soir à ce centre pour certaines activités sportives
et, à un moment donné, laissent les activités sportives
pour passer du côté de la salle d'exposition, rencontrent
l'artiste qui est présent il était là quand nous y
sommes allés peuvent parler avec lui, admirer les oeuvres qui
sont là. Ils y a des formules comme cela qu'il faudrait
développer.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure avez-vous
développé les expositions itinérantes ou pensez-vous les
développer? Est-ce à ce moment-ci sur une petite
échelle?
M. O'Neill: On pourrait peut-être dire cela en termes de
budget, ce serait une façon de parler. Nous avons fait un effort
considérable, au cours des dernières années, pour faire
circuler les collections des musées d'Etat, du Musée du
Québec et du Musée d'art contemporain. Je ne me souviens pas
exactement des chiffres, mais en 1976-1977 chacun des deux musées d'Etat
a organisé cinq expositions itinérantes qui ont circulé
dans les centres d'exposition, dans les centres culturels et dans les petits
musées régionaux. Les petits musées régionaux ont
un appétit non pas démesuré, mais vorace à
l'égard de ces expositions itinérantes. C'est tout à fait
normal parce que s'ils ne profitent pas de telles expositions, ils sont en
quelque sorte condamnés à se limiter à leurs propres
collections et à toujours montrer à la population
régionale ou à la population locale les mêmes collections,
les mêmes pièces d'oeuvres d'art. La différence, c'est que
si un musée présente toujours les mêmes collections dans
une localité, un citoyen peut y aller trois ou quatre fois dans sa
vie.
S'il présente, à chaque mois, des expositions
itinérantes, les citoyens peuvent y aller trois ou quatre fois par
année, et la différence est là, je crois. Il est
absolument essentiel que les musées réservent une partie de leurs
espaces pour présenter des expositions itinérantes, pour
présenter aussi les oeuvres d'artistes contemporains, locaux,
régionaux, de telle sorte qu'effectivement les musées deviennent
des centres d'animation culturels, des centres d'éducation aussi
à ce que sont les arts plastiques, l'histoire régionale, les
traditions populaires, enfin, tous les thèmes qui sont exploités
par les musées.
Je n'ai toujours pas les chiffres sous les yeux. Cette année, je
me rappelle que nous faisons faire un bond considérable au nombre
d'expositions que nous allons organiser avec les musées privés.
Il est effectivement prévu que nous serons en mesure de présenter
très prochainement aux musées une liste de 20 expositions
itinérantes auxquelles ils pourront s'inscrire pour les 18 prochains
mois et qui proviendront des musées d'Etat.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pouvez nous dire les
régions dans lesquelles vous êtes allés cette année,
pour vos expositions itinérantes?
M. O'Neill: Je ne me souviens pas, de mémoire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'en fait cela demeure encore des
centres relativement grands où vous pouvez faire ces expositions, comme
aux Trois-Rivières, à Sherbrooke, à Chicoutimi, ou si vous
pouvez aller dans les plus petites localités?
M. O'Neill: Nous allons effectivement dans de plus petites
localités. Cette année, j'ai sous les yeux les expositions qui
ont été organisées par le Musée du Québec.
Il y en a eu six qui portaient comme thèmes: la cordonnerie
traditionnelle (circulation québécoise seulement); la
courtepointe québécoise (circulation québécoise
seulement); l'orfèvrerie du Québec (circulation
québécoise seulement); la photographie contemporaine (deux
expositions, circulation québécoise) et pour circulation au
Québec et à l'extérieur, une exposition des oeuvres de
Suzanne Guité. Ces expositions ont été organisées
dans les endroits suivants. Je vais vous indiquer les endroits sans
référence aux expositions, parce que je n'y parviendrais pas:
Centre culturel de Val-d'Or, Galerie d'art du CEGEP de Matane,
Musée des Iles à Havre-Aubert, aux Iles-de-la-Madeleine,
Musée d'archéologie de l'Est du Québec,
Bibliothèque centrale de prêts du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Hall
des Hautes Etudes commerciales à Montréal, Maison Papineau
à Laval, Centre d'art de Boucherville, Musée historique de
Vaudreuil, c'est assez varié.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question concernant les
musées. Est-ce que le ministère des Affaires culturelles
prévoit une politique visant à encourager les legs privés
à différents musées?
M. O'Neill: Non seulement les legs privés, mais aussi
encourager les dons, suivant leur nature. Vous pensez aux dons d'oeuvres d'art,
quelque chose comme cela? Oui. D'ailleurs, c'est déjà en
pratique, c'est déjà en vigueur. Il y a des reconnaissances pour
dons qui sont faits; on en a signé plusieurs cette année, des
accusés de réception pour le Musée d'art contemporain, le
Musée des Beaux-Arts. Ce serait précisément un avantage
d'une commission des musées pourvue d'un fonds de dotation et apte
à recevoir ces dons et pouvoir ainsi augmenter les ressources des
musées.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment, vous prévoyez une
compensation de la part du ministère du Revenu?
M. O'Neill: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela se pratique actuellement?
M. O'Neill: Cela se pratique partiellement et strictement
à l'égard des musées d'Etat. Les musées d'Etat sont
considérés, pour l'instant, comme des oeuvres de charité
et, en conséquence, les donateurs peuvent toucher une bonification
d'impôt, si cette appellation est juste, dans le cas des dons aux
musées d'Etat. Les perspectives d'élargissement d'une telle
politique seraient que les musées d'Etat seraient
considérés, pour employer le jargon du droit administratif
québécois, les mandataires du gouvernement. Ainsi, les donateurs
pourraient déduire jusqu'à 100% de leur donation aux
musées d'Etat. Les musées privés qui, actuellement, ne
sont pas couverts par une telle politique fiscale, seraient, eux, des oeuvres
de charité et les donateurs pourraient déduire, jusqu'à
20% de leurs revenus, les dons en argent faits aux musées.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous...
M. O'Neill: Excusez-moi. Il est prévu aussi des
modifications à la Loi sur les droits de succession, de telle sorte que
les droits de succession puissent être compensés par des dons
à des musées.
Mme Lavoie-Roux: Mais toujours seulement pour les musées
d'Etat?
M. O'Neill: Ce serait dans le cas des musées d'Etat.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, quand on regarde les legs qui ont
été faits est-ce qu'il s'en fait encore? c'est une autre
question au Musée des Beaux-Arts de Montréal, qui ont
été des legs extrêmement intéressants, les donateurs
peuvent-ils se prévaloir de cette mesure?
M. O'Neill: Actuellement, je crois, je ne mettrais pas ma main
dans le feu, qu'ils n'en profitent qu'en vertu de la Loi sur l'impôt
fédéral, mais pas de la Loi sur les impôts du
Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II est
onze heures, les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 2)