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Etude des crédits du ministère des
Communications
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre messieurs!
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont M.
Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Charron (Saint-Jacques), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)
remplaçant M. Chevrette (Joliette); M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Vaillancourt (Orford) remplaçant M. Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Guay
(Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Gendron
(Abitibi-Ouest) remplaçant M. Morin (Sauvé), M. O'Neill
(Chauveau), M. Paquette (Rosemont) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je voudrais aviser immédiatement les membres de la commission que
nous ajournerons nos travaux sine die à midi, selon une directive que
nous avons reçue. J'accorde immédiatement la parole au
député de L'Acadie.
Relations fédérales-provinciales
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Hier soir, quand
nous nous sommes quittés, nous avions commencé à aborder
la question des relations fédérales-provinciales dans le domaine
des communications, et nous étions à élaborer comment ou
selon quelles hypothèses, si le Québec était
indépendant ou si le Québec pour le moment restait à
l'intérieur de la fédération canadienne, le pouvoir
pourrait se répartir. Le ministre a mentionné qu'à son
point de vue il s'agissait dans ces relations d'une reconnaissance globale des
services techniques pour autant que les responsabilités du pouvoir
étaient concernées, si je l'ai bien compris. Je me demande s'il
pourrait nous donner des explications là-dessus et si, pour lui, c'est
strictement restreint à cette dimension des communications en ce qui a
trait au rôle que le fédéral pourra jouer. Là, je
pense qu'il faut peut-être se placer dans le contexte où on est
encore à l'intérieur du Canada, parce qu'il reste quand
même qu'on a comme objectif commun de vouloir améliorer tout ce
domaine des communications avec ce qui est possible à ce moment-ci.
M. O'Neill: M. le Président, on a utilisé
l'expression "reconnaissance d'un droit ou d'un exercice du pouvoir
fédéral dans le domaine technique", est-ce bien votre expression
qui a été employée?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: C'est cela. Je voulais simplement dire que pour tout
pays qui veut avoir le contrôle des moyens de communications, se pose le
problème d'en arriver, de toute façon, à faire des
arrangements avec d'autres pays.
On est dans un domaine de télécommunication où le
jeu des ondes ne respecte pas nécessairement les frontières
géographiques. Tout le monde connaît ce problème. Pensez,
par exemple, aux gens qui vivent en Estrie. Ils savent la difficulté
qu'ils ont le soir de capter même les émissions qui viennent de
chez eux dans le secteur de la radio à cause de la
pénétration des ondes venant du côté
américain.
Alors, je veux dire que, même en réclamant ici cette
compétence dans le domaine des communications, de façon plus
précise câblodistribution, radio et télévision, nous
n'ignorons pas qu'il faudrait évidemment des ententes pour régler
un certain nombre d'autres problèmes d'ordre technique qui se posent
tout comme vous l'avez dans le domaine du téléphone. Lorsque vous
avez un réseau téléphonique chez vous, si les gens veulent
téléphoner ailleurs, il faut assurer la jonction des
systèmes de communications. Je crois qu'il n'y a pas de
difficulté de ce côté. Devant les exigences techniques, il
y a des attitudes de bon sens qui s'imposent.
Je ferais un parallèle entre ce problème, au fond, et les
attitudes générales qu'on a adoptées dans le domaine
politique, c'est-à-dire que, chaque fois, vous pouvez toujours parler
d'indépendance, mais vous savez qu'en même temps vous devez parler
de relations, de collaboration avec les autres groupes. C'est un aspect.
Pour ce qui est de l'aménagement intérieur à savoir
qui doit, par exemple, avoir des permis dans le domaine de la radio et de la
télévision, comment s'utiliseront ces permis, quel genre de
programmation, etc., il me semble que tout cela doit logiquement et normalement
relever du gouvernement du Québec.
Je trouve qu'actuellement, il y a des problèmes qui se
débattent au CRTC qu'on trouverait plus facilement leur solution ici
parce que les gens pour des programmations locales dans certaines
régions... Je crois que nous connaissons cela quand même beaucoup
mieux... et les gens vont débattre cela à Ottawa. Je crois que la
logique même, surtout que l'on sait que cela touche le domaine culturel,
est que cela relève du Québec, et, en passant, à
l'intérieur même du cadre actuel général dont vous
avez parlé tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-ci, M. le ministre,
reconnaissez-vous quand même le rôle du gouvernement canadien
vis-à-vis de la société Radio-Canada? Quel est votre point
de vue là-dessus? Il y a quand même à l'intérieur de
Radio-Canada des programmes de nature culturelle et reconnaissez-vous à
l'Etat fédéral un certain rôle au plan national sur...?
M. O'Neill: C'est-à-dire que je le reconnais dans les
faits.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Je reconnais que c'est comme cela que ça se
passe et je ne dis pas que, parce que cela relève d'une juridiction
fédérale, tout est mal fait. Ce n'est pas ce que je veux
dire.
Il est sûr d'ailleurs qu'il y a une fonction de suppléance
qui a été exercée pendant un certain nombre
d'années, mais l'état de fait, l'existence même de ce
réseau n'implique pas que parfois cela doive nécessairement
continuer ainsi.
Quand vous dites reconnaître, je reconnais que c'est ainsi que
cela s'est passé, mais au moment, évidemment, où vous
dites que les provinces doivent avoir pleine compétence reconnue en
matière de radio et de télévision ou de câble, etc.,
il faut voir de quelle façon cela peut s'aménager. Il s'agit de
trouver des...
On en a trouvé des aménagements. On en a dans des domaines
où actuellement ce sont avant tout les provinces qui exercent leur
compétence. Prenez l'éducation en général.
Là aussi quand même, il y a des arrangements.
Je signalais d'ailleurs hier qu'à ce point de vue le
Québec ne se refuse pas à des arrangements. Il veut des
arrangements qui ont du bon sens.
Donc, pour ce qui est du domaine de la société
Radio-Canada, il peut y avoir des formules à prévoir à un
certain moment qui font que, tout à coup, ceci puisse relever d'une
compétence du Québec.
Mme Lavoie-Roux: La dernière question que je voudrais
poser au ministre est la suivante: Hier, il faisait appel à la
collaboration des partis de l'Opposition pour défendre une position qui
avait été celle prise par le ministre (qui l'a
précédé et par le gouvernement précédent.
Ces exigences du fédéral, en matière de communications,
vont-elles au-delà de ce qui avait été exprimé par
le ministre de l'époque et avec lequel d'ailleurs je suis d'accord? Cela
va-t-il au-delà de ça et, si oui, peut-il expliciter
jusqu'où il l'envisage toujours dans le contexte canadien dans lequel on
continue de vivre pour le moment de toute façon?
M. O'Neill: A ma connaissance, dans les faits on va
vérifier cela les discussions ont porté
antérieurement surtout sur un secteur particulier. Cela a
été le secteur de la câblodistribution. La discussion a
porté là-dessus. Il y a eu également des discussions qui
ont porté sur la façon de procéder de Radio-Canada. Je ne
me rappelle pas avoir vu de texte. On a dit: Vous allez en même temps
nous donner la direction ou le contrôle de Radio-Canada. C'était
la façon de procéder surtout dans le plan de
développement.
Dans une optique qui est la nôtre, en poussant ce raisonnement
jusqu'au bout, en ce sens, oui, nous allons plus loin. C'est sûr.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: Mais en allant plus loin, cela ne veut pas dire
encore une fois que cela obéit à une logique politique
différente. Cela veut dire que, peut-être dans notre façon
globale de voir le problème politique, il devient un peu normal que nous
allions plus loin dans nos énoncés, mais je pense que c'est
exactement la même ligne de pensée qui est suivie.
En somme, pour nous, le débat qui a porté surtout sur des
problèmes de câblodistribution et qui porte encore
là-dessus dans les faits peut être poursuivi plus loin.
Pour ce qui est des formules d'application, évidemment, il y a
deux hypothèses, selon que vous demeurez dans l'Etat
fédéral actuel, pour ceux qui croient que c'est bon, on pourrait
trouver des formules dans ce sens j'imagine, et l'autre, dans le cas d'une
indépendance, le débat trouve vite son dénouement,
c'est-à-dire que vous êtes dans la situation d'un pays
indépendant qui évidemment a le contrôle naturel ou normal
sur ce moyen de communication.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'où prévoiriez-vous aller
dans le contexte actuel, parce que vous avez laissé entendre que votre
position, si j'ai bien compris, même dans le contexte
fédéral, irait plus loin que celle qui avait été
mise de l'avant, même si elle est dans la même ligne de
pensée au départ?
M. O'Neill: II est difficile de répondre à cette
question parce qu'au fond, dans le moment, nous allons très peu loin.
C'est finalement un débat qui est bloqué. Si vous dites
jusqu'où au plan des objectifs ou jusqu'où au plan des
modalités... Pour ce qui est des modalités, c'est
évidemment à rechercher, à mettre au point.
Il y avait déjà une modalité recherchée au
moment où le ministère a proposé à la
société Radio-Canada, par exemple, d'être partie prenante
dans son programme de développement dans chacune des régions du
territoire québécois.
Au plan de ce que j'appellerais une étude de principe, nous
allons, à ce point de vue d'ailleurs, vous l'avez dans le
programme du Parti québécois; il est évident que, dans ce
sens, je pense que cela dépasse ce qui était revendiqué
antérieurement vers un rapatriement, je ne parle même pas
ici de revendications, d'une compétence normale d'un pays
indépendant sur les moyens de communication. C'est l'objectif.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus facile à définir dans
cette hypothèse, mais il reste que c'est dans un vécu quotidien
qu'on continue de vivre.
M. O'Neill: A ce moment, le problème n'est plus le
nôtre. C'est le problème des fédéralistes.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous gouvernez la province quand même
à ce moment-ci.
M. O'Neill: Je sais, mais quel est le niveau, le degré
d'élasticité du fédéralisme? Est-ce qu'il est tel
qu'il permettait tout à coup, à un moment donné, ce
rapatriement du secteur des communications sous la compétence du
Québec? Si cela
peut aller jusque-là, cela peut être fort
Intéressant. De la façon que les choses, actuellement, se
déroulent, non seulement on est loin de cet objectif, mais on semblerait
même plutôt s'en aller dans une direction inverse.
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser la parole à d'autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Taschereau.
M. Guay: J'ai entendu hier, avec beaucoup d'intérêt,
mon bon ami le député de Gaspé demander au gouvernement
d'aller rencontrer les autorités du gouvernement fédéral
dans le but d'en arriver à une entente dans le domaine des
communications. J'ai apprécié la candeur avec laquelle le
député de Gaspé a fait cette proposition. Il serait
peut-être opportun de rappeler que ce dossier n'est pas nouveau, qu'il
n'est pas arrivé hier sur la table et qu'en fait, des rencontres avec
les autres gouvernements, dont le gouvernement du Canada, il y en a eu
amplement dans le passé.
J'ai fait un bref relevé de ce qui s'est fait dans ce domaine. Il
y a eu, entre 1972 et 1976, donc en quatre ans, six conférences
interprovinciales qui se sont tenues à l'un ou l'autre endroit au
Canada, dont la première qui a eu lieu à Québec. Ces six
conférences interprovinciales ont permis d'abord de faire
connaître aux autres provinces la position du gouvernement du
Québec d'alors, celle qui est contenue dans ce document que tout le
monde connaît: "Le Québec, maître d'oeuvre de la politique
des communications sur son territoire", document qui avait été
approuvé par le conseil des ministres de l'ancien gouvernement à
la proposition de l'ancien ministre des Communications. Il y a donc eu un
effort de sensibilisation. Le jeu de l'interprovincialisme a été
joué à fond. Les autres provinces ont été
sensibilisées aux revendications du Québec et il y a eu, tant
bien que mal, avec beaucoup de zones grises et un vocabulaire qu'il ne fallait
pas modifier d'un iota ou d'une virgule, dans certains cas, parce que tout
l'échafaudage s'effondrait, mais il y a eu un consensus interprovincial
d'établi qui a duré le temps que durent ces consensus au sein de
la fédération canadienne, lorsque les choses reprennent leur
place normale, c'est-à-dire que les intérêts des provinces
anglophones vont d'un côté et ceux du Québec vont de
l'autre côté. Il y a eu, durant la même période, deux
conférences fédérales-provinciales. La deuxième
s'est déroulée en deux temps; donc, en pratique, on peut
même dire qu'il y en a eu trois. Il y a eu aussi une quantité
énorme de rencontres au niveau des fonctionnaires pour préparer
ces conférences; il y a eu un tas de rencontres bilatérales, que
ce soit entre des provinces, entre Ottawa et des provinces ou entre Ottawa et
Québec, et tout cela, pour arriver à l'issue, à la
deuxième conférence fédérale-provinciale qui, comme
je le disais, s'est déroulée en deux temps.
A cause d'une ambiguïté qui s'était glissée
alors dans un texte de présentation qui avait été lu au
nom des provinces par le ministre des Communications de l'époque de
l'Ontario, le gouvernement fédéral avait accepté, dans un
premier temps, à la première partie de la conférence
fédérale-provinciale, de discuter du rôle et des
responsabilités des deux niveaux de gouvernement dans le domaine des
communications. Cela a duré deux jours. Le ministre
fédéral des Communications de l'époque avait compris qu'au
terme de cette discussion, l'affaire serait classée et que nous
passerions à la création de ce qui lui tenait à coeur, le
comité ministériel fédéral-provincial sur les
communications. C'est l'attitude habituelle que le gouvernement
fédéral a, non seulement dans le domaine des communications, mais
dans bien d'autres domaines, celle de créer des comités
ministériels qui regroupent les ministres des onze gouvernements. Cela
permet au fédéral de dire à l'opinion publique qu'il a
consulté les provinces et cela permet ensuite au fédéral,
après avoir consulté parce qu'un rôle consultatif,
ce n'est que consultatif, et non pas décisionnel d'aller de
l'avant avec la politique qu'il avait, de toute façon, en tête
à l'origine, mais avec la caution morale d'avoir au moins
consulté les provinces.
Or, telle n'était pas l'intention des provinces à ce
moment-là. Il y a donc eu cette ambiguïté qui a fait que,
pour s'en sortir, le ministre fédéral pensait qu'on allait
créer ce comité et les provinces disaient: Non, tant qu'on n'a
pas réglé la question des rôles et responsabilités,
il n'y a pas de comité.
Il y a donc eu, non pas un comité ministériel, mais une
rencontre des fonctionnaires à l'issue de la première partie de
la deuxième conférence fédérale-provinciale, une
rencontre des fonctionnaires qui ont exploré les trois domaines en
litige, soit celui des télécommunications, où il est
anormal que le Québec n'ait pas le contrôle de la principale
société de télécommunications sur son territoire
qui est Bell Canada, le domaine de la radiotélévision, où
il est anormal que le Québec n'ait pas le contrôle de cet outil
fondamental de façonnement de sa société et
d'épanouissement et de développement culturel qu'est la
radiotélévision, et la câblodistribution qui, par
définition, est un domaine intraprovincial puisqu'un câble peut
être parfaitement circonscrit dans les limites géographiques d'une
province tout comme un câble téléphonique.
C'est précisément le même raisonnement qui a
prévalu lors de la décision de 1932 du Conseil privé, qui
a donné les radiocommunications au gouvernement fédéral. A
cette époque, on avait dit: Le spectre des fréquences ne peut pas
être circonscrit à l'intérieur des frontières d'une
province. Cela déborde les frontières d'une province, cela
déborde même les frontières des pays. En
conséquence, c'est fédéral.
Le même raisonnement, à l'encontre, vaut pour la
câblodistribution, c'est-à-dire que, puisqu'on peut le
circonscrire à l'intérieur des limites d'une province, il est
donc logique, élémentaire, que ce soit de compétence
provinciale. Les fonctionnaires se sont réunis afin de trouver un
terrain d'entente. Le gouvernement fédéral nous a
opposé sa même salade qu'il nous avait opposée tout au long
des discussions, c'est-à-dire que ce que nous demandions était
d'ordre constitutionnel, ce qui est faux, a priori, en tout cas, et que,
conséquemment, cela ne relevait pas d'une conférence des
ministres des Communications, mais bel et bien d'une conférence des
premiers ministres. Il est éminemment contestable, en particulier dans
le domaine des télécommunications, que ce que nous revendiquions
et que ce que nous revendiquons toujours, qui est le contrôle par le
Québec des activités de Bell Canada sur son territoire, est
d'ordre constitutionnel. J'en veux à titre d'exemple le seul fait que
Bell Canada, qui était directement propriétaire d'un certain
nombre d'installations au Labrador, provisoirement terreneuvien, a
cédé donc ces installations-là étaient sous
juridiction fédérale par le fait même, puisque
c'était Bell a vendu ces installations à la compagnie
Newfoundland Telephone, filiale de Bell Canada, mais sous juridiction
provinciale terreneuvienne, de la même façon que
Télébec ou Téléphone du Nord, ici, sont de
juridiction provinciale, tout en étant des filiales de Bell. Il n'y a
pas eu de modification au British North America Act par le fait même. La
question constitutionnelle n'a pas été soulevée. Cela n'a
rien à voir. Mais le gouvernement fédéral se retranchait
systématiquement derrière cet argument faux que c'était
d'ordre constitutionnel. Si bien que, lors de la deuxième partie de la
conférence fédérale-provinciale, le fédéral
a finalement dévoilé ses couleurs, dans le texte de M. Pelletier,
à l'époque, qui était une fin de non-recevoir polie, mais
sans plus. On nous disait à peu près ceci: Ecoutez. Les
provinces, vous vous êtes réunies, cela fait à peu
près cinq ou six fois que vous vous voyez ensemble et que le
fédéral n'était pas partie à ces discussions. Vous
êtes arrivées avec un front commun qui est à la fois peu
pratique, irréaliste et anticonstitutionnel. Le fait qu'il soit
irréaliste, c'est une question d'opinion, le fait qu'il soit peu
pratique est également une question d'opinion, le fait qu'il soit non
constitutionnel, cela demande à être vérifié. La
teneur des propos de M. Pelletier était à peu près la
suivante. Nous, du gouvernement fédéral, on a des choses
sérieuses à faire dans le domaine des communications. Là,
on vous a assez vues. On vous a entendues on sait ce que vous revendiquez. Il
n'en est pas question. Vous nous cassez les pieds. Si c'est pour être
comme cela, on va rentrer chacun chez soi.
Dans ces circonstances, le ministre des Communications de
l'époque avait cru opportun de se retirer de la conférence
fédérale-provinciale et d'annoncer que le gouvernement du
Québec d'alors et je ne vois pas pourquoi on changerait
d'idée à ce sujet ne participerait pas au comité
ministériel fédéral-provincial qui a effectivement
été créé, parce qu'à partir du moment
où le gouvernement fédéral a cogné sur la table, a
donné le coup de poing sur la table pour dire: Cela suffit, un peu comme
le disait le ministre des Finances, il a sifflé la fin de la
récréation pour les provinces, à partir de ce
moment-là, les provinces anglophones se sont mises au pas. Elles se sont
rangées. Elles ont vite perçu que leur gouvernement national
à elles avait donc décidé ce qui allait être et
elles ont conséquemment décidé de participer au
comité fédéral-provincial ministériel qui s'est
réuni pour la première fois à Edmonton récemment,
donc une couple d'années plus tard. Le Québec, à ce
moment-là, avait décidé qu'il n'était pas question
qu'il y participe, parce que le gouvernement fédéral refusait de
discuter de la question fondamentale qui est le partage des rôles et
responsabilités des deux niveaux de gouvernement, et parce qu'il faisait
de toute la question une question constitutionnelle. Il avait été
dit à M. Pelletier à l'époque: Ecoutez. Si vous pensez
vraiment que c'est constitutionnel, au moins parlons-en.
Si on voit, au cours des pourparlers sur les trois champs que j'ai
mentionnés, télécommunications,
radio-télévision et câblodistribution, si on
s'aperçoit qu'effectivement, c'est constitutionnel, mon Dieu, on en
référera aux premiers ministres des provinces et du gouvernement
fédéral qui pourront statuer, lors d'une conférence
à ce sujet-là.
M. Pelletier nous disait: Bien non, ce n'est pas si simple que
cela. Il faut d'abord que les premiers ministres nous donnent un mandat. Les
premiers ministres ne vont pas se saisir d'un dossier aussi complexe que celui
des communications du jour au lendemain, sans qu'un déblayage ait
été fait, sans qu'on ait quand même épluché
la matière au niveau des ministres compétents.
Non, il n'y a rien à faire. Je suis allé à un
mandat des premiers ministres et ils ne voulaient rien savoir. Il
n'était pas question de discuter de cela avant d'avoir un mandat et il
nous a bien dit, de toute façon, c'est dans son texte: "N'entretenez
aucune illusion quant aux possibilités qu'à une conférence
des premiers ministres, d'ordre constitutionnel, que vous puissiez obtenir ce
que vous revendiquez".
C'était une fin de non-recevoir au niveau des ministres des
communications et on annonçait une fin de non-recevoir au cas où,
effectivement, cela aurait été au niveau des premiers ministres.
Inutile de vous dire que cette position qui était celle
énoncée par M. Pelletier, était, en fait, celle du premier
ministre fédéral, M. Trudeau, dont on connaît la souplesse
proverbiale et légendaire.
M. Trudeau avait d'ailleurs déclaré, à cette
époque, à la Chambre des communes qu'il n'était pas
question pour le gouvernement fédéral, d'abandonner des champs de
compétence aux gouvernements provinciaux. Aller en chercher, ils sont
toujours d'accord, et Dieu sait qu'ils le font allègrement avec le
pouvoir de dépenser, mais en céder, même quand c'est dans
la logique même des choses, il n'en est pas question.
Tout cela pour dire que lorsqu'on arrive et qu'on dit: Ecoutez, vous
devriez aller négocier avec Ottawa, je vous réponds: II y a eu
des négociations, il y en a eu "à mort", des négociations.
Le jeu de lïnterprovincialisme a été joué "au coton".
Le jeu des relations fédérales-provinciales a été
joué jusqu'à épuisement et on s'aperçoit, à
l'issue de ce scénario, que nous ne sommes pas plus avancés. Je
doute fort qu'on soit plus avancé
à quelque moment que ce soit, à moins que le Québec
ne devienne un Etat souverain.
Je dis cela pour l'excellente raison que la raison fondamentale pour
laquelle le gouvernement fédéral ne veut rien céder dans
le domaine des communications, cela vient de la perception qu'il se fait
lui-même de son rôle, que M. Trudeau se fait du rôle du
gouvernement du Canada, à l'heure actuelle.
Selon que l'on perçoit le gouvernement fédéral
comme étant le gouvernement national des francophones et des anglophones
au Canada et c'est la thèse de M. Trudeau, d'où la
politique de bilinguisme de comptoir qui a coûté très cher
et qui n'a rien donné, mais en tout cas c'est la thèse de
M. Trudeau. Le gouvernement national des francophones, d'un océan
à l'autre, comme des anglophones, d'un océan à l'autre,
c'est le gouvernement d'Ottawa.
A partir de là, comme dans n'importe quelle
société, il est logique que les communications relèvent de
l'autorité nationale. A partir du moment où des gouvernements du
Québec, le nôtre ou, si je me fie à cela, en tout cas, le
précédent, dans ce domaine, disent: le gouvernement national des
Québécois, c'est le gouvernement du Québec. Cela
n'implique aucune conclusion quant à la présence ou la
non-présence du Québec dans la fédération. Cela
implique que le gouvernement du Québec est un gouvernement national
parce qu'il est perçu comme tel par la population du Québec et
parce que cela correspond à la logique des choses.
A partir de ce moment-là, c'est ce gouvernement, parce qu'il est
le gouvernement national des Québécois, qui doit avoir les
responsabilités dans le domaine des communications. Il y a donc deux
thèses foncièrement différentes sur le rôle du
Québec, à l'intérieur ou à l'extérieur de la
fédération, qui sont mises en cause dans le débat des
communications. Il n'y a pas que le débat de savoir: Je vous donne ceci
et tu me donnes cela. C'est un débat beaucoup plus profond.
Quel est le gouvernement national des Québécois? A partir
du moment où le gouvernement fédéral dit: C'est moi, il
nie, par le fait même la légitimité nationale du
gouvernement du Québec, quel que soit le parti au pouvoir. A partir du
moment où c'est le gouvernement du Québec qui dit: Dans le
domaine des communications, le gouvernement national, c'est le gouvernement du
Québec, il se trouve à dire que le gouvernement
fédéral existe peut-être, mais que ce n'est pas à
lui d'avoir la première responsabilité dans le domaine des
communications sur le territoire du Québec.
C'est ce qui explique que les neuf provinces anglophones qui
perçoivent le gouvernement fédéral comme étant leur
gouvernement national, se soient rangées, dès que M. Pelletier a
"cogné" sur la table, au nom de M. Trudeau. C'est ce qui explique que le
gouvernement du Québec ne s'est pas rangé à ce
moment-là et qu'il n'a aucunement l'intention de se ranger, à
moins d'abandonner toute velléité d'être le gouvernement
national qu'il doit être et de devenir, par le fait même une simple
succursale administrative régionale du gouvernement
fédéral canadien.
Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que le premier ministre du
Québec d'alors, M. Bourassa, avait bien dit et je cite le texte, pour ne
pas me tromper: "Dans les questions culturelles, les centres de décision
dont nous avons besoin pour notre propre sécurité culturelle
devront être transférés, notamment dans le secteur des
communications.
Encore là, c'est une simple question de bon sens, puisqu'on ne
peut pas confier à une majorité anglophone le soin d'assurer la
sécurité culturelle d'une minorité francophone.
C'est cette même logique qui prévaut aujourd'hui, tant
qu'on est à l'intérieur de la fédération. C'est
évident que la solution idéale, pour nous et pour un nombre
croissant de Québécois, c'est l'indépendance du
Québec, la souveraineté du Québec, parce que, dans le
domaine des communications, on n'aura jamais la compétence, tant et
aussi longtemps qu'on restera dans la fédération canadienne,
parce qu'il y a un conflit fondamental, quant à la perception que l'on
se fait du rôle du Québec, de la place du Québec en soi, et
à l'intérieur ou à l'extérieur de cette
fédération.
La fin de non-recevoir qu'a servie le gouvernement fédéral
est telle que ce n'est pas au Québec, aujourd'hui, à aller faire
des propositions au gouvernement fédéral. Le Québec a fait
des propositions au gouvernement fédéral, elles sont contenues
là-dedans. Il en a fait par lui-même, il en a fait, de concert
avec les neuf autres provinces du Canada. Le gouvernement fédéral
nous a dit non. Sur toute la ligne, c'est non. Je ne veux rien savoir, vous
n'aurez rien.
Comment voulez-vous négocier avec des gens qui vous disent: Ce
qui est à moi est à moi et ce qui est à vous est
négociable? Ce n'est pas possible. A partir de là, c'est au
gouvernement fédéral, à l'heure actuelle, à faire
des propositions au gouvernement du Québec si, vraiment, Mme
Sauvé a non seulement un grand coeur, comme on l'a dit hier, mais un
esprit ouvert, ce dont je doute, compte tenu de la nature de son patron et du
régime en place.
En tout cas, je voulais faire ces précisions, parce que je pense
qu'il est important que l'on perçoive bien que ce n'est pas quelque
chose qui est arrivé du jour au lendemain. Le domaine des communications
est un domaine autour duquel il y a eu unanimité dans le passé,
alors que c'était l'ancien gouvernement qui était au pouvoir.
Quand nous étions dans l'Opposition, nous avons appuyé les
revendications de l'ancien gouvernement, l'Union nationale, à
l'époque, a appuyé les revendications de l'ancien gouvernement.
C'est une question sur laquelle il y avait et j'espère qu'il y a
toujours unanimité des partis à l'Assemblée
nationale, parce que c'est une question qui est fondamentale pour l'avenir du
Québec, quel que soit le statut constitutionnel de notre Etat.
M. le Président, je peux passer la parole au député
de Vanier qui, je pense, voudrait peut-être...
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Pour m'assurer de la pertinence du débat
à ce stade-ci, j'aurais voulu poser une question à Mme le
député de L'Acadie. Est-ce que je vous interprète bien en
croyant que vous ressentiriez une certaine inquiétude devant une
tendance qu'aurait le Québec à trop revendiquer?
Pour reprendre la question autrement, est-ce que vous seriez
plutôt favorable à ce que, simplement, on cède en ce
domaine? Ou seriez-vous plutôt favorable à ce que le gouvernement
actuel continue, tout au moins, la politique du gouvernement
précédent? Non seulement, nous voulons la continuer, mais nous
voulons la pousser jusqu'au bout de sa logique.
J'aimerais que vous nous éclairiez là-dessus, parce que je
trouve que cela nous donnerait une meilleure idée de la pertinence de ce
débat. La question, à mon avis, est majeure. Si, en fait, nous
sommes d'accord sur le fond du problème, sur la légitimité
des revendications sur les droits du Québec et que nous ne divergeons
d'opinions que sur des petites modalités, je crois qu'à ce
moment-là, le problème devient plutôt simple.
Si nous n'étions pas d'accord sur le fond du problème et
que l'Opposition actuelle serait en train de s'éloigner de la position
du gouvernement précédent, en matière de
souveraineté culturelle, j'estime que cela deviendrait beaucoup plus
grave comme problème. Je vous laisse la parole, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, j'avais cru,
du moins, dans mon intervention précédente, avoir dit que
j'étais d'accord avec la position qui avait été
défendue par le gouvernement précédent. Je n'ai
peut-être pas été claire si le ministre croit que j'aie pu
laisser entendre qu'il fallait maintenant céder et faire marche
arrière. Je pense que ce n'est pas du tout cela.
Au contraire. Ma préoccupation oublions
l'indépendance pour un moment est que nous vivons à
l'intérieur de la confédération et on se dit: II y a un
dossier qui bloque. Comme vous l'avez mentionné, il semble que, dans le
passé, en tout cas, il y a eu au moins, au niveau de certaines
revendications, un consensus des partis de l'Opposition avec le gouvernement
qui était au pouvoir à ce moment. Là-dessus, je ne
voudrais pas qu'il y ait de confusion, ceci demeure, mais on a assisté,
depuis le 15 novembre, enfin dans les mois qui ont suivi, à ce qui
m'apparaît comme un durcissement de la part du gouvernement du
Québec de sa position vis-à-vis des négociations
possibles.
Evidemment, on a fait beaucoup état du fait que vous
n'étiez pas présent à telle conférence
fédérale-provinciale. Enfin, je n'ai pas à juger des
gestes du ministre, qu'il a expliqués à ce moment, mais il reste
que, pour faire avancer un dossier, il faut quand même au moins accepter
es ouvertures qui sont faites et aller de nouveau faire valoir ce point de vue
que nous acceptons. Si vous voulez aller plus loin, cela vous regarde, mais je
pense que ce n'est pas dans une attitude de fermeture qu'on peut faire avancer
la négociation. C'est vraiment dans cet esprit que je posais les
questions.
Où va-t-on à partir d'ici? Où le gouvernement
entend-il aller à partir d'ici? Veut-il au moins continuer d'avoir cet
esprit d'ouverture, de tenter de négocier? Peut-être que sa
position peut être différente dans la négociation,
c'est-à-dire son pouvoir de marchandage est peut-être plus fort
dans une négociation possible avec le fédéral dans ce
dossier. Je ne suis pas sûre qu'il l'exerce, parce qu'il se retranche
là aussi, c'est une opinion dans une attitude qui dit:
Non, c'est le fédéral qui doit nous faire une ouverture. Je pense
que le député de Taschereau a dit: Nous attendons ses offres. Ce
n'est pas exactement ce que vous avez dit, mais ce que vous avez laissé
entendre.
Il y a quand même eu une ouverture qui n'était pas, selon
votre jugement, bonne, de la part du fédéral. Peut-être
que, là-dessus, je suis d'accord, dans le sens que ce qu'on proposait
n'était peut-être pas satisfaisant, mais il faut quand même
aller s'asseoir pour faire avancer un dossier. On a assez vécu tout le
monde, chacun dans son domaine, la négociation pour savoir que, tant
qu'on reste chacun chez soi, il n'y a rien qui avance. C'est dans cet esprit.
Puisque vous vous dites d'accord sur ce qui avait été
déposé par le gouvernement précédent et que vous
voulez continuer dans ce cheminement, peut-être le conduire plus loin, il
faudrait au moins continuer de travailler et essayer de le faire
débloquer.
On n'a pas eu la preuve que le gouvernement, jusqu'ici, a utilisé
les ouvertures qui lui étaient faites pour tenter de faire avancer le
dossier. Même si j'ai beaucoup apprécié l'exposé
du...
M. Guay: Puis-je vous interrompre, juste une seconde?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Guay: J'aimerais bien savoir de quelle ouverture vous faites
état.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, cette conférence
fédérale-provinciales qui avait été...
M. Guay: Ce n'était pas une conférence
fédérale-provinciale, c'était une réunion du
comité ministériel qui avait été
créé...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Guay: ...à la fin de la deuxième
conférence fédérale-provinciale et à laquelle le
Québec avait annoncé qu'il ne participerait pas, parce que le
gouvernement fédéral se refusait de discuter de la question
fondamentale et il refuse toujours, à ma connaissance, d'en discuter. Il
n'y a pas eu d'ouverture de ce côté, en tout cas.
Une Voix: II aurait pu aller là.
Mme Lavoie-Roux: II reste quand même qu'un nouveau
gouvernement aille réitérer la position du Québec
là-dessus et essayer de faire avancer le dossier, c'était au
moins une ouverture. Elle n'était peut-être pas grande, je suis
prête à l'admettre avec vous, mais on est resté à
Québec et je ne suis pas sûre qu'on n'envisage pas les choses
comme ne pouvant pas déboucher de toute façon, parce qu'on s'en
va dans deux directions tout à fait opposées, d'un
côté un gouvernement qui va vers l'indépendance et, de
l'autre côté, un gouvernement qui, lui aussi, il faut bien
l'admettre, pour le moment, semble rester sur ses positions. A quel moment les
gens vont-ils se rencontrer? Je pense que chacun d'entre nous, ici à
cette table, dans la mesure de ses moyens, doit essayer de travailler pour
faire avancer cela.
Si on arrive devant l'évidence qu'il y a mauvaise volonté
de la part du gouvernement fédéral, peut-être que la
collaboration à laquelle le ministre a fait allusion, à ce
moment, pourrait être envisagée, mais d'ici à ce qu'on ait
posé ces premiers gestes, cela me semble difficile de dire: On a
vraiment exploré, même si l'ouverture est très petite, les
possibilités qu'il y avait de rouvrir le dialogue.
M. O'Neill: Seulement un petit commentaire. Je crois, M. le
Président, que le problème, la difficulté vient un peu du
fait de l'image qu'on se fait actuellement du gouvernement
fédéral.
Je veux dire qu'au fond, ce que le Québec veut et ce que le
Québec ne veut pas simplement aujourd'hui et ce que le Québec,
quand on regarde dans le passé a toujours voulu, c'est un échange
d'égal à égal. Ce qui me semble un peu transpercer ou
transparaître à travers vos propos, c'est une conception selon
laquelle les règles du jeu finalement seraient établies par un
gouvernement qui, en soi, serait supérieur et qui pourrait, pour prendre
les expressions du hockey, contrôler tout le temps la rondelle...
Mme Lavoie-Roux: C'est une déduction que...
M. O'Neill: ...ce qui met toujours un gouvernement comme celui du
Québec quasiment sur la défensive, non pas simplement en
matière de communications, en matière de culture, en
matière d'aide aux universités, dans beaucoup de domaines. Or,
nous croyons que, même à l'intérieur d'une conception dite
fédéraliste, on devrait admettre des types de rapports qui soient
différents de ceux-là. Je crois que c'est cela actuellement qui
rend ses chances difficiles.
Le simple fait que, dans un projet de loi comme celui qui a
été déposé à Ottawa, on affirme au
départ, n'est-ce pas, le pouvoir complet d'Ottawa dans le domaine des
télécommunications, si vous voulez, cela fait, à ce
moment, un dialogue extrêmement compliqué, c'est-à-dire
qu'on nous place au départ dans une situation
d'infériorité. On nous parle d'une délégation de
pouvoirs.
Pour un gouvernement qui estime avoir la mission de représenter
la nation québécoise et en être son premier porte-parole,
à ce moment, l'impasse devient complète, d'une façon.
C'est qu'il faut définir autrement les règles du jeu, accepter
qu'elles soient définies autrement. Encore une fois, cela ne se produit
pas simplement dans ce secteur-ci, mais également dans d'autres
domaines. Je pense qu'il y aurait peut-être lieu de réexaminer un
peu la conception qu'on peut se faire ici d'un gouvernement central à
l'intérieur d'un système dit fédéral.
Précisément parce qu'on n'examine pas cela et qu'au fond on
semble véhiculer une conception unitaire du pouvoir
fédéral, on en arrive à une impasse et je dirais qu'on
légitimise, on apporte un argument de plus à ceux qui croient que
la seule solution, c'est, comme nous le croyons d'ailleurs,
l'indépendance du Québec.
Je crois qu'il y a encore une fois une conception d'unitarisme
appelons cela comme cela au niveau fédéral qui
actuellement oblige en un sens les Québécois à rechercher
cette solution qui est celle que nous leur proposons.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais
répéter au ministre des Affaires culturelles ce que j'ai
suggéré. Ce n'est pas d'aller à Ottawa dans un sens de
soumission. Je pense que, quand on suggère qu'il soit présent
à ces discussions, c'est pour qu'il fasse valoir le point de vue du
Québec et je pense que le ministre précédent avait
demandé non seulement des délégations de pouvoirs, mais il
avait demandé que des pouvoirs soient remis en propre au Québec.
Nous sommes d'accord sur cela, mais, d'autre part, je pense qu'il reconnaissait
également que certains pouvoirs devaient demeurer du ressort
fédéral. C'est peut-être là qu'arrive un peu le
noeud du problème. Dans quelle mesure le gouvernement actuel pense-t-il
qu'il puisse y avoir, non pas une délégation de pouvoir, mais une
répartition d'exercice de pouvoirs réels par chacun des niveaux
de gouvernement?
Là-dessus, je ne suis pas sûre qu'on soit prêt
à faire cette négociation, pour savoir quels pouvoirs
réels et non pas délégation d'exercice de pouvoirs peuvent
être remis à chacun des deux paliers de gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais me rattacher
à l'intervention fort positive que vient de faire le
député de L'Acadie et aussi à l'intervention de mon
collègue de Taschereau qui, tantôt, a quand même
tracé un bilan assez complet des relations
fédérales-provinciales au cours des dernières
années dans le secteur des communications et aussi à
l'intervention du ministre des Communications, hier soir, en fin de
séance, au moment où il soulignait la nécessité,
dans le secteur des communications, d'où il semble assez
étrangement je pense que c'est heureux se dégager,
chez tous les partis, que ce soit du côté ministériel ou de
l'Opposition, un consensus au niveau des objectifs a poursuivre dans le secteur
des communications.
Ce qui est intéressant de noter, c'est qu'il y a vraiment une
continuité qui s'est établie, d'un gouvernement à l'autre,
que ce soit de l'Union Nationale au Parti libéral et au Parti
québécois, qui s'est établie dans les revendications
effectuées par le gouvernement québécois en ce qui touche
les matières de communications.
Même si les moyens que les uns et les autres pouvaient utiliser,
parce que, comme on dit souvent en politique, les circonstances nous obligent
très souvent à des attitudes qui sont différentes d'un
mois à l'autre, et d'une année à l'autre, il en demeure
toujours que sur le fond et sur l'essentiel de la démarche du
gouvernement du Québec, il y a toujours eu accord, sauf qu'à
l'heure actuelle, on est placé devant une situation de fait qui
contredit tous les efforts des différents gouvernements
québécois au cours des dernières années, visant
à récupérer, ou en partie, ou en totalité
là, cela variait selon les programmes politiques la juridiction
en matière de communication. Ceux qui étaient un peu plus
portés vers le système fédéral, disaient: Puisque
le fédéralisme, c'est le partage des souverainetés, il est
donc un petit peu normal qu'il y ait un petit peu de souveraineté dans
le secteur des communications à Québec, et qu'un petit peu soit
laissé à Ottawa. Il reste à savoir de quel niveau l'un et
l'autre sont responsables, de quel ordre de grandeur l'un et l'autre sont
responsables.
La situation de fait devant laquelle nous nous trouvons placés,
c'est que le dépôt à Ottawa du projet de loi C-43, sur les
télécommunications, à toutes fins pratiques, vient nier et
contrecarrer les efforts des gouvernements du Québec: Union Nationale,
Libéral et Parti québécois, et cela remonte très
loin. Il y a là-dedans même des citations de Maurice Duplessis sur
la radiodiffusion, parce qu'on l'appelait comme cela dans le temps, la
constitution n'ayant pas trouvé d'autres mots plus exacts pour parler de
tout ce phénomène global des communications. Il y a une
continuité dans toute l'histoire du Québec. A l'heure actuelle,
c'est peut-être la première fois depuis que la constitution
canadienne a été élaborée, qu'on se trouve
placé devant un projet de loi qui, à toutes fins pratiques, vient
nier le partage des compétences, tel qu'il avait été
établi, et modestement, à l'époque, en 1867, concernant
les communications.
Le projet de loi C-43 vient, à toutes fins pratiques, annihiler
tous les efforts des gouvernements visant à récupérer, en
partie ou en totalité, la juridiction, la compétence en
matière de communications. Il m'apparaîtrait que la suggestion du
ministre des Communications qui a été faite hier soir dans le
contexte très précis où nous nous trouvons placés,
à savoir un gouvernement fédéral qui veut s'approprier la
juridiction presque exclusive ou, en tout cas, très prioritaire dans le
secteur des communications... Il faudrait, je pense, donner suite à la
suggestion du ministre qui est celle d'établir une solidarité au
niveau du Parlement québécois, face à l'intervention et
à l'intrusion du gouvernement fédéral dans un secteur qui
a toujours été reconnu de compétence
québécoise.
Là-dessus, je pense qu'il n'y aurait pas lieu d'argumenter
longtemps.
Je me suis un peu "tapé" quelques déclarations des deux
ministres des Communications précédents, M. Hardy et M. L'Allier,
sur le secteur des communications. Il y a une constante dans les
déclarations qui sont faites par l'un et par l'autre dans le secteur des
communications. Je relisais simplement, entre autres, une déclaration du
ministre des Communications du Québec, M. Hardy, qui était le
dernier en lice et qui disait: Le problème, c'est que les dirigeants
actuels du Canada n'ont pas la conception d'un véritable
fédéralisme. Il est très clair que la conception du Canada
telle qu'elle est entretenue par le gouvernement fédéral n'est
pas celle d'un fédéralisme, mais d'un régime unitaire.
En d'autres mots, ce n'est même pas une question.
Là-dessus, je rejoins les propos du député de l'Acadie, si
on laisse de côté l'indépendance, oublions pour l'instant
l'indépendance, et Dieu sait qu'on s'est bien engagé, tant et
aussi longtemps que la population, par un référendum
démocratique n'aura pas tranché cette question, à demeurer
dans le système fédéral. Je pense qu'il s'agit de demander
à chacun des ministres titulaires d'un ministère, de poursuivre
leurs efforts de récupération de pouvoirs, de
récupération d'argent ou d'ententes qui profiteront aux citoyens
du Québec, tant et aussi longtemps qu'ils n'auront pas
décidé eux-mêmes de leur avenir.
C'est vrai aussi dans le secteur des communications. Il ne faudrait pas,
parce qu'on se trouve placé devant un objectif d'indépendance,
qu'on se ferme les yeux devant la réalité qui est en train de
s'imposer à nous, celle d'un gouvernement fédéral qui est
en train de s'approprier la juridiction exclusive dans le secteur des
communications. Alors, on n'a qu'à référer à ce
document tout le monde l'a lu on n'a qu'à
référer à l'autre qui s'appelait "Pour une politique
québécoise des communications" déposé en 1971, et
qui disait: C'est au Québec qu'il incombe, en premier lieu,
d'établir et d'élaborer une politique des communications. Cette
politique ne peut être dissociée du développement de son
système d'éducation, de sa culture et de tout ce qui est propre
au Québec. Alors, c'était dit en 1971. C'est redit lors du
dépôt du livre blanc sur le Québec "Maître d'oeuvre
de la politique des communications sur son territoire".
Ce sont des choses sur lesquelles, d'ailleurs, peut-être
l'ex-adjoint parlementaire aux Communications avait travaillé. C'est une
attitude du gouvernement précédent. C'est une attitude
réaffirmée avec encore plus d'insistance par l'Union Nationale.
J'ai ici le programme politique de la dernière campagne
électorale. Il y a un chapitre intitulé: C'est le temps de
défendre l'autonomie du Québec. Il y a un point qui dit: C'est le
temps de reconnaître que les Etats membres de la fédération
canadienne sont les seuls responsables sur leur territoire pour établir
les priorités et administrer les programmes en matière
d'immigration, de développement économique régional et de
communication. Je pense que dans ce sens,
l'Union Nationale allait beaucoup plus loin que la position même
qui avait été défendue par le gouvernement libéral
au cours des six dernières années. Ce n'est pas un ajustement de
dernière seconde en temps de campagne électorale, comme il en est
arrivé récemment, c'était une position qui remontait
même au programme qu'avait élaboré M. Loubier à
l'époque, où il disait: L'Union Nationale pose, comme
énoncé de principe à sa politique des communications, de
la même façon que l'Etat québécois a entière
juridiction sur l'éducation et la culture... l'Etat
québécois doit rapatrier les instruments de communication qui lui
sont nécessaires pour assurer sa mission d'éducation et de
culture nationale.
Alors, placé devant un tel consensus au niveau des objectifs de
tous les partis et de tous les gouvernements, quant à la communication,
quant à la compétence, à la juridiction des
communications, placé en même temps devant un front commun du
gouvernement fédéral, et cela, même les conférences
fédérales-provinciales ont toujours laissé transpirer
cette intention d'exercer exclusivement la juridiction en matière de
communication, je pense qu'il faut que ce Parlement, par la commission
parlementaire qui étudie en ce moment les crédits du
ministère des Communications, manifeste, devant la situation qui se
présente à nous et qui vient nier tous nos efforts
précédents, sa solidarité et son désir de voir le
gouvernement fédéral comprendre que tous les
Québécois sont solidaires dans cette action qui vise à
récupérer au Québec la compétence en matière
de communication, la primauté en matière de communication.
Motion
M. Bertrand: Pour ce faire, je pense demeurer en cela
fidèle aux règlements de notre commission, à l'article
155, où on précise qu'il n'est pas nécessaire d'annoncer
des motions, je fais motion à ce stade, pour que la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications
réaffirme la nécessité pour le Québec d'être
le maître d'oeuvre des communications sur son territoire, qu'à
cette fin, le gouvernement du Canada doit reconnaître la primauté
législative du Québec en télécommunication, en
radiotélévision...
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
M. Bertrand: Vous pouvez peut-être me laisser terminer la
lecture.
M. Ciaccia: Oui, exactement, mais question de
règlement...
M. Bertrand: ...et en câblodistribution, et qu'en
conséquence, le gouvernement du Québec invite le gouvernement
fédéral, à retirer le projet de loi C-43...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier, le député de Mont-Royal, sur une
question de règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, une question de
règlement. Je crois que dans une commission parlementaire, à
l'étude des crédits, il n'est pas question de faire de motion.
Alors, je crois que le député de Vanier est irrégulier
d'en faire une.
M. Guay: Est-ce qu'on peut savoir de quel article parle le
député de Mont-Royal?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
question que je lui avais posée. Est-ce que vous avez un article
à soumettre à la présidence, à l'appui de votre
prétention?
M. Ciaccia: Le mandat de la commission, c'est d'étudier
les crédits. Nous procédons à l'étude des
crédits et non à la formulation de motion soit par un
député ministériel ou soit par un autre
député ou un membre de la commission. Alors, je crois que selon
les règles et la coutume dans toutes les commissions parlementaires,
à l'étude des crédits, il n'est pas question de
présenter de motion dans l'étude des crédits.
M. Bertrand: Sur la question de règlement, je pense que le
député de Mont-Royal ne trouvera pas l'article du
règlement qui indique qu'il est impossible dans quelque commission
parlementaire que ce soit, de quelque nature qu'elle soit, de présenter
une motion. C'est le droit de tout membre siégeant à une
commission parlementaire, dans le cadre de l'étude de quoi que ce soit,
de faire des recommandations sous forme de motion à l'Assemblée
nationale. C'est inclus dans le rapport de la commission parlementaire. Au
contraire, je dirais même que l'étude des crédits d'un
ministère est l'occasion en or de discuter non seulement des montants
qui sont affectés à chacun des programmes d'un ministère,
mais de discuter des politiques du ministère. Je pense que, portant sur
cette question qui est fondamentale et sans laquelle un ministère des
Communications n'existerait même pas, je crois que c'est tout à
fait normal, et le règlement nous donne droit, M. le Président,
de discuter une telle motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
de règlement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur la question qui est
discutée présentement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...question de règlement. On a une question de règlement qui est
devant la présidence, soulevée par le député de
Mont-Royal. Je permets le droit de parole...
Mme Lavoie-Roux: A savoir si la motion est appropriée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si
la motion est recevable ou non, à ce moment-là, la
présidence prendra sa décision. Mais là, je permets des
interventions sur la question de règlement soulevée par le
député de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: II m'apparaît, M. le Président, que
je ne suis vraiment pas spécialiste de la procédure, j'aime
autant le dire au départ, surtout dans une commission parlementaire:
c'est la première fois que j'y siège. Mais il me semble que si
tout le monde peut, à un moment donné, présenter des
motions au moment de l'étude des budgets, est-ce que, à ce
moment-là, on n'entrerait pas dans certaines difficultés que le
temps consacré à l'étude des budgets puisse être
l'occasion de motions multiples d'individus? Enfin, simplement au plan
pratique, cela me semble assez improbable que l'étude des budgets soit
l'occasion de la présentation des motions qui pourraient être en
nombre incalculable si on voulait faire ceci. Je me demande s'il n'y aurait pas
lieu de suspendre pour avoir l'opinion de quelqu'un sur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres députés qui veulent intervenir sur la question
de règlement?
M. Guay: M. le Président, moi, je lis dans le
règlement tout simplement l'article 151: Les commissions élues
prennent en considération les matières qui sont de leur
compétence. Elles étudient spécialement les
crédits, les projets de loi et les règlements qu'elles
prévoient. Toute autre matière que l'Assemblée peut leur
référer... Il n'y a pas d'article dans le règlement qui
dit que les commissions qui étudient les crédits n'ont pas...
Qu'il est interdit, lors de l'étude des crédits aux commissions
que ces commissions reçoivent des motions. Le règlement qui
s'applique à l'Assemblée s'applique mutatis mutandis aux
commissions et s'applique à toutes les commissions, à moins qu'il
ne soit spécifiquement prévu qu'il ne s'applique pas. Il n'y a
rien dans le règlement qui prévoie qu'on ne peut pas faire de
motions lors de l'étude de crédits en commission. Donc, si le
règlement s'applique, je ne vois pas sur quoi est fondée la
question de règlement du député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement, il n'y a pas seulement les spécifications, les
stipulations spécifiques du règlement. Il y a aussi les questions
de coutume et d'usage, les habitudes et les traditions dans lesquelles les
commissions parlementaires ont siégé dans le passé, la
façon dont elles ont procédé et, à ma connaissance,
M. le Président, il n'a jamais été question de
présenter des motions à l'étude des crédits.
Puisque c'est une question, je crois, assez importante, je demanderais
l'indulgence du président, à savoir si on pourrait suspendre nos
travaux pour quelques minutes, afin que nous puissions obtenir un peu plus de
renseignements et vous permettre à vous aussi de rendre une
décision équitable dans les circonstances, compte tenu du but de
la commission, qui n'est pas d'étudier seulement les relations
fédérales-provinciales mais aussi d'examiner les crédits.
Je demande donc si on peut suspendre les travaux de la commission pour un
très court délai...
M. Bertrand: M. le Président, sur l'intervention du
député de Mont-Royal, je ne crois pas qu'il soit
nécessaire de suspendre les travaux puisque les règlements sont
clairs et qu'il n'y a aucun article qui spécifierait, par exemple,
qu'une motion ne peut être présentée en commission
parlementaire des crédits. Plusieurs commissions présentent des
motions, et c'est le droit très strict d'un député de
présenter des motions, surtout que le débat a été
fait sur la question. La motion arrive à un moment où on peut
conclure, par l'adoption d'une motion, et non pas engendrer là-dessus
tout un débat; étant donné qu'il y a accord et consensus,
il s'agit de terminer le débat par l'acceptation de la motion.
M. Guay: M. le Président, je voudrais attirer votre
attention, si vous me le permettez, sur l'article 160, paragraphe 1, du
règlement, qui dit: Lorsqu'une commission étudie un projet de loi
ou des crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne
parler plus de vingt minutes en tout sur un même article, un même
paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement.
C'est donc dire qu'à l'étude de crédits, on parle
de motions et on admet la possibilité, pour un député, de
parler pendant vingt minutes sur une motion, lorsqu'une commission
étudie des crédits. L'article 160, paragraphe 1, est clair. Non
seulement le règlement ne l'interdit pas, mais le règlement
prévoit même la possibilité qu'il y ait des motions de
présentées lorsqu'une commission étudie les crédits
d'un ministère.
M. Paquette: Sur la question de règlement, je voudrais
simplement souligner au président que l'étude des crédits
est précisément le moment où on peut s'interroger sur les
orientations des ministères, et s'il y a un point fondamental pour
l'orientation du ministère des Communications, quand vous regardez le
budget, justement, il est relativement minime, les moyens d'action
limités que le ministère des Communications du Québec a
actuellement, je pense que c'est une question d'orientation fondamentale, et si
on peut se prononcer sur les objectifs, c'est bien le moment de le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui...
M. Ciaccia: Une dernière intervention. Vous m'avez
demandé sur quel article je me basais. Je vous référerais
à l'article 4 du règlement, qui prévoit que le
président décide en tenant compte des usages à
l'Assemblée depuis qu'elle existe, et je crois que c'est l'usage, lors
de l'étude des crédits, de ne pas présenter de motion.
M. Bertrand: M. le Président, justement là-dessus,
le député n'a pas lu le début. Dans un cas non
prévu par les règles de procédure.
M. Ciaccia: S'il n'est pas prévu... Une Voix: C'est
prévu.
M. Bertrand: Ou dans un cas de divergence d'opinion sur
l'interprétation d'une règle de procédure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Compte tenu surtout que le
député de Vanier a présenté une motion, compte tenu
qu'on m'a soumis plusieurs articles dont l'article 160, l'article 4 et
l'article 3, qui sont pertinents, je pense, également, dans ce cas-ci,
compte tenu du fait que c'est la première fois qu'il est donné au
président actuel d'avoir à rendre une décision semblable,
je prends note de la suggestion du député de Mont-Royal, ce que
je voulais faire, d'ailleurs, avant même qu'il ne le suggère, je
suspends les travaux de la commission pour cinq minutes. La décision
sera rendue dans cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 17)
(Reprise de la séance à 11 h 30)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
maintenant disposé à rendre la décision suite à la
motion présentée par le député de Vanier et au
point de règlement soulevé par le député de
Mont-Royal. Je vais essayer le plus brièvement, mais le plus
complètement possible, de justifier cette décision. L'article 3
du règlement de l'Assemblée nationale dit très clairement,
aux paragraphes 1 et 2: La procédure de l'Assemblée est
régie par des lois, deuxièmement, par le règlement et,
cinquièmement, par les précédents établis par suite
de l'interprétation des lois et du règlement. De telle sorte
qu'on peut conclure qu'en cas...
Les travaux sont suspendus jusqu'à ce que les pannes...
L'article 3 édicte que la procédure est
réglée par les lois, par le règlement et enfin, par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement. Or, il en ressort que s'il y a silence du
règlement, le président doit se référer aux usages,
coutumes et traditions des commissions parlementaires et de l'Assemblée
nationale pour rendre une décision. Par contre, s'il n'y a pas silence
du règlement, mais qu'un règlement pourvoit à la motion
qui est soulevée, à ce moment-là, le règlement a
préséance sur les usages et coutumes et le président se
doit d'appliquer le règlement.
Or, je pense que l'article 160 du règlement de l'Assemblée
nationale donne très clairement le droit à tout
député, même lors de l'étude des crédits en
commission parlementaire, de présenter une motion. Je tiens à
souligner qu'on accorde, lors de l'étude des crédits ou d'un
projet de loi, à tout député un droit de parole de vingt
minutes sur un même article, un même paragraphe ou une même
motion et de là, la conclusion suivante, ce qui veut dire qu'on peut
présenter des motions lors de l'étude des crédits.
Etant donné qu'on ne définit pas à l'article 160 le
genre de motions qui peuvent être présentées, le
président se doit de prendre le mot "motion" dans son sens large,
puisqu'on ne limite pas le genre de motion qui peut être
présenté, de telle sorte qu'en vertu de l'existence d'un
règlement pourvoyant à la situation qui nous est
présentée, je déclare la motion du député de
Vanier recevable en vertu de l'article 160 du règlement.
Oui, le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, évidemment, il
n'appartient pas à la commission ou à chaque membre
individuellement de contester votre décision. Cependant, l'article 160
du règlement, paragraphe 1, se réfère à une
commission qui étudie un projet de loi, des crédits ou à
des commissions convoquées pour toutes sortes de raisons. Nous avons eu
au cours des derniers jours, une commission de la justice qui avait
été convoquée par l'Assemblée nationale aux fins
d'étudier un problème particulier à la Sûreté
du Québec.
Il est évident que, par sa convocation, cette commission...
M. Guay: M. le Président, en vertu du règlement,
j'aimerais avoir une directive de votre part. Est-ce qu'un député
qui n'est pas membre de la commission peut prendre la parole...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En vertu
de l'article 148, 3, du règlement...
M. Guay: Ah bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...lorsqu'une commission étudie les crédits d'un
ministère, tout député peut se faire entendre, qu'il soit
membre ou non de la commission.
M. Bertrand: Sur un autre point, M. le Président, est-ce
qu'il n'est pas exact qu'une fois que vous avez rendu votre décision,
elle est sans appel et que tout débat nouveau sur la question est
fortuit?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je ne prends pas l'intervention du député de Roberval comme un
appel de ma décision et c'est pour cela que je lui ai donné la
parole.
M. Lamontagne: M. le Président, je remarque une certaine
nervosité à votre droite. On voudrait même essayer
d'interpréter le règlement pour que je ne puisse pas parler,
est-ce que c'est ça la liberté de parole qui doit exister
à cette commission...
M. Bertrand: On doit s'adresser au président. M.
Lamontagne: Oui.
M. Guay: La nervosité vient plutôt du fait que le
député de Roberval est venu s'asseoir de l'autre
côté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
M. Guay: La nervosité vient plutôt du fait que le
député de Roberval est venu s'asseoir de l'autre
côté.
M. Lamontagne: Pardon?
M. Guay: La nervosité vient plutôt du fait que vous
soyez venu vous asseoir en face de nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Oui, M. le Président.
M. Lamontagne: Mais les crédits des Communications
m'intéressent au plus haut point.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! La parole est au député de Roberval.
M. Bertrand: Depuis le début.
M. Lamontagne: Depuis le début. Je pense que c'est le
début, cela commence! Effectivement, M. le Président, je pense
que j'ai bien mentionné tout à l'heure qu'il ne s'agissait pas
pour moi de contester votre décision. Mais, il y a tout de même un
certain éclairage nécessaire parce que vous avez invoqué
l'article 160. Sans vouloir revenir sur votre décision, je voudrais au
moins attirer l'attention des membres de cette commission sur le fait que
différentes sortes de commissions parlementaires sont convoquées
pour différentes raisons. Je citais, au moment où on m'a
interrompu, l'exemple de la commission de la justice qui a été
demandée et convoquée aux fins de recevoir les gens de la
Sûreté du Québec ou tout autre organisme relativement
à ce problème de la Sûreté du Québec. Il a
également été porté à l'attention des
membres de cette commission, et nous avons même une motion
spéciale au feuilleton de l'Assemblée nationale par laquelle le
leader de l'Union Nationale, je crois, demande la permission, par motion, de
faire des recommandations, que cette commission de la justice soit
habilitée à faire des recommandations. C'est donc dire que le
règlement, pour le moins, la tradition et l'esprit qui l'inspirent,
n'est pas aussi clair qu'on voudrait le démontrer par l'article 160 qui,
à la fois, parle de projets de loi et de crédits. Or,
l'expérience au cours des dernières années démontre
très bien qu'à plusieurs reprises différentes commissions
ont été appelées pour des sujets spécifiques. A
certains moments, les commissions ont exprimé un voeu ou même une
recommandation, et il y avait même une différence
d'interprétation sur la définition du voeu ou de la
recommandation. Cela fait même, actuellement, l'objet des
préoccupations des membres de la commission de la justice. Mais, dans le
cas précis qui est...
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président, mais on est en
train de lancer tout un débat. On n'est pas à la commission de la
justice. D'ailleurs, ce à quoi vous faites référence,
parce que j'étais à la commission de la justice, c'est que le
président de la commission a statué sur le pouvoir de faire des
recommandations. C'est le leader de l'Union Nationale qui a cru bon de faire un
autre "show" politique sur la question à la commission parlementaire.
Cela n'a rien à voir avec la décision de la commission de la
justice. Question de règlement, M. le Président. Je voudrais vous
rappeler...
M. Lamontagne: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: Un instant! Je pourrais quand même soulever la
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier soulève une question de
règlement.
M. Lamontagne: Une question de règlement sur sa question
de règlement!
M. Bertrand: L'article 43...
M. Lamontagne: Quand il parle de "show" politique...
M. Bertrand: Vous ne savez même pas laquelle...
M. Lamontagne: Je pense qu'on se comprend bien ce matin!
M. Bertrand: Vous ne savez même pas quelle est la question
de règlement que je veux soulever.
M. Lamontagne: Oui, mais quand vous parlez de "show" politique,
on se comprend ce matin.
M. Bertrand: Non, non, c'est fondamental.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
M. Bertrand: L'article 43, M. le Président: "Lorsque le
président rend sa décision, il indique ce qui la justifie
ce que vous avez fait et il n'est pas permis de la critiquer ni de
revenir sur la question décidée". Je pense que, là-dessus,
l'article étant tellement clair, il ne s'agirait pas de relancer un
débat sur la décision que vous avez déjà prise.
M. Lamontagne: M. le Président, je pense tout de
même que, tout en respectant votre décision, vous invoquez un
article. L'article 160 que vous invoquez, quant à moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Roberval, j'ai bien compris votre exemple relativement
à la commission parlementaire de la justice. Mais si je me fie à
la lettre du règlement, lorsqu'on parle d'une commission qui
étudie un projet de loi ou des crédits, il n'est pas à ma
connaissance que la commission parlementaire sur la justice ait
étudié un projet de loi ou des crédits, de telle sorte que
je ne pense pas que l'exemple que vous donnez soit pertinent. Je
réitère cette décision, qui est fondée
littéralement sur le mot-à-mot de l'article 160 de notre
règlement. Je ne peux abroger ce règlement
unilatéralement. Tant qu'il existera, je me dois de maintenir cette
décision et je ne voudrais pas, même si je suis large dans les
droits de parole, que l'on déroge de l'article 43, et que, par des
interventions, qu'on veuille lancer un débat sur la décision ou
qu'on veuille critiquer cette décision. Evidemment, je respecte
l'opinion de tous ceux qui peuvent être en désaccord, je la
respecte même si je ne la partage pas, mais soyez assurés qu'elle
a été prise en toute objectivité et selon le texte de
l'article 160 du règlement.
Le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, une question de directive,
s'il vous plaît. Je ne peux pas invoquer le règlement, c'est une
jungle obscure pour l'instant.
Je voudrais simplement savoir pourquoi le député de
Vanier, à ce moment-ci, présente une motion qui, d'après
moi, n'a rien à voir avec les crédits que nous étudions.
Il me semble que c'est une chose qui aurait pu venir plus tard.
Indépendamment du contenu, si on veut blâmer le gouvernement
d'Ottawa, les juridictions, mais je demande ce que cela vient faire. C'est cela
que je voudrais comprendre. Alors que nous nous préparons à
étudier les crédits, cette motion arrive soudainement pour nous
retarder, pour nous embrouiller un peu, alors que tout à l'heure, un des
députés, je pense le député de Vanier
lui-même, avait dit qu'on allait bon train et qu'on se rapprochait
graduellement, et on s'aperçoit soudain que cette motion vient nous
embrouiller. J'aimerais simplement savoir pourquoi la motion entre alors qu'on
parle de crédits. Une explication.
M. Bertrand: M. le député de Gaspé, pour
répondre à sa question, M. le Président. Cela fait
déjà trois ou quatre heures qu'on discute de tout le contentieux
fédéral-provincial dans le domaine des communications. Si les
gens de l'Opposition officielle ont cru bon de poser beaucoup de questions sur
ce contentieux fédéral-provincial, si le ministre des
Communications a cru bon de répondre et si les députés des
deux côtés du président ont cru bon d'intervenir
là-dessus, c'est parce que, justement, l'étude des crédits
du ministère des Communications est l'occasion de poser toutes ces
questions. A l'occasion de l'étude de chacun des programmes, il faut
quand même à un certain moment discuter du partage des pouvoirs,
de l'argent, des responsabilités du ministère des Communications
par rapport à celui qui existe à Ottawa. Tout cela fait partie du
débat. C'est tellement inhérent au débat. Ce n'est pas
pour rien, c'est symbolique, que la majorité de nos discussions, depuis
le début de cette commission parlementaire ayant porté sur le
contentieux fédéral-provincial, c'est évident que
là-dessus, tout le monde sent bien qu'il y a une importance
considérable qui doit y être attachée.
C'est la raison pour laquelle nous sommes conséquents avec
nous-mêmes, tous les membres de cette commission parlementaire, c'est
pour exprimer l'ensemble des réparties qu'il y a eu de part et d'autre.
C'est pour exprimer cela. Nous le concrétisons par une motion, dont la
seule fin est d'exprimer sous forme de motion, de recommandation, dont la seule
fin est de résumer l'ensemble de nos débats, de dégager un
consensus, et en cela, de remplir nos obligations comme parlementaires à
l'intérieur de cette commission parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas revenir sur
votre décision, d'après les règlements, nous n'avons pas
le droit. Je n'ai pas l'intention de ne pas me rendre aux règlements et
à votre décision. Mais je voudrais seulement exprimer le regret
que j'ai devant cette façon de procéder. Parce
que si nous faisons des motions sur différents sujets, nous
n'avons qu'un certain nombre d'heures pour examiner les crédits. Aux
yeux du député de Vanier, cette motion est peut-être
naturelle. Mais je dois signaler qu'il y a des implications assez importantes
et que cela va prendre le temps, car chaque député va avoir le
droit de parole. Il peut y avoir des amendements, des sous-amendements sur la
discussion. Je me demande, M. le Président, ce que nous allons faire
pour étudier les crédits ici? Comment allons-nous pouvoir
étudier les crédits? Nous sommes limités à une
période de temps de dix heures, et si la plupart de ce temps est
passé à la discussion de motions, c'est quasiment une
obstruction. Je ne veux pas prêter d'intention au député de
Vanier, mais cela peut être interprété par les
députés de ce côté-ci de la table, comme une
obstruction du ministère ou de certains députés
ministériels, à ce qu'on n'arrive pas à étudier les
crédits suivant le mandat de cette commission. Parce que nous allons
prendre du temps pour discuter de cette motion. Cela se peut qu'après,
quelqu'un fasse une autre motion. Alors nous nous écartons
complètement du mandat et de l'objectif de cette commission qui est
d'étudier les crédits. Je me demande comment nous allons
pouvoir...
Nous, nous avions prévu nos travaux d'une certaine façon.
Je m'interroge et j'aimerais consulter mes collègues sur la
manière dont nous devons maintenant réaménager la
discussion, les questions que nous avions. Je devrais signaler que, si nous
avons passé tellement de temps sur la question
fédérale-provinciale, une bonne partie de ce temps a
été passé, a été pris par le
député de Taschereau qui était impliqué, comme
fonctionnaire, au moment où il étudiait le dossier avec le
ministre des Communications, M. L'Allier.
Je ne crois pas que cela soit juste de nous attribuer à nous des
intentions et tout le temps que nous avons passé sur... Je demanderais
à M. le Président de conclure, si c'est possible, pour nous
permettre, tenant compte de votre décision, je ne reviens pas sur la
décision, mais nous devons réaménager nos travaux. Je
demanderais, puisque le temps est quasiment écoulé, il est
presque midi, si vous pourriez suspendre sine die la commission afin que nous
ayons la chance d'examiner à nouveau les questions et les travaux que
nous voulions entreprendre à cette commission. Je demande cela en
toute...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, vous comprendrez qu'il n'appartient pas au
président de juger de l'attitude d'un député qui
décide de présenter ou non une motion, mais que le rôle du
président se limite tout simplement à déclarer recevable
ou non la motion en question, ce que j'ai fait dans les circonstances.
Evidemment, il appartient au député qui présente une
motion de la retirer s'il le veut, c'est son droit légitime, mais il
n'appartient pas au président de décider qu'un
député doit ou non présenter une motion.
Le député de Prévost.
M. Guay: M. le Président... M. Lavoie: M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre s'il vous plaît! Le député de Prévost.
M. Cardinal: C'est rare que je viens à la commission, je
ne viens pas vous remplacer, bien au contraire. Je veux rappeler aux membres de
l'Opposition qu'en 1968, lors du débat sur les crédits du
ministère de l'Education, à la toute première
séance, à la toute première heure, le leader de
l'Opposition avait présenté une motion qui a été
débattue pendant toute cette séance.
M. Lavoie: Quelle était cette motion?
M. Cardinal: Pour demander que le ministre de l'Education ne
puisse pas participer à la commission.
M. Lavoie: C'était une motion de forme, parce que vous
n'étiez pas membre de l'Assemblée, je crois. C'était une
motion de forme, pas une motion de fond.
M. Cardinal: On peut en discuter.
M. Lavoie: Oui, mais, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole... J'avais reconnu le député de l'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Comme il s'agit d'un échange sur la
procédure, je suis bien prête à céder la parole
à M. Lavoie, quitte à la reprendre plus tard, au
député de Laval, pardon, qui voulait...
M. Guay: M. le Président, je m'oppose à ce genre
de... La commission est en train d'étudier les crédits du
ministère des Communications. Il y avait unanimité autour d'une
question, et c'est pourquoi il y a une motion qui a été faite
à ce sujet. Le but n'a pas été de convoquer ici tous les
experts en procédure parlementaire que peut comporter l'Assemblée
nationale et d'en faire un débat de procédure. La décision
a été rendue. Je suggère qu'on débatte le fond de
la motion, ce qui ne devrait pas prendre tellement de temps, il me semble,
puisqu'il y a unanimité sur la question, et qu'ensuite on poursuive
l'étude des crédits le plus normalement du monde.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Laval.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas revenir et critiquer votre
décision. Il est normal, et ce ne sera pas la première fois,
qu'il puisse se glisser certains accrocs. C'est arrivé au
président de l'Assemblée dans le passé, cela arrivera
certainement dans l'avenir, c'est arrivé aux présidents de
commissions et cela arrivera encore. Mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval, je pense que, maintenant, vous dérogez
à l'article 43 du règlement...
M. Lavoie: J'ai une suggestion à faire, s'il y a
consentement de la commission. J'aimerais que, par pure décence et par
respect du règlement... Nous devons terminer nos travaux à midi.
N'y aurait-il pas possibilité, avec l'accord du proposeur de cette
motion, que je ne considère pas acceptable, et cela ne s'est jamais
fait, jamais fait, qu'on en discute...
M. Bertrand: Le règlement donne droit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lavoie: Qu'on en discute à midi avec le
président de l'Assemblée nationale. C'est un
précédent que vous ouvrez, ce n'est jamais arrivé dans le
passé. C'est une motion de fond qui doit être inscrite un mercredi
par un député et qui peut être annoncée et
débattue en Chambre. Nous sommes ici pour l'étude des
crédits. Je demanderais le consentement de la Chambre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval...
M. Lavoie: Si je n'ai pas le consentement, procédez comme
vous voulez. C'est tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant! Avant de passer à la...
M. Lavoie: C'est tout. C'est une suggestion que je voulais faire.
Vous établissez un précédent qui n'a ni queue ni
tête actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laval! Avant de passer à la motion d'ajournement
présentée en vertu de l'article, je pense, 77, du
règlement par le député de Mont-Royal, je pense qu'il est
utile ici de vous dire que vous n'étiez pas ici lorsque la
décision du président a été rendue et qu'il serait
peut-être de votre intérêt de lire la décision et les
justifications de cette décision, qui sont fondées sur l'article
160 du règlement. C'est tout simplement l'interprétation
littérale du règlement qui a préséance sur les
usages et coutumes de l'Assemblée nationale.
Or, pour en revenir à la motion présentée par le
député de Mont-Royal, je pense qu'elle est faite en vertu de
l'article 77, à moins qu'il y ait consentement unanime d'ajournement des
travaux sine die, cette motion pourrait être mise aux voix et peut
même être débattue par les membres de la commission, s'il
n'y a pas consentement unanime.
Le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, sur la motion d'amendement
d'ajournement, je pense que la motion du député de Mont-Royal sur
la motion d'ajournement, et rejoignant en cela les explications du
député de Laval, devrait être considérée
unanimement. Il ne s'agit pas de savoir si oui ou non on devra débattre
une chose. La décision du président est rendue, mais je pense
qu'il paraît sage, en certaines circonstances, ici, à
l'Assemblée nationale... c'est dommage, le vice-président a
quitté, tout à l'heure, j'ai été
vice-président de l'Assemblée nationale, nous étions fort
conscients de l'immense responsabilité qui incombait à des
commissions ou même aux membres de l'Assemblée nationale, en
certaines circonstances. Très souvent, très
régulièrement, dans des situations analogues à celle-ci,
nous avons jugé à propos, unanimement, tous les membres de la
commission, d'avoir une consultation additionnelle avec le président de
l'Assemblée nationale. Je pense que ce sont des suggestions qui se
rejoignent conjointement. Il n'y a rien dans cela d'antiparlementaire, bien au
contraire. Durant l'heure du lunch, il pourrait y avoir une rencontre entre les
leaders parlementaires et le président de l'Assemblée nationale.
Il ne faut pas prendre cela comme une mesquinerie à tout casser. Je
comprends très bien le rôle du président, pour l'avoir
rempli moi-même pendant de très nombreuses années. Mais
à un certain moment, il faut regarder les choses bien en face. Que ce
soit le moment propice pour dire certaines choses... Je pense que lorsqu'on
nous présente une motion comme celle-ci, qui a tous les
caractères, il faut bien reconnaître un peu le droit parlementaire
que nous vivons depuis plusieurs années... c'est une motion que nous
retrouvons tous les mercredis, et, cet après-midi, nous serons
appelés, justement, à débattre une telle motion à
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas le fait de discuter une telle motion
que nous suggérons de suspendre. Loin de là. C'est le fait que ce
n'est pas ici que cela doit se faire. Que le député de Vanier
propose une telle motion en d'autres circonstances, comme une motion du
mercredi ou une motion dans... Je reviens justement de ce...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Là vous changez de sujet. Vous étiez en train de
déroger à l'article 43 du règlement.
M. Lamontagne: Le problème...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
prends votre intervention comme étant sur la motion d'ajournement du
député de Mont-Royal.
M. Lamontagne: Et j'y reviens immédiatement. C'est parce
que le fait d'avoir le député de Vanier immédiatement
devant moi me fait... porter...
M. Bertrand: Je peux même aller m'asseoir à
côté de vous.
M. Lamontagne: Je pense qu'il ne s'agit pas de faire un long
débat là-dessus. C'est une demande raisonnable qui est faite, on
demande de rencontrer le président. Franchement, si on n'a pas le...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre! s'il vous plaît! La parole est au
député de Roberval.
M. Lamontagne: Ecoutez, je ne veux pas parler 20, 25 minutes
là-dessus, c'est une demande raisonnable...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
vous avez droit à 10 minutes.
M. Lamontagne: Je demanderais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
sommes d'accord.
M. Guay: Ils sont d'accord. M. Bertrand: Ils sont
d'accord. Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'est
pas permis en vertu du règlement, même en commission
parlementaire, d'interrompre un député qui parle. Je demanderais
de respecter le droit de parole des députés qui ont la parole.
Actuellement il appartient au député de Mont-Royal de prendre la
parole.
M. Ciaccia: M. le Président, j'allais demander au ministre
et suggérer au ministre que sur la question de l'article 48, M. le
Président, on ne veut pas faire de question de procédure. On
pourrait étendre le débat jusqu'à midi et ajourner les
travaux, alors dans le bon esprit qui a existé depuis le début de
cette commission, je demanderais si le ministre serait d'accord pour que nous
suspendions nos travaux pour le moment.
M. Bertrand: M. le Président, sur la motion
d'ajournement...
M. Ciaccia: Alors, nous pourrions ajourner sine die. Nous
continuerons à discuter les problèmes que nous avons. Cette
motion nous place dans la réorganisation de nos travaux et je
demanderais la coopération du ministre sur ce sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Vanier, à moins qu'il ne cède son droit
de parole au ministre.
M. Bertrand: Sur la motion d'ajournement, tout à fait
d'accord pour qu'on ajourne les travaux à ce stade-ci. Il y a même
eu une entente de faite pour que le mercredi on cesse à midi. Il reste 7
minutes. C'est bien clair. On sait bien que c'est sans doute une façon
d'obtenir qu'à un autre niveau la décision soit
révisée. Il n'en demeure pas moins que la motion a
été acceptée par le prési- dent. Je pense que
là-dessus personne ne peut revenir sur la décision du
président. Je suis sûr que les membres ne demandent pas mieux que
de discuter cette motion, parce qu'étant tous d'accord là-dessus,
nous pourrions prendre un vote très rapidement. Ce serait
réglé. On pourrait poursuivre l'étude des
crédits.
M. Bertrand: Dans le fond, il ne s'agit pas d'arrêter les
travaux, il s'agit de clore ce débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement?
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement unanime?
M. Lamontagne: Un instant! La nervosité, gardez cela chez
vous.
Une Voix: Regardez-vous donc! M. Bertrand: On est
calme!
M. Lamontagne: La motion d'ajournement, quant à
nous...
Une Voix: Essayez de vous entendre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Je regrette, il y avait quatre décibels dans
ma voix, il y en a à peu près douze dans la vôtre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: M. le Président, ce n'est pas une motion
d'ajournement pour le plaisir d'ajourner. Nous voulons que soit greffée
à cette motion d'ajournement une rencontre avec le président de
l'Assemblée nationale. C'est clair.
M. Bertrand: Ah! C'est autre chose. Ce n'est pas une motion
d'ajournement simple, cela.
Une Voix: Non, non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: La motion d'ajournement était
proposée par le député de Mont-Royal. Le
député de Mont-Royal n'a jamais parlé d'une rencontre
à l'heure du dîner. Il a parlé d'ajourner pour
réaménager le temps des questions et le temps de l'Opposition
officielle face à l'étude des crédits.
M. Bertrand: C'est pour préparer la stratégie.
M. Bisaillon: Je pense qu'on est tous d'accord pour ajourner.
M. Ciaccia: Seulement une question, par exemple, vous ne vous
opposerez pas, si nous consultons le président de l'Assemblée
nationale sur ce sujet.
M. Guay: Vous avez accès au président en tout
temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Je serais favorable simplement à cette motion
d'ajournement, simple, comme telle, sans autre précision. Dans
l'intervalle, cela permettra à chacun de consulter, de
réfléchir, de discuter, et cela nous permettra ensuite de
reprendre nos débats dans la plus grande sérénité
possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement unanime pour l'ajournement simple, sine die, des
travaux?
(Fin de la séance à 11 h 57)