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(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de l'éducation se
réunit aujourd'hui pour faire l'étude du projet de loi no 32, Loi
sur l'accréditation et le financement des associations
d'étudiants.
Les membres de cette commission sont: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Champagne (Mille-Îles), Cusano
(Viau), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM.
Hains (Saint-Henri), Laurin (Bourget), Leduc (Fabre), LeMay (Gaspé),
Ryan (Argenteuil), Charbonneau (Verchères).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Dauphin
(Marquette), Doyon (Louis-Hébert), Gauthier (Roberval), Mmes Harel
(Maisonneuve), Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Paré (Shefford), Rochefort
(Gouin), Sirros (Laurier).
Maintenant, il conviendrait de se désigner un rapporteur pour la
fin de nos travaux, pour faire rapport à l'Assemblée
nationale.
M. Laurin: Je propose le député de Fabre, M. Michel
Leduc.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Fabre sera le rapporteur de la commission.
Voici l'ordre du jour: Nous allons entendre et discuter des
mémoires suivants: un mémoire présenté tout d'abord
par la Conférence des recteurs et des principaux des universités
du Québec, le Regroupement des associations étudiantes
universitaires du Québec, ensuite l'Exécutif de l'Association
nationale des étudiants et étudiantes du Québec, la
Fédération des associations étudiantes collégiales
du Québec, l'Association des collèges du Québec et la
Fédération des cégeps.
Nous disposons aujourd'hui d'environ huit heures pour entendre les
mémoires et en discuter. Nous avons six groupes, alors nous pouvons nous
donner comme ligne de conduite environ une heure quart, une heure et vingt par
mémoire. On pourra s'ajuster selon l'intérêt des
mémoires et des discussions, mais il est bon d'avoir au point de
départ un aperçu du temps moyen que nous pouvons consacrer
à chacun des mémoires.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Vous nous avez remis une liste des organismes qui seront
appelés à témoigner, aujourd'hui, en commission. Est-ce
que le gouvernement pourrait nous indiquer si d'autres organismes avaient
demandé à se faire entendre et n'ont pas été
acceptés aujourd'hui, faute de temps ou pour d'autres raisons?
J'aimerais que le gouvernement nous donne la liste de ces organismes qui
auraient demandé à être entendus et qu'on aurait
décidé de ne pas entendre. Nous aimerions aussi connaître
les raisons pour lesquelles on aurait pris cette décision-là.
M. Laurin: Je n'ai pas la liste présentement, M. le
Président, mais, dès que possible, je la fournirai avec plaisir
au député d'Argenteuil. Peut-être dans une heure.
M. Ryan: Dès que nous aurons la liste, j'aimerais bien que
nous puissions en prendre connaissance et, au besoin, nous aurons des
observations à formuler sur cette question-là, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais le ministre
à prendre la parole s'il a quelques remarques préliminaires
à formuler.
Remarques préliminaires M. Camille
Laurin
M. Laurin: M. le Président, dès mon entrée
en fonction comme ministre de l'Éducation, j'ai rappelé
l'importance, pour la communauté étudiante du Québec, de
pouvoir faire entendre sa voix, de pouvoir participer activement à
toutes les formes d'organisations et de gestions qui conditionnent sa vie
propre, son environnement immédiat.
J'ai également souligné l'importance de pouvoir entendre
les étudiantes et les étudiants dans tous les grands
débats qui orientent le développement de notre
société. J'ai alors indiqué que c'était par
l'entremise d'associations étudiantes fortes et représentatives
que cette voix pouvait se faire entendre avec le plus de fermeté et de
continuité.
Quelque temps auparavant, la commission Angers, dans son rapport sur
l'avenir des universités, exposait, avec une insistance identique, la
nécessité d'une participation étudiante active dans tous
les domaines de la vie pédagogique et administrative des
universités.
Quelque temps après, dans son rapport annuel de 1981, le Conseil
supérieur de l'éducation lançait un véritable cri
d'alarme sur l'état de la vie étudiante dans les
établissements scolaires de niveau secondaire.
À la même époque, de nombreuses associations
étudiantes, nationales et locales, pressaient le ministère
d'intervenir pour permettre, partout, la possibilité pour tous les
étudiants de se donner des associations viables et stables afin qu'elles
ne gaspillent plus toutes leurs énergies dans leurs seules
revendications pour leur simple existence.
Pour bien marquer mon accord avec cette recherche d'une participation
mieux assurée des étudiants et des étudiantes à
leurs propres affaires, le ministère de l'Éducation a fait
paraître, au cours des deux dernières années, une
série de documents importants. D'abord, en 1982, un guide
d'interprétation de la Charte des droits et libertés de la
personne préparé à l'intention des jeunes en milieu
scolaire et intitulé: Jeunes, égaux en droit et responsables. Ce
guide, diffusé par la plupart des commissions scolaires du
Québec, a été préparé en collaboration avec
la Commission des droits de la personne du Québec. Puis, en 1982
également, un document d'orientation et de voies d'action
intitulé: Élèves, étudiants et étudiantes,
présence active et responsable. Enfin, il y a quelques mois, un document
de politique sur les services complémentaires aux élèves a
été acheminé pour consultation dans toutes les commissions
scolaires. Un pareil document sera bientôt soumis aux
collèges.
Toutes ces démarches, dans les principes qu'elles
défendaient et dans les objectifs qu'elles proposaient, ont reçu
l'appui de la plupart des administrations de tous les niveaux d'enseignement en
raison, justement, de l'état de fait de la situation des associations
étudiantes.
Depuis quelques années, en effet, dans la majorité des
établissements scolaires des niveaux collégial et universitaire,
les protocoles d'ententes négociés de bonne foi ont permis
à des associations étudiantes d'être reconnues par les
administrations et de pouvoir survivre. Cependant, le cadre de cette
reconnaissance laisse les associations étudiantes dans une situation de
fragilité et d'instabilité quant à leur
développement. Malgré les résultats quand même
heureux obtenus par ces ententes négociées de bonne foi,
plusieurs établissements de divers niveaux d'enseignement ne
possèdent pas encore d'associations étudiantes reconnues et
actives, par suite de l'impossibilité d'en arriver à des ententes
volontaires entre les parties. À plusieurs reprises au cours des
dernières années, j'ai rappelé la nécessité,
pour toutes les parties concernées, associations étudiantes et
administration, de trouver une solution efficace à ce problème
d'instabilité permanente des associations étudiantes dont
découlent des conflits qui s'éternisent.
Après analyse, il nous a semblé que la voie
législative constituait le cadre le plus précis et le plus
permanent qui soit pour résoudre ce problème. Nous en arrivons
ainsi à ce projet de loi dont je voudrais dire quelques mots afin d'en
bien marquer la portée.
Le projet de loi ne touche que les associations étudiantes des
niveaux collégial et universitaire. La loi sur la restructuration
scolaire, de son côté, prévoit les modalités de
participation des élèves du niveau secondaire à la vie de
l'école et au conseil de l'école. Le recours aux dispositions de
ce projet de loi n'est pas obligatoire, mais bien facultatif. Cela veut dire
que partout où des protocoles d'entente ont pu être signés
ou pourront être signés entre les parties concernées, le
recours à cette loi n'est pas nécessaire. Nous pouvons même
penser que l'existence de cette loi encouragera les parties, dans les
établissements où cela n'est pas encore fait, à trouver un
terrain d'entente sans recours à la loi.
La loi, enfin, crée des obligations, mais ne prévoit pas
de sanction comme telle. Cela indique bien l'esprit dans lequel nous
présentons cette loi. Pour nous, il s'agit davantage d'un instrument
propre à favoriser la participation étudiante à la vie des
établissements et, en particulier, là où elle se heurte
à des difficultés on ne peut plus sérieuses. Pour
certains, la portée de la loi apparaîtra suffisante; pour
d'autres, elle paraîtra excessive. De fait, cette loi épouse
l'objectif limité, mais important, qu'il fallait atteindre.
J'espère qu'on apportera à cette démarche toute la
collaboration nécessaire pour qu'elle atteigne effectivement l'objectif
souhaité.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le ministre.
J'inviterais maintenant le représentant de l'Opposition à nous
faire quelques remarques préliminaires.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, à titre de porte-parole
de l'Opposition dans le domaine de l'éducation, je voudrais tout d'abord
indiquer que nous nous intéressons vivement au sujet qui est
abordé par le projet de loi 32. Nous sommes particulièrement
heureux de la possibilité qui est donnée à un certain
nombre d'organismes de se faire entendre en commission parlementaire.
Nous regrettons cependant les contraintes de temps dans lesquelles survient cet
exercice. On sera obligé d'entendre les gens à la vapeur. Il y en
a un certain nombre, je présume, qui ne pourront pas être entendus
tout en ayant autant le droit que les autres de l'être. Ce climat de fin
de session n'est pas du tout un climat propice pour, en particulier, entendre
le point de vue des étudiants. Ils ont l'esprit occupé à
des choses non moins importantes en fin d'année. Je ne pense pas que
cela soit un bon contexte pour créer le climat de discussion
élargie qui aurait été souhaitable dans les milieux que
constituent les institutions d'enseignement. Il me semble que c'est pour ces
milieux-là qu'on va légiférer et on le fait à une
période où leur capacité d'attention au sujet
discuté ici sera considérablement réduite.
Nonobstant ces circonstances, nous allons faire pour le mieux. Nous
allons être le plus consciencieux possible. Nous allons essayer de ne pas
perdre de temps inutilement et, dans cet esprit, je limiterai mes remarques
à ce que je viens de dire pour l'instant, tout en vous demandant
l'autorisation de laisser mon collègue, le député de
Marquette, compléter mon intervention à titre de responsable du
dossier jeunesse à l'Opposition.
Je voudrais simplement vous indiquer une petite nuance qu'il est
peut-être bon de connaître pour nos visiteurs de ce matin. Le
responsable du dossier jeunesse s'occupe de ce qu'on appellerait la condition
jeunesse. Tous les problèmes qui regardent la condition sociale, la
condition économique, la condition intellectuelle ou culturelle de la
jeunesse relèvent du porte-parole de la jeunesse qui, à ce titre,
s'intéresse à beaucoup de problèmes touchant le
ministère de l'Éducation et d'autres ministères comme le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Tout le problème du travail de la jeunesse l'intéresse au plus
haut point, ainsi que le problème des loisirs et des sports qui
relève du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Je suis bien content qu'il soit avec nous pour l'examen des
problèmes qui touchent plus immédiatement les associations
étudiantes parce que, selon notre interprétation de nos mandats
respectifs, ces questions relèvent d'abord du responsable du dossier
jeunesse, même si le gouvernement a choisi de les aborder sous le titre
de l'éducation.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: M. le Président, au même titre que mon
collègue d'Argenteuil, je déplore le caractère un peu
expéditif du dépôt de ce projet de loi ainsi que la limite
de temps impartie aux intervenants ou aux personnes pouvant se faire entendre
aujourd'hui. Selon le leader du gouvernement, il y aurait dix groupes ou
personnes qui n'auront pas la chance de se faire entendre sur le projet de loi
32. Je vais être bref moi aussi; seulement quelques remarques à
propos du projet de loi en question.
Le projet de loi fait naître des interrogations et ce sont ces
interrogations qu'il convient ici d'évoquer. En premier lieu, si nous
examinons les dispositions quant au vote - on aura l'occasion d'y revenir dans
le cours de la journée - il y a certaines interrogations que j'aimerais
souligner à ce moment-ci. Il est prévu que 25% des
étudiants inscrits dans un établissement d'enseignement, et non
25% de ceux qui voteront, devront donner leur appui à l'association pour
que celle-ci puisse être accréditée. On peut s'interroger
sur une telle pratique qui veut qu'une abstention équivaille à un
vote négatif, finalement. À ceux qui soutiendraient que,
lorsqu'une majorité d'étudiants s'abstiennent de se prononcer sur
l'accréditation d'une association, c'est qu'ils n'en veulent pas et donc
qu'elle ne peut les représenter, on peut se demander si un tel
raisonnement devrait primer aussi dans le cas des comités de parents,
des commissaires d'écoles et des élections municipales puisque,
dans ces cas, on a vu bien souvent que la participation était assez
réduite. Sinon, pourquoi faire jouer ce principe dans le seul cas des
étudiants? Ne devrait-on pas seulement fixer un taux minimal de
participation et laisser jouer la règle de la majorité?
On doit également s'interroger sur l'absence - comme les
sanctions; j'y reviendrai - dans le projet de loi de toute
référence aux associations nationales d'étudiants. Ces
dernières ont pourtant été, de tout temps, les principaux
porte-parole des étudiants auprès des gouvernants. Pourquoi alors
ne pas prévoir de modalités pour la reconnaissance de ces
associations, reconnaissance qui serait d'ailleurs l'occasion de se donner une
définition pour ce type d'association d'étudiants?
En troisième lieu, M. le Président, on note qu'il n'est
nulle part question d'une quelconque réglementation liée à
ce qui pourrait éventuellement devenir la loi 32. Est-ce à dire
que le ministre considère que son projet de loi est tellement parfait
qu'il ne nécessitera aucun ajustement, tenant compte de
l'évolution du monde étudiant? Ou bien n'est-ce là qu'une
regrettable erreur qu'il se propose de réparer. Dans ce cas, quels
seront les points qui prêteront à réglementation? Et, comme
on le voit, il y a beaucoup à préciser sur ce sujet.
Le projet de loi 32 prévoit de
nombreux devoirs et responsabilités pour les parties
visées. Comme le ministre y a fait référence, est-ce qu'il
y aurait des sanctions? Il semble dire qu'il n'y en aura pas, ce serait
simplement incitatif à titre de projet de loi. Est-il concevable que le
projet de loi ne prévoie rien à cet égard? On aura
l'occasion d'entendre les principaux intervenants aujourd'hui
là-dessus.
Comme on le voit, les questions sont nombreuses, le temps dont on
dispose pour en discuter et en mesurer les implications est, quant à
lui, fort restreint puisque le ministre tient, à tout prix, à en
finir avant l'ajournement d'été. En effet, ce qui frappe le plus
à propos du projet de loi qui nous intéresse, c'est la
précipitation avec laquelle le ministre tente de passer à travers
le processus parlementaire, même au prix d'empêcher qu'un
débat de fond ne se tienne dans le milieu. Aucune véritable
consultation n'a été faite et aucune véritable
consultation ne sera tenue.
Bien sûr, le ministre a présenté, au cours de
l'automne dernier, un livre blanc sur la condition étudiante, mais
celui-ci était vague et n'apportait rien de neuf. On parlait bien de la
possibilité de mettre sur pied un cadre juridique, mais aucune
proposition concrète n'était faite pour susciter le
débat.
En fait, le seul élément nouveau à se
présenter au cours des derniers mois fut l'avant-projet de loi du RAEU
qui, malgré ses mérites, fut loin de faire l'unanimité
chez les étudiants.
On se retrouve donc, aujourd'hui, avec le projet de loi du ministre de
l'Éducation et on continue de s'interroger sur la pertinence d'un cadre
juridique.
En terminant, M. le Président, à la lumière de ces
remarques et dans l'éventualité où les témoignages
qui seront présentés devant cette commission, aujourd'hui,
montreraient que des questions importantes n'ont pas reçu de
réponses satisfaisantes, le ministre devrait alors envisager de reporter
à l'automne l'adoption dudit projet de loi, afin de permettre que soit
tenue une véritable consultation des intéressés. Je
demande tout simplement au ministre de garder cette possibilité à
la lumière des auditions que nous aurons l'occasion d'entendre
aujourd'hui.
Le Président (M. Brouillet):
J'accorderais quelques minutes au député de
Verchères avant d'entendre les représentants.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, à titre de
responsable du secrétariat à la jeunesse, j'ai tenu à
être associé à la démarche de mon collègue,
le ministre de l'Éducation. Le secrétariat à la jeunesse a
aussi tenu à être accompagné du ministère de
l'Éducation dans cette démarche.
D'abord, parce qu'il y a peut-être des gens qui l'ignorent, le
secrétariat à la jeunesse est encore une bibite gouvernementale
assez nouvelle en pleine expansion et à l'étape de
l'implantation. On a des mandats très touchés par le projet de
loi devant nous aujourd'hui.
Le mandat du secrétariat à la jeunesse est, entre autres,
de coordonner l'action gouvernementale à l'égard des jeunes.
Quand on pense à l'importance qu'occupe la jeunesse étudiante du
Québec dans l'ensemble de la jeunesse québécoise, on ne
peut se surprendre, aujourd'hui, de l'intérêt que le
secrétariat à la jeunesse a manifesté dans ce dossier.
On a aussi un mandat de faciliter l'accès des jeunes aux
programmes gouvernementaux, aux actions gouvernementales.
Inévitablement, cela a un impact à l'égard des projets de
loi présentés par le gouvernement à l'Assemblée
nationale.
Le secrétariat à la jeunesse a également comme
mandat de consulter les jeunes et les organismes de jeunes, d'engager avec eux
un dialogue fructueux et riche qui va permettre au gouvernement
d'améliorer la réponse donnée et les solutions qu'il doit
apporter à un certain nombre de problèmes dont il a une
responsabilité en termes d'intervenant à l'égard de l'aide
que les jeunes attendent de l'État. (12 heures)
À cet égard, je suis heureux et les membres de
l'équipe du secrétariat à la jeunesse sont
également heureux de l'acceptation par le ministre de l'Éducation
de la proposition que nous lui avions faite quant à la tenue de cette
commission parlementaire. Je pense que le simple fait que ce projet de loi soit
précédé d'une commission parlementaire comme celle-ci,
où des représentants du milieu étudiant, quelles que
soient leurs opinions - je pense qu'on va entendre des opinions
différentes du milieu étudiant - ont l'occasion aujourd'hui de
témoigner de leurs préoccupations et du vécu qu'ils ont eu
peut-être à subir, à cause des problèmes de
reconnaissance et de financement dans le milieu étudiant, au cours des
dernières années... Bien sûr, le temps est serré.
Bien sûr que le climat de fin de session n'est pas le meilleur climat
pour discuter d'un tel projet de loi. Bien sûr qu'il aurait
été préférable d'arriver avec un projet de loi
comme celui-là il y a quelques mois. Je pense qu'on doit
reconnaître que le gouvernement, que le ministère de
l'Éducation ont pressé le pas depuis quelques mois, depuis la
publication du document qui a été présenté par le
ministre tantôt, dont il nous a rappelé l'existence, les
orientations, les voies d'action à l'égard de la condition
étudiante. À cette époque, le gouvernement -je me rappelle
bien avoir participé à la
conférence de presse que le ministre de l'Éducation avait
donnée à l'automne - avait demandé aux
intéressés de lui soumettre des propositions.
On reproche souvent au gouvernement, dans ses actions, dans ses
interventions à l'égard des jeunes, d'arriver avec des solutions
parachutées, toutes faites d'avance et qui, finalement, sont plus des
gestes, paraît-il, de récupération ou de manipulation. Je
pense que ce qu'on a voulu faire, c'est d'abord laisser aux
intéressés le choix d'identifier les pistes de solution qui
étaient acceptables à leurs yeux. Dans le texte qu'on pourrait
relire et que certains auraient intérêt à relire, on voit
très bien qu'on parle à la fois des possibilités de
solution soit juridiques, soit législatives, soit réglementaires
et que la porte n'était fermée l'automne dernier à aucune
des possibilités d'intervention à l'égard du
problème qui nous concerne aujourd'hui. La réalité, c'est
que ce débat finalement a amené certaines associations
étudiantes, en particulier, celles qui sont liées au RAEU
à proposer d'une façon concrète un projet de loi. Au
moment où cette proposition nous a été faite, la
réflexion que nous aussi, nous avions continuée sur cette
question au cours des derniers mois, nous avait amenés à conclure
que la voie législative était, à notre point de vue, la
meilleure des voies qui pouvaient être utilisées pour
régler le problème.
Cependant, nous étions bien conscients qu'il ne fallait pas
présenter un cadre législatif qui fasse en sorte que tout le
monde soit obligé de s'y conformer, soit obligé d'embarquer dans
un même moule, dans un même cadre. C'est dans ce sens que, à
mon avis, l'un des points les plus fondamentaux du projet de loi qui doit
être signalé, c'est cette option qui existe dans la
possibilité qu'auront les associations étudiantes de choisir soit
le cadre législatif qui nous est présenté aujourd'hui,
dont nous aurons à regarder le contenu, ou la possibilité de
continuer selon la pratique traditionnelle, c'est-à-dire des ententes
bona fide entre les associations étudiantes et les institutions.
Au-delà de cela, on doit reconnaître que le débat est
engagé depuis des années dans le milieu étudiant et que ne
pas agir maintenant, c'est permettre que le problème se continue, se
perpétue au cours de la prochaine année scolaire et c'est
finalement faire en sorte qu'on retarderait peut-être d'un an, un an et
demi, la solution de problèmes qui deviennent criants.
Dans la mesure où l'on fait le constat que les problèmes
qui ont amené le ministre de l'Éducation à proposer ce
projet de loi sont graves, non seulement pour le milieu étudiant, mais
également pour la société québécoise dans
son ensemble, on doit reconnaître qu'il y a, d'une certaine façon,
une urgence à agir. Il n'y a pas une urgence exagérée, je
ne pense pas qu'il s'agisse dans mes propos de parler d'une urgence
exagérée. Je pense qu'il y a un problème. Quand mes
collègues de l'Opposition mentionnent qu'ils gardent la porte ouverte
à un report, j'aimerais les amener à considérer
sérieusement lorsqu'ils parleront de cela et lorsqu'ils
considéreront cette question, les conséquences que cela aura
aussi dans le milieu étudiant et dans la vie étudiante, dans
l'action que les associations étudiantes, les étudiants pourront
mener au cours de la prochaine année scolaire.
Ceci dit, M. le Président, je rappelle que cette commission
parlementaire, cette journée est importante et qu'on aura l'occasion, au
cours de cette journée, je pense, d'échanger des propos avec,
à la fois les associations étudiantes concernées et les
dirigeants des regroupements d'institutions qui sont aujourd'hui
présents.
Je pense que c'est heureux que ces gens, malgré le fait que le
temps soit serré, aient accepté de venir devant nous et de
participer à l'exercice de consultation auquel on les a
conviés.
Auditions
Le Président (M. Brouillet): Très bien, merci.
J'inviterais le premier groupe, la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec, à s'avancer, s'il
vous plaît, à la table! J'invite le porte-parole à
s'identifier et à nous présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Conférence des recteurs
et des principaux des universités du
Québec
M. Boulet (Gilles): Je suis Gilles Boulet, président de
l'Université du Québec et porte-parole ce matin de la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec. Les personnes qui m'accompagnent sont: Mme Claire McNicoll,
vice-rectrice de l'Université du Québec, à
Montréal; M. Philippe Bernard, chargé de recherche à la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec; M. Yvon-Albert Laurendeau, chargé de recherche à
la Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec; M. Pierre de Celles, vice-recteur aux affaires professorales et
étudiantes à l'Université Laval et M. Germain Gauthier,
qui apparaissait sur la liste, n'a pu se joindre à nous.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, nous vous
écoutons.
M. Boulet: On vous a remis le texte de la présentation que
tient à faire la
Conférence des recteurs et des principaux des universités
du Québec. Je vais me permettre de le lire et, peut-être, en cours
de lecture, d'ajouter quelques commentaires.
La tenue de la commission élue permanente de l'éducation
chargée d'étudier le projet de loi sur l'accréditation et
le financement des associations d'étudiants déposé en
première lecture au milieu de la semaine dernière aurait dû
être l'occasion pour la Conférence des recteurs et des principaux
des universités du Québec d'exprimer le point de vue
fouillé des chefs d'établissements universitaires sur un sujet
qui exige, nous semble-t-il, une réflexion et un examen approfondi.
L'absence de consultation des établissements universitaires dans
l'élaboration même de ce projet de loi, l'impossibilité de
consulter au mois de juin les premiers intéressés, les
étudiants, qui sont en vacances, et la difficulté de produire
à quelques jours d'avis une analyse qui tienne compte des nombreuses
incidences reliées à l'application de ce projet de loi
empêchent les universités de présenter, comme elles
l'auraient souhaité, un mémoire sur la question. Nous devons
déplorer vivement cette situation. Dans les circonstances, nous nous
bornerons à présenter les commentaires qui suivent, issus d'une
étude préliminaire.
La situation actuelle dans les universités. Afin de bien situer
dans leur contexte les commentaires dont nous tenons à vous faire part,
voici en premier lieu quelques informations sommaires sur la situation actuelle
en matière d'associations d'étudiants dans le milieu
universitaire ainsi qu'une esquisse des cadres réglementaires en vertu
desquels ces associations ont obtenu une reconnaissance de la part des
établissements dans lesquels elles évoluent.
Les associations d'étudiants, générales ou locales,
dont il est ci-après question, sont des associations qui regroupent les
étudiants en leur qualité d'étudiants, c'est-à-dire
que leur champ d'intervention recouvre les questions relatives au régime
pédagogique ou aux activités académiques des programmes
dans lesquels ils sont inscrits. Habituellement, ces associations
désignent leurs représentants étudiants aux structures
officielles où leur participation est prévue selon les chartes,
les statuts ou les règlements de chaque université - vous avez,
en annexe I, un tableau qui vous permet de voir plus clair dans cette
question.
À l'exception d'un seul établissement où les
étudiants ne se sont pas prévalus des politiques de
reconnaissance en vigueur dans leur établissement, les étudiants
sont représentés par des associations générales qui
sont de type unitaire ou fédératif. On dénombre 20
associations générales dont la portée du mandat de
représentation recouvre habituellement l'ensemble des étudiants
des établissements concernés, à l'exception des
établissements qui comportent plus d'une association
générale. Dans certains cas, ces associations
générales sont segmentées par cycle d'étude ou
selon le régime d'étude, temps complet ou temps partiel. À
ce propos, je dois dire que nous sommes heureux que le projet de loi n'exclue
pas les temps partiels. Au contraire, il les inclut et dans plusieurs de nos
universités ceci est profondément significatif, étant
donné le nombre d'adultes qui les fréquentent.
Les associations à portée locale. Par opposition aux
précédentes, ces dernières regroupent les étudiants
suivant le programme auquel ils sont inscrits. Elles peuvent être des
associations de faculté ou de programme, de famille ou de module, selon
les structures de chacune des universités. Un relevé en date de
l'hiver 1983 dénombre 198 associations de ce type dans les
universités actuellement. Vous avez le tableau.
Les associations para-académiques. Ces associations regroupent
les étudiants sur une base autre qu'académique à
proprement parler et peuvent comprendre des groupes à orientation
sociale, politique, religieuse, etc. On y trouve également des
regroupements qui ont un caractère de services à la
communauté, tels que coopératives, radio, journal
étudiant, etc. Un relevé qui est loin d'être exhaustif
dénombre 121 associations de ce type qui, dans la plupart des cas,
n'exigent aucune cotisation de leurs membres et n'ont pas à faire, en
conséquence, d'entente relative à la perception de cotisations
avec les établissements concernés.
Tous les établissements universitaires ne possèdent pas un
cadre formel de reconnaissance mais, dans tous, il est possible d'obtenir un
statut d'association générale reconnue. La reconnaissance ainsi
obtenue entraîne la prise en charge par l'université de la
perception de la cotisation suivant des modalités propres à
chaque établissement.
Là où un tel cadre formel existe, il a statut de
règlement, souvent adopté par le conseil exécutif ou le
conseil d'administration. Il comporte l'obligation pour l'association de se
soumettre à un scrutin à l'issue duquel on doit atteindre un
pourcentage donné, variant d'une université à l'autre,
permettant de témoigner de la représentativité de
l'association.
Là où un tel cadre formel n'existe pas, l'association
générale d'étudiants jouit d'une reconnaissance de facto,
habituellement assez ancienne, sans que la question de la reconnaissance
formelle ait donné lieu à une politique à cet effet. Vous
avez à ce propos, en annexe II, un tableau qui représente la
politique pratiquée dans chaque université.
Quelques exemples témoigneront de cette réalité
fort variée. L'Université McGill
possède depuis 1917 une "Students' Society" dont la
reconnaissance a statut de règlement dans l'université. Depuis
1958, l'Université de Sherbrooke reconnaît dans ses statuts qu'il
existe une association d'étudiants et perçoit une cotisation
obligatoire. L'Université Laval qui possède depuis 1929 une
association générale n'a pourtant voté qu'en 1978 un
règlement du conseil exécutif définissant un cadre formel
de reconnaissance.
Dans la plupart des constituantes de l'Université du
Québec, il existe des politiques de reconnaissance des associations
d'étudiants dont se sont prévalus les intéressés,
sauf à l'Université du Québec à Montréal,
prévoyant la perception par l'université d'une cotisation.
L'Université Concordia n'a pas de règlement officiel à cet
effet, bien qu'il y ait une reconnaissance de facto en vertu de laquelle elle
perçoit une cotisation obligatoire. À l'Université de
Montréal, en vertu d'un cadre formel reconnu par règlement du
conseil exécutif adopté en 1969 et modifié en 1975,
l'université perçoit de façon automatique une cotisation
qui n'est cependant pas obligatoire.
Il ressort du survol rapide de la situation dans les divers
établissements universitaires qu'il est partout possible pour les
étudiants d'obtenir la reconnaissance de leurs associations ainsi que de
convenir avec les établissements des modalités de perception de
leur cotisation, sous réserve de se conformer à des conditions
analogues à celles préconisées par le projet de loi, mais
qui sont sûrement plus souples que les modalités prévues au
projet de loi.
Ces remarques faites, nous désirons formuler certains
commentaires sur le projet de loi, même si les universités
continuent à s'interroger sur sa pertinence. De façon à
éviter toute ambiguïté avec des termes similaires qui ont
une autre connotation dans le domaine du droit du travail, il nous semblerait
préférable que la loi s'intitule plutôt: Loi sur la
reconnaissance et le financement des associations d'étudiants et que
soient modifiés en conséquence, partout où il en est fait
mention dans le texte, les termes "accréditation" et
"accrédité" remplacés par "reconnaissance" et "reconnu".
Les universités considèrent inadéquat d'inscrire dans une
perspective syndicale les relations qu'elles entretiennent avec leurs
étudiants. (12 h 15)
Par ailleurs, nous estimons que la loi ne devrait s'appliquer qu'aux
seules associations générales d'étudiants et non pas
à chacune des unités administratives de nos établissements
qui donnent lieu aux associations que nous avons qualifiées plus haut
d'associations locales. On pourrait s'interroger sur les termes, mais nous
tenons à distinguer entre ce que nous appelons des associations
générales d'étudiants ou regroupements d'associations
d'étudiants, qui représentent l'ensemble des étudiants
d'un établissement comme l'Université Laval ou
l'Université de Montréal, et les associations, que nous appelons
ici locales et qui pourraient s'appeler particulières, qui
représenteraient les étudiants d'une faculté ou, à
l'Université du Québec, d'une famille, d'un module, etc. Par
contre, la loi devrait permettre l'existence de plusieurs associations
générales représentant, par exemple, les étudiants
de premier cycle et les étudiants des études avancées, en
s'assurant toutefois que ces associations soient mutuellement exclusives.
En revanche, nous avons la conviction que l'application de ce projet de
loi aux structures administratives internes formées de diverses
composantes: facultés, départements, instituts, familles,
modules, etc., soulèverait de nombreux problèmes d'ordre
opérationnel, serait source de confusion et pourrait même conduire
à une dégradation de la situation actuelle. À titre
d'exemple, le projet de loi confond lui-même, à son article 2,
dans sa définition d'établissement d'enseignement, la somme et
ses parties, sans distinguer la corporation de ses unités
administratives.
Je me permets ici d'attirer un peu plus longuement l'attention en dehors
du point principal soulevé. Il serait extrêmement important, je
pense, que l'on sache bien faire les distinctions à propos des
différents éléments qui apparaissent au projet de loi
à l'article 2, deuxièmement, de même qu'au
sixièmement.
À l'article 2, deuxièmement, on dit que sont des
établissements d'enseignement au sens de la présente loi
l'Université du Québec ainsi que ses universités
constituantes. Il faudrait nettement y ajouter les écoles
supérieures et les instituts de recherche qui sont au sens de la loi des
constituantes au même titre que les universités.
À sixièmement, leurs composantes deviennent donc des
établissements universitaires au sens de la loi, à savoir chaque
campus - j'imagine qu'il s'agit ici de campus dans les collèges qui en
ont - ou, dans les établissements d'enseignement de niveau
universitaire, chaque faculté, école, département,
institut, famille, module.
Or, quand on voit l'application de cette définition qui classe,
par exemple, les facultés ou les modules au rang d'établissements
universitaires, on arrive à des réalités qui deviendront
extrêmement difficiles d'application. J'en prends un exemple. Nous
pourrions vraiment en prendre plusieurs. L'article 28 dit que
l'établissement d'enseignement doit fournir gratuitement à
l'association ou au regroupement d'associations accrédité un
local et un mobilier. À l'article 29: "L'établissement
d'enseignement doit, à tout moment, garantir aux membres du
conseil d'administration d'une association ou d'un regroupement d'associations
d'étudiants accrédité le libre accès au local..."
Mot à mot, ceci pourrait nous amener à fournir jusqu'à 30,
40 ou 50 locaux dans une université, si on calcule que sont
définis comme établissements universitaires chaque
faculté, chaque module, chaque famille, chaque département, etc.
Si chaque association devenait une association accréditée au sens
de la loi, il faudrait aller jusqu'à 50 ou 60 locaux, à moins que
le ministère de l'Éducation ne révise certaines normes en
pieds carrés des planchers qui sont alloués aux
universités.
Ceci n'est qu'un exemple. Je pense qu'il faut vraiment revoir l'article
2 au niveau du deuxièmement pour l'Université du Québec et
au niveau du sixièmement pour l'ensemble des universités,
même si on ne tenait pas compte de la demande de la conférence des
recteurs qui, elle, souhaiterait que la loi ne s'applique qu'aux associations
ou aux regroupements d'associations qui représentent tous les
étudiants d'un établissement universitaire, non pas au sens de la
loi, mais véritable, une université.
Dans un autre ordre d'idées, les universités estiment
essentiel d'inverser le processus prévu à l'article 53, de
façon que l'obligation faite aux étudiants de payer leur
cotisation à une association générale soit maintenue sans
pour autant qu'elle soit rattachée à une condition d'inscription
dans un établissement universitaire. Le libellé pourrait
être le suivant: Toute personne inscrite doit payer sa cotisation, etc.
Nous n'avons aucune objection à ce qu'on inscrive dans la loi la
nécessité pour l'établissement de recueillir les
cotisations en début d'année, mais nous sommes gênés
que le projet de loi en fasse une condition d'inscription à
l'université.
De plus, la loi devrait indiquer clairement, au processus de perception
de la cotisation étudiante, que la responsabilité des
établissements universitaires concernés se limite à la
perception au moment de l'inscription et à la remise des sommes
perçues aux associations étudiantes.
Enfin, au chapitre des dispositions diverses et transitoires, nous
estimons que toutes les associations générales qui ont obtenu la
reconnaissance des établissements universitaires devraient avoir droit
d'être reconnues au sens ou l'entend l'article 58. L'article 58, qui
veut, fort correctement, maintenir la reconnaissance de certaines associations
universitaires - il y en a actuellement plusieurs, nous vous l'avons dit tout
à l'heure - exige cependant de ces associations qu'elles soient
préalablement incorporées en vertu de la partie III de la Loi sur
les compagnies, qu'elles aient reçu des cotisations perçues par
l'établissement d'enseignement et, troisièmement, qu'elles soient
la seule association qui représente les étudiants des
établissements d'enseignement.
Surtout si le projet de loi maintient l'accréditation pour toutes
les associations étudiantes, y compris les associations de
faculté, de module, etc., il est certain, sans que nous ayons fait une
enquête, que des associations d'étudiants ou associations
générales ou associations de faculté existent dans
certaines universités depuis cinq, dix ou quinze ans sans que jamais
elles aient songé à se faire, par exemple, incorporer ou sans que
- s'il s'agit de ce que nous appelons des associations locales ou
particulières, de faculté - elles aient perçu de
cotisations.
Nous souhaiterions que la loi continue à protéger les
associations, pourvu qu'elles aient été reconnues, qu'il y ait eu
entente entre elles et l'université et que l'on laisse tomber les
conditions particulières d'incorporation et les autres. On dit
simplement: Pourvu qu'il y ait une entente entre l'établissement et
l'association de façon à mieux protéger certaines
associations qui sont anciennes et qui ne remplissent peut-être pas les
trois conditions qui sont là.
Notons que le mandat du comité d'accréditation,
considéré, d'après sa définition, comme un
comité d'appel, semble être investi, selon l'article 61, d'une
fonction que l'on confie habituellement à un comité de
surveillance. Les universités s'interrogent sur ce glissement vers la
création d'un nouveau conseil aviseur du ministre.
Nous passons maintenant à des commentaires particuliers. Nous
avons dressé un bref relevé de certaines techniques du projet de
loi qui, à notre avis, auraient avantage à être
révisées.
J'ajoute ici un détail touchant les remarques que j'ai faites
à propos de l'article 2.6° et de l'ensemble des associations
particulières qui peuvent être reconnues par un projet de loi. Ce
qui m'amène à faire des représentations au niveau des
cotisations. Il serait souhaitable, selon nous, que le projet de loi - qui va
quand même assez loin dans certains détails - aille jusqu'à
fixer un certain pourcentage des frais scolaires comme cotisation. Nous n'avons
pas l'intention de dire à quel niveau ils devraient se fixer. C'est
facile, les frais scolaires sont déjà gelés dans toutes
les universités. Si le gouvernement désire que cette cotisation
soit fixée à 5%, 10%, 20% ou 50% des frais scolaires, nous
n'avons pas d'objection à le mettre.
Cependant, nous aimerions que ce soit fixé pour une raison
très simple. Si le projet de loi était adopté tel quel,
dans le cas de l'Université du Québec - pour prendre cetexemple - des étudiants pourraient être obligés, au
moment de leur inscription, à verser une cotisation à une
association d'étudiants de module, à une association
d'étudiants de famille, à une association
d'étudiants de l'université constituante et à
l'Association générale des étudiants de
l'Université du Québec, puisque chaque association
accréditée peut fixer une cotisation. Nous pensons qu'un maximum
devrait être établi quelque part par la loi et que ceci pourrait
se faire non pas en termes d'argent, mais en termes de proportion des frais
scolaires qui, eux, sont gelés et fixes dans toutes les
universités.
Nous relevons un autre point. Lors du vote au scrutin secret tel qu'il
est prévu à l'article 62, il nous semble important que l'agent
d'accréditation puisse s'assurer que tous les étudiants aient
matériellement la possibilité de voter, de façon que les
étudiants à temps partiel, par exemple, aient suffisamment de
temps pour le faire. Il ne faut pas négliger de leur accorder les
possibilités qu'ils ont... Les étudiants à temps partiel
sont parfois des gens qui ne fréquentent l'université qu'un ou
deux soirs par semaine, peut-être souvent dans les locaux que
fréquentent moins les étudiants et où ne sont pas les
principaux tableaux d'affichage des étudiants. Il faut qu'ils aient ne
fût-ce que le temps matériel d'en prendre connaissance et,
ensuite, de poser le geste.
Quant au libre accès au local fourni par l'établissement,
il y aurait peut-être lieu de modifier les mots "à tout moment"
par les mots "selon les dispositions en vigueur dans les
établissements". Sans trop entrer dans les détails, je donne un
tout petit exemple. Quand j'étais à l'Université du
Québec à Trois-Rivières, déjà, dès
1977, en raison des restrictions budgétaires, nous avions diminué
les frais de chauffage en fermant, dans tous les locaux de l'université,
le chauffage et l'éclairage de 23 heures à 5 heures du matin.
Ceci pourrait exiger de nous que nous revenions en arrière sur des
politiques de ce type, appliquées dans nombre d'universités.
Lorsque le comité d'accréditation siège - c'est une
autre remarque - au nombre minimal de trois membres, qui constitue son quorum,
il nous semblerait préférable qu'un de ces membres ne soit pas un
représentant étudiant, parce qu'on risque qu'il y ait des
conflits d'intérêts. Supposons qu'il y ait conflit entre une
université et une association sur les locaux ou sur le mobilier à
fournir au local - est-ce que le mobilier comprend une table, un
téléphone et une chaise ou comprend aussi, je fais exprès
pour faire des blagues, un ordinateur? - que ce soit arbitré par le
comité d'accréditation et qu'il siège à son quorum
minimal qui pourrait être uniquement trois étudiants, nous voyons
difficilement comment l'arbitrage du conflit pourrait correctement se
faire.
De la même façon que le ministre de l'Éducation est
nommé responsable de l'application des dispositions de la loi, il nous
semble aussi conséquent de demander que revienne au ministère
plutôt qu'aux établissements concernés le soin de
prêter les sommes requises pour l'incorporation des associations
générales qui lui en feront la demande.
J'ajoute ici des remarques touchant les articles 46 et 47 qui
réduisent, pour ne pas dire qui anéantissent, les pouvoirs que
pourrait avoir une université d'aller jusqu'au droit de surveillance de
la Cour supérieure dans le cas de certains conflits. Il est dit dans ces
articles que, "sauf sur une question de compétence, aucun des recours
extraordinaires prévus aux articles 834 et 850 du Code de
procédure civile ne peut être exercé ni aucune injonction
accordée contre un agent d'accréditation ou le Comité
d'accréditation agissant en leur qualité..." "Sauf sur une
question de compétence, l'article 33 du Code de procédure civile
ne s'applique ni à la personnalité ni à l'organisme
visés à l'article 46 en leur qualité officielle."
Nous ne prévoyons pas de conflits majeurs. Cependant, au cas
où il y en aurait, nous voyons mal pourquoi les universités sont
soumises à ces articles qui leur semblent vraiment pénalisants,
vraiment durs, alors qu'elles ont conscience que, dans la très grande
majorité des cas, il y a chez elles des associations étudiantes
qui sont reconnues, que les cotisations sont perçues et que les locaux
sont fournis. Nous trouvons qu'on devrait conserver le droit de surveillance de
la Cour supérieure même à l'intérieur de cette
loi.
Il nous semble également préférable, en ce qui a
trait aux modalités permettant de fixer le montant des cotisations
étudiantes, que ce montant ne soit voté que lors d'un
référendum et non pas en assemblée générale
spéciale, l'article 51 de la loi présentant l'une ou l'autre
possibilité. Nous savons que, dans certains cas, à
l'intérieur de certaines universités, certains règlements
internes d'associations étudiantes sont allés jusqu'à
reconnaître, comme quorum d'une assemblée, le simple nombre de
personnes présentes à cette assemblée. Dans des cas
semblables, il pourrait arriver que la cotisation soit fixée par un
certain nombre restreint d'étudiants et devrait être
assumée par des dizaines de milliers. Nous jugerions plus opportun que
l'on aille vers un référendum dans ce cas précis. (12 h
30)
II faudrait, en outre, limiter... J'ai déjà dit ce qui
suit, je le saute.
Il reste enfin une remarque un peu plus particulière, sur
laquelle j'aimerais insister et qui touche l'article 31 de la loi qui dit que,
désormais, "l'association ou le regroupement d'associations
d'étudiants accrédité peut, seul, désigner les
étudiants qui, en vertu d'une loi, d'un règlement, d'une charte
ou
d'une entente, sont appelés à siéger ou à
participer comme représentants des étudiants à divers
conseils, commissions, comités ou autres organismes existant dans
l'établissement."
Jusqu'à maintenant, dans la plupart des établissements
universitaires, au niveau des habitudes acquises dans les relations entre
l'université et les syndicats représentant ses employés,
on en est arrivé à ce que je pourrais appeler des traditions de
participation aux organismes décisionnels qui sont assez nettement
distinguées de ce que je pourrais appeler des négociations
formelles.
Une association ou un regroupement d'associations d'étudiants
peut avoir avec l'université des négociations formelles sur un
certain nombre de choses.
Nous croyons que l'association doit, là-dedans,
représenter officiellement l'université et négocier avec
soit le conseil d'administration soit la commission des études ou avec
tout autre organisme similaire au niveau d'une faculté, d'un
département, d'un module ou d'une famille.
Cependant, nous faisons, dois-je dire, la même chose avec les
syndicats de professeurs. Dans tous les établissements universitaires,
un certain nombre de professeurs sont membres participants des organismes
décisionnels. Si l'on a, cependant, à négocier
formellement avec l'ensemble des professeurs pour un certain nombre de choses,
c'est le conseil d'administration qui négocie avec le syndicat des
professeurs. Ça ne se fait pas à l'intérieur de
l'organisme participatif.
Il y a actuellement des étudiants - je n'ai pu vérifier si
ce sont exactement tous les étudiants, sauf peut-être à
l'Université du Québec à Montréal pour les raisons
que l'on a dites plus haut - je crois, qui sont présents dans tous les
organismes décisionnels de toutes les universités et de tous les
établissements universitaires.
Nous ne souhaitons pas que les étudiants qui y participent
soient, désormais, des représentants officiels
désignés par l'association parce que, à ce moment, cela
amène l'organisme participatif à devenir l'endroit où,
désormais, se négocieront les différents problèmes
que vivra l'association ou que vivra l'université avec l'association.
Ceci risque de bloquer assez nettement le fonctionnement des organismes
participatifs sous bien des aspects.
Ce que nous souhaiterions, c'est que les étudiants participants
puissent être désignés par une assemblée
générale convoquée par l'association, ou conjointement par
l'association et l'université, ou par l'association seule, mais que les
représentants étudiants siègent aux organismes
participatifs en tant que représentants des étudiants et non pas
en tant que représentants formels de l'association. Cela semble une
nuance mince, mais elle n'est pas mince du tout quand des discussions
interviennent au sein de ces organismes.
Conclusion. Le bilan de la situation présenté
précédemment démontre qu'au chapitre des associations
d'étudiants et de leurs mécanismes de reconnaissance, les
établissements universitaires ont, depuis plusieurs années,
déployé de nombreux efforts afin de favoriser la reconnaissance
de leurs associations et la perception de leurs cotisations, et qu'ils sont,
conséquemment, fort sensibles aux intentions du ministre telles que
manifestées dans ce projet de loi.
Toutefois, ils sont opposés à étendre l'application
du projet de loi aux associations locales d'étudiants ou aux
associations particulières, par opposition aux associations
générales. Compte tenu des 198 associations semblables
répertoriées, on risquerait fort de rendre inapplicable une telle
loi, sachant le très grand nombre des unités qui voudrait
recourir à l'accréditation, ce qui risquerait d'engendrer des
problèmes d'emboîtement d'un niveau d'accréditation
à l'autre.
En conséquence, les chefs d'établissements universitaires
demandent que le projet de loi soit modifié dans le sens de leurs
interventions pour ne s'appliquer qu'aux seules associations
générales d'étudiants. Ils estiment, pour leur part, en ce
qui concerne les universités, que la vie associative témoigne
d'une grande vitalité dont font preuve le foisonnement actuel des
associations d'étudiants, l'existence généralisée
de cadres formels de reconnaissance ou de protocoles d'entente et la
participation réelle et active des étudiants aux structures
pédagogiques et administratives des universités.
Qu'il nous soit permis de vous rappeler, en terminant, l'avis que vous
soumettait le Conseil des universités, en septembre 1981, sur la place
des étudiants dans l'université, à savoir de ne pas
encadrer dans un modèle juridique les associations d'étudiants,
tout en demandant aux universités de déterminer, en commun avec
eux, un modèle de constitution et de reconnaissance des associations
d'étudiants.
M. le Président, je vous remercie. Mes collègues et moi
sommes évidemment à votre disposition pour, dans le reste du
temps qui nous est imparti, répondre aux questions de vos
collègues.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Je vais laisser la
parole au ministre.
M. Laurin: Je remercie beaucoup le président de la
conférence des recteurs pour un mémoire qui, même s'il a
été préparé dans un bref laps de temps, est
étoffé et contient, dans l'optique particulière propre aux
recteurs qui administrent les universités,
non seulement des commentaires, mais également des suggestions et
des propositions pertinentes. Je pense que ce mémoire témoigne,
justement, de l'expérience très longue des universités en
ce qui a trait à ce problème et je suis très reconnaissant
des arguments basés sur les faits et cette expérience qui leur
donnent une valeur importante.
J'aurais quelques questions à poser à cet égard,
des questions de fait. Vous dites que, dans la plupart des universités,
il y a maintenant des cadres formels qui existent et qui ont même
donné lieu à des règlements de la part des
universités, mais vous avez, quand même, mentionné qu'il y
a certains établissements où ce cadre formel n'existe pas.
À part le cas de Concordia dont vous parlez, est-ce que vous pourriez
nous dire, à votre connaissance, combien d'établissements ne
possèdent pas encore, n'ont pas établi encore ce cadre
formel?
M. Boulet: M. Bernard, pouvez-vous répondre à la
question?
M. Bernard (Philippe): Oui, M. le Président, dans l'annexe
II du mémoire de la conférence des recteurs, il y a la liste des
universités et établissements universitaires. On notera
qu'effectivement Concordia n'a pas de cadre légal. Également,
l'École polytechnique, l'école des HEC, bien qu'il y ait une
entente entre les associations - car il y en a plusieurs dans ce cas-ci - et
l'établissement. C'est la même chose à Sherbrooke.
L'Université du Québec, dans son ensemble, n'a pas de cadre
formel, mais chacune des constituantes en a, sauf Hull où c'est en voie
d'élaboration, ainsi que dans les constituantes où la
présence des étudiants est relativement faible, comme l'INRS,
l'Institut Armand-Frappier ou Télé-Université où
les étudiants sont là par correspondance, ne sont pas
présents physiquement.
Je dirais, en conclusion là-dessus, que, dans les
établissements de taille importante, dans tous les établissements
de taille importante, il existe un règlement de reconnaissance.
M. Laurin: Vous dites aussi, dans votre mémoire, que, dans
la plupart des constituantes de l'Université du Québec, il existe
des politiques de reconnaissance des associations d'étudiants dont se
sont prévalus les intéressés, sauf à l'UQAM,
prévoyant la perception, par l'université, d'une cotisation.
Est-ce que je pourrais vous demander, à votre connaissance, quelles sont
les raisons pour lesquelles, à l'UQAM, cela n'a pas été
possible?
M. Boulet: Pour vous répondre, M. le ministre, je
demanderais à Mme McNicoll de compléter. J'avais
déjà, lors des ateliers qu'on a appelés les ateliers
Laurin, fait part de cela. Il y a, à l'Université du
Québec à Montréal, une politique de reconnaissance qui
exige un minimum d'appui étudiant qui ressemble à des choses que
l'on retrouve dans le projet de loi. L'Association générale des
étudiants de l'Université du Québec à
Montréal - à ma connaissance, jusqu'à maintenant - a
refusé de procéder soit à un vote, soit à un
référendum dans le sens de cette politique. Peut-être
pourriez-vous préciser, Mme McNicoll?
Mme McNicoll (Claire): M. le Président, sans refaire
l'historique de l'établissement de la politique de reconnaissance de
l'Université du Québec à Montréal, celle-ci a
d'abord été votée par le conseil d'administration en 1979
et comportait trois volets: un volet permettant la reconnaissance des
associations locales au sens où on l'a indiqué dans le
mémoire, un volet portant sur les associations dites de services,
coopérative, radio étudiante, etc. et un volet portant sur les
associations générales.
L'Université du Québec à Montréal a eu,
depuis 1975, un certain nombre de demandes de la part de l'association
d'étudiants qui dit représenter l'Association
générale des étudiants de l'université du
Québec à Montréal, AGEUQAM. Un certain nombre de
discussions ont eu lieu avec cette association jusqu'en 1979. Lorsque nous
avons décidé d'établir la politique de reconnaissance dont
je parle, c'est parce que nous en étions venus à la conclusion
qu'il ne serait pas possible de procéder à la reconnaissance de
fait de cette association. Je ne voudrais pas entrer dans les détails,
mais nous avons été jusqu'à proposer la reconnaissance
à cette association si elle pouvait faire la preuve que 50% plus un des
modules de l'université donnaient leur appui à cette association.
Comme ceci a été refusé de la part de l'AGEUQAM, le
conseil d'administration a estimé qu'il était temps de
procéder à l'établissement d'une politique de
reconnaissance, politique qui a donc été votée en 1979,
qui a été amendée en 1980 et en 1981.
M. Laurin: À la page 6 de votre mémoire, à
la fin de la page, vous dites: La loi devrait permettre l'existence de plus
de... Non, à la fin de la page 5, vous dites: "II ressort du survol
rapide de la situation dans les divers établissements universitaires
qu'il est partout possible pour les étudiants d'obtenir la
reconnaissance de leurs associations..."
Est-ce que vous iriez jusqu'à dire que non seulement cela est
possible, mais cela est facile?
M. Boulet: Je pense que oui, M. le ministre. Je demanderai
peut-être tout à
l'heure à M. de Celles ou à d'autres de commenter. Je
pense que le problème le plus visible est celui dont nous venons de
traiter. Mme McNicoll me corrigera, mais j'ajouterai un détail. Je pense
même qu'il est convenu dans la politique actuelle qu'une association
générale des étudiants pourrait être reconnue
à l'Université du Québec à Montréal si la
moitié plus un des votants étaient en faveur. Est-ce que c'est
juste?
Mme McNicoll: C'est juste.
M. Boulet: Cela me semble correct et facile.
M. Laurin: Et rapide.
M. Boulet: Oui, comme tout vote qu'il faut faire auprès
des étudiants.
M. Laurin: À la fin de la page 6 de votre mémoire,
vous dites: "La loi devrait permettre l'existence de plusieurs associations
générales, représentant par exemple les étudiants
de premier cycle et les étudiants aux études avancées, en
s'assurant toutefois que ces associations soient mutuellement exclusives".
Étant donné que le nombre d'étudiants au deuxième
cycle et au troisième cycle n'est pas très élevé,
est-ce que vous ne craindriez pas que la représentativité de ces
étudiants de deuxième ou de troisième cycle, ou que la
force ou que le pouvoir de représentation de ces associations
générales ne soit très faible, étant donné
le petit nombre à prévoir de membres de ces associations? Est-ce
que la possibilité qui est envisagée, c'est-à-dire de
prévoir leur inclusion dans des associations plus larges, ne permet pas
quand même l'atteinte d'objectifs particuliers propres à ces
associations qui seraient repris, défendus par l'association
générale qui, elle, aurait probablement une plus grande force que
cette association plus sectorielle?
M. Boulet: M. de Celles va vous répondre. (12 h 45)
M. de Celles (Pierre): Je voudrais peut-être
préciser que, pour l'Université Laval, il y a une très
longue tradition d'existence de deux associations, une association
d'étudiants gradués, UGIL, et une association d'étudiants
de premier cycle qui, du reste, ne sont pas structurées de la même
façon. Il fait partie de la charte des statuts de l'université
que cette double représentation existe à peu près à
tous les niveaux: au niveau des commissions, parfois, au niveau de
l'école des gradués, au niveau de la représentation au
conseil, au niveau de certains comités.
Nous avons reconnu les deux associations et chacune fonctionne
indépendamment. Il nous apparaîtrait que, justement à cause
de la dynamique très particulière qui prévaut au sein des
groupes d'étudiants gradués, les relations qui sont
différentes avec les professeurs, les relations que les étudiants
gradués ont parfois avec les étudiants sous-gradués,
à cause du nombre relativement plus restreint, ils risqueraient
d'être perdus dans une représentation qui tenterait de parler au
nom de tous les étudiants de l'université.
C'est aussi vrai dans les mécanismes où il s'agit de faire
participer les étudiants dans la désignation des doyens, par
exemple. Il nous apparaît qu'à cause de leur activité de
recherche - on parle beaucoup, actuellement, du statut d'étudiant
chercheur - à cause de leur situation d'étudiant en recherche, de
leur présence à l'université, ils doivent avoir une part
souvent un peu plus prépondérante au niveau de certains gestes
à l'intérieur de l'université. Donc, vouloir forcer une
seule représentation pour l'ensemble de l'université semblerait
aller à l'encontre des tendances de l'Université Laval et cela
risquerait de briser une dynamique qui nous semble actuellement très
fructueuse.
Je me permettrais, en fin d'intervention, de répondre à la
question que vous souleviez tout à l'heure, à savoir si c'est
partout possible et facile. Je vous dirais que, quant à nous, c'est
sûrement aussi facile à l'Université Laval que cela le
serait en vertu de ce projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): M. Bernard, est-ce que vous
désirez ajouter quelque chose?
M. Bernard: Je voudrais ajouter un autre exemple en prenant appui
sur l'École des Hautes études commerciales, où nous
distinguons entre les associations d'étudiants à temps plein et
à temps partiel. Vu que les préoccupations de ces
catégories d'étudiants aux HEC et ailleurs, comme à
Bishop, effectivement, ne sont pas les mêmes, il y a deux associations
regroupant les deux catégories d'étudiants selon le régime
des études. Aux HEC, cela pourrait poser le problème suivant,
c'est que les étudiants à temps plein sont minoritaires, si bien
que, s'il n'y avait qu'une seule association générale des
étudiants des HEC, elle serait "contrôlée" par les
étudiants du soir à temps partiel dont, de toute évidence,
les préoccupations ne sont pas celles des étudiants à
temps plein. Cela pourrait sûrement causer des conflits. Donc, notre
proposition vise aussi des catégories d'associations
générales selon le régime des études.
Le Président (M. Brouillet); Mme
McNicoll.
Mme McNicoll: Pour ajouter sur la
question de la facilité et de la possibilité d'obtenir
l'accréditation ou la reconnaissance de la part de l'université,
j'ajouterai que, dans cette politique de reconnaissance que l'UQAM a
instaurée il y a maintenant quatre ans, des associations locales, des
associations modulaires ont demandé la tenue du scrutin
nécessaire et ont obtenu la reconnaissance et la cotisation de la part
de l'université.
M. Laurin: II est exact que le projet de loi prévoit,
toujours sur une base facultative, l'accréditation d'associations
d'étudiants de modules, de familles et de facultés. Nous l'avons
fait justement parce que nous voulions coller à la réalité
universitaire telle que nous la connaissons et que nous entendons accorder le
plus de chances possible à l'expression de la voix étudiante au
niveau même où se passe la vie universitaire. D'ailleurs, vous
nous avez dit vous-même dans votre mémoire qu'il existe
déjà un très grand nombre de ces associations
étudiantes, au niveau de familles, au niveau de modules, pour ne pas
parler de facultés. Donc, il semble qu'on s'entende là-dessus, il
faut respecter la réalité telle qu'elle existe.
Vous soulevez cependant une objection. Est-ce que l'étudiant ne
pourrait pas ainsi être appelé à payer plusieurs
cotisations? J'aimerais savoir ce qu'est la situation actuelle. Est-ce que les
étudiants payent actuellement une cotisation à leur association
de module, de famille? Est-ce qu'il y a une part de cette cotisation qui va
à un regroupement d'associations, puisqu'il en existe actuellement dans
les universités? Est-ce qu'il y en a une part aussi qui va au
financement du grand regroupement que constitue par exemple le RAEU? Est-ce
qu'on ne peut pas se fier non plus au sens des responsabilités et au
réalisme des étudiants qui n'entendent pas hausser d'une
façon indue les frais de cotisation? Je pose ces questions parce que
c'était là une des demandes les plus fondamentales et les plus
souvent exprimées de la part des associations étudiantes qui nous
ont rencontrés. Avant de penser à modifier d'une façon ou
d'une autre cette disposition, j'aimerais bien entendre, de votre part en tout
cas, toutes les raisons et celles qui vous paraissent les plus contraignantes
pour justifier une modification.
M. Boulet: Comme je l'ai dit, M. le ministre, nous n'avons pas
d'objection à ce qu'il y ait cotisation. Nous n'avons pas d'objection,
si on maintient les différents types d'associations
accrédités, à ce qu'il y ait cotisation dans plusieurs.
Nous croyons opportun que le projet de loi fixe un maximum exigible. Je suis
d'accord avec vous: on peut se fier au réalisme des gens. Il pourrait
arriver cependant, comme dans toute société - l'université
est une société - que certaines associations de faculté
soient en opposition avec une association générale pour des
raisons de politique, d'organisation, d'idéologie, etc., que chacun
essaie de se doter d'un secrétariat plus fort et qu'on impose des
cotisations qui risqueraient en s'additionnant de devenir trop fortes. Dans la
plupart des cas, je ne pense pas que cela aille par là, mais il nous
semblait utile qu'on fixe un maximum. Encore une fois, nous n'avons pas
d'objection à ce que ce maximum soit à quelque niveau que ce
soit. En discutant avec l'ensemble des représentants aujourd'hui, cela
peut être facile de le déterminer, mais nous souhaiterions qu'il y
ait un maximum de fixé. La voie que nous suggérions, à
savoir le pourcentage des frais scolaires, nous semblait une voie plus simple
que de mettre un montant d'argent. Cela n'est pas notre recommandation
principale.
M. Laurin: J'ai bien entendu votre suggestion pour que les
étudiants qui participent aux organismes conjoints ne soient pas
désignés par l'association accréditée, mais par une
assemblée générale des étudiants convoquée
à cette fin. Pour appuyer votre suggestion, vous faites état de
la tradition qui semble s'être s'instaurée en ce qui concerne la
participation des professeurs ou autres corps d'emploi
représentés dans les universités à ces organismes
conjoints. À cet égard, j'aimerais vous demander de quelle
façon sont alors choisis les professeurs en particulier qui
siègent à ces organismes conjoints.
M. Boulet: II faudrait qu'on y aille à plusieurs.
M. Laurin: L'autre question: Qu'est-ce qui fait que, dans
certains cas, la discussion a lieu au sein de ces organismes conjoints et
qu'à d'autres moments ou pour d'autres causes, le conseil
d'administration de l'établissement préfère discuter avec
l'association accréditée, le syndicat en l'occurrence, le
syndicat des professeurs ou le syndicat des employés?
M. Boulet: Je parle des expériences que j'ai
vécues. Je laisserai à mes collègues l'occasion de faire
la même chose. Dans les premiers temps de l'Université du
Québec, on a souvent eu l'occasion, soit à l'intérieur de
l'assemblée des gouverneurs pour l'ensemble du réseau, soit
à l'intérieur du conseil d'administration que je présidais
à Trois-Rivières, de voir les conflits de travail -pour employer
cette expression - se présenter au sein même de l'organisme. On
s'est vite rendu compte que l'on bloquait, en négociant à
l'intérieur du conseil d'administration de l'assemblée des
gouverneurs, le fonctionnement de ces organismes sur tout autre plan. Si
l'une ou l'autre des parties était en désaccord sur la
façon dont se déroulaient les négociations, elle
boycottait pratiquement les discussions en séance. Rapidement on en est
venu à faire la distinction en disant: Tout ce qui sera
négociation se négociera à la table. Le chef de
l'établissement ou ses adjoints négocieront avec le syndicat, le
chef de l'établissement au nom du conseil, et fera rapport au conseil.
C'est comme cela que, simplement pour en arriver à rendre un peu plus
productifs les conseils d'administration de l'assemblée des gouverneurs,
l'Université du Québec on en est venu à fonctionner.
Quant aux façons de représenter, à
l'Université du Québec à Trois-Rivières, quand j'y
étais - puisque je ne parle que d'expérience - comme il s'agit de
représentants des professeurs de l'ensemble des onze unités
constituantes, il a été convenu que des candidats se
présentent, mais de différents établissements. Selon une
rotation que l'on fait, il y a toujours un représentant de
l'Université du Québec à Montréal, mais pour les
autres établissements, on s'arrange pour que la fois suivante ce soit un
représentant de Trois-Rivières ou un de l'INRS, bien que ce ne
soit pas obligatoire. C'est plutôt une tradition et parfois il en revient
du même établissement.
Puis on envoie par courrier à tous les professeurs le nom des
candidats et on leur demande de s'exprimer et c'est le résultat de ce
vote - s'il y a deux ou trois candidats au même siège - qui
amène la désignation que l'assemblée des gouverneurs
recommande ensuite au ministre pour qu'il la présente au Conseil des
ministres.
Quant à l'Université du Québec à
Trois-Rivières, c'était à l'occasion d'une
assemblée générale des professeurs, convoquée
conjointement par le syndicat et la direction de l'établissement, que
les professeurs votaient pour nommer leurs représentants au conseil
d'administration et à la commission des études, surtout parce que
la loi parlait de représentants des professeurs. On se disait: Le
syndicat la convoque en même temps que nous, c'est présidé
conjointement et il pourra intervenir de toutes les façons qu'il le
voudra, mais les professeurs, tous à une assemblée
convoquée par le syndicat, votaient spécifiquement pour des
représentants au conseil d'administration. Nous pensions que
c'était correct parce qu'en plus cela amène les professeurs
à réfléchir de façon spécifique au
rôle qui doit être joué par ceux d'entre eux qui iront
à ce conseil ou à la commission des études. Pour
l'expérience de l'Université Laval...
M. de Celles: Dans le cas de l'Université Laval, je dois
dire que, pour ce qui est de la représentation des professeurs, il n'y
a, au conseil de l'université, par exemple, aucune intervention formelle
du syndicat des professeurs puisque la représentation se fait à
partir de chaque faculté, en fonction un peu de sa taille dans certains
cas, et sur proposition du conseil de la faculté. Donc, il n'y a pas
intervention comme telle du syndicat des professeurs.
Je voudrais dire qu'en ce qui a trait aux étudiants, notre
préoccupation est la suivante: À l'Université Laval
existait, depuis fort longtemps, le modèle de collèges
électoraux qui étaient formés par le conseil de
l'université pour désigner les représentants
étudiants à ce conseil et à différentes instances.
Nous avons modifié les statuts de l'université au cours de
l'année qui vient de se terminer pour permettre au conseil de
déléguer aux associations étudiantes, d'une part celle des
gradués, d'autre part celle des prégradués, les
responsabilités de ces collèges électoraux. C'est donc
chose accomplie et il était prévu - je ne sais dans quelle mesure
ce projet de loi viendra modifier nos intentions - qu'un règlement
à cet effet allait être voté au conseil de
l'université à sa séance de mardi prochain. (13
heures)
Pour indiquer certaines inquiétudes que nous pouvons avoir
relativement à des affirmations aussi catégoriques, dans certains
cas, qui sont dans la loi, nous prévoyions dans ce règlement que
l'association représentant les étudiants tenait ces
collèges, mais nous prévoyions aussi qu'elle devait assurer
à l'université que tout étudiant serait éligible
à siéger au conseil et que l'association ne pourrait donc pas
utiliser son droit d'établir, par exemple, que seulement un
étudiant provenant d'une association qui a joint les rangs de la
confédération est éligible. Nous prévoyions aussi
l'obligation qui est faite à l'association de désigner des
personnes. Si, évidemment, l'association se refusait à
désigner des personnes, l'université pourrait agir par
l'entremise de ses collèges électoraux, mais nous
prévoyions aussi qu'il devait y avoir une entente sur la liste des
étudiants qui en font partie.
C'est donc ce genre de démarche qui est prévu
actuellement, c'est-à-dire de pouvoir confier aux étudiants, mais
gradués et prégradués séparément, la
tâche de poser les gestes qu'un collège électoral posait
autrefois, mais à l'intérieur d'une réglementation qui,
quand même, prévoit certaines obligations aux associations ce
faisant.
M. Laurin: Merci. J'aurais aimé toucher d'autres points,
mais le temps passe. Je voudrais simplement vous assurer que les points que je
n'ai pas eu le temps de toucher feront quand même l'objet d'une attention
très sérieuse de notre part.
Le Président (M. Brouillet): Je dois, actuellement,
étant donné l'heure...
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, avant que vous suspendiez les
travaux, est-ce qu'on pourrait demander aux représentants de la
conférence des recteurs d'apporter cet après-midi, ou de nous
faire parvenir durant l'intermission qui va accompagner le déjeuner,
certains documents auxquels ils ont fait référence dans leur
intervention? Par exemple, le représentant de l'Université Laval
vient de dire qu'un projet de règlement devait être adopté
la semaine prochaine. J'imagine que c'est un document qui est
déjà public, qui a circulé et qui a été
discuté à d'autres niveaux.
On a mentionné des règlements qui existent dans certaines
institutions universitaires concernant la reconnaissance des associations
étudiantes ou les rapports des institutions avec ces associations.
Est-ce qu'il y aurait moyen de nous transmettre les documents pertinents, pour
illustrer ce que vous avez dit, dans les meilleurs délais? Je pense que
ce serait très utile.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Je dois
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Voulez-vous prendre vos places à l'arrière de la
salle, s'il vous plaît?
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux pour
entendre les mémoires concernant l'étude du projet de loi 32, Loi
sur l'accréditation et le financement des associations
d'étudiants.
Lorsque les travaux ont été suspendus, c'était le
groupe de la Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec qui était à la table. On me
dit qu'il lui reste encore 35 minutes pour pouvoir entendre à peu
près tous les groupes avant ce soir. La parole était au
député d'Argenteuil.
Monsieur, vous aviez une remarque à faire?
M. Boulet: Je voulais m'excuser auprès du
député d'Argenteuil pour deux détails.
Premièrement, l'Université Laval a déjà remis un
document, à la suite de notre demande, que nous déposons
actuellement...
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'allais ajouter
avant de laisser la parole au député d'Argenteuil. Il y aura
distribution aux membres de la commission du document que vous nous avez fait
parvenir.
M. Boulet: C'est cela. On dépose actuellement deux autres
documents: la politique de reconnaissance des regroupements d'étudiants
ou d'associations à l'Université du Québec à
Montréal et la procédure pour la désignation des
étudiants à l'assemblée des gouverneurs de
l'Université du Québec. Deuxièmement, des étudiants
de l'Université du Québec à Hull m'ont prié de
faire une précision. Ce matin, on a dit qu'à l'Université
du Québec à Hull, il n'y avait pas de politique de reconnaissance
des associations étudiantes et qu'elle était en voie; il y a ici
des étudiants de l'Université du Québec à Hull qui
m'ont prié de rappeler que ceci ne veut pas dire qu'il n'y a pas
d'association. Il y a une association générale d'étudiants
de l'Université du Québec à Hull qui est de facto
reconnue. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Boulet.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, avant d'en venir au
mémoire de la conférence des recteurs des universités, je
voudrais, avec votre permission, ouvrir une parenthèse. Au début
de la séance, ce matin, j'avais demandé au ministre de
l'Éducation de nous communiquer la liste des organismes qui auraient
demandé d'être entendus, mais qu'on aurait refusé
d'entendre pour toutes sortes de raisons. Le ministre m'avait dit qu'il me
communiquerait la liste le plus tôt possible. Il vient de me la
communiquer juste avant l'ouverture de la séance.
Avant que nous passions à l'autre sujet, j'ai quelques remarques
à faire et des questions à poser au ministre sur ce point
précis qui avait été soulevé au tout début
de nos travaux ce matin.
Le Président (M. Laplante): Si vous acceptiez, M. le
député d'Argenteuil, en guise de coopération, après
qu'on aura fini d'entendre le premier groupe, il se fera, comme toujours, un
petit vide, à un moment donné, vous pourriez en profiter pour
poser vos questions.
M. Ryan: Volontiers. M. le Président, on va essayer
d'aller au point le plus tôt possible. J'étais bien content
d'entendre la présentation qu'a faite ce matin M. Boulet, avec l'aide de
ses collègues de la délégation de la Conférence des
recteurs et des principaux des universités du Québec. D'abord, je
voudrais faire une remarque. On est souvent pris dans cette situation-là
dans
le processus législatif. Le paragraphe le plus important
peut-être de votre présentation ce matin, c'était le
deuxième paragraphe de la page 2 dans lequel vous nous préveniez
du caractère limité des représentations qui allaient
être faites par la suite, étant donné le climat de grande
promptitude où il a fallu que vous prépariez cela. Je voudrais au
moins le signaler à l'attention du ministre. N'importe qui peut
écrire dix pages après avoir dit qu'elles ne seraient pas trop
bonnes, étant donné les circonstances dans lesquelles il a
dû les préparer. C'est un peu l'impression qu'on a,
c'est-à-dire qu'on aurait pu avoir une présentation encore
beaucoup plus forte et étayée si les circonstances dans
lesquelles vous avez dû travailler avaient été plus
propices.
J'espère que, si d'autres présentations comme
celle-là doivent être faites, le ministre saura en tirer les
conclusions qui pourraient s'imposer.
Il y a une question que je voudrais vous poser pour commencer: Est-ce
que la conférence des recteurs a été consultée par
le ministre dans la préparation de ce projet de loi et à quand
remontent les dernières consultations que le ministre aurait faites
auprès de la conférence sur ce sujet précis de la
reconnaissance ou de l'accréditation des associations
étudiantes?
M. Boulet: Je dois mettre des nuances dans ma réponse. Si
je prends votre question précise, sur le projet de loi,
c'est-à-dire le texte que nous avons, non, nous n'avons pas
été consultés. Sur les hypothèses de travail que
contient ce projet de loi, oui, nous avons eu l'occasion d'en discuter à
certaines reprises - je ne pourrais malheureusement pas préciser -
à l'occasion, entre autres, de rencontres avec Mme Fortin, la
sous-ministre adjointe, et M. Guy Reeves. Nous avons eu l'occasion
d'échanger des opinions sur ce que contient le projet de loi, les
principes du projet de loi, mais sur le projet de loi lui-même, tel que
vous le demandez, non.
M. Ryan: Est-ce qu'au cours de la dernière année,
la conférence des recteurs aura eu l'occasion de faire une
présentation, de déposer des représentations
écrites auprès du ministère sur ce sujet ou s'il n'y a
rien eu de tel au cours de la dernière année?
M. Boulet: Je n'ai pas souvenance, M. le député,
que nous ayons produit des déclarations écrites. J'ai souvenance
que mes collègues et moi avons fait des remarques orales aux
représentants du ministère.
M. Ryan: Je vais vous dire pourquoi je vous demande cela. Vous
avez fait allusion, vers la fin de votre mémoire, à un avis
émis par le Conseil des universités en 1981 sur tout le
problème des associations étudiantes, le statut de
l'étudiant à l'université. C'était même plus
large que le problème des associations. Une des conclusions auxquelles
en était venu le Conseil des universités du Québec
à propos du problème du statut des associations étudiantes
est que les autorités des établissements d'enseignement et les
représentants des associations d'étudiants devraient se retrouver
ensemble, essayer de trouver des solutions à ces problèmes et
ensuite en faire part au gouvernement de manière que l'interventionnisme
du gouvernement soit limité au strict minimum, qu'il n'intervienne que
si cela est jugé nécessaire à la suite d'un consensus qui
aurait été établi ou à la suite de
l'impossibilité d'en venir à un consensus.
Ce que je voudrais vous demander c'est si, depuis que cet avis du
Conseil des universités a été émis il y a un an et
demi, deux ans, il y a eu des rencontres entre la direction des
établissements universitaires et la direction des associations
étudiantes pour essayer de chercher un consensus dans le sens que
souhaitait le Conseil des universités, ou si tout est resté
à peu près stagnant.
M. Boulet: Ce que je peux en dire, M. le député,
c'est uniquement concernant l'Université du Québec et en
particulier l'Université du Québec à Montréal. Je
ne pense pas qu'il y ait eu de rencontre formelle et officielle pour en
arriver, au sein de l'Université du Québec à
Montréal, à une entente à ce propos. J'ai personnellement,
en tant que président de l'Université du Québec, fait, au
tout début du printemps, des démarches écrites
auprès du recteur pour qu'on essaie d'en arriver à des ententes.
Je ne pense pas qu'il y ait eu de rencontre formelle depuis la dernière
révision de la politique de l'Université du Québec
à Montréal. J'aimerais demander à M. de Celles ou à
M. Bernard s'ils ont eu connaissance d'autres démarches dans d'autres
universités.
M. de Celles: Dans le cas de l'Université Laval, il y a
effectivement eu plusieurs rencontres qui ont mené à l'adoption,
pendant l'année qui se termine, de modifications au statut de
l'université, qui donneraient lieu, dans les jours qui viennent,
à l'adoption de règlements qui ont été
discutés avec les associations étudiantes. Il y a eu aussi
adoption de règlements permettant la reconnaissance dans la
scolarité des étudiants de certaines activités de
participation aux associations étudiantes.
M. Bernard: Je voudrais ajouter rapidement qu'à ma
connaissance - mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu dans les autres
établissements, je ne suis pas au courant - il y a eu un cadre plus ou
moins formel lors des ateliers de novembre et
décembre 1981. Il y avait un atelier qui portait sur le milieu
étudiant. Il y a eu des représentations, mais cela était
plutôt un cadre libre de discussion qu'une discussion formelle.
M. Boulet: J'ajouterai, si vous me le permettez, M. le
député, que des rencontres de ce type, là où,
à notre avis, fonctionnent bien les associations, on n'en a pas
imaginé non plus. Notre position est de dire que, dans la plupart des
établissements, cela fonctionne bien. Je ne sais pas si les
étudiants seront d'accord, mais c'est l'avis des administrateurs.
M. Ryan: Suivant votre perception de la réalité
universitaire, est-ce qu'il y a vraiment un fort mouvement d'opinion dans le
sens de souhaiter une loi comme celle qui est présentée ou si
l'opinion, comme vous la percevez - cela vaut ce que cela vaut parce que vous
êtes d'un côté de la clôture et que vous ne pouvez pas
prétendre parler au nom de tout le monde - irait plutôt dans le
sens de continuer les arrangements particuliers qui se font dans chaque
endroit? Si on regarde la situation que vous présentez au point de vue
de la cotisation obligatoire, cela a l'air d'exister presque partout, à
moins que je n'aie mal lu l'annexe II. Le projet de règlement que vous
avez communiqué tantôt pour l'Université Laval, cela
regarde seulement - si je comprends bien - la représentation des
associations dans certains organismes de direction d'université. Est-ce
que vous avez d'autres règlements concernant les associations
étudiantes ou si c'est tout ce qu'il y aurait?
M. de Celles: Non, il y a un autre règlement qui porte sur
la reconnaissance des associations, qui prévoit la cotisation
automatique par l'université. C'est un règlement qui avait
été adopté il y déjà quelques années.
Le projet de règlement que vous avez ici, c'est celui qui met en
application les modifications que nous avons apportées aux statuts et
qui prévoit la délégation à ces associations
reconnues du rôle des collèges électoraux chargés de
désigner les étudiants à des instances.
M. Ryan: Si je comprends bien, cela se rattache à
l'article 31 du projet de loi auquel vous avez fait allusion dans votre
mémoire. Est-ce que je verrais bien la différence entre les deux
textes? Vous, dans votre règlement, vous dites que toute association
générale d'étudiants qui a fait la preuve de sa
représentativité - je coupe des détails - peut se voir
confier des pouvoirs des collèges électoraux prévus aux
articles, etc., tandis que, dans le projet de loi, ce serait "doit".
M. de Celles: C'est-à-dire qu'il y a effectivement deux
choses. Les statuts de l'université prévoyaient autrefois que
c'était par des collèges électoraux, sous la
responsabilité d'organisation de l'université, que le processus
se poursuivait. Nous les avons modifiés pour prévoir que le
conseil de l'université puisse déléguer cette fonction aux
associations d'étudiants. Le règlement qui est là
établit de quelle façon cela pourrait être
délégué, les conditions auxquelles cela serait
délégué. Dans ce sens-là, effectivement, alors que
le texte de la loi dit "doit", le texte des statuts de l'université dit
"peut". Mon intervention de ce matin était qu'il est nécessaire,
lorsque cette délégation se fait, de prévoir un minimum de
conditions dans l'exercice de cette délégation. Le texte qui est
là fait état du genre de conditions et de modalités qui
d'après nous doivent exister préalablement à cette
délégation.
M. Ryan: Est-ce que je comprends bien la pensée de votre
groupe en comprenant que, pour vous, ce serait mieux de ne pas avoir de loi du
tout? Que vous aimeriez mieux continuer avec le régime qui existe, qui
se définit graduellement par toutes sortes de voies? Est-ce que je peux
conclure cela de votre mémoire sans être injuste?
M. Boulet: Je pense que notre mémoire dit ceci de
façon assez nette quand il explique qu'à l'avis des
administrateurs d'université - je tiens bien à le préciser
-les choses se déroulent normalement, qu'il y a un ou deux
problèmes et que ces problèmes pourraient et devraient se
régler.
M. Ryan: Cela voudrait dire que le projet de loi, pour vous,
créerait plus de problèmes qu'il n'en résoudrait.
M. Boulet: II pourrait créer des problèmes
là où nous l'avons souligné ce matin, dans certains
domaines particuliers. Dans l'ensemble, il ne nous créerait pas de
problèmes au sens où la reconnaissance de l'association, la
cotisation, etc., on en admet déjà non seulement le principe mais
l'application. Il pourrait nous créer certains problèmes, mais on
les a soulignés ce matin.
M. Ryan: II y en a un en particulier sur lequel je voudrais
revenir. C'est le problème des différents étages de
représentation. D'après le projet de loi, l'accréditation
pourrait intervenir au niveau d'une famille, d'un module, d'une faculté,
d'un département. Elle pourrait également intervenir au niveau de
tout un campus universitaire.
Vous avez dit - si j'ai bien compris -que vous aimeriez mieux que
l'accréditation, ou la reconnaissance intervienne - si vous
préférez le mot "reconnaissance", parce que cela fait
moins de confusion avec la législation du travail, probablement - au
niveau du campus général. Comment voyez-vous la cohabitation des
deux niveaux d'accréditation, qui ne me semble pas clairement
définie dans la loi?
M. Boulet: Ce n'est pas tellement la cohabitation des deux
niveaux d'accréditation. Vous avez raison, nous demandons que ce soient
uniquement les associations générales d'étudiants pour
tout le campus. C'est le chevauchement jusqu'à un certain point, mais
c'est surtout le texte de la loi à partir des définitions
données aux différents niveaux. C'est qu'on donne dans la loi une
définition de l'établissement universitaire applicable même
aux facultés, aux modules, etc., et cela deviendrait très
complexe. J'imagine qu'il y a des possibilités de correction de cette
définition qui arrangeraient les principaux problèmes. Si on
demeure avec cette définition de l'établissement universitaire
pour tout ce qu'il y a dans le sixièmement de l'article 2, là on
aura de gros problèmes. C'est surtout là, je pense, qu'une
intervention nous apparaît nécessaire.
M. Ryan: Très bien. Est-ce que vous avez des exemples -
cela ferait partie des choses documentaires qui m'intéresseraient
-d'ententes écrites, d'ententes contractuelles entre des associations
étudiantes et les autorités d'établissements
universitaires? On marche un peu ici par mode de comparaison avec le secteur
des relations du travail. Dans le secteur des relations du travail,
l'élément décisif, c'est la convention collective;
l'accréditation existe pour quelque chose, pas seulement pour donner un
local, pour que les parties puissent se retrouver afin de définir des
conditions de travail. Il y a un objet précis qui est extensible, mais
qui commence quand même avec des choses très précises.
Avez-vous des exemples d'ententes écrites contractuelles qui auraient
été signées et sur quoi portent-elles?
M. Boulet: Je crois savoir qu'il y en a. Est-ce que je peux
m'adresser à quelqu'un dans la salle qui le saurait mieux que moi, juste
pour le lui demander?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Boulet: M. Fortin, il y a à Trois-Rivières une
entente avec les associations étudiantes? C'est une politique de
reconnaissance? Il n'y en a pas? À l'Université du Québec,
ce sont plutôt des politiques de reconnaissance que des ententes. Est-ce
que vous connaissez d'autres...
M. Bernard: À l'école des HEC, il y a une entente.
Il n'y a pas de politique, mais il y a une entente.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais savoir sur quoi porte cette
entente? Connaissez-vous le contenu?
M. Bernard: Non, M. le Président.
M. Ryan: Cela pourrait faire partie de la documentation
additionnelle.
M. Bernard: On pourra vous transmettre le contenu, le document
lui-même.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, il reste six minutes.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Six minutes, je
vais faire vite, j'aurais beaucoup de choses à dire. J'ai vu que vous
avez sursauté sur l'article 31.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. M.
le Président est arrivé en retard, il n'était pas ici ce
matin. J'avais cru...
Le Président (M. Laplante): II reste six minutes sur le
temps ministériel. Je m'excuse de ne pas avoir,
précisé.
M. Ryan: II reste encore du temps pour nous. Je voudrais
proposer, si vous n'avez pas d'objection, pour qu'il n'y ait pas de querelle de
procédure, que le temps soit réparti, que de chaque
côté on s'entende pour l'utiliser au mieux et qu'on ne soit pas
obligé de faire compter les interventions de chacun.
Le Président (M. Laplante): C'est ce dont on m'a
informé ce midi. Il va y avoir après cela huit minutes qui seront
pour vous.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Une minute de
passée. J'ai vu que vous avez sursauté dans votre exposé,
ce matin, M. Boulet, sur cet article 31 qui me paraît essentiel dans le
projet de loi puisqu'il permet aux associations étudiantes
accréditées de définir elles-mêmes et de choisir
elles-mêmes les gens qui ont à siéger dans les structures
de fonctionnement de l'établissement universitaire. J'aimerais que vous
expliquiez davantage vos réticences à cet article du projet de
loi qui m'apparaît assez important.
M. Boulet: Ce sont plutôt des objections dues à
l'expérience qu'on a vécue dans les différentes
universités et qui sont que, pour qu'un conseil d'administration, une
commission des études ou un conseil
universitaire de type participatif - j'insiste sur ce mot - fonctionne
bien, il apparaît, avec l'expérience, avec le temps,
nécessaire que ce conseil d'administration, s'il a à
négocier formellement, ou avec une association d'étudiants ou
avec un syndicat de professeurs ou avec un syndicat d'employés, ne le
fasse pas avec les représentants de ces groupes qui sont membres de
l'organisme décisionnel, mais le fasse avec l'association
elle-même. Remarquez que cela n'affaiblit pas l'association ou le
syndicat; au contraire, cela les renforce. Si un conseil d'administration ou
une direction négocie à une table avec une association, c'est un
à un. Si c'est à l'intérieur d'un comité
participatif où il y a, je ne sais pas, trois étudiants, trois
professeurs, un recteur, trois vice-recteurs et trois personnes
socio-économiques, les trois étudiants qui ont à
négocier leurs choses, ou les trois professeurs peuvent facilement
être en minorité. Ce n'est pas pour diminuer leur influence, mais
c'est pour conserver à l'organisme participatif un caractère de
participation à l'administration qui lui est confié plutôt
que d'en faire une table qui risque de devenir une table de négociation,
ce qui à ce moment bloque le fonctionnement normal de l'organisme. (15 h
30)
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-que): Vous me
corrigerez... Est-ce que le recteur, le vice-recteur ou les
représentants du bureau du recteur sont représentés
à cette table?
M. Boulet: Qui.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscaminque): Ils sont
représentés par le recteur lui-même ou le vice-recteur?
M. Boulet: Chez nous en tout cas, par la loi. J'imagine que
toutes les chartes sont semblables.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscaminque): Pourquoi les
étudiants ne pourraient-ils pas y être représentés,
pourrait-on dire par les gens les plus forts, qui sont plus au fait de
l'information, c'est-à-dire le président, par exemple, s'ils le
désirent?
M. Boulet: Ils pourraient l'être. Quand je dis que c'est
par expérience, pour que cela ne devienne pas une table de
négociation, je me trouve à exclure ce droit d'y négocier
pareille chose aussi bien au recteur qu'aux étudiants ou au syndicat de
professeurs. Ce que je dis, c'est qu'il faut éviter d'en faire une table
de négociation. Si les membres participatifs de ces organismes sont des
représentants formels ou du syndicat ou de l'association,
nécessairement, s'il y a un conflit, ils ont le mandat de le
négocier au comité participatif. À ce moment, vous
êtes autour d'une table de négociation plutôt qu'autour
d'une table d'un conseil d'administration, d'une commission des études.
Ce n'est pas du tout une théorie. Je ne pourrais pas vous dire que je
suis absolument certain de cela, c'est une expérience.
M. de Celles: Je voudrais préciser deux autres points.
Quant à moi, les inquiétudes sont au plan des problèmes
qu'on vient de soulever, mais proviennent aussi du fait qu'il faudrait
s'assurer que cet article de la loi n'entre pas en contradiction avec le
pouvoir des instances supérieures de l'université
d'établir la qualité des étudiants qui doivent
siéger à ces instances, qualités au sens, par exemple, de
fixer qu'il devra y avoir tant d'étudiants d'études
avancées, tant d'étudiants de premier cycle ou d'identifier qu'il
devra y avoir un étudiant provenant du secteur des sciences humaines, un
étudiant provenant du secteur des sciences pures, etc. Il y a, dans la
représentation qui doit s'établir au sein d'un conseil, des
obligations qu'on impose aussi aux professeurs - parce que souvent ils sont
nommés par le biais de leur conseil de faculté - de
représenter dans toutes ses dimensions la collectivité
universitaire. Il faut donc s'assurer que le pouvoir de désignation ne
peut pas s'opposer au pouvoir d'une représentation en termes de
qualité des individus, c'est-à-dire de leur appartenance à
un secteur ou à l'autre, de se maintenir au niveau de la
représentation. C'est la première question.
La deuxième question, c'est qu'il nous apparaît fort
important que la responsabilité qu'assument les associations
étudiantes de désigner leurs représentants assure que tout
étudiant a le droit, pour autant qu'il soit élu ou nommé
par ces collègues, d'être le représentant des
étudiants à une instance donnée. Or, ceci peut
s'établir dans une négociation, dans une discussion, dans une
entente avec une association. Mais l'article 31, tel que libellé,
n'assurerait pas aux universités la possibilité d'établir
une telle entente qui prévoirait que l'association ne pourrait pas
dès le départ éliminer certaines candidatures
d'étudiants en prétextant, par exemple, que l'étudiant
fait partie d'une association qui n'adhère pas au regroupement; ou bien
une association qui aurait décidé d'expulser une association
membre et de décider que ses étudiants dorénavant ne
peuvent plus être désignés aux instances de
décision. C'est un certain nombre de précautions pour maintenir
une représentation adéquate au niveau des instances qui,
croyons-nous, doivent s'établir dans une entente, mais il ne sera pas
possible d'avoir une telle entente si la loi est catégorique
à
ce point qu'elle décide que l'association désignera ses
étudiants sans autre condition à respecter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Vous avez fait
référence ce matin au titre de la loi. Au lieu d'employer le
terme "accréditation", vous préféreriez employer le terme
"reconnaissance." Est-ce que vous pourriez préciser davantage
là-dessus? Le terme "accréditation" n'exprimerait-il pas plus une
meilleure garantie que "reconnaissance"?
M. Boulet: Cela n'est pas tellement au niveau de la garantie qui
serait contenue dans les termes qu'au niveau d'une vision des choses qu'a
d'ailleurs assez nettement exprimée le député d'Argenteuil
tout à l'heure. La parenté que le terme "accréditation"
fait très nettement avec la législation du travail ne nous
apparaît pas être nécessairement la plus convenable pour une
loi qui établit les relations entre les étudiants d'une
université et la direction de cette université.
M. Dauphin: Merci. Vous avez aussi fait référence
à l'article 58 qui traite des dispositions transitoires. Au premier
paragraphe de l'article 58, tenant pour acquis qu'il existe actuellement un
très grand nombre d'associations représentatives dans les
différentes universités, à la dernière ligne du
premier paragraphe, on dit que ladite association doit exister "depuis au moins
deux ans". J'aimerais avoir votre opinion sur les termes "deux ans". Est-ce que
vous voyez une explication concrète au fait d'insérer dans la loi
que l'association doit exister depuis au moins deux ans? Si cela fait un an
qu'elle existe et que cela va bien, pourquoi exiger l'existence pendant au
moins deux ans de l'association?
M. Boulet: Ce que je disais ce matin au nom" de mes
collègues, c'était que nous souhaiterions qu'il n'y ait pas...
J'ai parlé des trois subdivisions, je n'avais pas mentionné les
deux ans. Les deux ans, selon nous, appartiennent aussi aux dispositions
précises, aux exigences précises que nous aimerions plutôt
voir disparaître de l'article pour que celui-ci ne retienne que
l'existence d'une association déjà reconnue par
l'université. Alors, qu'elle soit ancienne ou jeune, pourvu qu'il y ait
reconnaissance entre les deux. L'incorporation, si on retient les associations
de faculté, parce qu'il y en a sûrement qui ne le sont pas...
Recevoir des cotisations, parce qu'il y a aussi sûrement des associations
de faculté qui ne cotisent pas et d'autres qui le font. Si on retient
les associations particulières, nous pensons qu'il faut enlever ces
conditions.
M. Dauphin: J'aurais une dernière question sur l'aspect
matériel au niveau des locaux. Vous avez fait la distinction ce matin
entre les associations dites locales et les associations
générales. Dans la pratique, actuellement, est-ce que les
associations locales qui existeraient ont l'espace matériel
nécessaire?
M. Boulet: Je ne saurais vous répondre. Je ne sais pas si
on a des réponses là-dessus. Disons qu'il m'apparaît
qu'actuellement -j'insiste sur le verbe que je choisis, "m'apparaît", je
n'ai pas fait le tour - dans les universités, on donne surtout des
locaux et un mobilier aux associations générales
d'étudiants. Il est probable qu'un certain nombre d'associations
particulières aient un bureau ou quelque chose ou participent à
l'occupation d'un local plus vaste avec l'association générale.
Je le pense. Je ne sais pas si vous avez d'autres faits. Ce n'est vraiment
qu'une opinion.
M. Dauphin: Si vous me permettez un dernier point. Vous avez
également émis votre opinion quant aux étudiants à
temps partiel parce que, actuellement dans la loi, on n'a fait aucune
distinction entre un étudiant qui suit un cours par session le soir et
un étudiant à temps plein. Maintenant, vous nous avez
donné l'exemple des HEC où la majorité des
étudiants sont à temps partiel. Je suis persuadé que vous
voulez continuer dans cette veine qu'on puisse avoir deux associations, une
association représentative des étudiants à temps partiel
et une association représentant les étudiants réguliers.
Je ne sais pas si j'ai bien compris votre message à ce niveau.
M. Boulet: Je pense que c'est bien le message qu'a fait M.
Bernard quand il a parlé des étudiants des HEC à la suite
de l'intervention de M. de Celles sur la distinction entre les étudiants
de premier et de deuxième cycle. Quant au message que j'ai fait et que
le document fait, c'est plus un message de satisfaction pour que l'on se
préoccupe de l'ensemble des étudiants. Si vous permettez, M. le
Président, que je m'explique un peu sur cette sorte de contradiction.
C'est que, personnellement, je suis à la tête de
l'Université du Québec où le nombre des étudiants
à temps partiel est énorme. À l'École des Hautes
études commerciales aussi d'ailleurs, sauf qu'à l'École
des Hautes études commerciales, il y a une association des
étudiants réguliers depuis longtemps, que les étudiants
à temps partiel sont d'une catégorie particulière de type
administrateurs actuels qui se perfectionnent en futurs administrateurs,
qui
se préoccupent davantage de leurs cours réguliers
qu'à autre chose, tandis que, à l'Université du
Québec, l'ensemble - la majorité même dans certains de nos
campus - des étudiants sont des étudiants à temps partiel
qui suivent des cours aux mêmes heures que les étudiants
réguliers dans plusieurs cas. Nous pensons qu'il faut que ces
étudiants puissent s'insérer dans tous les processus de la vie
étudiante et de la vie universitaire aussi bien que les étudiants
réguliers, selon, évidemment, les capacités que leur
laisse le temps qu'ils consacrent à leurs études. Sous cet angle,
personnellement et c'est l'opinion de la majorité des gens qui
constituaient les comités qui ont préparé ce texte, nous
sommes satisfaits que la loi ne fasse pas de distinction et mette tous les
étudiants ensemble dans une association.
M. de Celles: J'ajoute à cela que notre intervention
portait sur le fait que, là où la réalité
existentielle de l'institution le justifie, puissent exister des associations
de gradués et de sous-gradués si l'institution le veut ou si les
membres de la communauté le veulent. Dans d'autres cas, cela peut
être une autre distinction, mais un modèle unique abolirait ces
réalités existentielles qui ont souvent leurs racines très
loin dans le temps de l'institution et qui ont quand même donné
des résultats marqués.
Le Président (M. Laplante): Merci. Le mot de la fin, M. le
ministre.
M. Laurin: Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai pris un
grand intérêt, non seulement à la lecture du mémoire
de la CREPUQ, mais également aux échanges que nous avons eus. Je
les assure encore que les points sur lesquels je n'ai pas eu le temps de
continuer d'échanger seront quand même étudiés
sérieusement. Au terme de ces échanges, je voudrais remercier
beaucoup la CREPUQ d'avoir participé aux travaux de la commission.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, au nom des membres
de cette commission, je vous remercie de votre participation. M. le
député d'Argenteuil, vous aviez une question à poser au
ministre, mais je vais inviter le Regroupement des associations
étudiantes universitaires du Québec à venir en avant, en
attendant.
M. le député d'Argenteuil, entre les deux.
M. Ryan: Ce matin, à l'ouverture des travaux de cette
commission, j'avais demandé au ministre de l'Éducation de nous
fournir des renseignements sur les organismes qui auraient demandé
à être entendus par la commission et qui ne pourraient
l'être pour des raisons qui restent à préciser. Le ministre
m'a fait remettre, avant la séance de cet après-midi, une liste
d'organismes. Il y en a qui sont à caractère
général. Je pense qu'il y a une règle
énoncée ici. On nous dit: "Dans le cas des associations locales,
elles devraient normalement être représentées par des
associations nationales." Je vous demande que cela soit accepté à
la condition qu'elles acceptent que ces associations les représentent
effectivement. Si une association vous dit: On ne fait pas partie de cette
association nationale, c'est difficile de s'attendre qu'elle soit
représentée par celle-là. Il y en a une ici qui est
à caractère général, la Fédération
des associations de parents de cégeps. Il y en a une autre, la Presse
étudiante du Québec. Cela semble être à
caractère général. J'aimerais savoir pourquoi elles n'ont
pas été autorisées à participer. La CEQ aurait
demandé à participer également.
Je vois, à la fin, une remarque un peu cocasse. Peut-être
que c'est de la mauvaise représentation de ma part, le ministre m'en
donnera sûrement une interprétation plus positive. "De plus, le
Conseil des universités et le Conseil des collèges donneront
éventuellement un avis au ministre sur cette question." Je trouve que
cela a un style assez typique. Est-ce que cela veut dire qu'on va demander un
avis à ces organismes? Est-ce que cela veut dire qu'on leur en a
déjà demandé un? Est-ce que cela veut dire qu'on va leur
en demander un après que le projet de loi aura été
adopté? Cela me semble assez enveloppé comme formule.
Peut-être que le ministre voudra nous donner des précisions parce
que cela fait curieux.
M. Laurin: M. le Président, nous avons invité les
organismes directement impliqués dans l'administration de cette loi qui,
encore une fois, est facultative. Au cas où on voudrait continuer
à se prévaloir des ententes bona fide existantes, nous n'avons
invité que ces groupes parce qu'ils sont directement impliqués
dans la loi et qu'ils couvrent tous les organismes ou la quasi-totalité
des organismes à une exception près. D'autre part, le projet est
en l'air depuis plusieurs années. Il a fait l'objet de plusieurs
colloques tenus par des organisations étudiantes. Comme on le rappelait
tout à l'heure, j'ai eu l'occasion de m'en entretenir aussi d'une
façon officieuse avec plusieurs organismes. Plusieurs documents ont
été publiés. (15 h 45)
Troisièment, le projet de loi est modeste. Il ne vise qu'à
faciliter la reconnaissance et le financement des associations
étudiantes et, encore une fois, sur une base facultative. Pour toutes
ces raisons, nous avons cru opportun de limiter les invitations aux organismes
qui ont été mentionnés, d'autant plus que plusieurs
autres
peuvent se faire représenter par le biais des organismes
nationaux existants.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Laurin: Quant au Conseil des collèges et au Conseil des
universités, ils peuvent toujours, sur ces questions comme sur toutes
les autres, faire valoir au ministère, comme ils le font la plupart du
temps, les avis que peuvent provoquer les projets du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères, vous aviez un mot à ajouter là-dessus.
M. Charbonneau: M. le Président, c'est un peu de
façon corollaire. Il y a l'Association générale des
étudiants de l'Université du Québec à
Trois-Rivières qui a préparé un mémoire. Elle n'est
ni membre du RAEU, ni membre de l'ANEQ. Elle aimerait, non pas être
entendue - parce que je pense qu'elle comprend un peu la situation - mais elle
nous demande, à tout le moins, que son mémoire soit
déposé officiellement à la commission. Ce que je voudrais
également vous demander, c'est que je pense - à moins de me
tromper, je ne suis pas un spécialiste de la procédure - qu'il
est possible de faire en sorte que le texte du mémoire figure au journal
des Débats comme...
Le Président (M. Laplante): On n'abordera pas deux sujets
en même temps. On finira d'abord le sujet du député
d'Argenteuil. On reprendra votre demande officielle que vous pourrez faire
à un autre moment. D'accord?
M. Charbonneau: Je pense, M. le Président, que c'est
connexe...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Charbonneau: ... dans la mesure, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Vous aviez une autre
question?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Ryan: M. le Président, d'abord, je voudrais bien
vérifier avec le ministre de l'Éducation si la CEQ a
demandé à être entendue à la commission ici.
M. Laurin: Par téléphone aujourd'hui. M. Ryan:
Aujourd'hui. Quelle réponse lui a-t-on donnée?
M. Laurin: Que ce n'était pas possible.
M. Ryan: II me semble qu'il aurait été important
d'entendre ce point de vue. Il me semble que cela aurait été
important. On entend le point de vue des éléments qui sont
intéressés: les administrateurs, les étudiants. C'est
très important, mais en tout cas!
Dans le cas du Conseil des universités et du Conseil des
collèges, je voudrais seulement que cela soit clair. Ils n'ont pas
été invités à émettre une opinion. J'ajoute
ceci: Un de ces organismes a émis une opinion aujourd'hui. Je pense
qu'on pourrait au moins en prendre note. C'est la dernière remarque que
je voudrais faire, parce que je pensais que le ministre allait en parler. Je
recevais un communiqué, aujourd'hui, du Conseil des collèges dans
lequel cet organisme demande de reporter à l'automne l'adoption de la
loi. Je ne fais pas mienne cette opinion, parce que nous sommes ici pour
écouter. Je voudrais que les personnes qui nous entendent soient
parfaitement à l'aise de ce point de vue. Notre responsabilité
est de faire place sur la table à tous les points de vue qui peuvent
être utiles à une meilleure conclusion. Le Conseil des
collèges, dans le texte qu'il a publié aujourd'hui ou hier,
demande au ministre de l'Éducation de reporter à l'automne
l'adoption de la Loi sur l'accréditation et le financement des
associations d'étudiants, jugeant que ce dossier est trop important pour
qu'on le traite avec précipitation.
Je n'insiste pas davantage, parce qu'on doit passer à l'organisme
qui nous attend. Mais je pense que c'est important qu'on prenne note de ceci,
M. le Président, et que, peut-être un peu plus tard dans la
journée, on ait l'occasion d'en dire quelques mots sûrement en
commission.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de
Verchères a une courte motion à présenter.
M. Charbonneau: Oui, en fait, M. le Président, il semble
que je doive faire une motion. Donc, je voudrais faire motion pour que le
mémoire préparé par l'Association générale
des étudiants de l'Université du Québec à
Trois-Rivières qui n'est ni membre du RAEU, ni membre de l'ANEQ, soit
déposé officiellement à la commission et soit aussi
transcrit au journal des Débats comme si le mémoire avait
été présenté à la commission
parlementaire.
Le Président (M. Laplante): J'ai une seule restriction
à recevoir votre motion, c'est que les nouvelles règles de la
commission parlementaire indiquent qu'on peut recevoir officiellement le
dépôt du
mémoire, mais qu'on ne peut le réimprimer dans le journal
des Débats, parce qu'il reste toujours pour consultation au journal des
Débats. C'est la seule petite restriction, mais le reste est
acceptable...
M. Charbonneau: Si c'est acceptable...
Le Président (M. Laplante): ...sans l'imprimer.
M. Charbonneau: ... j'espère que cela sera accepté.
Si jamais une vérification des procédures parlementaires pouvait
nous permettre d'avoir le texte au journal des Débats, ce serait
apprécié.
Dans le même sens, cette motion devrait valoir aussi pour les
autres groupes qui ont également préparé des
mémoires et qui ne pourront pas être entendus. Je pense, par
exemple, aux représentants de la Presse étudiante du
Québec, que j'ai rencontrés. Ils avaient préparé un
mémoire et ils ne pourront pas être entendus aujourd'hui. Il y
aurait lieu que leur mémoire soit également déposé
officiellement à la commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cette motion est
acceptée, en incluant les autres mémoires qui pourraient
venir?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. D'accord.
Madame, messieurs, si vous voulez vous identifier, identifier votre organisme
et les personnes qui sont présentes avec vous pour les fins du journal
des Débats, s'il vous plaît.
Regroupement des associations étudiantes
universitaires du Québec
Mme Morency (Julie): Je suis Julie Morency, secrétaire
générale du
Regroupement des associations étudiantes universitaires du
Québec. J'aimerais vous présenter les collègues qui
m'accompagnent: M. Martin Brault, qui est président de l'Association
étudiante de polytechnique; M. André Bernier, qui est
secrétaire général de la Confédération des
associations d'étudiants et d'étudiantes de l'Université
Laval; M. José Roy, qui est notre conseiller juridique au RAEU; M. Jean
Baillargeon, secrétaire aux affaires externes du RAEU; M. Jacques
Gauthier, secrétaire général de la
Fédération des associations étudiantes du campus de
l'Université de Montréal; M. Viken Afarian, de la Macdonald
College Student Society, et M. Louis Laliberté, président de
l'Association étudiante du centre d'études universitaires en
Abitibi-Témiscamingue.
Ces représentants proviennent de quelques associations membres du
RAEU et non membres du RAEU.
Le Président (M. Laplante): Je ne sais pas si on vous a
expliqué, ce matin, le déroulement des travaux. Vous savez que ce
n'est pas possible de lire une brique comme celle-là. Vous devez faire
valoir les principales recommandations que vous avez à
l'intérieur de votre mémoire pour donner la possibilité
aux membres de la commission de vous poser le plus grand nombre de questions
possible, s'il vous plaît.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que vous pourriez
nous préciser le temps dont dispose chaque organisme?
Le Président (M. Laplante): Une heure et quart par
mémoire.
Mme Morency: Merci, M. le Président. Mesdames, messieurs,
membres de la commission parlementaire, j'aimerais d'abord vous mentionner que
le RAEU est heureux de l'initiative du gouvernement d'avoir
présenté un projet de loi sur la reconnaissance et le financement
des associations étudiantes. Nous croyons que c'est un premier pas dans
la bonne voie.
Considérant les enjeux qui sont mis en présence dans les
établissements d'enseignement postsecondaires du Québec, le RAEU
a depuis longtemps mis de l'avant l'idée d'une législation pour
assurer un statut aux associations étudiantes.
Malgré les colloques, les conférences de presse et les
représentations auprès de nombreux corps constitués dans
la société, nous n'avons reçu que rarement des
réactions sur nos préoccupations concernant la place de
l'étudiant dans son milieu de vie.
Ce mémoire sera divisé en trois parties. La
première servira à faire un historique de la question à
partir des principaux événements et rapports qui ont
marqué la question de l'accréditation, du financement des
associations et des regroupements d'associations d'étudiants. Nous nous
servirons alors des textes et des analyses qui furent rendus publics concernant
cette question.
Les deuxième et troisième parties du mémoire nous
permettront de présenter les amendements que nous désirons
apporter au projet de loi 32, ainsi que l'argument politique qui motive ces
changements. Nous croyons important de bien faire comprendre à toutes
les personnes qui seront concernées par les effets de la loi 32 que,
malgré le peu de points touchés par cette loi, les associations
étudiantes pourront enfin avoir la prérogative d'être
reconnues par les dirigeants des établissements postsecondaires du
Québec.
N'en déplaisent aux faiseurs d'hypothèses, nous croyons
légitime d'être
reconnus légalement. Que l'ANEQ, l'Association nationale des
étudiants et étudiantes du Québec, et la
Fédération des cégeps se retrouvent unis dans un
même combat contre le projet de loi 32 et les revendications de nos 50
000 membres, soit. Nous reconnaissons leur étrange collusion dans ce
projet qu'ils croient, M. le Président, très dangereux pour la
démocratie. Depuis quand la reconnaissance de droits aux associations
étudiantes peut-elle mettre en péril la démocratie?
Nous croyons à la démocratie. C'est pourquoi le RAEU ne
s'est pas improvisé du jour au lendemain pour l'adoption d'une loi sur
l'accréditation et le financement des associations et des regroupements
d'associations étudiantes. C'est à la suite d'un long
cheminement, que nous décrirons dans quelques instants, que le RAEU en
est venu à la conclusion que nous ne pouvions plus demeurer aveugles par
rapport aux nombreux problèmes vécus par les associations
étudiantes: autoritarisme des directions universitaires et
collégiales, indifférence des syndicats et des administrations,
non-perception des cotisations étudiantes, mépris envers les
représentants étudiants, autant de faits, de témoins et
d'actions qui peuvent justifier de présenter la loi 32, et ce, en tenant
compte des amendements que nous voulons voir adopter lors de la commission
parlementaire.
Pour nous, le projet de loi 32 est un contenu minimum de reconnaissance
et donne le droit aux associations étudiantes d'exister
légalement en ayant le pouvoir de représenter officiellement les
étudiants et les étudiantes sur les structures de participation
dans les institutions d'enseignement postsecondaire. C'est un minimum, car les
étudiants et les étudiantes et leurs associations n'occupent pas
encore les places qui leur reviennent. Ils n'assument pas encore les pouvoirs
et les droits inhérents à ceux d'artisans de leur formation,
d'usagers de services responsables et de citoyens à part
entière.
Le RAEU se considère un pilier de la présente
réforme. En effet, ce projet de loi est l'aboutissement d'une longue
réflexion dans le mouvement étudiant québécois
depuis les huit dernières années, plus particulièrement,
depuis le colloque de la charte des droits des étudiants organisé
par le RAEU il y a trois ans, où, pour la première fois, il a
été question d'une loi afin d'assumer la reconnaissance et le
financement des associations étudiantes. L'automne dernier, nous
organisions un autre colloque, cette fois sur la condition étudiante,
où nous réclamions officiellement une loi. Par la suite, nous
avons rédigé notre avant-projet de loi. Le RAEU fut donc un
pilier de la présente réforme qui s'amorce actuellement et nous
sommes fiers du chemin parcouru.
Une fois de plus, nous tenons à réaffirmer que nous
croyons justifiée la présentation de ce projet de loi. En fait,
il est l'aboutissement logique d'une suite d'événements qui ont
préparé la voie à cette mesure législative. Je
crois, d'ailleurs, que ce projet de loi marquera une étape importante
dans l'histoire du mouvement étudiant québécois. Je
laisserai enfin à mon collègue Jean Baillargeon le soin de vous
présenter l'historique du mouvement étudiant au RAEU et notre
cheminement depuis ce projet de loi.
M. Baillargeon (Jean): Alors, justement pour suivre vos
recommandations, j'ai décidé de ne pas lire le long texte de
l'historique, mais de vous présenter plutôt cet aspect sous une
forme plus visuelle, si on veut, avec un tableau ici à la gauche. Comme
on peut le voir, les étudiants en ont vu de toutes les couleurs au cours
des dernières années. Il y a eu, effectivement, une suite
d'événements qui sont numérotés et nous allons
découvrir tous ensemble ce qui s'est passé finalement tout au
long des dernières années pour justement réfuter les
arguments... Finalement, le besoin de reconnaissance et de financement des
associations étudiantes, ce n'est pas un besoin qui vient de nulle part,
ce n'est pas un besoin improvisé, c'est un besoin qui existe depuis
longtemps. Divers intervenants, professeurs ou recteurs entre autres, ont eu le
loisir depuis plusieurs années de se prononcer sur la question, mais ne
l'ont jamais fait.
Au début, si on remonte en mai 1979, à la suite de la
commission d'enquête sur l'avenir des universités, la commission
Angers, il y a eu, effectivement... Et là, on pourrait enlever le
premier carton pour voir justement cette fameuse commission Angers qui,
finalement, concluait dans un de ses rapports... C'est écrit en petit,
mais finalement c'est là, c'était un premier pas. La commission
Angers, que tout le monde reconnaît comme impartiale dans le
présent débat, avait justement soulevé l'absence de cadre
juridique adéquat sur la reconnaissance et le financement. Vous avez une
citation de la commission à la page 6 de notre document
là-dessus. De plus, elle avait soutenu l'absence de parité
juridique avec les autres corps, c'est-à-dire les associations
étudiantes, oeuvrant dans l'université et la
société tout entière et justement le besoin d'avoir un tel
cadre juridique.
Elle croyait donner ainsi un peu plus de pouvoir aux associations
étudiantes, favoriser un plus grand dynamisme et une implication plus
grande dans la communauté de la part des étudiants et faire de
ceux-ci des citoyens à part entière. Évidemment, le RAEU,
en passant, a été incorporé en tant
qu'association étudiante nationale en mars 1979. Cela concordait
un peu, si on veut, avec l'existence du RAEU en tant qu'association
étudiante nationale. (16 heures)
Le deuxième événement - et on peut enlever un
carton - c'est finalement le colloque sur la condition étudiante,
organisé par le Conseil des universités, qui a eu lieu en
novembre 1979, où les recteurs ont participé, où il y
avait des représentants de la CREPUQ à l'époque. À
ce colloque, selon les débats qui ont eu lieu, et le document du Conseil
des universités aussi le mentionnait -c'est à la page 8 de notre
document - les étudiants avaient une participation restreinte et
minoritaire dans les structures des universités et étaient
souvent considérés comme des organismes consultatifs et non
décisionnels, donc, qui n'avaient pas beaucoup de poids dans les
décisions qui se prenaient dans les universités.
Selon une enquête faite par la commission Angers, 56% des
étudiants étaient insatisfaits à l'époque des
relations entre les autorités universitaires et les associations
étudiantes, les étudiants en général.
Au cours de ce colloque, on reprenait l'idée de doter les
associations étudiantes d'un cadre juridique et aussi d'un financement
adéquat inspiré, si on veut, de la formule Rand, cotisation
obligatoire.
Le troisième événement - et celui-ci prendra
peut-être un peu plus de place dans notre tableau - c'est le premier
colloque, finalement, organisé par le RAEU, d'ailleurs, colloque qui a
eu un grand succès, comme on peut le voir. Ce colloque portait justement
sur une charte des droits des étudiants qui était un
énoncé de droits des étudiants. Il se tenait en
février 1981. Le climat, tout au long du colloque, a été
assez bouillant. Finalement, deux tendances se sont exprimées au cours
de ce colloque: une qui s'opposait à toute forme de loi pour la
reconnaissance et le financement des associations étudiantes, et l'autre
qui disait: Ce n'est peut-être pas mûr actuellement, on peut en
discuter, mais il est trop tôt pour recommander l'adoption d'une telle
loi. Toutefois, les étudiants qui participaient à l'atelier
trouvaient qu'actuellement il y avait beaucoup de problèmes quant au
financement des associations étudiantes, que les étudiants et
leurs associations subissent beaucoup de poursuites judiciaires, injonctions,
poursuites en cour, et que, finalement, ce serait mieux que ce soit une loi
adoptée par l'Assemblée nationale, si jamais il y en a une. Mais
l'idée de la loi n'avait pas encore été retenue, si on
veut, de façon formelle.
Le quatrième événement - cela a peut-être
été une petite période noire - c'est le colloque RAEU-ANEQ
à l'automne 1981. Évidemment, nous, en ce qui concerne le RAEU,
on a toujours eu comme pratique d'occuper toutes les tribunes qui portent sur
les intérêts des étudiants et sur leur condition.
Finalement, quoiqu'on puisse s'en surprendre, à ce colloque, le RAEU et
l'ANEQ ont fait front commun sur une chose, c'est-à-dire s'opposer
à ce qu'un groupe de l'extérieur, d'obédience trotskiste,
instaure une structure par-dessus le RAEU et l'ANEQ. Lors de ce colloque, le
RAEU et l'ANEQ ont fait front commun en disant: II faut reconnaître les
associations nationales existantes. Mais, à part cela, tout ce qui a
été discuté lors de ce colloque et les suites surtout
n'ont pas donné grand-chose, comme d'habitude, puisque souvent, ce qui
est adopté dans ces colloques, c'est une panoplie de propositions, de
mobilisations qui demeurent lettre morte quelques semaines ou quelques mois
après, et c'est toujours à recommencer chaque mois. Finalement,
cela n'a pas donné grand-chose.
Le cinquième événement, ce sont les tables de
concertation organisées par le ministre de l'Éducation, qui se
déroulaient en novembre et décembre 1981, où, pour la
première fois, grâce à l'initiative du ministre, nous
pouvions avoir devant nous les recteurs, représentés par la
CREPUQ, les professeurs, représentés par la FAPUQ, et les autres
syndicats de niveau collégial et universitaire. C'était un
événement important. Évidemment, comme d'habitude, l'ANEQ
a boycotté l'événement.
Ce qui était important de voir lors de cette table de
concertation, c'est que nous avons pu échanger avec les recteurs. Entre
autres, on leur a reproché à l'époque leur tactique ou
leur stratégie de toujours discréditer les étudiants en
les empêchant finalement de faire entendre leur voix à
l'intérieur des structures, souvent, ou en remettant en question leur
représentativité lorsqu'il y a des conflits. À
l'époque, justement, il y avait une série de conflits à
l'Université de Montréal dans plusieurs départements et
l'administration de l'Université de Montréal avait même eu
recours à des lutteurs pour mater l'association étudiante. Le
recteur Lacoste en était très gêné,
évidemment. Mais ce sont des choses qui arrivent, pour dire que
finalement il y avait effectivement un problème, au moins de
méthode et de communication. Quand on parle de négocier avec
l'administration, cela nous fait souvent rire parce que les moyens ne sont pas
toujours à la hauteur de nos règles de fonctionnement
démocratique.
À ces tables de concertation, nous avions déploré
le manque de transparence des administrations universitaires quant à
l'information qui concerne les universités et le chantage face à
la perception des cotisations. En passant, à l'Université Laval,
quoi qu'on en dise, cela a pris sept ans avant qu'il y ait des amendements
aux
statuts et règlements, sept ans de durs débats et quatre
ans après plusieurs référendums, où effectivement
il y avait des divergences au niveau étudiant, mais l'administration de
l'université, pour ceux qui s'en souviennent, avait adopté un
règlement dit "règlement Trottier", règlement du
vice-recteur à l'époque, qui exigeait que 50% des
étudiants inscrits disent oui à une association étudiante
pour qu'elle soit reconnue. On s'imagine ce qui pourrait arriver, comme le dit
M. Dauphin dans son exposé, pour les commissaires d'écoles et
même les gouvernements qui n'ont souvent pas 50% des électeurs
pour se faire reconnaître.
Finalement, il y avait des problèmes, et le sixième
événement découlait de cela, puisque les professeurs ont
décidé de se retirer dès le deuxième atelier, lors
du colloque, en disant: Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas discuter avec les
étudiants... Il y avait deux ateliers: un portant sur la vie
étudiante et l'autre sur la vie professorale. Ils ont dit: On va
organiser un collogue commun RAEU-FAPUQ, la Fédération des
associations de professeurs d'université du Québec.
Évidemment, il n'y a pas eu unanimité sur tous les points
de ce colloque, mais ce qu'on peut en retirer, c'est que les professeurs nous
ont reconnu un certain nombre de droits dont celui d'évaluer les
professeurs, dont celui de participer à leur engagement, dont celui
aussi de participer aux structures de façon paritaire avec les
professeurs. Ce sont quand même des choses importantes à
souligner.
Au niveau du septième événement, et c'est un
événement qui chapeaute un peu l'ensemble des
événements qui se sont déjà déroulés,
nous avons fait un camp d'orientation en août 1982 avec de nombreuses
recherches portant entre autres sur la participation des étudiants aux
structures, l'inventaire de l'ensemble des universités, la
reconnaissance de crédits à la participation pour favoriser la
participation des étudiants, reconnaissance de crédits qui, en
passant, étaient aussi citées dans le rapport de la commission
Angers comme étant nécessaire pour encourager la participation
des étudiants, l'idée aussi d'un centre étudiant de
services communautaires et d'autres dossiers.
Ce camp d'orientation a finalement permis au RAEL) de faire le bilan de
l'ensemble de ses interventions à ce jour et de faire justement - c'est
le huitième événement - un colloque sur la condition
étudiante l'automne dernier où le ministre de l'Éducation
avait été invité, où la conférence des
recteurs avait été invitée, où la
Fédération des associations de professeurs d'universités
du Québec avait été invitée. M. Ryan ausi avait
été invité, mais il n'avait pu malheureusement être
présent.
À ce colloque, ce qu'il est important de constater, c'est que ni
la FAPUQ ni la CREPUC ne se sont finalement prononcées encore une fois
sur la question de la reconnaissance et du financement des associations
étudiantes, prétextant toujours diverses motivations. Il est
important de noter, entre autres, l'intervention de M. Pérusse,
directeur général de la conférence des recteurs, et je
cite son intervention: "Nous n'avons jamais développé, à
la conférence des recteurs, un dossier sur les associations
étudiantes universitaires, sur les conditions de leur reconnaissance par
les établissements, sur leur financement et sur les modes de perception
des cotisations qu'elles fixent, sur la façon dont les étudiants,
ou leurs associations, ou les deux à la fois, sont appelés
à participer aux différentes instances de gestion des
établissements: gestion académique, administrative et
financière. Tout au plus, nous est-il arrivé de rassembler de
l'information. De cette façon, nous étions en mesure de
répondre aux questions que nous posait un établissement curieux
de savoir comment les choses se passaient dans les autres
établissements. Au-delà de cela, rien."
On se demande combien de temps cela prendra à la
conférence des recteurs pour se brancher, étant donné que
cela faisait déjà quand même un certain nombre de fois,
qu'elle avait l'occasion de se prononcer et d'amener sa contribution. Elle ne
l'a jamais fait. On présume, à ce moment-là, que c'est la
tactique habituelle de la guerre d'usure, c'est-à-dire qu'on
espère que les leaders étudiants passent et que les recteurs
restent et que, finalement, le mouvement s'essouffle et que les revendications
étudiantes changent d'une année à l'autre.
Malheureusement pour la conférence des recteurs, le RAEU a
toujours su maintenir la même orientation depuis trois ans. C'est ce qui
a abouti, finalement - c'est le neuvième événement -
à l'élaboration d'un avant-projet de loi par le RAEU, projet de
loi qui a été terminé en février, à la suite
de notre colloque, et qui a été envoyé, encore là,
à tous les recteurs du Québec, aux directeurs
généraux de cégeps, aux directeurs de services aux
étudiants. À 99%, nous n'avons eu aucun commentaire. Comme
d'habitude, on fait l'autruche. On se pose donc la question sur la bonne foi
des recteurs.
Dixième événement. Certains membres de la
commission se souviennent peut-être de notre participation, ici à
la commission parlementaire, aux négociations du secteur public et
parapublic, en mars 1983, où nous avions affirmé le droit pour
les étudiants, en tant qu'usagers du service, de dire leur mot sur la
qualité et la quantité des services publics et, en tant
qu'étudiants, sur la qualité de l'éducation.
Onzièmement - et cela ne fera pas
beaucoup de surprise - c'est la commission parlementaire actuelle qui,
nous l'espérons, prendra en considération toute cette historique
pour, finalement, adopter au plus tôt, c'est-à-dire dès la
fin de la présente session parlementaire, une loi sur la reconnaissance
et le financement, vu que cela fait déjà suffisamment longtemps
qu'il y a eu différents débats et différentes
possibilités de se prononcer sur la question et que jamais rien n'a
été fait, pour que cette loi entre en vigueur dès
septembre. C'est tout pour l'historique.
Mme Morency: Je ferai un exposé sur la pertinence d'une
loi relative aux associations étudiantes. L'évolution des
associations étudiantes. Depuis le grand sabordement de la fin des
années soixante, les associations étudiantes ont vécu
diverses phases. Il y a d'abord eu une période latente, de 1970 à
1973 environ, puis la reconstruction a débuté. Depuis 1975, les
associations étudiantes se consolident, mais le modèle des
années soixante ne sera pas reconstruit. À cette époque,
les associations étudiantes faisaient entendre une seule voix et
étaient partie prenante de la révolution tranquille comme le
syndicalisme, le Parti libéral de 1962 et le Parti
québécois au début de la dernière décennie.
La jeunesse, ses leaders et ses associations, dont les associations
étudiantes, ont constitué des catalyseurs importants lors de la
mutation du Québec. Ils incarnaient un courant social, constituaient un
bloc relativement homogène, au moins jusqu'en 1968.
Maintenant, la situation actuelle. La jeunesse, y compris les
associations étudiantes, ne représente plus un seul courant.
Certaines se définissent comme le pendant étudiant du
syndicalisme; d'autres se définissent comme des associations politiques
devant affronter le plus massivement possible toutes les institutions sociales
et politiques, afin de les changer radicalement, même au prix du chaos et
des pires affrontements.
Le RAEU ainsi que bon nombre d'associations croient à une
approche réformiste. Nous croyons que la jeunesse et ses organisations,
dont les associations étudiantes, doivent jouer, de nouveau, un
rôle social important, mais mieux défini. (16 h 15)
Un de nos premiers objectifs est de prendre, au sein des
établissements d'enseignement, la place qui nous revient. Actuellement,
nous vivons en état d'asphyxie. Avec la syndicalisation des professeurs
largement matérialisée dans les années soixante et
soixante-dix, il s'est créé un partage fermé des pouvoirs
où ni la société, ni les usagers n'ont droit de regard.
L'université et le collège sont des vases clos; les
administrations, chatouilleuses de leur autonomie administrative et de la
liberté universitaire, gardent toute intervention en amont. Les
enseignants, forts de leurs conventions, ont sacralisé ce qu'il est
maintenant convenu d'appeler des droits acquis: sécurité
d'emploi, pouvoir absolu sur la pédagogie, pouvoir majoritaire sur les
instances décisionnelles, droit de regard sur l'embauche et la promotion
des collègues, ils protègent ainsi l'aval.
Quand les étudiants et les étudiantes proposent de jouer
un rôle et de changer cette dynamique manichéenne, les enseignants
et les enseignantes brandissent leurs conventions pour nous exclure des
processus d'embauche, de promotion et d'évaluation des enseignants.
Voici pour les professeurs syndiqués.
Quand nous voulons avoir voix au chapitre sur les programmes, les
méthodes pédagogiques et les contenus de cours, les professeurs
nous opposent une fin de non-recevoir, se drapant dans la liberté
universitaire. Voilà pour les professionnels de l'enseignement.
Depuis quelques années, nous avons fait quand même quelques
progrès, mais nous rencontrons une résistance de plus en plus
forte. Les institutions d'enseignement accordent ça et là des
pouvoirs de participation aux étudiants, mais très prudemment, en
craignant deux choses: que les associations ne deviennent aussi
hégémoniques que les syndicats et que les professeurs
syndiqués, avec qui un modus vivendi a été établi,
ne partent en guerre contre une érosion de leurs pouvoirs en direction
des étudiants. Il faut dire qu'il s'agit d'un langage compris dans la
direction constituée d'ex-professeurs et même de personnes
appelées à retourner enseigner.
Nous espérons donc reprendre notre place au sein des
institutions, place qui a été, disions-nous, accaparée
dans le vacuum du début de la dernière décennie. Cet
espoir ne repose pas sur une volonté d'hégémonie. Nous
croyons fermement qu'une école tripartite ou multipartite,
c'est-à-dire direction, enseignants, soutien, agents
socio-économiques et étudiants, changerait la dynamique de
corporatisme, d'arrachement, de "tire la. couverte" qui prévaut,
malheureusement, dans tout notre système public, y compris dans
l'enseignement.
Une nouvelle vision du monde étudiant. Bien que certaines
associations, de plus en plus rares, suivent aveuglément la voie
syndicale, il devient patent qu'existe parmi nous un courant autre. Ce courant
en est un de concertation et de solidarité sociales. Nous voulons voir
le gouvernement, les institutions d'enseignement, les représentants
socio-économiques comme d'éventuels partenaires oeuvrant
collectivement au bien-être commun. Voilà pourquoi le RAEU a
toujours soutenu les sommets socio-économiques, pourquoi le RAEU a
participé aux tables de concertation universitaire qui
en étaient un volet.
Nous ne croyons pas détenir la vérité pure, ni la
solution miracle, mais nous croyons qu'il est opportun de faire entendre la
voix du possible et de la raison, tout en étant appuyés par une
majorité de nos commettants. Ce discours trouve aussi une
résonnance au niveau collégial, puisqu'une nouvelle association
nationale, la FAECQ, a été formée en marge du syndicalisme
de confrontation. Les positions mesurées du RAEU et de la FAECQ, lors
des récents orages, font foi de l'existence et de la viabilité
d'une telle orientation.
Maintenant, pourquoi une loi et que contiendrait-elle?
Depuis le colloque sur la charte des droits et même depuis le
colloque du Conseil des universités sur les étudiants, le RAEU
n'a cessé sa réflexion. Sans faire part de tout le cheminement
dont on connaît sans doute les grandes lignes, nous en arrivons à
la conclusion qu'une loi relative aux associations étudiantes
s'avère nécessaire. Nous en avons posé les principes qui
semblent partagés par la FAECQ.
Notre avant-projet de loi déposé en avril dernier se
voulait souple. Il reconnaît l'existence de trois types d'association.
Premièrement, les associations tout court. Ce seront celles qui existent
en vertu de la liberté d'association et qui ont pour philosophie de ne
se fier qu'à leur régie interne pour assurer leur
représentativité. En second lieu, il y avait les associations
reconnues. Ce sont celles qui ont convenu d'un mécanisme de
reconnaissance avec l'institution d'enseignement qui constitue leur
interlocuteur. Troisièmement, on voyait naître les associations
accréditées par la loi, soit celles qui auront tenu un scrutin de
légitimité prévu dans la loi. Seules celles-ci seront
soumises à la loi et pourront jouir automatiquement des
prérogatives de la loi. Dorénavant, on saura vraiment qui
représente qui, selon la nature de l'association.
La loi 32 s'inspire abondamment de l'avant-projet de loi du RAEU. Par
rapport au modèle des relations du travail, la loi 32 présente
plusieurs avantages. Premièrement, il n'y a pas un modèle unique
d'association, ce qui permet une pluralité d'opinions. Ceci comporte le
non mince avantage de ne pas mener, avec les années, à un
syndicalisme étroit et hégémonique.
En outre, la souplesse de la loi permettra de garder à chaque
niveau d'enseignement et aux divers modèles et types d'institution's un
mode de fonctionnement adapté. Le nivellement, craint par la CREPUQ, des
particularités régionales qui font la richesse et la
diversité du réseau n'aura pas lieu si, localement, institution
et association s'entendent sur un modus vivendi avec les associations
reconnues.
Autre avantage, depuis quelques années, il arrive de plus en plus
qu'on demande au ministère d'intervenir dans des situations
conflictuelles où l'institution a cessé de reconnaître une
association et cessé de prélever la cotisation. Cela pose des
problèmes sérieux tant pour les associations, menacées
d'étouffement, que pour le ministère souvent sommé de
prendre arbitrairement partie pour l'un ou l'autre en l'absence de toute
règle.
Un autre aspect de ce problème est le côté
juridique. Le prélèvement d'une cotisation par une institution au
profit d'un tiers - en l'occurrence, l'association - peut constituer une
délégation illégale de pouvoirs. Le
prélèvement des cotisations est donc sujet à cesser sur
simple demande d'injonction d'un individu ou sur demande d'adjudication sur un
point de droit de la part d'une institution. Chacun, y compris le MEQ, a donc
tout intérêt à mettre bon ordre à cette
précaire situation de tolérance avant que des recours judiciaires
et des confrontations viennent créer une vague, voire un raz de
marée de conflits pouvant s'étendre à tout le
Québec. Je pourrais citer comme exemple l'AGEUQTR.
La loi 32 permettra expressément la perception des cotisations
à la source en faveur des associations reconnues ou
accréditées. La loi prévoira également les normes
et mécanismes d'accréditation permettant d'assurer la
représentativité des associations accréditées de
même que les moyens de la contester périodiquement.
En outre, comme corollaire de la représentativité, la loi
pourra prévoir, pour les associations accréditées,
certains droits accessoires comme le droit à des locaux, le droit de
représentation, le droit d'être consulté, le droit à
l'affichage et aux autres formes de liberté d'expression.
Nous croyons qu'une telle loi permettra un équilibre meilleur au
sein de nos institutions et emportera non seulement l'adhésion d'une
majorité d'étudiants et d'étudiantes, mais aussi celle de
plusieurs administrations fatiguées de nager en eau trouble lorsqu'il
est question de reconnaissance et de financement des associations
étudiantes.
Le Conseil des universités, à la suite des
représentations de quelques centaines d'étudiants et du RAEU,
faisait une priorité de ces points. Le ministre de l'Éducation et
certaines universités, notamment Laval et Montréal, ont
manifesté leur approbation de principe. Certaines universités ont
même édicté des règlements et conclu des ententes
avec les associations. Il est donc temps de sanctionner dans une loi le bien
fondé de ces ententes avant qu'un imbroglio judiciaire ne vienne
annihiler les quelques progrès harmonieux marqués depuis quelque
cinq ans dans ce domaine.
En conclusion, la loi 32 est pour nous un premier pas dans la bonne
voie. Il apparaît être un premier pas dans la bonne voie - oui,
effectivement - car il résout en grande partie le problème de la
reconnaissance au sein des institutions et de l'existence légale des
associations étudiantes au niveau postsecondaire. Ces dernières
auront le droit d'être reconnues officiellement en représentant
les étudiants sur les structures de participation des institutions et
auront droit à la perception d'une cotisation à la source. Dans
le projet du gouvernement, ces droits sont assujettis à une série
de mécanismes relatifs à l'accréditation des
associations.
Dans l'ensemble, nous sommes satisfaits de ce premier pas, mais il reste
des droits à faire reconnaître dans leur application au niveau
pédagogique et au niveau des SAE. Ce projet de loi 32 est un minimum qui
doit être accepté avant la suspension de la présente
session parlementaire, afin d'entrer en vigueur dès septembre
prochain.
Pour les autres droits, M. le Président, vous connaissez les
réactions que l'on provoquerait chez d'autres groupes et nous aimerions
en parler avec les autres intervenants impliqués. À ce sujet,
nous suggérons la convocation d'une table de concertation qui pourrait
avoir lieu dès l'automne prochain.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame. Il reste vingt
minutes à chaque côté. M. le ministre.
M. Laurin: J'essaierai d'être bref, M. le
Président...
M. Roy (José): M. le Président, si vous nous le
permettez, on aimerait intervenir encore de façon continue, mais
seulement quelques minutes pour vous apporter ce qu'on suggère
présentement comme amendements au projet de loi 32 tel qu'il est
rédigé à l'heure actuelle, puisque vous serez, en tant que
députés, appelés à l'adopter et peut-être
à discuter de chacun des articles à un moment ou à un
autre.
Nous avons, cet après-midi, des représentations à
faire, malgré le peu de temps à notre disposition, pour que cette
loi soit applicable, parce qu'il est peut-être inutile d'adopter une loi
qui est fondée sur de très bons principes, mais qui peut
s'avérer difficile d'application à cause de sa formulation-floue.
Juridiquement, il serait très important qu'on fasse nos
représentations à ce niveau...
Le Président (M. Laplante): Allez-y. C'est que le temps
sera moins long au point de vue des questions, d'éclaicir certains
sujets que vous voulez apporter ou approfondir.
M. Roy: Étant donné que, dans notre mémoire,
est inclus l'ensemble des amendements formulés que l'on propose, je m'en
tiendrai donc aux principes sans vous expliquer le mot à mot et les
détails et ce pourquoi les mots ont été utilisés.
De toute façon, une lecture attentive rendra ces points évidents.
Je m'en tiendrai donc aux principes de façon rapide.
Les remarques préliminaires concernant, par exemple, une
intervention de M. Ryan qui disait que le Conseil des universités
n'avait pas été consulté formellement sur le projet de loi
32: M. Ryan a tout à fait raison, mais le colloque tenu il y a deux ou
trois ans par le Conseil des universités et auquel participaient les
étudiants a donné lieu à un avis du Conseil des
universités. Les principes de cet avis ne sont en rien contradictoires;
au contraire, ils sont très convergents avec les principes inclus dans
le projet de loi 32. Donc, il y a fort à parier que le Conseil des
universités, une institution assez stable et cohérente dans ses
opinions, rendrait aujourd'hui la même opinion qu'il y a deux ans,
puisque la situation n'a pas notablement changé. À ce titre, on
peut se référer à l'avis du Conseil des universités
relatif aux associations étudiantes, qui demeure pertinent au
débat, si on veut avoir la vision du Conseil des universités
relative aux associations étudiantes.
Deuxième chose, le fait de reporter cela à l'automne a des
conséquences juridiques très sérieuses. Comme Julie le
mentionnait quand elle parlait de la pertinence d'une loi relative aux
associations étudiantes, des avis juridiques très récents
demandés tant par les collèges que par les universités
feraient en sorte que, dès l'automne prochain, les cotisations des
associations étudiantes ne seraient que volontaires. Ce seraient des
tours de chapeau à n'en plus finir. Imaginez la situation dans des
universités comme Laval ou Montréal qui sont, en fait, des
quasi-villes. C'est même plus gros que plusieurs villes au Québec.
Est-ce qu'on demanderait à un maire, à ses conseillers et
à leurs employés d'aller faire du porte-à-porte pour
recueillir leurs taxes? C'est impensable. Donc, le fait de reporter l'adoption
de cette loi à l'automne créerait un imbroglio, tant juridique
que de fait, dans les associations étudiantes et les institutions, qui
pourrait faire en sorte que la loi deviendrait difficile à appliquer
l'automne prochain. Il est donc très important, je dirais même
capital, tant pour les associations étudiantes que pour les
institutions, que cette loi soit adoptée dans les meilleurs
délais.
Comme je l'ai mentionné, le but de l'ensemble de mes remarques
est de rendre la loi applicable. Ma formation me permet de donner des avis sur
la formulation. Non seulement cela. Ayant beaucoup vécu dans
les associations étudiantes et contribué à leur vie
depuis près de dix ans, je peux y allier des remarques à
caractère juridique et pratique qui feront en sorte que la loi atteindra
vraiment les buts et que les principes seront appliqués.
Nous demandons, parmi les changements importants, que les associations
de deuxième et troisième cycle soient considérées
comme des associations de campus, c'est-à-dire des regroupements
d'associations, et qu'il n'y ait pas une seule association au niveau d'un
campus universitaire dans les cas où les étudiants le veulent
bien. Il arrive, dans certaines universités, que l'association
étudiante regroupe les étudiants de premier cycle et les
étudiants de deuxième et troisième cycle dans une seule
association. Il arrive aussi que, dans d'autres campus, l'association de
premier cycle constitue une association de campus et l'assocation de
deuxième et de troisième cycle constitue une autre association de
campus. Ce sont deux réalités qui sont distinctes et qui
correspondent à des modèles qui varient grandement d'une
université à l'autre. De façon à respecter le
développement historique de ces associations étudiantes et
à respecter des modèles de fonctionnement qui fonctionnent bien
à l'heure actuelle - on peut penser, à cet égard, à
l'Université Laval où il y a une association de gradués,
de même qu'à la Polytechnique où les choses fonctionnent
bien - on voudrait qu'il y ait certains amendements, notamment à
l'article 6 qui est de concordance avec d'autres articles, pour que les
associations de deuxième et de troisième cycle puissent
être des associations autonomes.
Autre point, je vous signale que nous demandons des ajouts à
l'article 3, c'est-à-dire le droit d'évaluation des enseignants
et des enseignantes. Je n'insisterai pas davantage là-dessus,
étant donné que Jean l'a déjà évoqué
et que le temps est mesuré à cette table. (16 h 30)
Les autres articles importants - je vais commencer par la fin -
l'article 58, qui est une disposition transitoire qui permet aux associations
étudiantes déjà existantes à la date où sera
promulgué le projet de loi, aux associations existantes, dis-je,
d'être accréditées sans avoir à tenir de
consultation. Bref, l'article 58 dit: II y a présomption qu'une
association est accréditable seulement quand elle existe selon les
critères prévus à l'article 58.
Il y a un critère prévu sur lequel nous ne sommes pas
d'accord, c'est-à-dire de remonter deux ans en arrière. Pourquoi?
Parce que l'article 58 passe à côté de l'effet visé,
si on garde ce critère de deux ans. Si on demande à une
association étudiante d'avoir existé deux ans avant maintenant
pour pouvoir être accréditée sans consultation, cela veut
dire que, dans un très grand nombre d'institutions, les associations
auront à passer à travers le lourd processus de
l'accréditation, alors qu'elles viennent justement de le faire.
Je vais vous donner un exemple: la CADEUL, qui est la
Confédération des associations d'étudiants et
étudiantes de l'Université Laval. C'est un exemple parmi tant
d'autres. Il y en a beaucoup d'autres. Il s'agit d'un campus, où il y a
plus de 25 000 étudiants qui sont aptes à être
consultés en vertu de cette loi, et dont l'association, il y a moins de
deux ans, a été reconnue par l'administration à la suite
d'un référendum. Or, l'actuel article 58, avec le délai de
deux ans, a pour effet qu'une consultation, qui demande des milliers et des
milliers d'heures d'effort à des militants et beaucoup de dollars aux
étudiants en tant que contribuables de leur association, devrait
être faite pour une deuxième fois en moins de deux ans. Des
associations comme celles-là, qui viennent de passer à travers un
référendum ou un processus de reconnaissance quelconque, ont fait
preuve justement de leur représentativité depuis moins de deux
ans et on les pénalise. Il est donc très important que soient
gardées peut-être les autres conditions, mais que saute le
délai de deux ans.
À cet égard, si étonnant que cela puisse
paraître, on serait peut-être d'accord sur un amendement
proposé par les recteurs: que soit accréditable automatiquement
une association qui est déjà reconnue par l'administration.
Pourquoi demanderait-on à un agent d'accréditation et à
beaucoup de monde de s'impliquer dans une nouvelle consultation, alors que, de
fait, l'association existe et, de fait, est reconnue? Nous vous demandons donc
de modifier l'article 58 en ce sens et c'est un changement capital.
Un autre grand principe. Je dirais qu'au niveau juridique, c'est
peut-être, avec l'article 58, l'autre point le plus important sur lequel
nous devons faire des représentations cet après-midi, pour que la
loi soit applicable, pour que la loi ait un effet et pour que la loi soit
vivable. Il s'agit de la juridiction du comité dit "comité
d'accréditation" dans la loi. Actuellement, selon la définition
de la loi, ce comité ne siège qu'en appel des décisions de
l'agent d'accréditation sur des questions d'accréditation. Nous
croyons qu'il y a là un changement de nature fondamentale à
faire.
Vous remarquerez qu'au Québec, depuis plusieurs années -
depuis, je dirais, la réforme de notre société, dans les
années soixante - beaucoup de tribunaux administratifs ont
été créés, par exemple, au niveau de la commission
qui accorde les permis d'alcool, la Commission des transports, la Régie
des services publics, également les tribunaux administratifs comme
la Commission des affaires sociales, les comités d'appel de la
Régie de l'assurance-maladie; j'en passe, il y en a beaucoup. Pourquoi
cela a-t-il été créé? Justement, quand une loi est
technique, quand une loi vise un secteur relativement bien
délimité, exactement comme celui de l'éducation, il a
été jugé bon de créer des tribunaux
spécialisés. Il en est de même avec le Tribunal du
travail.
Dans le même sens, puisque cela va en accord avec la philosophie
des divers gouvernements qui ont passé depuis tout ce temps, jamais
personne n'a remis cela en question. Nous, on demande, quant à l'actuel
comité d'accréditation, d'abord que son nom change et que ce soit
un comité d'application ou un tribunal quasi judiciaire d'application de
la loi 32, qu'on lui donne juridiction en première instance de tout
litige relatif à la loi, ou en deuxième instance d'appel d'un
agent d'accréditation, comme cela l'est à l'heure actuelle.
Pourquoi? Il y a de multiples raisons.
Pour commencer, il est de beaucoup préférable qu'avant
qu'il y ait évocation à la Cour supérieure, tous les
petits litiges relativement à des locaux, qui peuvent être
réglés par l'arbitre que serait ce tribunal administratif, et
tous les petits litiges relatifs à l'application de la loi - je
prévois qu'il y aura des questions d'interprétation relativement
nombreuses, comme cela est normal dans les premières années -
puissent être regardés en première instance par ce
comité d'accréditation, qui connaîtra bien le milieu, qui
sera impartial parce que composé tant d'étudiants que de
représentants des autres instances du monde de l'éducation.
À ce moment-là, il s'agirait du tribunal administratif le plus
compétent pour régler ces questions. Cela éviterait aussi
des milliers de dollars de dépenses aux contribuables en frais de
justice. Cela éviterait des milliers de dollars de dépenses aux
associations étudiantes, milliers de dollars qui sont
prélevés à même la cotisation de leurs membres. Cela
éviterait aussi des milliers de dollars de dépenses aux
contribuables qui financent les universités et les établissements
collégiaux. Quand nous aboutissons devant des tribunaux, comme la Cour
supérieure, dans des instances qui durent plus de deux ans,
c'est-à-dire tellement longtemps que, souvent, les décisions
n'ont même plus d'effet, cela coûte cher à tout le monde et
ce n'est pas nécessairement efficace.
Vous voyez donc le bien-fondé de modifier l'ensemble des articles
qui portent sur le comité d'accréditation pour en faire un
comité qui a juridiction, en première instance, sur tout litige
relativement à l'application de la loi et, en deuxième instance,
sur les décisions de l'agent d'accréditation, comme c'est le cas
maintenant. Je crois avoir assez insisté là-dessus et
j'espère que vous en avez pris bonne note parce qu'on croit que c'est
capital pour que la loi soit applicable.
À cet égard, concernant le même comité, il y
a deux membres qui ne sont pas étudiants. Il serait peut-être bon
de préciser, dans des amendements à la loi, d'où
pourraient provenir ces membres. Nous croyons qu'ils pourraient être des
représentants ou de syndicats ou des professeurs ou de l'administration.
Cela va peut-être sans dire, mais, comme le disait Talleyrand au
congrès de Vienne: Cela va toujours beaucoup mieux en le disant. Donc,
cela clôt ce qu'on avait à dire concernant le comité
d'accréditation. Non, il y a peut-être encore un détail. On
demande aussi qu'il y ait des personnes suppléantes. Puisque ce sont des
personnes prises dans le milieu, qui ne sont pas des fonctionnaires et qui sont
là sans salaire, que ce sont des gens qui ont leur activité
d'étudiant, d'administrateur, de représentant de professeurs ou
de professeurs qui y siégeront, à ce moment-là, il faudra
que des suppléants soient nommés et que le comité
siège avec le même nombre.
Dernier détail relativement à ce comité. On est
d'accord pour qu'un étudiant qui provient d'un campus où il y a
un litige ne siège pas au même comité où il y a des
décisions à rendre concernant un litige de son campus, mais qu'il
en soit de même pour les autres membres aussi. Si un professeur ou un
administrateur provient de l'Université de Montréal et qu'il y a
là un litige à régler, que les membres autres que les
étudiants n'y siègent pas non plus. Je pense que c'est tout
à fait logique.
Dernière modification, à l'article 31. Il y a quelque
chose de fondamental dans le projet de loi qui dit que les associations ou les
regroupements d'associations pourront désigner des membres aux instances
des collèges ou des universités. Je vous signale qu'il y a
là un trou juridique énorme. En jurisprudence, le terme
"désigner" a peu ou pas de portée. "Désigner" a un sens de
consultation. Une association étudiante aura beau désigner des
membres pour siéger aux instances de l'université ou du
collège, cela n'aura aucune portée parce qu'une administration
pourra dire: Oui, on est d'accord avec la loi 32. Oui, vous avez
désigné des étudiants, mais on en nomme d'autres, parce
que la désignation nous laisse le pouvoir en dernier ressort de nommer
qui on veut, selon nos règlements. Donc, nous vous demandons de changer
le terme "désigner", à l'article 31, par le terme "nommer" ou
"révoquer". À ce moment-là, il n'y a pas
d'ambiguïté et c'est clair pour tout le monde. Il y a à cela
des raisons juridiques sérieuses et vous pouvez aller vérifier la
jurisprudence qui est à l'appui de ces prétentions.
Tous les autres changements mis en annexe, qui sont proposés en
parallèle à la fin du document, sont importants aussi. On s'est
donné la peine de les faire, je vous demande donc de vous donner la
peine de les regarder. Compte tenu du temps dont nous disposons aujourd'hui, je
vais conclure là mes représentations relativement aux
modifications à faire au projet de loi. J'attire votre attention sur
deux points qui sont absolument capitaux, c'est-à-dire donner une plus
grande juridiction à l'actuel comité d'accréditation et
modifier l'article 58 pour enlever le délai de deux ans. Je pense que
c'est fondamental. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): II reste 14 minutes pour
chaque côté. M. le ministre.
M. Laurin: Je vais saluer d'abord la représentation
nombreuse et diversifiée du rassemblement des associations
étudiantes universitaires et, en même temps, le remercier pour le
rapport très étoffé et pertinent qu'il nous a
présenté. Cela ne m'étonne pas parce que j'ai
déjà eu l'occasion, à trois reprises, de me retrouver avec
ces gens, soit aux deux colloques que M. Baillargeon a mentionnés et
aussi à l'atelier de concertation que nous avons tenu au sujet des
universités et j'ai été en mesure d'apprécier,
chaque fois, le caractère sérieux, positif, constructif et
démocratique de leurs interventions. On veut bien souligner que ce
projet de loi n'est peut-être pas suffisant pour tout ce que le RAEU a
pensé et demandé au cours des dernières années,
mais, comme on l'a dit, c'est une structure minimale qui constituera une base
solide pour les efforts ultérieurs. Même si la loi 32 constitue un
point d'arrivée, c'est aussi un point de départ pour d'autres
démarches qui devront suivre, si l'objectif que nous visons tous doit
être atteint, c'est-à-dire celui de redonner à la voix
étudiante, aussi bien au sein des établissements que dans la
société, toute la place et l'importance qu'elle doit avoir. C'est
un premier pas dans la bonne voie, comme on l'a dit, bien que modeste, mais
l'important, c'est souvent le premier pas, car ensuite il y en a d'autres: un
deuxième, un troisième et tous les autres qui suivent.
Je veux limiter mes interventions à quelques points que M.
José Roy a soulevés. Le premier concerne la reconnaissance des
associations étudiantes de deuxième et troisième cycle. Je
reconnais que nous avons ici affaire à une situation variable selon les
établissements, mais, si nous n'avions pas retenu, au départ,
cette suggestion, c'est que je me rappelais très bien l'intervention de
la présidente de la FAPUQ lors du colloque auquel j'ai assisté et
où on nous disait que les intérêts des étudiants de
deuxième et troisième cycle étaient quand même
différents de ceux du premier cycle et que les regrouper pouvait donner
l'occasion ou des raisons à des tiers de prétendre à la
non-représentativité ou à la faible
représentativité des associations de deuxième cycle. Pour
ne pas encourir l'inconvénient de voir mettre en doute la
représentativité des associations de deuxième et
troisième cycle, nous n'avions pas retenu cette suggestion, mais, comme
on nous fait la demande aussi bien de la part de la CREPUQ que du RAEU, je suis
prêt à reconsidérer la formulation actuelle du projet de
loi à cet égard.
On nous signale aussi, en deuxième point, en
référence à l'article 58, qu'il conviendrait
peut-être de modifier la formulation, de réduire la période
de deux ans ou même de reconnaître automatiquement les associations
existantes. Je veux dire au RAEU que la seule raison pour laquelle nous avons
mis ce terme de deux ans, c'est que nous voulions nous assurer que
l'automatisme de cette mesure transitoire de reconnaissance des associations
existantes ne s'appliquerait qu'à des associations ayant fait leurs
preuves en termes de stabilité. Je reconnais, cependant, que le terme de
deux ans est arbitraire et il est possible qu'à un examen plus
approfondi, à la suite de vos remarques, nous en venions à la
conclusion qu'il faille réduire d'une façon substantielle ce
terme de deux ans que nous avions fixé à la loi.
La troisième demande est plus importante selon même ce
qu'on nous a dit. C'est qu'il s'agirait de demander au comité
d'accréditation de servir d'instance, non plus d'appel, mais
également comme tribunal pour les cas de litige. Cette demande est
beaucoup plus sérieuse parce que le but du projet de loi était
d'instituer un comité d'appel et non pas une sorte de tribunal
administratif. Il y aurait là deux objets maintenant, un objet
additionnel que l'on voudrait ajouter. J'ai suivi avec attention
l'argumentation présentée, mais je ne peux sûrement pas me
commettre à l'heure actuelle. Il faudra que nous examinions les
règles de pratique. Il nous faudra examiner, par exemple, si cette
charge qu'on nous recommande d'ajouter au comité ne convient pas
davantage à un tribunal proprement dit et il nous faudra aussi
répondre à la question suivante: Est-ce qu'il est normal qu'on
demande à un comité qui est chargé d'appliquer la loi
d'être également responsable de son interprétation? (16 h
45)
De toute façon, ce sont des questions que j'ai à l'esprit
et nous tenterons d'examiner plus à fond l'argumentation qui nous est
soumise pour voir jusqu'à quel point nous pouvons suivre le proposeur de
cet amendement.
On nous demande aussi de changer le
mot "désigner" par les mots "nommer" et "révoquer". Je
rappelle au RAEU que, si nous avons utilisé ce mot, c'est qu'il
correspond à ce que contiennent, actuellement, les chartes des
universités. S'il nous fallait changer le mot "désigner" par un
autre mot, il est possible qu'on soit obligé, par voie de
conséquence, de faire des modifications aux chartes des
universités. Par ailleurs, dans mon esprit, le mot "désignation"
oblige à la nomination. Mais là encore, nous examinerons d'une
façon plus approfondie la suggestion qui nous est faite.
Quant aux autres amendements qui nous sont suggérés, je
répondrai simplement, comme j'ai répondu au président de
la CREPUQ ce matin, que, même si nous n'avons pas le temps d'en discuter
à fond, lors de cette commission parlementaire, je m'engage à y
apporter la plus sérieuse des attentions, à l'égal des
efforts que le RAEU a faits pour nous présenter le document
étoffé et pertinent qui nous est remis cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. La
parole est au député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Je tiens
également à remercier, au nom de mes collègues de
l'Opposition, le RAEU pour la présentation de son mémoire.
J'aurais une petite question. Sans douter de la
représentativité, vous nous dites que vous représentez 50
000 membres. À ma connaissance, il y aurait environ 135 000
étudiants au niveau collégial au Québec. Peut-être y
en aurait-il le même nombre au niveau universitaire, ce qui veut dire
qu'il y en aurait peut-être un nombre d'environ 200 000 qui ne serait pas
du tout représenté ou qui serait représenté par
d'autres groupes. Est-ce exact?
Je ne tenais pas à dire cela pour mettre en boîte...
M. Baillargeon: Est-ce qu'on pourrait répliquer? Je
voudrais simplement mentionner que le RAEU n'est que de niveau universitaire,
donc pas nécessairement de niveau collégial, et au niveau
universitaire, ce ne sont pas toutes les associations étudiantes qui
font partie d'une association nationale.
Compte tenu de celles qui sont membres d'une association nationale, le
RAEU représente quand même une bonne fraction du niveau
universitaire.
M. Dauphin: D'accord. Si je me réfère à un
report, au cours de nos discussions précédentes, de l'adoption du
projet de loi -on reçoit des télégrammes depuis quelques
jours du Conseil des collèges et de la Fédération des
cégeps qui vont aussi émettre leur point de vue au cours de la
journée -vous semblez dire que la catastrophe que l'on aurait
effectivement à subir finalement serait au niveau de la cotisation,
à l'automne, pour certaines institutions.
Je veux connaître votre opinion sur ce sujet, à savoir si
cette catastrophe n'aurait pas pu être évitée en amendant
tout simplement la loi des collèges pour utiliser le mot "doit" au lieu
du mot "peut" lorsqu'il qu'il y a entente entre une administration locale et
une association d'étudiants et que l'on règle ce
problème-là avec les avis juridiques que vous avez reçus,
à savoir qu'il y aurait une délégation, delegatus non
potest delegare, illégale de pouvoirs. N'aurait-il pas été
possible d'amender la loi et d'attendre une plus large consultation comme
plusieurs groupes le recommandent au niveau de ce projet de loi-là?
M. Roy: La voie que vous nous proposez est complètement
impraticable pour une raison fort simple au niveau juridique.
Au niveau des collèges, il aurait pu y avoir amendement à
l'article 24 de la loi des collèges. On aurait pu changer le mot "peut"
par le mot "doit" et allonger un peu l'article, comme cela a été
fait dans le projet de loi actuel. C'est une partie.
Cependant, il reste l'ensemble des institutions universitaires qui sont
régies par la Loi sur l'Université du Québec et toutes les
autres par des chartes particulières qu'il aurait fallu, au même
moment, amender. Et tout cela aurait été un processus
législatif beaucoup plus long, beaucoup plus complexe que la
démarche actuelle, c'est-à-dire de présenter un projet de
loi relatif aux associations étudiantes. Cela aurait demandé
beaucoup plus de modifications techniques et cela aurait finalement abouti
à un résultat beaucoup moindre parce que ce processus n'aurait
pas pris, dans son ensemble, le problème des associations
étudiantes. Mais cela aurait réglé, pour un temps
seulement, le problème de la perception des cotisations en laissant de
côté tout le reste des principes; principes où on retrouve
plusieurs de nos propositions dans l'actuel projet de loi 32. Donc, il y a
plusieurs bonnes raisons pour ne pas avoir procédé autrement
juridiquement. C'est pour cela que nous avons demandé au gouvernement un
projet de loi particulier relatif aux associations étudiantes. L'autre
voie nous semblait impraticable à court terme tant politiquement que
juridiquement.
M. Dauphin: J'ai droit à combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Cela baisse. Encore neuf
minutes.
M. Dauphin: Encore neuf minutes.
Effectivement et malheureusement, je le souligne au même titre que
vous, je ne crois pas que ce soit en douze minutes qu'on aura le temps de
passer à travers le projet de loi et tous les amendements que vous
proposez. J'ai eu l'occasion de parler un peu ce matin - on en avait
discuté aussi à mon bureau récemment - du caractère
représentatif de l'article 6.2. On exige actuellement par la loi, pour
qu'une association devienne accréditée, que cela
représente 25% des étudiants du collège ou de
l'institution. Alors, j'aimerais savoir de vous si vous ne seriez pas
plutôt d'accord que ce soit un taux de participation plutôt qu'un
chiffre arbitraire de 25%, parce qu'on sait qu'en pratique - on en a fait
état ce matin - il y a rarement 80% des étudiants d'un
collège qui seraient à une assemblée
générale.
De plus, vous l'avez peut-être dans vos amendements, mais je n'ai
pas eu le temps...
M. Roy: M. le député, on l'a dans nos amendements
proposés. On propose de revenir à l'article 45...
M. Baillargeon: Page 40.
M. Roy: ...ou à l'article 46 de la troisième
version du projet de loi que nous avons nous-mêmes
préparée, pour une raison fort simple. C'est que c'est beaucoup
plus applicable et cela tient beaucoup plus compte de la réalité
universitaire de demander un pourcentage de participation et, parmi ces
participants, une majorité simple, parce que les formulations actuelles
ou les formulations proposées, tant par la CREPUQ que par le
gouvernement, sont difficiles d'application. Ce qu'on propose, c'est quelque
chose qui tienne compte de la taille des institutions, de la taille des
associations étudiantes ou de l'unité d'accréditation
visée. La règle qui se trouve à l'article 46, je vous
suggère de l'étudier avec attention et de la comparer, par
exemple, aux règlements de l'Université Laval et de
l'Université de Montréal, qui ont fait l'objet d'ententes entre
l'administration et l'association étudiante, qui ont fait en- sorte que
la CADEUL et la FAECUM ont commencé à exister. La règle
prévue à l'article 46 de notre projet de loi qu'on propose de
mettre comme critère de validité d'une consultation a subi
l'épreuve de la réalité et l'épreuve du temps et a
prouvé qu'elle était pratique d'application tant à
l'égard des associations universitaires de grande taille qu'à
celles de petite taille.
Autre chose, relativement aux types de consultations:
référendum, assemblée générale, etc. On
propose de laisser cela à la régie interne des associations parce
qu'il n'y a pas de modèle de fonctionnement, comme tout le monde le dit,
y compris la CREPUQ. Cependant, on demande un taux de participation; donc,
quelle que soit la forme, cela demeure démocratique.
Mme Morency: Je vais compléter. Lorsqu'on parle d'un
pourcentage de participation, justement, dans un référendum, il
faut prendre en considération un certain contexte. Pour des petites
associations qui représentent 500 ou 1000 étudiants, un
pourcentage comme celui-là pourrait être atteignable, mais il faut
prendre en considération les gros campus, les campus entre autres de 20
000 étudiants où il y a une difficulté de rejoindre les
étudiants. Je pense entre autres aux étudiants qui sont en stage,
qui ne vont jamais à l'université et qu'on ne peut pas rejoindre.
Il y a également des étudiants à temps partiel qui vont
à un cours par semaine. Alors, il ne faut pas croire que les gens qui ne
se présentent pas au scrutin sont nécessairement contre et il
faut laisser le soin aux gens qui viennent voter de voter oui. Je pense qu'on
pourrait comparer cela aux élections d'un député. Les gens
qui ne viennent pas voter, ce ne sont pas nécessairement des gens qui
sont contre.
M. Roy: J'ai un exemple cocasse. Si, par exemple, l'actuel
critère de validité de représentativité du projet
de loi était appliqué au niveau des municipalités, il
faudrait peut-être faire l'exercice par informatique parce que ce serait
long. Je suis prêt à vous gager qu'il n'y aurait pas le quart des
maires au Québec qui seraient élus parce qu'il n'y aurait pas un
pourcentage de participation suffisant. C'est la même chose pour les
commissions scolaires. Donc, dans des institutions de tailles comparables, par
exemple, un campus de 20 000 personnes et une ville de 20 000 personnes, cela
se compare quand on parle de processus électoral, mais il n'y aurait
personne d'élu, il n'y aurait pas de maire.
M. Dauphin: Si vous permettez, M. le Président, j'aimerais
prendre un instant pour parler des associations nationales. On s'entend tous
pour dire que c'est le silence parfait dans le projet de loi 32. Vous en faites
état dans vos amendements, si j'ai bien compris. Est-ce que vous
pourriez nous préciser quelles seraient les modalités d'une
association nationale? En pratique, nous savons tous ce que c'est. Mais comment
définiriez-vous cela, si vous aimiez voir une association nationale
incluse dans le projet de loi, pour être représentative?
M. Baillargeon: Nos amendements s'inspirent d'articles de notre
avant-projet de loi. C'est à la page 39 de notre mémoire.
Finalement, ce serait un article qui s'ajouterait à la suite de
l'article 5, si on veut. C'est inspiré de l'article 151 de notre
avant-projet de loi. On voudrait qu'une
association nationale puisse être accréditée si elle
représente au moins 20% des étudiants d'un niveau d'enseignement.
Une association pourrait aussi être accréditée pour plus
d'un niveau si elle représente deux niveaux.
Le pouvoir que cela donnerait à l'association nationale, c'est
finalement d'avoir un droit de consultation exclusif concernant la nomination
des étudiants au Conseil des universités - pour ce qui est du
niveau universitaire - au Conseil supérieur de l'éducation et au
comité d'accréditation formé par la présente
loi.
C'est important pour nous. En ce qui concerne le comité
d'accréditation dans la présente loi, on a dit qu'on consulterait
les associations étudiantes. On voudrait que ce soient les associations
nationales qui soient consultées pour ce type de nomination,
étant donné qu'elles sont regroupées, qu'elles ont un
poids, finalement, plus grand qu'une seule association isolée. C'est
cela.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez une
dernière question?
M. Dauphin: J'y reviendrai tantôt. Il me reste bien
quelques petites minutes.
Le Président (M. Laplante): Oui, il vous reste deux
minutes.
M. Dauphin: Deux minutes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je voudrais d'abord
demander aux gens du RAEU qui représentent - comme ils le savent et
comme on le sait tous - une des deux tendances actuelles dans le milieu
étudiant par rapport à cette question de reconnaissance et de
financement des associations étudiantes, par rapport à l'autre
tendance, pourquoi ils ont finalement opté pour la voie
législative. Je sais que vous en avez parlé tantôt. Je
pense que c'est au coeur du problème. On ne se le cachera pas. On aura
des représentations de l'ANEQ tout de suite après qui nous diront
qu'on aurait dû trouver une autre approche ou qu'on n'aurait pas dû
s'en mêler du tout. Pourquoi nous suggérez-vous d'opter pour la
voie législative? Est-ce que vous ne craignez pas là la mainmise
de l'État sur les associations étudiantes?
M. Baillargeon: Par rapport à cette question, ce qu'il
faut voir, c'est que, déjà, sans projet de loi, les associations
étudiantes et les étudiants sont déjà régis
par des lois et des règlements, que ce soient des lois ou des chartes
découlant des universités ou des règlements que celles-ci
appliquent. Dire qu'une loi brimerait nos droits et notre liberté est
faux puisque, actuellement, faute de lois adéquates, on est justement
brimé dans la liberté de s'associer et de représenter les
étudiants, souvent sur les structures. C'est une bataille à
recommencer chaque année.
Ce qu'on veut, finalement, c'est mettre fin à l'arbitraire
actuel, c'est-à-dire au trou que représente l'absence de lois
adéquates pour notre reconnaissance. Il y a déjà des lois
qui existent ou des règlements qui régissent la reconnaissance ou
l'absence de reconnaissance. Ces règlements sont inadéquats ou
sont soumis à l'arbitraire des administrations universitaires ou
à la troisième partie de la Loi sur les compagnies, qui est
totalement inadéquate pour la perception de nos cotisations de
façon obligatoire. Une loi permettrait justement, au contraire, de mieux
protéger nos droits quant à la reconnaissance et au
financement.
Mme Morency: Vous savez, M. le Président, dans la mesure
où la loi actuelle a des trous, on croit qu'une des façons de
corriger le problème est en faisant une autre loi. Certaines
associations étudiantes qui s'opposent au projet de loi - vous pourrez
les entendre tout à l'heure - ont la mémoire courte et ne se
rappellent pas les problèmes vécus par les associations
étudiantes avant l'invalidité de la directive 204.07. En effet,
la loi 32, justement, pourra permettre de revenir au beau temps de directive
204.07. Je me permettrai de mentionner que la loi 32 permettra d'assurer une
certaine stabilité aux associations et les autorisera à relever
des défis plus importants, plus engageants, plus valorisants
plutôt que de nous attarder continuellement, d'année en
année, à notre survie financière. (17 heures)
M. Baillargeon: Juste un complément d'information. Pour
ceux qui ne connaîtraient pas la directive 204.07, elle permettait aux
administrations - et cela s'est appliqué au niveau collégial -
d'imposer des contrats de services ou des contrats disciplinaires en retour de
la perception des cotisations étudiantes. À la suite d'un avis du
ministère de l'Éducation, cette directive a été
abolie parce qu'elle permettait cet arbitraire-là et l'on ne voudrait
pas retourner en arrière.
M. Charbonneau: Que pensez-vous de la proposition qui a
été faite ce matin par la CREPUQ de se contenter de la
reconnaissance d'associations générales et d'associations de
campus, évitant ainsi de s'engager dans la voie de la reconnaissance des
associations de facultés, de départements, de modules, de
familles, etc.?
M. Gauthier (Jacques): Est-ce que je peux me permettre
d'intervenir? C'est qu'il y
a un certain nombre d'associations de campus qui ont choisi un mode de
regroupements fédératifs. C'est évidemment important pour
elles d'être consolidées dans leur base, c'est-à-dire dans
les associations locales de départements, de facultés, de
modules, etc. Or, dans la mesure où ces associations de base peuvent
être solidifiées par une loi qui leur permettra d'être
financées et de percevoir une cotisation, les associations de campus
pourront évidemment être d'autant plus solides. Mais il est
nécessaire, d'après moi, de commencer par le bas et d'y
aller...
M. Roy: Comme il vient de le souligner, il y a aussi des raisons
d'ordre juridique, comme le fait de pouvoir percevoir une cotisation, mais il y
a également des raisons d'ordre pratique. Reconnaître le toit d'un
édifice lorsqu'on ne reconnaît pas la charpente en dessous, il y a
comme un bris de logique quelque part.
Prenons comme exemples l'Université de Montréal,
l'Université Laval et plusieurs autres endroits. La structure
fédérative est la seule qui puisse permettre l'existence
d'associations étudiantes au niveau du campus. Si on reconnaît une
association de campus, comme le proposent les recteurs, qui ne repose sur rien,
il faut donc demander au gouvernement d'adopter une loi où les
associations de campus seraient reconnues, mais il n'y aurait pas moyen de la
mettre au monde et de la garder vivante, cette association de campus. La
nécessité de la reconnaissance ou de l'accréditation des
associations locales, c'est une chose vitale dans des institutions comme
celles-là. On ne pourrait pas penser que cela fonctionne autrement.
M. Charbonneau: M. le Président, au sujet de l'article 31,
nous avons également eu une demande ce matin de faire en sorte qu'un
autre processus que celui qui est prévu à l'article 31
prévale pour la désignation des représentants
d'étudiants à divers conseils, commissions, comités. On
proposait ce matin, au nom de la CREPUQ, que ce ne soient pas les associations
étudiantes reconnues qui aient le privilège de nommer ces
représentants étudiants. Est-ce que vous partagez ce point de
vue?
M. Roy: On ne peut absolument pas partager ce point de vue pour
une raison fort simple. Les universités n'ont pas de lois relatives aux
associations étudiantes ou de règles. Elles ont toute latitude
pour adopter les règlements qu'elles veulent bien relativement à
la nomination et à la désignation de représentants
d'étudiants et d'étudiantes aux instances.
Il y a certains endroits, il faut le mentionner, où ça
s'est bien passé déjà et où, par exemple en droit,
à l'Université
Laval et je pourrais vous sortir plusieurs exemples, de fait, on
reconnaît les représentants des associations étudiantes.
Nous demandons que cela soit sanctionné dans une loi parce que, dans une
telle situation, cela fonctionne bien.
Lorsque les choses fonctionnent mal ailleurs, lorsqu'il survient des
litiges sur la nomination des étudiants, c'est parce que
l'université n'a pas nécessairement un processus très
démocratique. C'est un processus qui relève de vieilles
règles du Moyen Âge, alors que l'université était
très élitiste, comme les lois du collège électoral,
qui est une garantie absolue de non-représentativité.
Le RAEU a toujours été une organisation soucieuse non
seulement d'être représentative de ses commettants, mais aussi
d'avoir des règles et de proposer des règles, comme notre ancien
article 45, qui établissent à la face de tout le monde notre
représentativité. Une fois celle-ci établie, on
réclame le droit de nommer des représentants, c'est aussi simple
que cela. C'est très démocratique. Il n'y a aucune
université, ni la CREPUQ, qui vous a proposé d'autres
mécanismes précis pour arriver à ces fins-là. Si on
laisse cela de côté, on laisse continuer la situation actuelle. Si
ça va bien, tant mieux et, si ça va mal, tant pis, alors qu'un
projet de loi vise à corriger des situations qui méritent de
l'être.
Puisque vous vous penchez sur ce sujet et que vous l'étudiez,
c'est qu'il y a, de fait, la reconnaissance de certains problèmes
à régler, et cela en est un. Puisqu'ils n'ont proposé
aucune autre chose, quel choix pouvez-vous faire? Nous vous proposons une
solution précise, applicable et concrète. Vous pouvez prendre
connaissance de nos représentations sur l'article 31.
M. Charbonneau: Merci, monsieur.
Le Président (M. Laplante): Dernière question, M.
le député d'Argenteuil. Vous êtes-vous arrangé avec
votre commettant? Il reste une question que vous pouvez poser.
M. Gauthier (Jacques): On pourrait peut-être
compléter l'argumentation sur l'article 31. À la page 43 du
mémoire, on présente des amendements qu'on voudrait voir,
éventuellement, apporter à la loi parmi lesquels on aimerait voir
inscrire que les étudiants soient nommés comme
représentants ou à titre d'étudiants aux instances
universitaires. Ce matin, on a entendu l'argumentation de la CREPUQ qui, pour
assurer une meilleure représentativité du corps étudiant
au sein des instances -comme, par exemple, à l'Université de
Montréal, chez nous, il y a l'assemblée universitaire où
tous les gens sont réunis pour adopter les orientations de
l'université,
le conseil de l'université, le conseil d'administration et la
commission des études - où des étudiants sont
nommés, proposait qu'une assemblée quelconque d'étudiants
élise les étudiants qui iraient représenter ces
gens-là. Je pense que le projet de loi, tel qu'il est
présenté, vise à assurer que les associations
étudiantes soient justement représentatives. On propose un
processus qui va former un test de représentativité au bout
duquel l'association sera considérée comme représentative
de ses membres.
Je pense que, dans les chartes des universités qui
prévoient que des étudiants siégeront aux structures
universitaires, l'idée qui a mené justement à ce que les
étudiants y siègent, c'est qu'on voulait avoir des
représentants d'un corps d'intervenants distinct dans la
communauté universitaire. Alors, l'idée que ces étudiants
soient nommés par l'association qu'ils représentent, c'est
justement assurer la représentativité maximale des gens qu'on
nomme comme étant des représentants de ce corps.
D'ailleurs, en pratique, à l'Université de
Montréal, au conseil de l'université, il y a deux
étudiants qui sont nommés. C'est le conseil d'administration et
en pratique, c'est la FAECUM qui les nomme. Cela se fait d'une manière
très pratique. Il n'y a jamais eu de problème jusqu'à
maintenant et on aimerait que cela soit sanctionné dans la loi pour que
la situation ne soit pas strictement artificielle; on veut vraiment que cela
fontionne en pratique.
Le Président (M. Laplante): Merci. Je ne peux accorder que
de courtes questions des deux côtés, vu que le temps est
dépassé. Une courte question, M. le député.
M. Ryan: Ma question peut être courte, mais je serais
surpris que la réponse puisse être claire dans l'espace de
quelques mots. Moi, je ne comprends pas encore clairement. Il y a deux
modèles d'accréditation qui me semblent être
proposés. La conférence des recteurs, ce matin, en mettait un sur
la table. Elle disait qu'elle donnait sa préférence à une
association de type général. Vous autres, est-ce que je dois
comprendre que vous favorisez le modèle suivant: association
d'établissement pour commencer, obligatoire, et ensuite regroupement, au
niveau général, de tout un campus universitaire, ou si vous
prévoyez que cela peut être un choix libre entre les deux
formules? Et comment ce choix se ferait-il? Est-ce que le projet de loi vous
apparaît clair à ce sujet?
M. Roy: M. Ryan, le projet de loi est très clair
là-dessus. Étant donné sa formulation, il permet les deux
types d'association. Comme par exemple, l'Université du Québec
à Montréal a une structure qui elle est générale.
Cela serait permis, une accréditation générale pour
l'ensemble de l'université sans qu'il y ait d'accréditation
locale parce que l'UQAM est un établissement et, dans un
établissement, il peut y avoir une association d'étudiants
accréditée. À ce moment-là, cela permet le
modèle général. Deuxième chose, le modèle
fédératif est aussi prévu. Nous, ce qu'on demande, ce sont
des aménagements aux règles qui régissent ce modèle
fédératif de façon qu'il soit plus applicable. Le projet
de loi a le très grand mérite - et on loue tous ceux qui y ont
travaillé - de respecter ce qui fonctionne bien jusqu'à ce jour
dans les universités de ne pas "bulldozer" cela puis créer une
situation qui ne serait pas applicable. Il faut aussi que cela soit ainsi, il
faut que les modèles soient possibles.
M. Ryan: En même temps?
M. Roy: Pas en même temps sur le même campus, mais
si, sur un campus, cela fonctionne bien dans un modèle, que la loi le
permette, et si cela fonctionne différemment sur un autre campus, que la
loi le permette.
Le projet de loi le permet, on s'en estime satisfait.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. Pour autant
que la question et la réponse soient très courtes, parce qu'il
faut passer un autre groupe avant le souper.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin- gue): Cela a
passé inaperçu et je pense que c'est très important. Cela
a été soulevé par le RAEU. Ce sont deux choses que
devraient retenir les participants de la commission, c'est-à-dire la
proposition que les étudiants, les associations étudiantes aient
le droit d'évaluer les enseignants et leur enseignement, qu'ils aient
droit à la reconnaissance de crédits et à la participation
étudiante.
Enfin, l'autre chose, c'est naturellement de pouvoir nommer ou
démettre le directeur des services de la vie étudiante.
Moi-même, ayant été "sacré" dehors par un directeur
de la vie étudiante, j'espère que, en tout cas... J'estime que
c'est un élément très important pour le mouvement
étudiant de pouvoir nommer et démettre son directeur de la vie
étudiante, parce que c'est arrivé à certaines occasions.
J'ai même rencontré un de mes collègues étudiants de
l'université tantôt qui m'a dit qu'il avait passé par cette
petite hantise quelques années après mon passage sur le
campus.
Donc, la première chose, je la trouve très importante;
cela permettrait de reconnaître l'évolution de l'étudiant
comme partenaire véritable au processus décisionnel et à
toute orientation que l'université doit prendre. J'attire l'attention
des membres de
la commission sur ces deux aspects-là.
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez donc pas de
question?
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue): Non, c'est un
commentaire.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Laurin: Je veux simplement remercier encore une fois le RAEU
pour son excellent mémoire et l'assurer que nous étudierons avec
attention tout ce qui n'a pu faire l'objet de nos échanges cet
après-midi.
Le Président (M. Laplante):
Mesdemoiselles, messieurs, les membres de la commission vous remercient
pour votre participation. J'appelle maintenant l'exécutif de
l'Association nationale des étudiants et étudiantes du
Québec.
M. Charbonneau: M. le Président, pendant que les gens de
l'ANEQ vont s'installer, je voudrais faire une correction à la motion
que j'ai présentée tantôt. J'ai présenté une
motion pour faire en sorte que le mémoire de l'Association
générale des étudiants de l'Université du
Québec à Trois-Rivières soit déposé. Il
faudrait plutôt comprendre qu'il s'agit du mémoire du
comité ad hoc de l'Association générale des
étudiants de l'Université du Québec à
Trois-Rivières. Si on ne fait pas cette précision-là dans
le journal des Débats, je pense que les gens qui ont travaillé
à ce document pourraient, par la suite, avoir des problèmes au
sein de leur association, n'ayant pas eu le mandat spécifique de
représenter l'ensemble de l'association.
Le Président (M. Laplante): D'accord, rectification
faite.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ryan: ...est-ce que je pourrais soulever un petit point
pendant qu'ils s'installent?
Le Président (M. Laplante): Allez-y donc, M. le
député.
M. Ryan: C'est à propos des organismes appelés
à témoigner devant nous. Il y quelqu'un dans la salle qui,
tantôt, m'a fait une remarque relative aux étudiants
gradués. Je pense, d'après ce que je peux comprendre, qu'on
n'aura aucun point de vue présenté par les étudiants
gradués. Je ne sais pas si le ministre pourrait au moins examiner la
possibilité - ne serait-ce qu'un quart d'heure - d'entendre ce point de
vue. Il me semble très important dans l'ensemble de la question. Je ne
voudrais pas qu'on la règle seulement par des points de vue très
généraux comme ceux qu'on va entendre, mais qu'on ait au moins la
chance d'avoir quelques aperçus.
M. Laurin: Je vais examiner...
M. Ryan: J'aurais peut-être des suggestions à faire
au ministre plus tard, je n'en n'ai pas pour l'instant, mais je voudrais le
prévenir pour que cela ne soit pas une affaire en dessous de la
table.
Exécutif de l'Association nationale des
étudiants et étudiantes du Québec
Le Président (M. Laplante): MM. les étudiants - je
ne vois pas de femme parmi vous... Vous êtes M. Legendre?
M. Legendre (Patrice): Oui.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez identifier
votre organisme, vous identifier et identifier les gens qui vous accompagnent
aux fins du journal des Débats. Je vous demanderais - parce qu'on a
l'intention de terminer votre mémoire avant le souper - une pleine
coopération pour que vous puissiez synthétiser votre
mémoire au strict minimum des recommandations. Vous avez vu les
difficultés que cela pose actuellement. Plusieurs députés
avaient des questions à poser tout à l'heure qu'ils auraient
aimé poser, mais, à cause du manque de temps pour la
présentation et les questions, il n'y a pas eu beaucoup de questions
posées. Je demanderais votre coopération sur ce point. Allez, M.
Legendre.
M. Legendre: On peut vous assurer de notre entière
collaboration.
Le Président (M. Laplante): Parlez plus fort.
M. Legendre: Mon nom est Patrice Legendre. Je suis
secrétaire général de l'Association nationale des
étudiants et étudiantes du Québec. Dans notre
délégation, vous retrouverez des membres de l'exécutif de
l'ANEQ, de même que des représentants d'associations membres de
l'ANEQ, tant universitaires que collégiales, et d'associations
non-membres. (17 h 15)
À partir de la droite, il y a M. André Gagnon,
vice-président externe du regroupement des étudiants de soir du
collège du Vieux-Montréal, M. Jean-Pierre Paquette, responsable
à l'information de l'Association générale des
étudiants de l'UQAM, M. Stéphane Corriveau, conseiller
aux affaires externes pour l'Association générale des
étudiants du cégep de Bois-de-Boulogne et membre du conseil
central de l'ANEQ, M. Guy Cournoyer, secrétaire à l'information
de l'Association générale des étudiants et
étudiantes du cégep de Saint-Hyacinthe, M. Alain Nadeau,
représentant de l'Association générale des
étudiants du collège de Sherbrooke, M. Michel-Adrien Sheppard,
délégué du comité des affaires externes à
l'ANEQ de l'Association des étudiants de McGill, M. Jean-Marie
Vézina, officier aux affaires externes pour l'exécutif de l'ANEQ,
M. Jean Robitaille, officier au programme pour l'exécutif de l'ANEQ, M.
Pete Wheeland, officer à l'information pour l'exécutif de l'ANEQ,
M. Gilles-André Paquin, représentant de l'Association
générale des étudiants du cégep de Hull, M. Gilles
Boulé, secrétaire aux affaires externes pour l'Association
générale du collège de Trois-Rivières, M. Normand
Lalonde, représentant de l'Association générale des
étudiants du collège de Saint-Jérôme, M. John
Newburger, président du Student's Executive Council du collège de
Champlain, campus de Saint-Lambert, M. John Salvo, membre du conseil
d'administration du collège de Champlain, M. Yvon D'Astou,
représentant de l'Association générale des
étudiants du collège de Saint-Laurent, M. Jean-François
Longpré, de l'Association des étudiants de l'Université
Concordia à Montréal; à mon extrême gauche, M.
Stéphane Savard, de l'Association des étudiants de jour du
Vieux-Montréal, M. Éric Gagnon, secrétaire
général de l'Association générale du collège
de Chicoutimi. Il n'y a plus de place autour de la table, de toute
façon!
Je vais commencer par faire la lecture du mémoire qui n'est pas
trop long. Le titre de notre mémoire - assez significatif je pense du
contenu - portant sur le projet de loi 32 est: Une ingérence
inadmissible dans notre vie démocratique, une menace à
l'autonomie de nos associations étudiantes.
D'abord, une présentation de ce qu'est l'ANEQ,
c'est-à-dire l'Association nationale des étudiants du
Québec. L'ANEQ existe depuis le 22 mars 1975. L'objectif premier de
notre association nationale est de regrouper toutes les associations
étudiantes afin de travailler ensemble pour défendre et
promouvoir les intérêts académiques, économiques et
sociaux des étudiantes et des étudiants.
L'ANEQ est composée d'associations étudiantes locales. Une
association devient membre lorsque les étudiantes et lesétudiants de l'institution concernée le décident
suivant les instances démocratiques de l'association.
L'ANEQ représente aujourd'hui les associations étudiantes
suivantes: l'Association des étudiantes et étudiants du
cégep de Saint-Laurent, l'Association générale des
étudiantes et étudiants du cégep de Bois-de-Boulogne,
l'Association générale des étudiantes et étudiants
du cégep André-Laurendeau, l'Association générale
des étudiantes et étudiants du cégep du
Vieux-Montréal, l'Association des étudiantes et étudiants
de soir du cégep du Vieux-Montréal, l'Association
générale des étudiantes et étudiants du
cégep Lionel-Groulx, l'Association générale des
étudiantes et étudiants du Collège de Lévis,
l'Association générale des étudiantes et étudiants
du cégep de Chicoutimi, l'Association générale des
étudiantes et étudiants du cégep de Victoriaville,
l'Association générale des étudiantes et étudiants
du cégep de la région de l'Amiante, le Regroupement des
étudiantes et étudiants du cégep de Saint-Félicien,
l'Association des étudiantes et étudiants du cégep de
Sherbrooke, l'Association générale des étudiantes et
étudiants du cégep d'Abitibi-Témiscamingue, l'Association
des étudiantes et étudiants du cégep de Saint-Hyacinthe,
l'Association générale des étudiantes et étudiants
du cégep de Sorel-Tracy, l'Association générale des
étudiantes et étudiants de l'Université du Québec
à Montréal, l'Association fédérative des
étudiantes et étudiants de l'Université de Sherbrooke, la
McGill Student's Society, l'Association générale des
étudiantes et étudiants de l'Université du Québec
à Chicoutimi, la Concordia University Student's Association.
Depuis notre dernière présence devant cette commission
parlementaire, il y a quelques mois, et n'en déplaise à certains
députés du côté gouvernemental, l'ANEQ a vu
augmenter son "membership" de 20 000 nouveaux cotisants du milieu
universitaire. En effet, l'ANEQ regroupe maitenant 120 000 étudiantes et
étudiants, ce qui en fait l'association étudiante nationale la
plus représentative et la mieux implantée dans le milieu
étudiant, cela tant au niveau collégial qu'universitaire.
M. le ministre de l'Éducation ne sera sûrement pas surpris
de constater que notre association s'oppose aujourd'hui avec vigueur à
l'adoption de la loi 32. Depuis longtemps déjà, l'Association
nationale des étudiantes et étudiants du Québec a
formulé, de manière très précise, des correctifs
à apporter au principal problème qu'affronte la grande
majorité des associations étudiantes: le refus administratif de
percevoir la cotisation étudiante.
Aussi, sommes-nous surpris de constater que le gouvernement
s'apprête à adopter une loi portant non pas sur cette question de
la perception, quoiqu'elle y soit abordée d'une façon accessoire,
selon nous, mais bel et bien sur un cadre juridique visant à
s'ingérer dans la vie associative de la jeunesse étudiante. Pour
le ministre de l'Éducation,
une association étudiante ne représente plus ses membres,
elle prétend les représenter. La nuance est de taille et rend
compte de cette tentative sans précédent de déstabiliser
le milieu étudiant.
Le ministre de l'Éducation a totalement ignoré les
positions et revendications de l'ANEQ dans ce dossier. Pourtant, dès sa
nomination, notre organisme avait revendiqué, pour les associations
étudiantes, le droit de jouir de la même reconnaissance de facto
que celle dont jouissent, par exemple, les comités de parents à
titre de représentants des usagers d'un établissement scolaire.
Il est vrai qu'une telle position de notre part, simple et logique, si elle
avait été entérinée, n'aurait pu permettre que l'on
fasse peser d'hypothèque sur l'autonomie des associations
étudiantes face aux administrations locales et au ministère de
l'Éducation.
Au cours du mois d'août 1980, le
secrétaire-trésorier de l'ANEQ réitérait nos
positions à l'actuel gouvernement concernant cette question du
financement des associations étudiantes. À cette occasion, les
revendications de l'ANEQ concernant, entre autres, la directive 204.07
étaient expliquées en détail à MM. les
députés Élie Fallu et Jean-Pierre Charbonneau, alors
respectivement adjoint parlementaire et responsable du dossier jeunesse pour le
gouvernement. Le 5 décembre 1980, une rencontre au sommet avec le
ministre de l'Éducation fut encore l'occasion pour nous d'informer
clairement l'actuel gouvernement de nos propositions pour résoudre le
problème de la non-perception de la cotisation étudiante dans
certains établissements collégiaux et universitaires. Lors de
cette rencontre, nous eûmes le loisir de préciser encore davantage
les positions de l'ANEQ concernant la directive 204.07, interprétant
l'article 24 de la loi sur les collèges, laquelle loi laisse à la
discrétion des conseils d'administration de percevoir ou non la
cotisation étudiante.
Afin d'être bien comprise, l'ANEQ faisait parvenir au
ministère de l'Éducation, au mois de janvier 1981, un document de
travail sur la directive 204.07. Par ce document, nous manifestions notre
volonté d'en arriver à une solution rapide du problème de
la perception de la cotisation étudiante au niveau collégial. En
plus de proposer des modifications à la directive 207.07, qui auraient
assuré l'indépendance des associations, ce document de travail
reconnaissait l'obligation, pour les deux parties, de conclure une entente
où chacune d'elle reconnaissait ses responsabilités.
À la suite du dépôt de ce document, une rencontre
eut lieu entre notre association et M. Michel Nadon, adjoint au sous-ministre,
afin de bien en préciser les termes.
Il s'avère aujourd'hui que, loin de tenir compte des positions de
notre association, le ministre a plutôt choisi d'identifier un tout autre
problème que celui pour lequel nous nous étions engagés
à proposer des solutions. Pour le ministre de l'Éducation, le
problème est l'existence autonome d'associations étudiantes qui,
dans une large mesure, ne souffrent pas et n'ont jamais souffert d'aucune
contestation de leur légitimité de la part de leurs membres.
Dans cette optique, la loi 32 est une véritable charge contre le
lieu de regroupement naturel et spontané que représente
l'assemblée générale dans les cégeps et dans les
universités, principalement celles du réseau UQ. C'est le
modèle unitaire de regroupement et la structure qui en est issue qui
sont attaqués par le projet de loi 32.
Face au parti pris affiché par le ministre de l'Éducation
pour un cadre juridique qui viendrait encarcaner les associatons
étudiantes, le XVIe congrès de l'ANEQ vient de prendre position
contre l'ingérence du gouvernement dans le fonctionnement des
associations étudiantes.
Ainsi, l'ANEQ a-t-elle déjà signifié au ministre de
l'Éducation qu'elle désirait: lo que les
administrations perçoivent à la source la cotisation
étudiante obligatoire et qu'elles la remettent aux associations
étudiantes, sans conditions et sans ingérence, de même que
les intérêts touchés par les administrations sur la retenue
desdites cotisations; 2° que le montant de cette cotisation obligatoire
soit fixé par l'instance suprême de l'association; 3° que le
pouvoir discrétionnaire vis-à-vis de la cotisation
étudiante revienne à l'association dans un caractère
d'autonomie administrative et d'indépendance politique; 4° que les
administrations locales soient obligées de reconnaître les
assemblées générales étudiantes comme étant
la seule instance pouvant parler au nom des étudiants et des
étudiantes; 5° que l'administration fournisse des locaux
adéquats pour le bon fonctionnement de l'association étudiante de
leur institution; 6° que l'on obtienne le maintien des périodes de
libération commune pour la tenue d'assemblées
générales et que ces périodes soient
déterminées par l'association étudiante.
En refusant que la cotisation étudiante fasse partie des frais
spéciaux qu'un collège peut percevoir au nom d'une association
étudiante, le ministère a sciemment accentué le vide
juridique déjà existant du temps de la directive 204.07. Ce
faisant, le ministre a mis la table pour de nouvelles règles du jeu et a
purement et simplement préparé le terrain pour justifier son
actuelle intervention juridique.
Pour les associations étudiantes que l'ANEQ représente et
eu égard aux principes de démocratie et d'indépendance qui
les
animent, le projet de loi 32 est en tout point inacceptable. Ce projet
de loi, par ses intentions comme par sa forme, introduit dans la vie
associative des étudiants et des étudiantes la volonté
d'intervention - et surtout le pouvoir d'intervention - d'instances et
d'individus tout à fait étrangers aux associations
concernées.
Advenant que le projet de loi 32 vienne à être
adopté, précipitamment comme cela semble être le cas, ou
tel quel mais à l'automne, les étudiants et les étudiantes
ne seront plus seuls à disposer de leur droit d'association. Ils devront
céder, sous l'impulsion de la loi, une part de leurs prérogatives
à des instances ou des individus qui disposeront d'un pouvoir
d'intervention considérable, démesuré et dangereux et ce
sans qu'ils aient d'aucune façon l'assurance que des amendements
à venir ou des directives éventuelles ne viendront pas leur en
retirer davantage. Il doit être dit clairement devant cette commission
que jamais l'ANEQ et la majorité du mouvement étudiant qu'elle
représente n'ont formulé une quelconque demande pour voir le
ministère de l'Éducation édicter comme il le fait des
règles pour l'accréditation des associations étudiantes.
La sollicitude du ministre de l'Éducation dépasse toute mesure.
C'est contre le gré des étudiants et des étudiantes qu'il
entend soi-disant faciliter leur droit d'association. Les associations
étudiantes ne sont pas malades et ce n'est surtout pas la loi 32 qui va
résoudre les problèmes qu'elles affrontent.
La présente commission doit être saisie de ce qu'est, selon
nous, fondamentalement le projet de loi 32. Son économie, sa logique en
font d'abord et avant tout une loi portant sur l'accréditation et non
pas une loi sur le financement des associations étudiantes, ce qui est
regrettable. Ce n'est pas simplement, selon nous, une question de nuance. Au
contraire, entre les deux, il y a tout un monde qui motive notre
opposition.
Au problème du financement des associations étudiantes,
qui relève pour une bonne part, comme nous l'avons montré, d'un
dessein délibéré de la part du ministère de
l'Éducation de pousser les associations étudiantes vers la
solution législative en leur coupant les fonds, des solutions sans
commune mesure avec le projet de loi 32 sont possibles. Nous en avons fait
état; d'autres organisations concernées également. Nous
devons constater à regret que, dans l'esprit du législateur, le
problème du financement est devenu accessoire, si ce n'est
prétexte à autre chose.
Toute lecture attentive de la loi 32 confirme les appréhensions
que l'ANEQ a formulées depuis plus de deux ans, à savoir que le
ministre de l'Éducation semble préoccupé de
vérifier le caractère représentatif des associations
étudiantes et, conséquemment, de fournir d'autorité les
outils qui permettront à quiconque étudiant, étudiante ou
administrateur d'une institution d'enseignement et éventuellement un
fonctionnaire du ministère - de contester et/ou nier ce
caractère. L'entreprise que constitue la loi 32 permettra au
ministère de s'immiscer comme jamais auparavant dans l'exercice du droit
d'association des étudiants et étudiantes. Comment s'y
prendra-t-elle?
Au départ, un postulat insidieux emprunté à la
philosophie des relations du travail: une association étudiante ne
représente pas les étudiants et étudiantes, elle ne fait
que prétendre les représenter. Dès lors, il appartient au
pouvoir public de forger, s'il le faut de toutes pièces, les
mécanismes qui permettront de vérifier les prétentions des
associations.
À cet égard, les dispositions transitoires de l'article 58
ne changeront rien au fait que les associations existantes, comme les nouvelles
associations, devront inévitablement faire et refaire
périodiquement la démonstration auprès du ministère
de l'Éducation de leur représentativité. C'est à
partir d'a priori semblables, qui sont à mille lieues de la
volonté légitime de s'organiser des étudiants et des
étudiantes du Québec, qu'est construit le projet de loi 32.
Evidemment, il n'y aurait là que rhétorique et débat sans
conséquence entre le MEQ et nous si au-delà de ces postulats et
de ces a priori que nous mentionnons, il n'y avait pas les dispositions
concrètes et lourdes de conséquence de la loi 32. (17 h 30)
Pour les associations étudiantes que nous représentons et
celles, nombreuses, qui se sont solidarisées avec l'ANEQ pour la
présentation de cette position, il est inacceptable que le gouvernement
et l'Assemblée nationale utilisent le droit légitime au
financement de nos associations pour créer d'autorité des
mécanismes au moyen desquels les associations étudiantes devront
obtenir une accréditation du ministère et prévoir, du
même souffle, une contestation quasi annuelle de l'accréditation
obtenue.
À ce processus d'accréditation, le projet de loi 32 fixe
un corollaire, le processus de désaccréditation. Nous avons
cherché à comprendre, en vain, quel principe pouvait motiver le
ministre de l'Éducation dans l'établissement de règles
qui, pour la désaccréditation, sont moins contraignantes et
encore plus ouvertes à l'arbitraire et à l'intervention des
administrations ou de l'agent d'accréditation que ne l'étaient -
et ce n'est que peu dire - les règles d'accréditation. Les
articles 21 et 24 autorisent, à cet égard, les décisions
les plus extrêmes hors du pouvoir démocratique des membres de
l'association.
Si le modèle de maraudage tel qu'il
prévaut dans le secteur de la construction est, pour le
gouvernement, un exemple de démocratie associative, on comprendra qu'il
escompte voir les associations d'étudiants se contester entre elles en
utilisant les mécanismes qu'il met gracieusement à leurs
dispositions.
Il est tout aussi inacceptable pour nous que l'ensemble des pouvoirs
discrétionnaires laissés à l'agent d'accréditation,
nommé par le ministre de l'Éducation, puisse donner lieu à
des interventions comme les suivantes: l'agent d'accréditation pourra
dicter, à l'association étudiante, les procédures à
suivre pour tout scrutin, l'association devant obligatoirement s'y soumettre;
il pourra accepter ou refuser, à sa plus grande discrétion,
l'accréditation d'une association étudiante; il pourra exiger
tout renseignement ou document; il pourra déterminer, selon son bon
vouloir, si une association existe ou non et lui retirer éventuellement
son accréditation.
À titre d'exemple, nous trouvons inconcevable que de tels
pouvoirs permettent, en vertu des articles 23, 40 et 41, à l'agent
d'accréditation ou au comité d'accréditation d'imposer un
scrutin à une association d'étudiants en tout temps de
l'année, sans considération des possibilités ou des
priorités de l'association concernée. L'ANEQ considère de
plus que la majorité des positions de la loi heurtent de front les
positions qu'elle a développées depuis maintenant huit ans.
La définition, pour le moins paradoxale, de ce qu'est une
institution d'enseignement conduira au morcellement des associations
d'étudiants, à leur éclatement en de multiples
associations de base, et ce aussi bien dans les universités que dans
certains gros cégeps. La formule fédérative est
d'emblée favorisée par le projet de loi, alors que la
majorité de nos associations est organisée sur la base de
l'assemblée générale.
Même au plan juridique, on doit constater que l'apparente
simplicité du projet de loi - comme le relevait une journaliste cette
semaine - dissimule en fait un nombre incroyable de difficultés,
d'imprécisions et de silence.
Au premier chef se pose le problème de la notion
d'établissement d'enseignement que le projet de loi substitue à
la notion d'unité d'accréditation qu'utilise le Code du travail.
L'établissement est compris à la fois comme institution, et l'une
ou l'autre de ses composantes passe sous silence les problèmes concrets
qui en résultent: une association accréditée pour
représenter, par exemple, une faculté survivra-t-elle à la
création d'une autre association voulant représenter tout un
campus et qui n'obtiendrait pas la majorité requise dans cette
faculté tout en l'obtenant pour l'ensemble de l'institution? Le projet
de loi prévoyant le monopole de la représentation, l'association
de faculté devrait perdre son accréditation, mais la
faculté est un établissement et l'ensemble de l'institution est
un autre établissement; les deux pourraient cohabiter.
Ce n'est pas là, le seul type de difficultés. Si une
association perd son accréditation, qu'arrive-t-il des ententes qu'elle
a conclues avec l'administration? Estelle obligée de rembourser les
cotisations qu'elle a prélevées du fait qu'elle était
accréditée? Si l'accréditation passe à une autre
association qui constitue juridiquement une autre personne légale, ses
droits passent-ils eux aussi? En d'autres termes, pourquoi n'y a-t-il pas, dans
le projet de loi 32, une disposition qui, semblable à l'article 45 du
Code du travail, pourrait prévoir ce genre de situation? De plus,
pourra-t-on joindre à une demande d'annulation d'accréditation
une demande d'accréditation, compte tenu des différences entre
les deux procédures? Sinon le type de vide juridique que nous venons
d'évoquer sera presque inévitable. Faudra-t-il s'en remettre
à la discrétion de l'agent d'accréditation?
En cas de prétentions discordantes, est-ce aussi l'agent qui
devra trancher? Par exemple, que décidera-t-il lorsque, dans une
même institution, une association réclamera le droit de
réprésenter tous et toutes les étudiants et
étudiantes, tandis qu'une autre ne demandera une accréditation
que pour une faculté ou un module? La complexité de situations de
ce genre, que nous connaissons chaque jour pour les vivre dans nos
universités, sourira aussi peu aux fonctionnaires chargés
d'appliquer la loi qu'aux étudiants et aux étudiantes
eux-mêmes.
Les modalités de l'accréditation elle-même sont
sujettes à caution. Les pouvoirs de l'agent d'accréditation sont
essentiellement d'ordre administratif et non quasi judiciaire. Le projet de loi
n'accorde pas de garanties procédurales aux parties à un litige
devant l'agent. Les normes qui devraient être appliquées ne sont
pas définies clairement dans le projet de loi. Le seront-elles par
directives? On ne fixe aucune règle de pratique. L'article 20 confie
à l'agent un pouvoir d'examen qui peut faire de son intervention une
procédure inquisitoire. Considérant qu'il s'agit d'affecter des
droits, cela paraît totalement inacceptable. De toute manière, les
tâches de l'agent ne sont que très imparfaitement définies,
comme d'autres intervenants l'ont fait remarquer.
Le projet de loi prévoit aussi la procédure d'annulation
de l'accréditation. Elle suscite de nombreuses questions. Comment et
pourquoi, par exemple, veut-on vérifier l'existence d'une corporation?
Dans la mesure où elle n'est ni liquidée ni dissoute, elle existe
juridiquement. S'agit-il alors de vérifier son existence politique?
Mais
pourquoi ajouter à ce contrôle créé par
l'article 21 le contrôle de la représentativité? Notons au
passage que, dans les deux cas, il suffit qu'un an se soit écoulé
depuis l'accréditation pour qu'il soit possible de la contester
mensuellement, à toutes fins utiles. On pourra ainsi se livrer à
un véritable harcèlement contre une association.
Qui plus est, le libellé défectueux de l'article 41 incite
à croire que l'établissement a le droit de contester la
représentativité d'une association en vertu de l'article 22,
pouvoir qui est inadmissible selon nous. Incidemment, lors des scrutins, en
vertu des articles 22 et 23, quelle est la majorité requise pour faire
preuve de la représentativité? L'agent dispose-t-il d'une marge
de discrétion pour la fixer? Sinon, pourquoi ne pas l'inscrire dans le
texte même de la loi? Et pourquoi l'agent n'aurait-il pas au moins le
pouvoir de rejeter, sans imposer de scrutin, une demande manifestement frivole
ou vexatoire?
On peut citer nombre d'autres ambiguïtés. Par exemple,
quelle est la sanction applicable lorsqu'un établissement refuse
d'attribuer des locaux, en vertu de l'article 23, qui n'ont même pas,
soit dit en passant, à être adéquats? Il n'y a ni appel ni
contrôle judiciaire particulier. Les associations devront-elles se payer
à leur tour des injonctions?
Il y a là quelques éléments qui permettent, quant
à nous, de conclure que ce projet est inadmissible, non seulement au
niveau des principes qui l'ont inspiré et de son contenu, mais quant
à sa forme même, et qu'il ne saurait être appliqué
dans les établissements d'enseignement québécois.
De plus, pour la partie qui suit et qui concerne plus
particulièrement le problème des associations universitaires, je
vais passer la parole à M. Michel-Adrien Sheppard, de l'Association des
étudiants de McGill, qui est membre du caucus des associations
universitaires de l'ANEQ et qui fera la lecture du mémoire.
M. Sheppard (Michel-Adrien): Merci. Lors du quinzième
congrès de l'ANEQ en mai 1982, il fut décidé de mettre sur
pied une structure informelle de consultation entre les associations
universitaires membres, soit le caucus universitaire de l'ANEQ. Celui-ci
comprend maintenant l'AGEUQAM, de l'Université du Québec à
Montréal, l'AFEUS, de l'Université de Sherbrooke, le SSMU et non
pas le MSS, de l'Université McGill, et CUSA, de l'Université
Concordia, totalisant plus de 70 000 étudiantes et étudiants,
tandis que le seul autre regroupement d'associations universitaires, le RAEU,
en compte 53 000.
Le caucus universitaire de l'ANEQ, en tant que composante
intégrale de cette dernière, tient à réaffirmer son
appui aux positions de l'ANEQ face au projet de loi 32 et à l'ensemble
des principes tels qu'ils sont explicités dans les pages
précédentes. Cependant, la présente contribution du caucus
universitaire de l'ANEQ vise, d'une part, à expliciter plus
précisément notre rejet d'une telle loi et, d'autre part,
à situer notre position face au RAEU.
Concernant l'accréditation, force nous est de constater que le
projet de loi 32 rendra nos associations structurellement dépendantes
d'un intervenant que nous sommes régulièrement appelés
à contester pour ses politiques, le ministère de
l'Éducation.
Nous avons peine à croire à l'idée d'une
accréditation, à tout le moins celle qui nous est
présentée. Les associations étudiantes des
universités McGill, Concordia et même de l'Université de
Sherbrooke, qui vit conjointement avec un autre regroupement d'associations, ne
connaissent pas, quant à elles, de problèmes de cotisation.
Toutefois, un problème que nous affrontons est celui de la
considération politique de la part des administrations, qui atteint des
droits et des privilèges fondamentaux qui tiennent de la validité
de l'interlocuteur et de la considération que l'on veut bien lui
prêter. Tel type d'accréditation qui nous est proposée ne
résoudra aucun de ces problèmes. L'AGEUQAM pourrait vous en
parler longuement.
De surcroît, pour ce qui est spécifiquement des
associations en milieu universitaire, nous voulons rappeler au gouvernement
ainsi qu'à tous les députés présents le
caractère hautement diversifié et en constante mutation de la
population inscrite à l'université, de même que la
variété et la diversité très grande des
modèles d'organisation et des traditions locales de pratiques syndicales
dont se sont dotés les étudiants et étudiantes.
L'actuel projet de loi vise à créer un processus de
reconnaissance des associations étudiantes dont le mécanisme sera
déterminé et contrôlé par des intervenants
extérieurs à l'institution. D'ailleurs, le Conseil des
universités mettait en garde le ministre contre, et je cite: "les
dangers d'une centralisation trop poussée et d'une bureaucratisation
à outrance des processus de reconnaissance, comme l'instauration d'un
légalisme formel et pas toujours approprié, qui risque de
créer autant sinon plus de problèmes que maintenant". Fin de la
citation du texte: "Les droits des étudiants à
l'université", dans l'avis du Conseil des universités au ministre
de l'Éducation sur la place des étudiants à
l'université. Cela est daté du mois de septembre 1981, si je me
rappelle bien.
Ce même avis du conseil vient appuyer solidement notre position
dans ses recommandations. Nous ne croyons pas que
ce nouvel appareil du ministère puisse vraiment mieux garantir
nos droits d'association et les pouvoirs qui en découlent.
Quant aux prétentions du RAEU, dans sa conférence de
presse du 1er juin 1983, en réaction au projet de loi 32, le RAEU
affirmait qu'il était, et je cite: "le pilier de la présente
réforme". Il ajoutait, et je cite: "Ce projet de loi est l'aboutissement
d'une longue réflexion dans le mouvement étudiant
québécois depuis les huit dernières années." De
telles affirmations nous amènent à réagir par le biais de
ce texte pour rétablir les faits, pour ramener de telles
présomptions à leur juste mesure. En effet, un petit retour en
arrière nous permettra d'avoir une vision plus juste des choses, de
départager les positions divergentes de l'ANEQ et du RAEU.
Le RAEU, créé en 1975, constituait le regroupement des
associations étudiantes universitaires à l'intérieur d'une
ANEQ fraîchement née. À l'hiver 1979, le RAEU se
sépare officiellement de l'ANEQ, notamment en réaction face
à la lutte des prêts-bourses de l'automne 1978. Au sein d'une
organisation alors autonome surgissent des conflits parmi les dix associations
membres du RAEU parallèlement à la volonté de certains
d'élaborer des projets législatifs. Ces tensions
éclateront finalement au grand jour lors du bruyant colloque sur la
charte des droits des étudiants et des étudiantes en
février 1981. Comment le RAEU peut-il affirmer que la longue
réflexion du mouvement étudiant s'affirme plus
particulièrement depuis le colloque sur la charte des droits des
étudiants organisé par le RAEU il y a trois ans où, pour
la première fois, il était question d'une loi pour assumer la
reconnaissance et le financement des associations étudiantes?
En fait, les véritables résultats de ce triste colloque
sont une série de désaffiliations: L'AGEUQAM, en décembre
1981, l'AFEUS de l'Université de Sherbrooke, à l'hiver 1982,
l'AGEUQTR de Trois-Rivières, à l'automne 1982, et finalement CUSA
et MSS, de Concordia et McGill respectivement, à l'hiver 1983.
Les marottes législatives du RAEU, la charte des droits
étudiants, la reconnaissance et le financement des associations
étudiantes et, sous-tendues, ses pratiques, l'étonnante autonomie
de sa direction, sans compter les rapprochements avec le gouvernement au
pouvoir maintes fois accomplis, auront conduit à une plus que
légère chute de 55% du "membership" du RAEU en moins de dix mois
et pour les mêmes motifs.
Que penser de plus des dires du ministre de l'Éducation pour
lequel l'ANEQ, et je cite: "regroupe d'ailleurs la minorité maintenant
des étudiants sur le plan collégial et universitaire",
tiré des Débats de l'Assemblée nationale du 21 avril 1983,
à la page 534? Finalement, comment peut-on expliquer la prodigieuse
rapidité de l'exécutif du RAEU qui tenait une conférence
de presse seulement quelques heures après l'adoption du projet de loi en
première lecture, tout en distribuant des copies d'un document
daté du 26 mai, en tout point similaire au projet de loi 32? Le RAEU,
pilier de la présente réforme? On n'aurait su mieux dire. (17 h
45)
M. Vézina (Jean-Marie): Je vais y aller d'une brève
conclusion pour ensuite laisser la parole à un regroupement
d'associations qui ne sont pas membres de l'ANEQ, mais qui ont bien voulu pour
la circonstance se solidariser des positions de l'ANEQ et présenter
leurs positions dans une courte déclaration. Comme d'autres, l'ANEQ
déplore le caractère précipité avec lequel on
semble vouloir procéder à l'adoption de la loi 32. Cela dit, nous
n'avons nullement l'impression d'être pris de court. Au contraire,
à mesure que se précisait la volonté du ministre Laurin de
procéder à l'adoption d'une loi sur la reconnaissance et le
financement des associations étudiantes et en même temps que se
clarifiait le rôle dans ce dossier d'un certain nombre d'associations
étudiantes, l'opposition à la solution favorisée par le
ministre se consolidait au sein de la majorité du mouvement
étudiant québécois.
Maintenant qu'un projet de loi est effectivement devant nous, ce qui a
au moins le mérite de clarifier les enjeux pour tous et toutes, l'ANEQ
n'a aucunement l'intention de laisser adopter une loi qui insufflerait aux
associations étudiantes une dynamique contraire à celle qui nous
anime depuis 1975 et qui reposerait sur l'acceptation de l'ingérence de
l'État dans le fonctionnement de nos associations, sur la
perpétuation d'une précarité de fonctionnement, d'une
contestation à répétition et d'un référendum
perpétuel, en plus de laisser le terrain en partie libre pour
l'intervention discrétionnaire de fonctionnaires du ministère de
l'Éducation.
Aujourd'hui, l'opposition considérable que nous avons
rassemblée contre le projet de loi 32 doit clairement être
comprise comme le refus de la jeunesse étudiante d'accepter toute
atteinte à la vie démocratique des étudiantes et
étudiants du Québec à l'aide d'un petit code du travail en
miniature. C'est signé par l'Association nationale des étudiants
et étudiantes du Québec.
Je vais remettre la parole à Gilles-André Paquin de
l'Association générale des étudiants du cégep de
l'Outaouais qui va lire la déclaration des associations non membres.
M. Paquin (Gilles-André): Cette déclaration est
présentée aujourd'hui par l'Association générale
des étudiants et
étudiantes du collège de l'Outaouais, par l'Association
générale des étudiants du collège de
Saint-Jérôme, par l'Association générale des
étudiants du collège de Rosemont, par l'Association
générale des étudiants du collège de
Trois-Rivières, par l'Association étudiante du cégep
Vanier, à Sainte-Croix, par l'Association étudiante du
cégep Champlain et par le Comité étudiant de la
polyvalente Grande-Rivière d'Aylmer. De plus, dans les prochains jours,
plusieurs associations étudiantes nous ont dit qu'elles prendraient
position sur cette annexe au mémoire.
Cette annexe au mémoire de l'Association nationale des
étudiants et étudiantes du Québec se veut une position
exprimée par un certain nombre d'associations non membres de l'ANEQ.
Dans le contexte actuel du débat en commission parlementaire sur la loi
32, Loi sur l'accréditation et le financement des associations
d'étudiants, il nous apparaît important que vous preniez en
considération l'opinion des associations étudiantes locales non
membres d'une structure nationale.
Dans un premier temps, nous voulons signaler notre total accord avec la
position de principe émise par l'ANEQ, à savoir que nous rejetons
toute forme de projet de loi s'ingérant de quelque façon que ce
soit dans le mode de fonctionnement ou champ d'intervention des associations
étudiantes. Nous rejetons tout processus d'accréditation ou de
maraudage imposé par une loi, considérant qu'un tel processus, en
plus d'accentuer la division et la parcellisation parmi les associations
étudiantes, amènerait l'obligation et le principe que les
associations étudiantes ont à prouver leur
représentativité aux administrations locales et au
ministère de l'Éducation du Québec.
Nous rejetons aussi toute forme de loi qui mettrait en cause de quelque
manière que ce soit l'autonomie des associations étudiantes face
à l'État et qui imposerait aux associations étudiantes
d'autres obligations que celle de défendre les droits et
intérêts des étudiantes et étudiants tels que
définis par celles-ci et ceux-ci.
Il est évident qu'à la lumière des principes
ci-haut exposés, nous rejetons dans sa globalité la loi 32 qui,
mis à part de nombreux griefs qu'elle soulève de notre part,
amène un processus d'accréditation totalement inacceptable. Avant
de nous expliquer, regardons les articles qui nous choquent le plus.
Premièrement, on ne mentionne d'aucune façon, dans
l'article 2, les établissements d'enseignement secondaire. Nous trouvons
inacceptable que la liberté d'association, avec tout ce que cela
comporte, soit bafouée quotidiennement par les administrations de ces
établissements sans que le ministère de l'Éducation du
Québec n'intervienne pour faire respecter la Charte des droits et
libertés de la personne.
Deuxièmement, en ce qui a trait à l'article 3, la loi
limite les objectifs d'une association étudiante. Nous sommes fermement
convaincus que cette prérogative ne revient qu'aux seuls membres d'une
association étudiante.
Troisièmement, l'article 4, quant à lui, ouvre la porte
à la formation de plusieurs associations étudiantes dans un
établissement. Cette ouverture n'a qu'un but, d'après nous,
amoindrir la force des associations étudiantes en favorisant la
création de plusieurs unités syndicales.
Enfin, une absurdité flagrante se trouve insérée
dans l'article 58 qui prévoit qu'une association qui reçoit des
cotisations perçues par un établissement pourra, entre autres
exigences, être reconnue immédiatement. Comment expliquer cette
clause, quand le ministère de l'Education du Québec a
lui-même, par un avis juridique, rendu illégale la perception par
les administrations locales des cotisations?
Ce qui soulève en tout premier lieu notre rejet de cette loi,
c'est le principe de l'accréditation qui y est amené.
D'après nous, ce principe imposerait une tutelle permanente à nos
associations étudiantes de la part du gouvernement et des
administrations locales. Pour nous, une association étudiante
n'appartient qu'à ses membres. Nulle autre autorité ne peut
prétendre accorder ou vérifier la représentativité
de celle-ci. Comment ne pas voir, dans cette délégation de
pouvoirs à une seule personne ou à un comité directement
sous la coupole du ministre de l'Éducation, une atteinte directe
à l'existence et à l'autonomie des associations
étudiantes? De plus, comment ne pas envisager, de la part d'une
administration locale dans une situation de conflit avec l'association
étudiante de son établissement, qu'elle demande une
reconsidération de la représentativité de l'instance des
étudiants? Nous considérons et ce, d'une façon non
équivoque, que ce projet de loi ne vise qu'à rendre légal
le contrôle croissant de l'État sur nos associations
étudiantes.
En terminant, les associations étudiantes locales, non membres
d'une structure nationale, tiennent à faire entendre leur infaillible
soutien aux revendications de l'ANEQ quant au contenu d'une éventuelle
loi sur les associations étudiantes.
Nous revendiquons la perception à la source d'une cotisation
étudiante obligatoire telle qu'adoptée par les instances
démocratiques de l'association étudiante et que les sommes
perçues soient remises dans les plus brefs délais, sans aucune
ingérence. Deuxièmement, nous revendiquons la reconnaissance de
facto des associations étudiantes comme seules et uniques
représentantes des étudiants et des étudiantes
ainsi que la mise à leur disposition de locaux adéquats, bien
situés, faciles d'accès, et ceci sans frais.
J'apprends à l'instant que l'exécutif de l'Association
générale du collège de Limoilou appuie le texte
présenté par les non-membres.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs.
M. Legendre: Seulement pour terminer -là, ce sera vrai -
j'aimerais que M. Pete Wheeland, de l'exécutif de l'ANEQ, lise une
lettre que nous venons de recevoir de l'Association des étudiants du
collège John Abbott.
M. Wheeland (Pete): Student Union of John Abbott College, 8 juin
1983 - nous avons reçu cette lettre aujourd'hui - "Acting in unanimous
agreement of the executive of SUJAC and on behalf of the Student Union of John
Abbott College, it is resolved to reject Bill 32 in whole and in part and to
demand that the entire Bill be withdrawn. Sincerely, Timothy Walsh."
Je pense aussi que le ministre a reçu aujourd'hui un
télégramme d'appui de la Fédération canadienne des
étudiants qui, après entente, a reconnu le droit des
étudiants et des étudiantes du Québec à s'organiser
eux-mêmes et exige que le gouvernement du Québec fasse la
même chose.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Laurin: Je remercie d'abord la nombreuse représentation
de l'ANEQ de s'être présentée aux travaux de la commission.
Je la remercie pour son mémoire qui contient beaucoup d'interrogations
en même temps qu'une expression très franche et très
directe de son opinion.
Je rappelle, avant de poser une question, que le projet de loi n'impose
aucun mode de représentation des étudiants. Il pose simplement
les conditions que devront remplir les associations qui demanderont
d'être accréditées. Encore une fois, seules les
associations qui ne bénéficient pas des avantages prévus
par la loi devraient demander d'être accréditées.
Étant donné que ce choix est laissé aux associations
étudiantes de recourir ou non à cette loi, je voudrais demander
au président en quoi il y voit une ingérence gouvernementale.
M. Legendre: Je pense que le mémoire ou le document soumis
est, au moins sur cette question, assez clair. Nous avons souvent eu l'occasion
de nous exprimer sur ce que nous entendions par ingérence de la part du
gouvernement ou de l'État. Sur plusieurs points, le projet de loi 32
procède de cette façon, c'est-à-dire que, pour
régler une situation, nous-mêmes, et non en vue de l'automne
prochain, comme le disait le mémoire du RAEU, mais pour l'automne
dernier, c'est-à-dire le manque de fonds, le manque de cotisation des
associations étudiantes, nous avions exigé, de la part du
ministère de l'Éducation, le règlement de la situation et
l'imposition qui devait être faite aux administrations collégiales
de percevoir la cotisation de façon obligatoire et automatique.
Donc, l'ingérence entraînée par le projet de loi 32
procède de la façon suivante, selon nous: Le ministère
utilisera ce prétexte, ce droit fondamental et légitime d'avoir
une cotisation pour aller instituer au sein même de la vie associative
des cégeps des règles d'accréditation qui, même si
elles sont non obligatoires, tel qu'il est mentionné dans la loi,
accoucheront à coup sûr d'une multiplication de
référendums ou de consultations, année après
année, même plus que chaque année après la
première année d'une accréditation, et toutes ou à
peu près toutes les principales mesures, règles et normes pour la
tenue de ces scrutins, de ces consultations pourront être fixés
par le représentant direct du ministère de l'Éducation. Je
pense que, là-dessus, notre mémoire est assez clair. Et sans
entrer dans le détail des articles du projet de loi, il y a, de toute
évidence, matière à ingérence de la part d'un
pouvoir public dans ce que nous, de notre côté, considérons
être des syndicats étudiants, c'est-à-dire des associations
qui ont à défendre les intérêts de leurs membres et
les conditions de vie, d'étude, les conditions économiques,
sociales de leurs membres. L'ANEQ, à son congrès la fin de
semaine dernière, a réitéré ses positions
historiques, à savoir qu'il n'y avait aucune raison... À aucun
endroit il n'était indiqué pourquoi l'obligation de percevoir les
cotisations par une administration devait être reliée à une
enquête, à toutes fins utiles, sur la
représentativité ou le caractère représentatif des
associations concernées.
C'est principalement là-dessus, à ce niveau, que sont
permises et autorisées les interventions directes du ministère de
l'Éducation par le projet de loi 32.
M. Laurin: Étant donné encore une fois ce libre
choix qu'auront à exercer les associations étudiantes de recourir
ou non à la loi, faut-il conclure de votre rejet de ce projet de loi et
de la position que vous exprimez aujourd'hui que les associations
étudiantes qui font partie de votre association décideront de ne
pas recourir à la loi?
M. Legendre: Je ne sais pas si une annexe que nous avions
préparée a été distribuée,
c'est-à-dire l'ensemble des positions votées au congrès la
fin de semaine dernière, le seizième congrès de l'ANEQ.
Oui, si possible, les distribuer. Là-dessus, vous verrez que l'ANEQ a
recommandé à ses associations membres et a lancé l'appel
à toutes les associations du Québec de ne pas se prévaloir
de l'article permettant aux associations étudiantes de
bénéficier d'une accréditation automatique si elles
répondent à trois critères: l'article souventefois
mentionné depuis le début de la commission.
Cependant, je ferai une remarque assez importante, je pense.
Malgré le fait qu'il soit mentionné dans la loi qu'elle n'est pas
obligatoire, qu'elle est facultative, il est clairement évident que
là où se posent les problèmes de
représentativité - et, selon nous, c'est à des cas
uniques, quelques cas seulement dans la province de Québec, quelques
universités, quelques cégeps; ce n'est aucunement la règle
ni la norme à travers les institutions d'enseignement - là
où ces problèmes se posent, il est automatique que, malgré
le fait que l'association opte pour ne pas se prévaloir des dispositions
de la loi, il y aura, à toutes fins utiles, contestation de cette
association par des regroupements qui contestent l'association existante, que
ce soit à l'Université du Québec, que ce soit aussi
à des endroits comme, par exemple, l'Université Laval où
l'association fédérative est aux prises avec un problème
de représentativité.
Ces endroits sont extrêmement limités. Ces cas sont
limités dans la province. Ce n'est pas pour des cas comme ceux-là
qu'on doit, pensons-nous, fixer une loi ou des mécanismes
d'accréditation universelle.
M. Laurin: À la page 5 de votre mémoire, vous
réitérez certaines des positions que vous avez déjà
signifiées au gouvernement. Par exemple, vous répétez
à nouveau qu'il faudrait que les administrations perçoivent
à la source la cotisation, que le pouvoir discrétionnaire
vis-à-vis de la cotisation étudiante revienne à
l'association, que les administrations locales soient obligées de
reconnaître les AGE comme étant la seule instance pour parler au
nom des étudiants, que l'administration fournisse des locaux
adéquats pour le bon fonctionnement de l'association étudiante de
leur institution, que l'on obtienne le maintien de périodes de
libération commune pour la tenue d'assemblées
générales. Par quels moyens nous suggérez-vous, par quels
moyens entendez-vous faire en sorte que ces demandes puissent s'incarner, se
concrétiser autrement que par une intervention gouvernementale? Si vous
pensez que le seul moyen ou que le meilleur moyen est une intervention
gouvernementale, ne pourriez-vous pas à l'avance reprocher au
gouvernement de s'ingérer encore une fois dans le champ des associations
étudiantes? (18 heures)
M. Legendre: C'est en partant de la fin de la question que je
vais amorcer ma réponse. L'ANEQ n'a jamais refusé, rejeté
toute intervention de la part du ministère de l'Éducation et
même, quand vous êtes entré en fonction au ministère
de l'Éducation, l'ANEQ a fait des demandes pressantes pour que vous
interveniez dans le cas de trois associations étudiantes: celle du
Vieux-Montréal, celle du cégeg André-Laurendeau et celle
de l'Université du Québec à Montréal, qui sont
toutes trois membres de l'ANEQ pour qu'effectivement vous usiez de votre
pouvoir pour régler ces cas patents de discrimination et de
négation du droit d'association. Et, à plusieurs reprises, les
représentants de notre association ont fait part à votre
ministère de notre ferme volonté de vous voir intervenir et
régler ces cas d'injustice. Moi-même, alors que j'étais
secrétaire général de l'Association générale
des étudiants de l'UQAM, j'ai rencontré M. Beaudoin et M. Robert
Fillion du ministère de l'Éducation, de même que M.
Jean-Pierre Charbonneau, pour régler le cas de l'Université du
Québec à Montréal, ce qui -il faut le constater à
regret - n'a pas été fait.
Par contre, nous refusons une intervention qui conduit aux
ingérences dont nous avons fait mention. Il a été
mentionné à plusieurs reprises que des amendements ou un
amendement à la loi des collèges pourraient très bien
permettre que le problème de la cotisation soit réglé au
niveau des associations collégiales, qu'un amendement, mineur, somme
toute, à la Loi sur l'Université du Québec pourrait
régler le problème du financement, quoiqu'il se pose à un
ou deux cas seulement, au niveau des universités du réseau du
Québec et que, dans les universités privées, les
universités à charte, le cas, le problème du financement
n'est pas aussi patent, criant qu'ailleurs dans la province.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, nous serons dans
l'obligation de suspendre les travaux jusqu'à 20 heures pour essayer
de... Parce qu'on ne veut rien brusquer, les membres ne veulent pas être
brusqués et, je pense, les étudiants non plus. Alors, on suspend
les travaux jusqu'à 20 heures. Vous reprendrez votre place à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 02)
(Reprise de la séance à 20 h 12)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Si vous voulez reprendre vos sièges.
Nous reprenons les travaux de la commission élue permanente de
l'éducation pour entendre les mémoires concernant l'étude
du projet de loi 32, Loi sur l'accréditation et le financement des
associations d'étudiants.
M. le ministre avait terminé. M. le député de
Marquette, il y a vingt minutes pour vous et il reste dix minutes au parti
ministériel.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Je remercie les
représentants de l'ANEQ pour la présentation de leur
mémoire.
Avant de poser des questions spécifiques, j'aimerais faire un
léger commentaire. Le ministre de l'Éducation nous disait, ce
matin, que c'était à la demande du député de
Verchères qu'il avait convoqué cette commission parlementaire.
Aussitôt que j'ai lu, avec mes collèges de l'Opposition, le
message inaugural du premier ministre, à savoir qu'il devait
déposer un projet de loi en ce sens durant la présente session,
nous avons immédiatement envoyé un communiqué de presse
demandant une commission parlementaire, mais une commission qui aurait permis
à tous les intervenants de se faire entendre, et d'une façon
moins précipitée que nous ne le faisons actuellement.
Je demandais également qu'on entende les gens avant de
déposer un projet de loi, alors qu'on a procédé de
façon inverse. On dépose un projet de loi - le bébé
est là - et vous nous demandez ce que nous en pensons.
J'aimerais aussi ajouter un court commentaire sur le nouvel élu,
fraîchement émoulu du bureau du premier ministre, responsable du
secrétariat à la jeunesse. Je ne sais pas s'il a pris part
à l'élaboration du projet de loi, mais je l'écoutais, plus
tôt: comme symbole de réunification de nos jeunes étudiants
du Québec, il ne me semble pas représenter une grande
réussite jusqu'à maintenant au niveau du projet de loi en
question.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est une nouvelle alliance PLQ -
ANEQ?
M. Dauphin: On se rend évidemment bien compte, à la
lecture de votre mémoire, que vous êtes contre toute forme de
législation voulant une ingérence étatique dans le milieu
des associations étudiantes.
Ma première question est la suivante. Les représentants du
RAEU nous ont répondu, plus tôt, qu'il était impossible
d'amender la directive ou le fameux règlement par le mot "doit" au lieu
de "peut".
Dans un premier temps, j'aimerais qu'on parle de ce sujet et aussi, si
l'on oblige les administrations locales à percevoir à la source
la cotisation étudiante, j'aimerais savoir si vous avez une opinion
quant au caractère représentatif... Pour vous, la seule
façon de vérifier s'il y a vraiment une
représentativité de l'association étudiante, est-ce par
toute la mécanique que l'on retrouve dans le projet de loi en question,
la façon de vérifier les 25% ou le taux de participation? Selon
vous, est-ce qu'il y aurait une façon d'aménager et de
vérifier le caractère représentatif d'une association
étudiante avant de forcer les administrations locales à percevoir
à la source la cotisation?
M. Legendre: Pour répondre à cette question, je
vais passer la parole à M. Jean Robitaille, de l'exécutif de
l'ANEQ.
M. Robitaille (Jean): D'abord, sur la première question,
la possibilité d'amender la loi sur les collèges concernant la
directive 204.07 qui avait été émise par le gouvernement,
je ne sais pas si j'ai vraiment compris que le RAEU disait que c'était
impossible. En tout cas, ce que j'avais compris, c'est que cela amenait
beaucoup de technicité. Je n'ai pas de formation juridique, mais on
n'avait pas compris que ce serait s'embourber vraiment que de modifier la loi
sur les collèges.
Concernant la représentativité des associations
étudiantes, il nous apparaît essentiel, si on fait du travail dans
le milieu étudiant pour promouvoir et défendre les droits et la
situation des étudiants et des étudiantes, que nos associations
soient représentatives. Je pense que c'est une responsabilité
qu'on a tous, les membres des associations étudiantes, de veiller
à ce qu'elles le soient. On a des structures pour cela. Partout, il y a
des structures démocratiques. C'est cela qui est garant de la
représentativité qu'on a tous à faire. S'il y a une
responsabilité de tous les étudiants et étudiantes membres
des associations étudiantes de veiller à la
responsabilité, je ne crois pas que ce soit nécessairement au
gouvernement de donner des leçons ou d'"encarcaner" cette façon
de vérifier la représentativité. C'est plus aux
étudiants et aux étudiantes qui en sont membres d'exiger
cela.
M. Dauphin: Actuellement, dans les statuts et les
règlements des associations existantes, à votre connaissance,
est-ce qu'il y a toujours des dispositions dans ce sens?
M. Robitaille: II y a effectivement des dispositions, quand on
parle en termes d'assemblées générales, dans plusieurs
endroits, de quorum, pour que les décisions puissent être prises.
Je ne sais pas s'il y a... Jean-Marie.
M. Vézina: J'ajouterais que l'on considère la
question à ce point essentielle qu'une des revendications de l'ANEQ qui
sont issues du seizième congrès, mais qui avaient
déjà auparavant été mises de l'avant, c'est
justement qu'il puisse y avoir une période à l'horaire
réservée aux réunions de l'association étudiante et
que ces périodes soient décidées en début de
session par l'association étudiante en fonction de la période de
temps où il est plus facile de rejoindre l'ensemble des
étudiants. Tout cela pour assurer un bon fonctionnement et faire en
sorte que les étudiants s'impliquent. Je pense que c'est une
préoccupation du milieu étudiant que de trouver des façons
pour que le milieu se prenne en charge à tous les niveaux.
M. Dauphin: J'ai une question. À la page 5 de votre
mémoire, pour ce que vous avez déjà fait signifier au
ministre dans vos revendications, auriez-vous objection à ce que vos six
recommandations soient sur une base législative, que ce soit dans un
projet de loi, par exemple? Ou serait-ce considéré comme une
émergence du gouvernement s'il y avait une législation qui...
M. Vézina: On n'a aucune objection de quelque nature que
ce soit à ce que les revendications de l'ANEQ ou les six points qui sont
là soient effectivement appliqués par une législation,
sous la réserve qu'on apporte dans notre mémoire sur le projet de
loi 32, c'est-à-dire qu'il ne faudrait pas que ce soit le biais par
lequel on ferait autre chose. C'est sûr qu'on n'est pas contre la carte
d'assurance-maladie. On pense qu'effectivement, dans certains cas,
l'intervention de l'État peut être une bonne chose. Mais si elle
allait dans le sens de nos six revendications, on ne verrait pas pourquoi cela
poserait un problème.
M. Dauphin: J'ai encore une question, si vous me le permettez. Ne
croyez-vous pas qu'une loi, en rapport avec le droit d'association n'offre pas
une meilleure garantie qu'un règlement du Conseil des ministres, par
exemple, qui ne peut être changé en aucun temps? J'aimerais avoir
votre opinion là-dessus.
M. Legendre: C'est-à-dire que, dans le passé, dans
plusieurs matières, le gouvernement a dû procéder par
règlements pour mettre un terme à une situation d'exception ou
pour régler un problème unique ou des cas d'exception. Je pense
qu'on ne peut pas écarter le biais réglementaire, puisqu'on devra
toujours l'utiliser quand il y aura des cas d'exception qui se poseront, des
situations critiques, des associations qui vivront vraiment des situations
d'injustice ou de discrimination dans leur institution.
Cependant, quand l'ANEQ revendique -je fais référence
à des propositions qu'on vous a sans doute transmises - que le
gouvernement impose aux administrations locales, tant collégiales
qu'universitaires... Il va de soi dans notre esprit que c'est pour
régler le problème sur une base permanente, de la façon la
plus durable possible et qui mettra hors du champ étudiant les
problèmes que l'on affronte présentement.
Donc, nous avons déjà voté dans nos instances en
congrès d'exiger du gouvernement qu'il impose ces revendications, les
six, sous une forme à peu près semblable aux administrations
locales. Pour nous, le poids d'une loi - nous ne sommes pas prêts
à l'écarter du revers de la main - ne doit pas reposer sur le dos
des associations étudiantes, mais plutôt du côté des
administrations scolaires, collégiales et universitaires. Nous pensons
que c'est vers elles que les dispositions d'une éventuelle loi, si c'est
le mécanisme qui est repris par un consensus des associations
étudiantes, doivent s'appliquer.
M. Dauphin: D'accord. Je vais laisser la chance à d'autres
collègues, mais je vais terminer par un autre commentaire.
Effectivement, on se rend compte, au stade où on se parle, qu'il n'y a
pas consensus sur le principe d'une telle loi. Même s'il y avait
consensus, je me demande si, en quelques jours, avant la fin de la session,
avec ce qu'on a rapporté comme difficultés, même avec le
projet de loi existant, on pourrait passer au travers quelques jours avant la
fin de la session. C'est le commentaire que je voulais faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil, il restait huit minutes. Est-ce que vous voulez les prendre tout
de suite ou faire l'alternance?
M. Ryan: Je prendrai la parole après le
député de Verchères.
Le Président (M. Laplante): Vous choisissez l'alternance.
M. le député de Verchères.
M. Charbonnau: M. le député d'Argenteuil est un fin
joueur.
M. le Président, je ferais une petite remarque à
l'égard de mon collègue, une petite flèche: c'est toujours
facile d'obtenir la claque quand on ne se branche pas, mais on aimerait bien
savoir quelle est la position du Parti libéral et où elle se
situe. Là, on verra si la claque reviendra.
M. Dauphin: On les a fait venir pour les entendre et se brancher
après.
M. Charbonneau: J'espère que vous allez vous brancher.
M. Dauphin: Ils ne sont pas ici pour le "fun".
Une voix: On verra cela en Chambre.
M. Charbonneau: M. le Président, je partagerais plusieurs
réserves de l'ANEQ si le projet de loi qui est devant nous était
contraignant. C'est peut-être parce qu'on connaissait les positions
traditionnelles de l'ANEQ et les mises en garde qui avaient été
faites que le projet de loi n'est pas un projet de loi contraignant. Il y a
deux options. Je pense qu'il faut toujours l'avoir à l'esprit quand on
analyse à la fois le projet de loi, la situation qui serait
créée par la suite et ce que cela entraînerait dans
le milieu étudiant. À cause de cela, il y a certaines
affirmations et certains procès d'intention qui agacent tant dans le
mémoire qui nous est présenté que dans des textes qui sont
publiés par l'ANEQ et par le CEREF.
Qu'on ne soit pas d'accord avec la solution présentée par
le gouvernement, ce n'est pas un problème. Je pense que, dans une
démocratie, chacun a droit à ses opinions. On ne peut pas
reprocher à une partie du monde étudiant de dire qu'elle n'est
pas d'accord, alors que, effectivement, on souhaite que le monde
étudiant s'exprime et participe aux débats de la
société. Mais qu'on veuille voir dans l'action gouvernementale
actuelle une espèce de sombre complot machiavélique pour
récupérer et déstabiliser le monde étudiant, je
pense qu'on charrie un peu et je ne peux pas marcher dans cela.
Ce qu'il est étonnant de voir, quand on sait qu'il n'y a pas de
contrainte, c'est la crainte qu'ont les étudiants de voir contester...
En fait, on se demande ceci: Est-ce qu'on ne craint pas, à l'ANEQ et
dans les associations membres, de voir des étudiants contester la
représentativité des associations étudiantes à
partir de ce projet de loi? Est-ce que c'est une crainte que vous avez, une
crainte qui est fondée et est-ce qu'à partir de cette crainte,
vous croyez qu'il y a lieu de tenir compte de cette situation? Est-ce que, par
ailleurs, par rapport à la démonstration de force que vous avez
voulu nous présenter aujourd'hui, cette crainte n'est pas
contradictoire, finalement, avec ce que vous avez voulu nous témoigner
aujourd'hui?
J'aimerais par ailleurs que vous m'expliquiez en quoi le choix de
l'option du statu quo, dans le sens de la possibilité d'utiliser encore,
après le projet de loi, des ententes à l'amiable, va brimer votre
autonomie, l'autonomie des associations locales membres de votre regroupement
et va amener des ingérences de l'État et du gouvernement dans la
vie démocratique. J'aimerais que vous me répondiez à cette
question en disant en quoi, par exemple - et en prenant une comparaison qui est
utile et utilisable dans ce cas-ci - le Code du travail constitue une
ingérence dans la vie démocratique des associations
ouvrières et une perte d'autonomie pour les associations
ouvrières. Je veux bien croire que les associations étudiantes ne
sont pas des syndicats, mais, par ailleurs, vous l'avez dit vous-même
tantôt, vous prétendez être des syndicats étudiants
et je pense que vous avez raison de prétendre être des syndicats
étudiants parce que, effectivement, le mandat que vous avez, c'est de
représenter l'ensemble des intérêts des étudiants.
Vous n'êtes pas une association sportive ou socioculturelle.
Par ailleurs, je comprends que de grosses associations rivales comme la
FAECUM et la CADEUL privilégient le modèle
confédératif, mais est-ce que c'est une raison pour nous
reprocher de tenir compte de cette volonté des étudiants, dans
ces institutions, de vouloir le modèle confédératif, de
vouloir, d'abord, que les associations générales se contruisent
sur un modèle confédératif plutôt que sur un
modèle unitaire? Si on n'avait pas tenu compte de cela, bien sûr
qu'on aurait peut-être privilégié le modèle qui est
favorisé dans votre groupement par vos institutions locales, mais est-ce
que vous pouvez nous reprocher d'avoir tenu compte de la réalité
qui existe à l'Université de Montréal ou à
l'Université Laval?
Je vais vous donner cela tout en vrac; je pense que cela va permettre
à d'autres collègues d'y revenir. Ne trouvez-vous pas aussi
normal que, si des parties n'arrivent pas à s'entendre, même si ce
n'est que dans quelques cas, à un moment donné, le gouvernement,
l'Etat, surtout si plusieurs personnes le demandent, offre un outil de
règlement qui amène chacune des parties en cause: les
associations étudiantes, donc les étudiants, et les
administrations scolaires, collégiales et universitaires, à faire
des concessions dans le sens ou à poser des gestes qui vont les amener
à... Peut-être qu'ils n'auraient pas la marge de manoeuvre qu'ils
auraient eue, s'ils n'avaient pas utilisé cette possibilité de
règlement du litige. C'est bien évident que, surtout si on
comprend votre intervention, l'automne prochain, les associations qui sont
membres de l'ANEQ n'utiliseront pas ce projet pour se voir reconnaître,
considérant qu'elles n'en ont pas besoin. Et, dans ce sens, je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de revoir cette question.
Finalement, est-ce que vous pouvez aussi expliquer - parce que je pense
que cela est un point important que vous avez souligné - la crainte que
vous avez manisfestée de voir des contestations quasi
annuelles? Je ne pense pas que cela soit la volonté du
gouvernement de placer les associations étudiantes dans des situations
de contestations quasi annuelles. Au contraire, je pense qu'on vise à
permettre aux associations étudiantes, qu'elles soient de l'ANEQ, du
RAEU ou de la FAECQ, de consolider leurs positions et d'occuper une place plus
importante, et dans le monde scolaire, et dans le monde universitaire, et dans
le monde collégial, et aussi dans la société en
général, en nous disant des choses qui ne font pas toujours notre
affaire et en utilisant des procédés qu'on n'approuve pas
toujours. Ce sont les questions que j'avais à poser.
Un dernier commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Pas long, parce que, si vous
voulez avoir une réponse de monsieur, il vous reste deux minutes.
M. Charbonneau: Dans ce cas, je vais le laisser répondre,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez la
réponse.
M. Charbonneau: On va y revenir. On aura l'occasion de donner des
commentaires à d'autres moments.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez
répondre, s'il vous plaît!
M. Robitaille: Oui. Il y avait beaucoup d'éléments.
Je vais essayer de répondre à quelques-uns. Peut-être qu'il
y a aura d'autres personnes qui pourront compléter sur d'autres points.
Le premier point que je veux relever est la question qui avait
été posée tantôt par le ministre de
l'Éducation. On prétend qu'il y aurait liberté, une grande
liberté de pouvoir utiliser la loi, si on veut, sinon, de signer des
protocoles d'ententes avec son administration locale et de ne pas
s'embêter de la loi, si cela va bien. (20 h 30)
J'aurais le goût de vous préciser - j'ai l'impression que
vous êtes peut-être un peu loin du milieu étudiant - comment
cela se passe et, pour nous autres, ce que sont les problèmes qu'on sent
que l'on pourrait vivre. Par exemple, je prendrai le cas d'une association
étudiante où cela va bien actuellement et qui décide de
continuer à fonctionner selon le protocole d'entente actuel et de dire:
On sent que ce projet de loi et cette façon de fonctionner vont nous
embêter, on va s'empêtrer dans des problèmes et on n'a pas
le goût de s'embarquer là-dedans. C'est le choix. Vous nous dites:
Vous avez le choix de faire cela et gardez-le. Sauf que, dans d'autres articles
du projet de loi - et c'est là qu'il est important de mettre en relief
ces articles -on propose qu'il y ait des mécanismes
d'accréditation. Dans le cas que nous prenions tantôt, celui d'une
association qui décide de continuer comme cela est maintenant, il
pourrait y avoir, à un moment donné, si l'association fait des
choses qui ne sont pas appréciées par un groupe du milieu, au
niveau universitaire ou collégial - ce sont des choses qui arrivent,
tout le monde n'est pas d'accord...
M. Charbonneau: On sait cela nous aussi.
M. Robitaille: ...il se peut qu'il y ait des gens qui
décident de former une association et qui en demandent la
reconnaissance. À ce moment-là, il y aurait un processus de
maraudage pour voir laquelle des deux serait reconnue. Finalement, il y en
aurait une des deux qui serait reconnue et qui serait obligée de passer
par les mécanismes d'accréditation de la loi et qui, par la
suite, pourrait aussi subir tous les contrecoups, les tares de ce projet de
loi, soit la possibilité de désaccréditation ou de mise en
tutelle. Nous ne sommes pas intéressés par ces perspectives
actuellement. Je pense que la position de l'ANEQ est claire. On vous demande
d'imposer aux administrations locales de percevoir les cotisations et la liste
d'éléments qu'on a développés tantôt et qu'il
y ait une reconnaissance de fait, comme cela s'est fait traditionnellement dans
le passé dans le mouvement étudiant. Cela ne posait pas de
problème jusqu'à ce que le ministère de l'Éducation
décide, il y a un peu plus d'un an, d'émettre sa directive,
vienne mettre le couteau sur la gorge des associations étudiantes et,
pour réparer, semble-t-il, les torts qu'il a lui-même
causés, nous propose aujourd'hui le projet de loi 32. On a bien
l'intention qu'il ne soit pas adopté.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Vézina: ...
Le Président (M. Laplante): Vous avez encore une
réponse?
M. Vézina: J'aurais un complément de réponse
à apporter. M. Charbonneau nous dit de ne pas lui reprocher la
réalité de l'Université de Montréal ou de l'UQAM
où il y a des problèmes, si le gouvernement est obligé
d'adopter un cadre juridique. Je ferai remarquer qu'en règle
générale, lorsqu'on adopte un projet de loi, c'est pour servir un
ensemble plus grand que quelques cas exceptionnels. On sait qu'il existe des
cas-problèmes, sauf qu'il y a d'autres voies qui s'offrent au
ministère pour régler ces cas-
problèmes. D'ailleurs, le Conseil des universités a
déjà fait des recommandations en ce sens, a
déconseillé au ministère de procéder selon un
modèle emprunté au Code du travail pour régler les
problèmes en milieu étudiant universitaire. Il a aussi
suggéré qu'il y ait intervention du ministre directement
là où les parties en présence ne pourraient en arriver
à une entente. On a entendu ce matin la CREPUQ qui disait qu'en
règle générale cela allait bien. On a un ou deux
problèmes et elle était formellement opposée à une
intervention parce que, disait-elle, cela fonctionnait.
Quand on parle d'ingérence et de déstabilisation - le mot
n'est pas trop fort -ce qu'il est bien important de comprendre, c'est qu'on va
changer le mode de fonctionnement fondamental des étudiants. Comme
fonctionne une association étudiante? Comment les étudiants
font-ils l'apprentissage de la démocratie dans un collège? Les
gens se rendent à des assemblées générales,
participent, discutent et prennent effectivement des positions. Le milieu
étudiant étant un milieu hétérogène, on
comprendra que nous ne soyons pas un bloc monolithique. Il y a des positions
qui se tranchent tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.
Avec le projet de loi, il sera possible pour des individus minoritaires,
qui refuseront de se rallier à une décision d'une
assemblée générale, peu importe le sujet, peu importe la
décision, d'insuffler une dynamique du milieu étudiant parce que
la loi 32 leur offrira la possibilité de traduire au niveau
organisationnel leurs positions minoritaires dans une assemblée
générale. Autrement dit, il sera possible pour des gens d'aller
chercher 500 personnes dans un collège de 2000 étudiants qui,
pour des raisons diverses, auront pu ne pas être partie prenante au
débat, de les amener à contester l'association étudiante
et, éventuellement, essayer d'en mettre une autre sur pied plutôt
que de favoriser la participation des gens dans le cadre des structures, par
exemple en consentant effectivement à ce qu'il y ait des périodes
d'allouées pour que les gens puissent prendre en main leur vie
démocratique. On va plutôt tout faire, tout mettre à la
porté de la main des individus pour qu'ils orientent leur comportement
politique plutôt dans une perspective de confrontation, dans une
perspective de remise en question de la structure qui est là. On va
s'orienter assez rapidement vers le pluralisme syndical; et la division des
forces, on sait très bien de qui cela fait l'affaire.
Là-dessus, je terminerais en posant une question au ministre de
l'Éducation. Je voudrais savoir si le ministre accepterait
d'emblée de ne pas adopter cette loi si une majorité du mouvement
étudiant était contre. J'aimerais avoir une réponse
là-dessus. C'est ce qui se dessine à l'heure actuelle. Je pense
qu'on en est la preuve. Je pense sérieusement que la majorité
qu'on détient en ce moment contre ce projet de loi va continuer à
grossir. Je pose de nouveau la question au ministre de l'Éducation:
Est-ce que le ministre va procéder quand même?
Le Président (M. Laplante): Pour le moment, on fait face
à une technicité: les invités ne peuvent pas poser de
questions. Malheureusement, c'est ainsi qu'est fait le système
parlementaire.
M. Vézina: Alors, dans son remerciement final, le ministre
aura le loisir de me répondre.
Le Président (M. Laplante): II y aura peut-être
d'autres occasions où vous pourriez le lui demander.
M. Vézina: Je ne suis pas un habitué des
commissions parlementaires, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt le mémoire de l'ANEQ cet après-midi, avec
d'autant plus d'intérêt que celui-ci me semblait mieux fait que
celui qu'on nous avait présenté à des séances
antérieures de la commission à l'occasion du conflit des
enseignants. Il a été mieux travaillé, j'ai l'impression.
Je trouve que c'est un document qui apporte plus à la discussion. Je
serais prêt à rendre une personne mécontente, je dis mon
opinion en toute franchise.
Il y a des questions qui découlent de ce que vous avez dit. Je
vais vous en poser trois ou quatre auxquelles vous répondrez, si vous le
voulez. La première: Est-ce que je dois comprendre que, pour vous
autres, l'appartenance à l'association représentative des
étudiants, c'est une chose obligatoire ou s'il y a une
possibilité de ne pas être membre? Comment cela se
présente-t-il dans votre esprit? D'après ce que j'ai compris,
cela a l'air que, dès que vous devenez étudiant inscrit dans une
institution, vous devenez automatiquement membre. Comme vieux partisan des
libertés individuelles, j'aime bien que l'adhésion reste un acte
libre. Est-ce qu'il y a possibilité ou non de cela dans votre
schème? Comment cela fonctionne dans votre façon de voir?
Deuxièmement, à supposer qu'on adopte le schème de
l'association unique - qui se défend en logique, il a existé
depuis longtemps dans bien des endroits et je ne pense pas que les gens soient
morts - il y a une question qui se pose. À supposer qu'une association
dépérisse et qu'elle devienne de toute évidence une
association desséchée ou
même, pour employer une expression plus grave, corrompue... Cela
peut arriver. Cela arrive dans des syndicats, cela arrive dans des compagnies,
cela arrive même dans des partis politiques et dans des gouvernements.
Même l'Église a eu ses moments de corruption, comme vous le
savez.
Par conséquent - je ne pose pas une question qui devrait
être de nature à scandaliser qui que ce soit - quand cela arrive,
est-ce qu'on s'assoit sur la poubelle et on dit: On n'ouvre pas le couvercle?
Est-ce qu'il y a un recours quelconque dans votre esprit? Vous pouvez me dire:
Le recours, ce sera que les gens se retrouvent et qu'ils décident de
s'emparer de l'affaire. À supposer que cela apparaisse comme une
montagne infranchissable, est-ce que vous excluez toute possibilité de
remplacement de cela? Encore une fois, parce qu'on est devenu étudiant,
on fait partie de celle-là et il n'y a pas autre chose que cela. Comment
résolvez-vous le problème dans des cas où cela devient en
désaffection, cela devient pratiquement désopérant?
Qu'envisagez-vous pour le retour à la santé?
Quatrièmement, il y a deux modèles qui s'affrontent. Il y
a le modèle fédératif et le modèle unitaire. Si les
étudiants d'une institution veulent choisir entre les deux, je trouve
que les mécanismes qui sont prévus dans la loi sont discutables.
On peut les discuter longuement. S'ils veulent choisir entre les deux, est-ce
que vous voudriez que le gouvernement décide soit par décret - il
est fort sur les décrets, faites attention... Ce que vous avait
demandé le gouvernement, vous autres... Nous autres, on aime bien le
retenir sur la voie des décrets parce que ça glisse vite. Si les
étudiants veulent se prononcer, vous autres, voulez-vous avoir une
garantie du gouvernement qu'il ne pourra pas le faire par loi ou autrement, ou
si vous acceptez que cela se fasse suivant des modalités
différentes? À ce moment, j'aimerais que vous me disiez quelles
modalités vous envisagez. Ce sont quelques questions qui me viennent
à l'esprit, auxquelles j'apprécierais avoir des
éléments de réponse.
M. Vézina: La première réponse qui me vient
à l'esprit concernant votre première question du monopole de
représentation d'une association étudiante sur un campus, c'est
finalement de dire qu'à ma connaissance, les seuls qui contestent ce
fait, ce sont à l'heure actuelle les administrations locales, les
administrations universitaires ou collégiales à certains
endroits. Ce n'est pas l'ANEQ qui revendique que les associations
étudiantes... On ne part pas de rien. On part de mouvements qui existent
déjà. On s'est bâti par la base. Ce n'est pas nous qui
revendiquons aujourd'hui que les associations étudiantes englobent tout
le monde. Par exemple, au niveau collégial, c'est la
réalité; les associations étudiantes sont une
réalité. Les étudiants ont décidé que ce
seraient des associations étudiantes qui représenteraient tout le
monde et il n'y a pas d'indication que les gens entendent changer cela. Nous,
finalement, par rapport à cette question, on s'est bâti
là-dessus. Ce n'est pas nous qui avons imposé ce mode
organisationnel en tant qu'association étudiante, même si on a pu
individuellement être partie prenante au processus.
Pour ce qui est de l'association unique, l'association qui deviendrait
corrompue, qui éprouverait des difficultés au niveau de son
fonctionnement démocratique, par exemple, je pense que les
étudiants sont, règle générale, et je pense
même que la pratique prouve que, dans tous les cas où il a pu y
avoir des problèmes, les étudiants ont réglé ces
problèmes. Quand il y avait des associations qui étaient mortes
ou desséchées, cela n'a pas été très long
que ces associations ont été transformées, sont disparues
et il y a de nouvelles réalités qui ont émergé.
Je pense que tous les ans on peut assister dans les universités
à des désaffiliations de départements à des
fédérations sans qu'aucune loi ne vienne protéger qui que
ce soit. Cela se fait selon des règles démocratiques
déjà établies dans le milieu. Un département
adhère à l'association de campus et il change d'idée deux
ans après, il paie sa cotisation ou il refuse de la payer. C'est la
pratique courante pour ce qui est, en tout cas, du milieu étudiant
universitaire.
La troisième question: Choisir entre les deux. Là-dessus,
on a des membres, nous, qui fonctionnent de façon
fédérative. Ils l'ont choisi. On a des membres qui fonctionnent
selon une structure unitaire. Ils l'ont choisi. Nous, là-dessus, on a
d'autres idées que celles de nos associations membres. On a
assisté, dans un passé encore récent, à la
transformation d'associations unitaires en fédérations. Cela
avait été décidé par les étudiants dans les
institutions. Si c'est le voeu des étudiants, nous, dans nos structures,
on va accueillir les organisations étudiantes de la façon
qu'elles seront, pour autant, évidemment, qu'il y ait un certain nombre
de règles démocratiques qui soient respectées pour
l'adhésion.
Je pense qu'il y a un complément de réponse qu'un autre
membre de l'exécutif aimerait apporter.
M. Wheeland: Je m'excuse pour la faiblesse de mon
français. Je pense que le modèle fédératif ou le
modèle unitaire, c'est toujours le choix des étudiants. Nous ne
sommes pas contre un modèle ou pour un autre, c'est-à-dire qu'en
fin de compte nous sommes pour le droit des étudiants de choisir
leur propre modèle pour chaque institution. Ce modèle,
dans la loi, c'est le système fédératif. Regardez, c'est
bien plus facile d'être un système fédératif qu'un
système central. Il est important de noter que nous avons McGill et
Concordia, l'UQAM et l'AFEUS qui sont très affectées par ce
système. À Concordia, on commence un système de maraudage
presque tout de suite parce qu'il y a toujours une tendance à
l'université d'avoir une division entre, par exemple, les
étudiants dans la gestion... C'est difficile de parler comme cela.
Le Président (M. Laplante): Laissez-le sur la table et
parlez ordinairement.
M. Wheeland: D'accord. Ordinairement, ce n'est pas dans cette
langue... (20 h 45)
Le Président (M. Laplante): Faites comme si personne
n'existait devant vous.
M. Wheeland: D'accord. J'ai besoin de demander pourquoi il est
plus facile de créer un système fédératif, quand un
système fédératif a des institutions membres du RAOJ et
non de l'ANEQ. Si cette loi est adoptée, à CUSA, Concordia, les
étudiants en gestion commencent à faire des demandes
d'accréditation, le plus rapidement possible. Historiquement, il y a
toujours un problème entre les étudiants en gestion et les
étudiants en sciences politiques, en sciences économiques, etc.
Ce n'est pas unique à Concordia. C'est dans chaque université du
monde qu'il y a ce genre de division, je pense.
Nous pensons que, si nous n'avons pas un système
fédératif en ce moment, c'est à cause de la division
là-dedans qui cause presque une guerre civile dans toutes les
associations qui sont centralisées. Enfin, nous pensons que c'est
important si on a une loi où il serait plus facile de donner un
modèle ou un autre que d'imposer des structures aux étudiants.
Vous ne donnez pas le droit aux étudiants de choisir leur propre
modèle de fonctionnement et vous savez qu'il arrive parfois qu'une
confédération ne fonctionne pas.
Le Président (M. Laplante): Dernière petite
question, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: À la première question que j'avais
posée, il n'y a pas eu de réponse, à ma connaissance. Je
demandais si la liberté d'adhésion à l'association est un
principe que vous admettez ou si vous préconisez plutôt
l'adhésion obligatoire.
M. Robitaille: Pour nous, il faut aussi comprendre comment les
associations étudiantes fonctionnent et comment elles interviennent dans
le milieu. L'ensemble des gains, l'ensemble des services aussi que les
associations donnent, que ce soit le journal, la radio étudiante, le
café étudiant, profitent au fond à tous les
étudiants et à toutes les étudiantes. Sur cette base,
comment les réflexions se posent-elles actuellement dans nos
associations? C'est dire qu'il est normal que tous les étudiants et
toutes les étudiantes contribuent, sur cette base, à
l'association étudiante pour l'ensemble des services dont ils
bénéficient.
M. Ryan: II y a un point sur lequel je veux prévenir que
je ne suis pas d'accord. Je tiens à le dire bien clairement et je pense
qu'une formule, comme la formule Rand, est défendable. Elle a
été éprouvée et elle a bien des avantages. Elle
répond à une partie de vos préoccupations. Je pense aussi
qu'il est de la responsabilité du législateur de voir à
préserver la liberté fondamentale du citoyen. Il peut être
obligé de payer une cotisation, s'il reçoit des services, mais
l'obliger à en faire partie de force, parce que vous avez eu une
association en 1950 ou en 1990, je crois que c'est difficilement acceptable.
C'est peut-être conciliable avec l'ensemble de vos objectifs, mais je
tenais à ce que ce point soit bien clairement établi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le ministre, le mot de la fin.
M, Laurin: Encore une fois, je remercie beaucoup l'ANEQ de
s'être d'abord présentée à la commission et aussi de
son mémoire. Même si elle rejette l'idée d'une
législation comme celle de la loi 32, elle a quand même pris la
peine de justifier son rejet ou son opposition par toute une série
d'interrogations ou d'objections que nous étudierons très
sérieusement, parce qu'il peut y avoir là une occasion pour nous
d'améliorer considérablement et substantiellement les articles
actuels du projet de loi.
C'est donc dire que j'ai trouvé cette réflexion
très stimulante et nous essaierons d'en faire notre profit.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les membres de la
commission vous disent merci pour votre participation. Vous vouliez dire un
petit mot de la fin?
M. Legendre: Oui, c'est seulement que j'ai oublié de
mentionner tantôt que Mme Wendy Mancini, vice-présidente des
affaires externes du collège Vanier, est aussi de notre
délégation. Je me devais de le mentionner.
Le Président (M. Laplante): Merci beaucoup et bon retour.
J'appelle maintenant...
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député...
M. Ryan: J'aurais seulement un petit point sur lequel je vous
demanderais de m'éclairer, si vous voulez.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ryan: Habituellement, en commission, à la fin d'une
rencontre avec un groupe...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ryan: ...le président demande au ministre de tirer une
conclusion et le demande généralement à l'Opposition
aussi.
Le Président (M. Laplante): D'accord. J'appelle la
Fédération des associations étudiantes collégiales
du Québec.
M. Ryan: Avez-vous saisi mon point?
Le Président (M. Laplante): Non, je ne l'ai pas saisi.
À l'ordre, s'il vous plaît! Si vous voulez bien reprendre vos
sièges.
Mesdames et messieurs, si vous voulez vous identifier et identifier
l'organisme que vous représentez. Tout en demandant à votre
groupe sa coopération pour essayer de résumer votre
mémoire autant que possible, pour qu'il puisse y avoir le plus de
questions possible des membres de la commission. Madame.
Mme Roy (Suzanne): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Un instant, s'il vous
plaît! Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Seulement un petit mot. J'ai remarqué qu'à
la fin des rencontres avec chaque groupe, vous invitez le ministre à
dire un petit mot de conclusion. Je dois dire qu'il l'a fait d'ailleurs avec
beaucoup de sobriété. Je n'ai aucune espèce de reproche
à lui adresser à ce chapitre, mais je me demande si vous ne
pourriez pas également demander à l'Opposition de le faire.
D'ordinaire, c'est comme cela que cela se passe en commission. J'aurai la
même sobriété.
Le Président (M. Laplante): Oui. Si j'ai pu vous offenser,
cela n'a pas été par mauvaise conscience. Si vous le faites dans
les mêmes termes que ceux du ministre, cela me fera plaisir, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: On choisira nos termes.
Le Président (M. Laplante): Oui. C'est parce que je ne
veux pas de débat en dernier, surtout pas de question ni de
débat. Madame ou monsieur, allez.
Fédération des associations
étudiantes collégiales du Québec
Mme Roy: Merci. Nous représentons ici les membres de la
Fédération des associations étudiantes collégiales
du Québec. À mon extrême droite, M. Renaud
Lefrançois, membre du comité exécutif de l'association
étudiante du cégep F.-X. Garneau, suivi de M. Sylvain Tanguay,
secrétaire aux affaires locales du comité exécutif de la
FAECQ et étudiant à Rivière-du-Loup, Mme Marie-Claude
Malenfant, membre du comité exécutif de l'association
étudiante de Rivière-du-Loup, M. Christian Vézina,
conseiller aux affaires communautaires et coopératives de la FAECQ, M.
François Houle, ex-secrétaire général de la FAECQ
et conseiller de la FAECQ, Mme Christine Lévesque, secrétaire
à la trésorerie au comité exécutif de la FAECQ, M.
Philippe Richard, secrétaire adjoint à la recherche et à
la documentation au comité exécutif de la FAECQ, M. Martin Roy,
secrétaire général de l'association étudiante du
cégep F.-X. Garneau, Mme Jacinthe Côté, recherchiste pour
la Fédération des associations étudiantes
collégiales du Québec, M. Claude Richard, secrétaire
général adjoint pour l'association étudiante du
cégep de Lévis-Lauzon et moi-même, Suzanne Roy,
secrétaire générale de la FAECQ.
Le Président (M. Laplante): Bonsoir, Suzanne.
Mme Roy: M. le Président, nous pouvons tous constater que
nombre d'associations étudiantes ont à subir depuis quelques
années de sérieux problèmes concernant la perception
à la source de leur cotisation étudiante. À la suite de la
directive émise par le ministre de l'Éducation du Québec
en 1982, concernant la perception des cotisations pour les associations
étudiantes et les associations de parents, une sérieuse remise en
question émergea dans certains collèges, quant à la
perception et au remboursement de ces cotisations.
Cette situation provoqua des litiges importants entre les associations
étudiantes et les administrations locales. Nous n'avons qu'à
regarder les nombreux conflits qu'a suscités ce remaniement au sein de
plusieurs de nos institutions collégiales. Alors, comment peut-on
assurer la vie - pour ne pas dire la survie - d'une association
étudiante si elle n'a pas d'argent pour fonctionner de façon
adéquate? Si les associations étudiantes sont obligées de
se
battre constamment pour être financées, elles ne peuvent
plus canaliser autant d'énergie pour s'occuper du contenu.
Ceci représente une des principales raisons qui motivent la
nécessité d'une loi concernant la reconnaissance et le
financement des associations étudiantes.
La FAECQ a fait connaître sa position en ce qui a trait aux
modalités possibles pour que les associations étudiantes puissent
être reconnues et financées de façon adéquate.
La FAECQ et le RAEU ont proposé conjointement un avant-projet de
loi pouvant permettre aux étudiants et étudiantes et à
leur association étudiante de s'exprimer librement et de prendre leurs
responsabilités aux niveaux pédagogique, culturel,
économique et social.
Étant donné l'insécurité dans laquelle les
associations étudiantes se devaient de fonctionner, étant
donné, aussi, l'informalité de leur financement, la FAECQ se
devait donc de voir à ce que les associations étudiantes aient la
possibilité de fonctionner au maximum.
Les étudiants et étudiantes membres de la FAECQ sont
heureux de constater que le contenu du discours ministériel se
précise, et ce, par le biais de la loi 32 concernant la reconnaissance
et le financement des associations étudiantes.
Maintes fois, la FAECQ a remémoré au ministre de
l'Education du Québec la nécessité de
légiférer sur cette question. Ceci, afin que, dorénavant,
les associations étudiantes tant collégiales qu'universitaires ne
soient plus obligées de se battre contre une certaine administration de
collège ou d'université, afin d'assurer leur fonctionnement.
Ainsi, près de 70 000 étudiants et étudiantes, par le
biais de leur structure représentative, ont présenté au
ministre de l'Éducation, le Dr Camille Laurin, une proposition
concrète afin de se donner l'occasion de s'exprimer de façon
positive et efficace dans leur institution et dans la société en
général.
Mme Lévesque (Christine): M. le Président, on peut
se poser la question, à savoir: Pourquoi une loi? Plusieurs
possibilités pouvaient être envisagées pour régler
de façon plus ou moins permanente le problème qu'avaient à
vivre les associations étudiantes.
Voici quelques-unes des possibilités qui s'offraient aux
étudiants et étudiantes du Québec: protocole d'entente
entre l'association étudiante et l'administration locale, amendement
à la loi 24, le projet de loi ou, le cas échéant, une mort
lente du mouvement étudiant.
L'éventualité d'un protocole d'entente entre
l'administration locale et l'association étudiante s'avéra
être éphémère. L'efficacité de cette solution
à la situation des associations étudiantes fut très
sporadique, étant donné qu'elle entraînait de difficiles
négociations à chaque année scolaire. Cette situation
instable plongea les associations étudiantes dans une profonde
incertitude quant à la gérance de l'exercice de leurs
fonctions.
La possibilité d'amender la loi 24 fut sérieusement
envisagée par les membres de la FAECQ qui, après mûre
réflexion, ont conclu que le manque de concision rendrait encore plus
complexe la situation. En effet, un amendement à la loi 24 se verrait
tellement général qu'il ne répondrait pas vraiment aux
besoins actuels des étudiants et étudiantes et de leurs
associations étudiantes.
La possibilté de recourir à la législation a
été la solution que nous avons retenue. Elle fut l'objet d'une
très longue analyse de notre part et nous avons considéré
sous tous ses aspects l'impact que pourrait avoir une loi sur la vie
associative des étudiants et étudiantes. Une loi peut permettre
le règlement positif des conflits structurels et financiers qu'ont
à vivre, depuis quelques années, les associations
étudiantes.
En légiférant sur ce point, cela donnera la chance aux
étudiants et étudiantes de se tourner enfin vers des
débats plus constructifs. En effet, le mouvement étudiant actuel
se donne aujourd'hui la vocation de bâtir, et ce, avec tous les
intervenants de l'enseignement. (21 heures)
C'est pourquoi, au sein de la FAECQ, nous cherchons à proposer
des solutions concrètes et réalisables face aux problèmes
auxquels les étudiants et étudiantes sont continuellement
confrontés. On donne ici l'exemple de l'endettement, des prêts et
bourses, du chômage, de la reconnaissance des droits étudiants et
des implications possibles des étudiants et étudiantes dans la
structure et dans la société en général.
Le temps est venu de définir précisément le type
d'orientation et d'action qu'il faut mettre de l'avant. Il faut que les
étudiants et étudiantes occupent une plus grande place dans les
décisions qui les concernent, tant au niveau de leurs études que
dans l'ensemble de la société. Ainsi, la FAECQ réclame
plus de pouvoirs pour les étudiants et les étudiantes dans la
structure de l'école et voudrait que le potentiel étudiant puisse
servir à la communauté et ceci, dans un esprit d'ouverture.
Les étudiants et étudiantes membres de la FAECQ
désirent s'assumer en tant qu'intervenants de l'enseignement et ce, par
le biais de leur structure représentative, c'est-à-dire leur
association étudiante. En ce sens, la loi no 32 pourra être une
aide précieuse, car nous pourrons nous consacrer davantage à un
débat de fond qui consistera à faire évoluer la
réflexion déjà amorcée.
Le temps est venu de se soucier
prioritairement de la permanence du mouvement étudiant et de
préparer sans cesse une place de plus en plus adéquate afin que
puisse se concrétiser le mieux-être étudiant.
L'adoption d'une loi cohérente visant à reconnaître
et à financer les associations étudiantes démontre une
volonté grandissante de consolider la possibilité pour les
étudiants et les étudiantes d'être
représentés et défendus par une association
répondant- à leurs besoins et à leurs attentes.
Voici quelques principes que nous aimerions voir considérer au
sein du projet de loi 32: Dans ce projet de loi, nous aimerions que la place
des étudiants et des étudiantes dans les structures soit
clairement définie et établie ainsi que la possibilité
d'accréditation pour l'implication étudiante et ce, tant au
niveau de la structure de l'association, de la structure du collège
qu'au niveau de l'implication dans les projets communautaires.
Nous considérons que l'étudiant ou l'étudiante doit
occuper une plus grande place dans l'édification de son évolution
dans le monde de l'éducation. Au même titre que les professeurs,
les administrateurs et le ministère de l'Éducation, les
étudiants et étudiantes sont partie intégrante et
participante de l'école. En considérant ceci, il s'avère
essentiel que les étudiants et étudiantes puissent prendre la
place qui leur revient et qu'ils aient le droit d'être entendus et plus
considérés. Cela constitue une des options que nous tenons
à voir inscrites au projet de loi afin que les initiatives
étudiantes ne puissent plus sombrer dans le néant.
Présentement, les étudiants et étudiantes
s'inquiètent, et avec raison, de l'initiative de la
Fédération des collèges. La Fédération des
collèges désirait une décentralisation accrue du pouvoir
de gestion des associations étudiantes. Cette volonté, en effet,
semblerait se diriger de façon à former et à ne laisser se
former que des associations étudiantes dites politiques ou à
vocation politique. Cela amènerait une décentralisation de toutes
les autres activités que gèrent actuellement plusieurs
associations étudiantes. Ces activités seraient dorénavant
gérées par les services aux étudiants des collèges.
On pense ici au côté socioculturel, au côté sportif
et à tous les autres sous-comités gérés
présentement par l'association étudiante.
À quoi servirait, ou encore à qui servirait la
décentralisation du pouvoir de gestion au profit des services aux
étudiants? Les préoccupations pédagogiques seraient vite
oubliées, les revendications ne seraient pratiquement plus qu'externes,
soit dirigées vers le ministère de l'Éducation. Quelle
solution facile que d'enlever les victoires déjà acquises en nous
coupant l'herbe sous le pied ou encore en tournant deux adversaires l'un vers
l'autre?
Les étudiants et étudiantes ne veulent plus d'une
association politique et d'une autre socioculturelle. Ce qu'ils veulent, c'est
que leurs intérêts sociaux, économiques et
pédagogiques soient défendus par des étudiants et
étudiantes et gérés par des étudiants et
étudiantes.
Nous aimerions aussi voir la loi éclaircie sur l'attribution de
crédits scolaires relatifs à la participation. La participation
aux activités parascolaires peut être autant, sinon plus,
formatrice qu'un cours complémentaire. La FAECQ véhicule un
discours de coopération. Si l'on créditait un étudiant
pour ses activités parascolaires, son intégration sociale serait
beaucoup plus facile. Il faut cesser de confiner l'étudiant et
l'étudiante du niveau collégial en vase clos. Le cégep
fait partie de la société et l'étudiant et
l'étudiante du niveau collégial doit s'assumer en tant que
citoyen à part entière, en collaborant autant à son
éducation qu'à l'amélioration de la
société.
Dans le projet de loi que la FAECQ et le RAEU ont présenté
conjointement, nous mentionnons notre désir d'avoir le droit
d'évaluer notre enseignement. Nous jugeons, en effet, que les premiers
à pouvoir juger de la qualité de l'enseignement sont ceux qui le
reçoivent, c'est-à-dire les étudiants et
étudiantes. Nous croyons que quelques critiques positives ne peuvent
être que bénéfiques à la qualité de
l'enseignement.
Mme Roy: Le projet de loi 32, un premier pas. Les membres de la
FAECQ se réjouissent de la présentation du projet de loi
concernant le financement et la reconnaissance des associations
étudiantes à l'Assemblée nationale du Québec. Comme
je vous l'ai mentionné plus tôt, nous avions déjà
fait connaître, dans les mois précédents, notre avis
concernant la reconnaissance et le financement des associations
étudiantes. Nous avions aussi fait connaître le désir de
voir le gouvernement du Québec légiférer pour qu'enfin les
associations étudiantes soient financées et cela, sans
ingérence de quelconque façon. Le projet de loi no 32 est une
bonne initiative, mais les membres de la FAECQ voient en ce projet de loi un
projet minimal.
Nous avions évoqué plusieurs principes et demandes
très importants pour les associations étudiantes. En voici
quelques exemples: le droit à l'évaluation des enseignants et des
enseignantes et de l'enseignement, le droit d'obtenir certains crédits
scolaires relatifs à la participation, le droit à la
négociation et à l'arbitrage, le droit de veto concernant la
nomination, la suspension, le congédiement ou la révocation du
directeur des services aux étudiants.
Nous tenons à vous mentionner encore
une fois que toutes ces demandes éviteraient que les associations
étudiantes se battent encore contre des structures et permettraient aux
associations étudiantes de disposer de plus de temps et d'énergie
pour le contenu. Le projet de loi répond à une longue attente de
la part de plusieurs associations étudiantes.
Nous espérons que ce projet de loi ne soit qu'un début et
qu'il puisse être un outil à l'accomplissement des associations
étudiantes dans leur vocation réelle. Le projet de loi 32 doit
être accepté d'ici la fin de la session parlementaire actuelle
pour qu'il puisse être mis en application dès septembre. Ce projet
de loi 32 est minimal, mais il est nécessaire. C'est un premier pas vers
une amélioration certaine.
À la suite de l'analyse du projet de loi 32, les membres de la
FAECQ désirent que certaines modifications soient apportées
à la loi pour qu'elle puisse être plus près des
réalités vécues et qu'elle réponde mieux aux
revendications étudiantes. En voici quelques-unes: L'article 2, qui
définit ce qu'est un établissement d'enseignement, semble
être incomplet. Dans les collèges, des groupes d'étudiants
et d'étudiantes étudient le soir à l'éducation aux
adultes. Il se révèle donc impossible pour ces étudiants
et étudiantes de pouvoir participer aux structures d'une association
étudiante qui regrouperait des étudiants et étudiantes
à temps régulier. Il serait donc important que l'on puisse donner
la chance à ces étudiants de se regrouper et d'avoir la
possibilité de s'accréditer pour être reconnus et
financés.
À l'article 7, la FAECQ désirerait que l'on change les
mots "conseil d'administration" pour les mots "instances
décisionnelles", car déterminer à la place de
l'association étudiante quelle instance spécifique doit prendre
la résolution risquerait une ingérence certaine dans les statuts
et les règlements de l'association étudiante.
Nous considérons que l'article 11 devrait se lire: "Sauf le
scrutin ordonné en vertu de l'article 23 ou 40, tout scrutin tenu par
l'association étudiante en vue de son accréditation doit avoir
lieu pendant le mois d'octobre ou de février ou pendant la
préinscription ou l'inscription de l'établissement
d'enseignement."
À l'article 23, nous voudrions qu'un délai soit
déterminé avant l'ordonnance par l'agent d'accréditation
de la tenue d'un scrutin secret. Un délai de 30 jours ouvrables serait
opportun. Ceci est afin d'éviter que l'agent d'accréditation
ordonne à l'association étudiante ou au regroupement
d'associations de tenir un scrutin secret, d'après l'article 23, par un
appel. On dit: Dans deux semaines, vous avez un scrutin secret à tenir.
On sait que, surtout dans les gros collèges, cela serait plus difficile
et pratiquement impossible pour atteindre le pourcentage à
atteindre.
L'article 28 est plus que général quant à la
définition d'un local. Est-ce qu'une garde-robe est un local? Donc, pour
remédier à cela, cet article devrait, il nous semble, se lire
plutôt comme suit: "L'établissement d'enseignement doit fournir
gratuitement à l'association ou au regroupement d'associations
d'étudiants accrédité un local et un mobilier. En cas de
litige concernant la superficie du local et le mobilier, ce sera le
comité d'accréditation qui statuera. En outre,
l'établissement d'enseignement doit mettre gratuitement à sa
disposition des tableaux d'affichage et des présentoirs."
À l'article 29, que les mots "conseil d'administration d'une"
soient remplacés par les mots "désignés par" pour les
mêmes raisons que celles mentionnées à l'article 7. Si on
regarde l'article tel que rédigé, cela amènerait une
ingérence dans les statuts et règlements de l'association
étudiante.
Au chapitre III, section IV, sous-section 1, il nous semble important de
mentionner le temps minimal pour une convocation du comité
d'accréditation. Dix jours ouvrables seraient suffisants pour se
libérer et le fonctionnement du comité ne serait pas
retardé. La FAECQ désire que les étudiants et
étudiantes nommés au comité d'accréditation soient
proposés par les associations étudiantes nationales et qu'une
liste d'étudiants et d'étudiantes soit constituée pour
qu'il soit possible de remplacer un étudiant ou une étudiante en
cas d'impossibilité ou de conflit d'intérêts. Ceci devrait
constituer l'organe d'un article.
Que l'article 43 se lise comme suit: "Toute personne qui est membre du
comité ne peut siéger en appel d'une décision qui concerne
une association ou un regroupement d'associations d'étudiants de
l'établissement d'enseignement où elle est inscrite ou qui
concerne l'établissement d'enseignement où elle travaille." Comme
l'avait mentionné plus tôt le RAEU, les deux personnes
nommées par le ministre - et qui ne sont pas des étudiants -
peuvent être des administrateurs de collège, des professeurs. Ils
seraient donc en conflit d'intérêts s'il y avait un litige dans le
collège ou dans l'université.
Que l'article 49 se lise comme suit: "Sur demande d'une association
d'étudiants qui a obtenu, lors d'un scrutin tenu conformément
à la section II du chapitre III, la majorité requise par le
paragraphe 2 de l'article 6, ou sur demande d'un regroupement d'associations
d'étudiants qui a obtenu les adhésions requises par le paragraphe
2 de l'article 7, l'établissement d'enseignement doit prêter, sans
intérêt, à cette association ou, selon le cas, à ce
regroupement les sommes nécessaires au paiement des dépenses que
requiert toute formalité visant une demande
d'accréditation." On ajoute à l'article les mots "sans
intérêt". On dit que le collège doit prêter sans
intérêt et que cela n'est pas seulement pour la demande
d'incorporation, mais pour toutes les formalités de la demande
d'accréditation.
Que l'article 51 se lise comme suit: "Pour le financement de ses
activités, l'association ou le regroupement d'associations
d'étudiants accrédité peut, par règlement
approuvé par la majorité des voix des étudiants qui votent
lors du rassemblement décisionnel prévu à cette fin
d'après la régie interne, fixer une cotisation que doit payer
chaque étudiant représenté, selon le cas, par cette
association ou par une association elle-même représentée
par ce regroupement." C'est encore pour les mêmes raisons que celles
mentionnées à l'article 7, pour ne pas s'ingérer dans la
structure interne de l'association ou du regroupement d'associations.
Le projet de loi possède quelques lacunes, mais nous
espérons que l'Assemblée nationale du Québec corrigera ces
ambiguïtés pour le mieux-être des étudiants et
étudiantes du Québec.
Mme Lévesque: Même si le projet nécessite des
modifications certaines, il n'en demeure pas moins qu'il arrive à point
au sein des associations étudiantes. Depuis quelque temps, on semblait
tenter de plus en plus d'étouffer les initiatives étudiantes en
se cachant derrière une directive. En adoptant cette loi
immédiatement, nous pouvons d'ores et déjà nous tourner
vers des restructurations de nos conditions de vie et d'étude et mieux
cerner les problèmes qui font de la pédagogie une utopie.
Le temps n'est plus aux revendications sans fondement. Il faut se
rappeler que l'étudiant collégial est un citoyen responsable,
capable de s'assumer et d'apporter des critiques constructives à
l'évolution du système autant scolaire qu'économique. Les
questions et corrections apportées ici par les divers intervenants de
cette commission parlementaire ne peuvent être que constructives pour
l'élaboration d'une loi satisfaisant à toutes les structures de
l'enseignement. Il est d'une importance primordiale pour la survie des
associations que ce projet de loi modifié soit adopté avant la
fin de cette session. La voix étudiante ne pourra garder sa vigueur
qu'à ce prix.
(21 h 15)
En terminant, M. le Président, la FAECQ voudrait remercier
l'Assemblée nationale et la commission parlementaire de l'avoir
invitée à se prononcer sur le projet de loi 32 et incite tous les
intervenants de cette commission à se rallier sur des corrections
constructives nous permettant de faire adopter cette loi dans les plus brefs
délais possible.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je voudrais remercier aussi la
FAECQ de s'être présentée à la commission avec une
représentation aussi nombreuse. Je voudrais aussi la remercier pour le
caractère solide et positif de son mémoire.
Je vois que, à la page 2 de votre mémoire, vous dites que
la position que vous exprimez représente celle de 70 000
étudiantes et étudiants. Je voudrais vous demander si cela
comprenait également les étudiants que représente aussi le
RAEU ou si ce sont simplement des étudiants de niveau
collégial.
M. Roy: Oui, cela représente aussi les étudiants du
RAEU, puisque c'est conjointement que les étudiants du RAEU et de la
FAECQ ont décidé de prendre cette solution soit celle d'une loi
pour en arriver à avoir une reconnaissance et un financement
adéquats.
M. Laurin: Donc, vous représenteriez une vingtaine de
mille étudiants de niveau collégial.
Mme Roy: Un peu plus de 23 000.
M. Laurin: Un peu plus de 23 000. Vous faites état d'un
certain nombre de cégeps, vous n'avez pas spécifié le
nombre, où le problème de la reconnaissance des associations
étudiantes et du financement par perception de cotisation posait
d'énormes difficultés. Est-ce que vous avez une idée du
nombre de collèges où ces difficultés se sont
posées ou se posent encore?
Mme Roy: Comme on l'a mentionné dans le mémoire,
cela revient de façon sporadique à chaque année. Donc,
à chaque année, ce sont différents collèges,
quelquefois les mêmes collèges, qui ont à subir des
problèmes. On pourrait quantifier par année ou on pourrait
quantifier depuis un temps X. À chaque année, il y a des
collèges qui ont de sérieux problèmes.
M. Laurin: À votre connaissance, combien de
collèges au Québec annuellement connaissent ces
difficultés?
M. Houle (François): Si vous me le permettez, je vais
tenter de cerner pour ne pas qu'on fasse un historique trop pénible.
Depuis la directive, c'est-à-dire depuis à peu près un an
et demi ou deux ans, l'année dernière a été
pénible pour un bon nombre de collèges. Dans notre
fédération, c'est quatre ou cinq collèges, entre autres
Rivière-
du-Loup, où la cotisation est devenue strictement volontaire.
Donc, cela a causé un problème. Il y a aussi Maisonneuve qui me
vient à l'esprit et ainsi de suite.
Le réel problème, c'est que, cette année, il y a
vraiment des avis juridiques qui sont sortis de part et d'autre, tant à
la Fédération des cégeps qu'au ministère de
l'Éducation, qui disent que la perception de la cotisation doit
être volontaire ou, en tout cas, ne peut être obligatoire. Le
problème se pose dans à peu près tous les collèges
du Québec. Je dois dire qu'à l'heure actuelle, puisque la
perception des frais se fait à l'inscription du mois d'avril pour les
étudiants qui sont déjà en place pour une première
ou une deuxième année... La perception ne s'est pas faite en
avril dernier, si ce n'est que par des ententes locales qui prévoyaient
une multitude de clauses que les associations étudiantes étaient
contraintes de signer, qui permettaient un remboursement à telle date.
Donc, il n'y a pas eu de perception de faite, comme traditionnellement, pour
cette année. Le montant est généralement versé en
juillet. En juillet de cette année, les associations étudiantes
n'ont pas reçu 90% des cotisations qu'elles recevaient
traditionnellement. Pour cette année, ce sont à peu près
tous les collèges.
M. Laurin: Est-ce que c'est uniquement au sein des associations
étudiantes que représente votre fédération qu'il y
a pareille difficulté, puisque vous êtes la seule, avec le RAEU,
à la mentionner? À votre connaissance, est-ce qu'il en existe
ailleurs aussi?
Mme Roy: Oui, ces problèmes existent aussi ailleurs, dans
des cégeps membres de la l'ANEQ, dans des cégeps non
affiliés. Ces problèmes existent aussi et ils sont aussi
présents que dans les collèges membres de la FAECQ.
M. Laurin: Est-ce qu'il y a d'autres moyens de les régler
étant donné que, dans certains cas, on ne semble pas vouloir
prendre les moyens qu'offrirait la loi pour les régler?
Mme Roy: Comme on l'a mentionné, on a regardé
plusieurs possibilités pour régler ces litiges qui, en tout cas,
se révélaient de plus en plus fréquents. Pour les membres
de la FAECQ, le moyen qui a semblé le plus adéquat a
été celui d'une loi qui permettrait aux associations
étudiantes de vivre un peu plus certaines de la continuité de
l'association étudiante pour les années qui vont suivre. C'est
une loi qui a été retenue comme solution pour régler ces
litiges.
M. Houle: Je n'ai pas besoin de vous le dire, M. le ministre,
mais je vais quand même me permettre de vous le rappeler, puisque cela
n'a pas été fait plus qu'il ne le faut aujourd'hui; ce n'est
quand même pas la loi qui est sur la table, qui est une loi-cadre, qu'on
vous avait présentée. Il faut être conscient de cela aussi.
On considère qu'on se présente ici - j'aimerais qu'on en tienne
compte de votre côté - dans une position de compromis, puisqu'on
obtient certaines choses qu'on demandait, mais pas entièrement.
Je pense que toutes les possibilités ou tous les choix possibles
ont été mentionnés par plusieurs. Si nous insistons sur la
loi, c'est que, finalement, on élimine beaucoup d'arbitraire et on se
sécurise un petit peu. On aimerait aussi que certaines choses -c'est
souvent l'argumentation qu'on a donnée et c'est aussi l'argumentation
que les directeurs généraux ou les directeurs de services aux
étudiants vont probablement évoquer tout à l'heure - qu'on
revendique, qui sont déjà offertes par quelques collèges
ou qui existent déjà, nous voudrions seulement que, par le biais
d'une loi, ces choses soient institutionnalisées, si on veut, et que
cela soit assuré pour tout le monde.
M. Laurin: Vous faites également plusieurs propositions
d'amendements, que je n'aurai pas le temps de commenter au complet dans le
court espace de temps dont je dispose. Je voudrais simplement vous dire qu'en
ce qui concerne votre demande pour l'article 7, je pense, évidemment,
qu'il faut l'accepter: Remplacer les mots "conseil d'administration" par
"instances décisionnelles". Je reconnais avec vous que, selon les
statuts et règlements des associations, les appellations des structures
décisionnelles peuvent varier. Je reconnais aussi avec vous qu'il
faudrait peut-être être plus précis pour le cas des adultes
qui étudient le soir. Nous allons sûrement nous pencher sur ce
problème également.
Quant aux modalités techniques, vous voulez voir apporter, quant
aux modalités du scrutin, le caractère secret du scrutin. Il y a
là aussi des formulations intéressantes qui vous sont
probablement dictées par votre expérience et que nous allons
également étudier avec attention.
En ce qui concerne la demande que vous nous faites de forcer des
établissements à vous fournir local, mobilier,
présentoirs, tableaux d'affichage, nous nous sommes posé la
question, mais il y a peut-être un inconvénient à
être trop explicite à cet égard. Quand nous en arrivons,
dans une loi, à vouloir définir ce qu'est le mot
"adéquat", cela devient difficile surtout quand on envisage les
conséquences qui peuvent s'ensuivre ou qui peuvent résulter d'une
définition imprécise ou inadéquate. Nous avons
pensé qu'en mettant le principe dans
le projet de loi, l'association, maintenant reconnue, financée,
pourrait, par la négociation, en arriver à une meilleure solution
que celle que tout texte de loi pourrait désigner.
Je suis également sensible aux représentations que vous
nous faites à propos de l'article 43 et autres articles. Votre
préoccupation d'éviter les conflits d'intérêts me
paraît tout à fait légitime. Nous pensions y avoir
obvié, mais, puisque vous avez encore des doutes ou des
réticences à ce sujet, nous continuerons d'examiner le
problème.
Il y a une autre remarque que je voudrais faire. Il est vrai que nous
n'avons pas retenu toutes les suggestions que vous nous avez faites, qui
pourtant nous paraissent tout à fait légitimes, sur la place que
vous voudriez occuper dans les diverses instances des établissements,
afin de prendre toute votre part à la vie et au fonctionnement des
services qui vous sont destinés, qu'il s'agisse de services culturels,
de services sportifs, de services pédagogiques surtout. Nous avons voulu
aller, comme je l'ai déjà dit, au plus pressé et assurer
d'abord les bases, l'infrastructure d'un fonctionnement sain de vos
associations afin, justement, comme vous le dites dans votre mémoire, de
vous permettre en toute sécurité de vous occuper, de vous atteler
à l'examen et à la solution des autres problèmes que vous
nous énumérez. Comme vous l'avez dit d'ailleurs vous-même,
il s'agit d'un premier pas, il s'agit d'une loi minimale. Je vous dis quand
même que nous portons un grand intérêt à ces autres
demandes que vous faites, mais ce n'est peut-être pas le lieu dans cette
loi de pouvoir y répondre. Nous avons d'autres moyens à notre
disposition. Nous sommes, par exemple, à préparer un
règlement pédagogique pour le collégial et il n'est pas
interdit que, dans ce règlement, il puisse se trouver des
réponses à certaines de vos préoccupations. Il y a
d'autres avenues également que nous explorons lors des entretiens
réguliers que nous avons avec la CREPUQ, avec les universités, en
ce qui concerne, par exemple, la reconnaissance sur le plan des crédits
éducatifs proprement dits des activités étudiantes.
Voilà une autre avenue que nous pouvons sûrement emprunter
dans l'avenir. Enfin, il y a d'autres lois possibles qui peuvent être
envisagées pour l'avenir, malgré que nous voulions toujours faire
en sorte de ne pas nous ingérer plus qu'il ne faut dans les
activités étudiantes afin de respecter aussi bien votre
revendication tout à fait normale et légitime de liberté
et d'autonomie, de même aussi que nous voulions conserver dans toute la
mesure du possible le caractère propre des établissements
collégiaux et universitaires qui à cet égard,
également, revendiquent une autonomie. Donc, même si nous ne
répondons pas pour le moment à toutes vos demandes, cela ne veut
pas dire qu'elles ne sont pas notées et que nous ne les gardons pas en
tête pour l'avenir.
Le Président (M. Laplante): La réplique.
Mme Roy: L'essentiel des modifications qu'on a tenues à
faire connaître concernant la loi 32 ont pour but d'amener une plus
grande satisfaction pour la majorité des associations d'étudiants
ou des regroupements d'associations d'étudiants pour que...
Tantôt, l'ANEQ semblait très réticente, elle parlait
d'ingérence. Avec les modifications qu'on vous a mentionnées,
entre autres, on évite justement qu'il y ait ingérence. Comme
cela, on laisse l'autonomie aux associations étudiantes tout en leur
donnant des droits. En ce qui a trait aux locaux, on n'a pas mentionné
que c'étaient des locaux adéquats parce que le mot
"adéquat" est plus ou moins spécifique. Ce que nous
spécifions, c'est qu'en cas de litiges, il est important que quelqu'un
statue sur ces litiges et que, d'après nous, ce serait le comité
d'accréditation qui serait le mieux placé et le plus
adéquat pour statuer sur la superficie que pourrait avoir un local et ce
que pourrait être le mobilier dans ce local.
M. Houle: Un petit rappel, M. le ministre. Dans le projet de loi,
on prévoit une participation quelconque de personnes nommées par
l'association accréditée pour différentes instances au
niveau de l'établissement. Je vous rappelle simplement un mémoire
qu'on avait déposé la dernière fois qu'on s'est
présenté en commission parlementaire et qui parlait finalement
d'une solution de rechange pour le département et quelques autres
commissions comme cela. C'est que, dans le projet de loi 32, il y a une chose
qui n'est pas claire non plus. Lorsqu'on parle de représentation aux
instances où il y a déjà des étudiants -puisque
cela va être le cas en septembre, lorsque la loi va être en vigueur
- au niveau collégial, il y a simplement le conseil d'administration
d'un collège où les étudiants ont un siège
finalement. En tout cas, dans la plupart des cas; à quelques endroits,
on a quelqu'un au conseil exécutif du conseil d'administration; c'est
très rare. Cet étudiant pourrait être dorénavant
nommé par l'association étudiante dans son processus
électoral.
Maintenant, au conseil d'administration, on n'est pas sans savoir qu'il
y a un étudiant sur 22 représentants qui y siègent. Donc,
c'est un pouvoir très relatif quand même. Nous, lorsqu'on parle de
représentation étudiante dans différentes structures, on
aborde aussi la question du comité exécutif, de la régie,
probablement du comité des
relations du travail et des départements où on insiste un
peu plus. (21 h 30)
Le deuxième élément. Lorsqu'on vous parle, dans
notre mémoire, des services sportifs et autres aux étudiants, je
me permets de vous rappeler que le premier ministre, dans son discours
inaugural, le 23 mars - je vais tenter de le citer intégralement, chose
qui ne sera pas facile -en abordant la volonté de son gouvernement de
présenter le projet de loi 32, a aussi parlé de la gestion de
certains services appelés à leur appartenir. Dans ce sens, on
pensait que le "package deal" allait venir tout d'un coup parce qu'on se
réjouit que le discours commence à concorder un peu avec la
pratique. Dans ce sens, nous pensions que ce morceau allait venir en même
temps. Quant à nous, nous sommes prêts à le recevoir.
Mme Lévesque: M. le Président, lorsqu'on dit qu'on
aurait voulu que cette loi, ou tout au moins une loi peut-être
parallèle, définisse la place des étudiants dans les
structures et l'établisse clairement, je crois qu'en lisant une chose
comme: "Étant donné que toute activité valable n'est pas
assimilable à une activité d'un programme de formation;
étant donné que la question de l'accréditation peut se
poser pour une foule d'activités de toutes espèces; les
collèges refusent de faire des activités relatives à la
vie associative une catégorie à part pour fins
d'accréditation." - c'est tiré d'un document
présenté par M. Benoît Lauzière, du collège
de Maisonneuve - c'est à croire que la Fédération des
collèges, en refusant l'attribution de crédits pour la
participation, refuse de voir que les étudiants de niveau
collégial ont aussi une part de responsabilités sociales. Elle en
fait des êtres marginaux.
Par la même occasion, nous pouvons dénoter que la
Fédération des collèges n'a aucune conscience du
vécu pédagogique en refusant de permettre aux étudiants
d'y participer activement. Je crois qu'on peut s'inquiéter avec raison,
en voyant une telle position, de la lutte que les étudiants auront
peut-être à mener, l'an prochain, afin de se faire une place au
sein des structures qu'ils régissent dans un collège.
Je crois que les étudiants ont une part intégrante
à la vie des collèges et surtout à leur vécu
pédagogique. C'est un peu se fermer les yeux de croire qu'un
étudiant pourrait participer activement à la revalorisation de sa
vie pédagogique en ne lui donnant aucun outil pour qu'il puisse y
participer, soit, enfin, l'accréditation.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président.
Évidemment, j'aimerais, à mon tour, remercier les
représentants de la FAECQ pour la présentation de leur
mémoire. J'ai des petites questions avant de céder la parole
à mon collègue de Louis-Hébert. Avec le projet de loi 32
incluant ses amendements, ne craignez-vous pas que l'on s'en aille vers une
bureaucratisation un peu extrême du droit d'association ou si, à
votre point de vue, au contraire, c'est un minimum, comme vous dites?
Mme Roy: Je ne sais pas si le fait de donner la
possibilité aux associations d'étudiants et aux regroupements
d'associations peut s'appeler de la bureaucratie. Je ne crois pas. C'est qu'il
y a certains procédés qui doivent se faire et le premier pas doit
se faire pour que cette reconnaissance et ce financement puissent être
véridiques et exister de façon réelle pour le suivi et la
survie des associations d'étudiants et des regroupements
d'associations.
M. Houle: Pour ajouter quelque chose, je crois comprendre,
Claude, que l'autre gang t'a mis dans la tête qu'on est des futurs
bureaucrates, je ne sais pas trop. Il paraît que c'est le "trip", en
commission parlementaire, de poser des questions plantées. Je ne sais
pas trop. Une chose est certaine, c'est que, dans une volonté de prendre
une plus grande place à l'intérieur d'une institution scolaire et
dans la société, forcément, l'idée à la
source de cela, c'est qu'on pense qu'un accroissement de responsabilités
des étudiants en les faisant participer à différentes
choses déjà énoncées amènerait
forcément une petite bureaucratie au niveau de l'association
étudiante. Au niveau de la bureaucratisation d'application du droit
d'association, je ne pense pas, puisque, si on regarde spécifiquement
l'application administrative du projet de loi 32, on parle d'un agent
d'accréditation, d'un comité d'appel - ce n'est plus un
comité d'appel ou ce ne le sera plus, peu importe -qui serait
bénévole.
Je pense que l'application administrative de cela est très peu
lourde. Cela ne cause pas de problème pour nous. Le mot
"bureaucratisation" est un mot qui fait bien peur. Il faut toujours faire
attention.
M. Dauphin: D'ailleurs, c'est pour cela que j'ai fait un peu
attention. Je sais que vous êtes quand même, au départ, avec
le RAEU, un peu les fondateurs de ce projet de loi. Maintenant, je tiens
à vous dire que je n'ai pas été "briefé". J'ai
rencontré tout le monde. Je pense que cela s'est fait de bonne guerre,
en toute équité.
On a parlé ce matin des associations nationales qui sont
complètement inexistantes dans le projet de loi en question. Je sais
que
vous en aviez parlé auparavant. Je pense que vous n'en parlez
à peu près pas dans votre mémoire. Est-ce que, dans ce
projet de loi en question, vous entrevoyez des dispositions qui
reconnaîtraient les associations nationales ou si vous pensez, comme le
ministre, qu'on ne devrait tout simplement pas en parler?
Mme Roy: Ce que croient les membres de la FAECQ, c'est que,
premièrement, il y a un principe très important qu'il ne faut pas
oublier, qui est celui de ne pas reconnaître pour reconnaître, mais
reconnaître pour pouvoir fonctionner. Si la FAECQ, qui a comme premier
objectif, entre autres, de ne pas se décrocher de la masse
étudiante, si la masse étudiante peut avoir une association
représentative et financée, cela va automatiquement se
refléter sur l'association nationale qui pourra aussi être
financée par ses membres et aussi fonctionner d'une façon
adéquate et plus certaine.
Il faut que cela soit clair, parce que le premier but des associations
étudiantes, que ce soit au point de vue national, local ou que ce soit
un regroupement d'associations, la première reconnaissance, la
reconnaissance principale que doivent avoir ces associations étudiantes
doit être envers les étudiants et les étudiantes qu'elles
représentent et qu'elles défendent.
M. Dauphin: Je l'ai lu rapidement avec vous autres. Mais
avez-vous parlé de ce dont on a parlé ce matin en rapport avec
les étudiants à temps partiel? On sait que, dans le projet de
loi, on a la même définition pour un étudiant à
temps plein que pour un étudiant qui ne suit qu'un cours, par exemple,
au cégep. Est-ce que votre position là-dessus est celle du projet
de loi, c'est-à-dire ne pas faire de distinction, ou si vous entrevoyez
des distinctions entre un étudiant qui suit un cours et qui paierait la
même cotisation qu'un étudiant qui suit cinq cours?
Mme Roy: Un étudiant ou une étudiante qui suit un
cours ou qui suit cinq cours a à subir, dans certains cas, ou à
bénéficier, dans d'autres cas, d'une pédagogie. Comme les
associations étudiantes membres de la FAECQ tentent d'améliorer
la pédagogie, comme ils tentent de donner des services à leurs
étudiants et étudiantes (photocopie, café étudiant
etc.) une étudiante qui suit un cours pourra bénéficier
des mêmes services qu'un étudiant qui suit cinq cours. Il doit
donc aussi participer à l'amélioration des services, à
l'amélioration de sa pédagogie à lui comme de la
pédagogie de toute la collectivité étudiante.
M. Dauphin: ...un peu ma question. Si les étudiants et les
étudiantes de soir sont majoritaires dans un collège, est-ce que,
selon vous, ils ont les mêmes intérêts ou aspirent aux
mêmes services que des étudiants à temps plein de jour?
Mme Roy: Comme nous l'avons spécifié dans le
mémoire, nous tenons à ce que les étudiants et
étudiantes de soir aient aussi la possibilité de se regrouper
pour défendre leurs droits, qui sont souvent différents des
revendications des étudiants réguliers de jour. Il risque d'y
avoir, entre autres, quant au service de la cafétéria, plus de
litiges le soir que le jour. Au niveau de l'éducation aux adultes, le
fonctionnement des cours n'est pas le même. Ils n'ont pas à suivre
de cours de philosophie, d'éducation physique ou de français.
Donc, comme le mémoire le mentionne, notre position face à cela
est qu'on devrait donner la possibilité aux étudiants et
étudiantes qui ont à étudier le soir, par
l'éducation aux adultes, de se regrouper aussi pour pouvoir
défendre leurs intérêts.
M. Dauphin: Avant de céder la parole à mon
collègue de Louis-Hébert, j'aimerais terminer par une question -
ce n'est pas que j'aie été "briefé", François - que
je trouve pertinente. Je la pose au ministre et je vous la pose aussi en
même temps. S'il y a une majorité d'étudiants du
Québec qui sont contre le projet de loi 32, est-ce que vous
recommanderiez qu'on l'adopte quand même? Vous allez peut-être me
dire que ce n'est pas la majorité qui a toujours raison, mais,
démocratiquement parlant, je pose la question au ministre. J'aimerais
avoir votre "feeling" là-dessus. François est bien bon
là-dedans...
Mme Roy: Démocratiquement parlant, il y a des
étudiants et des étudiantes qui sont représentés au
sein de la FAECQ et au sein de l'ANEQ; il y en d'autres qui ne sont pas
représentés du tout.
Premièrement, je me demande comment, démocratiquement, on
pourra délimiter la majorité. Et les oppositions qu'avait
apportées l'ANEQ, ou plutôt que les membres de l'ANEQ avaient
apportées, s'orientaient beaucoup vers l'ingérence possible. Les
modifications que nous avons suggérées élimineraient
certainement une bonne partie des oppositions qu'a fait connaître
l'ANEQ.
Peut-être que tu voudrais compléter, François?
M. Houle: "Démocratiser" est un mot qui est bien
délicat dans différents contextes. Si l'on parle de la
majorité des étudiants, nous pourrions répondre que nous
avons l'impression de véhiculer ici une position qui est
véhiculée par la majorité des étudiants du
Québec, malgré que tout le monde puisse prétendre
représenter la
majorité, même avec des assemblées
générales universitaires, par exemple, de vingt à
vingt-cinq personnes. À ce niveau-là, c'est délicat.
Ce que je peux dire, c'est qu'on ne représente pas,
effectivement, une majorité de collèges, à l'heure
actuelle. On existe depuis même pas un an. Nos buts sont de
représenter la majorité des collèges un jour, non pas la
totalité des collèges, parce que je crois un peu au droit de
dissidence et au pluralisme syndical, et ça peut être plus
bénéfique pour des débats.
Selon moi, le ministre devrait aller de l'avant avec ce projet de loi.
Ce que je veux surtout souligner - et c'est une position qui est beaucoup
véhiculée par des instances, à l'heure actuelle - c'est
que reporter l'adoption du projet de loi à la prochaine session
parlementaire ou le reporter finalement, parce qu'on a l'habitude, au
Québec, de reporter souvent les lois losqu'elles ne passent pas ou qu'il
y a une certaine opposition, ce serait très néfaste, en ce qui
nous concerne. Ce serait néfaste si l'on se permettait de remettre la
loi en question ou si elle devait être adoptée au mois de novembre
de l'année prochaine, parce qu'il y a une chose importante pour
septembre et la majorité de nos membres, de toute façon, la veut
pour septembre.
Est-ce que c'était assez vague?
Le Président (M. Laplante): Parfait. M. le
député de Verchères, sept minutes.
M. Richard (Philippe): Là-dessus, je pense que, si l'on
pouvait en arriver à une conclusion nette et dire qu'il y a une
majorité d'étudiants qui est pour ou contre, ce serait bien beau.
Malheureusement, l'on ne peut pas y arriver.
Je ne voudrais pas m'ingérer là-dedans, mais, si on se
mettait vraiment à aller voir qui les associations représentent
comme étudiants actuellement, l'on aurait peut-être des
problèmes, à un certain moment, à prouver le fameux
problème de la représentativité.
Il y aussi des collèges, comme le mentionnaient Suzanne et
François, qui sont absents, c'est-à-dire qui ne sont membres
d'aucune association nationale et qui ne sont même pas là pour le
dire.
Je pense donc que c'est un projet de loi qui, à l'usure, va
prouver ou non son efficacité et qui présente - et l'on en a
beaucoup parlé - deux façons d'être appliqué,
c'est-à-dire qu'on peut utiliser le mode d'accréditation ou ne
pas l'utiliser. Ce qui, je crois, donne toute liberté aux associations
étudiantes de décider comment elles veulent l'utiliser, mais,
fondamentalement, ça règle le premier problème qu'on a
actuellement à cause des directives juridiques, c'est-à-dire la
question du financement des associations étudiantes qui est un
problème urgent où il y a un consensus selon lequel il faut que
ce soit réglé.
Si rien ne se fait présentement, aucune cotisation ne peut
être perçue de façon obligatoire, c'est-à-dire d'une
manière qui permettra aux associations d'assurer un financement sur une
base un peu fiable. Ce point devient, de plus en plus, un gros problème.
Et avec les avis juridiques qui sont arrivés récemment, l'on
recommmande que, sur le fond - je pense que c'est la position de la FAECQ et de
la plupart des gens -ledit projet de loi soit appliqué, et l'on verra
par la suite s'il y a des choses à modifier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Dauphin: Non, vas-y, j'irai après.
Le Président (M. Laplante): Ne vous chicanez pas. Il reste
sept minutes.
M. Charbonneau: M. le Président, ce qui semble clair,
c'est que, si jamais il y avait un retard dans la présentation ou dans
l'adoption de cette loi-là, il est évident qu'au mois de
septembre, à cause de la présence de l'avis juridique, et du fait
qu'il n'y aurait pas d'autre loi qui réglerait ce
problème-là, nous nous retrouverions dans une situation où
les associations étudiantes vivraient des problèmes encore plus
graves que ceux qu'elles ont vécus cette année, parce que
certaines institutions d'enseignement utiliseraient encore plus l'avis
juridique. (21 h 45)
En passant - j'aurais voulu le mentionner plus tôt aux gens de
l'ANEQ, mais il y en a encore dans la salle - je n'accepte pas du tout le
discours qui voudrait nous faire porter le poids de la rédaction de cet
avis juridique. Il y a, selon moi, une différence. Si le gouvernement a
émis, il y a quelques années, une directive, je ne vois pas
pourquoi il aurait annulé cette directive par un avis juridique, sauf
que l'avis juridique a été demandé et, cet avis juridique
étant une réalité, on doit en tenir compte. C'est un peu
malhonnête, finalement, de laisser croire que c'est le gouvernement qui a
fait à la fois la directive pour régler le problème et,
par la suite, l'avis juridique pour remettre ce problème en
situation.
Je voudrais vous poser la question suivante. Par rapport à ce qui
nous a été dit par l'ANEQ, qui a la prétention d'avoir une
force importante et de représenter une force importante dans le milieu
étudiant, mais qui craint beaucoup par ailleurs le maraudage, vous qui
êtes minoritaires, du moins dans le milieu collégial, ne
craignez-vous pas ce maraudage et cette nouvelle instabilité qui
pourrait s'instaurer, selon les propos qu'on a entendus tantôt,
dans le milieu étudiant?
M. Houle: Pour ce qui est du maraudage, je pense que les
assemblées générales font des choix démocratiques
en adhérant à telle tendance ou à telle association
nationale. Nous ne craignons pas ce maraudage parce que notre orientation est
claire. Il est toujours plus intéressant de mettre quelque chose de
l'avant dans un discours plutôt que de contester continuellement
jusqu'à la fatigue des troupes. Je pense que nos associations
étudiantes se sentent beaucoup plus solides dans une position où
elles véhiculent un message, qui est un message de jeunes,
d'étudiants, plutôt que de véhiculer un message qu'on
pourrait assimiler à autre chose que, finalement, un courant
étudiant. Je pense que les étudiants doivent mettre des choses de
l'avant, doivent véhiculer un discours progressif parce qu'on voit que,
dans la société actuelle, il n'y a plus tellement d'agents
économiques, par exemple, qui véhiculent les positions
progressistes. C'est plutôt une attitude de corporatisme. En ce qui nous
concerne, dans une position comme celle-là, on ne peut pas craindre le
maraudage.
M. Charbonneau: Par ailleurs, vous ne craignez pas de perdre de
l'autonomie; c'est la deuxième grande interrogation de vos rivaux dans
le milieu étudiant, de vos vis-à-vis. C'est la crainte, par
exemple, qu'ont manifestée les associations de l'ANEQ, soit de perdre
leur autonomie et que ce projet de loi ouvre la porte à
l'ingérence terrible de l'État et du gouvernement dans les
affaires étudiantes et dans la gestion des affaires étudiantes
et, bien sûr, dans leur esprit, dans la direction et l'orientation
idéologique des affaires étudiantes.
M. Houle: Les vastes complots. Pour moi, l'autonomie - parce que
c'est un débat qui se fait dans le mouvement étudiant - si je
voulais faire un portrait de famille, on semble caricaturer la gauche, la
droite, le côté prosyndical, propatronal, ainsi de suite. Il y a
eu un débat, entre autres, de l'ANEQ sur l'autonomie et un slogan qui
s'appelait: autonomie ou intégration, par rapport à l'action du
RAEU et de la FAECQ, qui était de promouvoir un projet de loi,
finalement. Ce qu'on revendique, c'est peut-être d'être reconnu
comme un agent de l'éducation à part entière, au
même titre qu'un syndicat de professeurs, qu'une administration locale,
que le ministère de l'Éducation ou qu'une centrale syndicale. Peu
importe.
Dans un contexte tripartite où il y aurait une participation
étudiante soit à des négociations, soit à la
définition du contenu pédagogique, on se sent tout à fait
autonome. Pour ce qui est de la position véhiculée par l'ANEQ,
puisque cela semble très autonome, cela m'inquiète un peu de la
voir travailler ou même, à certaines occasions, être
financée par des centrales syndicales alors qu'elle tient un discours
sur l'autonomie. En ce qui nous concerne, c'est clair que l'autonomie, c'est
dans un contexte tripartite et on se sent à l'aise là-dedans. On
ne se sent récupéré ni par une loi, ni par des directives
quelconques.
Le Président (M. Laplante): Dernière question.
M. Richard (Philippe): On peut peut-être ajouter qu'il ne
faut pas oublier qu'il y a deux dimensions à l'autonomie. Pour qu'une
association étudiante puisse être vraiment autonome, cela implique
qu'elle puisse faire quelque chose. Si on est autonome, mais qu'on n'est
représentatif de rien, on va être autonome, mais cela ne servira
pas à grand-chose. Je pense qu'il ne faut pas oublier la dimension des
responsabilités, ces choses qu'on fait valoir depuis longtemps à
la FAECQ, depuis la fondation. Comme disait François, on se sent
actuellement à l'aise avec l'idée d'un projet de loi et je pense
que, pour nous, cela n'est pas une entrave à notre autonomie dans le
sens où, pour nous, faire partie du système, être une
partie intégrante du système actuel de l'éducation, c'est
quelque chose d'essentiel si on veut avoir un discours qui va être
entendu. Cela ne donne rien de se séparer de tout le monde, on ne sera
entendu nulle part si on fait cela. Notre autonomie passe par le fait
d'accepter d'être installé dans le système dans lequel on
est, de fonctionner avec. On n'est pas toujours d'accord sur toutes les
structures, mais, si on n'est pas capable de discuter avec ces structures, on
n'arrivera jamais à les changer. En ce sens, je pense que le projet de
loi favorise au contraire l'autonomie des associations étudiantes en
donnant une meilleure représentativité aux instances et une
meilleure connection à la base, puisqu'on doit établir notre
représentativité pour l'accréditation.
Mme Lévesque: Pour continuer, il ne faudrait pas oublier
que le recours à ce projet de loi, pour les associations qui ont une
entente assez facile avec leur administration locale, le recours à cette
loi n'est pas du tout obligatoire. Pour ceux qui peuvent avoir peur d'une
certaine ingérence de l'État dans le processus
d'accréditation, je me demande si ce ne serait pas le scrutin de
représentativité qui peut faire peur à certaines
associations locales. Je crois que, si on exclut ce point-là, je ne vois
pas comment, en ayant les amendements que la FAECQ a apportés, le
gouvernement pourrait avoir quelque ingérence.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. La présence de la
FAECQ est importante ici ce soir. Je sais que l'effort de réflexion que
vous avez fait collectivement est un effort qui n'est pas improvisé.
C'est un effort qui se poursuit assez longtemps. J'ai eu l'occasion à
plusieurs reprises de rencontrer certains d'entre vous. À un moment
donné, j'ai même été saisi d'une suggestion de
projet de loi et c'était assez volumineux. Je n'ai pas eu le temps ni
l'occasion de faire une comparaison totale, article par article, entre cette
suggestion de projet de loi que vous aviez soumis et ce que nous
étudions actuellement, qui est le projet de loi 32.
Je vais vous demander très rapidement: si vous aviez à
caractériser dans quelques phrases seulement ce qui distingue le projet
de loi 32 de ce que vous aviez voulu mettre dans ce qui a été
votre oeuvre, si on veut, quelles seraient ces quelques phrases?
Mme Lévesque: Pour vous répondre, je pourrais vous
dire que le projet de loi, comme on le dit, est un projet de loi minimal parce
qu'il ne contient que l'aspect reconnaissance et financement de l'association,
oubliant toute forme d'intégration de l'étudiant aux structures
qui le régissent. Je crois qu'en quelques phrases, c'est ce qui manque
dans ce projet de loi. On a l'outil, mais on n'a pas la continuité qui
nous aurait permis d'arrêter de nous débattre dans des
débats de fond peut-être un peu inutiles et d'en arriver à
quelque chose de plus constructif. Je crois qu'on va en avoir encore pour
quelques années à se débattre avec des structures
peut-être un peu réticentes à notre intégration aux
structures de l'enseignement.
M. Doyon: Si on peut dire un mot au niveau de la
représentativité. Je sais que c'est là une
préoccupation de tout le monde. En fait, il est important de s'assurer
que les associations étudiantes, quelle que soit la forme que prenne
l'organisation elle-même, soient représentatives. Est-ce que vous
avez une opinion que vous vous seriez formée, d'après votre
expérience, à savoir si la représentativité est
facilitée par le mode d'association unitaire vis-à-vis du mode
d'association fédérative ou si, l'un dans l'autre, c'est bonnet
blanc, blanc bonnet? Est-ce que vous avez des idées
là-dessus?
Mme Roy: Je pense que, premièrement, il faut mettre une
chose au clair. La représentativité des associations
étudiantes est déterminée et montée de toutes
pièces par les étudiants et les étudiantes. Il faut que ce
soit clair. Le mode de fonctionnement, qu'il soit fédératif ou
unique, c'est aux étudiants et étudiantes de déterminer
lequel est préférable pour eux à l'intérieur
même de leur université, car cela se produit surtout au niveau
universitaire. Quand on parle de représentativité
étudiante, je crois que c'est vraiment à eux et à elles de
décider quel est le mode qu'ils désirent pour être
représentés. Je crois que le projet de loi 32, sur ce point,
laisse la liberté aux étudiants et aux étudiantes de
choisir le mode qu'ils désirent.
M. Doyon: Maintenant, on parle beaucoup de cotisation comme
étant le moyen de permettre aux associations de vivre
financièrement. Comme n'importe quel organisme, cela prend des fonds.
Une réflexion personnelle me vient à ce moment-là: cette
formule me semble mettre de côté un moyen qui - je vous le
présente et j'aimerais avoir vos Télexions - pourrait permettre
un certain financement, c'est l'offre par les associations de services qui
s'autofinanceraient et qui possiblement engendreraient des profits. Je ne sais
pas ce que vous pensez d'une formule semblable qui permettrait, non seulement
l'autofinancement par des services, mais une certaine forme de profit. Le
profit n'est pas un mot sale quoi qu'en pensent certaines personnes. Ce n'est
pas un gros mot, le mot "profit" est tout à fait acceptable dans notre
société. Est-ce qu'on pourrait, selon vous, considérer une
formule qui ferait que la cotisation exigée par l'association des
étudiants devrait être, faute d'un meilleur mot, accotée
par une source de financement à même des profits de services de
photocopies, de cafétérias ou de quelque chose du genre? Est-ce
que cette formule-là a été étudiée par
quelques-uns d'entre vous?
M. Richard: Là-dessus, une chose importante doit
être considérée: dans plusieurs associations
étudiantes - entre autres dans notre cégep - c'est
déjà en marche. Maintenant, il y a une limite aux choses qu'on
peut financer. Par exemple, une radio dans un collège s'autofinance
très mal. Les services qui peuvent s'autofinancer sont actuellement dans
la plupart des collèges -du moins les membres de la FAECQ que je connais
- ils ont déjà des services de ce type-là qui
s'autofinancent ou engendrent un certain profit qui est automatiquement
redistribué. La cotisation étudiante, telle que calculée
dans les associations étudiantes, tient déjà compte de cet
aspect-là.
Le Président (M. Laplante): Dernière question, M.
le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Vous m'aviez donné neuf minutes, M. le
Président. Je ne conteste pas...
Le Président (M. Laplante): Vous seriez le premier
à contester de toute la journée.
M. Doyon: Je ne conteste pas, je pensais simplement que j'allais
jusqu'à 22 heures, parce que, neuf minutes, cela me menait là. De
toute façon, ce sera ma dernière question; si c'est comme cela,
c'est comme cela. Je voudrais avoir votre avis sur... Vous réclamez une
reconnaissance de la participation au milieu social auquel vous appartenez par
l'octroi de crédits scolaires. Ne voyez-vous pas, dans cette forme de
reconnaissance de crédits pour la participation, un risque de
disparition, dans notre société, en dehors du milieu scolaire, du
bénévolat? Il y a un certain nombre de choses qu'on fait qui
peuvent être faites par des citoyens, par des citoyennes parce que,
volontairement, on croit à certaines choses et que,
bénévolement, - c'est pour cela qu'on appelle cela le
bénévolat - on y contribue, que ce soit dans le scoutisme, dans
la garde des malades, etc. Ne voyez-vous pas dans cette reconnaissance de
crédits pour la participation à la vie sociale un risque de voir
disparaître le bénévolat et, en même temps, que cela
ait des répercussions plus tard? Je pense qu'on doit reconnaître -
vous me donnerez votre opinion là-dessus - que le
bénévolat est quelque chose qui doit continuer d'exister. Je
voudrais savoir s'il n'y a pas un certain risque là-dedans.
Mme Roy: Premièrement, je crois qu'il serait important de
regarder la situation telle qu'elle se vit aujourd'hui dans notre
société. Le risque de disparition du bénévolat
semble un peu utopique puisqu'il y a un manque de bénévolat et
qu'une accréditation est une forme de bénévolat. C'est une
revalorisation du bénévolat en tant que tel et c'est aussi, pour
l'étudiant, une autre forme d'apprentissage, une autre forme
d'évolution de la personne que peut lui apporter la participation,
l'implication au niveau de la communauté, au niveau de son
collège, au niveau de son association d'étudiants. L'attribution
de crédits aux étudiants et étudiantes qui
s'impliqueraient de façon dynamique au sein de la collectivité ne
pourrait pas nuire à ce que vit actuellement la société,
au contraire. Cela ne ferait que l'améliorer.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Houle: II serait important de souligner ceci au
député de Louis-Hébert: on parle beaucoup plus du principe
de militantisme syndical que de bénévolat comme tel. Quand on
parle d'implication dans la communauté, que ce soit interne ou externe
au collège, on parle de revalorisation de l'implication de l'individu
dans une mission pédagogique. Je pense que c'est dans une mission
pédagogique qu'il faut le voir. Nous considérons - je vais tenter
de faire abstraction de tout notre projet d'école -que, si
l'étudiant s'implique, en ce qui concerne un cours
complémentaire, pour ne pas nuire à sa formation, dans les
travaux communautaires, s'il participe activement et s'il est revalorisé
par des crédits, cela augmenterait la participation et je pense que cela
revaloriserait le rôle de l'étudiant. C'est clair qu'il y a un
débat dans la société. On ne fait plus rien pour rien.
Tout le monde revendique un salaire adéquat, un traitement juste. On
pense que permettre à l'étudiant d'être exempté d'un
cours complémentaire pour pouvoir faire de l'implication sociale
à titre de citoyen responsable et le revaloriser par l'attribution de
crédits, cela deviendrait une option intéressante. On parle
souvent de comtés, en politique. Je sais que, dans votre comté,
il y a une université où cela a commencé à se
faire, entre autres, à l'Université Laval. Donc, c'est une
idée qui commence à faire son chemin. (22 heures)
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre, pour le mot de la fin.
M. Laurin: Je voudrais terminer en remerciant la FAECQ des
représentations qu'elle nous a faites et qui sont marquées au
coin de la conscience sociale et de la participation pleine et entière
aux activités de l'établissement qui concourent à la
formation.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. Dauphin, avez-vous
un mot vous aussi?
M. Dauphin: Évidemment, au même titre que le
ministre, on remercie la FAECQ de son mémoire. Comme mon collègue
l'a dit, cela a été mûrement réfléchi. On a
travaillé, il faut le souligner. De notre côté...
Le Président (M. Laplante): Au même titre que le
ministre?
M. Dauphin: En pleine sobriété, oui, dans le
langage.
M. Charbonneau: En toute ambition.
Le Président (M. Laplante): Les membres de cette
commission vous remercient, mesdemoiselles et messieurs, de votre
participation. Maintenant, j'appelle l'Association des collèges du
Québec.
Messieurs, si vous voulez bien vous présenter et identifier
l'association que vous représentez pour les fins du journal des
Débats. Vu que vous avez un court mémoire, je pense que ce ne
sera pas trop long de le lire.
Association des collèges du
Québec
M. Saint-Germain (Jean-Marie): À titre de
secrétaire général de l'association, je veux d'abord
excuser le conseil général qui, pour des raisons majeures, n'a
pas de représentants ici ce soir. Il a délégué la
Commission des directeurs de services aux étudiants. C'est
l'exécutif qui a réagi, le président de l'association
étant en repos forcé, et les autres membres du conseil ayant
déjà des engagements majeurs qu'ils n'ont pu remettre, compte
tenu que l'invitation est arrivée tardivement. Mais le fait que nous
soyons si peu nombreux ne signifie pas notre manque d'intérêt
à cette question et nous voulons tout de même vous communiquer nos
premières impressions à la suite d'une étude très
rapide et très succincte du mémoire que nous n'avons pu
étudier que mardi.
Le Président (M. Laplante): Au préalable,
monsieur...
M. Saint-Germain: Je suis le secrétaire
général de l'association, Jean-Marie Saint-Germain, et le
porte-parole est M. André Asselin, secrétaire de la Commission
des directeurs de services aux étudiants et animateur de vie
étudiante des collèges privés.
Le Président (M. Laplante): Merci. Vous pouvez commencer
votre mémoire.
M. Asselin (André): Merci, M. le Président. Le 27
novembre 1982, M. Camille Laurin, ministre de l'Éducation, affirmait,
lors du colloque du RAEU, les deux principes suivant: "la nécessaire
participation des étudiants et étudiantes dans tous les secteurs
de la vie universitaire et collégiale, et la nécessaire
collaboration de tous les partenaires impliqués." Il continuait: "Sans
cela, ni l'université ni le collège ne peuvent répondre
à leur mission, aux objectifs qu'ils se sont donnés et que la
société demande qu'ils atteignent." À ces deux principes,
M. le Président, nous ne pouvons que souscrire et cela, sans aucune
hésitation.
Encore à l'occasion de ce colloque, le ministre de
l'Éducation affirmait qu'il inviterait les administrations des
universités et des cégeps ainsi que les syndicats des professeurs
à réagir aux propositions soit du RAEU, soit de l'ANEQ, afin de
permettre aux parties qui seront appelées à collaborer ensemble
de définir elles-mêmes les modes et règles de cette
collaboration dans le respect de la personnalité propre à chaque
établissement.
Nous constatons, M. le Président, que c'est la première
fois que l'ACQ, l'Association des collèges du Québec, est
effectivement consultée à ce sujet et que les rencontres entre
les personnes et les parties concernées avec la mission des affaires
étudiantes n'ont jamais eu lieu, tout au moins en ce qui concerne l'ACQ.
C'est donc dire que le présent projet de loi nous place devant un
état de fait et que les courts délais entre la première
lecture et l'invitation à participer à la présente
commission ne nous permettent pas de réagir adéquatement au
présent projet de loi, après consultation de toutes les instances
de notre association.
En conséquence, M. le Président, notre réaction au
projet de loi est donc très brève et nous demandons que le
gouvernement retarde l'adoption de la loi afin de permettre - comme l'a dit
lui-même le ministre de l'Éducation, encore au même colloque
-d'établir un consensus respectueux des droits et attentes de chacune
des parties.
Avant même de faire quelques commentaires concernant les articles
du projet de loi, nous voulons affirmer notre accord avec les propositions
suivantes: Que les associations étudiantes soient effectivement
reconnues comme des partenaires aux projets d'éducation de nos
établissements; que cette reconnaissance effective se situe dans le
cadre d'un des apprentissages les plus importants, dans les objectifs
d'autonomie et de responsabilité poursuivis par nos collèges; que
les élèves prennent la place qui leur revient dans un esprit de
collaboration et de participation à leur propre éducation et
cela, dans le respect des réalités et des limites humaines,
financières et matérielles de chacun de nos collèges.
Maintenant, voici nos quelques commentaires et questions concernant le
texte du projet de loi, mais d'abord, les notes explicatives. Compte tenu qu'il
est dit dans les notes explicatives qu'une association ou un regroupement
d'étudiants ne sera pas tenu d'obtenir son accréditation et
pourra, à certaines conditions et par entente avec
l'établissement d'enseignement, pourvoir à son financement sans
s'assujettir aux dispositions prévues par ce projet de loi, nous nous
demandons quelles seront et qui établira les certaines conditions dont
on parle dans le texte.
Nous supposons toutefois que toutes ces conditions tiendront compte des
principes que nous rappelle M. le ministre de l'Éducation dans sa lettre
d'invitation du 1er juin, à savoir que le recours aux dispositions du
présent projet de loi n'est pas obligatoire. Par décision
conjointe, les administrations des cégeps ou des universités et
des associations étudiantes peuvent se donner des protocoles d'entente
qui auraient les mêmes effets.
Le présent projet de loi respecte les réalités
d'organisation propres à chaque niveau d'enseignement concerné et
respecte
également le pluralisme de la représentation
étudiante. Nous supposons également que les notes explicatives
font partie intégrante du projet de loi. Sinon, nous demandons que ces
notes explicatives soient intégrées au texte même du projet
de loi.
En ce qui concerne le chapitre I, l'article 3 énonce comme
fonctions principales pour les associations celles de représenter
respectivement les étudiants ou les associations d'étudiants et
de promouvoir leurs intérêts, notamment, en matière
d'enseignement, de pédagogie et de services aux étudiants et
d'administration de l'établissement d'enseignement. Nous demandons que
l'application de ces fonctions principales se fasse dans le respect des
règlements, chartes ou ententes existant dans l'établissement
scolaire.
L'article 4 indique que tout étudiant a le droit de faire partie
d'une association d'étudiants de son choix. Il a de plus le droit de
participer à la formation de cette association, à ses
activités et à son administration. Face à cet article,
nous nous demandons s'il serait permis, en vertu de la troisième partie
de la Loi sur les compagnies, à un élève mineur d'occuper
un poste comme membre du conseil d'administration de son association. C'est une
question.
Chapitre III, dans la section IV, article 22. À l'article 22,
nous demandons de modifier comme suit le texte du projet de loi: "Sur demande
d'au moins 25% des étudiants représentés par une
association d'étudiants accréditée - ce qui est
souligné est notre demande - ou sur demande de l'établissement
d'enseignement où existe cette association, faite plus de douze mois
après l'accréditation de cette association, l'agent
d'accréditation doit vérifier le caractère
représentatif de cette association." Ceci pour fins de concordance avec
le deuxième paragraphe de l'article 41 qui se lit comme suit: "En
matière d'annulation ou de refus d'annulation d'accréditation,
tout étudiant, toute association ou tout regroupement d'associations
d'étudiants ou, selon le cas, tout établissement d'enseignement
ayant fait une demande de vérification prévue à l'article
21 ou. à l'article 22."
Section V, article 29. À l'article 29, nous demandons, M. le
Président, que le texte soit modifié comme suit:
"L'établissement d'enseignement doit, aux heures normales d'ouverture de
l'établissement d'enseignement, garantir aux membres du conseil
d'administration d'une association ou d'un regroupement d'associations
d'étudiants accrédité le libre accès au local
fourni à cette association ou à ce regroupement."
Article 51. Concernant le montant de la cotisation - c'est vraiment une
question que nous posons - ne serait-il pas opportun de fixer une cotisation
maximale ou encore un plafond? Par exemple, 0,20% ou 0,25% du coût moyen
d'un étudiant selon son niveau. Cela afin d'éviter, à
notre avis, le risque d'une cotisation trop forte fixée par une
minorité et éviter également des situations conflictuelles
internes tels le dédoublement de personnel de structures
parallèles dans un même établissement d'enseignement.
Article 52. L'article 52 nous pose certaines interrogations: "Lorsque la
demande est faite par l'association ou le regroupement d'associations
d'étudiants accrédité au plus tard le trentième
jour précédant le premier jour fixé pour l'inscription,
l'établissement d'enseignement doit percevoir, lors de l'inscription
d'une personne, la cotisation fixée par cette association ou ce
regroupement." Dans la plupart des collèges privés où
existe déjà une association d'étudiants, la perception des
cotisations à cette même association se fait à la source.
Cependant, considérant qu'il n'y a pas de date fixe pour l'inscription
des élèves dans les collèges privés;
considérant que des élèves s'inscrivent à plus d'un
collège à la fois; considérant que les subventions
gouvernementales sont basées sur le nombre d'étudiants
réellement inscrits et présents au 20 septembre et au 31 janvier
de chaque année dans les cas des programmes professionnels à
sessions impaires; considérant que les élèves des
collèges privés doivent payer des frais de scolarité qui,
en moyenne, sont pratiquement le double de ceux payés à
l'université depuis l'impact malheureux de la loi 11 de juin 1981; nous
demandons que les frais de cotisation à une association
étudiante, perçus à la source, se fassent au moment de la
perception par l'établissement d'enseignement de la première
tranche des frais de scolarité.
En conséquence, à l'article 53: "Toute personne doit, pour
être inscrite dans un établissement d'enseignement où
existe une association ou un regroupement d'associations
accrédité, payer la cotisation fixée par cette association
ou ce regroupement.", nous acceptons qu'un étudiant paie sa cotisation,
mais nous nous inscrivons en faux contre le fait que le paiement de la
cotisation à une association d'étudiants accréditée
soit une condition sine qua non pour une inscription à un
établissement d'enseignement.
Considérant que la procédure de la DGEC permet à un
collège d'accepter sous condition un élève qui n'a pas
obtenu son diplôme d'études secondaires, nous demandons que le
collège inscrive des élèves sous condition qu'ils puissent
payer ultérieurement leur cotisation à l'association des
étudiants accréditée.
Voilà, d'une façon très succincte, des
commentaires, des questions et des réflexions concernant le projet de
loi 32 sur
l'accréditation et le financement des associations
étudiantes. En terminant, nous souhaitons vivement, mais en prenant le
temps qu'il faut, que l'affirmation et le développement de la
participation des élèves à la vie de
l'établissement, à la vie collective du collège, soient
des moyens privilégiés pour que les associations
d'étudiants deviennent des partenaires, et non pas des organisations
parallèles ou encore adverses, dans la réalisation du projet
éducatif de chaque collège avec toutes les autres composantes de
l'établissement d'enseignement. À cette fin, nous demandons, une
fois de plus, que l'adoption du projet de loi 32 soit reportée à
l'automne afin de donner la chance à toutes les parties
concernées de s'exprimer à loisir et de réagir d'une
façon adéquate et pertinente sur la portée à court
et à long terme d'une telle loi.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre. (22 h 15)
M. Laurin: Je remercie beaucoup l'Association des collèges
du Québec pour le mémoire qu'elle vient de nous présenter.
Même si elle a eu peu de temps pour réagir, je pense qu'elle vient
de prouver qu'elle a réagi d'une façon adéquate et
pertinente sur la portée à court et à long terme d'une
telle loi, probablement en s'inspirant d'une expérience profonde de la
vie des associations. D'ailleurs, je retrouve cette constatation dans plusieurs
des remarques que nous venons d'entendre, par exemple, lorsque l'Association
des collèges du Québec reconnaît que l'étudiant doit
prendre toute sa part au processus d'éducation dont il est l'objet, que
cela fait même partie de son éducation, et aussi lorsque
l'Association des collèges dit qu'elle veut considérer les
associations étudiantes comme partenaires à part entière
à ce processus.
L'association nous demande, malgré tout, de retarder l'adoption
du projet de loi. J'espère que l'association était
présente lorsque plusieurs associations étudiantes nous ont fait
part de toutes les raisons qui justifient l'adoption, avant l'ajournement
d'été, d'une pareille loi afin justement d'assurer l'atteinte des
objectifs que vise elle-même l'Association des collèges du
Québec.
Quant aux amendements qu'elle nous suggère, encore une fois, je
pense qu'il sera difficile de les commenter adéquatement. Ils nous
paraissent à ce point sérieux, étoffés,
résultant d'une expérience que nous sentons à toutes les
lignes qu'il conviendra pour nous d'y accorder l'attention désirable
dans les quelques jours qui viennent.
Je voudrais simplement en commenter quelques-uns. Par exemple, vous vous
demandez, à l'article 4, si, en vertu de la troisième partie de
la Loi sur les compagnies, un élève mineur peut occuper un poste
comme membre du conseil d'administration de son association. Nous l'avons
vérifié et effectivement c'est une question que nous nous sommes
nous-mêmes posée. La réponse est positive.
Dans votre mémoire, à la page 4, vous dites
également: Compte tenu qu'il est dit, à l'intérieur des
notes explicatives, qu'une association ou un regroupement d'étudiants ne
sera pas tenu d'obtenir son accréditation, il pourra, à certaines
conditions et par entente avec l'établissement d'enseignement, pourvoir
à son financement sans s'assujettir aux dispositions prévues par
ce projet de loi. Il est bien entendu que, pour nous, les associations qui
refuseront de se pourvoir de ce recours législatif que nous leur offrons
devront déterminer elles-mêmes, bien sûr avec
l'administration de l'établissement dont elles font partie, les
conditions requises. Nous avons pensé qu'il arrive - nous le savons par
expérience - dans les établissements où existent
actuellement des associations, qu'elles n'ont été reconnues qu'en
fonction d'exigences et de conditions que leur posaient les conseils
d'administration autant qu'en fonction des demandes et des exigences que
pouvaient poser les associations. C'est simplement cela que nous avons voulu
rappeler ici. Si une association, encore une fois, n'entend pas recourir
à cette mesure législative que nous lui offrons, il reviendra non
pas au gouvernement ni à la loi d'y pourvoir, mais aux partenaires
habituels.
De même, les notes explicatives ne font pas partie
intégrante du projet de loi. Elles tentent simplement d'expliquer, de la
façon la plus sommaire et la plus exacte possible, les principales
dispositions du projet de loi.
Enfin, M. le Président, j'ai pris un vif intérêt
à la lecture des propositions que l'on nous soumet et je pense que je
n'ai pas de questions supplémentaires à poser pour
éclaircissements, tellement le mémoire est clair à cet
effet. On dit bien ce qu'on veut dire et il ne reste pour nous qu'à
peser, à pondérer ces observations et ces recommandations qui
nous sont faites et à en prendre acte en conséquence.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je remercie les
représentants de l'Association des collèges du Québec de
s'être prêtés, à si peu de temps d'avis, à
l'exercice que nous faisons ensemble aujourd'hui. Évidemment, les
passages les plus importants du mémoire qu'on nous a
présenté sont probablement ceux sur lesquels le ministre,
étant donné la situation où il se trouve actuellement,
pouvait le moins insister. Je pense qu'il nous incombe à nous de
les faire ressortir avec le plus de clarté possible.
On dit bien nettement, dans la première page du mémoire,
et on y revient à la fin, d'abord que l'Association des collèges
du Québec est effectivement consultée pour la première
fois à l'occasion de la rencontre qui a lieu aujourd'hui. Voici un
projet de loi qui germe depuis quand même de nombreux mois. On en parle
depuis un bon bout de temps. Des conversations ont eu lieu avec certains
organismes, mais n'ont pas eu lieu avec d'autres. Je pense, de toute
évidence, que les organismes n'ont pas été traités
sur un pied d'égalité. Il y en a qui ont joui d'un accès
beaucoup plus facile aux services gouvernementaux et plus
particulièrement, j'ai l'impression, à l'entourage
ministériel. Il y en a d'autres qui ont été
convoqués comme tout le monde. Il y en a plusieurs qui ont
été laissés à la porte, d'ailleurs. Dans ces
conditions, je doute, après ce que nous avons entendu aujourd'hui, que
nous soyons suffisamment bien informés pour être en mesure
d'encourager le ministre à procéder, dès lundi ou mardi
prochain, au débat de deuxième lecture - il y a encore beaucoup
d'étapes qui restent à franchir - et à nous garantir que,
dans ces conditions d'extrême précipitation - il faut employer un
mot dur mais vrai, je pense - on sera en mesure de faire un bon travail.
Le conseil qui a été donné au ministre, non
seulement par l'association que nous venons d'entendre, mais également,
ce matin, par la conférence des recteurs des universités,
également, dans sa déclaration d'hier, par le Conseil des
collèges du Québec, également par l'Association nationale
des étudiants du Québec - cela fait quand même plusieurs
organismes - je pense que cela mérite d'être pris en
considération. J'ai écouté les raisons qui ont
été apportées pour demander l'adoption immédiate.
Des raisons valables ont été données, mais je ne crois pas
qu'on ait établi une situation d'urgence qui nous obligerait à
agir avec cette précipitation. Même si nous agissions avec
précipitation la semaine prochaine, je suis loin d'être
assuré que les conditions seraient réunies pour la mise en oeuvre
harmonieuse de cette loi dès le mois de septembre. Les inscriptions sont
déjà très avancées, dans un grand nombre
d'endroits, et je pense qu'on aurait du rattrapage à faire, pour dire le
moins. Cela étant dit, je pense qu'il est bien important de le souligner
de nouveau parce qu'on est tenté de dire: Oui, vous nous avez dit cela
et maintenant on va discuter de l'amendement no 7 ou de l'amendement no 8. On
va tout de suite dans la plomberie, on se laisse entraîner et,
finalement, on oublie l'essentiel. Je pense que l'essentiel est ce qui vient
d'être souligné et je voulais le rappeler avec clarté.
J'ai remarqué, depuis quelque temps, que M. le ministre de
l'Éducation adopte un ton bienveillant à l'endroit des
institutions privées d'enseignement. Je l'ai constaté à la
commission parlementaire qui a étudié les crédits du
ministère de l'Éducation. Je l'ai aussi constaté à
la Chambre, ayant eu l'occasion de l'interroger sur le sujet, la semaine
dernière, je pense. Je le constate encore ce soir et je m'en
réjouis. Je m'en réjouis. J'espère que ses propos, que
j'ai entendus depuis un mois, sont vraiment l'expression d'une attitude
nouvelle de la part du gouvernement qui va permettre surtout d'aborder, d'une
manière beaucoup plus franche et efficace, les problèmes
très nombreux qui ont séparé le gouvernement et le secteur
privé de l'enseignement, depuis sept ans. J'espère que ces
rencontres, comme celle de ce soir, permettront d'amorcer un dialogue plus
large qui permettra enfin au gouvernement de définir cette politique qui
a trop traîné dans le secteur privé de l'enseignement.
J'en viens maintenant au sujet de ce soir. Je ne pense pas qu'on aurait
intérêt à discuter chaque modification proposée dans
toute sa technicité, mais je voudrais dire une chose. Il y a
peut-être une différence d'optique qu'il faudrait regarder comme
il faut, que je tiendrais à souligner. Vous dites, à un moment
donné, dans votre mémoire, que vous reconnaissez que les
associations étudiantes sont des partenaires au projet
d'éducation de nos établissements, etc. Cela va très bien.
Maintenant, je crois que, dans le mouvement étudiant contemporain, il y
a un autre volet qui est également important: les associations
étudiantes sont des regroupements de jeunes citoyens qui se
réunissent ensemble pour la défense de leurs droits fondamentaux
et de leurs intérêts légitimes. C'est aussi la promotion de
leurs convictions politiques, sociales, culturelles ou autres, suivant la
manière dont ils veulent les définir eux-mêmes et ensuite
les défendre, pourvu qu'ils soient toujours respectueux des lois,
évidemment. Je pense que la deuxième dimension n'est pas
très présente dans vos considérations et cela, on l'entend
plus quand on cause avec les organisations de jeunes étudiants. Cela se
comprend aussi.
Je voudrais simplement vous signaler que le législateur est
obligé d'être attentif aux deux dimensions. Je pense aussi que
cela affecterait peut-être un certain nombre des amendements que vous
proposez. Il faut concilier ces deux dimensions. Si vous me demandiez laquelle
des deux passe en premier, je vous dirais: C'est une de mes déformations
que la défense des libertés, des droits fondamentaux est la
première. Je pense que c'est la raison d'être de ces associations.
Ce sont des associations de jeunes citoyens et la plupart ont au-delà
de
18 ans, ce sont des citoyens en âge de voter. Ceux qui ont 16 ou
17 ans peuvent être assimilés, à toutes fins utiles. Quand
on a des enfants de cet âge, il y en a qui sont plus mûrs à
16 ans que d'autres de 18 ans. Déjà, à cet âge, ils
sont en mesure d'en mener pas mal large et c'est une très bonne
chose.
Cela affecterait mon attitude sur un certain nombre des amendements que
vous proposez, tout en étant bien prêt à les examiner avec
beaucoup de soin. Cela étant dit, on reste avec le problème:
Est-ce que le gouvernement est capable, dans peu de temps, d'effectuer la
synthèse de tout ce qui a été dit et d'en arriver à
une solution? Pour reprendre les critères que le ministre avait
exprimés lui-même et que vous avez rappelés à la fin
de votre mémoire, est-ce qu'on est capable, dans si peu de temps,
d'arriver... Comment était-ce formulé? Je pense que cela vaut la
peine de le sortir. Une solution qui soit acceptable aux
intéressés, quelque chose comme cela. On verra les
résultats des réflexions du gouvernement là-dessus.
Il y a une chose que je voudrais vous demander: Pensez-vous que ce soit
conciliable avec les considérations qui viennent d'être faites sur
le volet expression et défense des libertés et des droits
fondamentaux que des limites au pouvoir de cotisation soient inscrites dans la
loi? On se pose la question, surtout à savoir s'il y a des mesures qui
sont prévues, qu'il faudrait examiner avec un soin minutieux, pour
vérifier la représentativité et l'existence des
associations. Il me semble qu'une association qui voudrait imposer des
cotisations trop lourdes sera vite désavouée par les victimes de
ces mesures arbitraires et sera exposée à se faire
déloger, à se faire supplanter par une autre, je ne sais pas.
Est-ce que vous pensez que c'est vraiment essentiel d'inscrire des limitations
comme celles-là dans le texte de la loi?
M. Saint-Germain: Je ne dirai pas que c'est essentiel, mais je
note que, dans nos collèges privés, où c'est surtout
l'enseignement général, au-delà de 50% des
étudiants, de la population étudiante se renouvelle chaque
année, de telle sorte qu'il y a 50% des étudiants qui
s'inscrivent dans une institution et qui vont donc payer une cotisation
à une association qui existe déjà, mais ils n'ont jamais
participé à l'établissement de cette cotisation. Cela ne
viendra que l'année suivante, de telle sorte que la continuité
n'est pas très forte au niveau collégial. Le laps de temps est
court. C'est pour cela qu'on a des associations étudiantes, dans les
institutions qui offrent les deux niveaux d'enseignement, où les
étudiants de secondaire V font partie de l'association étudiante
du collégial. Ces associations sont déjà
incorporées et elles se demandaient si, avec le projet de loi, puisque
cela ne concerne que le niveau collégial, elles pourraient un jour
être accréditées puisqu'elles ont des étudiants de
niveau secondaire dans cela. C'était dans le but d'assurer une
continuité de la formation puisque, comme on compte peu
d'étudiants et qu'ils quittent le collège d'enseignement
professionnel, la grande majorité de nos étudiants s'y trouve
dans un laps de temps relativement court, c'est-à-dire deux ans. Vu
qu'on a déjà de forts frais de scolarité, on ne veut pas
non plus, en favorisant l'accessibilité des étudiants aux
collèges privés, avoir des cotisations qui soient une entrave.
(22 h 30)
M. Ryan: Est-ce que vous auriez des objections - je vous le
demande, mais si vous ne voulez pas me répondre, vous n'avez qu'à
nous le dire, cela finit là - à ce que le deuxième cycle
du secondaire soit couvert par cette loi?
M. St-Germain: On ne le demande pas explicitement, mais on
constate que c'est un état de fait, parce qu'on a certains
collèges qui ont les deux niveaux dans le même
établissement. La participation des étudiants de secondaire V est
unique dans la structure collégiale, uniquement au niveau des
associations et non pas au niveau des autres activités. C'est une forme
de participation ou de formation à la démocratie étudiante
que de prendre les aînés du secondaire et de les intégrer
dans une association. D'ailleurs, c'est ce qui se fait au collège
Jean-de-Brébeuf en particulier.
M. Ryan: Très bien. J'aurais une autre question. Dans le
projet de loi, il y a une disposition qui dit qu'on peut procéder
à une vérification de l'existence d'une association
accréditée sur demande de 25 étudiants ou encore de
l'établissement lui-même. Vous demandez que cette deuxième
partie soit ajoutée dans l'article subséquent qui traite de la
représentativité. Vous dites qu'il faudrait qu'on ajoute
également ceci: ou sur demande de l'établissement.
Je vous dirai franchement que, dans l'un et l'autre article, cela
m'inspire des réserves. La question que je me suis posée est:
Est-ce que c'est vraiment nécessaire? Est-ce que c'est jusitifié?
Est-ce que c'est bon de mettre une disposition comme celle-là? Cela fait
planer sur les associations l'épée de Damoclès d'une
direction. On peut se dire cela entre nous, je pense. Il y a des directions qui
essayent de diriger l'association par prolongation de la main de
l'autorité, finalement. J'ai moi-même été
témoin de scènes où cela se faisait par communication
téléphonique. On ne veut pas dire du tout que c'est
général. Mais j'ai eu
connaissance de telles situations.
Disons que vous avez 1000 étudiants dans un établissement
- et à plus forte raison si vous en avez 2000 ou 3000 - la loi en
demande 25, ce n'est pas beaucoup. S'il est impossible d'avoir 25 personnes qui
se réveilleront pour demander qu'on vérifie l'existence de
l'association, il me semble qu'avec les pouvoirs de persuasion et de contact
dont dispose la direction de l'établissement, cela peut se faire de
bouche à oreille par les communications quotidiennes. Je me demande si
c'est bon pour la direction de l'établissement d'être "empowered"
- comme on le dit - d'avoir le pouvoir de par la loi.
M. Saint-Germain: Remarquez bien que nous ne tenons pas à
cela plus qu'il ne le faut. Mais c'était seulement pour fins de
concordance, puisque, aux articles 21 et 22, lorsqu'il s'agit de matière
d'annulation ou de refus d'annulation, on dit que cela peut être sur
demande d'un établissement dans ce cas.
M. Ryan: Ce n'est pas une question de vie ou de mort?
M. Asselin: Non. À ce niveau, même avec le peu de
consultation que nous avons faite, les gens nous ont dit: Au moins,
exprimez-le. Il est évident qu'en tant qu'idée personnelle, si on
considère les étudiants et si nous voulons aussi être
logiques avec nos affirmations de départ, il ne s'agit pas de parler
d'autonomie et de donner aux étudiants l'autonomie qui est
proportionnelle à la longueur de la corde. Je pense qu'il faut vraiment
aller jusqu'au bout. Mais, en ce qui nous concerne, ce n'est pas une
préoccupation majeure.
M. Ryan: Très bien. J'aurais une dernière question,
qui est peut-être la plus importante de toutes dans mon esprit, et qui
aurait besoin d'être éclaircie. À la page 4, en bas, en
parlant de l'article 3, que vous citez en partie, vous ajoutez: "L'article 3
dit que les associations étudiantes ont pour objet de représenter
respectivement les étudiants ou les associations d'étudiants et
de promouvoir leurs intérêts, notamment, en matière
d'enseignement, de pédagogie, de services aux étudiants et
d'administration de l'établissement d'enseignement." Vous dites: "Nous
demandons que l'application de ces fonctions principales se fasse dans le
respect des règlements, chartes ou ententes existant dans
l'établissement scolaire." J'aimerais que vous expliquiez cet article,
cette proposition que vous faites, surtout dans la perspective des objectifs
que poursuivent les institutions d'enseignement privées. J'aimerais que
vous nous disiez le genre de problème auquel cela pourrait donner
naissance s'il n'y a pas de clarifications comme celles-là.
M. Saint-Germain: Cela vient du fait que les collèges
privés ont des chartes privées qui ont déjà des
exigences. Si vraiment il y a des chartes à changer, on veut que cela se
fasse par des discussions bien honnêtes entre les personnes, mais que, au
moins, au point de départ, on respecte les règlements des
institutions et des établissements. S'il y a des choses contraires au
projet éducatif de l'institution et qui n'entrent pas vraisemblablement
dans les objectifs qu'une institution veut poursuivre, on veut que cela se
fasse dans le respect de ces règlements-là. Cela n'est pas dit
pour bloquer tout développement ou toute initiative possible.
M. Ryan: A priori... Est-ce que vous avez quelque chose à
ajouter, monsieur?
M. Asselin: Je pense que c'est vraiment dans ce sens-là.
Pour nous, la notion de partenaire avec les étudiants, c'est important.
Je pense que cela fait aussi partie de l'éducation que de regarder ce
qui existe et d'inviter les étudiants à voir ce qu'on peut
changer. Cela nous donne aussi la possibilité d'aller un petit peu plus
loin.
M. Ryan: À priori - je vous demande juste cela et je
termine là-dessus - est-ce qu'il vous est venu à l'esprit
certains articles de la charte de l'un ou l'autre établissement, ou
certains articles de règlement existant qui pourraient être
contredits par le projet de loi dans sa forme actuelle? Est-ce que cela vous a
fait penser à certaines dispositions existantes qui pourraient
être mises en difficulté à cause de l'actuel projet de loi,
ou si c'est simplement une suggestion de précaution
générale que vous faites pour ne pas...
M. Saint-Germain: Ce n'est pas dans ce que le projet de loi dit,
mais c'est peut-être dans ce que le projet de loi ne dit pas.
M. Asselin: Je pense à certains collèges, au niveau
des commissions pédagogiques, où les étudiants peuvent
siéger, mais c'est à partir de conventions collectives. Il y a
toute la question d'entente à ce niveau-là.
M. Ryan: Vous me faites justement penser que l'article allait
dans cette voie-là. J'aimerais que vous nous fassiez quelques
commentaires sur l'article 31 dans sa forme actuelle. Je crois que vous n'en
parlez pas dans votre texte.
M. Asselin: On n'en parle pas directement, mais cet aspect que
nous soulignons... Nous sommes d'accord pour que les étudiants
décident eux-mêmes et nomment eux-mêmes... Cela va de soi.
Je
pense que c'était dans les notes que j'ai ici. Je pensais, entre
autres, à certains collèges, à des règlements de
commissions pédagogiques ou de comités exécutifs ou de
régie interne. Dans certains collèges, le règlement dit:
pour le conseil d'administration - d'accord, cela va l'étudiant est
nommé. Il y a une représentation des étudiants, mais, par
ailleurs, la représentation à la commission pédagogique
est une entente entre le syndicat et la direction du collège. Les
étudiants ne sont que des invités à ce moment-là.
Dans le comité exécutif ou le comité de régie,
aucun règlement n'exige la présence des étudiants. Vous
savez, si on parle de représentation au niveau de divers conseils, de
comités, cela va jusqu'au comité d'administration.
M. Saint-Germain: L'article 32 insiste sur le fait que
l'association accréditée seule désigne. On n'a pas
objection, mais elle désigne les étudiants qui, en vertu d'une
loi, d'un règlement ou d'une charte, sont appelés à
siéger. C'est simplement pour la désignation, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin s'il n'y a pas d'autres questions de ce côté-ci.
M. Laurin: Encore une fois, je remercie beaucoup l'Association
des collèges du Québec pour le mémoire solide et pertinent
qu'elle nous a présenté et qui demandera sûrement de notre
part un examen soigné.
M. Asselin: Merci.
M. Ryan: Nous vous remercions beaucoup et nous souhaitons vous
revoir plus souvent à Québec.
M. Asselin: Avec plaisir.
Le Président (M. Laplante): Les membres de cette
commission vous remercient. J'appelle maintenant la Fédération
des cégeps. Est-ce que les représentants de la
Fédération des cégeps sont ici? Oui. Avez-vous une copie
du mémoire? Vous avez un mémoire assez volumineux de 22 pages. Y
aurait-il possibilité de le résumer à cause de
l'heure?
Fédération des cégeps
M. Tremblay (Jean-Noël): Je pense que je vais pouvoir le
résumer ou du moins en sauter une partie. Si vous le permettez, je vais
commencer par lire la première partie. Je sauterai probablement la
partie du centre, puisque tout le monde a le document, pour aller aux
conclusions afin d'aller plus rapidememnt, compte tenu de l'heure et de votre
fatigue.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Je vous remercie de
votre coopération. Maintenant, si vous voulez vous identifier et
identifier les personnes qui sont avec vous ainsi que votre groupement, pour
les fins du journal des Débats, s'il vous plaît.
M. Tremblay (Jean-Noël): Mon nom est
Jean-Noël Tremblay, président de la Fédération
des cégeps. À mon extrême gauche, M. Jean-Jacques
Lafontaine, président du conseil d'administration du cégep de
Sherbrooke; M. Denis Larose, président de la Commission des affaires
étudiantes à la Fédération des cégeps et, en
même temps, directeur des services aux étudiants au collège
Sainte-Foy; et ici, à ma droite, Mme Louise Chené, permanente
à la Fédération des cégeps.
M. le Président, je vous avouerai que c'est avec un peu de
stupéfaction que la Fédération des cégeps a appris
le dépôt, le mardi 30 mai, d'un projet de loi sur
l'accréditation et le financement des associations d'étudiants,
et la convocation, pour le jeudi de la semaine suivante, soit aujourd'hui le 9
juin, d'une commission parlementaire sur cette question. C'est bien peu de
temps. Bien sûr, nous connaissions les intentions gouvernementales
exprimées lors du discours inaugural, mais nous étions loin d'en
avoir conclu qu'il lui faudrait agir avec précipitation, sans
consultation préalable, bousculant les délais habituels entre le
dépôt en première lecture et la convocation d'une
commission parlementaire, et en obligeant les groupes d'invités, dont
nous sommes, à fonctionner en marge des processus réguliers pour
préparer leurs mémoires.
Comme tous les groupes qui nous ont précédés, M. le
Président, nous dénonçons les délais qui nous ont
été impartis. Bien plus, nous nous interrogeons sur les motifs de
cette précipitation. On vous pose la question: Où est donc
l'urgence? Qu'est-ce qui vous et nous oblige à accélérer,
à cette période de l'année en plus, des processus
parlementaires normalement employés au règlement de
problèmes à nos yeux beaucoup plus épineux et autrement
importants?
À vrai dire, nous avions d'abord songé à
décliner l'invitation de M. le ministre Laurin; mais c'était
avant d'avoir vu le contenu du projet de loi. Notre stupéfaction s'est
alors muée en consternation devant la nature, les dispositions et
l'ampleur du champ couvert par la loi, motivant en retour notre présence
ici ce soir, car nous voulons faire connaître notre opposition à
ce projet de loi et en expliquer les principales raisons.
Posons d'abord le premier principe. La Fédération des
cégeps, au nom de tous les collèges membres, tient à
affirmer son respect absolu du droit d'association des
étudiants comme de tout autre citoyen québécois. Je
pense que ceci est très important. De plus, elle est favorable à
l'intention gouvernementale de faciliter l'exercice de ce droit et est
prête à s'y associer. Pourtant, elle est contre le projet de loi
32 et ce, parce qu'il s'appuie sur des prémisses contestables, qu'il est
contradictoire, en lui-même et avec beaucoup d'autres principes et
d'autres lois, parce qu'il comporte des imprécisions, à notre
avis, fâcheuses et peut engendrer des effets contraires à ceux
qu'il prétend vouloir susciter.
Les prémisses contestables. En première ligne des notes
explicatives qui précèdent le projet de loi, on lit: "Ce projet
de loi a pour objet de faciliter l'exercice du droit d'association des
étudiants de niveau collégial et universitaire". S'il
paraît nécessaire au gouvernement de légiférer pour
faciliter l'exercice du droit d'association, c'est donc qu'il serait
entravé, et même gravement, puisque cela milite en faveur d'une
intervention de cette importance.
Ce n'est pas notre avis, M. le Président, ni en ce qui concerne
la présomption que ce droit soit entravé dans les
collèges, ni en ce qui concerne l'opportunité de
légiférer de cette manière pour régler ce qui nous
apparaît un problème mal identifié.
Les cégeps du Québec existent depuis bientôt quinze
ans. Pendant toutes ces années, se sont développés une
multitude de lieux et formes de regroupements étudiants, la plupart du
temps soutenus ou encadrés par les administrations locales, comme en
fait foi l'inventaire que nous avons réalisé en décembre
1982 - donc, tout récemment - et qu'il nous fait plaisir de
déposer devant cette commission. C'est ce document-ci, qui sera
déposé pour les membres de la commission. Il s'intitule: La vie
associative des étudiants. Lieux et formes de regroupement et de
participation des étudiants dans les cégeps. Cela a
été fait en décembre 1982. (22 h 45)
Dans cette enquête, il apparaît que les étudiants
sont impliqués dans une vie associative et coopérative intense
qui relève le plus souvent de leur responsabilité propre. D'autre
part, les étudiants semblent manifester un intérêt
accentué pour des regroupements où se trouvent prises en
considération des préoccupations d'ordre pratique qui les
concernent directement. En fait, il existe au moins une association
étudiante dans chaque collège. Certains en comptent plusieurs
regroupées autour de programmes d'études ou dans des campus. La
plupart sont incorporées. Elles assument à part entière
les décisions relatives aux objectifs qu'elles entendent atteindre, aux
services qu'elles offrent et à la gestion de leurs ressources humaines
et financières. C'est vrai dans la très grande majorité
des collèges.
Dans la majorité des cas, les collèges et associations
sont signataires de protocoles d'entente à l'ampleur, cependant,
variable, évidemment, selon les situations. L'exercice du droit
d'association n'est donc pas entravé dans les collèges. Il est
même soutenu activement, certains diraient de façon paternaliste
parfois - je pense que c'est de moins en moins vrai avec les années -
parce qu'il est considéré aussi comme un des facteurs importants
de l'apprentissage de la vie en société, et donc partie
intégrante de la mission éducative des collèges, lorsqu'on
parle, dans cette mission éducative, de la formation intégrale
des étudiants.
À cet égard, réagissant au livre blanc sur les
collèges, la fédération adoptait, en 1979, l'orientation
suivante: "II importe d'affirmer la nécessité que les
cégeps assument leur part de responsabilité dans l'apprentissage
du processus démocratique. Il y a là, pour l'étudiant, une
possibilité de développer des habiletés,
possibilité dont on doit tenir compte au point de réajuster
certains types de relations et notamment celles qui existent entre les
associations étudiantes et les collèges, qu'il faut cesser
d'envisager du strict point de vue contractuel." C'est donc dire toute
l'importance que les collèges accordent collectivement et
individuellement à leur responsabilité en cette
matière.
Sur l'opportunité de légiférer de cette
manière pour régler ce qui nous paraît un problème
mal posé, nous nous perdons en conjectures. Impossible de cerner, vu ce
qui précède, le problème qu'entend régler le
gouvernement. Impossible de voir, dans le projet de loi, des solutions aux
problèmes réels des associations étudiantes de niveau
collégial. Ces problèmes consistent en un faible degré de
participation, d'une part, et en des difficultés récentes de
financement, d'autre part. C'est-à-dire que, depuis quelques
années ou à partir d'avis juridiques qui sont venus du
ministère, les collèges ne pouvaient plus librement cotiser les
étudiants.
Il y a une autre prémisse fort ténue à ce projet de
loi, celle d'assimiler les étudiants des niveaux collégial et
universitaire. Or, il y a toute une différence entre les
étudiants qui fréquentent les collèges et ceux qui sont
à l'université, outre l'âge et l'expérience des
processus démocratiques évidemment différents. Ce sont les
conditions particulières des études de niveau collégial
qui militent en faveur d'une distinction entre les deux groupes quand il s'agit
d'associations et de regroupements.
Les études de niveau collégial, faut-il le rappeler,
durent de quatre à six sessions,
selon les programmes d'études. Un étudiant s'inscrit dans
un cégep après son secondaire, soit à un âge moyen
de 17 ans, dans des programmes préparatoires à
l'université - à ce moment-là, c'est un programme de deux
ans - ou dans un cours terminal dit professionnel - à ce
moment-là, c'est un cours de trois ans.
Si l'on tient compte du taux de persistance des étudiants entre
la première année et les années subséquentes, si
l'on considère aussi que 50% de nos étudiants sont inscrits dans
des programmes de deux ans, il y a donc un renouvellement annuel de près
de 40% des inscrits dans les collèges. C'est le fameux transit
étudiant qui, joint à la nécessité, pour ceux qui
arrivent du secondaire, de prendre le temps d'apprivoiser les nouvelles
structures qui les encadrent, constitue la difficulté majeure,
d'après les étudiants eux-mêmes, du fonctionnement des
organisations étudiantes et de leur stabilité.
Or, il est fort à craindre qu'un projet de loi, surtout aussi
englobant que le projet de loi 32 qui propose des solutions
générales pour tous les étudiants du postobligatoire, ne
soit très éloigné des problèmes réels des
associations étudiantes de niveau collégial.
Sur l'autre partie, M. le Président -c'est la partie que je
mentionnais au tout début et que je voulais résumer - je pense
que, très simplement, le projet de loi lui-même est un projet de
loi discutable en tant que tel. D'abord parce que, d'après nous, il est
en contradiction avec les intentions du ministre. Je n'ai pas l'intention de
reprendre le texte. Vous avez devant vous le texte; on pourra peut-être y
revenir à la période des questions. Aussi c'est un projet de loi
qui est en contradiction avec lui-même, c'est-à-dire que,
lorsqu'on met ensemble un certain nombre d'articles, qu'on met en
séquence un certain nombre d'articles, lorsqu'on les compare l'un
à l'autre, qu'on les évalue - et Dieu sait si nous avons eu peu
de temps pour le faire - on constate rapidement qu'il y a des contradictions
à l'intérieur du projet de loi lui-même au niveau des
articles.
Surtout, il est en contradiction avec la réalité des
collèges. Permettez-moi de vous lire, à la page 13, la partie qui
concerne la. clientèle adulte. L'article 58 du projet de loi, en ce
qu'il suggère d'automatisme de l'accréditation, de la
représentation, de la cotisation, nous pose un problème d'un
autre ordre quand on le met en rapport avec l'article 1 qui dit: "La
présente loi s'applique à tout étudiant inscrit dans un
établissement d'enseignement visé à l'article 2". Le
problème, c'est celui de la clientèle adulte qui, au niveau
collégial, étudie le plus souvent à temps partiel ou dans
des encadrements spécifiques, genre programmes de main-d'oeuvre du
Canada, par exemple. Cette clientèle représente en nombre
d'individus inscrits dans les collèges près des deux tiers de la
clientèle dite régulière, ce qui veut dire, pour le niveau
collégial, 135 000 étudiants inscrits à l'enseignement
régulier et environ 80 000 étudiants en sus qui sont des
étudiants adultes qui très souvent étudient, pour la
grande majorité, le soir.
Compte tenu de leurs conditions d'apprentissage, ces étudiants ne
sont pas regroupés en association distincte. Consommateurs de formation
spécialisée, ils appartiennent à des collectifs
restreints, soit une classe ou soit un programme. Ils ne sont pas inclus dans
les préoccupations des associations d'étudiants jeunes et n'ont
jamais payé de cotisations aux associations existantes. Or, ils sont
désormais couverts par les dispositions du projet de loi 32. Pour
être inscrits dans un collège, ils devront payer une cotisation
à une association accréditée. Outre que cette disposition
est plus que contestable, parce que les conditions d'apprentissage adulte sont
peu compatibles en termes d'horaire et de disponibilité avec celles des
jeunes, ce qui entrave réellement leur capacité de participation
aux associations étudiantes, il faut noter que l'application de
l'article 58, paragraphe 3, aurait pour effet de les inclure automatiquement
dans la seule association qui représente les étudiants de
l'établissement et qui ne s'est jusqu'à présent jamais
occupée d'eux et ne prétend surtout pas les
représenter.
Il y a là, nous semble-t-il, une faille importante dans la loi et
ce d'autant plus que l'absence de consultation préalable ou de tout
débat réel sur cette question fait que, pour la plupart, les
adultes ne peuvent être informés des effets de cette loi sur la
poursuite de leurs études ni, bien entendu, suggérer les
modalités ou les amendements susceptibles de leur rendre justice.
Mentionnons également, en résumé, les
contradictions que ce projet de loi peut avoir avec d'autres dispositions
législatives, en particulier, avec l'esprit de la loi 25 qui est la loi
sur les collèges. Et aussi avec celui d'autres lois. Nous avons en
tête la loi 65. Aussi sur les lois qui régissent les moins de 18
ans.
Quels sont les effets négatifs ou ce qu'on pourrait appeler les
effets pernicieux de ce projet de loi, s'il était adopté tel
quel? Le projet de loi 32 nous semble aussi dangereux dans ce qu'il
précise que dans ce qu'il passe sous silence. Ainsi, par exemple, comme
nous le mentionnons à la page 18, ce n'est pas l'exercice du droit
d'association qu'il favorise, mais c'est l'instauration du monopole de la
représentation et des pouvoirs. Tout ce projet de loi, et nonobstant les
principes qui l'ont inspiré et auxquels nous aurions souscrit s'ils
avaient été respectés dans le texte, nonobstant aussi la
finalité qu'il prétend atteindre, est ordonné à
la consolidation de monopoles et à leur financement.
Tenir compte du transit étudiant. À cet égard,
l'imprécision des articles touchant la fixation des cotisations par
assemblée spéciale ou référendum dans une
association accréditée est significative. Il faut jauger ces
dispositions à la lumière de deux considérations, du moins
au niveau collégial: d'une part, le transit étudiant - comme nous
l'avons expliqué plus tôt - provoque ce qu'on peut appeler
l'irresponsabilité historique, c'est-à-dire que le passage rapide
des étudiants fait que l'ensemble ou le suivi des dossiers et les
intentions sont très souvent mis de côté parce que de
nouveaux étudiants arrivent et qu'on doit repartir à neuf;
d'autre part, ladite cotisation fixée par règlement
approuvé à la majorité des voix des étudiants qui
votent - comme on le dit à l'article 51 - constituerait une condition
obligatoire d'inscription des futurs étudiants.
À la limite, on pourrait imaginer la situation suivante:
réunis en assemblée spéciale pour fixer le taux de la
cotisation étudiante, 10% des étudiants d'un collège -ce
qui est déjà un indice de participation fréquent dans un
collège et difficile à atteindre parfois, compte tenu du grand
nombre des étudiants - votent à la majorité des membres
votants - disons 5,1% - une cotisation pour l'année subséquente
que la plupart pourraient ne pas avoir à payer puisque ayant
terminé leurs études. Comme, par ailleurs, le projet de loi ne
fait aucune mention des obligations des associations autres que celles
prévues par la Loi sur les compagnies, ni ne parle des services à
rendre, il est difficile de comprendre l'adéquation qu'on fait entre la
définition de ce qu'est une association - comme on le dit à
l'article 3: "Un organisme qui a pour fonctions principales de
représenter respectivement les étudiants et de promouvoir leurs
intérêts, notamment en matière d'enseignement, de
pédagogie, de services aux étudiants et d'administration de
l'établissement d'enseignement." - et l'imposition, sans maximum et sans
encadrement temporel, d'une cotisation obligatoire, pas nécessairement
remboursable et qui conditionne l'inscription.
L'imprécision qui entoure cette question et qui contraste
singulièrement avec le détail des obligations des
établissements - les articles 27 à 31 - nous inquiète
parce qu'elle est susceptible de favoriser bien plus le maintien d'appareils
bureaucratiques que l'enracinement de la représentativité des
associations étudiantes.
Tout ce projet de loi nous semble marqué d'une transposition, que
nous jugeons abusive, du modèle syndical, et encore plus il y a de
précisions dans le Code du travail sur les obligations et les services
qu'un syndicat doit rendre à ses membres qu'il n'y en a dans cette loi
concernant les associations étudiantes. Quoi qu'il en soit, et avec
toutes les nuances qui s'imposent, nous nous demandons pourquoi
"provincialiser" les rapports entre collèges et associations lorsqu'on
constate, à la lumière des dernières négociations,
l'échec d'une telle approche. Il nous semble absurde de prendre pour
modèle et d'imposer aux jeunes une structure de pouvoir qu'on veut
réformer après en avoir contesté la
représentativité. Or c'est ce que fait ce projet de loi:
création d'appareil, financement inspiré de la formule Rand,
monopole de la représentation.
Il y a là un curieux choix social qui consiste à imposer
à des étudiants, précisément en conditions
d'apprentissage -et c'est ce qui nous préoccupe le plus
-l'expérience d'une formule de regroupement dont certains
mécanismes même sont déjà remis en cause. Cela
aboutit à dévaluer l'exercice du droit d'association en
présupposant qu'il est souhaitable et souhaité comme un bien en
soi et qu'on doit en imposer à tous l'exercice afin de le favoriser.
Pourtant, la charte québécoise des droits affirme ceci:
"Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la
liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté
d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion
pacifique et la liberté d'association." Il nous semble que la meilleure
et la première façon de favoriser l'exercice du droit
d'association est d'en assurer la liberté. (23 heures)
Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous nous opposons au
projet de foi 32 tel que nous le connaissons actuellement. Nous demandons que
l'adoption en soit reportée, de telle sorte qu'il soit
sérieusement amendé après qu'un débat aura permis
à tous les intéressés d'en prendre connaissance et de se
faire entendre.
Outre les délais à l'intérieur desquels nous avons
été placés, il faut prendre en considération la
période de l'année, tant pour les parlementaires que pour les
établissements. Il n'y a plus d'étudiants à cette date
dans les collèges et les universités. Il est donc impossible que
quiconque ait pu s'assurer de la volonté des principaux
intéressés et de l'adéquation des moyens proposés
avec les problèmes réels.
Ainsi, nous, comme fédération, sommes-nous privés
de la possibilité de faire valoir nos positions auprès des
étudiants, d'expliquer, par exemple, que, pour résoudre le
problème du financement, qui est un problème réel pour les
associations de niveau collégial, problème qui nous a d'ailleurs
été créé par un avis du contentieux et des
directives contradictoires du ministère de l'Éducation, il
faudrait proposer non pas tout un projet de loi comme celui-ci, mais un
simple amendement à la loi sur les collèges. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Laurin: Je remercie beaucoup la Fédération des
collèges du mémoire qu'elle vient de nous présenter. Il
est toujours intéressant d'entendre l'opinion de la
fédération, même quand elle s'oppose ouvertement aux
initiatives du gouvernement. Je relirai sûrement avec plaisir ce
mémoire au complet.
La Fédération des collèges dit qu'il n'y a pas
urgence. En fait, elle est contredite par quelques autres des
témoignages que nous avons entendus aujourd'hui. Je suis prêt
à dire que ce n'est pas la seule motivation de l'urgence qui nous guide
en l'occurrence. Il s'agit de régler un problème qui a
commencé bien avant que le premier ministre ne le mentionne dans le
discours inaugural. Même s'il convient de répondre à une
certaine urgence qui a été manifestée par d'autres
groupes, il s'agit aussi de régler un problème qui est celui de
mettre fin à l'indifférence avec laquelle nous avons
regardé les associations, au cours des années, se débattre
avec les mêmes problèmes, reprendre à zéro le
travail de formation, de reconnaissance, de financement de leurs associations,
sans jamais être assurées qu'il ne serait pas défait le
lendemain.
C'est peut-être aussi la raison pour laquelle on a pu reprocher
aux associations d'étudiantes et d'étudiants de ne pas participer
pleinement aux débats et finalement croire qu'elles n'en sont pas
capables. Pour participer pleinement à la mesure de ses
capacités, il faut d'abord être assuré de son existence. Il
faut faire le pari que les associations étudiantes soient
assurées de leur survie avant d'espérer qu'elles puissent relever
les défis que leur posent la société et leurs propres
problèmes scolaires, à la mesure de leurs besoins et de leurs
attentes.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai souvent rappelé
qu'il fallait donner aux étudiants et aux associations qui les
représentent la voix, toute la place qui leur revient. C'est d'ailleurs
dans cet esprit que, depuis quelques années - je le rappelais ce matin
dans mon exposé liminaire - nous avons posé des gestes qui
allaient dans ce sens-là, que ce soit par la diffusion du guide sur les
droits et libertés de la personne dans le monde secondaire, ou que ce
soit à l'atelier des universités, ou que ce soit aux colloques du
RAEU qui ont été tenus récemment.
C'est d'ailleurs au colloque du RAEU de novembre dernier, à
l'Université de Montréal, que j'invitais, pour la première
fois, les fédérations d'établissements scolaires,
collégiaux ou universitaires à me proposer des modalités
de reconnaissance et de financement des associations étudiantes.
Donc, je pense qu'il importe maintenant de passer de la parole aux
actes, des principes aux moyens de concrétiser ce qui est ressenti, en
tout cas, comme une nécessité. Dans ce sens-là, ce projet
de loi ne répond peut-être pas à une crise, mais il est
sûrement l'aboutissement d'un long cheminement.
Sur le plan de l'urgence, encore une fois, il a été
rappelé aujourd'hui que le report à l'automne retarderait d'un an
le financement des associations étudiantes en difficulté et ne
réglerait en rien le problème que plusieurs associations
étudiantes ont eu sur le plan de la reconnaissance de leurs
activités. Donc, même si peu de temps semble avoir
été donné à la réflexion des divers groupes
intéressés, il reste cependant que le problème date, lui,
depuis longtemps et qu'il convenait de lui apporter une solution.
La Fédération des collèges nous dit qu'elle n'a pas
eu beaucoup de temps pour réagir. Pourtant, le 24 mars 1982, dans la
lettre que j'envoyais aux présidents et présidentes des
collèges de même qu'aux présidents et présidentes
des associations étudiantes, j'exprimais la volonté du
gouvernement de préciser les mécanismes de reconnaissance des
associations et je demandais aux associations étudiantes de même
qu'aux collèges de me transmettre leurs recommandations sur ces
questions. La Fédération des collèges est donc
informée depuis longtemps de la volonté du gouvernement de
régler ou d'apporter une solution à ce problème qui,
encore une fois, traîne dans le paysage depuis un bon nombre
d'années et qui est précisément celui de la reconnaissance
des associations étudiantes, du bon fonctionnement des associations
étudiantes et d'une méthode sécuritaire d'assurer la
stabilité de leur financement.
On ne peut donc pas dire que la Fédération des
collèges n'a pas été informée suffisamment à
l'avance de la volonté gouvernementale à cet égard, mais
les choses ont voulu que seules les associations étudiantes ont
répondu à l'invitation que je leur faisais. Seules, elles ont
fait l'effort non seulement de réfléchir sur le sujet, mais de
coucher leurs réflexions dans des projets qu'elles ont fait parvenir au
ministère. Lors de ce colloque auquel je faisais allusion tout
à l'heure, j'avais bien dit également que, si mon invitation
demeurait sans réponse, il faudrait bien que le gouvernement en tire les
conséquences et agisse en fonction de cette présence des divers
groupes intéressés et de leur décision de porter à
l'attention du gouvernement les recommandations ou les projets qui leur
sembleraient les plus appropriés.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'agir en
ce sens. Encore une fois, c'est une proposition minimale, comme on nous l'a
répété plusieurs fois au cours de la journée. C'est
un premier pas, c'est une proposition modeste qui veut simplement régler
les problèmes d'infrastructure, les problèmes minimaux que posent
la reconnaissance et le financement stable des associations
étudiantes.
La Fédération des collèges dit qu'elle
épouse un certain nombre des principes mis de l'avant par le
gouvernement, particulièrement depuis deux ans, mais il aurait fallu
aussi que la Fédération des collèges nous propose des
moyens qui incarnent les principes qu'elle prétend épouser.
À force d'être pour les principes et de ne jamais présenter
de moyens ou d'être contre tous les moyens que nous présentons, on
ne peut s'empêcher d'en arriver parfois à la conclusion que le
fait d'être contre les moyens équivaut, au fond, dans les faits,
à être contre les principes. C'est la raison pour laquelle je
pense qu'il vaut mieux tenter quelque chose de modeste, même d'imparfait
que nous pourrons d'ailleurs corriger, que de laisser perdurer un
problème dont l'existence est réelle, malgré les
dénégations qu'on nous apporte aujourd'hui, et qui constitue une
entrave aux principes de cette pleine participation des étudiants
à la vie, au fonctionnement des établissements qui sont au fond
établis à leur intention et qui sont destinés à
leur dispenser une formation dont ils sont les principaux usagers et à
laquelle ils doivent évidemment participer.
Je pourrais peut-être poser, à ce moment-ci, ma
première question à la Fédération des
collèges. Si cela va si bien, comme on nous le dit dans le
mémoire, dans tous les collèges, pourquoi une association qui
représente quand même 20 000 étudiants vient-elle nous
dire, tout au contraire, qu'il y a des problèmes sérieux dans un
bon nombre d'institutions collégiales et pourquoi aussi une autre
association a-t-elle demandé, dans une seule année, au ministre
d'intervenir dans quatre collèges pour assurer la reconnaissance et le
financement stable d'associations étudiantes?
M. Tremblay (Jean-Noël); En réponse à M. le
ministre, d'abord, mentionnons que, dans le texte, nous disons bien que le peu
de délai qui nous a été imparti pour l'étude de ce
projet de loi, le contexte actuel, l'époque où on est rendu, au
mois de juin, où il n'y a plus d'étudiants dans les
collèges, ne favorisent certainement pas un débat complet et
intéressant qui doit être fait sur ce projet de loi 32. Dans ce
sens, nous demandons que cela soit reporté. Il nous semble que, dans ce
sens aussi, les délais ou les conditions que M. le ministre semble
décrire et qui proviennent de l'état d'urgence dans les
collèges ne justifient pas, à notre point de vue, le fait qu'on
ne peut avoir quelques mois de plus, un peu plus de temps pour réagir
sur le projet de loi 32.
Par ailleurs, sur le fond, il y a longtemps que la
Fédération des cégeps et les collèges ont pris des
positions claires concernant la reconnaissance des associations
étudiantes et concernant le fait qu'ils ont développé dans
leurs collèges des modèles, des modes souvent adaptés
à l'histoire de chacun des collèges, à leurs traditions
aussi et aux conditions particulières qu'ils ont, des modèles de
concertation, des modèles de collaboration, des modèles
d'échange, de coordination avec les associations étudiantes en
les reconnaissant, et aussi, dans les deux dernières années, des
modèles de financement qui ont dû être innovés,
compte tenu des dispositions légales qui nous étaient faites.
J'en veux pour preuve qu'en réaction au livre blanc de 1978-1979,
vous retrouvez à la Fédération des cégeps un
document qui a été transmis au ministère de
l'Éducation, qui est connu de tout le monde et qui est public aussi, qui
a été transmis à tout le monde. Cela s'appelle: Pour le
développement des collèges. Toute la question des affaires
étudiantes est là-dedans, on y retrouve la façon dont les
collèges et la fédération conçoivent toute la
question des affaires étudiantes.
Quand on parle de situation d'urgence, pourquoi il faudrait dès
maintenant et tout de suite adopter un projet de loi... Je peux vous donner un
état du réseau, je pense qu'il répond à votre
question plus précisément sur le financement; il date
d'aujourd'hui, le bilan d'aujourd'hui. Concernant la perception de la
cotisation étudiante, le problème du financement des associations
étudiantes, sur une base obligatoire, que ce soit remboursable ou non
à l'étudiant, il y a 30 collèges qui ont des
mécanismes qui permettent de faire la cotisation étudiante,
d'avoir une cotisation étudiante qui assure le financement et la survie
des associations étudiantes. (23 h 15)
Je mentionne aussi à M. le ministre qu'en date d'aujourd'hui,
pour 42 collèges sur 44, il y en a 34 qui ont signé des
protocoles ou des ententes de services avec les associations étudiantes.
Parfois, dans ces protocoles, vous retrouvez des obligations que les
collèges se donnent, que les administrations se donnent face aux
associations, en les reconnaissant, qui vont plus loin que toutes les
propositions contenues dans le projet de loi 32 sur les différents
services qui peuvent être apportés aux associations, les
différents moyens de consultation, les différents modes de
participation à tous les niveaux dans les collèges; il y a
même deux collèges qui sont en cogestion par rapport à un
certain nombre
de choses.
Je vous mentionne aussi que, dans le réseau collégial
actuel, il y a 38 collèges où on retrouve des associations
incorporées en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies. Quatre sont non incorporées. La cotisation varie entre 5 $
et 18 $ par étudiant, selon les collèges. Je pense qu'il faut
aller voir le vécu des collèges. Il n'est pas toujours facile de
discuter ou de négocier des protocoles pour les étudiants comme
pour les administrateurs. Je pense que c'est vrai partout, avec n'importe quel
groupe et que cela se fait parfois dans un contexte difficile, dans des moments
comme ceux qu'on a vécus cette année, mais il y a une
volonté de le faire, non pas simplement dans les principes, mais dans
l'action et dans les faits. La très grande majorité des
collèges a des associations, pour la plupart incorporées et
reconnues par les collèges, ayant des protocoles signés avec les
collèges ou encore d'autres modes qu'un protocole, des ententes faites
avec eux qui permettent aux associations de vivre, de s'exprimer, de faire
valoir leur point de vue, de diriger leurs activités et de prendre un
certain nombre de décisions.
Cela n'exclura jamais les cas-problèmes, même si on
adoptait le projet de loi 32 ou n'importe quel projet de loi. Cela n'exclura
jamais le fait que, dans certains cas, c'est beaucoup plus difficile
qu'ailleurs; cela tient souvent à l'histoire du collège, mais,
dans la majorité des cas, la preuve est faite que, dans les
collèges, les administrations de collèges et les conseils
d'administration - ces protocoles signés avec les associations
étudiantes ou les reconnaissances faites aux associations
étudiantes sont entérinés par les conseils
d'administration de collège - le travail a été fait, les
modèles ont été trouvés, les formes de
reconnaissance ont été explorées et choisies et on en est
arrivé à des ententes sans avoir eu besoin d'attendre un projet
de loi, et cela ne date pas d'aujourd'hui. Cela date déjà de
plusieurs années. On peut dire qu'en termes de progression dans les cinq
ou six dernières années, ce processus que je viens de
décrire s'est vraiment développé et
concrétisé dans les collèges.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Laurin: Je vous rappelais tout à l'heure, M. le
Président, ma lettre du mois de mars 1982. Je vous rappelle maintenant
la lettre que vous faisait parvenir la DIGEC, le 19 avril 1982, où on
invitait les associations et les collèges à faire connaître
au ministère leurs recommandations quant au cadre réglementaire
ou législatif qui conduirait à la reconnaissance effective des
associations étudiantes. Puis-je vous demander pourquoi vous n'avez pas
répondu à cette invitation?
M. Tremblay (Jean-Noël): Je pense que - ce n'est pas la
seule - une des dernières traductions des réponses à cette
invitation est le dépôt du document de l'inventaire fait dans les
collèges sur les formes et les modes de participation et de
reconnaissance des associations. Si vous voulez, on l'a globalisé, on
l'a ramassé dans son entier et cela a été
déposé au ministère de l'Éducation. Cela dit, par
son contenu même, les choix des collèges, leurs formes, les
manières, les lieux d'organisation, de participation et de
reconnaissance des associations étudiantes. Tout est écrit dans
ce document déposé. C'est une synthèse, c'est un travail
qui est quand même assez long à faire, mais qui est une
réponse, à mon avis, très concrète et très
précise à la demande que vous faisiez de faire connaître
les modèles que l'on favorisait et la façon dont on voyait les
choses. Je pense qu'on vous a répondu par des faits et par des
situations réelles qui se trouvent dans ce document qui vient
d'être déposé ce soir.
M. Laurin: J'y vois plutôt une réponse indirecte et
implicite, même si vous dites aujourd'hui qu'en fait cela constituait une
réponse réelle. Vous venez de dire qu'il y a 34 collèges
où il y a des protocoles d'entente. Il est bien possible que,
précisément en raison du fait qu'il existe 34 collèges
où il y a des protocoles d'entente, ces associations, si elles sont
satisfaites, ne se prévaudront pas de la loi 32. La loi 32, au fond, est
offerte à ceux pour lesquels il n'existe pas de protocole d'entente ou
à ceux qui jugeraient que le protocole d'entente leur apparaît
moins sécuritaire ou moins indiqué que l'autre mode que leur
offre le projet de loi. Alors, cela ne respecte-il pas justement la
réalité même des collèges et la décision
qu'ils pourront prendre?
M. Tremblay (Jean-Noël): II y a deux éléments.
D'abord, il est difficilement concevable que l'on fasse un projet de loi pour
régler des cas d'exception. De plus, je pense que les conditions dans le
projet de loi pour qu'une association puisse être reconnue reviennent,
à toutes fins utiles, à l'obligation que fait la loi de
l'accréditation de chacune des associations. J'ajouterais qu'au fond la
question qui se pose est: Est-ce que nous avons besoin de ce projet de loi, si
on regarde ce qui se fait dans les collèges, ou la façon dont
cela évolue, ou la façon dont les choses se passent actuellement?
À toutes fins utiles, quand on dit qu'on est contre le projet de loi, on
est contre son libellé actuel, mais est-ce qu'il y a une
nécessité de la reconnaissance et de l'accréditation des
associations étudiantes? On n'en est pas
certain puisque, dans la pratique et le vécu de chacun des
collèges, malgré toutes les difficultés, on en convient
très bien, ce n'est jamais facile et c'est souvent même, d'une
certaine façon, à recommencer, compte tenu de ce que je
mentionnais: le transit, c'est-à-dire la période relativement
courte que passent les étudiants dans les collèges.
Les formules qui ont été développées
jusqu'à maintenant se sont montrées viables, intéressantes
et surtout très proches des objectifs de la mission des collèges,
d'étudiants en processus d'apprentissage, y compris sur la question ou
sur la vie démocratique, ce qui est un des objectifs et une des
préoccupations des collèges puisque cela fait partie de leur
mission. Dans les modèles qu'on a développés
jusqu'à maintenant - parce qu'il faudrait aussi sortir peut-être
de la question des associations et aller voir ce qui se fait dans le sport,
dans le socio-culturel, dans les coopératives de
cafétérias ou de résidences, il faudrait élargir
l'éventail - on retrouve dans ces formules, dans les manières ou
dans la façon dont on reconnaît les associations, dans la
manière dont on a traité avec eux, des formes originales,
très souvent, et efficaces de reconnaissance des études.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'écoutais avec beaucoup
d'intérêt la lecture du mémoire de la
Fédération des cégeps. C'est un mémoire qui est dur
parce qu'il tient un langage sévère à l'endroit des
promoteurs du projet de loi, surtout du contexte dans lequel il nous est
présenté. Je voudrais noter une couple de points. Je voudrais
d'abord faire une petite rectification. Le ministre a semblé indiquer,
dans ses questions tantôt, que vous auriez trouvé après
coup la rationalisation de l'enquête que vous avez faite et qui a conduit
à la préparation de la synthèse que vous avez
donnée. En parcourant brièvement le document, je constate que,
dès la lettre que vous adressiez à vos institutions
affiliées le 25 novembre 1982, vous disiez clairement que cette
enquête était faite en prévision d'une prochaine
intervention auprès des responsables ministériels du dossier.
Vous indiquiez clairement que cette démarche était
précisément conçue pour vous fournir une armature
d'information qui vous permettrait de fournir ensuite des avis
étayés au gouvernement. Je crois comprendre que ce rapport, qui
remonte à janvier 1983, vous l'avez transmis, à l'époque,
au ministère de l'Éducation. Le ministère en a eu
connaissance. À la suite de cette transmission, est-ce que le
ministère de l'Éducation a pris contact avec vous pour vous
demander des explications et vous demander si vous en seriez venus à
certaines suggestions, conclusions ou recommandations à la suite du
relevé que vous aviez fait?
M. Tremblay (Jean-Noël): Non.
M. Ryan: Très bien. J'ai également remarqué
une chose. Le ministre disait qu'il a pris contact avec les gens, qu'il leur a
lancé des appels. Je pense que c'est vrai. Il peut étayer cela
comme il faut. Je remarquais, dans une circulaire qu'il avait adressée
aux présidents des collèges et des associations étudiantes
en date du 24 mars 1982, que le ministre faisait appel aux uns et aux autres
pour leur demander de fournir des suggestions. Il disait, à la fin de sa
lettre: Tout en souhaitant que, dans le court terme, on collabore à
garantir la reconnaissance des associations étudiantes, je me propose -
je cite, évidemment - de mettre sur pied un comité de travail qui
étudiera les recommandations que me feront parvenir les corporations des
collèges et les associations étudiantes quant au cadre
réglementaire ou législatif de la reconnaissance effective des
associations étudiantes.
Je vous pose quelques questions bien simples. Avez-vous eu connaissance
de la formation d'un tel comité de travail? Avez-vous été
invité à y désigner un représentant? Avez-vous
été invité à y exprimer vos opinions?
M. Tremblay (Jean-Noël): On a su qu'il y avait
création d'un comité de travail, mais on n'a pas
été invité à participer d'une manière ou
d'une autre à ces travaux.
M. Ryan: Vous n'avez été invité d'aucune
manière à participer à ces travaux.
M. Tremblay (Jean-Noël): D'aucune manière. Non.
M. Ryan: Très bien. J'ai aussi noté, au
début de votre intervention, une remarque que vous faites. Je pense
qu'il faut la souligner. Ce n'est pas la première fois qu'on le fait
aujourd'hui, mais je pense que cela vise une manière de procéder
du gouvernement qui doit être critiquée avec toute
l'objectivité possible. Vous dites qu'aux prises avec un document comme
le projet de loi 32, vous êtes obligés de procéder d'une
manière qui vous oblige à fonctionner en marge de vos processus
réguliers. Ceci veut dire, j'imagine, que vous êtes obligés
de constituer un groupe de travail en toute vitesse. Le groupe est
obligé de procéder à la mise au point du texte que vous
présentez ce soir. Vous n'avez pas le temps de le faire circuler, de le
faire discuter, de le soumettre au tamisage, de faire une bonne étude
à travers le réseau des collèges
comme vous l'auriez normalement souhaité et comme, même,
votre discipline habituelle vous obligerait à le faire, j'imagine?
M. Tremblay (Jean-Noël): Effectivement, à partir du
moment où on a été mis au courant du dépôt du
projet de loi 32, vous vous imaginez bien que, dans le court laps de temps,
pour la quarantaine de collèges répartis dans l'ensemble de la
province, il était impossible que chaque collège ou les membres
de la fédération puissent en prendre connaissance,
l'étudier et l'analyser. Cela a effectivement été une
espèce de groupe de travail qui a réagi très rapidement au
projet de loi.
M. Ryan: Je voudrais signaler une chose, c'est une petite
parenthèse que j'ouvre: À propos du document que vous avez
distribué ce soir, sur la vie associative des étudiants dans les
collèges, vous m'avez dit que vous l'aviez envoyé au
ministère. Vous ne l'avez pas envoyé à l'Opposition. Si
vous pouviez ajouter cela à vos listes d'envois.
Je continue. Vous avez dit, à la page 5 - c'est une chose que
j'ai retenue vivement -que les problèmes majeurs des associations
étudiantes actuellement "consistent en un faible degré de
participation des étudiants et donc l'enracinement contestable de leur
représentativité, d'une part, et les difficultés
récentes de financement, d'autre part." Je ne sais pas si vous ne
pourriez pas donner une explication sur ce point et nous montrer en quoi cela
se rattache à la critique que vous faites du projet de loi. (23 h
30)
M. Tremblay (Jean-Noël): D'accord! On peut peut-être
commencer par le dernier élément, la question des
difficultés récentes de financement. Cela date de deux ans.
Avant, il y avait une directive du ministère, qui était la
directive 204.07 ou quelque chose comme cela, qui faisait qu'à partir du
moment où le montant de la cotisation par étudiant était
fixé, le collège cotisait l'ensemble des étudiants au
moment de l'inscription des étudiants. Cette directive a
été contestée, juridiquement parlant, ce qui fait que les
collèges ne pouvaient plus cotiser de cette manière les
étudiants et que cela devait être une cotisation libre des
étudiants. Le risque qu'il y avait pour les associations était
très évident. À partir du moment où les
associations disaient simplement aux étudiants: C'est une cotisation
libre, ce n'est pas obligatoire, cela risquait de faire chuter les revenus, si
vous voulez, des associations de façon catastrophique, compromettant
très souvent l'existence de ces associations et toute leur organisation.
Or, ce qu'ont fait les collèges, cela a été de trouver
d'autres solutions pour assurer l'existence des associations. Cela s'est
très souvent fait en discussion avec les associations elles-mêmes.
Ces solutions ont été amenées au conseil d'administration,
puisqu'il s'agit de politique en fait du collège, pour s'assurer que les
associations aient un revenu suffisant pour qu'elles puissent se maintenir et
se développer. Alors, quand on dit "un problème récent de
financement", cela date de deux ans, et depuis ce temps, compte tenu des
imprécisions de la loi... C'est pour cela qu'on finit le document en
disant: Peut-être que, sur ce point-là, un simple amendement
à la loi 25, loi sur les collèges, à l'article 24 par
exemple, permettrait de contourner cette difficulté et d'assurer aux
associations étudiantes un financement adéquat, compte tenu du
nombre d'étudiants. Cela, c'est sur la question du financement.
La question de la participation, du faible degré de
participation. Dans un collège - contrairement à une
université; une faculté peut avoir de 500 à 800
étudiants - c'est un peu plus monolithique. On peut imaginer les
difficultés que peut avoir une association dans un collège de
5000 étudiants pour réunir son monde et traiter un certain nombre
de dossiers. Ce sont quand même des entités vastes quand on est
rendu à 3000, 4000 ou 5000 étudiants. Il faut une certaine
animation auprès des étudiants pour faire reconnaître et
apprécier tout le travail de leur association et le caractère de
représentativité de leur association. C'est un travail qui est
souvent à recommencer puisque, chaque deux ans, vous avez presque un
renouvellement, au moins à 50%, de la clientèle. Ce sont des
nouveaux étudiants qui arrivent du secondaire. Cela a pour effet que le
taux de participation des étudiants à la vie de leur association,
aux assemblées générales, etc., sauf en période de
crise, évidemment, où, dans un amphithéâtre de 1200
places, par exemple, vous allez tasser là 1500 à 1600
étudiants...
Sauf en période de crise, les associations ont un taux de
participation souvent très faible. C'est une difficulté qu'ont
même les associations pour être capables d'avoir des positions
solides et une représentation forte. Il faut avouer que très
souvent les collèges savent tenir compte de cela et que, même si
on n'arrive pas à atteindre des taux très élevés de
participation - très souvent, on peut imaginer qu'ils ne
dépassent pas 10% ou 15% -compte tenu de la qualité des
représentants qui sont là, du fait qu'ils semblent bien
représenter les intérêts de leur milieu, on travaille avec
eux quand même. Excusez-moi l'expression, on s'enfarge peut-être un
peu moins dans le pourcentage de représentativité qui a pu faire
élire tel exécutif, qui a pu faire prendre telle position,
à un moment donné.
Cela nous apparaît, au niveau de la vie associative, deux
éléments fondamentaux du
problème que vivent les associations étudiantes en termes
de survie, de reconnaissance et de capacité de pouvoir jouer un
rôle actif dans les institutions, beaucoup plus que le problème
juridique d'une reconnaissance accréditée ou non.
M. Ryan: Vous avez soulevé le problème des
étudiants adultes. J'aimerais que vous nous donniez quelques
explications. Est-ce que votre solution serait que les étudiants
adultes, s'ils veulent se regrouper dans une association, le fassent ou soient
laissés libres de le faire distinctement?
M. Tremblay (Jean-Noël): D'abord, en ce qui concerne le
problème des étudiants adultes, il faut dire que la
clientèle d'étudiants adultes représente, en nombre,
environ les deux tiers de la clientèle des étudiants
réguliers. Dans le réseau, cela veut dire tout près de 80
000 étudiants. Dans un collège comme le mien, cela veut dire que,
pour 5000 étudiants le jour, il y en a 3500 le soir. Ce sont des gens
qui viennent pour un ou deux cours, souvent pour une formation plus
spécialisée ou des choses comme cela.
On sait que la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel a tenu compte, au niveau de la
composition des conseils d'administration, de cette distinction réelle
au niveau sociologique. Ce qui fait qu'on nomme, au conseil d'administration,
un étudiant de l'enseignement régulier et un étudiant
adulte. Je pense que, au niveau des associations, il faudrait voir... Cela peut
varier selon la grosseur du collège et selon le nombre
d'étudiants adultes dans chaque collège, mais je pense qu'on ne
peut pas mettre sur le même pied les étudiants réguliers au
niveau d'une association étudiante et les étudiants adultes qui
n'ont pas du tout la même vie dans le collège, la même
participation dans le collège.
Cependant, je ne sais pas si cela doit se traduire par une association
complètement distincte ou créée par eux-mêmes. Mais
je pense que le fait de confondre les deux constitue déjà la
source de bien des problèmes et, à notre avis, ce serait la
source de biens des problèmes pour les associations étudiantes
elles-mêmes, celles qui existent à l'enseignement du jour.
M. Ryan: Vous avez fait allusion à plusieurs reprises
à la possibilité d'un amendement à la Loi sur les
collèges d'enseignerrient général et professionnel. Je
pense que vous avez parlé de l'article 24. Vous avez cette loi devant
vous, j'imagine. Pourriez-vous nous donner une idée du genre
d'amendement qui pourrait être de nature à constituer une solution
satisfaisante au problème au niveau des cégeps? J'aimerais que
vous nous disiez un peu comment vous verriez cela. Qu'est-ce que vous
envisageriez dans ce projet de mofidication?
M. Tremblay (Jean-Noël): Je vais demander à M.
Larose, président de la commission, de répondre à vos
questions.
M. Larose (Denis): Vous demandez quelle suggestion on pourrait
faire au chapitre d'un amendement à la loi 25. Je ferai le rappel
suivant: Avant mars 1982, avant l'avis du contentieux du ministère, vous
savez sans doute que nous percevions, au nom d'un tiers, une cotisation sur une
base obligatoire se référant à un article. On
procédait par voie réglementaire, un règlement du conseil
d'administration qui était acheminé au ministre qui l'approuvait.
Cela s'est fait pendant environ dix ou douze ans. Cela se faisait en vertu du
fait qu'on interprétait cet article qui disait que, au fond, on n'avait
pas le droit d'exiger des frais des étudiants sans passer par un
règlement qui devait obtenir l'approbation du ministre. On est au niveau
du financement.
L'avis du contentieux, là-dessus - il s'est
vérifié, parce que ce sont nos propres avis - nous a tout
simplement fait savoir qu'on n'avait pas le droit de faire cela au nom d'un
tiers. Sans être un spécialiste sur ce plan, si on pouvait, avant
l'avis du contentieux, percevoir par voie réglementaire, une cotisation
obligatoire, est-ce qu'on n'aurait pas pu modifier la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel dans le
sens de leur donner le même pouvoir de percevoir une cotisation à
l'association, parce qu'il n'était pas possible de le faire?
Il faut quand même dire que, à ce propos, avant ledit avis
et même après, les collèges continuent de percevoir - un
peu plus mal à l'aise, un peu dans l'illégalité -une
cotisation étudiante. Ce qui fait qu'il nous apparaissait et il nous
apparaît encore plus simple de modifier la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel.
Vous nous demandez: Dans quel sens? Je pense qu'une disposition pourrait
être modifiée pour permettre aux collèges de percevoir une
cotisation. Fort simplement, on appliquerait ce qu'on appliquait de 1967
à 1981.
M. Ryan: Je voudais vous poser une petite question additionnelle.
Vous dites que vous n'auriez pas d'objection à ce que la loi dise: Le
collège peut percevoir la cotisation obligatoire. Auriez-vous objection
à ce que la loi dise: Le collège doit percevoir la cotisation
obligatoire sur demande de l'association représentative des
étudiants, ou quelque chose du genre? Je pense qu'il y a là une
marge. Il y en a beaucoup qui vont
nous dire que, si cela reste à la discrétion de
l'institution, cela n'offre pas de garantie que cela va se faire et que
peut-être les 14 ou 15 qui ne l'ont pas encore, sur les 44, vont rester
à la marge. Auriez-vous objection à ce que cela aille
jusqu'à "doit", moyennant que l'on trouverait une formulation
convenable?
M. Tremblay (Jean-Noël): J'ai retrouvé l'article qui
dit, entre autres: "Un collège ne peut exiger aucune autre
rétribution ni le paiement d'autres frais si ce n'est en vertu de
règlements qu'il adopte à cette fin et qui sont approuvés
par le ministre." Je pense que cela pourrait être maintenu et on pourrait
ajouter "notamment, pour la cotisation étudiante", par exemple. De cette
façon, le "doit" dont vous parlez serait quand même soumis - je
pense qu'il serait normal qu'il le soit - en vertu de l'esprit de la loi 25 et
de cet article, par des règlements qui vont au conseil d'administration
et qui ensuite sont approuvés par le ministre, tel que le dit la loi.
Mais si on ajoutait - évidemment, sans être un spécialiste
de ces questions - que, "notamment, on puisse cotiser les étudiants", en
vertu d'un règlement qu'on se donnerait, je pense qu'on arriverait, de
cette manière, par cette voie, à trouver une solution au
problème du financement des associations.
M. Ryan: II y a une intention du gouvernement pour laquelle
j'aurais de la sympathie. Je pense qu'il veut qu'on sorte d'un régime de
bon plaisir pour entrer dans un régime de droits; que cela ne soit pas
soumis seulement au "peut" du prince, en l'occurrence, mais que ce soit une
obligation qui dérive du fait que le droit d'association est reconnu
pour les étudiants. Je ne sais pas si vous seriez prêts, vous
autres, à travailler sur une modification qui tiendrait compte de cette
orientation qui me paraît correspondre quand même à
l'évolution des esprits aujourd'hui.
M. Tremblay (Jean-Noël): II faudrait quand même voir
dans quelle mesure il est intéressant ou non de lier la question de la
reconnaissance des associations étudiantes, d'une part, et la question
du financement. Je pense, quant à la question du financement en relation
avec la cotisation obligatoire, qu'il y a aussi d'autres moyens de financer une
association. Entre autres, les subventions qui peuvent venir. Je pense que la
question de la reconnaissance des associations étudiantes ne peut pas
être liée nécessairement et uniquement à la question
de la cotisation étudiante. D'ailleurs, cela dépasse largement ce
sens, puisque la reconnaissance d'une association étudiante dans une
institution est aussi pour permettre à une association de participer
à des niveaux d'intervention dans le collège, pour se donner elle
aussi des moyens d'intervention avec des ressources humaines et
financières, et des choses semblables à cela.
Cependant, la question du financement des associations étudiantes
et la question de la cotisation obligatoire ne devraient pas se limiter
uniquement à une cotisation obligatoire comme telle, mais devraient
aussi pouvoir inclure d'autres modes de financement, entre autres d'autres
sources de financement comme les subventions. Dans ce sens, on comprend bien
l'intention et on n'est pas nécessairement en désaccord avec
l'intention de s'assurer d'une reconnaissance des associations
étudiantes. Au contraire! Je pense qu'il faut distinguer cette
reconnaissance des associations étudiantes du problème de
financement, la question du financement étant plutôt un
problème juridique ou technique, selon le niveau où il se pose.
Ce qu'il faut, c'est trouver un moyen, par amendement ou autrement, de
s'assurer d'une cotisation étudiante.
M. Ryan: Je vais revenir à ma question une dernière
fois, parce que je veux que cela soit clair. J'emprunte un texte que le
ministre vous adressait le 24 mars 1982, la lettre où il retirait la
fameuse directive 204.07. Il donnait l'orientation suivante: "Un collège
peut, lorsqu'il en a reçu le mandat de l'association d'étudiants,
percevoir la cotisation fixée par ladite association et, ce faisant, le
collège agit comme mandataire de l'association." Ma question serait la
suivante: Si le mot "peut" devait être remplacé par le mot "doit"
dans la loi et si l'article de la loi disait ceci: Un collège doit,
lorsqu'il en a reçu le mandat de l'association d'étudiants,
percevoir la cotisation fixée par ladite association et, ce faisant, il
agit comme mandataire de l'association... Je suis bien conscient des
difficultés que vous soulevez quant au financement de l'ensemble des
activités étudiantes et des autres modalités de
financement qui pourraient être imaginées et tout cela. C'est
très bien. Je vous demande simplement ceci: Est-ce possible ou
impossible, cet article, tel que je le formule, en mettant le mot "doit"
à la place du mot "peut"?
Ne vous sentez pas obligé de me répondre. Je pose la
question pour comprendre, mais j'aimerais bien avoir un oui. (23 h 45)
M. Larose: Si vous faites référence à la
lettre du ministre concernant la possibilité pour le collège
d'agir à titre de mandataire de l'association, à cet
égard, je vous signale que c'était à la suite de l'avis du
contentieux. Lorsque cet avis nous a été transmis, à
savoir qu'en principe nous ne pouvions percevoir au nom d'un tiers, on nous a
proposé cette formule à laquelle vous faites
référence, si je me souviens bien. Je
crois que c'est ce dont il est question.
Nous avons vérifié, à savoir si cette
procédure était légale, et l'avis que nous avons
reçu en ce sens était que la procédure à laquelle
vous vous référez était également ultra vires. Elle
n'était donc pas légale. Je n'essaie pas de contourner la
question, je vous signale qu'en regard du texte auquel vous faites
référence, on doit signaler que c'est ultra vires. Encore
là, dans le contexte, la plupart des collèges ont perçu
les cotisations.
Vous aimeriez avoir un "oui" entre le "peut" et le "doit"; on a eu
très peu de temps et, comme je vous le dis, on doit consulter certaines
gens sur ce sujet. On peut s'aventurer dans des avis personnels. Cependant, je
vous signale que notre vécu en ce sens témoigne quand même
de certaines intentions et je vous réfère à la
période avant l'avis du contentieux où, dans tous les
collèges, on percevait une cotisation étudiante, à
quelques exceptions près. Dès le moment où l'association
était incorporée et dès le moment où, par voie de
protocole, de part et d'autre, les parties s'étaient assujetties
à certaines conditions, elle a été incorporée, elle
avait un règlement no 1 et elle fonctionnait, à notre avis, dans
un processus de participation démocratique fort acceptable.
Je vous signale sur ce point qu'on n'a pas tellement joué sur les
taux et les pourcentages. On a facilement convenu que les associations, si
elles avaient de la difficulté à obtenir des taux de
participation élevés, le problème n'était pas
particulier aux associations étudiantes, on le retrouvait ailleurs, mais
la recherche ou les efforts qui étaient consentis pour en arriver
à obtenir un plus haut taux de participation étaient encore plus
importants à considérer que le fait même d'un nombre X de
participants à l'assemblée générale. Sur ce point,
on peut rendre hommage à un bon nombre d'associations qui ont fait cet
effort.
À l'intérieur de ce qui existait antérieurement, on
percevait la cotisation dans tous les collèges par le biais de
protocoles d'entente qui reconnaissaient l'association comme l'interlocuteur
auprès du collège et de l'ensemble des étudiants. On la
percevait sans autre condition que celle à laquelle j'ai fait
référence: incorporée, règlement no 1 qui
précise ce qu'est une assemblée générale, quel est
le fonctionnement d'un quorum - c'était eux qui déterminaient
ça - et l'on percevait.
Je ne me souviens pas d'exemples, en sept, huit ou dix ans, de
façon significative, où l'on peut démontrer que, dans le
vécu, des collèges ont joué sur le "peut" leur pouvoir
discrétionnaire ou arbitraire. Donc, lorsque vous demandez - et nous
sommes au 9 juin - si l'on aurait une objection majeure au "peut" ou "doit",
à ce moment-ci, je me réfère à nos pratiques pour
répondre, dans le sens que vous nous l'avez suggéré, que
ce n'est pas impossible.
M. Ryan: J'ai terminé là-dessus. Ce que je retiens
surtout de ce que vous avez dit, c'est que vous ne voulez pas que cela se
règle sur le bord de la table, à minuit et demi du soir. C'est
une affaire sérieuse qui doit être examinée dans un
contexte propice. J'ai bien apprécié ce que vous avez dit et je
lirai l'autre document avec beaucoup d'intérêt. Je crois qu'une
bonne législation doit procéder d'une très bonne
connaissance de la réalité. Merci.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je remercie le
député d'Argenteuil.
Effectivement, les réponses à ses questions permettent un
éclairage intéressant, en particulier, dans le dernier
échange qui nous a été présenté.
Si j'ai bien compris, la proposition que vous aviez faite était
une espèce de "peut élargi" et la question qui vous a
été posée était non plus un "peut élargi",
mais une obligation. Les avis juridiques que vous aviez obtenus nous
amèneraient à nous interroger. En me référant
à la position de l'ANEQ, cet après-midi, qui se rabattait sur
cette option-là et aussi sur la tentation que pourraient avoir nos
collègues de l'Opposition de se rabattre, aussi, sur cette option, je
pense que vous arrivez, dans votre réponse, à consolider notre
position au niveau gouvernemental, parce que je ne vois pas très bien
comment on va s'en sortir autrement. D'autre part, moi, ce qui me surprend,
c'est votre volonté de ne pas vouloir lier la reconnaissance des
associations d'étudiants avec la question du financement. Si vous voulez
embarquer ou privilégier une approche de subventions, je me demande,
moi, si on veut faire en sorte que des associations d'étudiants soient
vigoureuses, autonomes et indépendantes, si on doit continuer à
perpétuer ces approches, plutôt que de développer des
approches qui permettraient aux associations d'étudiants de percevoir et
d'obtenir des cotisations de leurs membres, des étudiants qu'elles
représentent et, à partir du financement par les gens qu'elles
représentent, d'organiser leur vie propre.
Par ailleurs, quand on analyse, qu'on reprend un peu la chronologie des
événements au niveau du comité de travail en fonction de
la réponse que vous avez donnée, vous n'avez peut-être pas
été invité à participer au comité de
travail, mais le comité de travail devait, à son origine,
étudier des propositions et des suggestions qui devaient être
formulées à la suite de
l'offre faite par le ministre et, par la suite, par ses fonctionnaires.
N'ayant pas eu de propositions de votre part, il était bien
évident que, peut-être, on a cru bon d'inviter des gens à
ce comité de travail, des gens qui avaient fait des propositions
concrètes.
Quand on regarde le document que vous nous présentez, qui est
intéressant, qui a été transmis au gouvernement au mois de
janvier, sur l'étude de la vie associative des étudiants...
D'abord, cela dépasse largement les associations dont on parle depuis ce
matin, c'est-à-dire des associations qui sont en quelque sorte des
syndicats étudiants. Là, on parle de toutes sortes d'associations
d'étudiants et nulle part, dans ce texte, que j'ai parcouru vite - si je
fais erreur, vous me corrigerez - quand on regarde la table des
matières, on ne voit nulle part une préoccupation du
problème de la reconnaissance et du financement des associations
étudiantes qui ont un caractère ou une vocation syndicale, dans
le sens où elles ont à défendre les intérêts
de leurs membres d'une façon globale, non pas à organiser des
activités socio culturelles ou autres. Plusieurs associations offrent
des services, outre qu'elles sont des associations de
représentation.
Par ailleurs, je pense qu'il faudrait peut-être rectifier
l'affirmation que vous semblez faire à la dernière page de votre
mémoire quand vous indiquez qu'il y a eu des directives contradictoires
du ministère. J'ai bien l'impression que ce n'est pas le
ministère qui a enclenché le processus qui nous a amenés
à obtenir un avis juridique. À partir du moment où il y a
eu une directive qui a été émise, effectivement, il y a eu
des institutions d'enseignement qui se sont posé des questions et qui
ont demandé à la direction générale de
vérifier ce qui a été fait. Je ne pense pas que ce soient
le gouvernement et le ministre qui, après avoir décidé
d'émettre une directive qui visait à régler le
problème de la reconnaissance et du financement en particulier, soient
allés demander un avis pour annuler la directive qu'ils avaient faite.
Je pense qu'il y a eu des demandes de certaines institutions qui ont
amené finalement le ministère de l'Éducation à
vérifier effectivement si la directive qu'il avait émise
était correcte.
D'autre part, il y a une chose qui existe, c'est la
réalité de la signature de protocoles d'entente entre les
associations et les institutions. N'est-il pas exact qu'un certain nombre de
ces signatures, de ces négociations de signatures, donnent lieu à
des espèces de "forcing"? On dit aux associations étudiantes: On
va percevoir vos cotisations étudiantes, on va vous reconnaître si
vous signez telle et telle chose. Finalement, on les place dans des situations
où il y a beaucoup plus de paternalisme... C'est une approche qui ne
fait pas en sorte qu'on reconnaît l'association d'étudiants comme
un partenaire important de l'institution, avec laquelle on a à traiter
sans nécessairement utiliser une approche qui est un peu: D'accord, on
va... En même temps, vous allez nous signer des affaires de tel ou tel
ordre. Dans ce sens-là, à l'égard de votre comportement ou
de celui de certaines institutions qui font cela, je me demande si les
associations étudiantes, dans ces cas-là, ne sont pas mieux avec
une législation faisant en sorte que, de part et d'autre, les
institutions d'enseignement, les directions de collège et les
associations soient placées sur un même pied. Elles ont, de part
et d'autre, à se conformer à des exigences qui les mettent sur un
pied d'égalité et qui font en sorte que ce sont des partenaires
et non pas un partenaire qui est placé en état
d'infériorité.
Finalement, une dernière question qui est en même temps une
remarque. N'est-il pas exact que des institutions d'enseignement ou des
collèges sont allés plus loin que la bonne vertu et, non
seulement ils ont utilisé l'avis juridique, mais ils se sont
organisés pour le publier et pour faire savoir aux étudiants que
les cotisations n'étaient pas obligatoires et que vous pouviez obtenir
un remboursement? Cela plaçait les institutions et les associations
étudiantes dans une sacrée situation.
Le Président (M. Laplante): Une courte réponse.
M. Larose: Une courte réponse... Vous m'arrêterez,
M. le Président, si elle est trop longue.
Le Président (M. Laplante): Il est minuit moins quatre
minutes.
M. Larose: Oui, je comprends très bien. Le
Président (M. Laplante): Bon.
M. Larose: Je pense qu'on ne peut pas passer sous silence et
laisser sans réponse certaines questions et certaines observations
concernant les avis ou la publicité que les collèges peuvent
faire autour du fait qu'il est illégal de percevoir, de telle ou de
telle manière.
Il y a des conseils d'administration dans les collèges qui ont
des décisions à prendre et, en général, je pense
que le gouvernement doit s'attendre qu'ils respectent les lois. Les conseils
d'administration tentent de faire cela et je vous signale que, au cours des
deux dernières années, même si on savait que c'était
illégal, à la fois sur le fond et à la fois sur la
modalité, bon nombre de collèges ont tenté de contourner
la loi tant bien que mal. Ils ont d'ailleurs été invités
par le ministre... Parce qu'on dit que c'était un
problème d'administration locale. Un conseil d'administration,
créé en vertu d'une loi, respecte les lois en
général. Là-dessus, peut-être que quelques
collèges ont poussé la vertu, comme vous dites, jusqu'à le
rendre public. Il faut cependant se rappeler la situation dans laquelle les
conseils d'administration étaient placés face à un geste
illégal. En d'autres circonstances, je pense que l'État nous
convie à respecter les lois, ce qui se fait aussi. Ce n'est pas aussi
simple que cela.
Deuxièmement, la question de la négociation des protocoles
d'entente, du paternalisme dont certains collèges pourraient faire
étalage. Lorsqu'on négocie avec des étudiants et qu'on est
dans un milieu d'éducation, je pense qu'il importe de faire valoir sa
position au chapitre de nos valeurs, parce que l'apprentissage se fait comme
cela. Il ne faut pas qu'ils se confondent à des sangles abdominales
très molles. On croit en des choses et on les défend, et, eux,
savent défendre leur point de vue. D'après mon expérience
et ce que je sais d'autres collèges - je vous invite à lire
l'ensemble des protocoles d'entente qui existent et, dans certains cas, cela va
assez loin - ce n'est pas toujours facile de négocier. On a
négocié dans un collège comme le nôtre, en l'espace
d'un an et demi, avec sept groupes de négociateurs différents.
Voilà une réalité. Au fond, douze étudiants se sont
retrouvés devant nous. Il ne faut pas en jeter le blâme aux
étudiants, cela fait partie d'une réalité. Lorsqu'on pense
à modifier des façons de faire, il faut faire une lecture de
cette réalité-là telle qu'elle doit être faite.
Lorsqu'on discute avec un exécutif étudiant dont les
officiers changent quatre ou cinq fois durant un an, la loi 32 ne va rien
changer dans ce phénomène-là. Cela va changer encore et on
aura à négocier avec du monde. Cela fait que c'est difficile de
recommencer, mais on est prêt à le faire, car cela fait partie de
notre job d'éducateur. Mais, en même temps, on n'est pas
obligé d'être complaisant devant les étudiants et je pense
que c'est important de ne pas l'être; il faut se tenir debout. Ils sont
confrontés à un système de valeurs et ils sont capables de
défendre leur point de vue, faites-leur confiance.
C'est heureux qu'on le fasse localement. M. le ministre de
l'Éducation cherche à faire de même aux niveaux
élémentaire et secondaire. C'est bien, une loi provinciale, mais
c'est aussi intéressant de ramener au niveau local les problèmes
qu'on peut régler au niveau local, sans trop y mettre de paternalisme.
À ce sujet, je vous invite à vérifier avant 1982. Je
trouve que le problème s'est posé de façon aiguë,
étrangement, depuis l'avis du contentieux du ministère. Cela
serait à vérifier comme il faut.
(Minuit)
Finalement, sur la directive des collèges, ce n'est pas le
ministère qui a demandé... Ce n'est pas la partie la plus
importante de mon intervention, mais je vais m'y arrêter quand
même. Vous dites que, concernant les collèges, ce n'est pas le
ministère qui est allé chercher un avis sur le fait que la
procédure proposée était légale ou non. Il est
évident que, lorsque l'avis du contentieux nous est tombé entre
les pattes, on n'était pas très heureux comme collège
parce qu'on fonctionnait très bien avant cela, du moins assez bien.
Lorsque l'avis nous est tombé entre les pattes, on a essayé de
clarifier cette situation-là pour le mieux. On est allé chercher
des avis, non pas pour essayer de contrer l'action des associations
étudiantes, mais pour essayer de se situer dans le contexte
légal.
Je conclus simplement par une remarque générale en vous
disant que le document que la fédération vous a remis sur la vie
associative ne fait pas état de cet aspect. Il en fait état, mais
il n'insiste pas sur la partie représentative; vous dites syndicale.
Cela part d'une lecture faite dans un document émanant du
ministère qui s'appelle: Étudiants, étudiantes,
élèves: participation active et responsable. Il nous a
semblé que, dans ce document, il y avait une réduction un peu
simplificatrice des réalités et que la vie associative dans un
collège prend toutes sortes de formes, toutes sortes de couleurs et que
les étudiants ne sont pas morts. Ils sont très actifs,
très présents à bon nombre de niveaux. Ils ne le sont
peut-être pas toujours au niveau de la réalité
première. Ce sont des bonshommes et des bonnes femmes qui ont 24,5
heures de cours par semaine, des travaux et des études, ce qui leur fait
aisément une semaine de 40 heures, et sur cette
réalité-là, ils n'ont pas beaucoup de prise. Cela ne
dépend pas nécessairement des administrations locales. Il y a des
lois, des conventions, bon nombre de choses. Quand on est étudiant
à peu près 40 heures par semaine, c'est cela qui détermine
sa condition de vie et, là-dessus, il y a eu dans le passé -
pendant dix ans - des lois qui ont fait en sorte qu'ils ne sont pas plus
présents, au contraire.
Dans d'autres secteurs, les collèges ont fait largement place aux
étudiants et je peux vous parler du domaine de la vie étudiante.
Je ne veux pas seulement parler du domaine socioculturel, parce qu'ils ne sont
pas seulement là, et du sport non plus. Ils sont ailleurs, ils sont dans
les CA entre autres -ils ne sont pas nécessairement dans les
départements - dans les commissions pédagogiques. Ils sont
présents et fort dynamiques. Ce qu'on a voulu faire, dans la vie
associative, c'est démontrer qu'il n'est pas tout à fait exact de
prétendre qu'ils ne sont plus intéressés, qu'ils ne sont
plus
présents. C'était pour se donner une armature pour pouvoir
dire: La loi, c'est intéressant, mais cela peut avoir des effets
négatifs, pernicieux, et c'est pour cela que cela a été
fait. M. le Président, j'ai été plus long que
prévu.
Le Président (M. Laplante): Merci. Dernière
remarque.
M. Tremblay (Jean-Noël): Je voudrais simplement vous
mentionner que, compte tenu de tout ce qu'on vient de dire, il nous
apparaît - quand on demandait qu'on reporte l'analyse et l'étude
de ce projet de loi -que, même si on l'adoptait en juin, maintenant, il
ne sera pas applicable avant septembre 1984 parce que déjà les
inscriptions dans les collèges sont faites ou presque faites pour
l'année 1983-1984. Ce sera beaucoup plus vrai pour l'année
1984-1985, et il nous semble que, si on se donnait un meilleur délai, si
on regardait de plus près la réalité de la vie
associative, tout le monde serait gagnant: les étudiants et les
administrations de collèges aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Laurin: À nouveau, je remercie la
Fédération des cégeps de son long mémoire et aussi
des échanges qui ont suivi le mémoire et qui ont permis de
clarifier davantage ses positions.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, je vous remercie,
au nom des membres de cette commission, de votre participation.
M. Ryan: J'avais une suggestion à vous faire, une demande
à présenter au gouvernement. Il y a un groupe qui est ici depuis
le début de la journée et qui représente une dimension du
problème dont nous n'avons pas été saisis. C'est un groupe
de personnes responsables d'une association d'étudiants au niveau des
gradués à l'Université Concordia, à
Montréal. J'avais demandé au ministre et au président s'il
n'y avait pas moyen de les entendre une quinzaine de minutes avant qu'on
ajourne les travaux de la commission. Je réitère ma demande. Je
pense qu'il serait très utile pour nous de les entendre
brièvement. Ils m'ont assuré que ce serait bref. Je ne voudrais
pas que cela constitue un précédent, d'autre part. Je pense que
cela pourrait nous apporter un complément d'information dont nous avons
besoin. Cela peut très bien se greffer à l'un ou l'autre des
témoignages qu'on a entendus. Il me semble que cela ajouterait une
dimension qui est de grande importance.
Le Président (M. Laplante): II n'y a qu'une chose
là-dessus qui m'embête, M. le député d'Argenteuil -
vous avez ajouté un mot tout à l'heure qui peut m'aider - c'est
qu'il n'y a pas eu d'invitation à ce groupe-là. Il n'y a pas eu
de demande d'être entendu non plus. Il n'y a pas de mémoire
prêt à être présenté. Il y a aussi quelque
chose que je ne sais pas et que je voudrais savoir: Est-ce qu'ils
représentent une association officielle ou est-ce à titre
individuel? C'est à vous que je pose la question car je ne peux
même pas la leur poser.
M. Ryan: Je crois pouvoir vous dire qu'ils sont venus à
Québec au nom d'une association dont ils ont la direction.
Le Président (M. Laplante): Mandatés par les
membres.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Laplante): Oui. Je ne veux pas
créer de précédent, mais il reste que c'est la
volonté des membres de dire oui ou non à cette demande. C'est aux
membres de décider entre eux.
M. Laurin: M. le Président, la journée a
été longue. La journée de demain sera longue aussi.
D'ailleurs, ma journée n'est pas encore terminée parce que "I
have other commitments after five past twelve." Cependant, comme ces gens ont
été ici toute la journée et comme ils représentent
un point de vue qu'on a entendu évoquer mais non pas traiter,
j'accepterais de les entendre, mais à la condition vraiment que cela ne
dépasse pas une dizaine de minutes et peut-être même qu'on
ne pose pas de questions ou qu'on n'en pose pas trop, parce qu'encore une fois,
le temps nous presse.
M. Ryan: Si le ministre veut consentir à une limite de
quinze minutes, cela va couvrir la présentation et les questions.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Où sont ces
messieurs?
M. Ryan: II y a même une dame.
Le Président (M. Laplante): Ah! Vous ne m'aviez pas dit
cela.
M. Ryan: Non, et il n'y en avait pas beaucoup dans les
délégations d'aujourd'hui.
M. Charbonneau: J'espère que les gens du comité ad
hoc de l'Association générale des étudiants de
l'Université du Québec à Trois-Rivières ne nous en
tiendront pas rigueur.
M. Ryan: Ils sont partis.
M. Charbonneau: Heureusement pour vous.
M. Ryan: Ce sont les privilèges de dernière heure.
Les gens de la onzième heure.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, si vous voulez vous
identifier et identifier l'association que vous représentez.
Association des étudiants gradués de
l'Université Concordia
M. Thomas (Urs): Nous représentons l'Association des
étudiants gradués de l'Université Concordia. Mon nom est
Urs Thomas. Je représente la faculté du commerce et de
l'administration. À ma droite, il y a la présidente de
l'association, Mme Susan Murray. À ma gauche, M. Robert Trudel,
représentant les sciences sociales.
Je voudrais tout d'abord vous remercier, M. le Président, de nous
avoir accordé le droit d'apporter notre point de vue, ainsi que
remercier le ministre de l'Éducation et le critique officiel de
l'Opposition en éducation.
Je vous dis tout de suite que la présentation de notre
mémoire est très peu préparée. Nous avons
été informés du nouveau projet de loi seulement
avant-hier, par un hasard plus ou moins, par un canal tout à fait
officieux. C'est seulement hier, au conseil de l'association, que nous avons
discuté du projet de loi. En toute vitesse, nous avons
précisé une demi-douzaine de points à soulever.
Notre association demande de retirer ce projet de loi à cause des
points suivants. Premièrement, ce projet de loi ne respecte pas la
tradition des deux associations d'étudiants de l'Université
Concordia, c'est-à-dire les étudiants sous-gradués et
gradués qui sont groupés en deux associations complètement
indépendantes l'une de l'autre. En plus, j'aimerais souligner que notre
association est reconnue par l'université. C'est
l'université...
Le Président (M. Laplante): Pour gagner du temps, je vous
demanderais de ne pas faire l'historique de votre association, mais de nous
dire tout de suite pourquoi vous êtes ici et pourquoi cette loi vous
satisfait ou ne vous satisfait pas, on a très peu de temps mais on a
encore onze minutes à vous accorder. On ne sera pas plus avancé,
si vous continuez comme cela.
M. Thomas: D'accord, M. le Président. Donc, la
première raison est que la coopération entre l'administration et
nous, aussi bien qu'entre nous et l'association des étudiants
sous-gradués, est excellente présentement et nous craignons
qu'elle puisse empirer avec la nouvelle loi.
Deuxièmement, il pourrait très bien y avoir des nouveaux
conflits et des divisions à l'intérieur des deux associations
d'étudiants, avec la nouvelle loi.
Troisièmement, nous craignons le grand pouvoir de l'agent
d'accréditation et du comité d'accréditation.
Quatrièmement, nous voyons un danger à la liberté
d'association.
Cinquièmement, nous craignons que le projet de loi devant nous
soit un début qui pourrait mettre en danger la structure
démocratique et le processus démocratique de l'université
à d'autres niveaux, ce qui suivrait une fois que la présente loi
serait adoptée.
Sixièmement, sans commenter les préoccupations d'autres
institutions qui ont déposé des mémoires aujourd'hui, nous
ne voudrions pas que soient touchés nos droits acquis au cours de
longues années de négociation avec l'administration, lesquels
droits ont fait leurs preuves et fonctionnent à la satisfaction de tout
le monde.
Pour conclure, M. le Président, nous répétons que
nous désirons que le projet de loi soit retiré. Le statu quo fait
tout à fait notre affaire aussi bien que celle de l'Association des
étudiants sous-gradués, qui fait partie de l'ANEQ contrairement
à nous, avec qui nous avons des relations parfois divergentes, mais
grosso modo très amicales.
Nous considérons que ce projet de loi est un canon utilisé
pour tuer des mouches, peut-être même uniquement sur le plan
universitaire et surtout sur le plan des études graduées.
M. le ministre, nous allons vous envoyer demain un mémoire de ce
qui vient d'être présenté. Nous voudrions encore une fois,
M. le Président, M. le ministre, M. le critique de l'Opposition, vous
remercier de l'occasion que vous nous avez offerte de présenter notre
point de vue.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur, de votre
coopération. M. le ministre aurait une question à vous poser.
M. Laurin: Tout en vous remerciant de votre présentation,
je voudrais vous signaler ceci. Si vous craignez à ce point ce projet de
loi, il reste vrai cependant que votre association - comme toutes les autres -
n'est pas obligée de recourir à la loi. Si vous êtes
satisfaits de la situation actuelle en ce qui concerne votre association, vous
pouvez garder la situation telle qu'elle existe. Vous n'aurez aucunement
à recourir à ce projet de loi.
M. Thomas: J'en suis conscient, M. le ministre. J'aimerais
ajouter que nous ne sommes pas présentement incorporés et que
nous ne représentons pas un établissement
dans le sens de la loi, parce que les études graduées
à Concordia ne sont pas réunies dans une faculté. Elles
sont à travers l'université et il n'y a pas de structure dans le
sens d'un établissement. En plus de cela, nous sommes certains que ce
projet de loi a sa propre dynamique: il n'est pas possible de prévoir,
par quelque truchement que ce soit, même si nous pouvons concevoir notre
état de reconnaissance et non pas d'affiliation, que cela ne changera
pas dans l'avenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil. (0 h 15)
M. Ryan: Je ne voudrais pas poser de questions à cette
heure-ci. Je crois que, dans cinq minutes, nous n'aurions pas assez
d'éclaircissements. Je vais attendre de prendre connaissance du texte
écrit du mémoire, que vous nous avez annoncé. Au besoin,
nous communiquerons avec vous pour avoir plus de précisions. Si vous
voulez nous en donner davantage, vous pourrez communiquer avec nous: cela nous
fera plaisir de vous rencontrer pour discuter dans un contexte qui sera plus
propice à un échange un peu plus élaboré. En
attendant, je veux vous remercier et également remercier le ministre
d'avoir consenti qu'on déroge à la règle qu'il avait
édictée unilatéralement au début de la
journée, comme les règlements le lui permettent. On a fait la
preuve que les règlements unilatéraux sont faits pour subir
certaines exceptions.
Avant de terminer, blague à part, il faudrait remercier le
ministre de sa collaboration. Cela fait plusieurs fois que nous siégeons
ensemble en commission et je dois reconnaître qu'il fait montre d'une
courtoisie impeccable envers les invités et aussi envers l'Opposition.
Je crois qu'on peut discuter franchement et diverger, mais dans un climat de
respect mutuel que j'apprécie et que le ministre a su maintenir au cours
de la journée. Nous avons essayé de faire la même chose de
notre côté.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, messieurs et madame,
les membres de cette commission vous remercient. Même si on fait cela en
vitesse, j'espère que vous partirez satisfaits d'avoir été
entendus. Merci. Sur ce, les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 0 h 16)