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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude du projet de loi no 22 Loi sur la langue
officielle
Séance du mercredi 10 juillet 1974
(Onze heures trente-neuf minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications sera composée ce matin des députés
suivants: M. Ostiguy (Verchères); M. Charron (Saint-Jacques); M.
Déom (Laporte); M. Cloutier (L'Acadie): M. Hardy (Terrebonne); M.
Lapointe (Laurentides-Labelle); M. Tradif (Anjou); M. Morin (Sauvé); M.
Déziel (Saint-François), M. Beauregard (Gouin); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Veilleux (Saint-Jean).
Décision du président sur la
recevabilité de la motion
LE PRESIDENT (M. Gratton): Au moment de l'ajournement, hier, nous avions
entendu l'argumentation, de part et d'autre, quant à la
recevabilité d'une motion du ministre de l'Education visant à
demander à la commission de présenter son rapport à
l'Assemblée nationale.
Suite à cette argumentation et à une étude des
règles de pratique qui régissent les travaux et les commissions
parlementaires lors d'auditions d'organismes, j'aimerais aviser la commission
de ma décision quant à la recevabilité de la motion.
Je pense que, selon l'article 6 des règles de pratique, il est
clair que la commission peut mettre fin aux auditions à n'importe quel
stade de ses auditions. Je pense que l'article 7 est également clair
quant aux étapes à suivre à l'occasion de l'étude
d'un projet déféré en commission parlementaire
après la première lecture, soit l'exposé du ministre et
les commentaires des représentants de chaque parti reconnu, l'audition
des personnes intéressées, les délibérations et le
rapport.
Je pense que l'article 10 est également clair quant à la
discussion que la commission doit faire sur le rapport à être
présenté à l'Assemblée nationale.
Compte tenu qu'à ma connaissance, c'est réellement la
première fois que nous sommes appelés à mettre
réellement à l'épreuve ces règles de pratique qui
n'ont été adoptées que le 26 avril 1972, compte tenu
et je le dis bien humblement qu'étant moi-même
ingénieur de profession, je m'en voudrais de créer du droit
nouveau, puisque je ne me considère pas juriste, loin de là,
j'aimerais dire qu'à première vue, sur le fond, en tout cas, la
motion du ministre de l'Education m'apparaft recevable, car rien
n'empêche, dans nos règlements, la commission de mettre fin
à ses travaux et de faire rapport à l'Assemblée en tout
temps.
Par contre, compte tenu des articles 7 et 10 de nos règles de
pratique, je me pose encore des questions quant au moment où cette
motion devrait être soumise à la commission. C'est pourquoi
j'aimerais faire une suggestion qui, je l'espère, sera acceptée
par le ministre de l'Education, soit de bien vouloir modifier la motion qu'il a
faite hier, de façon à prendre en considération les
articles 7 et 10 et de façon que la commission puisse se prononcer sur
le fond autant que sur la forme.
M. MORIN: Les articles 7 et 10, M. le Président, ou les articles
7 et 6?
M. CHARRON: Les articles 7 et 10.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Les articles 7 et 10 et 6,
également.
M. MORIN: Et l'article 6 également.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est une suggestion au proposeur de la
motion. Je lui demanderais de bien vouloir aviser la commission s'il entend
l'accepter.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense que vous venez de rendre
ce que j'appellerais un jugement de Salomon. Effectivement, étant
donné que ces règles de pratique sont jeunes, elles n'ont pas
été rodées, je conçois qu'il puisse, dans votre
esprit, planer certains doutes.
Cependant, l'esprit dans lequel ma motion a été
amenée est extrêmement clair. D'ailleurs, contrairement à
ce que prétendait le député de Maisonneuve, hier soir,
j'avais bel et bien, en présentant cette motion, indiqué ce qui
la sous-tendait. J'ai d'ailleurs fait venir le texte du journal des
Débats de notre délibération d'hier soir et je me permets
de relire un passage qui est extrêmement significatif à cet
égard. Le passage est le suivant : "II y a eu cet après-midi une
rencontre des leaders pour discuter de la possibilité de mettre fin aux
auditions de cette commission. J'avais déjà laissé
entendre, au cours de mon intervention, dans le courant de la journée,
que la commission pouvait se croire suffisamment informée, me
réservant d'apporter tous les arguments à cet effet en temps et
lieu. Je proposerais donc la motion suivante, quitte à ce que nous en
débattions. Elle est très simple et elle se lit ainsi: Je propose
que la commission fasse rapport à l'Assemblée".
Ceci indique clairement quel était l'objectif poursuivi, et si
l'Opposition était d'accord, je me rendrais très volontiers
à votre recommandation, à savoir de modifier le texte de la
motion.
En effet, qu'est-ce que nous souhaitons faire collectivement autour de
cette table? Est-ce un débat de procédure stérile et vain
au cours duquel nous ne pourrons même pas aborder le fond des
préoccupations qui doivent être les nôtres, ou est-ce tout
simplement une possibilité juridique qui nous permettrait d'aborder
véritablement le fond, c'est-à-dire l'intention avouée du
gouvernement de mettre fin aux auditions, étant donné que la
commission se considère suffisamment informée?
Etant donné, M. le Président, que je crois que ce n'est
pas un débat de procédure que les membres de cette commission
recherchent, mais bel et bien une occasion d'aller jusqu'au fond des choses,
c'est avec grand plaisir que je me rendrais à votre suggestion.
Je ne sais, cependant, étant donné, là encore, le
fait que nous considérons être en terrain sûr sur le plan de
la procédure avec notre motion, je ne sais, dis-je, dans quel sens vous
souhaiteriez, ou plus exactement... Non, je dis bien, vous souhaiteriez que
nous modifiions cette motion pour qu'à vos yeux ne subsiste aucun doute,
même serait-il très léger, en ce qui concerne sa
recevabilité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A votre invitation, j'hésiterais
à formuler moi-même un texte de motion, mais comme j'ai
tâché de le démontrer, je pense qu'il s'agit... Si nous
suivons les étapes prévues à l'article 7, dans le cas de
la première étape, il n'y a pas de doute, tout le monde admet
qu'elle est passée; dans le cas de la deuxième étape,
l'audition des personnes intéressées, compte tenu de ce que vous
venez de dire et de la motion d'hier, il y aurait peut-être lieu
c'est une suggestion que je fais de faire une motion dans le sens de
mettre fin aux auditions, si c'est là le désir du ministre, et de
procéder aux délibérations de la commission, qui est la
troisième étape, si c'est encore là le désir du
ministre. Quant à la formulation, j'aimerais laisser au ministre le
loisir d'en faire le texte.
M. CLOUTIER: Si...
M. CHARRON: M. le Président, si vous me permettez, sur cette
décision et sur cette indication que vous donnez au ministre de
l'Education, si je comprends bien, vous proposez beaucoup plus qu'une
modification ou qu'un amendement que le ministre apporterait lui-même
à sa motion, mais vous lui suggérez de se prévaloir du
deuxième paragraphe de l'article 6 qui lui permet de faire une motion
pour que la commission délibère, à savoir si elle est
suffisamment informée ou non et pour qu'elle mette fin aux auditions
plutôt que d'utiliser la motion passe-partout qui est celle de faire
rapport et qui est prévue dans les règles de pratique de la
commission à l'article 10.
Il s'agit donc bien de deux motions différentes, d'ailleurs
prévues dans les règles de pratique pour intervenir à des
temps différents et vous demandez simplement au ministre de l'Education
d'utiliser la bonne motion au bon moment. Nous en sommes encore à la
deuxième étape et la seule motion qui puisse intervenir
jusqu'ici, c'est la motion prévue dans le deuxième paragraphe de
l'article 6.
Il faut d'abord que la commission se déclare suffisamment
informée, qu'elle délibère, qu'elle crée et
rédige son propre rapport et c'est uniquement après que la motion
que nous sommes à considérer, à l'invitation du ministre
de l'Education, peut être présentée.
Autrement dit, malgré toutes les formules courtoises et
délicates que vous employez à l'égard du ministre de
l'Education, je pense que, très fermement, vous déclarez la
motion actuelle irrecevable parce que non fondée dans son temps et dans
son lieu, mais que vous invitez le ministre de l'Education, s'il a l'intention
de mettre fin aux auditions, à utiliser la bonne motion.
En ce sens, M. le Président, je ne conteste aucunement votre
décision. C'est exactement l'argumentation que l'Opposition fait valoir
depuis hier soir. Nous ne contestons pas le droit au ministre de l'Education,
comme à chacun des membres de cette commission, d'intervenir avec une
motion au moment où il semble bon, ce droit est reconnu à tous.
Une motion n'a pas besoin d'être annoncée en commission, tout le
monde le sait, sauf qu'il faudrait intervenir avec la bonne motion, avec celle
qui a droit d'arriver sur la table de la commission, vu l'étape
où cette commission se trouve rendue dans l'étude de son projet
de loi.
En ce sens, ce n'est pas une modification, je crois, que vous devez
proposer au ministre de l'Education, mais vous devez lui demander de retirer la
motion qu'il nous a présentée et, si le ministre des Affaires
culturelles a préparé d'autres motions qui seraient plus
conformes au deuxième paragraphe de l'article 6 et donc respecteraient
la deuxième étape de l'étude du projet de loi en vertu de
l'article 7 des règles de pratique de la commission, qu'il le fasse et
nous en discuterons.
Motion modifiée de M. Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, autant j'étais d'accord sur
votre excellente analyse de la situation, autant je ne suis pas d'accord sur
l'interprétation qu'en donne le député de
Saint-Jacques.
Cependant, étant donné que je ne cherche absolument pas un
débat de procédure et je crois qu'à cette table, nous
sommes tous d'accord pour passer au fond; je propose non pas de retirer ma
motion, parce qu'il n'en est pas question, mais de la modifier d'une
façon qui donnerait probablement satisfaction à l'Opposition.
Vous vous souvenez que le texte de ma motion originale parlait
immédiatement du rapport, parce qu'il me paraissait implicite que, pour
arriver au rapport, il fallait mettre fin aux auditions et passer au
délibéré. Mais de manière à être plus
précis, je pourrais dans le texte de cette motion modifier et dire: Je
propose que la commission mette fin aux auditions, procède maintenant au
délibéré et passe au rapport à l'Assemblée
nationale. Ceci reproduit exactement l'esprit de ma motion, mais en la
précisant dans sa rédaction, de sorte que les étapes
inscrites à l'article 7 sont nettement indiquées. Alors, si tout
le monde était d'accord, je crois qu'on pourrait passer au fond, parce
que, de toute façon, même si on fait un débat de
procédure, on aura constamment la tentation de sortir notre
argumentation.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le ministre pourrait nous
répéter sa motion textuellement, s'il vous plaft?
M. CLOUTIER: II s'agirait donc de la même motion, mais dans
laquelle nous introduirions les deux étapes qui étaient
implicites et dont j'avais d'ailleurs fait état dans mes explications
préliminaires. Je propose que la commission mette fin aux auditions,
procède maintenant au délibéré et fasse rapport
à l'Assemblée.
M. MORIN: M. le Président, je constate, en premier lieu, que la
motion d'hier soir était bien irrecevable, comme nous l'avons
plaidé pendant plus d'une heure.
M. HARDY: Vous avez raison, c'est d'accord.
M. MORIN: Bon. Il est important que ce point soit établi.
M. HARDY: Si vous voulez avoir votre petit bonbon, vous l'avez,
M. MORIN: Non. Il est important...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si le chef de l'Opposition me permet...
M. MORIN: J'allais faire des commentaires sur la motion, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, vous pourrez les faire
immédiatement après. J'aimerais rappeler, non seulement au chef
de l'Opposition mais à tous les membres de la commission, qu'en vertu de
l'article 43 de nos règlements, le président a rendu une
décision et que lorsque le président je cite textuellement
rend sa décision, il indique ce qui la justifie et il n'est pas
permis de la critiquer, ni de revenir sur la question. J'aimerais vous inviter,
s'il vous plaft, à vous abstenir de revenir sur la question de la motion
d'hier et vous en tenir strictement à la motion que vient
d'énoncer le ministre de l'Education.
M. MORIN: M. le Président, je constate que la nouvelle motion
soumise par le ministre de la Justice s'appuie sur l'article...
M. CLOUTIER: M. le Président, le chef de l'Opposition me fait
changer de ministère très vite.
M. MORIN: Le ministre de l'Education, avec mille excuses.
M. CHARRON: Vous n'avez surtout pas pris le bon ministre !
M. SAMSON: Cela presse aussi.
M. CLOUTIER: Ou le bon ministère, cela reste à voir.
M. MORIN: M. le Président...
M. CHARRON: S'il y a un ministre dont le ministre de l'Education n'aime
pas entendre parler, c'est bien du ministre de la Justice.
M. CLOUTIER: C'est faux. J'ai beaucoup d'amitié pour le ministre
de la Justice.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais constater que le ministre s'appuie
maintenant sur l'article 6 et sur l'article 7?
M. CLOUTIER: Je l'ai toujours fait.
M. MORIN: Le ministre s'appuyait hier soir seulement sur l'article 7.
C'était bien clair et c'est pourquoi nous avons plaidé que cette
motion était irrecevable.
M. le Président, c'est un peu comme si on nous soumettait ce
matin une motion en Chambre disant: II est proposé que
l'Assemblée procède à la première lecture de ce
bill, que le projet soit déféré à une commission,
qu'il revienne devant l'Assemblée pour la deuxième lecture et
qu'on fasse rapport. Je crois que cette motion, tel que le ministre a choisi de
la présenter ce matin, est à nouveau irrégulière
parce qu'elle tend à supprimer des étapes qui n'ont pas encore
été parcourues. Si le ministre, carrément, se fondait sur
l'article 6, je pense que nous n'aurions pas de querelle. C'est ce que nous lui
avons suggéré hier soir. Pourquoi le ministre ne dit-il pas
carrément, tout simplement, que la commission met fin aux auditions? Ce
sera beaucoup plus clair.
M. CHARRON: Cela va de soi qu'on passe ensuite aux
délibérations. C'est prévu à l'article...
M. CLOUTIER: Ecoutez. M. le Président, on me pose une question,
est-ce que je peux répondre?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Encore une fois, mon seul but, c'est que nous discutions
sur le fond. Alors, je ne suis pas attaché à une procédure
plutôt qu'à une autre procédure. Cependant, je ne vois
absolument pas en quoi la motion modifiée ne serait pas recevable
puisqu'elle est fondée sur l'article 7 et reproduit chacune des trois
dernières étapes de cet article. Or, si on pouvait,
peut-être, mettre de côté ce débat de
procédure, je n'ai pas du tout d'objection à ce que nous
utilisions...
M. MORIN: ... M. le Président, dans la mesure où elle fait
tout simplement répéter certaines clauses de l'article 7, la
motion est tout à fait superfétatoire. Il suffirait tout
simplement que vous nous demandiez de mettre fin aux auditions. Ce serait
clair.
M. CLOUTIER: Mais, voyez-vous, c'est qu'il y a deux
interprétations différentes en vue du même objectif. Or,
nous considérons que notre interprétation, en se fondant sur
l'article 7, est parfaitement valable. D'ailleurs, rien dans le libellé
de l'article 7 dit qu'une motion s'impose pour chaque étape, si c'est
cela qui gêne le chef de l'Opposition.
M. MORIN: II n'y a même besoin d'aucune motion. Les étapes
suivent leur cours normal, tout simplement.
M. CHARRON: C'est cela.
M. MORIN: Le ministre le sait fort bien.
M. CHARRON: C'est comme l'étude d'un projet de loi en trois
lectures.
M. LESSARD: Tout cela, M. le Président, c'est que...
M. CHARRON: C'est normal.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
D'abord, est-ce que, pour être bien clair, pour ne pas continuer la
confusion, mêler la justice et l'éducation avec le bill 22, je
voudrais bien qu'on s'entende sur...
M. LEGER: Le ministre de l'Education a dit qu'il faut être juste.
Continuez, je ne voulais pas vous interrompre. Je voulais simplement
clarifier...
M. CLOUTIER: Le député de Lafontaine vient ici...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LEGER: Je sais que cela irrite le ministre...
M. CLOUTIER: II semble déclencher... Cela ne m'irrite pas du
tout, j'avoue que ça m'ennuie. Je mentirais si je disais que je vous
trouve éloquent.
M. LEGER: C'est un honneur pour moi d'ennuyer le ministre, parce qu'il
n'est jamais avec les...
M. CLOUTIE: C'est surtout que je ne vous trouve pas très
drôle, ni très éloquent, mais ceci dit, vous êtes
gentil quand même.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le ministre des Affaires
culturelles.
M. HARDY: M. le Président, je voudrais bien que l'on s'entende
sur le champ de la discussion présente. D'abord, est-ce que nous
discutons de la recevabilité de la motion? En d'autres termes, est-ce
que le Parti québécois, comme hier, veut plutôt faire de la
procédure que de passer au fond de la question? Si c'est le désir
du Parti québécois de faire de la procédure, plutôt
que de discuter du fond, moi, je n'ai pas d'objection, nous allons nous
soumettre...
M. MORIN: Vous nous forcez à faire de la procédure, vous
présentez des motions irrégulières.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. HARDY: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Sauvé, ce grand monsieur, qui fait toujours la
morale à tout le monde, qui rappelle tout le monde à l'ordre,
voulez-vous lui demander de commencer...
M. MORIN: Vous ne pouvez pas me rappeler à l'ordre, je vous ai
dit que votre motion était irrégulière.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, voulez-vous lui demander de commencer
par donner l'exemple? Est-il capable de pratiquer au moins la politesse
élémentaire, indépendamment de toutes les règles de
procédure, indépendamment de tous les traités juridiques?
Il existe...
M. MORIN: Je ne fais que suivre l'exemple du ministre, hier.
M. HARDY: Bien, si vous suivez mon exemple dans ce domaine, M. le
Président, le député de Sauvé a tort. Parce
qu'au-delà des traités juridiques, au-delà de tous les
grands traités savants, il y a des règles
élémentaires de politesse et une de ces règles
élémentaires de politesse que l'on m'a enseignées, tout
jeune enfant, que je ne...
M. MORIN: Le ministre fait perdre le temps de la commission en ce
moment.
M. HARDY: ... pratique pas toujours, hélas!
M. MORIN: C'est le ministre qui fait du "filibustering".
M. HARDY: Mais il y a des règles élémentaires de
politesse qui demandent que, quand quelqu'un parle, quand quelqu'un a la
parole, on l'écoute et ce grand monsieur, qu'est le député
de Sauvé, viole cette règle élémentaire de
politesse, quotidiennement. Voulez-vous lui demander, M. le Président,
au moins, d'être poli?
M. MORIN: Mais vous la violez plusieurs fois par jour, M. le
ministre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! J'aimerais...
M. HARDY: M. le Président, j'aimerais que l'on s'entende sur le
champ de la discussion. Est-ce que l'on discute de la recevabilité ou
non? Est-ce que c'est le député de Sauvé qui, en ce
moment, discute de la recevabilité?
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'avais reconnu le chef de l'Opposition et je
voudrais moi aussi lui demander s'il a l'intention d'exercer son droit de
parole quant à la recevabilité de la motion du ministre?
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, allez-y! Le chef de l'Opposition sur
la recevabilité de la motion.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Puisque cette motion est
à cheval sur deux articles du règlement, je me vois obligé
de plaider que, dans la mesure où elle est fondée sur l'article
7, elle est totalement irrecevable, au même titre que la proposition qui
nous était soumise hier soir.
Il n'y a pas de différence en somme sur ce plan entre la motion
qui nous était soumise hier soir et la motion qui est devant nous ce
matin.
Hier soir, la motion du ministre tendait à ce que la commission
fasse rapport à l'Assemblée. Ce même passage plus celui qui
a trait aux délibérations se trouvent ce matin dans la motion.
Nous constatons que le ministre, comme nous le lui avons demandé hier et
comme tendait à le faire valoir notre argumentation hier soir,
argumentation qui a été acceptée, je le constate, par le
président de la commission, au lieu de se fonder seulement sur l'article
6 et de dire carrément qu'il s'agit tout simplement de mettre fin aux
auditions, tente de sauver la face en se fondant également encore sur
l'article 7. Nous prétendons que cette partie-là de la motion est
irrégulière, et si une partie de la motion est
irrégulière, nous devons plaider que toute la motion doit
tomber.
M. le Président, puis-je attirer votre attention sur le fait que
nous sommes dans cette commission en ce moment et que l'Opposition en
particulier se trouve non pas sous une seule épée de
Damoclès, mais sous deux épées de Damoclès?
D'abord une tentative dans cette commission-ci de mettre fin au
débat prématurément, avant que nous ayons entendu ceux qui
ont demandé à être entendus, motion qui tend à
écarter de nos auditions plus de la moitié de ceux qui ont soumis
des mémoires. Je dis bien, plus de la moitié...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le chef de l'Opposition me
permettrait... J'aimerais qu'il explique de quelle façon il a
l'intention de relier l'intervention qu'il est en train de faire avec la
recevabilité de la motion.
M. MORIN: Je suis en train de plaider, M. le Président, que la
motion est irrecevable parce que reprenant une partie qui se trouvait
déjà dans la motion du ministre hier soir, qui est fondée
sur l'article 7. Le ministre doit se fonder sur l'article 7...
M. HARDY: M. le Président, est-ce que vous me permettez une
question?
M. MORIN: Volontiers. M. HARDY: Bon.
M. MORIN: Vous voyez... Le ministre des Affaires culturelles constate
que, lorsqu'il m'interrompt, j'y consens volontiers.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, avant que le ministre pose sa
question et que le chef de l'Opposition y réponde, j'aimerais vous faire
remarquer qu'il est midi et que, tel que convenu avant la commission, nous
devons suspendre les travaux comme il est normalement coutume le mercredi.
Puis-je suggérer que la commission suspende ses travaux jusqu'à
cet après-midi, quinze heures?
M. MORIN: Volontiers.
M. HARDY: Alors...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux
jusqu'à quinze heures et le ministre des Affaires culturelles aura la
parole pour poser une question au chef de l'Opposition.
M. HARDY: Une question. M. MORIN: Une question. M. BOURASSA: En vrai
démocrate... (Suspension de la séance à 12 h 3)
Reprise de la séance à 15 h 17
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Avant de remettre la parole au chef de l'Opposition, j'aimerais nommer
les députés qui composent la Commission pour la séance de
cet après-midi, soit M. Harvey (Charlesbourg), M. Charron
(Saint-Jacques), M. Déom (Laporte), M. Cloutier (L'Acadie), M. Hardy
(Terrebonne), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Tardif
(Anjou), M. Morin (Sauvé), M. Déziel (Saint-François), M.
Beauregard (Gouin), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda) et M. Veilleux (Saint-Jean).
Au moment de la suspension des travaux, à midi, le chef de
l'Opposition avait la parole sur la recevabilité de la motion du
ministre de l'Education et il avait accepté que le ministre des Affaires
culturelles lui pose une question.
M. HARDY: Je voulais tout simplement demander au chef de l'Opposition
comment il pouvait concilier sa prétention selon laquelle la motion,
reformulée ce matin, par le ministre de l'Education, était la
même que celle d'hier, avec celle du député de
Saint-Jacques qui, lui, disait très catégoriquement que
c'était une nouvelle motion, que ce n'était pas du tout la
même motion qu'hier?
M. MORIN: C'est une nouvelle motion, mais qui contient des
éléments irrecevables qui se trouvaient déjà dans
la motion d'hier.
M. CHARRON: C'est cela.
M. MORIN: C'est la raison pour laquelle, M. le Président,
j'étais en train de plaider que cette seconde motion du ministre de
l'Education est tout aussi irrecevable que celle d'hier. En effet, elle se
trouve, en quelque sorte, à cheval sur deux articles du règlement
et on peut constater qu'elle fait appel, à la fois, à l'article
6, deuxième alinéa, selon lequel, lorsque la commission croit
être suffisamment renseignée sur le projet de loi, la commission
peut décider de cesser les auditions...
A cette première base juridique correspond la première
phrase de la motion du ministre de l'Education voulant mettre fin aux
auditions.
En second lieu, cette motion s'appuie sur l'article 7 et le ministre
voudrait que nous procédions aux délibérations et fassions
rapport à l'Assemblée nationale. C'est sur ce point, cette partie
précise de la motion que j'ai des objections à formuler.
En effet, ce que vous avez jugé, avec beaucoup d'égards
et, j'allais dire d'élégance, M. le Président, ce que vous
avez jugé irrecevable, sans le dire, n'est pas devenu recevable du fait
qu'il a été incorporé dans une nouvelle motion.
Il faut bien comprendre la situation dans laquelle se trouve
l'Opposition. Nous avons c'est ce que je disais au moment de la
suspension de la séance ce matin au-dessus de nos têtes,
deux épées de Damocles, deux couperets de guillotine.
J'appellerais la première, la petite guillotine: la motion du ministre
de l'Education, et nous avons à l'Assemblée, qui nous
attend demain matin, à la suite de l'avis qui a été
déposé au feuilleton ce matin la grande guillotine:
l'article 156, en sorte que l'Opposition doit faire des pieds et des mains pour
faire respecter ses droits.
M. CLOUTIER: Encore de la procédure.
M. MORIN: Ce n'est pas nous, M. le Président, qui avons choisi de
faire de la procédure. Hier soir je le rappellerai au ministre
nous étions prêts à écouter le maire et les
échevins de la ville de Hull, qu'il avait lui-même à
ce qu'on nous a dit accepté d'entendre.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas exact. Je sais que les journaux, M. le
Président, ont rapporté cela. Il n'y a jamais eu d'entente entre
le maire et moi-même. Il m'a rencontré et m'a salué alors
que je sortais. Je lui ai effectivement dit que nous serions très
intéressés à l'entendre, mais j'ai également dit
que le règlement ne nous le permettait pas, que le mémoire
n'avait pas été reçu dans les délais, et même
s'il y avait un doute à ce sujet, qu'il n'avait pas été
convoqué, qu'il y avait là un problème de
précédent, que nous pourrions peut-être en discuter, etc.
Mais il n'y a pas eu d'engagement ferme.
M. CHARRON: Alors, M. le Président, je dois invoquer le
règlement également, parce qu'il me semble que la mise au point
que vient de faire le ministre de l'Education mérite d'être
complétée.
A six heures, hier soir, sur le même sujet c'est pourquoi
j'interviens, parce que je ne permettrai pas au ministre de l'Education de
donner sa seule version le maire Rocheleau, accompagné
d'échevins et d'un administrateur de la ville de Hull, que vous
connaissez également, je pense, M. le Président, m'ont
rencontré dans ce coin du Salon rouge, et j'affirme devant la commission
et quitte à être contredit par le maire Rocheleau
lui-même si je ne dis pas la vérité que le maire
Rocheleau est venu me demander la permission de témoigner ce soir
en parlant d'hier parce qu'il avait des choses à dire
à la commission.
Je lui ai dit que très probablement le gouvernement
interviendrait avec sa motion de guillotine qui avait été
annoncée à l'Assemblée nationale, et que cela pourrait
compliquer les choses. Il m'a répondu et il le confirmera
lui-même qu'il en avait reçu la confirmation du ministre de
l'Education qui avait fait...
M. HARDY: C'est du oui-dire...
M. CHARRON: Ce n'est pas du oui-dire.
M. HARDY: Oui, c'est du oui-dire. Demandez à votre
collègue de gauche.
M. CHARRON: Non. Ce n'est pas du oui-dire. Je rapporte ce que me
disait...
M. HARDY: Cest cela que je vous dis.
M. CHARRON: ... le maire Rocheleau. Ce n'était pas du
ouï-dire dans son cas.
Je n'interviens que pour signaler à la commission ce que le maire
Rocheleau m'a dit. Il m'a dit lui-même avoir reçu du ministre de
l'Education la confirmation qu'il pourrait déposer son témoignage
si l'Opposition ne faisait pas obstacle. Il est venu me demander dans ce coin
de l'assemblée si nous allions faire obstacle ou non. Je lui ai dit
qu'évidemment cela entrerait en conflit avec la motion qu'allait
apporter le ministre de l'Education, mais que je lui ferais connaître la
réponse de l'Opposition à huit heures. A huit heures hier soir,
soit près de trente minutes avant le début de la séance
qui n'a commencé qu'à 8 h 30, j'ai à nouveau
rencontré le maire de la ville de Hull, le conseiller et
l'administrateur qui l'accompagnaient pour leur signaler que nous saurions bien
gré, lorsque le ministre présenterait la motion pour inviter le
maire de Hull à se présenter à la table, d'offrir notre
consentement à l'entendre.
Il m'a remercié et s'est préparé à venir
témoigner. C'est à sa surprise selon ce qu'il a dit
lui-même aux journalistes qu'à la fin du témoignage
du Comité d'école de Boischatel, hier soir, plutôt que
d'appeler le maire de Hull à la table, le ministre a
présenté la motion irrecevable que nous avons débattue
hier soir.
M. CLOUTIER: Je ne mets pas en doute la parole du député
de Saint-Jacques. Je veux bien croire que le maire Rocheleau lui a dit cela. Il
y a une seule conclusion. Le maire a mal compris. Je n'ai strictement pas pris
d'engagement. Je n'ai d'ailleurs pas l'habitude de prendre des engagements
entre deux portes en dépit d'un règlement alors qu'il est
toujours périlleux de créer des précédents. Je lui
ai répondu poliment alors que je me pressais pour aller à un
rendez-vous et je lui ai effectivement dit qu'il fallait tenir compte de
l'Opposition, qu'il fallait tenir compte du règlement, mais je n'ai fait
aucune promesse. Je suis désolé si le maire a pris ses
désirs pour des réalités. L'incident est clos en ce qui me
concerne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'invite le chef de l'Opposition officielle
à continuer son intervention sur la recevabilité de la
motion.
M. MORIN: Merci. J'étais à dire que nous avons deux
couperets de guillotine suspendus au-dessus de nos têtes. Je le dis pour
le député de Rouyn-Noranda qui arrive justement et qui, lui
aussi, doit sentir ces deux couperets de guillotine: la petite guillotine en
commission et la grande guillotine de l'article 156 à
l'Assemblée.
M. HARDY: Regardez comme il a l'air nerveux.
M. SAMSON: Ce n'est pas de la guillotine que j'ai peur mais de
l'opérateur de la guillotine.
M. MORIN: Et ce qui est frappant, c'est que pour ce qui est de la petite
guillotine, la corde qui la retient semble contenir des noeuds. La petite
guillotine semble emberlificotée, parce qu'au lieu de nous dire,
carrément: Nous voulons mettre fin aux auditions, comme le dit la
première phrase de la motion, on ajoute, pour tenter, peut-être de
dissimuler le couperet dans les broussailles: Procéder aux
délibérations, faire rapport à l'Assemblée
nationale, ce qui est, comme je l'ai indiqué ce matin, purement
superfétatoire, puisque l'article 7, de toute façon, nous dicte
notre conduite et nous oblige à délibérer et ensuite
à faire rapport.
Je ne vois pas pourquoi à moins que le ministre, pour
éviter de longs palabres, retire ces deux parties inutiles de sa motion
on mentionne les délibérations et le rapport, sinon pour
tenter de dissimuler ce qui est le vrai but de cette motion,
c'est-à-dire mettre fin prématurément aux auditions.
M. CLOUTIER: On ne le dissimule pas du tout.
M. MORIN: Bon.
M. CLOUTIER: C'est notre intention.
M. MORIN: M. le Président, c'est là agir
prématurément, alors que nous n'avons pas encore entendu la
moitié de ceux qui ont demandé à comparaître devant
cette commission.
M. CLOUTIER: C'est un autre problème.
M. MORIN: C'est le même problème, c'est le fond de
l'affaire.
M. CLOUTIER: Justement on ne parle pas du fond, M. le Président
un point de règlement on parle de la recevabilité.
Je n'ai qu'un désir, c'est qu'on aborde le fond. Quant à moi,
j'étais prêt à l'aborder hier. Le Parti
québécois a choisi de faire un débat de procédure,
ce que je comprends parfaitement bien, c'est son droit. Il faut quand
même se rendre compte que c'est un débat de procédure
inutile.
M. MORIN: M. le ministre...
M. CLOUTIER: Qu'on statue sur la recevabilité, qu'on vote et
qu'on passe au fond! Moi aussi, j'ai des choses à dire.
M. MORIN: Puisque vous admettez, M. le ministre, que votre intention
véritable est de mettre fin aux auditions, que ne le dites-vous
clairement? Pourquoi ajouter à votre motion des passages qui sont
superfétatoires, qui n'ajoutent rien puisque, de toute façon, le
règlement nous oblige, à l'article 7, à procéder
aux délibérations et au rapport? Pourquoi ajouter cela, sinon
peut-être pour tenter d'empêcher l'Opposition par la suite de faire
valoir son point de vue? En ce qui nous concerne, nous voyons cette motion
telle qu'elle est: C'est une guillotine. Ce que je ne m'explique pas et
je vais terminer là-dessus c'est qu'avec la grande guillotine qui
nous attend à l'Assemblée, pourquoi perdre notre temps à
nous ramener aujourd'hui devant cette commission pour nous faire subir la
petite guillotine? C'est une perte de temps...
M. CLOUTIER: II y a une réponse à ça.
M. MORIN: ... puisque, de toute façon, l'Assemblée peut
très bien mettre fin au débat demain, alors...
M. CLOUTIER: Oui, bien sûr, nous aurions pu mettre fin au
débat hier.
M. MORIN: Alors, pourquoi ne le faites...
M. CLOUTIER: Mais nous n'avons pas voulu le faire pour permettre
à la commission de délibérer sur le fond. C'est la raison
pour laquelle alors que nous aurions très bien pu ne pas revenir
ici nous avons souhaité le faire pour que la commission ait toute
latitude de s'expliquer sur les rapports. Tout ce que nous souhaitons, c'est
qu'on passe enfin à la discussion de fond dans l'intérêt
général.
M. MORIN: Alors pourquoi nous faire une motion tout
emberlificotée, si ce n'est pour provoquer justement de longs
débats de procédure?
M. CLOUTIER: Mais pas du tout. Le président peut très bien
statuer sur la motion. Nous avons dit ce que nous avions à dire. Qu'il
statue et aussitôt que cette motion sera adoptée, si elle est
recevable, nous passerons au fond. Pourquoi de votre côté
insistez-vous pour que cela se fasse à partir d'un autre article? Le
vrai problème, il s'agit de savoir si la motion que j'ai proposée
est recevable ou non. Il ne s'agit pas de savoir si je dois me situer sur votre
terrain et choisir nécessairement votre procédure. Si le
président me dit que cette motion n'est pas recevable, à ce
moment-là je vais m'incliner et je vais en faire une autre à
partir d'un autre article. C'est aussi simple que cela. Je n'ai aucune raison
de croire qu'elle ne l'est pas avant d'avoir eu un jugement.
M. LESSARD: Puisque le ministre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: ... ne veut pas faire de procédure...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. LESSARD: ... est-ce que le ministre accepterait de limiter sa motion
au fait de mettre fin aux auditions?
M. CHARRON: Voilà. La seule qui soit recevable à ce
moment-ci.
M. CLOUTIER: Je préférerais, à ce stade-ci,
étant donné que nous en parlons depuis un certain temps, que le
président statue, parce que je ne vois pas en fait la
différence... Quelle différence y a-t-il?
M. CHARRON: Vous ne pouvez pas mettre dans la même motion...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: Si vous me permettez de répondre à la question
du ministre de l'Education, cela peut raccourcir les débats.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Eh bien, il faudrait que ce soit la
dernière.
M. CHARRON : Cela peut raccourcir les débats. Si vous mettez dans
la motion trois obligations, soit celle de mettre fin aux auditions, engager...
Autrement dit, qu'une motion est irrégulière lorsqu'elle oblige
une commission à se prononcer sur plusieurs choses à la fois.
C'est simple. C'est dans ce sens qu'une motion devient
irrégulière.
M. HARDY: Comment dites-vous cela?
M. CHARRON: Une motion est irrégulière lorsqu'elle oblige
un membre à se prononcer sur une chose...
M. HARDY: Pas nécessairement.
M. CHARRON: ... et sur une autre en même temps. Oui, je soutiens
cette...
M. HARDY: M. le Président, vous avez partiellement raison.
M. CHARRON: Si vous me permettez de terminer, le caporal.
M. HARDY: C'est très bien, continuez à être dans
l'erreur, vous aimez cela. Errez.
M. CHARRON: Vous ne pouvez pas demander... Jamais nous ne soumettons
à la Chambre
par exemple... Jamais le leader du gouvernement ne va proposer à
la fois une deuxième lecture et la référence du bill
après cette deuxième lecture à une commission
plénière. C'est une pratique courante, mais ce sont deux motions.
Car nous ne pouvons pas savoir si nous allons aller à la deuxième
sans savoir ce que pense l'Assemblée sur la première.
C'est-à-dire que la loi n'est référée à la
commission plénière que lorsque l'Assemblée a
statué sur la deuxième lecture.
M. HARDY: C'est la même chose.
M. CHARRON: Mais c'est la même chose. Nous procédons en
vertu de l'article 7, M. le Président, de nos règles de pratique.
Ce n'est que lorsque la commission aura statué qu'elle est suffisamment
informée qu'automatiquement... Le ministre n'a même pas besoin de
nous le suggérer, nous passerons à la troisième
étape, ce qui est déjà prévu. Mais il faut d'abord
donner l'occasion à la commission de statuer sur la fin des auditions.
Par la suite, on passe aux délibérations. Lorsque la commission
aura statué sur la fin des délibérations, automatiquement,
sans motion, nous passons à la quatrième.
Mais nous ne pouvons pas demander aux députés et à
chacun des membres de la commission de se prononcer sur trois choses en
même temps. Il se peut que des membres soient d'accord sur la
première, pas d'accord sur la deuxième et d'accord sur la
troisième. D'autres peuvent ne pas être d'accord sur la
troisième et la deuxième, mais être d'accord sur la
première. Comment ces membres auront-ils la possibilité de se
prononcer? La clarté de notre règlement et la limpidité de
notre règlement a été que chacun des membres sait
très bien sur quoi il se prononce quand il vote. Et c'est pourquoi nous
avons d'abord une motion pour une première lecture sur une loi; ensuite,
une motion sur le principe de la loi; ensuite, une motion pour savoir si nous
allons en commission; ensuite, une motion pour adopter le rapport de la
commission; ensuite, une motion de troisième lecture pour que chaque
membre, lorsqu'il retourne devant ses électeurs, puisse dire: Je savais
très bien sur quoi je me prononçais. Mais, mutatis mutandis, les
règles de l'Assemblée s'appliquent aussi bien à une
commission et, en commission, un, deux, trois, quatre; lorsque deux sera fini,
nous engagerons trois; lorsque la commission jugera que trois est fini, nous
engagerons quatre, et je vous assure que ce que je soutiens là n'est pas
à l'appui d'un "filibustering", mais est simplement... non...
M. CLOUTIER: Vous auriez préféré toute une
série de motions qui vous auraient permis...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: Non, ce n'est pas que j'aurais préféré
une série de motions, c'est que l'esprit de notre règlement nous
oblige à une série de motions.
M. CLOUTIER: Nous avons un président...
M. CHARRON: Jamais une loi à l'Assemblée nationale n'est
proposée en première, deuxième, troisième lectures,
à moins qu'il n'y ait consentement unanime. Vous le savez, et c'est
seulement à cette occasion. Jamais on ne peut dire: Fin des auditions,
délibérations et rapport d'un seul coup au niveau de la
commission, à moins qu'il n'y ait consentement unanime. Ce qui est
prévu est prévu et on ne peut déroger au règlement
que lorsqu'il y a consentement unanime. Ce que nous proposons, c'est de mettre
fin à ce débat de procédure dès l'instant où
vous proposerez une motion régulière et abordons le fond. Je vous
propose la même chose que vous. Tenez-vous-en...
M. CLOUTIER: M. le Président, il y a un président...
M. CHARRON: Laissez-moi terminer!
M. ROY: J'invoque le règlement. Je m'excuse auprès de ceux
qui ont la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud sur une
question de règlement.
M. ROY: Je pense que tout député qui désire
s'exprimer sur la recevabilité de la motion présentée par
le ministre a le privilège de le faire. Je demanderais à M. le
président que le règlement soit appliqué de façon
que, lorsque le député de Saint-Jacques s'exprime sur la
recevabilité de la motion, il puisse le faire. Si le ministre a des
remarques à faire, il pourra intervenir tout à l'heure, c'est son
droit et son privilège. Mais j'ai demandé la parole depuis un
certain temps, on ne me l'a pas encore accordée et il y a un
débat d'un côté et de l'autre de la table. Il y a une
question de recevabilité de la motion. Qu'on laisse le
député de Saint-Jacques intervenir et qu'on permette à un
autre député d'intervenir.
M. CLOUTIER: Point de règlement. Je suis d'accord, M. le
Président. Je souhaiterais alors que le député de
Saint-Jacques cesse de me poser des questions directes et s'adresse au
président qui aura à statuer.
M. CHARRON: M. le Président, je n'ai qu'une dernière
remarque.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Si vous me permettez de statuer
sur la question de règlement soulevée par le député
de Beauce, je suis tout à fait d'accord. D'ailleurs, si je me rappelle
bien, je n'avais pas reconnu le député de Saint-Jacques. Quand
même, dans notre désir d'être aussi large que possible, je
le laisse continuer, je le laisserai terminer.
Mais, j'aimerais souligner à l'attention du député
de Beauce-Sud qui remarquait que chaque député, qui désire
se faire entendre, peut se faire entendre. Il est vrai que c'est exact, sauf
qu'à un moment donné le président peut se croire assez
informé pour rendre sa décision. C'est sous réserve de cet
article que...
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jacques, sur la recevabilité.
M. CHARRON: ... si vous me permettez de compléter en une phrase.
Nous n'assisterions pas à ce débat de procédure si le
ministre avait suivi le règlement et avait dit : Je propose que la
commission se déclare suffisamment informée. Personne n'aurait
contesté la recevabilité de cela, puisque notre règlement
prévoit que c'est en vertu du deuxième paragraphe de l'article 6,
parfaitement justifié, et nous serions à débattre le fond
à savoir si nous sommes suffisamment informés ou non.
Mais tous les députés vont s'opposer et il va y avoir de
la procédure, quand on essaierait de nous faire prendre trois
décisions dans une seule motion.
M. HARDY: C'est trop fort pour vous.
M. CHARRON: Parce que c'est irrégulier. Accepteriez-vous que le
gouvernement, demain, propose qu'une loi soit adoptée dans ses trois
lectures en une seule fois, et ne le soumette pas aux règlements d'une
première lecture, d'une deuxième et d'une troisième?
Autrement dit, le fait que vous souleviez une motion à caractère
irrégulier donne amplement la latitude à tous les
députés d'intervenir contre votre gré et je le
conçois bien parce que vous voulez mettre fin aux travaux de la
commission assez rapidement; autrement dit, si vous adoptiez une position
je ne parle pas du député de Laporte qui n'est absolument
pas concerné dans le problème, je parle plutôt de ceux qui
ont des décisions à prendre et qui ne sont pas les
"back-benchers" qui n'ont qu'à suivre une décision...
M. DEOM: Six phrases.
M. CHARRON: Je dis, M. le Président, que si le gouvernement avait
proposé une motion régulière, il aurait
évité amplement ce débat, probablement aurions-nous
déjà tranché la motion et nous y serions. Mais la motion
comme vient de le dire le député de Beauce-Sud, nous devons
ainsi que tous les députés qui ont l'occasion de se
trouver devant une motion irrégulière vous la signaler, M.
le Président. Si on se contentait de la première partie de phrase
telle qu'elle est, personne n'aurait parlé sur la recevabilité et
nous serions en train...
M. HARDY: Me permettez-vous une question?
M. CHARRON: On va faire de la procédure tant que vous essaierez
de faire trois motions dans une.
M. HARDY: Me permettez-vous une question?
M. CHARRON: Certainement.
M. HARDY: Me permettez-vous une question?
M. CHARRON: Oui, je vous permets une question.
M. HARDY: N'est-il pas vrai que si on faisait la motion tel que vous la
proposez, c'est-à-dire : Je propose que la commission mette fin aux
auditions. Vous laissez entendre que vous accepteriez cela comme forme.
M. CHARRON: C'est recevable, c'est parfaitement recevable.
M.HARDY: Supposons que la commission adopte cette proposition telle que
vous la formulez...
M. CHARRON: Nous passons...
M. HARDY: Qu'est-ce qui arriverait? On passe...
M. CHARRON: En troisième. M. HARDY: Automatiquement.
M. CHARRON: Oui, c'est ce que les règles prévoient.
M. HARDY: On délibère. Là où je suis un peu
d'accord avec le député de Sauvé... Il est vrai qu'il y a
peut-être un peu une redondance.
M. ROY: M. le Président...
M. HARDY: Cela arrive exactement au même résultat. C'est
une coquetterie.
M. ROY: Je m'excuse, ce ne sont plus des questions.
Si le député de Terrebonne sur la question de
règlement veut intervenir dans le débat, cela n'est plus
une question, c'est encore un débat qu'on est en train de faire.
J'aimerais qu'on permette...
M. HARDY: Moi, je n'ai pas le droit d'intervenir?
M. ROY: ... à chaque membre... Vous auriez
le droit d'intervenir à votre tour, en vous adressant au
président.
M. HARDY: Qui vous a dit que ce n'était pas mon tour?
M. ROY: Vous profitez du fait de poser une question au ministre
pour...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. ROY: ... vous insérer dans le débat et faire part de
toutes vos observations.
M. HARDY: Mais vous avez décidé que ce n'était pas
mon tour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! A l'ordre! Messieurs,
à l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER: Le ministre des Affaires culturelles sait fort bien qu'il ne
peut pas faire indirectement ce que le règlement l'empêche de
faire directement.
M. CHARRON: Est-ce que je peux répondre au ministre des Affaires
culturelles?
M. HARDY: J'allais justement vous demander si vous aviez compris ma
question.
M. CHARRON: Je la comprends très bien. Il y a plus que redondance
dans la motion actuelle. Je demande au ministre d'essayer de suivre le
raisonnement que je vais faire. Il y a plus que redondance, parce que la motion
dit "délibère et fasse rapport". On saute une décision que
la commission aura à prendre, c'est la fin de ses
délibérations, pour passer à la quatrième
étape. Comprenez-vous? On en prend au moins deux. Essayez de suivre, en
dehors de tout esprit partisan, c'est la dernière fois que je fais cette
tentative avec le ministre des Affaires culturelles. Est-ce que vous admettez
avec moi, sur le strict plan juridique et du règlement, qu'il y a
effectivement deux décisions de prises?
M. HARDY: Bien non, on va faire cela un par un.
M. CHARRON: Dans la motion une par une, il y a deux décisions de
prises.
M. HARDY: On fait bien des débats et bien des amendements sans
discuter du fond. Au fond, vous avez peur de discuter du fond.
M. CHARRON: Là, où elle est...
M. HARDY: Vous aimez mieux rester dans la procédure.
M. CHARRON: Là, je...
M. HARDY: Vous voulez qu'on fasse trois motions pour faire des
amendements et faire de la procédure jusqu'à six heures. Je ne
vous empêche pas de discuter du fond.
M. CHARRON: On ne viendra jamais à bout...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. CHARRON: ... d'un esprit étroit comme celui du ministre des
Affaires culturelles, cela ne sert à rien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. CHARRON: II y a deux décisions dans cette motion, M. le
Président, que nous sommes invités à prendre, celle de
passer de la deuxième étape à la troisième et celle
de passer de la troisième à la quatrième. Il y a deux
décisions. Si on devait dire que cette motion est recevable, c'est que
vous déposeriez sur la table une double décision à
prendre.
Les députés vont d'abord prendre une décision sur
la fin de la deuxième étape. Nous passerons éventuellement
à la troisième. C'est normal, c'est prévu dans les
règles de pratique. Lorsque la commission jugera que cette
troisième est terminée, il y aura à nouveau une
deuxième motion pour passer à la quatrième et
dernière étape des travaux de la commission, mais, jamais
c'est tout à fait irrégulier en cinq ans, depuis que je
suis à l'Assemblée nationale, je n'ai assisté à des
motions où on nous oblige à prendre deux décisions en
même temps.
Toute cette procédure vient de cette occasion et les
députés qui s'opposent à cette motion et à sa
recevabilité ont parfaitement le droit de le faire. Si vous alliez, cet
après-midi, statuer que cette motion est recevable, vous créeriez
un précédent, parce que, demain matin, le leader parlementaire du
gouvernement pourra dire : Je propose la motion de deuxième lecture de
telle loi et, en même temps, la motion qui défère à
la commission parlementaire élue de tel ministère ou de tel
autre, l'étude de ce projet de loi article par article. Il n'a pas le
droit.
Tous les députés peuvent s'opposer au fait qu'ils soient
soumis à deux décisions en même temps. Comment expliquer,
après cela, que nous n'ayons pas la même opinion sur l'une et sur
l'autre. Il se peut que des députés soient contre l'adoption en
deuxième lecture d'un projet de loi et pour une fois l'adoption
faite que cette motion soit déférée à une
commission parlementaire. Mais si c'était contenu dans la même
motion, comment voteraient ces députés? Comment voteraient-ils?
Comment auraient-ils l'occasion de s'exprimer? Ils sont pour la première
partie, mais contre la deuxième.
Toute la logique de notre système parlemen-
taire et du règlement clarifié et limpide auquel ont
contribué les quatres partis politiques de l'ancienne Législature
se veut dans ce sens. Jamais une décision ne doit comporter
d'ambiguïté pour l'élu du peuple qui a à se
prononcer, de sorte que lorsque nous retournons devant nos électeurs,
par la suite nous n'aurons pas à dire: Je ne savais pas que cela voulait
dire ceci et je ne voulais pas que cela veuille dire cela. C'est pour
éviter ces ambiguïtés et pour que chacun sache très
bien sur quoi il se prononce.
C'est pourquoi je soutiens, M. le Président, que la seule motion
régulière et recevable que puisse présenter le ministre de
l'Education actuellement, c'est de dire que la commission est suffisamment
informée. Par la suite, nous passerons aux délibérations.
Lorsque le ministre décidera que nous avons suffisamment
délibéré, il le proposera à la commission et, cette
fois, la commission statuera à nouveau et passera automatiquement
à la quatrième étape qui est prévue aux
règlements.
Nous ne pouvons pas dire immédiatement que nous devons passer aux
délibérations et ensuite au rapport, sans savoir quel temps nous
allons mettre aux délibérations. Il est interdit...
M. DEOM: Mais non, c'est vous qui l'avez dit.
M. CHARRON: ... il est illégal et il est non parlementaire
et c'est pourquoi cette motion est non recevable de forcer les
députés à se prononcer sur deux décisions à
la fois. Que le ministre accepte cette argumentation. Il évitera tout le
débat de procédure dans lequel nous sommes. S'il ne l'accepte
pas, alors tous mes collègues sont parfaitement justifiés
d'intervenir sur la recevabilité, parce que c'est notre droit de refuser
de nous prononcer sur deux motions à la fois et sur deux
décisions à la fois. Si le ministre dit, en admettant la
redondance que lui signalait le chef de l'Opposition et le danger que je lui
signale d'inviter les députés à se prononcer sur deux
décisions à la fois: Je m'en tiens à la première
partie de ma motion. Elle est parfaitement recevable et nous nous engageons sur
le fond dans cinq minutes. Mais si le ministre continue à soutenir cela,
je dis que mes collègues sont parfaitement justifiés d'intervenir
sur la recevabilité, parce que, M. le Président, je vous le
soutiens encore, la motion est irrecevable, parce qu'elle oblige un membre de
cette commission à se prononcer sur deux décisions à la
fois, ce qui est parfaitement exclu, non pas seulement de toute tradition du
Parlement, mais encore plus du contenu même de ce règlement que
nous avons voulu à cette fin.
Chaque député doit savoir très bien sur quoi il se
prononce quand il vote et n'avoir aucune ambiguïté à cause
d'un paragraphe ou à cause d'un attendu qui serait connexe à la
motion. Je dis que nous sommes dans ce débat de procédure, et
nous allons y rester parce que nous sommes parfaitement justifiés de le
faire, sim- plement à cause de la formulation de la motion du ministre
de l'Education. Si le ministre de l'Education veut se rendre et se limiter
à ce que lui permet le règlement, c'est-à-dire la motion
de clôture des auditions prévue au deuxième paragraphe de
l'article 6 des règles de pratique de la commission, alors le
débat de la recevabilité est éteint et nous
procédons immédiatement au débat de fond, à savoir
si cette commission est suffisamment informée ou non.
Je termine là-dessus, M. le Président. Je pense être
incapable d'être plus clair quant à la justification que nous
avons de mener ce débat de procédure, parce qu'il en va d'un
précédent sur lequel vous aurez à statuer, M. le
Président, et tous les députés. Si nous permettions une
fois qu'une motion comportant deux décisions soit jugée recevable
et que nous mêlions nos interventions sur l'une et sur l'autre, c'en est
fait de tout le reste de nos débats et cela invitera à plusieurs
débats de procédure par la suite.
Mais si, immédiatement, M. le Président, à la suite
des représentations qu'ont à faire nos collègues des
autres partis, vous avez à statuer sur l'irrecevabilité et vous
invitez le ministre à se rendre au deuxième paragraphe de
l'article 6 qui lui, dit: Faites une chose à la fois, M. le ministre,
commencez pas clôturer les motions avant de commencer à
clôturer les délibérations qui, elles, ne sont même
pas commencées, alors nous engagerons le débat de fond
immédiatement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission m'invite à
une décision...
M. ROY: M. le Président, j'ai quelque chose à ajouter qui
n'a pas été dit sur la recevabilité de cette motion.
M. LEGER: J'ai une question, moi aussi, M. le Président,
après.
M. SAMSON: On vous invitera après.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud sur la
recevabilité de la motion.
M. ROY: M. le Président, sur cette motion. Il est évident
qu'elle est absolument inacceptable, elle se doit d'être non
reçue, elle est non recevable. Il n'est pas nécessaire
d'être un grand expert dans la procédure parlementaire comme le
prétend le député de Terrebonne, pour s'en rendre
compte.
D'abord, premièrement...
M. HARDY: Qu'est-ce que vous dites là?
M. ROY: J'ai dit qu'il n'était pas nécessaire de se
prétendre un grand expert en procédure parlementaire comme le
député de Terrebonne...
M. HARDY: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles, sur une
question de règlement.
M. HARDY: D'abord, non seulement je n'ai jamais prétendu
être un expert en droit parlementaire, mais avant l'ouverture de la
présente séance, je disais précisément au chef de
l'Opposition que, personnellement, j'émettais certains jugements sur
notre règlement, mais en disant, sous toutes réserves, que,
personnellement, je ne suis pas un expert en droit parlementaire.
Le député de Beauce, encore une fois, émet des
choses fausses, laisse courir ou essaie de lancer des fausses rumeurs. Vous
n'avez pas été suffisamment victime de fausses rumeurs pour
cesser d'en alimenter?
M. MORIN: Je voudrais simplement dire au député de
Beauce-Sud, que sur ce point, pour une fois, j'étais d'accord avec le
ministre des Affaires culturelles.
M. ROY: J'ai bien dit que je n'étais pas sous l'impression que le
député de Terrebonne était un expert en procédure
parlementaire et je m'en garde bien. J'ai dit qu'il nous donnait l'impression
qu'il se prétendait... C'est différent.
M. TARDIF: ... c'est différent.
M. ROY: Ce sont des prétentions. M. le Président, nous
sommes présentement si on se réfère à la
motion qui est présentée, il est évident que cette motion
est présentée en vertu de l'article 7 au paragraphe 2 de
l'article 7: L'audition de personnes intéressées. Il s'agit de
déterminer si la commission est suffisamment informée, à
savoir si on a suffisamment entendu les groupes intéressés qui
ont manifesté l'intention de venir se présenter devant la
commission parlementaire afin que nous puissions les interroger et que ces
personnes puissent faire connaître leur point de vue. C'est une question
à décider, qui doit faire l'objet d'une motion.
Il y a deux autres points qui suivent normalement cette condition. Ce
sont les délibérations de la commission qui peuvent avoir lieu
s'il y a des membres de la commission qui en manifestent le désir, une
fois que nous avons statué sur le fait que la commission peut être
suffisamment informée. Il y a une troisième étape qui est
le rapport qui est présenté devant l'Assemblée nationale.
Il faut s'entendre sur la forme du rapport.
Il s'agit de trois choses complètement distinctes sur lesquelles
même les ministériels peuvent avoir des opinions
différentes et sur lesquelles nous avons des opinions qui peuvent
être différentes. Nous pouvons être d'accord sur le premier
point de la motion. Nous pouvons être en désaccord sur les
deuxième et troisième points de la motion comme nous pouvons
être en désaccord sur le premier point de la motion, être en
désaccord sur le deuxième point de la motion et être en
accord sur le troisième point de la motion.
Or, M. le Président, vous, tout à l'heure, qui allez
être appelé à mettre cette motion aux voix, comment
allez-vous pouvoir mettre cette motion aux voix de façon intelligente?
Je vous prierais de regarder les dispositions de l'article 104 de notre
règlement à la page 38, qui dit: "Lorsqu'une motion ne peut
soulever de débat ou lorsque le débat est terminé parce
que personne ne demande la parole ou parce que le temps permis est
écoulé, le président la met aux voix après avoir lu
le texte sur lequel les députés sont appelés à se
prononcer".
Comment allez-vous faire, M. le Président, en toute logique, pour
demander la mise aux voix de cette motion et inviter les membres de la
commission parlementaire à pouvoir se prononcer sur une motion qui
comporte trois points différents?
Celui qui m'a précédé l'a dit clairement. Une
motion ne doit porter que sur un seul sujet. Nous avons une motion qui porte
sur trois sujets différents. Or, M. le Président, qu'on ne vienne
pas aujourd'hui accuser l'Opposition de faire un débat de
procédure. Nous avons devant nous un gouvernement qui connaît ces
règlements, qui connaît le règlement de l'Assemblée
nationale, dont le président et le vice-président et tous les
présidents et adjoints des présidents de commission ont dû
suivre des cours et interroger le président. Il y a toute la
jurisprudence que le gouvernement connaît, qui est là. Le
gouvernement sait très bien que cette motion est irrecevable. Il le sait
parce que jamais le gouvernement n'a même pu se référer
à un cas, un précédent à l'Assemblée
nationale, sur lequel nous aurions eu à nous prononcer sur trois sujets
différents en même temps.
En aucun cas, on ne pourra parler de la commission parlementaire qui a
étudié le code des professions. Une fois que tous les
mémoires ont été entendus, il y a eu consentement unanime.
Au paragraphe 2, l'audition des personnes intéressées, la
question ne se posait pas. Il est évident qu'il n'était pas
question de discuter de cette question. Le problème ne se posait pas.
Pour les délibérations de la commission, le problème ne
s'est pas posé, parce que les membres de la commission étaient
unanimes pour que la commission ajourne ses travaux de façon sine die et
qu'un rapport soit présenté à l'Assemblée nationale
pour que les différents projets de loi avec le code des professions, la
Loi des corporations professionnelles, chacune des professions
impliquées, puissent être étudiés devant
l'Assemblée nationale.
Il s'est agi de la même chose pour la Loi de la protection du
consommateur et la Loi de la mise en marché des produits agricoles l'an
dernier. Pour toutes les autres commissions
parlementaires qui ont eu lieu depuis les cinq dernières
années, cela a été la même chose partout. C'est la
première fois que le gouvernement nous présente une motion qu'il
sait, et je répète que le gouvernement sait que cette motion est
irrecevable, pour tenter encore, essayer, au niveau de la propagande et de la
grosse publicité gouvernementale, de faire croire que l'Opposition fait
du "filibustering" et de faire croire à la population que l'Opposition
fait des débats de procédure.
M. le Président, on est bien obligé. On n'a pas le droit
d'accepter la recevabilité d'une motion de ce genre, parce qu'une fois
ce précédent créé, est-ce que cela voudra dire
qu'à l'avenir, on pourra arriver à l'Assemblée nationale
et le leader du gouvernement pourra arriver à l'Assemblée
nationale et dire: M. le Président, je propose que le projet de loi 74
soit lu maintenant pour la première fois, la deuxième fois et la
troisième fois, alors que des votes complètement
différents peuvent être pris en première lecture, en
deuxième lecture et en troisième lecture? C'est une chose qui n'a
aucun sens, c'est une chose qui ne s'est jamais vue.
Le gouvernement, à l'heure actuelle, est gêné. Je
dis que le gouvernement est gêné devant l'opinion publique, parce
qu'il ne sait pas comment s'y prendre pour essayer de se justifier,
d'empêcher les groupes, d'empêcher les régions,
d'empêcher les groupements qui en ont manifesté l'intention, de
venir se faire entendre devant la commission parlementaire. Le gouvernement est
gêné de leur dire: Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, on ne vous
entendra pas. On n'est pas intéressé de savoir ce que vous pensez
sur le projet de loi 22. Vous êtes des Québécois de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous êtes des
Québécois de la Côte-Nord, vous êtes des
Québécois de la région de Québec, vous êtes
des Québécois de la Mauricie, vous êtes des
Québécois de l'Estrie, vous êtes des
Québécois de la Beauce, mais on n'est pas intéressé
à savoir ce que vous pensez sur le projet de loi 22.
On décide, nous autres, parce que nous sommes 102
députés, comme le dit le premier ministre lui-même, alors
que la question linguistique n'était même pas... Le projet de loi
22 tel qu'il est rédigé et selon les intentions même que le
gouvernement mentionne et offre à la population à l'heure
actuelle n'était pas dans le programme électoral du Parti
libéral. On disait durant la campagne électorale, par exemple:
Nous allons légiférer, mais on n'a pas dit comment. Vous
n'êtes même pas mandatés pour cela, vous n'avez pas
reçu de mandat de la population pour légiférer dans ce
sens. Vous avez reçu un mandat général. On vous l'accorde,
vous avez reçu un mandat général. Ce mandat
général que vous avez reçu ne vous donne pas le droit de
mettre de côté les règlements de l'Assemblée
nationale qui, pourtant, sont très clairs, très précis. Le
député de Terrebonne a assisté à toutes les
séances qui ont eu lieu lors de la rédaction de ce
règlement. Je me souviens très bien des interventions qu'a alors
faites le député de Terrebonne pour dire qu'il était
inquiet avec le nouveau règlement, parce qu'on semblait vouloir brimer
les droits des députés, le temps de parole. J'étais
d'accord avec le député de Terrebonne à ce moment, il
était inquiet des droits des parlementaires.
M. HARDY: Je suis toujours d'accord sur ce principe-là.
M. ROY: Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui des droits des parlementaires
avec la motion qui est présentement devant nous? Comment allons-nous
voter tout à l'heure si cette motion est reçue? J'aimerais, M. le
Président, que vous preniez le temps d'examiner cette question avec
toute l'attention qu'elle mérite. Comment peut-on appeler une telle
motion et faire appel à la mise aux voix? Comment allons-nous discuter,
une fois que la motion sera reçue? Est-ce qu'on va discuter du point 2?
Est-ce qu'on va discuter du point 3? Est-ce qu'on va discuter du point 4? Ce
sont encore des choses qu'il faudra établir.
Alors, compte tenu des circonstances, compte tenu de la situation dans
laquelle le gouvernement s'est placé lui-même, ce n'est pas
l'Opposition qui a placé le gouvernement devant cette situation, le
gouvernement s'y est placé lui-même, parce que c'est le
gouvernement qui a décidé de mettre fin aux travaux, c'est le
gouvernement qui a décidé de mettre un terme aux auditions de
façon à limiter le nombre de groupements ou d'associations qui
ont manifesté le désir de venir devant la commission
parlementaire. Je demanderais, M. le Président je pose la
question à l'honorable ministre, il pourra nous en parler tout à
l'heure, et également à tous les membres du côté
ministériel comment peut-on logiquement et intelligemment voter
pour une telle motion qui comporte trois volets, qui comporte trois questions
différentes?
Or, M. le Président, pour toutes ces considérations,
j'estime qu'il est de votre devoir de considérer cette motion comme non
recevable.
Je vous ai demandé de prendre connaissance des dispositions de
l'article 104. Je vous demanderais également de prendre connaissance des
dispositions de l'article 3 de nos règlements, à la page 2, qui
dit ceci: La procédure de l'Assemblée nationale du Québec
est réglée: 1- par des lois; 2- par le règlement; 3- par
des règlements adoptés pour la durée d'une seule session;
4- par des ordres spéciaux adoptés par l'Assemblée et dont
l'effet est limité aux matières pour lesquelles ils sont
votés. C'est surtout sur le paragraphe 5, le cinquième volet de
l'article 3: par les précédents établis par suite de
l'interprétation des lois et du règlement.
Alors, je pense, M. le Président, compte tenu de la tradition qui
est établie, compte tenu de la
jurisprudence dont nous disposons à l'Assemblée nationale,
qu'on n'a pas le droit aujourd'hui de créer un précédent
surtout dans une circonstance aussi particulière que
celle-là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, messieurs, je pense que si le
député de Lafontaine me le permet, j'aimerais me prévaloir
de l'article 43 de nos règlements qui permet au président de se
prononcer sur une question de règlement au moment où il se sent
éclairé.
M. LEGER: Vous avez demandé si le député de
Lafontaine vous le permettait. Alors, je vous demanderais de me donner cinq
minutes pour expliquer la raison pour laquelle je suis contre la
recevabilité...
M. HARDY: M. le Président.
M. LEGER:... le président avant qu'il prenne sa
décision.
M. HARDY: Si vous parlez, je vais être obligé de "reparler"
pour l'éclairer...
M. LEGER: Pas "reparler", moi je vais parler pour la première
fois.
M. HARDY: ... là il est éclairé. Le
président, actuellement, est éclairé, mais si vous
intervenez vous allez l'embrouiller, cela va nous obliger à intervenir
de nouveau.
M. LEGER: Ce n'est pas par les lumières qui sont à sa
droite qu'il sera éclairé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Je demanderais au président de me donner au moins cinq
minutes pour expliquer les raisons qui motivent la non-recevabilité de
cette motion. Je ne lui demande pas plus de cinq minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis sûr...
M. LESSARD: M. le Président, je vous demanderais... On a
demandé la parole avant l'ajournement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: J'ai une directive à vous demander.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant. Allez-y.
M. LESSARD: On a demandé la parole. Je pense que le
député de Beauce-Sud a demandé la parole avant
l'ajournement, le député de Lafontaine avant demandé la
parole avant l'ajournement et le député de Saguenay avait
demandé également la parole avant l'ajournement. Ce que je vous
demande, M. le Président, puisqu'on vous a même indiqué de
prendre les noms parce que j'ai quand même une certaine
argumentation aussi à faire valoir avant de prendre une
décision, entendez au moins les personnes qui vous ont demandé de
prendre la parole, avant l'ajournement. Je pense, M. le Président, que
ce serait normal que vous acceptiez au moins...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement sur ce
que vient de dire le député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, l'article 43 est très clair.
Les députés qui doivent prendre la parole sur la question de
règlement, cela ne doit pas être pour allonger inutilement un
débat et surtout pour empêcher de discuter du fond d'une question.
La seule raison pour laquelle les députés interviennent sur une
question de règlement, c'est pour éclairer le président.
Ce n'est pas la question de savoir si les noms étaient pris ou non. La
question est de savoir, quand le président est-il suffisamment
éclairé? A partir du moment où le président
décide qu'il est suffisamment éclairé pour rendre sa
décision, cela finit l'intervention. Alors, moi, parce que je veux
absolument que l'on...
M. LESSARD: Je suis d'accord avec...
M. HARDY: ... discute enfin du fond de la question, je demande au
président d'appliquer rigoureusement le règlement.
M. LEGER: M. le Président, sur un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine, sur un
point de règlement.
M. LEGER: Je suis du même avis que le député de
Terrebonne, nous avons hâte de pouvoir discuter du fond. Pour pouvoir
discuter du fond, il faut faire valoir au président je lui ai
demandé à peine cinq minutes pour être capable de
lui démontrer que nous ne pourrons pas. discuter du fond selon la
façon dont la motion est présentée... Alors, je lui ai
demandé cinq minutes. J'avais demandé le droit de parole, ce
matin, et je pense que je n'exagère pas en disant que j'en aurai pour
cinq minutes au maximum, peut-être cinq minutes aussi pour le
député de Saguenay. Car il y a des arguments importants et un
président devrait attendre d'être suffisamment
éclairé par ceux qui ont des objections avant de se
prononcer.
Vous remarquez que ce n'est pas du "filibustering", je vous demande cinq
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En fait, je ne veux pas être
désagréable à l'endroit du député de
Lafontaine, ni à l'endroit du député de Saguenay, mais je
me dois de faire respecter le règlement. L'article 43 est très
clair là-dessus: Le président, lorsqu'il le juge à propos
pour citer textuellement - peut se prononcer sur les questions de
règlement. Si vous voulez me laisser finir...
M. LEGER: Sur ce point-là...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... je vais vous donner satisfaction.
Voulez-vous me laisser finir? Je suis sûr que je vais vous donner
satisfaction.
M. LEGER: ... juste une seconde. Vous allez me laisser parler
après? Parfait. Ah! Si vous faites ça, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je suis prêt à rendre
ma décision. J'en suis d'autant plus aise que je suis passablement
convaincu que ça va rencontrer les désirs de chacun des membres
de cette commission, de donner son opinion sur le fond et même sur la
forme de la résolution. A mon avis, la motion présentée
par le ministre de l'Education, qui propose: "Que la commission mette fin aux
auditions, procède maintenant au délibéré et fasse
rapport à l'Assemblée", me paraît recevable, pour les
raisons suivantes...
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis en train de rendre une
décision et vous pourrez en appeler après.
M. LESSARD: M. le Président...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous allez attendre que je rende ma
décision quand même.
M. LEGER: Bien non, il va être trop tard. LE PRESIDENT (M.
Gratton): A l'ordre! M. LEGER: II va être trop tard.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vais expliquer les motifs...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'y a pas de question de règlement.
Je suis en train de faire appliquer le règlement.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, mauvaise décision.
M. LEGER: ... une décision, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... à l'article 43. A l'ordre! Je dois
expliquer...
M. LEGER: C'est un pouvoir discrétionnaire que le
président possède et dont il doit user avec délicatesse.
Vous êtes en train de le prendre avant même que l'Opposition n'ait
terminé de vous présenter ses argumentations. C'est un pouvoir
discrétionnaire dont vous devez user avec beaucoup de
délicatesse.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: Ah, voyons donc!
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'allais expliquer ma décision...
M. LACROIX: Là, je suis écoeuré.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A Tordre! A l'ordre !
M. BURNS: Va-t'en ailleurs. Si tu es écoeuré, va-t'en
ailleurs.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. BURNS: Fiche-nous la paix.
M. LACROIX: Ne fais pas ton Tonto Macou-te et...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Bien, va-t'en ailleurs si tu es écoeuré, on ne
l'est pas, nous. Tu aurais dû rester où tu étais.
M. LACROIX: Va collecter tes enveloppes et fiche-nous la paix.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, on peut faire une des deux choses
suivantes: on peut me laisser...
M. LEGER: Lui, il a de la misère à se collecter ses
énergies.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... expliquer ma décision ou on peut
suspendre.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ne veux avoir d'intervention de
personne.
M. MORIN: Ecoutez...
M. BURNS: On est d'accord pour vous laisser expliquer votre
décision, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Merci. Ma décision se justifie comme
suit: premièrement, la motion qui, je l'admets, comporte deux volets et
même trois, n'est pas tellement différente d'une motion que nous
avons souvent en Chambre. Je me sers, par exemple, de la motion de fin de
session où une motion du leader peut suspendre l'application de
plusieurs règlements. De toute façon, ce n'est pas tellement
important.
M. MORIN: C'est important.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'en ai de plus importantes encore. Une
deuxième raison, c'est que...
M. HARDY: Voulez-vous vous taire? ... tout ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... la motion actuelle, telle qu'elle est
rédigée, ne fait que donner une intention de la commission de
procéder logiquement, selon les règles du règlement et,
particulièrement, selon l'article 7 de nos règles de pratique.
Là où il y a une différence, à mon avis, entre
l'exemple d'une motion, en Chambre, qui nous ferait passer la première,
la deuxième et la troisième lectures d'un seul coup, je pense
que, là, il y a une grosse différence en ce que là il
s'agit du règlement de l'Assemblée, qui prévoit les
modalités pour le débat et la discussion des trois étapes,
alors que dans le cas de la commission, il s'agit simplement de quatre
étapes, que devrait suivre la commission. Mais toujours est-il que si
cette motion est acceptable, c'est surtout parce que le règlement
prévoit déjà d'autres façons de trancher la
question. On a soulevé le point: Comment peut-on voter sur une motion
qui comporte trois volets? Sans vouloir donner de cours de procédure, je
pense que le député de Maisonneuve hoche la tête, le
règlement prévoit déjà les dispositions
nécessaires.
M. BURNS: L'article 87, M. le Président? LE PRESIDENT (M.
Gratton): Exactement. M. BURNS: Bon, bravo, c'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai l'impression qu'on va sûrement y
revenir au moment du débat de fond sur la motion. C'est pourquoi...
M. ROY: Vous avez deviné.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... j'ai l'impression que je ne me trompais
pas en disant que ma décision donnerait satisfaction au dépu-
té de Lafontaine. Toujours est-il que telle est ma décision et
j'invite maintenant le ministre de l'Education, s'il le désire, à
prendre la parole sur le fond de la motion, soit que la commission mette fin
aux auditions et procède maintenant aux délibérations et
fasse rapport à l'Assemblée.
M. LESSARD: Alors l'article 114, vous le laissez de côté de
même que l'article 163...
M. HARDY: Consultez donc le député de Maisonneuve...
M. LESSARD: Vous le laissez de côté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'inviterais le
député de Saguenay...
M. HARDY: II n'a rien compris.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... à prendre note de l'article
43...
M. LESSARD: 87, l'article 87...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... qui dit que, lorsque le président
rend sa décision et indique qu'il la justifie, il n'est pas permis de la
critiquer...
M. LESSARD: C'est mal justifié...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... ni de revenir sur la question.
L'honorable ministre de l'Education.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LACROIX: Sur le fond,...
M. CHARRON: J'invoque le règlement, M. le Président...
M. LACROIX: ... deux décisions à prendre, partir avec un
petit groupe ou...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jacques...
M. CHARRON: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur une question de règlement.
Proposition de M. Charron
M. CHARRON: J'invoque le règlement. Avant que le ministre de
l'Education n'intervienne sur le fond de la motion que vous venez de
déclarer recevable, je voudrais me prévaloir de l'article 87,
comme vous nous l'avez indiqué et proposer de scinder la motion
présentée par le ministre de l'Education.
Vous avez compris dans mon argumentation tout à l'heure que j'ai
proposé qu'il était impossible pour un membre de
l'assemblée de se prononcer sur deux ou trois décisions à
la fois. Comme elle est rédigée actuellement, cette motion nous
invite d'une part à clôturer l'audition des témoins qui ont
demandé à être entendus à la table de cette
commission...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Saint-Jacques me permettrait une question.
M. CHARRON: Allez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'il fait présentement une
motion?
M. CHARRON: Oui, je fais motion en vertu de l'article 87.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, pour-riez-vous, s'il vous plaît
nous en livrer le texte? Pouvez-nous m'informer verbalement, pour le
moment?
M. CHARRON: Pourriez-vous me donner le texte de la motion du
ministre?
M. LACROIX: ... règlement, une motion doit être
écrite.
M. CHARRON: C'est exact.
M. LESSARD: II peut la faire à la fin.
M. ROY: II peut la faire à la fin de son intervention.
M. LESSARD: Pardon?
M. ROY: Le député peut faire sa motion à la fin de
son intervention.
M. LESSARD: C'est cela, après 20 minutes.
M. BURNS: C'est cela.
M. ROY: II n'y a rien qui l'oblige à faire...
M. BURNS: En commission, une motion n'est jamais annoncée, donc
elle n'a pas besoin d'être écrite.
M. HARDY: Pardon. Les motions...
M. BURNS: Dites-nous donc où elles doivent être
écrites, les motions?
UNE VOIX: On est en commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Je n'ai pas
demandé au député de Saint-Jacques de l'écrire, je
lui ai simplement demandé de nous livrer...
M. LESSARD: II n'est pas obligé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... la teneur de sa motion.
M. BURNS: II n'est pas obligé.
M. ROY: II n'est pas obligé. Il peut attendre à la
fin.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je lui demande de collaborer et il est en
train de le faire.
M. ROY: II ne voudra pas collaborer tantôt quand même.
M. BURNS: C'est le ministre des Affaires culturelles qui a
interrompu...
M. HARDY: Attendez, attendez, attendez! M. BURNS: ... le
député de Saint-Jacques.
M. LEGER: Est-ce qu'on sait que le ministre de l'Immigration a fait une
motion non écrite à la commission de l'Assemblée
nationale?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! La parole est au
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, si vous me demandez
immédiatement sans que cela enlève, du temps sur mon droit
de parole de vous indiquer, pour votre gouverne, à quel endroit
j'ai l'intention de demander la scission de la motion présentée
par le ministre de l'Education, pour autant qu'il ne me coupera pas mon droit
de parole, je vous l'indique immédiatement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Voici...
M. CHARRON: ... après le mot "auditions".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. CHARRON: Le règlement, à l'article 88, paragraphe 2, me
demande de vous indiquer la manière dont il est proposé de faire
la division. Je vous le dit tout de suite. Je propose que la commission se
prononce d'abord sur la première partie de la motion jusqu'au mot
"auditions" et cela se lirait donc comme suit: Que la commission mette fin aux
auditions.
Par la suite, si ma motion de division est adoptée, nous aurons
à nous prononcer sur l'autre motion, à savoir: Que la commission
procède maintenant au délibéré et fasse rapport
à l'assemblée.
C'est donc après le mot "audition" et avant le mot
"procède" que je propose la scission, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En deux? M. CHARRON: En deux. Et...
M. BURNS: Cela pourrait être en trois... M. CHARRON: M. le
Président...
M. LEGER: On ne peut pas couper les cheveux en quatre.
UNE VOIX: M. le Président, je vous avoue ma surprise.
M. CHARRON: M. le Président, je n'écarte pas le droit
à un de mes collègues de proposer un sous-amendement, qui
diviserait après le mot "délibéré" et fasse rapport
à l'assemblée. Je pense que votre remarque, M. le
Président, ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et...
M. HARDY: Alourdissez la preuve du "filibustering".
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: Je vais simplement expliquer pourquoi je propose...
M. HARDY: Dites-le donc.
M. CHARRON: ...cette scission.
M. LESSARD: Suivez le règlement et vous n'aurez pas de
"filibuster" à ce stade-ci.
M. MORIN: M. le Président, je ne voudrais pas que le ministre des
Affaires culturelles nous prête constamment des intentions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. MORIN: Nous pourrions fort bien, M. le Président, prêter
l'intention au gouvernement d'avoir fait cette motion précisément
pour nous entraîner dans un débat de procédure.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LACROIX: ... l'intention...
M. CHARRON: M. le Président, j'ai proposé de scinder cette
résolution d'abord, parce que je considère, comme je vous l'ai
dit dans le plaidoyer que je faisais au nom de l'Opposition avec mes
collègues quant à l'irrecevabilité de cette motion, que
les arguments que je soutenais jusqu'à votre décision, sont
encore valables.
Je soutenais tout à l'heure qu'il était irrégulier,
illégal donc, de demander aux députés de se prononcer sur
deux choses en même temps. Vous avez soutenu dans votre décision,
M. le Président, que c'était légal.
Si c'est légal, je vous dis que c'est absolument impraticable,
comme légalité. Nous ne pouvons pas inviter des
députés à se prononcer à la fois sur une question
importante comme celle de mettre fin aux auditions, alors que nous avons
encore, en attente, plus de 50 p.c. des témoins qui ont demandé
de venir témoigner, encore plus de 60 p.c. des francophones inscrits et
qui ont demandé à être entendus, et encore à venir
20 p.c. des groupes anglophones qui ont demandé à se faire
entendre.
Donc, nous ne pouvons pas demander aux députés de trancher
une question aussi délicate que celle-là en même temps
qu'ils auraient à trancher l'autre décision qui serait celle que
nous procédions immédiatement aux délibérations et
que nous fassions rapport à l'Assemblée nationale. Ce sont deux
choses tout à fait distinctes, M. le Président.
Jamais une commission parlementaire n'a reçu autant de demandes
de se faire entendre. Je pourrais vous dire, entre parenthèses...
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que le député
de Saint-Jacques me permettrait une interruption qui pourrait peut-être
raccourcir le débat? A moins qu'il ait vraiment très envie de
continuer et de préparer tout un ensemble de motions d'amendement.
M. LESSARD: Si le ministre accepte...
M. CLOUTIER: Voici. Si vous me donnez trois minutes, je pense que je
vais pouvoir peut-être vous sortir de l'impasse où vous vous
enlisez.
M. LESSARD: Pas de l'impasse, vous sortir de l'impasse.
M. CHARRON: Je pense que...
M. MORIN: L'impasse dans laquelle vous nous avez acheminés, M. le
ministre.
M. LEGER: ... est en train d'essayer de nous faire une passe...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. CLOUTIER: Je vais formuler cela autrement.
M. CHARRON: Je regrette, M. le Président, mais je...
M. CLOUTIER: Vous n'êtes pas d'accord. Vous voulez à tout
prix, même si j'allais vous offrir une solution et accepter...
M. CHARRON: Je vais vous présenter ma motion et vous vous
prononcerez par la suite.
M. CLOUTIER: D'accord, puisque vous le souhaitez. Je vais attendre que
vous ayez terminé et, à ce moment, je donnerai mon point de
vue.
M. HARDY: M. le Président...
M. CLOUTIER: Je crois que ce sera un point de vue favorable à
votre motion. Vous préférez continuer à la
défendre, allez-y.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Puisque
le député de Saint-Jacques veut absolument faire de la
procédure, je lui rappelle, de même qu'à mon excellent ami,
le député de Maisonneuve, que, contrairement à ce que
disait tantôt le député de Maisonneuve, une motion,
même en commission, doit être écrite et je le
réfère aux articles 61 et 163 de notre règlement.
M. BURNS: A moins qu'elle ne soit de celles dont les termes ne varient
point.
M. HARDY: A moins que ce soient des termes qui ne varient pas. Or, pour
une motion de division, par essence, les termes varient puisqu'une motion de
division doit s'intégrer nécessairement à une motion
déjà faite.
M. BURNS: Non.
M. HARDY: Comment voulez-vous que les termes de... Les termes de la
motion du député de Saint-Jacques vont nécessairement
être totalement...
M. BURNS: Les termes d'une motion de division ne varient jamais.
M. HARDY: ... originaux.
M. BURNS: C'est toujours de diviser la motion en question...
M. TARDIF: ... sur la phrase en question. M. BURNS: ... paragraphe par
paragraphe... M. HARDY: Bien non!
M. BURNS: ... alors que, normalement, ce que vous voulez dire, c'est
que, si vous proposez, par exemple, de faire...
M.HARDY: Bien non!
M. BURNS: ... en sorte que le député de Maisonneuve ne
soit pas membre du Barreau, mais membre de la Corporation des médecins
et chirurgiens, cela serait une motion qui changerait. C'est une motion qui
varie. Mais si vous faites une motion de division, c'est une motion connue,
c'est une motion comme une motion de reporter à six mois...
M. MORIN: C'est une motion standard.
M. BURNS: ... la deuxième lecture. C'est très "standard"
comme dit le chef de l'Opposition.
M. HARDY: M. le Président, parlant sur la question de
règlement, il est évident que le député de
Maisonneuve erre totalement. Une motion de division s'intègre
nécessairement à une motion originale. Quand le règlement
parle à l'article 61 de motion dont le terme ne varie pas, c'est une
motion proposant l'ajournement de la Chambre. Cela ne varie pas, c'est
toujours: M. le Président, je propose que la Chambre ajourne ses
travaux.
M. BURNS: Une motion de deuxième lecture...
M. HARDY: Voulez-vous me laisser terminer? Je vous ai
écouté...
M. BURNS: Permettez-moi, seulement pour vous donner cet exemple-ci. Je
ne veux pas vous interrompre plus longtemps. Une motion qui dit, par exemple,
qu'en deuxième lecture, on reporte la deuxième lecture à
deux mois, trois mois ou quatre mois, est-ce que vous êtes d'avis que
c'est une motion dont les termes varient, parce qu'on peut dire un mois, deux
mois, trois mois, quatre mois, six mois, un an? Moi, je dis que non. Je dis que
c'est une motion qui est "standard", comme disait le chef de l'Opposition il y
a une minute. C'est une motion dont la forme est connue, on le sait fort
bien.
M. HARDY: Vous l'avez dit.
M. BURNS: Ce qui peut varier, c'est qu'on dise deux mois au lieu de
trois mois. Or, ce qui arrive actuellement, c'est qu'on prend une motion qui
est déjà en délibération et, on propose de la
diviser. C'est l'essence de la motion.
Evidemment, les deux, trois, quatre ou cinq parties de la motion qu'on
propose de diviser, elles, peuvent varier selon la motion qui est sur la table,
mais ce ne sont pas les termes mêmes de la motion. C'est de diviser la
motion en délibération. C'est cela...
M. HARDY: Voyons donc, M....
M. BURNS: ... une motion qui ne varie pas dans sa forme.
M. HARDY: M. le Président, le député de
Maisonneuve...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Est-ce que le
ministre...
M. HARDY: Est-ce que je peux parler sur la question de
règlement?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien oui, mais il ne faudrait pas que
ça devienne...
M. HARDY: II m'a interrompu. Je n'ai même pas réussi...
M. BURNS: Je m'excuse d'ailleurs. Non, non. Je l'ai fait uniquement
parce que je ne voulais pas que le ministre se lance...
M. HARDY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Mais la question de règlement...
M. BURNS: ... dans des argumentations tout à fait
erronées.
UNE VOIX: ...43...
M. HARDY: Je vais respecter votre décision, M. le
Président, mais je...
M. BURNS: Non, non, je m'excuse. Je pense que c'est le ministre qui
avait la parole.
M. HARDY: Si le président est prêt à se prononcer,
mais je suis obligé de dire que vous êtes complètement dans
l'erreur, selon moi.
UNE VOIX: ...43...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je peux me prononcer pour dire que le
député de Saint-Jacques est en train de l'écrire. Il n'y a
donc pas de problème.
Est-ce que le député de Saint-Jacques avait terminé
son intervention sur la division?
M. CHARRON: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Parce que, là-dessus, je serais
prêt à me prononcer...
M. LEGER: Le président est de plus en plus rapide.
M. ROY: M. le Président, est-ce que je peux vous poser une
question?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. ROY: Est-ce que le ministre l'avait écrite, sa motion,
lui?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. ROY: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah bien! on peut en faire faire, oui.
M. CHARRON: Je ne sais pas si c'est celle-là. Non, ce n'est pas
celle du ministre...
M. LEGER: Est-ce celle que le ministre garde pour lui, ou si c'est celle
qui est distribuée aux membres de la commission?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est la vôtre. C'est celle qui a
été écrite...
M. CLOUTIER: Elle est ici. Elle a circulé. C'est
celle-là.
M. LEGER: C'est la même qui circule. On appelle cela une motion
écrite?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEGER: Le ministre la fait circuler et on l'a chacun notre tour quand
on la désire?
M. CLOUTIER: Bien, ce n'est pas une motion imprimée...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. CLOUTIER: Mais c'est une motion écrite. C'est comme la plupart
des motions qui se sont faites ici. Je répète mon invitation. Je
considère que l'Opposition, en invoquant l'article 87, pose un geste
positif suivant le règlement, et je suis tout prêt, moi, à
donner une très grande ouverture, si on me laisse la parole trois
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que...
M. HARDY: Ce n'est pas sûr que l'Opposition veuille qu'on accepte
sa proposition de division.
M. LESSARD: Pour autant que...
M. CLOUTIER: Moi, je fais confiance à l'Opposition.
M. LEGER: J'invoque le règlement. Le député de
Terrebonne est en train d'imputer des intentions derrière la proposition
qui est présentée par le député de
Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: J'ai pris le risque d'être derrière vous.
M. LEGER: Le député de Terrebonne est encore en train de
récidiver.
M. LESSARD: Mais pour autant... D'accord, si le ministre veut, mais pour
autant que le député de Saint-Jacques ne perde pas son droit de
parole...
M. CLOUTIER: Bien, écoutez. Si on règle le
problème, pourquoi parlerait-il? S'il tient absolument à parler,
qu'il parle avant.
M. LESSARD: Si le problème n'est pas réglé, le
député de Saint-Jacques est en train de parler actuellement sur
sa motion...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LESSARD: ... le ministre nous dit que...
M. CLOUTIER: Si je vous disais que j'acceptais cette motion, moi?
M. LESSARD: D'accord...
M. CLOUTIER: A la condition que vous m'expliquiez... que vous me
permettiez...
M. CHARRON: Vous le direz à votre tour... M. CHARRON: Ce n'est
pas une faveur...
M. CLOUTIER: C'est par ouverture d'esprit et de disponibilité que
je l'ai offert.
M. CHARRON: Très bien.
M. CLOUTIER: Si mon invitation est refusée...
M. CHARRON: D'accord!
M. CLOUTIER: ... il n'y a aucun problème de ma part.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'invite le député de
Saint-Jacques à terminer...
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... et j'inviterai ensuite le ministre de
l'Education.
M. CHARRON: ... si j'insiste à décrire exactement la
motion sur laquelle nous allons nous prononcer tout à l'heure, ce n'est
pas parce que je conteste l'ouverture d'esprit que manifeste le ministre de
l'Education. Pour une fois qu'il en manifeste, je n'aurais pas
d'intérêt à aller contre cette ouverture d'esprit.
M. CLOUTIER: Cela me paraît très superflu comme
remarque.
M. CHARRON: Je veux simplement signaler au ministre de l'Education que,
du haut de sa grandeur, je voudrais qu'il se rende compte exactement de ce que
je suis en train de proposer.
Je veux que le ministre et la commission se prononcent sur
l'opportunité de diviser cette motion pour que nous prenions une
décision bien claire, bien nette et entachée d'aucune autre
décision qui pourrait être prise par la suite sur la seule
question et la seule responsabilité que nous avons, comme commission, de
mettre fin prématurément à une commission qui n'a jamais
suscité autant d'intérêt et de participation populaire dans
le Québec que celle-ci.
Si je propose la motion, M. le Président, c'est parce que je veux
que, lorsque nous prendrons la décision sur la première partie de
cette motion, celle qui consiste à mettre fin aux auditions de la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications sur le projet de loi 22, elle soit prise en toute connaissance
de cause par les membres de cette commission.
Je veux qu'on se rende compte, des deux côtés de la table,
qu'en mettant fin prématurément aux travaux de cette commission
parlementaire, nous continuons à ratifier une décision qui est
celle du gouvernement...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je vois que le...
M. CHARRON: ... et qui est irrégulière...
M. SAINT-GERMAIN: ... député de Saint-Jacques parle du
fond de sa motion. On accepte sa motion. Alors, pour quelle raison aurait-il le
droit de parler deux fois sur le fond? Il en aura l'occasion plus tard.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous avoue que je pense que le
député de Saint-Jacques a probablement, sinon terminé, a
bientôt terminé...
M. HARDY: II "s'éjarre".
LE PRESIDENT (M. Gratton): II dispose d'une période d'environ 20
minutes pour discuter- de sa motion. Je l'invite à terminer, s'il vous
plaît.
M. SAINT-GERMAIN: II n'a qu'à s'en tenir à sa motion, M.
le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, d'accord!
M. CHARRON: On présente une motion... Je le dis à
l'intention du député de Jacques-Cartier il est un
fidèle spectateur de nos commissions pour lui rappeler que
lorsqu'on présente...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je me demande pour quelle
raison le député de Saint-Jacques fait des insinuations. Comment
voulez-vous que je ne sois pas simplement spectateur dans une discussion sans
fin qui nous rappelle les beaux jours de l'Union nationale?
Il y a un vieux dicton qui dit: Plus ça change, plus c'est
pareil.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. SAINT-GERMAIN: Depuis hier que nous discutons de procédure, je
sais pertinemment que nous en aurons probablement jusqu'à six heures,
quelles que soient les décisions qui seront rendues, et peut-être
minuit, et comme tout le monde, je vais trouver cela...
M. BURNS: Est-ce que minuit vous intéresse? On va rester
jusqu'à minuit si cela vous tente.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Jacques-Cartier n'a pas à s'offusquer. Ce n'est
pas une question de règlement si le député de
Saint-Jacques lui a dit qu'il était un spectateur, parce que si un
député ne désire pas parler ou n'ose pas parler, au moins
qu'il soit spectateur. C'est déjà une bonne chose que vous
faites. Ce n'est pas indigne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Je considère que c'était un éloge pour le
député, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Le député
de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Le député de Jacques-Cartier...
M. ROY: C'est plus dur que des calomnies!
M. CHARRON: ... est un spectateur de la commission parlementaire de
l'éducation depuis le début. Il fait partie de la fanfare du
ministre de l'Education sur le projet de loi 22. Il n'a pas à
s'offusquer si je lui explique...
M. SAINT-GERMAIN: De quelle fanfare le député de
Saint-Jacques fait-il partie?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: Les fanfarons.
M. CHARRON: J'expliquais simplement à ce vétéran
"back-bencher" du Parti libéral quel est...
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, justement, il n'explique rien.
Au moins, s'il disait quelque chose.
UNE VOIX: II provoque.
M. SAINT-GERMAIN: II provoque. C'est tout ce qu'il fait.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de
Saint-Jacques...
M. CHARRON: J'essayais...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur sa motion.
M. CHARRON: ... d'expliquer, pour la dernière fois, pourquoi la
motion 87 existe dans notre règlement, pourquoi elle existait dans le
précédent règlement et pourquoi les rédacteurs du
nouveau règlement ont décidé de la maintenir. C'est pour
éviter l'ambiguïté dans le vote des membres d'une commission
parlementaire ou éventuellement de l'Assemblée nationale. C'est
simple et c'est pour cela. Et pourquoi cela s'applique-t-il dans le cas actuel?
Pourquoi même le ministre de l'Education a-t-il prétendu tout
à l'heure qu'il s'apprêtait à appuyer cette
résolution? C'est simple. C'est parce que lui aussi veut que l'on se
prononce clairement sur une première partie de la motion et que les
députés, après s'être prononcés sur la
première, soient entièrement libres de se présenter sur la
deuxième, d'une façon peut-être différente de la
première, mais qu'ils n'aient pas cette difficulté d'avoir
à concilier une position positive ou une position négative dans
un cas ou négative dans l'un et positive dans l'autre inutilement.
J'insiste parce qu'en particulier la première partie de la motion
mérite justement que le vote soit clair, limpide et en toute
connaissance de cause. Lorsque nous nous prononcerons sur la première
partie de la motion, nous déciderons de mettre fin à la
commission parlementaire qui a suscité le plus d'intérêt
dans l'histoire politique du Québec et, en ce sens, ce n'est pas une
décision que nous devons mêler à n'importe quelle
autre.
Il y a quelque 150 organismes qui ont demandé à venir.
Nous n'en avons pas encore entendu la moitié. Nous n'avons pas entendu
encore 40 p.c. des francophones qui ont demandé à être
entendus et, en ce sens, la décision que nous allons prendre sur cette
motion...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles sur une
question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, c'est vraiment un dilemme quand on est
placé devant les propos du député de Saint-Jacques. D'une
part, on invoque le règlement pour le faire respecter et je pense que
c'est un minimum. Tout membre du Parlement a le devoir de collaborer à
faire respecter le règlement. D'autre part, il est bien sûr qu'en
invoquant le règlement, on participe, on devient complice du jeu de
l'Opposition qui veut d'une façon systématique je n'ai pas
encore réussi à déceler pourquoi empêcher la
commission parlementaire de délibérer sur le fond. C'est
évident. C'est tellement évident que le ministre de l'Education a
dit: Nous acceptons la motion du député de Saint-Jacques.
Même malgré cette acceptation, le député de
Saint-Jacques continue à plaider. C'est un peu comme si un juge disait
à un avocat: Maître, j'accepte votre cause, je suis prêt
à rendre jugement en votre faveur, et que, quand même, l'avocat
continuerait à plaider.
Cela serait un non-sens. Le député de Saint-Jacques
continue à plaider même si sa motion est acceptée. Pourquoi
continue-t-il à plaider, le député de Saint-Jacques? Parce
qu'il veut d'une façon systématique nous empêcher de passer
au fond de la question. Il ne veut pas que l'on discute du fond de la
question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. MORIN: II a presque terminé.
M. HARDY: M. le Président, l'intervention du chef de l'Opposition
est absolument inutile.
M. MORIN: II a presque terminé. C'est vous qui faites perdre le
temps de la commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, les membres de l'Opposition ont le
droit de faire perdre tout le temps possible à la commission, pour eux,
c'est un droit. Mais nous, si on intervient pour faire respecter le
règlement, alors on fait perdre le temps de la commission. La principale
raison pour laquelle j'interviens de nouveau, c'est que les propos du
député de Saint-Jacques sont totalement irréguliers, parce
qu'il parle du fond de la question. Il nous répète, et je me
demande bien si ce n'est pas faire perdre le temps de la commission, pour la
nième fois, qu'il y a tant de personnes qui ont déposé des
rapports, qu'il y en a seulement tel pourcentage qui se sont faits entendre,
qu'il y a tel pourcentage de francophones, qu'il y a tel pourcentage
d'anglophones. Cela fait dix, quinze, vingt, vingt-cinq fois qu'on
l'entend.
M. MORIN: Six fois avec la vôtre.
M. HARDY: Oui. Alors, voulez-vous vous en tenir à votre motion?
Votre motion demande qu'on divise la question. Nous sommes d'accord pour
diviser la question. Si vous voulez quand même continuer à
plaider, malgré notre accord, au moins tenez-vous en à la
pertinence du débat. Au moins !
M. CLOUTIER: C'est un minimum.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'inviterais le député de
Saint-Jacques à terminer son intervention sur la motion de division. Son
temps s'écoule très rapidement.
M. CHARRON: M. le Président, le "foreman" des Affaires
culturelles n'a certainement pas très bien compris le sens de
l'intervention que j'étais en train de faire. J'étais simplement
en train de lui signaler à quel endroit je veux que l'on divise et
pourquoi je veux que l'on divise. J'imagine que le ministre de l'Education,
lorsqu'il interviendra, lorsque son tour viendra, corroborera au moins une
partie des décisions que j'implique à la base de ma motion. La
motion existe parce que nous voulons un vote clair sur une chose, et un vote
clair sur l'autre, les deux parties de la motion. Je vous dis pourquoi je veux
un vote clair sur une et pourquoi je veux un vote clair sur l'autre. Cela
soutient ma motion. C'est parfaitement recevable dans l'argumentation à
l'appui de ma motion. Je veux un vote clair sur la première partie qui
consiste à mettre fin aux auditions, parce que c'est la commission
parlementaire la plus importante de l'histoire du Québec, c'est celle
qui a suscité le plus d'intérêt.
M. HARDY: Bien oui!
M. CHARRON: Cela vous embarrasse peut-être, mais si vous vous
apprêtez à mettre fin à cette commission parlementaire, je
veux que votre vote soit clair, indique clairement que vous mettez fin aux
auditions de la commission parlementaire. Je ne veux pas que vous disiez que
c'était parce que vous étiez d'accord sur la deuxième
partie que vous vous êtes trouvés à voter pour la motion.
C'est exactement pourquoi je propose qu'on la scinde. Quand le
député de Terrebonne se prononcera pour mettre fin aux auditions
parlementaires avant même qu'elle n'ait entendu la moitié des gens
qui sont inscrits depuis le mois de juin, je veux très bien que tous les
concitoyens du Québec, y compris ceux de Terrebonne, sachent que le
député de Terrebonne a fait fi de l'intérêt
qu'avaient les Québécois à cette commission et qu'il y a
mis fin comme cela. D'ailleurs, quand le député de Terrebonne
interviendra sur la deuxième partie de la motion, je veux que son vote
comme celui de chacun des membres de la commission parlementaire soit clair,
lorsqu'il voudra mettre fin aux délibérations de la commission et
nous bousculer à l'Assemblée nationale pour une deuxième
lecture. C'est à l'appui de ma motion que je vous ai signalé une
fois de plus les statistiques qui ont l'air de faire mal au gouvernement et
qu'il invoque à tort et à travers comme il vient de le faire.
C'est parce que cela fait partie de la décision que nous avons à
prendre. D'ailleurs, c'est exactement pourquoi je veux...
M. le Président, si je n'avais pas présenté ma
motion, les députés ministériels auraient dit aux gens des
media d'information qui leur auraient demandé pourquoi ils ont
voté pour la motion : Parce que nous voulons que la commission fasse
rapport. Es se seraient camouflés derrière cette excuse qui est
contenue à la motion avant d'être divisée pour ne pas dire
qu'en même temps ils se trouvaient à mettre fin à la
commission la plus importante de l'histoire politique du Québec.
M. HARDY: Faire rapport, cela ne se fait pas à la commission.
M. CHARRON: Je veux que les deux décisions soient claires. Je
connais trop les camou-
flages et les astuces du gouvernement dans certains de ces domaines pour
que ce soit emporté. Prenons donc la décision, comme vient de le
dire le ministre de l'Education, de diviser cette résolution, et
engageons-nous sur un débat de fond dans la première partie. Nous
verrons très bien à quel vote nous parviendrons. Ensuite, nous
discuterons de la deuxième. C'est tout, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education, sur la motion du
député de Saint-Jacques.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense qu'on conviendra avec moi
que, depuis que je suis en politique, je ne me suis pas livré à
beaucoup d'exercices de procédure. Je n'ai pas eu du tout l'intention de
le faire non plus aujourd'hui. J'ai souhaité qu'il y ait dès le
début de la convocation de cette commission un débat de fond. Il
aurait été extrêmement facile pour le gouvernement,
étant donné qu'une procédure est déjà
engagée à l'Assemblée nationale, de ne pas reconvoquer la
commission. Mais j'ai voulu précisément que tous les
députés aient la chance de s'exprimer sur le fond.
Pour bien montrer cette disponibilité, j'ai
présenté une première motion. Cette motion a
été jugée recevable sur le fond par le président,
mais comme il y avait, suivant son expression, certains doutes qui persistaient
dans son esprit, étant donné qu'il s'agissait de droit nouveau,
étant donné que nous mettions en application pour la
première fois notre règlement, j'ai consenti,
spontanément, à reformuler cette même motion. Je l'ai
reformulée dans les termes que vous avez sous les yeux et il se trouve
que cette même motion a encore fait l'objet d'un débat.
Pour la troisième fois, dans le même esprit de
considération et de disponibilité, je suis prêt à
tenter un dernier essai que l'on passe enfin au fond. Pour bien manifester que
le gouvernement, non seulement n'a pas peur du débat de fond, mais il le
souhaite, parce que le gouvernement pense véritablement être
suffisamment informé et croit pouvoir le démontrer, c'est dans
cet esprit que j'accepte, sans un moment d'hésitation, l'application de
l'article 87 et la motion du député de Saint-Jacques. Il est
évident que le plaidoyer qu'il a fait était totalement inutile et
je crois que le simple fait, comme l'a souligné le ministre des Affaires
culturelles, qu'il ait tenu à le faire quand même montre qu'on ne
souhaite pas tellement le débat de fond, mais qu'on cherche justement
à continuer les procédures d'une façon plus ou moins
utile; mais quant au gouvernement, il n'en est pas question et, à la
première ouverture, nous avons déjà tenté
d'intervenir, à la seconde également, et maintenant qu'il y en a
une troisième, nous sommes d'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Tel que prévoit l'article 88 de nos
règlements, j'inviterais la commission à se prononcer sur la
motion du député de Saint-Jacques dont l'objet est de diviser la
motion entre les mots: "auditions" et "procède". Dois-je comprendre que
la commission adopte cette motion?
M. HARDY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté.
M. CHARRON: Un vote enregistré, M. le Président. Si vous
voulez appeler les membres de la commission, s'il vous plaît, un par
un.
M. HARDY: Un autre moyen...
M. BRISSON: M. le Président, selon l'article 89, on dit: Les
votes en commission ont lieu à main levée. Le président ne
vote pas sauf en cas d'égalité des voix. Alors, si on applique le
règlement, c'est à main levée. Il n'y a pas
d'enregistrement des votes.
M. HARDY: Tout le monde est pour. Tout le monde est favorable à
la motion.
M. BURNS: M. le Président, il y a eu, au contraire, et cela
m'étonne que ce soit un président de commission qui vienne nous
dire cela, une coutume établie qui a fait...
M. BRISSON: J'ai bien spécifié, M. le
Président...
M. HARDY: Voulez-vous qu'on l'adopte ou non votre motion?
M. BURNS: Non. On veut savoir qui va voter pour. C'est cela qu'on veut
savoir.
M. BRISSON: ... que si on suivait à la lettre les
règlements, on devrait, selon l'article 149...
M. BURNS: Le député de Jeanne-Mance, qui est aussi
président de commission, devrait savoir que c'est une vieille coutume
qu'on a empruntée à la façon de voter dans les
comités pléniers, or les comités pléniers
n'existent plus sauf exception, c'est-à-dire sauf motion en Chambre.
Depuis l'existence même des comissions, cela, c'est bien avant le nouveau
règlement, cela a toujours été ce qu'on appelle dans la
langue qui va être peut-être plus populaire après le bill
22, c'est-à-dire le "roll call", c'est peut-être cela qui va avoir
lieu. On demande simplement qu'on nomme les députés, et que les
députés se prononcent pour et en faveur, et, vous-même, mon
cher député de Jeanne-Mance, avez à plusieurs reprises,
comme président de commission, appelé des votes. Je trouve vos
arguments très drôles à ce stade-ci. Je ne vois pas
pourquoi vous voulez compliquer la vie aux
gens de la commission qui demandent tout simplement qu'un vote ait
lieu.
M. HARDY: Le député de Jeanne-Mance veut qu'on
procède...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le vote enregistré est
demandé. M. Harvey (Charlesbourg). Monsieur...
M. SAMSON: Un moment s'il vous plaît. Avant de procéder au
vote, vous nous faites voter sur la motion du député de
Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. SAMSON: La motion qui veut diviser, mais on ne vote pas sur la motion
telle que divisée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non. On va revenir à cela, il va sans
dire. Je continue le vote. M. Charron (Saint-Jacques).
M. CHARRON: En faveur, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Déom. M. Cloutier.
M. CLOUTIER: En faveur, M. le Président. LE PRESIDENT (M.
Gratton): M. Hardy. M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapointe. Je m'excuse, M. Lapointe n'est
pas membre. M. La rivière.
M. LARIVIERE: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Tardif.
M. TARDIF: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin.
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Déziel.
M. DEZIEL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Beauregard.
M. BEAUREGARD: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Samson.
M. SAMSON: Pour la motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Veilleux. Dix pour, contre aucun. La
motion est donc adoptée.
M. CLOUTIER: On dira qu'il n'y a jamais d'unanimité dans cette
commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous me permettez, j'invite maintenant les
membres de la commission à intervenir sur la motion, et cette fois-ci,
sur le fond de la première partie de la motion divisée, qui est
rendue où?
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Que la commission mette fin aux
auditions.
M. MORIN: Bien. M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: ... nous n'avons pas fini de nous renseigner, comme j'ai eu
l'occasion de le dire déjà à deux reprises. Mettre fin aux
auditions maintenant, c'est se condamner à ne pas entendre la
moitié de ceux qui ont demandé à comparaître devant
la commission, ce qui me paraît très grave, ce qui me paraît
remettre en question le jeu démocratique.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement,
j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles, sur une
question de règlement.
M. HARDY: J'invoque le règlement. Même divisée, la
motion demeure la motion du ministre de l'Education et je ne vois pas pourquoi
le ministre de l'Education n'aurait pas priorité pour expliquer sa
motion et ensuite, l'Opposition répondra. Mais nous sommes toujours
devant la motion du ministre de l'Education.
M. MORIN: J'ai demandé la parole.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Quand
quelqu'un propose une motion, il a le droit... Replaçons le
débat. Il va falloir expliquer ça au député de
Sauvé parce que ça lui prend bien du temps à comprendre.
Il a raison de dire qu'il faudrait qu'il entende encore bien du monde pour
savoir quoi faire, quoi décider, il ne sera jamais informé, c'est
d'une longueur inouïe. M. le Président...
M. MORIN: Je crois que le ministre...
M. HARDY: M. le Président, je parle toujours sur la question de
règlement et vous allez vous taire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre!
M. HARDY: Chacun son tour.
M. MORIN: Je crois que vous voulez faire perdre du temps.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. HARDY: M. le Président, hier, le ministre de l'Education a
proposé une motion. La recevabilité de cette motion a
été attaquée. Nous avons discuté toute la
soirée sur la question de recevabilité. Ce matin, à votre
suggestion, le ministre de l'Education a reformulé sa motion,
c'était toujours la motion du ministre de l'Education. Il y a eu de
nouveau un débat sur la recevabilité de cette motion
reformulée. Par la suite, le député de Saint-Jacques a
proposé la division de la motion. Elle est maintenant divisée.
Mais même divisée, la motion demeure toujours la motion du
ministre de l'Education et en vertu du règlement, en vertu de la
coutume, en vertu de la tradition, en vertu de tout ce que vous voudrez, celui
qui propose une motion est le premier à parler sur cette motion. C'est
tellement vrai.
Bien voyons donc, le député de Maisonneuve a beau
charrier, il y a quand même des limites.
M. BURNS: Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, voyons donc!
M. HARDY: Quand va-t-il parler, le ministre de l'Education?
M. BURNS: Le ministre a toujours l'obligation de proposer. Le ministre
de l'Education a parlé quand il a fait sa proposition.
M. HARDY: Non, M. le Président.
M. BURNS: Actuellement, on est en train... bien, voyons donc !
M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ... voyez-vous ce que ça fait, les gens qui viennent
ici, seulement de temps en temps et qui ne savent pas ce qui s'est passé
antérieurement. Justement...
M. BURNS: Au contraire, au contraire!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. HARDY: Vous l'ignorez totalement ou bien vous trompez volontairement
la commission. Ou bien vous mentez, ou bien vous êtes ignorant. Ce qui
est arrivé, quand le ministre de l'Education a proposé sa motion,
il n'a pu dire deux mots. Dès qu'il a commencé à
intervenir sur le fond de la motion, immédiatement, de votre
côté, on a invoqué la recevabilité et on a
parlé exclusivement de la recevabilité. Jamais...
M. BURNS: C'est...
M. HARDY: Ecoutez-moi deux minutes!
M. BURNS: Ah, mon Dieu! Ne vous choquez pas!
M. HARDY: Oui, je suis choqué.
M. BURNS: Seigneur! C'est effrayant! Arrêtez-le.
M. HARDY: Contrairement à vous, le député de
Maisonneuve, quand je suis choqué, je n'emploie pas le genre de langage
de charretier que vous employez. C'est la seule différence.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. HARDY: M. le Président, le ministre de l'Education n'a pas eu
l'occasion d'intervenir sur le fond de sa motion.
M. BURNS: Mais vous charriez pas mal plus que moi, par exemple. Vous
charriez bien plus que moi !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. MORIN: Dommage qu'il n'y ait pas de rideau, vous seriez rendu au
plafond.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
UNE VOIX: Oh! Pas du tout! M. LEGER: Oh! Pas du tout!
M. LEGER: Le ministre des Affaires culturelles a droit à sa
petite colère.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Franchement, le député de Sauvé pourrait
au moins se renouveler dans ses farces plates!
M. MORIN: Je pense que ça fait deux fois que j'ai l'occasion de
la faire à propos du ministre des Affaires culturelles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: II est même impuissant en humour !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. HARDY: M. le Président,
le ministre de
l'Education n'a pas eu l'occasion, depuis le début de ce
débat, de se prononcer sur le fond de sa motion, parce que, constamment,
pour prolonger le débat, pour nous empêcher de parler du fond, le
Parti québécois a invoqué des questions de
procédure. Nous revenons maintenant enfin, grâce à la
collaboration des députés ministériels, au fond de la
question.
M. BURNS: C'est la motion du député de Saint-Jacques.
M. HARDY: Nous revenons au fond de la question. M. le Président,
nous étions assez brillants pour comprendre même une motion
multiple. Vous nous avez démontré que vous étiez
incapables de la comprendre intellectuellement. Donc, nous avons accepté
de la diviser, pour vous faciliter la tâche sur le plan intellectuel.
Maintenant, nous revenons au fond de la motion. Or, le ministre de l'Education
a parfaitement le droit d'expliquer sa motion.
Par la suite, comme dans tout débat régulier, l'Opposition
pourra contredire et finalement, le ministre pourra donner la réplique
finale.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la question de règlement?
M. BURNS: ... toujours sur la question de règlement, je veux
simplement dire une chose: Que le ministre des Affaires culturelles, s'il
m'écoute...
M. TARDIF: Continuez...
M. BURNS: S'il m'écoute... Non, pas toi, cela ne
m'intéresse pas de te convaincre. Une belle tarte, et ce n'est pas plus
grave que cela. Les imbéciles, je ne leur parle pas.
M. TARDIF: En parlant d'imbéciles, tu en es un beau.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, je parle au ministre des Affaires
culturelles qui lui, n'est pas imbécile comme le député
d'Anjou.
M. TARDIF: Question de règlement. Est-ce qu'on pourrait demander
au député de Maisonneuve de retirer ses paroles ou est-ce que le
mot "imbécile" est parlementaire?
M. BURNS: II est très parlementaire, surtout qu'il s'applique
à vous.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. TARDIF: M. le Président, est-ce que l'abruti
député de Maisonneuve pourrait retirer ses paroles...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: ... ou est-ce que c'est parlementaire, le mot
"imbécile"?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, je...
M. BURNS: Je voudrais avoir une décision sur la question de
règlement...
M. TARDIF: Concernant les paroles employées par l'abruti de
l'autre côté...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, question de règlement, sur la
question de règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous permettez...
M. BURNS: Question de règlement. Sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, mais est-ce que le député
de Maisonneuve me permettrait de m'exprimer? Il faut que je me défoule
moi aussi.
M. BURNS: Vous en avez le droit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si la discussion doit continuer dans le sens
qu'elle est engagée, je me verrai forcé de...
M. BURNS: Je vous ai dit, M. le Président, que je n'avais pas le
goût...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... suspendre.
M. BURNS: ... d'être interrompu par des imbéciles et je
maintiens mes paroles et l'imbécile en question, c'est le
député d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: M. le Président, est-ce que le mot "imbécile
est parlementaire?
M. BURNS: M. le Président...
M. TARDIF: Un instant, j'ai commencé à parler. Tu vas te
taire, Burns, tu as compris? Chacun son tour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: Si ce n'est pas parlementaire, je demanderais que le
député de Maisonneuve retire ses paroles. Si c'est parlementaire,
c'est une autre question, mais si cela ne l'est pas, je pense que le
règlement doit s'appliquer à ce pseudo "Ti-Jos connaissant" qui
est de l'autre côté.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission...
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président,
je ne suis pas le pseudo-"Ti-Jos connaissant", je veux vous citer des
autorités selon lesquelles, j'ai droit de parler du député
d'Anjou comme imbécile. M. le Président, je vous
réfère parce que nous n'avons pas dans nos règles
actuelles de critères relativement aux termes ou aux paroles
anti-parlementaires sauf que le règlement
précédent, dont vous n'avez peut-être pas copie devant
vous, à la page 95, vous détermine une série de mots
antiparlementaires. Nulle part dans ce règlement j'ai pris la
peine de faire une photocopie de notre ancien règlement parce qu'il est
assez épais, on ne peut pas le tramer avec nous...
M. HARDY: Le député d'Anjou pourrait le tramer avec lui,
c'est là un autre problème.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: Est-ce que je pourrais inviter le député de
Maisonneuve à...
M. BURNS: Je veux tout simplement dire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur tout simplement la question de
règlement...
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sans référence au
député d'Anjou ou à quelque autre
député...
M. BURNS: Je n'ai pas dit du député qu'il était
honteux, vilain, méprisable, déshonorant, odieux,
détestable, peu honorable, indigne, scandaleux, ignoble, voyou...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... canaille, traître et disgracieux. J'ai dit qu'il
était imbécile, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: M. le Président, sur cette question, ce
pseudo-glossaire n'est certainement pas limitatif et on pourrait inventer un
bon nombre de mots qui seraient tout à fait aussi blessants, qui iraient
à l'encontre de l'article 99-8 et qui seraient antiparlementaires. Cela
va de soi...
M. BURNS: II y en a d'autres, c'est vrai. Il a raison.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je n'ai pas dit qu'il était impertinent, insolent,
indécent, inconvenant...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! La commission suspend
ses travaux pour dix minutes.
M. BURNS: Je n'ai pas dit qu'il était calomnieux, trompeur...
(Suspension de la séance à 16 h 44)
Reprise de la séance à 16 h 58
LE PRESIDENT (M. Gratton): Avant que je remette la parole à celui
qui l'avait au moment de la suspension de nos travaux, pourrais-je inviter les
membres de la commission à faire preuve de beaucoup de collaboration
envers la présidence et d'éviter, si possible, d'utiliser des
expressions qui, tout en étant peut-être parlementaires ou, en
tout cas, non antiparlementaires, ont pour effet de susciter des prises de bec
assez difficiles.
J'invite le député de Maisonneuve qui s'adressait au
président, sur une question de règlement soulevée par le
ministre des Affaires culturelles. C'est là où on en
était.
M. TARDIF: M. le Président, est-ce que vous avez l'intention de
rendre une décision sur les paroles employées par le
député de Maisonneuve? Quant à moi, j'insiste et, si vous
le voulez, je peux... Juste un instant, je vais finir, si vous me le
permettez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. TARDIF: J'ai bien l'intention d'obtenir du président une
décision quant à savoir si les mots employés par le
député de Maisonneuve sont parlementaires et à savoir
également s'ils ne contreviennent pas à l'article 99-8 du
règlement. Je rappelle au président, entre autres, qu'hier, le
président de l'Assemblée nationale a forcé, nul autre que
le chef de l'Opposition, à retirer...
M. BURNS: Même chose.
M. TARDIF: ... les paroles qu'il avait prononcées à
l'égard du premier ministre. Quant à la liste soumise tout
à l'heure par le député de Maisonneuve, il va de soi
que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TARDIF: ... M. le Président, cette liste n'est pas limitative.
Que ce soit par néologisme
ou autrement, on peut toujours trouver des mots qui sont blessants ou
qui constituent une forme de langage violent à l'égard d'un
député de l'Assemblée nationale. La seule façon que
le député de Maisonneuve pourrait prétendre que le mot
qu'il a employé tout à l'heure n'est pas antiparlementaire serait
de démontrer, avec preuve à l'appui, qu'une décision a
déjà été rendue à l'effet...
M. BURNS: Je n'ai pas besoin de démontrer cela, c'est plein de
vos interventions au journal des Débats qui prouvent que ce que je dis
est vrai.
M. TARDIF: M. le Président, il faudrait prouver que, dans une
situation semblable, le président de l'Assemblée nationale a
déclaré que le mot en question n'était pas
antiparlementaire. Il va de soi qu'on peut inventer des insultes ad nauseam et
que, sans doute, le président de l'Assemblée nationale n'a jamais
eu l'occasion de se prononcer sur tous les mots blessants ou injurieux à
l'égard d'un député de l'Assemblée nationale.
J'aimerais, quant à moi, que vous nous fassiez part d'une
décision relativement à la demande que j'ai faite.
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président,
je voulais tout simplement dire ceci. Cela a peut-être pris une forme un
peu imagée, ma façon de soulever le problème. Mais je
voulais vous rappeler cela s'enchaîne avec ce que vous venez de
dire tout à l'heure que vous avez demandé la collaboration
des députés et de l'Opposition et du côté
gouvernemental. Je suis entièrement d'accord avec vous.
Peut-être que ma remarque a pris une forme imagée. Je vous
rappelle, pas à vous, M. le Président, parce que vous connaissez
le règlement par coeur mais je rappelle aux membres de la
commission...
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact.
M. BURNS: Oui. J'avais hâte que vous me disiez oui, M. le
Président.
M. HARDY: Vous tentez d'acheter le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. CLOUTIER: C'est de la flagornerie.
M. BURNS: Je rappelle tout simplement les dispositions de l'article 26
qui, à ma connaissance, selon les dispositions de 163, s'appliquent en
commission. L'article 163 nous dit : "A moins de dispositions contraires, les
règles relatives à l'Assemblée s'appliquent aux
commissions". Bon! Une des règles qui s'appliquent à
l'Assemblée, c'est l'article 26: "Pendant le cours des séances,
les députés prennent la place qui leur a été
désignée je pense que le député d'Anjou
prend peut-être plus de place que ce qui lui a été
désigné; en tout cas, ce n'est pas mon problème, c'est le
problème de son caucus par le président, demeurent assis
et gardent le silence, à moins d'avoir obtenu la parole, et ils doivent
éviter tout ce qui est de nature à nuire à l'expression
d'autrui et au bon fonctionnement de l'Assemblée".
M. le Président, j'étais, je pense, de façon
très calme en train d'argumenter sur un problème de
règlement soulevé par le ministre des Affaires culturelles et,
tout à coup, je me fais interrompre, je ne dirai pas par qui, parce que
je vais être obligé de recommencer ma liste et dire lesquels de
ces mots ne s'appliquent pas au député d'Anjou. Je n'ai pas
d'objection à considérer l'incident clos. En ce qui me concerne,
je n'ai pas de paroles à retirer cependant.
M. CLOUTIER: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Maisonneuve? Est-ce qu'il transporte toujours sa liste
avec lui, ou s'il a préparé cette intervention?
M. BURNS: M. le Président, est-ce que vous voulez faire faire une
perquisition dans mes poches?
M. LEGER: II y a une chose qui...
M. CLOUTIER: Est-ce qu'on pourrait envisager une motion de
dépôt de document, parce que je crois que c'est extrêmement
intéressant pour l'ensemble et certains pourraient peut-être voir
leur vocabulaire enrichi?
M. ROY: Lisez l'ancien règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Je pense que...
M. ROY: Pour l'information du ministre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... le ministre a été
informé...
M. ROY: ... je lui dirai de se référer aux pages 94 et 95
de notre ancien règlement...
M. CLOUTIER: Merci.
M. HARDY: On comprend les écarts...
M. ROY: L'article 285, paragraphe...
M. HARDY: ... de langage fréquents du député de
Maisonneuve, s'il a toujours la liste sur lui, s'il en fait sa lecture de
chevet, il est normal qu'au cours des débats il intervienne et se serve
souvent de ces mots.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Mais c'est qu'il doit fréquenter constamment les
députés libéraux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Alors, simplement pour situer la
question, lorsque le député de Maisonneuve invoque l'article 26,
en regard d'une intervention de son collègue d'Anjou, je pense qu'il
admettra que, si nous avions appliqué l'article 26 de façon
rigoureuse depuis les débuts de cette séance, j'ai bien
l'impression qu'on aurait rappelé plusieurs personnes à l'ordre
et qu'on en serait encore à la suspension.
A tout événement, le député d'Anjou me
demande de décider. Il me donne en même temps la réponse en
alléguant très justement que le Président de
l'Assemblée nationale s'est déjà prononcé sur
l'aspect parlementaire du mot employé. A moins que le
député de Maisonneuve...
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse. LE PRESIDENT (M.
Gratton): Pardon?
M. BURNS: Je m'excuse, M. le Président. Ce sur quoi le
président de l'Assemblée nationale s'est prononcé dans le
cas du chef de l'Opposition, c'était lorsqu'il disait au premier
ministre qu'il avait menti à la Chambre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non. Je m'excuse. Je ne me
référais pas au cas d'hier...
M. BURNS: Ah bon!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... mais bien au cas d'il y a quelques
semaines... Je ne voudrais pas être celui qui décide si le mot en
question est parlementaire ou non. Mon expérience ne me permet pas de
faire de la jurisprudence aussi importante. J'aimerais simplement
suggérer au député d'Anjou, à moins que le
député de Maisonneuve, dans son esprit continuel de
collaboration, accepte de retirer l'expression, à soulever une question
de privilège à l'Assemblée nationale.
M. BURNS: Votre dernière version me plaît davantage.
J'aimerais bien que le député d'Anjou soulève une question
en Chambre à ce sujet. Je n'ai pas du tout l'intention de retirer mes
paroles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: J'espère, M. le Président, que le
député ne demandera pas une commission parlementaire pour qu'on
fasse la preuve de l'imbécillité d'un de nos collègues, ou
de la non-imbécillité.
M. LEGER: ... vous avez corrigé...
UNE VOIX: II n'y a pas de commission parlementaire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! La parole est au...
M. BURNS: Parce que, pour moi, vraiment, cela serait une perte de temps
que de tenir une commission parlementaire là-dessus. C'est tellement
évident.
M. MORIN: M. le Président, je sais... UNE VOIX: ... le
député impliqué.
M. HARDY: Sur la question de règlement, si on me le permet...
M. MORIN: J'allais consentir justement pour gagner un peu de temps.
M. HARDY: Ah, mon Dieu!
M. CLOUTIER: ... contradiction...
M. MORIN: Bon.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: A la condition que je puisse parler après le ministre,
je n'ai pas d'objection à ce qu'il nous expose ses vues sur le fond de
la question.
M.HARDY: Bon. Enfin!
M. BURNS: Et j'aimerais ajouter ceci, seulement pour le bon entendement
de cette commission. C'est un peu ce que j'allais dire lorsque le
député d'Anjou m'a interrompu. Le ministre n'a aucune crainte en
commission. Je vous en prends à témoin, M. le Président,
et je prends également à témoin le ministre des Affaires
culturelles. Il n'y a pas de problème en commission qui pourrait se
poser de la même façon en Chambre. En Chambre, lorsqu'on utilise
notre droit de parole, on ne peut pas revenir. Or, en commission, c'est tout le
contraire. Le ministre peut parler, maintenant, cinq minutes, revenir plus
tard, parler quinze minutes et même, je pense qu'en ce qui concerne le
ministre il peut parler sans limite. Donc, il n'y a pas de problème en
ce qui concerne le ministre. Il n'y a aucun problème concernant les
députés qui sont en commission.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve me permet-il une
question?
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: II a raison sur le plan strictement juridique. Le
député de Maisonneuve admettra quand même, avec moi, que,
si on veut s'opposer à quelque chose, si on veut argumenter contre
quelque chose, il faut au moins savoir pourquoi celui qui le propose le
propose, à moins que vous ne soyez contre ad unum, que vous soyez contre
malgré tout, que vous ne vouliez même pas entendre les arguments,
mais si vous respectez une certaine
logique, un certain processus mental normal, on commence par entendre
celui qui propose, on examine ce qu'il dit et on décide si on est pour
ou si on est contre.
M. BURNS: Voulez-vous que je sorte à nouveau ma liste? Je dis:
D'accord avec le chef de l'Opposition, qu'on n'a pas de problème
là-dessus. Si le ministre préfère parler maintenant...
Mais sauf qu'en commission cela arrive souvent et, d'ailleurs, c'est
arrivé très souvent, au cours de l'étude du projet de loi
no 22, que le ministre ait laissé parlé les gens de l'Opposition
d'abord, pour des raisons stratégiques peut-être de la part du
ministre, mais c'est son problème.
M. CLOUTIER: ...
M. BURNS: Mais je veux dire tout simplement ceci: II n'y a aucun
problème. Si le ministre veut nous parler de sa motion qui est
maintenant divisée en deux motions, on va l'écouter. Il n'y a
aucun problème là-dessus, mais on veut tout simplement dire qu'on
croyait que le député de Saint-Jacques, ayant été
l'initiateur de la division, ayant été celui qui a
provoqué...
M. BEAUREGARD: Vous parlez sur le fond de la division?
M. BURNS: ... cette division et permis à la commission de
s'éclairer en mettant les problèmes en deux volets
différents, je pensais que le député de Saint-Jacques
était celui qui avait quelque chose à nous dire
là-dessus.
Maintenant, si le ministre veut parler avant, on ne fera pas de chichi
là-dessus.
M. HARDY: Est-ce que le député de Maisonneuve veut dire
par là que, quoi que dise le ministre, vous serez nécessairement
contre, toujours contre et nécessairement contre?
M. LESSARD: Ce n'est pas dans nos intentions.
M. LEGER: Encore un procès d'intention!
M. MORIN: ... les interventions intempestives...
M. BURNS: On va écouter le ministre et on va peser ses arguments
et, par la suite, on décidera ce qu'on fait à partir de
là.
M. LEGER: On s'en doute un peu, mais on va donner le
bénéfice du doute.
M. HARDY: Très bien.
M. BURNS: M. le ministre, je suis d'accord pour que vous ayez la parole
avant le député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education.
M. CHARRON: Un homme s'écoute !
M. CLOUTIER: Pardon? M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: ... je pense que je suis très tolérant,
même si je n'ai pas une sympathie particulière pour les
manières du député de Saint-Jacques. Je ne vois pas
pourquoi ce dernier ressent le besoin constant de provoquer les membres de
cette commission.
M. HARDY: C'est un problème pathologique.
M. MORIN: A l'ordre, M. le ministre!
M. CLOUTIER: M. le Président, j'aurais bien voulu... Qu'est-ce
qu'il a qui ne va pas encore?
M. CHARRON: Cela va très bien. M. LEGER: On vous
écoute.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: J'espère, docteur, que vous n'avez pas de complexe.
M. CLOUTIER: Je ne vous cache pas que je commence à en avoir
depuis quelques années.
M. CHARRON: En plus de ceux qui sont déjà
évidents.
Ajournement des travaux
M. CLOUTIER: Allons! Ecoutez, M. le Président, je pense que le
moment est venu d'être sérieux. Je ne vous cache pas que j'aurais
souhaité parler sur le fond depuis hier soir, alors que nous nous
retrouvons en pleine querelle de procédure. Je crains qu'il ne me faille
trouver une autre occasion pour le faire, c'est-à-dire pour faire
état des statistiques de cette commission, pour faire état de ses
travaux. Pourquoi? Parce qu'il est déjà 17 h 10 et j'ai
l'intention, en vertu de l'article 157 1), de proposer l'ajournement des
travaux. Je suis prêt à parler sur ma motion lorsque le
président me le permettra.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous voulez me permettre de bien
comprendre. Dois-je comprendre que le ministre de l'Education propose que la
commission ajourne ses travaux sine die?
M. CLOUTIER: C'est exact, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ou est-ce que vous...
M. CLOUTIER: Que la commission ajourne ses travaux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Que la commission ajourne ses travaux.
M. CLOUTIER: Je m'expliquerai immédiatement.
M. BURNS: Un instant. M. MORIN: Une seconde.
M. BURNS: On a actuellement devant nous une motion qui a
été divisée, qui est encore devant la commission. Vous ne
pouvez pas tout simplement décider que la motion doublée
si vous voulez, ou divisée, qui est double actuellement vous ne
pouvez pas tout simplement jeter cela en bas de la table. Cette motion est
actuellement en délibération et le président l'a
jugée recevable. Je ne comprends pas la position du ministre de
l'Education. Vous proposez une motion d'ajournement?
M. CLOUTIER: Je propose une motion d'ajournement et j'attends qu'on me
donne la permission de parler pour expliquer pourquoi je demande cette motion
d'ajournement des travaux.
M. BURNS: D'accord, on va parler sur la motion d'ajournement.
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'on va accuser après
cela l'Opposition de faire perdre le temps? Nous pensions utiliser tout le
temps jusqu'à 6 heures et la soirée si...
M. CLOUTIER: Si on me laisse m'expliquer, je dirai pourquoi cette motion
n'est pas... L'article 157 1) est très clair, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education.
M. LEGER: J'invoque le règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant. J'aimerais dire quelle est la
motion...
M. LEGER: Je vous demande une directive. Est-ce que le président
peut nous dire de quelle façon un ministre qui accepte une motion
divisée dans le but de discuter du fond, immédiatement peut se
permettre de proposer une motion d'ajournement...
M. CLOUTIER: Mais cela fait deux heures.
M. LEGER: ... alors qu'il dit qu'il veut parler du fond depuis hier?
Comment peut-il faire deux motions en même temps? Accepter une motion
pour discuter du fond, c'était l'argumentation derrière sa
motion, et, par la suite, demander une motion d'ajournement, est-ce
logique?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: J'ai demandé votre directive. Est-ce logique, est-ce
acceptable qu'on accepte une motion et qu'immédiatement on en
présente une autre?
LE PRESIDENT (M. Gratton): En fait, le député de
Lafontaine ne me demande pas une directive. Il me demande de porter un
jugement...
M. LEGER: Mais est-ce que c'est logique selon le règlement?
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur la logique de la motion. Je ne suis
pas là pour juger de la valeur des motions, mais bien pour faire
appliquer le règlement. Que je sache, l'article 157 prévoit qu'en
commission élu un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux. D'ailleurs, j'aimerais rappeler l'article 157 2): "Ces
motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne peuvent être
faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un ministre. Elles ne
peuvent être débattues, sauf qu'un représentant de chaque
parti reconnu peut prononcer un discours de dix minutes chacun à leur
sujet".
J'invite le ministre de l'Education à se prévaloir de son
droit de parole sur la motion d'ajournement qu'il a lui-même faite.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'aurai pas besoin de dix
minutes pour expliquer la raison très simple qui sous-tend cette motion
d'ajournement. C'est une raison qui est souvent invoquée d'ailleurs dans
des commissions parlementaires.
Compte tenu des circonstances, il se trouve que je n'avais pas
l'intention de faire siéger la commission ce soir étant
donné qu'il y a un important conseil des ministres où ma
présence est absolument requise. Je ne peux, bien sûr,
révéler sur quoi porte ce conseil des ministres, mais j'ai eu
l'intention de demander cet ajournement et c'est la raison pour laquelle j'ai
tenté, par tous les moyens possibles, d'en arriver au fond au cours de
cet après-midi. A maintes reprises j'ai tenté de convaincre
l'Opposition de comprendre qu'il était temps de discuter du fond et de
faire le bilan de cette commission. Remarquez que d'autres occasions se
présenteront très certainement. Tout ce que je demande, c'est que
l'on ajourne les travaux. Mais je crois qu'il est très évident
que le gouvernement a montré la plus grande disponibilité
possible. Je n'ai peut-être pas besoin de rappeler qu'il y a eu
d'ailleurs une première motion qui, bien que
jugée recevable, a suscité des doutes dans l'esprit de
notre président, lequel s'acquitte admirablement de sa tâche, soit
dit en passant. Ceci m'a amené, dans le même esprit de
collaboration, à proposer une autre motion qui n'a pas encore
trouvé grâce devant l'Opposition et qui a donné lieu
à un autre débat sur la recevabilité. A la première
occasion, j'ai encore une fois tenté de montrer la même
disponibilité en acceptant d'emblée la motion du
député de Saint-Jacques basée sur l'article 87, si je ne
me trompe, et qui demandait que l'on scinde ma propre motion. Malgré
cette acceptation au début, le député de Saint-Jacques a
quand même tenu à faire son plaidoyer.
Tout ceci, M. le Président, pour bien montrer qu'à aucun
moment il n'y a eu, de la part du gouvernement, la moindre crainte d'aborder le
fond. Bien au contraire. Je le répète, comme je l'ai dit deux
fois, si je ne me trompe, il y aura d'autres occasions pour le faire. Mais,
pour l'instant, il se trouve qu'en ayant le privilège, comme j'ai la
responsabilité du cheminement de cette commission, je me vois dans
l'obligation de demander l'ajournement des travaux pour les raisons
déjà indiquées. Merci, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Saint-Jacques exercera le droit de parole de l'Opposition officielle?
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je ne peux pas reprocher au ministre
d'avoir retrouvé un endroit où il se sente indispensable et de
vouloir se rendre au conseil des ministres ce soir. Ce n'est pourtant pas une
raison suffisante pour maquiller la véritable raison de cet ajournement
impromptu qui nous arrive.
L'article 157 dit, M. le Président, que cet ajournement que
propose le ministre, pour des fins qui ne nous intéressent pas, ne met
pas fin aux travaux de la commission en soi. On dit bien, à l'article
157, paragraphe 1, que la commission n'a pas fini de délibérer et
qu'elle demande la permission de siéger à nouveau. Ce que n'a pas
dit notre élégant ministre, c'est que, par contre, demain matin,
à l'Assemblée nationale, en vertu de l'article 156, paragraphes 1
et 2, le leader du gouvernement a l'intention d'appeler une motion qui est en
avis aujourd'hui et qui, à toutes fins pratiques, met fin aux travaux de
la commission. Le chef de l'Opposition a signalé, dans une de ses
interventions cet après-midi, que l'Opposition travaillait depuis le
matin avec deux épées de Damoclès, pour reprendre son
expression, au-dessus de notre tête. Il y avait l'épuisement de la
commission et il y avait, bien sûr, si la stratégie
échouait dans la journée, la possibilité de la motion de
clôture demain. Ce que maquille à peine la motion que vient de
présenter le ministre de l'Education, c'est la décision du
gouvernement d'utiliser demain la guillotine permise par l'article 156,
paragraphe 2.
Donc, M. le Président, c'est sans aucun doute la dernière
séance de la commission parlementaire de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications sur le projet de loi le plus
important que nous ayons eu à discuter à cette Assemblée
nationale depuis plusieurs années. Cette commission mettra donc fin
à ses travaux sans avoir entendu même la moitié des gens
qui ont demandé à se faire entendre. A peine 35 p.c. des
francophones qui avaient demandé à se faire entendre auront
été accueillis à cette commission. Plusieurs personnes se
sont déplacées inutilement, se sont rendues, comme le maire de
Hull hier, dans les tribunes de cette commission sans avoir le plaisir de
témoigner et de déposer ce que leurs commettants les avait
priés de nous soumettre. Plus que cela, M. le Président, dans
toutes les grandes catégories de mémoires, les anglophones ont
été proportionnellement plus entendus que les francophones.
Il faudra donc conclure que cette commission, malgré les jours
nombreux qu'elle aura mis à entendre les témoins, n'aura
été qu'un élément de la stratégie
gouvernementale qui consistait à duper les uns, par l'angoisse des
autres et à faire entendre que le projet de loi était, somme
toute, une motion acceptable pour l'ensemble des Québécois. On
n'a pas réussi et l'Opposition mandatée par tous les
témoins qui sont venus démolir le bill dans chacun de ses aspects
et, en particulier, avec l'unanimité farouche que tous les milieux de
l'éducation ont connue à l'encontre du chapitre de la langue
d'enseignement ne se sentira que plus mandatée demain à
combattre la motion de clôture, la guillotine, qui est
présentée par le leader du gouvernement, en vertu de l'article
156, et qui est déjà au feuilleton du gouvernement. Puis-je
rappeler simplement, M. le Président, que si la stratégie du
gouvernement a échoué aujourd'hui à épuiser
l'Opposition, elle pourra probablement réussir demain par la force du
nombre mais elle ne réussit pas pour autant à rallier ce
que le projet de loi n'a même pas été capable de
faire une majorité de Québécois autour de cette
décision. Nous combattrons donc demain, comme nous avons combattu
aujourd'hui, toutes les tentatives régulières ou
irrégulières de mettre fin, de façon
prématurée, aux travaux de la commission et nous nous rendrons
à l'Assemblée nationale certainement mandatés par tous
ceux qui sont venus condamner le bill, ici, à la commission
parlementaire.
M. le Président, j'aimerais signaler, en terminant, qu'une des
conclusions que nous pouvons tirer immédiatement, sans présumer
de toutes les autres que nous aurons à faire à un moment ou
à un autre, est très certainement l'isolement
du gouvernement autour de ce projet de loi. La motion d'ajournement
aujourd'hui signifie, en fin de compte, un acquis et un acquiescement à
cette situation. On n'ose plus débattre la question, non seulement avec
la population, non seulement refuse-t-on de les inviter, on n'ose même
plus la débattre avec les représentants de l'Opposition. Pour la
première fois depuis qu'elle figure à notre règlement, la
motion de clôture sera utilisée par un gouvernement
"écrasement" majoritaire qui ne peut se plaindre, en aucun cas,
d'être dans une situation de minorité soumise aux caprices des
autres. Pour la première fois et sur un projet de loi aussi
contesté par tous les Québécois, on utilisera une motion
qui ne figure dans les règlements que pour le cas d'extrême
urgence ou de gravité pour un gouvernement. Ce n'est pas sans
signification que le gouvernement utilise aujourd'hui cette motion de
clôture sur un projet de loi linguistique. Il est, par sa nature, par sa
composition et par ses choix politiques, incapable de présenter aux
Québécois une politique linguistique qui regroupe la
majorité et qui, en même temps, assure la sécurité
culturelle d'une minorité que nous avons également à
protéger. On a raté le coup des deux côtés; on a
raté le coup, même au cours des séances de la commission;
on a raté le coup, même dans les stratégies de la
commission.
A ce gouvernement isolé et pris de panique quant à sa
solitude, il ne reste plus qu'un moyen, je dirais le pire qui figure dans le
règlement, celui de la motion de clôture. Lorsque nous nous
prononcerons tout à l'heure sur la motion d'ajournement que
présente le ministre de l'Education, c'est avec cette idée en
tête que nous nous prononcerons, M. le Président. Cette commission
met donc fin à ses travaux dans à peu près la situation la
plus invraisemblable possible. Près de 90 p.c. des organismes sont venus
dénoncer le projet de loi, anglophones comme francophones sont venus
dénoncer le projet de loi. Unanimement, dans le monde de
l'éducation, on a condamné le chapitre qui maintient la
liberté de choix, le chapitre V de la langue d'enseignement dans le
projet de loi 22.
Pourtant, malgré tout ce désaveu des leaders d'opinion de
tous les coins du Québec, ceux-là mêmes que nous avions
nous-mêmes convoqués, non seulement nous contentons-nous de les
renvoyer après avoir à peine entendu la moitié d'entre
eux, mais le gouvernement entend se prévaloir de la motion d'exception
pour imposer une loi.
Si la situation avait été différente, si
l'Opposition s'était retrouvée seule à défendre une
position et si tous les groupes étaient venus à cette table pour
appuyer le projet de loi gouvernemental et que l'Opposition faisait une
obstruction systématique qui irait manifestement à l'encontre de
ce que les gens ont réclamé à cette table, alors
peut-être existerait-il un début de justification au gouvernement,
pour utiliser une motion de clôture.
Mais c'est puis-je vous le rappeler, M. le Président
exactement le contraire qui s'est produit. Non seulement le gouvernement
utilise-t-il une motion pour couper les droits de l'Opposition, mais c'est pour
imposer une loi que tous les Québécois, francophones comme
anglophones, ont dénoncé à cette table même de la
commission, à l'exception près des milieux d'affaires, qui, M. le
Président, appuyaient le projet de loi, excepté la partie qui les
concernait directement.
C'est donc dans ce climat que demain s'entammeront à
l'Assemblée nationale le débat sur la motion de clôture
présentée par le leader du gouvernement et,
éventuellement, le débat de deuxième lecture.
Je terminerai en vous disant que c'est donc avec cette force et avec cet
appui et conscient que peut-être plus que sur aucun autre projet de loi,
la miniscule Opposition parlementaire qui a résisté le 29 octobre
1973, mais qui représentait dès ce moment 30 p.c. de
Québécois, a la ferme conviction d'en représenter plus que
jamais. C'est de toutes ses forces, aussi bien, qu'elle combat cette motion
d'ajournement qui est une mesure hypocrite, qu'elle combattra demain la motion
de clôture qui nous est soumise pour la première fois et combattra
en deuxième lecture, en commission élue et jusqu'à
l'épuisement de la troisième lecture, une loi que ce gouvernement
s'acharne à imposer, alors que tous les représentants de tous les
coins du Québec l'on dénoncée. C'est plus forts et
appuyés plus que jamais, contrairement à ceux qui nous
prétendent plus isolés, selon les circonstances, c'est plus forts
et plus représentatifs que jamais d'un grand nombre de
Québécois qui ne sont pas nécessairement
indépendantistes, mais qui ont choisi, eux, de vivre en français
au Québec et qui ont dénoncé un projet de loi qui consacre
le bilinguisme, que nous de l'Opposition officielle, accompagnés
vraisemblablement comme ils auront l'occasion de nous le dire de
nos deux collègues du Parti créditiste, nous entrerons à
l'Assemblée nationale pour remplir le mandat que plus que jamais nous
sentons avoir reçu de la population. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, pour nous prononcer sur cette motion,
il nous faut absolument découvrir les motifs réels qui ont
poussé le ministre à la présenter. Si cette motion
d'ajournement nous avait été présentée dans le but
évident de donner suite aux demandes faites la semaine dernière
par le Regroupement démocratique qui demandait de reporter
l'étude de la loi 22 à l'automne, à ce moment-là,
nous aurions sûrement acquiescé aux désirs du
gouvernement.
Mais il nous apparaît clairement, M. le Président, que
cette motion d'ajournement nous est présentée dans le but de
faire indirecte-
ment ce que le gouvernement a tenté toute la journée de
faire directement, c'est-à-dire d'imposer tout simplement le
bâillon, la guillotine ou les deux guillotines dont on nous a
parlé aujourd'hui, la petite guillotine d'aujourd'hui et la grosse
guillotine de demain. Il se trouve que, malgré que vous ayez jugé
irrecevables certaines motions, malgré qu'on ait accepté de
diviser une motion irrecevable, pour finalement en arriver comme le
désirait le ministre à discuter un peu plus sur le fond de
la question, nous nous retrouvons devant des faits qui sont là, soit de
bâillonner carrément l'Opposition.
Le fait de ne pas permettre à d'autres groupements à qui
on a demandé et je pense qu'il est important que nous le
soulignions depuis le tout début de préparer et de
présenter des mémoires, de venir les défendre devant la
commission parlementaire, M. le Président, je trouve extrêmement
pénible que le gouvernement en soit rendu à dire à peu
près directement à ces gens? Messieurs, vous avez
préparé de longs mémoires, vous avez fait un travail
gigantesque. Vos opinions, on n'est intéressé à les
entendre. Vous avez travaillé pour rien.
J'aurais préféré que le gouvernement le dise
à ces gens au tout début. J'aurais préféré
que le gouvernement dise à la population du Québec: On va faire
une commission parlementaire, mais cela va n'être que pour la forme. On
va tenir une commission parlementaire, mais cela va être simplement pour
donner l'illusion à la population du Québec qu'on la consulte.
C'est exactement cela qu'on fait.
On a donné l'illusion à la population que nous la
consultions, mais il se trouve qu'à un moment donné, où on
a encore plusieurs mémoires à entendre, où, parmi ces
mémoires, peut-être qu'il y en aurait de gênants un peu pour
le gouvernement, ceux-là, on ne les entendra pas; pour ceux-là,
on n'aura pas la permission, comme députés de l'Opposition, de
poser des questions aux gens qui pourraient se présenter devant
nous.
Bien entendu, M. le Président, il y a également un fait
que je souligne parmi tant d'autres, c'est que la région du Nord-Ouest
québécois, que je représente à l'Assemblée
nationale, notamment par le comté de Rouyn-Noranda, est
éloignée de Québec. A maintes occasions, nous avons eu
à dénoncer le fait que le gouvernement néglige trop cette
région éloignée.
Il se trouve qu'encore une fois et je ne crois pas que c'est un
hasard, parce que le gouvernement est conscient de la décision qu'il
prend nous avons deux organismes qui ont présenté des
mémoires qui sont de la région du Nord-Ouest
québécois. Or, on ne les a pas entendus ceux-là. Une fois
de plus, je souligne à votre attention qu'on néglige cette
région, qu'on ne veut pas savoir ce que ces gens pensent. Il s'agit de
la Société nationale des Québécois de
l'Abitibi-Témiscaminque dont le mémoire aurait pu nous être
présenté; il s'agit également du mémoire
présenté par le Syndicat des travailleurs de l'enseignement du
Nord-Ouest québécois qu'on n'aura pas l'occasion d'entendre.
Je vous souligne qu'à l'image de cette situation, beaucoup
d'autres régions n'auront pas pu non plus présenter leur
mémoire. Il y a aussi d'autres mémoires parmi ceux-là que
nous aurions pu entendre et, peut-être, des mémoires assez
intéressants, notamment le mémoire soumis par la Commission
jeunesse du Parti libéral du Québec qui, suivant ce qu'on a pu y
voir, en tout cas, encenserait le gouvernement, mais il y a l'autre
mémoire du Parti libéral du Québec pour le comté de
Pointe-Claire qui n'encense pas tellement le gouvernement. On y retrouverait
des contradictions entre la Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec et l'Association libérale du comté de
Pointe-Claire. Peut-être que le gouvernement n'est pas trop
intéressé à ce que la population connaisse ces
contradictions entre ceux qui veulent encenser le gouvernement, parce que c'est
leur gouvernement, évidemment, et d'autres qui sont dans le même
gouvernement, mais qui sont plus réalistes et qui ne l'encenseront pas
parce qu'ils ne l'acceptent pas.
Nous avons aussi les Salariés en autogestion, la Caisse
d'économie de Lanaudière. On a entendu les financiers, mais quand
il s'agit d'entendre les salariés, encore là, on n'est pas
intéressé, encore là, on les met de côté,
ceux-là. Il y a aussi l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie qui aurait peut-être pu nous apporter quelque chose
d'intéressant. Il y a peut-être aussi des gens que le gouvernement
connaft bien, des amis du gouvernement, Nesbitt Thomson & Co. On ne les a
pas entendus, ceux-là non plus, même si on peut peut-être
s'imaginer ce qu'ils avaient à nous dire, mais il demeure que le
gouvernement a choisi lui-même... Ce ne sont pas les membres de la
commission qui ont choisi quels étaient les mémoires à
entendre en premier lieu.
C'est le gouvernement qui a décidé qui on devait entendre,
et que je sache, la commission permanente de l'éducation et des affaires
culturelles n'a pas eu à se prononcer sur le choix. On n'a pas
été consulté, en tout cas, en tant que membres de
l'Opposition sur le choix des personnes ou des groupements devant être
entendus devant cette commission.
Nous avons dû subir le choix du gouvernement. Le gouvernement a
fait son choix. Il semble que, lorsque cela arrive à un certain moment,
où d'autres mouvements ou groupements qui pourraient venir devant cette
commission et nous dire des choses qui seraient sujettes à embêter
le gouvernement, il nous impose le bâillon.
M. le Président, nous avons, dès le début, lorsque
le projet de loi 22 a été présenté, fait
connaître notre désir de le voir retiré parce que nous
avions pressenti, dès ce moment, que le projet de loi ne correspondrait
pas aux désirs de
la population. Nous avons eu tellement raison, malgré les grandes
contradictions que nous avons été à même de
constater au fur et à mesure de ces travaux. Il demeure une chose: dans
la diversité, ils ont réussi à faire l'unité sur un
point, sur celui de dire que le bill 22, personne n'en voulait. Les Anglais
pour certaines raisons, les Canadiens français pour d'autres raisons qui
sont différentes, mais ce projet de loi a fait l'unité dans une
seule chose, c'est-à-dire dans le désir de le voir retiré,
et dans le désir, par d'autres qui ont peut-être voulu aller moins
loin, mais au moins demander que le projet de loi soit porté à
l'automne pour d'autres raisons. Ces gens sont représentatifs. Quoiqu'en
pense le gouvernement, quoiqu'en pensent les députés
libéraux, ces gens sont représentatifs de la population du
Québec. Par les mesures qui nous sont imposées aujourd'hui, le
gouvernement se refuse d'écouter la population en disant qu'il a un
mandat. J'ai entendu le premier ministre, M. le Président, le dire
plusieurs fois: On a le mandat. On va le passer. Ce n'est pas comme cela qu'on
doit administrer, même si on a un mandat, pour administrer même si
on a été élu.
Mais je voudrais souligner encore une fois, en terminant, ce qu'a dit,
avec beaucoup de justesse le député de Beauce-Sud lorsqu'il a
mentionné que ce gouvernement n'avait pas le mandat de présenter
le projet de loi que nous avons devant nous. C'est clair. Le gouvernement a
été élu avec une forte représentation, oui ! Il se
sert de cette forte représentation. Il en abuse, mais ce gouvernement
n'a pas le mandat pour légiférer en matière linguistique
comme c'est le cas présentement. Il n'a pas le mandat pour nous
présenter le bill 22. Le gouvernement se sert de sa force
numérique pour imposer à une Opposition réduite à
huit députés, mais qui quand même, représente 45
p.c. de la population du Québec. Le gouvernement a 102
députés, mais il représente 55 p.c. de la population du
Québec. Et dans une matière aussi importante que celle qui est
présentée devant nous, le gouvernement n'a pas le droit, M. le
Président, d'agir de la sorte. Le gouvernement est illégitime
lorsqu'il agit comme il agit aujourd'hui.
Bien entendu, on pourra nous dire: Les huit de l'Opposition, on va vous
écraser. Bien entendu, on sait à l'avance ce qui va se passer
demain. Bien entendu, on sait à l'avance toutes les possibilités
du gouvernement d'établir une rotation des députés
à l'Assemblée nationale pour pouvoir tenir le coup, alors qu'on
sait que les députés de l'Opposition devront être là
constamment, de 10 heures le matin à minuit le soir. On est en train de
vouloir écraser l'Opposition par la force, alors que le gouvernement,
fort des 102 députés qu'il a pour établir cette rotation,
il y en a 30 qui pourront travailler, 30 qui pourront faire le travail de
bureau et une autre trentaine qui pourront se reposer. Une rotation à
trois, le gouvernement est capable de se diviser en trois, mais le gouvernement
devrait comprendre que le Parti créditiste présentement n'est pas
capable, lui, de se diviser en trois. On réclame, à ce moment,
seulement la logique. On réclame, à ce moment, que le
gouvernement n'abuse pas de sa force; mais rien ne sert de réclamer de
ce gouvernement-là, il a déjà fait non nid, il n'est pas
libre d'agir, il est forcé d'agir et, parce qu'il est forcé
d'agir, il nous guillotinera, nous, de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, j'imagine qu'on demande que le
vote soit enregistré.
M. CHARRON: S'il vous plaît, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la motion d'ajournement. M. Harvey
(Charlesbourg). M. Charron.
M. CHARRON: Contre, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Déom.
M. DEOM: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Cloutier.
M. CLOUTIER: En faveur, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy.
M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Larivière.
M. LARIVIERE: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Tardif.
M. TARDIF: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin.
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Déziel.
M. DEZIEL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Beauregard.
M. BEAUREGARD: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Germain.
M. SAINT-GERMAIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Samson.
M. SAMSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Veilleux.
M. ROY: Le député de Beauce-Sud aussi est contre.
UNE VOIX: II n'est pas membre de la commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour: 8
Contre: 3
UNE VOIX: II a encore voulu passer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La motion est adoptée et la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 41)
81 Mémoires Référer à la version PDF page
B-5167 à B-5384