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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du mardi 21 mai 1974
(Dix heures quarante-sept minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications est maintenant réunie pour étudier les
crédits du ministère des Communications.
Avant de commencer la discussion, j'aimerais souligner que M. Tardif,
d'Anjou, remplace M. Hardy, de Terrebonne. Je cède maintenant la parole
au ministre des Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, c'est sûrement par un lapsus
involontaire...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le ministre, si vous voulez m'excuser,
on me signale qu'il est important de nommer un rapporteur à la
commission. J'aimerais qu'on puisse le faire immédiatement. M. Lapointe,
de Laurentides-Labelle, pourrait agir comme rapporteur avec le consentement de
la commission. M. Lapointe, député de Laurentides-Labelle, sera
le rapporteur.
M. le ministre.
M. L'ALLIER: M. le Président, c'est sûrement par un lapsus
involontaire que vous avez dit que nous étions réunis pour
étudier les crédits du ministère de l'Education, alors que
c'est celui des Communications.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je m'excuse, merci de la correction.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas encore fusionné.
Remarques préliminaires
M. L'ALLIER: M. le Président, j'ai pris la liberté de
faire parvenir aux membres de la commission ceux qui sont officiellement
membres de la commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications il y a déjà près d'une semaine, un
document qui résume essentiellement les rôles, les structures, et
qui donne quelques notes sur le bilan et sur les orientations du
ministère, afin de permettre aux membres de la commission, qui en
auraient le temps et qui l'auraient souhaité, de se préparer
à l'étude de ces crédits.
Ce document, en fait, me permettra si vous en êtes d'accord
de passer assez rapidement sur les rôles et les structures du
ministère des Communications, qui sont assez connus, je pense, pour
m'attarder davantage sur le bilan, un bilan sommaire des principales
activités réalisées à l'intérieur des
différents programmes du ministère en 1973/74, et pour donner un
aperçu général des orientations qui peuvent se
dégager à partir du budget qui vous est proposé
maintenant. Si c'était le consensus de la commission, je pourrais
procéder, pendant peut-être une demi-heure, ou un peu plus,
à faire ce bilan et à donner cet aperçu des orientations,
chacun des représentants des partis de l'Oppsition pouvant faire la
même chose par la suite. On pourra, après cela, enchaîner
sur les questions et les échanges, soit dans l'étude
élément par élément. Je n'ai pas l'intention
d'être formaliste dans l'étude des crédits. Ce qui compte,
je pense, c'est que les membres de la commission puissent poser toutes les
questions qu'ils souhaitent sur les dossiers des Communications, et de voir de
quelle façon nous entendons procéder à la dépense
des montants d'argent que nous nous proposons de voter.
Avant de commencer, je voudrais vous présenter mes principaux
collaborateurs. A ma droite, M. Florian Rompré qui est sous-ministre des
Communications; à ma gauche, M. François Duffar qui est directeur
de cabinet; à sa gauche, M. Bruno Grégoire qui est directeur de
la programmation budgétaire; derrière, M. Gilles Loiselle qui est
directeur général des communications gouvernementales
information; M. Robert Giroux qui est secrétaire de la Régie des
services publics et M. Michel Carbonneau qui est directeur des services
administratifs à la Régie des services publics. M.
Labonté, président directeur général de
Radio-Québec sera ici pour la deuxième séance de la
commission, cet après-midi.
On peut noter dans la présentation du budget de cette
année qu'il y a huit programmes plutôt que les sept que nous
avions l'an dernier; et je vous indique tout de suite que l'addition de ce
nouveau programme est, en fait, la division d'un programme de l'an dernier qui
comportait communications gouvernementales et éditions gouvernementales
dans un même programme, ce qui est maintenant divisé en deux
programmes distincts: d'une part, l'édition l'Editeur officiel
et, d'autre part, les communications gouvernementales et les
renseignements. Ce sont les seules modifications dans les programmes du
ministère en termes de structures de programmes.
On note également que, dans les crédits du
ministère des Communications, se retrouvent les crédits de la
Régie des services publics qui n'est pas, évidemment, un service
du ministère, mais bien un tribunal quasi judiciaire qui a la
responsabilité, suite à la loi 35, à la loi 36 et à
la loi 37 que vous connaissez, d'appliquer essentiellement la
législation et la réglementation en matière de
communications.
On retrouve également, au budget du ministère des
Communications, l'Office de radio-télédiffusion du Québec,
Radio-Québec, qui est lui-même un organisme autonome,
dirigé par un conseil d'administration qui est le seul responsable de
Radio-Québec dans sa gestion, dans son administration.
Enfin, on retrouve, aux crédits du ministère des
Communications, la subvention qui est versée annuellement à
l'Office franco-québécois pour la jeunesse qui, lui, ne
dépend pas du ministère des Communications, mais bien du ministre
des Communications comme membre de l'exécutif. Ce dernier organisme
pourrait tout aussi bien dépendre d'un autre membre de
l'exécutif.
Il se fait que c'est la responsabilité actuellement du ministre
des Communications que d'assumer celle de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse.
Dans le bilan des principales activités du ministère des
Communications, M. le Président, vous me permettrez de procéder
par programmes tel qu'ils étaient identifiés en 1973/74. Le
premier programme consistait ou traitait des réseaux et
équipements gouvernementaux de communication. Au cours de 1973/74, nous
avons complété le regroupement de tous les comptes de services
loués par le gouvernement en matière de téléphonie,
radiotéléphonie et transmission de données, à
quelques exceptions près, que j'indiquerai tout à l'heure.
Consé-quemment, en date du 28 novembre 1973, l'arrêté en
conseil 4355 transférait au ministère des Communications un
montant de $778,000, ces sommes provenant en majeure partie des budgets des
ministères qui acquittaient ces services directement auprès des
compagnies de téléphone jusqu'au 31 mars dernier, à savoir
les Affaires sociales, l'Agriculture, l'Education, les Terres et Forêts,
et le Tourisme, Chasse et Pêche.
Désormais, le ministère des Communications est l'unique
interlocuteur auprès des compagnies de télécommunications.
Il est le seul ministère autorisé à transmettre les
besoins du gouvernement en matière de téléphonie, de
radiotéléphonie et de transmission de données et à
établir des commandes à cet effet. Les exceptions à ce
regroupement administratif, sont les suivantes: La Sûreté du
Québec, à laquelle nous fournissons une quantité
limitée de services, les Centrex à Québec et
Montréal, circuits privés pour lesquels la Sûreté
nous rembourse. Les autres services sont loués directement à des
fournisseurs par la suite. Les activités de la Sûreté en
matière de téléphonie, en radiotéléphonie,
ne sont pas coordonnées comme telles budgétairement par le
ministère des Communications. Par ailleurs, les frais interurbains pour
les appels facturés sur les cartes de crédit par les
députés sont acquittés directement par l'Assemblée
nationale.
En matière de radiocommunications, certains autres
ministères possèdent des équipe- ments et les administrent
directement. Il s'agit de l'Industrie et du Commerce, des Terres et
Forêts, du Tourisme, Chasse et Pêche, de la protection civile. Mais
le ministère des Communications est aussi le seul ministère qui
paie les comptes aux fournisseurs des services mentionnés plus haut.
Pour couvrir ces déboursés, nous avons été dans
l'obligation de demander des crédits additionnels, de l'ordre de
$1,100,000, dont la moitié environ a servi à payer les frais
subséquents à la hausse des tarifs de Bell Canada,
approuvés par la Commission canadienne des transports.
Nous considérons que cette réalisation de regrouper les
clientèles gouvernementales doit être mentionnée puisqu'au
cours de l'exercice financier 1972/73, des crédits additionnels de
quelque $2,900,000 avaient été nécessaires pour
équilibrer le budget des services téléphoniques alors que,
l'an dernier, de meilleures évaluations nous ont permis de
réduire notre demande de crédits additionnels à
$1,100,000.
Pour ce qui est du programme 2: Communications gouvernementales et
renseignements, je voudrais traiter successivement de
Communication-Québec, faire un examen attentif du mécanisme
utilisé pour le renseignement et vous parler également
d'Informatour.
En 1973/74, la majeure partie des effectifs nouveaux consentis à
la direction générale des communications gouvernementales a servi
à la consolidation des bureaux régionaux connus sous le nom de
Communication-Québec. Ces bureaux, d'origine relativement
récente, puisque la fondation du plus ancien remonte à 1966
seulement, ont une importance capitale. Ils sont chargé de diffuser
l'information gouvernementale dans les différentes régions
administratives du Québec. Ils permettent de répondre plus
rapidement aux demandes des citoyens ou des media désireux de se
renseigner sur les programmes des ministères. Ils sont en mesure
d'identifier les besoins en information du public et, de plus, ils servent
d'intermédiaires pour transmettre les suggestions des citoyens aux
services administratifs. Les bureaux de Communication-Québec ont donc
à remplir une mission qui, au niveau de la région, se compare
à celle de la direction générale des communications
gouvernementales à l'échelle du Québec. Chaque bureau
oriente son activité de manière qu'elle colle le mieux possible
aux besoins du milieu, besoins qui diffèrent, évidemment, d'une
région à l'autre.
En 1973/74, les bureaux régionaux étaient au nombre de
huit. Ils étaient situés à Rimouski, Chicoutimi,
Québec, Nicolet et maintenant Trois-Rivières le bureau de
Trois-Rivières ayant passé à Nicolet pour des fins
logistiques, de bureaux, de locaux disponibles, étant maintenant de
retour à Trois-Rivières Sherbrooke, Montréal, Hull
et Rouyn.
Plusieurs déménagements ont permis d'installer le
personnel dans des locaux plus fonctionnels et plus accessibles au public. Tel
a été
le cas à Chicoutimi, à Rouyn et à Sherbrooke. Le
bureau, comme je l'ai dit, de la région de Trois-Rivières a
été transféré de Nicolet à
Trois-Rivières de façon définitive.
A la fin de l'exercice financier, on préparait l'ouverture d'un
neuvième bureau régional, celui de Sept-Iles, qui sera prêt
d'ici l'hiver prochain.
Communication-Québec, d'une façon générale,
a consolidé ses positions. Le plus possible, ses employés
occasionnels ont été remplacés par des employés
permanents.
Le secteur du renseignement s'est développé de
façon remarquable puisque le personnel des bureaux régionaux a
dû répondre à près de 110,000 demandes de
renseignements en 1973/74, soit 40 p.c. à 50 p.c. de plus que
l'année précédente.
Plusieurs nouveaux centres de documentation ont été mis
à la disposition du public et les agents de renseignements ont
préparé et distribué des annuaires de services
administratifs et communautaires régionaux, par exemple, dans les
régions de Rimouski, Trois-Rivières, Hull et Rouyn. La
rétroinformation du citoyen vers l'Etat s'est intensifiée. Des
campagnes de publicité et d'information ont été
lancées pour mieux faire connaître. Communication-Québec et
sa mission: renseigner sur les lois, les programmes administratifs, les
ministères; orienter la population vers les services gouvernementaux,
pouvoir répondre à ses appels. Les agents des bureaux
régionaux Communication-Québec connaissent mieux que toute autre
personne, au niveau de l'administration publique, les besoins et les ressources
de la région où ils oeuvrent et sont particulièrement bien
placés pour remplir le rôle qui leur incombe localement. Un examen
attentif du mécanisme utilisé pour le renseignement a
été effectué, qui entraînera une amélioration
sensible de cette fonction, par la création d'une banque centrale de
données, en même temps que par un traitement plus fonctionnel et
un meilleur acheminement des informations à travers le réseau, de
même que par la formation plus adéquate des techniciens et agents
de renseignements.
Informatour 1973/74. En 1973,1e ministère des Communications a
innové en organisant Informatour 73 dans les centres commerciaux,
c'est-à-dire une tournée d'information d'un nouveau genre
permettant à plusieurs ministères de grouper leurs stands pour
assurer la présence gouvernementale aux quatre coins du Québec.
Cette présence de l'Etat au coeur même de la population
répondait à un grand besoin d'information du public. La
présentation de stands modernes, attrayants et colorés a
incité les clients des centres commerciaux à s'arrêter en
grand nombre et à prendre connaissance des messages des
ministères qui exposaient. Il s'est agi d'un effort important du
gouvernement québécois pour donner au public des réponses
précises sur ses problèmes quotidiens. Et comme il était
prévisible, Informatour 73 a eu un succès très
significatif dans onze des principales villes du Québec. Les
ministères des Communications, des Transports, des Institutions
financières, des Affaires sociales avec la Régie des
rentes et de la Justice ont été ainsi capables de
transmettre leurs messages d'information aux citoyens directement, sans
intermédiaire. Une enquête par sondage, pour évaluer
l'efficacité d'Informatour 73, a été faite par une maison
spécialisée et les conclusions nous amènent à
constater que les résultats de la tournée ont été
très positifs. La majorité des gens fréquentant les
centres commerciaux n'ont pas simplement remarqué la présence des
stands des ministères dans les mails, la majorité ont retenu les
thèmes présentés.
Quelque 2,500,000 personnes ont au moins visité une fois les
stands et bénéficié des renseignements qui y
étaient donnés ainsi que de la documentation gouvernementale qui
était distribuée.
Il ne faut pas songer ici à 2,500,000 personnes
différentes. Il est possible dans cette compilation, et c'est normal
aussi, qu'on retrouve une même personne qui viste à plusieurs
reprises différents stands, parce que les ministères n'ont pas
été présents tous en même temps dans les centres
commerciaux, la présence en étant une d'environ deux mois,
où chaque ministère se suivait sur une période de huit
à dix jours.
Plus de 90 p.c. des visiteurs ont exprimé leur satisfaction
devant cette initiative, ce qui nous a amenés, évidemment,
à continuer pour l'an prochain. La population, d'après
l'enquête que nous avons faite, s'est particulièrement
réjouie du choix des centres commerciaux comme lieux de
présentation des participations des ministères, parce qu'il en
résulte un rapprochement entre l'administration publique et les
administrés. En effet, les centres commerciaux sont de très bons
points de ralliement, non seulement un très grand nombre de
consommateurs s'y rassemblent chaque jour pour demander des renseignements,
mais le simple citoyen s'y trouve plus à l'aise que dans les bureaux
gouvernementaux.
Ainsi Informatour 73 a permis de répondre à plus de
700,000 demandes individuelles de renseignements qui ont été
satisfaites sur place.
Informatour 73 a coûté $400,000 et a été une
expérience rentable. De telles tournées permettent de
présenter aux contribuables une image globale du gouvernement,
administrateur de fonds publics. Les contacts directs qu'elles rendent
possibles entre l'Etat et la population sont aussi une occasion unique de
résoudre sur place bon nombre de problèmes de communication et
d'information.
Nous avons aussi entrepris au cours de l'exercice 1973/74 une
étude sur les relations Etat-citoyen. C'est une façon de remettre
en question l'information gouvernementale en entreprenant les recherches
fondamentales sur cette relation Etat-citoyen.
Cette étude qui se continue a été entreprise
par les communicateurs du ministère et par des maisons
spécialisées dans les enquêtes par sondage.
Le ministère a confié à une firme
spécialisée, Plurimar, le soin de procéder à une
analyse approfondie de tous les aspects de la communication entre l'Etat et le
citoyen, particulièrement l'analyse de l'impact de l'information et du
renseignement, de nature gouvernementale.
Il est en effet imporant de pouvoir appuyer la stratégie de
communication de l'Etat sur du concret, sur des faits, sur une connaissance
précise du comportement des citoyens québécois. D'autre
part, le Centre interdisciplinaire de Montréal a été
chargé d'examiner plus en profondeur la question du renseignement:
traitement et utilisation de l'information disponible; rétroaction,
méthodes de travail des agents, rendement des centres de renseignements;
projet de banques de renseignements.
L'objectif était d'accroître l'efficacité des
bureaux régionaux de la direction générale des
communications gouvernementales grâce à un personnel toujours plus
compétent et motivé et à diverses améliorations
techniques.
Mais il restait encore à procéder à des recherches
pour compléter le travail de Plurimar et du Centre interdisciplinaire de
Montréal. Les spécialistes de la direction générale
des communications gouvernementales ont donc, à la fin de l'exercice
financier 1973/74, procédé à l'organisation de:
Une étude maison grâce à des entrevues de groupes
devant permettre à 1,500 fonctionnaires de tous les ministères de
s'exprimer sur cette question;
Une consultation populaire, par l'entremise des media, qui a
débuté dans les quotidiens de la fin de semaine du 4 et 5
mai;
Une consultation d'experts de diverses disciplines, tous observateurs
reconnus de l'évolution sociale au Québec: économistes,
anthropologues, éducateurs, scientifiques, médecins, etc.
Un travail de synthèse par un politicologue de
l'université Laval, M. Vincent Lemieux.
Le rapport de Plurimar permettait déjà de connaître
le comportement du citoyen québécois devant l'information et les
renseignements. L'étude entreprise par le ministère pour le
compléter devra permettre en plus d'établir quelles sont les
raisons de ce comportement.
La plus grande partie du programme devrait être terminée le
20 juin 1974. Il faudra quelques semaines supplémentaires pour
compléter l'opération. Les conclusions finales serviront, d'une
façon générale, à guider l'action des responsables
de communications des divers ministères et organismes gouvernementaux
ainsi qu'à compléter la structuration des bureaux
régionaux dont j'ai parlé tout à l'heure.
Quant au troisième programme, celui de l'édition
gouvernementale, nous avons, au cours de l'exercice 1973/74, entrepris et
complété une étude par CEGIR, une étude sur
l'ampleur et les caractéristiques du marché de l'éditeur
officiel ainsi que sur les implications en termes d'organisation qui en
découlent.
Les principales recommandations de l'étude ont porté sur
la politique de produit à savoir la qualité, la quantité,
l'accessibilité et l'actualité des publications gouvernementales.
Elles ont porté également sur le réseau de distribution,
sur la promotion et la politique des prix et, enfin, sur les
responsabilités et les structures organisationnelles de l'éditeur
officiel.
De plus, une analyse sectorielle du marché a permis de
déterminer les secteurs prioritaires vers lesquels la production des
publications gouvernementales devait s'orienter.
Pour faire suite aux recommandations du comité
interministériel des publications, comité qui existe
déjà depuis bon nombre d'années, et conformément
à la directive du Conseil du trésor à cet effet, la
direction générale de l'édition a augmenté son aide
technique et professionnelle aux autres ministères et organismes
gouvernementaux dans le domaine de la rédaction et du graphisme.
Ce qu'il importe de souligner, en définitive, au niveau de
l'éditeur, c'est que l'effort que nous avons fait consiste
essentiellement à faire, de la publication gouvernementale, une
publication qui est, à la fois, accessible, matériellement, et
accessible, peut-être surtout, dans son contenu. La publication
officielle a trop souvent un caractère rébarbatif qui fait en
sorte que, même si on la trouve chez un éditeur ou chez un
libraire, elle n'est pas attrayante ou alors son contenu, pour être utile
aux citoyens, doit faire l'objet de longues analyses même par des
spécialistes. L'objectif que nous poursuivons, c'est de faire en sorte
que les contenus écrits de la publication gouvernementale soient
facilement compréhensibles, qu'ils portent essentiellement sur tout ce
qui comporte un service aux citoyens et, finalement, qu'on puisse les retrouver
quand on en a besoin et le plus largement possible à travers le
Québec. C'est l'objectif que nous avons poursuivi par ces études
au niveau de l'édition gouvernementale. Quant au quatrième
programme, celui de la gestion interne et soutien, l'année
financière 1973/74 a coïncide avec un développement
considérable de la concertation interprovinciale dans le domaine des
communications. Nous avons eu deux conférences interprovinciales au
cours de 1973/74, l'année budgétaire, deux conférences
interprovinciales des ministres responsables des Communications et, à la
fin du mois de mai dernier, lors de la conférence interprovinciale de
Calgary, les provinces du Canada ont jeté les bases de la
solidarité qui les caractérise depuis lors. A cette occasion, les
provinces ont en effet convenu qu'il était superflu de chercher à
en arriver à une position commune pour l'ensemble d'entre elles dans le
domaine des communications tant les problèmes, les priorités, les
ressources, les populations et les territoires à desservir
différaient. Fortes de cette réalité, les provinces
ont
affirmé, sans ambigüité, la possibilité, pour
chacune d'entre elles, d'avoir sa propre politique dans le domaine des
communications et l'appui que toutes les provinces s'accordaient mutuellement
sans pour autant que cela implique que chaque province revendique la même
chose. Cet appui a été acquis. Cette solidarité dans la
diversité est un phénomène nouveau, à mon avis, et
conforme à la réalité canadienne en matière de
communication. Cela nous évite, essentiellement, d'avoir
désormais à passer par le plus bas commun dénominateur
entre les dix provinces lors de rencontres
fédérales-provinciales. Il s'agit là d'une nouvelle
façon de percevoir l'évolution du fédéralisme au
Canada. Jusqu'à maintenant la tendance a été, semble-t-il,
vers l'uniformité des solutions à travers le pays, dont
l'aboutissement logique a été la concentration excessive des
pouvoirs dans les mains du gouvernement fédéral et
l'affaiblissement régulier des pouvoirs provinciaux.
A moyen terme, une telle perception des choses nous mène en
droite ligne vers un état unitaire que le Québec ne pourrait,
dans le domaine des communications parce que c'est celui dont nous sommes ici
responsables, et ne saurait tolérer. Par contre, faire du
fédéralisme canadien un instrument suffisamment flexible pour
qu'il tienne compte des réalités des Etats provinciaux, des
réalités régionales, correspond, quant à nous,
à la raison d'être même d'un tel système
politique.
Ayant donc affirmé bien haut cette solidarité dans la
diversité, les provinces se sont tournées vers le gouvernement
fédéral afin d'amorcer avec celui-ci les discussions que tous
souhaitent. Une réunion des hauts fonctionnaires du gouvernement
fédéral et des gouvernements de province a eu lieu à
Ottawa, en juillet dernier.
Elle a permis de déblayer le terrain en vue de la première
conférence fédérale-provinciale qui a eu lieu les 29 et 30
novembre 1973.
Cette première conférence
fédérale-provinciale a été
précédée d'une nouvelle concertation interprovinciale au
niveau des ministres responsables des Communications lors de la
troisième conférence interprovinciale qui a eu lieu à
Moncton au début du mois d'octobre 1973.
Cette conférence a permis aux provinces de connaître les
positions que chacune d'entre elles adopterait à la première
conférence fédérale-provinciale.
Quant à la première conférence
fédérale-provinciale, le Québec y a fait connaître,
par un document écrit qui a été largement diffusé,
sa position. Ce document résume et précise, comme jamais
auparavant cela n'avait été fait, quelles sont les politiques du
ministère québécois des Communications et du gouvernement
du Québec en matière de répartition de
responsabilités pour l'avenir dans le domaine des communications. "Le
Québec, maître d'oeuvre de la politique des communications sur son
territoire", le titre du document, repose sur des mécanismes assez
flexibles pour s'adapter aux différences provinciales tout en tenant
compte de la réalité économique et politique de l'ensemble
du Québec.
Ce document pose trois questions fondamentales: Pourquoi le
Québec veut-il une nouvelle répartition des pouvoirs et des
responsabilités? Qu'est-ce que le Québec veut comme nouvelles
responsabilités? Qu'accorde-t-il au gouvernement fédéral
et comment entend-il les exercer? Enfin, comment propose-t-il que celles qu'il
ne souhaite pas exercer soient exercées?
Ainsi, en première partie, il fait surtout état de la
prise de conscience progressive des provinces quant au rôle qu'elles ont
à jouer dans le domaine des communications. La question "Quoi? " fait
mention des besoins du Québec dans le domaine culturel, éducatif
et linguistique avant d'établir les positions de principe qui
constituent les pouvoirs indispensables dont le Québec a besoin.
Enfin, la dernière partie du document propose un
aménagement des juridictions dans le secteur des communications au
Canada.
En résumé et en vertu du partage proposé par le
Québec, le gouvernement fédéral, afin de maintenir sa
vocation de promoteur de l'unité canadienne, conserverait une
compétence totale sur le système canadien de
radio-télédiffusion, que serait la société
Radio-Canada, sur la Société canadienne de
télécommunication transmarine et sur Télésat,
compte tenu de certaines réserves qui sont indiquées dans le
document.
Les responsabilités du gouvernement fédéral se
situaient aussi au niveau des relations internationales en collaboration avec
les provinces et au niveau de la défense nationale.
Dans le cadre d'un système fédéral plus souple, le
gouvernement d'Ottawa aurait aussi à exercer des pouvoirs appartenant
aux provinces dans la mesure où celles-ci l'autoriseraient, selon des
ententes bilatérales ou multilatérales, parce que c'est un fait
que certaines provinces ne souhaitent pas exercer elles-mêmes les
responsabilités que nous demandons pour le Québec, en
matière de communications.
Nous avons prévu, dans notre document, que ces provinces,
notamment les provinces de l'Est, les provinces maritimes, pourraient si elles
le désiraient, confier cela serait en termes d'ententes
bilatérales ou multilatérales au gouvernement
fédéral des responsabilités qui sont à la base des
responsabilités des provinces. Afin que soient assumées les
responsabilités nationales au niveau du Canada, il est proposé
qu'un organisme intergouvernemental composé de représentants des
onze gouvernements du Canada soit chargé d'administrer le spectre de
fréquences, d'attribuer d'une façon globale et non
particulière ces fréquences aux provinces et de coordonner la
recherche dans le domaine des communications au Canada. Le document pro-
pose, par ailleurs, que les responsabilités du gouvernement
québécois et de ses institutions consistent à surveiller,
à contrôler, à réglementer et à
élaborer des principes généraux sur les différents
secteurs des communications sur son territoire.
Quant aux pouvoirs particuliers du gouvernement québécois
et de ses institutions, ils concernent principalement la
câblodistribution, la programmation, la tarification, la
réglementation, la radio-télédiffusion, les
sociétés exploitantes de communications, au niveau de la
tarification et de la réglementation, de l'attribution des
fréquences.
Le Québec et l'Ontario. Le Québec, étant une
province du centre du Canada, fait partie, dans la structure de la
conférence interprovinciale des ministres responsables des
Communications, de la même région que l'Ontario. Cela
découle non seulement de la logique géographique des choses, mais
encore des nombreux intérêts communs que les deux provinces du
centre du Canada ont entre elles. C'est pourquoi la pierre angulaire de la
concertation interprovinciale en ce qui concerne le Québec a d'abord
été la mise sur pied et le maintien de liens
privilégiés entre le ministère des Transports et des
Communications de l'Ontario et le ministère des Communications du
Québec.
Durant l'année financière 1973/74, un nombre
impressionnant de rencontres ont eu lieu au niveau des fonctionnaires des deux
ministères, portant sur une gamme complète des sujets
d'intérêt commun. Dans chaque cas, les deux provinces les plus
populeuses du Canada ont cherché à harmoniser leurs positions
dans le respect mutuel des intérêts de chacune d'elles.
De nombreuses rencontres ont également eu lieu, au niveau
ministériel, entre le ministre des Transports et des Communications de
l'Ontario et moi-même. Au cours d'un discours prononcé devant la
Législature de l'Ontario le 25 mai 1973, le ministre des Transports et
des Communications d'alors, M. Gordon Carton, a affirmé de la meilleure
manière possible les rapports privilégiés qui existent
entre les ministères de nos deux gouvernements en déclarant: "Nos
ministères, ainsi que nos provinces, ont plusieurs intérêts
en commun. Je crois que nous avons une bonne perception des attitudes et des
préoccupations du Québec et non seulement sommes-nous
sympathiques, mais encore appuyons-nous les positions prises par le
gouvernement du Québec dans le domaine des communications". C'est une
position officielle du gouvernement de l'Ontario. C'est là, en fait,
qu'on peut asseoir, si vous voulez, cette reconnaissance qui est
peut-être nouvelle dans les relations interprovinciales et
fédérales-provinciales du caractère spécifique et
de la diversité dans la réalisation de politiques provinciales.
Le gouvernement de l'Ontario, tout en appuyant la politique
québécoise des communications, ne souhaite pas pour
lui-même avoir la même politique, pour des raisons qui sont
évidentes.
C'est un facteur, je pense, qui est quand même assez important
dans tout ce contexte des relations interprovinciales et
fédérales-provinciales.
Quant à la réglementation sur la câblodistribution,
le premier règlement du gouvernement du Québec à
l'intérieur duquel la Régie des services publics exerce sa
fonction sur la câblodistribution a été publié le 26
septembre 1973. Le projet de règlement relatif aux entreprises publiques
de câblodistribution avait été publié le 20 juin. Ce
projet a ensuite été étudié par la commission
parlementaire en août et septembre 1973; 23 mémoires
présentés par des entreprises publiques de
câblodistribution, de téléphone, de radiodiffusion, par les
organismes de media communautaires et d'autres groupes ont été
entendus par la commission.
Suite à ces représentations, le ministère des
Communications a procédé à une révision du projet,
et le gouvernement l'a édicté et il est entré en vigueur
le 1er novembre 1973. Je ne veux pas entrer ici dans le détail de ce
qu'est ce règlement qui est connu par les membres de la commission.
Disons, tout simplement, que la Régie des services publics, responsable
d'appliquer ce règlement, l'a effectivement appliqué et que tous
les câblodistributeurs au Québec, sans exception, se sont soumis
à ce règlement et ont présenté à la
Régie des services publics des demandes de permis conformément
à ce règlement. Les auditions sont en cours actuellement et nous
pourrons vous donner des chiffres plus précis au moment de
l'étude des crédits de la Régie des services publics.
Depuis le 15 février et pendant les quelques mois qui ont suivi,
j'ai procédé avec quelques-uns de mes fonctionnaires à une
tournée prospective à travers le Québec, sans trop de
battage d'information. Il ne s'agissait pas d'une tournée de prestige ni
rien du genre, mais essentiellement d'une tournée qui nous a permis de
rencontrer, dans chacune des régions visitées, ceux qui sont
directement ou indirectement liés au secteur des communications afin,
dans un premier temps, de répondre directement à leurs questions
sur la politique québécoise en matière de communications
et de relations fédérales-provinciales et afin, dans un
deuxième temps, de percevoir directement d'eux quels sont leurs besoins
plus immédiats en matière de communications.
Dans chaque région, nous avons établi de très
nombreux contacts avec ces citoyens impliqués dans la communication. De
cette tournée prospective, il s'est dégagé un certain
nombre de priorités à court terme. D'abord, je voudrais dire que,
dans cette tournée prospective, il est apparu évident que la
très grande majorité de ceux qui travaillent dans le domaine des
communications, dans les diverses régions du Québec, sont assez
sympathiques à la position que le Québec a adoptée en
matière de communication face au gouvernement fédéral. Ils
se posent évidemment une série de questions
sur ce que cela va changer dans les faits et si cela va venir compliquer
notre situation. C'est une question d'information et je leur ai dit partout que
la politique québécoise en matière de communication
n'était pas celle du ministère, mais bien celle de tous ceux qui
travaillent dans le domaine des communications. Plus précisément,
nous avons identifié à court terme un certain nombre de
problèmes qui sont importants et qu'il nous faudra nous attacher
à résoudre au cours de la prochaine année, celui d'abord
des disparités régionales en matière
d'accessibilité à la radio, à la télévision
et, dans certains cas, même aux journaux quotidiens, aux écrits
quotidiens et, deuxièmement, celui de l'accessibilité aux moyens
de communication. Cela a l'air simple de dire cela à ce moment-ci, mais
il y a plusieurs citoyens du Québec qui sont dans des situations
nettement défavorisées quant à l'accès au contenu
de communication et aux moyens de communication. Or, si c'est un fait
maintenant que radio et télévision sont, dans leur contenu, comme
instruments de communication, des services publics, si on doit les
considérer comme tels, il faudrait en arriver, le plus rapidement
possible, à fournir à chaque citoyen un service de base, parce
que c'est un service public, et ne pas faire toujours reposer uniquement sur
les bassins de population, en termes de potentiel de publicité, le
développement de la radio et de la télévision au
Québec. C'est une question que nous sommes à regarder de
près et c'est la même chose pour la diffusion des journaux
quotidiens. On ne peut pas se fier uniquement aux bassins de population dans
les régions plus éloignées, comme le Nord-Ouest
québécois ou la Gaspésie, et attendre qu'il y ait
là suffisamment de citoyens pour pouvoir se payer des services de
messagerie qui leur apportent les quotidiens en même temps que les autres
et non pas le lendemain. Il faudra s'attaquer à ce problème et
voir de quelle façon on peut réduire, dans le domaine des
communications, les disparités régionales dans la mesure
où, dans ce domaine des communications, il y a un bon nombre de services
qui doivent être des services publics au sens de l'accessibilité
des citoyens.
Au niveau du programme 5, qui est celui du développement des
télécommunications, vous me permettrez de vous dire quelques mots
sur ce que nous avons fait en 1973/74 et vous parler aussi brièvement de
différentes requêtes de Bell Canada, de la requête de CN-CP
pour l'augmentation des tarifs et aussi des subventions aux groupes
communautaires.
Au cours de l'exercice 1973/74, les efforts du ministère ont
été tournés vers le recrutement du personnel-cadre et du
personnel spécialisé requis par ce programme. Il faut rappeler
à cet égard que la direction générale des
télécommunications, qui est responsable de l'administration de ce
programme, a été créée en février 1973.
Nous avons poursuivi nos travaux de recher- che et d'inventaire en vue
d'agréger toutes les données relatives à la
téléphonie, les réseaux, les tarifs, les services offerts,
les données financières, en vue de l'élaboration de
politiques concernant l'interfinancement, la concurrence et la qualité
des services.
Nous avons entrepris un inventaire technique et économique du
même genre pour la radiodiffusion.
Nous avons de plus amorcé la préparation d'un plan de
développement pour la câblodis-tribution pour le territoire
québécois et vous savez que, depuis ce moment, une Association
québécoise des câblodistributeurs a été
formée.
C'est cette association que nous entendons privilégier dans nos
rapports avec les câblodistributeurs afin que ce soient, chez les
câblodistributeurs, et de loin, nos principaux interlocuteurs. Jusqu'ici
existait une seule association, l'Association canadienne des
câblodistributeurs. Les câblodistributeurs québécois
ont jugé commode, utile et cohérent de se regrouper dans une
association québécoise. Quant à nous, nos
responsabilités étant limitées dans ce domaine au
territoire du Québec, c'est évidemment avec cette association,
avant toute chose, que nous allons traiter.
Les requêtes de Bell Canada; c'est un sujet qui a fait couler
beaucoup d'encre, qui a amené beaucoup de commentaires. Le
ministère des Communications a représenté le gouvernement
du Québec auprès de la Commission canadienne des transports, lors
des requêtes sur la hausse des tarifs de Bell Canada. Le gouvernement
intervenait en tant que principal usager de Bell Canada au Québec, de
protecteur des droits du consommateur québécois et en
qualité de coor-donnateur du développement des
communications.
La Commission canadienne des transports a rendu, le 30 mars 1973, sa
décision au sujet de la requête A de Bell Canada qui demandait
vous vous en souvenez une hausse de tarif de $36 millions. Cette
décision réduisait le montant de la requête à $22
millions; donc, des $36 millions demandés, la commission accordait $22
millions. Le ministre fédéral des Communications suspendait
cependant, dès le 6 avril 1973, la décision de la Commission
canadienne des transports pour une période de 90 jours. A cette
occasion, le Québec a confirmé son intention de mettre à
la disposition des autorités fédérales les expertises et
l'important dossier accumulé à ce sujet par le ministère
au moment de son intervention sur la requête A. La décision du
gouvernement fédéral, finalement annoncée le 27 juin 1973,
confirmait les hausses accordées par la Commission canadienne des
transports en les réduisant toutefois de $3 millions. La décision
fédérale faisait état, en outre, de certaines observations
faites par le Québec et l'Ontario et formulait des recommandations suite
à la conduite des affaires de la Commission canadienne des
transports.
Dans une intervention déposée le 1er août
1973, le gouvernement du Québec s'est opposé à la
requête B de Bell Canada, considérant que l'augmentation
demandée par cette société, soit $85.2 millions,
nécessiterait de sa part une dépense supplémentaire de
plus de $1 million et, pour les usagers québécois, une hausse de
l'ordre de $35 millions. Donc, la requête B demandait $85 millions.
L'intervention du Québec soulève des questions
essentiellement d'ordre socio-économique. Après la lecture de la
requête, le gouvernement québécois n'est pas convaincu, en
effet, qu'une hausse de tarifs, soit la meilleure solution aux problèmes
financiers de Bell Canada. Le gouvernement, soulignant le caractère
répétitif de cette demande d'augmentation, se montre inquiet face
à l'éventualité que cette nouvelle requête favorise
uniquement l'intérêt des actionnaires sans tenir compte des
besoins du public. C'est pourquoi le Québec émet l'avis qu'il est
essentiel d'examiner l'état financier complet de Bell Canada tel que
présenté aux investisseurs, c'est-à-dire consolidé
avec ses filiales, en particulier Northern Electric, en raison de son
rôle prédominant dans les activités
téléphoniques de la société mère.
Dans l'impossibilité d'obtenir tous les éléments
nécessaires à l'examen objectif et complet des besoins de Bell,
le gouvernement québécois, en sa qualité d'intervenant, a
demandé à la Commission canadienne des transports, en date du 21
mars 1974, d'entendre le témoignage du principal officier de Bell Canada
pour qu'il expose la politique d'ensemble et les priorités de la
compagnie. Les auditions devant la Commission canadienne des transports se
poursuivent actuellement. Je rappelle ici que, de sa demande initiale de $85.2
millions, Bell Canada a d'office réduit sa demande à quelque $50
millions. Malgré cela, les principes en cause sont toujours les
mêmes, à savoir que le gouvernement du Québec ne s'oppose
pas systématiquement à des hausses de tarifs de Bell Canada, mais
veut faire en sorte que, si on doit aller chercher dans la poche des
abonnés des sommes supplémentaires, ces sommes correspondent
effectivement à l'augmentation des coûts pour la fourniture du
service, ou alors, à l'augmentation du service comme tel. En d'autres
mots, nous croyons que d'augmenter la tarification sur le
téléphone n'est pas la meilleure solution aux problèmes
financiers dont a fait état Bell Canada quant à son propre
financement, à son propre développement. Or, face à
l'absence de renseignements suffisants pour pondérer nos interventions,
pour faire en sorte que nous appuyions, en partie ou en totalité, les
prétentions de Bell Canada, nous avons demandé des renseignements
supplémentaires.
Ces renseignements comme tels nous ont été refusés
par la commission. Nous avons été devant la cour
Fédérale, en appel sur cette question et sur une question
essentiellement de procédure. La cour Fédérale a convenu
que le fait, pour la commission, de refuser des renseignements, ne constituait
pas une décision de la commission, donc on ne pouvait pas en
appeler.
Alors plutôt que de poursuivre, sur une base judiciaire, une
question qui, en réalité, est une question de fait, nous avons
conclu que nous demandions au président de Bell Canada de venir
lui-même, comme témoin à la commission, exposer les
politiques de sa société et répondre aux questions
auxquelles ses collaborateurs responsables, par secteurs d'activité,
n'avaient pas pu répondre.
Depuis quelques semaines, la Commission canadienne des transports a fait
droit à un bon nombre des demandes du Québec en matière de
renseignements fournis, notamment sur les états financiers de
sociétés qui participent à Bell Canada et c'est avec ce
nouveau bagage de renseignements et avec le témoignage du
président, M. Scrivener, que les procureurs du Québec sont
actuellement à préparer et à faire le plaidoyer
définitif, à la fin de l'audition sur la requête B.
Requête CN-CP. Le gouvernement québécois est, par
ailleurs, intervenu le 12 février 1974 devant la Commission canadienne
des transports, à nouveau, faisant suite à une demande de hausse
de tarifs formulée par CN-CP Télécommunications. Cette
demande d'augmentation, présentée le 14 novembre 1973, aurait
pour conséquence d'accroître de 11 p.c. le tarif appliqué
pour l'envoi d'un télégramme.
Le Québec intervient alors, pour les mêmes raisons que
celles exposées précédemment dans le cas de Bell Canada.
Il veut s'assurer que la Commission canadienne des transports dispose de tous
les renseignements qui lui sont nécessaires pour prendre une
décision sans porter atteinte aux intérêts des usagers
québécois.
On pourrait reprendre tout le plaidoyer qui s'est fait, en gros; c'est
la même chose, le gouvernement québécois n'est, d'autre
part, pas convaincu que la hausse des tarifs demandée par CN-CP
faciliterait l'accès au service télégraphique puisqu'il
reste à démontrer que certains locaux ne seraient pas
fermés. En même temps qu'on demandait une hausse des tarifs, on
prévoyait fermer certains locaux d'émission et d'envoi de
télégrammes. C'est une question qui a été
débattue par le gouvernement du Québec devant la Commission
canadienne des transports. L'objectif du Québec dans ce domaine,
étant toujours de bien s'assurer que des augmentations de coûts
aux usagers servent d'abord et avant tout, et exclusivement les usagers, soit
dans l'augmentation du service, soit dans le maintien du service. Nous sommes
tout à fait conscients, comme tout le monde, que les coûts
d'exploitation, que ce soit pour CN-CP ou pour Bell Canada, augmentent, qu'il y
a aussi pour eux les phénomènes de l'inflation au niveau des
salaires, au niveau des équipements et que cela doit se traduire,
évidemment, par certaines hausses de tarifs; mais nous ne voulons pas
que l'on prenne prétexte de ces augmentations dans
les coûts d'exploitation pour taxer à d'autres fins le
contribuable ontarien ou québécois parce que, dans les
deux cas, c'est la même chose aux fins de
rééquilibrer les situations financières de
sociétés aussi importantes.
Un mot maintenant, très brièvement, des subventions dans
la programmation communautaire. La volonté de participation des citoyens
québécois au processus décisionnel en matière de
communication a donné lieu, au cours des dernières années,
à la création de télévisions de type communautaire
fonctionnant sur une base permanente par le biais des réseaux de
câblodistribution.
Le ministère des Communications, ayant pour mandat
d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique des
communications pour le Québec, doit donc intervenir pour pallier
certaines difficultés financières et techniques inhérentes
à l'implantation et au développement des communications
communautaires. Ces communications visent à permettre aux citoyens
l'échange d'informations et de services pour la production et la
diffusion de programmes originaux qui correspondent aux préoccupations
propres de telle ou telle collectivité. Dans cette optique, le
ministère des Communications a accordé, en septembre 1973 et en
mars 1974, une aide financière de l'ordre de $200,000 à une
vingtaine de media communautaires, sélectionnés selon les
principaux critères suivants :
Le regroupement des media communautaires au niveau régional et le
développement des structures permanentes de coordination et de
services;
La nature communautaire des projets soumis, au niveau des structures, du
fonctionnement, des contenus véhiculés et du financement;
Les indices de viabilité des projets (existence d'un plan
d'activités, implication dans le milieu et possibilités
d'autofinancement total ou partiel);
La possibilité pour le ministère de collaborer au niveau
des infrastructures techniques;
L'adaptation et la multiplication des media utilisés
(vidéo, TV communautaire, journaux, etc.).
Récemment, le ministère des Communications et le
ministère de l'Education ont accordé une aide financière
totale de $75,000 au Vidéographe Inc. de Montréal pour le
financement de la phase expérimentale du projet de
télévision communautaire de Saint-Jérôme. Ce projet
a pour but de vérifier les possibilités d'utilisation de la
télévision communautaire dans des endroits qui ne sont pas encore
desservis par des systèmes de câblodis-tribution. Des $75,000
accordés à la télévision communautaire de
Saint-Jérôme, $34,000 proviennent du ministère des
Communications et $41,000 du ministère de l'Education. En outre, $43,000
ont déjà été versés; le reste de cette aide
financière, soit $28,000, devant être ac- cordé à
partir du moment où la télévision communautaire de
Saint-Jérôme diffusera.
Il est évident que l'aide que nous apportons aux media
communautaires est sujette à des contestations de toutes sortes par des
milieux qui, sur le plan sociologique ou sociopolitique, sont opposés.
Nous en sommes tout à fait conscients, mais je pense que nous devons
quand même, malgré tout, assumer les responsabilités qui
nous incombent afin de permettre aux citoyens, qui sont suffisamment ouverts
dans leur communauté et qui le souhaitent, d'accéder à
l'utilisation des moyens modernes de communication pour s'exprimer.
Autrement, si nous nous replions en disant que les
télévisions communautaires, c'est uniquement bon à donner
des tribunes à des contestataires qui deviennent des contestataires
professionnels pour certaines personnes, à ce moment-là, je pense
que nous passons complètement à côté du
problème et que ce que nous voulons tous, je pense, corriger,
à savoir le statut de plus en plus consommateur du citoyen par rapport
aux communications les correctifs ne pourront pas être
apportés.
L'utilisation des media communautaires par les citoyens pose et posera
toujours des problèmes. Cela ne doit quand même pas nous faire
peur et nous devons, dans la mesure du possible, permettre à ces
expériences de se faire, être conscients qu'elles supposent des
marges d'erreurs, des marges de critiques quelquefois très importantes
pour la bonne et simple raison que nous donnons des équipements
complexes à des citoyens qui n'ont pas nécessairement la
formation professionnelle pour les assumer. Mais c'est quand même
si on compare cette aide technique qui est fournie par rapport à
l'ensemble du budget dépensé en éducation,
dépensé sous d'autres formes au gouvernement
extrêmement minime en termes d'investissements, en termes de
dépenses, mais cela peut être quand même très
important en termes de mise à jour, si vous voulez, de la participation
des citoyens dans les régions qui veulent avoir de la
télévision communautaire.
Je pourrai en parler plus longuement dans l'échange que nous
aurons cet après-midi sur ces questions. Il reste que, dans certaines
régions du Québec, cela va très bien; dans d'autres, cela
va moins bien et c'est le caractère même de ce nouveau moyen de
communication qui est à l'origine finalement de cette disparité
d'approche et d'attitude qu'ont les citoyens face aux media communautaires.
Programme 6: Régie des services publics. Au cours de 1973/74, la
juridiction de la régie en matière de communication, qui existe
depuis ses origines, s'est élargie, comme vous le savez, par la loi 35.
Je n'ai pas l'intention de reprendre ici le détail de cette
réglementation. Je souligne tout simplement que la régie, en
même temps qu'elle a vu s'élargir ses responsabilités en
matière de communication, s'est vu soustraire ce qui était
parfaitement logique les res-
ponsabilités qu'elle assumait en matière d'expropriation,
et on a formé à côté un tribunal des expropriations,
ce qui fait que, maintenant, la Régie des services publics est, à
toutes fins pratiques, un tribunal quasi judiciaire en matière de
communication.
La régie a tout d'abord procédé à
l'inventaire minutieux de l'industrie de la câblodistribution que
composent quelque 120 entreprises possédant plus de 130 réseaux.
Elle a reçu de chacune d'elles le rapport indiqué à la
loi, puis une requête en autorisation pour continuer l'exploitation de
son entreprise.
Sans retarder d'une seule semaine, en regard des délais
obligatoires, la régie a commencé, dès le 4 février
1974, une série de quelque 140 auditions publiques qu'elle tient en
autant d'endroits, parmi chaque collectivité desservie par la
câblodistribution.
Elle tient ses séances sur place afin de favoriser la
participation des citoyens intéressés et d'être
familière avec tous les éléments particuliers de chaque
groupe et de chaque entreprise. A ce jour, près de 100 causes ont
été entendues, dont les ordonnances devraient être
émises sous peu et cette série initiale de rencontres devrait se
terminer avant la fin de juin. Ainsi, chaque entreprise, prévoit-on,
pourra continuer ses activités en respectant dorénavant les
objectifs fixés par la loi du Québec.
Quant à l'Office de radio-télédiffusion du
Québec, le programme 7, Radio-Québec 1973/74, l'année qui
s'achève en a été une de grandes décisions de la
part du gouvernement du Québec à l'endroit de
Radio-Québec, décisions qui s'avèrent capitales dans
l'affirmation du rôle et des prérogatives de l'Etat
québécois en matière de communications.
Au cours de l'été dernier, le conseil des ministres a
autorisé Radio-Québec à mettre en route un vaste plan de
développement visant à doter, au fil des années,
l'ensemble du territoire québécois d'un réseau de
télévision à fins éducatives.
Dans les mois qui ont suivi, un arrêté en conseil a
désigné conjointement les ministres de l'Education et des
Communications comme juges de la conformité des documents à
être diffusés, entre autres, par Radio-Québec à une
définition de l'expression "émission éducative" que le
Québec s'est donnée. Par la même occasion, il a
confié au conseil d'administration de l'ORTQ la responsabilité
finale sur la programmation de l'office, assurant par là à
Radio-Québec, en précisant la loi 36 qui portait sur
Radio-Québec, une garantie absolue d'indépendance
vis-à-vis de toute forme de pression ou d'autorité politique
d'où qu'elle vienne. Ces décisions s'inscrivent dans la ligne de
la politique des communications instaurée il y a quatre ans et des
multiples déclarations que j'ai déjà faites sur
l'importance, pour le Québec, d'avoir son propre réseau de
télévision axé sur l'éducation populaire et civique
des citoyens, et libre de toute attache partisane.
Conformément à cette politique, Radio-Québec a
demandé au CRTC, mandataire du gouvernement central jusqu'à ce
jour pour l'adjudication des fréquences d'ondes hertziennes et le
respect des normes techniques internationales en cette matière,
l'autorisation d'exploiter des stations à Montréal, sur le canal
17, et à Québec, sur le canal 15, ainsi qu'un réseau de
micro-ondes entre ces deux villes.
Cette autorisation a été accordée le 4 avril
dernier et, il y a quelques jours à peine, des demandes de soumissions,
pour l'érection des deux antennes, étaient publiées dans
les journaux. Les stations seront en onde dans quelques mois, soit au
début de 1975, s'il n'y a pas de délai technique dans leur
implantation.
Entre-temps, Radio-Québec a étendu son réseau de
câblodistribution, qui couvrait déjà Montréal et
Québec, aux villes de Sherbrooke, Hull et Gatineau, pour un auditoire
potentiel de 870,000 personnes. Il a également porté de 14
à 21 heures le nombre d'heures hebdomadaires de diffusion.
Précisons à cet égard que 84 p.c. des émissions
diffusées étaient des productions de Radio-Québec
même, soit en première présentation, soit en reprise.
J'ai demandé qu'on ait disponible, pour ceux que cela
intéressait, un numéro de Télé-Clé qui est
la revue distribuée gratuitement par Radio-Québec et qui porte
sur la programmation de Radio-Québec, de même que les feuilles qui
sont diffusées par Radio-Québec sur sa programmation.
Cet effort d'éducation populaire par la télévision
n'a pas laissé dans l'ombre le second mandat de Radio-Québec qui
est de préparer des documents audio-visuels pour les ministères
et organismes gouvernementaux en matière éducative. Le
ministère de l'Education a fait appel à Radio-Québec pour
la production de 22 films, 36 audio-visions, 36 disques et bandes
d'audio-vision, 30 documents télévisés et trois
séries de diapositives. L'important programme de recyclage des
agriculteurs, qui dure maintenant depuis quatre ans, vient en tête de
liste de ces réalisations.
Cette imposante production demeure, toutefois, au-dessous des
prévisions qu'avait formulées l'ORTQ au début de
l'année. Un tel écart trouve son explication principalement dans
une grève qui a paralysé l'entreprise durant plus de quatre mois
et qui opposait la direction de Radio-Québec à 150 de ses 400
employés membres du Syndicat général des employés
de Radio-Québec, affilié à la CSN. Le litige portait
principalement sur la structure salariale et sur le droit de gérance
à l'égard du pigisme. Après de longues et délicates
négociations, parce qu'elles se situent vous vous en souviendrez
toujours en parallèle de négociations du même type
à Radio-Canada, celui-ci étant le gros employeur,
Radio-Québec étant le petit employeur, donc après de
longues et délicates négociations, une entente fut finalement
conclue à la satisfaction, je pense, des deux parties.
A ce chapitre, ajoutons que Radio-Québec a également
signé, au cours de l'année, une entente collective avec
l'Association des réalisateurs, et une convention collective avec
l'Association nationale des employés et techniciens en radiodiffusion.
Quant au conflit avec l'Union des artistes, qui dure maintenant depuis plus de
deux ans et qui se situe également en parallèle des relations de
l'Union des artistes avec Radio-Canada, il semble vouloir prendre une tournure
plus positive, suite à la reprise des négociations au cours des
dernières semaines.
Bref, 1973/74 fut pour Radio-Québec une année de rodage de
sa nouvelle mission de diffuseur et d'adaptation dans le domaine des relations
de travail.
L'année qui commence marquera la véritable entrée
du Québec dans l'univers des mass media et le début d'un
programme visant à rejoindre le plus tôt possible la majeure
partie des citoyens du Québec aux fins de télévision
éducative.
Un mot du programme de l'Office franco-Québécois pour la
jeunesse pour l'année 1973. L'Office franco-québécois pour
la jeunesse, en 1973, a connu une année de consolidation et, je pourrais
dire, de réflexion.
Il faut noter ici que l'année financière de l'office
débute le 1er janvier et se termine le 31 décembre parce que
c'est une année financière normalisée avec les exigences
budgétaires et administratives du gouvernement français. Donc,
l'office est un organisme composé d'un conseil d'administration, de
membres choisis également du côté français et
québécois et est administré à partir d'une entente
franco-québécoise, ce qui fait qu'il peut s'éloigner
quelquefois des méthodes françaises ou québécoises
de gestion, mais qu'il se retrouve dans un type de gestion approuvé par
les deux gouvernements avec la collaboration soit des Commissions de la fontion
publique, soit des éditeurs, etc.
D'abord, un volume constant de stagiaires. 1,477 Québécois
réalisèrent un voyage d'étude en France, alors que 1,347
Français vinrent au Québec au cours de la dernière
année. Ces nouveaux échanges portent à 8,727, à la
fin de 1973, le nombre de Québécois et à 8,745 le nombre
de Français qui, depuis 1968, participèrent aux différents
programmes de stages organisés et réalisés par l'Office
franco-québécois pour la jeunesse.
Malgré une demande et un intérêt toujours
croissants, l'office a cru nécessaire de maintenir son volume
d'échanges afin d'accroître la qualité et l'organisation de
ses stages.
Je voudrais souligner ici que l'office a intensifié la
représentation de tous les centres d'intérêts de la
jeunesse dans ses stages. L'office a tenté d'épouser le plus
fidèlement possible les centres d'intérêt des jeunes
engagés dans le développement du Québec en
réalisant des stages dans tous les secteurs d'activités.
Cette ouverture amorcée en 1970 s'est confirmée en 1973
par une représentation plus adéquate des jeunes
intéressés ou engagés dans le monde de l'industrie et la
technologie.
J'ai un certain nombre de données je pense qu'elles sont
disponibles dans le document qui vous a été distribué
qui illustrent l'importance accordée par l'office à chacun
des grands secteurs de la vie économique, sociale et culturelle.
C'est ainsi, par exemple, que de 1970 à 1973, les stages dans le
domaine économique sont passés de 34 p.c. à 40 p.c. Dans
le domaine de la mission sociale, de 11 p.c. qu'ils étaient en 1970, ils
sont passés à 10.2 p.c. en 1973. Dans le domaine éducatif
et culturel, ils se sont maintenus à 34 p.c.
Nous avions en 1970, beaucoup plus de stages de découverte
générale, d'information générale nous en
avions 21 p.c. et en 1973, ce nombre a été réduit
à 10 p.c, augmentant d'autant les stages à caractère
thématique.
Je tiens, cependant, à souligner, au sujet de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, qu'une représentation
plus adéquate des régions et des catégories
sous-professionnelles s'est effectuée au fur et à mesure des
années et plus particulièrement en 1973.
En 1973, l'office a rejoint les jeunes de toutes les régions et
de toutes les catégories sous-professionnelles du Québec en
s'efforçant de faire en sorte que les stagiaires soient, en fait, un
microcosme de la société québécoise. Les tableaux
qui vous sont également disponibles dans le document vous permettent de
le constater et vous avez des stagiaires qui viennent de toutes les
régions du Québec, comme vous en avez de toute origine
socio-professionnelle.
Les jeunes travailleurs. Nous avions, en 1970, 15 p.c. des stagiaires
qui étaient des jeunes travailleurs comme tels, des ouvriers, et nous en
avons 28.7 p.c. en 1973. Les techniciens étaient 27 p.c. en 1970, 28
p.c. en 1973. Les jeunes professionnels et administrateurs, 7 p.c. en 1970, 12
p.c. en 1973. Chez les enseignants et infirmiers, cela passe de 13 p.c, en
1970, à 16 p.c. en 1973. Les étudiants, qui étaient de 33
p.c. en 1970, ne sont maintenant que 26 p.c. de la clientèle totale de
l'office.
Il ne faut pas se scandaliser de voir le nombre d'étudiants
diminuer parmi les stagiaires de l'office parce que c'est
précisément un des principaux objectifs de l'office que d'offrir
des stages à des catégories de jeunes qui n'auraient pas
autrement accès à ce genre de moyen de formation, notamment par
le mécanisme de voyages d'étude et de bourses d'étude.
Nous tentons de rejoindre une clientèle qui n'a pas accès
à la masse assez considérable de voyages d'étude, de
bourses, etc, offerts à la jeunesse québécoise pour
rejoindre des jeunes qui sont déjà engagés sur le
marché du travail et dont l'âge moyen se situe entre 23 et 27
ans.
Vous me permettrez, M. le Président, dans une deuxième
partie, qui, j'espère, sera un peu plus courte que la première,
de dire très
brièvement quelles sont les orientations des programmes du
ministère des Communications pour l'exercice 1974/75, à partir
des mêmes programmes de préoccupation. Je voudrais d'abord
souligner que, jusqu'à maintenant, la plus grande proportion du budget
des Communications a été consacrée à la
consolidation des effectifs et que les crédits ont été
très largement liés à l'administration des services de
soutien fournis par le ministère. Donc, la téléphonie, la
polycopie, enfin tous les services de soutien ont pris la très grande
partie du budget.
A compter de l'exercice 1974/75, un rattrapage budgétaire doit
être réalisé en faveur du programme "Développement
des télécommunications". Je crois que, finalement, le rôle
premier du ministère des Communications est de fournir, bien sûr,
des services de soutien, mais de développer le plus rapidement possible
les expertises du gouvernement en matière de
télécommunications, ne serait-ce que pour pouvoir conseiller
adéquatement l'administration publique dans ses besoins en
matière de télécommunications et de pouvoir conseiller
adéquatement le gouvernement dans ses interventions quant au
développement rationnel des télécommunications au
Québec.
C'est une question qui est très importante et c'est en ce sens
que nous avons tenté d'axer les accroissements de crédits pour
1974/75. D'ici l'exercice 1976/77, le ministère fera porter ses efforts
sur la recherche en vue d'éclairer le mieux possible les interventions
qu'il est forcé d'avoir présentement et de préparer les
actions plus nombreuses et plus importantes qu'il devra mener à
l'avenir. Cette recherche ne sera certes pas de caractère fondamental ou
théorique. Elle constituera à faire la collecte des connaissances
existantes et la synthèse des travaux effectués, soit par
d'autres gouvernements, soit par des entreprises. Elle favorisera l'utilisation
des travaux réalisés au Québec et la mobilisation pour les
besoins pratiques du gouvernement des ressources humaines qui sont actuellement
abandonnées à leurs initiatives personnelles dans les
universités et dans les centres de recherche.
Nous allons essayer de faire ce pont entre les besoins de l'Etat et du
gouvernement en matière de recherche en communications et ceux qui sont
dans les universités dans les centres de recherche aptes à faire
de la recherche en matière de communications.
Les effectifs de l'ensemble du ministère connaîtront en
1974/75 un taux de croissance global de 12 p.c. passant de 726 à
816.
A l'analyse, on peut constater que les effectifs des programmes
rattachés au secteur des services de soutien, réseaux et
équipements gouvernementaux de communications, communications
gouvernementales et renseignements, édition gouvernementale, gestion
interne, demeurent à peu près stables, passant de 686 à
714 pour un taux de croissance de 4 p.c.
Par contre, les effectifs des programmes rattachés au secteur des
communications, Régie des services publics et développement des
télécommunications, connaissent des taux de croissance respectifs
de 156 p.c. et 153 p.c. Cela va de soi, parce qu'il n'y avait à peu
près personne qui travaillait là-dedans et dans la mesure
où vous avez dix personnes, si vous en ajoutez dix, cela fait
déjà 100 p.c.
La Régie des serivces publics voit ses effectifs passer de 25
à 64. Le programme de développement des
télécommunications, de 15 à 38. En chiffres absolus, il
est évident que les ressources humaines affectées au secteur des
communications demeurent relativement modestes mais, connaissant les
contraintes budgétaires inhérentes à l'allocation des
ressources, on est en mesure d'apprécier, je pense, jusqu'à quel
point les taux de croissance de cet ordre sont significatifs de la
volonté du ministère d'accorder à ce secteur une
priorité absolue. L'allocation des ressources financières
reflète également, comme nous allons le voir, cette même
volonté.
Quant aux crédits, les crédits bruts consentis en 1973/74
au ministère des Communications étaient de $34,819,000, incluant
les budgets supplémentaires en cours d'exercice.
En 1974/75, ces crédits seront de $43,503,000, ce qui
représente des crédits neufs de $8,683,000 et un taux de
croissance global de 25 p.c.
Les quatre programmes rattachés au secteur des services de
soutien voient leurs ressources augmentées de $2,800,000 passant de
$24,800,000 à $27,600,000. Cette augmentation de l'ordre de 11.3 p.c.
reflète, en outre de la hausse des coûts de facteurs de production
et des services loués, la croissance des besoins en services de soutien
de la part de l'ensemble des ministères et organismes gouvernementaux.
Egalement, quelque $250,000 seront consacrés à l'expansion et la
consolidation du réseau de bureaux Communication-Québec.
C'est le secteur communications qui connaît le plus fort taux de
croissance. La Régie des services publics voit ses crédits
augmentés de $500,000 à $1,100,000, soit dans une proportion,
encore une fois, de 126 p.c., alors que le programme Développement des
télécommunications passe de $746,000 à $1,300,000 pour un
taux de croissance de quelque 85 p.c. L'Office franco-québécois,
pour sa part, disposera en 1974/75 de crédits de près de $1
million. Il s'agit là d'une croissance de l'ordre de 12 p.c. et il est
à noter que le gouvernement français, de son côté,
accorde exactement la même croissance budgétaire à sa
contribution à l'office, les contributions québécoises et
françaises étant rigoureusement identiques dans cet
organisme.
Enfin, $12,300,000 sont consacrés à Radio-Québec en
1974/75, ce qui représente une augmentation de $4,500,000 sur l'exercice
1973/74 et un taux de croissance de 57 p.c. Tout le monde sait que ces
crédits neufs,
substantiels, sont essentiellement pour voir au développement des
antennes de Québec et de Montréal et de la programmation qui
devra s'y trouver.
Pour conclure le chapitre de l'allocation des ressources, on peut
résumer la démarche budgétaire de 1974/75 du
ministère des Communications de la façon suivante:
En 1973/74, $24 millions ou 71 p.c. des crédits étaient
consacrés au secteur des services de soutien; en 1974/75, $27 millions
sont consacrés à ce secteur, mais ces crédits ne
représentent plus que 64 p.c. par rapport à 71 p.c. du budget du
ministère.
En 1973/74, $9 millions ou 26 p.c. des crédits étaient
consacrés au secteur des communications et à Radio-Québec.
En 1974/75, $14,500,000 sont consacrés à ce secteur, mais ces
crédits représentent maintenant, par rapport à 26 p.c.
l'an dernier, 34 p.c. du budget du ministère.
J'ai, dans le document qui a été distribué, fait
état d'un certain nombre de programmes, de projets pour l'année
1974/75 et vous me permettrez de passer là-dessus. Alors qu'il s'agisse
de réseaux et équipements gouvernementaux, nous avons toute une
série de projets qui visent essentiellement à la normalisation
des équipements et à faire en sorte que le gouvernement, non
seulement soit un client plus intelligent et plus acceptable de réseaux
de communications et d'équipements de communications, mais puisse, le
plus rapidement possible, devenir le principal agent de cohérence et de
rationalisation dans le développement des
télécommunications au Québec.
Quant au programme 2: Communications gouvernementales et renseignements,
je l'ai mentionné tout à l'heure, les bureaux de
Communication-Québec continueront de se développer en 1974/75.
Nous allons faire porter nos efforts, suite aux résultats de
l'enquête qui est en cours, sur le développement de l'information
gouvernementale dans la région métropolitaine de Montréal.
Nous allons mettre en place le bureau dans la région administrative de
Sept-Iles et, dans la région administrative de Montréal, nous
aurons vraisemblablement deux bureaux satellites. Nous allons également
mettre sur pied un bureau de Communication-Québec à
Saint-Eustache aux fins de l'information adressée à tous ceux
qui, de près ou de loin, devront participer au développement
inhérent à l'implantation de l'aéroport de Mirabel.
Actuellement, c'est un problème assez aigu. Nous en avons saisi l'OPDQ
et nous en avons saisi tous ceux qui sont impliqués dans ce domaine.
L'aéroport va ouvrir ses portes, semble-t-il, en 1975 et il est à
ce jour extrêmement difficile de savoir quel est le potentiel de
développement pour ceux qui ne sont pas expropriés et qui
voudraient investir. Quelles sont les contraintes, quels sont les avantages,
quels sont les inconvénients? Ce bureau que nous mettons en place
devrait assez rapidement s'inscrire dans les programmes de l'OPDQ. Son
financement viendra en grande partie de là et c'est le point de
départ, je pense, d'une action plus cohérente du gouvernement
comme planificateur dans cette région, rôle qui a
été laissé de côté peut-être avec un
retard de quelques mois tout au moins.
Pour ce qui est d'Informatour, je vous en ai donné les
résultats pour 1973, nous continuons l'opération en 1974 dans le
même ordre de grandeur et dans le même esprit, nous visiterons les
centres commerciaux dans un grand nombre de villes au cours de 1974. Une
première partie de la tournée est déjà
complétée. Il reste deux phases à franchir dans cette
tournée et nous irons à Chicoutimi, Sept-Iles, Hauterive,
Rimouski, Sherbrooke, Laval, Tracy, Thetford, Saint-Hyacinthe, jusqu'au 30
juin, et ensuite, Montréal, Saint-Jean, etc. jusqu'au 12 novembre 1974,
le but étant toujours le même: le contact direct du citoyen avec
l'administration publique à partir de thèmes et de sujets qui
sont le résultat de l'analyse de la première tournée
d'Informatour.
C'est essentiellement ça qui nous a guidés dans le choix
des thèmes, en plus aussi du facteur de coopération qui nous
était offert par les ministères. Les ministères ne sont
pas tous également sensibles à l'importance de l'information du
citoyen; dans la mesure où ils le sont, nous travaillons avec eux, nous
essayons de les sensibiliser, mais nous travaillons d'abord avec ceux qui sont
plus ouverts à ces questions.
Quant à l'édition gouvernementale, je vais vous dire un
mot du projet de documentation québécoise dont on parle
déjà depuis un certain temps, la mise en place de ce projet qui
est essentiellement un concept plus qu'une structure, qu'une organisation, qui
est le concept de la vulgarisation des contenus de l'information administrative
pour le citoyen et également le concept de la mise à la
disposition des citoyens d'information factuelle sur le Québec pour lui
permettre de mieux connaître ses régions, les secteurs de
développement, les priorités, etc.
Ce concept devrait se concrétiser en 1974 dans la documentation
québécoise. Nous avons eu un certain nombre de problèmes
de recrutement de personnel compétent et ce recrutement est en cours
actuellement et le projet, compte tenu d'un retard d'environ un an dû
à toute une série de facteurs, je pense actuellement, est en
bonne voie de réalisation.
Au programme 4: Gestion interne et soutien, j'ai abordé tout
à l'heure sur ce programme la question des relations
fédérales-provinciales, j'en dis maintenant un mot. Pour
l'avenir, nous devons, à la fin de la semaine prochaine, avoir une
quatrième conférence interprovinciale en Colombie-Britannique
où les ministres responsables des Communications dans les provinces se
rencontreront afin de faire le point sur la dernière conférence
fédérale-provinciale et sur la prochaine. Nous aurions dû
avoir, en juin, fin juin probablement, la date n'ayant pas
été
fixée, une deuxième conférence
fédérale-provinciale, mais à cause des élections
fédérales, cette conférence n'aura pas lieu. Je ne veux
pas risquer de date, mais il est à présumer qu'elle devrait se
tenir à l'automne. C'est une question que nous aborderons en
Colombie-Britannique à l'occasion de la quatrième
conférence fédérale-provinciale. Le Québec a
l'intention de maintenir exactement les mêmes positions qu'il a prises et
qu'il a élaborées dans son document, Le Québec,
maître d'oeuvre des communications sur son territoire, de les expliquer
encore davantage aux différentes provinces et de faire en sorte que le
gouvernement fédéral et les provinces s'engagent le plus
rapidement possible dans une discussion sur le fond de ces questions.
Il ne s'agit pas là de discuter d'aménagement des
structures et des lois actuelles, il s'agit de savoir comment l'avenir peut
s'organiser et comment on peut répartir les responsabilités. Je
n'ai pas l'intention de m'étendre maintenant sur la marge de
succès ou la marge d'erreurs qu'on peut avoir dans ce domaine, elle est
ce que sont finalement les gouvernements et les gens qui y participent. Quant
à nous, du côté québécois, nous croyons avoir
franchi des étapes importantes au niveau de la perception positive
qu'ont maintenant plusieurs provinces de la politique québécoise
en matière de communication. Il reste à franchir l'étape
la plus importante, à savoir obtenir du gouvernement
fédéral, quel qu'il soit alors, un revirement de l'attitude
actuelle qui consiste à vouloir regrouper, au niveau des
autorités centrales, les centres de décision dans la mesure
où l'Etat doit intervenir, que ce soit l'Etat fédéral qui
intervienne, quitte à laisser aux provinces un rôle consultatif
élargi.
Alors que la position du Québec, appuyée par l'Ontario,
partagée en très grande partie par la Colombie-Britannique,
comprise de plus en plus par les provinces de l'Ouest et aussi, dans une
certaine mesure, par les provinces dites de l'Est, les provinces maritimes qui
sont beaucoup moins équipées en termes de potentiel humain pour
traiter de ces questions, nous croyons que la prochaine étape, c'est
d'en arriver à faire en sorte que le revirement se produise et que les
provinces aient gain de cause à savoir que l'essentiel des centres de
décision en matière de communication dans la mesure
où ils ne touchent qu'un territoire spécifique, celui d'une
province ou même d'une région doit être laissé
aux instances québécoises en ce qui nous concerne, que ce soit le
gouvernement, la Régie des services publics ou toute autre forme
d'institution que nous souhaitons. C'est la question fondamentale à
débattre dans une conférence fédérale-provinciale.
On aura beau discuter à savoir qui va faire quoi dans le détail,
ce n'est pas cela qui est le problème. Le problème est
fondamental et c'est celui-là qu'on va essayer de trancher.
Rapidement, pour ce qui est de Radio-
Québec, on pourra y revenir à l'occasion de l'étude
détaillée des crédits, mais encore comme je l'ai dit,
1974/75, implantation de deux antennes et analyse, par Radio-Québec, de
la façon dont peut se poursuivre le développement de
Radio-Québec. Et sur ce point, il est évident que
Radio-Québec devra travailler en très étroite
collaboration avec les différents milieux de clientèle à
desservir.
Radio-Québec ne peut pas s'implanter comme
télévision traditionnelle. Radio-Québec doit tenir compte
de ses clientèles et des populations à desservir. Et si, pour
Québec et Montréal, il est, à toutes fins pratiques,
évident que Radio-Québec doit gérer deux antennes, une
à Québec et une à Montréal, il est possible que
dans d'autres régions du Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, ou
la Gaspésie, ou le Nord-Ouest, suivant le désir des populations,
suivant les équipements en place, il est possible que l'on retrouve
d'autres formes d'implantation d'antennes éducatives, et que ce ne soit
pas nécessairement Radio-Québec qui allonge, si vous voulez, ses
antennes gérées et administrées par elle, jusque dans ces
régions, mais il est possible de voir naître, dans ces
régions, une antenne régionale administrée
régionalement, à des fins éducatives, qui se greffera,
aussi souvent qu'elle le souhaitera, aussi souvent que ce sera possible, aussi
souvent que ce sera nécessaire, au réseau de Radio-Québec
et vice versa. C'est tout cela que sera ou que pourra être le
développement de Radio-Québec au cours de la prochaine
année, en termes d'étude.
Pour ce qui est de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse, c'est une année, comme je l'ai dit, de consolidation. L'office
fera un certain nombre d'expériences en 1974; le rythme
d'échanges devrait se maintenir à environ 1,500 de chaque
côté. Nous allons continuer de maintenir la priorité face
aux jeunes travailleurs peu scolarisés et nous allons proposer, en 1974,
au conseil d'administration un certain nombre de stages expérimentaux
pour les travailleurs encore moins scolarisés, sur une plus courte
période, par exemple, parce qu'on s'est rendu compte que souvent, trois
semaines, c'était difficile à obtenir pour un travailleur dont le
salaire moyen est de $4,800, $5,000 ou $5,500 par année, d'autant plus
que ces travailleurs doivent défrayer une partie du stage.
C'est ainsi que nous allons continuer, à l'office, de tenter de
faire coller l'organisme sur le milieu. En 1974, des agriculteurs, animateurs
de structures syndicales de l'UPA, seront intégrés dans les
structures d'un syndicat d'agriculteurs français, afin d'étudier
les problèmes de la collaboration interorganismes dans le
développement régional. C'est donc assez
spécialisé. Vous pouvez, à la lecture du journal de
l'office qui s'appelle Le Stagiaire, être passablement au fait du
développement de l'orientation de l'office. Je pense que de tous les
organismes de coopération franco-québécois, c'est
certainement un de ceux actuellement qui font peut-
être le moins de bruit, bien sûr, mais qui fournit,
année après année, en volume comme en qualité,
probablement les meilleurs résultats concrets. Quand on songe
qu'à ce jour 10,000 Québécois sont partis en France par
l'office, 10,000 Français sont venus au Québec pour des stages
d'une durée de trois semaines, en moyenne, rarement moins et rarement
plus, c'est quand même un actif et quand on songe, en plus, que de ces
10,000 stagiaires québécois, près de 70 p.c, dans la
moyenne d'une année sur l'autre, sont des jeunes impliqués sur le
marché du travail, je pense que, si l'on veut parler d'une
coopération utile et non pas d'une coopération de prestige entre
la France et le Québec, on a peut-être là l'exemple d'une
telle coopération.
D'autant plus que les thèmes de stage, que les sujets de voyage
sont déterminés, dans leurs grandes lignes, bien sûr, par
un conseil d'administration, mais, dans leurs détails, le choix du
stage, la nature du stage, l'objectif, sont déterminés par la
clientèle de l'office, c'est-à-dire des projets qui sont soumis
par des jeunes eux-mêmes, qui sont approuvés par l'office dans le
cadre général des proportions établies par le conseil
d'administration, ce qui fait en sorte que ce sont les jeunes qui
décident du stage qu'ils veulent faire et qui décident des points
d'observation qu'ils veulent avoir d'un côté comme de l'autre.
M. le Président, voilà brièvement le bilan et
quelques notes sur les perspectives du développement du ministère
des Communications pour 1973/74 et 1974/75. Nous n'avons pas, bien sûr,
à entrer, à ce moment-ci, dans plus de détails. Je
souhaite cependant que l'étude des crédits soit l'occasion pour
les membres de la commission de percevoir, s'ils ne l'ont pas
déjà fait et comme l'ont fait les gens, dans les
régions, que nous avons rencontrés l'importance de
l'ensemble du bloc communications dans presque finalement tous les aspects du
développement de la collectivité québécoise, tant
dans son développement économique et social que dans son
développement culturel. Nous allons aborder, très prochainement,
semble-t-il, à l'Assemblée nationale, l'étude de la
politique linguistique. Je me permettrai, à ce moment-là, de
faire valoir l'importance du secteur communications, comme
élément ou de détérioration et d'aliénation
ou de maintien et de développement de la culture, parce que, et je
terminerai là-dessus, si on peut parler de langue d'enseignement
et c'est normal qu'on en parle, c'est très important de langue de
travail, on peut aussi regarder un certain nombre de données et
statistiques que j'ai soulignées dans chacune des régions et qui
frappent, au moins à première vue, et ensuite les
décanter.
Mais la langue d'enseignement touche, en gros, 1,800,000 ou 2 millions
de jeunes Québécois pendant 25 heures, 28 heures ou 30 heures par
semaine. La langue de travail touche 2,200,000, 2,300,000, peut-être
2,500,000 Québécois, en dehors de leur milieu familial, donc sur
leur lieu de travail pendant 35 heures à 45 heures par semaine. Mais la
langue de communication, la langue de la radio et de la
télévision, en volume et en qualité, touche la
totalité des six millions de Québécois, en moyenne,
à la télévision uniquement, entre 22 heures et 25 heures
par semaine. C'est tout le monde qui est touché par cela. Je pense que
nous avons tenté, dans la réglementation sur le câble, de
déjà intervenir sur le plan linguistique de ce
côté-là. Cela devrait souligner, en tout cas, l'importance
que nous attachons au dossier fédéral-provincial qui nous permet,
si nous obtenons gain de cause, d'adapter les moyens de communication à
des besoins et à des priorités québécoises, alors
que, de son côté, le gouvernement fédéral, par
définition et cela est reconnu par la presque totalité des
provinces est obligé d'avoir des règles, des normes et il
s'est obligé à le faire, ce n'est pas nécessairement
inhérent au système fédéral, également et
presque identiquement applicables àl'ensemble du territoire. Ce qui fait
qu'une chose peut être bonne pour la majorité canadienne, en
matière de radio et de télévision et la même chose,
appliquée suivant les mêmes bases et les mêmes
critères, mauvaise pour la collectivité québécoise.
C'est un des facteurs principaux des revendications que nous avons dans ce
domaine pour essayer de briser cette uniformité d'intervention et
d'adapter les communications au territoire du Québec.
J'ai donné aussi et je termine là-dessus
l'exemple du développement de la radio et de la télévision
au Québec par raport au reste du Canada. On constate que, sur
l'île de Montréal faisons abstraction, pour les fins de
l'exemple, pour le rendre un peu plus percutant, de la ville de Laval où
vous avez FM Laval qui est perçue, bien sûr, à
Montréal vous avez actuellement plus de stations AM en anglais
qu'en français. Le rapport est de six en anglais et de cinq en
français; pour la radio FM, c'est de quatre, si ma mémoire est
exacte, en anglais et de trois en français. Pour la
télévision, c'est deux-deux. Avec le nouveau réseau qui
n'est pas en place, mais qui a été approuvé, ce sera trois
en français, deux en anglais. Si vous ajoutez le câble aux 35 p.c.
de Montréalais qui y ont accès, les choix en anglais augmentent
considérablement bien qu'ils ne soient pas diminués en
français.
Il y a donc, dans les moyens de communication de masse vers le citoyen,
en plus de tous les autres facteurs qu'on peut mentionner, une surcharge assez
considérable sur le plan des disponibilités linguistiques. Au
bout du compte, il y aura un choix à faire pour le citoyen qui peut
regarder tel ou tel canal, mais finalement c'est son environnement qui est
surchargé d'une langue et d'une culture qui n'est pas la sienne au
départ.
C'est ce que j'essaierai de situer dans le contexte du débat sur
la langue. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je remercie M. le ministre du bilan qu'il
vient de présenter. Cela aidera, sans doute, à éclairer
les membres de la commission sur les activités du ministère.
Avant de céder la parole au député de
Saint-Jacques, je veux mentionner que la commission siégera
jusqu'à treize heures, pour reprendre cet après-midi,
après la période des questions, vers quatre heures.
M. le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Merci, M. le Président.
La première chose que je veux dire, c'est pour corroborer ce que
vous venez de mentionner. Effectivement, le ministre n'a pas à regretter
d'avoir pris autant de temps, je dois dire, puisque c'est quelque chose que la
plupart des ministres devraient faire. Je crois que seul le ministre des
Communications c'est la deuxième fois que je l'entends le faire
a cette façon de procéder lorsqu'il ouvre l'étude
des crédits, en particulier nous doter de ce texte qu'il a eu la
gentillesse de nous faire parvenir à l'avance et qui, très
certainement, si nos débats, avant d'entamer l'étude
élément par élément, seront plus longs, plus
considérables... Le ministre lui-même a laissé beaucoup
d'ouvertures en touchant à peu près à l'ensemble des
sujets des communications. On y gagne très certainement dans
l'étude détaillée des crédits, ce que vous
admettrez avec moi, qui est peut-être la partie la plus fastidieuse de
notre travail. Ce qui fait que j'aime autant, moi, comme le ministre a
semblé donner le ton lui-même, qu'on ait un débat de fond,
je dirais, ou de politique générale à longueur
indéterminée, pour qu'ensuite l'adoption des programmes
"déboule", comme on dit, d'une façon assez rapide, puisque nous
aurons touché l'ensemble des politiques générales du
ministère.
M. le Président, je ne suis pas fâché, non plus, que
le ministre ait terminé son allocution en faisant allusion à
l'important projet de loi que nous attendons cet après-midi ou demain,
j'espère que ce sera cet après-midi. C'est évidemment un
projet de loi dont j'aurai la responsabilité, pour l'Opposition,
d'assumer la critique. Je sens un poids assez considérable sur mes
épaules, mais je ne suis pas fâché que le début de
ce débat coincide avec l'étude des crédits du
ministère des Communications. J'ai aimé la façon dont le
ministre a terminé également. Voilà probablement un des
secteurs où ce que nous essaierons de défendre je n'aime
pas l'expression, mais c'est littéralement ce que nous devrons faire
dans l'étude du projet de loi sur la langue est une culture dans
son expression la plus minimale, c'est-à-dire la langue elle-même.
Il faut que nous obtenions au départ une dimension beaucoup plus large
de la culture, je dirais une dimension beaucoup plus dynamique, beaucoup plus
ouverte, beaucoup plus en progrès, et qui peut être, d'une
certaine façon, un appui considérable aux positions et je
reprends mon expression de tout à l'heure de défense et de
repli que nous aurons à prendre lorsque nous traiterons de la langue
d'enseignement ou de la langue de l'économie ou des autres domaines
connexes, mais à plus proprement parler, linguistiques.
Le domaine dont le député de Deux-Montagnes a la
responsabilité d'assumer la direction au Conseil exécutif depuis
maintenant, je crois qu'il en est à sa cinquième année,
est un domaine privilégié par quelques-uns et complètement
ignoré par d'autres. Cette espèce de deux poids deux mesures est,
à la longue, je crois, nuisible, non seulement au secteur qu'a à
assumer le député de Deux-Montagnes, mais aussi au
développement du Québec. Je dirais que quelqu'un qui est
sensibilisé au domaine des communications, à son importance, et
surtout, ce qui est le plus fascinant dans ce domaine, au potentiel d'avenir
que l'on sent à l'arrière aussitôt qu'on commence à
lire un peu, à se documenter un peu dans ce domaine, toutes les portes
qui s'ouvrent, et le goût nécessaire que les
Québécois doivent avoir d'ouvrir eux-mêmes ces portes... Si
ce sont d'autres qui ouvrent les portes avant nous, il vont entrer les
premiers. C'est celui qui ouvre la porte qui entre le premier. Ce potentiel
d'avenir que l'on sent dans le domaine des communications, quand on y est
sensibilisé, on en devient des porte-étendards, des porte-parole,
presque des fanatiques. J'ai été très peu surpris
d'entendre de la bouche même du ministre, tout à l'heure, le
ministre qui disait que, dans sa tournée dans le cadre de
l'opération prospective, qu'a menée le ministère, alors
que, sur le terrain, avec les gens vivant dans le domaine des communications
dans toutes les grandes villes du Québec, il avait à expliquer
l'attitude que le Québec avait prise dans sa position vis-à-vis
du gouvernement central, il disait avoir senti je pense reprendre son
expression un grand courant de sympathie vis-à-vis de la position
québécoise.
C'est fort compréhensible. Aussitôt qu'on devient
initié au domaine des communications je vous prie de me croire, M.
le Président, je suis vraiment de ceux qui sont à l'étape
de l'initiation, car il n'y a pas longtemps que j'ai la responsabilité
de ce dossier pour l'Opposition on devient des gens qui, là plus
qu'ailleurs, d'autres là comme ailleurs, vont exiger la mainmise du
Québec sur ce domaine tellement on sent que c'est comme mettre la main
sur un puits de pétrole ou sur un gisement d'or. C'est pour les
collectivités un outil indispensable qu'elles doivent maintenir.
D'ailleurs, dans la préparation des crédits, puisque je
devais m'initier et me documenter là-dessus, j'ai eu très
généreusement la collaboration du ministre j'ai
trouvé un document. Je n'ai pas envie de vous lire des archives, ce
document est vieux, il date d'un autre gouvernement. Il ne devrait pas affoler
le ministre au sujet des fuites gouvernementales, car ce document date de
l'Union Nationale et
de l'époque où l'on préparait le ministère
des Communications, c'est-à-dire où des gens militaient à
sa création, essayaient de convaincre les autorités
gouvernementales. Dieu sait que le gouvernement de l'époque en
était un dur d'oreille dans le domaine qui touchait l'avenir. Je
retrouve dans ce texte un seul paragraphe qui me semble de ton à
l'ouverture de l'étude des crédits du ministère des
Communications pour rappeler un peu l'importance qu'on y mettra.
Evidemment, c'est un document pro domo, un document pour une cause,
très militant, peut-être avec beaucoup d'insistance, mais je ne
crois pas que l'on travestisse la réalité et la
vérité.
On dit ceci: "Contrôler les communications, c'est pour un Etat
être maître de l'oxygène de la nation. C'est pouvoir
s'exprimer, exprimer ce que l'on est, ce que l'on veut, à qui l'on veut,
comme on le veut, quand on le veut, selon sa propre personnalité
collective et c'est aussi recevoir chez soi qui l'on désire et ne pas se
laisser investir contre son gré, ni subir malgré soi les
pressions aliénantes de tous ses voisins qui peuvent quand même
être des amis. C'est se comporter en adultes".
Si j'ai pris la peine de le citer, c'est que je pense que ce texte
reflète, à la base, la position du parti de l'Opposition que je
représente, quant à l'importance que nous accordons au domaine
que dirige le député de Deux-Montagnes, ministre des
Communications.
Pour ma part, je suis étranger un peu, encore, au domaine,
même si je le serai pour peu de temps, et les remarques que j'aurai
à faire au cours du débat et de l'étude des
crédits, élément par élément, seront
marquées encore du fait que cela sera plutôt par un observateur de
l'extérieur que par quelqu'un qui connaît le réseau ou
encore le régime, le système à fond. Je ne m'en veux pas
d'avoir encore ce côté de l'extérieur parce que je
considère utile qu'on le fasse de temps à autre.
Si je suis encore de l'extérieur, c'est bien sûr parce que
j'ai d'autres tâches à assumer, mais c'est aussi une question de
choix. Mon intérêt pour les communications n'est pas propre
à ma génération, mais a ceci de particulier que je pense
que la génération à laquelle j'appartiens est, de toutes
les générations successives des Québécois,
probablement celle qui a été le plus marquée par le
phénomène des communications, la présence des
communications.
Je n'allais pas encore à l'école que la
télévision commençait déjà dans le foyer
à apporter une ouverture ou, dans d'autres cas, une diminution de
l'ouverture, mais contribuait à l'épanouissement dont nous sommes
maintenant responsables à assumer tellement ce phénomène a
pris des proportions considérables depuis cette lointaine époque
dont je vous parlais.
Mais mon intérêt aussi pour le ministère des
Communications vient du fait que j'entrerai dans le vif du débat
ce ministère nous apparaît, depuis quelques années,
comme étant un peu un survivant.
C'est assez curieux à dire parce qu'il n'est pas vieux comme
ministère, même s'il a un accroissement budgétaire assez
remarquable pour l'année. Et comme l'a souligné le ministre des
Communications, cet accroissement porte dans le domaine du développement
des télécommunications plus qu'ailleurs, ce qui devrait
accélérer la croissance et la place qu'occupera sur
l'échiquier politique le ministère des Communications, sans aucun
doute. Quand je dis "survivant", M. le Président, c'est qu'il semble, vu
de l'extérieur, encore une fois, et même vu de l'intérieur,
j'en ai bien l'opinion, un des rares ministères du gouvernement actuel
à défendre ce genre de position.
Il n'y a pas tellement longtemps, les Québécois avaient un
gouvernement il y a à peine quatre ou cinq ans dont la
ligne de conduite et la ligne de force, qu'on soit d'accord avec la
façon qu'il le faisait ou non, qu'on juge ces méthodes
dépassées ou non dépassées, là n'est pas le
débat, nous avions, comme Québécois, depuis longtemps,
depuis à peu près toujours quels qu'aient
été les partis alternant d'ailleurs à la direction du
Québec, celui qui occupe encore le gouvernement ou celui qui est
maintenant défunt, peu importe un gouvernement qui avait comme
attitude générale la défense de l'autonomie des
Québécois dans tous les domaines dont chacun des ministres avait
à assumer la responsabilité. Dans chacun des endroits, il
s'agissait de mettre à l'avant cette revendication
québécoise, qui existe depuis que les Québécois
existent, de diriger leurs propres affaires eux-mêmes.
Bien sûr, l'échiquier politique a changé. Ceux qui
s'accordaient à vouloir défendre en politique cette position
d'autonomie des Québécois ont évolué avec le
Québec, je dirais, et ne parlent plus d'autonomie, mais bien plus
carrément maintenant d'indépendance et de souveraineté.
D'autre part, ceux qui sont satisfaits du régime actuel ont mis en
sourdine, parfois même donnent l'impression d'avoir complètement
éteint les revendications du Québec auxquelles on était
habitué, pour plutôt mettre à l'avant la satisfaction
qu'ils ont du régime actuel. Nous en sommes maintenant dans cette
décennie 1970/80 à l'affrontement décisif du
Québec, je crois. D'ici une dizaine d'années, le Québec
devra retrancher la question une fois pour toutes, sans possibilité de
revenir sur la décision. Mais on n'est plus à l'époque
d'une unanimité quant à des revendications autonomistes. Cette
époque est révolue. On est pour l'affirmation totale ou on est
pour la satisfaction avec, bien sûr, un minimum d'aménagement pour
les Québécois qui laissent la majorité des pouvoirs aux
mains d'un autre groupe.
Dans cette nouvelle situation, le ministère des Communications
apparaît, de temps à autre, comme une exception. Je ne le fais pas
porter à la personnalité du ministre même, pas du tout, ni
du genre de revendication que mène le ministère des
Communications, le genre de
politique, aussi bien interne au Québec, dans le
développement de ses télécommunications, dans tous ces
organismes qu'a énumérés le ministre, que sur le front
constitutionnel où il semble être un des derniers
ministères québécois à mener une bataille, je
dirais, du style et de l'essence que les Québécois ont toujours
mené, celui qui vise à leur promotion et à leur
affirmation souveraine. Nous entrerons tantôt dans les discussions de
détails quant aux recommandations du ministre dans le livre
déposé à la conférence
fédérale-provinciale, mais je dis que ce qu'on exige
là-dedans, à moins de forcer les mots, c'est une
souveraineté du Québec dans le domaine des communications.
Le même raisonnement, je le poursuis pour tous les autres
domaines, c'est la seule différence que je puisse avoir avec le ministre
actuellement. M. le Président, j'ai déjà dit au ministre
en Chambre au moment où il nous invitait l'année
dernière à adopter un budget supplémentaire, pendant cette
nouvelle Législature lorsque je le vois batailler ferme,
malheureusement, avec un autre Québécois qui dirige le
ministère fédéral des Communications, autant je peux me
sentir d'accord non seulement personnellement, mais aussi le parti que
je représente, et j'ai bien l'impression, les membres et les militants
de ce parti, les sympathisants de ce parti, les électeurs de ce parti
autant je me demande si, lui et moi, nous ne sommes pas en même
temps dupes d'une certaine situation.
Je me suis demandé et je me demande encore et je n'ai
aucunement l'intention de cacher ce débat au moment où on entame
l'étude des crédits du ministère si le
député des Deux-Montagnes n'est pas, en quelque sorte, la caution
nationaliste de ce gouvernement. On ne peut pas gouverner au Québec sans
vouloir l'affirmation des Québécois. On ne peut pas gouverner au
Québec sans s'ouvrir les yeux sur la situation de dépendance
qu'ont les Québécois. On ne peut pas être
Québécois, à mon avis, sans avoir envie de mettre fin
à cette dépendance.
Si cela a été à une époque la marque
entière d'un gouvernement, il semble qu'aujourd'hui c'est pièce
par pièce, morceau par morceau que cette défense se fait. A
travers certaines défaites, comme des pissenlits poussent certaines
victoires, cela semble être la stratégie générale de
l'affirmation du Québec menée par ce gouvernement.
Je me suis posé cette question un certain moment, alors que les
décisions économiques du gouvernement central affluent dans le
désintérêt des Québécois, au point que des
collègues qui assument la mission économique du gouvernement de
ce même ministre ont à s'adapter à des décisions
qu'ils n'ont aucun moyen de contrôler. Je pense au ministre de
l'Industrie et du Commerce, je pense au ministre des Finances, je pense au
ministre du Revenu, quand, par exemple, suite à des aménagements
administratifs, les revendications québécoises doivent se
terminer dans le cul-de-sac, comme se terminent les aménagements dans le
domaine des Affaires sociales. Alors que, sur tous les fronts,
s'éteignent les revendications québécoises, je me demande
si on ne se sert pas du ministre des Communications pour être le dernier
des Mohicans, le survivant d'une époque d'équipe
québécoise où on ne revendiquait rien de moins,
probablement à cause de l'importance du domaine dont il a assumé
la direction au nom des Québécois, que la souveraineté
dans ce domaine. On ne recule pas.
M. le Président, cette position québécoise, le
ministre l'a défendue à plusieurs reprises depuis qu'il est
là je n'ai pas à dire défendu, puisqu'il avait
l'appui des partis d'Opposition il l'a expliquée à cette
même table au cours des séances antécédentes
d'étude des crédits du ministère des Communications. Il
l'a fait également en Chambre lorsque nous avons discuté chacun
des domaines. Il l'a fait également de façon très
concrète dans le projet de réglementation sur la
câblodistribution que cette même commission a étudié
lors de la précédente Législature, juste avant les
élections.
Il l'a fait encore mieux, je dirais de façon encore plus claire,
dans ce document auquel il nous invitait à nous référer
tout à l'heure: "Le Québec, maître d'oeuvre de la politique
des communications sur son territoire". Le titre ne peut pas être plus
clair. C'est en français, c'est dans la langue officielle du
Québec, et cela devait se rendre jusqu'à la table
fédérale pour être déposé et parler au nom de
l'ensemble des Québécois. J'avais évidemment pris
connaissance de ce document au moment où il a été
rédigé, au moment où il a été
déposé. Je l'ai relu au cours de la semaine dernière au
moment où je croyais que l'étude des crédits des
Communications allait débuter plus rapidement que ce matin. Je l'ai relu
une dernière fois pour reprendre un peu le sens des positions
québécoises, voir comment on le défend. Je voudrais vous
donner ce sera peut-être ma contribution de départ à
ce débat mon opinion qui, je pense, reflète celle de mon
parti c'est pour cela que je la donne sur ce document. Ce
document est bien fait, techniquement d'abord, je dois le souligner à
l'honneur de l'Editeur officiel, mais politiquement aussi, il est habile, il
est parsemé de citations d'anciens premiers ministres
québécois, ce qui n'est jamais inutile lorsqu'on prétend
parler au nom de six millions d'individus, c'est-à-dire d'aller chercher
des gens qui, à un moment ou à un autre, ont dirigé les
destinées de ces citoyens.
Il est aussi parsemé de citations de ministres provinciaux qui
appuient, certains de façon ambiguë, d'autres de façon
claire, comme ce ministre Carton qui était ministre des Transports et
des Communications de l'Ontario et qu'a cité à nouveau le
ministre des Communications ce matin. Donc, qui constitue certainement, dans un
dossier, une preuve à l'appui de la position qu'on entend
défendre dans les
dernières pages de façon plus précise et,
d'ailleurs, bien construit dans un autre sens. C'est qu'après avoir
véhiculé des termes fort généraux qui vont chercher
le consensus d'à peu près tout le monde, la spirale prend son jeu
et ça se termine de façon très abrupte, au moment
où on réclame de façon très claire, comme les
gouvernements québécois avaient l'habitude de le faire, ce qu'on
revendique point par point dans le domaine des communications. C'est
probablement la partie que Gérard Pelletier a trouvé la moins
drôle, mais je dois dire que tout l'ensemble de la constitution du
document est bien fait et explique clairement, comme le dit le ministre,
pourquoi et comment on entend devenir le maître d'oeuvre de la politique
des communications, chez nous, au Québec.
Mais, en même temps, je ne peux pas lire un document semblable
sans ressentir un drôle de malaise. C'est peut-être que je suis
trop dedans, c'est peut-être à cause de la place et du
métier que j'occupe à force d'être, comme on dit,
dans la forêt, on finit par ne plus voir les arbres mais je suis
tanné et j'ai l'impression que bien des Québécois sont
tannés également. Dans un domaine aussi vital je fais
encore appel à la citation que je vous donnais tantôt
être obligés de faire ce strip-tease intellectuel devant les
fédéraux chaque fois, de remonter à 1760 et être
obligés de faire les preuves, citations à l'appui, documentation
à l'appui, sociologues à l'appui, anthropologues à
l'appui, que nous sommes un peuple différent et qui, dans ce sens, doit
vivre différemment, qui n'est pas meilleur, n'est pas pire que les
autres. Il est différent et, en ce sens, sa différence exige
qu'il ait la complète mainmise sur ce secteur vital des communications,
qu'il se comporte en adulte, comme le disait la citation de tantôt. Il
n'y a pas un adulte qui se respecte, qui peut entendre de faire des sparages
comme ce document en est rempli pour prouver qu'il est un adulte.
On en est rendu à faire état de nos chansonniers qui
véhiculent quelque chose qui nous est propre. Mais c'est à un
Québécois qu'on parle, c'est à Gérard Pelletier
qu'on parle. Il doit comprendre ça, Gérard Pelletier. Il a
déjà été à une époque, jusqu'à
la fin des années cinquante, certainement un des hommes qui percevaient
le mieux le Québec. Son évolution s'est arrêtée
parce que, probablement, il a trop lutté contre un système, le
système duplessiste de l'époque. Il est resté
marqué, Trudeau aussi d'ailleurs, comme les autres, est resté
marqué par cette époque et continue à analyser la
société québécoise un peu avec les schèmes
de cette époque. Autant ils étaient d'avant-garde à une
époque, autant maintenant le Québec s'est tellement
transformé qu'ils deviennent complètement inadaptés
lorsqu'il s'agit de saisir la réalité québécoise.
Je pense encore au thème que mon parti développe souvent quand on
dit: Gaspillage d'énergie dans ce système fédéral.
Est-ce que cela n'est pas du gaspillage d'énergie? Non, me dira le
ministre, puisqu'il s'agit de reprendre en main, pour le Québec, un
domaine au sujet duquel l'Opposition est d'accord pour dire qu'il faut en avoir
la complète souveraineté. Mais oui, quand il faut revenir et
revenir et revenir à la charge, sans jamais obtenir cette
complète souveraineté dans le domaine. Quand, document
après document, il faut encore faire cette espèce j'ai
employé l'expression tantôt de strip-tease de mise à
nu de l'âme québécoise, pour venir à bout de
prouver, de dire: Maintenant que vous voyez que nous avons une langue
différente, une culture différente, une façon
différente de vivre, comprenez-vous maintenant pourquoi nous exigeons
que ce secteur des communications, à partir duquel cette culture que
nous avons mise à nu devant vous, nous avons besoin de le
contrôler pour pouvoir continuer à le développer?
C'est à se demander, à certaines occasions, quand je
regarde ces documents, si l'a b c n'est pas continuellement à reprendre,
en fin de compte si ce n'est pas une des conséquences les plus
malheureuses de l'affaiblissement politique des Québécois dans le
système dans lequel on vit, d'être constamment obligés de
revenir à des gens avec qui nous sommes censés être des
partenaires depuis 107 ans, pour leur rappeler que nous sommes là, que
nous existons, pour leur dire que le Québec s'est
développé; jamais je ne croirai qu'ils ne s'en sont pas
aperçus depuis tout ce temps que nous nous sommes
développés.
Je sais bien, quand je disais que le ministre parle à un
Québécois, que j'exagérais. Certainement Gérard
Pelletier est encore, que je sache, un Québécois, il a même
dit que si jamais le Québec faisait son indépendance, il allait
demeurer Québécois et revenir au Québec. Grand bien lui
fasse à Gérard Pelletier.
Je ne reproche pas au ministre de parler à... c'est à
toute la technocratie fédérale qui est à l'arrière,
à tous ces pouvoirs fédéraux qui sont à
l'arrière et dont M. Gérard Pelletier n'est, en fin de compte,
que le porte-étendard qui peut être largement balayé comme
les francophones l'ont constamment été dans ce gouvernement
où, 74 sur 265, nous ne serons jamais une majorité là-bas,
quels que soient les postes qu'occupent les francophones dans cette structure.
Lorsque la situation devient chaude et devient serrée, ce sont les gens
d'en arrière qui parlent et les porte-étendard francophones
reprennent leur place, comme M. Jean Marchand l'a appris au détriment
d'élections de 1972, comme M. Gérard Pelletier lui-même l'a
appris en perdant le secrétariat d'Etat et comme un autre pourra
l'apprendre prochainement si jamais la leçon ne lui a pas servi de se
faire battre dans neuf provinces sur dix en 1972.
Lorsque la situation devient tendue, les anglophones du Canada ont un
réflexe que nous-mêmes, M. le Président, nous aurions, soit
de placer un des leurs à la direction de leurs affaires et de ne pas
courir de risque. Nous faisons la même chose au Québec, ce
sera
toujours un des nôtres qui dirigera le Québec, je
l'espère. Mais quand le ministre gaspille de l'énergie à
rédiger des documents semblables, c'est qu'il s'adresse aux
véritables tenants du pouvoir fédéral à
l'arrière. Parce que qu'advient-il par la suite? Voilà que nous
sommes confirmés dans nos positions.
Je n'ai pas encore entendu le député de Rouyn-Noranda,
mais je sais que son parti avait, auparavant, appuyé largement les
positions du gouvernement québécois. C'est donc dire, sans
présumer de son intervention de tout à l'heure, que c'est
l'unanimité de l'Assemblée nationale qu'a avec lui le ministre
des Communications.
Et pourtant, M. le Président, malgré cette
unanimité des élus du peuple québécois à
Québec, on est encore obligé de plaider notre originalité,
nous ne sommes pas comme les autres, nous ne sommes pas meilleurs ni pires que
les autres, nous sommes simplement différents et il faut encore faire un
strip-tease pour faire comprendre à la technocratie
fédérale, que nous, ce n'est pas des "peanuts", qu'on ne dit pas
ça pour la frime, comme on dit, que c'est fini cette époque de
tapage sur les bureaux pour le plaisir de revenir et dire "Je leur ai dit
à Ottawa", mais de revenir les mains vides. Non, c'est parce que l'on
parle un langage moderne, un langage de 1980 là-dedans et c'est de 1980
dont on veut s'emparer, on ne veut pas corriger 1760, il n'y a personne qui
veut revenir là-dessus. Mais c'est de 1980 que nous devons nous emparer
et, pour ce secteur, le ministre des Communications a parfaitement raison de le
faire.
Mais une fois que c'est fait, une fois qu'on a fait cette
démonstration, que le ministre sera appelé à faire encore
une fois, quel que soit le nouveau ministre des Communications, même si
cela devait être encore le même, en septembre ou octobre prochain,
j'imagine, lorsque la nouvelle conférence sera convoquée, et
encore à Victoria, la semaine prochaine j'espère que
l'étude des crédits sera terminée à ce moment
le ministre aura encore une fois... Mais, semble-t-il, à cause de
certaines raisons que partagent les provinces sur ce point précis des
communications, une collaboration plus aiguë, je dirais, plus
assurée des autres provinces face au gouvernement fédéral,
semble assurée dans ce domaine. Ce n'est donc pas le cas dans d'autres
domaines qui sont tout aussi importants pour l'avenir des
Québécois où il faut aller quêter l'appui de
l'Ile-du-Prince-Edouard et quêter l'appui de 1'Alberta avant d'avoir un
peu de force devant la position fédérale qui se veut toujours
arbitre. C'est la meilleure situation de force dans un match aussi
contesté.
M. le Président, la position que défend le ministre des
Communications a quoi comme suite? Elle a eu quoi comme suite? Je dirais
qu'autant son bilan sur le territoire du Québec peut nous
apparaître satisfaisant et nous aurons l'occasion de l'exprimer
dans chacun des programmes du ministère le genre d'outil que le
ministre est en train de faire du ministère des Communications à
l'intention des Québécois, autant cette politique, dans son
ensemble, dans ses grandes lignes, et parfois même jusque dans ses
détails, nous apparaît comme absolument conforme aux
intérêts des Québécois dans ce sens, il a
entièrement notre appui autant, sur l'autre plan que le ministre
a lui-même valorisé, en lui faisant porter beaucoup d'efforts,
parce que c'est l'endroit le plus important, il est décevant. Il est
difficile d'attendre plus longtemps les résultats. Qu'adviendra-t-il?
Bien sûr, on entamera des négociations pièce par
pièce probablement, on multipliera aux quelque 150 comités
fédéraux et provinciaux qui existent à travers tous les
ministères, sur différents échelons... Le ministère
des Communications en créera bien, à lui seul, une dizaine sur
les satellites, les câbles, juste pour voir, fonctionnaire par
fonctionnaire, épuisement par épuisement, gaspillage par
gaspillage, si on n'est pas capable de forcer ce régime jusqu'à
la corde pour être capable de lui faire dire ce que ce régime
n'est pas capable de dire, faire vivre deux entités comme s'il n'y en
avait qu'une seule.
Cela va être long et pendant tout ce temps où les
négociations trameront, où Ottawa voudra s'assurer qu'il a
l'appui des autres provinces, tentera d'amener les provinces de l'Ouest
comme on l'a fait sur des questions pétrolières contre les
provinces de l'Est, fera jouer les provinces les unes contre les autres et
essayer de tirer les marrons du feu, pendant tout le temps où dureront
les négociations, où le ministre, ses hauts fonctionnaires et
tous les autres qui seront appelés à mener à
l'échelle et aux tables mêmes de négociations les
négociations au nom des Québécois, s'épuiseront
littéralement en ressources humaines et en ressources financières
aussi qui ne sont pas illimitées pour ce ministère, le
gouvernement fédéral, fort de ses prérogatives
déjà existantes dans le domaine, continuera à occuper
largement le champ pour finalement aboutir, comme on l'a fait dans le domaine
des Affaires sociales, à des aménagements à l'amiable pour
sauver la face.
C'est là que l'appui inconditionnel que je pose au ministre de
l'Education depuis le début sur cette question se
rétrécit, à mon avis, et que je lui affirme
immédiatement là où l'Opposition cédera son appui
très certainement.
Si toute cette période que j'appellerais de maraudage entre
gouvernements dans le domaine des communications, où on excite
l'intérêt des Québécois autour d'un domaine dont on
veut s'assurer l'authenticité de la possession et l'exclusivité
de la possession la souveraineté, quoi si tous ces
documents, tous ces efforts, tout ce gaspillage d'argent et d'hommes dans
lequel on s'embarque avec ces négociations
fédérales-provinciales, allaient aboutir, dans deux ou trois ans,
à un constat d'échec ou à un aménagement à
l'amiable, genre "on sauve les
meubles parce qu'on a déjà tout perdu, aussi bien sortir
avec les tapis", si jamais cela devait aboutir à ce genre-là, une
fois qu'Ottawa se serait occupé de prendre la mainmise à peu
près sur tout pour dire: Mon Dieu, prenons cela, et revenir chez nous
à la mode des anciens gouvernements en disant : Je reviens
comment Bertrand disait-il cela? je reviens les mains vides, mais les
mains libres, cela faisait un beau dossier au retour pour les
Québécois, si cela devait jamais aboutir par là, je pense
qu'autant notre appui est inconditionnel dans la lutte qu'il mène,
autant notre critique devrait être sévère par la suite et
porter sur la façon même dont le ministre a assumé le
mandat que les Québécois lui avaient donné.
D'autre part, je ne pourrais pas me surprendre non plus que cela
aboutisse à un résultat du genre. J'ai confiance au ministre
actuel, peut-être plus qu'à n'importe quel membre de la
députation ministérielle, pour assumer la direction de ce
ministère dans les intérêts des Québécois. Je
le dis bien franchement. Je sais qu'avant que le ministre actuel se contente
d'un aménagement à l'amiable où il saurait très
certainement qu'il s'agit là d'un simple maquillage pour éviter
une défaite des plus amères aux Québécois, des plus
coûteuses, à cause de l'importance du domaine ai-je encore
à revenir sur le sujet je pense qu'avant que le ministre se
prête à cela, il va couler de l'eau sous les ponts. Si jamais cela
devait arriver, cela tournerait mal. Je ne peux pas attendre ou espérer
que le résultat soit très différent de cela. M. le
Président, quand vous écoutez les arguments de Gérard
Pelletier, ils tiennent, ils ont de l'allure. Il parle au nom d'une puissante
technocratie fédérale qui, elle aussi, à cause de ses
moyens financiers, qui sont beaucoup plus élevés que les
nôtres au Québec, et dont l'intérêt dans ce domaine
est quand même plus ancien que celui du Québec il n'a que
cinq ans d'existence comme ministère je crois qu'elle a senti
bien avant nous l'importance des télécommunications. Cette
technocratie a étoffé ses positions bien avant nous et elle a
senti venir le député de Deux-Montagnes bien avant qu'il pense
même à faire de la politique. Ces gens sont étoffés,
ils sont prêts, ils ne manquent pas de moyens, et ils sont, par le
régime dans lequel nous vivons et que soutient le député
de Deux-Montagnes lui-même, très justifiés de se maintenir
dans plusieurs champs. Quand Gérard Pelletier répond aux
objections du ministre des Communications en disant: J'ai une
responsabilité pancanadienne lui il l'appelle nationale, prenons
son vocabulaire une responsabilité nationale à assumer
dans ce domaine, il a raison.
Il n'y a pas un gouvernement qui puisse penser faire l'unité, je
dis bien qu'il n'y a pas un gouvernement qui puisse penser faire l'unité
de ce pays aussi difficilement unifiable que le Canada. Je ne le dis pas
uniquement à cause de notre présence à nous comme nation
distincte dans ce régime, mais je pense aussi aux gigantesques
différences régionales que le Canada anglais a lui-même et
qui, d'ailleurs, expliquent les différentes positions des ministres
provinciaux.
Je lisais dans le document les positions du ministre de la
Colombie-Britannique qui fait état de l'énorme différence
de mentalité entre, par exemple, ses commettants et ceux du
Nouveau-Brunswick ou de la Nouvelle-Ecosse ou même encore de la province
la plus populeuse du Canada, l'Ontario, et qui, à cet effet, se dit...
Cela explique que c'est la province qui doit avoir la juridiction et c'est
ainsi qu'il apporte son appui au ministre des Communications du Québec
parce qu'il a senti la même importance chez lui.
J'ai dit qu'il n'y a pas de gouvernement qui veuille faire
l'unité du Canada qui est un pays aussi difficilement unifiable, en
laissant aller ce domaine politique aussi important que les communications.
Le gouvernement central a une responsabilité dans ce
régime où nous vivons. Je l'explique bien clairement au ministre
et il sait parfaitement de quoi je suis en train de parler. Aussitôt que
nous entrons dans l'hypothèse où le gouvernement central existe
et que nous l'acceptons, que l'hypothèse acceptée par une
majorité de Québécois donc cela n'est pas une
hypothèse prise au hasard c'est celle qui a été
reconfirmée le 29 octobre dernier, au moment où nous acceptons
cette hypothèse de toutes les missions dont le gouvernement central est
déjà doté par la Constitution de 1867 et par
l'évolution que ce pays a connue depuis 1867, une de ses plus
délicates missions qu'il a à faire, une sur laquelle d'ailleurs
plusieurs gouvernements ont tour à tour achoppé et qui a
coûté la vie à plusieurs gouvernements, c'est de faire
l'unité de ce pays avant d'implanter des politiques économiques
et d'implanter des politiques sociales à la grandeur du pays.
Le premier ministre du Canada lui-même a fait encore allusion, au
moment de la crise du pétrole à la difficulté de faire
comprendre à des provinces qui ont des ressources que ce ne sont pas
toutes les provinces qui les ont et il les amène à les
partager.
Demain matin, le prochain problème pourrait être
l'électricité. Ce sera à nous de comprendre qu'il en
existe d'autres. Cette difficile unité canadienne, faire comprendre
à un citoyen de Colombie-Britannique qui est à 2,000 milles, je
ne sais pas, à 2,500 milles, je ne sais trop, de Charlottetown, qu'il a
les mêmes intérêts à soutenir, un même
gouvernement, et à soutenir des mêmes politiques, au niveau
central, c'est un tour de force, tellement les distinctions sont grandes.
Imaginez-vous, quand vous avez à inclure dans ce groupe 5.5 millions de
parlant français avec une culture qui se distingue des autres, quel
problème cela peut représenter pour un gouvernement central. Je
dirais que c'est la mission première et la difficulté
première du gouvernement fédéral
que de maintenir toutes ces parties de l'ensemble fédéral
canadien dans un équilibre relatif entre elles.
Or, M. le Président, dans une société moderne, quel
est, selon vous, l'outil essentiel dont les sociétés modernes ont
voulu se doter pour maintenir ensemble les parties distinctes qui ont tendance
à s'égarer et à partir chacune de son côté,
chacune selon son provincialisme, son régionalisme, ou ses
difficultés, sa culture, sa mentalité? Tout le monde sait que ce
n'est pas la même chose d'un coin à l'autre du Canada. Quel est
donc cet outil essentiel? Le même que celui que nous sommes en train de
discuter pour le Québec: les communications. Le gouvernement
fédéral, s'il veut demeurer le gouvernement fédéral
et s'il veut que le fédéralisme dure et devienne le
système des Québécois, est parfaitement justifié de
ne pas vouloir se départir de ce domaine.
Qu'advientrait-il, M. le Président, lui qui a déjà
de la difficulté à amener des "Westerners" à travailler
avec des Québécois, des Ontariens, à se préoccuper
du Newfoundland, du Labrador, à les amener aux Territoires du
Nord-Ouest, ou quoi que ce soit, cet immense pays à gouverner qu'est le
Canada, qu'adviendrait-il si le Québec se mettait à
développer son propre système de communications, à se
comporter en adulte, à faire fructifier sa culture, selon ses propres
besoins, que retranchée derrière les Rocheuses, la
Colombie-Britannique continue à développer son identité
propre, continue à développer ses relations plutôt avec
l'Ouest américain et à se contre-foutre, comme on l'entend
souvent dire dans ces provinces de l'Ouest, de ce qui peut se passer à
Toronto ou dans l'Est, et à continuer à identifier le
gouvernement d'Ottawa littéralement un gouvernement de l'Est et aux
mains de l'Est, comme d'ailleurs la prochaine élection nous le prouvera?
Tout cela fait quoi?
Quand vous acceptez le régime dans lequel nous vivons, vous avez
à admettre le bien-fondé de certaines positions
fédérales. Quand vous admettez que les Québécois
ont besoin, comme adultes, d'être les maîtres d'oeuvre de la
politique des communications sur leur territoire, vous admettez la position que
défend le ministre des Communications en notre nom à tous, mais
alors vous entrez en contradiction avec le régime fédéral
que vous soutenez, d'autre part. Il y a, à un moment où à
l'autre, un choix à faire. Je prétends et cette
affirmation ne vous surprendra pas que, pour que le Québec soit
le maître d'oeuvre de la politique des communications sur son territoire,
il faut qu'il ait l'ensemble des pouvoirs politiques, économiques,
sociaux et culturels nécessaires à l'établissement de
cette politique.
Il faut que le Québec soit souverain. Autrement, n'attendons pas
du régime fédéral plus de flexibilité qu'il n'est
capable d'en donner. Le réservoir est à sec, le robinet ne coule
plus depuis déjà plusieurs années et tout ce qu'on fait,
c'est continuer à gaspiller des énergies, des énergies
à l'intérieur desquelles je retrouve même les miennes, M.
le Président, j'en conviens, mais que je retrouve gaspillées
quand même à la longue. Au bout du corridor peut-être
le ministre, dans sa réplique, le jugera-t-il important? il a
bien fait état des batailles qu'il mène, il a bien fait
état, encore une fois, des positions que le gouvernement du
Québec a avancées, mais au bout du corridor, qu'est-ce qui nous
attend? Pouvons-nous espérer du gouvernement fédéral qu'il
accepte la position québécoise que nous exigeons à la fin?
Je dis nous, parce que nous l'appuyons entièrement. Croyez-vous qu'un
gouvernement fédéral en 1974, aux prises avec toutes les
difficultés que l'on connaît, va accepter ce partage des pouvoirs?
Sur quels indices, ce revirement de courant, comme vous le disiez
vous-même tout à l'heure, à partir de quoi? Vous dites: M.
le Président, nous sommes tout à fait justifiés de croire
qu'il peut, avec l'appui des autres provinces, obtenir ce revirement de
courant. Mais à partir de quoi? Sur quels indices? M. le
Président, libre au ministre de me contredire et je le souhaite
même pour que mon appui à ce document devienne encore plus formel,
et libre au ministre de me fournir cette information, mais où a-t-il
puisé les indices à partir desquels il peut me convaincre
qu'effectivement cette position-là n'en est pas une que le gouvernement
s'est donnée comme caution nationaliste, en voulant dire: Vous voyez
qu'on n'a pas complètement abandonné les intérêts
des Québécois?
On les revendique avec ardeur, véhémence, dans le plus
vieux style des affrontements entre le gouvernement de Québec et le
gouvernement d'Ottawa. Dans ce sens, on est dans un gouvernement traditionnel
des Québécois et on n'a pas rompu avec leur volonté
d'affirmation mais on retrouve, dans ces positions, du réalisme. J'ai
beaucoup de difficultés même à convaincre je prends
une des recommandations parmi tant d'autres le gouvernement central
d'ouvrir la société d'Etat qu'est Radio-Canada, dans son conseil
d'administration, à ses partenaires provinciaux. Juste ça. Que le
ministre me dise à partir de quoi, sur quel indice, à moins qu'il
nous ait construit un écran de fumée, il peut croire que,
légitimement, la bureaucratie fédérale, qui est à
l'arrière de nos ministres francophones en papier, va céder sur
ce point qui, vous l'admettrez, n'est quand même pas fondamental? Quand
on entrera dans les autres domaines, on aura peut-être l'occasion de le
faire dans le débat des pouvoirs beaucoup plus particuliers qu'on
revendique pour le Québec. Il y a des endroits où autant je peux
dire que je suis d'accord, il faut que le Québec ait ça, c'est
évident, autant je me dis: Mon Dieu, pas ici, jamais, on n'aura jamais
ça.
Vous allez me dire que je suis pessimiste, découragé, j'ai
déjà fait mon option, je suis déjà un gars qui a
démissionné d'obtenir quoi que ce soit du gouvernement
fédéral, j'ai déjà pris mon parti, ça fait
six ans. D'accord, je connais tout
ça. Mais vous, M. le Président, qui êtes un
fédéraliste convaincu, qui avez l'appui d'une majorité de
fédéralistes dans la circonscription que vous représentez,
et vous, les fédéralistes à cette table je suis ici
le seul identifié comme indépendantiste y a-t-il un
fédéraliste à cette table qui peut m'expliquer comment il
voit, dans l'évolution du fédéralisme canadien et dans
l'évolution des sociétés modernes, l'importance de
l'évolution des communications dans ces sociétés et ce que
représente l'importance de contrôler les communications pour un
gouvernement avec une tâche aussi ardue que le gouvernement central a de
diriger un pays aussi difficile à diriger que le Canada? Dites-moi
où vous voyez, dans les airs, je ne peux pas croire que mon option m'ait
fermé les yeux, m'ait rendu aveugle, un soupçon de revirement de
tendance pour qu'on puisse un jour arriver aux positions défendues par
le gouvernement québécois.
Vous me direz que c'est un document pour négociation et, comme
dans toute négociation, on va céder en contrepartie certaines
choses. Autrement dit, on croit, au départ, que le gouvernement du
Québec ne peut pas arriver à la totalité de ce qu'il
demande. Autrement dit, il a fait comme beaucoup de salariés font, il a
demandé trop pour avoir plus, si vous le voulez, en étant certain
de faire des concessions en s'en allant.
Je connais tous ces procédés. Alors que le ministre me
dise tout de suite ce qui est le moins important et qu'on laissera aller en
s'en allant, et ce qui l'est plus pour que le Québec je me
réfère toujours au titre soit le maître d'oeuvre de
la politique des communications sur le territoire !
Et que le ministre me dise surtout sur quoi il se base, à partir
de quels indices derniers qui auraient échappé à
l'attention de l'Opposition et sans aucune prétention, je dirais
même à l'attention des Québécois, pour pouvoir
sentir dans l'évolution du fédéralisme, disons, depuis les
six ou sept dernières années, ce qui va dans le sens des
revendications québécoises et qui nous permet de dire
qu'après une certaine négociation, puisque le gouvernement
fédéral occupe déjà ce terrain, cette position
serait désormais retenue, obtiendrait l'assentiment d'un gouvernement
central qui ne nous a pas habitués et gâtés dans sa
générosité depuis quelques années et que,
finalement, le Québec serait le maître d'oeuvre des communications
sur son territoire. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, M. le député de
Saint-Jacques. Il est maintenant 13 heures et quelques minutes. La commission
va suspendre ses travaux jusqu'après la période des questions en
Chambre cet après-midi, vers quatre heures.
(Suspension de la séance à 13 h 6)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
La commission reprend ses travaux sur l'étude des crédits
du ministère des Communications. La parole est au député
de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention le ministre, ce matin, nous faire le récit
je dirais que c'est presque un récit, parce qu'il avait beaucoup de
choses à nous apprendre concernant les crédits de son
ministère; je dois vous dire que je le félicite de la
façon dont il a procédé. Dans son souci de vouloir mieux
nous informer, il a pris toutes les précautions utiles pour nous donner
un maximum de renseignements.
Quant à moi, c'est la première fois que j'ai l'occasion
d'assister à l'étude des crédits de ce ministère
comme tel. J'ai eu l'occasion d'assister à d'autres commissions
parlementaires, cependant. Vous comprendrez que nous avons eu, depuis quelques
mois, certains changements au sein de notre parti, ce qui fait que,
présentement, on a dû aussi effectuer des changements. Nous sommes
un peu à court de personnel, non seulement de personnel élu, mais
de personnel de soutien, ce qui fait qu'évidemment il y aura
peut-être certaines questions que j'aurai l'occasion de poser au
ministre, à l'occasion de l'étude des crédits, qui lui
paraîtront des questions qui ont déjà été
posées. C'est possible, mais à l'avance, je vous dis, M. le
Président, que je ne suis pas un spécialiste des
communications.
Cependant, je tenterai, du mieux que je pourrai, de poser des questions
objectives.
En ce qui concerne, si vous le voulez, la philosophie
générale des communications au Québec, bien entendu, je
crois savoir que le ministère, qui est encore très jeune, a fait
plusieurs efforts et, dans certains cas, a fait des efforts que même
l'Opposition n'aurait peut-être pas pu prévoir,
c'est-à-dire que je pense que le ministre est allé assez loin
dans certaines revendications. Cependant, malgré toute la bonne
volonté du ministre et de ses adjoints, malgré toute la bonne
volonté du ministère, en pratique, nous retrouvons un peu
toujours le même problème qui se pose, c'est-à-dire que
chaque fois que le Québec veut se manifester, s'affirmer,
évidemment, il y a de l'opposition et nous nous retrouvons
régulièrement ou presque, en tout cas, devant des conflits de
juridiction.
Ce n'est pas la première fois; ce n'est pas non plus parce que
c'est le ministère des Communications. Nous retrouvons ces conflits de
juridiction dans le fonctionnement ordinaire d'à peu près tous
les ministères.
Il se trouve que, en matière de communications, c'est
évidemment un domaine qui est
très important, sinon le plus important pour ce qui concerne la
sauvegarde de notre culture française au Québec et, comme nous le
savons, on est souvent devant des situations qui ne sont pas susceptibles de
nous aider comme on l'espérerait. Malheureusement, nous constatons que
le ministre, souvent, se voit opposé à des gens qui n'ont pas
toujours la compréhension facile. C'est ainsi que nous avons suivi
d'aussi près que possible toutes ses démarches au sujet des
relations fédérales-provinciales, par exemple. Nous avons
souventefois espéré qu'il obtienne beaucoup plus gain de cause
qu'il ne l'a obtenu dans certains cas.
Il faudrait, M. le Président, pour être honnête
envers ceux qui font les efforts, souligner que non seulement ce n'est pas
toujours facile, mais il y a déjà, dans le domaine
fédéral, des positions assez rigides d'établies et, comme
en toute matière, on se base sur les précédents, on se
base sur la tradition. Je pense que nous devons, probablement en tant que
collectivité québécoise, prendre une certaine part de ces
responsabilités. On a peut-être laissé aller trop loin
avant de revendiquer fortement. Puisqu'on est dans le domaine des
communications, c'est là un domaine où on peut être
facilement noyé, en tant que Canadiens français, par la
télédiffusion ou la radiodiffusion en provenance de
l'extérieur. C'est compris que si, par exemple, dans la région de
Montréal, on syntonise des postes de télévision ou de
radio de l'extérieur du Québec, c'est assez difficile
d'empêcher quelqu'un de syntoniser un poste de l'extérieur.
Cela nous amène, quand même, à regarder la
réalité. Je me base sur les statistiques que nous a
données le ministre ce matin. Dans la région même de
Montréal, il semble que c'est celle-là qui est la plus
affectée, compte tenu de la densité de la population, compte tenu
du pourcentage de francophones, il semble bien qu'on n'a pas justice en
matière de télédiffusion et de radiodiffusion, ce qui est
totalement anormal.
Je pense que tous savent que je n'ai pas l'habitude de prendre des
positions extrémistes, mais je dois quand même souligner que si
une telle situation existait à Toronto, par exemple, on en entendrait
parler, et ceux qui ne sont pas des extrémistes seraient peut-être
qualifiés comme tels là-bas parce que je vous assure que ces
gens, en tant que collectivité anglophone, ne laisseraient pas un tel
état de choses aller aussi loin que cela.
Or, nous l'avons laissé aller aussi loin que cela ici et il reste
que nous devons prendre des dispositions pour ramener cela à des
proportions équitables.
Quelles sont les possibilités qui sont données au
ministère de pouvoir corriger cette situation? Je crois savoir que ces
dernières sont assez limitées parce que nous sommes toujours
à l'intérieur et dans le contexte du fédéralisme,
tel qu'il existe. Ceci nous amène, dans ce domaine comme dans les autres
domaines, toujours au même point, toujours au même endroit, au
même carrefour. C'est-à-dire que, quelles que soient nos
revendications et n'obtenant pas satisfaction, nous avons devant nous un seul
chemin à prendre. Sans être extrémistes et sans vouloir
briser quoi que ce soit au Canada et je ne suis pas un de ceux qui
veulent briser le Canada, au contraire cela nous amène toujours
vers un seul et même chemin soit d'aller plus haut que les incidences
dont nous parlons maintenant, d'aller plus loin, soit d'avoir des amendements
à la constitution canadienne pour départager les juridictions et
faire en sorte que chaque province ait assez d'autonomie et, je dirai le mot,
assez de souveraineté, en tant que province, dans le système
fédéral, pour que cela soit un fédéralisme, dans le
fond, qui soit vrai. Actuellement, nous avons dévié. Avec les
traditions établies, avec les coutumes, il y a eu déviation. On
en est rendu à un point aujourd'hui où le fédéral
est un gouvernement qui est le maître d'oeuvre en tout. Suivant les
réactions que nous obtenons du fédéral et suivant les
prises de position, il arrive souvent qu'on a l'impression d'être
simplement toléré alors que c'est, je pense, le contraire qui
devrait exister.
La philosophie qui devrait nous guider, devrait être le contraire,
soit que le Canada est quand même composé de provinces qui sont
souveraines et qui délèguent des pouvoirs à un
gouvernement central. C'est dans ce sens que nous devrions oeuvrer. Je pense
que, dans ce domaine, ce ne serait pas être qualifié de
séparatiste que de parler comme cela, parce que les neuf autres
provinces ont des revendications semblables aux nôtres.
Je pense que le ministre le sait, pour avoir assisté à
plusieurs conférences fédérales-provinciales ou
interprovinciales. Toutes les provinces ont des revendications qui ne sont
peut-être pas toujours les mêmes. Elles ont des revendications et
toujours le même problème, c'est un problème de
juridiction. Toujours le fédéral est là pour bloquer ou
imposer, alors que, contrairement à cela, les provinces devraient avoir
non seulement un mot à dire, mais une capacité de
décision. L'ensemble des provinces réunies, à ce que je
sache, en arrive parfois à de meilleures solutions que les provinces
réunies avec le fédéral. C'est donc dire que toutes les
provinces ont le même problème, toutes les provinces se retrouvent
devant des situations semblables parfois. Il nous faudrait aller
jusque-là, aller jusqu'à réclamer des changements
réels.
Evidemment, quand il s'agit de changements et que nous ne voulons
déranger personne, ce sont des changements de papier, si vous voulez,
des changements théoriques. Mais dans le fond, cela ne change rien. Je
fais référence à ce moment-ci quoique nous aurons
l'occasion d'en parler plus longuement un peu plus tard à un
projet de loi qui vient d'être déposé et qu'on n'a pas eu
le temps d'étudier. Il nous
semble que ce projet de loi ressemblera drôlement à
certaines positions prises, c'est-à-dire qu'on établit le
principe théoriquement, mais on ne va pas plus loin que cela. Cela ne
dérangera pas grand-chose. C'est qu'il me semble, à moi en tout
cas, qu'on a peur de réveiller quelqu'un. A ce moment-ci, le
Québec est à un tournant de son histoire. Si on ne se
décide pas à réveiller quelqu'un, on risque bien gros de
se réveiller, tous ensemble, trop tard.
M. le Président, j'ai entendu ce matin un de mes collègues
nous expliciter la position de son parti à ce sujet. C'est justement
là où cela nous mène. Ou bien on fait des changements qui
sont d'ordre pratique, qui donnent satisfaction, ou bien on risque d'avoir
à subir une sorte de changement qui ne réglera rien non plus,
mais qui brisera beaucoup, qui risquera même de détruire des
droits acquis.
Alors, c'est dans ce sens, M. le Président, que nous
considérons que le domaine des communications n'étant pas le
seul... A l'intérieur de l'autodétermination de toutes les
provinces dans un fédéralisme canadien, il faudrait que les
provinces exigent beaucoup plus que la juridiction plus complète en
matière de communications. Il faudrait qu'on exige de contrôler le
crédit, il faudrait qu'on exige de contrôler plus notre commerce,
notre immigration et de prendre en main nos ressources fiscales, ce qui est
très important. A chaque fois qu'on se bute à des
problèmes avec le fédéral, c'est parce qu'on n'a pas les
moyens de le faire par nous-mêmes. Alors, on est obligé de se
baser sur les bienfaits du fédéral, sur la fiscalité
fédérale, sur un retour d'argent du fédéral et
c'est entendu que lorsque quelqu'un paie, il se garde
généralement des possibilités de décision. Celui
qui paie est le patron. Cela tourne autour de cela tout le temps. Lorsque c'est
le fédéral qui paie, le fédéral se garde des
pouvoirs de décision et, en se gardant des pouvoirs de décision,
il en profite parfois pour empiéter sur d'autres pouvoirs de
décision qu'il n'avait pas et qu'il veut prendre. C'est ainsi qu'on a vu
depuis plusieurs années le fédéral empiéter de plus
en plus sur les juridictions de toutes les provinces et c'est ce qui explique,
M. le Président, ce que je veux dire. Le problème n'est pas
uniquement un problème de communication par la langue, ce n'est pas
uniquement un problème culturel; on retrouve cela dans tous les autres
domaines et tous les autres domaines sont rattachés à cela parce
que la communication c'est le moyen de nous comprendre, mais c'est pour nous
servir aussi. C'est pour servir l'économique. C'est pour servir le droit
à la vie, en quelque sorte, de tous les citoyens
québécois.
Si on laisse aller nos droits de plus en plus... J'ouvre une
parenthèse pour dire que je ne crois pas que ce soit ni le ministre, ni
son ministère qui laissent aller nos droits. Ils font des efforts et ces
efforts ont été marqués à plusieurs reprises. Mais
il se trouve que dans l'ensemble du système, ce ministère qui est
pris dans ce système est obligé d'utiliser les moyens qu'il a
à sa disposition et ces moyens tiennent compte de la constitution
canadienne actuelle telle qu'elle nous apparaît.
Et aussi longtemps qu'on ne la changera pas, ce sera, à mon sens,
placer un cataplasme sur une jambe de bois. Si on ne règle pas le fond
du problème, si on ne va pas à la racine du mal, on aura beau
tenter de trouver des solutions de surface, mais cela ne réglera que la
surface.
M. le Président, nous avons, au Québec, trop laissé
empiéter sur nos juridictions et ce n'est pas seulement depuis quelques
années, ça relève de plusieurs années. On a, en
quelque sorte, échangé nos droits pour des avantages
immédiats, on a échangé nos droits à long terme
pour des avantages à court terme. C'est un peu ça le
résumé de ce que je pense et ça nous amène devant
la situation que nous connaissons présentement. Je pense qu'il faut,
à ce moment-ci, comme solution pratique, à court terme
faute d'avoir cette solution permanente que nous n'avons pas, et que je ne peux
pas prétendre que le ministère est capable seul de revendiquer et
d'obtenir une politique d'ensemble et ça ne se fera pas du jour
au lendemain. Pendant ce temps, il y a quand même des choses qu'on peut
peut-être, même si ce n'est que de surface, entre-temps, pour tenir
le coup... Il demeure que le ministère, en prenant un peu plus de
responsabilités dans le domaine de la radiodiffusion et je sais
que ça vient peut-être à l'encontre d'une idée que
j'ai déjà élaborée à l'occasion d'une
commission parlementaire des communications mais il demeure qu'il faut
compter sur l'évolution, il faut compter sur les changements dans la
société. Nous retrouvons, alors qu'il y a plusieurs années
déjà l'entreprise privée donnait un service excellent de
radiodiffusion ou de télédiffusion ou un service de presse,
compte tenu de ce temps, aujourd'hui, un phénomène qui est
nouveau, soit celui de la concentration, soit celui du contrôle, pour des
régions données, par exemple, de la radiodiffusion, de la
télédiffusion, de la presse.
Pour vous permettre de mieux comprendre, M. le Président, en plus
de retrouver ce contrôle dans presque toutes les régions, je vous
ferai remarquer les problèmes que nous connaissons dans la région
que je représente, c'est-à-dire dans la région du
Nord-Ouest québécois, où il y a actuellement un poste de
télévision de langue française pour desservir l'ensemble
du territoire.
C'est malheureux, nous sommes desservis par deux autres postes de
télévision de l'Ontario, en langue anglaise.
Alors, la population, étant à quelque 85p.c. ou 90 p.c. de
langue française, n'est pas obligée de syntoniser les postes de
langue anglaise, j'en conviens, M. le Président, mais quand il n'y a pas
de choix, quand il y a un manque de choix, on prend vite des habitudes et nos
jeunes prennent plus vite ces habitudes. C'est un genre d'assimilation qui se
fait sans qu'on en ait trop
connaissance; cela se fait presque normalement.
Je crois qu'il y a des choses à corriger dans cette
région. La radio, c'est la même chose. Presque tous les postes de
radio de la région, sauf un, appartiennent au même
propriétaire, bien que je vous dise, M. le Président, que ce
propriétaire fait son grand possible pour donner un très bon
service; mais, il se trouve qu'il y a un manque de concurrence. Et l'entreprise
privée que je défends, et tous le savent, et que je crois savoir
être le meilleur genre d'entreprise dans notre genre d'économie,
l'entreprise privée est bonne, est excellente, mais à la
condition que le jeu de la concurrence puisse jouer. Lorsque le jeu de la
concurrence ne joue plus, il y a un risque à ce moment-là et nous
le retrouvons ce risque, présentement.
C'est la même chose pour la presse locale, la presse
régionale et il se trouve que, n'ayant pas ce genre de concurrence, la
population reçoit les informations qui risquent d'être
filtrées, c'est-à-dire qu'on donne les informations qu'on veut
bien donner. Et une région qui est aussi éloignée des
grands centres que la région du Nord-Ouest québécois, qui
n'a pas cette possibilité d'avoir les services de presse de
Montréal, de Québec ou d'ailleurs, aussi facilement que dans
d'autres régions, se trouve isolée et à la merci des
entreprises de presse quant à l'information. Il se trouve, M. le
Président, que ce n'est pas normal. S'il y a concurrence, vous avez ce
régulateur naturel qui joue, c'est-à-dire que si l'une des deux,
des trois ou des quatre parties donne à sa façon l'information,
vous avez au moins une chance d'avoir un autre côté de la
médaille par un concurrent, alors que lorsqu'il n'y a pas de
concurrence, on ne voit qu'un seul côté de la médaille et
souvent il faut le regarder à la loupe.
C'est le genre de problèmes que nous vivons dans cette
région qui est le même dans d'autres régions, à ce
que je sache. Je pense que, lorsque j'ai entendu l'exposé du ministre
qui a discuté de ce sujet, j'ai cru comprendre que le ministère
fait des efforts dans ce sens pour en arriver à pouvoir donner une
meilleure information à la population.
M. le Président, bien entendu, ceci nous amène à
parler d'autres sujets ou d'autres problèmes qui se posent aussi au
niveau des régions, qui ne sont peut-être pas directement de
l'information, mais plutôt de l'éducation. On parlera de la
télédiffusion par câble.
Je pense que, compte tenu du fait que, généralement, les
entreprises existantes n'aiment pas trop avoir une télévision
communautaire leur faire une certaine concurrence, il demeure que c'est quand
même valable et que ce n'est pas toujours un moyen d'éducation, de
formation ou d'information qui est assujetti à la réclame
commerciale. C'est la réclame commerciale qui fait, à mon point
de vue, que, dans la région de Montréal, vous avez autant de
postes de langue anglaise contre peu de postes de langue française,
compte tenu du pourcentage de la population. Evidemment, le poste de langue
anglaise rejoint peut-être moins de monde, mais il rejoint des gens qui
sont plus capables financièrement. H est susceptible de pouvoir ramasser
beaucoup plus de réclames publicitaires payantes que les postes de
langue française.
A ce moment-là, nous avons de la diffusion, qui n'est pas faite
en fonction des besoins, mais en fonction des moyens. C'est, je pense, une
philosophie contraire au bon sens, mais c'est ce qui fait que, finalement, les
Canadiens français sont à court de choix. Automatiquement, quel
que soit le citoyen canadien-français, il finit par syntoniser un poste
de langue anglaise quand il n'y en a pas d'autres à son goût. Si
on avait plus de choix, il ne le ferait pas.
C'est là, je pense, en arriver à une promotion de notre
culture, de notre langue, sans être obligé de le faire de
façon forcée par des lois ou autrement. Je pense que, si on avait
eu tous ces moyens dont je vous parle, on ne serait peut-être pas rendu
à avoir un dépôt de loi, comme celui d'aujourd'hui pour la
langue française, pour régler un problème qui,
normalement, aurait dû être réglé sans une loi. Mais
on est rendu à ce point-là. Cela ne veut pas dire que la loi va
régler le problème, M. le Président. Je ne discute pas de
la loi, mais on ne serait pas rendu à ce point-là.
Malheureusement, on est rendu à ce point-là,
présentement.
Je veux souligner, puisqu'on parle de la région du Nord-Ouest
québécois, que la Régie des services publics a
dernièrement fait connaître une décision au sujet de la
câblovision. C'est, je pense, une décision qui a quand même
donné satisfaction à notre population qui est aussi en droit
d'obtenir des services de ce genre tout en respectant et c'est
là, je pense, que la régie a très bien agi cette
philosophie de la concurrence, c'est-à-dire de ne pas placer tous les
oeufs dans le même panier comme c'était le cas de la
réclamation de Bell Canada pour les mêmes services.
En passant, M. le Président, du côté des
communications téléphoniques, nous retrouvons... Evidemment, ce
n'est pas facile d'avoir de la concurrence de ce côté-là.
Il faut s'en tenir aux décisions de la Commission canadienne des
transports, qui est le mécanisme protecteur, si vous le voulez, mais je
trouve que le gouvernement du Québec, dans ce domaine, par le
ministère des Communications, a bien fait d'intervenir, de
réclamer ce qu'il a réclamé, quoiqu'il n'ait pas obtenu
satisfaction ou gain de cause. Je pense aussi que les autres provinces auraient
dû en faire autant, et le gouvernement fédéral aurait
dû davantage prendre ses responsabilités. C'est pourquoi, si nous
avions des changements constitutionnels permettant aux provinces d'assumer
elles-mêmes leurs responsabilités et d'occuper leur champ de
juridiction, cette décision aurait pu se prendre au niveau du
Québec plutôt que se prendre au niveau du fédéral et
d'être imposée aux Québécois. La
preuve n'a pas été faite que Bell Canada justifiait son
augmentation, parce qu'on n'a pas permis à la commission de prendre
connaissance des bilans financiers de Northern Electric et des autres
compagnies filiales de Bell Canada. Je pense que, de ce côté, le
parti que je représente est d'accord sur les revendications du
ministère. Je pense qu'il est temps que ces choses se passent
publiquement, que cela ne se règle pas en cachette et que la population
soit informée, autant dans le cas de Bell Canada que dans d'autres
domaines où il n'y a pas de concurrence, parce que le consommateur
québécois a d'autres chats à fouetter que de payer des
notes de téléphone ou d'autres genres de service, surtout
qu'actuellement nous sommes en période d'extraordinaire inflation. Je
pense qu'il fallait absolument qu'on mette les freins. Pour peu qu'on ait pu
les mettre ses freins, je pense que c'est quand même... Il ne faut pas se
gêner, M. le Président, ce n'est pas mon habitude, mais quand le
gouvernement fait quelque chose qui me plaît, je le dis, et quand le
ministre fait quelque chose qui m'a plu en ce qui concerne Bell Canada, je le
dis aussi et avec plaisir. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord sur tout
ce que fait le ministre. Je fais cette réserve et je me réserve
de le critiquer dans d'autres domaines.
En terminant, M. le Président, si le ministre veut en arriver
à des solutions plus pratiques que celles qu'il connaît et celles
qu'il recherche, parce que je sais qu'il est à la recherche de
solutions, il faudra qu'il en vienne à convaincre ses collègues
et son gouvernement qu'il faut une action beaucoup plus complète,
beaucoup plus élaborée. Il faudra qu'on en vienne à des
réunions interprovinciales, il faudra reprendre les questions
constitutionnelles. Cela a été laissé en plan il y a une
couple d'années, il faudra les reprendre et, à mon sens, si on
veut trouver des interlocuteurs intéressés, que ce soient les
provinces qui prennent l'initiative. Je pense que le gouvernement
fédéral doit donner des services, mais par
délégation, et non comme souverain. Le gouvernement
fédéral, à mon sens, ne doit pas être le
gouvernement qui impose. Il doit être celui qui donne des services. Cela
rejoindrait la philosophie d'un fédéralisme de service et de
participation. M. le Président, je vous dis que, si on n'en arrive pas
là, si on n'envisage pas une solution de ce genre, il faudra endurer
avant longtemps une autre solution qui sera présentée comme une
solution, mais qui n'en sera pas une, qui risquera, à ce
moment-là, de détériorer la situation davantage. Je pense
qu'on est assez en bon canayen pire comme on est là, il ne
faudrait pas que ce soit pire que cela. Le ministre devrait se faire le
porte-parole de la commission parlementaire auprès du conseil des
ministres et lui demander d'entreprendre une action qui sera énergique.
Ce ne sera peut-être pas facile, je vous le dis.
Il y aura des gens qui s'élèveront contre cela et il y a
des gens qui risqueront de se faire réveiller un peu et qui n'aimeront
pas cela, mais il y va du bien commun de l'ensemble de la population du
Québec. Ou on prend ces dispositions et on va quelque part, ou on ne les
prend pas et on risque le pire. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): S'il n'y a pas d'autres commentaires
d'ordre général, nous pourrions commencer l'étude des
crédits du programme 1, mais auparavant, je crois que le ministre
aimerait avoir la parole.
M. L'ALLIER: Je voudrais faire quelques commentaires sur ce que vient de
dire le député de Rouyn-Noranda et aussi sur ce qu'a dit le
député de Saint-Jacques, en matinée. Le
député de Rouyn-Noranda a souligné avec
énormément de justesse le problème à la fois des
disparités et des anomalies régionales dans le domaine des
communications.
C'est un problème, comme je l'ai dit en matinée, auquel
nous avons été plus que jamais sensibilisés au moment des
rencontres que nous avons eues dans les différentes régions, et
particulièrement dans la région du Nord-Ouest. Ce qu'il a dit au
sujet de l'état de la radio et de la télévision dans cette
région se vérifie et c'est aussi la préoccupation qui nous
a été exprimée par les citoyens de cette
région.
Indépendamment du fait que les citoyens sont en droit de demander
un minimum de service, service de base en matière de communication, que
cela soit pour la diffusion des journaux ou pour l'accessibilité
à des postes de radio et de télévision, il est possible
d'agir, je pense, sur deux plans.
Il est possible, à l'intérieur de la répartition
actuelle des responsabilités, de poser un certain nombre de gestes qui
pourraient permettre une meilleure accessibilité, notamment au niveau
des media écrits dans les régions plus éloignées
des centres, notamment de Montréal et de Québec.
Nous avons entrepris, au ministère, suite à cette
tournée de prospectives, une étude qui devrait nous amener,
dès l'automne, à des propositions concrètes dans ce
domaine.
Nous allons également travailler avec les
câblodistributeurs, soit l'Association québécoise des
câblodistributeurs, avec les organismes de production de documents
audio-visuels pour, dans toute la mesure du possible, rendre accessible une
plus grande variété dans la programmation, que cela soit de
Radio-Québec, de l'Office du film ou même d'autres sources, afin
d'aider ceux qui sont responsables de la diffusion dans ces régions
à compléter une programmation et à offrir une
programmation francophone québécoise plus importante que celle
qu'ils n'ont aujourd'hui, précisément parce que la plupart
d'entre eux sont obligés de se replier sur le bassin de revenus
apportés par la publicité.
C'est un problème complexe et c'est en même temps un
problème qui, du moins à
moyen terme, n'est pas insoluble. C'est un problème qui pourrait
nous amener à revoir les règles habituelles d'assistance aux
entreprises qui font des affaires pour voir si elles ne devraient pas, dans
certains cas, dans certaines régions, les appliquer également aux
entreprises de communication et de télécommunication.
Actuellement, d'une façon générale, les entreprises
de radio, de télévision ou de câble sont
considérées, dans l'administration, par les règles, soit
d'assouplissement fiscal, d'incitation économique ou administrative,
comme des entreprises non nécessaires, un peu comme les chaînes de
restaurants ou des choses comme cela. Il n'y a pas de subvention pour les
chafnes de restaurants et il n'y en a pas non plus pour la radio et la
télévision.
Je ne préconise pas ici la mise en place d'un réseau de
subventions à la radio et à la télévision, mais il
est peut-être possible, avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce je le crois, en tout cas d'en arriver à
créer un environnement économique plus favorable à
l'implantation et au développement d'entreprises de communication dans
ces régions où le seul bassin publicitaire ne suffit pas à
appeler des moyens de communication et à les faire se développer.
C'est un aspect sur lequel nous allons travailler et que nous pouvons faire
dès maintenant.
Quant aux anomalies régionales, du fait, par exemple, que dans le
Nord-Ouest, on retrouve, contrairement à la population, plus de
télévision anglophone que francophone, jusqu'à maintenant
on le constate et dans l'état actuel de la répartition des
responsabilités, il est bien peu de chose que l'on puisse faire pour
corriger cela.
Quand je dis bien peu de chose, je devrais dire: II est à peu
près rien, sauf par la câblodistribution, qui n'atteint pas,
évidemment, toute la population. C'est pour cela que je dis bien peu de
chose, parce que le bien peu se situe au niveau du câble et,
éventuellement, au niveau de Radio-Québec. Lorsque
Radio-Québec pourra atteindre ces régions, le niveau
d'intervention est beaucoup plus important.
Mais, jusqu'à maintenant, avec le câble, l'intervention
qu'on peut avoir est minime, compte tenu de l'impact qui est recherché
et qui est demandé par les citoyens, parce qu'en définitive cela
rejoint un peu ce que disait le député de Saint-Jacques ce matin.
Les organismes fédéraux de réglementation en
matière de communications, indépendamment de leur bonne
volonté et de leur compétence, etc., sont obligés de s'en
tenir à des règles, à des critères, à des
objectifs dits nationaux, canadiens. En d'autres mots, la frontière
québécoise et la frontière canadienne, en ce qui les
concerne, n'existent pas en termes de communications. Dans la mesure où
vous avez quelques milliers ou quelques centaines d'anglophones dans votre
région, c'est une région où on peut accorder des permis de
radiodiffusion en anglais. C'est une région où on peut laisser
entrer la télévision qui vient de l'Ontario. C'est facile. Ce
sont des frontières qui n'existent pas. On ne peut pas, dans le
système actuel, demander au gouvernement fédéral, parce
que c'est contraire à sa nature même, d'avoir une politique
culturelle pour le Québec à l'intérieur des
frontières du Québec, qui tienne compte de nos besoins, de nos
priorités, et avoir une autre politique pour les autres provinces.
Il est obligé d'avoir une politique uniforme basée, soit
sur sa propre priorité du bilinguisme l'un me dit culturalisme
ou alors sur le plus bas dénominateur commun, acceptable par
toutes les provinces, ce qui dessert souvent la majorité des provinces.
Ce qu'on ressent sur le plan culturel, d'autres provinces le ressentent sur le
plan socio-politique ou économique. Par exemple, je pense que c'est la
Saskatchewan sous réserve de vérifier de quelle province il
s'agit pour les fins de l'exemple, qui souhaite que le câble se
développe essentiellement à partir d'entreprises
coopératives. Comme la province est propriétaire de
l'infrastructure de téléphone, de la téléphonie,
comme c'est à partir de cette infrastructure que les exploitants de la
câblodistribution fonctionnent, la province souhaiterait que ce soit en
priorité et souhaiterait privilégier la formule
coopérative pour l'exploitation de la câblodistribution. C'est
donc une politique parfaitement logique, normale dans le cadre d'une province.
La province a choisi de faire cela. Dans la mesure où c'est le
gouvernement qui règlemente chez elle encore la câblodistribution,
le gouvernement fédéral ne peut pas tenir compte d'une
priorité provinciale. Le gouvernement fédéral ne peut pas
dire en Saskatchewan, pour le câble: On va favoriser les entreprises
coopératives et ne pas le faire en Ontario, au Québec ou
ailleurs. Cela pose le même genre de problème.
Pour ma part, M. le Président, sur un point soulevé par le
député de Rouyn-Noranda, il est tout à fait logique que
si, dans le meilleur des mondes, on aboutissait à obtenir ce qu'on
demande, on en arriverait à être obligé de préciser,
de modifier la constitution. Je dirais plutôt de la préciser,
parce que sur ce point des communications, elle est, à toutes fins
pratiques, muette. Je ne voudrais pas présenter le problème
d'abord comme un problème constitutionnel, tout en étant
conscient que cela arrivera à cela, au bout du compte.
M. SAMSON: M. le Président, si le ministre le permet, j'ai une
petite parenthèse. Ce que j'ai tenté d'expliquer, c'est que
finalement le problème que nous connaissons dans les communications, est
un problème qui découle d'un problème qui est plus majeur,
c'est le problème constitutionnel. Cela n'est pas le contraire.
M. L'ALLIER: M. le Président, cela découle à la
fois de la constitution et, à mon avis,
surtout d'une interprétation légaliste de la constitution
par les autorités fédérales et aussi d'une conception bien
précise que les gestionnaires fédéraux se font du
fédéralisme, actuellement, qui est une conception de
centralisation.
M. SAMSON: II faudra mettre une ceinture de chasteté. La
constitution a été violée bien des fois.
M. L'ALLIER: En d'autres mots, la constitution, là-dessus, si on
l'étire jusqu'au bout, peut donner, à cause des pouvoirs
résiduaires, etc., la responsabilité au gouvernement
fédéral, mais cela est légaliste. Appliquer cela à
d'autres champs d'activité, c'est la même chose.
M. CHARRON: M. le Président, j'interviens dans cette discussion
pour rappeler au ministre ce que je lui signalais ce matin. Le gouvernement
fédéral se retranche probablement derrière une entente
légaliste de la constitution et se replie sur la lettre de la loi et la
fait jouer au maximum en sa faveur, comme on ferait évidemment si on
était dans sa position. Ce n'est pas simplement par légalisme que
le gouvernement le fait, c'est qu'il a l'intention et, aussi clairement, il a
l'intérêt de maintenir sa mainmise sur l'ensemble des
communications au Canada.
Si la lettre de la loi joue en sa faveur, tant mieux. Il va multiplier
les avocats pour le faire, mais il n'a pas l'intention de céder
là-dessus pour les raisons qu'on a données ce matin.
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point c'est ce que je
disais tout à l'heure il y a deux facteurs qui jouent, une
interprétation légaliste de la constitution qui sert en
définitive une conception extrêmement serrée et
centralisatrice dans ce domaine du fédéralisme, parce que, et
c'est logique, je suis d'accord sur l'argumentation de ce matin du
député de Saint-Jacques, qui est en gros la même que nous
retrouvons dans le document québécois. En gros, pour le
même motif, parce qu'on s'identifie à une collectivité
francophone, on considère que, pour le développement de cette
collectivité francophone, on a besoin d'un certain nombre d'instruments
dont celui des communications. Placée au niveau du gouvernement central,
c'est la collectivité canadienne qui devient le champ de travail des
gestionnaires fédéraux et, pour cet ensemble de
collectivité dont on est seulement un élément parmi
plusieurs autres, cela devient aussi important.
En ce sens, c'est ce que je voulais dire ce matin quand j'ai dit que,
finalement, les discussions qu'on doit avoir avec le gouvernement
fédéral ne s'enferreront pas au départ dans des questions
très techniques et très compliquées. Il y a une question
de base qui se pose. Ou c'est un revirement d'attitude, et cela veut dire une
nouvelle façon de concevoir l'équilibre dans ce pays, ou alors
c'est le maintien des positions, et il n'y a pas véritablement de
négociation possible à l'intérieur de cela. Nous ne sommes
pas sur la même longueur d'ondes, pour employer une expression de
communication.
M. CHARRON : Dans ces deux hypothèses, laquelle est la plus
vraisemblable?
M. L'ALLIER: Le député de Saint-Jacques m'a posé
une question ce matin. Il m'a demandé si j'avais des indices d'un
changement d'attitude au niveau du gouvernement fédéral. Pour
répondre très franchement à sa question, je dois lui dire
que je n'ai pas d'indice qui me vienne du gouvernement fédéral
à l'effet qu'on serait disposé à changer le principe,
c'est-à-dire à donner, au niveau du Québec en particulier
et des provinces, un rôle décisionnel prédominant. Le
gouvernement fédéral est disposé à élargir
le rôle consultatif des provinces, éventuellement à faire
participer les provinces à certaines opérations qui nous
apparaissent mineures et, en tout cas, isolées des autres qui n'ont
à peu près pas de valeur en termes de planification sur le
territoire, mais ce que nous demandons, ce n'est pas cela. L'Ontario est
d'accord avec nous là-dessus. On dit: Les gouvernements provinciaux,
même dans le système actuel, selon la conception que s'en fait le
gouvernement fédéral, sont plus que des groupes de pression. Si
on veut s'appeler un gouvernement, on doit pouvoir décider sur des
choses. Nous ne sommes pas un groupe de pression. A l'occasion, on peut se
servir de cela sur des politiques qui appartiennent aux autres, mais nous ne
sommes pas d'abord cela. Cela a été dit comme tel par la
Colombie-Britannique, par l'Ontario et, je pense, par d'autres provinces aussi,
à la conférence de novembre dernier. Ce que nous propose le
gouvernement fédéral, c'est de nous consulter. Il nous dit: On ne
peut pas vous en donner plus à cause de la cohérence canadienne
qui doit exister. Le défi que nous avons, c'est de démontrer que
la cohérence peut être aussi bien servie par une nouvelle
répartition telle que nous l'avons indiquée là-dedans.
Je n'ai pas d'indice au niveau du gouvernement fédéral. Je
vais être très franc avec le député de
Saint-Jacques. Je n'ai pas d'indice de ce côté. Cela ne veut pas
dire cependant qu'on ne doit pas, à ce moment-ci, faire le débat
que nous avons l'intention de faire. Pourquoi? 1) Parce que le gouvernement
fédéral n'a pas encore mis à jour, fait la
législation qu'il se propose de faire déjà depuis quelques
années en matière de communication. Tant que cela n'est pas fait,
il y a encore une marge possible, quel que soit le degré ou le taux de
succès dans l'optique de ce que nous proposons. 2) Parce qu'il y a
peut-être, dans la cohésion interprovinciale, un
élément nouveau qui ne s'est pas tout à fait
retrouvé dans les autres dossiers. C'est peut-être un
élément nouveau qui pourra jouer dans un contexte politique
susceptible d'être évalué de nouveau prochainement.
Est-ce
qu'on pourra aller jusqu'au bout de ce qu'on souhaite? Est-ce qu'on
pourra obtenir ce qu'on demande? Si on l'obtient, on aura contribué
à changer d'une façon importante la perception des gestionnaires
fédéraux du fédéralisme. C'est cela qui est le
défi. C'est cela qui se pose comme question. Ce n'est pas autre chose
que cela.
M. CHARRON: Si je peux continuer la pensée du ministre, à
moins que je ne la triture en m'en allant... Si on gagne, supposons que,
même si tous les indices nous sont défavorables au départ,
si les Québécois finissent par faire fléchir le
fédéralisme dans une autre tendance que celle qu'il a prise
depuis une dizaine d'années et qu'on obtient, pas à 100 p.c, les
demandes formulées dans les dernières pages du document, mais que
ce soit d'une façon satisfaisante, c'est-à-dire que le
Québec puisse être le maître d'oeuvre, en quelque sorte, de
la politique des communications sur son territoire.
Si cela arrive, c'est bien tant mieux. Mais si ça n'arrive pas,
je refuse qu'on range cette défaite au même rang que toutes les
autres que nous avons subies, précisément à cause de
l'importance du contrôle des communications pour une culture.
Le ministre du Travail est allé à Ottawa, a essayé
de négocier une politique de main-d'oeuvre; tout le monde connaît
le caractère du ministre du Travail, il n'a pas été
capable de s'entendre avec l'Anglais qu'il y avait l'autre côté de
la table. Il a dit: Cela vient de s'éteindre, c'est final, je reviens
avec mes claques; il n'a jamais voulu retourner mettre les pieds là-bas.
Il est en train de façonner une politique de main-d'oeuvre qu'on aura
l'occasion de commenter à une autre commission, peu importe. C'est une
attitude à prendre. Dans le domaine de la main-d'oeuvre, je trouve
considérable cette défaite, mais le Québec a des moyens de
s'ajuster en conséquence et de faire les frais du régime.
Mais dans le domaine des communications, voir revenir le
député de Deux-Montagnes, ministre des Communications, bredouille
de façon successive, ça va peut-être faire des caricatures,
ça va peut-être lui rendre la vie difficile au plan de la
crédibilité politique après qu'il a fait
l'unanimité de l'Assemblée autour de son document. C'est un
problème qu'il aura lui-même à traverser. Mais c'est pour
le Québec aussi que c'est important. Parce qu'on ne peut pas dire: Bon,
on est allé, c'est bien simple, ça n'a pas marché avec le
fédéral, ça fait qu'on s'en revient. Qu'est-ce que tu
veux? On n'a pas la même conception. On perd énormément
là-dedans. En 1981, l'année que tout le monde a posée
comme tournant dans ce domaine, 1981 ou 1985, enfin la décennie qu'on
commencera en 1980, si on n'a pas le contrôle de nos communications,
quelles que soient les lois linguistiques qu'on ait abordées, la culture
chez nous, la nouvelle dimension qu'on a voulu donner à la culture sera
aux mains des étrangers; ça ne veut pas dire des ennemis,
ça. Mais qu'on le veuille ou non, les Canadiens de langue anglaise sont
étrangers à notre culture. Ce peuvent être des compatriotes
occasionnels pour une centaine d'années, ce peuvent être des
partenaires commerciaux extraordinaires, ça peut être tout
ça mais, au point de vue culturel, ce sont des étrangers. Quand
tu demandes à quelqu'un de décider pour toi, de ton orientation,
tu te dévalues toi-même et tu laisses à d'autres le soin de
prendre des dispositions à ta place.
Le court texte que je lisais ce matin au ministre, en me
référant à ce document qui a marqué le début
du ministère des Communications, quand on dit: Contrôler ses
communications, c'est, pour un peuple, se comporter en adulte, c'en est un cas.
Si l'adulte en question, conscient qu'il a atteint un âge, ce
n'était peut-être pas le cas en 1940 ou en 1935, je ne le sais
pas, je n'ai pas connu cette période... En 1974 et éventuellement
en 1980, ça va être essentiel de contrôler ses
communications pour un adulte. Quand l'adulte s'en va à la table,
qu'à l'autre bout on refuse encore de lui céder, il y a une
solution pour lui, c'est de prendre une maison à lui. Quand, dans la
maison où il est, on lui refuse ce comportement d'adulte, on bloque son
développement culturel, son épanouissement normal pour un
individu, qu'est-ce qu'il fait? A moins d'être un grand tatais à
25 ans ou 30 ans, il prend un appartement à lui, pas pour faire la
guerre à qui que ce soit, mais parce que pour son développement
normal d'être adulte, le fait de vivre continuellement en dessous de la
jupe de sa mère et d'attendre que les autres lui permettent de faire ci
et de faire ça, ça le dévalue.
Chacun des membres de la commission pourrait identifier des personnes
dans sa localité ou n'importe où, qu'on considère comme
des grands enfants. On a le même danger comme peuple. Si, à un
moment donné, on ne prend pas nos responsabilités de dire:
Défaite après défaite, je vais prendre la maison chez
nous, je vais contrôler mon épanouissement culturel, je vais
assurer le développement de ma personnalité, ça veut dire
faire la souveraineté... Le même raisonnement qui a conduit le
ministre à rédiger, j'imagine, ou à appuyer la
rédaction de ce document qui réclame la souveraineté du
Québec dans le domaine des communications, équivaut pour tous les
autres domaines de la vie d'un peuple. Ce n'est évidemment pas l'endroit
pour le faire, mais c'est aussi important pour le développement d'un
peuple, qui veut se comporter en adulte, de contrôler son
économie, son développement économique. Il n'y a pas un
adulte qui laisserait la moitié de son budget administrée par son
voisin, comme les Québécois laissent $5 milliards de leurs
impôts administrés par un voisin.
Le même raisonnement du ministre s'applique au terrain
économique, au terrain social ou
ailleurs. Vous allez me dire que je suis encore à prêcher
pour ma paroisse et je ramène le débat sur des options que je
veux défendre, ce sont les options mêmes qui sont inscrites
là-dedans, je leur fais simplement porter, à mon avis, leur
donnée réelle. Je ne veux pas dire que j'appuie cela, que le
parti de l'Opposition vous appuie, que le député de
Rouyn-Noranda, au nom de son parti, dise qu'il vous appuie aussi, en sachant
très bien, à en mettre la main dans le feu, que l'on va vers une
défaite.
Qu'est-ce que cela nous aura donné, toutes ces heures d'appui et
de claquage dans le dos pour dire: Allez-y, M. le ministre, on est
derrière vous, quand on sait très bien que le régime ne le
permet pas? Mais quand on le veut, ce qu'il y a là-dedans, quand on ne
l'a pas mis là simplement pour une parade à Ottawa, quand on l'a
mis non seulement pour s'assurer des défaites et qu'elles soient de plus
en plus amères et de plus en plus coûteuses pour le Québec,
au fur et à mesure que l'on va avancer, quand on le veut, on le prend,
on le fait.
M. L'ALLIER: Là-dessus, M. le Président, en fait, sur
l'objectif, cela a été souligné à plusieurs
reprises, je pense que tout le monde est d'accord au Québec, les
Québécois sont d'accord sur l'objectif, sur l'importance que
revêtent les communications et, d'autres secteurs aussi, mais moi, je
parle pour les communications, dans le développement futur et dans
l'organisation de la vie collective au Québec. Là où je
diffère d'avis avec le député du comté de
Saint-Jacques, c'est essentiellement sur le moyen. Le député de
Saint-Jacques, dans la philosophie politique de son parti, est obligé,
et je le comprends parfaitement, de partir de la prémisse que cela ne
peut fonctionner, parce que cela n'a jamais fonctionné dans d'autres
domaines, alors que, dans le contexte dans lequel on travaille actuellement, il
faut faire l'impossible pour réussir. Or, faire l'impossible pour
réussir n'est pas la solution, ce n'est pas la réponse. Comme il
le dit, si je reviens, à un moment donné, d'Ottawa, en disant:
J'ai fait l'impossible pour réussir, cela ne réglera pas le
problème. Il faut qu'à un moment donné ce problème
se règle d'une façon ou de l'autre.
Je pense qu'en 1974/75, on peut régler le problème,
actuellement, et le député de Saint-Jacques pense qu'on ne pourra
pas le régler. De toute façon, si je me place en dehors des
contingences de parti, il faudra qu'il se règle, ce problème,
à l'avantage des Québécois, parce que, finalement, c'est
identifié par tout le monde et la tournée régionale que
j'ai faite l'a confirmé aussi, c'est une chose essentielle. C'est redit
depuis 25 ans, M. Duplessis le disait et on l'a cité dans le document,
premier ministre après premier ministre, tout le monde a dit cela.
Mais on se rend compte aujourd'hui que c'est plus important que jamais:
25 heures par semaine devant la télévision, c'est le
Québécois moyen, c'est-à-dire les six millions comme je
l'ai dit ce matin, et on pourrait pousser le problème plus loin. Il y a
un facteur qui joue, c'est que si, pour nous, la pénétration
culturelle extérieure à la culture québécoise nous
est sensible, elle l'est d'abord à cause du véhicule linguistique
qu'est le français. C'est plus apparant quand cela nous touche.
J'ai l'impression que, du côté des autres provinces,
notamment en Ontario, on commence, d'une façon plus imperceptible,
à réagir à ce genre de choses. Je donnais une statistique
qui est apparue devant le CRTC il y a quelques mois où, entre huit
heures et neuf heures, sur le réseau anglais de CBC (Radio-Canada) on
indiquait que 72 p.c. des émissions étaient des émissions
américaines. C'est ce que j'ai dit à M. Pelletier: Si vous voulez
vous occuper de la culture canadienne, vous avez amplement à faire de ce
côté-là. Laissez-nous nous occuper de la culture
québécoise.
C'est un fait, 72 p.c, de huit heures à neuf heures, pour les
Canadiens anglophones, à la télévision d'Etat, sont de
contenu américain. Qu'on me réponde à cela qu'au total,
cela ne dépasse pas 25 p.c. ou 30 p.c. de contenu étranger, ce
n'est pas tellement important dans cette proportion, c'est de savoir quand
c'est diffusé, si c'est diffusé le matin, le contenu canadien,
alors qu'aux heures de pointe, ce n'est pas cela, c'est différent.
En Ontario, on commence à être sensible à ce
phénomène d'aliénation, moins perceptible à cause
de la communauté linguistique, mais on commence à y être
sensible. Les sondages de popularité d'émissions indiquent que,
chez nos amis anglophones, parmi les dix émissions les plus
écoutées, il y en a neuf qui sont des émissions
américaines, la dixième étant la Soirée du hockey.
Cela commence à réveiller un certain nombre de personnes en
Ontario comme ailleurs, chez les anglophones, qui ont à coeur une
culture qui n'est pas la nôtre, mais qui est la leur et qui n'est pas la
culture américaine, qui peut peut-être se rapprocher davantage de
la culture américaine que la nôtre, mais finalement le
problème commence à poindre chez eux. Est-ce que c'est un facteur
qui devrait favoriser la position québécoise en matière de
négociations? Cela peut jouer, mais je n'en suis pas assuré,
parce que finalement, et c'est le dernier point que je voudrais faire
là-dessus, les Canadiens anglophones, à tort ou à raison,
ont toujours identifié et, de plus en plus, identifient le gouvernement
central comme le gouvernement capable de protéger leur langue et leur
culture parce qu'ils s'y retrouveront, de toute façon, toujours
majoritaires, comme l'a dit le député de Saint-Jacques, alors
qu'au Québec on sera toujours minoritaire dans cela.
Qu'on passe des heures à faire le procès de cette
situation ne réglera pas le problème. Je terminerai en disant
que, quant à nous, nous allons essayer par tous les moyens de faire
franchir à ce dossier le plus grand nombre d'étapes possible.
Je citerai au député de Saint-Jacques une règle de
conduite de son collègue, l'ancien sous-ministre des Affaires
intergouvernementales, qui dit que si on se place dans la dialectique de ceux
avec qui on négocie au moment d'établir une politique de
négociation, on a déjà à moitié perdu la
bataille. Si je me place dans la dialectique que le gouvernement
fédéral ne peut pas céder, j'ai déjà
à moitié perdu la bataille. Intellectuellement, on peut le
constater, mais dans les faits d'une négociation comme celle-ci, je dois
essentiellement partir du dossier québécois indépendamment
de ce qu'on peut connaître de la perception fédérale.
M. CHARRON: Vous savez que la conclusion qu'a tirée l'ancien
sous-ministre auquel vous avez fait allusion...
M. L'ALLIER: II y a plus de dix ans de cela. Cela lui a pris dix
ans.
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: Cela lui a pris dix ans.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, vous êtes prêts
à passer au programme 1?
M. CHARRON: Certainement, programme 1.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 1, élément 1.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
M. CHARRON: M. le Président, dans l'exposé de ce matin, le
ministre nous a déjà donné pas mal d'information sur
l'ensemble des crédits. Ceci va certainement nous faciliter la
tâche. J'ai, à ce programme des réseaux et
équipements gouvernementaux de communication, plutôt des questions
d'information à partir de ce que le ministre avait affirmé,
l'année dernière comme étant les intentions du
ministère.
D'abord, dans ces réseaux et équipements gouvernementaux,
combien le gouvernement opère-t-il actuellement d'ordinateurs ou de
systèmes fermés d'informatique?
M. L'ALLIER: Actuellement, le ministère des Communications est
responsable de la politique pendant que je parle, on va me sortir les
chiffres des télécommunications, c'est-à-dire de
transmission à distance alors que les ordinateurs sont situés
dans les ministères et gérés par les ministères. Le
traitement des données...
M. CHARRON: Ils sont gérés par les ministères
mêmes?
M. L'ALLIER: Ils sont gérés par les ministères ou
par le centre des données qui dépendent du ministère des
Finances.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a quand même la statistique?
M. L'ALLIER: Je peux vous donner les ministères qui ont des
équipements...
M. CHARRON: C'est cela.
M. L'ALLIER: ... de transmission de données.
M. CHARRON: Oui. Affaires sociales, Education.
M. L'ALLIER: Ce sont en fait presque tous les ministères:
Affaires municipales, Affaires sociales, Agriculture, Assemblée
nationale, cabinet du premier ministre, Communications, Conseil
exécutif, Education, Finances, Immigration, Industrie et Commerce,
Institutions financières, Justice, Revenu, Richesses naturelles, Terres
et Forêts, Tourisme, Transport, Travail et Main-d'oeuvre, Travaux
publics.
M. CHARRON: Cela aurait été moins long si je vous avais
demandé ceux qui n'en avaient pas.
M. L'ALLIER: C'est cela. Parmi les organismes il y a aussi des
organismes qui ont des équipements de transmission de données
il y a le Centre informatique de la santé pour l'Estrie, la
Commission des accidents du travail, l'Office franco-québécois
cela peut être strictement le téléscripteur
finalement la Société des alcools, la Curatelle publique,
la Commission de contrôle, la Sûreté du Québec, la
Commission des transports et l'Université du Québec. C'est le
Conseil du trésor qui a sur pied un comité pour organiser la
clientèle du gouvernement et faire des analyses quant aux
équipements de traitement de données. Nous sommes pour notre part
responsables de la télétransmission dans la mesure où elle
est nécessaire: réseau des Affaires sociales, réseau de
l'Education.
M. CHARRON: Comme cela, la question que j'avais à vous proposer
à propos du ministère de l'Education, qui a maintenant plusieurs
organismes extérieurs liés à son ordinateur, soit les
institutions d'enseignement ou les commissions scolaires, dans tout ce rapport,
le ministère des Communications n'a à peu près aucun
rôle, c'est assumé entièrement par le ministère?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que l'équipement de traitement
de données est au ministère de l'Education ou ailleurs dans le
réseau de l'Education, mais dans la liaison entre le ministère et
les commissions scolaires, la télétransmission,
on a une responsabilité-conseil et de coordination comme
ministère.
M. CHARRON: Que veut dire conseil? M. L'ALLIER: C'est-à-dire
que... M. CHARRON: Des spécialistes?
M. L'ALLIER: Oui, cela veut dire des techniciens en
téléinformatique qui conseillent soit au Conseil du
trésor, soit au gouvernement, soit aux différents
ministères, les équipements qui doivent être
implantés pour en arriver à la cohérence de la
transmission. C'est une fonction qu'on assume depuis à peu près
deux ans comme telle et qui va en s'accentuant. Le problème est
d'éviter la multiplication des réseaux parallèles de
transmission...
M. CHARRON: C'est cela.
M. L'ALLIER: ... et se retrouver avec la petite voirie, alors qu'on
pourrait, avec un réseau plus important, arriver à des
équipements beaucoup plus cohérents et beaucoup moins
coûteux finalement. On participe, par ailleurs, au comité du
Conseil du trésor sur les équipements en informatique. Je dois
dire, cependant, que ce sont essentiellement les principaux ministères
utilisateurs qui y participent. Toute la question de l'informatique, comme
telle... Il n'est pas impossible qu'au cours de l'année je demande au
Conseil du trésor de nous confier plus de responsabilités
là-dedans pour en arriver à la même cohérence.
M. CHARRON: Dans l'achat et l'allocation des équipements...
M. L'ALLIER: Autrement, qu'est-ce que vous voulez, dans ce
domaine-là, il peut se produire ce qui se produisait avant dans d'autres
domaines, le gouvernement et ses organismes ou les réseaux,
universités, CEGEP, etc., étaient, et de loin, les plus gros
consommateurs dans ce domaine au Québec, mais, en fait, étaient
essentiellement conseillés, en gros, par le fournisseur de services, ce
qui peut avoir des avantages, mais aussi surtout des inconvénients. Dans
le domaine de la téléphonie, il y a quatre ans, on n'avait
à peu près personne au gouvernement qui nous conseillait,
même si on avait un compte téléphonique de $6 millions.
Actuellement, on a plusieurs dizaines de personnes qui nous conseillent et qui
ne travaillent pas avec le fournisseur de services, sauf dans des relations
professionnelles.
M. CHARRON: Avant de donner la parole au député de
Rouyn-Noranda, est-ce que vous pouvez donner quelques statistiques sur le
réseau téléphonique gouvernemental?
M. L'ALLIER: Oui.
M. CHARRON: Ce qui n'était pas contenu dans le document de ce
matin.
M. L'ALLIER: Le coût...
M. CHARRON: Le coût, le nombre d'appareils, les projets
également.
M. L'ALLIER: On peut vous donner le coût, les évolutions du
coût; quant au nombre d'appareils, si vous voulez, je peux vous le donner
ce soir.
M. CHARRON: Je ne mourrai pas si je n'ai pas le nombre de
téléphones qu'il y a au gouvernement, mais c'est surtout du
côté projet du développement du réseau, le centrex,
etc.
M. L'ALLIER: Je vais vous donner, ce soir à la reprise, la courbe
d'évolution du coût du service téléphonique, avec
les grandes lignes de développement du réseau centrex, par
rapport aux équipements, dans la mesure où cela peut se
dissocier...
M. CHARRON: Comme vous l'avez rappelé vous-même en faisant
mention, ce matin, d'interventions du gouvernement du Québec
auprès de la Commission canadienne des transports, en ce qui concerne la
hausse de tarifs de Bell, vous avez mentionné que le gouvernement du
Québec était le plus gros consommateur de Bell Canada, son plus
gros client.
M. L'ALLIER: Oui.
M. CHARRON: Est-ce qu'à ce titre, le gouvernement du
Québec se trouve dans des positions privilégiées pour
négocier une réduction du coût qui l'affecterait?
M. L'ALLIER: Non. Le gouvernement du Québec, par rapport aux
sociétés de téléphone, est placé sur le
même pied que n'importe quel client. Il se voit appliquer la tarification
approuvée par la Commission canadienne des transports. Ce qui ajoute,
effectivement, à notre volonté d'intervenir, parce que si cela
nous coûte $10 millions ou $11 millions par année de services
téléphoniques, on a intérêt à savoir si on
doit les augmenter de 10 p.c. ou de 11 p.c. C'est le premier volet.
Le deuxième volet, c'est que, face à la quand même
énorme machine de Bell et les moyens dont elle dispose devant la
commission, il n'y a pas d'abonnés en dehors des gouvernements de
Québec et de l'Ontario qui sont équipés à un
minimum, pour faire face devant la commission aux prétentions de Bell
Canada. Il ne s'agit pas d'être contre. Il s'agit d'avoir des instruments
pour faire en sorte que Bell fasse la preuve de l'argent qu'elle veut avoir,
que cet argent est nécessaire pour le service aux citoyens et qu'il ne
servira pas à...
M. CHARRON: Je parlais plus précisément des coûts
que défraie le Québec ou la facture que le gouvernement du
Québec a...
M. L'ALLIER: II n'y a pas de tarification pour les gouvernements, par
exemple, Québec et Ontario. Il n'y en a pas. On paie sur la même
base que n'importe quel utilisateur.
M. CHARRON: J'imagine qu'avec la position que vous avez prise devant la
Commission canadienne des transports, on ne peut pas espérer que ce soit
demain que Bell Canada fasse des faveurs au gouvernement du Québec
désormais.
M. L'ALLIER: Je pense que même si elle voulait en faire, à
moins que ce soit approuvé par la commission, elle ne peut pas d'office
le faire.
M. CHARRON: D'accord.
M. L'ALLIER: Je peux vous dire, tout de suite, qu'actuellement on est en
discussion avec Bell Canada pour avoir une amélioration de l'insertion
d'information dans les bottins téléphoniques qui touche le
gouvernement, pour que les gens puissent se retrouver là-dedans un peu
comme si on va se placer strictement sur une base d'entreprise, finalement,
pour que les gens identifient le service.
Si les gens ont besoin d'un vocabulaire du citoyen, si le bottin du
téléphone dit direction générale de telle ou telle
chose, cela ne dit rien. Ce qui intéresse les gens, c'est pension...
M. CHARRON : C'est cela.
M. L'ALLIER: ... c'est prestation de telle sorte, ce sont de tels
mots.
M. CHARRON: Dépannage.
M. L'ALLIER: C'est cela. Et il faudrait retrouver, plutôt qu'une
liste de directions générales qui ne disent rien à
l'administré, une description de services.
M. CHARRON : Cette démarche auprès de Bell est la
démarche d'un client qui veut être mieux servi par le bottin du
téléphone.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. CHARRON: Cela n'est pas un privilège.
M. L'ALLIER: Cela n'est pas un privilège et on travaille
là-dessus et au niveau de Bell Canada et au niveau de Québec
Téléphone qui est sous régie québécoise. Je
dois vous dire que, jusqu'à maintenant, Bell Canada est disposée
à nous vendre de l'espace dans ses bottins du téléphone et
je suis en train de faire faire une étude pour savoir si, effectivement,
compte tenu du volume de nos comptes de téléphone, l'espace qu'on
a correspond à ces comptes, si, effectivement, on est obligé
d'acheter ou si alors on n'a pas droit à 10, 12, 15 pages de plus en
appliquant à la lettre la réglementation de la Commission
canadienne des transports, qu'on se serve de ces dix pages dans les pages
jaunes ou ailleurs pour annoncer le service.
M. CHARRON: Faites vérifier cela à coup sûr parce
qu'ils...
M. L'ALLIER: C'est ce que nous faisons vérifier.
M. CHARRON: ... sont maudits.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre peut nous dire si, au niveau du
service téléphonique, le Centrex, qui est au service du
gouvernement pour toutes les régions du Québec, est
réellement satisfaisant dans toutes les régions?
M. L'ALLIER: Je pense que, partout où il existe, le
système Centrex ou intercentres, qui sont deux choses différentes
d'ailleurs, je pense que j'ai envoyé une note aux
députés récemment là-dessus est
généralement satisfaisant. On a des problèmes occasionnels
avec le réseau Centrex ou avec le système intercentres. Le
réseau Centrex est le système téléphonique qui vous
permet de communiquer avec Montréal ou avec Québec et le
réseau intercentres est ce qui permet de communiquer d'un centre
à l'autre, de Montréal à Québec, etc. On a des
problèmes occasionnels. Par exemple, on a eu récemment, et depuis
quelques temps, une surcharge tous les vendredis ou à tous les deux
vendredis après-midi. On s'imagine qu'à l'heure du lunch, les
fonctionnaires ne se servent pas du téléphone et on essayait
d'obtenir des lignes avec Montréal et Québec. C'était
complètement bloqué. C'était plein. On s'est rendu compte
que c'est parce que la Société des loteries et courses donnait un
numéro de téléphone qui référait au Centrex
pour que les gens puissent appeler et vérifier leur numéro.
Evidemment, le tirage avait lieu et, dans les heures qui suivaient, on se
retrouvait avec un problème énorme, chacun appelant le
numéro et cela bloquait à peu près toutes les lignes du
gouvernement pendant quelques heures.
C'est un problème qui est en voie de règlement et je pense
que, d'ici quelques jours, cela sera complètement réglé.
Il suffit que la Société des loteries et courses change un peu
ses procédures ou l'heure de son tirage ou alors qu'on ne donne le
numéro de vérification téléphonique qu'après
cinq heures, par exemple, alors qu'on a beaucoup moins besoin du système
Centrex. Si on le donne à onze heures, en matinée, on est foutu
pendant trois ou quatre heures.
M. SAMSON: Si je comprends bien, la So-
ciété des loteries et courses est installée sur le
système Centrex du gouvernement.
M. L'ALLIER: La plupart des organismes gouvernementaux, hôpitaux,
sont sur le réseau Centrex...
M.SAMSON: Ah bon!
M. L'ALLIER: ... parce que, finalement, c'est ainsi qu'on peut le
rentabiliser et cela permet d'éviter les coûts d'interurbain, le
système prévoyant un nombre fixe de lignes de communication entre
les différents centres. Actuellement, il n'y a pas de temps d'attente
anormal en dehors d'une demi-heure ou trois quarts d'heure de pointe le matin
et l'après-midi. Si on voulait faire disparaître les
périodes de pointe, un peu comme dans la circulation, le coût est
disproportionné avec le service à rendre pendant ce temps. En
d'autres mots, il faudrait multiplier par 50 p.c. ou ajouter 20 p.c. ou 30 p.c.
ou 40 p.c. d'équipement supplémentaire en permanence pour
régler le problème de l'équivalent d'une heure et demie
par jour. C'est exactement le même problème de l'équivalent
d'une heure et demie par jour. C'est exactement le même problème
que la circulation à cinq heures. Si on voulait régler le
problème de la circulation à cinq heures en multipliant les
routes, c'est disproportionné avec le problème à
régler.
M. SAMSON: Est-ce que, dans le réseau intercentres c'est
ainsi que vous l'appelez? on a quand même un service qui est
satisfaisant présentement? Est-ce qu'il n'y a pas des régions, si
je me réfère à la documentation que vous nous avez fait
parvenir, où le service est de neuf heures à cinq heures alors
que d'autres régions ont un service vingt-quatre heures par jour?
M. L'ALLIER: Oui. C'est-à-dire que, lorsqu'on traite avec les
centrales Centrex à Québec et à Montréal, qui
desservent non seulement Québec et Montréal, mais, pour
Québec, par exemple, qui desservent Rimouski ou d'autres régions,
il y a un service de 24 heures par jour.
Pour le réseau intercentres, c'est un service qui est...
Même à Montréal, ce n'est pas 24 heures par jour, c'est de
8 heures le matin à 11 heures le soir. Dans d'autres régions,
c'est moins que cela.
M. SAMSON: Oui, c'est peut-être celui de Montréal qui
m'intéresse le plus, parce que c'est avec celui-là qu'on a
affaire plus souvent dans notre région. J'ai remarqué qu'il
était annoncé jusqu'à 11 heures le soir.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. SAMSON: Dans la pratique, je pense que, passé 5 heures, on ne
peut pas s'en servir facilement.
M. L'ALLIER: Cela ne devrait pas poser de problème, parce que
c'est desservi par des téléphonistes de Bell Canada. Au
début, on l'avait jusqu'à 5 heures, on l'a prolongé
jusqu'à 11 heures. Les études qu'on a faites nous indiquent que
de 11 heures à 8 heures le matin...
M. SAMSON: A quel moment? Est-ce que cela a été
changé dernièrement?
M. L'ALLIER: Cela fait à peu près quatre mois.
M. SAMSON: Ah! C'est peut-être cela qui a posé...
M. L'ALLIER: C'est peut-être la bonne mise en place. Il faut bien
se dire que ce sont des téléphonistes de la société
de téléphone Bell ou d'une autre société pour qui
il y a aussi des périodes de pointe. Par exemple, de 6 heures à 8
heures le soir, les gens reviennent à la maison. Ils se servent beaucoup
du téléphone. Cela ne vous enlève pas votre service, mais
la téléphoniste qui est là peut avoir à faire autre
chose en même temps que de répondre au gouvernement du
Québec. Cela peut donner un temps d'attente un peu plus long qu'à
4 heures de l'après-midi.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez envisagé de donner ce service
à Montréal 24 heures par jour?
M. L'ALLIER: On l'a envisagé. On a fait faire une étude
là-dessus. Cela coûte moins cher au gouvernement de laisser les
gens faire l'interurbain de 11 heures à 8 heures le matin que
d'implanter le service de 24 heures par jour.
M.SAMSON: Ah bon!
M. L'ALLIER: Parce que la demande n'est pas tellement forte de 11 heures
à 8 heures le matin. Même si on assume Jes frais d'interurbain, je
veux dire que le coût des comptes des différents ministères
est d'assez loin inférieur au coût de l'implantation du
système de 24 heures.
M. SAMSON: Concernant le service téléphonique, encore une
fois, l'augmentation du budget de $8,098,000 à $9,400,000 est due
à quoi?
M. L'ALLIER: Pardon?
M. SAMSON: Cette augmentation du budget de $8 millions à
$9,400,000, programme 1, élément 1?
M. L'ALLIER: Oui. L'an dernier, on a eu là-dessus un budget
supplémentaire de $1.1 million, pour assumer l'augmentation des
coûts du service téléphonique, la hausse des tarifs,
l'augmentation du volume téléphonique. Si on
prend les chiffres de 1973/74, qui étaient de $8,098,000 et si on
ajoute à cela un budget supplémentaire dont on a eu besoin, on
avait inscrit au budget cette année un chiffre qui tient compte de
l'adjonction d'un budget supplémentaire. Il faut se souvenir que,
l'année précédente, on avait eu un budget
supplémentaire de $2 millions et quelque chose. On l'a réduit
cette année à $1.1 million. Pour éviter de revenir
éternellement au budget supplémentaire, dans la prévision
des crédits de cette année, nous avons inscrit la marge
d'accroissement des services de base. Nous avons incorporé
là-dedans l'équivalent du budget supplémentaire pour
essayer de boucler l'année avec le budget qui est accordé ici et
ne pas avoir à revenir là-dessus. S'il y a des hausses de tarifs
qui sont accordées ou s'il y a des modifications substantielles dans le
volume de la clientèle, on se retrouvera avec un budget
supplémentaire.
M. SAMSON: Alors, ce n'est pas dû à des augmentations
budgétaires, dans le fond. C'est tout simplement pour régulariser
la situation.
M. L'ALLIER: Pas comme telle. Sur l'ensemble des services qu'on fournit,
on peut dire que les augmentations budgétaires qui sont prévues
sont des augmentations budgétaires de croisière, si vous voulez,
qui sont dues à l'augmentation du coût des services et à un
pourcentage proportionnel aux augmentations du nombre d'employés au
gouvernement. Il n'y a pas, dans tout le secteur des services, d'augmentation
substantielle à noter.
M. SAMSON: Sur le même sujet du service
téléphonique, j'ai une question qui sera peut-être
considérée comme colle, mais je pense qu'il faut la poser quelque
part. On a des gens qui nous la posent souvent et même qui
s'inquiètent. Est-ce qu'on est en mesure de nous assurer que, sur tout
le réseau téléphonique du gouvernement, il n'y a pas
d'écoute? Peut-être que s'il y en avait, le ministre serait le
dernier informé; c'est peut-être cela qu'il va me
répondre?
M. L'ALLIER: Non, j'écoutais. Je ne peux pas vous le garantir
mais je peux vous garantir une chose. S'il y a des tables d'écoute,
elles ne sont pas installées, gérées, administrées
ou écoutées par qui que ce soit dans le secteur de
responsabilité du ministère des Communications. Sur ce sujet vous
poserez des questions au ministre de la Justice ou à tous ceux que vous
pouvez soupçonner d'avoir un intérêt à
écouter ce que vous dites.
M. SAMSON: M. le Président, si je dois soupçonner tous
ceux qui ont un intérêt à écouter ce que je dis je
vais soupçonner tout le monde.
M. L'ALLIER: Y compris M. Caouette.
M. SAMSON: Y compris vous-même. Je dis intérêt dans
le bon sens du mot.
M. VEILLEUX: Le président du parti PP. M. SAMSON: Pardon?
M. VEILLEUX: Est-ce que le président du parti PP pourrait avoir
des intérêts?
M. SAMSON: Celui qui est le chef, le président et le membre?
M. L'ALLIER: Je peux dire là-dessus, M. le Président,
qu'il est arrivé à l'occasion que des personnes, des utilisateurs
du réseau gouvernemental de communications, aient demandé au
ministère des Communications d'effectuer certaines vérifications
à cette fin. Chaque fois qu'on l'a fait, les conclusions ont
été négatives. Cela n'est pas arrivé tellement
souvent par ailleurs.Or, aujourd'hui, il ne faut pas se surprendre de cela,
parce qu'à la limite, même s'il y avait des tables
d'écoute, la technologie, d'après ce que j'en sais, permettrait
et permet d'avoir des tables d'écoute qui sont difficilement
décelables par de l'équipement électronique. Il faut
tomber dessus ou alors on ne le sait pas. Cela n'a pas été
développé par le gouvernement, les tables d'écoute ont
été développées essentiellement à partir de
l'espionnage industriel et...
M. SAMSON: D'ailleurs, le téléphone n'a pas
été développé par le gouvernement non plus.
M. L'ALLIER: Non.
M. SAMSON: Ceux qui ont développé le système
pourraient peut-être en faire bénéficier ceux qui veulent
en bénéficier et ce sont ceux qui voudraient en
bénéficier qui m'inquiètent.
M. L'ALLIER: Là-dessus, je dois dire qu'à ma connaissance
je n'ai pas de soupçon non plus qu'il y ait de façon
systématique des tables d'écoute ou même d'une façon
non systématique. Je peux peut-être inviter le
député de Rouyn-Noranda à partager ma philosophie
là-dessus, c'est de toujours dire des choses, que ce soit au
téléphone ou ailleurs qu'à la limite on pourrait dire
devant n'importe qui.
M. SAMSON: Vous voyez, M. le Président, comment le ministre
partage ma philosophie. 11 y a déjà longtemps que je la pratique.
Je ne voulais pas courir un risque. C'est peut-être
considéré comme une colle, mais elle nous est posée assez
souvent pour que, finalement, cela justifie que nous la posions à ceux
qui sont capables de donner des réponses.
M. L'ALLIER: D'ailleurs, je l'ai souligné ce matin, ce n'est pas
une indication qu'il y a des
tables d'écoute, mais en définitive, si vous regardez les
comptes gouvernementaux dont nous avons la responsabilité, il y a ceux,
entre autres, de la Sûreté du Québec dont nous ne sommes
pas responsables. C'est-à-dire que la Sûreté du
Québec traite directement avec les compagnies de
téléphone. C'est pour cela que je vous dis qu'il y a une partie
de la téléphonie qui est la responsabilité du
ministère de la Justice, c'est celle de la Sûreté du
Québec et vous pourrez poser des questions à ces gens. Pour la
partie que nous gérons, il n'est pas question de cela.
M.SAMSON: Radiocommunications, est-ce que le ministre pourrait me donner
quelques explications là-dessus? Je ne suis pas familier avec ce
dossier.
M. L'ALLIER: Comme quoi, par exemple?
M. SAMSON: Elément 3: Radiocommunications, vous avez $1,099,800.
D'ailleurs il y a une baisse de crédits là-dedans. Cela comprend
quoi Radiocommunications, en gros?
M. L'ALLIER: L'objectif de cet élément de programme est
essentiellement d'assurer au ministère et aux organismes gouvernementaux
des services de radiocommunications soit par l'achat, soit par la location
d'équipement.
Vous avez, disons, au ministère des Terres et Forêts ou au
ministère des Transports, des réseaux de radiocommunications qui
sont installés sur les équipements mobiles et c'est ce genre de
service qu'on fournit.
M. SAMSON: Ces services sont chargés au ministère des
Communications, si je comprends bien, c'est ça que vous voulez dire?
M. L'ALLIER: Oui, c'est ça.
M. SAMSON: Qui en assume la supervision, c'est vous autres?
M. L'ALLIER: Le ministère des Communications est responsable
d'effectuer l'entretien des équipements appartenant au ministère
des Communications, de coordonner les relations avec les fournisseurs, de
vérifier les comptes présentés par ceux-ci et de les
payer; de fournir aux usagers les informations pour l'utilisation optimale des
services de radiotéléphonie.
M. SAMSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Sur le programme 1, est-ce qu'il y a
d'autres questions ou est-ce qu'on considère que les quatre
éléments du programme sont adoptés?
M. CHARRON: Adopté, quant à moi.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté.
Passons maintenant au programme 2: Communications gouvernementales et
renseignements.
Communications gouvernementales et
renseignements
M. SAMSON: M. le Président, j'imagine que c'est à ce
programme qu'on discute des renseignements qui sont donnés dans les
différents centres de communications dans les régions. De quelle
façon le personnel est-il préparé à ce genre de
travail, c'est-à-dire celui de donner les renseignements qui concernent
tous les autres ministères?
M. L'ALLIER: Dans les bureaux régionaux? M. SAMSON: Dans les
bureaux régionaux.
M. L'ALLIER: Le personnel que nous engageons dans les bureaux
régionaux a une fonction qui est celle de fournir des renseignements. Il
a aussi une deuxième fonction qui, à long terme, va
peut-être devenir la plus importante, c'est de travailler avec les
différents représentants régionaux des autres
ministères, à les amener à fournir eux-mêmes le
renseignement, à les amener un peu, si je peux employer l'expression,
à s'éduquer à la fonction de renseigner. Nous faisons
actuellement une étude, comme je l'ai dit ce matin, qui est assez
importante, sur le comportement du citoyen face à l'information
administrative. C'est souvent une information qui est noyée dans toute
une série d'autres choses et on constate de plus en plus que c'est une
chose que de dire aux gens: II s'est fait telle chose, il y a tel service, et
de leur fournir, au moment où ils en ont besoin, l'information qui leur
donne accès au service lui-même. Comment est-ce qu'on en arrive
à faire ça? Les bureaux régionaux ont été la
première façon d'être en permanence dans les régions
et la formation de ce personnel se fait par une série de stages dans les
différents ministères ou au ministère des Communications
comme tel et aussi à partir d'une banque de renseignements qu'on a au
ministère des Communications, qui nous met en contact avec les autres
ministères et avec laquelle communiquent les agents de renseignements
qui sont dans les régions. Nos bureaux régionaux ne sont pas
suréquipés, loin de là, actuellement. On y retrouve de
deux à huit personnes qui ont différentes responsabilités
et qui s'adaptent du mieux qu'elles peuvent, avec les budgets qu'on leur donne,
à ces différentes régions. Certains publient des bottins
administratifs, d'autres font d'autres opérations. Ils ont, quant
à nous, une marge de manoeuvre qui est la plus grande possible pour leur
permettre précisément de ne pas toujours avoir à se
référer à Québec chaque fois qu'ils ont besoin de
faire un appel interurbain.
M. CHARRON: Avant que ça ne se rende
jusqu'au bureau de Communication-Québec, de là à
être disponible au citoyen, comment se fait la coordination à
partir du ministère des Communications et entre les différents
services d'information des ministères? Vous avez parlé d'une
banque, mais y a-t-il d'autres organismes?
M. L'ALLIER: Comme tel, vous vous souvenez, cela a été une
question qui a été longuement débattue à partir de
l'OIPQ en descendant; l'Office d'information et de publicité, lorsqu'il
existait, regroupait sous sa responsabilité tous les agents
d'information du gouvernement qui étaient placés dans les
ministères. On s'est rendu compte à ce moment-là que, pour
toute une série de facteurs, cela ne collait pas à la
réalité en ce sens que le gars était assis dans un
ministère, dépendait de l'OIPQ et n'était pas
utilisé dans le ministère comme conseiller en communication, mais
comme rédacteur de communiqués quand on lui disait de faire un
communiqué, une photo ou un audiovisuel.
Les ministères ont demandé à assumer
eux-mêmes la responsabilité de leurs propres communications,
d'être responsables de leur service d'information et de communications au
même titre qu'ils sont responsables de leurs autres services.
Après un assez long débat là-dessus, nous avons
pris le risque, je considère que c'est un risque calculé, de
remettre aux ministères leur propre service d'information en misant sur
le fait que le ministère des Communications, dans cette optique, devait,
lui, se définir comme un fournisseur de services centraux et comme une
unité de conseil auprès de ces ministères.
En d'autres mots, l'agent d'information ou le directeur des
communications dans le ministère laissé à lui-même
avec le ministère, ne dispose pas de tout l'appareil qu'on peut avoir au
ministère des Communications, en édition, en graphisme, en
publicité et tout cela. A partir de là, il se développe de
plus en plus le réflexe, de la part des gens de communication dans les
ministères, de venir au ministère des Communications qui se
structure, lui, comme une unité de conseil. C'est là-dessus qu'on
mise. On avait le choix de faire des règles, des normes qui ne sont pas
respectées, pour lesquelles il n'y a pas de sanction, ou alors de miser
sur la fonction de conseil auprès des ministères. C'est assez
faible comme moyen de coordination, mais je pense qu'à moyen terme et
à long terme, c'est probablement la seule façon d'y arriver.
Vous avez des ministères qui traitent d'une façon
impeccable, avec nous, qui font affaires quotidiennement avec nous, le
ministère des Affaires sociales, par exemple, ou d'autres
ministères. Vous en avez d'autres qui sont plutôt repliés
sur eux-mêmes et vont leur petit bonhomme de chemin tout seuls. C'est un
problème d'éducation des gestionnaires à l'importance de
la communication comme outil de gestion. Ce n'est pas tout de dire aux gens
qu'on va faire ceci ou cela, il faut savoir comment on se sert de la
communication dans l'implantation d'un programme ou même dans la
conception du programme. C'est le risque qu'on prend actuellement et je pense,
en tout cas, qu'indépendamment de son taux de succès, à
moins qu'on se retrouve avec une chose qui est extrêmement
centralisée, il faut miser à inclure, dans le processus de
décision des ministères, des conseillers en communications qui
vont pouvoir donner les contraintes de communications au moment de prendre une
décision. On peut faire référence à toute une
série de projets possibles et imaginables qui ont plus ou moins bien
fonctionnés ou qui ont plus ou moins traumatisé la population et,
très souvent, on en arrive à une conclusion, c'est qu'il y a eu
un manque d'information et de communications à un moment ou l'autre et
plus souvent dans l'élaboration de la décision et de sa mise en
place qu'au moment de l'exécution. On en arrive à cette
conclusion. C'est le moyen de coordination qui existe par la fonction de
conseil. On réunit, bien sûr, assez régulièrement
les directeurs de communications dans les ministères pour les "briefing"
pour mettre au point des opérations; Informatour se fait en
collaboration avec les ministères. Le ministère des
Communications, en plus de fournir cette fonction de conseil, essaie de ne
s'occuper que directement, de ce que je pourrais appeler l'information
institutionnelle et commune à plusieurs ministères, comme
Informatour.
M. SAMSON: Parlant de l'information ou de l'assistance à donner
aux citoyens, par exemple, par les bureaux régionaux du ministère
des Communications, c'est un peu dans ce sens-là que je posais ma
question tantôt, à savoir quelle est la préparation des
représentants du ministère locaux ou régionaux pour
permettre de donner un renseignement à un citoyen? Je vais donner un
exemple, si vous voulez, pour mieux me faire comprendre. Si un citoyen se
présente à un bureau des Communications avec un problème.
Est-ce qu'en exposant son problème, le fonctionnaire est assez bien
préparé pour être capable de le diriger vers un
ministère ou le service intéressé?
M. L'ALLIER: L'agent d'information n'est pas un spécialiste de
toutes les questions. C'est un généraliste. C'est quelqu'un qu'on
ramène à Québec à tous les deux mois où il
va prendre une demi-journée, une journée ou une journée et
demie pour se mettre à jour dans les modifications de structure de
programmes des différents ministères et dont la fonction consiste
essentiellement à mettre le citoyen en contact avec la bonne source
d'information et à lui dire, s'il n'a pas eu là le renseignement
dont il a besoin, de revenir. On continuera à pousser avec lui.
En d'autres mots, ce n'est pas une personne
de plus qui joue au ping-pong avec le citoyen, qui l'envoie d'une porte
à l'autre, dans la tour ou ailleurs. On lui dit : Quel est ton
problème? On pense que c'est M. Untel. On fait la communication pour lui
ou on le fait en sa présence. Le contact se fait. Si le citoyen n'est
pas satisfait de la réponse qu'il a eue ou du renseignement qu'il a eu,
il revient au ministère et on continue. On essaie de définir
il y a 64 de ces agents dans les bureaux régionaux, au total
on essaie de leur donner comme premier mandat d'être au service
non pas de l'administration centrale auprès des citoyens, mais
d'être au service des citoyens dans leur cheminement vers les
administrations.
Si on essayait de tout concentrer là-dessus, c'est une
tâche absolument impossible. C'est pour cela qu'on essaie d'amener les
représentants des autres ministères, qui sont dans les
régions, à avoir aussi ce réflexe d'information et de
communication. Autrement, on ne passerait jamais à travers cela.
M. SAMSON: Est-ce que vous gardez un dossier de tout ce qui se fait par
les bureaux régionaux? Par exemple, pour chaque personne qui se
présente pour une demande de renseignements ou pour une assistance
quelconque, est-ce qu'on garde cela en dossier pour fins de statistiques?
M. L'ALLIER: Oui, non seulement on a des statistiques sur le volume,
mais on a aussi des statistiques et des données sur les
catégories de demandes, ce qui nous permet de les acheminer, par le
ministère des Communications, aux différents ministères
concernés. Cela peut, dans bien des cas, jouer sur des ajustements
d'information, de publicité ou même de réglementation.
Ainsi, par exemple, dans des périodes de pointe, on a convenu
avec le ministère du Revenu d'amener dans certaines régions un
représentant du ministère du Revenu. On en a eu un à
Rouyn-Noranda qui a fait quinze jours, trois semaines, qui s'est assis à
la place de l'agent d'information au moment de la préparation des
rapports d'impôt et qui a répondu directement, comme agent du
ministère, dans nos bureaux de Communication-Québec.
M. SAMSON: Cela a été considéré par les
demandes que vous avez eues?
M. L'ALLIER: Essentiellement. Il y a des périodes de
pointe...
M. SAMSON: Oui.
M. L'ALLIER: ... pour les étudiants, pour la question de
l'impôt. A partir de là, on essaie d'avoir un représentant
du ministère lui-même impliqué là-dedans.
Pour vous donner quelques chiffres, au bureau de Rimouski, on a eu 2,566
demandes l'an dernier. Une demande de renseignements, c'est une demande qui est
identifiée. Ce n'est pas un coup de téléphone où on
demande un renseignement.
C'est quelqu'un qui prend contact, qui se nomme, avec qui on est
obligé de communiquer de nouveau. A Chicoutimi, 5,000; à
Québec, 23,000; à Trois-Rivières, 3,000; à
Sherbrooke, 6,000; à Montréal, 34,000; à Hull, 24,000;
à Rouyn-Noranda, 8,000 demandes de renseignements. Ce n'est
peut-être pas beaucoup par rapport à l'ensemble des
problèmes qui se posent, mais on essaie de...
M. SAMSON: Oui, mais il faut considérer quand même que
c'est assez récent comme...
M. L'ALLIER: C'est récent et nos moyens ne sont pas
illimités.
M. SAMSON: La population n'est pas totalement au courant de ce service
encore.
M. L'ALLIER: Non. On fait, par exemple, dans une région qui vous
intéresse indirectement, je pense, ou même directement, une
expérience qui va s'échelonner sur six mois et qui a
commencé au début de mai, dans toute la région sud du
Témiscamingue, où vous avez une quinzaine de municipalités
qui sont assez éloignées les unes des autres. Pendant six mois,
on demande à ces gens, qui veulent communiquer avec le gouvernement, de
le faire aux frais de l'Etat. Donc, on assume les frais de communication. Cela
ne leur coûte rien. Si on se rend compte que c'est utilisé et que
c'est utilisable, c'est une formule qui pourra se généraliser. Il
n'y a pas de raison, finalement, que cela coûte à quelqu'un qui
est en Gaspésie ou qui est au Témiscamingue, $2.50 d'interurbain
pour avoir un renseignement, alors que celui qui est à Hull, cela ne lui
coûte rien. Donc, on fait l'expérience au Témiscamingue
actuellement. Il y a une autre expérience qu'on fait dans la même
région avec un centre de citoyens qui fait de l'information, qui est
partiellement financé par la municipalité, partiellement par
Tembec, et partiellement par le ministère des Communications. Les gens
ont dit: Nous, on veut faire notre propre information. Tout le monde s'est mis
ensemble. Plutôt que de fournir un agent d'information sur place, on va
contribuer financièrement pour une somme d'environ $4,000 ou $5,000,
même somme que celle de la municipalité et de Tembec dans cette
région, et les gens vont prendre en main leur système
d'information. Si cela fonctionne sur cette base de participation multiple, je
pense que cela peut être intéressant. On ne peut pas
généraliser cela, à moins que tout le monde veuille
embarquer.
M. SAMSON: Est-ce que ce genre d'expérience que vous faites
permet d'avoir un local à la disposition des gens ou si c'est
seulement...
M. L'ALLIER: Ils se sont organisés eux-mêmes. Lorsqu'on les
a rencontrés je pense que c'est à Rouyn qu'on les a
rencontrés ils avaient un projet. Et l'origine de cela
cela va peut-être faire plaisir au député de Saint-Jacques
que je dise cela c'est un projet qui avait été, dans un
premier temps, favorisé par les projets PIL, et qui a été
abruptement interrompu.
On s'est retrouvé avec un bébé sur les bras, la
municipalité et Tembec disant: Nous sommes prêts à
participer. Les gens disaient: Nous n'avons pas un cent. Est-ce que vous
êtes prêts à embarquer? Cela n'était pas prévu
qu'on fasse ça, mais on est embarqué parce que cela avait l'air
d'avoir donné de bons résultats. On n'a pas poussé plus
loin l'étude, c'était urgent.
M. CHARRON: C'est la même chose pour les garderies.
M. L'ALLIER: Et les centres de télévision communautaire,
c'est également la même chose. On a hérité de cela
et on l'a...
M. SAMSON: Je trouve quand même assez intéressant que vous
ayez pris des dispositions pour assumer les frais d'appels
téléphoniques. Justement, j'allais vous poser la question
tantôt quand vous avez donné la réponse.
Je pense que c'est assez important que cela se fasse sur cette base
parce que les citoyens qui ont besoin d'aide et qui ont besoin de
renseignements sont généralement parmi ceux qui sont
défavorisés et incapables de payer quand ils sont loin du
local...
M. L'ALLIER: Et on se rend compte d'ailleurs...
M. SAMSON: ... et je suis entièrement d'accord sur cela,
d'ailleurs.
M. L'ALLIER: ... que, dans les demandes de renseignements, quand le
citoyen a besoin de quelque chose ici, j'ai des chiffres, en gros, 85
p.c. des demandes de renseignements se font par téléphone par
rapport à la correspondance écrite il n'a pas le temps
d'écrire. Ce n'est pas dans trois semaines qu'il veut avoir la
réponse.
M. SAMSON: Cela presse. M. L'ALLIER: Cela presse.
M. SAMSON: Est-ce que vous tenez un dossier sur chaque citoyen
qui...?
M. L'ALLIER: Non.
M. SAMSON: Non. Si vous avez à communiquer à nouveau avec
la personne, vous gardez le numéro de téléphone pour le
temps qu'il faut.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que jusqu'à ce que le citoyen
nous indique qu'il a besoin de nous, on va avoir son numéro de
téléphone.
M. SAMSON: Mais vous ne tenez pas un dossier...
M. L'ALLIER: II n'y a pas de dossier cumulatif.
M. SAMSON: ... qui pourrait vous permettre, par exemple, de dire un an
après que cette personne est venue l'an dernier pour le même
problème.
M. L'ALLIER: Je ne pense pas. Non.
M. SAMSON: Est-ce que vous n'avez pas pensé à ce genre de
cela n'est pas une suggestion que je vous fais, c'est une question que
je pose dossier pour les fins... Cela pourrait peut-être
être utile au ministère de savoir qu'à telle date de
l'année, le même problème revient
généralement chez telle catégorie de citoyens.
M. L'ALLIER: Oui, c'est cela. On a des statistiques sur les
thèmes de demandes. Sur les sujets de demandes, on n'a pas de
statistique personnalisée pour savoir que c'est M. Tartempion qui vient
pour la quatrième fois. De toute façon, le personnel en vient
à connaître les abonnés réguliers, mais on n'a pas
de statistique, on n'a pas de donnée là-dessus, on ne compile pas
le type de personnes.
M. SAMSON: Mais en sachant qu'il y a, par exemple, tant de demandes
annuelles sur tel sujet, cela va, mais est-ce que cela ne pourrait pas aller,
dans les statistiques jusqu'à accumuler, par exemple, le problème
qui est référé? Vous ne tenez pas compte de cela
actuellement. Vous connaissez le sujet, mais non le problème.
M. L'ALLIER: Ce qu'on n'a pas, c'est le nom de la personne et sa
description socio-économique. On a le type de problèmes, on a les
régions d'où ils viennent, particulièrement les pointes
dans le temps, et c'est à partir de là qu'on peut organiser
l'information.
M. SAMSON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, on me signale qu'il est
dix-huit heures. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 1 )
Reprise de la séance à 20 h 27
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Messieurs, on me signale que nous avons quorum. Nous pouvons donc
reprendre les travaux de la commission sur les crédits du
ministère des Communications. Nous en étions au programme 2.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais répondre
brièvement à la question qui a été posée sur
la téléphonie. Le taux de croissance normal devrait se situer
entre 10 p.c. et 15 p.c. des coûts d'exploitation et de services
téléphoniques au gouvernement. Or, ce n'est que depuis 1973/74
que nous avons consolidé la très grande majorité des
comptes téléphoniques des différents ministères du
gouvernement. A ce moment, l'accroissement du budget du ministère des
Communications pour les comptes téléphoniques a été
de 40 p.c, précisément parce que nous avons
récupéré des comptes téléphoniques qui
étaient dans d'autres ministères. Pour 1973/74 et pour 1974/75,
l'accroissement prévu est de l'ordre de 13 p.c. Cela est essentiellement
basé sur la hausse des tarifs et sur l'accroissement des effectifs. Pour
ce qui est du nombre de téléphones, pour le Centrex, à
Québec, il y a 13,000 appareils. Pour le Centrex de Montréal, il
y a 6,500 appareils. Il y a environ 13,000 appareils qui sont loués par
le gouvernement et qui ne sont pas dans les réseaux Centrex de
Québec et de Montréal, pour un total d'à peu près
32,500 appareils téléphoniques qui sont utilisés à
l'intérieur des services du gouvernement.
Si vous souhaitez plus de renseignements sur ces questions, je peux
obtenir des chiffres plus détaillés du ministère et vous
les faire parvenir, si cela vous intéresse de les avoir.
M. CHARRON: Non, ce n'est pas une question...
M. L'ALLIER: J'ai toutes les grilles possibles et imaginables de
coût par ministère.
M. CHARRON: Je crois que c'est suffisant.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, au programme 2, où nous
traitons des services centraux, services régionaux, communications
gouvernementales, c'est l'endroit aussi, je pense, où on doit discuter
de l'épineuse question des agences de publicité qui
reçoivent des contrats du gouvernement. Le ministre, l'année
passée, avait annoncé, lors de l'étude des crédits,
l'existence d'un document je le cite qui fera le point sur les
coûts de publicité, l'oppor- tunité, la
non-opportunité d'avoir une agence gouvernementale. Où cela en
est-il ce soir?
M. L'ALLIER: Où nous en sommes, c'est ceci: C'est que l'analyse
faite par le ministère des Communications nous amène à la
conclusion qu'il ne serait ni rentable, ni souhaitable d'avoir une agence de
publicité gouvernementale.
Cela pour une raison qui, à mon avis, est la raison principale:
c'est que, dans la mesure où, si nous avions un groupe de fonctionnaires
qui constitue, à toutes fins pratiques, une agence de publicité
gouvernementale, ces fonctionnaires ont le statut de fonctionnaires à
l'intérieur de la fonction publique, un statut permanent. La nature
même du travail qu'ils sont appelés à effectuer dans le
domaine de la publicité est un travail qui demande
énormément de versatilité, c'est-à-dire que, pour
garder un taux de créativité et de mise à jour
professionnel, il apparaît et c'est l'avis même de ceux qui
sont en publicité qu'il faut pouvoir diversifier le plus possible
l'expertise et le travail des gens en publicité. De sorte que si nous
avions, en fait, des publicitaires qui travaillent à temps plein au
gouvernement, on pourrait se retrouver assez rapidement avec une agence de
publicité qui serait sclérosée.
Ce que nous avons fait par ailleurs depuis ce temps, c'est d'analyser la
nature même de la publicité dont le ministère a la
responsabilité. Ici, je voudrais dire une chose, comme je l'ai dit aux
crédits de l'an dernier: La plus grande partie de la publicité
gouvernementale n'est pas faite au ministère des Communications ou sous
la responsabilité du ministère des Communications. Si on fait le
tour du livre des crédits ou des comptes publics, on se rend compte
qu'à l'intérieur du gouvernement et dans quelques organismes
paragouvernementaux, il y a environ $12 millions qui sont
dépensés aux fins de publicité. C'est un gros chiffre,
mais par rapport au budget total du gouvernement, ce n'est pas beaucoup. De ces
$12 millions, il y a environ $800,000 qui sont dépensés au
ministère des Communications, dont $730,000 qui vont pour les appels
d'offres et les offres d'emplois qui sont faits dans les journaux, ce qui nous
laisse une marge d'environ $70,000 qui ont été essentiellement
dépensés pour des travaux de coordination, par exemple, un cahier
spécial dans le Financial Times, des insertions dans la Revue des
Affaires, la revue Commerce-Québec, la Revue industrielle et des choses
comme celles-là.
M. CHARRON: La publicité qu'on a eue autour du bail type au
moment de l'adoption de la loi par le Parlement, que ce soit la Régie
des loyers, la couverture des soins dentaires, le régime
d'assurance-maladie, tout cela relève uniquement des ministères
concernés, soit Justice et Affaires sociales, dans les cas actuels.
M. L'ALLIER: C'est payé par le ministère de la Justice et
c'est le ministère de la Justice qui traite de ces questions avec les
agences de publicité.
M. CHARRON: Est-ce que des soumissions publiques sont demandées
pour tous les contrats de publicité?
M. L'ALLIER: II y a deux façons de procéder.
Disons que pour les appels d'offres et les offres d'emploi, c'est
différent parce que c'est un processus d'insertion quasi automatique
dans un certain nombre de journaux et de périodiques, dans certains cas,
sur la base des clientèles à atteindre et sur la base des
obligations législatives qui sont faites. A ce moment-là, il n'y
a pas d'appels d'offres qui sont faits parce que c'est une tarification
obligatoire et c'est soit une agence, ou soit l'autre. Dans ce domaine, on est
actuellement à pousser un peu plus loin le simple fait de donner
à une agence de publicité le contrat des appels d'offres, par
exemple, le contrat des offres d'emplois pour réétudier la
rentabilité actuelle des publications d'appels d'offres qui sont faites
comme la rentabilité des publications d'offres de services. On doit, je
pense, légitimement, se poser la question pour savoir si c'est la
meilleure façon de procéder que de publier automatiquement dans
les quotidiens, sans autre forme de publicité, les offres d'emplois.
Pour le reste, pour les contrats de publicité, la façon
dont on procède est la suivante. Pour ce qui est du choix des agences de
publicité, et je pense que ça se fait, pour la plupart des
ministères, de cette façon, le principe veut qu'on effectue un
choix à partir des offres de services payés et basés sur
les besoins du client. En d'autres mots, on demande aux agences de
publicité qui sont intéressées par une opération
publicitaire, en leur donnant à chacune un budget minimum de quelques
centaines de dollars, de préparer une proposition de publicité et
c'est sur le devis préparé par chacune de ces agences de
publicité que l'on retient, à partir d'un jury composé de
représentants des ministères impliqués, du
ministère des Communications, l'agence à qui on va confier tel
travail. Nous ne disposons pas encore de données suffisamment
précises et valables pour décider sur papier du choix d'une
agence de publicité.
La méthode que nous employons nous permet une meilleure
évaluation des possibilités de répondre aux objectifs des
ministères-clients étant donné le nombre restreint de
spécialistes en publicité au gouvernement. C'est volontairement
restreint. Pour cette même raison aussi, c'est une forme
d'éducation et de sensibilisation aux diverses techniques publicitaires.
Cette méthode incite les agences à plus de
créativité et d'agressivité dans l'exécution de
leur travail. Elles ont intérêt à développer un
compte, si elles peuvent l'obtenir au mérite pour une autre
année. Enfin, il est important de forcer le développement d'une
technique professionnelle de travail, tant du côté du client que
du côté de l'agence. Cette technique nous permettrait pour
l'instant d'exiger plus d'efforts de part et d'autre. C'est comme ça
qu'on procède actuellement pour les agences de publicité.
M. CHARRON: L'année dernière, on retrouve dans les comptes
publics, un contrat à l'agence de publicité Pierre Tremblay au
montant de $139,000.
Est-ce que ce contrat de publicité a été soumis
aux-mêmes règles que celles que vous venez d'énoncer?
M. L'ALLIER: Pour quel ministère? Le ministère des
Communications?
M. CHARRON: Je ne le sais pas.
M. L'ALLIER: Je peux vous dire qui a eu les contrats.
M. CHARRON: Je crois que c'est pour le ministère des
Communications.
M. L'ALLIER: En 1973/74, au ministère des Communications, pour
les appels d'offres, les offres d'emplois, les avis publics, les avis
juridiques et la publicité. Pour les appels d'offres, les offres
d'emplois et les avis publics, M. Pierre Tremblay a eu la somme de $157,500
pour les mois d'avril, mai et juin pour appels d'offres et offres d'emplois;
Cossette et Associés, par la suite, ont eu le contrat pour une
année, parce qu'on les donne maintenant sur une base d'une année.
Il faut constituer des équipes dans ces agences. C'est Cossette et
Associés qui ont eu le contrat jusqu'à juin 1974, de juin 1973
à juin 1974, pour un total d'à peu près...
M. CHARRON: Comment avez-vous dit? Cossette...
M. L'ALLIER: Cossette et Associés. C'est une firme de
publicité de Québec.
M. CHARRON: C'est de Montréal?
M. L'ALLIER: C'est une maison de Québec.
M. CHARRON: De Québec.
M. L'ALLIER: Dans ces contrats, il faut noter qu'il reste, en gros,
à l'agence de publicité 15 p.c. pour le travail qui est fait pour
le placement des annonces. Compte tenu de la façon dont il faut
procéder, souvent avec beaucoup de célérité
on appelle l'agence de publicité à cinq heures pour publier un
appel d'offres ou des offres de services rapidement il est plus facile
de traiter avec les agences de publicité de Québec, de la
même façon qu'on
traite avec des imprimeurs de Québec pour la Gazette officielle
du Québec.
M. CHARRON: Moi, cela va là-dessus, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 2 et ses deux
éléments sont acceptés?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Programme 3: Edition
gouvernementale.
Edition gouvernementale
M. CHARRON: J'aimerais savoir, en tout premier lieu, M. le
Président vous allez dire qu'on a choisi la journée pour
en parler mais parmi toutes les publications de l'Editeur du
Québec, quelles sont celles qui ont été les plus vendues
au cours de l'année dernière?
M. L'ALLIER: Bonne question.
M. CHARRON: C'est parce que je pensais au rapport Gendron.
M. L'ALLIER: Oui. Vente ou distribution?
M. CHARRON: Vente. J'ai l'impression que vous avez dû le
distribuer, celui-là! Non. Vente d'abord.
M. L'ALLIER: Je ne sais pas si j'ai ces chiffres. On peut
peut-être avoir les chiffres en communiquant avec l'éditeur
lui-même. Je peux vous donner, par exemple, d'autres chiffres qui ne
répondent pas à votre question, mais qui donnent des indications
quand même.
Voici l'état comparatif des ventes pour les années
financières successives depuis 1973 en descendant ou inversement, depuis
1966. En 1966/67, l'éditeur avait vendu pour $192,000; en 1967, pour
$174,000; en 1968, pour $184,000; en 1969, pour $204,000; en 1970/71 pour
$283,000; en 1971/72 pour $369,000; en 1972/73 pour $602,000; et en 1973/74,
pour $842,000. Vous voyez qu'il y a un accroissement considérable des
ventes de l'éditeur.
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: Je vais vous faire donner avant la fin de la soirée,
si vous le voulez, les quelques publications, en dehors des lois,
probablement.
M. CHARRON: Est-ce que, de façon générale
c'est une question de profane, vous allez voir que je ne suis pas encore
très familier toutes les publications de l'Editeur officiel du
Québec se dirigent vers les bibliothèques publiques?
M. L'ALLIER: Oui, je pense qu'on y envoie un exemplaire automatiquement
de la publication.
M. CHARRON: Qui se dirige automatiquement.
M. L'ALLIER: Oui, le dépôt légal, les CEGEP, les
universités et les bibliothèques publiques. Je vais vous le
donner ici: Distribution gratuite, par exemple, de la Gazette officielle. Je
pense que c'est applicable, grosso modo, aux autres publications de
l'éditeur. Il y en a long.
M. CHARRON: Vous n'êtes pas obligé de tout me donner.
M. L'ALLIER: Je vais vous le donner. En gros, il y a un total de 1,000
institutions ou 1,000 personnes qui reçoivent gratuitement les
principales publications de l'éditeur. Cela inclut la
bibliothèque du Congrès à Washington, la
bibliothèque de l'UNESCO, même les ambassades du Canada, les
bibliothèques publiques, 31...
M. CHARRON: Est-ce que le ministre est au courant de...
M. L'ALLIER: ... évidemment, les membres de l'Assemblée
nationale, les sous-ministres, les directeurs de contentieux et les visiteurs,
le Barreau, cinq, les juges de la cour Provinciale, les protonotaires.
M. CHARRON: ... de la proportion de livres ou de plaquettes, je dirais,
publiés par le gouvernement et qui le sont effectivement par l'Editeur
officiel du Québec? Quelle est cette proportion de toutes les
publications gouvernementales?
M. L'ALLIER: Toutes les publications mises en vente, qui sont vendues, y
compris les lois, sont obligatoirement publiées et distribuées
par l'Editeur officiel du Québec. Les publications gratuites, par
exemple, au ministère du Tourisme, sur la pêche, sur la chasse,
les catalogues de l'hôtellerie, tout ce qui est distribué
gratuitement n'est pas disponible chez l'éditeur. En d'autres mots,
l'éditeur vend ces choses, et tout ce qui se vend comme publications
officielles, publications gouvernementales, est vendu...
M. CHARRON: Disons par exemple, qu'un comité d'étude sur
les polyvalentes, comme on en a connu un au ministère de l'Education, a
finalement rédigé son rapport. Ce rapport a été
publié. Il est recherché certainement maintenant, j'imagine, par
ceux qui s'intéressent à l'éducation.
M. L'ALLIER: Oui.
M. CHARRON: Est-ce que l'Editeur officiel possède...
M. L'ALLIER: II a été publié par l'éditeur,
si je me souviens bien. Il est disponible chez l'éditeur à peu
près au coût d'impression, de la même façon que la
toute première édition du rapport Gendron, au tout début,
avant même que ce soit en format livre en format polycopie, était
vendue par l'éditeur.
M. CHARRON: Actuellement, du ministère des Communications, si mes
renseignements sont exacts, il n'existe qu'une directive par laquelle les
ministères sont tenus d'aviser le ministère des Communications de
leurs publications, mais ils ne sont pas tenus de remettre au ministère
des Communications l'impression ou l'édition de leurs publications.
Est-ce exact?
M. L'ALLIER: Ils ne le sont pas. Le critère de l'éditeur,
c'est la mise en marché, la mise en vente. Dès que c'est vendu,
les ministères n'ont pas le droit de vendre eux-mêmes les
publications. Si cela doit être vendu ou si cela peut être vendu,
cela doit aller chez l'éditeur automatiquement. Si, par ailleurs, c'est
pour être distribué gratuitement, il existe un comité des
publications où siège l'éditeur et qui, année par
année, approuve, pour une période d'un an, les publications. Par
exemple, Education Québec, la revue du ministère de l'Education,
distribuée gratuitement, est approuvée année par
année par le comité des publications, qui est un comité du
Conseil du trésor auquel siège l'éditeur, qui dit: On
recommande au Conseil du trésor de laisser le ministère de
l'Education poursuivre la publication, améliorer ou cesser la
publication. Ceci est pour tout ce qui est gratuit. Pour tout ce qui est vendu,
c'est l'éditeur qui est le maître d'oeuvre, qui le fait
lui-même ou qui le fait faire à l'extérieur; c'est
lui-même qui est le maître d'oeuvre.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a déjà évalué la
possibilité d'augmenter la charge de l'éditeur, en ce sens que,
en plus des publications qui doivent être mises en vente, il pourrait
prendre plus de publications gouvernementales et ainsi réduire les
coûts.
M. L'ALLIER: Oui. Il y a deux choses qui me précocupent. C'est
celle que vous venez d'indiquer, et effectivement, l'éditeur pourrait
assumer une plus grande responsabilité dans l'édition
gouvernementale, mais pas nécessairement en prenant en charge des
publications qui sont déjà ailleurs.
A mon avis, actuellement, il y a trop de publications au niveau du
gouvernement, notamment dans les publications gratuites, dont on ne teste pas
suffisamment l'utilité. Vous avez vu cela se voit chaque
année des publications qui sont distribuées finalement
à quelque vingtaine de copies à des personnes qui n'en demandent
pas, mais qui sont par ailleurs offertes.
Il y a un autre point qui est capital. C'est celui d'en arriver
et c'est le concept de la docu- mentation québécoise
à ce que l'Editeur officiel fasse autre chose que de l'édition
officielle, en cravate noire, et rende accessible, par ses publications, par de
la coédition, toute une gamme de renseignements et de données sur
le Québec, sur les contraintes québécoises, sur
l'économie, sur le social, sur le culturel, documents qui ne seraient
pas par ailleurs accessibles, et cela, en collaboration avec des
universitaires, en collaboration avec des chercheurs de l'extérieur. Le
troisième volet, qui m'apparaît peut-être le plus important
et qu'on n'a pas réussi je dois le constater à
véritablement mettre en place parce que c'est beaucoup plus
compliqué de le faire que de l'énoncer, est celui d'une
vulgarisation systématique et des lois et des règlements qui
touchent directement le citoyen, non pas de toutes les lois, mais de celles qui
le touchent. Et le seul fait de rendre accessibles les projets de loi ne
règle pas le problème de la majorité des gens. Il leur
faudrait un avocat pour les interpréter, de même que les
règlements.
Ce qu'il faut surtout faire, parmi les lois qui touchent
véritablement soit les bénéficiaires d'aide sociale ou les
gens du milieu de l'éducation, c'est de surtout leur simplifier cela,
sans que cela n'ait une valeur juridique, mais que cela ait une valeur
d'information utile et utilisable en permanence. C'est, en ce qui me concerne,
un projet qui m'est cher depuis que je suis au ministère des
Communications et j'espère bien pouvoir le voir se réaliser de
façon beaucoup plus systématique au cours de l'année qui
vient. On a $300,000 au budget pour réaliser ce projet, le commencer, en
tout cas.
M. CHARRON: En ce qui concerne cette vulgarisation de l'approche
simplifiée, pour les citoyens, aux dispositions des lois qui sont
votées à leur intention, une remarque simplement en passant.
Depuis que je suis ici c'est ma cinquième année je
reçois toutes ces publications, venant de tous les ministères. Je
les ai toujours regardées en m'efforçant de me mettre dans la
peau d'un des citoyens que je représente ici. Ces derniers ne sont pas
nécessairement les plus favorisés de l'île de
Montréal. Et je me demande comment ils font pour passer à travers
cela et si cela leur dit quelque chose. Et en particulier, comme vous venez de
le mentionner, les lois propres au domaine social qui sont directement
attachées à eux. Je pense à l'aide juridique, des choses
comme cela.
Autant une fois je peux avoir un cas de réjouissances, je peux
dire: Finalement, voilà un papier qui est bien fait, c'est simple de
lecture, ce n'est pas compliqué, autant la même semaine, parvenant
d'un autre ministère, je vais avoir une affaire que moi-même
je commence tout de même à être un peu habitué
à l'administration publique j'ai de la difficulté à
saisir. Le citoyen qui, lui, se contente de payer des taxes ou s'efforce de
payer des taxes, qu'est-ce qu'il doit y voir? Je ne tiens personne responsable.
J'ai mis la main la semaine dernière
sur une publication du ministère de l'Agriculture. Le
ministère, semble-t-il je suis loin d'être le
spécialiste en agriculture a établi un programme pour
permettre à des familles de citadins d'aller passer des week-ends ou
plus que cela, même des semaines complètes...
M. L'ALLIER: De l'agro-tourisme.
M. CHARRON: ... si j'ai bien compris, chez des fermiers, des
cultivateurs québécois. C'est un programme plein de sens à
mon avis, mais tellement mal vendu. Le dépliant en question, sur lequel
j'ai mais la main, est mal imprimé ou je ne sais quoi. Je pense que tous
les objectifs, parfois, d'un programme peuvent être ratés par la
façon dont on le présente au public. Si vraiment, je prends la
parole du ministre, c'est une des considérations qu'il a et un des
efforts qu'il tente de faire, non seulement au ministère des
Communications, mais puisque dans chacun des ministères, il existe des
directions générales des communications, essayez de faire une
espèce de "brain-storming" de ces gens. Je ne veux pas dire qu'ils sont
tous insensibles à cela, mais je dois constater malheureusement qu'ils
manquent leur coup à quelques occasions. C'est bien dommage.
M. L'ALLIER: Je pense que, sans charrier, on peut dire que bon nombre
d'administrateurs publics élus et non élus sont trop insensibles
à l'aspect du service rendu. On se contente de le mettre au point, de
faire une belle machine et, finalement, que les gens s'en servent ou ne s'en
servent pas, il n'y a pas suffisamment de gens qui se posent la question, en
dehors de ceux qui ont droit au service, qui ont payé pour l'avoir, de
toute façon. C'est là que le rôle de conseil du
ministère peut entrer en ligne de compte de deux façons. Ou les
ministères viennent nous voir en disant: On a l'intention de faire telle
et telle chose, qu'est-ce que vous nous proposez comme moyen? Pour
l'agro-tourisme, ce ne seraient pas nécessairement des brochures, ce
pourrait être complètement autre chose. Ce pourrait être une
façon d'atteindre les gens directement. Ou alors et c'est un
rôle qu'on joue également on essaie d'être à
l'affût de ce qui se fait, sans qu'on ait été appelé
comme conseil. Si on met la main sur une opération qui nous
apparaît moche, moins bonne ou pas bonne du tout, on prend contact avec
le ministère concerné, s'il veut bien nous écouter, et on
lui explique notre point de vue, au niveau des spécialistes du
ministère, en quoi ce n'est pas bon, cette histoire. La plupart du
temps, cela a un effet positif pour la suite. Parfois, on se fait mettre
dehors, carrément. Je pense que le titre le plus vendu on vient
de vérifier, cela va un peu dans le sens qu'on mentionnait c'est
un ouvrage publié par l'éditeur qui s'appelle "Recettes de
poisson et de fruits de mer du Québec".
M. CHARRON: Juste avant le rapport Gen-dron.
M. L'ALLIER: C'était en parallèle avec des politiques du
ministère de l'Industrie et du Commerce sur la mise en marché, au
moment où le prix de la viande a commencé à monter et tout
cela. On s'est dit: On va faire quelque chose de pratique. Puisque le poisson
est moins cher que la viande et qu'il est aussi nutritif, si on pouvait rendre
accessible, d'une façon intéressante, la façon de manger
du poisson. L'éditeur s'est lancé là-dedans en
parallèle avec les lois et c'est cela qui s'est le plus vendu.
M. CHARRON: Combien l'éditeur compte-t-il de postes de ventes,
actuellement, dans le Québec? Y en a-t-il plus que l'année
dernière?
M. L'ALLIER: L'éditeur a, comme tel, un réseau de
distribution postal qui va en augmentant suivant son service;
deuxièmement, deux librairies à Québec et une à
Montréal, une à Hull et une à Trois-Rivières.
L'éditeur a des ententes avec un bon nombre de librairies qui vont en
augmentant, qui deviennent des points de distribution sur catalogue ou en
dépôt des publications de l'éditeur et il traite avec ces
libraires de la même façon que n'importe quel éditeur,
c'est-à-dire qu'il y a un pourcentage qui reste au libraire.
M. CHARRON: A la suite de ces ententes avec les libraires, est-ce qu'on
peut dire que l'ensemble des régions économiques du Québec
se trouve couvert?
M. L'ALLIER: Oui. L'ensemble des régions économiques est
couvert et nous allons, l'an prochain, tenter de diffuser encore davantage le
catalogue des publications de l'éditeur. Pour la première fois,
l'an dernier, l'éditeur a publié, à mon avis, un catalogue
qui est intéressant, même à lire, parce qu'en plus de
donner des listes de bouquins, on reproduit la page couverture en petit du
livre en question avec le prix et une description, un catalogue qui se compare,
en termes de mise en marché, avec n'importe quel catalogue de n'importe
quel éditeur et cela a été un des facteurs qui a
contribué...
M. CHARRON: D'accord.
M. SAMSON: Est-ce que ce catalogue...
M. L'ALLIER: Pour ce qui est du rapport Gendron, est-ce que les
statistiques vous intéressent?
M. SAMSON: M. le Président, juste une petite parenthèse,
puisqu'on vient de parler du catalogue de l'éditeur. Est-ce qu'il est
distribué de façon gratuite suivant la même liste que vous
avez mentionnée tantôt?
M. L'ALLIER: Le catalogue de l'éditeur est distribué
gratuitement...
M. SAMSON: Je veux savoir si je vais en avoir un.
M. L'ALLIER: Vous l'avez reçu.
M. SAMSON: Oui? Il devait être pas mal beau, je ne l'ai pas vu!
Demandez-lui de m'en envoyer un autre.
M. L'ALLIER: II est distribué gratuitement à n'importe qui
qui en fait la demande et il est disponible chez les libraires
également.
Pour ce qui est du rapport Gendron, le tirage en français a
été de 9,800 pour le premier volume, de 9,500 pour le
deuxième volume et de 9,600 pour le troisième volume.
M. CHARRON: C'est le meilleur.
M. L'ALLIER: Oui. Alors, les ventes par le bureau de l'éditeur,
pour le premier volume, ont été de 1,052; pour le deuxième
volume, 733; pour le troisième volume, 637. Les ventes par les Presses
universitaires du Québec, 576 pour le premier, 304 pour le
deuxième et 305 pour le troisième. Les distributions gratuites,
295 pour le premier, 356 pour le deuxième et 304 pour le
troisième. Ce qui laisse en inventaire, en gros, chez l'éditeur,
5,000 copies de chacun des ouvrages et aux Presses universitaires du
Québec, 2,000 copies de chacun des ouvrages.
En anglais, le tirage a été, en gros, de 6,000 pour chacun
des trois volumes, les ventes chez l'éditeur ont été de
800 pour le premier, 800 pour le deuxième et 138 pour le
troisième. Aux Presses universitaires du Québec, 126, 253 et 123,
et la distribution gratuite, 312, 324 et 305, pour des inventaires de l'ordre,
en gros, de 5,000 aussi chez l'éditeur et à peu près 600
par volume aux Presses universitaires du Québec.
M. CHARRON: On ne peut pas dire que c'est un "best seller"!
M. L'ALLIER: On ne peut pas dire cela.
M. CHARRON: C'est moins populaire que les "tapes" de Watergate!
M. L'ALLIER: Oui, c'est moins populaire et la présentation
était quand même aussi intéressante que possible, comme
petit ouvrage, et c'était même, si ma mémoire est
fidèle, disponible dans certains dépôts, tabagies, etc., au
même titre que les autres publications.
M. CHARRON: C'est probablement le contenu.
M. L'ALLIER: On pourrait en tirer des conclusions que payer $2
là-dessus...
M. CHARRON: C'est probablement le contenu qui...
M. SAMSON: Dépêchez-vous de vendre la version anglaise
avant le bill 22.
M. L'ALLIER: Cela risque de prendre de la valeur.
M. CHARRON: Surveillez votre stock, comme je vous ai dit. Je pense que
les Anglais, ce soir, doivent être en train d'en acheter pas mal. Bon. M.
le Président, l'année dernière également, le
ministre nous avait dit que, à Rimouski, on avait effectué, dans
l'optique du regroupement des services de reproduction gouvernementaux, un
essai ou une mission quelconque, est-ce qu'il y a une conclusion à
tirer? Est-ce que cela a été étendu à d'autres
régions du Québec?
M. L'ALLIER: Pour ce qui est des services de reprographie?
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: On a effectivement regroupé à Rimouski les
services de reprographie, ça fonctionne bien. Cela n'a pas
été étendu à d'autres régions, mais on
prévoit que le prochain endroit où on va le faire, par hasard,
c'est à Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: C'est bien. Heureux hasard!
M. L'ALLIER: Cela permet des économies mais, encore là,
sans m'étendre sur le sujet c'est une tâche absolument
gigantesque, même si cela semble simple de l'extérieur que de
convaincre les administrations publiques, les fonctionnaires en particulier, de
la rentabilité du regroupement des services de polycopie. En termes de
coût, ça coûte extrêmement cher et le regroupement est
rentable dans la très grande majorité des cas, même au
niveau du gouvernement. Ce qui fait qu'encore aujourd'hui, malgré un
centre de reprographie extrêmement important qui fournit des services
presque 24 heures par jour, sans délai important, on se retrouve avec
des ateliers qui sont répartis dans les ministères et qui font le
travail quotidien mais quelquefois plus. Le service de la reprographie, en plus
de répondre aux besoins en reprographie des 23 différents
ministères, ce qui est de 230 millions d'impressions en 1973/74, a
participé à la préparation des plans du futur atelier
régional de Rouyn, à la préparation des plans et à
l'aménagement de l'atelier de reprographie de la Commission des
transports et a également recommandé l'équipement dans ce
cas-là. Il a participé à la préparation des plans
et de l'aménagement de l'atelier de reprographie de l'immeuble Place de
la Capitale; il a participé à toutes les rencontres et
négociations conjointes entre le service général des
achats et la compagnie Xérox du Canada; il a participé à
la normalisation, à la demande du ministère de l'Education, des
équipements de reprographie des commissions scolaires. De ce
côté, le travail se continue mais c'est très long, les gens
aiment mieux avoir la petite photocopieuse à côté d'eux que
de faire appel à un
service qui va leur donner un aussi bon et souvent meilleur service.
M. CHARRON: Moins coûteux.
M. L'ALLIER: La reprographie tire les documents jusqu'à 3,000
exemplaires, on peut les faire sur place et très rapidement; en 24
heures, on peut tirer les copies.
M. CHARRON: Dernière question sur l'Editeur officiel. Est-ce que
le rapport annuel a été publié, est-ce que
l'éditeur a publié son propre rapport annuel?
M. L'ALLIER: J'ai déposé ce rapport, il y a quelque 8 ou
10 semaines, à peu près.
M. CHARRON: C'était celui de 1972 ou de 1973? 1972.
M. L'ALLIER: Le dernier, je pense, est celui de 1972/73; c'est un
rapport qui est prévu par la loi, qui est obligatoire et qui se
résume en une dizaine de pages.
M. CHARRON : Ce sont des statistiques.
M. L'ALLIER: Ce sont des statistiques sur les publications. Il faudrait
que je vérifie; c'est celui de 1972/73.
M. CHARRON : J'ai eu l'impression qu'il me manquait, mais
peut-être...
M. L'ALLIER: Celui de 1973/74 n'a peut-être pas été
déposé, je vais vérifier.
M. CHARRON: Pour moi, ça va, M. le Président, pour
l'éditeur.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 3, qui comporte 3
éléments, est adopté? Adopté. Programme 4: Gestion
interne et soutien.
Gestion interne et soutien
M. SAMSON: M. le Président, je crois savoir que le
ministère des Communications a des locaux disponibles pour les besoins
des différents ministères pour réunions d'information,
etc., est-ce à ce programme-ci que l'on devrait en discuter?
M. L'ALLIER: Oui. Les salles de conférence.
M. SAMSON: De quelle façon procède-t-on? J'ai pris
connaissance de cela et cette question m'intéresse.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la gestion des salles de
conférence dans les complexes est faite par le ministère des
Communications.
M. SAMSON: Dans tous les complexes?
M. L'ALLIER: Dans les nouveaux complexes. Dans le complexe G.
M. SAMSON: Dans le complexe G.
M. L'ALLIER: Dans le complexe G seulement.
M. SAMSON: Vous n'avez pas un endroit où vous avez plusieurs
salles disponibles?
M. L'ALLIER: C'est là. M. SAMSON: C'est au G.
M. L'ALLIER: C'est là. Vous avez un service avec lequel vous
communiquez, vous faites une réservation et les salles sont mises
à votre disposition.
M. SAMSON: Vous vous adressez à moi, comme si je pouvais m'en
servir.
M. L'ALLIER: Je pense que oui. Je ne vois pas pourquoi cela vous serait
défendu. Il faut réserver.
M. TETLEY: Pour les fins du gouvernement. Pour les membres de
l'Assemblée.
M. SAMSON: C'est très bien. Je les réserve, dans quelques
années.
M. L'ALLIER: Les salles qui sont à la disposition des membres de
l'Assemblée nationale sont gérées par l'Assemblée
nationale. Par exemple, en face, ici, il y a une salle. Mais nous avons des
salles dans le complexe G qui sont...
M. SAMSON: Pour les besoins de tous les ministères.
M. L'ALLIER: C'est cela. Le grand amphithéâtre, en bas, et
ensuite la série...
M. SAMSON: Est-ce que d'autres organismes ont accès à ces
locaux lorsqu'ils sont disponibles, par exemple, ou s'ils sont strictement
réservés aux différents ministères?
M. L'ALLIER: Non. Ils sont strictement réservés, me
dit-on, à l'usage des ministères et des organismes
gouvernementaux. Par ailleurs, l'amphithéâtre pourra servir, on
travaille là-dessus, pour les mêmes groupes et pour les
mêmes personnes, à d'autres fins que les fins administratives, par
exemple, à des fins récréatives aussi. Parce que c'est en
fait un auditorium.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, programme 4, adopté.
Programme 5: Développement des télécommunications.
Développement des
télécommunications
M. CHARRON: M. le Président, je fais encore
référence au débat de l'année dernière,
lorsque nous avions discuté de ce programme. Le ministre, je le cite,
avait dit que dans la catégorie des travaux de recherche, dans le
développement des télécommunications, le ministère
avait entrepris une étude sur l'utilisation des équipements de
communication, tels le vidéo et le câble, par des groupements
populaires.
Cette étude est-elle complétée? A-t-elle fait
l'objet d'un rapport particulier qui a été soumis au ministre?
Peut-il nous en informer ce soir?
M. L'ALLIER: Est-ce que le député de Saint-Jacques se
réfère aux media communautaires comme tels?
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: Au moment de l'étude des crédits l'an
dernier, les questions sur ce point sont venues lorsqu'on a parlé de
l'aide du gouvernement aux groupes communautaires. A ce moment-là,
c'était la première fois d'ailleurs que le ministère des
Communications, ou même que le Québec comme tel, subventionnait ou
voulait participer financièrement à l'organisation des groupes
communautaires. Et nous nous sommes dit: Dans la mesure où c'est une
première opération, nous allons évaluer l'utilisation
possible, par les groupes communautaires, de l'ensemble des moyens de
communication. Dans ce contexte-là, la Régie des services publics
a procédé à l'inventaire des entreprises de
câblodistribution. Vous avez eu, dans le même contexte, le
règlement sur la câblodistribution. Nous avons eu, depuis, je me
souviens car j'ai participé moi-même à ces rencontres, je
pense, deux ou trois rencontres, avec l'Association provinciale des media
communautaires, le groupement provincial des media communautaires, à la
fois sur la répartition des sommes du gouvernement, aux fins de media
communautaires.
Nous avons convenu que c'était à partir d'un jury
composé majoritairement de représentants des groupes
communautaires que l'argent serait alloué.
Deuxièmement, nous avons convenu, dans une rencontre encore plus
récente avec l'association provinciale, de dresser la liste des
priorités, des questions à étudier avec elle, soit par le
ministère, soit conjointement, soit par elle-même, sur l'ensemble
du problème de l'utilisation des media communautaires. Cela a
posé et c'est là-dessus qu'on a convenu de travailler,
entre autres choses, c'est ce qui me paraît important le
problème du financement de la télévision communautaire en
particulier. Est-ce que la télévision communautaire doit
essentiellement se financer à partir de subventions ou est-ce qu'on doit
trouver d'autres modes de financement? Au cours des premières rencontres
que nous avons eues avec l'association provinciale, l'association était
d'accord que le ministère donne la priorité, dans son assistance
financière, à la coordination des moyens techniques et des
structures des groupes communautaires comme tels plutôt que de donner de
l'argent pour faire de la production. Comme c'était dans une
période de mise en forme et que c'est encore dans une période de
mise en forme, nous avons dit: Nous allons aider à consolider la
structure provinciale et, en même temps, favoriser la coordination d'un
groupe avec l'autre.
Actuellement, nous avons depuis déjà quelques mois une
direction des media au ministère des Communications. M. François
Chamberland en est le responsable. Cette direction des media, avec M.
Chamberland en particulier, a rencontré à plusieurs reprises,
soit l'association provinciale et, sur place, les membres des groupes
communautaires de media communautaires.
Nous avons aussi travaillé en priorité au projet de
Saint-Jérôme, un projet original, et nous avons fourni à
Saint-Jérôme à la fois une subvention et des services
techniques via le vidéographe.
L'état actuel au niveau des media communautaires est le suivant:
Nous avons encore cette année des fonds à disposer pour aider les
media communautaires. Il nous faut, le plus rapidement possible,
déterminer ou analyser des solutions au financement direct par
subventions si on veut garder, aux media communautaires, le rôle
communautaire complètement indépendant de la subvention à
certains points de vue. Il ne faut pas que les groupes communautaires
deviennent le prolongement de l'Etat ou de qui que ce soit, pour cette
raison.
A partir de là, avec l'association, je pense qu'on va pouvoir
arriver à des propositions qui ne seront peut-être pas le
consensus des deux, mais enfin, on aura quelque chose à la table.
J'ai, par ailleurs, dit à l'association que, dans tout ce
processus, dès que nous aurons suffisamment d'éléments
nous permettant de consolider les types d'interventions possibles de l'Etat,
les relations entre les media communautaires et les câblodistributeurs,
etc., nous allions, avec eux, travailler à un éventuel projet de
règlement qui deviendrait le deuxième règlement.
Le premier portait essentiellement sur l'organisation des
câblodistributeurs. Le deuxième pourrait très bien porter
sur les media communautaires dans leur utilisation des moyens de communication
qui pourraient même, dans une certaine mesure, déborder le
câble comme tel pour atteindre d'autres media sur lesquels on pourrait
avoir quelque chose à dire, comme Radio-Québec, par exemple.
M. CHARRON: Sur cette question de subventions aux media communautaires,
d'abord une information. Sur le montant que nous avons adopté à
ce programme 5, combien est évalué uniquement comme devant aller
en subventions? La totalité?
M. L'ALLIER: $390,000, en subventions. M. CHARRON: Sur les
$1,379,000?
M. L'ALLIER: L'an dernier, on avait $390,000. On a versé la
totalité en subventions.
M. CHARRON: Cette année, combien est à prévoir?
M. L'ALLIER: C'est le même montant qu'on a à verser en
subventions cette année.
M. CHARRON: Aux mêmes organismes sans qu'ils se soient
greffés d'autres...
M. L'ALLIER: C'est-à-dire selon les recommandations du jury.
M. CHARRON: C'est de cela que je voulais vous parler aussi. Le jury,
chargé d'évaluer les demandes de subventions pour les media,
avait formulé deux demandes l'année dernière, si vous vous
en rappelez bien, d'abord...
M. L'ALLIER: Les media écrits.
M. CHARRON: Pardon?
M. L'ALLIER: Les media écrits.
M. CHARRON: Oui, les media communautaires. On avait d'abord
demandé que le jury soit institué en permanence. Quelle est
l'opinion du ministre sur cette demande?
M. L'ALLIER: Sur la formation du jury, je pense qu'on a d'ailleurs
franchi une étape importante en faisant en sorte que le jury ne soit pas
essentiellement un jury interne au gouvernement, en faisant participer les
media communautaires. Au niveau de la permanence, je suppose que le
député de Saint-Jacques veut dire la permanence du jury. Est-ce
à dire qu'il y ait toujours un jury ou que ce soit toujours le
même jury?
M. CHARRON : Je ne sais pas. Notez qu'une raison pour le demander, c'est
que, moi aussi, je ne comprenais pas le sens exact de cette demande, mais c'est
formulé tel quel. Je cite: "On demande que le jury soit institué
en permanence". Je me demandais si cela voulait dire le jury...
M. L'ALLIER: Si c'est sur le principe d'un jury...
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: ... composé avec le même "pattern". Que ce ne
soit pas discrétionnaire, je suis d'accord là-dessus. Je suis
d'accord pour qu'il y ait un jury, précisément, émanent en
majorité du milieu.
M. CHARRON: De qui, actuellement, est formé le jury? Cinq
personnes?
M. L'ALLIER: Le jury est composé de cinq personnes dont une du
ministère et quatre autres choisies conjointement par le
ministère et le Conseil de développement des media
communautaires.
M. CHARRON: Le Conseil de développement des media communautaires
avait fait savoir, dans un texte que j'ai, en date d'avril 1973, qu'il
souhaitait que désormais des subventions soient accordées sur une
base régionale plutôt que par projet. Est-ce que cette demande ou
cette remarque a été retenue comme valable? Est-ce qu'on l'a
pesée, plutôt que d'aller à la pièce?
M. L'ALLIER: Oui, si mes renseignements sont exacts, on a
subventionné surtout, essentiellement, des groupes régionaux en
tenant compte des régions. En d'autres mots, je pense que les
recommandations du jury ont toutes été respectées, sauf
pour celles qui portaient sur la presse écrite. Je n'ai pas retenu les
recommandations du jury qui portaient sur une aide financière à
des média communautaires écrits. Je pourrai vous expliquer
pourquoi on ne l'a pas fait.
M. CHARRON: J'aimerais cela, si vous pouvez le faire
immédiatement.
M. L'ALLIER: Sur le premier point, par exemple, pour les subventions qui
ont été données, vous avez, dans un premier temps, le
Conseil de développement des media communautaires du Québec,
$24,000; le Conseil de développement des media communautaires de la
Mauricie et du centre du Québec, $15,000; le Comité
intercommunautaire de développement des media du comté de
Roberval, $15,000; le Réseau communautaire d'information et de
communication du Nord-Ouest, $15,000; le Conseil régional des media
communautaires de l'Outaouais, $15,000; ensuite, cela descend: Intermedia, la
Télévision communautaire de Saint-Pascal, etc. Donc, en gros, on
s'en est tenu à cela. Le Vidéographe lui-même a reçu
$150,000 de subventions. Cela aussi, c'est un projet du même type que les
projets PIL qu'on a rattrapés par le bout des cheveux. Sans cela,
ça disparaissait. Ce n'était pas prévu par le
ministère dans sa planification d'aider le vidéo-graphe. C'est
venu faire une ponction assez importante dans les fonds dont on disposait.
M. CHARRON: Est-ce que le vidéographe question pour ma
paroisse est la seule subvention de ce genre pour les media
communautaires dans Montréal, surtout dans le centre-sud de
Montréal?
M. L'ALLIER: A ma connaissance, oui. Pour
ce qui est des media écrits, l'an dernier, je n'ai pas retenu les
recommandations du jury qui portaient sur la presse écrite
précisément parce qu'il m'apparaît absolument important,
dans la mesure où l'on dispose d'un budget relativement modeste, de
consacrer ce budget aux secteurs qui sont plus facilement identifiables et avec
lesquels on peut poursuivre des opérations. Vous vous souvenez que le
principal medium écrit qui nous avait demandé une assistance, si
ma mémoire est exacte, est celui de Québec-Est. Or,
Québec-Est a connu des difficultés financières assez
considérables, et Québec-Est a communiqué avec nous.
Sans mettre en cause le fait que je ne crois pas que nous soyons
prêts, compte tenu de l'absence à peu près totale de
politiques publiques de l'Etat face à l'ensemble des media
écrits, à entrer dans le subventionneraient d'un medium, tout
simplement parce qu'il est communautaire ou qu'il se dit communautaire, il
faudrait avoir une politique à l'égard des hebdos, il faudrait
avoir une politique à l'égard de la diffusion des quotidiens dans
les régions éloignées et, à l'intérieur
d'une politique de la presse écrite, on pourrait avoir des
critères qui permettent d'aider la presse dite communautaire.
M. CHARRON: Actuellement, il n'y a aucune subvention à des media
écrits.
M. L'ALLIER: II n'y a aucune subvention à des media écrits
parce qu'on n'a pas de point de référence suffisamment
précis pour nous permettre, premièrement, de savoir ce qui
constitue un medium écrit digne...
M. CHARRON: Autrement dit, vous vous abstenez d'intervenir dans le
domaine des media écrits avant d'avoir une politique plus solide.
M. L'ALLIER: C'est cela.. Je peux faire le point là-dessus. Le
ministère croit nécessaire d'inscrire son assistance à la
presse écrite communautaire dans le cadre d'une politique globale de la
presse écrite au Québec. Alors, si le ministère en est
arrivé, à la suite de longues concertations avec le milieu,
à une vision relativement claire et cohérente de l'organisation,
du rôle et des perspectives de développement des media
communautaires électroniques, il n'en va pas de même encore pour
ce qui est de la presse écrite en général et de la presse
écrite communautaire en particulier. Le ministère porte un
intérêt certain à ce nouveau moyen d'expression collective.
C'est pourquoi il est résolu, au cours des prochains mois, à
constituer un dossier complet sur ce secteur afin d'acquérir l'expertise
nécessaire à la définition et à l'application de
certaines lignes de conduite pour l'avenir.
Sur le problème de Québec-Est, quand le problème
financier s'est posé, j'ai répété à ce
moment aux responsables qui ont communiqué avec moi le fait que nous ne
pouvions pas, en l'absence d'un cadre plus général, intervenir
dans le cadre d'une politique des media écrits, ce qu'ils ont
accepté. On était quand même disposé à donner
une assistance indirecte, notamment par l'insertion, sur une base
exceptionnelle, de publicité régionale dans le medium, à
la condition que le groupe trouve, au niveau notamment du conseil intersyndical
de la région et d'autres groupes, le financement qui permette une
existence de base. On l'a offert jusqu'à concurrence, je pense, de
$6,000. Mais cela n'a pas fonctionné. Ils n'ont pas trouvé le
financement. Donc, cela a tombé.
M. CHARRON: Le sujet que vient d'aborder le ministre, et qui est propre
à ce que nous sommes en train de discuter, m'invite à revenir sur
une des affirmations ou sur un des énoncés qu'il a faits ce matin
dans sa déclaration d'ouverture. Des subventions à la presse
écrite, je pense à la disponibilité de la presse
écrite. Vous savez que la commission permanente de l'Assemblée
nationale sur la liberté de la presse, qui n'a pas siégé
beaucoup depuis un certain temps, a quand même été en
possession, à un certain moment, d'un document qui faisait état
de la diffusion de l'information au Québec, de l'accessibilité
selon les régions à l'information, aux principaux quotidiens.
Certaines régions étaient décrites comme étant
absolument prisonnières d'un seul quotidien; à d'autres endroits,
c'est à peine s'il y en a un qui arrive et encore, avec deux jours de
retard. Vous avez mentionné ce matin que, évidemment, l'objectif
général et que tout le monde partagera est que les
Québécois, chaque jour, aient accès au plus grand nombre
de quotidiens possibles qui permettent de varier leurs sources d'informations,
pour autant, évidemment, qu'on s'assure en même temps que tous les
quotidiens n'appartiennent pas au même gars. C'est l'autre bout du manche
sur lequel on doit travailler également.
Mais, l'accessibilité à plusieurs media d'information,
à la fois, je pense que cela va dans les objectifs
généraux de tout le monde. Quand vous avez mentionné cela
ce matin, j'avais tout de suite noté une question que je vous adresse
à ce moment-ci puisque nous sommes en train de parler des media
écrits. Qu'est-ce que, concrètement, comme politique, il peut se
faire dans cette sphère et qu'est-ce qu'on peut espérer, au cours
de l'année prochaine, même si ce n'était qu'un début
d'action dans le sens de disponibilité et ouverture à toutes les
régions du Québec des media d'information?
M. L'ALLIER: Des media écrits? M CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: II y a plus qu'un problème de distribution
d'agences, de distribution comme telle. Actuellement, ce sont
différentes sociétés
de messageries qui rendent les media écrits disponibles. Suite
à la tournée dont j'ai parlé ce matin, je suis assez
sensible notamment à la Gaspésie où on reçoit, par
exemple, les quotidiens le lendemain.
Nous avons commencé d'ailleurs la semaine dernière et nous
aurons pour septembre un rapport complet du ministère on a un
groupe, une équipe spéciale qui travaille là-dessus
sur l'ensemble des choses à faire à court terme, en termes
d'accessibilité aux media, des choses qui sont immédiatement
possibles, notamment au niveau des media écrits. Concrètement,
cela pourra vouloir dire je vous donne cela comme hypothèse,
parce que je ne sais pas quelles sont les conclusions pratiques des
négociations ou des discussions avec les transporteurs aériens,
par exemple, pour faire en sorte que, si le bassin commercial n'est pas
suffisant, on puisse, d'une façon ou de l'autre, faire en sorte que cela
se rende quand même jusqu'à temps qu'on atteigne le seuil de
rentabilité qui pourrait être atteint le jour où les gens
sauront que c'est disponible. Mais il faut savoir dans un premier temps quelles
sont les clientèles, combien il y a de monde intéressé,
finalement, à avoir les quotidiens de Montréal. Je comprends que
c'est là qu'on retrouve l'information écrite quotidienne, mais
pour bon nombre de gens, les journaux de Montréal demeurent les journaux
de Montréal, les journaux de Québec, les journaux de
Québec. Cela ne règle pas toujours le problème.
C'est là-dessus qu'on va se pencher. Je pense qu'au mois de
septembre, d'ailleurs à ce moment, je pourrai communiquer les
résultats à la commission je serai en mesure de dire
à court terme ce qu'on peut faire, en termes de contenu et en termes de
media écrits. Pour ma part, je mets presque a priori de
côté une procédure de subventionnement aux media
écrits, à la Presse, au Devoir, à qui que ce soit, parce
que c'est se mettre le doigt dans un engrenage qui suppose passablement de
conséquences. Si on se met à subventionner la Presse pour la
rendre accessible plus ou moins, on pourrait peut-être la subventionner
pour la rapetisser en termes d'annonces et augmenter le contenu; on n'en sort
pas. C'est peut-être davantage au niveau des transporteurs, des
messageries, des points de distribution qu'on peut jouer un rôle de
cohérence ou un rôle d'incitation à faire des choses, parce
que si ce sont uniquement les éléments qui se retrouvent, aussi
longtemps qu'ils ne sont pas là, ils s'en foutent.
C'est un peu le problème qui se pose. C'est assez aberrant, vous
avez raison, quand on retrouve au fond de la Gaspésie, dans les
kiosques, à peu près tout ce qui peut se publier aux Etats-Unis
et en Europe et qu'on a de la difficulté à retrouver certaines
publications, notamment au niveau des journaux, de toute la documentation
québécoise. A Rouyn-Noranda, je ne sais pas si le problème
se pose toujours, mais je me souviens qu'il y a quelques années on
recevait les quotidiens de Montréal ou de Québec, de
Montréal en particulier, une journée en retard.
M. SAMSON: Une journée après les quotidiens de
Toronto.
M. L'ALLIER: C'est cela, une journée après les quotidiens
de Toronto, alors qu'à Québec, on avait le Monde...
M. SAMSON: C'était vrai dans le temps, mais c'est
changé.
M. CHARRON: C'est changé.
M. L'ALLIER: Maintenant, vous l'avez quotidiennement, mais je sais qu'en
Gaspésie on reçoit encore les quotidiens en retard dans certaines
régions, alors qu'à Québec et à Montréal, le
Monde de Paris arrive le jour même. Ce genre d'anomalie, il faudrait
corriger cela le plus tôt possible.
M. SAMSON: Absolument.
M. CHARRON: M. le Président, maintenant, si on quitte le domaine
des media communautaires, des media écrits pour prendre la voie des
ondes, selon une question qui revient depuis quatre ans de la part du Parti
québécois, je veux demander au ministre des Communications
quelles sont les mesures incitatives ou autres qu'il prévoit pour
"québécoiser" la compagnie Bell Téléphone, au cours
de la prochaine année.
M. L'ALLIER: Rien de concret. Je vais vous répondre franchement,
on n'a pas de mesures concrètes disant que cela va se faire d'une
année à l'autre. Je continue à penser que c'est une
question de cohérence, que si on veut veiller à la planification
du développement des communications, cela devrait être la
responsabilité provinciale. Il faut rappeler ici que c'est en fait une
anomalie que Bell Canada soit réglementée par le gouvernement
fédéral, en ce sens que cela provient d'une loi privée de
1905.
M. CHARRON: Je sais tout cela.
M. L'ALLIER: Dans toutes les autres provinces, à l'exception du
Québec, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, ce sont les
provinces qui réglementent le téléphone.
M. CHARRON: Cela ressemble au Labrador.
M. L'ALLIER: Oui. Alors, le fait que ce soient les autres provinces qui
réglementent le téléphone devient de plus en plus lourd,
si vous voulez, en faveur d'une provincialisation de Bell Canada. Maintenant,
sans faire de procès d'intentions à Bell, je peux vous dire que
les fois où j'ai rencontré les autorités de Bell
Canada, elles se sont toujours montrées très
disposées à devenir sous réglementation provinciale en
disant: C'est un problème politique, entendez-vous avec le gouvernement
fédéral. Mais attention, je ne veux pas tomber dans le
piège, s'il y en a un. J'aime autant ne pas courir le risque de dire: II
faut provincialiser Bell Canada, et voir arriver sur la table un dossier de 150
ou 200 pages de Bell Canada, disant : C'est cela, selon notre politique, qu'il
faut faire, cela va vous coûter tant.
Cela va vous coûter $2 de plus par tête parce qu'il y a
moins d'appareils au Québec qu'en Ontario, etc. Alors, la
provincialisation de Bell Canada peut vouloir dire plusieurs hypothèses.
Est-ce que c'est la division complète de toutes les opérations,
recherche, équipement, la Northern, etc., ou si c'est dans la
réglementation des équipements en place? J'ai demandé aux
intéressés de Bell Canada: Si vous êtes disposés
à étudier une alternative, une possibilité d'être
régis provincialement et, en ce sens, l'exercice par le Québec de
sa juridiction sur le câble est une incitation. Bell Canada a
regardé ce dossier parce que le câble l'intéresse aussi.
Tant qu'elle n'est pas régie provincialement, la Régie des
services publics ne la connaît pas en termes de
câblodistribution.
J'ai posé la question à Bell Canada, je lui ai dit: Vous
êtes en possession de vos dossiers, si vous vous dites prête
à le faire, c'est que vous avez étudié la question.
Dites-moi comment vous proposez? On verra si la formule que vous proposez est
acceptable. Plutôt que de faire l'inverse et lui dire : Faites-le, venez
nous mettre l'addition sur la table et cela vient démolir...
M. CHARRON: Quelle est la réponse que vous avez eue à
cette suggestion?
M. L'ALLIER: Je n'en ai pas eu. Je n'ai pas eu de réponse. On m'a
dit: On a des hypothèses. Je n'ai pas eu de réponse me disant: On
va le faire, ou, on ne le fera pas. Alors, j'ai l'impression que du
côté de Bell Canada, comme du côté de n'importe
quelle entreprise, dans la mesure où l'on veut faire varier les points
de réglementation, Québec ou Ottawa, elle va suivre le courant et
elle fera porter le fardeau de l'opération sur la négociation
fédérale-provinciale.
Il y a un autre point dont il faut tenir compte, c'est que nous ne
sommes pas seulement deux. Ce n'est pas seulement Québec et Ottawa. Il y
a Toronto aussi, et cela joue énormément dans la mesure où
Bell Canada devient Québécoise, elle devient automatiquement
Ontarienne et il faut s'entendre à trois.
M. CHARRON : Est-ce que l'Ontario manifeste aussi des intentions de
provincialiser le téléphone?
M. L'ALLIER: A ma connaissance, c'est loin d'être un dossier
prioritaire chez elle. Chaque fois qu'on a abordé la question avec
l'Ontario, la discussion...
M. CHARRON: Parlez-en avec le ministre des Communications la semaine
prochaine à Victoria.
M. L'ALLIER: On en parle régulièrement, mais ce n'est pas
considéré comme un dossier... Ce n'est pas une proposition qui
est mise de l'avant et il ne semble pas y voir d'intérêt
particulier.
M. CHARRON: Moi aussi j'ai entendu parler à plusieurs reprises du
fait que Bell Canada, pour le vrai ou pour l'image, je suis d'accord avec le
ministre qu'on ne doit pas embarquer dans les pièges à ours
qu'elle nous présente avant... mais j'ai eu suffisamment d'information,
jusque des hauts cadres de l'entreprise, pour savoir que l'opération
Québec pour la compagnie ne signifie pas la catastrophe, la fin du
monde, qu'on est même préparé à cette
éventualité. Ce qu'on se demande par contre, là où
la réaction pourrait être différente, c'est si cela veut
dire que l'Etat québécois achète, nationalise
jusqu'à un pourcentage X, comme un parti politique du Québec le
préconise, les parts, les actions de cette entreprise.
A ce moment-là, elle négocierait certainement sur le prix
des actions en cause avant, mais l'idée même que l'unique
autorité gouvernementale soit celle de Québec... Je suis content
de voir que le ministre l'affirme également et il le tient des
dirigeants mêmes de Bell Canada. Cela m'avait été
donné comme une éventualité à laquelle ils se
prêtaient, encore une fois, en disant: Cela est politique, quand cela
arrivera, on le prendra. Ils ne la souhaitent pas et ils ne courent pas
après.
M. L'ALLIER: C'est cela. Il faut toujours se replacer dans le contexte.
Ce n'est pas seulement Bell Canada, c'est un organigramme de 18 ou 19
sociétés. Or, se retrouver dans la position où l'on aurait
une perche tendue vers une nationalisation partielle, je vais être
prudent là-dessus, parce que si on nationalise la partie non rentable,
c'est-à-dire la partie du service ou une partie de la partie du service,
nous ne sommes pas plus avancés. Il faut regarder l'ensemble de
l'opération.
M. CHARRON: Je vais vous poser une question. Croyez-moi, elle n'est pas
méchante, simplement cela vient de me passer dans la tête. Le
projet de loi qui a été déposé cet
après-midi, quant à la francisation des entreprises et qui fixe
en admettant qu'il soit adopté tel qu'il est, sans amendement
à peu près comme condition que, pour avoir une subvention,
une prime, ou pour être même sur la liste des clients prioritaires
de l'Etat québécois, on devra faire preuve enfin tout le
monde est au courant de
cela, maintenant que c'est sorti publiquement qu'on est dans un
programme de francisation de l'entreprise.
Bell Canada est incorporée au gouvernement fédéral.
Est-ce que c'est le bill de la langue que vous venez...
M. TETLEY: Sur un point d'ordre, c'est un cadeau du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche à tous les membres de sa
commission et je voudrais noter comment on nous traite dans l'autre
commission.
M. L'ALLIER: Est-ce que je dois en déduire que mon
collègue des Institutions financières viendrait ici pour un
cadeau?
M. TETLEY: C'est une suggestion.
M. CHARRON: Je pensais que c'étaient vos amendement sur le bill
22.
M. TETLEY: Non, ce n'est pas plus grand que ça.
M. L'ALLIER: Je pense que la commission pourrait se cotiser et offrir au
député de Notre-Dame-de-Grâce une édition de luxe du
projet de loi 22.
M. TETLEY: Autographiée.
M. L'ALLIER: Là, vous m'engagez au nom du ministre de
l'Education.
M. CHARRON: Le député de Notre-Dame-de-Grâce devrait
peut-être participer, au moins si cela l'intéresse, à cette
question qu'on abordera ensemble, le projet de loi déposé cet
après-midi. Quant à la francisation des entreprises, on
était en train de discuter de la compagnie Bell Canada, qui est propre,
qui est une compagnie collaboratrice du ministre des Communications, dans le
cadre actuel, une compagnie qui est incorporée au gouvernement
fédéral, qui n'a besoin ni de subvention, ni de prime, ni de quoi
que ce soit dans ce domaine. Elle a les reins bien assez forts pour ne pas
être soumise au certificat du ministre de l'Education et de la
Régie de la langue française pour éventuellement offrir un
programme de francisation. Tout le monde sait que Bell Canada n'est pas
l'entreprise la plus française au Québec. C'est justement
pourquoi j'aborde la question. En quoi la loi de cet après-midi
touchera-t-elle une compagnie comme celle-là lorsqu'on fonctionne
à peu près uniquement par le pouvoir d'incitation qu'est le
pouvoir d'achat du gouvernement québécois? Je pense que si on
prend Bell Canada, on va en trouver beaucoup d'autres qui sont
incorporées au niveau fédéral. Le ministre des
Institutions financières sait ce que veut dire l'incorporation,
l'importance de l'incorporation pour une société?
M. TETLEY: Sans répondre pour le minis- tre, je sais que vous
êtes peut-être hors du sujet, on n'a pas le droit de discuter un
bill qui est devant la Chambre.
M. CHARRON: Ne mêlez pas le parti dans ça.
M. TETLEY: Non, pour la bonne raison qu'il y a un endroit pour une telle
discussion, mais l'étude des crédits du ministre des
Communications est le moment pour discuter de ses crédits. Mon
expérience avec certaines compagnies, y compris Bell Canada, est une
très bonne expérience; elles ont coopéré avec nous
au sujet de la langue; une autre, c'est la Banque Royale et il y a d'autres
institutions. Donc, ce sont les crédits du ministère des
Communications, je suis un simple spectateur ici afin d'en apprendre un peu
d'un autre ministère.
M. CHARRON: Je suis d'accord avec vous.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): J'espère que les autres membres de
la commission donnent leur approbation unanime à ce que le ministre des
Institutions financières puisse participer verbalement à la
commission puisqu'il n'est pas membre de la commission et qu'il devrait
obtenir, au préalable, la permission des membres de la commission.
M. SAMSON: D'autant plus, M. le Président, que le ministre des
Institutions financières semble très intéressé
à notre commission. La preuve, c'est que, dans une autre commission, on
donne des cadeaux et il ne reste pas, il s'en vient à la
nôtre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): On admettra que le ministre des
Institutions financières est intéressé à toutes les
activités du gouvernement et de toutes les commissions du gouvernement.
Je pense bien qu'on peut lui reconnaître ce droit.
M. L'ALLIER: Sur la question soulevée par le député
de Saint-Jacques, je crois qu'on fait un petit détour par les
crédits des Communications, mais je veux dire que le projet de loi, tel
que rédigé je n'en ai pas pris connaissance
intégralement, j'ai lu ce que j'ai pu cet après-midi en Chambre
une seule chose, à première vue, pour en avoir lu la
moitié, m'indique que les compagnies de téléphone, quel
que soit leur lieu d'incorporation, sont considérées comme des
compagnies d'utilité publique et qu'il y a dans le projet de loi un
certain nombre d'obligations qui sont faites aux compagnies d'utilité
publique. Je viens de le vérifier. Dans l'annexe A, on définit
l'entreprise d'utilité publique.
On dit les hôpitaux, les entreprises de téléphone,
de télégraphe, de transport par avion, bateau, autobus ou chemin
de fer, etc. On pourrait donc se dire: Est-ce que cela s'applique uniquement
aux compagnies incor-
porées provincialement, dans la mesure où entreprise
d'utilité publique se réfère à des entreprises qui,
par définition, ne sont pas à charte provinciale, par exemple les
entreprises de transport par avion ou par chemin de fer? Je présume donc
que cela s'applique à toutes les entreprises d'utilité publique
oeuvrant au
Québec, quel que soit leur lieu d'incorporation.
Maintenant, je m'étire un peu, parce que je n'ai pas
poussé cela à fond.
M. CHARRON: C'est uniquement par le biais de l'utilité publique,
je pense, qu'il y a une discussion. J'ai deux autres petites questions sur ce
sujet. Est-ce que le projet d'utilisation par le Québec du satellite
Symphonie fonctionne encore?
M. L'ALLIER: Le ministère des Communications est toujours en
rapport avec la France sur cette question. Le satellite Symphonie est le
satellite franco-allemand, comme vous le savez, et en vue d'une
éventuelle utilisation, il nous manque actuellement et nous
sommes à mettre cela au point avec la France toute une
série de données techniques. Il faut d'abord que le satellite
soit lancé; tant qu'il n'est pas lancé, on peut parler en l'air.
On a jusqu'ici réalisé deux expériences de
téléconférence par satellite, une entre Montréal et
Lyon, par Intelsat IV, et une deuxième expérience entre
Montréal, Québec et Paris, entre trois points, par le même
satellite, afin de mettre au point les techniques d'utilisation et
d'étudier, dans la mesure où c'est possible, par deux
téléconférences de quelques heures, et d'analyser la
rentabilité de telles opérations.
Dans un premier temps, il faut ramasser avec la France toute une
série de données techniques quant à l'utilisation
possible, sur le plan technique, du satellite. Deuxièmement
décider quand il sera lancé et en attendant que tout cela se
fasse, on a déjà conduit deux expériences de
téléconférence et il y en a d'autres qui sont
prévues avec la France.
M. CHARRON: Est-ce que c'est prévisible pour un avenir quand
même pas trop éloigné, la possibilité de voir
Radio-Québec utiliser Intelsat par exemple?
M. L'ALLIER: Pour aller où? En France? M. CHARRON: Avec la
France.
M. L'ALLIER: Je pense que ce serait techniquement possible, mais ce
serait extrêmement dispendieux et cela ne pourrait se faire que pendant
de très courtes périodes. Il y a tout le problème du
décalage horaire, etc. et il y a une phase initiale qu'il faudrait
probablement franchir. C'est que, dans la mesure où l'utilisation du
satellite suppose, en fait, qu'on a besoin à la fois de transmettre
l'image, mais surtout de la transmettre instantanément c'est cela
qui est l'intérêt du satellite il n'est pas évident,
à première vue, que beaucoup d'opérations se prêtent
à ce genre d'utilisation.
Cela coûte quand même très cher par Intelsat; on peut
calculer que le coût direct, par exemple, de la première
conférence a été de $35,000 pour quelque chose comme deux
heures de téléconférence; la deuxième a
coûté un peu moins cher, $18,000, parce que les choses se mettent
au point.
Dans un premier temps, je pense que Radio-Québec pourrait avoir
des échanges par le moyen de transport ordinaire de programmation, c'est
une chose tout à fait possible. Si, éventuellement, lorsque
Radio-Québec sera en ondes, il y a utilité pour la France d'avoir
des émissions de Radio-Québec et vice versa, il faudrait avant
toute chose réduire considérablement le coût de
retransmission parce qu'à ce prix-là c'est trop cher.
M. CHARRON: Dernière question dans ce domaine, le projet de
télé-université par l'Université du Québec
implique-t-il le ministère des Communications?
M. L'ALLIER: Non, le ministère des Communications n'est pas
impliqué dans ce projet.
M. CHARRON: C'est uniquement le ministère de l'Education.
M. SAMSON: M. le Président, l'augmentation du budget, au
programme 5, est assez considérable si l'on considère le budget
de l'an passé.
M. L'ALLIER: Oui. Au niveau de la planification du développement
des réseaux, nous avons, en crédits nouveaux, $152,000 cette
année.
Ils se répartissent comme suit: l'inventaire des infrastructures,
$35,000; l'analyse des réseaux $95,000; la création d'un service
juridique du ministère, $22,000.
La planification du développement des media: satellites SST et
franco-québécois, $100,000; développement des media
communautaires, $130,000; agents nouveaux; création d'un service de
recherche, $157,000; un poste pour la coordination de la production
audiovisuelle, $17,000, et l'aide administrative à la direction
générale des télécommunications, $31,000. Comme
c'est une direction générale qui est en formation; il y a une
aide administrative en termes de personnel pour un total de crédits
nouveaux de $588,000, ce qui nous fait passer de $736,000 à
$1,300,000.
Il faut ajouter les 3 p.c. d'ajustement dit mécanique pour
l'augmentation des coûts, salaires, etc.
M. SAMSON: Est-ce que c'est à ce poste budgétaire, vos
installations d'antennes à Montréal et à Québec,
dont vous avez parlé ce matin?
M. L'ALLIER: Non, cela c'est à Radio-Québec, sept ou
huit.
M. SAMSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 5, qui comporte deux
éléments est adopté?
M. SAMSON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Le programme 6:
Régie des services publics.
Régie des services publics
M. CHARRON : M. le Président, la régie a été
un peu en vedette au cours de l'année dernière, lorsque nous
avons étudié la réglementation sur la
câblodistribution. Par les lois que l'Assemblée nationale a
adoptées, en particulier la loi 35, si ma mémoire est
fidèle, on s'est trouvé à donner à la Régie
des services publics une nouvelle fonction, je dirais même une nouvelle
dimension. On l'a libérée d'une tâche ardue, qui
était celle de l'expropriation, pour lui donner une vocation à
plus proprement parler dans le domaine des communications. La première
question que je vais poser au ministre, avant d'entrer dans des détails,
parce que j'en ai quelques-uns, c'est vraiment une question
générale. Est-ce que le ministre est satisfait du travail de la
Régie des services publics? Je sais que la question pourrait sembler
idiote, mais on dit, d'un côté, que la régie est
dépassée, à certains moments, par le travail qu'elle a
à accomplir, par le champ d'activité que l'Assemblée lui a
désormais réservé par la loi 35, et, d'autre part, qu'il y
a un manque de personnel assez sensible qui affecterait les décisions ou
le rendement de la régie. Dans l'ensemble, suite à la loi 35 et
suite à la réglementation sur la câblodistribution qui
donnait une nouvelle mission à la régie, quelle est
l'évaluation de la régie actuelle par le ministre?
M. L'ALLIER: M. le Président, je considère que la
Régie des services publics qui, dans le domaine des communications, a
commencé depuis le 1er novembre comme telle, a assumé sa
responsabilité et a fait un excellent travail. C'est mon opinion
personnelle sur la régie.
Le fait que la régie soit surchargée au début,
c'est, à mon avis, un phénomène tout à fait normal
dans la mesure où, en moins de six mois, à toutes fins pratiques,
ou en six mois à peu près, l'ensemble des entreprises de
câblodistribution se présente en bloc pour obtenir des permis.
Donc, il doit y avoir des auditions devant la régie dans chacune des
régions.
Pour donner certains détails là-dessus, je pourrais vous
dire que la Régie des services publics voit son effectif passer de 25
à 64. Il faut tenir compte du fait qu'à l'intérieur du
personnel de la régie, il y a des gens qui sont aussi partis cela
a créé des postes vacants au tribunal des expropriations,
de sorte que, parmi les 64 personnes, vous avez du personnel neuf aux fins des
communications.
Cependant, je ne pense pas qu'à moyen terme la régie soit
surchargée de travail au point de rendre inapplicable, si vous le
voulez, la réglementation qu'on a adoptée. Il y a un premier coup
à passer, comme au moment de l'implantation de n'importe quel tribunal,
qu'il s'appelle le Tribunal des transports ou qu'il s'agisse d'autres
organismes de même nature. Mais on ne peut pas, à mon avis,
combler les besoins en personnel et en effectif d'une façon permanente
à partir d'une période de pointe qui est celle du
démarrage.
Les crédits de la régie passent, comme vous le voyez, de
$500,000 à peu près, à $1,128,000, et vous avez dans cela,
essentiellement, des salaires pour le fonctionnement, 22 postes nouveaux
à la régie pour $406,000. Vous avez aussi des crédits
additionnels pour $90,000 qui sont accordés pour l'exercice...
M. CHARRON: Sur les 64 personnes prévues au cours de l'exercice
financier 1974/75, combien sont en poste ce soir?
M. L'ALLIER: Au 1er avril 1974, il y avait 39 postes d'occupés et
25 postes vacants pour 64. On me dit qu'actuellement, depuis le 1er avril, il y
a 49 postes d'occupés. Ce qui laisserait quinze postes vacants à
la Régie des services publics.
M. CHARRON: A combler, j'imagine, dans les prochains mois?
M. L'ALLIER: A combler au fur et à mesure du recrutement. Il faut
se placer aussi dans le contexte, et je tiens à le souligner. Il ne
s'agit pas essentiellement de postes de secrétariat ou de postes de
gestion; il y a beaucoup de postes spécialisés dans cela, et du
personnel francophone apte à travailler à la régie et
disponible, dans le cadre des grilles de salaires de l'ensemble du
gouvernement, ce n'est quand même pas facile à trouver et à
la régie et au ministère des Communications. Peut-être plus
que tout autre ministère, on se situe en
télécommunication, en téléinformatique dans les
disciplines comme celles-là, comme celle de la régie, dans des
secteurs de pointe, en termes d'emplois, et nos concurrants principaux, en
termes d'employeurs, ce sont les grandes compagnies de
télécommunications et le gouvernement fédéral.
On sait que la moyenne des salaires payée, tant au gouvernement
fédéral que dans les grandes compagnies de
télécommunications est de 10 p.c. à 25 p.c. plus
élevée que ce que nous pouvons payer au niveau du gouvernement,
le personnel spécialisé de communications ne constituant pas une
exception à l'intérieur des politiques salariales. Cela est un
problème qu'on vit au ministère, qu'on vit à la
régie, et qu'on vit partout où l'on a besoin du personnel de
pointe.
M. CHARRON: M. le Président, sur combien d'abonnés de
téléphone la régie exerce-t-elle maintenant sa juridiction
via les entreprises à charte provinciale?
M. L'ALLIER: En gros, 10 p.c... M. CHARRON: 10 p.c.
M. L'ALLIER: ... de téléphones québécois, en
termes de clientèle, sont soumis à la juridiction
québécoise. En termes de territoire, cela ne se compare pas.
M. CHARRON: D'accord ! J'ai le chiffre de l'année
dernière: 30 entreprises et cinq lignes forestières. Cela serait
le domaine que couvre la Régie des services publics.
M. L'ALLIER: 39 entreprises au Québec... M. CHARRON: 39
entreprises.
M. L'ALLIER: ... qui sont soumises à la Régie des services
publics.
M. CHARRON: La nouvelle fonction qu'on a donnée à la
régie en adoptant le règlement l'année dernière,
à la commission parlementaire, juste avant la dissolution de la Chambre
pour les élections, le ministre en a fait état ce matin. Je
l'inviterais à revenir de façon plus précise, en
répondant à ma question. Est-ce que la régie, dans
l'application de cette réglementation, a rencontré des
réticences de la part des dirigeants de compagnies qui sont
désormais soumises à sa juridiction?
M. L'ALLIER: A ma connaissance, non, sauf sur un point qui a
été corrigé, et que j'ai recommandé au gouvernement
de corriger. Nous avons modifié d'ailleurs l'avis est dans la
Gazette officielle, je crois le règlement qui obligeait les
câblodistributeurs de payer une redevance annuelle calculée sur le
nombre d'abonnés à la Régie des services publics, à
l'Etat finalement, pour l'exercice de la juridiction de la régie. Or,
comme le règlement est entré en vigueur le 1er novembre, on
prévoyait faire payer la redevance pour l'année 1973 et pour
l'année 1974, une deuxième fois. Les câblodistributeurs ont
fait des représentations que j'ai considérées comme
légitimes, en disant: Vous nous demandez de payer une redevance qui est
quand même... Pour certains, plus ils sont petits moins elle est
importante, mais, proportionnellement, dans la mesure où ils sont
obligés d'en payer une importante aussi au gouvernement
fédéral, ils nous ont demandé si c'était possible,
de faire en sorte qu'au niveau du paiement de la redevance, qu'on les fasse
payer pour une année complète de services de la régie,
alors qu'ils en avaient eu, à toutes fins pratiques, moins d'un mois.
J'ai accédé à cette demande, de sorte que le principal
point en litige disparaît, et la redevance qu'ils ont payée,
qu'ils doivent payer dans le cadre du règlement, vaudra pour l'an
prochain, pour l'ensemble des câblodistributeurs.
M. CHARRON: La régie a-t-elle eu à exiger des
pénalités dans le cas de certaines entreprises à la suite
du règlement?
M. L'ALLIER: Non. Pas à ce stade-ci.
M. CHARRON: Est-ce qu'il n'y a pas eu, de la part de certaines
compagnies, une demande en évocation qui a été faite
contre la réglementation, une contestation de la juridiction
québécoise comme on nous en avait menacés?
M. L'ALLIER: Vous faites allusion à une audition
générale de la régie sur la câblodistri-bution et au
cours de laquelle les câblodistributeurs ont porté en
évocation devant la cour Supérieure la décision de la
régie, mais, à ma connaissance, ce n'était pas sur un cas
particulier d'une demande d'un câblodistributeur. Cela portait sur le
principe même du pouvoir de réglementation de la régie par
rapport au pouvoir de réglementation du lieutenant-gouverneur en
conseil. En d'autres mots, les câblodistributeurs ont dit à la
régie: Vous faites une audition sur un certain nombre de points qui sont
déjà prévus dans la réglementation. Donc, on ne
peut pas revenir là-dessus. Vous ne pouvez pas réglementer
différemment de ce qui est prévu dans la réglementation.
Et ils ont porté la décision de la régie devant la cour
Supérieure. Où est-ce que c'en est rendu?
M. CHARRON: Ce n'est pas ainsi que je l'avais compris.
M. L'ALLIER: Le point technique est que l'audition de la régie
sur ces questions avait été annoncée et convoquée
avant la publication du règlement, avant la mise en vigueur.
M. CHARRON:Ils refusaient de se soumettre à la décision de
la régie quand ils étaient déjà concernés
par...
M. L'ALLIER: Ils ont dit: La régie nous convoque à une
audition sur des points qui sont tous prévus dans la
réglementation. Au moment de la convocation, la réglementation
n'était pas en vigueur et, au moment de l'auditon, la
réglementation était en vigueur.
M. CHARRON: Est-ce que, parmi ces contestataires, il n'y avait pas
National Câblovi-sion?
M. L'ALLIER: Je pense. C'était principalement National
Câblovision, me dit-on, qui...
M. CHARRON: Qui est une propriété du gouvernement, des
Québécois, en tout cas, par la Caisse de dépôt et
placement du Québec.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'il y a une partie... La Caisse de
dépôt et placement du Québec intervient jusqu'à
concurrence de 30 p.c.
M. CHARRON: Elle n'est pas majoritaire?
M. L'ALLIER: Non. La Caisse de dépôt et placement du
Québec intervient à la limite de ce qu'elle peut faire et je
pense que c'est 20 p.c. ou 30 p.c. Cela n'était pas la juridiction de la
régie qui était contestée, c'était le
bien-fondé de l'audition sur ces points et c'est encore devant le
tribunal.
M. CHARRON: Et la régie, actuellement, tient des auditions pour
l'établissement de nouveaux permis de câblodiffusion. Est-ce que,
d'une façon quelconque, soit la régie, soit le ministère
lui-même concerné, essaie de favoriser la formule
coopérative plus que n'importe quelle autre dans les demandes de permis
de câblodiffusion? Si on devait se retrouver devant une demande
concurrente, une émanant d'une coopérative, l'autre d'un secteur
privé, est-ce qu'on aurait un penchant pour le secteur
coopératif?
M. L'ALLIER: II n'y a pas d'énoncés de principes
généraux qui sont faits par la régie et la situation, me
dit-on, ne s'est pas encore, comme telle, présentée, mais vous
vous souvenez que, dans le règlement qui est en vigueur depuis le 1er
novembre, il y a un article qui fait obligation à la régie,
l'article 7 du règlement et la régie est soumise à
ce règlement, mais on me dit que cela ne s'est pas encore
présenté et qui se lit comme ceci: "Avant d'attribuer une
autorisation d'exploitation d'une entreprise de câblodistribution, la
régie doit considérer la participation de la communauté
à la propriété de l'entreprise publique de
câblodistribution, la programmation offerte à cette
communauté et la possibilité pour le citoyen de participer aux
émissions communautaires." Donc, il y a trois éléments, y
compris la considération d'une propriété par la
communauté de la câblodistribution.
Alors, à la limite, je pense qu'un règlement comme
celui-là pourrait être interprété par la regie, face
à deux demandes, une dans laquelle il y a une participation de la
communauté à la propriété et une où il n'y
en a pas, cela serait celle où il y a une participation de la
communauté à la propriété qui devrait jouer. Et
c'est dans ce sens que le règlement a été
édicté.
Elle doit tenir compte de la participation de la communauté
à la propriété de l'entreprise.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai été surpris de
voir que des entreprises de câblodiffusion, National et Câble-TV,
par exemple, il n'y a pas tellement longtemps, ont fait demande au CRTC pour
avoir une permission d'agrandir leur territoire sur la rive sud de
Montréal et, d'autre part, de modifier leur tarif, si c'est exact, ce
que j'ai comme information. Je croyais que, pour une bonne partie de ces
décisions, suite à l'adoption du règlement que nous avions
fait, cela relevait de la Régie des services publics et non plus du
CRTC.
M. L'ALLIER: Non, cela continue. C'est cela qui est aberrant dans un
certain sens. Cela continue de relever des deux, c'est-à-dire qu'on ne
peut pas, par notre législation et notre réglementation, modifier
la législation et la réglementation fédérales. Les
câblodistributeurs, sans exception, se trouvent actuellement
obligés d'obéir à deux systèmes de
réglementation. Ils pourraient venir chez nous uniquement, mais,
à ce moment, ils seraient passibles de poursuites par les instances
fédérales pour avoir opéré sans permis et
inversement. C'est cela qui est l'anomalie qu'il nous faut briser. Les
câblodistributeurs, je pense, sont de plus en plus conscients de
l'intérêt qu'ils ont à une réglementation
québécoise qui colle peut-être davantage à leurs
préoccupations locales. On n'est pas obligé, nous, de tenir
compte des problèmes en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve.
Par ailleurs, ce qu'ils souhaitent avant toute chose, c'est que cesse
l'ambiguité de deux réglementations. Cela, ils en ont leur
voyage. Les radiodiffuseurs à qui on a dit qu'on ne pouvait pas le
faire, ont quand même peur qu'on le fasse. Ce n'est pas possible qu'on le
fasse.
M. CHARRON : M. le Président, une dernière question.
Celle-là est plus proprement locale. Je crois qu'elle mérite
notre attention. Il nous a été signalé au cours de
l'année, par des citoyens de la région d'Asbestos, une situation
dans la télédistribution par câble qui, je crois, devrait
intéresser ou a dû intéresser la Régie des services
publics. En effet, on nous affirme que Câblovision Incorporée
d'Asbestos offre, à une population qui est francophone à 95 p.c.,
cinq canaux de langue anglaise sur huit. La seule station FM offerte est
également de langue anglaise. Je le cite, puisque je n'ai aucune
hésitation à identifier le signataire, il s'agit de la
Société Saint-Jean-Baptiste, section d'Asbestos. On nous cite
ceci: Nous considérons que la télédistribution par
câble est un service public. A ce titre, on doit respecter la
collectivité; en l'occurrence, là où la
collectivité est presque exclusivement francophone, une mesure s'impose.
D'autant plus que cette majorité d'ici a besoin d'être
protégée contre la mer anglo-saxone qui nous entoure. Qu'il nous
soit permis ici de rappeler un passage de la commission Gen-dron, où on
dit que le gouvernement du Québec devrait exercer pleinement sa
juridiction dans le champ de la télédiffusion par câble
afin que celle-ci serve de façon plus spécifique les
intérêts de la culture québécoise. Alors, je
voudrais savoir si, à un moment ou à un autre, la Régie
des services publics a été saisie de ce problème et
qu'est-ce qu'on en a fait?
M. L'ALLIER: La Régie des services publics a été
saisie de ce problème au moment où elle a tenu une audition
publique pour accorder le permis à la télévision
d'Asbestos. On m'informe que les auditions ont eu lieu à Asbestos
même, si mon information est exacte, et, à ce moment-là, je
présume là, je n'ai pas d'information là-dessus
que les intéressés, ceux notamment qui vous ont fait part
de ce problème, se sont présentés devant la régie
pour faire part à la régie de ces problèmes. La
décision de la régie n'a pas encore été rendue dans
ce cas. On attend donc que la régie rende sa décision quant
à la câblodistribution d'Asbestos. Or, il faut se rappeler ici que
le câblodistributeur d'Asbestos, jusqu'ici, a été soumis
à la réglementation du CRTC qui propose un ordre de
priorités différent de celui qui est inclus dans le
règlement. Dans le règlement québécois, la
Régie ne peut pas en sortir finalement. L'ordre de priorité qui
est contenu à l'article 21 l'oblige à faire passer avant toute
chose la programmation éducative, les émissions communautaires,
les émissions locales, d'intérêt général, la
programmation en langue française, la radio-télédiffusion,
en s'éloi-gnant.
Cela ne vient qu'à la fin de tout, que vous pouvez retransmettre
à k). A j) vous trouvez les programmes de langue anglaise de
l'entreprise publique locale de radio-télévision de la
Société Radio-Canada, ensuite les programmes de langue anglaise
des entreprises publiques régionales et éloignées de
radio-télédiffusion situées au Québec et enfin
toute autre programmation. Alors, la régie est saisie du problème
et je crois que...
M. CHARRON: Je crois que la réglementation est suffisamment
claire pour qu'on puisse espérer que la Régie des services
publics une décision qui soit favorable à la question
soulevée par les intéressés...
M. L'ALLIER: Dans le mesure où les stations de radio et de
télévision peuvent être transmises et sont accessibles aux
câblodistribu-teurs, c'est cela qui devrait être fait. C'est une
obligation qui est faite à la régie d'en tenir compte.
M. CHARRON: M. le Président, au moment où nous discutons
de la culture québécoise, j'ai vu arriver dans nos gradins le
père du bill 22.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission lui souhaite la
bienvenue.
Est-ce que le programme 6 est adopté?
M. CHARRON: Le programme 6 est adopté quant à moi, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Programme 7: Office de
radio-télédiffusion du Québec.
Office de radio-télédiffusion du
Québec
M. SAMSON: C'est là qu'on parle des antennes de Montréal
et de Québec.
M. CHARRON: Allez-y. Commencez donc, cela fait assez longtemps que je
suis au bâton.
M. L'ALLIER: Vous allez réfléchir sur le bill 22.
M. SAMSON: M. le Président, on a...
M. CHARRON: M. le Président, j'ai l'impression que notre
débat va prendre une "drop".
M. SAMSON: M. le Président, vous venez de souhaiter la bienvenue
au premier ministre qu'il commence déjà à vouloir soulever
un débat antiréglementaire.
M. BOURASSA: Non, mais 80 p.c. de la population du Québec qui
vont être capables de recevoir des émissions de
Radio-Québec, cela c'est de la souveraineté culturelle dans la
réalité.
M. SAMSON: M. le Président, avec tout le respect que j'ai pour le
premier ministre et la bienvenue que je lui souhaite...
M.BOURASSA: On écoute la question du chef du Parti
créditiste.
M. SAMSON: On y va? M. L'ALLIER: Allez-y.
M. SAMSON: On nous a parlé ce matin d'antennes à
Montréal et à Québec, dont le ministère des
Communications, c'est-à-dire l'Office de
radio-télédiffusion du Québec veut installer... Est-ce que
le ministre pourrait nous expliquer quand cela va commencer à
fonctionner? Qu'est-ce que cela va donner comme services supplémentaires
exactement?
M. L'ALLIER: Si vous me permettez, M. le Président, je vais
répondre à la première partie de la question. S'il n'y a
pas d'obstacle technique, si tout se déroule normalement, les antennes
de Montréal et de Québec devraient fonctionner au début de
l'année 1975.
Maintenant qu'est-ce que cela va changer et qu'est-ce que cela va
ajouter? Sur ce point, M. le Président, je dirais simplement que la
programmation sur le câble va continuer du seul fait que les
câblodistributeurs, selon le règlement, sont obligés de
retransmettre en priorité ce qui est diffusé en ondes ouvertes et
qui a un caractère éducatif. Donc, cela va continuer sur le
câble et partout où on pourra accéder à la
programmation de Radio-Québec.
Si vous permettez, M. le Président, je pour-
rais inviter le président directeur général de
Radio-Québec, M. Yves Labonté, à répondre
directement aux questions dans la mesure où l'ORTQ est
précisément un organisme qui est dirigé par un conseil
d'administration et le président directeur général est en
place.
M. SAMSON: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Avec l'assentiment des membres de la
commission nous allons permettre à M. Labonté de répondre
aux questions.
M.SAMSON: Comme services nouveaux, vous allez atteindre combien de
personnes de plus?
M. L'ALLIER: Nous allons atteindre environ 60 p.c. de la population du
Québec. Nous allons diffuser dans un rayon de 50 milles environ de
Montréal et un rayon de 15 milles de Québec, la différence
étant due aux accidents de terrain à Québec où la
réception est plus difficile.
M. CHARRON: Je vous demanderais seulement une précision. Quand
vous dites 60 p.c, cela veut dire potentiellement. Le territoire desservi
groupe 60 p.c. de la populatin québécoise, mais encore faut-il
que ces gens aient le câble.
M. L'ALLIER: Non. Avec l'antenne, à compter de janvier 1975.
M. SAMSON: Mon autre question est la suivante. A la suite de cette
expérience, quels sont vos projets pour l'avenir? Est-ce qu'il y aura
d'autres antennes prévues dans d'autres régions?
M. L'ALLIER: Nos projets sont évidemment, puisque nous sommes
essentiellement un service public destiné à l'ensemble de la
population du Québec, de couvrir tout le territoire de la province. Nous
prévoyons, dans un plan de trois ans, réussir à
étendre notre réseau sur l'ensemble du territoire. Il y a
là une question de budget, si la province a les fonds suffisants pour
permettre cette expansion, nous l'avons prévue. Nous devrions pouvoir,
aux environs de 1977/78, rejoindre à peu près 85 p.c. de la
population québécoise.
Je pourrais ajouter un point là-dessus: Atteindre les premiers 80
p.c. pose relativement peu de problèmes, atteindre les derniers 15 p.c.
ou 20 p.c, compte tenu que ces derniers 15 p.c. sont disséminés
sur de très grands territoires, ça commence à poser des
problèmes sérieux si on veut les atteindre par antenne. En
même temps, je pense que Radio-Québec va développer
l'antenne de Québec et de Montréal qui est la partie du projet
qui a été approuvée par le gouvernement; au-delà de
Québec et Montréal, il faudra localement, région par
région, faire des études à la fois de marché et
d'équipement pour savoir quelle est la meilleure formule en tout
cas, c'est la position du gouvernement là-dessus pour atteindre
le plus rapidement possible les gens et pour leur fournir un service local.
C'est dans ce sens que j'ai dit qu'il ne fallait pas exclure la
possibilité de retrouver, dans certaines régions
même si ce n'est pas une règle générale, c'est une
chose qu'il faudra considérer comme hypothèse par exemple
au Lac-Saint-Jean une antenne éducative qui est administrée
là et qui se greffe au réseau Radio-Québec, pour la
programmation de Radio-Québec, quitte à avoir une programmation
éducative propre à la région. Il faudra trouver des
structures pour faire marcher ça, si c'est possible. Au-delà de
ça, il faut dire également qu'en plus de diffuser par ondes
ouvertes, il est certain que nous allons, au niveau du gouvernement, inviter
Radio-Québec, à rendre accessible sa programmation dans les
régions éloignées où on ne pourrait pas diffuser
par UHF mais où on pourrait trouver des centres de distribution, que ce
soit le câble, même s'il ne rejoint pas tout le monde, ou
même d'autres télédiffuseurs qui seraient disposés
à retransmettre l'essentiel de leur programmation de
Radio-Québec.
M. SAMSON: Est-ce que vous en avez actuellement, dans des régions
éloignées qui ne seront pas couvertes par l'antenne avant
longtemps, qui diffusent votre programmation? Je parle des diffuseurs
privés.
M. L'ALLIER: Non. Il y a des diffuseurs privés, ici, par exemple
à Québec qui diffusent certaines de nos émissions. Notre
programmation, actuellement, est groupée dans un bloc de trois heures
qui sont de 7 heures à 10 heures tous les soirs et il y a un certain
nombre d'émissions qui passent pendant cette période. Certains
diffuseurs, comme Télé 4, ont acheté de nous certaines
émissions qu'ils diffusent sur leur antenne.
M. SAMSON: Est-ce que vous en avez dans la région du
Nord-Ouest?
M. L'ALLIER: Nous n'en avons pas.
M. SAMSON: Est-ce que vous prévoyez conclure des ententes pour en
avoir? Ce ne serait peut-être pas aux heures que vous avez
mentionnées, parce que sur un réseau privé c'est difficile
d'obtenir ces heures.
M. L'ALLIER: Le problème, comme vous dites, c'est qu'aux heures
de pointe, c'est difficile d'obtenir le temps d'antenne. Nous, comme vous le
savez, ne faisons pas de commerciaux et nous ne voulons pas qu'à
l'intérieur de nos émissions soient insérés des
messages commerciaux, ce qui est une difficulté supplémentaire.
Mais nous cherchons actuellement et récemment, nous sommes allés
précisément
dans la région de Rouyn-Noranda, pour discuter avec les
câblodiffuseurs. En particulier également nous n'avons pas pu les
rejoindre, mais nous voudrions rejoindre les radiodiffuseurs de l'endroit pour
pouvoir établir des modalités qui permettraient de diffuser sinon
notre bloc de programmation, au moins un certain nombre de nos
émissions. Remarquez que de notre point de vue, il est de notre
intérêt de répandre le plus possible nos émissions;
nous cherchons à rejoindre le plus de monde possible, ce qui
réduit les coûts par tête de pipe, si je puis dire.
M. SAMSON: J'imagine qu'il y a un organisme qui exerce une certaine
surveillance sur la programmation à offrir au public. Est-ce que cela
relève de votre compétence?
M. L'ALLIER: II y a deux organismes, en fait, qui se trouvent à
surveiller notre programmation. D'une part, il y a l'autorité
compétente qui a été constituée par le conseil des
ministres et qui réunit le ministre de l'Education et le ministre des
Communications, qui doivent voir à ce que notre programmation soit
conforme au mandat qui est le nôtre de faire des émissions qui
soient de caractère éducatif.
D'autre part, il y a, par rapport à la grille de programmation
elle-même, le conseil d'administration de l'office, qui est le
maître absolu de cette grille et qui doit l'autoriser et l'approuver. Ce
sont les deux organismes qui sont responsables.
M. CHARRON: M. Labonté, il y a une entrevue, je crois, ou enfin
un article où on vous cite abondamment que publie le magazine MacLean de
ce mois-ci. J'imagine que vous l'avez lu?
M. L'ALLIER: Oui, j'en ai pris connaissance.
M. CHARRON: On peut en tirer plusieurs questions. On peut vous en poser
quelques-unes aussi, mais à plus proprement parler, sur ce que vous
venez de mentionner, le caractère éducatif de la programmation de
Radio-Québec. Vous avez fait mention de ce comité
bi-ministériel, en fin de compte, qui devient une autorité
nommée par le Conseil exécutif du Québec pour surveiller
cette programmation, et on reproche à Radio-Québec de ne pas
suivre ou d'avoir une façon assez légère de suivre ce qui
est proprement appelé maintenant une télévision
éducative.
Le 2 décembre 1969, les ministres de l'Education du Canada et le
secrétaire d'Etat du gouvernement fédéral avaient ensemble
arrêté une définition de la télévision
éducative qui tenait à peu près à ceci. Elle
comportait trois éléments principaux, nous dit-on: Diffusion de
connaissances, de façon que les résultats de cette diffusion
puissent être appréciés et contrôlés autrement
que par les cotes d'écoute et de diffusion de renseignements sur le
système scolaire.
Croyez-vous aujourd'hui que la programmation actuelle de
Radio-Québec satisfasse vraiment à cette définition
qu'avaient donnée les ministres de l'Education ensemble de ce qu'est la
télévision éducative?
M. L'ALLIER: Vous savez probablement également que le conseil des
ministres du Québec s'est donné sa propre définition de la
télévision éducative qui, effectivement, rejoint en grande
partie celle qui avait été donnée par le conseil des
ministres de l'Education.
M. CHARRON: Plus large.
M. L'ALLIER: Un peu plus large. Nous croyons que la programmation que
nous faisons actuellement, dans son ensemble, satisfait aux exigences de cette
définition. Evidemment, nous n'entendons pas le terme éducatif
dans un sens strict, mais nous le considérons comme tout ce qui peut
être un enrichissement pour l'esprit, tout ce qui peut se traduire par
une acquisition de connaissances qui permet aux gens de devenir meilleurs
citoyens, en fait.
Le contrôle, qui est probablement le deuxième aspect de
cette définition, est effectivement beaucoup plus difficile à
évaluer. Comment évaluer qu'une émission que nous pouvons
faire sur l'économique, qui va permettre, par exemple, à un
père de famille d'équilibrer un budget familial, puisse
être contrôlée de l'extérieur. En fait, c'est un
contrôle qui veut dire beaucoup de choses.
M. CHARRON: Actuellement, il n'y a aucune forme de contrôle.
M. L'ALLIER: Aucune.
M. CHARRON : Ce sont des émissions à caractère
d'information, mais sans "feedback" autre que la cote d'écoute
peut-être.
M. L'ALLIER: C'est la réaction que nous avons des gens
eux-mêmes qui communiquent avec nous. Mais je pense que si on faisait
l'histoire de ce mot contrôle, l'on arriverait à l'autre
définition qui a été donnée antérieurement
d'émission éducative, et qui faisait introduire le mot
contrôle pour le référer à un diplôme
scolaire. A ce moment-là, quand le fédéral avait
donné sa première définition, on songeait à une
télévision scolaire, proprement. Mais le concept s'est
élargi dans la définition elle-même que le
fédéral a donnée, qui rend le contrôle assez peu
vérifiable.
M. CHARRON: II y a une appréhension que bien des gens ont, qui en
même temps souhaitent l'épanouissement et l'agrandissement de
Radio-Québec, qui continuent à voir et à véhiculer
ces... Est-ce que Radio-Québec ne deviendra pas tôt ou tard un
Radio-Canada à nous autres? Dans l'évolution de l'office, du
côté éducatif, à proprement parler "informa-
tif", si le mot est français, du côté information
qu'a toujours véhiculé Radio-Québec depuis son existence
sur câble, le jour où il obtiendra une plus grande diffusion par
antennes, est-ce qu'il n'abandonnera pas ces aspects au profit d'une
commercialisation qui semble être la voie inévitable de tous les
producteurs de télévision, en télédiffusion,
à un moment ou à un autre?
Je sais bien que vous pouvez me répondre qu'on a des garanties,
qu'on n'oubliera pas la vocation première, etc., mais encore, parce que,
par exemple, le conflit syndical que vous avez traversé au cours de la
dernière année, a donné lieu à des critiques que je
dirais de fond sur Radio-Québec. Autrement que les relations patronales
et ouvrières, on en a profité pour remettre en cause
l'orientation de Radio-Québec. J'ai suivi ce conflit, même si
à proprement parler les relations patronales et ouvrières,
c'était à s'y perdre dans certaines occasions, mais il m'a
semblé que certaines analyses faites, même si elles portaient la
chaleur d'un combat syndical, n'étaient pas sans fondement et
apportaient certainement au moins objet de réflexion sur des gens qui
vivent dans la boîte et qui sont peut-être en mesure de nous
signaler que telle orientation présuppose tel engrenage et que, par la
suite, on perdra Radio-Québec.
En fin de compte, c'est drôle à dire, mais sans ne l'avoir
jamais eu encore, puisqu'il n'a pas encore diffusé par antennes, on est
déjà en crainte de le perdre. J'aimerais que vous nous fassiez un
exposé de votre façon de voir l'évolution de
Radio-Québec, sans que ce soit éternel, mais, à proprement
parler, sur la qualité de Radio-Québec dans son
évolution.
M. L'ALLIER: Pour nous, je suis certain, je parle au nom du conseil
d'administration en disant cela, il est essentiel que nous conservions notre
absolue liberté quant à l'élaboration de notre
programmation, absolue liberté face à des commanditaires, par
exemple. Je veux dire par là qu'à partir du moment où vous
introduisez des commanditaires dans votre programmation, vous êtes
préoccupés essentiellement par la cote d'écoute, puisque
c'est ce que veut obtenir le commanditaire. Donc, vous ne répondez plus
nécessairement aux besoins réels des citoyens par des
émissions qui sont peut-être plus austères, donc qui
attirent un moins large public, naturellement et spontanément, mais qui
sont quand même des émissions qui paraissent essentielles
étant donné les besoins que nous aurions identifiés dans
la population.
Les critiques qui ont été formulées contre nous, et
auxquelles vous faites allusion, portent en grande partie sur le
caractère participatif qu'il faut donner à la maison, en d'autres
termes, sur le caractère de participation de notre
télévision. On ne voudrait pas que Radio-Québec devienne
une tour d'ivoire où s'élabore, dans l'esprit de ceux qui ont la
direction de la maison, les émissions qui seront tout simplement
transmises au public qui n'a qu'à les recevoir.
Là encore, en établissant bien la distinction entre ce que
l'on peut appeler la télévision communautaire et la
télévision qui est la nôtre, une télévision
éducative et culturelle qui doit voir à transmettre des messages,
à répondre à des besoins particuliers et non pas
être simplement un lieu d'échange d'idées mis à la
disposition des citoyens eux-mêmes, en maintenant bien cette distinction
très nette, nous avons jusqu'ici mis en place des structures qui nous
permettent d'assurer une participation minimale.
La participation, quand on la définit comme concept, c'est
très beau, mais quand on veut l'appliquer concrètement, ce n'est
pas si facile que cela. Nous réalisons la participation
premièrement, par un service d'évaluation avec l'auditoire qui
cherche à identifier véritablement les besoins de la population,
et qui est en constante relation avec notre auditoire, lequel auditoire est
invité, tout au long de la soirée, à communiquer avec
nous, soit par écrit, soit par téléphone, pour nous faire
connaître et ses besoins et ses commentaires sur nos émissions et
les projets qu'il souhaiterait voir développés chez nous. Donc,
premier aspect de la participation: l'identification des besoins.
Deuxième aspect : consultation de la population, relation avec la
population. Troisièmement, nous souhaiterions, pour maintenir cette
participation et cette réponse aux besoins des gens, pouvoir mettre
à la disposition de la population, de groupes d'individus, du temps
d'antenne, sans doute à certaines conditions. Cela se fait dans
certaines régions. Cela se fait aux Etats-Unis, par exemple, où
on met à la disposition des groupes qui ont quelque chose à dire,
ils ont une demi-heure d'antenne. Cela suppose qu'ils soient, par exemple,
quinze ou 30 personnes qui soient d'accord pour aller discuter d'un sujet qui
les préoccupe et en respectant, évidemment, certaines normes
auxquelles tous les diffuseurs sont soumis.
Nous voulons faire ce genre d'expérience. Nous cherchons
également à assurer la participation par des émissions qui
font intervenir la population elle-même. L'année dernière,
je ne sais pas si vous avez vu ces émissions, une série qui
s'appelait de "la jarnigoine", qui avaient réuni dix femmes qui ont
elles-mêmes d'ailleurs choisi le titre de la série, et nous leur
avons dit tout simplement: Nous voudrions que vous discutiez des
problèmes des femmes du Québec. Ces femmes ont été
choisies parmi différentes couches de la société,
précisément pour avoir différents éclairages. Elles
ont elles-mêmes fait l'émission. Nous avons apporté l'aide
technique, la compétence professionnelle d'un réalisateur, et
enfin, les facilités de la maison. Les émissions ont
été faites par elles. C'est elles qui ont choisi les
thèmes; par exemple, elles ont choisi de discuter de l'éducation
des enfants, de l'avortement, du divorce, de choses semblables. De cette
façon, nous croyons avoir permis une réelle participation du
public, non seulement à l'élaboration de notre grille de
programmation,
mais également dans la facture même de nos
émissions.
Pour nous, puisque c'est le point surtout important, peut-être que
je pourrais résumer de la façon suivante: Pour nous,
actuellement, le mot participation reste une conviction profonde. Il me semble
que c'est cela qui est capital à ce moment-ci de l'évolution. Les
mécanismes eux-mêmes, pour réaliser cette participation,
sont extrêmement difficiles à mettre en place, pour que la
participation soit réelle, et ne soit pas, en même temps,
paralysante. On fait en sorte, au fond, que les Québécois
réalisent et aient vraiment l'impression que Radio-Québec leur
appartient. Ce n'est pas facile à mettre sur pied ces
mécanismes.
M. CHARRON: On faisait le procès, au moment du conflit, assez
sévère du climat de Radio-Québec. Je cite un extrait de la
partie syndicale. Encore une fois, j'admets que ce soit dans le
réchauffement d'un conflit. On dit: "L'autocensure s'est
installée; la bureaucratie a bureaucratisé; les formulaires et la
procédure sont compliqués. Une hiérarchie à
l'épreuve des communications interservices s'est construite. La maison
s'est coulée dans le fonctionnarisme le plus stérile, engendrant
ainsi un sentiment d'inutilité, d'impuissance chez le personnel. A
Radio-Québec, près de 100 personnes sont cadres ou non
syndicables. Même dans la fonction publique, il est difficile de trouver
un tel "ratio" ".
Je ne vous demande pas d'infirmer ou de confirmer cela. Encore une fois,
cela fait appel au climat de ceux qui, à un échelon
inférieur du poste que vous occupez, sont quand même les
collaborateurs et ceux qui vont faire vivre Radio-Québec dans la mission
très importante qu'elle aura à accomplir en particulier en
1975.
Cette question des 100 personnes-cadres ou non syndicables, est-ce
exact?
M. L'ALLIER: Non. Ce n'est pas exact. Parmi ces 100 personnes, on
compte, par exemple, une quarantaine de réalisateurs qui sont cadres en
ce sens qu'ils ont une responsabilité qu'ils exercent au nom de la
maison, mais qui sont des gens dans la production, qui ne sont pas des cadres
assis derrière des bureaux à faire de la comptabilité.
Effectivement, nous avons une cinquantaine de cadres, disons ce qu'on entend
habituellement par cadres dans la fonction publique.
Puisque vous avez fait cette citation, j'en profite pour vous dire que
non seulement ce qu'on dit sur les cadres est fortement exagéré,
mais également ce que l'on dit sur les autres points, en ajoutant,
cependant, parce que je pense qu'il faut le reconnaître, qu'il ne s'agit
pas de dire que Radio-Québec est actuellement le paradis terrestre et
que tout le monde est parfaitement heureux. Le conflit syndical que nous avons
vécu est une preuve d'un malaise qui existe, bien sûr, et qu'il y
a des améliorations à apporter. Il n'y a aucun doute
là-dessus.
Ce que je pourrais peut-être ajouter pour faire comprendre cette
situation qui est à améliorer, c'est la situation très
difficile dans laquelle s'est trouvé l'office jusqu'à ce que nous
commencions à remplir véritablement le rôle qui
était le nôtre, c'est-à-dire celui de diffuseur, quand nous
avons commencé l'expérience sur le câble en 1972.
Jusqu'à ce moment, nous étions une maison de production et nous
dépendions des commandes qui nous étaient passées par des
ministères pour travailler, au fond.
Or, il est difficile pour les ministères de prévoir les
productions dont ils auront besoin, ce qui veut dire que nous avions une masse
de personnel qui s'est trouvé inoccupée beaucoup trop longtemps
et qui a développé des frustrations que l'on peut comprendre.
C'est cet héritage que nous portons actuellement et nous devons sans
doute nous attaquer à ce problème et chercher à
améliorer le climat de la maison.
Mais je pense qu'il faut lire ce texte dans le cadre du conflit
syndical. Il a été écrit en pleine crise.
M. CHARRON: On l'a signalé aussi. M. L'ALLIER: Oui.
M. CHARRON: Je reviens à ce que j'appelle la vocation de
Radio-Québec, la nature de cette télévision. Il me semble
qu'il y a une clientèle au Québec qui est sans
télévision actuellement. Evidemment de la place que j'occupe,
vous allez dire que je suis bien placé pour parler, je n'ai pas la
direction quotidienne d'une telle entreprise, c'est vrai mais en voyant
l'arrivée de Radio-Québec sur les ondes plus communes, par
antennes, certainement que la première vocation que je voudrais la voir
couvrir est justement cette clientèle qui est sans
télévision et je la décris du mieux que je peux.
Je crois même vous rejoindre dans ce que vous avez
déjà dit, ce qui sera plus simple. Vous avez mentionné les
émissions pour femmes en particulier. Restons à cet exemple. Il
me semble qu'il y a quelque chose à trouver que ce que Radio-Canada
offre comme émission féminines, qui s'adressent, à mon
avis, à une classe sociale bien particulière. C'est curieux comme
Radio-Canada, lorsqu'elle s'adresse aux femmes, prend un langage pincé
et pompeux. C'est comme si Femme d'aujourd'hui ou d'autres émissions de
ce genre étaient strictement réservées à Outremont,
vers l'ouest. L'autre, la télévision commerciale, privée,
lorsqu'elle s'adresse à la même clientèle, est
peut-être, à mon avis, d'un ridicule consommé à
plusieurs occasions. Je n'ai pas vu l'émission La Jarnigoine. Je ne
connais pas cette émission.
Peut-être cette émission couvrait-elle le terrain,
c'est-à-dire qu'en s'adressant à un milieu populaire,
abordé comme on en discutait entre nous vous avez entendu nos
discussions avec le ministre tantôt quant aux publications
gouvernementales en un langage qui soit saisi des gens, sans qu'il soit
vulgaire, sans qu'il soit
ridicule, et qui traite de problèmes dont on est capable de
parler dans des termes simples, si Radio-Québec couvrait, à mon
avis, cette clientèle... J'ai donné l'exemple des femmes, mais
cela concerne un nombre considérable d'émissions de
variétés du même genre: ou elles sont d'un chic absolu,
genre music-hall ou bien alors, c'est du papier mâché qui
s'effrite à le regarder. Mais on n'a jamais cette espèce de
production éducative et culturelle qui peut être tout à
fait... Je sais bien que pour bien des gens, cela veut dire austère,
aussitôt qu'on dit cela, ce qui n'est pas le cas, à mon avis. Dans
cette vocation, il y a une citation ici qu'on a mise dans votre bouche, je ne
sais pas si c'est exact, qui disait que le public visé, la fonction
première de Radio-Québec, selon vous, était d'atteindre le
secteur de Montréal-Matin et du Journal de Montréal pour le tirer
de son ignorance crasse. D'abord, avez-vous fait cette déclaration avant
qu'on en discute?
M. L'ALLIER: Non.
M. CHARRON: Non. Alors, cela simplifie la discussion, parce que je me
serais demandé comment vous vous permettrez certainement de
l'expliquer après au moment où on veut aborder cette
clientèle, qu'on la sente si loin de soi au moment où on a un
moyen si proche et si fort que la télévision... Peut-être
pouvez-vous vous expliquer, en fin de compte, puisqu'on vous a rapporté
comme tel? Moi, je ne faisais que citer celui qui vous citait.
M. L'ALLIER: D'abord, je pense que, si vous avez eu l'occasion de voir
de nos émissions, une critique qu'on ne peut pas nous adresser, c'est
d'être une télévision à talons hauts, si je puis
dire, ou à chapeau haute forme. Au contraire l'image qui se
dégage de l'ensemble de nos émissions, c'est une image d'une
télévision très simple, très dégagée,
très proche des gens. Puisqu'on en a parlé, je reviens à
l'émission La Jarnigoine. J'ai montré à des gens de l'ORTF
et de la RTB quand ils étaient de passage à Montréal et
qu'ils voulaient voir ce que nous faisions, l'émission que nous avons
faite sur l'avortement avec les femmes. La réflexion qui m'a
été faite par les gens de l'ORTF et de la RTB, c'est: Voyez-vous,
nous, en France ou en Belgique, si on avait voulu faire une émission
comme celle-là, pour traiter de l'avortement, nous serions allés
chercher un professeur de la Sorbonne, de l'université, un psychologue
ou un sexologue, ou je ne sais trop quoi encore, et puis, on les aurait fait
disserter sur cette matière pour arriver à dire aux gens ce qu'il
faut en penser. Ce à quoi nous avons assisté, c'est à une
discussion de personnes qui vivent ce problème. Il y avait parmi ces
femmes certaines qui s'étaient fait avorter, d'autres qui avaient
pensé se faire avorter et qui ne l'avaient pas fait, d'autres qui se
demandaient ce qu'elles feraient si jamais elles se trouvaient dans cette
situation. Finalement, me disait-on, à la fin de l'émission,
elles en arrivent aux mêmes conclusions qui auraient été
professées doctoralement par le professeur de la Sorbonne.
Ceci pour vous donner le caractère général des
autres émissions, puisque vous avez commencé vos remarques sur ce
sujet. Nous tenons vraiment à rester proche des gens. Je pense que nous
réussissons à le faire et que les gens se retrouvent chez nous.
Quant à la citation, j'ai donné un très long entretien
d'ailleurs à M. Louis Martin, qui l'avait sollicité. Au cours de
cet entretien, il m'a demandé quel était notre public-cible. J'ai
voulu précisément dire que nous voulons rejoindre des gens,
c'est-à-dire la masse des gens, à peu près tout le monde.
Et pour être plus éclairant, pour pouvoir donner une illustration,
je me suis référé à un mass medium comme le
nôtre, sauf qu'il est écrit et j'ai dit: Nous aimerions rejoindre
le lecteur de Montréal-Matin ou du Journal de Montréal. C'est
cette personne qui, nous croyons, a besoin d'une information que nous sommes en
mesure de lui donner. La conversation s'est développée. Un peu
plus tard, j'ai dit, au cours de la conversation: Vous savez, il y a des gens
qui sont d'une ignorance crasse. Il y a des gens qui ne savent pas la
différence entre l'URSS et l'OTAN. Ces gens sont complètement
bloqués.
Comment voulez-vous qu'ils comprennent les informations qu'ils entendent
plus tard au Téléjournal? Alors, j'ai dit: Pour ces
gens-là aussi, nous voulons donner l'information de base qui pourrait
leur être utile. Alors, le journaliste a cru bon de joindre les deux
bouts de phrases, ce qui devenait passablement insultant.
M. CHARRON: Question proprement administrative...
M.SAMSON: Ils n'ont pas l'habitude de faire ça ici.
M. L'ALLIER: C'est une distraction.
M. CHARRON: On a notre journal des Débats! Question
administrative; L'étendue progressive que prendra Radio-Québec
à compter de 1975, est-ce que cela aura des reflets sur la
programmation? Je crois que tout est essentiellement conçu à
Montréal aujourd'hui. Quand l'antenne atteindra progressivement
Québec, le Saguenay, le Lac-Saint-Jean, est-ce que, là-bas, on
commencera aussi à produire ou si on se contentera de continuer à
diffuser ce qui est produit à Montréal?
M. L'ALLIER: Ce que nous souhaitons, c'est de pouvoir produire
localement. C'est dans nos voeux. Là, il peut y avoir des contraintes
d'ordre budgétaire. Cela devient extrêmement coûteux
d'établir des centres de production qui appartiendraient à
Radio-Québec. M. le ministre, tantôt, a fait allusion à
d'autres télévisions
éducatives qui pourraient être dans différentes
régions et qui pourraient s'associer à nous. Ce serait une
façon d'enrichir notre réseau de productions locales. Pour le
moment, ce que nous entendons faire, à partir de janvier 1975, et qui
est exigé par le conseil d'administration d'ailleurs, au début,
c'est d'avoir au moins 15 p.c. de notre production qui soit faite dans les
régions que nous desservons. Actuellement, par exemple, nous sommes
à Québec, à Hull, à Sherbrooke et à Gatineau
et on nous a demandé qu'il y ait au moins 15 p.c. de notre production
qui vienne de ces régions. Ceci, nous le faisons par le car de reportage
qui se transporte dans les différentes régions ou encore en
prenant des problèmes propres à ces régions. Evidemment,
c'était un minimum qu'on nous donnait, nous en étions à
une expérience pilote, nous commencions, et notre intention, c'est
d'augmenter, au fur et à mesure où nous nous
développerons, la production locale. Nous souhaitons, et nous allons le
faire également, utiliser des compagnies de production locales qui
pourront nous faire parvenir les rubans qui seront alors diffusés de
Montréal.
M. CHARRON: Vous avez mentionné tantôt c'est parce
qu'à cette heure-ci, j'en perds des bouts que le conseil
d'administration avait établi une politique quant à la
publicité. C'est exact? Vous avez dit: Si on introduit la
publicité, cela devra modifier la programmation parce qu'il faudra tenir
compte de la cote d'écoute. Est-ce qu'actuellement il n'y a pas de
publicité et qu'on n'entend pas en faire, même lorsqu'on diffusera
à partir de 1975?
M. L'ALLIER: A proprement parler, la question ne s'est jamais
posée et cela serait trop dire que de dire que le conseil
d'administration a arrêté sa politique voulant qu'il n'y ait pas
de publicité. Parce que le problème ne s'est pas posé,
étant donné que nous en sommes actuellement au câble. Ce
que je vous disais tantôt, c'était plutôt une opinion
personnelle qui n'a pas été sanctionnée par le conseil
d'administration, parce que le problème ne lui a pas été
posé, mais j'ai lieu de croire que le conseil d'administration
accepterait cette politique. Il n'y a aucun indice qui me laisse entendre qu'on
voudrait changer. Cela me paraît capital.
M. CHARRON: Une dernière question, M. Labonté. Est-ce que
le conseil d'administration a envisagé de céder du temps
d'antenne, en 1975, aux partis politiques québécois?
M. L'ALLIER: Aux partis québécois ou aux partis
politiques...
M. CHARRON: Aux partis politiques québécois. Cela
comprendrait bien, éventuellement, j'espère, mais...
M. L'ALLIER: Non. Nous n'avons pas encore abordé cette question.
Nous n'avons pas de politique ferme là-dessus. Nous avons commen-
cé à faire des recherches, précisément dans le
domaine de notre programmation, à savoir quelle attitude nous devons
prendre quant aux sujets controversés, quelle approche on doit avoir
face à ces divers problèmes.
Pendant une campagne électorale, qu'est-ce que nous devons
faire?
M. CHARRON : Je ne parle que du sujet controversé où il
est de mise que vous invitiez un porte-parole de chacun des partis, j'imagine.
Je souhaiterais que, dans la programmation régulière, ce soit de
façon plus substantielle que Radio-Canada ne le fait, avec les cinq
minutes au moment où personne n'écoute, que ce soit, par exemple,
une période de quinze ou vingt minutes laissées successivement
aux partis politiques qui forment l'Assemblée nationale, où les
partis sont invités eux-mêmes à faire ce qu'ils veulent
à l'intérieur de ces quinze minutes, parlent du sujet qu'ils
abordent, invitent les gens qu'ils veulent. J'en fais la remarque.
Peut-être que le problème ou la décision se posera bien
avant longtemps, et ça fait partie, à mon avis, du
caractère informatif, éducatif et culturel de
Radio-Québec, que de s'ouvrir librement, sans cette fausse pudeur qu'a
toujours eue Radio-Canada sur ces sujets. Il importe de dire, dans un
caractère informatif, que les problèmes politiques et les partis
politiques qu'une société se donne reflètent cette
société, que c'est un temps d'antenne qui devrait leur
appartenir. Ne dites pas que j'ai voulu m'ingérer dans les affaires de
Radio-Québec, c'est une suggestion que je fais mais, qui, il me semble,
mérite d'être retenue.
M. L'ALLIER: Si je peux ajouter un mot là-dessus, c'est une
question qui me passionne au ministère je vais la regarder
et sur laquelle, éventuellement, je ferai des suggestions au parti dont
je fais partie. Parce que, dans le cadre d'une programmation éducative,
je ne verrais pas, à première vue c'est une opinion
personnelle qu'on ait à Radio-Québec le même type
d'émissions politiques qu'on peut retrouver à Radio-Canada
mais...
M. CHARRON: Je n'en veux pas moi non plus.
M. L'ALLIER: ... si on en arrivait à faire en sorte qu'on puisse
avoir sur la base d'une série d'émissions dites politiques
faisant l'éducation des gens, par exemple, sur le fonctionnement de
l'Assemblée nationale et sur toute une série de choses et que,
dans le cadre d'émissions comme ça, il y ait des blocs
réservés aux partis politiques qui acceptent au départ, la
contrainte d'une télévision éducative...
M. CHARRON: C'est ça.
M. L'ALLIER: ... en d'autres mots, qui sont prêts à donner
à leur participation sur l'anten-
ne, le caractère éducatif général de
Radio-Québec. Moi, à première vue, je ne suis pas
opposé à ça, au contraire. Effectivement, autant qu'il
sied de parler d'économique, de culture, de social, d'environnement,
autant la vie politique fait partie de la vie quotidienne des citoyens. Dans ce
contexte, on pourrait retrouver non seulement le niveau provincial mais des
institutions régionales, si elles existent, au niveau municipal, des
choses comme ça. En fait, nous aurions là une série
d'émissions d'éducation politique.
M. CHARRON: D'accord. Merci, M. Labon-té.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai une question à poser au
programme 7, élément 1; Production commanditée. Qu'est-ce
que vous entendez par production commanditée?
M. L'ALLIER: D'après nos lois, notre mandat comporte deux volets.
Le premier est celui d'établir un service de
radio-télédiffusion, ce dont nous venons de parler, et le second
volet est celui de produire des documents audiovisuels pour les
ministères et en particulier pour le ministère de l'Education
à la demande du ministre des Communications. Comme ce sont des documents
audio-visuels, des émissions qui nous sont commandées et pour
lesquelles les ministères payent, nous parlons alors de production
commanditée.
M.SAMSON: Ah bon! D'accord. J'ai une autre question relativement
à la programmation.
C'est peut-être une bonne colle, mais en tout cas, c'est un
journaliste qui, à un moment donné, m'a fait part d'une
émission qu'il avait visionnée, avec d'autres journalistes. Je
vois que le ministre semble comprendre ce que je veux dire.
M. CHARRON: Ceux qui ne l'ont pas vue, l'ont regrettée.
M. SAMSON: En tout cas, M. le Président, je ne l'ai pas vue, je
ne peux pas vous dire que je le regretterais, mais, puisqu'il faut appeler les
choses par leurs noms, suivant le journaliste qui m'en a parlé, il m'a
nettement dit que c'était de la pornographie. Est-ce que cela fait
partie de votre programmation régulière? Ou si
c'était...
M. L'ALLIER: C'était pour attirer la clientèle. Je
m'attendais, M. le Président, à ce que le député de
Rouyn-Noranda me pose la question en Chambre. J'avais une belle réponse
là-dessus. Et ce n'est jamais venu.
M. SAMSON: Alors, M. le Président, j'ai pensé
qu'étant donné que quelqu'un m'avait fait part de cela et que le
ministre s'attendait à une question en Chambre, justement, je pense que
ce n'était pas la place en Chambre pour en parler, parce que j'ai
l'impression que cela c'était déjà manifesté en
Chambre.
M. L'ALLIER: Je vais laisser M. Labonté répondre à
cette question.
M. SAMSON: Ce n'est pas parce que...
M. L'ALLIER: Je comprends, mais sur ce point, il y a du pour et du
contre, on a reçu des lettres et on s'est rendu compte d'une chose,
c'est que dans la correspondance...
M. SAMSON: Vous aviez de l'auditoire.
M. L'ALLIER: Non. Dans la correspondance que j'ai reçue, les gens
les plus violents et les plus opposés étaient ceux qui avaient
été avisés le matin par un animateur de radio, à
CKVL, je pense; personne n'avait vu l'émission finalement, mais parce
que l'animateur leur avait dit que c'était quelque chose d'absolument
effrayant, les avait tous invités à m'écrire. J'ai
reçu une correspondance qui était probablement plus
pornographique que l'émission elle-même.
M. SAMSON: On ne vous demandait pas de la repasser?
M. CHARRON: En circuit fermé.
M. SAMSON: Je pense que c'est une question qui se pose quand
même.
M. L'ALLIER: Oui, oui.
M. SAMSON: A savoir si cela doit se semer à...
M. L'ALLIER: Je suis content que l'occasion soit donnée à
mes collègues de préciser le... Si on peut prendre deux minutes
là-dessus, cela n'est pas mauvais. Ce qui s'est produit effectivement,
c'est que nous avons une émission qu'on appelle "La vie qu'on
mène", qui est d'une heure, tous les soirs, en direct, et à
laquelle émission les téléspectateurs sont invités
à participer par téléphone, à la fin de
l'émission.
Or, nous voulons, par cette émission, précisément
dire la vie que nous menons, refléter certaines réalités
avec lesquelles nous sommes aux prises. Parmi ces réalités, il y
a celle de la pornographie. Alors, nous avions réuni des experts
connaissants en la matière, pour discuter de pornographie. Il y avait un
pornographe sur l'émission, qui s'est défini comme tel.
Comme on en avait parlé pendant trente minutes, on a pensé
que, puisque nous étions à la télévision, qu'il
fallait en montrer de la pornographie, puisque ce n'était pas de la
radio.
M. CHARRON: On ne peut rien avancer sans preuve.
M. L'ALLIER: C'est cela. Il y a eu une séquence de quatre minutes
d'un film qui doit passer ou qui est passé dans les cinémas de
Montréal, qui, je dois dire était passablement cru, parce que
moi, j'ai eu la chance de le voir, après.
L'émission s'est poursuivie et c'est à la suite que nous
avons reçu un nombre assez considérable d'appels
téléphoniques et de lettres et, par contre, on doit dire que le
résultat, c'est à peu près 50-50. En tenant compte du fait
surtout, que ceux qui appellent, c'est d'ordinaire ceux qui ne sont pas
contents.
Alors parmi ceux à qui cela faisait l'affaire, il y en a
plusieurs qui n'ont pas pris la peine de nous faire savoir ce qu'ils en
pensaient.
Je dois ajouter que, tout au long de cette soirée, nous avons
annoncé, dès le début, à sept heures qu'il y aurait
à neuf heures une émission sur la pornographie et que nous
présenterions une séquence assez corsée. C'est revenu
à trois, quatre ou cinq reprises pendant la soirée et, enfin,
juste au début de l'émission, on a rappelé la chose pour
que ceux qui pensaient pouvoir être choqués par la chose puissent
tourner à un autre poste.
M. SAMSON: C'est là que les enfants ont envoyé les parents
se coucher.
M. L'ALLIER: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Pas d'autres questions, alors le programme
7 est adopté?
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté.
Programme 8: Office franco-québécois pour la jeunesse.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. CHARRON: Quand partons-nous? Vous n'avez pas pensé de faire
des échanges de députés?
M. L'ALLIER: Je pense qu'il y a deux membres de l'Assemblée
nationale, un de la précédente et un de celle-ci, qui ont
été stagiaires avant d'être à l'Assemblée
nationale.
M. CHARRON: Moi, je n'ai pas été stagiaire, mais j'ai
reçu tellement de groupes de Français, à Montréal,
que je pense que je mériterais maintenant un voyage en France. De tous
les groupes qui venaient, dans le cas de découvertes
générales, des programmes de cet ordre, il y a toujours, à
un moment donné, rencontres avec les milieux syndicaux, les milieux
politiques. J'imagine qu'ils rencontraient des gens des autres partis, je ne le
sais pas...
M. L'ALLIER: Oui, toujours.
M. CHARRON: Mais surtout la question de l'indépendance qui
intéresse les jeunes Français, j'en ai rencontré plusieurs
depuis trois ou quatre ans, des groupes de jeunes Français.
M. le Président, sur l'Office franco-québécois,
d'abord le ministre a donné beaucoup d'information ce matin. Le texte
qu'il a déposé est complet. C'étaient plutôt des
statitstiques que nous avions l'intention d'aborder puisque c'est à
partir de là qu'on pouvait voir plus précisément les
orientations. Le ministre a à peu près répondu à
l'ensemble des questions que nous avions posées ce matin, à moins
qu'il ait quelque chose à ajouter qui nous ferait suciter... Il me
semble que cela va de soi pour le moment.
M. L'ALLIER: La seule chose que je voudrais dire là-dessus, M. le
Président, c'est que nous tentons d'informer les membres de
l'Assemblée nationale en leur faisant parvenir
régulièrement le journal de l'office, pour qu'ils puissent
eux-mêmes le diffuser, et que l'office publie, quatre fois pas
année, le journal de ces stages à venir de sorte que les jeunes
puissent poser leur candidature. Il est tiré à plusieurs dizaines
de milliers d'exemplaires et il est disponible à peu près partout
où on est susceptible de rencontrer des jeunes.
Ce que je pourrais ajouter à ce que j'ai dit ce matin, c'est
qu'il y a une caractéritique de l'office qui doit être maintenue
et qui sera sauvegardée en ce qui me concerne. C'est la suivante : Je
pense que personne ne peut accuser de quelque façon l'office,
malgré le fait qu'il soit dirigé par un conseil d'administration
subventionné à 100 p.c., d'avoir, à un moment
donné, fait intervenir dans la sélection de ces stagiaires le
facteur strictement politique, parce qu'on aimait quelqu'un, de le faire
accepter.
Les stagiaires de l'office sont choisis par des comités de
sélection qui sont des dizaines et des dizaines de comités par
année et les stages de l'office se font tous sur la base des groupes
d'âge, des catégories socio-professionnelles, des régions,
etc. Ce caractère apolitique de l'office est un des caractères
essentiels à sa survie et à son insertion dans le
développement de la jeunesse québécoise. Tout ce que je
peux souhaiter, c'est que cela continue dans ce sens.
M. SAMSON: Dans les statistiques qu'on nous a distribuées ce
matin, page 54, cela faisait partie de l'allocution du ministre.
M. L'ALLIER: Oui.
M. SAMSON: Nous retrouvons que, par région économique, par
exemple, 51.9 p.c. des stagiaires provenaient de la région de
Montréal, alors que les stagiaires qui venaient à Montréal
en 1971 étaient de l'ordre de 36.9 p.c, et de 47.1 p.c. en 1973. Je vais
prendre trois régions, par exemple, pour mieux me faire comprendre. Le
Nord-Ouest, 2.5 p.c. alors qu'il en recevait 5.1 p.c. en 1971 et 3.6 p.c. en
1973; Saguenay-
Lac-Saint-Jean, 4.6 p.c, alors qu'il en recevait 8.4 p.c. en 1971 et 8.7
p.c. en 1973. Est-ce qu'il y a une raison spéciale, parce qu'il semble y
avoir beaucoup plus de stagiaires, si je comprends bien le tableau...
M. L'ALLIER: II faut lire le tableau de la façon suivante: C'est
que, dans la première colonne, vous avez, pour chacune des
régions, sa proportion de la population par rapport à la
population dans l'ensemble du Québec. C'est-à-dire, par exemple,
prenons le Nord-Ouest...
M. SAMSON: D'accord, ça va.
M. L'ALLIER: La population du Nord-Ouest est 2.5 p.c. de la population
québécoise et ils ont eu 5.1 p.c. des stagiaires.
M.SAMSON: 5.1 p.c. des stagiaires. Oui, d'accord, ça va.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'ils ont eu une proportion plus
grande...
M. SAMSON: Combien de stagiaires sont partis de la région du
Nord-Ouest, par exemple?
M. L'ALLIER: C'est cela, 5.1 p.c. en 1971.
M. SAMSON: 5.1 p.c. Est-ce que vous avez les statistiques des
échanges?
M. L'ALLIER: En volume, le nombre?
M. SAMSON: De ceux qui proviennent de France ou qui sont allés
dans les régions?
M. L'ALLIER: Oh, là là!
M. SAMSON: Vous n'avez pas cela?
M. L'ALLIER: C'est parce que, sur un programme de trois semaines, ils
peuvent aller dans plusieurs...
M. SAMSON: C'est parce que, si vous aviez ces statistiques, je
m'imaginais que vous aviez les autres aussi.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'on a les statistiques sur les
groupes français par rapport à leur lieu d'origine, mais
lorsqu'ils viennent au Québec, ils viennent pour des stages de deux
types essentiellement. Peut-être que 20 p.c. des stages en sont de
connaissance régionale, où ils vont dans une région en
particulier, et 80 p.c. des stages en sont à thèmes
socio-professionnels où ils peuvent aller dans plus d'une région.
C'est-à-dire que, s'ils viennent pour un stage en industrie
laitière, ils peuvent aller à Granby pendant deux jours et
ensuite aller dans une autre région du Québec. C'est assez
difficile de savoir combien de stagiaires français, alors qu'il y en
avait X de la région du Nord-Ouest qui allaient en France, sont venus au
Nord-Ouest et pendant combien de temps. Je n'ai pas les statistiques sur cela.
Je pense que c'est à peu près impossible à trouver.
M. SAMSON: Cela va. D'ailleurs, cela me permet de mieux comprendre.
M. L'ALLIER: Disons qu'on a essayé, dans toute la mesure du
possible, de les répartir à peu près également,
compte tenu des populations sur le territoire. Au tout début, on faisait
une grosse poussée du côté du Lac-Saint-Jean, parce que
c'est traditionnel, tous les Français qui viennent au Québec
veulent aller au Lac-Saint-Jean. C'était moins loin, et tout cela. Mais
les gens du Lac-Saint-Jean ont dit: C'est assez! Cinq à six groupes par
année, cela suffit. Ils ont parfaitement raison. On a
développé nos réseaux d'accueil et on a maintenant des
stagiaires qui vont partout.
Il n'y a pas une région du Québec, aussi restreinte
soit-elle, qui n'a pas eu depuis le début de l'office des stagiaires qui
sont...
M. SAMSON: Et les stagiaires du Québec... M. L'ALLIER: ...
venus...
M. SAMSON: ... que vous envoyez en France, de quelle façon les
choisissez-vous?
M. L'ALLIER: Les stagiaires du Québec qui vont en France?
M. SAMSON: Oui.
M. L'ALLIER: D'abord, l'office annonce les décisions du conseil
d'administration quant aux proportions de stages. Le conseil décide dans
le domaine socio-professionnel que c'est tel ou tel pourcentage. Les jeunes qui
peuvent être désignés proposent à l'office des
projets. Quand le projet est proposé et accepté par l'office, il
est mis en forme par l'office et il est offert à nouveau aux jeunes
comme projet, mais pas uniquement à ceux qui l'ont proposé, mais
à tous ceux, soit dans une région, soit dans tout le
Québec, qui veulent poser leur candidature...
M. SAMSON: ... pour un projet déterminé.
M. L'ALLIER: Oui, mais le projet peut venir de cinq personnes,
être accepté et être offert par la suite à toute la
région ou à l'ensemble du Québec et on pourra se retrouver
avec quinze stagiaires et il y en aura peut-être seulement trois des cinq
qui ont été choisis parce qu'il y en avait douze autres qui
étaient mieux préparés...
M. SAMSON: Ils y vont en groupe.
M. L'ALLIER: Ils partent toujours en grou-
pe d'environ quinze personnes pour un séjour de trois semaines.
Longtemps avant de partir, en fait, un stage, c'est quasiment une
préparation d'un an entre le moment où le projet est
accepté et où les gens partent, ils sont impliqués
à toutes les phases de préparation. On a un accompagnateur du
groupe qui va en France avant les autres, qui va rencontrer là-bas
toutes les personnes susceptibles d'intéresser le groupe, qui revient
rencontrer le groupe, qui fait rapport de ses contacts en France. Le programme
est mis au point et le groupe, avant de partir, a une session culturelle d'une
couple de jours à Montréal où on lui donne toute une
série de renseignements, où on le prépare en fait au
voyage. Les stagiaires partent en groupe avec l'accompagnateur
québécois qui rencontre là-bas et qui est reçu par
un accompagnateur français qu'il a déjà rencontré.
Le voyage se fait toujours avec cette personne et, au retour, il y a, soit un
rapport de stage, soit une réunion synthèse qui est faite pour
qu'ensuite cela ait des résultats dans le secteur professionnel en
question.
M. SAMSON: Pour les stagiaires qui sont acceptés, au point de vue
des avantages, qu'est-ce que le ministère défraie?
M. L'ALLIER: D'une façon générale, le stagiaire qui
est accepté, s'engage à faire un stage de trois semaines. Cela ne
peut pas être une semaine ou dix jours, ce sont trois semaines, autrement
ce n'est ni intéressant, ni rentable. Cela lui coûte environ $200
qu'il a à débourser en échange de quoi on lui fournit le
transport par avion, l'hébergement. Tout est fourni. Sa contribution est
de $200 et on s'occupe pendant trois semaines, du transport, de
l'hébergement, des repas, du transport sur place et évidemment,
s'il veut faire des dépenses personnelles, il faut qu'il s'apporte
quelques dollars.
Alors, pour les stagiaires économiquement plus faibles, qui
n'auraient pas les moyens, par exemple, les jeunes qui travaillent sur des
fermes et qui ne touchent pas de salaire de leurs parents ou les jeunes
ouvriers qui ont moins de tant d'années de scolarité, qui ont
sept ou huit ans de scolarité, il y a des exceptions.
C'est à peu près 100 stages par année sur 1,500,
pour lesquels cela coûte $70 au lieu de $200.
M. SAMSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): S'il n'y a pas d'autres questions, le
programme 8 est adopté.
M. SAMSON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ceci complète l'adoption des
crédits du ministère des Communications. Je tiens à
remercier les membres de la commission de leur participation. Je ne sais pas si
le ministre a un mot de la fin à dire.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais vous remercier de la
patience que vous avez eue. On ne vous a pas donné l'occasion de
trancher dans des débats virulents, mais, en ce qui me concerne, en tout
cas, j'ai apprécié aussi la participation des membres de la
commission parlementaire. L'étude des crédits, c'est, bien
sûr, l'occasion de scruter les activités d'un ministère, de
connaître les orientations à venir. C'est aussi pour le ministre
et ses collaborateurs l'occasion de refaire le point sur son administration et
d'être disponible pour répondre aux questions. Ce que je voudrais
dire aux membres de la commission, aux membres de l'Assemblée nationale,
c'est que, dans la mesure où il s'agit du ministère des
Communications, on doit donner l'exemple et que, dans la mesure où
précisément les membres de la commission ou n'importe qui qui
suit ces questions souhaitent avoir des informations complémentaires,
des renseignements, de la documentation ou quoi que ce soit, ils ne doivent pas
hésiter à s'adresser à nous. C'est qu'en
définitive, ce que nous faisons dans les régions au niveau des
citoyens, ce que nous tentons de faire par les banques de renseignements et
autrement, cela doit être en priorité accessible aux membres de
l'Assemblée nationale et aux administrateurs publics.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais également
remercier le ministre et ses collaborateurs qui ont participé à
l'étude de ces crédits. J'ai l'impression, en tout cas, que cela
a été une discussion très intéressante. Nous avons
eu des réponses des plus objectives. J'ai été à
même, puisque c'est la première fois que j'assiste à
l'étude des crédits du ministère des Communications, de
constater l'ouverture d'esprit du ministre et son souci de nous donner tous les
renseignements que nous avions à demander. Peut-être que l'an
prochain nous en aurons plus à demander, on sera peut-être plus au
courant de ce dossier. En tout cas, M. le Président, cela a
été très intéressant de participer à cette
commission.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, messieurs, je vous remercie. La
commission ajourne sine die ses travaux.
(Fin de la séance à 23 heures)