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Etude des crédits du ministère des
Communications
(Vingt heures vingt minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Il s'agit de la commission parlementaire des communications
chargée d'examiner les crédits budgétaires. Les membres de
la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier) remplacé
par M. Gosselin (Sherbrooke), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette (Joliette), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Vaillancourt
(Orford), M. Guay (Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand
(Laurier), M. Morin (Sauvé), M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Il y aurait lieu, messieurs les membres de la commission, de nommer un
rapporteur, s'il vous plaît. Est-ce que M. Gosselin (Sherbrooke)
accepterait d'être rapporteur?
M. Gosselin: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
n'avez pas d'objection, si tous les membres étaient d'accord, on
procéderait comme c'est la coutume, c'est-à-dire qu'après
avoir cédé la parole au ministre, aux représentants de
l'Opposition officielle et de l'Union Nationale, on pourrait peut-être
permettre une série de questions générales avant
même d'entamer l'élément 1, programme 1, de sorte que cela
pourra, je pense, avancer la discussion. J'en ai eu l'expérience la
semaine dernière et cela a bien été. Alors, M. le
ministre.
Exposé général du ministre M.
Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, nous avons déjà
fait parvenir aux membres de cette commission le document de base
intitulé étude des crédits 1977/78 du ministère des
Communications. Je n'ai pas l'intention de vous faire une lecture exhaustive de
ce document puisque vous l'avez en main. Je pense que ce serait assez
onéreux. J'avais pensé, à titre d'introduction, de vous
souligner un certain nombre de passages de ce document qui pourraient
peut-être attirer plus particulièrement l'attention et qui peuvent
nous aider, surtout dans la deuxième partie, à mieux comprendre
l'orientation générale du ministère dans sa politique de
communications.
Le document que vous avez est divisé en deux parties. Vous avez
d'abord une sorte de bilan, et ensuite, à partir de la page 32, il y a
une section intitulée: orientation des programmes du ministère
des Communications pour l'exercice 1977/78. Dans la première partie, je
vous souligne les passages suivants, et si à un moment donné,
après cet exposé, vous avez le sentiment tout à coup que
des points qui vous apparaissent importants ont été omis, je vous
serais reconnaissant d'attirer l'attention de l'Assemblée sur ces
points.
Dans l'introduction, je vous rappelle les trois rôles principaux
que la loi attribue au ministère des Communications. D'abord, la
surveillance de l'établissement et du développement des
réseaux de communications dans les limites du territoire
québécois, que ces réseaux soient propriété
privée ou publique. Le ministère a également comme
responsabilité d'offrir aux autres ministères et organismes
gouvernementaux des services de soutien et, enfin, il vise au
développement et à la promotion de l'industrie
québécoise du cinéma.
Quant aux programmes, ils sont de deux ordres. Vous avez d'abord des
programmes administrés par le ministère lui-même et qui, au
plan administratif, sont placés sous l'autorité du sous-ministre
des Communications, M. Frigon, qui est ici à ma droite. Ensuite, les
programmes qui portent le nom de l'organisme qui les administre et qui sont
placés sous la responsabilité directe du ministre des
Communications, à savoir le programme qui relève de la
Régie des services publics et celui qui relève de la
société Radio-Québec.
J'omets cette liste que vous avez en page 3 sur le lien entre les
programmes et l'organisation administrative. Maintenant, quelques mots sur le
bilan des activités pour 1976/77. Au programme 1 : réseaux et
équipements gouvernementaux de communication, vous avez le paragraphe
1-3, je pense, qui peut-être mérite une attention
particulière. Il se fait tout un travail qui passe quelquefois
inaperçu mais je pense qu'il est important. C'est le travail que le
ministère accomplit dans le secteur des radio-communications et de
l'audio-visuel en fonction des services de radio mobile et de protection
civile.
On note au paragraphe 2 que, devant l'accroissement continuel de l'usage
des radiocommunications par les ministères du gouvernement, il est
devenu nécessaire d'ajouter une deuxième voie de communication
dans certaines régions comme Montréal, Laurentides, Estrie,
Trois-Rivières et Québec. Cet ajout sera réalisé en
1977 suite aux études maintenant complétées et utilisera
la même infrastructure que le réseau actuel.
L'extension du réseau gouvernemental a été
réalisée en Gaspésie et dans l'Outaouais par le
développement de deux sites et l'installation de seize postes
émetteurs. L'on signale aussi dans ce rapport que le réseau
intégré de radio mobile comprend à l'heure actuelle 80
postes répéteurs, 200 postes fixes et 1700 postes mobiles ou
portatifs. L'entretien de ce matériel coûte environ $600 000 par
année. Il y a aussi une information
qui mérite d'être signalée et que vous trouvez en
haut de la page 6, donc la fin du paragraphe 1-3. On dit que, dans le domaine
de l'utilisation des satellites, des expériences de
l'Hydro-Québec, de l'Université du Québec et de
Radio-Québec, via le satellite STT, ont bénéficié
de notre coordination de même que les
téléconférences France-Québec, via Symphonie.
Pour ce qui est de la câblodistribution, plusieurs industries
québécoises vont profiter de l'assistance technique du
ministère. Cela vaut aussi la peine de souligner cette assistance
technique parce que c'est une chose qui passe habituellement inaperçue,
mais je pense qu'elle rend énormément service à la
collectivité.
Au sujet du programme 2, je note, toujours dans le bilan, quelques
observations sur l'information gouvernementale. Au programme 2-1, on signale
qu'en 1976/77 la Direction générale des communications
gouvernementales a continué sa vocation de renseigner les citoyens par
l'entremise de la presse électronique et de la presse écrite.
Après cela, on mentionne un certain nombre d'expériences qui ont
été faites, des réalisations, l'une en collaboration avec
Radio-Québec et l'autre avec le canal 10. Enfin, on note, à la
fin de mars 1977, que le secteur de l'information gouvernementale a
amorcé un projet de collaboration afin de faire connaître la
Direction générale du cinéma et l'audio-visuel aux
ministères et organismes gouvernementaux afin que ce service soit
utilisé suffisamment pour qu'il devienne le secteur de production
principal de films et d'audio-visuels pour le gouvernement du Québec.
Vous avez ici une idée qui reviendra un peu dans la suite, étant
donné que le personnel spécialisé se situe naturellement
au ministère des Communications, il y aura avantage pour tout le monde
et économie aussi, si on faisait appel à ce ministère pour
les tâches similaires qui sont réalisées dans d'autres
ministères.
Je vous signale que pour ce qui est de la publicité, par
l'entremise de deux agences de publicité c'étaient Bleau,
Dupéré et Pierre Tremplay Associés le service a
publié dans les journaux les offres d'emplois de la Commission de la
fonction publique ainsi que les appels d'offres du gouvernement du
Québec. Une somme globale de $377 735 a été
dépensée pour les avis publics et appels d'offres, tandis qu'une
somme de $216 362 a été consacrée aux offres
d'emplois.
Pour ce qui est du programme 3, éditions gouvernementales, je me
permets d'attirer votre attention surtout sur le paragraphe 3-2, sur les
publications officielles. Un fait important est survenu à la fin de
l'exercice financier. L'Editeur officiel sera dorénavant responsable de
la fabrication des rapports annuels des ministères et organismes suivant
les normes graphiques, un schéma de contenu approuvé par le
Conseil du trésor. Nous pensons que l'application de cette mesure
permettrait d'épargner une somme d'argent assez considérable
chiffrée par environ $300 000 ou $400 000 d'après
l'évaluation globale qui en a été faite. Mentionnons
également que de nouveaux contrats ont été
négociés pour la fabrication de la Gazette officielle.
Il y a ici une demande de soumissions qui a été faite et,
encore là, nous pensons que cette façon de procéder pourra
permettre d'économiser plusieurs milliers de dollars.
Je vous signale aussi le travail accompli dans le secteur dit:
documentation québécoise. On retrouve dans cette documentation
québécoise un certain nombre de collections du format Guides
pratiques, Etudes et dossiers, la collection L'Etat et le citoyen, une
deuxième édition du Guide du citoyen, une deuxième
édition du Répertoire administratif, que vous allez recevoir.
D'ailleurs, je pense que chaque député reçoit, pour ce qui
est du Guide des citoyens, deux copies. C'est une façon qui peut encore
aider, au moins, à savoir ce qui se fait dans ce secteur.
Je vous signale aussi un paragraphe qui m'apparaît important, le
paragraphe 3-4 sur la commercialisation. De septembre 1975 à septembre
1976, les ventes de publications gouvernementales du Service de la
commercialisation ont augmenté d'environ 30%, se chiffrant par
près de $1,5 million. L'accroissement du chiffre d'affaires provient de
plusieurs facteurs: accroissement des efforts publicitaires;
amélioration générale de la qualité des titres, qui
s'est surtout concrétisée par la production de la documentation
québécoise et de la documentation française; la
diversité des titres nouveaux dans la catégorie des ouvrages les
plus vendus, c'est-à-dire les recueils de lois, de règlements et
de jurisprudence. Vous savez sans doute enfin, c'est une chose qui m'a
surpris quand je l'ai appris qu'apparemment un de nos bons vendeurs, ce
sont les recueils de lois. Au départ, on croirait que c'est un texte
plutôt prosaïque, mais il semble que cela se vend beaucoup. Je pense
qu'il y a quand même là un phénomène fort
intéressant, qui montre le désir du public pour l'information. Le
public veut mieux savoir ce qui se passe au niveau administratif ou
gouvernemental.
Il y a aussi eu une tenue plus serrée des inventaires avec
programme de réimpression en temps opportun, l'introduction d'un
catalogue général, meilleur étalage des marchandises dans
des librairies nouvelles installées dans les secteurs commerciaux de
Hull et de Trois-Rivières. Il faudrait ici mentionner la nouvelle
installation au complexe Desjardins où déjà, en l'espace
d'un mois, les ventes ont augmenté de façon impressionnante. Les
ventes ont quadruplé depuis l'installation au complexe Desjardins de
Montréal.
Enfin, il y a aussi un meilleur système de représentation
commerciale auprès des librairies privées et l'addition de
plusieurs librairies dépositaires. Enfin, il y a un certain nombre de
choses intéressantes toujours sur l'édition. Je permets de passer
directement, quitte, si vous voulez à y revenir après cela par
vos questions. Programme 4, gestion interne et soutien. Ici, il y a un
problème particulier qui se pose et je crois qu'il y a lieu quand
même de le mentionner; c'est celui des relations intergouvernementales
concernant finalement notre ministère.
D'abord quelques remarques sur c'est sur celles-là surtout
qu'on va retenir notre attention les négociations
fédérales-provinciales. Au cours de l'exercice 1976/77, suite
à la conférence fédérale-provinciale de 1975, il y
a eu une période qu'on peut qualifier d'attentisme, tant du
côté des relations interprovinciales que
fédérales-provinciales, qui s'est installée. Il n'y a pas
eu de conférence interprovinciale ou conférence dite
fédérale-provinciale pendant l'année 1976. Cependant,
suite à la conférence de 1975, et poussés par la mise en
veilleuse de l'interprovincialisme se conjuguant à l'arrivée de
nouveaux ministres des Communications dans à peu près toutes les
provinces, différentes discussions bilatérales devaient
être entreprises.
Ainsi, en juin 1976, lors d'une rencontre entre le ministre d'alors et
le ministre fédéral, Mme Sauvé, fut proposé la mise
sur pied d'un groupe de travail Québec-Ottawa. Ce groupe de travail,
formé de fonctionnaires québécois et
fédéraux, avait pour mandat de chercher des aménagements
possibles entre les positions des deux gouvernements. Après quatre
séances de discussions, on confirma l'impasse qui durait depuis la fin
de la deuxième conférence fédérale-provinciale. En
outre, le Québec a toujours accepté et accepte encore le principe
de la participation au Conseil des ministres des Communications, dans la mesure
où cette participation ne préjuge en rien une revendication
juridictionnelle.
Jusqu'ici, cette condition posée à notre participation n'a
pas été acceptée. De plus, notre participation
était également conditionnelle à des résultats que
nous jugerions satisfaisants dans le travail accompli par le groupe
Ottawa-Québec, formé en juin dernier, à la suite de la
rencontre de Mme Jeanne Sauvé avec mon prédécesseur. Comme
indiqué plus haut, cette rencontre a mené à une impasse.
Le Conseil des ministres des Communications, qui avait été
créé à la fin de la deuxième conférence
fédérale-provinciale de 1976, cherche d'ailleurs encore son
souffle et aucune rencontre n'a eu lieu en 1976.
C'est dans ce contexte que nous avons estimé
préférable de ne pas participer à la rencontre du Conseil
des ministres de mars 1977 qui s'est tenue à Edmonton.
Quant aux relations interprovinciales, il n'y a eu, en 1976, aucune
conférence interministérielle. Il y a eu, cependant, quelques
rencontres de fonctionnaires avec les représentants de l'Ontario, de la
Saskatchewan, des Maritimes, tenues de façon informelle.
C'étaient surtout des séances d'information sur l'état des
discussions bilatérales avec Ottawa. Il y aurait peut-être lieu
ici d'ajouter certaines rencontres plus personnelles. Enfin, j'ai eu
l'occasion, pour ma part, de rencontrer M. Shillington, le ministre des
Communications de la Saskatchewan, et M. Warrack, le ministre des
Communications, plus exactement, je pense, de la Téléphonie,
l'équivalent plus ou moins de notre ministère des Communications,
représentant l'AIberta et qui, d'ailleurs coprésidait la
rencontre récente d'Edmonton.
Je voudrais également mentionner quelques détails et
quelques informations particulières concernant le programme de
développement des télécommunications, le programme 5, page
17. Je vous signale le paragraphe 5-1 c). Parmi les interventions qui ont
été faites, il y a eu celles qui ont été faites
auprès du Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes. Il y en a eu
particulièrement au sujet de la compagnie Bell Canada. Nous avons
estimé que dans des cas comme ceux-là le citoyen
québécois pouvait être pénalisé par notre
absence s'il y avait lieu d'être présent. Nous avons tout
simplement pris soin, au début de cette intervention, de dire dans
quelle situation nous étions placés, à partir de quelle
approche politique; c'est-à-dire que nous estimions pouvoir, d'une part,
ne pas reconnaître en principe cette espèce de pouvoir absolu que
se donne le CRTC et, d'autre part, intervenir puisque les décisions
prises là-bas avaient des retombées immédiates sur la vie
des citoyens québécois, par exemple, lorsqu'il est question de
hausses de tarif. Voilà pourquoi nous sommes intervenus, lors de la
demande de Bell Canada auprès du CRTC.
En novembre 1976, Bell Canada déposait une requête en
majoration de tarif totalisant 134 077 000 dans l'hypothèse que les
nouveaux tarifs seraient en vigueur le 15 mars 1977. Le service du
développement des réseaux a procédé à
l'analyse de la requête et de la preuve de la requérante. Les
auditions de cette requête, devant le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes, ont débuté le 8
mars dernier et se poursuivent actuellement. D'autres observations du CN-CP,
Bell Canada, consultations auprès des abonnés du
téléphone. Ensuite, nous arrivons à 5-2, à
certaines remarques sur la câblodistribution. Ici, je passe assez
rapidement parce que nous reprendrons cela au niveau des orientations, si vous
permettez.
Je voudrais quand même souligner ce qu'il est mentionné
à 5-5 sur le développement des media. Aide aux media de
communication. Au cours de l'année 1976/77, le service de
développement des media a procédé à un bilan des
quatre années d'existence du programme d'aide aux media communautaires
et a proposé les modifications appropriées au bilan. Le service
du développement des media administrait un tel programme d'aide pour la
quatrième année consécutive avec un budget de transfert de
$325 000. Ensuite, vous avez le projet de l'élaboration d'une loi sur la
société de communications qui se fait en collaboration avec le
ministère des Institutions financières et le Conseil de la
coopération.
Radiodiffusion d'Etat. Donc, nos problèmes avec Radio-Canada, en
bref, c'est que nous avons toujours manifesté notre intérêt
pour les plans de développement de Radio-Canada. Nous aurions
aimé être consultés de plus près.
En pratique, Radio-Canada poursuit son projet de développement,
même si cela ne correspond pas toujours à ce que nous affirmons
être des priorités sur le territoire du Québec, mais comme
nous n'avons aucun pouvoir direct re-
connu sur Radio-Canada, nous pouvons constater, déplorer,
réclamer et finalement nous avons à nous résigner.
Etat de la presse écrite au Québec. Ici il y a une petite
remarque qui, je pense, a son intérêt. Une recherche a
été effectuée et vient d'être soumise au
ministère des Communications sur l'état de la presse
écrite quotidienne et hebdomadaire au Québec. On y retrouve un
inventaire quantitatif de la circulation des quotidiens et hebdos, une analyse
de la distribution, une analyse de contenu, une étude prospective. Nous
avons dans le moment, simplement un exposé préliminaire. Il y a
des choses dans cela extrêmement intéressantes sur la diffusion de
l'information, l'accessibilité, qui peut lire les journaux, où se
rendent les quotidiens, où se rendent les hebdos et ce que les gens
peuvent lire en Abitibi, en Gaspésie, au Témiscamingue, etc.
Pour l'avenir, pour notre politique de la diffusion des journaux pour
l'aide à la distribution, je pense qu'il y aura là des
éléments intéressants quand le rapport complet nous sera
parvenu. Il y aura à ce moment lieu de se servir de cette information
pour voir quelle aide nous pouvons ici apporter à la distribution, parce
que nous pensons que dans tout ce problème de la liberté
d'information, il y a un aspect qui est parfois oublié, même par
les journalistes, c'est l'accessibilité à l'information dans les
diverses régions. Nous constatons que les gens dans certains endroits
mettons particulièrement Québec et Montréal
profitent de tous les moyens possibles de diffusion, ils sont choyés,
alors qu'ailleurs vraiment les gens sont réduits à la portion
congrue. Lorsqu'on parle donc du droit à l'information, il me semble
qu'il y a là un aspect du problème qui ne doit pas passer
inaperçu et être négligé.
Au sujet de la Régie des services publics, la régie a
continué comme toujours son bon travail, s'est occupée donc des
problèmes avant tout de tarification. Je vous signale le programme 6
paragraphe 6-1, au chapitre de la tarification, la régie a
simplifié la structure des taux interurbains tout en respectant le
principe d'uniformité de ses taux mis de l'avant au cours de l'exercice
1975/76. Cette nouvelle tarification offre, entre autres avantages, la
possibilité aux usagers des entreprises sous juridiction du
Québec de communiquer entre eux n'importe où au Québec
durant les fins de semaine pour un tarif uniforme de $0.15 la minute, peu
importe la distance. Elle a de plus parachevé son programme de
dégroupement rural et procédé à
l'établissement de nouveaux services à secteurs étendus
d'une perspective de régionalisation des services. Pour les gens, les
citoyens qui vivent dans des endroits éloignés, c'est un
problème majeur que nous ne connaissons pas dans les villes mais qui est
extrêmement important. En fait le service de téléphonie a
du sens si on n'est pas quinze sur la même ligne et,
deuxièmement, on peut former une hypothèse d'ailleurs
l'avis d'experts même, par exemple, de la compagnie Bell que si on
se hâte à améliorer le service il y aura augmentation de
l'usage.
On est plus porté à se servir du téléphone
quand il est utilisable de façon convenable, si on n'est pas
obligé d'attendre une demi-heure avant de s'en servir. Pour nous, la
régie a travaillé beaucoup de ce côté.
Au chapitre de la restructuration de certaines entreprises, le
contrôle de Téléphone du Nord de Québec jusqu'alors
détenu par une entreprise sise dans une province voisine, a
été rapatrié au Québec. Enfin, dans une
deuxième phase, la régie a permis la fusion en une seule
entité administrative et juridique de Téléphone du Nord et
de Télébec. La nouvelle société ainsi formée
conserve le nom de Télébec Ltée et dessert quelque 126 000
appareils téléphoniques répartis dans 158 villes ou
villages dispersés aux quatre coins du Québec, notamment en
Abitibi-Témiscamingue, dans la région des Bois-Francs et aux
Iles-de-la-Madeleine.
Câblodistribution, quelques paragraphes qui méritent
d'être signalés. Dans le domaine de la câblodistribution, la
régie a innové en autorisant, pour la première fois, une
municipalité à devenir propriétaire des infrastructures
d'une entreprise de câblodistribution. En effet, la ville de Candiac a
assuré le service de câblodistribution à ses contribuables
en finançant le réseau physique et en obtenant, par un contrat de
services, l'accès à la programmation de l'entreprise
Vidéotron Ltée qui offre un choix de 32 canaux.
Au niveau de la programmation, la production d'émissions de type
communautaire, locales et d'intérêt général à
laquelle le règlement accorde tant d'importance a connu un accroissement
sensible au terme de l'exercice en cours.
Ainsi, les budgets affectés par les entreprises de
câblodistribution à la production d'émissions ont plus que
doublé au cours de l'exercice, passant de $730 000 à $1 571 000.
Les émissions de Radio-Québec sont passées du
sixième au premier rang parmi toutes les émissions de type
communautaire disponibles aux usagers de la câblodistribution. Ces
émissions à caractère éducatif sont maintenant
présentées sur 82 réseaux distincts présentant un
potentiel d'environ 2 millions de spectateurs ou 470 905 foyers.
Concernant toujours la Régie des services publics, vous avez
quelques observations sur Surveillance et contrôle, une remarque sur le
nombre de plaintes. Au cours du dernier exercice, les plaintes en
matière de câblodistribution ont connu une augmentation de 500%,
tandis que les plaintes en matière de téléphonie ont
diminué de 10%.
Je passe maintenant à l'Office de
radiotélédif-fusion du Québec. C'est toujours le bilan et,
tout à l'heure, nous verrons la programmation, les orientations pour
1977/78. Un mot sur la régionalisation. Le plan triennal 1977-1980
propose la régionalisation des activités de Radio-Québec
comme première priorité de l'office, plan qui se décompose
en trois programmes: extension globale et simultanée de son
réseau, implantation de l'ORTQ dans huit régions du
Québec, programmation d'émissions produites dans les
régions. Dans cette perspective, au cours de l'année 1976/77,
l'office a repris une série de visites dans les régions du
Québec pour indiquer aux citoyens comment il entend donner une
réponse aux besoins formulés lors des audiences publiques et pour
amorcer, avec des représentants de chacune des régions ce
sont ce qu'on appelle les comités provisoires les travaux
d'implantation conduisant dans les années à venir à des
activités régionalisées sur le plan de la production, de
la diffusion et de la distribution.
Les activités suivantes ont été conduites en
1976/77 en ce qui a trait au programme régionalisation.
Premièrement, l'implantation dans les huit régions, qui a
été financée à même le budget de
fonctionnement de l'office; deuxièmement, 24 documents d'une demi-heure
ont été réalisés dans huit régions du
Québec dans le cadre de la programmation de Radio-Québec.
Il faudrait peut-être ajouter ici comme bilan, même si cela
dépasse l'année 1976/77, l'acquisition par Radio-Québec
d'une partie des installations de CFVO-Hull et un projet immédiat
d'extension dans cette région, ce qui correspond à notre plan
d'ensemble, c'est-à-dire de favoriser cette région de l'Outaouais
et ensuite de l'Abitibi-Témiscamingue.
Vous avez, après cela, un certain nombre de remarques, que
j'omets mais que je crois fort intéressantes quand même, sur la
programmation, le type de programmation que tente de réaliser
Radio-Québec, l'importance que l'on donne aux événements
importants de la vie culturelle des Québécois. Après cela,
dans l'ensemble, un effort est fait pour refléter ce que l'on peut
appeler l'image québécoise, la société
québécoise dans toutes ses dimensions.
Nous reviendrons, de préférence dans la deuxième
partie, sur Cinéma et audio-visuel, puisqu'un certain nombre de ces
remarques se retrouvent au niveau des orientations pour 1977/78.
Quant au bureau central de l'informatique, j'attire votre attention sur
ce que l'on appelle ici la structure de programme du bureau central de
l'informatique, le paragraphe 9-2, page 30, fonctions de coordination
interministérielle et développement et exploitation du
système. Ce programme vise à fournir des services de
développement des systèmes informatiques aux ministères
qui ne sont pas dotés d'informaticiens et des services de traitement des
données à ceux qui ne sont pas équipés
d'ordinateurs. Plus spécifiquement, il s'agit premièrement de
conseiller, concevoir, recommander et mettre en application des systèmes
informatiques pour tous les ministères du gouvernement qui recourent aux
services du bureau central d'informatique. Deuxièmement, de fournir,
dans les mesures des ressources dont ils disposent, des services d'informatique
aux ministères et organismes qui n'ont pas les ressources
nécessaires pour répondre à leurs besoins en cette
matière, et troisièmement d'assurer l'exploitation du
système mécanisé de gestion centrale.
Il y aurait lieu de voir, toutefois, un peu ce bilan qui est
décrit à la page 31, bilan des activités 1976/77. Je note
les derniers paragraphes. Durant cette période de mise en oeuvre, le
bureau central d'informatique a commencé à exercer certaines
activités de coordination interministérielle. En particulier, il
a participé activement avec le Service général des achats
à exécuter un important appel d'offres qui a
résulté dans l'octroi d'un contrat de location
d'équipement informatique utilisé par six organismes
gouvernementaux. Une économie annuelle de l'ordre de $1,2 million sera
réalisée au cours des trois prochaines années, grâce
à l'exécution de cette activité de coordination. Je pense
que ce détail a quand même son importance. Chaque fois qu'on sauve
$1 million ici ou là, c'est toujours avantageux pour tout le monde.
Orientation des programmes du ministère des Communications pour
l'exercice 1977/78. Premièrement, quelques remarques sur les
caractéristiques générales de l'allocation des ressources
budgétaires. Le ministère disposera de $78 119 200 en 1977/78,
comparativement à environ $72 millions pour 1976/77. Les crédits
du secteur des services de soutien permettront au ministère d'offrir des
services de téléphonie, de téléinformatique, de
radio-communication, d'information des décisions gouvernementales et
d'informatique aux différents ministères.
La principale innovation dans ce secteur est la création d'un
bureau central d'informatique dont le rôle est de fournir des services
informatiques aux ministères et organismes, d'assurer l'exploitation du
système mécanisé de gestion centrale et d'exercer
auprès de tous les ministères et organismes des fonctions de
coordination et d'expertise technologique relative à l'informatique.
L'essentiel des effectifs et des crédits du bureau central
d'informatique provient du transfert de la direction générale des
systèmes et du traitement informatiques au ministère des
Finances.
Mis à part le bureau central d'informatique, les crédits
de ce secteur n'augmentent que de 3,3%. Ce taux s'explique par la disparition
de certaines activités spécifiques aux Jeux olympiques et par un
ralentissement important du taux d'expansion des services de
téléphonie, de téléinformatique et de
radio-communication.
Pour assurer la continuité du développement des
réseaux de media et de télécommunication de même que
la surveillance et le contrôle des compagnies dispensatrices de services
publics, nous disposerons de $4 074 900. Le budget de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec permettra, en plus, de
poursuivre ses activités et de couvrir plusieurs
événements culturels, comme les fêtes de la Saint-Jean, la
Semaine du patrimoine et les Jeux du Québec.
Enfin, des crédits additionnels de $2 millions ont
été accordés au programme du cinéma et de
l'audio-visuel pour la réalisation du mandat de l'Institut du
cinéma dans le cadre de la politique cinématographique
québécoise, ce qui porte le budget de ce secteur à $4 967
300.
Programme 1: Réseaux et équipements gouvernementaux de
communication. La direction générale des services techniques
s'est fixé, comme première grande orientation, la compression des
dépenses des communications.
Parce que les services de communication sont des instruments essentiels
d'administration, d'une
part, et parce que les besoins exprimés par les ministères
et organismes ne peuvent être remis en question sans intervenir dans le
processus décisionnel de ces requérants, d'autre part, la
Direction générale des services techniques s'était
jusqu'à présent bornée à l'étude technique
et économique des moyens de communication demandés.
Pendant l'année 1977/78, la Direction générale des
services techniques entend procéder à l'examen des réseaux
et ceux de la téléphonie en particulier pour apporter au besoin
les correctifs quantitatifs nécessaires. Il ressort en effet des
données d'inventaire que certains ministères s'éloignent
considérablement de la moyenne dans le nombre d'appareils
téléphoniques en service par rapport au nombre de fonctionnaires
en poste. Un tel écart peut parfois être justifié. Il doit
aussi arriver que l'abondance des appareils résulte d'une certaine
élasticité dans l'expression des besoins. De toute façon,
en présence d'un budget dont l'accroissement est minime, la Direction
générale des services techniques doit absolument réduire
l'ampleur des services de communication car elle ne dispose plus des
crédits nécessaires au maintien du parc actuel.
Comme des demandes justifiées seront certainement
exprimées au cours de l'année 1977/78, il est nécessaire
de faire retrancher tous les services caducs inutilisés ou simplement
superflus pour se donner une marge de manoeuvre, si possible, mais au moins
pour faire face aux demandes prioritaires. Globalement, la Direction
générale des services téléphoniques vise une
réduction du parc de téléphones de l'ordre de 8%.
Parallèlement à cette opération, la Direction
générale des services techniques prépare l'instauration de
comptes ministériels pour une partie des services des communications,
soit ceux spécifiquement dédiés à un
ministère ou à un organisme. Par ce moyen, la
responsabilité de choix des ministères et organismes
requérants pourra s'exercer. Ils ne seront pas privés de services
qu'ils jugent essentiels parce que l'enveloppe du ministère des
Communications est restreinte. Ils pourront affecter leurs propres ressources
à l'obtention de leurs moyens de communication, par le biais de comptes
ministériels administrés par le ministère des
Communications. Les services communs à l'ensemble du gouvernement
continueront d'être fournis par le ministère par un budget
fournisseur.
Toutes les autres activités du programme seront poursuivies mais
dans le cadre des budgets disponibles. Seules les hausses de tarif des
fournisseurs devront éventuellement faire l'objet d'une demande de
crédits supplémentaires puisque leur évaluation ne peut
être faite avant qu'elle ne soient accordées.
Programme 2: Communications gouvernementales et renseignements. Ici, on
est plutôt dans l'ordre des hypothèses pour l'avenir, des pistes
de travail. La Direction générale examine donc
présentement plusieurs hypothèses pour assurer, dans l'avenir,
trois choses. Premièrement, une plus grande cohérence de l'image
gouvernementale dans les communications. Il est important ici d'assurer que les
besoins exprimés par les citoyens soient connus de tous les organismes
gouvernementaux. Deuxièmement, assurer l'utilisation optimale des
ressources humaines par la fonction et le perfectionnement des ressources
humaines disponibles, par l'embauche des cadres, des professionnels et des
fonctionnaires oeuvrant dans les communications et la qualification de ces
derniers. Troisièmement, la rentabilité maximale des budgets
consacrés à ce secteur d'activité en développant
des méthodes plus adéquates d'adjudication des contrats en
matière de communication, conformément aux normes établies
par les services centraux gouvernementaux.
Sur l'édition gouvernementale, je mentionnerai rapidement un
certain nombre de projets et de préoccupations de ce secteur pour
l'avenir. La commercialisation, c'était déjà
mentionné dans le bilan 1976/77, et c'est un aspect auquel on continuera
d'accorder de l'importance. Ensuite, on vous parle ici du rôle de la
documentation québécoise qui verra sa programmation
déterminée de concert avec un comité
interministériel. On s'attachera également à
élaborer une politique de coédition ainsi qu'une politique de la
photographie gouvernementale. Ensuite, vous avez ici quelques remarques sur la
reprographie qu'expérimentera pour la première année la
gestion des comptes ministériels sans par ailleurs oublier d'examiner la
possibilité d'un regroupement de tous les services d'impression du
gouvernement. Les publications officielles termineront la composition et
l'impression des statuts refondus avec mise à jour permanente par
photo-compulsion informatisée. L'objectif principal demeurera
l'uniformisation et l'amélioration de la présentation des
publications officielles. En 1977/78, ce service abordera également le
domaine encore inexploité de la microreproduction. Finalement, le
service de la traduction, dont la structure sera remaniée,
élaborera une véritable politique de traduction. Ce service sera
augmenté d'une division des contrats qui sera d'ailleurs plus
particulièrement responsable de la traduction des pigistes.
Développement des télécommunications, programme 5,
L'orientation de la direction générale du développement
des politiques pour 1977/78 se présente sous les deux composantes qui
recouvrent son mandat: l'élaboration des politiques et le
développement des communications y afférant. La direction
générale procédera à la rédaction finale de
la révision du règlement concernant les entreprises publiques de
câblodistribution et élaborera un plan de développement
dans ce secteur. Pour ce qui est des sociétés exploitantes, elles
s'appliqueront également à mettre au point la rédaction
finale de la révision du règlement concernant les entreprises de
téléphone.
De plus, un plan de développement des petites entreprises de
téléphone sera élaboré. En radiodiffusion, la
direction générale établira les principes directeurs d'une
politique québécoise de la radiodiffusion et mettra au point un
programme pour l'implantation de services de base à la radiodiffusion
auquel tous les Québécois devraient avoir accès sur le
territoire québécois. De plus,
elle préparera les règlements et les procédures
d'application prévus au projet de loi sur l'utilisation du sol aux fins
de communications. La direction générale poursuivra et terminera
ses discussions avec les autorités concernées afin de mettre au
point le projet de loi sur la structure corporative des sociétés
de communications à fins sociales.
Dans le secteur de la presse écrite, on procédera à
l'élaboration d'une politique québécoise sur
l'accessibilité des Québécois à une presse
quotidienne et hebdomadaire répondant à leurs
intérêts et préoccupations. Un peu dans la ligne d'un
certain nombre de recommandations qui ont déjà commencé
à nous arriver, suite à l'enquête qui a été
faite par Multi-Réso, je note en bas: En matière de
développement des communications, la direction générale
complétera le programme d'aide aux câblodistributeurs concernant
la retransmission directe des émissions de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec. Elle travaillera à
l'amélioration physique des petits réseaux de
câ-blodistribution sur la côte nord de la Gaspésie et
poursuivra la préparation des interventions du ministère des
Communications devant la Régie des services publics.
Dans le secteur des sociétés exploitantes, la direction
générale poursuivra ses interventions devant le Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes et la
Régie des services publics relativement aux sociétés de
télécommunications. Par ailleurs, elle réalisera de
nouveau son programme d'aide aux media communautaires, elle l'accompagnera d'un
programme de formation des artisans des media communautaires, en collaboration
avec le ministère de l'Education, et elle poursuivra la
réalisation des différents programmes d'utilisation des
satellites de communications Hermès et Symphonie. Par son service de
recherches, elle préparera des projets de recherches répondant
aux préoccupations du ministère des Communications, de la
téléinformatique et aux nouvelles formes d'organisation sociale
des moyens de communication.
Office de radio-télédiffusion du Québec, deux
priorités inscrites, donc, à son plan triennal:
régionalisation et amélioration de sa programmation. Dans cette
perspective, Radio-Québec entend continuer en 1977/78, sur une base
minimale, son implantation dans huit régions et continuer les efforts
déployés en 1976/77 en ce qui touche sa programmation.
Evidemment, ceci est bien une base minimale, si on peut ici procéder
plus vite, je pense que la chose, évidemment, serait souhaitable. Au
niveau de sa programmation, Radio-Québec prévoit produire en
1977/78 un plus grand nombre d'émissions qui traiteront des
réalités politiques et culturelles du Québec, et
également l'office assurera une couverture d'événements
culturels comme les fêtes de la Saint-Jean, la Semaine du patrimoine, les
Jeux du Québec, et l'Opéra du Québec.
Sur le cinéma et l'audio-visuel, nous sommes en train de
travailler à la préparation de certains amendements qui doivent
être apportés à la loi no 1 sur le cinéma, et les
fonctions de la nouvelle direction générale du cinéma et
de l'audio-visuel dépendront de ces changements. La priorité sera
la refonte en profondeur de la loi et de la réglementation du
cinéma. Nous avons l'intention, aussi de redonner tout le statut et
l'autorité qui lui revient au Bureau de surveillance du cinéma.
Le deuxième secteur prioritaire est la promotion gouvernementale du
cinéma québécois. En ce sens, nos efforts porteront sur la
promotion, la publicité, la diffusion du cinéma
québécois en général et des productions
cinématographiques audiovisuelles gouvernementales en particulier.
Enfin, la surveillance et la protection du public face à l'industrie,
celle du cinéma québécois, face à la production
étrangère continueront, également, à retenir notre
attention. Dans ce secteur, un certain nombre de problèmes particuliers
nous intéressent, par exemple, la question de la diffusion des films
québécois, les problèmes, également, du doublage de
films venant de l'étranger, etc. C'est autant de questions qui,
actuellement, retiennent l'attention ici des responsables de ce programme de
cinéma et de l'audio-visuel.
Pour terminer, quelques remarques sur le bureau central de
l'informatique. Pour ce qui est de la coordination interministérielle
dont il a été question auparavant, les efforts seront surtout
dirigés à finaliser la structure fonctionnelle de cette fonction
nouvelle, à compléter l'embauche du personnel et à mettre
en opération les différentes unités administratives
chargées d'exercer le mandat de cet élément de programme.
Les principales autres activités seront axées,
premièrement, sur la création d'un inventaire complet des
ressources informatiques gouvernementales devant fournir une image exacte de
cette partie de l'activité gouvernementale et devant constituer l'outil
principal de la planification gouvernementale en cette matière;
deuxièmement, sur la normalisation des activités de planification
de chaque ministère quant à leurs dépenses en
informatique; troisièmement, sur les études relatives à la
sécurité d'accès aux informations traitées dans les
centres d'informatique du gouvernement et à l'amélioration des
mesures de performance des ordinateurs gouvernementaux.
C'étaient là, M. le Président, les remarques que je
voulais faire sur ce texte. Evidemment, il y a des passages qui peuvent sans
doute être aussi importants que j'ai omis, mais je pense que chacun de
nos collègues sera bien libre d'intervenir pour souligner l'importance
de ces passages et, au besoin, poser les questions pertinentes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le ministre. La parole est au député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir,
premièrement, si ce serait dans l'ordre que le ministre nous
présente parce que nous allons avoir plusieurs questions durant
les prochaines
heures, les prochains jours les fonctionnaires qui vont assister
à la commission parlementaire. Après quoi, je pourrais faire mes
remarques préliminaires.
M. O'Neill: Je vous présente M. Frigon, sous-ministre; M.
Perreault, de l'administration; M. Labonté, président-directeur
général de Radio-Québec; M. Doré, des services
techniques; M. Dubé, l'éditeur officiel; M. Beauséjour; M.
Brise-bois; M. Denis L'Homme, du secteur des télécommunications.
Il y en a d'autres que je ne vois pas. Est-ce qu'il en manque? M. Claude
Fortin, de la Régie des services publics. Je ne pense pas en avoir
oublié, je pense qu'ils sont tous là.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais faire quelques remarques préliminaires. D'après la
méthode selon laquelle, comme vous l'avez souligné, nous devrons
procéder, je céderai la parole au représentant de l'Union
Nationale. Je voudrais revenir avec quelques questions d'ordre
général sur l'exposé que le ministre a fait.
Premièrement, je remercie le ministre pour nous avoir fait le
bilan de son ministère. Je trouve que les faits dans le bilan sont pas
mal dans la même ligne que si on avait fait un bilan de l'administration
précédente. C'est peut-être un peu naturel. Même si
le ministre n'avait pas fait ce bilan, j'avais ici un petit exposé de
tout le bilan administratif du gouvernement précédent, des
ministres précédents dans les commissions. Cela se rapproche
passablement.
M. le Président, je voudrais souligner devant cette commission
trois principes de base qui vont guider mon travail, et le travail de
l'Opposition officielle devant cette commission parlementaire sur les
communications. Je crois que ces principes de base représentent les
traditions du Parti libéral dans le domaine des communications.
Le premier est le droit, que je considère inaliénable,
pour tous les citoyens du Québec, soit francophones ou anglophones ou
même d'autres groupes minoritaires, à la communication selon leurs
besoins culturels, sociaux économiques et politiques. Ce droit est
évidemment lié au droit de la liberté d'expression qui,
pour moi, donne à tout individu et tout groupe accès au plus
grand choix des media pour exprimer leurs points de vue. Cette combinaison de
diversité et de liberté, dans le domaine des communications, est
essentielle pour le bien-être d'une société
tolérante, pluraliste et moderne. C'est le premier principe de base qui
va nous guider dans les travaux de cette commission quant aux questions que
nous allons poser au ministre et aux principes que nous allons
énoncer.
Le deuxième principe il n'est pas nécessairement
dans un ordre d'importance est l'épanouissement et l'essor de la
culture et de la langue française sur le territoire du Québec,
mais aussi hors du Québec. Il y a des demandes. Des groupements ont fait
certaines revendications et s'attendent peut-être à un certain
appui de notre part même s'ils ne sont pas dans la province, dans le
Québec. Ce serait le deuxième principe selon lequel nous allons
aborder les travaux de cette commission.
Le troisième principe je souligne encore que ce n'est pas
dans un ordre d'importance est le développement et l'utilisation
de la technologie avancée pour le bénéfice de tous les
Québécois. Tous savent que la technologie, en matière de
communications, fait des pas de géant. Il est absolument
nécessaire, pour le Québec, de garder une position avantageuse
dans ce domaine.
Avant de poser des questions d'ordre général au ministre
sur l'exposé qu'il a fait, je voudrais maintenant céder la parole
au représentant de l'Union Nationale. Je reviendrai avec certaines
questions d'ordre général.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. C'est avec une
certaine joie et beaucoup de plaisir que je me retrouve face à face avec
l'honorable ministre des Affaires culturelles et des Communications pour des
raisons personnelles et sentimentales, si vous voulez. Si nous remontons
à nos années de collégiens alors que chacun, dans notre
coin du Québec, nous étions membres de certaines associations et
nous avions, de temps à autre, l'occasion de nous rencontrer lors de
journées d'étude, nous étions assis, comme cela, chacun de
son côté de la table. Non pas que je veuille dire que, ce soir,
les tables nous divisent, je voudrais dire plutôt que ces tables nous
rapprochent et me donnent l'occasion, que je n'avais jamais souhaitée,
de travailler avec lui et ses officiers pour la mise sur pied d'une politique
de télécommunications et un peu plus tard aussi, quand nous
aborderons le problème des Affaires culturelles.
Je vais me contenter, comme le député de Mont-Royal, de
faire quelques brefs commentaires. Quand nous étudierons plus en
détail les crédits, j'aurai des questions et peut-être
certaines suggestions à faire au ministre.
En regardant autour de la table, je constate qu'il y a plusieurs figures
nouvelles, qu'il y a plusieurs néophytes, que nous siégeons,
peut-être les trois quarts, pour la première fois à cette
table des communications. Si nous faisons nos premières armes, c'est
donc dire que personnellement j'ai beaucoup à apprendre et je suis
très heureux de la responsabilité que le parti de l'Union
Nationale vient de me confier dans ce domaine.
Je voudrais féliciter le ministre de nous avoir fourni ce beau
document de travail. J'ai eu une journée mouvementée, je suis
allé à Sept-lles, je l'ai regardé un peu en vitesse, je
suis arrivé un peu tout essoufflé tout à l'heure, mais
cela n'enlève rien au mérite du livre. Ceux qui ont
travaillé, ceux qui ont apporté là-dedans leurs
idées, leurs impressions, leur expérience nous donnent tout de
même un outil de première valeur, Je suis très
heureux de l'avoir regardé, même en vitesse, et d'y avoir
trouvé là les éléments qui seront certainement de
nature à améliorer les communications, puisque notre ambition est
de travailler dans ce sens.
Il y a peut-être certaines questions qui pour le moment restent
sans réponse, mais nous aurons l'occasion d'y revenir. Je ne veux pas
insister, je ne veux pas entrer dans le détail. J'en ai noté
quelques-unes au passage et j'ai écouté aussi avec beaucoup
d'intérêt les remarques de M. le ministre, ainsi que celles du
chef du représentant de l'Opposition officielle. Alors, je pense que
ceci peut résumer un peu ma position pour le moment et je vous retourne
la parole, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Le député de Vanier.
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, peut-être voulant en
cela poursuivre notre travail de député d'arrière-ban,
n'est-ce pas, qui tentons par tous les moyens de nous valoriser à
l'intérieur des commissions parlementaires, je m'en voudrais moi aussi
de ne pas profiter de l'occasion qui nous est donnée de faire un bref
exposé préliminaire me permettant d'établir, un peu comme
l'a fait le député de Mont-Royal et le député de
Gaspé, sur quels principes fondamentaux nous devons aborder
l'étude de ces crédits du ministère des
Communications.
Je vous avouerai candidement que mon passé tout récent
comme professeur de communications à l'Université Laval me porte
un peu à mettre toute mon attention sur le programme 2 des
crédits du ministère des Communications, à savoir les
communications gouvernementales et les renseignements. Et j'émettrai
comme seul principe me guidant dans l'analyse de ces crédits du
ministère des Communications qu'à mon point de vue la
véritable fonction, la véritable responsabilité du
ministère des Communications quant à moi m'apparaît
être de créer et d'établir cette relation entre J'Etat et
le citoyen, je l'entends dans les deux sens, à savoir de l'Etat vers le
citoyen et des citoyens vers l'Etat, laquelle communication est quant à
moi le principal problème des gouvernements modernes.
Le ministère des Communications, de par son titre et de par sa
juridiction, doit réfléchir, lui, sur la nécessité
absolue de remplir cette importante fonction qui consiste à rendre le
gouvernement accessible aux simples citoyens et à permettre à ce
gouvernement en même temps d'être sensible aux demandes et aux
besoins de chacun des citoyens. Je pense que, si ce n'est pas le
ministère des Communications qui remplit ce rôle fondamental,
aucun autre ministère et aucun autre ministre ne le feront aussi
dévoué soit-il à la défense de ses
intérêts particuliers. Si le ministère des Communications
ne remplit pas cette fonction, personne ne le fera. M. le ministre, ne voulant
pas en cela établir en commençant une critique à l'en-
droit du ministère des Communications qui risquerait peut-être par
la suite de me placer moi-même dans une situation difficile, je ne vous
cacherai pas que de constater que le programme 2 par exemple, qui quant
à moi est le plus important de tous, ne réunit que 5%, à
peine 5% du budget total du ministère des Communications, que ces
crédits se trouveront diminués par rapport à
l'année précédente, je ne cacherai pas, dis-je, que cela
me pose un sérieux problème.
Peut-être tantôt, au niveau des réponses aux
questions que nous formulerons, nous expliquerez-vous comment il se fait par
exemple qu'au niveau des services centraux on voit le budget diminuer d'environ
plus de $1 million, et comment il se fait qu'au niveau des services
régionaux, en même temps, il ne se trouve pas augmenté
d'autant.
Quand on aura les réponses à ces questions,
peut-être que je comprendrai un peu mieux, mais il en restera toujours
que si le ministère des Communications qui, quant à moi, a cette
responsabilité de faire en sorte que les actions des gouvernements
soient comprises, expliquées, bien perçues et acceptées
par la population, si le ministère ne le fait pas, je ne pense pas qu'il
puisse le faire avec les minces crédits qui sont affectés
à ce programme, notre gouvernement, comme tous les autres auparavant, va
se trouver placé dans les mêmes situations qui sont celles de
gouvernements qui sont incompris, de gouvernements qui établissent des
politiques dans tous les secteurs d'activité. Il y a 25
ministères avec des secteurs d'activité spécifiques qui
établissent des politiques, qui prennent des décisions, qui
réglementent, qui font des arrêtés en conseil, qui votent
des crédits, qui les font accepter par le Conseil du trésor, mais
qui au bout de la ligne se retrouvent toujours dans la même situation,
soit que les 6 millions de Québécois pour qui on fait cela et
à qui s'adressent ces politiques les ont mal comprises, mal
reçues, ont été mal informés, et, quant à
moi, il ne faut pas que les gouvernements se mettent dans la tête que la
seule responsabilité d'établir cette relation entre l'Etat et le
citoyen est une responsabilité qui appartient aux media
d'information.
Par définition, les media sont des médiateurs, donc des
intermédiaires, et tout intermédiaire entre un gouvernement et un
citoyen, et par conséquent... Dieu sait que quand on parle de media
d'information, par définition même, c'est cela, il y a une
tendance à l'interprétation, à la déformation,
à la sélection et, au bout de la ligne, c'est à la fois le
gouvernement et le citoyen qui se trouvent, dans un certain sens, si je peux
m'exprimer ainsi, un peu perdus et un peu esclaves d'un système qui ne
permet pas d'établir une véritable communication
gouvernementale.
M. le ministre, c'est un peu le point que je voulais en ce début
mettre en relief parce qu'il m'ap-paraît vraiment fondamental. Si ce
n'est pas vous qui en assumez la responsabilité, je ne vois pas qui dans
ce gouvernement va l'assumer. Nous vivons dans un gouvernement qui, au cours
des
quatre prochaines années, aura des défis d'une importance
considérable à relever. Il m'apparaît que si nous autres
et je pense que là-dedans tous les députés,
même de l'Opposition, s'associent de toute façon à l'action
d'un gouvernement si le gouvernement ne fait pas bien comprendre son
action à tous les citoyens, c'est non seulement le Parti
québécois qui en souffre, mais je pense que c'est l'institution
même du gouvernement, dans notre système parlementaire, qui va se
trouver affectée par cette absence de communication gouvernementale.
Sans doute pourrons-nous revenir, au niveau des questions, à ces
préoccupations. Je tenais à vous les souligner, M. le ministre,
parce que je les vis depuis plusieurs années et je voudrais que ce
gouvernement qui est le nôtre se fasse un devoir d'améliorer la
courroie de transmission entre le gouvernement et le citoyen et cela dans les
deux sens du terme, c'est-à-dire qu'on doit à la fois rendre
accessibles toutes nos décisions et nos politiques à l'ensemble
des six millions de Québécois, j'entends par là, comme le
disait le député de Mont-Royal tantôt, les francophones,
les anglophones et tous les autres, mais en même temps rendre le
gouvernement sensible par des moyens qu'il reste à trouver à
l'ensemble des besoins et des préoccupations de ces
Québécois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, puisque nous en sommes à la
période des brefs exposés, est-ce que vous permettriez au
député de Taschereau, adjoint parlementaire au ministre des
Communications, de faire un bref exposé, ce qu'il m'a demandé, et
après on commencera la période des questions avec vous.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Richard Guay
M. Guay: Ce sera un très bref exposé, M. le
Président. En écoutant le député de Mont-Royal
énoncer les trois principes qui sont d'après ce qu'il disait dans
la tradition du Parti libéral et qui doivent guider l'action de
l'Opposition officielle dans le domaine des communications, il m'a
semblé, j'espère que c'est une omission involontaire, qu'il en
manquait un qui m'apparaît fondamental. Le député de
Mont-Royal parle du droit inaliénable pour tous les citoyens du
Québec à la communication, à l'épanouissement de la
culture française et au développement de la technologie dans le
domaine des communications.
Il me semble que cela présuppose que, comme Etat, le
Québec possède autre chose comme juridiction dans le domaine des
communications que le simple pouvoir de réglementer quelques compagnies
de téléphone et un pouvoir contesté de réglementer
les sociétés de télédistribution sur le territoire
québécois.
Si l'on parle de la tradition du Parti libéral je ne sais
pas si c'est une tradition ou une exception; peut-être était-ce
une exception dans les faits et gestes de l'ancien gouvernement, un des
rares faits et gestes dans le domaine des relations entre le gouvernement du
Canada et le gouvernement du Québec, cela a été celui
où l'ancien ministre des Communications s'est quand même tenu
debout face au gouvernement fédéral pour réclamer à
juste titre la primauté législative du gouvernement du
Québec dans le domaine des communications, afin
précisément de permettre au Québec, seul gouvernement
francophone en Amérique du Nord, de pouvoir jouer pleinement son
rôle dans le domaine de l'essor de la culture française, du droit
des citoyens du Québec à la communication et du
développement de la technologie. Encore faut-il avoir la mainmise sur
cette technologie pour pouvoir la développer.
Sous l'ancien gouvernement, donc, un homme s'était effectivement
tenu debout. Je ne sais pas si c'était le fait de tout le gouvernement;
en tous cas, au moins d'un individu. Si on parle de tradition, j'aurais
aimé entendre le député de Mont-Royal mettre comme
prérequis à ses trois principes, le fait que, pour les appliquer,
il faut nécessairement que le gouvernement du Québec en la
matière possède la primauté législative.
J'espère que, dans ce domaine, les faits de l'ancien ministre n'ont pas
été une exception, mais qu'effectivement on peut y trouver un
élément de tradition dans le Parti libéral, à moins
que le parti ne se soit, dans ce domaine-là aussi, complètement
conformé à l'orthodoxie du gouvernement fédéral
dans le domaine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Nous allons revenir
certainement sur beaucoup des propos qui ont été discutés.
J'ai donné un bref exposé de certains principes qui nous
guidaient dans ce domaine des communications et dans le déroulement des
travaux de cette commission. Est-ce que je pourrais demander, pour commencer,
quels principes animent le ministre dans le secteur des communications? Vous
avez fait un exposé du bilan des activités du ministère
dans différents secteurs. Seriez-vous en mesure de nous donner les
principes directeurs qui vous guident ou qui vont vous guider dans ce domaine,
dans le déroulement de vos politiques du ministère des
Communications?
Préoccupations gouvernementales
M. O'Neill: M. le Président, le premier principe que je
suis enclin à mentionner, c'est celui que le député de
Vanier a souligné lui-même tout à l'heure,
c'est-à-dire l'amélioration des relations entre l'Etat et les
citoyens, et cela dans les deux sens, c'est-à-dire, d'une part, que
l'information gouvernementale rejoigne vraiment le citoyen, que celui-ci puisse
percevoir le plus exactement possible ce que veut son gouvernement et que,
d'autre part aussi, il puisse savoir à quels services il a droit.
Nous avons, par exemple, remarqué dans les tournées
régionales, ces tournées qui, en fait, sont
très précieuses pour la cueillette de l'information, que,
sur divers points, beaucoup de citoyens, et parfois parmi ceux qu'on estimerait
les plus informés, ne savent pas, par exemple, de quels services ils
disposent. Récemment, j'étais dans la région de Val-d'Or
et les gens se plaignaient du mauvais service de l'image à la
câblodistribution locale. Nous leur avons mentionné, à ce
moment-là, qu'ils pouvaient faire appel à la Régie des
services publics et même, d'ailleurs, à notre Direction
générale de services techniques, donc qu'ils pouvaient recourir
ainsi à la Régie des services publics pour obtenir qu'on
réponde à leurs revendications.
Ils paient pour un service et ils ont droit à ce service. Dans
certains cas, ils ne savent même pas à qui faire appel. Quand on
parle d'une meilleure connaissance, ce n'est pas simplement ce que
j'appellerais des politiques et des décisions gouvernementales, mais
c'est aussi une meilleure connaissance des services comme tels.
Là-dessus, nos bureaux régionaux remplissent un rôle que
j'estime très important, tout comme les gens ne savent pas, par exemple,
les excellents services que peut rendre l'Editeur officiel. Les publications du
gouvernement du Québec sont nombreuses. Elles sont, en
général, de très bonne qualité, et cela demeure
regrettable qu'elles ne soient pas suffisamment disponibles.
Un deuxième principe, c'est celui du service même. Quand on
arrive à l'idée de téléphonie, par exemple, c'est
le service comme tel, c'est-à-dire que la Régie des services
publics, à partir de ce principe, a fortement insisté pour que
les compagnies de téléphone desservent de façon beaucoup
plus convenable les populations locales. C'est ce pourquoi on insistait
beaucoup sur le dégroupement rural afin de réduire le nombre
d'abonnés par ligne.
Notre troisième préoccupation, c'est ce que j'appellerais
le potentiel culturel des moyens de communication, soit pour le câble, la
radio et la télévision. Evidemment, notre préoccupation
demeure en partie théorique puisque, comme le signalait tout à
l'heure le député de Taschereau, il s'agit d'un domaine où
notre influence ne peut être qu'indirecte, c'est-à-dire que nous
pouvons toujours suggérer, comme nous le faisons à l'occasion
quand nous rencontrons, par exemple, les responsables des media, les
propriétaires de postes privés de radio et de
télévision, entre autres, nous pouvons toujours leur faire un
certain nombre de suggestions concernant le contenu qualitatif ou culturel des
moyens de communication dont ils disposent.
Pour nous, c'est une question importante et cela explique d'ailleurs
ici, en grande partie, la raison d'une attitude que certains ont
qualifiée de rigide à l'égard d'Ottawa,
c'est-à-dire qu'à notre avis, parler de souveraineté
culturelle sans aucun droit, en pratique, sur la radio et la
télévision, ou encore même parler de mission
éducative d'un gouvernement alors que ces moyens de communication lui
échappent, je pense que c'est partiellement illusoire. C'est pour cela
que nous estimons que la situation actuelle est un petit peu fausse, et je
dirais même qu'elle l'est beaucoup. Pour nous, ce n'est pas simplement
des querelles de juridiction, l'idée qu'on tient absolument à se
chicaner. C'est vrai que le Québec doit être le maître
d'oeuvre en matière de communications. A cause de cette connection
étroite entre communication et culture, il s'ensuit que cela doit
être réalisé dans la pratique.
Là-dessus, je vous ferai remarquer que nous ne faisons pas
d'innovation. Il faut reconnaître les mérites de ceux qui nous ont
précédés. Nous ne faisons, finalement, que reprendre la
position qui a été officiellement affirmée à
plusieurs reprises par les gens qui nous ont précédés,
soit par les ministres des Communications eux-mêmes ou aussi par le
prédécesseur de M. Lévesque qui, là-dessus, avait
eu des énoncés passablement clairs et fermes. Je dirais
même qu'on en a sûrement surpris certains mais on aurait avantage
à se le rappeler aujourd'hui. Donc, il ne s'agit pas d'une
priorité nouvelle. Je pense que c'est simplement la logique qui veut que
les choses soient vues ainsi.
J'ajouterai une dernière remarque. Quand on parle de services, ce
qui nous préoccupe aussi, c'est le coût des services. Le
rôle du contrôle des tarifs qui est rempli et exercé par la
Régie des services publics vise évidemment, entre autres, comme
objectif, à essayer d'obtenir le meilleur service au coût le moins
élevé possible.
De même, il y a eu plusieurs interventions de nos services
techniques qui ont offert leurs expertises à des institutions et
à des hôpitaux, par exemple, pour l'installation de
téléphones pour leur permettre d'avoir les installations les
meilleures au coût le moins élevé possible.
Je pense que c'est vraiment un bon service que le ministère est
apte à rendre et qu'il s'empresse, d'ailleurs, de rendre chaque fois que
la chose lui est demandée.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de principe, j'ai l'impression que
les soi-disant principes que vous énoncez sont plutôt des mesures
administratives pour arriver à quelque chose. Quand vous dites quels
services sont disponibles aux citoyens et que l'Etat devrait donner cette
information, je ne pense pas qu'on puisse s'opposer au fait que le citoyen
sache, au moins, quels services il peut obtenir de l'Etat. Vous vous
référez au principe que le député de Vanier avait
soulevé; si j'ai bien compris le député de Vanier, il
allait un peu plus loin que cela lui. Ce n'est pas seulement informer le
public, les gens du type de services que le gouvernement avait, mais lui disait
que le gouvernement devrait informer le public. Il ne l'a pas dit tellement,
mais il y a des réalisations du gouvernement, il a donné
l'impression que c'était plutôt un outil que les communications
pouvaient être, un outil de propagande plutôt que seulement une
question... Parce que c'est le danger...
M. Bertrand: II n'y a pas question de privilège.
Liberté d'information et information
gouvernementale
M. Ciaccia: Quand vous prenez la machinerie gouvernementale et
tous les pouvoirs d'un gou-
vernement, la façon qu'on m'a enseignée, c'est que dans la
démocratie, pour avoir la liberté d'information, il faut une
presse libre. C'est pour cela que nous avons les journalistes pour informer le
public, pour donner ces informations sans que ce soit une mainmise du
gouvernement. Est-ce que vous acceptez comme principe la position que le
député de Vanier a semblé soulever? Est-ce que vous faites
cette distinction dans une démocratie...
M. O'Neill: M. le Président, si vous le permettez, avant
de répondre à la question de M. le député de
Mont-Royal, je pourrais peut-être permettre à mon collègue
de Vanier d'émettre quelques réflexions. Il semble plutôt
intéressé à le faire dans le moment, il a peut-être
le droit d'ailleurs aussi, et je ferai quelques commentaires sur la question.
D'accord? Est-ce que cela vous irait comme procédure?
M. Bertrand: Je soufflais à l'oreille de mon
collègue de Chauveau que si c'était le principe sur lequel on
s'entendait, lui et moi, à savoir établir cette relation entre
l'Etat et le citoyen dans les deux sens, ce n'était certainement pas de
la façon dont vous, M. le député de Mont-Royal,
l'interprétez. Je saia bien que de ce temps-ci on a été
porté à parler de l'information en termes de propagande à
un autre niveau de gouvernement, et dans le même parti. On serait
porté à croire que par analogie tout cela s'applique d'un
gouvernement à l'autre, et d'un niveau à l'autre, et d'un parti
à l'autre, mais je pense qu'il est possible de parler... Nous n'innovons
pas en disant ces choses. Le ministre Jean-Paul L'Allier, dans votre
gouvernement, avait lui-même été responsable de la tenue,
si ma mémoire est bonne, au Manoir Saint-Castin ou au Lac-Delage...
M. Ciaccia: Non, mais...
M. Bertrand: II a été là suffisamment
longtemps. J'ai l'impression que c'était une des raisons qui font
d'ailleurs que toute sa politique dans le domaine des communications n'avait
sans doute pas reçu au Conseil des ministres le même accueil que
celui que notre ministre des Communications aura dans l'actuel Conseil des
ministres. J'ai l'impression qu'effectivement il n'y avait pas toujours entente
sur les principes au niveau de la sommunication gouvernementale. Mais vous vous
rappellerez, M. le député de Mont-Royal, que c'était M.
L'Allier lui-même qui avait dirigé ce séminaire qui avait
duré un week-end complet au Lac-Delage, si ma mémoire est bonne,
et qui portait justement sur la relation Etat-citoyens. Peut-être
même que l'ex-député de Saint-Jean, ancien adjoint
parlementaire aux communications, aujourd'hui recherchiste du Parti
libéral, avait participé à ce colloque. Quand on parlait,
à cette époque, de la nécessité d'établir
une relation entre l'Etat et le citoyen, on ne faisait certainement pas appel
à la notion de propagande; on faisait simplement appel à un
devoir strict d'un gouvernement d'informer les citoyens. Informer les citoyens,
cela ne veut pas nécessairement dire...
Là-dessus je pense que le ministre des Affaires culturelles aura
l'occasion de dire qu'entre autres son projet de groupe d'étude sur la
concentration des entreprises de presse est bien une démonstration qu'il
ne s'agit nettement pas d'intervenir dans un secteur où vraiment la
censure gouvernementale n'aurait pas sa place.
Au contraire, il s'agit de faciliter l'exercice de la liberté
d'information, et pour cela, d'avoir des lois ou des règlements qui
permettent ce libre exercice de l'information. Mais dans le contexte de la
communication gouvernementale, je pense que le député
reconnaîtra avec moi que c'est la responsabilité du gouvernement
pour tous les services administratifs, entre autres choses, dont il a la
responsabilité, comme gouvernement. Ce n'est pas le Parti
québécois qui veut faire en sorte que le citoyen, par exemple,
qui habite à Paspébiac dans le comté de Bonaventure, qui
habite à l'Ancienne-Lorette dans le comté de Chauveau, ou qui
habite à Knowlton dans le comté de Brome-Missisquoi soit
informé de l'existence de dizaines, je dirais même de centaines de
services que le gouvernement offre aux citoyens. Cela est sa
responsabilité.
On n'imagine quand même pas, demain matin, le journal Le Devoir en
train de remplir ses pages des services administratifs offerts par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, sauf sous
forme de publicité. Mais c'est quand même cela qui
intéresse le citoyen tous les jours. Je pense que le gouvernement est
tellement présent dans l'activité quotidienne de chacun des
citoyens qu'il est normal qu'il établisse des politiques de
communication, pour que chaque citoyen soit informé et qu'en même
temps, le gouvernement soit informé dans le sens inverse des besoins,
des préoccupations, des récriminations, des revendications des
citoyens face à certains services qui lui paraissent ne pas correspondre
à ses vrais besoins. Ce n'est pas de la propagande et je pense bien que
tout le monde avait compris ici, surtout les gens de ce côté-ci de
la table, et j'imagine même plusieurs d'en face, qu'il n'était pas
question de propagande, quand on parlait de communication gouvernementale. Il y
a dans le comté de Gaspé des milliers de citoyens qui, chaque
jour, ont besoin de savoir à quoi ils ont droit pour les taxes qu'ils
paient, et c'est la responsabilité du gouvernement de les en informer.
De la même façon, je pense qu'ils ont le goût, de temps en
temps, de faire savoir à ce gouvernement que tel service, par exemple,
ne fonctionne pas dans le meilleur de leurs intérêts et c'est leur
responsabilité à eux de le faire savoir au gouvernement, et au
gouvernement, et au gouvernement de les écouter, donc de trouver des
moyens pour que s'établisse cette communication. Je pense que c'est une
des très très lourdes responsabilités que le gouvernement
doit accepter de remplir, au cours des prochaines années. L'ancien
ministre des Communications s'était très avancé sur cette
question et avait innové même dans certains secteurs, mais je ne
pense pas qu'il avait toute l'oreille et toute l'attention qu'il aurait
été en droit de recevoir au niveau du Conseil des ministres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je pense que le
problème soulevé par M. le député de Mont-Royal est
un problème réel, au sein de toutes les administrations et je
dirais au sein de tous les régimes politiques. Je comprends un peu aussi
son inquiétude, parce que, sans doute il sait comment c'est difficile,
cette liberté d'information, surtout quand c'est un pouvoir
gouvernemental qui s'en mêle. On a tellement l'expérience de
nombreux pays où tout se tourne en propagande, ces exemples sont
tellement nombreux qu'on ne peut pas éviter de se poser la question. Je
reconnais avec lui que c'est un problème réel. Ce qui peut nous
empêcher de tomber dans ce travers, au fond, ce sont nos convictions
démocratiques.
Parfois, le mauvais exemple, il faut en convenir, vient de proche, je
veux dire que, pour ma part, ce qui, à ce point de vue, se passe dans le
moment à Ottawa, c'est à la fois un mauvais exemple. Je dirais
d'abord que c'est une infidélité, parce que ce gouvernement
était censé être une sorte de défenseur
acharné des libertés démocratiques. C'est un mauvais
exemple et c'est aussi une tentation, c'est-à-dire que, quand on voit ce
qu'on semble vouloir là-bas faire avec Radio-Canada qui a
été quand même une institution extrêmement
précieuse, non seulement pour l'ensemble du pays, mais pour le
Québec particulièrement, il faut quand même
reconnaître qu'il y a des institutions fédérales qui nous
ont rendu de bons services dans le passé. Remarquez qu'on les payait
quand même pour cela. Je trouve que ce serait regrettable pour l'avenir
qu'arrive, tout à coup, une société d'Etat à
laquelle on ne pourrait plus se fier et qui perdrait sa
crédibilité. Parce que, finalement, le risque qui peut advenir,
c'est celui-là, c'est que l'institution en se laissant trop influencer
par les pressions d'hommes politiques et des pressions qui sont ouvertes,
connues, manifestées en plein jour, que ce gouvernement, tout à
coup, dévie de sa mission et accepte plus ou moins de biaiser
l'information.
C'est sans doute devant des phénomènes de ce genre que le
député de Mont-Royal exprime son inquiétude. Comme je vous
le dis, la barrière là-dessus vient des principes que l'on a. On
y croit, à cette liberté d'information qui soit honnête,
qui soit exacte, qui sait la moins imparfaite possible et la moins
comment dirai-je cela subjective possible, parce que l'information
strictement objective est, en partie, un mythe. Enfin, il faut y tendre quand
même; je dirais que c'est un idéal. Là-dessus, pour ma
part, j'espère que nous n'aurons jamais, à l'égard, par
exemple, de notre organisme de radio-télédiffusion, qui s'appelle
Radio-Québec, ce genre de conduite que nous déplorons
ailleurs.
J'ajoute une autre remarque. En général, dans ce rapport
ou quand nous parlons d'information, nous parlons de l'information
administrative. Essayer, en somme, de permettre aux citoyens de mieux s'en
tirer, de mieux profiter des services, ce type d'information. Je crois que ce
type d'information ne pose pas tellement de problèmes. C'est
l'information, peut-être, à un moment donné, que le
gouvernement lui-même pourrait essayer de passer. Peut-être
qu'encore une fois vous pensez à des choses. Supposons qu'on se mettrait
à faire des propagandes sur le problème de la langue ou des
choses comme cela. Vous vous dites que cela va être effrayant si ce sont
des choses comme cela qu'on fait.
Je puis dire honnêtement que ce n'est vraiment pas du tout dans
notre façon de penser, dans notre mentalité. Je pense que nous
pourrons éviter tout ce qui pourrait s'appeler une sorte de dirigisme
intellectuel. Pour nous, informer, c'est libérer. C'est le commencement
de la libération. Je crois que les citoyens bien informés font de
meilleurs choix politiques. Un citoyen qui sait mieux, qui devient plus
conscient accède à un statut de citoyen libre et est plus
responsable de sa vie. Je trouve cela important. Encore une fois, il peut
arriver que, dans certains cas, ce que l'un appelle l'information, l'autre peut
appeler cela de la publicité et un troisième de la propagande.
Cela dépend du point de vue où on se place. Là-dessus vous
permettrez, en terminant, M. le Président, que je donne un exemple.
Suite à ces grandes déclarations qui se sont faites au sujet de
Radio-Canada, quand on a commencé cette chasse aux sorcières,
récemment, je me suis tout à coup appliqué plus
attentivement à suivre les programmes du Téléjournal et ma
conclusion, et celle de bien de mes amis qui ont fait le même exercice, a
été de dire: II n'y a aucun doute qu'il s'agit là d'un
organisme fédéral. Cela ne fait aucun doute. Nous ne comprenions
pas pourquoi on faisait tant de tapage au sujet de cette affaire.
Avec notre regard, à nous, vous allez dire peut-être
influencé par l'idéologie qui nous inspire, nous étions
enclins à voir dans Radio-Canada un organisme nettement
fédéraliste, alors que des gens là-bas, eux, regardant des
émissions surtout le Téléjournal et peut-être aussi
d'affaires publiques, étaient enclins à porter un jugement tout
à fait différent sur les activités de Radio-Canada. Il y a
un élément dans cela qui est subjectif, il ne faut pas se le
cacher. Entrent dans cela des perceptions qui dépendent de la culture,
de l'approche de chacun et qui dépendent aussi de l'affectivité.
C'est certain que, dans notre façon de percevoir l'information, on peut
avoir aussi une réaction affective.
Quoi qu'il en soit, je veux simplement rassurer le député
de Mont-Royal. Le principe majeur, c'est l'information la plus objective qui
soit, l'information que j'appelle libératrice. C'est vraiment un
principe qui inspire actuellement notre action au ministère, mais
j'espère que nous y serons toujours fidèles. Si nous ne le sommes
pas, je pense bien que nous aurons des gens pour nous rappeler à nos
obligations dans ce domaine.
M. Ciaccia: M. le Président, permettriez-vous une question
supplémentaire au député de L'Acadie sans que je perde mon
droit de parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Quand le député de Vanier s'est
exprimé tout à l'heure, j'ai eu une préoccupation qui
n'était pas tout à fait du même ordre que celle de mon
collègue. C'est par rapport à la presse écrite et
électronique. Enfin, il ne les a pas mentionnées comme telles, au
moins la presse écrite. Je voudrais demander au ministre quelles sont
ses vues sur le rôle que doit jouer, par exemple, la presse écrite
et électronique dans l'information par rapport au rôle que doit
jouer le gouvernement dans son rôle d'information auprès des
citoyens et auquel je me rallie, d'ailleurs. Je pense que c'est
nécessaire et extrêmement utile.
J'ai senti, à un moment donné, qu'on posait des questions
sérieuses sur le rôle que jouait la presse écrite qui reste
quand même un outil d'ob-jectivation jusqu'à un certain point pour
les citoyens. Même si, des fois, on sélectionne ou autre chose
comme cela, il me semble qu'on doive aussi lui faire toute la place qui lui
revient. Sans cela, le citoyen sera privé aussi d'une certaine analyse,
d'une certaine interprétation des faits sur laquelle, parfois, on n'est
pas toujours d'accord mais qui est quand même utile et essentielle pour
le citoyen tout autant que l'information stricte et nette qui vient du
gouvernement aux citoyens.
M. O'Neill: M. le Président, est-ce que je pourrais juste
poser une question pour m'assurer que je comprends bien la vôtre? Je
comprends bien votre question comme ceci, c'est-à-dire que vous voulez
savoir si la presse écrite, par exemple...,
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: ... puisque vous semblez surtout insister
là-dessus, devait ajouter quelque chose à l'information
gouvernementale, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Enfin quel rôle lui voyez-vous
dans tout le réseau des communications qui touche le citoyen, et ceci
par rapport à la critique qu'elle exerce vis-à-vis de
l'information qui vient du gouvernement au citoyen? Elle me semble essentielle,
et j'ai eu l'impression que le député de Vanier la mettait en
doute assez sérieusement, et je trouve que c'est sérieux.
M. O'Neill: M. le Président, une chose certaine en tout
cas, la presse écrite, on a cet exemple, on pourrait dire la même
chose de la presse électronique, ce ne devrait pas être l'agence
TASS. Je pense qu'un gouvernement doit apprendre à vivre avec les
journalistes, je dirais à l'encontre des journalistes. Il y a un
rôle critique qui est désagréable pour tout le monde. Nous
la vivons, nous, cette expérience...
Mme Lavoie-Roux: Chacun notre tour.
M. O'Neill: ... que d'autres ont vécue avant nous. Les
têtes caricaturées ont changé, les critiques, les reproches
de lenteur, par exemple, s'adressent à d'autres, et à certains
jours, c'est vrai que cela nous agace aussi. Mais là, il y a quel- que
chose évidemment, pour moi, qui est fondamental, ce serait briser,
même, tous nos projets collectifs au sein de la société
québécoise si, sous prétexte de mieux en arriver à
certaines fins, on décidait tout à coup de juguler une force
pareille. D'abord, je pense qu'en pratique c'est impossible, d'une part, les
journalistes se défendent bien, et deuxièmement, ce serait
absolument malsain. Je crois que cela rejoint ces principes fondamentaux que,
tout à l'heure, le député de Mont-Royal a
mentionnés.
Evidemment, dans son fonctionnement, on peut parfois s'interroger sur ce
qui peut l'influencer dans ses jugements. Vous connaissez sans doute tout aussi
bien que moi toutes ces critiques qui ont été faites sur la
concentration de la presse, le problème qui a été
souligné tout à l'heure et qu'un comité est en train
d'analyser de plus près, sur le fait, par exemple, que c'est une presse
qui, dit-on représente certains intérêts plus que d'autres
et qui fait écho à certaines préoccupations sociales plus
que d'autres.
Certains, par exemple, seront particulièrement
dérangés par les prises de position d'éditorialistes,
alors qu'ils oublieront que, dans un journal, il n'y a pas seulement
l'éditorial mais il y a aussi la nouvelle comme telle et que, souvent,
la nouvelle influence plus le citoyen dans ses jugements que
l'éditorial.
Et je crois que là il y a vraiment des tentations auxquelles il
ne faut pas céder. Et je dirais pour deux raisons. D'abord, il y a une
tradition. Nous sommes les héritiers d'une très bonne tradition
de ce côté, et ensuite il y a certains principes que j'appellerais
de morale sociale ou de morale politique qui sont en jeu, parce que la
journée où on porte atteinte à cela, on porte atteinte
à l'intelligence du citoyen, on porte atteinte à ses
libertés. Il n'y a pas de règle pour cela, il n'y a même
pas de loi. C'est plus haut que les lois tout cela. C'est un certain nombre de
valeurs auxquelles on croit, puis la journée où ces valeurs, on
ne les respecte plus, on chambarde tout, on brise l'ordre social et des choses
extrêmement précieuses auxquelles, je pense, nous tenons tous.
Alors je ne me représente aucunement évidemment une presse
écrite comme étant l'espèce de prolongement d'une
information gouvernementale ou l'information que transmettent les hommes
politiques. Il est indéniable, d'une part, que les hommes politiques ont
tous intérêt à être, je dirais,
interprétés de la façon la plus favorable qui soit. Ils
sont de bonne humeur quand le titre est bien donné, de mauvaise humeur
quand on est tombé sur un détail qui semble secondaire, enfin
secondaire à leur point de vue.
Je pense qu'on ne pourra jamais éviter ce type de
demi-satisfaction et il faut vivre avec cela. On pourrait peut-être dire
qu'une presse écrite libre, une presse électronique libre, dans
une démocratie, c'est aussi important que l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente d'entendre M. le ministre. Je
pense que chacun a un rôle à jouer et que l'on ne doit pas en
développer un pensant qu'on pourra corriger l'autre. Je pense
que chacun a son rôle respectif qui est essentiel dans une
société libre et c'est comme cela...
M. Ciaccia: Oui, parce que la réaction que j'avais, pas
à vos propos, mais à ceux du député de Vanier,
c'est que le processus démocratique, si on regarde les pays où la
démocratie a le plus de droits individuels, les gouvernements ne
semblent pas avoir cette préoccupation d'avoir un contrôle de
l'information de la façon que le député l'a décrit.
Ce genre de préoccupation par un gouvernement se trouve plutôt
dans les pays où on n'a pas nos traditions. Dans nos traditions c'est la
presse libre. On se fie sur une presse libre pour donner je ne parle pas
de l'information administrative, que vous devez donner et vous devez trouver
des moyens pour le faire des informations et des opinions sur le
rôle du gouvernement, les programmes du gouvernement. On se fie
plutôt sur une presse libre, une presse saine et libre pour jouer ce
rôle. Je me demande ce que le ministre pense du rôle d'un
journaliste qui, d'après le député de Vanier, par sa
nature semble distordre l'information gouvernementale. Est-ce que ce
journaliste changera? Si ce journaliste, d'après l'opinion du
gouvernement, ne donne pas la bonne information, est-ce que le rôle de ce
journaliste va changer? Est-ce que le gouvernement ne se trouvera pas dans la
position de concurrencer la presse libre pour l'oreille du public? N'est-ce pas
un danger? Quelle sera votre réaction?
M. O'Neill: Sur oette presse libre, deux remarques. D'abord le
journaliste libre, comme vous le dites, qui à notre point de vue
effectue une distorsion de la nouvelle, je vous dis qu'on ne peut rien faire.
C'est un problème d'éthique, qui regarde les journalistes comme
tels. C'est vraiment un problème à l'intérieur de la
profession. Je voudrais simplement noter en passant qu'ici presse libre est un
terme légèrement ambigu. C'est une liberté avec de petites
attaches aussi. Je ne verrais pas, par exemple, que l'on nomme à la page
éditoriale de la Presse de Montréal un marxiste léniniste
enragé, je veux dire que le président du conseil d'administration
viendrait dire: Ecoutez, cela ne marche pas tout à fait avec l'esprit de
la boîte. Il y a du relatif dans cela. Il faut quand même savoir
que derrière la presse il y a des pouvoirs économiques
très importants qui d'ailleurs sont nécessaires d'une
façon pour la faire fonctionner. D'autre part, ils ont leur choix, leurs
priorités, leurs façons de voir les choses.
Deuxièmement, je pense qu'il est utile de faire la remarque
suivante. La preuve qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter c'est la
façon dont nous acceptons, dont le jeu de l'information est mené
au Québec dans le moment. Vous avez quand même un gouvernement qui
actuellement se prépare à proposer à la population un
projet de référendum et il le fait tout en sachant d'avance qu'un
grand nombre des media qu'on appelle libres ou impartiaux vont jouer contre
lui. Le matin où on m'annoncera que le Star de Montréal propose
à ses lecteurs de voter oui au référendum, je ne dirai pas
que le miracle vient d'arriver, mais je parlerai au moins de conversion
culturelle ou quelque chose du genre ou de révolution culturelle.
M. Ciaccia: Je pourrais dire la même chose pour d'autres
journaux aussi, à l'inverse.
M. O'Neill: Oui. Mais en général remarquez qu'il y
a quand même là-dessus un acte de foi considérable du
gouvernement actuel dans la démocratie, la liberté d'expression
que de proposer un projet pareil aux Québéoois, sachant d'avance
que beaucoup de moyens d'information possédés par des
intérêts fort puissants vont probablement y aller assez fortement
en sens inverse.
Je pense que là il y a une foi dans la démocratie dont on
ne trouve peut-être pas tellement d'exemples ailleurs.
M. Ciaccia: Je ne serais pas prêt à dire qu'il n'y a
pas d'exemples ailleurs. Je pense que l'accession au pouvoir de votre
gouvernement est un exemple parfait de notre démocratie du rôle de
la presse. Il n'y avait pas de contrôle, il n'y avait le genre de
rôle du gouvernement dans l'émission de l'information tel que le
député de Vanier songerait. Il y a déséquilibre.
Vous mentionnez le Montreal Star, mais on pourrait mentionner d'un autre
côté beaucoup d'autres journaux. Et c'est ça la
démocratie, avoir cet équilibre.
M. O'Neill: Lesquels?
M. Ciaccia: II y a des journaux qui disent de voter contre
l'indépendance.
M. O'Neill: II y avait le Jour, mais il n'y est plus. Il y avait
le Jour d'autrefois.
M. Ciaccia: II existe encore le Jour.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai qu'il n'a pas aimé votre
budget.
M. Ciaccia: Je voudrais demander au ministre... Vous avez dit,
d'après un article du journal Le Soleil, du 2 avril, que vous vous
interrogiez sur la renaissance de l'Office d'information et de publicité
du Québec. Avez-vous l'intention de faire revivre cet organisme?
M. O'Neill: J'aimerais bien voir ce texte. Vous êtes bien
sûr que vous ne confondez pas cela avec le problème d'une agence
d'information du Québec.
M. Ciaccia: Je vais vous le lire. M. O'Neill: Lisez-moi le
texte.
M. Ciaccia: C'est un article paru dans Le Soleil du 2 avril, par
Pierre Champagne, qui dit: De son côté, le ministre des
Communications, M. Louis O'Neill, continue à s'interroger sur la
renaissance de l'Office d'information et de publicité du
Québec. Je peux continuer. Il va falloir, dit le ministre, qu'on
se donne d'abord la peine de vérifier le caractère fonctionnel
d'un tel office. C'est là qu'il ajoute que ce qui est clair, c'est la
responsabilité du ministère des Communications d'assurer une
transmission rationnelle de l'information gouvernementale.
M. O'Neill: M. le Président, je pense que M. le
député fait allusion à un document qui a circulé
sur l'information gouvernementale, une sorte de meilleur aménagement de
l'information gouvernementale. J'ignore, à ce moment-là, si c'est
moi qui ai pris comme point de comparaison I'OIPQ ou si c'est quelqu'un
d'autre. C'est un document de travail d'ailleurs qui a été,
à un moment donné, rendu public, phénomène curieux,
quatre ou cinq jours avant que, moi, je ne l'aie. Cela montre comment
l'information circule bien dans ce gouvernement-ci. Il m'était
adressé et en fait il circulait déjà un peu partout. C'est
le genre plutôt de questions qui ont été posées. Si
on pouvait croire de quelque façon qu'il s'agissait de penser à
cette idée d'une sorte d'information contrôlée, si c'est ce
à quoi M. le député pense, je commence à mieux
comprendre le sens de certaines questions posées antérieurement.
Mais la préoccupation en a simplement été une de savoir
s'il ne fallait pas structurer de façon un peu plus rationnelle
l'ensemble de l'information gouvernementale. On s'est demandé si ce
n'est pas le ministère des Communications qui devait jouer un rôle
important dans cela. Mais si on allait croire que de quelque façon cela
allait se rapprocher d'un outil de propagande ou de quelque chose du genre, je
pense que ses craintes ne sont pas fondées.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela. La question est: Est-ce votre
intention de centraliser cette information ou de la décentraliser? Je
crois qu'en 1970 c'était centralisé. En 1972, le gouvernement
antérieur l'a décentralisée.
M. O'Neill: Non, la rendre plus efficace...
M. Ciaccia: Est-ce que maintenant vous êtes en train de
recentraliser encore?
M. O'Neill: Simplement de la rendre plus efficace. Je vais vous
donner un exemple concret de l'information dans les régions. C'est
là que le problème se pose. Nous avons suggéré par
exemple à un certain ministère que lorsque ses fonctionnaires
faisaient des expériences de tournées régionales,
lorsqu'ils voulaient rejoindre les gens, atteindre un peu de public, de se
servir de nos services d'information en région parce que les
nôtres sont les meilleurs. Nos gens sont équipés pour cela.
C'est cela que j'appelle une forme de rationalité dans l'information.
C'est un genre de préoccupation que nous avons, c'est-à-dire
éviter le gaspillage et faire en sorte que, si on informe, l'information
rejoigne les gens. Il va de soi, je pense, de dire sans prétention qu'on
a plutôt la chance de trouver chez nous, soit au ministère, soit
dans nos bureaux régionaux, des gens qui peuvent le mieux planifier une
tournée dans une région et rejoindre la population.
On a plus de chances de trouver cela chez nous qu'ailleurs. Si cette
hypothèse a circulé, à un moment donné, elle ne
fait sûrement pas partie d'un projet gouvernemental dans le moment.
M. Ciaccia: Vous parlez de rendre l'information plus efficace.
Comment pensez-vous atteindre ce but? Est-ce en centralisant l'information?
M. O'Neill: J'utiliserais peut-être ici le mot
"coordination". Vous me permettrez de prendre un point de comparaison; c'est la
même chose avec la question de l'Editeur officiel et de certaines
publications qui sont produites par d'autres ministères. Nous pensons
qu'à un moment donné nous sommes en mesure, à ce point de
vue, de rendre des services, de sorte que, premièrement, ce soit de
l'information qui rende service aux gens et, deuxièmement, que cela
évite le gaspillage.
L'idée que cela puisse devenir une sorte d'office qui
contrôlerait l'information, je pense pouvoir dire en toute
honnêteté que ce n'est pas une idée qui s'accroche dans nos
esprits.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de coordination, avez-vous à
l'idée d'enlever certains pouvoirs décisionnels à certains
ministères de donner de l'information pour faire cette coordination?
Est-ce votre idée?
M. O'Neill: Non, c'est peut-être de les aider, par exemple,
par nos services. Nous avons proposé aux ministères, à
l'avenir, quand ils donnent leur rapport d'activités annuel, leur
rapport de fin d'année, des façons de faire ces rapports qui
font, premièrement, que les gens vont les lire et, deuxièmement,
qu'ils vont coûter moins cher. D'ailleurs, nous pensons faire la preuve
dès cette année que cela représente à la fois une
économie et de l'efficacité.
M. Ciaccia: Supposons que ce rapport soit soumis à votre
ministère pour fins de coordination, serait-il édité par
votre ministère avant de donner l'information au public?
M. O'Neill: Ce qui a été proposé dans le
moment, c'est que les ministères acceptent un encadrement, un plan qui
ne touche aucunement, par exemple, le contenu du rapport du ministère
des affaires sociales qui relève de ce même ministère. Si
vous prenez, par exemple, les rapports existants; chaque député
en a reçu, comme moi, à l'assemblée nationale. C'est une
présentation qui varie de l'un à l'autre, tant pour le format que
pour l'importance accordée à certaines matières. Il y a
des rapports, par exemple, qui ont plutôt l'air de rapports de promotion,
c'est-à-dire qu'il y a des ministères qui se conduisent comme
s'ils avaient un produit à vendre. On dirait qu'ils veulent imiter
l'entreprise privée. Alors, c'est plutôt dans cette ligne, mais
aucunement dans l'idée de dire que
vous auriez une sorte d'agence qui contrôlerait l'information et
qui se mêlerait de la filtrer. Le contenu de tous ces rapports devra
toujours relever des ministères.
M. Ciaccia: Ce processus va-t-il s'étendre aux organismes
gouvernementaux comme, par exemple, la Société des alcools ou
à d'autres organismes paragouvernementaux?
M. O'Neill: Pas pour cette année, en tout cas, de toute
façon, quand vous arrivez à la Société des alcools,
vous avez affaire à une société qui fait de la
publicité. Le premier projet, si je ne me trompe pas, n'incluait pas une
société comme la Société des alcools,
l'Hydro-Québec ou des organismes comme ceux-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: On a mentionné tout à l'heure que
tout citoyen avait droit aux communications et le député de
Vanier a donné Gaspé comme exemple, parce qu'il sait très
bien que nous sommes loin des centres et que les communications nous arrivent
deux ou trois jours en retard. Ce n'est pas sur cela; il s'agit de questions de
détails. En tournant les pages tout à l'heure, le ministre a
laissé certaines portes ouvertes à l'information, à la
radio et à la télévision, etc. En même temps, il
nous a également ouvert les portes du fédéralisme et de
l'indépendance. Je ne voulais pas mentionner cela dans mes questions
préliminaires, mais, étant donné que nous faisons toujours
partie du Canada et que le député de Mont-Royal a
mentionné l'épanouissement de la culture française dans le
Québec, il reste qu'en dehors du Québec nous avons quand
même une mission, une certaine responsabilité vis-à-vis des
francophones un peu partout au Canada.
J'aurais aimé que le ministre nous parle un peu plus du
contentieux fédéral-provincial en ce qui a trait aux
communications. J'aurais aimé également qu'il nous expose, de
façon assez claire, peut-être assez succincte, la politique qui
sera celle de son gouvernement aussi longtemps que nous allons demeurer dans la
Confédération, que ce soit six mois, un an ou quatre ans. Le
ministre dit que par les ententes, on retire, on paie des taxes, on a quelque
chose en retour. Est-ce que le ministre ne pourrait pas insister, avoir des
rencontres, faire des propositions pour que nous retirions plus des taxes que
nous payons? Quand l'indépendance se fera, il y aura un grand pas de
fait dans le domaine des communications. Ce sont toutes ces choses qui me
chicotent un peu. Si on paie trop, si on ne retire rien, à ce moment,
les deux gouvernements collaborant dans le moment au sein de la
Confédération canadienne, il me semble que beaucoup plus de monde
dans le Québec pourrait participer à des programmes, et que ce
serait beaucoup plus effectif. J'ai vu, quelque part, qu'on parle de radio en
Gaspésie, de télévision, j'en ai dit un mot au ministre
personnellement, déjà.
C'est à peu près nul, presque zéro. C'est
l'entreprise privée, grâce à Dieu, qui nous rend service,
mais il y a beaucoup de gens qui ne sont pas informés, qui n'ont
absolument rien du tout, et comme j'ai déjà dit au ministre: Si
on attend le fédéral jusqu'après l'indépendance, si
cela prend 32 ans, on va être 32 ans sans radio ni
télévision. J'aimerais que ça aille un petit peu plus
vite...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Le Moignan: J'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il va
faire pour brasser le fédéral afin que le fédéral
nous apporte plus d'argent. Quand je parle de la Gaspésie, je pense aux
autres régions éloignées, nous ne sommes pas les seuls. Il
suffit d'aller dans un hôtel de la métropole, on prend 25 canaux,
15 canaux, on joue dans les beaux programmes de télévision, mais
chez nous on ne joue pas souvent. Si on pense aux anglophones, ils ont les
programmes de Moncton, et ils n'ont aucune nouvelle de la province de
Québec, ce sont des Gaspésiens, des Québécois qui
vivent au Québec depuis 200 ans. Si on pense à nos francophones
de certaines régions, ils sont encore plus mal desservis que les
Anglais, il n'y a rien du tout qui rentre dans certains coins, ni radio, ni
télévision. Vous allez peut-être me dire qu'ils ont la
radio de Sept-lles. C'est vrai, Sept-lles va nous donner les programmes de la
Côte-Nord. Je n'ai rien contre la Côte-Nord. Ils vont
peut-être prendre un autre poste français qui vient d'ailleurs,
qui est capté par ondes courtes. J'aimerais que le ministre fasse
quelque chose et aille chercher l'argent au fédéral, tout de
suite, ne pas attendre l'indépendance, il ne faut pas laisser perdre des
millions tout le temps...
M. Ciaccia: ... à la question de procédure et
soulever des questions de règlements. Est-ce que je pourrais demander si
on pourrait vider la question d'information gouvernementale? J'aurais seulement
une ou deux autres questions et, après cela, on pourrait commencer avec
la question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le ministre est d'accord?
M. Le Moignan: Je pensais, tout à l'heure, que l'on
entrait dans les questions de détails.
M. Ciaccia: Je voulais seulement dire que j'ai deux petites
questions. Plutôt que de revenir après sur une...
M. Le Moignan: On est encore en démocratie jusqu'à
l'indépendance réelle.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans les relations
fédérales-provinciales. C'est un autre sujet.
M. Ciaccia: Immédiatement après cette autre
question, on pourrait rentrer... et vous pourriez répondre au
député de l'Union Nationale.
On parlait d'information, est-ce l'intention du ministre
d'émettre des directives à tous les autres ministères
quant à la question de coordination et d'éditer l'information
dont il parlait?
M. O'Neill: M. le Président, actuellement du moins, ce
n'est pas de cette façon qu'on pense procéder. A ma connaissance,
M. Frigon me dira si je me trompe ou non, il y a eu des discussions entre les
fonctionnaires. C'est simplement rendu à ce stade. Tout cela, en fait,
n'est pas rendu bien loin. J'ai vu, par exemple, un premier projet de travail
qui a été fait et qui est en train d'être refait. Pour ma
part, c'est tout ce qu'il y a. Pour ce qui est du point particulier, tout
à l'heure, des rapports de fin d'année, c'est plus précis
parce que c'est une tâche qui a été confiée à
l'éditeur et dont il s'occupe.
Cela ne se fait pas à mon niveau, ce n'est pas moi qui me
mêle de cela directement. Je verrais mal émettre des directives
à l'adresse des autres ministères. Cela ne me paraîtrait
pas tout à fait dans mes pouvoirs de faire des choses pareilles.
M. Ciaccia: Dans vos habitudes.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'effort de compilation, vous allez
peut-être...
M. O'Neill: Est-ce que M. Frigon pourrait ajouter une
précision, s'il vous plaît.?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sauf que
M. Frigon parle au nom du ministre dans le journal des Débats.
M. O'Neill: D'accord.
Dans nos fonctions de normalisation, si on prend l'exemple des rapports
annuels où on veut normaliser les formats, la présentation, etc.,
cela débouche sur des directives mais celles-ci ne peuvent pas
être données par le ministère des Communications, elles
sont données par le Conseil du trésor, qui les accepte ou qui les
refuse. Si vous voulez, dans nos fonctions de normalisation, nous jouons
beaucoup plus un rôle de conseiller vis-à-vis du Conseil du
trésor que directement vis-à-vis des ministères, parce que
nous sommes aussi un ministère de services.
M. Ciaccia: Si, éventuellement, il y avait de telles
directives, est-ce que ce serait possible pour le ministre de les
déposer à la commission, pour qu'on en prenne connaissance,
à l'Assemblée nationale?
M. O'Neill: Si cela existait?
M. Ciaccia: Si, éventuellement... M. Frigon parlait de
directives possibles du Conseil du trésor, ces directives ne seraient
pas émises par vous-même, mais plutôt par le Conseil du
trésor; est-ce que ce serait possible, si, éventuellement, il y
avait de telles directives, qu'elles soient déposées pour qu'on
puisse en prendre connaissance?
M. O'Neill: Oui, à ce point de vue on pourrait mentionner
tout de suite la directive qui a été donnée, la
tâche qui a été confiée à l'Editeur officiel
de normaliser les rapports de fin d'année; cela existe et c'est un
document officiel. On pourrait rendre cela public.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de normaliser, vous parlez d'abord
seulement du format, vous ne parlez pas du contenu?
M. O'Neill: Non, non, c'est un mode de présentation. Cela
peut être, par exemple, d'avoir quelque chose...
M. Ciaccia: C'est seulement la présentation.
M. O'Neill: ... qui soit bien organisé, bien
structuré qui soit plus économique et qui soit plus facile
à consulter, en même temps. Si quelqu'un se retrouve bien d'un
rapport à l'autre, ce sera facile de savoir ce qui s'est passé
vraiment. Cela existe déjà.
Est-ce que je pourrais revenir? Juste une dernière
précision. Il y a une question qui est restée en suspens, tout
à l'heure, qui a été posée par le
député de Vanier, qui avait l'air de se scandaliser du fait qu'il
y avait une tranche de budget dans l'information qui avait été
amputée de plusieurs centaines de milliers de dollars. Juste pour calmer
ses inquiétudes, je voudrais donner quelques renseignements que
j'ai.
Dans le budget de l'an dernier, il faudrait inclure d'abord la campagne
de publicité qui a été faite à l'occasion des Jeux
olympiques, les dépenses afférentes à cela, c'est
déjà $479 000. Cela n'existe pas cette année. Il y a une
diminution aussi, par suite de compression des dépenses, dans le
recrutement des fonctionnaires, donc une diminution des offres d'emploi. Je
chiffrerais approximativement, comme dépenses, $150 000. A la même
occasion, il y a une diminution des appels d'offres et d'avis publics à
peu près du même montant. Il y a aussi un
réaménagement administratif qui a entraîné le
transfert des services, l'équipement audio-visuel de la Direction
générale des communications gouvernementales à la
Direction générale des services techniques; à peu
près $150 000. Alors, quand on fait le calcul de tout cela, je pense
qu'on peut dire que notre intention n'est pas, cette année, de
réduire l'information que nous voulons assurer aux citoyens.
C'est juste pour rassurer le député de Vanier, qui avait
l'air d'être un peu angoissé, à ce sujet, tout à
l'heure.
M. Bertrand: Je voudrais remercier le ministre de ces
précisinons . Je vais simplement ajouter qu'il n'en demeure pas moins
que le pourcentage consacré à la communication gouvernementale
reste mince. Mais aussi, si vous me le permettez, M. le Président,
puisqu'il y a plusieurs références qui ont été
faites au député de Vanier là-dessus, je ne voudrais pas
que l'Opposition officielle et je suis certain que ce n'est pas pour des
fins partisa-
nes qu'elle le faisait, mais bien parce qu'elle cherche à faire
toute la lumière sur l'action gouvernementale convertisse un
désir fort louable, qui était même celui de l'ancien
gouvernement, en un projet de machiavélisme inavouable qui serait celui
de vouloir faire de la propagande politique, et surtout de passer par-dessus la
tête des media d'information, dont Dieu sait que nous avons un respect on
ne peut plus grand.
Je pense même que ce gouvernement, à l'heure actuelle, non
seulement depuis le 15 novembre a prouvé qu'on n'avait pas changé
de société démocratique pour s'en aller vers une
société dirigiste dans tous les secteurs d'activité, mais
au contraire, que la démocratie s'exerce mieux et plus qu'elle ne s'est
jamais exercée. Bien plus, le ministère des Communications a
l'intention d'intensifier l'exercice de ces libertés
démocratiques dans le domaine des communications. Il ne faudrait quand
même pas chercher des puces sur notre tête à ce sujet.
En plus, je voudrais aussi ajouter qu'il faudrait voir, dans
l'intervention que j'ai faite tantôt, une volonté, à mon
avis, tout simplement normale. Je ne comprendrais pas que ce ne soit pas
l'intention de notre gouvernement d'intensifier la communication
gouvernementale. Pour peu qu'on veuille bien comprendre ce que cela veut dire
en termes de contenu, en termes de moyens et en termes de
responsabilités bien précises, bien pratiques, je crois que ce
n'est que normal que chacun des ministères du gouvernement, et entre
autre chose le ministère des Communications par la fonction toute
normale de coordination qu'il doit exercer, remplisse cette
responsabilité, mais cela n'a rien à voir, bien sûr, avec,
à côté de tout cela, et fonctionnant maintenant comme cela
a toujours fonctionné, et si possible mieux, avec des lois qui
permettraient que cet exercice des libertés démocratiques
s'intensifie, la responsabilité des media d'information.
Il n'est pas du tout question, dans l'exposé que j'ai fait
tantôt, de vouloir contrevenir à cela; au contraire, je voulais
insister sur l'une des responsabilités du gouvernement qui, à mon
avis, à l'heure actuelle, est mal exercée.
M. Ciaccia: La meilleure manière de garantir qu'il n'y
aura pas cet abus et ce danger de dirigisme ce serait, pour un gouvernement, de
ne pas trop s'embarquer dans la question d'information.
M. Bertrand: Mais vous êtes d'accord pour rendre accessible
aux citoyens...
M. Ciaccia: L'information sur tous les services...
M. Bertrand: ... l'information sur tous les services
administratifs existants.
M. Ciaccia: Oui.
M. Bertrand: Et à permettre que le gouvernement soit mis
au courant, par ses bureaux régio- naux, des besoins des citoyens en
matière de renseignements et d'information sur tous les services qui lui
sont fournis. Vous êtes d'accord avec cela?
M. Ciaccia: Oui, d'accord. Mais pourquoi avez-vous parlé
de plus que cela?
M. Bertrand: C'est parce que j'ai beaucoup insisté et vous
avez peut-être pensé...
Mme Lavoie-Roux: Je suis très heureuse que le
député de Vanier revienne sur ce qu'il a dit. Je ne pense pas que
nous l'ayons mal interprété. Il voyait la nécessité
de l'information du gouvernement aux citoyens comme une façon de
remédier aux failles ou aux interprétations peut-être pas
toujours objectives; comme l'a signalé le ministre, cela devient
difficile de savoir ce qui est suggestif et objectif. Si vous relisez, demain,
les Débats, vous allez voir que c'est ce que vous avez dit.
M. Bertrand: Si c'est la façon dont je me suis
exprimé tantôt et que vous l'ayez compris comme cela, madame, je
voudrais que vous acceptiez les dernières remarques que je viens de
faire...
Mme Lavoie-Roux: Absolument. Je suis contente de les
entendre.
M. Bertrand: ... comme étant l'expression de mon sentiment
réel face à ce problème.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au ministre pour lui permettre de répondre aux questions du
député de Gaspé. Après, ce sera au
député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, sur le même sujet...
M. de Bellefeuille: Sur le même sujet...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Guay: ... je voudrais m'inscrire en faux contre une des
dernières remarques du député de Mont-Royal voulant que le
gouvernement, pour éviter toute tentation que le député
nous prête très facilement, de sombrer dans la propagande, ce qui
n'est pas du tout l'idée du gouvernement, devrait éviter d'aller
trop loin dans le domaine de l'information administrative.
Je pense, au contraire, que le gouvernement devrait aller très
loin dans le domaine de l'information administrative précisément
pour l'excellente raison qu'à l'heure actuelle cette information
administrative est singulièrement déficiente sur le territoire du
Québec et les citoyens du Québec sont en droit de savoir quelles
sont les mesures législatives que l'Assemblée nationale, par
exemple, a adoptées et dans quelle mesure cela les concerne, ce que cela
implique comme services, comme droits, et comme obligations. Cela ne met
pas en cause du tout le rôle des media, des journalistes, le
rôle de la presse écrite ou électronique. La presse
écrite ou électronique rapporte l'événement de
façon plutôt instantanée. Un jour, on fait état de
telles choses; on fait état des faits saillants de telle mesure qui a
été prise par l'Assemblée nationale ou alors, dans le
domaine carrément politique, de telle déclaration. Les
déclarations politiques, il est entendu que c'est le domaine exclusif
des media d'information. L'information administrative n'a rien à voir
là-dedans.
Il est bien évident que, quand l'Assemblée nationale
adopte une loi, je pense, par exemple, à titre d'hypothèse, au
projet de loi no 2 sur le financement des partis politiques, ce projet de loi,
s'il voit le jour sous forme de loi tel qu'il est à l'heure actuelle,
impose des restrictions à ce que les citoyens peuvent faire, à ce
que les compagnies peuvent faire, à ce que les syndicats peuvent faire.
Les media vont peut-être rapporter dans le lot d'information d'une
journée... Dieu sait qu'il peut y avoir plusieurs déclarations
qui ont priorité en termes d'information sur le fait que cette loi ait
été adoptée, mais ce qui a été
adopté, on va rapporter les faits saillants.
Il y a beaucoup de citoyens qui, pour toutes sortes de raisons, n'auront
pas lu les journaux ce jour-là, auront été absents du
Québec, auront entendu d'une oreille distraite et plus ou moins saisi ce
qui se passe, sinon que le projet de loi a été adopté. Or,
il y a dans les projets de loi des notes explicatives, par exemple. Ces notes
explicatives ont seulement pour but d'expliquer précisément
quelle est la nature du projet de loi, quelle est la portée du projet de
loi.
Il ne s'agit pas de faire de la propagande pour dire: C'est un bon
gouvernement qui a adopté une bien bonne loi. Ce n'est pas du tout cela.
Il s'agit de dire aux citoyens: Dorénavant, à cause d'une loi que
l'Assemblée nationale vient d'adopter, vous avez telle obligation ou tel
droit en ce qui a trait au financement des partis politiques. Cela peut
concerner, d'ailleurs, n'importe quel autre projet de loi j'ai pris
celui-là au hasard et Dieu sait qu'il y en a bien d'autres
où l'Assemblée nationale vient d'adopter une loi qui fait que
vous avez dorénavant telle possibilité que vous n'aviez pas
auparavant.
Si on ne donne pas ce renseignement-là au citoyen si on ne dit
pas au citoyen quel est l'impact des projets de loi, quelle est la
portée pour lui des projets de loi de l'Assemblée nationale,
à ce moment-là le principe qui vaut en droit selon lequel
personne n'est censé ignorer la loi est un principe parfaitement futile
jusqu'à un certain point, puisque le gouvernement ou l'Assemblée
nationale adopte des lois et qu'en bonne partie ces lois sont méconnues
de la population, sont méconnues du public, particulièrement en
ce qui a trait aux obligations de chaque citoyen, aux droits ou aux devoirs de
chaque citoyen ou aux services auxquels le citoyen peut s'attendre. A ce
moment-là, il est un peu illusoire et fallacieux de demander au citoyen
de ne pas ignorer la loi quand le gouvernement ne fait rien, d'autre part, pour
l'informer de ses droits et de ses devoirs.
Cela, c'est de l'information administrative. Il ne s'agit en aucune
façon de faire de la propagande. Il y a des sociétés
occidentales très démocratiques qui ont des politiques
d'information administrative beaucoup plus poussées que celles du
Québec et Dieu sait que ce n'est pas difficile et qui
n'ont pas, pour autant, sombré du tout dans la propagande. C'est une
question de maturité d'une société aussi cette question et
je ne pense pas qu'on sombre dans la propagande du seul fait qu'on veuille
effectivement dire aux citoyens quels sont leurs droits à partir des
mesures législatives qui ont été adoptées à
l'Assemblée nationale. Au contraire, je pense que c'est un service
élémentaire.
M. Ciaccia: Je m'excuse, mais je trouve très dangereux ces
propos, si vous dites que vous allez laisser au pouvoir politique le soin
d'expliquer les mesures que le gouvernement va prendre. Je ne pense pas que
vous allez pouvoir nous donner des exemples de démocraties où on
agit de cette façon, où on laisse le pouvoir politique donner le
genre d'information que vous venez de dire. Ce n'est pas seulement ce que vous
allez dire et qui est dans la loi, mais ce que vous pouvez omettre.
L'interprétation que vous pouvez donner d'une loi vous en avez
pris une assez importante, la loi 2 c'est non seulement de rapporter ce
que la loi fait, le financement des partis politiques, mais ce qu'elle fait
à la liberté d'expression et à la liberté
d'association. Je serais pas mal certain que, dans l'information que vous allez
donner aux gens, vous n'allez pas leur dire: Nous allons restreindre votre
liberté d'association, nous allons restreindre votre liberté
d'information dans cette loi. C'est là que je vois le danger pour un
gouvernement de prendre de telles mesures, d'accaparer ces
pouvoirs-là.
Moi, je trouve que ce n'est pas dans les traditions d'un gouvernement
démocratique et je conseillerais au ministre d'être très
prudent dans le genre de propos que vous venez d'énoncer. Je trouve que
c'est dangereux pour tout le monde. Je ne parle pas de question de partisanerie
à ce moment-ci, parce qu'aujourd'hui c'est un gouvernement et demain
cela va en être un autre.
M. Guay: Je m'excuse, mais, puisqu'on met en cause mes propos,
j'aimerais bien quand même préciser une chose. D'abord, si ce
n'est pas le gouvernement qui le fait, compte tenu que c'est de l'information
administrative, qui est-ce qui va le faire? L'Opposition officielle? En plus de
cela, les arguments que vous évoquez concernant le projet de loi no 2
sont des arguments d'ordre politique que vous allez sûrement soulever en
commission et que vous allez soulever à l'Assemblée nationale,
à moins que vous ne mettiez en cause la souveraineté du
Parlement. Dieu sait que l'Opposition nous a assez fait de procès
d'intention faux depuis quelque temps sur nos tentatives de manoeuvre du
Parlement et de la souveraineté absolue de l'Assemblée nationale.
C'est justement ce dont il s'agit. A partir du moment où
l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi, cela devient une
loi,
quels que soient les arguments qui étaient favorables ou
défavorables, pour ou contre ce projet de loi. Du moment où c'est
une loi, cette loi implique des droits, elle implique des obligations, elle
implique des devoirs.
Elle implique aussi possiblement des services en faveur des citoyens. Il
est éminemment normal, au moment où le Parlement a statué,
où l'Assemblée nationale souveraine a décidé que
c'est la loi, que l'on explique précisément ce qu'est cette loi,
ce qu'il y a dans la loi. Non pas les arguments qui militent en faveur ou
à l'encontre de la loi, mais ce qu'il y a dans les articles de la loi.
Cela limite à $3000 par année vos possibilités de
contribuer à des partis politiques. C'est important que les gens le
sachent, parce que s'ils contribuent innocemment $3500, ils sont passibles
d'une amende parce qu'il y a un autre article qui dit que vous avez une amende.
C'est important que la population sache quelles sont les limites, et c'est cela
l'information administrative. Il ne s'agit pas des arguments politiques qui
n'auront pas été apportés pour ou contre le projet de loi
lors de l'étude en commission ou à l'Assemblée nationale.
Il s'agit, au moment où c'est une loi, de savoir ce que cela implique
comme portée, quel est l'impact de cette loi sur la population, sur
chaque citoyen.
Je pense qu'une société démocratique est d'autant
plus démocratique dans la mesure où l'on fait exactement cette
information, et d'autant moins démocratique dans la mesure où on
cherche à cacher ce que fait le gouvernement et la portée des
projets de loi. Une société bien informée est une
société fichument démocratique. Et dans le sens où
l'on veut faire du Québec une société plus
démocratique, c'est précisément essentiel que l'on ait une
information administrative beaucoup plus poussée que cela ne
l'était dans le passé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Vous permettez, M. le Président, avant de
tenter de répondre à M. le député, que je fasse un
commentaire sur le même sujet? On nous a posé tout à
l'heure une question sur le principe qui devrait nous inspirer actuellement
dans le domaine des communications. Je voudrais simplement rappeler de nouveau
ce principe dont nous avons parlé. Je pense qu'il est fondamental et
c'est celui-ci: le devoir de rendre l'information accessible, et je voudrais
insister là-dessus, encore une fois. Il ne faudrait pas voir dans les
quelques projets qui existent de réaménager et rationaliser
l'information un désir de transformer cette information en une sorte de
mécanisme de propagande.
Nous croyons à l'information. L'information, c'est le
commencement de la liberté. C'est l'idée. Nous croyons aussi
à la liberté des agents d'information. La preuve de cela, c'est
qu'actuellement nous acceptons de fonctionner avec un projet politique qui est
discuté partout, et alors que nous avons la quasi-certitude d'avance que
cer- tains media qui se mêleront tout à l'heure de ces questions
vont nous combattre assez férocement. Dans notre esprit, il n'y a
aucunement l'idée de les mettre au pas. Nous pensons que, finalement, ce
qui est vrai finira par triompher, croyant que plus il y aura de
véritable information, plus les gens discuteront de questions
politiques, plus ils deviendront conscientisés et plus la chance est
grande qu'ils feront de bons choix politiquement parlant. Je crois que, dans
cet état d'esprit, dans cette attitude, il y a une preuve importante que
nous croyons à l'information et, encore une fois, qu'elle soit
accessible.
Je me permets de rappeler un point de comparaison. Il faudra attendre
longtemps avant de trouver au Québec un genre de projet de loi comme
celui qui est présenté actuellement à Ottawa sur les
télécommunications. Je me permets de prendre cela comme point de
comparaison. A mon avis, il y a là un projet de loi dangereux.
D'ailleurs, je suis un peu surpris que beaucoup de gens de chez nous, dans
notre pays, qui font des grands plaidoyers en faveur de la liberté
d'information et qui soupçonnent le parti au pouvoir de nourrir de
sombres desseins à ce sujet, n'aient pas encore protesté contre
cela, parce que, lui, met ouvertement et très directement en danger la
liberté d'information et, en gros, ce qu'on appelle les libertés
démocratiques. Je fais ici le point de comparaison, et je pense que,
quand on établit ainsi cette comparaison, nous sommes en bonne posture
et nous sommes très loin de mériter, de quelque façon, ces
reproches que le pouvoir fédéral actuellement mérite
à cause de cette tendance qu'il a, sous l'effet de la panique, de
vouloir exercer une sorte de mainmise, entre autres sur la presse
électronique.
M. Ciaccia: Une petite question qui provient des propos du
ministre. Est-ce que le ministre nous dit que, dans la question d'information,
le seul temps ou le seul endroit où il va donner l'information au
public, que son ministère va donner cette information, ce sera sur des
projets de loi adoptés par l'Assemblée nationale?
Naturellement, d'après le député de Taschereau, le
public a le droit de savoir quelles sont les lois et quelles sont les
obligations du citoyen. Allez-vous vous limiter à ce genre d'information
ou bien, par exemple, allez-vous utiliser les pouvoirs et les structures de
votre ministère pour, je ne dirais pas vendre, mais promouvoir la
question d'indépendance, qui n'est pas un projet de loi, qui n'est pas
une loi adoptée par le gouvernement mais une politique d'un parti
politique? Allez-vous faire cette distinction?
M. O'Neill: M. le Président, j'aurais quasiment envie de
dire à M. le député de Mont-Royal, mais de quels pouvoirs
s'agit-il? Nous en avons actuellement finalement si peu, c'est-à-dire
que dans le moment nous souhaitons être reconnus comme un
ministère de coordination en matière d'information, encore une
fois pour rendre celle-ci plus accessible et plus efficace, incluant entre
autres
toute l'information administrative, l'aider à la rendre jusqu'aux
citoyens. J'imagine que c'est cela un peu le sens de votre question, à
savoir si nous allons utiliser la machinerie dont nous disposerions pour faire
de la propagande en faveur de l'indépendance? C'est une action politique
que les hommes politiques peuvent faire en discours comme d'autres en font
contre l'indépendance comme cela se fait dans le moment. Il y en a qui
à l'Assemblée nationale aiment parler en faveur de
l'indépendance ou contre. Cela est transcrit dans les media
d'information. C'est la façon générale de procéder.
Mais pour le reste, encore une fois, l'idée de bâtir une agence
Tass ou quelque chose du genre, nous n'en avons ni le goût ni les
moyens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bellefeuille: M. le Président, sur le même sujet
mais à un niveau plus terre à terre, je me réjouis de ce
que le ministre ait calmé l'inquiétude du député de
Vanier. Quant à moi, quand j'ai constaté cette diminution dans un
poste du budget, j'en étais plutôt heureux qu'inquiet, d'autant
plus heureux que j'ai entendu aussi les explications du ministre parce que je
considère que les infusions d'argent ne sont pas nécessairement
un bon moyen d'améliorer l'efficacité des programmes
gouvernementaux. Cela me paraît s'appliquer d'autant plus au
ministère des Communications que j'ai noté, à titre de
citoyen, dans les travaux de ce ministère un assez remarquable esprit
d'invention et de créativité, ce qui pourrait montrer que
l'invention et la créativité, qui ne courent pas toujours tous
les corridors gouvernementaux, dans le secteur des communications permettent
d'étendre les programmes sans augmenter les budgets. A cet égard,
moi, je tiendrais à féliciter les fonctionnaires de ce
ministère.
Dans la même veine, je voudrais demander au ministre, ou plus
exactement au sous-ministre qui a parlé de normalisation dans le cas des
publications gouvernementales, si cette normalisation quant au budget doit se
faire vers le haut ou vers le bas.
Autrement dit, va-t-on chercher à réduire le coût
des publications gouvernementales? M. le sous-ministre ne nous l'a pas
précisé, que je sache.
Radiodiffusion et télédiffusion
M. O'Neill: Nous pensons que, si les ministères sont
fidèles aux recommandations de l'éditeur officiel pour ces
rapports de fin d'année, on pourrait épargner quelque chose comme
$200 000 ou $300 000 au départ. Alors, c'est vers le bas, de l'argent
qui pourrait servir à d'autres fins mais à de bonnes fins.
M. le Président, je vais tenter de répondre aux questions
de M. le député de Gaspé concernant surtout le
problème de la radiodiffusion et de la télévision.
J'ai eu d'abord un petit étonnement face à ces questions,
parce que je me demande s'ils réalisent parfaitement jusqu'à quel
point un demi-pouvoir ne donne qu'une demi-politique, c'est-à-dire
cela m'est arrivé à plusieurs reprises dans des
tournées d'entendre des recommandations concernant la radio et la
télévision, du mauvais service, mais les gens ne le
réalisaient pas, finalement, et cela ne relevait pas de nous. Pour une
fois, il faut bien comprendre que notre pouvoir est tout à fait
indirect. Nous pouvons faire des recommandations, des suggestions ou
émettre des protestations auprès de la Société
Radio-Canada, par exemple, mais cela s'arrête là.
Donc, comme attitude globale, encore une fois, c'est une intervention
indirecte. De même, on nous a demandé ce que nous faisions dans
les conflits de travail actuels qui ont éclaté dans le domaine de
la radio et de la télévision au Québec. Encore là,
c'est une intervention simplement indirecte que nous pouvons nous permettre, ce
qui n'empêche pas certaines mesures ponctuelles. Je me permets d'en
signaler une qui va intéresser particulièrement le
député de Gaspé. Nous avons, par exemple, aidé au
fonctionnement de Radio-Gaspésie, précisément parce que
nous savions qu'il y avait là des besoins particuliers et qu'il fallait
que ces gens soient aidés. C'est une subvention assez modeste, $25 000
mais, avec les budgets que nous avons, je pense que c'est quand même une
subvention sérieuse. Nous avons tenu compte des besoins particuliers des
régions de l'Outaouais, de l'Abitibi, et du Témiscamingue lorsque
nous avons approuvé la première tranche du projet d'expansion de
Radio-Québec, en demandant que ce soit précisément de ce
côté qu'on se dirige, parce que nous avions beaucoup de
renseignements là-dessus concernant les besoins de cette population
frontalière qui réclamait de meilleurs services et, avec
raison.
Maintenant, le député de Gaspé m'a également
posé des questions sur notre querelle
fédérale-provinciale. Ce n'est pas notre querelle, c'est la
querelle du gouvernement du Québec qui s'adapte depuis assez longtemps
quand même. Encore une fois, nous avons hérité de cette
querelle du gouvernement précédent, et je pense que c'est
là un bon héritage. Je crois qu'il faut ici reconnaître le
mérite du gouvernement précédent qui n'était quand
même pas connu comme un gouvernement très revendicateur face au
gouvernement fédéral. On ne pourrait pas dire que c'était
la première de ses vertus, mais il a quand même fait preuve
là-dessus d'un courage assez remarquable. Comme les anciens le diraient,
c'est une opinion. Alors, il reste que là-dessus il y a des prises de
position qui ont été formulées et que je crois tout
à fait à point.
Ce qui était le plus étonnant dans ce domaine, c'est qu'on
a sans doute remarqué que depuis le 15 novembre, depuis qu'il y a un
certain énervement ailleurs au pays, dans l'ensemble du pays qui
s'appelle le Canada, suite à l'arrivée au pouvoir du Parti
québécois, depuis ce temps, parmi les propositions
formulées par des hommes politi-
ques comme M. Hatfield, un citoyen éminent comme M. Phil
Horton, et bien d'autres dont j'oublie le nom, des anglophones éminents
bien connus beaucoup portaient sur le domaine des communications, je ne
sais pas si c'est un phénomène que vous avez remarqué,
chose assez étonnante.
Or, c'est dans un secteur comme celui-là qu'à l'inverse,
la position du gouvernement actuel à Ottawa est la plus rigide. Alors
que beaucoup d'anglophones disent: Pour détendre un peu le climat et
favoriser le rapprochement, il y aurait lieu de reconnaître aux
provinces, incluant le Québec, une compétence en matière
de communication. Ici, je pense qu'il aurait été souhaitable et
les choses auraient avancé beaucoup plus vite si des gens qui
appartiennent à d'autres formations politiques avaient pris
là-dessus la même position que le gouvernement actuel ce qui, en
passant, serait une chose relativement facile pour l'Opposition officielle
puisqu'au fond, nous ne faisons que prolonger la position de l'Opposition
officielle. Il y aurait ici lieu de sortir des déclarations fort
intéressantes et assez percutantes de M. Bourassa, par exemple, en la
matière, et évidemment de M. L'Allier aussi.
Je vous signale là-dessus, en passant, que sur ce domaine des
communications, c'est vrai que nous ne sommes pas seuls, puisque des provinces
comme l'Ontario, sur beaucoup de points, adoptent des positions comme la
nôtre. Maintenant, il faut bien se dire ceci: Revendiquer, protester,
réclamer, cela peut faire pour un certain temps, mais à un moment
donné, il faut quand même faire autre chose. C'est un exercice qui
peut être stimulant, mais il faut aussi que cela donne des
résultats et, évidemment, vous êtes devant, ici, un
gouvernement qui estime qu'il y a peu de résultats à attendre du
débat actuel. Quand on me pose la question: Est-ce que vous allez
dialoguer avec le ministre actuel des Communications à Ottawa, je
réponds d'intention: Oui, nous voulons dialoguer avec tout le monde.
Maintenant, un dialogue cela s'établit à certaines conditions,
c'est-à-dire que, lorsqu'on dit: Posons comme principe, au
départ, que nous avons tous les pouvoirs en matière de
communications; maintenant, si vous voulez, on va dialoguer, je trouve que cela
fait un étrange dialogue. C'est exactement le langage qui est tenu dans
le projet de loi C-43 où on nous dit, tout à coup, à
l'article 7, qu'on consentira quand même à certaines
délégations de réglementation. C'est un dialogue qui n'est
pas très facile. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas chercher. Suite
à la réponse, par exemple, récente de Mme Sauvé
à la lettre que j'avais adressée au début d'avril
en passant, c'est une forme de dialogue, s'écrire nous pensons
justement à lui formuler de nouvelles propositions pour voir un petit
peu si elle serait disposée à certains accommodements. En
attendant, nous souhaitons qu'elle soit disposée remarquez que
c'est un souhait formulé de l'extérieur, parce que ce n'est pas
nous qui légiférons à sa place à apporter
à son projet de loi certaines transformations, certaines modifications.
Là, c'est un objectif, remarquez, qui ne nous concerne pas seuls;
à mon avis, cela concerne tous les citoyens canadiens, parce que je
pense que ce projet de loi est nocif pas simplement pour le Québec; il
est nocif pour l'ensemble des citoyens canadiens parce que cela risque, un jour
ou l'autre, de les affecter dans l'exercice des libertés
démocratiques.
Donc, je vous signale cela. La disponibilité pour le dialogue, je
pense qu'elle est là, sauf que, quand on arrive à des questions
de principe, il faut quand même savoir quelle sorte de postulat on
énonce, quelle sorte de principes on formule. Le dialogue devient plus
difficile, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu de chercher de
nouvelles voies.
M. Le Moignan: M. le ministre, d'après certains media
d'information, je croyais que Mme Sauvé avait le coeur tellement ouvert,
tellement large envers vous qu'elle était prête non seulement
à dialoguer, mais à faire des arrangements qui
procéderaient très vite et qui vous aideraient à ajouter
quelques millions de dollars pour réaliser des choses concrètes
qui sont, je sais, de juridiction fédérale. C'est pour cela que,
tout à l'heure, je voulais savoir si vraiment vous avez insisté,
pesé assez pour que Mme Sauvé penche de votre côté,
quoi, et vous fasse plaisir. Elle n'est pas la seule; le gouvernement
fédéral aimerait tellement faire des concessions, surtout au
Québec dans le moment. Est-ce que ce sont seulement des promesses ou
bien est-ce qu'il y a moyen de les arracher?
M. O'Neill: Je répondrais à cela, M. le
Président, que, d'abord, dans cet affrontement entre Québec et
Ottawa en cette matière, il n'y a pas eu de discussion concernant de
l'argent comme tel; ce sont plutôt des discussions sur les
compétences respectives.
Deuxièmement, je ne mets pas en doute la bonté du coeur de
Mme Sauvé, mais c'est accompagné d'une certaine rigidité
d'esprit qui ne change pas tellement les choses, qui n'aide pas, si vous
voulez, à trouver de nouvelles solutions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet?
M. Ciaccia: Quand vous parlez de la rigidité du
gouvernement fédéral remarquez bien, je ne connais pas ces
questions ici, dans le sens que l'Opposition officielle approuve globalement ou
autrement le projet de loi qui a été déposé
à Ottawa mais, quand vous parlez d'être rigides ou qu'ils
sont rigides, comment pouvez-vous dire cela, sans au moins être
allé à la conférence à Edmonton? On vous l'a
demandé en Chambre, je sais que vous nous avez donné certaines
réponses, mais vous étiez un nouveau gouvernement, il y avait un
nouveau ministre. Ce n'est pas le même ministre des Communications que
dans le temps de M. Pelletier, Mme Sauvé a donné l'impression
d'être un peu moins rigide...
M. Guay: C'est le même premier ministre. M. Ciaccia:
Pardon?
M. Guay: C'est le même premier ministre.
M. Ciaccia: Même lui change, il donne cette impression.
M. Guay: De Winnipeg à Saskatoon.
Une Voix: D'un jour à l'autre.
M. Bertrand: II est stable dans son instabilité.
M. Ciaccia: Elle a certainement donné l'impression de
faire des ouvertures envers les provinces. D'autres provinces avaient les
mêmes préoccupations que nous, le Québec, et elles s'y sont
rendues. Je pense, par exemple, à la province de l'Ontario; ils avaient
les mêmes préoccupations. Vous avez donné plutôt
l'impression je voudrais que vous corrigiez l'impression que j'ai, si je
n'ai pas la bonne que c'était plutôt une politique de
confrontation que vous vouliez envers le fédéral dans ce domaine.
Vous ne vouliez pas de concession du fédéral, et ce
n'était pas une question d'argent. Votre gouvernement semble donner
l'impression qu'il va aller chercher autant d'argent qu'il peut d'Ottawa. Cela
ne changera rien. Plus d'argent il va avoir, mieux c'est. Mais vous ne vouliez
pas de concession dans un domaine de communication. C'est l'impression qu'on a
de ce côté-ci. Le député de Gaspé l'a bien
dit. En attendant on a des revendications, on a des services à donner
à la population et ce n'est pas en refusant de dialoguer qu'on peut
répondre aux besoins de la population. Je voudrais avoir vos
commentaires sur cette impression que c'est une politique de confrontation dans
ce domaine plutôt qu'un dialogue avec l'espoir, et même plus que
l'espoir, avec la bonne possibilité d'avoir des concessions pour le
Québec, par le gouvernement fédéral.
M. O'Neill: Je ferais, là-dessus, quelques brèves
remarques, M. le Président.
La première, c'est que cette position qui a pris l'apparence
d'une recherche de confrontation n'était en fait que le prolongement de
la position du gouvernement précédent, quand même. La
décision a été prise, d'ailleurs, après qu'on a eu
fait le bilan de tous ces échanges, de ces rencontres qui avaient eu
lieu avec des fonctionnaires d'Ottawa et du Québec sur le
problème des communications.
Je crois être bien conforme à la vérité en
disant que c'était la condition que le ministre précédent,
M. Hardy, avait mise avant d'accepter de rencontrer Mme Sauvé,
c'est-à-dire à la condition que les rencontres donnent quelque
chose.
Il peut arriver que le refus d'une rencontre où on perd son temps
peut être le moyen de débloquer de nouvelles voies. Des
conférences fédérales-provinciales ou des
conférences consultatives, il y en a en très grand nombre chaque
année. Il faudrait voir, pour ce que cela coûte, ce que cela
rapporte. A ce point de vue, qu'une fois sur 300 ou 400 fois on ne soit pas
présent, je pense qu'il n'y a rien de dramatique dans cela. C'est une
façon de dire: Ecoutez, c'est un chemin qui ne mène à
rien; on peut trouver un autre chemin. Lorsqu'on me pose la question, on dit:
On peut assurer un meilleur service. Moi je dis que le meilleur service qu'on
peut assurer, dans le domaine des communications au Québec, c'est que le
gouvernement, qui, naturellement, dans ce domaine, devrait s'occuper de la
chose, assume ses pleines responsabilités. Je pense qu'à ce
moment-là la population aura de meilleurs services, aura une meilleure
répartition, par exemple. Nous pensons que notre intérêt,
à l'égard des groupes moins favorisés en matière de
radio et de télévision, est plus manifeste que celui qui semble
s'exprimer à Ottawa.
Je ferais une dernière remarque. Il peut y avoir des gestes qui
ont l'air de dialogues comme certains types de conférences et qui,
finalement, peuvent aussi prendre l'allure d'une acceptation des postulats qui
inspirent une politique de l'interlocuteur. A ce point de vue, je crois que
c'était une bonne façon que nous avons prise. Je ne vous dis pas
que c'est une décision infaillible, c'est une décision politique
avec ses imperfections et une décision qui, un jour, peut être
révisée si les circonstances changent. On est en politique, on
n'est pas en théologie dogmatique, les choses peuvent se modifier.
Si, un jour, les circonstances sont différentes et si on
s'aperçoit qu'il y a vraiment quelque chose de bon à sortir de
là, qu'on peut aborder la question sous un angle nouveau, à ce
moment-là il est sûr que nous allons collaborer. Même s'il a
été dit qu'en matière de culture et de communications nous
considérions Ottawa comme un pouvoir étranger, propos qui en a
fait frémir certains, il demeure que ce sont évidemment des
voisins avec qui il faut d'abord dialoguer. Un jour, d'ailleurs, nous le
ferons. Nous le faisons d'ailleurs dans beaucoup de secteurs, nous essaierons
de le faire de nouveau en matière de communications et nous le ferons
plus tard quand nous dialoguerons d'égal à égal,
c'est-à-dire quand il y aura des rencontres entre deux pays
indépendants.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Rosemont.
M. Paquette: Simplement pour bien comprendre le sens des
questions du député de Mont-Royal, j'aimerais savoir si
l'Opposition officielle partage toujours la politique qu'elle avait lorsqu'elle
était du côté du gouvernement. Est-ce qu'elle partage les
objectifs du gouvernement du Québec de rapatrier tout le secteur des
communications? J'ai appris qu'en vue du prochain congrès d'orientation
on songeait à remettre en question ce qu'on a appelé un bout de
temps la souveraineté culturelle.
M. Ciaccia: Nous ne sommes pas au pouvoir et je pense bien que
les points de vue que nous pourrions vous donner ce soir ne changeraient pas
grand-chose parce que c'est le gouvernement qui est au pouvoir qui doit exercer
sa politique dans ce domaine.
Même dans la politique du gouvernement libéral
précédent, je crois qu'il y avait eu des nuances, des petites
différences entre M. L'Allier et son prédécesseur M.
Hardy...
M. Bertrand: Cela c'est exact.
M. Ciaccia: ... quand vous parlez de postulat d'avance
d'après mes informations, le ministre des Communications à ce
moment-là, M. Pelletier, avait exigé certaines conditions
préalables. D'après mes informations, je ne crois pas que Mme
Sauvé ait imposé les mêmes restrictions que son
prédécesseur avait imposées et je crois que c'était
l'intention de M. Hardy d'assister à cette conférence. Quand vous
dites qu'il y a beaucoup de conférences, il y en a une centaine et
à certaines on assiste et à certaines on n'assiste pas, je ne
crois pas que ces conférences aient traité de substances de telle
importance comme la conférence à Edmonton. Alors, je crois bien
que dans l'esprit de dialoguer, cela aurait été beaucoup plus
efficace et cela aurait peut-être apporté plus pour les citoyens
du Québec d'y avoir assisté. Au moins, vous auriez pu enlever
cette atmosphère de confrontation, parce que vous parlez d'un pays
à l'autre, mais ce n'est pas encore fait et je crois qu'en attendant on
devrait travailler dans les structures actuelles, dans les structures qui
existent, sans préjuger que certains événements arriveront
ou n'arriveront pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
M. O'Neill: Si vous permettez, je peux commenter maintenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui, d'accord.
M. O'Neill: Brièvement. Mme Sauvé n'a pas
formulé le même postulat que M. Pelletier, mais ce que nous
savions de ses positions par les rencontres justement préliminaires qui
avaient eu lieu nous faisait croire qu'elle n'avait pas changé
d'opinion. La preuve nous a été donnée d'ailleurs par le
dépôt du projet de loi qui, officiellement, elle l'a dit
d'ailleurs elle-même dans les commentaires, s'inspire du livre gris de M.
Pelletier.
Alors là-dessus il n'y a pas tellement de changement. Je me
permets aussi de signaler que, si mes renseignements sont exacts, M. L'Allier
et même M. Hardy ont fait connaître publiquement leur approbation
à l'égard de notre attitude, ce qui montre quand même que
ce n'était pas une sorte de volonté de rigidité qui
était propre à nous.
Il y a une dernière remarque, M. le Président, que je
ferais là-dessus. Je pense que ce qui pourrait aider beaucoup à
débloquer ce dossier ici, je me permets une suggestion à
l'adresse de l'Opposition c'est si cela devenait la position unanime
bien connue de tous les groupes parlementaires à Québec. Ce
serait très facile pour l'Opposition officielle de nous approuver
là-dessus parce qu'au fond nous ne reprenons que la position du
gouvernement précédent. Ce serait très facile aussi pour
l'Union Nationale, parce que tout le monde connaît sa bonne fibre
nationaliste et sa forte tradition autonomiste. Devant non pas un parti
seulement, mais devant l'ensemble d'une Assemblée nationale, comme celle
du Québec, revendiquant les droits du Québec en matière de
communications, je pense que nous aurions peut-être la chance de faire
débloquer le dossier, de faire avancer les choses et de pouvoir
rapatrier des droits qui nous reviennent.
Je crois qu'il y aurait là un geste historique vraiment important
et lourd de conséquences. Il y aurait ici une louable solidarité
qui n'empêcherait pas, évidemment, de conserver certaines
divergences sur d'autres points.
M. Bertrand: M. le Président, directement sur ce que le
ministre...
Mme Lavoie-Roux: Mais moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
parce que j'avais reconnu le député de L'Acadie; après
cela, le député de Taschereau et, après cela, le
député de Vanier.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je crois comprendre du ministre, c'est
que comme point de départ, dans toute cette question litigieuse des
relations fédérales-provinciales dans le domaine des
communications, il considère la position du ministre qui l'a
précédé ou du gouvernement qui l'a
précédé comme une position minimum. Enfin, il faut obtenir
au moins cela dans le domaine des communications au plan de l'autonomie
provinciale. Est-ce qu'il peut nous dire si c'est la politique
générale en termes des relations
fédérales-provinciales, dans le domaine des communications, d'une
part? Etant donné, évidemment, que l'éventualité de
l'indépendance est une chose qui peut se réaliser ou pas, il y a
deux positions possibles qu'il peut élaborer: une qui, je pense,
correspond au programme du Parti québécois qui situait le
problème dans l'hypothèse où le Québec faisait son
indépendance et, à ce moment-là, tout devient du domaine
québécois, c'est évident. Mais, dans l'hypothèse
où elle n'est pas faite et on ne sait pas si elle se fera ou non
quelles sont les intentions du ministre?
Est-ce qu'il s'en tient toujours à la position minimum qui
était requise du ministre qui l'a précédé ou s'il a
d'autres vues quant à ce qu'il veut rapatrier. Est-ce qu'il va plus loin
que le ministre qui l'a précédé?
M. O'Neill: Dans le domaine des communications, c'est le domaine
dont nous parlons...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill:... dans le moment. Je ne parle pas des secteurs qui
relèvent d'autres ministères.
Mme Lavoie-Roux: Non, absolument les communications.
M. O'Neill: Nous parlons justement d'une reconnaissance de la
compétence globale, une reconnaissance globale, si vous
préférez, la compétence du Québec dans ce domaine,
ce qui, évidemment, n'exclut pas ce que l'on appelle les
aménagements techniques. Quand vous parlez de
radio-télédiffusion, vous parlez aussi de fréquences,
d'ondes, etc. Vous devez faire des accords. A un moment donné, on aurait
des difficultés techniques, comme on peut faire avec n'importe quel
pays. C'est cela notre position. Nous estimons qu'elle est légitime dans
le cadre actuel mais évidemment on est en train de nous faire croire ou
comprendre qu'on ne pourra la réaliser simplement que dans le cadre de
l'indépendance. Et je dirais que ceux qui croient encore au
fédéralisme auraient tout intérêt à nous
soutenir dans cette cause parce qu'ils prouveraient qu'on veut pratiquer
vraiment, manifester l'esprit du fédéralisme.
Je ne dis pas que cela nous arrête dans notre projet collectif.
Remarquez que le projet de l'indépendance, ce n'est pas un projet que
l'on fait contre d'autres. C'est un projet que l'on fait pour un peuple,
c'est-à-dire que cela nous apparaît comme une logique interne.
C'est dans le sens de l'histoire qu'un peuple, tout à coup, devienne
adulte et se donne les outils politiques qui lui appartiennent et puis soit
maître chez lui tout simplement. Mais même dans la logique, je
dirais, de ce que l'on appelle le fédéralisme, même
là je dirais que ceux qui veulent sauver le fédéralisme
auraient tout intérêt à se pencher sur cette question.
C'est une question importante et, logiquement, ils devraient être avec
nous. Evidemment, ils vont nous dire: Si nous sommes avec vous
là-dessus, une fois que vous aurez mangé ce morceau, vous allez
manger d'autres morceaux.
Je pourrais leur répondre que, de toute façon, dans un
cheminement qui nous conduit à l'indépendance, nous avons besoin
de rendre celle-ci, à mon avis, la plus harmonieuse possible. Et
l'avantage que je vois à régler d'avance certains dossiers comme
ceux-là, c'est que les changements historiques seront plus faciles. Je
ne suis pas partisan de la politique du pire, je suis partisan d'un changement
harmonieux. Je ne crois pas à cette idée de politique du pire, du
moins je crois que cela peut être nocif. C'est plus coûteux. Je
suis pour l'indépendance la plus harmonieuse possible et qui serait
avantageuse pour les deux groupes concernés. Alors, je me dis:
Réglons ces dossiers, les dossiers plus litigieux où c'est
évident que cela nous revient, que cette compétence nous
revient.
Après cela, pour le reste, on verra, on réglera d'autres
problèmes.
Evidemment, vous allez me dire que, dans une hypothèse comme dans
l'autre, je suis gagnant, n'est-ce pas ce que vous pouvez me dire? C'est
évidemment intéressant comme position. C'est vrai que, dans une
hypothèse comme dans l'autre, je suis gagnant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Madame
et messieurs, puisqu'il est onze heures, nous allons ajourner les travaux
à demain, dix heures. La parole sera en premier au député
de Taschereau sur le même sujet. Lorsque les questions
générales seront terminées, nous commencerons à
étudier les crédits programme par programme.
(Fin de la séance à 23 h 2)