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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du jeudi 2 mai 1974
(Dix heures dix minutes)
M. PILOTE (président de la commission parlementaire de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Je voudrais apporter les changements suivants parmi les membres de la
commission: M. Mark Assad, député de Papineau, remplace M.
Saint-Germain, député de Jacques-Cartier; M. Jacques Tremblay,
député d'Iberville, remplace M. Jacques Veilleux,
député de Saint-Jean.
Nous étions rendus hier au groupe 7, programmes 2 et 7, aux pages
10-7 et 10-23.
M. CLOUTIER: II s'agit du programme de prêts et bourses.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Yves Tardif, député d'Anjou,
remplace M. André Déom, député de Laporte. Alors,
prêts et bourses.
Prêts et bourses
M. CHARRON: Sur le montant qui figure dans le livre des crédits
au programme 2, élément 7, on n'a aucune indication du montant
dont dispose le Québec pour les bourses.
M. CLOUTIER: Parce que ces montants se retrouvent dans les programmes
pertinents, c'est-à-dire au niveau de l'élémentaire et du
secondaire, au niveau du collégial, par exemple, comme des postes
budgétaires, mais il est facile de vous donner le montant total,
même dans le cadre de ce programme-ci. Il était de $32,7 30,000
pour 1973/74 et il est de $34,206,700 pour 1974/75. Si le député
de Saint-Jacques le souhaite, je vais lui faire distribuer une ventilation
complète, par secteur, par niveau.
En somme, les programmes 2 et 7 ne comprennent que le service. La
question à laquelle il se réfère est certainement
l'endroit...
M. CHARRON: L'augmentation totale est de quelque $1,500,000, si je
regarde cela grosso modo, de $32,730,000, on passe à $34,206,700. Est-ce
que cette augmentation est uniquement due à la croissance normale...
M. CLOUTIER: Non.
M. CHARRON: ... des clients ou si une révision quant au mode de
financement a été apportée?
M. CLOUTIER: II y a eu une révision, en fait, ce que
j'appellerais un réaménagement. La plupart des critères
qui servaient jusqu'ici au calcul des prêts et des bourses avaient
été élaborés, il y a déjà plusieurs
années, autour de 1966/67. Dès mon arrivée au
ministère, j'ai demandé, les choses ayant changé depuis
sept ou huit ans, que l'on essaie de revoir ces critères, au moins dans
une première étape. C'est la raison pour laquelle je ne parle pas
d'une révision en profondeur. Nous n'en sommes pas encore là. Il
s'agit d'un réaménagement qui a fait suite à de nombreuses
consultations. Je ne sais pas s'il est utile de signaler un peu le cheminement
qui a été suivi. Un document de travail a d'abord
été préparé par les agents responsables de l'aide
financière aux étudiants dans les collèges, dans les
universités. Ensuite, ce document a été mis en
consultation dans tous les milieux. Les étudiants ont été
impliqués. Il y a eu quelques difficultés à choisir ces
étudiants, puisqu'il n'y a pas de structures syndicales
organisées, mais nous avons finalement opté pour prendre les
étudiants membres des conseils d'administration des collèges,
ainsi que les dirigeants des associations officielles d'étudiants.
Ceci a donné lieu à une série de recommandations
qui ont été presque toutes, d'ailleurs, retenues.
M. CHARRON: Puis-je vous demander, avant que vous continuiez, à
quelle époque de l'année ces rencontres avec les étudiants
en particulier ont eu lieu?
M. CLOUTIER: En septembre, l'année dernière.
M. CHARRON: 1973?
M. CLOUTIER: Oui.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER: Les changements portent surtout sur les critères: Le
premier, c'est le budget de ce qu'on appelait les dépenses admises.
Jusqu'ici, le budget d'un étudiant était fixé
d'après sa situation de résidence pendant l'année
scolaire, ce qui entraînait un manque de souplesse et créait des
situations souvent désavantageuses. Nous avons donc tenté
d'assouplir ce mécanisme. Maintenant, il est prévu que le budget
annuel des dépenses admises de l'étudiant est établi sur
la base de sa résidence pour chacune des 52 semaines de l'année,
et non plus seulement sur la base de sa résidence pendant ses
études.
M. CHARRON: Cela veut dire quoi, quand on transpose cela?
M. CLOUTIER: Cela veut dire ce que cela veut dire.
M. CHARRON: Cela veut dire que pour un étudiant qui, par exemple,
est inscrit en communications au CEGEP de Jonquière et qui habite
Montréal, lorsque vient le temps de faire
l'évaluation de ses dépenses admises, on tient compte non
seulement de ses frais de septembre à mai, pour une résidence
à Jonquière, mais également des dépenses qu'il peut
avoir, lorsqu'à l'été, il retourne à
montréal.
M. CLOUTIER: Vous voulez dire des dépenses peut-être plus
élevées qu'il a lorsqu'il est en train de poursuivre ses
études. C'est ça. Lorsqu'il est au collège, par exemple,
bien sûr qu'il a des repas à prendre dans les restaurants, des
problèmes de logement, des dépenses de transport. En calculant de
cette façon, nous en tenons compte.
Moi, j'ai donné aux groupes de travail une orientation pour cette
première étape, laquelle encore une fois, à mon avis,
n'est pas suffisante. Et l'orientation était la suivante: Les
critères sur lesquels vous vous étiez basés pour mettre au
point ce système de prêts-bourses, ils ne sont plus valables ou le
sont moins aujourd'hui. Pourquoi? Parce que non seulement le coût de la
vie a augmenté, mais il y a eu une évolution sociologique, les
étudiants mariés par exemple, la contribution des parents ne peut
pas être conçue de la même façon.
Et ce sont tous ces critères que le groupe de travail, à
la suite de ses consultations, a revus, et là nous discutons un de ces
critères, dont le réaménagement donne davantage justice
aux étudiants.
M. CHARRON: Cela veut dire que, pour cette première modification,
si vous me permettez de vous interroger d'abord sur celle-là, une
après l'autre...
M. CLOUTIER: Bien sûr.
M. CHARRON: ... dans le formulaire qu'a à remplir
l'étudiant lors de son inscription dans un collège ou une
université, comment apparaît cette modification?
M. CLOUTIER: Sur le formulaire de demande de prêt et de bourse, il
y a d'abord la période d'été qui est couverte et on
demande à l'étudiant d'indiquer quel est son estimation de revenu
pour l'été, d'une part, et quelle est sa prévision
d'occupation de son temps pendant l'été, le nombre de semaines
où il prétend vivre au foyer, le nombre de semaines où il
prétend vivre à l'extérieur pour aller travailler,
où il prétend vivre au foyer et travailler, donc avec les
dépenses de repas du midi et de transport pour s'occuper.
De telle sorte que les dépenses de subsistance vont être
couvertes d'après les déclarations initiales de
l'étudiant, sujettes, elles, à confirmation au mois de septembre
pour rétablir la situation plus exacte.
M. CHARRON: Telle qu'elle a été.
M. CLOUTIER: Telle qu'elle a été après coup. Alors
que pour les deux trimestres, les deux sessions d'étude, on pose des
questions sur la session d'automne, sur la session d'hiver, quel
établissement va-t-il fréquenter, et ses deux périodes de
17 semaines de non-résidence parce qu'un étudiant doit louer son
logement pour toute la période.
S'il s'attend d'être à l'université pour
l'année entière, il a une période de 34 semaines
habituellement de logement qui est engagé et ses deux périodes de
résidence, on les compte comme étant, par rapport à
l'établissement et à la résidence de l'étudiant
chez ses parents ou pas...
On établit sa résidence pour les 34 semaines ou pour
chacune des deux périodes de 17 semaines. A ce moment-là,
même s'il retourne chez lui deux à trois semaines pendant ces
périodes-là, il n'est pas question de les modifier, à ce
moment-là, il se servira de ses dépenses moindres pour payer ses
frais de transport pour se rendre au foyer.
M. CHARRON: La nouveauté, la modification, c'est que,
plutôt que de calculer les dépenses de logement sur 34 semaines
uniquement comme on le faisait auparavant, c'est-à-dire la durée
de l'année scolaire, on les calcule pour l'ensemble. C'est cela?
M. CLOUTIER: Auparavant, on calculait pour 52 semaines, mais on se
fondait sur la résidence pendant l'année scolaire, ce qui faisait
qu'un étudiant universitaire, par exemple, l'an dernier, non
résident pendant l'année scolaire, avait toujours $2,125 de
budget, qu'il réside chez lui pendant l'été ou qu'il soit
obligé d'aller résider à Gagnonville et de payer des
dépenses extraordinaires. Tandis que maintenant, cet étudiant qui
va à l'extérieur va pouvoir avoir un budget allant jusqu'à
$2,600 tandis que l'autre qui va rester chez lui va avoir un budget maintenu
à peu près au niveau de celui de l'an dernier, compte tenu qu'il
va résider chez lui et que lui était avantagé l'an
dernier, alors que l'autre était désavantagé par notre
mesure qui manquait de souplesse.
M. CHARRON: C'est une modification importante.
M. CLOUTIER: Oui, et les modifications portent sur tous les facteurs qui
étaient impliqués. Le deuxième de ces facteurs, c'est la
contribution des parents. J'ai fait allusion tout à l'heure à
l'évolution du contexte et je me suis acharné à ce qu'on
modifie cela le plus rapidement possible. Alors, nous allons donc créer
une classe d'étudiants dits indépendants, les étudiants
mariés et les étudiants religieux, par exemple, parce qu'un
étudiant marié, c'est un phénomène qui existe
aujourd'hui et qui existait peut-être moins il y a une dizaine
d'années ou il y a une vingtaine d'années. De sorte que,
indépendamment de cette classe, nous aurons de nouveaux critères
de calcul pour la contribution des parents. Comme c'est assez technique,
je vais peut-être, plutôt que de repasser ces principaux
éléments, demander au fonctionnaire qui m'accompagne d'expliquer
brièvement de quelle façon nous avons procédé, si
cela vous intéresse.
M. CHARRON: Oui, certainement.
M. CLOUTIER: II y a deux autres situations où l'on
reconnaît l'indépendance et cela est vraiment nouveau, c'est celle
des étudiants qui ont été sur le marché du travail
pendant 24 mois consécutifs ou trois périodes de 12 mois
consécutifs. Ce choix a été fait après d'autres
expériences avec les autres provinces qui sont revenues... A un moment
donné, il n'y avait qu'une seule période de douze mois dans les
autres provinces, et ils sont revenus à ce qui existait avant parce que,
pour beaucoup d'étudiants, les parents les finançaient pour un
an, engageaient les gars dans leur compagnie et après cela, ils
étaient indépendants. Les parents continuaient à leur
fournir de l'argent, de telle sorte que c'est une moyenne qui s'est
établie aussi et qui correspond passablement à celle des autres
provinces.
Il y a aussi le cas des parents uniques, de ceux qui ont des enfants et
qui sont seuls, veufs, séparés ou même célibataires,
à qui on reconnaît, lorsqu'ils vivent seuls, avec leur enfant, en
dehors du foyer, un statut d'indépendants. Donc, les parents n'y sont
plus tenus.
C'étaient les cas les plus fréquents de plaintes,
auparavant, où il y avait une rupture qui semblait s'être
effectuée de façon presque normale entre les parents et les
enfants. Ce sont deux cas systématiques et les deux autres cas où
il y a disparition de la famille seront traités encore selon le cas de
séparation de la famille et disparition des parents.
M. CHARRON: La modification est pour quelqu'un qui a été
sur le marché du travail pendant 24 mois consécutifs, son
indépendance est acquise, donc on ne calcule aucune contribution des
parents.
M. CLOUTIER: Obligatoire.
M. CHARRON: Quelqu'un qui vit dans une famille monoparentale est
aussi... dans son calcul de dépenses et de revenus, aucune contribution
des parents.
M. CLOUTIER: Aucune contribution obligatoire.
M. CHARRON: Aucune contribution obligatoire.
M. CLOUTIER: En somme, dans cette classe d'indépendants, il y a
des étudiants...
M. CHARRON: Parce qu'il se peut quand même qu'une famille
monoparentale puisse assurer un revenu...
M. CLOUTIER: Car le gouvernement ne refuse pas la collaboration des
familles. Mais pour résumer, il y a des étudiants mariés,
des religieux, des étudiants qui ont été sur le
marché du travail pendant 24 mois consécutifs ou trois
périodes de douze mois, des parents célibataires qui
élisent domicile avec leur enfant, c'est tout de même important,
et tous ceux qui ont des modifications importantes au niveau de la famille.
M. CHARRON: Sur cette modification, vous avez signalé que
d'autres provinces canadiennes sont revenues sur une décision
antérieure et ont replacé à 24 mois ça me
paraît quand même un peu long consécutifs avant
d'obtenir une indépendance. Je crois, quant à cette
indépendance le ministre faisait état lui-même des
modifications sociologiques, dans le climat actuel du Québec, en
1974 qu'il se peut fort bien qu'un séjour sur le marché du
travail de douze mois fasse que, dans la réalité,
l'étudiant ait atteint une indépendance de revenus, par rapport
à ses parents, qui soit totale. Quelqu'un qui abandonne le CEGEP pendant
un an pour travailler, au cours de cette année, va prendre beaucoup
d'initiatives, comme louer un appartement à lui, établir sa vie
à lui et s'il décide de retourner au CEGEP par la suite,
ça me surprendrait beaucoup, dans les cas que je peux imaginer, que les
parents contribuent à nouveau, surtout avec cette justification, en
disant: Tu as travaillé pendant un an, tu as eu l'occasion de te mettre
de l'argent de côté. Les parents n'ont pas contribué
pendant ce temps. Or, 24 mois me semblent long. Est-ce qu'on a fait des
études là-dessus?
Par exemple, quand vous calculez qu'un étudiant abandonne les
études et qu'il revient, les "dropouts" et les "droppés", quel
est le temps moyen d'abandon des études d'un étudiant? Est-ce que
cela va vraiment aussi loin que 24 mois?
M. CLOUTIER: II ne s'agit pas là, bien sûr, d'une
décision unilatérale, c'est une des recommandations de groupes de
travail et il semble qu'il y ait eu des discussions assez longues sur cette
durée et que l'unanimité se soit faite. Dans cette étape
de notre réaménagement, nous n'avons pas voulu aller à
l'encontre de recommandations qui étaient faites à la suite d'une
consultation assez élaborée. C'est une chose qui pourrait
très bien être revue à la lumière d'études
plus approfondies, le cas échéant, ce n'est pas un
élément majeur.
M. CHARRON: Ce chapitre de la contribution des parents est l'un de ceux
qui ont été, depuis toujours, dans l'application de la Loi du
système de prêts-bourses actuelle, un des points litigieux
fondamentaux. Je crois qu'on a toujours, dans bien des cas de plaintes,
surévalué la contribution des parents par rapport à ce
qu'elle était en réalité. Cela a causé beaucoup de
problèmes aux étudiants.
Encore là, la modification apportée peut être
intéressante dans certains cas, mais 24 mois, cela parait très
long. Pour le cas normal, la famille normalement constituée, où
l'étudiant n'a pas abandonné les études ou ne fait que les
poursuivre, quel est le montant attendu de la contribution des parents? Ce
montant a-t-il été modifié par rapport à
l'année passée?
M. CLOUTIER: C'est-à-dire que nous avons de nouveaux
critères de calcul. Est-ce à cela que fait allusion le
député de Saint-Jacques? Je vais les énumérer
rapidement.
Dans le nouveau mécanisme, on visait d'abord à
éliminer le facteur multiplicateur qu'il y avait avant et on visait
surtout à diminuer la contribution des parents des classes qui
étaient appelées à contribuer très fortement entre
$7,000 et $12,000. Ces classes étaient appelées à
contribuer très fortement.
Maintenant, pour tenir compte des situations réelles, on tient
compte des impôts versés alors que notre approche était
globale auparavant, basée sur l'enquête de 1966/67. On tient
maintenant compte des impôts payés et des déductions
obligatoires à la source.
M. CHARRON: Des parents?
M. CLOUTIER: Des parents. On déduit aussi un montant de $3,000
pour le maintien de l'unité familiale de base, pour le père et la
mère. On déduit $500 pour chaque enfant de niveau
précollégial. On déduit $1,000 pour chaque étudiant
de niveau collégial et universitaire qui réside au foyer.
On suppose que les parents fournissent tout cela. Donc, on n'aura pas de
frais dans le budget de l'étudiant résident, parce qu'on suppose
que les parents fournissent cela. Cela donne un montant de revenu dit
disponible pour les fins de participation aux études collégiales
et universitaires.
Un taux passant de 25 p.c. à 50 p.c. de ce revenu disponible,
après toutes les déductions pour les charges familiales et le
maintien de l'unité familiale, un taux de 25 p.c. à 50 p.c. est
appliqué à cela et le montant de contribution ainsi estimé
est divisé parmi le nombre d'enfants de niveau collégial ou
universitaire dépendant de la famille. C'est le montant total.
Dès qu'il y a deux enfants ou plus, sauf lorsqu'il y a $25,000 ou
$30,000 de revenu, la contribution est baissée dans tous les cas
où il y a deux enfants ou plus. Mais elle est accrue seulement dans les
cas de revenu assez élevé où il y a un seul enfant de
niveau collégial ou universitaire. En fait, dans l'ancien régime,
on ne demandait pas assez pour celui-là et on en demandait beaucoup trop
lorsqu'il y avait plusieurs enfants dans la famille. Il y a ce facteur
multiplicateur où on divise maintenant ce montant global de
contribution. On compare toutes les familles entre elles. On dit un montant
global de contribution et on divise par le nombre d'étudiants de niveau
collégial ou universitaire.
M. CHARRON: Avec la modification, vous dites que les groupes de familles
dont le revenu brut à l'origine serait entre $7,000 et $12,000, nous
pouvons voir le montant qu'ils étaient appelés à
contribuer, diminuer dans le calcul actuellement. C'est le gros des familles
actuelles.
M. CLOUTIER: C'est exact. Nous avons voulu tenter, dans cette politique,
toujours dans cette optique d'accessibilité, de ne pas faire porter le
fardeau sur la classe moyenne.
M. CHARRON: Pour les familles dont le revenu moyen est inférieur
à $7,000, est-ce qu'il y a absence complète de contribution?
M. CLOUTIER: Dès qu'il y a quelques étudiants aux
études dans la famille, oui. En bas de $6,000, en fait, étant
donné l'exemption de $3,000, s'il y a un étudiant qui vit au
foyer, compte tenu des impôts qu'il paie, il n'y a plus de contribution
ou, en tout cas, un $20 ou un $10.
C'est cette utilisation des exemptions qui introduit
l'élément de souplesse, à toutes fins utiles, et qui tient
compte davantage du niveau de revenu, parce qu'avant le système
était extrêmement rigide. On traitait pratiquement tout le monde
de la même façon.
M. CHARRON: Oui, d'accord!
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, l'élément prêts et
bourses?
M. CHARRON: Les autres modifications apportées. Est-ce qu'il y a
d'autres modifications?
M. CLOUTIER: D'autres modifications? Oui. Sur les deux autres facteurs
dont j'ai parlé, j'en ai énuméré au début
n'est-ce pas quatre la contribution, le budget des
dépenses admises, la contribution des parents dont nous venons de
parler; il y a la contribution de l'étudiant également, et enfin,
la contribution du gouvernement. Notre action a porté à tous ces
niveaux.
M. CHARRON: La contribution de l'étudiant.
M. CLOUTIER: La contribution de l'étudiant, c'est que, dans le
mécanisme ancien, on fixait cette contribution d'une façon un peu
artificielle. Nous avons cherché, là aussi...
M. CHARRON: Vous ne voulez peut-être pas le dire.
M. CLOUTIER: Oui, c'est bien pour cela que nous avons agi. C'est un
autre exemple d'études qui débouchent sur des actions
concrètes. Mais encore fallait-il avoir les éléments
nécessaires.
Nous tentons maintenant de fixer cette
contribution d'autant plus qu'il n'y avait pas de donnée valable
pour établir les montants. Nous tentons de les fixer d'après des
critères objectifs externes au régime. C'est
l'élément nouveau et nous nous basons sur la Loi du salaire
minimum, car elle nous permet d'établir la contribution minimale qui
peut être prévue selon le nombre de semaines de
disponibilité aux études, c'est-à-dire le nombre de
semaine où l'étudiant n'étudie pas.
Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
M. CHARRON: Pouvez-vous expliquer cela en fonction du salaire minimum?
Qu'est-ce que cela veut dire comme revenu? Si vous permettez, avant que vous
n'entriez dans les explications, c'est une question que j'allais vous poser de
toute façon.
Un des reproches majeurs qu'on a fait au système entier, avant sa
modification, était qu'on oblige à introduire dans le revenu des
étudiants parfois des revenus qu'ils n'ont jamais faits. Par exemple, le
travail pendant l'été. Plusieurs étudiants se plaignaient
que, soit à cause du niveau de scolarité où ils sont
rendus et de l'âge qu'ils ont, on calculait que l'étudiant pendant
l'été avait fait tant d'argent, qu'il l'ait fait ou non, on le
calculait comme devant l'avoir fait et, souvent, c'était une cause
d'injustice.
M. CLOUTIER: Ceci a été longuement discuté dans les
groupes d'études.
M. CHARRON: J'imagine, oui.
M. CLOUTIER: Et cette obligation faite à l'étudiant de
contribuer a été maintenue et maintenue même par les
étudiants, je dirais, avec plus de force encore que par les responsables
d'aide financière dans les collèges qui, eux, voyaient certains
problèmes à cause de cela.
Cette volonté d'amener l'étudiant à fournir une
contribution est qu'on dit que l'étudiant est responsable d'assumer une
partie des coûts de son éducation. Or, la seule façon de
pouvoir le faire est de le placer dans une situation correspondante. Si deux
étudiants ont les mêmes chances de travail pendant
l'été, on ne voit pas pourquoi celui qui gagnerait un minimum,
par exemple, de $700 verrait sa bourse diminuée de $700 et celui qui
resterait à ne rien faire aurait une aide accrue de $700.
Donc, l'idée de la contribution obligatoire faite à
l'étudiant de s'occuper de gagner un revenu, de voir à ce qu'il
puisse en gagner avec tous les mécanismes possibles, y compris ceux du
gouvernement, mais aussi ses démarches personnelles, y compris aussi,
dans certains cas, du financement d'autres ressources, y compris du financement
par du travail à temps partiel, parce qu'il y en a plusieurs qui le
font, il y en a plusieurs qui ne veulent pas emprunter et qui le font et qui
travaillent à temps partiel. Donc, compte tenu des études qui
avaient été analy- sées au moment de ces rencontres, y
compris les études des centres de main-d'oeuvre du
fédéral, y compris tout cela, l'obligation faite à
l'étudiant a été maintenue mais, au lieu de la baser sur
un critère fictif d'après une étude, on a pris le
critère du salaire minimum. L'étudiant doit se rendre disponible
au travail pendant l'été.
M. CHARRON: Combien de semaines?
M. CLOUTIER: Pendant les semaines où il n'est pas aux
études ou incapable de travailler pour cause de maladie, moins trois
semaines qui sont laissées pour des vacances à l'étudiant.
Cela établit le salaire minimum. Au-delà de cela, une proportion
de l'excédent est prise en considération.
Nous partons du principe que s'il est libre, compte tenu de la
période normale de vacances, compte tenu du fait qu'il peut être
malade, à ce moment, il devrait pouvoir travailler, ce qui n'est pas
toujours le cas, bien sûr, mais ce qui donne une base au calcul.
M. CHARRON : Alors un étudiant au niveau collégial devrait
faire est-ce que j'ai raison de le dire? 14 semaines au salaire
minimum.
M. CLOUTIER: Moins les trois semaines de vacances, parce qu'il finit le
15 mai et il recommence le 27 août, ce qui veut dire 14 semaines, moins
les trois semaines de vacances, ce qui lui laisse 11 semaines, ce qui veut dire
quelque $700 de contribution.
M. CHARRON : Bon. Comment éviter maintenant ce que vous avez
signalé vous-même, comment le système permet-il
d'éviter qu'un étudiant qui a travaillé au cours de
l'été, qui a effectivement reçu ce revenu, ne soit pas
pénalisé dans le calcul des revenus par un étudiant qui
n'aurait pas travaillé?
M. CLOUTIER: II n'est pas pénalisé, parce que c'est
l'autre qui se trouve pénalisé. C'est celui qui n'a pas fait les
efforts, celui qui a décidé de faire un voyage, celui qui n'a pas
travaillé. Peu importent ses motivations personnelles, c'est lui qui se
trouve pénalisé, parce qu'il n'aura pas l'aide qu'il jugerait
normalement nécessaire pour accéder aux études. On n'en
accorde pas plus à celui qui ne travaille pas. C'est par ce fait.
L'autre qui travaille n'est pas pénalisé, c'est celui qui ne
travaille pas qui, lui, d'une certaine façon, se trouve
pénalisé, soit par son manque d'effort...
M. CHARRON : Et aussi, on lui calculera un revenu de $700 qu'il aurait
dû faire...
M. CLOUTIER: C'est cette obligation qui a vraiment été
maintenue par tous les groupes d'études, par les deux groupes. Je crois
qu'il est très important de le souligner.
M. CHARRON: Pour le cas où un étudiant aurait voulu
travailler mais n'a pas pu travailler, n'a pas pu trouver de travail, est-ce
qu'il y a des clauses échappatoires qui lui permettent, lors de sa
déclaration, parce qu'il remplit le formulaire, d'expliquer qu'il a
été incapable d'assumer le travail, même s'il a voulu le
faire?
M. CLOUTIER: Actuellement, il n'en a pas été prévu,
parce qu'il y a cette forme d'incitation très forte que tous les gens
veulent absolument mettre, à savoir que l'étudiant... Il n'est
pas prévu que l'étudiant décide de faire un voyage pendant
l'été...
M. CHARRON: Les étudiants du collégial et les
universitaires, c'est le même montant?
M. CLOUTIER: Non, le nombre de semaines varie.
M. CHARRON: Oui, c'est le nombre de semaines qui varie dans ce cas.
M. CLOUTIER: C'est toujours le salaire minimum pour un comme pour
l'autre.
M. CHARRON: D'accord. Dans le calcul de ses revenus, il y a donc une
somme que l'étudiant doit apporter de lui-même, qui est maintenant
l'équivalent du nombre de semaines, moins trois semaines entre ses
périodes de...
M. CLOUTIER: Et seules les situations complètement hors de
contrôle, comme la maladie ou des choses comme cela, sont
acceptées à l'heure actuelle, ce qui peut amener un
étudiant à devoir emprunter pour compenser son manque de
revenu.
M. CHARRON: Maintenant la quatrième modification, la contribution
de l'Etat...
M. CLOUTIER: La contribution, l'aide du gouvernement, c'est que nous
avons maintenu le principe des prêts-bourses, c'est la même
approche. Le montant des bourses a été relevé, de
manière que l'on puisse tenir compte des besoins. A ce propos, dans ce
cas, je vais peut-être répondre à cette question, mais j'ai
une précision que je veux apporter sur le montant total des sommes
disponibles pour les prêts-bourses. Pour le montant des bourses, le
montant maximum va être relevé à un montant assez
substantiel, pouvant même aller jusqu'à $5,000, mais le montant
maximum des règlements n'affecte rien. C'est le montant du calcul des
besoins qui détermine la somme. Le montant maximum a été
élevé de façon que le jeu des besoins réels puisse
s'effectuer. Si un étudiant a besoin de $2,500 en bourse, en plus du
prêt, par exemple s'il a des dépendants à sa charge, une
veuve ou un veuf qui revient aux études et qui veut les reprendre, selon
ses revenus, les liens qu'il doit effectuer lui-même, si son
déficit demeure de l'ordre de $3,000, à ce moment-là, on
va le financer sous forme de prêt et de bourse. Cette limite qu'il avait
auparavant...
M. CHARRON: Est-ce qu'on a changé la frontière entre le
prêt et la bourse?
M. CLOUTIER: Le montant des prêts n'a pas été
modifié. Il y a seulement le montant des bourses qui a été
accru, lui, de façon à ne plus limiter l'aide dont les gens ont
vraiment besoin.
M. CHARRON: Bon, c'est le plafond.
M. CLOUTIER: C'est parce qu'il y a révision pour les plus
défavorisés à ce moment-là. C'est par le biais des
bourses, plutôt que par le biais des prêts, pour ne pas augmenter
l'endettement. Les précisions que je voulais apporter...
M. CHARRON: Oui, allez-y.
M. CLOUTIER: ... qui sont, je pense, extrêmement importantes,
touchent à l'accroissement du montant global des bourses. Je vous ai
fait distribuer un tableau qui reprenait les éléments des autres
programmes, c'est-à-dire des divers secteurs. Si vous vous basez
uniquement sur les chiffres, vous avez un accroissement d'un peu moins de $2
millions.
En fait, l'accroissement est de $4 millions, parce qu'il y a des
opérations comptables qu'il faut connaître, qui touchent les
remboursements. Et je pense que quelques explications sont requises.
Il s'agit d'une information technique sur le tableau comparatif qui vous
a été distribué. A cause d'une interprétation
comptable différente en 1974/75 de celle qui a prévalu en
1973/74, les remboursements qui étaient considérés comme
une dépense en 1973/74 le sont aussi en 1974/75, sauf qu'on a
l'équivalent au niveau du revenu, parce que ces remboursements aux
institutions de crédit sont sujets à des comptes à
recevoir aux comptes publics.
Vous remarquez que le montant de $1,176,000 en 1973/74 n'a pas
d'équivalent dans les revenus, alors que le montant de $1,135,000 en
1974/75 est réduit du même montant, un peu plus bas; de sorte que
si on rétablit les données, les $32,730,000 qui totalisent les
crédits de 1973/74 devraient être ramenés à
$29,730,000.
En faisant la comparaison de $29,730,000 par rapport à
$34,206,000 en 1974/75, on a un taux de croissance de 15 p.c. dans les
crédits.
M. CHARRON: Est-ce que le taux d'intérêt qu'assume le
gouvernement pendant la période d'étude, ou des étudiants
a été modifié?
M. CLOUTIER: La base d'établissement du taux
d'intérêt demeure encore le taux de
rendement des obligations du Canada pour la période de
zéro à cinq ans. Les obligations ayant une période de
zéro à cinq ans, le taux de rendement des obligations du Canada
sur ces obligations.
M. CHARRON: II est de combien actuellement?
M. CLOUTIER: L'an dernier, il était de 7 1/8 p.c. ou 7 3/8 p.c.
Je vais vous le donner. C'est de cet ordre-là.
M. CHARRON: Dernière remarque sur le système des
prêts-bourses. Aussi bien dans le rapport du Protecteur du citoyen de
l'année dernière que dans celui qui a été rendu
public hier, il est très facile de remarquer que le plus grand nombre de
plaintes provenant de citoyens aussi bien celles retenues que non retenues de
la part du Protecteur du citoyen, portent au chapitre des
prêts-bourses.
M. CLOUTIER: Pas seulement au chapitre des prêts-bourses, si vous
permettez une précision, également aux bourses d'enseignement
supérieur.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Mais c'est exact, c'est dans le secteur qui touche le plus
directement le citoyen consommateur de scolarité.
M. CHARRON: Et à cet effet j'ai parcouru rapidement le
rapport déposé hier une des remarques du Protecteur du
citoyen porte sur une application trop rigide et parfois excessive de l'article
10 de la loi des systèmes des prêts-bourses et fait appel à
plus de souplesse.
M. CLOUTIER: Je pense qu'on tente de montrer le plus de souplesse
possible. D'ailleurs, en parcourant le rapport du Protecteur du citoyen, on
constate que nous avons pu régler un bon nombre des causes qui ont
été reconnues comme fondées.
M. CHARRON: Finalement, dans le rapport du vérificateur
général, on voit cette remarque que je lis intégralement
à la commission: "Nous avons souligné dans nos rapports
précédents qu'une meilleure organisation de la section
recouvrement aurait pour effet d'améliorer sensiblement la perception et
de réduire les pertes prévues. Il est possible que la provision
de $4,720,000 s'avère suffisante si réellement l'effort de
perception que le service entend faire en 1973/74, en affectant à cette
section des effectifs supplémentaires, y compris un conseiller
juridique, est réalisé. Il est à remarquer toutefois que
les encaissements de l'année 1971/72 et ceux de 1972/73 n'ont
été que d'environ 10 p.c. supérieurs à ceux de
l'exercice 1970/71".
L'invitation était nette et claire. Quelles modifications a-t-on
apportées au niveau de la section recouvrement au cours de
l'année, suite aux remarques du vérificateur
général?
M. CLOUTIER: Je pense d'ailleurs que j'avais répondu à une
question à l'Assemblée nationale à ce sujet, et nous
avions déjà, avant même de recevoir le rapport du
Protecteur du citoyen, mis en place de meilleurs mécanismes...
M. CHARRON: A-t-on...
M. CLOUTIER: J'irais jusqu'à dire, des mécanismes plus
humains au point de vue recouvrement. Et en fait, les recouvrements ont
augmenté.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a des effectifs supplémentaires
maintenant?
M. CLOUTIER: Oui, considérables même. M. CHARRON: De quel
ordre?
M. CLOUTIER: En personnel additionnel, c'est l'équivalent de
douze hommes-années l'an dernier qui a été affecté
là-dessus. C'est cela cette année, mais avec un
réaménagement des forces à l'intérieur, cela va
être l'équivalent de quinze hommes-années consacrés
vraiment à de la réclamation directement aux individus. On est
rendu à cette phase.
Pour vous donner une idée des montants, nous sommes passés
de $3,100,000 de recouvrement en 1972/73, précisément
l'année à laquelle se réfère le
député de Saint-Jacques lorsqu'il cite le Protecteur du citoyen
à $4,192,000 en 1973/74.
M. CHARRON: Est-ce que le service de recouvrement à
l'intérieur du service des prêts-bourses a un conseiller juridique
à temps plein?
M. CLOUTIER: Oui, qui vient du ministère de la Justice, comme
tous les conseillers juridiques d'ailleurs dans les différents
ministères.
M. CHARRON: Bien, M. le Président, j'ai terminé.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député d'Anjou.
M. TARDIF: J'aimerais poser quelques questions au ministre relativement
au document intitulé "Prêts-bourses" qu'il nous a fait distribuer
tout à l'heure. Lorsqu'il est indiqué "intérêts"
avec les montants qui correspondent aux années 1973/74 et 1974/75,
est-ce qu'on doit comprendre par là qu'il s'agit des
intérêts que le gouvernement doit verser aux institutions
bancaires à la suite des prêts qui ont été consentis
aux étudiants?
M. CLOUTIER: Oui, c'est exact.
M. TARDIF: En ce qui a trait aux remboursements, je prends entre autres
"universitaires", $1,632,000 pour l'année 1973/74 et $1,280,000 pour
l'année 1974/75. Est-ce qu'il s'agit des remboursements que les
étudiants ont effectués sur leurs prêts ou de quel genre de
remboursements s'agit-il?
M. CLOUTIER: II s'agit des remboursements que le gouvernement doit faire
aux institutions de crédit par suite du défaut de
l'étudiant de rembourser son prêt, soit parce qu'il n'a pas pu se
trouver d'emploi, soit parce qu'il est devenu invalide, soit parce qu'il est
décédé, soit introuvable ou des choses comme cela.
Parce que ces prêts sont garantis.
M. TARDIF: D'accord, je comprends parfaitement cela. Je suis un peu
habitué à ce système et j'aimerais poser une autre
question au sujet du recouvrement. J'avais entendu dire l'an dernier, alors que
je n'étais pas député ce n'est peut-être pas
un montant officiel qu'il y avait environ $28 millions
d'arrérages au service des prêts-bourses qui restaient encore
à réclamer. Est-ce que le ministre est en mesure de me dire si ce
montant était exact, sinon quel serait le montant d'arrérages qui
n'a pas été remboursé par les étudiants ou qui sont
en retard?
M. CLOUTIER: Strictement, ce ne sont pas des arrérages, ce sont
des comptes à recevoir pour le gouvernement et je vais tenter de vous
donner le montant exact. Je crois que $28 millions, c'est
exagéré. L'an dernier il était près de cela. Les
recouvrements ont beaucoup augmenté. Ils sont exagérés
pour cette année certainement.
Sur les comptes avant 1966, le solde au 31 mars 1974 s'établit
à environ $19,355,000 de dettes d'étude et, sur les nouveaux
prêts, c'est environ $5,130,000. Ce qui fait $24 millions de solde au 31
mars et on prétend en recouvrer environ $4,100,000 cette année.
C'est-à-dire $1 million de plus que l'année
précédente. Ce ne sont pas là des arrérages.
M. TARDIF: Ce que je voudrais savoir, c'est quel est le montant qui,
normalement, aurait dû être remboursé parce que je pense
qu'il existe des délais, c'est-à-dire qu'au bout d'un certain
temps l'étudiant doit commencer à rembourser le prêt qu'il
a reçu ou qui lui a été consenti. Quel est le montant qui
est en retard ou qui n'a pas été remboursé? Je ne demande
pas le montant total des prêts qui ont été consentis par le
service des prêts-bourses depuis sa fondation.
M. CLOUTIER: II s'agit de comptes à recevoir, donc de comptes qui
sont considérés comme pouvant être perçus.
Dès qu'il y a des retards trop considérables, strictement au
point de vue comptable, on doit les éliminer ou garder une
réserve contre ces comptes qui se trouvent à annuler le compte
pour ainsi dire, on le passe aux mauvaises créances. Il s'agit donc de
personnes qui remboursent sur cinq ans, six ans, sept ans, après avoir
terminé. Ces emprunts peuvent dater quand même de sept ou huit ans
parce qu'ils ont pu emprunter il y a sept ans et ils continuent leurs
études, il y en a même qui ont à peine terminé
maintenant, ils ont interrompu leurs études et ont continué
après. Ils ne sont pas en mesure de rembourser tout de suite. C'est une
opération normale, c'est un poste budgétaire normal pour une
grande partie de ce montant.
M. TARDIF: J'avais entendu dire qu'il y avait tout de même des
comptes qui étaient en souffrance depuis une dizaine ou une quinzaine
d'années à certains égards et je voudrais faire remarquer
au ministre je pense qu'il le sait très bien qu'il est
beaucoup plus difficile de percevoir un compte de dix ans qu'un compte de trois
ans, ne serait-ce que parce que, bien souvent, le débiteur a disparu de
la carte ou que sa situation financière, au lieu de s'améliorer,
a tout simplement empiré.
M. CLOUTIER: C'est tout à fait exact. Je pense qu'un compte qui a
plus que quelques années est un compte perdu. Maintenant, il y a deux
choses dont il faut se rendre compte. La première, c'est qu'il y a tout
de même un élément humain dont il faut tenir compte dans le
recouvrement de sommes à des étudiants qui commencent à
travailler. Alors, il n'est pas question d'entreprendre des poursuites à
la chafne. Je crois qu'il faut tenir compte des situations individuelles, il
faut un minimum de souplesse. La deuxième remarque, c'est que nous avons
précisément, depuis un an et demi, mis sur pied une équipe
de recouvrement ce qui n'existait pas avant qui nous permet
d'être beaucoup plus efficaces. Je crois qu'il y a eu du laisser-aller
ou, tout au moins, pas de la négligence, mais un manque d'organisation
dans le recouvrement des créances. Depuis à peu près un an
et demi, nous avons des moyens pour être beaucoup plus efficaces.
M. TARDIF: D'accord.
M. BERARD: En principe, les prêts doivent être
remboursés.
M. CLOUTIER: En principe. Il y a là une question de
responsabilité de la part des étudiants. En fait, d'ailleurs, si
cette formule des prêts-bourses a été retenue, c'est
précisément parce que nous misons sur ce sens des
responsabilités.
Et avec les agents de réclamation qu'on a amenés à
l'intérieur depuis l'année dernière, qui travaillent aussi
bien le soir que le samedi, ce que vous mentionniez, relativement aux vieux
comptes, ne s'avère même pas véridique. On va recouvrer
à peu près n'importe quel compte à
l'heure actuelle. C'est à peu près incroyable
l'efficacité à laquelle on peut en venir en faisant comme
ça...
C'est surtout parce que ce manque d'organisation, que j'ai tenté
de corriger il y a un an et demi, a fait que certains étudiants
n'étaient pratiquement pas sollicités. Il est possible en effet
que nous ayons un taux de recouvrement plus élevé. Mais il reste
qu'une vieille créance est une vieille créance qui perd 50 p.c.
de sa valeur.
M. TARDIF: Aussi, bien souvent, c'est qu'auparavant, on envoyait une
lettre par année pour rappeler à l'étudiant qu'il serait
bien gentil s'il pouvait communiquer afin de payer son compte.
M. CLOUTIER: C'est exactement ce à quoi je faisais allusion.
Cependant, il ne faudrait pas que le service des prêts-bourses se
transforme en service de recouvrement. Le plus important n'est pas le
recouvrement, bien qu'il doive être assumé, c'est l'attribution
des bourses. En fait, la plus grande partie des effectifs est affectée
à l'attribution.
M. TARDIF: J'aurais une autre question qui se rapporte au même
document que vous nous avez fait distribuer tout à l'heure. Si on
regarde aux différentes sections, élémentaire et
secondaire publics, élémentaire privé, secondaire
privé, collégial public, collégial privé, les
chiffres qu'on retrouve, à ces différents programmes, coincident.
Je vais prendre un exemple; si on prend collégial privé, vous
avez un montant de $1,708,900 consacré au chapitre des bourses et vous
retrouvez ce montant, auquel on ajoute les intérêts et les
remboursements, de $2,028,500 à la page 10-31 des crédits de
l'année 1974; également, le montant des remboursements de
$85,000, on le retrouve au chapitre des déductions. Tout ça
fonctionne pour toutes les catégories jusqu'à collégial
privé. En ce qui a trait à l'universitaire, les chiffres qu'on
retrouve à la page 10-33 qui sont: Aide financière aux
étudiants, c'est-à-dire l'élément no 3, du
programme 11, indique un montant de $22,892,900 à ce chapitre alors que
les chiffres bruts, au niveau universitaire, sur le document que vous nous avez
fait distribuer tout à l'heure, sont de $16,782,900. Est-ce que vous
pourriez expliquer la différence qui existe entre ces montants et qui
totalise environ $6,120,000?
M. CLOUTIER: II y a deux organismes qui distribuent des bourses pour le
ministère, le service des prêts et bourses et la direction
générale de l'enseignement supérieur comme telle accorde
aussi des bourses qui s'intitulent bourses de l'enseignement supérieur.
Cela s'adresse surtout aux études postuniversitaires et aux
études qui favorisent les diplômés dans certains
secteurs.
Ce sont des bourses tout à fait différentes qui visent des
objectifs autres.
M. TARDIF: A ce moment-là, on pourrait ajouter le montant de $22
millions à $16 millions.
M. CLOUTIER: Cela servirait...
M. TARDIF: ... le total de niveau universitaire.
M. CLOUTIER: C'est juste.
M. TARDIF: C'est environ $5 millions, plus les $16 millions que vous
avez ici, ce qui fait $22 millions que vous retrouvez à la page
10-33.
M. CLOUTIER: II ne manque pas de millions.
M. TARDIF: Pardon?
M. CLOUTIER: II ne manque pas de millions. Je veux rassurer le
député.
M. TARDIF: D'accord, mais je croyais que... M. CLOUTIER: Et c'est
très utile.
M. TARDIF: ... cela se faisait partout, sauf au niveau
universitaire.
M. CLOUTIER: C'est la raison pour laquelle dans le système PB, on
trouve, au programme que nous discutons, la gestion du service; mais on
retrouve, à chaque niveau de l'enseignement, la somme totale qui est
affectée aux bourses. La distinction a été très
utile à faire.
C'est $6,110,000 exactement de bourses de l'enseignement
supérieur. Ces montants ne sont pas dans le tableau, ici, qui a
été couvert par le directeur général de
l'enseignement supérieur.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre. Je m'excuse si je n'ai pas assisté aux séances depuis
le début de l'étude des crédits. Je pense que vous
comprenez que j'étais occupé un peu ailleurs.
M. CLOUTIER: Nous sommes très honorés que le
député de Rouyn-Noranda ait décidé de nous
consacrer quelques instants.
M. SAMSON: D'ailleurs, si j'avais pu être là depuis le
début, c'est avec plaisir que je l'aurais fait.
M. CLOUTIER: Une discussion.
M. SAMSON: J'aimerais demander au ministre, dans le cas des bourses aux
étudiants, s'il y a certaines considérations, par exemple, pour
des cas particuliers qui ne sont peut-être pas prévus par les
normes? Je m'explique. Je crois
savoir qu'un étudiant, par exemple, qui ne suit pas des cours de
façon régulière à l'université, suivant
certains dossiers que j'ai vus, ne peut obtenir une bourse. Est-ce que le
ministère peut considérer des cas particuliers? Par exemple, un
étudiant, pour des raisons de santé, pour une période
temporaire, à la suite d'un accident, ne peut poursuivre ses
études de façon très régulière; sa famille
et lui-même ont des besoins, l'étudiant doit demeurer à
l'extérieur du foyer, dans une autre ville, etc., peut-il y avoir
certaines considérations dans un tel cas?
M. CLOUTIER: II y a deux éléments dans cette question que
l'on vient de poser. Le premier, c'est: De quelle façon peut-on tenir
compte des situations exceptionnelles? On le fait de la façon suivante.
Il y a des révisions et ces révisions des dossiers permettent
d'en tenir compte. Je vous donnerai plus de détails dans un instant, si
vous le voulez.
Le deuxième élément, c'est le calcul même des
bourses. Je ne sais pas si le député était présent
lorsque je suis revenu sur le réaménagement, que nous tentons
cette année, qui touche différents facteurs dont
précisément les facteurs auxquels il fait allusion.
Dans les situations exceptionnelles, dès qu'une raison, en dehors
de la volonté de l'étudiant, arrive ou survient, alors la
situation est prise en considération. Il faut quand même, au
préalable, que l'étudiant détienne ce qu'il est convenu
d'appeler d'après la loi le statut d'étudiant, qu'il soit reconnu
inscrit à temps plein.
Or, certains étudiants malades, comme vous le mentionniez, n'ont
pas ce statut d'étudiant. Ils ne deviennent donc même pas
admissibles aux bénéfices de la Loi des prêts et bourses
aux étudiants. Au niveau de la loi et des règlements, il n'est
pas possible de réviser, d'aller au-delà de la loi; mais à
l'intérieur de la loi et des règlements, toutes les
révisions de situations exceptionnelles pour les budgets, pour les
difficultés personnelles vont être prises en considération
quand un étudiant satisfait aux conditions d'éligibilité,
c'est-à-dire d'abord être étudiant à temps plein
dans une institution reconnue.
M. SAMSON: Ceci m'amène à poser une autre question au
ministre, puisqu'il semble que, suivant la loi et les règlements
actuels, en tout cas, il n'y a pas possibilité de considérer des
cas exceptionnels, comme celui que j'ai mentionné. Au ministère,
a-t-on envisagé de réviser les règlements pour permettre
que des situations exceptionnelles, comme celle que j'ai rappelée,
puissent être considérées? Je fais référence
peut-être à un cas particulier dont j'ai pris connaissance et au
sujet duquel j'ai écrit dernièrement au ministre.
M. CLOUTIER: Est-ce que cela va nous aider à comprendre,
parce qu'on vient de parler d'un réaménagement d'envergure que
nous avons fait le député de Rouyn-Noranda pense aux
études à temps partiel?
M. SAMSON: Non, non. Ce n'est pas le cas que je veux souligner ici. Il
s'agit d'un étudiant qui, en poursuivant des études à
temps plein, a été victime d'un accident par exemple. Il veut
continuer quand même ses études et, pour la période d'une
session ou d'un an, il devra les faire à temps partiel, mais quand
même les besoins sont restés les mêmes, vous savez. C'est
très pénible, dans un cas comme cela, parce que, ou bien
l'étudiant devra rester chez lui pendant un an, retarder ses
études, ou bien les faire avec beaucoup de difficultés, ce qui
est le cas présentement. C'est pourquoi je posais la question à
savoir si le ministre peut considérer des cas comme ceux-là,
évidemment, à leur mérite.
M. CLOUTIER: Dans le cadre actuel de la loi, je ne pense pas que ce soit
possible, parce que l'étudiant change de statut. Il passe d'un statut
d'étudiant à temps plein à un statut d'étudiant
à temps partiel. En revanche, s'il garde son statut à temps
plein, il peut y avoir des rajustements au cours d'une révision de
dossiers. Mais c'est un cas que je vais garder à l'esprit, étant
donné que nous avons commencé un réaménagement
d'envergure, comme je le disais tout à l'heure, et que ce
réaménagement n'est pas terminé. Nous voulons coller le
plus possible à la réalité. Nous changerons toutes les
fois que ce sera nécessaire de changer.
M. SAMSON: C'est justement pourquoi je voulais souligner ce
cas-là, M. le ministre, c'est que j'ai pris connaissance que, à
la suite d'une demande normale de l'étudiant, le ministère a
octroyé une bourse, a octroyé un prêt et c'est
l'université qui a finalement retourné le chèque en
considérant l'étudiant comme n'étant pas un
étudiant à temps plein.
M. CLOUTIER: C'est l'université qui détermine le statut de
l'étudiant...
M. SAMSON: ... c'est l'université...
M. CLOUTIER: ... et non le ministère. Le ministère offre
un service pour ainsi dire, mais la responsabilité de
l'université ou l'institution d'enseignement reste entière.
M. SAMSON: Est-ce que je peux considérer que, dans le
réaménagement que vous envisagez, au moins des situations comme
celles-là seront prises en considération?
M. CLOUTIER: En principe, très certainement. Nous allons tenter
d'avoir un système assez souple pour tenir compte du plus grand nombre
de situations exceptionnelles. Je ne peux pas m'engager sur le cas particulier,
parce que je n'en connais pas encore toutes les implications.
M. SAMSON: Non, non. D'ailleurs justement, M. le ministre, je ne
voudrais pas non plus qu'on amène la discussion sur un cas particulier.
C'est parce qu'en partant d'un cas particulier, on peut en faire un cas type
qui pourrait sûrement être étudié, et à
l'avenir, au moins être utile pour d'autres cas semblables.
M. CLOUTIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La parole est au député
de Lac-St-Jean.
M. PILOTE: Je comprends la mesure du $700 de salaire, mesure incitatrice
pour l'ensemble des étudiants de la province. Mais est-ce qu'il n'y a
pas un facteur de pondération par rapport aux régions
éloignées? Il est entendu que c'est beaucoup plus difficile pour
un étudiant, disons de la région du Saguenay-Lac St-Jean, de se
trouver un emploi que ce ne l'est pour l'étudiant de Québec. Or,
je veux parler des emplois disponibles et des étudiants disponibles avec
un certain facteur de pondération.
M. CLOUTIER: II y a d'abord le Service de placement étudiant
québécois qui, lui, tient compte de ces disparités
régionales et qui tend à leur fournir des emplois davantage dans
les situations où les étudiants sont défavorisés
régionalement.
Par ailleurs, le fait que, cette année, on ajuste le budget de
dépenses de l'étudiant s'il va travailler à
l'extérieur, à ce moment-là, si l'étudiant provient
d'une région et qu'il doit aller travailler dans une autre
région, ses dépenses vont être couvertes pendant la
période où il y va, contrairement à l'année
dernière. Alors, ce sont les deux facteurs. Maintenant, on continue avec
le Service de placement étudiant québécois à
travailler à l'aide de nos dossiers et des leurs, et à essayer de
voir comment on pourrait en arriver éventuellement à
établir une plus grande souplesse à l'égard des situations
régionales.
Je pense que, cette année, il y a quand même eu un pas
majeur de franchi en ce qui concerne les prêts-bourses. Je n'ai pas
besoin de revenir sur ce que je disais au début, à savoir que
tout notre système était basé sur des études qui
dataient déjà de sept ou huit ans, et le fait que nous ayons
assoupli les quatre grands facteurs que j'ai cités tout à
l'heure, à savoir la contribution des parents, la contribution des
étudiants, la contribution du gouvernement et également les
dépenses admissibles, constitue, je pense, une amélioration
considérable. J'ai laissé entendre qu'il y avait peut-être
encore des améliorations à apporter. Plusieurs des exemples
très positifs qui ont été fournis peuvent nous y aider.
Nous allons donc continuer de travailler dans ce sens, c'est-à-dire
d'abord un instrument qui peut être changé suivant les
circonstances, toujours dans l'optique d'une plus grande
accessibilité.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Je voudrais poser une autre question au ministre, quand il
nous parle de la participation des parents. Qu'est-ce qu'il advient...
M. CLOUTIER: II m'a eu. Mon petit discours allait mettre fin à
l'article, mais je m'aperçois que le député de
Rouyn-Noranda a des ressources en tout temps.
M. SAMSON: II nous a inspirés, M. le Président.
M. CLOUTIER: Alors, continuons.
M. SAMSON: Advenant les cas où des étudiants ont atteint
l'âge de la majorité, 18 ans, est-ce que le ministère a
aussi, à compter de cet âge pour cet étudiant, des
exigences sur la participation des parents?
M. CLOUTIER: L'obligation faite aux parents de contribuer n'est pas
déterminée en fonction de l'âge, c'est-à-dire que,
dans l'étude qui a été faite avec les responsables de
l'aide financière avec les étudiants, il a été
maintenu que lorsque l'individu demeure chez ses parents et continue à y
demeurer, les parents doivent contribuer. Donc, tous les individus, sauf ceux
dont on a mentionné tout à l'heure la situation
d'indépendance reconnue cette année, pour tous les autres, les
parents sont tenus de contribuer selon les critères que nous avons aussi
mentionnés tout à l'heure. En fait, il y a de nouvelles
situations d'indépendance de reconnues dans le cas de ceux qui ont
déjà été sur le marché du travail et que
nous avons mentionnés tout à l'heure, mais lorsque tout
simplement un étudiant atteint l'âge de 18 ans, le code civil,
d'ailleurs, prévoit que les parents sont encore tenus à fournir
gîte et logement, s'ils en ont les moyens et à ce moment, c'est
maintenu dans notre politique de prêts-bourses.
M. SAMSON: Est-ce qu'il a déjà été
porté à l'attention du ministre ou aux fonctionnaires du
ministère certains cas où, une fois que les étudiants ont
atteint l'âge de 18 ans, certains parents, qui peut-être en ont les
moyens, se refusaient d'aider l'étudiant pour peut-être, dans
certains cas, des raisons de principe? J'ai eu connaissance de cas où
des parents se refusaient totalement d'aider parce qu'ils n'étaient pas
d'accord que leur enfant continue ses études, voulant plutôt
l'orienter immédiatement sur le marché du travail. Ceci
évidemment, le ministre le comprendra bien, crée des situations
assez pénibles au sein de la famille, parce qu'il y a une divergence
d'opinions qui peut amener plusieurs problèmes. Et si l'étudiant,
à ce moment, n'a pas une autre possibili-
té de ressources, cela peut compromettre grandement son avenir
qu'il ne puisse pas continuer ses études par ses propres moyens.
M. CLOUTIER: Nous sommes tout à fait conscients de cette
situation. Elle n'est pas couverte telle quelle dans le
réaménagement actuel. Nous avons créé, comme je
l'ai dit, une classe d'étudiants dits indépendants, des
étudiants mariés, un élément nouveau, des
étudiants religieux il en reste quelques-uns des
étudiants qui sont sur le marché du travail pour un certain
nombre de périodes 24 mois consécutifs, 3 périodes
de douze mois les parents célibataires qui élisent
domicile avec leurs enfants, etc.
Je reviens sur ces quelques explications parce qu'elles manifestent
quand même l'ampleur du changement qui est intervenu. Le refus total des
parents de subvenir à leur contribution n'est pas couvert. C'est une
chose que nous continuons d'étudier. Il y a des conséquences
assez considérables. La contribution parentale représente
à peu près $20 millions par année. Autrement dit, si nous
mettions complètement de côté ce critère dans
l'établissement du niveau d'aide, à ce moment, il faudrait
ajouter au montant déjà considérable qu'on vous a
cité, $20 millions immédiatement et peut-être davantage si
nous étendions cela à tous les étudiants. A ce moment, on
arriverait à $80 millions.
Il faut quand même, je pense, se situer dans cette perspective
parce que ce sont des questions qu'il faut poser et qu'on doit se poser. Notre
système est, semble-t-il, un bon système. Je crois ne pas
exagérer en disant que c'est probablement un des meilleurs au Canada, et
surtout avec le réaménagement actuel, le plus souple et celui qui
colle avec le plus grand nombre de situations individuelles.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 7? Adopté.
Programme 2: Soutien technique, 2-1 à 2-5.
Soutien technique
M. CLOUTIER: II s'agit de plusieurs programmes techniques.
M. CHARRON: Immédiatement, M. le Président. C'est qu'il y
a quelque chose qui m'a échappé au cours de l'étude des
crédits. Je croyais que cela allait arriver justement dans le soutien
technique. Je m'aperçois qu'il se limite au programme 2,
éléments 1 à 5. Si le ministre y consent, ce serait pour
deux minutes, de revenir à quelque chose qui s'est trouvé
à être adoptée lorsque nous avons adopté le groupe
2, je crois. Je voudrais simplement...
M. CLOUTIER: Avant, je dois dire que le député de
Saint-Jacques a montré une telle collaboration, une telle
disponibilité. Il a même permis que l'on revienne sur deux ou
trois programmes, de manière à faciliter des questions venant du
parti ministériel, alors il est bien évident que j'accepte avec
plaisir.
M. CHARRON: La direction générale de l'équipement,
comprise dans le programme 7, je croyais qu'on l'aurait, j'avais mal vu, je la
croyais comprise au soutien technique. Je ne veux pas insister pour que le
directeur général de cette direction soit obligé de
revenir à la commission. C'est cette décision que le ministre a
fait connaître, du gel des constructions actuellement, à cause de
la hausse prévue que l'inflation se trouve à entraîner sur
les immobilisations. Je voudrais simplement que le ministre nous explique cette
décision, puisqu'il n'a eu aucune occasion de le faire à
l'Assemblée nationale. Je voudrais lui demander par la suite s'il
accepterait de déposer une liste de toutes les constructions qui se
trouvent ainsi gelées.
M. CLOUTIER: D'abord, M. le Président, je voudrais
préciser qu'il n'y a pas de gel, il n'y a pas non plus de moratoire,
comme certains journaux l'ont dit. Il y a tout simplement une révision.
Cette révision a lieu chaque année. Cette année, elle a
été faite avec plus de rigueur. Il a été
nécessaire d'aller en profondeur, à cause de deux facteurs. Le
premier facteur, c'est l'augmentation des coûts de construction qui est
passée de 10 p.c. à 30 p.c. Le deuxième facteur, c'est la
révision des clientèles qui était basée sur des
projections remontant à une dizaine d'années, lesquelles ne se
sont pas révélées exactes, nous parlons en ce moment de
décisions qui ont été parfois prises sous l'ancien
gouvernement à partir d'évaluations qui dataient de cette
période. Par conséquent, il était nécessaire, sans
décréter un gel ou un moratoire, je le répète, de
commencer une révision en profondeur. Cette révision a
été faite avec le Conseil du trésor. Ceci a permis
également une réorganisation, je pense, extrêmement
importante au sein du ministère même sur la façon dont les
immobilisations sont décidées et suivies. Il y avait place pour
l'amélioration. Nous avons créé un comité au plus
haut niveau, sous la direction du sous-ministre adjoint, M. Girard. Ce
comité groupe le directeur général de l'équipement,
le directeur général de l'élémentaire-secondaire,
également le directeur général du collégial, tous
ceux qui sont impliqués dans ces projets de construction, de sorte qu'il
est plus facile maintenant de tenir compte des clientèles et de faire,
en cours de route, les révisions qui s'imposent.
Je dois dire d'ailleurs qu'on a mis au point un modèle de
cheminement, parce qu'il s'agit d'opérations extrêmement
complexes, qui permet de savoir exactement comment procéder, de
rationaliser pour ainsi dire, toute l'opération. Il y a eu parmi les
projets qui ont fait l'objet de cette révision, au moins la
moitié des projets qui viennent d'être
débloqués.
En revanche, il y a un bon nombre qui sont en cours d'examen. C'est la
raison pour laquelle
je ne suis pas sûr qu'il me soit possible de déposer ces
documents en cours d'étude. Ils sont actuellement au Conseil du
trésor.
M. CHARRON: Pourquoi le Conseil du trésor a-t-il exigé une
procédure spéciale?
M. CLOUTIER: Je ne crois pas que le Conseil du trésor ait
exigé une procédure spéciale. Le ministère de
l'Education procède et tous les ministères d'ailleurs
toujours de cette façon. Le Conseil du trésor a une
espèce de rôle de contrôle au niveau du gouvernement et doit
s'interroger sur les coûts et sur les dossiers. Si, par procédure
spéciale, le député de Saint-Jacques veut dire que le
Conseil du trésor a posé des questions sur les différents
dossiers, je ne considère pas que c'est une procédure
spéciale, une procédure normale.
M. CHARRON: Vous dites que la moitié au moins des projets de
construction qui s'étaient trouvés mis à l'étude,
repris pour étude, viennent de recevoir l'autorisation de
poursuivre...
M. CLOUTIER: C'est ça. Nous les avons divisés en deux
groupes suivant l'évolution des dossiers. Nous avons commencé par
le groupe qui était le plus, je ne dirais pas facile, mais dont les
dossiers étaient complets et qui permettaient des décisions. La
moitié à peu près des projets sont actuellement
acceptés. Dans certains cas, il y a quelques modifications.
Une des raisons pour lesquelles je ne veux pas déposer ce
document tout de suite, c'est un peu par respect envers les milieux
concernés. Il peut y avoir des discussions au niveau local. Je ne veux
pas que ce genre d'opération se fasse par lettre ou par des
procédés trop technocratiques. J'en profite pour souligner ce
point devant le député de Rouyn-Noranda, connaissant ses
opinions, d'ailleurs légitimes, et j'exige qu'il y ait des visites dans
les milieux.
Et si on doit modifier certains aspects des projets, que ceci se fasse,
autant que possible, avec l'accord des intéressés.
M. CHARRON: Le document qui nous avait été remis, il y a
déjà deux ans, sinon trois maintenant...
M. CLOUTIER: Trois.
M. CHARRON: ... par l'ancien ministre de l'Education, qui
prévoyait un plan quinquennal de construction de polyvalentes et qui
établissait laquelle allait être construite, à quelle
époque elle devait ouvrir ses portes, est-ce que ce document ne doit
plus maintenant être considéré comme valable?
M. CLOUTIER: C'est toujours un document de base qui est en
évolution constante évidemment, pour la bonne raison que les
données qui avaient été mises en place pour
élaborer ce plan quinquennal se perfectionnent continuellement, se
précisent davantage ou se modifient, selon des décisions qui sont
plus récentes. Je pense à l'aéroport, par exemple, qui
modifie tout le bassin de l'île de Laval et d'autres modifications, des
décisions de compagnies dans le secteur de Port-Cartier ou Sept-Iles,
qui peuvent amener des modifications au plan.
C'est toujours le même plan qui est la toile de fond, mais on
perfectionne constamment ce plan et on le modifie, en discussion constante avec
les commissions scolaires.
J'aimerais de plus revenir sur le point que vous avez mentionné
tout à l'heure, concernant l'intervention du Conseil du trésor.
Tout le monde reconnaît qu'actuellement, il y a une certaine surchauffe
dans l'économie qui découle du fait qu'il y a beaucoup de
constructions, d'investissements dans le secteur privé et dans le
secteur public, et c'est cette surchauffe qui a amené le Conseil du
trésor à regarder de plus près cette année les
constructions et tous les travaux d'envergure, afin de ne pas mettre de l'huile
sur le feu, pour ainsi dire, à cause de l'inflation...
M. CHARRON: Est-ce que le Conseil du trésor a exigé la
même chose concernant les immobilisations prévues par d'autres
ministères, comme les Affaires sociales par exemple?
M. CLOUTIER: Tous les ministères y passent, les Affaires sociales
surtout. Il y a un autre facteur ici, c'est qu'un gouvernement responsable se
doit de prévoir la quantité des emprunts qui seront faits par
lui-même et par les différentes instances qui dépendent de
lui parce que le marché est limité. Et le marché de
l'argent est loin d'être très rassurant en ce moment.
C'est la raison pour laquelle un organisme central doit tout de
même tenir compte des niveaux d'investissement. Il faut bien dire que,
jusqu'ici, il était extrêmement difficile d'évaluer le
niveau de ces emprunts dans les différents secteurs.
M. CHARRON: Est-ce que les instances décentralisées ont
été mises au courant des projets c'est déjà
fait? que la moitié de ceux-là ont reçu
l'autorisation de poursuivre, tel que prévu?
M. CLOUTIER: II y a eu un certain nombre de rencontres, et il y en a
d'autres qui continuent. Dès demain, il y a cinq ou six rencontres.
Peut-être le député de Saint-Jacques pourrait-il se
rapporter à ce que je disais, il y a quelques instants, à savoir
que je voulais justement éviter que des décisions soient prises
au sommet et soient communiquées comme des oukases au milieu. Et je dois
dire d'ailleurs que nous faisons tous les efforts pour qu'il y ait sur dossier
une étude objective faite avec les intéressés.
Lorsqu'on se pose des questions, ce n'est pas par caprice. Prenez une
école hypothétique qui a été conçue il y a
sept ou huit ans pour 1,000 élèves, à partir de
données qui prévoyaient que ce nombre était
adéquat.
Les données changeant, si on s'aperçoit qu'on ne peut
prévoir qu'une population de 300 élèves, est-ce que vous
pensez qu'il serait responsable d'aller de l'avant? C'est exactement le genre
de révision que nous faisons à cette différence
près, par rapport au passé, que nous allons impliquer le milieu
et nous espérons que, devant un dossier clair et précis, le
milieu pourra comprendre. Ceci amènera des modifications de certains
projets, ce qui ne veut pas dire l'abandon de certains projets.
M. CHARRON: Voulez-vous dire que certains des projets déjà
en construction j'ai dans l'idée une construction dans la
région de Québec peuvent déjà être
considérés comme trop vastes par rapport à ce qu'ils vont
effectivement desservir?
M. CLOUTIER: C'est uniquement une question de perspective. Il faut dire
que, dans les dix prochaines années, la clientèle globale, la
clientèle de niveau secondaire, par exemple, va diminuer de quelque 40
p.c. Souvent, l'alternative devant laquelle le ministre est placé est de
déterminer quelle est l'année de référence en
termes de satisfaction de besoins. Vu que la clientèle dégringole
assez rapidement, de 3 p.c. à 4 p.c. par année, on peut se
demander si on doit satisfaire la clientèle de 1975, de 1976, de 1977,
de 1980 ou de 1983 ou de 1985. Alors, si on veut satisfaire la clientèle
de 1976, dès l'année suivante, il y aura une sous-utilisation
d'environ 3 p.c. à 4 p.c. parce que la clientèle aura
diminué de 3 p.c. à 4 p.c. En 1978, cela va être une
sous-utilisation de 8 p.c. Alors, il y a une année de base qu'il faut
utiliser pour rendre justice à tout le monde et ne pas construire
seulement pour deux ou trois ans. On construit à plus long terme que
cela. Alors, l'année de référence est de 10 ans, soit
1983, et on vise à la satisfaction des besoins en termes de polyvalente
pour l'année 1983. Entre-temps, il y a des écoles qui sont
disponibles, mais qui n'offrent pas tous les services que normalement on
devrait s'attendre d'avoir.
M. CHARRON: Dire qu'on construit, dans certaines régions du
Québec, en fonction de la prévision démographique pour
cette région en 1983, même si, en 1975, 1976 ou 1977, cela voudra
dire un surcroît de population dans l'école.
M. CLOUTIER: II faut nuancer cela. Cela peut vouloir dire un
surcroît de population, mais pas nécessairement dans cette
école. Il y a l'utilisation des anciens équipements, utilisation
qui peut s'accompagner de modifications, il y a également l'utilisation
de préusinés et il semble qu'actuellement on ait du
préusiné qui ne présente pas les inconvénients de
certains préfabriqués d'il y a quelques années. Je crois
qu'il n'y a aucun pays au monde où il est possible d'avoir une
adéquation parfaite entre les équipements et les populations
scolaires à cause des variations démographiques. Par
conséquent, il ne faut pas être trop rigide non plus dans
l'appréciation des dossiers. Aussi, la clientèle scolaire n'est
pas le seul critère qui nous amène à modifier des
écoles. Nous tenons compte d'un tas d'autres critères comme, par
exemple, la région, les distances à parcourir, le climat aussi
dans certaines régions. Ce qui peut être vrai en ville ne l'est
nécessairement pas dans des régions rurales ou le Nord-Ouest, par
exemple. De sorte qu'il peut arriver que certains projets qui, si on se basait
uniquement sur le critère clientèle scolaire, ne seraient pas
entièrement justifiés à cette taille-là, le soient
à cause de la modification apportée par d'autres facteurs.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a autorisé la construction de la
polyvalente anglaise de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean avec
l'estimation de clientèle qu'on a faite là-bas?
M. CLOUTIER: Ce dossier est encore à l'étude
actuellement.
M. CHARRON: La commission régionale n'a pas reçu
l'autorisation encore...
M. CLOUTIER: Non, pas encore.
M. CHARRON: ... d'entreprendre les travaux de construction?
M. CLOUTIER: Le dossier d'analyse n'est pas complété.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a analysé les prévisions
démographiques de clientèle anglophone?
M. CLOUTIER: J'aimerais ajouter sur ce dossier qu'il ne s'agit pas d'une
polyvalente, il s'agit d'une école secondaire strictement. Il y a une
nuance importante. Parce qu'il s'agit d'une clientèle de 500 à
600 élèves et, à 500 ou 600 élèves, on ne
peut vraiment pas considérer que c'est une polyvalente. C'est une
école de niveau secondaire avec les services minimaux. Il n'y a pas
d'atelier compliqué, ce sont des ateliers très simples,
très limités.
Maintenant, je ne sais pas ce qu'a dans l'esprit le député
de Saint-Jacques en posant cette question, mais je peux lui affirmer que nous
traitons exactement de la même façon et selon les mêmes
critères tous les dossiers. Quand il s'agit de citoyens du Québec
qui ont des besoins, il n'y a aucune distinction, nous ne favorisons vraiment
personne. Pour nous, c'est une question de dossiers et de besoins.
M. CHARRON: Je n'ai vraiment pas sous-entendu que... Je n'allais pas
vous demander que vous ne traitiez pas les citoyens de langue anglaise de cette
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean comme ils le méritent, s'ils
ont droit à cette école, pour le nombre d'anglophones qu'ils sont
dans cette région, qu'on leur accorde l'école avec le nombre de
places à la taille de cette minorité.
M. CLOUTIER: C'est exactement ce que nous faisons.
M. CHARRON: Je suis parfaitement d'accord. Ce que certains citoyens de
cette région craignent, c'est que l'école soit suffisamment
vaste, bien équipée...
M. CLOUTIER: On a 2,000 élèves, une polyvalente, il s'agit
d'une école secondaire de dimension de 500 à 600 strictement. Et
le dossier de l'analyse n'est pas complété encore.
M. CHARRON: Le ministre de l'Education sait très bien qu'on a
fait dans cette région et sur ça, on pourrait sortir les
coupures de journaux là-dessus la commission scolaire
elle-même a fait état de la possibilité de la construction
d'une école qui irait jusqu'à 1200 places.
M. CLOUTIER: II ne faut pas trop s'en étonner. C'est possible que
la commission scolaire ait évoqué ça à un moment
donné. Mais nous n'avons jamais reçu de demande en ce sens.
M. CHARRON: Je ne me suis pas inquiété, mais cela s'est
affirmé là-bas, et c'est ce qui a inquiété certains
citoyens par la suite.
M. CLOUTIER: C'est faux, on n'a jamais reçu de demande. La
demande n'a jamais excédé 700. On se pose la question entre 500
et 700. Même la demande peut être trop élevée. Si nos
analyses nous convainquent que l'école est justifiée au niveau de
500, ce sera 500.
M. CHARRON: Quand prévoit-on une réponse sur cette
construction en particulier?
M. CLOUTIER: Le dossier devra être complété d'ici un
mois et demi à deux mois. Ce dossier fait partie du second groupe dont
je vous parlais tout à l'heure, le groupe comprend des dossiers dont
l'information n'est pas encore complète.
M. CHARRON: J'ai une autre question locale. Pour la polyvalente de
Hauterive, quels sont les projets de construction en particulier dans ce
district?
M. CLOUTIER: Nous avons communiqué avec la commission scolaire
précisément la semaine dernière à ce sujet. La
position du ministère, c'est que c'est une polyvalente de 1500
élèves. La commission scolaire semblait tout à fait
satisfaite de cette recommandation.
M. CHARRON: C'est une construction qui commencerait au cours de
l'année financière en cours?
M. CLOUTIER: C'est une question de deux, trois, quatre mois.
M. CHARRON: Qui devrait ouvrir ses portes pour...?
M. CLOUTIER: Septembre 1975 ou au plus tard janvier 1976, c'est une
question de délai de construction.
Maintenant, vous savez, on ne peut pas prévoir l'avenir quand on
tient compte du marché de l'argent actuellement et du problème de
l'inflation. Il peut y avoir nécessité de donner un coup de frein
à un moment donné. Il s'agît là d'une planification.
Nous allons, en tant que ministère, faire tout notre possible pour nous
y tenir à jour.
M. CHARRON: A cause...
M. CLOUTIER: Vous savez que le paiement est de 10 1/2 p.c. actuellement
et, forcément, si on empruntait à 8 p.c, ça veut dire
qu'une marge de 2.50 p.c. représente une différence, au service
de la dette, de plusieurs millions.
M. CHARRON: La population de Port-Cartier a doublé depuis 1971 ou
à peu près, on est rendu à près de 7,000;
l'équipement scolaire est nettement insuffisant pour le moment, est-ce
que la commission scolaire régionale de Port-Cartier a reçu
également l'autorisation d'entreprendre une nouvelle construction?
M. CLOUTIER: Nous avons rencontré les gens de Port-Cartier et les
gens de Sept-Iles. Nous avons exposé notre dossier tel que nous l'avons,
parce que nos dossiers sont ouverts, on indique aux commissions scolaires les
données dont nous nous servons pour fins d'analyse. Nous avons
demandé de corriger nos données si elles étaient inexactes
mais, d'après ce que nous avons, il n'y a aucun besoin qui ne sera pas
satisfait d'ici septembre 1975, peut-être septembre 1976. Maintenant, la
progression de la population va nous indiquer, dans les prochains mois, si
l'urgence sera pour septembre 1975 ou septembre 1976. Il y a évidemment
une population qui augmente à un rythme accéléré.
Cependant, ce n'est pas sûr que c'est une population qui a des
enfants.
Lorsqu'une famille s'installait, auparavant, on prévoyait deux
enfants, un enfant et demi par famille, quelque chose comme cela. On parle
maintenant de huit dixièmes d'enfant, en moyenne, par famille qui
s'installe.
Même si la population augmente à un rythme de 15 p.c.
à 20 p.c, cela peut sembler contradictoire, mais on voit quand
même des populations scolaires qui sont stables ou qui baissent.
M. CHARRON: Le ministre prévoit donc...
M. CLOUTIER: Je m'excuse pour les huit dixièmes d'enfant et
surtout pour les deux dixièmes qui restent. Je pense que c'est
uniquement une façon de calculer.
M. CHARRON: Je l'avais compris comme cela aussi. Si je prends la
réponse du ministre, on évalue actuellement que
l'équipement scolaire de Port-Cartier est suffisant pour faire face au
boum démographique jusqu'à septembre 1975, au moins.
M. CLOUTIER: Au moins.
M. CHARRON: L'équipement actuel est-il jugé, par les
autorités du ministère, comme étant satisfaisant ou s'il
ne demande pas des améliorations?
M. CLOUTIER: C'est fort possible que l'équipement actuel demande
des améliorations. Ce dossier n'a pas été
révisé au comité directeur comme tel, mais ils vont y
voir.
M. CHARRON: Est-ce qu'il le sera bientôt?
M. CLOUTIER: Oui, il sera vu. Je pense, d'après les
renseignements que j'ai, qu'il y a des problèmes réels. Il y
avait des toits qui coulaient. On les a fait réparer. Il paraît
que les réparations ont été bonnes, mais cela reste
à voir, quitte à envoyer quelqu'un sur place.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député de Rouyn-Noranda a lui
aussi des écoles, de belles écoles?
M. SAMSON: J'ai eu dernièrement l'impression qu'il y en avait, en
tout cas.
M. CLOUTIER: II y a de belles écoles.
M. SAMSON: M. le Président, puisqu'on a parlé
d'écoles ou de locaux à être construits, peut-être
que le ministre, à ce moment-ci, accepterait de discuter des locaux
désaffectés ou en voie d'être désaffectés.
Cela m'amènerait à poser certaines questions en ce qui concerne
certaines commissions scolaires dans ma région, peut-être dans
d'autres aussi le ministre a peut-être des nouvelles à nous
donner à ce sujet où des commissions scolaires ont
tenté un effort de centralisation en désaffectant des locaux
déjà existants ou en ayant l'intention de désaffecter
prochainement des locaux déjà existants pour amener les
écoliers à des endroits près des centres urbains ou dans
les centres urbains, ce qui évidemment a soulevé des
protestations chez les parents. Je fais référence, à ce
moment-ci, pour bien me faire comprendre, en fait que, dans notre
région, il y a une question de distance qui n'existe pas dans des
régions comme Montréal ou Québec, par exemple, et
où il est très important que les écoles de paroisse
puissent demeurer.
J'ai pris connaissance que, dernièrement, suite à des
résolutions voulant fermer certaines écoles, d'autres
résolutions ont été acceptées aux commissions
scolaires concernées retardant au moins d'un an les projets,
probablement pour les étudier mieux ou consulter. Est-ce que, dans cette
perspective, le ministère a l'intention d'étudier cette situation
et de faire des recommandations aux commissions scolaires, dans des
régions semblables, en tout cas, pour éviter certains
problèmes qui se poseraient sûrement?
Je voudrais souligner aussi au ministre que j'ai personnellement pris
connaissance d'une émission télévisée où
certains commissaires de la Commission scolaire de Rouyn-Noranda mentionnaient,
tentaient de faire accepter cet état de choses aux parents de ces
paroisses dans un an. On insistait sur le fait que, si on ne centralisait pas
davantage, si on laissait ces locaux continuer à être
utilisés, cela risquait des dépenses inadmissibles. On disait
à la population qu'évidemment, ces dépenses inadmissibles
seraient payées ou payables par les taxes scolaires que doivent payer
majoritairement les propriétaires de la région urbaine.
Je ne sais pas si le ministre me comprend bien. J'ai, en tout cas, saisi
cela comme une tentative d'utiliser cette argumentation en montant, si vous
voulez, les contribuables urbains contre les payeurs de taxes ruraux, ce qui,
évidemment, est un genre d'argumentation qui est susceptible de
créer un malaise et, finalement, ne pas régler le problème
du tout.
M. CLOUTIER: Dans la décision à savoir s'il faut
centraliser davantage les écoles ou les maintenir
décentralisées, il y a plusieurs variables qui interviennent. Il
y a évidemment la variable du transport qui, au niveau des coûts,
est importante, mais qui l'est aussi au niveau sociologique. Il y a, de plus,
la qualité de l'enseignement professionnel. C'est évident que,
dans des écoles nombreuses et décentralisées de 200, 300
ou 400 élèves, ce n'est pas possible d'avoir des ateliers
convenables qui permettent un choix assez bon au niveau de l'enseignement
professionnel. Pour l'enseignement polyvalent ou l'enseignement professionnel,
il faut avoir un certain nombre d'étudiants et cela nécessite un
certain regroupement. Le danger dans la décentralisation des
écoles, c'est qu'on laisse l'étudiant continuer dans des ateliers
qui sont moins
coûteux ou dans l'enseignement général, alors que,
s'il avait le choix, il choisirait un enseignement professionnel qui lui
convient. Au point de vue pédagogique, cela a des conséquences
extrêmement importantes.
Une autre variable aussi, c'est le coût du personnel enseignant.
La convention permet des enseignants additionnels lorsque les écoles
sont décentralisées. Il y a une allocation additionnelle de fonds
qui entrent dans les dépenses admissibles, ce qui est supprimé
lorsque c'est centralisé. Ceci est une autre variable importante.
Une quatrième variable importante, ce sont les coûts
d'entretien. Si, au lieu d'avoir une école importante de 1,000
élèves, vous en avez, disons, cinq de 200 ou 300
élèves, les coûts d'entretien sont passablement
différents, d'autant plus que ces écoles qui étaient
prévues pour 500 ou 600 élèves et dans lesquelles on
trouve seulement 200 élèves, cela coûte aussi cher en
chauffage et en entretien que si elles étaient pleines à 500
élèves. Alors forcément, la décision ou l'analyse
qui doit se faire est d'abord la responsabilité des commissions
scolaires, mais cela a des répercussions au niveau des dépenses
admissibles et inadmissibles, ou subventionnées et non
subventionnées, si vous voulez. Il y a une certaine marge d'autonomie
qui est donnée aux commissions scolaires dans ce sens. Ce sont
évidemment elles qui doivent faire l'analyse les premières et
proposer des solutions dans leur situation particulière, parce qu'il n'y
a pas une situation vraiment qui ressemble à une autre. Ce sont toutes
des situations vraiment différentes dans la province à ce point
de vue.
M. SAMSON: Est-ce que la philosophie du ministère à ce
sujet ne tient pas compte je pense qu'il en tient compte des
besoins de l'enfant d'abord, c'est-à-dire que je comprends bien que
lorsque vous m'expliquez que si on centralise à un seul endroit, par
exemple, la clientèle scolaire de presque tout un comté,
évidemment cela va coûter moins cher d'administration de locaux,
je le comprends. Par contre, est-ce que ce n'est pas faire plier la
clientèle scolaire à un besoin administratif plutôt que
l'administration se plie aux besoins réels des êtres humains?
M. CLOUTIER: Dans les explications qui viennent d'être
données, ce n'est pas tellement l'élément administratif
qui ressort. Ce sont les besoins des élèves sur le plan de la
qualité de leur formation et je crois que c'est extrêmement
important de le souligner.
Je suis très sensible à ce que dit le député
de Rouyn-Noranda parce que je sais ce qu'il a à l'esprit. Il pense aux
petites écoles élémentaires que l'on a fait
disparaître depuis un certain temps...
M. SAMSON: Oui.
M. CLOUTIER: ... au profit d'institutions plus considérables. Les
explications qu'on vient de donner n'ont pas parlé seulement de
l'élémentaire, mais également du secondaire. Alors, quand
je dis que je suis sensible à l'argument du député de
Rouyn-Noranda, c'est qu'il y a, en somme, deux philosophies qui s'affrontent et
la vérité se trouve, probablement, entre les deux.
Quand on pense à une région comme le Nord-Ouest
québécois je prends cet exemple, évidemment, parce
que le député de Rouyn-Noranda la connaît mieux que
quiconque il y a à peine dix ans, qu'est-ce qu'il y avait comme
école? Il y avait quelques écoles seulement et une population peu
scolarisée. Qu'est-ce qu'il y a actuellement? Des polyvalentes qui sont
peut-être parmi les meilleures au Québec, où les choses
fonctionnent bien, en règle générale. Je sais ce dont je
parle, je les ai visitées. Et il y a une population enthousiaste, une
population dotée d'une bonne santé morale et mentale, qui est de
plus en plus scolarisée et qui ne l'aurait pas été si on
n'avait pas fait cette réforme, quitte à centraliser un peu trop
et à regrouper.
Qu'on le veuille ou non, il y a une évolution des choses et il
n'est pas possible, je crois, de conserver les petites écoles
élémentaires, non pour des raisons administratives seulement,
bien que ces raisons interviennent, mais pour des raisons d'ordre
pédagogique. Que ceci bouleverse les habitudes acquises, je le
conçois facilement. Que ceci puisse gêner certains parents,
surtout dans les régions où les distances sont grandes, je le
conçois facilement. Aussi, je crois que dans les régions
où les distances sont grandes, il faut justement tenter de temporiser ou
tenter d'avoir des formules un peu plus souples. Je sais pertinemment que dans
le Nord-Ouest québécois, on peut trouver des écoles qui
sont à cent milles de distance.
Alors, si on applique de façon trop rigide un "ratio"
maître-élèves, on va se trouver avec un demi-professeur qui
va enseigner à quatre dixièmes d'enfant. Cela devient totalement
aberrant. C'est précisément pour cela que nous tentons de
décentraliser et nous tentons également d'avoir des approches qui
tiendront compte davantage des besoins locaux.
M. SAMSON: On risque justement qu'ils apprennent plus à voyager
qu'autre chose, étant donné les distances. Je suis contient que
le ministre est au courant de la situation et qu'il a démontré
son intérêt pour cette situation. Je ne peux que l'encourager
à continuer dans ce sens, compte tenu du fait qu'il y a
réellement des dispositions différentes dans ces régions
et je ne parle pas uniquement pour la région du Nord-Ouest
québécois. Ceci s'applique aussi dans les autres régions
telles que le Bas-du-fleuve, la Gaspésie.
Est-ce que nous discutons toujours du groupe 2?
M. CLOUTIER: C'est déjà adopté.
M. SAMSON: De 2-1 à 2-5.
M. CLOUTIER: C'est déjà adopté. C'est qu'on a
ouvert le débat...
M. SAMSON: Je m'excuse. Est-ce que j'ai mal compris? N'aviez-vous pas
dit qu'on discutait de 2-1 à 2-5?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. SAMSON: Donc, cela n'est pas encore adopté. On a parlé
d'autres choses, mais on revient à cela.
M. CHARRON: On revient au groupe de 2-1 à 2-5.
M. SAMSON: Est-ce que nous pouvons discuter de 2-1 à 2-5
globalement?
M. CLOUTIER: Oui. Nous avons groupé cela. Vous pouvez discuter de
tout le groupe 8.
M. SAMSON: Cela me permettrait peut-être, avec un peu
d'interprétation, de discuter d'un sujet qui pourrait entrer dans le
groupe de 2-1 à 2-8. J'ai certaines questions à poser quant
à la journée d'hier. J'imagine que le ministre a
été mis au courant. Dans la région de Québec, on
m'a dit que certains professeurs je ne sais pas si c'est tout le groupe
au complet auraient utilisé une partie, sinon toute la
journée d'hier, à de l'enseignement qui ne ferait pas partie des
programmes d'enseignement. Je m'explique.
On a rapporté aux nouvelles qu'on voulait utiliser cette
période d'hier pour faire de l'histoire aux étudiants en ce qui
concerne la journée du 1er mai, considérée par certaines
personnes comme la fête des travailleurs.
Est-ce qu'il est dans les habitudes du ministère de
tolérer ce genre de choses ou est-ce que cela deviendra dans les
habitudes du ministère de tolérer ce genre de choses? J'ajoute
à cela, parce que dans d'autres régions, il y a eu autre chose.
J'ai eu connaissance qu'à la polyvalente d'Iberville hier, on a
contraint je dis bien contraint les étudiants à
débrayer sous prétexte que c'était hier la fête des
travailleurs, alors que je vous souligne que les travailleurs, en grande
majorité, n'ont pas débrayé. On a contraint les
étudiants à débrayer hier.
Je pense, si le ministre me permet une opinion, que c'est tout à
fait déplacé. Les étudiants ne sont pas aux polyvalentes
pour apprendre à faire la grève, ils sont là pour
étudier. Je peux vous dire que la majorité m'ont semblé,
en tout cas, être bien plus intéressés à leurs cours
qu'à se promener dans la rue.
M. CLOUTIER: M. le Président, je suis tout à fait d'accord
avec le député de Rouyn-Noranda. Je pense que l'éthique
professionnelle la plus élémentaire impose aux professeurs et aux
enseignants, quelles que soient leurs convictions politiques, quel que soit
leur militantisme, de faire d'abord leur travail. Je ne dis rien de nouveau. Je
l'ai toujours répété. Il y a eu effectivement hier,
à cause du 1er mai, qui est la fête des travailleurs, surtout en
Europe, et on essaie d'importer cette habitude actuellement, des
débrayages sporadiques. Ce sont, bien sûr, des débrayages
qui ne sont pas légaux, en ce sens qu'il ne s'agit pas de grèves
ayant subi le processus habituel. Il faut admettre que ce sont des situations
assez difficilement contrôlables. De toute façon, s'il y a des
enseignants qui sont impliqués, qui ont, par exemple, perdu une
journée complète, il revient aux commissions scolaires de prendre
leur responsabilité à cet égard, et non au
ministère de l'Education, parce que ce sont les commissions scolaires
qui sont strictement les employeurs de ces enseignants et qui ont à voir
au bon ordre de l'enseignement sur leur territoire.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre peut me dire si le genre de
débrayages qui a eu lieu hier, c'est le genre de débrayages qu'on
appelle journées d'étude, généralement, pour ne pas
dire grèves illégales?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas, M. le Président. On m'a parlé
de débrayages sporadiques. Je suis renseigné un peu comme tous
les citoyens du Québec. Nous n'avons pas de rapports qui nous
parviennent là-dessus des différentes commissions scolaires.
Quand il y a des problèmes particuliers, nos bureaux régionaux
sont là justement pour nous informer et suivre les situations.
M. SAMSON: Est-ce que le ministère a été
informé de ce fait que je mentionnais tantôt, je pense que c'est
dans la région de Québec, où on a utilisé sinon
toute la journée, du moins une partie de la journée, à
faire l'historique de cette journée, à tenter d'en faire la
promotion en quelque sorte? Je pense que c'est là le mot juste, en faire
la promotion. Je respecte, et je le souligne immédiatement, les opinions
des gens qui pensent que cette journée est la fête des
travailleurs. Je respecte toutes les opinions, mais je ne crois pas savoir
qu'il est du rôle des enseignants d'en faire la promotion, parce qu'il y
a des idées contraires aussi. Cela devient une question politique dont
les enseignants se sont faits, dans cette région concernée, les
promoteurs en quelque sorte.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas grand-chose à ajouter aux remarques que
j'ai faites en réponse à la première question du
député de Rouyn-Noranda. Il ne m'apparaît pas anormal
qu'une information soit donnée sur le 1er mai, si elle est donnée
d'une façon objective, que l'on fasse l'historique d'une journée
qui a une signification, d'une journée qui d'ailleurs marque pour
les travailleurs du monde un avancement certain, tout dépend dans
quel climat et dans quel esprit cette information est donnée. Il est
certain je ne peux pas parler de cas hypothétiques que si
elle est faite dans un esprit de militantisme exagéré, à
ce moment, je crois qu'on est en présence d'un bris d'éthique
professionnelle.
Il appartient aux commissions scolaires d'intervenir dans la limite de
leurs responsabilités.
M. SAMSON: Dans quelle proportion peut-on être assuré
comme vous le mentionnez que cela n'a pas été fait
dans un esprit de militantisme?
M. CLOUTIER: Je crois que c'est impossible. Je pense bien qu'il faudrait
être naif pour s'imaginer que ça n'a pas été fait
dans un esprit de militantisme. Voyez-vous, ce n'est pas à coups de
matraque que l'on fait évoluer les mentalités. Je pense que tout
ce que nous pouvons espérer faire, c'est en améliorant les
relations de travail entre ministère, commissions scolaires et
enseignants; en ayant un système d'éducation qui est de plus en
plus efficace, de plus en plus humain; en tentant de modifier les orientations
peut-être trop centralisatrices depuis le début de la
réforme scolaire; en réglant les problèmes, non pas au
jour le jour il a été nécessaire de le faire
pendant un an ou deux parce que les crises éclataient quotidiennement
mais d'une façon qui tient véritablement compte des
objectifs d'un système d'éducation.
On finira par améliorer l'état d'esprit et ceci se
répercutera sur la qualité de l'enseignement. Il n'y a pas
d'autres méthodes. Et j'ai toujours été le premier
à déplorer qu'à la suite d'une dégradation qui
s'est étalée sur plusieurs années, nous ayons connu des
difficultés de ce point de vue.
M. SAMSON: Au programme 2, élément 8: Coopération
extérieure en éducation, est-ce que le ministre pourrait...
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, qu'il faudrait
peut-être être un peu plus systématique si on veut s'en
sortir, parce que quand même dans ce groupe, il y a des programmes un peu
différents. A moins que le député de Saint-Jacques veuille
prendre tout de suite la coopération, j'ai l'impression qu'il faudrait
peut-être régler le problème du soutien technique qui
comprend des subventions, l'adopter, et ensuite, si on veut rester dans
l'ordre, passer à l'informatique, ensuite aux services
généraux, au personnel et aux organismes d'enseignement, ensuite
aux communications et ensuite aux bureaux régionaux.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): On va passer aux
éléments 1 à 5.
M. SAMSON: C'est parce que tantôt vous avez mentionné les
éléments 1 à 5 et je croyais que le ministre avait
mentionné de 1 à 8. Je n'ai aucune objection à ce qu'on
procède par ordre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je n'ai pas de question à l'élément 1,
ni à l'élément 2. J'en aurai à
l'élément 3.
M. CLOUTIER: Est-ce qu'on peut les adopter? Ce sont des
éléments purement techniques de gestion.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 1, adopté.
Elément 2, adopté. Elément 3.
Relations de travail
M. CHARRON: A l'élément 3, c'est l'occasion, je pense, de
revenir sur les relations de travail du ministère avec ceux qui
travaillent dans le monde de l'éducation, qui sont directement
dépendants du ministère.
On en est finalement venu, au cours de la dernière année,
à une entente sur la classification qui, pour les enseignants, est
essentiellement basée actuellement sur la scolarité acquise par
chacun d'eux. C'est l'évaluation de cette scolarité qui a
donné lieu à beaucoup de difficultés.
Lorsque vient le temps d'établir l'échelle de traitements
des enseignants, on a deux indicateurs: la scolarité et
l'ancienneté. On a dit et la crise des derniers mois nous a
permis de le constater à nouveau que ce système avait des
inconvénients majeurs, d'abord parce qu'il exagère l'importance
de tout changement dans la méthode de calcul des années de
scolarité, représentées par divers diplômes, que le
second inconvénient vient du fait que le mérite est
évalué selon le nombre de cours que suit chaque enseignant.
Je vais demander, au moment où on va entreprendre une nouvelle
ronde de négociations avec les enseignants, si le ministère va
proposer un nouveau mode d'évaluation pour fins de traitements des
enseignants, ou si ça a été envisagé.
Peut-être que la décision n'est pas prise. Est-ce qu'au niveau du
service des relations de travail du ministère, on peut penser à
un nouveau mode d'évaluation?
M. CLOUTIER: II y a deux éléments que je voudrais
souligner dans cette question qui est extrêmement importante. Le premier
élément se réfère au système de
classification, tel qu'il existe. Le deuxième élément se
réfère à une structure de rémunération qui
pourrait être envisagée pour l'avenir.
On a beaucoup parlé de classification depuis quelques
années.
Je pense que, dans une première étape, il fallait
régler ce que j'appelle le contentieux, il
fallait essayer de sortir d'un mauvais dossier et il fallait essayer de
sortir d'une opération qui n'avait pas été toujours
très bien conduite et très bien menée. Nous sommes sur le
point d'y arriver, après deux années d'efforts et d'efforts
considérables. Il suffit de lire les journaux sur cette question pour
s'en rendre compte. Au niveau collégial, nous avons réussi
à signer une entente il y a à peu près un an qui a
apporté une solution satisfaisante. Je ne dis pas une solution parfaite.
Il ne peut pas y avoir de solution parfaite lorsqu'on essaie de
récupérer une situation qui s'est accompagnée d'un certain
nombre d'erreurs et qui a fait l'objet de contestations et d'un cheminement
difficile. La marge de manoeuvre est beaucoup plus étroite que lorsqu'on
essaie de créer un système de toutes pièces. Au niveau
élémentaire et secondaire, les négociations ont
été ouvertes, à la suite du règlement au niveau
collégial, par le gouvernement et ses partenaires, parce qu'il ne faut
jamais oublier que, sous l'empire de la loi 46, c'est le gouvernement et ses
partenaires, c'est-à-dire les fédérations des commissions
scolaires qui constituent la partie patronale, alors que la partie syndicale
est constituée par les deux fédérations des commissions
scolaires, la catholique et la protestante. Cette négociation a donc
été rouverte par la partie patronale, mais correspondait aux vues
et aux désirs de la partie syndicale. On négocie depuis ce
temps-là. Je pensais que tout était réglé il y a
deux ou trois semaines, alors que la partie syndicale avait paraphé une
entente qui correspondait à la dernière proposition de la partie
patronale. Il y a eu quelques remises en question. Ce sont surtout des points
de détail, des modalités à préciser. J'ai tout lieu
de croire que, d'ici 24 ou 36 heures, la question sera définitivement
réglée, compte tenue des limites dont je vous ai
parlé.
Alors, on peut considérer que le contentieux sera
réglé, nous serons sortis d'une situation qui a été
très frustrante pour l'ensemble des enseignants. C'est la raison pour
laquelle je me suis acharné à trouver des solutions en
priorité. Je considère que c'est une des causes, peut-être
la cause la plus importante du malaise dans le domaine de l'éducation,
parce qu'on ne touche pas impunément au salaire d'un individu et non
plus à ses aspirations de carrière. En fait, à l'analyse,
on se rend compte que ce qui a peut-être manqué et on
remonte très loin, on remonte à sept ou huit ans, on remonte
actuellement à la convention collective 1971 qui a été
signée en 1969 dans toute cette histoire ç'a
été peut-être le choix des critères dont parlait le
député de Saint-Jacques, les années de scolarité et
l'ancienneté, mais ceci correspondait quand même à un
souhait des syndicats aussi. Mais ce qui a peut-être davantage
manqué sur le plan administratif, et non analyse m'en a persuadé,
c'est l'absence de règles d'intégration. On aurait
peut-être pu faire un système de classification et prévoir
des règles d'intégration suffisamment souples pour que les
individus ne soient pas pénalisés. J'ai toujours pensé aux
enseignants en tant qu'individus dans tous mes efforts de règlement.
Voilà, je pense que j'en ai dit assez pour manifester que nous sommes
à la veille d'un règlement.
En cours de route, je n'ai pas caché là, je
réponds au deuxième élément dont parlait le
député de Saint-Jacques que comportait sa question que
j'avais, moi aussi, des réserves concernant les choix qui avaient
été faits du système de classification. Il y en a d'autres
possibles, mais il n'était pas possible de faire quoi que ce soit avant
de sortir du contentieux, avant de sortir du dossier. Mais en cours de route,
pour ne pas perdre de temps, le ministère a créé une
commission d'étude, et une commission extrêmement sérieuse,
qui travaille, qui m'a remis un rapport préliminaire il y a deux ou
trois mois et qui doit me remettre un rapport définitif cette
année. Cette commission d'étude a reçu un mandat
très précis que j'ai tenu à donner moi-même,
à savoir non seulement étudier le passé, non seulement
étudier les autres systèmes de classification dans les autres
provinces et dans certains Etats américains, mais également
tenter de voir si on ne pourrait peut-être pas en arriver à un
nouveau système de rémunération remarquez que je
parle de rémunération plutôt que de classification
mais voir comment nous pourrions assouplir le système actuel et
peut-être introduire de nouveaux facteurs.
Pour rien au monde, il faudrait et ça, je m'y engage
solennnellement pénaliser encore les enseignants et changer
encore une fois.
Par conséquent, il est impensable de partir à zéro.
On ne peut pas, par exemple, dire: Nous avions un système de
classification basé sur les années de scolarité, ça
présente des avantages, ça présente des
inconvénients, nous aurons dorénavant un système de
classification basé sur les diplômes. Moi, personnellement,
j'aurais préféré ça. Parce que, je suis
peut-être vieux jeu, mais je considère que les diplômes
marquent quand même un moment de passage, un niveau. Même si ces
diplômes sont donnés à la suite d'examens qui ne sont plus
uniques ou à la suite d'évaluation continue, il restera que, dans
un avenir prévisible, je vois mal comment on ne pourra pas, à un
moment donné, attester qu'un individu a franchi tel niveau. C'est
d'ailleurs le type de système que l'on rencontre dans la majorité
des provinces canadiennes. Ce n'est pas le choix qui a été
fait.
Encore une fois, je vois mal comment on peut passer de ce qui a
été fait à un système totalement différent.
Et pour rien au monde, je l'affirme solennellement, il serait question de
remettre en cause ce qui a été péniblement acquis par les
enseignants actuellement, compte tenu des corrections que le gouvernement a
été capable d'apporter depuis deux ans, plus exactement depuis un
an et demi, depuis le dernier décret, en fait.
C'est donc dans cet esprit que travaille la commission et ce n'est pas
une tâche facile, parce que la rémunération est largement
liée au problème de la tâche; c'est pour ça que,
plutôt que de parler de classification, je parle de
rémunération, structure de rémunération. Il y a
deux commissions qui ont été créées par le dernier
décret, au niveau collégial comme au niveau
élémentaire et secondaire, et ces commissions travaillent
actuellement sur la tâche. De plus, il y a un groupe de réflexion
sur lequel je compte beaucoup. Parce que, par la force des choses, j'ai
été obligé de m'intéresser de très
près à toute cette question de relations de travail. Combien de
fois ai-je répété que c'était, au fond, le coeur du
problème, que c'était l'état des relations de travail qui
permettrait d'améliorer notre système d'éducation ou de ne
pas l'améliorer.
Je suis donc de très près les travaux de ce groupe de
réflexion qui a été créé au sein,
précisément, du service général du personnel des
organismes d'enseignement, qui est un service relativement nouveau puisqu'il a
été créé l'année dernière ou il y a
un peu plus d'un an et qui regroupait un certain nombre
d'éléments de service qui étaient ailleurs, mais qui
permet une rationalisation, une coordination de tout ce qui touche aux
relations de travail. C'est justement dans ce sens que ce groupe
réfléchit actuellement. De plus, il existe ceci
déborde peut-être un peu la question du député de
Saint-Jacques, je crois qu'il souhaiterait avoir cette information; je pense
également au député de Rouyn-Noranda au niveau du
Conseil du trésor, il y a un autre comité qui groupe Fonction
publique, Affaires sociales, Education, qui réfléchit
actuellement et travaille en vue de la préparation de la nouvelle
convention collective. Soyez convaincus qu'en tant que responsable du secteur
de l'éducation, j'ai l'intention de suivre ça de très
près. J'ai tenté, brièvement, je ne sais pas si j'y suis
arrivé, de donner une espèce de tableau d'ensemble de la
situation.
M. CHARRON: Est-ce que vous avez reçu des rapports
préliminaires des deux commissions qui travaillent sur la tâche de
l'enseignant?
M. CLOUTIER: Non. D'ailleurs elles ont été
créées un peu tardivement en mai dernier.
M. CHARRON: Elles doivent terminer leurs travaux pour le 30 juin 1974,
je crois, en vertu...
M. CLOUTIER: Non. Cela a été reporté au 31 octobre,
compte tenu qu'elles avaient commencé tardivement, c'est pour leur
donner le temps de compléter leurs travaux.
M. CHARRON: Elles sont constituées comment ces commissions,
à la suite de quoi?
M. CLOUTIER: Sur la tâche? D'enseignants provenant des
réseaux mêmes, soit de l'élémentaire, du secondaire
ou du collégial...
M. CHARRON: Qui ont été nommés par la partie
syndicale?
M. CLOUTIER: Non, malheureusement. Là-dessus, je dois signaler
que la collaboration des syndicats d'enseignants n'a pas été
apportée à cet égard, à la mise sur pied de ces
commissions d'étude. Et on les déplore grandement. Parce que
l'idéal est d'impliquer le plus possible les syndicats dans toutes ces
études. Maintenant, reportons-nous à cette discussion que nous
avons eue au tout début alors que nous parlions du dialogue
ministère-enseignants. Ceci est une séquelle de l'absence de
dialogue. Avec notre réunion au sommet, avec cette première
rencontre qui a eu lieu, j'espérais qu'on réussirait
peut-être à mobiliser davantage la collaboration des
syndicats.
Je crois que nous l'avons mobilisée pour une bonne part, mais
elle n'est pas allée encore jusqu'au point de participer à ces
comités. Je dis que nous l'avons mobilisée pour une bonne part,
parce qu'il y a quand même eu, en ce qui concerne la discussion du
dossier scolaire cumulatif, pour la première fois depuis quelques
années, collaboration des centrales syndicales, mais pour ce qui est des
comités, nous n'en sommes pas là.
N'oublions pas que ces comités ont une extrême importance.
Suivant les rapports qui seront faits, il peut y avoir des décisions
touchant la rémunération et il semble que les syndicats
poursuivent, de leur côté, les études.
M. CHARRON: M. le Président, je comprends que le ministre exprime
un regret du fait que les syndicats des enseignants n'ont pas encore
affiché cette collaboration qui aurait été importante pour
le travail des commissions qui évaluent la tâche des enseignants,
mais la partie syndicale a aussi ses reproches à l'égard du
gouvernement quant au manque de collaboration de son côté, ce qui
n'améliore pas le climat.
Je sais que le gouvernement a abandonné les poursuites
intentées contre les dirigeants des syndicats d'enseignants, mais il
maintient toujours ses plaintes contre les syndicats de Québec, des
Bois-Francs, de Champlain, de l'Est du Québec, de Lanaudière, de
Lignery, de la Mauricie, du Nord-Ouest québécois, du Saguenay,
des Mille-Iles et de Tardivel.
La cause du syndicat de Tardivel, la poursuite du ministre de la Justice
contre le syndicat de Tardivel, doit même être entendue d'ici
quelques jours et les syndicats ont l'intention d'en faire une cause type, les
autres restant gelées jusqu'à ce qu'on statue sur
celle-là. La Centrale de l'enseignement du Québec a donc fait
connaître une demande formelle, publique, demandant au gouvernement
d'abandonner les
plaintes logées contre ces syndicats d'enseignants à la
suite de la loi 19, dont on a célébré le deuxième
anniversaire, il n'y a pas tellement longtemps.
Puisque le ministre vient lui-même de me dire enfin, je ne
veux pas reprendre tous les mots qu'il a lancés, mais si on reprend la
lettre qu'il est manifestement intéressé à
établir un climat plus serein que celui qui a prévalu en 1972,
est-ce qu'il ne serait pas de bon aloi qu'on reconsidère ces plaintes
portées en 1972, cette poursuite contre les syndicats d'enseignants qui
date maintenant de deux ans, maintenant que le climat... Peut-être le
geste était-il justifié en 1972, l'est-il encore en 1974? Ne
serait-ce pas, du côté du gouvernement, un bon geste pour
rétablir ce climat qui pourrait par la suite se transposer du
côté des syndicats par une collaboration soutenue, par exemple,
aux deux commissions d'évaluation des tâches de l'enseignant,
qu'à mon avis, je considère très importante?
M. CLOUTIER: D'abord, dans la question, le député de
Saint-Jacques a parlé de manque de collaboration de la part du
gouvernement. Cela a été vrai. Ce n'est plus vrai, je crois,
grâce à toutes les initiatives posées. Ce n'est pas encore
complet, mais il y a certainement un changement.
En ce qui concerne les poursuites, je pense personnellement que ce
serait certainement un geste pour reprendre une expression du
député de Saint-Jacques de bon aloi. D'ailleurs, il y a
longtemps que je m'interroge sur la façon dont il faut, dans un cadre de
relations de travail, procéder. Je ne crois pas qu'on ait encore
trouvé les formules idéales, parce que, les situations
étant ce qu'elles sont, il est difficile d'appliquer des données
qui ressortent d'une justice un peu différente.
Pour l'instant, je ne peux pas faire de déclaration
là-dessus. Je voudrais simplement attirer l'attention de la commission
sur le fait que les poursuites, dans une matière comme celle-là,
relèvent uniquement et exclusivement du ministre de la Justice, lequel
n'est même pas soumis, de par la loi, au conseil des ministres. C'est
donc une décision qui lui revient entièrement et ce n'est
même pas une décision gouvernementale.
Il est important de le comprendre, et ceci a sans doute
été fait dans l'intention des législateurs pour qu'il n'y
ait pas d'intervention politique dans le domaine de la justice. La question a
été posée au ministre de la Justice. Je sais que les
syndicats ont écrit au ministre de la Justice. Je ne vous cache pas que,
moi-même, j'en ai saisi le ministre de la Justice.
M. CHARRON: Les syndicats ont écrit au ministre de la Justice,
mais ils ont écrit aussi au ministre de l'Education et au
président de la Fédération des commissions scolaires du
Québec, M. Fortin.
M. CLOUTIER: Avant de m'écrire, les syndicats m'en avaient
parlé lors, d'ailleurs, de cette rencontre au sommet. J'en avais
parlé, à ce moment-là, au ministre de la Justice. A la
suite de la lettre, j'en ai reparlé au ministre de la Justice.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre de l'Education est intervenu
auprès du ministre de la Justice de façon favorable à la
demande syndicale? J'admets l'argument juridique que vient d'apporter le
ministre de l'Education en disant que c'est parfaitement du ressort du ministre
de la Justice. Personne n'ignore le degré d'influence énorme
qu'un collègue du cabinet peut avoir sur les décisions d'un autre
ministre. Si le ministre de l'Education, responsable du climat dans
l'éducation du Québec aux yeux des contribuables
québécois, met tout son poids et son prestige, qui est grand,
auprès de son collègue de la Justice pour que celui-ci abandonne
les poursuites à l'égard des syndicats que j'ai nommés
précédemment, je suis convaincu, connaissant le ministre de la
Justice, le député d'Outremont, que cette influence sera
importante dans la décision qu'il pourra prendre, qu'il devra prendre
bientôt d'ailleurs, puisque, je le rappelle, c'est dans quelques jours
vers la mi-mai que l'on entreprendra la cause type, soit celle de
la poursuite contre le syndicat de Tardivel.
M. CLOUTIER: Je ne pense pas que le ministre de la Justice soit sensible
à des influences ou encore moins à des pressions. Cependant, il
est bien évident que je n'entends pas j'ai trop de respect pour
la loi et j'ai trop de respect pour les prérogatives du ministre de la
Justice procéder de cette façon. En revanche, comme je
l'ai dit, je lui ai parlé à deux reprises, au moins, davantage en
fait, mais à deux reprises d'une façon bien
déterminée de cette question. Dès que j'en ai
été saisi, après la réunion au sommet, et par la
suite quand j'ai reçu une lettre, j'ai présenté un
dossier. Je crois que la façon dont le dossier a été
présenté témoignait d'une appréciation favorable de
ma part, mais c'est à lui qu'il revient de prendre ses
responsabilités.
M. CHARRON: Mais est-ce que, ce matin, à la commission permanente
de l'éducation, le ministre peut affirmer que, si le ministre de la
Justice abandonnait ses poursuites, il contribuerait ainsi à
l'amélioration des relations de travail dans le monde de
l'éducation?
M. CLOUTIER: Je dois dire que le député de Saint-Jacques
manifeste beaucoup d'habileté à poser des questions tout à
fait pertinentes. Je vais répondre d'une manière
générale qui déborde l'incident précis ou le
problème précis qu'il soulève.
Il m'apparaît clair que, dans un conflit de travail, alors
qu'entre les parties en présence il y
a des poursuites, si ces poursuites sont levées, c'est de nature
à favoriser le climat et les discussions subséquentes.
M. CHARRON: Est-il au courant si le ministre de la Justice, dans le
dossier... Pardon, je reprends ma question. Dans le dossier qu'il a
déposé sur le bureau de son collègue, sur cette question
des poursuites contre les syndicats, le ministre a-t-il demandé au
ministre de la Justice de lui faire connaître une réponse dans les
prochains jours?
M. CLOUTIER: Bien sûr, je n'ai pas posé d'ultimatum
à un collègue. Je ne le fais jamais.
M. CHARRON: Sans que ce soit...
M. CLOUTIER: Mais j'ai effectivement insisté sur l'urgence d'une
décision, quelle qu'elle soit, admettant que la décision lui
revenait de plein droit.
M. CHARRON: Peut-on dire que, dans les rencontres que vous avez eues
avec les dirigeants syndicaux, cette demande du retrait des plaintes de 1972
vous est apparue comme une préoccupation majeure et prioritaire du
côté syndical?
M. CLOUTIER: Oui. Je pense qu'effectivement, du côté
syndical, ceci constitue une préoccupation et une source
d'inquiétude.
M. CHARRON: Peut-on même dire qu'elle a été une
condition sine qua non de la participation syndicale à d'autres
organismes, d'autres invitations que le ministre leur avait lancées
à ce moment-là?
M. CLOUTIER: Non. En tout cas, cela n'a pas été mon
impression puisque nous avons tout de même eu, en dépit de ces
poursuites, plusieurs rencontres. J'ai même eu une rencontre il y a deux
jours, après les séances de la commission. Alors, je ne crois pas
que ceci ait empêché une collaboration même mitigée
et je n'ai aucune raison de croire que c'est la raison pour laquelle on n'a pas
jugé bon de participer aux commissions dont on parlait tout à
l'heure.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 3. Adopté?
Rémunération des enseignants
M. CHARRON: La Fédération des CEGEP a
présenté, au début de mars, un mémoire à la
commission ministérielle d'étude sur la classification des
enseignants faisant valoir à peu près les mêmes points que
ceux dont nous discutons actuellement, c'est-à-dire a repris la
suggestion de plus en plus fréquente, à savoir la mise au point
d'un nouveau système de rémunération des enseignants.
Est-ce que le gouvernement a l'intention, au niveau des services de relations
de travail, d'élaborer cette suggestion de la Fédération
des CEGEP, de les consulter et de les amener à préparer une
suggestion qui soit plus étoffée, je crois, que celle
mentionnée dans le mémoire présenté au début
de mars?
M. CLOUTIER: La commission est là pour cela
précisément, et nous allons tenir compte de tous les points de
vue et très certainement des points de vue qui viennent des
fédérations, lesquelles sont très près des
problèmes et peuvent nous apporter des éléments
utiles.
Ce que je voudrais essayer de faire comprendre, c'est que tout cela sera
abordé avec la plus grande ouverture d'esprit possible. Je ne dis pas
que cela n'a pas toujours été le cas dans le passé
je ne veux pas porter de jugement rétroactivement mais je parle
de ce qui est actuellement et s'il faut changer les approches, s'il faut
changer les formules, il n'y a pas de dogme, je l'ai déjà dit, au
ministère, il y a uniquement des problèmes qu'il convient de
résoudre.
Toute solution qui montrera de l'imagination et susceptible d'apporter
des améliorations du système, compte tenu de ses objectifs, sera
acceptée, compte tenu également des masses budgétaires
disponibles.
M. CHARRON: On ne peut pas discuter des services généraux
au personnel des organismes d'enseignement sans faire état de ce
problème que soulève la partie syndicale depuis
déjà plusieurs semaines, qui est la mise à pied dans
plusieurs commissions scolaires régionales ou locales du personnel
enseignant.
Evidemment, je ne demande pas au ministre de m'expliquer le
phénomène, la justification éponge a été
souvent utilisée, c'est celle de la baisse de natalité. C'est un
fait que, dans plusieurs régions, cela affecte considérablement
et encore, tout à l'heure, on faisait état que c'est par 3 p.c.
ou 4 p.c. par année que la clientèle scolaire, dans certaines
régions, peut diminuer.
Par contre, la réponse syndicale à cet argument est, sans
nier la baisse évidente de natalité partout qui affecte les
effectifs scolaires, donc les enseignants, qu'on dit aussi que cette
réponse est un peu un passe-partout, mais qu'il y a aussi d'autres
causes qui affectent l'embauche du personnel enseignant et qui, elles, sont
dépendantes de l'action du gouvernement.
On fait état des politiques régionales que ce gouvernement
peut avoir, des politiques économiques qu'il a à l'égard
de certaines industries plus proprement installées dans certaines
régions que dans d'autres et que tout cela a des conséquences sur
la mobilité démographique des régions.
On dit aussi que certains effets du plan d'enseignement des langues ont
eu pour conséquence de vider certaines disciplines du personnel
enseignant pour favoriser plutôt telles
autres, toutes des actions dont est responsable, devant
l'Assemblée et devant cette commission, le ministre de l'Education.
Mais ce qu'il y a de plus curieux pour ceux qui suivent la scène
de l'éducation de l'extérieur, c'est que, en même temps que
le gouvernement est obligé de faire face à ce problème
syndical et à cette baisse de natalité, il continue à
favoriser la formation de personnel enseignant à l'autre bout et que,
d'un certain côté, alors qu'on a déjà du personnel
en chômage pour toutes les raisons, que ce soient celles invoquées
par le ministre ou celles invoquées par les parties syndicales, on
continue à former du personnel enseignant à une autre
extrémité de l'échelle.
La question est assez demandée: Vers quoi va-t-on actuellement?
Comment ajuste-t-on les deux politiques à la fois?
M. CLOUTIER: Si je comprends bien, parce qu'il y a beaucoup
d'éléments dans cette question, la principale
préoccupation du député, c'est l'apparente contradiction
entre le fait qu'il se forme toujours des enseignants et le fait que le besoin
d'enseignants diminue. C'est bien cela?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Je vais essayer de répondre à ce point
précis. Sur le plan, à titre d'exemple du paradoxe, l'an dernier,
il y a eu environ 1,200 enseignants qui ont été certifiés,
qui sont entrés dans le système d'éducation comme nouveaux
enseignants. De mémoire, je pense que l'an dernier, à la
même date, au 1er mai, il devait y avoir finalement aux environs d'une
centaine d'enseignants qui ont été mis à pied
effectivement entre le 1er mai et le mois de juin. La raison principale, c'est
qu'il y aurait développement de la demande de spécialistes, que
ce soit en enfance inadaptée, enseignement professionnel, enseignement
de l'anglais langue seconde, ou des étudiants et ces choses-là,
ce qui fait que les enseignants qui sont actuellement dans le système,
soit qu'ils ne sont pas préparés à faire face à
cette demande de spécialisation, d'une part, ou, d'autre part, par les
mécanismes mêmes de la convention collective, les gens, par
l'application du mécanisme, sont mis à pied.
Ce qui arrive, c'est que dans les commissions scolaires on met les
professeurs à pied, compte tenu du niveau de la clientèle,
uniquement basé sur l'ancienneté, indépendamment des
besoins de la commission scolaire, face aux programmes à être
donnés dans les différentes disciplines. Or, les
spécialistes, que ce soit dans l'enseignement professionnel ou dans les
autres disciplines que j'ai mentionnées tantôt, sont effectivement
les plus jeunes du système parce qu'ils sont entrés dans les
dernières années. Ce qui veut dire que techniquement, à
chaque année, la commission scolaire est prise pour mettre ces gens
à pied d'abord, se basant uniquement sur le critère de
l'ancienneté. Ce sont justement ceux-là dont on a besoin. Si on
le fait par discipline ou par programme d'enseignement, selon les besoins de la
commission scolaire, on aura des mises à pied de personnel bien
identifié et des programmes d'action seront peut-être plus faciles
à mettre sur pied, à l'effet de prévoir des programmes de
recyclage de ce personnel pour des fonctions spécialisées qui
sont demandées dans le système, compte tenu des nouveaux qui
entrent annuellement. C'est ce paradoxe qu'il faut, à mon avis,
résoudre à la prochaine négociation et rapidement.
M. CHARRON: N'y a-t-il pas un avantage, comme l'ont soutenu certains
observateurs de la scène de l'éducation, pour une commission
scolaire à aller chercher le nouveau personnel pour continuer à
former les institutions d'enseignement du Québec, en matière de
formation d'enseignement et à libérer plutôt que de
financer... Parce qu'elle doit contribuer au recyclage de personnel plus ancien
qui exige un salaire plus élevé en fonction de l'échelle
de rémunération actuelle? Est-ce que cet argument est
soutenable?
M. CLOUTIER: C'est-à-dire qu'il y a deux volets à
l'argument qui ne sont pas totalement justifiés. Le premier, le
coût du personnel, en termes de traitement, celui qui a le plus
d'expérience qui normalement recevrait un plus haut traitement, c'est
que certainement, par les subventions, quel que soit le coût d'un
enseignant, s'il a 19 ans de scolarité ou s'il a un doctorat, la
commission scolaire reçoit une subvention pour le payer tel quel.
Qu'elle ait un enseignant de moindre qualité ou de plus haute
qualité, en termes de coût, pour la commission scolaire, elle
reçoit quand même la subvention pour payer l'un ou l'autre.
Au contraire, le système actuel du mode de subventions permet aux
commissions scolaires de rechercher des gens beaucoup plus qualifiés,
parce qu'ils vont recevoir les subventions pour pouvoir les payer comme
tels.
Le premier volet de votre question, je m'excuse, je l'ai
oublié.
M. CHARRON: C'était que plus les commissions scolaires
là vous m'avez répondu en disant que ce n'était pas
à l'avantage des commissions scolaires ont un personnel
qualifié, plus l'enveloppe qu'elles reçoivent au chapitre...
M. CLOUTIER: C'est ça.
M. CHARRON: ... du traitement va être élevée. Est-ce
que ce ne serait pas l'affaire du gouvernement, qui, lui, met le contenu dans
les enveloppes que reçoivent les commissions scolaires? Si le
gouvernement favorise, par une commission scolaire, l'embauche d'un nouveau
personnel enseignant, il aura moins à mettre dans l'enveloppe
pour les traitements qu'il aura à envoyer à cette commission
scolaire que si cette commission scolaire a un personnel ancien avec
expérience, donc avec meilleur traitement.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas tout à fait exact, parce que, dans le
nouveau personnel, c'est justement du personnel plus qualifié et qui
gagne davantage, parce que l'ancienneté intervient. Ce qui intervient au
premier chef, c'est...
M. CHARRON: La scolarité.
M. CLOUTIER: ... la scolarité. Si vous avez un enseignant qui n'a
que quinze ans de scolarité, mais qui est là depuis 20 ans, il va
rester, alors que celui qui a 19 ans de scolarité et qui n'a que deux ou
trois ans d'ancienneté peut peut-être partir.
Le système est loin d'être parfait, il y a des formules
à creuser.
M. CHARRON: A combien évalue-t-on le nombre de nouveaux
enseignants qui entreront sur le marché du travail en septembre?
M. CLOUTIER: Si l'on se fie aux données de septembre 1973,
ça serait environ 1,200 à 1,500.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a déjà une évaluation des
spécialités ou des domaines particuliers qui seront les choix de
ces nouveaux enseignants?
M. CLOUTIER: C'est difficile à déterminer, il y a quand
même des points, parce que chez ceux qui sortent du système
d'éducation, il y a les enseignants qui quittent tout simplement pour
d'autres emplois, ceux qui sont mis à la retraite et d'autres. Mais, en
règle générale, ce qu'on remarque, c'est surtout au niveau
des spécialistes. Dans l'enseignement professionnel, c'est le gros
point.
La recherche des commissions scolaires porte actuellement sur les
enseignants dans le secteur de l'enseignement professionnel. Ensuite, c'est
l'enfance inadaptée, l'éducation physique et l'enseignement des
langues secondes. Ce sont surtout ces secteurs où la recherche du
personnel enseignant par les commissions scolaires se fait, et où il
sera nécessaire de former de plus en plus de spécialistes.
Sera-t-il possible de les former à partir des enseignants qui existent
déjà ou faudra-t-il les former à partir d'un
non-enseignant qui devient enseignant? Ceci reste à voir.
Le plan d'enseignement des langues dont vous avez parlé justement
vise à former des enseignants qui sont en place. C'est un
intérêt très certain pour les enseignants, ça,
quelles que soient les réserves que l'on peut formuler par ailleurs pour
des raisons idéologiques, c'est un intérêt très
certain, parce que le volet le plus important, qui est celui de la langue
maternelle, va améliorer la situation sur une période de quelques
années d'au moins 30,000 maîtres, suivant la façon dont on
va procéder, suivant que l'on s'adresse à la majorité des
maîtres de l'élémentaire ou que l'on s'adresse à un
nombre moindre de manière à les spécialiser davantage. Le
volet de l'enseignement des langues secondes va permettre à plusieurs
centaines d'enseignants, qu'il s'agisse du français ou de l'anglais
langue seconde, de se retrouver au niveau du spécialiste et, là,
il s'agit d'enseignants qui sont déjà dans le système pour
la plupart.
M. CHARRON: J'ai une dernière question locale, celle-là
aussi, au sujet de cette situation curieuse qui s'est produite à la
Commission scolaire régionale de l'Outaouais. Cette commission scolaire
devait faire face à la concurrence de la fonction publique
fédérale. Cette dernière offrait, pour le même
degré de scolarité, un salaire parfois plus élevé
de $2,000 à un personnel enseignant le français, en particulier
au sein de cette commission scolaire, pour les amener tout le monde le
sait dans la fonction publique fédérale en vue des
programmes de francisation superficielle qu'essaie de se donner le gouvernement
fédéral. Je sais que la commission scolaire régionale a
pris des mesures et est même entrée en négociation avec la
fonction publique fédérale pour essayer de s'ajuster. Est-ce que
le ministère est intervenu de quelque façon que ce soit, ou
a-t-il été appelé à trancher le débat d'une
façon ou d'une autre?
M. CLOUTIER: On nous a signalé le problème, mais nous ne
sommes pas intervenus parce que, dans toutes les commissions scolaires en
termes de recrutement ou de sélection de personnel à quelque
niveau que ce soit, cela demeure leur entière responsabilité. Le
problème, c'est comment faire pour amener les enseignants à la
commission scolaire d'autres régions qui vont accepter d'aller
là. Même si on trouve des solutions de cette nature-là,
dès qu'ils sont rendus là, ils franchissent la
rivière.
Le problème est même plus vaste que cela. C'est le
problème de toutes les régions frontalières, d'une part,
et c'est le problème de la concurrence entre des niveaux de salaire qui
varient. Dans le secteur professionnel, une des grandes raisons pour lesquelles
on a de la difficulté à recruter du personnel, c'est le fait que
l'industrie paie davantage. A Sept-Iles, les difficultés de
l'année dernière viennent directement de là. Or, il n'y a
pas de solution facile, il n'y a pas de solution qui va permettre à un
système d'éducation, où que ce soit au monde, de payer des
salaires absolument identiques à ceux de l'industrie. Cela ne s'est
jamais fait et, à mon avis, cela ne se fera jamais parce qu'aucun
système ne pourra le supporter en termes de coûts. Alors, il y a
des choix qui doivent se faire de la part d'individus qui peuvent
préférer gagner moins pour avoir des bénéfices
margi-
naux qui sont quand même assez importants ou parce que ce type de
travail leur plaît davantage. Mais il reste que la pénurie au
niveau du secteur professionnel est universelle. De plus, dans les
régions frontalières, il y aura également des concurrences
qui se font, non seulement au niveau des enseignants, mais aussi au niveau des
élèves. Alors, il est impossible de se fermer de telle
façon que l'on érige une espèce de mur.
M. CHARRON: Aujourd'hui, peut-on dire qu'on manque de professeurs de
français dans cette région du Québec?
M. CLOUTIER: On en cherche, mais je ne peux pas dire qu'il y a
réellement une pénurie grave; mais il y a un certain manque de
professeurs.
Dans ce domaine de professeurs de français, nous en manquons nous
aussi un peu partout. C'est d'ailleurs pour cela que le plan d'enseignement des
langues vise à venir corriger cette lacune: Formation des maîtres
en exercice en particulier en ce qui touche les maîtres polyvalents de
l'élémentaire et formation de spécialistes de
français, surtout en ce qui concerne le secondaire. Nous manquons
véritablement de spécialistes partout. N'oublions pas que cette
réforme est jeune, je ne sais pas dans quelle proportion nous avons
multiplié le nombre des élèves "scolarisables", mais
c'était extrêmement élevé puisqu'on a 1,600,000
élèves actuellement dans le système. Alors, les
maîtres ont suivi. Dans l'ensemble, on ne s'en tire pas si mal.
Ce sur quoi il faut le plus insister, et cela aussi est une
préoccupation du ministère, on y travaille beaucoup, j'en ferai
peut-être une priorité dans le prochain discours de la
rentrée pour essayer de bien isoler le problème, c'est la
formation et le perfectionnement.
M. CHARRON: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 3, adopté.
Elément 4?
M. CHARRON: II est 12 h 30, M. le Président. C'est l'heure
habituelle. On peut reprendre...
M. CLOUTIER: Je suis à la disposition de la commission. Le
président avait parlé d'une heure, mais 12 h 30, cela n'a...
M. CHARRON: On peut reprendre après la période des
questions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
à cet après-midi après la période des questions,
vers 4 heures.
M. CLOUTIER: Espérons. (Suspension de la séance à
12 h 33)
Reprise de la séance à 16 h 48
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Les membres de la commission parlementaire, avant que ne commence la
séance, sont M. Bérard de Saint-Maurice, M. Charron de
Saint-Jacques, M. Déom de Laporte, M. Cloutier, M. Hardy de Terrebonne,
M. Lapointe de Laurentides-Labelle, M. L'Allier a été
remplacé par le député d'Anjou, M. Léger de
Lafontaine, M. Parent de Prévost, M. Phaneuf de Vaudreuil-Soulanges, M.
Saint-Germain, M. Samson de Rouyn-Noranda, M. Veilleux a été
remplacé ce matin par un autre député dont j'ignore le
nom.
La parole est au député de Maisonneuve.
M. BURNS: J'aurais besoin du consentement de la commission pour faire
substituer mon nom à celui de M. Charron.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres de la commission sont
d'accord?
M. CLOUTIER: D'accord.
Motion d'ajournement
M. BURNS: Maintenant que je suis membre de cette honorable commission,
M. le Président, je proposerais l'ajournement de la commission à
mardi prochain, 10 heures.
LE PRESIDENT (M. Pilote): En vertu de nos règlements, l'article
157 se lit comme suit: En commission élue, un député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux. Donc, la motion est
débattable.
M. BURNS: Les raisons pour lesquelles je fais cette motion... Il y a
peut-être une raison additionnelle à cette commission-ci. J'ai
été témoin de l'avis que vous avez reçu de la part
du président de l'Assemblée nationale voulant que le
député de Saint-Jacques pourrait siéger. Le
député de Saint-Jacques, d'autre part, se considère
expulsé de l'Assemblée nationale et donc, de ses prolongements,
la commission parlementaire. Evidemment, c'est une question d'opinion, je
respecte entièrement l'opinion du président de la Chambre. De
toute façon, si le député de Saint-Jacques avait
été présent, il ferait également cette motion que
je viens de faire pour la simple raison que nous n'avons pas du tout
l'intention de participer à cette tentative de "bulldozage" de la part
du gouvernement. Je le dis avec tout le respect que je peux avoir pour le
ministre de l'Education. Il n'est peut-être pas le responsable de cette
motion qui a été faite en Chambre, mais comme membre de ce
gouvernement, malheureusement, il est solidaire de son cabinet. A ce
moment-là, je ne
peux pas accepter, comme député de l'Opposition, qu'on
nous prive des droits, surtout des droits déjà minimes que les
députés de l'Opposition détiennent, entre autres, le fait
d'avoir le droit, à chaque jour que nous faisons des travaux dans
l'Assemblée nationale, de poser des questions au gouvernement.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je considère
que le ministre de l'Education qui, lui, au moins, est maître de cette
commission, à toutes fins pratiques... Je pense bien que, s'il donne son
consentement à ma motion, à ce moment-là, cela
réparera, du moins quant à lui, partiellement la situation dans
laquelle le gouvernement s'est mis. J'ajoute tout simplement à ceci que,
même si je remplace M. Charron et le ministre va sûrement
comprendre ces paroles de ma part il est bien évident que je n'ai
aucunement la compétence de traiter du ou des sujets que vous
débattez ici avec la qualité du débat auquel on est
habitué à cette commission-ci, avec la présence du
député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais, à ce moment-ci de la
séance, mentionner que, après consultation, le
député Charron était accepté comme membre de la
commission cet après-midi. Il faut interpréter le
règlement de cette façon: Au moment où un
député est expulsé de l'Assemblée nationale et en
même temps que l'Assemblée nationale siège et qu'une
commission siège, il n'a pas le droit de siéger à la
commission parlementaire. Mais vu que l'Assemblée nationale a
ajourné ses travaux à mardi, le député de
Saint-Jacques a la possibilité de siéger cet
après-midi.
M. BURNS: Est-ce que je peux simplement dire ceci, M. le
Président? Vous n'avez peut-être pas compris tantôt. J'ai
dit que, même si le député de Saint-Jacques était
ici, il se considère expulsé pour la journée de tous ses
prolongements. On n'est pas pour faire un débat sur cette
procédure. Je dis que, même si le député de
Saint-Jacques était ici, il ferait exactement la motion que je viens de
faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER: M. le Président, il est évident qu'on est en
présence d'une impasse.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre permettrait... Je pense qu'il est
d'usage, à l'occasion des commissions parlementaires, que les membres de
chaque parti... Le ministre exerce son droit de réplique.
M. CLOUTIER: Très certainement. Que le député de
Rouyn-Noranda tente de nous éclairer. J'en serais très
heureux.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je ne sais pas si je vais
réussir à éclairer le ministre. De toute façon, je
voudrais appuyer cette motion qui vient d'être faite par l'honorable
député de Maisonneuve. Pour nous et je voudrais bien que
le ministre nous comprenne ce n'est pas parce que le débat
à la commission de l'éducation ne s'est pas passé d'une
façon tout à fait sereine. Nous sommes tous d'accord
là-dessus. Le débat a été extrêmement
avantageux, mais, à ce moment-ci, c'est une question de principe pour
notre parti que de nous opposer à ce que le gouvernement a fait en
Chambre cet après-midi. On est obligé, en quelque sorte. C'est la
force des choses qui nous amène à cette décision. On
devient des "antibulldozers", parce qu'on s'est senti nettement
"bulldozés", en Chambre, par la motion qui a été faite par
l'honorable leader parlementaire adjoint du gouvernement. Ce n'est pas la
première fois que cela se produit.
Depuis le début de la précédente session
même, on a tenté par le nombre d'écraser l'Opposition
à chaque occasion qui a été donnée, et, M. le
Président, nous assistons depuis un certain temps... Au fait, c'est
très important, je le souligne, jusqu'à trois commissions
parlementaires siègent en même temps. Aujourd'hui, on nous a
annoncé, en présentant cette motion d'ajournement de la Chambre,
la tenue de trois commissions parlementaires pour ce soir, trois commissions
parlementaires pour demain, trois commissions parlementaires pour mardi matin.
M. le Président, depuis le tout début nous demandons, nous
réclamons que trois commissions parlementaires ne siègent pas en
même temps. C'est trop. Il nous faut considérer les
capacités physiques de l'Opposition qui n'est que de huit en nombre, et
de notre parti, nous ne sommes que deux. On a tout tenté, M. le
Président, on a fait appel à toutes les connaissances... Il y a
deux experts... Il n'y a personne encore qui a pu nous donner un conseil
valable nous permettant de couvrir trois commissions parlementaires seulement
à deux.
Je pense que vous allez comprendre, M. le Président, que nous
avons un problème majeur. Le gouvernement ne s'est jamais penché
sur ce problème. On croit que le gouvernement utilise, au contraire,
toutes ses capacités pour nous imposer trois commissions parlementaires
en même temps et tenter de nous écraser. Il y va pour nous d'une
question de principe. On nous empêche, par la motion qui a
été passée en Chambre tantôt, de siéger
demain matin et de poser des questions au gouvernement. La période des
questions à l'Assemblée nationale est la seule période
où on peut poser des questions sur tous les sujets, et il nous semble
à nous, en tout cas, que ces questions sont tellement importantes,
tellement gênantes pour le gouvernement qu'il n'a pas trouvé
d'autre moyen, pris de panique, que d'utiliser cette motion pour se sauver
d'une séance demain, et se sauver peut-être de questions que nous
aurions eu à lui poser qui auraient été trop
gênantes.
M. le Président, déjà, même avec cette
période de questions que nous manquons, il vous faut considérer
qu'aux autres périodes de questions, c'est déjà assez
difficile pour l'Opposition que de pouvoir poser des questions dans le calme.
Vous avez été vous-même, M. le Président,
témoin du fait qu'on se fait chahuter régulièrement. On
veut poser une question et on se bute à une espèce de mur de
ciment. Il y a évidemment le nombre. Nous le savons tous qu'il y a 102
députés libéraux; c'est-à-dire 101, M. le
Président, parce que la présidence ne participe pas,
évidemment, à ce chahutage. Mais il y en a 101 qui utilisent leur
nombre pour écraser l'Opposition.
Il nous faut considérer qu'il est absolument important, si on
veut qu'il y ait encore, au moins pour quelque temps, une espèce de
semblant de démocratie au Québec, d'utiliser ce moyen
extrême que nous avons, et ce n'est sûrement pas avec plaisir que
nous le faisons, M. le Président.
On aimerait pouvoir régler cela autrement. On n'aimerait pas '
être obligé d'utiliser ce moyen, mais, malheureusement, c'est le
seul que nous ayons à notre disposition. C'est le moyen de pression que
nous ayons pour que l'opinion publique sache ce qui se passe ici et sache que
nous faisons, nous de l'Opposition, des efforts pour que, malgré la
surreprésentation des 102 députés, comparativement au
pourcentage de vote reçu, c'est nettement une surreprésentation
et que, malgré cette surreprésentation et malgré les
discours qu'a faits le premier ministre, les voeux pieux qu'il a émis le
soir des élections en disant que le grand nombre n'empêcherait pas
qu'il y aurait des dispositions spéciales, qu'on permettrait à
l'Opposition de se manifester, la démocratie n'est pas respectée
et on abuse du nombre.
M. le Président, dans les faits, c'est exactement le contraire de
ce qu'a dit le premier ministre publiquement. Nous devons à ce moment-ci
utiliser tous les moyens que nous avons. Si l'Opposition fait front commun,
c'est parce que le gouvernement n'a pas donné d'autres moyens à
l'Opposition de se manifester. Le gouvernement nous a acculés au pied du
mur, on est obligé d'utiliser ces moyens. Quant à nous, nous
appuierons cette motion pour l'ajournement, comme mon collègue de
Beauce-Sud appuiera une autre motion d'ajournement à une autre
commission parlementaire à ce moment-ci, pour que cette manifestation
puisse être entendue du public et que le gouvernement comprenne bien
à ce moment-ci que s'il n'y a pas un autre moyen, si le gouvernement ne
revient pas sur ses positions, si le gouvernement continue à utiliser le
rouleau compresseur, il nous faudra malheureusement revenir peut-être
à ce même moyen et peut-être à d'autres moyens. On ne
se gênera pas pour faire front commun dans l'Opposition pour faire
comprendre au gouvernement que, même si nous ne sommes pas nombreux, nous
avons l'intention de dire ce que nous avons à dire, de faire ce que nous
avons à faire, pour que notre mandat soit respecté par ce
gouvernement.
M. le Président, je termine là-dessus. Malheureusement
et je le dis encore une fois j'ai trouvé cette
matinée très intéressante, cette commission parlementaire
serait sûrement très intéressante, mais je veux que le
ministre comprenne que c'est pour nous une question de principe. Si la motion
n'est pas adoptée, on sortira. On n'assistera pas plus longtemps
à ces travaux pas plus que demain matin d'ailleurs.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre de l'Education.
M. CLOUTIER: M. le Président, il est évident et je n'avais
pas besoin d'entendre le député de Maisonneuve et le
député de Rouyn-Noranda pour me convaincre que nous sommes en
présence d'une impasse. Pour ma part, je le déplore et je cherche
des solutions.
Il n'y en a peut-être pas tellement. Mais avant de proposer une
formule qui ne ralliera peut-être pas l'unanimité, mais qui nous
permettrait peut-être de minimiser la difficulté actuelle, je
voudrais tout de même souligner un certain nombre de facteurs qui
interviennent. Le premier de ces facteurs, c'est que s'il est vrai que le
député de Saint-Jacques a été expulsé, soit
dit en passant, je n'étais pas à l'Assemblée à ce
moment, j'étais sorti pour quelques instants, l'interprétation
qui a été donnée du règlement par le
président lui permet tout de même de siéger à cette
commission.
Je pense que ce fait change un peu la situation. Si, par hasard, le
député de Saint-Jacques n'avait pas eu le droit de siéger
à cette commission, pour ma part, je n'aurais probablement pas
hésité à accepter cet ajournement, parce que j'aurais
conclu qu'effectivement, il y avait là, de la part d'une Opposition qui
n'est pas très nombreuse, perte de son critique officiel. Mais le fait
que le député de Saint-Jacques, bien qu'expulsé, ait le
droit de siéger à cette commission, change très
certainement la perspective. Cela devient à ce moment un choix de sa
part et je ne suis pas sûr qu'il me soit possible d'accepter cet
ajournement comme je l'aurais fait.
Il y a également d'autres facteurs dont je me dois de tenir
compte. Il y a le facteur des fonctionnaires qui, depuis trois semaines, au
ministère, préparent ces crédits. Il y en a une
quarantaine actuellement qui sont mobilisés. Nous discutons d'un budget
de plus de $1.5 milliard. Je crois que ces fonctionnaires sont venus ici pour
une séance qui se trouve à siéger légalement et
qui, siégeant légalement, est confrontée avec une demande
d'ajournement parce que le député de Saint-Jacques a
décidé de ne pas siéger, alors qu'il en a le droit
légal. M. le Président, je crois qu'on ne peut pas prendre de
décision, à moins de tenir compte de cet aspect.
M. BURNS: Je m'excuse auprès du ministre de l'interrompre, mais
ce qu'il vient de dire n'est pas exact. Vous avez entendu le
député de Rouyn-Noranda dire que c'était une question de
principe. Je n'ai peut-être pas été assez clair. J'ai dit,
cependant, que si le député de Saint-Jacques avait
été ici pour faire la motion, il aurait fait exactement la
même motion, parce que, comme le dit le député de
Rouyn-Noranda, pour nous, c'est une question de principe.
M. CLOUTIER: Je n'en doute absolument pas. C'est d'ailleurs là
toute mon argumentation. J'ai parfaitement compris...
M. BURNS: On sait tout de suite comment le vote va arriver, alors...
M. CLOUTIER: J'ai dix minutes. Pardon, je ne vois pas pourquoi je
n'utiliserais pas mon droit de parole. Je n'ai d'ailleurs pas
terminé.
M. BURNS: Je ne veux pas vous empêcher d'utiliser votre droit de
parole.
M. CLOUTIER: Moi non plus. Et si vous n'avez pas épuisé
vos dix minutes, vous pouvez très bien continuer. Vous avez le droit de
revenir. Je serai très heureux d'ailleurs de vous entendre une fois que
j'aurai eu l'occasion d'exposer mon point de vue.
Je ne doute pas un instant que le député de Saint-Jacques
aurait présenté la même motion. J'en suis même
convaincu. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit là d'une stratégie
parfaitement légitime de la part d'un parti politique, mais je ne vois
pas en quoi ceci change mon argumentation.
Mon argumentation est la suivante: Voici une commission qui est
constituée légalement. Voici une commission qui siège
régulièrement, qui a son quorum et qui, par conséquent,
peut procéder. Parce qu'un député qui a le droit de
siéger, il a été expulsé d'accord, mais on lui a
aussi dit qu'expulsé, ceci ne l'empêchait pas de siéger
à une commission, nous serions obligés d'ajourner avec les
conséquences que ceci entraîne.
Quelles sont-elles ces conséquences? Je vous ai cité tout
à l'heure le fait qu'un grand nombre de fonctionnaires ont
été mobilisés dont, comme par hasard aujourd'hui, un bon
nombre de fonctionnaires qui sont venus de Montréal, puisqu'on doit
discuter d'un service montréalais, qui ont fait le voyage. Ceci signifie
des dépenses sur le plan des fonds publics, des coûts, et je me
dois également de considérer ça.
De plus, il y a un autre argument. Le député de
Saint-Jacques, au début de cette discussion des crédits qui s'est
déroulée de façon extrêmement valable, dans un
climat tout à fait serein, m'a demandé si j'accepterais de
suspendre la discussion de mes programmes pour que le ministre d'Etat à
l'Education qui est chargé du Haut-Commissariat puisse discuter les
siens jeu- di soir. Il m'a fait cette demande pour une raison qui m'a paru
légitime. Pourquoi? Parce que le critique officiel qui s'occupe plus
particulièrement du dossier du Haut-Commissariat, le
député de Lafontaine, étant pris à une autre
commission, il fallait pour ainsi dire essayer de situer la discussion du
Haut-Commissariat dans son horaire.
Ce n'est pas sans hésitation que j'ai accepté, parce que
ce fait créait des difficultés sur le plan administratif au
ministère. Je ne parle pas des difficultés personnelles en ce qui
concerne mon horaire, mais nous avions programmé une discussion sans
interruption et le Haut-Commissariat venait à la fin.
Et d'ailleurs, qui plus est, l'ordre de discussion a été
accepté par l'Opposition dès le début, avec un certain
nombre de groupes où venait le Haut-Commissariat. J'aurais eu mauvaise
grâce à refuser. Par conséquent, je n'ai pas refusé,
et j'ai permis au député de Saint-Jacques de ne pas poursuivre
continûment la discussion des principaux programmes de l'Education, de
manière que le jeudi soir serait libéré.
Il se trouve que si nous acceptions cette motion de siéger
seulement mardi, nous remettrions en cause cette entente.
Alors, je me demande si nous ne pourrions pas en arriver à une
formule qui pourrait peut-être donner satisfaction. Je sais bien qu'il
n'est pas facile de ménager en même temps les principes et
l'application des principes. Mais, si par hasard nous pouvions, M. le
Président et c'est une directive que je vous demande en
même temps considérer, étant donné qu'il est
déjà 5 h 5 et que chaque parti s'est exprimé sur cette
motion, qu'il est 6 heures et que, par conséquent, la commission a
terminé ses travaux pour aujourd'hui et ajourne non pas à mardi,
comme le demande la motion du député de Maisonneuve, mais
ajourner à ce soir 8 h 15, de manière que ce programme
réclamé par le député de Saint-Jacques puisse
être suivi. Ceci nous permettrait, je pense, de répondre aux
désirs de l'Opposition et, en même temps, ne nous priverait
peut-être pas de la présence du député de
Saint-Jacques, ce que tous les membres de cette commission souhaitent sans
aucun doute, lorsque nous reprendrions les autres programmes de l'Education.
Mais, à ce moment-là, il me paraîtrait logique et naturel
que nous reprenions la discussion de l'Education vendredi matin. Je vous
remercie, M. le Président. J'en fais une motion.
M. BURNS: M. le Président, le ministre, intelligent comme il est,
je ne peux pas dire qu'il n'a pas compris le sens de ma motion; je dis alors
qu'il ne veut pas comprendre le sens de notre motion.
La motion que nous avons présentée et le
député de Rouyn-Noranda l'a très bien expliquée
également nous l'avons présentée tout simplement
pour vous dire à vous, M. le ministre, comme je l'ai mentionné au
début de
mon intervention à l'appui de ma motion, que peut-être vous
n'êtes pas responsable de la stratégie gouvernementale qui a fait
qu'à un moment donné une motion d'ajournement de la Chambre nous
a privés d'une période de questions à laquelle nous
considérons que les membres de l'Opposition ont un droit strict. Vous
n'avez peut-être pas participé à cette stratégie;
donc nous vous avons offert à vous, nous vous avons tendu une perche,
nous vous avons permis de vous en sortir.
Car vous, M. le ministre, à votre commission, dans le fond, comme
tout le monde le sait, êtes celui qui, à toutes fins pratiques,
menez les travaux. On sait fort bien que si vous décidez de voter en
faveur de notre motion, il y a de fortes chances, en tout cas il y a une bonne
présomption, que les autres membres de votre parti vont voter dans le
même sens que vous, du moins c'est l'expérience passée qui
nous le dit. Donc, nous vous avons tendu une perche pour ne pas vous rendre
responsable, vous, de cette stratégie gouvernementale que nous ne
pouvons aucunement accepter.
Si vous décidez de ne pas saisir cette perche, M. le ministre,
ça veut dire que vous devrez, sachant que notre motion sera
défaite, accepter ce que le député de Rouyn-Noranda a dit
tantôt, soit siéger sans que les membres de l'Opposition soient
présents pour critiquer votre budget. Que ce soit bien clair que c'est
le sens de la motion que j'ai proposée. Toute autre formule...
puisqu'une autre formule ne corrigera rien, si le député de
Lafontaine pouvait être ici ce soir, il ferait la même chose que le
député de Saint-Jacques; si ce dernier avait été
ici, il ferait la même chose que moi. Je pense que le ministre doit
comprendre et ne pas refuser de comprendre le sens de notre motion.
Si la motion est rejetée, le député de
Rouyn-Noranda vous l'a dit, je vous le répète, les membres de
l'Opposition partiront pour revenir mardi matin, jour auquel il y aura une
période de questions, c'est-à-dire jour auquel un des droits
stricts des membres de l'Opposition sera respecté, c'est-à-dire
celui d'interroger sur des questions d'actualité, le gouvernement. Je
pense que cette position est claire. Je comprends que le ministre tente de
sortir de ce bourbier dans lequel on l'a probablement, malgré lui,
installé; mais comme membre du gouvernement, il est solidaire de ces
stratégies, que j'ai qualifiées tantôt d'absolument
indécentes.
En tout cas, je ne veux pas reprendre tout le débat qu'on a tenu
en Chambre. Je vous dis tout simplement le sens de notre motion, je vous dis
que si cette motion n'est pas adoptée, le député de
Rouyn-Noranda a été bien clair là-dessus lui aussi, les
membres de l'Opposition présents ici ne seront pas à
l'étude des crédits du ministère de l'Education avant
mardi matin prochain.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous allons procéder au vote.
M. CLOUTIER: Avant, est-ce que je pourrais avoir une réplique,
étant donné que le député de Maisonneuve a
bénéficié de quelques minutes, je crois que le
député de Rouyn-Noranda aimerait également ajouter
quelques mots.
M. SAMSON: Etant donné que notre temps n'est pas
écoulé, ni le mien, ni celui du député de
Maisonneuve, ni d'ailleurs celui du ministre, ce que je voulais faire,
c'était de souligner à nouveau que dans l'argumentation que j'ai
présentée, il n'a pas été question de l'expulsion
de la Chambre du député de Saint-Jacques. Je n'ai pas
commenté cette expulsion, je n'ai pas l'intention de la commenter non
plus. L'argumentation que nous avons présentée et la raison de
notre appui à cette motion, c'est parce que le gouvernement nous a
privés d'un droit que nous avons normalement, c'est-à-dire celui
d'assister demain matin à une période de questions à
l'Assemblée nationale.
C'est le pourquoi du geste que nous avons à poser maintenant. Ce
sont les armes qui sont à notre disposition. Je veux, encore une fois,
souligner au ministre que nous n'avons rien contre le ministre. Nous savons
qu'à cette commission-ci, particulièrement, les débats se
sont déroulés de façon des plus intéressantes, mais
c'est parce que nous avons un principe à défendre.
Je comprends cependant le ministre, M. le Président, de tenter de
nous offrir un compromis. Si j'étais à sa place, peut-être
que j'utiliserais la même méthode, mais le compromis offert par le
ministre je voudrais le souligner au ministre, puisqu'il l'a
mentionné lui-même tantôt et qu'il n'était pas
présent à une certaine partie de la période de questions
ou après la période des questions c'est justement le genre
de choses que nous avons offert, nous de l'Opposition, au gouvernement
lorsqu'il a présenté sa motion d'ajournement de la Chambre
à mardi prochain. Nous lui avons proposé un compromis qui
était celui de retirer sa motion. Il semble que nous n'ayons pas
été entendus. Il semble que le gouvernement n'ait pas compris. Il
semble que le gouvernement ait voulu, malgré tout, aller jusqu'au bout
de sa motion et effectivement il est allé jusqu'au bout de sa
motion.
Malheureusement, je me vois dans l'impossibilité d'accepter le
compromis du ministre, parce que si on veut que les travaux fonctionnent bien
à l'Assemblée nationale, il faut, je pense, qu'il y ait un
certain "fair play" de la part de tous les partis politiques. On nous demande
maintenant d'accepter un compromis qu'on vient, il y a à peine une
demi-heure, de nous refuser, compromis qui était des plus valables. Tout
ce qu'on avait à faire, c'était de retirer cette motion et il y
aurait eu une période de questions d'une demi-heure demain matin. Cela
n'aurait pas privé la commission parlementaire de plus d'une demi-heure
de temps et tout le monde aurait été satisfait. Mais voilà
qu'on nous a privés de cela et, en plus de cela, on nous
envoie trois commissions parlementaires. Nous, c'est un autre principe
qu'on veut continuer à défendre.
Il va falloir que ce gouvernement considère qu'on est seulement
deux et qu'on représente du monde. Donc, on nous prive d'assister aux
commissions parlementaires, parce qu'on en fait siéger trois en
même temps et, en plus de cela, on vient nous priver de notre droit de
poser des questions à l'Assemblée nationale et on y tient.
Malheureusement, je ne veux pas être désagréable envers le
ministre, surtout à cette commission-ci où tout semble
très bien aller, où tout semble intéressant, où
tout le monde semble bien se comprendre, mais nous sommes obligés
d'utiliser ce moyen. C'est le seul qu'on ait à notre disposition
présentement. Malheureusement, on n'acceptera pas le compromis que le
ministre a suggéré. On va voter en faveur de la motion du
député de Maisonneuve.
M. CLOUTIER: M. le Président, je crois que j'ai à mon tour
droit à quelques explications supplémentaires. Je veux comprendre
les difficultés de l'Opposition, mais je ne crois pas que les moyens que
l'Opposition choisit, pour les dramatiser ou les mettre en évidence,
soient valables. Que s'est-il passé en réalité? Il y a eu
un vote qui s'est fait d'après les règlements et qui est un vote
parfaitement démocratique. On peut ne pas en aimer le résultat,
mais je ne vois pas comment on pourrait aller à l'encontre de ce vote
sans remettre en question toutes nos institutions. Quel a été ce
vote? Il a été d'ajourner l'Assemblée nationale à
mardi de manière à permettre aux commissions de travailler. Il
est bien évident que les commissions doivent siéger. Bien
sûr, la motion qui a suscité ce vote aurait pu être
différente.
Bien sûr, le vote, si les majorités n'avaient pas
été ce qu'elles sont, aurait pu être différent. Mais
il reste que nous sommes en présence d'un vote de l'Assemblée
nationale. Alors, je ne vois pas, pour ma part, comment je pourrais aller
à l'encontre même de ce vote, quelle que soit, d'ailleurs,
l'argumentation dans laquelle très habilement essaie de m'enfermer
et avec gentillesse, je me plais à le souligner le
député de Maisonneuve en essayant de me dissocier de ce qu'il
appelle la stratégie gouvernementale. Peu importe cette stratégie
gouvernementale, ce qui compte pour moi, c'est qu'il y a eu un vote et que ce
vote est clair et précis.
Il est vrai que les commissions sont souveraines. Ce n'est pas
nécessairement le ministre qui discute ses crédits qui l'est,
mais la commission l'est. Il est vrai que nous pouvons prendre une certaine
décision. C'est la raison pour laquelle j'ai soulevé la
possibilité d'un compromis.
Le député de Maisonneuve me disait, tout à l'heure,
qu'il me tendait une perche. Je pense que le compromis que je proposais est
également une perche, et une perche, je crois, tout à fait
valable. Quelle est-elle, encore une fois? Etant donné les engagements
antérieurs du député de Saint-Jacques concernant
l'utilisation de la soirée du jeudi, étant donné que le
député de Lafontaine m'a dit, d'ailleurs, et sans doute
n'avait-il pas, à ce moment-là, rencontré le leader
parlementaire du PQ, qu'il était tout à fait d'accord pour
siéger ce soir et qu'il espérait que cela ne changeait rien, je
suis bien obligé, moi, de proposer un compromis qui lui permettrait de
ne pas entrer dans la substance de la discussion, puisque nous pourrions
considérer qu'à 5 h 15, il est 6 h, et, par conséquent, la
séance serait terminée, et d'avoir la séance de ce soir
sur laquelle tout le monde était d'accord.
Alors, je crois, M. le Président, que, dans les circonstances, je
ne pourrai pas appuyer la motion du député de Maisonneuve. C'est
avec regret, et si je ne l'appuie pas, c'est uniquement à cause de sa
signification. Ce n'est pas parce que je ne crois pas qu'une opposition peu
nombreuse n'ait pas de difficultés. J'en suis profondément
convaincu, et c'est la raison pour laquelle, pour ma part, je me suis rendu
disponible, et même que j'ai accepté la demande spéciale du
député de Saint-Jacques de modifier l'ordre de nos
discussions.
M. le Président, je voudrais signaler également que nous
sommes fort avancés dans cette discussion des crédits. Il reste
à peu près 1 p.c. du budget à discuter. Nous avons un
budget global de $1,750,000,000, et nous avons à peu près
$17,000,000 à discuter. Ceci nous donne, quand même, une
idée de l'avancement de nos travaux, et je ne vois pas en quoi nous
brimerions les droits de qui que ce soit si nous continuions, étant
donné le fait que le député de Saint-Jacques peut
siéger, s'il le désire, et peut siéger
légalement.
Je me résume, M. le Président, et je crois que c'est
important, parce que je veux être bien compris par l'opinion
publique.
J'ai fait une proposition-compromis et j'ai fondé cette
proposition-compromis sur un certain nombre de facteurs. Le premier, c'est
qu'il y a eu un vote régulier et démocratique à
l'Assemblée nationale, vote en faveur d'un ajournement à mardi,
et à un travail des commissions dans l'intervalle. Le deuxième:
le fait que cette commission est régulièrement constituée
et cette commission est fort avancée dans ses travaux. Le
troisième: le fait que nous avons mobilisé des ressources
considérables pour pouvoir être présents aujourd'hui. Le
quatrième et le plus important, c'est que le député de
Saint-Jacques peut parfaitement siéger, s'il le désire. S'il en
était autrement, je ne vous cache pas que je me poserais très
sérieusement le problème. Je ne dis pas que j'aurais voté
d'emblée pour la motion du député de Maisonneuve, mais
j'aurais eu très certainement des hésitations.
Dans le cas particulier, compte tenu de tous ces facteurs, compte tenu
même de cette porte de sortie que j'offre au député de
Maisonneuve et qui est dans l'intérêt de tous, je ne vois pas
comment je pourrais voter pour cette motion.
M. BURNS: M. le Président, je demande le vote sur ma motion.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Nous allons procéder au vote du
député de Maisonneuve.
M. BURNS: Pas au vote du député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A la proposition, à la motion du
député de Maisonneuve qui se lit comme suit: La commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications ajourne ses
travaux à mardi, dix heures. C'est bien cela?
M. BURNS: C'est bien cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cloutier, député de L'Acadie.
Il faut nommer ceux qui sont en faveur de cette motion.
Le député de L'Acadie?
M. CLOUTIER: Je ne suis pas en faveur. LE PRESIDENT (M. Pilote): M.
Bérard? M. BERARD: Contre.
M. BURNS: J'ai dit: II est bien tranquille, mais il doit écouter
bien comme il faut.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Phaneuf? M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Saint-Germain?
M. SAINT-GERMAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tardif?
M. TARDIF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Samson?
M. SAMSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion est rejetée par...
M. MARCHAND: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
vote?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Non.
M. MARCHAND: Le changement a été fait. Est-ce que le
député de Maisonneuve est d'accord?
M. BURNS: Oui, sûrement.
M. MARCHAND: J'aurais voté contre, d'autant plus que le
député de Saint-Jacques est dans la salle pour les
délibérations.
M. TREMBLAY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui, M. Tremblay a été
remplacé.
M. TREMBLAY: ... est-ce que je n'ai pas le droit de vote?
LE PRESIDENT (M. Pilote): M.Tremblay?
M.TREMBLAY: ... je vous en prie. Je suis contre.
M. BURNS: Vous n'avez pas besoin d'ajouter d'autres votes, cela a l'air
qu'elle va être battue.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion est rejetée par sept contre
deux. Nous allons procéder maintenant à la motion du ministre de
l'Education voulant que la séance suspende ses travaux à ce soir,
8 heures 15.
L'honorable ministre de l'Education.
M. CLOUTIER: Je suis en faveur de cette motion de suspendre nos travaux
jusqu'à 8 h 15 ce soir.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres de la commission sont
pour que l'on suspende nos travaux jusqu'à 8 h 15 ce soir? D'accord.
La commission suspend ses travaux à ce soir, 8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
Reprise de la séance à 20 h 21
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Parmi les membres de la commission, le député Lachance, de
Mille-Iles, remplace le député Bérard, de Saint-Maurice;
le député de Fabre, M. Houde, remplace M. Déom, de
Laporte; le député d'Anjou, M. Tardif, remplace M. Cloutier, de
L'Acadie; M. Tetley, de Notre-Dame-de-Grâce, remplace M. Hardy, de
Terrebonne; M. Harvey, de Dubuc, remplace M. L'Allier, de Deux-Montagnes; M.
Houde, de Limoilou, remplace M. Parent, de Prévost; M. Lucien Caron, de
Verdun, remplace M. Veilleux, de Saint-Jean.
Comme il était entendu lors de la dernière réunion,
ce soir, nous allons procéder à l'étude des crédits
du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. C'est le
groupe 12, les programmes 15 et 16, aux pages 10-43 et 10-45.
M. CARON: M. le Président, est-ce qu'on doit souligner l'absence
du Parti québécois et des deux membres du Parti
créditiste? Je ne sais pas si c'est dans l'ordre?
Promotion du sport
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je cède la parole au ministre
responsable du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports.
Remarques générales
M. PHANEUF: M. le Président, je vous remercie. Je ne sais pas,
moi non plus, si c'est dans l'ordre ou non, mais je sais une chose, c'est que
je déplore l'absence de mes collègues de l'Opposition à
l'Assemblée nationale. En Chambre, cet après-midi, la Chambre a
pris des décisions. Les décisions doivent se poursuivre et je
n'ai pas à me porter juge de l'attitude de certaines personnes. Je n'ai
qu'à procéder aux travaux que j'ai à faire, compte tenu
que j'ai été élu pour cela.
M. le Président, je vous remercie d'avoir ouvert cette
séance et j'ai l'impression qu'il est temps qu'on se permette, encore
une fois, une chose que l'on fait annuellement, ce tour d'horizon de la
situation du loisir au Québec, avec tout ce que cela peut comporter de
programmes nouveaux, de défis nouveaux, de consolidation de choses qui
existaient.
L'an passé, lorsque nous avons fait l'étude des
crédits du Haut-Commissariat, nous nous étions permis une longue
période de questions, un long tour d'horizon, ce qui nous avait
amenés, à la toute fin, à l'acceptation de nos
crédits en procédant par programmes et par éléments
de façon très rapide.
Compte tenu que le Parti libéral, contrairement à l'an
passé, est représenté par 102 députés, je
pense qu'il y a ici assez de députés, nous avons quorum, pour que
nous puissions nous permettre ce tour d'horizon qui, sûrement, va
renseigner une bonne partie de la population du Québec qui est bien
représentée ici, ce soir.
L'an passé, j'ai fait un exposé assez long sur ce que le
Haut-Commissariat était en train de devenir, sur sa consolidation, et je
pense qu'il va devenir extrêmement intéressant, cette
année, de vérifier si cette consolidation annoncée, si
cette évolution des programmes, si l'évolution des budgets, tel
que nous l'avions promis l'an passé, s'est
matérialisée.
Je ne me permettrai pas à ce stade-ci de faire la synthèse
de toutes les actions qui ont été prises. Je laisserai
plutôt à mes collègues le soin de poser des questions sur
l'ensemble des programmes et sur l'ensemble des éléments, si la
commission veut bien procéder de cette façon, ce qui nous
permettra, à tous et à chacun, de faire un excellent tour
d'horizon de la situation actuelle des loisirs au Québec.
Et sur ce, j'inviterai donc les députés présents et
les membres de cette commission à poser des questions sur ce que nous
avons fait pour la promotion du sport et pour le développement des
loisirs, qui sont les deux programmes du Haut-Commissariat actuellement.
L'examen des crédits qui sont alloués aux programmes de
promotion du sport et de développement des loisirs va nous permettre de
constater et surtout de mieux évaluer les efforts soutenus et toujours
croissants que déploie le gouvernement du Québec pour hausser la
qualité des loisirs et des sports.
L'objectif primordial visé par les responsables de ces deux
programmes d'action est de favoriser essentiellement l'accessibilité de
tous les Québécois aux activités de loisirs.
Incontestablement, le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports se rapproche de plus en plus de ce but en fournissant une assistance
financière accrue aux réalisateurs, c'est-à-dire aux
organismes privés et publics agissant au coeur de la
société québécoise pour la rendre toujours plus
mouvante.
Sur un budget total de $17,774,300, qui sera affecté à la
gestion des deux programmes mentionnés, soit, je le
répète, la promotion du sport et le développement des
loisirs, 93.8 p.c. de ces crédits seront répartis sous forme de
subventions aux organismes privés et publics.
Ainsi, seulement 6.2 p.c. des crédits octroyés au
Haut-Commissariat seront consacrés à son administration. Certains
peuvent, bien sûr, s'interroger sur l'opportunité d'une
intervention aussi accentuée de l'Etat dans ce secteur de
l'activité humaine. Pourtant, c'est de moins en moins surprenant.
Une telle action expansive du gouvernement
s'explique par la difficulté qu'éprouvent les organismes
d'animation à s'autofinancer, ce qui n'est pas un signe d'impuissance,
bien au contraire.
Je tiens en effet à souligner l'esprit d'initiative et le
dynamisme de ces organismes au sein desquels oeuvrent des milliers de
Québécois, sans être rémunérés, sous
l'impulsion du plus authentique bénévolat. Il est
intéressant de noter que les crédits nets de $17,774,300
constituent une augmentation de 27.4 p.c. en regard du total des crédits
alloués au Haut-Commissariat pour l'année dernière.
Afin d'avoir une vision proportionnelle des crédits
affectés à la promotion des sports et des loisirs dans le budget
global de la province, précisons qu'ils passent de 0.25 p.c. en 1973/74
à 0.29 p.c. en 1974/75. Ces chiffres, bien qu'exacts, devront toutefois
être corrigés. A la suite d'une erreur technique, qui ne peut
être imputée au Haut-Commissariat, une insuffisance de
crédits est enregistrée, ce qui nécessitera la
présentation d'un budget supplémentaire cette année.
M. le Président, à partir de ce bref exposé,
j'aimerais profiter de l'occasion pour ouvrir, à ce moment-ci, la
période des questions des membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai écouté avec
plaisir et j'ai même lu les remarques du ministre d'Etat responsable du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports et je
voudrais surtout le féliciter du travail de l'an dernier et parler un
peu des subventions que vous allez allouer cette année à chaque
comté. Je voudrais tout d'abord vous demander, M. le ministre, si vous
avez annoncé à tous les députés, parce que je fais
partie du conseil des ministres, les sommes que vous allez allouer à
chacun des 110 comtés. Ce n'est pas un secret.
M. PHANEUF: Non. Les 110 députés qui ont été
élus aux dernières élections ont reçu cette semaine
les informations pertinentes au budget, que l'on appelle communément le
budget hors normes, compte tenu des modifications à la carte
électorale, ce qui veut dire qu'actuellement chaque comté
représente à peu près le même nombre de personnes ou
à peu près, plus ou moins 25 p.c, selon les exigences qu'on avait
mises de l'avant lorsqu'on a fait ces études.
On a décidé à partir de ce changement, de
normaliser les subventions et d'octroyer à chacun des comtés de
la province de Québec une somme de $14,000 au niveau du hors normes
selon les disparités régionales, selon les disparités de
comtés, selon les recommandations de chacun des représentants de
chacun des comtés de la province de Québec. Je dis bien que
ça ne peut pas répondre à tous les besoins, mais c'est
sûrement une nette amélioration sur ce qui existait auparavant.
Donc, c'est un standard, les 110 comtés sont exactement sur un
même pied et cette somme va permettre, je pense, dans un premier temps,
de répondre à certains besoins de certains comtés, en
tenant compte des disparités et des différences selon les besoins
de chacun des comtés.
M. TETLEY: Si je comprends bien, chaque comté recevra
$14,000...
M. PHANEUF: Exact.
M. TETLEY: ... pour les loisirs, les sports et la jeunesse. Je voudrais
noter qu'il y a cinq ans, de 1966 à 1970, le comté de
Notre-Dame-de-Grâce, que je représente, recevait $4,000 tout
simplement. Evidemment, les choses ont changé; je ne félicite pas
le gouvernement d'avoir augmenté les sommes dépensées
parce qu'évidemment, c'est l'argent du peuple. Mais dans le temps,
l'argent n'était pas donné directement au député,
qui était M. Kierans, mais il était donné par le
gouvernement de l'Union nationale directement au candidat battu qui le donnait
à une seule institution, et les parcs qui recevaient $500 chacun,
pendant quatre ans, n'ont rien reçu. Il n'y avait qu'une institution, je
ne donnerai pas le nom, mais elle plaisait au candidat battu.
Depuis l'élection du gouvernement actuel, nous avons
changé de système et, aujourd'hui, même les
députés d'Opposition reçoivent le même montant pour
leur comté et ils en font la distribution. Je vous félicite de ce
que vous avez fait.
Mais je voudrais faire une suggestion, une critique. Dans certains
comtés, encore, le député distribue l'argent, $14,000
l'an dernier, c'était $10,000 dans certains comtés $10,000
dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce comme un grand
seigneur, celui qui décide. Je voudrais suggérer un
système que nous avons trouvé très acceptable et
très avantageux dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce.
J'ai convoqué toutes les associations de sports et de loisirs
à une grande réunion qui a duré trois jours et j'ai
demandé à ces associations comment diviser les sommes en
question. En effet, c'était non pas $10,000, mais $8,000. Vous m'avez
donné une augmentation, parce que j'avais encore les problèmes de
deux municipalités ajoutées par la commission de révision
des districts électoraux. J'avais Montréal-Ouest et l'île
Saint-Pierre.
Mais, après trois jours, ces gens ont décidé
eux-mêmes de la distribution des sommes et je crois, sans trop critiquer
mes collègues et confrères, que cela devrait même
être obligatoire, à l'avenir, dans tous les comtés du
Québec. C'est la question que je vous pose: Quelle est votre opinion?
Mais avant de vous laisser parler, vous me permettrez, mon cher
collé-
gue... Ce soir, je sais que je ne peux pas mentionner qu'ici, en
Chambre, il y a des citoyens du beau comté de Notre-Dame-de-Grâce.
On m'a défendu de le dire, je ne veux pas le dire. Je ne vais même
pas mentionner qu'elles sont de Villa-Maria, école dans le comté,
mais j'avais expliqué à ces jeunes filles que c'était
l'étude des crédits du ministère de l'Education et je
voudrais expliquer que c'est encore l'étude des crédits du
ministère de l'Education. C'est le ministre Paul Phaneuf, en charge du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, qui
défend ses crédits. Nous avons le droit de poser toute question
au ministre. Donc, je vous pose cette question: Est-ce que vous croyez que cela
devrait être obligatoire à l'avenir?
M. PHANEUF: Ce qui est intéressant, c'est que, à partir du
moment où on a uniformisé ces budgets de comté, je pense
qu'il est devenu extrêmement important pour tous les
députés de faire cette consultation, qui se fait de plus en plus,
dans certains secteurs, en collaboration avec ce qu'on appelle les conseils
régionaux de loisirs. La région de Montréal est une
région bien différente. Je vous ai parlé tantôt des
disparités au niveau des régions. Dans un secteur comme le mien,
où le Conseil régional de loisirs regroupe quatre comtés,
ce qu'on appelle le sud-ouest du Québec, la région 6-3, cela
regroupe beaucoup de petites municipalités. Juste dans mon comté,
il y en a 33. Donc, une consultation et un travail de consultation doivent se
faire par les députés.
Mais, quand on tombe dans les zones de Montréal, le
problème est totalement différent, parce qu'on parle purement et
simplement de paroisses, et bien souvent dans les grands centres urbains, le
voisin ne connaît même pas son autre voisin, ce qui fait que
l'organisation des loisirs est structurée d'une façon
différente et les besoins sont différents.
La consultation doit être faite parce que, même si on laisse
aux députés le soin de faire ces recommandations, c'est sûr
qu'on ne peut pas investir ces sommes n'importe comment. Il faut, au
départ, que ce soit un organisme de loisirs identifié,
incorporé, pour qu'on puisse, au moins... On a parlé
d'incorporation sur le plan juridique. On a parlé aussi de
sociétés. L'organisme qui va recevoir le montant, ce n'est pas un
individu comme tel. C'est sûr qu'un député ne va pas
recommander un paiement de $1,000 à un individu qui... C'est sûr
qu'à ce moment, ce serait impensable. C'est une chose qui ne se fait
pas, de toute façon.
Les consultations sont souhaitées et souhaitables, et plus que
cela, je pense qu'elles vont devenir nécessaires. Il faut aussi dire
que, comme vous avez fait des comparaisons sur ce qui existait
antérieurement, ces budgets étaient un peu des budgets
cachés. C'étaient des budgets qui n'étaient pas
normalisés comme tels, même si on les identifie encore comme
étant hors normes. Ce sont des budgets qui sont rendus publics et connus
de la population du Québec. Autrefois, le député
était à la merci du ministre, si on peut s'exprimer ainsi.
C'était à partir d'une espèce de pèlerinage qu'on
faisait régulièrement à Québec pour obtenir des
sommes d'argent qu'on pouvait obtenir $1,000 ou $2,000 ou $5,000.
Nous avons décidé de démocratiser ce budget et de
le donner de façon systématique à tous les
députés, sans exception. Même si on est 102 sur 110
aujourd'hui, cette opération a démarré en 1970 à
l'époque où, dans l'Opposition, il y avait quand même pas
mal plus de représentants. Chaque membre du Parti créditis-te du
temps, du Parti québécois, de l'Union nationale recevait, lui
aussi, indépendamment des couleurs politiques, un montant à
être dépensé sur sa recommandation dans chacun des
comtés.
Cela explique, un peu, l'évolution de ce budget de cette
opération. Par contre, vous m'avez parlé aussi de
l'identité de ce budget à la Jeunesse, aux Sports et aux Loisirs.
Je me permets, ici, de signaler aussi un domaine bien important.
Peut-être que le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports devrait faire sauter le mot "Jeunesse". Je n'ai rien contre la
jeunesse. Bien au contraire! Quant à moi, les loisirs s'étendent
à toute la population. Les loisirs, c'est aussi pour les clubs de l'Age
d'or, comme on finance la Fédération des clubs de l'Age d'or, qui
regroupe toutes les associations au Québec. Dans chacun des
comtés de la province, il y a des associations avec des besoins
différents, compte tenu des richesses, compte tenu des disparités
qui existent dans chacune des régions. C'est au député de
faire cette évaluation et d'accorder des sommes nécessaires pour
répondre, dans un premier temps, à ce besoin de loisirs que ces
gens ont.
Voici une orientation qu'on peut donner et voici de quelle façon
on peut se servir de ce budget hors normes et donner une partie de ce budget
à des clubs de l'Age d'or dans son comté. On pourrait donner
passablement d'exemples sur la façon de dépenser cet argent. Mais
comme je l'ai dit, j'aime mieux laisser à l'imagination et à
l'évaluation surtout du député des besoins de son
comté, parce que c'est quand même lui qui aura à
répondre à la population de ce qu'il a fait avec les fonds
publics.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Pour faire plaisir un peu à notre
collègue, le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives et député de Notre-Dame-de-Grâce, qui a
son "fan club" ce soir...
M. PILOTE: On peut dire que son comté est moins beau ce soir
parce que les belles femmes sont rendues ici.
Mission 76
M. HOUDE (Fabre): Je voudrais profiter de la présence d'un groupe
si nombreux de jolies filles de Notre-Dame-de-Grâce pour rappeler qu'il y
a â peine quelques années, il y avait chez vous, et en particulier
au Manoir Notre-Dame-de-Grâce, une jeune fille fort jolie, fort
compétente dans un sport qui s'appelle le tennis. Je pense que vous
allez accepter de dire avec moi que c'est vrai qu'Andrée Martin -
pour ne pas la nommer, une jeune fille de Notre-Dame-de-Grâce elle
aurait peut-être pu à l'époque devenir dix fois ce qu'elle
est devenue aujourd'hui au point de vue de la compétence sur le plan
international dans une activité comme le tennis. A l'époque,
dis-je, elle était à peu près seule pour
s'entraîner, sans aide de qui que ce soit. Je me souviens à
ce moment, j'étais animateur à la télévision
avoir fait un film au sujet d'Andrée Martin, qui s'entraînait
toute seule; elle n'avait même pas un court de tennis, elle était
obligée d'emprunter le manoir pour frapper ses balles contre le mur.
Ceci étant dit, elle est devenue quand même une grande
championne canadienne, une jeune fille qui nous fait honneur et qui participe
actuellement à des compétitions internationales.
Je veux en venir à ceci. Aujourd'hui, à cause du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports,
malgré tout ce qu'on a pu dire, malgré tout ce qu'on a pu
écrire au sujet de cet organisme, il y a une activité qui a
été créée récemment par le Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports et j'en rends hommage en
particulier au ministre qui s'appelle Mission 76. Je voudrais que le
ministre nous en parle, car je pense que c'est d'intérêt public.
Nous sommes à l'approche par exemple des Jeux olympiques, il reste
à peine quelques centaines de journées pour cet
événement international qui aura lieu à Montréal en
1976, pour la première fois et probablement une des dernières
fois de notre vivant, nous, en tout cas, les vingt ans et plus, et je voudrais
que le ministre nous parle un peu de cette Mission 76. Je voudrais que le
ministre nous fasse le parallèle entre ce qui se passait il y a à
peine quelques années, là où c'était à peu
près impossible à une élite sportive de recevoir quelque
aide que ce soit ou si peu.
Et l'aide que le Haut-Commissariat apporte aujourd'hui et cela depuis
bientôt, je pense, un an, je sais qu'au budget, c'est autour de $1
million. Je ne suis pas très familier avec les derniers chiffres, mais
je crois qu'actuellement, nous avons compris au Québec,
particulièrement chez les francophones, qu'il y avait une distinction
fort importante entre le sport de masse et le sport d'élite.
Nous avons compris, je pense, que nous devions indépendamment du
phénomène des Jeux olympiques, faire une distinction entre ceux
et celles qui veulent s'adonner à une activité sportive et
atteindre des sommets les plus hauts. Nous avons compris que même si le
gouvernement, par le Haut-Commissariat, consacrait des sommes d'argent assez
importantes à une élite sportive, cela ne voulait absolument pas
dire, et au contraire, que le Haut-Commissariat négligeait la masse.
Personnellement, j'ai été un petit peu, je pense, à
l'origine de cette Mission 76. Je suis très content de voir
qu'actuellement des montants d'argent fort appréciables permettent
à d'autres Andrée Martin, à d'autres jeunes du
Québec, quelles que soient la religion, la nationalité ou la
couleur de la peau, permettent, dis-je, à ces jeunes, travailleurs ou
étudiants, de pouvoir consacrer plusieurs heures par semaine à
l'entraînement, de pouvoir profiter de stages très
spécialisés, soit au Québec, soit au Canada, soit à
l'extérieur du pays, afin que nous puissions, si nous somme le
moindrement chanceux, si nous poursuivons dans cette veine, peut-être pas
pour 1976, obtenir le tiers de la délégation de l'équipe
nationale du Canada composée de Québécois, mais
sûrement beaucoup plus de chances pour les jeux de 1980.
Je m'arrête ici. J'aurai, par la suite, si vous me permettez, une
ou deux questions supplémentaires à poser au ministre. Si le
ministre voulait profiter de ce tremplin, j'aimerais qu'il nous donne
peut-être en résumé le nombre d'athlètes ou de
jeunes gens, jeunes filles qui profitent présentement de cette
opération très louable qui s'appelle Mission 76.
M. PHANEUF: Je remercie le député de Fabre de sa question.
Surtout, j'aimerais profiter de l'occasion, parce que tantôt, il a
parlé d'Andrée Martin qui est bien connue, je pense, de tous les
Québécois, compte tenu des exploits qu'elle a accomplis dans le
domaine du tennis. Il est important aussi de constater que ce manoir
Notre-Dame-de-Grâce, qui est dans le beau comté du
député de Notre-Dame-de-Grâce, obtenait une subvention du
gouvernement du Québec, d'environ $2,000 l'an passé. L'an
passé, après l'évaluation, cela est important, on a
reconnu qu'il fallait avoir un programme pour tous les centres de loisirs au
Québec, peu importe qu'ils soient à Montréal,
Québec ou dans d'autres secteurs de la région. Il ne fallait pas
que ce soit à l'occasion d'un pèlerinage qu'on obtienne des
sommes.
Si on pouvait se permettre de financer un centre, on se devait
honnêtement de financer tous les centres, pour autant qu'on avait des
normes et des critères pour ce faire. A partir de ces normes que nous
avons établies, on a reconnu les besoins du Centre
Notre-Dame-de-Grâce et, à partir de l'analyse de son budget de
fonctionnement, cette année ce centre s'est vu octroyer une somme de
$15,000, ce qui est nettement supérieur à ce que le centre
recevait auparavant.
Ce n'est pas le seul centre au Québec, soit dit en passant. Ce
qui prouve de toute façon qu'à
partir du moment où on a commencé à standardiser,
à faire une véritable analyse des besoins, on a pu établir
des programmes véritables qui collaient aux réalités et
aux besoins du Québec.
C'est une démonstration de ce vouloir-faire du gouvernement. Pour
ce qui est de Mission Québec 76, à l'époque où moi
je n'y étais pas, où quand même je souhaitais qu'on fasse
quelque chose au Québec, le Haut-Commissariat existait, parce qu'il
existe depuis quand même pas mal d'années.
Le député de Fabre à ce moment était
présent et était actif au niveau du Haut-Commissariat et avait la
responsabilité du Haut-Commissariat. Conscient de ses
responsabilités, il avait mis sur pied un comité qui s'appelait
un comité de Mission Québec 76, pour essayer de voir, à
partir d'une évaluation, les besoins en matière de formation
d'une élite éventuelle.
Sous la commande de Gilles Houde, on a mis sur pied ce comité et
ce comité a fait des recommandations, recommandations qui, il y a deux
ans, ont amené le gouvernement à prendre une décision,
celle d'investir d'une façon systématique, selon la
totalité des recommandations du comité, et cela c'est important.
A partir du moment où on a décidé que ce comité
avait fait un travail d'évaluation honnête et valable, on s'est
décidé de ne pas minimiser l'impact de l'investissement pour
s'assurer de pouvoir mesurer une fois pour toutes, à partir de ces
recommandations, si oui ou non on pouvait obtenir ce défi, défi
de 30 p.c; est-ce qu'on va l'atteindre ou non? Il est encore trop tôt
pour se prononcer.
Ce qui est important par contre, le comité avait
recommandé, la première année, une somme de $400,000 pour
le fonctionnement de Mission Québec 76 et cette somme a
été accordée à Mission Québec 76. Pour
l'année qui vient de se terminer, la corporation de Mission
Québec 76 avait à sa disposition une somme de $750,000 qui
correspond exactement à la recommandation dudit comité.
Cette année, à partir du 1er avril 1974, Mission
Québec 76 aura à sa disposition la somme de $1 million, qui aussi
donne suite aux recommandations du comité, ce qui veut dire que le
gouvernement, conscient de ses responsabilités, a décidé
d'octroyer la totalité des recommandations pour au moins tenter de
prouver au Québec qu'on pouvait arriver à prendre la place qui
nous revenait de toute façon sur les équipes canadiennes. En
1976, nous pourrons juger des résultats. Comme je l'ai dit tantôt,
il est trop tôt. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'une fois
pour toutes on n'aura pas d'excuse.
Et même si le résultat n'est pas totalement atteint, cela
nous aura permis en cours de route de faire l'évaluation aussi de nos
athlètes, l'évaluation d'autres programmes, l'évaluation
du bénévolat, l'évaluation du dynamisme de certains
secteurs, de certaines régions au Québec. Cela nous a permis
exactement de mettre de l'avant d'autres programmes auxquels on donnera suite
en 1976, dans un plan qui se veut à moyen terme. Je pense que c'est
important pour tous les athlètes qui aspirent un jour de marcher dans ce
défilé. Il faut l'avoir vu au moins une fois. J'ai eu l'occasion
d'être présent à Munich et quand j'ai vu l'équipe
canadienne entrer dans le grand stade, devant ces dizaines de milliers de
personnes, je pensais à un certain temps où je pratiquais des
sports et, au Québec, on ne sentait pas tellement qu'on avait des
structures pour arriver à cela. Je pense que ce qu'il est important de
constater, c'est que tous les jeunes actuellement au Québec ont cette
chance, cette occasion, compte tenu qu'on a le nombre de gymnases voulu, compte
tenu qu'on a l'argent disponible, compte tenu qu'on a le nombre de gymnases
voulu, compte tenu qu'on a l'argent disponible, compte tenu qu'on a aussi, de
plus en plus, des personnes qualifiées pour former des athlètes
au Québec et qu'à partir des dernières évaluations
qu'on pourra faire, je pense qu'après 1976, on aura, ici au
Québec, probablement les meilleures structures pour mettre de l'avant
toutes nos politiques en matière de sports, à partir du travail
qui aura été fait par Mission Québec 76.
Je m'excuse, j'aimerais compléter parce que le
député de Fabre m'avait demandé le nombre
d'athlètes qui étaient touchés par Mission Québec
76. Il faut dire que, directement, en 1973/74, 525 athlètes ont
été touchés; en 1974/75, cette année donc, on ne
prévoit que 400. Pourquoi la diminution? Parce que ce budget est
purement et simplement orienté sur ceux qui ont véritablement la
chance, qui sont véritablement nos espoirs de faire partie de
l'équipe canadienne en 1976. Alors, ce nombre va diminuer, même si
le budget augmente et cela couvre 23 disciplines sportives actuellement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Mille-Iles.
M. LACHANCE: A l'instar du député de
Notre-Dame-de-Grâce, j'aimerais moi aussi féliciter le ministre
d'Etat responsable du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports pour le magnifique travail qu'il accomplit et, à la suite de
ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce disait, vous aviez
répondu que tous les comtés avaient une norme de $14,000, plus ou
moins. Sur quels critères, sur quelles normes est-ce établi?
Parce qu'il y a des comtés qui sont quand même plus populeux que
d'autres, qui ont plus d'organismes que d'autres. Est-ce qu'il y a des normes
pour cela? J'ai aussi peut-être un cas particulier qui touche l'ensemble
de la ville de Laval. Je pense aussi à Québec, dans la
région, où il y a des clubs de patinage artistique. Ces
associations sont très bien structurées, très bien
administrées, organisées, et la majorité des membres,
surtout des jeunes filles, participent à ces stages. Elles nous
demandent des subventions et il me semble que le Haut-Commissariat
devrait reconnaître ces organismes, pas dans le budget hors normes, mais
en dehors du budget hors normes.
M. PHANEUF: Pour ce qui est des critères et des normes qui nous
ont servi pour standardiser le budget, j'ai bien mentionné tantôt
que c'était à partir du moment où l'on avait
standardisé ou à peu près, plus 25 p.c. ou moins, le
nombre des électeurs dans chacun des comtés, ce qui veut dire
qu'indépendamment de l'étendue des comtés, on
s'était dit qu'on va purement analyser les bassins de population qui
sont à peu près identiques. A partir de ce standard, ce n'est pas
la totalité des dépenses du Haut-Commissariat parce que ce n'est
qu'une partie du budget du Haut-Commissariat. Quand on mentionne un sport ou
une discipline sportive en particulier, il y a d'autres programmes qui sont sur
pied actuellement, il y en a d'autres qui vont venir, parce que
l'évolution normale du Haut-Commissariat se poursuit et, à partir
du temps où on a reconnu les fédérations sportives et
qu'on a accordé aux fédérations tous les budgets qu'il
fallait pour, que ces fédérations se décentralisent, que
ces fédérations tombent dans l'action dans les quinze
régions du Québec, il va falloir que le Haut-Commissariat du
gouvernement reconnaisse les clubs sportifs.
On n'est pas rendu à financer tous les clubs, toutes les
disciplines sportives au niveau des clubs actuels; c'est souhaitable, mais
ça représente des sommes assez astronomiques, selon un ordre de
priorités, selon les calendriers qui ont été
établis. L'ordre de priorités, on pourrait le discuter. Par
exemple pourquoi telle fédération, par rapport à une
autre, est devenue au Québec prioritaire? Si on a mis sur pied un
programme qui s'appelle Mission Québec 76, nous avons donc mis d'une
façon prioritaire les disciplines qui sont des disciplines olympiques.
Par contre, on n'a pas perdu de vue que le baseball au Québec,
même si ce n'est pas une discipline olympique, demeure une
réalité québécoise; si on fait l'analyse du nombre
de joueurs, on est rendu à 125,000 joueurs de baseball, de jeunes qui
participent à la discipline du baseball actuellement. Dire que ce n'est
pas une discipline olympique, donc non prioritaire, ce serait une espèce
d'utopie. A partir de toutes ces reconnaissances, on espère qu'on va
arriver un jour à pouvoir reconnaître, financer et aider chacune
des disciplines ou chacun des clubs dans chacun des comtés de la
province de Québec. Dans un premier temps, les $14,000 qui sont
accordés au comté comme tel, si le député veut en
faire une priorité, et ça peut devenir une priorité, si ce
club est vraiment dynamique, on demande au député, dans un
premier temps, de se servir de ce budget hors normes pour aider au financement
d'un club en particulier et d'établir ces priorités en fonction
du dynamisme du milieu. Je pense que le député est probablement
celui qui est le plus près de ces gens et qui est le plus apte à
mesurer le dynamisme dans sa région.
M. LACHANCE: Le club de patinage artistique dont je fais mention
le Haut-Commissariat est au courant du dossier, justement pour avoir
assisté à certaines représentations et aussi pour avoir
pris connaissance du dossier j'avais pensé qu'il aurait eu une
participation à part le budget hors normes. C'est dans cet esprit que je
posais la question, parce que je sais qu'il en existe un à Sainte-Foy et
qu'il en existe un autre à Laval.
M. PHANEUF: C'est sûr que ce n'est pas impossible qu'on le fasse.
J'ai bien dit, dans un premier temps, selon les recommandations, selon les
évaluations et selon les réalités budgétaires du
Haut-Commissariat.
M. LACHANCE: Dans un autre ordre d'idées, en lisant les
prévisions budgétaires du Haut-Commissariat, concernant ce dont
on entend parler depuis un certain nombre de mois par les media d'information,
le différend qui oppose le Haut-Commissariat, la CSQ et la centrale
administrative, on remarque qu'il y a eu une augmentation de 107 p.c. En somme,
la CSQ, l'année passée, a reçu à peu près
$700,000 et cette année en reçoit $1,450,000. Est-ce que le
ministre pourrait faire certains commentaires à cette fin, et nous dire
si le bail a été signé avec la centrale administrative
ainsi que les trois fédérations comprises là-dedans?
M. PHANEUF: Différence est un bien grand mot. Je pense que...
M. LACHANCE: Bien, différence, il y a quand même une
augmentation de 107 p.c.
M. PHANEUF: Non, pas la différence au niveau des montants, mais
bien le différend qui existait entre la CSQ et le Haut-Commissariat. Je
dois expliquer quand même que lorsqu'on négocie avec un organisme,
c'est sûr qu'il y a des divergences d'opinions, mais à partir de
l'évaluation qu'on a faite, je ne suis pas certain qu'on n'ait pas
atteint le but poursuivi par les deux; autant le Haut-Commissariat que la CSQ.
Par contre, le Haut-Commissariat et le gouvernement avaient une autre
préoccupation qui était celle de donner des services à
d'autres organismes qui avaient comme vocation de regrouper d'autres sortes de
fédérations. J'ai, à ce moment-ci, l'exemple de la
Fédération de plein air et la Confédération des
loisirs de Québec; on a décidé d'offrir au monde du
loisir, au sens large du mot, des services de secrétariat permanent. Si
on constate une augmentation budgétaire, ce ne sont que des
prévisions et des sommes disponibles qui seront utilisées selon
les demandes et selon les besoins qui seront analysés en cours de route,
ce qui veut dire qu'à partir du moment où on demande dans des
crédits des sommes d'argent, ça ne veut pas dire
qu'automatiquement on va les affecter.
En cours de route, ces montants seront disponibles et, selon
l'évaluation et les besoins, à partir de ces sommes, on verra ce
qu'on va engager. On analysera le nombre de personnes et le nombre d'organismes
qui voudront bien utiliser ces avantages que le gouvernement a
décidé d'offrir.
Pour ce qui est du bail, de l'entente et du protocole, il a
été signé effectivement entre la CSQ et le
Haut-Commissariat. Je me dois de souligner l'excellent travail qui a
été fait par les fonctionnaires du Haut-Commissariat; l'ouverture
d'esprit, la grande disponibilité manifestées et toutes les
consultations qui ont été menées par les fonctionnaires du
Haut-Commissariat. Je me dois ici de profiter de l'occasion pour les
féliciter. On a, à quelques reprises, auparavant, fait certaines
critiques à l'endroit des membres du Haut-Commissariat quels qu'ils
fussent. Je pense qu'on a obtenu ce qu'on avait tous et chacun souhaité,
cette consolidation de l'organisme Haut-Commissariat. Il y a eu, certains l'ont
dit, des accidents de parcours, heureux ou malheureux. Ce qui est certain,
c'est qu'actuellement le Haut-Commissariat est en mesure d'offrir à la
population du Québec des services qu'elle est en droit d'attendre.
Nous avons actuellement toutes les compétences à
l'intérieur du Haut-Commissariat pour ce faire et je ne peux que
souhaiter qu'en collaboration avec les organismes, qui
bénéficient du dynamisme du gouvernement, on continue d'aller de
l'avant.
M. LACHANCE: M. le ministre, dans le même ordre d'idées,
l'an passé, l'assistance à la CSQ, les $700,000 comprenaient
aussi son administration? C'est à cause de la fusion des trois
fédérations dans la même centrale administrative qui fait
qu'on double le montant?
M. PHANEUF: Ce n'est pas tout à fait à cause de cela,
c'est compte tenu de tous les besoins qui ont été analysés
et tous les besoins qui sont prévisibles. Nous nous dotons de sommes
d'argent qui nous permettront de répondre à ces besoins. Quitte
à me répéter, j'aime autant dire que nous allons
religieusement et honnêtement analyser les besoins pour s'assurer que
chacun des sous qui est investi par le gouvernement, correspond à des
besoins véritables.
M. LACHANCE: Dans un autre ordre d'idées, les sports scolaires.
Est-ce que le Haut-Commissariat s'intéresse aux sports scolaires
notamment au niveau primaire?
M. PHANEUF: C'est sûr que le Haut-Commissariat s'intéresse
aux sports scolaires et au plus haut point. Le Haut-Commissariat investit des
sommes assez importantes au niveau des fédérations dites de
sports scolaires.
A tous les niveaux actuellement, on tente de financer ou de participer
au financement et à la promotion de rencontres sportives dites
scolaires, au niveau élémentaire, au niveau secondaire, au niveau
collégial et au niveau universitaire. On pourrait ici démontrer
les montants affectés l'an passé aux fédérations
des sports scolaires. Ils ont été de $126,550. On peut dire
qu'à une certaine époque, au nom du loisir et au nom du sport
scolaire comme tels, il n'y avait pas de montant disponible. On est rendu
à financer une bonne partie de ces actions et on espère que, de
plus en plus, reconnaissant que l'école peut devenir si on
emploie la formule du club un club, comme une municipalité peut
être reconnue comme un club.
Comme une discipline sportive, on peut se servir de l'exemple du
baseball, du basket-ball, du volley-ball. On sait que dans les écoles,
ces sports sont pratiqués. Nous avons des gymnases dans presque toutes
nos écoles actuellement. Ce qui est intéressant, c'est de se
servir de cette identité scolaire pour former des clubs dans ces
disciplines, un circuit de compétition et identifier des élites
à partir de cela. La plus grande motivation, ce n'est pas d'avoir
l'élite comme telle, mais d'avoir une participation.
Pour autant qu'on gardera à l'esprit de faire participer des
jeunes dans le domaine scolaire ou dans le domaine municipal, c'est sûr
qu'on finira par avoir une élite actuellement. Ce qui veut donc dire
que, de toute façon, on a un secteur bien précis, un secteur qui
s'appelle le domaine scolaire, et que le Haut-Commissariat,
préoccupé par cette responsabilité, finance de plus en
plus et aide à la promotion du sport dit sport scolaire.
M. LACHANCE: Au niveau primaire, est-ce que vous avez des chiffres
à citer? Est-ce qu'il y a une aide apportée? Est-ce qu'il y a une
politique établie? Est-ce que le Haut-Commissariat a une politique
d'établie au niveau du sport scolaire, au niveau primaire?
M. PHANEUF: C'est sûr qu'on a une politique au niveau
élémentaire. C'est qu'on espère faire la promotion du
sport au niveau élémentaire comme tel. Je ne parlerai pas de
l'éducation physique au niveau élémentaire qui est
directement sous l'égide du ministère de l'Education. Quand je
parle de l'identité du club, c'est sûr qu'on peut
reconnaître des clubs sportifs, même au niveau
élémentaire.
M. LACHANCE: C'est parce qu'il y a une différence entre
l'éducation physique et le sport scolaire au niveau primaire.
M. PHANEUF: II y a une différence. L'éducation physique,
comme telle, si on veut la définir, comprend du temps donné dans
la période scolaire pour faire ce que l'on appelle dans une discipline,
au même titre que la géographie, quant à moi, au même
titre que le
français, une période d'éducation qui se veut une
période d'éducation physique. D'accord? C'est de l'enseignement,
quant à moi, pour le mieux-être des élèves quels
qu'ils soient et à tous les niveaux. A partir du moment où on
reconnaît cela, on dit que le professeur, qui a enseigné tant de
périodes d'éducation physique, a le même titre, le
même rôle avec une vocation différente, bien sûr, que
celui qui a enseigné le français ou la géographie. En
dehors de cela, à partir du moment où on a fini le temps scolaire
comme tel, après 4 heures, si le temps scolaire se termine à 4
heures, on peut avoir, ce qu'on appelle, le sport scolaire. Cela, on peut
l'avoir au niveau élémentaire, au niveau secondaire, au niveau
collégial et au niveau universitaire.
M. LACHANCE: En somme, l'éducation physique au niveau de votre
ministère, on ne s'en préoccupe pas. Cela relève du
ministère de l'Education.
M. PHANEUF: On s'en préoccupe, au même titre qu'on peut se
préoccuper des sciences à enseigner dans les écoles, et
qu'on peut retrouver des élèves qui font de la science dans les
écoles dans des clubs dits scientifiques, et qu'on finance ces
fédérations dites scientifiques qu'on retrouve. C'est la
promotion d'une discipline. Au nom du loisir, on peut faire beaucoup de choses.
On peut faire du sport, on peut faire du loisir sportif et du loisir
scientifique et du loisir culturel, du loisir de plein air et du Loisir avec un
grand L.
M. LACHANCE: Au niveau des municipalités, l'assistance
financière qui a été réservée aux
arénas, est-ce qu'il y a eu une augmentation, cette année? Est-ce
qu'il y a d'autres...
M. PHANEUF: Le programme des arénas est identique. Nous allons
nous permettre de financer le même nombre d'arénas que l'an
passé.
M. HOUDE (Fabre): Cela veut dire quoi? M. PHANEUF: Une vingtaine.
LE PRESIDENT (M. Harvey, Dubuc): L'honorable député
d'Anjou.
M. LACHANCE: Je n'ai pas fini. Une minute. Est-ce que les subventions
représenteront les mêmes montants que les années
précédentes?
M. PHANEUF: Oui, exactement les mêmes montants que les
années précédentes.
M. LACHANCE: Habituellement, il est alloué environ $100,000 de
subvention pour une municipalité par aréna.
M. PHANEUF: On a maintenu, pour cette année, exactement la
même norme. C'est bien sûr qu'on devra, éventuellement,
tenir compte de l'augmentation des coûts de construction.
M. LACHANCE: Est-ce que vous allez considérer des cas
particuliers?
M. PHANEUF: On a toujours...
M. LACHANCE: Je veux dire que cela dépend des centres, chaque cas
est un cas particulier, je présume.
M. PHANEUF: C'est sûr que si on veut construire une aréna
dans un secteur éloigné dans la province de Québec, il en
coûte plus que dans un secteur moins éloigné. Par contre,
il en coûte peut-être plus cher, sur le plan de la construction, de
construire une aréna sur la Côte-Nord que dans l'île de
Montréal. Mais si vous comparez le coût du terrain à
Montréal, par rapport au coût du terrain sur la Côte-Nord,
vous allez peut-être retrouver une certaine uniformité dans la
somme globale investie à la construction de l'aréna, ce qui nous
a amenés à standardiser les montants partout au Québec.
Nous avons répondu à des problèmes plus
spécifiques, par exemple, là où un feu a détruit
l'aréna, ce qui a mis la population dans un certain embarras. On s'est
alors permis de financer, non pas pour une somme de $100,000, mais de $50,000
et de participer. D'autres fois, il s'est agi de montants qui ont
contribué à la consolidation d'équipements, beaucoup plus
qu'à la construction d'un équipement neuf. Mais le programme
demeure le même, et nous n'avons pas encore de programme pour
répondre à toutes les demandes qui pourraient nous venir dans la
consolidation des équipements.
On espère qu'on pourra y arriver un jour, mais on n'est pas
encore rendu là et on maintient la même norme qu'on avait mise de
l'avant, celle de $100,000 par aréna.
M. LACHANCE: Sans considérer l'inflation, l'augmentation du
coût des matériaux, l'augmentation du coût de la
main-d'oeuvre?
M. PHANEUF: Non.
M. LACHANCE: En somme, les $100,000 ne sont plus $100,000.
M. PHANEUF: Non. On considère que les $100,000 sont encore
$100,000 excepté, si vous voulez nous demander si nous sommes conscients
que les taux de construction ont augmenté, c'est sûr, mais cela
veut dire que nous demandons aux municipalités d'absorber l'augmentation
des taux de construction parce que nous avons maintenu la même norme.
Cela ne veut pas dire que nous sommes inconscients des taux d'augmentation.
LE PRESIDENT (M. Harvey, Dubuc): L'honorable député du
Lac-Saint-Jean.
M. PILOTE: Lors de l'attribution de $14,000 à chacun des
comtés de la province,
vous vous êtes sans doute basé sur certains
critères, mais est-ce que vous pensez que, dans un avenir
rapproché, les critères de la situation géographique et de
la grandeur du comté entreront en ligne de compte? Je m'explique. A
l'intérieur de mon comté, il y a cent milles de distance d'une
extrémité à l'autre. Il y a deux paroisses; il y a
Saint-André et Saint-Ludger-de-Milot et, cette année, j'ai
l'intention d'accorder plus d'argent, toutes proportions gardées,
à ces municipalités de 700 à 800 de population parce que
cela leur coûte plus cher pour pratiquer le sport qu'ailleurs. Cela leur
coûte plus cher pour aller au théâtre, par exemple, parce
qu'ils sont obligés de faire 70 milles aller-retour. Ils sont à
35 ou 40 milles d'Alma. Ils sont obligés de faire de 70 à 80
milles pour aller au théâtre, pour profiter des loisirs qu'on a
à l'intérieur de la ville d'Alma.
Pensez-vous que dans un avenir rapproché que ce facteur de
distance... Remarquez que je ne veux pas faire de politique sur le petit
patineur, j'essaie d'attribuer cela selon certains critères. Pensez-vous
que dans un avenir rapproché votre ministère tiendra compte de
ces situations géographiques de certaines régions?
M. PHANBUF: On va plus loin que cela. Je pense que le Haut-Commissariat
à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports a comme responsabilité
de reconnaître les difficultés à partir des
disparités de chacune des régions. Si on parle d'une discipline
en particulier et qu'on veut faire des comparaisons, c'est peut-être plus
difficile d'organiser une randonnée pédestre dans la
région de Montréal parce qu'il va falloir le faire sur des
trottoirs de béton et on aura à regarder non pas des arbres si on
le fait sur la rue Sajnte-Catherine, mais des vitrines. Or, si je veux me
servir de cette comparaison, je vous dirai à ce moment qu'il faudrait
mettre plus d'argent pour organiser des randonnées pédestres
à Montréal que des randonnés pédestres dans la
région du Lac-Saint-Jean et je m'explique.
C'est vous dire que je devrais louer des autobus pour la région
de Montréal pour faire sortir les gens de ce milieu urbain, pour les
amener faire des randonnées pédestres qui seraient
l'équivalent de celles que vous pouvez faire dans votre beau
comté ou dans votre belle région.
Vous voyez qu'en me servant de cet exemple, je peux inverser si
je peux m'exprimer ainsi ce que vous avez exprimé comme
difficultés. Ce qu'il est important de faire, compte tenu de ces
disparités, c'est de savoir ce qu'on peut organiser comme loisirs et
maintenant, on a des experts en loisirs et des experts en
récréation, diplômés de nos universités, qui
sont assez compétents pour, à partir du moment où ils ont
à travailler, à oeuvrer dans une région, faire l'analyse
de choses qui peuvent être faites et pratiquées dans une
région d'une façon la plus immédiate, donc la plus facile,
compte tenu des disponibilités de cette région.
Je pourrais me servir de l'exemple de la voile. Faire de la voile au
coin de Peel et de Sainte-Catherine à Montréal, cela n'est pas
facile, je vous le jure. Il faut donc sortir les jeunes et il faut donc se
servir encore une fois des autobus, amener les jeunes où il y a des
lacs. Mais pour tous ceux qui vivent en périphérie du
Lac-Saint-Jean, c'est facile parce que les bateaux sont facilement accessibles.
Vous n'avez pas à défrayer les coûts de transport. Vous
n'avez qu'à acheter des bateaux. Alors, je peux me servir de cet exemple
et continuer comme cela presque, non pas à l'infini, mais à me
servir de ces exemples pour vous démontrer que dans le cas du loisir, il
faut penser aux disparités des régions, il faut penser à
nos moyens et à nos disponibilités et organiser du loisir en
fonction de cela, qui est une réalité dans un premier temps et ne
jamais perdre de vue cette première réalité.
Bien sûr qu'on espère tous et chacun arriver à
standardiser et à offrir une gamme, une variété de sports,
de disciplines de loisirs au Québec pour tous et chacun sans aucune
disparité. Mais on n'est pas arrivé à cela et je ne
souhaite qu'une chose, compte tenu de ce qu'on connaît aujourd'hui, qu'on
puisse mettre de l'avant au moins, avec les montants d'argent disponibles
actuellement, de faire la promotion de ce qu'on peut faire le plus facilement
dans sa région et je peux vous assurer que dans chacune des
régions du Québec, compte tenu des moyens qui sont offerts
présentement, il n'y a aucune raison pour laquelle il n'y aurait pas de
loisirs dans une région du Québec.
M. PILOTE: Votre réponse me satisfait.
LE PRESIDENT (M. Harvey, Dubuc): L'honorable député de
Verdun.
Commission athlétique et Jeux du
Québec
M. CARON: Pour ma part, je veux féliciter le ministre pour le
travail qu'il fait. Je ne voudrais pas élaborer trop longtemps vu que je
loge avec le ministre. Cela serait excessivement mal vu.
M. HOUDE (Fabre): Des allusions à la vie privée? C'est
arrangé avec le ministre.
M. CARON: Oui, je n'insisterai pas à ce sujet. Je veux
féliciter aussi son personnel, son entourage, qui est extrêmement
gentil avec tous les députés, que ce soient ceux au pouvoir ou de
l'Opposition, ces gens sont extrêmement gentils. Je voudrais demander au
ministre quand il prévoit déposer sa loi sur la commission
athlétique et pourquoi? Ma deuxième question: Les Jeux du
Québec semblent, dit-on, financés par un tirage une fois par
année, par Loto-Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner des explications sur ce sujet?
M. PHANEUF: Oui, je trouve que les questions du député de
Verdun sont fort pertinentes. Ce n'est pas parce qu'on cohabite qu'elles sont
pertinentes, soit dit en passant.
M. HOUDE (Fabre): II faut quand même admettre que vous faites
chambre à part.
M. PHANEUF: Oui.
M. HOUDE (Fabre): II est bien chez lui.
M. PHANEUF: Ceci étant dit, M. le Président, je me
permettrai quand même de souligner l'importance d'une loi en
matière de boxe, lutte, sport professionnel, sport amateur, en ce
domaine. Je pense que cela fait assez longtemps qu'on en parle. Cette
année, nous nous sommes penchés très sérieusement
sur ce besoin, après avoir quand même pris le temps de discuter,
de consulter les organismes qui oeuvrent dans le milieu et je parle de la ville
de Montréal, de la ville de Sherbrooke, de la ville de Québec,
où existaient et existent encore des commissions athlétiques.
On sait qu'actuellement, si on veut tenir un combat de lutte ou un
combat de boxe dans le secteur de Verdun, qui est dans le beau comté de
Verdun, on n'a pas demandé et on n'a pas à demander de permis
à une commission athlétique, parce qu'il n'y a pas de commission
qui régisse actuellement ce secteur. On a dit que, compte tenu des
préoccupations que nous avions, il est important que nous fassions une
loi pour l'ensemble du Québec et que nous allions prendre la
relève des municipalités dans ce domaine.
Après avoir consulté les municipalités qui ont des
commissions athlétiques, on a, dans notre dossier en tout cas, de
façon bien significative, des recommandations à cette fin et les
municipalités qui ont des commissions athlétiques sont
prêtes à les abolir dès l'instant où le gouvernement
du Québec passera cette loi.
On a besoin de voir ce qui se fait comme publicité pour certaines
compétitions. Ici, je ne prendrai pas le temps de viser la lutte, la
boxe ou autre chose, parce qu'on peut aussi parler du "roller derby", qui est
une espèce de compétition sur patins à roulettes. Je
trouve qu'il est un peu aberrant de voir certains spectacles, quant à
moi, qui n'ont presque rien à voir avec ce qu'on peut appeler sport, qui
ne sont pas ce que je veux que mes jeunes voient. Je ne pense pas qu'on va
réussir à faire la promotion de sports de cette façon.
Cela peut devenir du cirque, il faut voir au niveau de la morale jusqu'à
quel point on peut reconnaître un certain cirque au Québec.
Alors, cette loi, de toute façon, est souhaitée et
souhaitable et sera probablement votée parce qu'elle est prête.
Elle sera déposée effectivement bientôt et elle sera
certainement discutée cette année en Chambre. Pour ce qui est de
la deuxième partie, de la participation de Loto-
Québec, pour le financement des Jeux du Québec, je dois
expliquer que les Jeux du Québec, la Société des jeux
comme telle, et les corporations qui sont formées dans chacune des
municipalités qui font les jeux du Québec, sont financés
en totalité par le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs
et aux Sports.
Loto-Québec est un organisme qui a été
créé par le gouvernement du Québec et qui, en mettant sur
un billet les jeux du Québec, aide à la promotion des jeux du
Québec comme tels et obtient des montants d'argent plus importants
lorsqu'elle le fait. Je pense qu'il est important de le souligner, c'est que
ces fonds s'en vont au fonds consolidé de la province de Québec.
A partir du moment où les fonds augmentent, et là on n'a
qu'à constater l'évolution du budget du Haut-Commissariat depuis
1970 pour s'apercevoir que de $3 millions qu'ils étaient, ils sont
maintenant à $18 millions,le fonds consolidé de la province
augmentant, cela permet aussi d'augmenter les budgets dits de loisirs au
Québec.
Alors, il n'est pas faux de prétendre que les ventes de
Loto-Québec aident à la promotion des Jeux du Québec,
aident à ce que le Haut-Commissariat obtienne des fonds
supplémentaires, mais Loto-Québec ne verse pas directement aux
Jeux du Québec, à la corporation ou à la
société des sommes d'argent.
M. CARON: Question additionnelle, M. le Président, au ministre.
Souvent on fait des reproches au gouvernement ou à Loto-Québec et
on lui demande si les fonds vont directement à un organisme particulier.
Est-ce que vous avez déjà discuté avec le ministre des
Finances à ce sujet, si c'est possible de répondre? Je ne
voudrais pas que le ministre entre peut-être dans des conversations
personnelles.
M. PHANEUF: La décision officielle a été prise
là-dessus. C'est bien sûr que toutes les ventes qui sont faites
par la formule de billet dite loto, quelles qu'elles soient, s'en vont
directement au fonds consolidé de la province. Et ça en tout
temps. On n'est pas la seule province qui agit dans ce sens, je pense que les
autres provinces ont pris exactement la même attitude, parce qu'il faut
admettre que la Loterie olympique fonctionne dans tout le Canada, et que les
sommes perçues sont investies dans le fonds consolidé des autres
provinces aussi.
Mais je le dis, et je le répète, il est important de
signaler que cette formule a permis d'augmenter les revenus au fonds
consolidé de la province et ont donc participé à
l'évolution du domaine des loisirs au Québec.
M. CARON: Je remercie le ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, c'est un privilège que cette
commission nous donne de pouvoir nous adresser à notre ministre
responsable du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports et je profite de cette occasion pour lui présenter mes hommages,
les hommages des citoyens de mon comté, surtout avec la bonne nouvelle
qu'il nous a communiquée au début de la semaine que nos
comtés pourront enfin bénéficier d'un montant plus ou
moins statutaire, mais tout de même sur lequel nous pourrons compter pour
accorder les subventions qui nous sont demandées par les
différentes corporations de loisirs.
C'est une façon bien équitable, je crois, de la part du
ministre d'avoir élaboré ce système, et je pense bien que
nous pourrons tous en disposer de la façon la plus juste possible pour
le plus grand bien des jeunes de nos comtés.
M. le ministre, vous avoir entendu souligner tout à l'heure
l'importance primordiale des citoyens des municipalités de contribuer
dans différentes proportions, différents pourcentages aux budgets
d'opération d'une corporation de loisirs dans un endroit donné,
village, paroisse ou ville, constitue une excellente optique, parce qu'en fin
de compte, lorsque ces subventions nous sont demandées,
nécessairement ceux qui les demandent, via les conseils municipaux
ordinairement, nous demandent la totalité de la subvention de
fonctionnement de leurs affaires de loisirs, mais nous savons bien, nous, dans
notre esprit, qu'il nous sera impossible, au bout de la ligne, d'accorder
à 100 p.c. les subventions demandées.
Et je me fais fort de vous dire, M. le ministre, que, dans mon
comté, je me suis fait un devoir de souligner aux différents
conseils municipaux, qui nous parlaient au nom des corporations de loisirs,
d'insister auprès d'eux afin qu'ils puissent faire leur part, parce
qu'en fin de compte il est naturel de souligner que des enfants qui
bénéficient des activités de loisirs sont les enfants des
citoyens de ladite municipalité, et que, par conséquent, chacun
en est un peu responsable.
Il est surprenant de constater avec quel enthousiasme, jusqu'à un
certain point, les citoyens de ces différentes villes, villages ou
paroisses ont acquiescé à la suggestion de leur
député de contribuer effectivement aux sommes totales des budgets
de fonctionnement, ce qui, en l'occurrence, permettra au député
d'Iberville, par exemple, de pouvoir distribuer de façon un peu plus
généralisée et un peu plus équitable les
subventions hors normes que vous consentez à nous accorder.
Un cas patent, si vous voulez. Aux confins de mon comté, tout
près de la frontière américaine, se trouvent trois petites
municipalités qui sont, l'une après l'autre situées
géogra-phiquement, Clarenceville-Est, le village de Clarenceville et la
paroisse de Saint-Thomas-de-Noyan. Elles totalisent peut-être 2,000 de
population et ces trois municipalités se sont unies pour demander
à votre ministère un budget en immobilisation pour un terrain,
une bâtisse et un système d'électrification.
Naturellement, ceci impliquait un budget d'environ $18,600. Je savais
bien que demander au ministre une immobilisation d'une telle somme serait sans
doute un peu exagéré en une seule année. Alors, j'ai
convaincu les trois conseils municipaux d'appuyer, par voie de
résolution, leur contribution échelonnée sur trois
années de $10,000 et que, finalement, la subvention dont le
ministère sera saisie pour étude, au lieu d'être de
$18,000, sera de $8,000 pour immobilisation. Je pense bien que nous pourrons
compter sur la bonne attention du ministre afin que Clarenceville et Noyan
puissent bénéficier des équipements nécessaires en
immobilisation pour l'organisation efficace de leurs loisirs.
Un dernier point, si vous me le permettez, M. le Président. Je
soulignais au ministre un peu plus tôt dans la journée qu'un
budget peut être également sollicité à l'intention
d'une chorale, par exemple, et je vous ai entendu me dire, M. le ministre,
là-dessus que votre ministère possède dans ses cadres une
direction socio-culturelle. N'est-ce pas? Il serait bien intéressant
pour le député d'Iberville et, je pense bien pour la gouverne de
beaucoup de députés ici, de vous entendre parler un peu de cette
forme d'aide que vous apportez à des groupements qui se livrent à
des activités socio-culturelles et je vous apporterai mon petit cas
particulier, si vous le voulez bien. Pas dans tous les détails, mais
peut-être pour illustrer un peu le genre d'activités que cela
couvre.
M. PHANEUF: M. le Président, ce qu'il est intéressant de
noter ici, c'est que le député d'Iberville a mentionné la
responsabilité... Il n'a pas mentionné la responsabilité
de la municipalité ou des municipalités comme telles, mais a
plutôt parlé de municipalités qui veulent se regrouper et
se doter de certaines installations, on reconnaissait un lieu, qui devenait une
espèce de lieu à vocation régionale, si on peut s'exprimer
ainsi.
Partant du principe, pour nous, de toute façon, que le premier
rôle de la récréation comme telle et le premier pouvoir de
taxation demeurent le rôle, la responsabilité de la
municipalité, le gouvernement du Québec, par ses budgets au
Haut-Commissariat, n'est là que pour coordonner, suppléer et
aider les municipalités, après avoir fait l'analyse que la
municipalité ou les municipalités, au moins, ont fait les efforts
voulus, par leurs propres pouvoirs de taxation, dans l'implantation
d'installations dites récréatives. C'est intéressant de
voir le député se pencher de très près et
travailler en collaboration avec les municipalités, chose qui est
fortement souhaitable, et les amener justement à se doter de ces
installations récréatives.
Le Haut-Commissariat a un service qui s'appelle le service de la
régionalisation et du plein air et ce service est dirigé par M.
Claude
Despaties qui, en collaboration avec le ministère des Affaires
municipales, en collaboration avec d'autres services gouvernementaux, voit
justement à ce qu'on puisse arriver à implanter au Québec
un réseau d'installations récréatives et sportives dans
des secteurs que l'on reconnaît, secteurs à vocation dite
régionale, secteurs de regroupement, ce qui va nous amener à
faciliter notre travail. Exemple, notre travail de mettre sur pied les Jeux du
Québec, annuellement, les Jeux d'été. Si on peut retrouver
facilement, dans chacune des régions du Québec, dans chacune des
quinze régions, plusieurs secteurs à vocation régionale
où on retrouvera les tennis, les terrains de baseball, enfin tout ce qui
nous permettra de tenir nos compétitions facilement au niveau local et
au niveau régional, c'est sûr qu'on va faciliter le travail de
tous ceux et de tous les bénévoles qui oeuvrent dans le domaine
des Jeux du Québec ou dans le domaine de la promotion des sports
actuellement. C'est un premier point.
Le deuxième volet de votre question était surtout
orienté vers le socio-culturel et vous vous préoccupez de ce que
vous appelez la chorale. Chez nous, il y a aussi, dans Vaudreuil-Soulanges, une
magnifique chorale, c'est la préoccupation de plusieurs personnes. A
partir de cette préoccupation qui est une forme de loisir, qui est un
choix que les gens font librement, celui de faire du chant, c'est sûr que
notre service socio-culturel, en collaboration avec d'autres
ministères... Cela, il faut le dire parce qu'il y a aussi le
ministère des Affaires culturelles, il y a le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Ce sont des ministères qui
ont aussi des vocations de loisirs comme tels. Et on retrouve le
ministère de l'Education, le ministère des Terres et
Forêts, le ministère des Transports. Il y a plusieurs
ministères qui, d'une façon bien différente, avec des
formules différentes, oeuvrent dans le domaine des loisirs actuellement.
Ce qui est important, c'est d'avoir un mécanisme de coordination et,
comme le mandat avait clairement été donné au
Haut-Commissariat de coordonner le loisir au Québec, comme on a reconnu
l'importance du secteur socio-culturel, on a créé chez nous un
service socio-culturel dirigé par le dynamique Jean Rioux, qui est ici
et qui fait un travail assez exceptionnel depuis un an dans ce sens-là.
Je pense que, si vous pilotez vos demandes, on se fera un plaisir, au
Haut-Commissariat, dans ce service, d'analyser votre demande et je suis certain
que vous allez trouver que ce service reconnaît maintenant ces besoins.
Je ne peux pas vous dire les sommes qui seront affectées, je ne peux pas
vous dire de quelle façon exactement ils vont le faire, mais je peux
vous assurer qu'à partir de l'évaluation qu'on a faite des
besoins, dans le domaine socio-culturel, une aide pourra sûrement
être apportée, s'il y a besoin, et là, il faudra
évaluer le besoin.
M. TREMBLAY: M. le Président, un point supplémentaire
à présenter à M. le ministre, la question des tennis. Il y
a une ville dans mon comté qui a fait la demande, par les Loisirs Inc.
de la ville d'Iberville, d'une somme à affecter, en immobilisation,
à un court double de tennis et les arguments apportés par les
loisirs d'Iberville sont certainement des arguments valables. D'abord, il n'y a
pas de courts de tennis dans cette ville, ni privés ni autrement, et on
semble vouloir donner à ce sport un essor assez sensationnel. Je vous
entendais dire assez récemment qu'effectivement, au Québec, il y
a une espèce de réveil pour ce sport. Peut-être que
ça pourra servir également à d'autres personnes. En tout
cas, pour moi, les renseignements que vous pourriez donner ici, à la
séance de cette commission, seront très utiles.
M. PHANEUF: Au niveau des tennis, ce qu'il est intéressant de
noter, c'est qu'il y avait des tennis en quantité industrielle au
Québec dans un premier temps. Malgré cette quantité,
plusieurs de ces tennis avaient été abandonnés parce que
la vogue du tennis était tombée.
Je me souviens, quand j'étais plus jeune et je ne suis pas
tellement vieux que le tennis était très populaire.
M. TREMBLAY: Je suis un peu trop jeune pour me souvenir de cela.
M. PHANEUF: II faut admettre qu'il y a eu des périodes...
M. TREMBLAY: C'est avant moi, M. le ministre.
M. PHANEUF: C'est avant vous.
M. TREMBLAY: Je ne fais que voir...
M. PHANEUF: Vous allez être heureux de constater, dans votre
jeunesse, que ce regain d'énergie s'est démontré dans la
jeunesse actuelle et que cette jeunesse veut maintenant pratiquer ce qu'on
appelle le tennis. A partir de cette constatation, on a décidé de
consolider les équipements de tennis et, à partir du moment
où on a constaté que les plus grands frais étaient surtout
occasionnés par l'entretien, à partir du moment où vous
avez vos clôtures et où vous avez votre éclairage, avec une
couche d'asphalte sur un tennis qui coûte environ $1,500 ou $1,700, vous
réglez votre problème pour quelques années à venir
et vous n'avez presque plus d'entretien. On a procédé en
octroyant certaines sommes d'argent pour pouvoir ce faire et, de plus en plus,
vous allez retrouver des tennis actifs au Québec. Je suis certain que
cela va sûrement aider à la promotion de cette discipline.
M. TREMBLAY: Est-ce que je dois comprendre, M. le ministre, que ce sera
la forme de construction de tennis que vous allez adopter
dorénavant?
M. PHANEUF: Ce n'est pas la forme. J'ai dit que c'est une partie du
programme de consolidation des équipements. Je suis sûr que, dans
d'autres secteurs, où cela n'existait pas, où il y a des
municipalités et des villes qui sont très jeunes, il faut
construire à neuf, sauf ce qui...
M. TREMBLAY: La ville d'Iberville est une jeune ville.
M. PHANEUF: Je vais vous suggérer de le constater.
D'ailleurs...
M. TREMBLAY: Avec un jeune député.
M. PHANEUF: Cela tombe justement dans le financement et l'aide au
financement du miniéquipement et de l'équipement au niveau des
municipalités à vocation régionale, encore une fois.
Chaque demande est analysée au besoin. J'ai dit que l'on reconnaît
des vocations régionales et, à partir du moment où on les
reconnaît, on fait une analyse des besoins et on subventionne des
équipements récréatifs tels que les tennis, mais on
coordonne l'implantation de ces équipements actuellement dans tout le
Québec.
M. TREMBLAY: Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Bellechasse.
Bases de plein air
M. MERCIER: Nous convenons tous, par l'intérêt
manifesté par les participants aujourd'hui, de l'importance, si vous le
voulez, des loisirs et des sports dans notre société,
particulièrement en 1974. Cet intérêt est noté non
seulement dans les centres urbains, mais aussi dans les régions rurales,
comme celle que je représente, le comté de Bellechasse. Il y a
évidemment plusieurs points qui ont pu être touchés et je
ne voudrais pas aller à l'encontre du règlement. M. le
Président, si ces questions ont été soulevées
précédemment, j'accepterai de revoir au journal des Débats
les réponses qui ont été fournies.
J'aimerais soulever certains points et certaines questions au ministre,
particulièrement en relation du programme 16, développement des
loisirs, concernant les normes ou les bases sur lesquelles le Haut-Commissariat
fournit, si vous le voulez, de l'assistance financière pour
l'implantation des bases de plein air.
Deuxièmement, y a-t-il relation entre le Haut-Commissariat et
l'OPDQ, relativement à un programme d'ensemble de développement
pour des projets d'envergure qui peuvent comprendre non seulement des bases de
plein air, des centres de ski, mais aussi certaines facettes d'activités
sur le plan touristique? Il est évident que les demandes sont
nombreuses. En considérant les crédits disponibles à ces
programmes, il est évident que l'on doit procéder par
étapes dans l'implantation peut-être de nouvelles bases de plein
air. C'est un point sur lequel j'aimerais que le ministre puisse nous fournir
quelques informations. Sur quel critère les bases de plein air
sont-elles financées, en partie, ou soutenues financièrement par
le Haut-Commissariat? Deuxièmement, pour l'implantation de nouveaux
centres de ski, j'aimerais, en plus de cela, sans vouloir vous parachuter un
paquet de questions dans un ensemble, entendre le ministre s'exprimer sur la
possibilité de rendre accessibles les aménagements physiques de
loisirs des commissions scolaires régionales et, à
l'intérieur d'une commission scolaire régionale, dans les
différents districts, particulièrement pour la population adulte
de nos régions rurales.
En terminant on pourra revenir, si le temps nous le permet, sur l'action
du Haut-Commissariat concernant le cyclisme de récréation ainsi
que sur le sport de la motoneige et sur d'autres points, comme les relations
qui peuvent exister entre le Haut-Commissariat et la planification du
côté des programmes de Perspectives-Jeunesse dans nos
municipalités rurales, alors que l'on constate que, dans plusieurs
municipalités qui ont soumis des demandes dans le cadre de ce programme
fédéral de Perspectives-Jeunesse, il n'y a pas, malheureusement,
de préparation pour ces jeunes, dans bon nombre de cas, de jouer ce
rôle d'animation des loisirs pour différents groupes d'âge,
d'étudiants ou d'étudiantes particulièrement au niveau
primaire.
Cela fait, évidemment, M. le ministre, et je m'en excuse, toute
une avalanche de questions. Je vous laisse le soin, peut-être d'abord, de
commencer par les bases de plein air qui retiennent particulièrement
l'attention de plusieurs citoyens de Bellechasse.
M. PHANEUF: Je remercie le député de Bellechasse pour ses
questions, et je le prierais de revenir, peut-être et de me les
souligner, si j'en oublie. Il faut vraiment admettre que le
député m'a posé plusieurs questions en même temps.
Comme la mémoire est une faculté qui oublie, je ne voudrais pas
qu'on puisse penser que je ne voudrais pas répondre à une
question en particulier.
M. MERCIER: D'accord!
M. PHANEUF: Dans le domaine des bases de plein air, vous m'avez
demandé si les bases étaient implantées en collaboration
avec l'OPDQ. Le directeur du service de la régionalisation et du plein
air, M. Claude Despaties, travaille en étroite collaboration avec l'OPDQ
pour l'implantation de ces bases. On va le reconnaître, on peut avoir des
bases de plein air à l'extérieur des centres urbains comme tels,
et on peut retrouver des bases de plein air aussi
dans certains centres et dans certaines municipalités. J'ai vu,
et j'ai constaté, dans la région de la Beauce, une base de plein
air qui est tout près de la municipalité. Il y a une base de
plein air qui s'est construite ici-même, dans la ville de Sainte-Foy.
Vous pouvez retrouver, maintenant, des bases de plein air presque en milieu
urbain, où on a gardé ou on a essayé de conserver des
centres de nature assez intéressants pour pouvoir faire la promotion du
plein air et faire des activités de plein air dans ces milieux.
Le programme d'implantation, pour nous, est continuellement
évalué. On a des sommes assez importantes, quand même, que
nous affectons à ce domaine du plein air. Nous voulons retrouver un
réseau de bases de plein air partout dans toutes les régions du
Québec, toujours en tenant compte des aménagements, des
disparités géographiques de chacune des régions. La
canot-kayac peut être pratiqué au nom du plein air dans certaines
régions. Il faut, pour autant, avoir le style et le genre de
rivière ou le genre de lac qui correspond à cette discipline. Le
ski est un autre exemple, le ski de fond, la raquette, etc., etc.
Il s'agit pour nous d'évaluer chacun de ces besoins et chacune
des possibilités qu'on peut retrouver dans ces bases, et essayer d'en
faire la promotion en conseillant les gens, avec nos experts, dans quelles
sortes de disciplines de plein air ces bases devraient s'orienter.
Pour ce qui est du rôle des commissions scolaires ou des services
que l'on retrouve...
M. MERCIER: Excusez-moi, M. le ministre. M. le Président, le mode
de financement est-il proportionné au budget ou au nombre de candidats
qui fréquentent cette base de plein air pour le financement ou
l'assistance financière consentie aux bases de plein air?
M. PHANEUF: II faut admettre qu'il y a toutes sortes de bases de plein
air actuellement. H y a des bases de plein air en milieux urbains qui sont
financées en totalité par la municipalité ou en partie par
une municipalité, avec l'aide du gouvernement du Québec. D'autres
bases de plein air sont chapeautées par des corporations
incorporées sous la troisième partie. Nous participons, à
ce moment-là, à une partie des activités de la base de
plein air et l'autre partie est financée par de l'autofinancement. Or,
ce serait assez difficile de vous dire que, d'une façon
systématique, nous finançons toutes les bases de plein air de la
même façon actuellement. Nous sommes obligés
d'évaluer, et c'est pour cela que nous avons mis de l'avant nos fameux
cahiers, nos cahiers qui se veulent des cahiers administratifs pour nous
permettre d'analyser, même s'il existe des disparités au niveau du
fonctionnement ou de l'administration, mais cela nous permet d'analyser les
besoins en fonction de ces disparités et d'accorder des sommes d'argent
qui permettent et qui rendent viables ces bases de plein air, même si
elles ne sont pas toutes chapeautées de la même façon.
D'accord? Je pense que cela répond un peu plus à votre
question.
Pour ce qui est des commissions scolaires et de la vocation des
équipements sportifs dits scolaires dans chacune des régions,
pour nous, il est devenu nettement souhaitable que ces équipements
servent à toute la population quelle qu'elle soit. Un gymnase qui
appartient à une commission scolaire, parce qu'il est construit à
l'intérieur d'une polyvalente ou d'une école quelconque ou d'un
CEGEP, a été payé par des contribuables quels qu'ils
soient.
Pour moi, que ce soient des taxes qui proviennent du scolaire, des taxes
qui proviennent d'une municipalité ou des taxes qui proviennent du
provincial, ce sont toujours quand même les mêmes personnes, les
gens qui habitent au Québec, qui ont à défrayer les
coûts.
Pour nous, il est extrêmement important qu'on arrive avec des
programmes qui permettent l'utilisation des équipements
indépendamment de ceux qui ont à chapeauter ces
équipements comme tels, et je m'explique.
Il serait impensable et non souhaitable au Québec, compte tenu
qu'on a actuellement environ 1,140 gymnases existants dans la province de
Québec, qu'on permette et qu'on finance la construction d'autres
gymnases, mais au nom d'une municipalité.
Vous retrouvez actuellement ces gymnases en milieu scolaire. Ces
mêmes gymnases, en dehors des temps scolaires, ce qui veut dire le soir,
les fins de semaine et pendant les grandes périodes de vacances, doivent
être utilisés par la population et par toute la population.
Je ne veux pas faire de spécification en mentionnant la
population adulte ou la population jeunesse. Je pense qu'il est important
qu'une relève soit assurée pour utiliser les équipements
qui sont disponibles actuellement.
Il y a eu une époque où, dans les milieux urbains, vous
retrouviez des gymnases dits scolaires face à des gymnases dits
municipaux. Vous fermiez un gymnase à quatre heures pour ouvrir la porte
de l'autre et ces gymnases étaient situés en face l'un de
l'autre. C'est complètement ridicule. Il s'agit maintenant, à
partir de cette connaissance et de cette augmentation du monde du loisir au
Québec d'utiliser au maximum les équipements qui sont
disponibles.
On favorise donc des protocoles d'entente pour la co-utilisation des
équipements dans tous les milieux et dans tous les secteurs du
Québec actuellement. Je dois dire que ce programme
s'accélère de plus en plus et qu'on retrouve en assez grand
nombre maintenant des protocoles d'entende de co-utilisation entre des
municipalités et des commissions scolaires.
Le sous-ministre me signale que l'aide aux bases de plein air se limite
aux frais d'exploitation et à la tenue de certains stages actuellement,
ce qui veut dire qu'on n'a pas aidé au
nom d'une base de plein air une immobilisation d'une base de plein air
actuellement, ceci pour compléter quand même la réponse que
j'avais donnée au député au nom des bases de plein air.
Maintenant, si vous voulez me rappeler la...
M. MERCIER: Sur cette question de la disponibilité des
aménagements physiques ou de l'infrastructure physique des loisirs ou
des gymnases, etc., est-ce que l'initiative est laissée aux commissions
scolaires d'organiser ou de rendre disponibles ces aménagements
possédés par la commission scolaire?
M. PHANEUF: L'initiative n'est laissée à personne. J'ai
dit tantôt que la première responsabilité, le rôle
d'organiser la récréation, au sens large du mot, je les reconnais
à une municipalité et non pas à une commission
scolaire.
A partir de cette reconnaissance, je pense qu'il est du devoir de la
municipalité de rencontrer les commissions scolaires et d'organiser avec
elles ces protocoles d'entente pour l'utilisation des équipements dits
scolaires. Mais l'animation, 24 heures par jour, si on peut s'exprimer ainsi,
sept jours par semaine, 365 jours par année, de récréation
comme telle est, quant à moi, le rôle de la
municipalité.
Le scolaire, bien sûr, par le biais du sport scolaire, par le
biais de l'éducation aux adultes, peut faire de l'animation et fait de
l'animation effectivement, mais la prise en main, la coordination de la
répercussion des sports, des loisirs, de la récréation,
quant à moi, est le rôle qu'on doit normalement faire jouer aux
municipalités.
Le cyclotourisme est une discipline naturellement qui veut être
bien dynamique actuellement. Il s'agit de voir ce qui existait; si on peut
dénombrer comme bicyclettes, pas des bicyclettes de compétition,
mais des bicyclettes de loisir au Québec, c'était une certaine
jeunesse qui pratiquait ce sport. Maintenant, on retrouve des familles
entières qui font des randonnées à bicyclette. C'est
devenu extrêmement intéressant parce que je pense que c'est un
sport très sain. On a mentionné qu'il faudrait peut-être,
éventuellement, arriver à fournir des circuits aux personnes qui
pratiquent ce sport. Des circuits qui pourraient leur permettre d'aller faire
des randonnées en toute sécurité. On sait que dans
certains pays d'Europe, parallèlement à la route, une piste a
été construite expressément pour ceux qui roulent à
bicyclette.
Je pense qu'on n'en est pas là au Québec actuellement. Ce
n'était pas dans nos habitudes, mais comme on est en train de
développer ce goût pour cette discipline, on verra peut-être
éventuellement, parallèlement à nos grandes routes, des
pistes pour les gens qui veulent pratiquer ce sport. Ce qui est
intéressant parce que j'en fais moi-même, je suis un adepte
de cette discipline c'est extrêmement intéressant de voir
ce qu'on peut redécouvrir en 1974, nous qui sommes habitués
à vivre trop rapidement. On passe devant quelque chose de joli en
voiture, on a peur de freiner parce qu'il y a une autre voiture qui nous suit.
Par contre, à bicyclette, à partir du moment où on
découvre de belles choses, on peut prendre le temps d'arrêter,
sans occasionner d'accidents, prendre le temps de voir des choses assez
extraordinaires et redécouvrir une certaine nature, la beauté,
qu'on a peut-être trop tendance à oublier, parce qu'on ne prend
même pas le temps de la regarder.
M. MERCIER: Est-ce que le Haut-Commissariat subventionne actuellement la
Fédération cyclotourisme au Québec?
M. PHANEUF: Fédération comme telle, oui. M. MERCIER:
Cyclotourisme?
M. PHANEUF: Cyclotourisme, oui. C'est une fédération
subventionnée pour un montant assez important d'ailleurs. Je peux vous
donner la somme, mais c'est assez important. On reconnaît que c'est une
discipline qui est saine et une discipline qui amène les gens à
découvrir des choses. D'ailleurs c'est ce qui m'avait amené au
nom du plein air... Vous savez, on aurait pu permettre la création de
toutes sortes de fédérations.
La découverte de la nature pour moi, je ne veux pas former de
nouvelles fédérations, pour le moyen de découvrir la
nature. Le cyclotourisme est une discipline assez précise, mais on
pourrait financer la fédération pour ceux qui font des
randonnées pédestres, fédération de ceux qui font
du ski de fond pleine nature. On reconnaît qu'il y a une
fédération de ski de fond, dite de compétition ou de
formation, pour ceux qui veulent apprendre la technique du ski de fond. Cela ne
veut pas dire que tous ceux qui font du ski de fond veulent faire de la
compétition. On peut se servir de ce moyen de locomotion pour entrer en
forêt et faire la découverte de la nature, comme on peut le faire
à pied, comme on peut le faire en raquettes, on peut le faire de mille
et une façons.
Au niveau et au nom du plein air, il s'agit de reconnaître ce
besoin de la population de faire ce retour, de faire cette découverte en
forêt et de lui donner les moyens possibles de le faire. Le montant qui
était donné à la Fédération de
cyclotourisme, l'an passé, était de $50,966. Vous voyez qu'on
reconnaît quand même l'importance de cette
fédération.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut considérer le
programme 15 comme étant adopté?
M. VEILLEUX: Oui, M. le Président. Quant à moi, je n'ai
pas de question à poser sur le programme 15.
M. PHANEUF: M. le Président, je demanderais de suspendre
momentanément nos travaux.
Est-ce que j'ai le consentement? Oui?
M. le Président, je sais que, ce soir, nous avons eu le temps de
faire un tour d'horizon de plusieurs questions, je sais que nous devons
siéger demain matin à dix heures. Je souhaiterais s'il y a
consentement de la commission que nous ajournions nos travaux à
demain, dix heures.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres sont d'accord?
La commission ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 54)