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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît; Mesdames, messieurs, j'invite maintenant les membres de la
commission à regagner leur siège afin que nous commencions nos
travaux.
La commission élue permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Je vous rappelle le mandat de cette commission parlementaire qui est
d'entendre toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur le
projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Le membres de la commission sont: M. Brouillet (Chauveau), M. Champagne
(Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Gauthier (Roberval), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), M. Kehoe (Chapleau), M. Laurin (Bourget), M. Leduc (Fabre),
M. Paré (Shefford), M. Payne (Vachon) et M. Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Charbonneau
(Verchères), M. Maltais (Saguenay), M. Doyon (Louis-Hébert), M.
Gauthier (Roberval), Mme Harel (Maisonneuve), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Paré (Shefford), M. Rochefort (Gouin) et M. Sirros (Laurier).
Aujourd'hui, nous allons entendre successivement les groupes suivants:
d'abord, la Conférence religieuse canadienne, région du
Québec; deuxièmement, l'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne. Cet
après-midi, à compter de 15 heures, les frères des
Écoles chrétiennes de Québec; le deuxième groupe
sera la Conférence de la pastorale scolaire. Ce soir, à compter
de 19 h 30, nous entendrons le Conseil catholique d'expression anglaise et le
Comité central de parents de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal.
Avant que nous procédions aux échanges avec le premier
groupe invité, M. le député d'Argenteuil m'a
indiqué qu'il avait quelques communications à nous
transmettre.
M. le député d'Argenteuil.
Organismes demandant à être entendus M.
Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il nous fait plaisir de vous
retrouver, ce matin, pour la reprise des travaux de notre commission. Au cours
de la fin de semaine, j'ai reçu un certain nombre de messages relatifs
au travail de notre commission dont je voudrais faire part aux membres de la
commission. Il y en a qui ont été adressés au ministre ou
à vous-même et dont on m'a adressé les copies. À
moins que vous ne revendiquiez, dans ce cas-là, le privilège de
lire vous-même ceux qui vous sont destinés, je vais vous faire
part de tous ceux qui m'ont été adressés.
Le premier message provient de la Centrale de l'enseignement du
Québec et est adressé au ministre de l'Éducation avec
copie au porte-parole de l'Éducation en matière
d'éducation: "M. le ministre, la Centrale de l'enseignement du
Québec, à l'instar de plusieurs autres organisations,
désire protester officiellement contre certains aspects du
déroulement des travaux de la commission parlementaire qui étudie
actuellement le projet de loi 40. Comme d'autres l'ont déjà fait
valoir, nous déplorons vivement que vous n'ayez pas invité
à la commission parlementaire tous les groupes intéressés
à y présenter leur point de vue. Si de nouveaux groupes sont
finalement invités à la suite des multiples revendications faites
en ce sens, ils auront toujours l'impression d'être en quelque sorte
entrés par la porte de côté. Cela nous paraît
contraire aux conditions d'un débat ouvert et fructueux. "L'ordre dans
lequel vous avez organisé les auditions a été souvent de
nature à biaiser les enjeux du débat. Il n'échappera
à personne que tout avait été prévu pour
réduire le plus possible la portée des interventions qui vont
à l'encontre de ce projet de loi. À ce sujet, la confusion que
vous entretenez entre les positions défendues par le Conseil
pédagogique interdisciplinaire du Québec et la Centrale de
l'enseignement du Québec n'est pas un élément qui fait
avancer le débat. "Au cas où vous n'en seriez pas
informés, nous tenons à vous signaler que le mémoire que
nous avons soumis à la commission parlementaire a été
adopté par le conseil général de la centrale, son instance
suprême entre les congrès et ce, après de nombreuses et
intenses consultations. "Nous tenons à vous dire que la nature des
enjeux du projet de loi est telle qu'il y aurait lieu de prendre toutes les
mesures pour que ce débat ne débouche pas sur une forme de
désinformation de l'opinion publique. Celui qui décide en dernier
ressort de la portée de cette commission parlementaire porte à
cet égard une lourde responsabilité."
C'est signé: Yvon Charbonneau, président, Centrale de
l'enseignement du Québec.
Un autre...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, j'avais compris que vous aviez l'intention de nous lire ou de
nous transmettre les messages d'organismes qui n'ont pas pu être
entendus. Si nous reprenons le débat, au moyen de messages qui viennent
d'organismes qui ont déjà été entendus ou par
d'autres députés ou par d'autres organismes même qui n'en
auraient pas fait la demande, si, dis-je, nous reprenons chaque fois le
débat qui a eu lieu au début de nos séances il y a
maintenant un peu plus de deux semaines, je vous signale qu'il s'agit d'un
terrain glissant. Je ne voudrais pas que nous reprenions ces arguments qui, il
me semble, ont été assez largement discutés et
diffusés aussi.
M. Ryan: M. le Président, je vais vous communiquer un
autre message.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. Ryan:
Celui-ci...
Le Président (M. Blouin): S'agit-il d'un organisme qui ne
pourra être entendu ou dont la...
M. Ryan: II n'a pas reçu d'invitation.
Le Président (M. Blouin): Qui n'a pas reçu
d'invitation encore.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Allez-y!
M. Ryan: Cela vient de la table des responsables des services
d'éducation des adultes des commissions scolaires du Québec.
C'est adressé au président de la commission. "M. le
Président, notre organisme a déposé un mémoire
relativement au projet de loi 40 et, comme c'est le cas pour ceux plaidant
essentiellement pour l'éducation des adultes, on ne figure pas sur la
liste des intervenants aux auditions de la commission. "Cependant, cette
commission que vous présidez, ayant loisir de modifier ou d'ajouter
à la sélection, nous vous prions de faire part à vos
collègues de notre désir d'être entendus et des motifs qui
priorisent notre participation. "Un énoncé de politique
d'éducation des adultes doit être rendu public incessamment. Mises
à part les modifications d'usage à quelques lois existantes, il
nous apparaît clairement que le mandat confié aux commissions
scolaires par cette politique sera régi par le contenu de
l'éventuelle loi 40, et bien que l'éducation des adultes soit
visuellement absente des textes du projet de loi, il est primordial pour la
table des responsables des services d'éducation des adultes des
commissions scolaires du Québec d'interroger la signification et la
portée des articles 92, 117, 292, 294, 297, 299, 302, 340 et 368, entre
autres. "En second lieu, notre organisme s'étant préalablement
entendu avec l'Association des cadres scolaires du Québec, l'association
des commissions scolaires protestantes du Québec et la
fédération des commissions scolaires du Québec afin
d'être l'unique porte-parole sur le volet de l'éducation des
adultes, il nous semble logique que la commission complète sa
connaissance des réactions au projet de loi en recevant la table des
responsables des services d'éducation des adultes des commissions
scolaires. (10 h 15) "Finalement, l'éventuelle loi 40 influencera un
réseau scolaire fréquenté par des dizaines de milliers
d'adultes, clientèle souvent défavorisée aux plans
économique et social, habituellement peu organisée ou
regroupée pour intervenir lors de débats où les enjeux
concernent si étroitement son avenir. Il conviendrait, selon nous, que
ceux qui possèdent la plus large expertise en formation des adultes dans
le réseau des commissions scolaires soient entendus par la commission.
Désireuse de soumettre des éléments d'importance à
la discussion, la table des responsables des services d'éducation des
adultes des commissions scolaires du Québec vous réitère
sa disponibilité et vous remercie, de même que tous les membres de
la commission, de l'intérêt que vous porterez à notre
requête".
Cette lettre est signée par le président de la table des
responsables des services d'éducation des adultes des commissions
scolaires du Québec, M. André Ouellet de la commission scolaire
Le Gardeur.
Un télégramme à l'appui d'une demande soumise par
la commission scolaire Greenfield Park en provenance du comité
d'école Pierre-Laporte: "Le comité d'école Pierre-Laporte
a toujours appuyé très fortement la commission scolaire
Greenfield Park dans sa demande pour rapatrier son secondaire. Ce faisant, le
comité d'école s'est fait l'écho de la volonté
largement majoritaire des parents de voir la commission scolaire rapatrier et
administrer son secondaire. La situation de la commission scolaire Greenfield
Park est unique, de même que les représentations que
véhicule son mémoire. C'est pourquoi nous trouvons inconcevable
que la commission parlementaire n'ait pas jugé bon d'entendre notre
organisme. Il nous semble que c'est là un accroc à la
démocratie, laquelle doit faire une place équitable à ces
minorités. Nous
demandons au premier ministre d'intervenir dans le dossier pour que la
commission scolaire de Greenfield Park puisse obtenir les moyens de
répondre aux besoins de son milieu."
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, ce n'est que pour une petite
information. Est-ce que le député d'Argenteuil pourrait nous dire
si dans ce cas-là il s'agit d'une commission scolaire dissidente?
M. Ryan: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Combien y en a-t-il au Québec? Deux?
M. Ryan: II y en a trois ou quatre au plus. Je n'ai pas
donné d'explications additionnelles parce que la commission est
déjà intervenue auprès de nous pour être entendue,
mais cela est une intervention à l'appui de cette demande qui nous avait
été transmise par la commission scolaire.
Un autre message, M. le Président, celui-ci en provenance de la
commission scolaire de Témiscouata: "Dans le cadre du projet de loi 40,
notre commission scolaire a participé à l'élaboration d'un
mémoire dans le but de se faire entendre. Malheureusement, celui-ci n'a
pas été retenu par votre commission parlementaire et nous en
sommes très déçus. Nous croyons que ce mémoire
devrait être entendu, car il est issu d'un travail de concertation entre
les différents agents d'éducation de notre milieu. Par la
présente, nous vous prions, M. le ministre de l'Éducation, de
bien vouloir permettre la présentation de notre mémoire et ce, au
même titre que l'ensemble des intervenants choisis". C'est signé:
Gérard Collin, président de la commission scolaire de
Témiscouata.
Un autre message en provenance de l'Association des commissions
scolaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean: "Le conseil d'administration de la
section Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec accuse réception de votre lettre
du 13 janvier précisant que vous avez bien reçu notre
mémoire - c'est adressé au président de la commission. Les
commissions scolaires de notre région insistent pour que vous leur
donniez la chance d'être entendues. M. le ministre a d'ailleurs bien
signifié que toutes les régions seraient entendues. Sur la liste
officielle, aucun organisme de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
n'apparaît. Les 17 commissions scolaires estiment donc qu'il serait juste
et légitime d'être entendues pour pouvoir présenter et
expliquer leur vécu scolaire. Nous osons croire que vous recevrez
positivement notre demande et nous vous prions d'accepter, M. le
Président, l'expression de nos meilleurs sentiments." C'est
signé: André Bergeron, président, section 02,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
Un autre à l'appui de la requête de Greenfield Park, une
commission scolaire dissidente: "We, the school committe of St. Jude School in
Greenfield Park representing English Catholic parents strongly protest the
Government refusal to hear the opinions of all the organization who presented
briefs regarding Bill 40. You are taking away a democratic right to be heard
and we demand that you extend the hearing to allow time for these points of
view to be expressed. St. Jude School Committee."
Un dernier message en provenance de la commission scolaire de
Saint-Eustache sous la signature de son président, M. Jean-Gilles
Latour, adressé au ministre de l'Éducation: "M. le ministre, en
octobre dernier, la commission scolaire de Saint-Eustache vous faisait parvenir
son mémoire, Recommandations et observations de la commission scolaire
de Saint-Eustache sur le projet de loi 40, et demandait d'être entendue
par la commission parlementaire. Vous avez décidé de ne pas
acquiescer à notre demande; par contre, vous avez accepté
d'entendre certains organismes, commissions scolaires ou comités
d'école, entre autres, qui ont des mémoires, nous semble-t-il,
à l'audition que nous en avons faite, moins étoffés et
surtout moins concrets et moins complets que le nôtre. "Nous avons eu
l'occasion de distribuer notre mémoire à travers la province et
plusieurs intervenants nous ont fait l'observation qu'ils en
appréciaient deux caractéristiques particulières: la
référence continuelle au vécu de la commission scolaire et
l'implication des directeurs d'école et des parents dans la
démarche. "Notre député, M. Pierre de Bellefeuille, a pris
l'initiative de nous rencontrer pour échanger avec nous sur le contenu
de ce mémoire dont il nous a signifié son appréciation
nettement positive. Nous avons également eu un échange avec le
critique de l'Opposition, M. Ryan, qui nous a clairement manifesté son
intérêt à ce que notre mémoire soit entendu à
la commission en raison de son caractère concret et de son esprit
très positif. "Vous comprendrez donc notre étonnement et notre
grande déception de n'avoir point été retenu dans la liste
des organismes devant être entendus par la commission. Nous vous
demandons, M. le ministre, avec insistance, de reconsidérer votre
décision et d'accepter que la commission scolaire de Saint-Eustache
puisse faire valoir ses vives appréhensions face à certains
aspects de votre projet de loi ainsi que les recommandations qu'elle propose
dans le but de bonifier le projet de loi et d'en faciliter à son point
de vue l'atteinte des
principaux objectifs."
M, le Président, ceci complète la liste des communications
que j'ai reçues à l'intention de la commission. 3e vous remercie
d'en avoir entendu la présentation avec votre courtoisie
coutumière.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil.
Rapidement, M. le député de Vachon.
M. Payne: Brièvement, M. le Président. En vertu de
quel article du règlement peut-on lire la liste de ceux qui voudraient
se faire entendre devant la commission? Que je sache, la commission n'a jamais
décidé de terminer ses travaux; en temps et lieu, on va discuter
de cette question. Je ne vois pas, dans le règlement, un appui aux
interventions régulières du député
d'Argenteuil.
Le Président (M. Blouin): Effectivement, M. le
député de Vachon, puisque vous soulevez la question, j'avais
compris que jusqu'à maintenant il y avait une tolérance de la
part des membres de la commission pour que M. le député
d'Argenteuil puisse nous adresser quelques communications au début de
nos séances, de temps à autre. Maintenant, si vous voulez
soulever ce point, je suis prêt à entendre votre argumentation,
mais je ne voudrais pas que nous en fassions un débat interminable
cependant. Votre remarque n'est pas impertinente. Si vous désirez que
nous modifiions nos procédures, je vous suggère d'indiquer aux
membres de la commission quels sont les motifs qui vous incitent à le
faire.
M. Payne: Je signale au président que la commission n'a
pas encore décidé de terminer ses travaux et en aucune
manière, on ne peut préjuger que notre décision est
d'entendre ou de ne pas entendre tel ou tel groupe.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, en vertu du mandat qui a
été donné par l'Assemblée nationale, c'est bien dit
que nous devons entendre tous les intervenants. À partir du moment-
où le ministre a décidé d'en choisir, je pense que ce
serait la politesse la plus élémentaire d'au moins mentionner les
gens qui ne pourront pas se faire entendre à la commission et qui
auraient désiré le faire. Je pense que c'est une politesse
élémentaire, M. le Président, qui est à votre
honneur.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je pense que le
député de Vachon soulève une question qui pourrait nous
entraîner dans un long débat. Si le gouvernement avait
été disposé à prendre l'engagement d'inviter
à cette commission tous ceux qui ont exprimé le désir
d'être entendus et s'il avait effectivement transmis cette invitation
à tous ceux qui ont exprimé le désir d'être
entendus, il n'y aurait pas de communication de cette nature, il n'y aurait pas
de débat là-dessus et, tout fonctionnant normalement, le
gouvernement en temps et lieu, s'il jugeait avoir été
suffisamment informé, pourrait toujours soumettre à la commission
une motion demandant que la commission mette fin à ses travaux. Mais le
gouvernement n'a pas agi ainsi. Nous sommes dans une espèce de zone
indéfinie de ce côté. Il me semble que la courtoisie la
plus élémentaire nous suggère d'entendre au moins, sous
une forme concise, sous la forme tout à fait impartiale que
revêtent les communications que j'ai faites jusqu'à maintenant,
les représentations de ceux qui veulent être entendus. On le fait
avec le maximum de concision. 3e crois qu'il serait infiniment
préférable qu'on continue comme cela plutôt que d'ouvrir un
débat qui peut vite devenir très mouvementé.
Le Président (M. Blouin): Comme je vous le signalais, M.
le député de Vachon, votre intervention n'est pas impertinente
dans les circonstances. Cependant, l'attitude que j'avais adoptée
tendait à permettre au député d'Argenteuil de lire des
communications. C'est à cause de cela que je me suis permis de lui
adresser une remarque la semaine dernière et aujourd'hui aussi, à
cet égard. Ce que je ne voudrais pas, c'est qu'on se mette à
répéter des invitations ou des messages qui ont
déjà été communiqués. Je peux vous assurer
que j'ai fait dresser la liste des organismes dont les messages ont
déjà été communiqués par le
député d'Argenteuil et je veille à ce qu'il n'y ait pas de
redite afin que nous ne prenions pas inutilement le temps de la commission qui
est réservé, comme vous le savez, à entendre nos
invités.
D'autre part, je ne voudrais pas non plus que le député
d'Argenteuil - je lui signale cela au passage - se mette à nous livrer
des communications qui viennent d'autres organismes que ceux qu'il y avait, ou
encore de députés, ou encore d'organismes qui se sont fait
entendre devant nous -comme cela est arrivé ce matin - et qui
transmettent des commentaires supplémentaires ou encore supportent
l'audition d'autres organismes que le leur. Si on pouvait se limiter uniquement
aux organismes qui n'ont pas été convoqués, encore une
fois, pour le moment, nous pourrions disposer de ces interventions avec encore
quelques remarques initiales du député
d'Argenteuil. Ce matin déjà, 23 des organismes qui n'ont
pas encore reçu d'invitation officielle avaient transmis leur message.
Si on ajoute ceux de ce matin, cela en fait une certaine quantité. Cela
ne requiert pas trop de temps de nos débats. C'est pour cela que j'ai
adopté l'attitude de permettre au député d'Argenteuil de
nous livrer ses communications.
Je vous signale que si nous devons laisser de côté la
tolérance et nous rabattre sur le règlement, il pourrait y avoir
une procédure beaucoup plus serrée et restrictive.
M. Ryan: Je pense que souvent...
Le Président (M. Blouin): Pas nécessairement. Si
nous pouvons poursuivre nos travaux comme nous les avons entrepris... Je crois
que tout le monde a constaté, et je ne sais si vous avez reçu ces
commentaires à l'extérieur du Salon rouge aussi, mais la
majorité de nos concitoyens ont constaté que nos travaux se
déroulaient sereinement, se déroulaient bien et ils en
étaient généralement satisfaits. La procédure que
nous avons adoptée la semaine dernière, il me semble, pourrait
être poursuivie s'il n'y a pas d'objection.
Cela va? D'accord.
Sur ce, j'invite maintenant les représentants et les
représentantes de la Conférence religieuse canadienne,
région de Québec, à bien vouloir s'identifier d'abord et
ensuite à nous livrer le contenu de leur mémoire en une vingtaine
de minutes pour qu'ensuite nous procédions aux échanges avec les
membres de la commission.
Auditions
Conférence religieuse canadienne, région
du Québec
Mme Rochet te (Madeleine): M. le Président, mesdames et
messieurs les membres de la commission parlementaire, j'aimerais vous
présenter les membres de la délégation de la CRC-Q. Je
procéderai en commençant à l'extrême droite, M.
Dollard Tremblay, qui est membre du Comité d'éducation
chrétienne à la CRC-Q; à ma droite immédiate, M.
Raymond Boucher, qui est également membre du Comité
d'éducation chrétienne de la CRC-Q. À ma gauche, M.
Maurice Paquette, qui est membre et secrétaire de ce comité. Je
suis actuellement présidente de la CRC-Q. Mon nom est Madeleine
Rochette.
Je vais essayer de communiquer l'essentiel de notre mémoire en
insistant surtout sur l'argumentation qui nous a amenés à vous
présenter des propositions que nous croyons raisonnables et
nécessaires. J'essaierai d'entrer dans le cadre du temps qu'on nous
alloue pour la présentation en ne lisant pas in extenso les articles
mêmes de la loi. Je me contenterai de n'en donner qu'un
résumé très bref. J'aimerais prendre le temps de lire en
entier chacune des recommandations vu qu'elles ne sont pas si nombreuses. (10 h
30)
La Conférence religieuse canadienne de la région du
Québec, que nous appellerons CRC-Q tout au long de notre exposé
et de notre échange, c'est l'Association des responsables de 150
congrégations religieuses masculines et féminines qui regroupe
approximativement 32 000 membres travaillant et vivant sur le territoire
même du Québec.
Les congrégations ont, pendant longtemps dans notre histoire
nationale, porté une responsabilité importante dans les
orientations et l'organisation de l'éducation. Elles sont aujourd'hui
préoccupées par certains enjeux du projet de loi 40. Les membres
de la CRC-Q mènent, depuis deux ans, une étude intensive sur le
projet de loi tel qu'il nous a été annoncé par le livre
blanc et tel qu'il est présenté dans le projet de loi 40.
Nous avons procédé à une consultation de nos
membres de telle sorte qu'aujourd'hui, nous avons la conviction de traduire ce
que nos membres mêmes pensent. Un comité qui a été
mandaté par le conseil d'administration de la CRC-Q a
étudié le livre blanc et ses multiples implications. Il a voulu
se montrer attentif aux "si", aux points de vue et aux expressions d'opinions
d'associations, de regroupements et de gens immédiatement
concernés par les mêmes aspects du projet de réforme.
Tenant compte des objectifs qui lui sont propres, le comité a
étudié davantage l'article 4.2.4 du livre blanc qui traitait des
droits et libertés de conscience et de religion, l'un des enjeux qui,
selon nous, est important dans la réforme. Le 15 avril 1983, la CRC-Q a
fait parvenir au ministre de l'Éducation une série de
recommandations à ce sujet. Nous avons remarqué que ce texte que
nous avons envoyé convergeait nettement avec des points de vue que nous
retrouvons dans les déclarations des évêques du
Québec et qui traitaient du système scolaire et des convictions
religieuses des citoyens publiées en mars 1982. De même, en mai
1983, la CRC-Q a fait parvenir au ministre de l'Éducation une
intervention au sujet de l'article 4.2.8 portant sur l'enseignement
privé.
Bien que notre organisme souscrive à certaines visées du
projet, nous avons quelques réserves que nous aimerions tout d'abord
exprimer.
Premièrement, cette réforme des structures nous a
semblé quelque peu prématurée. En 1977, le livre vert
signalait une série de problèmes dont souffraient nos
écoles. En 1979, le ministre de l'Éducation disait: "Au
cours des prochaines années, nos efforts porteront sur un progrès
constant de la qualité de l'éducation offerte dans les
écoles publiques" (L'école québécoise,
énoncé de politique et plan d'action, page 12). L'actuel projet
de loi propose plutôt une réforme radicale des structures. Ce
changement de structures va-t-il apporter une amélioration dans le
climat quotidien de l'école? Pourquoi un tel coup de barre alors que
nous commençons à peine à maîtriser les structures
mises en place dans les années soixante?
Deuxième réserve. L'implication des parents sera-t-elle
nécessairement assurée? Les parents seront majoritaires au
conseil d'école (article 40) et ils auront au sein des comités de
parents le pouvoir de faire des recommandations (article 65). Le comité
de parents pourra imposer à l'école l'obligation d'être
consulté (article 66). Il faudra s'assurer que les parents pourront
effectivement exercer ces pouvoirs. Comment prévoit-on éviter le
risque de noyautage de ces organismes par une minorité et le risque de
leur impuissance face aux commissions scolaires et au ministère de
l'Éducation?
Une troisième réserve. La place faite aux enseignants nous
semble nettement insuffisante. Nous déplorons ce peu de place qui leur
est faite dans le projet de loi 40. Les principaux responsables d'une
éducation de qualité à l'école, ce sont d'abord et
avant tout les enseignants, eux qui sont les professionnels de l'enseignement.
Faute de leur accorder des pouvoirs de décision en rapport avec
l'importance de leur tâche, on risque fort que la qualité de leur
enseignement et que leur implication dans le projet éducatif en
souffrent.
Quatrième réticence. Nous déplorons que le projet
de loi 40 se taise sur le sort qui sera fait à l'enseignement
privé aux niveaux primaire et secondaire. Nous aimerions connaître
le traitement qu'entend donner le ministre de l'Éducation aux
établissements d'enseignement privé qui font partie du
système national d'éducation au Québec.
Une cinquième réserve. Nous avons déploré le
fait que les règlements n'étaient pas disponibles lors du
dépôt du projet de loi. Nous savons bien depuis ce temps que
certains règlements et certaines orientations des règlements ont
été publiés.
Ces réserves étant faites, nous avons voulu restreindre le
champ de nos recommandations à certains points qui préoccupent
davantage la CRC-Q, compte tenu de sa nature même et de ses objectifs.
Ces points sont au nombre de sept: la qualité de l'enseignement
religieux; les services de pastorale scolaire; le responsable aux écoles
catholiques et aux services d'enseignement religieux et d'animation pastorale;
le sous-ministre associé et la direction de l'enseignement catholique;
le projet éducatif et la reconnaissance officielle des écoles
confessionnelles; les modalités d'exercice du choix entre l'enseignement
religieux et l'enseignement moral; enfin, la commission et les comités
de mise en oeuvre.
Pour chacun de ces points, notre mémoire présente les
références au texte de loi. Nous avons aussi souligné
l'importance que nous voyons à ces points et nous avons formulé
des recommandations que nous croyons essentielles pour que ces garanties se
concrétisent et soient mieux assurées.
Le premier point de nos recommandations: La qualité de
l'enseignement religieux. Cinq articles du projet de loi traitent directement
de ce point. L'article 101: L'école offre le choix entre l'enseignement
religieux, catholique ou protestant, et l'enseignement moral.
À l'article 17, on dit que l'élève a le choix entre
l'enseignement religieux, catholique ou protestant, et l'enseignement
moral.
À l'article 79, on précise qu'un enseignant peut refuser
de dispenser l'enseignement religieux et que celui-ci ne doit se voir imposer
aucune mesure disciplinaire à cause de ce fait.
L'article 80 prévoit la procédure à suivre
lorsqu'un enseignant peut refuser de dispenser l'enseignement religieux.
Enfin, l'article 81 porte sur les qualifications qui sont requises pour
pouvoir dispenser l'enseignement religieux.
Nous sommes d'accord avec les dispositions de ces articles du projet de
loi qui veulent répondre au droit des parents d'exiger que leurs enfants
reçoivent, à l'école publique, un enseignement de la
religion conforme à leurs croyances et à leurs convictions, comme
le promettait le ministre de l'Éducation le 31 octobre 1982 dans son
allocution au congrès de l'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne.
Le ministre promettait en outre que cet enseignement de la religion
catholique serait conforme aux exigences du comité catholique et que des
critères de compétence professionnelle présideraient
à l'affectation des professeurs de cet enseignement. Ces deux
références sont tirées de l'allocution même qui est
reproduite en annexe III de notre mémoire.
Ce qui nous intéresse, c'est la mise en oeuvre concrète de
ces exigences et de ces critères, vu que les situations inacceptables
dans ce domaine existent et sont nombreuses. Ainsi, le comité catholique
dit dans son règlement, à l'article 22: L'enseignement religieux
ne peut être confié qu'à des personnes de foi catholique.
Or, on sait que cette norme est difficilement applicable par
suite des règles de convention collective et des règles
d'affectation du personnel. Ainsi, pour compléter l'horaire d'un
professeur, on l'affectera à l'enseignement religieux sans tenir compte
ni de sa compétence en catéchèse ni de ses convictions
religieuses, ce qui compromet la qualité de l'enseignement religieux
qu'il dispense.
Seules des règles d'application efficaces permettront à
ces articles du projet de loi sur la qualité de l'enseignement religieux
de vraiment prendre corps. En conséquence, la CRC-Q recommande: 1. Que
des dispositions claires et efficaces assurent le respect des exigences
posées par le comité catholique concernant les personnes
chargées de l'enseignement religieux catholique. 2. Que les clauses des
conventions collectives et les règles d'affectation du personnel soient
modifiées pour assurer que tout professeur d'enseignement religieux
réponde aux critères fixés par le comité
catholique. 3. Que les programmes de formation des futurs enseignants et
enseignantes pour l'enseignement religieux comportent des cours obligatoires
spécifiques. 4. Que des cours de perfectionnement obligatoires soient
prévus à l'intention des professeurs actuels d'enseignement
religieux de sorte qu'ils répondent aux critères fixés par
le comité catholique.
Deuxième point de notre mémoire, les services de pastorale
scolaire. Le projet de loi présente trois articles directement
liés à cette question. L'article 5 traite des services
complémentaires personnels qui sont offerts en fonction des besoins de
l'élève. L'article 6 traite des services complémentaires
collectifs. Enfin, l'article 110 reprend l'essence des deux autres et dit que
l'école offre des services en animation pastorale aux
élèves catholiques.
Nous croyons que les services d'animation pastorale répondent
à des besoins spécifiques de l'élève et que ces
services sont distincts de l'enseignement religieux proprement dit. Ils ont
leurs objectifs propres. Ils proposent des activités d'apprentissage
appropriées à ces objectifs.
Nous croyons donc que l'élève inscrit comme catholique
à l'école publique a droit aux services d'animation pastorale et
qu'il est de la responsabilité de l'école de les lui offrir. Bien
sûr, nous savons que la communauté chrétienne et la
paroisse ont aussi un rôle à jouer au même titre que la
famille a son rôle original et propre.
Afin que les services d'animation pastorale puissent remplir le
rôle qu'on en attend, nous recommandons que la qualité des
services d'animation pastorale soit assurée autant par le personnel
qualifié qui lui sera affecté que par l'importance qui lui sera
dévolue à l'école et qu'en conséquence le
financement public des services d'animation pastorale, à
l'élémentaire comme au secondaire, soit adéquat.
Troisième partie du mémoire: Le responsable du soutien aux
écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux et
d'animation pastorale. Le projet de loi comporte un article directement
relié à ce point. Il précise que la commission scolaire
engage un responsable du soutien aux écoles catholiques. Nous nous
réjouissons de ce que le ministre lui-même, lors du congrès
de l'Association québécoise des conseillers au service de
l'éducation chrétienne, le 31 octobre 1982, ait reconnu
l'importance du rôle de ces conseillers, et je cite: "indispensables
auprès des maîtres et animateurs, et responsables, avec eux, de la
qualité de l'enseignement religieux et des services de pastorale
à l'école".
Dans ce même discours, le ministre affirme aussi que le
redécoupage des nouvelles commissions scolaires, la réduction de
leur nombre, comme l'intégration du primaire et du secondaire, auront
pour effet d'augmenter la demande en soutien à l'éducation
chrétienne. Ces deux références se retrouvent aussi
à l'annexe III de notre mémoire.
Nous soulignons également que l'Assemblée des
évêques du Québec, dans sa déclaration du 18 mars
1982 - au numéro 25 - a insisté sur ce même point. On y
lit: "...pourvu que dans les commissions scolaires, quelle que soit leur
nature, on assure le soutien nécessaire à la régie des
écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux..." On
poursuit: "Des garanties à ce palier de l'administration scolaire nous
paraissent absolument indispensables."
Convaincu donc du rôle essentiel qu'exercera un responsable du
soutien aux écoles catholiques dans la nouvelle structure
proposée, la CRC-Q recommande que le responsable du soutien aux
écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux et
d'animation pastorale se situe au niveau de cadre et non à celui de
professionnel non enseignant. (10 h 45)
Quatrième partie de notre mémoire, le sous-ministre
associé et la Direction de l'enseignement catholique. Nous rappellerons
le livre blanc sur ce point. En effet, le chapitre IX du projet de loi 40 sur
les dispositions de concordance n'indique rien concernant le sous-ministre
associé alors que le livre blanc, lui, au no 4.2.4, paragraphe 1,
affirmait: "Quant aux postes de sous-ministres associés de foi
catholique et de foi protestante, ils seront maintenus et leur description sera
ajustée à la nouvelle configuration du système."
La nouvelle configuration du système exige une description
adaptée à ce poste. Nous pensons que la nouvelle
configuration
du système scolaire prévue par le projet de loi 40 devrait
indiquer que la juridiction du sous-ministre associé de foi catholique
concernera non seulement les écoles reconnues catholiques, mais tout ce
qui a trait à l'enseignement religieux catholique et aux services
d'animation pastorale dans les écoles publiques du Québec.
Étant donné l'importance de ce poste pour la protection
des droits des catholiques dans les écoles du Québec, la CRC-Q
recommande que l'article 8 de la Loi sur le ministère de
l'Éducation soit amendé afin que soit redéfini le
rôle du sous-ministre associé de foi catholique de manière
que sa juridiction s'étende aux écoles catholiques et à
tout ce qui a trait à l'enseignement religieux catholique et aux
services d'animation pastorale dans les écoles publiques du
Québec.
Nous recommandons aussi que le sous-ministre associé de foi
catholique continue d'être assisté d'une Direction de
l'enseignement catholique et, enfin, nous recommandons qu'un ou des
répondants du dossier de l'éducation chrétienne soient
désignés dans chaque direction régionale du
ministère de l'Éducation du Québec.
Cinquième point, le droit à la reconnaissance officielle
d'écoles confessionnelles. Le projet de loi 40 présente un
article sur ce point, l'article 32, qui dit que l'école peut demander
une reconnaissance comme catholique. Nous nous réjouissons de ce que le
projet de loi ait inscrit à l'article 32 le droit à des
écoles confessionnelles. Nous souhaitons que les parents puissent ainsi
exercer efficacement leur droit à choisir une éducation et une
école vraiment conforme à leurs convictions, droit dont le
principe est inscrit dans le préambule de la Loi sur le ministère
de l'Éducation et de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation comme dans de nombreuses déclarations des droits. Les
évêques l'ont rappelé dans leur texte Le système
scolaire et les convictions religieuses des citoyens, le 18 mars 1982. Puisque
cette reconnaissance officielle du caractère confessionnel des
écoles se fera à la suite d'un vote démocratique et selon
des critères déterminés par les comités
confessionnels dans le respect de la Charte des droits et libertés de la
personne, le gouvernement ne devra, sous aucun prétexte, reculer sur ce
droit des parents à des écoles confessionnelles.
À maintes reprises, le livre blanc, en particulier au paragraphe
k, du no 4.2.4, souligne que cette reconnaissance devra se faire dans le
respect de la Charte des droits et libertés de la personne. Ne
risque-t-il pas d'y avoir conflit entre le droit à des écoles
confessionnelles prévu par le projet de loi 40 et la Charte des droits
et libertés de la personne? Ne serait-ce pas le temps d'établir
enfin, clairement et hors de tout doute, le droit des milieux à une
école publique à statut confessionnel catholique?
Pour lever l'ambiguïté que sous-tendent ces textes
législatifs, la CRC-Q recommande que soit affirmée et clairement
établie la priorité du droit des parents de choisir pour leurs
enfants l'école qui correspond le mieux à leurs convictions
religieuses, soit par une clause "nonobstant" dans la présente loi, soit
préférablement par la reconnaissance explicite de ce droit dans
la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne.
Le sixième point de notre mémoire porte sur les
modalités de l'exercice du choix entre l'enseignement religieux et
l'enseignement moral. Le projet de loi comporte deux articles sur ce point.
L'article 17 affirme l'existence de ce droit. L'élève a le
choix.
L'article 101 précise comment pourra s'exercer ce droit. On y
insiste sur le fait que l'école prend les moyens appropriés pour
que ce choix s'exerce. Selon l'article 101, ce choix s'exercerait chaque
année au moment de l'inscription. Nous trouvons
préférable, pour assurer la stabilité et la
continuité de l'éducation de l'enfant, que ce choix soit
reconduit tacitement pour tout le temps où l'enfant demeure inscrit
à un même cycle à moins d'une demande contraire explicite
de la part des parents.
Nous recommandons donc que le choix se fasse une fois pour chacun des
cycles du primaire et également une autre fois pour la durée du
premier cycle du secondaire. Toutefois, les parents qui désirent
réviser ce choix peuvent le faire en écrivant à la
direction de l'école concernée.
La septième partie de notre mémoire porte sur la
commission et les comités de mise en oeuvre. Les articles du projet de
loi sur ce point sont nombreux, 340 à 402. Les problèmes relatifs
à la reconnaissance officielle d'écoles confessionnelles, au
projet éducatif, à l'option entre l'enseignement religieux et
l'enseignement moral, à la qualité de l'enseignement religieux et
de l'animation pastorale, à la compétence, à la formation
des professeurs de ces enseignements sont complexes. Ils exigeront que des
groupes de travail spécialisés conseillent la commission de mise
en oeuvre et les comités de mise en oeuvre de chaque nouvelle commission
scolaire.
En conséquence, nous recommandons que dans la commission et les
comités de mise en oeuvre un membre qualifié soit plus
immédiatement chargé de voir à ce que soient
établies les conditions de respect et des garanties confessionnelles.
Vous me permettrez sans doute d'ajouter qu'une treizième proposition
pourrait venir s'ajouter à celles qui sont déjà
exprimées par écrit dans le mémoire et qui porte sur le
même sujet. Je demanderai à M. Boucher de bien
vouloir nous en faire l'énoncé qui est très
court.
M. Boucher (Raymond): Que dans chaque commission scolaire on
crée dès le départ un comité spécial qui
serait particulièrement attentif au respect des garanties religieuses
prévues par la loi.
Mme Rochette: En conclusion, la CRC-Q tient à redire
qu'elle souscrit à certaines préoccupations du projet de loi 40
et à certaines mesures visant à permettre une école
respectueuse des droits et libertés de tous et qui rendent possible une
formation religieuse de qualité.
Les treize recommandations que nous suggérons au ministre nous
paraissent essentielles pour une mise en oeuvre efficace des garanties
confessionnelles.
La CRC-Q souhaite que le système scolaire du Québec, tout
en s'adaptant graduellement aux exigences d'une société en
évolution, continue la tradition qu'on lui connaît du respect des
valeurs qui ont fait notre peuple. La CRC-Q reconnaît aussi que les
enseignants ont toujours été parmi les grands artisans de
l'éducation chrétienne chez nous et qu'ils devraient occuper une
place de choix dans les transformations du système scolaire. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Rochette et M.
Boucher. Compte tenu de l'entente qui est intervenue entre les principaux
intéressés, nous pourrons disposer d'une période d'une
heure trente minutes pour entendre la présentation de votre association
ainsi que les échanges qui se dérouleront entre les
différents partis politiques, ce qui veut dire que chacune des
formations politiques disposera d'un peu plus d'une trentaine de minutes. M. le
ministre.
M. Laurin: Je voudrais d'abord remercier la Conférence
religieuse canadienne pour le soin et l'attention qu'elle a mise à
étudier le projet de loi et particulièrement ses
aménagements confessionnels. Je veux la remercier aussi non seulement
pour ses réflexions et ses opinions, mais également pour les
suggestions et les recommandations qu'elle nous fait.
En général, il semble que la Conférence religieuse
canadienne soit assez d'accord, à l'instar du Comité catholique
du Conseil supérieur de l'éducation, sur les aménagements
confessionnels que contient le projet de loi, à quelques nuances
près. Ce qui paraît l'inquiéter, en tout cas ce qui
paraît l'interroger, c'est plutôt la mise en oeuvre concrète
de ces principes qu'énonce le projet de loi. Je n'aurai pas le temps de
les passer tous en revue; mes collègues, je pense bien, s'en chargeront.
Je voudrais limiter mes remarques et questions à deux sujets.
Vous vous intéressez, à bon droit, à l'enseignement
de la religion en tant que telle, l'enseignement religieux catholique. C'est
là en effet une matière très importante. C'est un
élément de base de la formation religieuse. Autant vous
êtes d'accord avec le projet de loi lorsqu'il dit que cet enseignement ne
devra être fait que par un personnel enseignant qualifié,
motivé et qui partage les valeurs qu'il enseigne, autant vous vous
demandez si les conditions, surtout à la lumière de ce que vous
avez connu et de ce que vous nous rapportez, vont se prêter à
cette mise en oeuvre. Je me demande si, à cet égard, votre
réflexion sur les divers articles rejoint nos préoccupations car
c'est un sujet qui nous a beaucoup interrogé et nous pensions et nous
pensons avoir répondu à l'avance à certaines de vos
interrogations ou inquiétudes à cet égard. Par exemple,
quand nous disons à l'article 81: "Pour être affecté
à l'enseignement religieux, catholique ou protestant, une personne doit
satisfaire aux conditions de qualification exigées... par le
comité confessionnel en cause..." c'est le principe
général.
Mais pour l'aménagement de ce principe, compte tenu de la
situation actuelle, il y a aussi d'autres articles qui traitent de ce sujet.
Par exemple, à l'article 79, on dit: "Un membre du personnel enseignant
a le droit de refuser de dispenser l'enseignement religieux... pour motif de
liberté de conscience." À l'article 80, on dit aussi: "Un membre
du personnel enseignant qui désire exercer son droit de refuser de
dispenser l'enseignement religieux... en informe... le directeur de
l'école. Ce droit s'exerce au moment de l'engagement..." Il nous semble
que ces dispositions tiennent compte des difficultés possibles que nous
pourrions rencontrer dans l'application de ce projet de loi. Une fois le
dialogue engagé, en repensant à l'ensemble que constituent ces
divers articles 79, 80, 81, est-ce qu'il ne vous semble pas que ces articles
sont susceptibles d'assurer concrètement le respect des exigences que
poserait le Comité catholique à l'égard des personnes
chargées de l'enseignement religieux catholique?
M. Boucher (Raymond): Ce qui nous inquiète un peu, c'est
la question des dispositions des conventions collectives qui vont
peut-être apporter des entraves aux dispositions de ces deux articles 79
et 80. . M. Laurin: Ces articles seront maintenant inscrits dans une loi
et la loi, au fond, montre la voie à suivre dans les conventions
collectives. Les conventions collectives doivent s'ajuster aux lois. C'est
toujours le cas, non seulement dans le domaine des aménagements
confessionnels,
mais pour tout ce qui traite des négociations collectives. C'est
la raison pour laquelle, avant les négociations collectives, les
gouvernements font habituellement adopter un projet de loi qui fixe les
paramètres, les conditions, les principes majeurs, les orientations
maîtresses. C'est la raison pour laquelle nous avons cru
nécessaire et non seulement opportun d'indiquer, dans ces articles, les
paramètres, les orientations qui devront présider aux futures
négociations. (11 heures)
Le Président (M. Blouin): Cela va-t-il? Rapidement, M.
Paquette.
M. Paquette (Maurice): Si je peux me permettre. Il peut y avoir
un problème. Ce n'est pas parce que les articles 79, 80 et 81 sont
contenus dans cette loi, que cela va résoudre tous les problèmes.
C'est beau d'avoir cette garantie, mais il y en a qui prétendent - on ne
peut pas savoir encore parce que les gens n'ont peut-être pas encore
assez réfléchi au poids des différentes lois - que, des
fois, cela pourrait même entrer en contradiction avec la Charte des
droits et des libertés. Entre autres, j'ai vu un document d'information
publique de la CEQ qui disait qu'il faudrait se poser sérieusement la
question. Je me dis que c'est beau de donner certaines garanties dans la loi,
mais il faudrait peut-être voir s'il n'y a pas un problème avec
d'autres lois, entre autres, la Charte des droits et libertés. Remarquez
que, dans la Charte des droits et libertés, cela dit le droit, cela dit
ce qui est acceptable ou pas. Je prends l'article 20 qui dit: "est
réputée non discriminatoire". Je suis d'accord avec cela. Ce qui
est discriminatoire ou pas, c'est le peuple qui le définit. Des fois, il
peut y avoir une petite ombre ou une petite zone grise dans ces articles
concernant non pas les professeurs d'enseignement religieux, mais le professeur
tout court. Voici un exemple: supposons que je veux m'engager dans une
commission scolaire et que, dès le moment de mon engagement je demande
à être absolument exempté selon l'article 79.
Peut-être qu'au point de vue de l'affectation du personnel, il y aura des
problèmes.
M. Laurin: Par ailleurs, une loi ne peut pas tout dire.
Habituellement, elle est suivie d'autres documents ou dispositions qui
explicitent les principes, qui les détaillent, qui les aménagent
dans des situations concrètes que seules des discussions menées
entre partenaires au fait des conditions régionales ou locales peuvent
indiquer. Il est dangereux d'aller trop loin dans une loi. Si on voulait
expliciter trop, il y aurait danger. D'autant plus que si on explicite tout
dans une loi pour modifier quoi que ce soit, il faut ensuite revenir devant le
législateur. Lorsqu'une loi est trop explicite, cela ajoute non
seulement un caractère coercitif, mais surtout une rigidité qu'il
importe d'éviter dans toute la mesure du possible.
Je dirais la même chose pour l'article 32. Même si vous
approuvez cet article pour la reconnaissance du statut confessionnel, vous vous
posez des questions tout à fait légitimes. Comment à la
lecture de cet article, pourrons-nous aménager ce qu'on appelle les
droits collectifs et les droits individuels? Cela est une question importante.
Beaucoup de mémoires en traitent et nous entendrons plusieurs opinions
à cet égard. Mais il reste qu'il est très difficile, dans
un ou même plusieurs articles d'un projet de loi, d'aller dans le
détail de l'aménagement ou de la concordance ou de
l'équilibre à maintenir entre le droit collectif et le droit
individuel. Par exemple, quand vous nous faites part de votre inquiétude
au sujet de l'article 32 et que vous vous inquiétez du droit prioritaire
des parents à choisir une école qui respecte ces valeurs,
peut-être avez-vous temporairement oublié l'article 18 qui assure
aux parents le droit de choisir une école qui correspond aux valeurs
qu'ils préfèrent? Est-ce que cet article 18 ne vous semble pas
une réponse suffisante à l'interrogation que vous exprimez?
Le Président (M. Blouin): M. Paquette.
M. Paquette (Maurice): Premièrement, est-ce que je peux
revenir sur la première question? Je me dis que, dans une loi de cette
importance, une loi de cette épaisseur, on n'est peut-être pas
obligé d'aller dans tous les aménagements que les
règlements vont faire, mais, au niveau des principes, avant de faire une
si grosse loi, on peut se permettre d'aller assez loin. Comme on est dans un
système de lois, s'il y a des problèmes avec, entre autres, la
Charte des droits et libertés de la personne, c'est le temps ou jamais
de voir à les prévenir. Il faut accorder les lois. Le
législateur n'est pas censé se contredire d'une loi à
l'autre. Pour que le monde ordinaire puisse comprendre, pourquoi ne pas mettre
les choses d'une façon bien claire?
Concernant votre autre question sur l'article 18, les parents de
l'élève ou l'élève majeur ont le droit de choisir
l'école qui répond le mieux à leurs
préférences. Je suis d'accord avec vous. Mais, à un autre
article, le pendant de l'article 209, c'est que la commission scolaire
établit les critères pour l'inscription des élèves
dans les écoles afin de tenir compte de la capacité d'accueil des
écoles. Même si je veux inscrire mon enfant dans telle
école, si la commission scolaire ne veut pas, on peut jouer entre
l'article 18, le droit des parents, et l'article 19, les pouvoirs de la
commission scolaire - et il peut y avoir aussi une source de conflits - de
sorte
que le droit deviendrait théorique.
Le Président (M. Blouin): Cela va, merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je veux d'abord remercier
les dirigeants de la Conférence catholique canadienne de
l'intérêt qu'ils portent au travail de la commission parlementaire
et au projet de loi 40. Vous avez l'avantage de représenter un groupe
extrêmement diversifié, composé de nombreuses
communautés religieuses qui ont fourni une contribution extraordinaire
au développement de l'enseignement au Québec. Encore aujourd'hui,
des milliers de religieux sont à l'oeuvre dans le secteur de
l'éducation autant dans des institutions publiques que dans des
institutions privées. Je pense que, par de très fortes demandes
que leurs services entraînent dans presque tous les milieux, les membres
des communautés religieuses peuvent avoir la conviction que leur apport
au travail de l'éducation est vivement apprécié des
citoyens québécois et je pense aussi pouvoir dire qu'il l'est des
législateurs québécois. Il me fait plaisir de vous le dire
ce matin au nom de l'Opposition et de vous assurer que les points de vue que
vous émettez nous intéressent d'une manière toute
particulière.
Il était de bonne guerre, je crois, que le ministre de
l'Éducation, dans ses remarques à la suite de votre
présentation, glisse rapidement sur la mise en garde que vous avez
servie au début de votre mémoire. Vous dites avoir des
réserves très sérieuses au sujet de certains aspects
fondamentaux du mémoire. Vous vous demandez, par exemple, si cette
réforme, dans plusieurs de ses aspects, n'est pas
prématurée. Vous vous demandez également si le rôle
des parents et des enseignants est défini dans le projet de loi d'une
manière qui permette d'envisager des résultats efficaces.
Vous vous étonnez ensuite de ce silence gouvernemental qui
continue depuis sept ans au sujet de l'enseignement privé. Nous
partageons vos réticences sur ces trois points. Si ce n'était pas
que vous êtes un groupe de citoyens très bien formés, nous
serions même enclins à conclure que c'est là l'essentiel de
votre mémoire et que le reste regarde plutôt ce que j'appellerais
la tuyauterie confessionnelle. Je serais plutôt enclin à engager
le débat à ce niveau qu'à celui de toutes les petites
mesures particulières qui pourraient bonifier le projet de loi dans son
application au problème particulier de la confessionnalité. Je
voulais tout de même vous signaler que nous sommes très conscients
des réserves que véhicule votre mémoire au point de vue de
ces questions plus générales et vous assurer que, du
côté de l'Opposition, nous les partageons.
La caractéristique qui me frappe dans votre mémoire, c'est
qu'il est conçu à partir de la problématique
définie par le projet de loi. Par conséquent, il contient surtout
des propositions visant à raffermir les garanties que définit le
projet de loi en matière de confessionnalité et ne remet pas en
question la problématique gouvernementale. Nous allons plus loin que
vous. Nous remettons en question bien des aspects de la problématique
gouvernementale. Par exemple, c'est évident que toute la
procédure prévue pour la reconnaissance du caractère
confessionnel des écoles découle de la conception
générale du rôle dévolu à l'école et
à la commission scolaire dans le projet de loi. Vous avez
remarqué que la commission scolaire n'a aucune part dans les
décisions relatives à la confessionnalité. Ceci nous
apparaît exorbitant et irréaliste. Il ne suffit pas de voter au
niveau de l'école locale pour s'imaginer que le problème va
être résolu. Il faut donner des suites concrètes à
ce vote-là ensuite. Pour être en mesure de donner des suites
concrètes raisonnables, efficaces et équitables, il faut avoir
participé un peu à la définition du problème.
Là, on laisse complètement les commissions scolaires de
côté dans toute cette étape. Le conseil d'école
prend sa décision après avoir consulté sous des formes qui
restent à voir et envoie cela au comité confessionnel à
Québec. Il reçoit son billet par le retour de la poste ou je ne
sais pas comment. La commission scolaire reçoit cette affaire. On lui
dit: Engage-toi un responsable du soutien à l'animation pastorale et
à l'enseignement religieux. Je ne pense pas que cela puisse fonctionner
très bien de cette manière-là. C'est une question que je
vais vous adresser ensuite: Peut-on ignorer la commission scolaire, comme le
fait le projet de loi, à l'étape de la préparation des
décisions qui entraîneront une foule de conséquences?
Vous avez ensuite soulevé une autre question extrêmement
préoccupante. Elle se rattache à une ambiguïté
fondamentale que l'on trouve dans le projet de loi. Je crois comprendre, en
lisant votre mémoire et en écoutant les explications que vous en
avez données, que vous tenez à ce que la possibilité
demeure ouverte d'avoir des écoles qui seront franchement
chrétiennes et franchement catholiques. Or, comme vous l'avez
signalé, le projet de loi dit que l'école sera publique et
commune et qu'elle obéira d'abord aux prescriptions de la Charte des
droits et libertés de la personne. Je partage votre opinion que, si des
précisions ne sont pas inscrites quelque part - cela peut être
dans la Charte des droits et libertés de la personne, cela peut
être dans ce projet de loi-ci - il y aura des conflits à l'horizon
qui aboutiront devant les tribunaux. À un moment donné, vous
savez comment fonctionnent les tribunaux! Nous l'avons vu en matière
constitutionnelle pour le Québec.
Le gouvernement est en mesure de témoigner que ce n'est pas
toujours satisfaisant pour celui qui a la responsabilité politique du
destin d'une collectivité. Les tribunaux font leur devoir. Leur
tâche est d'interpréter la grammaire des lois et de dire: La loi
veut dire ceci. Ils n'ont pas le droit de faire la loi. Quelquefois, en
interprétant, ils font un peu la loi, comme on l'a déjà
vu. Alors, il faut être extrêmement prudent de ce
côté-là. Je trouve que le projet de loi ne l'est pas.
Je voudrais vous poser quelques questions dans cette perspective. Tout
d'abord, croyez-vous que c'est encore possible au Québec, d'après
la connaissance que vous avez du milieu québécois et de la
population québécoise, d'envisager qu'un grand nombre de citoyens
continueront de désirer à l'avenir des écoles franchement
catholiques? Quelles devraient être les caractéristiques de telles
écoles? Si on s'en reportait uniquement au projet de loi, une
école catholique, c'est une école qui aurait un enseignement
religieux catholique, une animation pastorale catholique. Est-ce que cela
suffit pour faire une école catholique d'après vous? Que serait,
à vos yeux, une école catholique? Est-ce possible d'envisager une
telle école dans le contexte que créerait le projet de loi
40?
Le Président (M. Blouin): Mme Rochette.
Mme Rochette: Dans votre intervention, il y a beaucoup
d'éléments. Je me permettrai de commencer par certains points que
vous avez soulevés au début. Vous nous faites remarquer que nous
avons des réserves qui vous semblent être l'essentiel de notre
rapport. Nous savons que ces réserves sont partagées par d'autres
organismes qui sont venus ou viendront défendre ces points de vue. Nous
les avons signalées, mais nous ne pourrions pas dire qu'actuellement les
opinions que nous pourrions apporter représentent un consensus parmi nos
membres. Notre consultation a porté uniquement sur les
aménagements de la confessionnalité. C'est pourquoi ce que nous
dirions ici correspondrait à la pensée individuelle de chacun des
membres délégués et non pas à la pensée de
notre organisme. (11 h 15)
Vous nous posez une question à savoir si nous acceptons que la
commission scolaire soit comme ignorée dans ce qui se propose pour
protéger ou garantir la confessionnalité. J'aimerais seulement
rappeler que notre proposition no 13 vient précisément
suggérer une façon de donner la chance à la commission
scolaire d'intervenir dès le départ des aménagements
confessionnels. J'aimerais dire aussi que, s'il y a un message dans notre
mémoire, c'est que nous tenons absolument à ce que tout soit fait
pour que les garanties proposées soient maintenues et
renforcées.
Quand vous nous demandez si c'est possible au Québec d'envisager
qu'un nombre de citoyens continuent de désirer une école
catholique, nous croyons que oui. C'est pour cette raison que nous avons voulu
intervenir ici pour dire que nous tenions à cette possibilité et
aux conditions qui favorisent la mise en oeuvre d'écoles qui restent
à caractère catholique. Ce qui définirait, selon nous, une
école catholique suppose que l'enseignement religieux, catholique, y
soit offert, bien sûr, qu'une animation pastorale de qualité
existe, bien sûr, mais cela veut dire plus que cela pour nous. Cela veut
dire aussi que tout le projet éducatif de l'école intègre
les valeurs chrétiennes et s'en inspire.
Selon nous, ce qui distingue l'école publique à
caractère confessionnel catholique, ce serait qu'elle accepte d'afficher
clairement que son projet éducatif entier intègre ces valeurs,
alors que l'autre école, qui n'aurait pas de reconnaissance officielle,
offrirait les deux autres éléments. Nous voyons une
différence très nette.
M. Ryan: Si vous me permettez une sous-question là-dessus:
D'après le projet de loi, les parents vont émettre une opinion au
niveau de chaque école. Le conseil d'école prendra une
décision au sujet du statut de l'école. Il décidera de
demander que l'école, disons, soit reconnue comme catholique par le
comité catholique. À supposer que dans un endroit les parents
votent à 51% contre 49% en faveur d'une école qui ne serait pas
confessionnelle et que, dans un autre endroit, ils votent à 51% contre
49% pour que l'école soit confessionnelle, si on s'en tient à
l'économie du projet de loi, ces demandes s'en vont au comité
confessionnel à Québec. Arrive une réponse et
l'école est organisée comme cela. La seule tâche de la
commission scolaire, c'est de la servir conformément à cette
décision qui a été prise. Ne trouvez-vous pas que cela
aurait plus de bon sens, et peut-être plus de chance de résultats
équilibrés, que ces opinions, ces voeux soient émis par
les parents - au niveau de chaque école, il n'y a pas d'objection du
tout - mais que l'aménagement des services scolaires, la
répartition des élèves soit laissée à la
commission scolaire de manière qu'elle puisse, dans la mesure du
possible, donner satisfaction au voeu des parents? Si la décision a
déjà été définie, à toutes fins
utiles, au niveau local, il y a danger qu'on se réveille avec un
déséquilibre général qui va être
profondément dangereux pour les droits dont vous parlez.
Le Président (M. Blouin): Mme
Rochette.
Mme Rochette: Ce que vous dites au sujet de la majorité
requise pour que la décision soit prise d'accorder un statut
confessionnel à une école nous a inquiétés aussi.
Cela fait partie de la réserve que nous émettions, à
savoir que nous avons déploré de ne pas connaître le
contenu des règlements de façon précise. Même les
orientations que nous connaissons actuellement ne parlent pas de cette
majorité. Nous croyons que c'est une lacune qu'il faudra combler.
De la même façon, quand il est dit du conseil
d'école qu'il peut présenter la demande pour la reconnaissance,
après consultation des parents, nous ne croyons pas qu'il peut, nous
croyons qu'il doit le faire si la majorité est indicative d'une
volonté nette. Peut-être que mes collègues veulent ajouter
une réponse à cette question.
Le Président (M. Blouin): M. Paquette.
M. Paquette (Maurice): Oui. Si on regarde le libellé de
l'article 32, il me semble qu'on pourrait échafauder des
hypothèses, des scénarios un peu tendancieux avec "l'école
peut demander au comité catholique, après consultation des
parents". Je veux bien croire que c'est un peu comme en politique: si on n'est
pas content du conseil d'école, à la prochaine occasion, on peut
le changer. Je veux bien comprendre aussi que, souvent, si cela allait devant
un tribunal, il y a bien de savants juges qui diraient: C'est un "peut" qui
veut dire "doit", mais il y aura sûrement des juges qui vont dire que
"peut" veut dire "peut" aussi. Peut-être qu'à ce niveau-là
il y aurait ambiguïté. Finalement, le conseil d'école
décide d'abord de consulter. Consulter veut dire quoi? Il y a bien des
hypothèses aussi. Consulter est-ce que c'est choisir, voter ou des
choses comme celles-là?
J'ai lu différentes hypothèses que j'ai trouvées
bien intéressantes. Je ne suis pas fort en géographie, je n'en
veux pas aux habitants de cette région, mais admettons que, dans la
ville de Napierville, il y ait juste une école - peut-être qu'il y
en a plus, je ne sais pas, je n'y suis jamais allé, mais je sais que
c'est une petite ville - peut-être que votre hypothèse de 51-49
marcherait bien. Dans des grands milieux urbains, il pourrait y avoir des
problèmes. Entre autres, je me souviens d'avoir lu dans un
mémoire qu'il y aurait peut-être d'autres modes de consultation
qui seraient appropriés. Encore une fois, l'orientation du
règlement sur la consultation des parents, n'est peut-être pas
fixée - qu'on me corrige si je me trompe -de façon claire de
sorte qu'on pourrait penser que différents modes de consultation
pourraient être possibles selon différents milieux. Par exemple,
on pourrait arriver dans un milieu urbain où vous avez cinq
écoles et que cela donne 41-59; cela ne voudrait pas
nécessairement dire que les cinq écoles... Autrement dit, il y a
des consultations plus globales qu'au niveau d'une école qui seraient
tout aussi démocratiques.
M. Ryan: Vous voulez dire au niveau d'une école ou d'une
commission scolaire?
M. Paquette (Maurice): Cela pourrait aussi être possible
dans le quartier. Disons que le principe de la loi est au niveau de
l'école. Il ne serait pas déraisonnable d'envisager des milieux
plus grands de façon, je pense, à donner aux gens - M. le
ministre a cité l'article 18 - des possibilités.
M. Ryan: Cette échelle plus grande ne serait-elle pas
logiquement le territoire de la commission scolaire?
M. Paquette (Maurice): Je pense que cela pourrait aller
jusque-là. On parlait tout à l'heure de l'implication de la
commission scolaire. Je pense qu'au niveau de l'article 32 on devrait
peut-être réserver un rôle à jouer à la
commission scolaire, ne serait-ce que celui de fournir des services pour une
consultation efficace de façon à aider le conseil des
parents.
M. Ryan: Une dernière question si vous me le permettez, M.
le Président. Je crois comprendre en examinant le projet de loi qu'une
fois que le statut est obtenu par l'école - à supposer qu'une
école obtienne un statut comme école catholique du comité
catholique - il n'y a aucune garantie de durée attachée à
ce statut. Il pourrait être remis en question l'année suivante.
Est-ce que j'ai mal lu le projet de loi? M. le ministre pourra me donner les
précisions s'il le veut. Au début, dans le livre blanc, il
était question d'un statut qui serait donné pour trois ans, si
mes souvenirs sont bons. Il y en a qui avaient parlé d'un statut de cinq
ans. On se réveille dans le texte du projet de loi et il n'y a aucune
garantie de durée nulle part. Est-ce qu'il n'y a pas un danger qu'on
entre dans une période de très grande instabilité avec
cela, de débats renouvelés? Une année le problème
aura été réglé à moitié. La chicane
reprend l'année suivante et l'autre année. Où est-ce qu'on
va se réveiller avec cela?
M. Paquette (Maurice): D'accord. Vous faites probablement
allusion à l'article 611. Si c'est le seul article qui porte
là-dessus, effectivement cela soulèverait des hypothèses
comme vous les envisagez.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir sur cette question du projet éducatif dont vous avez
parlé, mais dont vous faites peu état dans votre mémoire.
Je voudrais y revenir parce que cela me semble être un
élément important du projet de loi. En fonction
précisément de ce que vous avez mentionné,
c'est-à-dire l'intégration des valeurs chrétiennes
à l'école, il est prévu que c'est le projet
éducatif qui doit, justement, intégrer ces valeurs
chrétiennes lorsque le milieu souhaite que le projet éducatif
aille dans cette direction, lorsque le milieu opte pour une école
catholique.
Dans cette optique du projet éducatif qui est pris en charge par
le milieu, le projet de loi prévoit la constitution d'un conseil
d'école qui est responsable du projet éducatif, conseil
d'école auquel participent les parents, les enseignants, la direction de
l'école, les professionnels non-enseignants. Tous ces gens doivent,
selon l'esprit du projet de loi, définir leur projet éducatif,
définir les orientations chrétiennes si tel est le voeu du
milieu. L'idée est de responsabiliser le milieu; l'idée est de
rapprocher l'école du milieu, de favoriser l'implication du milieu, des
gens qui sont à l'intérieur de l'école, des parents qui
sont les premiers responsables de l'éducation des enfants. L'objectif
est, finalement, d'humaniser davantage l'école, de revaloriser
l'école et de rendre davantage possible le projet éducatif. Les
parents sont venus nous dire, à maintes reprises en commission
parlementaire, que c'est ce qu'ils souhaitaient. Présentement, ils n'ont
pas ce statut de personnes véritablement impliquées,
véritablement responsables du projet éducatif de l'école,
compte tenu qu'ils ont un statut consultatif.
Dans votre mémoire, à la page 3, vous avez des doutes sur
l'implication des parents. Vous posez la question: L'implication des parents
est-elle assurée? Vous ne parlez pas, par contre, explicitement du
projet éducatif. Je vous pose la question: Ne croyez-vous pas que le
projet de loi favorise l'intégration, l'instauration d'un projet
éducatif par le biais d'un conseil d'école, par le biais de la
responsabilisation des parents? Ne croyez-vous pas que tout ceci peut favoriser
un projet éducatif qui intègre des valeurs chrétiennes
prises en charge par le milieu?
Le Président (M. Blouin): Mme
Rochette.
Mme Rochette: Un début de réponse, peut-être
que les autres membres voudront compléter. Je pense que la CRC-Q est
d'accord avec la visée du projet qui consiste à vouloir
responsabiliser - j'emploie le terme que j'ai cru entendre - humaniser et
revaloriser l'école et le rôle des parents. Je pense que c'est une
visée que nous trouvons bonne et souhaitable. Nous reconnaissons aussi
que c'est le souhait des parents d'être membres à part
entière de l'école. La réticence que nous émettons
est de savoir comment les règles du jeu favoriseront l'exercice concret
de ce devoir et de ce droit. Nos expériences nous montrent qu'il n'est
pas facile d'obtenir une participation des parents pour toutes sortes de
raisons que vous connaissez tout aussi bien que nous. Est-ce que le seul fait
d'avoir place au conseil d'école va, automatiquement, rendre les
parents... C'est le sens de notre intervention.
Nous savons aussi que, souvent, les minorités sont capables de
parler plus fort que les majorités qui n'ont pas les voies
d'accès ou qui ne se rendent pas pour exprimer des choses. Est-ce que le
projet de loi inversera nécessairement cet état de choses? Nous
croyons aussi que les parents ont beaucoup à dire dans le projet
éducatif de l'école; nous pensons aussi qu'ils ne sont pas les
seuls à le faire. Nous avons déploré que les enseignants
n'aient pas une place assez importante pour dire ce qu'ils attendent du projet
éducatif de leur école. Nous acceptons la visée; nous
avons, cependant, des craintes au sujet de la mise en oeuvre.
M. Leduc (Fabre): Merci. Quant à la place, qu'est-ce que
vous souhaiteriez? Le projet de loi prévoit la participation des
enseignants, mais prévoit que les parents sont majoritaires. Que
souhaiteriez-vous comme formule? Vous dites que les enseignants n'ont pas une
place suffisante. Qu'est-ce qu'une place suffisante pour vous? (11 h 30)
M. Tremblay (Dollard): Je croyais que, dans le conseil
d'école, la place suffisante des parents devrait être au tiers et
que les enseignants auraient également le tiers. Dans les écoles
secondaires, il y aurait une participation des étudiants
également au conseil d'école. Il ne faudrait pas, non plus,
oublier qu'on pourrait avoir au conseil d'école un professionnel
travaillant dans l'école, ce qui ferait un conseil d'école
beaucoup plus équilibré. Donner le côté majoritaire
aux parents à cause des raisons que Mme Rochette vient de donner, ce
serait un peu utopique.
M. Leduc (Fabre): D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux
également remercier les représentants de la Conférence
religieuse
canadienne de leur mémoire. Je pense qu'il met en lumière
la difficulté d'application du projet de loi à maints
égards, particulièrement en ce qui touche la
confessionnalité. À première vue, on semble vouloir
respecter les opinions de chacun, qu'on veuille exercer son droit de
fréquenter une école catholique ou protestante, etc., mais je
pense que son application sera extrêmement difficile.
Je ne veux pas revenir sur les questions qui ont été
posées préalablement, mais j'ai écouté
attentivement les remarques du ministre. Remarquez bien que je lui souhaite
bonne chance en ce qui a trait à ce point particulier. Vous avez
soulevé la question du problème des affectations, selon que
quelqu'un veuille avoir une exemption de l'enseignement religieux ou pas. C'est
pour cela qu'on l'insère dans la loi. Généralement, la loi
qui précède les négociations est une loi
particulière qui donne le cadre dans lequel va s'établir la
négociation. À ce moment-ci, il a bien indiqué qu'on
modifie déjà dans l'application certaines conditions ou
dispositions des conventions collectives. Espérons que tout cela va se
faire en harmonie; on ne peut que se souhaiter cela. Je pense qu'il y a
là un écueil que vous avez souligné avec raison parce que,
éventuellement, cela va toucher l'ancienneté des professeurs dans
le processus d'affectation et de mutation; ce n'est pas un mince
problème.
De même, la question des conflits possibles entre l'application de
la loi et le respect de la Charte des droits et libertés de la personne
a été soulignée à plusieurs reprises, même
avant le projet de loi 40. Elle a été soulignée au moment
du livre blanc sur l'école communautaire et responsable et je pense
qu'on n'a pas de réponse là-dessus.
Je vais vous poser deux questions. La première est celle-ci: Vous
avez sans doute examiné les pouvoirs qui seront dévolus aux
parents. Vous dites souhaitable que les parents aient une plus grande
participation. Est-ce que vous la voyez dans les termes prévus dans la
loi, c'est-à-dire la gestion totale de l'école, même si
c'est dans un certain cadre défini par la commission scolaire?
Reliée à celle-ci, une autre question. Le ministre, je pense,
s'en est servi aussi comme exemple. Dans le fond, ce qu'on veut, c'est donner
aux parents un pouvoir semblable à celui que les parents exercent
à l'intérieur des écoles privées. Comme vous avez
une annexe importante sur l'école privée, j'imagine que vous
connaissez le fonctionnement des écoles privées. Pourriez-vous
nous dire si dans les écoles privées, à l'heure actuelle -
je sais qu'il y a des comités de parents - les pouvoirs qui leur sont
dévolus sont analogues à ceux qui sont prévus dans
l'actuel projet de loi pour les parents?
M. Boucher (Raymond): Dans les écoles privées, il y
a une grande diversité pour ce qui a trait aux pouvoirs des parents.
Là où il y a de nouveaux conseils d'administration qui ont
été mis en place, par exemple, quand une communauté
religieuse a laissé une grande part de l'administration, on a
donné, à ce moment-là, plus de pouvoirs aux parents. Je
note aussi que certaines écoles privées, qui ont eu des
difficultés administratives, ont donné beaucoup de pouvoirs aux
parents du côté de la recherche de support financier. Cela a
beaucoup aidé ces parents à s'impliquer davantage dans
l'école. Pour ce qui est des comités de parents, je pense qu'ils
s'impliquent beaucoup dans certaines écoles privées. Ils ont fait
le choix de l'école privée, ce qui fait en sorte qu'ils
s'impliquent beaucoup plus que s'ils laissaient leur enfant à
l'école publique. Ils donnent beaucoup de temps, dans certains cas,
à ces conseils ou ces comités de parents.
Mme Lavoie-Roux: Concernant l'implication des parents qui peuvent
participer à des activités de l'école, qui peuvent
même agir comme personnes-ressources au niveau d'un cour, etc., comme
cela se fait dans les écoles publiques, faites-vous la distinction quant
au taux de participation et à la somme des pouvoirs directs qui leur
sont donnés dans la gestion de l'école? Diriez-vous que, dans la
majorité des écoles privées, ce sont les parents qui
gèrent l'école?
M. Boucher (Raymond): On n'a pas de statistiques
là-dessus. Je pense qu'on peut dire que cette implication des parents
dans la gestion varie beaucoup d'une école privée à
l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Rochette: Je serais tout de même portée à
dire qu'il y a quelque chose dans le projet de loi qui ne semble pas être
vécu dans les écoles privées, du moins dans ce que j'en
connais. L'article 113, par exemple, dit: "L'école établit les
normes et modalités de l'évaluation des apprentissages de
l'élève." Il me semble que c'est donner beaucoup de
responsabilités à des parents qui seront majoritaires dans ce
comité que de décider de l'évaluation des apprentissages
de l'élève. Est-ce vraiment de leur compétence? C'est un
exemple. Je ne connais pas d'école privée où les parents
participent à un comité d'évaluation et décident en
ce domaine, surtout pas dans une majorité. C'est un exemple. Il y en a
peut-être d'autres.
Le Président (M. Blouin): M. Paquette.
M. Paquette (Maurice): Je dirais - je ne veux pas faire un jeu de
mots - que, dans le fond, c'est un peu fausser la question et la réponse
aussi. Dans les écoles privées, les parents ont l'arme absolue.
Ils l'ont le pouvoir. S'ils ne sont pas contents, ils retirent leur enfant.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce sens, oui.
M. Paquette (Maurice): C'est comme dans une société
de consommation, dans le fond, c'est l'arme absolue. Si vous êtes
professeur dans une école privée - je pense que le raisonnement
pourrait aussi s'appliquer dans une école publique - et que le directeur
vous appelle et vous dit: Mon cher professeur, les parents m'ont dit que... ils
ont un gros pouvoir d'influence. C'est le consommateur qui a raison.
Excusez-moi de réduire cela en de tels termes, c'est de la
déformation.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous dans le sens qu'ils
ont le pouvoir de le retirer et de l'envoyer dans une autre école
privée ou dans le secteur public, mais la question que je vous ai
posée concernait la somme des pouvoirs qui seraient donnés aux
parents par la loi. Je pense que c'est un ordre de choix ou un autre ordre de
fonctionnement des parents que la réponse que vous me donnez.
Oui, madame.
Mme Rochette: II me semble qu'il convient de bien distinguer
l'expression "pouvoir décisionnel" et l'implication en termes de
participation...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Rochette: ...d'échanges et de suggestions.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous avez raison de dire que, dans
des écoles privées, les parents, bien souvent, s'impliquent
peut-être davantage, mais ce n'est pas nécessairement au niveau de
la décision.
M. Paquette (Maurice): Par contre, je dois vous dire - je ne veux
donner des armes à personne - que je pense que, dans les écoles
privées, une des questions à l'étude actuellement, c'est
que les parents auraient une participation au conseil d'administration de
l'école privée.
Mme Lavoie-Roux: Mais elle n'existe pas présentement.
M. Paquette (Maurice): Je n'en connais pas. Il y en a
peut-être, mais je suis sûr que la question se pose actuellement et
qu'elle est étudiée très sérieusement. D'ailleurs,
si j'étais administrateur dans une école privée et que je
regardais le projet de loi, même si, légalement peut-être,
les implications ne sont pas très énormes pour l'école
privée, l'idée est bonne de donner une place aux parents au
conseil d'administration et au conseil d'école. C'est une excellente
idée. Le problème, c'est que les gens se chicanent. Les
comités de parents ont leur point de vue, les enseignants ont leur point
de vue, tout le monde a son point de vue et je pense qu'il y a un exercice de
discernement à faire là-dedans. Je suis conscient que c'est un
choix difficile quant à la proportion.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le problème qui a
été discuté ici ne porte pas sur le fait que les parents
doivent ou puissent être au niveau des commissions scolaires ou au niveau
du conseil d'école. Le problème ne s'est jamais posé dans
ces termes. Cela s'est davantage posé quant à l'importance de
leur représentation et quant à l'importance des pouvoirs
décisionnels qui leur seraient donnés. Sur le reste, il n'y a
jamais personne qui en a discuté autour de la table.
Je vais laisser tomber ma deuxième question, car on me dit qu'il
reste cinq minutes. Mon collègue veut poser une question. Je lui laisse
la parole et je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci beaucoup, M. le
Président. Je remercie les membres de la Conférence religieuse
canadienne de la région du Québec, de s'être
présentés devant nous.
Je remarque une ouverture d'esprit à travers les pages de ce
mémoire et aussi son côté positif. Vous respectez
l'évolution religieuse de la société
québécoise. Il y en a qui voudraient peut-être ou qui
désirent revenir aux choses du passé, d'il y a 20 ans, d'il y a
30 ans. Il faut vivre dans une école d'une façon quotidienne pour
s'apercevoir que l'application de la méthode d'il y a 20 ans, d'il y a
30 ans a bien changé et que vous voyez d'un côté positif le
projet de loi 40.
J'ai apprécié d'une façon très
particulière votre conclusion. Vous souscrivez au projet de loi 40 parce
que ses préoccupations permettent une école respectueuse des
droits et des libertés de tous. Vous reconnaissez que le projet de loi
40 nous donne une école respectueuse des droits et des libertés
de tous et qui rend possible une formation religieuse. C'est un acquis positif,
je pense, qu'on retrouve dans le projet de loi 40. Si on regarde dans ce projet
de loi, il y a beaucoup d'articles qui
donnent des garanties à l'enseignement religieux et aux services
religieux. L'article 17 donne l'option en enseignement religieux et en
enseignement moral. Il y a l'article 31 où on traite des valeurs
religieuses d'une confession particulière. À l'article 32, c'est
la reconnaissance confessionnelle. À l'article 78, c'est le respect des
orientations de l'école. L'article 79 traite du droit de refus de
dispenser l'enseignement religieux, et j'en passe. Concrètement, cela
veut dire qu'on donne des garanties dans ce projet de loi.
Une de mes premières questions, c'est qu'à la fois, dans
votre introduction, vous parlez d'un projet de loi qui a un caractère
radical et prématuré. Je voudrais savoir de votre part sur quel
point du projet de loi vous vous appuyez pour dire qu'il a un caractère
radical et prématuré, si on considère toute
l'évolution qui a été parcourue dans les écoles,
dans la société québécoise et dans l'Église
du Québec. Sur quel point vous appuyez-vous pour dire que c'est d'un
caractère radical et prématuré?
Le Président (M. Rlouin): Mme Rochette.
Mme Rochette: Nous considérons la réforme radicale
au sens où toutes les structures sont revues, modifiées et
remises en place. Nous trouvons que c'est prématuré au sens
où ces changements radicaux dans les structures ne visent
peut-être pas assez clairement - du moins, selon l'étude que nous
en avons faite - la qualité pédagogique à assurer. Nous ne
sommes pas sûrs qu'un changement de structures égale une
amélioration de la vie éducative à l'école
publique; c'est dans ce sens.
M. Champagne (Mille-Îles): Dans ce sens-là, mais
vous voyez que le projet de loi, tout de même, donne des garanties
beaucoup plus sûres. Monsieur voulait aussi peut-être
compléter?
Le Président (M. Blouin): M. Paquette.
M. Paquette (Maurice): Dans cette lignée, vous dites que,
dans notre conclusion, nous souscrivons au projet de loi 40. Je veux dire que
nous souscrivons à certaines préoccupations du projet de loi 40,
mais il ne faut pas oublier que nous faisons treize recommandations. Nous
pourrions dire que nous souscrivons au projet de loi 40, tel que
modifié. Je m'excuse. Il ne faut pas oublier que je me suis fait une
grosse pancarte tout à l'heure où j'ai inscrit
"ambiguïté." C'est beau de dire que, dans le projet de loi 40 -et
là nous bouclons ce que nous disions au tout début - il y a des
garanties religieuses. Les tribunaux mettent de grandes sections des lois de
côté. Je me dis qu'il faut dissiper toute ambiguïté.
C'était indiqué dans le livre blanc, à la page 59: "Des
nouvelles dispositions législatives garantiront plus nettement le droit
à la liberté de conscience et de religion et le principe de la
non-discrimination, ces exigences fondamentales d'un système public
d'éducation." (11 h 45)
La Commission des droits de la personne travaille son avis sur le projet
de loi 40 et la confessionnalité. Hier, ce n'était pas
prêt, je le déplore; il me semble que cela aurait pu être
plus rapide. Je comprends, parce que le travail, c'est le travail, n'est-ce
pas? Je me dis qu'il faut absolument que cette loi dissipe les
ambiguïtés; dans la loi, il faut qu'il y ait ce qu'il faut pour que
le système se tienne debout, qu'on ne se retrouve pas avec des
problèmes devant les tribunaux, comme cela arrive avec différents
gouvernements qui adoptent des lois que les gens pensent
intéressantes.
Une voix: Vous connaissez cela?
M. Champagne (Mille-Îles): J'ai quand même repris le
texte de votre conclusion...
M. Paquette (Maurice): Oui, mais en oubliant le mot
"certaines".
M. Champagne (Mille-Îles): ...à savoir "qu'elle
souscrit à certaines préoccupations du projet de loi 40,
préoccupations qui permettent une école respectueuse des droits
et libertés de tous et qui rendent possible une formation religieuse."
Je me suis réellement référé à votre
conclusion.
D'ailleurs, la religion se vit individuellement, mais en famille avant
tout. Je ne pense pas qu'elle puisse se vivre nécessairement à
l'église, peut-être d'une façon ponctuelle, une fois par
semaine ou une fois par mois. De la même façon, ne croyez-vous pas
que vous aurez un appui de taille dans le quotidien, dans le vécu d'une
école, en ayant la participation du commissaire qui sera élu, du
principal d'école, des parents, des professeurs qui prennent de plus en
plus d'importance dans le projet de loi? Quelqu'un parlait tout à
l'heure du tiers, certains ont même parlé de la parité
autour de cette table. Ne croyez-vous pas que le projet de loi 40, qui va
instituer le conseil d'école, qui va favoriser un projet
éducatif, dans votre quotidien de professeurs qui veulent inculquer un
meilleur service religieux, un meilleur enseignement religieux, permettra ces
meilleurs services et un meilleur enseignement religieux, considérant
que vous aurez l'appui du comité d'école?
Le Président (M. Blouin): Mme
Rochette.
Mme Rochette: Si nous avons considéré que certaines
mesures préconisées par la loi étaient bonnes et valables,
c'est justement parce qu'elles nous semblent viser à protéger
cette qualité. Nos recommandations sont venues insister pour que le
gouvernement ne recule pas, quelles que soient les pressions qui seraient
faites, face à ces garanties que le projet de loi offre et même
pour qu'il les rende plus précises en termes de mode d'application.
Une des raisons qui nous font insister pour que la reconnaissance du
statut confessionnel des écoles soit possible, c'est justement que, de
cette façon, le projet éducatif peut être nettement
déclaré comme impliquant les valeurs chrétiennes, les
intégrant et offrant la possibilité à
l'élève dont les parents le désirent de baigner dans cette
atmosphère à longueur de jour, de telle sorte que ce qu'il
reçoit dans sa famille sera complété, continué
à l'école. Nous croyons que c'est possible, mais à
certaines conditions.
M. Champagne (Mille-Îles); Voici un dernier
élément. En page 9, dans vos recommandations, vous dites: "En
conséquence, nous recommandons que les clauses des conventions
collectives et les règles d'affectation du personnel soient
modifiées pour assurer que tout professeur d'enseignement religieux
réponde aux critères fixés par le comité
catholique." Si on regarde les articles qui s'appliquent à cet
élément, ce sont les articles 79, 80 et 81. Si vous me le
permettez, je lirai rapidement 79: "Un membre du personnel enseignant a le
droit de refuser de dispenser l'enseignement religieux, catholique ou
protestant, pour motif de liberté de conscience. Celui-ci ne peut se
voir imposer un congédiement, une suspension ou une mesure disciplinaire
parce qu'il a exercé ce droit." L'article 80: "Un membre du personnel
enseignant qui désire exercer son droit de refuser de dispenser
l'enseignement religieux, catholique ou protestant, en informe, par
écrit, le directeur de l'école." Le dernier paragraphe: "Ce droit
s'exerce au moment de l'engagement ou, dans le cas d'une personne
déjà engagée, avant le premier avril pour l'année
scolaire suivante. Le refus de dispenser l'enseignement religieux vaut jusqu'au
moment où le directeur reçoit un avis à l'effet
contraire."
Je vous demande: Pourquoi faites-vous ces recommandations si vous avez
les articles 79, 80 et 81 qui, enfin, répondent à votre
recommandation, il me semble? Sur quels points cela n'y répond-il
pas?
M. Boucher (Raymond): Ce sont peut-être les règles
d'affectation concrètes du personnel dans une école qu'il
faudrait regarder, pas par la voie du projet de loi, mais peut-être par
des règlements. Par exemple, il faudrait faire en sorte que
l'aménagement de la tâche de l'enseignement permette, si cela ne
correspond pas à ses convictions personnelles d'enseigner la religion,
qu'il puisse se retirer sans préjudice et qu'il y ait un bon soutien
pédagogique de prévu dans l'école de la part du
conseiller. Au fond, c'est la vie concrète de l'école qui va
faire que ces dispositions du projet de loi vont être efficaces ou
pas.
Le Président (M. Blouin): Mme Rochette, rapidement, s'il
vous plaît!
Mme Rochette: Oui. J'aimerais revenir à un point que M. le
ministre a soulevé lui-même au début de cet échange
lorsqu'il nous a dit que l'enseignement religieux catholique était
préservé parce que l'enseignant va être motivé et
qu'il sera qualifié. Selon nous, ce n'est pas parce qu'un enseignant
peut refuser de dispenser l'enseignement que nécessairement tous ceux
qui le donneront seront motivés. Nous nous demandons dans quelle mesure
un professeur, individuellement, va accepter de renoncer à une partie de
sa charge professionnelle. S'il n'a pas le nombre suffisant d'heures, il va
probablement prendre la charge complète et la qualité va s'en
ressentir.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Saguenay, en concluant, puisqu'il ne reste que cinq minutes avant d'accueillir
l'Association québécoise des conseillers au service de
l'éducation chrétienne.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Au début de
votre mémoire - et je vais être assez rapide sur les aspects dont
vous avez traité - vous avez traité de la
confessionnalité. Il y a une question qui me chicote. Vous avez dit au
début que la place des enseignants était nettement insuffisante
dans l'école. Je reviens à la réponse que vous avez
donnée au député de Mille-Îles. Il y a deux petites
questions qui se rattachent à cela. Tout d'abord, vous savez qu'au
Québec, à part les grandes villes, il y a des centaines de
petites villes et de petits villages qui ont seulement une école. Le
parent inscrit son enfant en deuxième année et, deux ans
après, on change le statut de l'école. Comment va marcher cette
histoire-là, d'après vous?
Le Président (M. Blouin): Mme
Rochette.
M. Paquette (Maurice): Pourriez-vous reposer votre question?
M. Maltais: Par exemple, si le parent, qui arrive dans le village
ou dans la ville,
inscrit son enfant en troisième année et qu'en
cinquième année on change le statut de l'école? Alors, on
avait le statut d'école confessionnelle catholique et, l'année
suivante ou deux ans après, on change de statut. On parle de moyen de
transport, mais, quand vous êtes à dix ou quinze milles de
différence, que va faire le parent avec son enfant?
M. Paquette (Maurice): Alors, supposons qu'on a une
école...
M. Maltais: Oui.
M. Paquette (Maurice): Si l'enfant est dans une école et
qu'il suit un cours de religion, il va le suivre, quel que soit le statut. Si
on change le statut, le cours reste là, l'enfant reste là et
l'école reste là. Il ne se passe rien, cela continue.
M. Maltais: Puis, tout va très bien?
M. Paquette (Maurice): Tout va très bien? Le statut est
changé. Cela peut affecter le projet. La dimension religieuse est
changée, mais vous me posez la question: Que se passe-t-il
concrètement pour cet enfant-là, à son cours? Il peut
aller au cours de morale, c'est son droit. Chaque année, il peut changer
d'option, s'il le veut, mais nous souhaitons que cela dure trois ans.
M. Maltais: Mais je vous pose la question spécifique: Le
parent a inscrit son enfant là parce que c'était une école
catholique, mais en cours de route on change le statut de l'école. Si le
parent l'a inscrit là, c'est parce que c'était sa volonté
qu'il ait une éducation dans la foi catholique. Cela va? On change le
statut de l'école en cours de route. Cela ne fait plus le bonheur du
parent. S'il a la possibilité d'envoyer son enfant ailleurs, cela va.
Mais, s'il n'en a pas la possibilité, cela veut dire que le parent va
être obligé de continuer à envoyer son enfant là. Je
sais que les cours ne changeront pas, mais lui, dans sa tête,
c'était qu'il l'envoyait dans une école catholique.
Deuxième question: les enseignants. Les parents décident
qu'on va avoir un statut confessionnel à l'école. Cela va
très bien. Tout le monde adopte le projet éducatif. Les
enseignants, majoritairement, ne sont pas d'accord là-dessus. Qu'est-ce
qui se produit? Je ne parle pas seulement de la qualité, mais je parle
aussi de la quantité et de la façon parce que, lorsqu'on va
choisir un projet éducatif confessionnel catholique, il va falloir que
tout le monde embarque. S'il n'y a que les parents qui choisissent et que les
enseignants ne choisissent pas, qu'est-ce que cela va faire dans la
pratique?
Le Président (M. Blouin): Mme Rochette.
Mme Rochette: J'aimerais dire que votre question souligne
précisément une lacune que nous avons reconnue. Si les
enseignants ne participent pas à toute décision qui concerne
l'exercice de la confessionnalité, c'est bien certain qu'il va y avoir
des problèmes. Dans votre question, vous avez dit: Si les gens
n'embarquent pas. J'aimerais savoir de qui vous parlez quand vous dites "les
gens"? Est-ce que ce sont les parents ou les enseignants ou tous?
M. Maltais: On a eu l'occasion d'entendre la CEQ et M.
Charbonneau m'a laissé croire hors de tout doute qu'il n'avait pas
l'intention d'aller à grands pas là-dedans. C'est là une
réserve que je me garde là-dessus parce qu'il ne nous a pas dit
clairement ici qu'il allait embarquer à grands pas là-dedans.
C'est la réserve que j'émets. Merci.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député de Saguenay. Sur ce, je remercie la représentante
et les représentants de la Conférence religieuse canadienne,
région du Québec, de leur collaboration aux travaux de cette
commission. Je le fais au nom de tous les membres de la commission
parlementaire.
J'invite maintenant les représentants de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne à bien vouloir s'avancer et à prendre place
à la table des invités.
Je signale aux représentants de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne que, selon l'entente qui est intervenue entre les partis
politiques, nous disposerons d'une heure et demie à la fois pour
entendre leur mémoire et pour procéder aux échanges entre
les membres de la commission et nos invités. Je leur souligne
également, après avoir parcouru le mémoire qu'ils ont
déposé au Secrétariat des commissions, que, s'ils
désiraient procéder à une lecture littérale de ce
texte, nous en aurions pour environ deux heures. Je fais donc appel à
leur esprit de synthèse pour leur rappeler qu'ils doivent
procéder à cette présentation en une vingtaine de minutes
et qu'ensuite nous demanderons aux membres de la commission de procéder
aux échanges avec eux.
Sans plus tarder, je demande donc aux représentants de
l'Association québécoise des conseillers au service de
l'éducation chrétienne de bien vouloir d'abord s'identifier et
ensuite de procéder à la présentation de leur
mémoire en une vingtaine de minutes.
Association québécoise des conseillers
au service de l'éducation chrétienne
M. Van Oorschot (Henri): M. le Président, M. le ministre
de l'Éducation, mesdames, messieurs, membres de cette commission, tout
d'abord, nous tenons à vous remercier de l'occasion que vous nous donnez
de présenter notre mémoire devant cette commission.
Je vous présente les personnes qui m'accompagnent. À
l'extrême droite, M. Serge Côté, membre du conseil
d'administration et conseiller en éducation chrétienne à
la commission scolaire Jacques-Cartier à Longueuil; à
côté de moi, à ma droite, M. Rémi Bourdon,
vice-président de notre association et conseiller en éducation
chrétienne à la commission scolaire régionale Lignery
à Laprairie; à mon extrême gauche, M. Jean-Guy Daigle,
membre du conseil d'administration et conseiller en éducation
chrétienne à la commission scolaire régionale de l'Yamaska
à Saint-Yacinthe; à ma gauche immédiate, Mme Lucienne
Boisvert, membre du conseil d'administration et conseillère en
éducation chrétienne à la commission scolaire
Charlesbourg. Je suis le président de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne et je me nomme Henri Van Oorschot. Je suis conseiller en
éducation chrétienne à la commission scolaire Mont-Fort.
(12 heures)
Avant de vous présenter les points saillants de notre
mémoire, j'aimerais vous dire comment est né notre
mémoire. C'est à partir de la parution du livre blanc en 1982 que
nous avons commencé nos réflexions sur la question
confessionnelle dans l'école québécoise. Nos
journées d'étude de l'automne 1982 étaient
entièrement consacrées à ce sujet. Les quelque 225
participants ont formulé quelques centaines de propositions qui ont
été par la suite cotées selon l'importance que
l'assemblée générale y attachait. Par la suite, un
comité de rédaction a rédigé un premier
mémoire qui a été soumis à des membres de
l'association. Il y avait un échantillonnage d'une quarantaine de
membres répartis dans toutes les régions du Québec. Enfin,
après le dépôt du projet de loi, nous en sommes
arrivés à la rédaction présente de ce
mémoire. Nous pouvons affirmer que ce texte a reçu l'approbation
de l'ensemble de nos membres ainsi que de quelques offices diocésains
d'éducation. Ces derniers nous ont écrit à cet effet et je
demande de pouvoir déposer leur lettre à l'intention des membres
de la commission. Notre secrétaire qui est dans la salle pourrait
remettre les textes.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Van Oorschot: L'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne regroupe des
conseillers et conseillères en éducation chrétienne et des
conseillers et conseillères pédagogiques en enseignement moral et
religieux. Nous regroupons environ 180 membres sur une possibilité
d'environ 250 conseillers à travers la province. Notre association a
pour but la promotion de l'éducation chrétienne à
l'école et le perfectionnement de ses membres. Elle désire
apporter sa contribution dans la réflexion conduisant à la mise
en place de la nouvelle Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public
et, par la même occasion, manifester l'intérêt certain que
ses membres portent à l'éducation chrétienne.
La reconnaissance de l'école. Nous sommes heureux de constater
que le projet de loi 40 insiste sur une consultation auprès des parents.
Cependant, nous croyons que cette consultation devrait être
précédée d'une évaluation du vécu
confessionnel du milieu. Cette opération nous semble nécessaire,
voire essentielle, pour que la reconnaissance accordée à
l'école soit véritablement en conformité avec les valeurs
véhiculées par la majorité des gens d'un milieu
donné. Une fois la reconnaissance accordée, il nous semble normal
qu'elle ne soit pas remise en question avant au moins cinq ans.
Mme Boisvert (Lucienne): Je traiterai de l'enseignement religieux
et moral à l'école à partir du principe de l'option. Un
régime d'option remplacera le régime d'exemption que nous
connaissons actuellement. À la suite de la déclaration des
évêques du Québec, nous reconnaissons que ce régime
serait mieux adapté au caractère commun de l'école
publique. Cette prise de position de notre association s'inscrit
également dans les perspectives du comité catholique. Les
implications d'un tel changement sont considérables. Les parents et,
à mesure qu'il grandira, l'enfant lui-même auront à
faire un choix conscient, responsable et cohérent. De son
côté, l'institution scolaire reconnue comme catholique ou non
devra faire une information honnête, objective et complète sur les
enseignements offerts et devra prendre les dispositions requises pour que les
choix des parents et des élèves soient respectés.
Cependant, au sujet de l'option au préscolaire, qu'il nous soit
permis d'inscrire une opposition majeure. Nous croyons que le choix offert
entre des activités d'éveil à la dimension religieuse et
des activités d'éveil à la dimension morale au
préscolaire va tout simplement à l'encontre de l'esprit de lapédagogie et de la psychologie du tout petit à la
maternelle.
Conséquemment à la mise en place d'un
régime d'option, une ambiguïté serait à lever.
Nous acquiesçons bien sûr à l'idée d'inscrire dans
la loi l'obligation pour toute école d'offrir un enseignement religieux,
catholique ou protestant, et un enseignement moral. Cependant, l'article tel
que présenté manque de clarté. L'option s'exercera-t-elle
entre deux types d'enseignement ou trois?
Nous proposons de reformuler les articles qui traitent des choix offerts
par l'école de façon qu'ils indiquent clairement que
l'élève a le droit de choisir entre l'enseignement religieux
catholique, l'enseignement religieux protestant et l'enseignement moral.
Au sujet de l'encadrement pédagogique de l'option, il y est
affirmé que l'organisation de l'enseignement religieux, catholique ou
protestant, ou de l'enseignement moral doit permettre à chaque
élève d'atteindre les objectifs et d'acquérir les contenus
définis dans les programmes d'études officiels. Nous croyons
fortement qu'un cours dispensé par un enseignant qualifié et
compétent est la seule réponse valable à ces exigences et
qu'il faudrait aussi préciser dans la loi l'obligation de dispenser un
cours d'enseignement moral ou religieux, catholique ou protestant, à qui
en fera la demande et cela, sans restriction de nombre.
M. Côté (Serge): Toujours dans le chapitre
concernant l'enseignement religieux, au sujet des programmes d'enseignement,
des guides pédagogiques et du matériel didactique. Pour assurer
la qualité de l'enseignement religieux ou moral, il est certes
évident que la présence de programmes d'études bien
structurés joue un rôle important. "Le ministre établit,
selon le premier alinéa de l'article 292, au préscolaire, au
primaire et au secondaire les programmes d'études." Comment le
législateur définit-il "établit"? Quant à nous,
nous croyons qu'en ce qui concerne l'enseignement religieux catholique, les
programmes doivent être établis conformément aux
orientations définies par les évêques du Québec de
façon à assurer le caractère authentiquement catholique de
cet enseignement. Nous sommes satisfaits que soit attribuée au
comité catholique la charge d'approuver, pour l'enseignement religieux
catholique, les programmes, les guides pédagogiques, les manuels et le
matériel didactique.
Concernant l'affectation des enseignants à l'enseignement
religieux, il arrive qu'on attribue des tâches d'enseignement religieux
à des enseignants sans aucune exigence sérieuse, ni au plan de la
préparation professionnelle, ni au plan des convictions religieuses. Il
nous apparaît très important de préciser les
critères de sélection de l'ordre des convictions religieuses et
aussi de la compétence professionnelle. Les recommandations
formulées dans le présent mémoire, à cet effet,
relèvent des règlements - nous en sommes conscients -mais nous ne
pouvions les taire, eu égard aux problèmes liés à
la compétence des enseignants.
Nous voulons aussi exprimer un voeu qui nous est cher: que les
dispositions nécessaires soient prises pour que l'application de ces
éventuels règlements ne soit pas entravée par les
conventions de travail. Nos recommandations portent donc sur les
critères de base exigés pour un tel enseignement, sur la
formation et le recyclage des enseignants.
Au sujet de la liberté de conscience de l'enseignant, nous
manifestons notre accord de voir inscrit dans la loi le droit pour un
enseignant de refuser d'enseigner la religion contre sa volonté. Nous
sommes heureux de constater que le projet de loi prévoit même
clarifier les modalités concernant l'application de ce droit.
Au sujet de l'organisation de l'enseignement, certaines conditions sont
essentielles pour qu'advienne un enseignement religieux ou moral de
qualité. Nous en retenons deux: d'abord, le temps prévu à
l'enseignement religieux qui est, à notre avis, trop souvent non
respecté, quoiqu'il soit clairement déterminé par le
nouvel article 9 du règlement du comité catholique.
Il importe également de s'interroger sur la tâche de
l'enseignant. Comment pouvons-nous penser développer une relation
maître-élève signifiante quand un enseignant, au
secondaire, doit rencontrer chaque semaine douze groupes d'une trentaine
d'élèves? Nous pourrions citer d'autres situations aussi
défavorables à une pratique éducative de qualité.
Nous croyons qu'il faut investir temps et argent pour corriger ou éviter
ces situations; c'est pourquoi nous recommandons qu'un maximum de huit groupes
de trente élèves chacun soit retenu au secondaire pour permettre
une relation maître-élève de plus grande
qualité.
M. Daigle (Jean-Guy): L'animation pastorale. Traditionnellement,
au Québec, l'éducation chrétienne a toujours eu deux
volets: l'enseignement religieux et l'animation pastorale. Nous constatons avec
satisfaction que l'école doit offrir, avec l'enseignement religieux,
à l'élève inscrit comme catholique, un programme de
services complémentaires, personnels ou collectifs, en animation
pastorale, conformément au règlement du comité catholique.
Nous voyons là une façon de respecter le droit pour l'enfant de
recevoir une formation touchant toutes les dimensions de sa personne, incluant
la dimension religieuse. À cet égard, nous pensons que le
comité catholique devrait avoir le pouvoir de définir le
champ
d'activité propre à l'animation pastorale.
En plus du financement au secondaire, la réglementation
concernant l'animation pastorale devrait donner une indication du rapport
animateur-élèves. En effet, la pratique des dernières
années a montré qu'à partir d'un certain nombre
d'élèves par animateur des services de qualité, voire
parfois de simples services de base, sont impossibles à assurer.
Au-delà du rapport d'un animateur par 800 élèves, nous
croyons que la qualité des services est directement mise en cause. Le
comité catholique devrait donc définir aussi un rapport
animateur-élèves assurant la qualité des services
d'animation pastorale au secondaire.
Au primaire, compte tenu des dispositions particulières de ce
milieu, il nous paraît opportun que soient précisés le
temps et l'espace nécessaires pour la tenue d'activités
d'animation pastorale.
Nous aimerions faire ici quelques suggestions concernant les
qualifications nécessaires à l'exercice de la tâche de
l'animateur de pastorale. D'une part, la scolarité est un critère
important. Ainsi, au secondaire, l'animateur de pastorale étant un
spécialiste, nous croyons qu'un diplôme universitaire terminal de
premier cycle dans une discipline appropriée représente un
minimum d'exigences.
Au primaire, les personnes oeuvrant généralement en
animation pastorale ne sont pas des spécialistes, mais plutôt des
pasteurs de communauté, des chrétiens engagés et
bénévoles, parfois des personnes rémunérées.
Il nous paraît donc opportun que l'animateur ait une compétence
jugée suffisante par la communauté chrétienne catholique
locale et par l'école où il exerce sa fonction.
D'autre part, nous croyons qu'il est hautement opportun de conserver le
mandat pastoral pour toute personne exerçant une fonction en animation
pastorale.
Enfin, ce lien ecclésial doit s'exercer d'une façon
très concrète. Au primaire, l'initiation aux sacrements doit se
faire en lien avec la communauté croyante et selon les orientations
données par les évêques en juin 1983. Au secondaire, un
soutien communautaire à l'éducation de la foi des jeunes tend
à se développer et apparaît de plus en plus pertinent.
L'animation pastorale doit donc, pour assurer son sens ultime, travailler en
lien avec une communauté de foi enracinée dans un lieu
donné.
M. Bourdon (Rémi): Au sujet de l'encadrement de
l'éducation chrétienne et de la formation morale à la
commission scolaire, nous souscrivons entièrement au fait qu'une
commission scolaire engage un responsable du dossier de l'éducation
religieuse et que ce dernier doit être mandaté par
l'évêque. Notre expérience démontre qu'il est
nécessaire, voire essentiel, pour une commission scolaire, de compter
parmi son personnel une personne chargée du soutien aux écoles
confessionnelles, de l'animation et du soutien des enseignants et des
animateurs de pastorale et cette même personne doit voir à la
coordination des activités pastorales et de l'enseignement religieux. Si
ceci est valable dans le contexte actuel, il le sera davantage encore quand les
commissions scolaires dans leur ensemble seront sans caractère
confessionnel. (12 h 15)
Nous sommes convaincus - notre expérience nous le démontre
- que, sans un soutien adéquat, il est vain de croire en la
possibilité d'une éducation religieuse de qualité, de son
authenticité et de sa cohérence.
Nous croyons que, dans le contexte à venir, ce responsable sera
un appui indispensable à une éducation religieuse de
qualité dans les écoles. C'est dans cet esprit que nous
souscrivons pleinement aux paroles du ministre de l'Éducation dans son
allocution lors de nos journées d'études, à l'automne
1982, quand il affirmait que le conseiller en éducation
chrétienne devra dorénavant jouer le rôle d'un "catalyseur"
auprès du professeur de religion, de l'animateur de pastorale,
auprès des responsables de l'école et de son projet
éducatif en liaison avec la communauté chrétienne.
Dans cette perspective, nous anticipons que la tâche du
responsable devra comprendre cinq champs de responsabilité relatifs
à sa fonction: 1. le champ de l'enseignement religieux catholique; 2.
celui de l'animation pastorale; 3. celui du projet éducatif et de la
dimension confessionnelle des écoles; 4. celui des relations avec le
directeur général et la commission scolaire; 5. celui des
relations avec le diocèse et les communautés locales.
Une brève analyse de ces fonctions nous permet de dire que le
responsable doit être une personne-ressource au niveau des programmes en
enseignement religieux et en animation pastorale, au niveau de l'application
des règlements régissant l'éducation chrétienne
dispensée dans les écoles et aussi au niveau de la dimension
confessionnelle des écoles reconnues comme catholiques. En plus
d'être une personne-ressource, il doit être aussi un animateur et
un soutien auprès du personnel affecté à l'enseignement
religieux et à l'animation pastorale. Il doit également jouer un
rôle de conseil auprès des commissaires, du personnel de direction
de la commission scolaire et des écoles dans le domaine de sa
compétence. Il doit exercer une responsabilité administrative
pour gérer le budget alloué à l'éducation
chrétienne, participer à la sélection, à
l'affectation et à l'évaluation du personnel de son secteur, en
plus de garantir
l'application des règlements régissant
éventuellement les services d'éducation chrétienne dans
les écoles autres que catholiques. En outre, il doit participer à
l'évaluation du vécu confessionnel d'un milieu donné pour
que le projet éducatif soit cohérent avec les valeurs
véhiculées dans ce milieu. Enfin, il doit assurer les liens
nécessaires avec les communautés chrétiennes locales et
diocésaines de son territoire et répondre à
l'évêque de l'exercice de son mandat.
Nous souscrivons d'ailleurs au fait que le responsable doit
détenir un mandat de l'évêque. En effet, une
éducation religieuse doit se faire en lien étroit avec la
communauté chrétienne, ce qui le situe dans une double
appartenance: appartenance scolaire et appartenance ecclésiale. Le
projet de loi énonce en clair ce double lien.
Compte tenu de la nature des responsabilités du titulaire de ce
poste, nous proposons que son statut soit celui de cadre à l'emploi de
la commission scolaire puisque ce champ de responsabilité s'étend
du préscolaire jusqu'à la fin du secondaire; il nous
apparaît aussi indispensable qu'il soit employé à temps
plein, ayant la pleine responsabilité du dossier de l'éducation
chrétienne et cela sous la responsabilité immédiate du
directeur général de la commission scolaire.
Permettez-nous aussi de souligner, à la fin de ce chapitre,
l'importance que prendra la formation morale dans les écoles, et, par
conséquent, la nécessité pour chaque commission scolaire
de désigner un conseiller chargé du soutien pédagogique
à la formation morale. Pour nous, ce rôle doit être rempli
par une personne autre que le responsable du soutien aux écoles
catholiques et aux services d'éducation chrétienne.
Il va de soi que des mécanismes de communication et de
collaboration devront s'établir entre ce conseiller et le responsable de
l'éducation chrétienne de façon à harmoniser dans
la pratique quotidienne les exigences de la formation morale et celles de la
formation religieuse de type confessionnel.
M. Van Oorschot: Enfin, je voudrais juste souligner deux petites
recommandations par rapport aux comités confessionnels et aux
sous-ministres de l'Éducation, sous-ministres de foi catholique.
L'article 22 de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation présentement en vigueur comporte un paragraphe g qui
se lit comme suit: "de faire au conseil et au ministre des recommandations sur
toute question de leur compétence." Nous croyons nécessaire que
ce paragraphe continue d'apparaître dans le projet de loi 40.
Quant aux sous-ministres associés de foi catholique et de foi
protestante, on ne les trouve nulle part mentionnés dans le projet de
loi. Pourtant, dans le livre blanc, il en était question.
Le projet de loi met en place des dispositions qui étendent
l'offre des services d'enseignement religieux catholique ou protestant et des
services d'animation pastorale catholique à toutes les écoles. Il
convient donc de reconnaître dans la Loi sur le ministère de
l'Éducation ce réaménagement en attribuant aux
sous-ministres associés un pouvoir correspondant. Vu le peu de temps qui
nous est accordé, je vous fais grâce de notre conclusion où
on souligne un certain nombre de questions.
Le Président (M. Blouin): Merci, madame et messieurs. M.
le ministre.
M. Laurin: Je remercie l'association des conseillers en
éducation chrétienne pour l'analyse très fouillée
du projet de loi qu'elle a faite lors de ses diverses réunions et dans
le mémoire qu'elle nous présente aujourd'hui. Ces gens sont des
spécialistes d'une certaine façon. À cet égard,
leurs recommandations sont à étudier avec beaucoup de soin et je
les en remercie.
Dans leurs recommandations, je pense d'ailleurs qu'ils vont beaucoup
plus loin que ce que postule un projet de loi, ils vont jusqu'à des
recommandations très précises qui touchent plutôt des
aménagements pratiques, aussi bien d'ordre financier que d'ordre
administratif, et, même si nous ne pouvons pas en faire état
aujourd'hui, à l'occasion de l'étude du projet de loi, je veux
les assurer que toutes leurs remarques, nourries de leur expérience
pratique, nous sont précieuses et que nous prendrons le temps de les
examiner et d'en tirer tout le suc qui s'y trouve et, surtout, les
conséquences pratiques que l'association souhaite.
Vous touchez évidemment plusieurs sujets et je ne peux les
aborder tous. Je voudrais d'abord vous dire que je reconnais assez volontiers
la validité des réticences que vous avez en ce qui concerne le
choix de l'option dès le niveau préscolaire. Vous appuyez votre
réticence sur des motifs pédagogiques et, effectivement, on peut
se poser des questions à ce sujet. Certains groupes nous ont fait valoir
que, précisément, c'est à l'âge le plus tendre que
doivent commencer à s'exercer les orientations religieuses
fondamentales. Il reste que votre objection est sérieuse. Il est
probable que nous en tiendrons compte, malgré qu'une des
conséquences de la réticence que vous exprimez, c'est que, si
nous nous rendons à votre suggestion, il faudrait bien faire en sorte
que les activités d'éveil ne comportent aucune dimension
religieuse quelconque puisqu'elles pourraient alors se heurter aux objections
que pourraient présenter les tenants d'autres
options philosophiques en ce qui a trait, par exemple, à
l'enseignement moral. Mais tout ceci est pour vous dire que votre
réflexion à cet égard nous est précieuse et que
nous essaierons d'en tenir compte.
De plus, vous suggérez à bon droit qu'avant de demander
une reconnaissance comme école catholique ou école
confessionnelle ou non, l'école devrait procéder à une
analyse de son vécu confessionnel. C'est là pour moi une
évidence. Il est sûr que le projet éducatif et la
reconnaissance du statut confessionnel ou non ne doivent pas survenir ex
abrupto, comme une improvisation. Il est évident que l'aboutissement de
cette réflexion, qui prend la forme d'une demande de reconnaissance de
statut, doit suivre une démarche à laquelle participent tous les
intervenants de l'école.
Je crois même que cette demande de reconnaissance doit être
précédée d'une démarche encore plus
préalable, c'est-à-dire une interrogation sur les valeurs
auxquelles adhèrent les intervenants de l'école. C'est d'ailleurs
cette démarche que nous avions en tête lorsque nous disions que
nous reconnaîtrions le statut que possèdent actuellement les
écoles en juillet 1985 et que nous laissions, au fond, trois ans aux
écoles pour procéder à cette démarche, que ce soit
pour préciser leur valeur, analyser leur vécu confessionnel et
ensuite, en conclusion, demander le maintien ou la révocation du statut
confessionnel. La démarche prévue et implicite dans le projet de
loi est donc analogue à celle que vous demandez. Mais ce qui
m'étonne, c'est que vous nous faites cette demande, mais qu'en
même temps vous demandiez - c'est à la page 8 de votre
mémoire - que l'on supprime cet article qui prévoit qu'on
maintient le statut confessionnel tel qu'il existera au 1er juillet 1985.
Comment pouvez-vous concilier cette demande de suppression du statut qui
existera au 1er juillet 1985 et votre demande et l'assurance que
donne le projet de loi que les écoles auront trois ans pour
procéder à cette démarche?
Le Président (M. Blouin): M. Van Oorschot.
M. Van Oorschot: Cette recommandation que nous avons faite par
rapport au retrait de l'article 611 se basait sur un souci plus
démocratique. On était parti du fait que dire trois ans, cela
peut être suffisant dans certains cas; dans d'autres cas,
peut-être, il y a tellement de chats à fouetter qu'on aimerait
peut-être prendre deux ans de plus. Donc, nous suggérons des
périodes de cinq ans. Vu qu'on suggérait une démarche de
consultation et d'évaluation qui s'étendrait sur cinq ans, on se
disait qu'à ce moment l'article 611 aurait moins d'importance. M.
Côté pourrait peut- être vous expliquer plus en
détail les idées qui sont derrière cette
recommandation.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M.
Côté. (12 h 30)
M. Côté (Serge): En fait, si j'essaie de retracer un
petit peu ce qu'on a pu suivre comme cheminement pour en arriver à cette
prise de position, c'est qu'on trouvait également que l'article 611
pouvait apporter une entrave à un droit acquis des catholiques. C'est
vrai qu'on laisse une période de trois ans pour faire la demande de
reconduction ou de révocation du statut confessionnel de l'école,
mais il y a aussi une autre phrase qui dit: À défaut, elle perd
sa reconnaissance confessionnelle. Nous trouvions que cette restriction pouvait
porter atteinte à un droit acquis des milieux qui ont à peu
près partout, actuellement, des écoles confessionnelles. Nous
voulions également offrir plus de souplesse parce qu'il y a quand
même un caractère obligatoire dans cet article 611. Nous voulions
mettre en place une procédure qui offre davantage de souplesse. C'est
pour cela que nous avons demandé cinq ans. C'est aussi pour cela que
nous, dans notre idée, on croit qu'il revient au conseil d'école
de se poser obligatoirement la question à tous les cinq ans et notre
recommandation le dit: Le conseil d'école se pose la question pour
savoir s'il entreprend toute l'opération consultation, évaluation
du vécu confessionnel du milieu ou non. On a aussi joué la carte
de la démocratie de laisser au conseil d'école la
responsabilité de se poser la question. S'il se pose la question, c'est
toute l'opération qui est mise en branle. S'il voit que cela va, il n'y
a pas de problème; à ce moment, on continue comme avant.
M. Laurin: Vous demandez également de prévoir, dans
l'article 220, que la commission scolaire engage une personne à temps
plein qui sera responsable du soutien aux écoles catholiques et à
l'enseignement religieux dispensé dans n'importe quelle école
publique. J'ai bien écouté votre argumentation. Vous
apportez des raisons sérieuses à l'appui de votre demande,
mais il y a quand même un autre élément dont il faudrait
tenir compte. Je pense qu'il appartient, jusqu'ici, à la commission
scolaire de déterminer ses besoins dans toutes les matières et
elle le conservera soit directement, soit à la suite des demandes que
lui feront les écoles. Il faut tenir compte ici de la diversité
des situations. Il peut, bien sûr, exister des commissions scolaires qui
doivent dispenser les services soit éducatifs, soit
complémentaires d'ordre religieux à près de 20 000, 25 000
ou 30 000 élèves. Mais il y aura encore un certain nombre de
commissions scolaires qui ne dispenseront ces
services qu'à un nombre limité d'élèves,
soit 3000 ou 4000. Ne croyez-vous pas qu'il serait préférable de
laisser à la commission scolaire le soin d'évaluer la situation
et lui laisser la liberté d'engager un responsable à temps plein
si cela est nécessaire et même de lui donner des assistants au cas
où la population à desservir serait très grande? Par
ailleurs, dans d'autres cas, lorsque la population scolaire est moins grande et
même peu considérable, de lui laisser la liberté de juger
si un responsable à demi-temps ne serait pas suffisant? Il y a
là, je pense, le maintien d'une tradition qu'il me semble plus opportun
de garder que de révoquer.
M. Van Oorschot: Notre recommandation par rapport au temps plein
de ce poste ne se situait pas tant par rapport au nombre d'élèves
dans une commission scolaire ou au nombre de professeurs. Notre recommandation
se basait beaucoup plus sur le nombre de dossiers, l'ampleur du champ de
responsabilité de ce conseil-là. On se base là-dessus
d'après notre expérience. Notre expérience nous dit qu'on
a à travailler et auprès des écoles, et aussi
auprès des communautés. Si je prends le cas d'un conseiller en
éducation chrétienne dans une commission scolaire actuelle
normale, comme la mienne, avec tout ce qui se passe pour mettre en place le
système d'options, un conseiller travaille souvent, entre janvier et
février ou même déjà à partir d'octobre, de
deux à trois soirs par semaine avec les communautés, parce qu'on
ne peut pas atteindre ces gens-là le jour. Il y a l'option; il y a aussi
les droits des catholiques. Il y a aussi les droits des autres; il y a
l'application des droits et c'est là toute la signification d'une
école chrétienne, les valeurs évangéliques à
appliquer, le respect de tout le monde.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Avant de
donner la parole au député d'Argenteuil, l'Opposition m'a
signalé qu'il s'était glissé une légère
erreur lorsque j'ai identifié les membres et les intervenants de cette
commission. Avec le consentement des membres de la commission, M. le
député de Chapleau remplacerait non pas le député
de Saint-Henri, mais le député de Laurier. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
j'ai écouté le résumé qu'on a
présenté du mémoire de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne. J'ai trouvé que le mémoire était
très substantiel, très précis. En ce qui touche les
questions de confessionnalité, c'est sûrement un des
mémoires les plus importants dont nous aurons été saisis
pendant les audiences de la commission. Je regrette seulement que nous ayons un
temps trop limité pour le discuter en profondeur.
Je voudrais vous dire tout d'abord, à vous qui représentez
l'Association québécoise des conseillers au service de
l'éducation chrétienne, mon admiration personnelle pour le
travail important que vous accomplissez dans des conditions extrêmement
délicates et difficiles. Je pense que le travail qui vous est
confié est peut-être le plus difficile de toutes les tâches
qui peuvent être exercées actuellement dans notre système
d'enseignement, surtout au niveau secondaire. Je pense que les efforts des
personnes qui se consacrent à cette tâche importante pour l'avenir
de la qualité de notre culture et de notre civilisation doivent
être soulignés chaque fois qu'on peut le faire. Je le fais avec
plaisir et conviction. Ce n'est pas parce que des difficultés existent
qu'il faut se dire que ce travail ne devrait pas être fait.
J'ai également apprécié - je l'ai dit tantôt
- la précision, le caractère fonctionnel du mémoire que
vous avez soumis au nom de vos collègues. J'aurais simplement une petite
réserve là-dessus. Je pense que, s'il vous était possible
de compléter ce mémoire au cours des prochains jours ou des
prochaines semaines par l'envoi d'un additif qui comprendrait une liste
précise d'amendements que vous souhaiteriez voir apporter au projet de
loi dans le sens de vos recommandations, cela aiderait beaucoup. Quand on lit
les recommandations - c'est un peu comme dans le cas du mémoire de la
Conférence religieuse canadienne, région du Québec, que
nous avons entendue tantôt - on se dit qu'il y en a certaines qui
pourraient se réaliser sans qu'il soit nécessaire de toucher au
texte du projet de loi, au niveau de la réglementation, au niveau de
l'aménagement concret des choses. Il serait bon que vous nous signaliez
les points sur lesquels vous insistez pour que des amendements soient
apportés au projet de loi et la façon la plus éloquente et
la plus efficace de le faire serait de proposer des modifications
concrètes que nous pourrions examiner à loisir avant d'être
rendus à ce stade dans l'examen du projet de loi.
Au sujet de la problématique générale dans laquelle
se situe votre intervention, c'est la problématique gouvernementale.
J'ai signalé la même observation tantôt à la
délégation de la Conférence religieuse canadienne. J'ai
l'impression, en vous écoutant, d'un groupe qui se retient. Je respecte
les motifs qui peuvent vous retenir, mais j'ai été bien
intéressé par cette réflexion que vous avez faite à
la fin de votre mémoire, à la page 55. Dans un contexte
différent, cela aurait peut-être donné lieu à des
développements plus abondants. Vous dites ceci: "Le partage des pouvoirs
entre l'école et la commission scolaire ne risque-t-il pas
d'engendrer
confusion et conflit? Nous sommes d'accord pour assurer à
l'école une plus large autonomie. Mais les pouvoirs attribués
à l'école, notamment au point de vue pédagogique, sont-ils
réalistes? Ne risque-t-on pas de voir apparaître de graves
disparités entre écoles d'un même territoire? La commission
scolaire doit-elle se limiter à n'être qu'un centre
organisationnel? Ne doit-elle pas assurer un certain leadership et une
animation au plan de la vie pédagogique? Ne risque-t-on pas, au nom de
la décentralisation, de voir s'alourdir l'emprise des services du
ministère de l'Éducation?"
Je lis ce passage, et, si j'exagère, vous me corrigerez dans les
réponses que vous apporterez tantôt, comme un avertissement au
ministre qu'il ne doit pas prendre votre mémoire comme un endossement
général de tout ce qu'il y a dans son projet de loi. Vous vous
prononcez sur l'aspect confessionnel, en tenant pour acquis d'une certaine
manière, ce que nous ne sommes pas obligés de faire, la
problématique générale établie par le ministre.
C'est un point sur lequel je veux justement vous rappeler notre position, que
vous connaissez sans doute maintenant, et que nous n'acceptons pas la
problématique générale qui a présidé
à la conception du projet de loi; par conséquent, nos
réserves vont beaucoup plus loin que ce que peut indiquer le
mémoire que vous avez communiqué et que ce que pourraient laisser
entendre les questions que j'avais personnellement à vous adresser.
Je ne veux pas vous entraîner sur le terrain plus large dont vous
n'avez pas voulu traiter dans votre mémoire, je voudrais m'en tenir
plutôt aux questions précises que vous soulevez, mais toujours en
gardant cet arrière-plan présent à l'esprit et surtout en
souhaitant que lorsque arrivera le moment de tracer un bilan à la fin de
nos travaux, le ministre ait la prudence de retenir, pour tout ce qui touche le
caractère général, l'inspiration ou l'intention
générale du projet de loi, qu'il serait fort mal fondé de
chercher à vous annexer à la thèse gouvernementale. Le
paragraphe qu'on trouve à la fin de votre exposé indique que ce
n'est pas de cela que vous avez voulu parler et, si cela avait
été, les représentations n'auraient sûrement pas
été entièrement ni même peut-être
principalement favorables.
Ceci étant dit, je voudrais souligner une dernière
réserve avant de vous adresser une question. J'espère que je vais
retrouver ce document. Vous avez fait circuler des lettres qui ont
été communiquées à votre association par divers
organismes dont l'Office de l'éducation chrétienne du
diocèse de Saint-Jean, Longueuil. Il y a l'Office d'éducation
diocésain de Québec également. Je pense qu'il y en a
d'autres. Ce ne serait peut-être pas à moi de les donner, mais
vous nous les avez remises tantôt. Il y a l'Office de l'éducation
de la foi du diocèse de Sherbrooke, l'Office diocésain
d'éducation du diocèse de Chicoutimi, l'Office diocésain
de l'éducation de Trois-Rivières, l'Office de l'éducation
chrétienne du diocèse de Saint-Hyacinthe; vous avez aussi une
lettre du conseiller en éducation chrétienne de la région
ouest de la Commission des écoles catholiques de Montréal, une
lettre de deux conseillers en éducation chrétienne
attachés à la commission scolaire Val-d'Accueil, dans le
comté de Bonaventure.
Maintenant, une autre lettre a été communiquée
à mon attention, ces temps derniers, que je n'ai pas trouvée dans
cette série de lettres et que je voudrais porter à l'attention de
la commission parce qu'il me semble qu'elle fait partie de ce dossier, puisque
c'est vous autres qui l'avez ouvert. Cela va me permettre de faire quelques
commentaires là-dessus ensuite. Cette lettre aurait été
adressée à M. l'abbé Roland-Roch Martin, de l'Office de
l'éducation chrétienne du diocèse de Saint-Jean,
Longueuil, qui est parmi ceux qui vous ont écrit et qui est en
provenance du directeur de l'Office de l'éducation de
l'archidiocèse de Montréal, M. Maurice Audet.
Je vais lire cette lettre parce qu'il me semble important de la verser
au dossier. Cela va d'ailleurs servir d'introduction à une remarque que
je veux faire. "Cher collègue, nous avons bien reçu votre lettre
du 10 janvier invitant tous les directeurs d'offices diocésains à
appuyer le mémoire de l'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne qui sera
présenté à la commission parlementaire le 24 janvier. "La
présente est pour vous informer que l'Office de l'éducation du
diocèse de Montréal n'a pas l'intention d'agir en ce sens car ce
mémoire est, en fait, un appui tacite au projet de loi 40. En effet, on
n'y a cherché qu'à en bonifier les orientations concernant la
confessionnalité scolaire. Vous comprendrez comme nous qu'un appui de
l'Office de l'éducation de Montréal à ce mémoire,
et par conséquent au projet de loi 40 dans sa substance,
équivaudrait à engager l'archevêque de Montréal face
à un projet qui a suscité chez lui beaucoup de questions sur
lesquelles il n'a pas encore obtenu de réponse. Veuillez agréer,
cher collègue..."
Cette lettre porte la signature de M. Maurice Audet, prêtre,
directeur de l'Office de l'éducation du diocèse de
Montréal. Je cite d'abord cette lettre pour avoir un tableau complet.
C'est notre responsabilité à nous, comme parlementaires, de
permettre que toutes les opinions rejoignent la commission parlementaire et non
pas seulement celles qui nous plaisent ou nous déplaisent. (12 h 45)
Je n'exprime pas d'opinion pour
l'instant sur le contenu de la lettre de M. Audet, sauf pour signaler
ceci à savoir que je constate un paradoxe dans le débat qui
s'amorce autour de l'avenir de l'éducation chrétienne. C'est le
suivant: alors que, dans l'ensemble du Québec - je crois que les lettres
que vous citez à l'appui de votre mémoire vont dans le sens qu'on
est plutôt enclin à s'adapter à l'économie
générale du projet de loi et à chercher des
améliorations, des garanties plus fermes au chapitre de la
confessionnalité sans remettre en question la problématique
fondamentale avec laquelle, comme vous le soulignez à la fin de votre
mémoire, on n'est pas nécessairement d'accord entièrement
- on semble se dire: Oui, avec cela, peut-être qu'à la rigueur, au
strict point de vue confessionnel, on pourrait passer à travers et
vivre.
Dans le diocèse de Montréal, on se pose des questions
sérieuses, parce que le projet de loi risquerait probablement
d'engendrer à Montréal des complications beaucoup plus grandes
qu'ailleurs. Ainsi que le soulignait plus tôt le député de
Saguenay, dans un grand nombre d'endroits au Québec où vous avez
une école unique, se sera une école commune de toute
évidence et, pendant les premières années du cours, il y a
bien des chances que tous les enfants aillent à cette école. Je
crois comprendre que beaucoup de responsables religieux font le pari que,
lorsque arrivera le moment du vote, il y a de grosses chances que ce soit pour
l'école catholique et que, par conséquent, on doive ensuite voir
à des accommodements qui n'amèneront pas trop de
problèmes.
À Montréal, cela risque de déboucher sur des
situations infiniment plus complexes. C'est dans ce sens que j'accueille la
réserve qui est formulée par l'Office de l'éducation du
diocèse de Montréal et également les questions qui ont
été posées jusqu'à maintenant par Mgr
Grégoire, l'archevêque de Montréal. Là, il y aurait
une espèce de conspiration du silence, personne ne parle de cela. On se
dit: II a l'air d'être tout seul dans son coin. C'est un homme
honnête, l'archevêque de Montréal, un homme simple et
sincère, très droit, qui a des inquiétudes. Il les a
formulées sous forme de questions. Tant que ce ne sont pas des
objections, on ne s'en occupe pas. Je pense qu'il va falloir regarder cette
partie du dossier sincèrement. Je ne sais pas quelle sera la conclusion
d'ailleurs.
Je regrette personnellement - j'émets cette opinion bien
simplement - que l'Assemblée des évêques du Québec
n'ait pas trouvé le moyen de venir nous rencontrer à la
commission parlementaire. Je pense que cela aurait été excellent.
Vous autres, vous exercez votre rôle à un niveau très
important. Vous n'êtes pas les porte-parole attitrés de la
communauté chrétienne. Il y en a d'autres qui ont cette
responsabilité. Vous autres, vous êtes des hommes et des femmes
qui exercez une fonction capitale, pour laquelle je vous ai dit mon admiration
tantôt. Là, il y a une espèce de zone grise actuellement,
de zone indéfinie, qui plane au-dessus de ce débat. J'ose
espérer qu'au cours des prochaines semaines, il y aura des
clarifications, parce que je ne voudrais pas que des questions qui ont pu
être formulées dans un endroit, surtout quand il s'agit de la
métropole, de Montréal, soient laissées dans l'oubli ou
remisées au garage comme étant des opinions incommodes, dont il
peut être fort confortable de faire abstraction comme si elles
n'existaient pas.
Je vous communique cette observation en toute simplicité, bien
conscient des difficultés que cela soulève, réservant mon
jugement, comme je l'ai fait depuis le début des travaux de la
commission, à l'orientation générale de ce débat,
mais signalant qu'il y a des problèmes. Notre rôle, comme
parlementaires, c'est de permettre à tous les problèmes de venir
sur la table, de ne pas accepter qu'ils restent en dessous de la table ou
qu'ils se règlent en catimini dans un petit coin, à la faveur de
négociations de coulisses. Dans cette question, il y a eu beaucoup de
coulisses depuis un an ou deux et pas assez d'interventions publiques, claires.
Dans ce sens, votre mémoire est bon. On va essayer de continuer de faire
en sorte que tous ceux qui ont quelque chose à dire le fassent
publiquement pour le plus grand bien de la communauté.
Je vous pose un certain nombre de questions. Je vais les poser
rapidement, dans l'espoir de pouvoir vous en poser un peu plus. Si les
réponses sont brèves, cela va aider. Je ne veux pas vous
embarrasser, c'est simplement à l'intérieur de la
problématique où vous vous situez et en gardant en réserve
la nôtre qui, comme je vous l'ai dit, est assez opposée à
celle du gouvernement. Quand vous demandez que l'article 611 soit
supprimé, je crois comprendre que vous voudriez qu'il soit au moins
remplacé par une disposition forte où, si le statut confessionnel
est décidé au niveau local, il sera ensuite maintenu pour une
période de cinq ans, si j'ai bien compris.
Une voix: C'est cela.
M. Ryan: Est-ce que votre lecture de l'article 611 est la
même que la mienne? En vertu de l'article 611, on dit que la reconduction
ou la révocation pourrait être demandée dans les trois ans.
Cela peut vouloir dire, selon mon interprétation, à peu
près n'importe quand dans les trois ans, pas au terme d'une
période de trois ans. Vous trouvez que même trois ans ne seront
pas suffisants. C'est cinq ans que vous proposez, si je comprends bien? Si
cette problématique
devait être retenue, je serais porté à appuyer
l'opinion que vous émettez. J'ai l'impression que, si on laisse la
politique se mettre dans cela tous les ans, si c'est une question qui peut
être ouverte n'importe quand, même en dedans de trois ans, c'est
très court, et cela peut être très dangereux. Dans ces
questions, vous dites qu'une phase d'évaluation du vécu
confessionnel d'un milieu devrait être aménagée avant qu'on
en arrive à la consultation formelle. Je suis d'accord avec vous. Je
vous pose une question. Est-ce qu'il y aura un rôle pour la commission
scolaire dans cela? Vous remarquez comme moi sans doute que la commission
scolaire, on la laisse pratiquement de côté dans cela. On lui dit:
Laissez les gens décider. Ensuite, vous fournirez des services. Vous le
dites d'ailleurs dans votre mémoire. Vous ne voyez pas que la commission
scolaire devrait être simplement un centre organisationnel. Quel
rôle de leadership devrait être entrevu pour la commission scolaire
dans ces questions?
M. Van Oorschot: J'aimerais que M. Bourdon réponde
à votre question, M. le Président. C'est lui qui a
travaillé depuis quelques années à la régionale de
Chambly et actuellement encore à la régionale de Lignery, dans ce
dossier de consultation.
M. Bourdon: Dans la perspective d'une plus grande participation
démocratique des milieux, on voudrait que cette participation ne soit
pas simplement une participation juridique. Je ne détermine pas qui doit
assumer la responsabilité juridique, soit l'école, soit la
commission scolaire. Mais ce qui nous apparaît important, c'est
qu'à l'intérieur même d'une opération qui
mène à son terme la détermination du statut, on tente de
faire plus qu'un acte juridique, mais que vraiment on aille y voir par une
analyse du vécu des pratiques d'éducation chrétienne
à l'école. De plus en plus, on parle, depuis le livre orange, de
la participation, de la concertation de la famille et de la communauté
chrétienne. Il nous apparaît important que la famille aussi
vérifie ses pratiques d'éducation chrétienne pour fonder
la consultation non pas sur un genre d'imaginaire ni pour vouloir conserver
quelque chose qui n'a pas de sens, mais vraiment qu'on évalue
l'écart entre le réel vécu et le réel
souhaité, de telle sorte que la consultation porte justement sur le
défi de vouloir amenuiser l'écart, si telle est la volonté
populaire, et non pas simplement de reconduire, si vous voulez, un droit sans
que ce droit permette des pratiques nouvelles. On parle de projet
éducatif, et c'est par un lien avec le projet éducatif.
Vous posiez la question: Est-ce que cela revient à la commission
scolaire? Tout ce que le mémoire dit, c'est qu'à la commission
scolaire il y a le responsable du soutien. C'est le rôle à jouer,
à mon avis, puisque la commission scolaire serait pour anglophones ou
francophones et non pas pour catholiques. Nous reconnaissons au niveau de la
commission scolaire un rôle indispensable qui doit être
assumé par le responsable du soutien.
M. Ryan: Très bien. Vous demandez qu'un comité
consultatif existe au sein de l'école pour veiller à toutes ces
questions qui regardent les valeurs religieuses et morales. J'aimerais que vous
nous disiez un peu le rôle qu'il pourrait jouer. Est-ce que cela ne fera
pas une nouvelle structure qui va alourdir considérablement tout
l'ensemble des structures que nous avons à l'intérieur de
l'école? Deuxièmement, un comité semblable ne serait-il
pas nécessaire également au niveau de la commission scolaire?
M. Bourdon: Oui, c'est juste. Ce n'est pas dans la perspective
d'alourdir la structure. C'est un comité qui rejoint cette portion d'une
clientèle qui est importante. On voit déjà dans le projet
de loi 40 qu'on procède par clivage, par intérêt et par
responsabilité, pour former des comités. Par exemple, un
comité qui regroupe les enseignants, un comité qui peut regrouper
un autre type de personnel - je ne les ai pas sous les yeux - on se dit que ce
comité devrait pouvoir exister aussi, parce qu'il y a une
réalité sociologique qui est importante, une
réalité culturelle; c'est la réalité de l'ensemble
de ceux qui veulent oeuvrer en éducation chrétienne. Donc, c'est
plus en fonction d'une concertion, en fonction d'une coordination avec les
permanents. On voit aussi très bien au niveau de la commission scolaire
des comités de ce même type.
M. Van Oorschot: Si vous me permettez, M. le Président,
justement dans notre mémoire, à la page 38, nous faisons la
recommandation, pour faciliter justement la tâche du responsable du
soutien aux écoles, de permettre dans une commission scolaire la mise en
place d'un comité consultatif d'éducation chrétienne. La
commission scolaire pourrait donc prévoir la mise en place d'un tel
comité.
M. Daigle: J'aimerais ajouter que, chez nous, dans mon milieu, il
y a effectivement un comité régional d'éducation
chrétienne, et des comités voient le jour dans chacune des
écoles. Jusqu'à un certain point, ces comités ont pour
rôle de défendre, de promouvoir et de soutenir l'éducation
chétienne; c'est une espèce de chien de garde en quelque sorte.
Peu importe le statut de l'école, peu importe le nombre de la
clientèle catholique comme telle. Face à l'opération
évaluation, par exemple, quand des gens qui seront dans la
place, à l'intérieur de l'école, connaîtront
le vécu depuis déjà un certain temps, ils seront plus en
mesure de faire des choix et de préparer cette consultation. Je regarde
actuellement le début du fonctionnement de ces comités, des
comités mixtes: parents, enseignants, élèves, pasteurs de
communauté chrétienne, animateurs de pastorale, directeurs
d'école. On voit que la première question qui leur vient à
l'esprit, c'est de voir ce qui se fait au niveau de l'école. Ils
demandent aux enseignants de venir présenter leurs programmes, ils
demandent aussi aux animateurs de venir présenter leurs
activités, ainsi de suite. Ce sont des comités qui favorisent,
comme disait tantôt Rémi Bourdon, la concertation et la prise en
charge au niveau de l'école et au niveau de la commission scolaire.
M. Ryan: Je voudrais vous poser une question à laquelle je
ne voudrais pas que vous vous sentiez obligés de répondre. Si
vous n'avez pas eu l'occasion de la discuter, sentez-vous bien libres de le
dire et cela finira là. C'est une question qui se pose souvent à
nos esprits. On peut concevoir une école confessionnelle au niveau
primaire répondant à l'idéal que définissait
tantôt la Conférence des religieux canadiens, par exemple, une
école où on va plus loin que la simple dispensation de
l'enseignement religieux ou la fourniture de certains services d'animation
pastorale, mais où l'ambiance générale, le climat
s'inspire de l'esprit chrétien. Pensez-vous qu'une telle école
soit possible dans les conditions concrètes que vous connaissez au
niveau secondaire?
M. Van Oorschot: J'aimerais que les représentants du
secteur secondaire y répondent. Moi, je suis du secteur primaire. Deux
de mes collègues qui sont au secteur secondaire seraient plus en mesure
que moi de répondre à cette question.
M. Bourdon: Je crois que vous faites allusion à certaines
pratiques d'éducation chrétienne qui dépassent la simple
application de la loi. On pourrait apporter des exemples. Je pense, entre
autres, à l'école Pierre-Brosseau, à Brossard, où
il y a tout un système qui est mis en place par la pastorale et les
enseignants. C'est un système de dépannage pour rendre les jeunes
responsables quand ils n'ont pas d'argent, qui veulent quand même
dîner comme tout le monde, mais à qui on ne va pas faire la
charité. Ils se rendent responsables d'emprunter de l'argent et de le
ramener après. Ce type de projet, je crois, rejoint la mentalité
d'une école qui se veut plus largement catholique ou plus à
valeur chrétienne. C'est un exemple.
Un autre exemple, dans une autre école, il y a actuellement un
projet avec des enseignants et des animateurs de pastorale qui vont faire des
liens dans les paroisses environnantes où il y a une journée
d'expérience de pastorale paroissiale. Il y a peut-être des
expériences de cet ordre qui sont possibles. Maintenant, de là
à devoir évaluer si le modèle présenté par
ceux qui sont venus avant nous est totalement faisable, je crois que c'est
comme on dit dans Voies et impasses, à 5, c'est à
géographie variable. Mais il y a sûrement des choses possibles.
(13 heures)
M. Ryan: Très bien. Vous dites dans votre mémoire
une chose qui m'a un peu intrigué. Encore une fois, je voudrais avoir
des explications brèves. Vous demandez que les institutions de formation
des maîtres aient l'obligation de dispenser une formation conduisant
à un certificat d'enseignement religieux et en formation morale.
Voulez-vous laisser entendre que cela ne se fait pas actuellement, que cela
n'existe pas?
M. Van Oorschot: Cela existe, mais de façon
bénévole. L'enseignant qui est en place actuellement peut aller
suivre des cours pour obtenir un certificat à l'Université de
Montréal, à l'Université Laval, ici, à la
faculté de théologie. L'Université du Québec a un
certificat en formation morale aussi, mais, dans la formation initiale des
maîtres, telle qu'elle existe actuellement, il n'y a rien qui oblige le
futur enseignant à suivre un minimum de cours en éducation
religieuse.
M. Ryan: Et vous voudriez que quelque chose se fasse à ce
niveau-là?
M. Van Oorschot: Exactement.
M. Ryan: Et qu'ensuite, l'accès existe pour des cours de
formation plus poussés dans des facultés de théologie ou
de science religieuse, et tout cela. Je pense que c'est bien important de le
signaler. Oui?
M. Côté (Serge): Pour compléter la
réponse, je dirai que, personnellement, je travaille au primaire et on y
voit souvent arriver des enseignants qui sortent de l'université, donc
qui viennent de recevoir leur formation initiale, sans avoir suivi aucun cours
relativement à l'enseignement religieux. Ce qu'on nout dit, cependant,
c'est que, dans les facultés d'éducation, on offre la
possibilité aux étudiants d'aller suivre des cours au choix dans
d'autres facultés, sauf qu'on favorise très peu,
concrètement, dans la pratique, cette possibilité.
M. Ryan: Seulement une dernière question. Dans vos
recommandations 27 et 28, vous soulignez une chose et je le mentionne: "Le
projet de loi fait tomber le pouvoir qu'avaient les comités
confessionnels
de faire des représentations au ministre sur toute question
d'intérêt général." Vous demandez que ce pouvoir
leur soit maintenu. De ce côté-ci, nous sommes entièrement
d'accord avec vous, mais il y a une chose qui m'a intrigué, c'est vos
recommandations 27 et 28. Je vais essayer de résumer ce qui existe:
d'après la loi actuelle, les comités confessionnels ont le droit
de faire des recommandations sur la qualification au point de vue religieux et
moral des personnes qui ont dispensé l'enseignement religieux. Le projet
de loi dit: Ils auront le droit de faire des règlements sur la
qualification au point de vue religieux seulement. Vous dites: "enlever au
point de vue religieux seulement". Ce serait la recommandation que vous feriez
que les comités confessionnels aient le pouvoir de faire des
règlements concernant les conditions de qualification du personnel
enseignant dispensant l'enseignement religieux. Pourquoi ce changement que vous
demandez? Pourriez-vous nous expliquer cela?
M. Côté (Serge): C'est qu'on trouvait restrictif -
en tout cas, le commentaire qui précède la recommandation
l'indique - cette incise dans la phrase au point de vue religieux.
M. Ryan: Vous voudriez que le jugement attendu du comité
catholique, par exemple, ait une portée plus large?
M. Côté (Serge): Oui. M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je voudrais moi
aussi remercier l'association pour la présentation de son
mémoire. Il est très détaillé et témoigne
d'une préoccupation certaine pour l'enseignement religieux de
qualité dans les écoles.
J'ai seulement deux petites questions à poser sur deux points
importants, l'une sur le projet éducatif et l'autre sur le responsable
du soutien. À la page 4, votre recommandation no 1 dit "que le temps
nécessaire soit laissé à chacune des écoles pour
permettre la préparation et la mise en place de leur projet
éducatif." Le projet de loi 40, par l'article 402, permet au conseil
d'école de bénéficier d'un délai allant jusqu'au
1er juillet 1988 pour remplir toutes ces fonctions. Ne croyez-vous pas qu'un
délai semblable jusqu'au 1er juillet 1988, soit raisonnable?
M. Van Oorschot: Si on calcule à partir de 1985 c'est donc
une période de trois ans, tel que prévu dans l'article 611. Nous
disons que cela peut être suffisant dans certains cas; dans d'autres cas,
les gens pourraient peut-être préférer avoir un peu plus de
temps. De là à laisser cela à l'éternité,
nous préférons que ce soit une période de cinq ans au
moins pour que les gens puissent vraiment prendre le temps de faire toute cette
opération.
M. Paré: Le deuxième point que je voudrais traiter
touche, comme je vous l'ai dit tantôt...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Shefford, je crois que M. Côté avait un léger
complément de réponse à apporter à votre
intervention.
M. Côté (Serge): J'ajouterais à ce que Henri
vient de préciser que, compte tenu de tout ce que va entraîner
dans le milieu également la restructuration scolaire, je pense qu'il va
se brasser beaucoup de choses. Avant que tout soit mis en place et qu'on se
sente à l'aise dans la nouvelle structure, je pense que cela va prendre
un certain temps. Comme il le disait, c'est possible qu'une période de
trois ans soit suffisante, mais une période de cinq ans est davantage
favorable pour qu'une réelle évaluation du vécu
confessionnel et une réelle consultation se fassent, compte tenu de ce
qui va se faire, de ce qui va se vivre.
M. Paré: Je comprends très bien votre
préoccupation, sauf qu'au niveau du projet éducatif ce n'est
quand même pas quelque chose qui va arriver avec le projet de loi 40 qui
est déjà en place à bien des endroits et en train de se
roder et de fonctionner. C'était seulement cela.
Le deuxième point. Au niveau du responsable du soutien, on le
retrouve comme une préoccupation constante et, de toute façon,
comme quelque chose de très important au niveau du soutien de
l'école et de sa présence au niveau de la commission scolaire. On
en parle entre autres à la page 37, dans vos recommandations 21, 22, 23,
que ce soit un poste de cadre, à temps plein, avec les ressources
nécessaires pour pouvoir donner un bon soutien.
Je reviens toujours, en parlant du responsable de soutien, à la
page 5, la recommandation no 3. Vous dites "que le responsable du soutien aux
écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux et
d'animation pastorale soit l'une des personnes consultées lors de
l'élaboration et de la mise en place du projet éducatif."
J'aurais deux petites questions rapides. Suggérez-vous que la loi
rende cette consultation obligatoire? Cela serait ma première question.
La deuxième: S'agit-il d'une consultation qui aurait lieu dans tous
les cas ou seulement lorsqu'il s'agit d'une école catholique
reconnue?
M. Van Oorschot: Votre dernière question: Que le
conseiller participe nécessairement toujours à cette consultation
ou à la préparation d'un projet éducatif?
M. Paré: Est-ce que vous suggérez que la
consultation ait lieu obligatoirement dans tous les cas ou seulement lorsque
c'est pour une école catholique reconnue?
M. Van Oorschot: Oui.
M. Paré: Donc, la réponse à la
deuxième question est oui?
M. Van Oorschot: La réponse à la deuxième
question est oui.
M. Paré: Oui. Et, à ma première question,
est-ce que vous suggérez que cette consultation soit obligatoirement
reconnue dans la loi?
M. Van Oorschot: Oui.
M. Paré: Là aussi. D'accord. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Shefford. M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Bonjour. Moi aussi, je tiens à vous
féliciter pour votre belle affirmation religieuse. Quand on entend
certaines interventions, on voit qu'il y a vraiment des lézardes
profondes qui se dessinent dans les murs de notre système scolaire. Je
pense que vous nous donnez l'exemple. Il ne faut pas paniquer, mais se
réorganiser dans le respect quand même des autres opinions
pluralistes.
Voici seulement une petite introduction à mes questions. Les
années qui ont suivi le début de la révolution tranquille
ont vraiment bouleversé toutes nos valeurs morales et religieuses et ce,
dans toutes les couches de la société et chez tous les individus.
Au cours des années qui ont suivi, les années soixante-dix, on a
vraiment voulu - je mets cela entre parenthèses un peu -vulgariser les
fondements de l'enseignement religieux. On a voulu les rendre plus accessibles;
le petit catéchisme était trop aride et on a comme exemple de
cela les livres de religion que les enfants ont actuellement entre les
mains.
Dans ce vide qui a été créé, qu'est-il
arrivé? C'est que l'État a un petit peu accaparé la chose
et nous est arrivé avec ce qu'on appelle maintenant l'enseignement
moral. Vous me suivez? Cela va? J'ai deux petites questions bien simples
à vous poser: Croyez-vous que le fait de ne plus distinguer
l'appartenance des commissions scolaires par le biais de la
confesssionnalité va aboutir à une situation où
l'État va peut-être étendre son champ d'intervention? Et,
deuxième petite question, voyez-vous un danger qu'en voulant combler
comme cela ce vide un peu idéologique et spirituel qui s'est
créé, cela puisse devenir, encore une fois, un peu dangereux pour
les idées qui peuvent être véhiculées par ce nouveau
magistère qui entre à la place de l'Église
elle-même?
Le Président (M. Blouin): M. Oorschot.
M. Van Oorschot: Pour répondre à la question de M.
le député, je laisserais la parole à M. Bourdon.
Le Président (M. Blouin): M. Bourdon.
M. Bourdon: Je crois que la commission scolaire est d'abord une
instance administrative et je ne vois pas qu'on pourrait fonder l'assurance de
l'avenir de l'éducation chrétienne là-dessus alors
qu'à mon avis, il faut plutôt tabler sur la participation des
communautés chrétiennes à l'éducation
chrétienne en concertation avec l'école. Cela nous apparaît
secondaire que la commission scolaire soit pour catholiques ou non, parce que,
s'il ne reste que cela pour assurer l'éducation chrétienne dans
les écoles, je pense qu'il ne resterait pas grand-chose.
M. Hains: Est-ce que la deuxième question...
M. Bourdon: C'est peut-être une question qui est
plutôt socioculturelle. Je ne sais pas au juste ce que je pourrais
donner. Je ne sais pas les intentions du ministère ou de cette
Assemblée en termes de projets d'éducation morale de la
société. Ce qu'on voit, nous, c'est qu'on doit être
responsables de l'éducation chrétienne et, en même temps,
c'est clair qu'on voit que, pour les autres, il doit y avoir aussi une
éducation morale de qualité. Que l'on sache, pour l'instant, cela
semble s'orienter de telle sorte que cela ne vienne pas à l'encontre de
l'éducation chrétienne qui est donnée à ceux qui la
souhaitent.
M. Hains: C'est très bien. Je vous félicite. C'est
pas mal les réponses que j'attendais de vous autres. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saint-Henri. En conclusion, M. le député
de Chauveau.
M. Brouillet: Bonjour, mesdames, messieurs. Il y a beaucoup de
choses qui ont été dites jusqu'à maintenant et beaucoup de
questions ont été posées sur différents
aspects de votre mémoire. Je voudrais simplement m'en tenir
à une considération générale, tout d'abord, pour
dire que votre mémoire revêt cet aspect intéressant qu'il
suggère des améliorations assez concrètes aux
mécanismes de mise en place, finalement, du projet de loi. C'est de
nature, je pense bien, à le rendre plus opérationnel et à
permettre d'atteindre les objectifs visés par le projet de loi d'une
façon plus sûre. Je crois que le projet de loi est très
efficace sur ce plan-là.
J'aimerais surtout faire porter mon intervention sur le partage des
pouvoirs. Vous n'êtes pas sans savoir que cette question du partage des
pouvoirs est sans doute l'aspect le plus fondamental en termes de discussions
vives et en vue d'en arriver à un certain consensus quant au projet de
loi. Je crois que ce thème-là fait problème. Si je reviens
sur cette question du partage des pouvoirs, c'est que de même que le
député d'Argenteuil prépare un peu le bilan que nous
allons faire à la fin et qu'il ne voudrait pas qu'on profite de votre
mémoire pour dire que vous êtes du côté des groupes
pour le projet de loi, je ne voudrais pas non plus qu'il profite du
deuxième paragraphe de votre conclusion pour vous ranger dans le camp de
ceux qui sont contre le projet de loi. C'est pour cette raison que j'aimerais
que vous précisiez un peu votre pensée sur ce partage des
pouvoirs.
Si je lis bien votre texte, je dois faire une certaine
interprétation de votre position telle que je l'interprète
à partir de votre texte et, à la suite, il y aurait quelques
questions pour vous amener, justement, à confirmer ou infirmer mon
interprétation. Vous dites dans le même paragraphe 2 de votre
conclusion, dans un passage que le député d'Argenteuil n'a pas
lu: "Nous sommes d'accord pour assurer à l'école une plus large
autonomie." Et vous dites dans votre introduction, au dernier paragraphe: "Nous
sommes certains que les mesures suggérées dans le présent
document contribueront à assurer davantage la qualité de
l'éducation chrétienne dans le monde scolaire
québécois." (13 h 15)
Quand vous parlez du projet éducatif, quand vous parlez du
rôle de l'école en regard du projet éducatif, vous insistez
beaucoup sur l'importance d'un meilleur partage des pouvoirs au niveau de
l'école quant à ce projet éducatif. Si j'interprète
bien, vous êtes, je pense bien, pour qu'il y ait, au niveau de
l'école, une plus large autonomie - ce sont vos termes. Si on transpose
cela dans les termes du projet de loi, vous seriez en faveur qu'il y ait un
troisième palier de pouvoirs, un pouvoir décisionnel au niveau de
l'école. Je laisse de côté, pour le moment, la question
à savoir quelle va être l'ampleur de ces pouvoirs? Ce sera
peut-être un autre aspect. Je pense qu'il est bon d'établir, au
point de départ, le principe qu'à l'école, il puisse y
avoir un certain pouvoir décisionnel, une plus large autonomie de
l'école en vue d'une plus grande responsabilité, en vue d'une
plus grande implication, en vue d'une plus grande concertation des agents, en
vue d'un meilleur dynamisme du milieu. Votre conclusion fait allusion à
cela: "Nous comptons bien que des structures et des aménagements
adéquats contribueront à insuffler un nouveau dynamisme au milieu
scolaire." J'interprète "aménagements adéquats" par des
aménagements qui donnent à l'école une plus large
autonomie, un certain pouvoir décisionnel à l'égard de
certaines matières.
Ce serait mon premier point, un certain pouvoir décisionnel
à l'école. C'est sûr qu'il y a maintenant le
problème du partage des pouvoirs entre l'école et la commission
scolaire. Là vous amenez des réticences. Quant à ce point,
vous dites entre autres, dans votre dernier paragraphe, qu'il faudrait quand
même permettre à la commission scolaire de jouer un certain
rôle d'animation sur le plan pédagogique. Mais la lecture du
projet de loi n'exclut pas ceci, à mon sens. Tout le soutien
pédagogique qui doit être assuré par la commission scolaire
à l'égard des écoles et à la demande des
écoles selon les besoins des écoles, à mon sens, cette
obligation de fournir un soutien pédagogique laisse place pour faire de
l'animation pédagogique aussi. J'ai de petites réserves, disons,
mais je comprends que là, il y a peut-être sur certains points des
pouvoirs que vous aimeriez leur voir transférer.
Quant à cette animation pédagogique, je crois que le
projet de loi permet à la commission scolaire de faire cette animation
pédagogique. Il y a aussi, maintenant, une fois qu'on s'est entendu,
oui, des pouvoirs à l'école, des pouvoirs décisionnels
à l'école, une plus grande autonomie. Vous êtes rendus sur
le partage des pouvoirs de la commission scolaire à l'école, des
pouvoirs qui sont réservés à l'école, il reste le
partage du pouvoir entre les agents de l'école. Là, vous dites
qu'il est important que tout le monde s'implique. À ce niveau, quelle
serait votre façon de concevoir la composition du conseil
d'école, une fois qu'on lui a reconnu des pouvoirs décisionnels
sur certaines matières? Vous voyez un peu les trois étapes, les
trois aspects de ma question. Si je reviens sur cela, ici, c'est parce que
c'est un point assez important dans le débat actuel. J'ai
été très heureux d'entendre la députée de
L'Acadie, lors de son intervention sur le mémoire antérieur, dire
que ce qui est en question, ce n'est pas de reconnaître un pouvoir
décisionnel à l'école, on est d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Elle en a déjà.
M. Brouillet: J'aimerais que le député d'Argenteuil
puisse clairement nous faire connaître si c'est la position officielle du
Parti libéral de reconnaître à l'école un certain
pouvoir décisionnel. Ce serait déjà un pas, je pense, vers
un consensus peut-être possible.
Je reviens donc à mes questions. Un certain pouvoir
décisionnel à l'école. La question: Comment verriez-vous
le partage entre commissions scolaires et la composition du conseil
d'école?
M. Van Oorschot: Quand nous avons travaillé à ce
mémoire, nous n'avons pas voulu nous prononcer sur le projet de loi
comme tel. C'était le désir aussi de nos membres, à
l'occasion de notre assemblée générale, de ne pas nous
présenter. Ils ne voulaient pas qu'on se présente, qu'on se
prononce sur le projet de loi, pour ou contre le projet de loi. Par contre, on
a voulu, à la fin, quand même ramasser un certain nombre de
questions que les gens nous posaient. Nous n'avons vraiment pas creusé
ces questions. On n'a pas essayé de savoir comment cela pourrait se
faire dans la réalité. Cela n'a vraiment pas été
notre préoccupation et je pense que je serais très mal à
l'aise de vous donner des indices qui pourraient vous aider à
retravailler par après. Je regrette.
M. Brouillet: Est-ce que c'est un peu la position de tout le
monde, oui? La reconnaissance d'une plus large autonomie à
l'école, c'est dans le texte. Cela a fait le consensus chez vos membres.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député de Chauveau. Un peu moins d'une minute, Mme la
députée de Jacques-Cartier, en conclusion, s'il vous
plaît!
Mme Dougherty: Merci. À la page 8, vous avez
recommandé qu'une phase d'évaluation du vécu confessionnel
d'un milieu précède obligatoirement la consultation en vue de la
demande de reconnaissance, et ainsi de suite. Qu'est-ce que vous envisagez
à cet égard? Je parle de la consultation obligatoire du
milieu.
M. Van Oorschot: Par rapport à l'évaluation du
vécu? Je retourne de nouveau la parole au vice-président parce
que c'est vraiment lui qui connaît très bien cette question pour
l'avoir travaillée dans le concret.
Le Président (M. Blouin): M. Bourdon, je vous signale que
nos contraintes vous obligent à faire cela en quelques secondes.
M. Bourdon: Alors, très succinctement, je dirais que,
lorsque j'ai expérimenté, à la régionale de
Chambly, une opération d'évaluation et de consultation, on a
établi une distinction entre la consultation, qui regardait simplement
le point de vue juridique de la reconnaissance, et l'évaluation, qui
précède cette consultation, pour que l'ensemble des gens se
forment une opinion; cette partie-là portait sur les pratiques
d'éducation chrétienne. Alors, vous voyez, on reprend cette
expérience pour la présenter comme une modalité de
fonctionnement.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Bourdon. Et sur ce -
merci, Mme la députée de Jacques-Cartier - je remercie la
représentante et les représentants de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne. Une question de règlement, rapidement, Mme la
députée de L'Acadie, s'il s'agit vraiment d'une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, en vertu de l'article 96, M. le
Président.
Des voix: Ah, ah!
Mme Lavoie-Roux: II n'y a jamais personne du côté
libéral qui...
Le Président (M. Blouin): Mme la députée,
non, non...
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez...
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, l'article 96 peut être utilisé lorsqu'on est
soi-même intervenu et qu'on désire rectifier des paroles que nous
avons nous-même prononcées. Comme vous n'êtes pas
intervenue...
Mme Lavoie-Roux: Bien, il y a ceux qui interprètent mal
mes paroles aussi.
Le Président (M. Blouin): ...je considère que vous
ne pouvez pas utiliser l'article 96. Et sur ce, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 22)
(Reprise de la séance à 15 h 7)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît; Mesdames et messieurs, la commission élue permanente de
l'éducation reprend donc ses travaux. Comme nous l'avions indiqué
avant l'heure du dîner, nous allons maintenant recevoir les
représentants des frères des Écoles chrétiennes du
Québec. Je demande aux représentants des frères des
Écoles chrétiennes du Québec de bien vouloir s'identifier
et, ensuite, de nous livrer, en une
vingtaine de minutes, le contenu de leur mémoire afin que nous
procédions par la suite aux échanges entre les membres de la
commission et les représentants des frères des Écoles
chrétiennes du Québec.
Frères des Écoles chrétiennes du
Québec
M. Lemire (Fernand): M. le Président, M. le ministre de
l'Éducation, messieurs les membres de la commission parlementaire sur la
réforme scolaire, les délégués des frères
des Écoles chrétiennes du Québec se présentent
devant vous aujourd'hui pour exprimer en leur nom leur attachement aux valeurs
fondamentales autour desquelles se constitue le patrimoine national et pour
faire connaître un certain nombre de réactions à la suite
de la parution du projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et secondaire
public.
Les délégués sont: à ma gauche, le
frère Roger Bellavance, professeur de philosophie au cégep de
Sainte-Foy; frère Lionel Potvin, directeur général du
collège Mérici; frère Fernando Lambert, vice-doyen de la
Faculté des lettres de l'Université Laval; à ma droite,
frère André Dubuc, professeur au campus Notre-Dame-de-Foy;
frère Antoine Lavoie, directeur adjoint à la polyvalente des
Rivières de Forestville et moi-même, Fernand Lemire, provincial du
district de Québec. Nous désirons vous exprimer nos points de vue
sur les sujets suivants: L'école du projet éducatif, la
confessionnalité scolaire, les structures scolaires et l'école
privée, les premier et quatrième sujets étant
abordés de façon indirecte et allusive dans certains articles de
la loi 40.
Les délégués s'adressent à vous en tant que
religieux éducateurs qui ont, dans des laps de temps plus ou moins
longs, fait l'expérience de niveaux d'enseignement primaire, secondaire,
collégial et universitaire tant dans le secteur public que privé,
et même à l'extérieur du pays, qui ont enseigné et
assumé des responsabilités de direction dans différentes
institutions.
Notre démarche d'aujourd'hui s'inscrit dans la série des
gestes que nous avons posés antérieurement pour montrer notre
intérêt à l'évolution du monde scolaire:
mémoire sur le livre vert, colloque pour sensibiliser le milieu d'ici
aux grands enjeux des projets de réforme scolaire, mémoire sur le
livre blanc. C'est par l'intermédiaire d'un comité de
l'éducation qui contribue à l'animation de notre groupe et qui
établit également diverses formes de collaboration avec des
organismes soucieux des problèmes d'éducation que le
mémoire qu'ils vous ont remis a vu le jour.
Nous avons d'ailleurs ici un dossier de lettres d'appui que nous
désirons déposer devant vous. Nous sommes conscients du
rôle que nous avons joué dans l'histoire scolaire de la province
de Québec et nous désirons continuer à jouer notre
rôle de religieux éducateurs, tant sur le plan humain que sur le
plan religieux, auprès de nos concitoyens du Québec.
Les délégués n'entendent pas procéder
à un examen détaillé de l'ensemble des articles de ce
projet de loi. Ils veulent limiter leurs interventions à des sujets qui
leur tiennent davantage à coeur et auxquels il a déjà
été fait allusion. Les délégués osent croire
que les travaux de la commission parlementaire sur la réforme scolaire,
loin de constituer un simple exercice de vie démocratique, inciteront
plutôt le gouvernement à apporter au projet de loi 40 les
modifications réclamées par la population en établissant
des structures mieux accordées à la qualité de
l'instruction et de l'éducation à dispenser aux jeunes
Québécois.
L'école du projet éducatif. Les propos que nous voulons
tenir sur ce sujet font écho aux espérances que nous faisait
concevoir le livre blanc pour une réforme plus axée sur la
pédagogie que sur les structures, réforme qui, tout en conservant
dans la fidélité et la continuité ce qu'il y a de valable
dans le patrimoine national, saurait intégrer les valeurs susceptibles
de l'enrichir au profit des Québécois. Le projet de loi 40 ne
traite pas explicitement du projet éducatif. Il ne le définit ni
ne l'impose explicitement, bien qu'il y fasse référence à
plusieurs reprises.
Permettez-nous en un premier temps de vous faire connaître notre
philosophie de l'éducation et notre conception de l'école.
L'éducation au Québec est fondée sur le respect et le
dynamisme de la personne humaine. Elle vise à son développement
selon toutes ses dimensions. Elle est corps, affectivité, intelligence.
Elle comporte une dimension sociale; elle intègre une morale et
très souvent une religion. L'école du projet éducatif
fidèle à une telle conception de la personne humaine doit mettre
en relief un certain nombre de valeurs: les valeurs intellectuelles,
affectives, esthétiques, sociales et culturelles, morales, spirituelles
et religieuses.
L'école doit être le lieu privilégié, non
seulement de la formation morale et sociale de la personne en croissance, mais
aussi, et avant tout, de la formation de son intelligence. Son projet doit
être préparé en vue d'assurer la formation complète
de la personne. La préparation d'un tel projet doit être voulue
des divers agents de l'éducation, du personnel de direction, des
enseignants, des parents et des élèves eux-mêmes. Ainsi,
tous les intéressés se sentent solidaires, non seulement de la
définition du projet éducatif, mais aussi de sa mise en
application et de l'évaluation des orientations et des activités
préalablement choisies par eux.
L'école est une communauté au sein de laquelle jeunes et
adultes établissent des relations éducatives valables. Elle tire
sa signification de ce qui se vit chez les jeunes qui s'éveillent, qui
apprennent et qui se développent avec l'aide d'éducateurs
professionnels.
Le personnel de direction joue un rôle irremplaçable dans
le milieu scolaire. Chacun sait que, pour animer une équipe
d'éducateurs, l'action et le rayonnement de ces responsables
compétents et convaincus sont absolument nécessaires. Les
fonctions traditionnelles de l'école sont complémentaires de
celles de la famille. Les parents ont le droit et le devoir de veiller à
ce que l'instruction et l'éducation s'articulent à
l'éducation première de la famille. Les comités
d'école et les comités de parents ont leur raison d'être,
ils unissent parents et enseignants dans la formation des jeunes.
Si nous confrontons cette vision, que nous pourrions qualifier
d'idéale, à la réalité actuelle, nous pouvons
constater certaines lacunes. Certains obstacles paralysent la marche normale du
projet éducatif: des clauses des conventions collectives de travail, la
taille parfois excessive de l'école et le système de transport,
entre autres.
Les jeunes trouvent difficilement leur place au cours secondaire, en
particulier, dans les vastes polyvalentes à cause de l'immersion subite
des jeunes dans ces écoles, l'anonymat dans les relations, les rapports
de forces qui paralysent parfois les activités scolaires. Des
enseignants - et c'est regrettable - n'arrivent plus que difficilement à
se présenter pour ce qu'ils sont, des professionnels de la relation
pédagogique. Quant aux parents, l'expérience nous le montre, pour
diverses raisons, le taux de leur participation à la vie de
l'école est plutôt faible; pour le personnel de direction, les
contraintes syndicales, les préoccupations administratives et
bureaucratiques, la gestion de la décroissance démographique, la
qualité des relations rendent difficile la pratique de sa fonction.
Face à cette réalité, nous aimerions faire quelques
recommandations:
Que l'école redevienne l'école du milieu. Aucun groupe
particulier n'a le droit de la confisquer à des fins partisanes,
idéologiques ou syndicales. Qu'elle soit vraiment l'institution qui
répond aux besoins et aux aspirations légitimes des gens du
milieu.
Que des aménagements soient effectués dans les
écoles afin de garantir la valeur et l'efficacité du projet
éducatif: assurer la stabilité des programmes d'études,
améliorer les enseignements de base, confier à chaque professeur
du cours secondaire l'enseignement d'une matière principale et d'une
matière secondaire, intégrer au cours primaire les deux
premières années du cours secondaire ou, du moins, établir
une démarcation plus nette, même au plan physique de
l'école, entre ces deux groupes d'élèves.
Que des mesures soient prises dans les polyvalentes pour assurer aux
élèves une atmosphère favorable à leur formation,
ramener ces écoles à une taille plus humaine, respecter la
dimension des classes prévue à l'origine pour des groupes
d'environ 30 élèves, rétablir le système de
titulaire, évaluer de façon plus systématique les divers
apprentissages.
Que les enseignants participent à la vie de l'école au
lieu de chercher à s'en éloigner.
Que la sécurité d'emploi, loin de ralentir leur dynamisme,
les aide à devenir ce qu'ils sont: des éducateurs au service des
jeunes.
Que les préoccupations syndicales ne paralysent pas leurs
activités éducatives.
Que le directeur d'école soit choisi pour sa capacité de
diriger et d'animer son école, d'établir des relations
interpersonnelles valables et soutenues, de susciter la concertation.
Que les parents s'intéressent de près à la
définition pratique des projets et des activités de leur
école.
Qu'ils utilisent leur droit de regard et de parole sur les orientations
de leur école.
Nous terminons sur ce sujet par les questions suivantes: D'où
vient que tant d'efforts déployés en ressources humaines et
financières pour améliorer le système scolaire ne semblent
pas avoir produit les résultats attendus? Le ministère de
l'Éducation, l'initiateur des vastes polyvalentes, ne devrait-il pas
prêter une oreille plus attentive aux nombreuses critiques
formulées à leur sujet? Le ministère de l'Éducation
croit-il vraiment qu'une loi axée sur la réforme des structures
scolaires soit en mesure de résoudre les problèmes d'ordre
pédagogique?
La confessionnalité scolaire. Les frères reconnaissent le
fait que le projet de loi 40 confirme la proposition du livre blanc en
matière de confessionnalité scolaire. La position du gouvernement
sur cette question rejoint dans l'ensemble celle des frères des
Écoles chrétiennes du Québec. Rappelons quelques points de
convergence entre la pensée du gouvernement et celle des frères
en ce domaine. L'école québécoise peut intégrer
dans son projet éducatif les valeurs et les croyances religieuses d'une
confession particulière. Les élèves ont le droit de
choisir entre l'enseignement de la religion et celui de la morale. Au cours
primaire et aux deux premières années du cours secondaire, les
parents exercent ce droit pour leurs enfants. L'école offre aux
élèves des parents catholiques et protestants des services
d'animation religieuse conformes aux convictions de ces derniers. Le personnel
de
l'école doit respecter les orientations du projet éducatif
de cette école. L'école peut faire reconnaître, au terme
d'une démarche de consultation, le caractère confessionnel de son
projet éducatif. En soi, le statut confessionnel n'ajoute rien de
spécial à la dimension religieuse du projet éducatif de
l'école. Il permet toutefois à l'école d'afficher
clairement la teneur de son projet éducatif et facilite le
règlement d'éventuels griefs.
Les commissions scolaires identifiées selon la langue
plutôt que selon la religion engagent, en accord avec les
évêques, un responsable de l'enseignement religieux et de
l'animation pastorale. Le comité catholique approuve les programmes
d'enseignement religieux catholiques, précise l'éventail des
services d'animation pastorale et détermine les critères de
compétence des professeurs de religion ainsi que des animateurs de
pastorale.
Le gouvernement du Québec assure l'exercice des droits
individuels et collectifs en matière religieuse, garantit les droits des
communautés catholiques et protestantes consacrés par les lois et
les conventions antérieures et continue de défrayer
l'enseignement de la religion et celui de la morale.
Si, sur ces points, nos positions se ressemblent substantiellement, nous
aimerions suggérer par ailleurs quelques correctifs. Selon l'article
110, les services complémentaires en matière religieuse sont
personnels ou collectifs. L'article 6, cependant, ne dit pas que ces services
sont collectifs. Il devrait donc se lire comme suit: "Les services
complémentaires collectifs comprennent notamment les activités
d'aide à l'enseignement, les activités de promotion des droits et
responsabilités de l'élève, les activités de
pastorale et les activités de participation de l'élève
à la vie de l'école." Il eût été souhaitable
d'introduire dans ce projet de loi un article portant sur les droits
individuels et les droits collectifs.
À l'article 309, premier paragraphe, le projet de loi mentionne
que le ministre peut, par règlement, déterminer les conditions et
modalités de consultation des parents pour la demande de reconnaissance
confessionnelle d'une école ou la demande de retrait de cette
reconnaissance. Cette responsabilité devrait être confiée
aux comités confessionnels eux-mêmes.
La situation des professeurs de religion est à repenser. Le
nombre trop élevé d'élèves attribué à
chaque professeur rend plus fastidieuse la répétition d'un
même cours sans parler de la difficulté pour le professeur de
personnaliser sa relation aux élèves. Une solution s'impose:
fixer un maximum de groupes à rencontrer par le professeur de religion
et compléter sa charge de travail par une tâche d'enseignement
à ces mêmes groupes dans une autre discipline ou par l'adjonction
de certaines activités éducatives auprès de ces
mêmes groupes.
Au chapitre de la confessionnalité, il nous vient les questions
suivantes: Ne faudrait-il pas songer à un réaménagement
des vastes polyvalentes, en particulier pour que la dimension religieuse du
projet éducatif de ces écoles rejoigne vraiment la vie des
élèves? Quelle sera la conduite du ministère de
l'Éducation dans le cas où un enseignant refuserait de se
conformer aux orientations religieuses du projet éducatif de son
école? Comment le ministère de l'Éducation entend-il
concilier les critères de compétence des professeurs de religion
avec les exigences des conventions collectives de travail en ce qui concerne le
complément de tâche?
Les structures scolaires. Les structures ne constituent pas le tout du
système scolaire. Elles sont au service de l'instruction et de
l'éducation dispensées aux usagers de ce système. Au lieu
d'une réforme radicale des structures scolaires, les frères
considèrent comme plus urgent d'assurer la qualité de la
formation des jeunes en insistant davantage sur la réforme
pédagogique. Cependant, sur ce sujet, nous voulons faire connaître
quelques opinions et sur l'école et sur la commission scolaire et sur le
ministère de l'Éducation.
L'école doit jouir d'une saine autonomie et d'une bonne marge de
manoeuvre dans la poursuite de son projet éducatif: ainsi
contrôler le respect des objectifs et des programmes, autoriser
l'introduction de méthodes nouvelles et vérifier le rendement des
élèves. Le conseil d'école, tel que proposé, n'est
pas approprié à la mise en application des pouvoirs et des
responsabilités de l'école. Plusieurs inconvénients
résulteraient de l'existence de ce conseil. Entre autres, la situation
précaire du directeur, la faible représentation des enseignants,
la lourde responsabilité dévolue aux parents.
Les comités d'école, dans les fonctions que la loi leur
attribue, comportent un peu d'irréalisme. Si la participation des
parents à la vie de l'école constitue un objectif valable, leur
comité ne saurait donner des avis judicieux sur certains sujets comme
les normes et les modalités d'évaluation d'apprentissage des
élèves, les critères relatifs au choix des méthodes
pédagogiques...
Le comité pédagogique constitue un lieu d'exercice des
responsabilités propres aux enseignants. Encore qu'il soit
destiné à faire double emploi avec le comité de parents,
il serait étonnant que le syndicat permette à ses membres de
former un tel comité s'il était lui-même ignoré.
Quant au comité d'élèves, sa création
constitue une façon valable d'intégrer les élèves
à la vie scolaire. Ce comité n'est
cependant pas en mesure d'énoncer des jugements valables sur les
sujets suivants: l'enrichissement des objectifs et des contenus notionnels,
l'élaboration de programmes locaux...
La commission scolaire fait partie intégrante de la tradition
québécoise en matière scolaire. Cette dimension importante
de la tradition serait gravement compromise si les modifications
appropriées n'étaient pas apportées au projet de loi
40.
La commission scolaire dont les membres sont élus au suffrage
universel doit assurer aux citoyens les services dont ils ont besoin. Elle doit
demeurer un corps politique investi d'une autorité véritable dans
le domaine de sa compétence.
Le ministère de l'Éducation doit remplir une mission
proprement éducative auprès de la population.
Le danger est grand que, les pouvoirs et responsabilités de la
commission scolaire étant affaiblis, le ministère accroisse son
contrôle direct sur les écoles. Le ministère de
l'Éducation doit confier à la commission scolaire les pouvoirs et
les responsabilités nécessaires à la réalisation de
ses objectifs. Il doit lui donner les moyens d'apporter aux écoles les
soutiens essentiels à leur propre prise en charge. C'est pourquoi,
à ces trois paliers, nous croyons que des correctifs s'imposent par
rapport à ce que dit le texte du projet de loi 40.
Le directeur devrait présider à la définition des
orientations et des activités de l'école, assumer la
responsabilité de sa bonne marche ainsi que de la réalisation des
objectifs fixés par elle. La participation effective des parents au
processus décisionnel dans les questions touchant l'orientation
générale de l'école devrait être un objectif
à atteindre. Les enseignants devraient occuper la place qui leur revient
à l'école. Leur participation devrait se réaliser avec le
concours actif des organismes habilités à parler et à agir
en leur nom. Les élèves doivent se regrouper en associations
libres et autonomes. Quant à la consultation, elle devrait se faire
auprès d'eux sur des sujets qui sont vraiment à leur
portée.
La commission scolaire devrait remplir le rôle d'un gouvernement
local en matière d'éducation: assurer à la population les
services éducatifs dont elle a besoin, disposer de pouvoirs d'emprunt et
de taxation et garder la direction du système d'enseignement public. Les
commissaires devraient être élus au suffrage universel pour
représenter la population et pour vaquer à la bonne marche du
système d'enseignement public.
Le ministère de l'Éducation devrait se recentrer sur sa
mission propre et supprimer les contrôles non exigés par les lois.
Il devrait assouplir les normes administratives et pédagogiques. Il
devrait considérer l'étape des conventions collectives des
personnels scolaires comme étant l'occasion favorable à la
conversion des attitudes et des mentalités des partenaires
concernés.
Sur ce sujet des structures scolaires, nous posons les questions
suivantes: Comment le ministère de l'Éducation entend-il
être à l'écoute des besoins et des aspirations des
Québécois en maintenant un projet de loi qui, dans sa formulation
actuelle, va à l'encontre des voeux de la population? Comment le
ministère de l'Éducation entend-il, au moyen du projet de loi 40,
résoudre les problèmes soulevés dans le livre blanc au
chapitre II, paragraphes I, II et III? Comment le ministère de
l'Éducation entend-il établir un équilibre réel et
juste entre ses propres pouvoirs, ceux de la commission scolaire et ceux de
l'école?
L'école privée. L'école privée, depuis trois
siècles, collabore d'une manière originale à la mission
éducative du peuple québécois. Comme bien d'autres, les
frères constatent que le projet de loi 40 évoque à peine
la réalité de l'école privée. Est-ce un signe d'une
éventuelle disparition de cette institution qui fait partie du
patrimoine national? Aura-t-elle à lutter encore longtemps pour assurer
une existence largement désirée par la population?
L'école privée a des droits acquis: Marguerite Bourgeoys,
Marie de l'Incarnation et les Jésuites ont été les
fondateurs des premières écoles privées. Les
communautés religieuses et le clergé ont tenu des écoles
privées ainsi que des organismes laïcs.
La Loi sur le ministère de l'Éducation de 1964 ne
confirme-t-elle pas ce droit? Je cite: "Attendu que les personnes et les
groupes ont le droit de créer des institutions d'enseignement autonomes
et, les exigences du bien commun étant sauves, de
bénéficier des moyens administratifs et financiers
nécessaires à la poursuite de leurs fins".
Le premier ministre M. René Lévesque a tenu en 1977 les
propos suivants: "Je puis vous assurer que, ni de près, ni de loin il
n'est de l'intention du gouvernement actuel de brimer de quelque façon
que ce soit les droits des citoyens." Il me semble que ces deux citations vont
dans le même sens.
Concrètement, l'école privée se justifie du fait
que l'État doit donner aux citoyens les moyens de rendre
réalisable leur droit au choix de l'école qui leur convient. Elle
tient d'ailleurs son existence de la volonté de ses
propriétaires, de ses agents, du public. Mais, dans bien des cas, les
déboursés supplémentaires consécutifs au choix de
l'école privée ne sont pas à la portée de
l'ensemble des parents désireux d'exercer à la fois leur droit de
faire instruire leurs enfants selon leurs convictions et leur droit de choisir
l'école privée. (15 h 30)
Au plan de la gestion financière, l'aide
apportée par l'État au réseau des institutions
privées varie entre 51% et 65% des coûts de l'enseignement public,
ce qui représente une bonne économie pour l'État. En bon
gestionnaire, ne devrait-il pas avantager ce secteur qui lui coûte moins
cher que son propre réseau d'écoles et qui lui cause moins de
problèmes? La décision de l'État de rendre à
l'école privée la vie plus difficile, sous prétexte
d'économie, entraînerait à la fois sa disparition
et, pour lui-même, des déboursés plus élevés
en matière de fréquentation scolaire.
Quant à la qualité de vie dans l'école
privée, on peut signaler que le projet d'école et la
participation des parents font partie intégrante de cette école.
La concertation est solidement insérée dans les traditions de
l'école privée: administrateurs, parents, enseignants,
élèves, milieu socio-culturel joignent leurs efforts pour assurer
aux élèves les meilleures conditions possibles d'apprentissage.
L'école privée met en relief ses priorités, choisit ses
moyens d'actions et organise le cours de sa vie quotidienne. Il revient
à l'État de lui fournir les instruments nécessaires
à la réalisation efficace de son projet éducatif.
Nous souhaitons donc:
Que le gouvernement fasse connaître le plus tôt possible son
énoncé de politique touchant l'école privée et
qu'il le soumette à la libre discussion des
intéressés;
Que le gouvernement garantisse à l'école privée un
financement qui réponde à la capacité de payer des
citoyens qui veulent profiter de ce réseau d'enseignement;
Que le gouvernement conserve à l'école privée
l'autonomie qui la caractérise et maintienne à la direction
générale de l'enseignement privé ses pouvoirs et
responsabilités plutôt que de les transférer aux
commissions scolaires ou à d'autres directions générales
ou régionales.
Enfin, nos dernières questions: L'État doit-il favoriser
l'exercice du droit fondamental à l'éducation selon ses propres
vues ou selon les attentes de la population? Le droit des parents à
l'école de leur choix n'entraîne-t-il pas le droit au financement
de l'école choisie?
M. le Président, M. le ministre de l'Éducation, mesdames
et messieurs, membres de la commission parlementaire sur la réforme
scolaire, voilà les propos que les frères des Écoles
chrétiennes du Québec voulaient, par la présente
délégation, tenir devant vous. Nous avons essayé de
reconnaître dans le projet de loi 40 des éléments positifs,
mais nous avons aussi essayé de faire voir nos divergences, y ajoutant
généralement des suggestions de correctifs qui rendent ce projet
de loi plus conforme aux aspirations de la population et à nos
convictions. Nous réaffirmons que nous aurions
préféré que ce projet de loi s'oriente vers une
réforme plus axée sur la qualité de la vie
pédagogique que sur les structures scolaires. Nous souhaitons que les
jeunes Québécois n'aient à leur disposition que
d'excellentes écoles, tant dans le secteur public que dans le secteur
privé, et que l'État encourage encore celles qui répondent
à l'idéal qu'il envisage et que désire la population.
À cet effet, nous souhaitons qu'il mette en place une politique
d'évaluation sérieuse et positive qui fasse qu'on investisse
moins de paroles dans la qualité de l'enseignement, parce que cette
qualité sera de plus en plus manifeste. Nous vous remercions de nous
avoir écoutés avec autant d'attention.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. Lemire. Je
signale aux membres de la commission qu'à la suite de l'entente qui est
intervenue entre les partis, chacun des groupes que nous entendrons cet
après-midi disposera d'une période totalisant 90 minutes. Sur ce,
je vous signale que chacune des formations politiques pourra maintenant
s'entretenir pendant une période d'un peu plus de 30 minutes avec nos
invités. M. le ministre.
M. Laurin: Je voudrais d'abord profiter de la circonstance pour
remercier la communauté des frères des Écoles
chrétiennes pour la contribution majeure qu'elle a apportée au
développement de l'éducation au Québec. Je pense que tous
les Québécois - c'était vrai encore plus dans le
passé, mais c'est encore vrai aujourd'hui -sont tributaires de votre
communauté pour les progrès éminents que nous avons connus
au cours des deux derniers siècles à cet égard. Je sais
que cette contribution se continue dans la foulée des efforts que vous
avez faits jusqu'ici.
Je veux aussi vous remercier de votre mémoire, ainsi que de
toutes les questions, interrogations et suggestions qu'il contient. Je peux
vous assurer que, même si nous ne pouvons pas y répondre tout de
suite et complètement, étant donné le peu de temps qui
nous est imparti, nous accorderons à cette contribution toute
l'importance qu'elle mérite, non seulement sur le plan théorique
mais aussi sur le plan pratique, pour tenter d'améliorer le projet de
loi. Il y aurait bien des commentaires à faire puisque mémoire
aborde plusieurs sujets. Je voudrais m'en tenir à la question de la
confessionnalité, c'est-à-dire aux aménagements
confessionnels, laissant à mes collègues le soin d'aborder les
autres sujets.
J'ai cru comprendre dans votre mémoire que vous voudriez que,
dans la reconnaissance du statut catholique d'une école, la commission
scolaire joue un plus grand rôle que celui que lui fait jouer le projet
de loi 40. J'ai même cru comprendre
que vous aimeriez que cette reconnaissance se fasse par le biais de la
commission scolaire. Je pense qu'il faut dire une chose au départ sur
laquelle nous sentons qu'un accord presque général se manifeste,
c'est que la confessionnalité se vit au niveau de l'école,
c'est-à-dire là où les étudiants étudient,
là où les enseignants professent et là où la vie se
vit. Conséquemment, il devient de plus en plus convenable, pour ne pas
dire opportun, de tirer des conséquences de ce fait pour
transférer au niveau de l'école la responsabilité des
aménagements confessionnels et de diviser les commissions scolaires
plutôt sur une base linguistique que sur une base confessionnelle.
Évidemment, si les commissions scolaires ne sont plus
confessionnelles, il deviendrait illogique de leur confier un caractère
décisionnel en matière d'aménagement confessionnel. Ceci
n'interdit pas, cependant, que la commission scolaire puisse, comme vous y
faites allusion dans votre mémoire, assister les écoles dans
cette responsabilité qu'elles doivent assumer. Le projet de loi 40
prévoit, d'ailleurs, qu'au sein de chaque commission scolaire il existe,
beaucoup plus que ce n'est le cas actuellement, les ressources
nécessaires pour aider les écoles, soit dans la dispensation du
programme d'enseignement proprement dit, soit dans la dispensation des services
complémentaires comme celui de la pastorale, personnels, soit même
dans l'élaboration du projet éducatif.
Le fait que les commissions scolaires ne soient pas confessionnelles
n'interdit pas à la commission scolaire d'apporter son aide, de servir
d'organisme-ressource pour les nouvelles responsabilités que doit
assumer l'école. Votre mémoire pose la question: Est-ce qu'il ne
faudrait pas qu'il y ait quelque chose de plus, par exemple, au niveau de la
consultation que le projet de loi 40 prévoit au niveau des
écoles? Vous n'êtes pas très explicites à cet
égard mais vous pourriez peut-être l'être davantage dans le
commentaire que vous ferez à mon propre commentaire. Ce serait
d'ailleurs là une des questions: Est-ce que vous entendez, est-ce que
vous suggérez que la commission scolaire aide l'école sur le plan
de la consultation, soit par une assistance fournie au niveau de la
consultation au niveau de l'école ou par une consultation qu'elle
mènerait au niveau du quartier ou au niveau du territoire? Est-ce que
vous envisagez une participation proprement décisionnelle, ce qui,
encore une fois, me semblerait ne pas cadrer avec la nouvelle division que nous
envisageons? C'est là une première question.
Deuxièmement, au niveau de la consultation prévue à
l'article 309. Dans cet article-là, il est dit que c'est le gouvernement
qui aura à établir le règlement selon lequel la
consultation pourra être assurée d'une façon
démocratique. Vous suggérez plutôt que ce règlement
sur la consultation soit établi par le comité catholique. Je dois
vous avouer que c'était là notre première idée,
mais c'est à la suggestion même du comité catholique et
sous sa forte recommandation que nous avons souscrit à une idée
différente qui est maintenant incorporée dans le projet de
loi.
Le comité catholique nous a, en effet, fait valoir que cette
consultation devrait rejoindre tous les parents qui ont des enfants à
l'école, dont les uns, bien sûr, ont des convictions religieuses
alors que d'autres peuvent n'en pas avoir et qu'il convenait que le
gouvernement, au nom du respect de la démocratie, puisse se charger
lui-même de cette fonction auprès de tous les parents. J'aimerais
savoir ce que vous pensez de cette recommandation que nous a faite le
comité catholique.
Troisièmement, quant à la reconnaissance d'une
école comme catholique, c'est-à-dire son statut, cela doit
être établi par le comité catholique. C'est une
responsabilité que le gouvernement n'a jamais directement assumée
jusqu'ici, c'est toujours le comité catholique qui a eu cette
responsabilité, bien qu'il faille ajouter immédiatement que le
règlement pour la reconnaissance des écoles, une fois
adopté par le comité catholique, est soumis comme tous les autres
à l'approbation du ministre et à l'approbation du
gouvernement.
C'est véritablement dans ce règlement que seront
débattues et réglées plusieurs des questions qui
surviennent sur les aménagements confessionnels. Par exemple, quels sont
les critères qui permettent de reconnaître une école
catholique, surtout maintenant qu'un bon nombre des dispositions juridiques qui
étaient antérieurement liées au statut sont maintenant
reconnues dans la loi elle-même. Par exemple, le droit à
l'enseignement confessionnel, le droit à un enseignement confessionnel
de qualité, le droit, pour le comité catholique, de s'assurer de
la compétence et de la qualification proprement religieuses des
enseignants.
Deuxièmement, le choix entre l'enseignement religieux et
l'enseignement moral. Troisièmement, le droit à des services de
pastorale ou d'animation religieuse. Pour la première fois, ces droits
sont maintenant garantis par la loi et ne sont plus liés au statut. Ceci
pose d'autant plus le problème des critères qui doivent conduire
à la reconnaissance d'un statut confessionnel. Que devra
désormais recouvrir cette notion de statut confessionnel. À
quelles conditions devra se plier le projet éducatif d'une école
qui demande à être reconnue comme confessionnelle pour que ce
projet éducatif soit conforme aux critères que le comité
catholique établira pour accorder ce statut? Quelle devra être la
durée de cette
reconnaissance et pour quelles raisons?
En somme, c'est au comité catholique que reviendra l'essentiel de
la résolution du problème que constitue la reconnaissance d'un
statut, et tout ceci dans le respect des balises que contient le projet de loi
puisqu'on dit que l'école sera publique et commune, même si,
cependant, elle peut permettre des aménagements confessionnels du genre
de ceux que j'ai décrits par respect pour la tradition historique du
Québec aussi bien que par respect pour les valeurs qu'une
majorité de ses citoyens peuvent encore arborer, l'autre balise
étant, bien entendu, le respect de la Charte des droits et
libertés de la personne et, au-delà, le respect de la
liberté de conscience. (15 h 45)
Donc, ma troisième question serait celle-ci: Est-ce que vous
êtes d'accord avec le fait que ce soit le comité catholique, en
l'occurrence, qui, au-delà de la consultation qui sera assurée
par règlement du gouvernement pour les raisons que j'ai
mentionnées, devra établir l'essentiel des critères devant
conduire à la reconnaissance d'une école comme catholique et aux
divers autres aménagements que devra établir ce règlement
pour répondre aux autres questions qu'on peut avoir à se poser
à cet égard?
Le Président (M. Blouin): M. Lemire.
M. Lemire: Si vous le permettez, je vais passer la parole
à mon confrère, Roger Bellavance.
M. Bellavance (Roger): Nous avions dit, au début, que nous
voulions exprimer des convictions sur, entre autres, la confessionnalité
scolaire. Parfois, quant à des détails
d'"opérationnalisation", nous avions pensé que des groupes plus
autorisés que nous pourraient mener plus avant ces
précisions.
Toutefois, quant à la consultation, le passage ou
l'intermédiaire de la commission scolaire, il est entendu que nous
sommes d'accord pour dire que la commission scolaire doit être non
confessionnelle, donc qu'elle doit être neutre, d'une neutralité
que j'appellerais neutralité positive. C'est bien cela, puisqu'elle
jouera dans certains cas le rôle de soutien. Elle offrira des services,
des services d'animation pastorale ou religieuse. Nous croyons qu'il
était normal que, si la commission scolaire, bien que non
confessionnelle, offre des services de soutien aux écoles, elle puisse
être aussi impliquée dans la consultation qui peut être
faite auprès des parents et que la demande de reconnaissance passe par
la commission scolaire. Nous pensions que cela pouvait être une attitude
valable, étant donné encore une fois que des services sont
offerts aux écoles. C'est une peu la raison pour laquelle nous voulions
relier la commission scolaire à l'école, puisqu'on croyait que la
commission scolaire, étant libérée de beaucoup de
fonctions, pouvait devenir une sorte de coopérative de services. On
pensait qu'il était valable que la commission scolaire puisse jouer un
rôle, ce rôle d'intermédiaire.
À savoir si cette consultation doit se faire à
l'intérieur d'un quartier ou encore auprès de chacune des
écoles, nous pensions que la commission scolaire aiderait chacune des
écoles à faire sa propre consultation. Les résultats
étant connus et la décision étant acceptée par
l'école elle-même, par la qualité de ce projet
éducatif avec l'intégration de la dimension spirituelle, de la
dimension religieuse, cette demande pouvait être acheminée au
comité catholique par la commission scolaire, mais la commission
scolaire n'a pas à décider, c'est l'école qui
décide et la demande est acheminée par la commission scolaire.
C'est là la position que nous avions à ce sujet.
Notre position n'est pas très précise, à savoir si
la consultation doit se faire à l'échelle d'une région ou
à l'échelle de l'école. À première vue, nous
pensions qu'il était préférable de le faire pour chacune
des écoles. Comme je vous dis - je le répète -finalement,
quant à la question d'"opération-naliser", de trouver les moyens
les plus opportuns, nous croyons qu'il y a des gens habilités, des
comités ou encore d'autres groupes qui pourront faire des suggestions
pertinentes. Là-dessus, nous acceptons de vous dire que nous tenons
à l'école confessionnelle, nous tenons à tous les bons
moyens qui seront utilisés pour rendre cette école viable. Nous
sommes concaincus, nous, les frères, comme bien d'autres personnes, que
ce ne sont pas des règlements, des lois qui feront vivre l'école
comme confessionnelle, mais que les lois, les règlements pourront jouer
un rôle de soutien dans la vie d'une école. Là-dessus, ne
nous illusionnons pas, les meilleures lois ne feront pas nécessairement
les meilleures écoles confessionnelles. Il y a toute une série de
-je déborde peut-être un peu, M. le ministre -réflexions
préalables que nous oublions assez souvent de faire, comme dit Edgar
Allan Poe: À considérer les choses tellement évidentes, on
finit par les oublier. Par exemple, une école confessionnelle a pour but
de former quelle sorte de citoyens chrétiens? Qu'est-ce qu'un
chrétien? Quelle est la spiritualité propre à un
chrétien? On ne fait pas souvent de réflexions sur cela, du moins
je n'en ai pas lu beaucoup. Pour que l'école soit confessionnelle et
qu'elle soit d'une confessionnalité viable, il faut un projet
éducatif qui soit vraiment aussi viable.
Donc, il faut une école qui soit déjà viable quant
à sa qualité de vie proprement humaine. C'est pour cela que, dans
l'ordre de nos sujets, nous avons d'abord placé le projet
éducatif et, ensuite, la confessionnalité scolaire. La
position du groupe, au sujet de la relation entre la commission scolaire et
l'école quant à la confessionnalité, c'est une relation de
consultation, de soutien. Encore une fois, nous croyons que la commission
scolaire pourrait s'impliquer davantage et acheminer la demande. Pour ma part,
voilà quant à la première question. Peut-être que
mes confrères pourront ajouter autre chose.
Quant à la deuxième question, étant donné
les réflexions que vous avez faites, M. le ministre, concernant la
reconnaissance, les critères, etc. qui doivent être
déterminés par le comité catholique, nous croyons que la
relation était logique entre la préparation des règlements
et la préparation des critères. C'est pour cela que nous avions
pensé qu'il aurait été préférable de
mentionner plutôt le comité catholique, mais si le comité
catholique préfère que les règlements, la consultation et
des choses de cette sorte soient déterminés par le gouvernement,
évidemment, nous n'avons pas d'objection à cela.
Troisièmement, nous sommes d'accord aussi, bien sûr, que le
comité catholique doit déterminer des critères, des
conditions pour qu'une école soit reconnue comme confessionnelle. Nous
sommes d'avis et nous sommes convaincus que la démarche initiale doit se
faire auprès des parents. L'école, ensuite, fait les
démarches voulues, mais fondées sur des critères bien
précis venant du comité catholique. Nous trouvons cela tout
à fait normal.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: II me fait plaisir de rencontrer, cet après-midi,
la délégation des frères des Écoles
chrétiennes de Québec. Votre famille religieuse a joué un
grand rôle dans l'éducation non seulement au Québec, mais
dans plusieurs pays du monde où elle a contribué au rayonnement
du Québec d'une manière dont j'entends parler encore souvent dans
des termes les plus bienveillants. C'est l'occasion pour nous de vous dire,
ainsi qu'à vos collègues qui vous accompagnent, combien vous
êtes chez vous à l'Assemblée nationale, surtout quand
l'Assemblée nationale discute de l'éducation.
J'ai bien apprécié, dans votre mémoire, la
perspective générale. Vous auriez pu être tentés,
par le fait que vous êtes les frères des Écoles
chrétiennes, de vous en tenir strictement aux aspects confessionnels du
projet de loi. Vous ne l'avez pas fait. Vous traitez de ces aspects, mais on
voit que c'est l'ensemble de l'oeuvre éducative qui vous
intéresse et cela, je l'apprécie vivement. Je crois que cela
permet de mieux situer dans une juste perspective les choses que vous avez
à dire à propos de la confessionnalité.
Tantôt, le ministre a judicieusement choisi de s'en tenir
strictement au terrain de la confessionnalité parce que les autres
parties du mémoire étaient pas mal plus glissantes pour les
positions que véhicule son projet de loi. Nous, nous pouvons en parler
avec plus de liberté. Le jugement que vous portez sur l'ensemble du
projet de loi doit éclairer aussi les choses que vous dites à
propos de la confessionnalité. Vous auriez pu venir ici pour nous dire:
On n'est pas trop favorable à ce projet de loi, mais si vous vous
entêtez à le faire passer, au point de vue de la
confessionnalité, voici au moins quelques améliorations qu'on
voudrait obtenir. Or, je ne voudrais pas que le ministre parte en disant:
Ceux-là étaient avec moi. Il se tromperait grandement. Je l'ai
signalé à propos d'un groupe ce matin et c'est encore beaucoup
plus clair dans votre mémoire, cet après-midi, parce que vous y
allez carrément et explicitement.
Il y a trois grandes parties, dans votre mémoire et je vais
commenter brièvement chacune d'entre elles. La partie principale, vous
l'avez mise au milieu. Vous avez procédé très
judicieusement. Vous êtes partis des points sur lesquels vous
n'êtes pas trop loin du ministre. Ensuite, vous avez abordé des
points qui sont centraux au projet de loi. En troisième lieu, vous lui
avez parlé d'un sujet dont il ne parle jamais, l'enseignement
privé, et dont il n'a point parlé encore cet après-midi.
Cela fait peut-être dix fois qu'on lui tend la perche depuis le
début des travaux de la présente commission. Il nous arrivera
peut-être un jour avec quelque chose, mais cela prend du temps. Pendant
ce temps, il y en a qui ont de la difficulté, M. le ministre.
Les choses que vous dites sur le fond du projet de loi m'apparaissent
profondément sensées. Je pense aussi pouvoir dire qu'elles
m'apparaissent profondément conformes à la véritable
tradition québécoise en matière d'enseignement public,
conforme à nos intérêts bien compris dans le domaine de
l'éducation. Vous insistez qu'il doit y avoir une commission scolaire
sur chaque territoire, formée de commissaires élus au suffrage
démocratique par leurs concitoyens et dotée de
responsabilités et de pouvoirs véritables pour pouvoir veiller
à la qualité des services éducatifs dispensés sur
un territoire. Vous dites que l'école doit avoir des
responsabilités accrues.
Cela me permet de faire une petite correction au sujet de choses que
j'ai entendues ce matin sur les lèvres du député de
Chauveau. Il a dit n'avoir jamais entendu l'Opposition dire que l'école
devrait avoir des pouvoirs de décision. C'est qu'il s'absente
quelquefois pendant nos séances; je ne lui en veux pas, il a d'autres
occupations. On l'a dit à plusieurs reprises, en particulier la
députée de L'Acadie et moi-même, que l'école
doit non seulement avoir des pouvoirs de décision, mais qu'elle en a
depuis longtemps. Le principal d'école n'est pas là pour ne rien
décider; il décide chaque jour un paquet de choses, M. le
député de Chauveau. Nous voulons qu'il continue de prendre des
décisions. Nous voulons que les décisions continuent de se
prendre dans un climat de clarté, dans un climat de netteté qui
empêche que les gens se pilent sur les pieds les uns les autres chaque
fois qu'il y aura des décisions à prendre. Je pense que, dans le
mémoire des frères des Écoles chrétiennes, il y a
des indications très claires quant à la manière dont ce
partage pourrait se faire. On pourrait en parler tantôt.
À propos des écoles privées, je ne m'attarderai pas
longtemps là-dessus, je voudrais simplement signaler à votre
attention qu'à son dernier conseil général, tenu en fin de
semaine dernière, le Parti libéral du Québec a
adopté une résolution qui traite de l'enseignement privé,
dans laquelle nous reconnaissons la part importante que l'enseignement
privé occupe dans l'héritage collectif des
Québécois et dans laquelle nous demandons que le gouvernement
mette fin à ce moratoire étouffant qui pèse sur la
création de nouvelles institutions d'enseignement privé depuis
sept ans qu'il est au pouvoir, mesure asphyxiante, mesure d'érosion
progressive d'une forme d'initiative des citoyens qui peut être
extrêmement bienfaisante, qui l'a été dans le passé
et qui peut continuer de l'être.
Nous avons demandé également que le régime de
financement soit établi sur des bases plus équitables que celles
qui ont été introduites par la loi 11, il y a deux ou trois ans.
Une autre chose a été demandée dans la résolution
et vous pourrez en prendre connaissance. Les journaux n'ont malheureusement pas
fait tout l'écho voulu à cette résolution, mais en tout
cas, cela fait partie du dossier des résolutions qui ont
été adoptées en fin de semaine et ce n'est pas nouveau en
ce qui touche notre parti.
À propos de confessionnalité, je voudrais relever deux
choses qu'a dites le ministre très brièvement. Elles me
paraissent assez typiques de la manière de raisonner qu'on entend
souvent du côté gouvernemental. Le ministre a dit: La
confessionnalité, cela va se vivre au niveau de l'école. Par
conséquent, il ne serait pas logique que la commission scolaire ait des
pouvoirs de décision dans ce domaine. C'est un raisonnement qui
m'apparaît énormément défaillant. Si on appliquait
ce raisonnement, il faudrait dire qu'à plus forte raison le gouvernement
ne devrait rien avoir à faire là-dedans. Il y a des choses qui
relèvent du gouvernement. Il faut qu'il nomme un sous-ministre
catholique, il faut qu'il fasse fonctionner un comité catholique. Il va
falloir qu'il assure que des mesures soient prises pour que toutes les
garanties données dans ce projet de loi-ci soient faites.
Si on s'en tenait à la lettre au raisonnement qui est fait,
personne ne pourrait rien faire dès qu'on monte un peu dans
l'échelon des responsabilités. Il m'apparaît que c'est une
affirmation insoutenable. D'abord, il faudra que la commission scolaire nomme
des directeurs pour les écoles. J'imagine que si des parents ont
exprimé le désir d'avoir des écoles catholiques on
essaiera de nommer des directeurs qui ont un peu d'esprit catholique, autrement
tout l'édifice sera un énorme château de cartes. (16
heures)
Dans l'affectation du personnel, M. Dobie, de l'Association des
enseignants catholiques de langue anglaise nous l'a signalé la semaine
dernière, la commission scolaire ne pourra pas être
indifférente à une chose comme celle-là; donc, elle aura
des pouvoirs de décision qui affectent directement la
confessionnalité et qui conditionnent même, dans une grande
mesure, la qualité du vécu qu'on pourra observer au niveau des
écoles. C'est cela qu'on veut faire comprendre au gouvernement, qu'il y
a un lien vital entre l'école et la commission scolaire et qu'on ne peut
pas trancher cela avec un couteau. Ce n'est pas en disant "ce sera mon affaire,
la commission n'interviendra pas", que les choses doivent être
conçues et se vivre dans la pratique. Alors, c'est un premier point. Ce
qu'on dit, c'est que - supposons que les parents expriment des voeux
très diversifiés en milieu urbain en particulier - il faut que la
commission scolaire garde la possibilité de faire des
aménagements de manière à pouvoir répondre le mieux
possible aux voeux des différentes familles qui auront pu exprimer leur
volonté à ce sujet. On ne sait pas ce que cela donnerait en
aparté. Il faut une marge de liberté. Que la commission scolaire
soit linguistique, comme vous le suggérez judicieusement - et c'est une
position que nous défendons aussi - cela ne lui interdit pas d'exercer
à l'autre niveau les responsabilités qu'il faudra.
Vous avez suggéré dans votre mémoire que les
règlements relatifs à la consultation des parents soient
plutôt faits pour le comité catholique; le ministre nous dit qu'il
a mis cela dans la loi, que c'est lui qui va faire cela et que c'est le
comité catholique qui lui a demandé cela. Je ne veux pas engager
de débat de fait ici, mais j'ai devant moi l'opinion qui avait
été émise par le comité catholique en
décembre dernier, je pense. Le comité catholique disait
plutôt, M. le ministre, que c'était une responsabilité
conjointe. Il disait: "Comme comité catholique, nous sommes
intéressés à la manière dont va se faire la
consultation." Le
comité ne voulait pas avoir cette responsabilité seul,
parce qu'il disait qu'il y a des aspects qui regardent plutôt le bon
fonctionnement démocratique de notre société. Il
concluait: "Voilà pourquoi le comité catholique est d'avis que
l'établissement des modalités de la consultation doit être
la responsabilité conjointe du gouvernement et des comités
confessionnels." Cela a été traduit dans le projet de loi par "le
ministre décide". Il fera un règlement, mais il aura
consulté le comité catholique avant. Ce qu'il demandait,
c'était plus qu'une consultation. On n'est pas obligé de tenir
compte d'une consultation. Il disait: Cela doit être la
responsabilité conjointe.
Ce sont des glissements comme ceux-là que l'on observe ici et
là à certains moments qui obligent à vérifier de
près les choses. Je pense que tel était le but de votre
intervention. Ne vous laissez pas impressionner. Il y a de la matière
à discussion là-dedans. Je le souligne bien aimablement
d'ailleurs pour notre avancement à tous dans une meilleure
compréhension du problème.
Je voudrais aussi vous poser quelques questions bien simples. Vous dites
d'abord qu'il devrait y avoir quelque part une disposition établissant
clairement les droits individuels et les droits collectifs à propos de
la confessionnalité. Cela m'a intéressé vivement parce
qu'il me semble que c'est un aspect du problème qui est très
important. Il y a le droit individuel de chaque famille à faire
élever ou former ses enfants en conformité avec ses convictions.
Il y a le droit des grandes familles religieuses également, la famille
catholique, par exemple, et la famille protestante, à avoir des
écoles qui répondent à ces convictions. Pourrais-je vous
demander ce que vous voulez dire par ce passage de votre mémoire, quand
vous dites qu'il devrait y avoir quelque chose qui parle et des droits
individuels et des droits collectifs? Avez-vous des précisions à
apporter à ce sujet?
M. Bellavance: La raison précise pour laquelle nous avons
introduit cette réflexion et exprimé ce regret, c'est que nous
avons été, comme beaucoup de gens, à l'écoute
d'autres personnes qui disaient que, finalement, cette question de droits
individuels et de droits collectifs allait comme paralyser l'exercice de la
confessionnalité et qu'on demandait que cette question-là soit
étudiée et qu'elle soit soumise à des spécialistes
pour pouvoir savoir un peu à quoi s'en tenir. Ce qui est assez
étonnant, c'est que, assez souvent, les droits individuels peuvent
paralyser des droits collectifs, que cela confine à l'injustice et que,
dans certains cas, on l'a remarqué, a l'expérience, il suffit que
quelques-uns expriment le désir de ne pas entendre parler de religion ou
entendre prononcer le nom de Jésus, par exemple, et l'on va s'empresser
de trouver toutes sortes de formules pour éviter ces questions. Il y a
des exemples précis que l'on pourrait signaler. Par exemple, un pasteur
allait dans la cour de l'école et un père de famille demande
à son fils: Quel est ton meilleur ami à l'école? Il lui
dit: C'est Jean-Claude. Qui est Jean-Claude? C'est le curé de la
paroisse. Alors, le père de famille va voir le directeur de
l'école et lui dit: Je ne veux pas que le curé vienne dans la
cour de l'école au nom des droits individuels. La fin de l'histoire, on
m'a dit que le directeur de l'école avait demandé à M. le
curé de ne pas venir sur le terrain. D'autres exemples comme cela, on
oublie, ou on n'est pas satisfait de l'enseignement moral donné, les
parents vont récriminer. On se rend compte que, dans une commission
scolaire, il y a 800 personnes qui ne reçoivent pas d'enseignement
religieux et que personne ne s'en occupe; on l'ignore. Finalement, on s'est
dit, comme d'autres groupes d'ailleurs aussi, qu'il serait avantageux que cette
question soit davantage clarifiée. Il y a toujours la question de la
personne et de la société. Dans la notion même de personne,
il est question de société. Ce n'est pas possible de dire:
Écoutez, j'ai des droits individuels et je ne tiens pas compte des
autres. Cela va contre la notion même de la personne humaine et aussi, je
pense bien, contre l'expérience commune.
Je pense qu'il y a un équilibre à établir, mais ce
que l'on veut, c'est que dans une école confessionnelle la foi soit
proposée, non pas imposée, mais qu'elle soit suffisamment
clarifiée, suffisamment respectée par les gens qui ne voudraient
pas la vivre ou en entendre parler et qu'un milieu ne soit pas paralysé
à cause de cela.
Ce sont un peu les raisons pour lesquelles nous avons exprimé un
regret. Je ne saurais vous en dire plus long à ce propos.
M. Ryan: Vous aimeriez que cette question soit creusée
davantage afin que l'on dissipe à l'avance les difficultés
susceptibles de survenir.
M. Bellavance: Absolument.
M. Ryan: Vous avez des passages assez abondants à propos
de l'école, de la commission scolaire. Vous dites en particulier qu'on
doit maintenir les commissions scolaires, que l'école doit être
une entité autonome mais rattachée à la commission
scolaire. Ensuite, quand on parle de l'école, vous dites: Au conseil
d'école qui est proposé dans le projet de loi 40, nous disons non
à cette formule de direction d'école.
Dans l'école, il y a trois éléments
principaux, si je peux m'exprimer ainsi. À propos des
élèves en particulier, j'ai remarqué une chose très
intéressante dans votre mémoire. C'est qu'au lieu de mettre tous
vos espoirs dans le comité d'élèves qui est proposé
dans le projet de loi, vous dites qu'il devrait y avoir des associations libres
d'élèves. Je pense que c'est là un élément
capital. Je pense que c'est la première forme de participation des
étudiants au processus de leur développement, la
possibilité de se regrouper eux-mêmes dans des associations libres
qui, ensuite, pourront participer à d'autres formes de collaboration
à l'intérieur de l'école. Il y a les étudiants, il
y a les parents, il y a le directeur et les enseignants. Ce sont les quatre
éléments principaux. On pourrait mettre le personnel non
enseignant aussi. Comment voyez-vous le fonctionnement pratique de
l'école? Il y a le directeur; c'est lui qui dirige, je suppose? Comment
le voyez-vous par rapport à la commission scolaire, aux parents et aux
enseignants? J'aimerais que vous nous disiez un petit peu comment vous voyez
cet agencement par rapport au projet de loi et ce que vous voudriez
améliorer dans le projet de loi pour qu'il devienne acceptable.
M. Lambert (Fernando): Je pourrais reprendre la question d'une
façon un peu plus large en revenant à ce que vous avez dit au
départ. Il faudrait à ce moment que ce soit très clair.
Quels sont les pouvoirs que l'école doit avoir? L'école a des
responsabilités. Elle doit donc avoir les pouvoirs qui lui permettent de
remplir ses responsabilités. Je pense que c'est à partir de ce
point de départ et c'est vraiment à partir de ce principe de base
qu'on peut tenter de proposer un certain nombre d'idées sur la question
que vous posez.
L'école doit être vue comme un tout, comme un ensemble de
plusieurs composantes où chacun doit jouer son rôle. Bien entendu
-c'est déjà dans le mémoire - le directeur -appelons-le
comme cela, celui qu'on est habitué d'appeler le directeur
d'école représente l'autorité. C'est l'autorité
visible, mais ce n'est peut-être pas toute l'autorité. Comme vous
le disiez, l'école est donc composée d'étudiants,
d'enseignants, de parents qu'on désire voir s'impliquer davantage dans
l'école au niveau où ils sont en mesure de le faire et le plus
possible. Il y a la tête qu'on va identifier et c'est surtout la
façon dont il va fonctionner qui nous intéresse. Le directeur
n'est pas seulement le lieu de la décision ou le pouvoir
décisionnel, ce qu'il est devenu, je crois, par la lourdeur
administrative actuelle. C'est son rôle d'animateur qu'il n'a
peut-être plus le temps d'exercer. Il est le premier, dans un sens, mais
il est le premier parmi d'autres qui sont ses pairs. Il ne le peut pas et on ne
veut pas non plus - dans notre façon de voir, ce n'est absolument pas
cela -que le directeur détienne tous les pouvoirs. On veut qu'il soit
avant tout un animateur, qu'il invite - pas seulement inviter, on lui donne le
pouvoir - et qu'il y ait d'autres participants qui viennent accomplir toutes
les responsabilités de l'école avec lui. Autrement dit,
l'école ayant ses pouvoirs bien déterminés, qu'il n'y ait
pas de doublure des pouvoirs, qu'il y ait un représentant ou un
responsable d'un secteur dans l'école et que ce responsable soit
doublé par un autre à la commission scolaire qui va venir faire
sensiblement le même travail. Cela se présente dans la situation
actuelle. L'école ayant des pouvoirs, que ces pouvoirs, au fond, on peut
le dire, soient exercés collectivement, à l'intérieur
même de l'école.
M. Ryan: Une dernière question, si vous me le permettez.
Dans le projet de loi 40 j'ai cru lire dans votre mémoire que vous
trouvez qu'on donne peut-être trop de responsabilités, justement,
à l'école dans certains domaines. Est-ce que vous trouvez que le
dosage de responsabilités et de pouvoirs qu'on donne à
l'école serait pratiquement vivable ou s'il y aurait des clarifications
à souhaiter de ce côté-là? Je donne un exemple
concret: Quand il est question du régime pédagogique, le projet
de loi dit: L'école a la responsabilité de l'application du
régime pédagogique. Est-ce qu'une formulation aussi simpliste est
possible?
M. Lavoie (Antoine): Je pense, M. le député,
d'après ce qu'on a dit au niveau des pouvoirs et des précisions,
qu'il y a des choses à apporter. Il est question dans la loi, en termes
de responsabilités de l'école, lorsqu'on parle
d'évaluation qui est un sujet quand même assez important pour
nous, que l'école établisse les normes. Jusqu'à quel point
c'est pertinent que ce soit l'école qui soit amenée à
établir des normes? D'un milieu à un autre, d'une
communauté à une autre, les normes, les critères seront
établis pour faire de l'évaluation; il y aura, bien sûr,
variété. Cela dépendra du conseil d'école, des
personnes qui seront là, de toutes sortes de choses pour établir
les critères. Pour nous, il semble quand même que ce sont
là des pouvoirs et des fonctions qui sont attribués à
l'école et qui pourraient probablement relever d'un autre niveau.
Il y a aussi, à l'article 98, une chose que l'on vit
actuellement. Au début de l'année scolaire l'école
transmet le résumé des programmes. Est-ce que c'est pertinent que
ce soit l'école qui soit obligée d'investir, en termes de
ressources matérielles et financières, pour donner à
chacun des parents, chacun des élèves, le résumé
des programmes dans le cadre du nouveau régime pédagogique
où on sait très bien que
l'enseignement religieux, l'enseignement moral, la biologie qui sont
enseignés sur la Côte-Nord à Sept-Îles sont les
mêmes qui sont enseignés à Montréal ou que cela
devrait l'être, si ce ne l'est pas? Dans le cadre où le
régime pédagogique est effectivement en place, je pense qu'il
revient à quelque part... On devrait avoir les outils nécessaires
et ce n'est pas à l'école à établir, à
construire ces outils. Sinon, cinquante personnes travaillent à un
même dossier pour faire la même chose. Il reste une chose, c'est
qu'il faut vraiment qu'il y ait des responsabilités, des pouvoirs qui
soient donnés à l'école et qu'ils soient vraiment
précisés.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon, en
vous rappelant que l'ensemble de votre formation politique dispose maintenant
de treize minutes afin de compléter les échanges avec nos
invités.
M. Payne: J'ai admiré toute ma vie le travail
dévoué des frères des Écoles chrétiennes,
spécialement en Angleterre et en Italie. Je vous félicite pour le
mémoire limpide, structuré. Je ne veux pas chanter les louanges
d'un programme d'un parti politique, comme le faisait tout à l'heure le
député d'Argenteuil. Je passerai sous silence quelques points de
convergence avec le projet de loi 40 et la politique des frères des
Écoles chrétiennes pour me concentrer sur un point qui me laisse
un peu perplexe. J'enchaînerai avec la question du député
d'Argenteuil touchant le rapport dans l'école entre le directeur et les
autres agents de l'éducation. (16 h 15)
Pour essayer de concilier cette partie de votre mémoire, je fais
référence à la page 7 du mémoire principal
où vous dites que l'école doit jouir d'une autonomie saine et
d'une bonne marge de manoeuvre dans la poursuite de son projet éducatif.
D'autre part, vous dites que le conseil d'école n'est peut-être
pas approprié. On a fait référence à l'éthos
de l'école et l'esprit qui devrait y régner dans votre
réplique au député d'Argenteuil. En termes pratiques,
avez-vous un modèle de participation et de pouvoirs décisionnels
pour que les pouvoirs décisionnels de l'école puissent se faire
valoir auprès de sa vocation principale?
M. Lemire: M. le Président...
M. Payne: Bref, que pensez-vous du conseil d'école?
Le Président (M. Blouin): M. Lemire.
M. Lemire: Notre mémoire porte sur l'analyse de la
description du conseil d'école tel qu'il figure dans le projet de loi.
Nous savons que des interventions antérieures à la nôtre
ont amené le ministre de l'Éducation à faire certains
accommodements ou certaines concessions. La façon dont nous
considérons la participation des différents intervenants dans la
bonne marche de l'école repose sur la notion de projet éducatif
que nous vous avons fait connaître. Nous croyons que tous les agents
d'éducation doivent tendre à une même fin, non en vertu
d'une allégeance à autre chose qu'au bien de l'école.
L'expérience que nous avons de l'enseignement et de la direction nous
amène aux conclusions ou aux suggestions que nous faisons dans notre
rapport pour mieux équilibrer la participation des intervenants, entre
autres celle des professeurs, et mieux déterminer à quel point de
vue les parents peuvent intervenir.
Je pense que ce n'est un secret pour personne qu'il existe un jargon
pédagogique qui est inaccessible à beaucoup de parents. Nous
voulons que les parents interviennent dans l'école, mais non en lutte de
pouvoir avec les professeurs ou avec la direction. Nous voulons que ceux qui
interviennent dans l'école le fassent pour le bien des
élèves dans l'ensemble. C'est là-dessus que nous proposons
un certain départage et que nous avons des réticences par rapport
au comité d'école tel qu'il figure dans le texte de la loi. Je
crois que mon confrère veut ajouter quelque chose.
Le Président (M. Blouin): Allez-y.
M. Bellavance: Nous ne voulons pas que le conseil d'école,
finalement, soit au-dessus du directeur de l'école. Ceci est un point
important. Comme il a été souligné tantôt, le
directeur de l'école fait participer les membres du conseil à
certaines décisions. Le directeur doit avoir suffisamment de leadership
pour pouvoir animer son conseil et son école. Nous tenons à ce
que les parents soient intégrés à ce conseil, à ce
que les enseignants le soient et, dans la deuxième partie du niveau
secondaire, les élèves. Nous suggérons même
qu'à l'intérieur de l'école il y ait un comité
d'éducation chrétienne - ce qui a été
suggéré par d'autres groupes - et qu'un représentant de ce
comité fasse partie du conseil d'école. Le conseil
d'école, à nos yeux, ne constitue pas, n'est pas l'égal
d'un comité pédagogique.
M. Payne: Je me pose la question parce que j'ai une
préoccupation. Elle vient du livre vert, à la page 130 ou 131,
où il est très clair que les parents ont bien demandé un
pouvoir accru au sein de l'école. Votre affirmation à la page 30,
deuxième considération, est celle-ci et je cite: "Les fonctions
attribuées aux parents - le sujet est le comité de parents - sont
réalistes".
Est-ce que vous faites référence seulement au
comité de parents?
M. Bellavance: Oui, nous voulions dire ici que les fonctions qui
sont attribuées, comme, par exemple, donner des avis sur l'orientation
générale de l'école, sur l'établissement d'un
projet d'action, sur le projet éducatif, ce sont des points sur lesquels
les parents peuvent et doivent vraiment donner leur avis. Mais nous ajoutons,
au deuxième paragraphe, que certains parents ne sont peut-être pas
en mesure de donner des avis judicieux sur ces questions d'ordre
pédagogique. Le conseil d'école jouerait un rôle plus
vaste, plus grand qu'un comité pédagogique. Ici, quand on parle
de comité de parents, on pourrait le relier au comité
d'école. Ces comités de parents, soit au niveau de la commission
scolaire ou au niveau de l'école, pourraient être
intégrés au conseil de l'école.
M. Payne: Vous admettrez que la question est ouverte; nous avons
entendu d'autres voix, comme la Fédération des parents du
Québec, et nous avons également eu une longue discussion avec la
Centrale de l'enseignement du Québec. Vous devez être au courant
de tout cela. On pourrait en discuter longtemps, mais je pense que mon
collègue aimerait aussi poser des questions.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Vachon. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Tout d'abord, au nom
de notre formation politique, j'aimerais féliciter les frères des
Écoles chrétiennes et saluer, particulièrement, le
frère Lavoie, qui vient de la grande région de la
Côte-Nord. J'aimerais les féliciter pour la profondeur de leur
mémoire. Dans votre mémoire, on retrouve différents
aspects qui n'ont pas été traités de la même
façon ou d'une façon aussi poussée par d'autres. J'ai
même remarqué que le député de Vachon n'a pas tout
à fait compris les judicieuses remarques que mon collègue
d'Argenteuil a faites au début.
Vous avez touché un point en particulier qui, depuis le
début de cette commission, se promène d'une épaule
à l'autre selon ce qui fait notre bonheur ou notre malheur. Beaucoup
d'organismes se sont flattés - le ministre en a beaucoup parlé
-de ce qu'on appelle le projet éducatif. Dans l'une de vos remarques,
vous lui donnez une définition et vous y mettez des conditions aussi
afin que cela fonctionne et devienne un véritable projet
éducatif.
Première question: Croyez-vous que, d'après les
mécanismes proposés par la loi 40, un projet éducatif, tel
que vous le définissez, va pouvoir fonctionner? J'entends bien lorsque
vous impliquez tout le monde: les enseignants, les parents, les
étudiants, la direction d'école. Ce qui m'intéresse,
à ce stade, c'est le projet éducatif. S'il y a des intervenants
majeurs qui n'en font pas partie, est-ce vivable dans une école?
M. Dubuc (André): Je réagirais très
brièvement en disant que, selon le projet de loi 40, il serait difficile
de mettre sur pied et en application le projet éducatif tel que nous le
concevons. D'abord, le partage des pouvoirs n'est pas toujours...
Peut-être que le projet de loi est là pour être
amendé, mais tel quel, il serait difficile, peut-être pas
irréalisable, mais difficile d'application. Il y aurait des heurts entre
ces comités qui, très souvent, se penchent sur les mêmes
choses et qui ont des points de vue différents. Ce serait sans doute
plus laborieux, plus difficile que dans l'école où je travaille,
par exemple, où il y a un directeur qui dirige, qui anime, et où
l'école est centrée sur l'élève. Chacun peut donner
son opinion, il est écouté. On sait également aussi qu'il
y a un but précis. Je ne dis pas qu'il est absent dans le projet, mais
le partage des pouvoirs, présentement, ne me paraît pas
très clair.
M. Maltais: D'accord. Vous énumérez aussi, à
la page 4, lorsque vous jetez un coup d'oeil sur la situation actuelle,
certaines lacunes de ce système. Je pense que vos remarques sont
très judicieuses également. Pensez-vous que ce qu'on vous propose
dans le projet de loi 40 corrige d'une façon radicale, selon les
revendications que vous faites là-dedans, la situation actuelle?
M. Potvin (Lionel): Je ne crois pas que cela la corrige de
façon radicale. Comme on l'a mentionné dans le rapport, on dit
bien qu'on a visé beaucoup plus les structures que la vie des gens.
L'éducation, c'est une préoccupation commune de tous les
éducateurs, que ce soient le directeur, les enseignants ou le personnel
non enseignant. C'est évidemment le souci des parents. Il faut
créer une équipe. À l'heure actuelle, ce qu'on retrouve
dans le projet de loi, c'est un comité de parents, un comité
d'élèves, un comité d'enseignants. On ne retrouve pas
l'équipe qui va s'occuper du projet commun de l'école.
M. Maltais: D'accord. Je vous remercie. Je garde cinq minutes
pour mon collègue de Saint-Henri.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Mille-Iles, en
vous rappelant que vous disposez d'une période de six minutes.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais m'associer à tous mes
collègues ici pour souligner l'apport que votre communauté
à plusieurs générations de jeunes Québécois.
Vous continuez votre bon travail aujourd'hui. Vous vous présentez devant
la commission parlementaire. C'est bien sûr qu'on parle d'école
communautaire - cela vous intéresse - et d'école responsable.
Avant de vous poser une question, je veux faire une allusion aux propos du
député d'Argenteuil. Tout à l'heure, on parlait du
rôle des parents, mais le député d'Argenteuil, c'est
seulement un rôle consultatif qu'il veut leur donner au comité
d'école. J'aimerais qu'il explicite davantage à un autre moment -
je ne veux pas prendre de son temps - et qu'il nous dise réellement si,
à l'école, les parents veulent simplement un rôle
consultatif, comme il semble vouloir le soutenir, ou s'ils veulent être
réellement responsables. Le projet de loi va les rendre responsables. Il
veut leur donner plutôt une autorité et non seulement un
rôle de consultation. Si les parents sont capables d'être
responsables au niveau des commissions scolaires, je ne verrais pas pourquoi
ils ne seraient pas capables de prendre leurs responsabilités au niveau
des écoles. J'aimerais entendre le député là-dessus
à un moment donné.
Je veux parler des écoles privées. Les gens autour de
cette table savent très bien que l'école privée n'est pas
dirigée par des commissions scolaires. On en dit beaucoup de bien. Une
école privée, j'y vois un rôle d'autonomie, entre autres.
Je pense qu'une école privée est autonome, parce qu'elle peut
disposer des heures de cours, des heures d'entrée et des heures de
sortie, des activités scolaires, des activités parascolaires, du
choix des manuels, des règlements de discipline interne. Soit,
l'école privée est autonome. Elle se donne un projet
éducatif et les parents y adhèrent. Je vous pose comme question:
Ne pensez-vous pas que le projet de loi 40, qui crée des comités
d'école autour d'un projet éducatif, qui fait en sorte, comme
dans les écoles privées, que parents, enseignants et
étudiants bâtissent un projet éducatif et le
réalisent, n'est pas à l'image de l'école privée,
en ce sens qu'on veut donner plus de responsabilité à
l'école, la rendre plus responsable et plus à l'image du milieu,
comme vos écoles privées sont à l'image d'un milieu et
répondent au désir d'une clientèle?
M. Potvin: Vous parlez de l'école privée. Je pense
que le livre blanc a très bien utilisé le mot. On a dit qu'on
voulait privatiser l'école publique. Le mot était bien. Qu'est-ce
qu'il y avait en dessous? J'en sais trop peu. Il est bien sûr que
l'école privée a joui et jouit encore de cette autonomie dont
vous parlez et qu'elle a certaines possibilités de mettre en place une
organisation selon les vues de l'équipe d'éducateurs qui veut
fonctionner dans le but de donner la meilleure éducation possible aux
jeunes qu'elle dessert. C'est cela l'objectif. Les gens se rallient à
cela. Les parents sont écoutés parce que, de façon
très simple, j'allais dire de façon quasiment selon les principes
de l'économique, on répond à l'offre et à la
demande. Si les parents n'étaient pas écoutés, ils
n'enverraient pas leurs enfants dans les écoles privées. Alors,
on doit les écouter. Mais ce ne sont pas les parents qui sont le conseil
d'administration. Ce sont des membres de la société, du monde
socio-économique, il y a des parents, il y a des enseignants, il y a les
responsables des institutions qui forment une équipe. C'est
peut-être la difficulté à laquelle on se heurte dans le
projet d'école de le soumettre à des unités trop
distinctes: les élèves, les parents, les enseignants, et avec un
directeur qui est l'esclave de tous ceux-là. Il devient quasiment le
secrétaire général dans le cas des commissions scolaires.
(16 h 30)
M. Champagne (Mille-Îles): Vous reconnaissez tout de
même que cela vous rend les choses plus faciles que d'être
autonomes et vous reconnaissez aussi certaines vertus des écoles
privées qui pourraient être aussi appliquées au secteur
public.
M. Lemire: Assurément.
M. Champagne (Mille-Îles): Assurément. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Iles. M. le député de
Saint-Henri.
M. Lavoie, rapidement? Je vous signale...
M. Lavoie: J'aurais eu le goût d'ajouter, à la suite
de la réflexion de M. le député, que, oui, ce serait
heureux à une condition, c'est que l'école cesse à tout
jamais d'être une place où il y a lutte de pouvoirs.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Lavoie: Tant qu'on aura à l'école une place
où il y a lutte de pouvoirs, c'est impossible de vivre le rêve
d'une école publique à l'image de l'école
privée.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Lavoie.
M. Champagne (Mille-Îles): L'intervenant a fait une
remarque. Qu'entendez-vous par lutte de pouvoirs? Pouvoirs internes ou pouvoirs
à la fois de l'école et des commissions scolaires? Je ne
comprends pas ce que vous voulez dire.
Le Président (M. Blouin): En quelques secondes, M.
Lavoie.
M. Lavoie: M. le Président, il y a école, il y a
commission scolaire et il y a aussi tout le pouvoir syndical et il ne faut pas
oublier cela.
Le Président (M. Blouin): C'est sûr. D'accord. Merci
beaucoup. M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: Messieurs, je tiens moi aussi à vous
féliciter pour votre mémoire. Je trouve que c'est vaste mais bien
succinct et en même temps sobre, mais vraiment convaincant. Je n'ose pas
vous poser des questions directement, parce que vous vous en posez de vraiment
bonnes comme questions. Je les relève un peu dans certains paragraphes
de votre mémoire. Il y en a une qui revient trois fois dans vos
séries de questions. Elle semble vraiment lancinante. Je la relis avec
vous à la page 5, où vous dites ceci: "Le ministère de
l'Éducation, l'initiateur des vastes polyvalentes, ne devrait-il pas
prêter une oreille plus attentive aux nombreuses critiques
formulées à ce sujet?" Un peu plus loin, à la page 8, vous
dites ceci: "Comment le ministère de l'Éducation entend-il
être à l'écoute des besoins et des aspirations des
Québécois en maintenant un projet de loi qui, dans sa formulation
actuelle, va à l'encontre des voeux de la population?" Vous n'êtes
pas encore satisfaits, alors, vous revenez à la page 10 et vous nous
dites ceci: "L'État doit-il favoriser l'exercice du droit fondamental
à l'éducation selon ses propres vues ou selon les attentes de la
population?" Il semble que cette question vous tracasse vraiment. Est-ce que je
me trompe, messieurs?
M. Lemire: M. le Président, nous avons de l'école
une conception assez élevée. Nous croyons que la majorité
des professeurs qui travaillent pour nos jeunes Québécois
désirent aussi une grande qualité de l'enseignement et de
l'éducation qui sont donnés. Nous pensons que le style de
relations qui doit exister dans une école est très important.
Tout ce qui est structurel, tout ce qui est organisationnel, tout ce qui n'aide
pas à cette relation personnalisée entre les éducateurs,
pas simplement les professeurs, mais le directeur de l'école, les autres
professionnels non enseignants, mais même le personnel de soutien, tout
ce qui n'aide pas à créer cette relation, cela n'entre pas dans
la conception que nous nous faisons de l'éducation et du don que les
éducateurs doivent faire aux élèves. Les différents
intervenants au niveau de l'école, de la com- mission scolaire et au
niveau gouvernemental doivent tenir compte de cette relation pour que le jeune
grandisse selon ses aspirations. Si vous permettez, nous posons des questions
à partir de notre propre expérience et à partir de ce que
nous entendons des parents et des professeurs, un peu par comparaison avec les
agents de l'éducation qui ont connu des circonstances qui leur ont
permis de vivre davantage cette relation éducative.
M. Hains: Je pense que vous avez touché au vrai bobo. Je
voulais moi aussi vous poser des questions encore plus précises
là-dessus. À la page 3 de votre mémoire, vous insistez
beaucoup, comme vous venez de le dire vous-même encore, sur le consensus
des divers organismes qui oeuvrent dans une école. Vous dites ceci: "Son
projet éducatif doit être préparé en vue d'assurer
la formation complète de la personne - Et voici le point: La
préparation d'un tel projet doit-elle être voulue de tous les
différents agents de l'éducation?" Au sujet des enseignants,
est-ce que vous les avez vus quelque part dans le projet de loi 40? M. le
ministre les a trouvés aux quatre coins de son projet, mais,
vous-mêmes, voyez-vous les professeurs dans ce projet de loi au point de
vue de la détermination de leurs devoirs, de leurs fonctions, de leurs
droits et de tout cela?
Le Président (M. Blouin): Rapidement, s'il vous
plaît, puisqu'il ne reste que quelques secondes!
M. Hains: J'aimerais poser ma deuxième question parce
qu'on est pris de court. Vous dites aussi que les professeurs - c'est
regrettable, je n'ai pas noté la page n'arrivent plus que difficilement
à se présenter pour ce qu'ils sont. Je vous pose la question
drôlement: Pourquoi pensez-vous que cela arrive? Est-ce que ce n'est pas
parce que les professeurs sont maintenant malheureux dans leur classe?
Pourriez-vous m'expliquer un peu pourquoi ils deviennent comme cela,
inefficaces et malheureux?
Le Président (M. Blouin): II ne reste que quelques
secondes, je vous demande de répondre succinctement, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: M. le Président, on va essayer d'être
assez succincts. Que les professeurs aujourd'hui, en janvier 1984, soient
malheureux, je pense que c'est un fait. Il y a des phénomènes qui
se passent dans les écoles actuellement qui sont des retombées de
ce qui s'est passé l'an dernier. Quant à savoir si c'est un fait
que les enseignants, les professeurs sont plus ou moins présents dans le
projet de loi 40, c'est dommage - notre rapport y fait allusion quand
même - c'est dommage sur deux plans: parce qu'ils se retirent de
l'école, ils ne
veulent plus participer, d'une certaine façon, et on sait
pourquoi.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Sur ce, je
remercie les représentants des frères des Écoles
chrétiennes du Québec de leur participation aux travaux de notre
commission. J'invite maintenant les représentants de la
Conférence de la pastorale scolaire.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne sais pas, mais il me semble que le frère
Lavoie avait deux points à mentionner. Il en a donné un. Est-ce
qu'il pourrait avoir une minute pour donner le deuxième? Cela nous
intéresse.
Le Président (M. Blouin): Frère Lavoie, si vous
faites cela rapidement.
M. Lavoie: Non, j'avais...
Le Président (M. Blouin): Cela va. Vous aviez
complété votre intervention?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci
beaucoup. À nouveau, je remercie les frères des Écoles
chrétiennes et j'invite maintenant les représentants de la
Conférence de la pastorale scolaire du Québec à bien
vouloir s'approcher. Je rappelle également à cet organisme qu'en
vertu de l'entente nous disposons d'une période d'une heure trente afin
d'écouter le compte rendu de sa présentation et, ensuite, de nous
livrer à un échange entre les membres de la commission et nos
invités.
Très rapidement, vous pourriez peut-être, puisque le
député d'Argenteuil me demande de vous adresser cette
clarification, nous dire en quoi votre organisme, la Conférence de la
pastorale scolaire, se distingue de l'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne dont nous avons
entendu le témoignage ce matin. Vous pourriez procéder, par la
suite, dans les limites dont nous avons convenu, à la
présentation de votre mémoire, après vous être
identifié.
Conférence de la pastorale scolaire
M. Limoges (Yvon): M. le Président, avant de commencer la
présentation du mémoire, j'aimerais vous présenter les
membres du bureau de la direction de la conférence. À
l'extrême droite de la table, c'est Mme Nicole Lafaille, animatrice
à temps plein à l'école polyvalente Henri-Bourassa de
Montréal-Nord; immédiatement à côté, M. Roger
Pelletier, animateur de la pastorale à l'école polyvalente
Pierre-Laporte de la ville de Mont-Royal; à ma droite, Mme Marie-Marthe
Desjardins, vice-présidente de la Conférence de la pastorale
scolaire et animatrice de la pastorale à temps plein à
l'école secondaire Marguerite-Bourgeoys, école de premier cycle
à Saint-Jean-sur-le-Richelieu. À mon extrême gauche, M.
Donald Thompson, animateur de la pastorale à temps plein à
l'école polyvalente Jeanne-Le-Ber de Sherbrooke; ensuite, M. Marc Dion,
animateur de la pastorale à temps plein à l'école
polyvalente Jean-Nicolet de Nicolet; immédiatement à ma gauche,
M. Michel Cartier, animateur de la pastorale à temps plein à
l'école polyvalente Armand-Racicot de Saint-Jean-sur-le-Richelieu. Mon
nom est Yvon Limoges, animateur de pastorale à temps plein à
l'école polyvalente Armand-Corbeil de Terrebonne et président de
la conférence.
Si vous me le permettez, j'aimerais confier la présentation du
mémoire à Mme Marie-Marthe Desjardins, qui a été la
responsable du dossier sur la réforme scolaire et qui a
été la maître-d'oeuvre de la rédaction du
mémoire.
Le Président (M. Blouin): Je crois que, pour
répondre aux questions du député d'Argenteuil, vous
établissez bien dans le mémoire les objectifs de votre
organisme.
Mme Desjardins (Marie-Marthe): La
Conférence de la pastorale scolaire est heureuse de
présenter aujourd'hui à la commission parlementaire sa
réflexion sur le projet de loi 40. C'est le fruit d'un travail de toute
la Conférence de la pastorale scolaire nommée CPS, qui a
été mandatée à cet effet par son assemblée
générale de juin 1983. À la fin d'avril 1983, un cahier de
propositions sur le livre blanc a été envoyé au ministre
de l'Éducation et aux autres instances ministérielles.
L'angle envisagé aujourd'hui par la Conférence de la
pastorale scolaire dans le présent écrit est celui
d'éducatrices et d'éducateurs de la foi qui travaillent
quotidiennement auprès des jeunes dans les écoles, À titre
de regroupement national de professionnelles et de professionnels de la
pastorale scolaire, la Conférence de la pastorale scolaire veut
souligner les incidences et les questions que soulève le projet de loi
40 pour l'avenir et la qualité de l'éducation religieuse dans
notre système scolaire.
M. Limoges: M. le Président, en guise d'introduction,
j'aimerais vous rappeler que la Conférence de la pastorale scolaire, la
CPS -en passant, à ne pas confondre avec le Centre de prévention
du suicide - est un regroupement de professionnels sans but
lucratif qui vise comme objectif premier de concourir avec les
autorités religieuses compétentes au développement de la
pastorale en milieu scolaire. Notre association professionnelle regroupe des
animatrices et des animateurs de pastorale dans les 19 diocèses du
Québec. Nos membres sont des laïques, des religieuses, des
religieux et des prêtres. Toutes ces personnes sont mandatées par
leur évêque respectif.
Les articles que nous avons choisi de traiter concernent directement le
travail quotidien d'une animatrice et d'un animateur de pastorale. Nous ne
traiterons pas tout le projet de loi 40. Nos recommandations portent sur
quelques articles dudit projet de loi.
Pour chacun des articles retenus, nous interrogeons le projet de loi 40
en le comparant à la situation actuelle et nous faisons des
recommandations en conséquence.
Mme Desjardins: Premier point, animation pastorale. Animation et
services complémentaires, chapitre I, article 5. L'énoncé
de politique sur les services personnels aux élèves, en
août 1982, fait une distinction claire entre les services
complémentaires aux élèves et les services personnels aux
élèves. Il est bien spécifié à l'article 3.1
que les services personnels doivent être affectés à
l'école et, à l'article 4.1, que ces services personnels agissent
comme un soutien et un complément aux activités des services
complémentaires aux élèves. (16 h 45)
L'appellation "services complémentaires" dans la loi 40
regroupe-t-elle les mêmes réalités que celles
mentionnées dans l'énoncé de politique? Par qui sera
assumé le complémentaire en question? Quelle compétence
professionnelle sera exigée de l'aidant?
La professionnelle et le professionnel de l'animation pastorale sont des
spécialistes ayant une compétence issue d'une solide formation
universitaire. En effet, les élèves du secondaire
bénéficient actuellement d'un service professionnel de pastorale.
Cet acquis est-il maintenu dans la loi 40, en ce sens que seuls des
professionnelles et des professionnels de ce corps d'emploi pourront donner le
service professionnel de pastorale?
De plus, la loi 40 reconnaît les mêmes droits aux
élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire. Les
mêmes exigences de service professionnel de pastorale devront être
appliquées au préscolaire et au primaire.
Conséquemment, nous recommandons que la loi reprenne, dans sa
formulation, les termes de l'énoncé de politique sur les services
personnels aux élèves; que la loi ne prévoie, pour
l'engagement en pastorale, que des professionnelles et des professionnels ayant
une formation universitaire.
Service de pastorale efficace, chapitre III, article 110. L'option de
foi de l'élève n'étant pas nécessairement
reliée à son choix de cours - enseignement religieux ou
enseignement moral - il est tout à fait opportun que le service de
pastorale soit offert à tout élève inscrit comme
catholique. La loi reconnaît à l'élève le droit de
recevoir des services complémentaires personnels en plus de services
d'enseignement.
Voici quelques exemples sujets à questionnement. Dans la pratique
actuelle, ce droit est souvent réduit au minimum. Ainsi, que penser de
la qualité de l'animation pastorale d'une animatrice ou d'un animateur
oeuvrant dans trois ou quatre écoles? Ou encore que penser de la
situation d'une seule animatrice ou d'un seul animateur pour l'animation d'une
clientèle de 2000 élèves? Quels moyens la loi va-t-elle
prévoir dans ses règlements pour que de telles situations de
présence symbolique ne se produisent plus et que le droit de l'enfant
soit réellement respecté?
Nous recommandons que les règlements du comité catholique
indiquent des chiffres en deçà desquels l'école ne peut
assurer des services personnels et complémentaires en pastorale
répondant aux objectifs de l'énoncé de politique
d'août 1982.
La loi doit rappeler aussi l'incidence du mandat pastoral exigé
pour l'agent pastoral en milieu scolaire. L'évêque mandate
l'animatrice et l'animateur de pastorale à agir en son nom auprès
des élèves inscrits comme catholiques.
Nous recommandons que, tout comme le responsable du soutien aux
écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux et
d'animation pastorale - article 220 l'animatrice ou l'animateur de pastorale
doit posséder un mandat de pastorale de l'évêque du
diocèse où est situé le siège social de la
commission scolaire.
Enseignement religieux. Libre choix, chapitre II, article 17, chapitre
III, articles 96, 101 et 102. Le projet de loi, à l'article 17 du
chapitre II, accorde le droit fondamental à la liberté
religieuse pour l'élève. Conséquemment, à l'article
101 du chapitre III, est exigé de l'école d'offrir à
l'élève le choix entre un enseignement religieux et un
enseignement moral; également, l'école doit offrir la mise en
place de moyens pour l'exercice de ce choix.
Actuellement, nous constatons que ce ne sont pas toutes les
écoles qui offrent en pratique, dans leur grille horaire, la
possibilité d'exemption ou de choix entre le cours d'enseignement
religieux et celui d'enseignement moral. Nous constatons également que
certains secteurs d'enseignement n'ont ni cours d'enseignement religieux, ni
cours d'enseignement moral; le
choix ne doit pas être brimé à cause d'une grille
horaire mal conçue. Également, nous constatons que le choix fait
par l'élève n'est pas toujours respecté. Quels sont les
moyens mis en place pour assurer un respect intégral du choix de
l'élève? Quelles ressources seront apportées pour que le
choix s'offre dans chaque école et à chaque
élève?
Qualité de l'enseignement. Droit de refus de l'enseignant.
Chapitre III, article 79. Le projet de loi favorise le choix de valeurs de
l'enfant et respecte également les options religieuses personnelles de
l'enseignant. Or, la pratique actuelle nous démontre que les esquives
sont faciles. L'enseignant choisit l'enseignement religieux soit comme
matière complétant sa tâche, soit pour éviter un
déplacement d'école, soit pour cause de cloisonnement à
l'intérieur d'un champ. Nous recommandons que l'option de foi de
l'élève qui choisit l'enseignement religieux l'emporte sur le
droit de l'enseignant, donc que le cours dispensé en soit un
d'authenticité religieuse.
Qualification de l'enseignant, chapitre III, article 81. Les articles de
la loi qui régissent les conditions de qualification de l'enseignant
veulent assurer le droit de l'élève à un enseignement
religieux de qualité. Dans la situation présente, l'enseignement
religieux n'est pas toujours donné à l'élève de
façon complète. Les qualifications universitaires manquant ou les
options de foi de l'enseignant n'étant pas en accord avec le programme,
il s'ensuit que les cours sont tronqués. Comme animateur de pastorale,
il devient parfois difficile, voire même impossible, de mettre en place
des ateliers de pratique évangélique faisant suite à un
programme d'enseignement religieux qui n'est pas donné par
l'enseignant.
Nous recommandons que l'application des conditions de qualification du
comité catholique relève dans chaque commission scolaire soit du
responsable du soutien aux écoles catholiques et aux services
d'enseignement religieux et d'animation pastorale, soit d'un comité ad
hoc.
Confessionnalité, choix de l'école chapitre II, article
18. Nous ne pouvons faire mieux que d'approuver la liberté qu'auront les
parents de confier leurs enfants à une école de leur choix.
Concrètement, les commissions scolaires pourront-elles offrir les moyens
efficaces pour exercer le droit du choix de l'école dont le projet
éducatif correspond le plus aux valeurs des concernés? Par
exemple, les systèmes de transport favoriseront-ils ce choix ou
imposeront-ils à la limite un choix qui limite le principe du libre
choix des parents? Nous recommandons que soient supprimés les
deuxième et troisième paragraphes de l'article 18.
Projet éducatif et croyances, chapitre III, articles 31 et 32.
Chaque école étant un milieu bien particulier dans chacune des
régions du Québec, le projet de loi entend respecter l'option
d'une communauté locale en fonction de ses valeurs religieuses. La
reconnaissance d'une école confessionnelle catholique ou protestante se
situe dans une ligne de continuité avec notre héritage culturel
et en respect des droits acquis desdites communautés fondatrices. Or,
une population scolaire se renouvelle au moins tous les cinq ans. Le choix fait
par des parents à un moment précis de l'histoire ne peut
être imposé indéfiniment à d'autres. De plus,
l'évolution sociale du milieu amène une mouvance des habitants.
De même, de nouvelles mentalités peuvent amener des parents
à réviser leur choix. Toutes ces raisons nous amènent
à nous poser la question: Quels moyens assureraient la remise en
question d'une école qui se veut le reflet des valeurs du milieu?
Nous recommandons que toutes les écoles, confessionnelles ou non
confessionnelles, aient à réviser leur choix tous les cinq
ans.
Mécanismes de reconnaissance, chapitre VI, articles 474.22e, 22f
et 611. La loi pourra offrir l'occasion aux parents de faire la
vérité sur la confessionnalité des écoles. En 1974,
le comité catholique utilisait son pouvoir de déclarer
confessionnelles toutes les écoles publiques du Québec sans qu'il
y ait débat de fond sur la question. À l'article 31 du chapitre
III, le projet de loi accorde à l'école la possibilité
d'intégrer dans son projet éducatif les croyances et les valeurs
religieuses d'une confession particulière. Mais, dans les dispositions
transitoires, le projet de loi ne prévoit pas de mécanismes de
questionnement pour aider les milieux à faire ce choix. Toutes les
écoles doivent être soumises à un processus de
réflexion les amenant à un choix. Les écoles qui ne feront
aucune démarche de reconduction ou de révocation de leur statut
deviendraient-elles automatiquement non confessionnelles? Si oui, quel pas en
avant avons-nous fait par rapport à la clarification des options des
milieux comparativement à l'opération de 1974?
Nous recommandons qu'un débat soit obligatoirement fait par
toutes les écoles, quel que soit leur statut actuel, sur l'avenir de
leur statut d'école; qu'une démarche édictée par le
ministre et identique pour toutes les écoles soit mise en place dans les
trois années transitoires.
Responsable du soutien, chapitre IV, article 220. Le projet de loi 40
affirme sans équivoque la nécessité pour chaque commission
scolaire d'engager un responsable du soutien aux écoles catholiques et
aux services d'enseignement religieux et d'animation pastorale. Une affirmation
aussi nette va favoriser une clarification et une mise en application du choix
des élèves et des institutions. Dans la situation
présente, certaines commissions scolaires ne se sont
pas donné le service d'un conseiller en éducation
chrétienne pour leur territoire; d'autres ont mutilé ou
modifié la tâche propre à cet agent de l'éducation.
Nous qualifions d'inconcevable la tâche d'un conseiller en
éducation chrétienne - CEC -qui doit couvrir le territoire de
quatre commissions scolaires ou encore être écarté des
tables de gestion. Quel nombre d'élèves va justifier l'emploi
à temps plein d'un tel responsable? En tant que responsable du soutien
aux écoles catholiques, de qui cette personne va-t-elle
dépendre? Qui aura la responsabilité de la qualité de
l'enseignement moral?
Nous recommandons l'embauche d'au moins une personne à temps
plein dans chaque commission scolaire pour la tâche de responsable du
soutien aux écoles catholiques et aux services d'enseignement religieux
et d'animation pastorale. Nous serions favorables, si le nombre
d'élèves et/ou d'écoles le justifie, à ce que le
service d'enseignement religieux soit confié à un conseiller
pédagogique qui travaillerait en collaboration avec le responsable du
soutien aux écoles catholiques et au service d'animation pastorale.
Le Québec vit une heure importante de son histoire. C'est sur la
Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public que le ministère de
l'Éducation a cru bon miser pour se doter d'un outil de réforme
efficace. En tant que praticiens, animatrices et animateurs de pastorale, nous
n'en sommes pas à notre première réforme scolaire et
ecclésiale. Nous nous posons la question: Cette autre réforme
sera-t-elle efficace? Merci. (17 heures)
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Desjardins et M.
Limoges.
M. le ministre.
M. Laurin: Je veux, d'abord, remercier la Conférence de la
pastorale scolaire pour un mémoire à la fois très
précis, sobre, mais qui traite adéquatement de toutes les
questions que vous avez bien voulu étudier. Vous vous présentez
comme des éducatrices, des éducateurs qui travaillent
quotidiennement auprès des jeunes dans les écoles, ceci en
réponse, je pense, à la question que vous posait, avant
même le début de votre exposé, le député
d'Argenteuil. Donc, vous êtes, par votre métier et par votre
expérience, très proches du vécu scolaire et je pense que
c'est pour cette raison qu'on doit accorder à vos commentaires et
recommandations toute l'attention souhaitable.
Votre mémoire traite, comme cela s'entend, surtout des
aménagements confessionnels prévus au projet de loi. Je voudrais
dire au départ que, depuis quelques années, malgré les
lacunes dont fait état votre mémoire, nous avons quand même
progressé. Il n'y a pas si longtemps, les écoles étaient
presque dépourvues de services d'animation pastorale. Je pense qu'au
cours des dernières années nous avons fait de grands efforts,
aussi bien sur le plan conceptuel que sur le plan du soutien financier, pour
que ces services soient plus abondants et de meilleure qualité. Je sais
qu'il y a encore des insuffisances qu'il nous faut colmater, mais je
pense que nous marchons dans la bonne voie.
Je dois dire que le seul fait d'inscrire maintenant dans la loi non
seulement le droit à l'option entre l'enseignement religieux et
l'enseignement moral, mais également le droit à des services de
pastorale, de même que le droit à des conseillers
pédagogiques chargés d'assurer le soutien contribuera à
nous faire avancer encore d'une façon notable dans cette direction car
un droit qui est inscrit dans une loi constitue une commande aussi bien pour le
gouvernement que pour toutes les autres instances intéressées. Et
ceci nous permettra sûrement de consacrer à cet
élément important de l'action éducative les ressources
appropriées.
Je sais, par ailleurs, de connaissance directe, à quel point les
services d'animation pastorale sont importants au niveau d'une école.
Au-delà même, je dirais, de la dimension proprement religieuse que
vous poursuivez, je sais que votre action a contribué pour beaucoup
à apporter des solutions à d'autres problèmes moins
directement d'essence religieuse, par exemple, à certains
problèmes affectifs, à certains problèmes de
socialisation, de rapprochement entre élèves, des solutions
à des problèmes socio-économiques, même. Je voudrais
bien, justement en raison de ce rôle eminent que vous jouez au sein des
écoles, non seulement que soit assurée la dispensation des
services spécifiques que vous avez pour mission de donner, mais que vous
soyez également en mesure d'assumer ces autres rôles ou
responsabilités que, dans la pratique, vous assumez actuellement.
Quant à vos suggestions, interrogations et questions, même
si nous n'avons pas le temps aujourd'hui de leur faire tout le sort qu'elles
mériteraient, soyez sûrs que nous allons les étudier avec
attention.
Je voudrais limiter mes commentaires à quelques
éléments seulement de votre mémoire, laissant à mes
collègues de la commission le soin d'explorer les autres. Vous faites
allusion, dans votre mémoire, à l'énoncé de
politique sur les services personnels aux élèves que le
ministère a rendu public en 1982 et je crois dénoter que vous
trouvez qu'il y a un manque de concordance entre cet énoncé de
politique et les articles du projet de loi 40 qui traitent de ces questions. Je
pense qu'il y a peut-être lieu ici de dissiper une équivoque.
Dans
l'ancien régime pédagogique, on ne parlait pas de services
complémentaires collectifs ou personnels; on parlait de services
personnels, d'une part, et on parlait de services complémentaires, de
l'autre. Mais une réflexion plus approfondie, qui s'est nourrie,
d'ailleurs, aux contacts, aux échanges que nous avons eus avec le
milieu, nous a conduits à penser qu'il y avait véritablement une
équivoque dans l'emploi de ces termes. C'est ce qui nous a amenés
à modifier la sémantique, les appellations qui nous servent
à qualifier ces services. Nous ne parlons plus maintenant de services
personnels et de services complémentaires; on parle de services
d'enseignement et on parle de services complémentaires, les services
complémentaires pouvant être soit personnels, dans certains cas,
ou collectifs, dans d'autres. C'est ce que nous avons voulu condenser dans les
articles 4, 5 et 6 du projet de loi. C'est la raison pour laquelle l'article 4
comporte quatre alinéas; ensuite, l'article 5 définit les
services complémentaires personnels et l'article 6 définit les
services complémentaires collectifs.
Cette équivoque ou ce malentendu étant dissipé, je
voudrais vous demander si vous ne croyez pas que ces articles 4, 5 et 6
affirment clairement la distinction qu'il convient d'effectuer entre les
services d'enseignement et les autres services éducatifs rendus à
l'élève. Est-ce qu'ils balisent suffisamment la voie? Est-ce
qu'ils décrivent suffisamment ces services? Est-ce qu'ils sont
suffisamment clairs et cohérents?
Le Président (M. Blouin): Mme Desjardins?
Mme Desjardins: M. le Président, je ne crois pas que ce
soit dans la formulation, car les services personnels et les services
complémentaires sont bien distincts dans le projet de loi. Ce qui porte
à ambiguïté, à notre avis, c'est qu'il n'est pas
spécifié ce qui était spécifié à
l'article 3.1 de l'énoncé de politique, que ces services
personnels à l'élève doivent être donnés
à l'école par des spécialistes. C'est sur l'idée de
spécialistes que nous trouvons qu'il y a ambiguïté. Le
projet de loi ne le dit pas, ce qui laisse une porte ouverte, à notre
avis, à un service complémentaire personnel donné par
d'autres que par nous qui sommes, quand même, mandatés
spécifiquement pour cela. Il y a une ligne de spécifications.
C'est par des spécialistes que les services personnels doivent
être assurés, à l'article 3.1 et, à l'article 4.1,
en plus d'être des spécialistes dans ce service personnel à
l'élève, nous devenons aussi des consultants pour les autres
éducateurs de l'école. L'énoncé depolitique, à notre avis, était beaucoup plus précis,
tout en admettant avec vous les distinctions entre les services personnels et
les services complémentaires, ce qui couvre quand même la
réalité.
M. Laurin: Je voudrais vous poser une autre question. Quand vous
vous décrivez, vous dites qu'il y a chez vous des personnes qui sont
membres du clergé et d'autres qui sont laïques; j'aimerais que vous
me donniez un peu plus d'éclaircissements sur cette question, parce que
vous avez posé une exigence. Vous voudriez que tous ceux qui sont agents
de pastorale dans une école aient une formation universitaire, une
formation qualifiante sur le plan universitaire. J'aimerais que vous
éclaircissiez la situation pour me dire, par exemple, si actuellement il
y a beaucoup d'animateurs de pastorale qui ne sont pas membres du clergé
qui ont une formation universitaire. Deuxièmement, ceux qui sont membres
du clergé, ne peut-on pas considérer qu'ils ont quand même
une formation universitaire, puisque, après quatre années de
théologie, on peut penser que le diplôme qu'ils obtiennent est
pour le moins équivalent à celui que dispensent les programmes de
premier cycle à l'université?
Le Président (M. Blouin): Juste avant, M. Cartier, vous
aviez un complément de réponse à apporter.
M. Cartier (Michel): J'avais un complément de
réponse concernant les services personnels. Ce qu'on voulait
éviter, c'est que le service d'animation pastorale ne soit
assuré, pour des compléments de tâche, par d'autres
personnels. Le service serait assuré, mais cela deviendrait des
compléments de tâche et, d'année en année, les
professeurs ayant d'autres tâches, cela deviendrait un service
effrité qui n'aurait aucune espèce de continuité. Notre
objectif était vraiment que ce soit un service assuré par des
gens qui sont vraiment parties des services à l'élève.
Pour ce qui est des qualifications au niveau du clergé et au
niveau des laïques, on retrouve au secondaire des gens qui ont des
diplômes universitaires. La difficulté qu'on voit, c'est de
vouloir offrir une tâche d'animation pastorale à des gens de bonne
volonté, mais qui n'auraient peut-être pas la formation
universitaire nécessaire pour travailler comme éducateurs dans
une école. Ce seraient des gens qui auraient des cours de fin de semaine
ou des sessions et qui viendraient donner un coup de main à
l'école. En ce sens, on se dit: Est-ce que l'école peut prendre
au sérieux ce coup de main? Est-ce qu'on peut permettre que
l'école ouvre ses portes à n'importe qui - je ne veux pas
être malin - et que l'animation pastorale devienne le lot de tout le
monde? Nous voulons que les animateurs ou animatrices de pastorale puissent
vraiment
travailler comme des éducateurs qui ont une formation et qu'on ne
puisse pas dire que tout le monde peut se livrer à l'animation
pastorale.
M. Laurin: Est-ce que vous en feriez une exigence même pour
les membres du clergé?
M. Cartier: J'ai dit tantôt que les membres du
clergé possèdent déjà un bac en théologie.
Cela devient automatique.
M. Laurin: J'ai aussi noté ce que vous disiez sur la
reconnaissance d'une école comme catholique ou protestante. J'ai bien
apprécié les commentaires que vous faites en disant qu'il est
temps maintenant que les parents qui ont des enfants à une école
fassent la vérité sur les valeurs qu'ils entendent
préserver à l'école, fassent la vérité sur
la dimension religieuse de la vie éducative ou du projet
éducatif. En effet, je crois que cela est davantage dans la ligne de la
responsabilisation qu'il convient de respecter. Aussi, cela va tout à
fait dans le sens des nouvelles directives de l'Église catholique
à ses fidèles en ce qui concerne l'éducation de la
foi.
Pour concrétiser cette affirmation, vous recommandez que toutes
les écoles soient obligées de faire la vérité, pour
reprendre votre terme. Vous ne seriez pas d'accord pour que le statut
confessionnel tombe automatiquement après trois ans si les parents n'ont
pas posé les gestes à cet effet. Vous voudriez que le projet de
loi fasse une obligation à chaque école de mettre ce
problème à son agenda, si on peut dire, et entreprenne les
démarches à cet égard. Est-ce que vous iriez
jusqu'à dire que le comité catholique, dans le règlement
qu'il a charge d'établir, reprenne à son compte cette affirmation
que vous faites, de même que cette nécessité d'une
révision périodique du statut tous les cinq ans pour les raisons
que vous avez mentionnées, car ce serait là le lieu pour toutes
ces conditions d'apparaître? (17 h 15)
Mme Desjardins: Nous voulons affirmer, en effet, c'est
très clair pour nous, que chaque école, qu'elle soit
confessionnelle ou non dans son statut actuel, devra, si elle est vraiment
authentique et qu'elle veut respecter en profondeur l'option des gens de ce
moment, refaire un choix. Autrement -vous savez que le milieu scolaire n'est
pas celui qui fait le plus d'études sur ce qu'il vit, c'est très
facile d'oublier de faire l'étude - cela voudrait dire: pas
d'étude, pas de statut confessionnel, alors que ce n'est peut-être
pas cela du tout que la population demanderait. C'est officiel, on maintient
que tous les cinq ans, pour les raisons qu'on a données, chaque
école fasse sa réflexion de nouveau.
Maintenant, qui patronnerait cette réflexion? On voyait d'abord -
on en parlera tantôt - un responsable de soutien dans chaque commission
scolaire qui a vraiment le droit de regard sur le milieu concret où se
vit la réalité et aussi le comité catholique qui pourrait
aider, par mandat du ministre, à faire cette enquête. On a
même été un peu plus loin en demandant que ce soit la
même enquête, la même réflexion qui soit faite
partout, dans une structure, un mécanisme très structuré,
c'est-à-dire très compréhensible pour toute la population
et non pas seulement pour les gens qui sont habitués dans le domaine,
qui peuvent faire dire n'importe quoi à la population.
M. Laurin: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: II est intéressant d'entendre vos
réflexions sur ce sujet très important qu'est la pastorale dans
l'école. Nous en avons entendu parler à plusieurs reprises au
cours de la présente journée. Je pense que votre mémoire
ajoute une dimension intéressante à ce qui a déjà
été dit.
Avant que nous allions plus loin, je voudrais que vous me donniez
clairement la différence entre la Conférence de la pastorale
scolaire et l'Association des conseillers en éducation chrétienne
que nous avons entendue ce matin.
M. Limoges: Brièvement, l'Association des conseillers
spécialisés en éducation chrétienne regroupe tous
les spécialistes qui sont chargés, au sein des commissions
scolaires du Québec, de la responsabilité du dossier de
l'éducation chrétienne dans les commissions scolaires, tandis que
la Conférence de la pastorale scolaire, c'est la réunion de tous
les animateurs et animatrices, des intervenants sur le plan
professionnel qui sont dans le milieu de l'éducation auprès
des jeunes.
M. Ryan: Combien regroupez-vous de personnes dans tout le
Québec?
M. Limoges: Actuellement, la conférence regroupe environ
235 membres sur un total de près de 400 animateurs et animatrices.
M. Ryan: Vous avez un statut complètement autonome. Vous
n'êtes pas reliés à une centrale syndicale. Êtes-vous
reliés au conseil pluridisciplinaire qu'on a entendu l'autre jour
ici?
M. Limoges: De par nos emplois dans chaque commission scolaire,
nous sommes membres d'un syndicat, mais la Conférence
de la pastorale scolaire est absolument autonome, elle n'a aucun lien
avec une association syndicale. La raison d'être de la Conférence
de la pastorale scolaire, son but c'est de réunir les animateurs et
animatrices sur le plan professionnel uniquement.
M. Ryan: Vous dites qu'il y a environ 450 personnes qui font ce
travail à titre professionnel dans tout le Québec.
M. Limoges: Au niveau du secondaire, oui.
M. Ryan: Oui, au niveau du secondaire. Au niveau du primaire,
comment les choses se passent-elles? À bien des endroits, ce sont soit
des professeurs réguliers, soit des personnes de l'extérieur ou
des prêtres de paroisse, qui viennent à cette fin. Comment les
choses se passent-elles au point de vue de la pastorale au niveau de
l'école primaire?
M. Limoges: Peut-être que Mme Lafaille pourrait vous donner
des informations
Mme Lafaille (Nicole): Ce que je peux dire à ce sujet,
c'est qu'actuellement, au niveau de la conférence, on essaie de voir
clair sur ce dossier. Je ne peux pas vous donner de chiffres parce que c'est
très confus. Chaque diocèse a sa formule. Il est vrai que, dans
certains diocèses de la province, ce sont des gens de bonne
volonté, ce sont, par exemple, des mères de famille ou des
religieux qui ont pris leur retraite et qui ont du temps à donner
à ce niveau, ce sont des prêtres de paroisse, un tas de gens du
milieu qui interviennent. C'est à peu près tout ce que je peux
répondre à votre question, M. Ryan.
M. Ryan: Bien. Est-ce que je dois comprendre de l'une de vos
recommandations que vous voudriez évacuer ces gens de l'école
pour les remplacer partout par des professionnels ayant une formation
universitaire?
M. Limoges: Notre préoccupation n'est pas d'exclure, dans
le projet de l'école, des personnes qui travaillent en animation
pastorale, qu'elles soient engagées comme professionnelles, avec un
contrat à temps plein et une sécurité d'emploi, ou comme
contractuelles, que ce soient des bénévoles qui donnent du temps
ou des pasteurs de paroisse. Ce que nous souhaitons, c'est garantir
auprès des jeunes la présence d'éducateurs et
d'éducatrices qui soient vraiment formés et
spécialisés en animation pastorale.
Mme Desjardins: Je voudrais ajouter une petite note. On voyait
là une possibilité de continuité du primaire au
secondaire, s'il y avait la présence d'un agent de pastorale
spécialisé.
M. Ryan: J'imagine que vous feriez également une place aux
possibilités de perfectionnement pour des bénévoles ou des
personnes à temps partiel qui sont là et qui, par
l'éducation des adultes, pourraient acquérir le complément
de formation qui leur permettrait de continuer. Souvent, ces personnes n'ont
pas reçu une formation scolaire, mais, dans ce domaine en particulier,
elles ont une expérience humaine qui les habilite à jouer un
rôle très utile. Cela ne les dispense pas d'aller chercher un
complément de formation par les voies de l'éducation des adultes
ou de programmes de perfectionnement, j'imagine.
Mme Desjardins: Oui, M. le Président. D'ailleurs, dans un
des derniers documents du Conseil supérieur de l'éducation,
à savoir Deux questions pressantes pour l'école catholique, paru
en juin 1983, on parle d'un genre de complémentarité ou de
coresponsabilité de cet agent de pastorale avec les communautés
chrétiennes. Je verrais d'autant plus cette nécessité d'un
agent de pastorale spécialisé dans les écoles, qui est
dans le milieu, pour assurer ce lien entre la paroisse ou les
communautés chrétiennes qui de plus en plus vont prendre la
responsabilité de la sacramentalisation en lien avec l'école,
pour assurer ce lien avec le milieu de vie de l'école, où
l'enfant doit déjà vivre des valeurs, et la paroisse.
M. Ryan: Vous dites dans votre mémoire que le droit de
l'enfant à l'enseignement religieux doit primer sur le droit de
l'enseignant au respect de sa liberté de conscience. Voulez-vous
m'expliquer à quel genre de problèmes vous voulez faire allusion
avec cette recommandation? Comment cela pourrait-il s'appliquer dans la
pratique? Que voulez-vous dire par cela? Quel genre de problèmes
avez-vous rencontrés à ce sujet?
M. Cartier: Ce qu'on voulait, c'est que l'enfant puisse avoir son
droit. L'école est pour l'enfant. On se disait: Ce qui importe, c'est
que l'enfant ait un enseignement religieux de qualité. Si la personne
qui lui enseigne se voit imposer cet enseignement ou si elle est
incompétente, le droit de l'enfant est brimé. Ce qu'on dit, c'est
que le droit de l'enfant, comme principe, devrait l'emporter sur celui de
l'enseignant.
M. Ryan: Y a-t-il des situations assez nombreuses de cette nature
où des personnes assumeraient des tâches d'animation pastorale en
complément de leur tâche professionnelle
sans nécessairement avoir soit la compétence, soit
l'intérêt pour ce genre de responsabilité? Des situations
de ce genre sont-elles assez nombreuses dans tout le Québec pour
justifier une recommandation comme celle que vous faites?
M. Limoges: M. le Président, M. Thompson aimerait prendre
la parole.
Le Président (M. Blouin): Très bien, M.
Thompson.
M. Thompson (Donald): Nous avons constaté, en effet, dans
les différentes interventions et dans les sondages qu'on a faits, que
dans plusieurs milieux il y a des professeurs qui ont des compléments de
tâche en enseignement religieux. Ce n'était pas au départ
leur choix personnel de donner l'enseignement religieux. Cela cause des
problèmes souvent d'une certaine distorsion au niveau des convictions et
de la tâche imposée. Alors, on a de multiples témoignages
dans ce sens-là actuellement, surtout cette année,
peut-être, depuis les derniers événements de l'an dernier
où il a été plus difficile de délimiter les
tâches.
Alors, à l'élémentaire, la question se pose aussi
d'une façon assez courante. C'est face à cela qu'on a cette
réaction. Le droit de l'enfant devient plus important à ce
moment, parce que beaucoup de professeurs sont, en fait, dans une situation
où ils sont quasiment obligés de dispenser l'enseignement
religieux sans avoir eu une formation requise dans plusieurs cas. Aussi,
souvent, les convictions vont de pair avec cela.
M. Ryan: Est-ce que, d'après vos observations, les
demandes d'exemption émanant de professeurs au niveau primaire sont en
augmentation ou si vous ne constatez pas de mouvement de ce
côté?
M. Limoges: J'aurais peut-être une remarque à
apporter à votre question. Il y a peut-être un certain nombre de
demandes d'exemption de plus, mais, bien souvent, l'enseignant est placé
devant un choix où, pour lui, faire une demande d'exemption avec ce que
cela implique comme autre complément de tâche (surveiller des
escaliers ou des portes de toilettes) fait qu'il préfère de
beaucoup accepter de faire de l'enseignement religieux avec le peu qu'il a
plutôt que de consacrer deux ou trois heures par cycle à
surveiller un escalier au cas où un élève passerait. C'est
dans ce sens surtout qu'on a voulu apporter ces précisions.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a un complément de réponse
là-dessus?
Mme Desjardins: Non. Cela va.
M. Ryan: Non. Je vais vous poser un complément de
question. Est-ce que le projet de loi 40 apporte une solution à ce
problème ou si, finalement, on ne se réveillera pas à peu
près au même point?
Mme Desjardins: Je pense que le projet de loi 40, s'il
était appliqué... C'est comme dans bien d'autres projets qu'il y
avait avant. Il y avait des choses dans cela qui étaient
déjà dans la loi, mais nous avons voulu montrer que la loi et son
application sont deux choses dans le milieu scolaire parce qu'on les vit dans
le quotidien. Comme on le disait, c'est sûr que jamais l'animation
pastorale n'a été autant sur la carte qu'elle l'est maintenant
avec la loi 40. On doit être honnête et l'avouer. On le
reconnaît. C'est clair aussi que l'enseignant peut demander l'exemption
et éviter des situations comme celles qu'on vient de
déplorer.
Mais, dans la pratique, vu la tâche énorme de l'enseignant
- ici, on se fait, quand même, les supporteurs de nos confrères,
les enseignants, avec qui on travaille tous les jours - actuellement, parfois,
au pis-aller, on va choisir une situation moindre pour éviter le pire.
Mais si la loi était appliquée réellement, je pense
honnêtement qu'elle aiderait à prévenir cet écart et
à sauvegarder le droit de l'enfant.
M. Ryan: Quoiqu'elle ne contienne aucune garantie contre le fait
qu'un enseignant qui serait exempté de l'enseignement de la religion
pourrait se voir confier des tâches comme celles dont parlait votre
voisin.
Mme Desjardins: C'est là que, en travaillant le
mémoire, on a vu le rôle indispensable du soutien du comité
même catholique par les comités confessionnels qui non seulement
font des règlements, mais voient à les faire appliquer par des
évaluations annuelles dans les écoles de ce que donne cet
enseignant au niveau religieux. Une meilleure évaluation, un meilleur
suivi. Il faudrait prévoir dans les règlements une garantie
à ce sujet.
M. Ryan: Très bien. Pour la détermination du statut
de l'école, j'ai remarqué que vous faites pratiquement
abstraction d'un rôle qui devrait revenir à la commission scolaire
là-dedans. Est-ce que la commission scolaire est assise là, les
bras croisés, pendant que toute cette opération se passe? Est-ce
qu'elle n'a absolument rien à faire? C'est ce que je comprends dans le
projet de loi 40. Évidemment, nous n'avons pas encore les
règlements; tout ce que nous avons, c'est un schéma
extrêmement partiel, extrêmement fragmentaire. Est-ce que c'estvotre conception d'une opération aussi importante, qu'elle puisse se
dérouler sans
que la commission scolaire ait un rôle à jouer
là-dedans?
M. Cartier: Je pense que le responsable de l'enseignement
religieux fait partie de la commission scolaire. C'est ce responsable qu'on
appelle soutien qui, en fait, devient le coordonnateur de ces démarches.
C'est à chaque école de faire sa démarche. Lui est
là pour aider chacun des milieux et acheminer les recommandations de
chacun des milieux.
M. Ryan: N'y a-t-il pas danger qu'il soit un peu en conflit
d'intérêts si l'école doit choisir entre un statut
confessionnel et un statut neutre et que lui est chargé de promouvoir
l'enseignement religieux et l'animation pastorale? Est-il bien placé
pour jouer ce rôle? Il peut conseiller ceux qui veulent une école
chrétienne, me semble-t-il, mais je ne le vois pas comme principal
coordonnateur de cela.
M. Thompson: Si vous me le permettez, ici...
M. Ryan: Oui. (17 h 30)
M. Thompson: ...je pense que cela dépend de l'outil. Le
soutien, le responsable de l'enseignement religieux, de l'animation de
pastorale au sein d'une commission scolaire, a à mettre des outils au
service de l'école. M. le ministre est, d'ailleurs, au courant: la
commission scolaire des Vieilles-Forges a mis sur pied une démarche
précisément pour clarifier le projet éducatif, qui
s'appelle Le dialogue des valeurs. C'est un exemple d'une démarche
où un milieu en arrive à avoir des instruments, des outils pour
déterminer ses valeurs et son projet éducatif. Il me semble que
la commission scolaire, c'est là qu'elle a un impact par le biais du
soutien pédagogique à l'animation pastoral et à
l'enseignement religieux. Cette personne a des instruments en main. Elle a des
outils à fournir au milieu pour que le milieu en arrive lui-même
à clarifier son projet éducatif. Il me semble que c'est un apport
considérable quand un milieu est soutenu par une commission scolaire
à ce niveau pour en arriver à déterminer son projet. Je
pense que l'intervention du soutien est très importante et elle est
à ce niveau.
Mme Desjardins: J'ajouterais ceci: La commission scolaire
n'étant plus confessionnelle, mais devenant linguistique, elle devra
avoir le même respect pour les décisions qui seront prises au
niveau des comités d'école ou par un mécanisme bien
précis. C'est là le rôle éminent - je reprends
à la suite de mon confrère, Donald - qui montre à quel
point le soutien dans sa présence comme cadre dans la commission
scolaire a un rôle. Ce rôle est peut-être, justement,
d'assurer ce respect de la part de la commission scolaire. À mon avis,
à la commission scolaire, ce sont aussi des parents qui sont là,
des parents qui auront sûrement eu à se prononcer aux tables de
participation locales s'ils sont vraiment participants, eux aussi, dans cette
démarche.
M. Limoges: J'aimerais, en terminant, apporter une remarque ou un
complément de réponse à cette question. Si on garde
toujours en tête que notre préoccupation ou la
préoccupation du système scolaire est d'apporter de
l'éducation à la jeunesse et aux jeunes, je pense qu'un des
rôles primordiaux, un rôle d'avenir, sera peut-être, pour la
commission scolaire, d'être la garantie ou de porter la dimension de la
collectivité au sein d'un milieu. Chaque école aura une image
précise, spécifique pour une population donnée. La
commission scolaire aura peut-être la tâche de porter et de
transmettre une dimension de collectivité au sein de l'éducation
autant auprès des parents qu'auprès des jeunes de qui nous tenons
notre raison d'être.
M. Ryan: Je ne vous ai pas interrogé trop
là-dessus; comme vous n'en parlez pas du tout dans votre mémoire,
j'ai pensé que c'était un point que vous n'aviez peut-être
pas approfondi beaucoup. Je suis content de cette remarque.
Une dernière question, si vous me le permettez. Vous demandez que
l'article 18 soit modifié. C'est l'article qui traite de la
liberté de choix de l'école. On y dit: Les parents ont le droit
de choisir pour leur enfant l'école qui leur convient. Cet article est
tempéré par un autre article où l'on dit: Cela
dépendra des conditions fixées par la commission scolaire pour
l'accueil, deuxièmement des conditions de transport. Vous demandez que
ces deux paragraphes qui mettent des limites soient enlevés. Voulez-vous
me dire ce que vous voulez dire par là et comment cela fonctionnerait
dans la pratique? Ce que vous suggérez est-il pratique?
M. Limoges: Concrètement, quand on lit l'article comme
tel, on dit: "Les parents de l'élève ou l'élève
majeur ont le droit de choisir l'école qui répond le mieux
à leur préférence." Ensuite, dans les deux alinéas,
on nous dit qu'à toutes fins utiles ce ne sera peut-être pas
réalisable si l'école est trop loin, s'il n'y a pas de transport,
s'il n'y a pas assez d'élèves. On se dit: Si on veut vraiment
offrir le choix au jeune, qu'on lui offre le choix et qu'on enlève les
si, les raisons et les possibilités. C'est d'abord le jeune qu'on doit
considérer là-dedans.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux d'avoir devant moi des gens qui sont impliqués dans le
vécu quotidien de l'école. Je pense que vous pourriez nous
apporter un témoignage, enfin nous donner votre opinion sur un des
aspects importants, la participation des différents intervenants dans la
tâche d'éducation, qui se retrouvent au sein de l'école.
Dans votre projet de loi, vous n'avez pas abordé cet aspect. Je pense
que vous pourriez peut-être, quand même, nous donner votre opinion
sur l'implication, au niveau du conseil d'école, des différents
intervenants: les professionnels non-enseignants dont vous faites partie, les
enseignants, les parents et aussi les étudiants. Comment concevez-vous
un peu la représentation de ces différents groupes au sein du
conseil d'école? Est-ce que, d'après vous, l'ensemble de ces
intervenants devrait y être représenté, dans quelle
proportion et tout? Est-ce que, d'après vous, cette participation au
niveau du conseil d'école, qui aura un pouvoir décisionnel sur
certaines matières, est un des éléments importants pour
revaloriser, pour "redynamiser", pour insuffler un nouvel esprit de
participation ou d'implication de tous les intervenants?
Mme Desjardins: Je peux donner une partie de la réponse.
Il faut dire, en toute honnêteté, que ce n'est pas le but premier
que poursuit notre réflexion, comment organiser les comités
d'école. Nous avons d'abord voulu nous occuper des droits de l'enfant et
les revendiquer. Chose certaine, c'est qu'en tant qu'animateurs de pastorale
déjà donnés à l'oeuvre de la collectivité
dans nos écoles, nous ne pouvons faire autrement que de vouloir que les
gens s'unissent pour bâtir ensemble. Déjà, au point de
départ, nous sommes gagnés à cette valeur d'une
collectivité.
Comment articuler tout cela? Honnêtement, il y a de l'utopie - un
peu, peut-être beaucoup, on ne dira pas jusqu'à quel point, parce
que nous ne l'avons pas étudié assez profondément -
à vouloir grouper tout ce monde, alors qu'actuellement très peu
de monde travaille ensemble. On doit avouer que le travail collectif n'est pas
la force des écoles. Par contre, c'est une valeur à laquelle on
croit. Nous serons sûrement les premiers à nous y
intéresser quand le regroupement sera fait. Quant à savoir
maintenant s'il faut plus de parents, s'il faut plus de professeurs, pourquoi
les professeurs n'en parlaient pas, nous ne voulons pas nous embarquer dans une
discussion de pouvoirs. Il y en a assez qui s'en chargent. Nous voulons nous
occuper davantage de l'élève. Il faut qu'il y ait à ce
comité des gens qui cherchent le bien de l'enfant. Il nous importe peu
qu'il y en ait un de plus parmi les parents ou parmi les éducateurs,
mais on veut que ceux qui sont là cherchent vraiment le bien de
l'élève. Pour le moment, c'est ce qui me vient à
l'esprit.
Le Président (M. Blouin): M. Limoges.
M. Limoges: J'aimerais apporter un complément de
réflexion à ce qui vient d'être dit. On n'a pas voulu
s'attarder directement à la question, mais il y a des principes qui nous
reviennent en tête. Si des parents confient des jeunes à
l'école, c'est parce qu'ils reconnaissent qu'il y a là des
compétences qu'ils n'ont pas au niveau de la transmission de
connaissances ou de l'éducation. C'est pour cela qu'ils confient les
enfants à un système qu'on appelle l'école. C'est la
même chose pour les jeunes. C'est intéressant de croire que des
jeunes pourront participer à un comité d'école, mais si
les jeunes sont dans une école, c'est parce qu'il y a là des
compétences qu'ils n'ont pas. C'est la même chose pour des
enseignants qui vont participer à un comité de gestion,
d'évaluation ou d'orientation; ils ont la compétence d'enseigner,
d'avoir des contacts avec des jeunes, avec des parents, mais peut-être
qu'au niveau de la gestion des budgets ou d'autres domaines il y a des
compétences qu'ils n'ont pas.
Je pense qu'il va falloir prendre le temps de réfléchir et
de se demander quelle est la limite des compétences de chacun des
intervenants dans le système, autant au niveau de ce qu'on appellerait
les gérants, les directeurs d'école et les commissions scolaires
qu'au niveau des parents, des jeunes, des employés. Les parents,
lorsqu'ils envoient des jeunes dans une école donnée, font
d'abord un choix de valeurs; ils ont des espérances, des attentes. S'ils
envoient leur garçon à telle école, c'est parce qu'ils
espèrent que, lorsqu'il en sortira avec son diplôme, il saura
écrire, il saura parler, il saura comprendre et aura acquis un peu de
logique. Les jeunes qui vivent dans le même milieu ont des attentes, ont
des espérances. C'est en mettant en commun les compétences et les
limites de chacun qu'on pourra peut-être arriver à avoir un
comité de gestion d'une école qui donnera un portrait
intéressant.
M. Brouillet: La complémentarité peut se retrouver
au niveau d'un comité de gestion ou d'un conseil d'école qui a un
rôle. Très bien. J'aimerais revenir sur le droit de refus des
enseignants d'avoir à enseigner une religion au nom, justement, d'une
meilleure qualité de l'enseignement de la religion. Vous avez fait
allusion à des situations où un peu n'importe qui, pour des
questions de complément de tâche ou pour s'assurer de
rester à la même école, accepte de donner des cours
de religion. Avec la dernière convention collective, on a introduit le
critère de la capacité. Je crois que celui-ci prévaut sur
le critère de l'ancienneté. Avant d'assigner une tâche
à quelqu'un, il faut établir sa capacité à
l'égard de la tâche. Ne voyez-vous pas là-dedans une
certaine garantie puisqu'on devra d'abord reconnaître à ceux qui
auront à prodiguer l'enseignement religieux une certaine capacité
à faire cela? Donc, on évite le danger que n'importe qui fasse
n'importe quoi.
M. Cartier: Si vous avez déjà enseigné cette
matière il y a dix ans, vous êtes réputé capable.
Comme beaucoup d'enseignants ont déjà enseigné toutes les
matières au début de leur carrière, le critère peut
facilement être: Je suis capable, je l'ai déjà
enseignée.
M. Brouillet: II faudrait peut-être, dans le cas de
l'enseignement religieux, qu'il y ait un critère, un
élément additionnel qui s'ajoute pour la reconnaissance de la
capacité.
M. Cartier: Actuellement, on peut le contourner facilement.
M. Brouillet: On peut le contourner, oui.
M. Cartier: On dit: Je l'ai déjà enseigné,
j'étais capable de le faire; je ne vois pas pourquoi je ne serais pas
capable aujourd'hui.
M. Brouillet: II faudrait peut-être prévoir un
élément nouveau en vue de reconnaître la capacité
à l'enseignement de la religion.
Maintenant, en ce qui concerne le choix de l'école, question que
le député d'Argenteuil a abordée, il y a un réel
problème, au niveau de l'application pratique, à enlever toute
restriction, toute contrainte à ce choix de l'école. Dès
qu'on s'éloigne un peu des grands centres où les écoles
sont relativement rapprochées, cela voudrait dire, si on suit la logique
d'une application absolue du choix de l'école, qu'il faudrait ouvrir
autant d'écoles, dans un petit patelin très
éloigné, qu'il y a de confessionnalités religieuses,
à la limite. Cela poserait des problèmes pratiques
d'application.
Ce serait peut-être en soi l'idéal pour concilier la
liberté individuelle et les capacités qu'a une
société de s'offrir de tels moyens. Ce serait certainement
l'idéal, mais c'est un problème. Je crois que c'est ce
réalisme qui a amené le législateur à dire: Ce
droit, si on pouvait le respecter en tout et partout, à chacun son
école selon ses convictions, ce serait l'idéal. Mais,
concrètement, on est restreint dans nos moyens et on est obligé
de baliser un peu ce droit pour dire: Écoutez, il est, quand même,
assujetti à des contraintes de transport, etc. C'est un problème
de conciliation. Je suis convaincu que le législateur est aux prises
avec ce problème de conciliation et, tout en reconnaissant le choix de
l'école, on dit: C'est vrai, il y a des contraintes et on ne pourra pas
répondre d'une façon absolue à ce choix, si vous
voulez.
Le Président (M. Blouin): Mme
Desjardins.
Mme Desjardins: Ce qui nous a incités à vouloir
faire cette remarque, entre autres, c'est que, lorsqu'il s'est agi de respecter
l'option des écoles confessionnelles, il semblait bien important de
respecter les minorités. On a même voulu transformer toute la
structure scolaire québécoise pour respecter des
minorités, en fin de compte, parce que nous sommes encore
confessionnels, en grande majorité dans le Québec.
Si cela est vrai, poussons jusqu'au bout notre réflexion. Pour
ces étudiants, qui ont le droit, au même titre que les autres
minorités, de choisir leur école pour les mêmes raisons que
les autres avaient de vouloir demander une exemption ou un autre enseignement
selon leur confessionnalité, pourquoi ne pas respecter jusqu'au bout le
principe? Il ne devrait donc y avoir aucune raison de brimer ce droit du jeune
à être respecté. Honnêtement, on a peut-être
voulu montrer qu'il y a certaines avances dans la loi qui sont un peu
utopiques, qui sont difficiles à réaliser. On croit au principe,
on est d'accord à 100%. C'est vrai, on chambarde tout, on le fait, mais,
quand vient le temps de l'appliquer, oh, s'il y a d'autres principes, y compris
les autobus - on sait, dans la pratique, de quelle façon les autobus
mènent les écoles actuellement - il va y avoir beaucoup de cas
où le respect ne sera pas accordé à l'élève.
La solution, on ne l'a pas, mais on se rend compte qu'il y a quelque chose qui
n'est pas logique entre le principe énoncé et les
applications.
M. Brouillet: Oui, je partage avec vous l'idée que,
concrètement, les solutions sont difficiles à trouver. Ceci est
rattaché aussi au fait que, dès qu'on reconnaît qu'une
majorité peut demander la reconnaissance d'un statut officiel à
l'école, cela amène ce problème, parce qu'à ce
moment-là il faudrait dire que la minorité, qui n'a pas cet avis,
aurait droit à son école dans le milieu, avec son propre
caractère confessionnel ou non confessionnel, d'une façon
radicale. C'est évident qu'il faut tenir compte de tous ces principes
qu'on essaie de concilier en fonction des possibilités qu'offre le
milieu.
C'est vrai qu'il y a des difficultés d'application dans bien des
cas.
M. Limoges: J'aimerais ajouter un complément de
réponse en terminant.
Le Président (M. Blouin): Oui. (17 h 45)
M. Limoges: Si on a vraiment comme préoccupation de faire
de l'éducation et d'aider des jeunes à grandir, ce n'est pas
facile d'aider un jeune à découvrir ce qu'est le respect de la
vie, le respect de l'autre si on n'est pas capable de respecter son choix. Je
me sens malheureux dans une école polyvalente d'essayer d'apprendre
à un jeune ce qu'est respecter l'autre, si je lui dis: Tu as fait un
choix de cours, mais on ne peut pas le respecter parce que tu n'entres pas dans
la grille horaire. Le jeune va dire: Le respect, c'est quoi dans la vie? Est-ce
que c'est relié à une question de budget, d'ordinateur? C'est
plus facile de dire: On va t'enlever ton cours parce que tu nous causes un
paquet de problèmes et on va te permettre d'aller à la
bibliothèque deux périodes par cycle, que d'accepter de payer le
prix et de lui donner son choix.
M. Brouillet: II y a une certaine éducation au fait que
toute liberté s'exerce dans des conditions très concrètes
qui limitent toujours l'exercice de ce droit.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Chauveau. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais
poursuivre un peu plus sur cette question de l'article 18, parce que la
question que vous avez soulevée à la page 11 est très
pertinente. Vous n'êtes pas le premier groupe à soulever ce
problème. Il semble que le droit, la liberté que donne l'article
18 aux parents de confier leurs enfants à une école de leur choix
a été appuyé par la plupart des intervenants qui sont
venus se faire entendre ici à la commission. Je crois que vous avez
reconnu un principe important selon lequel chaque fois qu'on confère
à quelqu'un un droit, on impose une obligation à un autre.
Autrement, c'est un droit théorique, non réalisable sur le plan
pratique. Je vois mal comment votre recommandation de supprimer les
deuxième et troisième alinéas de l'article 18 va
résoudre le problème. Étant donné les
réponses que vous avez données au député de
Chauveau, je crois que vous reconnaissez le problème.
Je me demande si le principe énoncé dans l'article 18 est
déjà qualifié. "Les parents de l'élève ou
l'élève majeur ont le droit de choisir l'école qui
répond le mieux à leur préférence ou dont le projet
éducatif correspond le plus à leurs valeurs." Selon mon
interprétation, c'est déjà qualifié par ces mots
"le mieux", "le plus". Votre interprétation me semble un peu
irréaliste. Est-ce que vous croyez qu'à l'article 18 le principe
est énoncé d'une façon trop catégorique ou
peut-être qu'il n'est pas assez qualifié pour être
réaliste ou peut-être que votre interprétation n'est pas
réaliste? Avez-vous des commentaires sur ce sujet? Je crois qu'on ne
doit pas mettre dans les lois des articles qui vont soulever de faux
espoirs.
Le Président (M. Blouin): M. Thompson.
M. Thompson: M. le Président, ce que vous dites a
été dit auparavant. Bien sûr, nous savons que, lorsque nous
avons à faire un choix, il y a toujours des contraintes. C'est un choix
qu'une société fait, mais aussi cette société a ses
contraintes en termes de ressources financières ou autres. Si la
conférence a poussé cet article, c'est pour que, dans la suite de
l'élaboration de ce projet, le fait d'avoir ces deux alinéas ne
dispense pas les gens qui auront à penser la mécanique
d'application de réfléchir jusqu'aux limites du possible sur
cette question pour que le droit fondamental soit respecté. Ici, notre
position est pour vraiment mettre en évidence cet aspect et qu'à
la suite de cela, en termes de règlements, ceux qui ont à penser
toute la mécanique puissent vraiment faire l'effort du possible dans
cela. Ceci étant inclus déjà dans le projet, on avait
peur, dans le fond, que cela n'empêche de pousser la réflexion sur
la mécanique, la tuyauterie de l'histoire jusqu'au bout et qu'on
n'essaie d'y échapper par un article comme celui-ci, par des
alinéas comme ceux-là. On veut pousser la réflexion pour
que le droit soit respecté. On est bien conscient en même temps
des contraintes lorsqu'une société fait un choix comme
celui-là.
Mme Dougherty: Merci d'avoir souligné le problème.
Je crois que c'est un problème qui préoccupe plusieurs
personnes.
Ma deuxième question porte sur une chose qui me préoccupe
depuis longtemps. Il s'agit de la confessionnalité et de la
définition de l'école confessionnelle. Il me semble qu'il y a une
certaine contradiction dans la loi. D'une part, on donne à
l'école la responsabilité d'élaborer son projet
éducatif et, d'autre part, on laisse à d'autres organismes, le
comité catholique et le comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation, le soin de définir et de
déterminer les conditions pour qu'une école soit reconnue comme
catholique ou protestante. Il me semble qu'au fur et à mesure que les
attitudes évoluent les parents vont inventer d'autres conceptions du
projet confessionnel de l'école catholique et de l'école
protestante aussi valables, selon leur
perspective, que les critères imposés par les
comités confessionnels du Conseil supérieur de
l'éducation. Ma question est celle-ci: Croyez-vous qu'en laissant la
définition de l'école catholique ou de l'école protestante
à un autre palier de pouvoir on risque de retarder une évolution
qui pourrait être souhaitée par les parents et même de
dévaloriser le bon jugement des parents en ce qui concerne la
définition de l'école catholique?
Mme Desjardins: M. le Président, à cette question,
je répondrai que je vois le problème autrement. D'abord, je ne
vois pas que le rôle du comité confessionnel soit de
définir pour tel lieu donné ce que sera son projet
éducatif chrétien. C'est le milieu qui aura à
définir son projet éducatif chrétien, mais le
comité confessionnel pourra peut-être dans des grands principes de
foi, de théologie, de morale, etc., vérifier si ce projet, dans
le concret du quotidien pour ces étudiants - parce que c'est toujours
l'étudiant qui nous préoccupe - peut être reconnu comme
étant un projet confessionnel valable. Mais je pense que cela
n'enlève aucun droit aux parents d'avoir une originalité dans
leur projet éducatif. Autrement, il n'y aurait plus rien
d'intéressant pour l'équipe locale qui travaillerait son projet.
Je pense qu'on a besoin d'un support, de quelqu'un pour nous aider à
bâtir ces projets. À mon avis, le comité confessionnel est
essentiel pour aider ces gens, toujours en lien avec le responsable du soutien
dans le milieu et même, possiblement, des comités
d'éducation chrétienne dans ces milieux pour nous aider à
bâtir ce projet. Je ne sais pas si je réponds à votre
question.
Mme Dougherty: II semble que vous acceptiez que la vraie
école confessionnelle soit définie par un autre palier de
pouvoir. Il n'y a peut-être pas plusieurs interprétations de
l'école confessionnelle.
Mme Desjardins: M. le Président, je pense que je ne me
suis pas fait comprendre. Ce n'est pas le comité confessionnel; c'est le
milieu qui définit son projet. Le comité confessionnel peut
l'aider à voir clair dans son projet s'il est acceptable, l'aider
à évaluer son projet et à lui donner son sens, à le
reconnaître comme confessionnel, mais ce n'est pas lui qui a à le
définir. Il est une ressource, à mon avis, pour ce
comité.
Le Président (M. Blouin): M. Cartier, vous aviez un
complément de réponse?
M. Cartier: La dynamique du projet de loi 40, c'est de donner
à l'école sa couleur. Dans son projet éducatif, je verrais
mal que chacune des écoles arrive à une définition qui
soit uniforme partout. Le rôle du comité catholique est de donner
les axes. Il donne les instruments, les grandes lignes. Chaque école
aura sa richesse au moment où, dans le projet éducatif, dans
chacun des quartiers, on sera capable de dire ce qu'on veut faire avec
l'enfant, quel type d'enfant on veut former dans telle école.
Là-dessus, c'est vraiment une richesse que de pouvoir se donner un
projet éducatif où chaque intervenant pourra donner une couleur
dans chacun des coins.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, pour compléter cet échange.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il y a
déjà plusieurs questions de posées; alors, je n'en aurai
que deux. Premièrement, vous dites à la page 4: La loi
reconnaît les mêmes droits aux élèves du
préscolaire quant aux exigences de service professionnel de pastorale.
Ce matin, nous avons eu le témoignage des conseillers en
éducation chrétienne qui, eux, ont dit: "Qu'il nous soit permis
d'inscrire une objection majeure au deuxième alinéa de l'article
17", qui touche l'option au préscolaire. "Nous croyons que le choix
offert entre des activités d'éveil à la dimension
religieuse et des activités d'éveil à la dimension morale
au préscolaire va tout simplement à l'encontre de l'esprit de la
pédagogie et de la psychologie du tout-petit à la maternelle."
Vous êtes-vous penchés sur cette question de la sagesse
pédagogique, si je puis dire, d'intervenir au niveau préscolaire
avec des activités de pastorale?
M. Limoges: M. le Président, j'avoue que nous n'avons pas
touché à cette question, étant donné que la
majorité de nos compétences au bureau de direction se limite au
secteur secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous êtes d'accord. Vous avez
même discuté, tout à l'heure, avec le ministre et mon
collègue d'Argenteuil, sur la nécessité d'avoir - et vous
en faites mention dans votre mémoire -aux niveaux préscolaire et
primaire des activités de pastorale. Alors, si vous l'appuyez, doit-on
conclure que vous êtes d'accord pour qu'il y en ait au niveau
préscolaire?
Mme Desjardins: Je pense que l'option et notre intervention en
pastorale, c'est deux choses. On ne se prononce pas à savoir si c'est
bon qu'il y ait option au préscolaire ou au primaire, mais rien ne nous
empêche de vouloir offrir des services de pastorale dans ces
écoles pour ceux qui veulent bénéficier des services de
pastorale. Notre domaine est l'animation pastorale comme telle, à
savoir
si l'option doit être offerte dans ces écoles, à ces
âges. Les élèves étant là, nous pouvons leur
offrir la pastorale scolaire, quelle que soit leur option.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je comprends que vous ne vous
êtes peut-être pas tellement arrêtés à l'aspect
pédagogique. Mais, de la façon dont cela est
présenté dans le mémoire des conseillers en
éducation chrétienne, selon eux - remarquez qu'ils ont
peut-être tort d'intervenir dans des activités d'éveil
à la dimension religieuse, c'est pour cela que je voulais avoir votre
opinion; je pense que, si vous faites de la pastorale au préscolaire, ce
seraient aussi des activités d'éveil à la dimension
pastorale et religieuse ce serait contre-indiqué au plan
pédagogique. Il semble que vous ne vous soyez pas arrêtés
sur ce point.
Mme Desjardins: J'ajouterai simplement que nous n'imposons jamais
la pastorale. (18 heures)
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ma deuxième question. À
la page 8 de votre mémoire et à d'autres pages, vous avez
parlé assez abondamment de la difficulté de la pastorale dans les
milieux scolaires. Évidemment, vous vous adressez surtout au secondaire
puisque, comme vous venez de le dire, c'est là que se retrouvent vos
activités. Vous dites que les horaires ne sont pas favorables, que les
étudiants sont brimés dans leurs droits, que le choix de
l'élève n'est pas toujours respecté. Enfin, il y a une
série de difficultés que vous soulevez. Je sais que les
activités de pastorale au niveau secondaire, ce n'est pas facile.
Ce sont là des difficultés que vous rencontrez: le respect
du droit des élèves, une trop grande charge. Vous en parlez
abondamment, vous dites qu'un animateur de pastorale pour 2000
élèves, ce n'est certainement pas souhaitable. Est-ce que ce sont
là vraiment les difficultés les plus importantes pour
l'activité pastorale en milieu secondaire? Les difficultés ne
proviennent-elles pas d'autres sources, en reconnaissant que celles-là
sont des sources réelles de difficultés? N'y a-t-il pas d'autres
problèmes, reliés par exemple au fait qu'au niveau secondaire les
parents sont beaucoup plus loin de l'école, que les élèves
veulent prendre leurs distances aussi au point de vue de la foi? Enfin, je me
demande si les difficultés que vous éprouvez au secondaire
viennent davantage d'autres facteurs que ceux mentionnés dans votre
mémoire. Même s'ils étaient corrigés, vous ne
corrigeriez que d'une façon assez marginale vos problèmes
d'animation pastorale au niveau secondaire.
M. Cartier: Je peux vous le dire honnêtement: J'ai 1720
élèves, seul dans une polyvalente. Bien sûr que les
difficultés des adolescents sont là, bien sûr que le manque
de participation des parents est un facteur. Bien concrètement, seul
avec 1720 élèves, dites-vous que la tâche au point de
départ est assez lourde. Le projet de loi ne réglera
peut-être pas tous les problèmes, mais cela se veut toujours un
outil pour donner un meilleur service à l'élève. Je me dis
que dans la mesure où on est capable d'avoir des outils, dans la mesure
où les structures vont soutenir le travail auprès de l'enfant,
dans cette même mesure les structures sont bonnes. Si les changements
peuvent nous aider dans ce travail, on est bien prêts à les
prendre. Nous avons des difficultés, les élèves vivent des
situations difficiles. Le taux de suicide actuellement est un problème.
On a des difficultés. On rencontre beaucoup de misère. C'est,
quand même, une situation difficile qu'on vit. Cela fait partie de notre
travail qu'on ait des difficultés. Ce n'est pas toujours facile de faire
de l'éducation, on l'admet. Cela fait partie de notre tâche de
professionnels d'être là pour aider à la croissance des
enfants. Si on peut se donner des structures et des aides pour nous permettre
de mieux travailler auprès de l'enfant, bravo, cela va nous permettre de
mieux fonctionner.
Le Président (M. Blouin): En conclusion, M. Thompson, s'il
vous plaît!
M. Thompson: M. le Président, très rapidement.
C'est sûr, il y a des seuils en deça desquels il nous est
très difficile de fonctionner, par exemple, le prorata du nombre
d'élèves. Nous parlions tout à l'heure de la
qualité de l'enseignant, de ses qualifications. Si un enseignant ne
donne pas le programme d'enseignement religieux, il est très difficile
pour nous de nous insérer parce que plusieurs de nos activités
sont à l'intérieur même de l'enseignement religieux. C'est
aussi une difficulté. C'est pour cela qu'on mentionne ces deux aspects
qui sont internes à l'école, qui sont très importants pour
nous, pour nous permettre de fonctionner le mieux possible, malgré les
autres facteurs qui jouent dans le milieu, chez les étudiants et dans la
mentalité actuelle.
Le Président (M. Blouin): Merci.
Mme Lavoie-Roux: L'absence de l'appui... C'est très court,
M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, très
brièvement, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: L'absence de l'appui des parents au secondaire
est un facteur important. Je me souviens d'une école polyvalente
où le groupe de pastorale, dans une école de 2400
élèves, avait invité les
parents à une rencontre de pastorale. On s'est retrouvé
avec 20 parents. Il reste qu'il faut aussi l'appui du milieu, que ce soit de
l'Église, que ce soit de la famille. C'est un facteur tout aussi
important. Si la correction des facteurs que vous avez mentionnés
pouvait produire des résultats positifs, il y a toute cette autre
dimension qui m'apparaît au moins aussi importante.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Sur ce, tout d'abord je remercie les
représentants de la Conférence de la pastorale scolaire de leur
participation aux travaux de cette commission. Je signale aux membres qu'en
plus du mémoire des frères des Écoles chrétiennes
du Québec qui leur a déjà été
distribué un document nous a été remis qui contient un
certain nombre de pétitions d'appui à cette position des
frères des Écoles chrétiennes. M. le ministre de
l'Éducation ainsi que M. le député d'Argenteuil en
recevront une copie intégrale. Les membres qui désireront en
prendre connaissance pourront le faire en s'adressant au Secrétariat des
commissions.
Je rappelle aux membres, à nos invités, à ceux et
celles qui suivent nos débats que nous reprendrons nos travaux non pas
à 20 heures, mais bien à 19 h 30. Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 6) (Reprise de la
séance à 19 h 41)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente de l'éducation reprend ses travaux. J'invite les membres de
cette commission parlementaire à bien vouloir regagner leur
siège. Je vous indique tout de suite que nous entendrons, ce soir, deux
groupes invités. D'abord, le Conseil catholique de l'expression anglaise
et, ensuite, le Comité central de parents de la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal. Il a été
convenu entre les partis politiques que nous disposerions d'une période
de deux heures pour entendre d'abord et ensuite procéder aux
échanges avec le premier groupe. Quant au deuxième groupe, nous
disposerons, pour l'entendre et discuter avec lui, d'une période d'une
heure.
Sur ce, j'invite maintenant, les représentants du Conseil
catholique de l'expression anglaise de bien vouloir s'identifier d'abord et,
ensuite, de nous livrer le contenu de leur message en une vingtaine de minutes
afin que nous procédions, par la suite, aux échanges entre les
membres de la commission et nos invités.
Conseil catholique de l'expression anglaise de
Montréal
M. Rourke (Patrick W.): Merci beaucoup, M. le Président.
M. le Président et les membres de la commission parlementaire, le
Conseil catholique de l'expression anglaise de Montréal
représente une population de 170 000 catholiques anglophones, soit 39
paroisses, deux missions, 143 prêtres, 350 religieuses et plus de 60
institutions et organismes participants qui contribuent volontairement en temps
et en argent.
Le conseil a été constitué, en 1980, à la
suite à deux années de dialogue avec l'assemblée des
membres de notre communauté. Le conseil est un organisme d'intercession
et de coordination pour servir de point de ralliement à notre
communauté, pour identifier les besoins et les ressources de notre
communauté, pour développer les politiques et les plans d'action
visant l'éducation, les services sociaux: jeunesse, âge d'or,
familles, etc., les services de santé, les paroisses, l'information, les
recherches, l'engagement politique si cela est nécessaire, les valeurs
catholiques, les efforts de rapprochement et d'interaction avec la
communauté francophone. Ces comités regroupent des
représentants de notre communauté dans chacun de ces
secteurs.
Je vais commencer par présenter notre équipe. Je suis
Partrick W. Rourke, homme d'affaires, je suis travailleur
bénévole et président du Conseil catholique de
l'expression anglaise. À mon extrême gauche, M. Frank McLaughlin,
également homme d'affaires et travailleur bénévole. Je
veux mentionner que M. McLaughlin a beaucoup d'expérience dans le monde
de l'éducation, comme, travailleur bénévole. Il a
travaillé à la commission Parent, la loi 55. Il a
été membre de la commission scolaire Baldwin-Cartier, il est
président fondateur du Dawson College, à Montréal. Il a
été membre du Conseil supérieur de l'éducation.
À ma gauche, M. Harold P. Thuringer, directeur exécutif du
conseil et, au centre, Mme Diane Berty, travailleuse bénévole et
membre de notre conseil et présidente de notre comité
d'éducation.
Our Education Committee began its work over three years ago. Our council
is indeed fortunate in having Mrs. Berty as the chairperson in view of her vast
experience as a representative of the parents and, more recently, as a school
commissioner. Mrs. Berty has eleven years experience as a parent representative
during which time she served this chairman of both primary and secondary school
committees as well as two years of the Regional Parents Committee, le
Comité des parents anglophones de Baldwin-Cartier. She is presently
serving her fifth year as a commissioner à la commission scolaire
Baldwin-Cartier.
We would like to point out to you a few salient facts in our coming here
tonight, to be with you; we appreciate this
opportunity very much. Our council does not have the considerable human
and financial resources of many other organizations that have come before you,
such as the Federation of Catholic School Boards, the Québec Association
of Protestant School Boards and so on.
I would also like to point out that our community, the English Catholic
Community, has no formal independent structure that can speak for it, as will
be evidenced in our presentation. Our council has met an obvious need and
continues to meet it. We attempt to relate to the various authorities the
concerns of the English-speaking Catholic Community in areas such as education,
social services, aging, etc.
Therefore, we come to this commission first of all with no vested
interests, we are all "bénévoles". We are not professionals and
do not come as pedagogical experts, but as representatives of the
English-speaking Catholic Community at large. We wish to express to you the
studied opinion of our community and this opinion, I would like to point out,
is based on extensive consultation with the various sectors of the
English-speaking Catholic Community.
I would now like to ask Mrs. Berty to summarize our brief, after which
we look forward to the opportunity of discussing it with you.
Mme Berty (Diane): Thank you. Vous avez devant vous un court
résumé de notre mémoire. Nous avons souligné
certains points majeurs que nous voulons porter à votre attention.
Aussi, à la page À de notre mémoire, on retrouve un
sommaire de nos recommandations. Maintenant, je vais le résumer et vous
pourrez suivre sur votre copie.
The Education Committee, who had the initial responsibility for
preparing the brief, is made up of parent representatives for each of six
Montréal Island Catholic Boards, as well as parent representatives
from English-speaking Catholic Parents Associations from the Laval-North
Island Area and the South Shore Area, school commissioners associated with the
English Catholic School Communities of each of the six Montréal Island
Catholic Boards, representatives from teachers, principals- and administrators
associations and a representative from the Office of English Language Affairs.
As we progressed in the development of a position, these representatives
brought back to their respective groups the direction we were taking to ensure
it reflected the wishes of their constituents.
We have, therefore, taken our responsibilities seriously and, in 1980,
before rumors of the proposed reform, embarked on an in-depth study of the
religious and educational services offered to our community in school boards
both on and off the Island of Montréal. The unanimous consensus reached
by the council on two fundamental principles upon which the Québec
system of education should be based relative to services offered English
Catholics is: first, that all English Catholic students be provided quality
educational services in English with appropriate second language instruction
and essential support services and budgets; secondly, that quality religious
instruction and pastoral animation be provided all English Catholic students
who so desire in an environment conducive to the fostering of Catholic beliefs
and values, with appropriate support services and budgets at all levels.
These two fundamental principles are not, nor should they be, mutually
exclusive. It is our considered opinion that these principles are not being met
under the present system and, thus, we endorse the need for educational reform
and support the division of school boards along linguistic lines with
entrenched confessional guarantees. We firmly believe that combining numbers
through a linguistic division of school boards will result in budgets
sufficiently large to provide the services essential to quality education while
at the same time permitting, through the retention of confessional guarantees
in any proposed legislation, the parents, preference related to their religious
convictions. Unfortunately, the recommendations contained in Bill 40 do little
to strenghen the weaknesses in the present system for reasons we all elaborate
on and which are supported in our brief.
La confessionnalité. Le chapitre 2 de notre mémoire porte
sur la question précise de la confessionnalité, qui est
d'importance primordiale pour la communauté catholique de langue
anglaise, mais qui n'est pas clairement définie dans la loi 40 et ne
pourra que servir de base à une confrontation et à un conflit
susceptible de perturber la bonne marche de l'école. Nous nous
référons à plusieurs exemples d'ambiguïté dans
les divers articles traitant de la question.
À la page 3 de notre mémoire, nous énonçons
la réalité de l'école catholique. C'est plus qu'une
institution qui dispense des services éducatifs, religieux et pastoraux;
c'est une école où les enfants apprennent ce que cela veut dire
d'être catholique et s'impliquer dans la poursuite des valeurs humaines
catholiques: une façon de vivre chrétiennement et d'être
respectés par tous les membres de la communauté scolaire. Ce
désir des parents catholiques de langue anglaise de voir à ce que
les enfants soient éduqués dans un milieu permettant
l'épanouissement des valeurs catholiques est clairement
démontré par le fait que, dans le
secteur anglais de la commission scolaire la plus importante au
Québec, la CECM, seulement 1% des parents catholiques anglophones ont
demandé l'exemption de l'instruction religieuse.
L'article 30 de la loi 40 stipule que l'école est publique et
commune. Le ministre, l'article 309.1, définit les modalités au
moyen desquelles une école peut demander la reconnaissance d'un statut
confessionnel des comités appropriés, catholique et protestant,
à la suite de consultations auprès des parents. Les
comités confessionnels régissent les règlements qui
déterminent la reconnaissance de l'école.
Il s'ensuit que, dans une communauté précise, un groupe
confessionnel minoritaire sera privé du choix confessionnel dans cette
école tout simplement parce qu'il a le malheur de vivre dans une
communauté où il est minoritaire. Ainsi, les droits des parents
à une éducation pour leurs enfants selon leur croyance religieuse
varieront d'un bout à l'autre de la province, de quartier en quartier,
selon le nombre.
Nous rejetons ce point de vue, cette formule servant à
déterminer le statut confessionnel d'une école et nous
recommandons que les écoles présentement reconnues comme
catholiques ou protestantes conservent cette identité au cas où,
pour des raisons pédagogiques ou financières, il ne serait plus
possible de maintenir des écoles séparées catholiques et
protestantes dans ladite communauté. Nous endossons alors la
création d'une école multiconfessionnelle. Ce point de vue
devrait s'appliquer lors du processus d'implantation et éventuellement
par la commission scolaire responsable de ce territoire linguistique.
L'article 220 qui verra à ce qu'une personne, au niveau de la
commission scolaire, soit responsable d'assurer une instruction religieuse de
qualité et des soins pastoraux aux étudiants catholiques, devrait
être étendu de façon à donner les mêmes
services aux étudiants protestants et à prévoir un budget
approprié et les ressources humaines. Il est essentiel que le mandat de
cette personne soit clairement défini et qu'elle ait le droit
d'intervenir directement au niveau du conseil des commissaires au nom de sa
clientèle.
Nous insistons pour que les règlements existant au sein du
conseil supérieur et des comités protestant et catholique soient
maintenus et non amoindris, tel que proposé au chapitre XI. Étant
donné la division linguistique proposée des commissions
scolaires, ces comités joueront un rôle de plus en plus
important.
Representation. The fragmentation of the English Catholic student
population across the province, and their lack of autonomous structures, has
consistently resulted in total lack of representation at decision-making
levels. Statistics provided by the ministère de l'Éducation du
Québec (Direction des études économiques et
démographiques, septembre 1983) indicate the total number of students in
English schools to be 137 263 broken down as follows: English-speaking students
in Catholic schools, 56 606, plus students registered as Catholic in Protestant
schools through ententes, 15 000; total of English Catholic students, 71 606;
English-speaking students in Protestant schools, 77 354, less students
registered as Catholic and being serviced through ententes in Protestant
Boards, 15 000; total of English Protestant students, 62 354.
Off-island Catholic Boards have signed ententes with neighbouring
Protestant Boards to service English Catholic clientele for a conservative
estimate of 15 000 students. Thus, if one adds these 15 000 English Catholic
students to the actuals in the Catholic Boards and substracts the same number
from the Protestant Board actuals, it is interesting to note that the actual
English Catholic student population surpasses the Protestants by some 9000
students.
The parents of these 15 000 students are effectively disenfranchised.
Registered as Catholic, they cannot vote for the commissioners of their choice
in the boards in which their children are been educated. The formula defined in
Bill 40, which determines the composition of the implementation commissions,
effectively eliminates Anglo-Catholic representation. Inasmuch as English
Catholics make up over 50% of the total English student population in
Québec, the composition of implementation commissions, implementation
committees and all advisory committees to the Ministry must, in all justice,
reflect this reality.
Since the Minister of Education has consistently made reference to the
belief that schools should reflect the milieu they serve and Bill 40 proposes
the establishment of English and French language boards, then it follows that
representatives of the English-speaking educational milieu be appointed to
decision-making levels and that the internal structures of the Ministry of
Education reflect the reality of the linguistic breakdown of the student
population. We have therefore proposed the creation of a substructure of the
Ministry to meet the needs of the English population under article 3.4 of our
brief.
Le chapitre 4 définit le rôle de l'école et des
parents. Vous noterez que les représentants de nos parents sont unanimes
à rejeter les rôles et les responsabilités assignés
aux représentants des parents et esquissés au chapitre III du
projet de loi 40. De l'avis unanime de tous, aucun rôle spécifique
ne devrait être imposé par le
MEQ. Le rôle des parents devrait s'établir graduellement,
permettant ainsi à ceux qui le désirent d'assumer plus de
responsabilités par l'entremise d'une délégation de
pouvoirs par la commission scolaire. (20 heures)
Au chapitre 6, nous nous inquiétons de la façon dont la
loi 40 définit toute la question des pouvoirs et des
responsabilités. Si nous acceptons la prémisse que
l'autorité centrale, dans ce cas le MEQ, doit être responsable de
l'établissement d'un paramètre général dans les
domaines des programmes, des finances et des contrats de travail, par contre,
il est impérieux qu'une autorité locale intermédiaire soit
responsable de l'application de ces politiques générales et que
cette autorité soit suffisamment autonome pour permettre une
flexibilité dans l'application de règlements permettant
d'atteindre les objectifs généraux et de refléter les
besoins locaux. Cette même philosophie devrait s'appliquer au niveau de
l'école. Alors que la commission devrait fixer des objectifs et des
principes généraux, elle devrait permettre également
à l'école de conserver une certaine flexibilité afin de
subvenir aux besoins de sa clientèle.
Chapter 7 addresses itself to the electoral process. In view of the
inconsistencies in Bill 40 relative to the proposed method of suffrage, we
recommend that the current ward system be maintained and that the number of
wards in given territories be reduced to maintain a closer liaison between the
local commissioner and his constituents. As well, we support amendments with
respect to the date of the election, the deadline for declaration of
candidature, etc.
Chapter VI in Bill 40 leaves total discretionary powers to the Minister
or the Government and, as such, is unacceptable. The Minister of Education, in
"The Québec School À Responsible Force in the Community",
acknowledges that the public in general and educators in particular have a
negative perception of the Ministry, viewing it as omnipresent with strong
tendencies towards centralization. Rather than concerning itself with educative
and pedagogical matters, the trend of the Ministry has become increasingly
technocratic and administrative, thereby stifling local initiative. Despite
repeated promises by the Minister to decentralize authority, we see, in chapter
VI, an increasing tendency to govern by regulation.
We insist that the new language boards be viable and powerful
intermediary bodies between the Ministry of Education and the school. The
school, the board and the Ministry each play an important role in the education
of our young people. It is imperative that these roles be clearly defined to
avoid unnecessary conflicts in the future which serve no purpose, but only
weaken the Québec system of education.
Nous sommes inquiets aussi du fait qu'il n'y ait plus de
référence, dans la loi 40, au rôle des professionnels.
Tandis que les ministres, les commissaires d'école, etc. vont et
viennent, les professionnels font partie intégrante de l'école,
ont un contact direct avec l'étudiant et sont les personnes
clés dans le processus d'instruction. C'est à ces professionnels
que nous confions le rôle de communiquer leurs connaissances et leur
science à nos gens. Par conséquent, ne devraient-ils pas avoir un
rôle à jouer lorsqu'il s'agit de revoir les manuels scolaires, les
programmes, les méthodes d'enseignement, etc.? Nous insistons sur le
fait que le projet de loi proposé doit refléter cette philosophie
et que les associations appropriées doivent déléguer des
membres pour les représenter à ce niveau.
Mr. Minister, members of the Parliamentary Commission, we, in the
English-speaking Catholic community, are proud of our religion and our
language, while, at the same time, respecting the rights of others to nourish
and foster their particular belief and language. Too often, over the past
years, members of our community have been forced to compromise quality
religious instruction for their children in order to obtain quality education
in our school system and vice versa. We appeal to your sense of justice and
urge you to seriously consider the recommendations contained in our brief.
Vous comprendrez que le domaine des garanties confessionnelles au sein
de la structure scolaire d'une commission scolaire linguistique est d'une
importance primordiale pour nous, tout comme la question de la
représentation proportionnelle à tous les niveaux, surtout
étant donné le fait que les catholiques anglophones constituent
plus de 50% du total de la population étudiante au Québec. Les
jeunes représentent l'avenir de cette province. Nous leur demandons de
travailler ensemble pour leur assurer une éducation de qualité
dont ils pourront bénéficier, tout en respectant les
préférences de chacun quant à la langue et la religion.
Merci, M. le ministre, membres de la commission parlementaire, pour votre
attention. Maintenant, nous sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Berty et M. Rourke.
Avant de donner la parole à M. le ministre, je requiers le consentement
des membres de la commission pour que M. le député de Sainte-Anne
puisse se joindre à nous en remplacement de M. le député
de Chapleau.
M. Laurin: With pleasure.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier le Conseil catholique de
l'expression anglaise pour le mémoire très bien structuré
qu'il nous a présenté. Je ne suis pas sans constater une grande
convergence entre ce mémoire et celui que nous a présenté
la PACT, la Provincial Association of Catholic Teachers, et le comité de
parents de la section anglaise de la CECM. J'imagine que cela reflète
les nombreuses rencontres que vous avez eues ensemble où vous en
êtes venus à un consensus sur des points majeurs.
Je constate aussi qu'un de ces consensus, c'est que, contrairement aux
positions que vous aviez adoptées antérieurement, en 1972 et en
1975, où vous demandiez l'établissement de deux commissions
scolaires anglophones catholiques sur l'île de Montréal,
maintenant vous adoptez une position favorable à la formation de
commissions scolaires linguistiques. Je pense d'ailleurs que ces commissions
scolaires linguistiques permettront - en grande partie, en tout cas -
d'éviter un des désavantages que vous signalez dans votre
mémoire, c'est-à-dire la privation du droit de vote des
électeurs anglo-catholiques qui, maintenant, pourront au moins avoir une
participation à l'élection des commissaires, seront beaucoup plus
visibles dans le secteur et pourront se faire représenter à tous
les niveaux, aussi bien sur le plan du personnel administratif que sur le plan
des commissaires. Je pense que c'est là un avantage majeur pour la
communauté anglo-catholique.
Je voudrais aussi dissiper quelques ambiguïtés. Vous dites
qu'il y a un défaut de concordance entre l'article 309.1 et l'article
474e. Je ne pense pas qu'il y ait un manque de concordance. C'est que les
articles 309.1 et 474e ont des objets différents. Par exemple, l'article
309.1 traite des mécanismes de consultation qui conduiront à la
demande d'une reconnaissance de statut catholique pour l'école, alors
que l'article 474e a trait au fait qu'une école continuera d'avoir son
statut confessionnel le 1er juillet 1985, après la période
d'implantation. Incidemment, il y a de fortes chances pour que la
clientèle scolaire le 1er juillet 1985 ressemble beaucoup
à la clientèle scolaire qui existera en septembre 1984, puisque
ce n'est qu'après le 1er juillet 1985 que la division en nouveaux
territoires prendra effet.
De la même façon, je ne vois pas de discordance entre
l'article 34 et l'article 611. L'article 34 parle en effet du devoir de la
commission scolaire d'établir le statut d'une école, sa
composition linguistique et tous les autres caractères, alors que
l'article 611 traite précisément de la période
d'implantation, traite justement de la clientèle scolaire qui
fréquente cette école à pareille date. Même si vous
acceptez, même si vous êtes favorable à la création,
maintenant, de commissions scolaires linguistiques, vous demandez cependant, et
cela se comprend assez bien, des garanties confessionnelles. Il y en a, des
garanties confessionnelles, dans la loi 40. Elles sont maintenant inscrites
dans la loi, comme, par exemple, le droit pour tout étudiant de choisir
entre l'enseignement religieux ou l'enseignement moral, le droit d'avoir un
enseignement religieux de qualité du fait que, maintenant, en vertu des
règlements, celui qui enseignera la religion devra prouver qu'il est
motivé, qu'il a des croyances conformes à l'enseignement qu'il
dispense.
Une autre garantie que procure la loi 40, c'est la garantie de service,
de pastorale pour toutes les écoles qui le demandent. Une autre
garantie, celle qui se retrouve à l'article 31, c'est que l'école
peut, dans son projet éducatif, intégrer les valeurs religieuses
de sa communauté. Une autre garantie, aussi, au niveau de la commission
scolaire, c'est la présence obligatoire d'un conseiller
pédagogique en éducation chrétienne qui viendra assister
les écoles. Il y a aussi une autre garantie par le fait que
l'école pourra demander une reconnaissance comme école
catholique. Ce sont là toutes des garanties qui existent et qui
n'existaient pas auparavant, ou du moins pas sous la même forme.
Vous demandez d'autres garanties confessionnelles. À l'exemple de
la PACT, par exemple, vous voudriez que la majeure partie du personnel d'une
école soit de foi catholique. J'ai été intrigué par
le fait que vous disiez "majeure partie" plutôt que "totalité".
J'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi vous vous contentez de la
majorité alors que je sens que votre esprit inclinerait plutôt
vers la totalité. Je voudrais surtout vous poser une question à
cet égard. Croyez-vous que le fait qu'un personnel enseignant qui est
spécialisé, par exemple, dans l'enseignement de la chimie ou de
la géographie ou de quelque autre discipline que ce soit, croyez-vous
que le fait d'être catholique "would enhance", favoriserait la
réalisation, la mise en oeuvre d'un projet éducatif catholique,
d'une part? Mon autre question, ce serait la suivante: Dans cette recherche de
garanties ultérieures, vous voudriez que le processus
d'accréditation qui est inscrit dans le projet de loi soit plus
formellement garanti par le ministère, par les règlements du
comité catholique et par une action de la commission scolaire.
Pourriez-vous me dire ce que vous voudriez de plus en ce qui concerne, par
exemple, les règlements du comité catholique, les
règlements du ministère et l'action spécifique que
pourrait exercer la commission scolaire? Ce sont les deux questions que
j'aimerais
vous poser. Voulez-vous que je les répète en anglais?
Mme Berty: Seulement la deuxième partie de votre question,
s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Laurin: My first question would be the following: How do you
think the presence of Catholic professors of geography or chemistry, or
history, or mathematics, or physics would enhance the Catholic dimension of the
educational project?
My second question is this: As far as the recognition of the Catholic
character of the school is concerned, you would like further guarantee. You
say, for example: The Minister, the Catholic committee, the school board should
do something to add or make stronger the guarantees contained in Bill 40. Could
you explain to me what further guarantees you would ask from each of those
bodies, Ministry, Catholic committee and school board?
Le Président (M. Blouin): M.
McLaughlin.
M. McLaughlin (Frank): I think there are a couple of answers, Mr.
Laurin, that we would like to put forward on those questions. We argue the
position that we are not just looking for an English environment, we want a
Catholic English environment. We believe that that is greatly enhanced by all
of the staff members, regardless of their professional skills, that they be
Catholic and believing catholics, as a going position.
We talked about the quality of education as being something that is of
major concern to us. So, of course, we are going to be concerned with hiring
competent people to teach whatever subject matter is in the curriculum. But our
preference is to be able to hire people who have a Catholic persuasion, so that
the whole school will reflect those Catholic values in all of its activities,
be they teaching or outside of the classroom. So, it is in that context. (20 h
15)
By all means, if we cannot find a competent English-speaking Catholic to
teach science, we would hire a competent teacher to make sure that science was
properly handled, but that would be exceptional because our experience has been
that we can find plenty of people who are not only competent, but also declared
Catholics, to fill our schools. We do not have any trouble locating people with
those two characteristics.
What else do we want? We want the school to be perceived as a Catholic
institution. Therefore, we would like the school to be seen in the community as
one that is English-speaking and Catholic, having that character, and that it
be preserved by whatever means the legislator or the local school commission
can provide us with. We do not want to have, except again by necessity,
multiconfessional schools. We would like to have English-speaking Catholic
schools. We would like some way of arriving there.
M. Laurin: We do not prevent the school board from doing that, we
do not make it compulsory in the Bill; nothing in the Bill prevents the school
board, which is the agent for hiring personnel, from doing that.
M. McLaughlin: We can arrive at that if we can have the
proportional representation that we are asking for. With that in hand, I think
we can feel satisfied that we can build a community of schools that will
satisfy the needs of that English-speaking population of whom some will be
English-speaking Catholic and others will be Protestant by denomination. Others
probably do not necessarily want to attach themselves to a religious
denomination. But we would like to be able to do that through a participation
and we cannot get there unless we are guaranteed in your law, in the law that
is being proposed, an opportunity to have proportional representation at all
levels of the system.
M. Laurin: Now, the second question. Le Président (M.
Blouin): Mme Berty.
Mme Berty: M. le ministre et M. Ryan, je pense que vous
êtes assez familiers avec notre mémoire qui a été
présenté au Conseil supérieur de l'éducation en
janvier 1983.
At that time, we indicated the specific elements, both from the point of
view of the physical elements that make up a Catholic school that we would
insist upon and the values inherent in a Catholic school. I will just read you
briefly excerpts from our brief that was presented to the Superior Council at
that time.
We say that specifically the children must learn what it means to be
Catholic and become committed to human Catholic values; that through the
quality of their instruction, their participation in the sacraments, through
the school and in their parish community, trough our pastoral animators who are
lay people in the community that come into our schools, they may develop the
firm foundation in catholicity that is essential for their future growth.
Then, we look at the elementary and the secondary levels and we insist
on a minimum acceptable amount of time, the suggested minimum being the current
program, devoted to religious instruction. It
must be given by a person qualified, personally and professionally, to
do so and this includes budgets and the human resources to place them in the
schools.
Pastoral animation. The pastoral animation service should concern itself
with every aspect of school life and provide scope for freedom, charity and
commitment, so that the students and staff may learn and live the experience of
the gospel values. Now, in physical terms, for want of another term, we state
that at the ministerial level we require - you refered to this, Mr. Minister,
you said there were guarantees in the law... With all due respect, Mr.
Minister, we do not see these guarantees in the law. We require that there be
legal guarantees. When we say legal guarantees, we insist that no change be
made in the guarantees provided in the law without the assent of the members -
not the "Conseil des ministres" - of the National Assembly. We want guarantees
for support services for all faiths, in both languages, and that pastoral
animation be provided for both the secondary and elementary levels.
At the school board level, we talk about the election of commissioners
by universal suffrage on a linguistic basis. It is up to the Catholics school
to get out and elect their catholic commissioners as it is up to the
Protestants to elect their representatives.
We state that in the administration of the school, all levels of
personel must respect the confessional nature of the students in the school. At
the board level, that would mean that the assignment of personel must be done
on the basis of professional competence. We do not wish incompetent Catholics
nor incompetent Protestants nor incompetent anyone. There must be persons at
the administrative level. You refer to this in the law and we indicate we wish
to see this insurance for the Protestant faith as well, to insure that the
values and the interests of the English Catholic and Protestant students are
respected. We indicate that this person must have a precise mandate and be
answerable and can approach the "conseil des commissaires" without going trough
the director general or anyone else, but directly. We insist on professional
competence of persons of the Catholic faith in the area of "conseillers
pédagogiques" which naturally, in the religious instruction, is very
important.
At the school level, we again get English Catholic and Protestant
schools where, in numbers, it is financially and pedagogically viable. If it is
not so, then we suggest a multiconfessional school. We recommend that the
personnel, as Mr. McLaughlin has stated, be Catholic, again according to
article 19, I believe, which already exists. We support that. If it is
impossible to obtain the services of competent Catholics in areas other than
religious instruction, like special education, physical education, the services
of a competent non-Catholic may be retained providing one respects the Catholic
faith and the confessional character of the school. Then, we indicate that
arrangements may be made whereby a parent may send his child to any school
within the jurisdiction of a board, regardless of the confessional nature of
that school.
That is precisely the document we presented to the Superior Council in
January 1983 and we rest with that document. We do not feel assured, through
Bill 40, that these demands will be met. There is too much division of powers,
responsibilities. It is not clear, Mr. Minister.
M. Laurin: I think I now better understand that the guarantees
you are asking for are more or less budgetwise, personnelwise, financialwise,
etc. You are also asking that we put in the law, not in the by-laws, many other
guarantees. For example, regarding the territory, you will understand that it
is very difficult to legislate all those matters, if not for the only reason
that when they are in the law, every time we have to modify - and sometimes,
circumstances call for modification - we are obliged to come back to the
National Assembly and it is more difficult to change a law than to change a
by-law. But I understand your interrogation.
It is also because it is difficult to legislate all those matters that
we have made the school council responsible for presenting to the school board
its plan every year for the kind of personnel it wishes and the number it
wishes, the qualifications of personnel it wishes and also for the budget it
wants to meet those needs. This is one of the reasons why we have vested the
school council with those responsibilities.
Je voudrais vous poser seulement une toute petite question à la
fin. Quand vous parlez de la participation des parents, vous dites que le
conseil se demande si la population a le temps, l'énergie ou l'expertise
pédagogique nécessaire pour assumer les responsabilités
définies dans le projet de loi pour le conseil d'école. Est-ce
que vous vous posez la même question pour les parents qui siègent
au conseil des commissaires? Vous êtes-vous déjà
demandé si les parents qui siègent comme commissaires, pour un
plus grand nombre d'écoles, pour des responsabilités beaucoup
plus larges que celles de la pédagogie, ont eux aussi le temps,
l'énergie ou l'expertise pédagogique nécessaire pour
assumer les responsabilités considérables des commissions
scolaires?
Mme Berty: M. le ministre, comme nous voyons le projet de loi,
l'école n'est plus la même que celle qui existe maintenant. Dans
votre projet, l'école, à notre avis, semble vraiment
isolée, dans le sens qu'il y a le conseil d'école qui comprend le
directeur, certains enseignants et la majorité, des parents. Avec la
description des pouvoirs et responsabilités de la commission scolaire,
on n'est pas sûr exactement du rôle du conseil des commissaires.
Est-ce une position d'appui aux écoles? On n'est pas sûr. Les
parents restent là. Maintenant, les commissaires, if one hires competent
staff - and presumably school commissioners hire competent staff, professionals
- a school commissioner depends, to a large extent, on the advice of this
competent team of professionals; personally, I do. If I disagree, I will state
as much as a school commissioner.
The parents, with the so-called powers attributed to them, are sitting
at the school with a number of teachers on the "conseil d'école", with
the principal who is going to be so tied up in administrative - I will not say
trivials, but details - details, he will have no time to be the pedagogical
leader he is supposed to be, and, in the area of pedagogy, it is not a question
of competence, it is a question of time, first. As you know very well, with the
economic situation in Québec, both parents work now; in order to devote
the time required to manage a school, one is going to have to leave their
families a great many evenings a week; and to exist, and it is not clear that
one is existing with a support staff at the school, rather than the staff of
the school...
There is no question that parents are less competent or more competent
or any degree of competence when they suddenly become commissioners or before
they become. Any parent can become a commissioner and they do not suddenly
become competent or terribly intelligent overnight, I assure you, Mr. Minister,
it did not happen to me. So, the problem is that the school seems to be
isolated in this description in the "projet de loi". From any group that is
going to see to the total interest of the "l'ensemble des écoles du
territoire", is the school commissioner attached to a school and a member of a
school committee be going to be concerned about the total interest of the
clientele of the board or the interest of the school? This is one of our
concerns.
M. Laurin: But given the fact that the school has a much more
restricted field of competence, that is the education project, and not all
responsibilities, because the school board has also important pedagogical
responsibilities, given this fact, do you not think that the parents who will
sit at the school council, the same way parents function at the school board
level with the staff which you have described, do you not think that those
parents will be able to call on the expertise of a very specialized staff, for
example, teachers who teach in all the classes of the school, nonprofessional
expertise, school director, assistant school directors? Do you not think that,
for this restricted field, they will have at hand all the necessary expertise
to exercise their responsibilities in the field of pedagogy which is, after
all, the main domain, also, of teachers and nonprofessional personnel? (20 h
30)
M. Thuringer (Harold P.): J'aimerais ajouter quelques mots
à ce sujet. Une réponse courte, c'est non, dans le sens que,
quand on regarde notre domaine, on a 67 écoles primaires. C'est aussi
une question d'administration. Il faut faire double emploi. Maintenant, on
parle de six commissions scolaires dans lesquelles on est impliqué. The
volunteer requirement, particularly as Mrs. Berty said, for the primary
schools, that means parents with young children. Are we not just
speaking as a coordinating body out of our own... If you are looking at our
brief, our parents from the various commissions that we represent indicated
quite clearly that they felt that their role was sufficient. They want to be
involved but not to the extent in Bill 40. It is somewhere between 71 and this.
We had also, in looking at the reporting in the newspapers and in the briefs
presented before you, seen a difference in the cultural aspects. I think that,
in the francophone community, generally speaking, there seems to be a stronger
urge for greater parental involvement. That does not seem to be the case in our
community and I think one has to look at a bit of that cultural difference.
M. Laurin: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je remercie le Conseil
catholique de l'expression anglaise de nous avoir saisis une fois de plus des
problèmes qui se posent à la communauté catholique de
langue anglaise en ce qui touche l'avenir de ses écoles, dans la mesure
où elle serait affectée par l'entrée en vigueur d'une loi
comme la loi 40. Ce n'est pas la première fois qu'à la commission
parlementaire nous sommes saisis de ce problème. La semaine
dernière, quelques groupes nous ont parlé également du
fond du problème et nous avaient prévenus que vous alliez venir
nous rencontrer en apportant des précisions additionnelles. Je pense que
c'est très utile.
I think your body is a very original
one, in the sense that it is not overly structured. It is a very simple
organization that came into more or less spontaneously the wake of events which
had forced English-speaking Catholics to realize that they must have a common
voice in some matters, I understood. I think you succeeded pretty well within
the short space of two or three years in bringing together around the same
table an impressive array of organizations which seem to be happy to work with
you and to have you to speak on their behalf in a matter like this one. It is
interesting because I do not know that you have any detailed constitution or
by-laws. I do not know of any rigid rules under which you would be allowed to
speak or not to speak. I think this is done in a climate of trust which speaks
a lot in favour of the seriousness of your approach. I hope you can continue to
operate in this very free atmosphere devoid of excessive organization, devoid
of all the constraints that are too often present in whatever we try to do and
of which I think Bill 40 offers a very eloquent example. If it were ever to
apply in its present provisions, I think it will be extremely heavy to operate
under such a piece of legislation.
Your main concern is the future of Catholic education, and as you said
very precisely a few moments ago, a Catholic school to you is not merely an
institution which dispenses educational services even if they were to contain
religious instruction and pastoral animation. It goes beyond that. You say it
very clearly in your brief and I think it is worthwhile, reminding ourselves of
those passages in your brief where you insist that a Catholic school is a place
where the children must learn what it means to be Catholic and become committed
to human Catholic values. I think that is the essence of Catholic education as
you understand it as a community. And this is one of the so-called collective
factors which the legislator will have to take into account in arriving at his
decisions.
Your brief is full of practical and concrete suggestions; some are more
practical than others. And I would have a few questions to put to you about the
brief. My first question about a remark which I have found in your chapter
dealing with confessionality. I will take my inspiration from your summary. In
page 2 of your summary, you say that the issue of confessionality is poorly
defined in Bill 40. And you fear that Bill 40 will provide the basis for
conflict and confrontation that can only be destructive to the smooth operation
of the school. À little further, at the bottom of page 3, you add: That
it therefore follows if Bill 40 would to be adopted as it now stands, that the
school having to be public and common, it would probably follow that, in a
given community, a minority confessional group like yours would be deprived of
that distinctive confessional nature of the school, simply because they had the
misfortune to live in a community in which they were a minority.
I would like to ask you if Bill 40 was applied in its present
formulation, what would likely happen to Catholic schools in the island of
Montréal? Lets suppose the schools were to be public and common and I do
not speak about the period of transition during which there were apparently be
no change in the status of existing schools. Lets look a bit beyond that.
Beyond that period of transition, what would happen? Lets suppose a vote were
to be taken in each school and the group which you represent would find itself
in a minority - lets us say in 80% or 85% of the schools - while it is
representing perhaps - I do not know -anywhere between 35% and 50% of the
overall clientele, did you do any analysis of the prospects here and what
conclusions were you led to?
Le Président (M. Blouin): Mme Berty.
Mme Berty: Yes. Mr. Ryan, I think you put your finger on one of
our major concerns. Firstly, we were closely, very often, with the Protestant
parents, the parent groups of the Protestant community, presently.
If you take a given community and you put to a vote, to the parents in a
given community, in certain communities, the population would be perhaps 40%,
60%, one or the other, in certain areas on the island of Montréal
particularly. You would be pitting neighbours against neighbours. Number one,
what will this do to your communities, to the whole social structure in
Québec?
Secondly, if you look in other areas and we did not do a statistic over
this because we were not interested; we rejected this whole concept of vote on
the part of the parents or on the part of the community to determine whether
the schools are Catholic or Protestant. It was totally distasteful to us. We
did not do a statistic, we did not state in either Noranda and here, and there,
the Catholics therefore would have a Catholic school because they were such a
percent. We do not want to get into that kind of a debate with ourconfreres, our neighbours. And this law and the proposals in the law in
defining the confessional status of the schools are totally distasteful to us
and totally distasteful to our community. I cannot say more than that, I cannot
go into the details of... But that whole aspect, we cannot agree with it.
M. Ryan: Would a solution possibly lie in a more active role for
the school board in
determining these matters?
Mme Berty: We feel very strongly about that. We feel that that
should be a more objective hopeful and reasonably it can be expected. It seems
we are in the dark.
Le Président (M. Blouin): Madame, nous allons suspendre
nos travaux pour quelques minutes.
Une voix: Darkness on Bill 40.
Le Président (M. Blouin): On va suspendre pour quelques
minutes parce qu'il faut descendre les réflecteurs et les rallumer un
à un. Cela ne sera pas très long.
(Suspension de la séance à 20 h 41)
(Reprise de la séance à 20 h 52)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît; Nous allons donc poursuivre nos débats et nous tentons
l'impossible pour que, d'ici à quelques minutes - enfin, nous
l'espérons - s'il vous plaît! s'il vous plaît:...
M. Ryan: ...and no television!
Le Président (M. Blouin): Je me rends compte que la
télévision est un facteur de discipline. Si vous le voulez bien
maintenant, mesdames et messieurs, nous allons poursuivre nos travaux. Je vous
assure que les électriciens seront bientôt ici pour tenter de
faire fonctionner le système d'éclairage. Tout fonctionne, les
caméras, le système de son et le journal des Débats, ce
sont uniquement nos rampes d'éclairage qui ne fonctionnent pas. Nous
allons tenter d'y remédier d'ici à quelques minutes.
Sur ce, nous allons poursuivre nos travaux. C'est Mme Berty qui avait la
parole, je crois. Allez-y, Mme Berty.
Mme Berty: Yes. I believe the point you are making or you were
questioning us on was that we had indicated we felt that the role of
determining the status of the school following the implementation process
should rest with the school board and why we felt that way.
It is our opinion, first of all, that a school board looking at the
interest of all the schools would be a more objective body that the local
communities and it would remove the in-fighting from the local communities. The
manner in which we feel this could be done would be, firstly, the territory of
the board, as being established, the existent schools are a way off from the
past and the current because of that implementation group. You would do a
census of the community, as to who associates himself with the Catholic and
Protestant religions. You would then look - it seems reasonably simple - to
locate the schools within a reasonable proximity taking consideration of your
physical facilities within a reasonable proximity to that Catholic or that
Protestant population. That is how we would see this put in effect.
M. Rourke: M. le Président, I think you must understand
that we see a school is not a geographical territory in which all of the
English population would vote as to what kind of a school it is going to be.
Catholic children and Catholic parents are not afraid to walk two or three
extra blocks and walk by a Protestant school and a French-speaking school in
order to be able to go to a Catholic school, if it is the kind of Catholic
school you describe as one of high quality education and maintining the
Catholic values that we have described.
I think that part of our disagreement with you lies in the fact that it
would appear that too much power is being given at the local school level, not
enough power being given at the school board level, where there will be the
support groups...
M. Ryan: Would you excuse me just a moment, please?
M. Rourke: Yes. Sure.
M. Ryan: You said: "Part of our disagreement with you..." I
suppose you were addressing the Minister.
M. Rourke: Yes, I was. M. Ryan: Ok. Thank you.
Le Président (M. Blouin): Je signale aux membres de la
commission ainsi qu'à nos invités que nous avons demandé
à la télédiffusion des débats de diffuser le son de
nos débats et il y aura une image fixe pour les gens qui suivent
malgré tout nos travaux. Allez-y!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'image fixe sera celle du
ministre?
Le Président (M. Blouin): Nous poursuivons donc nos
travaux.
M. Ryan: Elle serait sûrement fixe!
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît'
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je voulais dire!
Le Président (M. Blouin): Même si on ne nous voit
pas, on nous entend. Alors,
procédons s'il vous plaît!
M. Ryan: Had you not finished?
M. Rourke: I think I have finished, yes, Sir. Thank you.
M. Ryan: You had finished. OK. I think you admit at least
implicitly in your brief that in several areas of the province it will be
impossible to have Catholic schools in the full sense of the term. I think of
an area like the one in which I am serving as a deputy, Argenteuil. We do not
have enough Catholic pupils to have Catholic schools. Our Catholic pupils would
have to be enrolled in an English school which then might have to be
biconfessional, or multiconfessional, or non confessional. You allude to that
possibility in your brief and you even open the way for what you call
biconfessional schools. My question would be: Who would determine whether the
school ought to be biconfessional ou multiconfessional? Can that decision be
made at the local level or if there has to be an intervention of the part of
the school board?
M. Rourke: Obviously, there are limitations as to how far a
primary school child can travel in order to be able to go to school. We think
that in a situation like that it would be the school commission, the school
board in consultation with the parents to determine exactly what kind of school
it is going to be, if there are not enough children, for example, and it is
necessary then to form a biconfessional school or a multiconfessional school.
But again, even in that kind of situation, where the rights of the Catholic
students are protected and they are able to be given, within the curriculum,
sufficient training.
M. Ryan: We were told a few times about a biconfessional high
school which exists in Dorval under an agreement between the Protestant School
Board of Greater Montréal and the Baldwin-Cartier School Board. Would it
be your view that in the long run fully Catholic secondary schools will be more
difficult to realize than they were in the past? Are we not headed for a system
under which there will have to be more and more combinations of services at
that level in view of the declining enrolment to which you allude your brief
and which is not exclusive to the anglophone Catholic community, but has been a
characteristic of the anglophone community as a whole and there has also
affected the French community to a very large extent?
Le Président (M. Blouin): Mme Berty. Mme Berty: I
believe you are correct in your assessment of the situation that has been
compounded for a number of reasons and by various laws including language laws
as these children move up and so on. I think what we have seen in the past is
the desire on the part of a given community to maintain a school in the
community. It is emanated from the grass roots. I tend to agree that in a
certain period of time, looking at the "prévisions des conseils de
l'île de Montréal", one would assume that there would be very
likely more and more of these situations. I think the parents would agree to
it, provided that they had that protection within the law. They want the
confessional education in the high school as well as in the primary, a follow
up, a continuity.
M. Ryan: But you will agree that many of the assurances that your
are calling for would risk to be in meaningless if you do not have the first
assurance as to the proper way... (21 heures)
Mme Berty: That is precisely that.
M. Ryan: ...of determining the status of the school.
Mme Berty: Precisely.
M. Ryan: OK. I have another question now. You devote an important
part of your brief to the question of the English-Catholic representations in
the Department of Education and in other structures from which you are
lamentably absent at the moment. I would like you to elaborate on your
proposals in this area. How would you see adequate and fair representations for
your group within the Department of Education on the Superior Council of
Education? You also talked about the implementation committees that are going
to be needed in order to bring this law into existence if it is ever adopted.
Would you elaborate on this a little, please?
Le Président (M. Blouin): Mme Berty.
M. Thuringer: Mr. Chairman, in that area we have not been too
precise in defining at what levels. We have talked very much throughout our
presentation on proportionate representation that is in the Ministry, in the
committees and in all the structures. Yes?
M. Ryan: O.K., after you have finished. M. Thuringer: I
would just say that as...
M. Ryan: I have some questions. Would you accept that elections
to English language school boards would have to be at large
without any kind of predetermine allotment of seats to this or that
particular group? They would be at large.
M. Thuringer: Yes. That is universal suffrage in that sense and
we would want to maintain that.
M. Ryan: And you would like to have more defined structures for
services in the English-speaking community in the Department of Education?
M. Rourke: Within a school commission.
M. Ryan: Not the school commission, I am speaking from the
linguistic point of view at this moment. À school commission would be
based upon language, so there is no need to determine guarantees here. If you
were to need guarantees in addition to having your linguistic school board, it
would be repetitious, I am afraid.
M. McLaughlin: One of the interventions I would like to make is
partly to answer to your question, but also to try and suggest to Mr. Laurin
that perhaps there is a way of providing for confessional guarantees in the
law. It seems to me that you have made the move towards linguistic boards. Can
you not broaden that to say linguistic boards with confessional guarantees and
then, let the legislator take that into account when he is proposing all the
various articles of the law? It seems to me that is what we are asking for,
because when you look at the tradition of the English-Catholics in the province
of Québec, we have been hosts of the Catholic-French system for over a
century. So we do not have any structural base other than at times we can be
part of a school commission because there are enough of us; but generally
speaking, we are not part of the structure, simply because of our minority
position within the French-Catholic system as it now exists. So, we are
entering on a whole new era and we want some structural guarantees that will
ensure us to be able to take our place and fulfil our responsibilities in
things educational and to ensure that we are able to have a piece of the
action. We need that and we need it in particular relative to our concerns over
confessional guarantees. They are very important to us, extremely important to
us.
M. Thuringer: Mr. Chairman, I would like to come back to Mr.
Ryan's last comment that he did feel that, if we had linguistic school boards
inside the structure, that would be redundant. I will refer you again to the
document we prepared for the Superior Council of Education where we say, unless
I have misunderstood your question, that inside a school board which has
responsibility for Catholic schools, there are pedagogical expertises available
and that would have to come from a Catholic base.
M. Ryan: I was speaking strictly from the standpoint of
linguistic guarantees. I had other questions but I will leave that to my
colleagues. I thank you very much and I wish to assure you that I have great
sympathy for your presentation, for the points which you made. I hope you can
continue working on them because they have to become yet clearer, especially in
their constructive aspect which I think there are some more light to be shed on
some aspects of your brief.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. I would like to
congratulate the Enghlish-speaking Catholic council for an extremely
constructive brief and say hello particularly to Mr. McLaughlin from the
family.
I think the problems you bring up merit extremely careful attention on
the part of the commission, precisely because, as you underlined so clearly in
the brief, the English-speaking community is not one with a very solid power
base either in law or in Constitution, as we all know very well. Any proposal
to revise structures, I firmly believe - and the points you have made are well
registered this evening - that you need to be part of the action not only in
the implementation, commissions and committees, subcommittees, but throughout
the whole process and the non-going presence in the implementation of the
guarantees that is contained in Bill 40...
Again, I share the minister's concern in so far as many regulations are
extremely difficult to legislate. With only great difficulty can you legislate,
put everything in the law precisely because in putting it in the law you take
away the very flexibility that your principle wants to allow. I could have a
long discussion with you about actual powers of the minister and, in the
present, at least the powers proposed in Bill 40. We found that in discussions
a number of times before now. I would like to take you on that point of your
brief but it is not really the focus of my interest at the moment. It is more
to share with you, in a constructive spirit, the preoccupations which you have
with respect, not to the confessionality of the school, but to the mechanisms
of applying the status.
Do you not feel that, for example, just briefly, if a school commission
has that unique role, it will provide a risk, run the same risks of having
those undertones of ghetto. You mentioned Noranda before, we do not want
percentages. I think that school commission has similar kinds of risks. The
Catholic committee did not bring out the same kind of preoccupations
but, as you did, they seem to live with the implementation process or at least
with the establishment of status quite well. But I take your point. Can you
spell out in more clear detail how you would envisage the English Catholic
community establishing the status of its own schools or what it would like to
be its own particular schools? Particularly off-Island, I would like to look at
that question in particular.
M. McLaughlin: The off-Island is an extremely difficult question
to address. À principle that I would like to put forward, is that it
work extremely well in Baldwin-Cartier. We had French and English students to
service in almost equal numbers that shifted around a bit, but were generally
55%-45%, that sort of a split, generally in favor of the English. The
commissioners who were elected therefore were elected on the basis of their
being catholic. Their responsibility was to see that the French and the English
student population was properly serviced. These catholic commissioners, and not
always was there equal or proportional representation at the board level, were
able to see to it that those students got properly educated and that there was
response to the needs that they had in their schools and in their systems and
in their culture.
I would like to think that if we are talking about the operation of a
linguistic board where now the concern is not English-French but the concern is
Catholic-Protestant perhaps, then we have got to achieve the same balance, but
we will not be able to achieve that balance, unless we are included in the
power structure, as you put it so aptly, and, unless in the structure of the
administration we have the opportunity to exercise influence, so that we do get
the kinds of things that we need.
M. Payne: There is no perfect model. One preoccupation that you
brought up, in your brief, was concerning multiconfessional schools. There is
almost nothing to perclude that, in the bill, there is nothing to perclude a
school council deciding, as a deliberative body that it would be, that it would
like to have, and if the majority of parents so decide, that that particular
school should be multi or biconfessional, along the model of several
experiments which are carried out at the moment with more or less legal status,
in Alexander Galt and John the XXIIIrd in Dorval, as you know.
That leads me on to a further concern. You mentionned the cultural
difference, talking about the mandate and the decision of powers, perhaps of
the school council. Would you object to the bill stating that a school council
has certain decisional rights?
In other words, if it wished to exercise certain rights, that it could,
the present bill says that it has certain rights, but those rights are
decisional. Could you see a situation which those rights might be optional? In
other words, that a school council could decide to be decisional, should it
demand those powers from the school board?
Mme Berty: I think that is an extremely broad question, in the
sense that it would depend on what these rights were. If you are talking again
about determining the confessionality of the school.
M. Payne: No, no, I was not...
Mme Berty: No, but you stated that generally.
M. Payne: I mean with the rights as they are now in the bill.
Mme Berty: At the present time, for example, under Bill 71, in
the school committee structures, there are certain areas that are obligatory
consultation, not decisional but consultation, at the school board level. I
think that that whole question... Ah! talking about rights and lights, we have
lights...
M. Payne: Yes, you are bringing light to the question.
Mme Berty: Yes. That whole question would have to be the subject
of consultation between the parents and the boards, and I think that there
could be a consensus reached upon a transfer of powers and decisional powers at
the school. I am absolutely certain of that.
M. Payne: I am thinking of the Montréal Island School
Commission, which said, quite a few years ago, that they were in favor of
delegating powers to the schools. The other side of the same kind, would you
agree with the school council, assuming those decisional powers should it so
decide? Would you be against that principle?
Mme Berty: Against, after an agreement on the power? I do not see
how anyone could disagree.
M. Payne: In Bill 40, with respect with the decisional
powers...
Mme Berty: Those specific powers?
M. Payne: Right, in Bill 40.
Mme Berty: Alright. The specific...
M. Payne: Because some people say that the parents do not have
the experience, they do not have the time, they do not have the interest, they
do not want the decisional powers.
Mme Berty: In response to that, Mr. Payne, I can only respond to
you as our parents responded to us: they do not want the decisional powers
outlined in the "projet de loi". We represent the parents in our community, we
repeat: they do not want them. They have no desire to take on these powers.
M. Payne: It is very clear, what...
M. Rourke: And, if I might just add to that, Mr. Payne, there is
a problem of numbers. As you know, it is difficult, now, to find enough
qualified capable people who are prepared to give their time at the school
commission level. Within our own community, just on the island of
Montréal, there are some - as Mr. McLaughlin pointed out earlier - 90
different schools, and to find numbers of people multiplied by 90, we find that
it would be completely untenable. It would be very difficult to be able to find
that number of people. (21 h 15)
Mme Berty: Mr. Payne, if I may get back to that point...
M. Payne: Can I just come in a bit? The contrast is striking
because we had before our commission the Québec School Parents, which as
you know, is representing 40 000. They could not have put their case any
stronger, which I point out to the Deputy of L'Acadie which is... It is over
the cultural difference, but it is real, we have to admit it, and they said: Do
not take one ounce or one inch of decisional powers away from us. They almost
said that their support for the bill is conditional to that. Well, we have to
underline the difference in the English community. I am sorry, Mrs. Berty.
Mme Berty: Yes, and just to refer that to the question of parents
decisional powers at the school council, the parents, I think, if the whole
structure was looked at, the proposed structure, have presently two
representatives to elementary and secondary sitting at the council without the
right to vote. Now, we would suggest that the central parents committee of that
linguistic school board would have the right to elect an increased number of
parent representatives who are autonomous, who answer only to parents, and I am
concerned with the ball being at the children in the school, and do not answer
to the total constituency, that a certain number, an increased number with the
right to vote be provided decision-making powers at the school board level,
representing Catholics and
Protestants proportionately in elementary and secondary education. I
think that the decision-making power would rest in the hands of the parents
democratically to the normal process in that matter.
M. Payne: At that one point, I have a final question. I do not
believe personally that a school board is necessarily only to some of its
constituents parts and I do believe that, with linguistic school boards, the
school boards in the English community will be very active as animators, as
leaders in the community, to influence any kind of implementation of the
policy, but do you think that parents, once they have the powers which Bill 40
gives them with respect to confessionality, will be so disinterested or not
interested in having decisional powers at the school council level?
Mme Berty: I am not quite sure I understand the question, Mr.
Payne. It is a little muddled.
M. Payne: I will then repeat it. Parents faced with the option of
establishing the status of a school with respect to its confessionality...
Mme Berty: Parents...?
M. Payne: "Le conseil d'école", in French.
Mme Berty: Oui, qui ont la responsabilité d'établir
la confessionnalité de l'école.
M. Payne: Once the bill is established, once the bill is passed,
the "conseil d'école", with the parents, will decide on the confessional
status of the school. Do you think that parents, for example, at the
"conseil d'école" level, would be disinterested in that
decision-power sharing?
Mme Berty: Whether they would be disinterested or interested in
decision-making powers, I think there would be a great deal of bad feelings
after the decision on whether the school be Protestant or Catholic, and these
two groups of parents have to work together on the "conseil d'école". I
would expect it would take a number of years to get back to that community
feeling that was originally in the community between the two confessional
groups, Mr. Payne.
M. Payne: I wonder if that is really so, because, in view of what
you pointed out earlier, the possibility of the community to get on together,
we have many examples and they have been here before the commission.
The Townshippers' Association, for example, said: Look, we have a
tradition of getting along. We have a tradition since the founding of our own
association, to solve problems as they come along. Do you feel that we do not
have that confidence in our own community?
Mme Berty: Mr. Payne, in the example of the Townshippers, I think
that you will see that through attrition, through evolution, through the fact
that the francophone majority, francophone Catholic boards could not provide
services to English Catholics, for example, large numbers of English catholics
are getting along very well with English Protestants because they have been
assigning their work over to protestant boards, and they have been living
together, this in franchise, I might say, and that is one of our major
concerns. That situation does not exist everywhere but that situation has to be
righted and you have admitted that you have agreed to that, Mr. Payne. We are
talking about a situation that exists where we have X number of schools in a
community where we have not had any type of this informal arrangement. I would
really... Mr. Thuringer...
Le Président (M. Blouin): Oui.
M. Thuringer: I wonder, Mr. Chairman, if I could just throw a
question back. If there seems to be a difference in cultural communities
expressed here in terms of the power of parents, is there not some room for
flexibility and some not on a malefic plan? I would like to see some - you
know, to represent that cultural thing. If we are really talking about
linguistic, religious and cultural things, let the community manifest that in
its structures. Can we not be a little more flexible in that area?
M. Payne: In my frank opinion, I would say yes. I agree with you,
that we can be flexible within the principles. We agree on the principles. For
example, linguistic school boards. We agree on the principle of
confessionality, I think, as it is proposed in the bill. The problem is one of
plumbing, of implementation of it. With the good will which you express and the
lose structure of the English Catholic community, I think that it is possible.
There is no easy consensus on finding a perfect model.
M. Thuringer: Well, I guess what I would like to see is 1 bubble
up rather than bubble down, if... That is an expression.
M. Rourke: Let me just add another point there. I think that
perhaps you are concentrating more on the exceptions than what would be the
normal case. If we are talking about a school as being a specific geographical
area only and from that all of the English parents would vote as to what
confessionality would be in the school, that is one thing. But we are not
talking about that kind of a community. We are talking about a community where
English, Catholics, Protestants and so one, and French, in many cases, are
living together in a community, so that we are not talking about a specific
geographical area for a school; and as I have mentioned earlier, the Catholic
parents and Catholic children are prepared to walk three more blocks if
necessary in order to be able to go to that kind of school. So I think that, in
many cases, I do not think that there is going to be a big problem in that
regard. I think, certainly, you brought up the townships areas of that type,
where it would be necessary to have a vote, have biconfessional type of school
and that would be fine.
M. Payne: So, from what I understand, in the majority of cases,
the implementation would be feasible and would be carried through not to
disturb fashion. You were talking about the exceptions.
M. Rourke: From the point of view of that particular point, I
think we can make it work. But there are several other points that we brought
up tonight, which I think are very serious lacks in the law.
M. Payne: And one of them you pointed out was to be part of the
action in the implementation committees. And that would go a long way to
satisfy some of your concerns, from what you have said.
Le Président (M. Blouin): M.
McLaughlin.
M. McLaughlin: Mr. Chairman, I would just like to make a point,
Mr. Payne. You are reminding us of the things that we agree to in principle.
And although we agree to linguistic school boards, we are saying: Linguistic
school boards with confessional guarantees. That is the principle we agree to.
We do not agree to just linguistic school boards.
M. Payne: I did point that out in the...
M. McLaughlin: O.K., I am sorry, I did not catch it.
M. Payne: Thank you.
Le Président (M. Blouin): Merci M. le député
de Vachon. Avant de donner la parole à Mme la députée de
L'Acadie, je signale aux membres de l'Opposition qu'ils disposent encore d'une
période de 25 minutes et que
trois d'entre eux m'ont demandé la parole. Alors, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je vais
céder, pour le moment, mon droit de parole au député de
Sainte-Anne qui nous visite de façon toute spéciale ce soir. Je
partagerai avec ma collègue de...
Le Président (M. Blouin): Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: ...Jacques-Cartier le temps qu'il voudra bien
nous laisser.
Le Président (M. Blouin): Très bien Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Sainte-Anne,
avec le consentement de vos collègues. Je vous donne la parole.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
mes deux collègues and not take any advantage of the time. I just have
one question to Mr. Rourke. Mr. Rourke, you know that I have been corresponding
on your behalf, the Council, because the Council is an important instrument in
the riding of St. Anne, a lot of the parents, English-speaking, in my riding,
are Catholics, most of them. Concerning the element of representation, that
comes back in your brief all the time, do I understand correctly that you are
not represented and still are not officially represented as such at the level
of Superior Council of Education? In spite of the fact that I have been writing
for almost nine months now to the Minister Laurin, to the Minister Godin and to
the Prime Minister Lévesque. Would you please clarify because, perhaps,
during those hearings, we may settle this problem and get your representation
that you are so entitled to. Go ahead.
M. Rourke: For the past 18 months we have not had a
representative, Mr. Chairman, on the Superior Council of Education. We have
asked for that...
M. Polak: For 18 months?
M. Rourke: Yes. We have made several suggestions as to the
individuals that we felt would adequately represent our community and yet to
date none of these have accepted and we have no representative yet.
M. Laurin: I had the pleasure to announce three days ago that my
mind was made up and that I would give a recommendation tomorrow to the Council
of ministers.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Rourke: This is good news.
M. Polak: Thank you. That is my request.
Le Président (M. Blouin): Cela vous convient? Très
bien. M. le député de Fabre, rapidement, puisqu'il vous reste
à peine quatre minutes.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. À la page
8 de votre mémoire, vous parlez des pouvoirs du ministère de
l'Éducation par rapport aux pouvoirs qui sont laissés aux
commissions scolaires. Vous dites que le chapitre VI du projet de loi 40 laisse
au ministre, au gouvernement, tous les pouvoirs discrétionnaires. Comme
tel, il est inacceptable. Plus loin, vous laissez croire que le projet de loi
40 augmente les pouvoirs du ministère de l'Éducation. J'aurais
deux questions. Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous indiquer comment le
projet de loi 40 augmente les pouvoirs du ministère de
l'éducation et dans quel sens? Deuxième question, quels sont les
pouvoirs que vous aimeriez voir transférés du ministère de
l'Éducation aux commissions scolaires?
Mme Berty: Si vous avez lu notre mémoire attentivement,
vous noterez que nous n'avons jamais dit, nous n'avons jamais fait
référence au chapitre V. À notre connaissance, il y a
presque aucune différence entre les pouvoirs qui existent maintenant et
les pouvoirs sous la loi 40. Nous avons une forte inquiétude concernant
le manque de précision entre les divers paliers de responsabilité
et les pouvoirs. Nous indiquons dans le mémoire certaines
ambiguïtés quant à la juridiction de l'école. Est-ce
que c'est le conseil qui a l'autorité? Un article parle de
l'école et un autre parle de la commission scolaire. Qui est responsable
pour l'assignation du personnel? Ce n'est pas clair. Qui est responsable de
quoi et à qui?
M. Leduc (Fabre): Je m'excuse. J'ai parlé, non pas de la
commission scolaire et de l'école, des liens entre les deux, mais des
liens entre le ministère de l'Éducation et la commission
scolaire, puisque vous faites référence au chapitre VI de la loi
40 et des pouvoirs discrétionnaires du ministre de l'Éducation.
Il me semble, au contraire, que ce qu'on vise, c'est précisément
de remplacer les pouvoirs discrétionnaires par des règlements.
Vous avez dû voir copie des orientations qu'on a l'intention de donner
dans la réglementation de telle sorte qu'on clarifie la situation au
lieu de laisser des pouvoirs discrétionnaires au ministre de
l'Éducation, comme c'est le cas actuellement dans la présente Loi
sur l'instruction publique.
Le Président (M. Blouin): Une très brève
réponse, s'il vous plaît.
M. Thuringer: Je pense, comme Mme Berty, que les articles de la
loi ne changent pas tellement, mais il semble, avec la décentralisation
à l'école et les règlements qui ne sont pas tellement
clairs qu'on a peut-être une certaine peur que la décentralisation
va vraiment être de courte durée.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci, M. Thuringer.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je n'aurai que
deux questions. Je voudrais faire quelques commentaires particulièrement
en ce qui touche les pouvoirs de l'école qui sont prévus dans le
projet de loi, les pouvoirs du conseil d'école. La centralisation au
sujet de laquelle le député de Fabre vous a posé des
questions. (21 h 30)
J'ai écouté le ministre de l'Éducation tout
à l'heure. Quand un groupe vient ici et qu'il exprime l'opinion selon
laquelle, d'une part, il est vrai que les parents veulent participer à
la vie de l'école, qu'ils sont prêts à exercer des pouvoirs
- d'ailleurs, ils en exercent déjà certains - mais qu'ils ne
veulent pas tous les pouvoirs qui leur seraient délégués
comme cela est prévu par la loi, en invoquant le fait qu'ils n'ont pas
le temps, étant donné qu'un grand nombre d'entre eux travaillent
- les conditions sociales se sont modifiées, etc. - le ministre ou un de
ses collègues répond: Quelle est la différence entre un
parent qui fonctionne au niveau de l'école et un parent qui fonctionne
au niveau de la commission scolaire? Mme Berty a répondu en disant: Au
niveau de la commission scolaire, il y a quand même un éventail de
ressources pédagogiques, administratives ou autres qui servent de
support aux décisions des commissaires d'école. Vous dites qu'au
niveau de l'école, il n'y aura pas ce type de ressources. Le ministre a
rétorqué en disant: II y aura le directeur d'école; il y
aura des enseignants.
Je pense que c'était très juste quand vous avez dit que,
déjà, le directeur de l'école est submergé par une
foule de tâches administratives qui résultent de la centralisation
progressive qui s'est faite vers le ministère de l'Éducation.
À peu près tout le monde ici, même ceux qui semblaient
favorables au projet du ministre, a dénoncé la multitude de
directives de toutes sortes qui viennent du ministère de
l'Éducation ainsi que le grand nombre de contrôles qui sont
exercés sur la commission scolaire qui, à son tour, les exerce
sur l'école. À ce moment-là, le directeur est pris,
à l'intérieur du fonctionnement de son école, avec la
nécessité d'exercer une foule de contrôles exigés
par les échelons supérieurs, particulièrement par le
ministère de l'Éducation.
Quand le ministre dit qu'il y a bien plus de choses à discuter au
niveau d'une commission scolaire qu'au niveau d'une école, je pense
qu'il n'a jamais vu comment fonctionnait une école. Il est vrai, au
niveau de l'école, qu'on ne fera pas la planification de l'ensemble des
écoles du territoire, au point de vue de l'immobilier ou au point de vue
de la répartition des ressources, mais il y a une multitude de
problèmes à l'intérieur d'une école qui doivent
être discutés. Par exemple, ne seraient-ce que les
activités des élèves et même, à ce moment-ci,
les activités parapédagogiques des élèves. Au
niveau de la commission scolaire, on établira certaines normes pour
s'assurer que les visites parapédagogiques, par exemple, peuvent
être profitables aux élèves. Mais c'est à
l'école qu'on décidera si on prend la visite pédagogique A
plutôt que B ou plutôt que C ou plutôt que D. Ce même
modèle se répète continuellement au niveau de
l'école.
Déjà, l'école est très occupée par
une foule de décisions qu'elle a à prendre dans ce sens-là
et la commission scolaire n'intervient que d'une façon
générale ou n'établit qu'un cadre général
qui demande beaucoup moins de discussion. Une fois qu'il est établi, les
écoles l'utilisent année après année ou il peut
être révisé. Cependant, elles l'utilisent dans une foule
d'occasions alors que, pour la commission scolaire, il n'y aura eu qu'une
décision de prise une fois. Je pourrais répéter ces
exemples à plusieurs reprises.
Le directeur d'école est aussi occupé à voir
à l'application des conventions collectives, il est responsable du
réseau des relations humaines à l'intérieur de son
école entre les professeurs, entre les professeurs et les parents, etc.
De penser qu'à l'intérieur d'un conseil d'école,
même au moment où on se parle et dans l'avenir, il y aurait moins
de responsabilités à prendre qu'on a au niveau de la commission
scolaire, je pense que c'est inexact. En termes de temps et d'énergies
qui sont dépensés à l'intérieur d'une école,
c'est considérable, et, depuis des années déjà, le
directeur d'école dit qu'il ne peut plus et qu'il a de la
difficulté à s'adonner d'une façon satisfaisante à
sa tâche d'animateur pédagogique à cause de la multitude de
responsabilités administratives actuelles et d'autres qui lui arrivent
de toute part. C'est une chose qu'il était important de dire.
Au niveau de la décentralisation. Quand quelqu'un vient ici dire:
Ce projet de loi ne décentralise pas... Il y a aussi un autre message
qui est transmis soit par le ministre ou soit par ses collègues qui dit:
Prouvez-
nous que ce projet de loi est plus centralisateur que ce qui existe
déjà? Les gens disent: Peut-être que oui, peut-être
que non. En général, ils disent: Non, ce n'est pas plus
centralisateur. Ce que le système d'éducation et tous ceux qui
vivent à l'intérieur du système d'éducation disent,
que ce soit les parents, les enseignants, les directeurs d'école, les
administrateurs, c'est que le système scolaire est déjà
tellement centralisé. S'il avait fallu, à part cela - je ne suis
pas sûre qu'il n'y en ait pas parce que je vous avouerai modestement que
je ne les ai pas examinés un à un - en posant, au départ,
que cela ne serait pas plus centralisé... C'est la seule preuve que le
gouvernement essaie de faire. On ne centralise pas plus que ce l'est
déjà. Mais, grands dieux, chacun dénonce à peu
près quotidiennement la centralisation actuelle.
On vient vous consoler en disant: Avant, c'était des pouvoirs
discrétionnaires; maintenant, ils seront dans les règlements. On
formalise dans des règlements et, possiblement, dans la loi, des
pouvoirs que le ministère de l'Éducation exerçait
quotidiennement. Mais qu'on n'essaie pas de créer l'impression que le
projet de loi est un projet décentralisateur. La seule
décentralisation qui se fait touche certains pouvoirs de la commission
scolaire qui passent aux écoles, mais, en haut, au niveau du
ministère de l'Éducation, on n'a absolument rien laissé
tomber. On a essayé d'affaiblir le palier intermédiaire pour
qu'en fin de compte, ce qui peut résulter - le chef de notre
équipe et porte-parole de l'Opposition l'a dit à plusieurs
reprises -c'est qu'on - c'est le danger - affaiblit ce palier
intermédiaire qui servait de tampon entre les tendances centralisatrices
du ministère et de l'école. Ceci étant fait, le
ministère de l'Éducation, contrairement aux désirs de la
population et non seulement des parents, mais de l'ensemble de la population,
exerce un pouvoir beaucoup plus grand sur les écoles que celui qu'il
exerçait déjà.
Ceci étant dit, je vais arriver à mes deux questions. Je
ne me permets pas souvent de faire ces longs commentaires, mais cela fait trop
de fois que j'entends l'argumentation du ministre ou de ses petits perroquets
qui sont chargés de transmettre le message...
Une voix: Non, non, ce n'est pas bien cela.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...de transmettre le message.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît: S'il vous
plaît:
Une voix: Ce n'est pas pas bien cela.
M. Champagne (Mille-Iles) Entre perroquets...
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Champagne (Mille-Îles): ...on ne consulte pas le
ministre avant.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît:
M. Champagne (Mille-Îles): C'est personnel.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai nommé personne et on
réagit fortement. J'arrive à mes questions, M. le
Président.
M. Payne: C'est que les coups bas ne fonctionnent pas.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je me trompe quand
j'interprète que vous êtes très ambivalents
vis-à-vis le changement de structure confessionnelle à structure
linguistique? Si vous arrivez à cette décision, ce n'est que pour
des raisons administratives, parce que, d'une part, vous faites un long
plaidoyer pour l'école catholique, disant qu'elle n'est pas uniquement
une école où on dispense de l'enseignement religieux, mais une
école qui est une réalité qui transpire dans tous les
aspects de la vie de l'école. Par contre, vous dites: Oui, on veut les
structures linguistiques. Quand la confessionnalité, telle que vous
l'entendez, ne pourra plus être maintenue compte tenu du nombre
d'élèves, etc., vous dites: On aura des écoles, comme vous
les appelez, multiconfessionnelles; on pourrait les appeler biconfessionnelles
également. Est-ce que, finalement, votre inquiétude n'est pas, au
point de départ, que le respect de la confessionnalité dans vos
écoles va devenir beaucoup plus fragile et que, si ce n'était des
raisons administratives qui vous inspirent, vous demanderiez peut-être le
maintien des structures scolaires confessionnelles ou encore la création
de structures confessionnelles anglo-catholiques?
Le Président (M. Blouin): Mme Berty.
Mme Berty: Yes, I believe that response for that question, Mme
Lavoie-Roux, is in effect over the years from the period 1972 when the
English-Catholic population in Montréal, if you recall, requested
English-Catholic boards. Their numbers were double what they are now. In 1975,
at a reduced number and therefore reduced ability to service
"clientèle", it was still a viable number to demand English-
Catholic boards. Since 1975, and because of various reasons, decline in
the birth rate, language, legislation, etc., we see a continued decline: 39 500
presently declining in 1988 to 26 000 according to Island Council demographers
statistics. We want a long term solution. We want quality education and we
insist on the confessional character of our schools, as you have indicated,
administrative reasons being the quality educational services which we are
unable to provide in certain small boards. Even on the island, Verdun,
Sainte-Croix, you cannot offer the options, you cannot offer the emergence, you
cannot offer to our students. We are facing erosion to either the Protestant
boards or to the francophone sectors. So, yes, we are in that position at the
moment.
Mme Lavoie-Roux: Une autre remarque que vous avez faite et dont
le ministre devra tenir compte, parce que vous l'avez faite eu égard au
secteur anglophone, c'est le risque de déchirement du tissu social quand
les écoles devront faire un choix par un système de votation du
caractère confessionnel de leur école. Il existera dans le
secteur anglophone entre protestants et catholiques et il existera
également dans le secteur francophone, parce que même dans le
secteur francophone vous retrouvez aussi différentes tendances. La
proposition dans le projet de loi est, à mon point de vue, très
risquée.
Ma dernière question sera très courte:
Prévoyez-vous des difficultés de fonctionnement si le conseil
d'école était retenu tel que prévu dans le projet de loi,
avec les pouvoirs qui lui seraient accordés et dans ses relations avec
le comité de parents qui peut aussi être créé
à l'intérieur de l'école? Comment voyez-vous les relations
entre les deux au niveau d'une école, entre le conseil d'école
avec des parents, qui auront des pouvoirs de décision, et le
comité de parents qui, lui, sera consulté?
Mme Berty: Personally, I cannot see two not parallel structures
according to the projet. One will have power and the other will be
consultative. It will be a watchdog situation, perhaps. You will have one
group... I wonder if you will ever result in any constructive decisions at the
school level with these two parallel groups. It is basically a potential for
conflict again at the school commission level going to the board and
representing only a school, you are going to have conflict: I want this for my
school. No, I want that for my school. What about the global territory? What
about all of our pupils?
Mme Lavoie-Roux: So you see sources of conflict at the school
board level and at the school level?
Mme Berty: At the school Council level and at the school
committee of parents.
Mme Lavoie-Roux: Thank you.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Puisque les députés
ministériels ont épuisé le temps qu'ils avaient à
leur disposition, je donne maintenant la parole à Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Combien de minutes, M. le Président?
Le Président (M. Blouin): Neuf minutes, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je n'ai pas besoin de neuf minutes. I would like
to thank the English-speaking Catholic Council very much for having put their
case so forcefully. I think that my colleague, Mme Lavoie-Roux, has really
posed the question which to me is key. After having listened to so many other
groups about this question of confessionality, particularly in the English
community. I am really concerned about the proposed linguistic division as
applied to the entire province of Québec. I think that, off the Island
of Montréal, the force of numbers and declining population, and so on,
and accommodations that have been made for a number of years now, are pointing
in a very clear direction to linguistic boards. But, on the Island of
Montréal, I am worried because I do not see a consensus in the English
community. (21 h 45)
Having listened to you tonight, I really wonder... At the bottom of page
8 you said: "Too often, over the past years, members of our community have been
forced to compromise quality religious instruction for their children in order
to obtain quality education in our school system and vice versa." In opting as
you have in your brief for linguistic boards - and I am talking exclusively of
Greater Montréal now - I really wonder whether this is the answer: Given
the opinions that we are hearing from the English community.
Mme Berty: Yes. I personnally have some...
Mme Dougherty: I mean, do you feel that this is inevitable or
have you really seriously considered other solutions perhaps? Because, frankly,
I do no see why the law has to impose you solutions that are the same of Island
as an Island. I mean, if you really want to improve the quality of education
and the opportunity for the various
sectors of the community to be represented, then I think that we have to
look at different solutions for different people. What is your comment on
that?
Mme Berty: Mrs. Dougherty, I made reference, a few moment ago, to
presentations to previous Government, in 1972, when the number were double on
the Island for English-Catholic boards, again, to Island, Council mandated by
the Government, in 1975. The response, in both instances, was "no". The
rational for this response was that, in 1972, particularly, at that time it was
Bill 71, restructuring of Island schoolboards, reducing their number.
Mme Dougherty: Yes.
Mme Berty: It was impractical and too costly to introduce an
additional structure at that time when they were reducing structures. We now
look at a population that is half the number, I just find the question that
pose the possible option that you are suggesting is that, if it was not
reasonable in 1972 when our numbers were double under previous Government, we
would question now. As far as the council is concerned, because of our past
experiences, because of the strong movement of the Anglophone Catholics English
Catholic board and their refusal in the past, we looked at the long term
viability, and that is the key-word - on the Island. O.K? You are not speaking
off-Island - of an English-Catholic board and we cannot give you a definitive
response at this moment to that question. Again, if there is any consideration
by this group here to look at English-Catholic boards on Island, we would
certainly have to go back to our constituents. We would have to review the
implications and we would insist on an ongoing dialogue with the Minister
before any decision was reached in that area. I would have to state something
additional: We are somewhat sceptical when, in 1983, suddenly this option is
brought up when, in 1972, when our numbers were half, it was not viable. In
1975, our numbers were double and that was not viable. In 1975, it was not
considered viable by the Island councils to the Government. Is this a question
of an internal measure? Are we to go to restructuring again the
Anglophone-Catholics? Or is it a viable measure? Is it a question of political
expediency with respect to the opposition from the two major school boards in
the province of Québec? We have to pose these questions in all
sincerity. The Anglophone Catholics have been deprived of representation, have
been deprived of structures, and now, suddenly, is the option being opened? In
any linguistic structure anywhere, we insist on confessional guarantees and
proportionate representation.
That is all I can say.
Le Président (M. Blouin): II faut conclure en un peu plus
de deux minutes, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: You see, personally, I do not rule out any
arrangement, because I think that we are searching for something that makes
sense, something that will reduce conflict, not increase it, something that
will make sense for our children and something that will respect, as far as
possible, the desires of all groups. I raised the suggestion with the English
Catholic parents of the CECM; that is what I see as making possible sense. I do
not know, on a long term, how long you are looking, but it seems to me that the
desire for English Catholic education reflected in the structures all the way
up to the board is so strong, particularly at the elementary level, that,
personally, I do not think that the creation of English Catholic structure for
the elementary system on the Island... Because I see a different attitude at
the secondary level, I think that there is a greater chance of a real
linguistic integration still with confessional respect. I do not think
that this should be put out of the picture, and I think that is worth
discussing. Frankly, what we do not want in the English community is a
"little Ireland". It would be the saddest thing that ever happened, and I think
that we have to do everything possible to look at alternatives to avoid that.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Sur ce et, dans cette
atmosphère de pénombre, car, pour ceux qui entendent, je signale
que nous avons encore moins de lumière que nous n'en avions tout
à l'heure, je remercie le Conseil catholique de l'expression anglaise,
au nom de tous les membres de la commission, de sa participation à nos
travaux.
J'invite maintenant le Comité central de parents de la Commission
des écoles protestantes du grand Montréal à bien vouloir
venir prendre place à la table des invités et, pendant qu'ils se
rendront à la table des invités, nous allons suspendre nos
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 55).
(Reprise de la séance à 21 h 57)
Le Président (M. Blouin): Mesdames, messieurs, la
commission élue permanente de l'éducation reprend donc ses
travaux après quelques petits problèmes d'ordre technique qui
semblent maintenant bien résolus. Sur ce, j'invite maintenant les
représentants du
Comité central de parents de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal à nous présenter le contenu
de leur mémoire en une vingtaine de minutes. Je leur rappelle, ainsi
qu'aux membres de la commission, qu'en vertu de l'entente qui régit nos
travaux nous disposons maintenant d'une période complète d'une
heure afin de procéder à la présentation et aux
échanges entre les membres de la commission et nos invités. Si
vous voulez bien, d'abord, vous identifier et, ensuite, nous livrer le contenu
de votre mémoire.
Comité central de parents de la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal
M. Watkins (Kenneth): M. le Président, mesdames,
messieurs, thank you for the invitation. I am Kenneth Charles Watkins, chairman
of the Central Parents' Committee of the Protestant School Board of Greater
Montréal, also representative of Rosemont school. To my left is Dr
Michael Barr, Central Parents' Committee High School parents' representative to
the Board and representative of members of High school in Dunrae Gardens. To my
right is Mr. Marc Arnold, member of the CPC, representative of École
Willowdale and chairman of the same school. To his right is Mr. Peter Doherty,
secretary treasurer...
Le Président (M. Blouin): Je m'excuse, monsieur. Est-ce
que ce serait possible de rapprocher votre micro pour qu'on vous entende bien,
s'il vous plaît?
M. Watkins: And to his immediate right is Mr. Peter Doherty,
secretary treasurer of Central Parents' Committee and representative of the
Meatowbrook School.
Our brief has been prepared to detail some of the reasons why we are
unalterably and categorically opposed to the policies outlined in Bill 40. The
Central Parents' Committee and the parent body of the PSBGM were nearly
unanimous in their rejection of the proposals contained in the White Paper,
93%. Indeed only 5% were in favour and 2% had no opinion. It is interesting to
note that, even among parents in French schools, 80% were opposed, while in
English schools the opposition exceeded 95%.
It is our considered opinion that the powers given to parents by Bill 40
are illusionary. Chapters 5 and 6 explain in great detail the all-encompassing
powers of the Minister of Education; indeed he has the final decision on nearly
all aspects of education including those purportedly given to parents.
Our recommendations. Bill 40 must be withdrawn and replaced by a law
embodying the principles that parents have consistently held. We recommend that
the decentralization of the powers of the Ministry of Education of
Québec that was so popular during the Green Paper consultation of 1978
be carried out without further delay. The MEQ must live up to the promise of
the Green Paper and institute the changes that were so heavily supported by
parents, teachers' unions, administrators, school commissioners and the general
public during the consultation.
As recommended during the 1978 consultation, the local school boards
must be granted more autonomy. School boards must resume their former control
over their budgets, assets, staffing, pedagogy, etc., and all other aspects of
school policy, within the parameters of the minimum standards set by the
Provincial Government.
There must be more genuine involvement of the parents in decision-making
at the local boards. The half-hearted step taken in 1979 of putting nonvoting
parent representatives on the boards should be completed by giving them the
vote and increasing their number, perhaps up to parity.
The changes suggested above leave in place the structures of parent
representation that have grown up during the past ten years, the structures
already in place can be put to the service of greater parental participation
rather than simply discarded. We are not against change per se, but only
against what we consider as destructive change.
The MEQ consulted the parents at the time of the Green Paper. What did
the consultation show? Well, the MEQ summary says that pratically no one
doubted the desirability of decentralisation. About two respondents in three
preferred the school board as the prime mover of the school system; about one
in four thought it should be the individual school and the small remainder
chose the municipality.
The structure which results from the proposed restructuring will not
permit the new school boards to play an effective role as a buffer between the
schools and the MEQ. They are to function solely as administrative agencies
implementing MEQ policies.
The school boards have resisted many of the policies of the MEQ and have
defended the interests of those they represent both to the MEQ and in court.
Currently, the boards are fighting the MEQ over powers of boards, including
jurisdiction over curriculum. The Minister of Education, in trying to destroy
our present school boards, is also destroying a body that can expound our views
and is strong enough to resist MEQ policies that are detrimental to those the
board represents and to the education services it provides.
One of the glaring weaknesses of the new boards is the fact that the
representatives will have no mandate to concern themselves with any school but
their own. The commissioners on the present boards are elected to represent one
or more high schools as well as the feeder elementary schools. As such, they
are required to adopt a more global point of view. The new school boards are to
have so little power that they will effectively be under total control by the
Ministry.
Bill 40 proposes one commissioner per school. This will result, on the
Island of Montréal, in school boards with 50 to 60 commissioners.
À working committee with 50 or 60 is unrealistic.
We know that about 90% of PSBGM parents palled do not like the plan. The
parents who do not want the plan will be trapped. If they accept to be school
councillors, many will be doing it reluctantly. It is unrealistic to think that
just because there are 40 000 parents on school committees throughout the
Province, there will be enough to fill the school councils. The two are in no
way comparable. School committee members are volunteers, serving in a position
in which they have only consultative and advisory powers. The members of the
proposed councils may also have no real power. However, they will have the
legal responsibility of carrying out the policies of the MEQ. It is hard to
imagine that enough willing people will be found under these circumstances.
What about those schools - and there are all too many of them - whose
school committee is moribund? Will parents who now will not volunteer for the
comparatively miner job of serving on the school committee suddenly find that
they have the time to take on the major responsibility of running a school?
À school committee meets once a month for a few hours. It is unrealistic
to imagine a school council discharging its responsibilities in such a short
time.
The Bill abounds with internal contradictions and we detail a few.
Consider, for example, Article 30 which says that the school may integrate with
its educational scheme the values of the local community to which it provides
services. This is in direct conflict with Articles 292, 294 and 308,
particularly paragraph 1 in which it it clearly spelled out that the MEQ
controls the curriculum.
The heart of the Bill is contained in the regulations which will
accompany it. These regulations are to be left solely to the Minister of
Education, and not subject to debate and approval by the elected
representatives in the National Assembly. Until we see the regulations, we
cannot know how many problems there will be. For example, until the regulations
pertaining to the "regime pédagogique" were made public, we did not know
what we were up against.
In article 113, we find that the school shall establish standards and
modalities for the evaluation of pupil's learning achievements. However,
article 308.1g gives the MEQ complete powers, by regulation, over evaluation.
Moreover, article 298 gives the Minister the right to revise the results of the
examinations for whatever reason he deems appropriate.
Although the Minister of Education claims to be respectful of minority
rights, the rules for setting up of implementation committees have been so
drawn that those on the French Protestant rolls will have no representation at
all. Even on the Island of Montréal, there are likely to be represented
on none of the five implementation committees (article 368). It is even
possible those on the English Protestant rolls may fail to be represented on
one of the English implementation committees.
Now, we find in Bill 40 that the costs of implementing the
reorganization are to be borne by the present school boards from their
1984-1985 budgets (article 431), and thus will be a direct drain on the
educational funds. Only the Minister has to approve the budgets. I strongly
felt that in a democracy, people have the right to know in advance what the
costs will be.
PSBGM parents are deeply concerned by a serious omission in Bill 40. The
lack of a guarantee of special education services leads us to believe that
these essential components of a modern system of education may be absent once
Bill 40 is law. Nowhere in Bill 40 do we find a guarantee that children who are
learning disabled and who need appropriate services in the regular classroom or
special class resources will in fact receive those services.
There is no assurance in Bill 40 that the children special needs will be
served when the few references to special services are coupled with "The school
may develop programs..." (Article 100); "The Minister may establish a regional
system-wide school." (article 33). "The school board may draft, on the
recommendation of the advisory committee, (article 204), etc.
The needs of learning disabled or physically disabled children cannot be
left to the discretion or to the limited resources of an individual school.
The White Paper made much about decentralization and was widely promoted
on that basis. Bill 40 does not mention the word. In fact, it is clear that the
major effect of Bill 40 will be to give the policy-making powers of the boards
to the MEQ and allow the schools a few administrative duties. Thus the boards
will be reduced to the status of service cooperatives. As befits
its new structure, there will be no more parent committees to be
consulted by the new boards, no more parent representation on the new
boards.
The White Paper claimed that parents would have the power to control
their schools and guide them in the directions that they have chosen. However,
what is more likely to take place is that the MEQ will have complete control
over almost every aspect of school life. According to Bill 40, it will have
such complete control over financing of schools, pedagogical services,
teachers' negotiations, student evaluation, special education, adult education,
the preparation of lists of approved textbooks, etc., that the school council
will be reduced in status to administrators of policies handed down by the
MEQ.
There are evolutionary changes and revolutionary changes. Instant
institutions do not become effective overnight. We have no assurance that we
will have a viable system at the end. Would it not make more sense, in that
greater parental power and responsibility is necessary, to find mechanisms for
gradually increasing parental involvement in a way which does not turn the
whole system upside down? We strongly recommend that various schemes be tried
on an experimental basis, on the understanding that the successful ones would
be extended and the failures discarded.
Regardless as to how good or bad Bill 40 is one cannot remain
indifferent. There are a number of questions that must be asked, amongst which
the most important is: Who or what will be in the ultimate control of all
aspects of education in this province? The answer is simple and inescapable, if
you have read chapters five and six; it will be the Minister of Education or
the Ministry of Education. Why? Regulations. The regulations are not contained
within the Bill. They are the insidious means by which any Minister of
Education, present or future, is given the opportunity to choose the manner in
which our children are to be taught, without any parliamentary debate or
control.
In effect, whether we wish to believe it or no, the governing of most
aspects of education is to be done by decree. How few times is the word
"children" mentioned in Bill 40? And that is what education is about: children.
The education of our children is beyond and must always remain beyond the power
that any one person thinks he or she has or even aspires to.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. Watkins. M.
le ministre.
M. Laurin: I would like to thank first...
Le Président (M. Blouin): Un petit moment, M. le ministre.
Vous aviez un mot à ajouter, M. Watkins?
M. Arnold (Marc): On aimerait faire la lecture de la copie
française de cet exposé, si possible.
Le Président (M. Blouin): Non, ce n'est effectivement pas
possible. 0e crois que tous les députés ont reçu de toute
façon la copie française du texte que vous venez de lire et,
compte tenu des délais dont vous êtes maintenant conscients, je
crois que nous limiterions de façon excessive les débats que nous
pouvons maintenant avoir entre les membres de la commission et votre organisme.
D'accord? M. le ministre.
M. Laurin: Yes. I would like first to thank the Central Parents'
Committee of the PSBGM for the brief it have submitted to the commission. I can
see that it is strongly opposed to Bill 40 but I humbly suggest that this
opposition is based on a biased and inexact reading of Bill 40, because I do
not recognize at all Bill 40 in the description it has made of it. I could cite
many examples of this but I will limit myself to only two.
In page 2 of your brief, you say that the parents will no longer be able
to participate to any decision-making process above the level of individual
schools and that even at this level there will be very few decisions to make.
You continue in saying that we will abolish all parents' structures, central
and regional. I do not see in Bill 40 where we abolish any structure of this
kind and, moreover, I think it is evident for everyone that, at the present
time, the parents' committee in the school has no decision-making power at all.
So, how can we abolish the decision-making power that does not exist at all at
the moment?
In page 11, you continue and I could quote other examples. You say that
Bill 40 does not provide any guarantee that children, students having learning
difficulties or adaptation difficulties who are in need of specialized services
will no longer receive those services. I do not understand how you can submit
those things. My conclusion is that you have not read articles 5, 6, 7, 8, 11,
12 and 204 of the Bill. There, it is clearly stated that all those students
will continue to receive the services they have at the moment and that the
school board will be responsible for not only elaborating policy but also
providing all services needed for those students, but I do not want to continue
in that direction.
The most interesting fact in your brief is that, in spite of all your
objections, you agree that the participation of parents at the school board
level is not satisfactory at the present time. You would like the parents
taking greater share in the decision-making process at the school board level.
You go
even further and you advocate an increase in the number of parents
sitting at the school board Council and, not only that, you would like to see
the parents having now a voting power which they do not have at the moment.
This is a recommendation that has been put to us by many other groups,
including the McGill Faculty of Education. Does that mean... Could you specify
a little more your proposal on that score? For example, would this mean that
you would be in favor of a new mode of universal suffrage whereby, for example,
half of the commissioners would now come from the school level, from the
parents working at the school level? (22 h 15)
Le Président (M. Blouin): M. Watkins.
M. Watkins: Thank you. Mr. Minister, yes, we could see about half
being elected by universal suffrage and the rest being elected either by a
school committee or through the central parents committee. I would like
clarifications on a point that you have raised in Bill 40. We saw absolutely no
proposals for the equivalent of central parents committee or regional parents
committees. There was only a may for school committees.
M. Laurin: But no proposition to abolish them either.
M. Watkins If this is to be the bill in which we have to work in,
there are not only the non-establishment of these, but also they do not have
any legal weight. They have no legal recourse at all. So if this is to be the
new Education Act, I am assuming at this point it supersedes the old one and
therefore, we are lost as regards central parents committee, regional parents
committee and the powers of that school committee.
M. Laurin: But it is not part of the present law anyway. We do
not have any provision abolishing what is existing now at the time.
M. Watkins: So the present bill will continue in tandem with Bill
40. Is that what you are stating? Is that what you are stating, Mr. Minister,
that the present...
M. Laurin: No. I said that the present law does not abolish
anything that exists at the present time, but we advocate a new structure
whereby parents would be much more present than they are, and in a more
responsible position than what they are in at the moment. Not only that, but
the parents would be present at the school board level in a much more efficient
way than in the present conditions. So that is why I say that your reading of
the law, as far as the presence and power of parents is concerned, does not
seem to me to coïncide with the text of the law.
M. Watkins: The only problem, Mr. Minister, is that we usually
when we read something, we assume that everything is there. You must forgive us
if there is something not there that you intend proposing. There is nothing
there concerning central parents committees, regional parents committees and
there is something on school committees. If I understand what you are saying,
it means that the central parents committee will still be electing two parents
commissioners to the Board. That is one of their functions that is something we
already have a right t under the law at present time. If we do not have that
right, then there has been a change.
M. Laurin: I understand that, wishing to preserve the actual
state of things, you talk about the central parents committee, but in Bill 40,
we set up a different way for parents to participate in the decision-making
process and we participate in a different way, a more efficent, more present,
more responsible way to participate also at the school level. This is a
difference of orientation.
M. Watkins: Forgive me for flogging, Mr. Minister. Are you
getting rid of the central parents committee and the regional parents committee
or not, under Bill 40?
M. Laurin: It is part of the orientation whereby the parents will
have a bigger say, a more important say, a more responsible say, not only at
the school level, but also at the school board level because of the way the new
election is devised.
Le Président (M. Blouin): Cela va, M. le ministre? Merci.
M. le député d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Ryan: M. le Président, la délégation du
Comité central des parents du PSPGM demandait au ministre si le
comité de parents demeurait ou disparaissait avec le projet de loi 40.
Si le ministre lit son projet comme il faut, à l'article 619, il
trouvera que la nouvelle loi remplacerait les neuf premiers chapitres de la Loi
sur l'instruction publique. Cela comprend le chapitre dans lequel il est
question du comité de parents. C'est l'article 52, au chapitre III. Les
parties I à IX se trouveraient à tomber complètement en
désuétude. Alors, la réponse à votre question,
c'est oui.
Regional parent committees would cease to exist if Bill 40 were to come
into effect. It is very clear under provision 619
of Bill 40 which provides that the first nine parts of the present law
on public instruction be replaced by the new legislation. The parents
committees are dealt with in Part HI of that law so it would be superseded by
the new Bill. I think it is crystal clear. The answer to your question must be
yes, with no qualification. If I am wrong, I would gladly suffer
correction.
Je veux vous remercier de la présentation que vous avez faite et
que j'ai lue avec intérêt. Votre mémoire donne souvent
l'impression d'un pamphlet plutôt que d'une étude froide et
impartiale du projet de loi. Il y a des passages qu'on pourrait discuter. C'est
un style qu'on accepte très bien en commission parlementaire. Je ne
voudrais pas que vous soyez gênés à cause de cela. However,
he who uses the sword must expect that the other party will do the same. Je
trouve que le ministre a été assez doux, peut-être parce
qu'il est fatigué à cette heure-ci. On aimerait que ses
décisions soient aussi douces, cela irait très bien.
Dans votre mémoire, il y a une chose que vous dites au sujet de
la représentation des parents à la commission scolaire. You
mentioned that you would be prepared to accept that about half of the members
of the school board aught to come from direct parent representation, either
through regional parent committees or through the local school committees. Do
you not see that there would be a contradiction in this, from the standpoint of
democratic representation? Those people who serve as commissioners are also, in
most cases, parents. They derive their mandate from the population at large,
whereas the other half, made up of so-called professional parent
representatives, would be intrusted with a stronger mandate from a democratic
point of view, if they came to the school board that way. Do you not feel that
sitting on a school board to represent the parents as they do at the moment -
there may be more of them, I would not mind - without being obliged to vote on
all issues, speaking from the point of view of parents, with only the interest
of parents and their children on their mind, are they not in a better position
to influence the school board, from a strictly pedagogical point of view, than
if they were school board members at large?
Le Président (M. Blouin): M. Watkins.
M. Watkins: It is a difficult problem to deal with. The general
feeling of our parents was that they are the most involved ones at the school,
not really the community at large. The principle still remains that whoever
pays taxes has a right to vote and the compromise appeared to be that, yes, we
could have at least half by universal suffrage, but for those who are more
directly involved in school problems, that they have a greater say than they
have now. As you are very well aware, the central parents committee elects two
parent commissioners to the board, but they do not have the right to vote. They
have the right to express their views. It was felt that if they have the right
to express their views and can propose motions and amendments and so on and so
forth, surely they should be able to vote. They have often a strict mandate
from the central parents committee, saying: This is how we feel; go in and give
them hall and vote this way.
M. Ryan: Is this the feeling in your community?
M. Watkins: Very strong.
M. Ryan: O.K.
M. Watkins: Very strong.
M. Ryan: I accept that. Now, I have a second question deriving
from a passage on page 9 of the full text of your brief. You say that under the
system proposed by Bill 40 there would be the risk that, where there is a
strong religious majority, there might be no possibility of finding even one
school which has not aligned itself with that religious majority, thus
producing educational organizations which are anathema to the minorities. Did
you locate that passage?
M. Watkins: Yes, Sir.
M. Ryan: Would you please explain that?
M. Watkins: As most people know, Montréal is very diverse
both in its ethnic population and its religious affiliations. Some tend to
concentrate more in one area than another. There are going to be schools
situated in an area where you will have a mix of religions and ethnic groups.
If you have a 60%-40% split or even a 70%-30% split along religious lines, it
means that 30% are literally disen franchised. That could happen in many
groups. You are then going to have - using the expression that was brought up
earlier - little islands all over the place.
This will literally blow the communities asunder. I cannot imagine the
fights going on in committees and all around, in the community, as to what that
school should be and why. Why are the people not treated equally? It is
something that we find just horrifying.
M. Ryan: What should be done in order to prevent that
possibility?
M. Watkins: In our minds, it should be a boardwide system. If you
have, as we do now with the Protestant school boards of Greater
Montréal, all the schools affiliated with a particular board, with a
particular orientation, we do not have confessional problems within our
schools. Now, if you get rid of the confessional boards in the way that is
proposed here, then I am afraid anarchy rears its ughy head.
M. Ryan: So, would you prefer to see English-speaking Catholics
remain under the Montréal Catholic school board, the Le Royer school
board and the Verdun school board or the new school boards which would come out
of Bill 40? Where would you situate English-speaking Catholics under your
philosophy?
M. Watkins: I would rather not speak for the English-speaking
Catholics. I would rather they spoke for themselves for two reasons. One, they
know their system very well and they know the problems within their own system.
The second thing is that we are not Catholics and I do not think it would be
fair of us to speak for them.
M. Ryan: I am asking you the question because you were here for
the previous presentation.
M. Watkins: I was.
M. Ryan: You must have heard them say that they are in favor of
linguistic school boards. So, if you were to have linguistic school boards, you
are afraid that we would run into the kind of problems which you mentioned in
your brief?
M. Watkins: Absolutely.
M. Ryan: So, you are in favor of maintaining Protestant school
boards?
M. Watkins: Correct.
M. Ryan: And would you insist upon keeping the present boundaries
of the PSBGM?
M. Watkins: Yes. M. Ryan: Why?
M. Watkins: It is a large board. As such, it has the capacity to
carry specialists on the administration level. If there is a problem within the
teachers' ranks and they need consultants, they can go to the board. It is a
large organization and, as such, they can employ the specialists and so on that
are needed. If it is a small board, they literally cannot afford these
specialists. That is where the major difference comes out. M. Ryan:
Thank you. M. Watkins: You are welcome.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
M. Payne: J'aimerais dire quelque chose en français et
peut-être passer en anglais par la suite, parce que je parle
peut-être trop en anglais ici.
Dans le mémoire, vous dites: Nous ne trouvons nulle part dans le
texte du projet de loi 40 la garantie que les enfants en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage et qui ont besoin de services appropriés
au niveau des classes ordinaires les recevront. C'est une affirmation
catégorique. Or, dans le projet de loi, l'article 8 - et je le cite en
français - dit ceci: "Les services éducatifs particuliers
à l'élève en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage comprennent des services d'enseignement ou des services
complémentaires spécialisés". Je ne comprends plus rien.
Avez-vous des commentaires? (22 h 30)
M. Watkins: I see Article 8, yes, and I have the correct section,
yes. What is your question, Mr. Payne?
M. Payne: Je dis tout simplement que ce que vous affirmez est
contredit carrément par l'article 8. You say that special educational
services do not exist - I will quote you exactly - that there is no assurance,
in Bill 40, that children with special needs will be served when the few
references to special services are coupled with "The school may develop
programs" Article 100). I quoted from the law which says - and I am referring
to a responsibility which the Government gives itself - that "Special
educational services for pupils with social maladjustment or learning
disabilities comprise educational services and specialized auxiliary
services".
M. Watkins: Thank you, Mr. Payne. If I may now respond, Mr.
Chairman.
Le Président (M. Blouin): Oui, bien sûr.
M. Watkins: That appears to be in contradiction with the other
section of the Bill which says that the school may develop programs, the
Minister may establish, the school board may draft, it is not a "must". If it
were a "must", I would agree with you, but if you leave it as a decision that
can be made at the school level, then I have concerns. Perhaps the school, that
particular school, does not have its priorities listed in that way. Can the
board, if it is a small
board, afford to have special schools within that region that would take
into account children with learning disabilities?
M. Payne: There has been a great deal of jurisprudence in this
particular area, with respect to educational rights, and I would submit to you
that somebody would have a very strong case if they could demonstrate that
those fundamental rights, spelled out in Articles 5, 6, 7, 8, 11 and 12,
referring to individual auxiliary services, concerning academic counselling and
vocational guidance, school pastoral services, assistance services in
psychology, speech therapy, educational psychology and services for pupils
seeking employment or in need of health and social services - that is just
Article 5 - were not guaranteed. Somebody would have a strong case.
But I would go further with respect to the points which you have brought
up. When you refer to the fact that the school commission "may", it is
precisely to respect the kind of autonomy that you are asking for in your brief
that the legislator does not impose that obligation on the school commission.
But - and that is the big "but" -in that chapter I which addresses itself, as
most bills do, to basic rights, the legislator assumes one enormous social
responsibility. On the one hand, you talk about centralization, but you object
to the fact that we simply say in the law, later on, that they may apply
that.
M. Watkins: I really have no idea how to respond, Mr. Payne.
À "may" and a "must" are not the same. If the board must do something,
and you allow the board the funds to put in that program the way the parents
who are sending their children to that board feel about it, then fine, it is a
must and I can see no better area where the Government could step in and say:
Look, you must provide the minimum for these children; they have specific
problems, they need special help and here are the funds to do it. Perhaps it is
the wording, Mr. Payne, but to me it is not at all clear.
M. Payne: I repeat, before I move on to another question, a major
objection which
I have to your assertion that no assurance, in Bill 40, is given that
the children with special needs will be served. As I say, I have just read
Article 5, I could read you 6, 7, 8, 11 and 12 which list basic rights. The
legislator assumes upon himself to offer those rights to the community, but
does not put it down their throats, as your cartoon so eloquently or
ineloquently demonstrates in the newspaper which I read a short while ago
showing the Minister putting the reform down their throats. On the contrary, we
say that the school board may prevail itself of those basic rights and as I
say, jurisprudence would go a long way to demonstrating the need for the
legislator to respect that.
When you talk about religious guarantees, you talk about Articles 110
and 111 concerning pastoral and religious animation. I think one should realize
- and you must surely appreciate - that the reason for these two particular
articles is that they reply to or correspond to a situation in fact and
reality. I have discussed this with members even of the Opposition and
different people. With the Catholics, for example, "la pastorale" was always
considered to be an integral part of the religious school education.
Correct?
M. Watkins: If you are talking about the Catholics, I would have
to take your word for whatever you say.
M. Payne: Well, do take my word for it.
M. Watkins: I certainly will.
M. Payne: With respect to the Protestants - this is where you can
enlighten the commission - the Protestant school commissions judged inopportune
in the most cases to use pastoral services precisely because it was against the
religious philosophy of those school commissions to have them. Is that
correct?
M. Watkins: Mr. Payne, what we were pointing out is the
difference in the way the Protestants were treated and the way English
Catholics were treated. When you say "the school shall offer" and that school
is a so-called Protestant school, it will have to have that service for
Catholics within their community. However, it is not the reverse case.
M. Payne: I will put my question in another way.
M. Watkins: Fine.
M. Payne: Am I right in presuming that the Protestant school
boards judged inopportune to affect resources to these particular pastoral
services precisely because it was judged unnecessary by a number of Protestant
churches? If you want an example to demonstrate that, you can refer to the
United Church that came before us just a few days ago.
M. Watkins: I cannot answer for the boards. In fact, I would
rather not answer for the boards and I certainly will not answer for the
Church. I am just a regular parent in the PSBGM system.
M. Payne: But you are making criticism of Articles 110 and
111.
M. Watkins: Yes, because that affects us as parents. You are
treating us as Catholic parents. It is quite different for us, as Protestant
parents.
Le Président (M. Blouin): M. le...
M. Payne: I am asking you to substantiate what is an implied
discrimination in the law.
M. Watkins: You have stated that in a Protestant school we must -
a school, the school, whether it is a Protestant school or a Catholic school -
provide pastoral services.
M. Payne: One simple question... M. Watkins: Yes, sir.
M. Payne: ...again. Is it your experience that pastoral services
exist generally in Protestant school boards?
M. Watkins: When requested.
M. Payne: No, I said: Is it a fact that presently, pastoral
services exist generally in Protestant school boards?
M. Watkins: When requested. I cannot give a number. It really is
impossible for me to do that.
M. Payne: And I will conclude in saying that the reason why the
legislator has put that in is to reflect... You say you are not in a position
to give information or to know what the situation is, but I submit that the
legislator is reflecting exactly what is the current practice and that is the
spirit of it, but if you believe that, in fact, the legislator should
corroborate or put exactly the same guarantee or demands for both, then you
should submit that position. But when you infer discrimination, I think one
should back it up.
M. Watkins: I think we have... I think those two Sections, 110
and 111, speak for themselves, Mr. Payne.
M. Payne: When you say that there is no mention of children in
the law, what on earth do you mean?
M. Watkins: We did not actually say that, Mr. Payne. We said the
word "children" is very seldom mentioned.
M. Payne: I am sorry. You said that it was very seldom mentioned,
but let us call a spade a spade. If we talk throughout the Bill of pupils, what
is the difference between a child and a pupil?
M. Watkins: A child and a pupil, yes, probably just age.
M. Payne: Well, in that case, the legislator is well-advised to
use the word "pupil", because we are going right through Secondary V and we are
not referring to children.
M. Watkins: As you wish.
M. Payne: My fourth concern is that, underlining your brief, you
say that throughout the world schools are trying to improve the quality of
education with respect to maths and sciences. You say that the minister of
Education has decided to reduce it, at least in the Protestant school boards.
Can you demonstrate that?
M. Watkins: I would like to pass that question on to Mr. Barr who
is perfectly able to answer you.
M. Barr (Michael): Thank you. Two years ago - I do not have the
statistics with me - I certainly demonstrated to my own satisfaction that the
amount of maths and sciences signs under the "régime pédagogique"
- which I admit is not part of Bill 40, but it was just mentioned by way of
example of the actions of the Ministry -that a child would be permitted to take
in a PSBGM school is reduced nearly by half. I did the actual year by year
computations and that was the result.
M. Payne: With respect to that, the "régime
pédagogique" which followed upon a considerable consultation guaranteed
a minimum in precisely both of these areas. We have not heard represented
before us the fact that the Government or the legislator, by the law, is not
insisting sufficiently on basic material. On the contrary, the thrust of most
people is that we should increase basic subjects, at least it is a movement
throughout many provinces and certainly in many other countries. I submit to
you that the "régime pédagogique", in offering that minimum,
should counteract any problems that the PSBGM has had. Are you submitting to
this commission that it had been cut in half? Are you talking about 1984?
M. Barr: That is what I said. I demonstrated that. As I said, I
do not have the figures with me. The basic courses that are required in the
"régime pédagogique" include such things as personal and social
development and career planning, which I do not think are basic courses.
M. Payne: If you read the "régime pédagogique", you
will find that under that disposition and as allowed under Bill 40, it is now
possible for the school to develop its local curriculum and increase basic
time, should it so desire.
M. Barr: With the approval of the Minister.
M. Payne: Where does it say that?
M. Barr: Well, the "régime pédagogique" says it. I have
read it.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Vachon. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Mr. Chairman, I
really do not appreciate, the attitude of the "député de Vachon"
who seems more intent on trying to corner those who come to present their
opinion or to prove that they do not know what they are talking about, rather
than trying to search for solutions and throw some light on the whole
issue.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît!
Mme Dougherty: I would like to thank you very much, the
representatives of the PSBGM parents committee, for presenting your views on
Bill 40. I have a number of questions. Mr. Chairman, how much time do we
have?
Le Président (M. Blouin): Treize minutes, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Treize minutes. Le Président (M.
Blouin): En tout.
Mme Dougherty: D'accord, merci. Très bien. Deux minutes
pour le député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Blouin): De toute façon, nous ne
pourrons excéder cette période, Mme la députée de
Jacques-Cartier. (22 h 45)
Mme Dougherty: Merci. First of all, I would like to ask you about
the parents' role. You have raised considerable objection, as many other groups
have, to the role of parents as conceived in Bill 40, the role of parents as
administrators of the school. At the same time, you have said that you felt
that it was important that the parents' role should be reinforced but that this
could be done without turning the system inside out. What I would like to know
is this: Precisely, can you define for us what you see as the legitimate role
of parents in the school? How could this be realized without turning the system
inside out?
Thirdly, if you had your choice, or in stating that you would possibly
see a compromise in terms of the board role, the board composition - you said
that you could see half of the board made up of parents -is that a compromised
choice or would you prefer the structure which presently exists, having the
parent committee as an advisory body? In other words, if you were able to
maintain the same parent structures we presently have, is that your preference?
Would you still want to see parents forming half of the school board?
M. Watkins: There were four questions; I hope I get them in the
correct order. Parents want to be primarily fully informed, consulted about all
aspects of school life. Parents have certainly indicated it clearly on numerous
occasions. Some parents, in some schools, can take more time to go into their
schools than others. There are differences between communities, so that the
Bill must allow for flexibility.
Essentially, what they want is decision-making powers at the
policy-making level. It is as simple as that. They do not want to administer
their schools. It is decision-making powers at the policy-making level. If the
policy is made at the parent committee level, they want it. If it is made at
the board level, they want it. If they make it at the ministry level, it would
certainly be nice if there were a few regular parents up there keeping them
informed. It is at the policy-making level. I think that answers the first
question.
Now for the second one. Yes, Madam.
Mme Dougherty: You have said that they want decision-making
powers at the policy level, but what about the influence, the consultation and
powers of influence other than decision? I am trying to get at the structure
that will facilitate the powers that you envisage.
M. Watkins: At the moment, we have three basic parent committee
groups: school committees, regional committees and a central parents
committees. They all serve a function and they all overlap in their functions.
It is the passage of information to and from, eventually, the board, because
the Central Parents' Committee works very closely with the board. It is the
advisory body to the board, in effect. All complaints, all solutions or
whatever come through us to the board. The board's decisions are passed down by
us in the way of information as to why it has occurred in that way. We honestly
do not see that within Bill 40. There is no mention of Central Parent's
Committees...
Mme Dougherty: No.
M. Watkins: No mention of Regional Parents Committees. You may,
but only may have school committees. That, to us, is the way in which the
information at the grass roots, at the school level passes through and, often,
problems are solved along the way. They do not actually get to the board.
Often, there is a question of information, who to see and when to see them and
so on. But, eventually, at the policy-making level at the board, we have input,
but we do not have the vote and we would like the vote. We would like to see
greater parent representation at the board level.
Now, there was a lot of discussion on the numbers. How many parent
commissioners should we have? Ask ten different people and you will get ten
different answers. We said: Regionally, parity. A lot of people did not like
that. They said: That goes against the universal suffrage thing and why should
parents, just because they are parents, by accident or design, suddenly have
this wonderful opportunity?
Mme Dougherty: Right.
M. Watkins: So, then, we said: "Perhaps parity", would that be
better? They said: Yes, because, then, we have flexibility and we can agree on
a number later. Now, as regards the upheaval that we are going to go through -
there is no mistake in our minds that Bill 40 will be upheaval - the suggestion
we have made was something that the Minister had proposed several years back,
that is the orientation committees. The structures are already there. Why not
make their establishment easier? Why not give them powers that they do not
already have?
Mme Dougherty: In other words, you support the idea of the
orientation councils?
M. Watkins: If we have to, we will go along with the orientation
councils.
Mme Dougherty: No, not if you have to.
M. Watkins: Yes. No.
Mme Dougherty: I am looking for what you want. I think that some
people are sort of saying: It is going to happen, we have to salvage the best
we can out of it. I am asking you what is desirable.
M. Watkins: You see, within our school system, we have some
schools that are extremely active and others that are not.
Those that are extremely active should be allowed to have orientation
committees and put the school on the road they feel it should have. For those
schools that are not that active, that do not want to have this responsibility,
they should have the option of saying: No, we do not want it. We would prefer
that the board continue the way it is, whatever board.
Mme Dougherty: There is an option in the Bill on a temporary
basis, whatever that means, for a school council to delegate powers back to the
board. Does that make any sense? Would this happen in your schools in many
cases?
M. Watkins: In some schools, but we would have to question what
powers and how temporary.
Mme Dougherty: O.K.
M. Watkins: That, to us, was not very clear.
Mme Dougherty: I want to leave just a couple of minutes for my
colleague, Mr. Polak. On the business of special education, it has not come up
too much so far, but I think that your point of view is well taken about the
splintering of the responsiblity that would occur so that these children would
fall between stones. I think it is very important, perhaps just to make the
point here, that it is all very well to give rights, rights for this service
and rights for that service, but what is happening, as I see it, is that when
you confer a right, you have to confer the obligation on somebody to provide
the service and the obligation is not clear. With every obligation, there has
to be some money. Too often, the Government tends to make everything look great
by conferring rights, but the money to do the job is not there. This disturbs
me very much. I think it could very well happen that special education become a
very low priority on the scale and a great many children would suffer. So, I am
not asking for your comment, because I would like to turn it over to Mr.
Polak.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Anne, je vous signale que vous disposez d'un peu plus de deux
minutes.
M. Polak: Je serai très rapide. Mr. Watkins, may I recall
that I was Chairman of the Central Parents' Committee at the time that Mr.
Payne was said to be fishing out illegal kids for the Minister of Education? Do
you remember that, a few years ago?
I have one question. In the "projet de loi 40", when the Minister wants
to, as he says, give back powers to local schools, the
problem that I see is this. I would like to have your comments. From
area to area, we have, in the "commission scolaire catholique de
Montréal, un réseau d'écoles de milieux
défavorisés". I see the danger that a school in a
social-economically depressed area does not have the same equipment perhaps,
parent wise, to run a school as it has in another area. I think that the role
of the board is to act more as an equalizer. What is your position on that?
M. Watkins: There is no question that some schools are more
capable than other schools, as regard the parent level, but it is not
necessarily in unfavored areas. It may be quite the reverse. It does not
necessarily go with the region, point one.
The second point is that the parents have not been asked by most groups
whether they actually want to administer their school and when we ask our
question to our parents, they say: Good Heavens, no! Why would we want to do
that? There are some jobs parents do very well, but there are some jobs you
have to leave to a professional and education is one of them.
Le Président (M. Blouin): Alors, vous concluez en quelques
secondes, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: Non. Je n'ai pas d'autres questions et je ne prends
jamais avantage du droit que vous m'accordez.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, merci,
Mme la députée de Jacques-Cartier. Merci, M. le
député de Sainte-Anne.
Sur ce, au nom de tous les membres de la commission, je remercie le
Comité central des parents de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal pour sa collaboration aux travaux de
cette commission parlementaire.
La commission élue permanente de l'éducation ajourne ses
travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 55)