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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de l'éducation reprend
ses travaux. Je vous rappelle que le mandat de cette commission est d'entendre
toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur le projet de loi
40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Les membres de cette commission sont: MM. Brouillet (Chauveau),
Champagne (Mille-Îles), Cusano (Viau), Mmes Harel (Maisonneuve),
Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Hains (Saint-Henri), Laurin (Bourget), Leduc
(Fabre), Paré (Shefford), Payne (Vachon) et Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Charbonneau
(Verchères), Maltais (Saguenay), Doyon (Louis-Hébert), Gauthier
(Roberval), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Rochefort (Gouin) et Sirros
(Laurier).
Comme l'exige le règlement, je vais maintenant vous donner
lecture de l'horaire d'aujourd'hui. Ce matin, nous entendrons la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. À 15 heures, nous entendrons la faculté des
sciences de l'éducation de l'Université McGill et l'Association
des cadres de la Commission des écoles catholiques de Montréal.
À 20 heures l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires et, ensuite, l'Association des cadres scolaires du
Québec.
M. le député d'Argenteuil.
Les organismes invités M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, avant que nous commencions les
travaux de la journée, je voudrais porter à votre attention
certains messages qui me sont parvenus au cours de la journée d'hier en
provenance d'organismes qui insistent pour être entendus par la
commission parlementaire à l'occasion de ses travaux sur le projet de
loi 40.
Un premier message me parvient de la commission scolaire de Magog et se
lit comme suit: "Nous comptons sur votre appui pour être entendus
à la commission élue permanente sur l'éducation. Compte
tenu de notre expérience en matière de décentralisation,
nous considérons pouvoir apporter un éclairage positif sur les
enjeux de la loi 40. Nous avons avisé le ministère de
l'Éducation de notre intention d'ajouter une annexe à notre
mémoire tel que présenté qui porterait sur le partage des
pouvoirs entre l'État, le ministère de l'Éducation et la
commission scolaire." C'est signé: La commission scolaire de Magog.
Il y a un autre message de la Québec Association of Catholic
School Administrators, signé de son président, M. Leonard Tynan.
Il se lit comme suit: "The Québec Association of Catholic School
Administrators representing the in-school administrators of the English
Catholic Schools of Québec protests in the strongest terms that it has
not been invited to address the Parliamentary Commission on Bill 40, despite
the written assurances that it would be heard. It is imperative that the
position of the English Catholic School administrators be presented to the
Commission. We urge the Minister to include our association among those who
will be permitted to present their views."
Il y en a un autre en provenance de M. John Hayes, président de
la commission scolaire régionale de l'Estrie. "M. le
député, nous comptons sur votre appui pour être entendus
à la commission élue permanente de l'éducation. Compte
tenu de notre expérience en matière de décentralisation,
nous considérons pouvoir apporter un éclairage positif sur les
enjeux de la loi 40. Nous avons avisé le ministre de l'Éducation
de notre intention d'ajouter une annexe à notre mémoire tel que
présenté, qui porterait sur le partage des pouvoirs entre
l'État, le ministère de l'Éducation et la commission
scolaire." John Hayes, président de la commission scolaire
régionale de l'Estrie.
Un autre message signé Dr Martin Murphy, président,
Association of Directors of English Schools. "As you know, the Association of
Directors of English Schools Inc. represents the English Catholic executive
personnel of Catholic school boards in Québec. We cannot understand why,
in all fairness, the leadership of English Catholic professional educators in
this province has not been invited to appear before the parliamentary hearings
on Bill 40. And no other group can speak on our behalf. Simple logic should
dictate that our presence would be not only desirable but essential,
particularly on this issue which will have such a significant impact on the
future of English Catholic education in Québec. Surely to have failed to
have invited us was not
deliberate. We trust that we will receive an affirmative response by
Friday of this week."
Un télégramme du président de la commission
scolaire Lac-Témiscamingue, M. Gabriel Bastien. "La commission scolaire
Lac-Témiscamingue n'accepte pas de ne point être entendue. La
commission exige de pouvoir présenter le point de vue de sa population,
tel que promis dans la lettre de Jacques Girard, sous-ministre."
Un message ici de M. Yvon Raymond, directeur général de la
commission scolaire de l'Asbesterie. "Les commissions scolaires de
l'Asbesterie, Coaticook, Lac-Mégantic, Magog, La Sapinière, ainsi
que la commission scolaire régionale de l'Estrie vous ont fait parvenir
un mémoire sur le projet de loi 40. Les commissaires de la commission
scolaire de l'Asbesterie vous demandent avec insistance de recevoir les
représentants de la région de l'Estrie pour entendre leurs propos
en commission parlementaire qui a cours présentement. Nous nous
permettons de vous signaler que ces commissions scolaires couvrent un vaste
territoire et représentent les niveaux préscolaire, primaire et
secondaire. De plus, nous serions disposés à y annexer un certain
nombre de réflexions sur le projet de réglementation et
particulièrement sur le partage des responsabilités et les
relations entre le ministère de l'Éducation et les commissions
scolaires. Ce document complémentaire pourrait vous être transmis
dès que nous aurons reçu une réponse positive à
notre demande".
J'en ai encore une couple, M. le Président. Il y en a un autre
ici qui vient du Dr John Simms, président de la Québec
Association of Protestant School Boards. C'est un message. Peut-être que
le ministre ou un de ses collaborateurs aurait quelque chose à nous dire
là-dessus. Il demande un changement dans le programme qui a
déjà été annoncé pour une raison
donnée ici: "Copy of telegram sent to the Minister. Due to a previous
commitment, the Québec Association of Protestant School Boards requests
that the order of presentation of briefs be as follows..." Il y a une
proposition. Je pense qu'il serait bon que nous soyons informés
dès cette semaine, afin de nous préparer en conséquence.
Ce sont des organismes qui doivent venir la semaine prochaine.
Un message du président de la commission scolaire La
Sapinière, M. Marcel Lamoureux. "Lors d'une session du conseil des
commissaires, les commissaires de la commission scolaire La Sapinière
ont adopté la résolution suivante, portant le numéro
83-79. Le titre: Présentation en commission parlementaire du
mémoire préparé par un groupe de commissions scolaires de
l'Estrie. Le texte: Considérant l'invitation que le ministère de
l'Éducation avait faite à tous les organismes
intéressés de présenter un mémoire relatif au
projet de loi 40 en vue de la commission parlementaire; considérant que
cette invitation nous a été relancée par le caucus des
députés de l'Estrie; considérant la sélection pour
le moins très restrictive faite par le ministre de l'Éducation
concernant les mémoires qui doivent être entendus en commission
parlementaire; considérant que cette sélection prévoit
qu'un grande nombre de citoyens et d'élèves de la région
de l'Estrie ne seront pas représentés en commission
parlementaire, il est proposé par M. Marcel Lamoureux, et résolu
unanimement, que demande soit faite au ministre de l'Éducation, M.
Camille Laurin, de revoir sa décision et d'inclure au nombre des
mémoires à entendre celui présenté par un groupe de
commissions scolaires du territoire de l'Estrie."
Un dernier message de Mme Jeanne G.-Bédard, présidente de
la commission scolaire Lac-Mégantic: "Nous sollicitons votre aide afin
que vous supportiez la demande que nous avons adressée au ministre de
l'Éducation, M. Laurin, à savoir que nous insistons pour que le
mémoire préparé par les six commissions scolaires
suivantes: Estrie, Asbesterie, Coaticook, La Sapinière,
Lac-Mégantic et Magog soit entendu à la commission élue
permanente de l'éducation. Compte tenu de l'expérience en
matière de décentralisation de ces six commissions scolaires,
nous considérons que ceci pourrait apporter un éclairage positif
sur les enjeux de la loi 40. Nous comptons sur votre collaboration habituelle.
Nous vous prions d'accepter, monsieur, l'expression de nos salutations les plus
distinguées."
M. le Président, en même temps que je vous fais part de ces
messages, je voudrais vous assurer que, du côté de l'Opposition,
nous appuyons entièrement la requête présentée de
manière insistante par les organismes concernés afin qu'ils
soient invités à se faire entendre devant la commission
parlementaire.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Je crois comprendre qu'au cours des jours
qui viennent vous aurez quelques autres lectures à nous livrer.
M. le député de Viau.
M. William Cusano
M. Cusano: M. le Président, j'ai ici un autre message qui
nous a été adressé. Il se lit comme suit: "Part of the
total consultative process on the proposed Bill 40 was an invitation to
interested parties to submit briefs to a parliamentary committee. Explicit in
this process was a commitment that interested parties would participate
actively in the work of the parliamentary committee. The Association of
Catholic Principals of Montréal followed the procedures and submitted a
brief to the parliamentary committee on Bill 40. This
brief holds the views of the school administrators of the English factor
of the CECM. The Association has followed assiduously the required procedures,
but we now learned that we will not be heard by the commission. Indeed, we feel
that our request for a hearing has been ignored with no reason given. The
Association of Catholic Principals of Montréal deplores this cynical
disregard of the views of a distinct section of the anglophone population.
Moreover, the significance of this Association to the success of any education
undertaking is being ignored. We demand in the strongest terms possible that
the decision to exclude us from the hearings be immediately reversed." C'est
signé, M. le Président, par M. Robert Harden, président de
l'Association des principaux catholiques de Montréal.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Viau. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci. I received yesterday a letter from Mr. H.D.
Lighfoot, who is chairman of the Lakeshore School Board Parents Committee, sent
to Dr Laurin and Jean-François Bertrand, leader of the Government.
The letter reads as follows: "Today our Parents Committee learned with
some dismay that we are not included among those to be heard by the
Parliamentary Commission on Bill 40. We think we have unique and useful
message..." I am sorry, I am out of breath; I went back to my office to get the
letter that I forgot. "We think we have unique and useful message that deserves
to be heard. Our views are not represented by the federations of Parents
Committees, such as the Fédération des comités de parents
du Québec et la Fédération des comités de parents
de l'île de Montréal. "One part of our uniqueness comes from the
fact that we directly represent French and English schools, and we have their
full support. Another part comes from the fact that our parents as a group have
achieved a high level of participation in volunteer work in our schools, on the
Home an School and on School Committees. Since the Ministry of Education says
it is trying to encourage parents in other parts of Québec to move in
this direction, our practical experience would be of interest to the
Parliamentary Commission. Further, our parents and Parents Committee have good
working relationships with the teachers, principals, administrators and
commissioners of the Lakeshore School Board. This is a formal request that we
be heard by the Parliamentary Commission on Bill 40."
Auditions
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Sur ce, j'invite maintenant les
représentants de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec à s'identifier et à livrer à
la commission le plus brièvement possible le contenu de leur
mémoire. Ensuite, nous procéderons aux échanges avec les
membres de la commission parlementaire.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. Chagnon (Jacques): M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les membres de la commission parlementaire, vous me permettrez de
vous souhaiter une bonne année et de vous présenter la
délégation de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. À ma gauche, M. Charles Perron,
membre du bureau de direction de la fédération et
président de la commission scolaire des Moissons; il s'agit d'une
commission scolaire intégrée, située dans la région
de Beauharnois. À ma droite, M. Fernand Paradis directeur
général de la fédération; je tiens à
souligner, en passant, que M. Paradis a oeuvré pendant plus de 30 ans
à la Commission des écoles catholiques de Québec, dont les
dernières années à titre de directeur
général. M. Alain Doyer, conseiller en développement et en
recherche à la fédération. Je me présente
également, Jacques Chagnon, président général de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je préside également la commission scolaire
régionale de Chambly, sur la rive sud immédiate de
Montréal.
M. le Président, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec regroupe depuis 35 ans les commissions
scolaires catholiques du Québec. Elle compte dans ses rangs toutes les
commissions scolaires pour catholiques, sauf une. Elle a pour mandat, en plus
de défendre l'intérêt de ses membres, de faire avancer la
cause du système public d'éducation au Québec. Avant
d'aborder la partie principale de mon exposé, je voudrais, pour le
bénéfice de la commission, situer le rôle de la commission
scolaire dans une juste perspective.
Le livre blanc et le projet de loi 40 qui en a résulté
constituent un désaveu injustifié et injustifiable pour tous ceux
qui oeuvrent à un niveau ou à un autre au sein des commissions
scolaires. Bien souvent, les nombreuses difficultés
éprouvées par les administrateurs scolaires venaient des mille et
une tracasseries bureaucratiques du ministère de l'Éducation.
Malgré les limites et les problèmes que leur impose
l'extrême centralisation du système d'enseignement au plan des
normes et des directives à respecter, les
commissions scolaires se sont définies dans une optique de
services aux écoles, de respect de leurs différences et d'appui
à leurs initiatives. Les commissions scolaires ont su organiser dans
chacune des régions du Québec un système d'enseignement
public répondant aux besoins des citoyens. Qu'il s'agisse des
maternelles, de l'éducation des adultes, de l'aide personnelle aux
étudiants: psychologues, conseillers en orientation, travailleurs
sociaux, etc., ou de l'accessibilité des équipements scolaires
à des fins communautaires, les commissions scolaires ont su
développer des services répondant véritablement aux
besoins de la population. Trop souvent, on a assisté à des
tentatives de récupération de la part du ministère de
l'Éducation ou à la publication de normes ou de directives de la
part du même ministère qui avaient plus souvent qu'autrement pour
effet de paralyser les commissions scolaires.
Les commissions scolaires n'ont pas attendu le gouvernement pour se
préoccuper des décrocheurs, par exemple. Qu'il s'agisse des
projets mis sur pied par la CECM à l'école Marie-Anne ou du
projet Relance au Saguenay ou à la CECQ, les commissions scolaires se
préoccupent des besoins des citoyens d'aujourd'hui et savent prendre les
moyens pour y répondre. Les commissions scolaires se sont dotées
de gestionnaires efficaces pour gérer les deniers publics. Leur
administration peut se comparer avantageusement à toutes les autres
administrations, y compris à celle du gouvernement
québécois. Je tenais, M. le Président, à faire
cette mise au point afin de rectifier certains propos qui, soit par ignorance
ou intérêt, ne rendraient pas justice aux commissions
scolaires.
Pour bien comprendre la position des commissions scolaires sur le projet
de loi 40, il y a lieu de rappeler dans quelles circonstances a
été rendu public le projet gouvernemental de restructuration
scolaire à l'origine du projet de loi commenté ici. Lorsqu'en
août 1981 les médias d'information ont dévoilé
l'existence d'un projet de restructuration scolaire qui devait couvrir
principalement deux sujets, soit l'intégration des niveaux
d'enseignement primaire et secondaire et la confessionnalité des
institutions, un tollé de protestations a accueilli cette nouvelle pour
deux raisons: d'une part, le ministère de l'Éducation
élaborait une réforme d'envergure en vase clos sans consulter les
principaux intéressés qui s'interrogeaient, d'ailleurs, sur les
objectifs réels de ce projet; d'autre part, il apportait la preuve qu'il
n'avait pas l'intention de réaliser les belles promesses de
décentralisation et de concertation faites par plusieurs
représentants du gouvernement lors de la conférence
Québec-commissions scolaires de 1979 et à la suite de la vaste
consultation sur le livre vert sur l'enseignement primaire et secondaire au
Québec en 1978.
En fait, il nous a fallu attendre six mois, soit jusqu'en janvier 1982,
pour obtenir une première version du projet de livre blanc et
connaître ainsi plus en détail les intentions gouvernementales.
Elles avaient de quoi surprendre! Le ministère de l'Éducation
proposait l'abolition du suffrage universel et l'élimination des
commissions scolaires comme institutions démocratiques pour les limiter
à un rôle de coopératives de services aux écoles. Et
il suggérait de faire des écoles des corporations au sens du Code
civil. Nous ne pouvions qu'être en désaccord avec un projet aussi
peu conforme aux attentes de la population et aux besoins des milieux
scolaires.
N'ayant pas réussi à convaincre le ministre de
l'Éducation de nous associer à sa démarche, nous lui avons
fait parvenir, ainsi qu'au premier ministre, un avis sur la réforme
scolaire comportant un historique et des propositions. Sans succès.
Quelque temps plus tard, le livre blanc, intitulé L'école
québécoise, une école communautaire et responsable,
était déposé à l'Assemblée nationale sans
qu'un iota n'ait été changé à la première
version, si ce n'est des modalités au plan de la
confessionnalité. (10 h 30)
En janvier 1983, nous avons présenté une proposition
complète, intitulée Pour un gouvernement local scolaire
démocratique et responsable, que nous jugions susceptible de
répondre aux besoins réels du système d'éducation.
Chacune des commissions scolaires a été consultée sur
cette proposition. Dans la plupart des milieux, les divers agents de
l'éducation ont été impliqués: parents,
enseignants, directeurs d'école et cadres. Les commissions scolaires ont
également recherché la concertation avec d'autres organismes
publics et obtenu majoritairement l'appui de leur population respective. Divers
sondages d'opinion publique l'ont démontré, comme ce fut le cas
dans les médias où des observateurs de la scène scolaire
se sont prononcés dans le sens des orientations défendues par les
commissions scolaires.
Si l'on en juge par le contenu du projet de loi 40 déposé
en juin 1983, la volonté populaire et les commentaires des agents de
l'éducation, pourtant les plus près de la réalité
scolaire, n'ont pas réussi à infléchir le ministre de
l'Éducation qui s'est contenté d'apporter des amendements
à son projet sans rien modifier des orientations contestées.
C'est ainsi que le projet de loi 40 ne retient pas le concept d'une
école-corporation mis de l'avant dans le livre blanc, mais permet
à l'école d'ester en justice! Il complique si bien les relations
entre la commission scolaire et l'école en réaménageant
les minces pouvoirs locaux
existants qu'on ne sait plus qui est responsable de quoi. Il conserve le
principe du suffrage universel, mais en déforme tellement le
mécanisme que la population est en droit de s'interroger sur la
volonté réelle du gouvernement de maintenir la démocratie
scolaire. Même si le ministre de l'Éducation avait annoncé
en conférence de presse, le 25 mars, une série de mesures pour
décentraliser son ministère, le projet de loi 40 n'en fait
aucunement mention. Au contraire, certains articles visent
précisément à augmenter les pouvoirs réglementaires
et discrétionnaires du ministère de l'Éducation du
Québec et du gouvernement. C'est en partie pour cette raison que les
commissions scolaires ont demandé, en août dernier, le
dépôt de la réglementation devant accompagner le projet de
loi 40 au moins un mois avant la tenue de la commission parlementaire, afin
d'être en mesure d'en évaluer toutes les implications. Mais d'ores
et déjà il apparaît tout à fait clair que ce projet
de loi légalise et même pousse jusqu'à la limite une
situation dénoncée depuis longtemps par tous les agents de
l'éducation, soit l'étatisation du système scolaire
québécois. Plus que jamais se pose la question à savoir
à qui profiterait la restructuration scolaire.
Voilà plusieurs années que les commissions scolaires
travaillent à la recherche d'un nouvel équilibre d'ensemble du
système d'éducation plus satisfaisant, basé à la
fois sur une réduction significative du rôle du ministère
de l'Éducation et sur une revalorisation des instances locales. Cette
perspective rencontre l'approbation de la population et de la majorité
des intervenants dans le réseau scolaire.
En résumé, la position des commissions scolaires se
distingue par les éléments suivants: maintien, pour les niveaux
primaire et secondaire, du système public d'enseignement, d'une
structure politique locale véritablement démocratique,
c'est-à-dire où les administrateurs détenant
l'autorité ultime sont mandatés localement par l'ensemble des
citoyens au moyen du suffrage universel. Cette structure doit disposer d'une
autonomie fiscale satisfaisante. Transfert aux commissions scolaires de
responsabilités et de pouvoirs actuellement détenus par le
ministère de l'Éducation du Québec ou le gouvernement en
vue d'une plus grande responsabilisation des agents de l'éducation au
plan local. Délégation de pouvoirs de la commission scolaire vers
les écoles. Accord à certains changements structurels comme
l'intégration des niveaux d'enseignement primaire et secondaire et
ouverture à la division des commissions scolaires selon le
caractère linguistique.
Dans le but d'assurer le développement du réseau scolaire
et, de là, une plus grande accessibilité aux services
éducatifs, l'État s'est accaparé de la plupart des leviers
décisionnels au cours des 20 dernières années. Cette
centralisation s'est opérée dans tous les secteurs de
l'administration scolaire: pédagogie, financement et ressources
humaines. C'est ainsi que la population s'est vue privée peu à
peu de son pouvoir d'influencer la gestion de l'éducation et, faute
d'emprise sur les orientations et le fonctionnement du système scolaire,
elle s'est désintéressée graduellement à toute
forme de participation à la gestion de l'éducation.
Pour corriger cette situation qui nuit à l'exercice d'une
démocratie véritable, il faudrait rapprocher des citoyens le lieu
où s'exercent le leadership et la responsabilité en
éducation. Cela revient à dire que le ministère de
l'Éducation du Québec devrait responsabiliser les milieux en
cessant d'intervenir pour régler des problèmes concrets et
ponctuels qui gagneraient à être résolus au plan local ou
régional. Il devrait mettre fin à la dépendance dans
laquelle se retrouvent actuellement les instances locales qui se heurtent
constamment à des rigidités administratives. Comment
espérer la participation basée sur l'intérêt,
l'initiative et la créativité si toutes les décisions sont
balisées à l'avance par des directives, des règlements et
des contrôles a priori par le ministère de l'Éducation?
C'est dans cette perspective qu'a été examiné le projet de
restructuration scolaire, le projet de loi 40.
C'est au plan des ressources matérielles et financières
que le ministère de l'Éducation s'arroge le plus de pouvoirs
réglementaires et discrétionnaires. Quant au financement, il
demeure tel quel. Le projet de loi n'annonce aucune nouvelle source autonome de
financement, ni même l'intention d'étudier cette question.
En ce qui a trait aux ressources humaines, alors que les commissions
scolaires cherchent à réviser le processus de négociation
nationale qui bouleverse de façon inquiétante la vie des
institutions scolaires tous les deux ou trois ans, le projet de loi 40
augmenterait les pouvoirs réglementaires du ministère de
l'Éducation dans ce domaine, une sorte de statu quo plus.
En matière pédagogique, le projet de loi 40 maintient la
situation actuelle. Le ministère de l'Éducation du Québec
continuerait à occuper la presque totalité du champ des
responsabilités. Cependant, par un transfert aux écoles de
certaines responsabilités exercées présentement par les
commissions scolaires, il limiterait ces dernières à un
rôle de surveillance et de contrôle sur l'action des écoles.
C'est pourquoi il accorde à la commission scolaire un droit de tutelle
sur une école qui n'assumerait pas correctement les fonctions qui lui
reviennent. En fait, il y a là un risque que la nouvelle situation au
plan
pédagogique favorise une intervention plus grande du
ministère de l'Éducation dans ce secteur déjà
largement centralisé.
Les commissions scolaires continuent donc à défendre
l'option de décentralisation. C'est dans ce sens que s'inscrivent leurs
propositions et leurs demandes de modifications au projet de loi 40 sur
l'enseignement primaire et secondaire. Celles qui suivent portent sur le
partage des responsabilités. Nous proposons que les gouvernements locaux
scolaires soient revalorisés et responsabilisés par un transfert
de pouvoirs du ministère de l'Éducation vers les commissions
scolaires; que le rôle du ministère de l'Éducation soit
redéfini; qu'il se limite à la détermination des grands
objectifs généraux du système scolaire, des régimes
pédagogiques et des programmes d'études, à la
répartition selon des facteurs de péréquation de la masse
monétaire dont l'État dispose pour la mission éducative;
à l'évaluation et au contrôle a posteriori de la
qualité des services éducatifs; à la détermination
de la masse salariale et des avantages sociaux à incidences
financières considérable, par exemple, régime de retraite;
que le ministère de l'Éducation réoriente son action dans
le sens d'une concertation avec ses partenaires, les commissions scolaires,
pour mettre fin aux décisions unilatérales; d'une pratique
réelle de décentralisation; d'un remplacement de ses
comportements principalement axés sur les contrôles et les
directives par des comportements soucieux d'aide et de soutien.
Conséquemment, il faudrait apporter au projet de loi 40 les
modifications suivantes: relativement aux ressources financières, en
rapport avec l'article 306, spécifier que le ministre ne peut retenir ou
diminuer le montant d'une subvention destinée à une commission
scolaire que dans le cas où les règles d'attribution ne sont pas
respectées ou que le service n'est pas rendu. Dans les autres cas, il
peut recourir à la tutelle ou aux tribunaux pour faire respecter une loi
ou un règlement. Le projet de loi devrait laisser aux commissions
scolaires le pouvoir de déterminer les normes de remboursement des
dépenses des membres du conseil d'administration et du comité
exécutif de la commission scolaire, des membres du conseil
d'école et des divers comités. Le projet de loi devrait
être modifié à l'article 242 pour indiquer clairement que
la commission scolaire est responsable de son déficit ou de son surplus.
À ce titre, elle ne serait pas obligée de l'intégrer
à son budget comme dépense ou revenu de l'année suivante.
 l'article 245, on devrait spécifier que le ministre peut
préciser le mandat du vérificateur, mais d'une façon
générale seulement et après consultation avec les
commissions scolaires.
Relativement aux ressources maté- rielles, la commission scolaire
devrait conserver le droit de déterminer les normes, les conditions et
les procédures à suivre pour l'acquisition de biens et de
services ou pour la disposition de biens. La commission scolaire devrait
également conserver le droit de déterminer les normes, les
conditions et les procédures à suivre dans le cas de l'octroi des
contrats de construction ou de modification majeure d'un immeuble de la
commission et dans le cas des contrats de services professionnels reliés
à ces contrats. Enfin, compte tenu de l'expérience acquise
concernant l'octroi des contrats de transport, l'article 308, 5e alinéa,
est inutile et devrait être biffé pour permettre à la
commission scolaire de prendre ses responsabilités dans le transport des
élèves.
Relativement aux ressources humaines, les commissions scolaires
devraient déterminer les conditions de travail du personnel non membre
d'une association accréditée. Par ailleurs, il serait important
que les commissions scolaires et le gouvernement entreprennent conjointement
une étude sérieuse afin de préciser ce qui pourrait
être décentralisé dans le cas de l'établissement des
conditions de travail de l'ensemble du personnel syndiqué et des mesures
reliées à la gestion des ressources humaines touchant ce
personnel: recyclage, perfectionnement etc.
Relativement à l'enseignement, spécifier dans la loi que
le gouvernement doit consulter les commissions scolaires dans
l'élaboration des régimes pédagogiques et des programmes
d'études, lesquels seraient déterminés par le
ministère de l'Éducation du Québec et constitueraient des
minima que les commissions scolaires devraient respecter pour répondre
aux besoins spécifiques des milieux. De la même façon, la
loi devrait laisser aux commissions scolaires la responsabilité de
déterminer les conditions et les modalités de consultation des
parents pour l'établissement ou la révision du statut
confessionnel d'une école.
La démocratie scolaire fut l'un des points les plus
discutés dans tout ce débat. Le sujet a été
abordé sous deux angles: l'autonomie de gestion nécessaire aux
collectivités locales et les différents mécanismes
d'expression de l'opinion publique, ces deux aspects étant, d'ailleurs,
intimement liés. En effet, si les milieux détiennent nombre de
pouvoirs et de responsabilités en matière scolaire, la population
doit disposer d'un mécanisme de participation et d'expression au niveau
local qui comporte en soi une garantie de pouvoir forcer l'administration
à tenir compte des besoins des usagers. C'est là, d'ailleurs, une
des failles importantes du projet de loi 40 qui, comme plusieurs autres lois,
augmente l'emprise de la bureaucratie par le truchement de la
réglementation au
détriment du pouvoir politique légitimement mandaté
par les citoyens pour représenter leurs intérêts. Le
rapport de la commission Vaugeois-French sur le contrôle parlementaire
délégué, rendu public au mois d'août dernier, est
assez clair à ce sujet. Cette seule raison justifierait nos
réclamations en matière de décentralisation.
L'autonomie de gestion pour les collectivités locales, par le
biais des commissions scolaires, nous la désirons plus grande qu'elle ne
l'est actuellement. Une fois déterminés provincialement les
grands objectifs pour l'ensemble du système d'éducation, de
même que la répartition globale des ressources financières
et des standards minimaux de qualité des services éducatifs, les
commissions scolaires devraient avoir la liberté de déterminer
elles-mêmes la voie à suivre pour atteindre leurs objectifs.
Qu'elles aient à répondre ultérieurement de leur gestion
devant la population de leur territoire et devant le gouvernement du
Québec constitue une forme de contrôle suffisante.
De même, nous continuons à penser que l'élection au
suffrage universel des commissaires à la commission scolaire est le mode
de désignation des représentants de la population le plus
démocratique qui soit parce qu'il permet aux citoyens d'exprimer leur
satisfaction ou leur mécontentement par leur droit de vote et que
l'élu obtient ainsi la légitimité qui lui permet de parler
et d'agir au nom de tous. Le commissaire n'est pas confiné à
représenter des groupes d'intérêts particuliers. Ses
décisions peuvent donc se prendre en toute liberté en fonction de
sa perception des intérêts ou du bien commun de sa
communauté d'appartenance.
Compte tenu du projet initial du ministère de l'Éducation
d'éliminer le suffrage universel au niveau de la commission scolaire, il
ne faut pas s'étonner que la nouvelle formule qu'il propose ne soit pas
aussi démocratique que celle que les Québécois connaissent
acutellement. En effet, le projet de loi 40 reconnaît le principe du
suffrage universel, mais le déplace au niveau de l'école et y
joint une telle mécanique que cette nouvelle formule comporte des
lacunes sérieuses, sortes d'entorses à la démocratie
scolaire. (10 h 45)
Voici quelques-uns des inconvénients d'un suffrage universel
indirect. Son principal défaut est de créer de la confusion sur
l'orgine du mandat du commissaire, c'est-à-dire sur la source de sa
légitimité et sur la nature des intérêts qu'il
représente. Est-ce qu'il représente l'ensemble des citoyens de
son milieu ou uniquement le conseil d'école dont il fait partie?
La formule proposée ferait deux catégories de
commissaires: ceux représentant l'élémentaire et ceux
repré- sentant le secondaire. Elle obligerait l'électeur à
limiter ses intérêts à une seule école. Or, comme
contribuable, celui-ci a des intérêts pour l'ensemble de
l'administration scolaire locale, ses taxes servant à financer
l'ensemble des écoles et des services scolaires locaux. De plus, ce
même électeur a souvent des enfants dans plus d'une institution.
Pourquoi les électeurs accepteraient-ils qu'on limite ainsi leur droit
de regard à une seule école?
En permettant aux citoyens de choisir l'école où ils
iraient voter, le projet de loi rend très difficile, sinon impossible,
l'application du suffrage universel. Le coût pour se faire élire
par des électeurs disséminés un peu partout sur le
territoire de la commission scolaire serait excessif. C'est comme si on
demandait aux électeurs, lors d'une élection provinciale, de
choisir le comté où ils désirent voter. Ce système
contient le germe d'une distorsion démocratique où certaines
écoles pourraient représenter 5000 électeurs et d'autres
500. On ne respecte pas le principe d'un certain équilibre entre le
poids relatif des unités représentées que cherchent
à instaurer les systèmes électoraux modernes. Il pourrait
y avoir un nombre élevé de commissaires dans une commission
scolaire qui compte un grand nombre d'écoles, tandis que, dans une
autre, il ne pourrait y avoir qu'un seul commissaire. Bref, c'est une formule
qui crée de la confusion sur les intérêts que
représente le commissaire qui comporte des accrocs à la
démocratie et des difficultés d'application.
Le projet était tellement original, il contenait tellement de
nouveautés sur le plan de l'exercice de la démocratie que nous
avons demandé à un expert bien connu, le professeur Vincent
Lemieux, de procéder à l'analyse de la proposition
gouvernementale. La dernière phrase de son étude est
révélatrice: "Avec le système électoral
déficient qui est proposé dans le projet de loi 40, on
accrédite la thèse qui veut que le ministère de
l'Éducation cherche à faire la preuve que les commissions
scolaires ne peuvent pas fonctionner pour se donner ensuite de bonnes raisons
de les supprimer."
M. le Président, si les parlementaires veulent avoir une copie du
texte intégral de M. Lemieux comme document d'appoint, cela me fera
plaisir de vous le faire parvenir dès que vous voudrez ou
immédiatement.
Le Président (M. Blouin): Vous pouvez le remettre et nous
le ferons distribuer aux membres de la commission.
M. Chagnon: C'est fait immédiatement, M. le
Président.
Les commissions scolaires proposent plutôt une structure où
les unités représentées sont équilibrées en
termes de nombre d'électeurs constituant le bassin
électoral et où les représentants élus
reçoivent un mandat global et sont directement responsables
auprès de leurs électeurs. L'objectif est de faire en sorte que
les commissions scolaires apportent des réponses aux attentes de leurs
commettants, parents et autres.
Nous proposons que la commission scolaire demeure une instance politique
détenant son mandat de l'ensemble de la population locale. Cela implique
que tous les commissaires soient élus au suffrage universel. Nous
proposons une élection directe du commissaire à la commission
scolaire; la division du territoire de la commission scolaire en quartiers
électoraux identifiés géographiquement et composés
d'un nombre relativement égal d'électeurs, comme c'est le cas
pour les municipalités et les gouvernements provincial et
fédéral; la reconnaissance de la commission scolaire comme
mandataire de la collectivité pour exercer les fonctions d'orientation,
de planification, de répartition des ressources de coordination, de
contrôle, d'évaluation et de soutien pour l'ensemble des
activités éducatives au plan local. Nous proposons aussi que
l'exercice de la démocratie scolaire soit amélioré par le
rapatriement de tous les pouvoirs inhérents au bon fonctionnement d'un
gouvernement local scolaire et par des améliorations au processus
électoral.
Le projet de loi apporte déjà des modifications
demandées par les commissions scolaires, comme l'élection en bloc
des commissaires à l'automne plutôt qu'en juin, un dimanche et non
sur semaine, l'obligation pour un candidat d'avoir son lieu de résidence
dans la municipalité scolaire pour être éligible, la
clôture des mises en nomination deux semaines avant le jour des
élections.
Cependant, il est essentiel de les compléter par les
modifications suivantes: le citoyen ne vote que dans le quartier où il
est domicilié et/ou là où il a une propriété
foncière; l'obligation pour le candidat d'avoir l'appui de cinq citoyens
et non de cinq parents du quartier où il se présente; le
financement de la campagne des candidats selon des modalités similaires
à celles qui existent pour les élections municipales; une
élection complémentaire pour combler une vacance survenant
à plus d'un an des élections générales.
Nous proposons que les commissions scolaires soient autonomes dans la
gestion des activités éducatives et dans la gestion des
ressources humaines, matérielles et financières. Cela signifie la
réduction sensible de la réglementation et des mesures de
normalisation et de standardisation; l'élimination des contrôles a
priori et l'évaluation centrée sur les résultats
plutôt que sur les moyens; l'autonomie de la commission scolaire dans la
répartition des pouvoirs et des responsabilités entre les
écoles et la commission; que cela se fasse dans le cadre d'une
législation qui donne à la commission la souplesse de
déléguer plus de pouvoirs et de responsabilités à
l'école aux plans éducatif et de la gestion des ressources. Nous
proposons que les commissions scolaires bénéficient d'un pouvoir
de taxation locale significatif ou d'une source de revenu autonome afin que le
pouvoir de taxation des commissions scolaires corresponde effectivement
à leurs nouveaux pouvoirs et à leurs responsabilités
accrues.
Tout en poursuivant des objectifs valables (créer un lien entre
l'école et la commission scolaire, accroître la place des parents,
rendre l'école plus autonome au plan de la pédagogie) le projet
de loi 40 propose une série de moyens qui nous semblent créer des
ambiguïtés entre le rôle de la commission et celui des
écoles, être porteurs de germes de conflits entre ces deux
instances et instaurer une dynamique de gestion nouvelle qui risque
d'être non fonctionnelle.
À l'origine des modifications proposées se trouve la
problématique du projet de restructuration scolaire selon laquelle la
valorisation de l'école se heurterait à des obstacles tenant au
partage des pouvoirs et aux règles du jeu du système actuel. Nous
tenons à affirmer que, malgré les limites et les problèmes
que leur impose l'extrême centralisation du réseau, les
commissions scolaires travaillent dans une optique de service aux
écoles. Cela suppose le respect de leurs différences, un appui
à leurs initiatives et, dans certains cas, une délégation
aux écoles de pouvoirs et de responsabilités aux plans
éducatif et de la gestion des ressources.
Pour accroître la place des parents dans l'école, le projet
de loi leur donne le pouvoir par une représentation majoritaire au sein
du conseil d'école. Ils deviendraient ainsi les patrons dans
l'école et il leur reviendrait d'arbitrer les conflits qui ne manqueront
pas de survenir compte tenu de la nouvelle relation de subordination entre les
agents locaux de l'éducation. Se fiant à leurs propres
expériences, ainsi qu'aux sondages d'opinion publique et aux
études réalisées par des organismes d'éducation,
les commissions scolaires sont persuadées que la très grande
majorité des parents n'espère pas se substituer aux
décideurs actuels. Cependant, une participation accrue leur
paraîtrait souhaitable. Les commissions scolaires croient
sincèrement que leurs attentes peuvent être satisfaites à
l'intérieur des structures et des mécanismes actuels.
C'est au niveau de l'école que doit d'abord se faire sentir la
participation des parents, là où le projet éducatif doit
se définir en concertation avec les divers agents concernés. Pour
ce faire, la loi 71 qui a
modifié la Loi sur l'instruction publique en décembre
1979, avait prévu un conseil d'orientation dont certaines
modalités devraient être repensées pour améliorer la
formule que nous continuons à croire bonne. Aucun modèle
idéal de participation et de concertation ne devrait être
imposé et généralisé dans toutes les commissions
scolaires, comme le fait à tort le projet de loi 40.
Illustrons certaines ambiguïtés de ce projet de loi. En
dépit du fait que c'est la commission scolaire qui, par le biais de
l'élection de ses représentants, reçoit de la
collectivité le mandat de déterminer les orientations, les
priorités éducatives et administratives au plan local, le projet
de loi 40 confie à l'école des fonctions qu'elle sera
appelée à assumer de façon presque totalement autonome par
rapport à la commission scolaire. Ceci est particulièrement vrai
au plan pédagogique où la commission est, à toutes fins
utiles, privée de la possibilité du droit qui lui est reconnu par
la population de planifier et de coordonner l'organisation des services
pédagogiques.
L'existence d'un droit de tutelle sur l'école,
conféré à la commission scolaire par le projet de loi 40,
confirme que l'école devient quasiment une entité juridiquement
distincte de la commission scolaire, un peu comme l'est cette dernière
par rapport au ministère de l'Éducation du Québec.
D'autres articles démontrent cet état de fait. L'article 119
permet à l'école de contracter au nom de la commission scolaire
et, donc, d'engager cette dernière sans que la commission donne son
autorisation. L'école peut, de plus, ester en justice. De par cet
article, l'école se voit accorder certains attributs d'une personne
morale sans que le législateur le mentionne expressément. Chose
assez curieuse également, l'école pourrait
bénéficier de ses surplus budgétaires provenant de la
fourniture de biens et de services, comme elle assumerait un déficit de
même source, contrairement à la commission scolaire qui, elle,
doit l'intégrer à ses prévisions budgétaires.
D'autre part, l'article 124 donne en propre à l'école le pouvoir
de conclure des ententes pour l'utilisation des locaux et l'article 123 la rend
seule responsable de l'utilisation des biens mis à sa disposition.
Tente-t-on de leurrer la population en disant qu'on a éliminé la
formule de l'école-corporation, alors qu'on en conserve la nature?
Des conflits sont à prévoir. Pour créer un lien
concret entre l'école et la commission scolaire, les auteurs du projet
de loi 40 proposent de faire élire le commissaire au niveau de
l'école, créant ainsi la confusion sur l'origine du mandat du
commissaire. Représente-t-il les intérêts de l'ensemble des
citoyens ou ceux du conseil d'école? Est-il élu pour voir
à l'administration de l'ensemble des services éducatifs de la
commission ou pour ceux d'une école?
De même, le projet de loi brise le lien administratif existant
entre le directeur d'école et le directeur général de la
commission. Quelle sorte de coordination administrative le directeur
général pourrait-il exercer sur des directeurs d'école sur
lesquels il n'est pas en autorité? Qui trancherait quand il y aurait
conflit ou divergence d'opinions? On se retrouverait devant une situation
où le directeur d'école se verrait confier des ressources par la
commission scolaire sans qu'il doive lui rendre compte de l'administration
qu'il en fait. Il deviendrait ainsi très difficile de créer les
consensus nécessaires à la définition des orientations
d'ensemble, à la coordination des activités et à la
répartition équitable des ressources. Ce serait la loi du plus
fort. Le fonctionnement de la commission scolaire et des écoles en
serait sûrement perturbé.
Nous proposons que la commission scolaire, dépositaire d'un
mandat que lui confie la population pour définir les orientations et
priorités éducatives et administratives au niveau local et qui
doit répondre de la gestion des ressources qui lui sont confiées,
ait pleine autorité sur les écoles et que celles-ci exercent
toutes leurs fonctions dans le cadre défini par la commission; que la
législation donne à la commission scolaire la souplesse de
déléguer plus de pouvoirs et de responsabilités à
l'école au plan éducatif et à celui de la gestion des
ressources; que la commission scolaire, en concertation avec les écoles,
développe des mécanismes pour impliquer les écoles dans le
processus décisionnel de la commission pour toutes les politiques
affectant la vie des écoles; que la gestion de l'école soit
confiée au directeur d'école; que les modalités de
sélection du directeur d'école fassent en sorte que c'est
réellement la commission scolaire qui choisit ce dernier; qu'il continue
de relever de la commission scolaire et qu'il réponde de sa gestion au
directeur général de la commission scolaire; qu'on apporte des
assouplissements à la loi 71 pour favoriser la création des
conseils d'orientation. Il s'agirait, notamment, de faire disparaître
l'obligation de la représentation obligatoire des trois types
d'intervenants (directeurs, parents, enseignants) et de leur consentement
unanime pour la création des conseils d'orientation. (11 heures)
Nous proposons qu'un tel conseil d'orientation soit mis en place dans
chacune des écoles, selon le désir du milieu; que ses
modalités de structuration, l'étendue de ses pouvoirs et ses
mécanismes de fonctionnement soient décidés par les
agents
de l'école et en concertation avec la commission scolaire (on
doit éviter d'imposer un modèle uniforme); que l'on permette au
commissaire de faire partie d'une telle structure de l'école.
Si le projet de loi 40 rencontre un profond désaccord des
commissions scolaires quant aux rôles et aux pouvoirs qu'il propose pour
les diverses composantes du système d'éducation, il provoque chez
elles des réactions positives à l'égard de certaines
propositions de changements qui auraient un impact sur les structures. C'est le
cas, notamment, de l'intégration du primaire et du secondaire, des
aménagements touchant la confessionnalité des écoles et
des commissions scolaires et de la création éventuelle de
commissions scolaires linguistiques.
La nécessité d'intégrer les niveaux d'enseignement
primaire et secondaire suscite l'accord d'à peu près tout le
monde. Tout en rapprochant le citoyen du lieu de la prise de décision,
cela créera une plus grande continuité entre les deux niveaux
d'enseignement, permettant ainsi aux parents de mieux suivre la progression de
leurs enfants. Il devrait également en résulter un contexte
administratif où il sera plus facile d'assurer la cohérence des
décisions, ainsi qu'une meilleure coordination des ressources. C'est
peut-être par cette seule opération touchant les structures qu'il
faudrait commencer et remettre à plus tard d'autres changements qui,
tout en étant pertinents, ne présentent pas un caractère
aussi urgent.
Nous proposons que l'intégration des niveaux
élémentaire et secondaire soit facilitée en assouplissant
les règles prévues pour la faire. Il s'agirait de substituer une
règle de majorité à celle de l'unanimité.
Les commissions scolaires ont toujours soutenu que les parents doivent
se voir reconnaître dans les faits le droit pour leurs enfants de
recevoir un enseignement conforme à leurs croyances religieuses. Par
ailleurs, si à la suite d'une consultation une majorité de
parents désire que l'école se voie décerner un statut
confessionnel, il apparaît normal qu'elle puisse l'obtenir. Le projet de
loi 40 prévoit des mesures en ce sens qui semblent acceptables dans
l'ensemble. Cependant, il n'est pas nécessaire que cette consultation
soit généralisée à toutes les écoles. Il
serait beaucoup moins onéreux et tout aussi démocratique que la
loi prévoie plutôt un mécanisme qui ferait en sorte que
cette consultation s'enclencherait seulement sur demande d'un nombre
significatif de parents d'une école.
Nous proposons que les mesures prévues au projet de loi touchant
le choix entre l'enseignement religieux et l'enseignement moral et celles
concernant l'animation pastorale soient implantées dans les
écoles et que les ressources humaines et financières requises
à leur application soient fournies aux commissions scolaires et aux
écoles; que la consultation prévue pour déterminer le
statut confessionnel ou non des écoles se fasse seulement dans les
écoles où un nombre significatif de parents en font la
demande.
Selon le projet de loi 40, les commissions scolaires ne seraient plus
confessionnelles. Ces dernières acceptent en principe une telle vision
des choses, sous réserve de garanties équivalentes à
celles contenues dans la constitution canadienne eu égard à leur
statut de gouvernement local. S'il n'est pas encore parfaitement établi
au plan juridique que toutes les commissions scolaires
bénéficient de garanties constitutionnelles, la chose ne fait
aucun doute dans le cas de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, et de la Commission des écoles catholiques de
Québec. Le projet de loi 40 reconnaît ce fait, mais il
prétend que les garanties ne touchent que les territoires couverts en
1867 par ces commissions. La valeur de cette thèse gouvernementale sera
tôt ou tard établie par les tribunaux compétents.
Nous proposons que les commissions scolaires s'ouvrent à des
structures non confessionnelles, sous réserve de garanties
équivalentes à celles contenues actuellement dans la constitution
canadienne qui font en sorte de protéger la commission scolaire comme
gouvernement local dont les membres seraient élus au suffrage universel,
cette commission scolaire devant posséder un pouvoir de taxation et ses
élèves ayant droit à l'école confessionnelle et
à l'école non confessionnelle; que le gouvernement respecte
l'intégrité territoriale de la Commission des écoles
catholiques de Montréal et de la Commission des écoles
catholiques de Québec, à moins que la population des milieux
concernés ne fasse part, par le moyen d'un référendum,
qu'elle veut des modifications au territoire de ces commissions scolaires.
Comme structure de services publics, le système scolaire doit
refléter les aspirations de la société
québécoise. Et, si les communautés qui la composent se
définissent aujourd'hui selon leur appartenance linguistique et qu'elles
désirent des institutions scolaires qui reflètent ces nouveaux
liens d'identification, d'unification ou de référence, il est
logique que les institutions scolaires soient réaménagées
en conséquence. Nous proposons que des commissions scolaires
linguistiques soient éventuellement créées sur l'ensemble
du territoire de la province, là où le nombre le justifie.
Tous ces changements structurels dont nous venons de parler
débouchent sur un nouveau découpage territorial des commissions
scolaires. Or, si l'on veut que les nouvelles commissions scolaires soient
fonctionnelles et qu'elles reflètent les réalités
des milieux, la détermination de leurs limites territoriales doit se
faire non pas en vertu d'un plan conçu pour répondre à des
besoins provinciaux, mais à partir d'une préoccupation de
s'ajuster à des besoins locaux. Le grand principe qui devrait
présider à ces changements structurels, c'est la volonté
des milieux. Nous proposons que le découpage des nouveaux territoires
scolaires découlant de ces divers changements structurels se fasse
conformément à la volonté des milieux locaux et selon des
critères définis localement comme une clientèle
suffisamment nombreuse pour offrir l'ensemble des services éducatifs, la
localisation actuelle des équipements, les barrières naturelles
et le sentiment d'appartenance des populations.
En guise de conclusion, M. le Président, je vous dirai ceci. Dans
sa forme actuelle, le projet de loi 40 est inacceptable pour les commissions
scolaires. Il va à l'encontre de leurs réclamations et de celles
de la population qui demande une décentralisation du ministère de
l'Éducation du Québec, un allégement de la bureaucratie et
un accroissement de l'emprise des citoyens sur le système
d'éducation. Le projet de loi 40 aurait pour effet de démobiliser
encore plus les agents de l'éducation au niveau local, compte tenu de
leur impuissance à influencer les décisions de l'État et
parfois même à régler les problèmes qui surviennent
dans leur milieu respectif, vu les nombreuses ambiguïtés concernant
les rôles des commissions scolaires et des écoles.
Deux années se sont écoulées depuis le
dévoilement d'un projet de restructuration scolaire, deux années
qui n'ont pas suffi au ministre de l'Éducation pour établir les
consensus nécessaires. Ce sont des objections majeures, de fond,
qu'apportent les organismes les plus représentatifs en éducation,
qui ne voient pas, par exemple, la nécessité de chambarder aussi
radicalement le système scolaire, surtout dans un contexte
socio-économique où l'accent doit être mis sur
l'amélioration des services éducatifs en regard de la formation
professionnelle des jeunes, de l'éducation des adultes et de
l'intégration des nouvelles technologies dans l'enseignement, par
exemple.
Pour toutes les raisons qui ont été
énumérées dans le présent mémoire, la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
se voit dans l'obligation de conclure que, si le gouvernement ne modifie pas le
projet de loi 40 dans le sens des revendications des milieux scolaires et de la
population, elle se verra obligée de le rejeter et même d'en
demander le retrait.
En terminant, la fédération tient à souligner
qu'une équipe de juristes à qui elle avait confié le
mandat d'étudier le projet de loi 40 a identifié une
quantité considérable de vides juridiques qui auraient pour
conséquence de rendre le projet de loi inapplicable sous certains aspect
d'importance. Par ailleurs, le 12 octobre dernier, la Cour d'appel a
cassé un jugement de la Cour supérieure, datant du 5 mai 1981, en
déclarant ultra vires, nuls et sans effet plusieurs articles de la Loi
sur la fiscalité municipale adoptée en 1979. Or, le projet de loi
40 sur l'enseignement primaire et secondaire reprend à son compte nombre
de ces dispositions. La fédération souhaiterait que le
gouvernement vérifie auprès des tribunaux la
légalité de ses réformes d'envergure avant de les
réaliser, comme d'autres provinces le font régulièrement
et comme lui-même l'a déjà fait antérieurement. Je
vous remercie, M. le Président, Mmes et MM. les parlementaires.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Chagnon, de cet effort
de synthèse qui facilitera d'autant le déroulement de nos
travaux. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: M. le Président, je remercie et je
félicite la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec pour le mémoire de qualité qu'elle
vient de nous présenter. En tant que plaidoyer pro domo, on ne saurait
espérer mieux et plus habile. La position de la fédération
est bien connue depuis deux ans, c'est celle d'une opposition totale,
inconditionnelle, qu'elle a, d'ailleurs, appuyée depuis le début
par une campagne de publicité qui s'est accélérée
et intensifiée au cours des dernières semaines, au coût de
centaines de milliers de dollars et même de millions de dollars, à
grands coups de placards publicitaires dans les journaux qui couvrent toute une
page, d'annonces à la radio, à la télévision et
même dans les métros, pris à même les fonds publics
et qu'il aurait été plus opportun, selon moi, de consacrer aux
services éducatifs.
Aujourd'hui, elle nous présente un plaidoyer extrêmement
bien fait, appuyé, d'ailleurs, par une synthèse qui sera
probablement distribuée dans tout le Québec. C'est un plaidoyer
remarquable à cet égard et je le reconnais. Cependant, même
si j'admire la forme, mon admiration est moins grande quant au fond puisque
j'ai quand même l'impression que la fédération, en
l'occurrence, mène une bataille d'arrière-garde que je pourrais
qualifier non seulement d'un maintien du statu quo, mais d'un recul par rapport
au statu quo. En effet, à l'occasion de la discussion sur le projet de
loi 40, la fédération des commissions scolaires demande à
la société québécoise et à son gouvernement
de revenir en arrière et de lui redonner, par exemple, un très
grand nombre des responsabilités, pouvoirs, prérogatives qu'elle
a conscience d'avoir
perdus au fil des ans, par exemple, un retour à une
capacité de prélever un impôt foncier plus
considérable que celui qu'elle prélève actuellement, des
pouvoirs de taxation plus grands, une volonté de reconsidérer
tous les pouvoirs que possède le gouvernement en matière
d'éducation. Dans le mémoire, on parle même de la
nécessité d'une révision en profondeur des grands
encadrements nationaux, pédagogiques, financiers en matière de
gestion des ressources humaines, en matière, en somme, de tout ce qui
existe actuellement. C'est la raison pour laquelle je dis qu'à
l'occasion du débat sur le projet de loi 40 la fédération
des commissions scolaires non seulement défend le statu quo, mais veut
profiter de ce débat pour revenir en arrière et
récupérer des pouvoirs, des responsabilités qu'elle a
perdus aux dépens de l'action gouvernementale entérinée
par toutes les législations successives.
Évidemment, c'est parfaitement son droit de le faire et je ne le
conteste pas, mais je ne suis pas sûr, cependant, que le consensus soit
si grand actuellement dans la société pour permettre ce retour en
arrière puisque ce sont les besoins collectifs en matière
d'éducation qui ont déterminé l'évolution qu'a
prise le système d'éducation au Québec,
particulièrement depuis 1960. (11 h 15)
II y aurait lieu de commenter très longuement ce très long
mémoire puisqu'il est évident que, ici au gouvernement en tout
cas, nous ne sommes pas d'accord avec un très grand nombre des
thèses ou positions qui y sont défendues. Je ne voudrais le faire
que brièvement tout en assurant, cependant, la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec que je lirai et relirai
encore bien des fois leur mémoire, car il est quand même riche et
on peut en tirer des éléments qui pourront sûrement servir
à enrichir, à améliorer le projet.
Mais je constate, encore une fois, que l'opposition à ce projet
de la part de la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec est totale et que, même si elle paraît en accepter
des éléments, forcée par les convergences qui se sont
manifestées au sein de l'opinion publique, comme l'intégration du
primaire-secondaire, comme la division des commissions scolaires linguistiques
selon la langue, comme les nouveaux aménagements de la
confessionnalité, elle le fait d'une façon très timide et
si nous l'écoutions cette évolution se ferait d'une façon
extrêmement lente. J'en prends pour exemple ce qu'elle dit à
propos de la division des commissions scolaires sur le plan linguistique. Elle
voudrait simplement que les commissions scolaires s'ouvrent aux structures
linguistiques, et éventuellement. Il me reste à déchiffrer
le sens exact de ce terme et surtout comment cela se traduirait dans la
pratique. Il serait difficile par exemple, d'accepter que les structures ne
deviennent linguistiques que là où le nombre le justifie quand
nous savons que les francophones forment maintenant près de 82% de la
population du Québec et que les anglophones se retrouvent dans toutes
les régions du Québec, et que le projet de loi leur assure
partout dans toutes les régions du Québec des commissions
scolaires qui répondent à leurs besoins linguistiques et
culturels. Ce n'est là qu'un exemple pour montrer que, même
là où la fédération semble accepter des
éléments importants, essentiels du projet de loi, elle le fait
d'une façon telle que dans la pratique on ne pourrait s'attendre
qu'à des changements mineurs et qui se poursuivraient durant de longues
années, et qui ne répondraient pas aux urgences, aux besoins qui
se sont manifestés dans la société à ce sujet.
Cependant je voudrais en revenir à des éléments qui
me paraissent plus importants. Dans le mémoire de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
on se retrouve souvent devant des équivoques. Sous l'apparence de
critiquer le projet de loi 40, au fond on s'en prend beaucoup plus à la
situation actuelle du système scolaire et on s'en prend en particulier
à ce qu'on appelle une concentration indûe des pouvoirs au sein du
ministère de l'Éducation. Ce qui me fait dire que ce que la
fédération conteste, c'est beaucoup moins la loi 40 que la loi
actuelle de l'instruction publique, avec tous les aménagements que nous
y avons apportés au fil des ans, quelque gouvernement que ce soit
d'ailleurs.
Ce que conteste la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, c'est ce que nous pourrions appeller et ce
qu'elle pourrait peut-être appeler l'érosion graduelle des
pouvoirs des commissions scolaires au cours des vingt dernières
années, particulièrement depuis 1960. Évidemment, elle ne
peut pas accepter le projet de loi 40 puisque la loi 40, même si je
continue de prétendre qu'elle décentralise, ne
décentralisera jamais assez pour satisfaire les ambitions ou les
désirs de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. Même si le projet de loi 40
décentralisait encore beaucoup plus qu'il ne le fait et ce n'est pas
interdit de penser qu'on le fera jamais, à mon avis, nous n'arriverons
pas à satisfaire l'appétit très grand de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
à l'endroit des responsabilités et des pouvoirs qu'elle peut
assumer.
Ceci dit, évidemment, une fois qu'on a décidé de
rejeter un projet de loi, il faut lui trouver tous les défauts possibles
et imaginables, et c'est de bonne guerre. C'est ce que fait la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
dans son
mémoire. Encore une fois, bien des affirmations seraient
contestables, par exemple, quand on dit que le projet complique si bien le
réaménagement des pouvoirs qu'on ne sait plus qui est responsable
de quoi ou, en termes populaires, une chatte n'y retrouverait plus ses petits.
C'est l'opinion de la fédération, mais ce n'est pas l'opinion
d'autres groupes, si on en croit les mémoires qu'ils nous ont
présentés.
Ce n'est même pas l'opinion d'un grand spécialiste de la
législation scolaire qui s'appelle Patrice Garant et qui, il y a
quelques jours seulement, vient de déclarer que la répartition
des pouvoirs entre le ministère, la commission scolaire et
l'école lui apparaissait très claire, même si elle est
encore susceptible d'être améliorée. Mais, au moins, les
grands arrimages, les grandes répartitions sont bien faits et ils
constitueront une feuille de route tout à fait convenable pour les
diverses instances du système éducatif.
Je ne saurais accepter non plus l'affirmation de la
fédération des commissions scolaires lorsqu'elle dit que le
gouvernement a tout centralisé sur le plan pédagogique.
D'ailleurs, il faut faire remarquer que les régimes pédagogiques
ont été préparés, en grande partie, en consultation
avec la fédération des commissions scolaires, même si elle
le dénonce actuellement. Même si elle dit, à la fin de son
analyse, qu'elle ne conteste pas, que c'est un simple constat, toute sa
démonstration tend quand même à prouver que le
ministère s'est arrogé une trop grande importance sur le plan
pédagogique, alors qu'en fait le président et la
fédération savent très bien que, dans les régimes
pédagogiques, il y a une large marge de manoeuvre pour les commissions
scolaires et qu'il y en aura maintenant pour les écoles, dans la loi
40.
Je ne saurais non plus accepter l'affirmation que le rôle du
ministère de l'Éducation, tel qu'il apparaît dans la loi
40, est véritablement excessif. J'ai rappelé dans ma
présentation liminaire que le conseiller privilégié du
ministère de l'Éducation, le Conseil supérieur de
l'éducation, trouve, au contraire, que ce qu'a conservé le
ministère de l'Éducation dans la loi 40 correspond
véritablement à la mission éducative de l'État,
à ce que l'État devrait pouvoir encadrer sur la plan
pédagogique.
Par ailleurs, ce que demande la Fédération des commissions
scolaires par rapport à l'école, qui est un nouveau partenaire,
qui, depuis la loi 71, est devenue de plus en plus visible dans le
système, c'est un lien hiérarchique clair. On peut traduire ceci
en disant que c'est une dépendance absolue. Je rappelle, par exemple,
que lorsqu'il s'est agi de faire adopter la loi 30, qui donnait un rôle
aux parents au sein des commissions scolaires, rôle que tout le monde
s'entend maintenant à considérer comme bénéfique,
la fédération des commissions scolaires s'y est violemment
opposée. Lorsqu'il s'est agi de faire adopter la loi 71, cette
dernière n'a été acceptée par la
fédération des commissions scolaires que lorsque le gouvernement
a apporté un amendement consacrant la dépendance absolue de
l'école par rapport à la commission scolaire.
Je rappelle que les conseils d'orientation, dont on fait grand
état ce matin, ont certes été acceptés, mais ils
n'ont guère fonctionné. S'is n'ont guère
fonctionné, ce n'est pas seulement parce que la centrale de
l'enseignement a donné le mot d'ordre à ses enseignants de ne pas
y participer, mot d'ordre qui a été suivi, mais c'est aussi parce
que la fédération des commissions scolaires n'a pas fait
l'animation nécessaire pour que les conseils d'orientation fonctionnent
et s'installent dans chacune des écoles. Si la fédération
des commissions scolaires avait consacré à cette animation autant
d'efforts qu'elle l'a fait pour d'autres sujets, il est sûr que les
conseils d'orientation auraient probablement beaucoup plus fonctionné
qu'ils ne l'ont fait.
Je ne saurais accepter non plus ce qu'on dit quand on signale que la
valorisation de la participation des parents équivaudra à un
rapport de force et qu'on veut imposer un modèle uniforme de
participation. Ce qui est dans le projet de loi 40, ce ne sont pas des rapports
de force, c'est l'institution d'une gestion participative au niveau de
l'école, c'est l'exercice collégial de la responsabilité,
c'est la création d'une équipe école où tous les
intervenants, les agents de l'école, pourront ensemble fixer les
besoins, les priorités de l'école et un plan d'action où
chacun prendra sa place. Si la fédération des commissions
scolaires appelle cela un modèle uniforme de participation, je veux
bien, mais ce modèle uniforme de participation, si on veut l'appeler
comme ceci, c'est simplement celui d'une équipe école
constituée de ceux qui vivent l'école, qui font l'école et
qui devraient être mieux en état, du fait qu'ils sont plus proches
des élèves et plus proches du milieu, de donner à
l'école la qualité de l'environnement éducatif et du
projet éducatif qu'elle est en mesure de créer.
Je pourrais relever bien d'autres affirmations, mais je voudrais
simplement dire qu'il ne s'agit pas de faire des parents les patrons de
l'école, mais de leur donner une place qu'ils n'occupent pas
actuellement et qu'ils réclament. On l'a entendu hier avec force de la
part de la fédération des parents. La présence des
parents, même s'ils sont majoritaires, n'en fera pas des patrons puisque
eux-mêmes nous ont dit que ce qu'ils visent, et ce que nous visons
également, c'est une concertation au sein de l'équipe
école, où chacun, dans le respect des compétences
et des responsabilités des uns et des autres, apportera sa contribution
maximale.
Enfin, la question que je voudrais poser à la
fédération des commissions scolaires est celle-ci: Dans votre
annexe, vous parlez des expériences de délégation de
pouvoirs qui existent actuellement au niveau des écoles. Je remarque que
ces expériences de délégation de pouvoirs se sont surtout
multipliées depuis que le projet de loi 40 est dans le décor. Il
y en avait moins auparavant. Certaines...
Des voix: Ha! ha!
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît!
M. Laurin: ...commissions scolaires...
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, M. le ministre,
un instant, s'il vous plaît!
M. Laurin: Oui.
Le Président (M. Blouin): Afin que nos travaux se
déroulent normalement, tout en souhaitant la bienvenue aux
invités qui assistent à nos travaux dans l'enceinte du salon
rouge, je rappelle à chacun et à chacune que nos
règlements interdisent toute manifestation d'approbation ou de
désapprobation à l'égard des opinions qui sont
émises ou par les invités ou par les membres de la commission. M.
le ministre.
Mme Lavoie-Roux: On peut rire, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît, Mme la
députée de L'Acadie!
M. Laurin: Certaines commissions scolaires avaient, bien
sûr, et on en a entendu quelques-unes, commencé, même en
allant au-delà de la loi, persuadées quelles étaient du
besoin de cette réforme, de décentraliser au niveau de
l'école. Dans votre annexe, vous faites état de ces
expériences, et je m'en réjouis, mais je voudrais vous poser une
question à ce sujet. Cette délégation, qui demeure quand
même élastique en ce sens qu'elle peut toujours être reprise
par les commissions scolaires et qui, dans certains cas, va plus loin que ce
que le projet de loi 40 préconise, par exemple, sur le plan de la
décentralisation budgétaire, ne manifeste-t-elle pas, selon vous,
que le projet de loi 40 serait tout à fait applicable et réaliste
et qu'une telle façon d'assurer la revalorisation de l'école et
sa responsabilisation est souhaitable, voire nécessaire? Alors, je vous
pose cette question finale: Pourquoi la fédération refuse-t-elle
que cette responsabilisation soit faite par voie législative, ce que
nous ont demandé les parents, d'ailleurs, et certains autres
groupes?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, d'abord, brièvement,
vous me permettrez de récuser l'épithète de statu quo pour
les positions que nous avons défendues ici. Sur aucun point nous ne
défendons le statu quo.
Deuxièmement, sur la question précise, les commissions
scolaires, bien avant le projet de loi 40, ont eu des relations harmonieuses
avec leurs écoles. Le projet de loi 40 ne vient pas inventer la roue, on
l'a entendu hier. Le projet de loi 40 cherche à créer
uniformément un conseil d'école dont -M. le ministre vient de
l'indiquer - la représentativité est déjà
mesurée et indiquée. On parle d'une majorité de parents
à un conseil d'école, qui contrôlent un conseil
d'école. Comment parler dans ce cas-là de
collégialité et de concertation quand un des partenaires est
légalement dépositaire d'un pouvoir par sa majorité
à un conseil d'école dans une école? (11 h 30)
Le conseil d'orientation dont parlait M. le ministre, je pense que
c'était particulièrement dans l'article 52 qui parlait de sa
composition, la composition du conseil d'école dans la loi 71, avait
créé malheureusement une obligation de participation des parents,
des enseignants et du directeur d'école; pour qu'il y ait conseil
d'orientation, il y avait une espèce de droit de veto à chacun
des groupes devant faire cette concertation. Nous demandons, nous
suggérons d'amender cette loi 71, d'enlever le caractère
obligatoire des participants afin de retirer une espèce de droit de veto
qui devient... En fait, nous l'avons vu, cela a fait en sorte d'empêcher
le conseil d'orientation de fonctionner. Souvenons-nous que la loi 71 a
été adoptée en décembre 1979. Nous vivions alors
des problèmes, comme je l'ai indiqué plus tôt, de relations
du travail. Comme le ministre l'a indiqué, le ou les mots d'ordre des
centrales ont été suivis. Comme le conseil d'orientation avait
cette obligation d'y voir des enseignants, le mot d'ordre ayant
été suivi, eh bien! il n'y a jamais eu de conseil
d'orientation.
Mais le conseil d'orientation, l'esprit même qui préside
à la création d'un conseil d'orientation n'est-il pas plus sain
sur le plan de la concertation, sur la plan de l'égalité des
partenaires et sur le plan de la collégialité que nous
recherchons tous, justement afin de produire le projet éducatif, de
s'assurer de son vécu et, troisièmement, de permettre à
l'école de pouvoir l'évaluer?
Eh bien! C'est ce qui fait que le projet de loi 40, à cause de
son uniformité à
travers 3000 écoles du Québec qui, dans les
différents milieux du Québec, ont des besoins tout à fait
différents, fait en sorte que nous ne sommes pas capables de l'accepter
comme il est institué, d'autant plus qu'il part d'une conception
antagoniste de l'école et de la commission scolaire. Or, une commission
scolaire ne peut exister s'il n'y a pas d'école. Les écoles
forment un tout qu'est la commission scolaire. C'est le rôle de la
commission scolaire d'être un véritable régulateur de la
qualité et de la quantité des services à offrir a
l'élève.
C'est dans ce cadre que la commission scolaire se doit de travailler en
étroite collaboration avec ses écoles. Mais la commission
scolaire est un organisme démocratique. Ses représentants sont,
comme vous, des élus. C'est un organisme dont la
légitimité ne pose pas de problème. Les élus
viennent de l'ensemble de la population et, comme cela a été
indiqué hier et avant-hier, la majorité de ces élus sont
des parents et c'est normal. C'est normal que des parents soient plus
prêts à contribuer, généreusement il faut le dire,
et à s'associer dans chacun de leurs milieux, à faire en sorte
d'orienter le réseau de l'éducation.
Mais, il faut leur permettre et leur donner des moyens au niveau de la
commission scolaire pour orienter le réseau. Pour y arriver, il va
falloir décentraliser le ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Chagnon. M. le
ministre.
M. Laurin: II ne me paraît pas que la conception qui
préside au projet de loi soit antagoniste. Bien au contraire. Nous
savons très bien qu'il y a trois éléments principaux dans
le système scolaire, trois instances principales. Il y a l'école,
la commission scolaire et le ministère de l'Éducation. Il est
évident que, s'il y avait antagonisme institutionnalisé entre les
trois instances, le système ne pourrait pas fonctionner. Il s'agit, au
contraire, de répartir les responsabilités dans les lieux qui
semblent les plus appropriés à la prise de ces
responsabilités. C'est la raison pour laquelle, tout en renonçant
au concept de corporation-école -et j'ai expliqué les raisons
pour lesquelles nous le faisions - il ne nous paraît pas impensable, au
contraire, il nous paraît très opportun de confier à cette
instance décentralisée et maximale du système
éducatif que constitue l'école, là où vont les
enfants, là où enseignent les professeurs, là où
les parents peuvent voir se continuer l'éducation reçue dans la
famille, les pouvoirs et les responsabilités qui apparaissent les plus
appropriés pour la mise en place d'un projet éducatif de
qualité et un environnement éducatif de qualité.
Il ne nous paraît pas du tout impensable que le législateur
confie certaines de ces responsabilités à cet
élément important du système que constitue l'école
tout en reconnaissant - et le projet de loi 40 le reconnaît - que
l'école demeure quand même soumise à la commission
scolaire. Il y a plusieurs articles du projet de loi qui font état de
cette subordination de l'école à la commission scolaire, mais
justement pour bien s'assurer que l'école pourra répondre
à son objectif de qualité, il nous apparaît important de
spécifier dans une loi les responsabilités qui lui sont
attribuées tout en demandant à la commission scolaire, cependant,
de contrôler, de vérifier, d'aider, de soutenir et de
répartir les services éducatifs. Cette répartition des
pouvoirs ne nous apparaît pas relever d'une conception antagoniste. Au
contraire. Elle nous paraît relever de la saine attribution de
responsabilités aux lieux appropriés de décisions dans une
articulation, dans un arrimage, dans un mouvement et dans une dynamique qui
sont propices à l'atteinte des objectifs du système
éducatif sur le plan de la qualité aussi bien que sur le plan de
l'accessibilité des services. D'ailleurs, je pense que sur ce point, la
fédération des commissions scolaires aura beaucoup de
difficulté à créer un consensus autour de ses vues que le
ministère pourra en avoir.
Je voudrais poser une question à cet égard. Vous avez
entendu, j'en suis sûr, puisque vous êtes situés non loin de
nous au Hilton en permanence, les parents dire qu'ils n'étaient pas
satisfaits jusqu'ici du rôle qui avait été accordé
à l'école dans le passé et aussi de la contribution qu'ils
pouvaient apporter à la vie de l'école et à
l'amélioration de la qualité de l'école. Ils demandaient
en particulier que l'école ait des pouvoirs et des
responsabilités précises et que les parents aient non plus
simplement le rôle consultatif qu'ils ont eu jusqu'ici, mais un
rôle plus proprement décisionnel exercé, d'ailleurs, en
collégialité avec les autres intervenants de l'école.
Comment réagissez-vous à cette expression très vigoureuse
d'opinion que nous avons entendue?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, d'abord, j'aimerais... Je ne
peux pas être d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'il y a
présentement trois niveaux dans le secteur de l'éducation. Il y a
deux niveaux dans le secteur de l'éducation: il y a le niveau de la
commission scolaire et le niveau du ministère de l'Éducation. Le
projet de loi 40 crée un troisième niveau qui est l'école.
À la suite de l'adoption du projet de loi 40, il y aura un
troisième niveau contrôlé par un groupe qui est le groupe
parental. À propos de la délégation de pouvoirs, ce
à quoi nous
travaillons et ce à quoi les commissions scolaires travaillent
actuellement et depuis de nombreuses années, hier, vous avez entendu un
son de cloche et avant-hier, vous en avez entendu un autre. Vous avez entendu
des représentants de commissions scolaires qui sont venus ici - vous les
avez cités tout à l'heure - dont plusieurs avec les membres de
leurs comités de parents, des représentants de comités de
parents et c'était un autre son de cloche. Ils sont venus vous dire:
Dans notre commission scolaire, nous avons fait ceci, cela, ceci, cela qui
pouvait ressembler à certaines volontés du projet de loi 40 - je
ne mentionnerai que le projet éducatif - ou une volonté de
détermination de certaines valeurs dans certaines écoles. La
conclusion qu'on peut facilement en tirer, c'est qu'on n'a pas besoin du projet
de loi 40 pour y arriver puisque cela se fait déjà.
Quant au rôle des parents, nous - je le disais
précédemment - considérons qu'il est extrêmement
important. Il est extrêmement souhaitable que les parents s'animent
autour de l'école, fassent en sorte de dire et de bien articuler ce sur
quoi, sur le plan pédagogique, ils veulent voir s'améliorer leur
école. Par contre, je vous mentionnerai un sondage que nous avons rendu
public l'an dernier, au mois de février, et qui avait été
fait à cette époque, un sondage scientifique bâti par la
maison SORECOM, peut-être l'une des maisons les plus sérieuses au
Québec dans ce domaine, et qui concluait que, pour 90% des citoyens au
Québec, on cherchait à avoir un système
démocratique du type d'une commission scolaire. Ce qu'il y avait de
particulier dans ce sondage, c'est qu'à chacune des questions, on
s'apercevait que les réponses des gens qui s'identifiaient comme parents
étaient légèrement plus élevées que les
réponses données par les gens qui ne s'identifiaient pas comme
parents. On voyait dans ce sondage que les gens voulaient avoir une commission
scolaire qui soit plus forte. On considérait la commission scolaire
comme déresponsabilisée. On voulait, effectivement, avoir un
rôle plus grand au niveau de l'école. Par contre, le même
sondage révélait qu'on ne cherchait pas à se substituer
aux décideurs actuels.
Il y a, dans tout le Québec, des parents d'excellente
volonté qui travaillent dans les écoles, et la
Fédération des comités de parents nous le signalait hier
avec raison. Et nous travaillons avec eux aussi. Nous travaillons dans chacune
des écoles. Des parents siègent au conseil des commissaires. Des
représentants des comités de parents siègent au sein du
conseil des commissaires et du comité exécutif, parce que, je
vous le souligne encore une fois, les parents qui siègent au conseil des
commissaires ou au comité exécutif d'une commission scolaire et
qui, eux, ont été élus au suffrage universel sont des
parents d'enfants dans le système d'éducation. Alors, votre
système, il est "bonnet blanc, blanc bonnet" sauf qu'il vient diviser,
qu'il vient enlever des pouvoirs extrêmement importants, des pouvoirs
pédagogiques de la commission scolaire pour les redistribuer au niveau
des écoles d'un quartier, des écoles d'une commission. Et dans ce
cadre-là, pour nous, c'est inacceptable.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Chagnon. M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer, au nom de notre groupe politique, les représentants de la
Fédération des commissions scolaires catholiques qui sont
à la table des témoins ce matin. Il me fait plaisir de saluer
également la nombreuse délégation qui accompagne le
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. Nous retrouvons dans la salle ce matin des
dirigeants de commissions scolaires de toutes les régions du
Québec. Je pense que c'est une délégation qui est
éminemment représentative et que nous devons saluer avec beaucoup
de respect.
J'entendais tout à l'heure M. le ministre de l'Éducation
tenter, dès le début de ses remarques, de déprécier
le mémoire que nous venons d'entendre le définissant comme un
plaidoyer pro domo. Je pense que le ministre s'est mépris sur la
signification du mémoire. Quand des citoyens viennent nous rencontrer,
M. le ministre, pour nous rappeler que l'école doit demeurer partie d'un
système général, qu'elle ne saurait se développer,
s'épanouir si elle est trop coupée d'un réseau à
l'intérieur duquel elle va trouver sa force, dans l'ensemble duquel elle
apportera également sa contribution, je ne pense pas qu'ils viennent
faire un plaidoyer pro domo. Je pense qu'ils viennent plaider pour la
qualité de l'éducation. Ils méritent d'être
entendus. Peut-être, au chapitre des moyens par lesquels doit être
promue la qualité de l'éducation, ont-ils des vues
différentes de celles du gouvernement, mais cela ne veut pas dire qu'ils
plaident pro domo quand ils défendent ces grandes valeurs, (11 h 45)
Quand ils viennent nous dire, comme on l'a entendu dire ce matin, que le
système d'enseignement doit rester sous la responsabilité
démocratique véritable des citoyens, de la collectivité,
pas seulement d'un groupe particulier à l'intérieur de la
collectivité mais de toute la collectivité, je ne pense pas
qu'ils viennent faire un plaidoyer pro domo. Ils viennent faire un plaidoyer
pour la démocratie bien comprise. Je pense que le gouvernement aurait
intérêt
à l'écouter. Je ne voudrais pas qu'on conserve
l'impression de cette présentation très rétrécie
que l'on a entendue plus tôt de la portée du mémoire
présenté ce matin. Moi, ce n'est pas comme cela que je l'ai
compris et je suis convaincu que nos concitoyens auront la même
perception. J'ai aussi déploré que, dans ses remarques, le
ministre a montré, malheureusement une fois de plus, qu'il n'est pas
bien informé sur ce qui se passe dans les commissions scolaires et dans
les milieux scolaires.
M. le ministre, jeudi dernier, je suis allé dans ma région
causer avec les membres d'une commission scolaire parce que je voulais prendre
la température une dernière fois avant de venir discuter de votre
projet de loi. Je pense que je peux les nommer. Ce sont les commissaires de la
commission scolaire de Saint-Eustache. Eux aussi aimeraient beaucoup être
sur votre liste choisie d'invités, entre parenthèses. Il y avait
là autour de la table deux directeurs d'école, deux
représentants des parents, quatre commissaires et deux cadres
supérieurs de la commission. On a eu une discussion éminemment
cordiale. Et là, ils m'ont montré comment, dans la pratique, se
fait la coordination, l'unité et le développement du
système. En écoutant ces choses-là, M. le ministre, on est
obligé de reconnaître objectivement, que c'est de toute
beauté! Quand on voit les raccourcis que contient le livre blanc, que
contiennent certains propos qu'on entend sur les lèvres du ministre
parfois, c'est regrettable parce que la situation véritable, ce n'est
pas cela.
Je donne un exemple, la délégation de pouvoir. Deux
commissions choisies par vous sont venues nous présenter un
résumé de ce qu'elles ont fait, un résumé fort
incomplet d'ailleurs qui demanderait d'être vérifié de
près; je ne veux pas semer de doutes à ce sujet mais ce sont des
choses qu'on doit évaluer de manière systématique quand on
veut les généraliser à l'échelle de tout un
territoire. Cela fait longtemps que cela se pratique la
délégation de pouvoir dans les commissions scolaires. Cela a
commencé avant, bien avant le livre blanc sur l'école
communautaire et responsable. Ma collègue de L'Acadie aura sans doute
l'occasion de parler plus tard de ce qui s'est fait à la commission des
écoles catholiques de Montréal dès le temps où elle
en était la présidente. Cela, c'est bien avant que vous soyez
membre du gouvernement. Je pense qu'il y a des choses qui devraient être
établies. Quand on vient s'ingérer ou insinuer, comme je l'ai
entendu faire plus tôt, que les conseils d'orientation ne seraient pas
développés parce que les commissions scolaires n'ont pas fait ce
qui devait être fait de ce côté-là. C'est
parfaitement ridicule! Nous savons tous pourquoi cette institution là
n'a pas produit les fruits espérés.
Ce qu'on ne doit pas ignorer, c'est que dans un très grand nombre
d'écoles, même si le conseil d'orientation n'existe pas tel quel,
sous la forme qui est prévue à l'article - je ne sais pas si
c'est 24 ou 25 de la Loi sur l'instruction publique, cela n'a pas d'importance
- il existe des choses qui, dans la pratique, équivalent à cela,
M. le ministre. Il y a bien des endroits où les enseignants collaborent
avec le directeur de l'école, avec le comité d'école et
où il se fait des choses remarquablement concertées,
remarquablement constructives. Il s'en est fait même à travers
tout le climat de conflits qu'on a vécu au cours des deux
dernières années. Cela doit entrer en ligne de compte. Il me
semble que ceux qui le permettent, qui le suscitent dans une très grande
mesure, ne méritent pas de se faire adresser des reproches comme ceux
qu'on a entendus plus tôt.
Le ministre disait également qu'on demandait un retour en
arrière, M. le Président, pas seulement le statu quo de la
fédération des commissions scolaires, il a dit que vous vouliez
revenir en arrière. Il a cité deux exemples à propos des
pouvoirs du ministère de l'Éducation. M. le ministre, j'ai lu le
mémoire. Je trouve quatre choses en ce qui regarde les attributions que
ces gens sont prêts à confier au ministère de
l'Éducation. La détermination des objectifs d'ensemble du
système scolaire, des régimes pédagogiques, des programmes
d'études. Cela va assez loin. Deuxièmement, la répartition
selon les facteurs de péréquation de la masse monétaire
dont l'État dispose pour la mission éducative.
Troisièmement, le contrôle et l'évaluation de la
qualité des services éducatifs, les contrôles devant
s'exercer a posteriori et recentrés sur les résultats
plutôt que sur les moyens de fonctionnement. Et enfin, la
détermination de la masse salariale et des avantages sociaux à
incidence financière considérable.
Je relis ce que le livre blanc disait à propos du
ministère et il n'y a pas tellement de différence entre les deux.
Je pense qu'il y a au moins de la matière à négociation,
il y a au moins de la matière à rapprochement; il me semble qu'il
y en a beaucoup. À partir de ce cadre, il devrait être possible de
s'entendre sur un rôle un petit peu plus allégé du
ministère de l'Éducation par rapport à ce qu'il est
actuellement et par rapport à ce qu'il serait si le projet de loi devait
être adopté dans sa forme actuelle.
Ceci étant dit, j'ai mentionné d'autres points hier. Nous
aurons l'occasion d'y revenir au cours de la journée, mais
évidemment cela est un point sur lequel on n'a jamais eu de
précision de la part du gouvernement parce qu'il n'est pas capable d'en
donner. J'ai demandé à des gens: Comment pouvez-vous demander
à- une
commission scolaire d'être l'employeur de son personnel et en
même temps de ne pas avoir une certaine autorité sur son
personnel? J'ai demandé si on connaissait des exemples de cela dans le
secteur public. Vous vous rappelez, à la table des témoins, hier,
les représentants de la Fédération des comités de
parents ont été obligés de dire qu'ils n'en connaissaient
pas. J'ai demandé si on connaissait d'autres pays du monde, avec un
stade de développement correspondant à celui du Québec,
où on aurait le genre de structure à contrôle parental que
propose le gouvernement. On n'est pas capable de citer un cas. Le ministre a
fait mention de l'Angleterre; on va lui en reparler plus tard aujourd'hui de
l'Angleterre, on a des nouvelles pour lui là-dessus.
Une voix: ...
M. Ryan: Non, mais devant des choses d'une telle ampleur, je
pense qu'on a le droit de se poser des questions et de venir soulever des
difficultés ici. C'est ce qu'on fait et, par conséquent, c'est
plus qu'un plaidoyer pro domo, c'est un plaidoyer pour la démocratie
scolaire; et si c'est être conservateur, M. le ministre, que de
défendre la démocratie scolaire, je vous prie de me ranger dans
cette catégorie.
J'aurais quelques questions à vous adresser, M. le
Président, ainsi à qu'à vos collègues qui font
partie de la délégation. Des doutes ont été
soulevés, depuis le début des séances de la commission,
sur la valeur représentative du point de vue qui nous serait
présenté par la fédération des commissions
scolaires. On a commencé mardi par entendre des commissions scolaires
individuelles - choisies par le ministre évidemment - qui se sont
présentées ici avec sincérité, je pense, et
voulaient nous dire leur expérience et nous donner leur opinion. Nous
les avons écoutées avec beaucoup d'intérêt. Mais je
voudrais que vous nous disiez: le mémoire que vous nous présentez
ce matin a-t-il été dûment approuvé par l'ensemble
de vos commissions scolaires? Est-ce qu'il y en a plusieurs qui vous ont fait
part d'une dissidence? Est-ce que vous êtes en mesure d'affirmer que
c'est l'opinion très générale des commissaires
d'école?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, la valeur
représentative de notre mémoire ne fait aucun doute. Nous avons
211 membres; notre mémoire est la poursuite de notre cheminement et de
notre raisonnement sur toutes ces questions. Il a fait l'objet de deux
assemblées générales de la fédération, l'une
le 16 mars 1983, et la dernière, une assemblée
générale spéciale, le 29 mai 1983. Nos positions sont
celles des commissions scolaires: elles proviennent d'une consultation que nous
avions faite préalablement.
Au cours de ces deux assemblées générales, les
positions ont été adoptées, en gros, dans l'ordre de 85%
à l'unanimité. Si, comme nous l'avions demandé lundi de
cette semaine, les mémoires soumis par toutes les commissions scolaires
étaient entendus, vous auriez la chance de pouvoir apprendre des choses
qui probablement pour vous seraient nouvelles, à savoir que des
activités au niveau de l'école se font, comme on posait la
question tout à l'heure.
Deuxièmement, en ce qui concerne la
représentativité, évidemment sur 211 membres il y a six ou
sept commissions scolaires qui sont plus ou moins dissidentes. Vous en avez
rencontré quatre mardi. Nous sommes fiers de nos commissions scolaires,
qu'elles soient plus ou moins dissidentes ou autrement. Une chose est certaine
c'est que la Fédération des commissions scolaires n'est pas une
espèce de cage idéologique; ce n'est pas un goulag, la
fédération des commissions scolaires, et le droit à la
dissidence c'est un droit que nous acceptons. S'il y a six ou sept commissions
scolaires qui se sont montrées dissidentes, il y en a 97% qui sont de
l'avis de la fédération pour la simple et bonne raison que l'avis
de la fédération est leur avis.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. Chagnon. J'aurais une autre question, je vais
la poser un peu tranquillement parce que j'essaie d'aller au coeur du
problème en prenant le moins de temps possible. Vous nous dites qu'un
des effets de la loi 40, si elle était adoptée, serait de
réduire les commissions scolaires à un statut insignifiant,
à une situation où elles seraient dépourvues des pouvoirs,
des moyens d'action dont elles ont besoin pour s'acquitter de leurs
fonctions.
Dans le projet de loi 40, nous trouvons un certain nombre de
dispositions qui semblent donner des attributions aux commissions scolaires et
dont certains nous disent même qu'elles leur en donnent trop. Je voudrais
vous citer les principaux articles du projet de loi qui traitent de ce sujet
pour que vous nous disiez s'ils seraient satisfaisants, à votre point de
vue, pour maintenir le rôle nécessaire des commissions scolaires.
On dit à l'article 29 que l'école est établie par la
commission scolaire, donc l'école ne peut pas exister si elle n'est pas
établie par la commission scolaire. On dit que cela est un pouvoir
très intéressant.
Ensuite à l'article 90, on dit: "Dans les domaines de
compétence que le chapitre IV attribue aux commissions scolaires,
l'école exerce ses fonctions dans le cadre défini par la
commission scolaire dont elle relève." Par
conséquent, il y a un certain lien qui est prévu dans le
projet de loi entre l'école et la commission scolaire. Il faudrait que
vous notiez cela également pour me donner votre impression sur cela.
Ensuite il y a l'article 137. Ce sont des exemples et je ne
prétends pas vous donner une liste exhaustive. À cet article il
est écrit: "Chaque commission scolaire a compétence sur toutes
les écoles de son territoire dont le statut linguistique est le
même que le sien."
À l'article 199, on lit: "La commission scolaire s'assure que la
population de son territoire reçoit les services éducatifs
auxquels elle a droit dans les écoles situées sur son
territoire."
À l'article 202, il est écrit: "La commission scolaire
répartit les services éducatifs entre les écoles de son
territoire."
J'en mentionne deux derniers, les articles 206 et 207. L'article 206:
"La commission scolaire assure le soutien à l'organisation
pédagogique des écoles." L'article 207: "La commission scolaire
veille à ce que les écoles évaluent les apprentissages de
l'élève et appliquent les épreuves uniques imposées
par le ministre." Ailleurs il est écrit que l'école
élabore son budget, lequel doit être approuvé avec ou sans
modification par la commission scolaire.
Le projet de loi attribue également à la commission
scolaire la responsabilité de l'affectation du personnel suivant les
écoles.
Cela donne un peu de manière honnête, je pense bien - je
n'ai rien déformé - la portée des responsabilités
que le projet de loi veut conférer aux commissions scolaires. J'aimerais
avoir vos commentaires sur cela. En quoi ces pouvoirs ou attributions ou
responsabilités ne seraient-ils pas jugés satisfaisants par vous
pour que vous puissiez vous acquitter convenablement de votre mission comme
vous la concevez?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Le premier article que vous avez mentionné
c'est quel numéro?
Le problème de fond qui se pose entre les relations
école-commission scolaire c'est que les articles que vous avez
cités sont d'abord relativement imprécis. L'article 90: "Dans les
domaines de compétence que le chapitre IV attribue aux commissions
scolaires, l'école exerce ses fonctions dans le cadre défini par
la commission scolaire dont elle relève." La commission peut
définir un cadre sauf qu'il y a dédoublement de fonctions entre
d'autres fonctions que l'école se doit de faire. Je pense entre autres
à l'établissement du calendrier scolaire, aux choses relatives au
transport scolaire, au choix d'un directeur d'école. Il y a comme un
conflit naturel qui existe entre l'école et la commission scolaire dans
le partage des responsabilités prévu dans le projet de loi. C'est
cela qui vient rendre les articles que vous venez de nous citer - 29, 90, 137,
199 et 202 - pas tout à fait clairs. Si on regarde l'article 29,
l'école est établie par la commission scolaire, mais c'est le
ministre qui en signe l'acte d'établissement. C'est le ministre qui
autorise une commission scolaire à avoir un nombre X
d'établissements sur son territoire. Il y a des restrictions comme cela
qu'on retrouve un peu partout dans le projet de loi, particulièrement
dans les chapitres que vous avez cités. (12 heures)
La compétence de la commission scolaire sur ses écoles est
limitée ou elle se termine là où la compétence des
écoles commence sur son territoire, on devrait présumer cela. M.
le ministre citait tout à l'heure, M. Garant, spécialiste en
droit, qui semblait dire qu'il n'y avait pas de problème dans
l'espèce d'élaboration de la mécanique légale entre
l'école et la commission scolaire. Or, ce matin, dans le journal Le
Devoir, il y avait un article de M. Gilles Rémillard, un
constitutionnaliste, qui semblait arriver à la conclusion que
l'école du projet de loi 40 possédait moins de pouvoirs que
l'école avant le projet de loi 40. On finit par tomber dans une
espèce de schéma légaliste qui nous entraîne dans un
tourbillon duquel on ne voit pas le bout du tunnel, on ne voit pas le
commencement de la lumière. C'est l'articulation de cela qui finit par
être assez difficile à saisir, tant pour les gens qui
travailleraient sous l'empire du projet de loi 40, au niveau de l'école,
que ceux qui travailleraient au niveau de la commission scolaire. D'abord, la
mécanique est faussée au départ entre le rôle de
l'un et de l'autre par le moyen et par le mode du suffrage universel. Si les
gens sont élus au niveau d'une école et qu'ils
représentent leur école devant la commission, comment les
pouvoirs de la commission et les pouvoirs de l'école vont faire pour
s'arrimer ensemble, c'est cela le problème.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui. À propos de ce que vient de mentionner M.
Chagnon, je voudrais simplement signaler au ministre que M. Patrice Garant pour
qui j'ai beaucoup de respect, n'est pas un expert en administration scolaire,
c'est un professeur de droit administratif à l'Université Laval.
Ce n'est pas un expert en administration scolaire, c'est tout autre chose. Pour
l'aspect juridique, c'est très bien, mais il y a tout le problème
du fonctionnement et de la gestion qui est un tout autre problème.
J'en viens à une autre question si...
Le Président (M. Blouin): Aviez-vous un
complément de réponse, monsieur Paradis?
M. Chagnon: Peut-être que M. Paradis pourrait ajouter
à cette question...
Le Président (M. Blouin): Oui, d'accord. M. Paradis.
M. Paradis (Fernand): Si vous permettez, M. le Président,
j'aimerais faire quelques commentaires sur la question posée. Il
m'apparaît que l'examen de ces articles ne peut se faire isolément
de l'ensemble du projet de loi. Qu'on regarde, par exemple, les chapitres 5 et
6 en ce qui concerne les pouvoirs du ministre. Lorsqu'on se met à les
parcourir, le sentiment qui demeure, c'est qu'il y a une
délégation d'administration vers la commission scolaire et,
également, vers l'école, ce qui place un certain nombre de
personnes dans des situations ambiguës. L'exemple le plus classique me
semble être celui du directeur d'école qui relève du
conseil de l'école. S'il ne fait pas l'affaire, c'est la commission
scolaire qui le récupère et qui doit, ensuite, tenter de le
placer. Il y a des ambiguïtés qui sont créées par
l'ensemble, par l'économie générale de la loi. Chaque
article, pris isolément, peut donner l'allure de bon sens. On peut
être porté à accepter. Mais lorsqu'on regarde les articles
et qu'on les met en concordance, c'est là que les ambiguïtés
surviennent et c'est là que les conflits risquent d'apparaître.
C'est ce que je souhaitais ajouter sur les propos de M. le
président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Paradis. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aurais deux autres questions. La première: vous
donnez dans votre mémoire - je pense que c'est à la page 15 du
texte complet de votre mémoire... Cette question a été
posée à plusieurs reprises au cours de la journée d'hier,
je voudrais profiter de votre passage pour que vous nous apportiez certains
éclaircissements là-dessus. On se demandait s'il y avait des
articles dans le projet de loi qui entraînaient un accroissement de la
puissance d'intervention du ministre. Dans votre mémoire, il y a des
passages qui sont consacrés à cela. Dans votre
résumé, vous avez été obligé de passer
très vite là-dessus. Je ne sais pas si vous pourriez nous donner
un certain nombre d'exemples de dispositions du projet de loi 40 qui
entraînent un élargissement de la compétence ou de la
puissance du ministre.
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: La lecture des chapitres V et VI du projet de loi est
très révélatrice sur les pouvoirs qu'accapare le
ministère ou que garde le ministère ou qu'il ne
décentralise pas. Je pourrais vous faire une lecture des chapitres V et
VI. D'abord cela commence comme ceci: "Le ministre établit, à
l'éducation préscolaire, le programme des activités de
formation et d'éveil et, à l'enseignement primaire et secondaire,
les programmes d'études dans les matières obligatoires et
à option. Ces programmes comprennent des objectifs et des contenus
notionnels obligatoires et des objectifs et des contenus notionnels indicatifs
que l'école adapte à ses besoins selon les priorités de la
communauté à laquelle elle dispense des services. Le ministre
établit la liste des manuels scolaires qu'il autorise. Le ministre
établit la liste des matières à option non
mentionnées au régime pédagogique et la liste des
matières pour lesquelles il impose des épreuves uniques. Le
ministre publie, à la Gazette officielle du Québec, un avis sur
l'adoption des programmes ou listes visés aux articles 292 à 294.
Cet avis mentionne la date à laquelle ces programmes ou listes
s'appliquent et leur objet. Un exemplaire des programmes et des listes
établis par le ministre est distribué gratuitement aux
commissions scolaires, aux écoles et au Conseil supérieur de
l'éducation. Un exemplaire est aussi distribué, sur demande,
à toute personne contre paiement des frais de reproduction et de
transmission déterminés par le ministre. Le ministre peut
établir les critères ou les conditions pour l'attribution d'une
équivalence d'études... Le ministre peut réviser les
résultats obtenus par un élève aux épreuves uniques
afin d'éviter de pénaliser indûment
l'élève".
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne veux pas interrompre M. Chagnon, mais, s'il veut
nous donner la lecture de tous les articles qui traitent des pouvoirs du
ministre, j'en ai compté au-delà de 80.
M. Chagnon: C'est cela.
M. Ryan: Vous m'avez demandé si je consentais, je dis non.
Mais j'aimerais que vous me donniez quelques...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Si vous voulez continuer, c'est votre affaire, remarquez
bien. Mais, si vous voulez répondre à mon désir, je
souhaitais que vous me donniez des exemples d'articles qui comportent un
accroissement des pouvoirs du ministre.
M. Chagnon: Par les articles 200 à 230
qui accordent aux écoles l'usufruit des biens mis à leur
disposition par les commissions scolaires, ces dernières perdent donc
une partie de leur droit de propriété. Cela, ce n'est pas un
pouvoir du ministre. L'article 308, quatrième alinéa, s'inscrit
dans le même sens, puisqu'il fait du ministre de l'Éducation le
juge des besoins des commissions scolaires en termes de biens, meubles et
immeubles. C'est nouveau, cela. Le pouvoir ainsi accordé au ministre
équivaudrait, à toutes fins utiles, à un pouvoir
d'expropriation. De même, le ministre pourrait dorénavant
décider des conditions et des modalités d'étalement des
surplus ou des déficits des commissions scolaires, comme l'indique
l'article 242 du projet de loi. À l'article 306, le ministre peut
retenir ou diminuer le montant d'une subvention destinée à une
commission scolaire dans le cas où une loi ou un règlement
concernant l'éducation n'est pas appliqué, dans le cas où
les règles d'attribution des ressources financières ne sont pas
observées ou que le service pour lequel une subvention est versée
n'est pas rendu. Actuellement, le ministre ne peut que retenir le montant d'une
subvention.
C'est aussi le fait de l'article 308 qui révèle l'ampleur
de la réglementation à venir. L'alinéa 3 de cet article
donne au gouvernement le droit de déterminer les normes, les conditions
et les procédures à suivre par les commissions scolaires pour
l'acquisition de biens ou de services ou pour disposer des biens.
Sur le plan pédagogique, par exemple, M. le député,
l'article 309, premier alinéa, accorde au ministre le pouvoir de
déterminer les conditions et les modalités de consultation des
parents pour la demande de la reconnaissance confessionnelle de l'école,
ou de son retrait, alors que l'article 32 n'accorde pas à l'école
le pouvoir d'en demander le retrait.
Au plan des ressources humaines, l'article 309, deuxième
alinéa, reconnaît au ministre le droit de déterminer toutes
les conditions de travail du personnel non membre d'une association
accréditée, ce qui est actuellement du ressort des commissions
scolaires.
L'article 245 légalise l'ingérence du ministre dans la
vérification des commissions scolaires. L'article 309, septième
alinéa, lui accordera le droit d'établir les normes de
remboursement des dépenses des membres du conseil d'administration ou du
comité exécutif. Enfin, il y en a une liste.
M. Ryan: Très bien, je pense que...
M. Chagnon: M. le Président, je me rendrai avec plaisir
à la demande du député de ne pas lire les quelque 80
articles qui sont les articles relevant du pouvoir du ministère ou du
ministre.
M. Ryan: M. le président, à la fin du
résumé dont vous avez donné lecture, vous parlez des vides
juridiques nombreux qu'auraient constaté vos conseillers juridiques
à l'examen du projet de loi. Est-ce que vous vouliez laisser entendre
par là que vous auriez une étude que vous seriez disposé
à mettre à la disposition de la commission parlementaire?
M. Chagnon: Nous avons effectivement une étude sur le
projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et secondaire public à
soumettre à la commission parlementaire. Enfin, cela pourrait être
un document supplémentaire si les membres...
M. Ryan: Oui, cela nous intéresserait.
M. Chagnon: ...veulent l'avoir, si les parlementaires veulent
l'avoir. Ce sera certainement intéressant dans le but d'améliorer
une partie de la mécanique du projet de loi, si c'est le voeu de la
commission.
Le Président (M. Blouin): II n'y a pas de problème,
M. Chagnon. Vous n'avez qu'à le déposer au secrétariat et
nous le distribuerons aux membres de la commission.
M. Chagnon: Cela me fera plaisir de vous la remettre.
M. Ryan: Des vides juridiques... Oui, c'est important.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Une voix: Un
document nouveau.
M. Ryan: Très bien. Une dernière question, M. le
Président. La Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec défend dans son mémoire le principe
de l'élection des commissaires d'école au suffrage universel
à partir de territoires géographiques et de circonscriptions
électorales géographiquement déterminées. C'est une
position que nous-mêmes, de ce côté-ci de la table,
défendons. Mais nous avons entendu à plusieurs reprises depuis le
début des audiences de la commission parlementaire des organismes qui
sont venus nous dire qu'ils favoriseraient, eux, une commission scolaire
à composition mixte, à composition comportant soit une
majorité de représentants en provenance d'organismes parentaux et
une minorité de commissaires élus au suffrage universel ou soit
un nombre égal de représentants des deux catégories.
Est-ce que je pourrais vous demander quelle est votre position sur cette
idée?
M. Chagnon: M. le Président, nous défendons la
position d'un véritable gouver-
nement local scolaire démocratique et responsable. Je pense que
le plus grand acte de démocratie qu'on puisse faire, c'est de permettre
à l'ensemble des citoyens d'élire tous ces représentants
pour l'orientation d'un service ou des services ou d'une gamme de services
qu'on veut se donner. La légitimité même de ces élus
au suffrage universel n'est pas remise en doute contrairement à des
modèles comme ceux suggérés par le député
d'Argenteuil, 50%-50% ou 25%-75%. Cela ressemble beaucoup plus à une
compromission qu'à un compromis. Cela vient éluder le principe
même d'un gouvernement local dont les membres sont élus au
suffrage universel, qui possède un pouvoir de taxation et qui
possède aussi le pouvoir d'orienter son réseau d'éducation
dans un milieu.
On ne peut créer des distinctions au niveau des
représentants dans un conseil. Par exemple, si on avait deux types de
commissaires dans une commission scolaire, on se trouverait
inévitablement à avoir des commissaires qui
représenteraient des groupes d'intérêt différents.
Premièrement, l'ensemble de la société et,
deuxièmement, prenons l'exemple que vous formuliez, un groupe de
parents. Qui, de ce groupe de parents, est membre de cette
société? C'est antinomique. On ne verrait pas à
l'Assemblée nationale des gens qui seraient représentants du
secteur de la voirie et d'autres qui seraient représentants d'un autre
secteur. Tous les députés qui sont ici en face de moi sont des
gens qui ont été élus au suffrage universel et dont la
légitimité ne peut pas être remise en question. C'est
fondamental dans un régime démocratique. Pour nous, c'est aussi
l'apanage d'un modèle comme le modèle municipal ou le
modèle scolaire. Dans le monde municipal on ne crée pas et on ne
pense pas même à créer de divisions dans un conseil
municipal en privilégiant des groupes particuliers de la
société pour faire en sorte qu'ils soient, eux aussi, des
représentants du groupe d'où ils proviennent. (12 h 15)
Deuxièmement, j'ajouterais que les expériences que nous
connaissons déjà de conseils d'administration multipartites - je
pense entre autres aux centres hospitaliers, aux centres d'accueil, aux CLSC,
aux cégeps... La Fédération des cégeps, M. le
ministre doit le savoir, a des classeurs complets de protestations sur le mode
de représentation des gens au conseil d'administration. Il y a trop
d'intérêts qui se mélangent et trop de gens qui sont
porteurs d'un intérêt particulier pour faire en sorte que les
conseils d'administration puissent fonctionner dans le meilleur
intérêt de l'ensemble de la communauté.
Dans les centres d'accueil, les CLSC et autres, on aura toujours un peu
de misère à assurer la légitimité des
représentants parce qu'ils ne sont pas représentants de
l'ensemble de leur communauté. M. Perron pourrait ajouter sur le sujet
si vous le désirez, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Rapidement, M. Perron, s'il vous
plaît!
M. Perron (Charles): D'abord, on parle d'une école
communautaire et responsable. On est bien d'accord mais, pour qu'elle soit
communautaire, elle ne peut absolument pas être dominée par un des
groupes de notre société qui soit des parents; sinon, elle n'est
plus communautaire, elle est presque ségrégationniste. Le mot est
peut-être un peu fort mais je suis bien à l'aise pour le
mentionner parce que j'émane moi-même du réseau des
comités d'école, des comités de parents; j'ai
cheminé dans toute la structure. Je n'ai pas le sentiment qu'en faisant
d'un groupe quelconque un groupe majoritaire au sein d'une institution
décisionnelle, on pratique vraiment l'esprit communautaire. On fait en
sorte d'isoler l'école de son propre milieu en faisant en sorte que
seuls les parents soient considérés comme des interlocuteurs
valables. C'est un point.
Maintenant, l'école responsable. On voit déjà le
peu de pouvoir qui peut rester à la commission scolaire. On
prétend qu'il lui en restera quand même mais qu'on en
déléguera encore aux écoles. On sera responsable mais
responsable de quoi, finalement? Je me pose une autre question encore beaucoup
plus fondamentale que celle-là. On a connu au Québec, au cours
des années passées, des petites écoles de rang qu'on a
remplacées par des écoles centrales; puis, on a concentré
encore la structure. On est venu à l'opération 55, les
régionales. Maintenant, on renie ces structures; il y a donc eu une
erreur de commise. On retourne vers cette atomisation de 3000 écoles
pratiquement autonomes. Que les écoles aient plus de pouvoirs, c'est
évident. D'ailleurs, il y a beaucoup de commissions scolaires qui
donnent de plus en plus de pouvoirs. Je m'excuse, M. le ministre, mais avant
que le projet de loi 40 ne soit mentionné, il y a des écoles qui
reçoivent de leur commission scolaire de plus en plus de pouvoirs. Mais,
moi, je me pose la question: Comment se peut-il qu'on ait une conception aussi
"esprit de clocher"? Vous savez, je pense que, dans une structure scolaire, le
pire à combattre, c'est l'esprit de clocher. Et, dans la pratique, c'est
toujours à cela qu'on se heurte... Brièvement? C'est bien. Alors,
quand on va se retrouver avec 3000 écoles relativement autonomes, on va
faire jouer là à nouveau l'esprit de clocher qu'on est
magnifiquement parvenu à abolir à peu près partout. Et
cela, c'est la plus dure performance qu'on puisse réaliser, abolir cet
esprit-là. On va y revenir en vertu d'un principe dont la logique
m'échappe, je vous
l'avoue bien humblement.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Perron.
M. Perron (Charles): Vous m'avez demandé d'être
bref. C'est à peu près cela.
Le Président (M. Blouin): Merci.
M. Chagnon: Alors, M. le Président, un conseil
d'administration qui ne serait pas composé d'un ensemble de gens
élus au suffrage universel deviendrait une espèce d'unité
administrative d'un autre groupe par rapport à un gouvernement
local.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Chagnon. Un
dernier mot, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui, juste une mise au point. M. Chagnon a parlé
tantôt de la formule suggérée par le député
d'Argenteuil. Je pense qu'il voulait dire: une formule qui a été
suggérée par d'autres...
Le Président (M. Blouin): Bon.
M. Ryan: ...et évoquée par le député
d'Argenteuil pour avoir des éclaircissements.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Cette mise au point étant faite, je
cède maintenant la parole à M. le député de
Vachon.
M. Payne: La commission des écoles catholiques de
Québec m'a dit hier, en réponse à une question, qu'elle
n'avait pas remarqué une tendance centralisatrice dans le projet de loi
40 et que le projet montrait même - je cite - "un esprit
décentralisateur". Vous avez donné deux exemples tout à
l'heure, aux articles 308 et 309, d'une tendance centralisatrice. Je ne suis
pas d'accord avec vous, mais j'aimerais qu'on échange là-dessus
durant quelques minutes.
Pour l'intérêt du public, il s'agit, à l'article
309, de la possibilité laissée aux commissions - je parle de
votre proposition par rapport à ce qui est proposé dans le projet
de loi... Vous proposez qu'on laisse aux commissions scolaires la
responsabilité de déterminer les conditions et les
modalités de consultation des parents pour l'établissement ou la
révision du statut confessionnel. N'êtes-vous pas au courant que,
si c'est inclus tel quel dans la loi, c'est pour apporter une certaine
harmonisation? C'est une proposition - peut-être n'êtes-vous pas au
courant - pas du gouvernement, pas des fonctionnaires, pas du ministre, mais
une proposition du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation.
En ce qui concerne l'article 308, c'est beaucoup plus
intéressant, par ailleurs. On parle, parmi d'autres choses, de l'octroi
des contrats. Accepteriez-vous une situation selon laquelle une commission
scolaire puisse adopter ses propres règlements qui aillent à
l'encontre d'une commission scolaire avoisinante en ce qui concerne l'octroi
des contrats, ou dans un autre domaine, la disposition de ses biens et de ses
immeubles? C'est sûr que dans le passé il y avait une certaine...
on dirait même dans certains cas une certaine anarchie en ce qui concerne
la réglementation régionale. Par contre, je considère que
l'argument que vous apportez, à savoir que vous devriez avoir les
mêmes pouvoirs que les municipalités, est très mal
fondé, parce que les municipalités, depuis l'arrivée du
Parti québécois, sont assujetties à des règles
très rigoureuses en ce qui concerne l'octroi des contrats, notamment par
Rosalie. Je considère que les pèlerinages qui existaient dans le
passé avec le Parti libéral, à Québec, pour avoir
l'octroi de contrats est passé. Ma question est: de quelle
manière croyez-vous n'être pas en train de vous approprier
certains pouvoirs arbitraires qui existaient dans le passé et que
peut-être possédait le ministre dans le passé?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, la première partie de
la question du député de Vachon concerne le mode de consultation
sur le statut confessionnel d'une école. Bien, il est bon de savoir que
depuis sept ou huit ans il y a des consultations qui sont faites sur le statut
confessionnel des écoles qui sont nouvellement construites. Or, dans
tous les cas, les commissions scolaires qui ont eu à faire ces
consultations les ont faites, que je sache, de façon tout à fait
acceptable puisque le comité catholique a entériné les
décisions de ces commissions scolaires.
Deuxièmement, j'ajouterai ceci. Pourquoi pas un modèle
unique comme vous le suggérez? Parce que la décentralisation, par
elle-même, implique la reconnaissance d'une certaine
diversité.
Quant à l'octroi des contrats, je n'ai pas compris votre
problème.
M. Payne: Je voudrais retenir la discussion pendant deux secondes
sur le statut confessionnel. Êtes-vous d'accord avec le principe
opérationnel que vous proposez, selon lequel une commission scolaire
peut édicter un statut confessionnel qui différerait de la
définition du statut confessionnel d'une autre commission scolaire? Ne
croyez-vous pas que le gouvernement, en association avec les partenaires et
suivant la recommandation
du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation, qui n'a rien à faire avec le ministre, lui, devrait
être en mesure d'harmoniser, de normaliser les définitions des
statuts confessionnels. C'est cela le point central du problème.
M. Chagnon: Si vous le regardez par ce bout du télescope,
je vous dirai ceci: Les définitions d'un statut confessionnel ne varient
pas d'une commission scolaire à l'autre, le français étant
une langue universelle au Québec et la confession, on sait de quelle on
parle. De plus, j'ajouterais que le comité catholique a rendu public, il
y a trois ans, une espèce d'index où toutes ces
définitions se retrouvent; alors, tout le monde sait de quoi on parle
quand on parle de statut confessionnel dans les commissions scolaires. Or, la
consultation comme telle ne peut pas mener à une définition
différente d'un statut confessionnel d'une commission scolaire par
rapport à une autre.
M. Payne: Et l'article 308? M. Chagnon: Les contrats?
M. Payne: Oui.
M. Chagnon: Pouvez-vous répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Payne: Oui. Vous semblez vouloir, au nom des commissions
scolaires, vous approprier certains pouvoirs - on pourrait dire arbitraires
dans le passé - que possédait le ministre ou le gouvernement pour
la disposition des biens immeubles en disant que vous devriez avoir les
mêmes pouvoirs que les municipalités. Je vous ai signalé
que les municipalités comme le gouvernement, comme les ministères
du gouvernement, comme le ministère des Travaux publics, maintenant sont
rigoureusement assujetties aux règles uniformes pour l'octroi des
contrats.
M. Chagnon: II y a déjà des règles qui
existent dans les commissions scolaires pour l'octroi des contrats,
particulièrement des règles qui concernent les processus d'octroi
de contrats, peu importent les types de contrat, que ce soit
l'enlèvement de la neige, enfin tout ce qu'on veut, ou la
construction.
M. Payne: Oui, mais ma question était: Est-ce que vous ne
pensez pas que c'est nécessaire d'avoir une harmonisation dans
l'intérêt public et l'intérêt national?
M. Chagnon: II y en a, une harmonisation, M. le Président,
puisque la règle, c'est l'octroi du contrat au plus bas soumissionnaire.
Vous me dites que les municipalités sont maintenant régies par
l'État pour l'octroi de leurs contrats. C'est une nouveauté, je
n'avais jamais entendu parler de ça auparavant.
M. Payne: Ah non? Vous pouvez vous référer à
la Commission municipale du Québec.
Le Président (M. Blouin): Je ne voudrais pas qu'on glisse
sur les problèmes d'affaires municipales.
M. Chagnon: À ma connaissance, en tout cas, les
municipalités ont leur pouvoir dans cette question. M. Perron.
Le Président (M. Blouin): M. Perron.
M. Perron (Charles): M. le Président, on a un exemple
patent de ce dont on parle quand on parle d'octroi de contrats.
Récemment, le ministère a délégué aux
commissions scolaires le pouvoir de contracter dans le domaine du transport
scolaire. C'est un fait. Avant, c'étaient des contrats qui
étaient octroyés directement par le ministère. C'est un
cas type d'autres possibilités qui pourraient être
réalisées au sein des commissions scolaires. Rien que là,
en accordant cela aux commissions scolaires qui gèrent en bon
père de famille, disons, on a épargné je ne sais pas
combien de millions de dollars dans toute la province. Cela est un exemple type
parce qu'on se sent désormais responsables. Avant, on avait
peut-être 55 autobus. On a réussi à le faire avec 52. On a
négocié au plus fin avec les entrepreneurs et c'est un domaine
vraiment typique où on a réussi à réaliser une
économie substantielle des deniers publics.
Le Président (M. Blouin): Voilà, cela va.
M. Payne: Vous tombez sur un bon exemple. À
l'Assemblée nationale, nous avons modifié la Loi sur les
transports justement pour harmoniser et rationaliser le service, comme, par
exemple, pour les personnes handicapées. Je peux vous donner des
exemples dans mon comté là où on avait de la misère
à transporter les handicapés. Il y avait un conflit entre les
commissions scolaires et les commissions de transport. La Loi sur les
transports est en mesure, justement dans mon comté, d'appuyer le
principe d'une harmonisation nationale dans l'intérêt du
handicapé en question.
Je termine brièvement avec une dernière question. Dans
l'intérêt de l'objectivité de votre mémoire,
pourquoi n'avez-vous pas jugé bon de faire allusion à certains
articles du projet de loi qui montrent carrément la possibilité
dp décentraliser le système, comme la référence
à l'article 33 de former une école régionale
seulement après entente avec la commission scolaire?
(12 h 30)
Lorsque vous parlez, à 240, des surplus et des déficits,
vous n'admettez pas dans votre mémoire que maintenant c'est
légitimé par la loi même d'étaler les surplus.
Auparavant, aucune commission scolaire n'avait la permission, de par la loi
même, d'avoir un surplus ou un déficit. À mes yeux, il
s'agit d'une mesure décentralisatrice. À l'article 293,
maintenant c'est possible d'établir que l'école peut choisir le
matériel didactique en ce qui concerne certaines utilités pour
l'audiovisuel, etc. Finalement, à l'article 297, par exemple,
l'équivalence maintenant est déterminée
régionalement, même si les critères sont harmonisés
sur le plan national. Je me demande pourquoi vous n'avez pas jugé bon de
faire une certaine correspondance avec l'actuel projet de loi qui est devant
nous et la loi telle qu'elle existe. Cela aurait pu éclairer le
débat, et pour vous et pour vos membres.
M. Chagnon: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Je pense que vous faites référence
à quelques-uns des amendements qui ont été apportés
mardi dernier.
M. Payne: II y en a un qui touche... J'ai perdu la
référence.
Le Président (M. Blouin): II y a certains amendements et
d'autres qui sont des textes originaux. M. Chagnon.
M. Chagnon: C'est un peu le problème. On travaille,
on...
M. Payne: L'article 33 pour l'école régionale,
c'est toujours là; ce n'est pas amendé. Le surplus n'est pas
amendé...
M. Chagnon: L'article 33...
M. Payne: Le matériel didactique n'est pas amendé.
Vous avez cela depuis le début.
M. Chagnon: L'article 33, M. le Président, a
été amendé. L'article 234 a été
amendé; l'article 242 a été amendé; l'article 245 a
été amendé. Et on a amendé aussi l'alinéa 6
de l'article 308, l'alinéa 5 de l'article 309. On a travaillé, M.
le député, avec le projet de loi que nous avions. Il y a eu des
amendements dont certains sont des améliorations intéressantes
par rapport au projet de loi initial, nous n'en doutons pas. L'article 33, par
exemple, est un pas dans le bon sens; l'article 234, l'article 242. Maintenant,
dans l'article 242, pourquoi maintenir uniquement le budget?
M. Payne: L'article 297: Le ministre peut établir les
critères ou les conditions pour l'attribution d'une équivalence
d'études. La nuance est délicate, mais importante. Maintenant, il
est possible, en vertu de cet article, que la commission scolaire puisse, elle,
attribuer une équivalence en vertu de certains critères. Vous
serez d'accord avec moi qu'il est nécessaire d'avoir une certaine
uniformité nationale dans un domaine aussi délicat que
l'équivalence concernant des gens qui viennent de l'étranger, qui
changent de province, de ville, de commission scolaire. Et, par rapport au
passé, tout cela était centralisé à
Québec.
M. Chagnon: Le ministre, vous dites... Qui peut établir
ces critères, sinon le ministre? D'ailleurs, actuellement, c'est le
ministre qui établit les critères et les conditions pour
l'attribution d'une équivalence d'études et c'est normal. C'est
normal que les équivalences d'études soient... C'est comme cela
dans tous les États, M. Payne; les équivalences d'études
pour les étudiants étrangers ou les étrangers qui viennent
s'établir ici...
M. Payne: On commence à se comprendre, alors. Le ministre
établit les critères, et l'amélioration qu'on apporte,
c'est que la commission scolaire les applique localement. Et peut-être
cela fait-il partie des 80 références du député
d'Argenteuil, là où il est question de pouvoirs accrus du
ministre.
M. Chagnon: M. le Président, il n'est dit nulle part dans
l'article 297 que les critères ou les conditions pour l'attribution
d'une équivalence d'études à une personne seront
décentralisés vers la commission scolaire. Ce n'est dit nulle
part. Je ne sais pas où on voit cela.
Le Président (M. Blouin): Enfin, M. le
député de Vachon, je vous rappelle d'abord que j'insisterai pour
que chaque membre de la commission n'excède pas la période de 20
minutes qui est mise à sa disposition puisqu'il y a un grand nombre
d'intervenants qui désirent prendre la parole. Il vous reste encore un
certain nombre de minutes et je souhaiterais que nous n'abordions pas
dès à présent l'étude article par article du projet
de loi, mais que nous fassions ressortir davantage certaines idées et
que nous échangions avec nos invités sur ces idées. M. le
député de Vachon.
M. Payne: Oui, je vais terminer là-dessus. La
différence est entre la loi en vigueur et ce qu'elle est actuellement
selon laquelle... Dans l'article en question, le ministre se limite à
l'établissement des critères laissant entendre qu'il n'y a
absolument rien qui empêche, comme dans le passé, les
commissions scolaires de déterminer des équivalences. C'est une
modification importante qui a été demandée par les
commissions scolaires.
M. Chagnon: II n'y a rien qui indique non plus que ce sont les
commissions scolaires qui auront le pouvoir d'élaborer des
critères plus tard.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Vachon. En requérant votre collaboration comme
toujours Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci M. le Président. Je sais que mes
collègues veulent poser des questions. Je vais tenter d'être
très brève.
Je remercie le député d'Argenteuil qui a repris
déjà certaines remarques du ministre de l'Éducation, ce
qui m'évitera d'y revenir.
Je voudrais simplement sur un point particulier relever ces remarques
touchant la publicité que vous avez faite autour de ce projet de loi. Je
pense que sur la publicité qui doit se faire, tous les organismes
publics, à commencer par le gouvernement, doivent être
très prudents quant à l'utilisation des fonds publics. Mais
j'estime qu'on se trouve dans un situation où l'on voit la paille dans
l'oeil de son prochain et on ne voit pas la poutre qui est dans le sien, parce
que celui qui a été le grand maître ou le grand enseignant
de la publicité, c'est certainement le gouvernement qui est devant
nous.
Ceci étant dit, M. le Président, je veux remercier la
fédération qui a fait un travail extrêmement
sérieux. Je pense que ses dirigeants se sont astreints à toutes
les consultations qui semblaient extrêmement importantes auprès de
leurs membres sur un projet de loi qui les touchera autant dans l'avenir. Je
voudrais aussi, c'est un peu à l'invitation de mon collègue
d'Argenteuil, très brièvement parce que nous aurons l'occasion
d'entendre d'autres commissions scolaires dont la commission des écoles
catholiques de Montréal...
Apparemment vous avez de la difficulté à m'entendre.
Bon!
M. Chagnon: Vous êtes en compétition avec un marteau
piqueur, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas certaine de pouvoir
compétitionner avec cela.
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon, afin que ceux et
celles qui suivent nos travaux comprennent bien la situation, il y a
effectivement des travaux importants qui sont actuellement en cours tout autour
de la salle dans laquelle nous délibérons. Nous devons,
malheureusement vivre avec ces contraintes. Probablement que la solution est de
rapprocher le micro et de parler un peu plus fort Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que le marteau est plus près
de nous qu'hier.
M. Chagnon: Est-ce que vous nous signalez que les travaux
importants ont lieu ailleurs?
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Je voulais revenir sur cette
question de délégation de pouvoirs des commissions scolaires vers
les écoles. C'est un fait que ceci est une réalité qui
existe depuis plusieurs années qui, évidemment, est loin d'avoir
porté tous les fruits qu'on souhaiterait et qui, je pense, n'existe
peut-être pas non plus dans toutes les commissions scolaires. Mais entre
cela et pour le gouvernement de se reconnaître le mérite d'avoir
pensé à déléguer des pouvoirs des commissions
scolaires vers les écoles, je pense qu'il faudrait que le ministre de
l'Éducation refasse un peu d'histoire. C'est comme d'ailleurs en ce qui
a trait au projet éducatif. Le projet éducatif semble être
devenu le mot de passe créé par le gouvernement actuel. Je
voudrais rappeler au ministre de l'Éducation que les projets
éducatifs, Dieu merci, n'ont pas été inventés ni
par les politiciens ni par les politiciennes et c'est fort heureux, mais ils
ont été pensés depuis longtemps par un bon nombre
d'écoles. Ils ont vu le jour particulièrement, je pense, par des
initiatives dans les écoles des milieux économiquement faibles.
Et déjà, le nombre s'est multiplié. Il existe dans les
commissions scolaires de tout le Québec des écoles qui ont
développé, précisément à partir d'un
élargissement et d'une délégation de pouvoirs, des projets
éducatifs qui sont vraiment les leurs et qui correspondent vraiment au
désir des parents. J'en ai deux qui me viennent à l'esprit parce
que je les connais, je pense à l'École Atelier à
Montréal et je pense aussi à l'école mi-temps musique,
mi-temps pédagogique à Montréal. Je suis certaine que vous
avez une liste beaucoup plus longue. Je pense qu'en éducation, comme
ailleurs, il n'y a personne qui a à s'attribuer tous les mérites.
C'est heureux dans une société qu'un système
d'éducation évolue. À tour de rôle, des
gouvernements, qu'ils soient locaux, provinciaux ou autres, sont les outils,
pour une période donnée, qui permettent de continuer
l'évolution d'un système.
Ceci dit, j'ai des questions précises à vous poser. On
sait que, dans un certain nombre d'écoles, que ce soit douze ou vingt,
peu importe le nombre, des comités d'orientation... Là, je ne
peux pas parler plus
fort.
M. Chagnon: Je comprends.
Le Président (M. Blouin): Nous allons suspendre les
travaux pour une ou deux minutes. Messieurs, la commission élue
permanente de l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 14 h
45.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise de la séance à 14 h 56)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je demande maintenant aux membres de la commission de regagner leur
siège puisque la commission élue permanente de l'éducation
reprend ses travaux.
Au moment où nous nous sommes quittés, nous avions
donné la parole à Mme la députée de L'Acadie qui
poursuivra son intervention. Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Même si ma
voix a été couverte par les sons du marteau piqueur ou
marteau-pilon, je ne reprendrai pas mes commentaires de ce matin et je vais
passer immédiatement à des questions précises.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, vous pouvez même reculer votre micro maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Même maintenant. Bon, d'accord. Là,
c'est devenu trop fort.
Je vais passer immédiatement à des questions
précises vu que plusieurs de mes collègues veulent en poser et
qu'on a plusieurs groupes qui sont en attente pour être entendus d'ici la
fin de la journée.
J'aimerais demander ceci à la fédération: Là
où on a créé des conseils d'orientation dans certaines
écoles - on a parlé de 12 à 20; je pense que ce n'est pas
tellement le nombre qui m'importe, mais enfin, on sait que c'est un nombre
infime -peut-on me dire quelle sorte ou quel type de relations ou comment les
relations se sont articulées entre le conseil d'orientation et le
comité de parents?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Nous avons eu, de la région de Drummondville,
une communication sur le conseil d'orientation. Il n'y en a pas tellement. Il y
en a peut-être une dizaine au Québec. Il semble que le conseil
d'orientation joue pleinement son rôle de concertation dans le milieu et
que le comité de parents est intégré au conseil
d'orientation et a une voix qui, comme celle des autres partenaires, celle des
enseignants, celle du directeur, fait en sorte de faire valoir ses points de
vue sans difficultés, semble-t-il. Moi-même, je n'ai pas
visité l'école. Nous avons eu une communication de la
région de Drummond sur un conseil d'orientation.
Mme Lavoie-Roux: L'objet de ma question était, en fait, de
voir s'il y avait des difficultés dans ces relations, vu que le projet
actuel prévoit dans le fond deux structures, n'est-ce pas? Il
prévoit le comité de parents et il prévoit le conseil
d'école où les parents seraient majoritaires. Je me demandais si
ceci était fait harmonieusement. En fait, vous n'êtes pas trop
bien placés à ce moment-ci pour répondre à cette
question, étant donné que cela n'a pas été une
expérimentation très répandue.
M. Chagnon: Tout ce que j'en sais, c'est que le conseil
d'orientation qui existe dans une des écoles de Drummondville semble
bien fonctionner. Effectivement, il y a une concertation entre parents,
enseignants, directeur d'école et le commissaire qui siège aussi
au conseil.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites, à la page 23 de votre
synthèse: "Que la commission scolaire, en concertation avec les
écoles, développe des mécanismes pour impliquer les
écoles dans le processus décisionnel de la commission pour toutes
les politiques affectant la vie des écoles." Vous avez tout à
l'heure parlé de modifications possibles qui devraient être
apportées au conseil d'orientation. Accepteriez-vous ou même
considéreriez-vous comme quelque chose de positif que le projet de loi
prévoie que des pouvoirs décisionnels précis, sans
être exhaustifs, soient donnés par la loi aux comités
d'orientation ou si vous vous en tenez toujours à votre recommandation
de la page 23 qui, elle, m'apparaît beaucoup plus reliée à
la bonne volonté de chacun? Auriez-vous des objections à ce que
soient inclus dans le projet de loi des pouvoirs décisionnels
précis qui pourraient être donnés au comité
d'orientation, dans l'hypothèse que le comité d'orientation soit
retenu?
M. Chagnon: Notre hypothèse repose sur le fait que nous
pouvons déléguer des pouvoirs à l'école. Dans ce
cadre, et c'est encore plus facile avec un conseil d'orientation,
l'école a la capacité de prendre des décisions dans les
matières qui lui ont été déléguées.
Mais nous ne suggérons pas aux parlementaires d'encadrer sur le plan
juridique une série de pouvoirs à l'école pour la bonne et
simple raison que les matières devant être responsabilisées
à l'école risquent de différer d'un milieu à
l'autre, et même, dans une commission scolaire, d'une école
à
l'autre.
Il n'y a pas la même volonté. Il y a une volonté de
responsabilisation de part et d'autre, mais les objets sur lesquels il y a
demande de responsabilisation ne seront pas nécessairement les
mêmes d'une école à l'autre et particulièrement pas
les mêmes d'un milieu à l'autre. Les besoins ne sont pas les
mêmes. Les écoles ne sont pas conçues sur un modèle
unique; alors les besoins ne peuvent pas, eux non plus, être
uniformisés.
Mme Lavoie-Roux: Je ne parle pas d'une liste exhaustive - vous
avez raison - je parle de certains pouvoirs de décision dans certaines
matières. Par exemple - je ne sais jamais si c'est la loi 30 ou 71,
parce qu'on les avait discutées toutes les deux ensemble - il y a eu
d'inscrites dans la loi des matières obligatoires de consultation
auprès des parents. Je me rappelle qu'il y avait la fermeture des
écoles, enfin cinq ou six rubriques qui sont devenues des sujets
obligatoires de consultation. Ils ont été inscrits dans la loi.
Je ne crois pas qu'ils aient créé de problèmes parce que
c'était quand même sur des objets de portée très
précise. Est-ce que la même chose ne pourrait pas se faire au
point de vue des pouvoirs de décision?
M. Chagnon: Nous estimons que la notion même de pouvoirs
est une notion qui ne devrait pas s'encarcaner au niveau de l'école. En
fait, l'école doit être un lieu de concertation, un lieu qui peut
être responsabilisé et prendre des décisions, mais à
partir d'une délégation de pouvoirs d'un niveau qui s'appelle la
commission scolaire. Si on veut responsabiliser et revaloriser les milieux,
pourquoi tenter d'imposer par la voie législative des pouvoirs à
des unités? C'est cela qui est un peu difficile à comprendre. Par
exemple, si l'école prend des responsabilités en matière
de relations du travail, cela risque d'être fort dangereux pour le climat
même de l'école. À un conseil d'orientation, on retrouve
des employés, on retrouve des parents, un directeur d'école.
L'exercice d'une responsabilisation, par exemple, en matière de
relations du travail devient très périlleux. L'exercice peut
être facilité par le biais d'une délégation de
pouvoirs en matière d'enrichissement pédagogique. Le milieu peut
donc avoir et prendre les moyens qu'il juge à propos, en concertation
avec la commission, pour faire en sorte d'enrichir le programme
pédagogique qu'il vit dans un milieu.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Dans votre synthèse, à
la page 12, dans les propositions que vous faites, vous parlez de la
détermination de la masse salariale, des avantages sociaux, des
incidences financières considérables comme, par exemple, le
régime de retraite. Est-ce qu'on doit comprendre par ceci que vous
voudriez redonner au plan local des responsabilités en matière de
négociation de convention collective?
M. Chagnon: C'est ce que nous souhaitons. Nous allons consulter
nos membres à partir de la fin du mois de janvier sur un nouveau mode de
négociation dans le secteur public et parapublic qui s'oriente
assurément vers une responsabilisation accrue des commissions scolaires,
comme agents négociateurs de ce qu'on appelle plus
régulièrement, dans le jargon de la négociation, le
normatif. C'est effectivement une orientation de responsabilisation que nous
croyons justifiée, après l'empirique centralisation qu'on a
connue dans le secteur des négociations dans les secteurs public et
parapublic, de ramener le pendule, comme nous voulons ramener le pendule
à d'autres niveaux pour la commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Ceci irait, dans votre perspective,
au-delà de ce qu'on entendait par les négociations locales...
M. Chagnon: Incontestablement. Mme Lavoie-Roux:
Incontestablement.
M. Chagnon: II n'y a aucune espèce de corrélation
entre les deux éléments, dans notre esprit.
Mme Lavoie-Roux: II me semble - vous me corrigerez, si je me
trompe - que, du point de vue de la négociation au niveau local -
remarquez bien que je suis très sympathique, personnellement, à
cette hypothèse, parce que je pense qu'on ne s'en sortira jamais si on
reste centralisé comme on l'est - il y avait chez certains de vos
membres, compte tenu des ressources à leur disposition, des
réticences à accepter au plan local même ce qu'on appelait
"les objets de la négociation locale". Est-ce qu'à ce moment-ci
vos membres seraient prêts à aller au-delà de ce cadre et
même à envisager des négociations touchant le normatif?
M. Chagnon: Nous ne pouvons pas présumer des conclusions
de la consultation que nous allons mener à partir de la fin de janvier
jusqu'au mois de mars. Toutefois, si le cadre de négociation est
fortement modifié par rapport à celui qu'on a connu avec les
négociations locales et si la marge de manoeuvre est suffisante, je
crois qu'il est fort possible que les commissions scolaires veuillent revenir
à des négociations locales et négocier avec leurs propres
syndiqués, les gens qu'ils connaissent dans leur milieu, sur le plan
normatif, encore une
fois.
Lorsqu'on évalue des notions qui touchent aussi directement la
tâche, le travail, il nous semble qu'il serait plus facile d'en arriver
à des conclusions lorsque la négociation se fait près des
lieux de travail.
Mme Lavoie-Roux: II reste que cette proposition a
été entérinée par la très grande
majorité, et même là où il y avait de la dissidence,
elle ne portait pas nécessairement là-dessus.
Généralement, les instances locales seraient, semble-t-il,
prêtes à reprendre une partie de la négociation au plan
local.
M. Chagnon: Les instances locales veulent être
responsabilisées, on sent le besoin de responsabilisation chez les
instances locales. Il se trouve que, dans les milieux scolaires, les gens se
sentent de plus en plus comme des assistés sociaux du ministère.
Ils se sentent de plus en plus colonisés par le ministère et, en
fin de compte, je pense que ceci ne peut pas faire autrement que d'expliquer
cette volonté de responsabilisation accrue, tant dans le domaine des
relations du travail, qui n'est pas le domaine le plus facile, que dans
d'autres domaines comme ceux que j'ai mentionnés plus tôt,
c'est-à-dire les domaines d'un accroissement de l'assiette fiscale pour
les commissions scolaires, comme le reste. En fait, il y a une
récupération à faire pour les commissions scolaires,
sinon, elles deviendront des instruments d'administration
intermédiaires, c'est tout. Elles n'auront plus cette capacité
politique d'orienter leur milieu. Peut-être que M. Paradis pourrait
compléter.
Mme Lavoie-Roux: M. Paradis.
Le Président (M. Blouin): M. Paradis.
M. Paradis (Fernand): M. le Président, si vous le
permettez, j'aimerais faire quelques commentaires sur la question qui vient
d'être posée.
On ne peut nier que bon nombre de commissions scolaires se sont
montrées réticentes à des "négociations locales".
Ces négociations locales se situaient dans un contexte qui était
à peu près celui que nous avions connu, où les marges de
manoeuvre de négociation étaient à peu près
inexistantes. Dans les commissions scolaires, on se sentait à peu
près dans la situation suivante: II nous faut systématiquement
dire non parce que nous n'avons pas de véritables matières
à négociation. Au niveau local, cela devenait une deuxième
ronde de négociations pour obtenir des choses qui avaient
été refusées au plan national.
Alors, ce type de négociation ne pouvait absolument pas
être accepté. Par ailleurs, ce qui est clairement ressorti
également lors de ces sondages, c'est que, s'il y avait une
négociation où véritablement on est responsabilisé
sur des matières précises et où on peut dire oui à
certaines choses, mais où, si on dit oui à telle matière,
il faudra composer sur autre chose, dans ce contexte, à mon avis, on est
sur un terrain beaucoup meilleur pour entamer de véritables discussions
de négociation. Mais une négociation où on nous envoie sur
la ligne de feu pour dire non, eh bien! c'est suicidaire et on ne veut pas de
ce type de négociation. Par ailleurs, si on peut négocier avec
les "oui, mais", "oui" sur telle chose, "mais" par ailleurs sur telle autre,
alors on peut véritablement négocier et devenir responsable de
notre gestion. Dans ce contexte, à mon avis, les commissions scolaires
n'hésitent pas à s'embarquer.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais poser
très brièvement les deux autres questions. Je vais les poser
l'une à la suite de l'autre au cas où vous voudriez
m'arrêter. La première: À un moment donné, vous avez
fait une étude sur les coûts du projet de restructuration scolaire
ou, enfin, du projet de loi - peut-être pas spécifiquement sur le
projet de loi 40, je pense que vous l'avez faite davantage en fonction du livre
blanc -et cela a été contesté. Est-ce que vous avez refait
cette étude ou si vous tenez encore aux données que vous aviez
communiquées publiquement à ce moment-là?
Ma deuxième question: Pourriez-vous me dire, à l'article
625: La présente loi entre en vigueur le 1er juillet 1985, à
l'exception de tel et tel chapitre qui entrent en vigueur le 1er juillet
1984... Du point de vue du fonctionnement des écoles, des commissions
scolaires, enfin, de l'ensemble du système, est-ce que cette date qui
est prévue vous semble raisonnable ou si elle pourrait créer des
problèmes et quelle en serait la nature?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, concernant les coûts,
l'étude des coûts que nous avions faite l'an dernier et que nous
avions rendue publique en décembre 1982 ne portait pas sur le projet de
loi 40, évidemment, elle portait plutôt sur le livre blanc.
C'était une étude extrêmement exhaustive que nous avions
menée par l'intermédiaire, finalement, des principaux
gestionnaires des fonds publics dans le secteur scolaire. Plusieurs dizaines de
directeurs de services financiers de commissions scolaires avaient
prêté leur concours à cette étude. Alors, nous
retrouvions dans cette étude plusieurs types de commissions scolaires,
des plus grosses aux plus petites, et des moyennes, et nous avions fait
l'évaluation des coûts en fonction des pouvoirs
rattachés à l'école et du mode de fonctionnement de ces
pouvoirs au niveau d'une école. Les conclusions que nous avions
tirées, c'est que, sur une base de cinq ans, les coûts de cette
restructuration scolaire s'établiraient à une augmentation, par
rapport au système actuel, de l'ordre d'environ 250 000 000 $, soit 50
000 000 $ par année. C'est une étude extrêmement
exhaustive, comme je l'ai souligné tout à l'heure, et il n'y a
pas eu de réponse à cette étude. La majeure partie des
coûts, si je me rappelle bien, était attribuable à des
personnels supplémentaires qu'il fallait ajouter à l'école
pour faire fonctionner l'école, toujours dans le cadre du projet de
livre blanc. Maintenant, il n'y a pas eu d'étude sur le projet de loi
40. Nous n'en avons tout simplement pas eu le temps.
Le Président (M. Blouin): La deuxième question.
M. Chagnon: Peut-être que, sur la deuxième partie,
l'année 1985, je demanderais à M. Paradis de répondre. (15
h 15)
M. Paradis (Fernand): M. le Président, c'est un aspect du
projet qui me semble peu traité, mais qui comporte, à mon avis,
un potentiel de difficultés non négligeables.
L'année 1985, il est facile de le prévoir puisque c'est
déjà dans la programmation, en sera une où l'on devra
implanter dans les commissions scolaires de nouveaux programmes.
Déjà c'est une activité en cours qui n'est pas
terminée et il y a des possibilités de débordement sur
1986. Peut-être même au-delà puisque les commissions
scolaires ont beaucoup de difficultés à obtenir des manuels de
base et le matériel pédagogique nécessaire à
l'application de ces programmes. Donc, 1985 est une année où il y
a la mise en vigueur de programmes scolaires.
Il y aura également l'obligation, pour les commissions scolaires
qui ne se seront pas rendues là dans les années
précédentes, soit en juin prochain par exemple, d'offrir l'option
entre l'enseignement moral et l'enseignement religieux. On se rappellera
également que ce sera la troisième année d'application de
la convention collective qui, actuellement, prévoit une modification
à la charge d'enseignement. Donc, de nouveaux ajustements,
troisième ajustement, à l'intérieur du système.
Et ce n'est pas tout. Il y a également l'entrée de
l'informatique à l'école. On est en train d'acheter 9000
ordinateurs et il y a une programmation qui prévoit en acheter un
très grand nombre d'autres. Il faudra que les écoles absorbent ce
nouveau changement avec tout ce que cela suppose. Il ne s'agit pas uniquement
d'acheter des appareils puis de procéder au perfectionnement des
enseignants. Avec tous les jeux de déplacement de personnel - il y a
encore des baisses de population au niveau secondaire - il arrive que des
enseignants du secondaire manifestent l'intention de travailler au primaire. Il
faut les insérer, les perfectionner sur ce qu'est l'enseignement
primaire, les habituer également à une charge de travail
modifiée, ajouter les nouveaux programmes et aussi l'informatique. Et ce
n'est pas tout. Il y a également l'enseignement professionnel qu'on
s'apprête à modifier. Donc le système sera soumis à
ces nouveaux changements.
Il y a l'éducation des adultes. On sait que la DGEA sera,
à partir de juin prochain, démantelée. Mais comment va
s'articuler l'éducation permanente ou l'éducation aux adultes
dans ce nouveau système? Il faudra, puisque c'est en 1984 qu'on
l'abolit, au cours de l'année 1984-1985 et les années suivantes,
prévoir des mécanismes d'ajustement. Il y a aussi, pour 1985, des
négociations parce que le contrat de travail sera terminé. Il
faudra négocier. On s'apprête à modifier les
mécanismes de négociation. Ce sont toujours les mêmes
personnes qui devront digérer ces changements, qui devront absorber
toutes ces modifications. Le projet de loi prévoit en plus une fusion
primaire-secondaire, une diminution du nombre de commissions scolaires, un
déplacement du pouvoir, un nouveau système d'élection des
commissaires et des commissions scolaires linguistiques. Il ne m'appartient pas
d'évaluer la possibilité qu'il y ait des élections
générales, mais, si cela fait partie du tableau, j'ai
l'impression que le plat est assez chargé.
Le Président (M. Blouin): Si j'ai bien compris...
M. Paradis (Fernand): Si vous me permettez, M. le
Président, très rapidement, dix secondes.
Le Président (M. Blouin): Très rapidement, M.
Paradis, s'il vous plaîtî
M. Paradis (Fernand): Ce qui me préoccupe, c'est que le
projet ne reçoit pas actuellement l'assentiment des enseignants, des
cadres, des directeurs généraux et de la
fédération. C'est vouloir aller contre un courant qui me semble
fort et imposer des changements alors qu'il y en a déjà beaucoup
à digérer.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Très bien, merci, M.
Paradis. Merci, Mme la députée de L'Acadie.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je
vais tenter moi aussi d'être bref étant donné qu'il
y a d'autres mémoires à présenter. Je voudrais d'abord
vous féliciter pour votre mémoire. Il est très clair et
très précis; même s'il n'est pas toujours dans
l'orientation du livre blanc, il a au moins les qualités, je dois le
dire et je le reconnais, d'être clair et de formuler des demandes qui
sont précises. Vous le défendez aussi avec détermination
et conviction.
Dans la sixième partie, il y a aussi des accords que je trouve
très importants et intéressants, car ce sont des modifications
sur des points qui sont très importants, que ce soit la
confessionnalité, l'intégration du primaire, du secondaire ou
bien la division linguistique. Sur ces sujets, il semble que cela va assez
bien.
Le point où il y a divergence, c'est effectivement le point
important, c'est la base même de la discussion du livre blanc et, par la
suite, de la loi 40, c'est où on met de l'importance et de là
découlent les pouvoirs. C'est sur cela qu'il est important qu'on discute
et je suis content que vous soyez ici. C'est important, comme citoyens, comme
individus, qu'on s'arrête un peu, c'est ce que nous faisons avec le livre
blanc qui a été publié et les discussions qu'il y a eu un
peu partout dans toutes les régions du Québec et aujourd'hui en
commission parlementaire, et qu'on se demande si le système
d'éducation que nous avons présentement, c'est l'idéal ou
s'il peut être amélioré et comment il doit être
amélioré. Notre système d'éducation, c'est quoi?
C'est quoi, surtout, le système d'éducation qu'on veut pour les
enfants? Une chose qu'on devrait peut-être oublier temporairement, durant
quelques minutes, et ensuite ne pas oublier le reste, c'est qu'on devrait
peut-être oublier que nous sommes ou parents, ou députés,
ou commissaires, ou quoi que ce soit, mais penser, par exemple, et ne pas
oublier l'école.
Pourquoi avons-nous un système d'éducation? Vous avez
mentionné cela ce matin. Si nous avons des fédérations des
commissions scolaires, si nous avons des comités de parents, si nous
avons un ministère de l'Éducation, c'est parce que nous avons des
écoles. Si nous enlevons les écoles, nous n'avons plus besoin
d'être là, en tout cas, pour plusieurs de ceux qui sont ici dans
cette salle aujourd'hui. Tout est basé sur l'école. Il ne faudra
jamais oublier cela, parce qu'un système scolaire, c'est en fonction de
l'éducation, de l'instruction qu'on donne à des enfants. Tout est
basé sur cela et nous ne devons jamais l'oublier. Ce qui est important
dans le système de l'éducation, c'est l'éducation que nous
donnons à des enfants et cette éducation, nous la donnons au
niveau de quel endroit? C'est l'école. Tout se passe dans
l'école, cela se passe dans une bâtisse qui s'appelle
l'école. C'est là que nous dispensons la pédagogie
à nos enfants. Cela est important. Tout le reste, à mon avis,
c'est la philosophie du livre blanc, doit être au service de cette
école.
Il ne faudrait pas retourner le monde à l'envers non plus. Il ne
faudrait pas que le ministère de l'Éducation soit si imposant.
Oui, sur cela, j'embarque. On a besoin des commissions scolaires, c'est
reconnu. Effectivement, il faut un pilier de service. Mais le ministère,
comme les comités de parents et comme les commissions scolaires, doit
être au service de l'école parce que c'est là que se passe
l'éducation. Tout le système doit être orienté vers
la place où se dispense la pédagogie, où on donne
l'éducation, l'instruction et la formation à nos enfants; donc,
c'est l'école. C'est cela qu'on essaie de faire valoir. Si cela se passe
à l'école, si la préoccupation de tout le système
d'éducation doit être sur l'enfant et qu'il se trouve à
l'école, cela doit donc devenir le pivot du système
d'éducation. Tout doit se passer là et le reste doit être
complémentaire. On doit être au service de l'école. Par
l'école, on entend, bien entendu, ceux qui dispensent
l'éducation, spécialement les enseignants, le directeur
d'école, les parents qui sont de plus en plus présents et qui ont
le droit de définir un objet, un projet de l'école. On doit leur
donner et leur fournir le maximum de pouvoirs dans ce sens.
Je me rappelle avoir fait le tour des commissions scolaires, pas
longtemps après mon élection, et la chose qu'on me disait,
c'était: II va falloir revaloriser au plus tôt le secteur public
de l'éducation. Je suis tout à fait d'accord, c'est qu'il y a des
problèmes si on se ramasse ici aujourd'hui. Il faut essayer de les
régler au mieux. C'est la raison pour laquelle il y a un projet de loi,
il y a une commission parlementaire. Des discussions aboutiront certainement
à des solutions dans un sens ou dans l'autre et finiront par apporter
quelque chose, je l'espère, en réponse aux besoins de
l'éducation des enfants. Mais oui, il y avait des problèmes et il
y en a encore.
Il faudrait que je conclue?
Le Président (M. Blouin): Est-ce que vous pourriez poser
une question à nos invités...
M. Paré: Oui, j'y arrive.
Le Président (M. Blouin): ...pour que nous puissions
procéder à ces échanges puisque c'est l'objet de la
commission?
M. Paré: J'y arrive, M. le Président. J'ai
écouté attentivement ce que les gens ont dit; donc, je tenais
aussi à dire ce que j'en pense. Où je veux en venir, c'est que le
livre blanc dit que l'école est le centre et le
pivot de tout le système scolaire. C'est cela qu'on tente, nous,
dans la loi 40, d'amener les gens, d'amener les intervenants du monde de
l'éducation... On retrouve dans votre mémoire, dans la liste des
propositions: Que les gouvernements locaux soient revalorisés, que la
commission scolaire demeure une instance politique déterminante, que le
rapatriement des pouvoirs soit là, que la commission scolaire soit
autonome dans ces choses. On le retrouve à différents endroits:
que la commission scolaire ait pleine autorité sur les
écoles.
Ce que j'aimerais vous poser comme question, c'est ceci: Vous avez
entendu hier la fédération des comités de parents dire: On
a l'impression que ce que demande la fédération des commissions
scolaires, c'est une décentralisation au niveau des commissions
scolaires. Face à ce que je viens de dire - on a droit de ne pas
partager les mêmes opinions, c'est pour cela qu'on en discute - si on dit
que c'est à l'école que cela se passe, que c'est là que
doit être le pivot du système d'éducation, est-ce que vous
n'avez pas l'impression - c'est ce que les parents nous disent - que, dans
votre mémoire et selon ce que vous demandez, vous êtes en train de
demander que le pivot du système d'éducation, ce soit la
commission scolaire?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. Charles Perron donnera une partie de la
réponse et M. Paradis, la seconde partie.
Le Président (M. Blouin): Vous comprendrez que
l'intervention du député de Shefford peut amener de très
longs développements...
M. Chagnon: Elle est fort intéressante...
Le Président (M. Blouin): ...que vous avez très
probablement déjà approfondis. Je souhaiterais que vous apportiez
des éléments nouveaux si possible et non pas, évidemment,
que vous répétiez ce que vous nous avez livré ce matin
lors de votre intervention initiale.
M. Chagnon: C'est pour cela que je me ferai violence pour ne pas
répondre à la question et laisser répondre M. Perron et M.
Paradis.
Le Président (M. Blouin): Alors, je comprends que ce sera
une violence collective.
M. Chagnon: Voilà!
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. Perron.
Une voix: On va en venir à la violence!
M. Perron (Charles): Ce que vous semblez dire, monsieur, c'est
que, dans le fond, le pouvoir doit résider dans les écoles,
d'après le projet de loi 40, comme s'il n'avait jamais
résidé dans les écoles et comme si la commission scolaire
avait toujours conservé ces pouvoirs pour elle. Or, je prétends
que la commission scolaire n'existe qu'en fonction de ses propres
écoles. Depuis des dizaines et des dizaines d'années, les
commissions scolaires ont existé en fonction de leurs écoles et
ont déjà, dans le passé, fait en sorte que ce soit
à l'école que les choses se passent. Cela s'est toujours fait
comme cela.
Là, on parle de transfert de pouvoirs additionnels. Je voudrais
tout simplement faire référence à ce qui m'a frappé
dans la déposition des représentants des comités de
parents hier. Actuellement, ils forment une structure consultative. Ils le
déplorent. Ils disent qu'ils n'ont pas les pouvoirs et qu'ils sont
menottes par les commissions scolaires. Il y a du vrai dans cela, dans certains
cas, mais, généralement, les comités d'école et les
parents ont toujours eu droit de parole dans les commissions scolaires. Ce ne
sont pas des mots tirés en l'air, c'est la stricte réalité
des choses. On ne pourrait pas, de toute façon, dans les commissions
scolaires, gérer des écoles sans le consentement des parents,
parce qu'on aurait un tel bouleversement et des réunions où il y
aurait tellement de protestataires... Obligatoirement, de par nos fonctions, on
est obligé, et on le fait de bon coeur, de toujours fondamentalement
tenir compte de la volonté des parents.
Ce que j'ai remarqué dans l'attitude des représentants de
parents, c'est que, dès la minute où ils sont investis de
pouvoirs décisionnels, on dirait que spontanément ils se coupent
eux-mêmes de leurs anciennes fonctions de parents pour devenir "des
commissaires", des "administrateurs". Ils éprouvent immédiatement
le besoin d'avoir une structure parallèle consultative pour se rassurer
et se consolider dans leur propre... Ils se coupent eux-mêmes, en
accédant à des responsabilités décisionnelles au
conseil, de ce qu'ils avaient antérieurement, de la dimension
consultative. Ils éprouvent immédiatement le besoin d'avoir quand
même cette structure consultative parallèle.
On en arrive à la quadrature du cercle. On arrive au fait que,
dans très peu de temps, on va reconstituer exactement la situation qui
existe actuellement. On va avoir des parents devenus commissaires, qui auront
un rôle décisionnel, qui vont s'ajuster sur des parents "parents"
qui vont être, eux, restés à l'école et on n'aura
absolument rien réglé. On va transposer. On va nous
éliminer, nous - cela ne me fait rien - mais on va
ramener une structure qui va être exactement identique.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Très bien.
M. Perron (Charles): Quel est l'intérêt de cela?
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, M.
Perron.
Une voix: M. Paradis pourrait-il compléter?
Le Président (M. Blouin): M. Paradis, vous avez des
éléments supplémentaires?
M. Paradis (Fernand): Je le crois, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Très bien, allez-y.
M. Ryan: M. le Président...
M. Paradis (Fernand): Je trouve que la question est fondamentale
parce qu'elle porte sur le coeur de la réforme la qualité de
l'éducation. Pour bien comprendre la position de la
fédération, il faut retourner au livre vert, à mon avis,
où les conclusions qu'on a tirées succinctement disaient ceci:
D'abord, arrêtons de toucher aux structures. Deuxièmement, c'est
l'acte éducatif qui devrait faire l'essentiel, ou c'est sur l'acte
éducatif que devraient porter nos efforts actuellement, l'acte
éducatif.
Si on ne veut pas jouer dans les structures, et j'ai le sentiment que
l'on joue dans les structures avec le projet de loi, et qu'on veut travailler
sur l'acte éducatif, il faut d'abord regarder le régime
pédagogique. C'est déjà enclenché dans ce
sens-là. La mise en oeuvre de programmes nouveaux, cela aussi c'est
commencé, mais ce n'est pas terminé, et c'est loin d'être
terminé. Également, la parution de guides pédagogiques
pour appuyer les programmes, c'est commencé, mais ce n'est pas
terminé. Les livres, les manuels de base, le matériel didactique
qui doit aussi être renouvelé, le perfectionnement des
maîtres qui doit accompagner cela, tout cela est à faire. Si on
joue à nouveau sur les structures de pouvoirs, on se distrait de cet
acte essentiel.
C'est vrai que ce n'est pas spectaculaire que de travailler sur la
pédagogie. C'est vrai que cela demande beaucoup de temps. C'est modeste
comme travail, mais c'est essentiel. Cela demande du temps de travailler
auprès des institutions. Est-ce qu'il faut changer le lien
d'appartenance du directeur d'école pour en arriver à faire cela?
On a déjà amélioré des programmes de
français, de mathématiques et de sciences sans qu'il y ait un
lien entre le directeur d'école et son conseil d'administration. La
direction générale, enfin, les commissions scolaires ont acquis
une expérience au cours des dernières années à
travers des difficultés très grandes de diminution de
clientèles et de difficultés économiques et on est
arrivé à faire ce travail avec intelligence, je crois. Le conseil
supérieur lui-même le disait. Il y a une expertise incroyable dans
le réseau. Eh bien! Mettons-la à profit. Ce qui me semble
épouvantable dans la situation actuelle, c'est de dévier de cette
analyse de 1978, le livre vert, et de revenir sur les structures, de jouer
à nouveau avec les structures alors que c'est l'acte éducatif,
l'encadrement des élèves, la rigueur intellectuelle, c'est tout
cela qui devra faire l'objet essentiel de nos réflexions et de notre
travail. (15 h 30)
Le Président (M. Blouin): Merci. Est-ce que cela va, M. le
député de Shefford?
M. Paré: Est-ce que je peux en venir à la
conclusion que vous acceptez quand même que l'école doit
être le centre et le pivot du système d'éducation?
M. Paradis (Fernand): II me semble que c'est
l'élève qui est le pivot du système.
Une voix: Bon, très bien.
M. Paradis (Fernand): Je pense que...
M. Ryan: C'est très clair. Pas besoin d'explication.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député d'Argenteuil, s'il vous plaît! Merci, M. Paradis et
merci, M. le député de Shefford. M. le député de
Saint-Henri, vous avez la parole.
M. Hains: Oui, M. le Président. Moi aussi, je veux vous
offrir mes plus sincères félicitations pour votre beau
résumé de ce matin qui est vraiment attrayant et en même
temps très révélateur.
Sans aucun autre préambule, parce que je ne veux pas être
très long, voici quelques brèves questions et, pour aider le
président, je vais vous demander d'être aussi brefs que possible
dans vos réponses, malgré que cela puisse prêter un peu
à de plus longues dissertations. Je vais faire porter mes questions
principalement sur la réponse de M. le ministre ce matin au discours
inaugural de votre président.
Ce matin, M. le ministre nous a dit que vous aviez fait un plaidoyer pro
domo. Un de ses collègues qui est malheureusement absent aujourd'hui, le
député péquiste de Roberval, M. Gauthier, se dit convaincu
dans la Presse de ce matin - je ne sais pas si
vous l'avez lue - que votre position reflète mal la
volonté de bon nombre de commissions scolaires et de la plupart des
parents. J'aimerais que vous nous donniez quelques chiffres rapidement et
peut-être un peu plus de détails...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri, une question a déjà été posée
ce matin sur le fait que la fédération des commissions scolaires
était oui ou non représentative de l'ensemble de ses membres. Je
crois que nos invités ont très précisément
répondu à cette question.
M. Hains: Oui. J'espère que j'ai quand même le droit
de continuer.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Hains: Je voudrais avoir un peu plus de détails sur les
chiffres de votre sondage SORECOM. Est-ce que vous pourriez nous en donner
quelques éléments, surtout au point de vue des commissions
scolaires et au point de vue des parents?
Le Président (M. Blouin): S'il y avait des
éléments nouveaux? Oui?
M. Chagnon: Brièvement, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Le sondage d'opinion publique qui a été
produit en 1982 a révélé que les citoyens tiennent de
façon majoritaire, dans l'ordre de 90%, à ce que les services
éducatifs continuent à être gérés par les
commissions scolaires et que c'est une bonne chose que les écoles
relèvent des commissions scolaires. Pour les parents - là,
c'étaient les parents qui répondaient - 90,5% sont davantage en
accord avec cette idée que les non-parents, 80,2%, et les gens veulent
voir augmenter l'influence locale et, par conséquent, diminuer celle du
ministère de l'Éducation du Québec.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Chagnon. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Là-dessus on peut donc compléter en
disant que ce n'est peut-être pas un plaidoyer pro domo mais pro populo.
N'est-ce pas? Parce que c'est vraiment le peuple qui est en arrière de
vous.
Deuxième question. M. le ministre fait aussi un reproche d'un
refus intégral - c'est sa propre expression - du projet de loi,
qualifiant vos acceptations de "lentes" et de "timides". Ce sont ses propres
mots, je les ai pris entre guillemets. Il rejoint encore son collègue de
Roberval qui, dans la Presse de ce matin encore, parle de refus
systématique de votre part. Je ne sais pas, mais, une petite
parenthèse, pour moi, ils se sont vraiment parlé cette nuit, ces
deux-là. En quelques mots, est-ce que cette assertion est
justifiée? Est-ce que c'est vraiment justifiable de dire que c'est un
refus intégral de votre part, que vous êtes très timides
dans vos acceptations?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: À ma connaissance, depuis mardi, il n'y a pas
eu ni d'acceptations ni de refus intégraux. Il y a des
éléments dans le projet de loi 40 - et nous l'avons
souligné -avec lesquels nous étions en accord. Mais le
député de Shefford mentionnait que, dans l'organisation de la
logique même du projet, ce qui est le coeur du projet, on ne fonctionne
pas. On ne fonctionne pas pour une raison que je mentionnais ce matin: le
projet de loi 40 qui se prétend être un projet de
société en est un qui privilégie une classe de la
société: les parents.
Le projet que nous vous soumettons est un projet "sociétal";
c'est un projet qui fait en sorte que la population en général
garde le pouvoir et voie s'accroître son propre pouvoir d'orientation sur
son réseau d'éducation, dans son milieu. Par le fait même
lorsqu'on parlait de l'école, pivot du système... Le
système d'éducation est un système qui n'a pas un pivot
unique, ce n'est pas une toupie. M. Paradis disait que le pivot du
système est l'étudiant; c'est un fait, on travaille pour des
élèves, on travaille pour des étudiants. Les enseignants
sont un pivot dans ce système-là; les parents sont aussi un
pivot; tous les agents sont un pivot. La commission scolaire est un pivot,
comme le ministère de l'Éducation est un pivot. Les pivots font
en sorte qu'on a un réseau d'éducation et un système
d'éducation.
Nous pensons que c'est une des différences entre le projet
gouvernemental et notre position, que l'école, organisée comme on
la prévoit dans le projet de loi, c'est-à-dire avec un conseil
majoritairement composé de parents, deviendrait un lieu de pouvoir et
risquerait alors, contrairement à ce que le parrain du projet de loi en
pense, de ne pas être ce lieu de concertation que nous recherchons tous.
À notre avis, la meilleure façon de s'organiser pour que
l'école devienne un lieu de concertation, ce n'est pas d'en faire un
lieu de pouvoirs directement organisé comme le projet de loi le
prévoit. L'école doit être un lieu de concertation.
Il nous apparaît que la formule de 1979 qui - c'est un fait - n'a
pas fonctionné - on ne peut donc pas la juger dans toute sa valeur -
pour une simple raison de vice de forme dans l'écriture
législative de l'époque, la loi 71, et plus
particulièrement le conseil d'orientation, devraient être mis
à l'épreuve
avant de procéder à d'autres modifications.
Fondamentalement, ce sont là les différences entre ce que nous
vous suggérons et ce qu'on retrouve dans le projet de loi 40, un projet
qui favorise une partie de la population, les parents, une partie importante,
très importante, mais qui discrimine la société en faveur
d'un groupe, par rapport au nôtre.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Chagnon. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Une autre petite dernière. M. le ministre, ce
matin, a semblé vous reprocher une certaine froideur, sinon même
une certaine hostilité envers les parents. Il s'est servi de certaines
déclarations d'hier pour s'en faire un tremplin et, comme qui dirait,
sauter dans ses accusations. Je vous pose ma dernière question: Est-ce
que les équipes d'école que rêve de créer M. le
ministre - avec raison aussi - sont possibles et viables avec le réseau
actuel de commissions scolaires?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, en ce qui concerne la
première partie de la question, nous n'avons aucune espèce
d'agressivité ou d'animosité vis-à-vis des parents, nous
en sommes tous. Deuxièmement - je l'ai mentionné ce matin - les
trois quarts des membres des conseils et des commissaires de toute la province,
dans tout le Québec, sont des parents d'enfants dans le réseau.
On ne peut donc pas être contre les parents et, pour nous,
l'espèce de dualité parents-commissaires n'est pas une
marchandise qu'on achète. Effectivement, ce sont les parents qui ont
déjà le réseau en main.
Le Président (M. Blouin): Ça va? Merci, M. Chagnon.
Merci, M. le député de Saint-Henri. M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Puisqu'on a
parlé du député de Roberval, je voudrais souligner en son
nom qu'il est en mission à l'extérieur du Québec, à
titre d'adjoint parlementaire du ministre des Finances. Je pense qu'on l'excuse
de son absence; il sera avec nous la semaine prochaine.
Je voudrais revenir, M. le Président, sur certaines
réponses qu'on nous a fournies relativement à la place des
parents au conseil d'école. Ma question sera directe, compte tenu des
nombreux préambules qu'il y a eu sur le sujet. La question que je me
pose - je pense que vous n'avez pas encore répondu à cette
question - est celle-ci: Comment peut-on vraiment responsabiliser les agents
d'éducation? Ce sont les parents, les enseignants, les professionnels,
les élèves de deuxième cycle du secondaire, tel que
prévu dans le projet de loi 40. Comment peut-on vraiment les
responsabiliser? Vous utilisez le terme dans votre mémoire: On veut les
responsabiliser? Puisque vous voulez les responsabiliser, comment peut-on les
responsabiliser sans leur donner explicitement une autonomie de fonctionnement
au niveau de l'école? C'est ma question; j'en aurai d'autres, M. le
Président, à la suite des réponses.
Le Président (M. Blouin): Sur cette question
précise, M. Chagnon.
M. Chagnon: Brièvement, les moyens comme tels varient
d'une école à l'autre. Je connais plusieurs écoles qui
administrent leur propre budget. Évidemment, la définition du
projet éducatif, je mets cela un peu de côté parce que
ça n'existe pas, une école qui n'a pas un projet éducatif.
Il y a des projets éducatifs qui sont plus ou moins bien
articulés dans une école par rapport à une autre, c'est un
fait, mais il n'y a pas d'école qui puisse exister sans avoir un projet
éducatif. Alors, les moyens, ce sont les moyens sur lesquels le milieu
s'entend. Ils diffèrent d'une commission scolaire à l'autre et,
finalement, ils permettent justement ce que vous appelez et ce que nous
appelons la responsabilisation de l'école.
M. Leduc (Fabre): Si je comprends bien votre réponse, vous
ne niez pas l'autonomie au niveau de l'école. C'est ce que je comprends;
vous dites: Cela dépend des commissions scolaires, cela peut varier
d'une commission scolaire à une autre, mais, si je comprends bien, vous
ne refusez pas l'autonomie au niveau de l'école, vous n'êtes pas
contre le fait que l'école occupe un certain champ autonome dans
certains domaines. Vous venez de me parler du domaine du budget. C'est
déjà prévu dans le projet de loi 40, le conseil
d'école prépare son budget, le soumet à la commission
scolaire. D'après des réponses que vous avez données
antérieurement, si j'ai bien compris, dans le domaine
pédagogique, vous n'êtes pas contre cela non plus. Vous
n'êtes pas contre le fait qu'au niveau de l'école, les principaux
agents de l'éducation occupent des responsabilités. Cela peut
varier d'une commission scolaire à une autre, mais vous n'êtes pas
contre le principe.
M. Chagnon: Nous le faisons déjà, M. le
député.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Donc, si je comprends bien, le seul
point sur lequel on ne s'entend pas - c'est-à-dire nous, de ce
côté-ci du moins, et ce que vous présentez -c'est sur le
fait que ces pouvoirs soient regroupés au sein d'une loi et qu'ils
soient donnés à un conseil d'école qui regrouperait
les agents de l'éducation, de façon à créer
un troisième niveau décisionnel au niveau local. Je pense que
c'est là-dessus qu'on ne s'entend pas et j'aimerais savoir pourquoi
exactement vous refusez ce troisième niveau, puisque vous êtes
d'accord pour que le ministère vous accorde plus de pouvoirs. Vous
voulez la décentralisation au niveau de la commission scolaire, mais
vous refusez une décentralisation au niveau de l'école,
c'est-à-dire au niveau où l'éducation se fait. Pourquoi
refusez-vous ce troisième niveau de pouvoir?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Je vous rappelle d'abord qu'il y a déjà
deux niveaux; deuxièmement, je mentionnais tout à l'heure que
l'école, lieu de pouvoir, organisée comme le projet de loi 40
l'organise, fait en sorte de donner une majorité à un conseil,
à un groupe particulier, donc d'inférioriser d'autres groupes
aussi importants. Je pense, entre autres, aux enseignants. À partir du
moment où un groupe particulier choisi devient majoritaire dans ce
processus, ça fait évidemment en sorte de minoriser les autres
groupes. Or, comment peut-on bâtir une concertation qui se joue entre une
certaine puissance locale qui est différente d'un groupe à
l'autre? On ne peut pas privilégier cette option pour ces raisons. Nous
préférerions une école qui soit véritablement un
lieu de concertation. On parle beaucoup de concertation ces jours-ci. On en
fait, on tente d'en faire au sommet. Le chef du gouvernement se réunit
avec des chefs de l'industrie, du monde syndical, etc., mais la concertation,
pour qu'elle puisse avoir des racines solides dans la société
québécoise, doit partir de la base, une base avec laquelle la
société québécoise est habituée de
travailler ou s'habitue de travailler, et l'école serait ce lieu
privilégié. (15 h 45)
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Leduc (Fabre): Mais on est tout à fait d'accord
là-dessus. Les agents de l'éducation doivent travailler en
concertation. C'était l'esprit du conseil d'orientation. C'est l'esprit
dans lequel est fait le projet de loi 40, dans lequel est conçu le
conseil d'école. C'est un endroit de concertation, mais c'est un endroit
décisionnel. Vous dites: On ne peut pas être pour parce que les
parents vont être majoritaires. C'est vrai que, dans le projet de loi 40,
on affirme que les parents sont majoritaires, mais ils peuvent être
majoritaires d'un ou deux membres. Est-ce que c'est une majorité?
Autrement dit, est-ce que les parents sont majoritaires au point
d'empêcher les autres groupes de vraiment participer au sein du conseil
d'école, de façon qu'il y ait une concertation, tel que vous le
souhaitez?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: Dans ce cadre-là, que le conseil
d'école, tel qu'on le retrouve dans le projet de loi 40, devienne
l'aboutissement d'un cheminement commun au niveau de l'école.
M. Leduc (Fabre): S'il devenait l'aboutissement d'un cheminement
commun au niveau de l'école, vous y seriez favorable?
M. Chagnon: Oui, parce que ce serait un choix local.
M. Leduc (Fabre): C'est très important - il me semble, en
tout cas - ce que vous dites. Vous dites que vous êtes pour les pouvoirs
au niveau du conseil d'école, à condition que ce soit un choix du
milieu. C'est ce qu'on a entendu...
M. Chagnon: Ce qui...
M. Leduc (Fabre): ...hier de la part d'une commission scolaire
également.
Le Président (M. Blouin): Un instant! M. Chagnon?
M. Chagnon: Le problème, le noeud gordien dans ce concept,
c'est qu'il nous paraît à peu près impossible de
créer une concertation, s'il y a un déséquilibre à
la base des agents devant faire cette concertation. Je demanderais à M.
Perron d'ajouter à la question.
M. Perron (Charles): II y a une espèce de momentum
à établir là-dedans. Si, par le biais d'une loi, du jour
au lendemain, on investit les parents de pouvoirs que, soi-disant, ils n'ont
pas actuellement et qu'ils vont acquérir, est-ce qu'on a la certitude
que tout le monde va être prêt à les assumer? Quelle forme
cela va-t-il pouvoir prendre? Ce que la fédération recommande,
c'est que, potentiellement - et on est d'accord avec cela - la
responsabilisation de l'école se fasse, mais qu'elle ne soit pas
imposée; qu'elle ne soit pas imposée, ni empêchée
d'être imposée par la commission scolaire, ni imposée
unilatéralement par le ministère. C'est là qu'est le
noeud. Chacun marche à la vitesse qu'il peut et assimile les choses
comme il l'entend. Si, d'un seul coup, 3000 écoles au Québec sont
investies de pouvoirs, il va y avoir un flottement. Il va y avoir, à
travers toutes les autres modifications qu'on connaît, les modifications
au régime pédagogique, les nouveaux cours de français, les
nouveaux cours... On va presque atteindre un point de rupture, si vous
voulez.
Alors, on parlait ce matin de la commission scolaire en tant qu'agent
régulateur. Je pense que cette dimension serait très bien
articulée dans ce domaine, c'est-à-dire qu'au fur et à
mesure qu'une école est prête, qu'il y a un certain
déblayage qui est fait dans la prise de responsabilités, il n'y a
pas de problème. C'est d'ailleurs comme cela que ça se passe
actuellement. Dans les commissions scolaires, dans une grande majorité
de commissions scolaires, au fur et à mesure que, par un
aménagement plus fin, une connaissance plus grande des règlements
et de tout cela, au fur et à mesure que les écoles se prennent en
main elles-mêmes... Je pense que nulle part dans une commission scolaire,
quand une école, honnêtement, consciencieusement, fait une demande
pour s'organiser dans certains domaines précis qui relevaient de la
compétence de la commission scolaire et non de celle du
ministère, je doute qu'il n'y ait pas eu une délégation en
rapport avec les pouvoirs que la commission scolaire avait.
M. Leduc (Fabre): Enfin, vous parlez toujours de
délégation. Je veux vous rappeler l'article 216 du projet de loi
où il est dit qu'à la demande d'une école, la commission
scolaire peut exercer temporairement les pouvoirs de celle-ci en matière
de gestion des ressources humaines, matérielles ou financières.
Est-ce que cet article ne permet pas, enfin, la souplesse que vous souhaitez
d'un milieu à un autre, d'un milieu qui n'est pas tout à fait
prêt à entrer, si vous voulez, dans le cadre du projet de loi 40,
à assumer les responsabilités prévues par le conseil
d'école? Ne croyez-vous pas que cet article est suffisant ou est-ce
qu'il y a moyen d'aménager cet article de façon à mieux
répondre à vos désirs?
Le Président (M. Blouin): M. Perron, allez-y.
M. Perron (Charles): Je pense que cet article de loi illustre
parfaitement les hésitations qu'on a et vous avez cru bon de le mettre
dans la loi parce que vous vous rendez bien compte qu'il y aurait là
possibilité d'accrochages sérieux. En mettant cet article de loi,
vous faites exactement, vous permettez aux commissions scolaires de diluer dans
le temps l'application du projet de loi 40. C'est exactement ce qu'on
prétend.
M. Leduc (Fabre): M. Perron vous ne répondez pas à
ma question. Vous avez dit que chaque école doit fonctionner, chaque
milieu doit avancer suivant son rythme. Bon! II me semble que c'est comme cela
et je voulais avoir votre point de vue sur l'article 216. Je voudrais voir s'il
y a lieu de l'aménager de façon à répondre à
ce souhait, puisque vous dites, vous me l'avez dit encore, que vous êtes
pour l'autonomie au niveau local, si je comprends bien.
Quant aux pouvoirs, il y a peut-être moyen de discuter, mais vous
êtes pour une forme d'autonomie. Je vous dis que l'article 216, il me
semble, répond à ce souhait de respect du milieu. Si ce n'est pas
tout à fait le cas, j'aimerais vous entendre. Il me semble que vous
partez sur une autre discussion.
M. Chagnon: La communauté, comme telle, a un milieu. Un
milieu, cela représente toujours une communauté. On ne peut pas
nier l'autorité ultime du centre qui est dépositaire de la
volonté communautaire, ce centre qui est finalement
légitimé par un mandat de la population et qui est celui qu'est
la commission scolaire.
La relation de la commission scolaire avec ses écoles se doit
d'être la plus raffermie possible. C'est pour cela que l'article 216
procède à l'envers. Il donne des pouvoirs à
l'école, qu'elle peut prendre ou ne pas prendre. Si elle ne veut pas les
prendre, elle les retourne à la commission scolaire. C'est le processus
à l'envers, tandis que l'article 217 donne un droit de tutelle à
la commission scolaire. La commission scolaire ne veut pas avoir de droit de
tutelle sur ses écoles. Les écoles émanent - et je le
répète encore une fois - l'ensemble des écoles d'un
territoire forme la commission scolaire comme les doigts sont accrochés
à une main. C'est aussi simple que cela.
M. Paradis pourrait peut-être rajouter sur la question.
M. Paradis (Femand): M. le Président, je souhaiterais
faire quelques commentaires sur ces propos. Quand on regarde l'histoire de
l'éducation au Québec au cours des quinze dernières
années, on s'aperçoit que, de façon
régulière, on a eu la tentation de généraliser des
formules qui fonctionnent bien dans des milieux. Je voudrais évoquer des
exemples très brièvement.
On a réalisé tout à coup qu'il y avait en France
des méthodes dites actives qui produisaient de bons résultats. On
a lancé, ici au Québec, l'opération SEMEA pour embrigader
tout le monde dans des formes d'écoles actives qui seyaient bien
à des gens, mal à d'autres, mais on a tenté de
généraliser. Et vite, on a été obligé de
conclure qu'il y avait des limites et qu'on ne pouvait pas
généraliser.
On a fait la même chose avec des méthodes de lecture qui,
tout à coup, ont donné d'excellents résultats. On a voulu
les répandre, les généraliser, bien souvent sans
même avoir le temps de préparer les maîtres. On a fait la
même chose avec le plan de développement de l'enseignement des
langues. Il fallait que chaque langue soit
dotée d'appareils audiovisuels et il fallait que partout on
utilise l'audiovisuel pour faire de l'enseignement. C'était encore
là une tentative de généralisation qui a vite fait
ressortir qu'on ne pouvait pas généraliser des formules qui
donnaient de bons résultats dans certaines circonstances.
Je me souviens également des tentatives en vue de
l'établissement de la progression continue ou de l'école sans
degré, des écoles sans mur. Je me souviens de prévisions
qu'on faisait à l'époque et on disait: D'ici dix ans, toutes les
écoles fonctionneront de cette façon. Au bout d'à peine
cinq ans, on avait non seulement plafonné, mais on avait commencé
une descente. Ce sont des tentatives de généralisation de
formules qu'on croit heureuses et qui, en fait, le sont, mais, lorsqu'on en
vient à généraliser, c'est ce pas qu'il faut éviter
de franchir. Il faut, à mon avis, être plus respectueux des
milieux, des façons de faire, de l'ingéniosité que les
gens pourront développer et mettre tout cela à profit pour en
arriver à des résultats de participation sans que ce soit
très exactement la formule qui a fonctionné dans un milieu
voisin.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Paradis.
M. Leduc (Fabre): Quelques commentaires, puisqu'il ne reste pas
grand temps, sur ce que dit M. Paradis. Nous sommes tout à fait d'accord
avec lui, c'est que nous souhaitons, et c'est ce que nous souhaitons justement
par le projet de loi 40. S'il était adopté, on ne pourrait plus
faire ce que vous avez dit, c'est-à-dire généraliser des
formules, puisque l'école serait responsable de ces méthodes, de
ces programmes, de l'application du régime pédagogique. C'est
précisément cela que nous voulons éviter. Je comprends le
sens de votre réponse, mais ce que vous apportez comme exemple me
semble, plus ou moins convenir. C'est un commentaire que je fais.
M. Paradis (Fernand): On veut tout de même y imposer une
structure. Alors, c'est cela.
M. Leduc (Fabre): M. le président, tout à l'heure,
dans votre mémoire, vous défendiez le conseil d'orientation,
c'est également une structure. J'ai la loi ici; si j'en avais le temps,
je vous ferais lecture de l'article en question. C'est une forme de structure.
On prévoit la participation de tel ou tel groupe, etc., et on
prévoit aussi les prérogatives de cette structure. Nous ne
pouvons pas éviter une forme de structure. Il s'agit qu'elle soit
suffisamment souple et, sur cela, nous nous entendons aussi. Je vous ai
cité l'article 216, mais nous pourrons toujours méditer plus
tard...
Le Président (M. Blouin): En concluant, M. le
député de Fabre, s'il vous plaît!
M. Leduc (Fabre): M. le Président, en concluant, je
voudrais rappeler à la fédération ceci, parce qu'elle a
cité le mémoire SORECOM. Je sais bien qu'il y a eu beaucoup de
questions et que vous ne pouviez pas donner des réponses à toutes
les questions qui ont été posées, mais je voudrais
personnellement vous rappeler que plus de 73% des Québécois
estiment que l'influence des parents dans les décisions qui touchent
l'école devrait augmenter. Je conclus sur cela, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre.
M. Chagnon: Cela confirme nos positions, qui veulent justement
responsabiliser davantage l'école et ses agents. Mais j'aimerais
préciser une chose, c'est qu'un conseil d'orientation devrait être
mis en place dans chacune des écoles, selon le désir du milieu.
C'est là notre position.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Chagnon: Ce n'est pas une structure que nous voulions
uniforme.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Chagnon; merci, M. le
député de Fabre. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Votre
mémoire révèle un travail assez remarquable et j'aimerais
vous en féliciter. Contrairement au ministre, qui est spécialiste
en matière de confrontation, j'apprécie grandement votre approche
d'évaluation et de concertation, l'approche qui a inspiré votre
mémoire. C'est une approche pleine de prudence et de bon sens, du sens
de la réalité des choses sur le plan pratique.
J'en arrive à ma première question. Je crois que le
critère ultime selon lequel il faut juger le projet de loi 40 est de se
demander si le projet va améliorer la qualité de
l'éducation. À cet égard, j'aimerais vous demander si vous
croyez que le projet risque d'augmenter l'inégalité des
écoles, donc l'inégalité des chances des
élèves des différents milieux.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. Paradis. (16 heures)
M. Paradis (Femand): M. le Président, si vous permettez,
je disais tout à l'heure que l'entrée en vigueur du projet se
ferait alors qu'il y a déjà un très grand nombre
d'activités de planifiées et d'organisées en
vue d'améliorer l'acte éducatif. Ce qu'on a appelé
le livre orange, et qui s'appelait, sauf erreur, le plan d'action du
ministère, spécifie bien que ce n'étaient plus les
structures qu'il fallait remettre en cause, mais qu'il fallait plutôt
améliorer le régime pédagogique lui-même,
améliorer les programmes, améliorer l'encadrement au plan
scolaire, au plan intellectuel, au plan comportemental, c'étaient
surtout ces choses-là. Or, la crainte que j'entretiens personnellement,
c'est que l'entrée en vigueur de changements, particulièrement au
niveau des structures, pourrait nous distraire de cet acte essentiel. Cela se
fait sans que ce soit très spectaculaire. L'action de modification, de
changement et d'amélioration est très modeste dans la
pédagogie elle-même, mais c'est essentiel de le faire.
Depuis 20 ans, on a consacré énormément
d'énergies à des réorganisations de toutes sortes, comme
le réseau secondaire, la mise en place de l'enseignement professionnel.
On a énormément travaillé à ces choses-là.
Au terme de ces modifications, le jugement qu'on a porté, c'est qu'il
faut regarder l'éducation, la pédagogie. Ce qui me semble
dangereux, c'est qu'en ne respectant pas des rythmes d'implantation de
changements qu'il faut apporter aussi dans d'autres secteurs, en imposant
à tout le monde en même temps l'entrée en vigueur de
certaines modifications, le monde de l'éducation, les agents de
l'éducation seront distraits de cet acte essentiel:
l'amélioration de la pédagogie.
Mme Dougherty: Je ne sais pas si vous avez vraiment compris le
sens de ma question. Je parle surtout des milieux défavorisés. Je
me demande si on va porter préjudice à certains milieux en
donnant des pouvoirs...
M. Chagnon: M. le Président, je disais ce matin que, la
commission scolaire étant par elle-même un régulateur de la
qualité et de la quantité de services, cela implique,
évidemment, qu'elle joue ce jeu de péréquation dans son
territoire pour les écoles situées dans un milieu
socio-économique plus riche par rapport à d'autres écoles
dans un milieu moins favorisé. C'est un rôle fondamental qui doit
se jouer à ce niveau. Est-ce que le projet de loi 40 va contribuer
à modifier cet équilibre? Politiquement, il y a un risque que oui
à cause, entre autres, de la formule prévue au niveau du mode de
suffrage où le commissaire se sentira plus lié par les
représentants des écoles que la vue de la collectivité
lorsqu'il y aura un partage à faire. Cela est dangereux.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. J'ai une deuxième question. Dans
votre mémoire principal à la page 46 et dans votre
synthèse, à la page 26, vous avez parlé de garanties
constitutionnelles équivalentes que vous demandez comme substituts pour
quelques pouvoirs: un gouvernement local, l'élection des commissaires au
suffrage universel, le pouvoir de taxation, le droit à l'école
confessionnelle et à l'école non confessionnelle.
Qu'envisagez-vous à cet égard? Est-ce que ces droits
équivalents doivent être enchâssés dans la
constitution canadienne ou dans une loi du Québec?
M. Chagnon: Ce qui a été adopté chez nous,
c'est ceci: Lorsqu'on parle de garanties équivalentes, on parle de
garanties équivalentes. Si, comme nous le pensons, l'article 93 de la
constitution canadienne donne des droits particuliers aux commissions scolaires
comme organismes locaux, comme gouvernement local, incluant un pouvoir de
taxation, etc., ce sont des choses que nous voulons garder et que nous voulons
même voir modifier et améliorer. Cela nous semble, en tout cas,
assez évident que, dans la mise sur pied du projet de loi 40, il faudra
regarder la dimension constitutionnelle, ne serait-ce que pour les
modifications de statut, de confessionnel à linguistique, des
commissions scolaires. Pour y arriver, nous estimons, comme nous avons des
droits à l'article 93, qu'on doit conclure que la commission scolaire
est un gouvernement local, dont les membres doivent être élus au
suffrage universel, qui a un pouvoir de taxation et, finalement, qui dirige un
réseau d'écoles confessionnelles ou non. Ce sont les droits que
nous aimerions y voir. C'est tout.
Mme Dougherty: Alors, tout ce que vous cherchez à cet
égard, c'est la protection des droits qui sont maintenant
consacrés aux protestants et aux catholiques en vertu de la
constitution, car ceux qui sont inscrits dans le projet de loi 40 ne
constituent pas une garantie équivalente.
M. Chagnon: On veut avoir des garanties équivalentes dans
le projet de loi 40. La raison pour laquelle on en demande, c'est que
l'orientation qui se prend actuellement risque de modifier structu-rellement le
gouvernement local qu'est la commission scolaire. Alors, on est un peu pris
dans le coin du mur. Nous préférons avoir des garanties
équivalentes à celles que nous avons sur les points que je vous
mentionnais.
Mme Dougherty: En ce qui concerne le pouvoir de taxation,
à la page 19 de votre synthèse, vous parlez d'un revenu autonome
de taxation locale significatif. Considérez-vous que les 6% sont
adéquats?
M. Chagnon: Bien, non! Fondamentalement, non, ce n'est pas
adéquat.
Mme Dougherty: Ce n'est pas précisé dans votre
synthèse.
M. Chagnon: Ce que nous ne précisons pas, c'est le
modèle. Nous avons actuellement un modèle de taxation qui est
basé sur l'évaluation foncière. Nous pensons que nous
devrions, gouvernement et commissions scolaires, faire une recherche conjointe
pour regarder d'autres mécanismes, s'il y en a, permettant une source de
revenu autonome pour les commissions scolaires. C'est une étude. On doit
la travailler.
Nous estimons que 6%, c'est nettement insuffisant; par exemple, en
Ontario, les commissions scolaires sont financées dans l'ordre de 50%,
55% ou 60% par des crédits locaux. Les citoyens financent leur propre
réseau. Cela augmente drôlement les responsabilités du
réseau. Cela augmente aussi drôlement leur capacité de
s'intéresser à leur réseau et de vouloir l'orienter. C'est
fondamental.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
Mme Dougherty: M. le Président, j'ai une dernière
question.
Le Président (M. Blouin): Oui.
Mme Dougherty: À la page 47 de votre mémoire, vous
parlez de la création de commissions scolaires linguistiques. Vous avez
introduit l'idée, en parlant des commissions scolaires
françaises, que, s'il y a quelques écoles anglophones qui veulent
rester au sein des commissions scolaires linguistiques françaises, cela
doit être permis, selon le voeu des parents. Je crois que c'est une
idée très intéressante. J'aimerais savoir si vous
accepteriez le corollaire, s'il y a quelques écoles françaises...
Par exemple, hier soir, je crois que c'était dans le mémoire de
la fédération des parents, on a parlé de Eastern
Québec Regional School Board où il y a 35% de franco-protestants.
Dans un cas comme comme celui-là, si ces parents voulaient rester au
sein de la commission scolaire protestante, seriez-vous d'accord? C'est
l'inverse.
M. Chagnon: Nous n'avons pas étudié la question,
Mme la députée.
Mme Dougherty: En principe, seriez-vous ouverts à une
suggestion comme celle-là?
M. Chagnon: En principe, probablement, si c'est la volonté
des parents qui sont concernés dans le milieu. L'inverse devrait autant
prévaloir que l'affirmation que nous faisons.
Mme Dougherty: C'est bien. Merci.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci, M. le Président.
J'ai lu avec beaucoup d'attention votre mémoire. J'y ai vu quelques
contradictions. Vous dites: On demande le retrait du projet de loi 40, mais
vous acceptez des principes fondamentaux qui font que la loi 40 apporte des
changements majeurs auxquels vous adhérez. Je veux parler de la
création des commissions scolaires linguistiques. Je pense que c'est un
chambardement majeur et vous l'acceptez. Vous acceptez l'intégration du
primaire et du secondaire et vous mentionnez, dans votre conclusion: Est-t-il
nécessaire, par exemple, de chambarder aussi radicalement le
système scolaire? Vous posez la question du chambardement, mais, d'autre
part, vous acceptez la création de commissions scolaires linguistiques,
vous acceptez l'intégration du primaire et du secondaire et, aussi, vous
acceptez que la confessionnalité ne soit plus nécessairement
rattachée à la commission scolaire, mais qu'elle vienne
plutôt au niveau de l'école. Pourquoi? D'une façon, vous
voulez le retrait de la loi 40 et vous êtes d'accord avec tous ses gros
principes, quand même. C'est là, le chambardement. Vous
l'acceptez, le chambardement. Je ne dis pas que c'est le fait de donner un peu
de pouvoirs à l'école comme telle qui est le grand chambardement.
C'est beaucoup plus la création de commissions scolaires linguistiques,
l'intégration du primaire et le chambardement au point de vue
confessionnel auxquels vous adhérez. Croyez-vous, M. le
président, M. Chagnon, qu'il n'y a pas une contradiction dans la
politique que vous avancez?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon.
M. Chagnon: M. le Président, je suis heureux de constater
que le député aussi constate avec nous que nous sommes en faveur
de changements.
Je dirai ceci: Depuis trois ans, nous avons eu à vivre un
moratoire sur les principes de l'intégration de
l'élémentaire et du secondaire. Il y a un nombre assez important
de commissions scolaires qui ont déposé des mémoires pour
faire en sorte de vivre une intégration dans leur milieu respectif.
Elles sont prêtes à l'intégration. C'est mûr. Mais
depuis trois ans tout est bloqué parce qu'au ministère on a dit:
On s'en vient avec une restructuration scolaire, on bloque tout et on verra
plus tard. Sans
cela, il y aurait eu plus de commissions intégrées qu'il
n'y en a actuellement et cela se serait fait avec le moins de heurts possible.
Nous favorisons cette intégration, c'est sûr mais il y a des
critères d'intégration dont il faut tenir compte,
particulièrement, entre autres, le fait que le milieu doit s'associer le
plus possible par lui-même pour y arriver. C'est un peu ce à quoi
le moratoire nuit actuellement.
Deuxièmement, les commissions scolaires linguistiques. On sait
qu'il y a un dilemme juridique qu'il va falloir régler. Nous sommes bien
ouverts mais il faut fonctionner un peu avec ce qu'on a aussi comme cadre
juridique. Comme plusieurs des commissions scolaires au Québec sont
déjà prêtes à l'intégration et que
l'intégration -on n'y est pas obligé; elle peut s'étaler
sur une période de deux ou trois ans, je présume - ce serait
d'autant plus facile à avaler. Cela pourrait s'avaler en fonction des
problèmes qu'auront à vivre chacune des commissions scolaires,
chacune des écoles dans tous les milieux du Québec, avec ce qu'on
a à absorber comme changements déjà, comme le signalait M.
Paradis tout à l'heure.
Troisièmement, eh bien, l'idéal serait possiblement, M. le
député, de scinder le projet de loi 40, d'en ressortir des
éléments comme l'intégration, etc., et de pouvoir
l'analyser bout après bout. Le problème est que tout est fondu
ensemble dans le projet de loi. Ce qui est dommage, c'est qu'il est à
prendre ou à laisser.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Mille-Îles. (16 h 15)
M. Champagne (Mille-Îles): Enfin, je suis content de savoir
que vous êtes en faveur du projet de loi 40, je pense, dans son ensemble.
Vous acceptez les grands changements comme l'intégration, les
commissions scolaires linguistiques. Ce sont les éléments presque
fondamentaux, de grands changements, je dis bien des changements de structures.
Si on regarde votre mémoire, vous parlez souvent de structures et vous
parlez un peu moins de la qualité de l'enseignement. Je sais bien que le
directeur général, M. Paradis, a parlé beaucoup de la
qualité de l'enseignement. Tout cela est la préoccupation des
enseignants et c'est...
M. Chagnon: Bien non!
M. Champagne (Mille-Îles): Bien oui, justement, je lui en
donne le crédit. C'est la préoccupation des enseignants et c'est
aussi la préoccupation des parents. Si vous êtes pour le
changement, comme vous le dites...
M. Chagnon: Ce n'est pas moi qui le dis, c'est vous.
M. Champagne (Mille-Îles): Vous avez dit que vous
étiez pour le changement...
M. Chagnon: Et je l'ai répété.
M. Champagne (Mille-Îles): ...que vous étiez pour la
création de commissions scolaires linguistiques; que, pour ce qui est de
la confessionnalité, vous étiez dans une espèce
d'évolution. Vous êtes pour l'intégration. Si on refait
rapidement l'historique de l'évolution du système scolaire, on
s'apercevra qu'il y a eu la création, dans les années soixante,
d'un ministère de l'Éducation et la fédération
était contre.
M. Chagnon: Pardon? Nous étions contre en 1960?
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, la fédération
des commissions scolaires était contre. On a vu tout un battage
publicitaire autour de la création du ministère de
l'Éducation. En 1973, il y a eu la loi 27 qui formait les comités
de parents, et il y avait beaucoup de réticence. En 1979, il y a eu la
loi 30 qui donnait un siège aux parents au niveau de la commission
scolaire; ce fut un tollé. Je pense qu'aujourd'hui vous pouvez faire la
preuve que les parents sont très utiles au niveau de la commission
scolaire. Vous étiez contre la loi 30; vous étiez contre la loi
71 et, aujourd'hui, vous êtes contre la loi 40. Aujourd'hui, vous
acceptez le ministère; vous avez accepté la loi 27; vous acceptez
aujourd'hui la loi 30 et vous arrivez cet après-midi et vous demandez la
loi 71. Vous étiez contre et, actuellement, vous l'acceptez.
Je me demande si, dans quelque temps, vous ne direz pas que vous
êtes capables de vivre avec la loi 40. C'est une bonne loi. La
fédération a un esprit conservateur. Je n'ai pas dit que vous
étiez des conservateurs; j'ai dit que la fédération avait
peut-être un esprit conservateur. Ne pensez-vous pas, M. le
président, que, dans l'ordre normal des choses, dans l'évolution
qui fait que les gens veulent une école pour la communauté, pour
eux, dans leur milieu, on arrive à l'aboutissement normal avec les
comités d'école que propose la loi 40? C'est ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles, j'ai cru comprendre que votre intervention suscitait quelques
réactions de la part de M. Chagnon.
M. Chagnon: Je suis un peu confus d'apprendre en même temps
que nous sommes en faveur du projet de loi 40 et conservateurs. Doit-on penser
que, pour être en faveur du projet de loi 40, il faut être
conservateur?
M. le Président, je voudrais rementionner que la partie - c'est
une partie importante - qui nous apparaît être l'objectif logique,
l'organisation logique du projet de loi, c'est qu'il est un projet parental par
rapport à un projet "sociétal". Vous nous avez parlé des
années soixante. Dans les années soixante - je fais partie de la
génération qui en a profité, je suis un finissant de
l'école publique, un finissant de l'école polyvalente - la
société s'est entendue pour qu'on démocratise
l'éducation. La société s'est entendue pour qu'on la rende
gratuite. La société a mis en place des structures pour
accélérer le mouvement et la société a
financé l'investissement depuis 1960 jusqu'à aujourd'hui.
Ce qui est rebutant dans le projet de loi, c'est qu'il donne un
contrôle au niveau parental. Ce n'est pas un mauvais niveau, mais c'est
une partie de la société par rapport à un projet
"sociétal", qui est celui qu'on défend. Un projet
"sociétal" ramène un pouvoir, que nous souhaitons de plus en plus
grand, de la société au niveau même de la gestion de ses
commissions scolaires, par l'augmentation de pouvoirs, par l'augmentation de
responsabilités - on mentionnait tout à l'heure quelques sujets
-par l'augmentation de son pouvoir de taxation, etc.
L'école, dans notre esprit, est intimement liée à
la commission scolaire qui, elle, est contrôlée par l'ensemble des
membres de la société. Dans notre esprit aussi, l'école
n'est pas un lieu de pouvoir. C'est un lieu qui fonctionne en
corrélation avec la commission scolaire, c'est un lieu de concertation,
pour nous, et les différents agents dont on parle permettent de la
rendre communautaire avec la commission scolaire qui, elle, constitue le bassin
de la communauté.
Le projet donne un contrôle au niveau parental. C'est un concept,
sauf que, dans la société scolaire, encore une fois, même
s'ils sont une partie, une composante importante, les parents ne forment pas
l'ensemble de la communauté. Et si l'école, qu'on veut rendre
communautaire et responsable, part déjà sur de mauvaises
prémisses quant à son rôle communautaire, quant à sa
légitimité communautaire, elle subit une entorse profonde quant
à sa légitimité par rapport à un projet
"sociétal".
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, il faut
avoir vécu comme enseignant dans une école et aussi comme membre
d'un comité d'école pour savoir jusqu'à quel point les
enseignants et les parents membres du comité d'école sont
limités dans leur action. Ces personnes, qui font partie du
comité d'école, voudraient se donner des moyens éducatifs
propres à leur milieu aussi simples que des activités
parascolaires, peut-être l'occupation des locaux en fin de semaine ou une
garderie. Je vous garantis que j'ai eu à négocier, simplement
dans l'école de mon patelin, pour donner un service de garde parce que
les parents le demandaient. C'était presque quelque chose d'impossible,
malgré les efforts surhumains. C'est comme si on ne faisait pas partie
de la communauté; on voulait se donner des services et on n'en avait pas
les moyens.
C'est devant ces frustrations que parents, enseignants, directeurs
d'école et étudiants ont demandé un certain pouvoir. Dans
le projet de loi 40, ce ne sont pas des pouvoirs exorbitants qu'ils auront, les
parents qui veulent s'impliquer dans le milieu et se donner des services
éducatifs spéciaux. C'est pour ça qu'on en arrive, dans
cette évolution, cette transformation de la société au
niveau de l'éducation, à dire: Pour avoir une école
à notre image, il faut avoir certains moyens. Il y a certaines
commissions scolaires qui le font et je ne vois pas pourquoi vous n'embarquez
pas là-dedans. Avant-hier, nous avons entendu la commission scolaire de
Jacques-Cartier qui décentralise même le budget pour aller aux
écoles. Je ne vois pas pourquoi vous ne feriez pas un effort dans ce
sens pour le plus grand bien de l'école.
M. Chagnon: M. le Président, je voudrais tout simplement
souligner ceci: Je disais tout à l'heure que j'étais
président d'une commission scolaire et que nous faisions
déjà tout ce que vous nous avez dit dans notre commission
scolaire. Nous avons ouvert des garderies dans des centres de jour
d'éducation des adultes. L'éducation des adultes, on n'en parle
pas beaucoup, mais c'est un développement communautaire.
Vous avez parlé du rôle des enseignants, vous avez
parlé d'un enseignant qui vit dans une école. M. Paradis a eu la
chance d'avoir une vaste expérience: il a enseigné à
l'élémentaire, au secondaire, il a été directeur
d'école à l'élémentaire, au secondaire, il a
été directeur des services pédagogiques à
Québec avant d'être directeur général de la
commission des écoles catholiques de Québec. On pourrait
peut-être demander à M. Paradis de nous faire part succinctement
de ce qu'il a vécu.
Le Président (M. Blouin): Succinctement, suivant les
conseils de votre président, M. Paradis, s'il vous plaît!
M. Paradis (Fernand): M. le président, je commenterai
brièvement vos propos. Au cours des dernières années, nous
avons relevé des initiatives qui ont été prises par les
commissions scolaires dans le cadre actuel, et cela s'est déroulé
au cours d'années difficiles. Les dernières années ont
été
marquées par de la dépopulation dans les commissions
scolaires, par des difficultés économiques qu'on a
rencontrées dans le système comme partout ailleurs. On a
également eu des climats perturbés à cause de
négociations laborieuses, très très difficiles.
Malgré tout cela, les commissions scolaires ont réussi à
donner les services que vous venez de mentionner. Il y a certainement eu des
réticences dans certains milieux pour des raisons qu'il est difficile de
juger comme cela, de loin, mais il faut reconnaître que, avec les moyens
dont on disposait à l'époque, on a réussi à mettre
en place exactement les services que vous avez évoqués.
Est-ce qu'il est nécessaire de tout chambouler, d'avoir des
distributions de pouvoirs dans les écoles pour permettre des choses qui
se font, qui se sont faites, qui sont inscrites dans des trajectoires
déjà existantes? Pourquoi faut-il, encore une fois,
légiférer? Pourquoi faut-il encore que le gouvernement
intervienne auprès de petites unités? Est-ce vraiment une
nécessité? Est-ce qu'on ne serait pas mieux - c'est la
proposition de la fédération - de responsabiliser pleinement les
commissions scolaires, de les rendre comptables au maximum de leur
administration et d'établir des jeux de pression, de forcer les
dialogues à l'intérieur des commissions scolaires plutôt
que d'intervenir, encore une fois, par-dessus la tête des commissions
scolaires?
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Paradis.
M. Champagne (Mille-Îles): Un dernier commentaire. On a
entendu hier les comités d'école, les comités de parents.
Eux aussi voulaient avoir certaines responsabilités, avoir les moyens de
donner de bons services et une qualité d'enseignement à leur
communauté. C'est pour cela qu'ils étaient favorables à la
loi 40 et je suis content de voir que vous êtes aussi favorables à
une très grande partie de la loi 40. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Sur ce, j'invite maintenant le
dernier intervenant, le député de Saguenay, à s'adresser
à nos invités. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
saluer les gens de la fédération et mes nombreux
ex-collègues qui sont ici aujourd'hui. J'aimerais saluer d'une
façon spéciale les gens des commissions scolaires qui ne sont pas
ici, mais qui auraient aimé être ici, particulièrement les
gens de l'Abitibi, de la Gaspésie, de la Côte-Nord et du
Lac-Saint-Jean. J'aimerais leur dire notre déception, quant à
nous, du côté de l'Opposition, qu'il ne nous ait pas
été permis de les recevoir ici.
M. le Président, j'aimerais féliciter la
fédération pour son mémoire, un excellent mémoire.
Je pense qu'il est beaucoup plus constructif que certains mémoires,
beaucoup plus constructif, en tout cas, aux fins de la discussion à
cette commission, que certains mémoires qu'on a entendus tard en
soirée hier, M. le ministre.
J'aimerais aussi, avant de tomber dans les questions...
Le Président (M. Blouin): Tombez donc, M. le
député de Saguenayl
M. Maltais: ...relever un petit fait que le député
de Vachon a apporté ce matin. Je pense qu'il n'est pas tout à
fait exact. Vous avez parlé de l'octroi de certains contrats aux
commissions scolaires depuis que vous avez institué Rosalie. J'aimerais
savoir ce que Rosalie pense du dernier contrat à Comterm-Matra.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay...
M. Maltais: Voici mes questions, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): ...Rosalie n'a pas
été invitée à participer à nos travaux.
Alors, je vous demande donc de poser des questions...
Mme Lavoie-Roux: Mais on a le ministre de l'Éducation qui
peut répondre.
Le Président (M. Blouin): ...à nos invités
pour que nous concluions avec l'étude de ce mémoire.
M. Maltais: C'était pour rétablir les faits, M. le
Président. Alors, il y a bien d'autres Rosalie.
M. Payne: Tout à fait en conformité.
M. Maltais: La première question que j'adresse au
président de la fédération: J'aimerais savoir de quelle
façon, étant donné que les commissions scolaires au
Québec sont reconnues depuis plus de 100 ans comme étant les
principaux agents de l'éducation au Québec, elles ont
été invitées par le ministre à collaborer, à
travailler au projet de loi 40.
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon. (16 h 30)
M. Chagnon: Avant le dépôt d'un livre blanc sur la
restructuration scolaire - c'était avant mon passage à la
fédération - la fédération avait déjà
demandé de travailler en collaboration, en "partnership" avec le
ministère. La fédération a appris, comme
tout le monde, par le biais des médias, le dépôt
à venir d'un livre blanc, le dépôt à venir d'un
projet de loi et le dépôt à venir d'une carte scolaire,
vers le mois de février 1982. Cela n'a pas été trop bien
reçu dans le monde scolaire, vous vous l'imaginerez un peu. Le livre
blanc est sorti au mois de mai 1982. J'ai eu d'assez nombreuses rencontres avec
le ministre de l'Éducation sur le sujet. Je ne pense pas que ni l'un ni
l'autre n'ait convaincu l'autre. Il y a eu depuis ce temps des échanges
épistolaires aussi entre le ministère et la
fédération.
M. Maltais: Est-ce que la fédération a offert de
collaborer?
M. Chagnon: Oui.
M. Maltais: Quelle réponse avez-vous eue?
M. Chagnon: Je pense que les services du ministère de
l'Éducation ont produit tout ce que l'on connaît sur le livre
blanc.
M. Maltais: Merci. Contrairement à beaucoup d'autres
intervenants qui sont venus ici - ils avaient une peur bleue, personne n'osait
prononcer le mot enseignant, même le ministre était
réticent quand on prononçait ce mot-là, je ne sais pas
pourquoi - vous avez souligné de façon bien précise dans
votre mémoire le rôle de l'enseignant à l'école.
Moi, j'aimerais que vous spécifiiez davantage le rôle d'un
enseignant de la façon dont vous le voyez présentement et de la
façon dont le ministre veut le voir dans l'avenir.
M. Chagnon: Le rôle de l'enseignant à
l'école, je le caricaturerais un peu. Vous excuserez l'expression
caricaturer. Des personnes nettement plus âgées que moi parlent de
leurs enfants qui ont mon âge et qui enseignent en disant de ces enfants
qu'ils "font" l'école. C'est la conception d'une autre
génération peut-être que de voir l'enseignant "faire"
l'école. Mais, en 1984, au moment où on se doit d'humaniser le
plus possible les services d'enseignement à l'élève et les
relations entre l'élève et le professeur, je pense qu'il faut
regarder cette conception du maître qui fait l'école davantage.
C'est dans cette relation, c'est pour cette raison qu'on ne peut pas, d'abord
comme employeurs, laisser agir nos employés enseignants à des
niveaux finalement très secondaires, jeu qu'ils pourraient faire au
niveau d'un conseil d'école dans une structure comme celle qui nous est
proposée. Nous estimons que les enseignants doivent travailler en
collaboration et de pair avec les parents et, au niveau secondaire, avec les
élèves, les représentants des élèves pour,
justement, créer dans l'école ce lieu de concertation. Cela nous
apparaît fondamental. Sans cela, on va se casser la figure.
Les enseignants se doivent d'être intégrés dans ce
réseau. De ce temps-ci, évidemment, c'est un peu difficile. Les
enseignants ont mal à l'âme mais il faut être capables de
récupérer nos enseignants. Ce qui intéresse les
enseignants, c'est l'acte éducatif. C'est comment on enseigne, comment
on transmet des connaissances, avec quelle habileté pédagogique
on le fait. Voilà notre réflexion en ce qui concerne les
enseignants.
Je pourrais peut-être souligner, pour revenir à votre
première question, qu'après le dépôt du livre blanc
le ministre de l'Éducation avait dit: Je suis prêt à
changer des modalités dans mon livre blanc, mais pas les principes.
Évidemment, cela rendait un peu plus difficile la lecture et la
réflexion à faire sur les principes de fond du projet de loi. Une
offre d'association - on en avait discuté ensemble au mois de
décembre 1982 - risquait de nous amener pas très loin sur le plan
du travail parce qu'on ne voulait pas être embrigadés dans un
système où on n'aurait pas un certain contrôle des
événements, nous aussi. Nous voulons partager ce contrôle,
nous ne voulons pas nous faire manger tout ronds. Nous devons avouer que le
"partnership" est un peu difficile quand on fonctionne et qu'on risque
d'être mis de côté n'importe quand, dans n'importe quelle
situation.
M. Maltais: Nos prédécesseurs, surtout les
comités de parents, ont parlé beaucoup du projet éducatif,
mais très peu ont parlé des programmes pédagogiques. Tout
à l'heure, vous avez souligné une chose, M. Paradis, qui m'a
chicoté, parce que les programmes pédagogiques sont prévus
pour X temps d'avance. Advenant le fait que la loi 40 soit adoptée,
est-ce que les programmes pédagogiques seront remis en cause, ceux qui
sont échelonnés pour les années à venir, comme vous
l'avez dit tout à l'heure?
Le Président (M. Blouin): M. Paradis.
M. Paradis (Fernand): M. le Président, si vous le
permettez, je rappellerai, mais très brièvement, qu'il risque d'y
avoir un embouteillage assez sérieux en 1985, étant donné
la multiplicité des mesures qui devraient être remises en vigueur
dans le réseau scolaire. Bien sûr, on peut se donner bonne
conscience en disant: II est en application. Mais il faut vérifier la
qualité de son application. À mon avis, de ce côté,
il faut être très vigilant. C'est la quantité des mesures
qu'on prévoit pour ces années qui me semble faire
problème.
M. Maltais: II y a aussi une chose: les
parents nous ont dit, et d'une façon très claire, que les
commissaires d'écoles, une fois qu'ils étaient élus,
avaient à trancher avec la réalité du quotidien
vécu à l'intérieur de l'école. À la page 15
de votre petit mémoire, vous nous dites que si les milieux
détiennent nombre de pouvoirs et de responsabilités, leur mandat
devrait d'autant plus leur venir réellement du milieu. C'est dans le
chapitre sur une commission scolaire démocratique. Est-ce que
l'affirmation que les comités de parents ont émise ici toute la
journée d'hier a pour vous une signification importante ou si vous
croyez sincèrement que votre méthode prime sur celle que les
parents nous prêchent?
Le Président (M. Blouin): M. Chagnon. M. Chagnon:
C'est à la page 15?
M. Maltais: Page 15. "En effet, si les milieux détiennent
nombre de pouvoirs, etc." C'est complètement à l'opposé de
ce que les parents nous ont dit hier. C'est dans le milieu du premier
paragraphe: "En effet, si les milieux détiennent nombre de pouvoirs et
de responsabilités en matière scolaire, la population, etc." Cela
va?
M. Chagnon: Oui, nous pensons que, si les commissions scolaires
sont responsabilisées, elles deviendront plus attrayantes et, en
même temps, on fera se développer la participation, par exemple,
au moment des élections scolaires.
M. Maltais: Peut-être qu'on pourra y revenir. J'en ai une
autre petite qui se rapporte à cela. Cela relève de
l'étude du professeur...
M. Chagnon: Je pourrais juste préciser qu'il ne s'agit pas
du petit mémoire, mais de la synthèse du mémoire.
M. Maltais: De la synthèse, excusez-moi. C'est dans
l'autre, on va bien se comprendre. C'est celui écrit par le
politicologue Vincent Lemieux, à la page 15, au dernier paragraphe.
"Autrement, avec le système électoral déficient qui est
proposé dans le projet de loi 40, on accrédite la thèse
qui veut que le ministre de l'Éducation cherche à faire la preuve
que les commissions scolaires ne peuvent pas fonctionner, pour se donner
ensuite de bonnes raisons de les supprimer." Que pensez-vous de cela, vous
autres? Ce n'est pas moi qui le dis, je cite le politicologue
renommé.
M. Chagnon: Ce n'est pas nous qui le disons, non plus.
M. Maltais: Je veux savoir ce que vous en pensez.
M. Chagnon: II y a une autre chose que dit aussi M. Lemieux qui,
soit dit en passant, n'est pas un illustre inconnu pour les gens qui
travaillent dans ce genre de débat. M. Lemieux disait aussi: "Même
si cela répugne aux penseurs de pensées enfermés dans
leurs bureaux et dans les systèmes clos de leurs constructions
réformistes, il ne nous semble pas opportun de vouloir tout changer en
même temps."
M. Maltais: Quand on vit ici, M. Chagnon, on s'aperçoit
qu'il a raison. Continuez.
M. Chagnon: M. Lemieux estime qu'un système
électoral, pour qu'il soit vraiment démocratique, doit s'appuyer
sur quatre principes. Le premier principe - ce sont les commissaires, dans
notre cas - c'est que les gens doivent être élus au suffrage
universel. Le deuxième, c'est que l'élection doit être
significative pour les électeurs. Le troisième, le poids relatif
des électeurs doit être comparable d'un endroit à l'autre.
Le quatrième, les élus doivent être en mesure de
représenter tant des intérêts locaux que des
intérêts collectifs, des intérêts individuels que des
intérêts collectifs.
Quand on parle de suffrage universel, on ne demande pas tellement autre
chose que ce que l'on retrouve dans la Loi sur les élections dans
certaines municipalités, qui a été adoptée par le
gouvernement en juillet 1982, par exemple, les articles 11, 12, 13 et suivants.
L'article 11 dit ceci: "Chaque district électoral doit être
délimité de façon à ce que le nombre
d'électeurs dans ce district ne soit ni supérieur ni
inférieur de plus de 15% au quotient obtenu en divisant le nombre total
d'électeurs dans la municipalité par le nombre de districts." On
cherchait, à ce moment, à moderniser un système
électoral, contrairement à ce que l'on retrouve dans le projet de
loi 40. C'est dommage.
M. Maltais: Merci. Ce matin, le ministre faisait état de
la publicité faite dans les journaux par la fédération des
commissions scolaires. J'ai ici une coupure du journal Le Devoir de ce matin.
Je vois un témoignage de Mgr Grégoire qui, à mon avis,
pour la population et l'ensemble des Québécois, est beaucoup plus
positif que certaines publicités gouvernementales concernant la relance
économique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. Avant que nous terminions cet entretien avec
nos invités, M. le député d'Argenteuil aurait une
brève intervention à faire.
M. Ryan: Je voudrais, tout d'abord,
remercier les dirigeants de la fédération des commissions
scolaires catholiques de la discussion qu'ils ont eue avec nous. Cela a permis
de préciser les positions de fond qui sont un élément
essentiel dans le débat actuel.
En terminant, je voudrais simplement souligner la très grande
pertinence de l'étude qu'on a fait remettre aux parlementaires ce matin
sur le partage des pouvoirs en vertu du projet de loi 40. Bien des questions
qui ont été soulevées ici depuis trois jours trouvent des
réponses dans cette étude, qui est une étude objective. Ce
n'est pas une étude partisane, ce n'est pas une étude qui est
faite pour servir uniquement à l'une des thèses en
présence; c'est une analyse du projet de loi, d'un point de vue
juridique, qui est très éclairante. Je voulais le signaler avant
que vous partiez. C'est une addition que vous faites à la recherche que
nous poursuivons ensemble, qui aura une très grande utilité.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Un dernier mot, M. le ministre.
M. Ryan: La même chose s'applique à l'étude
de M. Lemieux, à mon humble jugement. Je pense que M. Lemieux a fait une
étude logique du projet de loi. Je pense que le gouvernement devrait
examiner sérieusement la conclusion à laquelle il arrive à
la fin parce qu'il y a quelque chose au point de vue logique qui ne
résiste pas très bien à l'examen dans la façon dont
le gouvernement conçoit la représentation.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Un dernier mot, M. le ministre?
M. Laurin: Oui, avant de vous remercier, à mon tour, non
seulement pour ce mémoire, mais également pour toutes vos
réponses que j'ai trouvées très intéressantes, je
voudrais revenir sur une question importante que vous a posée le
député d'Argenteuil ce matin et sur la réponse que vous
lui avez donnée. Le député d'Argenteuil vous demandait de
lui signaler des cas précis où il était évident que
le ministère ou le gouvernement augmentait ses pouvoirs
discrétionnaires et réglementaires. Vous avez répondu par
huit exemples: les articles 205, 242, 245, 306, 308, alinéa 3 et 309,
alinéas 1, 2 et 7. (16 h 45)
Pourtant, quand je regarde ces articles, sauf un cas, il n'est aucun
exemple parmi ces huit articles qui dénote une augmentation des pouvoirs
discrétionnaires ou réglementaires du ministre ou du
gouvernement. Très brièvement, l'article 205 traite de la
nécessité pour la commission scolaire d'informer annuellement la
population de son territoire des services éducatifs, ce qui ne
relèvent, évidemment, pas du ministre. L'article 242: "La
commission scolaire intègre dans son budget, comme dépense ou
revenu, son déficit ou surplus." C'est le cas actuellement et nous
l'avons, d'ailleurs, amendé pour que la commission scolaire puisse
étaler son surplus sur un certain nombre d'années. Le
déficit, c'est une chose différente parce que la gestion des
deniers publics pose le problème autrement. L'article 245 traite du
vérificateur. Il ne fait que reproduire la situation actuelle. On
demande simplement au ministère de préciser les champs de
vérification et c'est la commission scolaire qui effectuera la
vérification.
Quant à l'article 306, c'est une amélioration par rapport
à la situation existante. Jusqu'ici le ministre pouvait retenir la
totalité des subventions et, maintenant, on lui donne la
possibilité de diminuer le montant d'une subvention en cas de refus ou
de négligence d'observer la présente loi et ses
règlements, ce qui est une mesure beaucoup plus ponctuelle et
suffisante.
Quant à l'article 308, alinéa 3: "déterminer les
normes et les conditions d'acquisition et de disposition des biens et
d'acquisition de services", ceci est fait dans la loi, mais actuellement le
ministre détermine cela cas par cas, alors que dorénavant il y
aura des normes et qu'il reviendra aux commissions scolaires de les appliquer
sans aucune intervention du ministère si la commission scolaire applique
le règlement.
Quant à l'article 309, 1°, 2° et 7°, l'alinéa
1 - j'ai eu l'occasion de vous le dire et je l'ai aussi dit au
député d'Argenteuil -c'est pour établir les conditions et
les modalités de consultation des parents pour la demande de
reconnaissance confessionnelle d'une école. Cela découle du
projet de loi, évidemment. Il n'était pas de l'intention du
gouvernement d'assumer cette responsabilité, mais, après beaucoup
de recommandations de la part du comité catholique, nous avons
accepté d'assumer cette responsabilité afin que les normes et les
conditions soient objectives et uniformes pour toutes les écoles.
Quant au deuxième alinéa, très important, il permet
au ministre de déterminer par règlement les conditions de travail
du personnel non syndiqué: il s'agit des cadres, des gérants, des
directeurs d'école. Comme vous le savez, actuellement, c'est le
gouvernement qui assume cette responsabilité. Dans le cas des
protestants, c'est la fédération des commissions scolaires. Vous
nous demandez de faire la même chose, mais, comme vous le savez,
l'Association des directeurs généraux, des cadres et des
directeurs d'école maintient sa demande,
qu'elle nous fait depuis plusieurs années, de laisser le
gouvernement déterminer ses conditions de travail. Je ne dis pas qu'il
n'y a pas une évolution possible dans l'avenir à ce sujet, mais
il faudra probablement d'autres rencontres avant d'y arriver; le
deuxième alinéa ne fait que reconduire la situation actuelle.
Enfin, quant au septième alinéa de l'article 309:
"déterminer les normes de remboursement des dépenses des membres
d'un conseil d'école", il y a eu un amendement à cet
égard. Cette responsabilité a été remise aux
commissions scolaires. Donc, il en découle que votre réponse ne
dénote pas l'addition ou l'augmentation de pouvoirs à ceux que le
ministre ou le gouvernement possède déjà.
Ceci dit, je voudrais vous remercier à mon tour, et bien
vivement, pour ce que vous nous avez apporté. Comme je vous l'ai dit au
début, nous continuerons d'examiner de très près non
seulement votre mémoire in extenso, mais aussi les deux études
que vous nous avez fait remettre. Comme le député d'Argenteuil
nous y engage, nous y accorderons la plus grande attention.
Vous avez eu également l'obligeance de faire état des
rencontres et des consultations que nous avons eues, et de l'offre que je vous
avais faite de continuer ces discussions. Même récemment, comme
vous le savez, nous vous avons invités à une réunion. Nous
voulions étudier avec les autres partenaires du système
d'éducation le problème de la décentralisation. Vous avez
cru bon de ne pas répondre à notre invitation. Je comprenais
parfaitement vos raisons. Je sais que ce n'est pas facile d'engager une
discussion parce que vous êtes liés par la position officiellement
adoptée en congrès par votre fédération, de
même que nous, évidemment, maintenant que le projet de loi est
déposé, nous avons quand même, comme je le disais
déjà, un engagement à respecter du moins les principes qui
sous-tendent le projet de loi. J'aimerais, quand même, que des efforts
soient faits de part et d'autre pour qu'on continue de rechercher, du moins sur
le plan des modalités, sur le plan des articles très
précis opérationnels, les moyens d'effectuer des rapprochements
le plus marqués possible entre vos positions et la nôtre.
J'espère que ce sera possible dans les semaines ou les mois qui
viennent.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. En plus
du député d'Argenteuil et du ministre et au nom de tous les
autres membres de la commission, je remercie nos invités de leur
très importante participation aux travaux de cette commission.
Sur ce, j'invite maintenant les représentants de la
faculté des sciences de l'éducation de l'Université McGill
à venir prendre place à la table des invités.
Nous pourrions suspendre nos travaux pour une minute ou deux.
(Suspension de la séance à 16 h 52)
(Reprise de la séance à 16 h 59)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre!
Mesdames, messieurs, je demande donc aux membres de la commission et
à nos invités de regagner leur siège. La commission
élue permanente de l'éducation reprend ses travaux. Comme je l'ai
dit avant que nous ne prenions quelques minutes de détente, nous allons
maintenant entendre les représentants de la Faculté des sciences
de l'éducation de l'Université McGill. J'invite tout de suite les
représentants de cet organisme à s'identifier et à nous
livrer le contenu de leur mémoire.
M. le député d'Argenteuil, s'il vous plaît!
Allez-y!
Faculté des sciences de
l'éducation de l'Université
McGill
M. Smith (David): M. le Président, MM. les membres de la
commission, mon nom est David Smith. Je suis le doyen de la Faculté des
sciences de l'éducation de l'Université McGill. J'ai deux
collègues avec moi, à ma droite, Mme Moira Carley, directrice du
Département des sciences religieuses et de philosophie en
éducation et, à ma gauche, M. Donald Burgess, professeur du
Département d'administration et de politique en éducation. Avec
votre permission, je donnerai une introduction courte et, après cela, M.
Burgess et Mme Carley donneront les autres points importants de notre
mémoire.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Smith: Nous vous remercions de l'occasion qui nous est
donnée d'assister aux délibérations de la commission pour
présenter notre mémoire sur le projet de loi 40. Nous voulons
participer au processus, pas parce que nous sommes affectés ou
touchés par ce projet de loi mais, parce que nous devons offrir notre
point de vue critique sur les questions sociales importantes. Nous nous sommes
efforcés de rester aussi objectifs que possible et ce, dans
l'intérêt de l'enseignement au Québec. Notre mémoire
a été approuvé par 98% des professeurs de notre
faculté.
M. le Président, nous sommes convaincus qu'il existe en
éducation, au Québec, un besoin de changement. Un certain nombre
de problèmes donnent lieu de croire qu'il est nécessaire de
modifier les structures de l'enseignement à l'heure actuelle.
La baisse des inscriptions dans les
écoles primaires et secondaires publiques et les restrictions
budgétaires posent des problèmes d'ordre administratif et
structurel dans bien des secteurs du système éducatif. D'une
part, certains services font double emploi en raison de la division des
structures et, d'autre part, on manque de services d'administration et de
soutien suffisants à cause de la taille réduite et des ressources
limitées de certains établissements.
Le clivage historique des structures entre catholiques et protestants
n'est plus pertinent. Quoi que l'on pense de la religion et de ses rapports
avec l'enseignement public, nous devons admettre que la complexité et la
diversité de la société québécoise...
Le Président (M. Blouin): Un certain nombre de membres de
la commission ont de la difficulté à suivre. Résumez-vous
votre mémoire ou est-ce que ce sont des notes? Si j'ai bien compris, ce
sont des notes préliminaires et ensuite, vos adjoints procéderont
à la lecture du mémoire. C'est bien cela?
M. Smith: Oui, M. le Président, je lis les notes
préliminaires maintenant.
Le Président (M. Blouin): Très bien, d'accord,
allez-y. Je m'excuse.
M. Smith: Merci. Troisièmement, il faut assurer plus de
cohésion entre les différentes politiques éducatives. Par
exemple, il convient d'équilibrer la tendance centralisatrice des
régimes pédagogiques par des structures stimulant l'initiative
locale. Tandis qu'ici, on encourage les écoles et les communautés
individuelles à façonner leurs propres projets éducatifs,
là, on leur prodigue très peu d'encouragement et on leur offre
encore moins de possibilités. Par conséquent, de nombreux
parents, professeurs et autres, se sentent impuissants a influer sur ce qui se
passe dans les écoles.
Quatrièmement, au Québec comme ailleurs, on se soucie de
plus en plus de la qualité de l'enseignement primaire et secondaire.
Cela concerne de nombreux aspects, non seulement les habiletés
fondamentales, mais la culture générale, l'aptitude aux
mathématiques et aux matières scientifiques, le
développement culturel et artistique et les valeurs. Ce souci se
manifeste par des mécontentements et des critiques et par une
augmentation des inscriptions dans les écoles privées. On
espère toujours, même si l'on n'y croit pas vraiment, que des
changements de structures entraîneront des améliorations au niveau
de la substance. Ces facteurs nous donnent à penser que tout ne va pas
pour le mieux dans l'enseignement public au Québec à l'heure
actuelle et que, même si des initiatives ont déjà
été prises pour améliorer et développer des
services éducatifs, des changements d'ordre structurel s'imposent
toujours. M. Burgess?
M. Burgess (Donald): M. le Président, je propose de
résumer en français, de la page 2 à la page 6.
D'accord?
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Burgess: Après avoir étudié le projet de
loi 40, nous avons identifié quelques propositions que nous croyons
positives et qui méritent notre appui. En conséquence, nous
sommes d'accord avec les propositions suivantes: 1° Un aperçu
détaillé des services éducatifs. 2° Les droits des
parents et des élèves. Nous sommes d'accord avec les
déclarations concernant le droit de tous les enfants à
l'éducation publique et gratuite, le droit à l'enseignement
religieux ou moral, le droit de choisir l'école dans certaines limites
pratiques, le droit de recours au Protecteur du citoyen et les droits
spéciaux des handicapés. C'est aussi important, croyons-nous, de
déclarer le droit de chaque enfant au Québec à un
enseignement suffisant et compétent aussi bien en français qu'en
anglais. 3° Les écoles publiques et communes. 4° La
participation des parents au façonnement des politiques scolaires.
5° Un mandat de cinq ans pour les écoles. Un tel mandat de cinq ans
pour une école permettrait de stabiliser le système dans une
certaine mesure et d'en corriger la planification à long terme. 6°
Une mission élargie de l'école. C'est là un pas important
dans la reconnaissance juridique d'une mission élargie pour
l'école. Outre ses fonctions traditionnelles, l'école peut
désormais assurer l'éducation des adultes, offrir des services
à la communauté, offrir des cours d'éducation permanente
et des garderies. 7° Plus d'autonomie pour les écoles. 8° Le
statut linguistique des commissions scolaires. On a de bonnes raisons de
vouloir établir un système complet de commissions scolaires
francophones et de commissions scolaires anglophones au Québec. Le
projet d'une division linguistique des commissions revêt surtout de
l'importance pour les communautés anglophones. Elle permet le
regroupement des anglo-catholiques et des anglo-protestants. Elle respecte la
tradition protestante de la réglementation locale et cela renforce la
capacité des éducateurs anglophones de fournir des services
culturels et éducatifs importants. 9° Le suffrage universel. Il est
impératif de maintenir le principe du suffrage universel. Les
commissions scolaires
sont, du moins en partie, des organismes et des unités politiques
de gouvernement local et les membres doivent recevoir le mandat de la
communauté dans son ensemble et non pas seulement d'un seul secteur de
cette communauté. 10° Pouvoirs pépadogiques des commissions
scolaires. Bien que le projet de loi ne soit pas très clair sur ce
sujet, les dispositions à cet égard semblent signifier que les
commissions scolaires continueront d'être chargées de fournir aux
écoles des services et des ressources. 11° Des commissions scolaires
confessionnelles et dissidentes comme options. Ce ne sont pas les raisons
historiques et constitutionnelles qui manquent pour conserver la
possibilité de certaines commissions confessionnelles à
Montréal et à Québec et pour maintenir le droit à
la dissidence religieuse telle qu'elle est comprise dans la tradition
éducative du Québec. 12° Système de mise en oeuvre
efficace. La structure fondamentale d'une commission de mise en oeuvre
dotée de comités linguistiques et d'un réseau de
comités de mise en oeuvre dans différents territoires semble une
bonne stratégie pour la mise en oeuvre de la nouvelle structure des
commissions scolaires. 13° Une loi sur l'éducation plus
cohérente. Le présent projet de loi est plus cohérent que
la loi sur l'instruction publique qui existe. 14° Améliorations du
processus d'élection des commissions scolaires. Le report des
élections des commissions scolaires au mois de novembre, la prolongation
de la campagne pendant une semaine supplémentaire et l'emploi de
certaines des dispositions de la loi sur les élections constituent des
mesures qui devraient permettre d'améliorer le processus
électoral et la participation du public votant. 15° Commissions
scolaires intégrées et réduction de leur nombre. Nous
appuyons l'idée d'intégrer les commissions scolaires du secteur
primaire aux commissions scolaires du secteur secondaire. En plus de faciliter
le passage des élèves de l'école primaire à
l'école secondaire, cela devrait également entraîner une
amélioration des services et une réduction des coûts.
Mr. President, the brief is divided into two parts. We have delt now
with essentially the major points of the first part of our brief.
The second part of our brief, which we entitled "Sujet de
préoccupation" ou, in English, "Some of Our Concerns" are five in
number. And I would like now to call upon my colleague, professor Carley, to
deal with the first of our concerns which is about confessionality.
Le Président (M. Blouin): Mme Carley.
Mme Carley (Moira): M. le Président, Bill 40 proposes a
number of important changes in the traditional relationship between religion
and education in Québec. There is clearly great significance in the
change from the confessional division of Catholic and Protestant school boards
to a linguistic division. Those who support this change, including ourselves,
argue that a simple Catholic-Protestant division of boards no longer respects
the cultural and religious diversity of contemporary Québec society and
that religious structures are no longer necessary in order to ensure the
survival and quality of religious education in schools, where parents wish such
an education.
There are a number of questions that may be asked about the confessional
implications of Bill 40. Among them are the following: 1. Will the confessional
situation be different in English language schools from that in French language
schools? We believe that it will be. 2. Can a school be recognized as both
Catholic and Protestant at the same time? Example: in a community where we have
fifty-fifty population and both populations come up with an educational
project, will they be able to work together in one school situation?
(17 h 15) 3. Will there be a variety of traditional and "evangelical"
Catholic and Protestant schools with different but specific religious
educational projects? One of the values of pluralism is that everyone has his
or her right, but in a situation where everyone has the right, it is possible
that elements come in that do not represent the community? 4. Will there be
Greek Orthodox and Jewish educational projects and schools? 5. Who will have
the right to dissent from language boards? Both Catholics and Protestants? May
we then imagine six boards in the same territory? 6. How can the religious and
moral rights of minorities be reconciled with the religious rights of the
majority, especially when the school is the only one in a given area? 7. What
will be the mecanism to determine the confessional status of a school? Which
body will be consulted and what per cent of this body must vote in favour of
the proposal?
These are questions that we would like to see addressed in the
consultation on the law.
M. Burgess: M. le Président, I am going now to continue
with the second, third, fourth, and fifth areas of concerns.
Now, on page 7 of the English version,
I do not think it is the same page in the French version. C'est à
la page 8 pour la version française, c'est au sujet de nos
préoccupations; la composition des membres de la commission scolaire. Si
vous me le permettez, je propose de présenter ceci en anglais.
Le Président (M. Blouin): Très certainement.
M. Burgess: Our second area of concern is the issue of the school
board membership in the election of school board commissioners. We have studied
the proposal and we believe that there are a number of problems with the
proposal to have one school commissioner for each constituent school territory
and we would like to outline briefly at least five of those problems.
First. The definition of what is a school. In some schools,
multi-confessional demands, and these may be far more important and common in
the English community than perhaps they are in the French community, could well
lead to two or more legally defined schools being established in the same
building. As an example, we quote the present-day Dorval High School, which is
protestant, and the John XXIII High School, which is catholic, operating on the
two quite different boards, one Catholic and one Protestant, but operating
together in the same school building. When it comes to the election of a
commissioner for that school, have we got two schools here or have we got one?
If we have only one school, then, is the commissioner going to represent the
Catholic side of that school or the Protestant side of that school?
A second problem is the choice of school. In any given geographical
territory or community, that will nearly always be more than one school for
which an eligible voter may choose to vote; it is obvious that, in an any given
community, there are both elementary and secondary schools, where does a voter
decide that he is going to cast his right to vote. These parents have the
choice where they wish to send their children, to which school they wish to
send their children, in a family where several children are going to different
schools, where do the electors cast their vote?
Third. Variations in school size. A commissioner elected by 200 voters
for small elementary school will have the same legal powers as a commissioner
elected by 12 000 voters for a large secondary school for example. Another
point here is that there are always more elementary schools than there are
secondary schools, approximately five or six elementary schools per high
school, so that school commissioners representing elementary schools will
always be able to outvote those representing secondary schools. We wonder
whether that will be fair to the secondary schools.
A fourth area of concern is one of conflicting responsibilities for the
"commissaires". Under the "projet de loi 40", a commissioner will be placed in
the unenviable position of having conflicting responsibilities and divided
loyalties, we submit.
In our full brief, we identify four such conflicting responsibilities.
We suggest that the membership of the school boards be such that the mandate of
the commissioners is clear and unambiguous.
A fifth problem with the proposal, as we now understand it, is that
there will be considerable variations in the size of school board membership.
The majority of the proposed new school boards will have more than 20 schools
and thus will have more than 20 commissioners.
But, in some urban areas, school boards will have more than 50 schools
and thus more than 50 commissioners.
Now, we suggest in our brief that a membership of a school commission
composed to 50 or more elected representatives is perhaps far too many for
effective operation of that school board in a democratic manner, because we
suspect that the powers will be delegated to a small executive who will
exercise the real powers and the commissioners elected from those schools who
have to be on the executive will have far more influence than other members of
the commission. We would like to suggest that school commissions be composed of
a workable number of commissioners and we suggest that ten to fifteen members
would be an ideal number and that any increase beyond this number would tend to
turn the board into a debating society rather than a decision-making body. We
note that the level of the individual school, "le conseil d'école"
suggested that it not be more than 14 members. We suggest for the same reasons
that is a for more workable number than what might be 50, 60 or 70
commissioners.
So, we recommend that the law be amended so that each school commission
be made up of 14 members: one half - 50% -to be elected by universal suffrage
by the population at large in order to represent the interests of the community
at large and that one half of the commissioners - 50% - to be elected by
members of school councils, "les conseils d'école", to represent the
interests of the schools and their users.
Also we suggest that at least three of the school councils seats should
be reserved to representatives of secondary schools; otherwise, as I have
explained earlier, the number of elementary school commissioners will
always outnumber the secondary school commissioners.
À la page suivante, la préoccupation no
3: Power of the Government and Ministry to regulate. We find no evidence
of any new willingness to consult, of any... I must explain that this brief was
written last summer. There may now be some evidence of more willingness to
consult. But, in our brief, when we wrote it last summer, we found no evidence
of any new willingness to consult, of any reduction in Ministry structures, of
any decrease in Ministry manpower or of any formal or systematic mechanisms to
ensure continuing cooperation and consultation among the partners in the
educational enterprise.
The problem of over - centralization and of over - regulation continues
to be of concern to us as we know it is of concern to many others. In other
words, the exhortations given in the White Paper concerning a fundamental
change in the modus operandi of the Ministry of Education appear to us to have
been ignored.
We have a number of recommendations, M. le Président. Firstly,
that clause 476 dealing with draft regulations on the Superior Council of
Education be withdrawn. I would like to explain to members of the committee
that, as we understand it, at the present time, new regulations are first
submitted to the Superior Council of Education before being approved by the
Government. As we understand the effect of article 476, it would have the
result of the Superior Council of Education examining these proposed new
regulations after - not before -they have been approved by the Government.
Secondly, we recommend that consultation among the partners - and by
partners, we mean not only the ministry, the school boards and the schools, we
would now add, I think, at least the fourth one which would be teachers - the
consultation among the partners in the planning and decision-making processes
be established and systematized.
Thirdly, we recommend that formal mechanisms for consultation and
participation be established in the law.
Fourthly, we recommend that the Ministry of Education reduces the size
of its bureaucracy and, then, in our brief, we have made a comparison between
Ontario and Québec. We recommend that the Ministry reduces the size of
his bureaucracy and, then, delegates some fields of activity to other levels,
to other partners in order to permit - and I quote from the White Paper -all
its partners in Education to fully carry out their responsibilities.
M. le Président, a fifth one that I would like to add is one area
that directly affects the McGill Faculty of Education, concerning teachers'
training. We ask that the law permits the universities and the teachers'
associations to also be involved with the standards required for the
certification of teachers.
Areas of concern number 4: division of powers and responsibilities.
Firstly, we believe that there is some ambiguities in defining powers and
responsibilities in the law. In our full brief, we indicated at least four
examples of these ambiguities. Secondly, there appears to be no clear limits
placed on the power of one of the partners. Thirdly, the powers granted to
school boards appear to us to be both ill-defined and insufficient to enable
them to play their roles as meaningful partners.
M. le Président, we believe that the powers granted to schools
and to school boards, on the one hand, should approximately balance the powers
held by the Ministry of Education on the other. We therefore recommend that all
the partners in the educational enterprises be granted clearly defined
authority and responsibilities in the law. We recommend that clear limits be
placed in the law on the power of the Ministry of Education. Thirdly, we
recommend that school boards be granted a number of meaningful responsibilities
that are defined in the law. In our full brief, we indicate a list of what we
would consider to be appropriated meaningful responsibilities for school
boards.
M. le Président, finally, in this section, Bill 40, "le projet de
loi 40" makes no reference to the fact that a linguistic school system, a
linguistic school structure, a linguistic school division also requires, we
believe, appropriate linguistic structures in the ministry of Education itself.
(17 h 30)
We do not propose parallel linguistic structures throughout the
ministry. This is not our intention to recommend the return to the times before
the Parent's commission or before the "Révolution tranquille". What we
do propose: That in certain fields, such as those concerned with curriculum and
pedagogy, that there should be formal structures to deal with specific
anglophone concerns.
We also recommend, Mr. President, that a member of the English-speaking
community be appointed at the rank of associate deputy-minister to represent
the interests of all English language educational institutions at a
policy-making level. I think I speak in this regard on behalf of all of the
English-language community, not just McGill.
Finally, areas of concern no. 5: The role of teachers and professionals.
In our opinion, if there is one glaring omission in both the White Paper and in
Bill 40, it concerns the role of teachers and of other professional educators.
The proposed law appears to us to treat teachers and teacher associations as
only marginal elements in the educational enterprise. This, we submit, is
folly. Teachers are an essential element of
any formal school system. To downplay their contribution or to ignore
them is to invite confrontation.
It is important, we believe, the principals and teachers retain the
right to make decisions on all professional matters. We therefore recommend
that the law make a clear distinction between politic, policy decisions of
school councils and school boards on the one hand and professional decisions of
principals and teachers on the other.
Finally, we recommend that a Curriculum Council be established, composed
equally of teachers, other representatives of the educational milieu, including
the ministry and of the general public. We suggest that the establishment of an
independent Curriculum Council such as this with membership named by the
institutions involved rather than by the Minister, would help to dissipate some
of the concern and distrust that currently exist within the system. We believe
that it would also help to restore the confidence and good will that is
essential if our educational system is to move forward to meet the further
challenges that await it.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci mesdames et messieurs. M.
le ministre.
M. Laurin: M. le Président, la Faculté des sciences
de l'éducation de McGill jouit d'une excellente réputation. Je
crois que le mémoire qu'elle nous a présenté aujourd'hui
est à la hauteur de cette réputation. C'est un mémoire
clair, nuancé, objectif et qui ouvre des perspectives aussi ouvertes que
larges, en même temps qui se veut et qui réussit à
être objectif en même temps qu'une analyse approfondie du projet de
loi.
Évidemment, le résumé qu'on vient d'entendre ne
donne pas justice au mémoire entier que j'ai lu avec le plus grand
intérêt. Je veux donc féliciter les auteurs.
Je retiens que plusieurs raisons militent en faveur d'un changement des
structures scolaires. Je pense que vous en avez saisi les principales raisons.
Je me réjouis évidemment que l'accord de la faculté sur
plusieurs éléments importants du projet de loi soit acquis. Il y
en a quinze et je les ai bien notés. Je voudrais surtout m'arrêter
aux "concerns", aux inquiétudes, par exemple, aux inquiétudes
confessionnelles. On a posé sept questions au ministère; je
n'aurai pas le temps aujourd'hui de répondre à ces sept
questions, but I want to affirm to you that they are well taken and that we
will try to make it a duty for us to answer them as adequately as possible.
Je voudrais me contenter de dire pour le moment qu'il y a actuellement -
j'en suis bien conscient - des écoles qui reçoivent des
élèves anglo-catholiques et des élèves anglo-
protestants. Ces écoles existent par entente entre commissions scolaires
catholiques et commissions scolaires protestantes. La loi 40 leur permettra de
continuer d'exister puisqu'elle permet des ententes, le même type
d'ententes que la loi actuelle. Je sais que cela ne répond pas
entièrement au problème, mais il reste que c'est un
élément qu'il faut considérer.
Si on veut regarder dans la boule de cristal, je ne veux pas
présumer de l'avenir, mais il est très possible que ces
écoles deviennent, non pas pluriconfessionnelles ou
multiconfessionnelles mais plutôt non confessionnelles. Je voudrais vous
faire remarquer à nouveau que la loi permet et permettra que
l'enseignement religieux, catholique ou protestant, soit dispensé aux
élèves catholiques comme aux élèves protestants et
que la loi permettra aussi que des services ou d'animation pastorale ou
d'animation religieuse puissent être dispensés, tout cela en vertu
de la loi.
Il y a aussi un autre article qui permet à un conseil
d'école d'intégrer les valeurs religieuses d'un groupe ou des
groupes qui font partie de l'école. On peut donc penser encore une fois,
si on fait un peu de projection, que cet article 31 permettrait à une
communauté importante appartenant à une même confession
religieuse, qu'elle soit juive, orthodoxe ou mahométane, de faire en
sorte que leur école intègre les valeurs religieuses d'une
confession particulière. Ceci pourra même permettre que le projet
éducatif reflète les valeurs religieuses d'autres groupes dont
les valeurs sont similaires ou rapprochées.
Je voulais aussi attirer l'attention sur une phrase du livre blanc qui
n'est pas marquée dans la loi mais la loi ne l'empêcherait pas.
Elle permettrait, là ou l'enseignement moral et l'enseignement religieux
d'une religion est dispensé, que la marge de manoeuvre puisse être
utilisée, si le conseil d'école en décide ainsi, pour
l'instauration de cours additionnels se référant à une
confession particulière donnée. Je sais que mes réponses
n'épuisent pas les sept questions qui ont été
soulevées mais je peux vous affirmer à nouveau que nous les
étudierons avec attention et que nous essaierons de leur apporter la
réponse la plus adéquate.
Quant aux autres inquiétudes, là non plus je ne pourrai
certes pas, dans le temps qui nous est imparti, les couvrir entièrement.
Je voudrais me limiter à un certain nombre de points. Vous avez
été obligés de passer rapidement sur les raisons qui vous
font opter en faveur de la division linguistique. Je voudrais vous demander
quand même d'élaborer davantage votre pensée sur cette
question et de nous dire les avantages que vous voyez, en tant que
représentants de votre communauté, à
l'établissement de
commissions scolaires linguistiques.
Deuxièmement, je voudrais vous poser une question sur les
enseignants. J'ai vu une certaine impatience à cet égard dans
votre mémoire. Je voulais vous proposer la formulation suivante.
Actuellement, dans le système que nous connaissons, les enseignants ne
sont nulle part; ils ne sont pas à la commission scolaire, ils ne sont
pas à l'école en vertu de textes de loi et c'est
précisément dans le projet de loi 40 qu'on améliore la
situation. D'ailleurs, nous en avions parlé dans le chapitre III du
livre blanc et d'une façon, je pense, assez éloquente. Nous en
parlons dans le projet de loi 40 puisque nous disons que le conseil
d'école pourrait être composé, si les enseignants le
désirent, d'un certain nombre d'enseignants, un étant le minimum,
mais ça pourrait parfaitement être davantage si les enseignants de
l'école demandent que ce chiffre soit supérieur. Donc, ils
pourraient, s'ils le voulaient, être dans ce conseil d'école. Nous
disons "s'ils le désirent", parce que l'expérience des conseils
d'orientation nous a montré que les syndicats d'enseignants pouvaient ne
pas désirer et nous n'avons pas voulu les forcer à faire partie
du conseil d'école, mais l'intention du législateur est qu'ils
occupent cette place. Donc, ils seraient là au conseil d'école
à siéger en collégialité avec les autres membres,
le nombre étant ouvert à des décisions locales.
Deuxièmement, ils seraient présents aussi, pour la
première fois, à une commission pédagogique formellement
instituée. Là non plus on ne veut pas les forcer, mais c'est
notre désir, notre souhait que les enseignants créent cette
commission pédagogique et que celle-ci se prononce sur les treize ou
quatorze points sur lesquels le projet de loi mentionne que les enseignants
pourraient ou devraient être consultés. En plus, il y a certains
points dans le projet de loi où on dit que la décision des
enseignants est finale en ce qui concerne, par exemple, leurs méthodes
d'enseignement, en ce qui concerne leur latitude ou initiative en classe.
Donc, je pense que, contrairement à la situation actuelle, les
enseignants sont juridiquement, formellement présents à
l'école. Est-ce qu'il faut aller plus loin? Est-ce qu'il faut, par
exemple, dire que les enseignants devraient être égalitaires ou
paritaires au conseil d'école? C'est une hypothèse que je n'ai
jamais rejetée, mais, à la lumière du passé
où les mots d'ordre qui avaient été donnés par la
centrale avaient été suivis avec le fait que le conseil
d'orientation ne pouvait pas fonctionner à cause de cette absence, il
faut que le législateur s'assure que ce conseil d'école puisse
fonctionner en toute éventualité, même si les enseignants
décident de ne pas y participer. Mais évidemment, si nous avions
les assurances, les garanties que les enseignants participeront à ce
conseil d'école, je ne pense pas que le fait d'inscrire cette
participation obligatoire dans une loi soit une garantie, puisque nous l'avons
déjà fait et que cela s'est révélé ne pas
être une garantie. Mais si nous l'avions, cette garantie, cette
assurance, il serait possible alors de revoir à nouveau la composition
du conseil d'école et de voir à un aménagement qui
pourrait peut-être être plus précis en ce sens. Enfin, les
enseignants sont présents dans cette possibilité d'organiser un
organisme qui serait chargé de la préparation des programmes, de
la production du matériel pédagogique, une initiative d'ailleurs
qui ressemble un peu à celle que vous nous proposez. En fait, je
voudrais vous demander ce que vous pensez de cette initiative possible que
prévoit le projet de loi. Ce serait ma deuxième question. (17 h
45)
Ma troisième question porterait sur un sujet que vous n'avez pas
mentionné, sinon indirectement, dans votre mémoire, c'est celui,
précisément, du nombre des commissions scolaires anglophones au
Québec. Nous voulons que tous les anglophones au Québec puissent
non seulement étudier dans des écoles anglophones, mais dans des
écoles anglophones qui relèvent de commissions scolaires
anglophones. Nous n'avons pas voulu prendre de notre propre chef une
décision à cet égard. Nous avons entendu des suggestions
de la part de la communauté anglophpne et nous en avons reçu. Il
a existé à un moment donné et je pense qu'il existe encore
ce qu'on a appelé un groupe des sept, un "Group of Seven", dont vous
faisiez partie, et qui était constitué de représentants
importants de la communauté anglophone. Ce "Group of Seven" nous a
proposé d'établir neuf commissions scolaires anglophones sur le
territoire québécois. Nous ne pouvons pas inscrire cela dans le
projet de loi. Mais, vous le savez, nous vous l'avons dit, nous avons
accepté la suggestion du "Group of Seven" et, dans la carte
électorale, la carte territoriale actuellement au stade
d'élaboration, il y a neuf commissions scolaires linguistiques
anglophones. J'aimerais savoir de votre part si, à ce chapitre, vous
êtes satisfaits du découpage qui apparaît dans la carte
territoriale que vous avez pu consulter.
Enfin, ma quatrième question porterait sur le suffrage universel.
Vous êtes partisans du suffrage universel, mais, en même temps,
vous nous proposez, à la lumière des critiques, d'ailleurs, que
vous faites du système électoral qui apparaît dans le
projet de loi, une modulation du suffrage universel selon laquelle 50% des
commissaires seraient élus par les conseils d'école. C'est une
suggestion qui nous a également été faite par le Conseil
supérieur de l'éducation, par certaines commissions scolaires et
par
d'autres groupes. Cependant, ce matin, la fédération des
commissions scolaires s'est vivement élevée contre cette
suggestion en disant que le suffrage universel est indivisible, qu'il se fonde
et doit se fonder exclusivement, uniquement, sur le principe de la
démocratie de représentation et ne tenir aucun compte de ce que
d'autres appellent la démocratie de participation, c'est-à-dire
participation de lieu identifié comme lieu de prise de
responsabilité où participent les intervenants de l'école.
En conséquence, la fédération des commissions scolaires
maintient l'idée d'un suffrage universel tel qu'il existe^
actuellement.
Étant donné la réputation d'excellence de la
faculté des sciences de l'éducation de l'Université
McGill, je suis sûr que vous avez dû étudier les fondements
juridiques ou démocratiques du vote, du suffrage, et j'imagine que vous
y avez pensé, que vous aviez ces éléments présents
à l'esprit quand vous avez fait cette suggestion.
J'aimerais bien que vous nous expliquiez davantage comment un mode de
scrutin comme celui-là pourrait répondre aux objections qui sont
habituellement faites et surtout comment, sur le plan démocratique, nous
pourrions justifier un tel type modulé de suffrage.
Le Président (M. Blouin): M. Smith.
M. Smith: M. le Président, je veux référer
cette question à M. Burgess.
Le Président (M. Blouin): M. Burgess.
M. Burgess: Merci, M. le Président. The first question
concerns the advantage of linguistic school boards as we see it. It is
extremely unfortunate, from our point of view, that the present structures of
school boards divides the anglophone community. We are a fairly small
community. We are a minority in this Province and yet our membership is divided
between those who go the Catholic schools under the jurisdiction of Catholic
school commissions and those who attend Protestant schools under Protestant
school commissions, and we are very much in favour and this is not a new
suggestion, Mr. President, because the principal of McGill University and other
reprsentatives of McGill supported the idea of linguistic school boards as long
ago as 1968 when it submitted a brief to the Premier of the Province, Mr.
Jean-Jacques Bertrand, requesting linguistic school structures in the Province
of Québec. So, this is not anything new, as far as McGill is concerned,
and we have been working, McGill has been working quite closely with the
so-called the "Groupe des sept" and we are all in favour of a linguistic school
board structure. I might, if I can, explain that the "Groupe des sept" is
composed of the major elements of the anglophone educational community. It
includes the Provincial association of Protestant teachers, the Provincial
association of Catholic teachers, the Québec association of protestant
school administrators, the Québec association of English catholic (these
are all anglophones), school administrators, the director general of the
Protestant association of the Association of directors of English schools and
his equivalence in the Catholic milieu, so, together with McGill University,
the seven composed the "Groupe des sept". We have all endorsed the notion of
linguistic school boards, and we have done this partly because our community is
declining community in a numbers and partly because we feel that there are
considerable advantages in bringing out our two communities together. At
McGill, we can speak with some knowledge about this because, in 1970, the
Teacher Training College for English Catholics was merged with the Teacher
Training College for English Protestants. McDonald College St. Joseph came
together into the form of the new McGill Faculty of Education. We have both
worked very successfully together and I think that we have enriched each other,
so that there are many reasons why we recommend the linguistic school board
structure.
The second question concerns the role of teachers. Our real concern
here, was on the proposed "conseil d'école", that teachers will be
permitted at least one representative, if they wish, which was exactly the same
formula, it seems to us, as the non-teaching staff of the schools, one, if they
wish, the same number as the high school students, one, if they wish, and this
was putting teachers into what is - we use the term marginal - "marginaliser"
the teachers.
M. le ministre has indicated that there is a "commission
pédagogique" possible in each school. But the real policy-making body of
the school is not "la commission pédagogique". The policy-making body of
the school is the "conseil d'école", on which the teachers may not even
be represented at all. Speaking only in this case for the anglophone community,
I think that there is a change of attitude since the teachers did not
participate in the orientation committees of 1975. I suggest that you ask the
PAPT and the PACT directly when they come to this committee if they have
changed their minds, because I believe they have. I think it is the wish of
teachers to participate fully on the "conseil d'école", even mandatory,
not just voluntarily, and we would suggest that their number be increased at
least to three or four representatives.
M. le ministre made reference to a nonprofit organization for the
preparation of teaching materials in text books and so on.
We would support that but we would suggest that its mandate be enlarged
to develop curriculum, not just produce the didactic material of the text books
or whatever films, strips or audiovisualaid or whatever... but to design
curriculum, to develop curriculum to take that curriculum to the Minister for
his approval, but not that fonctionnaires in complex G or the ones who are
designing curriculums. Let the professionals in the educational sector, the
teachers and professors of universities and other people be involved in the
development of curriculum. In that sense, we suggest that educators need to
play full a role in the educational mission.
On other point. It is not clear to us at all whether that the curriculum
responsables and the curriculum consultants that presently are available to
schools from the school boards whether those new school boards will continue to
provide that sort of service. We believe that when we come to talk about the
quality of education, it is not only the teachers in the school, but it is also
the support services and the support personnel, such is curriculum
"responsable" and others. These now are provided by the school boards and we
can not see in the law whether or not school commissions will continue to be
able to provide that sort of services which we think is essential if you are
going to improve the quality of education in the schools.
Your third question concern the "Groupe des sept". I have made reference
to the composition of that group, but the question was specific in terms of the
territories of the proposed new school commissions. I can not speak about the
territoires francophones, mais simplement les territoires anglophones. Le
Groupe des sept a proposé neuf commissions scolaires anglophones: trois
sur l'île de Montréal et six en dehors de l'île de
Montréal. La proposition du gouvernement, comme je la comprends, est de
créer treize commissions scolaires anglophones: trois sur l'île de
Montréal, comme l'a suggéré le Groupe des sept et dix en
dehors de Montréal.
Our concern here is whatever the number, that they be viable, that they
are able to provide the level and quality of service to those populations,
anglophone populations. We realize that there is a problem with small numbers
in Gaspé or in Saguenay-Lac-Saint-Jean wherever. We suggest that six
school commissions out of the Island of Montreal would be a viable number. I
think that the position of the "Groupe des sept" would remain the same that we
would still propose: three on island and six off island. But I think that it
should be consultations with local communities and if there are good reasons
for local communities to have their own shcool board, even though it would be
small, if someone, and I do not know who, would guarantee that the level of
services that those children receive would be the equivalent of those in the
largest school boards, then, I do not think we need to argue too much about the
actual number, whether it be six or ten.
Le Président (M. Blouin): D'accordl Le quatrième
point?
M. Burgess: Le quatrième point is about the proposal that
a school commission be composed of seven members elected by universal suffrage
and seven members elected by school council. The Minister asked how we would
justify that and what was the philosophy behind that. Very briefly, I am aware
of the time as you are, M. le Président, we believe that schools
primarily serve two groups: society at large and the children who attend those
schools. That would be our position. The schools primarily have two major
functions: to serve children and their uses of the school, on one hand, and to
serve the interest of the community at large, of the society at large.
That is why we would suggest that school commissioners represent these
two different interests, one interest being the society at large, because they
are paying taxes, eitheir school taxes directly or income taxes, and have a
right to be consulted and a right to have some say in how schools are
administered. Thus we would suggest the universal suffrage and the formula of
seven members appointed by universal suffrage at large. But there is a problem.
The number of people who turn out for school board elections, as we all know,
is unfortunately not great. Those are the fact, we must accept that. We must
also accept that the people who are most directly implicated are the parents
and the other youths of the school. That is why we would recommend that the
other seven members be elected by the users of the school through... There are
various formulas for doing this and I am aware that the groups are going to
make similar suggestions. But this "moitié-moitié" 50%-50%, we
feel, would meet the present needs or meet some of the problems of the present
situation.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Alors, M.
Burgess...
M. Smith: May I just add a comment?
Le Président (M. Blouin): Très rapidement, parce
que nous devons suspendre nos travaux. M. Smith, aviez-vous autre chose? Mais
nous pourrions terminer cette séquence qui donne suite aux questions du
ministre. Si vous voulez prendre la parole quelques brèves minutes pour
compléter la
question.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, si vous leur disiez qu'ils
reviennent, peut-être qu'ils...
M. Smith: If I may just be permitted to add some information to
question 2 concerning the composition of school councils that the minister ask
about. I think I would like to emphasize that we agree with a greater
participation of parents, but that the increase of membership of teachers on
such a council would bring important expertise to that council in the
formulation of policy and also would help to improve communications between the
council and the teachers in the school and, perhaps, improve the implementation
of the policy in the school. Thank you.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci. Sur ce, la
commission... Oui, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui. Vous alliez ajourner?
Le Président (M. Blouin): J'allais suspendre.
M. Ryan: Je vous ai saisi au vol. Le Président (M.
Blouin): Oui.
M. Ryan: Je voudrais vous faire une suggestion à la suite
d'une proposition que m'avait faite tantôt le député de
Fabre. M. le député de Fabre avait proposé que tout en
suspendant à 18 heures nous essayions de reprendre les travaux à
19 h 30 étant donné qu'en plus de compléter la rencontre
avec le groupe de McGill il y a deux autres groupes qui doivent venir. Nous
serions intéressés à procéder de cette
manière.
Le Président (M. Blouin): S'il y a consentement... Je
comprends qu'il y a consentement. Nous suspendons donc nos travaux
jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise de la séance à 19 h 40)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente de l'éducation reprend ses travaux. Sans plus tarder,
j'invite le député de Chauveau à adresser la parole
à nos invités.
M. Brouillet: Excusez-moi, ce ne sera pas très long. Je
vais sortir tous mes papiers.
Alors, messieurs, madame, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu
votre mémoire et que j'ai écouté l'exposé que vous
en avez fait. Moi aussi, je partage l'opinion des autres membres de cette
commission. Votre mémoire est vraiment un apport considérable
pour la réflexion de notre commission. Il est dégagé de
toute position trop monolithique. On voit que vous faites une réflexion
très objective de l'ensemble de la situation et que vous avez
traité chacun des aspects de la question à son mérite.
Vous apportez, sur ces points, un éclairage et des considérations
qui sont vraiment précieux pour nous.
Je vais m'en tenir simplement à quelques points. Je vais aborder
le problème de la répartition des pouvoirs. Vous nous affirmez
qu'il est important que les pouvoirs soient bien définis et bien
délimités entre les différentes instances. Je vois que
vous confirmez, dans votre mémoire, le bien-fondé de
reconnaître à l'instance de l'école un certain nombre de
pouvoirs de décision. Vous êtes d'accord avec cela. Vous
reconnaissez, je. crois, au début, dans vos principes, qu'il convient
que la commission scolaire ait aussi des pouvoirs et que le ministère
ait des pouvoirs. Vous êtes pour une décentralisation des pouvoirs
du ministère vers les commissions scolaires mais vous êtes aussi
pour une certaine décentralisation des pouvoirs qui, actuellement, sont
dévolus à la commission scolaire. Vous êtes pour une
certaine décentralisation de ces pouvoirs, vers l'école.
Vous traitez aussi du principe du suffrage universel, que vous voulez
maintenir. Je voudrais vous poser une question sur ce point-là. Il y a
des groupes qui sont venus devant nous, ils se sont appuyés sur le
principe du suffrage universel pour refuser à toute personne qui ne
serait pas élue par le suffrage universel quelque pouvoir de
décision que ce soit quant au système scolaire. De façon
très concrète, au nom du suffrage universel, on ne veut pas que
des parents qui auraient été élus par d'autres voies que
le suffrage universel puissent exercer un pouvoir de décision au niveau
de l'école. Pensez-vous que l'on peut vraiment, à partir du
principe du suffrage universel, en déduire que toute personne qui ne
serait pas désignée par ce moyen ne pourrait pas exercer un
pouvoir de décision?
Le Président (M. Blouin): M. Smith.
M. Smith: I think, as professor Burgess has pointed out in his
preliminary remarks, that the community consists of two classes of persons: one
would be the population at large and the other would be the special interest
group that is served by the school. The idea of universal suffrage would
certainly represent everyone in the community at large, but experience in the
Québec school elections has shown that very few people in fact do turn
out, and that the
proposal that we have here is more of a compromise position. It is a
compromise between the real interests of the parents and the students and the
very broad interests of the community at large. I do not know if Professor
Burgess ou Professor Carley would like to add anything to that answer.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Cela va? C'est bien.
M. le député de Chauveau, ça va?
M. Brouillet: Si je comprends bien, pour vous, même si on
reconnaît le principe du suffrage universel, cela n'entraîne pas
nécessairement l'exclusion d'autres modes de désignation de
certaines personnes quant à un pouvoir de décision?
M. Burgess: M. le Président, right now, the school
commissioners are elected by universal suffrage but, on each school commission,
the parents also have the right for, I think, two representatives; one
representing the elementary sector, one representing the secondary sector, in
integrated boards, so that, in a sense, that principle of having two groups
represented at the level of the "commission scolaire" is already accepted.
What we are doing, in effect, is expanding on that notion, but putting
it in such a way that we retain the principle of universal suffrage, which I
think is important to retain in a democracy. But also, when I think the intent
of the White Paper was and that the criticism that was directed at the school
commissions, in some respects, was the fact that they did not seem to be close
enough to the communities that they served, well, I am not sure that I would
necessarily agree with that statement, but, by having half of the members of
the school commission directly elected by the users of the school, you would be
requiring the school commission to be closer to the schools that they
serve.
Now, I realize that this is a debatable point, because there are some
who claim that it is universal suffrage or nothing, that universal suffrage has
to be maintained. I think you should see our suggestion as a suggestion, as a
form of compromise, that perhaps, we hope, would satisfy both the needs of
those who support universal suffrage, on the one hand, and the needs to permit
users of the school, particularly the parents, to be more directly represented
on the school board. That exists presently with parent representatives,
although they do not have the right to vote. This would give them the right to
vote, and I think it would also make clear to the population at large that
schools are not there only to serve parents. They also have a larger mandate,
which is to serve the community at large, the society as a whole, and that is
why we are in favour of our suggestion.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Burgess.
M. Brouillet: Très bien, je vois. Là, vous avez
surtout centré votre exposé au niveau de la commission scolaire.
Vous reconnaissez le bien-fondé de la présence de commissaires
élus au suffrage universel pour représenter les
intérêts de l'ensemble de la population et vous reconnaissez le
bien-fondé de la présence, aussi, de parents qui seraient
désignés par les conseils d'école, pour représenter
les intérêts des usagers plus immédiats, si vous voulez,
des services éducatifs.
Maintenant, il reste le niveau du conseil de l'école. Je pense
que, sur ce point, vous dites que cela existe déjà en partie,
sans que les membres aient le droit de vote; en tout cas, il y a des parents
qui vont aux conseils des commissaires. Mais là, le problème se
pose au niveau du conseil d'école. Reconnaissez-vous légitime
qu'un conseil d'école où il n'existe que des gens non élus
par le suffrage universel puisse quand même y exercer un pouvoir de
décision quant à certains aspects de la chose scolaire, entre
autres la dimension ou les matières plus strictement
éducatives?
Le Président (M. Blouin): M. Burgess.
M. Burgess: Nous sommes d'accord avec la proposition d'avoir les
parents au niveau des conseils d'école. I admit that they are not
elected by universal suffrage, but they are elected by the parents, who are the
most directly implicated in the educational process. But I would like to
emphasize that, in the philosophy behind the bill, it would seem to us that
schools are not there only to serve the children between age of five, six or
whatever, but that the enlarged mandate of the school includes other activities
in the community the possibility of "garderies", adult education, community
activities of one sort or an other, so that another suggestion that I have
heard is that the parents, the representatives of school councils who might
serve on school commissions could, in fact, also be elected by universal
suffrage. That is another suggestion that has been made. À criticism of
our proposal is that this proposal gives certain people two votes: that, as
citizens, they would have the right to vote for the commissioners elected by
universal suffrage, and they would also have another vote to represent the
interests of the schools directly. I believe that if there is sufficient
consultation on this problem - and I believe that the Minister is open to these
consultations - that perhaps a consensus can
emerge in which the interests of the various groups, the community at
large, the interests of the schools themselves can be more effectively
represented at the level of school commissions, I hope.
Le Président (M. Blouin): Merci, cela va.
M. Brouillet: Très bien, alors, je vous remercie.
M. Burgess: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci M. le député
de Chauveau. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Alors, M. le Président, je remercie la
faculté de l'éducation de l'Université McGill de
l'excellente contribution qu'elle apporte à notre recherche commune. Je
le félicite de cette recherche à deux points de vue: tout
d'abord, parce que la faculté de l'éducation de McGill est l'un
des rares organismes de niveau universitaire qui semble s'être
intéressé concrètement à tout ce défi que
représente le projet de réforme du système d'enseignement
aux niveaux primaire et secondaire. Nous avons fait l'expérience dans
une commission parlementaire, au mois de décembre, d'un travail autour
d'un projet très important du ministère de l'Éducation;
c'était le nouveau règlement des études
collégiales, et je me souviens que, de ce côté-ci de la
table, nous avons demandé à plusieurs organismes universitaires
s'ils étaient intéressés à ce problème de
tout le contenu des études au niveau collégial, mais aucun
organisme universitaire, aucune grande université, aucun conseil
réunissant les administrateurs ou les professeurs, n'a jugé que
c'était assez important pour venir soumettre leurs opinions.
Dans ce cas-ci, je pense que vous êtes le seul organisme
universitaire à le faire, à ma connaissance. Je vous en
félicite avec d'autant plus de chaleur que vous ne vous êtes pas
contentés de préparer un mémoire pour la commission, mais
vous avez suivi le développement de cette question depuis le
début. J'ai pu être témoin de réunions, j'ai eu
l'occasion de vous rencontrer, lors des rencontres d'information dès le
tout début de ce débat et j'ai pu constater que vous faisiez une
contribution éminemment positive à la recherche qui se faisait.
Je veux le souligner d'une manière spéciale. L'apport que vous
avez fourni, en particulier au développement de l'idée de
commissions scolaires à base linguistique et même à la
confection d'un projet de carte scolaire tenant compte de cette proposition de
base, était extrêmement constructif et je pense que - le ministre
l'a dit lui-même tantôt - on n'a pas fini de ce
côté-là. Nous voudrions qu'éventuellement ce soit
inscrit dans la loi elle-même, mais, quand même, une bonne partie
de chemin a été faite. Vous avez joué un rôle
significatif à cet égard.
Le mémoire que vous avez présenté est très
intéressant. Je regrette que nous n'ayons pas tout le temps voulu pour
en débattre d'une manière très, très
détaillée. Il faut aller à des questions essentielles et
je peux vous assurer que j'ai lu, avec beaucoup d'intérêt,
à deux reprises, le texte complet du mémoire. Je vous
félicite surtout d'avoir réussi à préparer ce
document, sans qu'on y trouve une trace de cette psychose d'angoisse qu'on
trouve trop souvent dans des représentations qui viennent de milieux
anglophones. Je pense que vous l'avez fait à la fois en votre
qualité d'experts dans les questions d'éducation, de membres de
la communauté québécoise et, franchement, on a
l'impression qu'il n'y a absolument pas de trace là de ce sentiment
d'"estrangement", d'aliénation ou d'angoisse qu'on trouve trop souvent
en certains milieux. J'espère - je ne dis pas qu'ils ne sont pas
justifiés parfois -que nous irons de plus en plus vers ce genre
d'approche qui peut faire énormément pour rapprocher les uns des
autres les Québécois, qu'ils oeuvrent dans le secteur francophone
ou dans le secteur anglophone de notre société.
I think that I will put some questions to you in your language, not
because you did not grasp very well the meaning of the questions which were put
to you in French by my friends from the other side of this table, but because I
think it is good that you should have a mark of the warm hospitality which is
reserved for all people of Québec when they come here to testify before
the House. And one mark of this hospitality is that we should take the liberty
of addressing you in your language if we feel like doing it and if we feel it
is going to put you perhaps a little more at ease to express your views on the
subject under consideration.
I would have three questions which I would put to you in as a concise
form as possible. I will not discuss the whole question of the powers of the
Department of Education, because this matter was discussed rather elaborately
this morning and we had a study tabled before this Commission by the Federation
of Catholic school boards which is excellent and goes beyond all that we have
seen until now from outside sources. So, I do not think it it will be an insult
to you to suggest that there are other elements on which you may have perhaps
some more immediate contribution to make, though I noted with great interest
your general observations that, in this draft of legislation, there is little
that announces any kind of substantial reduction of the actual authority of the
Minister of the field of education. I
hope this remark will have been noted by the Minister and that he will
come up, at some later stage, with an improved version of the present Bill.
My first question will be about the powers and the responsibilities, as
you put it, which you would entrust to school boards. On pages 27 and 28 of
your brief, you have a list of such responsibilities. You mention, among the
meaningful responsibilities which should be entrusted to school boards,
maintenance of local school taxation; distribution of funds and resources;
management of pedagogical, administrative and support services; management of
personnel; definition of curriculum; establishment of criteria and development
of precedures for pupil evaluation; coordination and management of adult
education, pupil personnel and special education services; standards for
educational material; professional development programs, pedagogical research
and curriculum development.
My question, in connection with this list of responsibilities, would be
this: according to your reading of Bill 40, does this list conflict with what
you saw in Bill 40 and what changes will be needed in Bill 40 in order to make
it compatible with the suggestions which you offer in this part of your
brief?
M. Burgess: Mr. President, I do not believe that Bill 40 does
meet these particular requirements that we have indicated here. I should
perhaps preface my remarks by saying that I appreciate your asking the question
in English. Thank you.
Our major concern is number three on our list and particularly the
management of pedagogical services, because it is not clear to us where these
pedagogical services are going to come from. If this bill, in fact, is going to
lead to greater autonomy for schools, then it is even more important than it is
now, the schools will need support, pedagogical expertise and we cannot see in
the bill any reference whatsoever to the type of pedagogical support that I
referred to earlier, which is the curriculum responsables, the curriculum
consultants. Where are the consultants, the social studies for history, for
French as second language? Where is this expertise going to come from? We do
not find it in Bill 40, and we would maintain that the quality of education is
not only a function of the teachers in the schools, it is the function also of
the support services that those teachers receive. If the school is going to be
innovative in its "projet éducatif", it may very well need advice from
competent trained professionals, and we do not know where they are coming
from.
At the present time, school boards, the largest school boards provide
those services to their schools. Bill 40 makes absolutely no reference, as far
as we can see, to this professional expertise. What we would deplore would be
that the only source of pedagogical expertise would be that supplied by the
regional bureaux of the Ministry of Education. We state in our brief that there
should be no single source of pedagogical expertise. We have in Québec
the expertise available in the universities, present school boards, in the
Ministry, I am not trying to exclude the Ministry. It is just that there is
expertise available in our community - I mean our community at large, the
community of Québec - and it should be utilized; and I do not see where
it is in the bill. That is one area of concern. (20 heures)
In terms of the 5th item, definition of curriculum, within general
objectives established by the Ministry of Education, I have no objection at all
to a government, most governments in Western democracies establish the general
objectives. Under our "régime pédagogique" that we are operating
now, not only do we have the global objectives defined by the government, but
we have the intermediate objectives, we have the specific objectives. I would
maintain, Mr. President, that it is the role of the Ministry of Education to
define the global objectives, but that it is far more effective, if the local
communities, and, by this, I mean the school boards, define the intermediate or
more specific objectives.
With reference to the next item concerning the establishment of criteria
and development of procedures for pupil evaluation, I believe that these
criteria are essentially established already with in the "régime
pédagogique" and are not the responsibility of the school board. So, in
those respects, I would suggest that those powers that we feel school boards
can legitimately exercise, if they are to be real partners in the educational
enterprise, are not guaranteed to school boards in Bill 40, according to our
understanding of Bill 40.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: There is a lot more that I would like to discuss on this
particular issue, but I wonder if it would be too much to ask of you to suggest
that you might perhaps examine this part, of your brief more thoroughly and
perhaps suggest some weaknesses that you see in actual provisions of Bill 40
and potential improvements. I think that it would be enlightening for this
committee if you would be disposed to push this work a little farther in order
to provide more light on this matter which appears to me to be central to our
discussion.
There is a second question I have in
mind. It regards first the relationship of the school to the school
board and through the internal life of the school. The government says that the
cornerstone of the new edifice which they want to build would be responsible
self-governing school. The key organ which they see for that purpose is the
so-called school council. How do you see the role of that council, its
composition, its functions as compared to those of the school principal for
instance, to those of the school teachers? You say a basic distinction ought to
be made between policy decisions and professional decisions. I would like you
to provide some explanations on these aspects of your presentation.
M. Smith: Perhaps, Mr. Chairman, I just may make opening remarks
and I may be followed up by professor Burgess.
I think we see that the main function, among the many functions of the
school council, would be the development of overall policies for the school,
the determination and reflexion of what the community values are - that the
school is serving - and the formulation of a policy statement that will include
the principal objectives for that school. The role of the principal and the
role of the teacher on the other hand would be the interpretation or the
translation of that policy statement into the pedagogical practices of the
school and those would be, in our view, professional decisions that teachers
would be able to make in the light of the overall policies. Mr. Burgess.
M. Burgess: Mr. President, I just might add that we already
mentioned in terms of the composition of the school council that we feel that
the teachers should be represented, not just on a voluntary basis, but they
should be on that school council because we believe that anybody that is
mandated to develop an educational project for the school, to determine the
confessional status of the school and has other powers, will benefit from the
advice and knowledge of the professional teachers involved. Now, I agree there
is nothing to prevent the parents going and asking the teachers what they
think. Here, by increasing the involvement of teachers on the school council,
you are involving the teachers in the evolution of policy. So, we would very
much support the notion of teachers being better represented on the school
council.
With reference to the role of the principal, I think the role of the
principal is going to have to change very drastically. Principals have tended
to operate in many schools in a somewhat autocratic manner: this is their
school; I think they are going to have to either undertake some form of
retraining or some change of attitude in many cases to make themselves more
responsive to the needs as expressed by the parents. I think the principals are
going to be put in a very key position here and a very difficult position. I
was once a school principal myself and I am not so sure that I would want again
to be put into the position of serving so many different masters. I am not
quite sure in the law whether I am to take my instructions from the school
council or from the school board. That is an area of ambiguity, I think, in the
law, because, on the one time, they are servants of the school council, on the
other hand, they may receive other instructions from the school board. The
school board is the employer, it is legally the employer, but, in fact, the
school council, by two thirds majority, can decide to refuse the services of
the school principal. The principal is put in a key position and a very
difficult position. I think, however, you should perhaps ask the "Association
des directeurs d'école" what they think of this proposal. I think the
answer would be different from the francophone community than it is from the
anglophone community, but that is what we think.
M. Ryan: I have a twofold question to some of my concerns. One of
the key features of the bill is this concept of parental control, especially at
the level of the school council. I would like to have your views on this
concept as a working concept. Would it be a working concept? Could it function
easily? Would it be acceptable according to your views of educational
organization? Secondly, based upon your knowledge of conditions and trends in
countries which are more familiar to us and closer to our traditions here,
especially the United States, the other provinces of Canada and the United
Kingdom - to return to the discussion we had yesterday - do you know of any
such trend towards parental control in those countries?
M. Burgess: Not in those countries that you have stated, M. le
député d'Argenteuil. I have however visited Australia and I know
that in Australia there are some examples, particularly in the State of
Victoria, where parents do have a similar sort of role to play but, to my
knowledge, there is no similar arrangement in a public school system, because I
would suggest that in a number of countries, and perhaps even here in
Québec, the private school system could be, and sometimes is very much
like this, that the parents who are the payers of the fees are the ones who
select the school principal and, in effect, act as managers of the school. So,
there are examples in the private sector and I am not aware of any similar
arrangements in Britain or in United States, or in the other provinces of
Canada,
where parents would have this sort of control. I think if the bill is
passed and parents do end up like this, we should be setting a very interesting
trend. No, other than in that State of Australia, I am not aware of any other
example.
M. Ryan: You made a reference in your remarks to a scheme which
is rather dear to our good friend the Minister of Education. He often says that
private institutions provide a model from which he would like to borrow some of
his inspiration in terms of search for quality and excellence in education. I
would just like to add one light remark to what you said on this subject.
Insofar as private institutions are concerned on the French side in
Québec, I have had kids in those institutions and - I do not know, I
still do, not at the moment - and I would like to insure you that parents have
very little to say in the conduct of those institutions. You know, they are...
I think they like to conduct their schools by themselves. They have enough
faith in the excellence of the services that they provide not to bother
themselves overly with the notion that parents should dictate what must happen
in the school or should have a majority voice in the decision-making process
there. But these are just remarks on the larger side. I do not want to open a
controversy on this at this particular stage of our discussion, but I am glad
you said that it may exist in private institutions in happier lands.
M. Burgess: M. le Président, if I could add...
M. Ryan: Send the Minister down to Australia.
M. Burgess: I would be happy to go with him, Sir.
M. Ryan: Yes. Well, we would need a witness.
M. Burgess: I wonder, Mr. President, if I could...
Mme Lavoie-Roux: You would go as a witness?
M. Burgess: ...if I could offer a supplementary...
M. Ryan: Mr. Payne must have provided the source of this...
M. Burgess: I wonder if I could offer a supplementary comment
because your question really was - the serious part of it, Sir - concerned with
the role of parents in the decision-making process. I think it is our view that
no one group should be the sole determinants of school policy, whether it be
parents or teachers, or school principals or whatever, because studies that we
have made would suggest that when you put policy control into the hands of a
single group, be it parents, be it teachers, whatever, their own agendas tend
to be the important ones. We would suggest, and I think you will read this if
you read our whole brief...
The general philosophy here is that there should be a sharing of
responsibility, an involvement of the various partners and that control in the
hands of any one group, ministry, teachers, parents can often be detrimental to
the interest of the children themselves. I realize that this may not go down
very well with certain parent groups, as some parents have very narrow views on
what education of their children should be, but we think that it is the
interest of those individual children that should be at the forefront, not
necessarily just the views of the parents, or the teachers or the ministry or
of any other single group.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. I would like to
thank the representatives of McGill Faculty of Education very much for their
brief.
I am sorry that you did not have a chance to present your entire brief,
because I think it is a very special view of Bill 40; it is a very balanced and
dispassionate analysis that perhaps we will not hear from any other group. For
that reason, it has a special credibility and I certainly hope that the
Ministry heeds the points that you have made, the principles that you have
raised, both positive and negative, and some of the concerns that you have
raised that are very serious concerns and that, in some respect, are being
swept under the rug, I think, by the Ministry of Education.
I would just like to follow this business of the parent role a little
bit, as my first question. From what I have heard, particularly from what I
heard yesterday from the "fédération des parents", I think that
there is a very serious ambivalence coming out in the views of the parents, on
the one hand, that they want to be involved more in what they call pedagogy. I
think it is a legitimate demand. I think there is a bit of a semantic problem
as to exactly what pedagogy is in the parents' view, but there is definitely a
frustration on the part of parents that they are not involved sufficiently in
the real action in relation to their children and that has to be responded to.
(20 h 15)
On the other hand, I think that the
parents - particularly, the representatives that we heard last night and
most parents, I believe, as individuals and as groups that I have heard -
certainly do not want to be managers in the sense of being involved in all the
administrative nitty-gritty of education.
Now, what I would like to hear is this: In view of the very legitimate
distinction that you have made with regard to the professional role of
educators, teachers primarily, what do you see as the appropriate role of
parents, the role which you think, which you sense is being demanded by parents
- legitimately demanded - and how can the parents be involved in what they
identify as pedagogy without sabotaging the professional role of teachers? I am
not talking so much about structures, I am talking about the role.
M. Burgess: That is an extremely difficult question to respond to
adequately in the time we have available. I do not believe, personally, and we
do not believe that the parents should have final, determinant control over
pedagogical aspects of education at all. The only reason why we are willing to
support the notion of school councils with parents in the majority is because
parents will also have the right to choose which school they wish their child
to go to.
There are very grave dangers of parents - some groups of parents, I am
not saying all or even the majority, but some groups of parents - establishing
their own philosophies, whether it be concerned with the religious aspect of
the school or the pedagogical aspect of the school, the discipline of the
school, for example, the homework in the school, the whole ambiance of the
school, and provided the Bill enables parents to choose to which school they
are prepared to send their children, so that they do have a choice, that is the
only condition under which we are prepared to endorse the notion of having
parents in this policy-making role. That will enable those parents who feel
that a school's "projet éducatif" is not appropriate for their child, is
too narrow or whatever, to send their child to a different sort of school.
If that were not the case, if parents did not have the right to choose
to which school they wanted to send their children, I would be adamantly
opposed to parents being the ones to determine the basic philosophy and to get
involved in the pedagogical aspects of schooling because I believe that that is
a professional responsibility. I would ask: If anybody can do it without any
training, why are we bothering to send students to cegeps, to universities, to
faculties of education to receive training in pedagogy if that expertise is of
no use whatsoever? We would maintain very strongly and naturally, from where we
come from, that such training is important and necessary. Therefore, the role
of parents in pedagogy is not an easy one and it is only because parents have
the right to choose the school to which they wish to send their children that
we are prepared to endorse this proposal at all. I hope that answers the
question from the députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: I think that you have made a very important
statement in your answer. Can I go just a little further and say this...
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier, M. Smith voudrait ajouter un petit élément
supplémentaire.
M. Smith: I just have a supplementary comment, Mr. Chairman, that
might be helpful in adding to what professor Burgess has said. Beyond the role
of the parents in helping to determine the philosophical orientation of the
school, which I think is a very important connection to it, we do need to
realize that today, many parents are extremely well-educated people and many of
them have a very special expertise in certain areas such as business and
science. While they may make some very useful suggestions to the school in
terms of pedagogy and facilitate the work of the school - for example, I know
that in some areas parents have made very helpful connections to business and
industry involving short-term apprenticeships and visits to industrial areas on
the other hand, there is a very considerable range of subjects in the school
with specialized pedagogy, such as the sciences, first and second language
acquisition, mathematics, the teaching of art and so on. These are indeed, in
some cases, special areas for teachers and the parents would not have the range
of expertise, even though they may have some expertise in some limited area. So
I think that the position we would take is that they could make a very helpful
contribution in some limited areas, but the scope is rather broad and
sophisticated.
Mme Dougherty: Thank you, Dr. Smith. To push this question a
little further, in view of your response about the parents' role, do you think
that the real desires or the legitimate desires of parents could be
accommodated by reinforcing the existing laws - Bills 71, 27 and so on - which
institutionalize parent involvement in the schools, rather than introducing
another whole concept of parent participation which, in effect, was suggested
by the federation? I think that the question was put by the
Minister himself to the parents last night.
M. Burgess: No. I think the parents have been led to believe...
They have certain expectations that arose out of their own demands, out of the
white paper, and I am not so sure that to try and reinvent the orientation
commitees is the right way to go. They were not successful and that was not the
parents' fault. The parents do want to be more involved in what goes on in
schools. They do want a say in establishing policy for that school.
Speaking for the anglophone community now, I am not so sure that any of
the parents that I have heard - I have met a number of parent groups - have
indicated any desire to trespass on the professional interest of teachers or
school principals. They do want to be involved and they want to have a say,
particularly in establishing the educational project of the school, but I have
not heard anglophone parents saying they want to be involved in pedagogy or in
the administration of the school.
However, we have to bear in mind, M. le Président, the history of
the anglophone community and the relationship between parents and school
organizations. It is a somewhat different one than it has been in the French
community. The Protestant schools in particular have had a very long history of
parent-teacher associations, Québec Federation of Home and School
Organizations, which I think does make a difference in the response from
anglophone parents and from francophone parents. I am not qualified to speak
definitively on the needs, legitimate or otherwise, of the francophone parents.
My understanding is that in many cases, they have been excluded from schools
and participating in schools and that they are now rightfully asking for a more
direct involvement in schools.
Mme Dougherty: Yes, I am very aware of the different situation,
the different historical situation that has led to a legitimate need and
expressed aspirations on the part of the French community that have already,
apparently, been satisfied on the English side.
My next question, Mr. Chairman, relates to some of the questions that
you have raised around the confessional choice. I think that you have raised a
great many questions that are very important in that they demonstrate that this
confessional choice that is being given to parents by the "projet de loi" is
not a simple matter. Many problems could result which are not being addressed
at all by the law; the law is guilty by omission in not anticipating the
problems that could arise, particularly in the urban areas where you get a very
great mix of religious and cultural values.
Added to that, you have raised the issue of dissent, the right to
dissent, which is still there and which in itself could result, I think, in
fractionating the system. What I would like to hear from you is this: In giving
parents this choice, which I think is legitimate, what do you see as the result
when it is added to the right to dissent which could mean whole school boards
could dissent on the basis of religious values? In the way in which this is
being proposed in the law, do you see a danger that the system be seriously
fractionated or splintered by virtue of parents exercising all kinds of options
or rights which are being given to them by the law? I speak of fractionating
not only in terms of different schools developing, but even within individual
schools.
What I am concerned about is that the aim of pluralistic accommodations,
the accommodation of greater diversity which is the growing reality of our
society, may in fact backfire and result in greater division and conflict than
ever before. What is your view on this? What do you see happening and how can
it be prevented?
M. Smith: Mr. Chairman...
Le Président (M. Blouin): Oui, allez-y.
M. Smith: May I refer this question to professor Carley in the
first instance?
Le Président (M. Blouin): Bien sûr.
Mme Carley: I am very glad that you raised that issue because
that is one of my concerns too. I think it is a great idea to give people
options and to encourage freedom of choice, but when we put it into a practical
situation... One of the courses that I teach at McGill currently is called
Guiding the Religious Response of the Elementary School Child. I am imagining
some of my students going out into the schools and a third grade teacher, for
instance, having a class of 25 children. The parents would exercise their right
to, first of all, opt out totally of any kind of religious education to choose
instead a kind of moral formation according to a specific curriculum. In the
make-up of the class, in urban Montreal, I might have two Jewish children, two
Orthodox children, two Muslim children, two Catholic children, two Protestant
children and I am the teacher, trying to follow a curriculum and to abide by
the wishes of the parents who have a right to and have asked for religious
education for their children. According to the "projet éducatif", I am
supposed to do 120 minutes a week. So, I see the present law not in what it
says, but in what it does not say as being an occasion for division in the
school,
frustration in the life of the teacher because she either has to excuse
three quarters of her class or she has to make accommodation for all the rights
of the varied groups. (20 h 30)
To be realistic, there has to be some clearer principles stated in the
school project, decided at the beginning of the year and adhered to by the
teachers, the principal and the parents. But I feel that it is unreal to say:
Oh great, we have rights, we have the recognition of pluralism. That is in
terms of my experience, of what I am preparing my students for at this
moment.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Carley. Nous allons
bientôt avoir un petit problème parce que nous devons maintenant
passer la parole à M. le député de Vachon, puisque le
temps de Mme la députée de Jacques-Cartier...
Mme Dougherty: M. le Président, ils n'ont pas
complété leur réponse.
Le Président (M. Blouin): II pourrait y avoir un bref
complément, Mme la députée de Jacques-Cartier, mais vous
comprendrez que, compte tenu du nombre d'intervenants, compte tenu aussi des
autres organismes que nous avons à entendre ce soir, nous devons
maintenant procéder avec plus de rigueur. D'accord? Vous voulez
compléter votre réponse, s'il vous plaît?
M. Burgess: Merci, M. le Président. I think this is an
extremely important issue. I would like to preface my remarks by saying that we
have indicated earlier that we are in agreement with the establishment of
linguistic school boards rather than confessional school boards. We are also in
support of the notion of confessionality being determined at the level of each
school.
Having said that, I believe that, in this instance, the experience of
the anglophone community can perhaps be of benefit to the whole of society
because the anglophone community, historically, has been the receiver of the
vast and varied immigrant groups that have entered the province of
Québec and have found a home, for the most part, in the Protestant
school system whatever their religious beliefs, whether they be Moslem,
Buddhist, Greek Orthodox, Jewish or what have you. Indeed many Catholics are
also educated in the Protestant system.
The problem is, - that is why we ask these questions in our brief - that
with so many different religious beliefs being present in society, on the one
hand, this is enriching, it adds to our knowledge of the world and of various
peoples, beliefs, but, on the other hand, there are serious practical
difficulties in trying to respect the rights of all religious beliefs in this
new "projet de loi".
The problem is particularly severe in the anglophone community because
in many areas, there is only one school, particularly off-island; our numbers
are such that there is only one school. With so many different religious groups
and interests being required to attend that school, because there is no choice
of school in many rural areas, the problem of the definition of a confessional
status for the school is an extremely difficult one. I think that perhaps we
should dialogue at some later date on this issue.
On the question of dissidence, which was a specific question from the
Deputy from Jacques-Cartier, the law permits...
Le Président (M. Blouin): M. Burgess, vous comprenez que
c'était une question spécifique et vous devez comprendre aussi
que je me dois maintenant de demander votre collaboration.
M. Burgess: Et je demeure, M. le président de la
commission...
Le Président (M. Blouin): Non, comprenez moi bien, M.
Burgess, je vais vous laisser répondre, mais je vous demande de le faire
le plus succinctement possible pour que les autres membres puissent
également vous adresser la parole...
M. Burgess: Je comprends bien...
Le Président (M. Blouin): ...afin que l'échange
soit le plus complet possible. Alors, succinctement s'il vous plaît, je
demande votre collaboration.
M. Burgess: D'accord.
Le Président (M. Blouin): Merci. Allez-y, M. Burgess,
succinctement.
M. Burgess: Très vite. The right of dissidence, which is
written into the "projet de loi 40", permits both Protestants and Catholics to
dissent from language boards. If you take any given area, for instance, the
West Island of Montreal, there will be a French language board and there will
be an English language board, two boards. Both Catholics and Protestants have
the right, under Section 93 of the BNA Act - and it is written in the "projet
de loi 40" - to dissent from the French board and both Catholics and
Protestants can dissent from the English board and establish their own boards.
The possibility exists, Mr. President, d'avoir six commissions scolaires pour
chaque territoire de la province de Québec. This will make the situation
even crazier than it is now.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci, M. Burgess. Je
crois que vous avez très bien exprimé votre opinion. M. le
député
de Vachon, vous avez la parole.
M. Payne: You are discussing something which is very interesting
and, in a spirit of collaboration with the Deputy for Jacques-Cartier, I will
continue my own thoughts in the same direction. But just a very short preamble.
You say - and I would just like to resume what you said in your brief - that
Bill 40 is simpler and more coherent than the existing Education Act and
provides a sound base for Education Legislation in Québec today - right?
- and you support the need for change. You consider the present
Catholic-Protestant structural arrangements as no longer appropriate. You
support an increased role for schools and you support the principle of
integration of elementary and secondary boards. That is quite a change but you
recognize the importance of that and the necessity in terms of falling through
in 20 years of rethinking.
I would like to put the question very bluntly. There are some members of
the English community who consider, at the expense of millions of school tax
dollars, that they prefer the status quo with respect to linguistic
reorganization. They are even prepared to sacrifice linguistic boards which I
should not say - somebody was involved in the issue - was one, at least for the
moment, before the Minister of Education. It is on the table. It is not adopted
in law. They are prepared to sacrifice linguistic boards in favour of what I
consider to be a very fragile confessional guarantee in Section 93. Just in a
couple of words, in your opinion, which option best represents the future
interests of the English community of Québec?
M. Burgess: There is very little doubt that the linguistic option
represents the best future for the anglophone community in Québec, but I
understand those groups who are retaining the status quo in the sense that they
feel that their confessional rights, as Protestants or Catholics, are
guaranteed by the Canadian Constitution whereas the linguistic boards that we
support are not guaranteed by the BNA Act, Section 93. Whereas - I referred to
this earlier - fifteen years ago, the English community pretty much as a whole
was willing to support the notion of linguistic boards, there has now developed
unfortunately, in some parts of the anglophone community a considerable
distrust of the intent of the present Government. That is why they are now
clinging to what they consider to be constitutional guarantees.
It is not the McGill position, as you know, and it is not the position
of the "Groupe des Sept". It is not the position of a number of other
anglophone groups. I would interpret the situation as being a distrust of the
present Government. I think it is very unfortunate that this distrust exists,
but they feel that language boards are not guaranteed by the Canadian
Constitution and therefore, they do not want into that. Most of those groups
would say that if linguistic school boards could be guaranteed under the
Canadian Constitution, they would accept them tomorrow, today.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon.
M. Payne: You lead on to a very interesting political discussion
and I would be happy - not this evening - to continue it with you regarding the
possibilities of engaging in discussions with other minorities in other
provinces with respect to possible constitutional arrangements for linguistic
commissions in other provinces. I am sure that the Minister of Education of
Québec would not be the last person on the train to show that kind of
leadership in Québec and throughout the other provinces.
Two brief questions. First, can you give me one example where the
Minister or the Government has, by virtue of Bill 40, increased powers?
M. Smith: Yes.
Le Président (M. Blouin): Mr. Smith.
M. Smith: I would like to reply to that. One particular example
that we find in the proposed law would be contained in articles 316 through
319, where the complaints by any member of the public regarding a teacher would
be forwarded directly to the Minister of Education. That does not seem to be
the case under the status quo, although I stand to be corrected. We prefer to
see the complaints against a particular teacher settled first of all within the
school, if that is possible; if not possible within the school, within the
school board itself and addressed to the Minister of Education only as a last
resort. We think that the local structures are being circumvented in that
particular instance.
M. Payne: I can give you the reasons for that. I do not want to
go into details for obvious reasons, but there have been examples whereby it
was necessary for the Minister to undertake measures to appoint an independent
investigation committee. If you look at article 319, that provision is there
whereby an independent investigation committee can be set up whereas previously
it was not possible.
With respect to the whole notion of decentralization, I would like to
show you -and I think you know my own colors, that I am a decentralist to coin
a word... My experience shows that in certain... If the
deputy can just follow the concession. There are a certain number of
articles where we talk about decentralization, where the principle of
decentralization in my reading is carried out. I will give you a couple of
examples. I realize that your brief was made up during the summer and that
there has been a lot of thinking and input from different groups. In terms of
budget, for example, previously, it was illegal, it was not possible by law to
have a surplus or a deficit. In fact, under the present Bill, it is possible
for the surplus to be accumulated by a school commission and to be carried over
a number of years which allows forward planning on the part of a school
commission, which was not possible before. That is article 242.
With respect to teaching materials, as opposed to teaching manuals, that
is now given to the school. It is not the school commission which wins because
of that, but the school itself. That is quite a considerable change. And I will
give you one reason why the Ministry could not easily decentralize the entire
control over teaching reading material. There has been an increased kind of
conciousness, for example, of racism in books. I remember a few books which
talked about "les sauvages", the Indians, how they were naughty and evil and so
on. It needs a certain degree of national provincial control and a watchdog
control to eliminate certain elements in terms of discrimination - racial,
sexual, human discrimination. À provincial committee has been set up
which, in fact, involves teachers already and it needs a certain kind of
control from the ministerial level. (20 h 45)
Have you also noticed, in terms of equivalences - I am not talking of
teacher equivalences, but student equivalences - that although there are
national criteria, certain norms established for kids coming from other
provinces, from Ontario or from other countries, the application of it is now
done by the school commission. And that is in the Bill, article 297. I do not
know whether you have noticed that.
In terms of the modalities - I come to the question of the
députée de Jacques-Cartier, when she was talking about
confessional status a few minutes ago - that is a very real problem for the
English community. I foresee, in a couple of years, the possibility of
establishing pluralist schools, but the cultural and historical traditions, as
she was saying, would cause particular problems. The comité catholique
of the Superior Council of Education demanded that the Government in fact have
the modalities for attributing confessional status in terms of the present
constitutional guarantees. That is important, because if one school commission
decides what is Catholic whether it is Evangelical Catholic or Papal
traditional Roman Catholic or whatever, I think that the Superior Council of
Education has to be given a certain amount of credibility in wishing to
establish certain norms.
Have you picked up on some of these important additions which have been
made over the last couple of months in Bill 40 and which I maintain are, in
fact, considerable improvements for decentralization?
Now, I have one very small last question.
M. Smith: We have tended to address ourselves to what was
actually contained in the "projet de loi 40" and there have been some changes
and announcements certainly since the "projet de loi" was announced. Professor
Burgess, would you like to reply to that?
M. Burgess: I accept what the "député de Vachon"
has said about the changes in the law that have now been made or indicated.
These are to be welcomed. I hope there will be more of them.
With reference to the problem of confessionality at the level of the
school, I would just add that because of Bill 101, it seems to me that the
problems that are not in the anglophone community will very shortly be in the
francophone community too. These questions have to be answered not just for the
anglophone community alone, but for the whole of Québec society because
it is becoming far more pluralistic and diverse. The Moslem immigrant or the
Hindu immigrant is no longer entering the English schools, the Protestant
schools but, because of Bill 101 he is going into the French language system.
This system is going to be faced with these problems too and I think that
further study needs to be made of this confessional issue before these
proposals are implanted in the law.
M. Payne: I would like to say, just in passing, for the record,
that I agree with the summary of your proposals as you made them. I would have
some discussion at some other time with respect to the exact content of those
proposals because, sometimes, I think it leads to misunderstanding.
You have a vocation and a mission, in terms of teacher training. It
seems reasonable to me that you should ask and present a case to the Government
in terms of teacher certification. Whereas I would still be a defender of the
idea that there should be certain national norms, whether it is with respect to
citizenship or whatever, certain things should be equitable and equal across
school commission lines. I do believe that, for example, in the option of
linguistic school commissions as proposed by Bill .40,
you could set up with the Government perhaps a teacher certification
process in a similar way to the other 39 professional corporations that we have
in Québec. The teachers and their teaching bodies would be in a position
to establish with the Ministry exactly what kind of evaluation procedures could
be implemented. I do know that you have a Department of Administration and
Policy Studies in the Faculty of Education and that particularly in the very
thorny area of confessionalism and pluralistic schools...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon, je vous signale qu'il vous reste cinq minutes d'intervention. Si vous
voulez entendre nos invités, je vous suggère de leur poser
probablement une dernière question puisque, après, nous devrons
passer à un autre intervenant.
M. Payne: You have a department of religious philosophy in
education. Would it be possible for you to engage in a process of research with
respect to evaluating that kind of possibility, making a proposal to the
Minister of Education in terms of teacher certification which has posed a lot
of problems in the past?
Secondly, very briefly, would you envisage a watchdog role and a
surveillance role in the implementation period which will ensue on the adoption
of the Bill?
Le Président (M. Blouin): Oui, M. Smith.
M. Smith: On the first question, Mr. Chairman, I think that we
would welcome the opportunity to participate in a discussion on the
decentralization of the certification process, particularly in terms of sharing
that process with teachers who would also very much be involved, if we use the
model of the other professions in Québec.
In the case of the second question, with regard to the watchdog role or
the monitoring of the implementation of Bill 40, we would be very happy to
cooperate and to be a resource for the Ministry of Education in that
process.
M. Burgess: Two things, very quickly. Le Président (M.
Blouin): Mr. Burgess.
M. Burgess: The suggestion that the teaching profession could
become a professional corporation is an extremely interesting one to any
professional educator. However, if it is to be added to the 39 corporations or
professions that already exist, I would like to ask if it would be necessary to
have a knowledge of the French language in order to practice in the English
language school system.
Secondly, with...
M. Payne: In your brief, you mentioned that we should change Bill
101. Bill 57 does allow that.
M. Burgess: That has been changed already. With reference to the
suggestion of participating in the implementation of linguistic school boards,
I personally would reject the notion of the term "watchdog"; I do not think
that it would be appropriate at all, but I think that the McGill Faculty of
Education would be extremely willing to participate, with others, in seeing
that there is a smooth implementation of linguistic boards if Bill 40 is indeed
passed.
M. Payne: Thank you very much indeed. I congratulate you for such
a positive contribution to the discussions of the commission.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci
beaucoup, M. le député de Vachon. M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je vais faire des
efforts pour être un peu moins long que le député de Vachon
qui a pris ses 20 minutes, comme vous le savez.
Le Président (M. Blouin): Son intervention a
réclamé 18 minutes de notre temps, M. le
député.
M. Doyon: Merci. Alors, cela nous a paru plus long que cela ne
l'a été.
Je voudrais attirer l'attention et discuter brièvement avec les
membres de la faculté de l'éducation de McGill de tout ce qui
concerne la composition de la commission scolaire. Ils font une analyse de la
situation. Si je suis leur critique, la conclusion que j'en tire, c'est que le
système proposé dans le projet de loi 40 est pratiquement
"inopérable". Cela ne peut pas fonctionner tel que c'est là. Les
gens vont voter à plusieurs endroits, ils devront choisir. On va se
retrouver avec des territoires qui vont empiéter les uns sur les autres;
les gens vont avoir le droit de vote dans un territoire ou dans l'autre. On ne
saura pas trop à quoi s'en tenir. On va se retrouver avec des gens qui
seront possiblement des antagonistes autour de la table et, qui plus est, on va
se retrouver avec beaucoup d'antagonistes potentiels, jusqu'à 50 ou 60.
Je vous suis jusque-là et je n'ai aucune difficulté à
être convaincu par votre critique que le système que propose M. le
ministre ne peut pas fonctionner. La preuve en sera faite rapidement; je n'ai
aucune inquiétude là-dessus.
Là où je vous suis moins, c'est dans la solution que vous
proposez. Nous sommes
tous au courant qu'il y a dans les faits un
désintéressement de la population vis-à-vis des
élections scolaires. Le pourcentage du vote est bas. On y trouve toutes
sortes de raisons: le vote au mauvais moment, une campagne électorale
pas suffisamment longue, l'absence de dépenses électorales. En
tout cas, on peut trouver toutes sortes de raisons. Or, la solution que vous
proposez, c'est d'avoir un conseil scolaire composé, en partie de gens
qui représentent la communauté et en partie de gens qui
représentent les utilisateurs, c'est-à-dire les parents des
enfants qui fréquentent les écoles.
Il y a une chose que vous déplorez avec raison, d'après
moi, et c'est là une critique fondamentale parce que, si on croit
à la démocratie, je pense que la base fondamentale de la
démocratie, c'est un homme, un vote. Si on sort de cela, ce n'est plus
la démocratie, c'est autre chose. Quand on institutionnalise cela, cela
cesse totalement d'être de la démocratie. Quand vous dites qu'il y
aura des territoires possiblement de 200 électeurs et d'autres de 12 000
électeurs et qu'à la table tout le monde aura le même droit
de vote, cela, c'est la négation de toute démocratie.
Il me semble y avoir une lacune dans ce que vous proposez; cela va
empirer la situation dans ce sens qu'on va retrouver au conseil scolaire, par
hypothèse, quatorze personnes, dont sept seront élues par une
population de 50 000 personnes, par exemple. Ces sept personnes sont
élus à ce qui s'apparenterait, si elles étaient les seules
autour de la table, au suffrage universel. D'un autre côté, leur
poids autour de la table va être contrebalancé par sept autres
personnes élues, elles, par une minorité. Il est facile de
concevoir que le nombre de personnes qui agiront au niveau des conseils
d'école sera beaucoup moindre que les 50 000 personnes qui ont le droit
de vote général. On va se retrouver avec des gens ayant le
même poids autour de la table, mais qui vont être élus par
moins de gens. J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus. Est-ce que
vous ne pensez pas que le fait d'institutionnaliser cette façon de
faire, c'est-à-dire d'avoir deux classes de commissaires, va avoir comme
effet de désintéresser encore plus les gens de la chose
scolaire?
Si je prends mon cas personnel, n'ayant pas d'enfants à
l'école, si je sais que pour équivaloir au vote d'un parent ayant
des enfants à l'école, cela prend cinq ou six votes comme le
mien, ce n'est pas de nature à me rapprocher ou à
m'intéresser encore plus à la chose scolaire, parce que je suis
en minorité d'une façon institutionnelle et structurelle dans le
projet. Je me demande si vous avez envisagé cette question. Si on se
retrouve avec des commissions scolaires où les gens participent encore
moins à l'élection générale, on va à la
longue donner raison à ce qui semble être le souci de plusieurs,
c'est-à-dire le désir éventuel d'arriver à la
disparition des commissions scolaires. Je me demande si cette façon de
structurer, selon votre proposition, la commission scolaire n'aura pas pour
effet d'en arriver aux fins contraires à celles que vous avez
indiquées dans votre mémoire où vous dites, par exemple:
Nous appuyons donc fermement le maintien des commissions scolaires dans la
structure éducative de la province. Si on en venait à la solution
que vous proposez, parce que très peu de gens vont être
motivés à s'y intéresser à titre de membres de la
communauté "at large", ces gens ne s'y intéressant pas, je
conçois très bien le discours gouvernemental éventuel
disant: On avait 10%, 11% ou 18% des gens qui votaient, maintenant on se
retrouve avec 5% ou 6%. Donc, désintéressement total avec pour
conséquence l'abandon du suffrage universel et ce que cela
entraîne, la disparition des commissions scolaires.
Le Président (M. Blouin): M. Burgess.
M. Burgess: We do not see it that way, Mr. President. It is
obvious that the present system of universal suffrage does not appear to be a
sufficient participation on the part of the public at large. I do not know what
the figures are, but even with the great campaign that was held last June to
improve the number of people voting in school board elections, the percentage
of voters was in fact still extremely small. (21 heures)
Now, how will you go about resolving this? I am not saying that our
solution is the only one. I realize that we might be creating two classes of
commissioners: those voted in by universal suffrage and those voted in by the
parents of the conseil d'école. But we have that now, M. le
Président; there are two classes of commissioners now. There are
commissioners elected by universal suffrage and there are commissioners
nominated by parents. All we are suggesting is the expansion of those two
parent representatives to an equal part.
M. Doyon: Ils n'ont pas le droit de vote.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'ont pas le droit de vote.
M. Doyon: They do not have the right to vote, have they?
M. Burgess: No, they do not have the right to vote, but they
asked not to be given the right to vote, because they did not want to be put
into the minority position of
having a decision made by the majority of the board and the two parent
representatives implicated in that. It was the parents themselves who asked
that they not be given the right to vote. It was not the school commission or
the Government who said: You cannot have the right to vote.
So, there are two classes of citizens serving on the school commissions
now: those elected by universal suffrage, which tend to be a minority of the
population eligible to vote, and two appointed by the parent committee. What we
are suggesting is an expansion of that latter category, in order to provide an
equilibrium between those elected by universal suffrage and those elected by
the conseil d'école.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député de Louis-Hébert, rapidement, s'il vous
plaît.
M. Doyon: À mon avis, le problème demeure quand
même. Cela m'apparaît comme si on tentait de résoudre la
quadrature du cercle. Une porte ne peut être ouverte et fermée en
même temps. Si le suffrage universel ne donne pas satisfaction, dans une
situation comme celle-là, ce que vous proposez et ce que propose le
ministre n'est pas mieux du tout. Vous en faites la preuve très
convaincante, je l'ai dit au début. La solution que vous proposez
m'apparaît une tentative de. compromis qui -c'est là
l'inquiétude que j'exprime; je me rends compte que vous ne la partagez
peut-être pas - à très brève échéance,
aura pour conséquence de désintéresser encore plus la
population, la communauté, les gens. Si cela prend sept votes des gens
ordinaires qui n'ont pas d'enfant dans les écoles pour équivaloir
à un vote d'une personne qui, par la voie du comité
d'école, envoie un commissaire, vous pouvez être sûrs que,
très rapidement, les gens vont faire le calcul. Ils vont dire: Si mon
vote vaut sept fois moins que le vote d'un parent, je n'ai pas à jouer
ce jeu. C'est le danger que je signale. Ce n'est pas un danger que vous voyez
aussi immédiat que je le vois et je respecte votre opinion.
Le Président (M. Blouin): Un dernier commentaire, M.
Burgess, à ce sujet.
M. Burgess: I accept the suggestion that it is possible that by
creating two classes of commissioners, you might even be decreasing the
interest and the number of people who might vote on the universal panel. But we
have a problem here. What do you suggest? That the whole school commission
therefore be composed of parents, as the original white paper proposal? I mean,
what we are suggesting is a compromise. I realize that for certain people, the
idea is universal suffrage or nothing, but there appear to be problems in the
application of universal suffrage. I realize that it may create a lack of
interest in the population at large and they will have nobody else to blame but
themselves.
Une voix: C'est clair.
M. Burgess: Nevertheless, it is a fundamental right of any
democratic society, particularly when those bodies are spending taxpayers,
money, which they are, even if it is only 6% directly and 94% indirectly, if
they wish to exercise it, to vote. I suggest that if they vote by defeat, by
not going to the polling stations, then they must accept the consequences.
Somehow or other, Québec society has to reach some sort of
consensus as to how to deal with this problem. The present situation is clearly
not satisfactory. I think most people agree that it is not satisfactory. We are
trying to help the process by suggesting a compromise. Our compromise may not
be a perfect one. It may not be indeed a good one but, at least, it is a
suggestion that people can think about and debate about.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Burgess.
M. Doyon: Je terminerai là-dessus. Je ne dis pas que la
suggestion ne mérite pas d'être discutée, mon propos est
loin de là. Pour répondre à votre interrogation, si je
peux me permettre une suggestion, le défaut fondamental qui est à
la source de ce désintéressement qu'on constate élection
après élection, c'est, finalement, l'absence de pouvoirs
réels à la commission scolaire. Je pense que tout le reste
constitue du court-circuitage et du cataplasme pour camoufler le fait que, si
les gens se désintéressent de la commission scolaire, ils le
manifestent en n'allant pas voter. Ce que je vous dis, c'est que la commission
scolaire n'a pas de pouvoirs véritables, réels, fondamentaux et
que, si on confiait à la commission scolaire des pouvoirs fondamentaux,
réels et un pouvoir décisionnel, sans avoir, pour employer un
terme qui est à la mode maintenant, les yeux et le bras du "Big Brother"
continuellement, je pense que l'intérêt reviendrait très
rapidement. C'est là la source du problème. Le reste, c'est du
cosmétique.
Le Président (M. Blouin): Ça va. Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Sur ce, au nom de tous les membres
de la commission, je remercie beaucoup les représentants de la
faculté des sciences de l'éducation de l'Université McGill
pour leur témoignage très substantiel. J'invite maintenant
les
représentants de l'Association des cadres de la Commission des
écoles catholiques de Montréal à prendre place à la
table de nos invités.
Je dois également informer les membres qu'il y a eu une entente
selon laquelle le dernier groupe que nous devions entendre ce soir - compte
tenu de l'heure, vous comprendrez que tout cela est très logique -
c'est-à-dire l'Association des cadres scolaires du Québec, sera
entendu demain matin, non pas à 10 heures, mais bien à 9 heures.
Nous reprendrons nos travaux demain, non pas à 10 heures, mais bien
à 9 heures.
Maintenant que nos invités ont pris place à la table qui
leur est désignée, j'invite les représentants de
l'Association des cadres de la Commission des écoles catholiques de
Montréal à s'identifier et à nous livrer, en une vingtaine
de minutes - je crois que vous comprenez bien maintenant notre fonctionnement -
le contenu de leur mémoire.
Association des cadres de la Commission des
écoles catholiques de Montréal
M. Saint-Jacques (Marcel): M. le Président, MM. les
membres de cette commission, je me présente. Je suis Marcel
Saint-Jacques, président de l'Association des cadres de la Commission
des écoles catholiques de Montréal. À ma droite, M. Katif
Gazze, qui est le vice-président de notre association, et M.
André Langevin, qui est conseiller au sein de notre conseil
exécutif.
Je tiens à vous remercier pour l'opportunité qui nous est
offerte de vous présenter de vive voix l'essentiel de notre
mémoire. Nous espérons que l'abrégé
présenté ce soir, qui consiste à vous présenter de
larges parties de notre texte original, a su conserver toutes les nuances et
les explications qu'on trouve dans ce premier texte.
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Je crois que je comprends le
sens de votre intervention.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais juste savoir quels postes occupent
les cadres. Je ne sais pas... Est-ce qu'ils se sont identifiés?
Le Président (M. Blouin): Oui, ils se sont
identifiés.
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on pourrait connaître les
postes qu'ils occupent en tant que cadres?
Le Président (M. Blouin): Quels sont vos postes?
M. Saint-Jacques: M. Katif Gazze est directeur du service de
l'équipement à la CECM; M. André Langevin est directeur du
service des études et moi-même, je suis directeur adjoint du
bureau de ressources en développement pédagogique et en
consultation personnelle.
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques, puisque vous
commencez à nous présenter votre mémoire, il serait
très utile pour les membres de la commission que vous puissiez nous
situer l'endroit où vous êtes pour que nous puissions suivre
l'évolution de votre présentation.
M. Saint-Jacques: C'est cela, je vais donner les titres et les
numéros des chapitres. Mais nous avons pris des parties du texte. Nous
n'avons pas tout le texte.
Le Président (M. Blouin): Ça va, M.
Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: Introduction. L'association endosse plusieurs
positions du ministre de l'Éducation à l'intérieur du
projet de loi 40. Il y en a, cependant, d'autres qu'elle trouve
inquiétantes. Enfin, l'une d'entre elles lui apparaît excessive et
inacceptable. Nous tenons à souligner qu'il peut être dangereux
d'engager une réforme sur la seule base d'une froide rationalité.
Des structures ne se font et ne se défont pas sans tenir compte dans une
large mesure des facteurs humains. Il est presque superflu de rappeler ici le
peu d'impact de certains règlements du ministère de
l'Éducation, notamment le règlement no 7 qui proposait, entre
autres, l'individualisation de l'enseignement. On sait que celle-ci demeure
toujours au stade des souhaits dans la majorité des écoles. Cet
exemple illustre bien le fait que l'on ne règle pas les questions
pédagogiques par l'effet de la seule réglementation.
Dans le chapitre I, nous verrons les principes qui nous ont
guidés, les objectifs et les moyens pour l'instauration d'une
école responsable et communautaire. Les membres de l'association
partagent la volonté du ministre de l'Éducation de doter la
province d'écoles communautaires et responsables.
Premièrement, les principes. C'est en définissant
l'école communautaire et responsable que l'on identifiera les principes
qui lui servent de fondement. Une école communautaire, c'est une
école qui éduque et instruit en harmonie avec son milieu. Ceci
signifie qu'elle respecte et véhicule les valeurs de son milieu en les
intégrant à son projet éducatif. Elle utilise les
ressources de sa communauté pour en faire bénéficier sa
population, tout en offrant certains services à la première. Une
école responsable, c'est une école qui, ayant identifié
les besoins de
développement de ses élèves, peut prendre les
moyens qu'elle juge les plus aptes à les satisfaire. Une telle
école agit donc en symbiose avec son environnement. Elle
s'établit en complémentarité avec les autres ressources
éducatives.
Cependant, cette école communautaire et responsable ne sera pas
créée par la seule volonté politique d'un gouvernement. Il
est difficilement concevable de mettre sur pied de telles écoles en
dehors d'un contexte social de participation. En d'autres termes, l'appareil
bureaucratique du ministère de l'Éducation ne peut guère
engendrer des institutions fondées sur la participation sans mettre en
cause de façon préalable ses structures, ainsi que son
fonctionnement.
Enfin, soulignons cette lapalissade qui semble trop souvent
oubliée tant par les administrateurs, que par les législateurs:
l'école devrait exister en premier lieu et avant toute chose comme
milieu éducatif privilégié et tous ses employés
devraient, avant tout, être guidés par les besoins des enfants
qu'elle sert, par l'organisation d'une pédagogie qui réponde de
façon optimale à ses besoins. Toute mesure administrative et
législative devrait n'avoir que ce seul objectif. Pour le
réaliser, il faut que les milieux de l'éducation cessent
d'être des lieux d'affrontement pour la recherche d'un pouvoir. Tant
qu'il en sera ainsi et que les objectifs de l'éducation ne constitueront
pas les véritables préoccupations, la réussite scolaire
continuera d'être une conséquence inégalement
partagée par les élèves.
Deuxièmement, les objectifs. Nous n'en retiendrons que trois qui
peuvent contenir tous les autres. 2.1. Le développement optimal.
L'école devrait permettre que chaque enfant puisse développer de
façon optimale tout son potentiel humain, qu'il soit physique, cognitif,
émotif, social et spirituel. 2.2. L'éducation à
l'autonomie. L'école devrait graduellement amener les enfants à
se passer des adultes. Il faut de plus en plus centrer les efforts sur les
apprentissages qui permettent aux élèves d'apprendre
eux-mêmes et de devenir plus autonomes en regard de leur propre
cheminement scolaire et, par voie de conséquence, de leur propre vie.
2.3. Le développement d'un être socialisé. Si
l'école est vraiment le lieu privilégié de la formation
totale de l'enfant, et pas simplement celui de l'acquisition de techniques
scolaires, on doit envisager également la poursuite d'objectifs plus
larges tels que l'apprentissage de la sociabilité et de la
capacité à vivre en harmonie avec un milieu social donné;
éventuellement, le développement de la capacité de vivre
avec son handicap et non pas de vivre de son handicap ou par son handicap, en
fait, permettre à l'enfant de devenir dans la communauté un
adulte agissant et responsa- ble.
Troisièmement, les moyens. Même si les changements
importants, en particulier depuis les années soixante, ont voulu
modifier de plus en plus le système scolaire et l'école pour
l'atteinte de tels objectifs, on peut admettre, même sans une
étude exhaustive, le besoin de procéder à d'autres
changements afin qu'un jour nous ayons réellement une école
totalement au service de l'élève. On ne peut que souhaiter
l'apparition d'une école responsable et communautaire, d'une commission
scolaire responsable et communautaire, d'un ministère de
l'Éducation responsable et au service de la communauté. (21 h
15)
II faut donc que l'école devienne de plus en plus responsable de
l'organisation des stratégies éducatives de première ligne
et en ait les moyens. Il faut qu'elle s'inscrive nettement comme partenaire et
en étroite collaboration avec toutes les autres instances de sa
communauté immédiate et puisse même graduellement
étendre cette relation aux communautés plus larges et plus
englobantes. Il faut donc rendre possible à tous les agents de
l'éducation une participation à la définition de l'acte
pédagogique, à l'identification des moyens et à l'action
concrète dans l'école. Il faut présenter une structure
permettant une collaboration et la mise en place d'une véritable
complémentarité des rôles.
En plus de fournir de tels moyens par voie de législation et de
réglementation administrative, il faudra prévoir les
étapes d'implantation de cette nouvelle formule de collaboration, en
particulier, en établissant comme primordiaux les mouvements de
sensibilisation, d'information et de formation. Pour qu'une telle école
s'inscrive réellement dans sa communauté, elle devrait
répondre de tous les enfants de son territoire géographique.
Toute situation d'échec, tout handicap décelé chez l'un ou
chez l'autre de ses élèves est pris en charge par l'école
qui doit essayer, avant toute chose, d'organiser à l'interne les
réponses adéquates à leurs besoins. L'école peut
conclure que les mesures nécessaires ne sont pas immédiatement
disponibles et qu'elle doive recourir à des services externes. À
ce moment, elle devra continuer d'être responsable de tel
élève, elle suivra ses progrès puisqu'il restera toujours
sous sa responsabilité et décidera toujours du meilleur service
pour lui ou pour elle. Entre-temps, elle verra à réorganiser son
milieu pour une intégration dans le plus court laps de temps. Ainsi, les
écoles régionales de services spéciaux et les
écoles dites nationales auront à passer des contrats de services
avec les écoles régulières primaires et secondaires et
devront répondre de leur action à ces écoles. De
même, pour les enfants immigrants, elle devra reconnaître son
devoir de bien les intégrer
et de bien les servir.
Pour les milieux socio-économiquement désavantagés,
cette nouvelle école devra obligatoirement prendre racine dans son
milieu et, plus que toute autre, se mandater pour une action réellement
communautaire. De telles écoles exigent les meilleures ressources
humaines possible et un apport pécuniaire important. Il est urgent pour
l'école de définir clairement son projet éducatif qui
deviendra la formule permettant de respecter les données globales
auxquelles elle doit répondre et les particularités du milieu
auxquelles elle doit se soumettre. Face à ces écoles, la
commission scolaire aura des rôles de support et de contrôle. Elle
devra voir à l'efficience de ses écoles, au partage
équitable, selon les particularités de ses milieux, des
ressources humaines, financières, à l'organisation des services
communs, au support pédagogique à fournir pour aider ses
écoles à atteindre leurs objectifs et au développement de
services pour l'éducation des adultes. 3.1. Le contrôle de
l'efficacité de l'école. La décentralisation au maximum de
la pédagogie et de son administration n'assure pas en soi la
qualité des services. Nous sommes ici dans l'ordre des moyens et des
mentalités. Nous avons besoin d'un organisme à qui l'on confie
certaines tâches de contrôle. Au premier chef, la commission
scolaire devra donc s'outiller afin de s'assurer, pour le mieux-être de
chaque enfant, que tous les élèves profitent au maximum de
l'école. 3.2. Le partage des ressources. Encore ici, c'est à un
organisme impartial, qui peut se permettre une vue d'ensemble et plus globale,
que l'on confie le soin de voir à une juste répartition, selon la
situation économique vécue, des ressources humaines et
financières disponibles. La prévention peut facilement devenir
une grande inconnue pour certaines écoles libres de toute réponse
à une instance supérieure. La commission scolaire aura donc
l'obligation, non seulement de voir au partage des ressources, mais d'en
vérifier l'utilisation à bon escient. 3.3. Les services communs.
La commission devra aussi voir, d'une part, en concertation avec les
écoles, à l'installation de services communs que les
écoles, individuellement, ne pourraient s'offrir et, d'autre part, voir
avec d'autres commissions scolaires à négocier certains services
communs dont les coûts deviendraient prohibitifs pour son seul
portefeuille ou pour des populations minoritaires qui seraient mal servies si
de tels services n'existaient pas. Nous pouvons penser à certains
services centralisés, tels l'informatique, le développement et
l'animation pédagogique, ou à des écoles spéciales
ou spécialisées, régionales ou nationales. 3.4. Le support
pédagogique. Ce sujet nous semble fondamental et primordial. La
décentralisation n'est pas une panacée transformant du jour au
lendemain l'école ordinaire en école omnisciente possédant
une manière de connaissance universelle de la science pédagogique
et possédant l'habileté optimale de l'art d'enseigner et
d'éduquer. D'un autre côté, croire que le ministère
de l'Éducation deviendrait, lui aussi, seul habile à
l'interprétation des besoins, éloigné qu'il est du milieu,
paralysé par une bureaucratie inévitable, relèverait plus
du domaine de l'utopie que d'une saine interprétation réaliste.
La commission scolaire devrait donc se préoccuper au premier chef
d'être au service de ses écoles pour ce qui est du
développement pédagogique, du support à l'application du
meilleur acte pédagogique possible et pour la formulation d'une
instrumentation et d'un outillage adéquats. 3.5. L'éducation des
adultes. Il est de la responsabilité de la commission scolaire
d'organiser un réseau de services souple et articulé et
d'étudier sérieusement le rôle que ses écoles
primaires et secondaires pourraient y jouer.
Chapitre II, l'école. Réactions au chapitre III du projet
de loi 40. La participation des enseignants. Avec le conseil d'école, le
ministre de l'Éducation propose une structure de participation au sein
de laquelle les divers groupes directement concernés sont ou peuvent
être représentés. Avec une telle représentation, on
se rapproche déjà de l'école communautaire, mais on ne
l'atteint pas encore, car, d'une part, la communauté locale n'est pas
conviée à participer à la gestion de l'école;
d'autre part, les principaux intéressés, les enseignants, sont
nettement sous-représentés. En vertu du principe selon lequel la
participation est influencée par l'implication, on pourrait s'attendre
que les écoles développent un projet éducatif sans les
enseignants. Si l'on veut faire de l'école une réelle entreprise
communautaire, il nous apparaît indispensable d'impliquer davantage les
enseignants afin qu'ils ne se perçoivent pas comme des employés
au service des parents employeurs, mais plutôt comme des
collaborateurs.
Les enseignants étant quasiment exclus du conseil d'école
ne seront guère motivés à se retrouver massivement dans le
comité pédagogique. Le conseil d'école risque alors
d'être privé d'une consultation sur le plan pédagogique et
de devoir fonctionner comme un simple comité de parents à qui la
direction de l'école seule suggérera les décisions
à prendre. Par ailleurs, il est fort probable que les enseignants
interprètent cette décision comme une mise à
l'écart et une dépossession par rapport à la science et
à l'acte pédagogique. Cette exclusion constitue, du point de vue
de l'association, un obstacle majeur à la réalisation du
projet
éducatif. D'autre part, nous croyons que les associations
d'enseignants devront se prononcer clairement et publiquement sur leur
volonté de participer activement au sein d'un conseil d'école et
d'un comité pédagogique. Il est évident qu'une telle
participation devra s'inscrire dans la loi ou à l'intérieur de sa
réglementation, mais exigera un engagement professionnel de ceux-ci
à collaborer sincèrement avec les autres agents de
l'éducation.
Enfin, nous sommes opposés au mode de nomination du directeur tel
que défini par l'article 77, ainsi qu'à tout contrôle que
pourrait exercer sur lui le conseil d'école, aux articles 83 et 84.
La confessionnalité. L'association se montre favorable aux
aménagements concernant la confessionnalité. Il faut admettre que
l'évolution socioreligieuse de la société
québécoise qui s'est manifestée avec vigueur au cours des
dernières décennies doit trouver sa contrepartie au niveau de
l'institution scolaire. L'école, de par sa vocation, doit respecter le
pluralisme des opinions exprimées au sein de la population. Nous
acceptons donc que soit assurée l'option enseignement religieux et
enseignement moral dans toutes les écoles publiques, que soit
laissé à la décision des populations locales le statut
confessionnel ou non de leur école et, enfin, que toutes les commissions
scolaires soient non confessionnelles.
Par contre, nos attirons l'attention du ministre sur le besoin
d'établir clairement et de façon prioritaire le rôle de
supervision des commissions scolaires qui auront à vérifier que
tout se déroulera dans l'ordre, que les choix individuels seront
respectés sans entraves, sans pressions indues, sans faux-fuyants et que
les choix collectifs seront réellement assumés
démocratiquement et ne pourront être l'effet de stratégies
démagogiques de groupes minoritaires, efficaces parce que bien
organisés et surtout politiquement soutenus. 2. Un modèle de
gestion et d'organisation. 2.1. Principe de décentralisation
administrative. Le succès de l'école qui veut atteindre les
objectifs de ce pourquoi elle existe dépend de sa capacité
à répondre adéquatement et rapidement à tout besoin
pédagogique identifié. Pour qu'elle puisse apporter des
réponses adaptées à mesure que les
nécessités se manifestent, il lui faut disposer d'une très
large autonomie au plan administratif. Il faut donc relocaliser dans
l'école le pouvoir de décision pour tout ce qui a trait à
la pédagogie courante. L'exercice de la pratique pédagogique
entraîne des tâches de gestion administrative. Ces tâches
doivent être effectuées dans une optique de service à la
pédagogie et s'y subordonner réellement. En aucun cas, les
contraintes de la gestion administrative ne doivent conditionner celles de la
pédagogie, car l'administration n'est pas une fin en soi, mais
plutôt un moyen afin d'atteindre les objectifs pédagogiques
préalablement déterminés. 2.2. La structure de
l'école...
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques, je m'excuse de
vous interrompre. Je constate que vous faites des efforts de lecture louables.
Cependant, si je regarde un peu le contenu de votre mémoire, je
m'aperçois que vous n'arriverez certainement pas à le
présenter dans les limites de temps convenues. Je veux bien comprendre
qu'on puisse excéder un peu ces limites, mais, si je fais une
légère projection, je réalise que votre
présentation prendrait environ cinquante à soixante minutes.
Est-ce que je dois comprendre que vous avez l'intention de lire
entièrement votre mémoire ou s'il y certaines parties qui seront
résumées?
M. Saint-Jacques; C'est cela. On en a enlevé de larges
parties, mais, naturellement, il y en a qu'il nous semblait essentiel de
communiquer aux membres de la commission.
Le Président (M. Blouin): Je dois comprendre que certaines
parties seront résumées, si possible.
M. Saint-Jacques: De larges parties ont été
enlevées dans l'abrégé qu'on est en train de lire.
Le Président (M. Blouin): Enfin, procédez, mais je
vous signale que cela fait déjà environ quinze minutes et dans
environ quinze minutes au maximum, je vous demanderai de conclure.
D'accord?
M. Saint-Jacques: Oui. Donc, la structure de l'école.
Déjà, la loi 71 précisait et renforçait les
responsabilités du directeur d'école. Il faut maintenant franchir
un pas de plus et inviter le directeur d'école à partager son
autorité.
Si vous voulez, on passerait immédiatement au point 2.2.1.1. la
composition du conseil d'école. Donc, nous proposons qu'il y ait un
conseil d'école et un comité d'école. Partant du principe
selon lequel la participation doit se faire à tous les niveaux, il faut
y retrouver des représentants des parents, de la pédagogie et de
la communauté locale. De façon générale, tous les
intervenants impliqués à divers titres doivent être
représentés au conseil d'école. On devrait donc y
retrouver les personnes suivantes: le directeur, des parents, des membres du
personnel pédagogique de l'école et des représentants du
milieu. Quelle que soit l'évolution dans la constitution du conseil
d'école, celui-ci devra être composé d'une majorité
de parents. Le nombre total des membres ne dépassera pas quinze.
Je saute par-dessus le rôle et la responsabilité qu'on
confiait à ce conseil qui détient quand même son
autorité de la commission scolaire.
On proposait à 2.2.2. le comité pédagogique. Le
projet de loi 40 prévoit l'existence de trois comités
consultatifs dans l'école. Toutefois, les parents, le personnel
pédagogique, les élèves demeurent libres de former ou pas
de tels comités. Dans notre modèle, le comité
pédagogique est une structure indispensable au bon fonctionnement de
l'école. Grâce à une délégation de pouvoirs
du conseil d'école, ce comité gère les affaires
pédagogiques courantes.
La composition de ce comité. La nature des tâches
effectuées par le comité pédagoqique réclame qu'une
majorité de ses membres soient recrutés parmi le personnel
pédagogique de l'école. Ce comité regroupera les personnes
suivantes: le directeur de l'école qui agira comme président, les
représentants du personnel enseignant de l'école et des
représentants des parents. Encore là, nous présentions
dans notre mémoire une série de responsabilités qu'on
pouvait confier au comité pédagogique dont la
délégation était faite par le conseil d'école.
2.2.2.5. Le bénévolat. L'école communautaire accorde une
place importante à l'action bénévole. Celle-ci constitue
autant un apport de ressources pour les élèves qu'un moyen de
valorisation des personnes qui s'impliquent dans des tâches à
caractère éducatif. Le personnel bénévole dans
l'école relèvera d'une personne désignée par le
comité pédagogique. Celle-ci coordonnera les demandes d'aide du
personnel et s'assurera du bon fonctionnement de cette ressource.
Le chapitre III porte sur la commission scolaire. Réactions au
chapitre IV du projet de loi 40. Le regroupement des commissions scolaires sur
une base linguistique. L'association endosse entièrement l'article 133
qui envisage le regroupement des commissions scolaires sur une base
linguistique. Je saute les explications.
L'intégration des niveaux primaire et secondaire à
l'intérieur des commissions scolaires. L'association souhaite que cette
restructuration réalise l'intégration effective des niveaux
primaire et secondaire à l'intérieur de chaque nouvelle
commission scolaire tel qu'il était proposé dans le livre
blanc.
Les pouvoirs et responsabilités de la commission scolaire.
L'examen attentif des différents articles du chapitre IV fait ressortir
la nature des pouvoirs et responsabilités des commissions scolaires. On
est alors forcé de constater que celles-ci ont surtout des
responsabilités et que leur exercice s'effectue dans le champ de
l'administration. Il est à craindre dans ces conditions qu'on trouve peu
de volontaires pour étoffer les divers comités que le projet de
loi 40 souhaite voir se mettre sur pied. (21 h 30)
Le dépouillement des pouvoirs pédagogiques des commissions
scolaires amorcé avec les régimes pédagogiques se poursuit
avec le projet de loi 40. Il ne reste, à toutes fins utiles, aux
commissions scolaires qu'un rôle administratif. Celui-ci pourrait, par la
suite, être facilement assumé par les écoles et les
directions régionales du ministère de l'Éducation. Alors,
les commissions scolaires disparaîtraient n'ayant plus d'utilité.
L'absence de structures intermédiaires aurait certainement un effet
défavorable sur l'innovation pédagogique, ainsi que sur les
réponses à apporter à des besoins particuliers.
Un modèle de gestion. La structure qu'on propose. La commission
scolaire est une instance administrative qui regroupe un certain nombre
d'écoles primaires, secondaires, spéciales et
spécialisées, selon le cas. Cet ensemble sera ainsi
dénommé le bassin scolaire de services de la commission scolaire.
Pour administrer ce bassin, la commission scolaire aura un conseil
d'administration et un comité exécutif.
La composition du conseil d'administration, à 2.1.1.1. Partant du
principe selon lequel la participation doit se faire à tous les niveaux
et bien y représenter les écoles, nous retrouvons donc une
composition pluridimensionnelle. Cet équilibre visé devrait
permettre de retrouver le directeur général nommé
d'office, mais sans droit de vote, des commissaires élus au suffrage
universel et des parents élus à partir des conseils
d'école.
Dans un premier temps, une majorité de commissaires seront
élus au suffrage universel. De leur côté, les conseils
d'école réunis en sous-bassins éliront leur
représentant.
Le conseil d'administration ainsi composé du directeur
général, des commissaires élus au suffrage universel et
des représentants des parents pourra par la suite augmenter le nombre de
ses membres en invitant différents syndicats et associations de
personnel de la commission scolaire à y déléguer un ou des
représentants. Il pourra également y inviter un ou des
représentants des groupes socio-économiques du milieu.
Nonobstant ce qui précède, les commissaires élus au
suffrage universel devront être majoritaires au conseil d'administration
qui ne dépassera pas 25 membres.
Le conseil d'administration peut mettre sur pied le nombre de
comités dont il a besoin, mais le comité exécutif doit
être constitué d'un président, d'un vice-président,
de cinq commissaires dont deux obligatoirement doivent être élus
par les
parents nommés à partir des conseil d'école.
Le ministère de l'Éducation, chapitre IV. La
création du ministère de l'Éducation en 1964 s'est faite
au nom de la démocratisation et de l'accessibilité à
l'école pour tous. À quelques nuances près, nous devons
reconnaître un net progrès dans l'atteinte de ces objectifs.
L'École québécoise et le nouveau projet de loi 40 exigent
qu'on se préoccupe maintenant de l'amélioration de l'acte
éducatif et qu'on rende l'école plus intégrée dans
sa communauté. Comme nous l'avons dit précédemment, ce
nouveau vouloir ne peut se concrétiser que dans le respect de
l'autonomie de l'école et de la commission scolaire. Cette façon
de voir nous oblige à prévoir aussi des réajustements du
pouvoir central.
Fondamentalement, au plan pédagogique, le ministère de
l'Éducation devrait continuer de définir les programmes. En ce
qui concerne les autres aspects pédagogiques, tels les régimes
pédagogiques, les manuels scolaires, le matériel didactique,
l'enseignement aux élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, l'enseignement aux élèves en milieu
économiquement désavantagé et pour le secteur
professionnel, le ministère de l'Éducation devrait se limiter
à donner les grandes orientations. Nous invitons le ministère de
l'Éducation à faire confiance à sa restructuration et
à pourvoir les commissions scolaires du personnel et des ressources pour
qu'elles puissent assumer les rôles d'animation directe, d'animation
pédagogique, de soutien aux écoles et d'encadrement
pédagogique.
Nous passons à quelques aspects particuliers reliés au
projet de réforme du ministre de l'Éducation, au chapitre V. La
commission de mise en oeuvre. On est étonné par l'étendue
des pouvoirs que le ministre accorde à la commission de mise en oeuvre,
ainsi qu'aux comités de mise en oeuvre. Cette commission est nantie de
pouvoirs quasi discrétionnaires et l'entrée en jeu des
comités équivaut, à toutes fins utiles, à une sorte
de mise en tutelle des commissions scolaires et des écoles, tout au
moins au début de leur nouvelle existence. Par ailleurs, les
décisions ainsi prises pourront avoir des effets à long terme,
obligeant les instances à assumer des décisions qu'elles n'ont
pas prises. Un exemple parmi d'autres est l'engagement du directeur
général de la nouvelle commission scolaire. On imagine que le
ministre de l'Éducation a cru bon de créer des instances
temporaires pour assurer la mise en opération de la nouvelle structure
scolaire avec un maximum de célérité. D'un autre
côté, on voit mal que les personnes à qui on
reconnaît la compétence ne puissent pas elles-mêmes
directement prendre des décisions que, de toute façon, elles sont
appelées à assumer par la suite. L'association aurait
préféré que la commission de mise en oeuvre agisse
à titre conseil et fournisse l'aide demandée pour établir
et faire fonctionner les nouvelles structures.
Le point 3, la taille des commissions scolaires. L'argumentation
développée dans le livre blanc concernant la réduction du
nombre des commissions scolaires est endossée par l'association.
Cependant, le fractionnement de certaines grosses commissions scolaires au nom
du principe de la participation mérite un examen plus attentif. Pour les
centres urbains, il y a lieu de considérer d'autres principes que ceux
qui découlent des économies d'échelle. Nous reprenons ici
la comparaison avec la réforme municipale. On n'a pas assisté, au
plan municipal, à un découpage des centres urbains, bien au
contraire. Ainsi, sur l'île de Montréal, le gouvernement a
créé la Communauté urbaine de Montréal et a
également accepté la décision encore récente prise
par la ville de Montréal d'annexer la ville de Pointe-aux-Trembles. Sans
doute les exigences de planification et d'intégration des services
justifient de tels regroupements.
Au niveau scolaire, on retrouve des arguments semblables. Les
régions urbaines présentent des caractéristiques de
population que l'on ne retrouve pas avec la même intensité dans
les régions rurales ou semi-rurales et, notamment, la mobilité de
la population, la concentration d'immigrés, la formation de zones de
pauvreté. Au plan scolaire, on assiste à la manifestation de
certains phénomènes, tels l'usage des drogues, la violence,
l'abandon scolaire. Les caractéristiques et l'expression de ces
phénomènes doivent être étudiées de
façon globale afin d'y apporter des solutions satisfaisantes. Ainsi, il
faut que continue d'exister une organisation scolaire à la mesure des
besoins d'une métropole.
Par ailleurs, il n'existe plus au Québec de commissions scolaires
atteintes d'un gigantisme manifeste. L'époque où la Commission
des écoles catholiques de Montréal avait 235 000
élèves ne reviendra probablement plus. L'application de la loi 40
ramènerait la population étudiante de la Commission des
écoles catholiques de Montréal à environ 80 000
élèves francophones. Les divisions régionales et
sous-régionales qu'elle s'est données satisfont à la fois
les besoins de participation locale, tout en ménageant des services
centralisés qui ne pourraient être offerts autrement et qui
garantissent que toute la population est servie avec équité.
Au plan humain, l'éclatement des grosses structures
entraînerait la libération d'une charge émotive
considérable à un moment critique de la mise en place des
changements prévus par la loi. Il va sans
dire qu'un tel déplacement de l'investissement pourrait retarder
ou même compromettre le succès de la réforme. Il est
superflu d'évoquer ici la condition de saturation déjà
atteinte dans les écoles par l'implantation des nouveaux programmes,
l'application des nouveaux régimes pédagogiques, la mise sur pied
du projet éducatif.
Après avoir étudié sérieusement le projet de
loi 40 et avoir essayé de saisir les principes qui le sous-tendent, nous
ne saisissons pas les raisons d'ordre pédagogique qui pourraient motiver
un démantèlement de ces commissions scolaires et, en particulier,
car nous y vivons et travaillons, de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Nous demandons donc de façon pressante
au ministre de l'Éducation de maintenir le territoire de la Commission
des écoles catholiques de Montréal tel que nous la connaissons
actuellement.
Respect des conditions de travail actuelles des cadres. L'Association
des cadres de la Commission des écoles catholiques de Montréal
tient à affirmer, avec le livre blanc du ministère de
l'Éducation, L'école communautaire et responsable, "qu'il faut
d'abord s'assurer que la restructuration ne soit pas la cause, pour ainsi
dire aveugle, de la perte des droits des divers personnels". Aussi, le ministre
de l'Éducation, lors d'une rencontre avec les membres de notre
association, le 25 octobre 1982, déclarait ce qui suit: "La
restructuration ne saurait être une raison pour une atteinte à la
sécurité d'emploi que connaissent actuellement les cadres." Le
ministre d'affirmer aussi: "Dans nos premiers échanges avec les
syndicats, nous avons dit que ce ne serait pas nouveau (les changements de
territoires et d'unités d'accréditation), nous avons
déjà procédé en 1971 à un tel
réaménagement. Les principes qui nous avaient guidés alors
seront de nouveau appliqués. Même d'une façon plus
généreuse puisque nous prévoyons une comparaison des
diverses conventions collectives et nous entendons retenir celles qui
favorisent davantage les syndiqués. En ce qui concerne les cadres, il
est entendu que toutes les discussions auront lieu au comité qui est
prévu à cette fin."
Forts de ces déclarations, nous réclamons du
ministère de l'Éducation le respect intégral et de
façon permanente des conditions de travail de nos membres. Le ministre
comprendra la volonté ferme et la détermination des membres de
l'association à faire toutes les représentations pour obtenir le
respect de leurs droits acquis. Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M.
Saint-Jacques, de votre collaboration. Je peux vous assurer, de toute
façon, que les membres ont pu prendre connaissance de l'ensemble de
votre mémoire. D'ailleurs, vous pourrez le constater par la teneur des
questions qu'ils vont vous poser. M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, les cadres scolaires de
Montréal, de par les fonctions qu'ils occupent et de par leur nombre,
constituent des partenaires importants du système éducatif
québécois. Je sais qu'ils ont consacré à la
préparation et à la rédaction de ce long mémoire de
68 pages beaucoup de temps et d'attention. Je les en remercie et je les
félicite d'autant plus que non seulement ce mémoire est
très long, mais qu'ils fourmille de remarques toutes plus
intéressantes les unes que les autres et très originales que nous
ne retrouvons pas dans d'autres mémoires. Je peux donc assurer
l'association des cadres qu'au-delà des questions que nous lui poserons
ce soir nous avons déjà accordé et accorderons une
extrême importance à chacune des propositions qu'elle nous
fait.
L'association des cadres prend résolument parti dès le
début pour la création d'une école responsable et
communautaire, ce dont je me réjouis, évidemment. Mais, comme l'a
fait déjà la Fédération des comités de
parents, elle prend la peine d'analyser longuement la signification de cette
école responsable et communautaire. Elle parle des
éléments de la conception de cette école, elle parle des
objectifs, elle parle des moyens. Je pense que c'est là une analyse
extrêmement pertinente et inspirante. Par exemple, dans les
éléments de sa conception, elle cite la symbiose avec le milieu,
avec l'environnement, la complémentarité avec les autres
ressources éducatives, le contexte social de participation, la
primauté des préoccupations éducatives, etc.
Parmi les objectifs, il y en a un qui me plaît beaucoup, c'est
celui du développement optimal de l'enfant, de l'éducation
à l'autonomie de l'enfant et du développement de l'enfant qui
doit devenir un être social, qui prend toutes ses responsabilités
de citoyen. Je me suis intéressé aussi particulièrement
à ce que vous décrivez comme moyens nécessaires pour
atteindre ces objectifs. Vous expliquez longuement vos solutions, tout en
disant au départ qu'il est besoin de procéder à des
changements malgré tous ceux que nous avons déjà connus.
Vous voulez que l'école ait vraiment tous les moyens de devenir de plus
en plus responsable de l'organisation de stratégies éducatives de
première ligne. C'est une belle expression que je voulais noter au
passage.
Vous voulez également rendre possible pour tous les agents de
l'éducation une participation à la définition même
de l'acte pédagogique et à l'action concrète dans
l'école au sein d'un projet éducatif que l'école
doit définir. Vous parlez aussi - je comprends qu'à
Montréal c'est un problème urgent et aigu - beaucoup de
l'enracinement de l'école dans le milieu, mais particulièrement
dans les milieux défavorisés, désavantagés, afin
que nous puissions rendre justice davantage à ces
élèves.
En ce qui concerne la commission scolaire, vous lui assignez comme
fonctions principales - je pense que c'est facile d'être d'accord avec
vous - le contrôle de l'efficacité de l'école, le partage
des ressources, la mise en place de services communs, le support
pédagogique et l'éducation spécialisée. Je pense
que c'est là un bon résumé de votre position que j'ai
trouvée originale pour ma part et que je me promets de relire.
Ensuite, vous parlez de l'école. Évidemment, comme vous
l'avez dit, vous voudriez que le projet implique davantage les enseignants - ce
avec quoi je suis d'accord -et surtout qu'il voie les enseignants non pas comme
des employés, mais comme de véritables collaborateurs ou encore,
en d'autres termes, comme de véritables professionnels. En passant, vous
dites que vous êtes favorables aux nouveaux aménagements de la
confessionnalité que contient le projet de loi. (21 h 45)
Par la suite, vous vous attardez au modèle de gestion et
d'organisation de l'école, tout en répétant à ce
propos que vous voulez accorder une très large autonomie à
l'école sur le plan administratif. Vous avez cette belle phrase, qu'il
faut relocaliser dans l'école le pouvoir de décision pour tout ce
qui a trait à la pédagogie courante. Quant aux modes
d'organisation, plutôt aux mécanismes et aux contenants, vous
reprenez à votre compte les contenants que nous suggérons dans le
projet de loi, c'est-à-dire le conseil d'école et, ensuite, le
comité pédagogique. Vous allez même jusqu'à
préciser les responsabilités de chacun, les dix
responsabilités du conseil d'école et les huit
responsabilités du comité pédagogique. Je pense que c'est
là très bien situer les champs d'action respectifs du conseil
d'école et du comité pédagogique. Il y a, cependant, une
façon de les articuler différente de celle du projet de loi 40;
j'y reviendrai un peu plus tard.
Par la suite, au sujet de la commission scolaire, en plus de ce que je
viens de dire, vous endossez aussi le regroupement linguistique des commissions
scolaires, ainsi que l'intégration des deux ordres d'enseignement,
primaire et secondaire, de même que vous préconisez une
composition mixte du conseil d'administration de la commission scolaire,
c'est-à-dire des commissaires en partie élus au suffrage
universel et en partie nommés par les conseils d'école, mais
aussi en partie par les syndicats ou autres agents communautaires. C'est
là une formule originale, nouvelle, qui mérite notre
attention.
Ensuite, vous avez certains mots sur la situation de la Commission des
écoles catholiques de Montréal qui pose un problème
particulier. Je suis d'accord avec vous qu'on doive peut-être avoir des
barèmes un peu différents pour les commissions scolaires rurales
et pour les commissions scolaires urbaines. Il faut faire la part des choses et
reconnaître, en vertu de ce que vous avez dit, que les commissions
scolaires en région fortement urbanisée et connaissant des
conditions particulières comme Montréal doivent peut-être
avoir des bassins de clientèle plus nombreux qu'ailleurs, sans
peut-être aller jusqu'à une disparité trop grande entre les
clientèles des diverses commissions scolaires qui sont sur l'île.
On pourra peut-être s'étendre davantage là-dessus.
Vous finissez - je m'y attendais - sur la nécessité qu'il
y a de respecter les conditions de travail des cadres de la CECM. À cet
égard, je suis très heureux de répéter les
engagements que je prenais lorsque je vous ai rencontrés. Il est certain
que cette restructuration ne se fera pas aux dépens du personnel
actuellement en fonction dans les commissions scolaires. Comme vous le savez
peut-être, le ministère a déjà rencontré
jusqu'ici plusieurs associations de cadres et de hors-cadres pour leur faire
part des projets, des orientations relatives aux normes et aux modalités
de transfert et d'intégration. Je sais d'ailleurs que nous devons vous
rencontrer très bientôt à ce sujet.
Les principes qui guident ces orientations sont peut-être plus
explicites que ceux dont on vous faisait mention le 25 octobre, mais ils vont
dans le même sens, c'est-à-dire que nous avons l'intention
d'instaurer un moratoire sur les effectifs pour l'année 1985-1986 et un
moratoire qui s'exercerait par groupes, c'est-à-dire les hors-cadres,
les directeurs d'école, les cadres et les gérants. Nous avons
bien l'intention aussi de maintenir les conditions de travail
déjà prévues dans la réglementation et nous
entendons consulter les associations sur les règles de transfert et
d'intégration. Je suis assuré que les rencontres à venir
nous permettront de trouver des solutions adéquates aux problèmes
particuliers de vos membres.
Je me contenterai de vous poser une seule question. D'un
côté, vous êtes d'accord pour une école responsable
et communautaire; vous êtes d'accord pour que l'école soit
autonome, définisse son projet éducatif, mais vous voudriez que
ce soit sous l'autorité de la commission scolaire. Je me demande alors
ceci: Si cela doit être fait
par autorité ou délégation de la part de la
commission scolaire, est-ce que quelqu'un devra donner des directives aux
commissions scolaires pour que ces dix responsabilités que vous avez
définies pour le conseil d'école ou ces huit
responsabilités que vous avez définies pour la commission
pédagogique existent vraiment, soient connues, puissent être
communiquées et surtout puissent être mises en oeuvre dans chacune
des écoles du Québec? Selon la réponse que vous me
donnerez à cette question, peut-être que vous pourrez en prendre
une autre, additionnelle. Est-ce que vous suggéreriez alors que le
projet de loi contienne des articles qui obligent les commissions scolaires
à inclure les responsabilités et pouvoirs propres au conseil
d'école et au comité pédagogique?
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: Si je comprends bien votre question, vous me
demandez comment il se fait, si on veut une école qui puisse être
autonome et responsable, qu'on demande aussi que ces pouvoirs de l'école
et ces responsabilités lui soient délégués par la
commission scolaire; c'était la première partie de votre
question. Alors, oui, nous croyons qu'il faut une décentralisation vers
l'école et permettre à l'école de jouer réellement
de plus en plus ce rôle face à sa communauté locale. Mais
nous croyons aussi, lorsque nous confions des mandats et des
responsabilités à un organisme quelconque, qu'il doit y avoir
possibilité de rendre compte à une autorité
supérieure des façons dont nous avons respecté les mandats
qui nous étaient confiés, ce que nous n'avons pas saisi à
l'intérieur du projet de loi 40. Je pense qu'on vous rejoignait sur
L'école communautaire et responsable, mais on ne saisit pas à qui
l'école peut rendre compte de son administration de la chose scolaire.
Donc, nous croyons qu'il est nécessaire que la commission scolaire
puisse avoir autorité sur ses écoles et qu'elle puisse exiger que
les écoles rendent compte de leur administration pédagogique.
Je crois que la deuxième partie de votre question,
c'était: Si, dans le projet de loi, il y avait déjà
certaines responsabilités, serions-nous opposés à ce que
la commission scolaire donne à ses écoles un certain nombre de
responsabilités énumérées? Est-ce que c'est bien
ça?
M. Laurin: Une garantie que la commission scolaire confiera aux
écoles, au conseil d'école et au comité pédagogique
les responsabilités que vous souhaitez voir assumer par l'école,
par le conseil d'école et par le comité pédagogique.
M. Saint-Jacques: Si vous le remarquez, dans notre
mémoire, nous avons fait appel déjà à la loi 71 et
à plusieurs responsabilités qui y étaient
déjà formulées. Je pense, sans qu'on ait discuté de
cette question en assemblée générale, que je peux
répondre que nous serions favorables à ce qu'il puisse y avoir,
comme on l'a fait pour la loi 71, une certaine énumération de
responsabilités fondamentales qui puissent être confiées
à l'école.
M. Laurin: Cela reviendrait, en somme, à ce que le projet
de loi contienne des dispositions qui assurent à l'école, ainsi
qu'à ses diverses instances les responsabilités et pouvoirs
nécessaires pour qu'elle assume sa signification pleine et
entière d'école responsable et communautaire.
M. Saint-Jacques: C'est ça, mais cela n'enlève rien
aux commissions scolaires comme responsabilités sur le plan
pédagogique plus larges vis-à-vis de la communauté, car,
comme vous l'avez souligné vous-même, dans notre mémoire,
nous parlons aussi de cette pédagogie quotidienne de première
ligne. Il reste qu'il peut y avoir des orientations, qu'il peut y avoir des
adaptations.
M. Laurin: Donc, si je comprends bien, ce ne serait pas une
délégation de la part de la commission scolaire qui constituerait
une sorte de blanc-seing, une délégation que la commission
scolaire ferait au moment opportun, comme on nous le disait ce matin, en temps
et lieu et dans des termes qui ne seraient pas formulés dans le projet
de loi, mais qui seraient déterminés de temps à autre par
la commission scolaire. Ce serait une énumération de
responsabilités, de pouvoirs très définis, très
précis que la commission scolaire s'engage à
déléguer à l'école aux fins, comme vous le disiez,
de contrôle, d'imputabilité ou de reddition de comptes.
M. Saint-Jacques: Oui, mais, M. le Président, si vous le
permettez, il y a un point qui revient dans notre mémoire. Nous pensons
quand même qu'il y a toute une question de temps aussi. Il faut
fonctionner avec l'évolution d'un milieu. Naturellement, je comprends
que, dans le projet de loi, on donne un an, je pense, pour l'application des
différents articles, mais il y a aussi un article qui permet au ministre
d'étendre, à ce moment-là, le temps. Je ne peux pas vous
dire actuellement le temps exact que cela peut prendre pour transformer ainsi
l'école pour qu'elle devienne encore plus responsable et plus
axée sur son milieu, mais je pense qu'il faut permettre au milieu de
prendre le temps de vivre cette réforme.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, M. le
ministre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je me contenterai, pour
l'instant, de saluer l'Association des cadres de la Commission des
écoles catholiques de Montréal et de la remercier de la
présentation qu'elle nous a faite. Je vais demander à ma
collègue de L'Acadie, Mme Lavoie-Roux, qui est l'ancienne
présidente de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, de commencer la période d'échange avec vous.
Peut-être que j'aurai tantôt une couple de remarques à vous
adresser.
Je voudrais simplement me contenter, cependant, d'une observation
générale. J'écoutais la réaction du ministre et je
voudrais lui dire que, s'il est prêt à prendre une partie de vos
propositions, il faudrait qu'il pense à l'autre partie également,
parce que c'est un tout qui se tient. Il ne serait pas justifié de
prendre seulement votre acquiescement à l'insertion de pouvoirs pour le
conseil d'école, par exemple, dans la loi s'il n'accepte pas
également les clauses qui visent à assurer le rattachement
organique de l'école à la commission scolaire. Je pense, M. le
ministre, que ce sont des choses qui se tiennent ensemble si vous voulez avoir
un projet qui soit sérieux. Ce que ces gens sont venus nous dire, c'est
un volet, mais il y a l'autre volet, les deux ensemble faisant un tout
organique.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
saluer d'une façon toute particulière M. Saint-Jacques, M.
Langevin et M. Gazze. Cela nous ramène à plusieurs années
en arrière où, dans une salle un peu plus petite, on
échangeait sur un grand nombre de problèmes qui, soit dit en
passant - je pense que vous serez peut-être d'accord - n'étaient
pas strictement d'ordre administratif, mais souvent d'ordre pédagogique
et peut-être, le plus souvent, d'ordre pédagogique. Ceci
étant dit, je veux vous remercier pour votre mémoire qui, je
pense, continue de démontrer les préoccupations
profondément éducatives que les cadres de la CECM ont toujours
eues, même ceux qui étaient rattachés à
l'équipement. Je pense à M. Gazze; quand il planifiait ses
écoles, tout l'aspect pédagogique à l'intérieur du
cadre physique des écoles était important et il était bien
sensibilisé aux dimensions de la formation de l'enfant.
Je voudrais vous faire préciser si ce que j'ai cru déceler
dans le modèle que vous proposiez à deux paliers - ce n'est
peut-être pas "deux paliers", le terme que vous utilisez; oui, je pense
que c'est cela, deux paliers, un qui soit le conseil d'école et un qui
soit le comité pédagogique - au fond, n'est pas un modèle
qui se rapproche beaucoup - et c'est peut-être dans ce sens
qu'était la question du ministre - du conseil d'orientation, finalement.
Il s'appelle le conseil d'école à ce moment-là
plutôt que de s'appeler le conseil d'orientation et même la
nomination ou l'élection se fait selon les modalités
déjà prévues pour le conseil d'orientation. Est-ce que je
me trompe ou si c'est ce que vous aviez à l'esprit, sauf que vous lui
donnez peut-être plus de responsabilités pédagogiques? Dans
ce sens, le rôle des parents du conseil d'école se rapprocherait
dans une large mesure de celui que les commissaires d'écoles actuels
jouent à l'égard des questions pédagogiques quand, par
exemple, les responsables de la pédagogie à l'intérieur de
la commission font des recommandations d'ordre pédagogique de telle ou
telle nature et que les commissaires les endossent ou demandent des
modifications. Est-ce un peu ce modèle que vous transférez au
niveau de l'école, mais en partant comme organisation de ce qui est
prévu pour le conseil d'orientation?
M. Saint-Jacques: M. le Président, oui, je pense, comme on
le disait tout à l'heure, que nous nous sommes beaucoup inspirés
du conseil d'orientation comme formule, sauf que - je pense qu'il est connu que
les conseils d'orientation ont fonctionné plus ou moins bien à
l'intérieur des écoles - nous croyons qu'il faut donner des
responsabilités et des pouvoirs réels de décision au
conseil d'école. (22 heures)
Maintenant, ce qui nous rend un peu difficile la lecture du projet de
loi, c'est qu'on n'y voit pas, de façon claire... On dit naturellement
que des enseignants pourraient être présents au conseil
d'école. On dit un ou plusieurs, mais il n'y a pas d'obligation que les
enseignants soient là. C'est s'ils le veulent bien. Et on comprend
à ce moment-là que les parents peuvent être très
majoritaires à ce conseil. D'un autre côté, on parle d'une
école responsable et communautaire et il n'y a pas d'autre agent de la
communauté présent au conseil d'école. Nous, on propose un
conseil d'école où il y aura des parents en majorité, mais
naturellement, lorsqu'on parle de quinze personnes au maximum à un
conseil d'école, on ne suppose pas quatorze parents et un enseignant. On
suppose que les parents peuvent être majoritaires, mais qu'il y ait un
nombre assez important d'enseignants. Une fois que ce premier noyau sera en
place, à ce moment-là, il pourra offrir à la
communauté, par les groupes socio-économiques du milieu,
d'être présente aussi dans l'école au sein du conseil
d'école et de
voir à ce qu'il ait réellement des possibilités de
prendre des décisions face à la pédagogie de
l'école...
Mme Lavoie-Roux: Dans les pouvoirs... Oui, continuez, M.
Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: ...mais ce sera nécessairement
associé à un comité pédagogique où nous
croyons que les enseignants et le personnel de l'école seront
majoritaires avec des parents et qui - on a défini une série de
responsabilités de ce comité pédagogique - pourra proposer
au conseil d'école des orientations, des façons de faire,
apporter une expertise professionnelle à l'école pour aider le
conseil d'école à prendre les bonnes décisions face
à la communauté.
Mme Lavoie-Roux: En passant - c'est une petite parenthèse
- vous suggérez que ces membres de la communauté qui seraient
appelés à siéger au conseil d'école seraient
choisis par la commission scolaire sur recommandation de l'école. Je me
suis demandé pourquoi vous faites intervenir la commission scolaire. Ce
n'est pas exact?
M. Saint-Jacques: On a eu un premier projet, je crois...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Saint-Jacques: Je ne voudrais pas me tromper, mais on a eu un
premier projet qui n'était pas le projet officiel de notre association.
Nous sommes allés en assemblée générale. Il y a eu
des corrections apportées à ce premier projet et il y a
maintenant une nouvelle version qui est la version officielle. Je ne crois plus
qu'on ait à l'intérieur de cette version ce que vous venez de
dire,
Mme Lavoie-Roux: Non? M. Saint-Jacques: Non.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, il me semblait bien que... À moins
qu'on n'ait une vieille version, nous. Oui, M. Langevin?
M. Langevin (André): M. le Président, non,
effectivement, les membres, que ce soit à l'échelon de
l'école ou à l'échelon de la commission scolaire... Le
modèle que vous avez devant vous, c'est un modèle, au fond -ce
n'est pas explicite - à géométrie variable,
c'est-à-dire qu'au fur et à mesure que les gens sont capables
d'inclure des gens de la communauté ils les choisissent et ce sont eux
les gens qu'on définit comme membres du comité d'école, ou
comme conseil des commissaires nouveaux qui choisissent d'inclure des gens au
fur et à mesure qu'ils le désirent, que ce soit des
représentants de grandes compagnies, que ce soit des
représentants des caisses populaires...
Mme Lavoie-Roux: Oui, en tout cas, je l'ai lu dans votre
mémoire, ou j'ai lu... Pardon?
M. Gazze (Katif): Oui, oui. À la page 25, vous avez
raison, madame.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je ne l'avais pas inventé.
M. Gazze: Les représentants de la communauté sont
nommés par la commission scolaire à la suite d'une recommandation
du conseil d'école.
M. Saint-Jacques: À la suite d'une recommandation du
conseil d'école.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils sont nommés par la
commission scolaire. Je ne vois pas la nécessité que ce soit
d'une certaine façon sanctionné par la commission scolaire. Mais
c'est un détail. Il ne faut peut-être pas...
M. Gazze: C'est un sujet discutable, mais nous avons pensé
que, le conseil d'école recommandant la nomination d'une
personnalité, la commission scolaire, normalement, devrait accepter,
à moins d'avoir une objection grave. C'est quand même la
commission scolaire qui est responsable de ses écoles.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Gazze: Et ce n'est pas une élection; c'est une
nomination.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Maintenant, au comité
pédagogique, vous prévoyez aussi que des parents puissent
siéger?
M. Saint-Jacques: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est nouveau, je pense, par rapport au
comité pédagogique d'enseignants qui est prévu par le
projet du ministre. Quel est votre objectif? Est-ce la communication, ou dans
quelle proportion les parents devraient-ils y être, parce que ce n'est
pas précisé dans votre projet?
M. Saint-Jacques: Là encore, comme je le disais tout
à l'heure, nous croyons qu'il devrait y avoir une majorité
d'enseignants avec un certain nombre de parents. Maintenant, on n'est pas
allé jusqu'au point de définir très exactement le nombre
de personnnes. Est-ce que cela devrait être décidé à
l'intérieur de la loi comme telle? On a laissé aux gens, si
l'idée peut être
acceptée par le ministre de l'Éducation, le soin de
définir un peu ces nombres-là. Nous croyons que la participation
des parents à l'intérieur d'un conseil d'administration
était déjà une chose, mais à l'intérieur des
activités régulières quotidiennes de l'école, nous
pensons aussi que les parents ont leur place et peuvent, à ce moment,
s'établir, comme on disait dans notre mémoire, en collaboration
avec les professionnels que sont les enseignants.
Naturellement pourra se poser la question de l'éthique
professionnelle, et on nous a interrogés sur cela. Nous croyons qu'il y
a possibilité de définir un certain code d'éthique parce
que c'est entendu, à ce moment-là, qu'il y a des études,
par exemple, d'enfants qui peuvent être en difficulté
d'apprentissage, ce qui demande un certain respect des renseignements
confidentiels qu'on reçoit. Mais je pense que ce n'est pas une raison
pour éviter la participation des parents à un tel
comité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander
à M. Langevin s'il peut nous dire ceci: Est-ce que les pouvoirs que vous
prévoyez dans votre modèle, lesquels seraient dans la loi,
iraient beaucoup plus loin que ceux qui, au plan de l'organisation et de la
pédagogie de l'école, même de la gestion de l'école,
sont présentement accordés à une école telle que -
et je sais qu'elle vous est très familière -
l'école-atelier, par exemple, sauf qu'ils sont inscrits dans la loi et
qu'ils n'y étaient pas à ce moment?
M. Langevin: M. le Président, pour répondre
à la question de Mme la députée, je dois dire que,
même dans le cadre de la loi actuelle, l'école-atelier vit mal. Je
ne sais pas comment elle pourrait bien vivre dans le cadre de la loi 40, car ce
qu'on en perçoit, c'est une loi énormément normalisante,
même si l'on dit qu'on accorde beaucoup de pouvoirs locaux. Les pouvoirs
locaux que nous avons décrits dans notre rapport sont les pouvoirs que
possèdent dans la loi actuelle les commissions scolaires. Je pourrais
parler longuement du très mince pouvoir que possèdent
actuellement les commissions scolaires sur le plan pédagogique,
actuellement et non pas avec la loi 40. On ne fait que repousser cela à
l'école. On le fait, nous, consciemment, dans notre mémoire. Ce
qui est résiduel actuellement aux commissions scolaires, on le pousse
à l'école, mais les pouvoirs du ministère sont
énormes. Dans notre mémoire, on a un long chapitre sur les
pouvoirs du ministère. Pour répondre très
spécifiquement à votre question: Est-ce qu'ils en auraient plus
qu'ils en ont actuellement? je ne le crois pas. Présentement, par
exemple, puisque vous parlez spécifiquement de cette
école-là...
Mme Lavoie-Roux: Parce que c'est un projet d'école...
M. Langevin: Très particulier, oui, c'est une école
"alternative" dans le système. Les gens choisissent leurs livres, ils
choisissent le type de discipline qu'ils veulent à l'école, ils
choisissent leur horaire, ils choisissent leur "bossing". Ils choisissent tout
cela présentement, dans le cadre de la loi actuelle.
Mme Lavoie-Roux: On permettrait de l'étendre à
toutes les écoles. Est-ce souhaitable que toutes les écoles
fonctionnent selon cette formule-là?
M. Langevin: M. le Président, tantôt c'est
l'expression que j'ai utilisée de la géométrie
variable.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Langevin: Ce milieu très particulier de
l'école-atelier, ce sont les parents qui ont choisi la participation et
l'individualisation de l'enseignement, la pédagogie ouverte. Ils l'ont
choisi pour cela. C'est un choix. Mais on ne peut pas, je pense, imposer
à tous les parents demain matin de participer. La participation, cela ne
s'impose pas. Il y a d'ailleurs une disposition dans le projet de loi 40 qui
permet de faire en sorte que les gens pourraient même dire - c'est ce que
nous avons énuméré dans les pouvoirs qu'on veut
transmettre aux parents - Pour un certain temps, on refuse de les exercer, on
les laisse à la commission scolaire. Ce n'est pas spécifique dans
notre rapport, mais, dans notre esprit, quand on en a discuté, cela
allait jusque-là.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous dites, dans le fond - c'est vrai
qu'il y a une disposition à l'article 216 - dans votre esprit, est-ce
que le temporaire qui est dans la rédaction de cet article, à
savoir que pour une période temporaire, la commission scolaire pourrait
continuer d'exercer... Selon votre expérience - vous étiez dans
la région 5, au moment où vous étiez en charge de la
pédagogie dans cette région qui était peut-être la
plus grosse de la CECM - pensez-vous que ce temporaire, pour un certain nombre
d'écoles, pourrait être assez long? Si on veut être
réaliste... Peut-être que le temporaire sera défini par
règlement, je n'en ai aucune idée; pour le moment, c'est
temporaire. Dans la pratique, dans la réalité, est-ce que, pour
certaines écoles dans la région 5 ou ailleurs, cela pourrait
être un temporaire qui se prolonge assez longtemps?
M. Langevin: M. le Président, à cette
question, je répondrai que cela peut être aussi temporaire
que la démocratie. La démocratie est toujours à faire et
à refaire. C'est certain qu'il faudrait un certain temps pour impliquer
les gens de façon profonde, mais on ne doit pas refuser pour cela.
Même pour nous, vous avez peut-être senti qu'on peut y aller avec
une certaine insistance dans notre mémoire; c'est-à-dire qu'il y
a le jeu de ce que les Américains appellent le "push and pull". Il faut
pousser et il faut tirer de temps en temps. Donc, on est prêt à y
aller un peu.
Mme Lavoie-Roux: II va falloir que je me dépêche, il
paraît qu'il me reste seulement cinq minutes. Mon truc, c'est de poser
quatre questions en même temps et c'est vous qui êtes responsable
du dépassement.
Le Président (M. Blouin): Ce n'est pas une marque de
courtoisie à l'égard de nos invités. Ce sont eux qui
devront en subir les préjudices, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre qu'ils vont juger que
ce sont des préjudices, M. le Président.
Au chapitre sur la centralisation - le chapitre IV - que vous n'avez pas
eu le temps d'aborder, à la page 42: La tendance à la
centralisation du ministère de l'Éducation, vous dites: "Dans le
livre blanc, le ministre fait le procès de son ministère à
qui il reproche la tendance à tout contrôler et
réglementer. L'association croyait pouvoir s'attendre à des
assouplissements. La lecture du projet de loi 40 ne nous permet pas de
découvrir un article - je suis sûre, mais il n'est pas ici, que le
député de Vachon vous en trouverait au moins un; il essaie de
convaincre tout le monde qu'il y en a au moins un - proposant une
réduction des pouvoirs du ministère de l'Éducation." Je
sais que vous êtes probablement parmi ceux qui reçoivent en
premier lieu les directives et les règles du ministère, presque
hebdomadairement, sinon deux fois la semaine; peut-être que
j'exagère. D'après vous, est-ce que le projet de loi 40 ne
propose vraiment pas d'assouplissement? Peut-être que vous n'avez pas
été mis au courant de quelques amendements que le ministre a
déposés mardi matin. Selon vous, au projet de loi 40, il n'y a
pas de décentralisation de proposée?
Le Président (M. Blouin): Oui, M. Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: M. le Président, je demanderais à
M. Langevin de répondre à...
Le Président (M. Blouin): M. Langevin, rapidement s'il
vous plaît.
M. Langevin: M. le Président, je reviens à ce que
je vous disais tantôt, c'est-à-dire qu'actuellement, de par les
nouveaux régimes pédagogiques, les gens parlent beaucoup des
pouvoirs à décentraliser vers les parents. Or, il n'y a pas eu de
commission parlementaire au moment où on a eu le livre oranger et
L'école québécoise et que les nouveaux régimes
pédagogiques sont apparus. Les programmes-cadres sont disparus. On a eu
des programmes très précis, restrictifs, avec des objectifs
terminaux, avec le manuel de base et déjà se jouait à ce
moment-là, il y a deux ans et demi, une partie de la chose dont on
discute aujourd'hui. Déjà, à ce moment-là,
était entamé le pouvoir des commissions scolaires sur le plan
pédagogique. C'était déjà fait. (22 h 15)
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? Nous, comme je vous le
disais tantôt, on le fait tout à fait consciemment, ce qu'il nous
reste on le porte à l'école. La marge est très mince.
C'est assez centralisé. Par exemple, la liste des manuels, le
ministère avait une liste omnibus. Il fallait que cela réponde
sur le plan de la confessionnalité, sur le plan de la foi. Il fallait
que cela réponde sur le plan de la langue. Une immense liste.
Maintenant, avec les nouveaux programmes, dans certains cas, nous n'avons plus
qu'un seul livre, parce que les éditeurs ne sont pas capables de les
produire. Alors, le pouvoir que vous transmettez à l'école comme
celui qui est à la commission scolaire, c'est de choisir le livre qui
est là ou de choisir entre deux livres. Il faut discuter de ce qui est
devant nous. Il faut parler de ce qui est dans l'assiette, non pas de ce qui
est à côté.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
Mme Lavoie-Roux: Selon vous, le projet de loi 40 n'est pas un
projet qui décentralise.
M. Langevin: II décentralise comme nous on le fait. On
porte les pouvoirs résiduaires qu'il nous reste à
l'école.
Mme Lavoie-Roux: Mais vers les commissions scolaires, est-ce
qu'il y a une décentralisation?
M. Langevin: Pas actuellement. Mme Lavoie-Roux: II n'yen a pas.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci.
Mme Lavoie-Roux: Une minute.
Le Président (M. Blouin): Non, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avec le consentement. Je voulais poser une
question sur le territoire de la CECM.
Le Président (M. Blouin): II y a consentement, mais
très rapidement, s'il vous plaît. Vous comprenez le
problème auquel nous devons faire face, Mme la députée de
L'Acadie. Je demande donc votre collaboration et permettez-moi d'insister.
Mme Lavoie-Roux: II y a une seule question que je voudrais poser
et je vais la faire la plus brève possible. Je pense que vous y touchez,
mais j'aimerais peut-être que vous en parliez davantage. Au plan des
réalités sociales du territoire de la CECM, qui regroupe quand
même le coeur de la ville de Montréal, un centre urbain avec tout
ce que cela comporte au plan du tissu social parfois très complexe,
est-ce que le fait d'être une commission scolaire de plus grande taille
permet de mieux répondre aux besoins des différents groupes? Vous
dites: Si nous restons avec une commission scolaire linguistique, nous serons
environ 80 000 comparativement à 230 000 à une autre
époque. Est-ce que, selon vous, ceci permet d'abord d'offrir de
meilleurs services? Est-ce que cela permet une meilleure
péréquation des ressources pour répondre aux besoins les
plus criants, compte tenu des ressources générales qui sont mises
à la disposition du système d'éducation?
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je pense que c'est cela qui est le
facteur important à savoir si on coupe ce territoire ou si on tente de
le garder intact au moins au niveau de la ville de Montréal.
Le Président (M. Blouin): M. Langevin.
M. Langevin: M. le Président, on pense qu'actuellement, on
a développé une expertise parce qu'on vit depuis longtemps dans
ce milieu. On pense qu'à une métropole doivent correspondre des
services qui sont comparables à ceux qu'on doit offrir à une
métropole. Je comprends les désirs, dans un certain sens, du
ministre de vouloir réduire des tailles comme celle qu'on avait
antérieurement. Mais 80 000, c'est l'équivalent de la commission
scolaire de Scarborough. Nous, on pense que c'est une taille pour la
métropole qui nous permettrait d'avoir des services
différenciés parce que, dans une petite commission scolaire,
c'est vrai que "small is beautiful", mais c'est vrai aussi que vous ne pouvez
pas vous offrir une multiplicité de services. La taille nous permet de
nous offrir, par exemple, des spécialistes particuliers par rapport
à des besoins particuliers rattachés à une
métropole.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci, M. Langevin.
Merci, Mme la députée de L'Acadie. M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais vous féliciter pour votre mémoire parce que, dès
le début, on sent une préoccupation qui est tournée vers
les besoins de l'enfant et on la retrouve en avançant dans votre
document. Je trouve cela très important qu'on y revienne. De plus, je
trouve que c'est un document qui est très ouvert sur le changement, qui
propose des choses concrètes avec une orientation qui est à la
fois communautaire, participative et sociale et on y retrouve même le
bénévolat. Je trouve cela important parce que, dans la
société québécoise, c'est quand même quelque
chose, c'est un facteur qu'on retrouve dans tous les milieux, mais on ne
spécifie pas assez souvent la présence de ces gens.
Mme la députée de L'Acadie m'a volé un peu ma
question, mais je vais la ramener dans un autre sens, pour revenir exactement
sur la tâche de la commission scolaire. Dans un chapitre, vous en parlez
en disant, et avec raison, qu'il faut regarder de plus près la
région métropolitaine de Montréal, parce que c'est
spécial. Vous dites que les régions urbaines présentent
des caractéristiques de population que l'on ne retrouve pas avec la
même intensité dans les régions urbaines et semi-urbaines.
Vous en spécifiez quelques-unes: la mobilité, l'immigration, les
zones de pauvreté, la drogue, la violence, l'abandon scolaire. Plusieurs
facteurs sont énumérés ici et c'est vrai que, dans une
métropole comme Montréal, il y plus de risques que des
problèmes semblables soient concentrés dans la
métropole.
Ce que je vous demande, c'est si vous n'avez pas l'impression que, si
c'était divisé en commissions scolaires plus petites, cela
pourrait amener une dynamique différente, une certaine émulation,
le fait de créer des expériences nouvelles de quartier. En ayant
des commissions scolaires qui soient plus près finalement des milieux et
des écoles, n'avez-vous pas justement l'impression qu'il va se tenter
des expériences différentes d'une commission scolaire à
l'autre qui pourraient faire en sorte d'amener finalement une dynamique de
comparaison entre les commissions scolaires qui seraient existantes à ce
moment sur l'Ile de Montréal?
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: M. le Président, naturellement, comme
nous avons déjà pris position à l'intérieur de
notre mémoire, nous
ne croyons pas que ce soit... D'abord, nous ne prévoyons pas que
les divisions en commissions scolaires comme telles, cela va bonifier la
situation. À la commission scolaire de Montréal, nous avons
déjà des regroupements qui existent et je pense qu'à
l'intérieur de ces regroupements, on pourra retrouver l'argumentation
où vous parlez d'une certaine dynamique.
Mais il reste à ce moment, à cause des nombreux
problèmes et difficultés que présente une
métropole, que nous croyons que l'organisme devrait encore couvrir le
même territoire et pouvoir bénéficier des expertises d'un
regroupement qui peut se retrouver, par exemple, en milieu aisé, et qui
peut apporter des expertises pour permettre d'aider des milieux
défavorisés où certaines formules d'inadaptation peuvent
en profiter. C'est cette possibilité d'avoir une commission scolaire,
face à l'ensemble de cette population de la métropole, qui puisse
répartir plus facilement ses ressources, qui puisse appeler les
expertises d'un regroupement vers l'autre. Réellement, nous croyons,
jusqu'à aujourd'hui, qu'il faut respecter le territoire actuel de la
commission scolaire, qui fait quand même appel à une bonne
tradition de services rendus à cette population.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vous remercie. J'aurais une autre question,
s'il vous plaît. Vous parlez aussi d'une autre chose très
importante dans la présentation de votre mémoire. Il s'agit des
enseignants. Effectivement, c'est une préoccupation dont on ne cesse de
parler. À chaque groupe, on en a parlé et c'est essentiel, de
toute façon, ce sont des gens qui dispensent les cours à
l'école.
Dans votre mémoire, vous mentionnez qu'il devrait y avoir une
représentation significative. Vous allez plus loin en disant que les
associations d'enseignants devraient se prononcer clairement et publiquement
sur la volonté qu'elles ont de collaborer. J'aimerais que vous alliez un
peu plus loin là-dedans. Quel est le sens que vous voulez donner
à cette partie de votre texte?
M. Saint-Jacques: Je crois, pour avoir écouté le
ministre de l'Éducation, qui est peut-être intervenu à
propos d'un autre mémoire, qu'à ce moment, le projet de loi 40
prévoit de laisser le libre choix aux enseignants de participer à
ce genre de conseil d'école en disant: Je ne voudrais pas les obliger
à ce moment et qu'on puisse ensuite nous le reprocher, que cela devienne
peut-être un lieu de confrontation et qu'on discute de problèmes
autres que de problèmes pédagogiques.
Nous croyons quand même - nous avons confiance dans les
enseignants, pris individuellement et globalement - qu'il y a un niveau
professionnel qu'ils savent respecter. Nous croyons qu'un conseil
d'école, si nous voulons réellement qu'il soit responsable, qu'il
soit tourné vers sa communauté, appelle à ce moment
réellement une participation à l'acte pédagogique,
à la définition de l'acte pédagogique, à toute la
définition d'aide aux élèves, appelle de la part des
enseignants qu'ils jouent nécessairement un rôle au plan
professionnel à l'intérieur du conseil d'école, que cela
ne soit pas un lieu pour discuter d'autres dimensions que des affaires
pédagogiques de l'école.
C'est pour cela qu'on croit, et peut-être un peu pour rassurer le
ministre, qu'il serait bienvenu que des associations d'enseignants puissent
publiquement s'engager à jouer un rôle professionnel à
l'intérieur des conseils d'école.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Shefford. Je signale aux membres de la commission qu'il
est presque 22 h 30, que certains membres ont encore demandé la parole
et que nous devons par la suite entendre une autre présentation et une
série d'échanges avec un autre groupe. En principe, nous devons
terminer nos travaux à minuit et demain nous devons reprendre les
travaux à 9 heures. C'est dans cet esprit et par déférence
pour le dernier groupe que nous avons à entendre que je me fais plus
pressant pour demander la collaboration des membres de la commission afin
qu'ils restreignent au maximum leurs interventions et qu'ils les fassent le
plus succinctement possible. M. le député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président.
Toujours dans un esprit de collaboration, je peux vous assurer que je
tenterai d'être très bref.
Le Président (M. Blouin): Je suis sûr que vous en
êtes capable, M. le député de Viau.
M. Cusano: Merci beaucoup. J'en ai l'habitude, oui. Plusieurs
intervenants dans le domaine scolaire, depuis de nombreuses années, ont
déclaré, et avec raison, que le pouvoir décisionnel
pédagogique, s'il n'est pas accompagné d'un pouvoir
budgétaire, d'un contrôle des budgets, n'est pas vraiment un
pouvoir pédagogique. On a entendu hier de la part de la commission
scolaire de Sherbrooke que, selon les expériences qu'elle a
tentées, elle a décentralisé le budget au niveau de
l'école, un certain montant au niveau de l'école. J'aimerais
savoir de vous, M. Gazze, si, de la part de la CECM, dans le secteur
francophone - je sais que cela est fait au secteur anglophone - il y a eu
une
décentralisation des fonds au niveau de l'école.
M. Gazze: Sur le plan administratif et sur celui de
l'équipement, en 1977, nous avons fait une décentralisation des
effectifs, ce qui correspond déjà dans le budget aux
régions administratives. Si on ne l'a pas fait à l'école,
c'est que nous n'avions pas la possibilité de le faire parce que chaque
région administrative se compose de 70 écoles et que nous avions
à peine une équipe à consacrer à une région
pour desservir les écoles. Si on n'a pu aller plus loin, c'est parce que
nous n'avions pas la possibilité budgétaire de le faire. On est
allé jusque-là. C'est ce qui prime actuellement, c'est ce qui est
appliqué.
M. Cusano: Si je comprends bien et si je me souviens bien de
certaines de mes expériences vécues en tant que directeur d'une
école anglophone de la CECM, c'est qu'à un certain moment, on
nous a informés qu'au-delà des montants alloués pour les
dépenses au jour le jour... On est arrivé avec un budget
décentralisé qui, pour mon école, desservait environ 600
élèves. J'avais été informé du fait que mon
budget était décentralisé et que je recevais une somme de
156 000 $. Après analyse, je me suis aperçu qu'il fallait que je
soustraie les salaires des concierges, des secrétaires, des
surveillantes du dîner, etc. Que me restait-il à la fin? Il ne
restait pas grand-chose. (22 h 30)
Lorsque j'ai posé la question à la Commission scolaire de
Sherbrooke, on m'a laissé l'impression que cette
décentralisation... Eux, ils parlaient de 100 000 $ pour une
école de 300 élèves et cela irait jusqu'à 215 000 $
pour une école de 700 élèves. Ma question plus
précise, c'est que, même s'il y a ce transfert de montants et que
l'école n'a pas de contrôle sur les salaires des concierges, des
aides-concierges, des secrétaires qui sont liés par une entente
collective, la seule chose qu'on fait, on transfère des chiffres, mais
le pouvoir réel est très minime.
M. Gazze: Je ne sais pas si vous me permettez de répondre.
C'est pour cela que je n'ai pas parlé d'une décentralisation,
parce que, au fond, c'est une imputation budgétaire qu'on fait à
l'école, ce sont les salaires des enseignants, les salaires des
concierges, les salaires de tous ceux qui travaillent qui sont
déjà fixés; que ce budget soit à la commission
scolaire ou à l'école, ça ne change rien. Ceci n'est pas
une décentralisation. Si l'école avait la possibilité
d'imputer une certaine partie de ce budget à une autre activité,
là il y aurait lieu de considérer cela comme une sorte de
décentralisation, mais je pense que les conventions collectives ne vous
permettaient pas de faire ça.
M. Cusano: La raison pour laquelle je vous ai posé cette
question, c'est que plusieurs intervenants, depuis la publication du livre
blanc, ont laissé planer l'idée de gros montants qui s'en
allaient vers l'école, sans donner les détails que vous venez
justement de donner et je l'apprécie.
Une autre question supplémentaire.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Cusano: De ce côté, en prenant le projet de loi
40, avec toute cette décentralisation qui est proposée, avez-vous
fait une analyse, vraiment, des montants réels qui seraient
contrôlés par le comité d'école, le directeur,
etc.?
M. Gazze: Je ne penserais pas qu'il y ait un changement
comparativement à l'état actuel comme décentralisation au
point de vue budgétaire, à moins que l'école ne puisse
avoir une certaine liberté de choix dans certains domaines, par exemple,
qu'elle ne puisse attribuer moins de professeurs pour attribuer plus de
concierges, si c'est son choix, ou vice versa. Mais, tant qu'il n'y a pas ces
choix à la disposition de l'école, je ne pense pas qu'il y ait
une décentralisation.
M. Cusano: Merci, monsieur. Cela a été assez bref,
M. le Président?
Le Président (M. Blouin): Je vous remercie, M. le
député de Viau, vous avez bien entendu l'appel de collaboration
et je suis persuadé, par anticipation, que les deux derniers
intervenants ont également compris ce message. M. le
député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Dans un esprit de collaboration
avec les invités et les membres de la commission, je vais céder
mon droit de parole au député de Fabre...
Le Président (M. Blouin): C'est au-delà de toute
espérance, M. le député de Mille-Îles'.
M. Champagne (Mille-Îles): ...qui m'a promis d'ailleurs
d'être très bref.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président, merci, M. le
député de Mille-Îles. Je serai très bref. J'aurais
beaucoup de questions à vous poser, mais je vais me limiter à une
seule. Cela a trait aux directeurs d'école. Je voudrais que vous
dissipiez ce que je perçois comme de la confusion. D'une part, vous
faites relever le directeur d'école de la commission scolaire
qui a certains pouvoirs sur l'école. D'autre part, vous
maintenez, au niveau du conseil d'école, des pouvoirs
décisionnels. Dans le projet de loi 40 - je pense qu'il en est ainsi
à l'intérieur de l'école actuellement, le directeur
d'école est un exécutant - en quelque sorte, il devient
l'exécutif du conseil d'école. Comment concilier ce qui me semble
être une contradiction du fait que, dans votre proposition, le directeur
d'école va relever non pas de l'instance décisionnelle au niveau
de l'école, mais de la commission scolaire? Est-ce que cela ne risque
pas d'engendrer de très graves conflits et est-ce que cela ne risque pas
de placer le directeur d'école dans une situation difficile?
Le Président (M. Blouin): M. Saint-Jacques.
M. Saint-Jacques: M. le Président, c'est un peu presque
l'inverse que nous avions comme impression. C'est-à-dire qu'un directeur
d'école qui serait soumis aux pressions exclusives des parents, si on
interprète bien le projet de loi 40, on supposait, à ce
moment-là, que cela deviendrait extrêmement difficile pour un
directeur d'école de vivre à l'intérieur de cette
école. Cette proposition que nous faisons, il me semble qu'elle est
cohérente avec l'ensemble de toutes les propositions que nous faisons,
c'est-à-dire que l'école détient quand même ses
pouvoirs et ses responsabilités de la commission scolaire. À ce
moment-là, le directeur d'école qui est le gestionnaire à
l'intérieur de l'école détient, lui aussi, ces mêmes
pouvoirs et il est nommé par la commission scolaire. Cela nous semblait
conforme, comme je vous l'ai dit, à l'ensemble du projet ou à
l'ensemble des propositions que nous faisions à l'intérieur de ce
projet.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Saint-Jacques: Puis-je demander à M. Gazze si...
Le Président (M. Blouin): Oui, pas de complément?
Cela va? Très bien. Rapidement, M. le député de
Saint-Henri, s'il vous plaît.
M. Hains: Je vous remercie. Dans votre préface, à
la page 2, vous dites ceci: "l'association endosse plusieurs positions du
ministre de l'Éducation à l'intérieur du projet de loi
40." Je ne vous demanderai pas d'en faire une révision, parce que M. le
ministre l'a fait, tout à l'heure, avec beaucoup de satisfaction et de
complaisance. Vous continuez et vous dites ceci: "II y en a cependant d'autres
que nous trouvons inquiétantes." Pourrait-on brièvement nous dire
un peu ce qui vous inquiète le plus dans ce projet de loi?
M. Saint-Jacques: Lorsque nous avons parlé de la formation
du conseil d'école comme il est proposé et selon ce qu'on a
compris du projet de loi 40, c'est-à-dire des comités qui peuvent
être mis sur pied à l'intérieur de l'école, il n'y a
aucune obligation d'avoir un comité pédagogique qui devient un
comité d'expertise et de surveillance de l'administration quotidienne de
la pédagogie; il y a aussi les propositions qui sont faites sur la
formation du conseil des commissaires avec la représentation par un
commissaire qui fait partie du conseil d'école et qui est nommé.
Naturellement, comme je l'ai dit, on a essayé d'être concordant
à l'intérieur de notre mémoire. Si on prend une commission
scolaire comme la nôtre et lorsqu'on demande le respect de notre
territoire, cela peut supposer quelque chose comme quelque 170 commissaires,
possiblement. Pour nous, naturellement, cela devient une chose absolument
impossible. C'est ce genre de propositions qu'on trouve
inquiétantes.
M. Hains: Jusque-là, je vous donne neuf sur dix.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Non?
M. Hains: Non. Je veux essayer de lui donner dix sur dix. Vous
concluez en disant ceci: "Il y a une autre position qui nous paraît
vraiment excessive." Quelle est cette surprise pour finir?
M. Saint-Jacques: C'est-à-dire que je pourrais
peut-être aussi dire qu'il y en a deux, dans le fond.
M. Hains: Ah bon!
M. Saint-Jacques: La première, c'est la question du
territoire qu'on retrouve peut-être plus au niveau de la
réglementation, la commission de mise en oeuvre et les comités de
mise en oeuvre.
M. Hains: Dix sur dix.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Henri.
M. Saint-Jacques: Merci.
Le Président (M. Blouin): M. Gazze, M. Saint-Jacques et M.
Langevin, au nom de tous les membres de cette commission, je vous remercie de
votre importante collaboration aux travaux de cette commission.
Sur ce, j'invite maintenant le dernier groupe que nous entendrons ce
soir,
l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires, à venir prendre place à la table des invités.
Je crois que vous connaissez bien nos règles maintenant. Je vous demande
donc de vous identifier et ensuite de nous livrer le contenu de votre
mémoire.
Association des directeurs généraux des
commissions scolaires
M. Paquet (Michel): Merci, M. le Président. Tout d'abord,
je voudrais vous présenter, à ma droite, le vice-président
de l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires, Gérard Tousignant, qui est aussi directeur
général dans la région de l'Estrie pour l'enseignement
secondaire; à ma gauche, M. Guy Benoît, responsable du dossier que
nous avons conduit sur le projet de loi 40, qui est directeur
général dans la région d'Aylmer au niveau de
l'enseignement primaire. Moi-même, Michel Paquet, président de
l'association, et j'exerce ma fonction de directeur général
à Charlesbourg, en banlieue de Québec, une commission de niveau
primaire aussi.
M. le Président, tout en voyant le temps qui nous est imparti et
en comprenant les contraintes auxquelles cela nous oblige, j'aurais le
goût de vous proposer un exercice auquel nous sommes habitués,
parce que, à l'occasion, nous siégeons avec des conseils de
commissaires qui doivent travailler assez tard en soirée. Et on va
s'appliquer à faire l'exercice de notre pratique professionnelle en
ayant un mémoire-synthèse rapide et en laissant le plus de temps
possible pour les questions...
Le Président (M. Blouin): Vous savez, M. Paquet...
M. Paquet (Michel): ...sur le mémoire, de façon
à pouvoir...
Le Président (M. Blouin): Ce que je veux simplement vous
dire, c'est qu'en constatant le nombre de pages que contient votre
mémoire et à sa face même, son contenu peut se lire en une
vingtaine de minutes. Alors, c'est la règle, si vous voulez lire votre
mémoire...
M. Paquet (Michel): Nous l'avons préparé en ce
sens, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Si vous voulez le lire
intégralement, il n'y a pas de problème.
M. Paquet (Michel): Cela va.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Paquet (Michel): L'association des directeurs
généraux est un organisme qui regroupe les directeurs
généraux et les directeurs généraux adjoints
à temps plein des commissions scolaires du Québec. Outre la
mission de promouvoir le statut et les intérêts de ses membres,
notre association a principalement pour objectif de participer activement aux
débats, travaux d'élaboration et de mise en oeuvre des lois, des
règlements et des politiques applicables dans les commissions
scolaires.
C'est pourquoi le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public retient l'attention des directeurs généraux,
parce qu'ils sont de ceux et celles qui, par leurs fonctions, ont
contribué à la mise en place des commissions scolaires
régionales et au regroupement de 1971, veillent à l'heure
actuelle à l'implantation du régime pédagogique et des
nouveaux programmes d'études, assurent la gestion des ressources
humaines et matérielles dans le respect des présentes contraintes
budgétaires. Aussi, soucieux de rendre disponible à la
communauté québécoise le fruit de leur expérience,
ils soumettent à cette commission leurs avis et propositions à
l'égard de ce projet de loi.
Il convient de signaler que cette contribution s'inscrit dans une
perspective d'amélioration des services dispensés par les
écoles du Québec dans le souci de maintenir le système
scolaire québécois en état d'équilibre et de
santé.
Au cours des vingt dernières années, le Québec a
imposé un rythme énergique et rapide à l'évolution
de son système d'éducation. Dans une recherche incessante de la
meilleure qualité possible des services à offrir, tout ou presque
a été revu, ajusté, modifié: opération 55 et
formation des commissions régionales, regroupement des commissions en
1971, loi 57 sur la fiscalité scolaire, loi 71 au sujet de la
participation des parents, implantation des nouveaux programmes
pédagogiques, mise en application de la politique relative aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage,
négociations et conventions collectives, livres vert, orange et blanc.
Voilà un liste impossible à compléter et qui s'allonge, de
toute façon, au fil des ans. Le terrain paraissant fertile, on a
largement semé le changement, l'épuisement du sol paraissant
alors si peu probable.
Les directeurs généraux reconnaissent qu'il était
et qu'il demeure important de répondre aux besoins exprimés par
les usagers et les dispensateurs de services. Plusieurs résultats
positifs témoignent aujourd'hui des efforts entrepris. À titre
d'exemple, soulignons une meilleure accessibilité de l'école et
de ses services, une augmentation de la scolarisation, un retour des parents
à l'école, la rationalisation de l'utilisation des
ressources,
le développement des projets éducatifs, une gestion en
général plus ouverte et plus accessible.
Mais, dorénavant, il faut donner un rythme de croisière
moins accéléré à la démarche
d'évolution du système scolaire. Au lieu de modifier ou de
remodifier sans arrêt ce qui vient de l'être déjà, il
faut permettre une intégration des changements déjà
effectués. Pour cette raison, nous faisons nôtre l'opinion
formulée par M. Paul Tremblay dans la revue Relations du mois d'octobre
1982. Et je cite: "Une institution peut mourir par immobilisme et par refus de
changement. Elle peut également mourir par suite de tension et de
changement continus."
Convaincus de la nécessité de concentrer les
énergies des professionnels et des usagers sur l'amélioration
concrète de l'acte éducatif, nos avis et nos recommandations se
situeront dans une perspective d'appui aux seuls changements vraiment utiles
à l'amélioration de la qualité pédagogique.
L'ADIGECS défendra donc la compétence actuelle du réseau
scolaire ainsi que la libre et véritable prise en charge de
l'évolution des milieux par les communautés de base. L'ADIGECS
s'opposera cependant à tout processus visant une uniformisation encore
plus grande du système scolaire. Le temps des perpétuels combats
pour réaliser des changements doit être révolu. Il faut
investir dans ceux qui offrent des garanties suffisantes de succès de
manière à permettre une nécessaire quiétude dans la
réalisation de l'activité éducative. (22 h 45)
Notre exposé comprendra alors trois parties. Nous situerons
d'abord le projet de loi 40 dans son contexte. Dans un deuxième temps,
nous identifierons les redressements inscrits dans le présent projet de
loi qui reçoivent l'appui des autres directeurs généraux
et, troisièmement, nous signalerons les orientations et les
modalités proposées qui doivent être rejetées. Par
la suite, nous présenterons quelques recommandations à la
commission pour enfin conclure sur ce qui nous apparaît être
l'essentiel dans le débat actuel.
Le projet de loi 40 et son contexte. Le projet de loi 40 constitue la
traduction législative du livre blanc L'école, une école
communautaire et responsable, après que le ministre y eut apporté
quelques modifications en réponse aux réactions des membres du
réseau des écoles primaires et secondaires, de la presse, de la
population en général. Ce livre blanc soulevait de nombreuses
problématiques proposant une analyse de leurs causes et des moyens pour
corriger les situations relevées. Les directeurs généraux
reconnaissent évidemment eux aussi l'existence de certaines
difficultés. Ainsi, il est fondé d'affirmer que les structures
confessionnelles ne répondent plus aux besoins d'une
société pluraliste. Il est fondé de parler de la
réduction du nombre de commissions scolaires et de l'intégration
des commissions scolaires à la suite de la diminution des effectifs et
compte tenu des nécessaires coordinations entre le primaire et le
secondaire. Il est fondé de parler de la centralisation excessive et du
développement tentaculaire du ministère de l'Éducation.
Enfin, il est fondé de réclamer, pour l'école, une marge
de manoeuvre plus grande afin de lui permettre une réponse plus
immédiate aux réclamations de ses usagers.
Toutefois, l'association dénonce la trop grande
sévérité des jugements du document gouvernemental
précité. À titre d'exemple, nous relevons toute
l'argumentation faite au sujet de la fragilité de l'école, de
l'incertitude quant à sa survie, de sa fermeture trop facile. Or, si
certaines fermetures d'école ont effectivement laissé des
séquelles, il faut aussi souligner par ailleurs qu'à la suite
d'une diminution dramatique du nombre d'élèves, certaines
étaient inévitables. La qualité pédagogique
étant en danger, les budgets nécessaires n'étant plus
disponibles, les commissions scolaires ont alors agi de façon
responsable en assumant les réflexions et les décisions
conséquentes à ces problèmes. Les directeurs
généraux auraient donc apprécié que les nuances
soient plus significatives dans les diverses analyses ayant servi à la
préparation des solutions. Ceci aurait sans nul doute changé le
ton des débats, mais aussi et surtout le choix des correctifs à
proposer.
Aujourd'hui, après cette longue période de
réflexions et de débats, les directeurs généraux
affirment qu'il est inutile, en matière de gestion de l'enseignement, de
procéder à une révolution de palais, même si le
chantier demeure ouvert et qu'il faut toujours y oeuvrer avec diligence.
À leur avis, le réseau des écoles primaires et secondaires
se porte assez bien pour qu'on fasse confiance à sa capacité
d'évolution autonome.
En effet, signe de santé: c'est le réseau qui a
développé des approches éprouvées en matière
de concertation parents, élèves, commissaires, cadres et
personnel. Signe de maturité: c'est le réseau qui a
élaboré et produit le concept des projets éducatifs. Signe
de vitalité: c'est le réseau qui a commencé des
expériences de gestion participative et décentralisée.
Signe de responsabilité: c'est le réseau qui a pris l'initiative
du développement de la micro-informatique dans les écoles. Signe
de réceptivité: c'est le réseau qui a permis le
développement d'écoles optionnelles répondant à des
besoins clairement identifiés par le milieu.
Rappelons-nous toutefois que partout où ce dynamisme s'est
exercé, cela s'est fait dans la collaboration - et j'insiste sur la
collaboration - plutôt que dans la tension. Pour cette raison, les
directeurs généraux croient fortement qu'un projet de loi qui
réglementera plus intensément les rapports entre les groupes
impliqués et uniformisera encore davantage les manières de faire
la gestion, ce projet de loi, disons-nous, doit être
légitimé par le consensus du milieu scolaire; il ne doit pas
être imposé.
Dans les redressements à effectuer, les directeurs
généraux considèrent que le projet de loi 40 propose un
certain nombre de redressements qui, en plus d'être souhaitables,
reçoivent un appui important soit de la population, soit des partenaires
scolaires eux-mêmes. Ainsi, la réduction du nombre de commissions
scolaires et la modification de leur territoire apparaissent comme une mesure
acceptable, pour autant que le découpage de ces territoires tienne
principalement compte de la nécessité d'offrir des services de
qualité et respecte les milieux naturels.
L'intégration des niveaux primaire et secondaire apparaît
comme une initiative valable. Plusieurs arguments militent en faveur de
l'intégration des niveaux primaire et secondaire au sein d'une
même commission: meilleure utilisation des ressources, meilleure
coordination entre les niveaux, cohérence des décisions, etc. De
plus, les expériences vécues dans le milieu s'avèrent
positives dans la plupart des cas.
La création des commissions scolaires linguistiques reçoit
l'appui de l'ADIGECS. La création de commissions scolaires linguistiques
répond à la réalité québécoise qui
comprend une minorité anglophone fortement implantée sur son
territoire, laquelle désire continuer à y vivre en harmonie avec
la majorité francophone. En ce sens, il convient, dans la tradition
québécoise de compréhension à l'égard des
minorités, de favoriser ce moyen pour préserver aux anglophones
leur langue et leur culture.
Enfin, la question de la décon-fessionnalité. Le
débat juridique sur la question de la légalité de
déconfessionnaliser les commissions scolaires au Québec fait
l'objet de recherches par des juristes éminents et a été
soumis aux autorités du pays. L'ADIGECS ne prétend pas jouer un
rôle d'expert en cette matière et n'entend pas se substituer aux
autorités judiciaires du pays. Dans ce domaine, nous nous contentons
d'énoncer les principes suivants:
Premièrement, l'école québécoise doit
être publique. En effet, les écoles relevant des commissions
scolaires doivent être accessibles à tous les enfants saris
discrimination d'origine, d'opinion ou de croyance. L'enseignement donné
dans celles-ci doit respecter la liberté de conscience. C'est un droit
strict inclus dans la charte québécoise des droits de la
personne.
Deuxièmement, l'école doit pouvoir demander une
reconnaissance comme école catholique ou protestante. Le principe qui
reconnaît le droit à l'existence des écoles
confessionnelles catholiques ou protestantes est profondément
ancré dans la tradition scolaire du Québec. Le violer irait
à l'encontre du droit des parents de choisir une éducation et une
école conformes à leurs convictions. Ce principe est inscrit dans
le préambule de nos lois scolaires ainsi qu'à l'article 26 de la
Déclaration universelle des droits de l'homme: "Les parents ont, par
priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à
donner à leurs enfants." Le respect de ce droit exige que les parents
puissent s'exprimer sur le statut confessionel de leur école. Aussi, il
est important que le système scolaire du Québec prévoie
pouvoir laisser place à des écoles officiellement reconnues
confessionnelles quand la majorité des parents d'un tel milieu
réclame de telles écoles.
L'autonomie des commissions scolaires et des écoles. Le
développement de l'école et, par ce biais, le
développement de l'ensemble du réseau passent par la mise en
place dans les écoles et les commissions scolaires d'initiatives et de
mécanismes issus des milieux où ils sont insérés.
La participation des parents doit être encouragée et soutenue de
manière à permettre à ceux-ci de nourrir de leur
expérience le projet éducatif des écoles d'un territoire
donné. Les élèves et les personnels doivent, par des
mécanismes appropriés, s'exprimer sur les orientations de leur
école. La marge de manoeuvre des écoles doit être
étendue de façon à leur permettre de donner une saveur
locale au projet éducatif national. Ces initiatives doivent être
encouragées. Toutefois, et pour tout ce volet important du projet de loi
40, les directeurs généraux affirment que les créations
collectives issues des communautés locales ont plus de chance de rendre
authentiques les projets éducatifs des écoles qu'une
législation uniformisante et universelle. Donc, si le projet de loi 40
ne contenait, après modifications, que les éléments de
changements mentionnés aux articles précédents, il
recevrait notre appui.
Les directeurs généraux ont cependant des oppositions
fondamentales. Le projet de loi 40 propose un modèle organisationnel qui
fait du ministère le pivot du système en lui accordant des
pouvoirs généraux importants et un pouvoir de
réglementation presque illimité. Ce projet de loi limite dans les
faits le rôle de la commission scolaire à des
responsabilités administratives. Il multiplie les centres de
décision. Il propose une formule de fonctionnement uniforme au sein des
commissions et des écoles.
Dans le projet de loi 40, le ministre établit les programmes
d'études; il établit le régime pédagogique; il
établit comment les
services éducatifs seront généralement
organisés; il détermine les conditions de travail des
personnels.
Les chapitres V et VI du projet de loi 40 sur les pouvoirs du ministre
confirment et encouragent la tendance à édicter et à
normaliser du ministère de l'Éducation. En ce sens, le diagnostic
qu'a posé le livre blanc sur le ministère est toujours
d'actualité. Nous citons: "Trop souvent, au lieu d'informer, d'animer,
de faire partager des objectifs, voire d'associer ses partenaires à la
formulation même de ces objectifs, le ministère se fait
pointilleux sur les moyens et mène des opérations de
publicité et de mise en marché, comme si l'apologie pouvait tenir
lieu de démonstration et comme si la précision des prescriptions
concernant les moyens pouvait se substituer à la clarté de
l'énoncé des finalités et des objectifs. Et comme si,
doit-on ajouter, les interlocuteurs ne percevaient pas sa volonté
à peine voilée d'imposer ses vues."
En matière de décentralisation, la promesse faite ne
semble pas en voie d'actualisation si l'on considère qu'au départ
l'exercice laisse peu de place à une large redistribution des pouvoirs
ministériels, et j'insiste, à une large redistribution des
pouvoirs ministériels vers les instances locales. Ce constat de
centralisation témoigne au contraire de la toute-puissance de
l'État et du ministère et, pourrait-on dire, d'une sorte
d'infaillibilité. Comme s'il suffisait que l'État ou le
ministère définisse des objectifs, formule des politiques et une
réglementation ou déclenche des actions pour que s'ensuivent les
résultats escomptés.
Le projet de loi 40 ne prévoit aucune véritable
décentralisation de pouvoirs vers les autorités locales. Il
procède plutôt à l'émiettement et à la
dilution des pouvoirs locaux au point de les rendre inconsistants face à
l'omniprésence de l'État. Cette multiplication des centres de
décision risque fort d'augmenter les conflits de juridiction, de
complexifier le processus décisionnel, dans une structure
déjà hyperbureaucratisée et
hyperréglementée. Par exemple, dans une commission scolaire de
quinze écoles, il faudra quinze réunions, quinze études,
quinze résolutions de conseils d'école pour adopter un calendrier
scolaire déjà largement déterminé par les
règles ministérielles et encadré en plus par la commission
pour tenir compte du transport scolaire. Le même processus devrait
être effectué pour le choix des manuels, l'établissement
des plans d'effectifs, la fabrication de l'horaire des écoles, etc.
La balkanisation du réseau place celui-ci en potentiel
d'échecs plutôt que de succès, en position de pertes
plutôt que de gains. Bon nombre des nouvelles responsabilités
qu'on veut faire assumer par les écoles ne sont pas essentielles
à leur mission éducative qui est d'éduquer des
élèves, leur permettre d'acquérir des connaissances et
d'avoir les performances nécessaires à leur certification.
Dans le système actuel, la supervision des écoles est
assumée par la direction générale, qui a autorité
sur chacun des directeurs d'école, le tout sous la juridiction de la
commission scolaire. Le projet de loi veut faire assurer la supervision
pédagogique par une instance politique. En effet, le directeur
général n'aura pas de juridiction sur les directions
d'école. Ce mode de fonctionnement aura pour effets d'atrophier le
fonctionnement quotidien des commissions et de rendre les comités
responsables des résultats obtenus. Pour nous, la notion de
responsabilité personnelle est diluée. L'autorité simple,
directe, personnalisée disparaît. Des comités sont
constitués en parallèle comme en doublure aux personnes
compétentes, formées à l'exercice de fonctions qui exigent
des connaissances professionnelles, comme l'évaluation des performances
d'une école, la supervision pédagogique des enseignants,
l'évaluation du personnel.
La mécanique du suffrage universel proposée s'inscrit dans
la logique du modèle organisationnel présenté dans ce
projet. La commission scolaire étant un simple agent administratif, le
suffrage universel a peu d'importance. Pour les directeurs
généraux, la commission scolaire constituant une instance
politique autonome et habilitée à développer des
initiatives spécifiques à son milieu, le suffrage universel,
selon le mode habituellement reconnu, apparaît alors tout à fait
légitime et doit même être renforcé. Ceci en vertu du
principe que les citoyens ont le droit de se prononcer sur la qualité
des services éducatifs sur leur territoire et en vertu du fait de la
reconnaissance de l'école comme étant commune et publique,
appartenant ainsi, non pas aux seuls parents, mais à l'ensemble de la
collectivité. (23 heures)
Quelques recommandations. Compte tenu des opinions formulées dans
le présent mémoire, les directeurs généraux sont
d'avis qu'il serait pertinent que l'Assemblée nationale procède
à des modifications législatives qui permettraient,
premièrement, de créer des commissions scolaires linguistiques;
deuxièmement, de reconnaître l'école
québécoise comme publique et commune, avec la garantie de
reconnaissance d'un statut confessionnel; troisièmement, de confier,
selon les critères que nous avons énoncés, à une
seule commission scolaire la responsabilité des écoles primaires
et secondaires de même statut linguistique sur un territoire
donné.
Cependant, et en considération des faits suivants: d'abord, les
dispositions des lois existantes en matière de partage de
responsabilités et de mécanismes de participation;
deuxièmement, l'expérience démontrant que la
diversité des écoles exige, entre autres, des modèles
diversifiés; troisièmement, la mise en place, dans plusieurs
milieux déjà, de modèles originaux et répondant
à leurs besoins, l'ADIGECS rejette l'ensemble des modalités
proposées dans le projet de loi 40 en matière de gérance
du réseau des écoles primaires et secondaires.
Malgré ce dernier commentaire, la position des directeurs
généraux sur la gérance du réseau ne se traduit pas
par une volonté de statu quo. Au contraire, ils sont d'avis que le
gouvernement doit enclencher un véritable processus de
décentralisation afin de procéder à un nouveau partage des
responsabilités entre l'État, le ministère de
l'Éducation et la commission scolaire, dans le but de mieux
répondre à la réalité québécoise
d'aujourd'hui.
Au cours de cet exercice, on pourrait alors mieux associer, d'une part,
la nécessité de la mission gouvernementale en matière
d'orientation générale d'un système d'éducation et,
d'autre part, la capacité de chaque milieu de prendre en charge les
responsabilités qui le concernent. À cette fin, les directeurs
généraux des commissions font deux recommandations:
Premièrement, que le gouvernement crée un lien obligatoire et
officiel entre le ministère de l'Éducation et les commissions
scolaires, afin que ces organismes travaillent au développement et au
règlement du dossier de la décentralisation; deuxièmement,
que les commissions scolaires, en collaboration avec tous les intervenants
impliqués dans leur milieu respectif, adoptent - et je dis "adoptent"
-le modèle de décentralisation qui convient à leurs
besoins.
En guise de conclusion, M. le Président, madame et MM. les
membres de cette commission, nous vous rappelons que les directeurs
généraux demeurent convaincus de la nécessité d'un
processus d'évolution normal du système scolaire
québécois. L'expérience des directeurs
généraux quant au fonctionnement du système scolaire, leur
réflexion collective sur le système d'éducation, leurs
responsabilités de premiers fonctionnaires du gouvernement scolaire
local, leur proximité des problèmes, leur rôle au sein
d'une organisation où se vivent succès et échecs,
coopération et opposition, les ont donc invités à exposer
leur analyse de la situation, à remettre en question et à
contester certaines propositions de changements inscrites au projet de loi 40
et à recommander des orientations de rechange.
Cependant, notre association reconnaît qu'il revient finalement au
gouvernement de prendre les dernières décisions à ce
chapitre. Nous pouvons aussi affirmer que nos membres, même dans le
contexte d'un désaccord avec le projet final, s'appliqueraient à
gérer honnêtement sa mise en oeuvre. Toutefois, nous
espérons que le dossier sera réglé en ne recherchant
qu'une seule visée: l'amélioration véritable des services
éducatifs à dispenser. Or, ceci ne nous paraît pas
assuré par le projet de loi 40.
Nous nous devons de rappeler qu'il y a devant nous le danger
évident d'autres décisions qui, non appuyées suffisamment
par les intervenants du réseau, seront mal intégrées. En
conséquence, nous pensons qu'il n'y aurait pas avantage à imposer
des modalités qui brusqueront valeurs et comportements,
l'expérience nous démontrant qu'en de tels cas, après une
certaine période d'essai, il faut le plus souvent reprendre l'exercice
afin de corriger de nouvelles tares.
M. le Président, les directeurs généraux souhaitent
que l'on cesse les bousculades, les changements à
répétition, les chambardements inutiles. La santé du
système scolaire exige que tous puissent, au cours des prochaines
années, axer vraiment leur acte professionnel sur l'essentiel: la
qualité des services éducatifs à offrir aux
élèves du Québec.
M. le Président, en terminant, sans vouloir imposer davantage de
temps aux membres de cette commission, pendant la période qui a
précédé le dépôt de notre mémoire
à cette commission et de façon à assurer aux membres de
cette commission que notre témoignage sur la compétence du
réseau, quand nous parlions tout à l'heure de clarté, de
créativité et d'initiative... Nous avons fait un relevé
bref, rapide, que nous avons fait de façon synthétique, en termes
de lecture rapide, pour bien illustrer, à l'aide de quelques exemples,
cette compétence du réseau dont nous témoignons. Nous
avons relevé, dans 80 commissions scolaires qui ont eu le temps de nous
répondre, à peu près 250 projets montés de toutes
pièces dans les milieux depuis 1972 jusqu'à maintenant et qui
touchent des thèmes comme la concertation et les structures de
participation, les projets éducatifs, les expériences de gestion
décentralisée, le développement de la microinformatique,
la concertation avec les gouvernements locaux et les projets milieux à
caractère pédagogique et novateur. Ce document, que j'ai en main,
est disponible pour les membres de la commission et si vous acceptiez qu'il
soit remis aux membres de la commission, je le remettrai au secrétariat
de façon que vous en preniez connaissance pour votre information.
Le Président (M. Blouin): Certainement, M. Paquet. Merci
de cet apport supplémentaire et sur ce, vous n'avez qu'à le
remettre au Secrétariat des commissions et les membres pourront en avoir
une copie.
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: M. le Président, je remercie vivement
l'association des directeurs généraux pour son intéressant
mémoire que j'ai lu avec la plus grande attention. Je constate qu'il
épouse, en grande partie, d'une façon marquée les
thèses de la Fédération des commissions scolaires
catholiques, ce qui, au fond, n'a rien d'étonnant puisque les directeurs
généraux constituent leurs fondés de pouvoir. Je remarque
aussi, cependant, que leurs positions sont plus claires et vont plus loin sur
certains points, par exemple, quand l'association des directeurs
généraux se dit d'accord avec l'instauration de commissions
scolaires linguistiques, lorsqu'elle se dit d'accord, franchement et
résolument, avec l'intégration des deux niveaux d'enseignement,
primaire et secondaire, ce qui diminuera d'une façon notable le nombre
de commissions scolaires, et lorsqu'elle se dit d'accord également avec
les nouveaux aménagements de la confessionnalité que nous
prévoyons, et aussi lorsqu'elle se dit d'accord sur certains principes
comme celui de la participation des parents qu'on veut encourager et soutenir
et sur l'agrandissement de la marge de manoeuvre laissée à
l'école.
Mais, sur d'autres points, évidemment, elle reprend la
thèse que nous avons entendue ce matin, c'est-à-dire que la
commission scolaire doit garder tous les pouvoirs qu'elle a et même
qu'elle doit en acquérir de nouveaux de la part du ministère de
l'Éducation et qu'il convient de garder l'autorité simple,
directe de la part de la commission scolaire sur les écoles à
tous égards.
Cependant, en introduction, l'association reconnaît qu'il est et
qu'il demeure important de répondre aux besoins exprimés par les
usagers. Or, précisément, les usagers si on peut employer ce
terme que je n'aime pas - c'est-à-dire les parents des enfants qui sont
à l'école, réclament et ont réclamé ici avec
beaucoup de vigueur un changement de leur situation au sein de l'école
en disant qu'ils ne veulent plus, qu'ils ne peuvent plus se contenter d'un
rôle purement consultatif, mais qu'ils veulent maintenant un rôle
décisionnel, particulièrement en ce qui concerne la vie de
l'école, l'environnement éducatif de l'école, le plan
d'action de l'école.
Devant cette demande que les directeurs généraux
connaissent sûrement, l'association désire, pour sa part, s'en
tenir aux seuls changements vraiment utiles à l'amélioration de
la qualité pédagogique. Ce serait là, en fait, justement,
ma première question. Ne croyez-vous pas, messieurs, que,
précisément, la remise à l'école de
responsabilités nouvelles, importantes, en matière de
pédagogie, en vertu de laquelle l'école, par son conseil de
gestion et ses comités, serait capable d'élaborer un projet
éducatif à partir des besoins qu'elle identifie, des besoins de
ses clientèles, à partir des caractéristiques de ses
clientèles, à partir de la connaissance directe que les
intervenants, parents, enseignants, professionnels non enseignants ont des
enfants, à partir de la connaissance qu'ils ont d'un milieu
donné, ne pourrait pas précisément leur permettre
d'améliorer considérablement la qualité de
l'éducation entendue dans le sens du développement optimal de la
personne de l'enfant dans toutes ses dimensions, par l'utilisation de certains
moyens que constituent, par exemple, l'adaptation et l'enrichissement du
régime pédagogique, l'adaptation et l'enrichissement des
programmes, l'addition de programmes spécialement axés sur les
lacunes ou les besoins identifiés dans leur clientèle,
axés également sur l'utilisation de chaque ressource, de chaque
moment, de chaque activité de l'école pour les fins, justement,
de ce développement?
Ne croyez-vous pas que ce changement qui, en apparence, est un
changement de structure, en réalité, est un changement de contenu
extrêmement important et que, d'une part, il satisferait aux besoins
exprimés par les usagers et que, d'autre part, il aurait pour effet
immédiat d'améliorer la qualité de l'enseignement? C'est
tellement vrai que vous venez justement de dire que, malgré que la
législation actuelle ne les facilite pas, il y a eu 280 projets
éducatifs qui se sont développés dans les écoles.
C'est là ma première question.
M. Paquet (Michel): M. le Président, en réponse
à la question de M. le ministre, j'aimerais, avec tout le respect que
cela exige, parce que, dans mon propos, il n'y a aucune
velléité... C'est simplement une précision que je voudrais
faire. Quand M. le ministre dit, au tout début, qu'il trouve un peu
normal que les directeurs généraux aient une grande association
d'idées avec la fédération, parce qu'ils sont, dans
l'exercice de leurs fonctions, les fondés de pouvoir de leur commission
scolaire, j'aimerais, en tout respect du propos que vous avez tenu, faire la
précision suivante: l'association des directeurs généraux
est une association autonome, reconnue comme telle, et, malgré le fait
que, dans nos fonctions de jour, nous ayons des comptes à rendre
à des hommes et femmes politiques que sont les commissaires
d'écoles qui ont un regroupement qui s'appelle la
fédération des commissions scolaires, nous avons, comme
association, une liberté de parole que nous exerçons largement
depuis les douze ans que notre association existe, à telle enseigne que,
souventefois, nos histoires de divergences d'opinions avec la
fédération sont fort bien connues.
Je voudrais juste insister en disant que
notre proximité de point de vue apparente entre le mémoire
de l'association des directeurs généraux et la
fédération ne tient en rien au fait que nous ayons des fonctions
de fondés de pouvoir des commissions scolaires. J'insiste
là-dessus parce que je pense que c'est important et je voudrais, par ce
témoignage, exprimer ceci: Cela fait deux ans et demi environ que nous
travaillons dans le dossier. Vous avez été vous-même
témoin de l'ardeur que nous y avons mise; nous avons donné des
contributions importantes à des comités que vous avez
convoqués, à des entrevues auxquelles nous avons participé
avec vous et, dans tout ce débat et ce cheminement, les directeurs
généraux, à compter de septembre 1981 et par la suite, ont
eu maintes assemblées au cours desquelles nous avons eu des
résolutions régulièrement prospectives dans lesquelles
nous faisions des progressions et des propositions qui étaient
très dérangeantes et très changeantes par rapport à
la structure.
Nous avons donc, dans notre participation, fait preuve et
témoigné régulièrement de propositions qui
étaient, je dirais, avant-gardistes par rapport au fait que la
fédération a pu démontrer antérieurement des
positions qu'on a pu décrire comme traditionnelles. (23 h 15)
Ce qui a amené des changements de position de la part de
l'association des directeurs généraux, je voudrais le
préciser. Il y a un point fondamental dans le mémoire que nous
déposons: c'est le point selon lequel en rien nous n'attaquons la
nécessité d'une autonomie plus grande au niveau de l'école
et d'une responsabilisation des gens qui y oeuvrent; en rien nous n'attaquons
un principe pour lequel nous avons travaillé depuis deux ans. Ce que
nous attaquons maintenant, c'est ceci: De nos communications avec les
partenaires du réseau - les partenaires du réseau, ce sont tous
ceux qui oeuvrent, qui vont venir ici et que nous avons pu reconnaître
comme étant des commissaires, des parents, des cadres scolaires, des
cadres de services, même les enseignants avec lesquels nous avons eu
quelques échanges - nous avons constaté que, quand nous entrons
dans le domaine des comment faire - je donne comme exemple essayer de
rassembler des enseignants dans leur école, sur leur
manière de faire dans leur classe - la partie du projet de loi 40
qui précise les comment faire la gestion, nous entrons dans le domaine
de la "quasi-infaisabilité" de s'entendre entre nous sur le menu
détail des mécanismes de gestion de chaque milieu, non pas parce
que nous ne le voudrions pas, mais parce que nous travaillons et nous oeuvrons
dans des territoires, dans des communautés qui sont différentes
les unes des autres.
À l'inverse, ce que nous constatons - c'est le témoignage
que nous voulons faire en déposant ce document - c'est que nous pouvons
témoigner que plusieurs commissions scolaires - vous en avez même
reçu ici à la commission - ont fait des créations locales
fort intéressantes. Je le dis en caricature. Je suis sûr que mon
modèle de gestion est plus important et intéressant que celui de
Gérard - il est sûr de l'inverse - simplement parce que nous
l'avons créé dans notre milieu, avec nos gens et on est sûr
qu'il n'est pas exportable. Ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est donc
ceci: Notre proximité maintenant apparente avec la
fédération n'a aucun rapport avec le fait que nous soyons des
fondés de pouvoir le jour. C'est qu'à l'exercice de ce travail,
depuis deux ans, nous avons constaté qu'il nous faut arriver à un
respect des milieux si nous voulons permettre la créativité
locale, et c'est dans ce sens que nous proposons plus de manoeuvre au niveau du
comment.
Quant à la question que vous posez maintenant, oui, nous croyons
qu'il est nécessaire de remettre à l'école des
responsabilités, de façon qu'en pédagogie et en gestion,
on puisse avoir une mainmise locale plus grande. Nous insistons simplement dans
notre proposition en disant que cela doit être fait par des
créations locales où les marges de manoeuvre sont plus grandes,
plus étendues et différentes, d'un territoire à l'autre.
C'est la seule différence selon nous. Ce n'est pas sur le principe, ce
n'est pas sur l'orientation recherchée, c'est sur le comment.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Paquet. M. le
ministre.
M. Laurin: Ailleurs dans votre mémoire, vous dites que
vous voulez faire confiance à la capacité d'évolution du
réseau. Moi aussi, je veux faire confiance à la capacité
d'évolution du réseau. Vous avez, à cet égard, des
formules jolies, même lapidaires. Je les cite: L'élaboration du
concept des projets éducatifs est un signe de maturité. C'est
parce qu'il est un signe de maturité que le projet de loi 40 veut les
généraliser. Entreprendre des expériences de gestion
participative et décentralisée est un signe de vitalité.
Oui, c'est la raison pour laquelle nous voulons les généraliser
aussi par le projet de loi 40. Le développement d'écoles
optionnelles est un signe de réceptivité. Oui, malgré que,
dans certains cas, cela ait pris beaucoup de temps et de difficulté
avant de les développer. Mais nous sommes d'accord que c'est un signe de
réceptivité et c'est pour cela que nous voulons que chaque
école devienne une école optionnelle, c'est-à-dire ayant,
non pas sa saveur locale ou sa couleur locale, mais son projet éducatif
unique individualisé, ce qui correspond d'ailleurs au désir des
usagers. Le développement de la
micro-informatique est un signe de responsabilité. C'est la
raison pour laquelle nous voulons multiplier d'ailleurs intensément le
développement de la micro-informatique, d'une part, et la qualité
des équipements dans toutes les écoles. Mais je vous cite
toujours cette conclusion. Vous ne voulez donner qu'une saveur locale au projet
éducatif national, alors que ce que nous demandent les usagers et
justement les tenants des écoles optionnelles, c'est
précisément un projet éducatif local qui vient
s'intégrer dans le projet éducatif national. Ce n'est pas qu'une
différence de formulation, c'est une différence de contenu qui
m'apparaît fondamentale.
Vous dites ailleurs que le MEQ, par le projet de loi, devient le pivot
du système scolaire. Le projet de loi, je le répète encore
une fois, n'ajoute rien aux pouvoirs actuels détenus par le
ministère de l'Éducation, mais, au contraire, il donne à
ce nouveau palier, à ce troisième palier que nous individualisons
et qui s'appelle l'école et à qui nous confions des
responsabilités, toute sa capacité d'existence et les moyens qui
lui permettront d'assumer la mission qui est proprement la sienne.
Vous craignez aussi que le projet multiplie les centres de
décision. C'est une objection que nous avons souvent entendue sous
plusieurs formes. C'est la menace d'atomisation de l'école. C'est
évidemment le côté administratif de la chose. Je ne rejette
pas cet argument, mais je préfère l'envisager sur le plan
positif. C'est vrai que l'école va devenir un centre de décision
et c'est vrai qu'elle va être caractérisée, chacune
à son endroit, par ses caractéristiques de clientèles, par
la teneur des interventions et du projet éducatif que chaque
école se donnera. Mais c'est précisément, je pense, ce
qu'il faut rechercher, puisque là, nous sommes en matière
éducative, pédagogique proprement dite et c'est
précisément un des objectifs, je crois, que nous devons
rechercher, c'est-à-dire que chaque école produise son projet
éducatif qui correspond aux besoins de sa clientèle, aux besoins,
à la couleur, aux attentes de son milieu. Donc, loin d'y voir une
objection ou un argument à l'encontre du projet de loi, j'y vois
plutôt un argument qui favoriserait l'adoption du projet de loi.
Ne croyez-vous pas, pour votre part, que le fait pour chaque
école de posséder son projet éducatif n'aboutit pas
à la balkanisation, comme vous le craignez, mais plutôt, au
contraire, à l'assomption véritable de la mission propre de
l'école qui est d'améliorer la qualité de l'environnement
éducatif, du vécu éducatif, du développement de la
personne, pour chacun des élèves qui lui sont confiés?
Le Président (M. Blouin): M. Paquet.
M. Paquet (Michel): M. le Président, M. Tousignant
répondra à cette question.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M.
Tousignant.
M. Tousignant (Gérard): Lorsqu'on discute de ces
questions, on constate rapidement qu'une modalité devient une
orientation, un principe et des choses comme ça. Lorsqu'on parle du
réseau scolaire, il serait important, peut-être, de clarifier un
certain nombre de choses. Nous avons toujours compris qu'il y a, bien
sûr, une première instance qui s'appelle le ministère de
l'Éducation à qui on reconnaît que, légitimement, il
puisse définir des orientations. Nous avions cru comprendre, à ce
jour, que le gouvernement reconnaissait aussi dans la réalité
québécoise un deuxième palier qui s'appelait la
région. On le reconnaît au plan municipal. Plusieurs politiques
tendent, bien sûr, à responsabiliser la région.
En matière scolaire, nous pensons que le gouvernement, en toute
cohérence, à partir du palier gouvernemental, devrait, au niveau
de la région, constituer l'assise de ce que pourrait être un
réseau qui s'appelle le réseau scolaire en région et nous
ne trouvons pas illégitime de croire que le gouvernement, par le
ministère de l'Éducation donnant les orientations du
réseau scolaire, puisse fort bien mandater un organisme au niveau de la
région pour assurer le bon fonctionnement du réseau.
Nous avons toujours dit que l'école doit avoir des
responsabilités. Mais, là où le débat se fait,
c'est que l'on ne s'entend pas sur les responsabilités dont
l'école a besoin. La qualité de l'éducation se passe
à un endroit; on peut en discuter fort bien ici ou ailleurs, ça
se passe dans une classe, dans une relation entre un professeur et des
élèves. D'ailleurs, une étude américaine qui,
semble-t-il, a coûté très cher est arrivée à
la conclusion que les enfants apprenaient à partir de personnes qu'ils
aimaient, qu'ils appréciaient. La qualité de l'éducation
se passe dans une classe.
Qu'on pense que, dans le réseau au Québec, il y a 1725
écoles qui ont moins de 225 élèves. On sait qu'il y a 300
écoles qui ont plus de 1000 élèves. Ce que nous disons,
c'est que ces écoles ne requièrent pas les mêmes
responsabilités pour répondre à leurs besoins. Nous ne
pensons pas, par exemple, que l'enfant de maternelle dans une classe ait
besoin, pour un bon service, d'un conseil d'école, entre autres, qui
doit gérer les dispositions du suffrage universel, fort complexes
d'ailleurs. Nous ne voyons pas non plus, pour la qualité du service
à un enfant, qu'il soit nécessaire de gérer une politique
de location de locaux.
Au dernier volet, la position est la
suivante: Quand le gouvernement voit une chose qui est bonne dans un
réseau d'écoles, est-il nécessaire qu'il prenne cette
disposition et la mette dans la loi pour la généraliser? Nous
disons: Que le gouvernement donne les orientations, donne aussi le devoir aux
commissions scolaires d'atteindre les objectifs généraux de
l'éducation. Comme le souligne notre recommandation, nous ne sommes
même pas opposés au fait que les commissions scolaires doivent
répartir les pouvoirs, mais que ceux-ci soient répartis selon les
besoins. Une école de 200 élèves ou de 150
élèves n'a pas les mêmes besoins qu'une école de
3000 élèves; ou bien cela fait quinze ans qu'on a le
réseau et on n'a encore rien compris. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Tousignant. M.
Benoît avait un complément de réponse.
M. Benoît (Guy): M. le Président, j'aimerais redire
ici que nous sommes de ceux qui croient en la nécessité de
responsabiliser l'école, de la rendre plus autonome, de laisser les
agents de l'école prendre en charge leur projet éducatif. Notre
opposition est sur la modalité proposée par le projet de loi 40,
qui fera en sorte que toutes les écoles du Québec auront un
modèle uniforme. Notre expérience et notre analyse de la
situation sont que les écoles à l'intérieur d'une
même commission scolaire -et, évidemment, encore plus dans tout le
Québec - sont extrêmement diverses les unes par rapport aux autres
et qu'on doit, en ce sens-là, pour en exploiter toute la richesse, les
laisser se donner un modèle décentralisé de gestion, mais
un modèle qui leur est propre. D'ailleurs, le sens de notre
recommandation, qui apparaît à la page 19 de notre mémoire,
aurait pour effet d'obliger les commissions scolaires à se donner, en
collaboration avec les écoles de leur territoire, un modèle de
décentralisation qui convienne à la fois aux besoins des
écoles et du territoire donné. Je pourrais parler plus tard de ce
que pourrait avoir l'air un modèle de gestion
décentralisée de ce genre, si les membres de la commission le
désirent.
Deuxièmement, toujours sur la question de l'école, la
modalité proposée dans le projet de loi 40 est axée sur un
partage des pouvoirs. À notre expérience, la tendance naturelle
dans les organisations, c'est pour les gens de se centrer justement sur les
pouvoirs, de tenter d'en accaparer le plus possible. À notre sens, ce
genre de partage des pouvoirs aura pour effet d'isoler l'école
plutôt que de la centrer sur des objectifs à atteindre, du genre
projet éducatif, du genre responsabilisation, du genre ouverture
à la communauté.
Enfin, il y a déjà - d'ailleurs, dans son introduction, M.
le ministre l'a mentionné - un certain nombre de mesures qui sont
proposées dans la loi 40 du genre intégration des commissions
scolaires, confes- sionnalisation, création de commissions scolaires
linguistiques. Déjà là, il y a énormément de
boulot et il y a énormément de changements dans ces
éléments qui vont être imposés au réseau. Si
on ajoute à cela des changements de structures et des changements de
partage de pouvoirs entre la commission scolaire et les écoles, qui
touchent directement la vie de l'école, sa façon de fonctionner,
à ce moment, nous avons des inquiétudes à savoir que,
encore une fois, ces mesures qui sont faites avec un objectif d'augmenter la
qualité de l'enseignement dans l'école vont avoir pour effet de
drainer des énergies plutôt sur l'administratif, sur des pouvoirs
que sur le pédagogique. (23 h 30)
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Benoît.
M. le ministre, une dernière question?
M. Laurin: Oui, une dernière question. Dans un avis que
vous rendiez public sur le livre blanc en octobre 1982, vous faisiez les
recommandations suivantes: "que la loi accorde à l'école des
pouvoirs déterminants en matière éducative et
pédagogique; que la loi accorde à l'école des pouvoirs en
matière de gestion des ressources humaines, matérielles et
financières; que le statut de l'école soit celui d'une
entité institutionnelle qui exerce des pouvoirs reconnus par la loi sous
la responsabilité générale de la commission scolaire.
L'ADIGECS se déclare d'accord avec l'idée d'un conseil de
direction de l'école qui exercerait les pouvoirs dévolus à
un tel conseil. L'ADIGECS recommande que le conseil des commissaires soit
formé par des commissaires élus, pour une partie, au suffrage
universel et, pour une autre partie, par des parents élus par les
conseils d'école."
Je constate que vous faites table rase aujourd'hui de toutes ces
recommandations. Est-ce que vous pourriez expliquer à la commission
comment vous en êtes arrivés à changer d'opinion sur ces
importantes questions?
Le Président (M. Blouin): M. Paquet.
M. Paquet (Michel): Je trouve la question terriblement
pertinente, particulièrement dans le contexte de la première
intervention d'introduction de M. le ministre qui invoquait notre position de
similitude avec la fédération et à laquelle je
répondais par notre historique de collaboration à ce dossier.
Cela me fait plaisir de pouvoir traiter de ce sujet.
Je vais revenir un peu en arrière alors que nous
répondions, après une assemblée générale,
d'ailleurs, où les collègues avaient
participé massivement, à une autre démarche
où, à l'automne 1982, nous avions tenu un colloque avant
même le dépôt du livre blanc, colloque au cours duquel nous
avions amorcé une réflexion qui visait à déposer,
à l'intention du ministre et des partenaires du réseau, une
série de recommandations de changements.
Nous étions donc déjà, à ce moment, dans une
perspective de propositions d'adaptation ou de corrections ou de redressement
à la situation du réseau. C'était un cheminement premier,
gratuit et qui n'avait pas encore été critiqué ni
nettoyé par les partenaires. Le livre blanc arrive, "brusque" un peu,
entre guillemets, notre démarche parce que cela nous obligeait à
accélérer et nous arrivons à cette nécessaire
réaction au livre blanc.
Effectivement, à cette époque, nous avons, par des
résolutions, formellement pris des positions dont vous parliez dans
votre intervention, M. Laurin. Cependant, nous avons, à cette
époque, fait les nuances suivantes et il y en avait deux principales.
Dans la démarche possible de législation pour fixer à
l'école des pouvoirs déterminants, par exemple, en matière
pédagogique et, après, dans les discussions avec les partenaires
et dans les discussions avec les représentants du ministère tant
au niveau politique qu'administratif, nous avons toujours signalé la
nécessaire relation de contrôle de la commission. En tout temps,
nous avons relevé la nécessaire coordination d'ensemble de la
commission de façon que la dimension réseau territorial ne soit
jamais, comme nous le disons maintenant dans notre mémoire,
balkanisée. Donc, il est vrai que nous avons affirmé ces options,
mais nous les avons affirmées dans un contexte conditionnel. Et quand
nous avons travaillé ensuite à des comités de façon
à faire avancer cette idée, nous avons toujours
réclamé ce chapeau d'encadrement général de la part
de la commission.
Une deuxième condition à laquelle nous avons largement
travaillé était la suivante: mais tout ce beau projet, important,
essentiel, sûrement prospectif n'aura pas de vrai suite s'il n'est pas le
fruit d'un consensus significatif des gens du réseau. Entre autres, je
signale - je sais bien que les gens l'ont relevé depuis le début
de la commission et il est important qu'on le relève
régulièrement - la participation plus présente à
nos tables de partenaires des enseignants parce qu'ils vont être
impliqués directement dans les écoles.
Nous avons toujours dit: Ce projet devra avoir le support du consensus
important des partenaires. Or, c'est le résultat auquel nous en sommes
arrivés maintenant et c'est l'obligation à laquelle nous sommes
astreints, nous ne rejetons pas plus l'objectif qu'au début, nous le
maintenons, mais nous constatons qu'il y a deux conditions qui ne se
réalisent pas. La première, c'est que le chapeautage de la
commission n'est pas total et global et la deuxième, c'est que le
consensus auquel nous devions arriver n'est pas présent. Cela nous
oblige donc à dire: C'est peut-être là un constat que nous
ne sommes pas mûrs pour un projet global et uniformisant; tout au plus
sommes-nous assez mûrs, parce qu'on en a parlé largement, pour
que, dans chaque commission, il y ait plus de pressions pour que les projets
locaux se réalisent.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Paquet. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je constate que les
interventions et les questions du ministre ont occupé le temps pendant
une demi-heure. Je ne veux pas lui en faire reproche, mais je voudrais que vous
conveniez que le reste de la période jusqu'à minuit devrait
être accordé à l'Opposition et que vous me permettiez,
à même cette période, de prévoir quelques minutes
à la fin pour mon collègue de Viau afin qu'il puisse
compléter l'intervention que j'aurai faite. Je pense que c'est
l'élémentaire justice.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, vous savez très bien, si ça ne vous vient pas
à l'esprit pour le moment, qu'en commission parlementaire le ministre a
droit à toute la latitude qu'il désire prendre en termes de
temps, alors que, pour les autres membres de la commission, cela se limite
à vingt minutes par intervenant. Jusqu'à maintenant, nous avons
été, enfin pour utiliser une expression qui vous fera plaisir,
plus libéraux à l'égard du représentant de
l'Opposition, mais je crois que nous devrons continuer en fonction de ces
règlements et, si nous voulons vraiment jouer le livre, je ne pense pas
que nous y gagnerons. Jusqu'à maintenant, les choses se sont bien
déroulées. Alors, je vous cède la parole, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vous soulignerai que, chaque fois que nous avons
siégé en commission, nous avons eu des ententes pratiques, qui
allaient au-delà de la lettre du règlement, qui ont
été respectées de part et d'autre. De toute
manière, le problème ne se pose plus, puisqu'il est minuit moins
vingt.
Le Président (M. Blouin): Nous pourrions toujours
excéder de quelques minutes, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: On l'appréciera, si c'est requis. Si vous voulez
nous accorder quelques minutes de plus, cela nous aidera à
compléter. Ce n'est pas parce que je veux abuser de notre temps
collectif. Je pense
que nous aimerions tous mieux rentrer chez nous, même à
cette heure-ci, mais nous avons eu, en fin de journée, une intervention
très importante, c'est la quatrième aujourd'hui, qui va dans le
même sens général.
Je me rappelais, en écoutant le début de l'intervention
des directeurs généraux, l'intervention qu'ils avaient faite
devant la commission parlementaire qui avait examiné le conflit des
enseignants en mars dernier. À ce moment-là, les directeurs
généraux étaient venus nous rencontrer et nous avaient
soumis un mémoire qui était plutôt favorable aux
décrets imposés à l'époque par le gouvernement. Le
ministre les avait reçus avec les paroles suivantes: "L'association des
directeurs généraux joue, au sein des commissions scolaires, un
rôle majeur, analogue, à un niveau plus élevé,
à celui des directeurs d'école. Leur rôle est
également un rôle majeur, essentiel, puisqu'ils sont les
gestionnaires principaux quotidiens des commissions scolaires. Il est donc
important d'accorder une grande attention à ce qu'ils nous disent ce
soir". Je pense que ce qui valait il y a à peu près dix mois est
aussi bon aujourd'hui et que la matière que nous discutons ce soir est
encore plus importante, en tout cas, dans ses répercussions à
long terme, que celle qui était l'enjeu de nos discussions au
début de mars dernier.
Il y une chose qui me frappait, en vous écoutant, c'est la
contradiction majeure entre le discours et les actes du gouvernement. Je
relisais des passages du livre blanc où l'on disait qu'il était
temps de reconsidérer le rôle du ministère, de l'axer
davantage sur sa vocation essentielle, qui est celle de servir de soutien,
d'animateur pour l'ensemble du réseau scolaire. Lorsque nous faisons le
bilan des actes posés au cours des dernières années, la
liste comprend surtout des actes centralisateurs.
Vous dites une chose, je pense que c'est à la page 13 de votre
mémoire. C'est important que l'on se comprenne très bien sur le
sens de la centralisation. Depuis quelques jours, il y a eu des exercices de
comptabilité. On a dit: On vous donne six pouvoirs, on vous en donone
quatre, on vous en donne trente-quatre. Il y en a d'autres qui disent: Vous en
retenez 83, etc. Je pense que, finalement, cette comptabilité peut
être bonne pour les jeux d'effet sur l'opinion, mais cela ne rend pas
compte du fond des choses. Je pense que, lorsqu'on parle de tendance
centralisatrice, c'est, comme vous le dites dans une formule qui résume
tout, à mon point de vue, cette tendance à édicter et
à normaliser du ministère de l'Éducation.
Je me faisais une liste rapide d'exemples qui remontent à ces
dernières années. Cela commence avec la loi 57,
évidemment, sur la fiscalité scolaire qui accroît la
dépendance financière des commissions scolaires à
l'endroit du gouvernement. Le régime pédagogique, c'est une autre
mesure qui renforce l'autorité centrale du ministère; les
décrets, cela va dans le même sens; les coupures
budgétaires. Voici des mesures centralisatrices qui ont toutes
émané du centre. On a imposé des normes jusque dans le
détail quant aux coupures qui devaient être effectuées ici
ou là; l'affaire des 40 000 000 $, l'an dernier, des surplus des
commissions scolaires qu'on est allé chercher par une méthode de
calcul récurrent.
L'an dernier, on a adopté, après les décrets...
À la fin de chaque session, on nous présente un projet de loi
omnibus qui ramasse toutes les affaires dont on ne voulait pas faire des
projets de loi en bonne et due forme; on les met là-dedans et c'est le
produit Heinz avec les 57 variétés, c'est le produit de la fin de
session. Il y avait dans ce projet-là un article qui venait confirmer le
pouvoir du ministère d'édicter les conditions de travail des
salariés non syndiqués des commissions scolaires. Je me rappelle
que j'avais été tout étonné de cela. J'avais dit:
Vous avez déjà ce pouvoir-là, j'imagine, en vertu du
fameux article 16 de la Loi sur l'instruction publique, qui vous donne le
pouvoir de faire des règlements pour l'organisation, l'administration,
la discipline des écoles. Il y avait déjà un
règlement semblable qui existait. On nous a dit: Cela n'est pas assez.
On veut être bien sûrs que cela nous appartient et on a
adopté un article de loi. Je ne sais pas s'il a échappé
à votre attention, cela m'a bien frappé à l'époque
parce que j'avais essayé de le faire retenir, mais j'avais
été soutenu seulement par mon collègue de l'Opposition qui
était avec moi à ce moment-là.
Là, on continue, on le met en toutes lettres dans le projet. Il
me semble qu'on pourrait peut-être se dire: On a été
obligés de faire cela pendant quelques années, mais ce n'est pas
dans cette direction-là qu'on veut aller. Mais, là, on le met
dans le projet de loi et on dit: C'est cela qu'on voudrait faire. Cela n'a pas
de bon sens, à la longue, que des conditions de travail soient
déterminées, jusque dans le détail, pour les
salariés non syndiqués des commissions scolaires par un
règlement ministériel. Cela n'a pas de bon sens. Que les
conditions salariales soient déterminées comme cela l'est dans le
secteur syndiqué, je le comprendrais et j'espérerais qu'on puisse
aller au-delà de cela un jour, mais dans l'avenir prévisible
c'est très difficile d'envisager une telle chose. Mais que cela aille
dans le détail comme c'est actuellement, il me semble qu'on devrait
viser au moins à sortir de ce genre d'encarcanement, mais on ne voit pas
de signe qui l'indique.
On a eu des événements récents, le
projet de règlement des études collégiales.
Pourtant, s'il y a une affaire qui mûrit depuis longtemps, c'est cela.
Mais il a fallu tenir une commission parlementaire pour que le gouvernement se
fasse dire: II y a bien des aspects là-dedans dont on ne veut pas.
L'affaire des micro-ordinateurs, cela me fait rire! Pardon?
Une voix: Vous et vos amis.
M. Ryan: Non, c'est parce qu'il y a quelque chose
là-dedans. Je suis allé visiter une école polyvalente
durant le temps des fêtes, qui est une des plus avancées en
matière de micro-ordinateurs à Montréal. Là, j'ai
appris qu'on s'était organisé. On n'a pas attendu les directives
du ministère et tout cela. Les 40 ordinateurs dont ils ont besoin, ils
les ont. Ils les ont acquis à bien meilleur compte qu'aucune des
propositions qui ont été faites au gouvernement ne vous aurait
permis de le faire. Ils se sont arrangés sur le marché libre. Ils
sont allés chercher de très bon ordinateurs. Ce ne sont pas des
Matra, ce ne sont pas des Olivetti, ce ne sont pas des IBM; c'est une autre
marque, très bonne aussi, que les enfants apprécient
énormément. Ils ont pris l'initiative, ils ne voulaient vraiment
pas que cela passe par toutes les tracasseries de la bureaucratie. Les
enseignants se sont formés en petite coopérative. Ils les ont
achetés eux-mêmes, ils ont dit: On va les louer à
l'école et elle prendra cela à même son budget d'entretien.
Elle paiera un petit loyer là-dessus et cela va marcher. Le ministre
sera au courant de cela dans deux ans. Sa directive va venir, mais cela fait
longtemps qu'elle est dépassée par les événements.
C'est cela qu'on voudrait qui soit compris clairement: dans la vie
réelle, il y a un tout autre cheminement que celui de toute cette
pléthore de comités qui se réunissent et qui même,
des fois, ne sont pas capables d'aboutir à des résultats
collectifs. Dans ce cas-ci, on avait engagé un processus, on est
passé à côté vers la fin. (23 h 45)
Je dis que le projet de loi est un exemple extrêmement
éloquent de cela. On dit: On va susciter la participation, la
décentralisation, la responsabilisation de l'école et on commence
par un projet éminemment déresponsabilisateur. Cette
manière de procéder, imposer un cadre uniforme dans tout le
Québec, primaire, secondaire, anglais, français, catholique,
protestant, je trouve que cela ne tient aucun compte de la
variété du développement que nous avons connue dans ce
milieu depuis un bon nombre d'années et je pense que c'est une
manière de procéder qui est absolument fausse. C'est le message
qu'on est venu nous dire ce soir, M. le ministre. Vous avez dit que vous alliez
l'étudier. C'est bien plus important que les petits passages qui
soulèvent des difficultés.
Il y avait deux recommandations à la fin du mémoire que
vous n'avez commentées ni l'une ni l'autre; ça m'a bien surpris.
On vous dit: On voudrait former un comité conjoint
ministère-commissions scolaires pour étudier de manière
véritable le problème de la décentralisation. Cela
voudrait dire, évidemment, qu'il faudrait que, concernant votre projet
de loi, sauf dans les étapes qui peuvent être mises en route
immédiatement, vous disiez: On va attendre un peu. Si on attend un an ou
deux pour ça, personne ne va mourir; peut-être votre gouvernement,
mais, à part ça, il n'y a pas de danger. Je pense que c'est le
sens d'une des deux suggestions qui vous sont faites; j'espère que vous
allez l'écouter et la commenter en d'autres lieux, vu que le temps ne
s'y prête pas trop ce soir.
On disait deuxièmement: Que chaque commission scolaire soit
invitée à se donner un modèle de décentralisation,
de responsabilisation des écoles convenant à leurs besoins. C'est
ce sur quoi je vais vous interroger tout de suite. Il me semble que ce sont des
propositions véritables, étayées, d'ailleurs, par des
dossiers de réalisation de choses qui sont déjà en marche;
ce ne sont pas des choses qui viennent de nulle part, ça vient d'une
expérience considérable. La première partie, un
comité conjoint qui aurait un mandat véritable de travail, si
vous vouliez l'expliquer un peu, je ne détesterais pas ça pour
qu'on soit sûr de bien comprendre la portée de votre proposition.
Deuxièmement, vous dites: Chaque commission scolaire se donnerait un
programme de partage des responsabilités. Qu'est-ce que ça veut
dire exactement? Comment ça se réaliserait? Le ministre a
émis une inquiétude à laquelle je suis sensible. Il a dit:
Oui, c'est bien beau de dire: On va se donner un objectif, mais comment va-t-on
s'assurer ensemble qu'on va progresser dans cette direction? Est-ce qu'il y a
des conditions que vous pourriez énoncer qui vont faciliter la
réalisation d'un objectif comme celui-là, des moyens de
vérification, des garanties de progression dans cette direction?
J'aimerais que vous nous donniez des explications sur ces deux points.
En terminant, je voudrais vous remercier de nous avoir amenés,
dans un langage simple et très sobre en même temps, mais
très clair, au coeur même du problème. À ce moment,
on se dit: La dentelle, à savoir s'il y aura trois ou quatre membres au
comité, c'est secondaire. Ce qui nous importe, c'est le coeur même
du problème. Vous formulez deux propositions. Je vous félicite de
nous avoir amenés à la question et je voudrais que vous nous
précisiez les deux recommandations que vous faites.
Le Président (M. Blouin): M. Paquet.
M. Paquet (Michel): M. le Président, j'irai sur la
première partie, parce qu'on touche la première recommandation.
Je ferai cela brièvement et M. Tousignant traitera de la deuxième
avec des commentaires possibles, si nécessaire, de M. Benoît.
Sur la première question, à savoir que le gouvernement
crée un lien obligatoire et officiel, on n'a pas travaillé dans
notre proposition - c'est pour ça que nous ne l'avons pas mis dans notre
document - des modalités très précises sur les comment. Ce
qu'on voulait surtout, c'est que cette commission constate qu'il y a un
contentieux qui dure, qui recommence, qui s'éteint, qui recommence, qui
touche la notion de décentralisation, qui est important et qui est de
niveau politique. Depuis de nombreuses années, entre le niveau
politique, qui nous engage, que sont les commissions scolaires et le niveau
politique gouvernemental représenté par le ministère, il y
a un contentieux qui engorge et qui oblige régulièrement à
la reprise de décisions ou à la révision de
mécanismes parce que, sur le fond du terrain, on ne s'entend pas. Ce sur
quoi on insiste, c'est qu'il serait nécessaire que la recommunication se
fasse et essentiellement, si on pouvait créer des comités ou des
genres de commissions d'enquête centrés sur la
décentralisation qui rapprocheraient les deux niveaux politiques
auxquels on fait référence, les commissions et le gouvernement,
et qui pourraient travailler sur cette notion de décentralisation, je
pense que ça pourrait avoir pour avantage, si on pouvait atteindre cette
cible, de nettoyer un ciel gris qui dure et qui fait que, sur la
réalisation, régulièrement, on a cela comme engorgement.
Il n'est pas question de poser des jugements ou de chercher des fautifs.
À notre niveau, comme administrateurs - tout le réseau en parle -
on constate que, dans la relation, en termes de débat, en termes de
position sur la décentralisation, ces zones grises ne sont pas
clarifiées, qu'elles créent des impacts sur toutes sortes de
décisions après et des contestations pour ceux qui les
subissent.
On dit donc qu'il y aurait peut-être nécessité
d'avoir une commission quelconque liant les deux organisations, avec des
partenaires pour aider à la recherche, pour clarifier cette zone. Si cet
objectif pouvait se réaliser, nous pourrions, à ce
moment-là, plus facilement travailler le deuxième, mais il peut
se réaliser dans des milieux qui, eux, sont plus en avance.
Là-dessus, M. Tousignant va vous parler de nos façons pratiques
d'articuler le deuxième, comment les commissions scolaires, en
collaboration avec les intervenants, pourraient adopter un modèle de
décentralisation qui convienne à leurs besoins.
Le Président (M. Blouin): M. Tousignant.
M. Tousignant: M. le Président, je vais commencer par un
exemple en vous décrivant comment s'est fait un certain partage de
pouvoirs et responsabilités entre la commission scolaire et
l'école. Le plus récent que j'ai en mémoire, c'est une
responsabilité confiée à l'école en matière
de gestion de la cafétéria. Cette procédure ou ce
cheminement se fait de la façon suivante: la commission scolaire, avec
les écoles et les directeurs d'école, entre autres,
réfléchit à la problématique posée par la
gestion des cafétérias. Il se fait une démarche à
laquelle sont associés les parents. En fin de compte, les parties
conviennent - direction d'école, parents, etc - de ce qui va être
de la responsabilité de l'école et de ce qui va demeurer à
la commission. Entre autres, comme résultat, la commission a la
responsabilité d'énoncer une politique alimentaire et
l'école assume ce qu'on appelle la gestion de la
cafétéria, avec un comité formé à la fois de
directeurs d'école, de commissaires, de parents et de membres
intéressés pour gérer toute la question alimentaire dans
l'école. Voilà la façon dont on procède
actuellement.
Ce que nous suggérons, nous pensons que c'est une façon de
s'inscrire de manière plus cohérente dans la
décentralisation, en voulant vraiment poursuivre le discours de
décentralisation, tout en permettant l'émergence de
modèles diversifiés. Quand on avance une hypothèse comme
celle-là, bien sûr, il y a automatiquement des interrogations
à savoir qu'est-ce qu'on fait avec les milieux qui ne s'entendraient
pas, qu'est-ce qu'on fait avec des milieux qui n'accepteraient pas de cheminer?
Quand on dit cela, nous n'avons aucune forme d'objection à ce que soit
prévue dans la loi une obligation afin que les commissions scolaires,
avec les écoles, procèdent à un partage des pouvoirs et
nous ne nous opposons même pas, non plus, à prévoir des
mécanismes de recours si les parties ne s'entendent pas. Ceci est
généralement reconnu dans presque toutes les situations.
Notre hypothèse est que ce modèle pourrait faire que la
prise de responsabilités dans les écoles tiendrait compte de
leurs besoins réels et se ferait au rythme des milieux. C'est notre
prétention de dire que, si on veut vraiment parler de
décentralisation, on parle de prise en charge. Prendre en charge
signifie respecter le rythme, respecter aussi la diversité.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Tousignant.
M. le député de Viau, très rapidement s'il vous
plaît:
M. Cusano: Merci, M. le Président.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Depuis le début de nos
interventions, on a toujours eu l'alternance.
M. Laurin: On avait convenu...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles, il y a eu une entente entre les deux partis. M. le
député de Fabre a accepté que M. le député
de Viau intervienne très rapidement pour que nous puissions terminer
à minuit. C'est ce dont on m'a fait part.
Mme Lavoie-Roux: Ce sera pour demain.
M. Champagne (Mille-Îles): Ce seront d'autres
invités et j'avais quand même des questions à poser
à ceux-ci.
Mme Lavoie-Roux: On en a tous et on se retient.
M. Champagne (Mille-Îles): D'accord. J'ai donné mon
droit de parole, tout à l'heure, pour le bien de la commission. Alors,
on essaiera de trouver un autre moment.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, je tenterai encore
d'être très bref, comme d'habitude. Depuis les fuites et, ensuite,
la publication du livre blanc, le ministre n'a fait que parler d'harmonie, de
concertation, de respect qu'il a et qu'il aura envers les commissions
scolaires, les écoles, les comités d'école, etc. Mais la
contradiction entre les discours et les actes de ce gouvernement, du ministre
et du ministère de l'Éducation soulève des craintes dans
le milieu scolaire et avec raison. Plusieurs ont exprimé la crainte, une
fois que le projet de loi serait adopté, de l'intervention du MEQ et du
ministre dans le fonctionnement quotidien de l'école. Je vais sauter,
à cause du temps, tous les exemples qu'on pourrait citer, mais je me
souviens d'un en particulier, c'était la distribution d'un document qui
s'intitulait Minute Ottawa! dans le débat constitutionnel, qui avait
été envoyé directement dans les écoles et on avait
demandé aux directeurs d'école d'en faire la distribution. Je me
rappelle que le ministre nous avait dit en Chambre qu'il allait prendre toutes
les mesures pour s'assurer - il n'était pas le responsable, il nous
disait que c'était un autre ministère qui avait envoyé ce
document dans les écoles -que cela ne se reproduise pas. On dit, M. le
Président, que le passé est le garant de l'avenir.
Ma question sera très brève afin de donner à nos
invités la chance de répondre. J'aimerais leur demander si,
depuis ce fameux débat constitutionnel et depuis cette promesse formelle
du ministre de ne pas demander aux écoles ou aux directeurs
d'école de remplir des tâches particulières sans passer par
lui, à votre connaissance, il y a des directives qui sont parvenues du
ministre de l'Éducation directement aux directeurs d'école.
Le Président (M. Blouin): M. Paquet, s'il vous
plaît! Vous n'êtes pas au courant?
M. Paquet (Michel): Non, ce n'est pas cela; j'essaie quand
même de prendre la question dans son sens le plus large. La seule chose
que je peux répondre, c'est ceci: Comment évaluer à des
moments des circulaires ou directives qui peuvent être acheminées?
Je le signale sans exemple précis. Il peut arriver que des circulaires
puissent avoir été envoyées et que nous ayons eu des
discussions d'ajustements, alors qu'il s'agissait strictement d'erreurs en
termes de stratégie d'information. Mais c'est difficile de pouvoir
identifier dans cela des intentions. En ce qui me concerne, comme
président de l'association, nous n'avons pas eu de débat, ni de
discussion, ni de relation avec le ministère pour contester des erreurs
présumées. Des erreurs de type administratif ont pu se
présenter; je pense que c'est chose normale en général
à cause de l'importante quantité de communications qui nous
arrivent.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viau, il est presque minuit, je vous le signale.
M. Cusano: II reste 30 secondes et je vais essayer de terminer en
30 secondes.
Le Président (M. Blouin): En 30 secondes, allez-y.
M. Cusano: Est-ce que vous êtes au courant d'une lettre qui
a été envoyée, signée par M. Camille Laurin,
datée du 22 décembre 1983, où il demande aux directeurs
d'école de faire la distribution de chèques à certains
élèves?
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viau, j'essaie de vous suivre, j'essaie de comprendre la pertinence de vos
questions et, selon le mandat que nous avons reçu de l'Assemblée
nationale, je vous assure que j'ai beaucoup de difficulté à vous
suivre. Est-ce que vous pourriez...
M. Cusano: M. le Président, c'est à cause des
limites de temps.
Le Président (M. Blouin): ...faire un lien
quelconque avec le mandat de la commission?
M. Cusano: Excusez-moi. C'est sur la question de la
décentralisation et sur la question des craintes qui ont
été exprimées que le ministre, une fois son projet de loi
adopté tel quel, aura certains pouvoirs et qu'il pourra passer
au-delà des commissions scolaires et aller directement dans les
écoles. C'est pour cela que je demande si nos invités sont au
courant qu'il y a eu une lettre et quelle est leur réaction concernant
cette lettre.
Le Président (M. Blouin): Enfin, très rapidement,
s'il vous plaît!
M. Cusano: Très rapidement! Je ne peux pas aller plus vite
que cela, M. le Président.
M. Paquet (Michel): M. le Président, au début de la
présentation, j'expliquais la différence des rôles que nous
exerçons. M. Tousignant est au niveau secondaire, moi au niveau
primaire. Dans la pratique, je n'ai pas eu cette lettre touchant les niveaux
d'enseignement secondaire et ceux intégrés. Ce qu'on m'a dit
comme président d'association, c'est que cette lettre a
été reçue. Cependant, je ne suis pas capable de vous
exprimer s'il y a une réaction ou un commentaire que nous devrions
faire, puisque, au point de vue de la gestion, je n'ai pas été
impliqué comme tel. Mais, comme association, je ne peux pas, non plus,
affirmer qu'il y a là un fait non normal dans le comportement
administratif parce que je ne connais pas la teneur de la lettre. Donc, il est
difficile pour moi...
Le Président (M. Blouin): Merci. Merci, M. le
député de Viau. Sur ce, je remercie nos invités, les
responsables de l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires, de leur participation à nos travaux. J'invite
tous ceux qui suivent nos débats, ainsi que les membres de la commission
à être présents demain à 9 heures puisque c'est
à neuf heures que nous reprendrons nos travaux. Les travaux de la
commission sont donc ajournés à demain, 9 heures.
(Fin de la séance à 0 h 1)