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Etude des crédits du ministère des
Communications
(Dix heures trente et une minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
voudrais m'excuser de mon retard parce que je suis parti de Jonquière
tôt ce matin, à 8 h 30, et...
Les membres de la commission pour aujourd'hui seront M. Alfred
(Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Burns
(Maisonneuve); M. Chevrette (Joliette-Montcalm) remplacé par M.
Ouellette (Beauce-Nord); M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Goldbloom remplacé
par M. Lavoie (Laval); M. Guay (Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin
(Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marchand (Laurier), M. Morin (Sauvé), M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Madame, messieurs, lorsque la commission des communications a
ajourné ses travaux mercredi dernier, le président de la
commission, après avoir délibéré, avait
déclaré recevable une motion du député de Vanier;
une motion d'ajournement avait été présentée par la
suite par le député de Mont-Royal et la commission avait
ajourné ses travaux jusqu'à ce matin 10 heures, suite à un
ordre de la Chambre.
Je cède maintenant la parole au député de
Vanier.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. Le
député de Laval.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas revenir sur votre décision.
Vous êtes au courant qu'il y a eu des pourparlers à la suite de la
décision que vous avez rendue mercredi dernier, soit sous forme de
directive ou avec consentement unanime de la commission, j'aurais de
très brèves remarques à faire sur la motion
elle-même.
M. Burns: Je pense que la décision a été
rendue. Il faut s'y plier. La décision est que la motion est
recevable.
M. Lavoie: Bon! Vous êtes au courant...
M. Burns: Je présume que si vous avez des remarques
à faire, cela serait sur le fond; or, comme le député de
Vanier est proposeur de cette motion, cela m'apparaîtrait normal qu'il
fasse les remarques qu'il a à faire et que vous lui répondiez par
la suite.
M. Lavoie: Bon! Sans revenir encore une fois sur votre
décision pour les décisions d'un président
mais à cause du précédent que cela crée, vous
êtes au courant que j'avais fait une proposi- tion même vendredi
dernier au président sur cette motion, à cause du
précédent qu'elle établit, suggérant au
président de l'Assemblée de vous proposer de mettre cette motion
sur une voie d'évitement, de la suspendre, pour qu'elle soit
débattue à la fin de l'étude des crédits, parce que
le mandat de notre commission est actuellement d'étudier les
crédits du ministère des Communications, c'est le mandat premier
de cette commission. Sans insister davantage, nous voyons d'un très
mauvais oeil qu'il y ait une motion de fond. Cette proposition serait-elle
acceptable au proposeur de cette motion pour qu'on respecte le mandat qui a
été donné à l'assemblée, pour continuer
d'étudier les crédits, quitte à continuer nos pourparlers
et, s'il y a lieu, cette motion sera discutée soit par vous, mais elle
ne sera pas discutée par nous, vous pouvez être assuré de
cela, même à la fin des crédits?
Mais je voudrais qu'on respecte la décision de
l'Assemblée, qui a été de confier un mandat à la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications pour étudier les crédits du ministère.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de Vanier peut accepter votre proposition, s'il le
veut, comme il peut également exiger qu'elle soit débattue
immédiatement. Je laisse la parole au député de
Vanier.
M. Bertrand: Faisant, je pense, la démonstration du sens
que j'ai voulu donner à cette motion, M. le député de
Laval, qui n'était pas un moyen que les députés
ministériels voulaient se donner pour empêcher l'Opposition
d'étudier les crédits comme c'est leur droit et comme c'est le
droit de chaque député, dans le cadre de cette commission
parlementaire, et ayant tenu pour acquis que le débat avait eu lieu sur
les principes sous-jacents à la motion et qu'il ne s'agissait plus
maintenant que de prendre un vote pour conclure ces débats, les gens de
ce côté-ci de la table, d'ailleurs, n'avaient pas l'intention
d'engager un débat sur la motion, puisque le débat avait
été fait, on était prêt à voter tout de
suite.
Dans cet esprit, ce n'est pas nous qui avions l'intention
d'empêcher d'étudier les crédits du ministère des
Communications. Voulant, en cela, démontrer l'esprit avec lequel nous
l'avons présentée, je souscris tout à fait à votre
proposition qui est de poursuivre l'étude des crédits et de
pouvoir tout de même, dans le cadre de l'étude des crédits
du ministère des Communications, à la fin, voter sur cette
motion, en l'absence de débat, ou il pourrait s'avérer qu'on
n'aurait plus le temps nécessaire pour entreprendre un débat,
étant donné les limites de temps que doit s'imposer cette
commission, ou amorcer un débat, si jamais il nous restait le temps
suffisant pour amorcer ce débat.
Mais, encore une fois, nous avions l'impression qu'après trois
heures de discussions sur les
relations fédérales-provinciales, dans le secteur des
communications, le temps était venu, tous ensemble, étant
réunis autour d'une option fondamentale dans ce secteur particulier,
qu'il était peut-être temps qu'on prenne une décision comme
commission parlementaire.
Je suis donc prêt à souscrire à votre proposition.
Mais en cela, je ne veux pas qu'il soit question ou que vous perceviez quelque
intention que ce soit de la part du député de Vanier de retirer
sa motion. Il est bien clair qu'elle est maintenue, il est bien clair qu'elle
sera votée, en l'absence de discussion ou avec discussion, si jamais il
nous restait le temps suffisant pour le faire, mais il est bien clair que cette
motion est maintenue.
M. Lavoie: M. le Président, je remercie le
député de Vanier. En ce qui nous concerne, nous allons
étudier les crédits du ministère des Communications et
nous nous refuserons à discuter de cette motion, même à la
fin, en commission. Nous nous refuserons à participer au vote. Loin de
nous l'idée de débattre, en temps opportun, une telle motion.
Nous insistons pour dire que ce n'est pas l'endroit, ici, en commission. Nous
suggérons au député de Vanier de l'inscrire au feuilleton
pour qu'elle devienne une motion de fond annoncée; elle sera
débattue un mercredi et c'est l'endroit unique pour discuter de telles
motions de fond, d'après nos prétentions.
M. Bertrand: M. le Président...
M. Lavoie: De toute façon, nous acceptons, mais nous nous
refuserons à la discuter et à la voter en commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je suis choqué par
l'attitude du député de Laval. Je trouve qu'elle n'est pas
parlementaire.
M. Lavoie: Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous.
D'accord?
M. Bertrand: Et pas de paternalisme non plus, de l'autre
côté.
M. Lavoie: Apprenez votre métier avant.
M. Bertrand: C'est cela. On est en train de l'apprendre en le
faisant.
M. Lavoie: Oui.
M. Bertrand: Je trouve que vous aviez suggéré de
faire un geste positif et j'avais signifié, je pense, que, dans cet
esprit de votre proposition, nous étions prêts à
collaborer. Mais si c'était le sens de votre proposition que de nous
empêcher d'en discuter, que de nous empêcher de voter...
M. Lavoie: Nous, nous avons le droit de nous abstenir d'en
discuter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Vanier.
M. Bertrand: Vous allez tout à fait à l'encontre de
la décision rendue par le président qui avait jugé cette
motion recevable et qui, donc, par le fait même, permettait la discussion
de la motion et permettait un vote sur la motion. Votre façon
d'interpréter...
M. Lavoie: M. le Président, il m'a mal compris, je
crois.
M. Bertrand: M. le Président, permettez-moi de
terminer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au député de Vanier; quand il aura
terminé...
M. Lavoie: D'accord.
M. Bertrand: Et votre façon d'interpréter le geste
positif que nous posons, à savoir que nous sommes prêts à
étudier les crédits, votre façon de l'interpréter,
comme vous venez de le faire, dans vos dernières paroles,
équivaut, à toutes fins pratiques, à nier les intentions
que vous aviez manifestées lorsque vous m'aviez fait votre
proposition.
A ce moment-là, je me sentirais presque le bienvenu de retirer la
proposition que je vous ai faite, parce que vous n'allez pas du tout dans le
même esprit que celui dont j'avais fait la preuve ici.
M. Lavoie: ...M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Lavoie: Lequel?
M. O'Neill: M. le Président...
M. Lavoie: II y en a trois.
Mme Lavoie-Roux: On est comblé.
M. O'Neill: J'approuve, d'une façon, le choix que vient de
faire le député de Vanier, mais je regrette la façon dont
ce choix vient d'être reçu.
Je le regrette parce que, dans tout ce débat,
premièrement, c'est l'Opposition officielle qui a provoqué cette
motion en faisant porter le débat exactement tout le temps sur ce
problème comme si cette opposition était ici, non pas pour
étudier les crédits, mais pour défendre le gouvernement
d'Ottawa; c'est à peu près toujours ce qui s'est fait depuis le
début. On n'étudie pas les crédits, on est ici, on dirait,
comme des porte-parole de Mme Sauvé.
Des Voix: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laval, sur une question de règlement.
M. Lavoie: Je crois que vous ne pouvez pas, si on ne veut pas
aborder le fond de la question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quel
article invoquez-vous?
M. Lavoie: II n'y a pas de question d'article, c'est une question
de règlement...
Une Voix: Article 96.
M. Lavoie: ...lorsqu'on parle du règlement, on ne parle
pas de la motion de fond elle-même, autrement, on discute de la motion de
fond actuellement.
M. Burns: C'est ça, on va en discuter.
M. O'Neill: On va en discuter alors. Vous voulez qu'on en
discute, on va en discuter.
M. Lavoie: Est-ce que c'est du chantage enfantin de votre
part?
M. O'Neill: Vous avez peur d'en discuter? M. Burns: Non,
non.
M. O'Neill: Succursale d'un gouvernement étranger.
M. Lavoie: J'aurais un mot à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu auparavant le député de Gaspé, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laval, sur une question de règlement.
M. Lavoie: Question de règlement. Je ne voudrais pas
être mal interprété, je ne reviens pas, vous avez
accepté la motion, le président a accepté qu'elle soit
débattue en commission, d'abord, nous ne revenons pas et nous ne nous
refusons pas à ça, mais nous-mêmes, nous nous refusons d'en
discuter. Vous pouvez en discuter seuls, si on s'abstient, et vous pourrez
voter seuls, si on s'abstient. Et c'est tout.
M. Burns: Bon! On va voter.
M. Bertrand: On va voter tout de suite, aussi bien régler
ça tout de suite.
M. Lavoie: Si vous voulez en finir, on n'est pas pour perdre
notre temps, avez-vous fini d'en débattre?
M. Burns: Oui, oui.
M. Lavoie: Appelez le vote, M. le Président.
M. Le Moignan: Je voudrais dire un petit mot. M. Lavoie:
Excusez-moi, le député de Gaspé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé, s'il vous plaît.
M. Le Moignan: C'est qu'au moment où le
député de Vanier a déposé sa motion, j'avais
demandé la parole et, évidemment, le député
était déjà là et ensuite, on a interrompu la
séance. Le ministre avait posé une question la veille. Je
voudrais rattacher tout cela et ensuite donner mon opinion personnelle. Quand
le député de Vanier a lu sa motion, il s'inspire très
profondément du programme de l'Union Nationale. Je ne dis pas qu'il l'a
copié mot à mot, mais il a trouvé là de très
belles choses. Je suis content qu'il ait attiré l'attention de la
commission. Je voudrais simplement vous lire cet article de notre programme.
"C'est le temps de reconnaître que les Etats membres de la
fédération canadienne sont les seuls responsables sur leur
territoire pour établir les priorités et administrer les
programmes en matière d'immigration, de développement
économique régional et de communications".
Je pense que la motion s'inspire très largement de notre
programme, vous l'aviez peut-être déjà à votre
programme. Donc, je souscris 100% aux belles idées qu'il y a là.
Mais, la veille, avant la suspension, le ministre nous avait posé une
question et je voulais lui répondre justement le lendemain matin. Il
nous avait dit, connaissant le passé nationaliste et autonomiste de
l'Union Nationale: Je pourrais revendiquer la position de notre gouvernement
si, de concert avec les libéraux et l'Union Nationale, nous faisons un
bloc unanime pour faire des pressions auprès d'Ottawa et ça
pourrait peut-être débloquer quelque chose. Je crois bien
interpréter votre pensée, M. le ministre.
Le lendemain matin, le ministre a consacré peut-être vingt
minutes à nous dire que, depuis six ans, il y eut de nombreuses
conférences fédérales-provinciales, interprovinciales et
que ça n'a jamais réussi, qu'il n'y a jamais eu
d'unanimité. Je vois mal le lien entre ce qu'il nous a dit le lendemain
matin et la question qu'il nous a posée la veille. Est-ce que le
ministre nous tendait un piège en voulant dire que si nous sommes
unanimes, nous, ici, le gouvernement, c'est-à-dire tous les partis
réunis... est-ce que le ministre, à ce moment-là, serait
prêt à engager des négociations, à retourner
à une table fédérale-provinciale, étant
donné qu'il aurait l'appui, l'unanimité de tous les partis ici
à l'Assemblée nationale de Québec? Si nous faisions un
front commun sur toutes ces choses, je crois que c'est le désir unanime
des Québécois de rapatrier, dans ce domaine des communications,
ce qui nous appartient. Je crois que c'est là où je jugerais de
la bonne volonté du ministre.
Je serais même prêt, plus tard, sur cette motion de fond,
à vous donner mon opinion, plus personnelle encore, si le ministre
répond à cette question, nous dit qu'il est prêt à
engager des
pourparlers, et si le consentement unanime de l'Assemblée
nationale donne du poids à ses revendications, à ce moment je
suis prêt à embarquer.
M. le ministre, je ne vois pas la relation entre votre question de la
veille et votre attitude du lendemain matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Je peux répondre? Je voudrais répondre
au député de Gaspé que nous sommes prêts, même
sans cela, quoique cela renforcerait la position du gouvernement du
Québec... Nous n'avons jamais refusé de négocier et je
vous avoue que c'est une évaluation que je ne partage pas dans le
moment, lorsqu'on essaie de donner l'impression que ce serait le gouvernement
d'Ottawa qui fait preuve de largesse et que nous, nous refuserions de
négocier. Les négociations inutiles, les impasses, les
culs-de-sac, les pièges, nous n'en voulons pas. Ce qui est très
très différent. Ottawa empiète, conquiert le territoire et
parle ensuite d'ententes et de négociations. Donc, même sans ce
consensus, qui serait évidemment très logique, nous sommes
très surpris qu'on ait l'air de refuser. Même sans ce consensus,
nous avons essayé de nouvelles façons d'aborder le
problème. Mais il est certain qu'une position unanime du gouvernement du
Québec sur cette question, une position unanime de tous les partis,
rendrait la position officielle plus forte et forcerait peut-être madame
Sauvé à négocier vraiment, preuve de bonne volonté
qu'elle pourrait donner, dans le moment en retirant son projet de loi C-43, qui
est non seulement à l'opposé des intérêts du
Québec, mais à l'opposé des intérêts de ceux
des citoyens qui sont visés dans l'expression de leur liberté
démocratique par ce projet de loi.
M. Le Moignan: Mais, M. le ministre, êtes-vous prêt,
si nous avions cette unanimité, à approcher Mme Sauvé et
lui dire: Voici, nous allons, pas nécessairement vous poser des
conditions, mais on veut récupérer et non seulement des
désirs, on voudrait que le fédéral se prononce et nous
donne immédiatement ce que nous lui demandons. Ce serait une
première attitude, car il y a d'autres ministères qui auront
à négocier aussi.
M. O'Neill: M. le Président, je le ferais sûrement
avec grand plaisir dans des conditions semblables. Je me sentirais tellement
bien appuyé. J'aurais le sentiment de représenter non pas
seulement l'opinion d'un parti, mais vraiment de l'ensemble de la population du
Québec. Je le ferais avec grand plaisir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement sur l'article 96 pour rétablir certains
faits. Le ministre a semblé porter une accusation à savoir que
nous sommes ici pour défendre le gouvernement fédéral. Je
crois que si vous procédez attentivement, et même, c'est
certainement clair, si on relit le journal des Débats, nous avons dit
clairement que nous ne sommes pas ici pour défendre le gouvernement
fédéral et même que notre position n'est pas celle du
gouvernement fédéral. Je ne veux pas entrer dans le fond, mais je
voulais seulement rétablir ce fait après l'accusation que vous
avez portée. Je ne fais pas cela pour entrer dans le débat du
vote ou non, c'est seulement pour rétablir les faits sur les accusations
que vous avez portées.
M. Guay: Qu'est-ce qui vous empêche de voter en faveur,
à ce moment-là.
M. Lavoie: A cause du président... C'est aussi simple que
cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Ecoutez, le respect des règles
parlementaires...
M. Lavoie: C'est une question que le député de
Taschereau m'a posée.
M. Ciaccia: Si vous voulez que je vous réponde...
M. Lavoie: C'est uniquement pour cette raison.
M. Ciaccia: Je pourrais vous répondre, M. le
député...
M. Lavoie: C'est à cause du précédent que
cela crée.
M. Guay: Je vais mettre en cause la décision du
président à ce moment-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Madame et messieurs.
M. Lavoie: Je n'accepte pas la décision du
président, que voulez-vous! Je nesuis pas obligé d'accepter. Je
la respecte, mais je ne l'accepte pas. C'est clair.
Débat sur la motion invitant
le gouvernement fédéral à retirer
le projet de loi C-43
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bon! M.
le député de Laval, je vous comprends de la respecter, de ne pas
la comprendre. Bon! L'article 160 donne à chaque député un
droit de parole de 20 minutes. Je comprends que la motion avait
été remise à la fin, je comprends que maintenant les gens
veulent parler ou voter immédiatement sur la motion. J'avertis les
membres de cette commission que l'article 160 donne à chaque
député un droit de parole de 20 minutes sur la motion et c'est de
mon devoir de demander aux
membres de la commission qui veulent intervenir de bien vouloir le
faire, s'il vous plaît, s'ils veulent le faire.
M. Burns: Alors, la motion est en délibération
actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est en discussion et je demande aux députés qui veulent
parler sur l'article 160, en raison de l'article 160 sur la motion, de parler.
Si aucun député ne manifeste l'intention de parler, je devrai, en
vertu de l'article 143, demander le vote. Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, sur cette motion...
L'Opposition officielle se retire
M. Lavoie: Excusez-moi, monsieur. En ce qui nous concerne, nous
allons respecter le mandat de l'Assemblée. Lorsque vous aurez fini d'en
discuter et lorsque vous aurez vidé cette question, nous reviendrons
étudier les crédits. Actuellement, nous n'accepterons pas ce
débat. Dès que vous serez revenus à l'étude des
crédits, on reviendra étudier les crédits du
ministère des Communications. Personnellement...
M. Bertrand: Vous voulez nous empêcher de soutenir votre
action pendant six ans.
Mme Lavoie-Roux: C'est trop facile à dire, M. le
ministre.
M. Lavoie: On n'acceptera pas ce précédent,
jamais.
M. O'Neill: C'est facile à constater.
M. Lavoie: C'est une motion dilatoire pour nous empêcher
d'étudier les crédits.
M. Bertrand: Absolument pas. Votez, votez.
M. Burns: Votez, cela va passer vite, vous allez voir. On va vous
écouter, nous autres et le député de Gaspé.
M. Bertrand: J'ai l'impression que, pour une fois, c'est vraiment
la nation québécoise qui est représentée.
M. Le Moignan: J'ai l'impression que je suis une solitude, quand
le député a parlé de moi. Excusez.
M. Bertrand: On est avec vous, M. le député de
Gaspé.
M. Burns: On se rend compte, effectivement, qu'on a la
véritable opposition.
M. Le Moignan: Ne commencez pas à m'encenser... Je n'ai
pas encore traversé...
M. Bertrand: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander peut-être au député de Gaspé de s'en aller
jusqu'au bout de la table et de prendre peut-être la place qui lui
revient.
Une Voix: Cela va venir plus vite qu'il ne pense.
M. Le Moignan: Etant donné qu'il y a plusieurs place
vides, je parle au nom de l'Union Nationale et je n'ai aucune expérience
parlementaire. Je pensais ce matin que c'étaient à peu
près les mêmes règles que pour la Chambre. Je peux me
tromper, mais on m'a dit qu'il n'était pas question de
précédent. Ma position est très simple. Je n'ai aucun
discours à faire, comme je vous l'ai indiqué. Vous avez
deviné un peu le fond de ma pensée. Quand le député
de Vanier a proposé sa motion, elle allait exactement dans le sens de ce
que nous avions proposé à la population. Je ne vois pas pourquoi
je ferais un long discours pour vous dire ma position affirmative. Je voterai
donc avec le gouvernement, non pas avec regret, mais convaincu toujours que le
ministre fera des efforts et que ce ne sera pas un simple petit vote qui
déçoit peut-être nos amis libéraux, mais qui va
hâter l'étude des crédits du ministère des
Communications et qui, en même temps aussi, je crois, va aider la
province de Québec à obtenir avec le temps beaucoup plus
d'autonomie. C'est tout ce que j'ai à dire, simplement pour dire que je
vote avec le gouvernement en ce moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je n'aurai qu'une
brève intervention, parce que c'est vrai qu'en un sens, c'est un genre
de motion qui ne devrait pas provoquer de débat. Cela devrait aller de
soi. C'est une chose qu'on aurait dû régler finalement dans une
minute. Cela permet, d'autre part, toutes ces divergences d'opinion, de voir un
petit peu un des malaises qui règnent au Québec,
c'est-à-dire qu'il y a des gens qui, devant des problèmes comme
cela, réagissent spontanément comme Québécois, et
d'autres qui ne le font pas. C'est un peu cela qui est regrettable. On demeure
aussi parfois perplexe, ici, devant les motifs réels qui peuvent
inspirer un refus de discuter une motion comme celle-là. Je la
conçois donc comme une motion qui, de soi, devrait recevoir un appui
unanime. Pour moi, le problème est très clair. C'est un geste
qui, en même temps, pourrait justement nous aider dans les
négociations dont on parle tant, c'est-à-dire que, d'une part, on
semble nous reprocher de ne pas vouloir négocier, et, d'autre part, on
vient de perdre une belle occasion de nous donner un bon argument, de nous
mettre en position de force pour ce genre de négociation qu'on
prétend souhaiter. Je pense qu'étant donné l'importance
des communications, le rapport très étroit entre la culture et
les communications, les problèmes qu'affronte le Québec en
matière culturelle, une motion comme celle-là est bienvenue. Je
souhaite évidemment qu'elle soit adoptée par tous
les membres ici présents de cette Assemblée. Je me
réjouis beaucoup de l'attitude de l'Union Nationale en cette
matière. J'ai le sentiment qu'elle est retournée à ses
sources et qu'elle se manifeste comme un parti vraiment
québécois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais me joindre aux
propos du ministre des Communications et des Affaires culturelles pour dire
à quel point, quand j'ai présenté cette motion, je l'avais
fait dans une perspective tellement simple, celle de permettre à une
Assemblée nationale unanime à travers sa commission parlementaire
des communications, de se sentir solidaire sur un dossier où, fort
heureusement on a senti au cours des quinze dernières années une
profonde continuité entre les gouvernements, que cela soit l'ancien
gouvernement de M. Lesage, que cela soit celui de M. Johnson, celui de M.
Bertrand, même celui de M. Bourassa, qui n'était pourtant pas
celui qu'on pouvait qualifier d'être le plus revendicateur des premiers
ministres québécois.
Il y a eu une continuité sur le dossier des communications qui
nous permettrait, aujourd'hui, devant une situation particulièrement
dramatique pour l'avenir du Québec, dans un secteur que tout le monde a
toujours reconnu comme étant de sa compétence, qui fait
qu'aujourd'hui, on aurait pu, devant le dépôt du projet de loi
C-43 à la Chambre des communes, faire front commun et obtenir du
gouvernement fédéral qu'il manifeste sa bonne volonté, son
ouverture d'esprit et la possibilité que le fédéralisme
soit encore une chose discutable.
On lui donnait la possibilité en retirant son projet de loi C-43
de manifester qu'il était prêt à poursuivre la discussion
avec les provinces alors que le Québec n'est pas la seule province
à revendiquer plus de pouvoir dans le secteur des communications.
Je pense que le ministre des Communications ou ses
prédécesseurs avaient déjà senti qu'il y avait
d'autres gouvernements qui étaient prêts à discuter encore
davantage de ce contentieux fédéral-provincial et que, dans la
situation où nous nous trouvons placés avec le dépôt
du projet de loi C-43, à toutes fins pratiques, les efforts de tous les
gouvernements précédents tendant à rapatrier au
Québec cette compétence et en faire une juridiction exclusive ou,
en tout cas, à affirmer de façon non équivoque la
primauté législative du gouvernement du Québec, tous ces
efforts sont maintenant annihilés et il faut bien comprendre une chose
ici ce matin. L'absence de l'Opposition officielle, l'absence du Parti
libéral à cette table équivaut, à toutes fins
pratiques, à faire passer la "procédurite parlementaire" et les
discussions de forme et les traditions aussi vieillottes soient-elles pour le
fonctionnement du parlementarisme, à faire passer cette
"procédurite parlementaire" avant les intérêts du peuple
québécois, dans un secteur aussi vital que celui des
communications, qui affecte non seulement les problèmes de la té-
léphonie ou de la radiodiffusion ou de la câblodistribution, mais
qui affecte directement l'éducation et la culture d'un peuple.
Et donc, leur absence au moment du débat et au moment du vote,
quant à moi, ne doit pas être interprétée comme une
volonté de ne pas se plier à une directive du président de
cette commission parlementaire qui veut que cette motion soit discutée
et qui l'a mise en délibéré. Ils se sont servis de cela
pour justifier leur absence, mais il faut voir comme véritable motif de
cette absence leur volonté de ne pas participer à un
débat, de ne pas se sentir solidaires d'un gouvernement dont ils
connaissent les visées à moyen terme et à long terme parce
qu'ils ont peur que, dans un contexte comme celui-là, appuyer le
gouvernement du Parti québécois sur la question des
communications signifie à toutes fins pratiques appuyer les objectifs
généraux de ce gouvernement, donc désavouer le
gouvernement fédéral dans sa visée centralisatrice et, en
même temps, ils se trouvent, à toutes fins pratiques, à
désavouer les gestes posés par les ministres des Communications
précédents, à savoir messieurs Hardy et L'Allier. C'est ce
qui est grave.
Il faut que les gens comprennent, et j'espère qu'un jour,
peut-être, on pourra faire état de cela, la façon dont
ça s'est passé. Le député de Laval, en intervenant
et en essayant d'expliquer que l'Opposition libérale se défile de
cette commission parlementaire pour ne pas vouloir créer un
précédent, s'en remettant à cela à la tradition
parlementaire. Il faut voir, comme véritable motif de leur absence,
cette décision que les libéraux ont prise de ne pas voter sur
cette résolution et, pour une raison bien simple et dans un certain
sens, je me flatte presque qu'ils soient absents pour qu'on puisse en parler en
toute liberté, sans se faire interrompre, pour une raison bien simple.
S'ils votent en faveur de cette motion qui demande de réaffirmer la
nécessité pour le Québec d'être le
maître-d'oeuvre des communications sur son territoire, qui demande de
reconnaître la primauté législative du Québec en
télécommunications, en radio-télévision et en
câblodistribution et qui demande que le gouvernement du Québec
invite le gouvernement fédéral à retirer le projet de loi
C-43, s'ils votent en faveur de cette motion, ils se trouvent à
désavouer les visées centralisatrices du gouvernement
fédéral. Ils se trouvent à désavouer leur grand
frère d'Ottawa.
Ils se trouvent à désavouer leur propre parti politique.
Ils se trouvent, en d'autres mots, à perdre la face et, s'ils votent
contre, ils se trouvent placés dans la situation encore plus absurde de
désavouer leurs propres revendications au cours des six dernières
années, de désavouer l'ancien ministre des Communications, M.
Hardy, de désavouer l'ancien ministre des Communications, M. L'Allier,
et de désavouer leur propre ancien chef de parti, M. Bourassa, avec ses
visées de souveraineté culturelle. C'est donc
l'interprétation qu'il faut donner à leur absence dans ce
débat. C'est l'interprétation qu'il faut donner à leur
absence au moment où on prendra un vote. Ce que les
Québécois doivent comprendre c'est que, derrière le
front commun que l'Union Nationale accepte de faire avec le Parti
québécois ce matin et l'absence du Parti libéral de se
joindre à ce front commun, c'est que là, sur un dossier où
il n'y avait pas de friction entre nous, où on s'entendait sur les
objectifs, sur les principes, il y avait un consensus sur la
nécessité d'affirmer la primauté législative du
Québec dans le cadre fédéral. On avait la chance ce matin
de donner à notre ministre des Communications la possibilité
d'aller devant le gouvernement fédéral et de dire: Le
gouvernement du Québec, appuyé en cela par l'Opposition
officielle et l'Opposition reconnue, appuyé par les représentants
de l'ensemble de la population, c'est-à-dire l'ensemble du peuple
québécois, nous sommes solidaires pour revendiquer de votre
gouvernement le retrait du projet de loi C-43 sur les communications parce que
nous sommes solidaires pour affirmer la compétence du Québec dans
ce secteur, parce que nous sommes solidaires pour reconnaître qu'à
travers les communications, c'est toute la culture et l'identité du
peuple québécois qui doivent être reconnues.
On avait la chance de faire cela dans le cadre fédéral,
sans même parler d'indépendance, sans même parler de
référendum, en se comportant comme un gouvernement provincial. On
avait la chance d'être solidaire et de revendiquer cela face au ministre
des Communications du gouvernement fédéral. On est en train de se
priver ce matin d'un moyen d'action qui est peut-être parmi les plus
forts dont on peut disposer, à savoir que six millions de
Québécois, représentés par leurs 110
députés et solidaires d'un parti à l'autre, sont capables
de se tenir debout en faisant passer l'intérêt du Québec
par-dessus l'intérêt dés partis. On avait la chance de
faire cela ce matin et, à cause de l'absence injustifiée, prenant
prétexte de la procédure parlementaire, à cause de
l'absence du Parti libéral et à cause de son absence au moment du
vote tantôt, M. le Président, nous pourrons revendiquer
peut-être l'unanimité des forces politiques au Québec qui
sont vraiment représentatives du nationalisme québécois et
de cette âme québécoise parce que, comme je l'ai souvent
dit dans le passé, j'ai toujours reconnu que l'Union Nationale avait
été le premier parti québécois quand Maurice
Duplessis l'avait fondé en 1935, 1936, que nous sommes le
deuxième qui s'inscrit dans la continuité de cette force
nationaliste... Nous avions la chance aujourd'hui d'exprimer la
continuité des aspirations du Québec sur un dossier où il
n'y avait pas de distinction qui était faite d'un parti à
l'autre; nous étions unanimes.
Je dis que, ce matin, à toutes fins pratiques, on vient
d'assister, de la part d'un parti politique qui pourtant s'était
montré du même avis que nous pendant six ans, avec ses anciens
ministres des Communications, je dis que, ce parti, à toutes fins
pratiques, vient de faire passer ce matin l'esprit de parti avant l'esprit de
patrie et c'est ce qu'on voulait faire ce matin. On voulait éviter de
parler du Parti québécois, du parti de l'Union Nationale, du
Parti libéral. On voulait parler du Québec. On avait la chance de
le faire. On vient de se priver du plus bel instrument qu'on pouvait avoir,
celui de l'unanimité d'un peuple et je dis que le Parti libéral
devra être reconnu, après cette commission parlementaire, comme le
parti qui, dans le fond, de deux choses l'une: Ou bien faisait de la petite
politique au nom d'intérêts mesquins et partisans quand il
était au gouvernement de 1970 à 1976, ou bien, à ce
moment, n'était pas du tout sincère dans son action politique. Il
est en train aujourd'hui de donner son vrai visage, celui du
fédéralisme centralisateur, celui de la reconnaissance du projet
de loi C-43, celui de la reconnaissance de la compétence
fédérale dans le domaine des communications et celui de la
reconnaissance du droit de Mme Sauvé de présenter le projet de
loi C-43 à la Chambre des communes.
C'est le vrai visage que ces gens sont en train de nous donner ce matin.
Ils reconnaissent le fédéralisme centralisateur et ils ne
reconnaissent pas la possibilité au Québec d'affirmer sa
volonté d'autonomie provinciale dans le cadre du système
fédéral et de faire en sorte que, dans un secteur où on
pensait qu'il y avait consensus, on vient de découvrir le vrai visage du
Parti libéral.
C'est une honte et j'espère que les gens auront l'occasion d'en
parler et de dire ce qui vient de se passer ce matin. J'espère que
l'ex-adjoint parlementaire aux Communications, ici présent, et qui
conseille ces députés du Parti libéral, celui qui est
censé exprimer les revendications des six dernières années
et qui avait pourtant endossé les politiques du ministère des
Communications parce qu'il en était un des membres, j'espère
actif, a toutes fins pratiques, on vient de voir aussi le vrai visage de
l'ex-adjoint parlementaire et cela, M. le Président, je trouve que c'est
une honte... On avait la chance d'être solidaires, on vient de constater
quel était le vrai visage de ceux qui pour toutes sortes de raisons
inavouables, ce matin, sont absents du débat et nous empêcheront
de manifester notre unanimité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, simplement pour ajouter
très brièvement aux propos du député de Vanier. Je
pense qu'il est important qu'à cette commission on vous cite au moins un
cas c'était une expression très populaire dans le temps du
gouvernement précédent, citez-moi un cas alors j'ai
l'intention de vous en citer au moins un et il est très récent,
où une commission parlementaire, lors de l'étude des
crédits d'un ministère en particulier, a décidé de
recevoir une motion qui était faite à l'occasion de
l'étude de ses crédits et je vous cite le cas très
brièvement, simplement pour que ce soit enregistré, pour qu'on
sache véritablement, comme vient de le dire le député de
Vanier, que l'Opposition officielle, en se retirant, cherche des raisons et
qu'effectivement ces raisons ne tiennent pas puisque si on veut un
précédent, on en aura un et votre humble serviteur, M. le
Président, était concerné. J'avais, l'année
dernière ce n'est pas loin le 10 juin der-
nier, et vous allez retrouver cela au journal des Débats à
la page B-2848, j'avais présenté une motion à l'occasion
de l'étude des crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre pour que soit entendue la présidente de la Commission du
salaire minimum, au cours de l'étude de ces crédits. Il y a eu un
débat, il y a même eu un débat sur la recevabilité
de cette motion, M. le Président, et le président de la
commission, alors député de Pointe-Claire, M. Arthur
Séguin, avait pris en délibéré, à la fin de
la séance, la recevabilité ou le phénomène de la
recevabilité de cette motion et on ne peut pas dire qu'il a rendu une
décision hâtive: il a rendu sa décision cinq jours plus
tard, soit le 15 juin. Vous verrez cette décision à la page
B-2905 du journal des Débats. Vous allez voir qu'à chacune des
lignes de la décision qui est rendue par M. Séguin, on se rend
compte que cette motion est parfaitement recevable, de sorte que quand on nous
fait du blabla à propos de la tradition qui ne permet pas ce type de
motion et je peux vous dire, M. le Président, que je n'ai pas fait une
étude exhaustive... Je suis absolument certain qui si on avait
remonté encore plus loin, on aurait trouvé d'autres cas, mais
tout au moins et la décision de M. Séguin est très
explicite je présume que dans ce délai du 10 au 15 juin,
le président d'alors à la commission du travail et de la
main-d'oeuvre a eu le temps de consulter le président de
l'Assemblée nationale du temps, soit le député de Laval.
Cela m'apparaîtrait comme une chose tout à fait normale que
lorsqu'une question de procédure, un peu nouvelle, se présente,
qu'un président de commission consulte le président de
l'Assemblée nationale ou encore un des vice-présidents. On ne
pourra pas dire qu'il s'agit là d'une décision
précipitée et effectivement, elle était tout à fait
en conformité avec les dispositions de votre décision, M. le
Président: le président d'alors avait dit que cette motion
était parfaitement recevable. Elle a d'ailleurs été
débattue et elle a été défaite mais cela ne fait
absolument rien qu'elle ait été défaite ou qu'elle ait
été maintenue du point de vue du vote, il reste quand même
que la recevabilité et je vous réfère à ces
deux textes-là est clairement reconnue. Evidemment, ce sont des
motions qu'on ne fait pas à l'examen des crédits de tous les
ministères, bien sûr, mais à l'occasion des crédits
du ministère, alors que vous avez la motion principale pour adopter les
crédits de ce ministère, il est possible de présenter des
motions secondaires, incidentes, et qui sont des motions de fond comme celle,
par exemple, de demander qu'un président de commission qui relève
des crédits d'un ministère soit entendu au cours de l'examen des
crédits ou encore une motion comme celle que le député de
Vanier vient de faire.
Je voulais tout simplement, pour les fins du dossier, M. le
Président, que ces remarques puissent être faites pour, d'une
part, soutenir votre décision et, d'autre part, pour qu'on puisse se
rendre compte, comme le disait le député de Vanier tout à
l'heure, qu'on prend des prétextes vraiment, absolument fallacieux pour
ne pas voter, parce qu'on est mal à l'aise du côté de
l'Opposition officielle.
On est coincé et on ne sait vraiment pas comment s'en sortir.
Va-t-on voter pour ou ne va-t-on pas voter contre? A ce moment, on prend la
solution facile, on "sacre notre camp". C'est tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau.
M. Guay: Très brièvement, M. le Président,
je voudrais tout simplement dire combien je suis heureux que l'Union Nationale
ait décidécela ne m'étonne pas de se joindre
au gouvernement, lorsque, face au gouvernement fédéral du Canada,
vient le temps de se lever debout, ensemble, tous les Québécois,
pour proclamer nos droits qui sont fondamentaux et tout particulièrement
dans ce secteur des communications qui est l'outil par excellence du
façonnement d'une société contemporaine. Ce
façonnement, il est évident qu'il appartient au gouvernement du
Québec de le superviser et non pas au gouvernement du Canada.
On n'a pas besoin de citer de nouveau ce que disait M. Bourassa,
l'ancien premier ministre libéral, lorsqu'il disait qu'on ne veut pas
confier à une majorité étrangère ou anglophone le
soin de s'assurer de la sécurité culturelle d'une minorité
francophone.
Il est évident qu'il appartient au gouvernement du Québec
d'être le maître d'oeuvre des communications sur son territoire,
c'est ce que l'Union Nationale a compris, et j'espère que cela augure
bien pour l'avenir et en particulier lorsqu'il sera question du grand
débat de l'avenir de la nation québécoise, lorsqu'il
faudra effectivement choisir, parce qu'il va falloir choisir entre se tenir
debout comme un peuple normal ou se tenir couché comme l'Opposition
officielle, qu'on peut désormais qualifier d'à-plat-ventriste
officielle, a décidé de le faire ce matin.
A ce sujet, je voudrais exprimer l'indignation que je ressens, face
à l'attitude du Parti libéral qui, désormais, de toute
évidence, a décidé de ne même plus avoir quelque
velléité, et Dieu sait qu'il n'en avait pas beaucoup du temps du
parti de M. Bourassa, même aujourd'hui, il n'a même plus quelque
velléité que ce soit de se tenir debout et de s'afficher comme
Québécois.
Désormais, malgré tous les prétextes qu'on voudra
nous fournir et qui sont tous aussi fallacieux les uns que les autres,
malgré tous les prétextes, tous les règlements qu'on
voudra évoquer et l'arrogance, en plus de cela, qu'on manifeste, surtout
de la part d'un ancien président de l'Assemblée, de l'arrogance
qu'il manifeste face à la décision du président qui dit:
Non je ne le reconnais pas, je m'en vais; je ne veux pas reconnaître
cela. Qu'est-ce que c'est que cette façon d'agir, de la part d'un
parlementaire qui était sensé être chevronné, qui a
été président de l'Assemblée pendant six ans? S'il
fallait que chaque fois qu'un parlementaire n'est pas content d'une
décision du président, on s'en aille, l'Assemblée
nationale serait vide plus souvent qu'elle n'est pleine. Je trouve cela
profondément insultant pour l'ensemble de l'Assemblée et plus
particulièrement pour
les parlementaires qui sont ici à cette commission et je trouve
profondément humiliant, en tant que Québécois, d'avoir
affaire à des gens qui, quand on leur demande: Etes-vous prêts
à vous tenir debout, dans votre tradition, parce que le
député de Mont-Royal a évoqué les traditions du
Parti libéral, comme certains de vos anciens collègues l'ont fait
dans le passé, pour défendre les droits du Québec? Ils
"sacrent leur camp" et s'en vont. Etes-vous prêts à faire un front
commun avec le gouvernement du Québec, avec l'Union Nationale, sur la
question des communications? Ils préfèrent s'en aller. Quand on
leur demandera: Etes-vous prêts, en définitive, à vous
lever debout et à appuyer l'effort trois fois séculaire du
Québec pour diriger ses propres destinées? Je suppose que,
là encore, ils vont s'en aller et, probablement à Ottawa, une
fois pour toutes, et cela va être un bon débarras.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y en
a-t-il d'autres qui voudraient intervenir sur la motion?
M. Grenier: Est-ce que j'aurais été invité
pour remplacer M. Brochu?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je pense que l'article 142
interdit au président... Les changements de membres de commission
doivent se faire et doivent être annoncés avant le début de
la commission et je ne pense pas que, même avec le consentement unanime,
à ce stade-ci, il serait opportun de faire d'autres changements.
M. Guay: Sur le règlement, M. le Président, cette
fois-ci, c'est pour prendre la parole que le député de
Mégantic-Compton...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Prendre
la parole, il en a le droit; je parlais du vote. Parlez, vous avez droit.
M. Grenier: C'est parce que, pour le vote, je m'excuse, j'arrive
de la commission des affaires municipales et on a remplacé, comme cela,
à pied levé, un autre député et, même pour le
vote, il semble bien... Je ne sais pas si c'est cela. Vous avez dû
vérifier, j'imagine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 142 dit que le secrétaire des commissions annonce, avant
chaque séance d'une commission, les changements que les leaders
parlementaires ou les whips lui ont demandé de faire dans la composition
de cette commission pour cette séance. Or, je pense que l'article tel
que libellé m'interdirait...
M. Grenier: Ce qu'on a dit là-bas, c'est que, quand il y
avait unanimité, le changement pouvait se faire au cours de la
séance.
M. Bertrand: M. le Président, sur le règlement, il
est déjà arrivé, dans certaines circonstances, je pense,
que, du consentement unanime des membres de la commission parlementaire, il
était possible d'obtenir qu'une chose se fasse, donner un ordre, par
exemple, qui s'adressait à la commission parlementaire elle-même.
Je me rappelle, M. le Président, avoir déjà
présidé une commission des engagements financiers et, même
si ce n'était pas dans les règles, avoir obtenu, par consentement
unanime des membres de la commission, de pouvoir aller m'installer dans le
fauteuil de l'Opposition officielle pour poser des questions à mon
propre gouvernement, sur les engagements financiers, et je m'étais fait
remplacer par un député de l'Opposition officielle qui avait pris
ma place comme président. Je pense que notre règlement est souple
et, du consentement unanime, on peut faire des choses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, c'est ce que j'allais dire. C'est que le
président ne peut pas, en vertu de l'article 142, de lui-même,
prononcer ces changements, mais, évidemment, la commission parlementaire
est maîtresse de ses travaux, elle est souveraine et, s'il y a un
consentement unanime de la part de tous les membres de la commission, il peut y
avoir des changements, en vertu du principe que la commission est
maîtresse de ses travaux.
M. Grenier: Je vous demanderais le droit de parole et le droit de
vote parce que notre parti aimerait enregistrer ses deux votes sur une question
aussi importante que cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mégantic-Compton, vous voudriez remplacer quel
membre?
M. Grenier: M. Brochu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement unanime des membres de la commission pour que le
député de Mégantic-Compton remplace le
député de Richmond?
Des Voix: Oui.
M. Grenier: Merci. Très brièvement, puisque notre
représentant, le député de Gaspé, a
développé pas mal le thème de notre programme sur ce
point, je voudrais bien qu'on comprenne que ce n'est pas suivre le gouvernement
que de voter en faveur de ce projet, mais c'est accompagner le gouvernement, ce
qui est bien différent. Je pense que, si l'inverse s'était
produit, si le Parti québécois avait été de
l'Opposition, comme on l'est ce matin, je pense qu'on aurait pu compter sur le
même appui sur une motion de ce genre. Je pense que, vis-à-vis
d'Ottawa, le cordon ombilical a été coupé pour nous depuis
1936. Alors, ce n'est pas nouveau ce matin que de trouver une proposition comme
celle-là, qui reflète vraiment l'esprit de l'Union Nationale. On
sait que M. Duplessis a été le premier à présenter
un programme de radiodif-
fusion et je pense bien qu'il ne faudrait pas se scandaliser et penser
que, demain, encore une fois, l'Union Nationale est venue appuyer le
gouvernement. La venue de M. Biron à la tête de notre parti a
changé des choses dans notre parti et on a compris, depuis la formation
de ce gouvernement, que l'Opposition pouvait être renouvelée et
qu'on le dirait à l'occasion, quand le gouvernement présenterait
des lois, des motions importantes qui pouvaient faire l'affaire des
Québécois. Ce matin, je pense que c'est être de
véritables Québécois que de se tenir sur une motion comme
celle-là. Pas besoin de vous dire que je déplore le départ
de l'Opposition officielle et je me serais attendu, moi aussi, pour notre
parti, à avoir l'unanimité; c'était d'ailleurs ce que
notre caucus avait senti lors de la présentation de cette motion, sentir
l'unanimité autour de la table. Je dois vous dire que, pour nous, c'est
bien sûr que nous appuierons cette motion et des motions dans ce sens qui
apportent aux Québécois plus de sens des responsabilités
et qui sont celles de bien d'autres provinces dans ce secteur. Soyez sûr,
encore une fois, sur des motions de cet esprit, que l'Union Nationale sera
aussi là pour accompagner le gouvernement dans sa poursuite des
intérêts purement de la province de Québec. Nous serons en
faveur de cette motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres députés qui voudraient intervenir?
Des Voix: Vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
lire la motion, pour le bénéfice des membres de la commission.
Motion proposée par le député de Vanier, M.
Jean-François Bertrand, à la séance du 27 avril 1977, et
déclarée recevable par la présidence: Que la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications
réaffirme la nécessité pour le Québec d'être
le maître d'oeuvre des communications sur son territoire. Qu'à
cette fin, le gouvernement du Canada doit reconnaître la primauté
législative du Québec en télécommunications, en
radio-télévision et en câ-blodistribution et qu'en
conséquence, le gouvernement du Québec invite le gouvernement
fédéral à retirer le projet de loi C-43.
M. Burns: Je demanderais de faire l'appel des membres, M. le
Président.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En vertu
de l'article 143, le vote enregistré est demandé. M. Alfred
(Papineau)?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grenier (Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ciaccia (Mont-Royal)? M. Jean-Noël Lavoie (Laval)? M. Guay
(Taschereau)?
M. Guay: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie)? M. Le Moignan (Gaspé)?
M. Le Moignan: In favor, Mr President.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Marchand (Laurier)? M. Morin (Sauvé)? M. O'Neill (Chauveau)?
M. O'Neill: En faveur, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont)? M. Samson (Rouyn-Noranda)?
Le résultat du vote enregistré, demandé par le
député de Vanier est de 10 en faveur de la motion et aucun
contre. La motion est déclarée adoptée par la
présidence.
M. Bertrand: Est-ce qu'on doit dire, M. le Président,
adoptée à l'unanimité?
M. Burns: Unanimité des membres présents à
la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adoptée à l'unanimité des membres présents lors du
vote.
Maintenant, je pense qu'il y aurait lieu, puisque nous sommes dans le
cadre de l'étude des crédits du ministère des
Communications, de continuer où nous en étions rendus mercredi
dernier. Nous en étions encore aux questions générales. A
moins qu'il y ait encore des questions géné-
rales à poser, on pourrait peut-être commencer à
étudier les programmes et les éléments des
différents programmes.
Est-ce que tous les membres de la commission sont d'accord?
M. Grenier: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'avertis immédiatement les membres de la commission; puisque nous avons
procédé pendant plusieurs heures à des questions
générales, qu'à partir du moment où nous allons
entrer dans les différents éléments des différents
programmes, je ne déclarerai recevables que les questions s'ap-pliquant
aux éléments du programme en question. Programme 1,
élément 1, Service téléphonique. Adopté?
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
M. Le Moignan: M. le Président, au sujet des services
téléphoniques, est-ce qu'on a établi des normes
précises et si oui, j'aimerais savoir lesquelles?
M. O'Neill: Des normes précises pour quoi? M. Le
Moignan: Pour les fonctionnaires.
M. O'Neill: Excusez, j'étais tout à fait absent
tout à l'heure. Oui, il y a pour les services
téléphoniques à l'intérieur du gouvernement, des
normes minimales que nous appliquons, lesquelles sont révisées
à période régulière selon les besoins. Ces normes
sont scrupuleusement suivies, même si à l'occasion, certains
trouvent qu'on pourrait être plus souple.
M. Le Moignan: J'ai remarqué que, récemment, nous
avons reçu un avis concernant le cen-trex. Cela touche le comté
de Gaspé et deux autres comtés. Ce service sera
discontinué à partir du 6 ou 7 mai, parce qu'on dit que les
coûts sont exorbitants, par rapport à nos régions. Est-ce
que c'est parce que nous faisons trop d'appels dans le comté de
Gaspé? Ou est-ce parce que la distance permet d'économiser de
l'argent au gouvernement, en revenant simplement au système
établi de communications avec...
M. O'Neill: Ce que nous avons discontinué, c'est le
réseau intercentre, parce que les études de trafic nous ont
démontré que ce réseau intercentre n'était pas
suffisamment rentable et qu'en fait, il était plus rentable, à
cause du faible volume du trafic, de procéder par l'interurbain.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
vérifier s'il y a quorum?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
sommes...
M. Lavoie: ...des membres effectifs de la commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dix,
avec le président.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Je voudrais simplement rappeler au
député de Gaspé que, dans le cahier qui lui a
été remis, à la page 33, programme 1, il trouvera un
certain nombre d'indications concernant les efforts qui sont faits pour
normaliser l'usage de la téléphonie?
M. Burns: Je m'excuse auprès du ministre... M. O'Neill:
Oui.
M. Burns: On m'indique, du côté de l'Opposition
officielle, que le député de L'Acadie et le député
de Mont-Royal s'en viennent. On pourrait peut-être suspendre quelques
secondes, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 27).
(Reprise à 11 h 35)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puisque
nous en étions à l'élément 1 du programme 1, je
vais permettre au ministre de répondre à la question du
député de Gaspé. Comme l'Opposition officielle a
manifesté l'intention de poser des questions de nature
générale, d'ordre général, avec le consentement de
tous, nous reviendrons à des questions d'ordre général,
après avoir terminé l'élément 1 du programme 1.
M. O'Neill: M. le Président, je voulais simplement
rappeler au député de Gaspé certains détails
concernant les normes qui sont les détails fournis dans le document
distribué, à la page 33, programme 1. Je signale le dernier
paragraphe. L'on dit que la direction générale des services
techniques prépare l'instauration des comptes ministériels pour
une partie des services des communications, soit ceux spécifiquement
dédiés à un ministère ou organisme. Je donne comme
exemple le genre de mesures qui sont appliquées pour essayer d'en
arriver à une meilleure normalisation dans ce domaine des
équipements gouvernementaux de communication.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y a-t-il
d'autres questions sur l'élément 1? Elément 1,
adopté?
M. Ciaccia: Pourrait-on revenir à l'élément
1 après les questions d'ordre général, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Le député de Mont-Royal.
Questions d'ordre général
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
avez fait un discours tout récemment, à Chicoutimi. Dans ce
discours, vous avez dit que l'industrie de la radiodiffusion est
considérée par le gouvernement québécois comme un
service public, parce qu'elle est un des organismes vitaux par lesquels passe
le droit de l'information du public. En plus, vous avez dit que c'est un outil
essentiel pour la présentation, la propagation, la stimulation et le
développement de la culture québécoise. Quand vous parlez
d'un outil, dans quelles mains resterait ou restera cet outil? Est-ce que cela
représente une... C'est ma première question. Après cela,
j'en poserai d'autres sur...
M. O'Neill: Vous avez une partie du réseau qui est
privée et une partie qui relève de l'Etat. Cela ne change pas.
Quand vous avez un service de supervision, comme vous en avez un avec le CRTC,
cela ne change pas la nature même des instruments de communication en
question. Les uns sont de propriété privée, les autres de
propriété publique. Il n'y a aucun changement
là-dessus.
M. Ciaccia: C'était pour vous demander si cela
représentait une nouvelle philosophie d'information tout à fait
différente de celle de la liberté d'information qui est de
tradition en Amérique du Nord.
M. O'Neill: Non, on fait cela partout, dans n'importe quel pays.
Les moyens de communication reflètent le pays. Ce n'est pas propre
à nous. Je pourrais, là-dessus, rappeler des déclarations
similaires qui sont faites par des gens à Ottawa, c'est-à-dire
qu'on s'attend que les moyens de communication, encore une fois,
reflètent un pays et contribuent un peu à former l'image d'un
pays, ce qui est tout à fait naturel. Mais il est important, je crois,
de l'affirmer particulièrement dans notre cas, étant donné
notre situation sur le plan culturel et les besoins auxquels contribuent
à la consolidation de cette assise culturelle aussi bien les media
électroniques que les media écrits.
M. Ciaccia: Vous avez fait référence au CRTC, je
crois. Je ne veux pas revenir sur les relations
fédérales-provinciales, mais, en faisant référence
au CRTC... Non, mais vous aviez aussi dit qu'il y avait une ingérence
dans la liberté d'expression, dans le nouveau projet de loi
fédéral qui a été déposé. Sur quoi
vous basez-vous pour dire qu'il y avait une ingérence dans la
liberté d'expression dans ce projet de loi?
M. O'Neill: Je pourrais vous rappeler, dans ce projet de loi, la
façon particulière dont sont rédi- gés... Le projet
de loi fédéral, il s'agit bien du projet de loi C-43. Les
documents que vous avez, à l'article 3 a), par exemple, où on
parle de l'utilisation des télécommunications pour sauvegarder,
enrichir et affermir le patrimoine culturel, politique, social et
économique du Canada, où on parle aussi d'un rôle à
jouer dans la télévision éducative, où on parle,
après ça, si je rappelle bien, c'est l'article 9, d'une
intervention possible dans le domaine de la programmation. Ce que nous avons
dit, c'est que de la façon que ce projet de loi est
rédigé, il peut prêter, très facilement, à
intervention. Je vous signale, par exemple, que le gouverneur en conseil peut,
par décret, adresser à la commission des instructions concernant
la réalisation de la politique canadienne de
télécommunications exposée à l'article 3. Ce que
nous avons dit d'ailleurs, j'ai écrit là-dessus à
Mme Sauvé, parce qu'on s'écrit que ça pouvait
prêter à une intervention. Je ne suis pas seul, d'ailleurs, qui
ait souligné le danger de ce projet de loi.
Si nous parlons du rôle que doivent jouer la radio et la
télévision, il ne s'agit pas de les transformer en outils de
propagande. Ce n'est pas la question. Il s'agit simplement de rappeler aux gens
qu'ils habitent un pays et qu'ils doivent refléter la
réalité de ce pays. Nous tenons, à certains points de vue,
le même langage, mais nous n'allons jamais aussi loin que ce projet veut
aller.
M. Ciaccia: Vous êtes sans doute au courant de l'article 9
du projet de loi. La raison pour laquelle je vous réfère à
cet article, c'est parce que je voudrais revenir à la question de votre
discours quand vous dites que la diffusion serait un outil pour l'information
publique et pour le développement de la culture.
L'article 9 du projet de loi empêche le gouverneur en conseil
d'intervenir quand il s'agit... Parce que vous m'avez mentionné des
articles où il était question d'une certaine intervention d'ordre
général, mais spécifiquement l'article 9... Le gouverneur
en conseil, c'est-à-dire qu'il est interdit au gouvernement d'intervenir
lorsque sont en cause, premièrement, la délivrance, la
modification ou le renouvellement des permis de radiodiffusion;
deuxièmement, le contenu des émissions; troisièmement,
l'application de normes qualitatives aux émissions de radiodiffusion et,
quatrièmement, enfin, toutes restrictions de la liberté
d'expression.
Alors, ne trouvez-vous pas que dans cet article, il n'est pas question
d'intervention dans la liberté d'expression, mais plutôt de
garantie de cette liberté d'expression? La question que je vous poserai,
c'est: Si vous déposiez un projet de loi sur la radiodiffusion ou sur
les communications, est-ce que vous seriez prêt à inclure, dans
votre projet de loi, une telle garantie contre l'intervention, contre
l'ingérence de l'Etat dans la liberté d'expression, dans ces
éléments qui sont à la base du contenu de l'informatique
et de l'information?
M. O'Neill: Si vous voulez lire l'article 9, il faudrait le faire
à la lumière de l'article 11 et de l'article 35. A l'article 11,
d'abord, "nonobstant la pré-
sente loi, le gouverneur en conseil, de sa propre initiative, ou sur
demande écrite faite en ce sens, dans les 30 jours de la publication
d'une décision de la commission, peut, par décret pris dans les
60 jours de ladite publication, à moins de prorogation qu'il
n'édicte par décret pris avant expiration de ce délai,
annuler la décision en partie ou en totalité ou la renvoyer, en
partie ou en totalité, à la commission pour nouvel examen," et
à l'article 35, "la commission peut et doit, conformément aux
instructions du gouverneur en conseil, adresser un avis à tous les
titulaires de licences du Canada ou d'une région qui est
spécialement visée, leur enjoignant de diffuser et de transmettre
tout programme que la commission ou le gouverneur en conseil estime d'une
importance primordiale pour les Canadiens en général, ou pour les
résidents de la région visée dans l'avis," etc.
Alors, vous allez me dire que cela dépend de la façon
qu'on lit les textes, mais, pour nous, quand on met ces articles ensemble,
joints à l'article 3, nous pensons que, tel que rédigé, il
y a au moins un article ou l'autre qui permet ce genre d'intervention du
gouvernement.
M. Ciaccia: L'article 9 est assez clair que cela empêche
tout...
M. Guay: Une question de règlement, M. le
Président. Nous sommes en train de faire un débat article par
article sur un projet de loi fédéral. Il me semble qu'on n'est
pas en commission parlementaire sur la loi C-43, à la Chambre des
communes, et je me demande jusqu'à quel point ces questions sont
pertinentes, d'autant plus que le gouvernement du Québec, comme on le
sait, n'a pas juridiction, à l'heure actuelle, dans le domaine des
communications et que nous avons tantôt fait une motion pour qu'il y ait
un débat là-dessus, débat auquel l'Opposition officielle
n'a pas voulu participer.
M. Ciaccia: Pour répondre au député de
Taschereau, je n'ai pas l'intention de faire un examen, article par article. Je
veux seulement soulever un autre point et je laisserai ce projet de loi, parce
que je ne voudrais pas qu'on nous attribue l'intention de vouloir
défendre ce projet de loi. C'est assez clair, mais je crois que c'est
dans la formulation d'une politique de communications pour le Québec. Je
ne crois pas que cela ait été assez clairement dit de votre
côté, ce que vous voulez, ce que vous entendez faire. Nous
soulevons ces questions dans le but de voir quelle serait la politique du
gouvernement actuel dans le domaine des communications et aussi d'apporter
certaines clarifications aux accusations qui semblent être portées
sur certains principes. Nous avons donné certains principes
généraux quand nous avons commencé nos travaux. Pour
apporter cette information, par exemple, le but des articles que vous avez
je vais laisser le projet de loi le but de ces articles
était précisément, à la demande de certaines
provinces, même peut-être du Québec, où il y avait
des décisions d'un corps indépendant, comme le CRTC, qui ne
semblait pas adhérer aux ententes qui pouvaient être faites entre
le fédéral et les provinces, il y a eu des articles pour
suggérer au CRTC de se rendre et d'accepter les décisions qui
pourraient être prises entre le fédéral et le provincial.
Ce n'était aucunement dans le but d'arrêter la liberté
d'expression. Ma question était pour vous dire que, si vous
négociez avec Ottawa prenons cela comme hypothèse
parce qu'il faudrait absolument obtenir certains services, il faudrait
absolument avoir une position. La position du député de
Taschereau, c'est qu'il n'y a rien à faire. C'est une position pas mal
négative dans les circonstances, qui ne semble pas...
M. Guay: Est-ce que je peux demander au député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: Ecoutez, chaque fois que je parle... M. le
Président...
M. Guay: Vous m'imputez des intentions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre
s'il vous plaît! La parole est au député de Mont-Royal et,
à moins que celui-ci ne veuille répondre à une question,
c'est à lui la parole.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je trouve la position
du député de Taschereau assez négative, en ce qui concerne
les services dont nous avons besoin; si la séparation ou
l'indépendance arrive, il faut faire quelque chose. Je trouve que sa
position est assez négative. Elle était basée,
peut-être, sur ses travaux antérieurs, et c'est pour cela que je
pose ces questions pour voir quelles seraient les démarches positives
que le ministre pourrait entreprendre et savoir s'il accepterait certains
critères de liberté d'expression ou si on doit interpréter
le discours qu'il a fait à Chicoutimi comme étant dans le sens
d'un contrôle de l'Etat dans ce domaine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: M. le Président, non seulement nous trouvons
importants des critères qui garantissent la liberté d'expression,
M. le Président, mais nous nous inquiétons justement de ne pas
trouver de façon très claire la présence de ces
critères dans le projet de loi dont il a été question tout
à l'heure et que je ne détaillerai pas ici. J'ai quand même
lu un certain nombre d'articles qui peuvent ici illustrer mon point de vue.
Actuellement, notre position, c'est que nous nous inquiétons
encore une fois de l'absence de critères qui garantissent suffisamment
cette liberté d'expression dans le projet du gouvernement d'Ottawa,
comme nous nous inquiétons de comportements concrets. Ce n'est pas nous
qui faisons la chasse aux sorcières à Radio-Canada, c'est Ottawa
qui fait ça. Ce n'est pas nous qui intervenons
de façon aussi directe dans le fonctionnement d'une
société d'Etat.
Lorsque les circonstances feront qu'il sera devenu logique et
approprié de présenter un projet de loi en matière de
radiotélévision pour le Québec, eh bien, à ce
moment-là, on verra que ces critères, nous les prenons au
sérieux, qu'ils seront bien énumérés et que nous
saurons bien garantir cette liberté d'expression. Si nous ne le savons
pas, si l'Opposition estime que nous garantissons mal cette liberté
d'expression, ce sera de son devoir d'intervenir et de proposer des
modifications. Je signale encore une fois que dans le moment, on parle comme si
les menaces à la liberté d'expression dans l'information venaient
de nous alors que les événements montrent bien que ça ne
vient pas de chez nous. Cela vient d'ailleurs et c'est ça qui devrait
inquiéter les membres de cette assemblée.
M. Ciaccia: Vous avez dit, dans votre discours, que les services
publics imposent aux radiodiffu-seurs l'obligation de ne pas considérer
la rentabilité financière en premier lieu, mais plutôt la
rentabilité sociale. Est-ce que vous avez en vue certains
critères de cette rentabilité sociale?
M. O'Neill: On pourrait donner ici toutes sortes d'exemples. Il y
a, par exemple, des types de programmes qui peuvent être moins rentables
pour un poste de radio, parce qu'ils n'ont pas le même attrait au plan
publicitaire et qu'à ce moment-là, on souhaite qu'on tienne
compte de la population. D'ailleurs, nous ne disons pas que ça ne se
fait aucunement dans le moment. Nous souhaitons que ça se fasse encore
plus.
Nous souhaitons, par exemple, qu'on ne juge pas de l'importance
accordée à un programme uniquement en fonction de cette
rentabilité économique, mais qu'on tienne compte de certains
besoins d'ordre éducatif, penser au rôle, à la place que
doivent occuper à la fois les services de nouvelles et les affaires
publiques. Nous pensons que des gens qui ont la responsabilité, non la
propriété, de l'usage des ondes doivent ainsi être
extrêmement attentifs à cette dimension service. C'est ça
que ça veut dire.
Et nous pensons même qu'une entreprise qui est faite pour produire
des profits peut avoir cette préoccupation, encore plus qu'elle ne l'a.
Ce serait plutôt la phrase à formuler ici, la formule à
utiliser, parce que ce serait quand même injuste de dire qu'on ne l'a pas
du tout; ce qui est différent. Mais on peut l'avoir encore plus, tout
simplement parce qu'on a affaire à ce qu'on appelle un service
public.
M. Ciaccia: En parlant des services publics, est-ce que vous
êtes d'accord sur la taxe que le ministre des Finances propose d'imposer
sur les compagnies publicitaires, la taxe de 2% sur les media
électroniques?
M. O'Neill: Oui, cela m'apparaît quelque chose qui est
assez réaliste, qui n'est pas abusif. Il peut y avoir des taxes qui font
beaucoup plus mal aux gens que celle-là. Surtout qu'apparemment, ce que
donnera ce 2% sera mis au service de la protection du consommateur. Je trouve
ça intéressant comme formule et je n'ai pas l'impression qu'on va
ruiner quelques postes de radio et de télévision privés
avec cette taxe.
M. Ciaccia: Vous ne trouvez pas que cette taxe irait
peut-être à l'encontre des principes que vous venez
d'énoncer, comme aider les postes dans certaines régions, parce
que, sans doute, cette taxe va défavoriser les petits postes de radio au
détriment des grands postes de radio dans les grands centres. Parce que
les annonceurs vont être portés à dépenser dans les
grands marchés plutôt que dans les petits marchés, dans une
période d'économie comme celle où nous nous trouvons et,
alors, non seulement ça peut être défavorable pour les
petits centres, mais ça va défavoriser aussi certains
réseaux plutôt que d'autres, parce que, sur le réseau
public, il n'y a pas d'annonce à la radio.
Cela va non seulement être une source de discrimination entre les
media électroniques et la presse écrite, les media écrits,
mais entre les différents réseaux; cela peut être
défavorable pour les petits postes de radio, dans certaines
régions où ils ont besoin de cette rentabilité. En plus,
l'estimation de la taxe qui sera perçue est d'environ $1,5 million
à $2 millions. Si on enlève les frais d'administration et qu'on
regarde le budget global de la province, je me demande exactement quel est le
but de cette taxe. Ce n'est certainement pas de percevoir des revenus, quand on
arrive à un montant si minime.
M. O'Neill: M. le Président, quand on est dans une
période d'austérité budgétaire, on essaie de
trouver tous les revenus qu'on peut, sans faire trop mal aux gens. Le
député de Mont-Royal s'inquiète des petits postes
privés, je suis sûr que le ministre des Finances a dû
étudier cela de près. Il semble, d'après les
renseignements que nous avons, en beaucoup d'endroits, au contraire, qu'ils
s'en tirent assez bien, ne serait-ce qu'ils n'ont même pas de
concurrence.
J'imagine que si jamais on découvrait que cette taxe était
trop lourde à supporter, il y aurait un ajustement à ce
moment-là. Je vous avoue que je ne pourrais pas actuellement vous faire
la démonstration technique afin de prouver qu'elle est trop lourde ou
qu'elle est tout simplement ce qui convient; de prime abord, une taxe de 2% sur
la publicité ne me semble absolument rien d'exorbitant. Il faudra voir,
dans les faits, si c'est vrai que cela cause des problèmes à
certains endroits.
Tout ce que l'on dit, communément, c'est qu'en
général, nos réseaux privés de radio et de
télévision se portent financièrement assez bien. Ils ont
beaucoup de publicité, on peut même dire, dans certains cas,
qu'ils en abusent. Mais je ne connais pas de cas, dans le moment; on n'a pas
porté à notre attention de cas de postes de radio et de
télévision privés qui seraient sur le bord de la faillite
ou, encore, qui deviendraient sur le bord de
la faillite, parce qu'on les taxerait de 2% sur la publicité.
M. Ciaccia: Vous ne voyez pas de sources de discrimination ou de
précédent dans un endroit où, peut-être, l'Etat
devrait au moins donner l'impression de ne jamais vouloir non seulement
donner l'impression, mais être très attentif attaquer cette
liberté d'expression, cette liberté dont jouissent maintenant ces
postes et, en plus, dans les grands centres, par exemple, les centres urbains,
est-ce que cela ne serait pas "contre-productif" que les annonceurs, dans les
environs de Montréal, pour éviter cette taxe, annoncent, dans la
périphérie, dans les endroits en dehors de la province, dans le
Vermont, dans l'Etat de New-York? Ne trouvez-vous pas qu'être, en plus,
une source de discrimination est un genre de précédent qui
pourrait être dangereux, que ce serait, en plus, "contre-productif",
parce que ces annonceurs vont aller ailleurs pour éviter de payer cette
taxe?
M. O'Neill: J'avoue, M. le Président, que,
premièrement, je ne comprends pas cette interrogation concernant une
forme de discrimination. Qu'une entreprise privée qui est faite pour
avoir des profits soit tout à coup l'objet d'une taxe, que ce soit dans
ce secteur ou d'autres, je ne saisis pas exactement en quoi il y aurait quelque
chose de discriminatoire.
Pour ce qui est de l'effet que cela pourrait faire sur ces entreprises,
à ma connaissance, il n'y en a pas, je pense bien, parmi elles, qui
auraient dit que cette taxe allait les ruiner.
On a quand même le sentiment que ce sont des entreprises
généralement florissantes et qui, j'imagine, peuvent supporter
une taxe de 2%. Je suppose que si le ministre des Finances trouvait qu'il vient
de leur imposer un poids trop lourd, il saurait, à ce moment-là,
alléger ce poids.
Comme tel, du fait qu'une entreprise soit l'objet d'une taxe de ce genre
et que cela devienne quelque chose de discriminatoire, je ne saisis vraiment
pas de quoi il s'agit.
M. Ciaccia: Peut-être n'avez-vous pas compris le sens de ma
question. Taxer l'entreprise en général, ce n'est pas cela qui
est discriminatoire. Le montant de 2%, ce n'est pas cela qui est excessif non
plus, généralement.
Mais c'est qu'en imposant cette taxe, il va y avoir certaines
entreprises qui vont souffrir plus que d'autres, qui ne pourront pas subir les
effets que cela va avoir, les effets seront différents, par exemple, sur
le réseau privé plutôt que sur le réseau public,
dans ce sens, qu'il y a une discrimination dans la distribution et dans la
méthode d'application, de par les effets de cette taxe. Ce n'est pas le
fait de taxer l'entreprise. L'entreprise privée est taxée selon
ce principe et c'est accepté. Naturellement, ce n'est pas cela la
discrimination, c'est la méthode utilisée pour mettre en vigueur
cette taxe qui va être discriminatoire pour différentes
entreprises, différents media et différentes régions.
M. O'Neill: Je réponds à cela, M. le
Président, que si les gens qui sont responsables des entreprises, des
media électroniques nous faisaient à ce point de vue, à un
moment donné, dans un mémoire, des doléances
sérieuses et nous donnaient la preuve que cette taxe nuit à leur
bon fonctionnement, je pense que ce serait notre responsabilité de
transmettre alors ces doléances au ministre des Finances...
M. Ciaccia: Non, j'aurais...
M. O'Neill: ...mais, dans le moment, nous n'avons pas tellement
d'inquiétude de ce côté.
M. Ciaccia: J'aurais seulement pensé que le ministre des
Communications se serait opposé à tout genre de taxe où il
y aurait eu possibilité de discrimination, qu'il aurait voulu avoir,
autant que possible, la liberté d'expression pour éviter que des
gestes soient posés par le gouvernement qui pourraient, d'une
façon ou d'une autre, être interprétés en ce sens.
Je crois que le principe de maintenir cette liberté d'expression est
beaucoup plus important que le $1,5 million ou les $2 millions que vous
pourriez percevoir par l'entremise de cette taxe.
M. O'Neill: Là-dessus, M. le Président...
M. Bertrand: Sur le même sujet...
Mme Lavoie-Roux: C'est sur le même sujet.
M. O'Neill: Je faisais ce commentaire là-dessus, M.
Bertrand peut compléter la réponse, je ne vois pas vraiment ce
lien qu'on est en train de faire entre une menace à la liberté
d'expression et une taxe de 2% sur les commerciaux, sur la publicité des
postes de radio et de télévision. Vraiment, je saisis mal en quoi
il y aurait là une atteinte éventuelle ou possible à la
liberté d'expression. Je sais qu'il y aurait atteinte à la
liberté d'expression si, à un moment donné, des
méthodes étaient prises pour détruire un quotidien, par
exemple, comme cela s'est déjà fait dans le passé avec le
Jour, mais lorsqu'on arrive à une taxe de 2% à des
réseaux, imposée à des entreprises qui, encore une fois,
ont quand même la réputation d'être florissantes, je pense
qu'il n'y a pas de quoi crier à la catastrophe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie, sur le même sujet, est-ce que vous
permettriez au député de...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le député de Taschereau parlera sur le même sujet
également?
M. Guay: C'est sur un sujet qui a été
évoqué. Il y a deux questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
terminer le sujet qui a été soulevé par le
député de Mont-Royal. Le député de Vanier.
M. Guay: C'est là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur la taxe...
M. Bertrand: Très brièvement, sur la taxe de 2%, M.
le Président, je pense que le ministre vient de souligner un point
important. Les propos du député de Mont-Royal prendraient
peut-être beaucoup plus de force si la taxe de 2% s'était
appliquée a la presse écrite aussi. On sait quand même que
ce genre de media d'information est particulièrement affecté par
toute intervention dans ses états financiers qui ferait en sorte
qu'effectivement il connaîtrait des situations particulièrement
pénibles, mais évaluer les états financiers des postes de
radio et de télévision, c'est scruter les états
d'entreprises privées parmi les plus florissantes, toutes proportions
gardées, qui peuvent exister. Allez dans les régions rurales.
Vous semblez prétendre que cela poserait des problèmes, parce que
ce sont des régions sous-développées en termes
d'information, c'est souvent vrai, mais allez voir les états financiers
d'un poste de radio, par exemple, en milieu rural; il est en situation de
monopole, c'est florissant, parce que tout le commerce qu'il y a autour
s'adresse uniquement à un seul poste de radio.
En d'autres mots, bien loin de venir prêter flanc à la
liberté d'information, cette taxe n'a vraiment comme seul effet en somme
que de garnir davantage les coffres de l'Etat, à même un
élément tout de même fort contestable dans notre
société de consommation, qui est la publicité, surtout
dans les formes où elle est faite et, en vue d'aider les consommateurs,
par le biais de l'Office de la protection du consommateur. En d'autres mots, je
pense que c'est une taxe sociale, à but social, à objectif social
éminemment intéressante à cause des objectifs qu'elle
s'est fixés et qui ne porte pas flanc du tout au genre d'entreprises
qu'elle affecte, puisque ce sont des entreprises privées
déjà très florissantes qui, de toute façon, peuvent
augmenter les coûts de la publicité si elles le désirent et
donc, dans ce contexte, la liberté d'information n'est même pas
mise en cause.
M. Ciaccia: Principalement pour répondre, parce que le
député a soulevé certaines questions. Je ne pense pas que
je puisse accepter ses déclarations à savoir que dans les milieux
ruraux ou dans certaines régions, tous les réseaux de
radiodiffusion sont tellement rentables qu'ils ne subiront pas certains
problèmes par l'entremise de cette taxe, parce que je ne crois pas que
personne ait un monopole dans la publicité. Alors, si un marchand
peut... On parle des marchands sur les grandes stations. S'ils peuvent arriver
à faire parvenir leurs messages par d'autres moyens c'est la
règle de l'économie ils vont le faire. C'est surtout le
petit poste de radio qui va en souffrir. Pour le revenu minime que ça va
rapporter je ne veux pas étendre le débat là-dessus
ils se sont plaints, même. Ils ont fait des démarches pour
faire savoir qu'ils en seront affectés. C'est pour ça que j'ai
soulevé ce problème. J'aurais cru que le ministre des
Communications se serait opposé à une taxe de ce genre, parce que
vous voulez aider la télévision communautaire. Vous voulez aider
les radiodiffuseurs communautaires. Le moyen de le faire, c'est de les rendre
rentables. Ce n'est pas de les pénaliser. Je crois qu'avec cette taxe,
en plus de la question du rôle de l'Etat dans ce domaine, qui est
contestable, il y a la question de pénaliser certaines régions
par rapport à d'autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de l'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une seule question au sujet d'une partie de la
déclaration ou du discours que le ministre des Communications a fait
à Jonquière. Il y a eu des... On a rapporté, d'une
façon assez contradictoire je suis tout à fait prête
à l'admettre dans les journaux, cette déclaration selon
laquelle il existait, à Montréal, trop de stations de radio et de
télévision anglaises. Je pense que ce sera peut-être
l'occasion ici pour que le ministre puisse nous préciser exactement
quels ont été les propos qu'il a tenus et, dans le cas où
je pense qu'il l'a certainement lu jusqu'à un certain point, quels sont
les moyens qu'il entend prendre pour corriger cette disparité qu'il a
constatée entre les réseaux d'expression française et les
réseaux d'expression anglaise dans la région
métropolitaine en particulier. Je pense même que ça peut
s'appliquer à d'autres régions comme Sherbrooke où on a le
même phénomène, là où il s'agit de
l'entrée d'émissions venant des Etats-Unis. La même chose
peut s'appliquer, j'imagine, dans d'autres coins de la province.
M. O'Neill: M. le Président, oui, si j'ai vraiment
parlé de ce problème dans le discours prononcé à
Jonquière, je n'ai pas parlé que de ça, parce que quand on
lit la Gazette, on a l'impression que je n'ai parlé que de
ça.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour ça que je sais que...
M. O'Neill: Mais j'ai parlé de ce problème, parce
qu'il y a un écart, ce qu'on appelle un déséquilibre sur
le plan linguistique. On a dit que l'équilibre souhaitable serait
peut-être, pour la région de Montréal, de deux à
trois, par exemple, francophones. On a signalé le problème et la
difficulté de le régler d'une façon, parce qu'on peut
toujours dire... On peut augmenter le nombre de stations, à la condition
qu'elles puissent disposer de canaux vraiment utilisables. Des solutions? Elles
ne relèvent pas de nous. C'est le CRTC qui a donné ces permis, ce
n'est pas nous. Mais il est certain que c'est le genre de questions qu'on doit
se poser. Moi, quand des représentants de media anglophones m'ont
posé la question, j'ai dit: Oui, je me pose cette question et j'aimerais
que vous vous la posiez vous-mêmes aussi. Il y a tout simplement une
disparité, un déséquilibre qu'il faudrait étudier
à un moment donné.
Mme Lavoie-Roux: C'était une observation que vous faisiez
et non pas dans le sens comme
on vous a interprété, de certaines mesures qui pourraient
être prises, parce que vous, vous dites qu'elles ne relèvent pas
de notre compétence. C'est ce que je dois penser?
M. O'Neill: C'est ça. Dans le moment, ça ne
relève pas de nous. De toute façon, on ne peut pas prendre de
mesures. J'aimerais quand même que les gens qui gèrent ces
stations de radio et de télévision se posent eux-mêmes des
questions et cherchent peut-être, à plus ou moins long terme, une
solution. C'est toujours souhaitable, vous savez, dans des choses comme
celles-là, qu'on puisse être obligé d'intervenir, je
dirais, le moins possible par voie législative et que les gens trouvent
eux-mêmes l'équilibre qui s'impose.
Mme Lavoie-Roux: Alors, dans votre réflexion, M. le
ministre, vous n'êtes pas allé quand même aussi loin que,
peut-être, établir d'une façon temporaire quelle serait la
proportion normale ou qui vous apparaîtrait la plus naturelle, en tout
cas, de cet équilibre qui devrait exister entre les postes de diffusion
française et anglaise. Est-ce que vous avez...
M. O'Neill: Dans le texte, nous avons mentionné comme
hypothèse l'idée d'un tiers, deux tiers approximativement, tenant
compte d'une densité particulière de la population anglophone de
la région de Montréal, parce que, à ce point de vue,
Montréal ne reflète pas la composante démographique du
reste du Québec. On pose ça comme hypothèse, comme une
sorte d'objectif auquel on pourrait tendre un jour et auquel pourraient tendre
ceux-là mêmes qui, dans le moment, ont quelque chose à dire
dans le secteur, de cette façon directe. Je pense que ce serait à
peu près le genre d'équilibre à rechercher... Les uns
disent: Peut-être en augmentant le nombre de stations. Les autres disent:
Peut-être en en transformant certaines. Mais c'est de l'ordre de ce que
j'appelle, moi, des hypothèses de travail quant à nous, surtout,
encore une fois, que nous n'avons rien à dire directement dans le
fonctionnement de ces stations.
Nous pouvons leur donner des conseils, mais pas aller plus loin que
ça.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autre question sur le sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau? Non. Est-ce qu'il y a d'autres questions
d'ordre général? Non.
Mme Lavoie-Roux: J'avais des questions à poser dans le
domaine du cinéma. Maintenant, si on y revient au moment des programmes,
on peut encore poser des questions... Bon, alors, on peut
peut-être...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Cela va venir plus loin.
M. O'Neill: Je peux vous référer...
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'il y a aussi la question sur la
télévision communautaire, etc.
M. O'Neill: Le programme 8...
Mme Lavoie-Roux: Si on peut le faire au moment des programmes,
ça nous laisse la porte ouverte.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication (suite)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous en
étions à l'élément 1 du programme 1, qui parlait du
service téléphonique.
M. O'Neill: Moi, je n'ai plus de remarque à faire
là-dessus.
M. Bertrand: Est-ce qu'on pourrait savoir du ministre des
Communications quel est le montant d'argent qui est payé annuellement
à Bell Canada?
M. O'Neill: $16 165 000.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Avez-vous l'intention de nationaliser Bell
Canada?
M. Guay: Cela nuirait à la liberté du parti?
M. Ciaccia: Non, mais...
M. O'Neill: Est-ce que je peux répondre à
ça? C'est ni dans nos préoccupations immédiates, ni dans
nos moyens.
M. Ciaccia: Et de le réglementer?
M. O'Neill: On s'entend bien avec Bell Canada dans le moment. Ce
qu'on souhaite beaucoup, c'est qu'on puisse un jour parler de Bell
Québec. Apparemment, ce n'est pas un souhait qui n'est propre
qu'à nous, puisqu'en Ontario, on attend le moment où ça
s'appellera Bell Québec pour parler de Bell Ontario. Cela va continuer
de fonctionner.
M. Ciaccia: Cela irait avec la belle province, la Bell
Québec. Ce serait dans la même ligne.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas mal, ça.
M. Le Moignan: M. le Président, dans le même ordre
d'idée, est-ce que la province paie beaucoup d'argent à
Québec Téléphone et autres compagnies du genre?
M. O'Neill: Québec Téléphone, $1 270 000. Il
faudrait ajouter ensuite Télébec Téléphone, $660
000. Je peux vous donner d'autres détails. Téléphone
Sainte-Rosalie, $140.
M. Le Moignan: Merci. C'est Québec Téléphone
chez nous.
M. O'Neill: Ce sont les principales. Il y en a d'autres, au CN,
et tout le reste, Continental, CP. Je peux vous donner une liste. Il y en a
à peu près 40.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez diminué le service
Centrex depuis que vous êtes entré en fonction? On semble avoir
beaucoup de plaintes que le service a été diminué ou
semblait diminué?
M. O'Neill: Le service Centrex comme tel n'a pas
été touché parce que le service Centrex, c'est le
réseau des téléphonistes de Québec et de
Montréal. Ce qui a été touché, c'est le service
intercentre, entre les villes.
M. Ciaccia: Alors, cela veut dire que vous avez diminué
les lignes, par exemple, entre Montréal et Québec?
M. O'Neill: Le réseau intercentre entre les villes a
été... Il y a eu une diminution du nombre de lignes entre les
villes. Cela a donné lieu à une étude de trafic et le
réajustement, compte tenu du trafic, va être fait d'ici quinze
jours.
Une Voix: Un réajustement par en haut.
M. O'Neill: Au point de vue de la possibilité de trafic,
oui.
M. Ciaccia: Est-ce pour cela que, parfois, on doit s'y prendre
sept, huit fois avant de pouvoir avoir une ligne?
M. O'Neill: Exactement. Il y avait un phénomène de
sensibilisation de la population, des fonctionnaires, à l'utilisation du
réseau intercentre et, comme tel, ce moyen un peu coercitif de diminuer
le nombre de lignes disponibles a fait réaliser aux fonctionnaires le
moyen ou la façon la plus rentable d'utiliser le réseau. On a
constaté une diminution, tant de l'interurbain que du réseau
intercentre. Maintenant, nous allons réaligner le nombre de circuits de
façon à satisfaire les études de trafic qui ont
été menées.
M. Ciaccia: Le problème est que quelqu'un perd patience et
utilise l'aide de la téléphoniste. Je crois qu'à la
longue, cela coûterait plus d'argent à la province si ce service
était diminué. Les gens vont utiliser les services de la
téléphoniste.
M. O'Neill: C'est un raisonnement qui est valable. Maintenant,
l'expérience des trois ou quatre derniers mois nous a
démontré que, quand même, le coût de l'interurbain
qu'on paie en parallèle avec le réseau intercentre a
également diminué. Ce qui veut dire qu'à un certain
moment, l'utilisation de l'intercentre ne servait pas exclusivement pour des
fins administratives.
M. Ciaccia: Le coût, comparativement, par Centrex et par
téléphonistes, quelle est la différence?
M. O'Neill: Je ne saisis pas exactement votre question.
M. Ciaccia: Le coût d'utilisation du Centrex par rapport au
coût d'utilisation des téléphonistes, quelle est la
différence?
M. O'Neill: Le Centrex, c'est la possibilité, à
Québec et à Montréal, d'avoir accès... Par exemple,
le 643 à Québec, c'est le Centrex. Le 873 à
Montréal, c'est le Centrex.
M. Ciaccia: Je comprends, mais quelle est la raison de faire
cela? Il doit y avoir un bénéfice sur le coût?
M. O'Neill: Vous référez-vous à
l'intercentre? Le réseau intercentre entre villes?
M. Ciaccia: Oui.
M. O'Neill: Vous parlez du parallèle entre l'intercentre
et l'interurbain? C'est cela?
M. Ciaccia: Oui.
M. O'Neill: L'intercentre, c'est tout simplement un
phénomène d'achat de masse, de possibilité de diminuer le
coût pour un trafic donné. Il y a un rapport d'environ 4 à
1 entre l'intercentre et l'interurbain. A ce moment-là, tout comme, ce
matin, on a eu une question à propos de Gaspé, lorsque le trafic
au réseau intercentre ne le justifie pas, on retourne à
l'interurbain. C'est entendu que, pour un appel donné entre
Québec et Montréal, cela va vous coûter environ, grosso
modo, quatre fois plus si vous passez par l'interurbain que si vous utilisez le
réseau intercentre. Maintenant, c'est un équilibre entre les
deux. Il s'agit de le maintenir.
M. Ciaccia: Vous mentionnez qu'il y a eu deux répertoires
téléphoniques publiés l'année dernière.
Combien prévoyez-vous en publier en 1977?
M. O'Neill: Deux répertoires également.
M. Ciaccia: La même chose.
Sur la question des communications informatiques, vous avez
centralisé certains services. Je présume que l'information sur le
programme de placement étudiant a été centralisée.
Quelle information donnez-vous? Comment fonctionne cette coordination, cette
centrale d'informatique pour les différents ministères? Par
exemple, pour le placement étudiant?
M. O'Neill: Dans le programme 1, quand on parle de communications
qui relient les terminaux informatiques, ce sont tout simplement les liens de
communications qui relient les terminaux informatiques avec l'ordinateur
central. C'est tout simplement le service qui permet de transporter les
données, l'information d'un point à un autre. Cela ne se rapporte
pas à l'informatique en soi.
M. Ciaccia: Cela ne se rapporte pas spécialement aux
questions techniques?
M. O'Neill: C'est cela. Simplement au point de vue communications
comme telles. Cela revient au programme 9. Les questions sur l'informatique, je
crois que cela revient au programme 9, au bureau central d'informatique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1. Y a-t-il d'autres questions sur l'élément
1?
M. Bertrand: Elément 1, adopté.
M. Ciaccia: Vous parlez du domaine de l'utilisation des
satellites, en radio-communications et en audio-visuel.
M. O'Neill: Ce n'est pas à l'élément 1.
M. Bertrand: Ce n'est pas à l'élément 1.
M. Ciaccia: Ce n'est pas à l'élément 1? Au
programme 1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On est
ici à l'élément 1, services
téléphoniques.
M. Ciaccia: Services téléphoniques.
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté. Elément 2, communications,
informatique?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé? Adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
M. O'Neill: Communications gouvernementales et
renseignements...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est le
programme 2, cela.
Alors élément 2 adopté. Elément 3,
radiocommunications.
M. Ciaccia: Vous parlez, c'est ici, à
l'élément des radiocommunications et de l'audio-visuel, du
domaine des satellites; je présume qu'il doit y avoir une collaboration
avec le fédéral dans ce domaine?
M. O'Neill: Partout où on peut, on coopère.
M. Ciaccia: Vous trouvez? Alors, c'est votre intention, mais
quand vous parlez d'assistance technique du ministère, de quel genre
d'assistance technique parlez-vous?
M. O'Neill: L'assistance technique dont il est question ici,
c'est l'assistance technique du minis- tère des Communications du
Québec, pour fournir les réseaux, les infrastructures.
C'est-à-dire que si on fait une télé-conférence par
satellite, par exemple entre le Québec et la France, à
destination de Paris en partant de Montréal, il faut une infrastructure
de micro-ondes, de lignes téléphoniques. Il faut louer les
services de satellites, etc. Cette infrastructure, c'est l'assistance que l'on
fournit à ceux qui utilisent ce satellite. C'est ce à quoi nous
nous référons.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Elément 4, études et expertises techniques.
M. Ciaccia: Dans cet élément, il y a une baisse.
L'année dernière, c'était $142 500...
M. O'Neill: Pour les services.
M. Ciaccia: Pour les services. Maintenant, vous êtes rendus
à $99 900. Peut-on avoir une explication de cette réduction?
M. O'Neill: Je pense que, dans votre interprétation des
chiffres, il y a une erreur, dans le sens que le $142 900 c'est la somme des 4
éléments et non pas une différence entre $99 900 et $142
900.
M. Ciaccia: Mais l'équivalent pour l'année
courante, c'est $99 900. C'est l'élément 4?
M. O'Neill: L'élément 4, oui.
M. Ciaccia: II semble y avoir une réduction de $142 000
à $99 900?
M. O'Neill: Non. $142 000, c'est l'addition des
éléments 1, 2, 3 et 4, en ce qui a trait aux services.
M. Ciaccia: Mais, est-ce que le chiffre de $142 500
n'était pas le chiffre de l'année dernière pour les
services?
M. O'Neill: C'était le chiffre proposé pour
1977-1978.
Les $142 900, c'est la somme des dépenses de fonctionnement pour
les quatre éléments.
Si vous additionnez les services, dans l'élément 1 de $20
500 plus ceux dans l'élément 2 de $13 000 plus, plus ceux etc.,
cela vous donne $142 900.
M. Ciaccia: J'ai devant moi, vous ne l'avez peut-être pas,
les chiffres de l'année dernière, 1976-1977. C'est
peut-être pour cela que vous ne pouvez pas faire...
M. O'Neill: Les chiffres de 1976-1977 sont de $171 000 à
la catégorie des services.
M. Ciaccia: Mais, à cette catégorie 4 des services,
pour 1976-1977, il y a le chiffre de $142 500 et l'équivalent pour cette
année c'est $99 000.
M. O'Neill: Je pense que c'est une question de contrainte
budgétaire. Il y a moins de personnel, moins de service à
fournir.
M. Ciaccia: Avez-vous des informations sur les services que vous
enlevez? Parce qu'il y a presque $40 000 de moins?
M. O'Neill: On m'informe qu'il y a $50 000 qui ont
été coupés lorsqu'on a eu les coupures budgétaires
l'an dernier; $50 000 ont été coupés au niveau des frais
de services professionnels, de consultations.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 4 adopté? Programme 1 adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Communications gouvernementales et
renseignements
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 2, communications gouvernementales et renseignements. Elément
1, services centraux. Le député de Vanier.
M. Bertrand: Dans le chapitre Information gouvernementale, la
coordination d'une émission d'une heure au canal 10 à
Montréal, avec Mme Chaput-Rolland, c'est fait? C'est terminé?
C'était une seule émission?
M. O'Neill: C'était une série de septembre à
avril, tous les quinze jours.
M. Bertrand: Cela s'est terminé ce mois d'avril?
M. O'Neill: Cela s'est terminé en avril.
M. Bertrand: Est-ce l'intention du gouvernement de
répéter ce genre d'expérience?
M. O'Neill: Si Télé-Métropole nous l'offre,
parce que c'est une invitation de participer à une émission
d'intérêt public qui a été une initiative de
Télé-Métropole et qui ne coûtait rien en fait.
M. Bertrand: Qui ne coûtait rien. Et le gouvernement
n'avait donc, à cause de cela, de droit de regard sur les personnes qui
réalisaient cette émission et qui l'animaient?
M. O'Neill: Nous n'avions pas droit de regard sur la
réalisation ni sur l'animation. Mais nous avions un droit de regard
complet sur les contenus véhiculés au moment des
émissions, c'est-à-dire des invités du gouvernement et de
l'approche gouvernementale.
M. Bertrand: Serait-il possible, simplement M. le
Président, de souligner, c'est un reproche et cela n'en est pas un,
c'est simplement une mise en garde, que Mme Chaput-Rolland, avec tout le
respect que je lui dois, c'est la même personne qui, je pense, s'est
associée tout récemment à une émission from Coast
to Coast, Dialogue-Canada, qui était, à toutes fins pratiques,
une émission patronnée par les postes privés de radio,
imposée à certains postes privés de radio ici même
dans la région de Québec, venant des propriétaires
mêmes des postes de radio, mais à l'encontre de toute
volonté des directeurs d'information ou des journalistes. Si
c'était l'intention du ministère de renouveler cette
expérience qui est en soi fort valable, je me demande dans quelle mesure
le gouvernement est en mesure, étant donné que c'est lui qui
donne son accord au contenu de ces émissions, de faire quelque
chose.
M. O'Neill: M. le Président, je ne connais pas exactement
le type d'imposition qui a été fait de cette dame. Quant à
moi, la seule chose qui me préoccupe c'est le professionnalisme ici,
c'est-à-dire les gens qui sont capables de bien faire leur travail. Il y
a des gens qui peuvent avoir différentes tendances, différentes
options et qui font bien leur travail. Quant à moi, je suis accueillant
à cela pour rappeler le principe sur lequel revient souvent le
député de Mont-Royal, d'une sorte de liberté ici.
M. Ciaccia: Le député de Vanier ne suggère
pas une forme de censure, non? Ce n'est pas ce que vous suggérez?
M. Bertrand: Absolument pas, j'ai voulu faire... M. Ciaccia:
Je suis content de voir...
M. Bertrand: J'ai voulu faire un peu attention, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je suis heureux de la réponse du ministre.
M. Bertrand: Je comprends tout à fait la réaction
du ministre et j'aurais eu à sa place exactement la même
réaction, mais je considérais qu'il était important de
soulever cet élément. C'est évident que si c'est la
responsabilité de Télé-Métropole qui fournit
gratuitement le temps d'antenne, quant à moi aussi, cela le regarde
d'engager le personnel professionnel qu'il désire.
M. Ciaccia: Je suis heureux de voir que c'est le
député de Chauveau qui est le ministre des communications et non
le député de Vanier, seulement pour cette question, je vais
garder mes commentaires pour d'autres réponses plus tard.
M. Le Moignan: Nous sommes dans le programme 2. Il s'agit donc de
la publicité et je vois ces lignes: II veut donner une plus grande
cohérence de l'image gouvernementale dans les communications. A
l'Assemblée nationale, on confond souvent gouvernement et Parti
Québécois. Est-ce que M. le ministre, il s'agit d'une
véri-
table information et non pas d'une publicité vis-à-vis le
Parti Québécois comme tel?
M. O'Neill: M. le Président, il s'agit ici de
l'information administrative. Cela ne regarde pas le Parti
Québécois Comme tel. N'ayez crainte. Nous essayons de toujours
maintenir la distinction entre les deux.
M. Le Moignan: Ceci suppose que vous donnez des contrats de
publicité qui seront accordés en 1977-1978. Y aura-t-il beaucoup
de ces contrats? Qui les aura? A quelle fin en particulier?
M. O'Neill: M. le Président, le député de
Gaspé soulève un problème important. Je sais
qu'actuellement le conseil du trésor est en train d'essayer de trouver
une formule qui permette un maximum d'équité dans ce domaine. On
sait qu'il y a eu des difficultés qui ont été
soulevées dans le passé. Il y a eu du mécontentement. Il y
a eu parfois de la préférence. Il s'agit de trouver une formule
qui, vraiment, respecte les règles de l'équité dans ce
domaine. Ce n'est pas à point, mais quand cela sera fait cela sera
connu.
M. Le Moignan: C'est donc dire que vous passerez par la formule
de soumissions. Des soumissions seront demandées autrement dit. Pour
tous les contrats de publicité.
M. O'Neill: Je pense que nous avons déjà
commencé à l'appliquer même pour les contrats d'impression
de la Gazette officielle. Nous avons déjà passé par la
formule de soumissions et cela a déjà eu de bons effets d'ordre
financier. C'est-à-dire que les économies sont déjà
assez notables. Mais ce que je veux dire c'est que la mise au point de la
formule comme telle dans tous ses éléments, cette mise au point
n'est pas terminée. Actuellement le conseil du trésor est en
train de faire une étude là-dessus pour trouver les normes les
plus objectives, les plus équitables qui soient.
M. Le Moignan: C'est-à-dire que tous vos critères
ne sont pas établis et que quelqu'un est chargé en ce moment de
fixer ce choix.
M. O'Neill: Oui, mais c'est le conseil du trésor qui est
en train d'étudier cela.
M. Bertrand: ... là-dessus M. le Président. Le
Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Bertrand: Peut-on savoir de la part du ministre quelles
étaient les deux agences de publicité qui s'occupaient de publier
les offres d'emplois de la Fonction publique ainsi que les appels d'offres du
gouvernement du Québec?
M. O'Neill: Je crois que c'était Pierre Tremblay et
Associés et l'autre Bleau et Dupéré.
M. Bertrand: Peut-on savoir, sur la somme globale de $377 735
pour les avis publics et $216 362, quelle est la répartition entre ces
deux agences?
M. O'Neill: Je vous trouve cela dans un instant. Je l'avais en
note...
M. Ciaccia: Pendant que vous regardez vous pourrez nous dire
qu'il y a eu des changements depuis le 15 novembre dans le choix de ces
agences?
M. O'Neill: Donc, une somme globale de $377 735 a
été dépensée pour les avis publics, et $216 000 ont
été consacrés aux emplois. Les avis publics et les appels
d'offres c'est bien Bleau et Dupéré, c'est cela.
Offre d'emploi, Pierre Tremblay et Associés et Bleau et
Dupéré pour les avis publics et les appels d'offres.
M. Ciaccia: Y a-t-il eu des changements dans ces agences depuis
le 15 novembre?
M. O'Neill: Les autres contrats se terminaient le 1er avril, pour
ce qui est des appels d'offres, c'est allé à la Gazette
officielle.
Pour les offres d'emplois, un comité de sélection a choisi
une agence de Québec. C'est l'agence Dussault de Québec.
M. Ciaccia: Avez-vous engagé des fonctionnaires permanents
pour s'occuper de la publicité du gouvernement?
M. O'Neill: Voulez-vous dire du nouveau personnel ou simplement
le personnel en place?
M. Ciaccia: Oui, nouveau.
M. O'Neill: II n'y a pas de nouveau personnel affecté
à cela.
M. Ciaccia: Je vais poser ma question d'une autre façon.
Ces personnes faisaient peut-être partie de la fonction publique avant,
mais ce n'était pas leur rôle.
M. O'Neill: Non.
M. Ciaccia: Est-ce une nouvelle fonction?
M. O'Neill: Est-ce que vous avez un nom à l'esprit?
M. Ciaccia: Non.
M. Le Moignan: Est-ce que les chiffres donnés par le
ministre comprennent tout ce qui a été dépensé pour
la publicité dans les journaux, revues ou autres publications au cours
de 1976/77?
M. O'Neill: Ici, cela couvre donc les offres d'emplois, les avis
publics et les appels d'offres. C'est ce qui relève de notre
ministère.
M. Le Moignan: Est-ce que le montant de
1977/78 sera sensiblement le même ou est-ce qu'il y aura
augmentation?
M. O'Neill: II a une chance d'être plutôt
réduit étant donné que nous utilisons maintenant les
services de la Gazette officielle. Là encore il y a une
économie.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre peut nous donner le coût
de la campagne publicitaire dans les quotidiens et les hebdomadaires pour mieux
faire connaître les ministères établis dans les
différentes régions? Vous avez parlé d'une campagne
publicitaire.
M. O'Neill: Pourriez-vous me dire à quel texte vous vous
référez exactement?
M. Ciaccia: On voit souvent des annonces. Je n'ai pas les textes
exacts, mais j'avais l'impression qu'il y avait une campagne de
publicité pour mieux faire connaître les ministères, de
donner de l'information sur les ministères.
M. O'Neill: La seule campagne destinée à faire
connaître les services gouvernementaux est une campagne qui a
été orchestrée dans l'ensemble du Québec au niveau
régional au cours de l'année dernière, qui se poursuit
jusqu'en juin et qui est destinée simplement à faire de la
publicité sur le réseau Zénith qu'on offre aux citoyens.
C'est un moyen technique pour rejoindre les bureaux de
Communication-Québec sans frais d'interurbain. La seule publicité
faite consiste à dire aux citoyens: Pour tout renseignement, veuillez
composer Zénith 2-6720. C'était destiné, si vous voulez,
à réduire les appels interurbains.
M. Ciaccia: Par exemple, il y a des annonces publicitaires qui
réfèrent aux ministères et qui donnent le numéro de
téléphone pour rejoindre...
M. O'Neill: C'est cela. C'est la campagne.
M. Ciaccia: Pouvez-nous nous donner une idée du
coût?
M. O'Neill: Cela a coûté $90 000 pour l'ensemble de
l'année.
M. Le Moignan: En plus de Radio-Québec, est-ce que le
ministère finance des émissions de radio privée, par
exemple ou d'autres postes de télévision?
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: D'accord!
M. O'Neill: Je voudrais seulement revenir sur la question de
cette campagne. Une chose a été observée dans plusieurs
régions: d'une part, il y a de bons bureaux d'établis de
Communication-Québec, mais, d'autre part, on remarque que les gens ne
connaissent pas suffisamment l'existence de ces bureaux, comme ils ne
connaissent pas suffisamment en général l'existence des bureaux
régionaux.
Ils ne savent pas que, parfois, tout près de chez eux, ils
pourraient trouver les services qu'ils sont portés à venir
chercher à Québec. En faisant mieux connaître ces bureaux,
je trouve qu'il y a un avantage pour la population de ces régions.
M. Ciaccia: Ma question n'est pas pour contester le fait que vous
donnez cette information ou que vous faites cette campagne, c'est seulement
pour savoir le coût pour obtenir cette information et aussi comment vous
faites le choix des hebdomadaires ou des journaux dans lesquels vous placez ces
annonces.
M. O'Neill: Dans ce cas précis, c'est le service de
l'information régionale à la Direction générale des
communications gouvernementales qui a conçu la stratégie de la
publicité et il n'y a pas eu ni agences de placement ni de placement
media. Ce sont les bureaux régionaux qui ont contacté directement
les media régionaux, media qui connaissaient mieux le territoire, et la
campagne a été vraiment entreprise de façon
régionale. Le placement-media a été conçu pour
chaque région de manière à rejoindre une population
régionale. Ce n'était pas une campagne nationale au sens
où on prend les mass media. C'est vraiment une campagne
régionale. On est allé chez les hebdos et les postes locaux,
parce que c'est la clientèle qu'on voulait rejoindre.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez des normes pour le choix de ces
media?
M. O'Neill: Oui. Premièrement ce sont des normes
fondées sur le tirage de ces hebdos, sur leur qualité par
rapport, par exemple, au tirage payé et au tirage distribué
gratuitement. Ces plans de media sont établis en fonction de la
pénétration de ces media.
M. Ciaccia: Est-il possible de déposer à la
commission le document qui donne ces normes?
M. O'Neill: On peut déposer, mais pas ce matin, le plan de
media qui avait été...
M. Ciaccia: D'accord!
M. O'Neill: ... créé et les normes qui s'appliquent
pour l'ensemble de la direction générale et non pas seulement
pour ce cas-là. Ces normes s'appliquent chaque fois qu'on décide
d'aller chez les hebdos.
M. Ciaccia: D'accord! Et je suppose que ces normes auxquelles
vous venez de vous référer sont appliquées dans les
différentes régions où vous faites cette
publicité?
M. O'Neill: Assurément, parce que le seul but serait de
manquer notre coup...
M. Le Moignan: En plus des journaux, de la radio, etc., il y a
des expositions qui se tiennent parfois au Québec, au Canada ou à
l'étranger, j'imagine que le ministère a participé l'an
dernier à certaines de ces expositions au point de vue publicitaire?
M. O'Neill: Le rôle premier des communications dans ce
domaine en est un de conseil auprès des autres ministères, quand
ils ont des activités de ce genre, tout comme dans les régions le
rôle des bureaux est souvent d'aider également d'autres bureaux,
d'autres organismes gouvernementaux, soit pour l'organisation de leur travail
en région, soit pour une certaine forme de... pour les aider, si vous
voulez, dans leur travail d'information. C'est surtout cela notre fonction.
M. Le Moignan: Le ministère n'organise pas comme tel des
"stands" ou des exhibits, je ne sais trop. Il n'y a pas de fonctionnaires qui
vont directement...?
M. O'Neill: Non. Est-ce qu'on ne fournit pas des contributions
à un moment donné? Seulement l'aide technique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je remarque qu'il y a une baisse dans les services
centraux par rapport à l'année dernière, alors que
c'était de $3 066 900. Cette année, c'est $1 950 400.
Pourriez-vous nous dire où ces baisses se situent et quel impact ces
baisses pourraient avoir sur les services donnés par le
gouvernement?
M. O'Neill: Cette baisse est attribuée à plusieurs
facteurs. L'an dernier, vous aviez la campagne de publicité à
l'occasion des Jeux olympiques, qui coûtait $479 000 et qui ne revient
pas. Vous aviez, en plus de cette campagne de publicité pour les Jeux
olympiques, un transfert d'un service d'équipement audio-visuel de la
Direction générale des communications gouvernementales à
la Direction générale des services techniques, qui
représente un autre montant d'environ $150 000.
Il y a un troisième facteur que nous avions mentionné et
qui m'échappe actuellement; je pense que ce sont toutes des
dépenses qui ont été faites l'an dernier et qui ne
reviennent pas cette année parce que les événements ne
sont plus là. Gomme tel, cela ne représente pas une diminution
dans les services à donner à la population. La coupure est
à peu près de $800 000. Le budget, si on fait l'addition ou la
soustraction, on arrive à peu près au même montant.
L'autre point, c'est le montant qui était consacré aux
appels d'offres et qui a été transféré à
l'éditeur pour la publication, dans la Gazette officielle, des appels
d'offres.
M. Ciaccia: Pas d'autres questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 2, élément 1, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Elément 2?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Programme 2, adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Edition gouvernementale
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 3, Edition gouvernementale.
M. Le Moignan: Au début, il faut mentionner la
détermination du statut administratif du bureau de l'Editeur officiel du
Québec. Est-ce que cette détermination implique une nouvelle
loi?
M. O'Neill: Non. C'est une précision sur son statut, tout
simplement.
M. Ciaccia: Vous vous référez à un service
de traduction. Pourriez-vous nous donner une idée, nous dire quel
rôle ce service va avoir? Est-ce qu'il va aller en augmentant ou en
diminuant? Est-ce qu'il va prendre de l'ampleur? Je pense au bill 1 et je me
demande quel effet cela va avoir sur ce service. Avez-vous évalué
les effets? Quel rôle prévoyez-vous pour ce service de
traduction?
M. O'Neill: Ce qu'il serait peut-être bon de
préciser au départ, c'est que le service de traduction de
l'Editeur officiel ou de la Direction générale de
l'édition traduit actuellement 50 langues, ce que peu de gens savent.
Ces traductions sont soit des certificats d'études des immigrants qui
ont des attestations à fournir, soit encore des rapports scientifiques
dont un ministère peut avoir besoin et qui a été
publié en allemand ou dans une autre langue. Nous assurons les services
de traducteurs dans les palais de justice lorsque c'est requis. C'est ce genre
de services que fournit, en fait, la traduction de la Direction
générale de l'édition. Il est évident que, pour la
traduction en 50 langues, nous n'avons pas autant de fonctionnaires permanents
qui assument ce service. Dans la plupart des cas, nous avons recours à
des pigistes.
M. Ciaccia: Prévoyez-vous que ce service va être
plus utilisé? Va-t-il prendre plus d'ampleur à la suite de la
charte?
M. O'Neill: Pourquoi? Parce qu'on va être obligé de
faire plus de traductions, dites-vous? On les fait déjà.
M. Ciaccia: Non, mais je vais vous donner un exemple. Il y a
certains documents qui arrivent d'une façon bilingue. Il y a des
services et des ministères du gouvernement qui n'acceptent plus les
documents bilingues. Ils les ont renvoyés à ceux
qui les ont fait parvenir. J'en ai des exemples. Nécessairement,
cela peut entraîner un besoin de faire la traduction. Si vous recevez des
documents bilingues et que vous ne les acceptez plus, quelqu'un devra fournir
ce service dans les deux langues pour ceux qui en ont besoin.
M. O'Neill: Les cas que vous me donnez n'ont sûrement pas
été analysés. Je ne sais pas exactement de quel genre de
cas il est question. Enfin, selon les renseignements que j'ai, le service de
traduction va répondre à tous ces nouveaux besoins.
Vous mentionnez de nouveaux besoins, mais, en fait, on va continuer
quand même le genre de traduction qui se faisait et les documents qui
perdront peut-être leur caractère officiel, il faut
reconnaître, alors, qu'ils existent d'une certaine manière. Il
faudrait avoir des versions, que votre version soit officielle ou non, il
faudrait quand même s'occuper de la produire. Vous avez les mêmes
services à ce moment-là.
M. Ciaccia: Est-ce que votre budget va changer à
l'année prochaine? Est-ce que vous prévoyez des changements dans
votre budget?
M. O'Neill: Je ne me suis vraiment pas posé cette
question, M. le député. Pour cette année, par rapport
à l'an prochain, c'est quoi? Quel est le budget? M. l'éditeur va
vous dire cela, s'il a prévu un plus gros budget. Non seulement un
budget...
M. Ciaccia: D'après ce que je peux entendre, vous ne
l'avez vraiment pas fait, vous n'avez pas eu le temps de faire l'analyse de
l'impact de la charte sur votre service de traduction, parce que c'est
évident que si on s'éloigne du principe du bilinguisme, il va
falloir augmenter le service de traduction.
M. O'Neill: Ecoutez, cela ne m'a pas l'air si évident que
cela, mais il est sûr qu'à ce moment on verra. C'est-à-dire
que s'il y aura des besoins plus grands, l'essentiel, je pense, sera d'assurer
un bon service en place qui pourra répondre à ces nouveaux
besoins, si nouveaux besoins il y a.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je voudrais simplement faire observer que le
projet de loi no 1 a été traduit. Le projet de loi no 1
lui-même a été traduit.
M. Ciaccia: II a été déposé dans les
deux langues. Je n'ai pas soulevé cette question. Je pense que vous vous
trompez avec le député de Pointe-Claire, c'est lui qui a
soulevé ce problème, pas moi.
M. de Bellefeuille: M. le député de Mont-Royal,
vous avez fait allusion au projet de loi no 1 et à ses effets possibles
quant à la traduction. On peut croire, puisque le projet de loi
lui-même a été traduit, qu'il n'imprimera pas de nouvelles
tendances quant à la traduction.
M. Ciaccia: Mais tous les projets de loi, jusqu'à
maintenant, ont été traduits, peut-être qu'à
l'avenir ils ne le seront plus. Cela peut avoir un effet. Je pense à la
Corporation des comptables agréés qui a soulevé certains
problèmes quant à l'unilinguisme qui les affecterait. Je me
demandais si cela aurait un effet sur le service de traduction, parce que si
vous enlevez, par exemple, le principe du bilinguisme, il y aura certainement
avant une période transitoire, au moins, avant que tout le monde puisse
communiquer seulement dans une langue, en français, ce qui est
très louable et c'est quelque chose dont on ne s'objecte pas. Cependant
pendant cette période de transition, est-ce que vous allez offrir, pour
les gens qui vont en avoir besoin ou pour ces corporations professionnelles,
par exemple, même pour les municipalités, est-ce que vous allez
offrir par l'entremise de votre service de traduction, les services pour
combler cette lacune, et ce besoin qu'ils vont avoir?
M. O'Neill: En fait, vous voulez dire dans la période
où un délai sera imposé entre l'application, de la
promulgation de la loi et son application, c'est cela que vous voulez dire?
M. Ciaccia: Non, le délai, non, la promulgation, une fois
que la loi va venir, sera promulguée, elle va être applicable. A
ce moment, il va y avoir certains principes qui vont s'appliquer, qui ne
s'appliquaient pas avant, par exemple, aux municipalités. Est-ce que
votre ministère va offrir, pour combler cette lacune, combler ce besoin,
va offrir des services de traduction? Parce qu'il y a des municipalités,
malheureusement, où les gens ne sont pas parfaitement à l'aise
dans les deux langues.
M. O'Neill: Je veux juste poser une question. Est-ce que vous
parlez d'un service de traduction qui serait offert à la
municipalité en question? Est-ce que c'est cela? Cela, ce n'est pas
notre problème.
M. Ciaccia: Par exemple, si votre projet de loi. C'est votre
problème, dans le sens que c'est vous qui créez le
problème.
M. O'Neill: Ce sont eux qui assument la loi, c'est leur
problème. D'ailleurs, écoutez...
M. Ciaccia: C'est votre loi qui impose... Cela crée un
problème. Pas votre ministère nécessairement, mais c'est
votre gouvernement...
M. O'Neill: Vous savez, je verrais mal, tout à coup, aller
offrir un service de traduction, si besoin en est, à une
municipalité comme Westmount ou Beaconsfield. Je pense que les gens
seraient même insultés. Je sais qu'ils ont les moyens et le
personnel pour le faire.
M. Ciaccia: II ne faut pas tenir pour acquis que toutes les
municipalités, parce qu'elles se trouvent à l'ouest de
l'île, ont les moyens. Elles ont toutes des problèmes financiers
de la même façon, peut-être pas au même degré,
mais elles sont toutes assez coincées dans la question
financière. C'est une question que je posais, parce que c'était
un effet de votre loi.
M. O'Neill: De toute façon, ce n'est sûrement pas
sans les responsabilités de l'édition gouvernementale. Je crois
que c'est la responsabilité du corps public concerné de s'ajuster
à la loi et de prendre les moyens techniques en conséquence, pour
être capable de communiquer avec le gouvernement. Ce serait difficile
pour le gouvernement de se mettre tout à coup à distribuer une
aide, une subvention à des municipalités pour les aider à
traduire. Cela fera partie de leurs responsabilités. Je n'ai aucune
inquiétude, elles vont sûrement bien s'en tirer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Dans le cadre de ce remaniement, tous les services
de traduction, en ce moment, sont-ils regroupés?
M. O'Neill: Non.
M. Le Moignan: Est-ce que ceci va impliquer une nouvelle
politique de traduction, si jamais vous les regroupez? Comme le disait le
député de Mont-Royal, un peu dans la même ligne de
pensée, quels seront les services offerts et quelles en seront les
modalités?
M. O'Neill: Actuellement, il existe deux services de traduction
importants: Le service de traduction à la législation, qui
relève du ministère de la Justice, et le service de traduction du
ministère des Communications. Il y a quelques petits services de
traduction dans certains ministères. En fait, il s'agit
généralement d'une ou deux personnes. Actuellement, le service de
traduction prépare une politique que nous allons présenter
prochainement au ministre des Communications, en matière de traduction,
qui vise à coordonner, justement, la traduction gouvernementale. Cette
politique est présentement à l'étude.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier.
M. Bertrand: Simplement sur la remarque du député
de Mont-Royal, concernant la traduction pour les municipalités
anglophones de textes français en anglais ou l'inverse. Si le
ministère s'embarquait là-dedans, il faudrait peut-être
aussi, en même temps qu'il songe, et Dieu sait que c'est le genre
d'effort qu'il n'aurait pas les moyens de faire à l'heure actuelle
à nos universités francophones qui reçoivent aussi
de l'étranger un certain nombre de manuels anglais qui
nécessiteraient peut-être la présence d'un service de
traduction. S'il fallait étendre toute la juridiction de la traduction
du ministère des Communications à tous les organismes qui en
auraient besoin théoriquement...
M. Ciaccia: Votre loi va-t-elle affecter les universités
francophones? Elle ne les affecte pas, mais la loi affecte les
municipalités; naturellement, il y a beaucoup de services de traduction
qui sont nécessaires dans l'industrie privée. Ce n'est pas ce que
je vous demande. Je vous parle seulement du service de traduction dans les
endroits qui seront directement affectés par les provisions de la loi.
Je ne pense pas que je me référais aux universités. Je
n'ai même pas soulevé ce problème, parce qu'elles ne sont
pas affectées par cette loi.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je crois que
l'Opposition officielle est généralement favorable à
l'entreprise privée. Je m'étonne de voir le porte-parole de
l'Opposition officielle proposer que le gouvernement étende des services
publics de traduction, alors qu'il existe, dans l'entreprise privée, des
bureaux privés d'interprètes et de traducteurs.
M. Ciaccia: Non, il ne faut pas que vous interprétiez mal
les propos que j'ai tenus. Cela n'avait rien à faire avec l'entreprise
privée. On cause certaines difficultés dans le domaine des
communications. Ce ne sont pas les municipalités qui seront
affectées directement. Ce ne sont pas des entreprises privées. Ce
sont des corps politiques publics. Votre ministère offre certains
services dans le domaine public, comme les commissions scolaires qui seront
aussi affectées. La seule question que je soulevais était au
sujet de ces municipalités, commissions scolaires ou autres corps
publics qui vont être affectés par la loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs les membres de la commission, il est maintenant une heure. Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à un prochain ordre de la
Chambre.
M. Ciaccia: M. le Président, même s'il n'y avait pas
quorum, nous avons poursuivi l'étude des crédits. Nous n'avons
pas soulevé le sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme
cela n'a pas été soulevé...
Une Voix: II n'a pas voulu le faire. M. Ciaccia: II y a un
esprit de coopération. (Fin de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 17 h 3
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Reprise des travaux de la commission pour l'étude des
crédits du ministère des Communications.
Les membres de la commission sont: M. La-berge (Jeanne-Mance); M.
Bertrand (Vanier); M. Gagnon (Champlain); M. Brochu (Richmond); M. Mercier
(Berthier); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) qui remplace M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Lavoie (Laval) remplace M.
Goldbloom (D'Arcy-McGee); M. Guay (Taschereau); M. Ouellette (Beauce-Nord)
remplace M. Laplante (Bourassa); M. Proulx (Saint-Jean) remplace M. Laurin
(Bourget); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Le Moignan (Gaspé); M.
Vaillancourt (Orford) remplace M. Marchand (Laurier); M. Morin (Sauvé);
M. O'Neill (Chauveau); M. Paquette (Rosemont) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais prendre quelques
instants au début pour apporter un certain nombre de précisions
sur les tâches remplies par notre service de traduction parce que ce
matin, j'ai eu le sentiment qu'il y avait un peu de confusion là-dessus,
relativement à ce que peut faire, fait normalement ou ne fait pas ce
service de traduction.
C'est un service de traduction du gouvernement du Québec comme
tel. Il remplit des tâches gouvernementales pour faciliter la
communication avec les citoyens du Québec, avec les instances
gouvernementales du Canada, des autres provinces et des autres pays.
Alors, son rôle traditionnel a été, par exemple, la
traduction en anglais des positions officielles du gouvernement dans les
conférences fédérales-provinciales, les rapports annuels,
les rapports de commissions d'enquête, les rapports techniques et
scientifiques.
Il faut ajouter à cette fonction aussi la traduction des
attestations de citoyenneté dont on a parlé ce matin,
d'étude et de travail pour les immigrants afin de faciliter leur
intégration au milieu québécois.
Il s'occupe également, à la demande du ministère de
la Justice qui, lui, paie le coût de la traduction, de
l'interprétation consécutive aux tribunaux, interprétation
assurée exclusivement par des pigistes.
Il voit également à la traduction des jugements qui sont
rendus en anglais dans les cours du Québec. Ce service comprend 30
traducteurs professionnels répartis en cinq divisions: révision,
traduction générale, traduction juridique, traduction
multilingue, traduction scientifique et technique.
Notre fichier de traducteurs privés compte plus de 200 noms et de
ce nombre, une soixantaine est utilisée assez
régulièrement et le service traduit des documents dans au moins
une quarantaine de langues étrangères courantes.
Je crois que ces renseignements peuvent nous aider à avoir une
meilleure idée des tâches accomplies par ce service de
traduction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Nous sommes toujours, je crois, au programme
3.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au
programme 3.
M. Le Moignan: On mentionne ici que le gouvernement doit
préparer une politique de coédition. S'agit-il ici de
collaboration avec des éditeurs privés ou publics, des
éditeurs québécois ou étrangers?
M. O'Neill: En fait, c'est plus qu'élaboré, il y a
des choses déjà qui sont faites là-dessus. M. Dubé
pourrait vous donner des exemples précis de cette activité de
coédition.
La coédition consiste surtout à confier à
l'entreprise privée, ou parfois à l'entreprise gouvernementale,
la partie impression et diffusion des publications gouvernementales, de
certaines publications gouvernementales. Cela a le grand avantage de faire
participer l'entreprise privée à des travaux qui, normalement,
obtiennent une meilleure distribution par l'entreprise privée. Je peux
vous donner des exemples: Les manoirs du Québec, cela a
été fait avec Fides. Nous faisons aussi présentement une
brochure qui va porter sur Rivière-du-Loup et son Portage, avec
Beauchemin; l'Ile d'Orléans, avec Garneau. Nous avons fait
l'édition populaire du rapport de la CECO avec Stanké et nous
essayons de faire, de plus en plus, la rotation des éditeurs. Nous avons
également des travaux de coédition avec la Documentation
française, donc le gouvernement français. Il y a eu l'an
passé un premier travail qui s'appelait: Une Amérique
française, et nous venons tout juste de produire un grand document
multi-media sur l'enseignement de l'histoire de la Nouvelle-France,
enseignement qui sera le même au Québec et en France, cela
s'appelle: Une folle aventure en Amérique, et cela comprend sept ou huit
documents différents, écrits, visuels, audio-visuels.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est une question suite
à... Est-ce que vous procédez par soumissions quand vous demandez
la collaboration de maisons d'édition comme celles-là pour la
publication de ces documents?
M. O'Neill: Nous ne procédons pas par soumissions. Il y a
deux méthodes. La méthode des soumissions est utilisée au
gouvernement fédéral, nous n'utilisons pas cette méthode,
parce que les éditeurs du Québec et leur association
professionnelle, l'Association professionnelle des éditeurs, et le
Conseil supérieur du livre, n'aiment pas tellement cette méthode.
Cette méthode a le désavantage d'amener parfois dans nos projets
des gens qui n'ont pas tout à fait l'expertise voulue. A
ce moment-là, les éditeurs préfèrent qu'on
utilise des gens qui connaissent ce marché, le marché de ce type
de titres, si vous voulez. Par exemple, dans le domaine de l'histoire, il n'y a
pas beaucoup d'éditeurs au Québec qui connaissent très
bien le marché de l'histoire et qui font une très bonne
distribution des ouvrages en histoire. Nous essayons de plus en plus, autant
que possible, de recourir à des éditeurs dont c'est la
spécialité, tel genre de titre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à la suite de
votre réponse, est-ce que vous ne trouveriez pas j'accepte vos
arguments que, puisque vous reconnaissez qu'il y a un certain nombre de
maisons d'éditions qui semblent qualifiées pour ce genre de
travaux, au moins à l'intérieur d'une liste de maisons reconnues
comme étant qualifiées, il serait peut-être
préférable que vous procédiez par soumission?
M. O'Neill: Oui, nous nous proposons de le faire pour certains
titres qui se prêtent justement à ce genre d'appels d'offres,
c'est-à-dire des titres qui intéressent de nombreux
éditeurs. Quand ce sont des titres qui dépassent des
spécialités, prenons, par exemple, des titres qui portent sur des
recettes de cuisine ou encore sur la petite flore, on comprend très bien
alors que plusieurs éditeurs pourraient être
intéressés et nous nous proposons justement d'avoir recours
à des appels d'offres pour ce genre de titres.
Mme Lavoie-Roux: Dans le même domaine, M. le
Président, j'avais commencé à poser certaines questions
l'autre jour et on avait décidé, finalement, de les
étudier au moment de l'étude des différents programmes.
C'étaient des questions d'ordre pratique. Cela m'intéresserait de
savoir qu'elle était la proportion, si vous êtes capable de nous
donner ça, des éditions du gouvernement qui sont gratuites et la
partie qui ne l'est pas, c'est-à-dire pour lesquelles on doit payer des
frais et quels sont vos critères qui font que, dans un cas, vous
décidez que la publication soit gratuite et, dans d'autres cas qu'il y
ait des frais. Est-ce que vous pourriez m'informer là-dessus?
M. O'Neill: On peut dire qu'actuellement, il y a environ 50% de
la production qui est gratuite et 50% qui est vendue. La décision de la
gratuité vient des ministères; ce sont les ministères qui
sont responsables, non seulement du contenu, mais de déterminer si une
publication peut être vendue oui ou non.
Généralement, nous essayons de dépister, par toutes
sortes de moyens, parce qu'il n'y a pas de centralisation de la production et
il n'y a pas de déclaration d'intention de publiée de la part des
ministères, nous essayons de dépister les publications qui
sortent du gouvernement et nous appelons les ministères pour savoir
s'ils désirent que cette publication soit vendue, c'est-à-dire
s'ils désirent que ces publications atteignent une clientèle
différente de celle à laquelle elles sont destinées.
Ce qui arrive, c'est que les ministères,
généralement, quand ils font une publication, la font pour une
clientèle très précise qui est généralement
très restreinte. Les ministères ont tendance à ne pas
accroître les tirages, parce que c'est coûteux.
Par contre, nous constatons, par la commercialisation, qu'il y a une
énorme demande de la part du public pour les publications
gouvernementales. Parfois, ce sont des publics tout à fait
insoupçonnés, ce sont des étudiants, des professeurs, des
gens parfois qui viennent d'autres provinces. Il y a aussi beaucoup de
bibliothèques publiques d'autres provinces parmi nos meilleurs
clients.
Donc, même avec la gratuité déterminée par
les ministères, nous essayons le plus possible d'en vendre, quand le
produit se prête à la vente. Parfois, il ne se prête pas du
tout à la vente. Parfois aussi, la gratuité est telle qu'il n'y a
pas intérêt à vendre la publication, parce que la
clientèle ou le marché a été vidé par la
gratuité, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Au tout début de l'étude des
crédits de ce ministère, on a abordé assez longuement, et
je ne veux pas revenir sur la question du principe, la nécessité,
pour le gouvernement de bien informer le citoyen des lois qui le
régissent, de certains services à sa disposition et tout
cela.
Est-ce un critère qui entre en ligne de compte? J'apportais comme
exemple le Guide du citoyen, je réalise que beaucoup de gens aiment le
consulter. Peut-être qu'inversement, il y a beaucoup d'autres brochures
qu'on donne gratuitement et qui ne sont peut-être pas un besoin aussi
senti chez le citoyen. Je me demandais s'il y avait certains critères
d'utilité, d'importance, pour les citoyens qui pouvaient entrer en ligne
de compte, quand vous décidez de la gratuité ou non.
Est-ce que les ministères, pour en revenir à votre
énoncé de tout à l'heure, ont des critères? Ou
est-ce relié à l'épaisseur de la brochure? Est-ce
relié à la demande? Enfin, il me semble, d'après ce que
vous nous dites, que les critères qui font qu'on décide qu'une
publication soit gratuite ou ne le soit pas, soient un peu
indéterminés.
Ma question est vraiment dans ce sens: Est-ce qu'on devrait
reconsidérer ou tenter d'établir certains critères plus
précis? L'un pourrait être l'utilité qu'un document a
vraiment non pas pour un nombre restreint de citoyens, mais un grand nombre de
citoyens.
M. O'Neill: Les critères des ministères sont
très simples. En fait, il n'y a qu'un seul critère qu'on
perçoit généralement. C'est le critère de la
demande. Quand un ministère a exploité sa clientèle et
qu'il s'aperçoit, par toutes sortes de moyens, qu'il y a une demande, de
la part du public, pour cette publication, généralement on nous
appelle. On nous dit: On n'a pas le budget pour imprimer cette publication en
grande quantité. Voulez-vous en accepter la distribution pour la
vente?
Cela permet d'atteindre les clients qui le désirent et cela
permet d'éviter au ministère de faire
du gaspillage, si vous voulez, parce que le gros problème, c'est
le problème du gaspillage.
On a constaté que le public aime se procurer des publications
à un prix raisonnable, parce que notre prix est
généralement raisonnable, plutôt que de les avoir
gratuitement, parce que la gratuité est une contrainte difficile pour
les gens. Ils doivent procéder personnellement à des demandes
auprès des ministères dont il ne connaissent pas souvent la porte
d'entrée, ils ne savent à quelle porte s'adresser. Ils
connaissent très mal le titre. C'est très difficile pour
quelqu'un de passer le processus d'obtention d'une publication dans un
ministère tandis que, quand il y a une agence centrale, gouvernementale
de commercialisation, c'est beaucoup plus facile.
Prenez le cas du Guide du citoyen. Le Guide du citoyen est une
publication destinée au grand public, mais, comme c'est une publication
qui, d'après nous, devrait atteindre le plus large public possible, nous
faisons une distribution spéciale. Nous avons confié la
distribution du Guide du citoyen à une agence de distribution populaire
qui en fait la distribution dans 8000 points de vente au Québec.
La première édition du Guide du citoyen a
été vendue par ce moyen à 34 000 exemplaires, ce qui est
un gros succès, quand on sait, par exemple, que le tirage à
succès au Québec est un maximum de 10 000. On a obtenu 34 000
avec ceci. Encore cette fois-ci, la deuxième édition est dans le
même réseau populaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de façon
précise, est-ce qu'on fait une étude systématique de ce
que représentent les montants de la publication de brochures qui sont
distribuées gratuitement et de celles qui ne le sont pas? Compte tenu de
l'utilité que le public en fait, n'y aurait-il pas à examiner
peut-être une distribution différente des crédits, par
exemple, pour abaisser le prix, sinon les donner gratuitement, mais au moins
abaisser le prix des publications comme le Guide du citoyen qui, vous semblez
bien d'accord, est largement consulté et que le citoyen apprécie
beaucoup, je pense?
M. O'Neill: M. le Président, on a justement
commencé à se poser cette question. Je pense que c'est important,
parce que, dans le système actuel, il y a, par exemple, des
inconvénients comme celui-ci: quelqu'un aura eu une brochure
gratuitement; l'autre l'a eue en la payant. Il y a des choses qui ne sont pas
correctes dans cela. Il y a le coût, justement, c'est-à-dire qu'on
souhaite que tout le monde ait les choses au meilleur prix possible, mais,
déjà, le prix modique est un avantage. Je trouve qu'il y a un
élément de justice dans cela, dans le fait que ce sont des
publications à prix modique. Si on distribue aussi trop de choses
gratuitement qui, peut-être, seront gaspillées, c'est autant
d'argent qu'on n'aura pas pour assurer des meilleurs prix.
C'est le genre de questions que nous nous posons dans le moment. Je
pense que vous soulevez actuellement un problème réel, important.
Il faudra revoir cela pour être sûr qu'on procède à
la fois de l'efficacité, que cela rejoint la population et qu'ensuite,
somme toute le prix soit fait selon les meilleurs coûts possible. C'est
pour cela que même s'il y a des ministères qui ont pris cette
habitude, à un moment donné, de distribuer à gauche et
à droite, j'entrevois, pour ma part, qu'il y aurait moyen de se parler
d'un ministère à l'autre et d'en arriver à quelque chose
d'un peu plus ordonné, que les gens n'aient pas le sentiment qu'on
procède selon des normes arbitraires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. Dubé mentionnait tout à l'heure
les frais d'impression. Quand vous avez un faible tirage, cela coûte
déjà très cher au départ. Si vous ajoutez 500
exemplaires, à ce moment, on sait que le coût va baisser. Je me
souviens, quand je m'occupais un peu de la Société historique de
la Gaspésie, pour prendre un exemple précis, que vous aviez des
brochures destinées à la Gaspésie qu'on pouvait acheter,
et d'autres, très intéressantes, qui étaient
distribuées gratuitement. Peut-être que ces brochures sont
demeurées en stock chez vous, parce que la publicité a
manqué. Je le voyais, grâce à votre publication, j'oublie
le titre, qui nous parvient tous les mois des Affaires culturelles, qui donne
les Publications Québec de chaque mois. Mais le public n'est pas
renseigné sur ces choses. C'est pour cela qu'il y a parfois des
publications qui pourraient se vendre, s'il y avait moyen d'atteindre le
public, ou d'autres qui sont distribuées gratuitement, qui demeurent
peut-être sur vos tablettes, et, à ce moment, les régions
éloignées, vous dites qu'elles ne sont pas
intéressées à nos publications. J'ai vu qu'on mentionnait
ici les régions populaires pour la distribution, mais des régions
comme chez nous ou ailleurs ou vos publications qui touchent directement la
région, je sais que nous en avons obtenu gratuitement et nous en avons
acheté. Comment informer nos citoyens? Est-ce prévu pour
l'avenir? Est-ce que cela existe?
M. O'Neill: II y a le comptoir postal, qui est un système
que beaucoup de gens utilisent. Il y a aussi les endroits de distribution
où les gens peuvent se procurer de la documentation, les quelques
bureaux de l'Editeur et certains de Communication-Québec. Il faut
sûrement ajouter à cela, et c'est là qu'il y a un
progrès considérable à faire, la collaboration avec des
points de vente privés de distribution. Actuellement, de ces points de
vente, on en a à peu près combien, M. Dubé, dans le
territoire du Québec, sur l'ensemble du territoire?
Nos propres points de vente, nos propres librairies, nous en avons cinq.
Nous utilisions, jusqu'à il n'y a pas longtemps, des
dépositaires. On abandonne cette politique de plus en plus. On utilise
plutôt les libraires privés. Présentement, il y a une
centaine de libraires qui reçoivent, d'office, nos publications les plus
vendues.
Mme Lavoie-Roux: Le...
M. O'Neill: La différence, c'est que... Mme
Lavoie-Roux: Excusez-moi.
M. O'Neill: ...l'office, dans le monde de la librairie, c'est
l'envoi automatique d'un certain nombre de publications aux libraires, par les
éditeurs. Nous faisons l'office auprès d'une centaine de
libraires actuellement pour des titres choisis, c'est-à-dire pour des
titres qui se prêtent très bien à la vente en librairie,
pas pour tous les titres. Parce que nous avons un catalogue actuellement
au-delà de 2000 titres de publications et au-delà de 2000 titres
aussi de lois et règlements, donc 4000 en tout.
Mme Lavoie-Roux: Une toute dernière question sur ce point.
Je me demandais si le ministère attendait les demandes, par exemple, qui
peuvent venir d'organisations locales ou régionales qui, sur le plan
d'initiatives reliées à l'histoire, essaient de développer
des centres d'intérêt dans leurs milieux respectifs pour tenter de
les aider à faire la publication de ces initiatives dans leurs milieux
respectifs et, si, de votre part, il y a des initiatives pour les atteindre, ou
si ces personnes ou ces organisations doivent, elles-mêmes, faire appel
au ministère des Communications pour la publication de tels documents
qui, parfois, sont relativement simples, mais qui ne peuvent avoir un certain
rayonnement dans un milieu local ou régional.
M. O'Neill: Là, je pense que vous vous
référez à une question qui est plutôt de l'ordre de
l'information du programme 2. Il arrive, oui, que des organismes publics ou
plutôt privés, font appel au bureau de Communication-Québec
ou au ministère des Communications pour la publication de certains
textes, par exemple, des répertoires. Cela se fait, de temps à
autre. Nous publions, chez nous, nous imprimons, à la demande de la
direction générale des communications gouvernementales, et
à la demande de certains ministères, des répertoires
d'organismes, par exemple, dans les régions. Mais ça ne
dépasse pas ça, pas pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Non, est-ce que vous publierez, par exemple,
vous prendriez la responsabilité de publier des histoires
régionales ou même, à une petite échelle, est-ce que
vous accorderiez un soutien à ce type de publications-là?
M. O'Neill: M. le Président, j'ai envie de poser la
question: A partir de quels critères? C'est là qu'est le
problème.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait se les poser dans tout, là
où on soutient quelque chose, et je pense qu'on le retrouve dans bien
des domaines.
M. O'Neill: Je pense que cela serait le genre de demande qui
serait probablement adressée, à un certain moment, au
ministère des Affaires culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Je pourrais donner comme exemple de ce que vous
proposez, les cinquantenaires, les volumes publiés à l'occasion
du cinquantenaire d'une paroisse, d'un centenaire, etc.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. O'Neill: ... qui généralement, sont
financés à même une contribution locale ou des choses comme
celles-là.
Mme Lavoie-Roux: II y a des éléments d'histoire
dans ces choses.
M. O'Neill: Oui, c'est cela. Mais la difficulté que je
vois a priori je ne dis pas qu'après une étude du dossier
on ne raisonnerait pas autrement est que cela risque d'être
quelque chose qui devienne à la longue extrêmement coûteux
et, comme au fond, seulement certaines gens feraient appel et d'autres ne
sauraient peut-être même pas qu'ils pourraient faire appel à
cela, j'aurais un peu de difficulté à voir que ce soit à
l'échelle gouvernementale qu'on règle un tel problème. Il
me semble que c'est typique du genre de ce que l'on appelle des initiatives
locales. Jusqu'ici, c'est ainsi d'ailleurs que les gens règlent ce genre
de problèmes. Ils fêtent leur cinquantenaire, leur centenaire. Ils
impriment... et ils distribuent cela autour d'eux.
Mme Lavoie-Roux: Mais ne croyez-vous pas que si, par exemple,
vous établissiez certaines exigences pour le contenu de ce genre de
brochures, vous encourageriez les gens à s'intéresser à la
petite histoire? Au lieu de publier simplement peut-être les portraits de
cérémonie d'un cinquantenaire, il y aurait peut-être des
éléments... Je suis d'accord avec vous que cela touche les
Affaires culturelles, mais les deux se chevauchent à ce moment-ci. Je me
demande s'il n'y a pas des initiatives qui pourraient être
encouragées dans ce sens, si vous y apportez au moins un certain
soutien, quitte à ce qu'il reste encore des responsabilités
à l'initiative locale. Je suis bien d'accord avec vous.
M. O'Neill: Je retiens la suggestion, sauf que si on se lance
dans une telle chose, je me demande à quel endroit on va
s'arrêter. Les gens qui nous ont précédé ont
dû sans doute avoir les mêmes demandes, à un certain moment,
pour de petites publications locales. A un certain moment, ce sont des revues
qui appartiennent à des familles. Cela tire à 300, 400, 500
exemplaires. C'est tout à fait sympathique, mais qu'un gouvernement
plonge dans cela, il me semble que cela doit relever d'une initiative beaucoup
plus proche des gens.
Je trouve qu'à ce moment, c'est du saupoudrage à part cela
et on peut dépenser à la longue beaucoup. Comme je vous dis, a
priori, je ne rejetterais pas une suggestion comme celle-là.
Il est possible qu'au plan de la régionalisation, d'un certain
encouragement au plan culturel, on puisse accorder une importance à
cela. Mais je
sais qu'enfin on n'a pas considéré vous permettez
que je parle en ce moment des Affaires culturellesque cela puisse relever
de nous. Il y a peut-être eu occasionnellement un certain type de
subvention pour cela, mais ce n'est sûrement pas une attitude
systématique que nous avons. Je pense au financement de certaines
revues. Cela a toujours été d'un certain calibre, certaines
revues reconnues dans leur coin. On pourrait subventionner toutes les bonnes
choses, en soi, mais il faut mettre une barrière quelque part. Je serais
prêt à revoir un peu cela. Peut-être qu'il y aurait moyen de
prévoir quelque chose qui puisse ainsi être un encouragement
à la créativité au plan local, sauf qu'il faudra se poser
des questions sur les coûts.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, c'est un peu dans le
même sens. J'aimerais connaître un peu mieux les objectifs, par
exemple, de la série de publications dans la documentation
québécoise. J'imagine que l'objectif général est
d'essayer de refléter la réalité québécoise
tant sur le plan de l'histoire que sur le plan de la création
artistique. J'imagine qu'il y a des objectifs un peu plus particuliers auxquels
on pourrait penser. Est-ce qu'on veut surtout, dans ces collections, encourager
la création, la production qui ne pourrait pas s'acheminer autrement,
par d'autres moyens de publication? Ou est-ce que l'objectif est de mettre
à la disposition des citoyens, dans une optique de diffusion populaire,
des ouvrages qu'ils ne pourraient pas se procurer à aussi bon compte,
à aussi bon prix autrement? Par exemple, concernant un livre de
reproduction d'oeuvres d'art, est-ce qu'il s'agit d'oeuvres d'art
québécois? Qu'est-ce qu'on privilégie quand on met en
chantier un projet comme cela?
M. O'Neill: M. Dubé va vous énumérer un
certain nombre de titres qui peuvent, je pense, très bien illustrer les
objectifs qui sont poursuivis actuellement par cette collection.
J'aimerais quand même reprendre les objectifs qui sont un peu ceux
que vous avez décrits. L'objectif est d'abord de faire connaître
et aimer le Québec par les Québécois et les
étrangers, mais sous divers aspects: d'abord sa réalité
historique, mais aussi sa réalité quotidienne, ses institutions,
et nous le faisons parce qu'il faut combler un vide, celui de l'entreprise
privée. L'entreprise privée ne peut pas produire certains titres
de qualité parce que c'est trop coûteux à cause du petit
marché québécois. C'est le cas, par exemple, des Vieux
Manoirs, c'est le cas des Plantes sauvages, et c'est le cas de la Petite flore
forestière. Ce sont des publications qui, en seule séparation de
couleurs, peuvent coûter jusqu'à $15 000 et même $20 000.
L'entreprise privée ne peut pas vraiment défrayer un pareil
coût. L'objectif aussi est de faire que les Québécois
connaissent mieux le Québec, et cela dans la meilleure qualité
possible des documents qu'on produit. Comme je vous l'ai expliqué, on
veut y associer le plus possible les éditeurs québécois.
Maintenant, nous avons pour le faire un petit budget. Nous avons cinq
collections. La première collection s'appelle Connaissance du
Québec. C'est une connaissance à la fois historique et pratique,
c'est-à-dire le patrimoine physique, historique et culturel.
Par exemple, nous avons publié les Vieux Manoirs, nous publions
aussi Le Québec tel quel, Les Plantes sauvages, nous préparons un
guide des champignons depuis un an et demi et qui sera du même format que
Les Plantes sauvages printaniè-res. Nous préparons aussi un
document sur le Trois-Rivières d'autrefois, sur les églises du
Québec, le Vieux-Montréal, le Vieux-Québec, Clarence
Gagnon, une oeuvre d'art.
Dans la collection l'Etat et le Citoyen qui est pour nous la plus
importante, nous avons le répertoire administratif que vous connaissez
tous et le guide du citoyen. Nous préparons, avec l'Assemblée
nationale, un répertoire législatif; il est très
avancé. Je pense que ça devrait pouvoir sortir d'ici six mois.
Nous préparons également un guide du consommateur.
Dans la collection des guides pratiques, nous publions prochainement ce
que je vous ai dit tout à l'heure, c'est-à-dire une monographie,
dans la série Itinéraire culturel, sur Rivière-du-Loup et
son Portage. Nous préparons un autre guide culturel du genre
Itinéraire culturel sur la Gaspésie, de même qu'un guide de
l'escalade avec la Fédération québécoise de
l'escalade.
Dans la collection Format, nous avons publié récemment
deux titres, La Tapisserie et La Céramique, et nous prévoyons
publier deux autres titres, La Gravure et L'Artisan Forgeron. Enfin, dans la
collection Etudes et Dossiers, nous sortirons très bientôt de
presse notre première monographie sur le Saguenay-Lac-Saint-Jean qui va
être très complète, qui va décrire la
géographie physique, l'histoire, qui va être très
illustrée, qui va comporter un petit lexique sur la région
elle-même. On va le faire pour toutes les régions; après le
Saguenay-Lac-Saint-Jean suivront la région de la Gaspésie, la
Mauricie et l'Abitibi-Témiscamingue.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous avez aussi les Cantons
de l'Est dans ça?
M. O'Neill: Plus tard, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Paquette: M. le Président, j'avais une question
additionnelle sur le même sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Paquette: Est-ce que vous pouvez nous fournir en ce moment une
évaluation du coût moyen de ces ouvrages par rapport à ce
qu'il en
aurait coûté si l'entreprise privée avait
assumé les mêmes frais? D'autre part, on parle, au niveau de la
section sur la commercialisation, d'une augmentation d'environ 30% du chiffre
d'affaires. Est-ce que cette commercialisation est répartie
uniformément sur le territoire du Québec actuellement? Ou est-ce
que ça se concentre dans les grands centres?
M. O'Neill: La commercialisation se concentre d'abord dans nos
cinq librairies, c'est-à-dire deux à Québec, une à
Trois-Rivières, une à Montréal et une à Hull. Quant
au reste du territoire, nous le couvrons par les librairies privées,
nous le couvrons, dans certains cas plutôt rares, par la distribution
populaire, les tabagies, le réseau des kiosques et nous avons surtout le
comptoir postal. Il faut dire que la plupart de nos ventes se font par la
poste. C'est un fait que presque tous les gouvernements du monde connaissent. A
Ottawa, maintenant, on fait la vente par les librairies et surtout par le
comptoir postal. En France, la documentation française ne vend que par
son comptoir postal et une librairie, Quai Voltaire. Le comptoir postal, pour
répondre aux besoins du public, est extrêmement important.
M. Paquette: L'autre question: Est-ce que vous pouvez nous dire
quel est le coût moyen d'un ouvrage dans cette collection?
M. O'Neill: Le coût moyen varie, évidemment...
M. Paquette: J'imagine!
M. O'Neill: ... avec la qualité des ouvrages. Je peux vous
donner des exemples. Nous venons de publier la tapisserie et la
céramique. Le coût moyen, pour nous, est de $9. Normalement, nous
devrions le vendre $18, c'est-à-dire que notre coefficient
multiplicateur, pour établir un prix, est de deux, alors que pour
l'entreprise privée, le coefficient multiplicateur est de quatre, cinq,
six et sept.
Le cas de la tapisserie est le cas de la publication la plus
coûteuse qu'on ait produite. Dans les autres cas, c'est beaucoup moindre.
Cela coûte $2, $3 ou $4 la publication, parfois moins.
Dans le cas des rapports annuels, par exemple, le coût moyen peut
être de $2. Avec les nouvelles normes que nous venons d'avoir, cela va
baisser pratiquement de moitié.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet?
M. Ciaccia: Sur le même sujet. Quand vous dites que votre
coefficient est de deux, est-ce que vous faites un profit en multipliant par
deux ou si le gouvernement se trouve à subventionner l'oeuvre en la
multipliant par deux? Ou si, pour faire un profit, il faudrait le multiplier
par trois ou quatre?
M. O'Neill: Pour faire un profit, il faudrait le multiplier par
trois et même quatre, peut-être même pour couvrir nos
services. Nous n'avons pas encore fait une étude définitive de
notre prix de revient.
A Ottawa actuellement, le coefficient multiplicateur du gouvernement
fédéral est de trois et demi. Nous, c'est deux, parce que nous ne
couvrons que nos frais directs. Il faut comprendre à ces frais directs
une remise habituelle de 40% aux libraires et de 55% quand on fait appel
à une maison de distribution populaire.
Mme Lavoie-Roux: La seule question que je voulais ajouter: Quelle
est la politique du ministère quant à la traduction de certaines
de ces monographies et particulièrement de ces études
régionales dont vous parlez? Quelle est votre politique? D'une
façon plus précise, quelle est la demande de la part de citoyens
du Québec pour de la traduction? Et quelle est la demande, à des
fins touristiques?
M. O'Neill: La demande des citoyens du Québec pour des
publications en vente chez nous, pour des versions en langue anglaise, est
extrêmement faible. Je pense que cela ne représente pas un demi
pour cent. C'est très faible.
La demande par les touristes, c'est difficile pour nous de la mesurer,
parce que c'est un domaine qu'on ne couvre pratiquement pas, parce que cela
relève du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Il faut dire que nous avons décidé, par exemple,
dans une petite collection qui s'appelle "Voir le Québec", une
publication de douze diapositives accompagnées d'un texte, nous avons
décidé, dans ce cas-là, parce que c'est destiné
surtout à un marché touristique, d'y faire le texte dans les deux
langues.
M. Le Moignan: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Mme le député de L'Acadie a
parlé tout à l'heure de l'histoire régionale. On a
parlé de monographie. Je ne sais pas si on peut faire chevaucher les
deux branches du gouvernement, c'est-à-dire les Communications et les
Affaires culturelles. Peut-être que je pourrais éclairer le
ministre sur un cas bien précis, bien particulier, en parlant de
l'histoire régionale.
Sous l'ancien gouvernement, à la Société historique
de la Gaspésie, nous avions le projet d'écrire une histoire de la
Gaspésie et de fait, nous avons obtenu les crédits
nécessaires pour faire effectuer des recherches. Nous avons obtenu un
deuxième versement pour presque parachever cette histoire.
Je sais que le ministre adjoint, M. Boucher, je crois, à
l'époque, ayant considéré notre plan de travail, nous
avait dit, à Gaspé, lors d'une rencontre, que ce qui était
commencé chez nous pourrait être le no 1 d'une série qui
s'étendrait dans toute la province. Je ne sais pas si cela entre en
conflit avec ce que M. Dubé vient de nous dire en parlant de certaines
monographies, mais notre projet d'histoire de la Gaspésie est
très avancé. Le tout
sera coordonné à la fin par Marc Laterreur, de
l'Université Laval, historien bien connu. Ce projet devrait être
terminé en 1978. C'est un aspect, je crois, très
intéressant où nous avions eu, dans le temps, les approbations
des Affaires culturelles. Si cela répond un peu peut-être aux
monographies où on a parlé de cinquantenaires et de toutes ces
choses, c'était l'intention du moins des Affaires culturelles de
continuer ce travail.
Ceci étant dit, on a parlé tout à l'heure du Vieux
Manoir, qui a été publié chez l'Editeur officiel, est-ce
qu'on a pensé de faire bénéficier cette publication de
l'aide à l'édition au ministère des Affaires culturelles?
Puisque cette aide à l'édition existe, y a-t-il une politique,
par exemple, de partage des responsabilités dans ce domaine? Où
s'arrête la juridiction de l'un et où commence la juridiction de
l'autre?
M. O'Neill: Dans le cas des Affaires culturelles, si je me
réfère aux subventions que j'ai déjà pu observer,
aux cas observés, le premier critère, c'est un certain niveau
soit d'étendue, de qualité. Déjà, l'exemple que
vous donniez tout à l'heure est différent des exemples auxquels
nous pensions précédemment, c'est-à-dire que, quand vous
commencez déjà à parler d'une histoire régionale
où vous avez la collaboration d'écrivains dans cela,
d'historiens, c'est déjà très différent de la
petite monographie paroissiale. Il y a une aide, c'est vrai qu'il existe une
aide à l'édition pour ces choses-là.
Je ne sais pas actuellement si vous avez logé une nouvelle
demande pour cela, cette année, je ne suis pas au courant. A ce moment,
c'est tout simplement soumis à une analyse. On regarde si cela
correspond un peu aux paramètres qui ont été fixés.
Il y a un certain nombre de contributions qui sont accordées, mais,
encore une fois, c'est quand même différent des premiers cas dont
on parlait.
M. Le Moignan: Ah oui! c'est cela.
M. O'Neill: On arrive plutôt à un palier
supérieur, tout comme certaines collections spéciales, de type
littéraire, par exemple, pour lesquelles le ministère des
Affaires culturelles verse des subventions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'aurais seulement quelques autres questions au
programme 3. Sur les publications officielles, vous mentionnez de nouveaux
contrats négociés pour la fabrication de la Gazette officielle.
Je crois que vous avez mentionné que vous avez procédé par
voie de soumissions publiques pour l'octroi de ces contrats. Pourriez-vous
premièrement nous dire les sommes impliquées et combien de
compagnies ou de soumissionnaires y a-t-il eu?
M. O'Neill: Traditionnellement, ce contrat a été
accordé, comme vous le savez à l'Action sociale
limitée.
M. Ciaccia: Oui.
M. O'Neill: II a été décidé, à
partir de cette année, d'ouvrir des soumissions. D'ailleurs, l'Action
Sociale Ltée pouvait également, à ce moment,
présenter des soumissions et c'est ce qu'elle a fait aussi. Finalement,
cela a été accordé, en partie... D'abord, parmi ceux qui
ont fourni les soumissions les plus basses, vous avez Québec Compo,
Québec Typesetters, Compelec Inc., l'Imprimerie Laflamme, le Quotidien
Ltée, de Lévis, l'imprimerie Laflamme ayant là-dessus deux
contrats; le détail pour Québec Compo, c'est $130 000; Le
Quotidien Ltée, $182 000; vous avez ensuite un contrat pour la
Commission des transports, $193 000; Compelec, $160 000; Imprimerie Laflamme,
deux contrats, l'un de $286 000 et l'autre de $275 000; ce qui fait un total de
$1 228 000. Pour l'équivalent, on payait autrefois à peu
près $2,1 millions. Maintenant, c'est ce qu'on appelle le coût
estimé, à peu près normalement... Justement, cela
dépend de la quantité de choses qu'on fait imprimer.
L'évaluation des coûts à la page... C'est quand même
une économie assez considérable qui pourrait être
réalisée à ce moment-là.
M. Le Moignan: M. le Président, la juridiction exacte de
l'Editeur officiel comparée à la juridiction du ministère
des Affaires culturelles?
M. O'Neill: C'est une partie du ministère des Affaires
culturelles...
M. Le Moignan: L'Editeur officiel?
M. O'Neill: Oui, c'est cela. Excusez, du ministère des
Communications.
M. Le Moignan: Oui, les Communications, d'accord.
M. Paquette: Une question additionnelle là-dessus, M. le
Président. Pour revenir à ce problème de la
nécessaire objectivité de l'Editeur officiel quant aux
publications gouvernementales, est-ce que vous pourriez essayer de nous dire le
degré d'autonomie dont jouit l'Editeur officiel dans le choix, le
contenu des renseignements gouvernementaux qui sont diffusés?
M. O'Neill: Au total?
M. Paquette: Quel est le statut de l'Editeur officiel au sein du
ministère?
M. O'Neill: J'aurais quasiment envie de parler d'une autonomie
non pas totale, mais enfin il relève du ministre et il mène ses
affaires. Il les mène de son mieux. C'est vraiment, si vous voulez, une
branche à part. On pourrait comparer cela à Radio-Québec,
si vous voulez. Alors, il relève du ministre comme tel.
M. Ciaccia: II n'a pas d'autonomie comme telle. Dans ce sens,
l'Editeur officiel ne pourrait pas décider demain de publier telle ou
telle oeuvre, ou tel ou tel document. Cela relève toujours de
l'autorité du ministre, du ministère.
M. O'Neill: II suit les règles qui lui ont
été données. C'est sûr. Il a un mandat. Il ne
pourrait pas tout à coup décider de laisser la Gazette officielle
pour s'occuper du roman. Je veux dire...
M. Ciaccia: Non, il ne pourrait pas décider, par exemple,
si une entente était conclue, l'Editeur officiel n'aurait pas
l'autonomie pour dire: Je vais décider de publier cette entente qui
serait intéressante pour un certain secteur de la population, à
moins qu'il n'ait la permission du ministère. Le point que vous donnez,
je pense...
M. O'Neill: II ne faudrait pas parler de la...
M. Ciaccia: Je ne crois pas qu'on puisse vraiment dire
autonomie...
M. O'Neill: Excusez. Il ne faudrait pas parler d'une entente avec
le ministère, mais avec le ministre, qui relève du ministre comme
tel.
Est-ce que je pourrais préciser? L'Editeur officiel a, à
ce sujet, des pouvoirs très déterminés dans la Loi de la
Législature. L'Editeur officiel s'occupe d'abord de la publication des
lois et des projets de loi, ensuite, de la Gazette officielle. Il y a une
clause de la loi qui le concerne qui dit qu'il peut imprimer, publier et
diffuser tout ce qui lui est commandé par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Donc, on ne diffuse rien de nous-mêmes. Le contenu n'est jamais
le nôtre. Cela origine toujours d'une autre instance administrative
quelque part. Mais, la plupart du temps... Par exemple, les rapports des
commissions d'enquête. Il faut, chaque fois, avoir une autorisation du
Conseil des ministres pour publier un rapport de commission
d'enquête.
M. Ciaccia: Dans ce sens, ce n'est pas tout à fait exact
de parler d'autonomie de l'Editeur officiel. Il a des tâches très
spécifiques...
M. O'Neill: C'est ça.
M. Ciaccia: ...et s'il veut sortir de ces tâches, il doit
avoir l'autorisation, comme vous dites, du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. O'Neill: Oui, mais c'est une autonomie quand même
différente si on la compare à celle qu'une direction
générale peut avoir, à cause même de la nature du
travail qui est fait, c'est-à-dire qu'il a un travail plus
spécialisé, plus technique, et vous avez une série de
décisions que l'Editeur lui-même doit prendre. En ce sens, on le
considère, à ce point de vue, comme quelqu'un d'assez autonome,
si vous voulez. Mais comme, d'autre part, il se trouve à gérer
des fonds gouvernementaux, il a toujours un droit de regard pour que les choses
se passent bien.
Mme Lavoie-Roux: Dans une question de conflit qui pourrait
survenir, c'est évidemment le jugement du lieutenant-gouverneur en
conseil ou du ministre qui prévaudrait.
M. O'Neill: Oui, c'est ça.
M. Paquette: Si je comprends bien le cas qui vient d'être
mentionné, c'est au niveau du choix des publications à faire.
Maintenant, j'imagine que, quant au contenu de l'information et de la
façon dont ça va être présenté, c'est la
responsabilité de l'Editeur officiel.
M. O'Neill: Pas quant au contenu. M. Paquette: Oui.
M. O'Neill: Quant à la présentation et au format,
d'accord...
M. Paquette: Oui.
M. O'Neill: ...les aspects techniques, ça relève de
l'Editeur officiel, et quant aux aspects purement administratifs aussi, parce
que l'Editeur officiel a la responsabilité d'accorder lui-même les
contrats de production des travaux. C'est le seul, avec le service
général des achats, qui a le droit d'accorder des travaux
d'impression, de composition, de reliure.
Dans le cas des rapports annuels, par exemple, c'est l'Editeur officiel
qui, lui-même, décide des normes et le reste, actuellement, du
moins est effectué au niveau de chaque ministère. Mais c'est
l'Editeur qui, à ce moment-là, a pleine autonomie pour
décider des normes.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur le plan technique, son autonomie.
M. O'Neill: Oui, et administratif, parce que vous avez un tas de
problèmes strictement administratifs de gérance dans
ça...
Mme Lavoie-Roux: Les deux cas sont reliés.
M. O'Neill: ...qui se posent, et il faut vraiment, à ce
moment-là, si on veut que ça fonctionne, lui donner de
l'autonomie. On pourrait même, d'ailleurs, se poser la question s'il n'y
a pas lieu, pour une plus grande efficacité, de lui en assurer une plus
grande aussi.
M. Ciaccia: Vous parlez du service de la commercialisation qui a
été confié à une agence de publicité. Est-ce
que vous pouvez nous dire quelle procédure vous entendez prendre pour
confier un tel contrat? Est-ce que vous avez des... Allez-vous procéder
par soumissions publiques, de la même façon que vous avez
procédé pour imprimer dans le cas de la Gazette officielle?
Mme Lavoie-Roux: C'est à la page 11.
M. Ciaccia: Au programme 3, élément 4: La
commercialisation.
M. O'Neill: Seulement une précision. Ce n'est pas la
commercialisation qui est confiée à une agence de
publicité.
M. Ciaccia: Non. C'est la publicité de la
commercialisation, oui. Comment choisissez-vous? Avez-vous une procédure
pour choisir?
M. O'Neill: Cela a été fait par appel de services,
c'est-à-dire que nous avons invité huit agences à
présenter un projet sur un thème donné, avec un budget
donné, comme le fait l'entreprise privée
généralement.
M. Ciaccia: Ce ne sont pas des appels publics? Vous en avez
choisi huit.
M. O'Neill: C'est-à-dire que...
M. Ciaccia: Ce ne sont pas des soumissions publiques de la
même façon...
M. O'Neill: Non. Ce ne sont pas des soumissions publiques. C'est
une invitation faite à un certain nombre d'agences dans ce
cas-ci, c'était huit à présenter une conception
publicitaire à l'intérieur d'un budget donné et il y a eu
des critères très précis pour évaluer chaque agence
et deux jurys.
M. Ciaccia: Pour évaluer le résultat ou pour
évaluer l'appel de ces agences?
M. O'Neill: Pour évaluer les résultats. Quant
à l'appel...
M. Ciaccia: Aviez-vous des critères, des normes pour dire;
On va demander ces huit plutôt que les huit autres? Aviez-vous des normes
qui avaient été déterminées?
M. O'Neill: II y a quatre agences qui avaient été
choisies par l'Editeur et quatre agences recommandées par le
ministère, et les huit ont été invitées sur un pied
d'égalité. Les critères étaient simplement les
critères normaux. C'est-à-dire qu'on a choisi autant que possible
des agences de Québec et de Montréal, non seulement Québec
et non seulement Montréal, et des agences qui existaient depuis un
certain nombre d'années et qui, dans le passé, par exemple,
avaient prouvé leur qualité, comme agences.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Suite à la question... Tout
à l'heure, vous nous avez donné des arguments dans le cas de
certains types de publicité, où vous étiez obligés
de restreindre le nombre de soumissionnaires où même, à ce
moment, vous faisiez appel à des firmes particulièrement
qualifiées. Ceci s'applique-t-il dans ce cas-ci? Sinon, pourquoi,
à ce moment, ne faites-vous pas un appel beaucoup plus large que le fait
de quatre éditeurs qui sont retenus par vous, quatre agences de
publicité qui sont retenues par l'Editeur officiel et quatre qui sont
des recommanda- tions du ministère? Pourquoi les limitez-vous? Est-ce
pour les mêmes raisons que vous avez invoquées tout à
l'heure quant à la qualification des agences? C'est parce que, dans un
système de soumissions, il me semble que les soumissions doivent
être un appel le plus large possible.
M. O'Neill: II n'y a pas vraiment eu de limite. A Québec,
nous avons invité toutes les agences de publicité connues. Elles
ne sont pas nombreuses. A Montréal, nous étions un peu
limités. Ensuite, il y avait un aspect particulier. Pour faire en sorte
que la conception publicitaire faite par chaque agence ne soit pas, par
exemple, trop coûteuse, nous avons accordé à chaque agence
un montant d'argent pour faire cette présentation, parce que les agences
de publicité, selon leur code d'éthique refusent habituellement
de faire ce qu'on appelle de la spéculation, de la représentation
spéculative. C'est interdit, d'après l'éthique
professionnelle des agences. Elles acceptent par contre de recevoir un montant
forfaitaire pour faire une présentation. C'est ce qui a
été fait. Le montant forfaitaire, si on fait appel à trop
d'agences, devient donc coûteux.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je comprends les arguments qui
sont mis de l'avant et, encore une fois, si je me trompe... C'est simplement
comme information. Quand on décide, par exemple, d'accorder ce montant
forfaitaire à X nombre d'agences... A Québec, il y en avait
peut-être seulement quatre. Je doute qu'à Montréal, il y en
ait eu seulement quatre. Quelle est la raison pour, quand même,
limiter... Est-ce que c'est une pratique, à votre point de vue, qui
devrait se continuer dans-ce sens ou si cette demande de soumission devrait
être élargie le plus possible?
M. Ciaccia: Pourquoi ne pas avoir des soumissions publiques?
M. O'Neill: Je serais incapable de vous mentionner les obstacles
techniques qui feraient qu'on ne puisse pas procéder autrement, mais je
crois qu'en principe, à mon avis, il serait souhaitable qu'on puisse
élargir et procéder autrement à la condition,
évidemment, que cela n'entraîne pas, comme M. l'Editeur le
soulignait, des coûts qui seraient excessifs. Je crois qu'en principe,
pour tout ce genre d'activité, si on peut mettre au point des formules
qui permettent une accessibilité, une ouverture plus
générale pour que chacun tente sa chance... Evidemment, quelqu'un
qui peut avoir des espoirs de tenter sa chance, c'est-à-dire qui a
l'équipement, la compétence, qui a tout. Je crois qu'il faudrait
tendre à cela. Autrement, cela peut susciter quelques réserves.
Ce contrat date de quand, ce dernier dont nous sommes en train de parler? De
septembre. Pour l'avenir, je retiens votre suggestion, celle que l'on puisse
voir si on ne peut pas élargir, sans que cela cause des coûts
extrêmes et qu'on se lance dans de nouvelles difficultés, mais le
principe que vous énoncez est très valable. C'est celui qu'on
essaie d'appliquer, en général, dans les soumissions.
Mme Lavoie-Roux: Par curiosité, quel est le montant
forfaitaire qu'il faut dépenser dans ces cas-là pour chaque
agence à laquelle on fait appel?
M. O'Neill: Cela varie; parfois, c'est un montant forfaitaire
à pourcentage, parfois c'est fixe. Dans ce cas-ci, c'est un montant fixe
et je dois vous dire que je ne me souviens plus exactement du montant.
Mme Lavoie-Roux: Un ordre de grandeur.
M. O'Neill: C'est autour de $1000, je crois.
M. Ciaccia: Pour revenir à ce que j'ai cru comprendre du
ministre, il est en faveur des soumissions publiques pour ce genre de contrat,
s'il y a des questions techniques, vous le pouvez toujours dans la soumission
publique, à inclure des restrictions techniques, pour que
quelqu'un...
M. O'Neill: C'est ça...
M. Ciaccia: ...qui n'a pas les qualifications fasse une
soumission inutilement. Mais, au moins, ça ouvrirait le champ à
tous ceux qui croient qu'ils peuvent répondre aux exigences du
ministère.
M. O'Neill: Oui, moi, je suis favorable, sous réserve tout
à coup qu'on démontre que, dans tel cas déterminé,
ça n'aurait vraiment pas d'allure...
Mme Lavoie-Roux: Ce serait plus...
M. O'Neill: ...que cela soulèverait des problèmes
de gestion insurmontables. En dehors de ça, je crois que ce qui est
souhaitable, c'est qu'on applique partout cette règle qu'on devrait
appliquer en général dans l'administration publique.
M. Ciaccia: J'ai seulement une autre question au programme 3;
après ça, j'aurai terminé mes questions, ce sera
très court. Toujours sur la question des éditions
gouvernementales, est-ce que vous avez une politique ou des normes pour la
question des coupures de presse, le service de "clipping". On reçoit
toutes sortes de plaintes, pour dire l'énormité de toute cette
documentation? Avez-vous une politique, certaines normes?
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous demander de la restreindre?
M. Ciaccia: Sans vous demander de la restreindre, non, non. Dans
l'intérêt de l'efficacité.
M. O'Neill: Dans l'intérêt de l'efficacité,
nous avons commencé il y a à peu près deux ou trois
semaines à faire d'abord un inventaire des revues de presse qui existent
à l'intérieur du gouvernement du Québec. Cet inventaire
vise, d'une part, une fois complété, pour chacune des revues de
presse, à se demander laquelle est nécessaire en soi et laquelle
peut être fondue avec une autre. Ce qui nous semble très
évident au départ, c'est qu'il y a eu des économies
substantielles réalisées dans ce secteur. Je me permets, à
ce stade-ci, de vous en donner seulement un exemple.
Au niveau du ministère de l'Education, nous avons le service de
la documentation administrative, qui a un service de presse très complet
et qui monte des dossiers de presse sur des problèmes très
précis, et nous avons la même chose au niveau de
l'Assemblée nationale. La raison qu'on nous donne pour l'existence des
deux services, c'est qu'il y en a un qui sert à des fins administratives
et l'autre à des fins législatives et qu'on doit garder
l'étanchéité entre le législatif et
l'exécutif. Mais il y a d'autres exemples comme ceux-là qui font
qu'il nous semble évident qu'on peut, à partir du
ministère des Communications, satisfaire les besoins d'autres
ministères en termes de revues de presse.
Actuellement, on est en train de compléter l'étude
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme 3 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Les travaux de la commission sont suspendus jusqu' à ce
soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 24
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Gestion interne et soutien
Nous étions rendus au programme 4 de l'étude des
crédits du ministère des Communications. Je cède la parole
au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. le ministre, nous
sommes arrivés à un point où nous avons certaines
questions d'ordre administratif. Tous les nouveaux ministres sont assujettis
à de telles questions lorsqu'ils occupent leur fonction et qu'ils
siègent pour la première fois à une commission sur
l'étude des crédits.
Premièrement, est-ce que vous pourriez nous dire où est
rendu le personnel de cabinet de votre prédécesseur? Je vais
poser toutes mes questions et vous pourrez y répondre en même
temps.
Depuis quand ont-ils quitté le cabinet? Quel est leur nouveau
statut? Pourriez-vous nous dire leur salaire antérieur et le salaire
qu'ils ont actuellement?
M. O'Neill: Au départ, tous les membres du cabinet de M.
Hardy se sont vu offrir un poste à l'intérieur de notre
ministère. Ils en ont tous accepté un, à l'exception du
chef de cabinet, Me Gérald Ponton, qui a préféré
prendre une expérience dans un autre ministère et est devenu
membre du service juridique du ministère du Revenu. Donc, il a la
classification d'un conseiller juridique. Le salaire est à peu
près l'équivalent de ce qu'il avait au cabinet du ministre, sauf
le montant supplémentaire qui est prévu quand vous allez dans un
cabinet. Je pense que c'est 10% ou 15%, je ne me souviens pas.
M. Vaillancourt (Orford): 15%.
M. O'Neill: C'est 15% de moins que ce qu'il avait dans le
cabinet. M. Denis Turcotte, qui était secrétaire particulier, est
maintenant chez l'Editeur officiel. Je pense qu'il est à la division des
impressions à contrats ou dans un de ces services. Encore là, le
salaire qu'il avait a été maintenu, moins les 15% toujours.
L'attachée de presse, Mme Krieber, a été
intégrée à la Direction générale des
communications gouvernementales comme agent d'information et elle a maintenu
son statut de professionnel avec le salaire correspondant.
Quant au personnel de bureau, M. le ministre a gardé le
même personnel de bureau que celui qui était au service de M.
Hardy. Le personnel de bureau est resté dans le cabinet du ministre.
M. Ciaccia: Quant aux nouveaux...
M. O'Neill: Excusez-moi, il y aurait aussi le secrétaire
de comté du ministre qui a été intégré,
à Montréal, à la direction générale du
cinéma et de l'audio-visuel.
M. Ciaccia: Pourriez-vous nous donner les noms et les
prénoms des personnes qui ont été engagées à
votre cabinet depuis le 26 novembre? Nous aimerions savoir la date
d'engagement, l'emploi antérieur et la fonction que ces gens occupent
dans le cabinet.
M. O'Neill: II y a le chef de cabinet, M. Claude Grenier, qui
était, antérieurement, professeur à l'ENAP; M.
Adélard Guillemette qui, antérieurement, était à la
Fonction publique. C'est bien cela?
Il était à mon bureau.
M. Pierre Régnier qui, antérieurement, était un
permanent du Parti québécois, je crois, de la région de
Québec. C'est cela. Il y a l'attaché de presse qui est le
même pour les deux cabinets, M. Robert Lévesque.
M. Vaillancourt (Orford): Qui est votre secrétaire de
comté?
M. O'Neill: Mme Françoise Grenier.
M. Le Moignan: L'effectif a-t-il augmenté par rapport
à celui de l'an dernier? Cette année, est-il le même?
M. O'Neill: Je pense qu'il a diminué, si on
considère les deux cabinets ensemble. On nous avait demandé
d'être assez rigide là-dessus. Cela fait deux personnes... Quant
à moi, j'aimerais peut-être qu'il y en ait deux de plus, mais
enfin!
M. Le Moignan: Dans le moment, vous n'avez pas de poste de
vacant? Tous les cadres sont remplis, à peu près?
M. O'Neill: C'est assez souple, les cabinets de ministre.
Apparemment, dans le passé, il y en avait qui n'avaient pas des
cabinets, mais des cours. Tout simplement, c'est le premier ministre qui nous a
demandé d'être plutôt sévères, de
réduire cela au minimum, mais on m'a parlé de cas de cabinets
où, paraît-il, il y en avait 14, 18, des choses comme cela.
C'était vraiment généreux, c'était même
plantureux.
M. Le Moignan: Est-ce que tous les montants d'argent
prévus pour 1976/77 ont été dépensés ou y
a-t-il des sommes qui ont été gelées?
M. O'Neill: II y a eu des crédits périmés
à la fin de 1976/77, à la demande du Conseil du trésor qui
avait réuni tous les sous-ministres dès le mois de novembre et
qui avait imposé à chacun des ministères un gel de
crédits. En ce qui nous concerne, le gel des crédits avait
été de l'ordre de $1,2 million. Nous avons dû,
évidemment, restreindre nos activités pour pouvoir nous conformer
si vous voulez, à cet objectif qui nous avait été
fixé par le Conseil du trésor.
M. Le Moignan: Ces sommes n'ont pas été
utilisées à d'autres fins?
M. O'Neill: Non. Elles sont retournées au fonds
consolidé.
M. Le Moignan: Maintenant, est-ce qu'il est possible d'avoir
l'organigramme complet de votre ministère je ne vous demande pas
cela pour ce soir avec tous les...
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: ...détails, les postes.
M. O'Neill: Oui.
M. Ciaccia: Dans le même ordre de questions
administratives, est-ce que vous avez hérité ou acheté une
nouvelle automobile à l'usage du ministre ou est-ce que vous avez pris
celle de votre prédédesseur?
M. O'Neill: J'ai pris celle qu'on a mise à ma disposition.
On m'a dit qu'elle était au service de M. Goldbloom surtout. Il
semblerait que c'était M. Goldbloom qui s'en servait surtout. Alors,
elle n'est pas neuve, mais elle est excellente, avec un excellent
chauffeur.
M. Ciaccia: Je n'ai plus de question sur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
programme 4?
M. Ciaccia: Non, j'en ai encore sur le programme 4, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ah
bon!
M. Ciaccia: Sur ce sujet, s'il y en a d'autres qui veulent
demander... Au programme 4, négociations, vous avez un chapitre sur les
relations intergouvernementales, et vous parlez des négociations
fédérales-provinciales. Est-ce que vous pouvez nous dire
au premier paragraphe, on parle de certaines négociations qui ont eu
lieu est-ce que vous pouvez nous dire quel est le fonctionnaire qui est
responsable de ce dossier mentionné au premier paragraphe?
M. O'Neill: C'est le sous-ministre adjoint, M. Pierre
Deschênes, pour la partie 1976/77, qui est mentionné en haut.
M. Ciaccia: Oui, c'est le sous-ministre adjoint. Est-ce que votre
adjoint parlementaire s'occupe aussi de ce dossier des relations, des
négociations fédérales-provinciales?
M. O'Neill: Par définition, l'adjoint parlementaire est
attaché au... suit de très près les activités d'un
ministère pour lequel il est nommé à titre d'adjoint.
Evidemment, il a d'abord une tâche à l'Assemblée nationale,
mais également il suit les activités du ministère et, en
l'occurrence, il s'agit d'un adjoint qui, déjà, connaissait
très bien le dossier, comme vous avez pu vous en apercevoir. Alors,
c'est naturel qu'il soit au courant de ce qui se passe et qu'il ait avec nous
des discussions, des échanges.
M. Ciaccia: II s'occupe de ce dossier spécifiquement. Je
sais que le rôle d'un adjoint parlementaire...
M. O'Neill: Non pas...
M. Ciaccia: ...généralement de...
M. O'Neill: Je ne pourrais pas dire spécifiquement, M.
Guay, mais c'est un des dossiers qu'il connaît très bien, si vous
voulez. Parce qu'il a participé et participe de façon
régulière à des discussions au sein du cabinet et il se
prononce, donne son avis sur d'autres dossiers également et pas
seulement sur celui-là.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je me pose cette question, ce
n'est pas pour critiquer personnellement le député de Taschereau,
mais j'ai cru avoir l'impression qu'il avait une certaine intransigeance au
sujet de certaines positions déjà fixées dans son esprit
quant à ces dossiers. C'est peut-être parce qu'il y a
été impliqué passablement longtemps, il m'a donné
l'impression de manquer d'une certaine souplesse. C'est pour ça que je
demandais si c'était encore lui, parce que, si on veut négocier,
ça dépend... Si on prend quelqu'un qu'on sait d'avance qu'il ne
veut pas négocier, qu'on lui donne le dossier, on sait qu'il n'y aura
pas de négociation. Dans le contexte actuel, je me demande si c'est
l'approche qu'on doit prendre.
M. O'Neill: On pourrait dire que, sous certaines allures
extérieures d'intransigeance, l'adjoint parlementaire a beaucoup de
souplesse intérieure.
M. Guay: Est-ce que je pourrais, M. le Président, si vous
me permettez?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Merci infiniment. Je me permettrai de qualifier, si vous
voulez, la position que j'ai en la matière en vous lisant ceci: II est
difficile de discuter, en l'occurrence, avec le gouvernement d'Ottawa, parce
qu'il n'y a personne de l'autre côté de la barricade. On se
demande conséquemment quels moyens le Québec pourrait utiliser
pour... On en avait un ce matin. Apparemment, l'Opposition officielle
n'était pas tout à fait d'accord.
M. Ciaccia: Je ne veux pas reprendre le débat sur la
motion.
M. Guay: Non, non, moi non plus. Parce que vous me parlez
d'intransigeance...
M. Ciaccia: C'est une impression que j'ai eue.
M. Guay: Non, mais je voudrais justement dissiper votre
impression, M. le député de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: II veut que vous dormiez en paix!
M. Guay: Et je dirais que la situation dans laquelle nous sommes
est d'abord une espèce de mur face à nous à Ottawa...
M. Ciaccia: Vous confirmez votre intransigeance?
M. Guay: M. le député de Mont-Royal, c'est une
déclaration de M. Hardy, il y a un an, à la commission
parlementaire des communications, sur le mur à Ottawa. Ou bien l'ancien
député de Terrebonne était aussi intransigeant, et Dieu
sait que c'était pourtant un homme d'une souplesse tout agile!
M. Ciaccia: Votre ministre ne le trouvait pas intransigeant!
M. Guay: Intelligent ou intransigeant?
M. Ciaccia: Intransigeant. Vous m'avez entendu la première
fois. Intransigeant.
M. Guay: Non. J'ai mal compris. Je trouve que la position
énoncée ici quand il dit: "Je ne veux pas me faire d'illusion
à moi-même et en laisser à d'autres. Je ne voudrais pas
parler qu'il y a une grande ouverture..." il parle d'Ottawa "...
une volonté de se parler, de reprendre le dialogue..." Il parle de la
porte que M. Pelletier avait fermée. Et on pourrait remonter dans le
temps et trouver d'ailleurs des déclarations sans dcute de M.
L'Allier.
Je constate que, par rapport aux positions antérieures du
gouvernement libéral, l'Opposition libérale, à l'heure
actuelle, manifeste plus de flexibilité, si on peut appeler cela ainsi,
mais ma position n'a rien d'intransigeant. Elle est simplement un constat qu'il
n'y a visiblement pas moyen, à l'heure actuelle, de négocier avec
l'actuel gouvernement du Canada, c'est la déduction qui s'impose.
D'ailleurs, M. Hardy le dit lui-même. Il n'y a personne pour
négocier avec lui de l'autre côté de la barricade et il
fait face à un mur.
M. Ciaccia: Je ne veux pas reprendre le débat et je ne
veux pas être le défenseur... J'ai entendu dire, dans certaines
accusations qui ont été portées ce matin, que je
défendais le fédéral. Ce n'est pas cela du tout. Je crois
qu'on a rendu notre position assez claire. On n'accepte pas le projet de loi
qui a été déposé. On ne l'accepte pas plus que
vous. La seule position est qu'on a certainement eu l'impression plus que
peut-être vous l'avez eue qu'il y avait des ouvertures, et même si
vous dites qu'il y a une intransigeance, l'intransigeance à laquelle
vous vous référez, c'est avec différentes personnes,
à différentes époques, dans différentes
conditions.
Je pense et j'adresse mes paroles au ministre que la seule
façon dont le ministre saura si vraiment les propos du
député de Taschereau sont tels qu'il les décrit, c'est de
lui-même prendre l'initiative de ce dossier et de dire: Voici notre
position, c'est cela que nous voulons et la faire prévaloir, parce qu'il
y a un besoin.
Nous avons un besoin. Il y a des services que nous requérons, et
donner l'impression de manquer d'une certaine souplesse et de ne pas vouloir
discuter, je ne crois pas que, dans les circonstances, cela va aboutir, cela va
oeuvrer dans les intérêts de tous les Québécois.
Mais, écoutez, c'est seulement...
M. Guay: Si je pouvais terminer mon intervention, parce que vous
m'avez coupé la parole, si je ne m'abuse, M. le Président, il
semble exister trois mythes depuis le début de la session, trois mythes
que répand allègrement l'Opposition. L'un, c'est l'incertitude
qui existerait au Québec depuis le 15 novembre et
particulièrement dans les milieux d'affaires, et Dieu sait que les faits
démontrent le contraire. L'autre, c'est la violation des droits de
l'homme qu'on semble inventer de nulle part, notamment avec le projet de loi no
1 et d'autres, l'histoire des...
M. Ciaccia: ...72 est plus éloquent que nos
accusations.
M. Guay: ...soupçons de propagande et d'atteinte à
la liberté d'information à cause d'une taxe sur la
publicité de 2%, ce matin, j'avoue que c'est un peu tiré par les
cheveux. Le troisième, c'est l'ouverture dont aurait fait preuve Ottawa.
Cela, je vous le demande de nouveau, quelle ouverture? Quand? Si vous parlez
d'Edmonton, je m'excuse, mais Edmonton, ce n'était pas une ouverture,
c'était la poursuite de la fermeture. S'il y a une ouverture de la part
du gouvernement fédéral, je ne demande pas mieux que le
gouvernement du Québec négocie, mais la position du gouvernement
du Québec est connue, la position de l'ancien gouvernement était
connue. Elle était connue, c'est notoire, c'est public, c'est dans des
documents. Cela demeure dans des documents qui sont au vu et au su de tous, et
cela ne peut pas être plus connu que cela, la position du gouvernement du
Québec. Elle ressemble, d'ailleurs, à maints égards,
à la position du gouvernement de l'Ontario, que le ministre des
Communications de l'Ontario a réitérée récemment,
peut-être pas complètement, mais à certains égards.
Elle rejoint étrangement le consensus que les provinces avaient
réussi à obtenir à la veille de la deuxième
conférence fédérale-provinciale. C'est connu. Cela ne peut
pas être plus connu que cela. Ottawa le sait. On a des documents à
Ottawa, on a des lettres, on en a pour les fous et pour les fins, des dossiers
pleins de lettres pour expliquer notre position...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Guay: ...alors, où est l'ouverture? Qu'on m'explique
où est cette ouverture. Moi, je la cherche.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on relance
le fameux débat des relations et je vais faire une autre motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
Mme le député de l'Acadie.
M. Guay: Je m'excuse, mais le député de Mont-Royal
a évoqué ma soi-disant intransigeance face à une
ouverture. Quelle ouverture?
M. Ciaccia: Ce n'était pas pour rouvrir le débat.
C'était sur la question des relations intergouvernementales...
M. Guay: Pour quelqu'un qui ne voulait pas le rouvrir...
M. Ciaccia: ...et j'ai demandé qui s'occupait du dossier.
J'ai donné seulement une certaine impression, sans vouloir soulever un
débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
passer la parole à M. le ministre, je pense que la remarque du
député de L'Acadie est très pertinente. Nous avons
passé de nombreuses heures à discuter de ces relations. Il y a
même eu une motion, une fameuse motion...
Mme Lavoie-Roux: Désormais célèbre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... qui
a été présentée, qui a été
déclarée recevable, on en a entendu parler ensemble cet
après-midi. Je demande la collaboration de tout le monde pour nous en
tenir strictement, même si le paragraphe 4-1...
M. Ciaccia: Je le laisse, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
pouvait être une ouverture. D'accord. Je donne la parole à M. le
ministre.
M. O'Neill: M. le Président, pour rassurer M. le
député de Mont-Royal, je me permets de dire que nous sommes
actuellement en train d'essayer de préciser une nouvelle approche dans
ce domaine, qui pourrait être une approche que j'appelle pragmatique,
c'est-à-dire qu'il peut y avoir des approches au plan des principes
lorsqu'on peut dire que c'est un peu bloqué. Il peut y avoir une
approche au plan pragmatique, c'est-à-dire que si, par exemple, on
pouvait en arriver à s'entendre sur des formes de rapatriement
progressif, étant donné surtout que le sentiment semble se
généraliser à beaucoup d'endroits en dehors du
Québec, concernant le rôle que les états provinciaux
peuvent jouer dans le domaine des communications, il est possible à ce
moment-là que, mettant de côté l'aspect principe, surtout
que, dans toute une partie de ce dossier, il y a quand même un jugement
de la Cour suprême qui est en suspens, il faut quand même
l'attendre.
M. Ciaccia: Vous avez porté le jugement en appel à
la Cour suprême.
M. O'Neill: C'est ça, dans la pratique, on peut voir
comment, à un moment donné, on peut s'in- venter ce que
j'appellerais des modalités de rapatriement progressif,
spécialement concernant la radio et la télévision. Nous
sommes en train de regarder ça et soyez sûr que, dès que ce
sera assez précis, qu'il y aura quelque chose je dirais
d'opérationnel, qui sera mis au point, et, à ce moment-là,
nous n'hésiterons pas à proposer un rendez-vous à Mme
Sauvé.
M. Ciaccia: Je vais laisser ce sujet pour ne pas prolonger ou
reprendre le débat. Je pense à la coopération
internationale. Vous parlez de négociations et de pourparlers qui ont
été entrepris et vous parlez de nouveaux secteurs.
Au paragraphe suivant, vous parlez de négociations entre la
France et le Québec sur le dossier du doublage et des sous-titres.
Est-ce que vous pourriez nous dire où est rendu ce dossier et dans quel
nouveau secteur vous voyez les ententes internationales dont vous parlez?
M. O'Neill: Dans le domaine de la culture, il y a quand
même plusieurs ententes de coopération avec la France. Dans ce
cas-ci, c'est un dossier particulièrement intéressant, il touche
le domaine des industries culturelles. Cela touche de près l'emploi, en
ce sens que nous avons actuellement au Québec beaucoup de gens qui sont
spécialisés dans ce domaine.
On estime qu'une entente dans ce domaine pourrait, à un moment
donné, favoriser un développement du secteur de l'industrie
cinématographique pouvant assurer possiblement des revenus de l'ordre
d'à peu près $3 millions par année et la création
de beaucoup d'emplois.
Actuellement, vous êtes au courant que la plupart des films qui se
font aux Etats-Unis sont doublés en France. Il y en a un certain nombre
qui se fait quand même à Montréal.
Sauf que lorsqu'ils sont doublés au Québec, ils ne peuvent
être projetés en France, à cause d'une législation
française qui dit que tout film qui est projeté en France doit
être doublé et sous-titré en France. Le tirage des copies
doit se faire en France aussi.
Nous en sommes venus, avec l'association des distributeurs, les
industries de laboratoires et l'Union des artistes, à une position
commune, en ce qui nous concerne, et nous sommes maintenant prêts
à aller négocier une entente avec la France qui permettrait de
voir les films doublés et sous-titrés au Québec,
projetés sur les écrans français, d'une part; d'autre
part, nous allons essayer d'obtenir qu'un plus grand nombre de films soit
doublé ou sous-titré au Québec.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, dans le moment, ce ne sont pas
les artistes québécois qui font le doublage. Ce sont des artistes
français?
M. O'Neill: Oui, ceci est à vérifier, d'ailleurs,
à la TV.
Quand c'est fait par des artistes québécois, ce n'est pas
projeté en France.
C'est cela.
Il y a un autre marché en plus du marché
français, il y a tout le marché de la francophonie. Ce
n'est pas seulement la France, c'est le Maroc, l'Algérie, la Tunisie,
l'Afrique française, en général. Nous trouvons qu'il y a
là des possibilités fort intéressantes pour que, je
dirais, culture et industrie se rejoignent.
Mme Lavoie-Roux: D'après ce que j'ai compris, la France
serait prête à accepter... Il semble y avoir deux
possibilités: d'une part, que la France accepte que ceux qui sont
responsables de doubler les films ou de les sous-titrer, puissent être
Québécois ce serait une hypothèse et d'autre
part il y aurait possibilité que l'on fasse directement au
Québec, en utilisant des Québécois, le "sous-titrage" et
le doublage et que ces films soient projetés en France. Enfin, vous
négociez ces deux points?
M. O'Neill: Surtout le deuxième. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. O'Neill: A partir d'un article de la loi française
je ne pourrais pas vous dire lequel qui dit qu'il pourrait y
avoir des exceptions dans les cas où il y a des échanges
culturels avec le pays concerné.
On a une porte de sortie ou une porte d'entrée, si vous
préférez, qui nous permet, à partir de cela de dire: II y
a suffisamment d'échanges culturels entre la France et le Québec
pour que vous puissiez accepter cette exception que des films soient
doublés et sous-titrés au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela vous semblerait une
possibilité, compte tenu de nos ressources tant techniques que
financières, qu'on puisse directement prendre les films
américains et faire ce travail ici...
M. O'Neill: Ah oui! Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...sans l'intervention de la France d'aucune
façon?
M. O'Neill: Sans aucun doute.
M. Ciaccia: A quel point...
M. O'Neill: C'est le personnel.
Mme Lavoie-Roux: Où cela bloque-t-il, pour que vous ne
procédiez pas comme cela? Est-ce le fait qu'il y a des engagements des
Etats-Unis vis-à-vis de la France? Qu'est-ce que c'est?
M. O'Neill: C'est que si l'industrie américaine fait
doubler son film ici ou le fait sous-titrer ici...
Mme Lavoie-Roux: II ne peut pas aller en France.
M. O'Neill: ...elle ne peut pas l'exporter en France.
Mme Lavoie-Roux: Cela réduit le marché. M.
O'Neill: Cela réduit le marché. Mme Lavoie-Roux: C'est
cela.
M. O'Neill: Pour ce qui est du personnel technique, il est
déjà prêt, pas de problème, on l'a en nombre
suffisant au Québec.
M. Ciaccia: A quel point ce dossier est-il rendu? En
êtes-vous au début, êtes-vous sur le point d'en arriver
à une entente avec la France ou êtes-vous en cours de
discussions?
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'il y a eu, dans le
passé, beaucoup de discussions. Je dirais qu'on en est rendu au point
où on peut vraiment s'asseoir avec eux et dire: Quelles seraient les
modalités? On est rendu au point...
M. Ciaccia: Le principe a-t-il été accepté?
M. O'Neill: Le principe est à peu près accepté.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, peut-on nous dire, dans le cas
des films anglais, s'il y a les mêmes restrictions, par exemple,
vis-à-vis de Toronto. Ils sont en anglais et ils s'en vont directement
en Angleterre, d'accord.
Une Voix: Y a-t-il d'autres questions sur le programme 4?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Sur le programme 4, non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
Une Voix: Seulement une autre.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! sur la Belgique, quels sont vos projets
de collaboration avec la Belgique, parce que vous en parlez? Il
s'établit des pourparlers touchant une coopération possible avec
la Belgique en matière de communications. Qu'est-ce que vous envisagez?
Dans quel domaine en particulier? Qu'est-ce qui différencierait vos
rapports avec la Belgique de ceux que vous avez avec la France?
M. Ciaccia: Au dernier paragraphe de la coopération
internationale, vous dites que le début...
Mme Lavoie-Roux: A la page 16, M. le ministre.
M. Ciaccia: ...d'une coopération avec la Belgique en
matière de communications.
M. O'Neill: Ah oui! Il y a à peu près un an, le
ministre des Communications de l'époque avait eu ici à
Québec une rencontre avec M. Outhers qui
est le président de la Communauté culturelle francophone,
parce qu'en Belgique vous avez les deux communautés qui sont toutes les
deux dirigées par un président.
M. Hardy, à l'époque, avait discuté avec M. Outhers
des possibilités d'échanges, notamment dans le domaine
cinématographique et aussi dans le domaine de la
câblodistribution, de la radio communautaire où les
expériences que nous vivions l'intéressaient beaucoup.
Ce qui avait été convenu à l'époque, c'est
que ces points seraient inscrits à l'ordre du jour de la prochaine
réunion de la sous-commission de la commission permanente, parce que,
contrairement à la France, nous sommes, dans nos relations avec la
Belgique, chapeautés par le gouvernement du Canada et il y a une
sous-commission belgo-québécoise qui agit à
l'intérieur de cela. Est-ce que cela a été inscrit et
discuté à cette sous-commission? A ce moment-ci, je ne le sais
pas, mais à partir de l'ouverture qui avait été faite par
M. Outhers au moment de sa visite, nous avons l'intention de reprendre le
dialogue et de peut-être pousser davantage pour que cela débouche
au niveau de la sous-commission de la commission permanente, parce que tout
accord que nous faisons avec la Belgique doit nécessairement passer par
là.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre pourrait-il nous dire si la
France est peut-être un peu jalouse de ses prérogatives dans ses
échanges avec le Québec par rapport à ce qu'un autre pays
francophone, comme la Belgique, pourrait offrir, parce que, dans le cas des
échanges franco-québécois, dans le monde de
l'enseignement, c'est difficile.
M. O'Neill: Aucun signe.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à ce moment, vous ne pouvez pas en
juger.
M. O'Neill: Non, il n'y a aucun signe qui puisse montrer qu'on
aurait le même problème que celui qui existe dans le monde de
l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
programme 4, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Le Moignan: Adopté.
Développement des
télécommunications
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 5, développement des télécommunications.
M. Le Moignan: M. le Président, dans le troisième
paragraphe de la page 38, il est question de principes directeurs d'une
politique québécoise de la radiodiffusion. J'aimerais savoir
où on en est rendu dans cette réflexion. Peut-être, de
façon très brève, le ministre peut-il nous donner les
grandes lignes de cette politique? Est-ce qu'elle prendra la forme d'un livre
vert? Est-ce qu'il prévoit aussi l'échéance de toutes ces
choses?
M. O'Neill: M. le Président, je ne pourrais pas dire
qu'elle prendra la forme d'un livre vert. Je voudrais simplement rappeler au
début que vous êtes dans un domaine où le genre de
politique que nous pouvons avoir, c'est une politique qui fait son chemin par
la porte de côté, puisque c'est un domaine où une
compétence législative, dans le moment, nous est reconnue. Ce
sera différent la journée où, à la suite de ce que
j'appellerais une approche pragmatique de ces questions, on nous
reconnaîtrait un certain droit de supervision en matière de radio
et de télévision. Ce qui, actuellement, est fait, est effectif,
c'est le fait, au moins, de l'affirmation de notre vision du problème,
c'est-à-dire, entre autres, la conception de la radio, pour la
télévision, c'est la même chose, comme services publics
accessibles le plus tôt possible, partout à l'échelle du
territoire, en accordant donc, à ce moment, priorité aux
régions qui sont moins favorisées. Là, je m'en tiens
simplement à la radio et à la télévision, de ce
qu'on appelle de type généraliste. Je fais abstraction, pour le
moment, de Radio-Québec. Les interventions qui ont d'ailleurs
été faites jusqu'ici ont été faites surtout dans ce
sens. Il y a eu des interventions qui ont été faites
auprès de Radio-Canada, justement, pour essayer d'obtenir qu'on accorde
comme priorité le service aux populations qui, jusque-là,
étaient moins bien desservies, parce qu'il y a beaucoup
d'inégalités là-dessus au Québec. Vous avez des
régions où il y a beaucoup de postes de radio et de
télévision, en plus de cela, les gens possèdent le
câble, alors qu'on arrive dans d'autres régions où le
service est relativement pauvre. Je pense que, là-dessus, vous pourriez
nous donner un exemple.
Un autre principe dans ce domaine que nous mettons de l'avant, c'est que
nous pensons important et nous souhaitons que ceux qui actuellement exercent
l'autorité, enfin, disposent de moyens dans ce secteur... Un autre
principe important, c'est celui de la régionalisation,
c'est-à-dire au sens de la participation des gens dans la région
et aussi, dans le sens d'avoir une radio et une télévision qui
reflètent les préoccupations de la région, où les
gens se retrouvent, par exemple, dans l'information, également dans la
participation à certaines émissions; que ce ne soit pas
simplement une radio et une télévision qui viennent
répondre dans chaque région ce qui est fait à
Montréal, mais que les régions aient le sentiment qu'elles sont
partie permanente dans ce type d'activités éminemment
culturelles.
Ce sont les grandes lignes. Je ne sais pas si j'en oublie. On a
également parlé d'une possibilité, à un moment
donné, de voir comment on pourrait aider financièrement des
régions où il était plus difficile de se
développer. On pourra peut-être demander à ce
moment-là, la collaboration d'en-
treprises des plus florissantes, parmi celles-là, je pense
à Télé-Métropole.
Ce sont les principales remarques qu'on peut formuler à ce
sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez fini vos questions
dans...
M. Le Moignan: Oui, pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Sur le programme 5 et les budgets qui sont
prévus, on voit que, globalement, il y a une augmentation, si mes
calculs sont bons, de l'ordre... Enfin, c'est minime, somme toute. C'est
d'environ $35 000 ou $36 000. Je fais un calcul à l'oeil. Est-ce que
ceci vous semble réaliste, compte tenu des projets de
développement que le ministre envisage? Il vient de faire part de
certains... Est-ce que ça va être un déplacement de
priorités? Comment entend-il réaliser ces projets avec... Il y a
quand même une partie qui doit aller un peu à de l'indexation,
j'imagine, dans ce domaine, comme dans les autres. Somme nette, qu'est-ce que
ça représente comme marge financière de manoeuvre?
M. O'Neill: Cela représente des moyens modestes, bien
sûr. Si, du jour au lendemain, il nous tombait sur la tête toute la
responsabilité du développement de la radio et de la
télévision, il faudrait prévoir d'autres moyens que
ceux-là. C'est sûr que, dans le moment, on pourrait plutôt
considérer ça comme la simple augmentation automatique du
même budget.
Mme Lavoie-Roux: Comment pensez-vous pouvoir réaliser vos
objectifs, parce qu'il y a quand même des programmes qui continuent. A
moins que vous n'ayez l'intention, comme je le disais tout à l'heure, de
déplacer vos priorités? Au plan budgétaire, je vois mal
comment vous pouvez réaliser le développement que vous
envisagez.
M. O'Neill: Le développement envisagé dans le
domaine de la radio-télévision, tel que nous l'avons
décrit, n'est sûrement pas pour cette année. Il est
à long terme.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon!
M. O'Neill: II est ce qu'on appellerait... Moi, quand j'ai
l'occasion de l'expliquer en public, je dirais dans une partie prochaine, il y
aurait une partie intention et attente qui était aussi importante,
précisément parce que, comme je vous le dis, notre intervention
demeure tout à fait indirecte. Actuellement, nous agissons plutôt
par la porte d'à côté.
Ce qui se fait immédiatement, ce sont, par exemple, ce que
j'appellerais des méthodes non coûteuses. Nous avons
commencé, d'avoir des contacts avec les gens qui travaillent dans ces
sec- teurs il est question de les augmenter où, si vous
voulez, chacun échange son point de vue, on discute sur la
possibilité d'augmenter ce qu'on appelle l'aspect éducatif,
l'aspect information à l'intérieur de la radio et de la
télévision. Cela ne coûte rien de discuter ça avec
ceux qui sont responsables des stations. C'est une chose qu'on peut faire tout
de suite et, ensuite, je crois que c'est une chose qu'il ne faut pas
sous-estimer non plus.
Je crois qu'il ne faudrait pas en arriver à l'idée,
à une sorte de conception dirigiste non plus, qui ferait croire qu'il ne
va se faire des choses que la journée où on va entrer, soit par
une intervention financière ou encore par une intervention
législative. Il y a un travail de rapprochement qui, je crois, est
important, et qui est amorcé à la suite des premiers rapports
qu'on a eus avec des gens qui travaillent dans ce secteur.
Pour ma. part, j'ai gardé une très bonne impression.
Mme Lavoie-Roux: Sur le même sujet, je continuerai
après.
M. de Bellefeuille: Sur le même sujet, un aspect
particulier de la question que pose le député de L'Acadie. C'est
au sujet de la planification et du développement des media. J'aimerais
demander au ministre où en est le programme d'aide aux media
communautaires, quelles sont les perspectives d'avenir du programme d'aide aux
media communautaires qui semble être en diminution budgétaire? Que
représente cette diminution budgétaire?
M. O'Neill: C'est la même chose. Où voyez-vous cette
diminution?
Mme Lavoie-Roux: Si vous tenez compte de l'indexation, les $300
000...
M. de Bellefeuille: L'élément 2 passe de $912 300
à $909 100. C'est une légère diminution.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu de l'indexation, c'est même
moins que cela.
M. de Bellefeuille: Mais ma question plus précise... A
l'intérieur de cela, qu'advient-il de l'aide aux media
communautaires?
M. O'Neill: C'est le même montant. C'est
l'équivalent... Le programme d'aide aux media communautaires
lui-même, on y consacre exactement le même montant que celui de
l'an dernier, qui est de $325 000 ou de $350 000. C'est exactement le
même montant.
Nous avons, cette année, à la suite d'une
évaluation du programme tel que vécu depuis quatre ans,
révisé les critères d'aide à ce programme pour
assurer davantage le caractère communautaire des media que nous
aidons.
Il est évident que les media eux-mêmes souhaiteraient que
ce montant soit doublé et même
triplé. Je pense bien que nous aussi le désirerions, mais,
à la lumière des budgets qui nous ont été
accordés cette année par le Conseil du trésor, on peut
difficilement y consacrer plus que ce qu'on y avait consacré l'an
dernier.
M. de Bellefeuille: II y a eu une réévaluation,
n'est-ce pas, de ce programme? Quelles sont les lignes de force qui se
dégagent? Vers quoi s'orientent les media communautaires? Y a-t-il, par
exemple, plus de développement du côté de la radio
communautaire que du côté de la télévision
communautaire? Et une autre question. Est-ce qu'à la faveur de cette
réévaluation, le ministère s'est de nouveau posé
des questions sur la possibilité, l'opportunité d'accorder une
aide à des media communautaires imprimés, étant
donné que, jusqu'à maintenant, cela était limité
à l'électronique?
M. O'Neill: Je pense qu'on peut dire que, présentement, il
y a une augmentation des demandes pour la télévision
communautaire. Cependant, il y a une ouverture qui est nouvelle cette
année, qui est une ouverture sur l'imprimé, c'est-à-dire
que, dans les critères, les media écrits communautaires pourront
trouver place à l'intérieur du programme communautaire.
M. de Bellefeuille: Si vous me permettez. Cette chose a-t-elle
été annoncée ou est-ce en préparation?
M. O'Neill: Elle a été annoncée hier, je
pense, par l'émission d'un communiqué de presse, hier ou
aujourd'hui.
Je voudrais faire une remarque ici.
C'est qu'on éprouve un petit peu plus de difficultés quand
il s'agit de délimiter la nature des media communautaires. C'est de
forme beaucoup plus diversifiée. Ce n'est pas aussi précis qu'une
radio, par exemple. Cela prend toutes les formes possibles. On prévoit
que peut-être il y aura une petite difficulté, à un moment
donné, à voir comment on peut, à ce moment-là,
fournir de l'aide et la fournir sans intervenir de quelque façon par une
évaluation de contenu. C'est un petit peu plus complexe justement parce
que les moyens ou ce que j'appellerais les facettes des media communautaires
sont beaucoup plus divers. On peut donc affirmer en général que
cela peut être une bonne chose, mais, dans l'application, cela va se
révéler beaucoup plus complexe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander à M. le ministre
quelle est sa politique en matière de télévision
communautaire. On a assisté à certains déboires, il n'y a
pas tellement longtemps. Comment envisage-t-il les orientations de son
ministère à cet égard, dans ce domaine?
M. O'Neill: D'abord, il y a des formes d'aide technique, des
formes d'aide financière très limi- tées, bien sûr.
On pourrait souhaiter, surtout quand on se met à parler de
régionalisation, et dire que plus on peut développer cette forme
de télévision, plus on favorise la régionalisation. Mais
c'est le maximum d'aide possible avec des ressources qu'on peut avoir. C'est
cela que vous voulez dire comme politique générale?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais au point de vue de sa conception du
rôle, par exemple, que doit remplir la télévision
communautaire ou d'autres media communautaires?
M. O'Neill: Dans l'ensemble, les petits groupes de
télévision communautaires n'éprouvent pas actuellement de
difficultés à ma connaissance, et ils fonctionnent avec les
moyens du bord, je veux dire de façon très humble. Si on se
rattache à l'expérience de Hull, cela avait quand même un
calibre tout à fait différent, c'était une
télévision en même temps commerciale. Cela n'avait pas du
tout le niveau des télévisions communautaires ordinaires. Quand
vous parlez de difficultés, si vous vous référez à
cela, c'est tout à fait différent comme...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas saisi l'intervention de...
M. O'Neill: Je veux dire dans le cas de... Si vous faites
allusion au cas de CFVO...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: ... là vous avez quand même quelque
chose d'une dimension tout à fait différente et, au fond, une
télévision qui ressemble aux autres, même s'il y avait une
coopérative dans cela. Quand on parle de télévision
communautaire, on ne parle généralement pas de cela. On parle de
petites entreprises qui fonctionnent avec les moyens du bord, qui essaient
d'intéresser une population locale aux activités locales,
à créer, à susciter des initiatives, à permettre
aux gens d'échanger, etc. C'est différent du cas de Hull. C'est
un cas qui appartient tout à fait à une autre
catégorie.
M. Ciaccia: Mais puisque vous l'avez souligné... Excusez,
j'aurais une question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Ciaccia: Puisque vous avez soulevé ce cas de CFVO,
est-ce qu'on pourrait avoir des explications, à la lumière de
votre politique sur la télévision communautaire? L'impression,
c'est que, dans ce cas-ci, vous aviez l'occasion de promouvoir une
coopérative de télévision communautaire. Je crois qu'elle
a demandé une subvention de $50 000 pour empêcher la faillite et,
apparemment, cela...
M. O'Neill: Combien?
M. Ciaccia: $50 000. C'est la subvention qu'elle a
demandé.
M. O'Neill: A Hull?
M. Ciaccia: Non, au ministère.
M. O'Neill: A Hull, cela?
M. Ciaccia: Oui, à Hull, CFVO. C'est pour cela que je
demande si c'est exact. Si ce n'est pas exact, j'aimerais avoir des
réponses, des éclaircissements.
M. O'Neill: Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'à la
veille de ce que j'appellerais la période de la faillite, ces gens sont
arrivés pour la première fois un vendredi après-midi avec
un budget ce n'est pas un budget avec leur problème et,
à ce moment-là, cela se montait à des sommes, leur
déficit, beaucoup plus considérables.
A ma connaissance, il n'y a jamais eu de demande directe de ce genre,
vous dites $50 000. A ce moment-là, les montants, au paragraphe G,
étaient beaucoup plus considérables. Deuxièmement, pour
nous, on a pris comme attitude que, devant ce genre de
télévision, je dirais conventionnelle, ça relevait
beaucoup plus d'autres types d'interventions, à d'autres organismes
d'intervenir que de notre part à nous. Nous autres, spontanément,
ce qu'on a fait, on a suggéré à Radio-Québec de
s'intéresser au problème.
M. Ciaccia: N'ont-ils pas demandé une subvention de $50
000 à votre ministère pour leur permettre de continuer leurs
opérations? Est-ce que c'était plus que ça, est-ce que les
sommes impliquées étaient plus élevées que
ça?
M. O'Neill: Je pense que ce qui s'est passé, si ma
mémoire est exacte, si je ne me trompe pas, c'est qu'il n'y a même
pas eu de demande de subvention. C'est-à-dire qu'ils sont venus nous
présenter les problèmes, ils étaient en même temps,
j'oserais dire, un peu en négociation avec la Caisse de
dépôt qui était partie prenante dans ça et en fait,
tout le débat sur le refinancement, les efforts pour éviter la
faillite, ce débat ne s'est pas fait directement avec nous, il s'est
fait directement avec l'Union régionale des Caisses populaires, il s'est
fait avec les Caisses populaires de l'Outaouais, avec la Banque Canadienne
Nationale et avec la Caisse de dépôt. Nous autres, dans ça,
le rôle qu'on a joué principalement, ç'a été
d'essayer de rapprocher les parties, de suggérer à
Radio-Québec de regarder de près pour savoir ce qu'on pouvait
faire.
Il ne m'est pas venu à l'idée qu'on aurait pu aller
chercher de l'argent directement d'un fonds gouvernemental pour dire: On se
mêle de ça de cette façon, ce n'est pas comme ça
qu'on envisageait la chose. Surtout qu'à un moment donné, la
possibilité de trouver une solution, de prévenir cette faillite
semblait assez bonne, si vous voulez, au moment où il y a eu cette
proposition d'un, comment est-ce qu'on appelle ça, un moratoire? Un
concordat avec les créanciers.
M. Ciaccia: Est-ce que je dois comprendre de votre réponse
qu'il n'y a pas eu d'approche faite au ministère pour obtenir de l'aide
à CFVO afin qu'ils puissent continuer...
M. O'Neill: Non, ils sont venus nous présenter leurs
problèmes un après-midi en disant: Si, demain, on n'a pas
d'argent, on ferme. Je n'avais l'intention de faire ni promesse, ni engagement.
J'ai tout simplement... Je me suis informé d'ailleurs auprès du
ministre des Finances pour avoir un peu son point de vue sur la chose. On a
suggéré aux gens en cause de se revoir de nouveau. Il y a eu
ensuite, on a su tout à coup que la BCN était prête
à les aider et elle a même fait ceci, elle les a relancés
pour une quinzaine.
C'est comme ça que cela a pu continuer de fonctionner jusqu'au
29, je pense que c'était le 29 le jour officiel, la dernière
rencontre qui a abouti à la faillite. C'est de cette façon qu'on
a fonctionné.
Mais j'aurais vu difficilement, pour ma part, qu'on s'engage directement
dans une activité comme celle-là. Pour moi, ce que je voyais,
c'est que Radio-Québec faisait déjà partie des
activités de CFVO, c'est-à-dire participait déjà
à la programmation et était, me semble-t-il, l'organisme
habilité à traiter de ces choses. Autrement, on se serait
d'ailleurs trouvé en plein domaine d'intervention gouvernementale
directe. Cela me paraissait quelque chose d'un peu plus difficile, surtout que
Radio-Québec était déjà mêlée à
l'affaire.
M. Ciaccia: Non, mais l'impression qui a été
créée, peut-être que c'était une fausse impression,
le ministère aurait pu aider CFVO qui était une
télévision communautaire, c'était une
coopérative...
M. Guay: Non, je m'excuse, mais il y a une différence
fondamentale entre une coopérative et une télévision
communautaire.
M. O'Neill: C'est une grande entreprise.
M. Guay: Parce que depuis tantôt qu'on parle de
ça...
M. Ciaccia: C'est pour ça que je demande au ministre
d'éclaircir la situation. Ce ne sont pas des accusations que je porte.
Je demande au...
M. Guay: Je ne le prends pas comme ça, mais je
corrige.
M. Ciaccia: Je demande des réponses. Je vous dis
l'impression qui a été créée dans certains media
si ce n'est pas le cas, je donnerais toute l'opportunité au
ministre de nous donner les réponses qu'il y avait
opportunité pour le gouvernement de donner une subvention, les chiffres
qui étaient mentionnés étaient de $50 000. Le nombre
d'emplois, oublions pour le moment la question de télévision
communautaire, peut-être que c'est le mot mais c'était au moins
une coopérative qui avait 50 employés et la subvention possible,
s'il y avait eu une subvention du gouvernement, cela aurait pu permettre
à cette coopérative qui était la première
coopérative dans le secteur de la télévision, de continuer
et de maintenir ces emplois.
Au lieu de faire cela, le gouvernement n'a pas donné suite, a
refusé l'aide à CFVO et acheté la faillite de CFVO pour
une somme approximative de $545 000 et les 150 employés ont perdu leur
emploi. C'est l'impression que nous avons eue, par l'entremise des media.
M. O'Neill: Non. Ecoutez.
M. Ciaccia: Si vous pouviez nous donner plus de détails,
plus d'informations.
M. O'Neill: Nous autres, tel que le tableau nous a
été présenté, M. le Président, c'est qu'on
ne sortait pas du tout de cette histoire avec $50 000. Il y avait d'abord une
énorme accumulation de dettes, il ne faut pas oublier cela. Cela n'est
jamais passé comme un modèle de bonne gestion.
Il aurait fallu y penser deux fois avant, à mon avis, de prendre
l'argent et risquer encore, vous dites $50 000... Devant moi, un montant comme
cela n'a jamais été mentionné. Les chiffres jouaient dans
quelque chose de beaucoup plus gros que cela. D'ailleurs ce n'est pas pour rien
que vous avez, à la fois, l'Union des caisses populaires...
M. Ciaccia: Quels étaient les chiffres?
M. O'Neill: C'est dans l'ordre de plusieurs centaines de millions
de dollars. Je ne sais pas le chiffre. C'est une faillite
considérable.
Je vous donne simplement ceci: Les créances de
Télé-Métropole, si je me rappelle bien, atteignaient le
demi-million de dollars, simplement cela. $400 000, simplement pour
Télé-Métropole. Les créances à la caisse de
dépôt atteignaient $333 000, les créances ajoutées
à celles de l'Union régionale des caisses populaires, la BCN, la
caisse populaire de l'Outaouais...
Je ne suis pas un homme d'affaires chevronné, mais j'aimerais
bien savoir comment on sauve tout cela avec $50 000.
M. Ciaccia: Si vous me permettez, ce n'est pas seulement dans
cette entreprise-ci... Quelquefois, les dettes peuvent être beaucoup plus
élevées. C'est une question d'une certaine injection de capital
pour respecter une certaine période, dans la vie de cette entreprise,
qui leur permettrait d'obtenir plus de revenus, éventuellement, et ainsi
de devenir rentable.
Mme Lavoie-Roux: On a vu cela dans d'autres domaines.
M. O'Neill: Cela arrive.
M. Ciaccia: Je ne veux pas laisser l'impression que les dettes de
la compagnie étaient de $50 000, non. Mais quelquefois, même quand
les dettes sont de plusieurs centaines de milliers de dollars, il n'est pas
question de payer toutes les dettes.
Ce qui me préoccupe beaucoup, c'est que vous avez donné
l'impression que vous laissiez al- ler cette entreprise à la faillite,
pour que Radio-Québec l'achète. S'il n'y avait pas eu cette
transaction, je crois bien que cela aurait été une autre
transaction, un autre compagnie ou une autre coopérative qui aurait
été en faillite.
Mais le fait que le gouvernement lui-même soit entré dans
le dossier pour racheter la faillite, il y a certaines règles de jeu, il
y a certaines lignes de conduite qu'un individu peut se permettre, qu'un
gouvernement ne peut pas se permettre, parce qu'il doit être "above
reproach", au-dessus de tout reproche, de tout soupçon.
M. Guay: Ce que le gouvernement a fait en la matière n'est
pas sensiblement très différent, si je ne m'abuse, de ce que le
gouvernement avait fait dans un cas comme le Manoir Richelieu, par exemple.
M. Ciaccia: Non, je ne pense pas que... Vous avez une
facilité à détourner certaines questions. Le Manoir
Richelieu était en faillite depuis longtemps. Il avait bien besoin de...
C'était une compagnie privée. Ce n'était pas une
coopérative. Ce n'était pas dans le domaine des communications,
ce n'était pas un service.
M. Guay: C'était dans le domaine de
l'hôtellerie.
M. Ciaccia: Le gouvernement l'a acheté en faisant une
bonne transaction, pour obtenir certains services. Ce ne sont pas les
mêmes circonstances qui ont entouré...
Mme Lavoie-Roux: C'était déjà fermé
quand le gouvernement l'a acquis.
M. Ciaccia: C'était fermé, des emplois ont
été créés. Ce n'est pas du tout la même
situation. Vous jetez cela comme...
M. Guay: Remplacez les mots que vous avez utilisés,
à l'exception de coopérative versus entreprise privée.
Tout ce qui est vétuste, tout ce qui ne fonctionne plus, tout ce qui est
fermé, en fait... Au moment où le gouvernement a repris via
Radio-Québec l'équipement de CFVO en faillite, c'était
fermé, c'était en faillite.
Cela a peut-être été fermé moins longtemps,
mais, l'idée fondamentale est certainement analogue. Vous aviez
là une entreprise qui ne fonctionnait plus, qui d'ailleurs ne
fonctionnait pas depuis le début et c'est simplement à cause,
appelons cela à défaut de mieux, de la bonne grâce de
Télé-Métropole qui accumulait les comptes jusqu'à
ce que tombe la guillotine que l'entreprise survivait. Cela n'a jamais bien
fonctionné, coopérative ou pas coopérative. Cela arrive
aussi dans le domaine coopératif que cela ne fonctionne pas bien.
M. Ciaccia: Je crois que le parallèle n'est pas tout
à fait exact. Dans un cas, vous aviez quelque chose qui était
fermé. Le gouvernement y est allé, a créé des
emplois dans une région où, à un mo-
ment, c'était une entreprise importante pour toute la
région, c'était fermé complètement. Le gouvernement
est allé en... Il n'a pas mis cinquante personnes dehors; il n'a pas
congédié le monde.
M. Guay: Le gouvernement, le premier ministre...
M. Ciaccia: II n'y avait pas eu de demande de subvention de la
part de cette entreprise qui disait: Donnez-nous une subvention, nous allons
continuer. Ce n'est pas tout à fait...
M. O'Neill: M. le Président, il n'a existé à
aucun moment, ni de façon écrite, ni de façon orale, une
demande de subvention. S'il y en avait eu une, M. le Président, je crois
que la réponse aurait été négative.
M. Ciaccia: M. le ministre, je peux accepter votre explication.
C'est pour cela que j'ai posé la question. La seule chose que je ne peux
pas accepter, c'est le parallèle entre le Manoir Richelieu. Ce n'est pas
vous qui faites ce parallèle, alors...
M. Guay: Non, mais écoutez...
M. Ciaccia: ... j'accepte votre explication qu'il n'y avait pas
de demande de subvention.
M. O'Neill: M. le Président, si on faisait la preuve
qu'avec $50 000 on aurait pu sauver un truc, une entreprise qui avait
déjà $2 millions de dettes à peu près, là
vous auriez raison sans doute de nous adresser des reproches, mais la situation
n'était pas si rose que cela. Aucun d'ailleurs de tous les partenaires
mêlés à cela et qui ont fait de gros efforts pour sauver
l'affaire, à savoir surtout les Caisses populaires, n'a pensé
à un moment donné que nous devions intervenir
financièrement. Cela n'entrait pas du tout dans leur esprit.
Nous autres, le rôle que nous avons eu, c'est de demander aux gens
de se rencontrer et d'étudier l'affaire et de voir comment on pouvait la
sauver. Maintenant, pour vous parler des emplois, il faut aussi dire qu'avec
Radio-Québec, qui sera bientôt dans le décor, il y aura
quand même des gens qui vont trouver de l'emploi. On s'attend que
Télé-Métropole également, soit dans le
décor, bientôt. A ce moment, je pense que, finalement, cela n'aura
pas tourné si mal. Il y a toujours évidemment l'idée d'une
coopérative qui a abouti à cela, mais si on en retenait une
leçon pour l'avenir, je dirais que noblesse oblige et que les
coopératives doivent mettre en pratique, plus que d'autres et non pas
moins que d'autres, de bonnes règles de gestion, sinon l'échec
les attend. A ce point de vue, je crois que cela nous fait
réfléchir. Je ne pense pas que ce soit notre rôle de
prendre des fonds publics et d'intervenir chaque fois qu'une histoire boite et
qu'elle a été mal administrée. Il faut vraiment avoir des
raisons valables pour le faire, des raisons suffisantes. Personne à ma
connaissance, des gens qui ont suivi ce dossier de près et qui s'y
connaissaient, ne nous a d'ailleurs donné un conseil dans ce cens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
le même sujet?
M. Gosselin: C'est-à-dire on parlait des media
communautaires tout à l'heure. Il y a eu quelques interventions pour
signaler...
Mme Lavoie-Roux: C'est encore sur CFVO.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va se
limiter à CFVO pour le moment. Je vous ai reconnu. M. le
député de Rosemont, est-ce sur CFVO?
M. Paquette: Non.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais seulement demander à M. le
ministre si ce serait possible qu'il puisse déposer le bilan de faillite
qu'on a recueilli, celui de CFVO, et également s'il y avait un
arrêté ministériel qui était nécessaire,
l'arrêté ministériel qui autorisait Radio-Québec
à faire l'acquisition de CFVO, parce qu'il s'agissait quand même
d'un montant passablement important.
M. O'Neill: Nous vous fournirons cette documentation. Si une
partie de la documentation nous manque, elle nous sera fournie. Pour ce qui est
de la deuxième question, cela n'exigeait pas d'arrêté
ministériel, c'est une décision de régie interne de
Radio-Québec. Cela entre dans l'optique de dépenses que
Radio-Québec peut faire.
Mme Lavoie-Roux: Pourrait-on avoir également le
détail de l'équipement qui a été acheté
depuis l'acquisition par Radio-Québec de CFVO?
M. O'Neill: Oui, Radio-Québec va vous fournir cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. O'Neill: Je vous signale encore une fois que c'est bien
Radio-Québec qui a fait les achats, ce n'est pas nous. Je vous signale
en passant que, d'après ce qu'on peut savoir, cela a été
triste la faillite de CFVO, mais cela a été une bonne transaction
que l'achat que Radio-Québec a fait.
Mme Lavoie-Roux: Seulement une dernière question que je
voulais poser sur la télévision communautaire. Tout à
l'heure, on a dit qu'on devait tenter, cette année également, de
penser à dépenser certaines sommes d'argent pour associer des
imprimés communautaires à la radio communautaire, à la
télévision communautaire, etc. Vous prévoyez toujours le
même montant qui est de $300 000, si je ne m'abuse, compte tenu d'une
petite marge, au moins, d'indexation je ne sais pas ce que c'est en
pourcentage et compte tenu des démarches qui ont
été faites auprès du ministre, au moins par certains
représentants de certains organismes de télévision
communautaire, qui demandaient que le ministère investisse au moins $1
million dans ce domaine. La question que je me pose, c'est: Comment allez-vous
faire la
répartition des sommes qui demeurent toujours les mêmes, en
y ajoutant un élément qui est intéressant, dont le
député de Deux-Montagnes a parlé? Est-ce que vous allez
restreindre le nombre des demandes? Dans de tels cas, quels critères
allez-vous utiliser pour distribuer vos sommes entre les imprimés, la
radio et la télévision? Enfin, c'est ma question.
M. O'Neill: Je vais répondre seulement à la
première partie de la question. Pour les détails, je vais
demander à M. Frigon de répondre. Pour la première partie,
c'est vrai que c'est un budget restreint, il ne faut pas se le cacher.
J'espère beaucoup que nous serons les bénéficiaires, si
les états financiers du Québec s'améliorent, comme nous
nous y attendons... A ce moment, nous espérons être les
bénéficiaires de déboursés additionnels qui nous
permettront d'accroître plus rapidement ce programme. Maintenant, pour
les détails, monsieur...
Je pense qu'il faut ajouter, à l'aide financière
donnée par le ministère, une aide qui est également
technique pour les radios communautaires et les télévisions
communautaires, une aide purement technique en termes de technologie, mais une
aide également de "know-how", si vous voulez. Donc, c'est une partie qui
n'apparaît pas en termes clairs au niveau du budget, mais qui
apparaît dans les efforts consacrés aux media communautaires. De
la même façon, lorsque nous faisons l'ouverture vers les media
dits écrits, nous pouvons prévoir, dès la première
année, un potentiel d'à peu près cinq demandes et pas
plus. Encore faut-il concevoir que ces demandes sont en préparation et
que, pour la première année, il y aura certainement une aide
technique qui sera demandée, de la part du ministère, avant que
ce soit une aide financière. Donc, l'effort sera consacré,
dès la première année, vers la préparation de
dossiers pour les gens qui ont l'intention de demander subséquemment une
aide financière. Par exemple, pour une télévision
communautaire ou une radio communautaire, c'est vraiment un organe qui se
rapproche de la communauté, qui répond à des besoins
communautaires, et encore faut-il que l'initiateur du projet ait l'appui des
gens qui oeuvrent dans cette communauté. Il y a différentes
organisations qui peuvent donner cet appui. Donc, il y a un travail de terrain
qui est nécessaire. Ce n'est certainement pas à
l'intérieur de trois mois ou de six mois que ces gens sont en mesure de
demander ce que nous appelons la deuxième phase, qui est l'aide
financière proprement dite, lorsqu'il y a déjà un dossier
de monté, lorsque la population ou les gens qui sont susceptibles
d'oeuvrer au niveau des media communautaires sont sensibilisés.
Lorsqu'on parle de critères, il y a un certain nombre de critères
qui sont, évidemment, retenus pour pouvoir donner une subvention. A
l'intérieur de ces critères, il y a, bien sûr,
l'implantation, au moins, de la philosophie de l'organe communautaire à
l'intérieur de la communauté en question. Donc, c'est un travail
de défri- chage. A ce niveau, le ministère donne une aide
technique.
En plus, si vous permettez...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: ... de l'aide technique, le ministère
prête aussi des équipements qui ne font pas partie des $350 000
dont on parle, mais qui sont quand même comptabilisables.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je vous remercie. Je pense aussi que
M. le ministre nous avait fait part de cet appui technique que vous donniez. Ma
question précise est celle-ci: On parle de trente organismes
est-ce que je me trompe? qui, présentement, reçoivent ou
se partagent cette somme de $300 000.
Est-ce que vous pouvez nous assurer que ces sommes, pour chacun des
organismes concernés ne seront pas diminuées, parce que chacun a
fait valoir même, je pense, des besoins supplémentaires pour qu'au
moins on puisse s'assurer que la subvention qu'ils recevront cette
année, sera au moins la même que celle reçue l'an dernier,
à moins de raisons particulières, pour des cas que j'ignore.
C'est quand même une assurance que les gens ont besoin d'avoir...
M. O'Neill: D'avoir.
Mme Lavoie-Roux: ... pour continuer de fonctionner et être
motivés dans un programme qui est extrêmement intéressant,
je pense.
M. O'Neill: Remarquez bien que chacune des demandes d'aide
formulées par les media communautaires est étudiée par un
jury indépendant, composé de gens qui... Par exemple, ça
peut être le directeur des communications de l'Université Laval,
ça peut être quelqu'un qui a déjà été
impliqué dans Multi-Media, mais des gens qui ne sont pas des
fonctionnaires comme tels, le ministère n'assurant que le
secrétariat du jury. Dans son étude, le jury fait
également la visite des media communautaires qui demandent l'aide en
question. Dire qu'ils auront le même montant que l'an dernier, ce serait
presque s'engager ou engager le jury d'avance sur les décisions que lui
devra prendre. Il est possible que certains des media communautaires
reçoivent légèrement plus que l'an dernier et que d'autres
soient même complètement éliminés parce qu'ils ne
répondent pas aux critères. Je veux dire que, dans l'ensemble,
à la lumière des sommes disponibles, le jury devrait normalement,
vis-à-vis des media communautaires qui ont déjà
été aidés, en arriver à des décisions qui
assurent une continuité avec ce qui s'est fait jusqu'ici.
M. Ciaccia: Est-ce que les décisions du jury sont
finales?
M. O'Neill: Les décisions du jury sont finales,
oui, mais si, par exemple, le ministre n'est pas d'accord avec une
décision du jury, il a évidemment le droit de reconvoquer le
jury, de lui expliquer pourquoi il n'est pas d'accord et de demander au jury de
modifier sa décision. Mais c'est le jury qui a le mot final...
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu que... M. O'Neill: ...
d'accepter ou pas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député...
M. O'Neill: ... et vous avez, par exemple, l'an dernier, une
télévision communautaire qui n'a pas accepté la
décision ni du jury, ni du ministre dans ce cas-là, les
deux décisions étaient la même et qui s'est
présentée à l'ombudsman, et à la lumière des
représentations faites chez l'ombudsman, le ministère a
révisé la décision qui avait été prise par
le jury. Alors, il y a toujours le recours à l'ombudsman.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu de ce qu'on vient de nous dire,
est-ce que le ministre prévoit ou peut prévoir qu'au-delà
de l'assistance technique qui pourrait être donnée à de
nouveaux projets, de nouveaux projets pourront se mettre en branle dans
l'année qui vient?
M. O'Neill: Les gens ont toujours le droit de présenter de
nouveaux projets. Ces nouveaux projets vont être soumis pour étude
exactement de la même façon.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y avait des disponibilités
financières pour de nouveaux projets?
M. O'Neill: Ecoutez, on va attendre à ce moment-là
pour voir ce qu'on peut trouver pour eux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Sherbrooke. Question supplémentaire?
M. O'Neill: S'il nous reste de l'argent, on va leur en
donner.
M. Gosselin: Non, c'est simplement peut-être pour marquer
le point sur cette question, pour marquer notre insistance, également,
avec les gens de l'Opposition, comme préoccupation majeure, pour que les
budgets aux media communautaires soient vraiment plus substantiels dans les
années à venir. Il me semble qu'il y a énormément
de besoins au sein des communautés locales et régionales,
énormément de petites municipalités qui ne sont pas
desservies par des hebdos ou des mensuels. Il y a énormément de
petits journaux qui n'ont pas réussi à survivre dans bien des
milieux donnés et qui étaient un besoin pour les
collectivités de ces endroits.
Je voudrais citer un exemple régional le
député d'Orford me le confirmera on se sou- vient chez
nous, dans l'Estrie, d'un medium hebdomadaire qui s'appelait Le Messager de
Saint-Michel. Il était parrainé par le diocèse de
Sherbrooke, était distribué gratuitement à la porte des
églises tous les dimanches et avait une longue tradition de 15 ou 20 ans
derrière lui. Au début des années soixante-dix, il a
dû suspendre ses opérations pour des questions financières
relativement mineures et qui auraient pu être corrigées par des
subventions d'appoint, peut-être de $20 000 ou de $30 000. En somme, il
était vraiment implanté dans le service de la communauté
sur une base régionale et sa disparition a été une perte
très considérable pour nous. Je regarde cette histoire. On
pourrait multiplier les exemples comme ça, je pense. Dans la vocation du
ministère des Communications, dans les formes de supports qu'il a
à apporter aux communautés locales pour se donner les instruments
de communication à leur portée qui, souvent, supposent des
subventions pas nécessairement très considérables.
Souvent, ce sont des formes de support relativement modestes. Je crois
qu'on a un rôle à jouer et, dans l'ensemble des budgets du
ministère des Communications, quand on regarde le montant relatif
apporté au budget communautaire, je veux simplement signaler ma
préoccupation que ces budgets soient augmentés aussitôt que
les ressources financières du gouvernement le permettront que l'on
diversifie également, qu'on s'applique à trouver davantage les
modes d'accès ou les modes de service aux populations par rapport aux
expériences qui se vivent déjà dans beaucoup de milieux,
dans des localités qui cherchent à se donner de tels instruments
et qui sont bloquées à cause de l'absence de politique ferme de
la part du gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
ministre.
M. Gosselin: Ce n'est pas une question.
M. O'Neill: Je dirai simplement que, dès qu'on aura plus
d'argent, on fera plus de bonnes choses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: Je voulais ajouter ma voix... Mme Lavoie-Roux:
C'est devenu une réalité?
M. Paquette: ... à celle du député de
Sherbrooke également parce qu'il me semble qu'il y a une des
orientations fondamentales du ministère des Communications qui n'a pas
été mentionnée depuis le début. On a parlé
beaucoup de rapprocher les citoyens de l'Etat par les moyens de communication,
mais on n'a pas parlé de rapprocher les citoyens entre eux. Or, on
s'aperçoit effectivement que, du côté des media
communautaires, le budget ne nous permet pas de faire beaucoup.
J'aimerais poser une question dans d'autres
domaines avec la même préoccupation de rapprocher les
citoyens entre eux. Cela concerne le réseau téléphonique
et des télécommunications.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
m'excuse, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Est-ce dans l'ordre, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
m'excuse, M. le député de Rosemont. Ce n'est pas dans l'ordre. On
a passé ce qui regarde la téléphonie.
M. Paquette: Ah bon! Je pensais qu'on étudiait encore au
programme 5.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. On
est encore au programme 5. Si cela entre dans le programme 5, votre question
est receva-ble, mais c'est parce que le service téléphonique,
cela...
M. Guay: Pas le service téléphonique du
gouvernement.
M. Paquette: Non. Cela concerne les
télécommunications, parce que j'ai été à
même de constater les difficultés qu'il y avait à
rejoindre, entre autres, au niveau des services de l'informatique, certaines
régions du Québec, particulièrement le Bas-du-Fleuve et le
Nord-Ouest québécois.
Est-il exact que le problème vient du fait au niveau des
communications, des télécommunications informatiques de
l'existence de deux compagnies de téléphone, je pense, dans le
Bas-du-Fleuve. Il y a Québec Téléphone qui dessert cette
région ou une partie de la région.
M. Le Moignan: Québec Téléphone dessert le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.
M. Paquette: C'est cela.
M. Le Moignan: Je ne sais pas où commence
exactement...
M. Guay: C'est sur la rive sud.
Mme Lavoie-Roux: Québec Téléphone.
Rimouski.
M. O'Neill: II y a d'autres régions comme... M. Guay:
... Portneuf.
M. Paquette: Parce que, dans le domaine des
télécommunications informatiques, je pense que l'existence de
systèmes Centrex est extrêmement importante pour réduire
les coûts. J'ai eu à installer, dans le cadre d'un projet, des
terminaux un peu partout sur le territoire du Québec et dans des
régions qui n'étaient pas reliées par Centrex, en
particulier, dans le Bas-du-Fleuve. Cela pouvait coûter deux à
trois fois plus cher. Il est difficile d'offrir un service dans ces conditions
dans certaines régions éloignées.
Comptez-vous vous orienter vers une forme de réseau national de
télécommunications qui permettrait aux usagers de communiquer
entre eux d'un bout à l'autre de la province et partout dans la
province?
M. O'Neill: Si, en fait, j'ai bien compris la question et si cela
concerne immédiatement les services téléphoniques, c'est
un problème qui nous préoccupe très largement, au
programme 5. Cependant, nous avons des difficultés sérieuses et
on peut les résumer très facilement en vous disant que, sur le
territoire québécois, il y a 27 compagnies
téléphoniques, dont une importante qui relève de la
juridiction fédérale.
Or, cette même compagnie qui dessert 90% de la population et qui
se retrouve sur 10% du territoire seulement, sous juridiction
fédérale bien sûr, a la crème sur le lait. Donc,
lorsqu'on parle effectivement d'interfinancement du service
téléphonique, lorsqu'on parle de mauvais service dans les
régions rurales et qu'on conçoit que les grandes
agglomérations où effectivement le financement est ici
très avantagé par les compagnies téléphoniques, on
s'aperçoit qu'il est difficile de faire cette répartition ou cet
interfinancement alors que nous n'avons aucun contrôle sur la compagnie
qui nous permettrait de faire un interfinancement qui serait
bénéfique pour l'ensemble du territoire et l'ensemble de la
population du Québec.
Cependant, cela reste une des préoccupations du ministère
et c'est une des raisons pour lesquelles nous étudions un projet de
réglementation sur la téléphonie qui irait dans le sens
d'une amélioration des services dans les régions rurales d'une
part et en fonction de l'ensemble des citoyens. Donc, cela reste une
préoccupation, mais il y a quand même, si vous voulez, un handicap
majeur au départ.
Maintenant, M. le Président, si on regarde le rapport de la
Régie des services publics, on verra qu'il y a un travail
systématique qui est fait pour l'amélioration de ces services,
des normes ont été imposées concernant des groupements
ruraux, même des interventions ont été faites en vue de
favoriser l'intégration de certaines entreprises qui fonctionnent mal,
qui donnent un mauvais service, qui n'ont pas les capitaux nécessaires.
Je pense que là-dessus, peut-être, quand on passera au programme
de la Régie des services publics, on pourra poser des questions et avoir
plus de renseignements sur le bon travail qui se fait à la
régie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II y a un dernier point dans le programme 5 qui,
en fait, je pense, ne requiert peut-être pas d'argent à ce
moment-ci, c'est la question de la télévision à
péage. J'ai lu que le ministre avait mis sur pied ce qui a
été intitulé "un groupe choc de travail sur la
télé à péage" qui a pour mandat de concevoir un
modèle de télévision
à péage pour le Québec. Comme première
question sur ce sujet, je voudrais demander: Est-ce que le ministre a certaines
idées en tête sur cette conception, a-t-il laissé toute la
manoeuvre possible à ses fonctionnaires et quels sont les objectifs
qu'il poursuit?
M. O'Neill: Je n'ai pas pratiqué de dirigisme là ni
ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ma question n'était pas dans ce
sens-là. Je m'excuse.
M. O'Neill: On aura un rapport là-dessus. Pour quelle
date, à peu près?
Le rapport devrait sortir normalement d'ici trois semaines, un mois au
maximum et on peut vous dire, dès maintenant, que si le rapport n'est
pas encore déposé, c'est dû à des délais
d'impression puisque nous voulons en faire une plaquette. Donc, le travail est
pratiquement terminé. On en est à la correction du manuscrit
présentement.
J'ajoute ceci, c'est qu'on n'a pas de visée. On a simplement des
interrogations, un peu les mêmes qui ont été
manifestées à Ottawa, d'ailleurs. Là-dessus, on a souvent
une similitude de position, c'est-à-dire qu'au fond on sait ce que cela
veut dire le problème de la télévision à
péage ou télévision payante. Dans un pays où vous
avez, par exemple, une production de télévision qui est modeste,
vous risquez, à un moment donné d'être simplement la
clientèle ou le consommateur d'une production qui est faite à
l'étranger. C'est une des raisons qui fait que nous en sommes
arrivés à l'idée d'essayer de garantir ou d'obtenir que
soient mis sur pied, partout sur le territoire, des services de base de chez
nous. C'est que le jour où on aura la télévision à
péage et qu'on n'aura à peu près pas de
créativité locale, pas de système de
radiotélévision vraiment fort, culturellement solide, etc.,
à ce moment-là nous serons placés devant un
phénomène assez fantastique de pression culturelle venant de
l'extérieur et cela a été, si vous voulez, dans les
rapports, l'inquiétude également qui s'est manifestée
à Ottawa, de la même façon.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais, là-dessus, que le ministre
me dise si ce que j'ai lu est exact à savoir que j'essaie de le
citer le plus fidèlement possible vous n'aviez pas l'intention de
vous présenter aux audiences que doit tenir le CRTC sur la question de
la télévision à péage. Est-ce que c'est exact ou si
je fais erreur?
M. O'Neill: D'une part, pour ce qui est des données qui
seront fournies là et des renseignements qui seront publiés
à ce moment-là, nous savons que nous disposerons de toute cette
documentation. D'autre part, si, à un moment donné on
s'aperçoit, dans le déroulement du processus, qu'il y aurait
avantage pour le Québec à se présenter, nous ferons preuve
de la souplesse souhaitée et nous serons présents, comme nous
avons été présents dans le cas des audiences de Bell
Canada.
C'est-à-dire que, d'une part, ceux qui sont allés
présenter le mémoire du Québec ont dit: Voici, nous
estimons que cet organisme du CRTC est un peu déphasé d'une
manière, nous ne le reconnaissons pas dans les pouvoirs qu'il
s'attribue. Mais, d'autre part, nous avons les intérêts des
citoyens à défendre. Vous voyez que, dans des cas comme
ça, on n'hésite pas à faire les pèlerinages
nécessaires.
Mme Lavoie-Roux: Je suis heureuse de voir qu'il y a au moins une
ouverture d'esprit à l'égard de tout ce problème, parce
que je pense que les difficultés que le ministre a lui-même
mentionnées en se référant aux préoccupations
d'Ottawa et au danger de l'envahissement culturel... Entre parenthèses,
je dois dire que je souscris à son principe d'essayer, au plan culturel,
de ne pas être envahi totalement par des pressions culturelles
extérieures. Mais je trouverais regrettable, compte tenu du fait que
vous avez un document de prêt, enfin, à toutes fins pratiques,
presque prêt, de ne pas aller aux auditions du CRTC. Parce que je pense
que vous savez que le lobbying américain sur cette question est vraiment
très fort. C'est vraiment un débat capital au plan culturel.
Sans vouloir retomber dans notre vieux débat
fédéral-provincial, il reste que je pense que ce serait
malheureux que le Québec ne soit pas présent à un
débat aussi capital pour faire voir son point de vue, compte tenu
c'est toujours la fameuse question, indépendance ou pas que, tant
et aussi longtemps que nous resterons à l'intérieur du Canada, ce
serait malheureux qu'on n'ait pas fait valoir notre point de vue dans un
débat qui, peut-être, nous touche beaucoup plus que les autres
provinces. Je m'expliquerais mal je tiens à le dire ici
que le ministère des Communications ne soit pas présent à
ces auditions, au moins pour faire valoir le point de vue du Québec,
compte tenu des répercussions considérables que ceci peut avoir
pour une cause que, je sais, il a beaucoup à coeur, le bien culturel ou
la défense du bien culturel des Québécois ou la culture
québécoise.
Je trouve regrettable qu'il songe même à ne pas y
aller.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais tout simplement
dire à Mme le député de L'Acadie que je prends sa
suggestion très au sérieux, qu'on va l'étudier
attentivement. Encore une fois, s'il nous apparaît que c'est avantageux
pour le Québec d'être présent, nous serons
présents.
M. Guay: Là-dessus, M. le Président, j'aimerais
souligner au député de L'Acadie que sa suggestion, tout
intéressante qu'elle soit, comme l'a souligné le ministre,
implique une anicroche à tout le moins aux prétentions
québécoises dans le domaine de la télédistribution.
En ce sens que le Québec, comme vous le savez, prétend,
jusqu'à nouvel ordre, avoir juridiction complète et exclusive sur
les systèmes de cablôdistribution ou de
télédistribution sur son territoire et la Régie des
services publics est d'ailleurs chargée d'appliquer la
réglementation adoptée à ce sujet il y a deux ou trois ans
et qui est présentement en cours de révision.
L'affaire, vous le savez, est devant la Cour suprême à
l'heure actuelle, mais, enfin, jusqu'à ce que la Cour suprême
vienne infirmer les prétentions juridictionnelles du Québec en la
matière, nous soutenons que nous avons juridiction, comme Etat, sur la
cablôdistribution. Or, dans la télévision à
péage, il y a deux systèmes, mais celui auquel on songe, si je ne
m'abuse, est un système qui utiliserait la
télédistribution. Si bien que, si nous nous présentons en
bonne et due forme, comme gouvernement, comme intervenant devant le Conseil de
la radio-télévision et des télécommunications
canadiennes, alors que cet organisme tient des auditions sur la
télédistribution à péage, donc, tient des audiences
qui, à nos yeux, ne sont pas constitutionnelles puisque, quant à
nous, le gouvernement du Canada n'a pas compétence dans le domaine de la
télédistribution, nous nous trouverions, en quelque sorte,
à renier et à abolir, de ce fait, de notre propre chef, le
règlement sur la cablôdistribution, l'affirmation de notre
juridiction et à reconnaître à l'organisme
fédéral de réglementation qu'il a effectivement
juridiction, que le gouvernement fédéral a juridiction sur la
télédistribution.
A l'heure actuelle, il n'y a pas deux gouvernements qui ont juridiction
là-dessus; il y a l'un ou il y a l'autre et c'est à la Cour
suprême de trancher; les deux prétendent qu'ils l'ont
exclusivement. Pas plus, d'ailleurs, que le gouvernement fédéral
ne tient à se présenter en bonne et due forme, officiellement,
comme intervenant dans la Régie des services publics pour des raisons
que vous soupçonnez; de la même façon, il serait dangereux,
vous soupçonnez sûrement la portée du geste, que le
gouvernement du Québec aille se présenter en bonne et due forme
comme intervenant devant un organisme dont il nie, par ailleurs, la
compétence dans la télédistribution.
Cela ne veut pas dire, bien sûr, que des interventions ne peuvent
pas être faites autrement, soit par discours, il y a des moyens. Mais
intervenir, en bonne et due forme, cela cause un... Il faut mesurer le...
M. O'Neill: Je pense que la proposition du député
de L'Acadie n'allait pas jusque là. Elle ne propose pas qu'on aille
là en disant: On vous re-connait... Elle voulait dire que s'il y avait
avantage à le faire sans que cela ne comporte aucune implication au plan
des reconnaissances de droit qu'elle proposait comme faite...
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux vraiment pas vous créer des
problèmes de conscience!
M. Guay: Ce n'est pas de conscience, c'est de constitution.
Mme Lavoie-Roux: Quelquefois, à vouloir être trop
purs, vous risquez que la culture québécoise soit très
impure, à moyen ou à long terme. Je pense que les fonctionnaires
du ministre sont assez astucieux, s'ils ne peuvent pas résoudre leurs
problèmes de conscience autrement, pour trouver une porte de sortie, que
ce soit sans préjudice, je ne peux pas vous en dire autant...
M. Guay: Je suis d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Mais qu'on soit présent, de quelque
façon, pour qu'après, on ne se retrouve pas avec ces chagrins,
vous savez.
M. O'Neill: Vous n'exigeriez pas que le ministre soit
présent.
Mme Lavoie-Roux: C'est à vous de décider. M.
Guay: Ce sont des modalités.
M. Ciaccia: Si vous le permettez, nous appuyons, nous avons la
même position, que la câblodistribution devrait être de
juridiction québécoise. Mais cela n'empêchera pas
d'aller... Le fait d'aller à ces audiences, on ne vous suggère
pas d'y aller et de dire: On reconnaît votre juridiction, s'il vous
plaît, est-ce qu'on peut faire telle ou telle chose? Vous y allez, vous
affirmez: Nous avons la juridiction et nous prétendons que vous
défendez les intérêts de toute la population. Je crois que
c'est mieux que de rester ici et de prendre des positions un peu inflexibles et
dire...
M. O'Neill: Mais ce que je pense, M. le Président, c'est
qu'en réalité, il y a quelque chose d'un peu hypothétique
dans cela. Il faudra attendre pour voir quelle tournure prendront les
événements dans cela. On ne peut pas le savoir d'avance. A ce
moment-là, je vous signale, comme point de référence, que
nous savions, en fait, quelle était la position qui s'en venait avant la
conférence d'Edmonton et c'était très clair. Là,
les événements, on ne les connaît pas. C'est une
décision prudentielle qui, par nature, doit tenir compte des
circonstances.
Mme Lavoie-Roux: En conclusion, peut-être que vous allez
préparer vos munitions et vous jugerez comment les utiliser, par la
suite.
M. Ciaccia: J'aurais une autre question au programme 5.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Ciaccia: Avez-vous terminé? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Ciaccia: Dans le secteur de la presse écrite, vous
dites, à la page 38, que vous allez procéder à
l'élaboration d'une politique québécoise sur
l'accessibilité des Québécois à une presse
quotidienne et hebdomadaire, répondant à leurs
intérêts et préoccupations.
Est-ce que vous pourriez élaborer un peu sur les
préoccupations qu'a votre ministère à ce sujet?
M. O'Neill: Le point de départ de cette remarque vient de
l'observation suivante. Nous constatons que, dans beaucoup de régions du
Québec, l'accessibilité à l'information écrite est
souvent extrêmement réduite. Nous pensons que c'est
également important que les gens ne soient pas pénalisés
parce qu'ils vivent dans des endroits éloignés. Il se pose des
problèmes de distribution et c'est un peu à cause de cela que
nous cherchons pour voir comment nous pourrions solutionner cette
difficulté et ainsi assurer que les gens qui vivent en Gaspésie
ou ailleurs puissent avoir un meilleur accès à la presse
écrite comme telle.
M. Ciaccia: Vous parlez de la distribution de la presse dans ces
endroits?
M. O'Neill: C'est cela.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est relié... On a lu plusieurs
cas, votre préoccupation avec la concentration...
M. O'Neill: La concentration comme telle, c'est un autre
problème. C'est le problème du fait que vous avez, par exemple,
les mêmes forces économiques qui possèdent plusieurs
journaux. C'est un problème séparé sur lequel nous
attendons un rapport. C'est un problème. L'autre est celui des gens qui
vivent dans les endroits où ils ont les journaux en retard, ou à
peu près rien.
On trouve qu'à ce moment, il faudrait qu'on puisse vaincre un peu
ici cet obstacle de la distance. C'est le problème.
M. Ciaccia: Est-ce que ce serait un sujet qui pourrait être
discuté? Est-ce que vous avez l'intention de faire revivre, de convoquer
à nouveau la commission parlementaire qui existait sur la liberté
de la presse?
M. O'Neill: Ce n'est pas une question qui m'est venue jusqu'ici
à l'esprit. Ce n'est pas exclu comme tel, mais c'est de voir comment on
peut régler surtout techniquement ces difficultés. Je ne vois pas
que cela puisse faire l'objet d'une commission parlementaire sur la
liberté de la presse. Ce n'est pas tellement la liberté de la
presse qui est en jeu. Si c'était le problème de la
concentration, cela pose celui de la liberté de la presse, mais c'est le
problème de l'accessibilité, c'est différent. Que
quelqu'un demeure à Sept-Iles, à Natashquan ou ailleurs,
qu'est-ce qu'il peut lire en fait? Qu'est-ce qui est disponible? Oui, on
pourrait prendre aussi des exemples plus proches que cela. Il y a des endroits
pas très loin de Québec où les gens ont très peu
accès aux journaux. C'est plutôt relié au problème
du droit à l'information plus qu'à celui de la liberté de
la presse comme telle.
M. Ciaccia: Mais, pour revenir au sujet de la concentration de la
presse, est-ce qu'il n'y a pas eu une demande de la Fédération
des journalistes d'examiner ce sujet de la concentration? Ce sujet certainement
pourrait faire l'objet d'une commission parlementaire sur la liberté de
la presse. Par exemple, je vois que le ministère de la Justice a
convoqué une commission parlementaire pour discuter d'un sujet important
pour ceux qui sont impliqués, à savoir s'il devrait y avoir un
policier par auto-patrouille ou deux. Je pense qu'on a passé au moins
deux semaines en commission parlementaire à regarder ce problème.
Je pense que la concentration de la presse est un problème beaucoup plus
important pour tous les citoyens du Québec et même on
soupçonne que pour un tel problème, ce ne serait pas de faire une
enquête mais que l'endroit pour en discuter serait vraiment une
commission parlementaire sur la liberté de la presse, ouverte à
tous les intéressés, de façon à apporter à
l'attention du gouvernement et du public les informations et les données
requises.
M. O'Neill: Avant de prendre une décision de ce genre, il
est logique d'attendre le rapport du comité qui étudie le
problème de la concentration de la presse, rapport qui devrait
normalement nous parvenir, je crois, vers le début de
l'été, en septembre, à la fin de l'été.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être présenter une
motion.
M. O'Neill: Je pense qu'à partir de ce rapport, on pourra
prendre une décision dans le genre de celle proposée, mais la
prendre sans d'abord avoir le rapport en main, cela ne m'apparaîtrait pas
très sérieux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 160 le permet.
M. O'Neill: Vous pouvez présenter une motion
là-dessus, si vous voulez.
M. Ciaccia: Non, ce n'était pas le sens de ma question.
Allez-vous déposer ce rapport à l'Assemblée nationale?
M. Le Moignan: J'aurai ma motion en temps et lieu, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Ciaccia: Je veux seulement comprendre la réponse
à ma question, excusez-moi. Je vous ai demandé si c'est votre
intention de déposer le rapport à l'Assemblée
nationale.
M. O'Neill: C'est un rapport de travail qui, normalement, est
soumis au ministre. A ce moment, je pense que si on juge que c'est profitable
et que tout le monde peut en tirer avantage, on pourra, à ce moment, le
rendre public.
M. Le Moignan: M. le ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, excusez-moi, j'avais reconnu le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, au sujet de la
question du député de Mont-Royal à propos de
l'accès des citoyens aux journaux, aux périodiques, je crois
qu'on peut considérer que cette question est analogue à celle
dont le ministre a déjà traité à propos de la
responsabilité sociale des diffuseurs. Les distributeurs de journaux et
périodiques ont une responsabilité sociale, responsabilité
qui comporte la présentation à leur clientèle d'un
éventail complet des journaux et périodiques, autant que faire se
peut, à l'intérieur duquel les journaux et périodiques
québécois ne soient pas indûment désavantagés
par rapport à d'autres. Il ne s'agit pas d'exclure quelque
périodique ou journal que ce soit, il s'agit de s'assurer qu'en faisant
leurs affaires, les distributeurs mettent suffisamment en évidence un
éventail raisonnable de publications québécoises parmi
d'autres.
On n'a pas besoin d'aller très loin pour voir que ce n'est pas la
situation qui existe à l'heure actuelle. A l'heure actuelle, il y a ce
qu'on appelle, et d'une expression un peu trop simple, la presse jaune, qui
détient trop souvent une place beaucoup trop importante. Il y a des
périodiques américains qui détiennent souvent une place
disproportionnée. Sans les interdire, sans les exclure, il s'agirait de
voir à ce que les distributeurs, dans le cadre de leur
responsabilité sociale, assurent une meilleure distribution des
périodiques, des journaux québécois.
M. Ciaccia: Excusez-moi, c'est pour comprendre. Vous dites que le
gouvernement va dire à tel et tel distributeur, va insister, va leur
dire quels journaux distribuer et quels journaux ne pas distribuer. Est-ce que
c'est cela que vous voulez dire?
M. de Bellefeuille: Non, le gouvernement étudie la
question, et, que je sache jusqu'ici, le gouvernement...
M. Ciaccia: Je prends votre parole.
M. de Bellefeuille:... ou les gens qui sont près du
gouvernement ne songent qu'à des méthodes incitatives
jusqu'à maintenant, mais il faudra peut-être...
M. Ciaccia: Jusqu'à maintenant?
M. de Bellefeuille: ... à l'expérience, aller plus
loin.
M. Ciaccia: Je mets en question un peu cette philosophie que la
bureaucratie va résoudre tous nos problèmes. On a un
problème de distribution, on va adopter une loi pour qu'on
distribue...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Ciaccia: ... on ne laisse rien à la libre expression
des moyens de la population...
M. O'Neill: Je suis content que vous invoquiez ce principe de la
libre initiative et tout, parce que, depuis une bonne demi-heure, on nous
invite à intervenir un peu partout, subventions ici, subventions
là. Je suis content d'entendre ce plaidoyer pour la libre initiative. Je
vais vous donner un exemple. Quand nous avons rencontré les
représentants des hebdos, ils nous ont souligné un certain nombre
de problèmes qu'ils avaient. Ils étaient préoccupés
d'essayer d'être présents dans le territoire où leur
journal est habituellement distribué ou vendu. Ils avaient, par exemple,
des problèmes élevés de poste ou le problème de la
distribution comme tel, qui dans certains cas, était au-dessus de leur
force. C'est ce genre de questions qu'on voudrait essayer d'étudier de
près avec les gens. Il ne s'agit pas de donner des directives, il s'agit
d'aider les gens qui veulent s'aider dans ce domaine. La préoccupation,
encore une fois, c'est que le citoyen ait des outils culturels entre les mains
c'est cela l'affaire et des choses autres que ce qu'il a
déjà, je pense aux exemples que donnait le député
de Deux-Montagnes, des outils qui révèlent plutôt le
sous-développement que le développement culturel. L'idée,
c'est que les gens, peu importe là où ils vivent, puissent avoir
le plus possible de choses à lire, encore une fois, qu'ils ne se sentent
pas pénalisés parce qu'ils vivent loin des grands centres. Il y a
dans cela des problèmes techniques, il y a des problèmes
financiers. C'est cela qu'on essaie de résoudre avec les gens. Il ne
s'agit pas du tout de leur imposer des normes de ce genre. Qu'on leur dise,
qu'on leur souligne à l'occasion qu'ils ont aussi eux-mêmes un
devoir social qui doit les inciter à résoudre ces questions, je
pense que c'est tout à fait normal, parce que, là aussi, la
presse comporte un aspect de service public. Cela ne veut pas dire que, parce
qu'on rappelle cela, on va se mettre à verser dans ce dirigisme que vous
semblez tant craindre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: J'avais à poser au départ la
même question que le député de Mont-Royal a posée.
Le ministre a répondu et cela a éclairé bien d'autres
aspects. Non, vous l'avez posée, cela va très bien. Maintenant,
quand on parle ici de l'accessibilité des Québécois
à une presse quotidienne, je ne pose pas de question, parce que le
ministre va me répondre que cela dépend du ministère des
Postes, alors, je ne poserai donc pas ma question. Ce matin, à 8 heures,
j'avais en main le Devoir, le Montréal-Matin, si vous voulez, et le
Journal de Québec. Il est fort possible qu'à Gaspé cet
après-midi, les mêmes journaux étaient rendus, mais,
à $0.10 ou $0.15 plus cher que ce que j'ai payé ce matin. Ceux
qui n'ont pas l'avantage de vivre dans la ville de Gaspé, parce qu'il y
a un avion qui s'arrête tout près, vont lire les nouvelles
fraîches du Devoir je parle de la Gaspésie, de
l'Abitibi, du Témiscamingue peut-être, de la
Côte-Nord...
M. de Bellefeuille: Vous êtes sûr que les nouvelles
du Devoir sont fraîches?
M. Le Moignan: Pour moi, elles étaient fraîches
à 8 heures ce matin, mais pour les gens des centres
éloignés...
M. Guay: Les éditoriaux font toujours...
M. Le Moignan: Cela va arriver demain soir peut-être,
à 16 heures, demain après-midi ou demain soir à 20 heures.
C'est le mot "accessibilité".
J'aurais pensé, au début, que le gouvernement trouverait
des moyens pour que les gens des régions éloignées,
peut-être pas à la même minute... Cela ne relève pas
de votre contrôle. C'est...
M. O'Neill: Non, c'est-à-dire que... La poste ne
relève pas de notre contrôle, d'accord, mais il n'y a pas
seulement la poste qui sert à distribuer les journaux. C'est exactement
le genre de questions que nous nous posons. Je crois ceci: A mon avis, il
demeure assez théorique de parler, par exemple, de
régionalisation, de vie culturelle dans les régions, si on ne
fournit pas aux gens dans les régions ce que j'appelle les outils
culturels dont ils ont besoin. C'est ça qu'il s'agit justement
d'analyser... Ce sont les moyens à prendre, et nous faisons cette
analyse aussi avec les gens du métier. Donc, analyser les moyens
à prendre pour essayer d'améliorer cette situation, de
façon telle, encore une fois, qu'il n'y ait pas simplement certains
endroits où les gens puissent être très avantagés
comme ils le sont, par exemple, évidemment, à Québec,
à Montréal ou dans quelques autres centres. Que ce soit
intéressant, je dirais, de vivre un peu partout sur le territoire, pour
qu'on ne se sente pas isolé comme dans une steppe. Moi, j'ai bien
confiance peut-être que certains trouveront que c'est
idéaliste qu'on puisse trouver des solutions. Je vous souligne
là-dessus que, suite à la rencontre qu'on a eue avec les
propriétaires d'hebdos, que nous reverrons d'ailleurs, il a
semblé se dégager des possibilités de solutions. Il faudra
peut-être, dans certains cas, entrevoir, à un moment donné,
pour certaines régions, à ce point de vue, des formes d'aide, non
pas à l'entreprise directement, mais, au fond, une aide qui va, en un
sens, au citoyen qui veut lire, qui va à la population comme telle.
C'est ce genre de questions que nous nous posons, et je pense que c'est un
problème important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau.
M. Guay: D'ailleurs, il n'y a pas qu'à Gaspé
où il y a un problème. Même à Québec,
où, s'il est vrai qu'on trouve les quotidiens de Montréal le jour
même, il n'en demeure pas moins que les hebdomadaires français,
par exemple, qui sont en kios- que à Montréal le mardi matin...
Si c'est une bonne semaine, ils sont en kiosque à Québec le
jeudi. Si c'est une mauvaise semaine, le vendredi, et si c'est une semaine
catastrophique, pas du tout. Ce sont des hebdomadaires qui ont mis 24 heures
à franchir l'Atlantique, qui mettent au minimum 48 heures à
franchir les 150 milles qui relient Montréal à Québec et
ça, c'est dans les meilleures conditions, lorsque c'est une bonne
semaine, si bien qu'il y a visiblement un vice de distribution sur l'ensemble
du territoire Québécois. Quand on dit que ça, c'est la
situation qui prévaut à Québec, inutile de vous dire vous
en savez quelque chose, M. le député de Gaspé, ce qui
prévaut à Rouyn, à Chicoutimi, à Sept-lles, et,
alors, dans les centres secondaires par rapport aux pôles
régionaux, la situation est encore bien pire.
Il y a là visiblement un réseau de distribution qui, ou
bien, est inexistant ou bien, est boiteux, ou déficient ou, en tout cas,
fonctionne mal. A coup sûr, de la même façon qu'on cherche
à faire en sorte qu'un réseau téléphonique
fonctionne bien, il faudrait s'assurer ça, le gouvernement a de
la juridiction là-dessus qu'il y ait un réseau de
distribution des publications qui fonctionne également tout aussi bien
sur l'ensemble du territoire québécois.
C'est un détour, si vous voulez, pour revenir aux premiers propos
du député de Mont-Royal qui m'ont vivement
intéressés sur la concentration de la presse. Vous avez
évoqué la possibilité de convoquer une commission
parlementaire pour étudier la question, et je me demandais si, pour
vous, dans votre esprit, il y avait effectivement, à l'heure actuelle,
au Québec, un problème... En d'autres mots, d'après vous,
est-ce qu'il y a lieu de convoquer une telle commission, parce que, selon vous,
il y a une concentration trop grande des media d'information écrits dont
vous parlez, d'ailleurs, au Québec, à l'heure actuelle?
M. Ciaccia: J'ai soulevé ce problème, parce qu'il a
été soulevé par le ministre et par certains journalistes.
Ce n'est pas moi qui l'ai soulevé...
M. Guay: Oui, mais ça m'intéresse de
connaître votre opinion aussi.
M. Ciaccia: ... ce n'est pas moi qui ai fait les études.
Mon opinion, c'est que moins l'Etat a affaire dans ces domaines, mieux c'est.
C'est mon opinion. Parce que c'est dangereux quand l'Etat commence à
essayer de tout faire. On a assez de problèmes... Le gouvernement est
assez grand et on a assez de problèmes de déshumanisation pour le
citoyen face à un gouvernement qui devient de plus en plus grand. S'il
s'immisce dans des domaines de l'information, de la presse, de la
distribution... Moi, je crains, parce que si vous étudiez votre
histoire, vous verrez que quand les gouvernements se sont immiscés dans
ces domaines, cela n'a jamais été pour le bénéfice
des citovens.
Cela a toujours résulté...
M. Guay: Puisqu'on parlait de réseau, parlons du
réseau de l'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Non. Ecoutez. Vous m'avez demandé...
Laissez-moi répondre.
M. Guay: Vous parlez de mon histoire. Alors, je vous en
parle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous me demandez mon opinion. Je vous la donne. Si
vous ne me l'aviez pas demandée, je ne vous l'aurais pas donnée.
C'est mon opinion sur le rôle de l'Etat vis-à-vis de la presse, de
la distribution et de tous ces problèmes qui pourraient toucher nos
libertés.
M. Guay: Si je comprends bien, il serait préférable
que la situation actuelle, avec toutes les lacunes qu'a soulignées le
député de Gaspé et que j'ai évoquées
persiste plutôt que de voir le gouvernement, je ne dis pas intervenir
directement sous forme de nationalisation, mais s'assurer que le service soit
amélioré, qu'effectivement, on ait accès dans les
régions éloignées et même dans les villages
éloignés des principaux centres régionaux, qu'on ait
accès aux publications, qu'elles soient québécoises,
françaises ou autres.
M. Ciaccia: Votre question portait sur la concentration de la
presse.
M. Guay: Excusez alors, parce que vous avez évoqué
dans votre réponse...
M. Ciaccia: Elle ne portait pas sur la distribution.
M. Guay: Vous avez évoqué les deux dans votre
réponse.
M. Ciaccia: J'ai parlé en général. Oui. Sur
le rôle de l'Etat.
M. Guay: II ne faut pas que l'Etat intervienne du tout.
M. O'Neill: Je voudrais souligner que, lorsqu'on se
préoccupe de distribution, on ne nuit pas aux libertés. On les
accroît.
M. Ciaccia: Cela dépend de ce que vous allez
distribuer.
M. O'Neill: Tout ce qu'on peut distribuer, si vous voulez, en un
sens.
M. Ciaccia: Si on avait les garanties que tout serait
distribué, mais vous allez en distribuer certaines et vous n'en
distribuerez pas d'autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Ne nous blâmez pas d'être craintifs un
peu. Le danger est là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. O'Neill: Je pense que j'inclurais même le Star et la
Gazette. J'irais jusque-là.
Une Voix: Même le Devoir!
M. Guay: Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. O'Neill: Vous permettez. Je voudrais revenir à cela. La
préoccupation va exactement à l'opposé de ce que vous
mentionnez. Lorsque vous privez des gens d'information, vous diminuez leur
liberté. C'est tout à fait le contraire. Je comprends que le
député de Mont-Royal semble nous prêter des plans de
dirigisme culturel assez effroyables, mais c'est tout à fait le
contraire. C'est que plus vous avez de choix, plus vous avez de
diversité dans l'information, plus votre liberté devient
concrète et réelle. C'est cela que ça veut dire et, dans
une société, plus vous avez toutes sortes de moyens qui rendent
votre vie meilleure et, dans ce cas, qui rendent votre information meilleure,
plus vous avez la chance d'être un citoyen responsable, libre, qui sait
choisir. C'est simplement cela.
M. Ciaccia: Faites attention parce que vos vues sur la
diversité culturelle semblent aller à l'en- contre de celles du
ministre d'Etat au développement culturel, qui semble avoir des vues un
peu plus restreintes.
M. O'Neill: Je m'entends bien avec lui là-dessus.
M. Ciaccia: Je n'en ai aucun doute, mais pas sur la
philosophie.
M. Guay: Ils sont sur la même longueur d'onde.
Une Voix: II y a certains chapitres du livre blanc que vous
n'avez pas lus...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Demeurons dans le domaine des communications.
M. Guay: Prenons un cas qui n'est pas tout à fait le
nôtre. Prenons le cas du Canada anglais où il existe deux
concentrations principales de presse, Southam et FP Publications.
D'après vous, est-il préférable que cette concentration
continue en s'accentuant ou si, à un certain moment, le gouvernement
qui, évidemment, ne serait pas le nôtre, le gouvernement du
Canada, en l'occurrence, intervienne de façon à s'assurer qu'il y
ait effectivement une véritable concurrence et non pas un monopole de
l'information face à une concentration de la presse?
M. Ciaccia:... ces concentrations, je crois que la meilleure
manière d'en discuter est de faire venir le public et de lui donner tous
les faits. Ce n'est pas par des enquêtes que le gouvernement va le faire.
Le ministre a dit: Je ne déposerai pas le ré-
sultat de cette enquête. C'est un document de travail du
ministère. Je crois que...
M. Guay: Ce n'est pas une enquête.
M. O'Neill: C'est un rapport d'étude. Ce n'est pas une
enquête.
M. Ciaccia: ... la meilleure manière serait, si les gens
ont cette préoccupation de discuter de cela, de convoquer une commission
parlementaire sur la liberté de la presse, d'essayer de vider le
problème et de voir où les problèmes se situent.
M. Guay: Mais sans en faire une motion, c'est une suggestion que
vous faites.
M. Ciaccia: Pas une motion.
M. Guay: Est-ce une suggestion que vous faites, que la situation
de la concentration de la presse est telle au Québec qu'on devrait
effectivement convoquer...
M. Ciaccia: Non. Vous avez un petit don que je remarque depuis
deux jours. On dit une certaine chose et vous tournez l'affaire. Ce n'est pas
ce que j'ai dit. Je n'admets pas qu'il y ait concentration,
premièrement. Je ne le sais pas. Je ne sais pas s'il y a concentration
de la presse.
M. Guay: C'est là la question que je vous pose.
M. O'Neill: Excusez-moi. J'avais cru que c'était un
problème qui vous obsédait tout à l'heure.
M. Ciaccia: Non. M. O'Neill: Ah bon!
M. Ciaccia: C'est un problème qui a été
soulevé et qui semble vous préoccuper pas mal, alors, je
soulève la question. Comment allez-vous vous y prendre pour discuter de
ce problème? Est-ce que c'est par la voie d'une commission parlementaire
sur la liberté de la presse? Ce n'est pas moi qui soulève le
problème, je crois que c'est de votre côté qu'il a
été soulevé et je ne voudrais pas que le
député de Taschereau m'impute des paroles ou des motifs que je
n'ai pas.
M. O'Neill: Attendons le rapport.
M. Guay: M. le Président, j'ai posé une question au
député de Mont-Royal. Jamais, loin de moi l'idée de lui
imputer quelque idée que ce soit sur la concentration de la,presse. On
pourrait peut-être suggérer que l'ancien adjoint parlementaire ait
le droit de parole à la commission, cela simplifierait beaucoup vos
rapports, en tout cas.
M. Ciaccia: Non, ce ne sera pas nécessaire, je crois qu'on
peut répondre à vos questions et on peut soulever les
questions.
M. O'Neill: Est-ce qu'on peut passer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il serait normal que ce soit maintenant l'Opposition qui pose des questions
au ministre.
M. Le Moignan: On va demander aux ministériels de
poser...
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas soulever la question de
règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Maintenant que le député de Taschereau a fini de poser des
questions au député de Mont-Royal, est-ce qu'il y a des questions
supplémentaires à poser sur le programme 5? S'il y en a...
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Le Moignan: Je n'ai plus de question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 5, adopté?
M. Le Moignan: Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Régie des services publics
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 5, adopté. Programme 6, Régie des services publics.
Mme Lavoie-Roux: On ne l'a pas, celui-là. Je me suis
demandé...
M. O'Neill: On ne l'a pas non plus.
M. Guay: La régie a-t-elle été abolie? Le
juge n'est pas ici non plus.
Mme Lavoie-Roux: Pour moi, il doit être dans un... C'est un
privilège que vous avez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je l'ai
moi, je peux vous passer le mien.
Mme Lavoie-Roux: C'est drôle, je ne le retrouve pas
là-dedans non plus.
M. Le Moignan: Peut-être quand on regarde dans le livre des
crédits il y a seulement des crédits à voter tout
simplement. C'est peut-être la raison pour laquelle ce n'était pas
très important. Il y a juste les crédits à voter au
programme 6.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être au moins demander au
ministre qui est le président de la régie, qui sont les
régisseurs? On m'a dit que c'était la Régie des services
publics et je n'ai aucun document là-dessus.
M. O'Neill: Alors en gros, vous savez, M. le Président, de
quoi il s'agit. Il s'agit d'un organisme qu'on peut appeler un tribunal, qui
s'occupe de tout l'ensemble des services publics, tels que, par exemple, la
câblodistribution, principalement cela, la téléphonie.
Une Voix: La machine à vapeur. Une Voix:C'est aboli.
M. O'Neill: Alors, c'est composé en tout de neuf
régisseurs qui s'occupent principalement de problèmes comme... Ce
sont des activités judiciaires, permanence et surveillance et
contrôle des réalisations, la téléphonie, la
câblodistribution et ensuite le rôle, vis-à-vis de cela, de
surveillance et contrôle, relever les plaintes, surveiller l'application
des règlements, voir, par exemple, à ce que le service ait un
minimum de qualité, etc. On ne l'a peut-être pas dans le
programme, à la deuxième partie, mais si je me rappelle bien,
nous l'avions quand même dans la première partie au
début.
M. Le Moignan: Au début, aux pages 23 et 24.
M. O'Neill: C'est cela. Vous avez un résumé qui est
donné justement aux pages 23 et 24 et vous avez tout simplement un
certain nombre d'activités qui ont eu lieu cette année. En fait,
comment on définit l'activité d'une régie comme
celle-là, c'est qu'on reçoit les plaintes, les demandes qu'on
étudie à mesure comme un tribunal. Un tribunal ne se fait pas un
projet pour l'année. Il prend les causes qu'on lui présente et il
s'en occupe. Alors, si...
Mme Lavoie-Roux: Qui est le président de la régie?
Cela m'intéresserait.
M. O'Neill: Je pourrais vous donner tous les noms des membres de
la régie. Ça va?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. O'Neill: C'est donc le juge Yvon Côté qui se
trouve être le président de la régie. Les régisseurs
sont MM. Pierre Boileau, Raoul Barbe, Charles Bernier, Laurent Laplante,
Jean-Marc De-mers, Lawrence Morgan, François Raymond et J.-Raynald
Tennet.
Mme Lavoie-Roux: Pour mon information, quelle est la durée
du mandat des régisseurs, du président et ensuite des
régisseurs?
M. O'Neill: Cela varie, le président, c'est dix ans, avec
fin de mandat en 1983. Je vois les autres, M. Boileau, 1979, c'est ça,
fin de mandat.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais dû formuler ma question...
M. O'Neill: C'est pour dix ans.
Mme Lavoie-Roux: ... tous sont nommés pour dix ans.
D'accord.
M. O'Neill: C'est un maximum de dix ans. Il peut être de
moins.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Il peut être de moins. M. O'Neill:
Qui ne peut pas être diminué.
M. Le Moignan: Vous possédez aussi un organisme qu'on peut
consulter.
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: Je vais essayer de vous en donner un.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. O'Neill: Je vais vous transmettre, M. le député
de Gaspé, dans ce rapport, l'organigramme en question.
M. Le Moignan: D'accord, j'aimerais cela. Parfait! '
Mme Lavoie-Roux: J'apprécierais l'avoir
également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le programme 6?
Mme Lavoie-Roux: Je n'en ai pas d'autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs les représentants...
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a beaucoup d'employés
à la régie?
M. O'Neill: 71.
M. Le Moignan: Est-ce que ce sont tous des permanents, vous avez
des occasionnels?
M. O'Neill: II y a quelques occasionnels actuellement. Six
occasionnels.
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas le président de la
régie?
M. O'Neill: Non, je suis l'adjoint du président.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a beaucoup d'employés
cadres, des employés de soutien, des secrétaires?
M. O'Neill: J'ai toute la liste, enfin pas la liste, mais le
nombre, 16 personnes dans le plan d'organisation supérieure, 16 cadres
et adjoints assimilés, 12 professionnels, 9 techniciens et 37... non 17
professionnels: 3 techniciens et 35 employés au personnel de bureau
assimilé.
M. Le Moignan: Assimilés?
M. O'Neill: Cela veut dire techniciens, secrétaires,
sténos...
Mme Lavoie-Roux: Du travail en collaboration étroite.
M. Le Moignan: Avec les idées du ministre!
M. O'Neill: Le ministre n'a rien à voir dans ça,
c'est une régie.
Mme Lavoie-Roux: Avec les régisseurs. M. O'Neill:
C'est absolument autonome, ça.
M. Le Moignan: Je croyais que c'étaient des anglophones
qui avaient été assimilés avec le temps. Il ne s'agit pas
de ça, ce n'est pas ça.
M. O'Neill: On préfère utiliser le mot
intégré.
M. Le Moignan: Vous avez changé le mot, c'est très
bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres questions au programme 6?
M. Le Moignan: Moi, je n'en ai pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Programme 7, Office de radio-télédiffusion du
Québec.
Office de radio-télédiffusion du
Québec
M. Le Moignan: M. le Président, concernant le programme 7,
on parle de division en huit régions, j'aimerais bien savoir quelles
sont ces huit régions et quels sont les critères qui ont
déterminé le choix de ces régions?
M. O'Neill: Excusez-moi, il faut que je vous présente le
président-directeur général de Radio-Québec.
M. Le Moignan: Excusez, j'ai parlé trop vite.
M. O'Neill: II s'agit des régions administratives du
Québec.
M. Le Moignan: Ah, les régions normales. Sur la
région...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander... écoutez, comment
prévoyez-vous... M. le ministre est revenu. On doit dire qu'il est bien
assidu de toute façon. A la page 40, au deuxième paragraphe,
toujours au programme 7, vous dites que
Radio-Québec prévoit produire en 1977/78 un plus grand
nombre d'émissions qui traiteront de la réalité politique
et culturelle du Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous
énumérer les principaux aspects de cette réalité
politique et culturelle?
M. O'Neill: De façon générale, il s'agit,
pour nous d'incarner davantage notre programmation. Jusqu'ici, à cause
de ressouces assez limitées, nous nous en étions tenus à
faire des séries assez générales qui s'éloignaient
assez bien du quotidien. Nous avons voulu, dans l'année
financière qui commence, nous insérer davantage dans la vie des
Québécois, sous l'aspect culturel et politique.
Sous l'aspect culturel, nous avions déjà commencé
l'année dernière, en produisant les fêtes de la Saint-Jean
et la Semaine des retrouvailles. Nous voulons continuer cette année ce
genre de manifestations culturelles, dans le but de refléter le plus
possible la réalité québécoise telle qu'elle est
vécue.
Nous allons donc, encore cette année, produire sous cet aspect,
la Semaine du patrimoine. Il y aura trois manifestations que nous couvrirons,
dans trois régions différentes, l'une à Chandler, l'autre
dans...
Mme Lavoie-Roux: Lac-Saint-Jean, pour les bleuets.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. O'Neill: Une au Saguenay-Lac-Saint-Jean et la troisième
dans l'Abitibi, en vue de faire connaître le Québec aux
Québécois.
Nous allons également cette année couvrir les Jeux du
Québec qui, vous le savez probablement, vont se tenir à
Sherbrooke et qui vont aussi être encadrés de manifestations
culturelles. Il y aura donc l'aspect sportif et l'aspect culturel.
Du côté politique, ce que nous entendons faire, par
exemple, il y a un grand débat qui s'amorce actuellement sur la langue,
nous voulons présenter pour le 9 mai prochain un dossier sur cette
question de la langue. Au cours de l'année, nous avons retenu une
dizaine de dossiers sur divers sujets, qui sont des sujets d'actualité
politique. Nous les traitons, bien sûr, en essayant de fournir le plus
possible d'informations aux gens, pour qu'ils soient en mesure de se faire
eux-mêmes leur propre jugement sur les grands problèmes qui sont
débattus dans la vie politique des Québécois. Je ne peux
pas vous donner de détails plus précis sur les divers programmes
qui seront produits, mais de façon générale, on peut dire
que nous allons essayer de suivie le plus possible l'activité des
gens.
Pour répondre, d'une part, aux critiques qui nous ont
été adressées, d'une programmation un peu
éthérée en dehors de la vie concrète des gens et
également pour répondre à des demandes précises qui
nous ont été faites lors des tournées régionales
que nous avons entreprises en 1975, où, dans plusieurs régions,
on nous a demandé de nous impliquer davantage dans la vie
concrète des Québécois.
M. Le Moignan: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Quand on parle d'émissions traitant de la
réalité politique, j'ai une certaine petite crainte. Est-ce qu'on
a prévu d'éviter le piège de la propagande du parti
ministériel ou peut-être d'un autre parti, plus tard, qui pourra
profiter de cet organisme, si le parti ministériel n'est pas
intéressé à faire sa propre propagande?
M. O'Neill: Notre garantie la plus certaine, c'est
l'existence...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas quorum.
M. O'Neill: ...du conseil d'administration de l'office, qui est
l'autorité ultime sur la programmation, le ministre ne pouvant que faire
les commentaires sur la programmation que nous présentons. Mais, dans
ses attributions, II ne lui appartient pas, il ne lui revient pas de
recommander des programmes ou de censurer des programmes que nous
désirerions produire. C'est la situation juridique qui est la
nôtre.
M. Ciaccia: Excusez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour poursuivre sur le même sujet,
définitivement, est-ce qu'il y a eu des changements au conseil
d'administration de Radio-Québec, depuis le 15 novembre?
M. O'Neill: Effectivement, il y a eu des changements. Il y avait
d'abord deux vacances à combler et il y a eu changement du
président du conseil d'administration, depuis le 15 novembre.
M. Ciaccia: Peut-on avoir les noms des membres du conseil
d'administration?
M. O'Neill: M. Yves Martin est président du conseil
d'administration; M. Réal Charbonneau est membre du conseil
d'administration; les autres sont tous des membres; Mme Laprise-Demers de
Saint-Félicien, Mme Lizette Morin de Rimouski, M. Guy Doré du
ministère des Communications, M. Guy Bouchard du CEGEP Sainte-Foy,
directeur du service pédagogique et moi-même.
Mme Lavoie-Roux: La proportion des femmes augmente, il y en a
deux.
M. Ciaccia: Quand vous dites...
M. O'Neill: 50% remarquez, selon les dernières.
Mme Lavoie-Roux: Le pourcentage est établi. M. Ciaccia:
En réponse à la question du dé- puté de
Gaspé sur la question de je ne veux pas utiliser le même
mot la direction ou sur le contenu politique du réseau
Radio-Québec, est-ce que, dans la loi qui vous régit, il est
interdit spécifiquement au ministre, au pouvoir politique d'intervenir
dans vos opérations?
M. O'Neill: Dans la loi, il n'est pas interdit
exclusivement...
M. Ciaccia: Je réfère spécifiquement... Par
exemple, on critique et je ne veux pas défendre, je veux assurer le
député de Taschereau...
M. Guay: Je suis tout ouïe.
M. Ciaccia: ... que je ne veux pas défendre la Loi
fédérale sur les communications, je fais ce préambule,
mais il y a un article qui défend absolument au gouvernement, le
lieutenant-gouverneur en conseil, de porter atteinte au contenu ou à
tout autre aspect qui pourrait porter atteinte à la liberté
d'expression, c'est dans la loi. Avons-nous l'équivalent, dans notre
loi?
M. O'Neill: La loi qui nous régit, l'Office de
radio-télédiffusion du Québec, c'est une loi constituante
qui peut être comparée à la loi qui régit
Radio-Canada et non pas à une loi qui régit un autre organisme
qui est un organisme de contrôle et qui doit juger selon...
M. Ciaccia: Excusez-moi, mais Radio-Canada ne relève pas
directement du ministre; Radio-Canada relève du Parlement.
M. O'Neill: Exactement.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est la même situation avec vous?
Vous relevez du ministre, vous ne relevez pas de l'Assemblée
nationale.
M. O'Neill: Vous avez raison.
M. Ciaccia: Quand le ministre dit Radio-Canada n'est pas comme
Radio-Canada sous plusieurs aspects, excusez-moi, je vais vous laisser
répondre.
M. O'Neill: Je commenterai après. Ce qui est dit dans la
loi qui fait allusion au ministre, c'est la phrase suivante: "Le ministre des
Communications est le ministre responsable de l'application de la
présente loi", c'est-à-dire que le ministre des Communications
est celui qui peut, étant élu par le peuple, à moins qu'il
nous permette de prendre la parole, parler en Chambre au nom de
Radio-Québec. Etre responsable de l'application de la loi ne lui permet
pas d'intervenir à l'intérieur de la direction, cela lui permet
de rendre des comptes à l'Assemblée nationale sur la façon
dont la loi est administrée.
M. Ciaccia: Mais il n'y a pas de loi qui l'interdit
d'intervenir?
M. O'Neill: Non.
M. Ciaccia: II est le responsable... M. O'Neill: De
l'application de la loi.
M. Ciaccia: ...de l'application. Vous relevez directement du
ministre.
M. O'Neill: Exactement.
M. Ciaccia: Quelle est l'accessibilité par exemple
c'est un réseau public qui doit desservir tous les
Québécois du public à se faire entendre à
Radio-Québec? Supposons qu'un groupe de personnes n'est pas tout
à fait d'accord avec votre réalité politique je ne
parle pas de l'aspect culturel, parce que je crois que c'est proprement dans le
domaine d'avoir de tels programmes mais quand vous présentez les
programmes sur la réalité politique, quel est l'accès
qu'un groupe de citoyens pourrait avoir au réseau de
Radio-Québec?
M. O'Neill: D'abord, nous avons déjà tenu des
audiences publiques dans la province, précisément pour inviter
les gens à nous dire ce qu'ils pensaient de notre programmation et ce
qu'ils en souhaitaient d'autre part. Donc, il y avait là un moyen. Nous
avons l'intention de continuer ce genre de tournées. Par la
régionalisation que nous mettons en place, nous avons dans chacune des
régions des comités régionaux qui sont en contact
très étroit avec la population que nous desservons. Donc, par ce
biais, encore une fois, il est possible d'avoir une rétroaction des
émissions que nous faisons. A part cela, il y a les moyens classiques,
bien sûr, qui sont les lettres que l'on reçoit, d'ailleurs, en
courrier assez abondant, soit chez nous, soit également chez le ministre
ou chez le premier ministre. Les lettres viennent de partout, quand les gens ne
sont pas satisfaits des émissions que nous faisons. Donc, il y a les
moyens classiques de contester, ce que nous faisons. Nous n'empêchons
personne de manifester son opinion sur ce que nous faisons. Nous-mêmes,
nous sollicitons constamment dans nos émissions la
rétroaction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il serait dans l'ordre de permettre à M. le ministre de parler.
M. O'Neill: II y a peut-être seulement un point que je
voudrais ajouter sur l'information, c'est qu'en plus de cela, les gens dans les
tournées régionales nous transmettent des renseignements, surtout
dans ces tournées, habituellement, nous rencontrons des comités
provisoires de Radio-Québec. Ils nous font part de leur souhaits, de
leurs suggestions. Ce sont probablement les mêmes choses que vous recevez
chez vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Deux-Montagnes sur le même sujet.
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas sur le même sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bon. Le
député de Rosemont, sur le même sujet.
M. Paquette: C'est sur le même sujet, peut-être pour
rassurer le député de Mont-Royal, concernant l'activité
possible du ministre, il est peut-être bon de rappeler les interventions
qu'il y avait eu du côté du parti qui est maintenant dans
l'Opposition officielle, concernant un commentateur à
Radio-Québec, pour le nommer, M. Laurent Laplante. On se rappellera que
le ministre des Communications de l'époque avait fait des
déclarations. Si ma mémoire est fidèle, ces
déclarations et ces pressions n'avaient eu aucun effet à
l'époque. Il me semble que Radio-Québec a une nette
indépendance par rapport aux pressions éventuelles ou possibles
d'un ministre ou de l'Assemblée nationale. Cela me paraît un
point. Deuxième point que je voudrais mentionner, si on veut que
Radio-Québec s'oriente en fonction des besoins des citoyens, vous
mentionnez ce qui pourrait être fait si on voulait qu'un groupe
participe. J'aimerais demander à M. Labonté, concernant les
comités provisoires qui sont tenus dans des régions, si ce sont
des comités qui deviendront, éventuellement, permanents et quel
sera leur rôle. Est-ce qu'ils auront un rôle concernant les
activités de production, de conseil? Est-ce que c'est un
mécanisme de participation de la population?
M. O'Neill: Exactement. Ces comités sont, de fait,
actuellement permanents. Ils étaient provisoires, ils sont devenus
permanents. Leur rôle, actuellement, c'est tout ce que nous pouvons nous
permettre, étant donné les ressources dont nous disposons, de
voir à consulter la population pour identifier des thèmes
d'émissions qui seront les productions régionales, les
productions faites dans chacune des régions. Nous pourrons leur accorder
trois demi-heures dans chacune des régions, ce qui fait huit fois trois
demi-heures, et qui seront diffusées au réseau national. Ces
comités régionaux ont maintenant un secrétaire
général qui est un permanent, qui est à temps plein et qui
voit à coordonner le travail de ce comité. Comme j'ai dit
tantôt, le premier travail est d'identifier les besoins de la population
et de choisir des thèmes qui feront les sujets des trois demi-heures
d'émission par année, qu'ils doivent faire. Ce comité doit
également voir à mettre sur pied les mécanismes requis
pour assurer un "input" de la population régionale dans la programmation
que l'on veut, qui est dite nationale, si vous voulez.
Ceci, ce sont des mécanismes que nous allons mettre en marche
dans l'année qui vient. C'est la deuxième partie de leur mandat.
Ils sont essentiellement les porte-parole de la région vers
Radio-Québec centrale et plus même que de Radio-Québec vers
leurs régions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir à ma première
question sur la réalité politique et culturelle du Québec.
On nous a fait part qu'on assure-
rait la couverture d'éléments culturels comme les
fêtes de la Saint-Jean-Baptiste, du Patrimoine, les Jeux du
Québec. Je pense qu'on pourrait ajouter des centenaires dans les
différents coins de la province. Par exemple, du côté du
théâtre, est-ce que vous télévisez du
théâtre qui se passe en province et qui pourrait être une
stimulation d'ailleurs pour les gens de ces différents coins, en
même temps que d'intérêt public?
M. O'Neill: Nous n'avons pas de projets précis de cet
ordre. Seulement, je peux vous dire que ce n'est pas exclu. On voit
apparaître les projets... Bien sûr, il est difficile de planifier
à l'avance, sauf pour les Jeux du Québec. On sait que ça
arrive chaque année, mais des activités culturelles comme celles
auxquelles vous faites allusion, ça se décide un peu quelques
mois à l'avance, quand elles apparaissent.
Le problème qui se pose par rapport aux pièces de
théâtre, c'est qu'il y a toujours une question de droits des
artistes à ce moment-là, qui augmente considérablement les
coûts. Une pièce de théâtre ne peut pas non plus
être télévisée comme telle, au moment de la
représentation, parce que, bien sûr, l'éclairage qui est
fait pour le théâtre ne suffit pas pour la
télévision. Cela suppose donc une représentation
spéciale, ce qui est assez coûteux.
Ce à quoi nous avons déjà songé, et le
ministère des Affaires culturelles s'est montré
intéressé, c'est de voir s'il ne serait pas possible qu'au moment
où le ministère des Affaires culturelles accorde des subventions
à des pièces de théâtre, il n'accorde pas un peu
plus pour permettre que Radio-Québec, par exemple, puisse acheter les
droits et puisse avoir une représentation spéciale vraiment
filmée par nous, et qui resterait donc en banque, comme document
audio-visuel. J'ai déjà eu l'occasion d'en discuter avec M. le
ministre, qui, heureusement, porte les deux chapeaux et qui me disait que c'est
un projet qui l'intéressait beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question, c'est que lorsque vous parlez
de la réalité culturelle du Québec, les
événements que vous mentionnez sont tous des
événements reliés aux fêtes des francophones
à l'intérieur du Québec. Est-ce que vous prévoyez
qu'il y aurait d'autres événements culturels, parce qu'on est
tous d'accord... Enfin, on est tous d'accord, excusez, je présume, qu'on
veut aussi faire une place aux autres éléments culturels de la
société. Je le dirai peut-être un petit peu en badinant,
mais aussi sérieusement, je pense à la Saint-Patrice; je peux
penser à l'Eté des Italiens célébré
j'oublie la date mais leur fête nationale. Enfin, est-ce que vous
entendez étendre ça pour que les autres groupes y trouvent aussi
une place, parce que je suis toujours un peu inquiète. Je pense qu'on
définit toujours l'aspect culturel du Québec en fonction des
Canadiens-français ou des francophones de vieille souche. Je pense que
c'est peut-être le temps qu'on commence à penser en fonction des
autres groupes.
M. O'Neill: Je ferais une distinction, si vous permettez, entre
le groupe anglophone comme tel et les autres cultures. Vous avez parlé
des Italiens, etc. Je pense bien pouvoir vous dire que, pour ce qui est du
groupe anglophone, nous entendons ne rien faire parce que nous estimons que,
dans la région de Montréal, en particulier, il est très
bien desservi dans le secteur de la télévision par les autres
postes qui existent déjà. Il y a peut-être même un
équilibre à rétablir de ce côté.
Pour ce qui est des autres cultures, des communautés culturelles,
nous n'y avons vraiment pas songé et ce n'est pas exclu, mais je ne peux
pas vous dire qu'à ce moment-ci, cela se situe parmi nos
priorités et on a réellement toujours pensé en termes de
francophones. Honnêtement, je pense qu'il faut dire cela.
Mme Lavoie-Roux: Je me permets de différer un peu
d'opinion sur ce qui a été dit, c'est-à-dire que les
groupes anglophones sont servis et largement servis, particulièrement
dans la région de Montréal et même de Québec et
d'autres régions, par la télévision anglaise.
Je pense que, ce sur quoi l'accent est mis ici, au moins dans la
description, c'est vraiment sur des fêtes nationales. Je ne vois pas, par
exemple, la nécessité de développer des émissions
éducatives dans le sens d'éducation des adultes pour les
anglophones, mais dans le sens que tout le monde est un peu partie de cette
culture. Je pense que les événements à caractère
vraiment national pour chacun des groupes, il faudrait peut-être les
considérer différemment de ceux de la télévision
prise dans son ensemble. Je ne sais pas comment vous réagissez...
M. O'Neill: Une petite remarque là-dessus. Je suis
évidemment d'accord sur ce qui a été dit ici concernant,
sinon les groupes anglophones, sur ce que représente la langue anglaise,
ayant déjà beaucoup de postes de radio de langue anglaise...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. O'Neill: ... si ces activités doivent être
couvertes en anglais, cela ne regarde pas Radio-Québec de le faire. Mais
il y a un autre aspect qui peut être intéressant, c'est qu'on
pourrait couvrir en français une activité culturelle d'un autre
groupe, même, je dirais, accidentellement anglophone...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans ce sens que...
M. O'Neill: ... parce qu'on a chez nous des groupes
accidentellement anglophones. J'ai participé à la Saint-Patrice
cette année et, à un certain moment, on a eu le temps de parler
avec les responsables et ils étaient d'accord avec moi pour dire qu'il y
avait quelque chose d'anormal dans le fait que cette Saint-Patrice se
présentait seulement sous un visage anglophone et qu'il faudrait
peut-être en arriver à lui donner un autre visage.
Alors, on pourrait faire la même chose avec les groupes comme les
Italiens et nous avons
aussi suggéré à notre coordonnateur de la Semaine
du patrimoine de voir à faire des contacts avec d'autres groupes, des
groupes ethniques du Québec et de leur suggérer, si
c'était possible, qu'ils participent à leur façon. Par
exemple, vous avez les Portugais. Vous avez les Italiens à
Montréal, les Ukrainiens et même j'ajouterais à cela, en un
sens, les groupes anglophones, comme tels, à la Semaine du
patrimoine.
Je pense aux anglophones de Gaspé...
Mme Lavoie-Roux: Aux Ecossais, aux Irlandais, aux...
M. O'Neill: ... qui ont contribué à faire le pays.
Les Irlandais et tout. Nous aimerions beaucoup qu'à l'occasion de la
Fête du patrimoine, il y ait des manifestations de ce genre.
Il est possible qu'un jour, plus tard, Radio-Québec puisse avoir
de telles activités. Je ne pense pas que M. Labonté les exclut.
J'imagine qu'il me dirait: Je vais les inclure. Vous me donnerez l'argent pour
le faire, parce qu'il y a des problèmes d'argent.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je pense qu'on a une tendance à
isoler le groupe anglophone et on sent, chez une partie de cette
communauté, au moins ils l'ont exprimé dernièrement
un désir de dire: Nous aussi on est partie du Québec et on
veut être partie du Québec.
Il faudrait au moins qu'au niveau de certains échanges on soit
accueillant à leur égard.
M. Paquette: Là-dessus, M. le Président,
directement sur le même sujet, je ne pense pas que les autres
interviennent.
M. Le Moignan: C'est d'accord, parce que je différais de
sujet.
M. Paquette: C'est simplement une remarque pour dire que, dans le
prolongement du livre blanc où on parle de faire profiter la
société québécoise d'apports culturels
diversifiés, il va falloir que cela se reflète quelque part. S'il
y a une place où cela devrait se refléter, à mon avis,
c'est bien dans la programmation de Radio-Québec. On pourrait concevoir
un programme hebdomadaire où différents groupes ethniques
viennent exprimer leurs préoccupations, leur culture, leur civilisation,
de façon à rapprocher les Québécois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais en venir
aux questions d'argent. Vous avez peut-être lu le dernier numéro
du magazine L'Actualité, dans lequel le chroniqueur des media parle de
Radio-Québec, des questions d'argent à Radio-Québec. Le
chroniqueur des media est à la fois mon prédécesseur et
mon successeur: mon prédécesseur comme député de
Deux-Montagnes et mon successeur comme chroniqueur des media au magazine
L'Actualité. C'est M. Jean-Paul L'Al- lier. Dans sa chronique, M.
L'Allier évoque les difficultés, l'insuffisance des moyens
financiers mis à la disposition de Radio-Québec. Il propose que
Radio-Québec s'aventure, à certaines conditions, que M. L'Allier
explique, dans le domaine des commandites et certaines formes de
publicité qui correspondraient à des critères strictement
établis. Bien sûr, lorsqu'on regarde les chiffres et qu'on voit
que Radio-Québec est appelée à mettre en oeuvre un
important programme de régionalisation, à développer sa
programmation, en particulier dans le cadre de cette régionalisation,
par de la production qui se ferait dans les régions, on a l'impression
qu'effectivement les moyens dont dispose Radio-Québec sont trop
limités, mais, quant à moi, je ne partage pas le point de vue de
M. L'Allier dans la mesure où il propose comme solution des commandites
et de la publicité. Je considère que c'est ouvrir la porte
à un type de financement qui, à mon avis, ne convient pas
à Radio-Québec. Ce long préambule, c'est pour demander au
ministre et au directeur général s'ils envisagent la commandite
et la publicité comme moyen de garnir l'enveloppe budgétaire de
Radio-Québec.
M. O'Neill: Cette question a été
étudiée au dernier conseil d'administration que nous avons eu. Le
conseil a accepté la recommandation qui était faite à la
direction générale d'accepter des commandites dites de prestige.
C'est-à-dire que ces commandites se limitent à une mention, au
générique, à savoir que telle émission est
présentée avec la collaboration de... Le conseil a
accepté, à titre expérimental. Il a été
très sensible d'ailleurs aux arguments ou à la
préoccupation que vous avez vous-même et il nous a demandé,
dans un premier temps, d'abord, de nous en tenir aux corporations publiques,
comme SIDBEC, comme l'Hydro-Québec, comme Loto-Québec aussi,
etc.
Cependant, il est exclu dans l'esprit de tous les membres du conseil
d'administration que l'on puisse recourir de quelque façon que ce soit,
à de la publicité. Nous nous en tenons à une pure
commandite de prestige, qui ne veut faire aucune espèce de
publicité avec certaines règles, bien sûr, règles
qui refusent toute intervention du commanditaire dans le contenu, règles
qui ne veulent faire aucune relation entre le contenu et le commanditaire.
Donc, il y a une politique qui est élaborée à cet effet
pour assurer la liberté de l'office et lui assurer aussi certains
revenus, parce que, effectivement, les budgets sont assez minces.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Champlain. J'avais reconnu le député de
Champlain. Sur le même sujet?
M. Boucher: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau.
M. Guay: Je voudrais simplement m'assurer, M. le
Président-directeur général, qu'il n'y aura en
aucun cas de message publicitaire, tant au début, au milieu
qu'à la fin d'une émission de Radio-Québec, et qu'une des
grandes qualités de cet organisme sera maintenue, ce qui fait qu'il
retienne la faveur d'une bonne partie de la population. Il s'agit donc tout
simplement de quelque chose qui est inscrit en lettres au
générique et qui n'est pas mentionné autrement.
M. O'Neill: Au début et à la fin de
l'émission, "Telle émission vous est présentée avec
la collaboration de..." et, à la fin, "Cette émission vous a
été présentée par Radio-Québec avec la
collaboration de..." et c'est tout.
M. Guay: II n'est pas question des 12 012 ou quoi que ce
soit.
M. O'Neill: Non, non. M. Guay: D'accord.
M. Ciaccia: Est-ce que ça peut être aussi des
compagnies de l'entreprise privée, parce que vous avez mentionné
SIDBEC, Loto-Québec...
M. O'Neill: Pour le moment, le conseil d'administration nous
impose de nous limiter aux corporations publiques.
Mme Lavoie-Roux: Sur ce point de vous limiter aux corporations
publiques, une question me vient, parce que vous venez de le mentionner, est-ce
que l'objectif de recourir à une certaine commandite est quand
même de répondre d'une certaine façon à vos
difficultés financières, ou, est-ce que je me trompe, est-ce que
c'est ça l'objectif?
M. O'Neill: L'objectif, c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Oui? Moi, je m'explique mal que vous allez
réussir à pallier ce problème en faisant appel uniquement
aux...
M. O'Neill: Aux corporations publiques.
Mme Lavoie-Roux: ... aux corporations publiques, parce que, de
toute façon, l'argent vient de la même place. Si vous prenez
SIDBEC, dont on est obligé de combler le déficit depuis quelques
années, enfin peu importe, je ne veux pas entrer dans les
détails, c'est le cas de d'autres corporations publiques.
M. Guay: L'Hydro, Loto-Québec...
Mme Lavoie-Roux: A l'Hydro, au moins, il y a de l'argent qui
entre. Mais, même à cela, de toute façon, j'ai l'impression
que c'est un peu tout le même porte-monnaie. Avec les restrictions que le
député de Taschereau mettait à la forme que devait prendre
la publicité, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de songer à
élargir cela pour que, vraiment, ce soit de l'argent
supplémentaire qui vienne au service de la radio d'Etat?
M. O'Neill: Nous pensons, à la direction, en
général, en arriver là un jour. Nous l'avions même
proposé au conseil d'administration, qui nous a dit de nous limiter aux
corporations publiques, pour éviter tout danger de publicité. Les
compagnies privées sont peut-être plus portées,
étant donné les besoins de la concurrence, à vouloir faire
le plus de profits, à vouloir faire de la publicité, à
solliciter la consommation, etc.
Le conseil nous a dit: Non, ne touchez pas, pour le moment, aux
compagnies privées. Pour ce qui est des corporations publiques, je tiens
à vous dire que nous ne nous faisons pas d'illusion sur ce que cela va
rapporter. C'est une expérience que nous faisons. Nous avons
l'autorisation de faire des démarches pour voir s'il y a
possibilité d'aller chercher des sous de ce
côté-là.
Pour répondre au problème que vous posez, nous croyons que
c'est là une façon de faire revenir aux fonds publics des sommes
d'argent qui, autrement, s'en iraient ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais qu'elles restaient toutes dans les
fonds publics, ces sommes?
M. O'Neill: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que tout cet argent restait dans le
public.
M. O'Neill: La publicité que fait SIDBEC, par exemple, ou
que ferait SIDBEC, ou l'Hydro-Québec...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: ...sur un poste de télévision
privé...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. O'Neill: Cela s'en va... Tandis que, là, cela revient
quand même aux fonds publics, indirectement.
M. Ciaccia: Est-ce que les 2% s'appliqueraient?
M. O'Neill: C'est la question que je me posais tantôt.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Dernière question, parce qu'il sera bientôt onze heures. Le
député de Champlain.
M. Gagnon: Je voudrais savoir si, actuellement,
Radio-Québec est accessible à tous les Québécois,
à tous les coins de la province ou s'il y a encore certaines
régions qui ne sont pas couvertes par Radio-Québec?
M. O'Neill: II y a plusieurs régions qui ne sont pas
encore couvertes.
M. Gagnon: On voit cela, vous êtes implantés dans
huit régions, entre autres.
M. O'Neill: Nous sommes implantés à
Montréal, à Québec, nous le serons bientôt à
Hull, on en a parlé plus tôt. Dans toutes les autres
régions du Québec, nous ne pénétrons que par le
câble. Les compagnies de câble reçoivent en
différé les rubans de notre programmation, qui est reproduite
avec un décalage de quinze jours.
Nous aurons, ce qui a été décidé au conseil
des ministres, probablement dans 18 mois, ou plus tôt, si possible,
également la région d'Abitibi-Témiscamingue qui sera
couverte. Quant à la région de Hull, si le permis nous est
accordé au CRTC, puisque nous en avons fait la demande, nous devrions
pouvoir diffuser vers la mi-juin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant! Est-ce qu'il y aurait consentement unanime pour accorder une question
au député de L'Acadie?
M. Guay: Là-dessus, est-ce qu'on pourrait avoir le
consentement unanime de poursuivre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
si vous pensez être en mesure de finir l'étude des crédits
ce soir...
Mme Lavoie-Roux: Je..
M. Guay: Cela dépend si...
M. Paquette: On pourrait peut-être terminer ce soir pour
éviter aux personnes de revenir.
M. Guay: II reste deux programmes.
Mme Lavoie-Roux: C'est simplement sur une question reliée
au programme 7.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
pourra terminer, le consentement est unanime. Le programme 7?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Une Voix: Est-ce qu'on pourra terminer?
Mme Lavoie-Roux: Je ne crois pas qu'on revienne demain.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
additionnelle au député de Rosemont et, par après, le
député de L'Acadie.
M. Paquette: C'était au sujet de l'expansion sur une base
régionale. Est-ce que vous tentez de couvrir les coins du Québec
qui ne sont pas desservis par la télévision de Radio-Canada en
priorité?
M. O'Neill: Le plan que nous avons remis au conseil des
ministres, aux ministres de l'ancien gouvernement, et qui a été
remis également aux ministres du gouvernement actuel, c'est un plan qui
vise à rejoindre 96% de la population du Québec. Pour le dire
tout de suite, c'est un plan qui, au niveau des installations techniques,
signifie un budget d'à peu près $22 millions ou $23 millions.
M. Gagnon: Question additionnelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Champlain.
M. Gagnon: 96% de la population du Québec, combien de
temps faudrait-il à peu près pour atteindre ce plan, selon vos
précisions?
M. O'Neill: Pour rejoindre les gens qui sont rejoints par
Radio-Canada, actuellement, ce qu'il faut bien savoir... Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): On pourrait étendre
Radio-Québec dans toute la province.
M. Paquette: Pour atteindre l'objectif de 96%.
M. O'Neill: Si la décision du gouvernement intervenait
demain, pour nous permettre de réaliser notre plan, cela nous prendrait
à peu près trois ans pour couvrir l'ensemble du territoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau.
M. Guay: J'aurais une double question. La première, j'ai
toujours regretté vivement que Radio-Québec n'ait pas un service
de nouvelles qui couvre l'actualité sur une base peut-être pas
identique à celle de Radio-Canada et de TVA, mais peut-être
quelque chose d'analogue à ce qui se fait dans la Public Broadcasting
aux Etats-Unis.
Je me demandais si vous aviez des projets d'ici peu pour faire en sorte
que Radio-Québec puisse couvrir en profondeur l'actualité tant
nationale qu'internationale. Deuxièmement, est-ce que, dans la
programmation de Radio-Québec j'avais trois questions il
est prévu d'accroître l'élément visuel des
émissions par rapport à l'élément statique. Par
moments, les émissions de Radio-Québec nous font un peu penser
à de la radiodiffusion télévisée, du fait de
l'absence d'éléments visuels propres à la
télévision. La troisième, je me rappelle l'émission
conjointe faite avec TV Ontario et la télévision éducative
de l'Alberta, qui a coûté cher je ne me souviens pas de la
somme et qui a été vivement critiquée. Je me
demandais s'il y avait d'autres projets analogues actuellement en chantier.
M. O'Neill: Quant à votre première question,
concernant la couverture de l'actualité, en fait, non, nous n'avons pas
de projet pour couvrir l'actualité internationale et l'actualité
nationale, d'abord, parce qu'en partie, c'est fait. Evidemment, tout
dépend de l'esprit avec lequel c'est fait, mais, quand même, les
ressources dont nous disposons ne nous permettent vraiment pas de penser
à des salles de nouvelles ou à des correspondants qui puissent
sérieusement nous permettre une information qui soit valable. Donc, pour
le moment, avec les budgets dont on dispose et dont
on peut espérer disposer dans l'avenir, je pense bien qu'on ne
pourra faire tout cela.
M. Guay: Si vous aviez l'argent, est-ce que c'est une position de
principe ou si c'est simplement le fait d'un réseau qui n'a pas les
moyens de le faire?
M. O'Neill: II y a une question de principe aussi en ce sens que
ce que nous cherchons à faire, nous, en surcollant, si vous voulez,
notre mandat éducatif, c'est plutôt de permettre aux gens de
comprendre l'information qui peut être donnée ailleurs. Quand un
problème se pose, par exemple, dans une région donnée du
globe et qui tient l'actualité pendant trois semaines ou un mois, notre
rôle est moins de donner la nouvelle, les événements qui se
sont produits que d'expliquer ce qu'est cette région, comment le
problème s'est posé. Nous voyons plus notre rôle en termes
de dossiers à constituer que de nouvelles à donner comme telles.
Il y a aussi, bien sûr, une question de disponibilité
financière. Je vous dirai également la même chose pour le
caractère statique, si vous voulez, des émissions. Je pense,
cependant, que, de ce point de vue, il y a eu une amélioration assez
importante l'année dernière.
C'étaient des critiques qu'on nous avait faites lors des
audiences publiques et nous avons essayé d'injecter un peu plus d'argent
pour que ce soit plus imagé. Je serais fort heureux si vous me
dispensiez de répondre à la troisième question.
M. Guay: Non, mais, dans ce sens, est-ce qu'il y a d'autres
projets dans l'air?
M. O'Neill: II n'y a pas de projets communs actuellement. Il y a
dans l'air, si vous voulez, puisque ces trois télévisions forment
une association, nous nous rencontrons assez régulièrement, il y
a, dis-je, un projet qui en est encore à ses balbutiements, c'est celui
d'une série pour enfants, qui, disons, pourrait peut-être se
rapprocher de "Sesame Street", mais ce n'est pas encore très
précis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de l'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que je n'aurai pas besoin de
réponse ce soir, si le directeur général de
Radio-Québec me dit qu'il va revenir au moment de l'étude des
budgets sur l'éducation. Est-ce que, d'habitude, vous... Non.
M. O'Neill: Je ne suis pas invité.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'êtes pas invité. Alors, je
vais y aller de mes questions.
Il y a deux questions précises. Voici la première: Quelles
sont les suites ou les conclusions auxquelles vous en êtes
arrivés, suite aux audiences publiques que vous avez tenues l'hiver ou
le printemps dernier, en ce qui touchait votre fonction éducative? Et,
deuxième question, dans le budget de $22 millions je pense que
c'est ça, votre budget quelle est la proportion qui va, par
exemple, à l'éducation des adultes et à l'éducation
scolaire?
M. O'Neill: Les conclusions des audiences publiques, en fait
je ne sais pas si ça va répondre à votre question,
en tout cas, vous pourrez la préciser ont été, de
façon générale, de trois ordres. D'abord, les gens ont
dit: On veut avoir accès à vos émissions, donc au
réseau. En deuxième lieu, les gens dans chacune des
régions nous ont dit: Nous ne voulons pas nous contenter de recevoir vos
émissions; nous voulons pouvoir produire, nous, avec les moyens dont
nous disposons, bien sûr, et, dans la limite de ces ressources, nos
propres émissions. Troisièmement, nous voulons pouvoir intervenir
au niveau de la programmation nationale. C'est, en gros, ce qu'on nous a
manifesté.
Pour ce qui touche plus directement l'éducation, les
mémoires que nous avons reçus des CEGEP, par exemple, ou des
commissions scolaires sont à l'effet qu'il faudrait trouver un moyen de
mettre à la disposition des collèges et des écoles les
émissions que nous produisons. Il y a beaucoup de collèges
par exemple, nous avons fait des émissions sur l'histoire et nous en
faisons sur la civilisation en général, etc. qui veulent
avoir nos émissions, qui nous les demandent, et nous devons leur
demander des coûts exorbitants pour pouvoir mettre ces documents à
leur disposition, parce que nous devons précisément racheter les
droits auprès des interprètes et cela est fort coûteux.
Nous leur disons toujours: Si vous pouvez vous mettre ensemble pour nous
commander un certain volume, à ce moment, il y a moyen de réduire
les coûts, mais lorsqu'un collège nous demande une série,
cela devient exorbitant.
Ceci ne s'est jamais fait. Nous avons décidé, pour
répondre à cela, d'organiser nous-mêmes ce rassemblement
des demandes qui peuvent venir de différents collèges. Donc, nous
aurons des équipes qui iront dans toutes les régions, dans tous
les collèges et les écoles du Québec offrir ce que nous
avons à leur offrir comme émissions et essayer de constituer des
volumes assez importants pour que les coûts puissent être
abordables.
Pour ce qui est de votre deuxième question concernant le budget,
ce budget est de $18 millions. Je peux dire que toutes les sommes
consacrées à la production sont en très grande partie...
Une grande partie des sommes consacrées à la production va
à l'éducation des adultes comme telle, sauf que ce n'est pas
l'éducation des adultes commandée par le ministère de
l'Education et il n'y a rien de prévu dans notre budget pour des
émissions strictement scolaires.
Le système accepté actuellement par le Conseil du
trésor, c'est que le ministère de l'Education ou un autre
ministère qui désirerait une série ou un film doit les
commander chez nous et payer pour l'obtenir. Donc, les sommes d'argent se
retrouvent au budget du ministère qui désire avoir une
émission que nous pourrions produire.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir aux trois
conclusions que vous avez identifiées, dans quelle mesure
croyez-vous pouvoir y répondre ou avez-vous l'intention d'y
répondre? Vous avez parlé... Ils ont désiré
l'accès à la programmation et...
M. de Bellefeuille: Productions régionales. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Ce que nous avons proposé dans notre plan
triennal, en réponse à ces demandes, c'était, comme je
l'ai dit tantôt, l'extension simultanée du réseau sur
l'ensemble du territoire, permettant l'accessibilité à nos
émissions. Deuxièmement, nous avons prévu des sommes
importantes pour la production régionale. J'ai parlé de trois
demi-heures par région. Pour la dernière année du plan
triennal, nous parlions je crois, de huit demi-heures par région. Donc,
ce sont vraiment des productions faites sur place. Nous fournissons le soutien
technique, s'il est désiré. S'il n'est pas désiré,
ce sont les régions qui sont maîtres du budget, d'ailleurs, et qui
décident de l'équipe, par exemple, de production de films qu'ils
vont engager sur place; autant que possible, ce sont des gens de la
région. Ceci pour la production. Pour ce qui est de la programmation, ce
sont les comités régionaux qui ont formé une espèce
d'association de présidents, les présidents de ces divers
comités, qui doivent nous faire des recommandations quant aux
mécanismes à mettre en place pour permettre une intervention au
niveau de la programmation nationale. C'est ce que nous envisageons.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Peut-être le
faites-vous déjà, sinon, est-ce que vous avez envisagé de
pouvoir mettre à la disposition des étudiants, qu'ils soient de
niveau scolaire ou de niveau collégial, particulièrement ceux qui
ont des options en littérature, en communications, en
théâtre, durant certaines périodes de la semaine ou de la
journée, votre équipement et votre assistance technique pour que
cela devienne un lieu de formation pratique pour ces étudiants?
M. O'Neill: Nous l'avons fait. Nous le faisions jusqu'à il
y a quelques mois dans le cadre de ce que nous appelions le service des stages,
qui est un équipement qui nous avait été donné par
la France en vue d'un projet de coopération entre la France et le
Québec; cela s'appelait l'Atelier franco-québécois; nous y
tenions des séminaires ou des stages en initiation à
l'audiovisuel; c'était un équipement semi-professionnel et qui
pouvait donc être utilisé. Nous nous en sommes servis à
partir du moment où l'Atelier franco-québécois a
cessé d'exister pour devenir le service des stages, pour donner
exactement ce genre de stages aux étudiants en communications de
l'Université de Montréal et même de l'Université du
Québec, à des étudiants en littérature
également.
Cet équipement est maintenant désuet, ça fait
déjà 7 ou 8 ans qu'il est là, il est à peu
près fini et les sommes dont on aurait besoin pour le constituer
à nouveau, d'une part, et, d'autre part, les sommes requises pour le
fonctionnement de cet atelier, sont trop considérables pour que l'on
puisse continuer ce service, nous l'avons abandonné cette
année.
C'est un service qui n'a jamais pu faire ses frais...
Mme Lavoie-Roux: Non, évidemment, en éducation,
vous ne faites jamais vos frais.
M. O'Neill: Mais nous pouvions exiger des déboursés
aux universités et aux commissions scolaires pour les stages que nous
organisions pour leurs étudiants. Il n'y avait pas moyen d'en exiger
vraiment le coût entier. Ce qui nous reste maintenant, c'est notre
équipement professionnel et je pense que ce serait mal avisé de
permettre à des gens de se servir de cet équipement. D'ailleurs,
nos techniciens syndiqués ne le permettraient probablement pas.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous recevez quand même des
étudiants pour des stages, parce que ce n'est pas une classe ou un
groupe qui vient monter un programme? Est-ce que vous recevez
régulièrement des étudiants en stage qui peuvent profiter
du travail qui se fait à Radio-Québec?
M. O'Neill: Pas régulièrement. A l'occasion, nous
avons des gens qui viennent passer deux ou trois semaines chez nous pour suivre
une production, mais je ne peux pas dire que c'est régulier. C'est
vraiment occasionnel, on peut avoir, par exemple, une dizaine de personnes au
maximum dans une année.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous croyez, dans un monde où
on veut de plus en plus l'éducation, la formation et le travail
reliés l'un à l'autre, que ceci pourrait être
envisagé sur une base plus régulière?
M. O'Neill: Je pense que ce serait difficile, étant
donné les ressources techniques dont nous disposons, c'est vraiment
très limité. Nous n'avons que deux studios et nous avons besoin
de ces studios le jour pour produire les émissions que nous diffusons le
soir et il est très difficile d'en immobiliser un pour organiser des
stages. Nous ne sommes vraiment pas équipés pour ce genre de
service.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, dans l'esprit du ministre, ce serait
un projet qui peut être envisagé, sur une base assez
limitée au départ, mais qui, quand même, rendrait la
formation beaucoup plus intéressante et motivante pour les
étudiants. Il ne faut quand même pas oublier la raison
fondamentale de Radio-Québec, qui a une vocation éducative
très poussée, peut-être que c'est même sa
première vocation. Est-ce que vous envisageriez à moyen terme ce
genre de projet?
M. O'Neill: Je ne m'engagerais pas à moyen terme, mais je
pense bien que M. Labonté trouve en lui-même le projet
intéressant. C'est une voie à explorer. Je trouve une suggestion
extrêmement intéressante dans ce que vous dites.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Si j'ai bien compris, M. le Président, nous
allons adopter ce soir le programme 7?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
avons gardé M. Labonté avec nous, parce que nous avions l'espoir
d'adopter le programme 7.
M. Le Moignan: J'ai une simple question. Puisqu'on parle de
l'Opéra du Québec et que M. Labonté a mentionné que
c'était le même ministre qui porte les deux chapeaux, je
demanderais simplement au ministre s'il est en état de nous dire s'il
compte relancer l'Opéra du Québec? Comme sous-question, je ne lui
demande pas de répondre ce soir aux sous-questions. Quand? Quelle
formule? Quel budget? Qui en seront les responsables? Je lui demanderai de
répondre un oui ou un non. Je veux pas trop retarder nos travaux.
M. Guay: J'ai l'impression que le député de
Gaspé est amateur d'opéra.
M. O'Neill: Ce n'est pas un projet qu'on veut réaliser
dans l'immédiat. Il y a une de vos sous-questions qui est très
importante, lorsque vous parlez de l'Opéra du Québec, c'est la
question du budget.
M. Le Moignan: J'ai lu quelque chose dernièrement et il
semble que cela coûte très cher.
M. O'Neill: C'est le problème. Ce qui est, d'autre part,
intéressant à examiner comme formule, c'est la jonction qu'on
peut faire entre l'Opéra du Québec et la
télévision. Cela change tout à fait la portée.
Faites une seule représentation de l'Opéra du Québec, pour
une seule soirée, cela coûte très cher, mais on
évalue autrement le prix au moment où vous savez que cela devient
accessible à des centaines de milliers de spectateurs. En chiffres
absolus, cela ne diminue pas le prix, mais, au moins, vous avez le sentiment
qu'il y a beaucoup plus de gens qui profitent à ce moment-là des
sommes qui ont été investies.
Dans l'immédiat, c'est un dossier que nous gardons un petit peu
en veilleuse. Nous allons d'abord commencer par payer les dettes existantes de
l'Opéra du Québec et, ensuite, voir jusqu'à quel point il
serait possible d'effectuer un relancement, compte tenu des ressources que cela
demande et qui sont considérables. Remarquez que si on pouvait inventer
des formes d'opéras qui coûtent moins cher, on aurait
déjà trouvé la solution. Apparemment, ce n'est pas
facile.
M. Le Moignan: Nous allons en discuter à nouveau aux
Affaires culturelles.
M. O'Neill: Oui, on se reverra là-dessus aux Affaires
culturelles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière question qu'on me dit brève, le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'avais trois ou quatre questions sur les chiffres,
mais je vais en poser une seule.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
plusieurs fois la dernière question.
M. Paquette: Concernant l'élément 3 du programme 7,
on constate que le budget est réduit par rapport à l'an dernier
de $3,7 millions à $3,6 millions. Je trouve cela assez
refraîchissant de voir qu'on peut diminuer ce genre
d'élément dans les organismes publics ou parapublics. J'aimerais
demander au président-directeur général à quoi est
due cette réduction du secteur gestion interne et soutien. Est-ce par la
réduction de postes ou...
M. O'Neill: Cela est dû au fait que, en cours
d'année, l'année dernière, le Conseil du trésor
nous avait demandé de geler 22 postes. Nos postes ne sont pas tous des
postes permanents. Les montants d'argent qui devaient couvrir ces 22 postes, au
moment où le gel nous a été demandé, étaient
déjà dépensés, de telle sorte qu'on nous a
laissé les montants d'argent, bien sûr, puisqu'ils étaient
dépensés, mais il y a eu 22 postes soustraits de notre effectif,
ce qui explique la différence entre le budget de cette année et
celui de l'année dernière. On n'a pas d'argent pour ces 22
postes.
M. Paquette: Vous les aviez l'an dernier? M. O'Neill:
C'est cela.
M. Paquette: Mais les 22 postes n'ont jamais été
occupés?
M. O'Neill: C'est-à-dire que nous avions
dépensé l'argent de ces 22 postes et, au moment du gel, le
Conseil du trésor a dit: Très bien, on ne vous demandera pas de
nous remettre cet argent, mais vous allez perdre au moins ces 22 postes, vous
ne les avez pas pour l'année prochaine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 7, adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Il nous reste le programme 8.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die, jusqu'à un
prochain ordre de la Chambre.
(Fin de la séance à 23 h 22)