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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Je signale aux membres de la commission, avant que nous ne commencions
véritablement nos débats, que la Fédération des
employés municipaux et scolaires du Québec a soumis après
les délais prescrits un mémoire au Secrétariat des
commissions parlementaires. Après entente entre les membres de la
commission, particulièrement entre les représentants des deux
partis, il a été convenu que nous accepterions que ce
mémoire soit déposé au Secrétariat des
commissions.
Il en va de même pour un mémoire qui a été
déposé après les délais prescrits par le
comité d'école Saint-Jean-de-Wickham, du comté de
Drummond. Il y a eu consentement également pour que nous puissions
déposer ce mémoire même si les dates prescrites avaient
été dépassées.
Les membres de cette commission sont M. Brouillet (Chauveau), M.
Champagne (Mille-Îles), M. Cusano (Viau), Mme Harel (Maisonneuve), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), M. Hains (Saint-Henri), M. Laurin (Bourget), M.
Leduc (Fabre), M. Gauthier (Roberval), M. Payne (Vachon), M. Ryan
(Argenteuil).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Charbonneau
(Verchères), M. Maltais (Saguenay), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Paré (Shefford), M. Rochefort (Gouin), M.
Sirros (Laurier).
M. le député d'Argenteuil, vous aviez une
intervention?
Organismes désirant être entendus
M. Ryan: Oui, M. le Président. Avant que nous n'entendions
l'organisme que nous avons hâte de rencontrer tantôt, je voudrais
tout d'abord vous demander si, à la suite de la discussion que nous
avons eue au début de la séance inaugurale d'hier matin, vous
avez écrit aux organismes qui avaient demandé à être
entendus par la commission dans le sens qui avait été
indiqué à la fin de l'échange que nous avons eu et si,
dans l'hypothèse affirmative, vous daigneriez nous communiquer une copie
de la lettre que vous auriez envoyée.
Le Président (M. Blouin): Vous pensez bien, M. le
député d'Argenteuil, que nous avons fébrilement
travaillé à la rédaction de cette lettre qui est sur le
point d'être complétée. Dès que j'en aurai le texte,
il me fera plaisir de vous en faire lecture. Cela ne devrait pas être
très long.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Je présume qu'au cours de
la journée nous pourrions procéder.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup. Maintenant, vous me
permettrez sans doute, en prolongement de cet échange, de donner
communication de quelques messages que j'ai reçus au cours de la
journée d'hier d'organismes qui avaient fait part à la commission
de leur désir d'être entendus, qui s'inquiétaient. Je pense
que c'est bon qu'ils sachent que leur message a été reçu,
qu'il a été communiqué en bonne et due forme, qu'il a
été entendu et accueilli par les parlementaires.
J'ai d'abord un message de la commission scolaire Baldwin-Cartier dans
lequel on lit ceci: "La commission scolaire Baldwin-Cartier est
extrêmement étonnée d'apprendre que la commission
parlementaire sur le projet de loi 40 n'a pas prévu la recevoir alors
qu'elle entendra ses comités régionaux de parents francophones et
anglophones. Il est essentiel que la commission parlementaire entende les
représentants officiels de la commission scolaire Baldwin-Cartier. C'est
pourquoi nous exigeons qu'elle rencontre ces derniers. Nous entendons
connaître, dans les plus brefs délais, le moment où la
commission parlementaire recevra la commission scolaire Baldwin-Cartier afin de
lui permettre de lui transmettre publiquement ses points de vue sur le projet
de loi 40."
Il y a un autre télégramme qui se lit comme suit, en
provenance celui-là - on va le trouver en avançant - : "Monsieur.
Après avoir pris connaissance de la liste des organismes qui seront
entendus lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 40, nous
dénonçons le fait qu'aucun organisme de
l'Abitibi-Témiscamingue n'ait été retenu. D'autant plus
que la lettre du sous-ministre Jacques Girard, du 21 juin dernier, laissait
entendre que tous les organismes désirant être entendus sur ce
sujet seraient convoqués. Quelles ont été les
critères de sélection? Encore une fois, les régions
périphériques comme l'Abitibi-Témiscamingue seront-elles
ignorées? Nous comprenons mal qu'un organisme représentant douze
commissions scolaires - il s'agit en l'occurrence de l'Association des
commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue, laquelle regroupe
douze commissions scolaires - et toute une région ne soit pas entendu.
La sélection des organismes qui seront entendus nous porte à
croire que les opposants au projet de loi seront ignorés et que les
régions périphériques non représentées
devront vivre au pouls des régions populeuses de Montréal,
Québec et l'Estrie. Nous demandons avec insistance qu'au moins un
organisme d'éducation dans chaque région du Québec soit
entendu lors de la commission." Ceci est signé par la présidente
de l'Association des commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue,
Mme Noëlla
Labelle."
Un autre télégramme ici qui me parvient du directeur de
l'Institut canadien d'éducation des adultes, M. Paul Bélanger,
dans lequel celui-ci déclare: "N'ayant reçu aucune réponse
à date à sa demande de comparution, l'Institut canadien
d'éducation des adultes réitère sa demande de participer
à la commission parlementaire sur le projet de loi 40. Le mémoire
de l'ICEA date du 7 novembre et est déjà en votre possession.
L'institut tient à faire valoir le point de vue des adultes sur cette
question. Paul Bélanger, directeur de l'ICEA."
Un autre de Mme Céline Bergeron, présidente du
comité de parents de la commission scolaire régionale de
l'Estrie. "Monsieur, nous comptons sur votre appui pour être entendus
à la commission élue permanente de l'éducation. Notre
commission scolaire régionale de l'Estrie présente une situation
géographique particulière, dispense l'enseignement à plus
de 16 000 élèves et présente des caractéristiques
qui sont propres à notre milieu. Nous croyons donc légitime de
faire entendre notre point de vue." C'est signé, Céline Daneau
Bergeron, présidente du comité de parents.
J'ai également une lettre de la commission scolaire de
Sainte-Croix. Le conseil des commissaires m'adresse une copie de lettre
envoyée au ministre de l'Éducation dans laquelle on
déclare ceci: "Le conseil des commissaires de Sainte-Croix a
répondu à vos nombreuses invitations pour une participation
active sur le projet de loi 40. À la fin d'octobre nous avons soumis,
sous forme de mémoire, nos réflexions sur ledit projet. Vous nous
avez toujours assuré que le gouvernement était
intéressé à entendre en commission parlementaire tous les
intervenants du milieu de l'éducation. Nous avons appris officieusement
que notre organisme ne serait pas invité à défendre ses
vues devant les membres de la commission parlementaire. Nous insistons pour que
notre commission scolaire soit invitée à soumettre de vive voix
son avis sur le projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et
secondaire."
M. le Président, je vous communique cette liste de messages qui
m'étaient parvenus au cours de la journée d'hier dans l'espoir
que nous pourrons nous entendre avec le gouvernement pour que ces organismes
soient invités dans les plus brefs délais à
compléter, ne serait-ce que partiellement, la liste déjà
connue des organismes invités.
Auditions
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil. Sur ce, je rappelle le mandat de cette
commission qui est d'entendre toute personne ou tout groupe qui désire
intervenir sur le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public.
Ce matin, nous allons entendre les représentants de la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec sur le projet de loi 40. Je les inviterais donc - on me dit qu'il
y a beaucoup d'invités qui désirent prendre place à notre
table - tout de suite à s'approcher. Comme il s'agit d'une
fédération, il a été entendu que celle-ci aurait un
certain nombre d'heures à sa disposition afin de procéder aux
échanges avec les membres de cette commission parlementaire. Le choix de
la fédération a été de regrouper les
mémoires, donc de faire une présentation un peu plus longue que
les autres que nous avons entendus hier et qui permettra un échange avec
l'ensemble des groupes et non avec chaque groupe pris individuellement. Je
demande donc maintenant aux représentants de la fédération
de s'identifier, d'identifier les gens qui les accompagnent et ensuite de
procéder à la présentation de leur mémoire.
Fédération des comités de
parents
M. Gervais (Henri): Merci, M. le Président de nous donner
l'occasion de nous faire entendre. Dans un premier temps, j'aimerais vous
présenter les membres du conseil d'administration et les
présidents des régions: le premier vice-président, M.
Lucien Bédard, le deuxième vice-président, M. Ghislain
Lavoie, aussi président de sa région, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la troisième vice-présidente, Mme
Marie-Alice Lupien; notre agent d'information, Mme Marie-Rose Bouillon; le
trésorier, M. Serge Cossette. Les membres du conseil d'administration
sont, pour la région
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, M. Jean-Marie
Cotton; pour la région Saguenay-Lac-Saint-Jean, Mme Diane Girard; de
Québec, Mmes Lyse Demers et Gemma Poulin; de Trois-Rivières, Mmes
Madeleine
Payette et Christiane Buisson; de Laval-Laurentides, Mme Hildburg
Barkany et M. Michel Lafortune; pour Salaberrry-Richelieu-Yamaska, Mmes Yolande
Charbonneau et Marielle Ferland; pour l'île de Montréal, M. Garry
Stronach et Mme Jacqueline Beauchemin, également présidente de sa
région; de Hull-Outaouais, M. Henri Sanscartier, M. Guy Cyr, aussi
président de sa région, et M. Claude Ménard; pour
l'Abitibi-Témiscamingue, M. Claude Nicolas; pour la Côte-Nord, Mme
Jacqueline Piret, présidente de sa région. Au niveau des
présidents des sections pour le Bas-Saint-Laurent, nous avons avec nous
M. Euclide Moreau; de Québec, M. Gérard Boivin; de
Trois-Rivières, Mme Huguette Lévesque; de
Laval-Laurentides-Lanaudière, M. Marcel Parenteau; de
Salaberry-Richelieu-Yamaska, Mme David; pour l'Abitibi-Témiscamingue,
Mme Estelle Morin.
Le Président (M. Blouin): Quel est votre nom?
M. Gervais: Henri Gervais, président de la
Fédération.
Le Président (M. Blouin): Nous vous souhaitons la
bienvenue, M. Gervais.
M. Gervais: La directrice générale, bien sûr
qui, à ma gauche, est Mme Lucille Bérubé.
Nous vous présentons d'abord notre mémoire national, qui
est un consensus de toutes les sections et qui a obtenu un vote fortement
majoritaire à notre assemblée générale de septembre
1983. Des sections ont demandé à être entendues
individuellement tout en appuyant sans réserve le mémoire de la
fédération. Ce sont les régions de
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Québec, de
Laval-Laurentides-Lanaudière et de l'île de Montréal. Cet
avant-midi, nous produirons le mémoire national de la section
Laval-Laurentides-Lanaudière; cet après-midi, à 15 heures,
celui des sections du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Québec et de
l'île de Montréal.
Je dois vous souligner, M. le Président, que, concernant
Laval-Laurentides-Lanaudière, le président de cette région
ne désire pas lire le mémoire, mais il serait quand même
prêt à répondre aux questions des membres de la commission
touchant le mémoire plus spécifique sur lequel il a
travaillé.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Gervais: À la fin de la journée, j'ajouterai une
brève conclusion - à peine quelques minutes - et ce, à
l'intérieur du temps qui nous est alloué. Ceci, bien sûr,
avec l'agrément de toutes les personnes concernées.
M. le Président, au point de départ, j'aimerais donner aux
membres de la commission une idée précise de ce qu'est notre
organisme.
La Fédération des comités de parents de la province
de Québec existe officiellement depuis le début de
l'été 1974. La première assemblée
générale a eu lieu le 7 juin 1975.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil aurait une intervention à faire.
M. Gervais: Oui, je vous en prie, M. le député.
M. Ryan: M. le Président, c'est que j'ai entendu M.
Gervais dire des choses qui m'ont un peu étonné. Je voudrais que
ce soit clair. Vous avez donné l'ordre du jour de la journée, si
j'ai bien compris. Ordinairement, c'est le président de la commission
qui nous donne cela. Cela m'a étonné un peu.
Moi, j'ai compris, d'après le programme que nous a remis le
gouvernement - je demande un éclaircissement au président de la
commission - que la Fédération des comités de parents du
Québec passait ce matin, de 10 heures jusqu'à 13 heures, et
qu'ensuite d'autres organismes passaient cet après-midi. Je pense qu'il
y a l'Association des comités de parents de
Laval-Laurentides-Lanaudière et l'Association des comités de
parents de la région 03. Est-ce que j'ai compris que M. Gervais a dit
qu'il revenait à la fin de la journée?
Le Président (M. Blouin): M. Gervais, si vous permettez,
le député d'Argenteuil a parfaitement raison. J'ai omis de donner
aux membres et à nos invités l'horaire de la journée. Si
vous me le permettez, je vais maintenant procéder.
Ce matin, à 10 heures, c'est donc la Fédération des
comités de parents de la province de Québec, suivie de la
Fédération des comités de parents de
Laval-Laurentides-Lanaudière.
Cet après-midi, on entendra l'Association des comités de
parents de la région 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean; ensuite l'Association
des comités de parents de la région 03, Québec et
finalement, l'Association des comités de parents de la région
06c, île de Montréal.
 20 heures, ce soir, on entendra la commission des écoles
catholiques de Québec et l'ex-comité d'école Le
Tremplin.
Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, si je comprends bien, c'est un
changement par rapport au programme qui nous avait été
donné hier. Un autre programme nous avait été donné
par le gouvernement. Je ,veux bien croire qu'on est prêt à se
soumettre, mais il
me semble que par courtoisie élémentaire on devrait au
moins nous prévenir la veille des organismes qui vont venir nous
rencontrer.
Le Président (M. Blouin): Vous me signalez... Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: On s'est préparé.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, est-ce que je pourrais vous suggérer que nous
procédions, comme c'était prévu, à l'audition du
mémoire de la fédération et qu'entre-temps nous nous
entendions sur l'horaire du reste de la journée? Est-ce qu'on peut
procéder ainsi?
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. Gervais,
vous pouvez procéder à la lecture de votre mémoire.
M. Gervais: Merci, M. le Président.
Comme je vous le disais, voici une idée précise de ce
qu'est notre organisme. La Fédération des comités de
parents de la province de Québec existe officiellement depuis le
début de l'été 1974. La première assemblée
générale a eu lieu le 7 juin 1975. Toutefois, dès
l'automne 1972, les comités d'école et les comités de
parents créés par la loi 27 fonctionnaient déjà
dans tout le système scolaire public québécois aux niveaux
primaire et secondaire. L'expérience formelle de participation
consultative des parents s'étend donc maintenant sur près de dix
ans. La fédération à sa base regroupe des comités
de parents. Comme on le sait, ceux-ci se situent au niveau de chaque commission
scolaire et leurs membres y sont délégués par chacun des
comités d'école du territoire concerné. Il en existe
actuellement 246 et ils sont tous membres de la fédération. Quant
aux comités d'école, on en compte près de 2700. L'ensemble
de ces comités réunit au-delà de 40 000 parents. Sans
fausse modestie, nous croyons que la force que représente la
fédération est franchement exceptionnelle.
Peu à peu, la fédération s'est également
donné, entre une organisation centrale dont l'action couvre l'ensemble
du Québec et les comités de parents et d'école qui
oeuvrent au niveau local, une structure intermédiaire d'action. Ainsi,
on retrouve une section régionale de la fédération
à l'intérieur de chacune des onze régions administratives
du ministère de l'Éducation. Nos sections régionales
disposent chacune d'un local et d'au moins un employé permanent au
service des parents. Ces secrétariats régionaux qui
dépendent d'un conseil élu diffusent divers documents,
fournissent de nombreux renseignements à une vaste clientèle et
appuient directement le travail des comités d'école et des
comités de parents tant au niveau local qu'en organisant diverses
activités à caractère régional: colloques, sessions
de formation, etc. L'action de la fédération et de ses sections
régionales déborde souvent le réseau scolaire public, qui
est son champ propre d'activité.
Les buts de la fédération sont les suivants: agir comme
porte-parole officiel des parents lorsqu'une action commune est
nécessaire, animer les comités de parents, les comités
d'école et les sections régionales ou autres regroupements de
parents, fournir aux parents la meilleure information possible, quel que soit
leur lieu de résidence, coordonner les consultations afin d'assurer une
participation maximale des parents et, conformément à ces
consultations, faire des recommandations aux autorités et à nos
partenaires du secteur de l'éducation.
De plus, il convient d'insister sur les points forts de notre programme
d'action: l'information et la formation des parents en vue d'une action plus
efficace, la coordination des efforts des parents, le développement du
secteur public en éducation. Notre document comporte deux parties: d'une
part, le mémoire de la fédération comme telle et, de
l'autre, les mémoires de trois sections régionales. Tout en
appuyant entièrement le mémoire de la fédération,
ces régions tenaient à ajouter des points de vue
complémentaires et à aborder en les approfondissant des
thèmes particuliers. Presque toutes les autres sections ont
également soumis un mémoire. Avec leur accord, l'essentiel de
leurs propositions et commentaires a été intégré au
mémoire de la fédération.
Le présent mémoire constitue l'aboutissement d'un long
cheminement d'information et de consultation de tous nos membres. Concernant
plus spécifiquement le dossier de la restructuration scolaire, la
Fédération des comités de parents a consenti un effort
tout particulier depuis près de deux ans.
Les comités d'école aussi bien que les comités de
parents ont tous reçu une information régulière et
abondante. Ainsi, par exemple, tous ont reçu le livre blanc
intitulé "L'école: une école communautaire et
responsable", le projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et secondaire
public, ainsi que divers autres documents d'analyse critique issus de notre
organisme. (10 h 30)
Tous ont également eu l'occasion de procéder à une
étude des propositions du gouvernement. À tous les niveaux,
local, régional et provincial, il y eu de multiples séances
d'information, échanges, colloques et assemblées. Au cours de la
dernière année seulement, la fédération a tenu une
réunion générale des présidents des comités
de
parents en septembre 1982, un congrès général en
décembre 1982 et deux assemblées générales en mars
et septembre 1983.
Notre mémoire constitue donc le résultat d'une
démarche intensive d'information, d'étude et de consultation
démocratique. En conséquence, nous croyons que nos propositions
et commentaires reflètent réellement la pensée de nos
membres.
La fédération est d'accord avec l'idée d'une
réforme majeure des structures du réseau d'enseignement primaire
et secondaire public. Elle croit, en particulier, que le moment est venu de
revaloriser l'école en accroissant ses responsabilités, y compris
dans le domaine pédagogique. Elle souhaite également que
l'école devienne plus ouverte et permette vraiment à tous de s'y
sentir libres et respectés dans leurs convictions. À peu
près partout, dans les comités d'école et les
comités de parents, il existe maintenant un désir de passer
à l'action dans le sens d'une restructuration en profondeur.
Le principe de cette réforme étant acquis, la
fédération a toutefois des commentaires et des propositions
à formuler afin d'améliorer la place et le rôle que le
projet de loi 40 veut confier aux parents à l'intérieur des
nouvelles structures envisagées pour le réseau public de
l'éducation. La fédération ne veut entrer en conflit avec
qui que ce soit. Au contraire, elle veut asseoir solidement des
mécanismes de collaboration avec les autorités de l'État,
les cadres scolaires, tant administratifs que pédagogiques, les
enseignants, les élèves eux-mêmes et les divers autres
intervenants préoccupés par l'évolution du réseau
scolaire québécois. Certes, la fédération insiste
sur la place et le rôle des parents dans le réseau scolaire ainsi
que sur l'opinion des parents concernant divers aspects de la réforme
proposée. Il y a à cela au moins deux bonnes raisons: le point de
vue des parents est celui que la fédération connaît le
mieux et la participation des parents en éducation a, elle aussi, comme
l'école elle-même, fortement besoin d'être
revalorisée.
Nous présumons que les mémoires des autres intervenants
mettront aussi l'accent sur les aspects qui les touchent de plus près.
En définitive, nous espérons que tous ces mémoires seront
finalement complémentaires et favoriseront l'éclosion d'un
système scolaire à l'intérieur duquel chaque agent
d'éducation occupera avec dynamisme toute la place qui lui revient.
Le contenu de ce mémoire s'articule autour de trois pôles.
Une première section situe brièvement dans le temps, depuis
l'apparition du rapport Parent, de quelle manière la participation des
parents dans le système scolaire s'est développée et elle
en dégage les traits dominants. Cette section précise
également un second point de repaire susceptible de faciliter la
compréhension du mémoire de la fédération, soit le
cadre de référence qui a pris forme progressivement au cours de
son cheminement de réflexion et de consultation des dernières
années. La deuxième section analyse le projet de loi 40 au point
de vue de la participation des parents et propose d'y apporter un certain
nombre de modifications. Enfin, une dernière section traite de divers
aspects autres que la participation des parents soulevés dans le projet
de loi 40, lesquels sont davantage reliés à l'évolution
d'ensemble du système scolaire. La conclusion de notre mémoire
réaffirme quelques éléments essentiels sur la
participation des parents, tant au niveau de la prise de décision
qu'à celui de la consultation, et notre adhésion totale au
concept d'une école commune et responsable comme pierre angulaire du
réseau scolaire public au Québec.
Pour aborder la première section sur la participation des parents
dans le système scolaire, je demande à M. Serge Cossette
d'intervenir.
M. Cossette (Serge): Merci, M.
Gervais. M. le Président, au cours des vingt dernières
années, comme le savent peut-être les membres de cette commission,
cette participation des parents a beaucoup évolué. Ce n'est plus
seulement un principe ou un droit dont on parle; peu à peu, on a vu
apparaître une réalité. Voyons à travers quelles
étapes cette participation s'est affirmée. Nous verrons ensuite
quels sont les traits dominants qui se dégagent de cette
évolution.
Au début de la révolution tranquille, le gouvernement met
en place la commission Parent en vue de réaliser une étude
globale sur l'enseignement dans la province de Québec, puis il
crée le ministère de l'Éducation. Il accorde à tous
les citoyens majeurs le droit de vote aux élections scolaires alors que,
jusque-là, ce droit était réservé aux seuls
propriétaires fonciers. Clairement, l'intention du gouvernement est de
conférer ce droit de vote aux usagers, à savoir aux parents.
C'est, selon l'expression courante, un premier pas dans la bonne direction.
Le rapport Parent en arrive au constat suivant, et je cite: "Des parents
ont eu l'impression dans le passé que l'école ne se faisait pas
très invitante. Elle convoquait de temps à autre à des
séances d'information, mais elle n'allait pas jusqu'à associer
les parents à ses projets... C'est pourtant ce qui devrait se faire."
Afin de corriger cette situation, la commission Parent propose un modèle
structurel nouveau. Il consiste essentiellement en un comité scolaire
pour chaque école élémentaire et chaque école
secondaire, composé de cinq membres élus
chaque année par les parents des élèves.
Peu de temps après la parution du rapport Parent, le
règlement no 1 favorise la mise en place de l'atelier
pédagogique. Cette initiative se comprend sans doute assez bien à
la lumière du climat et des théories du moment. On insiste alors
beaucoup sur le fait que tous les éducateurs doivent se
préoccuper ensemble de l'épanouissement de chaque enfant. Deux
idées-forces, rappelons-le, circulent largement dans les milieux de
l'éducation de la fin des années soixante: on doit centrer la
réforme pédagogique sur l'enfant et on doit accroître la
participation des éducateurs - surtout celle des enseignants et des
parents - à l'évolution de l'organisation pédagogique de
chaque école.
Les intentions sont excellentes, cependant, les intervenants ne semblent
pas encore prêts. Il n'y a guère d'enthousiasme pour la forme de
participation proposée. Plutôt que de se réunir tous
ensemble, les diverses catégories d'éducateurs manifestent alors
un désir de renforcer leur propre identité.
Pendant les années suivantes, jusqu'en 1971, plusieurs
expériences de participation des parents prennent forme puis s'affirment
dans diverses régions: Saguenay-Lac-Saint-Jean, rive sud de
Montréal, Montréal, territoire de la Commission des écoles
catholiques de Québec, Outaouais, et le reste. À l'origine de ces
expériences, on trouve souvent l'échec d'un atelier
pédagogique.
Durant ces mêmes années, soit de 1968 à 1971
environ, on doit également signaler l'existence du service des parents
du ministère de l'Éducation. Celui-ci a eu une influence certaine
et a été à l'origine de nombreuses expériences
nouvelles de participation par les parents.
Le gouvernement a sûrement tenu compte de l'intérêt
suscité par ces diverses expériences et des résultats
qu'elles avaient permis d'atteindre lorsqu'il a rédigé sa loi de
1971. Pour l'essentiel, cette loi institutionnalise la mise en place d'un
comité d'école dans chaque école et, auprès de la
commission scolaire, d'un comité de parents composé des
présidents de chaque comité d'école.
La loi 27, à l'article 67, précise ainsi les fonctions du
comité d'école: Stimuler par des moyens appropriés la
participation des parents et du milieu en général à
l'amélioration des services éducatifs de l'école;
étudier les mesures susceptibles de favoriser la personnalisation des
services éducatifs de l'école; enfin, faire à la direction
de l'école toute recommandation propre à assurer le meilleur
fonctionnement possible de l'école.
De la même façon, la loi 27, à l'article 68,
précise ainsi les fonctions du comité de parents: "Assurer la
concertation nécessaire au bon fonctionnement des comités
d'école; transmettre à la commission scolaire l'expression des
besoins identifiés par les comités d'école et canaliser
vers elle les recommandations de portée générale;
promouvoir la participation des parents à toutes les activités de
la commission scolaire et désigner notamment à cette fin, parmi
ceux-ci, le cas échéant, les membres requis pour les divers
comités formés par la commission scolaire. Enfin, recommander
à la commission scolaire toute mesure susceptible d'améliorer
l'administration et la gestion des écoles.
La loi 27 - il n'est peut-être pas inutile de le rappeler -
concernait avant tout le regroupement et la gestion des commissions scolaires.
La création officielle d'une structure consultative de participation
à l'intention des parents n'y tenait qu'une place modeste. Voilà
cependant un second pas dans la bonne direction.
Dans le cadre de la loi 27, de nombreux comités d'école et
comités de parents commencent à fonctionner dès l'automne
de 1971 et ce, même si la loi n'est pas encore en vigueur. Dès
septembre 1972, la structure de participation consultative sera en place
à peu près partout. Selon une analyse faite à cette
époque dans un document de la fédération, le rôle
que devaient jouer les parents à l'intérieur de l'école et
de la commission scolaire était, et je cite: "vague et vaste". Les
parents devaient définir leur rôle, se faire accepter de leurs
partenaires dans l'école avant de pouvoir devenir efficaces sur leur
comité.
En novembre 1972, au congrès de la fédération des
commissions scolaires, une cinquantaine de présidents de comités
de parents présents à ce congrès profitent de l'occasion
pour se rencontrer. De cette rencontre devait naître deux ans plus tard
notre organisme. Le rôle de la fédération a beaucoup
contribué à l'essor que prendront ces comités pour assurer
la participation consultative des parents dans le réseau scolaire
québécois alors en pleine évolution. La
fédération a permis aux parents de s'informer et de se rencontrer
sur une base régulière. Elle a aussi
accéléré leur formation par de nombreux outils et
méthodes de travail. Elle a favorisé chez beaucoup de parents une
prise de conscience collective sur l'importance d'assumer leur droit
fondamental de participer au maximum à l'éducation de leurs
enfants. Ce fut vraiment une époque de pionniers et la difficulté
de se faire une vraie place dans le réseau scolaire public fut
réelle. Les champs d'intervention étaient limités.
Toutefois, les obstacles, plutôt que de décourager les parents,
les ont incités à redoubler d'ardeur.
Il ne fait aucun doute que la présence des parents à ces
comités, tant à l'école qu'à la commission
scolaire, a eu une
influence sur le contenu du livre vert intitulé L'enseignement
primaire et secondaire au Québec, publié en 1977 par le
gouvernement. Pour la première fois, le gouvernement a mis de l'avant
l'idée d'un projet éducatif dans l'école. De plus, le
livre vert insiste beaucoup sur la participation nécessaire des parents.
C'est dans le livre vert que le gouvernement, après avoir fait remarquer
que les parents peuvent désormais participer à plusieurs titres,
constate que les parents ne sont pas satisfaits du rôle qu'ils peuvent
jouer. Trop souvent, poursuit-on, les questions sur lesquelles on les consulte
ou bien sont d'ordre mineur et n'ont pas de véritable influence sur
l'orientation de l'école ou bien ont une telle ampleur qu'il est
difficile pour les parents d'en saisir la portée. C'est sur
l'école et la classe que les parents souhaitent avoir une influence
directe et c'est là qu'ils désirent être présents
pour les choix importants.
Le livre vert trace un portrait nuancé et réaliste de la
situation concernant la participation des parents dans le réseau
scolaire entre les années 1972 et 1977. Il explore aussi les
scénarios possibles de développement de participation des
parents.
Concernant la gestion du réseau scolaire, le livre vert mentionne
qu'une décision est déjà prise dans le sens de la
décentralisation. À partir de cette base, il propose un choix
entre deux hypothèses, soit qu'il y ait un accroissement des
responsabilités des commissions scolaires, soit que l'école
devienne le lieu principal de la responsabilité.
Sans trop y croire le gouvernement mentionne aussi une autre
possibilité: des organismes locaux ou régionaux pourraient
assumer la responsabilité de plusieurs services publics, dont
l'éducation. La consultation qui a fait suite à la publication du
livre vert a permis à la fédération de lancer une vaste
opération de consultation qui a été l'occasion pour de
nombreux parents de devenir actifs et conscients des enjeux éducatifs et
structurels du réseau scolaire public.
Deux ans plus tard, soit en 1979, le gouvernement, par la publication de
"L'école québécoise: énoncé de politique et
plan d'action", prend clairement position pour l'hypothèse de
l'école comme lieu principal de la responsabilité. À cet
effet, l'école québécoise introduit la notion du conseil
d'orientation et précise celle de projet éducatif de
l'école. Les agents du projet éducatif sont principalement le
directeur d'école, les parents et les enseignants. Le point de
convergence de ces forces vives est le conseil d'orientation. Le gouvernement
annonce en conséquence diverses mesures concernant le statut et les
fonctions du directeur de l'école ainsi que la création de
conseils d'orientation dans les écoles. "L'école
québécoise" contient d'autres développements sur la
participation des parents. Ainsi, par exemple, le gouvernement annonce que la
loi sera amendée afin que les comités d'école et les
comités de parents reçoivent tous les renseignements que
requière leur participation; que les structures actuelles de
participation soient raffermies et que la consultation des comités
d'école et de comités de parents devienne obligatoire sur des
sujets déterminés et qu'un représentant des parents fasse
partie de droit du comité exécutif et du conseil des commissaires
de la commission scolaire. Les représentants des parents (un pour le
primaire et un autre pour le secondaire) dans les commissions scolaires
intégrées, auront les mêmes pouvoirs et prérogatives
que les commissaires.
De plus, le gouvernement, toujours dans "L'école
québécoise", annonce que les commissions scolaires seront
invitées à faciliter aux parents le développement de
services éducatifs communautaires supplémentaires, de même
qu'à laisser une plus grande place au personnel de direction des
écoles dans les décisions concernant la gestion de l'école
et l'aménagement des grandes orientations. Enfin, le ministère
verra à élaborer des programmes de formation à l'intention
des parents désireux d'améliorer leur participation.
Avec "L'école québécoise", on sent que la partie ne
se joue plus seulement à pas feutrés; un mouvement profond et
décisif est enclenché. Désormais, c'est la vitesse de
croisière et l'équilibre de la trajectoire qu'il faudra ajuster;
sur le fond, on sent que la joute est gagnée.
La loi 30, adoptée quelques mois plus tard, soit en juin 1979,
confirme la direction de ce mouvement en statuant sur la présence d'un
parent provenant du comité de parents au comité exécutif
et au conseil d'administration de la commission scolaire.
La loi 71, adoptée la même année, va dans le
même sens en permettant à l'école d'acquérir un
statut institutionnel. Chaque école pourra désormais affirmer son
caractère propre en se donnant un projet éducatif distinct. De
plus, l'école est invitée à mettre en place un conseil
d'orientation; celui-ci constitue un moyen pour assurer la participation et une
action concertée de l'école et des divers agents éducatifs
du milieu, plus particulièrement des parents. En somme, l'école,
avec une participation accrue des parents, devient plus visible et partage
désormais certaines responsabilités avec la commission scolaire.
Aussi, pour la première fois, on précise dans la loi les
fonctions et les pouvoirs du directeur d'école.
L'expérience des trois années suivantes illustre,
malheureusement, que la mise en place du conseil d'orientation ne convient pas
à la dynamique propre des enseignants et de
leur centrale syndicale, la CEQ.
La participation des parents continue cependant de se développer;
elle rejoint de plus en plus de personnes et devient plus qualitative. Il en
est ainsi à peu près partout dans le réseau scolaire
public québécois.
Il en est de même pour les effectifs de la
fédération et la qualité de son soutien à la
participation des parents.
Finalement, nous en arrivons à l'étape qui se poursuit
maintenant depuis presque deux ans: la publication du livre blanc
"L'école, une école communautaire et responsable", en juin 1982,
et le dépôt du projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et
secondaire public, en juin 1983.
Parlons d'abord du livre blanc. Son objectif fondamental est de
revaloriser l'école en la rendant communautaire et responsable. Il fait
un excellent historique de la réforme scolaire inachevée et porte
un diagnostic sur la situation troublante du réseau scolaire primaire et
secondaire public.
Notre intention n'est pas de traiter en profondeur du livre blanc. De
toute façon, ce qui importe maintenant, c'est le projet de loi 40.
Cependant, il nous apparaît utile de citer un passage du livre blanc que
la fédération considère comme un centre du merveilleux
projet de société que ce document esquisse. Je cite donc: "Pour
revaloriser résolument l'école, il faut que son contenu
même soit au centre des préoccupations, mais pour que ce contenu
soit vraiment au centre des préoccupations, il faut qu'on s'assure de
structures et de règles qui permettent vraiment de revaloriser
l'école."
Le livre blanc affirme donc avec clarté la
nécessité de faire accéder les parents à la prise
de décision et propose la création d'une école
responsable, constituée en corporation publique et dont le conseil de
direction serait confié majoritairement aux parents. La commission
scolaire serait également dirigée par les parents car elle serait
composée essentiellement d'un représentant de chaque conseil
d'école du territoire.
Le projet de loi 40 procède avec plus de prudence. L'école
n'est plus une corporation publique. Elle est établie par la commission
scolaire. Le conseil d'école est toutefois maintenu comme centre de
décision et il est composé en majorité de parents.
Selon la fédération, la voie choisie concernant la
direction de l'école est la bonne. La fédération est moins
heureuse de ce qui est proposé concernant la commission scolaire, soit
un commissaire pour chaque école élu au suffrage universel, alors
que le livre blanc envisageait que le conseil de la commission scolaire serait
composé en forte majorité de parents issus des conseils
d'école. Il s'agit, pour notre part, d'un recul inacceptable. Ce virage
inattendu compromet l'esprit de la réforme envisagée.
Il est essentiel et impératif de créer un nouvel
équilibre entre l'école, la commission scolaire et le
ministère de l'Éducation et de prévoir les
aménagements qui vont permettre d'y parvenir réellement. Dans les
deuxième et troisième sections de ce mémoire, la
fédération fera valoir certaines propositions dans ce sens.
Je laisse le soin maintenant à M. Gervais d'indiquer quels sont
les traits dominants de cette évolution de la participation des
parents.
M. Gervais: Voici maintenant quelques traits qui, selon nous, se
dégagent de cette participation. Il nous paraît possible de
regrouper l'essentiel des acquis autour des cinq points suivants.
Le premier frappe: les parents sont maintenant reconnus par les divers
agents du système scolaire comme un groupe distinct d'agents
d'éducation. Leur présence dans le monde de l'éducation
s'impose maintenant comme une réalité collective et non surtout
individuelle. En dehors même des quelques leviers d'intervention que les
parents possèdent dans le système scolaire, les structures,
outils, méthodes et modes d'action propres qu'ils se sont
eux-mêmes donnés ont beaucoup contribué à la
visibilité de leur apport et à une identification plus
précise de leur place et de leur responsabilité.
Globalement, malgré tout le chemin qui reste à parcourir
pour une reconnaissance pleine et entière de leurs droits et devoirs,
les parents sont tout de même considérés aujourd'hui par
tous comme des agents d'éducation ayant, en tant que groupe distinct, un
rôle important à jouer à l'intérieur du
système scolaire.
En second lieu, on remarque que cette participation ne se fait plus
seulement sur une base volontaire et à titre bénévole.
Elle est maintenant organisée et de plus en plus fonctionnelle. Elle a,
à l'intérieur du système scolaire, une reconnaissance
légale.
Toutefois, l'évolution du soutien matériel à la
participation se fait encore très lentement et à coups d'efforts
souvent très considérables de la part des parents. Il faut le
regretter.
Bien sûr, il y a eu amélioration du financement de
certaines activités. Cependant, cela demeure bien insuffisant. Au cours
de la prochaine étape, il faudra nécessairement fournir aux
parents des conditions matérielles plus "facilitantes", notamment en ce
qui concerne le soutien technique et humain, les heures auxquelles les
comités et conseils tiennent leurs réunions et la compensation
pour le temps consacré à certaines activités.
Un troisième trait doit être retenu: les contenus autour
desquels la participation s'effectue ont beaucoup évolué. Il y a
quinze
ans, les parents n'abordaient souvent que des questions plus ou moins
marginales: habillement ou coiffure acceptables à l'école, tenue
de la bibliothèque scolaire, surveillance, organisation de
soirées et ainsi de suite.
Maintenant, les parents interviennent de plus en plus fréquemment
sur des questions de fond reliées à l'éducation de leurs
enfants: l'éducation sexuelle, formation professionnelle, politique des
services personnels aux élèves, pastorale, préparation
à la sacramentalisation chrétienne, cahier de renseignements pour
les parents sur les programmes pédagogiques, méthode
d'évaluation scolaire des élèves, bulletins
périodiques des élèves et efforts de redressement
plutôt qu'exercices punitifs, activités pédagogiques de
soutien aux élèves en difficulté, activités
d'information internes et externes à l'école, sorties
éducatives, etc.
En quatrième lieu, on note que la participation des parents,
d'uniquement consultative qu'elle était au début, tend maintenant
à occuper une part du champ de la décision. Sur ce point, il
convient de signaler que l'accession des parents à la table des
commissaires a constitué un point majeur de l'évolution de ces
dernières années. Les témoignages ne manquent plus de
commissaires élus qui affirment que cette participation de
commissaires-parents, que l'on craignait tant au départ, s'est
finalement avérée très heureuse. Elle a, en particulier,
rapproché l'administration scolaire du vécu réel des
enfants et des parents dans le domaine de la formation.
Un cinquième trait qui se dégage nettement de
l'expérience de participation des parents dans le système
scolaire depuis la décennie soixante, c'est la constante progression
quantitative des personnes et des groupes qui y ont été
associés. Il y a vingt ans, les expériences étaient peu
nombreuses. Aujourd'hui, au contraire, on parle d'exceptions là
où les parents ne participent pas. En fait, des parents
s'intéressent activement à l'évolution du système
scolaire à tous les niveaux: local, régional et provincial. En
plus des parents qui se sont associés à des activités
formelles, il y en a aussi de nombreux autres, ne l'oublions pas, qui
collaborent à la marche de l'école de diverses façons.
En somme, depuis la publication du rapport Parent, la présence
des parents dans le système scolaire n'a cessé de croître.
Ce mouvement doit se poursuivre. Dans ce contexte, on nous permettra de
rappeler qu'il serait malheureux que la nouvelle loi sur l'enseignement
primaire et secondaire public, qui donnera un pouvoir de décision aux
parents à l'école, et, nous l'espérons fortement, à
la commission scolaire, oublie de prévoir, à tous les niveaux,
une structure de participation consultative similaire à celle qui existe
actuellement. Le fait de participer aux décisions ne remplace aucunement
le besoin de consulter. Peut-être ce besoin est-il même, dans un
tel contexte, encore plus impératif. Aussi, ne l'oublions pas,
l'expérience a déjà démontré qu'une
structure de participation consultative constitue un lieu
privilégié de découverte du système scolaire et une
école pratique très efficace de formation à la
responsabilité. Ce passé est déjà riche et il est
susceptible de nous guider dans les orientations dont nous avons actuellement
à décider. Toutefois, ce passé seul ne suffit pas.
À titre complémentaire, nous voudrions ajouter quelques
mots sur le cadre de référence qui nous inspire. L'objectif que
nous visons en précisant ce cadre de référence est de
clarifier le sens que nous donnons à certaines termes. Nous
espérons ainsi être mieux compris et plus en mesure d'engager un
dialogue fructueux avec tous ceux qui le souhaiteront. Précisons que ce
cadre de référence n'a aucune prétention proprement
théorique ou doctrinaire. Il s'est plutôt affirmé à
partir de la réflexion critique que la fédération a
menée ces dernières années sur divers sujets.
Dès sa naissance, chaque enfant, garçon ou fille, est un
être humain unique. Il s'appartient. Il n'appartient ni à ses
parents ni à la société. Il fait aussi partie
intégrante d'un environnement social et physique. Il a des besoins, des
droits et des devoirs. Peu à peu, il doit assumer ce qu'il est et
devenir ce qu'il peut être: un être humain autonome et responsable
aussi bien de son destin que de son environnement social et physique.
Chaque être humain est donc un individu unique. Cependant, aucun
d'eux ne peut se suffire totalement à lui-même. Tout individu
humain fait nécessairement partie d'une société ou,
plutôt, de sociétés, car chacun est en relation avec
plusieurs groupes d'appartenance. La famille immédiate est une
société. La famille élargie en est une autre tout comme le
groupe d'amis et les groupes d'intérêt. Le groupe religieux est
une société, tout comme le quartier, le village ou la ville. (11
heures)
Les êtres humains aménagent leur environnement social et
leur société selon leurs connaissances, les croyances et les
valeurs qu'ils privilégient, les instruments et les moyens
d'organisation dont ils disposent et les choix volontaires auxquels ils
procèdent. Il y a là une constante de l'histoire de
l'humanité.
Tout être humain est donc un individu unique. Il est convié
à devenir une personne, c'est-à-dire un individu responsable qui
choisit librement d'établir des relations qui vont au-delà de la
justice, pour atteindre le niveau de la fraternité et de l'amour. Quand
cela s'accomplit, on peut parler d'une
communauté en devenir continu. C'est un objectif toujours
à atteindre pour l'être humain. Pratiquement, cet objectif se
situe toujours au-delà de ce qui est atteint.
L'existence d'une telle société-communauté pose de
nombreux problèmes de gestion. C'est pourquoi, tout au cours de
l'histoire, les êtres humains ont cherché à aménager
progressivement leur vie collective sur des bases le plus égalitaires
possible. D'où la notion d'État. Les États sont
très différents les uns des autres, mais la notion d'État,
elle, est commune. Un État naît lorsqu'un groupe humain, sur un
territoire donné, convient de se constituer en entité
légale, de se donner une constitution ou son équivalent et de
reconnaître, en certains domaines, l'autorité d'un
gouvernement.
Pour notre part, nous vivons dans un régime démocratique.
Si telle est la volonté des citoyens, nous pouvons modifier notre
constitution, ainsi que nos lois, et nous pouvons appuyer nos gouvernements ou
les rejeter lors d'élections libres. La pratique, évidemment,
n'est pas toujours aussi claire que le principe; néanmoins, celui-ci
existe comme un idéal largement partagé. L'État, ce n'est
donc pas seulement les législateurs, les fonctionnaires, le
gouvernement. Ce n'est même pas d'abord cela. Il existe un État
là où l'ensemble des citoyens accepte des règles de
fonctionnement communes et, au besoin, spécifiques à un groupe,
l'objectif demeurant toutefois le mieux-être de chaque citoyen, compte
tenu de la nécessaire interrelation avec tous.
Le gouvernement est mandaté par les citoyens adultes pour assumer
certaines responsabilités face au développement des diverses
sociétés et de la société globale qui se trouvent
à l'intérieur du territoire désigné et reconnu par
un État en particulier. Ce fait n'atténue en rien cependant la
responsabilité qu'il revient à chaque citoyen d'assumer face
à son propre devenir et, jusqu'à ce qu'ils acquièrent leur
propre statut d'adultes autonomes et responsables, face à celui de ses
enfants.
La famille - ou le milieu qui la remplace au besoin - est donc la
première société de l'enfant. Elle constitue aussi une
société de base pour lui. Cependant, elle n'est pas
nécessairement une communauté. Le devoir des parents d'être
citoyens autonomes et responsables et de faire en sorte que leurs enfants aussi
le deviennent progressivement existe face à l'État ou, ce qui
revient au même, face à l'ensemble des citoyens, mais il n'en est
pas de même pour ce qui concerne la mission des parents de devenir des
personnes et de développer des communautés avec d'autres. Le fait
qu'une famille devienne ou non une communauté ne relève pas de
l'État. Celui-ci peut seulement créer des conditions permettant
à chaque citoyen, s'il le veut, de se personnaliser et de
développer des relations de type communautaire. Son domaine
d'intervention ne va pas au-delà.
Dès sa naissance, l'enfant, comme ses parents, a donc un statut
civil de citoyen à part entière. Toutefois, l'actualisation de
ses capacités d'autonomie et de responsabilité dans la
société organisée s'étendra évidemment sur
plusieurs années.
De fait, dans le type de société qui est le nôtre,
les parents sont tout naturellement les premiers à accompagner leurs
enfants dans le long apprentissage qui mène à l'autonomie
personnelle et à un statut d'adulte responsable désireux de
tisser des liens communautaires avec d'autres personnes libres.
C'est dans ce contexte que l'on doit envisager l'école primaire
et secondaire publique. Les enfants qui la fréquentent sont encore
engagés dans un processus d'apprentissage qui dépend toujours de
l'autorité civile de leurs parents. D'une part, la mission
d'éducation des parents dépasse de beaucoup l'éducation de
l'enfant en tant que citoyen, tout en la comprenant. De l'autre, les
mandataires de l'État ont reçu de l'ensemble des citoyens la
mission de contribuer à l'éducation de tous les enfants en tant
que citoyens. Si la responsabilité des parents concernant
l'éducation de leurs enfants en tant que personnes a priorité sur
celle de l'État, l'État a quand même une
responsabilité première lorsqu'il s'agit de considérer
l'éducation de l'ensemble des enfants d'un État en tant que
citoyens.
Les parents sont tenus de respecter la constitution et les lois de leur
État. En corollaire toutefois, on doit aussi dire que l'État est
tenu de respecter les droits fondamentaux des citoyens qui en font partie. Il y
a donc, en conséquence, une obligation pour les parents de s'assurer que
l'école publique fournit à leur enfant une instruction et une
éducation qui soient compatibles avec les normes
généralement acceptées par l'ensemble des citoyens qui
appartiennent à l'État responsable de cette école. Mais il
y a aussi, tout aussi fermement, sur une question aussi fondamentale que le
genre d'éducation que les parents veulent donner à leur enfant et
le modèle institutionnel qui correspond le plus adéquatement
à cet objectif, obligation pour l'État de respecter la
volonté des parents.
Tels sont les principaux éléments du cadre de
référence qui inspire la fédération des
comités de parents tout en s'appliquant à les faire davantage
connaître et partager en particulier par l'ensemble des comités
d'école et des comités de parents. Elle continue cependant de les
approfondir et de les clarifier.
Avant d'en venir à des propositions précises sur le projet
de loi 40, trois ou
quatre remarques encore paraissent s'imposer ici. Rappelons d'abord que
la fédération et tout autant les comités de parents qui en
sont membres ne se perçoivent pas comme en situation de conflit avec les
autres intervenants du réseau scolaire. La place que les parents
réclament n'est celle de personne. La fédération
considère plutôt que l'action des parents dans le système
scolaire se situe en complémentarité avec celle des autres
intervenants. Dans la perspective d'une volonté commune
d'améliorer sensiblement la qualité de l'éducation, il y a
place pour de larges prises de responsabilité par tous ceux qui se
sentent motivés par une telle entreprise.
Par ailleurs, la fédération constate que le projet de loi
ne touche pas, sauf peut-être très indirectement, à
l'éducation des adultes. Elle a été étonnée
de ce fait, mais elle est prête à croire que le moment
n'était pas opportun étant donné le grand nombre de sujets
controversés dont traite déjà le projet de loi 40.
Toutefois, la fédération est d'avis que la
définition d'une politique proprement québécoise en
éducation des adultes, à la suite de la publication du rapport de
la commission d'étude sur la formation des adultes, la commission Jean,
est urgente. Elle pense aussi que la mise en oeuvre de cette éventuelle
politique est susceptible d'avoir des répercussions sérieuses sur
la restructuration scolaire projetée. La fédération entend
suivre cette question avec attention et elle se propose d'en pousser plus loin
l'étude au cours des prochains mois.
La fédération veut aussi qu'il soit bien clair pour tous
que les commentaires, critiques et propositions qu'elle formule en relation
avec le projet de loi 40 ont pour seul but d'améliorer ce projet, et non
d'empêcher ou même de ralentir la réforme scolaire
envisagée.
Enfin, il convient de préciser que tous les articles du projet de
loi 40 que la fédération ou ses sections régionales ne
commentent pas spécifiquement sont généralement
considérés comme acceptables et souhaitables par les parents
qu'elle représente.
Tel que précisé au début, la deuxième
section du mémoire de la fédération porte sur l'analyse
plus détaillée du projet de loi 40 du point de vue de la
participation des parents.
J'invite M. Ghislain Lavoie à nous résumer l'essentiel de
cette section de notre mémoire.
Le Président (M. Blouin): Je comprends...
M. Lavoie (Ghislain): Avant de commencer, j'aimerais
préciser pour ceux qui ont le mémoire de la
fédération...
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît, monsieur!
Je comprends donc que ce résumé devrait prendre en tout une
quinzaine de minutes? Je vous signale que, dans la mesure où votre
présentation devient de plus en plus longue, cela réduit d'autant
les échanges que vous aurez avec les membres de la commission. Si vous
pouviez résumer cela en une quinzaine de minutes et reprendre les points
principaux. Enfin, je vous laisse juge de la situation.
M. Gervais: Merci, M. le Président.
M. Lavoie: Je disais donc que, pour ceux qui ont le
mémoire de la fédération, on ne fera pas la lecture du
texte qui est à gauche, soit les articles de la loi qu'on veut voir
modifier et les solutions de rechange qu'on vous propose. Même
l'argumentation a été modifiée pour permettre une
période de questions plus longue.
Nous parlerons, en premier lieu, des commentaires et propositions de la
fédération en relation avec le conseil de l'école. La
fédération propose d'abord de clarifier le statut de
l'école en modifiant l'article 29. Elle insiste sur les trois points
suivants: la commission scolaire ne doit pas seulement établir
l'école, comme le propose le projet de loi, elle doit plus
précisément émettre l'acte d'établissement de
l'école. Une fois l'école légalement reconnue par son acte
d'établissement, le conseil de l'école, par un votre aux trois
quarts de ses membres, doit pouvoir en modifier le nom.
Dans ce contexte, la composition détaillée du conseil
d'école devient une question de régie interne, compte tenu,
évidemment, des paramètres généraux inscrits dans
la loi. On respectera ainsi mieux le contexte et la volonté de chaque
milieu.
Il convient de le préciser, c'est souvent à travers de
telles choses, relativement simples, que beaucoup de gens mesureront le
degré réel d'autonomie et de responsabilité dévolu
à l'école et que de nombreux parents jugeront qu'on souhaite les
associer au fonctionnement de l'école ou s'en sentiront exclus. Notre
fédération profite de ce commentaire relié à la
réaction des parents pour suggérer que la loi projetée
contienne au tout début une liste de définitions
précises.
Par l'ajout d'un alinéa à l'article 33, la
fédération propose que le réseau scolaire primaire et
secondaire retienne les mêmes modalités de fonctionnement pour les
écoles à vocation régionale ou nationale que pour les
écoles locales. Ces écoles pour enfants handicapés, par
exemple, étant par définition plus éloignées du
domicile des parents et des enfants que les autres, le ministère de
l'Éducation doit, dans ce cas, garantir les sommes nécessaires
pour que la participation des parents ne soit pas entravée par leur
situation financière personnelle.
En proposant d'ajouter à l'article 34 un alinéa stipulant
qu'aucune fermeture d'école ne peut se faire sans l'accord majoritaire
des parents du milieu, la fédération veut s'assurer que ni le
conseil d'école, ni, a fortiori, la commission scolaire ne puissent
procéder à une fermeture d'école sans avoir
nécessairement obtenu au préalable un accord majoritaire
provenant des parents du milieu. Cette façon de procéder donnera
aux parents une véritable occasion de s'impliquer. Il ne faut pas
négliger le fait que l'école, dans un quartier, une petite ville
ou un village, est à la fois un lien et un ferment. Aussi, le
gouvernement serait bien avisé de décréter un moratoire
sur toute fermeture d'école jusqu'à ce que la nouvelle loi sur
l'enseignement primaire et secondaire soit mise en oeuvre. La loi devrait
également être rédigée de manière à
protéger la dernière école du quartier ou du village.
La fédération propose d'apporter quatre modifications
à l'article 39. Tout d'abord, la fédération propose
d'éliminer la fin du paragraphe 1. La raison en est qu'elle refuse le
mode d'élection proposé pour le conseil d'école. La
fédération propose plutôt que la majorité des
commissaires soit élue par un collège électoral de parents
et que l'autre partie le soit par le suffrage universel. Cette proposition sera
précisée lors de la discussion de l'article 138.
La fédération propose par ailleurs de modifier le
paragraphe 2 de deux façons. En premier lieu, elle veut que soit
précisé le minimum de parents qui feront partie du conseil
d'école; en deuxième lieu, en ajoutant les mots "et parmi", elle
veut garantir que les parents élus au conseil de l'école seront
bien des parents des élèves fréquentant cette
école.
L'ajout du paragraphe 7 se justifie par l'insistance de la
fédération pour que soit maintenue l'actuelle structure de
consultation des parents. Un lien fonctionnel doit exister entre le conseil
d'école et le comité de parents de l'école. C'est pourquoi
la fédération propose qu'un représentant du comité
de parents soit automatiquement membre du conseil d'école. Un dernier
paragraphe ajouté par la fédération précise que
chaque école physique peut se doter d'un conseil d'école.
La fédération propose une réécriture
complète de l'article 46, concernant la procédure
d'élection des membres du conseil d'école. La
fédération aimerait que cette procédure d'élection
soit déterminée par règlement du gouvernement et qu'elle
soit très souple. Cette procédure doit être telle que les
parents sentent spontanément que le conseil d'école est une
instance qui est d'abord au service de l'éducation des enfants.
La fédération propose l'ajout d'un alinéa à
l'article 47 portant sur la durée du mandat des membres du conseil
d'école pour éviter un renouvellement trop brusque des conseils
d'école et, en conséquence, pour lui assurer une meilleure
continuité de fonctionnement.
La fédération propose d'ajouter le commissaire aux
exclusions déjà prévues à l'article 50 concernant
le président du conseil d'école. La nature de l'école et
de son conseil sera ainsi mieux respectée. D'autre part, en permettant
à un plus grand nombre de personnes de prendre des
responsabilités, on instaure un autre cran de sécurité
face à une éventuelle politisation de l'école.
La fédération propose de modifier l'article 52 en
précisant qu'il doit toujours y avoir une majorité de parents au
conseil d'école. Lorsqu'il siège, celui-ci doit, en effet,
être effectivement ce qu'il est en principe. S'il n'y a pas une
majorité de parents présents, le conseil d'école n'est
plus ce qu'il doit être et il est alors préférable de
remettre la tenue de la réunion.
Enfin, la fédération propose de modifier la
procédure prévue à l'article 54 concernant l'absence
prolongée du quorum dans un conseil d'école. En effet, elle veut
éviter que le pouvoir des parents et des autres membres du conseil
d'école soit usurpé par un autre niveau de pouvoir qui
fonctionnerait alors par la délégation administrative. Si un
problème de quorum surgit dans une école il est
préférable de confronter les individus concernés à
leur responsabilité démocratique, au besoin en faisant appel
à l'assemblée générale, plutôt que de leur
substituer une autre instance, fût-elle la commission scolaire.
Le comité de parents. Dans cette sous-section, la
fédération a regroupé ses commentaires et propositions
concernant le comité de parents. La fédération propose
d'éliminer complètement l'article 63 qui ouvre la porte à
la création d'un comité comprenant parents, enseignants et
élèves.
La fédération a vécu les nombreux échecs des
tables communes, qui ont été paralysées parce que l'une ou
l'autre des parties fait de l'obstruction systématique. Aussi, de toute
manière, on voit mal comment un tel comité, si on décidait
de l'instaurer, pourrait remplacer le comité de parents
prévu.
D'autre part, la fédération croit qu'il est absolument
nécessaire qu'il existe un comité de parents dans chaque
école. L'article 63 pourrait facilement être utilisé pour
empêcher sa constitution.
Par sa modification de l'article 65, la fédération attire
l'attention sur la nécessaire nomination d'un représentant du
comité de parents au conseil d'école.
La fédération propose d'ajouter deux points à la
liste contenue dans l'article 66 concernant les points sur lesquels le
comité
de parents peut être consulté. En effet, même si
cette instance est consultative et non décisionnelle, la
fédération croit qu'il est important que les parents puissent se
prononcer régulièrement et de façon statutaire sur le
style de direction qu'ils veulent pour le cas de leur enfant. De même,
l'opinion des parents mérite d'être considérée
concernant la détermination des critères et des modalités
qui présideront à l'évaluation du personnel de
l'école.
En faisant cette proposition la fédération ne veut pas que
le comité de parents devienne le juge du directeur et du personnel de
l'école. Elle considère cependant qu'il est essentiel que ce
comité soit directement associé aux efforts qui sont accomplis
pour améliorer sans cesse la qualité des ressources humaines qui
partagent avec les parents la responsabilité de l'éducation de
leurs enfants.
Comme le précise plus loin le mémoire qu'elle a
déposé, la fédération propose que le comité
pédagogique de l'école puisse aussi, s'il le souhaite, se
prononcer sur ces deux mêmes sujets dont il vient d'être question
en relation avec le comité de parents.
La conférence des comités de parents. Dans cette
sous-section, la fédération a regroupé ses commentaires et
propositions concernant un organisme non prévu dans le projet de loi 40,
soit la conférence des comités de parents. Cet organisme
consultatif est, auprès de la commission scolaire, l'équivalent
de ce qu'est le comité de parents auprès du conseil
d'école.
En conséquence, la fédération propose
d'élliminer le troisième alinéa de l'article 64. Cette
proposition va dans le même sens que ce qui a été
affirmé précédemment concernant l'importance du
comité de parents. La constitution d'un tel comité doit
être obligatoire et non facultative.
D'autre part, la fédération propose de prévoir
également dans l'article 64 que le comité de parents
désigne son président immédiatement après
l'assemblée générale des parents. Le démarrage des
activités se fera ainsi plus rapidement au début de
l'année. Il est important qu'il en soit ainsi car c'est à ce
moment que se précisent les politiques de l'école, que la plupart
des activités reprennent et que le climat est le meilleur pour mettre au
point un plan de travail.
Enfin, la fédération propose l'ajout de l'alinéa b.
Celui-ci concerne la formation de la conférence des comités de
parents. La fédération insiste sur le maintien, là
où elle existe, et la mise en place où elle n'existe pas, d'une
structure complète et intégrée de consultation et de
participation des parents.
La base de cette structure de consultation est évidemment le
comité de parents de chaque comité d'école. C'est à
partir de lui que sera constituée la conférence des
comités de parents.
De cette manière, les parents seront présents au niveau de
la commission scolaire et ils pourront faire valoir leur point de vue en
relation avec les questions administratives et pédagogiques qui y sont
discutées.
Si on se reporte à l'expérience des comités de
parents qui existent actuellement auprès de la commission scolaire, on
constate qu'ils accomplissent un travail remarquable dans le sens de ce
rapprochement entre la commission scolaire et l'action éducative qui se
déroule quotidiennement dans l'école. Il serait irresponsable
d'abandonner cet acquis. Il faut plutôt lui imprimer un nouvel
élan, au besoin, en réajustant l'un et l'autre point.
Pour les propositions de la fédération concernant les
commissions scolaires, je cède la parole à M. Bédard.
Le Président (M. Blouin): Je signale à M.
Bédard et à tous les autres qui pourraient intervenir par la
suite que, jusqu'à maintenant, la lecture de votre mémoire
regroupe une quarantaine de pages et j'en compte autant à venir. Je ne
vois pas comment vous allez pouvoir compléter votre présentation
dans les limites que nous nous sommes fixées. M. Gervais. M.
Bédard.
M. Bédard (Lucien): Si je peux me permettre, c'est que le
texte que nous avons ici est résumé. Je remarquais qu'il y a des
gens qui ont de la difficulté à suivre. Définitivement le
texte est résumé et on essaie de...
Le Président (M. Blouin): Je vous démontre bien la
situation que nous devrons vivre par la suite. Allez-y M. Bédard.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'espère que ce n'est pas parce qu'il a
parlé des commissions scolaires un peu tardivement que vous
voulez...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est une pure plaisanterie et j'espère que vous
la prenez dans l'esprit où elle a été soumise.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. Bédard vous
avez la parole.
M. Bédard (Lucien): La commission scolaire. Dans cette
sous-section, la fédération a regroupé ses commentaires et
propositions concernant la commission scolaire. La fédération
considère que l'article 138 sur le conseil d'administration de la
commission scolaire comme étant la charpente porteuse de toute la
restructuration proposée par le projet de loi 40. Dans le même
esprit, l'article 39, qui porte sur le conseil d'école, en serait
plutôt la pierre angulaire. Le contenu de l'article 138 doit être
revu substantiellement.
Pour sa part, la fédération croit que le conseil
d'administration de la commission scolaire doit être composé
à la fois de citoyens élus au suffrage universel et de parents
issus des conseils d'école. Cette composition à double volet
correspond à la nécessité de relier concrètement la
commission scolaire aussi bien à l'ensemble du milieu social où
elle se trouve qu'à la famille. Toutefois, de l'avis de la
fédération, le rôle de celle-ci doit demeurer
prépondérant. C'est pourquoi le conseil d'administration de la
commission scolaire doit être composé majoritairement de parents
venant de conseils d'école. Sans une révision claire du projet de
loi dans ce sens, la fédération n'arrive pas à croire que
les nouvelles structures scolaires puissent aboutir à autre chose
qu'à un simulacre de changement.
Enfin, il va de soi pour la fédération que le conseil
d'administration des nouvelles commissions scolaires doit comprendre des
parents provenant de la structure consultative et c'est d'ailleurs le cas
actuellement. Le fait que dans le système actuel la participation des
parents au conseil des commissaires et au comité exécutif de la
commission scolaire soit une réussite ne constitue-t-il pas une raison
suffisante pour retenir une telle proposition?
La fédération propose d'éliminer la fin du dernier
alinéa de l'article 176 qui se rapporte à la tenue de
réunions à huis clos pour éviter que la commission
scolaire s'habitue à siéger de cette manière en invoquant
un motif noble. La meilleure façon de protéger
l'intérêt public consiste à discuter ouvertement et
franchement de ce qui concerne au plus haut point le public. Le réseau
scolaire public fait partie des sujets qui ont cette qualité.
Le comité exécutif de la commission scolaire est le point
névralgique de l'insertion des parents dans tout le réseau public
d'éducation. C'est au niveau du comité exécutif de la
commission scolaire que le ton sera donné pour tout ce qui va se
dérouler, tant au niveau des écoles que dans les relations avec
les autorités gouvernementales et ministérielles. La
fédération propose donc, par l'article 180, que les parents
soient majoritaires au comité exécutif de la commission scolaire,
tout comme au conseil d'école et au conseil d'administration de la
commission scolaire. La présence de deux représentants de la
conférence des comités de parents au comité
exécutif de la commission scolaire assure une jonction efficace et
fonctionnelle entre la structure décisionnelle et la structure
consultative des parents.
La fédération propose d'éliminer l'article 184
portant sur la création d'un comité de gestion au niveau de la
commission scolaire pour une raison fort simple: on ne peut pas faire en
même temps une chose et son contraire. La restructuration proposée
par le projet de loi 40 veut faire de l'école, non de la commission
scolaire, le pivot du réseau scolaire public et donner le pouvoir de
décision majoritaire aux parents. Bien sûr les autres intervenants
sont essentiels et irremplaçables, mais dans le champ de
responsabilité qui est le leur, la fédération croit que
les cadres scolaires, tant à l'école qu'à la commission
scolaire, devraient s'occuper de leur tâche professionnelle sous
l'autorité des instances décisionnelles déjà
prévues, à savoir le conseil d'école ainsi que le conseil
d'administration et le comité exécutif de la commission
scolaire.
Toutefois, des tables de gestion centrées sur les relations du
travail et semblables à celles qu'on connaît actuellement
devraient continuer d'exister. Il n'est nul besoin de les prévoir dans
la présente loi. La mention dans le projet de loi d'un tel comité
de gestion accentue le danger d'une évolution de la réforme
envisagée dans le sens d'une étatisation progressive du
réseau scolaire public. La fédération ne peut y
consentir.
La fédération propose deux modifications à
l'article 82 relatif au directeur d'école. Le comité de
sélection doit être composé majoritairement de membres du
conseil d'école concerné. Cela va de soi mais la
fédération demande que cette majorité soit composée
de parents membres de ce conseil. C'est une mesure de prudence pour assurer que
les relations entre le directeur et son conseil d'école seront
bonnes.
Enfin, la fédération est d'accord avec le principe de la
création, au niveau de la commission scolaire, d'un comité
consultatif des services aux élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage et d'un comité consultatif du transport
des élèves. Toutefois, dans le mémoire qu'elle a
déposé, elle propose quelques modifications, soit à leurs
fonctions, soit à leur composition.
Les autorités gouvernementales et ministérielles. Dans
cette sous-section, la fédération a regroupé ses
commentaires et ses propositions concernant les autorités
gouvernementales et ministérielles. La fédération propose
de modifier l'article 134 afin d'indiquer que le gouvernement ne pourra
modifier les limites territoriales d'une commission scolaire sans s'être
assuré qu'il y a eu, au préalable, consultation du milieu. La
fédération propose d'ajouter un alinéa à
l'article 292 pour exiger du ministre une collaboration avec les
commissions scolaires quand il interviendra de quelque façon concernant
les programmes et les cours d'études.
En effet, la fédération désire que le sommet
hiérarchique du réseau scolaire public soit aussi attentif
à la consultation et à la participation des parents qu'il
souhaite que ce soit le cas à la base. La fédération
propose ici deux articles complètement nouveaux. Elle leur a
donné les numéros 307a et 307b. Tous deux sont significatifs de
sa préoccupation de voir les parents étroitement associés
aux décisions qui affectent l'éducation de leurs enfants. Ainsi,
l'article 307a vise à les faire participer à
l'établissement de la carte régionale des services
éducatifs et spécialisés destinés aux
élèves ayant une déficience physique ou intellectuelle
ainsi qu'à la carte nationale des services hautement
spécialisés.
Par l'article 307b, la fédération veut que le ministre
associe les commissions scolaires et, de ce fait, les parents concernés
à la carte des milieux économiquement faibles et à la
répartition des ressources disponibles en fonction d'indices
économiques qui tiennent compte du milieu dans lequel l'école est
située.
La commission de mise en oeuvre. En relation avec la composition de la
commission de mise en oeuvre, la fédération propose de modifier
l'article 340 de façon à rendre obligatoire un choix
effectué à partir de recommandations provenant des regroupements
concernés par les diverses catégories de personnes à
nommer. La fédération voit dans cette façon de
procéder une assurance supplémentaire que la réforme
envisagée sera vraiment démocratique et se réalisera avec
la participation soutenue de tous les intervenants et, tout
spécialement, des parents. La modification proposée à
l'article 355 se situe dans le prolongement de celle proposée à
l'article 340 sur la composition de la commission de mise en oeuvre et se
justifie de la même manière. De l'avis de la
fédération, au moins deux parents doivent être
présents à l'intérieur du comité exécutif de
la commission de mise en oeuvre.
La fédération propose d'enlever la fin de la
dernière phrase de l'article 366. En effet, en aucun cas, le
comité exécutif de la commission de mise en oeuvre ne devra avoir
le droit de substituer ses décisions à celles d'un comité
de mise en oeuvre. Son rôle est de prendre les moyens nécessaires
pour que les comités de mise en oeuvre assument les fonctions pour
lesquelles ils ont été créés et non de se
substituer à eux. Dans de telles circonstances, il vaut mieux prendre un
peu plus de temps plutôt que de braquer un milieu contre une
réforme nécessaire.
J'inviterais le président à conclure le
mémoire.
M. Gervais: Considérant, M. le Président, le temps
que nous avons pris pour notre intervention, je crois qu'il serait raisonnable
de conclure notre intervention.
En conclusion, rappelons brièvement quelques idées
essentielles de notre mémoire. La fédération adhère
fermement à l'idée d'une école commune et responsable.
Cette idée doit devenir bientôt une réalité.
Voilà le pivot ou, mieux, la pierre d'angle du réseau scolaire
public dont la fédération souhaite le développement. Le
conseil d'école, composé majoritairement de parents
d'élèves de l'école élus par l'assemblée
générale des parents et disposant d'un large champ de
décision, constitue un instrument essentiel. Sur lui repose une grande
part du succès de la réforme. Il est aussi fondamental
d'étendre la participation majoritaire des parents au niveau de la
commission scolaire. Celle-ci constitue la charpente porteuse du
système. Le conseil d'administration de celle-ci sera donc
composé d'une majorité de parents élus par les conseils
d'école; les autres membres du conseil d'administration seront
élus au suffrage universel. (11 h 30)
Enfin, rappelons que, de l'avis de la fédération, la
structure consultative des parents doit être maintenue et même
renforcée. L'expérience en a déjà fait ressortir
suffisamment la pertinence, aussi bien au niveau de la commission scolaire
qu'à celui de l'école. Une telle structure a un sens pour les
parents eux-mêmes. De plus, elle constitue un premier lieu où les
parents se sentent à l'aise pour amorcer une collaboration avec d'autres
agents d'éducation. Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Gervais. Avant que
nous n'entamions la discussion avec nos invités, nous avons tout
à l'heure suspendu la discussion... M. le député
d'Argenteuil désirait intervenir lorsque j'ai donné lecture de
l'ordre du jour et nous avons suggéré que vous procédiez
d'abord à votre présentation. Le député
d'Argenteuil m'a signifié qu'il désirait intervenir à
nouveau sur l'ordre du jour dont j'ai donné lecture tout à
l'heure. M. le député d'Argenteuil.
Les organismes convoqués
M. Ryan: M. le Président, je signalais tantôt qu'on
nous a communiqué, à la fin de décembre, une liste des
organismes que le gouvernement avait jugé devoir inviter devant la
commission . et l'ordre dans lequel le gouvernement prévoyait les
convoquer. Sur cette liste qui a été faite sans nous consulter,
et par conséquent, à propos de laquelle nous n'avons aucune
responsabilité -
il était prévu d'entendre ce matin la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec, cet après-midi, l'Association des comités de
parents de la région 03, c'est-à-dire la région de
Québec; ensuite, la Fédération des comités de
parents de Laval-Laurentides-Lanaudière.
Ce matin, quand nous sommes entrés dans cette salle pour la
séance d'aujourd'hui, nous avons appris en prenant connaissance de
l'ordre du jour qu'il y avait un changement: que cet après-midi, au
lieu... D'abord, que ce matin, il y avait un changement, soit que la
Fédération des comités de parents de
Laval-Laurentides-Lanaudière se joignait à la
fédération des comités de parents plutôt que de
venir cet après-midi. Et ensuite, qu'il y avait des changements à
l'ordre du jour de cet après-midi où on prévoyait entendre
l'Association des comités de parents de la région 02 qui
n'était pas à l'ordre du jour; ensuite, l'Association des
comités de parents de la région 03. Cela, c'était à
l'ordre du jour, toujours celui fixé par le gouvernement
évidemment qui, par conséquent, ne nous engage en aucune
manière de ce côté-ci. Ensuite, on a ajouté la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal.
D'abord, je trouve que c'est un manque de courtoisie absolument
élémentaire de la part du gouvernement d'agir de cette
manière envers l'Opposition et envers le public qui nous observe
également. Je pense que nous avons fait la preuve à maintes
reprises que chaque fois qu'on nous consulte honnêtement, nous donnons
une opinion; nous n'aboutissons pas toujours à des conclusions qui
fassent consensus des deux côtés, mais je pense qu'il y a des
habitudes de dialogue élémentaire dans ces choses qui
s'imposent.
Maintenant, à ce moment-ci, je voudrais demander une chose,
peut-être au président de la Fédération des
comités de parents du Québec, mais plus particulièrement
au président de la commission et aux représentants du
gouvernement. Est-ce qu'on pourrait déposer les lettres dans lesquelles
les organismes qu'on veut présenter cet après-midi auraient
demandé à être entendus spécifiquement et
distinctement? Moi, quand j'ai pris connaissance du mémoire de la
Fédération des comités de parents du Québec, j'ai
vu qu'il y avait le mémoire principal suivi de trois annexes. Je me suis
dit qu'ils nous donnaient cela pour compléter la présentation. Je
n'ai pas vu les lettres qui ont été envoyées par chaque
organisme au Secrétariat des commissions parlementaires ou au
gouvernement. Mais si on pouvait déposer les lettres dans lesquelles
chacun de ces organismes a demandé à être entendu
distinctement, cela m'intéresserait énormément de le
savoir. Si on n'a pas ces pièces, on va être devant un cas de
gestion extrêmement contestable des invitations et des comparutions
devant cette commission. Je vais être obligé de demander qu'on
examine cela de notre côté avant d'émettre une opinion,
parce que je ne voudrais pas qu'il y ait la moindre apparence de manipulation
ou de préférence indue qui se dégagerait des
décisions prises à cet égard. Alors, je vous pose la
question, M. le Président. Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir les
copies des lettres dans lesquelles ces organismes ont demandé à
être entendus distinctement, ceux qui avaient annexé leur
mémoire à celui de la fédération.
Le Président (M. Blouin): Oui, un moment. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Oui, je pense que la situation est beaucoup
plus simple et j'avoue qu'elle mérite une explication. Ceci aurait pu
être fait au tout début. Cela n'a sans doute pu être fait je
ne sais trop pourquoi, mais la fédération des comités de
parents a simplement décidé de prendre une heure et trente
minutes ce matin, d'accord, et de laisser deux de ses sections
régionales intervenir cet après-midi pour une période
d'une heure trente minutes. Donc, vu que la fédération avait
droit à une période de trois heures ce matin, elle a simplement
demandé de permettre à deux de ses sections régionales
d'intervenir cet après-midi pendant une heure et trente minutes. L'autre
section était déjà inscrite à l'ordre du jour,
c'est-à-dire que vous aviez déjà cela, M. le
député d'Argenteuil, l'Association des comités de parents
de la région 03 était, vous l'avez déjà, à
votre horaire, elle intervient donc également cet après-midi.
Le seul changement, c'est qu'il y a un déplacement. Cela, vous
l'avez eu à l'ordre du jour ce matin. La Fédération des
comités de parents de Laval-Laurentides-Lanaudière, au lieu de
comparaître cet après-midi, passse ce matin avec la
fédération. Donc, c'est la fédération qui a
demandé de partager le temps qui lui était dévolu,
c'est-à-dire trois heures: une heure et trente minutes et une autre
heure et trente minutes.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est assez formidable comme explication. Je reviens
à ma question de base, qui n'a pas reçu de réponse. Est-ce
qu'on peut déposer, pour que nous en prenions connaissance, les lettres
par lesquelles ces organismes qu'on ajoute à l'ordre du jour cet
après-midi ont demandé à être entendus
distinctement. Après cela, on pourra aborder le problème,
c'est-à-dire la question de décider si c'est la
fédération qui aménage l'ordre du jour des séances
de la commission ou si c'est la commission elle-
même. Cela, c'est une autre question. Le Président (M.
Blouin): Oui.
M. Ryan: Je voudrais savoir si on peut avoir une réponse
précise à cette question-là. Est-ce qu'on a les lettres
par lesquelles ces organismes qui avaient joint leur mémoire à
celui de la fédération auraient demandé à
être entendus distinctement dans des séances différentes de
celle de la fédération?
Le Président (M. Blouin): Je ne sache pas qu'il y ait de
lettres comme celles dont vous parlez, mais je sais qu'il y d'autre part un
document qui a été soumis par la fédération et dont
j'aurai copie dans quelques minutes, qui nous indique, effectivement, que la
fédération souhaitait qu'il y ait un ordre de comparution.
D'autre part, je vous signale, M. le député d'Argenteuil,
puisque vous semblez me poser à moi aussi la question, que, dans tout ce
débat, il peut y avoir une évaluation des différents
partis politiques, mais qu'il n'y a pas comme tel d'accroc au règlement
puisque, à l'ouverture de la séance, le président donne
lecture de l'ordre du jour, que cet ordre du jour est fixé et
colligé par le Secrétariat des commissions, mais c'est le leader
du gouvernement qui remet au jour le jour au Secrétariat des commissions
la liste des organismes qui seront entendus et que cette procédure est
la procédure habituelle et que, strictement sur le plan des
règlements qui régissent nos travaux, il n'y a pas eu d'accroc
dans cette procédure. Cependant, je comprends que vous vouliez aborder
le problème sous un autre angle, mais je vous rappelle que, sur le
strict plan des règlements qui nous régissent, il n'y a pas eu
d'accroc.
M. Ryan: M. le Président, je ne sais pas s'il y a eu un
accroc à la lettre des règlements, ce n'est pas la chose qui
m'importe le plus, mais il y a un problème de justice qui se pose. C'est
bien plus important que toute la lettre des règlements qu'on pourrait
invoquer.
Nous avons fait écho depuis hier, à maintes reprises, au
fait que des organismes, de bonne foi, en réponse à l'invitation
qui leur avait été faite par le gouvernement, ont écrit
pour faire part de leur désir d'être entendus devant la
commission, ont posé un geste explicite et officiel et demandé
à être entendus. Ils se sont fait dire jusqu'à
présent qu'ils n'étaient pas sur la liste des élus et
choisis. Le moins qu'on puisse demander, c'est que ceux qui veulent être
ajoutés à la liste et qu'on a consultés sans nous
consulter, on nous donne au moins la preuve écrite qu'ils ont
demandé à être entendus.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, vous avez cette preuve écrite qu'ils ont demandé
à être entendus, puisque leur mémoire a été
intégré au mémoire de la fédération et que
vous en avez obtenu copie.
M. Ryan: M. le Président, d'habitude, quand un organisme
annexe son mémoire à celui de sa fédération, on
présume en toute bonne foi qu'il va venir se faire entendre avec
celle-ci. Bien oui, cela fait partie du mémoire. Ce n'est pas l'objet
d'un envoi distinct. D'ailleurs, il n'y a aucune pièce là-dedans.
Je les ai cherchées. Plus tôt, je feuilletais, parce que je
l'avais déjà lu, votre mémoire, avant que vous veniez ici
et je ne me souvenais pas d'avoir trouvé une indication claire de la
volonté des deux associations concernées d'être entendues
distinctement, à des séances différentes. C'est ce que
nous voulons établir clairement. C'est là que nous voulons
éviter toute manipulation des organismes qui vont se présenter
devant cette commission. C'est l'enjeu de la discussion. Nous n'avons pas de
preuve.
Le Président (M. Blouin): Chacun s'étant
exprimé, la parole est au député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, sur le même sujet,
j'aimerais souligner aussi qu'il y a une question purement de courtoisie dans
cela, tout en facilitant le travail de cette commission. Cette commission se
réunit et va se réunir pendant de nombreuses semaines pour
accomplir un travail long, ardu et difficile. Je voudrais qu'on réalise
que, de notre côté, nous devons avoir des moyens
élémentaires de travail. Pour cela, nous devons pouvoir nous
préparer adéquatement.
Je pose la question très simplement: Comment pouvons-nous
préparer notre travail adéquatement si nous sommes toujours comme
un oiseau sur la branche du jour au lendemain, à la merci d'un ordre du
jour qui nous est mis sur le bureau à 9 h 45, sans être sûrs
d'un jour à l'autre ou deux à trois jours à l'avance de
qui va se présenter devant la commission? On est toujours susceptibles
d'avoir des changements de dernière minute. Vous allez me dire: Les
changements qui sont devant nous actuellement ne sont pas majeurs. De toute
façon, les mêmes organismes sont là. Ce que je vous
souligne, c'est que cela peut être le début d'une façon de
faire qui va empêcher une partie importante de cette commission, qui est
représentée par l'Opposition, de faire un travail à la
hauteur de ce qu'elle est capable de faire et de ce qu'elle veut faire.
Le ministre devrait prendre bonne note de ceci. Pour que nous puissions
faire le travail que nous avons à accomplir et obtenir les
résultats que nous voulons obtenir et en
toute justice pour les intervenants, pour les gens qui se
présentent ici et qui ont préparé de longue main les
mémoires qu'ils nous soumettent, il nous faut à nous aussi, du
côté de l'Opposition, savoir qui va être devant la
commission le lendemain, le surlendemain ou dans trois jours. Autrement, notre
situation est nettement défavorisée par rapport à celle du
gouvernement. Se rend-on compte que cela permet au gouvernement de savoir des
jours et des jours à l'avance qui va venir devant la commission et de se
préparer en conséquence? À nous, on nous donne un quart
d'heure, le matin même de la commission parlementaire, pour être
informé de qui est devant la commission parlementaire.
Il est probablement exact qu'au niveau de la lettre du règlement
on ne trouvera pas d'articles obligeant le côté ministériel
à nous informer de ce qui s'en vient dans des délais
raisonnables. M. le Président, vous pouvez me dire cela et je suis
prêt à l'admettre d'emblée. Sauf que vous
reconnaîtrez avec moi que, par simple courtoisie et tout simplement pour
que nous puissions nous acquitter de nos fonctions, il faudrait que le ministre
réalise que nous devons pouvoir nous fier à l'avance - et
suffisamment à l'avance - sur une liste qui ne sera pas changée
d'une façon capricieuse et sans consultation. Nous ne disons pas...
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je m'excuse, mais je
pense...
Le Président (M. Blouin): Un instant, M. le
député de Fabre. Est-ce que vous avez terminé, M. le
député?
M. Doyon: Non, non, je n'ai pas terminé. Je me demande
pourquoi le député de Fabre m'interrompt.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Qu'il soulève sa question de
règlement, ce n'est pas le temps des discours.
M. le Président...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre, un moment, s'il vous plaît! Je crois qu'il est
préférable de laisser terminer le député de
Louis-Hébert qui a exprimé jusqu'à maintenant, selon mon
appréciation, ce qu'il voulait exprimer. Il n'y a pas eu encore de
redites inutiles dans ce qu'il nous présente. Il a le droit de
compléter son propos. Je lui demande de le faire succinctement.
M. Doyon: C'est très rapide et j'allais terminer avant
cette interruption impromptue. Ce que je voulais dire, c'est que nous ne disons
pas qu'il sera impossible de faire des arrangements après consultation,
selon les circonstances, nous sommes toujours ouverts à des discussions
de ce côté. Ce que nous n'acceptons pas, ce sont des
décisions unilatérales et qui ne donnent pas lieu à des
explications suffisantes de part et d'autre. Le ministre devrait prendre bonne
note de cela et, au lieu de m'interrompre, le député de Fabre
pourrait aussi en prendre bonne note afin d'améliorer la situation au
lieu d'interrompre les choses que j'ai à dire qui sont très
simples et qui vont de soi, d'après moi. (11 h 45)
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci beaucoup, M. le
député de Louis-Hébert. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je voudrais simplement
m'assurer que le temps utilisé pour les débats de
procédure n'est pas usurpé sur le temps de discussion et de
présentation du mémoire de la fédération. Est-ce
bien le cas? Si je comprends bien, vous réduisez ou vous tenez compte du
temps des débats depuis l'ouverture de la commission ce matin
jusqu'à ceux qui se poursuivent maintenant...
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: ...en plus ou en moins du temps...
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: ...qu'on aura à notre disposition pour discuter
du mémoire de la fédération?
Le Président (M. Blouin): Je comprends votre bonne
intention, mais je ne voudrais pas que ce nouveau sujet vienne lui aussi
éroder le temps de notre commission. Est-ce qu'il y a...
Mme Harel: Donnez-moi donc votre décision à ce
sujet.
Le Président (M. Blouin): Je n'ai pas de décision
à rendre. Vous savez que, lorsque nous entendons un organisme, chaque
député a son droit de parole. Mon rôle est d'essayer, quand
c'est nécessaire, d'accélérer les débats pour que
nous puissions entendre les groupes qui ont été prévus.
Cependant, chaque député conserve toujours son droit de parole
intégral. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vais me permettre de vous
faire une suggestion dans un esprit constructif.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je constate qu'il est 11 h 45. Au rythme où nous
allons, la Fédération des comités de parents de
Laval-Laurentides-Lanaudière n'aura pas le temps d'être entendue
ce matin parce qu'il faut que nous interrogions la Fédération des
comités...
Le Président (M. Blouin): Elle ne désire pas
être entendue, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Elle est quand même sur la liste que vous nous
avez remise.
Le Président (M. Blouin): Oui, mais elle ne désire
pas être entendue.
M. Ryan: Elle ne veut pas être entendue du tout.
Le Président (M. Blouin): Non.
M. Ryan: Alors, cela règle le problème.
Le Président (M. Blouin): Elle désire
répondre aux questions des membres de la commission.
M. Ryan: Cela règle le problème à mon grand
regret parce que ces gens viennent de la région que je représente
dans cette Assemblée, avec vous-même d'ailleurs, M. le
Président. Je pense que nous aurions été très
intéressés...
Le Président (M. Blouin): Malgré toute
l'objectivité dont je dois faire preuve, vous m'en voyez
également peiné.
M. Ryan: Très bien. Qu'elle donne son point de vue, mais,
pour le reste, je pense qu'on est en face d'une initiative éminemment
contestable de la part du gouvernement dans le fonctionnement de cette
commission. Je crois que le gouvernement devrait réexaminer sa
façon de travailler.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: On m'avait dit souvent, M. le Président, que le
gouvernement se comportait de cette manière avec les commissions
scolaires, les organismes de l'éducation, mais je ne pensais pas qu'il
ferait la même chose avec l'Opposition. Si c'est comme cela qu'on
travaille avec les organismes du milieu, il n'est pas étonnant qu'il
arrive des conflits et des malentendus.
Le Président (M. Blouin): Bon. Chacun s'étant
exprimé sur la situation, je crois donc que nous pouvons maintenant
reprendre le débat avec nos invités. Sur ce, je cède la
parole au ministre de l'Éducation. M. le ministre.
Reprise des auditions
M. Laurin: M. le Président, j'ai pris un vif
intérêt à la lecture et, ce matin, à l'audition de
ce mémoire très long, bien fait, qui couvre tous les aspects du
problème depuis sa dimension historique en passant par sa dimension
philosophique - je pense au cadre de référence dont le
président parlait tout à l'heure - jusqu'à l'analyse
détaillée du projet de loi. Je sais que c'est l'aboutissement
d'une longue démarche que le président nous a rappelée.
Non seulement le livre blanc a été étudié avec
attention par tous les comités d'école du Québec, mais le
projet de loi 40 a aussi été étudié avec une
extrême attention par tous les comités d'école du
Québec, ce qui est un exercice de responsabilité en même
temps qu'une preuve de la compétence et du sérieux des
comités d'école représentés par la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec.
La fédération des comités de parents constitue un
des groupes les plus nombreux dans le champ de l'éducation. Après
les élèves qui sont plus de 1 000 000, les parents sont
potentiellement les plus nombreux, même si 40 000 parents sont surtout
actifs au sein des comités d'école. Je pense qu'à cet
égard il faut apporter à leur point de vue, surtout lorsqu'il est
à ce point étoffé et objet d'une longue analyse,
l'importance la plus grande. C'est une démarche studieuse en même
temps que responsable qui augure bien du rôle que seront appelés
à jouer les parents au sein de l'école.
Dans la dimension historique, on a rappelé que les parents
constituent une force montante qui s'est fait une place difficilement,
péniblement, au sein du système scolaire, même avec l'appui
de la loi de 1971 et des lois de 1979. Cette force montante des parents, je
pense qu'elle a eu de très bons effets sur l'amélioration de
notre système scolaire. Ces bons effets n'ont pas fini de se
matérialiser.
Je me souviens que ce qui avait été prévu par le
gouvernement en 1979 pour marquer l'importance de la contribution des parents
à la qualité de l'école n'a pas été
accueilli avec tellement de faveur à l'époque par les partenaires
existants, qu'il s'agisse des commissions scolaires, qu'il s'agisse des
enseignants en particulier. Mais, cependant, à l'usage, après
quatre ans on est obligé de constater - le Conseil supérieur de
l'éducation l'a fait et même nos commissions scolaires le font de
plus en plus - que cette contribution des parents au sein de l'école et
particulièrement au sein des commissions
scolaires et même du comité exécutif des commissions
scolaires a apporté des améliorations notables à la
qualité du système d'éducation, en rapprochant, comme on
l'a si bien dit, les commissions scolaires des milieux et en centrant davantage
les commissions scolaires sur les fonctions pédagogiques plutôt
qu'administratives.
Avec le projet de loi 40, un autre pas majeur doit être fait
puisque, cette fois, les parents seraient appelés à avoir non
seulement un rôle consultatif, mais bien un rôle décisionnel
au sein d'une école revalorisée et au sein d'une école
commune, responsable, à laquelle on donne une importance accrue et qui
deviendrait, comme la fédération vient de le dire, encore plus
que le pivot ou la base, la pierre d'angle du système scolaire.
Je sais que cet autre pas majeur est vu avec appréhension, pour
ne pas dire avec hostilité, par certains milieux, souvent les
mêmes qui dénonçaient les mesures prises en 1979, mais je
suis sûr, pour ma part, qu'il va dans le même sens que les mesures
prises en 1979 et qu'à l'usage et à l'expérience, ces
nouvelles règles ou ces nouvelles structures, qui font une place plus
grande aux parents et leur accorde plus d'importance, auront les mêmes
résultats bénéfiques, et même encore davantage, et
qu'on se demandera dans quatre ou cinq ans pourquoi on ne l'a pas fait plus
tôt.
J'ai donc pris un très vif intérêt à la
lecture et à l'audition de ce mémoire. En particulier, j'ai bien
apprécié que la fédération des comités de
parents fasse l'effort d'aller au fond des choses et de revoir la conception
philosophique, ou les racines, ou les principes sur lesquels elle entend
appuyer le droit des parents à participer d'une façon plus
marquée à la vie des écoles aussi bien qu'à la vie
des commissions scolaires. Cette révision est importante et, comme les
idées mènent le monde, je suis convaincu que cette conception que
la fédération nous donne aujourd'hui du rôle de la
personne, de la famille, de l'État, de l'articulation de ces divers
rôles et des finalités de ces divers rôles est
extrêmement importante et qu'elle constitue l'assise sur laquelle on peut
bâtir un système d'éducation encore meilleur que celui dont
nous disposons à l'heure actuelle.
De ce cadre de référence, de cette assise conceptuelle et
philosophique, j'en déduis, en tout cas, pour ma part, depuis un certain
temps, que non seulement les parents ont le droit d'être reponsables, si
je peux m'exprimer ainsi, ont le droit d'être partie prenante et d'une
façon substantielle à l'éducation de leurs enfants, non
seulement en les déléguant, en les envoyant à
l'école et en confiant les responsabilités à d'autres mais
en s'en occupant personnellement, et aussi que les parents sont maintenant plus
motivés que jamais et plus capables que jamais d'exercer ces fonctions
de responsabilité qu'ils demandent et que le projet de loi entend leur
donner.
Comme vous l'avez dit ce matin et comme d'autres parents l'ont dit hier,
les parents n'entendent plus maintenant, comme jadis, confier
entièrement la responsabilité de l'éducation de leurs
enfants à l'école; ils entendent y assumer une place de plus en
plus importante. C'est peut-être parce que la société n'est
plus aussi homogène ou unanime qu'elle l'était auparavant,
peut-être parce que les temps sont changés et plus difficiles, que
les mutations sont plus rapides et plus nombreuses et que les parents
s'intéressent davantage au développement de leurs enfants dans
toutes les dimensions, qu'ils entendent évaluer l'instruction
donnée à leurs enfants, qu'ils entendent évaluer
l'environnement dans lequel ils s'éduquent; qu'ils entendent
établir leurs propres priorités sur le développement
global de leurs enfants, aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan
affectif, le plan esthétique ou sur le plan éthique et qu'ils
entendent être plus présents et d'une façon plus active
à ce processus tellement fondamental de l'éducation de leurs
enfants.
En même temps, je pense qu'on peut leur rendre ce
témoignage que la capacité des parents à s'occuper de
cette fonction n'a fait que grandir avec les années, non seulement
à cause de la hausse générale du niveau d'instruction de
notre société mais également parce que les parents, en
raison de l'amour qu'ils portent à leurs enfants mais aussi en raison de
leur expérience dans d'autres secteurs de la société, ont
acquis une expérience de gestion, une expérience du processus
normal d'activité des sociétés et qu'ils sont capables de
faire bénéficier l'école de toutes les compétences
qu'ils exercent ailleurs dans d'autres secteurs de la
société.
En même temps, je pense qu'on peut dire que l'expérience de
dix ans qu'ils viennent d'acquérir au sein des comités
d'école, au sein de l'école les a familiarisés de plus en
plus, non seulement avec les buts, les finalités de l'éducation
mais avec les modèles pédagogiques, les pratiques
pédagogiques, et qu'il sont maintenant capables d'assumer une part
active et substantielle comme partenaires réels au processus de
l'éducation.
Quant aux 65 amendements que la fédération nous
suggère, je n'ai évidemment pas le temps de les commenter un par
un aujourd'hui, mais je peux vous dire que nous y accordons une attention
égale à celle que vous avez vous-mêmes mise à les
rédiger au sein de vos comités d'école, au sein de vos
assemblées générales, au sein de vos congrès
généraux et que nous y accorderons évidemment toute
l'attention désirable.
Je comprends que la plupart de ces
amendements visent à préciser davantage les pouvoirs qui
sont consentis à l'école et qui feront que l'école
deviendra commune et responsable. Ils visent également à ce que
ces pouvoirs soient réels, que d'autres instances ne viennent pas, sous
prétexte d'ambiguïté ou de précision, essayer de
reprendre certains pouvoirs qui ont été véritablement
accordés par le législateur à l'école. Je comprends
aussi qu'une bonne partie de ces amendements visent à agrandir,
peut-être à renforcer cette contribution des parents à la
vie de l'école aussi bien qu'au fonctionnement du système
scolaire en général. Je comprends aussi qu'ils se veulent des
renforcements à la visée fondamentale du projet de loi, qui vise
justement à faire de l'école le lieu principal de
l'activité éducative et à faire de l'école
véritablement la pierre d'angle du système scolaire. C'est en ce
sens en tout cas que nous les comprenons et que nous les étudierons.
Je ne voudrais limiter mes questions qu'aux points que vous avez
soulignés vous-mêmes comme les plus importants. Par exemple, les
comités d'école, la présence des comités
d'école. Si j'ai bien compris, vous voulez que les comités
d'école soient obligatoires. Dans le projet de loi, nous avons quand
même évolué dans votre sens depuis la parution du livre
blanc, puisque nous disons que ces comités d'école existeront
à moins que les parents décident qu'ils ne doivent pas exister.
C'est déjà un progrès.
Il nous a paru difficile d'aller plus loin pour fins de concordance
puisque nous les rendions facultatifs pour tous les autres partenaires qui
travaillent au sein de l'école. Il nous apparaissait difficile de les
rendre obligatoires pour un groupe en particulier. Étant donné
que vous nous réitérez aujourd'hui le fait que vous
désirez à l'unanimité, après étude, que ces
comités d'école deviennent obligatoires, nous essaierons de voir
si nous ne pouvons pas faire une distinction puisque vous êtes le seul
groupe au fond qui demande à tout prix que ces comités
d'école soient obligatoires.
J'ai bien retenu aussi votre suggestion en ce qui concerne les
fermetures d'école. Comme vous le savez et je le rappelle, un des buts
du projet de loi 40 est d'empêcher les fermetures d'école au moins
pour les cinq prochaines années. À la lecture de votre
mémoire, j'ai bien senti que vous voudriez que cette période soit
prolongée, d'une part; d'autre part, si jamais une commission scolaire
décide qu'il y a lieu de fermer une école, vous voudriez quand
même que cette décision ne puisse être prise avant que les
parents soient obligatoirement consultés. Je le comprends bien,
après tout ce que nous avons écrit sur la nécessité
de conserver les écoles comme pôle de développement, comme
enrichissement, comme enracinement pour une communauté. Il reste
cependant qu'on ne peut décréter à l'avance qu'il n'y aura
pas de changement, de mouvance de population. Il faut quand même tenir la
possibilité ouverte. Nous verrons s'il y a lieu de faire en sorte quand
même que cet impératif premier de la nécessité d'une
école pour l'enracinement d'une communauté ne puisse être
renforcée d'une certaine façon pour le bénéfice
même des populations et des communautés.
Je laisserai la procédure électorale, qui constitue un
autre axe de votre mémoire, à mes collègues pour qu'ils
puissent vous interroger là-dessus. Ma seule question serait la
suivante: Croyez-vous qu'il aurait été possible d'aller dans le
sens que les parents souhaitent, dans l'axe de leur responsabilisation
progressive au sein de l'école, uniquement en modifiant la loi 71 et en
reforçant les pouvoirs, l'existence ou les structures du conseil
d'orientation? Croyez-vous en somme qu'il aurait été possible
d'aller dans le sens que vous souhaitez simplement en améliorant la loi
71 ou s'il vous paraît préférable d'aller franchement plus
loin et de créer un véritable conseil d'école où
les intervenants de l'école, parents, enseignants, personnel non
enseignant, élèves constituent une équipe qui veille aux
destinées de l'école et surtout d'une façon
prépondérante à établir un projet éducatif
qui justement incarne ces besoins, ces priorités et s'occupe du
développement maximal et intégral des enfants qui lui sont
confiés? (12 heures)
Le Président (M. Blouin): M. Gervais.
M. Gervais: M. le ministre, à savoir si la loi 71 serait
renforcée, cela répondrait si vous le voulez... Sauf que,
à mon avis, le projet de loi 40 présentement avec son conseil
d'école pour nous c'est évidemment supérieur à la
loi 71. Quand on regarde cette loi, on se rend quand même compte qu'il y
a des marges de manoeuvre à l'intérieur que l'école pourra
quand même utiliser pour bâtir son projet éducatif. À
savoir si la loi 71 doit être renforcée, c'est difficile à
répondre. Je me demande de quelle façon elle sera
renforcée et comment. Nous avons un projet et le projet que nous avons
étudié, comme conseil d'école, nous donne quand même
cette possibilité d'avoir suffisamment de marge de manoeuvre à
l'intérieur de l'école pour bâtir le projet
éducatif.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci beaucoup. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je voudrais tout d'abord
dire à la fédération des comités de parents que
nous sommes très heureux du côté de l'Opposition d'avoir
cette chance d'échanger des opinions avec la
délégation très largement représentative qui
est ici aujourd'hui. J'ai eu l'occasion à un certain nombre de reprises
de causer avec des dirigeants de la fédération, également
avec des dirigeants d'associations régionales. Dans l'ensemble, j'ai
toujours reçu un accueil très courtois de votre part, une
coopération absolument positive dont je n'ai qu'à vous remercier.
C'est pour cela que je suis particulièrement heureux que nous ayons la
chance de causer ce matin.
Je voudrais bien que vous compreniez que le petit débat que nous
avons eu tantôt se rattache au fonctionnement de l'ensemble de la
commission et cela ne reflète d'aucune espèce de manière
l'indifférence que nous pourrions avoir à l'endroit de telle ou
telle section particulière ou telle ou telle fédération
régionale particulière de votre mouvement. Pourvu que les choses
se fassent dans l'ordre, clairement et correctement nous n'avons absolument pas
d'opposition à entendre un organisme quel qu'il soit. Bien au contraire,
depuis deux jours nous soutenons exactement la thèse opposée et
nous voulons que tout le monde soit traité avec justice, clarté
et équité. C'est notre position. Je suis bien content de voir la
représentation régionale très forte. Il y a bien des
organismes qui vont se présenter ici et qui vont vous envier de ce
côté-là. Vous l'avez fait avec une force dont on doit vous
féliciter sans aucune hésitation.
En ce qui touche le mémoire que vous avez présenté,
j'ai bien apprécié la défense des intérêts
des parents que vous présentez. Vous le faites avec beaucoup de
fermeté, avec sobriété; il n'y a pas de passages qui m'ont
choqué, personnellement ou mes collègues. Je pense que tout cela
est présenté d'une manière qui est absolument impeccable.
Je voudrais quand même souligner, avant d'entrer dans la discussion,
qu'il y a un certain nombre d'aspects importants qui ne sont pas touchés
dans votre mémoire. J'entendais le ministre tantôt - c'est un
point sur lequel je suis obligé d'être en désaccord avec
lui, vous savez que cela me fait toujours beaucoup de peine - il vous
félicitait d'avoir présenté un mémoire qui embrasse
tous les aspects du projet de loi. Lui-même conviendra que c'est - pour
employer une expression parlementaire inexact.
D'abord, je m'attendais à trouver dans votre mémoire des
développements sur l'ensemble de notre système d'enseignement, de
la manière dont tout cela doit être agencé, par
conséquent la contribution qui est attendue de chaque rouage, de chaque
partie. Sur les commissions scolaires en particulier, j'aurais aimé
qu'on nous dise plus clairement quel rôle on entrevoit pour les
commissions scolaires dans le système, quelles fonctions elles doivent
accomplir. Le mémoire porte plus sur des questions de mécanique,
de fonctionnement. Je pense que, sur ces questions de contenu des rôles
à chaque niveau, le ministère de l'Éducation est l'objet
d'une grande attention de notre part, de la plupart des organismes qui vont se
présenter ici aussi. Il y en a qui disent qu'il y a trop de
centralisation; il y en a d'autres qui prétendent que tout est à
peu près correct; il y en a qui voient dans le projet de loi des dangers
de centralisation accrue. Le ministre nous assure que ses pensées sont
tout à fait différentes. Là-dessus, je n'ai pas
trouvé beaucoup d'éclairage dans votre document. Je vous le dis
bien simplement aussi.
Sur la confessionnalité, qui est un problème majeur pour
les parents, je m'attendais à trouver des développements dans le
mémoire et je pense qu'il n'y a pas un passage qui est consacré
à ce sujet-là. Il y a de petites allusions implicites, ici ou
là. Quand on parle des contenus de la participation des parents, j'ai vu
qu'il y avait des allusions. Je sais que c'est un sujet qui vous
préoccupe énormément mais je comprends que vous deviez
faire vite et que vous ne pouviez pas tout traiter. Ce sont des points que je
souligne seulement en guise d'introduction.
De même, sur un thème que nous avons repris à
maintes reprises depuis hier, sur le rôle des enseignants dans le
système d'enseignement, je pense que l'apport de votre mémoire
est plutôt limité. Je le souligne simplement pour indiquer que le
débat est très large. Nous n'aurons pas le temps de le faire au
complet aujourd'hui. Je voudrais plutôt engager la discussion sur des
points qui se rattachent assez immédiatement à ce que vous avez
dit.
J'ai été frappé de constater en parcourant
l'historique que vous avez fait, un historique qui est très
intéressant et instructif pour tout le monde, qu'au terme de cet
historique vous faites le point sur l'acquis de la contribution des parents
dans le système d'enseignement. Vous dites entre autres qu'aujourd'hui
on les reconnaît comme un groupe distinct d'agents d'éducation.
Vous dites qu'ils ont une part mieux organisée, plus fonctionnelle dans
le fonctionnement du système, que les contenus, que les objets de
participation sont de plus en plus substantiels. On ne discute plus uniquement
de la manière dont les rideaux devraient être
aménagés dans l'école, du costume que les enfants
pourraient porter. On discute plus des contenus éducatifs proprement
dits. Vous dites qu'il y a eu une grande percée avec la loi 79 qui a
permis la participation de représentants de comités de parents
à la commission scolaire. Vous dites enfin que la qualité et la
quantité des organismes et des personnes impliqués dans la
participation parentale ont connu une progression continue. Tout cela est vrai.
Vous concluez: Ce
mouvement doit se poursuivre. Vous ajoutez -je ne sais pas si
c'était délibéré de votre part - dans le paragraphe
suivant: Toute confusion peut engendrer les pires aberrations. J'ai
été bien content de voir cet agencement dans le
développement de votre pensée.
Cela a suscité chez moi un certain nombre de questions. Il y a
une première confusion qui me paraît assez évidente. On
dit, d'un côté, "l'école communautaire, l'école
publique, l'école commune". De l'autre côté, il y a la
question des parents. Si on dit que l'école est l'affaire de toute la
communauté: les parents, les élèves, les enseignants, les
administrateurs et les cadres scolaires et même des organismes à
vocation culturelle ou socio-économique qui font également partie
de la communauté; c'est vraiment l'affaire de toute la
communauté.
J'ai l'impression qu'il se produit un passage, à un moment
donné. À l'occasion du livre blanc et du projet de loi 40, on est
en face d'une situation où l'école peut devenir l'affaire des
parents, alors que nous, nous voulons que ce soit l'affaire des parents et de
toute la communauté. Aussi longtemps que vous nous dites que les parents
sont un agent d'éducation très important, un groupe d'agents
d'éducation très importants... Vous avez même donné
des raisons pour lesquelles il y a une certaine priorité qui doit leur
être accordée; très bien. Mais moi, je ne vois pas au nom
de quelle logique et au nom de quelle vision solide des choses, on pourrait
conclure de l'historique que vous avez fait, de l'évolution que nous
avons suivie, qu'on doit maintenant passer à un pouvoir parental, de la
manière que le recommande le projet de loi.
Vous savez, on peut bien tourner autour du pot tant qu'on veut. À
un moment donné, je pense que tout le monde convient... Ici, au
Parlement, si le Parti québécois a 51% des sièges, que les
libéraux en ont 49%, cela veut dire que le parti qui a 51% choisit tout
le monde qui va venir ici. On en a la preuve depuis deux jours. Il
décide de bien des choses et, même si on est là, nous,
c'est très bien... La même chose risque de se produire au niveau
de l'école et de la commission scolaire avec le système que vous
proposez.
Nous, nous ne pouvons accepter cela. On vous le dit bien simplement et
en toute cordialité démocratique, parce que nous trouvons que le
système d'enseignement, au niveau de la région, doit être
l'affaire de la communauté. C'est cela, notre thèse. C'est
l'affaire de la communauté et non pas seulement d'un des agents de la
communauté, si important soit-il. Vous, vous dites que l'école
doit être à contrôle parental. Et lorsque le projet de loi
ne va pas assez loin de ce côté-là, vous posez des vis et
vous en ajoutez plusieurs dans vos propositions. Dans votre logique, je les
comprends. Dans la mienne, j'ai plutôt des difficultés à
l'admettre. Vous dites que pour la commission scolaire, c'est la même
chose. On peut enrober cela, encore une fois, de tous les propos
élégants qu'on voudra, mais vous dites: On va avoir une
commission scolaire qui va être composée en majorité de
représentants de la conférence des parents, ou des
représentants des organismes parentaux. Je voudrais que vous
m'expliquiez comment il se fait que ce soit le reflet de la meilleure des
conceptions démocratiques, Le système d'enseignement et
l'école, affaire de la communauté. C'est un point de fond.
M. Gervais: Bon. M. le député, écoutez,
à notre sens, quand on parle des usagers de l'école...
Présentement, les usagers de l'école, les parents, sont
très loin des décisions qui sont prises à la commission
scolaire. Dans le fond, M. le député, je ne pense pas que les
parents veuillent diriger tout le monde. Ce qu'ils veulent, c'est travailler au
sein de leur école, essayer de bâtir un projet éducatif et
avoir suffisamment de marge de manoeuvre pour être capables d'atteindre
cet objectif, essayer de donner une couleur à leur milieu. On parle de
communauté. Je pense que quand on parle de projet éducatif, on
touche à la communauté-école. La communauté, pour
moi, c'est quand même important. Et cet aspect des parents qui sont les
usagers de l'école, je pense qu'ensemble, ils peuvent quand même
avoir une vie communautaire. On voit, aujourd'hui, dans plusieurs
régions, où on construit le centre communautaire à
côté de l'école, qu'une collaboration extraordinaire dans
ce milieu bien défini. Alors, ces gens-là veulent avoir une marge
de manoeuvre, parce que, présentement, il y a de l'obstruction qui se
fait souvent à d'autres niveaux. Présentement, on ne peut
absolument rien dire, ne serait-ce que des recommandations. Alors, c'est de
créer dans un milieu-école...
Vous avez souligné aussi tantôt qu'on ne parle pas beaucoup
des enseignants. Les enseignants pour nous, c'est très important. Ce
sont les gens avec qui on veut travailler et non le contraire. On ne veut pas
travailler seuls. Je ne pense pas non plus que les parents prennent la place de
quelqu'un. Ils prennent leur place au sein du système. Je ne partage
évidemment pas votre ligne de pensée. En tout cas, notre esprit,
ce n'est pas de vouloir faire une... Mais c'est l'école qui est
importante. Et pour pouvoir faire marcher l'école, il faut aussi que les
usagers soient au niveau des décisions de la commission scolaire. C'est
dans ce sens-là. (12 h 15)
M. Ryan: Maintenant, regardez, il n'y a pas de contestation de ce
côté-ci quant au principe voulant qu'il y ait une
participation
des parents aux affaires scolaires même au processus
décisionnel. Nous l'avons dit clairement hier à plusieurs
reprises. Il n'y a pas d'objection de ce côté mais ce que nous
demandons, c'est: au nom de quelle logique démocratique tenez-vous
tellement à ce que ce soit une majorité et au conseil
d'école et à la commission scolaire? C'est cela que nous avons le
plus de difficulté à comprendre.
M. Gervais: Au niveau de la démocratie, M. le
député, je pense que pour moi cela m'apparaît quand
même une démocratie moderne. Vous avez les usagers qui sont une
très forte majorité, qui peuvent intervenir et vous avez l'autre
partie que vous appelez les "payeurs de taxes". Dans le fond, il y a de la
place pour ces gens-là et je pense qu'on respecte la démocratie
en termes d'administration. Les usagers, eux, qui sont quand même
très fortement majoritaires, à mon sens en tout cas, pourraient
aussi être élus à leur façon à eux, mais je
n'exclus pas, bien sûr, le suffrage dans ce sens-là; au contraire,
je le favorise pour justement voir à ce qu'il y ait vraiment une
communauté. Ces gens peuvent intervenir à ce niveau; et souvent
ils ne sont pas des usagers d'école, mais ils sont aussi
intéressés. C'est dans ce sens-là.
M. Ryan: Mais déjà, vous êtes au courant
autant que moi que dans les commissions scolaires, indépendamment des
représentants des comités de parents qui sont là sans
droit de vote mais qui exercent, par ailleurs, une influence très
salutaire, déjà la très grande majorité des
commissaires sont des citoyens-parents qui ont des enfants aux écoles de
la commission scolaire. Il y a eu une enquête faite l'an dernier ou il y
a deux ans qui a établi que plus de 70% des commissaires ont des enfants
dans des écoles de la commission où ils sont commissaires. Par
conséquent, les parents qui veulent suivre le processus
démocratique peuvent se faire élire commissaires. Il n'y a rien
qui les empêche et même il y a une grosse chance dans la pratique
qu'ils soient les principaux à s'intéresser à ce
processus. La personne qui n'a pas d'enfant dans l'école ou dont les
enfants sont rendus à un autre stade, il y a des chances qu'elle soit
moins intéressée. Les statistiques sont d'ailleurs là pour
le prouver.
Que viendrait ajouter un autre processus qui dirait que maintenant la
majorité là, ce ne sera plus des élections
démocratiques mais plutôt le créneau parental - pour
employer une expression qui va faire plaisir à nos amis de l'autre
côté de la table - le créneau des parents, pas d'autres.
Les autres, on va les mettre en minorité pour être bien certain
qu'il n'y aura pas de problème avec eux, qu'on va les contrôler
comme il faut, comme on le dit dans le projet de loi. Les enseignants veulent
envoyer une personne. S'ils le veulent, qu'ils l'envoient! Ils savent bien que
cela ne dérangera pas grand-chose.
Ce qu'on vous demande c'est pourquoi, alors qu'on a déjà
là une participation parentale très élevée au
niveau de la commission scolaire, changerions-nous tout cela pour un
système qui est, pour le moins, très boiteux, qui serait
d'ailleurs à deux têtes. Il y en a qui viendraient du peuple, des
élections ordinaires et il y en a d'autres qui viendraient des
comités de parents ou d'une conférence de parents. Vous allez
jusqu'à dire que ceux qui viendraient du suffrage universel, eux,
seraient minoritaires. Pensez-vous que le public peut vraiment acheter une
affaire comme celle-là?
M. Gervais: Quand nous parlons de ceux qui sont minoritaires au
suffrage universel, c'est dans le fond pour l'administration parce qu'il y a
une perception de taxes. Il y a, une expression anglaise qui dit "no taxation
without representation". Donc, pour pouvoir respecter cet aspect, nous disons
qu'il y a quand même une démocratie en ce sens et les usagers qui
n'étaient à peu près pas représentés, quand
vous dites qu'ils sont largement représentés à la
commission scolaire par un parent qui siège au conseil exécutif
et au conseil des commissaires, bien, c'est un et il se sent pas mal tout seul
présentement. À mon avis, cela m'apparaît quand même
une démocratie moderne. À moins que mes collègues aient
des choses à ajouter...
M. Bédard (Lucien): Je pense que pour ajouter à
cela, il faut voir le lien qu'il peut y avoir. Il ne faut pas oublier que le
projet de loi 40 va faire de l'école le pivot du système. Comment
voulez-vous que l'école soit le pivot du système si vous
n'êtes pas représenté à la commission scolaire
où - je suis peut-être d'accord avec vous - il y a certaines
ambiguïtés dans le projet de loi par rapport aux pouvoirs de la
commission scolaire et les pouvoirs des conseils d'école. Face à
cela, je pense qu'une des façons de le régler le plus simplement
possible est de s'assurer que l'ambiguïté sera peut-être
colligée pour ne pas s'engager dans des débats judiciaires ou
autres, d'amendements au projet de loi ou autres qu'on ne connaît pas, de
donner le contrôle aux parents. C'est très difficile actuellement,
au niveau des écoles, pour les parents, parce qu'il n'y a aucune
décision, aucune ligne décisionnelle qui relève des
parents au niveau de l'école. N'oubliez pas que, si vous regardez la loi
actuelle, ce n'est que consultatif et qui dit consultatif après qu'on a
été consulté, c'est que la décision se prend
à d'autres niveaux. Il y a beaucoup d'ambiguïté actuellement
qui vient de cet aspect. On commence dans le
projet de loi à donner l'aspect décisionnel au niveau des
conseils d'école mais il faut aussi voir que, dans la
répartition, il y a beaucoup de pouvoirs qui relèvent de la
commission scolaire et cette répartition ne se traduit pas non plus au
niveau des écoles. Comment pouvons-nous faire un pivot du système
au niveau des usagers, qui sont nos enfants? Comment voulez-vous qu'on puisse
réaliser ou regarder cet aspect sans que des parents soient
majoritaires? C'est cela que nous défendons, au fond, c'est le droit aux
usagers, qui sont nos enfants.
M. Ryan: Sur cela, il y aurait encore beaucoup de discussions
à y avoir, mais je ne voudrais pas éterniser les...
M. Gervais: M. le député, Mme la directrice
générale pourrait répondre à votre question.
Mme Bérubé (Lucille); C'est justement au
sujet de cette participation de l'usager. On voit beaucoup cela actuellement
dans les conseils d'administration, ailleurs où, de plus en plus, en
1984, et de façon très démocratique, on fait une place de
plus en plus élargie à l'usager. Qu'on respecte l'ensemble des
citoyens par une représentation équitable, élue au
suffrage universel, mais que le groupe d'usagers, étant si fort, puisse
aussi avoir une représentation en conséquence. Il y a
peut-être une chose qu'on a galvaudée ces derniers temps, c'est le
mot "parents". Vous savez, quand on veut un peu les contester on met le mot
"parents". Cela fait peut-être sourire certains, comme vous le faites, M.
le député, actuellement, mais si, par exemple, vous disiez tout
à l'heure que les commissaires sont à 75% des parents et à
juste titre, pour ma part, j'affirme qu'ils font un excellent travail de
commissaires d'école. À ce moment, s'ils sont à 75%, les
parents, à l'intérieur de ces commissions scolaires, on peut dire
qu'ils ont déjà le pouvoir. Donc, ce n'est pas leur remettre le
pouvoir que de vouloir le changer, ils l'ont déjà, puisqu'ils
sont parents.
C'est un changement de structures et non un changement à qui on
remet le pouvoir que le projet de loi 40 demande. Cette loi devient
nécessaire, justement comme le disait M. Bédard, pour assurer
à l'école, pour en faire le pivot du système, pour
rapprocher plus près de l'étudiant, plus près du
vécu de l'étudiant, le centre de décision. C'est dans ce
sens, c'est pour pouvoir donner à l'école cette mission et lui
assurer une forme d'administration, non pas détachée
complètement de la commission scolaire, parce que, au contraire, les
pouvoirs exclusifs à l'école sont très peu nombreux. Mais
il faut un changement fondamental de structures pour permettre à
l'école justement de jouer ce rôle beaucoup plus que dire: On
remet le pouvoir aux parents. Les commissaires d'école qui actuellement
sont parents et font un excellent travail, je le répète, ne
seront pas exclus par le fait même de ces structures. Ils vont entrer
dans ces structures et continuer leur excellent travail, ceux qui sont
motivés pour la chose publique.
M. Ryan: Très bien. Cela est très important, ce que
vous dites. Je vais maintenant vous poser deux petites questions. Pourriez-vous
me donner un cas d'organisme public financé à même les
taxes des citoyens où on va donner la majorité des sièges
au conseil d'administration aux usagers? Il y a des cas où on va dire
maintenant, dans le cas des hôpitaux, par exemple, que les patients de
l'hôpital sont convoqués une fois par année pour
élire deux ou trois représentants, mais on ne leur dit pas: Vous
allez être la majorité dans cela, vous allez être une voix
importante, etc. Vous voulez faire le passage. Tantôt, je souriais, ce
n'était pas du tout le fait d'une pensée négative, Mme
Bérubé, c'était tout simplement parce que je sais qu'il y
en a beaucoup qui parlent de cela sans savoir de quoi ils parlent. Je vous
comprends de ce point de vue. Je ne pense pas que vous pourriez attribuer cela
à nos collègues qui sont ici, parce qu'on a assez
étudié ces choses depuis qu'il en est question. Je veux vous
assurer qu'on le fait avec tout le sérieux nécessaire. Lorsque
vous demandez cela, cela équivaut à dire, disons que, dans une
communauté locale, un quartier, il y a peut-être 5000 personnes
qui vivent là, il y en a peut-être 2000 qui ont le droit de vote
et il y a à peu près 300 familles qui ont des enfants à
l'école. Aux parents des 300 enfants qui sont dans l'école, nous
vous disons, dans une autre question: L'école sera-t-elle
détachée de la commission scolaire autant que le projet de loi le
propose, de manière à devenir sa petite autorité à
elle toute seule? C'est là qu'est le problème de fond. Au niveau
de la commission scolaire, pouvez-vous me dire pourquoi on devrait donner le
contrôle à ce groupe de citoyens, minoritaires dans l'ensemble de
la communauté, surtout étant donné qu'il y a moins
d'enfants maintenant - c'est encore plus vrai - alors que c'est tout le monde
qui paie des taxes?
Mme Bérubé: C'est tout le monde qui paie des taxes
y compris les parents, si on veut rappeler ce premier point.
Premier point, sur le principe de la taxation que vous souleviez au
début de votre question, c'est un principe reconnu, ce pouvoir de
représentation vis-à-vis de la taxation. Est-ce que ce pouvoir
est éternel? Comme toute l'évolution d'une société,
tout
évolue, même ce principe-là peut évoluer, je
pense. Mais je vous retournerais une question, M. le député:
Quelles sont les commissions scolaires qui utilisent ce droit de taxation
actuellement et dans quelle proportion?
Quant à la deuxième partie de votre question, au sujet de
l'école remise seulement entre les mains des parents, je pense que la
fédération des comités de parents a toujours
prêché la concertation de tous les agents. Au conseil
d'administration de l'école, il y aura bien sûr les parents, il y
aura aussi les enseignants, il y a aura le directeur d'école, il y aura
du personnel non enseignant, il y aura des étudiants, et l'école
est en fonction d'eux. Donc, c'est une administration communautaire, ouverte au
milieu. Il faut bien qu'elle soit administrée par quelqu'un. Mais ce
qu'on a toujours défendu, c'est l'insertion de cette école dans
son milieu, qu'elle soit ouverte à la population le samedi. Il faut
rentabiliser ses équipements et tout ce qui s'y trouve. C'est cela, une
école communautaire; ce n'est pas nécessairement
l'administration. C'est un point de vue, en tout cas.
M. Ryan: Je voudrais vous poser une dernière question.
J'en aurais infiniment plus, si on avait plus de temps qu'on ne le
prévoyait. Pardon?
Mme Bérubé: C'est peut-être le
président qui est le responsable.
M. Ryan: Est-ce que vous vouliez ajouter quelque chose avant?
Une voix: Non, non, allez-y.
M. Ryan: Pourriez-vous nous dire - je ne l'ai pas trouvé
dans votre mémoire -comment vous voyez le rôle de la commission
scolaire dans le fonctionnement du système d'enseignement et les
rapports entre l'école et la commission scolaire?
M. Gervais: Je crois que M. Cossette avait demandé
d'intervenir.
M. Cossette: M. le député d'Argenteuil, cette
préoccupation de base que vous avez évoquée à
plusieurs reprises au cours de la période de questions, concernant le
fondement en droit social qui pouvait justifier cette prétention des
parents à assumer un rôle plus considérable que celui qui
leur est échu présentement dans la gestion à proprement
parler de l'école, je la vois, en fait, s'axer autour de la
préoccupation qu'on a par rapport aux projets éducatifs de
l'école. On peut discuter longtemps de l'utilisation de certains moyens
par rapport à d'autres, mais tous ces moyens, comme ceux
préconisés dans le projet de loi 40, doivent être
jugés à leur mérite. C'est seulement à l'usage
qu'on voit s'ils sont davantage susceptibles d'atteindre un objectif.
Présentement, pour en arriver à préparer un projet
de société québécoise, je pense que ce projet de
société va émaner de la préoccupation de chacun des
sous-groupes qui la compose. Un des sous-groupes les plus susceptibles
d'engendrer ce dialogue sur les valeurs qui doivent être à la base
de tout projet de société se trouve au niveau de l'école.
À notre avis, cet ensemble de moyens préconisés par le
projet de loi 40 est davantage susceptible présentement de faire
évoluer le dialogue sur les valeurs pour que cela se répercute
ensuite au niveau de la société...
Le Président (M. Blouin): M. Cossette, je crois que la
question du député d'Argenteuil touchait
précisément le lien entre l'école et la commission
scolaire.
M. Cossette: Exactement. Donc, la commission scolaire aura pour
mission de voir à ce que les moyens soient effectivement mis à la
portée de l'école; elle aura à gérer ces moyens et
à s'assurer également qu'ils se retrouvent justement au niveau de
l'école pour qu'ils soient utilisés par ceux qui sont davantage
susceptibles de faire évoluer cette société que nous
constituons. (12 h 30)
M. Ryan: Oui. Je n'ai qu'une sous-question là-dessus. Vous
dites que la commission scolaire aurait la responsabilité de fournir ces
moyens à l'école. Vous dites de gérer ces moyens de
manière... Je vais vous poser le problème du directeur
d'école. D'après vous, est-ce que le directeur d'école est
un employé de la commission scolaire ou de l'école?
M. Cossette: Suivant la position que nous avons
développée, nous sommes d'accord pour reconnaître que le
directeur d'école est un employé de la commission scolaire. Sa
sélection et son choix cependant relèveraient d'un comité
auquel des représentants de l'école auraient leur mot à
dire.
M. Ryan: Connaissez-vous des cas d'organismes qui ont des
employés dans l'affectation desquels ils n'ont rien à dire et qui
sont obligés de les garder sur leur liste et d'attendre que quelqu'un
d'autre leur dise: Occupe-toi-z'en, place-les quelque part, ils ne font plus
notre affaire? Connaissez-vous un organisme sérieux qui accepterait
d'avoir des employés sans avoir de responsabilités sur eux?
M. Cossette: Je ne peux trouver rapidement d'exemples qui
puissent vous
satisfaire. Cependant, il faut tenir compte que le directeur
d'école a à oeuvrer au niveau de l'école et pas simplement
au sein de la commission scolaire. Ce que vous évoquez s'appliquerait
davantage au personnel cadre de la commission scolaire; la commission scolaire
a réellement entière liberté de le choisir, de l'affecter,
de juger de sa compétence et de l'évaluer. Mais, en ce qui a
trait au directeur d'école, il y a quand même une certaine
distance entre la commission scolaire et l'école au sein de laquelle le
directeur est appelé à oeuvrer.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci, M. le Président.
Aux membres de la fédération des comités de parents, je
vous félicite et je vous remercie de vous être
présentés. Je suis très fier de vous, parce que
moi-même j'ai fait partie de votre fédération pendant de
nombreuses années à titre de président d'un comité
d'école et de membre d'un comité de parents.
Je suis content de voir aujourd'hui l'évolution qui s'est faite
au niveau de l'implication des parents dans le domaine scolaire. Aujourd'hui,
on se retrouve avec 40 000 parents québécois impliqués
dans le domaine scolaire. Je pense que c'est fantastique et emballant. Si on
regarde l'évolution depuis dix ans, en 1972, il y a eu la loi 27 qui a
formé les comités de parents; en 1979, c'est la loi 30 qui a
donné un siège aux commissions scolaires; en 1979, il y a eu la
loi 71 qui a reconnu les comités d'orientation et qui a donné un
rôle légal aux parents. L'aboutissement aujourd'hui, c'est le
projet de loi 40. Je suis avec vous pour cela. Si le député
d'Argenteuil avait fait partie d'un comité d'école, aujourd'hui,
il serait favorable au projet de loi 40, j'en suis certain.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! Vous
connaissez...
M. Champagne (Mille-Îles): Non, enfin...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Iles, je vous invite d'abord, dans la mesure du possible, à tenir
des propos qui ne provoquent pas de débat qui nous ferait dévier
de l'objectif que nous nous sommes fixé. Deuxièmement, je
rappelle à tous nos invités qu'il est interdit de manifester ou
son approbation ou sa désapprobation à l'égard des propos
tenus par les membres de la commission.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je crois qu'on serait mieux de s'abstenir de ces
choses-là, parce que je pourrais vous apporter des faits qui nous
entraîneraient loin.
Le Président (M. Blouin): Alors, nous nous entendons, M.
le député d'Argenteuil. Très bien.
M. le député de Mille-Iles.
M. Champagne (Mille-Îles): Comme membre d'un comité
d'école, il était très difficile dans le passé
d'obtenir des services de garderie. Il faut l'avoir fait dans une école
pour savoir comme c'était difficile, sinon impossible. On voulait se
donner des services de garderie d'enfants dans son école,
c'étaient des choses presque irréalisables. Cela prenait de la
volonté et de la détermination de la part des parents. Je pense
qu'on a un projet de loi qui va permettre un service à la
communauté: le service de garderie en milieu scolaire.
Vous avez aussi les activités parascolaires; c'était
difficile d'en organiser. L'école, c'est fait pour le milieu et, en fin
de semaine, cela devrait servir aussi à la communauté. Lorsqu'on
parle de formation professionnelle et de soutien à l'élève
en difficulté d'apprentissage, on en est. Alors, le projet de loi 40,
c'est de remettre à l'école, au milieu et aux parents
particulièrement, de concert avec les enfants, la direction et les
enseignants, un certain pouvoir pour réaliser un projet
éducatif.
Il y a une question que je veux vous poser parce qu'il y a certains
observateurs qui doutent de la capacité, de la motivation et de la
disponibilité des parents quant à leurs nouveaux rôles
prévus dans le projet de loi. Est-ce que ces objections vous paraissent
fondées?
Dans un deuxième élément, je regarde ici les
objectifs de la fédération. Un des objectifs entre autres est
d'animer des comités de parents, des comités d'école et
des sections régionales ou autres regroupements de parents. Comme plan
d'action premier, vous avez un programme d'action, l'information et la
formation des parents en vue d'une action plus efficace. Je vous pose cette
question: Dans l'application de la loi 40, quels seront les moyens
d'information et de formation que vous allez donner aux parents pour
réaliser le projet éducatif dans toutes les écoles du
Québec? Je reviendrai avec d'autres questions.
Le Président (M. Blouin): M. Gervais.
M. Gervais: La disponibilité des parents. Ah, mon Dieul
Bien sûr, on entend dire que c'est du temps plein, que ce sera du temps
plein ce qu'on a... Les parents n'auront jamais le temps de faire cela. Ils
sont pris avec toutes sortes de choses. Ils n'ont pas le temps.
Comme vous le soulignez, M. le député, vous en avez
présentement 40 000 qui y mettent du temps. Vous en avez ici ce matin
qui y mettent du temps. Je pense que... Je ne sais pas d'où vient
exactement le manque de temps des parents. À partir du moment où
on croit à quelque chose, que ce soit dans n'importe quel domaine, que
ce soit dans le domaine des loisirs ou autres, si on croit à quelque
chose, on s'implique et c'est ce que j'appelle une société, quand
les gens s'impliquent dans un domaine.
Est-ce que ce sera autant d'ouvrage au point qu'on dise qu'on ne
trouvera personne, qu'on sera obligé de faire du porte à porte
pour avoir des parents? Je ne le crois pas. Au contraire, je pense que les
parents sont là et ils attendent d'être habilités à
faire des choses. Si on peut faire tomber certaines barrières, je pense
qu'à ce moment il y aura une nouvelle dynamique qui se créera et
que ce n'est pas une question de disponibilité pour les parents.
Je regrette, j'ai échappé un peu votre deuxième
point.
M. Champagne (Mille-Îles): Je disais aussi que les
observateurs doutent de la capacité et de la motivation. S'il y en a 40
000, de toute façon...
M. Gervais: La capacité et la motivation. Je ne crois pas
que le fait d'avoir des enfants me rende moins compétent. Non, je ne
crois pas que ce soit une question de capacité. Écoutez, on
disait tantôt que les commissaires d'école sont des parents.
Est-ce qu'ils sont moins compétents pour cela? C'est à peu
près ce que je peux vous répondre là-dessus.
Le Président (M. Blouin): Le deuxième volet
de...
M. Champagne (Mille-Îles): Le plan d'information et de
formation, madame?
Mme Bérubé: Premièrement, sur leur
compétence. Je pense qu'au niveau des comités d'école et
des comités de parents, même à la commission scolaire, avec
certaines lois précédentes qui ont permis qu'il y ait des
personnes là, les parents ont certainement fait leurs preuves. Et
même, tout le monde ici autour de la table l'a affirmé tout
à l'heure et personne n'en doute. Même nos commissaires
d'école avec qui nous collaborons - je tiens à le dire, il ne
faut pas donner une image contraire -sont les premiers à dire que les
parents qui se sont assis à leur table ont été de grande
compétence et ont été de précieux collaborateurs.
Pour la compétence, je pense qu'il n'y a pas à y voir.
Au niveau de l'information et de la formation. Au niveau de
l'information, la fédération assure actuellement
déjà à ces comités d'école et à ces
comités de parents beaucoup d'information. Elle communique
déjà, même avec ses faibles moyens, avec ces comités
de parents au moins à tous les quinze jours ou trois semaines. Vous leur
demanderez leur témoignage. C'est qu'ils reçoivent toute
information de première main et en un temps record. Ils vous le diront.
Par exemple, toute évolution des directives qui sont données,
leur information dans leur fonctionnement au niveau de leur école, les
lois, les projets de loi et tout, ils ont tout su de première main et en
premier lieu.
Au niveau de la formation. Là encore, même avec les moyens
plus que réduits qu'avait la fédération, elle a mis sur
pied un programme de formation à l'intention des parents des
comités d'école et des comités de parents. L'an dernier
elle a déjà réalisé beaucoup de choses à ce
sujet et se propose, si elle peut en obtenir les moyens financiers, de
continuer. Nous ne lâcherons sûrement pas ce morceau parce que c'en
est un important. Je pense que, si nos comités ont l'information et la
formation qu'il faut... Mais, entendons-nous. Cela ne veut pas dire qu'ils
n'ont pas de compétence; la formation, c'est aller chercher les moyens
pour, peut-être, arriver plus vite au but. Si on assure cette information
et cette formation, c'est que ce sont des priorités pour la
fédération, et le milieu, une fois informé, une fois
formé, est capable de se prendre en main, il n'a pas besoin de
directives d'une fédération et c'est ce qui se passe
actuellement.
M. Champagne (Mille-Îles): Soyez assurés que si, de
notre part, on croit au projet éducatif dans chacune des écoles,
vous aurez des moyens financiers de donner de la formation aux comités
de parents et aux parents.
Une troisième question. Voici le livre blanc qui parle d'une
école communautaire et responsable...
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Champagne (Mille-Îles): ...la responsabilité des
parents dans le milieu. Je voudrais savoir comment l'application de la loi 40
demeure pour vous une décentralisation du système scolaire?
M. Gervais: Dans ce sens-là, quand on parle de
décentralisation... On a parlé de centralisation et le projet est
très centralisateur. Il y a des orientations qui ont été
publiées dernièrement par le ministre de l'Éducation au
niveau de ses règlements. À la lecture de cela, il y a quand
même une volonté, à mon sens, de décentralisation.
Évidemment, ce n'est peut-être pas clair, mais de là
à dire que le projet de loi 40
s'en va vers une centralisation systématique de l'école au
ministère de l'Éducation... C'est ce qu'on entend, c'est ce qu'on
a lu. Après l'avoir quand même étudié,
creusé, on ne voit pas une si grosse centralisation. Déjà
au moment où on se parle, qu'est-ce qu'il reste à centraliser? Au
contraire, quand on parle de vouloir revaloriser l'école, quand on parle
qu'il n'y a pas de marges de manoeuvre... Il y en a des marges de manoeuvre. Du
moins il va y avoir des marges de manoeuvre à l'intérieur de tout
cela. Tout cela pour moi s'en va vers une décentralisation. À
partir du moment où il y a une volonté de tous les organismes du
réseau scolaire de vouloir vraiment que chacun occupe sa place, je
pense, M. le député, qu'on va avoir quelque chose
d'extraordinaire. Il faut que tout le monde travaille ensemble. En tant que
président de cet organisme, l'objectif que je vise c'est d'essayer, il y
a déjà une amorce de faite dans ce sens-là, de
réunir tous les intervenants incluant les professeurs, les directeurs et
tous ces gens-là pour être capables de bâtir avec les
parents et tous les autres intervenants un système viable. C'est
l'objectif que je vise.
J'aimerais aussi dire que je trouve cela dommage qu'à un moment
donné c'est un petit peu une dispute d'adultes qu'on vit. On perd
peut-être souvent l'objectif. On est là pour qui finalement? Pour
les enfants à mon sens.
M. Champagne (Mille-Îles): Une dernière question aux
gens de Laval, des Laurentides et de Lanaudière qui sont ici. On parle
spécifiquement de fermeture d'école. Je pense que les parents ont
un attachement particulier à la petite école; j'allais dire du
quartier et du rang. Je pense que ce n'est peut-être pas le nombre
d'étudiants qui fait en sorte qu'on devrait fermer une école ou
bien la laisser ouverte. On a connu des cas déchirants dans certaines
commissions scolaires où on avait une planification très
vigoureuse et c'était uniquement une question financière.
Brutalement on fermait une école dans le milieu sans d'autre
procès d'intention et on a vu aussi la révolte des parents.
Je demanderais quand même aux représentants de la
Fédération des comités de parents de
Laval-Laurentides-Lanau-dière quels seraient les critères de
base, à leur avis, pour arriver à sauvegarder la dernière
école peut-être du quartier, du village ou de la ville?
M. Gervais: M. le député comme vous l'avez entendu,
il y a des régions qui ont eu des questions dans ce sens-là; des
gens ont travaillé et ont fait un excellent document. Je pense que le
président de la région, M. Parenteau, va répondre à
votre question.
M. Parenteau (Marcel): En fait, pour nous il est certain que le
problème de fermeture d'écoles s'évalue en chiffres et se
gère avec la raison, ce qu'on déplore souvent avec le coeur
après, au moins au niveau des parents. Pour nous, un des critères
primordiaux, c'est le bien de l'enfant. Souvent, quand on parle de
l'école de quartier, on parle surtout de l'école primaire.
À ce moment-là, pour nous le critère fondamental, c'est le
bien de l'enfant et du jeune enfant qui est souvent déchiré au
point de départ quand il entre à l'école. Il est
primordial de la sauver, parce qu'en envoyant l'enfant dans un autre milieu que
le sien, le déchirement n'est qu'amplifié. (12 h 45)
II est certain que le nombre d'enfants implique des moyens financiers
qui sont difficiles. On s'aperçoit aussi que dans les commissions
scolaires, on déclare beaucoup de surplus depuis quelques années.
On avait touché à la qualité de l'enseignement et on se
disait qu'au niveau du bien de l'enfant et de la qualité de
l'enseignement, il n'y avait pas de problème. On a parlé beaucoup
ce matin d'une école communautaire qui était ouverte sur le
milieu et on s'aperçoit que les mêmes bâtisses peuvent
servir à d'autres à l'intérieur de la communauté.
Pour autant que cette école est rendue possible à ce
niveau-là, il est facile de la conserver même s'il y a peu
d'enfants. Qu'on paie un professeur à un endroit ou qu'il soit à
un autre endroit, c'est le même prix.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, M. le
député de Mille-Îles. Nous devrons suspendre nos travaux
dans quatorze minutes. J'ai compté sept membres de la commission qui
désirent intervenir et vous poser des questions. Il est donc
évident que nous devrons poursuivre nos échanges avec votre
groupe à 15 heures. Je voudrais que tous les membres de la commission
mettent en perspective que nous avons d'autres invités à recevoir
et que, par déférence pour ces groupes qui ont été
convoqués pour aujourd'hui, il faudrait que les discussions que nous
allons poursuivre avec la fédération se fassent avec le plus de
rigueur possible pour que nous ne soyons pas obligés de prolonger nos
travaux indûment en fin de soirée. M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Juste avant mon
intervention, j'aimerais vous rappeler que nous sommes toujours pris dans le
même cul-de-sac. Nous arrivons toujours sur la fin. Je vous demanderais
de regarder la longueur des interventions du côté du pouvoir avant
que nous ne soyons obligés de nous limiter.
Cela étant dit...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay, je peux faire le relevé de la
longueur des interventions. Je ne crois pas que cela serve
nécessairement votre formation politique.
M. Maltais: Cet après-midi, cela nous servira sans doute.
M. le président de la Fédération des comités de
parents de la province de Québec vous nous avez fait une
rétrospective sociale évolutive du processus de
l'intégration des parents dans le système d'éducation
depuis les vingt dernières années. Ce qui est très bien
fait d'ailleurs. Il y a quand même des petits points. On a vu dans ce
processus évolutif que, finalement, les parents, petit à petit,
à partir des années soixante, sont devenus des agents
d'éducation très importants dans le système actuel.
Cependant, dans le projet de loi 40, il y a quand même des points
où des responsabilités incomberont, non seulement aux parents...
Vous allez avoir des responsabilités accrues, c'est ce que vous demandez
en définitive. Il y a une partie à laquelle on doit accorder une
importance primordiale, et on ne la retrouve pas d'une façon très
ferme dans votre mémoire. Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il
y avait 40 000 parents qui étaient touchés de près ou de
loin dans votre fédération. Et je parle aussi des 70 000
enseignants qui sont dans nos écoles. Voici ce qui m'inquiète un
peu là-dessus; alors qu'ils ne sont pas partie présentement dans
un débat aussi crucial que celui de la réforme scolaire, comment,
une fois que la loi sera adoptée, allez-vous vous asseoir avec eux et
composer pour le projet pédagogique? C'est une question fondamentale
pour nous. Écoutez, on a vu antérieurement que les enseignants se
sont dissociés de certains comités qui n'ont jamais
fonctionné même s'ils avaient été
créés par une loi ' du ministre. Cela me chicote. Je me fie
entièrement à votre compréhension et à votre
méthode de négociation, qui est sans doute meilleure que celle du
ministre, pour les rapprocher de la table. Mais il faudra d'abord et avant tout
s'assurer que ces gens-là seront là au bon temps. Vous allez
comprendre comme moi qu'il en va de l'avenir de l'éducation de nos
enfants. Je pense qu'on ne peut pas y aller comme cela d'un coup sec sans que
ces gens-là soient intéressés et qu'ils nous disent qu'ils
vont embarquer dans le projet de loi. De quelle façon allez-vous
concilier cela?
M. Gervais: M. le député, je pense que...
Évidemment, je ne peux pas parler au nom des professeurs, mais il y a
une chose que je peux vous dire. C'est que, dans les conseils d'école,
on veut fortement que les enseignants soient présents, et je pense que
c'est unanime chez nous à ce sujet. La question que vous me posez: Si
les enseignants refusent de venir, comment va-ton fonctionner? Est-ce que c'est
le sens de votre question?
M. Maltais: Écoutez, je vois très clair. Tout le
monde les désire. Tous les gens qui sont venus ici depuis deux jours les
désirent. Mais je constate une chose, c'est qu'ils ne sont pas
là. Même le ministre ne les a pas. C'est un constat que je
fais.
M. Gervais: M. le député, je pense que
présentement il y a quelque 1000 comités d'école. Presque
tous les enseignants viennent aux comités d'école. Il y en a un
par comité d'école, mais ils viennent. D'accord, dans certains
cas, il n'y en a pas. Il y a un souhait de notre part qu'ils soient
présents.
Maintenant, les professeurs de la base. Quand je parle avec des
professeurs, avec des enseignants et enseignantes, je ne suis pas sûr que
les enseignants n'ont pas le goût de venir. Je ne suis pas sûr de
cela du tout, parce qu'il y a des projets qui se sont faits dans les
régions, dans les écoles, et les enseignants ont
été extraordinaires avec les parents. Ils ont fait des projets
pédagogiques extraordinaires: consultation, travail en commun, etc. Cela
se fait déjà. On ne fait pas de publicité, mais cela se
fait. Je pense qu'on devrait leur poser la question à eux pour savoir
où ils se situent, mais il y a une volonté de tous les
intervenants pour qu'ils soient présents. Mon collègue a
peut-être quelque chose à ajouter.
M. Bédard (Lucien): Je voudrais ajouter quelque chose.
Dans les commissions scolaires, les enseignants ne sont pas présents aux
conseils des commissaires actuellement. Et, c'est drôle, les commissions
scolaires décident tout; elles établissent les services
éducatifs et cela semble fonctionner. Alors, nous, dans le projet qui
est proposé pour les conseils d'école, on demande qu'il y ait une
possibilité d'en avoir peut-être trois ou quatre. Un maximum de
quatorze personnes peuvent être au conseil d'école. Mais on dit au
moins un enseignant, et du personnel non enseignant pourrait être
là aussi. Je ne vois pas ce que cela viendrait changer.
Deuxièmement, si on regarde au niveau du conseil des commissions
scolaires, lorsqu'un problème se pose qui touche spécifiquement
les enseignants ou les régimes pédagogiques, c'est
étrange, il n'y a personne au conseil des commissaires mais ils vont
prendre des comités consultatifs. Ils vont les réunir. Ils font
un travail. Ils rapportent au conseil des commissaires et ce dernier prend des
décisions. Je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas se vivre au
niveau des écoles s'ils sont présents.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Maltais: Tout simplement pour vous
dire que c'est un constat. Je veux bien vous croire et je vous accorde
tout le crédit mais, à l'heure actuelle, ils n'y sont pas.
Pourtant, c'est une partie importante.
M. le Président, deuxième point. Dans votre
mémoire, vous n'avez pas beaucoup parlé de la
décentralisation des pouvoirs du MEQ. Les intervenants qui vous ont
précédés ont quand même souligné à
quelques reprises qu'une véritable réforme ne pourra pas se faire
sans une décentralisation voulue et accrue du ministère.
On veut bien croire les intentions du ministre mais ce n'est
écrit nulle part dans le projet de loi. Vous savez que souvent, au
niveau d'une commission scolaire - il y d'ailleurs des commissions scolaires
qui ont dit au ministre de se mêler de ses affaires -cela empêche
le fonctionnement. Si vous n'avez pas l'assurance qu'il y aura une
décentralisation valable, êtes-vous prêts à embarquer
quand même dans cela?
M. Gervais: II est bien sûr que je suis pour une
décentralisation mais lorsqu'on parle de décentralisation, tout
le monde veut décentraliser jusqu'à lui. Il ne veut pas aller
plus loin. Si j'entends parler, par exemple, d'une commission scolaire qui veut
avoir une décentralisation, bien sûr, cela s'arrête à
la commission scolaire. Elle ne parle plus de décentralisation, par
exemple, de donner des choses à l'école.
Nous disons qu'on désire effectivement une
décentralisation du ministère, c'est très gros le
ministère. Il y a certainement quelque chose à faire en ce sens
pour décentraliser vers les commissions scolaires, mais aussi
décentraliser de la commission scolaire à l'école. Donc,
si on veut revaloriser l'école, il faut tout de même que la
décentralisation se fasse jusqu'en bas et non que cela arrête au
milieu. On décentralise vers les bureaux régionaux. Les bureaux
régionaux, eux, ne veulent plus aller plus loin. Il faut pousser sur eux
pour faire décentraliser vers la commission scolaire. Et la commission
scolaire dit: on va te prêter cela mais si cela ne marche pas, on va
reprendre cela.
Dans l'ensemble, à savoir si on est pour une
décentralisation, c'est bien évident mais pas une
décentralisation à moitié. On part du MEQ et on
décentralise à tous les niveaux.
M. Maltais: Dernier point. Tout à l'heure, on a
parlé des fermetures d'écoles. J'aimerais rappeler au ministre
Laurin, j'aimerais aussi rappeler aux comités de parents qu'on est
souvent pris avec des fermetures d'écoles. Les énoncés qui
ont été faits dans le livre vert et le livre blanc ne sont pas
présentement mis en pratique. Est-ce que vous avez aussi cette assurance
que ces énoncés seront respectés dans la loi 40? Il arrive
toujours le même facteur, c'est le facteur financier. Quand il s'agit du
facteur financier, souvent le ministre de l'Éducation se rive le nez
à la porte du Conseil du trésor. Vous avez aussi ces
assurances?
M. Gervais: M. le député, au niveau de ces
fermetures d'écoles, comme il y a une étude qui a
été faite plus particulièrement dans ce sens et qui a
été exigée davantage de la région de Laval, je
crois que M. Parenteau serait plus habilité pour répondre
à cette question.
Le Président (M. Blouin): M. Parenteau.
M. Parenteau: M. le député, c'est un fait qu'on
parle souvent de fermetures d'écoles pour des raisons
financières. Je n'ai pas vu à ce jour le ministre fermer des
écoles, mais j'ai vu à ce jour, par exemple, des commissions
scolaires fermer des écoles. Chaque fois, ce dont je me suis
aperçu aussi, c'est que l'écart des surplus budgétaires
s'agrandissait. Est-ce que les commissions scolaires sont là pour faire
des surplus? Je me pose la question.
M. Maltais: D'accord. Sur cela, vous devriez savoir et vous savez
sans doute que les commissions scolaires administrent selon les normes du
ministre. C'est le ministre qui fixe les normes pour garder une école
ouverte ou la fermer. C'est la commission scolaire qui porte l'odieux de la
fermer.
Des voix: Oh!
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît; Je présume qu'il s'agit d'une question d'opinion. M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, je n'ai interrompu ni le
député ni le ministre.
Le Président (M. Blouin): Allez-y, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Je rappelle encore une fois que les commissions
scolaires sont souvent obligées de fermer des écoles et c'est
faute de ressources financières. C'est vrai, M. le ministre, et c'est
vrai, MM. les députés d'en face; vous n'avez qu'à regarder
de quelle façon les commissions scolaires sont obligées
d'administrer.
Une dernière question. Tout à l'heure, on a parlé
de services accrus que l'école pourra se donner. Est-ce que, là
aussi, vous avez l'assurance de budgets supplémentaires?
M. Gervais: Cela va être probablement, à mon sens
évidemment, une question de discussion et de négociation. C'est
bien sûr que, là nous ne pouvons pas présumer des budgets
qui sont alloués à ce moment. Nous souhaitons qu'il y ait un
budget qui soit bien
relié à l'école pour qu'elle puisse travailler
à l'intérieur de sa marge de manoeuvre. C'est bien sûr que,
si nous n'avons rien de ce côté... J'ai bon espoir, avec le projet
de loi, qu'on puisse y arriver.
M. Maltais: Vous êtes certains qu'à
l'intérieur de la marge de manoeuvre, les services accrus pourront se
faire à l'intérieur de l'école.
M. Gervais: Je le pense. M. Maltais: Merci bien.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. Il est presque treize heures. Sur ce, nous
allons suspendre nos travaux et nous vous invitons à revenir à
quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise de la séance à 15 h 7)
Le Président (M. Blouin): La commission de
l'éducation reprend ses travaux. Au moment où nous nous sommes
quittés, nous allions donner la parole à Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la députée de
Maisonneuve, vous avez la parole.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vous me permettrez une
réflexion notamment sur le principe qui a été
discuté un peu plus tôt ce matin, ce principe qu'on dit être
"no taxation without representation" et, par la suite j'aurai quelques
questions. On en fait peut-être une utilisation un peu abusive. Ce n'est
pas du tout un reproche que je veux vous faire. Vous aviez raison quand vous
disiez qu'il y a eu une évolution très nette sur le plan
démocratique parce que ce principe, jusqu'à tout
dernièrement, ne justifiait que le suffrage des propriétaires
fonciers. Dans les autres régions, cela a peut-être duré
moins longtemps, mais à Montréal, il y a à peine un peu
plus d'une décennie, il n'y avait que les propriétaires fonciers
qui participaient aux élections scolaires. C'est donc dire que c'est
peut-être ailleurs qu'il faut rechercher la légitimité de
nos institutions. Il y a un consensus parce qu'il y -a quand même des
sociétés très démocratiques qui n'ont pas de
suffrage universel au niveau scolaire; la nôtre, finalement, a toujours
gardé un certain consensus pour fonder la légitimité de
certaines de ses institutions au niveau du suffrage parce que c'est là
que peut s'exercer, finalement, le point de vue de la société. Le
point de vue de la société n'est pas nécessairement celui
de l'État.
Il y a d'autres mécanismes. Vous avez parlé des
établissements dans le domaine de la santé ou des services
sociaux où l'État nomme des représentants
socio-économiques. C'est aussi démocratique, mais il reste qu'il
y a encore un large consensus pour légitimer, en tout cas au niveau
scolaire, la présence de la société par le biais du
suffrage universel. C'est juste une réflexion parce que je pense que le
principe "no taxation without representation" n'est pas suffisant, dans le
fond, pour légitimer. Je pense qu'il y a encore plus que cela dans le
consensus québécois.
Mes questions. D'abord, j'ai remarqué que vous avez fait
référence dans votre préambule à toute
l'évolution, à toute la dynamique de la participation des
parents; depuis le début des années soixante, c'est allé
en s'amplifiant beaucoup. D'autres, avant vous, avaient eu l'occasion aussi de
nous signaler toutes sortes de considérations sociologiques qui jouent,
comme la plus petite taille des familles, certainement aussi la plus grande
scolarité des parents et, sans doute aussi, une paternité plus
responsable qui permet un partage des tâches et une plus grande
présence aussi dans les institutions scolaires.
Il y a un élément que vous n'avez pas souligné ce
matin - je l'ai trouvé discret dans votre mémoire - mais que je
trouvais très important parce que, si les années soixante ont
été celles de la dynamique de la participation des parents, il va
s'ouvrir peut-être une ère où l'on va permettre et
faciliter la participation des étudiants et des élèves
eux-mêmes. Vous êtes les seuls qui introduisez une modification
à l'article 70 pour préconiser des comités
d'élèves au niveau primaire. Cela peut avoir l'air
révolutionnaire, mais j'y crois beaucoup. Je pense que cela peut
être un lieu d'apprentissage important. Je voulais vous en
féliciter et j'espère que le ministre va retenir votre
modification à cet article 70. Ce n'est pas nécessairement des
comités d'élèves, mais cela rend possible la mise en place
de comités d'élèves au niveau primaire. Là aussi,
les élèves peuvent avoir quelque chose à dire dans leur
apprentissage.
D'une part, vous insistez beaucoup pour que les comités de
parents soient maintenus à l'école malgré la
présence de conseils d'école auxquels vous demandez une
majorité de parents. Également, d'une certaine façon, la
cohérence de votre mémoire, c'est l'arrivée au pouvoir des
parents au niveau des commissions scolaires, dites-vous, et au niveau de
l'école. J'ai vu aussi, dans le mémoire présenté
par le groupe de Montréal, qu'il réclame une majorité de
parents au conseil scolaire de l'île. Et vous maintenez avec insistance
la présence des comités de parents. J'aimerais que vous vous
expliquiez.
J'imagine que votre propos est le suivant. En entendant vos
réponses aux questions formulées par le député
d'Argenteuil sur la présence parmi les commissaires de parents,
j'ai cru comprendre que vous disiez que ce n'était pas à ce titre
qu'ils étaient élus. Je me suis dit: Par exemple, on retrouve des
enseignants qui sont députés, mais ce n'est pas à ce titre
qu'ils sont élus. Ne l'étant pas à ce titre, on finit par
penser là où on a les pieds. Et, comme ils n'ont plus les pieds
là, ils sont accaparés - pas au sens négatif - ils sont
investis d'une autre mission.
Si j'ai bien compris, même en siégeant au conseil
d'école, même s'il y a une majorité de parents, vous pensez
que tôt ou tard il y a des fonctions qui vont accaparer des personnes sur
le plan de l'administration et cela, selon vous, justifie malgré tout le
maintien des comités de parents. Je voudrais vous entendre
là-dessus et je reviendrai avec une autre question, si M. le
président me le permet.
Le Président (M. Blouin): Avec plaisir.
M. Gervais: Mme la députée, au niveau des
comités d'école, à l'école, des comités
consultatifs, pour nous, en tout cas, dans notre principe, c'est qu'en
administration publique, il reste toujours qu'il y a une ligne administrative
et une ligne consultative. À partir du principe où on dit que le
conseil d'école a des décisions à prendre, je pense qu'il
faut qu'il aille quand même consulter son comité consultatif qui
est le comité d'école. C'est dans cet esprit que cela a
été fait.
Aussi, dans les milieux, je pense que vous avez toujours des parents qui
voudront toujours rester là pour être consultés et aider
les comités qui sont en place. Cela aussi a été
pensé et cette idée a été très fortement
majoritaire à notre dernière assemblée
générale; je pense que c'est quelque chose comme 80%. On tenait
à conserver cette ligne qu'on appelle la ligne consultative. Je ne sais
pas si quelqu'un voudrait expliciter davantage. Peut-être M.
Bédard.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
Mme Harel: Je pense que madame veut intervenir sur cette
question?
Mme Bouillon (Marie-Rose): Oui, justement. Je pense que, si le
système scolaire a évolué depuis 1970 surtout - cela a
évolué entre 1960 et 1970 - c'est grâce aux parents qui
étaient consultés dans les écoles, les parents qui
faisaient partie des comités d'école, qui voyaient comment cela
se passait dans les écoles, qui étaient intéressés
et motivés parce que l'enfant était là, parce qu'ils le
suivaient de près, mais aussi parce qu'ils voulaient avoir une
école qui réponde vraiment aux besoins de cet enfant, mais de ce
milieu particulier aussi.
Je pense que les parents ont beaucoup fait avancer le système,
ont même fait progresser le fonctionnement des commissions scolaires. Je
pense qu'au niveau du ministère de l'Éducation il y a des choses
qui sont venues grâce aux demandes des parents. Je pense que le risque,
pour des administrateurs, même si ce sont des parents, est, à un
moment donné, peut-être de penser en fonction d'administration
froidement, de penser en fonction de sous, aussi de pressions politiques et de
toutes sortes de choses comme celles-là, alors que le parent qui a
à coeur, en fin de compte, d'avoir un enseignement de bonne
qualité pour ses enfants va voir autre chose que de la stricte
administration.
M. Bédard (Lucien): Pour nous, la ligne consultative,
c'est l'école professionnelle des parents. On a cheminé
là-dedans depuis dix ans et cela a porté fruit. Je pense qu'elle
devrait demeurer. En tout cas, on en a une expérience tout de même
très importante.
Mme Harel: Dans le fond, je comprends que c'est la politique des
contrepoids d'une certaine façon parce qu'on peut penser que les parents
ne sont pas exempts, non plus, de défauts éventuels. Donc, il y a
une politique de contrepoids au niveau du comité consultatif des parents
et du conseil d'école. Ce serait dans cette perspective.
M. Gervais: Oui. Peut-être Mme Bérubé? (15 h
15)
Mme Bérubé: Justement, je pense un peu aux propos
que je tenais ce matin et que M. le président tenait également
dans le sens d'une décentralisation administrative. Ce n'est pas donner
le pouvoir aux parents; c'est un changement de structures permettant de
décentraliser jusqu'à l'école. À l'école,
une administration au niveau du conseil d'école ou de la commission
scolaire, cela va, mais parallèlement, dans un principe, comme le
mentionnait M. le président, de saine administration publique où
on se permet d'aller consulter les gens du milieu qui sont impliqués,
qu'il y ait une ligne consultative, les comités d'école, ies
comités de parents qu'on a connus au niveau de la commission scolaire
conseillant la structure administrative, l'alimentant, la remettant en cause
parfois non pas en termes de bataille, mais en termes de demandes, de rappels
des besoins du milieu. C'est une question de tâche, l'administration.
Quand je disais on galvaude le mot "parents", c'est aussi dans la tâche
qu'on confie aux individus qu'on les retrouve. Il y a une tâche
administrative et une tâche consultative.
Mme Harel: Cela m'amène à la
question suivante. Dans la perspective où il y a, justement,
cette présence des contrepoids, ce comité consultatif des parents
et dans la perspective où l'objectif, c'est la responsabilisation du
milieu, est-ce qu'on ne devrait pas laisser au règlement de régie
interne de l'école la composition du conseil d'école? Est-ce que
justement, par la présence du comité consultatif des parents et
par cette participation active, plutôt que d'uniformiser la composition
des conseils d'école, cela ne devrait pas être laissé
à la responsabilisation des parents de l'école qui, dans une
certaine dynamique, pourraient le voir de façon évolutive? Par
exemple, il y a des intervenants qui sont venus nous dire: II y a des
écoles qui ont préféré que ce soit paritaire et
cela fonctionne déjà dans certaines commissions scolaires comme
celle de Sherbrooke ou Morilac.
M. Bédard (Lucien): C'est dans notre mémoire. C'est
demandé. La seule chose sur laquelle on ne s'est pas prononcé,
c'est sur le nombre de quatorze qui est fixé dans le projet de loi. On a
tenu pour acquis que le quatorze était là. On demande que le
reste soit réglé par règlement de régie
interne.
Mme Harel: Vous demandez une majorité de parents au
conseil d'école dans le projet de loi. Si on laisse la dynamique de
responsabilisation du milieu, est-ce que la composition ne devrait pas
être laissée à l'initiative du milieu malgré
l'obligation de mettre sur pied un conseil d'école et la présence
d'un comité consultatif de parents?
M. Gervais: Je ne suis pas tellement d'accord de laisser cela au
milieu. Disons qu'il faut, quand même, mettre un cadre
général. Cela nous est, quand même, fortement
demandé. À certains moments, vous pouvez vous trouver dans
certains milieux... Supposons qu'une direction d'école dise: Je vais
essayer d'en prendre trois; j'en aurai assez, je vais aller chercher les trois
que je connais bien et on formera un conseil d'école avec eux, je me
demande jusqu'à quel point la dynamique sera bonne. Ou bien, comme vous
le dites, est-ce qu'on doit laisser les comités d'école
obligatoires ou pas? C'est bien clair que, si je suis contre un comité
d'école dans mon école, et que je suis directeur d'école,
je ne le favoriserais pas trop, mais je le ferai si je veux favoriser vraiment,
comme vous le dites, le milieu, la participation du plus grand nombre de
parents qui s'impliquent au niveau de l'école. C'est dans ce
sens-là qu'on dit que le législateur doit donner un barème
pour être sûr d'avoir du monde.
Mme Harel: Si le comité consultatif des parents
était obligatoirement consulté sur la composition et si on en
tenait compte dans la mise en place du conseil d'école?
M. Gervais: Aujourd'hui, un comité d'école peut
aller jusqu'à 24 ou 25 au maximum. Il arrive qu'il soit
décidé à l'assemblée générale des
parents que, pour qu'un comité soit fonctionnel, on ne devrait pas en
mettre plus de 14. Si c'est la volonté des gens, on en met 14, mais il y
a quand même un minimum et un maximum qui ont été
fixés. Il ne faut pas aller dans l'autre sens et dire qu'on va faire des
comités de 40 ou 45 personnes. C'est dans ce sens-là que le
législateur place des balises. À ce moment-là, les gens
travaillent à l'intérieur. À des endroits, ils sont 19,
à d'autres il y en a 12 et à d'autres il y a le maximum permis,
mais c'est le milieu qui l'a décidé.
Mme Harel: On pourrait s'entendre sur les paramètres et
laisser à l'initiative de la consultation du comité de parents la
composition comme telle à l'intérieur de paramètres.
De toute façon, je veux vous dire que votre mémoire permet
beaucoup de réflexions et je vous en remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux
également remercier la Fédération des comités de
parents de la province de Québec pour son mémoire. Je vais me
passer de commentaires parce que je sais qu'il y en a d'autres qui veulent
poser des questions et le temps passe très vite.
Je voudrais quand même, à la suite de la discussion,
revenir à la question que la députée de Maisonneuve vous a
posée, pour ne pas y revenir après. Est-ce que, même s'il y
avait un nombre X de membres fixé -supposons que ce soit quatorze -
à l'intérieur de cela, vous ne pourriez pas laisser le milieu
décider de la composition du comité de parents? J'ai l'impression
que vous voulez faire confiance au milieu et, en même temps, que vous
n'avez pas trop confiance que le milieu puisse prendre les bonnes
décisions.
M. Gervais: Non. Si je comprends bien votre question, on veut
laisser cela au milieu à partir du moment où des
paramètres sont établis. Si on dit, comme je le disais
tantôt, entre 7 et X, le milieu décidera du nombre. C'est ce qu'on
dit.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, il ne serait pas
nécessairement composé majoritairement de parents.
M. Gervais: Ah oui, bien sûr, bien sûr! Cela, c'est
clair, par exemple. C'est composé
majoritairement de parents; cela, c'est bien sûr. On parle du
conseil d'école?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Gervais: Pour le conseil d'école, c'est clair. On a une
idée bien arrêtée là-dessus: le conseil
d'école doit être composé majoritairement de parents. Je
croyais que vous parliez du comité d'école.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non, du conseil d'école.
M. Gervais: Sur cela, il faut s'entendre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous ne pensez pas que le milieu pourrait
décider selon l'intérêt des personnes ou ses
problèmes plus particuliers. Peut-être que cela exigerait que la
composition soit un peu différente d'une école à l'autre.
Vous ne voudriez pas permettre qu'on s'écarte du principe de la
majorité de parents au conseil d'école?
M. Gervais: Absolument pas.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. À la page 19 de votre
mémoire, vous parlez de la nécessité de
l'amélioration du financement de certaines activités reconnues.
C'est au troisième paragraphe. Vous demandez qu'il y ait des conditions
matérielles qui soient plus "facilitantes", qu'il y ait plus de soutien
technique et humain, et vous parlez d'une compensation pour le temps
consacré à certaines activités. Qu'est-ce que vous voulez
dire précisément?
M. Gervais: II y a quand même des régions où
les distances sont assez grandes. On parle de pouvoir faciliter l'implication
des parents en payant pour des services de garde ou des choses semblables.
C'est dans ce sens qu'il pourrait y avoir une compensation. C'est surtout dans
cet esprit, mais ce n'est pas en termes de salaire, c'est bien clair. Mais, au
moins pour les gens qui travaillent, qui doivent se déplacer ou qui
doivent faire garder les enfants, je pense qu'on devrait leur faciliter les
choses. Quand on dit plus "facilitantes", c'est dans ce sens-là qu'on
parlait de compensation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais votre compensation, c'est très
clair c'est pour le temps consacré à certaines
activités.
M. Gervais: On a parlé de compensation, mais, dans
l'esprit des gens, c'était beaucoup plus dans l'optique de voir à
payer les dépenses de déplacement encourues, etc.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous seriez prêt à faire
sauter ce dernier membre de phrase?
M. Gervais: Non. Écoutez, moi...
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous, s'il y a des
dépenses de transport, particulièrement dans les cas de
déplacement pour les commissions scolaires régionales, où
les gens viennent de partout, il y a des dépenses qui sont certainement
encourues, etc. Moi, je serais un peu contre le fait qu'on commence à
donner des compensations pour des activités à l'intérieur
des écoles, parce que c'est s'engager dans un précédent
qui pourrait être peut-être pas dangereux, mais passablement
coûteux. Alors, boni
J'ai une autre question. À la page 41, je suis un peu perplexe au
sujet de la dernière phrase du deuxième paragraphe où vous
dites désirer beaucoup qu'il y ait un conseil d'école qui
gère l'école au plan pédagogique, au plan administratif,
etc. Par contre, vous nous donnez l'impression qu'on va recréer, au
niveau de l'école, les mêmes tensions qui, de toute
évidence, semblent exister actuellement entre les comités de
parents dans les écoles et les commissions scolaires. Vous nous dites
qu'il faut conserver un comité consultatif parce qu'il y a "un risque
certain que les parents reliés au processus décisionnel,
(c'est-à-dire les parents qui seront membres du conseil d'école)
se laissent accaparer par une foule de problèmes d'ordre administratif
ou politique et s'éloignent de l'enfant et des conditions
concrètes qui président à son éducation". Il me
semblait que, justement, l'un des objectifs du projet de loi était de
remettre cela au niveau local, le plus local possible, puisqu'on le remettait
à l'école, par le truchement du conseil d'école, qui
assumerait l'administration de l'école sous tous ses aspects, sauf
certains qui sont définis par la loi, peut-être pas toujours
clairement définis, mais, en tout cas, on le laisse entendre dans la
loi. Et là, vous exprimez des inquiétudes en disant: Bien, il
nous faut aussi le comité consultatif d'école, parce qu'on
risque, dans le fond, de reproduire la même situation que vous
déplorez présentement entre les écoles et les commissions
scolaires.
Reliée à cela, il y a la deuxième question. Par le
comité consultatif d'école, ne croyez-vous pas que vous allez
créer à l'intérieur de l'école même beaucoup
de tensions entre le comité consultatif de parents et le conseil
d'école qui va être majoritairement formé, selon vos
recommandations, de parents?
Le Président (M. Blouin): Mme Bérubé.
Mme Bérubé: Selon le projet de loi 40, le conseil
d'école, comme on le disait il y à peine une minute, comprendrait
entre sept et
quatorze personnes, mais cela comprend tous les intervenants. Donc, cela
voudrait dire qu'il y aurait au maximum cinq, six ou sept parents
d'impliqués au niveau du conseil d'école. Nous trouvons qu'il y
a, avec les structures existantes, beaucoup plus que ce nombre de parents
d'impliqués dans la structure des conseils d'école. On pense que
ce serait ramener une tâche administrative sur la tête de quelques
personnes qui auront une tâche supplémentaire, si la structure
décentralise l'administration seulement à l'école. Nous
pensons que pour ces personnes qui auront une tâche administrative, il
est nécessaire de pouvoir s'appuyer sur une structure consultative, sur
des gens qui seront impliqués pour venir travailler au niveau de
l'école, conseiller les autres, répondre avec eux à des
demandes de consultation, travailler à des sous-comités avec les
enseignants ou autrement et que cela ne repose pas sur toute cette
participation des parents, d'un nombre impressionnant de parents, mais qui doit
augmenter, parce que le nombre des écoles est aussi impressionnant. On
doit faire en sorte que l'école, si on veut qu'elle ressemble davantage
à son milieu, implique le plus de gens possible. Comme je le disais et
je le répète, si le projet de loi 40 est un changement de
structures pour permettre que l'école joue vraiment son rôle de
pivot du système scolaire, il faut permettre aux parents d'agir dans une
structure administrative, dans une structure consultative et dans une structure
de participation: participation voulant dire ici le cheminement avec
l'école et avec tous les autres partenaires du plus grand nombre de
parents pour soutenir l'action éducative d'une école.
Le Président (M. Blouin): Merci. Oui, M. Cossette.
M. Cossette: Je veux simplement mentionner le fait qu'à la
lumière de l'histoire et de l'expérience vécues, c'est
à travers la structure de consultation actuelle que les parents ont
acquis une partie de la compétence qui leur permet maintenant de
revendiquer un peu plus de place. Pour les parents qui seront aux conseils
d'école, il faudra une relève également. Les conseils
consultatifs et les comités consultatifs de parents constituent
d'excellents clubs fermes pour arriver à accéder au niveau de la
responsabilité de gestionnaire. (15 h 30)
Le Président (M. Blouin): Merci.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Vous ne souhaitez pas qu'il
y ait un membre de la commission scolaire qui siège au conseil
d'école. Vous ne voulez pas la présence d'un commissaire, si j'ai
bien compris? Non?
M. Gervais: Ce n'est pas cela que nous disons. Nous disons
qu'à la commission scolaire, là aussi, cela doit être
composé majoritairement de parents, une partie élue par les
conseils d'école et l'autre partie élue au suffrage universel.
Nous ne disons pas que nous ne voulons pas les voir à l'école, au
contraire. À ce stade, sur le plan technique, nous laissons le soin au
législateur de trancher comment ils vont être répartis dans
les écoles par la suite.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils peuvent siéger au conseil
d'école?
M. Gervais: Absolument.
Mme Lavoie-Roux: À la page 35, vous dites: Si le quorum
d'un conseil d'école ne peut être atteint pendant une
période de six semaines consécutives, plutôt que la
commission scolaire intervienne pour nommer une ou plusieurs personnes ayant
les qualités requises pour siéger à ce conseil que le
conseil d'école soit dissous et qu'on reprenne le processus
d'élection du conseil d'école. Est-ce que vous ne croyez pas,
d'une part, que ceci pourrait laisser l'école pendant un temps X - parce
qu'il reste que vous êtes élus pour un temps relativement court
aussi - sans conseil d'école qui puisse agir? La deuxième chose,
c'est que, dans certaines situations qui, j'imagine, pourraient être
exceptionnelles, mais qui pourraient survenir, parce qu'elle sont
déjà survenues même à l'intérieur des
commissions scolaires, en adoptant le processus dont vous parliez, à un
moment donné, l'on puisse, par manipulation, renverser facilement des
conseils d'école. Il s'agirait strictement, surtout là où
les conseils d'école ne sont pas nombreux, qu'un certain nombre se
retirent d'une façon systématique des assemblées pour
qu'il n'y ait pas quorum et qu'on soit obligé de recourir à une
nouvelle élection du conseil d'école. Il me semble que ce qui est
prévu dans la loi 40 m'apparaît plus sage en vous mettant
davantage à l'abri de manipulations possibles.
M. Gervais: Mme la députée, on peut bâtir,
à partir de cela, plusieurs scénarios, mais mon collègue,
M. Bédard...
M. Bédard (Lucien): Ce qui a amené la
fédération à demander cela - on dit qu'on veut rendre le
milieu responsable et communautaire - c'est qu'on veut vraiment rendre le
milieu responsable et communautaire. S'il y a un problème qui survient
au niveau du conseil d'école, je pense qu'une des façons de le
régler, ce n'est pas en faisant une intervention radicale par le biais
de la commission scolaire, mais
en permettant à l'assemblée générale des
parents du milieu, si c'est la partie des parents qui est en cause, de
réélire rapidement les personnes et de raccourcir le délai
de convocation qui est prévu dans la loi. Il s'agit de régler
cela au niveau du milieu. La meilleure solution serait d'impliquer le milieu et
de lui faire comprendre que ça ne va pas toujours bien, pour qu'il soit
conscient de cet aspect, et non pas seulement de lui montrer le bon
côté des choses. Quelquefois, il y a des décisions à
prendre qui ne sont pas faciles et il faut que les gens s'habituent à
assumer ces responsabilités. C'est dans ce seul esprit qu'on voulait que
le milieu s'implique. C'est pour cela qu'on demandait cette modification.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question, même si j'en
ai d'autres, porte sur la confessionnalité. La seule recommandation que
j'ai vue, c'est que le vote soit pris tous les cinq ans pour décider du
statut confessionnel de l'école. C'est, en fait, une importante
recommandation; c'est quand même ce que j'appellerais plus de la
mécanique pour s'assurer que les choses tournent d'une façon
logique. Mais, les parents que vous avez consultés dans l'ensemble du
Québec sont-ils satisfaits des garanties qui sont accordées au
plan de la confessionnalité dans les diverses régions du
Québec?
M. Gervais: Oui, madame, nous avons été, justement,
surpris de ne pas avoir plus de questions sur la confessionnalité.
À partir du moment où on dit que l'école pourra se choisir
une confessionnalité, en ce qui me concerne et pour mes collègues
aussi qui ont fait les régions, cela semble répondre à nos
attentes. Autrement dit, chez nous, s'il y avait une inquiétude au
niveau de la confessionnalité, c'est qu'au bout de cinq ans on remette,
évidemment, cela en question. Pour sécuriser les gens, on dit:
Vous serez informés qu'à telle date il faudra refaire la
consultation pour savoir si vous voulez conserver la confessionnalité
que vous avez choisie pour votre école. Cela les a
sécurisés. Le débat n'a pas été tellement
fort en ce qui nous concerne au niveau de la confessionnalité, et Dieu
sait si on a essayé de le susciter, finalement. Au niveau de la
confessionnalité, cela fait consensus. Que le milieu choisisse la
confessionnalité, de ce côté-là, je ne vois pas de
difficulté.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Il reste encore un certain nombre de groupes
à entendre cet après-midi et il y a encore quatre intervenants
qui veulent poser des questions à nos invités. Je souhaiterais
que nous puissions restreindre le plus possible les interventions pour pouvoir
accueillir les invités subséquents vers 16 heures.
M. le député de Shefford, s'il vous plaît,
succinctement.
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Très
rapidement, parce que c'est, entre autres, un des deux points qui ont
été passablement discutés. Il s'agit, encore une fois, de
l'école et de la présence des parents comme tels. On en a
parlé de toute façon. C'est une majorité de parents qu'il
y a déjà comme commissaires aussi. Sauf que l'on parle de
l'école communautaire et, dans ce sens-là, c'est sûr que
l'école devient un pivot au niveau d'une société et d'un
quartier.
Je voudrais savoir si c'est un peu dans l'esprit et dans le sens que
vous le voyez. On dit que l'école est un lieu communautaire de la
société en général, mais, par contre, c'est avant
tout une école, un lieu de formation des jeunes et des enfants. Il ne
faut pas les oublier. L'école est là pour cela. S'il n'y avait
pas d'enfants, de toute façon, on ne parlerait pas d'écoles
communautaires et on ne parlerait pas d'écoles tout court. Donc, si on
parle d'école communautaire, on doit parler, de prime abord, d'une
école, donc de la formation des jeunes. S'il y a formation des jeunes,
il y a responsabilité des parents au départ qui sont les premiers
à éduquer les enfants. Est-ce dans cet esprit que vous voyez
spécialement une majorité de parents au conseil d'école de
façon que l'on n'oublie jamais que l'école est avant tout un lieu
d'apprentissage des enfants où on éduque les enfants, où
l'éducation, l'instruction et la formation générale des
jeunes sont données? Donc, si on veut une majorité, il ne faut
jamais oublier qu'une école communautaire est avant tout une
école. Est-ce un peu l'esprit de votre mémoire?
Le Président (M. Blouin): M. Gervais.
M. Gervais: Exactement, monsieur. C'est dans ce sens-là
qu'on dit: L'école aux usagers; c'est dans l'esprit que vous venez de
décrire. Je n'ai pas autre chose à ajouter.
Le Président (M. Blouin): Cela va, M. le
député de Shefford?
M. Paré: M. le Président, j'ai une autre question
très rapide à poser. Je vous félicite pour votre
mémoire, parce qu'il y a beaucoup de contenu. On voit qu'il y a beaucoup
de pages, mais cela veut dire beaucoup de travail, beaucoup de démarches
et beaucoup de recommandations positives aussi.
Entre autres, vous parlez de la démarche, des pas qui ont
été franchis au niveau de l'éducation depuis la
révolution
tranquille. Vous dites qu'il y a des pas d'effectués, qu'il y a
des précédents et des étapes qui ont été
franchies à tous les niveaux, au niveau fiscal, au niveau linguistique,
au niveau des programmes pédagogiques: le livre orange, le livre vert,
etc. On arrive aujourd'hui avec le projet de loi 40 qui est une étape de
plus. Comme vous le dites, c'est le pouvoir donné aux parents.
On a eu comme argumentation contre, hier entre autres, que ce
n'était pas le temps. Face aux étapes que vous avez
énumérées, je me demande si vous n'êtes pas en train
de dire dans votre mémoire qu'au contraire c'est le moment d'y arriver,
c'est l'aboutissement, que les gens sont prêts. Il y avait des arguments
négatifs qui disaient que les parents n'étaient pas prêts
et que c'était trop d'ouvrage. Je ne veux même pas revenir
là-dessus parce que vous y avez très bien répondu
tantôt, sauf que face au contexte, à tout ce que l'on vit et
à la société comme telle, est-ce que, oui ou non, vous
pensez que c'est le temps d'arriver avec un projet semblable?
M. Gervais: À notre avis, oui. Mais je veux revenir
à la question du pouvoir aux parents. J'évite les mots "pouvoir
aux parents" au niveau de l'école parce que, pour moi, c'est beaucoup
plus un partage de responsabilités. Selon ma lecture du projet de loi
40, ce que j'appelle les pouvoirs exclusifs à l'école, je pense
qu'on peut les compter sur les dix doigts de la main. Il y a très peu de
choses finalement, si vous regardez. Quand on dit le pouvoir aux parents, c'est
beaucoup plus le partage de responsabilités qu'un pouvoir. Ce pouvoir,
comme vous le dites, pour nous, c'est uniquement de la marge de manoeuvre pour
que les parents puissent travailler à l'intérieur de
l'école. Alors, j'aimerais mieux qu'on enlève le mot "pouvoir".
Cela fait peur dans certains cas. Mais, dans le fond, c'est uniquement le
partage des responsabilités. Même aujourd'hui, il n'y a pas de loi
40.
Le Président (M. Blouin): L'intervention du
député portait davantage sur le "momentum" que sur le pouvoir
lui-même conféré aux parents.
M. Gervais: Oui, mais quand même, je trouve qu'on
utilise... D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Gervais: Je termine là-dessus.
Le Président (M. Blouin): Merci.
Mme Harel: II allait dire: Même s'il n'a pas de loi 40
aujourd'hui... J'aimerais qu'il complète.
Le Président (M. Blouin): Oui, si vous avez quelque chose
à ajouter.
M. Gervais: Pour compléter, si vous voulez, pour nous, ce
n'est qu'une marge de manoeuvre, le projet de loi 40. Pour nous, c'est un
départ, c'est un objectif. J'avoue sincèrement que l'objectif
à atteindre en ce qui nous concerne - je ne vous dis pas dans combien de
temps - c'est le livre blanc. Le livre blanc était, quand même,
pour nous quelque chose d'extraordinaire. C'est donc un objectif à
atteindre et pour moi c'est une amorce pour atteindre cet objectif d'ici...
Bon, on n'indiquera pas quand.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Gervais.
Succinctement, Mme la députée de Jacques-Cartier, s'il vous
plaît.
Mme Dougherty: Merci. J'aimerais vous remercier de votre
mémoire très volumineux. J'aimerais revenir à cette
question qui a été touchée par plusieurs autres
intervenants. J'aimerais l'aborder d'une façon un peu
différente.
À la page 20, vous avez insisté sur la création
obligatoire d'un comité consultatif de parents au niveau de
l'école. Plus tard, à la page 40, vous avez insisté sur la
création d'un comité consultatif de parents au niveau de la
commission scolaire. Je trouve que les raisons que vous avez soulignées
à la page 40 sont révélatrices parce que vous avez dit
qu'il y a "un risque certain que les parents reliés au processus
décisionnel se laissent accaparer par une foule de problèmes
d'ordre administratif ou politique et s'éloignent de l'enfant et des
conditions concrètes qui président à son
éducation."
Il me semble que vous voudriez le meilleur de deux mondes. D'une part,
vous insistez sur un rôle décisionnel pour les parents; d'autre
part, vous ne voudriez pas perdre ce que nous avons maintenant, un rôle
consultatif pour les parents.
Je crois que même la première question du ministre montrait
qu'il avait senti peut-être la même ambiguïté dans
votre mémoire. Lors de la tournée d'un comité
libéral dans la région de la Mauricie, il y a un an, nous avons
rencontré une femme qui nous a dit quelque chose de très
pertinent. C'est une femme très impliquée dans les affaires de
son école. Elle nous a dit: Je me suis rendu compte que le pouvoir de
consultation est plus fort que le pouvoir décisionnel. Est-ce que j'ai
raison d'avoir détecté cette ambiguïté dans votre
mémoire?
M. Gervais: Écoutez, pour faire une blague, c'est
peut-être pour cela qu'on veut le garder'. En tout cas, cela n'a pas du
tout été fait dans cet esprit. Ce qui se dégage
des ateliers que nous avons tenus dans ce sens, c'est de favoriser
davantage la participation.
Madame, vous aurez toujours des parents qui auront le goût de
travailler au niveau de l'école, soit au niveau de la
bibliothèque, soit de travailler avec des professeurs sur des projets
spéciaux, soit de faire des sorties avec les élèves et
tout cela. Vous avez un groupe de parents qui ne veulent pas aller plus loin,
pas parce qu'ils ne peuvent pas aller plus loin, mais c'est ce qu'ils veulent
faire et qu'ils ont le goût de faire. On ne voudrait pas escamoter cet
aspect.
C'est dans ce sens que ces gens ont dit: Nous voulons être
consultés. Nous voulons savoir ce qui se passe à l'école.
J'aime et je veux rester dans un comité d'école; je ne suis pas
prêt à aller prendre des décisions, mais je veux dire ce
que j'ai à dire aux gens qui ont à prendre des décisions
dans mon milieu.
Je pense que c'est dans cet esprit que notre travail s'est fait. Ceux
qui, de notre groupe, ont vécu des ateliers pourraient peut-être
répondre davantage.
M. Bédard (Lucien): Je disais tout à l'heure que,
pour nous, la ligne consultative, c'est notre école professionnelle. Je
vais l'expliciter davantage. Si les parents sont rendus où on est rendu,
ils sont prêts à prendre des décisions. On a, tout de
même, fonctionné dix ans dans la ligne consultative. Je trouve que
c'est une bonne porte d'entrée au niveau du milieu de l'éducation
en général, qui est un monde très complexe, qu'on commence
par toucher des points au niveau des lignes consultatives avant d'arriver sur
la ligne décisionnelle. Mais nous voulons que les deux soient maintenues
pour privilégier précisément ce que j'appellerais cet
étapisme. Mais où on est rendu comme fédération
envers les parents, c'est qu'on veut la ligne décisionnelle maintenant.
(15 h 45)
M. Gervais: Je pourrais compléter, Mme la
députée. Par exemple, lorsqu'on est à la recherche d'un
commissaire, on va où pour essayer de trouver des candidats? On a
recours aux comités d'école.
Mme Dougherty: Vous ne voyez pas de problème.
Mme Bérubé: Je voudrais ajouter un mot. On fait
peur aux parents en disant qu'au niveau des conseils d'école il y aura
beaucoup trop à faire pour les parents, l'administration et
différentes choses. Je pense qu'au niveau administratif, consultatif et
dans des comités de travail, comme le disait tout à l'heure M. le
président, pour aider à la bibliothèque, sans jamais
prendre la place de personne, aux sorties éducatives, etc., plus il y
aura une implication du milieu, plus on laissera de personnes agir en
collaboration avec tous les agents de l'éducation à
l'école, plus il y aura de parents qui s'impliqueront, moins la
disponibilité sera remise en cause. Comme je le disais tout à
l'heure, s'il n'y a que quatre ou cinq personnes qui sont impliquées
à ce niveau, on mettra véritablement en cause aussi la
disponibilité. C'est vraiment pour soutenir qu'il est nécessaire
d'avoir une structure consultative.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
Mme Dougherty: Merci. Dans votre mémoire, vous avez
insisté sur l'obligation pour l'État de respecter la
volonté des parents. Je crois que vous avez dit cela
précisément à la page 25. Il y a un aspect du projet de
loi 40 qui n'était pas analysé dans votre mémoire, mais
qui est très important, je crois, qui a été touché,
hier soir, par la commission scolaire Beauport. Si vous insistez tellement pour
que l'État respecte la volonté des parents, il semble que vous
n'avez pas - surtout dans votre mémoire - identifié les
écarts qui existent entre les pouvoirs promis aux parents par le livre
blanc et apparemment dans le projet de loi 40 et les pouvoirs du ministre et
des commissions scolaires qui vont réduire les pouvoirs des parents pour
les rendre souvent illusoires. Il y en avait peut-être plusieurs parmi
vous ici, hier soir, lorsque la commission scolaire Beauport a
présenté son mémoire.
Je cite quelques extraits du projet de loi. L'école dispense des
services éducatifs aux élèves que la commission scolaire y
a inscrit et le ministre établit par règlement les conditions
d'admission et d'inscription des élèves. L'école est
responsable de l'application du régime pédagogique, mais le
ministre établit par règlement le régime
pédagogique. L'école établit le calendrier scolaire. La
commission scolaire peut fixer des normes pour la détermination du
calendrier scolaire et le ministre établit par règlement la
composition du calendrier scolaire. Je pourrais continuer.
Est-ce que vous avez examiné cet aspect du projet de loi? Est-ce
que vous avez identifié ces écarts? J'ai l'impression qu'il a
beaucoup de parents qui veulent avoir un certain contrôle, des pouvoirs
sur l'école, mais je me demande si la loi vraiment va respecter le voeu
des parents d'avoir certains pouvoirs. Ils seront peut-être vraiment
déçus quand ils auront la chance de vivre la
réalité du projet de loi 40.
Le Président (M. Blouin): M. Gervais.
M. Gervais: Je pense, Mme la députée, que les
parents sont quand même réalistes.
Vous parliez tantôt du calendrier scolaire. Je suis convaincu que
les parents ne pensent pas qu'il va y avoir dans chaque école de la
province des calendriers différents. C'est bien sûr qu'il y a
toutes sortes de choses qui peuvent se produire, notamment dans le transport.
Il va donc falloir composer en fonction de ces choses. Je pense que les parents
vont être réalistes et, quand ils prendront une décision au
niveau de l'école, ils vont savoir tout ce que cela comporte, même
sur le plan de l'administration, sur le plan budgétaire. Je pense que
c'est prêter aux parents une certaine incompétence. Je pense
qu'ils feront la part des choses, comme n'importe quel conseil
d'administration.
M. Bédard.
M. Bédard (Lucien): Je pourrais répondre de deux
façons. En faisant une analyse des différents articles qui
touchent les pouvoirs du gouvernement et du ministre, on a fait l'exercice pour
essayer de voir, actuellement, quels sont les pouvoirs du ministre et si c'est
concordant. On a retrouvé les arrêtés en conseil; ce qui
est énoncé dans la loi existe actuellement. Le deuxième
point sur lequel on pourrait répondre: On ne peut pas être
déçus, les parents, car on n'a aucun pouvoir actuellement. On
n'en a aucun au niveau de l'école, absolument aucun. On n'a aucun
pouvoir décisionnel à l'école actuellement.
Le Président (M. Blouin): Est-ce que ça va, Mme la
députée de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci. M. le
député de Fabre, succinctement aussi, s'il vous plaît.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. On parle
beaucoup à cette commission de changements de structures, de pertes de
pouvoirs pour les uns et d'acquisition de pouvoirs pour les autres. Je pense
qu'il y a une question qu'on a tendance à oublier, c'est celle de la
qualité de l'éducation qu'il faut atteindre à tout prix.
En quoi ces changements de structures, cette décentralisation des
pouvoirs sur le plan pédagogique, la complémentarité
recherchée entre, d'une part, une commission scolaire responsable du
soutien pédagogique pour les écoles et un conseil d'école
responsable de l'application du régime pédagogique, en quoi tout
ceci va-t-il amener une amélioration de la qualité de
l'éducation dans les écoles, pour le bien-être de nos
enfants?
M. Gervais: Je peux répondre brièvement, M. le
député. Le projet de loi favorise, à mon sens, le fait que
tous les agents de l'éducation se parlent, qu'on soit ensemble et qu'on
travaille ensemble. Dans ce sens-là, M. le député - c'est
peut-être une utopie, mais je ne le crois pas - si le projet de loi
favorise ne serait-ce que cela, je pense qu'on aura atteint quelque chose
d'extraordinaire. Qu'on s'entende ensemble et je pense qu'on va
améliorer la qualité de l'éducation. Il faut que tout le
monde se parle.
Le Président (M. Blouin): Ça va?
M. Leduc (Fabre): Question complémentaire, M. le
Président. Quand vous dites que tout le monde se parle actuellement,
c'est possible que tout le monde se parle. Rien n'empêche qu'il y ait un
conseil d'orientation. Je sais qu'il peut y avoir certaines objections de la
part des syndicats d'enseignants de participer à un conseil
d'orientation; à certains endroits, peut-être pas. Il reste qu'il
est possible de se parler actuellement. En quoi les pouvoirs que le conseil
d'école donnera aux parents, aux enseignants qui voudront participer
à cette structure décisionnelle, amélioreront-ils la
qualité de l'éducation dans les écoles?
M. Gervais: Je pense que, s'il y a un minimum de
décentralisation et un rapprochement du centre de décision
à l'école, c'est déjà pour moi un gros pas de fait.
Je ne sais pas si mes collègues... Peut-être que M. Lavoie.
M. Lavoie: On va tenter, au niveau de l'école, de
rapprocher le centre de décision le plus près possible des gens.
Au Japon, si on a augmenté la productivité et la qualité
de vie au niveau du travail, c'est parce qu'on a créé des cercles
de qualité. Si, au niveau de l'école, on réussit à
regrouper tous ces intervenants, ceux qui sont vraiment à la base, ceux
qui vivent chaque jour dans l'école, qui sont aux prises avec les
règlements, avec le transport pour que ce soit eux qui décident,
on ne peut pas faire mieux. Ce sont ceux qui vivent chaque jour dans le milieu
qui vont prendre les décisions.
Le Président (M. Blouin): Ça va.
M. Lavoie: Dans le sens de cercles de qualité qui s'en
viennent de plus en plus populaires.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Lavoie. Merci, M. le
député de Fabre. Dans le même esprit d'efficacité,
M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: Merci, M. le Président. Comme ancien directeur
d'école, j'ai vécu pendant plus de 20 ans avec les parents dans
les comités d'école et je vous dis
franchement que j'ai toujours été très heureux. Je
lisais ce que vous rapportiez ce matin, que M. le ministre trouvait, en 1982,
dans son livre blanc, que la situation était vraiment troublante dans
les secteurs primaire et secondaire du public. Alors, il aurait cherché
des remèdes. Pour lui, probablement que c'est le projet de loi 40. Mais,
moi, je me dis que cette situation troublante n'est vraiment pas due aux
structures scolaires. Ce n'est pas là qu'est le mal. Alors, comme on dit
souvent, pourquoi démolir une maison quand il y a de la chicane dans le
ménage? Je crois aussi qu'une entrée massive de parents aguerris
dans le secteur ne va pas ramener nécessairement la paix, la
sérénité dont rêve M. le ministre, malgré que
je vous garde toute mon admiration et mon appréciation. D'ailleurs,
comme moi, vous devez sentir que ce projet de loi 40 ne sera pas le
remède vraiment miraculeux. Alors, où est le malaise?
Je vous réponds par une autre question: Où sont les
professeurs? Où sont les commissions scolaires? Je vous pose trois
questions, plus directement la première, est-ce que vous ne croyez pas
vraiment que le mal est là avant tout? Deuxièmement, ne
croyez-vous pas que tant que nos professeurs se sentiront
délaissés, ignorés et même bafoués, on aura
toujours des problèmes? Enfin, ne pensez-vous pas aussi que, tant que
nos commissaires actuels , vont se sentir menacés et vidés de
leurs pouvoirs, cela ne pourra pas aller mieux? Voilà les trois petites
questions que je vous pose.
Le Président (M. Blouin): M. Gervais.
M. Gervais: Écoutez, je pense, en fait, que ce sont des
questions qui m'apparaissent être plutôt des commentaires. Je
respecte votre opinion, M. le député, mais je ne suis pas
sûr, je ne pense pas que, en ce qui nous concerne, on tape sur les
professeurs. Qui? C'est cela que vous voulez dire, finalement? Je ne comprends
pas le sens de votre question.
M. Hains: Non, je parle du projet de loi dans lequel on les
ignore totalement. Vous, je sais que vous les appréciez.
M. Gervais: Ah bon!
M. Hains: Vous avez donné des preuves que, malgré
tout, cela va bien avec vos professeurs. Je parle plutôt de l'attitude de
la loi 40 vis-à-vis des professeurs et des commissaires actuels.
M. Gervais: Je ne pense pas que la loi 40 ignore les professeurs.
On leur fait une place. Il y a de la place pour eux dans la loi 40. Pour la
commission scolaire, c'est la même chose. Il y a une place pour la
commission scolaire, que je sache. On n'enlève pas la commission
scolaire, sauf que ce sont des changements concernant uniquement la
façon dont on va élire les membres du conseil des commissaires.
Je ne vous dis pas que cela va régler tous les problèmes. Comme
je le disais tantôt, pour moi, c'est une amorce. Ce qui est visé
à travers tout cela, c'est la qualité. Je pense que, si cette
amorce ne vise pas à obtenir une meilleure qualité en
éducation, on manque le bateau. En tout cas, à notre avis,
après avoir analysé le projet, je ne vous dis pas qu'on est
d'accord sur tout le projet. Il y a des choses, d'ailleurs, qu'on souligne; on
demande plusieurs amendements. C'est toujours dans la perspective d'avoir une
meilleure éducation, bien sûr.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Hains: Mais je pourrais peut-être donner un conseil,
pour finir, à nos chers parents, parce que je sais qu'ils sont
très puissants sur le coeur du ministre. Si on prenait les millions que
rapporte actuellement au ministre des Finances la fameuse lotto 6-49...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri!
M. Hains: ...pour régler les problèmes actuels,
peut-être que cela pourrait nous aider singulièrement.
Le Président (M. Blouin): Bon, cela va. Nous nous
éloignons singulièrement de la loi 40. La 6-49, la loi 40!
Non?
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc! Quand même!
Le Président (M. Blouin): La 6-49, c'est un peu loin.
Mme Lavoie-Roux: Le député dit de prendre les
revenus de la 6-49 au lieu de les mettre dans le fonds consolidé de la
province. Franchement!
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plattl
M. Gervais: Si vous me le permettez... Le Président (M.
Blouin): Oui.
M. Gervais: ...je voudrais que Mme Bérubé
complète cette réponse.
M. Hains: C'était une suggestion humoristique, M. le
Président, et vous n'êtes pas capable de la prendre!
Le Président (M. Blouin): Très bien, c'est ce que
j'avais compris. C'est ce que j'avais compris.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, elle est sérieuse.
M. Hains: Elle est sérieuse aussi, parce que cela pourrait
permettre de rajuster les salaires des professeurs.
Le Président (M. Blouin): Alors, il faudrait
s'entendre.
M. Hains: Et c'est là qu'est le bobo actuellement.
M. Gervais: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Blouin): II s'agissait d'un commentaire
du député.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas le droit d'apprécier. C'est
quelle sorte de président qu'on a? (16 heures)
Mme Bérubé: II reste, quand même, M. le
Président, qu'une loi n'est pas un remède à tous les maux.
Cependant, si on se reporte à la loi 27, il y avait des années
qu'on luttait pour la participation des parents et j'en étais dès
ce moment-là. D'accord? Et la loi 27 nous a permis d'entrer dans chacune
des écoles du Québec. Sans cette loi, on n'y serait jamais
entré. En 1979, quand la loi 30 nous a permis d'entrer à la
commission scolaire, s'il n'y avait pas eu une loi, on n'y serait jamais
entré massivement. Il y avait des commissions scolaires et je vous rends
témoignage, Mme Lavoie-Roux, que chez vous il y en avait et il y avait
des commissions scolaires qui l'avaient fait à quelques endroits dans la
province. Mais, massivement, partout, cela aurait été quasi
impossible. D'accord? D'autres lois comme cela sont arrivées. La loi 40
ne fera pas plus de miracles que n'en ont fait la loi 30, la loi 27 et toutes
les autres lois. Elle vient donner un outil au milieu pour mieux se prendre en
main. Si les gens ne se prennent pas en main, on n'aura jamais rien.
Le Président (M. Blouin): Mme Bérubé. Oui,
très bien. Je m'excuse, c'est parce que M. Lavoie est le voisin de Mme
Bérubé. Alors, c'est ce que j'ai confondu.
Pour terminer, succinctement, s'il vous plaît, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. J'ai
écouté le dernier mémoire avec beaucoup
d'intérêt comme tout le monde. Il y a un certain nombre de
remarques qui me viennent à l'esprit. Je vais les faire sous forme de
question en même temps.
Ce qui me frappe et m'a frappé dès le début du
mémoire, c'est qu'à la page 5, on dit: "La
fédération ne veut entrer en conflit avec qui que ce soit. Au
contraire, elle veut asseoir solidement des mécanismes de
collaboration..." Et là, on énumère avec qui on veut
collaborer. On parle évidemment de l'État, des cadres scolaires,
des enseignants, des élèves et ainsi de suite, mais je ne vois
pas de commission scolaire dans la liste. Je me demande si ce n'est pas
indicatif de l'approche générale et, si je me trompe, vous
pourrez me reprendre. C'est la première question que je vous pose.
Est-ce que cette absence des commissions scolaires dans la nomenclature qu'on
retrouve est une indication de votre approche, c'est-à-dire que vous
voyez, pour le moment, la commission scolaire comme étant possiblement -
en tout cas, c'est un peu mon impression - un mal nécessaire et, si ce
n'est pas le cas, quel rôle lui voyez-vous et comment concevez-vous
l'intervention d'une façon permanente de la commission scolaire dans
l'évolution des affaires éducatives du Québec? Ou bien,
pour vous, le fait qu'on retrouve les commissions scolaires dans ce qui semble
être un rôle d'arrière-plan est-il tout simplement une
étape nécessaire pour en arriver à une étape ultime
qui serait possiblement la disparition des commissions scolaires? Est-ce que
vous avez des commentaires sur cela?
M. Gervais: Oui, M. le député. De la façon
que vous posez la question, dans notre esprit, ce n'est certainement pas cela.
On ne veut pas éliminer les commissions scolaires, bien au contraire.
Mais, dans le fond, les commissions scolaires, pour nous, vont peut-être
avoir plus un rôle de coopérative de services et de coordination.
Dans le fond, on ne le dit pas, mais on dit que la commission scolaire... On
n'a jamais dit qu'on voulait éliminer les commissions scolaires.
M. Doyon: M. le Président, dans la même veine,
est-ce que vous avez envisagé ou étudié le
phénomène de ce que j'appellerais la parcellisation du
système éducatif du Québec? Est-ce que vous ne concevez
pas que le fait de retrouver une multitude de centres décisionnels qui
sont diminués en taille, qui sont diminués au point de vue des
ressources, n'aura pas pour effet, par le simple phénomène de la
force d'attraction, de donner une dimension encore plus grande dans les faits
au vieux principe que ce qui est plus gros attire plus facilement le
plus petit et l'englobe plus facilement? Et n'est-ce pas le rôle, qui est
concevable, du ministère de l'Éducation? Non pas qu'on trouve
spécifiquement dans la loi des transferts de pouvoirs, puisqu'il faut
bien employer le mot, mais tout simplement qu'on se trouve dans un rapport de
forces qui a
changé, qui a évolué, où on se trouve avec
des intervenants plus petits vis-à-vis d'un ministère qui - le
moins qu'on puisse dire -n'a pas diminué? Dans les circonstances, est-ce
que cela vous inquiète?
Le Président (M. Blouin): M. Lavoie.
M. Lavoie: Ce morcellement, comme vous le dites, où, dans
les écoles, il n'y aura plus de centre de décision, ne nous
inquiète pas du tout, parce que, toutes les fois qu'on a parlé de
cela, il y a toujours eu une proposition qui venait pour que la commission
scolaire reste toujours le lien entre les écoles et le ministère.
On n'a jamais demandé qu'il y ait des liens directs, mais on a toujours
pris cette précaution de garder les commissions scolaires. Cela reste
toujours le lien entre les écoles et le ministère.
Le Président (M. Blouin): Merci.
M. Doyon: Une autre question, M. le Président. Est-ce que
vous avez envisagé, pour passer à un autre...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Louis-Hébert, accepteriez-vous que M. Bédard ajoute un petit
élément de réponse?
M. Doyon: Bien sûr, je ne l'avais pas vu, je m'excuse.
M. Bédard (Lucien): Je veux juste ajouter ici que ce qui
peut me surprendre dans vos propos, c'est que vous voulez la
décentralisation vers les commissions scolaires. Mais, lorsque nous
parlons de décentralisation des commissions scolaires vers
l'école, c'est un refus systématique. Quant à moi, la
décentralisation doit aller jusqu'à sa base. Les commissions
scolaires ont pour nous un rôle important à jouer et nous n'avons
rien écrit dans notre mémoire qui aille à l'encontre des
commissions scolaires, loin de là, mais nous demandons, si l'on veut le
principe de la décentralisation, d'y aller jusqu'au bout.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, j'ai tout simplement
demandé si vous autres, de votre côté, vous
n'interprétiez pas notre façon de voir les choses un peu
abruptement. Nous n'avons pas exprimé d'opinion contraire sur la
question de la décentralisation. Je vous demandais tout simplement s'il
n'y avait pas un danger dans cela. Vous me dites que vous n'en voyez pas.
Alors, j'accepte votre réponse et nous l'apprécierons à sa
valeur.
Il y a une autre question que je veux vous poser. Dans le rôle que
vous voyez pour les écoles comme centre de décision,
concevez-vous que les écoles puissent éventuellement, à la
suite d'ententes mutuelles, partager des services, avoir des professeurs
itinérants, par exemple, compléter ce qui n'est pas possible dans
une école, etc.; voyez-vous cela comme étant un rapport qui
s'établit d'école à école en court-circuitant la
commission scolaire, ou voyez-vous que, nécessairement, cela doit passer
par la commission scolaire? En d'autres mots, est-ce que votre perception des
choses peut aller jusqu'à ce qu'un partage de services soit
accepté entre deux écoles n'appartenant pas à la
même commission scolaire et qui décideraient de coopérer
sans que les commissions scolaires elles-mêmes soient parties à
cette entente? Éventuellement, comment voyez-vous une telle
situation?
M. Gervais: Pour répondre à cette question, Mme
Lupien.
Le Président (M. Blouin): Mme Lupien.
Mme Lupien (Marie-Alice): Peut-être pas dans tous les
domaines, mais, à une assemblée générale, il y a
quelque temps, sur les services personnels aux élèves, il a
été proposé et adopté à la majorité
que des services soient achetés à la pièce par les
écoles, qui ont recommandé, parce qu'il n'était pas
question du projet de loi 40 tel que rédigé présentement,
mais non pas dans tous les domaines, parce que cela n'est pas possible, qu'il
puisse y avoir quand même une certaine autonomie dans divers domaines
particuliers qui n'ont pas été définis.
Le Président (M. Blouin): Merci.
M. Doyon: Très bien. Si je comprends bien, la commission
scolaire n'intervient pas nécessairement ou d'une façon
essentielle dans une telle entente. Est-ce cela?
Mme Lupien: Non.
M. Doyon: D'accord. Une dernière question. Vous expliquez
assez longuement et cela est très intéressant, la façon
dont est organisée votre fédération, qui en fait partie,
le nombre de membres, etc. Simplement pour en savoir un peu plus long,
j'imagine que vous avez un budget assez considérable, qui vous permet de
fonctionner normalement. Pourriez-vous informer cette commission de l'ordre de
grandeur de votre budget annuel?
M. Gervais: Si vous permettez, M. le député, je
vais demander à l'administrateur, notre directeur général,
d'expliquer cet aspect de l'administration.
Mme Bérubé: Disons que l'action que la
fédération exerce, c'est peut-être parce que
ses budgets sont bien dépensés qu'on fait toute cette
action, car ils sont minimes.
M. Doyon: De quel ordre sont-ils, madame?
Mme Bérubé: Pour son fonctionnement, ils sont de
l'ordre de 200 000 $ annuellement. Nous avons en plus de cela une subvention
pour un projet spécial d'animation.
M. Doyon: Ces 200 000 $ proviennent de quelle source, si vous
permettez?
Mme Bérubé: De subventions du ministère de
l'Éducation.
M. Doyon: En totalité?
Mme Bérubé: Les 200 000 $, oui. Cependant, nos
membres ajoutent à cela, lors de leur présence aux
assemblées générales, aux congrès, par des
abonnements au journal et autres choses et une contribution qui est
participation au financement de la fédération.
M. Doyon: Cela représenterait combien sur le total?
Mme Bérubé: Sur le revenu global, cela revient
à environ un tiers.
M. Doyon: Un tiers. Est-ce que cette subvention qui provient du
ministère de l'Éducation est une subvention statutaire ou si elle
est renouvelée selon le bon vouloir du ministère à chaque
année, selon les demandes que vous faites et les besoins que vous
exprimez?
Mme Bérubé: Cette subvention qui nous vient de
l'enveloppe du ministre de l'Éducation depuis les débuts de la
fédération - le premier à nous subventionner a
été le gouvernement précédent, votre parti
était au pouvoir à ce moment - s'élevait, la
première année, à 20 000 $, la deuxième
année, à 40 000 $ et, la troisième année, à
60 000 $. Cela a monté graduellement, à mesure qu'on faisait nos
preuves - je pense -et qu'il y avait davantage d'actions dans le milieu.
M. Doyon: Parmi les demandes que vous pouvez faire au
ministère de temps à autre, est-ce que vous avez
déjà formulé une demande pour que ce genre de subvention
vous soit versé d'une façon statutaire, selon des barèmes
connus, et quelle réponse avez-vous reçue du
ministère?
Mme Bérubé: C'est en négociation. M.
Doyon: Merci beaucoup.
Mme Bérubé: Vous savez que c'est très long,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci.
Mme Bérubé: On a même essayé de le
négocier avec le président de la Fédération des
commissions scolaires pour qu'on puisse aussi obtenir des choses à ce
niveau.
M. Doyon: On s'informera aux commissions scolaires
nous-mêmes. Merci, madame.
Mme Bérubé: Vous me posez une question sur le
financement, monsieur, je vous réponds.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, Mme
Bérubé. Mme la députée de Maisonneuve, vous avez
une courte question complémentaire?
Mme Harel: Oui. C'est une question qui vous est
adressée.
Le Président (M. Blouin): Je sais que vous n'avez pas
épuisé complètement votre droit de parole, mais je vous
demande de ne pas abuser puisque nous arrivons au terme de...
Mme Harel: Vous savez très bien que je n'abuse jamais, M.
le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui.
Mme Harel: Ma question vous est adressée.
Le Président (M. Blouin): Ah bon!
Mme Harel: En m'informant des positions des comités de
parents dans ma circonscription, je me suis rendu compte que la
fédération avait devant elle les résolutions
adoptées par 1000 comités de parents appuyant, que je sache, les
mémoires déposés devant cette commission. Je me demandais,
M. le Président, s'il serait opportun que ces résolutions soient
également déposées devant la commission.
Le Président (M. Blouin): Le règlement est assez
clair à cet égard. Il faudrait qu'il y ait consentement des
membres de la commission pour que nous puissions déposer ces documents,
comme nous l'avons fait au début de la journée pour des
mémoires qui étaient arrivés après les dates
prescrites. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je n'ai pas d'opposition du tout à ce qu'on
dépose ces documents, à condition que, si certains
députés avaient des documents de même nature à
déposer à cette occasion, ils puissent le faire
également.
Le Président (M. Blouin): Pardon? On me dit que ces
documents ont déjà été déposés au
Secrétariat des commissions. Quel est l'objet de la demande, Mme la
députée de Maisonneuve? Cela a déjà
été...
Une voix: Ce sont les doubles. Mme Harel: Très
bien.
Le Président (M. Blouin): C'est déjà
fait...
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Blouin): ...il n'y a pas de
problème. Vous étiez dans les délais prescrits. M. le
député d'Argenteuil, vous avez le mot de la fin?
Mme Dougherty: Je voudrais simplement clarifier s'il y a des
résolutions de déposées par des groupes qui n'appuient pas
la position de la fédération. Il y a en quelques-uns sur la liste
que vous avez déposée.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier, ce que vous voulez savoir, c'est s'il y en a
déjà de déposées au secrétariat?
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a des résolutions des
groupes qui n'appuient pas...
Le Président (M. Blouin): Nous allons vérifier et
nous vous le dirons. D'accord?
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais dire un petit mot de conclusion étant
donné l'importance qui a été accordée à la
rencontre avec la fédération des comités de parents, mais,
avant de le faire, je voudrais m'enquérir auprès de vous au sujet
de ce qui arrive de la Fédération des comités de parents
de Laval, Laurentides, Lanaudière. Est-ce que je dois comprendre qu'elle
reviendra tantôt ou que... Elle a maintenant fini de comparaître
avec la Fédération des comités de parents de la province
de Québec. Si cela devait être la conclusion, j'aimerais qu'au
moins on leur demande s'ils ont quelque chose à ajouter avant que la
rencontre se termine.
Le Président (M. Blouin): Je n'ai pas d'objection. On peut
maintenant conclure qu'il s'agit d'une question que vous leur adressez. Est-ce
que vous avez quelques mots à ajouter à ce qui a
déjà été dit et aux interventions que vous avez
déjà faites depuis ce matin?
M. Parenteau: Enfin, seulement reprendre un point.
Le Président (M. Blouin): S'il s'agit de reprendre un
point, je ne crois pas que ce soit tellement nécessaire.
M. Parenteau: J'ai insisté auprès de votre
commission au niveau du moratoire et non pas sur une extension du temps au
niveau de la loi. C'est au niveau du moratoire d'ici à ce que la loi
soit adoptée, de sorte qu'on n'ait pas à observer une fermeture
d'école qui serait déplorée par la suite par les
parents.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Parenteau: On s'attendrait, on aimerait en tout cas, avec la
loi, lorsqu'elle sera adoptée, si elle l'est, qu'on puisse au moins,
comme parents, avoir notre mot réel à dire à ce moment.
(16 h 15)
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci beaucoup.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord remercier la
Fédération des comités de parents du Québec de la
rencontre qu'elle a eue avec nous. Il y a bien des points sur lesquels nous
avons été éclairés quant aux positions de la
fédération. Je voudrais émettre un voeu en prolongement de
ce qu'a dit tantôt le député de Louis-Hébert.
J'espère que, dans ce projet de loi, s'il doit se rendre jusqu'au bout,
jusqu'à l'adoption, on pourra trouver le moyen d'insérer une
clause prévoyant un financement statutaire à la
fédération des comités de parents. Je pense que ce serait
très facile de trouver une norme objective qui permettrait à la
fédération de retirer chaque année un revenu minimal
assuré qui serait indépendant du bon plaisir ministériel.
Par là, je ne vise pas du tout la personne du ministre actuel qui n'a
rien à voir dans les considérations que j'émets,
évidemment. C'est un voeu que je voudrais émettre et, si des
propositions précises pouvaient être adressées par vous aux
membres de la commission au cours des prochaines semaines, je pense que cela
pourrait être très utile.
De plus, je voudrais réitérer l'importance que nous
attachons au travail des parents dans l'école à tous les stades
et à tous les niveaux du système d'enseignement, compte tenu
évidemment de l'apport qui doit venir des autres groupes.
Là-dessus, l'échange que nous avons eu n'a pas
réglé les désaccords qui peuvent exister entre nous sur
des questions de fond. Il y a des difficultés qui subsistent. Je
voudrais simplement vous rappeler en terminant qu'à ma connaissance, le
genre de système d'école et de commission scolaire que vous
demandez serait une affaire à peu près unique au monde. Je ne
connais pas d'autres pays, ayant un degré de développement
à peu près comparable à celui de ce pays-ci, qui auraient
un système d'enseignement où les responsabilités seraient
aménagées comme vous le proposez.
Je vous invite à y réfléchir de votre
côté aussi. Vous nous demandez une chose qui, à ma
connaissance, ne se rencontre sous une forme équivalente nulle part
ailleurs. C'est bien beau de dire que l'on doit toujours être les
premiers dans tout, mais si des fois on était parmi les meilleurs
partout, c'est très bon aussi. Je ne voudrais pas que cela tourne
à l'aventure. De ce point de vue, je trouve qu'il y a des
éclaircissements à apporter que nous n'avons pas encore. Je vous
le dis en toute amitié et en tout respect pour le travail très
important que vous accomplissez.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Rapidement, M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Laurin: Je vous renouvelle aussi mes remerciements sur le
point que soulève le député d'Argenteuil. Je n'aurais pas
de plus grand désir que d'accorder à la fédération
des comités de parents une subvention statutaire. Je crois que cela sera
plus facile quand ils seront considérés comme des partenaires
à part entière au niveau de l'école avec une
responsabilité décisionnelle. On pourra alors leur donner le
même traitement qu'à la Fédération des commissions
scolaires. Je suis sûr que la subvention statutaire qu'on leur donnera
à ce moment-là ne servira pas à combattre des projets de
loi.
Par ailleurs, M. le Président...
Une voix: J'espère qu'ils pourront en faire ce qu'ils
veulent.
Mme Lavoie-Roux: C'est de faire ce que le gouvernement veut.
Le Président (M. Blouin): Alors, nous allons laisser le
ministre compléter son intervention.
M. Laurin: Je voudrais commenter aussi légèrement
la dernière remarque du député d'Argenteuil. Le
Québec a montré la voie dans bien des domaines dans plusieurs
administrations du secteur public, par exemple les cégeps. Cette
initiative fait maintenant et depuis longtemps l'objet de commentaires
élogieux de la part d'organismes internationaux et d'autres pays qui
viennent voir la façon dont nos cégeps sont organisés. Je
pourrais dire la même chose sur l'organisation des services sociaux. La
commission Castonguay ainsi que ce qui en est résulté font
également l'objet de l'admiration de plusieurs pays. Je ne pense pas que
la direction dans laquelle nous allions soit complètement nouvelle. Si
nous regardons, par exemple, la façon dont le système scolaire
est organisé en Grande-Bretagne, je pense qu'on y donne une importance
beaucoup plus grande à l'école que ce que l'on fait ici.
Même si c'est un pays anglophone et que vous avez parlé du
modèle anglo-américain dans votre présentation, si on
regarde de près l'exemple britannique, avec l'accent qui est mis sur les
"home association", c'est là un précédent qui, en tout
cas, a fait l'objet de nos études et qui est très
intéressant à observer.
Un dernier mot, c'est que, même ici au Québec, il y a une
évolution dans le sens de ce que souhaite le projet de loi puisque les
deux commissions scolaires que nous avons entendues hier ont commencé
déjà volontairement, de leur propre initiative, à
décentraliser une bonne partie de leur pouvoir pédagogique et de
leur pouvoir budgétaire, même au niveau des écoles. Je
pense donc qu'il faut ajouter cela aux objets d'études que vous
recommandez comme Fédération des comités de parents du
Québec.
Le Président (M. Blouin): Merci. Au nom de tous les autres
membres de cette commission parlementaire, je remercie la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec de sa très importante participation.
Si cela convient, j'aurais maintenant une suggestion à faire aux
trois autres organismes que nous devons entendre cet après-midi puisque,
si je ne m'abuse, les organismes n'auraient pas de très longues
présentations à faire. Ce que je leur suggérerais, c'est
de venir s'asseoir tous les trois à la table et de procéder
successivement à leur brève présentation. Ensuite, je
pourrais demander aux membres de cette commission de poser
indifféremment à un groupe ou à l'autre les questions que
suscite leur intervention initiale.
Si, encore une fois, les organismes n'y voient pas d'objection, je crois
que ce serait une procédure efficace et qui nous permettrait aussi de
pouvoir mener à bien
nos travaux. J'invite donc l'Association des comités de parents
de la région 02 de Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Association des
comités de parents de la région 03 de Québec et
l'Association des comités de parents de la région 06c de
l'île de Montréal, à venir prendre place à la table
des invités.
Nous pouvons suspendre nos travaux pour une minute ou deux.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise de la séance à 16 h 38)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, nous reprenons maintenant nos travaux. Je remercie les
trois organismes de leur précieuse collaboration à la bonne
marche de nos travaux. Je puis leur assurer à l'avance que tous les
membres de la commission l'apprécient hautement. Ils m'ont assuré
qu'ils accorderaient la plus haute importance à vos interventions.
À qui dois-je d'abord donner la parole? Il serait peut-être
préférable, avant que nous débutions, que nous fassions
comme d'habitude et que chaque groupe présente les représentants
de son organisme, que chacun s'identifie et qu'ensuite nous procédions
successivement à la présentation initiale de chaque organisme.
D'abord, de gauche à droite.
M. Lavoie: Lavoie, Ghislain, président des comités
de parents de la fédération et des comités de parents de
la province de Québec, section 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'ai
à ma droite Mme Margot Thibault, trésorière au niveau de
l'exécutif régional, et M. Léonard Gagnon, premier
vice-président.
Le Président (M. Blouin): M. Boivin.
M. Boivin (Gérard): J'ai avec moi, de la
délégation de la région 03, à ma gauche, Mme
Monique Laforest, présidente du comité de parents de Charlesbourg
et secrétaire à l'exécutif de l'association, Mme France
Simon, présidente du comité de parents de La Pocatière et
première vice-présidente de l'association, et M. Robert
Castonguay, président du comité de parents de la Greater Quebec
School Board.
Mme Arcand-Beauchemin (Jacqueline):
Jacqueline-Arcand Beauchemin qui est présidente de la
Fédération des comités de parents, de la région
06c, de l'île de Montréal; à mon extrême gauche, vous
avez Mme Margot Fortin, trésorière de l'exécutif de la
section ainsi que M. Serge Savard, le secrétaire et auteur principal du
mémoire.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Je
présume que c'est d'abord l'Association des comités de parents de
la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean qui nous fera sa
présentation.
Association des comités de parents de la
région 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean
M. Lavoie: M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs membres de la commission parlementaire, avant de commencer,
j'aimerais vous présenter Mme Diane D. Girard qui est notre directeur -
et que j'ai oublié de vous présenter tantôt - qui nous
représente au niveau de la fédération provinciale. Vous
m'excuserez aussi si j'ai à tourner des feuilles ou à jouer un
peu dans mes papiers. On nous a demandé de raccourcir. Donc, je vais
raccourcir en quatre pages.
Dans le passé, les parents confiaient leur enfant à
l'école sans trop d'inquiétude. C'était leur école,
l'école du quartier. Après l'avoir fréquentée
eux-mêmes dans leur plus tendre jeunesse, ils s'y retrouvaient à
l'aise, ils la comprenaient et pouvaient y suivre sans trop de problèmes
leur enfant.
Au fil des ans, toutefois, est arrivée la révolution
tranquille; celle-ci a brisé à jamais cette belle
quiétude. L'école n'avait plus le choix, c'était trop
évident; elle se devait d'être ferme pour embarquer dans le
mouvement, et ceci, afin de justifier sa raison d'être qui est de
préparer les jeunes en fonction de leur avenir.
Les parents perdirent leur école. Aujourd'hui, on leur propose
une autre école. Les parents du Saguenay-Lac-Saint-Jean ne sont pas
indifférents à cette proposition de restructuration scolaire.
C'est pourquoi, afin de sensibiliser cette commission parlementaire à
leurs positions, ils ont jugé nécessaire de préparer ce
mémoire. Celui-ci comprend cinq volets: hier, aujourd'hui, demain,
recommandations et conclusion.
Hier. La réforme scolaire des années soixante avait pour
objectif de doter notre société d'un système
éducatif plus convenable en vue de dispenser des services décents
à l'intention de tous les enfants, et ce, dans l'optique d'accorder
à tous une chance égale. Cette transformation effarante amena
notamment avec elle des méthodes d'enseignement révolutionnaires
qui devaient plus adéquatement préparer l'enfant à prendre
la relève de façon responsable. Désemparés et
complètement démunis, les parents engagèrent une longue
lutte pour reprendre les droits qu'ils jugeaient avoir perdus ou, tout au
moins, qu'ils n'arrivaient plus à exercer.
Aujourd'hui. Avec l'adoption de la loi 27, les parents entendaient bien
occuper toute la place qui leur revenait de plein droit. Toutefois, en
utilisant leur droit de parole, les parents ont vite désenchanté
en constatant qu'il ne suffit pas que le droit de
s'exprimer s'inscrive dans une loi pour qu'ils puissent être
eux-mêmes écoutés. Tout dépend, en fait, du bon
vouloir des divers intervenants et surtout de ceux qui décident.
Pourtant, la famille constitue la base solide sur laquelle
s'édifie toute bonne société et l'école en est son
prolongement. Aussi, lorsque le pouvoir ne reconnaît que peu de droits
aux parents, il s'ensuit de grands malaises. En ne s'alimentant plus à
même ses propres racines et ne retrouvant plus ainsi ses origines,
l'école devient aride et meurt. Dans ce contexte, l'enfant devient
l'innocente victime de la désarticulation d'un contrat social de base et
il en subit les conséquences désastreuses. Ce système
d'éducation, qui s'était donné jadis comme grand objectif
d'accorder une chance égale à tous ne serait-il pas en train de
réaliser notre rêve éducateur à l'envers?
S'il est vrai que la famille n'est plus ce qu'elle était jadis,
il y a là une raison de plus pour que l'école y plonge plus
profondément ses racines car, en reniant ses propres origines,
l'école n'est plus en mesure de retrouver et, par conséquent, ne
retrouvera plus jamais sa raison d'être, l'enfant. On se doit d'admettre
cependant que certaines écoles déploient beaucoup
d'énergie pour améliorer la qualité de vie et font des
efforts très louables et très satisfaisants pour créer un
climat favorable à l'apprentissage. Ces écoles reconnaissent que,
lorsqu'elles associent les parents à leurs décisions
éducatives, cette façon d'agir apporte des résultats
encourageants et très significatifs. (16 h 45)
Demain. Forts de l'expérience acquise au cours de ces
dernières années de participation, les parents sont convaincus
que la compétence première qu'exige une saine administration de
la chose scolaire, c'est d'être avant tout parents d'un enfant
fréquentant l'école. Comment le pouvoir, qui essaie tant bien que
mal de prévenir l'éclatement de la structure scolaire en ignorant
l'apport indispensable des parents, pourra-t-il contenir encore longtemps
l'explosion atomique devenue de plus en plus évidente? Comment se
prendre en charge si, au départ, on ne tient pas compte des personnes
qui sont à la base de la société? En définitive, ce
que les parents réclament, ce n'est pas le pouvoir pour le pouvoir;
c'est de pouvoir prendre eux-mêmes les décisions susceptibles
d'améliorer la qualité de la vie à l'intérieur de
l'école de l'enfant et ce, de concert avec le personnel qui s'y
rattache. Ainsi, nous pourrons voir surgir progressivement le véritable
projet éducatif que les parents réclament depuis longtemps
déjà. Pour ce faire, les parents devront pouvoir compter sur
l'assistance de personnes-ressources de leur choix et sur des moyens financiers
appropriés qui leur permettront d'agir plus efficacement, tant au niveau
décisionnel que consultatif.
Il faut préciser ici que les parents veulent participer de
façon majoritaire aux deux paliers de décision, soit au conseil
d'école et à la commission scolaire. Les parents veulent aussi
que soit garantie dans la loi la structure consultative sur le modèle
que nous connaissons déjà et pour laquelle les parents ont tant
lutté. Cependant, il serait illogique que les parents aient à
débourser pour faire du bénévolat, car, faute d'avoir un
portefeuille bien garni, dans bien des milieux, l'éducation deviendra
l'affaire des seuls bien nantis.
Pour éviter la disparité des services offerts par chacune
des écoles, selon que celle-ci est petite ou grosse, il faudra que soit
garantie dans la loi l'équité des services pour que l'enfant
puisse bénéficier de chances égales tout au long de son
cheminement scolaire.
Recommandations. Les parents membres du comité d'école et
du comté de parents du Saguenay-Lac-Saint-Jean recommandent très
fortement que les principes suivants soient clairement définis dans
ladite loi: Que les parents soient majoritaires là où se prennent
les décisions; que chaque école soit représentée
à la commission scolaire; que soit maintenue obligatoirement la
structure consultative et qu'on assure son financement; que l'on assure
l'équité des services pour chacune des écoles et
l'équité de la représentation des
délégués des conseils d'école à la
commission scolaire.
En guise de conclusion, ce que nous avons voulu démontrer par le
présent mémoire, c'est la volonté des parents de
participer à une prise en charge véritable de l'éducation
de l'enfant. Cet enfant, ils en sont les premiers responsables. C'est pourquoi
les parents veulent influencer les orientations de l'école. La
fragilité et la faiblesse de l'enfant, lancé sans le support de
ses parents dans une société de plus en plus difficile et
exigeante, commandent aux parents de s'affirmer comme les défenseurs du
droit légitime de l'enfant à recevoir une éducation de
qualité et ce, dans le plus profond respect d'un être humain
à part entière, l'enfant.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M.
Lavoie. On va passer immédiatement à l'exposé de la
région 03, de M. Boivin, je crois.
Association des comités de parents de la
région 03, Québec
M. Boivin: Je remercie la commission de permettre à
l'Association des comités de parents de la région 03 d'être
entendue. Vous comprendrez que, compte tenu des circonstances, nous devrons
résumer le
document que vous avez en main et qui est inclus à
l'intérieur du document qui a été déposé ce
matin, de la page 98 à la page 127.
Je passerai donc rapidement sur l'introduction, qui allait
jusqu'à la page 103, pour simplement dire que l'Association des
comités de parents regroupe actuellement 54 comités de parents en
14 commissions scolaires régionales et 40 commissions scolaires locales.
Dans ces commissions scolaires, on retrouve 478 écoles, donc 478
comités d'école auxquels participent pas moins de 6000 parents,
pour une clientèle de 180 000 élèves et sur un territoire
de 45 000 kilomètres carrés. Ces commissions scolaires incluent
la Greater Québec School Board et l'Eastern Quebec School Board. Donc,
nous avons également un secteur anglophone appartenant à
l'association des comités de parents.
Quant aux assises de notre mémoire, je me contenterai de dire
qu'elles proviennent d'une large consultation que nous avons faite
auprès de nos comités de parents membres, une large consultation
qui s'est effectuée à travers des assemblées, à
travers des réflexions suscitées par des documents que nous avons
distribués à tous nos comités d'école, à
travers un colloque d'orientation et aussi à travers des avis et des
mémoires que nos comités de parents et nos comités
d'école ont envoyés à l'association. J'ai, à cet
effet, constitué une liste des comités de parents et des
comités d'école qui nous ont envoyé des mémoires ou
avis. Si la commission le permet, je crois qu'on pourrait vous distribuer une
copie de cette liste qui comprend environ soixante noms de comités de
parents et de comités d'écoles qui ont déposé
à l'association des avis ou des mémoires.
Le Président (M. Brouillet): Je dois vous dire que nous
avons récemment reçu...
M. Boivin: Vous avez reçu cette liste.
Le Président (M. Brouillet): ...copie de la liste.
Très bien.
M. Boivin: Donc, notre mémoire, on peut sans aucun doute
l'assurer, est assis sur une large consultation de nos membres.
Le mémoire est constitué en fait de quatre grandes
parties. Ce que nous avons voulu faire, c'est d'abord de préciser les
grands principes sur lesquels s'appuyait notre position pour, par la suite,
essayer de définir de quelle façon pourraient se partager les
pouvoirs et les responsabilités entre les différents niveaux
impliqués, c'est-à-dire l'école, la commission scolaire et
le ministère de l'Éducation.
Avant même de parler de qui doit exercer ces pouvoirs, il serait
bon de clarifier où ces pouvoirs et ces responsabilités devraient
être distribués, à quel niveau.
Par la suite, au chapitre III, nous essayons de voir à chacun de
ces niveaux quels intervenants du système devraient assumer ces pouvoirs
et ces responsabilités.
Et finalement, au chapitre IV, nous avons certaines questions
particulières que nous voulions soulever.
Au chapitre I, ce sont les principes. Malheureusement, je n'en ferai pas
l'énumération. Cela risque peut-être de handicaper la
rationalité du reste, mais, de toute façon, je n'en ferai pas
lecture, vous avez en main le document. Probablement que la majorité
d'entre vous ont eu l'occasion de voir les principes sur lesquels se fondent
nos positions.
J'en viens donc au chapitre II. Le partage des pouvoirs entre
l'école, la commission scolaire et le ministère de
l'Éducation.
J'en suis à la page 108, aux pouvoirs de l'école. Il
serait bon de préciser dès maintenant que nous sommes conscients
que la loi accorde de plein droit des pouvoirs à l'école.
Cependant, l'article 90 vient limiter l'exercice de ces pouvoirs et les situe
dans le domaine de la compétence des commissions scolaires. À
notre avis, l'école devant être le maître d'oeuvre en
matière de pédagogie et de vie éducative, elle doit
exercer de plein droit ces pouvoirs. Le projet de loi 40 devrait donc, à
ce niveau, prévoir le moins d'exceptions possible.
Rappelons-nous d'abord ce qu'affirme le livre blanc à ce sujet:
"L'école aura dorénavant le pouvoir de déterminer ses
orientations propres, d'élaborer, de mettre en oeuvre et
d'évaluer son projet éducatif." C'est l'essentiel de ce qu'on
demande au niveau de l'école. Dans ces pouvoirs attribués au
niveau de l'école, il y a en particulier l'application du régime
pédagogique.
L'article 94 donne clairement la responsabilité de l'application
du régime pédagogique à l'école et nous en sommes
fort satisfaits. Cependant, aux article 208 et 210, on remet à la
commission scolaire la responsabilité d'exempter un élève
dans certains cas d'une disposition du régime pédagogique et,
dans d'autres cas, de déroger aux exigences du régime
pédagogique pour délivrer une équivalence
d'études.
Nous comprenons mal que, d'une part, l'école soit responsable de
l'application du régime pédagogique et que, d'autre part, ce ne
soit pas elle, mais la commission scolaire qui applique des mesures
d'exception. Une correction de cette situation nous apparaît essentielle.
Et, à cet effet, nous faisons à la page 111, une proposition de
modification qui est encadrée à gauche, dans le texte.
En somme ce qu'on veut dire, c'est que, l'école étant
responsable de l'application
du régime pédagogique, si on lui reconnaît cette
compétence, elle devrait aussi à ce moment être responsable
des mesures d'exception. On prévoit dans ce cas, au niveau de la
commission scolaire, un droit d'appel de la décision de l'école
à ce sujet, et l'école devrait assumer jusqu'au bout
l'application du régime pédagogique, même dans les
exceptions.
Quant aux programmes d'études, le projet de loi déclare
l'école responsable de l'application de ces programmes d'études.
C'est un peu le même cas que pour les régimes pédagogiques.
Nous sommes parfaitement d'accord sauf que, encore une fois, les fonctions
attribuées à la commission scolaire par l'article 214 viennent
limiter cette responsabilité de l'école, donc une autre
limitation.
Nous comprenons que, par souci d'efficacité, le ministre
préfère s'adresser à cent vingt commissions scolaires
plutôt qu'à trois mille écoles. Cependant, tenant compte du
fait que l'école est responsable du régime pédagogique,
des programmes d'études et du choix des manuels scolaires, vu que
l'article 116 prévoit déjà la collaboration de
l'école à cette évaluation, nous croyons que, si la
commission scolaire y participe aussi, elle doit le faire après
consultation des écoles et non pas parallèlement aux
écoles, comme peut le laisser entrevoir le projet de loi 40.
Je vais passer rapidement sur différents autres
éléments des pouvoirs qu'on veut voir exercer par l'école
pour en venir à la question de l'évaluation des apprentissages de
l'élève, qui est pour nous une question fondamentale. Cela
concerne l'évaluation de ce que nos enfants font à
l'école.
Sur cette question de l'évaluation des apprentissages, nous
considérons que le projet de loi partage cette responsabilité
d'une façon très ambiguë entre l'école et la
commission scolaire. Nous constatons cette ambiguïté si nous
comparons les articles 113, dans le chapitre sur l'école, et 207, dans
le chapitre sur la commission scolaire. À la lecture de ces deux
articles, il est difficile de dire qui est vraiment responsable de
l'évaluation de l'apprentissage des élèves.
L'école, d'une part, établit les normes et les modalités
d'évaluation, mais, d'autre part, la commission scolaire peut aussi,
dans certains cas, établir un plan d'évaluation.
Alors qu'à l'article 113, il semble que l'école soit
responsable de toute l'évaluation, sans restriction, à l'article
207, on semble limiter cette responsabilité aux matières
où il y a épreuve unique. Nous proposons donc une modification du
projet de loi sur ce point, à savoir que le projet de loi, tout en
reconnaissant un rôle de surveillance, de coordination et de soutien
à la commission scolaire quant à l'évaluation des
apprentissages de l'élève, affirme sans équivoque la
responsabilité première de l'école sur cette question.
Pour ce qui est des autres pouvoirs que nous voulons voir accorder
à l'école, nous croyons que le projet de loi les prévoit
de façon satisfaisante. Nous aimerions toutefois faire certaines
remarques sur les articles concernant le directeur d'école. Ainsi,
à l'article 82, il est prévu un comité de sélection
composé majoritairement de membres du conseil d'école. Nous
croyons que, pour le choix du directeur d'école, la majorité des
parents, assurée au conseil d'école, devrait aussi être
garantie à ce comité de sélection, qui fait la
recommandation à la commission scolaire. L'article 82 devrait être
modifié en conséquence.
De plus, au deuxième paragraphe du même article, nous
croyons que le conseil d'école devrait être consulté quand
la commission scolaire désigne temporairement un directeur
d'école. De plus, il nous semble important de limiter dans le temps la
durée possible de cette désignation. On a déjà vu
des directeurs par intérim occuper le poste d'une façon presque
permanente. Nous proposons donc également une modification au
deuxième alinéa de l'article 82 pour que la commission scolaire
consulte les comités d'école et que le délai de nomination
par simple désignation soit d'un maximum de deux mois.
Les pouvoirs accordés à la commission scolaire. Pour nous,
qu'est-ce que c'est, une commission scolaire? C'est un palier politique local
essentiel pour assurer une véritable décentralisation du
ministère de l'Éducation vers les utilisateurs du système
scolaire. Elle a un rôle prépondérant dans l'administration
des écoles de son territoire et ce, dans le respect des
compétences de l'école. De plus, elle doit jouer un rôle de
soutien, de planification, de coordination des services éducatifs
offerts dans l'école. Elle aura donc les pouvoirs lui permettant
d'exercer ces rôles. Notamment, elle est l'employeur du personnel et
propriétaire des biens meubles et immeubles de son territoire. Elle
gère ces biens ainsi que les deniers publics provenant des subventions
de la taxe foncière.
Nous n'avons pas l'intention évidemment de nous étendre
longuement sur les pouvoirs que devrait avoir la commission scolaire. Nous
avons émis des principes, les organismes représentant des
commissions scolaires sauront certainement le faire. À notre avis, le
projet de loi leur donne les pouvoirs suffisants pour jouer le rôle qui
leur revient.
Nous aimerions toutefois insister sur un aspect qui nous semble
essentiel pour un fonctionnement harmonieux entre les écoles et la
commission scolaire. Nous voulons parler de la consultation que devrait le plus
possible faire la commission scolaire auprès des écoles. À
ce niveau, le projet de loi
nous apparaît ambigu, sinon passablement faible, en particulier
à l'article 212. Je vais le lire parce que cela est important qu'on voie
quel type de consultation offre la loi. (17 heures)
L'article 212 dit: "La commission scolaire adopte des mécanismes
de consultation des écoles sur les sujets qu'elle détermine en
collaboration avec les écoles. "Ces mécanismes entrent en vigueur
après leur approbation par la majorité des écoles de son
territoire."
Dans cet article, la commission scolaire n'est aucunement tenue de
consulter les écoles sur quelque sujet que ce soit, parce que ce sont
les sujets qu'elle détermine. Il lui suffit de refuser d'inscrire un
sujet pour s'éviter d'avoir à être consultée sur
celui-ci. Nous souhaiterions, d'une part, que des objets obligatoires de
consultation soient inscrits dans la loi et, d'autre part, que les
écoles soient nécessairement consultées sur tout sujet
lorsqu'une majorité d'entre elles le demande. Nous proposons donc une
modification à l'article 112 dans ce sens et nous
énumérons les sujets de consultation obligatoire que nous
voudrions voir imposer à la commission scolaire pour la consultation des
écoles. Finalement, nous voudrions voir s'ajouter un article qui dirait
que la commission scolaire doit consulter les écoles sur tout autre
sujet lorsqu'une majorité d'entre elles le demande.
En somme, pour conclure sur les pouvoirs de la commission scolaire, nous
croyons qu'elle devrait agir non pas comme le patron des écoles, mais
plutôt comme un organisme partenaire qui collabore avec les écoles
de son territoire. Pour cela, elle doit accepter l'école en tant que
responsable des services éducatifs offerts aux élèves et
mettre à sa disposition les ressources nécessaires tout en
s'assurant d'une utilisation adéquate de ces ressources.
Pour terminer sur la question des pouvoirs, à savoir où
ils devraient se situer, il y a la question du ministère de
l'Éducation. Brièvement, pour nous, le ministère de
l'Éducation est responsable de voir à un encadrement global,
à une orientation générale du système et de
l'éducation offerte dans les écoles. Cependant, cette
réglementation - je suis au bas de la page 116 - doit provenir d'une
consultation véritable et la plus large possible des agents
concernés par l'éducation. De cette façon, les
règlements répondront aux besoins exprimés par ces agents
plutôt qu'aux impératifs de la politique et des politiciens.
Au chapitre III, nous voyons maintenant qui, dans chacun de ces trois
niveaux - mais nous allons parler particulièrement de l'école et
de la commission scolaire - devrait intervenir et exercer ces
responsabilités et ces pouvoirs. Nous avons d'abord - et pour la
compréhension du reste, je pense qu'il est important de le voir -
déterminé trois modes d'intervention, trois modes d'exercer des
responsabilités. Il y a le pouvoir de décider, ce qui implique,
dans le cas d'un groupe, une majorité et un droit de vote; le pouvoir
d'influencer, ce qui implique une présence aux discussions avant les
décisions, donc une présence significative et,
éventuellement, un droit de vote, mais minoritaire. Le troisième
mode d'intervention, c'est le droit d'être consulté. Dans ce cas,
il n'y a ni droit de vote, ni participation aux discussions préalables
aux décisions, mais simplement un avis envoyé aux
décideurs. Évidemment, l'avis aura plus ou moins de force selon
la force politique de la personne ou du groupe consulté.
J'aimerais dire, pour terminer cette partie, que les parents,
jusqu'à maintenant, ont exercé strictement le troisième
mode, c'est-à-dire celui d'être consultés, et un peu le
deuxième, celui d'influencer les décisions, mais avec une
personne à un conseil des commissaires qui en comporte quinze ou
vingt.
Où devraient se situer les parents, les enseignants et les
commissaires élus à l'intérieur de l'école et de la
commission scolaire?
En ce qui concerne les parents, nous avons dit plus haut que les parents
sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants. À
ce titre, ils doivent participer à toutes les décisions
concernant leur éducation; tout d'abord, à l'école, lieu
où se vivent la pédagogie et l'éducation. Au niveau de
l'école, nous sommes d'avis que les parents doivent avoir le pouvoir de
décision, c'est-à-dire avoir un droit de vote majoritaire, ce que
d'ailleurs leur accorde le projet de loi. Cependant, encore faut-il que les
décisions prises à l'école soient déterminantes sur
la vie pédagogique et éducative de l'école.
Mais il y a aussi la commission scolaire qui a des pouvoirs très
importants, pouvoirs qui ont une incidence directe sur l'école et sur
l'éducation de nos enfants. Les parents doivent donc participer aux
décisions à la commission scolaire, cela les concerne. Or, le
projet de loi ne prévoit aucune place pour les parents à la
commission scolaire. Nous ne pouvons accepter cette exclusion. Les parents ont
un rôle à jouer à ce niveau. Ils ont à y
présenter et à y défendre le point de vue éducatif,
ils ont à y défendre les intérêts des principaux
usagers du système scolaire, leurs enfants.
Certains diront, et cela s'est dit, que le commissaire très
souvent est lui-même un parent et qu'il peut défendre ces aspects.
Nous répondrons plus loin à cette objection. Pour notre part,
nous maintenons que les parents doivent avoir une présence significative
à la commission scolaire de
façon à avoir, au minimum, un pouvoir d'influence sur les
décisions qui s'y prennent. Cela signifie que la présence des
parents au conseil d'administration de la commission scolaire et à
l'exécutif pourrait être majoritaire, mais qu'elle doit être
au minimum égale à celle des commissaires élus au suffrage
universel.
En ce qui concerne les enseignants, nous considérons que ceux-ci,
à cause de leur compétence, sont les principaux concernés
par la pédagogie et, par leur place auprès de l'enfant, les
premiers partenaires des parents pour l'éducation de l'enfant dans
l'école. Ils doivent donc, à l'école, participer aux
décisions et avoir un pouvoir d'influence certain sur ces
décisions. Une présence significative des enseignants au conseil
d'école nous apparaît donc essentielle.
Auprès de la commission scolaire, les enseignants ont aussi un
rôle à jouer. Ils ont un râle de consultants concernant la
pédagogie parce que ce sont les professionnels de la pédagogie au
niveau de la commission scolaire. Donc, les enseignants devraient être
consultés sur les points de vue pédagogiques dans les commissions
scolaires. Cela pourrait se faire - c'est une suggestion que nous faisons - par
exemple, grâce à une sorte de commission pédagogique
composée d'enseignants délégués par les
écoles du territoire qui siégerait au niveau de la commission
scolaire. Cette commission pédagogique pourrait, en plus de donner des
avis sur les questions pédagogiques, jouer un certain rôle de
recherche pour le développement de la pédagogie au niveau de la
commission scolaire. À ce moment-là, les enseignants
participeraient vraiment à tout le processus éducatif au niveau
de l'école et de la commission scolaire.
De plus, concernant les commissaires élus, nous avons admis dans
les principes qu'il doit y avoir des commissaires élus au suffrage
universel pour administrer les deniers publics. Mais nous disons que le
commissaire élu au suffrage universel a avant tout un rôle
administratif à jouer. Sa préoccupation première - et
l'expérience nous le démontre largement - c'est la saine
administration des deniers publics, qu'ils proviennent de subventions ou de la
taxe foncière. Quand il prend une décision, c'est cet aspect
administratif qui domine, avec raison d'ailleurs, car c'est d'abord de cette
question qu'il aura à répondre devant ses électeurs.
Nous trouvons dans ce fait même la réponse à
l'objection soulevée tout à l'heure: le commissaire, même
parent, peut représenter les parents. En fait, nous disons que le
commissaire, même parent, doit se préoccuper d'abord de l'aspect
administratif et cela détermine presque nécessairement le point
de vue avec lequel il aborde les décisions à prendre, ce qui
n'est pas le cas du parent qui se ramasse à la commission scolaire.
À ce moment-là, c'est différent, il y a le point de vue
éducatif à défendre. Les exemples démontrant cette
situation ne manquent pas et j'espère avoir l'occasion d'en donner. Le
parent, quant à lui, aborde les problèmes du point de vue
éducatif, d'abord parce que c'est la raison même de sa
présence et parce que c'est de cela qu'il doit d'abord répondre
à ceux qu'ils l'ont délégué.
Je vais lire le dernier paragraphe de la page 121, et la conclusion sur
ce chapitre. En terminant ce chapitre sur l'exercice des pouvoirs, nous tenons
à préciser que, quant à nous, ces pouvoirs ou droits ne
devraient pas s'exercer d'une façon hiérarchique et directive.
Nous croyons au contraire que c'est à travers une véritable
concertation entre les différents agents impliqués que les
décisions à l'école et à la commission scolaire
devraient se prendre. Cette concertation est en fait la meilleure garantie
pour, d'une part, éviter les luttes de pouvoir et, d'autre part, pour
résoudre les problèmes dans le respect de tous et surtout dans
l'intérêt d'une meilleure éducation offerte à nos
enfants. Les commissions scolaires qui pratiquent cette concertation,
même dans le système actuel - il y en a quelques-unes
-au-delà des prescriptions limitées de la loi, peuvent facilement
le démontrer.
Au niveau des questions particulières, au chapitre IV, j'aimerais
attirer l'attention de la commission sur le problème de la
gratuité scolaire qui, pour nous, est fondamentalement un
problème d'accessibilité à l'école. Une
étude que nous avons faite à l'association des comités de
parents sur les coûts imposés aux parents par le système
scolaire et une étude faite par le Centre des services sociaux de la
région 03 sur les difficultés économiques d'une
catégorie d'élèves démontrent très
clairement que le problème de la gratuité scolaire en est un
d'accessibilité à l'école.
Dans ce sens, le projet de loi 40 a apporté une
amélioration sensible à la loi actuelle concernant les frais qui
peuvent être imposés aux parents, entre autres les cahiers
scolaires et le matériel didactique. Cependant, en changeant dans la loi
le terme "cahiers" ou "cahiers-manuels" par "documents", on ouvre toute grande
une porte qui, jusqu'à maintenant, était fermée, qu'on a
essayé d'entrouvrir à quelques occasions et que nous avons
réussi à refermer. C'est la porte des photocopies. Quand on
écrit dans la loi qu'il y a seulement les cahiers-manuels qui peuvent
être facturés, c'est facilement démontrable qu'il faut que
ce soit un document officiel édité et que n'importe quelle
polycopie ou photocopie qu'un enseignant ou une commission scolaire distribue
ne peut être facturée aux parents. Quand on met
"documents" au lieu de "cahiers-manuels", on ouvre la porte toute grande
à faire assumer aux parents n'importe quelle production locale ou
régionale, en termes pédagogiques, qu'on veut imposer aux
élèves. Nous demandons donc, d'une façon très
virulente, de maintenir dans le projet de loi le terme "cahiers" ou
"cahiers-manuels".
Je terminerai en disant que cela est à la condition,
évidemment, que le gouvernement n'accepte pas d'enlever carrément
cette partie de la loi, comme nous le demandons collectivement, nous, les
parents, au niveau de la fédération et de l'ensemble des
régions.
Le deuxième aspect de la gratuité scolaire est celui du
transport du midi. Pour nous, c'est une source d'inéquité
importante. Quand, par un arrêté en conseil, le gouvernement a
permis en 1981 aux commissions scolaires de facturer le transport du midi aux
parents qui l'utilisent et quand on retrouve cette permission dans le projet de
loi 40, nous ne pouvons que dire notre désaccord par rapport à
cette proposition.
Facturer le transport du midi veut dire sélectionner une partie
de la clientèle à qui, parce qu'elle demeure plus loin de
l'école ou parce que, au niveau secondaire, par exemple, l'enfant doit
aller à telle polyvalente, parce que c'est là que se donne son
choix d'options plutôt qu'à celle d'à côté, il
en coûtera plus cher d'aller à l'école. Pour les autres, il
n'en coûte pas plus cher. Imaginez la situation dans un milieu rural, et
j'en suis. Ceux du village ne paient pas et ceux des rangs paient. Donc, pour
nous, le fait de facturer le transport du midi est source d'une injustice
sociale flagrante et nous sommes totalement contre cette mesure.
Par contre, nous proposons que la commission scolaire offre
obligatoirement et gratuitement, le midi, soit des disponibilités
à l'école pour que les enfants y mangent, c'est-à-dire une
surveillance, etc., soit le transport, mais qu'on ne fasse pas de
discrimination sur la distance ou sur les choix d'options ou sur toute autre
question de cet ordre. (17 h 15)
II me reste la question des minorités confessionnelles et la
question de l'article 229. Je vais d'abord parler de l'article 229; je ne
parlerai pas de la question du territoire de Québec et de
Montréal, parce que ces deux comités de parents vont être
entendus. Je ne dirai que ceci: l'association des comités de parents
appuie la position de la CECQ à ce niveau.
La question de l'article 229. C'est un article qui permet à la
commission scolaire, à la demande d'une école, de
transférer en cours d'année un membre du personnel. Cela nous
apparaît relever beaucoup plus d'une convention collective que d'une loi
sur l'enseignement primaire et secondaire. Plusieurs raisons nous
amènent à refuser cet article dans sa forme actuelle. Lors de
consultations et de discussions avec les parents de la région, ceux-ci
nous ont maintes fois affirmé qu'ils ne voulaient pas être les
patrons du personnel de l'école. L'employeur, c'est la commission
scolaire. Les conditions de travail relèvent des conventions collectives
et la direction du personnel relève du directeur de l'école. Le
transfert forcé d'un enseignant ou d'un autre membre du personnel de
l'école en cours d'année causerait des problèmes bien
supérieurs à ceux que l'on pourrait éliminer par ce
transfert.
Nous disons qu'il est toujours possible et il serait sûrement
souhaitable de demander plutôt une affectation différente pour
l'année suivante, lors de la préparation du plan d'effectifs.
À cette fin, nous demandons d'ajouter à l'article 229 les mots
"pourvu qu'il y consente", ce qui implique qu'il pourrait y avoir transfert, si
la personne concernée y consent, ce qui évite à ce
moment-là des déchirements. Si elle n'y consent pas, on attend la
fin de l'année et on demande une affectation différente.
Quant à la question des minorités confessionnelles, M.
Castonguay pourra y répondre plus à fond, si vous avez des
questions à ce sujet. Il s'agit ici du problème très
particulier des écoles dont la confessionnalité ne correspond pas
à celle de la majorité linguistique des futures commissions
scolaires. C'est le cas des anglophones catholiques et des francophones
protestants. Actuellement, ces écoles sont rattachées à
une commission scolaire en fonction de la confessionnalité. Par exemple,
les franco-protestants sont à la Greater ou à la Eastern. De
plus, la clientèle de ces écoles provient très souvent de
territoires autres que celui où est située l'école.
Les questions que pose le projet de loi pour ces élèves et
leurs parents sont les suivantes: Pourront-ils garder leurs écoles
confesssionnelles telles qu'elles sont actuellement? À quelle commission
scolaire ces écoles seront-elles rattachées? Les parents
pourront-ils voter à cette école et être membres du
conseil, même s'ils ne sont pas du territoire de l'école ou de la
commission scolaire où se situe l'école? Le gouvernement va-t-il
maintenir l'aide matérielle et financière entre autres pour le
transport, pour ces écoles?
L'association des comités de parents de la région 03
appuie et transmet à cette commission les demandes que formulent ces
groupes minoritaires et que vous retrouvez encadrées à gauche du
texte.
En conclusion, nous souhaitons une réforme, mais une
réforme qui permette à chaque intervenant de jouer pleinement son
rôle à l'école et à la commission scolaire.
Les rôles de chacun sont complémentaires et ils doivent
s'exercer dans le cadre d'une concertation où les groupes se respectent
mutuellement. À l'école, parents, enseignants et directeurs
doivent se compléter; à la commission scolaire, parents,
commissaires et personnel administratif doivent également intervenir en
complément les uns des autres. Donc, une réforme scolaire sera
acceptable pour nous si elle permet et favorise une telle concertation. Le
projet de loi 40 doit être modifié pour s'ouvrir sur une telle
réforme.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Boivin. Maintenant, le
troisième groupe qui est à la table est l'Association des
comités de parents de l'île de Montréal, la région
06c. Mme Beauchemin.
Association des comités de parents de la
région 06, île de Montréal
Mme Arcand-Beauchemin: Je voudrais d'abord remercier cette
commission parlementaire de bien vouloir entendre l'opinion des parents de la
région montréalaise. Compte tenu de l'aspect particulier du
mémoire, je m'en tiendrai au texte, qui est relativement court, si la
commission le permet.
M. le Président, M. le ministre, mesdames et messieurs les
députés, ce mémoire a pour objet d'expliquer pourquoi la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal se sent obligée d'intervenir à ce moment-ci dans
le débat sur l'enseignement primaire et secondaire public. Nous sommes
très conscients que l'actuel projet de loi n'a de
précédent, en termes de portée et d'importance, que cette
loi qui fut déposée en 1963 sous le vocable de bill 60. Depuis
lors, notre système d'éducation fut régi entre autres par
la Loi sur l'instruction publique.
Bien entendu, nous comprenons que le projet de loi comporte une nouvelle
optique du type de société dans laquelle nous nous situons.
Cependant, ce ne sont pas tous les parents qui se perçoivent dans cette
optique; il y a même des membres de cette fédération qui ne
désirent pas cette sorte de réforme. En conséquence,
ceux-ci désirent le retrait de ce projet de loi. Par contre, pour ceux
qui partagent cette optique, nous formulons le présent avis.
Nous comprenons que le ministre a profité - et nous l'en
remercions - des différentes consultations qui ont suivi le
dépôt du livre vert ainsi que celui du livre blanc. Nous
constatons que les exposés du livre orange ont aussi été
retenus pour fins de législation.
La fédération acquiesce aux principes directeurs que
propose cette loi. Cependant, nous croyons que le ministre n'a pas
poussé jusqu'au bout la réforme qu'il a amorcée et que
nous risquons de nous retrouver face à une dichotomie.
Nous allons donc vous faire valoir un certain nombre de
considérations dans le but de vous sensibiliser au besoin de rendre plus
cohérent ce projet de loi, en adhérant d'abord et sans
réserve à l'énoncé de base, c'est-à-dire que
l'école devienne le foyer et la source même de notre
système d'éducation. Le ministre semblait avoir bien compris que
les parents, en matière d'éducation, voulaient davantage
être des participants et non pas seulement constituer une structure
consultative. Vous comprendrez très facilement que la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal, après consultation des parents, ne peut tenir sous
silence que le projet de loi a pour effet non pas de donner plus de pouvoirs
aux parents, comme ils en ont manifesté le désir dans les
différentes consultations, mais tend plutôt à les confiner
à l'école, où une plus grande participation les
attend.
Les parents ne refusent pas de participer au niveau de l'école,
mais ils refusent de ne participer qu'au seul niveau de l'école. Lorsque
le ministre propose de remettre le réseau scolaire aux parents, il
n'entend certainement pas par "réseau" l'ensemble des écoles sans
leur commission scolaire et pour nous, à Montréal, sans la
structure de regroupement des commissions scolaires. Nous comprenons bien que
le voeu du ministre est de retrouver la participation parentale à tous
les échelons du réseau scolaire. En conséquence, nous
faisons quelques recommandations afin d'aider le ministre à atteindre
ces objectifs.
Il semble bien qu'au cours de la rédaction du projet de loi, il
s'est trouvé un grain de sable pour s'introduire dans une
mécanique aussi sophistiquée que celle de l'appareil du
système d'éducation. Nous croyons que le ministre s'était
bien engagé en proposant des conseils d'école où la
participation parentale aurait été assurément majoritaire.
Nous constatons que le ministre change le statut originel du commissaire
d'écoles. Nous rappelons au ministre qu'il est souhaitable et que nous
avons tous comme objectif de faire de l'école un milieu communautaire,
un milieu responsable, un milieu de vie où, en quelque sorte, parents,
enfants, direction, personnel non enseignant et éducateurs forment
ensemble leur société.
Il est très louable de retrouver par la suite, à la
commission scolaire, un commissaire provenant de chacune de ces écoles.
Cependant, la proposition du projet de loi est tout autre; elle fait intervenir
des étrangers à l'école. En d'autres termes, nous
pourrions parler d'un processus électoral qui a pour effet
d'élire, à grands risques, des parachutés dans
l'école. Il est fort étonnant que le ministre renie, en quelques
articles, le grand principe directeur de la réforme
proposée et, nous pourrions dire, relativement
souhaitée.
Nous comprenons que cette aberration a pour source la
préservation du vote universel. Nous ne sommes pas sans nous rappeler
toute la démagogie qui fut déployée relativement à
la sauvegarde du vote universel. Cependant, nous ne croyons pas qu'un
procédé légitime soit destiné à faire
échec à un principe tout aussi légitime, soit celui que
l'école doit appartenir aux parents des élèves, aux
différents intervenants directs de l'éducation et que c'est
à eux, tous ensemble, qu'il revient de donner le ton, la forme et
l'orientation de l'école.
Nous croyons que, tout au plus, le seul intervenant étranger
pouvant intervenir à l'école serait le ministre de
l'Éducation car, par lui, c'est la société
québécoise qui interviendrait. Nous ne croyons pas que la
société intervienne adéquatement en se partageant un vote
universel au niveau de l'élection du commissaire d'écoles. Nous
pensons plutôt que la société enraie une démarche
qui pourrait être entreprise et menée à bien par les
parents et qui risque, à toutes fins utiles, de désorganiser et
de déséquilibrer un pouvoir qui, dans les tout débuts,
demeurera relativement précaire. Ce qui est fort surprenant, c'est qu'on
fasse confiance aux parents pour élire la majorité du conseil
d'école, lequel conseil d'école, dit-on, prendra les principales
décisions, et qu'on ne fasse plus confiance à ces mêmes
parents pour ce qui concerne la désignation du représentant de
leur école au niveau de la commission scolaire.
Nous comprenons que le ministre, peut-être davantage ses
conseillers et sûrement son équipe, se soient empressés de
trouver une place au maintien du vote universel. Nous croyons
sincèrement, ou nous voulons croire, que c'est seulement la
précipitation qui a introduit une telle coquille dans le projet de loi.
Nous aussi, nous sommes favorables au maintien du vote universel. Nous
souhaitons vivement la double légitimité, soit celle des parents
comme commissaires d'écoles et celle des citoyens comme commissaires de
la communauté. "No taxation without representation." Nous sommes
convaincus qu'il est légitime que toute la société se
prononce au cours d'une élection pour élire sa
représentation. Cependant, nous ne croyons pas que cette
représentation doive être disproportionnée par rapport
à l'imposition qui la justifie. Retenons l'hypothèse où la
taxation scolaire ne va pas au-delà de 6%. Nous supposons que
l'impôt foncier pourrait permettre une représentation
proportionnelle à sa valeur, c'est-à-dire que l'ensemble de la
population, par l'impôt foncier, serait appelée à
élire environ 6% des sièges à la commission scolaire;
ainsi, environ trois sièges seraient comblés par le suffrage
universel. Ces sièges s'ajouteraient aux sièges occupés
par les commissaires d'écoles élus parmi les parents au niveau de
leur école respective.
Par ce mécanisme, nous nous assurons que les parents,
majoritaires dans leur conseil d'école, délégueront l'un
d'eux à la commission scolaire et que les commissions scolaires seront
ainsi prioritairement composées de parents. Sans l'intervention de cette
commission parlementaire, nous prétendons que le projet de loi, s'il est
adopté dans sa forme actuelle, propose à la population quelque
chose qui serait inacceptable, c'est-à-dire que les parents s'impliquent
au niveau de leur école avec plus de pouvoirs et, nous comprenons bien,
aussi avec plus de responsabilités, mais qu'ils n'ont plus aucun
pouvoir, ni aucune représentation garantie hors de leur école.
Or, les parents, bien que n'ayant actuellement qu'un rôle consultatif,
ont quand même des structures de comité d'école et de
comité de parents et on sait que ce dernier comité peut
intervenir auprès de la commission scolaire.
Il est impensable que les parents acceptent de ne plus intervenir au
niveau de la commission scolaire et de se confiner, malgré qu'ils aient
des pouvoirs additionnels, au seul niveau de l'école. Par contre, la
proposition que nous faisons est pour permettre de restructurer la commission
scolaire en fonction d'une participation plus grande des parents sans
aliéner la participation du citoyen ni en abuser. Si le ministre veut
réaliser ce projet de "rendre le réseau scolaire aux parents", il
doit rendre aux parents plus que l'école; il doit aussi les faire
accéder à la commission scolaire dans la proportion
souhaitée par ces derniers.
En ce qui a trait au Conseil scolaire de l'île de Montréal,
organisme particulier à la région montréalaise, la
fédération des comités de parents vous informe que la
restructuration proposée à ce niveau est en partie
agréable aux parents qu'elle représente. Cependant, quand on nous
annonce qu'un nouvel organisme sera mis sur pied et que ce dernier ne se verra
attribuer qu'une partie des pouvoirs dont jouissait le conseil scolaire, nous
en sommes particulièrement étonnés. La
fédération croit que ce nouveau conseil devrait exercer toutes
les fonctions qu'exerçait dans le passé le Conseil scolaire de
l'île de Montréal et qu'il devrait bénéficier de
toutes les ressources dont le présent conseil dispose.
Le ministre devrait toujours s'en tenir au même principe: rendre
le réseau scolaire aux parents, en spécifiant que,
dorénavant, le conseil scolaire serait composé principalement de
parents de l'île de Montréal. Ainsi, alors que nous modifions les
commissions scolaires en les rendant fondamentalement plus parentales, nous
croyons qu'il est bien que le conseil soit
composé de représentants-parents de ces commissions
scolaires. Nous ne croyons pas acceptable que chaque commission scolaire ne
soit représentée que par un seul délégué;
nous proposons que chaque commission scolaire de l'île
bénéficie de deux sièges au conseil scolaire ou au futur
organisme qui lui succédera. La différence marquante est donc
l'arrivée au pouvoir des parents au Conseil scolaire de l'île de
Montréal, si nous pouvons nous exprimer ainsi.
Avant de terminer, nous vous transmettons l'inquiétude
générale manifestée par nos comités de parents en
regard de ce qui a été prévu relativement à la
composition des comités et de la commission de mise en oeuvre,
particulièrement, ceux des communautés anglo-catholique et
franco-protestante du Grand Montréal. Ces communautés
s'inquiètent du peu de garanties qu'elles ont d'être
présentes et participantes à la mise sur pied des nouvelles
commissions scolaires, d'autant plus que ce sont les clientèles de ces
dernières qui seront principalement affectées par cette
restructuration. (17 h 30)
II nous apparaît impropre et injustifié que la
représentation, au niveau des comités de mise en oeuvre, soit
conditionnée à un minimum de 10% d'étudiants
orientés vers une école nouvelle ou une commission scolaire
linguistique nouvelle. Nous suggérons que, dans les cas où le
pourcentage est supérieur à 35%, la représentation soit
augmentée. Si ce pourcentage est inférieur à 35%, nous
suggérons qu'un représentant soit tout de même
présent au comité de mise en oeuvre de la nouvelle commission
scolaire linguistique.
Nous signalons que nous avons porté un intérêt
marqué à la confessionnalité des commissions scolaires
chez les anglophones de notre région. Ainsi, les anglo-catholiques
exigent des garanties confessionnelles pour les commissions scolaires
anglaises. Chez les anglo-protestants, les idées sont partagées
entre les tenants de commissions scolaires anglaises protestantes, de
commissions scolaires anglaises protestantes et catholiques et de commissions
scolaires protestantes qui souhaitent pouvoir fonctionner en anglais avec des
aménagements à la Charte de la langue française.
On signale que la bonne entente existe dans le milieu protestant du fait
que déjà les parents occupent une place de choix au sein du
conseil des commissaires d'écoles. Enfin, ces comités font valoir
leur attachement à leur commission scolaire actuelle. S'iden-tifiant
davantage à cette structure, on souhaite que la loi permette au conseil
d'école de déléguer tous ses pouvoirs à la
commission scolaire chez les anglo-catholiques. Chez les anglo-protestants, on
souhaite que la commission scolaire puisse continuer à
déléguer les pouvoirs qu'elle désire aux comités
d'école comme il est prévu dans la Loi sur l'instruction
publique, en ce qui concerne les directeurs généraux et les
secrétaires des commissions scolaires.
Relativement au découpage de la carte des commissions scolaires,
certains anglophones manifestent une préférence pour deux
commissions scolaires anglaises tandis que, chez les autres, on souhaite le
maintien de toutes les commissions scolaires existantes. Un comité a
exprimé son intérêt pour des écoles à double
statut confessionnel et un comité envisage l'existence d'écoles
catholiques, d'écoles protestantes et d'écoles pratiquant la
neutralité confessionnelle. La fédération, sur ces
questions, n'entend pas servir de catalyseur afin que ces comités
trouvent un consensus entre eux.
Nous aimerions faire une brève mise en garde. La
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal a consacré beaucoup d'énergie afin de
présenter à cette commission un mémoire des plus
objectifs. Nous avons fourni les efforts exceptionnels qui étaient
nécessaires afin d'obtenir le plus large consensus possible, sur
l'île de Montréal, sur les sujets qui nous concernent en tant que
fédération. Sur de nombreux points du projet de loi, nous ne nous
exprimons pas, sachant que certains des comités régionaux de
parents membres de notre fédération feront des
représentations à cette commission parlementaire. Nous
espérons que ces comités feront valoir à cette commission
leurs préoccupations particulières. C'est pourquoi la
Fédération des comités de parents de l'île de
Montréal s'est attardée ici seulement sur des sujets
d'intérêt général.
En conclusion, nous rappelons au ministre le sort qui fut
réservé au bill 60, auquel nous faisions référence
au début du texte. Le ministre avait présenté ce projet de
loi avec fracas. Beaucoup de promesses accompagnaient ce projet de loi. On
parlait, à cette époque, d'une restructuration scolaire. La
grande réforme, disait-on Beaucoup de gens furent mobilisés,
mais, à un moment donné, vers la fin de décembre, le
gouvernement retirait ce projet de loi pour en présenter un tout autre
qui satisfaisait non pas la population, mais un certain lobby. Nous
espérons que le ministre a bel et bien l'intention de mener le projet de
loi 40 jusqu'à son adoption. C'est parce que nous croyons que le
ministre a réellement l'intention de l'améliorer et de le faire
adopter que nous sommes venus présenter les modifications qui
apparaissent nécessaires afin de le rendre plus cohérent. Si nous
n'avions pas foi en cette ultime consultation, nous ne nous serions pas crus
obligés de contribuer à la réalisation de ce qui,
jusqu'à maintenant, nous est apparu comme une intention très
louable du
ministre, soit celle de rendre le réseau scolaire aux parents et
à ses usagers. Il ne reste plus maintenant qu'à joindre la parole
aux actes, M. le ministre, et, comme disait le sage: "Res, non verba".
Le Président (M. Brouillet): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Laurin: Comme pour le mémoire de la
fédération des comités de parents qui regroupe vos
associations, j'ai lu avec un vif intérêt et écouté
avec non moins d'intérêt les mémoires que vos trois
fédérations régionales viennent de nous
présenter.
Je remercie en particulier la fédération du
Saguenay-Lac-Saint-Jean pour le long et vibrant plaidoyer en faveur de la
volonté et de la capacité des parents de participer à une
prise en charge véritable de l'éducation de l'enfant dont ils
sont les premiers responsables.
Je remercie aussi la fédération de la région 03
pour l'exposé fouillé et articulé qu'elle nous a
présenté, particulièrement en ce qui concerne les
principes qui fondent leurs recommandations et dont ils tirent d'ailleurs des
recommandations très précises. Je les remercie également
pour l'exposé qu'ils font sur la répartition des pouvoirs, sur
l'exercice des pouvoirs, ainsi que sur l'examen de quelques problèmes
particuliers. Je reviendrai sur les points généraux un peu plus
tard.
M. Boivin, je voulais tout de même vous dire que j'ai accueilli
avec beaucoup d'intérêt vos précisions sur certains
articles dont, en particulier, celui qui touche la gratuité des
documents et nous allons sûrement revoir cet article à la
lumière de vos considérations, de même que vos
considérations, également, sur le transport du midi en
comparaison avec les repas qui sont offerts sur les lieux mêmes de
l'école. Là aussi, je crois qu'il y a lieu d'approfondir le
problème.
Je voudrais aussi remercier la fédération de la
région de Montréal pour son mémoire, reconnaissant que ces
gens n'étaient pas dans une situation facile et qu'ils nous en ont fait
part. Je les remercie pour leur volonté de garder un caractère
objectif à leurs remarques et je les remercie d'une façon toute
particulière pour leur discussion de ce concept si ardu et si
délicat du suffrage universel.
Je voudrais tout de suite passer aux questions. J'en aurais un certain
nombre à poser à tout le monde. J'essaierai d'être bref, M.
le Président.
J'aimerais demander à M. Lavoie pourquoi sa
fédération régionale estime important que chaque
école soit représentée au niveau du conseil des
commissaires.
À M. Boivin, je voudrais poser trois questions: Comment
justifie-t-il que le projet de loi - et il est d'accord avec nous sur cela
veuille transférer la partie la plus importante des
responsabilités pédagogiques au niveau de l'école? Comment
justifie-t-il -je pense que, là aussi, il est d'accord avec nous - que
le projet de loi formule que, au conseil d'école, les parents doivent
être majoritaires? Est-ce qu'il trouve, au-delà des amendements
qu'il nous suggère, que la répartition des pouvoirs ou
responsabilités entre l'école, la commission scolaire et le MEQ
est convenable, c'est-à-dire qu'elle colle à la
réalité ou qu'elle colle plutôt à la conception que
l'on doit se faire de l'éducation?
J'en profiterais peut-être pour poser à M. Castonguay,
à titre de représentant de la minorité anglophone de
Québec, les mêmes questions, en même temps que lui demander
de préciser peut-être davantage la position que M. Boivin a
sommairement exposée quant à la situation des anglo-catholiques
et des franco-protestants dans le cadre futur de la loi 40.
À la fédération de la région de
Montréal, j'aimerais poser une seule question. Ces personnes nous font
une recommandation drastique: Que la population n'élise que 6% des
commissaires au suffrage universel pour qu'ils siègent à la
commission scolaire. J'aimerais qu'elles expliquent davantage les fondements
sur lesquels elles font reposer cette recommandation. Est-ce que c'est dû
uniquement, comme je l'ai compris, au fait que maintenant les citoyens ne
contribuent plus que 6%, au moyen de l'impôt foncier, aux frais de la
commission scolaire, le reste, les 94%, étant assumé à
même la taxation générale perçue par le
gouvernement? Ou, est-ce que cela est dû à d'autres raisons, par
exemple, le fait que, lorsque quelqu'un se présente comme commissaire,
même s'il est parent, ce n'est pas à titre de parent qu'il est
élu comme commissaire, mais surtout à titre de contribuable?
C'est une hypothèse que je formule. Ou, est-ce que ce serait parce que,
même si, comme on l'a dit, toute la société doit être
présente à l'élaboration des orientations ou au
fonctionnement d'une école, le rôle particulier des parents, en
tant que responsables, au premier chef, de l'enfant qui fréquente
l'école, leur paraît être plus important que les principes
traditionnels sur lesquels se basait le suffrage universel,
particulièrement au titre de l'impôt foncier?
Le Président (M. Blouin): Je demande à nos
invités de ne pas reprendre, évidemment, ce qu'ils ont
déjà dit au cours de leur présentation, mais d'ajouter des
éléments supplémentaires qui pouront éclairer les
membres de la commission. D'abord, M. Lavoie.
M. Lavoie: M. le ministre, si chaque
milieu-école veut être représenté au niveau
de la commission scolaire, c'est que chaque milieu-école croit au projet
éducatif et veut se donner une couleur locale. C'est d'autant plus vrai,
au niveau de la région que, bien souvent, il y a une école par
ville ou village, excepté à Chicoutimi ou Jonquière et
dans ces coins-là, mais il reste que, règle
générale, c'est presque une école par village. Il y a donc
une différence entre une école ou l'autre.
Au niveau de la confessionnalité, on a dit qu'on était
d'accord aussi avec ce que les évêques ont dit,
c'est-à-dire que chaque école puisse se donner le statut
confessionnel qui lui convient. C'est donc d'autant plus important qu'elle soit
représentée au niveau de la commission scolaire, qu'elle fasse
valoir son projet éducatif et qu'elle ait les fonds et tout ce qui lui
est nécessaire pour vivre son projet éducatif et pour vivre la
confessionnalité qu'elle veut vivre. Dans notre milieu aussi, il y a des
écoles de 30, 50 élèves et d'autres de 3000
élèves; c'est important que chacune soit
représentée au niveau de la commission scolaire pour que les gros
ne mangent pas les petits.
M. Boivin: Concernant votre première question, M. le
ministre, à savoir comment on justifie notre demande et notre accord,
d'ailleurs, avec le projet de loi, à savoir que l'école soit la
première responsable de la pédagogie, c'est que, pour nous, la
pédagogie, c'est un tout; c'est à la fois vie pédagogique,
enseignement et éducation. Si on admet que les parents sont les premiers
responsables de l'éducation de leurs enfants -je pense que personne ne
nie cela - si on admet que c'est à l'école que se vit la
pédagogie, que progresse la vie éducative, que se bâtit le
projet éducatif, si on admet cela - et je pense que personne non plus ne
nie cela - il est relativement facile d'en conclure que c'est à
l'école que doivent être prises les décisions
déterminantes en matière de vie pédagogique et de vie
éducative. Le projet éducatif doit être
élaboré par ceux qui auront à le vivre, et ce sont
là les parents, les enseignants, le directeur, les élèves
et les professionnels non enseignants qui oeuvrent dans l'oeuvre et que la
responsabilité pédagogique doit être assumée par
l'école, cela veut dire l'application des régimes
pédagogiques, cela veut dire l'évaluation pédagogique,
cela veut dire le choix des manuels scolaires, etc.
Si cela doit revenir à l'école, nous disons donc que - et
cela m'amène à répondre à la deuxième
question - ce sont forcément les parents et les enseignants, autant que
possible en concertation, qui ont à décider sur ces aspects dans
l'école, parce que l'école est en quelque sorte le prolongement
de la famille. Les parents sont les principaux responsables de
l'éducation de leurs enfants. Il ne faut pas oublier que nos enfants
passent cinq ou six heures par jour à l'école à partir de
l'âge de six ans. En tant que parents, on ne peut accepter qu'à
partir de l'âge de six ans le tiers de la journée de notre enfant
soit confié, en termes de décisions concernant sa vie
éducative, à d'autres qu'à nous et à ceux qui ont
à appliquer cela, les enseignants. À mon avis, ce fait même
justifie que les parents soient majoritaires au conseil d'école et que
les enseignants y participent d'une façon très significative. (17
h 45)
Concernant la répartition des pouvoirs entre les
différents niveaux, l'école, la commission scolaire et le
ministère de l'Éducation, nous avons dit dans le mémoire
que nous sommes relativement satisfaits de la façon dont les pouvoirs
ont été répartis. Mais nous avons fait quelques remarques
parce que, là où des responsabilités sont accordées
à l'école, il y a constamment une restriction à l'exercice
de ce pouvoir et à l'exercice de cette responsabilité, une
restriction qui ramène le tout à la commission scolaire. Par
exemple, les exceptions quant au régime pédagogique, ce sont les
commissions scolaires qui les donnent.
On considère que tout ce qui concerne la pédagogie devrait
d'abord être décidé par l'école, quitte à
donner un droit d'appel aux personnes lésées devant la commission
scolaire ou un organisme qui aurait une responsabilité plus large et un
certain recul par rapport à l'école. Faire de la commission
scolaire un organisme de coordination et de gestion des ressources, cela
correspond, à notre avis, au type de pouvoirs qu'on veut voir accorder
à la commission scolaire, parce que les parents ont dit qu'ils ne
voulaient pas être des administrateurs. Ils veulent être les
éducateurs dans le système, des éducateurs dans
l'école et des éducateurs à la commission scolaire. Cela
prend des administrateurs pour défendre cet aspect, ce point de vue et
pour défendre les deniers publics. C'est le rôle des commissaires,
c'est le rôle de la commission scolaire. À notre avis, à ce
niveau, le projet de loi, compte tenu des restrictions que nous avons faites,
correspond à la réalité que nous souhaitons voir implanter
dans le système.
Le Président (M. Blouin): Cela va. M. Castonguay,
avez-vous quelques commentaires additionnels?
M. Castonguay (Robert): En ce qui a trait aux écoles
franco-protestantes, elles...
Le Président (M. Blouin): On va mieux vous entendre comme
cela.
M. Castonguay: ...désirent demeurer
confessionnelles. Dans la région de Québec, comme elles ne
sont pas en très grand nombre, elles seraient perdues dans la plupart
des différentes commissions scolaires de la région. Par le fait
même, elles perdraient tous les pouvoirs qu'elles ont,
c'est-à-dire l'école et ce qu'elles ont bâti à venir
jusqu'à maintenant. Vous ne connaissez peut-être pas la situation,
mais, à la commission scolaire anglophone protestante, 36% des
élèves au primaire sont français et 15% du secondaire sont
aussi français. C'est pour les francophones protestants.
Quant aux anglophones, ils désirent aussi demeurer dans un
système confessionnel. Je crois qu'ils en ont soumis la raison dans
quelques mémoires, mais je ne sais pas s'ils seront lus. Il y a
l'école Katimavik qui a fait un mémoire, il y a une autre
école, Saint-Patrick, qui a fait un mémoire aussi. Si vous avez
d'autres questions...
Le Président (M. Blouin): Cela va, merci. L'Association
des parents de l'île de Montréal.
Mme Arcand-Beauchemin: En ce qui concerne la
représentation à 6%, je devrais dire que cela a été
pris à titre d'exemple. Je laisserai M. Savard répondre davantage
à cette question.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. Savard.
M. Savard (Serge): II y a deux réponses à cette
question pour expliquer pourquoi nos comités de parents ont fait ces
recommandations. D'abord, peut-être que la faiblesse de l'argumentation
des partisans du vote universel qui s'accrochaient particulièrement au
principe de "no taxation without representation" a amené, de
façon mesquine ou de façon ironique, à préciser
que, si c'est l'origine de l'argent qui détermine la
représentation, on doit rappeler que l'origine de l'argent n'est pas
dans une proportion de 50%-50% ou de 60%-40%, mais que la taxe foncière
d'où proviendrait le vote universel représente quelque chose aux
alentours de 6% des budgets qui sont utilisés par les commissions
scolaires.
Il y a une autre argumentation qui est plus étoffée et qui
met en relief deux systèmes de valeur, à savoir, d'abord,
déterminer qui sont les intervenants majeurs en matière
d'éducation. Les parents évaluent généralement
selon un ordre de priorité que l'intervenant majeur en matière
d'éducation, qu'elle soit publique ou privée ou sociale, au sens
qu'elle se fait à l'école ou à l'intérieur de la
famille, l'intervenant majeur est le parent. Par la suite viennent dans l'ordre
les enseignants, les directeurs et les autres intervenants.
C'est ce qui explique au départ que les comités de
parents, comme les comités d'école ou les futurs conseils
d'école, se doivent d'être majoritairement constitués de
parents. Les autres intervenants, c'est-à-dire les intervenants qui sont
là non pas à titre de parents, c'est à titre d'experts
qu'ils interviennent. Ce qui nous amène à bien comprendre que
l'école peut être perçue différemment des deux
groupes, à savoir que certains groupes de la société
préconisent l'enfant comme centre d'intérêt de
l'école comme d'autres vont percevoir les besoins de la
société comme centre d'intérêt de l'école. On
peut qualifier chacun de ces groupes par des termes semblables: ceux qui
entrevoient l'école ayant comme centre d'intérêt l'enfant
font une option individualiste de l'intérêt de l'école.
Ceux qui préconisent les besoins de la société comme
centre d'intérêt de l'école ont une perception
collectiviste de l'école. Alors, ici on doit établir que la
fédération, les comités de parents ont opté
davantage pour une approche de défense des droits individuels
plutôt qu'une approche des droits collectifs au niveau de
l'école.
Si on poursuit et qu'on se retrouve à la commission scolaire, la
perception sera bicéphale selon que les deux groupes se rencontrent,
à savoir que certains perçoivent la commission scolaire comme un
collectif d'école tandis que d'autres vont percevoir la commission
scolaire comme un collectif de société. Ceci veut dire que les
tenants du besoin de l'intérêt individuel au niveau de
l'école se "collectiveront" au niveau de l'établissement d'une
commission scolaire, tandis que ceux qui identifient leur choix collectif au
niveau de l'école vont l'individualiser au niveau de la commission
scolaire. Alors, la fédération représente des
comités de parents qui ont adopté comme logique
l'intérêt individuel à la base et le collectif par la suite
plutôt que de commencer par un intérêt collectif et
s'individualiser, peut-être subitement, au niveau de la commission
scolaire.
Le Président (M. Blouin): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
les trois fédérations de parents, celle de la région du
Saguenay, celle de la région de Québec et celle de la
région de l'île de Montréal pour leurs mémoires. Je
pense que vous avez abordé - du moins pour la plupart - des points qui
n'avaient pas été abordés par la fédération
des parents du Québec. Je voudrais d'abord excuser le
député d'Argenteuil qui était désolé, mais
qui devait quitter, compte tenu qu'il avait un rendez-vous vers 17 h 45 qu'il
ne pouvait pas annuler. Il me demandait de bien vouloir l'excuser auprès
de vous.
La fédération qui regroupe les comités de parents
de la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a deux parties à
votre mémoire. La première est un peu une réflexion sur
l'état de l'éducation et le rôle des différents
intervenants. Dans la deuxième partie, vous abordez surtout la question
des ressources dont vous croyez avoir besoin pour vraiment accomplir la mission
qui vous serait impartie par la loi 40. Je vais prendre un paragraphe pour
faciliter la discussion. À la page 40, au dernier paragraphe, vous
dites: Les parents ne réclament pas le pouvoir pour le pouvoir mais ils
veulent améliorer la qualité de la vie à
l'intérieur de l'école, etc. Pour ce faire, les parents devront
pouvoir compter sur l'assistance de personnes-ressources de leur choix et
d'autres personnes qu'ils pourront s'adjoindre selon leurs besoins. Ils devront
aussi compter sur des moyens financiers appropriés qui leur permettront
d'agir plus efficacement tant au niveau décisionnel que consultatif.
Un peu plus tard vous parlez de la rémunération qui
devrait être donnée aux parents qui siégeront au conseil
d'école. Je mets cette partie-là de côté; si les
parents doivent siéger à un conseil d'école et assumer des
responsabilités administratives, j'imagine qu'il y aurait une
rémunération quelconque qui serait prévue. Avez-vous
tenté d'évaluer ce que pourrait représenter, au plan du
personnel supplémentaire ou des ressources supplémentaires, le
fonctionnement du conseil d'école? Vous dites en fin de compte, au bas
de la page 40 qu'il faudrait du personnel supplémentaire. À quoi
pensiez-vous exactement? Avez-vous essayé de comptabiliser ce que cela
voudrait dire? Il reste que cela sera multiplié par 3000 écoles.
Qu'envisagez-vous concrètement?
M. Lavoie: On doit avoir accès facilement au personnel
mais je dois dire que ce personnel existe déjà au niveau de
certaines commissions scolaires. De plus, il y en a déjà au
niveau des bureaux régionaux. C'est d'avoir accès facilement
à ces gens-là, que ce soit au niveau de la commission scolaire ou
du bureau régional. Au niveau des sommes d'argent, je veux simplement
vous dire qu'à la région 02 on n'a pas de subvention du ministre.
Le comité de parents n'a pas tellement d'argent non plus; on a donc
très peu d'argent au niveau régional. On doit vendre des macarons
et du chocolat pour se financer. Pendant que les parents passent pour vendre du
chocolat et faire du porte-à-porte pour vendre des macarons, on n'a pas
le temps de s'occuper de la chose scolaire. Il y a des frais de
déplacement, des frais de gardienne, etc.
Mme Lavoie-Roux: C'est du point de vue du fonctionnement des
parents comme comité de parents. Vous dites que votre commission
scolaire ne verse absolument rien. Est-ce que la loi ne prévoit pas une
certaine obligation? Dans le temps c'était tant de cents par tête
d'élève; il me semble que c'était même dans la Loi
sur l'instruction publique, mais mes souvenirs sont un peu lointains. À
ce moment-là, les comités de parents devaient avoir des... Enfin,
c'est peut-être un minimum, ce n'est peut-être pas suffisant, mais
est-ce qu'il n'y a pas là des revenus déjà?
M. Lavoie: Je ne dis pas que, dans les comités
d'école ou de parents, ils ont de l'argent. Je vous parlais de la
section 02. Si on veut faire de la concertation, des recherches, ou
répondre, entre autres, à ce que le Conseil supérieur nous
avait demandé, c'est au niveau de la section, de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et non pas dans les comités d'école ou de
parents.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela rejoint la première question
qui a été posée tout à l'heure à la
fédération.
M. Lavoie: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que votre fédération
vous donne de l'argent ou que le ministère vous en donne. C'est cela. Du
point de vue des ressources, des personnes -c'est surtout ce point qui
m'intéresse - vous dites qu'actuellement, cela ne voudrait pas dire des
ressources supplémentaires. Ces ressources existent, au plan personnel,
au niveau de la commission scolaire.
M. Lavoie: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elles ne vous sont pas
déjà disponibles, ces ressources, même au niveau de votre
école?
M. Lavoie: Avec tous les débats qui entourent le livre
blanc et le projet de loi, on ne peut pas dire qu'on... Peut-être que le
débat a été mal perçu au départ, parce qu'on
se voyait plutôt comme des adversaires, mais on commence petit à
petit, surtout au niveau de la région, à se rencontrer et
à se parler, ce qui n'était pas le cas au départ. Je pense
que je ne vous apprends rien dans ce sens.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a des ressources qui...
M. Lavoie: Oui, oui, mais il y avait toute la...
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Lavoie: II faut dire que, quand le livre blanc est sorti,
à propos du projet de loi, il y a eu cette confrontation entre les
commissions scolaires et les parents. Chacun tirait de son
côté pour avoir le pouvoir. Je ne vous dis pas qu'on a
réussi à ce niveau. On aurait dû essayer de s'entendre et
de se parler avant de s'affronter. Les premières choses qui sont sorties
dans les journaux, disaient: Les parents ne veulent plus de commissions
scolaires. Les commissions scolaires trouvent les parents incompétents.
Dans le fond, le débat a été mal amorcé. Si on
s'était rencontré d'abord pour se parler et pour savoir les
consensus auxquels on pouvait arriver... Ne pouvant s'entendre, ne pouvant
trouver de consensus, c'est difficile. Je comprends les commissions scolaires.
Si j'avais été à leur place, envoyer du personnel tant
qu'on veut pour nous aider à pondre des mémoires ou des
documents... À ce moment-là, les parents doivent se rencontrer et
notre mémoire, c'est vraiment le fruit de rencontres des parents,
même à 0,16 $ du kilomètre, pour pondre des choses. Si
j'avais été à la place des commissions scolaires, j'aurais
peut-être fait la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lavoie: Je n'aurais peut-être pas donné
l'accès ou facilité les démarches.
Le Président (M. Blouin): Mme la
députée...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais qu'il est 18
heures mais, au moins, qu'on finisse ce petit point avant. Qu'on continue
après 18 heures, si vous voulez, parce que je ne voudrais pas
revenir...
Le Président (M. Blouin): Ce petit point-là, si on
peut terminer rapidement. (18 heures)
Mme Lavoie-Roux: Non, l'objet de ma question n'était pas
cela. Là, ce que vous me dites, M. Lavoie - c'est du moins ce que je
crois comprendre - c'est que pour, par exemple, la préparation du
mémoire ou des informations, les commissions scolaires n'étaient
pas très disponibles ou très disposées à vous
fournir du monde. Mais ce n'était pas l'objet de ma question. Cela,
c'est un problème temporaire. On le souhaite, en tout cas. Or, une fois
que vous aurez vos conseils d'école, vous demandez de pouvoir compter
sur l'assistance de personnes-ressources. Voici la question que je vous posais:
Antérieurement au dépôt du projet de loi, est-ce que des
commissions scolaires ne mettaient pas des personnes-ressources, que ce soit au
plan pédagogique ou que ce soit à d'autres fins, à la
disponibilité des écoles?
M. Lavoie: Cela dépend des commissions scolaires. Dans
notre secteur, je pense qu'il y a une, deux ou trois commissions scolaires qui
ont mis des animateurs au service des parents, mais il y a d'autres commissions
scolaires où il n'y a aucun personnel à la disposition des
parents. Les parents doivent tout faire eux-mêmes. Ce n'est pas cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je ne la posais pas en termes de parents
parce que la question que...
M. Lavoie: Non, mais il y a des commissions scolaires qui ont mis
des animateurs au service de comités d'école et de parents.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais cela.
M. Lavoie: Tandis que d'autres ne l'ont pas fait.
Mme Lavoie-Roux: Mais votre question touchait-elle uniquement des
personnes-ressources pour l'animation des parents ou touchait-elle des
personnes-ressources pour assumer des responsabilités
pédagogiques ou autres à l'intérieur de la gestion de
l'école?
M. Lavoie: Oui. Supposons que le conseil d'école ait
besoin d'achater du matériel d'informatique. On n'est pas tous des
techniciens. Il faut aller chercher quelqu'un pour nous informer, pour que nous
prenions une décision éclairée. C'est dans ce
sens-là. Si c'est au niveau de la pédagogie, c'est la même
chose. Il y des pédagogues. On n'est pas pédagogues, mais on veut
être informés pour prendre des décisions
éclairées.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'il n'y a pas déjà
des services qui vous étaient donnés par les commissions
scolaires à ce titre-là?
M. Lavoie: Pas partout.
Mme Lavoie-Roux: Même au plan pédagogique.
M. Lavoie: Non. Cela dépend des milieux. Il y a des
milieux où c'est très bien, d'autres non. Il y a des milieux qui
ont de l'aide.
Le Président (M. Blouin): Nous devons maintenant suspendre
nos travaux. Avant que nous ne les suspendions, je rappelle aux membres de la
commission que nous aurons une soirée qu'on peut qualifier
aisément de bien remplie. Il serait souhaitable que nous commencions nos
travaux à 20 heures précises pour que nous n'ayons pas à
nous réunir trop tard dans la soirée. C'est évidemment Mme
la députée de L'Acadie qui aura la parole.
Sur ce, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures, ce soir. (Suspension de la séance
à 18 h 3)
(Reprise de la séance à 20 h 7)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente de l'éducation reprend donc ses travaux après cette
interruption pour le souper.
Avant que je redonne la parole à Mme la députée de
L'Acadie, je vais tout de suite donner suite à l'échange que nous
avons eu hier, au début de nos travaux, relativement à la
convocation éventuelle des organismes qui n'ont pas été
convoqués jusqu'à maintenant. Donc, afin de donner suite à
l'engagement que j'avais pris, je vais tout de suite donner lecture de la
lettre qui sera adressée aux organismes qui n'ont pas encore
été entendus par cette commission parlementaire et dont la
convocation n'a pas encore été effectuée.
Voici le texte de la lettre: "À titre de président de la
commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi 40,
je tiens à vous remercier sincèrement du mémoire que vous
avez préparé et adressé au Secrétariat des
commissions parlementaires. "Je vous rappelle que le mandat de la commission
parlementaire est à l'effet d'entendre toute personne ou tout groupe qui
désirerait intervenir sur le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire public. "La coutume veut que ce soit exclusivement le
gouvernement qui fixe l'ordre des intervenants devant une commission. "Sans
vouloir présumer du déroulement des travaux de la commission, il
m'apparaît opportun de vous rappeler que la commission devrait en
principe entendre toutes les personnes et tous les groupes qui se sont inscrits
à cette fin. Le règlement prévoit que les personnes ou les
groupes qui ont demandé à se faire entendre soient
convoqués au moins sept (7) jours à l'avance. "Cependant, il ne
faut pas ignorer que notre règlement permet toujours à une
commission de mettre fin à ses travaux lorsqu'elle juge qu'elle a
été suffisamment informée. Pour cette raison, il pourrait
arriver que certains intervenants ne soient pas entendus. Si cela devait se
produire, soyez assuré que votre mémoire est de toute
façon transmis aux membres de la commission. "En terminant, je vous
souligne que le règlement laisse la discrétion au leader du
gouvernement de fixer le calendrier des séances de la commission afin de
répondre aux exigences ci-haut mentionnées. "Je vous prie
d'agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs."
Je ferai distribuer copie de cette lettre aux membres de la commission.
Sur ce, je donne la parole à Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il y a, d'abord,
une remarque générale que j'aimerais faire aux
représentants de l'Association des comités de parents de la
région 03 Québec en ce qui touche la gratuité scolaire. Je
suis totalement d'accord avec les préoccupations que vous avez
exprimées et je suis convaincue que mes collègues le sont
également. Je vous rappellerai qu'au moment de l'adoption de la loi 30
ou 71 - j'oublie dans laquelle se trouvait cette disposition -j'avais fait une
lutte acharnée parce qu'on essayait d'introduire une disposition qui
permettait aux écoles - et je vous la cite absolument de mémoire
après presque trois ans - de recueillir des fonds pour des fins
pédagogiques ou autres. Je m'y étais opposée parce que je
trouvais que c'était un accroc très dangereux inscrit dans une
loi quant au principe de la gratuité scolaire, particulièrement
à l'élémentaire et au secondaire. J'ai assez vu pour
combien de familles la rentrée scolaire présentait des
obligations financières dont un grand nombre d'entre elles ne pouvaient
pas s'acquitter ou, si elles s'en acquittaient, c'était au prix d'autres
sacrifices dont on ignorait, mais dont on pouvait soupçonner la nature,
sans compter le type de discrimination que cela pouvait impliquer au niveau
d'une école parce que dans une même école, dans un
même milieu donné, vous avez des parents avec des revenus qui
diffèrent beaucoup de l'un à l'autre et c'est très
dangereux de marginaliser les enfants. Là-dessus, vous pouvez compter
sur notre appui pour que ce soit très clair dans le projet de loi.
Ceci est davantage une question. Je ne retrouverai peut-être pas
la page sur-le-champ, mais, quand vous parlez de la représentation des
parents au niveau des commissions scolaires, je vous dirais, au point de
départ, que je n'ai pas d'objection à une représentation
des parents au niveau du conseil des commissions scolaires. Mais j'ai
l'impression que vous pouvez créer une impression - je m'excuse de la
répétition - à savoir qu'il y a une espèce
d'incompatibilité entre les préoccupations pédagogiques
que peut avoir un commissaire d'écoles élu au suffrage universel
et les préoccupations pédagogiques d'un parent qui émane
d'un comité d'école. C'est comme si le rôle de l'un se
limitait strictement à des fonctions administratives sans
déborder les préoccupations d'ordre administratif. Et je pense
qu'il ne faut pas se faire d'illusions: même au niveau d'un conseil
d'école tel que prévu dans la loi, vous aurez des parents qui
auront davantage des préoccupations administratives que
pédagogiques; vous
retrouvez la même chose au niveau des commissaires
d'écoles. C'est vrai que les commissaires d'écoles ont
probablement plus de préoccupations administratives que
pédagogiques, mais inversement aussi. Je pense qu'il y a peut-être
lieu de corriger cette impression-là. Parce que, si on regarde le
fonctionnement de certaines commissions scolaires, je peux vous dire - je peux
seulement parler de celle que je connais -que la grande partie de la discussion
qui avait lieu à la table des commissaires portait sur des
problèmes d'ordre pédagogique et a été à
l'origine de mesures pédagogiques qui, d'ailleurs je pense, ont
été utiles à d'autres commissions scolaires, à
d'autres milieux qu'il s'agisse de mesures pédagogiques pour
l'enseignement du français, pour l'enseignement de la langue seconde, de
l'histoire, de l'utilisation des ordinateurs en mathématiques, de
l'équilibre à protéger dans l'apprentissage des enfants
quant à l'utilisation qu'on faisait de l'audiovisuel. Je. vous en nomme
quelques-unes au hasard. On pourrait parler des milieux
défavorisés, etc.
Alors, je trouve que c'est un jugement peut-être un peu trop
absolu. Pourquoi je le dis? C'est que je l'ai entendu à plusieurs
reprises aujourd'hui. Le fait d'être un commissaire élu au
suffrage universel, cela nous enlèverait toute préoccupation
pédagogique.
Je vous concéderai que certainement il y en a pour qui la
préoccupation administrative peut être majeure, mais que l'inverse
est vrai. Vous retrouvez aussi, autour des tables des commissaires, des parents
qui n'y vont pas uniquement pour faire de l'administration, mais parce qu'ils
font partie des comités d'école. Ils sont
intéressés à la question éducative à partir
de leurs préoccupations de parents. Finalement, ils ont
été élus au conseil des commissaires. C'est assez
intéressant de voir - je ne sais pas si c'est à la
dernière élection ou à l'élection
précédente - que le plus grand nombre des commissaires
d'écoles qui avaient été élus - je vous parle de
1980, je pense -provenaient des parents des comités d'école.
J'imagine mal que, à la minute où vous quittez le comité
d'école pour être élu commissaire au suffrage universel, il
y aurait tout à coup cette coupure avec la réalité
éducative, sans compter que, même sans être passé par
les comités d'école, vous retrouvez là des
éducateurs, des professeurs d'université. Vous pouvez retrouver
des gens de tous les milieux. C'est simplement parce que je trouve que le
jugement est un petit peu absolu, ce qui, au point de départ, ne
m'empêche pas de penser que c'est excellent que vous demandiez une
représentation des parents au conseil des commissaires. Je n'ai rien
contre cela. Je tenais à le rétablir.
M. Boivin: D'abord, je suis heureux de vous entendre dire que
vous admettez que les parents peuvent avoir une représentation à
la commission scolaire en tant que représentants de parents. J'aimerais
vous faire remarquer que jamais je ne pense avoir dit que les commissaires
n'ont aucune préoccupation pédagogique. J'ai lu: Le commissaire
doit se préoccuper d'abord de l'aspect administratif simplement parce
que les gens à qui il doit répondre, c'est l'ensemble des
citoyens. Son mandat est spécifiquement, je crois, du fait qu'il est
élu au suffrage universel, de voir à la bonne administration des
deniers publics qui proviennent des taxes ou des subventions gouvernementales.
Dans ce sens, nous, on dit que l'aspect gestion des ressources, l'aspect
administratif est sa première préoccupation quand il a à
prendre une décision. Donc, quand il aura à trancher une
question, il aura à la trancher en fonction de ce qu'il aura à
répondre devant ses électeurs, soit l'ensemble de la population
qui paie des taxes. La population élit un commissaire et demande des
comptes à un commissaire en tant, la plupart du temps, que contribuable.
Donc, quand il aura à prendre une décision, le commissaire
élu au suffrage universel aura d'abord à répondre de cela,
contrairement au parent, lui, qui est élu comme parent, comme
responsable de l'éducation des enfants dans l'école; de ses
enfants, mais par représentation des enfants dans l'école. Lui,
il a d'abord à répondre de la préoccupation
pédagogique. C'est ce sur quoi les parents qui l'ont
délégué vont lui demander de rendre des comptes.
On a donc deux types de personnes, deux types de groupes qui sont assis
tous les deux avec une représentation, l'un au suffrage universel,
l'autre par délégation des usagers, et qui ont des mandats
différents à exercer. Nous croyons que ces deux groupes
devraient, à cause de leur préoccupation première, ce qui
n'exclut pas les autres, avoir à partager les prises de
décisions, ce qui permettrait, à ce moment, de sauvegarder les
intérêts administratifs et les intérêts
pédagogiques. J'admets que, quand un parent qui a oeuvré dans des
comités d'école et des comités de parents est nommé
commissaire, il ne devient pas du jour au lendemain strictement
préoccupé par l'aspect administratif. Mais ce que
l'expérience nous a appris, c'est que rapidement les impératifs
administratifs l'amènent à se préoccuper d'abord de
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie de votre explication. Je ne
sais pas, vous avez peut-être perdu de vue, en tout cas, du moins dans ma
conception, qu'un commissaire d'écoles doit d'abord administrer en
fonction du bien des enfants. C'est cela qui prime et ses décisions
administratives doivent être pesées en fonction de cet objectif
premier.
Évidemment, il doit tenir compte des ressources qui sont autour
de lui et viser le mieux possible ce premier objectif. Mais vous allez avoir la
même chose au niveau du conseil d'école, parce que le conseil
d'école qui va gérer l'école, qui va gérer des
ressources, va avoir, lui aussi, les mêmes contraintes d'essayer de faire
le meilleur mariage possible entre les ressources financières qui seront
attribuées à l'école et ses objectifs de donner les
meilleurs services éducatifs possible aux enfants dans leur
école. En tout cas, je pense que d'un côté comme de
l'autre...
M. Boivin: Je pense qu'il y a de la place pour les deux.
Mme Lavoie-Roux: II y a de la place pour les deux et, je pense,
sur une plus grande échelle, peut-être, au niveau de la commission
qu'au niveau de l'école. Mais ce sont les mêmes contraintes et
elles sont de même nature aux deux niveaux quand on rentre dans la
gestion et l'administration d'une école. C'est pour cette raison qu'il
ne faudrait peut-être pas s'illusionner et penser qu'il y a une
grâce d'état particulière dans un cas comme dans l'autre.
Je pense qu'il faudrait que les gens qui sont en éducation aient comme
première préoccupation l'enfant et qu'à partir de cette
préoccupation on essaie d'harmoniser le mieux possible les autres
contraintes qui agissent autour de cela ou qui doivent par la force des choses
nous obliger parfois à faire des choix. Je ne veux pas continuer ce
débat, mais je trouvais que c'était important, peut-être,
de rétablir cet équilibre.
La dernière question est sur l'évaluation. Vous dites:
D'une part, le projet de loi donne la responsabilité de
l'évaluation pédagogique ou de l'évaluation de
l'apprentissage à l'école et, dans un autre article, il vient un
peu tempérer cette responsabilité qu'il donne à
l'école. Vous dites aussi: On est prêt à obtenir le soutien
de la commission quant à l'évaluation, mais on veut que
l'évaluation des apprentissages demeure la responsabilité
première de l'école. Je pense que, de toute façon,
l'école a déjà la responsabilité première de
l'apprentissage des enfants. C'est dans une école que le maître ou
le maître en collaboration avec le principal ou l'équipe de
l'école va d'abord décider des examens qui seront donnés,
va décider de mesurer le progrès ou les difficultés des
enfants. Je ne vois pas beaucoup comment vous voulez que ceci soit
changé ou comment vous prévoyez que ceci soit modifié par
le projet tel qu'il est devant nous. J'aimerais que vous développiez
davantage cet aspect.
M. Boivin: Oui. Actuellement, la plupart ou plusieurs
écoles ont, dans les faits, la responsabilité de
l'évaluation ou de l'application de l'évaluation, sauf qu'il ne
faut pas oublier qu'actuellement, par le régime pédagogique,
c'est la commission scolaire qui est responsable de l'évaluation des
apprentissages et c'est la commission scolaire qui émet les politiques
d'évaluation des apprentissages, c'est la commission scolaire qui est
responsable d'émettre des politiques d'évaluation et de les
imposer aux écoles. On dit: Nous, dans notre commission scolaire, nous
allons évaluer de telle façon. Dans la loi, actuellement, c'est
cela. Ce que le projet de loi propose, c'est que l'évaluation des
apprentissages redevienne la responsabilité des écoles...
Une voix: Oui.
M. Boivin: ...évidemment, avec un soutien
pédagogique de la commission scolaire parce qu'on suppose qu'il va y
avoir encore du personnel, des conseillers pédagogiques à la
commission scolaire. Mais le projet de loi propose que l'évaluation
pédagogique appartienne à l'école. On est d'accord avec
cela parce que c'est là qu'elle se fait, la pédagogie.
Le système actuel, même s'il permet à une commission
scolaire de laisser libre cours à une école d'être
parfaitement responsable de l'évaluation de la pédagogie,
comporte quand même des lacunes dans ce sens que, la commission scolaire
étant responsable, elle peut, à un moment donné, accorder
ou non de l'importance à cela. Actuellement, il y a une opération
consultation des commissions scolaires sur une politique d'évaluation
des apprentissages. Cette consultation-là est rendue dans les
commissions scolaires depuis le mois de septembre. Les réponses devaient
rentrer pour décembre. Il y en a très peu de rentrées
actuellement. Il y a des commissions scolaires où le débat ne
s'est pas encore fait, de sorte que nous devons, pour que le débat se
fasse, prendre en charge nous-mêmes, la structure parents, actuellement,
cette consultation pour qu'elle se fasse dans les commissions scolaires, parce
qu'elle ne se faisait pas. Pour nous, les parents, au niveau de l'école,
c'est une préoccupation principale, l'évaluation. Mais
peut-être que, pour une commission scolaire, à un moment de
l'année, compte tenu des autres priorités, ce n'est pas une
préoccupation principale.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que l'école doit avoir la
responsabilité première et quasi unique de l'évaluation
des élèves, mis à part les outils que la commission
scolaire devrait vous fournir. C'est ce que j'ai cru comprendre. Est-ce que
ceci implique que la commission scolaire ou le ministère de
l'Éducation, l'un et l'autre ou l'un ou l'autre, n'auraient pas de droit
de regard sur la qualité des apprentissages dans les écoles?
M. Boivin: Non, cela ne signifie pas cela parce que le projet de
loi prévoit que le ministre peut vérifier la qualité des
apprentissages, soit au niveau de la commission scolaire, soit au niveau de
l'école. L'école et la commission scolaire peuvent participer
à l'évaluation des programmes. Donc, il peut y avoir tout un
processus de participation de la commission scolaire et du ministère de
l'Éducation sur l'évaluation des apprentissages. Cela ne veut en
aucun temps dire que chaque professeur, dans sa classe, sera responsable
d'évaluer ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut. On imagine qu'il
va y avoir un système cohérent de politique d'évaluation
qui va être transmis par le gouvernement et que la commission scolaire va
jouer, à ce niveau, un réel rôle de soutien, de
coordination et d'animation également.
Mme Lavoie-Roux: Et de droit de regard.
M. Boivin: Et de droit de regard. Quand on demande que, par
exemple, pour les mesures d'exemption, la personne ait un droit d'appel
auprès de la commission scolaire, c'est ni plus ni moins dire que la
commission scolaire, finalement, en bout de course, a vraiment un droit de
regard et un droit de décision.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Chauveau.
M. Brouillet: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
tout d'abord, de féliciter les représentants des trois
associations. Ils ont présenté des mémoires bien
étoffés. En particulier, j'ai apprécié d'une
façon tout à fait spéciale le mémoire des
représentants de la région 03, région qui comprend
l'école que fréquentent mes enfants et les commissions scolaires
du comté que je représente. Alors, cela me fait plaisir de saluer
les représentants de la région 03.
Votre mémoire est très bien structuré et bien
présenté. Tout d'abord, il établit les principes de fond,
il pose le problème du partage des pouvoirs et essaie de voir qui
seraient les mieux placés pour exercer ces pouvoirs tels que
répartis.
Je vais m'attarder un peu au problème de l'exercice du pouvoir
dans le réseau scolaire. Je crois que c'est vraiment le problème
de fond qui se pose dans tous les débats concernant le projet de loi 40.
Pour concrétiser un peu la façon dont se pose ce problème,
c'est entendu que je vais m'en tenir au conseil d'école comme un lieu
d'exercice du pouvoir et au conseil des commissions scolaires comme un autre
lieu également. On pourrait étendre le débat en tenant
compte aussi du ministère de l'Éducation comme un lieu où
doit s'exercer ce pouvoir.
Je veux surtout centrer actuellement mes observations au niveau des deux
premiers paliers où peut s'exercer ce pouvoir. Quand nous
débattons la question de celui qui doit exercer le pouvoir, il y a deux
grands principes qui reviennent. Si on met l'accent sur l'un des principes, on
a tendance à rejeter une façon de voir et, si on met l'accent sur
l'autre principe, on a l'inverse. Le premier principe sur lequel on s'appuie la
plupart du temps, c'est que les parents sont les premiers responsables de
l'éducation des enfants. D'où, conclusion, les parents doivent
être ceux qui, finalement, ont le pouvoir de décision. L'autre
principe, c'est celui du "no taxation without representation" qui dit que ceux
qui doivent avoir le pouvoir de décision sont ceux qui sont élus
au suffrage universel, par les gens qui paient les taxes. Alors, vous avez les
éléments qui déterminent la nature du débat
actuel.
La façon dont je vois la solution à ce problème
pour pouvoir harmoniser ces deux principes - je crois que l'on ne peut nier
l'un ou l'autre de ces principes; il faut en tenir compte et essayer de voir
comment on peut les harmoniser, et je crois que la loi 40 en partie tient
compte d'une solution harmonieuse de ces deux principes - c'est que, si on met
au niveau du conseil d'école, au niveau de l'école, toutes les
principales décisions qui concernent la dimension éducative,
comme les parents sont les premiers responsables de l'éducation, je
crois qu'on peut fonder, à ce moment-là sur ces principes, le
fait que le conseil d'école où il y a un pouvoir de
décision soit composé majoritairement de parents. Donc, les
parents conservent, finalement, le pouvoir de décision en ce qui
concerne la dimension éducative dans le réseau. (20 h 30)
Si on réserve à la commission scolaire les pouvoirs
plutôt d'ordre administratif, les pouvoirs qui consistent à bien
gérer les fonds publics, à déterminer la quantité
d'argent qu'on va aller chercher chez nos concitoyens, la façon de bien
les répartir et de bien les utiliser, de contrôler l'utilisation,
à ce moment, je crois qu'au niveau de la commission scolaire on doit
réserver aux élus au suffrage universel le pouvoir de
décision, donc, avoir une représentation majoritaire à ce
niveau des élus au suffrage universel.
Maintenant, il y a aussi des éléments très
éclairants dans votre exposé. Vous avez distingué
trois...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chauveau, est-ce que vous auriez des questions à poser à nos
invités? Je préférerais que nous y allions
d'échanges réciproques puisque, si nous commençons
à tenir de longs exposés, nous ne pourrons pas
entendre tous les groupes que nous avons à entendre ce soir. Je
vais demander, par déférence à l'égard des groupes
qui doivent venir maintenant, non seulement à vous, mais à tous
les membres de la commission, de procéder le plus succinctement
possible. Il faudrait terminer absolument avant 21 heures. Je vous signale
qu'il y a trois autres membres qui ont demandé la parole.
M. Brouillet: En plus du pouvoir de décision, il faut, je
crois, tenir compte du pouvoir d'influence. Il y a aussi un pouvoir d'influence
de chacune des parties qui doit s'exercer parce qu'il n'y a pas une
séparation entre l'administratif de l'éducatif. L'administratif
est au service de l'éducatif et l'éducatif doit tenir compte des
possibilités administratives. Il doit y avoir un pouvoir d'influence qui
s'exerce chez les deux groupes dont l'un a d'abord une responsabilité
à l'égard de l'éducatif et l'autre à l'égard
de l'administratif. Le problème, à mon sens, c'est comment
arriver à aménager dans les structures l'exercice de l'influence
réciproque des parties. Je vois deux modèles possibles. C'est
qu'on rende présent au niveau du conseil d'école un membre de la
commission scolaire. C'est le modèle qui est retenu par le projet de loi
actuellement. Le commissaire élu va faire partie du conseil
d'école. L'autre modèle, c'est de rendre les parents
présents au conseil de la commission scolaire pour y exercer une
influence; même s'ils n'ont pas la majorité au niveau de la
décision, au moins, ils peuvent participer à la discussion et
tout.
Je sais bien que, dans votre exposé, vous semblez
privilégier un des modèles, mais est-ce que vous avez vraiment
des objections à l'un ou l'autre de ces modèles? Ce serait
surtout le premier que j'ai proposé, je pense bien, d'après votre
exposé. Quelles seraient vraiment les raisons qui vous feraient
privilégier le deuxième modèle que vous semblez mettre de
l'avant? Aussi, si jamais cela devait être le premier modèle qui
soit retenu, à quelles conditions ce modèle devrait-il être
retenu?
Le Président (M. Blouin): M. Boivin, je
préférerais que vous puissiez identifier votre
préférence plutôt que de reprendre l'ensemble des
considérations, s'il vous plaît.
M. Boivin: Oui, M. le Président. Notre
préférence, telle que démontrée dans le projet de
loi, est la présence de parents à la commission scolaire. Des
sondages que nous avons faits auprès de nos parents dans la
région démontrent que le minimum acceptable, ce serait une
présence paritaire des parents et des commissaires à la
commission scolaire, des commissaires élus au suffrage universel. On
pourrait associer à cette hypothèse celle que l'ensemble des
personnes ainsi représentées à la commission scolaire,
c'est-à-dire commissaires élus au suffrage universel et parents,
représente le même nombre d'écoles qu'il y a dans la
commission scolaire, de sorte que chaque école pourrait - ce qui se
rapprocherait de la première hypothèse, c'est-à-dire d'un
commissaire dans l'école - compter sur une personne plus
particulièrement identifiée pour la représenter à
la commission scolaire. Cela pourrait être soit un parent élu au
suffrage universel, soit un commissaire élu au suffrage universel, soit
un parent délégué par les parents, mais chaque
école aurait, à ce moment, à la table des commissaires une
personne particulièrement identifiée pour représenter ses
intérêts et il y aurait à la commission scolaire et des
commissaires élus et des parents.
Si je prends l'éventualité que vous avez soulevée
tantôt, à savoir que le projet de loi n'est pas modifié et
que le commissaire siège au conseil d'école, à ce moment,
pour nous, il faudrait que ce soit sans droit de vote, pour la simple raison
que, ayant le pouvoir de décision à la commission scolaire, si,
en plus, il vient au conseil d'école travailler et discuter à
l'intérieur d'un conseil dont il a la responsabilité, finalement,
de par son poste à la commission scolaire et qu'en plus, il a le droit
de vote, à ce moment-là, cela lui fait deux paliers de
décision pour décider de l'avenir de cette école. On
considère que si le commissaire devait siéger au conseil
d'école, il faudrait que ce soit sans droit de vote et qu'il soit
là comme personne-ressource pour fournir de l'information et, d'autre
part, comme une personne qui vient prendre le pouls ou voir quels sont les
besoins de l'école et qui les amène à la commission
scolaire. À ce moment-là, il n'a pas besoin du droit de vote.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: Je vous remercie beaucoup de vos explications. Je
voudrais simplement terminer en revenant sur l'accessibilité et la
gratuité. Je tiens à vous faire part de mon appui entier à
la gratuité du transport du midi ou bien, comme alternative, à la
possibilité d'un dîner ou d'un lunch à l'école. J'ai
vécu ce problème dans mon comté et je sais que dans
certaines régions cela pose un problème pour plusieurs parents
que d'imposer à des gens, du fait qu'ils demeurent un peu loin de
l'école, une surcharge. Je suis tout à fait d'accord pour qu'on
trouve une solution et qu'on rende le transport gratuit ou qu'il y ait
possibilité de rester à l'école pour le dîner.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Brouillet: Très bien. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Louis-Hébert, s'il vous plaît,
rapidement!
M. Doyon: Oui, M. le Président. Compte tenu des remarques
que vous avez faites et par déférence pour les groupes qui
attendent déjà depuis un certain temps, je vais être
très bref. D'abord, je désire souhaiter la bienvenue aux gens de
la région 03 dont je fais partie, bien sûr. J'aimerais leur poser
une petite question qui me vient à l'esprit. En même temps, c'est
une remarque. On fait grand état - et ma collègue en a fait
longuement état aussi - de la difficulté qu'il y aurait
d'être parent et d'être commissaire, de cette dichotomie qui
s'établirait à un moment donné. Ce qui me frappe, c'est
que, si c'était vrai, on aurait de drôles de difficultés
dans nos familles, parce qu'à l'intérieur d'une famille, il y a,
bien sûr, le côté matériel; il faut avoir des
revenus, il faut avoir les moyens de payer un certain nombre de choses et, en
même temps, on est préoccupé d'élever nos enfants
comme il faut, selon nos objectifs, selon nos valeurs, etc. Pourtant, on
concilie très bien les deux. Je ne vois pas que quelqu'un puisse
reprocher à un père de famille, qui est le gagne-pain - cela
pourrait être la mère - de cesser d'être un bon parent parce
qu'il doit, en même temps, gagner leur vie, subvenir aux besoins et
équilibrer le budget. Il n'y a pas de contradiction à
l'intérieur de cela. Vous allez me dire que je raisonne en profane, mais
cela me paraît le gros bon sens.
Je voudrais savoir quelle est votre réaction vis-à-vis de
ce raisonnement de profane et de gros bon sens selon lequel je me dis que dans
nos familles on agit ainsi: on est en même temps gestionnaire et
éducateur. On n'en fait pas un drame. On vit avec cela. Ne craignez-vous
pas, pour préciser ma question, que le fait d'avoir, d'un
côté, des gens qui se préoccupent prioritairement de
gestion financière, d'administration, etc., et, de l'autre, un groupe
qui se préoccupe prioritairement du côté éducatif
n'amène, justement, une polarisation qui, par la force des choses, va
être là parce que des gens vont dire: Nous sommes là pour
compter les piastres et d'autres vont dire: Nous autres, les piastres, ce n'est
pas notre problème, on n'est pas ici pour les piastres, on est ici pour
améliorer la qualité de l'enseignement et on n'a pas à se
préoccuper de cela? C'est une situation qui n'est pas désirable,
à mon avis, et qu'on réussit à éviter à
l'intérieur de nos familles. Je souhaiterais qu'on puisse en venir
à un accommodement semblable dans l'école et dans la commission
scolaire.
Je termine là-dessus, parce que j'aurais de nombreuses remarques.
J'imagine que, dans les comités de parents - et vous me direz oui ou non
- il peut y avoir des enseignants qui sont des parents et qui sont dans les
comités de parents. Est-ce que vous les refusez? Est-ce qu'ils sont
moins utiles parce qu'ils ont des préoccupations de nature
professionnelle, pédagogique ou je ne sais trop?
Tout cela pour dire qu'est bien chanceux et surtout bien rare celui qui,
dans la vie, ne porte qu'un seul chapeau. Le défi auquel on a à
faire face, tous, c'est de porter plusieurs chapeaux et de le faire aussi
élégamment que possible. Cela paraît ridicule de le dire,
mais c'est finalement cela, le défi qu'on a à relever. On n'a pas
de mérite à avoir simplement à défendre un
côté des choses en oubliant l'autre. On n'a pas de mérite
à faire cela. C'est mon opinion. Enfin, vous réagirez comme vous
voudrez. Où on a du mérite, c'est, selon les capacités de
payer, selon les objectifs éducationnels, en l'occurrence, à
concilier tout cela de façon que cela puisse marcher raisonnablement
bien. Tirer la ligne et dire: Moi, c'est cela et toi, c'est cela, n'importe qui
peut faire cela. Où c'est difficile, c'est de faire de la conciliation,
c'est de s'organiser pour que cela marche malgré tout. Ce sont les
réflexions qui me viennent à l'idée après vous
avoir entendus.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Louis-Hébert, vous vouliez émettre vos réflexions? C'est
tout?
M. Doyon: Non, je voulais avoir leurs réactions.
Le Président (M. Blouin): Vous vouliez avoir des
réactions?
M. Doyon: Oui, c'est ce que j'ai demandé à deux ou
trois reprises.
M. Boivin: M. le député de Louis-Hébert,
c'est effectivement cela, nous aussi, qu'on veut, en venir à une
concertation et à une conciliation entre les parents et les
commissaires. Moi, je suis convaincu que parents et commissaires élus au
suffrage universel vont être assez préoccupés de
l'intérêt des enfants pour exprimer tous les deux leur point de
vue et en venir à des accords pour l'intérêt des enfants.
Moi, en tant que père de famille, j'ai effectivement des choix à
faire, administratifs et affectifs, si vous voulez, mais je ne suis pas
élu au suffrage universel comme père de famille et je n'ai pas de
comptes à rendre à l'ensemble de la population. C'est cela, la
différence, quand on est élu au suffrage universel, qu'on a des
mandats à remplir et quand on se fait poser des questions. Les
questions, ce sont mes enfants qui vont me les poser.
Concernant les enseignants aux comités de parents, la loi
prévoit qu'un enseignant ne peut pas siéger à un
comité d'école où il enseigne.
Une voix: Ailleurs.
M. Boivin: Un instant. Donc, il y a des enseignants qui
siègent et j'ai à mon comité d'école et à
mon comité de parents des enseignants, mais à ce moment
l'enseignant vient participer au comité d'école ou au
comité de parents en question avec son chapeau parent, pour employer
votre expression, et le résultat des décisions qu'il prendra
à ce comité n'aura pas d'influence sur ses conditions de travail
le lendemain matin.
Le Président (M. Blouin): Je vous remercie. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire - je m'adresse au président de la région de
Québec, M. Boivin - vous parlez de la nécessité d'une
présence significative des enseignants au sein du conseil
d'école. C'est quoi, une présence significative, pour vous? Ma
deuxième question est toujours reliée à cette idée
d'une présence significative: Selon vous, est-ce que la loi 40 leur
accorde une place suffisante? Troisième question qui y est toujours
reliée: Qu'est-ce qui arrive si les enseignants refusent de participer,
comme cela a été le cas pour les conseils d'orientation?
Le Président (M. Blouin): M. Boivin.
M. Boivin: Une place significative, pour nous, cela veut dire au
niveau du conseil d'école que, très clairement, il n'y a pas
seulement un enseignant à un comité où il y aurait
éventuellement trois, quatre parents, le directeur, un PNE et un
étudiant. Cela veut dire que, tout en gardant la majorité aux
parents, il y aurait le plus possible d'enseignants qui accepteraient de venir
participer, de venir cogérer avec les parents l'école, la
pédagogie de l'école. C'est cela, pour nous, que cela veut
dire.
Vous demandez ce qu'il adviendrait si les enseignants refusaient. Moi,
je refuse, actuellement, d'envisager cette éventualité-là
parce que je suis convaincu qu'école par école, si le projet de
loi est adopté, parents et enseignants vont accepter de mettre
l'épaule à la roue, comme on dit, et de s'embarquer. Je dis bien
école par école, parce que dans l'école, le débat
politique n'est pas le même. On vit à longueur de journée
avec les enfants dans l'école. (20 h 45)
M. Leduc (Fabre) Merci, M. le Président. Une
deuxième question. Vous avez, dans votre exposé, qualifié
la relation école-commission scolaire de relation de partenaire
"partnership". Hier, on a entendu quelques commissions scolaires qui
étaient favorables au projet de loi. Il faut dire que c'étaient
des mémoires qui avaient été préparés par
des commissaires et des membres de comités de parents et on était
unanime pour dire qu'il fallait augmenter, si vous voulez, le contrôle de
la commission scolaire sur les écoles, mais un contrôle
limité, un contrôle qui pourrait, par exemple, permettre à
la commission scolaire d'évaluer la gestion du conseil d'école,
d'évaluer son projet éducatif. On semblait vraiment tenir
à cette exigence comme étant pour le bien, pour le
mieux-être des conseils d'école. C'était vu comme une
certaine exigence qui pourrait améliorer le fonctionnement des
comités d'école. Comment réagissez-vous à une telle
proposition?
M. Boivin: Je réagis de la façon suivante: en
disant que ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est la confusion.
Il faut éviter la confusion des rôles, la confusion des pouvoirs
entre la commission scolaire et l'école. C'est pour cela que nous avons
essayé d'être clair, en disant: L'école, c'est de la vie
éducative et de la pédagogie qu'elle est responsable; la
commission scolaire, c'est l'administration des finances c'est-à-dire
tout le soutien administratif à cette vie pédagogique qu'elle est
d'abord responsable.
Il faut d'abord éviter la confusion des rôles. Quand on
donne, au point de vue pédagogique, un droit de regard ultime à
la commission scolaire, c'est, à mon avis, permettre de sauvegarder une
certaine justice sur le territoire de la commission scolaire, permettre que des
normes s'appliquent à un moment donné, qu'il y ait des limites
d'imposées. Donc, un droit de recours, entre autres, à la
commission scolaire serait éventuellement un moyen. Il me semble que,
légalement, on pourrait interpréter un droit de recours ultime
comme un pouvoir de la commission scolaire, à un moment donné, de
mettre des limites, de vérifier, de coordonner ce qui se passe dans les
écoles.
M. Leduc (Fabre): Ce recours ultime suppose un jugement de la
part de la commission scolaire sur le vécu des conseils d'école.
Donc, vous admettez une forme, finalement, de contrôle, peut-être
mitigée, mais une forme de surveillance, de contrôle. Vous
n'excluez pas cela.
M. Boivin: On n'exclut pas que la commission scolaire puisse
jouer, de plein droit, son rôle de coordination et de gestion des
écoles.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
Cela va?
M. Boivin: Je n'exclus pas cela. Ce sera à la loi de
définir, à ce moment-là, ce dont elle a besoin pour
exercer cette coordination, ce contrôle et il faut qu'il y ait un
organisme qui assure un minimum de cohérence sur un territoire
donné.
M. Leduc (Fabre); Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup M. le
député de Fabre. En conclusion, Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Mes questions s'adressent à Mme Beauchemin.
D'abord, est-ce que vous avez examiné ou considéré
l'impact du projet de loi sur les écoles dans les milieux
défavorisés? Croyez-vous que la loi risque de porter
préjudice aux parents dans les milieux défavorisés?
Mme Arcand-Beauchemin: II est évident qu'actuellement,
dans certaines régions de Montréal, les parents ne se sentent pas
tous prêts à assumer l'administration de l'école. Par
contre, il y a - et j'en ai un à ma droite - formés par la
fédération provinciale, de ces formateurs qui vont un peu partout
donner des cours de formation pour les parents. Les cours de formation qui se
donnent actuellement au niveau de la fédération provinciale
manquent peut-être d'un volet sur l'administration comme telle, ce qui
viendra prochainement. Il y a des études qui se font actuellement dans
ce sens-là, de façon que les parents qui accepteront et qui
continueront à oeuvrer au sein des écoles puissent avoir la
formation nécessaire pour y parvenir. Il est évident qu'au niveau
des milieux défavorisés c'est peut-être plus difficile
parce que les gens se sentent moins prêts. Mais, à la longue,
éventuellement, c'est sûr que ces gens-là y participent
comme les autres. Ce sont quand même des parents qui s'intéressent
au bien de leur enfant, ils ont comme premier objectif le bien de leur enfant
qui est à l'école.
Mme Dougherty: Est-ce que vous prévoyez peut-être
certaines dérogations à la loi à court terme?
Mme Arcand-Beauchemin: Je ne pourrais pas vous répondre au
niveau de la fédération montréalaise parce que cette
question n'y a pas été débattue. Mais au niveau
provincial, lors d'une assemblée générale, cette question
a été apportée comme sujet de discussion. C'est sûr
que, si une école n'était pas prête à assumer cette
responsabilité, elle pourrait remettre à la commission scolaire
le soin de gérer en attendant qu'elle puisse prendre en main sa propre
destinée.
Mme Dougherty: Est-ce que la loi prévoit cette
possibilité? Je n'ai pas vu la possibilité de certaines
exceptions où les parents pourraient déléguer leurs
pouvoirs, peut-être pour une certaine période.
Mme Arcand-Beauchemin: Disons qu'il y a eu une discussion
à ce niveau-là. Ce n'est peut-être pas écrit
textuellement dans la loi, mais, dans l'esprit, c'est ce qui est ressorti de la
discussion pour ceux qui se sont attachés à ce point
particulier.
Mme Dougherty: Oui, merci. Alors, deuxième question: Vous
avez souligné dans votre mémoire qu'il y a certaines
écoles qui n'appuient pas votre position. Pourriez-vous nous donner le
pourcentage des écoles, sur l'île de Montréal - votre
territoire, c'est l'île de Montréal, n'est-ce pas? -...
Mme Arcand-Beauchemin: Oui.
Mme Dougherty: ...qui n'appuient pas votre position ou sont
neutres?
Mme Arcand-Beauchemin: Bon. Il me serait difficile de vous
répondre en pourcentage au niveau des écoles. Étant
présidente de la fédération des comités de parents
de l'île, si je regarde au niveau des comités de parents, surtout
du côté des anglophones, eux n'appuient pas le projet de loi comme
tel parce qu'ils sont, actuellement, satisfaits du fonctionnement de leurs
commissions scolaires. Alors, à court terme, ils ne voient pas
d'avantages dans la nouvelle structure proposée par la loi 40. Par
contre, dans les commissions scolaires où les parents voudraient prendre
plus de pouvoirs, c'est une situation inverse.
Après discussion au sein de cette fédération
montréalaise, ceux qui sont très en faveur de la loi 40 sont pour
une loi 40 corrigée, améliorée. Par contre, ceux qui sont
contre et qui demandent le statu quo demandent un statu quo
amélioré. Alors, je pense que la distance est courte entre ceux
qui sont pour et ceux qui sont contre. Finalement, ce que tous désirent,
c'est l'amélioration du système scolaire, par un chemin ou par
l'autre. À force de discussion, on se rend compte que personne,
actuellement, n'est complètement satisfait de ce qui existe et que tout
le monde veut améliorer le système que nous connaissons.
Mme Dougherty: Et en ce qui concerne la règle des 6%,
est-ce que c'était un vote unanime de ceux qui sont en faveur de votre
position?
Mme Arcand-Beauchemin: Tous les comités de parents
n'étaient pas en faveur de
ces 6% de représentation. Cela a été
mentionné dans le mémoire. Maintenant, si on regarde de
près le texte, on se rend compte qu'il y a une certaine quantité
de parents qui ne souhaitent pas ce qui est proposé dans ce
mémoire et, en tant que présidente de la fédération
qui regroupe l'ensemble des comités de parents de l'île, je devais
tenir compte des deux côtés de la médaille. Alors, je
représente ici des gens qui sont en faveur du projet de loi mais j'en
représente également qui ne sont pas en faveur et qui en
demandent carrément le retrait pur et simple. C'est une
réalité, je pense, qui existe au niveau de Montréal, mais
qui existe aussi à d'autres paliers.
Mme Dougherty: En terminant, M. le Président, je voudrais
simplement souligner une certaine ironie, parce que je sais qu'il y a plusieurs
écoles sur l'île de Montréal qui n'ont pas appuyé la
position de la fédération régionale des comités de
parents et, parmi ces groupes, on retrouve le Lakeshore School Parents
Committee. J'ai reçu une lettre aujourd'hui qui souligne une ironie
importante, je crois. Il s'agit d'un groupe de parents au Lakeshore. J'aimerais
lire deux petits paragraphes de leur lettre pour souligner l'ironie, parce
qu'ils n'étaient pas invités. Ils n'étaient pas sur la
liste du gouvernement. M. Lightfoot a dit: "Our parents as a group have
achieved a high level of participation in volunteer work in schools, on the
home and school and on the school committee. Since the Ministry of Education is
trying to encourage parents in other parts of Québec to move in this
direction, our practical experience would have been of interest to the
parliamentary commission and they regret very much they have not been invited."
Je crois que ne pas avoir invité un groupe qui est déjà
impliqué dans l'éducation, même dans les structures et les
lois actuelles, étant donné que c'est le but du projet de loi 40,
est une ironie qu'on ne doit pas mettre à l'écart. C'est
simplement pour soulever ce point. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Au nom de tous les membres de la
commission, je remercie les représentants des associations de
comités de parents des régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de
Québec, ainsi que de la Fédération des comités de
parents de l'île de Montréal.
Sur ce, j'inviterai maintenant les représentants de la Commission
des écoles catholiques de Québec à bien vouloir
s'approcher à la table des invités afin de nous livrer le contenu
de leur mémoire. J'aimerais indiquer aux invités qui sont sur le
point de s'approcher que nous avons un horaire assez serré et que nous
leur demanderons, comme nous l'avons fait pour les autres organismes qui ont
généralement accepté de le faire et qui s'y sont bien
conformés, de procéder à la présentation de leur
mémoire en une vingtaine de minutes. Je demanderais maintenant aux
représentants de la Commission des écoles catholiques de
Québec de bien vouloir s'identifier et ensuite, de nous livrer le
contenu de leur mémoire.
Commission des écoles catholiques de
Québec
M. Flamand (Lucien): M. le Président, permettez-moi de me
présenter. Mon nom est Lucien Flamand. Je suis le président de la
Commission des écoles catholiques de Québec. Les personnes qui
m'accompagnent pour présenter le mémoire de notre organisme sont,
d'abord, à ma droite, Mme Thérèse Ouellet, la directrice
générale; à ses côtés, M. Marc Des Roches, le
secrétaire général, et, à ma gauche, notre
procureur, Me Pierre Jolin.
Si vous me le permettez, M. le Président, je procéderai
donc immédiatement...
Le Président (M. Blouin): Cela va.
M. Flamand: ...à la présentation du mémoire
que nous vous avons déjà soumis, mais avec un peu plus de
détails. (21 heures)
Je pense, dans un premier temps, qu'il est important de situer la
Commission des écoles catholiques de Québec. La commission a
été érigée en corporation en 1846 par la loi IX
Victoria, chapitre 27, article 42, du Parlement de l'Union, pour administrer
des écoles catholiques dans la ville de Québec. Elle est
présentement régie par le chapitre 68 des Lois de 1963, une loi
privée portant le titre de Charte de la Commission des écoles
catholiques de Québec.
L'article 16 de ladite charte précise: "La commission exerce sa
juridiction sur tout le territoire compris dans les limites de la cité
de Québec et sur tout le territoire qui pourra à l'avenir faire
partie de ladite cité."
Le Conseil de la CECQ compte 19 commissaires et s'y joignent 2
représentants des parents, pour le primaire et le secondaire.
La CECQ est une commission scolaire intégrée qui sert 14
904 élèves, c'est-à-dire 7316 aux niveaux
préscolaire et primaire et 7588 au niveau secondaire. Ces
élèves sont regroupés dans 22 écoles primaires et
13 écoles secondaires. S'ajoutent trois centres d'éducation des
adultes.
Le réseau des écoles secondaires de la CECQ est
polyvalent, mais elle ne possède aucune école secondaire vraiment
polyvalente. Elle a des écoles donnant
l'enseignement secondaire général dont trois offrent aussi
une seule option professionnelle, et des écoles donnant la formation
professionnelle. Parmi les options de formation professionnelle offertes par
ces écoles, il en est un certain nombre pour lesquelles la CECQ
satisfait des besoins régionaux, ce qui fait que 55% de sa
clientèle du secteur professionnel vient de l'extérieur du
territoire.
Tant au niveau préscolaire que primaire et que secondaire, la
CECQ offre tous les services aux élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, des services personnels à
l'élève et des services complémentaires. Cet ensemble de
services est dispensé par 927 enseignants et 40 professionnels non
enseignants sous la responsabilité de 55 directeurs d'école et
directeurs adjoints.
Après le dépôt en première lecture du projet
de loi 40, un comité a préparé un document de travail de
nature à faciliter l'étude du projet. En quelques séances
d'étude, les commissaires ont procédé à l'examen du
projet de loi. Une position commune s'est dégagée de ces
travaux.
Cette position fut énoncée dans un texte
présenté au conseil des commissaires et adopté par une
résolution votée à la majorité. Ainsi, 3
commissaires sur 19 firent connaître leur dissidence et ont voté
contre l'adoption de la position. Ils seront entendus plus tard devant cette
commission. Par ailleurs, les deux représentants du comité de
parents ont tenu à faire savoir qu'ils étaient favorables
à cette position et l'endossaient.
Le mémoire que nous avons déposé devant cette
commission traite, très succinctement, de la situation
particulière de la CECQ qui concerne, entre autres, son statut
confessionnel et la définition de son territoire, lesquels sont
encadrés par des droits juridiques et constitutionnels. Notre
mémoire se termine en exprimant notre accord avec la
fédération des commissions scolaires sur une grande
majorité des autres éléments du projet.
Vous me permettrez, M. le Président, dans un premier temps,
d'expliquer davantage ces derniers points. Je terminerai avec des aspects
propres à la CECQ.
Il n'est pas dans notre intention de venir défendre ici le
mémoire de la fédération des commissions scolaires puisque
ses représentants se feront entendre devant vous dès demain.
Cependant, nous croyons opportun de vous faire connaître notre position
sur les principaux sujets du mémoire de cet organisme que nous appuyons
et qui nous concernent également.
Nous sommes d'accord sur le principe de la place plus importante qui
pourrait être donnée à l'école dans notre
système d'éducation et sur la décentralisation des
pouvoirs. Cependant, cette décentralisation, à notre avis,
devrait s'effectuer, dans un premier temps, de l'État vers les
commissions scolaires. Dans un deuxième temps, les commissions scolaires
et leurs gestionnaires seraient chargés de décentraliser vers les
écoles en tenant compte des besoins et des droits de toute la
communauté de leurs territoires respectifs en matière
pédagogique, financière, gestion des ressources et du
personnel.
Le gouvernement a déjà manifesté son désir
de décentraliser. Dans les faits, c'est une véritable
centralisation qui s'est effectuée, à tort ou à raison.
Qu'il s'agisse de règlements, directives, normes ou critères,
toutes ces actions ont eu pour effet de freiner cette amorce de
décentralisation et toute initiative qui voulait tenir compte des
particularismes locaux. Que l'on cite, à titre d'exemple, toutes les
autorisations que nous devons obtenir du ministère de l'Éducation
pour mettre en place des programmes spéciaux ou implanter des mesures
pour répondre à un besoin particulier.
Le projet de loi veut-il faire de l'école un pivot pour mieux la
faire tourner dans le sens désiré, au gré du
ministère, sans tenir compte de la volonté du milieu? Le
gouvernement a présenté un projet de loi pour empêcher un
autre gouvernement de transiger directement avec les municipalités au
détriment de son autonomie. Ce même gouvernement s'apprête
à faire lui-même, dans l'éducation, ce qu'il condamne
ailleurs. Il vient, d'ailleurs, de concrétiser son orientation en
donnant directement aux directeurs d'école des pouvoirs dans le cadre de
montants supplémentaires accordés aux élèves qu'il
est maintenant convenu d'appeler "les décrocheurs". La
décentralisation devrait donc se faire dans le respect de l'autonomie
des commissions scolaires, véritable gouvernement local élu et
représentatif du milieu.
La Commission des écoles catholiques de Québec partage les
vues de la fédération des commissions scolaires sur
l'élection des commissaires au suffrage universel. Déjà,
le 21 juin 1976, la CECQ adoptait une résolution dont elle transmettait
copie au premier ministre, au ministre de l'Éducation et à la
fédération des commissions scolaires, résolution qui
énonçait, entre autres, ce qui suit concernant les
élections scolaires: élection de tous les commissaires à
tous les quatre ans; délai accru entre le moment de l'appel nominal et
le jour de l'élection; abolition du droit de vote aux
propriétaires non domiciliés; tenue de scrutin un dimanche, en
novembre, en alternance avec les élections municipales; utilisation de
la liste électorale permanente aménagée à cette
fin. Cette disposition est, dans son essence, identique à la position de
la fédération des commissions scolaires.
Par ailleurs, toujours au sujet de l'élection des commissaires,
nous notons dans
le projet des particularités qu'il semble intéressant de
signaler. L'intérêt apparaît surtout quand on tente de voir,
dans la réalité d'un territoire donné, comment se
tiendrait un scrutin conforme au texte du projet. Ainsi, dans le projet de loi,
on constate qu'a droit de vote toute personne qui a la qualité
d'électeur (article 140) et qui est inscrite sur la liste
électorale (article 141) ladite liste portant aussi la mention de
l'école où la personne désire voter, selon son choix
(article 140). De même, il est précisé que la personne vote
au bureau de votation de la section de vote où est situé son
domicile (article 141). Cette personne pourrait demeurer dans un secteur du
territoire scolaire et choisir de voter dans l'école que
fréquente son enfant, par exemple, à l'autre
extrémité du territoire. Cette situation pourrait exister tout
à fait normalement, sur un territoire comme celui prévu pour
Québec, à des milliers d'exemplaires. En conséquence,
chaque bureau de votation devrait disposer des bulletins de vote de toutes les
écoles et même d'une boîte de scrutin par école du
territoire.
Or, sur le territoire proposé par le projet pour la nouvelle
commission scolaire linguistique de Québec, il y aurait 28
écoles. Pour recevoir les quelque 85 500 électeurs de ce
territoire, il faudrait environ 245 bureaux de votation. Il nous semble que
pourrait apparaître une difficulté ou, tout au moins, une
complication d'ordre technique dans la formule mise de l'avant.
La Commission des écoles catholiques de Québec, par
ailleurs, est en accord avec le principe de l'intégration du primaire et
du secondaire. Nous administrons déjà ces deux niveaux, du
préscolaire à la fin du secondaire en passant par l'initiation au
travail, le secteur professionnel et l'éducation aux adultes.
L'interrelation de ces niveaux est un facteur de motivation intéressant
et permet une plus grande souplesse dans l'organisation.
Voilà donc, en résumé, notre position qui est en
accord avec l'essentiel du message que vous livrera la fédération
des commissions scolaires et qui reflète l'ensemble des commissions
scolaires du Québec.
Vous me permettrez maintenant, M. le Président, de vous faire
part de notre point de vue sur un aspect du projet de loi qui touche
particulièrement la CECQ, c'est-à-dire la définition de
son territoire. L'article 334 du projet de loi, précisé par
l'annexe À, détermine que le futur territoire de la CECQ
correspondrait à son territoire de 1867. Partant du principe selon
lequel le changement envisagé devrait comporter plus d'avantages que
d'inconvénients, la CECQ a tenté de dresser la liste des uns et
des autres en regard de l'organisation des services éducatifs au
primaire et au secondaire pour une nouvelle commission scolaire dont les
limites territoriales correspondraient à celles de 1867. Les
écoles de la CECQ encore ouvertes, situées à
l'intérieur des limites du territoire d'avant 1867, sont les suivantes:
l'école primaire Saint-Jean-Baptiste, l'école Saint-Roch,
l'école primaire Saint-Patrick, le pavillon Saint-Jean-Baptiste, le
pavillon de la coiffure, l'école Jacques-Cartier et l'école
Saint-Patrick.
La mise en place d'une commission scolaire comptant trois écoles
primaires suppose une diminution des ressources pour l'enseignement,
l'animation et le soutien pédagogiques, et l'encadrement administratif,
proportionnelle à l'amputation pratiquée à la
clientèle et au réseau actuel des écoles primaires,
c'est-à-dire près de 90%. La baisse des ressources
financières disponibles engendrée par le nouveau découpage
rend évident cet état de fait. Ce constat premier et fondamental
déclenche donc une chaîne de conséquences négatives
engendrées par le projet de réforme scolaire.
Il y a des difficultés considérables d'organisation de
services adéquats pour les enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage en raison même du petit nombre d'enfants dans les
écoles. Or, certains enfants ont besoin d'être placés dans
des classes à effectifs réduits, avec un personnel
qualifié pour travailler avec eux, sans quoi on procède
carrément à une intégration sauvage des enfants dans des
classes régulières, ne rendant ainsi aucunement service aux
enfants. Pourquoi devoir agir de cette façon lorsque la CECQ peut
actuellement offrir aux élèves un ensemble diversifié et
complet de services correspondant à leurs besoins?
Il sera nécessaire, compte tenu de ce qui précède,
de procéder constamment par entente avec la commission scolaire voisine
pour dispenser des services aux enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Pourquoi alors entreprendre la négociation et la
signature d'une kyrielle d'ententes puisque l'actuelle CECQ dessert
adéquatement sa clientèle?
Une diminution du personnel professionnel, enseignant et non enseignant,
consécutive à la baisse importante du nombre de classes
d'adaptation scolaire actuellement situées à l'école
Saint-Roch, est inévitable. Les élèves de ce secteur de
l'adaptation fréquentant cette école proviennent en
majorité, à 80%, de l'extérieur des limites territoriales
de 1867. Le service de rééducation du langage au
préscolaire et le service d'orthophonie au primaire disparaîtront,
les faibles ressources financières n'en permettant plus l'existence. Le
changement de commission scolaire pour les élèves francophones de
sixième année des écoles Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch
promus en première année du secondaire sera
nécessaire et inévitable, car aucune école
secondaire du territoire de 1867 n'offre de services de formation
générale aux francophones. Encore une entente en perspectivel (21
h 15)
Une autre conséquence: une diminution radicale des ressources
humaines (conseillers pédagogiques, responsables de services personnels
aux élèves, personnel de gérance et technique travaillant
dans le domaine des moyens techniques d'enseignement) essentiellement
affectées à l'animation pédagogique, à l'aide aux
enseignants, à la conception de documents pédagogiques de
support, au développement dans les secteurs de la pédagogie et
des services psychologiques.
À cet égard, l'actuelle implantation des programmes
d'études et des politiques d'adaptation scolaire et de services
personnels aux élèves mobilise la majeure partie du temps de
travail des professionnels non enseignants. La quasi-disparition de cette
catégorie de personnel signifierait une coupure majeure de vivres aux
enseignants et aux directions d'école. Pourquoi démembrer une
organisation articulée, connue et efficace de services de soutien dont
bénéficient les écoles Saint-Roch, Saint-Jean-Baptiste et
Saint-Patrick?
En somme, l'analyse mène la Commission des écoles
catholiques de Québec à penser que l'hypothèse d'une
commission scolaire de quelque 900 élèves au primaire ne signifie
que diminution et appauvrissement généralisé tant au point
de vue des ressources financières et humaines disponibles pour les
écoles qu'au point de vue des possibilités d'échanges et
de développement pour toute notre communauté scolaire actuelle.
Les écoles primaires sises sur le territoire de 1867 se voient, dans
l'hypothèse envisagée, coupées de ressources, d'une
tradition, d'un réseau de communications bien en place.
Ce serait un recul évident, un perte importante d'expertise et de
disponibilité pour les gens des écoles à l'avantage de qui
la réforme veut être dirigée.
Le Pavillon Saint-Jean-Baptiste est une ancienne école secondaire
de premier cycle que la CECQ a transformée en pavillon professionnel il
y a dix ans. Cette école vétusté n'accueille que des
élèves du professionnel court. 149 élèves seulement
fréquentent cette école. Il y en aura 120 en septembre 1984.
Trois options y sont offertes: le métal en feuille, la menuiserie et
magasinier d'atelier. Considérant les orientations du ministère
de l'Éducation dans sa politique sur la formation professionnelle des
jeunes, la voie sans issue du professionnel court ne sera plus accessible en
septembre 1985. En conséquence, le Pavillon Saint-Jean-Baptiste ne sera
plus requis à court terme.
Le pavillon de la coiffure situé sur la rue Saint-Joseph
était autrefois occupé par la pâtisserie Vaillancourt.
Après avoir acquis cet immeuble, la CECQ effectua les
aménagements nécessaires pour dispenser les programmes du secteur
des soins esthétiques. Cette petite école accueille 600
élèves environ dans les options de coiffure masculine, de
coiffure féminine et d'esthétique. Le pavillon de la coiffure
fonctionne sur trois horaires car il ne peut loger que 200 élèves
simultanément. La clientèle du pavillon de la coiffure provient
surtout des autres commissions scolaires de la région. Plus de 60% des
élèves inscrits demeurent à l'extérieur de la
CECQ.
L'école Jacques-Cartier est une ancienne école primaire.
Elle est utilisée actuellement comme annexe aux pavillons de la coiffure
et de l'automobile. Les élèves de ces deux pavillons se
déplacent vers cette école pour y recevoir leurs cours de
formation générale inscrits à leur programme de
métier. Il s'agit d'une situation provisoire qui appelle des correctifs
à court terme.
L'école Saint-Patrick accueille la clientèle anglophone
catholique de Québec et de la région. 430 élèves
fréquentent cet établissement. On y dispense les cours de
formation générale de la première à la
cinquième secondaire et des cours de formation professionnelle dans le
secteur commercial.
Quant à la vocation projetée pour ces écoles,
rappelons que, le 21 mars 1979, le ministre de l'Éducation de
l'époque, M. Jacques-Yvan Morin, accordait à la Commission des
écoles catholiques de Québec une subvention de plus de 4 000 000
$ afin d'assurer le regroupement des enseignements professionnels
dispensés sur le territoire de la CECQ. Ce projet en voie d'être
réalisé apportera au réseau actuel des modifications qui
auront comme conséquence la relocalisation des élèves du
pavillon de la coiffure et du pavillon Saint-Jean-Baptiste. Sur les quatre
écoles secondaires du territoire initial, une seule demeurera ouverte,
soit l'école Saint-Patrick.
Le clientèle de niveau secondaire de la commission scolaire
d'avant 1867 que le projet de loi veut isoler est actuellement
constituée comme suit: 780 élèves francophones, 435
élèves anglophones. Au total, 1215 élèves de niveau
secondaire. Les 780 élèves francophones sont tous dans le secteur
professionnel. La presque totalité des parents de ces
élèves n'ont aucune racine dans le quartier; 35% des
élèves demeurent dans le territoire d'après 1867 et 60%
demeurent dans le territoire des autres commissions scolaires de la
région 03. Le pavillon de la coiffure ne recrute actuellement qu'une
quarantaine d'élèves dont le domicile se situe dans le territoire
d'avant
1867.
Les écoles secondaires de la CECQ sont déjà de
petites unités, entre 149 et 1200 élèves. Il y a
polyvalence par complémentarité. Aucune école secondaire
ne peut seule fournir à sa clientèle les services d'enseignement,
les services personnels et complémentaires. La configuration du
réseau secondaire à la CECQ exige l'interdépendance des
établissements. Des efforts soutenus de coordination doivent être
consentis.
Au point de vue de l'organisation scolaire et des services
éducatifs qu'une commission scolaire doit offrir à sa
clientèle, le projet signifie baisse radicale de ressources,
administration par ententes, dédoublement de l'activité de
ressources minimales à mettre en place dans la petite commission
scolaire, isolement de quatre écoles, donc également perte de
temps et d'argent, voire de qualité de services. Si changer, c'est
changer pour le mieux, les élèves des écoles Saint-Roch,
Saint-Jean-Baptiste et Saint-Patrick, primaire et secondaire,
méritent-ils un "maléfice"? "Small is beautiful", mais dans les
limites du minimum vital et du raisonnable.
Les droits de la CECQ, tels que conférés par sa charte et
par la constitution. Les principales dispositions du projet de loi 40 ne
s'appliquent pas à la CECQ, ceci afin que soient respectés les
droits constitutionnels qu'accorde à cette dernière l'article
93.1 de la Loi constitutionnelle de 1867. En revanche, le même projet de
loi propose de ramener les limites territoriales de la CECQ à ce
qu'elles étaient en 1867, en l'amputant de tous les territoires
annexés par l'autorité législative compétente au
fil des ans.
Nous nous permettons de rappeler ici l'article 16 de la charte de la
CECQ qui se lit comme suit: "La commission exerce sa juridiction sur tout le
territoire compris dans les limites de la cité de Québec et sur
tout le territoire qui pourra à l'avenir faire partie de ladite
cité." C'est en raison de cette disposition incluse dans la charte de la
CECQ que l'agrandissement du territoire de la cité de Québec a
profité à la CECQ, qui a agrandi son territoire dans les limites
qu'elle connaît actuellement. Cette extension autorisée par
l'article précité et ratifiée par l'autorité
législative compétente confère, à notre avis, aux
parents résidant dans les territoires annexés les mêmes
droits et privilèges qu'avaient ceux habitant les territoires sous la
juridiction de la CECQ en 1867 et, partant, l'autorité
législative ne possède pas les pouvoirs nécessaires de
diviser le territoire dans le but de priver les résidents de certains de
leurs droits constitutionnels.
Nous sommes d'avis que l'interprétation donnée aux droits
garantis par l'article 93 paragraphe 1 de la Loi constitutionnelle dans
l'affaire Clément Séguin contre le Procureur
général de la province de Québec trouve entièrement
son application dans la présente situation. Nous faisons nôtre le
principe d'intangibilité des garanties constitutionnelles que
l'honorable juge Deschênes, alors juge en chef de la Cour
supérieure du Québec, illustrait par le passage suivant: "La cour
est donc d'opinion qu'à compter de son intégration au
réseau de la CECM l'école Notre-Dame-des-Neiges est devenue
confessionnelle au même titre que les autres institutions du
réseau et que les parents catholiques dont les enfants
fréquentaient cette école sont devenus membres de la classe de
personnes au même titre que les autres parents de Montréal qui
peuvent se réclamer de la protection de l'article 93. Tenir autrement
amènerait cette situation étrange et carrément
inacceptable où la CECM aurait sous sa juridiction deux classes
d'écoles: les protégées et les
non-protégées, en fonction des frontières
désuètes et oubliées de 1867, de sorte qu'une même
loi pourrait enlever aux unes ce qu'elle devrait reconnaître comme
intangible chez les autres."
Il est, en effet, invraisemblable que l'autorité constituante ait
accordé la garantie de l'article 93 sans tenir compte du droit existant
tel que celui conféré par l'article 16 de la charte de la CECQ.
Toute autre forme d'interprétation de la loi constituante et de la
charte de la CECQ, ainsi que des principes légaux applicables
équivaudrait à croire que les législateurs auraient
accepté qu'il y ait, sur un même territoire, deux classes
distinctes de citoyens: les uns dont les droits sont protégés et
les autres dont les droits pourraient être l'objet de modifications
substantielles.
Rien dans les textes ne peut donner ouverture à une telle
interprétation et la consécration donnée par l'article
93.1 de la loi constitutionnelle soustrait de façon non équivoque
les résidents du territoire actuel de la CECQ à toute
intervention du législateur ayant pour objet la modification de leurs
droits constitutionnels.
Au-delà de l'interprétation des textes légaux tels
que mentionnés précédemment, il est important aussi de
voir les conséquences du projet de loi 40 sur l'existence de la CECQ
comme commission scolaire pouvant opérer comme telle dans le futur.
Nous avons fait état antérieurement du fait que le retour
aux limites territoriales de 1867 ne laisserait, sur le territoire de la CECQ,
que deux écoles primaires de langue française et, pour un certain
temps, selon les projections actuelles, quelques cours de type professionnel
dispensés à des étudiants dont la presque totalité
sont des résidents d'un territoire autre que celui couvert par la CECQ
en 1867.
Au fil des ans, la CECQ s'est adaptée à ses nouvelles
limites géographiques et aux besoins de la population et ce, sans tenir
compte d'une possibilité de retour en arrière quant aux limites
de son territoire. Comme nous l'avons déjà souligné, les
exigences d'ordre pratique et organisationnelles ont amené les
dirigeants de la CECQ à redistribuer, sur un territoire beaucoup plus
vaste, les services auxquels les parents étaient en droit de s'attendre
et à penser le fonctionnement de la commission scolaire en fonction de
limites géographiques plus compatibles en raison de l'expansion
géographique. Un retour aux limites territoriales qui existaient en 1867
équivaudrait, à toutes fins utiles, à la cessation des
activités de la CECQ puisqu'il est raisonnablement impensable de
conserver toute une structure de commission scolaire pour deux écoles
primaires.
Ce retour aux limites territoriales de 1867 constituerait donc un moyen
indirect pour l'autorité législative de poser un geste qu'elle ne
peut poser directement c'est-à-dire l'abolition à plus ou moins
brève échéance de la CECQ. Le législateur ne peut
certes, de façon détournée arriver à des fins qui
lui sont prohibées par les dispositions de l'article 93 de la loi
constitutionnelle et ainsi retirer aux parents du territoire de la CECQ les
garanties constitutionnelles qui leur ont été
accordées.
En conclusion, nous sommes d'avis que les dispositions visant à
réduire le territoire de la CECQ et à retirer aux parents qui
habitent ce territoire des droits qui leur sont garantis sont
inconstitutionnelles et il est de l'intention de la CECQ d'attaquer devant les
tribunaux toute disposition législative qui aurait pour effet de
modifier le territoire actuel de la CECQ, de retrancher quelque droit qu'ont
les parents résidant sur le territoire de la CECQ ou encore de limiter
les droits et pouvoirs conférés à la CECQ par sa charte
constitutive tels qu'ils sont garantis par l'article 93 de la loi
constitutionnelle. Merci M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. Flamand. M.
le ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: Comme vous le savez, M. Flamand, votre mémoire
nous a été remis à cinq heures cet après-midi.
M. Flamand: Nous le regrettons beaucoup. Nous aurions aimé
pouvoir le remettre avant.
M. Laurin: En un sens, je m'en réjouis parce que je
n'aurais pu vous poser de questions sur l'embryon de position ou de
mémoire que vous nous aviez fait tenir et qui ne comportait que deux
pages. Il aurait été très difficile, étant
donné le caractère très schématique de cette
position, de préparer quelque question à son endroit. Donc je me
suis réjoui que, cet après-midi, arrive enfin un véritable
mémoire qui mettait de la chair autour de cet embryon d'argument qui
existait dans votre position de septembre. (21 h 30)
Par ailleurs, cela nous posait, en tout cas, des problèmes
très sérieux parce que nous étions en train d'entendre des
organismes importants, représentatifs, et l'audition des
témoignages, des questions aussi bien que des réponses exigeait
de ma part une attention continue. Et, au cours de la période de
relâche, de 6 heures à 8 heures, je n'avais guère de temps
à consacrer à la lecture d'un mémoire aussi substantiel
que celui que vous nous présentez. Je déplore donc de ne pas
avoir eu le temps de lui faire une justice entière et complète et
non seulement de ne pas avoir pu apporter à sa lecture toute l'attention
désirable, mais surtout de ne pas avoir pu tirer les analyses, les
conclusions ou les questions que ce mémoire appelle. Donc, je reste
entre ma déception et la joie que j'ai eue d'avoir un complément
d'information.
Il reste que je pense que c'est important que nous accordions,
malgré ces circonstances limitatives, toute l'attention désirable
à votre position. Elle porte surtout sur votre cas particulier qui est
relié d'une façon très importante au problème de la
confessionnalité, puisque votre commission s'appelle la Commission des
écoles catholiques de Québec. Avant d'aller plus loin, j'aimerais
vous poser une question: Ne croyez-vous pas que le dédoublement des
commissions scolaires, entre commissions scolaires catholiques et protestantes,
ne correspond plus guère à l'évolution non seulement des
idées, mais de la situation démographique, aussi bien que de la
composition de la population du Québec, telle qu'elle s'est
manifestée particulièrement depuis que le Québec accueille
beaucoup d'immigrants, beaucoup de citoyens en provenance d'autres provinces,
lesquels sont loin d'avoir des allégeances confessionnelles aussi
homogènes que celle que nous étions accoutumés de
connaître auparavant? Ne croyez-vous pas qu'il est beaucoup plus
adéquat maintenant de penser à un dédoublement, s'il faut
encore y penser, en commissions scolaires francophones et en commissions
scolaires anglophones? C'est, d'ailleurs, une sorte de tendance
générale qui semble se manifester dans la population si l'on en
croit les sondages d'opinion qui sont faits de temps à autre et surtout
si l'on s'en reporte aux opinions de la majeure partie des observateurs un peu
dans tous les milieux qui semblent penser que la subdivision des commissions
scolaires en commissions
scolaires linguistiques est beaucoup plus adéquate, beaucoup plus
accordée à l'évolution de notre milieu et beaucoup plus
respectueuse aussi des droits et libertés de conscience de chacun que
l'actuelle division confessionnelle.
D'ailleurs, la Fédération des commissions scolaires
catholiques à laquelle vous appartenez est venue toute proche, dans un
congrès récent, d'adopter cette position, à savoir qu'une
division sur le plan linguistique était préférable
à une division scolaire sur le plan confessionnel. Elle s'est
ravisée depuis pour des raisons qu'on pourra lui demander demain, mais
il reste que, même à l'intérieur de votre
fédération, il y a des opinions très partagées
à l'heure actuelle et que la tendance vers la subdivision en commissions
linguistiques m'apparaît plus porteuse d'avenir et de progrès que
la division confessionnelle.
Ma deuxième question, qui est préalable aux autres
questions que je vous poserai, c'est celle-ci: Ne croyez-vous pas que,
même dans le cas d'une commission scolaire confessionnelle, la
confessionnalité en tant que telle se vit davantage à
l'école, c'est-à-dire en milieu éducatif proprement dit,
qu'à la commission scolaire qui demeure quand même une structure.
Ne croyez-vous pas non plus que même avec la loi 40, les écoles,
cette fois, non seulement se voient accorder le droit inscrit dans la loi de
dispenser à tous les élèves qui le demandent un
enseignement confessionnel, catholique ou protestant, mais se voient accorder
le droit de demander et d'obtenir des services d'animation pastorale ainsi que
le droit d'obtenir un statut confessionnel et que même dans ces
conditions où la confessionnalité est respectée,
l'école conserverait quand même les garanties d'une
confessionnalité vécue sur le plan de la dimension selon laquelle
les parents et les enfants veulent la vivre? C'est ma question
préalable.
Le Président (M. Blouin): M. Flamand.
M. Flamand: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais répondre de façon globale à la question du
ministre, même si elle est en deux volets, parce qu'il m'apparaît
que c'est quand même extrêmement lié puisqu'il s'agit, en
fait, de la confessionnalité. Ce n'est quand même pas un
phénomène nouveau pour nous. Bien sûr, on s'est
arrêté à ce phénomène et on l'a
étudié. La CECQ a déjà démontré,
d'ailleurs, une ouverture d'esprit de ce côté-là. Nous
sommes conscients de nos responsabilités sociales vis-à-vis de la
population qui se dirige de plus en plus vers un certain pluralisme et nous
sommes conscients que nous gérons des écoles publiques. Nous
accueillons, d'ailleurs, dans nos écoles des gens qui proviennent de
différentes dénominations, qu'ils soient catholiques, protestants
ou autres, c'est-à-dire que les gens peuvent demander l'exemption de
l'enseignement religieux. À cet égard, nous mettrons en vigueur
en septembre 1984 l'esprit du projet de loi 40 puisque déjà, les
parents pourront se servir du choix de l'option, c'est-à-dire de
l'enseignement religieux ou de l'enseignement moral. Par contre, nous sommes
conscients aussi des problèmes juridiques que nous rencontrons. Nous
disons donc que nous ne pouvons les résoudre seuls et qu'on pourra
tenter de les résoudre si toutes les parties en cause s'assoient autour
d'une même table et tentent de trouver une solution. C'est la
réponse en résumé que je pourrais donner sur la
confessionnalité. Nous sommes conscients des difficultés, mais il
y a aussi des problèmes d'ordre juridique.
Le Président (M. Blouin): Cela va. M. le ministre.
M. Laurin: II reste qu'un dédoublement basé sur la
langue est quand même différent et comporte des
conséquences par rapport à un dédoublement fondé
sur la confessionnalité. Il importe, évidemment, d'envisager ces
conséquences. Si le législateur décide en faveur d'un
dédoublement sur le plan linguistique, il faut en conséquence
qu'il assume les résultats de ce choix et encore une fois, nous croyons
que cette division ou que ce dédoublement basé sur la langue
correspond davantage, non seulement à l'évolution de notre
société, mais au respect de certaines valeurs et qu'il correspond
aussi à un accord de plus en plus général qui est en train
de se faire. Évidemment, à partir de ce moment, nous sommes
obligés de rediviser les territoires sur une base linguistique. Dans le
cas qui vous concerne, la nouvelle commission scolaire linguistique de
Québec comprendrait tout le territoire actuel qui est le vôtre,
sauf une enclave, évidemment, l'enclave dont vous avez fait état
dans votre mémoire qui contiendrait les sept écoles que vous avez
mentionnées. Donc, on peut dire que la nouvelle commission scolaire
linguistique de Québec comprendrait à peu près le
territoire actuel. C'est la commission scolaire catholique de Québec
qui, elle, serait réduite et qui ne comprendrait plus que les sept
écoles que vous avez mentionnées. Il est sûr, à ce
moment, que la Commission des écoles catholiques de Québec se
retrouverait dans une situation très différente de celle qu'elle
occupe actuellement. Ce serait plutôt la nouvelle commission scolaire
linguistique qui jouerait à peu près le rôle que vous jouez
actuellement et qui comprendrait le plus grand nombre d'écoles
primaires, secondaires, avec les options professionnelles et services
d'éducation des adultes qu'elle comprend actuellement.
Mais nous avons dû le faire pour rester dans le cadre de la
constitutionnalité canadienne, pour respecter l'article 93. À ce
moment, évidemment, cela crée un certain nombre de
problèmes pour un certain nombre de commissions scolaires: la CECM
à Montréal, le bureau des écoles protestantes de
l'agglomération de Montréal et la Commission des écoles
catholiques de Québec, ainsi que pour cinq écoles dissidentes qui
restent, dont trois catholiques et deux protestantes.
Évidemment, comme la taille de votre commission serait
très réduite, il faut penser à certains problèmes
qui se posent et vous les posez très bien dans votre mémoire.
Comment résoudre ces problèmes? Sur le plan de la commission, il
y aurait certes des problèmes dans le sens que vous ne pourriez procurer
aux élèves inclus dans les sept écoles que vous mentionnez
les mêmes services, des services de qualité égale, qu'en
recourant à d'autres moyens que ceux que vous avez utilisés
jusqu'ici, c'est-à-dire le moyen des ententes.
Ces ententes existent, à l'heure actuelle, entre plusieurs
commissions scolaires et, souvent, les élèves ne s'en rendent
même pas compte parce qu'ils fréquentent telle école
appartenant à une autre commission, mais en vertu d'une entente
passée entre les commissions scolaires. Il n'en résulte aucun
préjudice pour les enfants puisqu'ils ont la liberté d'aller dans
les écoles, même situées hors de leur territoire, qui leur
procurent ou qui leur dispensent des services appropriés au degré
où ils sont ou à l'option professionnelle qu'ils ont
décidé de prendre.
Cela est aussi le cas pour bien des anglo-catholiques, par exemple, qui
préfèrent ne pas étudier dans les commissions scolaires
françaises où ils sont inscrits à l'heure actuelle et qui,
en vertu de ces ententes, vont étudier dans des écoles qui
relèvent de la juridiction des commissions scolaires protestantes. Il y
en a un très grand nombre de ces anglo-catholiques qui, actuellement, en
vertu d'ententes, jouissent des services que dispensent des commissions
scolaires protestantes. Je ne sache pas que ceci ait donné lieu à
un très grand nombre de protestations, parce que les services, dont ils
peuvent bénéficier dans ces commissions scolaires protestantes
sont à la hauteur de leurs espoirs ou de leurs exigences.
Je dirais même qu'il y a des cas extrêmes. Il y a,
actuellement, des commissions scolaires dissidentes qui n'ont pas une seule
école et qui, pourtant, continuent d'exister et veulent continuer
d'exister. Ces commissions scolaires dissidentes, toujours par voie d'ententes
avec d'autres commissions scolaires, envoient les élèves qui sont
placés sous leur juridiction étudier dans d'autres écoles
situées dans d'autres territoires.
Je pense qu'il faut dire que, même si le territoire de la nouvelle
Commission scolaire catholique de Québec était très
réduit, il n'en résulterait guère de préjudice pour
les enfants parce que les ententes qui existent actuellement peuvent aussi
être conclues de la même façon en vertu de la loi 40. Ces
ententes permettraient aux élèves qui, normalement, iraient dans
cette école de bénéficier des services que pourraient leur
dispenser d'autres commissions scolaires avoisinantes.
Actuellement, cela est le contraire. Ce sont d'autres commissions
scolaires qui vous envoient, par entente, leurs élèves afin que
vous leur dispensiez certaines options professsionnelles. Dans la nouvelle
situation, cela serait l'inverse mais, dans les deux cas, je pense que les
ententes permettent que les élèves ne souffrent guère de
préjudice par rapport au lieu où ils peuvent recevoir leur
éducation. Évidemment, la situation pourrait être
différente si nous n'avions pas pensé respecter l'article 93 de
la constitution, mais je pense qu'il revient à la Commission des
écoles catholiques de Québec de prendre ses décisions. (21
h 45)
Vous avez fait allusion, à plusieurs reprises, à certaines
causes qui sont actuellement en cour de justice. Il y a eu un jugement de
rendu, par exemple, dans le cas que vous avez cité, mais cette cause est
maintenant en appel, comme vous le savez, depuis un an. Le gouvernement n'a pas
accepté le jugement de première instance. Il l'a porté en
appel et il a déposé son factum. La CECM ne l'a pas encore fait.
Donc, je ne sais pas quand la Cour d'appel sera véritablement en
état de se prononcer dans cette cause et ce n'est pas mon rôle,
à l'heure actuelle, de commenter une cause sub judice. Mais, abstraction
faite de ce cadre juridique, il y a quand même d'autres solutions qui
peuvent se présenter. La loi 40 comporte des articles qui permettent aux
commissions scolaires dissidentes et aux autres de renoncer à leur
statut actuel, de demander une fusion. Il y a aussi la possibilité, pour
certaines de ces commissions scolaires, de faire des référendums
afin de connaître l'opinion de la population. Il y a peut-être
d'autres solutions que celles-là.
La question que je voulais vous poser est celle-ci: Ne croyez-vous pas
que, quoi qu'il arrive, même si la commission des écoles
catholiques de Québec devenait réduite par rapport à ce
qu'elle est actuellement, elle serait dans la situation d'un certain nombre de
commissions scolaires qui existent actuellement au Québec? Je n'en ai
pas le chiffre exact à la mémoire, mais il y en a au moins une
cinquantaine dont la
clientèle serait à peu près semblable à
celle qu'aurait la nouvelle commission des écoles catholiques de
Québec. Ces commissions scolaires, qui ont la même taille
actuellement, non seulement, à l'occasion de la confection de la carte,
ne veulent pas renoncer à leur territoire réduit, ne veulent pas
l'augmenter, mais demandent et persistent à croire que cette taille
réduite peut leur convenir et que, d'autre part, elle est parfaitement
compatible avec la qualité des services qu'elles peuvent dispenser
à leur clientèle scolaire directement ou par voie d'entente.
Le Président (M. Blouin): M. Flamand.
M. Flamand: J'aimerais d'abord, M. le Président, si vous
me le permettez, répondre à la première partie de la
question de M. le ministre, que j'ai ignorée tout à l'heure,
quant à l'aspect linguistique. Nous appuyons, nous sommes d'accord avec
le principe de commissions scolaires linguistiques. On en a fait état
dans le premier mémoire que nous avons déposé. Par contre,
nous sommes d'accord aussi avec une certaine dérogation au principe
général. On dit que le principe général devrait
s'appliquer dans les endroits où le nombre le justifie. Nous
considérons que sur le territoire de la CECQ le nombre
d'étudiants anglophones ne justifie pas la création d'une
commission scolaire distincte de langue anglaise. Les anglophones que nous
desservons déjà actuellement - d'ailleurs, un mémoire a
été déposé devant cette commission parlementaire
dans ce sens par l'une de ces écoles, je ne sais pas si vous
l'entendrez, je pense que oui - demandent de demeurer dans le cadre actuel des
structures de la CECQ.
Depuis plusieurs années, je pense, depuis que la commission
existe, depuis 1946, les anglophones sont associés à la CECQ. Il
y a toujours eu bonne entente et je pense que les anglophones ont toujours
considéré qu'ils étaient bien servis. Ils
considèrent qu'ils ne sont pas assez nombreux pour se constituer en
commission scolaire et ils désirent demeurer avec nous. Nous sommes
aussi prêts, dans la même ouverture d'esprit que nous avons pour le
pluralisme, à continuer de les accueillir.
Quant à la dimension réduite de la commission scolaire et
au principe de viabilité, vous me permettrez, M. le Président, de
ne pas être d'accord avec M. le ministre. D'ailleurs, nous en faisons
état dans notre mémoire et nous prétendons qu'il y aura
une diminution de la qualité des services en diminuant aussi le
territoire.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Flamand. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je pense que nous sommes saisis
ce soir d'un problème qui risque d'avoir des répercussions
sérieuses si on ne le traite pas de la manière qui s'impose. Pour
l'ensemble des territoires scolaires de la province de Québec, le projet
du gouvernement de passer d'un régime de commissions scolaires
confessionnelles à un régime de commissions scolaires
linguistiques ne pose pas, selon tout ce qu'on peut posséder
d'indications jusqu'à maintenant, de problème constitutionnel,
parce que, selon la jurisprudence qu'on connaît, les territoires qui
jouissent de la protection constitutionnelle définie à l'article
93 de la constitution, sont ceux de Montréal et de Québec.
De ce point de vue, nous sommes en face d'une jurisprudence
récente qui est contradictoire. Vous avez cité dans votre
mémoire le jugement Deschênes dans la cause Notre-Dame-des-Neiges.
M. Deschênes a conclu, si j'ai bien compris ce que vous avez dit et selon
ce que je me souviens de cette cause, que les territoires qui ont pu être
annexés à la commission des écoles catholiques de
Montréal, depuis 1867, doivent être considérés, du
fait de leur annexion, comme étant couverts par cette protection
constitutionnelle que définit l'article 93. Le juge Provost, dans un
autre jugement concernant l'école nouvelle QUERBES, je crois, a conclu
le contraire. Il a tiré une conclusion exactement contraire. Je pense
que ces deux causes sont présentement en appel.
Qu'est-ce qui sortira de tout cela? Nous ne le savons pas, mais le moins
qu'on puisse dire, c'est qu'il y a une grande dose d'incertitude. Il ne s'agit
pas de commencer à exprimer des opinions sur l'un ou l'autre jugement,
mais le moins qu'on puisse dire, en toute honnêteté, c'est qu'il y
a une grande dose d'incertitude et je crois qu'en plus de ces deux causes, il y
en a un certain nombre d'autres qui sont aussi devant les tribunaux
actuellement. Je me souviens qu'il y a une cause qui a été
instituée à propos d'autres aspects, mais qui rejoignent quand
même cette difficulté constitutionnelle. Il y a une cause qui a
été instituée concernant l'étendue des pouvoirs
pédagogiques que le ministère exerce sur des écoles
jouissant de la protection constitutionnelle de 1867. On remet en cause
jusqu'à l'autorité du gouvernement en matière de
programmes, de régimes pédagogiques, etc. Ces causes sont en
train de cheminer laborieusement devant les tribunaux également.
Personne, dans l'état actuel du dossier, ne peut dire avec certitude
comment cela finira. Cela semble assez évident qu'on s'en va vers la
Cour suprême dans un certain nombre de ces affaires et que cela prendra
vraisemblablement quelques années avant que les conclusions nettes aient
été tirées par les autorités judiciaires.
Dans ces conditions, un problème se posait pour le gouvernement.
Est-ce qu'il devait procéder quand même ou s'il n'est pas mieux
qu'il prévoie, dans ces deux cas en particulier, les territoires
affectant Montréal et Québec, à tout le moins dans son
projet de loi qu'aucune application de la loi éventuelle ne sera faite
dans ces territoires tant qu'on n'aura pas obtenu de clarification
définitive des tribunaux? C'est une question extrêmement
importante et lourde de conséquences pour le gouvernement. J'ai de la
misère à concevoir que le gouvernement, à supposer qu'il
réussisse - et cela demeure une question accompagnée d'un bon
point d'interrogation - à faire adopter son projet de loi au cours de la
présente année, à supposer qu'il décide de
l'appliquer à Québec et à Montréal et que, dans
deux ans, arrive un jugement de la Cour suprême disant: Ces gens avaient
des droits qui furent méconnus à l'époque par le
législateur du temps, par conséquent, on retournerait à la
situation où on était avant... Cela aurait fait un immense
gaspillage d'énergie et d'argent et une chose me frappe, M. le ministre,
c'est la détermination apparente des parties qui sont de l'autre
côté du dossier. On a eu l'expression, ce soir, d'une
volonté très nette. On nous prévient formellement qu'on
entend recourir à tous les moyens judiciaires qui sont disponibles pour
faire valoir les droits de cet organisme. Le Protestant School Board of Greater
Montreal nous a fait part d'une volonté semblable. Je crois que la
commission des écoles catholiques de Montréal exprimera une
opinion semblable. Il en va ainsi de l'Association québécoise des
commissions scolaires protestantes. Je crois que vous devrez considérer
très sérieusement le devoir de prudence qui s'impose à un
gouvernement dans un cas comme celui-là.
On a déjà eu de nombreux cas au cours des dernières
années de situations où le gouvernement s'était
avancé ou avait fait avancer l'Assemblée nationale dans des
directions qui furent trouvées ensuite inconstitutionnelles par les
tribunaux. Je pense que ce n'est pas une bonne chose pour un gouvernement, une
société, surtout pour un organisme législatif de se faire
dire par les tribunaux qu'il n'a pas eu le nez assez fin pour se retenir sur la
voie d'une loi anticonstitutionnelle, quoi qu'on puisse penser de la
constitution par ailleurs. Cela est un autre problème qu'on doit
débattre dans une autre arène. Je ne crois pas qu'on devrait
ajouter un risque comme celui-là, ceux qui ont déjà
été courus dans le passé qui ont souvent
traîné des déconfitures, des retraits par le
gouvernement.
Je me rappelle un soir, je pense que nous étions à
l'Assemblée nationale ensemble quand la Cour suprême s'est
prononcée sur toute la partie de la Charte de la langue française
qui concernait la langue des tribunaux. Ce n'était pas gai. Nous, du
côté de l'Opposition, on s'est fait accuser de tous les
péchés. Ce n'est pas nous qui avions péché. On
avait averti le gouvernement que ce n'était pas constitutionnel trois
ans avant. À ce moment, on s'était fait traiter de tous les
qualificatifs qui sont dans le dictionnaire. Après que les tribunaux
nous eurent donné raison, on a été encore l'objet d'une
volée de quolibets et le ministre de l'Éducation, en particulier,
ce soir-là, avait été particulièrement abondant
dans son recours au dictionnaire des épithètes. Il avait
provoqué, d'ailleurs, des réactions très douloureuses chez
certains de nos députés. Pas chez moi, je vous l'assure tout de
suite, parce que je n'avais pas besoin d'aucune sorte de confirmation dans ces
choses de la part du gouvernement.
Chez certains de nos membres qui abordaient ces problèmes avec
une très grande sincérité, cela avait provoqué des
traumatismes profonds. On a été obligé de passer une bonne
partie de la nuit à redresser cette situation. Depuis ce temps, on est
dans cette situation absurde au Québec où chaque loi qu'on adopte
est accompagnée d'une petite disposition à la fin, un nonobstant,
ceci et cela; nous on ne marche pas là-dedans. C'est humiliant pour tout
le monde. Ce n'est pas une manière de procéder dont nous avons
lieu d'être fiers. Cela témoigne d'un entêtement qui peut
s'expliquer pour des motifs de politique partisane.
Je ne pense pas que ce soit la manière de fonctionner dans le cas
où nous sommes. J'émets l'opinion que ce problème qui est
soulevé ce soir, pour des territoires limités -d'ailleurs, cela
ne met pas en cause l'ensemble du projet - devrait être pris en
très sérieuse considération par le gouvernement. Il y a la
possibilité pour le gouvernement - je ne crois pas qu'on ait eu de
réponse claire et définitive là-dessus - de soumettre ce
problème à la Cour d'appel pour obtenir une opinion. Si on veut
que cela procède plus vite, je pense qu'on a les moyens de faire en
sorte que des clarifications soient obtenues assez rapidement pour que la mise
en application éventuelle d'une loi qui comporterait des choses comme
celles qui nous sont communiquées ce soir puissent se faire dans la
validité constitutionnelle.
Il appartiendra au gouvernement de faire part de ses intentions à
ce moment. Je ne pense pas que quand on a des recours qui permettent de
s'assurer qu'on ne violera pas des droits constitutionnels établis ou
qu'on devra en tenir compte que l'on devrait agir de manière
impétueuse, d'une manière arbitraire, d'une manière
unilatérale sans s'assurer au préalable qu'on a pris toutes les
précautions possibles. C'est un point - on va y penser avec beaucoup
d'attention - qui est
très préoccupant pour nous parce que quoi qu'on pense de
la manière dont certains changements constitutionnels ont pu être
faits récemment, je pense que le principe constitutionnel en soi est le
fondement même de la légalité dans notre
société. Surtout quand on est le gouvernement, on doit s'en
occuper de manière sérieuse. (22 heures)
Je ne vais pas dans tous les détails, parce que mon
collègue de Louis-Hébert continuera tantôt à vous
interroger sur des aspects qui sont plus immédiatement reliés
à la réalité québécoise. Je voudrais juste
vous poser trois ou quatre petites questions assez rapidement.
Vous avez actuellement environ 15 000 élèves?
M. Flamand: Environ 14 900.
M. Ryan: Je vois que, dans la commission scolaire 3303 qui
couvrirait le reste du territoire de Québec que vous occupez
actuellement, il y aurait à peu près 5800 élèves.
Sur une des cartes que nous avait distribuées le gouvernement en
août dernier - 3303 c'est celle que vous avez annexée à
votre mémoire, d'ailleurs - il y avait des données statistiques
au dos de la carte qui présentait le territoire de la commission
scolaire 3303. Est-ce que je comprends bien? Je vois 5855 élèves.
Est-ce que, peut-être, les collaborateurs du ministre peuvent me corriger
là-dessus?
M. Laurin: J'ai demandé qu'on aille la chercher.
Le Président (M. Blouin): Ah oui? Cela sera
vérifié.
M. Ryan: Parce que je voudrais savoir où vont les autres.
Si ceci est juste, où vont les autres élèves? Il vous en
resterait 900, avez-vous dit?
M. Flamand: Je pense, M. le Président, si vous me
permettez de répondre au député d'Argenteuil, que le
projet de loi tient compte, dans la nouvelle répartition de la
clientèle, que le projet serait adopté et qu'il y aurait donc un
certain remaniement, pour employer le terme, de la clientèle scolaire.
Ce qui fait qu'il pourrait s'ajouter à cette clientèle une
clientèle d'autre source. Peut-être que le ministre pourrait vous
apporter plus d'éclaircissements, parce que c'est un document qui
émane du ministère. Ce n'est pas un document de...
M. Ryan: Oui, si on pouvait avoir cela assez tôt ce soir,
je pense que cela serait utile pour cette partie de la discussion. Je vais vous
dire le sens de ma question. J'ai suivi les discussions dans la région
de
Montréal de manière plus particulière et j'ai
toujours compris qu'on vise à créer des commissions scolaires qui
auront 18 000, 20 000, 22 000 élèves, parce qu'on se dit: Voici
à peu près le bassin requis pour qu'une commission scolaire, dans
un territoire métropolitain d'envergure, puisse offrir la gamme des
services de base qui sont nécessaires. Je me dis que, si on est pour
aboutir avec cette charcuterie à une commission scolaire de 5855
élèves, on serait peut-être mieux de les garder toutes les
deux ensemble pendant au moins le temps que va durer la période de
vérification judiciaire.
Mais, encore une fois, je me demande où vont les autres
élèves. Si on nous éclaire tantôt là-dessus,
on pourra rouvrir le débat, avec votre permission, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Cela va, M. le
député.
M. Ryan: Cela va? Est-ce qu'on peut attendre là-dessus ou
si vous avez quelque chose à ajouter?
M. Flamand: Je voudrais ajouter, en ce qui concerne le fait
d'attendre, qu'on en fait déjà état dans le premier
mémoire que nous avons déposé; on dit qu'il serait
préférable que la définition du territoire de la CECQ soit
remise à l'étude.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, pour revenir au
problème constitutionnel que vous avez soulevé, je voudrais vous
poser les questions suivantes. D'abord, le ministère de
l'Éducation, dans la préparation du projet de loi ou du projet
des nouvelles cartes des limites territoriales, est-il entré en contact
avec vous? Est-ce qu'il a eu des consultations avec vous à ce sujet?
M. Flamand: Je ne crois pas que personne de la CECQ ait
été consulté sur la division du territoire. À ma
connaissance, en tant que président du conseil des commissaires,
à un moment donné, on a pris connaissance du document qu'on a
annexé à notre mémoire qui définissait le nouveau
territoire.
M. Ryan: Est-ce qu'une demande vous aurait été
faite par le gouvernement, d'une manière officielle, à un moment
ou l'autre, afin de voir si vous seriez prêts à réviser ce
privilège constitutionnel dont vous affirmez jouir? Est-ce qu'une
demande vous aurait été faite par le gouvernement, vous demandant
si vous seriez prêts, dans l'intérêt supérieur d'un
projet de réforme des structures, à envisager le renoncement
à ce privilège ou d'avoir une manière différente
d'en jouir?
M. Flamand: Aucune demande dans ce
sens-là n'a été portée à la
connaissance du conseil des commissaires.
M. Ryan: Vous, de votre côté, avez-vous
sollicité et reçu des avis juridiques au sujet de votre statut
constitutionnel?
M. Flamand: Absolument. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
notre procureur nous accompagne ce soir, justement à cause de cet aspect
juridique.
M. Ryan: Est-ce que les opinions juridiques que vous avez
reçues pourraient être mises à la disposition des membres
de la commission ou si, pour le moment, cela demeure votre
propriété?
M. Flamand: Je ne vois pas d'objection, en tout cas, à les
mettre à votre disposition puisqu'on en fait état dans notre
présentation. Je pense qu'il serait tout à fait raisonnable que
vous puissiez en prendre connaissance.
M. Ryan: Maintenant, d'après vous, le seuil minimum
raisonnable pour qu'une commission scolaire puisse offrir des services de base
d'excellente qualité dans une région comme la vôtre,
qu'est-ce que cela serait, au point de vue nombre d'élèves?
M. Flamand: Alors, M. le Président, si vous me permettez,
je pense que c'est une question à laquelle pourrait très bien
répondre la directrice générale.
Le Président (M. Blouin): Mme Ouellet.
Mme Ouellet (Thérèse): M. le Président, je
pense que, actuellement, la commission des écoles catholiques de
Québec a une clientèle convenable pour offrir des services de
qualité. Si on retournait au territoire d'avant 1867, on se retrouverait
avec uniquement des écoles primaires; on n'aurait même pas
d'école secondaire sur le territoire, étant entendu que les
écoles secondaires, actuellement, sont des écoles
professionnelles et l'école secondaire Saint-Patrick. Il n'y aurait pas
d'école secondaire francophone. Alors il m'apparaît qu'un nombre
d'élèves de 15 000 est un nombre acceptable pour offrir des
services pédagogiques de qualité à une
clientèle.
M. Ryan: Merci. Merci M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Cela va, M. le
député d'Argenteuil. Vous attendez donc vos données avant
de poursuivre votre intervention. M. le député de Vachon.
M. Payne: Dans le mémoire, à la page 3, vous dites
que le gouvernement procède à une véritable centralisation
avec le projet de loi 40. Pouvez-vous indiquer à la commission, d'une
manière précise, quels sont les pouvoirs que le projet de loi
enlève présumément aux commissions scolaires?
M. Flamand: M. le Président, si vous me le permettez,
d'abord on ne fait pas référence dans cette partie du texte au
projet de loi 40. On fait plutôt référence à un
désir déjà manifesté par le gouvernement mais qui
ne s'est pas réalisé dans les faits. On dit que, dans le
passé, le gouvernement a déjà tenté, a
déjà manifesté un désir de décentraliser
mais que, dans les faits, c'est une centralisation qui s'est effectuée.
Et c'est la raison pour laquelle on parle de règlements, de directives,
de normes ou de critères qui sont des actions qui ont conduit à
cette centralisation. Et, un peu plus loin, on cite des exemples: les
autorisations par exemple qu'il faut demander de toutes sortes au
ministère.
M. Payne: Je vais vous donner quelques exemples de pouvoirs du
gouvernement - je fais la nuance entre le gouvernement et les pouvoirs du
ministre - qu'il détient déjà sous la loi actuelle et sous
le projet de loi proposé: L'âge de l'admission à
l'école, la détermination des territoires scolaires, le
régime pédagogique et les procédures pour l'octroi des
contrats. Ce ne sont que quatre exemples. À mon avis, il n'y a pas un
seul de ces pouvoirs qu'une commission scolaire ou une fédération
de commissions scolaires pourrait prétendre qu'on devrait enlever au
gouvernement. Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Flamand: Je ne suis pas sûr de très bien
comprendre tous les détails de votre question.
M. Payne: Je vous ai donné quatre exemples de pouvoirs du
gouvernement. Voudriez-vous avoir quelques-uns de ces pouvoirs, que le
gouvernement actuellement détient?
M. Flamand: Ce qu'on demande, pour le moins, c'est de ne pas
perdre ceux qui nous restent. Ce n'est pas qu'on veuille obtenir les pouvoirs
qui appartiennent actuellement au ministre, au ministère, ou au
gouvernement. Pour le moins, pas perdre ceux qui nous restent.
M. Payne: Bon. Moi, j'aimerais continuer parce que j'arrive au
problème de la centralisation. Les accusations de centralisation sont
très rarement justifiées. L'article 33, par exemple, du projet de
loi. On pensait que le ministre pouvait établir une école
régionale ou nationale; maintenant il faut que cela se fasse avec
entente avec une commission scolaire. Donc, à mes yeux,
c'est un exemple de décentralisation. J'aimerais avoir votre
réaction sur l'article 233. On dît que le gouvernement
reçoit le budget et dans le passé, le gouvernement devait
approuver le budget. À mon avis, c'est un autre exemple de
décentralisation. Même chose à l'article 240 sur
l'étalement du surplus. Dans le passé, ce n'était pas
légitimé qu'une commission scolaire ait un surplus ou un
déficit. C'est une modification très importante: la même
chose - et je termine ici - pour la liste des manuels scolaires. Quoique le
gouvernement l'ait établie à partir de la liste originale, c'est
maintenant une mesure décentralisatrice. Pouvez-vous donner des exemples
que vous avez vus - et je pourrais continuer pendant longtemps - où le
projet de loi 40 contient de nouvelles mesures centralisatrices qui n'existent
pas selon la loi actuelle de l'éducation?
Le Président (M. Blouin): M. Flamand.
M. Flamand: M. le Président, malheureusement, je ne
pourrais pas... Je pense que la commission ne m'accorderait pas le temps de
revoir toute la loi pour extirper des exemples comme ceux-là, mais je
voudrais quand même, si vous me le permettez, répondre à
une partie de la question de M. le député quand il parle, par
exemple, du budget. M. le député dit qu'autrefois, le
ministère approuvait le budget et que maintenant, il le reçoit.
Je pense que dans les faits, il n'y aura pas beaucoup de changements puisque
c'est le ministère qui continuera d'accorder les subventions et il
accordera bien les subventions qu'il désirera accorder. C'est quand
même le ministère aussi qui va continuer à établir -
bien sûr, après consultation - les règles
budgétaires et c'est toujours le ministère qui va fixer les
montants. Si on veut implanter des programmes spéciaux à une
clientèle particulière, on devra continuer à recourir aux
autorisations du bureau régional ou directement du ministère.
M. Payne: Cela me surprend un peu que vous puissiez dire dans
votre mémoire que le gouvernement manifeste le désir de
décentraliser, mais dans les faits, il fait le contraire et vous avez
dit tout à l'heure, en réponse à ma question, que vous
n'avez pas eu le temps, en analysant le projet de loi, de donner des exemples
de centralisation.
M. Flamand: C'est que, si vous me le permettez, M. le
Président, je vous ai expliqué tout à l'heure que cette
partie ne s'applique pas au projet de loi 40, mais s'applique à un
désir déjà manifesté par le gouvernement qui ne
s'est pas réalisé, ce qui nous fait craindre que le désir
de décentralisation manifesté dans le projet de loi 40 subisse le
même sort que le désir antérieurement manifesté qui
ne s'est pas réalisé. Cette partie ne s'applique pas au projet de
loi 40, mais plutôt à une philosophie que nous avons
déjà constatée.
M. Payne: Mais vous n'avez pas vu cette tendance exprimée
dans le projet de loi 40?
M. Flamand: Le projet de loi 40 manifeste, lui aussi, un
désir de décentraliser, mais on n'est pas sûr que cela se
réalisera.
M. Payne: Je termine ici et je répète seulement
quelques-unes des mesures décentralisatrices après l'étude
du projet de loi: l'article 33 sur les écoles nationales et
régionales, après entente; l'article 233 sur les budgets;
l'article 240 sur le surplus; l'article 293 sur la liste des manuels scolaires;
l'article 297 sur l'étude de la langue, l'article 327 sur la question
des tutelles - auparavant, c'était le gouvernement et maintenant, c'est
le ministre. Voilà plusieurs exemples. D'après vos études
et vos discussions, je suis certain que vous pouvez commenter les tendances
négatives ou positives exprimées dans le projet de loi.
M. Flamand: On n'a pas fait d'étude d'articles aussi
précis. Nous avons constaté que dans l'ensemble du projet de loi,
il y avait un désir de décentraliser, surtout vers les
écoles, mais on n'a pas extirpé d'articles précis pour
répondre à votre question. Je ne suis pas en mesure de vous
apporter ces précisions.
M. Payne: Donc, pour conclure, vous ne pouvez pas nous donner un
seul exemple d'une mesure centralisatrice dans le projet de loi, d'après
vos études.
M. Flamand: On pourrait peut-être... Étant
donné que c'est la directrice générale qui doit
constamment négocier avec le bureau régional - cette
partie-là l'a peut-être plus affectée que moi
personnellement -si Mme la directrice générale veut apporter un
éclairage nouveau...
M. Payne: Je sais que c'est difficile parfois, mais c'est
important parce que toute la discussion publique porte, parmi d'autres, sur la
question de la centralisation ou de la décentralisation. C'est une
question capitale pour cette commission. (22 h 15)
Mme Ouellet: II me paraît difficile, à ce moment-ci,
d'expliciter davantage ce que pourrait être notre vécu partant de
l'application du projet de loi 40. Ce qu'on
est en mesure de dire, c'est qu'on vit actuellement dans un contexte
où on est appelé, presque chaque semaine, à faire des
demandes d'autorisation pour une quantité de réalisations
pédagogiques.
M. Payne: Le projet de loi 40.
Mme Ouellet: Oui, je sais, mais comme on ne l'a pas
vécu... Du projet de loi 40, à l'intérieur de
l'étude que nous avons faite, se dégage l'intention d'une plus
grande décentralisation vers l'école.
M. Payne: Non, non, je vous ai donné des exemples
où la décentralisation se fait vers les commissions.
Mme Ouellet: Oui, mais c'est toujours "le ministre peut".
L'article 33 que vous citez mentionne que le ministre peut établir...
À l'article 233, on retrouve ce même verbe.
M. Payne: Je ne veux pas entrer dans une polémique...
Mme Ouellet: Moi non plus.
M. Payne: À l'article 33, par exemple: le ministre doit,
par entente... S'il veut, par exemple, implanter une école nationale ou
régionale, il est obligé de le faire par entente et non pas comme
c'était dans le passé. En tout cas...
M. Flamand: M. le Président, je m'excuse, mais j'ai
l'impression que le débat n'est pas centré sur le même
projet de loi. Si je lis l'article 33, il est bien indiqué: "Le ministre
peut établir une école à vocation régionale ou
nationale". On ne voit nulle part que la commission scolaire doit être
consultée. Quand le député mentionne, à l'article
233, que ce n'est pas un pouvoir centralisé, je ne peux pas être
de son avis puisque l'article 233 dit: Une commission scolaire peut, mais avec
l'autorisation préalable du ministre, faire telle chose. À mon
avis, c'est encore une mesure centralisatrice.
M. Payne: C'est compréhensible que vous ignoriez certains
détails des travaux de la commission, il y a eu des amendements
déposés et ils ne sont peut-être pas connus de votre
commission.
M. Flamand: Nous faisons nos commentaires sur la loi qui a
été déposée, sur le projet que nous
possédons. Vous nous avez cité des articles et nous nous
référons à ces articles. Vous parlez de différents
articles qui ne sont pas des pouvoirs centralisateurs alors que nous les
considérons comme des pouvoirs centralisateurs. Vous avez cité,
entre autres, l'article 240: Selon les règles déterminées
par le ministre... Si cela n'est pas centralisateur, je ne sais pas ce que
c'est. L'article 293: Le ministre établit la liste des manuels scolaires
qu'il autorise... Pour nous, ce sont toutes des mesures centralisatrices.
M. Payne: Mais est-ce qu'on peut confirmer une chose? Il ne
s'agit pas là d'un nouveau pouvoir; cela existe déjà, oui
ou non?
M. Flamand: Je suis tout à fait d'accord avec vous, dans
cet esprit.
M. Payne: Alors, je reviens à ma question principale et je
continue. Je suis bien prêt à discuter des amendements ou du fait
qu'ils ne sont pas connus d'une fédération...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez demandé aux groupes de se
prononcer sur le projet de loi.
M. Payne: Je m'excuse, madame, mais attendez votre tour.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, s'il vous plaît! Allez-y, M. le député de Vachon,
vous avez la parole.
M. Payne: Je ne voulais pas être désobligeant
à l'égard de la députée de L'Acadie.
À l'article 238, lorsqu'on parle de recevoir les budgets de
chaque commission scolaire, actuellement, le ministre approuve les budgets,
d'accord. Lorsqu'on dit qu'il reçoit, c'est un changement majeur parce
qu'on peut beaucoup planifier en vertu d'un budget si ce n'est pas assujetti
aux règles d'approbation préalable.
M. Flamand: M. le Président, si vous me le permettez, le
député mentionne un article. Je pense que les articles suivants
sont intimement liés à l'article dont il fait état et il
faut tenir compte de l'ensemble de ces articles. L'article 240, qui fait suite
à l'article 238 qui parle du budget, est quand même assez
précis. Il dit: Selon les règles déterminées par le
ministre. C'est bien sûr la commission qui va préparer son budget,
mais selon les règles établies par le ministre et on
prévoit que le budget doit être équilibré.
M. Payne: Soyons raisonnables: les règles devraient
être normalisées. C'est comme la question de l'immobilisation. Il
faut qu'il y ait des critères. C'est la même chose pour l'octroi
des contrats. Il faut que les règles soient normalisées, mais je
continue avec l'article 297. Par exemple, on
donne maintenant la possibilité, en ce concerne les conditions
d'attribution des équivalences, que ces équivalences soient
décentralisées.
M. Flamand: Encore une fois, M. le Président, dans le
projet de loi que j'ai, il n'y a pas de décentralisation, mais on dit
que c'est le ministre qui peut. S'il y a eu des modifications, un peu comme le
disait M. le ministre tout à l'heure, s'il y a eu des textes de
dernière heure, je ne peux pas en discuter.
M. Payne: Mais si vous faites...
Le Président (M. Blouin): Je crois que vous avez bien
compris la situation des membres à l'égard de votre
mémoire.
M. Flamand: Très bien, je m'en suis excusé
d'ailleurs.
M. Payne: Par contre, il y a peut-être quelque chose qui
vous a échappé, à savoir une comparaison entre la loi
actuelle et le projet de loi qui est devant vous. Le ministre se limite
maintenant à l'établissement des critères. Les commissions
scolaires déterminent elles-mêmes l'équivalence. C'est la
nuance, la différence. C'est important comme mesure
décentralisatrice.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon, merci. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Pour revenir un peu au début, après la
présentation de votre mémoire, M. le président de la CECQ,
en entendant les propos du ministre tout à l'heure, j'ai
été frappé - je vais vous poser une question
là-dessus - du fait qu'il vous faisait, devant la réception d'un
mémoire plus étoffé, un reproche à peine
voilé disant qu'il prenait connaissance de certains arguments. Je
m'étonnais beaucoup de la chose et je me demande si j'ai bien compris.
Ce que je voudrais savoir de votre part, c'est si vous avez été
consultés de quelque façon par le ministre pour lui faire valoir
certains arguments ou certaines difficultés auxquelles pouvait donner
lieu l'adoption du projet de loi 40 que nous sommes en train d'étudier.
Est-ce que les arguments que vous avez présentés dans votre
mémoire, c'était la première fois qu'ils étaient
présentés ou si le ministre avait pris la précaution,
avait eu la prudence de solliciter de l'une des deux commissions scolaires qui
sont touchées au niveau constitutionnel - en l'occurrence, la Commission
des écoles catholiques de Québec un avis sur les
répercussions et les conséquences possibles de l'adoption du
projet de loi 40?
M. Flamand: Je pense que la seule consultation à laquelle
nous pouvions participer était celle à laquelle nous sommes
présents aujourd'hui.
M. Doyon: C'est-à-dire qu'en aucun moment avant
aujourd'hui le ministre ne vous a demandé ce qu'il adviendrait en
pratique le lendemain de l'adoption du projet de loi pour pouvoir
connaître les conséquences que vous auriez à vivre en tant
qu'administrateurs scolaires. Vous n'avez pas eu à vous prononcer
là-dessus.
M. Flamand: Nous n'avons eu aucune autre demande que celle de
participer à la commission parlementaire.
M. Doyon: Si je peux continuer ma question dans ce sens, si le
ministre avait pris la peine, ou lui-même par l'intermédiaire de
ses fonctionnaires de vous inviter à lui faire connaître à
l'avance le genre d'argument que vous présenteriez ce soir devant cette
commission parlementaire, est-ce que la chose aurait été
possible, M. Flamand?
M. Flamand: Tout à fait possible. On a déjà
fait part au ministre, dans le passé, de notre opinion sur
différents sujets. Il nous aurait fait plaisir de le faire
également sur celui-là.
M. Doyon: Le ministre fait état, dans l'argumentation
qu'il nous a présentée, du fait que, finalement, la
clientèle scolaire ne sera pas touchée, qu'on pourra offrir les
mêmes services, à toutes fins utiles, au moyen d'ententes.
J'imagine que ces ententes devront être négociées et qu'il
y aura des compensations financières pour d'autres commissions
scolaires. Pouvez-vous nous dire, selon votre expérience, si le fait de
négocier des ententes entre des commissions scolaires permet la
participation du milieu dans l'organisme - en l'occurrence, la commission
scolaire - qui fournit ce service? Ce que je veux dire, c'est que le ministre
fait grand état que le projet de loi 40 a pour but de remettre sous le
contrôle du milieu l'ensemble de la chose éducative. Devant les
difficultés qui s'annoncent avec son projet de loi en ce qui concerne la
Commission des écoles catholiques de Québec et toute la question
constitutionnelle, il dit que cela importe peu parce que, finalement, il vous
invite: Vous n'aurez qu'à signer des ententes. Est-ce que vous ne voyez
pas là une certaine contradiction entre les propos qu'il tient, d'une
façon générale, sur le projet de loi en disant que ce
projet de loi est destiné à remettre entre les mains du milieu
l'ensemble de la chose éducative et le fait que, en même temps,
par le biais de ces ententes, cela aurait pour effet de soustraire
justement au milieu le contrôle sur des services qui seront
fournis par d'autres organismes où les commissaires ne seront pas
élus par la population qui reçoit ces services, où les
comités d'école seront composés par des gens
étrangers, etc.?
Est-ce que vous ne voyez pas une certaine contradiction
là-dedans, vous autres?
M. Flamand: Si vous me le permettez, il y a deux volets à
la question de M. le député. D'abord, quant à la
diminution des services, nous l'avons dit dans notre mémoire, dans la
présentation tout à l'heure, et nous demeurons convaincus qu'il y
aurait effectivement une diminution des services puisqu'une petite commission
scolaire de 900 ou 1000 élèves ne pourra sûrement pas
assurer les mêmes services qu'une commission scolaire de 15 000
élèves. Quant à la participation des gens du milieu, cela
m'apparaît comme une certaine incohérence par rapport au fond du
projet qui dit vouloir redonner au milieu, comme si cela n'existait pas
déjà, la gouverne ou la direction des écoles. Si la petite
commission scolaire de la CECQ devait se concrétiser, c'est donc dire
que les élèves de ce territoire devront fréquenter les
écoles d'une autre commission scolaire.
À partir de ce moment, le principe du suffrage universel ne
pourrait plus s'appliquer aux résidents de ce territoire puisque la loi
prévoit que, pour se présenter à une élection
scolaire, un citoyen doit demeurer sur le territoire de la commission scolaire
où il se présente. Donc, on vient d'enlever un droit aux
résidents de cette commission scolaire.
M. Doyon: Vous avez peut-être eu l'occasion, M. Flamand,
d'entendre des intervenants qui vout ont précédé,
établir certaines difficultés qu'il pouvait y avoir à
s'acquitter d'une tâche combinée de commissaires gestionnaires et
de commissaires éducateurs, si vous voulez. Est-ce que vous avez des
vues là-dessus?
M. Flamand: Certainement. Si M. le Président me le permet,
je pourrais vous en faire part. Je m'excuse si cela me fait sourire, c'est que
je suis un ancien président de comité d'école et j'ai
oeuvré au sein des écoles avant de devenir commissaire.
Après avoir acquis une certaine expérience, les parents me
disent: Le commissaire en place se retire, on a confiance en toi, tu nous
ferais un bon commissaire, tu vas te présenter. Au nom des parents, je
me présente pour devenir commissaire d'école et, parce que je
deviens commissaire, je perds mon statut de parent. Je n'ai plus de jugement et
on veut m'éliminer de la scène scolaire. Moi, je vous avoue que
je trouve cela tout à fait aberrant et je n'y comprends rien. Alors que
je n'étais qu'un parent, ce que je suis encore, j'étais
supposément compétent, je défendais bien les
intérêts des parents et des enfants et parce que je deviens
commissaire, à partir de ce moment, je dois être rejeté. Il
y a une incohérence que je ne peux comprendre.
M. Doyon: À titre d'exemple, dans votre commission
scolaire, si je me souviens de votre mémoire, vous avez 19 commissaires
ou quelque chose comme cela.
M. Flamand: Je ne pourrais pas vous dire le chiffre
précis, mais sur les 19 commissaires, il y en a plusieurs qui
proviennent de comités d'école qui ont oeuvré au sein de
comités d'école à différents titres, et au
comité d'école et au comité de parents. Pour ma part,
j'étais membre et président du comité d'école,
délégué au comité de parents et responsable du
dossier des écoles secondaires avant d'être élu
commissaire.
M. Ryan: ... au suffrage universel.
M. Flamand: J'ai été élu au suffrage
universel.
M. Ryan: Donc, c'est faisable.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui vous a corrompu. Ha! Ha!
M. Flamand: Pardon? C'est probablement ce qui a fait une tache
dans ma vie. (22 h 30)
M. Doyon: Remarquez bien que nous tous, autour de la table, on
doit vivre avec cette tache. M. Flamand, est-ce que je pourrais avoir votre
opinion sur ce qui se passerait, selon vous, dans l'éventualité
où on créerait au conseil scolaire, j'appellerais cela
peut-être deux catégories de personnes qui représentent la
population, c'est-à-dire une catégorie qui serait
identifiée comme les représentants des parents et une autre
catégorie qui serait identifiée comme les représentants
des contribuables? Est-ce que vous auriez certaines craintes qu'il se
crée une espèce de confrontation, une polarisation qui ferait
qu'on défendrait des intérêts qui, finalement, ne devraient
pas être contraires mais qui, par la force des choses et selon le mandat
qu'on prétendrait avoir reçu, nous mettrait dans l'obligation de
défendre des points de vue divergents?
M. Flamand: M. le Président, je dois dire, pour être
honnête, que nous vivons déjà actuellement cette situation
puisque nous avons, au conseil des commissaires, deux représentants des
parents. Nous, la CECQ, nous faisons bon ménage et il n'y a pas de
mésentente. Avant même que cette loi soit
en application, nous avions déjà réalisé
qu'il était essentiel qu'il y ait un lien entre le conseil des
commissaires et les représentants des parents. Nous avions
institué, alors, un comité conjoint où il y avait des
représentants du comité de parents et des représentants du
conseil des commissaires qui se réunissaient régulièrement
pour échanger sur les besoins des uns et des autres. Cette formule s'est
toujours faite en harmonie jusqu'à l'avènement de la loi qui a
fait que deux représentants des parents venaient à la table du
conseil des commissaires. Et même depuis ce temps, cela se vit
très bien et il n'y a aucune difficulté.
M. Doyon: Avec l'expérience que vous avez, M. Flamand,
comment voyez-vous l'éventualité que... À la suite d'une
question que j'ai posée cet après-midi, on m'a fait état
qu'on croyait désirable et souhaitable que des écoles puissent,
individuellement et indépendamment de la commission scolaire, pouvoir
conclure des ententes les unes avec les autres sans passer par la commission
scolaire. La commission scolaire n'intervenant pas et n'étant pas partie
à ces ententes. Est-ce que cela est une situation qui vous paraît
de nature à améliorer la qualité de l'enseignement ou si
c'est une situation qui risque d'amener une certaine forme d'anarchie ou de
dédoublement, je ne sais trop.
M. Flamand: Il faudrait voir dans quel contexte se situerait ce
genre d'entente. C'est bien évident que si la CECQ devait être
restreinte à son territoire où il n'y aurait que deux
écoles, cela ne causerait pas trop de problèmes que les deux
écoles, à titre indépendant, puissent avoir des ententes
avec d'autres. Je pense que dans un système où il y a une
organisation structurée, il pourrait y avoir des difficultés
à ce que chacune des écoles puisse négocier des ententes
avec d'autres organismes ou d'autres écoles.
M. Doyon: Est-ce que, M. Flamand, quand vous faites état
de la méfiance que vous avez vis-à-vis le ministère de
l'Éducation et suite à l'expérience que vous avez
vécue et vis-à-vis de l'emprise et l'espèce de
débordement parfois tentaculaire qu'il a, vous pensez que le projet de
loi 40, qui a pour effet, dans la réalité, si jamais il est mis
en application, de parcelliser ou d'atomiser les centres décisionnels
dans le domaine éducatif, que cette façon de faire est de nature
à améliorer le phénomène souhaité et
souhaitable de décentralisation?
M. Flamands Je ne suis pas convaincu que cela va améliorer
la situation, au contraire et je pourrais citer un exemple, quant à la
nomination des directeurs d'école qui me semble une situation qui ne
pourrait pas, dans les faits, être rentable et améliorer
l'efficacité, puisque le directeur d'école deviendrait
l'employé de la commission scolaire mais serait sous l'autorité
d'un conseil d'école. Je craindrais le genre de relation qui pourrait
survenir entre la commission scolaire, le directeur de l'école et le
conseil d'école. Je craindrais également, les positions
délicates dans lesquelles pourrait se retrouver le directeur
d'école à un certain moment donné face à son
conseil d'école.
M. Doyon: Aussi, j'aimerais savoir ce que vous pensez de la
question de remettre le choix des manuels scolaires, le matériel
didactique, l'établissement des méthodes pédagogiques, par
exemple, au niveau des écoles. Avez-vous fait, à la commission
des écoles catholiques de Québec, une étude sur le
phénomène du déménagement, où les gens
changent d'école, vont d'un endroit à l'autre et pensez-vous que
cela peut avoir des effets dommageables sur l'espèce de mobilité
qui existe ou qui semble exister ou en tout cas que vous pouvez avoir
constatée? Je vous pose la question.
M. Flamand: Nous avons déjà
décentralisé certaines choses. Nous n'avons pas attendu le projet
de loi 40 et j'aimerais que la directrice générale vous explique
davantage tout ce qu'on a décentralisé vers les
écoles.
Le Président (M. Blouin): Mme Ouellet.
Mme Ouellet: M. le Président, tout ce qui a
été décentralisé, ce serait peut-être un
programme qui serait assez long, mais, pour répondre
précisément à votre question en ce qui concerne les
manuels scolaires, le choix des manuels scolaires à la commission des
écoles catholiques de Québec est déjà
décentralisé au niveau des écoles en concertation avec les
comités d'école qui désirent être consultés
sur le sujet. On sait que c'est un article de consultation de la loi 71. C'est
donc respecté. Nous avons aussi les méthodes d'enseignement, qui
sont laissées au choix des écoles, en concertation,
évidemment, au sein d'une même école, parce que
fondamentalement, ce qui est essentiel et ce qui se passe dans une
école, c'est le vécu entre l'enseignant et l'enfant.
Le Président (M. Blouin): Mme Ouellet, j'ai cru comprendre
que la question de M. le député de Louis-Hébert touchait
davantage le phénomène des déménagements face
à ces décentralisations.
Mme Ouellet: Concernant les déménagements
intercommissions scolaires...
M. Doyon: Interécoles.
Mme Ouellet: ...interécoles ou à l'intérieur
du territoire, ce n'est pas 1%. Nous avons évidemment des
élèves qui arrivent des commissions scolaires environnantes,
mais, de notre territoire, c'est un phénomène qui touche à
peu près 1% de notre clientèle.
M. Doyon: II y a une grande stabilité de ce
côté-là. Votre commission scolaire - et là je
m'adresse au niveau qu'on a touché tout à l'heure, au niveau
constitutionnel - a-t-elle envisagé des procédures rapides au cas
où vous seriez mis devant le fait accompli de l'adoption du projet de
loi 40? Disons que le projet de loi 40 serait adopté demain matin.
Quelles sont les procédures - peut-être que ce serait bon que le
ministre en soit informé, il ne semble pas être informé
d'un certain nombre de choses, peut-être que c'est l'occasion de
l'informer de cela aussi...
M. Flamand: Vous me permettez quand même, M. le
Président, de dire que je suis le président du conseil des
commissaires et je pense que le conseil des commissaires devrait se prononcer
lui-même puisque cette position n'a pas été prise.
L'éventualité de le faire a été
étudiée, mais la décision n'a pas été
arrêtée et je pense qu'il ne m'appartient pas de le faire, mais
bien au conseil des commissaires.
Le Président (M. Blouin): Cela va, M. le
député? Merci, M. le député de Louis-Hébert.
M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je reviens sur
cette question de la décentralisation puisque dans votre mémoire,
à la page 3, vous prenez position tout de même pour une forme de
décentralisation. Vous aurez l'occasion de formuler quel genre de
décentralisation vous préconisez puisque vous en faites
état dans votre mémoire. Par "décentralisation", j'entends
vers les écoles, mais je voudrais d'abord vous souligner ceci; vous, au
nom de la responsabilisation, en tant que commission scolaire, vous voulez que
l'État vous confie plus de pouvoirs. C'est ce que vous défendez
dans votre mémoire. On a entendu aujourd'hui des parents qui sont venus
nous dire toute la journée: Au nom de la responsabilité locale,
au nom de la responsabilité que nous sommes capables d'assumer
nous-mêmes en tant qu'éducateurs de nos enfants, nous vous
demandons d'adopter le projet de loi 40 qui nous permettrait de gérer
notre conseil d'école, d'occuper des responsabilités que nous
n'occupons pas actuellement puisque nous sommes simplement consultés par
la direction de l'école sur des décisions qui concernent nos
enfants. Comment, en tant qu'éducateur, puisque vous venez des
comités d'école -vous êtes commissaire, mais vous avez
été président d'un comité d'école -
pouvez-vous refuser, en tant qu'éducateur et commissaire, ce pouvoir que
les fédérations de parents, les comités de parents sont
venus nous demander aujourd'hui? C'est ma première question. Dans un
deuxième temps, comment prétendez-vous vous-même formuler
cette décentralisation vers les écoles dont vous parlez à
la page 3 de votre mémoire?
Le Président (M. Blouin): M. Flamand.
M. Flamand: M. le Président, d'abord il n'est dans notre
intention de refuser aux parents des pouvoirs. Nous sommes d'accord pour que
les parents possèdent des pouvoirs. Nous l'avons vécu et nous
l'avons démontré. Nous avons décentralisé des
pouvoirs. Nous sommes loin d'être contre le fait que les parents
possèdent des pouvoirs. Mais les parents dans l'école ne
représentent que l'intérêt des parents, alors que le
conseil des commissaires représente les parents, bien entendu,
l'intérêt des enfants, mais avec une vision plus globale qui tient
compte aussi des besoins et des capacités de payer des citoyens. Nous
administrons des fonds publics et nous devons tenir compte, comme commissaires,
des contraintes et de la capacité de payer de ces gens, alors que les
parents dans l'école ont une vision plus restreinte, si vous voulez,
à la pédagogie et à la qualité de l'enseignement.
Nous pouvons dire que chez nous, les écoles sont déjà
responsables de la qualité de l'acte pédagogique.
Quant à la deuxième partie de votre question, savoir
comment pourrait se faire la décentralisation, je pense que notre
procureur avait des notes tout à l'heure, je vais lui demander s'il veut
en faire état et je pourrai peut-être ajouter à cela.
M. Jolin (Pierre): J'aimerais en même temps répondre
peut-être à une question de M. le député de Vachon,
si vous le permettez. Tout à l'heure, au sujet d'une des questions qu'il
a posées à M. Flamand, le président, et qui rejoint un
peu, je pense, cette question du député de Fabre, je crois qu'on
doit ramener la terminologie dans son contexte exact. Lorsqu'on dit, par
exemple, à l'article 240, que le budget maintient l'équilibre
entre, d'une part les dépenses, d'autre part les ressources
financières, etc., et qu'on ajoute que le ministère se
réserve l'établissement des critères relativement à
cet équilibre, je crois qu'il ne faut pas se méprendre: on n'a
pas décentralisé à ce moment-là un pouvoir, on a
donné à la commission, à l'école ou à
l'organisme auquel est dévolu ce pouvoir une certaine capacité,
mais le pouvoir, puisqu'il est astreint à des règles
précises, n'a pas été décentralisé
comme tel. Je pense que c'est un élément assez important,
puisque le pouvoir décentralisé est celui sur lequel
l'autorité ne retient pas de contrôle. Lorsque, par
réglementation, par normes, critères, etc., on donne un pouvoir
tellement encadré que celui qui doit l'exercer n'a aucune latitude, on a
décentralisé de façon absolument théorique; sur le
plan pratique et aussi sur le plan juridique, on ne participe pas à ce
moment-là à une décentralisation. Dans les exemples des
articles qui ont été mentionnés tout à l'heure, que
ce soit les articles 33, 240, 93, etc., même avec certains des
amendements -je ne les ai pas tous lus, mais certains, puisqu'on les a
mentionnés, m'ont frappé -on ne fait pas, dans ce contexte, appel
à une décentralisation véritable. On peut partager une
responsabilité à l'intérieur d'une obligation, mais
puisque l'autorité qui délègue ou qui remet un pouvoir se
réserve le droit de fixer les normes, à ce moment-là,
celui qui doit exécuter ce travail n'est pas récipiendaire d'un
pouvoir décentralisé. Pour y parvenir, il faudrait que le champ
d'application du pouvoir décentralisé soit total, sans norme et
sans critère. C'est la seule façon avec laquelle... Je me place
dans le cadre plus global du projet de loi; si on doit décentraliser
certains pouvoirs, il ne doit y avoir qu'une infime minorité ou encore
aucun pouvoir de réglementation ou d'établissement de
critères qui soit retenu par l'autorité qui décentralise
le pouvoir en question. (22 h 45)
Le Président (M. Blouin): Merci, Me Jolin.
M. Flamand: Si vous me le permettez...
Le Président (M. Blouin): M. Flamand, bien sûr.
M. Flamand: Je voudrais compléter sur la question de M. le
député qui me demandait comment je suggérais d'effectuer
cette décentralisation. D'abord, je ne pourrais pas préciser les
points sur lesquels il pourrait y avoir une décentralisation vers les
écoles parce que dans notre esprit, nous ne voulons pas
déterminer de façon unilatérale les points qu'on voudrait
décentraliser vers les écoles. Nous croyons plutôt que
cette décentralisation vers les écoles devrait se faire en
concertation avec les gens du milieu, selon la volonté du milieu, comme
le dit l'esprit de la loi 40, mais même en allant plus loin, en
déléguant, en décentralisant des facteurs, des sujets que
les gens du milieu seraient prêts à accepter.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Si les gens du milieu voulaient les pouvoirs
que leur accorde la loi 40, est-ce que vous seriez d'accord pour les leur
accorder puisque la demande viendrait du milieu?
M. Flamand: Il faudrait voir l'implication. Je pense que c'est
difficile de répondre directement à une question comme
celle-là. Il faudrait voir l'implication de la loi. De quelle
façon l'article est rédigé? Est-ce que c'est un pouvoir
qui peut être délégué? Est-ce que c'est une
responsabilité qui est indivisible et qui appartient uniquement à
la commission? Je ne pourrais pas me permettre de répondre de
façon catégorique à votre question.
M. Leduc (Fabre): Pour revenir à l'intervention de Me
Flamand, j'ai un peu de difficulté à comprendre. On peut
interpréter votre réponse comme ceci. Vous prétendez,
jusqu'à un certain point, que la commission scolaire garde, conserve de
grands pouvoirs. Finalement, vous êtes en train de nous dire qu'il n'y a
pas véritablement décentralisation vers les écoles, si
j'ai bien compris. C'est vrai que l'article 240 touchait le domaine financier,
mais vous avouez que la commission scolaire conserve de grands pouvoirs, en
tout cas, de ce côté. Il faut tout de même avouer que vous
parlez, M. le président, de délégation de pouvoir. Je
pense que la distinction est à faire entre délégation de
pouvoir; ce que vous semblez défendre, je dis bien "semblez", c'est une
forme de déconcentration de pouvoir et non une délégation,
mais cela revient à de la déconcentration, alors que le projet de
loi 40 accorde une autonomie de pouvoir au conseil d'école, en
particulier dans le domaine des services éducatifs.
Je pense, par exemple, à l'application du régime
pédagogique. C'est le conseil d'école qui est responsable de
l'application du régime pédagogique selon la loi 40. Le conseil
d'école peut prendre l'initiative de formuler des propositions de
programmes locaux, peut enrichir, peut prendre l'initiative d'enrichissement
des programmes locaux et il n'a pas - et c'est important de le dire - à
répondre de ses décisions concernant, par exemple, les services
éducatifs, à la commission scolaire. Présentement, le lien
hiérarchique est très bien établi entre la commission
scolaire et l'école. Chaque décision prise au niveau de
l'école doit être entérinée ou en tout cas recevoir
l'approbation. Chaque décision doit recevoir l'approbation de la
commission scolaire. Cela peut être le directeur général
qui donne cette approbation, mais peu importe, c'est la commission scolaire qui
est totalement responsable des actes accomplis au niveau de l'école. Je
pense qu'il y a dans le projet de loi 40 une véritable autonomie de
pouvoirs qui est accordée au conseil d'école à ce
niveau. Si je comprends bien votre position, c'est cela que vous refusez
ou que vous semblez refuser ou sur lequel vous avez des doutes, en tout cas,
bien que vous sembliez dire que si le milieu, lui, voulait aller dans ce sens,
peut-être que vous seriez prêts à aller jusque là. Ce
n'est pas clair. C'est très ambigu. Je ne sais pas comment vous
réagissez à cela.
M. Flamand: M. le Président, si vous me le permettez, je
ne pense pas que ce soit le sens des paroles que j'ai prononcées. Pour
illustrer ma pensée, je pourrais peut-être citer un exemple un peu
plus clair. Prenons, par exemple, le budget. Si c'est la commission scolaire
qui est responsable de la préparation de son budget et de tout son
budget, la commission scolaire pourrait décentraliser une partie des
pouvoirs vers les écoles, mais après consultation, quels sont les
pouvoirs, en matière de budget, que l'école est prête
à assumer, que le milieu est prêt à prendre en charge? La
commission pourrait quand même conserver un certain contrôle a
posteriori, puisque c'est elle qui en sera responsable devant le
ministère. C'est une forme de décentralisation qui pourrait
s'effectuer après consultation dans le milieu.
M. Leduc (Fabre): Dans le domaine des responsabilités
pédagogiques, est-ce que vous seriez prêts à aller aussi
loin? Hier, on a entendu deux commissions scolaires, la commission scolaire
Morilac et la commission scolaire Beauport, qui nous ont dit avoir non pas
délégué, mais vraiment cédé des pouvoirs
à l'école de façon que l'école soit totalement
responsable de ses actes et décisions au niveau pédagogique.
Est-ce que vous seriez prêts à aller jusque là, si le
milieu, encore une fois, en faisait la demande?
Le Président (M. Blouin): M. Flamand.
M. Flamand: Je crois que c'est ce que nous faisons
déjà et je citerai en exemple le projet éducatif qui est
totalement sous la responsabilité des comités d'école. La
commission scolaire n'intervient jamais dans un projet éducatif
préparé par un comité d'école. Bien au contraire,
comme commission scolaire, nous avons même indiqué dans nos
orientations que nous incitons la direction générale â
travailler auprès des directeurs pour favoriser la création de
projets éducatifs dans chacune des écoles que prendront en charge
les comités d'école.
M. Leduc (Fabre): Une dernière question, M. le
Président. Si un comité d'école, un comité local au
niveau de l'école, décidait de créer un nouveau cours pour
enrichir le régime pédagogique, est-ce que vous accepteriez que
cette décision soit prise entièrement au niveau local,
c'est-à-dire au niveau de l'école?
M. Flamand: M. le Président, si les grilles horaires et
les régimes pédagogiques le permettaient, on pourrait
peut-être envisager cette délégation. Mais, actuellement,
c'est totalement impossible.
M. Leduc (Fabre): Vous avez raison actuellement, mais cette
réalité deviendrait possible si on adoptait le projet de loi 40.
C'est pour cela que je vous demande... Écoutez, cela se fait
déjà à deux commissions scolaires, encore une fois,
Morilac et Beauport. Elles prennent leurs décisions à ce niveau.
C'est ce que je vous demande: Est-ce que vous seriez prêts à aller
jusque là?
M. Flamand: Si les dispositions de la loi le permettaient, nous
envisagerions sûrement la possibilité de le faire.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Deux questions.
Pourriez-vous me dire combien d'enfants inscrits à la CECQ sont de foi
autre que catholique? Combien d'enfants de foi catholique ont demandé
l'exemption religieuse? Quelle est la progression, disons, depuis 1976
jusqu'à aujourd'hui?
M. Flamand: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Si vous ne l'avez pas, j'aimerais que vous nous
le fassiez parvenir.
M. Flamand: M. le Président, je pense que c'est une
question à laquelle la directrice générale pourrait
répondre, si vous le permettez.
Le Président (M. Blouin): Oui. Mme Ouellet.
Mme Ouellet: M. le Président, je peux répondre au
deuxième volet de votre question, à savoir combien d'enfants de
foi catholique ont demandé de bénéficier de cours
d'enseignement moral. C'est 5% de notre clientèle.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Ouellet: Concrètement au
primaire, sur une clientèle de 6000 élèves, 300
enfants. La progression est peu significative. Elle a été
significative il y a deux ans où, de façon beaucoup plus
articulée, nous avons offert ce choix aux parents en demandant, lors de
l'inscription de l'enfant, le 1er mars, quelle était l'option que les
parents souhaitaient voir offrir à leur enfant. Depuis deux ans, c'est
la stabilité: 5% sont restés stables, tout aussi bien au primaire
qu'au secondaire, et cela se retrouve dans des endroits très
précis de la ville. Les quartiers sont identifiés en termes de
population par des nombres... Il y a des quartiers où on n'a aucun
élève dont les parents ont demandé l'exemption.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Si vous pouviez aussi m'obtenir le nombre
d'enfants inscrits comme n'étant pas de foi catholique, je
l'apprécierais, si vous ne le savez pas aujourd'hui.
Mme Ouellet: On va le faire parvenir. Il y en a très peu,
je n'ose pas dire le nombre parce que ce serait cinq élèves. Mais
cela m'apparaît tellement un petit nombre que j'aime mieux le
vérifier.
Mme Lavoie-Roux: Oui. La raison pour laquelle je pose la
question, c'est vrai que le problème de la confessionnalité que
le ministre a soulevée ou, enfin, le respect des convictions religieuses
des parents est important, mais je voulais tenter de mesurer l'ampleur du
problème dans la ville de Québec par rapport, par exemple,
à la ville de Montréal. Merci.
Deuxième question: Quand le ministère de
l'Éducation a fait son étude - j'oublie le titre exact - pour
déterminer les écoles en zone défavorisée au
Québec, combien y en avait-il à la CECQ?
Mme Ouellet: II y a sept écoles qui ont été
désignées comme étant des écoles de quartiers
économiquement faibles.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Ouellet: Et, parmi les sept écoles identifiées,
une seule se retrouve dans l'ancien territoire d'avant 1867, soit
l'école Saint-Roch.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pour-riez-vous me dire si, pour
tenter de répondre aux besoins de ces écoles en milieu
économiquement faible, il y a des mesures que la CECQ prend qui
impliquent ce que j'appellerais une certaine péréquation des
ressources, tant au plan du personnel qu'au plan des ressources
financières?
Mme Ouellet: D'abord, au niveau de l'affectation des personnels,
ce sont les milieux où on retrouve des maternelles quatre ans.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Ouellet: Donc, à ce niveau-là, il y a un
service. C'est également dans ces milieux qu'on a accentué les
services en rééducation de langage et en animation auprès
des parents.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le fait de faire partie d'une
commission scolaire de grandeur, disons, plus...
Mme Ouellet: Acceptable.
Mme Lavoie-Roux: ...acceptable - on peut utiliser le terme qu'on
veut - facilite le service à ces écoles en milieu
défavorisé?
Mme Ouellet: À mon point de vue, c'est évident que
cela favorise le service à ces écoles, qui se retrouvent
bénéficiaires des services de toute la population et, en plus,
elles bénéficient de services adaptés à leurs
besoins.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'ensemble de la région 03...
Mme Ouellet: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...sauriez-vous le nombre d'écoles
défavorisées? Est-ce que c'est vous qui regroupez le plus grand
nombre d'écoles défavorisées?
Mme Ouellet: Je suis certaine que c'est nous qui en regroupons le
plus grand nombre et elles se retrouvent au centre-ville.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Alors, M. le député
d'Argenteuil, puisque vous disposez maintenant de l'information que vous avez
réclamée tout à l'heure.
M. Ryan: Regardez, il n'y a pas de problème. Tantôt,
dans le cahier que le gouvernement a fait, j'avais pris la page qui est au
verso de la carte; il aurait fallu que je prenne celle qui est à
côté. Les statistiques sont à côté, cela donne
à peu près 13 500 élèves pour la commission
scolaire qui viendrait se mettre à côté de celle que vous
formeriez à l'avenir. Par conséquent, cela donne le total qu'on
cherchait tantôt, il n'y a pas de problème, mais le ridicule de la
solution envisagée par le gouvernement apparaît quand même
dans toute sa crudité. Il y aurait, d'un côté, une
commission scolaire de 13 200 ou 13 500 élèves et une autre avec
un maximum de
2000 élèves, ce qui montre que, avant d'agir, le
gouvernement aurait tout intérêt à y penser deux fois,
parce qu'il va se trouver à isoler un petit groupe - je pense que c'est
2000 élèves dans les statistiques qu'on m'a remises; vous avez
parlé de quelque 900, il y a peut-être un certain nombre... En
tout cas, cela n'est pas grave.
Je trouve que, avant de décider d'isoler ces enfants et de
condamner l'autorité scolaire qui en serait responsable à vivre
d'ententes et d'expédients de toutes sortes avec d'autres organismes, il
faudrait y penser deux fois. Ce serait peut-être mieux qu'on mette un
petit peu de temps de son côté pour régler ce
problème-là qui, en soi - je pense bien qu'il n'y a personne qui
va penser que c'est un bien gros problème - est le genre de
problème que créent souvent les gouvernements et les
législateurs en voulant obéir à des logiques trop froides.
Par conséquent, mon problème est celui-ci: tantôt, j'avais
un chiffre de 5800. Là, j'ai le bon chiffre, il n'y a pas de
problème. (23 heures)
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, M. le
député d'Argenteuil.
Au nom de tous les membres de la commission, je remercie les
représentants de la Commission des écoles catholiques de
Québec de leur intéressante participation aux travaux de notre
commission.
Sur ce, j'invite maintenant les représentants de
l'ex-comité d'école Le Tremplin, à venir prendre place
à la table des invités.
Le règlement de l'Assemblée nationale prévoit que
nous devons mettre fin à nos travaux à minuit, à moins
qu'il n'y ait un consentement unanime des membres de la commission
parlementaire. Vous comprendrez donc que, si vous désirez avoir un
échange significatif avec les membres de la commission, vous auriez tout
intérêt à faire une présentation d'une vingtaine de
minutes, tout au plus.
Je demanderais aux représentants de s'identifier et, ensuite, de
nous livrer le contenu de leur mémoire.
L'ex-comité d'école Le Tremplin
M. Fortin (Daniel): Mon nom est Daniel Fortin, j'étais
secrétaire du comité d'école. J'ai, à ma droite,
Jocelyne Gagnon, qui était présidente, et Jean-Pierre Drapeau, un
parent de notre école. C'est Jean-Pierre qui va commencer la
présentation.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Drapeau (Jean-Pierre): Avant de vous présenter de
façon proprement dite notre mémoire, nous aimerions insister sur
un premier point. Nous avons lu, tout comme vous, des commentaires dans les
journaux concernant l'ex-comité, concernant l'importance que pouvait
avoir ce mémoire. Nous n'avons pas été insensibles
à de tels commentaires rapportés par les journaux et entendus
aussi ailleurs. Nous avons compris pourquoi nous avons été
invités à la commission parlementaire. S'il y a des gens qui ne
l'ont pas compris, nous, nous le comprenons. Nous sommes de simples citoyens,
mais nous considérons que la commission a bien fait de nous inviter et
de nous écouter. Ce que nous venons vous donner ici, c'est un
témoignage, un témoignage que je dirais politique, mais pas au
sens partisan, dont le message politique est le suivant: Toutes les belles
paroles d'une commission scolaire - on ne généralisera pas dans
l'ensemble du Québec - de notre commission scolaire, venez voir comment
elles sont appliquées! C'est notre message et c'est pour cela que nous
disons que notre témoignage est important.
Nous allons vous parler de deux choses: une expérience que nous
avons vécue et qui nous a montré comment les commissaires de
notre commission scolaire nous traitaient et, en deuxième partie, nous
allons vous faire part de commentaires que nous considérons aussi
pertinents que bien d'autres commentaires de mémoires qui vous ont
été présentés et qui portent de façon plus
concrète sur la loi 40.
Comme le temps nous manque pour vous lire tout le mémoire que
nous vous avons soumis et puisque nous entendons respecter le temps qui nous
est alloué, nous avons donc décidé de vous le
présenter verbalement. Nous n'allons pas vous le lire, vous l'avez en
main et nous allons en discuter verbalement.
D'abord, nous nous présentons. Nous représentons un groupe
de parents fortement impliqués depuis plusieurs années dans la
vie de notre école. Nous nous occupons de la préparation des
sacrements, de la ludothèque, de la bibliothèque, du service de
garde, de la distribution du lait, du journal des enfants, d'un bulletin
mensuel d'information aux parents, de la collecte de fonds pour les
activités de classe, de fêtes (la rentrée, Noël,
etc.), de la catéchèse, etc.
Honnêtement, nous pouvons affirmer que, comme parents, nous avions
réussi à insuffler toute une qualité de vie au sein des
écoles, au sein de la nôtre, au sein de notre école
primaire. Dans le climat morose - il ne faut pas s'en cacher - que traverse
notre société présentement, c'est, en fait, une vraie
bouffée d'air frais. Notre école était l'une des plus
dynamiques. C'est dans le cadre d'un autre dossier bien précis que nous
avons eu affaire à négocier avec notre commission scolaire et que
nous avons découvert le vrai visage de nos commissaires.
Ce dossier, c'est celui d'un changement de nom à l'occasion du
déménagement de
notre école. Pour nous, ce changement de nom s'inscrivait dans
une démarche d'une plus grande identification des jeunes et des parents
à cette nouvelle école dont nous prenions possession. Je
n'entrerai pas ici dans tous les détails de cette histoire dont les
journaux, surtout dans la région de Québec, ont amplement
parlé. D'ailleurs, les premières pages du mémoire et les
annexes vous la décrivent en long et en large. Nous vous en
résumons les principaux points.
Nous avons demandé à la CECQ, qui nous a
précédés tout à l'heure, s'il était possible
de changer le nom d'une école. On nous a fait savoir que c'était
possible sur recommandation des parents. Un comité spécial a
été mis sur pied; y ont participé trois curés des
paroisses concernées, les trois gérants de caisse populaire et un
représentant officiel de la CECQ. On a fait appel à la
participation des élèves et des parents. Le nom qui est sorti de
tout un processus de consultation était Le Tremplin. Alors, nous avons
envoyé une suggestion à la CECQ pour que notre école se
nomme de cette façon. En fonction de la réunion de la CECQ du 26
septembre, nous avions demandé et obtenu l'appui du comité de
parents de toute la CECQ et la présentation de cette résolution
devait être faite par un parent-commissaire à la réunion du
26 septembre.
Nos commissaires n'ont même pas laissé le
parent-commissaire présenter la résolution. Par un jeu de
procédure, une résolution a été
présentée par une commissaire et non pas un parent-commissaire et
demandait le statu quo pour le nom Marguerite-Bourgeoys.
Au cours du débat à cette réunion de la CECQ,
débat qui a abouti par un vote en notre défaveur, c'est là
qu'on a découvert le peu de rigueur intellectuelle de nos commissaires,
eux, qui se disent plus compétents que les parents pour administrer
notre école. Parmi les arguments qu'ils nous ont avancés pour
refuser le nom qu'on demandait, on vous en donne quelques-uns et ce ne sont pas
les plus suaves. En voici quelques-uns: Vos enfants veulent choisir le nom de
leur école, donnez-leur ce qu'ils veulent et vous en ferez des
délinquants. Il faut vous dire qu'on vient d'un milieu qu'eux disent
pseudo-défavorisé. On nous a aussi servi: On n'est pas pour vous
accorder votre nom, cela est bien trop beau, on va faire des jaloux. Il faut
dire qu'à Québec, toutes les écoles s'appellent Saint
quelque chose. Nous, ce n'était pas le but, vous allez voir le tout
à l'heure. Il n'y avait pas de question de religion dans cette histoire,
c'était une question d'impliquer les parents. Vous allez voir pourquoi
j'amène ce point tout à l'heure.
Alors, le président de la CECQ nous a donné comme
argument-choc, finalement, qu'on ne lui avait pas prouvé que le
changement de nom était un voeu du milieu.
Comme si nous, on n'était pas le milieu ou dans le milieu. On est
allé dans le milieu, le milieu plus large que l'école, on est
allé chercher des appuis: CLSC, comité de citoyens, corporation
de loisirs, coopérative d'habitation, etc. En plus, pour bien prouver
que les parents étaient d'accord, on a convoqué une
assemblée générale des parents, on a fait un vote secret;
95% des parents ont voté en faveur du nom Le Tremplin. À la
commission scolaire, on nous a dit: Ah oui! Votre vote secret, on n'y croit
pas. Ces gens y ont cru quand on leur a dit qui étaient les scrutateurs:
le directeur de l'école, le curé de la paroisse.
On est allés même en dehors du milieu. On a demandé
l'appui du ministre, on l'a obtenu. Les problèmes ont fait que notre
demande pour avoir l'appui du représentant officiel de l'Opposition en
matière de l'éducation, cela ne s'est pas rendu, il y a eu un
manque de suivi de notre part; on s'en excuse auprès de M. Ryan.
Alors, forts des appuis qu'on avait eus, on s'est
représenté à la réunion suivante de la CECQ, le 24
octobre. Cette fois, on a réussi à faire présenter notre
suggestion, c'était déjà un exploit, et à faire
accepter à dix voix contre huit une résolution nommant notre
école Le Tremplin. C'est à ce moment qu'on a décidé
de présenter un mémoire à la commission parlementaire.
Même si on avait obtenu une victoire, on a décidé de le
présenter. C'est pour cela que le mémoire, la première
version s'appelait: Mémoire du comité d'école Le Tremplin.
Notre école s'appelait officiellement Le Tremplin. Depuis, comme
l'école ne s'appelle plus Le Tremplin et comme on a
démissionné maintenant, cela est présenté sous le
nom de: ex-comité d'école Le Tremplin. Mais il n'y a pas d'autre
comité d'école qui a été réélu
depuis.
Notre école s'appelait Le Tremplin à ce moment et, si on a
décidé de se faire entendre, c'était pour témoigner
de la difficulté de simples citoyens, de parents, à se faire
entendre de leur commission scolaire qui souffre d'un tel autoritarisme qu'elle
veut centraliser entre ses mains toutes les décisions concernant nos
écoles, même celle d'un changement de nom.
Notre commission scolaire, et plusieurs luttes avant nous menées
par d'autres groupes de parents le prouvent, veut exercer tous les pouvoirs,
surtout sans les parents. Si l'actuel projet de loi est adopté en
conservant la même orientation fondamentale sur le rôle des parents
dans l'école, nous pensons que cela va faire un bien des plus salutaires
à la commission des écoles catholiques de Québec. Cette
loi va libérer notre commission scolaire de l'indigestion de pouvoirs
vers laquelle elle se dirige et dont la dernière victime est notre
comité d'école, car c'est la CECQ qui a tué notre
comité
d'école. De la part de commissaires, c'est une oeuvre peu
édifiante.
Notre présence en commission parlementaire n'a pas de rapport
avec la défaite qu'on a connue par la suite. Le mémoire vous a
été présenté quand on avait eu notre victoire
là-dessus. Parce que notre victoire a été de courte
durée, à peine une semaine. Le 31 octobre, lors de la reprise de
la séance ajournée une semaine plus tôt, a
été adoptée, à dix voix contre six, une proposition
suspendant l'application de la résolution adoptée la semaine
précédente. Ce qui faisait que notre école s'appelait
à nouveau Marguerite-Bourgeoys. Un mois plus tard, à la
réunion du 28 novembre, une résolution faisant appel à la
procédurite -vous pourrez la lire plus tard à l'annexe E;
même les avocats y perdraient leur latin -est venue sceller le statu quo
pour le nom Marguerite-Bourgeoys. Au début de cette réunion, un
porte-parole de notre comité d'école a remis au président
de la CECQ un cercueil miniature contenant les lettres de démission des
17 membres du comité d'école. Ces démissions se voulaient
un témoignage public du refus du rôle traditionnel auquel notre
commission scolaire confine les parents. Ces démissions marquaient aussi
notre dégoût envers le jeu de certains commissaires qui ont, dans
notre quartier, fait la cabale contre Le Tremplin en y mêlant le
problème de la déconfessionna-lisation des écoles et de la
place de la religion dans notre système scolaire, commissaires qui ont
concentré leur lobbying, pétitions, etc. - nous les avons ici -
auprès de personnes âgées très sensibles à ce
type d'arguments.
Voilà pour la première partie de notre mémoire dont
le but était de témoigner de l'expérience vécue par
les parents de notre école lors de démarches pour le changement
de nom, dossier qui prenait à nos yeux une valeur de symbole du
processus de participation des parents dans l'école. Cette
expérience a déclenché chez nous une réflexion sur
certaines parties de la loi 40. C'est donc notre opinion de simples citoyens -
nous ne sommes pas une fédération, encore heureux que nous ayons
été entendus - ainsi que diverses demandes précises de
modifications portant sur certains articles qui nous intéressent plus
particulièrement dans le projet de loi que nous vous présentons
dans la seconde partie de notre mémoire que vous résume un autre
porte-parole du groupe, Daniel Fortin.
M. Fortin: Avant de commencer, je voudrais dire que nous trouvons
intéressant que le gouvernement ait choisi de faire comparaître
devant la commission de simples parents comme intervenants; cela fait reposer
sur nous la responsabilité d'être à la hauteur des autres
intervenants. Cela fait aussi reposer sur nous la responsabilité de
démontrer qu'il n'est ni aventureux ni déraisonnable de permettre
à des parents d'avoir un mot à dire sur la chose scolaire.
Nous avons étudié le projet de loi, nous avons
examiné le contenu à partir de notre perspective et à
partir de nos aspirations, c'est-à-dire de notre perspective comme
parents et de nos aspirations comme parents. L'examen du contenu nous a
amenés à tirer un certain nombre de conclusions et de
recommandations à travers lesquelles je ne passerai pas ce soir.
Globalement, ces recommandations et ces conclusions se regroupent autour de
quatre thèmes: au niveau du nouveau conseil scolaire, au niveau de la
commission scolaire, au niveau du comité de parents et au niveau de la
question de l'information. Je vais rapidement traiter des deux premiers
thèmes.
Au niveau du conseil d'école, d'après nous, c'est
l'innovation principale du projet de loi. On touche ici à la principale
question, à notre avis, celle du pouvoir des parents dans le
système d'éducation. Cela soulève aussi toute la question
des obligations et des droits. Selon nous, de la même façon que
les gens qui paient des taxes ont le droit d'avoir des représentants
élus qui administrent leurs taxes, l'obligation des parents d'envoyer
leur enfant à l'école devrait aussi avoir un droit en
contrepartie, un droit de regard sur les choses scolaires. L'affirmation du
principe que les parents sont les premiers responsables de leurs enfants
devrait aussi avoir en contrepartie une capacité d'intervention sur les
institutions qui donnent de l'éducation à nos enfants. (23 h
15)
On a mis en doute dans les journaux, plusieurs personnes ont mis en
doute la capacité ou encore le danger de donner des pouvoirs aux
parents. Je vais présenter rapidement quelques réponses à
ce qui a été dit jusqu'à maintenant. Quant à la
capacité des parents d'organiser des choses, je pense qu'on s'est
attardé à un moment donné à calculer le nombre
d'heures que les parents de notre école donnaient au service de
l'école et on est arrivé à un total d'autour de 2700
heures. Si on calcule ces heures au salaire moyen que reçoit le
personnel enseignant, on en arrive à un chiffre qui approche les 85 000
$. Toutes les activités que Jean-Pierre a nommées tout à
l'heure sont encore des preuves que les parents sont capables de prendre des
choses en main.
Lors de nos démarches en vue de changer le nom de notre
école, on a eu l'occasion d'entrer en contact avec la commission
scolaire et avec les commissaires. Le type d'arguments qui ont
été apportés autour de la table ne nous ont pas paru
briller par une clairvoyance ou par une perspicacité qui les placerait
dans une
position meilleure que la nôtre; du moins la commission scolaire
ou les commissaires n'ont pas réussi à nous démontrer
qu'ils étaient plus compétents qu'on ne peut l'être. On
vient d'une école qu'on appelle de milieu défavorisé. On
dit souvent que les écoles de milieu défavorisé vont
possiblement être plus désavantagées par la réforme,
parce que les parents seront moins capables de prendre la chose en main.
Là-dessus, on voudrait dire deux ou trois choses.
La première chose, c'est qu'on trouve ce type d'arguments
méprisant et hautain. Deuxièmement, la sûreté de
jugement, la spontanéité franche, l'adhésion à des
valeurs bien enracinées et le sens du concret sont des qualités
qui appartiennent aux gens de notre milieu, qui caractérisent les gens
de notre milieu. On pense que ces qualités les placent et les rendent
capables de remplir les rôles que le projet de loi veut leur confier.
Pour ceux qui douteraient de la capacité du milieu populaire de
se prendre en main, rappelons que les comités de citoyens, les
coopératives d'habitation, les comptoirs alimentaires sont tous des
organismes qui ont pris naissance dans notre milieu, qui se gèrent, qui
s'administrent, qui survivent avec toutes les difficultés
financières que cela peut comporter. Restons-en là au niveau des
conseils d'école.
Quant à la commission scolaire, on voudrait intervenir à
deux niveaux: au niveau des élections et au niveau de la fonction de la
commission scolaire. Premièrement, on adhère au choix que le
gouvernement a fait concernant l'élection des commissaires au suffrage
universel. On voudrait toutefois voir quelques modifications apportées.
On aimerait que le commissaire qui est élu pour une école
donnée demeure, d'une part, sur le territoire pour lequel il est
élu et, deuxièmement, qu'il reçoive l'appui d'un nombre
substantiel de parents. Selon nous, cinq parents, ce n'est pas suffisant; pour
que le commissaire ou que la personne puisse se présenter aux
élections scolaires et prenne vraiment contact avec l'école, on
aimerait que le nombre de 5 signatures d'appui soit élevé
à 25. On aimerait aussi que l'article 161 dise qu'une élection
d'un commmissaire puisse être déclarée nulle si les gens
qui l'appuient font de fausses déclarations. On ne comprend pas pourquoi
un commissaire qui se ferait élire sous de fausses
représentations aurait le droit de rester à la commission
scolaire pendant tout un mandat.
Le dernier point sur lequel on voudrait intervenir au niveau des
élections scolaires, c'est la question d'une élection scolaire
qui aurait lieu à la même date que les élections
municipales. À notre avis, il y a là un danger. Le danger, c'est
que toute la question scolaire soit à la remorque des organisations
politiques municipales. On comprend l'intention en dessous de cet article qui
était de faire en sorte qu'un plus grand nombre de personnes se
présentent et votent pour les commissaires d'écoles. Il y a un
danger, en tout cas, on voit un danger qu'il y ait des sortes de "slate"
municipales-scolaires qui soient organisées par des partis politiques et
que tout soit déterminé par de plus grosses organisations. Le
fait que le municipal a plus d'importance que le scolaire, il y a des chances
que le scolaire soit minimisé ou disparaisse. De la même
façon qu'une élection municipale qui aurait lieu en même
temps qu'une élection provinciale, il y a de fortes chances que la
question municipale perde de son importance. On aimerait que la question
scolaire... On comprend l'intention. On comprend aussi que la volonté
serait de donner un tremplin à la question scolaire. On ne pense pas que
la mettre le même jour que l'élection municipale soit la bonne
façon de procéder.
La deuxième question traite surtout des fonctions de la
commission scolaire. Cela aussi est au coeur du projet de loi. Le rôle
qui est dévolu aux commissions scolaires, on le comprend comme presque
essentiellement administratif. Parce que la commission scolaire est un
organisme supérieur aux écoles et qu'on a divisé les
fonctions en deux parties, les fonctions pédagogiques à
l'école, les fonctions administratives à la commission scolaire,
on a peur que les questions administratives aient priorité sur les
questions pédagogiques. Notre seul espoir ou notre seule chance,
d'après nous, c'est que le commissaire d'écoles soit vraiment le
porte-parole de l'école, parce qu'il va être au conseil
d'école, et non pas le porte-parole de la commission scolaire
vis-à-vis de l'école. Cela place le commissaire d'écoles
dans une position stratégique et cela lui donne vraiment du pouvoir.
J'ai l'impression que les commissaires ou les commissions scolaires qui sont
venus ici présenter leur point de vue n'ont pas réalisé le
pouvoir que le commissaire d'écoles va avoir à l'avenir.
Le temps s'écoule. Vous avez reçu notre mémoire. Je
vais passer la parole à Jean-Pierre, pour la conclusion.
M. Drapeau: Comme conclusion, ce qu'on voudrait que vous
reteniez, c'est qu'au-delà du discours officiel que tiennent plusieurs
commissions scolaires - on en avait l'exemple juste avant nous - il existe au
sein de nos commissions scolaires, en tout cas, au sein de la nôtre, non
seulement une méfiance de leur part vis-à-vis des parents, mais
aussi un conservatisme qui réagit de façon méprisante et
arrogante lorsque les parents mettent de la pression sur une demande. Nous
avons voulu aussi témoigner de notre volonté, de notre
capacité à accepter des responsabilités que le projet de
loi veut nous confier et surtout - c'est le message
politique dont je parlais tout à l'heure - nous voulons vous
mettre en garde contre les belles paroles de façade que la Commission
des écoles catholiques de Québec utilise. Aller plutôt voir
comment ils appliquent leurs beaux propos officiels par le mépris et par
le refus de la participation des parents. Tout à l'heure, le
président de la commission scolaire disait: "small is beautiful". C'est
vrai que "small is beautiful", surtout pour les parents, j'ai l'impression,
dans son esprit.
Avant de venir en commission parlementaire, nous avons lu le
mémoire de la CECQ et - on en a lu d'autres, mais on veut surtout
retenir ces deux mémoires -celui de la fédération des
commissions scolaires. Nous tenons là aussi à vous mettre en
garde. Il y est, par exemple, écrit que ces gens sont favorables
à la décentralisation des pouvoirs. On nous l'a dit aussi tout
à l'heure pour Québec. Mais remarquez qu'ils y sont aussi
favorables dans la mesure où la décentralisation s'arrête
à leur niveau et ne se poursuit pas jusqu'aux parents. Quand je vous
parle de belles paroles officielles, on a été tout à
l'heure nous-mêmes tout surpris d'apprendre qu'à Québec le
projet éducatif est sous l'autorité du conseil d'école.
Allez voir dans quelles écoles ils l'appliquent. Nous espérons,
par notre témoignage, ce soir, avoir apporté quelques
éléments au dossier déjà volumineux de la
restructuration scolaire.
Nous terminons par cette phrase qui résume bien l'esprit dans
lequel notre mémoire a été rédigé et que
nous voudrions voir le gouvernement faire sienne lorsqu'il présentera
son projet amendé: "La démocratie se fonde sur la conviction
qu'il existe des possibilités extraordinaires chez des gens
ordinaires."
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Drapeau, M. Fortin,
Mme Gagnon. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier les membres de
l'ex-comité d'école pour leur témoignage à la fois
senti, émouvant et éloquent. Je retiens de ce témoignage
que les groupes populaires, que vous avez voulu représenter, sont
capables autant que les autres de se prendre en charge, de devenir responsables
et d'assumer leurs responsabilités. C'est peut-être en leur
permettant d'assumer de plus grandes responsabilités qu'ils pourraient
régler un certain nombre des problèmes scolaires que connaissent
les milieux populaires et où on dit, si l'on en croit les
récentes études, que le fossé entre l'école et le
milieu est plus grand dans ces milieux-là, dans ces secteurs-là,
et que le nombre de décrocheurs est plus grand.
Pour ma part, j'espère que les conseils d'école pourront
trouver, mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici, les moyens, les solutions à
ces divers problèmes dont nos études foisonnent depuis quelques
années. Je ne sais pas quelle est votre opinion là-dessus, mais
j'aimerais sûrement la connaître.
Je retiens également de votre témoignage que le cas que
vous nous avez présenté est, comme vous l'avez dit
vous-mêmes, plutôt un symbole. C'est plutôt un exemple qui
illustre un certain état de choses, un système, et je pense bien
que c'est l'illustration qui est importante plus que l'exemple lui-même.
J'y ai senti comme une goutte qui avait fait déborder le vase dans votre
cas, alors que vous nous aviez dit que votre comité d'école avait
quand même été très actif, qu'il était
très actif, qu'il s'occupait de catéchèse, de sorties
éducatives, de ludothèque, de bibliothèque, et que vous
avez eu l'impression que ces efforts ou que cette contribution que vous
apportiez n'était pas appréciée à sa juste
valeur.
En ce sens, j'aimerais peut-être vous demander ceci: Croyez-vous
que les pouvoirs ou les responsabilités que vous aviez en tant
qu'ex-comité d'école étaient non seulement à la
hauteur de ce que vous vouliez ou de ce que vous pouviez faire, mais
également adéquates par rapport au rôle que vous pensez que
les parents doivent exercer au sein de l'équipe école, au sein du
conseil d'école? C'est ma première question.
Deuxièmement, vous-mêmes avez fait référence
au fait que vous veniez d'écouter le témoignage de la Commission
des écoles catholiques de Québec. Vous avez trouvé une
certaine antinomie entre ce qu'ils ont décrit comme les pratiques qui
sont en vigueur ou recommandées par la commission des écoles
catholiques et l'expérience que vous avez vécue. J'ai entendu
également que, dans plusieurs écoles, en vertu de
décisions ou orientations prises par la commission scolaire, il y avait
une décentralisation effective des pouvoirs décisionnels au
niveau des écoles, soit en matière de budget ou soit en
matière de projet éducatif. Est-ce que je dois comprendre que
c'est plutôt dans le domaine des intentions de la commission scolaire que
dans le domaine de la pratique et que la réalisation ne fait que
commencer?
Troisièmement, je voudrais vous demander si vous croyez que la
décentralisation dont parlait la Commission des écoles
catholiques de Québec tout à l'heure, entendue au sens où
elle l'entendait, c'est-à-dire une délégation de pouvoirs
tout en décidant en temps et lieu, après examen de l'impact d'une
telle décision que pourrait prendre la commission, vaut mieux, à
vos yeux, que cette attribution franche et résolue de pouvoirs
qu'accorde le projet de loi 40 aux conseils d'école,
particulièrement en matière de pédagogie? (23 h 30)
Le Président (M. Blouin): M. Fortin.
M. Fortin: D'abord, au niveau de la satisfaction sur ce qu'on
nous laisse comme espace de participation, j'ai l'impression qu'à
"l'heure actuelle, le principal déblocage que la loi va permettre, en
plus de donner des pouvoirs, va être d'ouvrir les esprits et d'obliger
les gens qui sont dans le système scolaire à faire une place aux
parents.
On parle du projet éducatif; vous avez posé une question
au niveau du projet éducatif. Ce sont des modifications qui se font
lentement. Ce sont des modifications... Vous avez parlé aussi de la
place que la commission scolaire était prête à nous donner.
J'ai l'impression que cette place, on nous la donne avec réticence,
quand on s'organise pour aller la chercher. Dans le système
d'éducation, à l'heure actuelle, lorsque les parents veulent plus
de pouvoir, ils sont obligés de se battre, de faire des comités,
de s'embarquer dans des questions comme les questions de noms d'écoles,
pour pouvoir gruger un petit peu de pouvoir.
Ce qu'on trouve intéressant dans la loi, c'est qu'elle dit: Les
parents en ont du pouvoir. Il va y avoir des conseils d'école. On confie
un paquet de fonctions à l'école et ce sont les parents qui vont
s'occuper de cela majoritairement. C'est ce qui est intéressant, parce
que cela oblige toutes les personnes qui sont proches du système
scolaire à penser différemment. Je ne sais pas si j'ai assez bien
répondu à la question. Ce que cela va permettre, c'est une
ouverture, une porte qui, à l'avenir, sera ouverte et que nous n'aurons
pas besoin de défoncer.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Drapeau: Moi, j'ajouterais ceci...
Le Président (M. Blouin): M. Drapeau.
M. Drapeau: Est-ce que je peux me permettre d'ajouter quelque
chose?
Le Président (M, Blouin): Très bien, oui, M.
Drapeau.
M. Drapeau: J'ai noté - ce n'est peut-être pas tel
quel, mot à mot, j'écrivais à mesure qu'il parlait - j'ai
noté ce que le président de la CECQ a dit. Il a dit ceci,
à la page 3, et tout à l'heure un député y est
revenu: Cependant, cette décentralisation, à notre avis, devrait
s'effectuer, dans un premier temps, de l'État vers les commissions
scolaires. Dans un deuxième temps, les commissions scolaires et leurs
gestionnaires seraient chargés de décentraliser vers les
écoles, en tenant compte des besoins et droits de toute la
communauté en matière... et ainsi de suite.
Tout à l'heure, le ministre demandait ce qu'on pense du fait que
la Commission des écoles catholiques de Québec dit qu'elle allait
décider en temps et lieu. Moi, je dis non. Si vous décentralisez
vers la commission scolaire dans un premier temps, il ne faut pas qu'il y ait
un premier et un deuxième temps. Il faut que cela se fasse en même
temps, parce que, moi, je n'y crois plus à ces commissaires. Ils ne
décentraliseront jamais vers les écoles.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, M. le ministre.
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
j'aimerais remercier les personnes de l'ex-comité d'école de leur
témoignage et, surtout, les féliciter pour leur
ténacité, parce qu'il y a à peine quelques minutes, le
ministre ne voulait plus les entendre. Vous vous êtes débattus et
vous avez gagné...
Le Président (M. Blouin): Non, M. le député
de Saguenay.
M. Laurin: Arrêtez un peu là!
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay, je crois qu'il faut être honnête à l'égard
de cette situation.
M. Laurin: Cela est bas, vulgaire et mesquin.
Le Président (M. Blouin): Je vous avoue... Je dois vous
dire que c'est moi-même...
M. Laurin: C'est écoeurant.
Le Président (M. Blouin): ...qui ai suggéré
aux deux partis politiques de reporter le témoignage de cet organisme
uniquement parce que je craignais que nous ne puissions entendre l'ensemble de
son témoignage. Pour être juste à l'égard de tous
les membres de cette commission et des deux représentants de chacun des
partis en cause que j'ai consultés, je vous demande de modifier un peu
votre assertion qui n'est pas conforme à la réalité.
M. Laurin: Vous êtes capable de nager dans n'importe
quoi.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Tout au cours de la
journée, on a entendu la fédération des comités de
parents, on a entendu aussi les parents de la section 03 et, ce soir, on a
entendu des parents tout simplement. Il y avait quand même un corollaire
constant entre les différents mémoires que vous avez
présentés. Je pense que cet éclairage, pour les membres de
la commission et aux fins de la discussion, du
débat, sera quand même fructueux pour nous. Cependant, je
pense qu'étant donné aussi qu'on a eu l'occasion de questionner
amplement ceux qui ont présenté les mémoires, vous avez
donné une leçon. Vous avez été jusqu'au bout de
votre travail. Vous aviez un but légitime, vous ne l'avez pas
réussi, vous avez démissionné et je pense que le
gouvernement devrait en tirer une leçon. Alors, M. Ryan, pour les
questions.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Shefford, vous avez demandé la parole.
M. Paré: Oui, M. le Président, merci. Je suis
heureux d'être de ceux de la commission qui sont restés pour vous
entendre parce que je trouve que cela est éloquent et que cela en valait
la peine. J'aurais une petite question à vous poser. Vous avez subi une
lutte et un échec dans un débat bien précis qui
était au sujet du nom que vous vouliez donner à votre
école. Donc, c'est spécialement là-dessus que vous
discutiez. Il a été dit par les intervenants, juste avant votre
intervention, qu'au niveau de la commission scolaire concernée, de la
commission scolaire au sujet de laquelle vous êtes ici pour
témoigner, il y a une décentralisation qui se fait au niveau du
projet d'école, du projet éducatif et de la pédagogie.
C'est ce qu'on nous a dit, que c'était déjà effectif au
niveau de la commission scolaire, que cela se pratiquait au niveau des
écoles de la commission scolaire de Québec.
J'aimerais savoir si, à ces niveaux, justement, de l'objet de
l'école, du projet éducatif, de la pédagogie, du
fonctionnement de votre comité d'école, vos relations avec la
commission scolaire étaient toutes autres, si cela allait très
bien et que le seul problème que vous avez connu, c'était au
sujet du nom que vous vouliez donner à votre école.
Mme Gagnon (Jocelyne): Est-ce que cela allait très bien?
Cela n'allait pas mal parce qu'on ne la dérangeait pas. Tout à
l'heure, M. Flamand a dit - et cela m'a surprise, en tant
qu'ex-présidente d'un comité d'école - qu'on avait tout
pouvoir sur le projet éducatif alors que le seul prouvoir qu'on a, c'est
un pouvoir consultatif. Qu'on dise oui ou qu'on dise non, la décision
est prise et cela ne change rien. Cela m'a un peu surprise tout à
l'heure.
En tant que comité d'école, en tant que parents, on n'a
aucun pouvoir, sauf un pouvoir consultatif. Même si on disait: Non, on ne
veut pas, si eux disent oui, on ferme notre boîte ou on
démissionne.
M. Fortin: En tout cas, cela a été nouveau pour moi
aussi, ce que M. Flamand a dit tout à l'heure. On n'était pas au
courant qu'il y avait une directive émise par la commission scolaire
où la commission scolaire disait: Maintenant, nos écoles vont
avoir des projets éducatifs et ceux-ci vont être
développés par les comités d'école. Cela ne s'est
jamais rendu à notre comité d'école.
Le Président (M. Blouin): Cela va. M. le
député Shefford, merci. M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais d'abord dire que
j'ai écouté avec intérêt les représentants de
l'ancien comité d'école. Je vais vous dire en toute
honnêteté que je ne vois pas très bien ce que cela vient
faire ici à cette heure-ci. Tantôt, quand le président nous
avait demandé quel était notre sentiment, j'avais dit: À
l'heure où nous sommes, après le genre de journée que nous
avons ces temps-ci, je pense que cela serait mieux que cela attende un peu. On
ne serait pas mort, personne. Je suis content de vous avoir entendus, je suis
resté avec mon collègue de Saguenay, pas de problème.
Mais, si on était pour entendre tous les comités
d'école qui ont eu une chicane de nom avec leur commission scolaire
à travers le Québec, on n'en sortirait pas. Je vous dis ceci: II
y a peut-être un problème beaucoup plus large, on ne l'a pas
très bien illustré, à mon point de vue. J'aurais mieux
aimé que vous passiez avant la Commission des écoles catholiques
de Québec pour qu'on puisse avoir la version de l'autre,
également.
Il y a une règle de base, on entend les deux parties. Comme vous,
vous mettez ces gens en accusation, j'aurais mieux aimé qu'ils aient la
chance de s'exprimer ici. Je ne demanderai pas qu'ils reviennent parce qu'on a
une liste tellement considérable à entendre et que cela ne peut
pas se faire. Mais, ce sont des procédés que je n'aime pas trop,
pour être franc. Je vous le dis en toute simplicité, en toute
amitié aussi, parce que ce que vous avez dit m'intéresse et, si
vous m'en faites la preuve, cela me préoccupe. Mais, je vous dirais une
chose: Votre solution, c'est de débarquer ces gens. Vous avez le recours
démocratique, c'est de les combattre en élection et de les
débarquer. Ce n'est pas de venir chialer au ministre, ni de venir
à une commission parlementaire, pour être franc avec vous. Je ne
crois pas que de se servir de cela pour justifier tout un projet de loi comme
le projet de loi 40, cela va avancer beaucoup la discussion. Votre recours, il
est dans la voie dont on parle. Nous, on n'est pas content du gouvernement. Il
y en a qui ne sont pas contents de moi comme député. À ce
moment, qu'ils me combattent, qu'ils se débarrassent de moi si je ne
fais pas l'affaire; c'est cela, la règle de la démocratie. Il n'y
en a pas d'autre.
Maintenant, j'ajoute un petit point, je voudrais terminer sur une note
humoristique:
J'ai remarqué que, dans les suggestions que vous avez faites, il
y en a une que vous avez oubliée, très importante. Je pensais que
le ministre, lorsqu'il est intervenu, l'aurait soulevée, je pensais
qu'il aurait dit: Je vais au moins amender mon projet pour dire que, à
l'avenir, le nom de l'école, cela va relever du conseil d'école
et non pas de la commission scolaire. Vous l'avez dans votre mémoire, je
m'excuse, je l'avais oublié. Alors, j'imagine que cela est
endossé par le gouvernement. Il y a eu un problème de
coordination dans les noms, il va falloir que vous passiez par la Commission de
toponymie, peut-être comme d'autres. Mais je trouve que cela serait
très bien que cela relève du conseil d'école, il n'y a pas
de problème là-dessus. Si vous l'avez dit, je retire ce que
j'avais à dire là-dessus; malheureusement, vous m'avez eu pour
finirl Je trouve bien intéressant que l'on puisse avoir des
échanges et mon seul regret, c'est que les contraintes de temps dans
lesquelles évolue une commission comme celle-ci ne peuvent pas lui
offrir, à plusieurs reprises d'ici la fin de son travail, un luxe comme
celui-ci.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Fortin: Je ne sais pas si j'ai bien compris, j'ai compris que
vous avez... Est-ce que c'est le temps de répondre?
Le Président (M. Blouin): Vous pouvez répondre,
mais il n'y avait pas, à proprement parler, de question.
M. Drapeau: Mais je voudrais quand même réagir
après Daniel parce que je trouve que ce que M. Ryan a dit là est
fondamental et je ne l'accepte pas.
M. Fortin: J'ai compris dans les propos...
Le Président (M. Blouin): Vous n'êtes pas
obligé de l'accepter, c'est...
M. Fortin: ...que c'était peu pertinent ce qu'on voulait
apporter. En fait, on venait dire deux choses, on venait dire, comme parents:
On est prêts à prendre en charge le rôle que le projet de
loi veut nous confier; je pense que c'est pertinent. D'autre part, on disait:
On a essayé d'obtenir quelque chose qui n'est pas excessivement
important, le nom d'une école; puis la commission scolaire a fait quatre
réunions là-dessus. C'est tout ce qu'on peut dire.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Fortin: On est venu simplement témoigner de cela.
Le Président (M. Blouin): Alors, rapidement, M.
Drapeau...
M. Drapeau: Oui, je vais essayer de le faire rapidement...
Le Président (M. Blouin): ...s'il vous plaît!
M. Drapeau: ...mais je n'accepte pas du tout les propos de M.
Ryan quand il dit que ce n'est pas la place de venir chialer en commission
parlementaire. Si M. Ryan comprend de notre intervention qu'on est venu chialer
en commission parlementaire, honnêtement, d'après moi, vous n'avez
rien compris. Je pense que le...
Le Président (M. Blouin): M. Drapeau, je crois qu'il n'est
pas très utile d'ouvrir une polémique. Je crois que le
député d'Argenteuil a le droit de donner son opinion sur toutes
les interventions qui sont faites ici.
M. Drapeau: C'est que je voudrais que les gens de cette
commission comprennent surtout que, pour nous, la question du nom de
l'école était un symbole du processus de participation des
parents dans l'école.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Alors, merci, M.
Drapeau. Et sur ce, je remercie les responsables de l'ex-comité
d'école Le Tremplin de leur participation et nous ajournons nos travaux
à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 40)