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Commission de l'éducation Crédits du
ministère (2)
Séance du 29 avril 1969
(Quinze heures quarante-trois minutes)
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): Je
suis honoré de revenir à mon poste; il a été
très bien occupé par mon collègue et
prédécesseur. Je laisse la parole au ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aimerais...
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, si vous voulez.
M. CARDINAL: J'aimerais mieux commencer avant que nous nous aventurions
sur un autre terrain.
Le député de Vaudreuil-Soulanges m'a demandé la
semaine dernière la répartition des étudiants des cours du
professionnel dans les collèges d'enseignement général et
professionnel par spécialité et par niveau de cours pour
l'année scolaire 1968-1969. J'ai donc ici un document qui a
été préparé par les officiers du ministère
et qui donne tout le programme actuel ainsi que l'ancien programme et la
répartition des étudiants selon ces options. J'en dépose
devant le comité un certain nombre de copies à la disposition de
ceux qui sont intéressés.
Merci, M. le Président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'ai pas d'objection, si vous
voulez tenir un con-cilliabule avec le ministre délégué;
j'avais une question à vous poser, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A moi?
M. LEFEBVRE: Oui, qui concerne votre mandat. Pour mon information,
j'aimerais savoir à quel moment la Chambre a rétabli votre nom
sur la liste...
M. CARDINAL: Cet après-midi, immédiatement avant qu'elle
n'ajourne pour l'étude des crédits.
M. GRENIER: Alors que vous n'étiez pas là.
M. LEFEBVRE: Ah, bon!
M. LE PRESIDENT: Je suis dans la parfaite
légitimité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que vous n'occupassiez votre
siège.
M. CARDINAL: M. le Président, cela prouve que nous avons toujours
les vraies réponses aux questions qui sont posées.
M. LEFEBVRE: Cela a été après la motion du
député de Chambly?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant.
M. GARDNER: Avant que vous ne prissiez votre siège.
M. CARDINAL: M. le Président, je vous félicite.
M. LEFEBVRE: Je voulais simplement m'as-surer que nous étions
dans la légalité.
M. LE PRESIDENT: Etes-vous content de mon retour?
M. LEFEBVRE: Beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Nous aurons du plaisir.
M. LEFEBVRE: Je vous al bien dit l'autre jour que pour nous ce
n'était pas une question personnelle, c'était une question de
principe; il est clair que la Chambre... J'ai toujours été
scrupuleux, M. le Ministre.
M. le Président, continuons-nous ou si vous êtes en...
M. LE PRESIDENT: Vous êtes bien rancunier.
M. LEFEBVRE: Non, non.
M. MASSE : Ce n'est peut-être pas le président qui vous
répondra.
M, LEFEBVRE: Le ministre vient de fournir une réponse à
l'une des questions qui était restée en suspens; je ne sais pas
si le ministre a fait préparer ou si on lui a remis les documents
concernant certaines autres questions qui étaient également en
suspens, par exemple: la classification des élèves au niveau
secondaire. Les listes auxquelles nous venons de faire allusion
concernent...
M. CARDINAL: Le niveau collégial, c'est exact... Non, Je n'ai pas
ce document présentement en main. J'ai mentionné qu'au niveau
secondaire, pour l'obtenir, cela pourrait être fort long. Si vous vous
rappelez, il y a eu une série de questions qui ont été
posées et nous avons complété les questions.
J'ai alors mentionné que je répondrais
immédiatement à la première partie de la question, mais
que quant au reste nous le préparerions, mais que ce serait plus long
puisque nous n'avons pas les mêmes détails à la main aussi
facilement qu'au niveau du collège d'enseignement général
et professionnel.
M. LEFEBVRE: Le ministre devait également nous fournir une copie
de la proposition de la firme Kayser concernant le projet d'emploi de
consultant pour le programme de construction scolaire.
M, CARDINAL: Nous serons en mesure de le présenter dès
demain parce que nous avons ajourné avant la fin de semaine et je ne
suis revenu au bureau que ce matin.
M. LEFEBVRE: Très bien.
M. le Président à la suite de nos échanges de vues
ou de nos questions de la semaine dernière au ministre concernant la
direction de l'équipement, certains journaux ont publié des
commentaires qui ajoutent à l'information que nous avions
déjà je cite Le Soleil, en date du samedi le 26 avril
j'avais moi-même demandé au ministre s'il était au
courant qu'une recommandation émanant du ministère de l'Education
avait été faite au conseil de la trésorerie recommandant
l'engagement de la firme Kayser pour l'exécution du travail pour lequel
le ministère avait demandé des propositions à diverses
maisons de consultants. Le ministre a répondu qu'il n'était pas
au courant qu'une telle recommandation ait été faite. Le
journaliste écrit, ici: « Certains personnages de l'entourage de
M. Cardinal n'ont pas nié l'existence de cette recommandation en faveur
de la firme Kayser, en laissant entendre que le ministre n'était
peut-être pas au courant de cette première proposition officielle.
M. Cardinal a confirmé que le contrat de la firme Lalonde avait
coûté environ $1 million en honoraires en deux ans au lieu de
$350,000 prévus dans le contrat initial ».
M. le Président, ce bref extrait soulève deux questions
assez importantes. La première: Le ministre a-t-il pu vérifier ce
renseignement à savoir qu'une recommandation émanant du
ministère de l'Education et recommandant la firme Kayser et non pas la
firme Lalonde, Valois, Lamarre à Valois, recommandation
antérieure à celle dont nous avons parlé?
M. CARDINAL: M. le Président, si je parle des termes mêmes
de la question et du texte du journal Le Soleil qui a été
cité, avant que le Soleil ne produise ce texte, dès mon retour au
ministère j'ai demandé à un certain nombre de personnes de
mon entourage au ministère si on avait fait semblable recommandation et
on a été incapable de trouver aucune trace d'une semblable
recommandation antérieure. Par conséquent, même
après vérification je n'étais pas là
à ce moment-là, par conséquent je dis simplement les faits
tels qu'ils sont aujourd'hui il n'y a pas présentement au
ministère à la disposition du ministre de trace d'une
recommandation autre que celle qui était acceptée par le conseil
de la trésorerie.
M. LEFEBVRE: Pourtant, M. le Président, le journal est
très précis, dans le paragraphe précédent des deux
que j'ai cités. Il mentionne une recommandation datée du 4
janvier 1967 et signée de MM. Jean-Jacques Bertrand, alors ministre et
Jos.-L. Pagé, alors sous-ministre.
M. CARDINAL: Je répète ma réponse, M. le
Président. J'ai vérifié et, même après la
publication de cet article, j'ai voulu vérifier ce fait et je n'ai
trouvé au ministère aucune trace de cette recommandation possible
ou hypothétique du 4 janvier 1967.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre n'est pas un peu intrigué de
savoir comment il se fait qu'une recommandation aurait apparemment
été faite et que les traces de cette recommandation auraient
été perdues?
M. CARDINAL: Disons que je ne veux pas juger ce cas en particulier. La
question telle que posée demande une opinion en réponse. Mais,
l'expérience que j'ai déjà au ministère ne me donne
pas lieu a inquiétude, dans ce sens qu'il arrive parfois qu'un projet
d'arrêté en conseil ou qu'un projet de CT soit
préparé, ne soit pas utilisé et ne soit pas classé.
Il ne s'agit pas, à ce moment-là, d'une recommandation. C'est le
mot « recommandation » ici qui me frappe. Il peut y avoir plusieurs
documents de travail ou plusieurs projets avant que le ministre ne signe
définitivement.
Ici, on fait allusion à un document qui aurait été
signé par le ministre et le sous-ministre. J'ai fait faire des
recherches au ministère pour que l'on retrouve ce document. On ne
l'a pas retrouvé au moment où je réponds à
la question. J'ai demandé qu'on fasse d'autres recherches.
M. LEFEBVRE: Maintenant, M. le Président, le journaliste rappelle
un fait dont nous avons tous été témoins, à savoir
que le ministre a lui-même mentionné que le coût réel
de ces travaux, dont le contrat était pour une somme d'environ $350,000,
aurait dépassé $1 million.
M. CARDINAL: J'ai mentionné environ $1 million. C'est exact.
J'ai, à la dernière séance de cette commission,
donné l'historique du travail de la firme Lalonde, Valois, Lamarre et
associés. On se rappelle que de huit personnes, au début, le
nombre a doublé, a triplé pour se rétablir de nouveau
à huit personnes. Il y a donc eu, en même temps que cette
augmentation de personnel, une augmentation des honoraires, évidemment.
Ces gens sont payés sur une base d'honoraires comme tout professionnel
engagé par le ministère. Ceci explique cette différence
entre la proposition du début et le résultat final.
M. LEFEBVRE: En fait, il s'agit d'une somme triple de la somme
prévue. Comment, les crédits nécessaires pour le paiement
de la différence entre le montant prévu au contrat accepté
par le conseil de la trisorerie et le montant dépensé
réellement, ont-ils été procurés au ministre de
l'Education?
M. CARDINAL: Je puis vérifier exactement de quelle façon
il y a pu avoir ou virement ou autres faits. Mais, à ma connaissance, il
n'y a pas eu de budget supplémentaire. Il y a eu ajustement à
l'occasion de chacun des budgets pour payer ces honoraires.
Au moment où je réponds à ces questions, tous ces
montants d'honoraires ne sont pas entièrement acquittés.
Maintenant, ajoutons ceci. Si nous nous rappelons la réponse que
j'ai donnée, j'ai indiqué qu'à un moment donné il y
a eu mise en place des bureaux régionaux et qu'il y a eu, à ce
moment-là, augmentation du nombre d'ingénieurs qui ensuite ont
été remplacés par des permanents. L'augmentation des
honoraires a été, pour une partie, acquittée à
même, par exemple, dans certains cas, le budget des bureaux
régionaux. Mais, pour faire une analyse très précise des
sources du paiement, Je peux dire que toutes les sommes ont été
payées à même les budgets du ministère. Dans un
ministère, nous ne pouvons jamais aller cher- cher des sommes ailleurs
qu'au budget voté, à moins de voter un budget
supplémentaire. Cela peut se faire par virement ou cela peut se prendre
à même des postes divers.
M. LEFEBVRE: Est-ce qu'il y a des autorisations du conseil de la
trésorerie?
M. CARDINAL: Justement, il n'y a aucun paiement qui ne soit fait sans
l'autorisation du conseil de la trésorerie dans ce cas-là.
M. LEFEBVRE: Alors, il y a eu des autorisations postérieures
à l'autorisation de...
M. CARDINAL: Certainement. Cela, je n'en doute pas d'ailleurs, J'en ai
signées moi-même.
M. LEFEBVRE: M. le Président, nous avons lu avec
intérêt le contrat dont le ministre nous a fourni copie, contrat
passé entre le ministère et la société Lalonde et
Valois. Je ferai remarquer au ministre qu'en page 3 c'est assez curieux,
le contrat commence à la page 2, il me manque la page-titre.
M. LE PRESIDENT: Pour moi, elle est déchirée.
M. LEFEBVRE: Ce doit être cela. A tout événement, en
page 3 je suis moins sceptique que vous, cela ne m'a même pas
causé de problème, j'ai supposé que c'était une
mauvaise pagination - mais en page 3, je ferai remarquer au ministre que le
troisième paragraphe me semble intéressant.
M. CARDINAL: Je vous écoute.
M. LEFEBVRE: On dit ceci: « La société
déclare qu'elle n'aura pas d'intérêt pécuniaire dans
aucun des entrepreneurs, des fournisseurs de matériaux,
d'équipement ou de service d'entretien qui pourrait être retenu
pour l'exécution d'un travail faisant l'objet du présent contrat.
»
Je note avec plaisir que dans ce contrat on a semblé
démontrer que l'on connaissait la notion du conflit
d'Intérêt, ce qui ne semble pas avoir été le cas
concernant certaines situations dont j'ai fait part au ministre au sujet de la
situation de M. Leborgne, à la Commission des écoles catholiques
de Montréal, qui, bien qu'étant commissaire, se trouvait à
voter en faveur de l'octroi de contrats à une société dont
il est sociétaire. Le ministre n'était pas surpris, mais j'attire
son attention sur le fait
que les conflits d'intérêt, il semble que cela doit exister
puisque, dans certains contrats, on semble se préoccuper d'y faire
allusion, à la possibilité de contrats...
M. CARDINAL: M. le Président, je pense qu'il n'est pas
nécessaire d'insister sur le fait que ma formation ou
l'expérience passée me permettent de répondre que je
connais très bien la notion de conflit d'intérêt, et que
cette clause qui est là se retrouve dans à peu près tous
les contrats. Ce n'est pas une clause hostile, elle est censée pouvoir
être exécutée le cas échéant. Ceci, je pense,
ne change rien aux faits qui se sont produits et aux réponses que j'ai
données jusqu'à présent.
Je n'ai pas d'autre réponse à donner que celle que je
connais cette notion.
M. LEFEBVRE: Que vous...
M. CARDINAL: ... que je connais cette notion.
M. LEFEBVRE: C'est bien. Il faut croire que nous en avons une
interprétation différente. M. le Ministre, en page 4,...
M. CARDINAL: C'est possible, j'ai étudié le droit.
M. LEFEBVRE: C'est une question de sens commun, le conflit
d'intérêt! En page A...
M. CARDINAL: Cela, c'est présomptueux, monsieur!
M. LE PRESIDENT: II est question de sens commun qui n'est pas commun
à tous.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'espère que vous allez
maintenir une impartialité à laquelle vous ne nous avez pas
habitués.
M. LE PRESIDENT: Vous faites là des allusions
malveillantes»
M. LEFEBVRE: En page 4, article 4, deuxième paragraphe, on
mentionne le cas d'un administrateur senior de projets qui prendra charge du
service des plans et devis de la Direction générale de
l'équipement. Est-ce qu'on pourrait savoir qu'elle a été
la personne qui, effectivement, a rempli cette portion du contrat?
M. CARDINAL: Pendant les premiers mois de ce contrat, ce fut M. Yves
Maheux, avant qu'il ne devienne membre du ministère à titre de
fonctionnaire permanent. Ensuite, ce fut M. Claude Allard qui le
remplaça.
M. LEFEBVRE: Ce sont les deux seules personnes qui ont occupé
cette fonction?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFBVRE: M. Allard est-il encore au poste?
M. CARDINAL: M. Allard était encore à ce poste lorsque le
contrat s'est terminé au 30 ou 31 mars dernier.
M. LEFEBVRE: Cela veut dire qu'à toutes fins pratiques M. Allard
n'a plus de bureau actuellement au ministère de l'Education?
M. CARDINAL: Non. M. le Président, je veux revenir sur une
réponse que j'ai donnée la semaine dernière. J'ai dit que
le contrat s'était terminé à la date prévue, qu'il
était présentement à l'étude, qu'il n'avait pas
été renouvelé, qu'il n'y avait, par conséquent,
aucun honoraire de payé depuis la période du 1er avril. J'ai
cependant ajouté: Ce qui n'empêche pas que des gens sont encore
sur place. Je ne sais pas si cet après-midi M. Allard est ou non dans le
bureau qu'il occupait précédemment. Je crois que j'ai
donné une réponse très précise. Je le rappelle
à l'intérêt du journal des Débats.
M. LEFEBVRE: M. le Président, nous vérifierons au journal
des Débats. Mon souvenir est que le ministre avait mentionné:
Depuis l'échéance du contrat, aucun professionnel de la firme
Lalonde & Valois n'est en fonction. Là, le ministre vient de dire
que certains demeurent en fonction.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne veux pas tomber dans le
« bizantinisme ». On dit occuper son bureau, être en
fonction. Je répète pour que ce soit clair: le contrat n'a pas
été renouvelé. Il peut arriver que quelqu'un reste dans un
logis deux ou trois jours après que le bail est terminé; il y a
une différence entre le fait et le droit. En droit, il n'y a pas de
contrat présentement; en fait, il se peut que des gens soient encore
là.
M.LEFEBVRE: Je connais très peu de professionnels qui, une fois
leur contrat échu, demeurent au travail par attachement au boulot
ou...
M. CARDINAL: Ou par espérance. M. GARDNER: C'est de
l'enfantillage.
M. LEFEBVRE: Non, non, ce n'est pas de l'enfantillage, M. le
Président.
M. GARDNER: C'est de l'enfantillage pur et simple.
M. LEFEBVRE: M. le Président, s'il y avait possibilité que
nous soyons exemptés, pour cet après-midi, de ces remarques qui
ne font que...
M. GARDNER: Est-ce que je n'ai pas le droit de faire mes commentaires
comme vous vous les faites!
M. LEFEBVRE: Bien, vous avez parfaitement le droit, mais non de dire des
bêtises. Qu'est-ce que ça vous donne de dire que ce.,.
M. GARDNER: Je n'ai jamais dit de bêtises. M.LEFEBVRE: ... sont
des enfantillages?
M. GARDNER: C'est un commentaire simplement.
M. LEFEBVRE: Cela, je le comprends. Si vous voulez participer aux
débats, posez des questions au ministre, si vous en avez de bonnes. Je
suis sûr qu'il va répondre avec plaisir.
M. GARDNER: Elles seraient sûrement meilleures que celles que vous
posez!
M. LEFEBVRE: Cela, c'est votre jugement, mais gardez-le pour vous.
M. le Président, il y a un paragraphe, en page 5, qui traite des
associés et sociétaires de la société. Les
associés et les sociétaires de la société qui
feront un travail de spécialiste quelconque pour le
bénéfice du propriétaire seront payés au taux
horaire de $20 l'heure sans majoration. Est-ce que nous pourrions savoir quel
est le nombre des personnes qui sont visées par ce paragraphe?
M. CARDINAL: II y en avait trois à la fin du mois
précédent.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre aurait objection à nous
donner les noms de ces trois personnes?
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas objection à les obtenir, est-ce que
nous les avons immédia- tement? De fait, remarquez que ceci ne s'est pas
produit continuellement. Ceci s'est produit en certaines occasions.
M. LEFEBVRE: Non, les adresses, vous donnerez cela au ministre des
Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'âge aussi et tout cela.
M. CARDINAL: A la fin du contrat, cette clause à la page 5:
Associés, sociétaires de la société, s'appliquait
à M. Bernard Lamarre, M. Armand Couture et M. Marcel Dufour. Ces
personnes, en moyenne, faisaient un travail de spécialiste environ une
fois par mois lorsque leurs services étaient utilisés. M. le
Président, je suis prêt à répondre à toutes
les questions dans tous les détails, etc. Cependant, s'il y a toute une
série de questions aussi détaillées et qui sont
posées à ce sujet, peut-être que nous pourrions en prendre
note et en donner le résultat parce que je ne pense pas que ceci fasse
avancer tellement rapidement les travaux de la commission.
M. LEFEBVRE: Non, nous n'avons pas tellement de questions, M. le
Président.
M. CARDINAL: D'accord. Je cherche un moyen de hâter les travaux en
répondant à vos questions.
M. LEFEBVRE: Nous sommes parfaitement d'accord. Nous cherchons nous
aussi un moyen de ne pas perdre de temps, mais tout en obtenant les
renseignements qui nous apparaissent pertinents.
M. le Président, le paragraphe b) en page 5, le
propriétaire remboursera à la société les frais de
déplacement et de pension du personnel affecté d'une façon
permanente durant une période de deux ou trois mois jusqu'à ce
que leur affectation définitive soit approuvée par le
propriétaire à raison de $150 par semaine. Le propriétaire
remboursera aussi à la société les frais de
déménagement des familles et des employés de même
qu'une allocation mensuelle de déplacement de $150 par mois, par
après. Toutefois, le propriétaire ne remboursera pas les frais de
déplacement et de pension autres que les $150 statutaires une fois que
le personnel sera définitivement affecté à
Québec.
M. le Président, ma question en rapport avec ce paragraphe est la
suivante je suis sûr que le ministère a établi ces
chiffres: Quel est le coût hebdomadaire moyen d'un profes-
sionnel consultant de la société de Lalonde & Valois;
le coût réel et non pas le coût présumé au
moment de la proposition?
M. CARDINAL: C'est le coût personnel moyen pour la période
du contrat.
M. LEFEBVRE: Le coût hebdomadaire moyen des services
professionnels?
M. CARDINAL: Le coût hebdomadaire moyen. Evidemment, vous
comprenez que comme le nombre du personnel est allé en augmentant et
diminuant, qu'il y a du personnel affecté selon diverses
modalités et le coût est vraiment un coût moyen, nous allons
l'établir pour votre satisfaction.
M. LEFEBVRE: Maintenant, c'est parce que je suis sûr, M. le
Président, que le ministère ne pourrait pas ne pas se
préoccuper de ce détail-là puisque, en fait, c'est la
seule façon de savoir si le service est convenable par rapport à
ce que cela coûte. Si par hypothèse le coût produisait un
revenu de $50,000 par année, par individu...
M. CARDINAL: La moyenne pour tout le monde pour toute la période,
la moyenne hebdomadaire serait de $420. Ou, si vous présentez les
chiffres autrement, par professionnel, par année, en moyenne, grosso
modo, $21,000. Ce n'est pas tout à fait$420, si vous divisez $21,000 par
52, disons que c'est entre $400 et... Mettez plutôt $400.
M. LEFEBVRE: Au sujet du coût des honoraires je suis
conscient que ma question exigera peut-être quelques heures de calcul de
la part d'un fonctionnaire, mais elle me paraît pertinente est-ce
que le ministre pourrait informer les membres de cette commission du coût
global... Avec le système de consultants venant de l'extérieur
qui a été adopté, le ministre a expliqué que
certains de ces consultants travaillaient à l'établissement des
normes, d'autres travaillaient comme ingénieurs ou architectes
affectés à des projets dans les bureaux régionaux. Par
ailleurs, le ministre a bien dit que ce type de service ne remplaçait
aucunement les services professionnels fournis par les professionnels choisis
par les commissions scolaires qui sont responsables de la construction des
écoles. Alors, tous ces professionnels, à tous ces étages,
plus les fonctionnaires du service de l'équipement, si je comprends
bien, cela signifie au moins quatre paliers de conseils professionnels: vous
avez les architectes et les ingénieurs choisis par la commission
scolaire, vous avez les consultants de Lalonde et Valois sur le terrain, si on
pout dire, c'est-à-dire au plan régional, vous avez les
consultants qui travaillent au niveau du ministère et vous avez les
fonctionnaires du service de la direction de l'équipement.
Voilà donc quatre paliers plus ou moins superposés de
services professionnels.
M. CARDINAL: Beaucoup plus ou moins.
M. LEFEBVRE: Pardon?
M. CARDINAL: Beaucoup plus ou moins.
M. LEFEBVRE: Je ne sais pas ce que le ministre entend par cela.
M. CARDINAL: Si l'on veut parler de paliers, ce n'est pas plus ou moins
quatre, cela serait trois ou parfois moins que trois.
Vous avez la commission scolaire qui engage des professionnels qui ont
pour fonction d'élaborer les plans et devis et de les
réaliser.
Vous avez, deuxièmement, dans les cas où cela s'applique
et pour la période où cela peut s'appliquer, au niveau
régional, les ingénieurs dont j'ai déjà
parlé qui font la surveillance de chantiers.
Et vous avez, troisièmement, les professionnels qui nous viennent
de Lalonde et Valois et le personnel de la direction générale du
ministère qui ne font qu'un seul bloc et non pas deux niveaux
superposés, qui travaillent ensemble et qui, d'une part, ont
établi des normes et ont surveillé l'application de ces
normes.
Il y a donc, au maximum, trois paliers, dans les cas où les trois
paliers s'appliquent.
M. LEFEBVRE: Si nous isolons, il n'y a pas eu tellement de construction
d'écoles polyvalentes nous y viendrons tantôt il y
en a eu beaucoup moins que le ministre des Finances ne l'avait prévu et
annoncé. Est-ce que le ministre pourrait établir quel a
été le coût, au cours de la dernière année,
par $1,000 de construction, des services professionnels nécessaires pour
arriver à un produit fini? Je pense que la question est facile à
comprendre.
M. CARDINAL: Je ferai deux ou trois commentaires et une réponse
à cette question.
Tout d'abord, disons que nous allons le calculer. Cependant, dès
le départ, je vais faire les commentaires suivants. Pour
compléter ce que je viens de dire, l'on fait de l'abstraction
en parlant de paliers plus ou moins trois, plus ou moins quatre
parce qu'en fait la façon dont tout ceci a fonctionné
s'est réalisée dans les cadres d'une étroite collaboration
entre fonctionnaires et employés de la firme au niveau de la Direction
générale de l'équipement, encore une fois jusqu'au niveau
du ministre d'ailleurs et aussi au niveau des bureaux régionaux.
Parce qu'au niveau des bureaux régionaux, ce n'est pas un palier.
Les bureaux régionaux ne sont qu'une décentralisation du
ministère même et de sa Direction générale de
l'équipement. C'est donc, comme je l'indiquais tantôt, un faux
palier. Et cette étroite collaboration qui, dans le fond, ne forme qu'un
palier, même s'il y a décentralisation, a été
réalisée pour remplir, auprès des commissions scolaires,
le rôle attribué par la loi et les règlements au
ministère de l'Education.
Enfin, je fais le commentaire suivant. Si, par cette question, l'on tend
à établir un chiffre qui démontre qu'il en a
coûté, pour chaque construction, apparemment, et d'une certaine
façon arbitrairement, tant pour ces professionnels, je désire
souligner, et dès maintenant, que le travail de cette firme, en
étroite collaboration avec les employés du ministère, a
permis, au cours de cette période, de diminuer considérablement
le coût de construction des écoles et de réaliser des
économies qui dépassent de beaucoup ce que nous avons pu ajouter
en honoraires professionnels.
Je rappelle ce que j'avais commencé à dire avant que les
questions détaillées n'arrivent: Ceci s'est produit à la
suite de la construction d'un certain nombre d'écoles dont les plans
avaient été approuvés au cours de l'année 1965 et
au début de l'année 1966. J'ai donné un exemple,
d'ailleurs, la semaine dernière. Le coût de construction au pied
carré s'élevait, dans un cas, à $18.30; dans un autre cas,
à plus de $20 le pied carré: $20.80.
Contrairement à ce qui a déjà été
affirmé dans un article de journal, ce coût n'a jamais
été de $10 le pied carré. Ce coût est allé
sans cesse en diminuant au ministère, et j'avais donné, l'an
dernier, lors des travaux de l'ancienne commission permanente de
l'éducation, ces différences de coût. Je les
répète cependant. Je crois opportun de faire, dès le
moment présent une déclaration pour que le public sache que ce
qui s'est dit à ce sujet était souvent inexact, que le
gouvernement de l'Union Nationale, par la voix de son ministère de
l'Education, a administré son service de l'équipement sans le jeu
des influences politiques. Des écoles polyvalentes ont été
construites après avis formel à toutes les commissions scolaires
régionales d'exiger des appels d'offres. La firme Lalonde n'a pas
été engagée pour déplacer des fonctionnaires. Le
coût de construction des écoles polyvalentes, loin d'avoir
augmenté en 1967 et en 1968, a diminué de 14%, soit de $2.25 le
pied carré, puisque le coût en était de $16 le pied
carré, le 16 mai 1967, et qu'il est devenu $13.75, le 15 septembre
1968.
Ces chiffres, M. le Président, je ne les invente pas, puisqu'ils
sont les résultats d'une étude préparée par la
Direction générale de l'équipement du ministère de
l'Education en date du 15 novembre 1968, et dont j'avais une copie à ma
disposition, et que je déposerai avec plaisir n'importe quand devant la
commission de l'éducation, si on me le demande.
Lorsque le gouvernement a réalisé qu'il avait à
lancer une opération de construction d'écoles polyvalentes qui
totalisait le milliard de dollars en l'espace de quelques années
opération qui n'est pas terminée il se devait de mettre en
place un mécanisme qui lui permette, malgré l'augmentation
continuelle des coûts dans tous les secteurs de surveiller très
étroitement la réalisation de ce projet.
J'ai mentionné c'est exact et je le répète
que même si le gouvernement payait des honoraires qui totalisent
environ $1 million sur une période de deux ans, si nous comparons ce
chiffre à la préparation de plans pour la construction
d'écoles qui totalise $1 milliard, nous réalisons et je le
répète ici que cette surveillance de contrôle
et j'en arrive presque à la question posée
représente environ 1/10 de 1% de l'ensemble de cette vaste
opération. D'ailleurs, cette firme dont nous parlons depuis plusieurs
heures a mis de grands spécialistes au service du gouvernement.
Aujourd'hui, un bon nombre des spécialistes de cette firme je
l'ai mentionné dans l'historique ne sont plus à la
Direction générale de l'équipement, puisque leur travail
dans leur spécialité respective est terminé.
Je répète aussi ce que j'ai dit Cette expérience
n'est pas seulement une expérience qui a été faite au
ministère de l'Education du Québec. J'ai déjà
mentionné devant cette commission que cette même firme, en raison
du travail qu'elle a justement exécuté à mon
ministère, vient d'obtenir, dans une province de l'Ouest, un mandat
similaire à celui que nous lui avions confié, et ce, à des
taux d'honoraires de beaucoup supérieurs à ceux que le
gouvernement du Québec a payés. Je suis prêt à
fournir le chiffre demandé, mais je voudrais qu'on le reçoive
dans le contexte que je viens d'indiquer. La question ne semble pas être
connue du public,
au moment de cette commission, qu'il s'agit non de frais additionnels,
mais d'économies réalisées et de diminution dans les
coûts comme résultats de l'opération totale.
M. le Président, cette firme a travaillé à 235
projets d'écoles pour le montant d'environ $1 milliard, comme je viens
de l'indiquer. Nous calculons présentement au ministère que
l'économie qui a été réalisée contre un
coût d'un million de dollars représente, sur l'opération
totale lorsqu'elle sera terminée, environ $35 millions
d'économie, grâce aux travaux de cette firme.
M. LEFEBVRE: J'apprécie le renseignement que le ministre nous
transmet. J'apprécie également sa bonne disposition quant
à nous fournir une réponse exacte à la question telle que
formulée.
Le ministre a fait allusion à la diminution du coût de
construction des écoles. Evidemment, je suis certain que le ministre est
parfaitement au courant qu'il s'agit là d'un sujet controversé et
que certaines personnes ne partagent pas l'optimisme du ministre quant aux
réalisations de son ministère sur ce point précis.
Le ministre peut-il nous dire, en particulier, si, dans
l'établissement des coûts auxquels il vient de faire allusion, on
inclut ou on n'inclut pas des éléments comme des vestiaires,
l'ameublement de cuisine, l'ameublement des laboratoires?
M. CARDINAL: M. le Président, je me permettrai, si on permet, de
prendre la parole et de dire trois choses.
D'abord, le document de Kayser que j'ai réussi à obtenir
pendant qu'on posait d'autres questions et j'en dépose trois copies
devant cette commission.
Deuxièmement, en réponse à cette question, disons
que les comparaisons que j'ai faites entre diverses périodes sont
basées sur des choses semblables, toutes choses étant les
mêmes, que l'on ajoute ou n'ajoute pas l'équipement dont il est
question.
Troisièmement, en réponse à la question, de
façon précise, cela veut dire que ce sont des réductions
des plus comparables, il faudrait épurer la question, savoir ce qu'est
ameublement et ce qu'est équipement intégré,
n'est-ce-pas?
Alors disons que les coûts que j'ai donnés sont des
coûts comparables. Ces coûts comparables comprennent ce que nous
appelons, au ministère, l'ameublement intégré. Il reste
évidemment à savoir si le vestiaire est inté- gré
ou ne l'est pas, ou si le pupitre est intégré ou ne l'est pas.
Nous pourrions établir de nouveaux chiffres, selon le cas, en les
incluant ou non. Encore là les chiffres que j'ai donnés ne sont
pas comme quelqu'un l'avait laissé entendre au cours d'une
intervention devant cette commission des comparaisons de choses
différentes. Ce sont des réductions dans des coûts
comparables, toutes les choses demeurant les mêmes sauf le
coût.
M. LEFEBVRE: Bien. Maintenant, M. le Président, le ministre a
fait allusion au programme de construction des écoles et nous avons
quelques questions à poser sur ce programme. Le ministre me corrigera si
je fais erreur.
D'après mes renseignements, vers juin 1957, la Direction
générale de l'équipement avait établi un programme
de construction...
M. CARDINAL: Avez-vous dit 1957? M. LEFEBVRE: Excusez-moi, en 1967?
M. CARDINAL: Je tiens à vous corriger si vous faites erreur. Je
réponds à l'invitation.
M. LEFEBVRE: Je vous remercie. Non, c'est juin 1967.
La Direction générale de l'équipement avait
établi un programme de construction prévoyant des
déboursés d'environ $100 millions pour l'année
1967-68.
M. CARDINAL: Vous dites à la période de juin 1967?
M, LEFEBVRE: Vers juin 1967, je crois que c'est ce qui avait
été prévu.
M. CARDINAL: Oui, d'après les renseignements que je
possède au ministère, c'est exact.
M. LEFEBVRE: Est-il exact que seulement une trentaine d'écoles
sont complétées actuellement et que 55 autres sont en
construction alors que le programme établi prévoyait la
construction de 71 écoles dont la construction devait commencer le 31
décembre 1967?
M. CARDINAL: Tout ceci est exact.
M. LEFEBVRE: Alors, à quoi le ministre attribue-t-il le retard
considérable dans le programme d'exécution des travaux?
M. CARDINAL: II y a au moins trois rai-
sons qu'on peut certainement mentionner. La première, je pense
l'avoir déjà mentionnée devant cette commission, en
réponse à une autre question. C'est qu'il a fallu, ou nous avons
cru bon au ministère de reviser les politiques de construction de ces
écoles polyvalentes pour une première raison d'ailleurs qui est
venue de l'extérieur, les changements dans l'évaluation, entre
l'évaluation de la natalité et la natalité
elle-même. Nous avons déjà parlé de cette
dénatalité qui a demandé une revision complète de
toute la carte de la clientèle scolaire.
La deuxième raison est que l'expérience, qui avait
été réalisée lors de la construction de certaines
écoles, ayant démontré certaines choses qui pouvaient
être améliorées, il y a eu aussi revision dans les plans,
même physiques des écoles.
Il y a aussi une troisième raison, parce qu'il faut le dire
aussi, c'est une raison financière et l'on sait qu'il y a eu pour le
gouvernement parfois des situations financières qui l'ont
empêché de réaliser aussi rapidement qu'il l'aurait
désiré certains de ces projets.
Ce sont les trois raisons principales et je n'en connais pas
d'autre.
M. LEFEBVRE: Justement, au sujet de la raison financière, quelle
est la proportion des déboursés? D'après les
renseignements que nous avons, le ministère aurait utilisé des
sommes d'environ $50 millions plutôt que les $100 millions prévus
par le ministre des Finances dans son budget pour l'année 68/69. Dans le
dernier budget, le ministre des Finances...
M. CARDINAL: Ceci ne me paraît pas exact. Là, vous avez les
budgets 67/68 qui se terminent à la fin de mars. Le budget 68/69 est
commencé au début d'avril 1968 et ensuite le dernier budget qui
vient de commencer. Jusqu'à présent je vous al dit que tous les
renseignements étalent exacts. Mais celui-ci, d'après les
informations que je possède au ministère, je ne sais pas quelle
est votre source. Je connais la mienne. Ces renseignements ne me paraissent pas
exact. Je peux cependant les vérifier.
M. LEFEBVRE: Nous terminons l'année financière 68/69.
M. CARDINAL: D'après les renseignements que j'ai ici, quitte
à trouver les chiffres, exercice financier 67/68, il est exact que nous
avons réalisé...
M.LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: ... moins que le projet prévu. En 68/69, au
contraire, il a été réalisé exactement ce qui avait
été prévu.
M. LEFEBVRE: C'est-à-dire les $100 millions prévus par M.
Dozois ont été effectivement dépensés.
M. CARDINAL: C'est ça, $103 millions.
M. LEFEBVRE: Quelle est la proportion récupérée du
gouvernement fédéral sur ces $103 millions en vertu de l'entente
de formation professionnelle et qui n'est pas...
M. CARDINAL: Oui, c'est parce que, dans certains cas, c'est 75% et dans
d'autres, c'est 50%. Cela dépend des écoles. Pour les deux
exercices financiers mentionnés, 67/68, 68/69 du Fédéral,
$96 millions.
M. LEFEBVRE: Mais, pour que nous ayons des chiffres comparables, M. le
Président, pour que nous puissions voir quelle est la proportion, il
faudrait que le ministre nous donne... Le ministre nous a donné le
chiffre des dépenses pour 68/69. Il a dit $103 millions. Quel serait le
montant en 67/68 alors?
M. CARDINAL: $47 millions du Fédéral, en 67/68. La
différence c'est pour l'année suivante. Je peux la calculer, si
vous voulez.
M. LEFEBVRE: Non, non. Je veux être sûr. C'est une
mathématique intéressante. La proportion doit être la
même j'imagine?
M. CARDINAL: Non.
M. LEFEBVRE: Cela dépend du type de construction?
M. CARDINAL: Oui. Cela dépend aussi du rythme de construction et
du rythme dans lequel on peut puiser et le mode de concordance du budget du
fédéral et du provincial et l'entente elle-même qui
prévoit des proportions différentes au-delà de certains
montants.
M. LEFEBVRE: C'est un problème d'algèbre que je suis
à faire. Il me manque un x. La valeur de x...
M. CARDINAL: Bien, posez la vraie question.
M. LEFEBVRE: La vraie question c'est:
Combien le ministère a-t-il dépensé en 67/68 pour
la construction des écoles?
M. CARDINAL: Environ $50 millions. Ecoutez, Je vous ferai mime une
invitation même si cela nous fait travailler. Si vous voulez justement
faire un problème d'algèbre à plusieurs inconnues, nous
trouverons pour vous la réponse. Posez-nous une question écrite
où vous nous demanderez pour chacune des années tous les
détails pertinents que vous voulez avoir. Nous ferons notre devoir,
messieurs.
M. LEFEBVRE: Non, M. le Président. Je ne suis pas si mauvais en
chiffres que le ministre semble le croire.
M. CARDINAL: M. le Président, Je n'interprète Jamais ni
les paroles ou la façon de procéder des membres de cette
commission contrairement à ce que certains peuvent faire ici.
M. LEFEBVRE: C'est bien. Je constate. D'après les
mathématiques que J'ai apprises à l'école, cela fait $153
millions et le gouvernement du Québec a reçu du
Fédéral $96 millions. Cela voudrait dire que le gouvernement a
tiré de ses goussets $57 millions pour deux ans.
M. CARDINAL: A peu près. J'ai étudié les
mêmes mathématiques que le député.
M. LEFEBVRE: Très bien, alors.
M. CARDINAL: Mais, pas pour deux ans. Ecoutez! C'est plus que ça.
J'ai dit que nous avions dépensé au total, la deuxième
année, $103 millions si je ne me trompe pas.
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: J'ai mentionné que le montant total pour les deux
périodes pour le Fédéral était $96 millions. J'ai
mentionné que de cette somme $47 millions du Fédéral
avaient été utilisés pour l'année 67/68. Il vous
reste les inconnues qui peuvent être trouvées à partir de
ces indications que je viens de donner.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre a dit je veux
être sûr que je l'ai bien compris en toutes lettres: en
67/68, nous avons dépensé $50 millions.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. LEFEBVRE: $96 millions sur $153 millions.
M. CARDINAL: C'est bien. Nous vous donnons 100% pour les
mathématiques.
M. LEFEBVRE: Je vous remercie.
M. CARDINAL: Je ne sais pas si nous vous donnerions la même chose
dans toutes les autres disciplines, mais nous verrons cela avec les
années.
M. LEFEBVRE: Je vous remercie, en cette période d'examens. Mais
ce n'est pas moi qui aurai les examens les plus pénibles à subir
bientôt, c'est le ministre de l'Education lui-même.
M. GOLDBLOOM: Je pense que quand le ministre parlait d'un
problème à plusieurs inconnues, il faisait allusion au
congrès à la chefferie.
M. CARDINAL: Voulez-vous dire qu'il y a plusieurs inconnues?
C'est plutôt de l'autre côté de cette table qu'il y
en a.
M. LE PRESIDENT: II y a d'autres partis qui n'ont même pas
d'inconnue.
Un bleu, deux bleus. M. Pearson est en bleu lui aussi.
M. PEARSON: Un petit peu de rouge.
M. LE PRESIDENT: Un petit peu de rouge.
M. CARDINAL: II y en a déjà qui commencent à
changer de côté.
M. LE PRESIDENT: Glissement de terrain.
M. LEFEBVRE: M. le Président, il a été abondamment
question dans les journaux ces derniers temps de recherches en vue de la
standardisation des méthodes de construction des écoles et nous
savons que des recherches ont été entreprises à cet
effet-là par la Commission des écoles catholiques de
Montréal avec une subvention de la fondation Ford, je crois.
Est-ce que le ministre a maintenant reçu le rapport de ces
recherches et est-ce qu'il est exact que ces recherches ont été
entreprises avec l'encouragement du ministère?
M. CARDINAL: Ecoutez, pour autant que je suis renseigné, au
moment où je réponds, j'étais au courant de ce projet de
la CECM, projet dont il avait été question avant que j'assume la
direction de ce ministère. Je n'ai pas je le dis
bien précisément comme ministre, reçu de
rapport sur les travaux de ce comité financé en partie par Ford,
mais je sais cependant, par l'un des sous-ministres au ministère, que ce
sujet est présentement à l'étude au ministère.
M. LEFEBVRE: Est-il exact que le ministère poursuit des
recherches parallèles à celles qui ont été
entreprises par la commission scolaire de Montréal et par la commission
des écoles protestantes de Toronto?
M. CARDINAL: S'il s'en poursuit, M. le Président, c'est à
l'insu du ministre et des hauts fonctionnaires responsables de l'administration
du ministère.
M. LEFEBVRE: Maintenant, au niveau de la construction des écoles
temporaires, les journaux ont rapporté récemment le cas d'une
école temporaire qui aurait été construite dans la
région de Joliette et où le contrat aurait été
attribué sans soumissions.
M. CARDINAL: De quelle école s'agit-il, s'il vous
plaît?
M. LEFEBVRE: Le ministre va m'obliger à fouiller dans mes
papiers. Je suis sûr qu'il a lu, comme moi, l'article du Soleil.
M. CARDINAL: Si vous prenez l'article du Soleil, nous pouvons
répondre. A Félix-Gaboury?
M. LEFEBVRE: II me semble que c'est cela.
M. CARDINAL: Pour une école temporaire, j'aimerais une question
précise parce que...
M. LEFEBVRE: Oui, bien j'y arrive, M. le Président. On a
affirmé que dans le cas de cette école dont le nom
m'échappe, mais nous pourrions le retrouver.
M. CARDINAL: Ecole Barthélémy? Si vous me dites le nom, je
vais vous donner la réponse, mais c'est parce que dans cet article en
question, dans un journal que vous ne nommez pas, il est question d'au moins
quatre ou cinq écoles différentes.
M. LEFEBVRE: II s'agit d'un contrat de la commission scolaire
régionale de Lanaudière.
M. CARDINAL: Oui, pour l'école?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous pouvons leur donner le temps de relire
les journaux.
M. LEFEBVRE: Le ministre est bien aimable.
De toute façon, M. le Président, ma question est la
suivante...
M. CARDINAL: Si on parle d'une école construite dans la
région de Joliette ou à peu près, dans la régionale
de Lanaudière, et qu'on parle d'une école temporaire, je dirai
que ceci n'existe pas. Il n'y a jamais eu d'écoles temporaires
construites au niveau de la régionale dans un de ces endroits-là.
C'est la première partie de la réponse et je suis très sur
de ce que je dis. S'il s'agit d'une école non pas temporaire mais
permanente, deux cas peuvent se présenter. J'essaie d'interpréter
la question qui est loin d'être claire.
M. LEFEBVRE: Je le concède, M. le Président, mais le
ministre ne devrait pas se réjouir trop vite parce qu'elle va finir par
être claire.
M. CARDINAL: Si elle va finir par être claire, je peux attendre
que le député d'Ahuntsic ait posé sa question. Je
répondrai alors.
M. LEFEBVRE: Non, non vous étiez en voie de donner une
réponse qui...
M. LE PRESIDENT: Pour le moment, on retombe de côté si vous
posez des Questions.
M. LEFEBVRE: Allez-y, allez-y. Le ministre disait: S'il s'agit de
l'école...
M. CARDINAL: J'ai dit; S'il s'agit de l'école
Félix-Gaboury de la régionale de Lanaudière. Cela n'est
pas une école temporaire.
M. GRENIER: On recommence à tuer le temps...
M. LEFEBVRE: Ne tuez personne, soyez gentil. S'il s'agit de cette
école, qu'est-ce que le ministre a déclaré?
M. CARDINAL: Bien, s'il s'agit de cette école, quelle est la
question?
M. LEFEBVRE: Est-ce que le contrat a été attribué
sans soumissions?
M. CARDINAL: Nous avons au moins une dizaine de documents prouvant que
la commission
scolaire a toujours été formellement avisée de
suivre les procédures normales pour ce projet.
Or, sans tenir compte de nos recommandations, les responsables de cette
commission scolaire ont commencé quand même les travaux le 10
juillet 1967. Dans cette construction, la commission scolaire
s'établissait elle-même entrepreneur général en ne
demandant que des appels d'offres pour les spécialités.
Je dois ajouter que jamais le ministère, que jamais le ministre
n'a donné son approbation pour le financement de cette école et
qu'il n'y a aucun arrêré ministériel autorisant le
financement de cette école.
M. LEFEBVRE: D'après des informations sérieuses qui nous
ont été transmises, plusieurs commissions scolaires dans la
région de l'Estrie dans la région des Bois-Francs et dans la
région de la commission scolaire régionale d'Orléans
auraient octroyé des contrats sans soumissions pour la construction
d'écoles temporaires.
M. CARDINAL: M. le Président, je demanderais que, si l'on pose
des questions de ce genre, l'on donne des précisions pour que je puisse
répondre. Il est toujours facile de dire: D'après les
renseignements que nous avons, dans plusieurs cas, dans certaines
régions, il y aurait eu...
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma question est bien simple. Est-ce
que le ministre a déjà été informé, d'une
façon ou d'une autre, que certaines commissions scolaires donnaient des
contrats sans soumissions pour la construction d'écoles temporaires?
M. CARDINAL: Où ça?
M. LEFEBVRE: J'ai mentionné...
M. CARDINAL: Si vous me posez la question telle qu'elle, je vous
réponds non.
M. LEFEBVRE: Le ministre n'est pas au courant?
M. CARDINAL: Pardonl Vous avez dit: Est-ce que le ministre est
informé que... Je ne suis pas informé que... Je prends la
question telle qu'elle était.
Je ne sais pas. Il y a justement ici le député d'une des
régions mentionnées; on pout peut-être lui poser la
question?
M. TREMBLAY (Montmorency): Pas à ma connaissance.
M. CARDINAL: A la mienne non plus. J'ai lu avec beaucoup d'attention cet
article dont il est question et auquel on puise. Je puis vous assurer, devant
l'ampleur du débat, d'ailleurs soulevé en Chambre par l'honorable
chef de l'Opposition et qui semblait fort coordonné d'ailleurs ce
jour-là, avec un certain nombre d'autres personnes et de renseignements
que l'on fournissait... A la suite de cet article paru dans un quotidien de
Québec, à la fois sur la montés en flèche du
coût de construction des écoles et sur le choix des entrepreneurs,
vous me permettez de déclarer que tout ce qui a été dit et
rapporté à ce sujet est complètement inexact. En tout
moment, à des questions précises, sur tel ou tel cas, comme on
l'a fait tantôt pour l'école Félix-Gaboury de la
régionale de Lanaudière, je suis disposé à donner
toutes les réponses, mais pas sur des généralités.
Il ne suffit pas de dire; Le coût d'une école a déjà
été de $10 et aujourd'hui il est de $20. Rien n'est prouvé
dans cet article. Il ne suffit pas de dire que, dans beaucoup de cas, pour les
écoles temporaires ou permanentes, on ait fait telle chose.
On vient de déceler une erreur flagrante dans ce cas. On parle
d'une école temporaire, celle de Félix-Gaboury dans
Lanaudière. C'est une école permanente qui a été
construite par la commission scolaire, sans l'autorisation du ministère,
et qui n'a jamais été financée par le
ministère.
Alors, qu'on me donne des cas précis, je répondrai avec
tous les renseignements de mon ministère.
M. LEFEBVRE: La plus grande erreur qui a été commise dans
ce cas-là, je pense bien que ça été d'octroyer un
contrat sans soumissions.
M. CARDINAL: Bien, ce n'est pas nous.
M. LEFEBVRE: Cela n'a pas été le fait de qualifier
l'école de temporaire ou de permanente.
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai mentionné que j'ai
toutes sortes de documents, ici, où nous avisons la commission scolaire
de ne pas agir de la sorte et de ne pas construire l'école. Est-ce que
nous devions envoyer...
UNE VOIX: La police.
M. CARDINAL: ... un policier sur place pour empêcher que les
commissaires n'agissent?
M. GARDNER: Wagner avec ses matraques.
M. LEFEBVRE: M. le Président...
M. CARDINAL: II y a au moins 13 lettres au dossier.
M.LEFEBVRE: ... je n'ai pas...
M. CARDINAL: J'ai mentionné qu'il n'y a aucune sanction de cet
acte de la commission scolaire, aucun arrêté ministériel,
aucun CT, ou aucun financement.
M. LEFEBVRE: Aucune approbation de la part du ministère?
M. CARDINAL: Aucune, non.
M. LEFEBVRE: Bien, M. le Président, je pense qu'on a fourni au
ministre l'occasion de clarifier le dossier au sujet de cette école en
particulier.
M. CARDINAL: Oui, je suis prêt devant toute autre question
précise à clarifier le dossier. Mais, encore une fois, M. le
Président, je ne sens en rien le désir de justifier le
gouvernement ou de le défendre, mais cependant, je pense qu'il n'est pas
possible que l'on mette devant la population, que ce soit dans des journaux ou
devant une commission ou en tout autre endroit, dans des discours, des faits
qui ne sont pas vérifiés et qui permettent d'interpréter
l'attitude du gouvernement ou d'un ministre. A des questions précises,
encore une fois, je donnerai, comme je l'ai fait depuis le début des
travaux de cette commission, tous les renseignements qui sont à ma
disposition au ministère et je le ferai parce que nous n'avons rien
à cacher.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je pense que le ministre ne peut
pas faire grief aux membres de cette Chambre et en particulier à mes
collègues et à moi qui lui posons des questions alors qu'il est
présent justement, et qu'il peut répondre, qu'il est là
lui-même personnellement en personne, assisté de tous ses hauts
fonctionnaires. Je ne pense pas que le ministre puisse se plaindre du fait que
nous lui posions des questions. Il pourrait se plaindre si nous
répandions dans la province des informations que lui jugerait fausses ou
sans fondement. Mais nous posons des questions...
M. CARDINAL: M. le Président, devant les commentaires que vient
de faire le député d'Ahuntsic, je lui dis que je suis
entièrement d'accord avec lui. Le député d'Ahuntsic a
posé des questions tout l'après-midi, j'ai tenté de lui
répondre. Je me suis élevé contre deux faits: le fait
qu'un semblable article soit publié et le fait que l'honorable chef de
l'Opposition parte de là pour faire des affirmations qui ne sont en rien
fondées.
M. LEFEBVRE: Le chef de l'Opposition a formulé des questions.
M. CARDINAL: Oui, douze questions à partir de faits qui
étaient inexacts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'étaient des insinuations.
M. LEFEBVRE: Non, le chef de l'Opposition a formulé des
questions, alors je pense que c'est tout à fait dans l'ordre et il
appartient au ministre de répondre aux questions comme il appartient
à l'Opposition de les poser.
M. le Président, quant à moi, j'aimerais en venir au
programme de construction de la CECM. Est-ce que le ministre voudrait nous dire
où en sont rendues les études au ministère concernant le
programme de construction d'écoles à Montréal, sur le
territoire de la CECM?
M. CARDINAL: Le ministère n'a pas encore reçu le plan de
la Commission des écoles catholiques de Montréal qui est
elle-même en train de mettre au point ce plan. Je ne peux pas me
permettre de commentaires sur ce que nous n'avons pas.
M. LEFEBVRE: J'ai compris tout à l'heure, dans une réponse
du ministre, que les recommandations du ministre concernant les normes de
construction qui ont été formulées par la firme IRNES, le
projet désigné RAS dans la région de Montréal, que
ce rapport était à l'étude...
M. CARDINAL: J'ai mentionné deux choses. J'ai dit que je n'avais
pas le rapport, comme ministre, et qu'il y avait actuellement entre la
Commission des écoles catholiques de Montréal et des hauts
fonctionnaires du ministère des échanges pour étudier ces
normes, je n'ai pas comme tel formellement un rapport entre les mains.
M. LEFEBVRE: Mais le ministère l'a?
M. CARDINAL: Le ministère étudie présentement cette
étude ou ce projet.
M. LEFEBVRE: Je ne sais pas si mes collègues ont d'autres
questions concernant le poste budgétaire 13. Je sais que mon
collègue, le
député de Charlevoix, M. Mailloux, s'en vient. Je sais
qu'il avait une question, je l'ai lait prévenir. Si le ministre est
d'accord pour ne pas retarder la marche des travaux, nous pourrions continuer,
mais il y a le député de Montmorency...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je voudrais connaître le rôle de
la Direction générale de l'équipement concernant, par
exemple, la polyvalente Jean-Talon à Charlesbourg. Je voudrais savoir
s'il y a eu plusieurs bureaux d'architectes nommés pour cette
construction, s'il y a eu aussi plusieurs bureaux d'ingénieurs. Je
voudrais savoir s'il y a eu double honoraire de payé à ces
différents bureaux.
M. CARDINAL: La réponse est celle-ci, M. le Président,
pour le député de Montmorency. A l'origine, ce projet Jean-Talon
était un projet double, c'était la construction d'une
école de métiers. Comme je l'ai mentionné la semaine
dernière, les écoles de métiers sont maintenant
intégrées aux commissions scolaires régionales. Au moment
où le projet a débuté, ces écoles n'étaient
pas intégrées, il n'y avait donc qu'un projet du gouvernement par
le ministère de l'Education: une école de métiers. Il
avait choisi ses professionnels. Et d'autre part, il y avait ce projet de la
commission scolaire au niveau secondaire. C'était par conséquent
un projet différent et l'on avait choisi aussi ses professionnels. Par
la suite, à cause de l'Intégration, les deux projets ont
été réunis et les deux groupes de professionnels ont
été conservés, chacun cependant restant dans sa
sphère, l'un pour la préparation des devis concernant
l'enseignement de métiers et l'enseignement professionnel, et l'autre
pour l'autre partie.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que les estimations ont
été considérablement modifiées à cette
occasion?
M. CARDINAL: Considérablement, le mot serait fort. Elles ont
été modifiées, mais pas considérablement, pas pour
la peine.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce qu'il y aurait possibilité
d'avoir les chiffres?
M. CARDINAL: Nous pourrions toujours les avoir, mais pas sur le
champ.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est-à-dire demain?
M. CARDINAL: Nous pouvons prendre note de la question et obtenir les
chiffres...
M. TREMBLAY (Montmorency): Un premier contrat avait été
donné, par soumission, à un entrepreneur, je crois, sur cette
question et ce contrat a été donné. C'est peut-être
la raison pour laquelle on a intégré cette école d'arts et
métiers à cette polyvalente. C'est que le premier contrat avait
été accordé par la régionale Jean-Talon, puis a
été retiré par un arrêté en conseil et
redonné à un autre entrepreneur à un coût
supérieur.
Nécessairement, je voudrais savoir pour quelle raison, en fin de
compte, on a procédé ainsi et si c'est la Direction
générale de l'équipement qui...
M. CARDINAL: Je m'excuse, c'est comme dans d'autres questions qu'il a
posées, il y a une apparence ici. Vous savez le procédé;
ce n'est pas la commission scolaire qui accorde le contrat. La commission
scolaire va en appel d'offres, ouvre les soumissions, fait rapport au
ministère et c'est le ministère, le ministre et le gouvernement,
qui acceptent.
Il n'y a pas eu, enfin, une acceptation suivie d'une révocation
d'acceptation et une nouvelle acceptation. Il n'y a toujours eu qu'une seule
acceptation. Et l'acceptation qui a été faite a été
faite au plus bas soumissionnaire conforme.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors la raison, c'est que le premier
soumissionnaire qui...
M. CARDINAL: Qui était peut-être plus bas n' était
pas conforme.
M. TREMBLAY (Montmorency): ... lors de l'ouverture des soumissions,
n'était pas conforme.
M. GRENIER (président de la commission de l'éducation): Un
instant. Les invités pourraient peut-être prendre les chaises non
occupées là, parce qu'il nous arrive un contingent d'autres
invités qui se tiendront debout ici pour cinq minutes seulement.
Alors, les invités qui sont debout, s'ils aiment prendre les
places qui sont réservées aux journalistes pour quelques minutes.
Il faudra ensuite faire place aux journalistes si jamais ils arrivent.
M. CARDINAL: Quand les invités seront entrés, est-ce que
je pourrais reprendre la parole pour continuer avant qu'on ne pose une autre
question?
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce
qu'on peut savoir si ces visiteurs sont du comté de Bagot?
M. CARDINAL: Les visiteurs ne sont pas du comté de Bagot mais ils
sont simplement attirés par le ministre de l'Education qui est
député du comté de Bagot.
M. le Président, il me fait plaisir, si vous le permettez, de
faire une brève pause pour féliciter ces étudiants qui
viennent de Trois-Rivières et de Victoriaville, si je suis bien
informé, qui sont au niveau du collège d'enseignement
général et professionnel pour la plupart d'entre eux et de leur
souhaiter une bonne journée à l'Assemblée nationale.
Ils pourront au cours de la journée, je pense, voir la
façon dont procèdent les travaux de leur gouvernement. Nous
sommes présentement ici à la commission permanente de
l'éducation où nous étudions les crédits du
ministère de l'Education pour l'année 69/70 qui a
débuté le 1er avril courant.
Vous avez, de l'autre côté, les membres de la loyale
Opposition et de ce côté-ci le parti ministériel.
M. TREMBLAY (Montmorency): La loyale Opposition d'Angleterre.
M. CARDINAL: Vous avez reconnu, à ma gauche, le
député de Chicoutimi.
Le ministre est sur la sellette répondant aux questions des
députés d'Ahuntsic et de Montmorency.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je suis sûr que le ministre
me permettra d'ajouter, au nom de l'Opposition, un mot de bienvenue à
l'endroit des étudiants et de leur dire que nous sommes tout
honorés de poursuivre nos travaux sous leur regard vigilant.
Le député de Montmorency, je pense, avait des
questions.
M. CARDINAL: Disons que vous permettez que nous prenions ce temps, je
pense que l'éducation politique ayant d'ailleurs été
demandée à cette même commission, la semaine
dernière...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Temporairement, pendant que les
invités seront ici, est-ce que les députés qui prendront
la parole voudraient bien commencer par donner le nom de leur comté?
M. CARDINAL: M. le Président, ne pourrions-nous pas faire mieux,
pourriez-vous à titre de président présenter chaque membre
autour de cette table, s'il vous plaît?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commencez par les moins compliqués.
M. LE PRESIDENT: Le nom du député de Montréal, je
connais mal souvent le nom du comté: M. Pearson.
M. PEARSON: Député libéral de Saint-Laurent.
M. LE PRESIDENT: Le Dr Tremblay qui est le député
Nationaliste chrétien de Montmorency.
M,Tetley, qui est député libéral de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mailloux qui est député de Charlevoix.
M. Lefebvre qui est député d'Ahuntsic.
M. Houde qui est député de Fabre.
L'honorable Armand Maltais, solliciteur général, qui est
député de Limoilou.
L'honorable Jean-Marie Morin, ministre d'Etat à l'Education et
député de Lévis.
M. Roch Gardner, député d'Arthabaska.
L'honorable Jean-Guy Cardinal, ministre de l'Education et
député de Bagot.
UNE VOIX: Arrête là.
M. LE PRESIDENT: Et l'honorable Jean-Noël Tremblay...
M, TREMBLAY (Chicoutimi): ... son éminence grise...
M. LE PRESIDENT... ministre des Affaires culturelles et
député de Chicoutimi, et votre président actuel, Fernand
Grenier, député de Frontenac.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président.
UNE VOIX: Vous êtes en de bonne compagnie, M. le Président:
deux jolies filles autour de vous.
M. LE PRESIDENT: Elles tardent à se rapprocher, et je voudrais
faire noter ici à l'Opposition et aux membres du comité qu'il ne
faudrait pas se fier à l'horloge, parce que les aiguilles se rencontrent
et se racollent plus longtemps que l'Eglise ne le voudrait.
Alors, il est actuellement 16 h 50.
M. CARDINAL: M. le Président, pourrions-nous dès
maintenant convenir de cesser les
travaux à 17 h 45, étant donné que certains
députés de ce côté de la table sont appelés
par d'autres devoirs? Nous devons suspendre ce soir et reprendre demain
après-midi après la période des questions. Le
député d'Ahuntsic est d'accord...
M. LEFEBVRE: Est-ce que ce n'est pas la journée des
députés?
M. CARDINAL: Oui, après que les députés
auront...
M. LEFEBVRE: Après les motions des députés.
M. CARDINAL: Oui, après ou pendant les motions des
députés, cela sera à discuter, je pense, entre le leader
parlementaire et le représentant de l'Opposition.
M. LEFEBVRE: Très bien. M. CARDINAL: Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous voulez répondre à la
question qui vous a été posée par le député
de Montmorency.
M. CARDINAL: J'ai offert au député de Montmorency, quant
à sa première question, que nous lui obtiendrions les
renseignements. Quant à la deuxième, je lui ai rappelé que
la seule soumission qui ait été acceptée était la
plus basse soumission jugée conforme, et pour autant que mes souvenirs
sont bons, dans ce cas, malgré les apparences, à cause justement
des faits que le député de Montmorency a mentionnés, la
réponse que f ai donnée, nous avons économisé aux
contribuables du Québec environ $200,000.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, croyez-vous que les
estimations seront dépassées lors de ces soumissions? Est-ce que
les travaux sont en cours actuellement?
M. CARDINAL: Ceci est une opinion, et je n'ai aucun moyen de
vérifier une opinion que je pourrais donner. Je m'excuse, mais
d'après ce que nous avons actuellement au ministère comme
renseignements qui nous proviennent de la Direction générale de
l'équipement, rien ne nous permet de croire que les prévisions
seraient dépassées.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, est-ce que ces soumissions
qui sont accordées au plus bas soumissionnaire sont toujours
autorisées par arrêté en conseil?
M. CARDINAL: Non.
M. TREMBLAY (Montmorency): Ou tout simplement, par...
M. CARDINAL: Non, pour être encore plus précis dans ce cas,
parce qu'au fur et à mesure que vous en parlez le dossier me revient
à la mémoire, il y avait une difficulté sur
l'interprétation d'une des clauses de l'arrêté en conseil
omnibus concernant les soumissions. Il s'agissait de la période de
durée du cautionnement: 60 ou 90 jours. Il y a donc eu un
arrêté ministériel pour clarifier cette situation. Parce
qu'il y avait un cas particulier. Et c'est à la suite de cet
arrêté ministériel qui a clarifié ce cas sur cette
période de 60 ou 90 jours de durée du cautionnement que la somme
de $200,000 a été économisée. C'est la seule raison
d'ailleurs de cet arrêté.
M. TREMBLAY (Montmorency): Pour faire suite à la question du
député d'Ahuntsic, pour faire suite aussi à cet article du
Soleil, est-ce que c'est réellement parce que le coût de la
construction publique, surtout en matière d'écoles, a
augmenté considérablement?
M. CARDINAL: Non, c'est exactement le contraire; c'est passé
d'environ $20.80 en 1966, au début de l'année, à $13.45 au
15 novembre 1968, lorsque le ministère a fait son rapport sur ce
sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Ministre, le député
d'Ahuntsic a demandé tout à l'heure le dépôt d'un
document au sujet de ces coûts de construction, est-ce que vous pourriez
nous donner un tableau comparatif pour les années 1966, 1965, 1964, afin
que nous puissions faire des comparaisons, en tenant compte évidemment
de l'augmentation normale des coûts de construction?
M. CARDINAL: Avec plaisir. Je donne un certain nombre de chiffres
à des périodes données. Ce sont évidemment des
bilans... Cela est arrêté à un moment donné.
Je rappelle que, par exemple, dans le cas de la première
école polyvalente construite à La Sarre, dans le comté
d'Abitibi, cette école a coûté $5,104,279.42, soit $20.80
le pied carré et cela sans tenir compte des suppléments et des
extras qui se sont totalisés à $700,000. Ceci était avant
le 5 juin 1966.
Je rappelle que, dans le cas de l'école polyvalente à
Hull, que l'on appelle la Cité des Jeunes, dont les devis ont
été approuvés le 30 août 1965, le coût s'est
chiffré à $18.30 du pied carré. Je mentionne que quant
à l'équipement au sens où nous l'avons entendu
en 66/67 le coût moyen était de $15.99 le pied
carré. En 67/68, le coût moyen était de $14.65 le pied
carré. En 68/69, le coût moyen est de $13.97 le pied carré.
J'avais indiqué tantôt $13.45, il y a une erreur de $0.42, je m'en
excuse.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, je vais vous parler un peu de
la régionale Orléans. La Direction générale de
l'équipement prévoit-elle que nous aurons bientôt nos
écoles régionales dans la régionale Orléans? Vous
savez que depuis déjà plusieurs années on parle de ces
fameuses écoles. Vous savez, enfin, les conflits qui sont survenus en
particulier à l'école Sainte-Anne-de-Beaupré, où
des enfants suivaient leurs cours dans le sous-sol, une vieille école
qui date de 50 ans. Nous avons plusieurs de nos enfants qui sont obligés
d'aller à la classe sur des quarts ou des « shifts ».
Prévoyez-vous que dans un avenir immédiat ces éeoles
seront construites parce que c'est vraiment très urgent dans le
comté de Montmorency, dans la régionale Orléans?
M. CARDINAL: M. le Président, je ne peux pas répondre avec
précision à cette question pour donner une date. Je donnerai la
réponse suivante qui est vraiment une question de politique au
ministère de l'Education et au gouvernement.
Grâce au travail des fonctionnaires du ministère, à
la suite de l'étude de la clientèle scolaire, à la suite
de la revision des politiques sur la grandeur des écoles, etc., nous
avons établi une liste des priorités de construction. Chacun des
députés je félicite le député de
Montmorency de l'intérêt pour son comté peut, soit
à la commission, soit en Chambre, se lever pour demander une ou
plusieurs écoles pour son comté dans la mesure où la chose
peut se faire. Ce que je puis donner comme réponse pour rassurer le
député, c'est que cette liste de priorités vient
d'être établie, que nous allons incessamment commencer à
approuver les projets, mais en suivant cette liste de priorité. Nous ne
pouvons pas, dans une seule année, réaliser tous les projets dans
tous les comtés et nous nous en tiendrons à cette liste de
priorités qui a fait l'objet de longues études, d'études
sérieuses au ministère et qui vient à peine d'être
remise au ministre lui-même.
M. TREMBLAY (Montmorency): Le ministre pourrait-il me dire si les quatre
écoles qui sont prévues dans la régionale Orléans
sont sur cette liste de priorités?
M. CARDINAL: Non, je ne peux pas le dire parce que cette liste de
priorités doit être également soumise au ministre des
Finances et approuvée et nous n'en sommes pas encore rendus à ce
point. Je ne puis pas pour le moment c'est la première fois que
je le mentionne dévoiler cette liste.
Ce sera un plaisir énorme, vous pouvez en être sûrs,
le jour où je pourrai le faire puisque plusieurs députés
des deux côtés de la Chambre harcèlent le ministre de
l'Education pour connaître quand commencera telle ou telle
école.
M. LEFEBVRE: Justement avant les élections probablement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Eh bien non, ce sera trop tard.
UNE VOIX: Vous autres, c'est après.
M. CARDINAL: Ce sera avant le mois de juin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut vous laisser le temps de coller les
morceaux de votre parti, n'est-ce-pas?
M. LEFEBVRE: Avant les premières élections.
M. HOUDE: Nous autres, c'est encore possible.
UNE VOIX: On n'a pas désespéré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez le char d'assaut.
UNE VOIX: C'est encore possible.
M. HOUDE: Vous avez le char blindé de Wagner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous aviez le char blindé de Wagner
pour matraquer les nationalistes. On sait à quoi ça a servi le
char blindé... pour la visite de la reine. N'est-ce pas ça?
M. PROULX (Président): M. Houde, député de Fabre,
et brillants députés...
M. LEFEBVRE: Si vous me le permettez, M. le Président, je pense
que le député de Fabre va être d'accord, M. Mailloux avait
un autre engagement et il est descendu spécialement pour poser quelques
questions qui concernent son comté.
M. LE PRESIDENT: M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Malgré que Je ne sois pas membre de la commission de
l'éducation, je voudrais, si vous me le permettez et si la commission
peut disposer de quelques minutes, intervenir au sujet de la régionale
de Charlevoix qui, depuis 1965, se débat dans des problèmes qui
n'arrivent pas à une solution.
Pour éviter de politiser le débat, je voudrais avant de me
servir des dossiers qui appartiennent à la régionale de
Charlevoix, dire devant cette commission que je ne suis jamais, en aucune
façon, intervenu dans les discussions de la régionale qui a
été créée en 1965. Le seul moment où l'on
m'a demandé d'être présent, c'est au moment où
l'honorable Jean-Jacques Bertrand, aujourd'hui premier ministre du
Québec, avait décidé de former un comité de
médiation; on m'avait demandé d'être présent pour
que j'entende toutes les parties qui étaient en cause à ce
moment-là.
Si le comité le permet, je voudrais d'abord, me servant des
documents de la régionale, utiliser une requête qui avait
été adressée à l'honorable Jean-Guy Cardinal, en
date du 7 novembre 1968. « L'honorable Jean-Guy Cardinal, ministre de
l'Education, Parlement de Québec. Requête sur le site de
l'école polyvalente de Baie-Saint-Paul. « La commission scolaire
régionale de Charlevoix, fondée en 1965, travaille depuis
à l'implantation d'un complexe polyvalent... » Est-ce que vous
préférez, M. le Président, que j'attende que sortent les
visiteurs?
M. LE PRESIDENT: Je suspends la séance. Alors, chers amis, vous
reviendrez nous voir. Vous êtes les bienvenus.
UNE VOIX: C'est là qu'on voit toute la vitalité des CEGEP.
Ces jeunes sont tellement vigoureux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix avait la
parole.
M. MAILLOUX: M. le Président, je répète devant les
membres qu'il me sera obligatoire de prendre presque dix minutes du temps de la
commission pour expliciter d'une manière normale le problème avec
lequel nous sommes confrontés.
M. CARDINAL: Le ministre pourrait peut-être vous donner la
réponse tout de suite, si vous voulez.
M. MAILLOUX: Pardon? Non.
M. CARDINAL: Ah! vous préférez faire votre exposé.
Vous êtes libre.
M. MAILLOUX: Je voudrais dire au ministre de l'Education que je me suis
abstenu de tout commentaire, malgré que je sois député de
Charlevoix depuis 1962 après toutes les démarches et les $100,000
ou au-delà qui ont été dépensés chez
nous.
M. CARDINAL: Cela fait quatre ans, de 1962 à 1966?
M. MAILLOUX: C'est-à-dire que je viens de dire que j'ai
été élu député en 1962 et la
régionale date de 1965.
M. LEFEBVRE: M. le Président, Je proposerais que le ministre
écoute le député de Charlevoix.
M. CARDINAL: Je ne voudrais en rien bâillonner le
député de Charlevoix...
M. BOUSQUET. Il semble l'avoir été de 1962 à
1966.
M. CARDINAL: ... j'ai accepté, tantôt, que nous passions
à autre chose. Je ne veux en rien empêcher le député
de Charlevoix de parler, mais je me demande si c'est une question qui est
posée ou si c'est une nouvelle pression qui est faite dans le cas de ce
dossier que je connais déjà.
M. MAILLOUX: En aucune façon. Je pense qu'il est du droit
strict...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez
d'intervenir, Je voudrais bien qu'on entende le député de
Charlevoix nous exposer son problème, d'autant plus qu'il a
été très malmené par son parti. Je voudrais qu'on
l'entende.
DES VOIX: Bon!
M. LEFEBVRE: La remarque du ministre
des Affaires culturelles est complètement superflue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Mailloux a le sens de l'humour, et
d'habitude nous nous entendons très bien.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Charlevoix. Je
la lui laisse.
M. MAILLOUX: M. le Président, le seul moment où mon parti
m'a malmené, je pense, où les journalistes ont prétendu
que je serais malmené, c'est lors d'une discussion en Chambre en 1963.
J'avais été obligé de m'attaquer à certaines
politiques du gouvernement libéral pour défendre les
intérêts de mon comté. Par la suite, mon parti a
présumé que j'avais fait mon devoir de député. Les
seuls inconvévlents qui sont survenus par la suite, c'est que les
policiers de Sainte-Anne-de-Beaupré qui avaient mal compris mes
remarques se sont fait un devoir de m'arrêter à quatorze reprises
dans le lieu de pèlerinage de Sainte-Anne-de-Beaupré.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas un miracle.
M. BOUSQUET: Cela relève du ministère de la Justice.
M. MAILLOUX: Alors, M. le Président, la Commission scolaire
régionale de Charlevoix, fondée en 1965 travaille depuis à
l'implantation d'un complexe polyvalent pour desservir la population
étudiante de son territoire. Le comité de planification,
formé dès 1965, venant des gens du milieu ceci est hors du
texte à la demande de votre ministère, a
étudié et préparé le rapport sur le plan du
développement d'un complexe requis pour Charlevoix. Le rapport du
comité fut soumis au bureau des commissaires et il prévoyait une
école polyvalente pour le secteur est, localisée à La
Malbaie, près de l'école de métiers et une école
polyvalente pour le secteur ouest localisée sur un terrain
déterminé à Baie-Saint-Paul.
Les commissaires, après étude des nombreuses
délibérations, divisés sur la localisation
proposée, sur la localisation suggérée, passèrent
de nombreuses résolutions durant la période s'étendant du
3 mars 1966 au 27 octobre 1966.
A cette date, par un vote majoritaire, la résolution 263
décrétera l'achat de terrain proposé par le comité
de planification. Des contribuables se prévalurent de la loi et
logèrent un avis d'appel quelque temps après. Les ap- pelants et
les commissaires acceptèrent, après pourparlers, de demander au
ministère de l'Education, devant la confusion qui existait dans le
comté, de choisir des experts pour former un comité de
médiation avec mission suivante: étudier les différents
emplacements proposés et faire rapport.
Au préalable, les commissaires, à l'unanimité,
étaient prêts à accepter les recommandations des experts
pour enfin permettre de faire démarrer la cause de l'éducation
régionalisée et polyvalente dans Charlevoix.
M. le Président, le comité de médiation qui fut
alors formé, à la demande de la régionale de Charlevoix,
durant le mandat du ministère de l'Education qui était
l'honorable Jean-Jacques Bertrand, aujourd'hui premier ministre, était
composé de messieurs Jean Méthé,
ingénieur-directeur au service des plans et devis, M. Jean-Pierre
Montecino, urbaniste au ministère des Affaires municipales, et de M.
Louis Lepage, ingénieur au ministère de la Santé. L'objet
du litige était le choix d'un emplacement pour la construction d'une
école polyvalente secondaire de 2,000 élèves dans le
secteur de Charlevoix-est, en raison de plaintes apportées par 810
contribuables et des appelants Guy Poisson et Roland Pedneault.
Le mandat du comité de médiation était le suivant.
Ce conseil de médiation devra accumuler toutes les données
possibles concernant la qualité des sols, les distances à
parcourir, le coût du transport des élèves, l'accès
aux services publics existants ou à établir la recommandation des
urbanistes des diverses concentrations de population à desservir,
l'aspect économique et l'aspect social de sa localisation.
Pour l'étude des différents aspects du problème, le
comité de médiation recueille, à des dates fixes et sur
place, les rapports et témoignages d'experts auxquels il commandera un
travail ainsi que les mémoires de personnes des corps
intermédiaires intéressées à faire connaître
leur point de vue.
Le comité de médiation rédigera un rapport et fera
sa propre évaluation des faits, ces conclusions seront ensuite
transmises au procureur de chacune des parties au litige et ceux-ci pourront
s'en servir pour discuter d'un règlement hors de cour.
Je ne voudrais pas, M. le Président, donner lecture
complète de tout le mandat du comité. Qu'il me suffise de dire
que le comité des personnes précédemment nommées a
siégé dans la partie est de Charlevoix et dans la partie ouest et
a entendu tous les corps publics qui ont voulu se faire entendre, toutes
les personnes qui étaient partie du litige et je voudrais
simplement ajouter la dernière recommandation qui fait suite à ce
comité. Après l'évaluation de tous les facteurs ci-haut
considérés, votre comité de médiation recommande
que l'école polyvalente de Charlevoix ouest soit construite sur
l'emplacement no 4, terrain à l'est de Rivière-du-Gouffre.
M. le Président, le 17 août 1967, les commissaires
quand je dis les commissaires ce sont les commissaires du temps et les
commissaires actuels, c'est la seule assemblée à laquelle j'aie
assisté acceptèrent les conclusions du rapport et furent
unanimes sur les emplacements proposés et entreprirent
immédiatement les démarches pour acquérir les terrains
pour construire le complexe polyvalent, selon les recommandations et en
coopération avec le ministère de l'Education, en procédant
à l'étude technique des sols, arpentage, etc.
Le 31 mai 1968, l'honorable Jean-Guy Cardinal autorisait la Commission
scolaire de Charlevoix à acheter les terrains choisis pour le secteur
ouest il y a une résolution au dossier pour un prix
maximum de $11,070. Vous trouverez les documents suivants attachés au
mémoire.
Toutefois, prenant prétexte d'une revision du nombre
d'élèves par votre comité, du plan apportant la suspension
momentanée des plans pendant la réétude des devis
pédagogiques et techniques, des individus ont voulu remettre en question
l'étude de l'emplacement du secteur ouest, au cours du mois de
septembre, se basant sur les prétentions suivantes: a) que votre
ministère refusait d'entreprendre la réalisation de
l'école sur l'emplacement choisi; b) que le président de la
commission scolaire se faisait fort de convaincre votre ministère de
changer l'emplacement si la commission scolaire régionale y consentait;
c) que la commission scolaire devait à tout prix changer l'emplacement,
sinon, autrement, il faudrait se résigner à ne pas avoir
d'école. Cette argumentation a surpris la bonne foi de certains
commissaires tant pour son ton de chantage que par son source inconnue.
La ville de Baie-Saint-Paul, la municipalité de
Rivière-du-Gouffre, directement intéressées à
l'implantation d'écoles polyvalentes, avaient dans le temps fait
préparer et par la suite avait fait accepter un plan d'urbanisme global
axé sur le développement futur tenant compte d'une école
polyvalente.
Elles ont demandé de maintenir le statu quo. Forts de cette
attitude, conscients de leurs res- ponsabilités, les commissaires ont
rescindé la résolution obtenue pour des sondages d'un nouvel
emplacement et ont décidé majoritairement d'adopter une attitude
de fermeté, premièrement, en ordonnant au président et au
secrétaire-trésorier d'aller signer les contrats.
Deuxièmement, en mettant un frein aux abus de démocratie,
résolution du 17 octrobre, adoptée six en faveur et trois contre.
Depuis cette époque, des démarches non autorisées, non
conformes aux désirs de la commission scolaire ont pu arracher d'un
officier de votre ministère, un télégramme nous demandant
d'attendre les résultats de l'étude technique d'un nouvel
emplacement. D'un autre côté, les propriétaires du nouvel
emplacement nous laissaient savoir par lettre qu'ils n'étaient pas
intéressés à vendre le terrain projeté. «
Devant ces événements, et au nom des principes fondamentaux de
démocratie, nous vous prions, M. le Ministre, de considérer comme
interlocuteur valable la commission scolaire représentée par la
majorité de ses commissaires; « D'éviter que sous
l'impératif de forces politiques, des Individus viennent gâcher
tout le domaine de l'éducation; « Troisièmement, de
permettre à la commission scolaire de procéder à
l'érection de son complexe polyvalent pour le secteur ouest, sans autre
intervention, tel que vous l'avez décidé dans votre approbation
antérieure. « Quatrièmement, de nous assurer de votre
coopération et de votre support pour étouffer de façon
définitive, les incertitudes créées par des interventions
non autorisées et non voulues. De continuer d'appuyer le maintien de
l'opposition sur le choix des emplacements obtenus après de nombreuses
recherches et au prix de fortes sommes. « En foi de quoi nous avons
signé: docteur Joachim Bouchard, Amédée Tremblay, J.-E.
Marier, Lorenzo Harvey, Julien Dufour et Hidola Saint-Gelais ». Il y
avait deux dissidents.
M. le Président, depuis cette date, le ministère a
semblé tout remettre en question. A sa séance du 18 avril
dernier, la lettre suivante a été envoyée, dont copies au
premier ministre actuel, à l'ancien ministre de l'Education, l'honorable
Paul Gerin-Lajoie et au député de Charlevoix. L'honorable
Jean-Guy Cardinal, le 17 avril: site d'une école polyvalente à
Baie-Saint-Paui. « La commission scolaire régionale de Charlevoix
a pris connaissance de votre suggestion et de l'autorisation de dépenser
$1,200 sur le terrain des petites Franciscaines de Marie de
Baie-Saint-Paul.
« La commission scolaire désire vous rappeler qu'un terrain
a déjà été choisi et accepté par votre
ministère, pour Baie-Saint-Paul. Ce site avait été
accepté pour des raisons majeures, soit entre autres à savoir: il
correspondait au plan d'urbanisme fait par la ville de Baie-Saint-Paul. Il
avait toujours été et est encore accepté par la ville de
Baie-Saint-Paul. Il avait été recommandé par un
comité de médiation dont les membres avaient été
nommés par l'honorable Jean-Jacques Bertrand, alors ministre de
l'Education. « La commission, à la suite de vos interventions,
vous a présenté une requête officielle et vous a
demandé une rencontre pour expliquer davantage ses positions sur le site
de Baie-Saint-Paul. Comme réponse, on nous a servi des accusés de
réception conventionnels et traditionnels. « Vos interventions, M.
le Ministre, nous surprennent et nous laissent perplexes. Ou les commissaires
régionaux sont des incompétents notoires ou il y va de
l'intérêt du ministre d'envenimer des querelles pour éviter
d'avoir à construire une école pour les enfants de Charlevoix
ouest. « Egalement, nous voyons mal la commission scolaire
régionale imposer un chambardement radical au plan d'urbanisme voulu et
accepté par la municipalité concernée. Votre offre, pour
généreuse qu'elle soit, créerait un conflit de juridiction
entre la ville et la commission scolaire dont celle-ci porterait l'odieux.
« Nous considérons avoir pris les responsabilités qui nous
sont dévolues par vos lois et si vous considérez que nous sommes
des pantins ou des marionnettes, nous vous suggérons d'amender la loi et
abolir les quelques obligations de commissaires représentant le milieu
local. Nous avons toujours cru que, dans une période
d'austérité financière qui déjà
empêche le début de la construction de l'école polyvalente
de Charlevoix est, nous ne voyons pas l'utilité de jeter à l'eau
les $50,000 dépensés sur le site choisi, pour nous lancer dans
une aventure d'une provenance inexplicable qui va, nécessairement,
retarder également l'érection de l'école polyvalente du
secteur ouest. « Nous serions heureux, M. le Ministre, de vous rencontrer
pour discuter de la situation créée par vos interventions et
également connaître officiellement la position de votre
ministère sur la réalisation des écoles polyvalentes dans
Charlevoix, réalisation désirée et vivement attendue par
les éducateurs, les parents et les enfants. « Veuillez accepter,
M. le Ministre... » Et c'est signé par les six mêmes
commissaires dont deux dissidents.
La question que je pose au ministre: Après au-delà de
$100,000 qui ont été dépensés chez nous, sans
aucune intervention politique de la part de ceux qui étaient à la
gouverne de la province avant 1966, après toutes les rencontres faites
par les comités de médiation formés des gens du
comté et au comité de médiation formé par
l'honorable Jean-Jacques Bertrand, et des personnes que j'ai nommées
précédemment, après la seule dissence du président
de la régionale de Charlevoix pour des raisons que je ne veux pas
expliciter, et vivant dans le milieu de Baie-Saint-Paul depuis 50 ans, quelle
est la bonne raison que peut nous donner le ministre pour que toutes les
études soient remises en question?...
Qu'est-ce qui nous prouve que si la régionale acceptait
l'autorisation d'une dépense de $1,200 pour un terrain qui fut le
premier inondé l'an passé, à Baie-Saint-Paul, qu'est-ce
que cela donnerait et quelle personne pourrait nous prouver qu'une autre
intervention ne nous retarderait pas encore davantage? Je regrette que ma
lecture des documents ait pu donner une impression de partisanerie; loin de moi
la pensée de vouloir retarder davantage le choix des terrains chez nous
et l'érection des polyvalentes. Mais je pense que la situation a assez
duré. Les commissaires, qui sont principalement des partisans de l'Union
Nationale, sont quand même des gens responsables qui ont droit de
procéder actuellement.
M. CARDINAL: M. le Président, la lecture qui a été
faite du dossier...
M. MAILLOUX: ... bien incomplète...
M. CARDINAL: Bien incomplète, raison de plus
démontre un ensemble d'insinuations...
M. MAILLOUX: Si vous voulez que la commission perde encore une
demi-heure, je peux vous les lire au complet; j'ai tous les documents du
premier au dernier.
M. CARDINAL: ... d'insinuations qu'il contient, M. le Président.
Lorsqu'on me parle de renseignements obtenus de source inconnue, lorsqu'on me
parle de l'approbation, qui n'a jamais été donnée en aucun
cas, ni par le ministre de l'Education qui m'a précédé, ni
par moi...
M. MAILLOUX: Sur l'achat des terrains?
M. CARDINAL: II n'y a jamais eu une approbation de donnée.
M. MAILLOUX: Excusez. Je pense que si le ministre veut regarder dans le
dossier, il va trouver un document dont je vais lui donner copie.
M. CARDINAL: S'il y a une approbation de donnée, comment se
fait-il que la commission scolaire ne l'ait pas mise à
exécution?
M. MAILLOUX: Voici l'approbation dont parle le ministre: «
Québec, le 31 mai 1968. M. L.-Alphonse Tremblay,
secrétaire-administrateur, Commission scolaire régionale de
Charlevoix, CP. 2170, notre dossier 070002, acquisition de terrains: Cher
monsieur, la résolution de votre commission scolaire, adoptée
à l'assemblée spéciale tenue le 8 mal 1968 au sujet de
l'achat d'un terrain d'une superficie d'environ 1,839, 368 pieds carrés,
propriété de MM. Gérard Tremblay, Adjutor Tremblay et
Georges Gagné, située sur une partie des lots 369,370, 371, 372,
375 du cadastre officiel de la paroisse de Baie-Saint-Paul, a été
étudiée par la Direction générale de
l'équipement du ministère de l'Education. « Il m'est
agréable de vous informer que votre commission scolaire est
autorisée à se porter acquéreur de ce terrain de
gré 3. gré ou par voie d'expropriation pour un prix total
n'excédant pas $11,070 et réparti comme suit: M. Gérard
Tremblay, propriétaire, partie lot 372-715,000 pieds carrés,
$4,000; M. Adjutor Tremblay, lot et superficie, $5,050, et M. Georges
Gagné, lot 375, $2,020. Si l'acquisition de cette
propriété immobilière nécessite un emprunt, votre
commission scolaire devra au préalable se conformer aux dispositions de
la loi...
M. CARDINAL: Ce n'est pas nécessaire de tout lire.
M. MAILLOUX: ... relatives aux emprunts et aux exigences de la
Commission municipale de Québec. Signé, Jean-Guy Cardinal.
M. CARDINAL: D'accord, je vous pose la question. Je l'avais
oublié. Si elle vous a été donnée, pourquoi la
commission scolaire ne l'a-t-elle pas exécutée?
M. MAILLOUX: Parce qu'elle a eu un télégramme de votre
part, lui disant de retarder. Si j'étais capable de lire la photocopie
du télégramme, du premier télégramme...
M. CARDINAL: Est-ce qu'il est signé parle ministre?
M. MAILLOUX: Le directeur-adjoint, direction générale du
ministère.
M. CARDINAL: Alors, monsieur, je m'excuse. Si vous avez l'approbation
d'un ministre et que vous avez ensuite un télégramme qui
émane d'un fonctionnaire quelque soit son poste, je regrette, vous avez
une approbation.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne voudrais pas me chicaner avec
le ministre, je ne voudrais pas en ajouter. Est-ce que c'est sa signature?
M. CARDINAL: Sur la lettre, oui, je la reconnais d'ici. Je vous dis...
S'il y aune approbation, pourquoi n'a-t-on pas suivi l'approbation?
M. MAILLOUX: C'est effectivement cette permission tantôt...
M. LEFEBVRE: Comment se fait-il que le ministre ait dit tantôt
qu'il n'y avait pas eu d'approbation?
M. CARDINAL: Je m'excuse, je croyais qu'il n'y avait pas d'approbation
dans ce cas. On m'a renseigné au moment présent. Je reconnais
qu'il y a approbation. Je suis surpris des faits qu'on me mentionne, je l'avoue
et je le dis. Je ne voudrais pas soulever ici des difficultés au sein du
ministère, surtout devant cette commission, mais il est certain que
lorsque vous avez l'approbation du ministre à moins que vous
n'ayez une révocation du ministre pour des raisons qu'il indique
la commission scolaire peut procéder. Je puis, pour le
député de Charlevoix c'est exact? reviser tout ce
dossier plutôt que lui donner cet après-midi une réponse
Incomplète; je puis l'informer à une prochaine séance de
la commission et lui indiquer les raisons de l'état actuel du
dossier.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne voudrais pas
évidemment induire la commission en erreur. Tantôt, dans ma
lecture de la requête, il était bien dit, je pense que
c'était auprès d'un fonctionnaire que le président de la
commission scolaire avait obtenu de force l'autorisation de retarder l'achat.
Je n'ai pas dit que c'était le ministre.
M. CARDINAL: Je ne veux en rien que mes paroles impliquent que je
blâme un fonctionnaire. En rien du tout! En rient Je veux revoir ce
dossier et voir ce qui s'est produit. Cependant, je répète ce que
j'ai dit. Je me permets certains commentaires.
Si on veut considérer ce dossier sur une base tout à fait
non partisane...
M. MAILLOUX: Oui.
M. CARDINAL: ... je pense qu'il faut le considérer sur un ton
tout à fait serein et voir les faits, tous les faits. Vous avez
vous-même lu certains documents du dossier. Je fais les commentaires
suivants pour le moment. Vous avez vous-même admis qu'il y avait eu une
division, pendant un bon bout de temps, au sein de la commission scolaire et au
sein du milieu.
M. MAILLOUX: Avant le comité de médiation, oui.
M. CARDINAL: Oui. Le dossier, si je ne me trompe pas,
révèle aussi que d'autres requêtes que celle que vous avez
mentionnée ont été portées à la connaissance
du ministre, requêtes contradictoires qui venaient du milieu.
Vous savez de plus que le comité des médiations, à
moins que je ne me trompe il faudrait que je revise les faits
liait la commission scolaire, mais ne pouvait certainement pas lier le ministre
parce que, d'après la loi et les règlements, c'est le ministre
qui, en fin de compte, approuve. Remarquez que, d'après la loi et les
règlements, le ministre ne choisit jamais un emplacement. Il ne peut que
l'approuver ou le désapprouver ou demander des études
additionnelles. Je ne veux pas revenir sur le style des lettres qui
apparaissent au dossier.
M. MAILLOUX: Je les ai lues...
M. CARDINAL: C'est un fait. Disons que mes lettres étaient
traditionnelles parce qu'elles sont traditionnellement polies et que je «
n'accroche » pas dans ce genre de style. Ceci n'implique en rien le
député de Charlevoix, et cependant n'aide en rien au dossier.
Alors je fais la remarque suivante: plutôt que de donner des
réponses à partir d'éléments disparates que
j'aurais ici, je suis disposé à revoir tout ce dossier et
à tenter de répondre d'une façon précise à
la question qui est posée, après avoir vérifié les
faits et les documents que nous possédons.
M. MAILLOUX: Si le ministre le permet, pour lui montrer la bonne foi que
f ai eue durant les discussions avec la régionale de Charlevoix, la
première fois où l'on m'a demandé d'intervenir dans la
discussion qui se déroulait depuis 1965, c'est effectivement le 14
janvier 1969, alors qu'après avoir demandé des entre- vues au
ministre, entrevues qui n'avaient pas été accordées, l'on
m'a demandé...
M. CARDINAL: Un commentaire, si vous permettez?
M. MAILLOUX: Oui.
M. CARDINAL: II est exact qu'en principe je n'accorde pas d'entrevues
aux représentants des commissions scolaires, je le répète.
Il y a 1,522 commissions scolaires au Québec. J'ai, à mon
cabinet, des personnes spécialement désignées à
cette fin, qui sont des experts en la matière, qui sont à
côté du ministre et lui font sans cesse rapport.
Une intervention du ministre dans une salle de réunion où,
pendant plusieurs heures, on expose le pour et le contre, ne permet pas de
régler la situation. Jamais, comme ministre, je n'aurai l'imprudence,
à la fin d'une semblable réunion, de dire: Voici la
réponse. Je ferai étudier la chose par les mêmes experts
qui auraient pu recevoir les mêmes personnes et faire un rapport Ce n'est
que pour des raisons d'efficacité, des raisons d'expertise que je
procède de cette façon plutôt que de recourir à des
interventions du ministre lui-même qui, justement, ne peuvent que
difficilement se situer en dehors des questions politiques.
C'est donc parce que cette question de construction des écoles,
de choix des emplacements doit être étudiée par des experts
que je suis cette ligne de conduite d'une façon stricte et absolue.
M. MAILLOUX: Mon argumentation ne sera pas pour contrecarrer ce que
vient de dire le ministre. Je connais les exigences des responsabilités
qu'il a et que d'autres ministres ont.
Je disais tantôt que la première fois qu'on m'a
demandé d'intervenir auprès de vous pour avoir une entrevue...
Voici le ton de la lettre qui ne cadre pas avec le ton dont la régionale
s'est servi à l'endroit du ministère. Je donnais réponse
à M. Alphonse Tremblay, secrétaire de la régionale, le 14
janvier 1969, quand on m'a demandé d'organiser une entrevue avec vous.
« J'ai bien reçu votre lettre, en date du 9 janvier, relativement
à une demande d'entrevue pour la commission scolaire la régionale
de Charlevoix, afin de rencontrer l'honorable Jean-Guy Cardinal. Bien que faie,
comme vous, appris par la voix des journaux la nomination du ministre de
l'Education comme remplaçant du premier ministre à la tête
de la délégation qui doit se rendre en France très
bientôt, et la possibilité que celui-ci soit actuellement
occu-
pé par la préparation des travaux de cette
conférence, je fais le nécessaire aujourd'hui pour
présenter votre demande d'entrevue avec l'espoir d'une acceptation
».
Je pense que le ton de la lettre n'indiquait évidemment pas que
je chercherais à avoir une entrevue d'une manière radicale. Vous
avez donné la réponse qu'il convenait, par l'entremise d'un de
vos fonctionnaires. Vous avez offert que M. Brochu les reçoive.
M. CARDINAL: C'est celui dont je parlais.
Maintenant, je reviens sur ce que j'ai dit pour que ce soit clair.
Tantôt, lorsque j'ai parlé du ton des lettres, j'ai pris la peine
d'ajouter: Ceci n'impliquant en rien l'attitude du député de
Charlevoix.
M. HARVEY: Est-ce que le ministre me permettrait une question? Vous
venez d'affirmer, avec raison, que vous n'êtes pas capable de recevoir
les délégations des 1,500 ou 1,600 commissions scolaires du
Québec.
Après que tout est fait, qu'ils ont rencontré vos
fonctionnaires compétents dans chacune des directions, qu'ils
reçoivent comme dernière réponse que tout le processus a
été suivi, que les approbations ont été suivies et
que les lettres d'autorisation sont rendues à votre bureau, et qu'on
demande une entrevue avec vous ou avec vos bras droits, ils ne peuvent pas
l'obtenir, que doivent-ils faire, M. le Président?
M. CARDINAL: Jamais ceci ne s'est produit. Je répète,
chaque fois et je veux être très précis et
ici je dis avec fermeté que quelles que soient les informations que
quiconque ait pu jamais donner, rien dans aucune circonstance, en 18 mois de
service au ministère de l'Education n'a trafné à mon
bureau. Toute lettre que je reçois au bureau est signée dans les
délais les plus brefs; il y a des moments précis pour le faire.
Je signe les arrêtés en conseil chaque semaine, à tel jour,
à tel moment. Je signe les CT chaque semaine à tel jour, à
tel moment, sauf en voyage. Et les lettres d'autorisation aux commissions
scolaires, je les signe dès qu'elles sont apportées à mon
bureau, après avoir été approuvées par les
fonctionnaires compétents. Ce n'est que dans les cas où, pour des
raisons que je connais et qui ne sont pas à la connaissance de mes
fonctionnaires, où je décide de ne pas signer, que la lettre est
retournée avec demande d'étude ou demande de commentaires. En
aucun cas je n'ai retenu de lettres pour attendre de les signer, je ne sais
quel événement.
M. HARVEY: Je prends la parole du ministre.
M. CARDINAL: Je regrette. Je sais qu'en certains milieux l'on se
plaît à dire: Ceci traîne sur le bureau du ministre. C'est
devenu ce que j'appelais tout à l'heure dans d'autres cas, en langage
juridique, une clause de style, c'est un moyen de se libérer d'un
problème immédiat.
M. HARVEY: Je prends votre parole.
M. LEFEBVRE: M. le Président, sur le cas qui est soulevé
par mon collègue, le député de Charlevoix, je ne suis pas
moi-même au courant de ce dossier, mais je suis fort impressionné
par l'argumentation de mon confrère, et je tiens à dire ceci au
ministre:
Premièrement, le ministre a d'abord répondu qu'il n'y
avait pas eu d'autorisation, il a dû se rétracter parce qu'on lui
a lu sa lettre...
M. CARDINAL: II a corrigé son erreur.
M. LEFEBVRE: Ensuite, c'est ce qu'on appelle se rétracter:
corriger une erreur. M. le Président, c'est de l'excellent
français comme dirait le ministre des Affaires culturelles.
Il y a un autre fait qui me frappe également, c'est que j'ai
essayé de lire la copie du télégramme signé par M.
Gendron, et la copie de mon collègue est très faible. Seulement,
il est fait mention, en toutes lettres, que ce télégramme est une
révocation de l'autorisation qui avait été donnée
par le ministre. Nous lisons très bien: « Autorisation du
ministre; 31 mai. » Or, M. le Président, je trouve cela un peu
inquiétant, que le ministre et ceci déborde le cas un peu
spécifique soulevé par mon collègue, il tient à la
philosophie que le ministre de l'Education se fait de son rôle en tant
que ministre et de ses rapports avec ses fonctionnaires; philosophie qui a
d'ailleurs été exposée assez longuement dans un article du
Devoir et je trouve un peu étrange que le ministre renie la
signature d'un de ses fonctionnaires...
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Président, je n'ai jamais fait
ceci.
M. LEFEBVRE: Oui, mais le ministre a dit en toutes lettres tout à
l'heure que seule sa signature pouvait contremander une signature
antérieure.
M. CARDINAL: Sauf si la personne qui le fait est autorisée par le
ministre à le faire, ce que j'entends vérifier.
M. LEFEBVRE: Mais là, M. le Président, le ministre nuance.
Tout à l'heure, c'était assez absolu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, non!
M. LEFEBVRE: Je lui poserai une question précise: Est-ce que M.
Gendron, qui est directeur général adjoint du service
général de l'équipement, est autorisé par le
ministre à parler en son nom, à soit révoquer soit
confirmer des documents qui avaient d'abord été transmis par le
ministre?
M. CARDINAL: Pour répondre avec précision à cette
question, si on me dit dans ce cas-là, je vous dirai que je veux
étudier le dossier. C'est la réponse que j'ai donnée
tantôt.
Deuxièmement, d'une façon générale, certains
fonctionnaires, dont M. Gendron, sont autorisés à agir au nom du
ministère, c'est évident. Il existe au ministère toute une
série de délégations de pouvoirs, suivant des
règles de procédure établies ou des autorisations à
certaines fins signées par le ministre.
Troisièmement, dans des cas précis cependant, il m'arrive,
étant absent et ne pouvant signer, de donner ce que j'appellerais un
mandat spécial, en termes exprès, d'agir en mon nom.
Les fonctionnaires ne sont pas généralement
autorisés, sauf dans les limites de la loi, à engager le
ministère. Encore là il y aurait une autre précision
à apporter il faudrait presque donner un cours de droit pour
répondre à cette question c'est que la loi du
ministère de l'Education, qui est différente de la loi de
nombreux ministères, autorise on l'a mentionné l'autre
jour les sous-ministres, par exemple, à engager le
ministère.
Dans les limites de la loi, ils peuvent engager le ministère. Il
n'y a pas l'ombre d'un doute.
Dans le cas de ce dossier je reviens à ce qui vient
d'être affirmé je ne crois pas avoir dit ou laissé
entendre ou avoir voulu faire entendre, de toute façon, que ceci avait
été fait sans autorisation. J'ai tout simplement, au fur et
à mesure qu'on avait les renseignements, exprimé la surprise
qu'une autorisation n'ait pas été suivie d'une exécution.
C'est ce qui s'est produit. Lorsque j'ai obtenu plus de renseignements de la
part du député de Charlevoix, je lui ai immédiatement
donné l'assurance que je vérifierais ce qui s'est produit dans ce
cas et que je répondrais à toutes ses questions.
Je ne veux pas plus interpréter mes propres actes que je ne
veuxinterpréter ceux des autres, pour revenir avec une réponse
que je donnais tantôt. C'est pourquoi je ne partirais pas des documents
que possède le député de Charlevoix pour porter un
jugement. Encore une fois, ce qui a pu se passer cet après-midi ou ce
que j'ai pu dire ne veut inférer en rien que je blâme un
fonctionnaire. Absolument pas! En aucun cas!
M. MAILLOUX: M. le Président, les seuls mots que je voudrais
ajouter à ce sujet sont les suivants: A ce que je puis comprendre du
premier télégramme, c'est qu'en raison d'un nouveau site dont on
parle, qui n'a pas été inventorié, M. Michel Gendron,
directeur adjoint des régionales, demande à la régionale
de retarder à donner suite à l'achat des terrains tel que
stipulé dans l'autorisation du ministre. Il y a un deuxième
télégramme. A la suite de ce télégramme, la
régionale a pris un autre vote qui disait catégoriquement qu'elle
voulait continuer, à la suite des volontés du comité de
médiation. Il y a eu un deuxième télégramme, qui a
été adressé celui-là par M. Jean Lamy, directeur du
cabinet, demandant de remettre jusqu'au 30 novembre toute décision
concernant l'achat du terrain mentionné dans la première
autorisation, avant qu'un autre inventaire ne soit fait sur le terrain des
Franciscaines de Marie.
M. CARDINAL: Pour le moment, ce que je peux répondre au
député de Charlevoix, c'est qu'il faut quand même que je
revise les faits. Le député lui-même a mentionné que
l'un des emplacements proposés a été inondé le
printemps dernier. C'est un fait qui...
M. MAILLOUX: Celui dont on parle,...
M. CARDINAL: D'accord, j'ai dit l'un des sept. Ceci peut faire changer
une décision. On a mentionné autre chose aussi. On a
mentionné qu'il y avait une revision de la clientèle scolaire. En
réponse à plusieurs questions, j'ai indiqué que parfois
ceci a retardé des projets.
J'ai même donné cette réponse au
député d'Ahuntsic pour l'ensemble des projets. Cela a
été la première raison que j'ai donnée des retards.
Le cas de Charlevoix n'échappe probablement pas à cette raison
générale. J'ai donné trois raisons pour lesquelles les
retards se sont généralement effectués dans la
construction des écoles. Je ne blâme en rien le
député de Charlevoix qui défend les intérêts
de son comté. Je rappelle ce que j'ai mentionné au
député de Montmorency et au député d'Ahuntsic que,
dans le cas de la construction des écoles, il y a eu, pour une
année, une réalisation moindre que celle qui était
prévue.
L'année suivante, c'est ce qui a été prévu
qui a été fait. Actuellement nous devons agir dans les limites
d'un budget qui nous oblige à suivre une ligne de priorité. Ce ne
sont que des généralités qui ne répondent pas
à votre question. Mais, votre question n'échappe quand même
pas à ces trois raisons. Quant au déficit lui-même, je le
ferai revérifier et le reverral moi-même au ministère et je
donnerai réponse à votre question.
M. MAILLOUX: Je suis satisfait de la réponse du ministre. J'ai
espoir que dans les jours prochains il étudiera le dossier au
complet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais faire ici
une petite mise au point afin qu'on n'essaie pas de tirer les armes contre le
ministre de l'Education au sujet d'une réponse qu'il a donnée. Le
ministre de l'Education avait déclaré qu'il n'y avait pas eu
d'approbation. On lui a montré qu'il y avait eu approbation. Il faut
bien comprendre qu'un...
M. LEFEBVRE: II n'y a pas eu révocation. On lui a prouvé
qu'il y avait eu révocation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai.
M. CARDINAL: Pardon. Je n'ai jamais dit ceci. Je m'excuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est simplement la question de
l'approbation.
M. LEFEBVRE: Je référerai au journal des
Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dis ceci tout simplement pour clarifier la
situation et pour qu'il n'y ait pas d'équivoque dans l'esprit des
citoyens qui lisent les journaux, lisent le journal des Débats et qui
pourraient entendre certaines personnes intéressées à
utiliser ça contre le ministre de l'Education. Il passe par les mains
d'un ministre, chaque année, des centaines et même des milliers de
dossiers, surtout au ministère de l'Education. Nous signons des milliers
de lettres et de documents et, par conséquent, lorsqu'il s'agit d'un
dossier bien précis, il peut arriver que, de mémoire, on puisse
se tromper et on se corrige bien volontairement, sans aucune sorte de
réticence comme l'a fait tout à l'heure, fort
élégamment et fort honnêtement, le ministre de
l'Education.
Cela m'amène, à vous faire observer que, justement dans
cette question de l'étude des pré- visions budgétaires,
nous devrions disposer, enfin, nous devrions procéder selon un autre
mécanisme et que les problèmes majeurs qui doivent être
étudiés devraient être présentés au
préalable dans des cas spécifiques par les députés
qui veulent vraiment faire étudier des cas spécifiques. Autrement
on joue au chat et à la souris et c'est une sorte de petite guerre pour
essayer de prendre en défaut un ministre ou un député, ou
qui que ce soit. C'est une suggestion que je fais, sans aucune sorte
d'imputation de motif à qui que ce soit. Nous sommes tous dans cette
situation-là, parce que souvent on ne comprend pas très bien les
procédures d'un ministère et cela se passe comme ça
à chaque année, dans tous les ministères, alors qu'on se
prépare en détail sur les questions majeures. Tout à coup,
il nous arrive une petite question où on nous demande; Combien de
fonctionnaires avez-vous? Quelle est la moyenne des salaires de vos
fonctionnaires? Alors, on devra avoir des dossiers sur des cas
spécifiques comme celui, par exemple, que nous a présenté
tout à l'heure le député de Charlevoix, afin qu'il y ait
moins d'effet de surprise et qu'on puisse donner sur l'heure les
réponses.
M. LEFEBVRE: M. le Président, en commentant les remarques du
ministre des Affaires culturelles qui cherche, c'est bien normal, à
protéger son collègue qui est le candidat qu'il appuie,
j'aimerais faire remarquer ceci: Je pense que depuis le début de
l'étude des crédits, nous avons fait la preuve de l'un des
avancés que nous répétons depuis quelque temps du
côté de l'Opposition à savoir que le ministre de
l'Education devrait être un personnage qui soit à temps plein S.
sa fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LEFEBVRE: Nous en avons... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Voilà,
encore une fois, une imputation de motifs, un jugement sur l'attitude du
ministre de l'Education qui me force à redire ce que j'ai dit hier soir,
publiquement, sur les ondes de la radio, à l'effet que si on s'acharne
à attaquer avec autant de férocité le ministre de
l'Education, c'est que c'est celui dont on a le plus peur.
M. LEFEBVRE: J'apprécie ce nouveau « commercial
».
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez, je remercie mon
collègue et je veux ajouter, pour le bénéfice du
député de Charlevoix et de celui d'Ahuntsic, que le genre de
lettre qui s'appelle approbation et dont on a mentionné une copie
tantôt, le ministre en signe une moyenne de trente par semaine. Si vous
faites ceci à temps plein, contrairement aux affirmations du
député d'Ahuntsic, pendant 18 mois, vous voyez le total.
Il est donc possible que vous soyez mal informé, à un
moment donné, et que vous croyez que vous n'avez pas signé
celle-là, parce que personne n'aurait la mémoire de se rappeler
cela par coeur.
Dans ce cas en particulier, j'ai été informé que
l'approbation n'a pas été donnée probablement parce qu'il
s'agissait dans mon esprit d'approbation finale. Il semblerait, d'après
ce qu'on sait, qu'il y ait eu approbation et révocation d'approbation.
Je répète que je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas eu de
révocation, j'ai dit: Qui a signé, non pas la révocation,
mais le télégramme? On pourra le voir au journal des
Débats.
Alors, je n'ai pas d'explication à donner autre que les faits que
j'ai mentionnés. Et le député d'Ahuntsic admettra que
depuis le début des travaux de cette commission, contrairement à
certains députés qui me font face, y compris le
député d'Ahuntsic, j'étais ici à chacune des
minutes de cette commission, à chacun des jours où cette
commission a siégé, comme je suis à mon ministère
à tous les moments.
M. LEFEBVRE: Voyons!
M. CARDINAL: Je regrette, c'est vous qui avez fait l'affirmation, je
rétablis les faits.
M. LEFEBVRE: C'est vous qui êtes responsable devant la
Chambre.
M. CARDINAL: Je suis responsable devant la Chambre et je n'ai jamais eu
autant d'absences que le député d'Ahuntsic
M. LEFEBVRE: M. le Président, je regrette infiniment, mais
j'invoque à mon tour le règlement. Je pense que le ministre tombe
là dans un domaine qui pourrait nous mener très loin. Lorsqu'on a
la responsabilité d'un ministère, nous sommes dans une situation
bien différente de celle d'un député qui est dans
l'Opposition. Pour ma part, depuis que je siège en cette Chambre, j'ai
consacré pas mal de mes énergies à faire de la politique,
ce qui est le métier, je pense, pour lequel j'ai été
élu. Je n'ai sûrement pas de comptes à rendre au ministre
de l'Education sur mes allées et venues dans la province. Je suis
même allé, pendant que la Chambre siégeait, faire une
visite dans la région du Saguenay et je suis également
allé dans la région de la Mauricie et dans quelques autres
régions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela a été efficace?
M. LEFEBVRE: Je crois que cela a été efficace.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela les a convaincus de réélire
l'Union Nationale.
M. LEFEBVRE: Je pense, M. le Président, que cela a remis le
gouvernement sur la sellette. Je voudrais que le ministre de l'Education,
même s'il est député depuis encore moins longtemps que moi,
admette et je pense qu'il l'admettra que la situation d'un
député est très différente de celle d'un
ministre.
Un ministre a des comptes à rendre parce qu'il est responsable de
l'administration d'un ministère.
M. CARDINAL: Un député n'en a pas.
M. LEFEBVRE: Un député en a, mais ce ne sont pas les
mêmes. Je pense que ceci pourrait nous conduire...
M. CARDINAL: Nous allons revenir pour le moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous reconnaissons que le ministre a des
comptes à rendre, seulement les mêmes gens qui disent que le
ministre a des comptes à rendre...
M. LEFEBVRE: Si vous continuez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sont ceux qui l'année passée
ne voulaient pas lui donner le droit de parole aux comités.
M. CARDINAL: Je veux terminer, ici, ce débat, M, le
Président. Qu'on ne revienne pas sur ceci. On a vu ce qui est
arrivé dans Bagot quand même. On ne devrait pas rappeler des
souvenirs mauvais pour soi.
M. HARVEY: Ce qui est survenu dans Bagot est arrivé deux ans
avant, dans Dorchester.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons à l'éducation.
M. CARDINAL: Revenons à l'éducation, M. le
Président.
UNE VOIX: C'est mieux.
M. CARDINAL: M. le Président, depuis le début des travaux
de cette commission, au début de la semaine dernière, j'ai
toujours répondu à toutes les questions. Lorsque je n'avais pas
les documents devant moi, j'ai apporté par la suite la réponse
demandée, quitte à compléter d'ailleurs. Ceci
démontre, contrairement à ce qu'on voudrait faire croire, que
j'ai la pleine et entière responsabilité de ce ministère
et que, s'il peut m'arriver d'oublier une signature que j'ai donnée,
j'indique par les réponses que je donne, réponses
précises, réponses basées sur des documents et sur des
faits, que les affirmations que l'on fait ne sont en rien fondées.
Je considère l'incident clos et j'aimerais que l'on revienne,
comme l'a demandé souvent le député d'Ahuntsic, au noeud
du problème, aux questions sur le poste budgétaire 13, si nous
n'en avons pas déjà disposé, M. le Président.
M. HARVEY: M. le Président, juste avant que l'on revienne au
poste budgétaire 13. Simplement un mot; f ai horreur de laisser planer
le doute sur les fonctionnaires relativement à des informations qui nous
sont données. Tout à l'heure, le ministre a dit que s'il avait eu
des lettres à son bureau, il les aurait signées. Je veux tout
simplement ajouter ceci: Après avoir passé toutes les
étapes, et personnellement avoir passé deux jours à tenter
d'obtenir un rendez-vous au cabinet du ministre, et je comprends parfaitement
que lui-même était occupé,...
M. CARDINAL: J'étais absent.
M. HARVEY: ... son adjoint, M. Houde, était occupé
vous étiez absent, vous étiez occupé à
l'extérieur j'ai rencontré un de ses adjoints, M. Brochu,
qui est venu dire à la délégation qui m'accompagnait que
les deux lettres étaient sur votre bureau pour signature.
Si vous avez j'ai horreur de le faire à
blâmer quelqu'un, vous blâmerez votre adjoint, M. Brochu. De
grâce, laissez les autres en paix. Parce qu'il y en a qui se font «
tasser » depuis quelques jours pour savoir qui nous a dit que vous aviez
deux lettres à signer. C'est un de vos adjoints, M. Brochu.
M. CARDINAL: M. le Président, je regrette que l'on cite un fait
semblable. Je ne retire en rien les paroles que f ai dites tantôt...
M. HARVEY: Vous vérifierez et vous nous donnerez une
réponse à la prochaine séance.
M. CARDINAL: ... et je regrette qu'on fasse des
personnalités.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: Je voudrais juste savoir comment est structuré le
comité qui, au ministère, accepte les plans et devis concernant
les constructions. Est-ce que c'est vraiment un comité composé,
je ne sais pas, d'un ingénieur, d'un architecte? Je veux surtout savoir
si des pédagogues participent à cela?
M. CARDINAL: M. le Président, fai déjà
répondu à cette question. Les projets de construction sont
d'abord la responsabilité de la Direction générale de
l'élémentaire et du secondaire où l'on fait les devis
pédagogiques.
Ce n'est qu'après qu'il passe à la Direction
générale de l'équipement et le procédé en a
été indiqué généralement en réponse
aux nombreuses questions posées par le député d'Ahuntsic.
C'est-à-dire qu'en fait il y a un comité composé
d'ingénieurs et d'architectes le fameux comité dont nous
avons parlé 5 plusieurs reprises qui voient à la
réalisation de ces devis lesquels ont déjà
été, au point de vue pédagogique, approuvés au
préalable ou à la Direction générale de
l'élémentaire et du secondaire, qui ne s'occupe pas comme telle
de la construction, de la réalisation et de l'exécution...
M. HOUDE: D'accord, mais au point de vue pédagogique, cela passe
là d'abord...
M. CARDINAL: D'abord.
M. HOUDE: C'est en fonction d'un laboratoire de langues et des
spécialistes dans le domaine de l'enseignement des langues...
M. CARDINAL: Cela passe déjà là avant d'arriver. Il
y a devis pédagogique avant le devis physique.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 16, adopté.
M. LEFEBVRE: M. le Président, non, si vous permettez, on a fait
allusion tout à l'heure à l'un des fonctionnaires du ministre, M.
Houde, qui est derrière lui, je crois. Je me souviens que, lorsque j'ai
eu le plaisir de fai-
re une tournée dans la région du Saguenay-Lac Saint-Jean,
j'étais un soir à Saint-Joseph d'Alma et on m'a montré un
journal reproduisant une déclaration de M. Houde qui était venu
annoncer la politique progressive du gouvernement, vanter le ministre et
annoncer la construction de deux écoles dans la région du
Lac-Saint-Jean. Ma question au ministre est la suivante: Est-ce que M. Houde
fait partie de ce groupe de fonctionnaires qui, en vertu d'une tradition, ont
le droit de faire de la politique?
M. CARDINAL: M. le Président, je répondrai à la
question immédiatement après les remarques suivantes:
Premièrement, M. Houde, lorsqu'il s'est rendu à Saint-Joseph
d'Alma, il y était autorisé par le ministre. L'on remarquera que,
depuis que je dirige ce ministère, que je ne me suis pas rendu à
l'ouverture des écoles et je ne me suis pas rendu dans les comtés
proclamer des ouvertures d'écoles, sauf en des cas très rares, en
particulier, lorsqu'il s'agissait de mon propre comté, où
lorsqu'il y avait des invitations qui coïncidaient avec une semblable
réalisation ou une semblable annonce. Dans tous les autres cas,
l'annonce en a été faite par des personnes qui l'ont fait
à la demande du ministre, autorisées par le ministre. Et ceci est
une politique constante de ma part.
Deuxième remarque, lorsqu'on dit que M. Houde a vanté le
ministre, je rappellerai qu'il a alors vanté tous les invités qui
étaient présents et qui étaient des gens qui
étalent tant du côté ministériel que dans
l'Opposition, il l'a simplement fait, j'ai lu son texte, sur une base de
politesse, comme l'on félicite à une table d'honneur tous les
gens qui se présentent qu'ils soient de tel parti ou de tel autre. Il
n'a en aucun cas fait de politique ce soir-là.
Troisièmement, il y a une question au feuilleton à
laquelle une réponse sera donnée prochainement; mais bien que
cette réponse sera donnée à la suite de cette demande
inscrite au feuilleton, je dois mentionner que M. Eugène Houde et
encore, ici, c'est la troisième fois que l'on parle de fonctionnaires
je vous dirai comme ministre, vis-à-vis de quelque question que
ce soit, je n'ai qu'une position, c'est celle de défendre ces personnes
qui agissent à la demande du ministre et pour le citer.
M. Houde est un fonctionnaire qui est directeur général
adjoint de la Direction générale du financement. Il vient d'une
société importante.
Il avait d'abord été prêté au
ministère pour y apporter son expérience dans le domaine
administratif. Il a ensuite été prêté au cabinet du
ministre pour ses connaissances techniques. Autant M. Houde que toute autre
personne qui sont allées dans d'autres comtés au nom du ministre,
celui-ci était entièrement autorisé à le faire par
le ministre.
Et des gens à tous les niveaux du fonctionnarisme et certains
députés ont déjà, dans le passé, reçu
de semblables autorisations du ministre. Par conséquent, la question du
député d'Ahuntsic est sans fondement. M. Houde, en aucun cas,
dans cette représentation qu'il a faite du ministre, qui ne pouvait pas
être à deux places ce jour-là, n'a fait de la
politique.
M. HOUDE: Juste une parenthèse un peu sur le même sujet, M.
le Ministre, est-ce que vous considérez comme normal si vous, par
exemple, vous refusez d'inaugurer une école, dans un comté X,
d'envoyer un de vos collègues de l'Union Nationale l'inaugurer à
votre place sans également inviter le député qui est en
place?
M. CARDINAL: Je ne me rappelle pas avoir envoyé dans un
comté où il y avait un député libéral ou de
l'Union Nationale...
M. HOUDE: Je ne parle pas de vous, c'est arrivé avant vous.
M. CARDINAL: Ah, bon!
M. HOUDE: Avant que vous soyez là.
M. CARDINAL: Cela, c'est une opinion. Je refuse de donner des
opinions.
M. HOUDE: C'est bien évident. Mais est-ce qu'il y a une politique
d'établie pour cela? En supposant qu'il y ait l'inauguration d'une
école, chez nous, dans Fabre, et vous ne pouviez pas, vous, y assister,
est-ce que vous allez, éventuellement, demander au ministre de
tel..,
M. CARDINAL; C'est une question hypothétique. Si le fait se
produisait...
M. HOUDE: C'est arrivé!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas le gouvernement,
nécessairement, qui fait les invitations. C'est ordinairement les
autorités locales qui préparent cela.
M. CARDINAL: Dans la plupart des cas, d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): S'ils ne connaissent pas leur
député, ce n'est pas notre faute.
M. HOUDE: Ce n'est pas cela, vous ne voulez pas comprendre. Si le
ministre refuse d'aller inaugurer une école et qu'il demande à un
de ses collègues de l'Union Nationale d'aller inaugurer l'école,
je lui demande si c'est cela qui est la politique de son...
M. CARDINAL: Non. J'ai simplement dit que ma politique, ce n'est pas la
politique du gouvernement, c'est dans chacun des cas, d'autoriser quelqu'un
selon les circonstances et selon qu'il est jugé judicieux et selon que
la personne accepte de lui faire faire cette annonce ou de se présenter
à cette cérémonie.
M. LEFEBVRE: Dans le cas de M. Hou-de je comprends que nous
allons ajourner dans un moment...
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: J'aurai, à la prochaine séance, le texte de
la déclaration qui a été reproduite par les journaux du
Lac-Saint-Jean. Je ne partage pas l'opinion du ministre à savoir que
cette déclaration n'avait pas un caractère de politique
partisane.
M. MALTAIS (Limoilou): J'avise immédiatement le
député d'Ahuntsic que je m'objecterai à la production de
ce texte-là.
M. LEFEBVRE: J'avise également le ministre que cela a l'air de
lui faire peur. La vérité fait peur!
M. CARDINAL: Je soulignerai que le député d'Ahuntsic vient
de mentionner lui-même qu'il s'agissait d'une question d'opinion.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la séance est ajournée
à demain après la période des questions.
(Fin de la séance: 17 h 45)
Séance du 30 avril 1969
(Quinze heures quarante-quatre minutes)
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): La
séance est ouverte, messieurs!
C'est un honneur et un plaisir pour moi. Je laisse la parole à M.
le ministre.
M. CARDINAL: Le député de Charlevoix a mentionné
hier un certain nombre de faits. Je lui ai dit que je reviserais le dossier. Et
aujourd'hui je résume les faits tels qu'ils y apparaissent. Ensuite, il
sera le bienvenu pour y ajouter toute autre question.
Les faits que j'ai pu relever au dossier du ministère sont les
suivants: le 31 mai 1968, le ministre autorisait, par lettre, la commission
scolaire régionale de Charlevoix à" se porter acquéreur de
terrains en vue de l'annexion d'une polyvalente. C'est probablement la lettre
à laquelle vous avez fait allusion.
Par la suite, des représentations ont été faites au
cabinet du ministre par plusieurs personnes et organismes soutenant que
d'autres terrains seraient plus conforme aux exigences de cette polyvalente et
que l'acquisition en serait moins onéreuse. Hier, on a mentionné
qu'il y avait eu des pressions venant du milieu, entre autres, M. le
Président, de la commission scolaire, à la suite de l'approbation
donnée par le ministre.
Après vérification, le cabinet du ministre a
constaté que la commission scolaire régionale n'avait pas encore
mis à exécution l'autorisation du ministre donnée le 31
mal. L'on peut se surprendre que je viens de dire dans cette réponse
qu'il s'agit du cabinet du ministre; l'on ne devrait pas se surprendre parce
que, si l'on regarde la date des documents qui ont été
émis à la suite de l'autorisation c'était l'automne
dernier, particulièrement en novembre 1968 l'on peut se rappeler
qu'à ce moment je n'étais pas membre de l'Assemblée
nationale et que J'étais en campagne électorale dans le
comté de Bagot.
Le ministre a été informé de la situation au cours
d'une conversation téléphonique avec son chef de cabinet, M.
Lamy, et il a autorisé M. Michel Gendron, directeur
général adjoint de l'équipement, à transmettre le
télégramme ci-dessous, le 21 octobre 1968. Et je cite le
télégramme dont on avait une copie, paraît-il, qui
était plus ou moins floue. « Re: Acquisition de terrains pour
construction école polyvalente à Baie-Saint-Paul.
Développement additionnel a été porté à
notre attention concernant possibilité d'acquérir nouveau site
très avantageux.
Vous demandons par la présente de retarder signature des contrats
d'achat concernant terrains déjà autorisés par le ministre
dans sa lettre du 31 mai 1968 jusqu'à ce que les études
techniques complètes du nouveau site soient disponibles. » Fin de
la citation du télégramme.
On a par la suite porté a la connaissance du cabinet du ministre
que la commission scolaire régionale était sur le point de
procéder à l'acquisition des terrains en dépit du
télégramme de M. Gendron. C'est alors que, le 4 novembre 1968, le
directeur du cabinet on a cité le nom de M. Lamy à ce
moment a envoyé le télégramme ci-dessous,
après l'autorisation du ministre, comme en fait foi la lettre
datée du même jour et signée le lendemain par le ministre
à son retour de Montréal.
Je cite le télégramme: « Le ministre de l'Education,
l'honorable Jean-Guy Cardinal, vous demande de remettre jusqu'au 30 novembre
toute décision concernant l'achat de terrains dans le rang
Saint-Laurent, Baie-Saint-Paul. » J'ajoute, que pour compléter
ceci, le 4 novembre je signais une lettre disant: « Faisant suite
à ma lettre du 31 mai 1968, concernant l'achat de terrains dans le rang
Saint-Laurent, Baie-Saint-Paul, je vous prie de remettre jusqu'au 30 novembre
toute décision concernant cette transaction. » C'est-à-dire
que par cette lettre je confirmais les deux télégrammes
antérieurs venant de fonctionnaires, l'un de la Direction
générale de l'équipement et l'autre du cabinet du
ministre. J'ai ici copie de chacun des deux télégrammes et copie
de ma lettre du 31 mai 1968 qui donne l'autorisation. Voilà les faits
tels que rétablis.
M» MAILLOUX: M. le Président, vous comprendrez que ce dont
vient de faire part à la commission le ministre de l'Education, je ne
peux pas l'accepter comme une réponse au problème avec lequel la
commission scolaire régionale de Charlevoix est confrontée. Je
suis loin de nier les documents dont il fait mention. D'ailleurs j'ai copie de
ces documents dans mes dossiers. Hier, j'avais informé la commission que
je ferais un résumé, le plus bref possible, des discussions qui
ont eu lieu pour l'organisation de polyvalentes dans mon comté. C'est
une lecture en diagonale des dossiers que j'ai faite à ce
moment-là.
La première question est que ce n'est pas un
contre-interrogatoire que je voudrais faire en aucune façon, mais en
raison des documents qui m'ont été livrés par les
commissaires de la régionale je voudrais demander au ministre...
Hier, au cours de la discussion, j'ai avancé que la commission scolaire
prétendait que sous des pressions de personnes non mandatées il y
avait eu des tentatives de faites pour vous arracher ou arracher à votre
ministère des annulations de votre lettre du 31 mai par laquelle vous
autorisiez la commission scolaire à se porter acquéreur de
terrains. La première question que je voudrais poser est celle-ci, suite
aux paroles du ministre tantôt: Vous avez mentionné que des
personnes dont je ne désire pas connaître le nom ce n'est
pas mon problème et également plusieurs organismes
étaient intervenus dans le but de retarder de donner suite à
votre lettre du 31 mai; le ministre pourrait-il me dire quels sont les
organismes qui sont intervenus, en dehors de la connaissance de la
régionale?
Parce que la régionale présume par ses lettres que,
d'aucune façon, aucun organisme n'a fait de pression.
M. CARDINAL: II y a au moins deux je devrais dire
interventions que je dois mentionner, celle de la commission d'urbanisme
même de Baie-Saint-Paul...
M. MAILLOUX: ... et le bureau d'études municipales.
M. CARDINAL: Oui enfin j'y reviendrai tantôt celle
même du président que j'ai mentionné tantôt. Alors
quand vous avez la responsabilité d'une décision semblable sur le
choix d'un terrain je compléterai ma réponse sur un autre
détail et qu'un groupe comme la commission d'urbanisme et
d'études municipales intervient pour dire: Vous avez fait un mauvais
choix, et que le président même de la commission scolaire vous
dit: Ecoutez, la commission scolaire a pris une décision, mais il
vaudrait mieux attendre pour le choix de terrain, je pense que vous devez vous
arrêter et faire une étude additionnelle. C'est pourquoi,
d'ailleurs, le 25 avril 1969, dans une autre lettre que je veux porter à
la connaissance de la commission, j'écrivais à M. L.-Alphonse
Tremblay, secrétaire-trésorier de la commission scolaire. Voici
cette lettre: « M. le Secrétaire-trésorier,
J'ai bien reçu votre lettre du 18 avril ainsi que copie des
documents que vous y avez joints. Me référant à la lettre
du 17 avril signée par six commissaires d'écoles, je note
l'insinuation qu'il y irait de mon intérêt d'envenimer des
querelles insinuation dont j'ai parlé hier, rien n'est plus faux
car j'ai toujours insisté auprès de votre commission
scolaire comme au-
près de toutes les autres régionales sur la
nécessité d'assurer la plus étroite coordination entre vos
projets et ceux des autorités municipales de l'endroit où seront
érigées les écoles secondaires polyvalentes c'est
justement à suite d'une intervention de ce groupe de la
municipalité.
Seules des considérations d'ordre financier m'ont amené
à vous prier de faire des expertises sur le terrain des Petites
Franciscaines de Marie, à Baie-Saint-Paul. Des représentations
ayant été faites à l'effet qu'il serait plus
économique de construire l'école secondaire sur cet emplacement
puisque votre commission scolaire a décidé à la
majorité de ne pas donner suite à ma lettre du 1er avril, il lui
appartient de poursuivre la réalisation de son projet dans le sens
où elle l'a déjà entreprise.
Je transmets votre demande d'une entrevue à mon conseiller
spécial qui communiquera avec vous et agréez, M. le
Secrétaire-trésorier, l'assurance de mes sentiments
distingués. »
Alors, c'est le 25 avril 1969, c'est-à-dire il y a cinq
jours.
M. MAILLOUX: J'ai mal saisi le dernier alinéa de la lettre.
Est-ce que le ministre indiquait à ce moment-là qu'il autorisait
la commission scolaire...
M. CARDINAL: Je le répète, si vous voulez. « Puisque
votre commission scolaire a décidé à la majorité de
ne pas donner suite à ma lettre du 1er avril, il lui appartient de
poursuivre la réalisation de son projet dans le sens ou elle l'a
déjà entreprise.
Ce n'est pas une autorisation formelle. Je dis à la commission
scolaire: Vous n'êtes pas d'accord, vous pouvez donc maintenant demander
une autorisation formelle dans le sens où vous l'entendez à la
majorité. Et à cet effet, il y a quelqu'un de mon bureau qui est
prêt à vous rencontrer pour en discuter et aider à
réaliser votre projet.
M. MAILLOUX: Si le ministre, en prenant connaissance, au comité,
de la lettre dont il vient de faire mention, autorise la commission scolaire
régionale à donner suite au voeu qu'elle a exprimé par de
multiples et de multiples résolutions, je ne vois pas,
évidemment, où je dois intervenir de nouveau pour avoir d'autres
renseignements que ceux qu'il vient de fournir. Les documents qui
étaient en ma possession indiquaient que le dernier ordre qu'avait
reçu la commission scolaire était de ne pas donner suite à
l'achat des terrains, jusqu'au 30 novembre, afin que le bureau d'études
municipales, ou je ne sais trop qui, fasse l'inventaire d'unnouveau site
proposé par des dissidents.
M. CARDINAL: Oui. Si vous permettez, j'ajoute ceci. C'est à la
suite de certains autres documents qui sont parvenus à mon bureau au
cours des dernières semaines que cette lettre a été
postée. Entre autres, le 18 avril, le secrétaire-trésorier
m'adressait une lettre qui est arrivée le 22 avril. Or, ici je vais
souligner un fait important dont il a été question hier à
cette commission. J'ai répondu le 25 avril à la lettre du 18
avril, parce que je l'ai reçue à mon bureau le 22. Ici je veux
insister sur le fait que c'est une des procédures de mon bureau à
l'effet que normalement, dans les 48 ou 72 heures, toute lettre a une
réponse, sinon un accusé de réception. Ce n'est qu'une
incidence, mais je la mentionne quand même.
A la lettre du secrétaire-trésorier était jointes
un certain nombre de résolutions, et il y avait eu antérieurement
une lettre du 17 avril signée par six commissaires. C'est à la
suite de ces documents que j'ai, dans un sens, donné le feu vert. Ceci
n'est pas une autorisation formelle au sens des règlements, ce n'est pas
la formule d'autorisation, mais c'est dire à la commission scolaire:
Vous tenez à votre décision, après les études qui
ont été faites, etc., faites le nécessaire suivant la loi
et les règlements. Nous sommes prêts à vous rencontrer au
bureau pour que la meilleure décision soit prise dans votre
intérêt et l'intérêt du public.
M. MAILLOUX: J'aurais d'ailleurs les deux copies des résolutions
dont parle le ministre. Elles sont datées du 17 avril, lors de
l'assemblée de la commission scolaire tenue à cette date, et
indiquent d'ailleurs deux votes dont l'un était appuyé par les
six commissaires mentionnés et deux dissidents, que je n'ai pas
nommés dans la discussion d'hier et que je n'ai pas nommés
aujourd'hui non plus. Aussi une autre résolution contraire avec vote
renversé.
M. CARDINAL: De fait justement, est-ce que c'est un des
députés? C'est une des causes de la difficulté dans ce
dossier, ces dissidences ou ce groupe représentant, disons non pas la
municipalité, mais...
M. MAILLOUX: En continuité.
M. CARDINAL: ... l'autorité municipale qui nous ont
empêchés d'arriver rapidement à une décision. Je dis
ceci sans aucune ironie. Je pense que c'est un autre de ces cas qui montrent
que parfois ces discussions en commission peu-
vent être utiles, parce qu'elles nous permettent d'aller au fond
des choses, et on voit qu'alors tout s'arrange.
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que le ministre semble
vouloir clore la discussion. Je voudrais le remercier d'abord des nouveaux
faits qu'il apporte à ma connaissance, faits provenant de sa
dernière lettre dont je n'avais pas copie. Je présume qu'il a
dû comprendre que mon intervention d'hier n'était pas
motivée par l'intention de politiser le débat de la Commission
scolaire de Charlevoix. J'avais d'ailleurs affirmé devant la commission
n'avoir jamais assité à aucune des
délibérations.
M. le président de la commission scolaire régionale est
ici. Il n'est pas toujours un de mes partisans politiques il sait que
j'ai normalement un assez franc parler j'ai évité de faire
de la politique de ce débat-là.
Je remercie le ministre des dernière conclusions qu'il vient
d'apporter et je présume que ceci permettra aux gens de mon comté
d'espérer que les polyvalentes pourront un jour s'ériger dans le
comté pour le plus grand bien de nos enfants. Je vous remercie
beaucoup.
M. LE PRESIDENT: M. le député, je vous remercie beaucoup
du bel esprit de collaboration que vous montrez à cette commission.
Comme président, j'en suis très touché, M. le
député.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ces messieurs sont nerveux, c'est
incroyable.
M. GRENIER: Nous sommes d'une attitude déconcertante.
UNE VOIX: Changement d'ordre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je constate, avec plaisir,
qu'aujourd'hui le ministre ades réponses. Sans être très au
courant des détails de ce dossier...
M. CARDINAL: Aujourd'hui comme tous les autres jours, monsieur.
M. LEFEBVRE: Je rappellerai au ministre qu'hier il avait
mentionné n'avoir jamais donné d'autorisation dans ce
sens-là, alors que nous constatons maintenant que la situation, de
fait...
M. CARDINAL: Cela va commencer les débats de la commission, M. le
Président?
M. LEFEBVRE: M. le Président, avantd'en- treprendre des affaires
nouvelles et de poursuivre nos travaux, je pense qu'il serait dans l'ordre de
clarifier un certain nombre de choses.
D'abord, quant aux réponses qui ont été
laissées en suspens, nous serons heureux, si le ministre a
apporté aujourd'hui quelques éléments de réponse
à un certain nombre d'entre elles. Auparavant, j'aimerais
démontrer ce que nous avons avancé lors de la dernière
séance concernant l'annonce de projets scolaires dans la région
du Lac-Saint-Jean.
J'ai devant moi un extrait du Soleil du 10 mars 1969 et le titre du
journal c'est: Erection prochaine de deux écoles polyvalentes à
Alma.
M. CARDINAL: Avant cela, on dit: Confirmation du ministre Cardinal.
M. LEFEBVRE: Oui, c'est juste. Je peux le lire en entier si vous le
voulez.
M. CARDINAL: Ah, non!
M. LEFEBVRE: Je ne voulais lire que les parties que nous contestons, M.
le Président. Je crois que c'est normal.
M. CARDINAL: On proteste. C'est normal de la part du
député d'Ahuntsic, M. le Président.
UNE VOIX: Ah, non!
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre charrie dans les
bégonias. Ce que je veux dire, c'est qu'il est complètement
inutile que je lise la livraison complète du Soleil pour le 10 mars
1969.
M. CARDINAL: Vous pourriez même vous dispenser d'en lire quelques
parties, je l'ai en entier devant moi.
M. LEFEBVRE: Bien oui, cela je le comprends. Le ministre, quand on le
pousse au pied du mur, il a toujours les documents. Il ne les a pas toujours du
premier coup, mais...
M. CARDINAL: Pardon?
M. LEFEBVRE: ... il les a du deuxième coup. M. le
Président, je poursuis, sans me laisser interrompre et me fiant sur
votre vigilance pour surveiller ces messieurs.
M. GRENIER: Le ministre sait trop quelle sorte de questions vous pouvez
poser, surtout vous.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je poursuis donc ma lecture.
« Conférencier au dîner de clôture du
minicongrès des Associations éducatives du territoire de la
commission scolaire régionale de Lac-Saint-Jean, M. Houde, il
s'agit de M. J.-Eugène Houde a parlé de la chose en ces
termes:
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, je soulève un
point d'ordre.
M. LEFEBVRE: Cela ne va que retarder toute l'affaire.
UNE VOIX: C'est ça.
M. MALTAIS (Limoilou): Cela peut être...
M. LEFEBVRE: Vous avez le droit.
M. MALTAIS (Limoilou): D'abord, je dois dire respectueusement au
député d'Ahuntsic que lorsque J'ai soulevé un point
d'ordre, il n'a pas à reprendre ou à me reprendre. C'est à
vous, M. le Président, de m'écouter de même qu'aux membres
de la commission parce que c'est régulier de soulever un point d'ordre.
J'ai la parole.
Je soulève un point d'ordre parce que la lecture du document
qu'amorce le député d'Ahuntsic réfère S. ce dont il
était question au cours de la dernière séance. Or,
à la dernière séance, il a été question, en
tout dernier lieu, et avant que le député ne fasse mention de la
lecture de cet article, d'une déclaration qu'aurait faite si ma
mémoire est fidèle le fonctionnaire du ministère de
l'Education attaché au cabinet du ministre, M. Houde.
Le député d'Ahuntsic avait laissé planer une
accusation de partisanerie politique quant à la nature et à la
substance de cette déclaration. C'est justement pour cela, M. le
Président, que je conteste d'abord la régularité de sa
question, plus précisément du document qu'il évoque. Je
soumets devant vous qu'il ne peut pas citer ou lire un écrit ou un
extrait de Journal qui ne se rapporte pas directement à l'objet du
débat. Or, c'est une question de partisanerie politique à
laquelle prétend se référer le député
d'Ahuntsic. Il n'est pas question, M. le Président, de trancher ici le
débat. Je dis que c'est irrégulier, parce que c'est à
l'encontre du règlement; nous sommes ici en commission des subsides.
Si le député d'Ahuntsic veut accuser un fonctionnaire de
partisanerie politique, il ne peut le faire qu'à un endroit, soit devant
une commission. Et celle-là serait la commission de l'exécutif.
C'est du Conseil exécutif que dépend la Fonction publique, par
l'intermédiaire du minis- tre délégué à la
Fonction publique, l'honorable M. Masse.
Je soumets donc qu'il ne pourrait, à supposer qu'il le puisse
à ce moment-là ce n'est pas un blanc-seing que je lui
donne à l'avance, il faut bien qu'il le sache à supposer
qu'il pourrait le faire, il ne pourrait le faire légalement et suivant
les règlements que devant cette commission. C'est donc tout à
fait hors d'ordre. Sur cette question, M. le Président, après que
vous aurez entendu les discussions, J'invoquerai le règlement pour vider
cette question. Je demande que le vote soit pris.
M. LEFEBVRE: Sur le point d'ordre soulevé par l'honorable
Solliciteur général, Je ferai remarquer d'abord que dans
l'argumentation du ministre, il y a une erreur de faits. J'aurais
souhaité que le ministre préparât d'avantage son
argumentation. Il a parlé d'un fonctionnaire attaché au cabinet
du ministre. Justement, M. le Président, le ministre a dit à la
dernière séance que M. Houde était directeur
général adjoint à la Direction générale des
finances. Que Je sache, ceci ne s'appelle pas le cabinet du ministre...
M. CARDINAL: C'est parce qu'il y a des choses que vous ne savez pas.
M. LEFEBVRE: Je sais ce que vous répondez aux questions, je ne
peux pas deviner.
M. MALTAIS (Limoilou): Cela ne change absolument rien.
M. LEFEBVRE: Mais cela change beaucoup de choses, parce que l'on se
souviendra qu'hier, lorsque f ai posé la question, j'ai justement
demandé au ministre si M. Houde faisait partie de cette petite
équipe de fonctionnaires qui ont le droit de faire de la politique, ceux
qui sont directement attachés à la personne du ministre. Or, le
ministre m'a répondu que M. Houde occupait un emploi régulier
comme haut fonctionnaire du ministère à la Direction
générale du financement. Je n'invente rien, on n'a qu'à
relire le journal des Débats. Si le ministre veut corriger ce qu'il a
dit hier, il peut le faire. De toute façon, M. le Président, cela
ne changerait absolument rien au point d'ordre et je crois que j'ai la
parole sur le point d'ordre quoique je n'aurais pas d'objection, si le
ministre veut rectifier une déclaration qu'il a faite hier, à
faire une parenthèse. Est-ce que le ministre...?
M. CARDINAL: Je ne rectifierai pas ce que
f ai fait hier. Je donnerai une explication générale pour
la bonne compréhension de la situation.
M. LEFEBVRE: Si vous commencez une argumentation, je vais finir mon
point d'ordre.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une argumentation, j'ai dit une
explication.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. CARDINAL: Le cabinet d'un ministre est composé de personnes
dont les fonctions sont définies par la loi et les règlements se
rapportant à la Fonction publique. Parmi elles, il y en a qui sont ce
qu'on appelle les secrétaires particuliers, il y en a d'autres qui sont
des conseillers techniques, il y en a d'autres qui peuvent avoir d'autres
postes.
Le fait d'être à un cabinet de ministre peut être
purement une affectation temporaire ou permanente et ne changeant en rien le
statut, dans le cadre des fonctionnaires, de ceux qui s'y trouvent. La
distinction de ceux qui peuvent ou pourraient faire ou ne pas faire de la
politique ne se situe donc pas du tout dans le fait que quelqu'un soit ou ne
soit pas au cabinet du ministre. Fin de la parenthèse.
M. LEFEBVRE: Evidemment, J'apprécie ce que vient de dire le
ministre tout en me permettant de signaler que c'est légèrement
ambigu.
Dans le rapport qu'on nous a distribué ce matin...
M. CARDINAL: Complétez, ce serait plus clair, si vous voulez.
M. LEFEBVRE: ... mon collègue, le député de Fabre,
m'a fait remarquer que, justement le nom de M. Houde apparaît parmi les
hauts fonctionnaires comme directeur général adjoint de la
Direction générale du financement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un fonctionnaire.
M. LEFEBVRE: Bon. Alors c'est Justement pour cela que j'ai
mentionné tout à l'heure que le solliciteur général
errait en affirmant que M. Houde était un fonctionnaire attaché
au cabinet du ministre.
M. CARDINAL: Une parenthèse. Il est attaché au cabinet du
ministre et le Solliciteur général n'erre pas.
M. LEFEBVRE: II est à deux places, alors?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Cela arrive souvent.
M. LEFEBVRE: Est-ce que j'ai raison de croire qu'il a deux
fonctions?
M. GRENIER: Arrêtez donc de jouer sur des insignifiances et
attaquez-vous donc i des choses importantes.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je préviens les membres de
cette commission...
M. GRENIER: Pisse-vinaigre du parti libéral!
M. LEFEBVRE: Je préviens les membres de cette commission que,
quant à nous, nous sommes très sereins..,
M. GRENIER: Ah, oui!
M. LEFEBVRE: ... mais que toutes les injures que ces messieurs pourront
dire ne changeront absolument rien au programme que nous nous sommes
tracé pour l'étude des crédits du ministère de
l'Education. Ces injures ne pourront que faire perdre le temps de la
Chambre.
Je suis sûr que le ministre de l'Education est « anxieux
» de se livrer à d'autres occupations et ses collègues lui
font grand tort en retardant indûment la poursuite de nos travaux.
M. CARDINAL: Le mot « anxieux », s'il est employé
dans son sens français, ne s'applique pas dans le cas présent.
S'il est pris dans le sens, peut-être ambigu, il s'applique
peut-être.
M. LEFEBVRE: J'accepte avec humilité cette correction...
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président...
M. LEFEBVRE: J'avais la parole sur le point d'ordre.
M. MALTAIS (Limoilou): Je regrette...
M. LEFEBVRE: Le Solliciteur général, a demandé tout
à l'heure qu'on ne l'interrompe pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MALTAIS (Limoilou): Au moment où il y a une violation...
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'ai la parole sur le point
d'ordre, je permets au ministre de l'Education de m'interrompre et maintenant,
on voudrait m'interrompre à nouveau!
M. MALTAIS (Limoilou): J'ai droit à...
M. LEFEBVRE: Quand pourrai-je parler? C'est à vous de
décider, M. le Président. Moi, je prétends que j'ai la
parole.
M. LE PRESIDENT: M. le Solliciteur général.
M. LEFEBVRE: De quel droit peut-il m'interrompre sur un point
d'ordre?
M. LE PRESIDENT: Avez-vous invoqué un point d'ordre?
M. MALTAIS (Limoilou): J'ai invoqué un point d'ordre parce que
dans ses observations et dans ses remarques, il a mis en cause des ministres
qui accompagnent le ministre de l'Education. Il les a mis en cause contre le
règlement.
Le député d'Ahuntsic n'a pas le droit de prétendre,
parce que nous intervenons, que nous retardons, de façon
délibérée, la marche de la commission et la bonne
orientation de cette commission.
M. GRENIER: C'est un farceur!
M. LEFEBVRE: J'ai le droit de prétendre cela, je n'ai pas le
droit de vous prêter cela comme intention. C'est toute la
différence du monde.
M. GRENIER: Vous êtes un grand farceur! M. LEFEBVRE: M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II ne peut rien nous prêter parce qu'il
est très pauvre. Il n'est plus à la CECM.
M. LEFEBVRE: Je ne relèverai pas les petitesses du ministre des
Affaires culturelles.
Sur le point d'ordre soulevé par l'honorable Solliciteur
général, qu'est-ce qu'il nous dit. Il nous dit d'abord que je
n'aurais pas le droit de soumettre un extrait de journal. Je ne vois pas
pourquoi ces messieurs sont si nerveux et si apeurés; il s'agit de citer
deux paragraphes.
La meilleure preuve que le gouvernement admet mon droit de citer ce
journal, c'est que lorsque j'ai commencé à en faire la citation,
le ministre, qui l'avait apporté cela devait être parce
qu'il voulait s'en servir a justement corrigé la lecture que je
faisais du titre. Il a lui-même lu...
M. GARDNER: C'est une argumentation!
M. LEFEBVRE: ... cet article de journal. Or, je me demande...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était pour prévenir un
mensonge!
M. LEFEBVRE: II est d'usage, lorsque quelqu'un soulève un point
d'ordre et invoque le règlement, qu'il cite l'article du
règlement sur lequel il fonde son point d'ordre. Et je me demande
vraiment de quel livre de règlements le Solliciteur
général sort ses points d'ordre. C'est le spécialiste, en
Chambre, des faux points d'ordre.
M. MALTAIS (Limoilou): Est-ce que c'est une question que me pose le
député?
M. LEFEBVRE: Non, c'est une question dont la réponse est
évidente.
Je soumets que le point d'ordre...
M. GRENIER: Jean Lesage s'engage!
M. LEFEBVRE: ... soulevé par le Solliciteur général
ne tient pas. Je réclame le droit de l'Opposition de prouver les
avancés que nous avons faits. Nous n'avons pas attaqué un
fonctionnaire. Le ministre, lui, en certaines circonstances, a semblé
mettre en doute certains actes de ses fonctionnaires. Nous, nous avons
accusé le ministre de faire faire ses commissions politiques par des
fonctionnaires. Nous n'accusons pas le fonctionnaire, nous accusons le
ministre.
M. MALTAIS (Limoilou): Je ne permettrai pas au député, et
la commission ne peut lui permettre plus que vous, de violer à nouveau
les règlements de cette Chambre.
M. LEFEBVRE: Quels règlements?
M. MALTAIS (Limoilou): Il est à discuter d'un point d'ordre;
qu'il s'en tienne objectivement à la discussion; un point, c'est
tout.
M. LEFEBVRE: C'est ce que je fais, M. le Président. J'argumente
à l'effet qu'on ne sau-
rait priver l'Opposition de son droit de faire la preuve de son
avancé. Remarquez que je ne veux pas dramatiser outre mesure, c'est le
gouvernement qui est d'une nervosité extraordinaire.
M. MALTAIS (Limoilou): Vous renchérissez dans votre
accusation.
M. LEFEBVRE: Bien oui, c'est-à-dire...
M. MALTAIS (Limoilou): Au moment où vous discutez...
M. LEFEBVRE: M. le Président...
M. MALTAIS (Limoilou): ... de la légalité du point
d'ordre.
M. LEFEBVRE: ... au moment où je discute de la
légalité du point d'ordre, je réclame mon droit de fournir
la preuve d'un avancé que j'ai fait l'autre jour, et dont je n'ai pas eu
le temps de fournir la preuve, parce que nous avons ajourné.
M» MALTAIS (Limoilou): Mais n'accusez pas.
M. LEFEBVRE : Alors, franchement, je ne vois pas ce que nous gagnons
à ces choses-là.
M. GRENIER: On n'a passé que trois jours sur cet article, c'est
vraiment trop vite!
M. LEFEBVRE: Je veux parler d'une déclaration qui a
été faite alors que je visitais la très belle
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et les gens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean...
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il y a 17 personnes dans la salle...
M. LEFEBVRE: Le ministre a menti...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dont 12 organisateurs...
M. LEFEBVRE: M. le Président!
M. LE PRESIDENT: Un peu d'ordre s'il vous plaît!
UNE VOIX: Vous devez prendre la parole du ministre.
M. CARDINAL: M. le président, je soulève un point
d'ordre.
Le député d'Ahuntsic, par ses derniers mots, vient encore
de récidiver. Il erre en fait, en droit et en logique. Nous discutons
d'un point d'ordre, il revient sans cesse au fond de la question.
M. MALTAIS (Limoilou): C'est ça.
M. CARDINAL: La question est de savoir si on doit invoquer ou non cet
article, il revient à cet article, en cite encore la substance et
l'objet auquel il veut arriver...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je vous demande de rendre une
décision.
M. CARDINAL: J'en appelle à votre décision, M. le
Président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je vous demande de rendre une
décision en ayant bien soin, cependant, et je crois que je peux, avec
toute la déférence qui est due au président, vous rappelez
vos devoirs, en ayant bien soin que cette décision soit fondée.
Autrement, M. le Président, elle déprécierait grandement
l'organisme que vous dirigez, et j'ai confiance, quant à moi, que vous
permettrez de citer deux paragraphes de journal qui démontreront un cas
où le ministre a fait faire par un fonctionnaire une commission
politique.
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, voyez-vous où cela
mène quant on continue à épiloguer, à
délibérer sur une question de point de droit; on revient sur les
faits par la suite.
M. GRENIER: On va le mettre à la porte, comme on a fait pour M.
Gabias...
M. LE PRESIDENT: Nous discutons du poste budgétaire 13 sur les
problèmes de l'équipement, et je ne vois pas pourquoi nous
accuserions un fonctionnaire de partisanerie...
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aimerais vous corriger. Nous
n'avons jamais accusé un fonctionnaire de partisanerie; nous avons
accusé le ministre de faire faire des commissions politiques par un
fonctionnaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que cela a à voir avec le
poste budgétaire 13?
M. LEFEBVRE: Cela a à voir à la politique...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement à mon tour. Nous
discutons du problème de la Direction générale de
l'équipement. Or. toute...
M. LEFEBVRE: Tout cela pour un paragraphe! Cela sera donné aux
Journaux tout à l'heure, de toute façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'avez donné probablement à
l'avance.
M, LEFEBVRE: Non, le ministre ment régulièrement cet
après-midi.
M. HOUDE: Non, mais c'est une bonne suggestion, nous ferons cela la
prochaine fois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je rappelle que j'ai
invoqué le règlement. Nous discutons de la Direction
générale de l'équipement. C'est le poste budgétaire
qui est en discussion actuellement devant la commission. Or, le
député d'Ahuntsic essaie de faire un procès au ministre de
l'Education en prétendant qu'il a demandé à un de ses
fonctionnaires de faire une commission politique. Je ne vois absolument pas ce
que cela a à faire ici aux débats et j'aimerais que l'on prenne
un vote afin de nous débarasser de ce genre...
M. LEFEBVRE : Soyez sérieux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de niaiseries dont on nous abreuve...
M. LEFEBVRE: Soyez sérieux, vous avez demandé au
président de se prononcer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, J'ai la parole.
M. LEFEBVRE: Il n'est pas question de vote.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De ce genre de niaiseries dont nous abreuve le
député d'Ahuntsic M. le Président, je crois que, de toute
façon, même si ce n'est pas le cas le ministre de
l'Education avait fait faire une commission par un fonctionnaire, cela pourrait
nous rappeler le temps où le chef de l'Opposition actuel...
M. LEFEBVRE: Ah là! le ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... faisait faire les commissions par sa femme
qui annonçait des subventions à Lévis.
M. LEFEBVRE: Là, le ministre est dans l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une subvention pour des bateaux à
Lévis.
M. LEFEBVRE: Là, le ministre est dans l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je voudrais demander au député
d'Ahuntsic pourquoi il cite cet article pour suspendre la décision? Quel
est le sens?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous demandez le sens et vous demandez
pourquoi?
M. LE PRESIDENT: Pourquoi voulez-vous citer...
M. MALTAIS (Limoilou): II y a un article qui prohibe la citation, c'est
l'article 285, paragraphe 4, de nos règlements.
M. LEFEBVRE : Rendez votre décision, M. le Président:
l'article 285. Fondez-la sur l'article 285, nous verrons ce qui arrivera en
Chambre. Vous ne gagnerez rien avec cela, vous perdrez deux jours, parce que
nous ne nous laisserons pas bâillonner, M. le Président. C'est
ridicule...
M. LE PRESIDENT: Messieurs...
M. LEFEBVRE: ... que l'Opposition se fasse bâillonner pour une
question d'un paragraphe.
M. MALTAIS (Limoilou): Je proteste contre l'affirmation que vient de
faire à nouveau...
M. LEFEBVRE: Certainement.
M. MALTAIS (Limoilou): ... contre la récidive constante du
député d'Ahuntsic Pourquoi décrier les règlements
à l'avance?
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas décrié les règlements.
M. MALTAIS (Limoilou): Il a accepté d'être
député, et il a accepté de se soumettre aux
règlements. C'est ce que nous faisons ici. Il n'a pas le droit
d'interpréter l'intervention de qui que ce soit dans cette
commission.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Ahuntsic, dans quel sens
voulez-vous citer cet article? Puis-je vous poser cette question?
M. LEFEBVRE: Certainement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Pourquoi cet article?
M. LEFEBVRE: J'apprécie le ton raisonnable, M. le
Président, sur lequel vous discutez.
Je veux citer cet article parce que j'ai avancé une
hypothèse d'un fait, à mon avis, mais que le gouvernement est
libre de considérer comme une simple hypothèse, a l'effet qu'en
une circonstance, dans l'exécution de la politique de construction
scolaire, le ministre avait fait faire par une personne attachée au
ministère de l'Education, que l'on appelle un fonctionnaire, un haut
fonctionnaire, une commission qui, d'après le compte rendu du journal
que j'ai ici, était de nature politique.
Je revendique le droit, et si ce droit m'est refusé j'aimerais
qu'on me dise en vertu de quel principe, de démontrer mon assertion par
la citation de deux petits paragraphes. Or, ces messieurs hurlent aux
règlements mais ne citent aucun article précis.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous prouver que le paragraphe...
M. LEFEBVRE: Je veux prouver que ce que j'ai dit est vrai.
M. CARDINAL: M. le Président, permettez? Si le
député veut, j'essaie de citer autant que possible ce qu'il a
dit: Accuser le ministre d'avoir fait faire une commission politique par un
fonctionnaire. Il n'est pas nécessaire de recourir à cette source
qu'est cet article du 10 mars 1969, il n'est pas nécessaire que le
député tente de prouver quelque chose à partir d'une
hypothèse, terme qu'il a employé, je puis...
M. LEFEBVRE: Dans l'esprit du...
M. CARDINAL: M. le Président, peut-on me laisser terminer?
Dès maintenant je puis lui donner tous les faits qui se sont produits et
lui en donner d'autres s'il en désire davantage. Je lui rappelle ce que
je lui al dit hier, à la suite d'une question posée en Chambre,
qui est inscrite au feuilleton et dont les réponses sont maintenant
préparées et qui seront déposées incessamment. J'ai
toujours été disposé à répondre aux
questions concernant M. J.-Eugène Houde. Je tiens à
répéter devant les membres de cette commission ce que j'ai dit
hier d'ailleurs. Deux choses, la première c'est que de ce genre de
déclarations ou de ce genre de réceptions, je m'en abstenais en
général et que, dans tous les cas, depuis que je dirige le
ministère, j'avais chargé trois des membres de la
députation...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. CARDINAL: ... soit. Tiens, ça va avancer les débats,
vous vous opposiez à ce que nous en soulevions.
M. GARDNER: Attendons...
M. LEFEBVRE: Le ministre est en train de se défendre alors qu'on
nous refuse le droit de faire la preuve des accusations qu'on a
avancées. Il y a tout de même des limites!
M. le Président, c'est à vous de rendre la décision
sur le point d'ordre soulevé par le solliciteur général,
et je vous invite, si vous voulez passer à la postérité,
comme un bon président, à interpréter rigoureusement
l'article 285. Le solliciteur général, lui, ne sera pas pris
très au sérieux par la population de la province, avec ça.
Lisez l'article 285.
M. LE PRESIDENT: II y a 16...
M. GARDNER: Vous ne l'avez même pas lu.
M. LEFEBVRE: Quatrièmement... Oui, je l'ai lu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la première fois qu'il voit ce
livre-là.
M. LEFEBVRE: Voyons donc.
M. LE PRESIDENT: L'échelle, 231èmement.
M. LEFEBVRE: Trouvez-moi quelque chose là-dedans qui interdit de
citer un paragraphe d'un journal. C'est complètement ridicule.
M. MALTAIS (Limoilou): L'article 285.
M. LE PRESIDENT: Quatrièmement, on pourrait citer ceci: «
De lire un écrit, un imprimé ou quelques extraits d'écrits
ou d'imprimés qui ne se rapportent pas directement au sujet. »
M. LEFEBVRE: Qui ne se rapportent pas directement aux débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui ne se rapportent pas directement aux
débats...
M. GARDNER: Une accusation politique.
M. LEFEBVRE: M. le Président, c'est votre réputation qui
est en jeu.
M. GRENIER: Le député d'Ahuntsic n'a pas le droit
d'enlever le peu de prestige qui reste au parti libéral en tournant en
boufonnerie la séance sur l'éducation de cet
après-midi.
M. HOUDE: On pourrait peut-être aller chez-vous, d'abord avec
toutes les boufonneries, il ne doit pas rester grand-chose de
sérieux.
M. GRENIER: Vous êtes caricaturé depuis longtemps.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, pour clore le débat, je pense qu'il
s'agit...
M. GRENIER: Les invités vont être édifiés de
la discussion que vous apportez pour l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Conformément à l'article 285, à
quatrièmement, Je considère que le sujet est hors d'ordre et je
ne peux pas accepter qu'il lise son journal.
M. HOUDE: Ce n'est pas son journal, c'est le Soleil.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Ma décision est rendue, il reste la vôtre
à prendre.
M. LEFEBVRE: Oui. Je ne sais pas si nous avons le droit d'en appeler en
commission, attendez. Parce qu'on a convenu à la Chambre...
M. GARDNER: Vous avez le droit d'en appeler de la décision du
président.
M. GRENIER: Cessez donc de faire le bouffon et laissez-nous travailler
un peu.
M. LEFEBVRE: Vous, vous travaillez fort? Qu'avez-vous fait?
M. GRENIER: II est assez facile de travailler plus fort que vous
travaillez actuellement. Vous nous faites perdre du temps, à niaiser
depuis deux semaines que nous siégeons ici.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GRENIER: Vous nous faites perdre du temps aux frais de la province.
Cela fait trois jours qu'on traite de l'article 13, ici.
M. GOLDBLOOM. Il ne faut pas taxer d'autres de faire les bouffons...
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'ai l'honneur d'en appeler de la
décision.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous prenons le vote, messieurs?
M. LEFEBVRE: Sûrement. Oui, nous prenons le vote.
M. LE PRESIDENT: Alors ceux qui sont...
M. LEFEBVRE: ... en faveur du maintien de votre décision.
M. LE PRESIDENT: Alors ceux qui sont en faveur de ma décision. M.
Cardinal?
M. CARDINAL: En faveur de la décision du président,
évidemment.
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom?
M. GOLDBLOOM: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Grenier?
M. GRENIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Houde?
M. HOUDE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais (Limoilou)?
M. MALTAIS (Limoilou): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Gardner?
M. GARDNER: Pour. Pour... trois fois, au nom du ministre des Affaires
culturelles qui vient de s'absenter.
M. LE PRESIDENT: M. Teltley? M. TETLEY: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. CARDINAL. Il s'en vient.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qui se passe?
M. LEFEBVRE: Et après cela, on va nous parler des bouffons...
M. LE PRESIDENT: J'ai besoin de votre appui. Est-ce que vous soutenez le
président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je soutiens le président
certainement.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay (Montmorency)?
M. LEFEBVRE: On aura tout vu!
M. TREMBLAY (Montmorency): Pour.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Tremblay. Je n'ai pas le droit de
vote dans ce cas-ci. Alors, c'est 6 contre 4. Alors, nous passons à un
autre point.
M» LEFEBVRE: Nous passons à un autre point,
évidemment. Il est bien évident dans notre esprit que ceci va
revenir en Chambre. Je ne pense pas que le gouvernement y ait gagné quoi
que ce soit.
J'ai eu le temps, depuis notre dernière séance, de
vérifier au journal des Débats les questions que l'honorable chef
de l'Opposition avaient formulées en Chambre, en date du 26 mars,
concernant la Direction générale de l'équipement. Une,
à ma connaissance, n'a pas été formulée. Les
autres, je ne les formulerai pas, parce qu'elles ont été
formulées par moi-même ou par d'autres collègues, soit sous
la même forme, soit sous d'autres formes.
L'honorable chef de l'Opposition avait évidemment
mentionné au ministre de l'Education que nous profiterions de
l'étude des crédits pour obtenir des réponses
autant que faire se peut aux questions qu'il a soulevées en
Chambre le 26 mars. L'une de ces questions figure en page 612. Le ministre,
normalement, a eu tout le temps de faire préparer les réponses.
Voici la question.
Le gouvernement ou un des membres devrait nous dire, après avoir
fait enquête si nécessaire, si la société
d'ingénieurs qui contrôle à toutes fins pratiques la
Direction générale de l'équipement au ministère de
l'Education a des relations contractuelles avec des commissions scolaires
régionales ou locales et, en particulier, avec la Commission des
écoles catholiques de Montréal. J'ai moi-même
déjà mentionné au ministre, qui n'avait pas l'air
d'être au courant, qu'il y a, en effet, des relations contractuelles dans
le cas de la Commission des écoles catholiques de Montréal. La
ques- tion du chef de l'Opposition était plus générale, et
nous serions intéressés à avoir la réponse du
ministre concernant les contrats professionnels liant la société
Lalonde et Valois à d'autres commissions scolaires régionales et
locales?
C'est en page 612 du journal des Débats.
M. CARDINAL: J'aimerais avoir la question telle qu'elle a
été posée par le député d'A-huntsic. La
question qu'il a posée est plus longue que celle que j'ai devant moi. Je
voudrais répondre à la question précise. Auriez-vous
objection à la répéter, s'il vous plait.
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas d'objection. Sûrement pas. Je peux lire
exactement la même question. « Le gouvernement devrait nous dire si
la société d'ingénieurs qui contrôle à toutes
fins pratiques la Direction générale de l'équipement...
»
M. CARDINAL: J'ai compris la question.
M. LEFEBVRE: Vous avez compris, là?
M. CARDINAL: Dans la question, il y a d'abord un fait qui est inexact.
On dit: « Qui contrôle la Direction générale...
» J'ai, à plusieurs reprises, et devant la Chambre et devant cette
commission, en réponse à d'autres questions posées,
affirmé, prouvé et démontré que la
société dont il est question, c'est-à-dire la firme
Lalonde, Valois, Lamarre, Valois à Associés, n'a jamais
été engagée sur une base contractuelle pour
contrôler la Direction générale de l'équipement.
Cette firme a été engagée uniquement à titre de
consultante. La Direction générale de l'équipement
était, autrefois, la responsabilité de M. Yves Maheux. Elle est
maintenant celle de M. Michel Gendron. J'ai répondu à toutes ces
questions et donné ces détails. Il y a donc là une
affirmation qui n'est en rien fondée, qui n'est pas une question, mais
une affirmation inexacte.
Quant à la substance de la question, après avoir soustrait
cette affirmation, voici ce que je puis en dire. La firme Lalonde, Valois,
La-mare, Valois et Associés a été engagée pour
l'agrandissement de deux écoles et pour la construction d'une
école nouvelle de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Elle n'a pas été engagée pour aucune
autre construction d'école ailleurs dans la province, à la
connaissance du ministère et de celui qui vous parle.
En ce qui a trait à l'agrandissement des écoles, la
commission scolaire a appliqué, dans ce cas, la régie qu'elle a
toujours suivie, soit de nommer les mêmes professionnels pour les
agrandissements que ceux qui ont élaboré les plans originaux.
C'est pour cette raison que, dans les cas que j'ai mentionnés, la firme
en question a obtenu ces deux contrats et au moment où la firme avait,
auparavant, réalisé ces écoles, elle n'était pas
sous contrat avec le gouvernement du Québec. Voilà la
réponse précise, M. le Président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, maintenant c'est à mon tour,
le ministre sera bon prince, parce que tout à l'heure je lui ai
répété ma question, il y a une nuance de sa réponse
qui m'a échappé. Il s'agit bien de deux contrats à la
CECM.
M. CARDINAL: Je vais répéter et compléter si vous
permettez. La firme Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et Associés
était nommée pour l'agrandissement de deux écoles et
aussi...
M. LEFEBVRE: A Montréal?
M. CARDINAL: Oui. Et aussi pour la construction d'une école
nouvelle pour la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Pour ce qui est de l'agrandissement, j'ai donné un
éclaircissement. J'ajoute ceci. C'est le seul cas où la firme en
question a été nommée, à notre connaissance, pour
la construction d'une école. Il n'y a eu aucun autre cas dans tout le
Québec où cette firme ait été nommée, le
ministère n'ayant jamais autorisé, dans aucun autre cas, cette
firme à agir comme exécutante de construction d'écoles au
Québec.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le contrat pour la nouvelle
école, le ministre a-t-il le montant? Est-ce qu'il s'agit bien d'une
polyvalente d'un coût approximatif de $5 millions?
M. CARDINAL: Malheureusement, je n'ai pas ce détail aujourd'hui
avec mol.
M. LEFEBVRE: Oui, mais d'après mes informations, c'est cela.
M. CARDINAL: Je ne puis pas dire que ces informations sont exactes ou
non. Je ne nie pas le fait qu'il y ait eu une construction d'école.
Est-ce qu'on peut vous poser la question et vous demander quelle est
l'école dont il est question?
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas le nom de l'école.
M. CARDINAL: Ah, tiens! Nous sommes tous les deux dans la même
situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il a eu son renseignement d'un
sous-traitant.
M. LEFEBVRE: Sauf que je n'ai pas autant d'aide que le ministre, il en
conviendra.
M. LE PRESIDENT: Vous avez demandé que le ministre soit bon
prince, vous savez que le cardinal est un prince de l'Eglise.
M. LEFEBVRE: Je n'en doute pas.
M. CARDINAL: N'insistons pas. De toute façon, nous allons obtenir
cette réponse dès cet après-midi et je suis très
heureux de l'affirmation que vient de faire le député d'Ahuntslc
à l'effet qu'il y avait des gens excellents qui m'entouraient pour
m'alder à faire mon travail.
M. LEFEBVRE: Je l'ai toujours pensé, M. le Président. Ce
n'est que le ministre que nous voulons changer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable et très distingué
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Je vous remercie, M. le Président, et vous
félicite de votre victoire récente.
M. LE PRESIDENT: Quelle victoire? Celle de Bagot?
M. TETLEY: 6-4, le vote.
M. LE PRESIDENT: C'était 3-1 hier, Canadiens contre
Saint-Louis.
M. GRENIER: Vous parlez de hockey, vous.
M. LE PRESIDENT: Parlez-vous de hockey ou de baseball?
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais faire remarquer tout
simplement que j'ai devant mol une copie du fameux contrat entre le
gouvernement d'une part, ci-après appelé le propriétaire,
et la société Lalonde, Valois, Lamarre, etc. d'autre part; et je
voudrais faire un commentaire assez bref. Le ministre a expliqué qu'il
n'y avait pas de tort ou d'injustice. Evidemment, j'accepte ses mots à
cet effet. Mais il y a une expression anglaise qui, je crois, est
très opportune: Mr. President; « it is not only a question
of justice being done, but justice must seem to be done ».
Je crois que tout le monde peut regarder ce contrat et voir aussi que la
société Lalonde, Valois, Lamarre avait au moins deux contrats,
alors qu'un des associés importants faisait partie de la commission
scolaire de Montréal. Un tel état de chose met en doute les
activités soit du bureau de la société Lalonde, Valois,
soit celles de la commission scolaire.
Sans autres commentaires, je regrette cet état de chose et
j'espère qu'il n'y aura pas d'autres occasions parce que cela met
vraiment en doute l'efficacité de la commission scolaire et aussi celle
du gouvernement.
M. CARDINAL: M. le Président, je rappelle ce que je viens de dire
que dans le cas des deux agrandissements. Il ne s'agit pas du tout de ce que
l'on veut peut-être laisser entendre, si justice doit être faite et
si, en plus, l'on doit sembler l'avoir exécutée. Il ne faut pas
aussi, à la suite d'explications, qu'on laisse entendre que ces
explications n'ont pas été données.
Dans le même sujet et parce que justement, malgré tout ce
que l'on peut vouloir affirmer ou prouver, je désire que rien ne soit
caché. Après avoir fait des recherches qui s'étaient
avérées vaines au ministère, j'ai pu, grâce au
conseil de la trésorerie, vérifier un autre fait qui avait
été affirmé devant cette commission. De fait, je dis au
député d'Ahuntsic qu'il y avait eu un CT dont je n'ai pas le
numéro cependant, qui était daté du 4 janvier 1967, qui
avait été présenté...
Comment: Ah bon! Vous avez posé la question, j'y
réponds.
M. LEFEBVRE: Je l'apprécie.
M. CARDINAL: Quelles sont ces interventions...
M. LEFEBVRE: Bien, c'est une approbation. Je me réjouis, M. le
Président, que le ministre, enfin, ait la réponse. On lui a
posé la question trois fois.
M. CARDINAL: M. le Président, j'ajoute que cette recommandation,
si on peut l'appeler ainsi, enfin cette demande, avait été
gardée en suspens, non pas au ministère, mais par le conseil de
la trésorerie pour étude ultérieure. C'est à la
suite de ceci que la véritable recommandation qu'on a portée
devant cette commission, a été adoptée par le conseil de
la trésorerie, aux dates que j'ai indiquées.
Ce premier document, par conséquent, est un document qui n'est
pas de la nature d'une recommandation, qui n'a jamais reçu
d'approbation, qui n'a servi que de document de travail et de point de
départ d'une étude, à la demande-même du conseil de
la trésorerie.
M. LEFEBVRE: Je remercie monsieur...
M. CARDINAL: C'est de pratique courante, continuelle, hebdomadaire,
etc.
M. LEFEBVRE: Nous allons finir par avoir toute la vérité,
M. le Président, autour de cette transaction. Je dois dire au ministre
que nous soumettons à des études approfondies les comparaisons
des différents documents. C'est-à-dire que nous faisons une
étude comparée des différents documents qu'il nous a
produits. En temps et lieu, nous jugerons.
M. LE PRESIDENT: Parlez-vous en votre nom?
M. LEFEBVRE: Je parle au nom de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous représentez toute l'Opposition,
en totalité?
M. LEFEBVRE: Non, M. le Président, mais la
collégialité.
M. LE PRESIDENT: La collégialité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce ne doit pas être une grosse
communauté...
M. LEFEBVRE: M. le Président, avant que le ministre des Affaires
culturelles ne nous fasse sortir de notre sujet une fois de plus, j'aimerais
poser une question au nom de mon collègue, M. Cliche, qui ne pouvait pas
venir cet après-midi. Cette question a trait à l'implantation des
commissions régionales.
Ceci pourra permettre à tout le monde de relaxer parce que ma
question n'est pas du tout litigieuse, M. le Président. Mais ce n'est
que la faiblesse du gouvernement qui rend les questions litigieuses. A tout
événement, celle-ci est bien objective.
Mon collègue, M. Cliche, député d'Abitibi je
ne me rappelle jamais si c'est ouest ou est...
M. LE PRESIDENT: Cela n'a pas d'importance parce qu'on les
mélange tous les deux.
M. LEFEBVRE: Bon... Abitibi-Est... demande au ministre s'il voudrait
bien nous dire si les projets de construction des régionales concernant
la régionale de la Vérendrye, sont à point, s'il faut
prévoir, au cours de la prochaine année, la construction d'une
polyvalente à Val-d'Or, à Malartic ou aux deux endroits.
M. CARDINAL: M. le Président, J'ai répondu au moins trois
fois à cette question: en Chambre et ici, et je répète.
J'ai répondu hier au député de Montmorency. Les 108
députés pourraient poser, je l'ai dit, la même question
quant à une ou plusieurs polyvalentes dans leur comté. C'est
toujours la même chose qui reviendra comme réponse pour le
moment.
Regardons les procédures, la façon dont ceci
s'établit. Il y a d'abord l'étude du budget qui se fait au niveau
du ministère et au niveau du conseil des ministres. Puis, la
préparation de prévisions budgétaires qui sont
déposées en Chambre. Enfin, le discours du budget du ministre des
Finances. Il y a de prévu, dans ce poste budgétaire 13, et
à d'autres postes, des sommes qui permettent la construction
d'écoles polyvalentes secondaires. Ces sommes sont faites pour
s'appliquer à un certain nombre d'écoles. J'ai mentionné,
hier, qu'il était impossible de construire, dans une même
année, toutes les écoles polyvalentes secondaires, quels que
soient les désirs des gens. Encore une fois, il ne faut pas prendre ces
désirs pour des réalités et se rendre compte qu'on ne peut
réaliser ce qui doit être fait en éducation qu'au fur et
à mesure des moyens des contribuables du Québec.
Il a donc fallu établir au ministère une liste des
priorités à partir des clientèles scolaires, à
partir de l'équipement déjà existant dans chacun des
comtés, à partir des urgences qui peuvent exister, à
partir de la possibilité ou non d'avoir des locaux temporaires, des
horaires doubles dans certaines commissions scolaires.
Il a donc fallu établir une liste de priorités. J'ai
mentionné hier, et nous en sommes au même point qu'hier devant
cette commission, que cette liste de priorités avait été
tout récemment remise au ministre et était maintenant au ministre
des Finances pour étude entre les deux ministères
concernés afin qu'une autorisation soit obtenue et que je puisse rendre
publique cette liste qui n'est encore qu'un document de travail pour les
intéressés.
Je serai des plus heureux au monde de dire un jour, très
prochainement parce qu'il faudra commencer très prochainement
quelle est cette liste de priorités, et toute demande ou toute
pression qui sera faite recevra toujours cette même réponse:
lorsque cette liste de priorités aura été
définitivement approuvée, le ministre la rendra publique et la
suivra dans l'exécution des projets du ministère.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner une date
approximative de cette heureuse nouvelle?
M. CARDINAL: Je ne fais pas une promesse, je tente d'établir...
Disons que cela dépend un peu des travaux de cette commission, parce que
le temps que je serai ici, je ne serai pas en mesure de discuter avec le
ministre des Finances de cette question.
M. LEFEBVRE: Vous pourriez faire une entente avec vos collègues
pour qu'ils n'interrompent pas, cela irait plus vite.
M. CARDINAL: Je n'ai pas entendu d'interruptions, mais en tout cas...
Après la fin des travaux de cette commission, j'espère être
en mesure de donner un réponse dans les deux semaines qui suivaront la
fin des travaux de cette commission.
M. LEFEBVRE : Très bien, je remercie le ministre.
M. LE PRESIDENT: Poste 13, adopté? M. LEFEBVRE: Une seconde.
M. TREMBLAY (Montmorency): Hier j'avais demandé des chiffres sur
Jean-Talon. Quelques questions. Est-ce que vous allez nous faire parvenir ces
informations?
M. CARDINAL: Oui, je ne les ai pas encore, je regrette, comme vous le
savez, hier c'était le discours du budget et, hier après-midi,
c'était cette commission. Aussitôt que je les aurai, je les
apporterai.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le ministre, est-ce que vous pourriez, Je
ne veux pas prolonger le débat, qui est déjà suffisamment
long, à la régionale Orléans, la régionale
Sainte-Anne-de-Beaupré, qui a fait couler beaucoup d'encre dans la
région de Québec, enfin j'aimerais avoir certaines informations
quel terrain a été choisi pour cette régionale, quel est
le prix d'achat de ce terrain. Quand commenceront les travaux? Quelles sont les
estimations? Si c'était possible, je ne voudrais pas prolonger le
débat.
M. CARDINAL: Cela est différent, on pourra vous les donner. Je
puis vous dire dès maintenant de mémoire, quitte à
vérifier, qu'il y a une économie très considérable
dans le coût d'acquisition de ces terrains à la suite d'une
expropriation qui a été faite plutôt que d'une vente de
gré à gré. Une économie telle que la
différence entre l'acquisition des terrains de gré à
gré, je peux donner tous les détails à ce sujet-là,
cela sera fort instructif pour l'Opposition, d'ailleurs. Le prix, à la
suite de l'expropriation, est de l'ordre de huit fois moins.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 13, adopté?
M. LEFEBVRE: Seulement une minute, M. le Président, je n'ai pas
d'objection à approuver le poste budgétaire 13, sauf qu'il reste
certaines réponses à venir. Est-ce que le ministre aimerait les
déposer maintenant? Il y a le coût des services professionnels par
$1,000 de construction.
M. CARDINAL: Oui, continuez, je ne peux pas vous le donner
immédiatement, mais ce sera fait.
M. LEFEBVRE: Cela avait été noté, je pense.
M. CARDINAL: Cela avait été noté, dans le fond
c'est la même réponse que Je viens de donner au
député de Montmorency. Je soumets ceci, c'est qu'il n'est pas
nécessaire de retenir le poste budgétaire 13, je vous dis que ces
renseignements seront donnés...
M. LEFEBVRE: Dans le cas du député de Montmorency, c'est
à lui de s'occuper de son affaire. Dans le cas de ma réponse,
j'aimerais l'avoir avant la fin des travaux de la commission,
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: C'est ce que le ministre veut dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poste budgétaire 13, adopté?
M. LE PRESIDENT: Adopté, enfin!
M. LEFEBVRE: M. le Président, vous êtes censé
être impartial, dans toute la mesure du possible.
M. LE PRESIDENT: Je communie à l'impatience de plusieurs, je
communie. M. Tetley, pas de questions? Certain? Poste budgétaire 14.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'ai une proposition à
soumettre au ministre, est-ce que le ministre aurait objection à ce que
nous passions au poste budgétaire 15 d'abord et à ce que nous
fusionnions, pour les fins de la discussion, les postes budgétaires 14,
16, 17 et 18? Je crois que cela accélérerait les travaux parce
qu'autrement, comme ce sont des sujets connexes, nous allons continuellement
chevaucher d'un poste budgétaire à l'autre ou se renvoyer d'un
poste budgétaire à l'autre. Je pense que, pour tout le
problème du financement et des subventions, nous aurions
intérêt à regrouper cela, si le ministre est d'accord.
M. CARDINAL: Je ne puis, devant une suggestion du député
d'Ahuntsic, doublée d'une promesse, refuser.
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas fait de promesse. J'ai demandé au
ministre s'il était d'accord pour...
M. CARDINAL: Oui, c'est la promesse que cela activerait les travaux de
la commission.
M. LEFEBVRE: Ah, d'accord! Dans ce sens-là.
M. LE PRESIDENT: Parole de député? M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: Ayant reçu cette parole, Je suis disposé
à ce que nous passions au poste budgétaire 15: Aide aux
étudiants.
M. LEFEBVRE: Très bien. Je pense que mes collègues ont
plusieurs questions...
M. GOLDBLOOM: Je note que l'an dernier, le budget prévoyait
$12,680,000 à l'article des bourses d'études et $3,200,000
à l'article des intérêts sur les prêts. Est-ce que je
peux demander au ministre quels sont les montants qui ont été
réellement déboursés à ces articles?
M. CARDINAL: Le montant de $12,680,000 a été
déboursé en entier.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, je n'ai pas saisi le chiffre.
M. CARDINAL: Le montant total de $12,680,000 pour les bourses a
été entièrement versé. Pour ce qui est des
intérêts, j'ai un renseignement, au 28 février. Je ne l'ai
toutefois pas pour la fin de l'exercice. Au 28 février, pour les
intérêts, le montant était $1,500,500 de versés. Je
répète que ce n'est pas le montant total.
M. GOLDBLOOM: Oui, je comprends. Combien d'étudiants ont
été aidés, dans chaque cas, l'an dernier, et quelles sont
les prévisions pour le nombre d'étudiants, dans chaque cas, cette
année?
M. CARDINAL: Je vais obtenir le renseignement, mais je me rappelle que
j'ai, à plusieurs reprises déjà, donné ces
renseignements au cours des réunions de cette commission. Il me fera
plaisir de les répéter pour le bénéfice du
député de D'Arcy-McGee.
En 68/69, le nombre de demandes reçues, au 24 avril 1969, est de
63,580. Le nombre de demandes dont l'analyse est faite: 61,800. Par
conséquent, le nombre de demandes dont l'analyse n'est past
terminée: 1,780.
Ces 1,780 demandes se répartissent comme suit: Au 31 mars 1969,
1,538 formulaires sont parvenus incomplets au ministère et ont
été retournés aux étudiants pour qu'ils les
remplissent; 200 formulaires sont retenus pour fin de vérification; j'ai
déjà mentionné à plusieurs reprises que nous sommes
obligés de faire des vérifications. Il n'y a donc, en fait, que
42 formulaires qui sont en cours de traitement, qui sont « in process
», qui n'ont pas été terminés.
Le nombre de prêts émis, au 13 avril: 49,305. Le nombre de
bourses accordées, à la même date: 29,550. L'année
précédente, vous aviez, à pareille date, 43,003
prêts émis et 23,028 bourses accordées, au lieu de
29,550.
Est-ce que ceci répond à toutes les questions?
M. GOLDBLOOM: Je pense que oui. Mais j'ai l'impression que le nombre
d'étudiants concernés n'a pas augmenté dans la même
proportion que les chiffres prévus au budget cette année. Est-ce
que le ministère est plus généreux, cette
année?
M. CARDINAL: Non, Je viens de donner l'année en cours
comparée à l'année passée. Je n'ai pas donné
les chiffres de l'année 69/70, qui sont des prévisions. J'ai
comparé l'année 68/69 à l'année 67/68.
M. GOLDBLOOM: Ah, bon!
M. CARDINAL: Nous prévoyons de plus grandes demandes.
Deuxièmement, il y a un solde pour le deuxième versement de
bourses aux étudiants qui est transporté sur l'année qui a
commencé le 1er avril. Ceci explique le montant qui a été
augmenté.
M. GOLDBLOOM: Le ministre a parlé du petit nombre... il y a eu
une demande...
M. CARDINAL: En fait, c'est parce qu'il y a un montant de $8 millions
qui est reporté d'un exercice financier à l'autre. L'année
scolaire ne correspond pas à l'exercice financier.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CARDINAL: Et le premier et le deuxième versement des bourses
peuvent en partie chevaucher sur l'exercice financier.
M. GOLDBLOOM: Merci. Le ministre a parlé du petit nombre de
demandes qui demeurent en suspens.
M. CARDINAL: Quant au formulaire, oui.
M. GOLDBLOOM: Oui. Est-ce qu'il y a une date limite après
laquelle il n'y a plus moyen de revoir, de faire reviser les dossiers?
J'aimerais expliciter davantage ma question. Je comprends parfaitement que,
dans l'administration normale du ministère, on impose des dates
après lesquelles on n'accepte plus les demandes ni les demandes de
révision. Mais, dans les cas où il semble y avoir eu injustice
à l'endroit de l'étudiant, est-ce qu'il y a quand même une
date limite après laquelle il n'y a plus moyen de demander que cette
injustice soit corrigée?
M. CARDINAL: Je donnerai une réponse en trois parties à
cette question.
A) Il y a une date limite pour la revision.
B) Lorsque nous croyons qu'il y aurait eu injustice, si ce terme peut
être retenu, nous passons outre à cette date limite.
C) Il y a un fait nouveau qu'il faut quand même mentionner.
Ceci est l'application de lois et de règles administratives. Et
si, de fait, des gens soutenaient qu'ils ont été injustement
traités, ils peuvent maintenant avoir recours à ce
défenseur du peuple qui a été nommé.
M. GOLDBLOOM: Oui, je fais remarquer au ministre, et je comprends bien
que ce sera dorénavant le rôle du défenseur du peuple, mais
dans le passé, je me suis fait répondre par des
fonctionnaires qui ont fourni ces réponses sans doute de bonne
foi, que, malgré l'impression que j'avais comme député,
à l'effet qu'une injustice avait été créée
dans un cas particulier, il n'y avait quand même pas moyen de revoir le
dossier et de le réétudier.
M. CARDINAL: Je suis obligé de corriger cette affirmation, M. le
Président, en ce sens qu'encore une fois, ici, remarquez que les
fonctionnaires doivent obéir à des règles administratives,
nous l'admettons. Cependant, lorsque nous en avons appelé au ministre en
alléguant l'injustice. J'ai toujours demandé qu'il y ait
étude du dossier si c'était porté à ma
connaissance, même après la date limite fixée. C'est dans
ce sens que j'ai donné la deuxième partie de ma
réponse.
M. GOLDBLOOM: Quant à moi, en dernier lieu, M. le
Président, j'aimerais revenir, avec la permission du ministre, sur un
sujet que j'ai déjà soulevé en Chambre, et il a
répondu à la question, mais de façon provisoire. J'ai
demandé si la politique du ministère était appelée
à subir certaines modifications quant au fait que l'étudiant qui
fait sademande pour des prêts-bourses est réputé avoir
gagné un certain montant pendant l'été, même s'il
n'a pas réussi à obtenir un emploi. Je soulève la question
parce que l'on constate dans les journaux, dans la Presse d'aujourd'hui que je
n'ai pas devant moi, qu'il y a une étude qui est rapportée et qui
sera publiée vendredi, je pense, qui est résumée par les
quelques mots: « Ce n'est pas rose ». Il y a un parallèle
avec l'attitude du ministère de la Famille et du Bien-Etre social qui a
imposé, tout récemment, certaines restrictions aux
célibataires de moins d'un certain âge qui étalent
réputés avoir trouvé de l'emploi même s'ils n'en
avaient pas trouvé, qu'ils n'étaient plus admissibles aux
allocations sociales. Nous connaissons présentement une période
d'un taux fort de chômage, et je crois que cette politique du
ministère créera sûrement des injustices.
Je reçois, comme beaucoup d'autres députés, de
nombreux appels de jeunes et de leurs parents qui cherchent un emploi sans
pouvoir en trouver. Il y a des efforts qui se font par le truchement des
journaux et des postes de radio. Le journal auquel j'ai fait allusion, la
Presse, offre, et il mérite d'en être félicité, un
service gratuit aux étudiants. Au cours du mois de mai, de petites
annonces seront publiées gratuitement pour les étudiants au moins
trois fois par semaine, dans l'espoir que des employeurs, en lisant ces
annonces, seront inspirés pour offrir un emploi à un
étudiant qui le mérite et qui a la compétence voulue.
Malgré cela la Presse dit: « Ce n'est pas rose ». Je crois
que le ministère devrait se pencher tris sérieusement sur
l'ensemble de ce problème et au moins donner l'assurance aux
étudiants de la province que, le cas échéant, cette
politique ne sera pas appliquée avec plus de rigueur cet automne que
dans les années qui ont précédé.
M. CARDINAL: Cette année, le minimum de revenus de vacances,
minimum disons présumé, a été maintenu pour des
raisons strictement budgétaires. La population ne peut pas en même
temps tout demander et, en même temps, se plaindre à titre de
contribuable.
Il y a cette année, on l'a indiqué tantôt,
$22,600,000 d'attribués uniquement pour les bourses, ce qui ne comprend
pas les prêts qui sont à la disposition des étudiants,
comparativement à $12,680,000 l'an passé. C'est
déjà un effort considérable. Cependant, je l'ai à
plusieurs reprises affirmé, ce système de prêts-bourses
apparaît comme un pis-aller qui se justifie pour des raisons strictement
budgétaires, pour des raisons qui appartiennent strictement à
l'économie du Québec.
J'ajoute que, même si la situation n'est pas rose pour certains,
elle est tellement mieux que ce qu'elle était dans le passé pour
plusieurs raisons. C'est que les étudiants au niveau collégial
bénéficient maintenant de 30 collèges d'enseignement
général et professionnel, alors qu'il n'en avait aucun il y a 21
mois. L'enseignement y est entièrement gratuit. Il fallait avant, pour
avoir un enseignement de ce niveau, aller dans une institution privée et
payer des frais plus ou moins élevés.D'ailleurs la preuve en est
qu'il y avait 10,000 étudiants à ce niveau, il y a à peine
cinq ans, il y en aura 55,000 cette année. Donc, si ce n'est pas rose,
je me demande comment c'était antérieurement?
Deuxièmement, il n'y a pas un seul secteur de la
société où des citoyens soient aussi bien traités
que les étudiants dans ce domaine. Que l'on étudie même le
prêt agricole, c'est un prêt dont seul un petit montant est remis
à l'emprunteur s'il réalise certaines conditions. Les
étudiants bénéficient de bourses, c'est-à-dire de
sommes qui leur sont remises sans qu'ils n'aient à faire de
remboursement en aucun temps.
Le système idéal si les moyens du gouvernement, qui sont
les moyens de la population, le permettaient, serait la gratuité
à tous les niveaux. Nous en sommes rendus à la gratuité
scolaire jusqu'au seuil de l'université. Les bourses sont données
au niveau universitaire.Nous avons d'ailleurs déjà
étudié à plusieurs repri-
ses, cette possibilité. Nous savons que, pour une seule
année à l'université, dans la situation présente,
il en coûterait $10 millions de plus pour rendre cet enseignement gratuit
au premier niveau.
De plus, pour l'année 67/68, le montant des prêts et des
bourses mis ensemble mis à la disposition des étudiants forme un
total de $31,100,000, alors que le montant global offert pour l'année
68/69 est de $40,300,000. Il y a donc un effort considérable de fait de
la part du gouvernement, par conséquent des contribuables; même si
on a lieu de se plaindre, l'on se plaint toujours lorsque quelque chose n'est
pas entièrement gratuit. Les restrictions budgétaires dans une
période d'austérité, malgré ces augmentations
considérables du budget du ministère, ne nous permettent pas
d'aller au-delà de ce qui a été offert et
accordé.
Le ministère étudie quand même, avec le
ministère des Finances, la possibilité d'élargir la
gratuité scolaire dans tous les domaines de l'enseignement, mais il ne
sert à rien de rêver et de rêver surtout de l'idéal
pour demain, à moins que l'économie elle-même du
Québec ne le permette.
Alors Je regrette que certains puissent se plaindre d'une situation,
mais ces plaintes ne sont pas fondées sur des injustices. Je n'accepte
pas ce terme. Il n'y a pas d'injustice dans le fait que des gens qui
étudient reçoivent des bourses attribuées d'après
des normes qui sont objectives et s'appliquent à tous.
Par conséquent, il faut que la ligne soit coupée à
un moment donné et que ceux qui ne satisfont pas les normes au
critère soient exclus. Les demandes de bourses sont très
élevées. Nous en avons vu le nombre. Malheureusement le budget du
ministère ne permet pas de satisfaire à toutes les demandes et
à chacune d'elles dans sa totalité.
Cette norme qui présume un certain revenu de la part des
étudiants et cette norme qui présume que les parents fournissent
une certaine part est fondée, encore une fois, sur ce fait qu'il est
normal que quelqu'un qui investit dans son avenir participe lui-même dans
cet investissement plutôt que de se voir offrir tout par l'Etat. Ceci
changerait évidemment avec le temps, mais encore une fois, à ce
moment-là, les étudiants demanderont davantage et demanderont
comme on le sait le pré-salaire, demanderont peut-être autre
chose. La situation a sans cesse évolué et je le
répète encore une fois que le montant qui est mis à la
disposition des étudiants cette année est considérablement
plus élevé le ministre des Finances a rappelé hier
dans son discours du budget ce qui était à leur disposition
l'année dernière.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le ministre de sa réponse. Je voudrais
lui répondre quand même. Premièrement, je n'ai pas
accusé le ministère d'avoir commis des injustices dans le
passé. J'ai exprimé plutôt des craintes quant à
l'automne prochain à cause de la situation que nous connaissons.
Le ministre a demandé si ce n'est pas rose. Maintenant, qu'est-ce
que c'était dans le passé. Je ne voudrais pas reprendre la
série de chif-res qui démontre l'augmentation annuelle du taux de
chômage mais la situation, aujourd'hui, est différente de ce
qu'elle était auparavant et de ce qu'elle est ailleurs sur le continent
nord-américain.
Nous connaissions des situations où des étudiants ne
cherchaient même pas d'emploi au cours de ces mois-ci de l'année,
au cours des mois de mars, avril, mal. Ils attendaient le mois de juillet pour
en chercher en se disant et c'était vrai qu'il n'y aurait
pas de problème, qu'ils trouveraient facilement des postes. D'autres
auront accepté des postes et auront, par la suite, décidé
de faire autre chose, auront trouvé quelque chose de meilleur.
Là, il y aura des places vides et nous les trouverons sans
difficulté et c'est en effet le cas.
Je dois attirer l'attention du ministre au fait que, récemment,
un rapport paru dans les journaux et diffisé par les autres
médias d'information, a cité le directeur du service de placement
du ministère du Travail qui disait qu'il ne prévoyait pas trouver
d'emploi pour la moitié, à peu près 50% des
étudiants qui font la demande et qui cherchent par le truchement de ce
ministère-là, la possibilité de trouver un emploi et de
gagner des sommes d'argent qu'ils seront réputés avoir
gagnées.
Je me demande si, dans le cas de l'étudiant, le gouvernement ne
devrait pas agir de la même façon qu'avec les assistés
sociaux. C'est-à-dire, prendre, lui, la responsabilité d'aider
l'étudiant et si l'étudiant refuse un poste, à ce
moment-là, c'est sa responsabilité de ne pas avoir gagné
l'argent. Mais si l'emploi existe et est offert avec l'aide du gouvernement,
là l'étudiant serait en mesure de pouvoir compter au moins sur
une aide assez précieuse dans ce problème épineux.
M. CARDINAL: Pour ajouter à ce que J'ai mentionné, je suis
prêt à remettre à chacun des membres de la commission un
dépliant qui explique le système des prêts-bourses et toute
la documentation qui est maintenant prête. Alors, voulez-vous en
distribuer aux membres de la commission?
M. BLANK: Suivant le député de D'Arcy-
McGee, le ministre a dit qu'il n'y a pas d'injustice dans les moyens
pour estimer que les étudiants gagnent tel montant. Je trouve qu'il y
aura vraiment de l'injustice cette année parce qu'il n'y a pas assez de
postes pour les étudiants. Les étudiants qui en ont le plus
besoin ne pourront pas trouver de situation, parce qu'ils viennent de la classe
pauvre. Leurs familles ne sont pas en mesure de trouver de l'emploi à
ces étudiants durant l'été. Ce sont les étudiants
des familles mieux placées qui peuvent trouver de l'emploi plus
facilement que les autres. C'est une injustice pour ces étudiants que
leurs familles ne peuvent pas aider, parce qu'elles sont d'une classe pauvre.
C'est là que se trouve l'injustice.
Je pense que l'idée du député de D'Arcy-McGee est
que si l'étudiant n'acceptait pas l'offre qu'on lui fait, à ce
moment-là, il perdrait ses droits ou le montant ajouté. Mais si
l'on n'offre pas de poste à ces gens-là et je parle
particulièrement des gens de mon comté qui viennent des familles
pauvres dont le père n'est pas un patron, un gérant ou ne
détient pas un poste clé dans l'industrie ils ne
trouveront jamais de situation sur le marché du travail. C'est cela qui
est une injustice. . M. CARDINAL: Je note que ce que vient de dire le
député il l'a mentionné lui-même c'est
une opinion. Cependant, j'ajouterai ceci devant cette commission: Toute
suggestion positive est toujours reçue avec plaisir et sera
étudiée au ministère. Cependant, nous devons nous en
tenir, quant au poste budgétaire 15, aux prévisions
budgétaires qui apparaissent dans ce livre qui est devant nous.
M. HOUDE: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre. Lorsqu'un étudiant est refusé, peu importent les
raisons, il m'arrive très souvent comme député
j'imagine que cela arrive à tous les autres députés
que les parents ou l'étudiant m'envoie une longue lettre m'expliquant
leur désappointement et parfois me donnant une dizaine de bonnes raisons
pourquoi on devrait reviser leur cas. A ce moment-là, les
députés j'imagine que beaucoup le font se sentent
obligés d'écrire au directeur du service de l'aide aux
étudiants, reprenant les arguments de notre étudiant ou encore
faisant une photocopie de sa lettre et demandant de reviser son cas.
Je voudrais savoir si c'est la mécanographie qui revise les cas
ou si c'est un comité, et quel est le nombre de cas revisés qui a
donné satisfaction ou raison aux réclamants. Est-ce que cela vaut
vraiment la peine de faire reviser un cas? C'est ce que nous nous demandons
parfois.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est un comité qui revise,
ce n'est pas une machine. Le nombre de demandes de revision, quoiqu'il en
apparaisse, n'est pas aussi élevé que nous pouvons le croire. Je
m'explique. Il y a un paradoxe là-dedans. Je suis député
comme les autres membres de cette commission.
Si nous recevons, chacun des députés, 40 lettres, c'est un
nombre qui nous paraît important. Multipliez-le par le nombre de
députés et vous arrivez à un chiffre de 4,000, ce qui est,
vis-à-vis des demandes de l'ordre de $70,000, relativement modeste.
Enfin, les chiffres sont les suivants; le nombre de demandes de revision au 24
du présent mois n'était que de 4,842. De ces 4,842, 4,267 ont
déjà été analysés et 575 sont encore
à l'analyse.
Il y a une question additionnelle qui est posée: Quelle est la
proportion des demandes de revision qui reçoivent satisfaction? Je n'ai
pas les chiffres devant moi, il faudrait les établir quant au
passé . Je n'ai pas le pourcentage, je vous donnerai une
appréciation. Ce n'est pas la majorité qui reçoit une
réponse affirmative à sa demande.
Dans la majorité des cas de demandes de revision, il se produit
deux faits. Ou la demande de revision n'est pas fondée; on invoque des
arguments autres que les critères ou les normes ou l'on met en cause les
critères et les normes.
Je reprends un exemple. Si l'on dit que la bourse a été
refusée parce que le père gagne un salaire de tant, le
père écrira au député et lui dira: Même si
j'ai un salaire de tant, j'ai une maison, une auto, trois enfants, et ma femme
est malade. Je regrette, mais à ce moment-lâ, les normes ne nous
permettent pas, même dans un cas de revision, de faire un spécial,
c'est la première raison.
La deuxième raison pour laquelle ce n'est qu'une minorité
qui reçoit satisfaction, c'est qu'il y a les limites budgétaires.
Lorsqu'un certain nombre de bourses ont été accordées, et
que nous arrivons à l'épuisement du montant total, il n'y a pas
possibilité d'accorder plus que ce que les prévisions
budgétaires ne nous permettent.
M. LEFEBVRE: M. le Président, la dernière réponse
du ministre m'inquiète en ce sens qu'encore cette semaine, en tant que
député, f ai transmis quelques lettres à la Direction du
service de l'aide aux étudiants.
M. CARDINAL: Est-ce qu'on peut vous demander combien?
M. LEFEBVRE: Deux. Mais seulement, dans
les deux cas, ce qui m'étonne un peu je prends la parole
du ministre et les chiffres qu'il a donnés et je ne mets pas en doute
ces chiffres mais c'est quand même un peu étonnant, parce
que, dans les conversations entre les députés, il semble qu'il y
ait encore, ces semaines-ci, si on faisait le tour de la table, je suis
sûr que tous les députés pourraient citer au ministre des
cas concrets, où il y a encore des étudiants qui n'ont
reçu aucune réponse.
M. CARDINAL: Ne mêlons pas les choses. Ce n'est pas la
question.
M. LEFEBVRE: Non?
M. CARDINAL: Ce n'est pas la question, ce sont les demandes de
revision.
M. LEFEBVRE: Oui, d'accord.
M. CARDINAL: Si nous parlons de demandes de revision... Supposons que je
prenne le chiffre de 575 demandes qui font pas été
revisées...
M. LEFEBVRE: Non, non...
M. CARDINAL: ... qu'on est en train de reviser, bien, si vous divisez
par le nombre de députés, cela en fait cinq pour chacun cette
semaine.
UNE VOIX: On répond deux.
M. LEFEBVRE: Non, mais M. le Président...
M. CARDINAL: Quant à la question, je ne sais pas qu'elle est la
question du député d'Ahuntsic, je ne veux pas la formuler
d'avance à sa place, mais...
M. LEFEBVRE: J'ai dit que j'enchaàais avec la dernière
remarque.
M. CARDINAL: Ah bon!
M. LEFEBVRE: C'est parce que le ministre a dit, en terminant ses
remarques, que lorsqu'il n'y avait plus de fonds, c'était bien dommage,
mais on ne pouvait pas donner droit... Mais est-ce que ça veut
dire...
M. CARDINAL: C'est pourquoi il y a des dates limites. Vous comprenez,
parce qu'on ne peut pas au-delà... On ne saurait jamais...
M. LEFEBVRE: Oui, mais c'est un peu inquiétant tout de
même. Est-ce que ça veut dire qu'un étudiant qui, par
hypothèse, aurait eu un droit parfait à une bourse
d'étude, qui, pour une raison cléricale quelconque, n'aurait pas
eu de réponse...
A telle date, il fait une demande. Le ministre lui dit: C'est dommage,
vous y avez droit, mais il n'y a plus de fonds. C'est cela que ça veut
dire?
M. CARDINAL: Ce n'est pas cela que cela veut dire. S'il a fait sa
demande de revision avant la date prévue, ceci ne peut pas se
produire.
M. LEFEBVRE: Ah bon!
M. CARDINAL: Le cas mentionné serait un cas extrême. Il n'y
en a pas qui aient été portés à ma connaissance,
des cas semblables, qui seraient des cas extrêmes. Ce cas-là,
théoriquement, pourrait se produire. La machine aurait pu commettre une
erreur, peut-être. Je n'en sais rien, je ne suis pas informaticien. Le
comité de revision aurait pu en commettre une aussi, ce sont des
êtres humains. Dans ces cas-là, j'ai indiqué que, s'il y
avait vraiment injustice, à une question du député de
D'Arcy-McGee, que nous pourrions faire un spécial et j'ai même
indiqué que, maintenant, il y avait une autre voie qui était
offerte à cette personne. Ce sont tellement des cas
hypothétiques, enfin, je n'en connais pas depuis les dix-huit mois que
je suis au ministère.
M. LEFEBVRE: Maintenant, le ministre, incidemment, M. le
président, dans sa réponse aux questions de mon collègue
de D'Arcy-McGee, a mentionné un chiffre qui est d'intérêt
pour nous. Il a dit qu'il en coûterait $10 millions pour établir
la gratuité...
M. CARDINAL: Approximativement.
M. LEFEBVRE: ... scolaire au niveau universitaire...
M. CARDINAL: Pour une année... M. LEFEBVRE: Oui, est-ce
que...
M. CARDINAL: ... dans les six universités déjà
existantes.
M. LEFEBVRE: Pour une année, vous voulez dire seulement pour les
étudiants qui entrent en première année?
M. CARDINAL: Oui, c'est ça.
M. LEFEBVRE: Un niveau?
M. CARDINAL: Oui. Dans les universités déjà
existantes et non pas dans celles qui sont en voie de création.
M. GRENIER (président de la commission de l'éducation): Un
instant...
M. CARDINAL: Et ça, ce sont des bourses fondées sur les
normes actuelles.
M. LE PRESIDENT: Permettez-vous une question avant d'entrer sur un autre
terrain, à titre de député? Je sais que vous saisissez les
questions assez rapidement mais il y a un domaine... Il y a sûrement
plusieurs publications pour les prêts-bourses des étudiants. Mais
en résumé, est-ce que vous pourriez nous dire qu'il y a eu
diminution du côté des bourses et augmentation du
côté des prêts de la part de tous les étudiants par
rapport aux demandes qui ont été faites l'an passé alors
qu'on a su qu'il y avait des fils de parents qui avaient passablement d'argent
qui se servaient de leurs bourses à bien d'autres fins que celle de
payer leurs frais d'éducation?
M. CARDINAL: Est-ce que je peux prendre les deux questions et
compléter? Quand je parle de $10 millions approximativement, je parle
d'un chiffre net. C'est que cela coûterait plus que ça. Mais comme
ces étudiants-là ont déjà...
M. LEFEBVRE: Ah, bon! c'est ça que je voulais savoir.
M. CARDINAL: ... soit des prêts, soit des bourses, qu'il y a
déjà des subventions données aux universités, etc.,
cela coûterait beaucoup plus que cela. Cela coûterait plus que le
double du montant que j'ai mentionné.
M. LEFEBVRE: Vous avez tenu compte de l'économie au niveau des
bourses.
M. CARDINAL: Oui. Voyez-vous, cela coûterait, par exemple, revenus
des droits de scolarité des étudiants à temps plein de
l'enseignement régulier, pour l'année 68/69, $26,409,071.
M. LEFEBVRE: Pour tous les nouveaux, ça? M. CARDINAL: Oui, pour
tous les nouveaux.
M. LEFEBVRE: Bien $26 millions, pour tous les nouveaux, pour toutes les
universités?
M. CARDINAL: Pour tous les revenus des droits de scolarité...
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: ... pour les étudiants à temps plein. Mais
lorsque vous parlez de gratuité ou que vous parlez de bourses, il
faudrait tellement apporter de distinctions. Nous avons des tableaux complets.
Je parlais des CEGEP tantôt, il n'y a pas de frais de scolarité,
il y a quand même des bourses qui sont accordées pour
séjour et transport.
M. LEFEBVRE: Oui, bien sûr.
M. CARDINAL: Bon. Quand vous parlez d'entière scolarité,
il faut définir ces termes. Si vous parlez des droits de
scolarité qui sont payés plus le séjour qu'a
l'étudiant universitaire qui, en général, c'est assez rare
qu'il séjourne dans sa ville, sauf ceux de Montréal,
Québec et Sherbrooke, etc., qui sont sur place. Nous avons
calculé au ministère, sur des tableaux, quel serait le coût
de diminution de tant pour cent de ces droits qu'il paie déjà,
quel serait le coût brut, si on ne tient pas compte des bourses, etc.
Mais les chiffres que je viens de donner depuis le début sont des
chiffres qui sont donnés approximativement, je n'avais pas de tableaux
devant moi.
M. LEFEBVRE: Disons qu'à première vue, le montant de
$10,000,000, tel que le ministre le définit, étonne si l'on tient
compte de l'autre montant qu'il a mentionné à l'effet que la
scolarité des étudiants rapporte $26,000,000 au total pour
l'ensemble de la province et l'ensemble des universités.
M. CARDINAL: Avait rapporté. Pour cette année, je vais
donner le chiffre précis. Je l'ai devant moi. Pour cette année le
revenu des droits de scolarité serait de $32,387,765.
M. LEFEBVRE: Alors, le coût de la gratuité au niveau
universitaire serait $32 millions moins les frais d'administration de la
collecte des frais de scolarité?
M. CARDINAL: Le chiffre de $10 millions est peut-être imparfait
dans ce sens-là, si vous calculez que dans les universités vous
avez normalement trois années de scolarité et que vous prenez une
année de celle-ci, vous arrivez comme chiffre brut à un petit peu
plus de $10 millions. Si vous enlevez maintenant les
prêts-bourses, etc., vous allez peut-être arriver à
un peu moins que $10 millions. Comme je disais tantôt, c'est une
approximation que je donnais de mémoire.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. CARDINAL: Je regrette si le chiffre a été mal
interprété parce que je n'ai pas donné plus
d'explications.
M. LEFEBVRE: Non.
M. CARDINAL: Vous me permettrez de répondre maintenant à
une question du président, le député de Frontenac. J'ai
entendu à plusieurs reprises, j'ai vu dans les journaux cette
affirmation, j'ai reçu des lettres rappelant cette affirmation que des
étudiants qui recevaient des bourses du gouvernement s'empressaient,
lors de la réception du premier chèque, de l'endosser et
d'acheter des motos-neige, des skis ou de faire son premier versement sur une
voiture. Nous ne sommes pas en mesure de vérifier ces faits et,
même si nous les vérifions, je ne vois pas où nous irions.
Parce qu'il faut bien se rendre compte d'un fait précis sur lequel je
veux insister. Il est de la responsabilité du ministère et du
gouvernement de voir si les normes de ces bourses sont respectées, si
ceux qui reçoivent ces bourses les méritent au sens de la loi et
des règlements. Mais il n'est aucunement de la responsabilité du
ministère, dans le système actuel, de vérifier
l'utilisation qui est faite de cette somme. Ce que je veux dire, c'est que
l'étudiant qui reçoit une semblable aide du gouvernement est
libre de l'employer à bon ou à mauvais escient. A plusieurs
reprises, lu ministère, le ministre ont émis des
communiqués et ont fait des déclarations à ce sujet pour
inciter, pour enjoindre les étudiants à se servir de ces sommes
dont le besoin devait être réel puisqu'ils avaient obtenu la
bourse pour les fins pour lesquelles cette bourse était
émise.
Ceci était exactement la même chose que pour les
subventions aux universités. On peut se rendre compte, si vous permettez
cette analogie, que lorsque partant des budgets des universités, nous
octroyons des subsides aux universités, nous ne surveillons pas l'emploi
de ces subsides pour ces universités. Il y a souvent des erreurs de ce
côté et l'on dit: Parce qu'il y a tant de professeurs, les
augmentations de l'échelle des professeurs sont de tant. Ceci sert de
base pour établir les subventions. Une fois que l'université a
cette subvention, elle peut aussi bien l'utiliser pour d'autres fins que pour
augmenter son échelle de salaires. Les étudiants qui
reçoivent une bourse, évidemment, sont liés moralement
pour l'utilisation de cette bourse, mais le ministère n'a jamais suivi
l'utilisation de ces bourses.
Je ferais un commentaire additionnel. Nous avons demandé aux
institutions qui reçoivent les listes de bourses qui sont
accordées, d'aider dans ce domaine et, par exemple, si les frais de
scolarité leur sont dus, de voir à ce que les frais de
scolarité leur soient remis au moment où le chèque est
remis. Mais, il y a des endroits où au contraire certaines institutions
ne veulent absolument pas intervenir dans l'attribution de la bourse ou dans la
confirmation des renseignements qui sont donnés par l'étudiant.
Et, à ce moment-là, l'étudiant reçoit son
chèque et il a l'entière liberté de l'être humain
d'agir à bon ou à mauvais escient.
M. LE PRESIDENT (M. Grenier): La deuxième partie de ma question
ou une deuxième question, si vous voulez, c'est qu'on se plaignait il y
a deux ans au moins que les bourses étaient données de cette
façon qu'on encourageait les étudiants à ne pas travailler
durant l'été s'ils voulaient avoir une bourse, est-ce que cela a
été modifié cette année?
M. CARDINAL: Oui, la règle avait été
modifiée, c'est pourquoi d'ailleurs, c'est une autre explication de
l'augmentation du montant. Il est resté une norme quant au travail
d'été, mais la base de cette norme a été
élargie de façon qu'elle ne soit pas aussi stricte et aussi
sévère qu'elle l'était dans le passé.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre ne croit pas qu'une bonne
façon d'éliminer et les retards et les erreurs possibles dans
l'attribution des bourses serait da décentraliser l'administration de ce
service de l'aide aux étudiants?
M. CARDINAL: Le ministre le croit certainement. Il a lui-même
tenté cet effort avec la collaboration des institutions où sont
ces étudiants. Il n'a pas eu la collaboration qu'il attendait dans ce
domaine. Je regrette de le dire, mais cette suggestion a déjà
été faite. Je l'ai déjà faite moi-même en
public.
Moi-même, je ne suis pas satisfait des résultats, si vous
voulez de ce procédé, mais il est très difficile, devant
des nombres aussi grands, alors que, chaque année, le budget et les
normes ont été modifiés, d'arriver à un meilleur
résultat.
Les employés du ministère sont débordés par
l'avalanche de demandes parce que ceci est tris saisonnier. Il y a une
période de pointe, évidemment. D'autre part, je regrette de le
dire: Dans ce domaine, nous n'avons pas eu de collaboration de
l'extérieur et, même dans le domaine des prêts, les
députés savent qu'en certains endroits, les institutions
financières n'ont pas collaboré pour accorder les
prêts.
Je regrette de le dire, mais c'est un fait et...
M. GOLDBLOOM: Est-ce que cette situation est maintenant
corrigée?
M. CARDINAL: Pour ce qui est des prêts, cette année, nous
n'avons pas encore eu de plainte de la part des étudiants, cette
année.
M. LEFEBVRE: Au point de vue de l'administration...
M. CARDINAL: Mais la suggestion est acceptée et fort
heureuse.
M. LEFEBVRE: Je veux pousser plus loin ma suggestion. Il me semble qu'il
en coûterait moins cher à la province, donc aux deniers publics,
et qu'on arriverait à un meilleur résultat si le ministère
lui-même, puisqu'il a de la difficulté à obtenir la
collaboration des institutions enfin, c'est le ministre qui nous le dit,
mol Je ne suis pas au courant est-ce que le ministère
lui-même n'aurait pas intérêt à placer un ou deux
fonctionnaires ou un nombre X de fonctionnaires à l'université de
Montréal, par exemple, à les entourer d'un comité
consultatif quelconque où il y aurait des professeurs, des
étudiants, de façon que l'administration des bourses, selon les
normes générales il ne s'agit pas d'établir des
normes pour chaque institution, cela n'est pas le sens de ma suggestion
mais de façon à décentraliser l'administration et de
façon à être certain que les informations qui sont
transmises sont des informations réelles.
M. CARDINAL: C'est déjà fait, en partie, par les bureaux
régionaux.
C'est fait sur deux plans. Actuellement, par exemple, dans les bureaux
régionaux, prenons un bureau important, celui de Montréal. Il y a
même un téléscripteur aux moments de pointe, qui fonctionne
sans cesse. Les étudiants qui veulent demander une revision, les
étudiants qui veulent demander des renseignements, les étudiants
qui ont quelques renseignements à nous donner peuvent le faire au bureau
régional et, dans la nuit, tous ces renseignements sont rendus à
l'informatique et au bureau central.
M. LEFEBVRE: Sur la rue Crémazie? M. CARDINAL: Oui, c'est
exact.
M. LEFEBVRE: Ne serait-il pas bien plus simple d'avoir un petit bureau
dans l'université de Montréal, un dans l'université
McGill, un...
M. CARDINAL: Je prends la suggestion, mais il y a une objection. C'est
que vous avez 30 collèges d'enseignement général et
professionnel, vous avez tous les instituts de métiers et vous aurez,
à l'avenir, les 9 universités où il faudra
décentraliser en plus des bureaux régionaux.
Je ne dis pas que c'est impossible, je vous dis que...
M. LEFEBVRE: Le ministre ne doit pas essayer de faire une preuve par
l'absurde. Je suis sûr qu'il concourra avec moi pour dire qu'il y a une
différence entre une institution où il y a 50, 100 ou 200
étudiants et une où il y en a 15,000 ou 20,000.
Alors, notre suggestion est à l'effet de décentraliser
là où c'est efficace de le faire, non pas, bien sûr,
d'avoir des fonctionnaires du ministère dans tous les jardins de
l'enfance. Cela ne s'appliquerait pas, d'ailleurs, parce qu'il n'est pas
question de bourse d'études à ce niveau-là, mais...
M. CARDINAL: Si vous me permettez, non, je ne procède pas par
l'absurde. Je reprends les chiffres mêmes du député
d'Ahuntsic. Il connaît le CEGEP d'Ahuntsic. Il n'y a pas que 50 ou...
Vous avez plusieurs milliers d'étudiants dans ce CEGEP.
M. LEFEBVRE: C'est 3,000 ou 4,000.
M. CARDINAL: Le problème, c'est que vous seriez obligés
d'avoir des fonctionnaires en nombre quand même assez Important à
travers tout le territoire du Québec, parce que des universités,
il y en a maintenant à Trois-Rivières, Chicoutimi, etc. Je ne dis
pas que c'est impossible. Je dis même que je retiens la suggestion pour
en étudier la possibilité d'application; il ne faudrait pas que
la dépense pour ces fins vienne éroder les montants qui servent
à l'avantage des étudiants.
M. LEFEBVRE: Nous constatons que, dans plusieurs ministères,
à Québec, on a tendance à croire que la centralisation,
que l'on décrie tellement sur le plan du fédéralisme, est
considérée comme la panacée à tous les
problèmes.
Comme mon collègue le mentionnait tout à
l'heure ce n'est pas le moment d'en débattre ici
mais, au ministère de la Famille et du Bien-Etre social, je crois qu'on
se crée les mêmes embûches: en voulant tout centraliser, on
rend inefficace...
M. CARDINAL: Je me permets de dire que, dans mon texte
préliminaire, j'ai justement indiqué qu'au contraire, le
ministère, actuellement, décentralisait au moyen des bureaux
régionaux.
Plus que cela, cette tentative que Je viens de mentionner a
été essayée en certains endroits. Je ne dis pas à
tous les endroits, il n'y a pas eu une décentralisation totale. Je n'ai
pas à la mémoire, ni devant moi, la ou les institutions où
cela s'est fait, mais cela n'a pas donné le résultat
espéré. On peut quand même étudier la
suggestion.
M. LEFEBVRE: Je pense que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. TETLEY: Non.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais demander au ministre de préciser une
déclaration qu'il a faite tout à l'heure au cours d'une
réponse à une question plus générale. Il a
laissé l'impression c'est évidemment
l'interprétation que j'en fais et j'espère qu'elle n'est pas la
bonne que le système administratif du service de l'aide aux
étudiants n'a pas la souplesse nécessaire pour que le
ministère tienne compte des événements de l'année
courante au sein d'une feuille.
Je parle du cas où, par exemple, la maladie frappe de
façon catastrophique, où les affaires financières du
gagne-pain vont soudainement très mal, contrairement à ses
propres prévisions pour cette année. Où la famille subit
la dissolution que peut entraîner le divorce ou quelque chose comme cela.
Est-il possible à ce moment d'aider, comme cas spécial, le jeune
qui se trouve en panne, en panne presque complète, à cause de ces
imprévus qui sont absolument indépendants de sa volonté et
qui sont indépendants de ce qu'il a fourni au ministère comme
évidence à l'appui de sa demande originale?
M. CARDINAL: M. le Président, si l'on a interprété
mes paroles dans ce sens, je me suis mal exprimé ou l'on m'a mal
compris. Au contraire, l'expérience que j'ai au ministère me
permet d'affirmer que ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Je prends
un exemple: je reçois une lettre à un certain moment d'un
père qui m'explique que son fils, étudiant, jusqu'à telle
date en cours d'année, travaillait et étudiait à temps
partiel, et par conséquent ne pouvait pas bénéficier d'une
bourse. A un moment donné, il a perdu son travail et il est devenu
étudiant à temps plein se disant: Ceci me sera toujours utile. Il
a fait une demande de revision de sa première demande, la date de
demande de revision étant passée, j'ai remis « dans la
machine », si vous me permettez cette expression, cette demande parce que
les faits prouvaient que c'était un cas où il s'était
produit quelque chose que le système ne pouvait pas prévoir. Ma
réponse sera donc celle-ci: c'est que le système de revision,
même avec une date limite, conserve assez de souplesse pour parer
à des cas exceptionnels, ce que j'appelle des cas exceptionnels.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais dire au ministre que ce n'est pas une question
purement théorique, c'est à partir de certains cas
particuliers...
M. CARDINAL: L'exemple que je donne montre que ce n'est pas
théorique.
M. GOLDBLOOM: ... mais là aussi, et sans vouloir critiquer le
moindrement les fonctionnaires, je dois dire en passant que cette année
surtout la collaboration que personnellement je reçois de la part des
fonctionnaires de ce service est excellente. Je me suis quand même fait
répondre que, dans le cas d'une famille où le père avait
déserté et où la mère avait dû courir
chercher du travail sans pouvoir en trouver immédiatement, soit que le
père entretemps avait perdu son commerce, et avait
préféré faire une déclaration d'impôts selon
laquelle il n'aurait pas gagné assez d'argent au cours de l'an dernier
pour payer de l'impôt, je me suis fait répondre que dans un tel
cas, on tiendra compte de ces faits l'an prochain, mais c'est trop tard pour
cette année.
M. CARDINAL: Ce sont des choses qui peuvent se produire. Je pense que,
dans tout système, il arrive des cas exceptionnels aux exceptions.
M. GOLDBLOOM: Le ministre s'est engagé à en discuter avec
ses fonctionnaires pour être certain que les réponses seraient les
bonnes, j'attire son attention sur ce problème dans ce sens.
M. HOUDE: M. le Ministre, me permettriez-vous une question concernant la
question de l'aide aux étudiants, mais qui n'a absolument pas rapport
aux bourses d'études? Serait-ce possible?
M. CARDINAL: C'est peut-être possible. Nous verrons après
que la question sera posée.
M. LEFEBVRE: Si votre question est gentille.
M. HOUDE: C'est un cas qui se présente, j'en ai glissé un
mot avec le sous-ministre, M. Martin.
Comment peut-on aider l'étudiant ou l'étudiante qui a
complété actuellement ou qui complétera en
français, d'ici quinze jours une onzième année
commerciale, sténo-dactylo? C'est un cas bien précis, dans une
régionale, mais qui ne veut pas aller sur le marché du travail,
et qui veut continuer ses études, quitte à reprendre la
même onzième année, ou la même dixième
année, mais en langue anglaise dans les écoles publiques.
M. CARDINAL: Je ne sais pas quelle a été la réponse
du sous-ministre, c'est une question d'aide au sens...
M. HOUDE: Non, mais il n'est pas si facile que cela d'y répondre.
C'est un cas qui se présente...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela, c'est de l'orientation, ce n'est pas
budgétaire...
M. HOUDE: Ecoutez...
M. CARDINAL: Si vous me permettez une réponse précise:
quant aux règles, c'est que la loi ne permet pas de donner des
prêts-bourses à ce niveau.
M. HOUDE: Non, d'accord.
M. CARDINAL: Alors, sur cette base, il n'y a pas d'aide.
C'est-à-dire que l'aide aux étudiants au sens de la loi et au
sens de ce poste budgétaire 15, est un cas très précis et
qui obéit à la loi des prêts-bourses et aux
règlements qui sont adoptés par le conseil des ministres.
Dans beaucoup de cas c'est qu'on peut quand même J'ai
été dans le milieu de l'enseignement pendant assez
d'années pour le savoir à des cas semblables qui
étaient portés à ma connaissance, J'allais chercher, dans
ce que j'appellerai le milieu privé, des moyens d'aide, que ce soit le
prêt d'honneur, que ce soit l'Industrie qui donne de l'aide, que ce
soient des individus qui le fassent. Pour des cas exceptionnels la règle
ne s'applique pas. Je pense que la solution réside non pas à ce
moment- là dans le ministère, mais dans des organismes
privés ou semi-privés qui peuvent aider ces cas particuliers.
M. HOUDE: M. le Ministre, là Je suis d'accord avec vous et c'est
au point de vue financier, mais s'il pouvait me donner l'occasion à un
autre article, Je ne parlais pas tellement de la question financière
mais de la question de la disponibilité au point de vue scolaire. Si
quelqu'un finit dans une régionale et que cet étudiant ou cette
étudiante désire aller dans une autre école, dans une
autre commission scolaire, c'est drôlement compliqué
actuellement.
M. CARDINAL: C'est la loi qui est rédigée de cette
façon-là.
M. HOUDE: L'autre commission scolaire n'est pas obligée de
l'accepter comme élève, ils ne peuvent pas demander de l'argent.
La loi on me l'a expliqué hier c'est que l'autre
commission scolaire doit payer. Mais au point de vue pratique, on tourne en
rond. On dit: Envoie cet enfant-là dans une école ou un
collège privé, c'est $500 ou $600 par année. La loi
d'autre part dit: On ne peut pas donner de bourse d'études ou de
prêt-bourse. Alors vous êtes dans un véritable cercle
vicieux où il y a...
M. CARDINAL: Puis-je savoir quel est le nombre de ces cas dans le
Québec?
M. HOUDE: Je ne dis pas qu'il y en a beaucoup.
M. CARDINAL: Comme disait un savant docteur: De minimis non curat
praetor! M. Bellemare en dirait autant.
M. GOLDBLOOM: II a des lettres le ministre!
M. HOUDE: A toutes fins pratiques, il n'y a pas de réponse.
M. LEFEBVRE: N'essayez pas ça dans Bagot.
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas essayé non plus.
M. GOLDBLOOM: Au contraire, essayez-le.
M. CARDINAL: Ni dans Ahuntsic
M. LEFEBVRE: Dans Ahuntsic vous en frapperiez quelques-uns qui...
M. LE PRESIDENT: Ta dzoa trekei. (Traduction: Les animaux courent)
M. CARDINAL: Ceux qui rédigent le journal des Débats vont
avoir du plaisir!
M. LE PRESIDENT: Ta dzoa trekei.
M. LEFEBVRE: Je pense, M. le Président, qu'à un article
subséquent on aura peut-être un élément de
réponse à la question de mon collègue.
M. LE PRESIDENT: L'article 15 est adopté. UNE VOIX: D'accord.
UNE VOIX: Je dirai au député d'Ahuntsic: Gnauti
seauton!
M. HOUDE: Connais-toi toi-même!
M. LE PRESIDENT: Le poste 15 est adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est du grec, c'est Socrate.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, qu'est-ce qu'on a? Le poste 14?
M. LEFEBVRE: Oui mais on a convenu... M. LE PRESIDENT: 14, 16 et 17.
M. LEFEBVRE: C'est ça. Les postes budgétaires 14, 16, 17
et 18. Le poste budgétaire 15 est adopté.
M. CARDINAL: Bon, M. le Président, pourrait-on comme d'habitude
se fixer une heure limite et discuter de l'horaire des travaux.
M. LE PRESIDENT: Le président a proposé 5 h 45.
M. CARDINAL: Je suis entièrement d'accord et nous ajournerions
à?
M. LEFEBVRE: Demain, est-ce que la Chambre siège?
UNE VOIX: Non, demain après-midi.
M. CARDINAL: Je n'apporte pas mon agenda avec moi.
C'est demain après-midi après la période des
questions.
UNE VOIX: Demain matin, il y a le comité des bills.
M. CARDINAL: D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors nous commençons le poste budgétaire
14?
M. LEFEBVRE: M. le Président, tel que convenu, nous allons
étudier ensemble les postes budgétaires 14, 16, 17 et 18.
Evidemment en rapport avec ces articles nous avons des questions de
différents ordres. Il sera question des budgets, des commissions
scolaires, des états financiers, du problème des emprunts des
commissions scolaires.
M. CARDINAL: M. le Président, permettez-vous, je ne veux pas
empêcher le député de s'exprimer, mais avant qu'on pose des
questions, je référais à des sources qui sont maintenant
connues. Dans l'exposé préliminaire, j'ai déjà
donné des chiffres quant à ces domaines et j'ai fait la
distribution d'une copie à chacun des députés, d'autres
copies leur seront distribuées si certains d'entre eux ne les ont
pas.
Deuxièmement, dans le discours du budget, hier, l'honorable
ministre des Finances a d'autres détails qui seront donnés
particulièrement dans le domaine des commissions scolaires. Alors je
donne ces deux sources pour que les députés, en posant leurs
questions, puissent quand même partir de ces renseignements qui sont
déjà en leur possession ou qui peuvent le devenir.
M. LEFEBVRE: Nous sommes tout à fait d'accord, M. le
Président, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles, pour
ma part, je n'ai pas eu le temps de lire en entier le discours du budget et je
me propose de le faire ce soir. C'est l'une des raisons pour lesquelles
j'arriverai un peu plus tard à ces questions, soit à la
séance de demain. Pour aujourd'hui, j'aimerais soulever une question qui
est pertinente à la série d'articles que nous étudions
puisque cette question concerne la CECM qui est l'une des commissions scolaires
couverte par les subventions gouvernementales.
M. CARDINAL: Permettez-moi d'interrompre un instant pour que nous
comprenions bien. Nous étudions les postes budgétaires 14, 16, 17
et 18.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je pense que le plus
pratique serait de faire, de ma part, tout de suite ma proposition et de faire
mon exposé par la suite.
M. CARDINAL: Est-ce une proposition ou une question?
M. LEFEBVRE: Une proposition. Je vais vous remettre une copie de la
proposition et une pour le ministre.
J'aimerais proposer, appuyé par le député de
D'Arcy-McGee, que la commission parlementaire de l'éducation,
présentement réunie pour étudier le programme d'action du
ministère de l'Education pour l'année en cours, prie le ministre
de l'Education d'inviter les membres de la CECM et les groupes les plus
représentatifs, les parents et les citoyens de Montréal à
se présenter devant la commission parlementaire. Les deux objectifs de
cette invitation sont les suivants: Premièrement, entendre
l'exposé par le ministre des intentions du gouvernement quant à
la réforme des structures de la CECM; deuxièmement, entendre les
opinions des premiers intéressés au sujet du projet
gouvernemental.
M. CARDINAL: Je pensais que l'on recherchait l'efficacité
à cette commission.
M. LEFEBVRE: Je serai bref, et moins je serai interrompu, plus je serai
bref.
L'objet de cette proposition apparaîtra très clair à
tous ceux qui s'intéressent au progrès de l'éducation. Je
comprendrais mal qu'un membre de cette commission, de quelque côté
de la table qu'il siège, soit indifférent au problème de
la restructuration scolaire à Montréal. Or, il est bien
évident que c'est l'une des questions urgentes qui se posent au ministre
de l'Education. Nous savons tous qu'en vertu de la loi qui constitue la
Commission des écoles catholiques de Montréal le mandat des
commissaires est échu le 1er juillet prochain.
Nous savons, du moins nous qui sommes députés de la
région de Montréal, qu'il y a une inquiétude
considérable dans la population de Montréal, parce que le
gouvernement, depuis le trop célèbre bill 67, n'a pas fait part
à la population de ses intentions concernant la restructuration. Nous
savons évidemment qu'une commission d'enquête, inutile à
notre prétention, a été formée, commission
présidée par M. Pagé, Nous en avons mis en doute
l'utilité lors même de sa formation, puisque nous avons
argumenté, lors de la présentation du bill 67, que le
ministère et le ministre de l'Education pos- sédaient les
données nécessaires pour procéder à la
réforme des structures scolaires dans la région de
Montréal en s'inspirant largement des recommandations de la commission
royale d'enquête sur l'éducation, dite commission Parent.
Or, depuis l'enterrement du bill 67, le gouvernement a été
entièrement muet. Nous sommes au dernier jour d'avril 1969. Il reste
donc deux mois seulement avant que le mandat des commissaires ne vienne
à terme. Les gens de Montréal et je suis fort bien
informé sur ce point les gens responsables des associations
parents-maîtres, des chambres de commerce, des syndicats de travailleurs,
la population de Montréal, représentée par ce que
j'appellerais son aile pensante, par tous ceux qui ont une
responsabilité dans la société s'inquiètent
énormément du mutisme du ministre de l'Education.
J'ai, pour ma part, et à plusieurs reprises, posé des
questions en Chambre, auxquelles je n'ai obtenu, pour toute réponse, que
la réponse classique: En temps et lieu. Je crois que c'est ici le temps
et le lieu de faire la proposition que je formule de façon que le
ministre puisse enfin il doit être prêt sûrement,
l'échéance est tellement proche, il est sûrement prêt
faire part aux intéressés des intentions du gouvernement
concernant cet immense problème.
Vous savez, M. le Président et je parle de mémoire,
sans chiffre précis vous savez qu'à l'intérieur du
territoire de la CECM seulement il y a à peu près un
cinquième de la population scolaire de niveau élémentaire
et secondaire.
Les problèmes de la restructuration scolaire à
Montréal sont considérables, les budgets en cause sont
considérables, et le ministre de l'Education je le dis sans
agressivité nous lui fournissons l'occasion de démontrer
à cette commission que, contrairement à son
prédécesseur, il n'a pas l'Intention de proposer...
M. CARDINAL: M. Gérin-Lajoie?
M. LEFEBVRE: Non, je parle de M. Bertrand. Il n'a pas l'intention de
proposer à cette commission un bill qui soit un nouveau bill de
patronage comme la chose a été qualifiée...
DES VOIX: Vote.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre! Nous allons voter sur le mot « patronage ». Evitez ces
allusions qui parfois provoquent mes collègues de droite.
M. LEFEBVRE: Oui, je comprends, mais vos collègues, M. le
Président, se prennent pour d'autres. Vos collègues pensent
qu'ils n'ont pas de comptes à rendre à la population.
Or, M. le Président, ils ont des comptes à rendre, et ce
n'est pas moi qui ai qualifié le bill 67 de la plus grande entreprise de
patronage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! M. le Président, vous l'avez
rappelé à l'ordre et maintenez votre décision.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, voulez-vous, s'il vous plaît, revenir
au sujet de votre proposition?
M. LEFEBVRE: Certainement, voyons, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Un bon mouvement, allons.
M. LEFEBVRE: C'est l'objet de ma proposition. Je citerai le directeur du
Devoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! M. le Président, j'invoque
le règlement. Vous avez demandé au député de
revenir au sujet de sa proposition et nous l'avons interrompu
précisément parce qu'il allait continuer de faire des
insinuations, ce qui est sa manière. Alors je vous demanderais, M. le
Président, de maintenir votre décision et de rappeler le
député au règlement.
M. LEFEBVRE: Je veux être « surrespectueux », M. le
Président, du poste que vous occupez, parce que vous l'avez vu, par
notre vote tout à l'heure, nous contestons entièrement la sagesse
et le bien-fondé de la décision que vous avez rendue. S'il
fallait que les députés à cette commission n'aient plus le
droit à. la défense de leur argumentation...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, voulez-vous revenir à
votre proposition? Il nous reste dix minutes,
M. LEFEBVRE: Oui, je commente la proposition que J'ai faite, M. le
Président, et j'explique au ministre de l'Education qui devrait
être tout ouïe à mes propos...
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. LEFEBVRE: ... car nous voulons lui fournir l'occasion de
démontrer...
Je répète, pour votre bénéfice, que je sou-
haiterais que le ministre soit tout ouïe à mes propos parce que
nous voulons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre cas, il devrait être tout
odorat.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le ministre des Affaires
culturelles veut revenir au niveau de l'engrais, je lui dirai que le seul que
nous répandons est celui qu'il produit
M. GRENIER: Cela vous a pris du temps à le penser.
M. LEFEBVRE: Et f espère que ce sera terminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela vous a pris trois jours à penser
cela. Vos terres doivent être maigres.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je voulais tout simplement
rappeler amicalement au ministre de l'Education qui désire l'entendre, f
en suis sûr, je voulais lui rappeler le jugement qu'un
éditorialiste respecté avait apporté sur le bill 67.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Messieurs, s'il vous plaît. Je
demanderais au député d'Ahuntsic, afin d'éviter toute
provocation, de revenir au fond de sa proposition. Cela nous aiderait. Je ne
crois pas qu'il soit nécessaire de revenir au bill 67 que nous avons
tenté de passer. Cela n'aide pas à la discussion. Je pense que
nous pouvons faire une proposition tout à fait honnête sans
revenir à cela.
M. LEFEBVRE: M. le Président, tous les observateurs objectifs
seront témoins que cette invitation est tout à fait
déplacée. Comme nous sommes ici...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ha, ha, ha! M. GRENIER: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, qui préside? Est-ce
vous?
M. GRENIER: Ce n'est sûrement pas vous.
M. LEFEBVRE: Ce n'est sûrement pas vous non plus.
M. GRENIER: Parce que je n'aurais pas
trop confiance de vous voir de ce côté-là de la
table. Des insignifiances! Depuis midi qu'il nous fait perdre du temps et il
revient encore à la même organisation que nous avions
tantôt, il y a trois heures. Si les journaux vous donnaient la
publicité qu'il vous faut là-dessus, vous rentriez les deux pieds
sous terre, vous.
M. LEFEBVRE: La machine à injurier qui fonctionne! Nous parlons
sérieusement, M. le Président. Alors, je dis au ministre...
M. GRENIER: Ce sont des insignifiances.
M. LEFEBVRE: Insignifiances? Vous écrirez ça au directeur
du Devoir. C'est lui qui jugeait le bill 67.
M. GRENIER: ... parlez-nous donc de votre proposition pour voir si elle
est insignifiante, elle?
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre, je vous demande d'oublier les articles de
1967 et de revenir à votre proposition. Cela a assez duré dans ce
sens-là.
M. LEFEBVRE: M. le Président, c'est mon droit le plus strict
d'utiliser les arguments que je veux. Heureusement que vous n'êtes pas
président...
M. GRENIER: Vous ne ferez pas de manchettes avec ça.
M. LE PRESIDENT: ... de la Chambre, parce que nous assisterions à
des scènes assez disgracieuses. Je pense que, M. le Président,
dans la mesure où vous...
M. GARDNER: Il insulte le président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. GARDNER: Une insulte à la présidence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons essayé de maintenir un
climat, enfin,...
M. LEFEBVRE: Vous avez essayé? M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE
VOIX: Ah là là, on aura tout entendu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le plus détendu possible, M. le
Président. Seulement je crois qu'on vous insulte de façon bien
évidente et j'aimerais que vous vous fassiez respecter même par le
député d'Ahuntslc. Si tant est que ça vaut quelque
chose.
M. LE PRESIDENT: Revenons au sujet, au noeud du problème.
M. LEFEBVRE: M. le Président, c'est le ministre des Affaires
culturelles qui ose accuser les autres de vouloir ravaler le niveau des
débats.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je demanderais aux deux,...
M. LEFEBVRE: Mais pourquoi ne le rappelez-vous pas à l'ordre lui,
M. le Président? Avez-vous peur?
M. LE PRESIDENT: Je demande à tous, s'il vous plaît, de
revenir à l'ordre. M. le député, revenez au sujet, au fond
de votre proposition. Sans cela, on va suspendre cinq minutes avant.
M. LEFEBVRE: Ah, vous avez beau suspendre, si vous voulez,. M. le
Président, je reprendrai sûrement en Chambre, où les
règles sont appliquées de façon plus stricte, une
argumentation dont je suis seul à juger du bien-fondé, pourvu que
je respecte nos règlements.
M. GRENIER: Vous êtes seul à avoir...
M. LEFEBVRE: Or, vous ne m'avez pas prouvé, en aucune
façon, que mon argumentation était contraire aux
règlements. Qu'elle déplaise à tel ou tel membre du
gouvernement, cela est bien évident. Mais quant à avoir
démontré à la satisfaction de tout esprit le moindrement
exigeant que je débordais les cadres du règlement, M. le
Président, je crois que ceci n'a pas été fait.
Quoi qu'il en soit, j'abrégerai mes remarques, puisqu'au fond la
preuve que j'ai à faire est fort facile. Ce n'est pas la peine
d'argumenter longtemps dans le climat qui est créé par le
ministre des Affaires culturelles et le député de Frontenac, dont
les hurlements empêchent toute tentative de discussion
sérieuse.
M. GRENIER: Idiot!
M. LEFEBVRE: M. le Président,... Est-ce qu'il est dans l'ordre,
lui, M. le Président?
M. GRENIER: Vous ne m'empêcherez toujours pas de penser.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ces deux messieurs viennent de me
traiter d'idiot. Est-ce conforme aux règlements?
M. GARDNER: Ce n'est peut-être pas conforme aux règlements,
mais c'est conforme à la réalité.
M. LEFEBVRE: Vous aurez fait de ce Parlement une farce, messieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. LEFEBVRE: Vous êtes de petites gens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je suis sûr que le
député de D'Arcy-McGee est d'accord que deux diagnostics,
ça vaut mieuxqu'un!
M. LEFEBVRE: M. le Président, lorsque...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre s'il vous plaît!
M. GOLDBLOOM: Vous cherchez des malades dans cette enceinte.
UNE VOIX: Vous avez le sens de l'humour.
M. LE PRESIDENT: Pour vous démontrer mon impartialité, je
vais demander au député de Frontenac et au ministre de retirer
leurs paroles, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas à les retirer, je n'ai rien
dit, moi.
M. LE PRESIDENT: Alors, je demande au député de Frontenac
de retirer ses paroles.
M. GRENIER: J'ai passé une réflexion en disant «
idiot ». Je ne sais pas... Je ne pense pas qu'on puisse me faire retirer
mes paroles. Je ne les ai dirigées contre personne. J'ai tout simplement
dit le mot « idiot ». Je ne crois pas que j'aie à le retirer
à cause de ça.
M. HOUDE: II se parlait! UNE VOIX. Il se parlait?
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Ahuntsic, s'il vous
plaît, il vous reste quatre minutes.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je disais donc avant cette
joyeuse...
M. LE PRESIDENT: Parenthèse?
M. LEFEBVRE: ... épopée de nos camarades d'en face qu'il
est urgent que le ministre de l'Education, compte tenue des
responsabilités considérables dont il est investi et je
crois que l'occasion est toute trouvée lors de la discussion de ses
crédits il est urgent que le ministre fasse part aux membres de
cette commission de ses intentions, des intentions du gouvernement, dont il est
solidaire, concernant la restructuration scolaire à Montréal. Je
dirai, M. le Président, pour justifier davantage la portée de ma
proposition que, quant à nous, ce n'est pas pour rien que cette
proposition comporte une invitation aux membres de la CECM et aux groupes
représentatifs de venir, d'une part, entendre le ministre, entendre ce
qu'il a à dire, et également de venir faire entendre leurs
réactions à la suite de la proposition du ministre.
Si le ministre, M. le Président, n'est pas prêt à ce
moment-ci et je suis pas mal plus sérieux que certaines gens ne
semblent le croire à répondre à la question que
cette proposition lui pose, cela veut dire, M. le Président, que nous
nous acheminons vers un autre bill 67. Le ministre de l'Education peut le
prendre à la légère, Il peut sourire...
M. CARDINAL: Pardon, ce sont vos appréciations que je prends
à la légère, ce n'est pas la situation que vous
décrivez si bien qu'elle n'a aucun contact avec la
réalité.
M. LEFEBVRE: Nous verrons, M. le Président, la réaction du
ministre, nous verrons ce qu'il aura à dire et nous verrons
jusqu'à quel point il est sérieux lorsque nous soulevons le
problème de la restructuration scolaire à Montréal. Quant
à moi, je suis désireux d'entendre la réponse du ministre,
j'aurais pu évidemment faire un plaidoyer plus élaboré,
mais j'attendrai...
M. GRENIER: Plus intelligent aussi.
M. LEFEBVRE: ... pour le faire, M. le Président, que nous soyons
dans un climat où les règles de la décence la plus
élémentaire soient respectées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce ne sera pas dans le parti
libéral.
M. GRENIER: Avec les mêmes provocations, vous allez avoir la
même application...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vote!
M. LEFEBVRE: Vous n'avez rien à dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote, M. le Président!
M» TETLEY: M. le Président, puis-je ajouter, comme
député de Montréal, que je crois que le cas est
très urgent. J'ai plusieurs écoles dans mon comté...
M. MALTAIS (Limoilou): Je crois, M. le Président, que la motion
est irrégulière. Je pense que ce n'est pas l'endroit
approprié pour en discuter. il faut comprendre, M. le Président,
que nous sommes en matière de subsides. Je ne pense pas que d'autres
députés puissent dire le contraire. Je fais appel simplement aux
us et coutumes, je ne fais même pas appel aux règlements. Je n'ai
pas connaissance qu'en matière de subsides, on ait procédé
par voie de motion de cette façon-là.
Il y a tellement d'autres façons de procéder pour arriver
aux fins qu'on voudrait obtenir, d'avoir un éclaircissement sur une
question qui pourrait former, à l'occasion, le cas d'une enquête,
sur un cas particulier. A ce moment-là, on peut aller devant les
commissions appropriées.
Mais nous sommes particulièrement sur un cas en matière de
subsides. C'est là une matière qui est, s'il y en a une, de la
responsabilité exclusive des députés. C'est à eux
de discuter de la question, ils ont tous le droit de le faire, nous pouvons
poser les questions que nous voulons, au mérite, etc. Mais, nous ne
pouvons pas constituer cette commission comme un tribunal ou une commission
d'enquête pour recevoir tout le monde sur toutes les questions.
Autrement, il n'y aurait pas de...
Ce n'est pas le forum, M. le Président, je le soumets
respectueusement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote, M. le Président!
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, j'aurais une question
à poser au député d'Ahuntsic.
Est-ce qu'il s'agirait de discuter dans le cadre de la discussion des
subsides du ministère de l'Education ou si vous demandez que cette
convocation soit faite, de la commission, pour entendre les exposés du
ministre, en dehors des cadres des discussions des subsides?
M. LEFEBVRE: M. le Président, je crois que...
M. TREMBLAY (Montmorency): Parce qu'en définitive, si le but, en
fait, de cette proposition, est d'éclairer les membres de cette
commission et de l'Assemblée nationale, si elle a pour but, aussi, de
situer les problèmes à une échelle qui soit
réellement constructive, ou d'orienter une politique définie, une
réforme des structures à la CECM, eh bien je pense que je serais
en faveur de cette proposition.
Maintenant, si le but est de provoquer des débats stériles
où la confusion sera peut-être pire que celle qu'on veut
prévenir, je pense bien que Je serai contre la proposition.
Mais telle que proposée ici, cette commission parlementaire
aurait à recevoir les avis...
M. GRENIER: Vous connaissez celui qui propose, cela devrait vous en dire
assez!
M. LEFEBVRE: J'aimerais répondre à la question que m'a
posée le député de Montmorency.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que c'est dans le cadre, en
définitive, des débats sur les subsides?
M. LEFEBVRE: Le député de Montmorency est certainement au
courant f apprécie, remarquez, le sérieux avec lequel il
considère la proposition que la Chambre a modifié ses
règlements à titre provisoire pour la durée de la
présente session et qu'un article du règlement modifié, au
sujet des commissions parlementaires, se lit comme suit: « Le titulaire
du ministère est responsable devant la commission créée en
fonction de son ministère de toutes les questions concernant ce
ministère et les organismes dont il répond devant la Chambre.
»
Or, nous sommes ici, la commission parlementaire sur l'éducation,
notre fonction est à la fois l'étude des crédits du
ministère, l'étude des projets de loi lorsqu'ils nous sont
référés et l'étude des activités du
ministère.
Je pense, M. le Président, que nous ne gagnerions rien. Quant
à nous, notre objectif n'est pas d'être tatillons sur les
questions de procédure. Si le ministre convient d'une date
précise, même après l'adoption de ses crédits, pour
la convocation de la commission parlementaire pour les fins proposées
dans notre résolution, nous serions tout à fait d'accord. Nous ne
voulons pas du tout bloquer l'adoption des crédits des postes
budgétaires 14, 16, 17 et 18 jusqu'à ce que ce soient accomplies
les actions demandées par notre proposition, nous voulons que ces
actions soient approuvées par la com-
mission et que cette commission décide par le fait même
d'une date à laquelle elle siégera pour les fins qui sont
décrites dans la proposition. Encore une fois, j'espérais que le
ministre ait quelque chose à dire. Je me scandaliserais fort et je pense
que les membres de cette Chambre et les représentants du public seraient
également fort étonnés que le ministre n'ait absolument
rien à dire sur une proposition de cet ordre; si le ministre veut nous
faire des suggestions quant aux modalités d'application de notre
proposition, M. le Président, nous sommes tout à fait ouverts.
Nous ne sommes pas ici pour faire des chicanes inutiles, nous sommes ici pour
plaider au meilleur de notre connaissance l'intérêt public
Or, M. le Président, nul ne saurait mettre en doute l'importance
des objectifs qui sont visés par la proposition. Et je fais appel au
sérieux et à la bonne foi du ministre pour qu'au-delà de
l'émotion première et de l'énervement premier, il ne
ressaisisse et qu'il dise aux membres de cette commission ce qu'il entend
faire, s'il est d'accord... Je comprends que vous allez proposer
l'ajournement...
M, LE PRESIDENT: Non, non, Je m'excuse, je pensais que vous finissiez
votre phrase.
M. LEFEBVRE: Non, non, j'étais tous disposé quant à
moi, M. le Président, à mettre un point final à ma
réponse au député de Montmorency. J'attendais avec
intérêt les commentaires du ministre s'il veut bien nous les
faire. Préfère-t-il les faire demain à la reprise du
débat?
M. LE PRESIDENT: Je considère qu'il n'est pas dans les habitudes
d'une commission de faire comparaître des gens ici, qu'il est
plutôt dans nos habitudes, des us et coutumes d'une commission
d'étudier vraiment les prévisions budgétaires d'un
ministère. Mais comme je ne veux pas paraître impartial et que je
veux garder la plus grande objectivité, je demande que nous
procédions immédiatement au vote devant cette proposition.
M. LEFEBVRE: M. le Président, pourrions-nous corriger au journal
des Débats ce que vous avez dit? Vous avez dit: « Comme Je ne veux
pas paraître impartial ». Dans votre propre intérêt,
vous pourriez peut-être corriger. Votre subconscient...
M. LE PRESIDENT: Je veux paraître impartial.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote, vote, M. le Président!
M. LE PRESIDENT: Je veux être objectif et je demande que nous
procédions au vote, à cette proposition qui a été
faite par le député d'Ahuntsic
UNE VOIX: Le ministre n'a rien à dire?
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal?
M. CARDINAL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom?
M. GOLDBLOOM: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Grenier?
M. GRENIER: Contre, quatre fois!
M. LE PRESIDENT: M. Houde?
M. HOUDE: Pour, six fois!
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais?
M. MALTAIS: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gardner?
M. GARDNER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Tetley?
M. TETLEY: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, Montmorency?
M. TREMBLAY (Montmorency): Je suis pour, M. le Président.
M. LEFEBVRE: Votre impartialité va être soumise à
rude épreuve.
M. LE PRESIDENT: Etant donné que c'est
cinq contre cinq, je vote contre la proposition. Elle est battue six
contre cinq.
UNE VOIX: Quel courage! Quelle impartialité! On aura tout vu!
(Fin de la séance 17 h 51)
Séance du 1er mai 1969
(Seize heures cinquante-deux minutes)
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre!
L'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi, au
début de cette séance, d'adresser un mot de bienvenue à un
groupe de dames représentant l'AFEAS. Ces dames viennent de Port-Alfred,
Chicoutimi, Jonquière. Ce sont des dames du royaume du Saguenay. Je leur
souhaite, en ma qualité de député de Chicoutimi et de
ministre des Affaires culturelles, la plus cordiale bienvenue. Je les
félicite de s'intéresser aux travaux du ministère de
l'Education, dirigé fort brillamment par un homme que J'appuie de tout
coeur, mon collègue M. Jean-Guy Cardinal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Comme je l'ai fait à l'occasion de la visite des
étudiants des collèges d'enseignement général et
professionnel, je veux joindre ma voix à celle de mon collègue
pour souhaiter la bienvenue à ces dames, membres de l'AFEAS, des
comtés de Dubuc, Jonquière, Kénogami, Chicoutimi et
Lac-Saint Jean. J'espère que la façon dont les débats se
dérouleront cet après-midi leur indiquera le fonctionnement de
nos institutions, et que les députés des deux côtés
de cette table s'appliqueront à le montrer d'une façon
particulièrement efficace et sans partisanerie, puisqu'il s'agit de
l'éducation.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Ministre. L'honorable député
de Jonquière-Kénogami.
M. HARVEY: Vous me permettrez au nom de l'Opposition de vous dire que je
suis parfaitement d'accord avec mes collègues, l'honorable ministre de
l'Education et l'honorable ministre des Affaires culturelles, pour souhaiter la
plus cordiale bienvenue aux dames du Saguenay, ici à Québec,
où elles ont vu une partie de la séance en Chambre et où
elles entendront également une partie des délibérations de
la commission de l'éducation.
Je me joins à mes deux collègues de la commission pour
souhaiter que le niveau des débats de cet après-midi vous
impressionne afin que vous soyez d'excellentes propagandistes pour
vos parlementaires, en retournant chez nous. Bon voyage de retour et
félicitations d'être venues nous voir à Québec
M. LEFEBVRE: Je joins, évidemment, mes remarques à celles
de mon collègue, le député de
Jonquiêre-Kénogami. Les trois orateurs qui m'ont
précédé ont parlé de l'atmosphère des
débats. Ils ont tous les trois souhaité que cette
atmosphère soit une édification pour les citoyennes de la
région de Chicoutimi. Je l'espère moi-même. Mais, en leur
souhaitant la plus cordiale bienvenue, et compte tenu de la scène
à laquelle nous venons d'assister en Chambre et que j'aurai d'autres
occasions de commenter, je m'en voudrais de ne pas faire un appel aussi
solennel que possible au nom de mes collègues qui siègent de ce
côté-ci de la table pour qu'à l'avenir - et je dis bien
à l'avenir les délibérations de votre commission
soient dirigées de façon impartiale.
Je ne ferai pas d'autres commentaires ne voulant, en aucune
façon, moi-même, être par mes propos, justifié de
quelque façon que ce soit du moindre écart par rapport à
cette invitation que je vous fais. Je suis content que nos concitoyennes de la
région du Saguenay soient ici aujourd'hui. Je ne crois pas qu'elles
auraient été très édifiées d'y avoir
été hier et les jours précédents. Tout ce que je
puis faire, c'est de vous répéter une invitation cordiale, mais
assez franche et directe à diriger ces travaux dans
l'intérêt de la communauté, ce qui suppose
l'impartialité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire vous
faire observer...
M. BOUSQUET: Je suis persuadé que la tradition
d'impartialité que vous avez établie à cette commission se
continuera cet après-midi et le député d'Ahuntsic n'a
aucune inquiétude à entretenir à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: En tant que président, je vous souhaite,
chères dames, la bienvenue à ma commission. J'espère que
vous serez édifiées de notre impartialité et de notre
objectivité.
Je demande la collaboration de tous les membres de cette commission et
je ne tolérerai aucune remarque en dehors du sujet. Merci.
M. le Ministre, messieurs, la séance est ouverte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poste budgétaire 14, s'il vous
plaît.
UNE VOIX: Le député d'Ahuntsic.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 14, s'il vous plaît,
accepté.
M. CARDINAL: M. le Président, je rappelle que nous
étudions à la fois les postes budgétaires 14, 16, 17 et 18
qui se rapportent respectivement au financement, aux subventions de
fonctionnement aux commissions scolaires aux subventions aux commissions
scolaires pour achat, construction et transformation d'écoles et aux
subventions aux commissions scolaires pour le service de la dette à long
terme.
M. LEFEBVRE: M. le Président, à ce poste
budgétaire, je ne sais pas si le ministre a des commentaires à
faire en rapport avec la fin de nos délibérations d'hier?
Peut-être? Non?
M. CARDINAL: Non. Je n'ai aucun commentaire. Tout s'est fait selon la
procédure parlementaire. Je n'ai aucun autre commentaire. Le
débat est clos.
M. LEFEBVRE: Je ne voudrais pas que mon silence sur le point que vient
de mentionner le ministre puisse être interprété comme une
admission.
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse. Je rappelle à
l'ordre, immédiatement. Nous avons disposé d'une proposition
hier. Je crois que le sujet est clos et que nous devons continuer notre
travail.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je crois que les règles
parlementaires n'ont pas été respectées dans la
façon dont notre décision d'hier a été prise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! M. le Président...
M. LEFEBVRE: Je ne veux pas faire de débat...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires culturelles invoque le
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. le Président, il est d'usage que, lorsqu'une proposition a
été mise aux voix, que chacun de ceux qui participent aux travaux
de cette commission ont eu l'occasion de s'exprimer, lorsque chacun de
ceux-là l'ont fait, alors le débat
est clos et l'on ne peut revenir sur le sujet qui faisait l'objet de
cette proposition. Je demande donc, M. le Président,...
M. LEFEBVRE: M. le Président,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que vous proposiez que l'on passe à
l'examen des quatre postes budgétaires que nous étions convenus
d'examiner et qu'on pose les questions ou qu'on les note selon le cas.
M. LEFEBVRE: M. le Président,...
M. CARDINAL: M. le Président, sur le point d'ordre...
M. LEFEBVRE: ... il est d'usage... M. CARDINAL: ... s'il vous
plaît.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, sur le point d'ordre, je veux dire
tout de suite que depuis le début des travaux de cette commission
et je parle sur le point d'ordre j'ai accepté toutes les
questions, tous les commentaires, toutes les objections et toutes les
procédures venant de l'Opposition.
Je n'accepterai pas, aujourd'hui, et de façon très ferme,
que l'on viole les règlements et qu'on revienne sur un sujet dont on a
déjà disposé,
M. LEFEBVRE: M. le Président, sur le point d'ordre soulevé
par le ministre, j'ai bien dit que, quant à moi, j'étais tout
à fait d'accord pour que nos travaux se poursuivent dans l'ordre. C'est
d'ailleurs ce que nous avons toujours réclamé. La raison, M. le
Président, de ma remarque le ministre, je pense, en conviendra
c'est qu'à la fin de sa phrase, il a dit qu'il n'avait pas de
commentaire à ajouter sur le dernier poste budgétaire dont nous
avions parlé hier, puisque, a-t-il dit, tout s'est passé selon
les règles.
Je ne pouvais pas, M. le Président mettez-vous à ma
place, j'essaie de le faire bien calmement et bien poliment, comme toujours
laisser passer cette affirmation parce qu'il y a un vieux proverbe qui
dit: Qui ne dit mot, consent.
Or, l'incident, quant à mol, est clos. Le ministre dit qu'il n'a
pas d'autre commentaire à faire. J'aimerais, moi, enchaîner avec
la discussion que nous avions entreprise hier après-midi et que nous
n'avons pas terminée puisque les postes budgétaires 16, 17 et 18
demeurent en discussion, de même que le poste budgétaire 14.
Donc, M. le Président, je ne veux pas revenir du tout sur le vote
qui a été pris, à ce moment-ci. Je le ferai en d'autres
circonstances. Tout ce que je veux faire, M. le Président, c'est
mentionner le fait que lorsque j'ai soulevé le problème de la
restructuration scolaire à Montréal, nous avons convenu
enfin la commission a voté hier contre l'invitation à faire
à certaines personnes et je ne reviens pas sur ce sujet. Mais, par
ailleurs, je pense que tous conviendront que nous n'avons pas disposé
hier, en aucune façon, de l'ensemble du problème de la
restructuration scolaire à Montréal.
Or, mes commentaires seront extrêmement brefs. Ce que je veux
faire remarquer au ministre sur cette question, M. le Président, c'est
que les membres de la commission parlementaire qui siègent de ce
côté-ci de la table se préoccupent à ce point de vue
de l'intérêt public, comme d'ailleurs dans les autres
débats que nous avons soulevés. La preuve en est, dans ce cas-ci,
que nous sommes disposés à offrir une suggestion constructive
pour sortir de l'impasse où l'incurie gouvernementale nous a
entraînés concernant ce problème de la restructuration
scolaire à Montréal.
Si vous vous en souvenez, M. le Président, et vous étiez
vous-même en Chambre à ce moment, en 1967, nous avons
prétendu que le gouvernement possédait les éléments
de solution aux problèmes.
M, TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! J'invoque le règlement
encore une fois. Lorsque le député d'Ahuntsic, hier, a
présenté sa proposition, il a fait état exactement des
arguments qu'il vient d'évoquer et qu'il s'apprête à
évoquer. Nous avons, hier, mis la question aux voix. Nous en avons
disposé en la mettant aux voix. Le règlement stipule que, dans le
cas de l'examen des prévisions budgétaires d'un ministère,
nous devions procéder article par article. Nous avons convenu d'examiner
ensemble, parce que ces postes ont des relations les uns avec les autres, les
postes 14, 16, 17 et 18. Je vous demande donc, M. le Président, de
rappeler à l'ordre encore une fois le député d'Ahuntsic et
de demander que nous examinions les postes les uns après les autres, tel
que le stipule le règlement.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne sais pas combien de fois il
faudra expliquer au ministre je parle sur son point d'ordre je ne
vois pas du tout à quoi il veut en venir avec cette façon de
vouloir bloquer les conversations les plus raisonnables, les plus constructives
que nous tentons de faire pour dire au gouvernement comment il pourrait sortir
de l'impasse qui est réelle à Montréal. Je vis à
Montréal,
M. le Président, je connais la situation.
Mais, sur le point d'ordre, M. le Président, le ministre erre
complètement, je regrette s'il me force à le confondre devant des
citoyennes de Chicoutimi, il erre complètement. Le vote que nous avons
pris... Bien M. le Président, je fais confiance à votre
impartialité dans...
M. BOUSQUET: C'est nouveau.
M. LEFEBVRE: Je vous ai fait une invitation tantôt, alors, je suis
un homme optimiste. M. le Président, vous conviendrez que le vote que
nous avons pris disposait d'une question bien spéciale qui était
d'inviter à la commission, un certain nombre de personnes. Ce n'est pas
de cela que je parle, je veux en arriver à suggérer au
gouvernement une méthode qu'il pourrait utiliser pour sortir de
l'impasse qui s'annonce au début de juillet. Sur quoi, me le direz-vous,
M, le Président, se repose le supposé point d'ordre du
député de Chicoutimi? Sur rien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'appuie sur le
règlement, l'article 381, paragraphe 1, qui dit ceci: « Le
débat doit porter exclusivement sur l'article à l'étude
».
M. LEFEBVRE: Mais les articles à l'étude, vous le
savez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 382, paragraphe 1, on dit ceci:
« Les seuls pouvoirs que possède le comité des subsides
il s'agit ici d'un comité des subsides sont d'accorder, de
réduire, de rejeter, d'écarter les crédits inscrits au
budget ou d'en autoriser unanimement le retrait. » C'est donc, M,, le
Président, en vertu de cet article que je vous demande de rappeler le
député à l'ordre et je demande que nous procédions
à l'examen des différents articles du budget du ministère
de l'Education, dans l'ordre, selon ce qui a été convenu, et
qu'on ne revienne pas sur un débat antérieur.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez,lorsque le
député d'Ahuntsic a demandé que nous étudiions,
contrairement à l'usage, un certain nombre de postes joints les uns aux
autres, j'ai pris la peine d'indiquer, à ce moment-là, au
député d'Ahuntsic et à vous, M. le Président, que
j'acceptais avec plaisir, s'il s'agissait d'une demande faite de bonne foi, en
vue d'accélérer les procédures de cette commission et d'y
mettre plus d'efficacité.
Une fois de plus, je dois regretter que l'on se serve d'un accord que
j'ai entièrement donné de bonne foi pour en venir à
d'autres questions.
L'on se rappelle que les travaux de cette commission ont
débuté de la façon suivante: J'ai commencé par
donner un exposé pour expliquer la politique générale du
ministère quant à ses prévisions budgétaires. J'ai
été immédiatement interrompu par le député
de Vaudreuil-Soulanges qui m'a dit vouloir faire une parenthèse, et nous
nous sommes trouvés devant une motion.
La deuxième fois où je consens, avec votre permission, M.
le Président, à ne pas suivre la pratique
régulière, nous nous trouvons devant la même impasse.
L'Opposition se sert, par la voix de son représentant officiel, de cette
bienveillance que nous lui accordons, pour surprendre notre bonne fol et nous
amener dans des dédales de procédure, d'insinuation et de
partisanerie.
Je regrette et je suis heureux qu'il y ait des citoyens qui
soient ici présents je regrette ces procédés. Ce
n'est pas de cette façon que l'on peut accuser un gouvernement
d'incurie, comme on l'a fait, ou d'immobilisme en se servant continuellement
des questions d'éducation pour faire des procès d'intention, pour
attaquer des personnes, même le ministre.
Ce ne sont pas les raisons pour lesquelles nous nous sommes
réunis ici. Je suis disposé à écouter avec toute la
patience voulue le député d'Ahuntsic. Je suis disposé,
comme les jours précédents, à répondre à
toutes ses questions dans les détails les plus méticuleux et
à chercher dans tous les dossiers du ministère pour satisfaire sa
curiosité. Mais j'en appelle aux membres des deux côtés de
cette table pour que cette commission ne serve pas aux fins qu'on semble
vouloir lui faire servir et que l'on en vienne vraiment à l'objet des
débats de cette commission, l'étude des prévisions
budgétaires.
Ce qui a été dit au sujet de la restructuration scolaire a
été dit hier. Je ne reviens pas sur un point d'ordre, à ce
sujet. Si le député a une suggestion à faire, qu'il fasse
sa suggestion et qu'il ne l'entoure pas d'une série de commentaires qui
n'avancent en rien ces débats, qui n'aident en rien à la
réalisation de sa suggestion et qui démontrent que, dans certains
milieux, on ne peut pas, même avec l'éducation, faire autre chose
que de la partisanerle.
M. LEFEBVRE: Les principes les plus élémentaires de la
démocratie sont en cause ici. Le ministre vient de dévoiler
toutes ses batteries. Il dit: Je veux bien accepter les suggestions du
député d'Ahuntsic, mais qu'il ne les entoure pas de commentaires
désagréables pour le gouvernement.
Or, vivons-nous, oui ou non, dans une société où un
membre élu du Parlement a le droit de
critiquer le gouvernement? Le ministre est bien Jeune comme
parlementaire. Lorsqu'il nous parle de bienveillance, je n'ai que faire de la
bienveillance du ministre. Qu'il la garde, sa bienveillance!
Le ministre est ici devant une commission où il a des comptes
à rendre. J'ai commencé mes remarques sur un ton très
aimable. Que Je parle de l'incurie gouvernementale, je comprends que cela ne
lui fasse pas plaisir. Mais de quel droit et dans quel Parlement au monde
peut-on empêcher un parlementaire de parler de l'incurie du gouvernement
s'il lui chaut de parler de l'incurie du gouvernement et s'il est capable de
prouver que le gouvernement à, en effet, manifesté de
l'incurie.
Je suis profondément scandalisé de l'attitude de ces deux
ministres. J'en appelle à tous les gens qui ont quelque
expérience. Ai-je utilisé des propos grossiers? Ai-Je
utilisé des expressions antiparlementaires? N'est-il pas vrai qu'au
poste budgétaire 16 on prévoit des subventions à la
commission des écoles catholiques de Montréal? N'ai-je pas le
droit, i cette occasion, de dire au ministre ce que J'entendais qu'il fit
à propos de la Commission des écoles catholiques de
Montréal? Quels sont ces faux points d'ordre?
M. BOUSQUET: Ils vous ont invité a le faire!
M. LEFEBVRE: Eh biens qu'on me laisse le faire. On multiplie
les points d'ordre!
M. BOUSQUET: Alors, faites-le, faites-le tout simplement.
M. LEFEBVRE: Le gros bon sens de la population qui est ici, autour,
puisque nous avons une assemblée, mol je veux bien, le
député de Chicoutimi veut briller devant les dames de
Chicoutimi.
Mesdames...
M. CARDINAL: On sait que le député d'Ahuntsic ne le veut
pas!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEFEBVRE: Qu'est-ce que vous faites de son point d'ordre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BOUSQUET: Pas de projections!
M. LE PRESIDENT: II ne faudrait pas qu'on fasse de cette
séance...
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, reviendriez-vous, quand
même, sur le point d'ordre avant que...
M. LE PRESIDENT: II ne faudrait pas faire de cette séance...
M. LEFEBVRE: C'est vous qui ne voulez pas qu'on parle des
crédits...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, M. le député
d'Ahuntsic.
Pour employer l'expression de notre distingué collègue de
Champlain «faire de cette séance une foire d'empoigne », je
vous demande donc à chacun de revenir à l'ordre, de calmer votre
sang qui s'échauffe. Mes chères dames, vous assistez à
l'un des plus beaux débats parlementaires auxquels nous n'avons jamais
assisté. Je suis heureux, comme président...
M. LEFEBVRE: N'oubliez pas votre impartialité.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, c'est parce qu'on m'a accusé
d'être partial. Mais voyez J'essaie d'être le plus impartial du
monde. Et je demande à mes collègues, de part et d'autre, de se
calmer et de revenir à la douceur.
Quelle est cette béatitude? Bienheureux les doux, car ils
posséderont la terre. Messieurs, je vous rappelle cette
béatitude.
M. LEFEBVRE: M. le Président, nous serions, quant à nous,
satisfaits de posséder le gouvernement de la province et c'est une
ambition légitime.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas faire de commentaires. Je serais
tellement porté à en faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le Seigneur a dit: « Bienheureux les
pauvres d'esprit », aussi.
M. LE PRESIDENT: M. le Solliciteur général, sur un point
d'ordre.
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, M. le Président, je ne voudrais pas
détruire les faits, ni les murmures qu'a pu provoquer dans l'assistance
l'éloquence du député d'Ahuntsic au cours de ses derniers
propos, mais Je voudrais tout simplement relever fort aimablement que dans la
plupart des affirmations qu'il a faites, il avait raison. Et je ne pense pas
que jamais, et en aucun temps, aucun membre de cette commission de ce
côté-ci ne se soit objecté à ce
qu'un député du côté opposé critique
quelque attitude que ce soit en matière d'éducation, autrement ou
ailleurs, les faits et gestes de l'administration présente, bien au
contraire.
Nous sommes conscients de nos faiblesses et l'Opposition, nous la
respectons. Seulement, d'autre part, que voulez-vous, M. le
Président.
Il y a des règles auxquelles doit être assujetti le
député d'Ahuntsic comme tous ses collègues et tous les
membres de la Chambre et de cette commission. Et il faut garder des
convenances: c'est le règlement qui nous le demande.
M. LEFEBVRE : Qui ne garde pas les convenances depuis le
début?
M. MALTAIS (Limoilou): Enfin! Je fais un simple appel...
M. LEFEBVRE: Qui emploie des expressions grossières? Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, M. le Président, j'invoque le
règlement encore une fois. On pourra lire au journal des Débats
la liste des expressions employées par le député
d'Ahuntsic
M. LEFEBVRE: Je pourrais lire celles du député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je la répéterai pour
l'avantage...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
Mesdames, nous sommes ici pour discuter des subsides du ministère
de l'Education.
M. BOUSQUET: C'est cela et non des épithètes.
M. LE PRESIDENT: II arrive souvent que nous nous engagions sur des
procédures qui soient longues. Mais il arrive après quelques
minutes que tout soit calme, que tout rentre dans l'ordre. Je laisse la parole
au député d'Ahuntsic, s'il vous plaît. Je lui demande sa
plus entière collaboration pour qu'il entre immédiatement au plus
vif du sujet, avec cette impartialité et cette objectivité qu'on
lui connaît tant à Montréal qu'à Québec
M. LEFEBVRE: Je vous remercie, M. le Président, de votre
invitation. Je ne crois pas, d'ailleurs, y avoir dérogé, et je
regrette que des interruptions m'aient empêché de poursuivre mes
suggestions.
M. le Président, je disais donc qu'en 1967, nous avons de ce
côté-ci de la Chambre, préconisé la
démocratisation des structures scolaires à Montréal et
l'application du principe de la régionalisation selon des
modalités qui conviennent à la situation particulière de
la région métropolitaine. M. le Président, normalement
après deux années supplémentaires d'études, le
gouvernement devrait être prêt à mettre en place les
structures définitives du système scolaire à
Montréal. Si le gouvernement n'a pas fait son devoir et que l'urgence de
la situation exige l'adoption d'un régime de transition, nous croyons
que ce régime devrait répondre aux exigences minimales suivantes;
on constatera, M. le Président, que mon attitude est positive, remarquez
que je ne crois pas, encore une fois, je n'ai pas le droit de critiquer, mais
ce que je fais à partir de maintenant, ce sont des suggestions positives
pour sortir de la situation embarrassante où se trouve actuellement
l'éducation dans la région métropolitaine de
Montréal.
Premièrement, nous croyons que le gouvernement devrait abolir
immédiatement le mode actuel de nomination des commissaires de la CECM.
C'est-à-dire quatre commissaires nommés par le gouvernement et
trois par l'archevêque de Montréal. On se souviendra que, lors du
débat sur le bill 67, Son Eminence le cardinal, archevêque
à l'époque, avait adressé au gouvernement une lettre dont
j'ai une copie au dossier et que je pourrais lire mais cela serait
superflu demandant d'être relevé du privilège qu'il
avait de nommer trois des commissaires à la CECM.
M. BOUSQUET: N'avez-vous pas été nommé par Son
Eminence?
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le député de
Saint-Hyacinthe... Bien sûr que oui, mais voulez-vous, s'il vous
plaît...
M. LE PRESIDENT: C'est une taquinerie de la part du député
de Saint-Hyacinthe. Je pense que c'est sans malice.
M. LEFEBVRE: Bien oui, mais les taquineries...
M. BOUSQUET: Je ne croyais pas devoir briser le fil de votre
pensée.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Hyacinthe,
voulez-vous retirer votre question s'il vous plaît?
M. BOUSQUET: Je la retire avec grand plaisir.
M. CARDINAL: M. le Président, quand même, c'est un
compliment qui est fait au député d'Ahuntsic de lui rappeler
qu'une Eminence lui a fait l'honneur d'avoir suffisamment confiance en lui pour
le nommer commissaire de la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
M. LEFEBVRE: J'étais meilleur avec ce cardinal-là qu'avec
celui qui est ici. On n'a plus les cardinaux qu'on avait!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Vous avez sans doute remarqué que nos
parlementaires, quand ils vont rendre l'âme, ils vont rendre aussi
l'esprit!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est peut-être
la seule erreur qu'ait faite le cardinal Léger!
M. LEFEBVRE: Remarquez que je ne me suis jamais vanté de cette
nomination!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle était peut-être...
M. LEFEBVRE: Vous allez finir par me faire perdre le fil!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un fil?
M. LEFEBVRE: Il faut bien avouer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... car il y a des fermières qui savent
bien tricoter pour...
M. LEFEBVRE: ... que vous avez grandement essayé, mais je ne suis
pas sûr encore que vous allez réussir.
Premièrement, abolition immédiate du mode actuel de
nomination.
Deuxièmement, amendement de la loi de la CECM... - Qu'est-ce que
c'est, ça?
M. CARDINAL: On ne le sait pas.
M. GARDNER: II est mêlé dans ses notes.
M. LEFEBVRE: Deuxièmement, amendement de la loi de la CECM pour
prévoir la nomination de sept commissaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési- dent, je me dois
d'invoquer encore le règlement ici...
M. LEFEBVRE: Encore?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sur un article très précis.
Nous sommes en commission des subsides. L'article que j'ai cité tout
à l'heure Indiquait: « Les seuls pouvoirs que possède la
commission des subsides sont d'accorder, de réduire, de rejeter,
d'écarter des crédits inscrits au budget ». Par ailleurs,
à l'article 381, note 3, il est indiqué ceci: « Il est
irrégulier de discourir sur la nécessité d'une
législation ou de mesure comportant une législation».
Or, la proposition du député d'Ahuntsic est à
l'effet qu'on change le mode de nomination des membres de la CECM, ce qui
comporterait une législation.
Cette proposition est donc irrégulière. Que le
député fasse des suggestions afin d'améliorer le
système de représentation de la CECM, nous n'y avons pas
d'objection à condition qu'il ne propose pas qu'on procède par
voie législative et qu'il fasse des observations d'ordre
général sur le fonctionnement de la CECM.
M. LEFEBVRE: M. le Président, pour éviter des
débats de procédure, je me rendrai volontiers à cette
subtilité. Je dirai tout simplement que le gouvernement devrait prendre
les mesures nécessaires pour la nomination, pour une période de
18 mois, de sept commissaires qui, j'imagine, pourraient être
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. L'important est et
c'est là que j'invite le ministre à bien écouter cette
suggestion car je crois qu'elle peut avoir pour lui une importance politique
considérable, s'il se rappelle les débats du bill 67 que
je crois que le gouvernement devrait nommer ces sept commissaires, pour le
régime de transition, à partir d'une liste de candidatures
proposées par les corps intermédiaires les plus
représentatifs de la région métropolitaine.
Nous recommandons également que, pour constituer cette liste, le
gouvernement s'inspire de la liste des corps intermédiaires
constituée déjà par la CECM pour la tenue de ses colloques
annuels et ça depuis huit ans. Il s'agit là d'une liste fort
représentative et qui pourrait avantageusement servir de base pour la
constitution des candidatures, si vous voulez, des listes de candidats à
suggérer au gouvernement.
Nous prévenons également le gouvernement et, tout en
étant fort modeste, j'aimerais que cet avis soit solennel, que la
population de
Montréal ne sera pas dupe et s'opposera comme elle l'a fait
victorieusement en 1967 à toute formule qui placera les administrateurs
scolaires de Montréal sous la tutelle des politiciens gouvernementaux et
à l'abri du droit de contrôle démocratique de la population
de Montréal.
Alors, voilà M. le Président, les quelques suggestions que
nous voulions faire. Nous nous scandalisons, Je l'ai déjà dit et
Je le répète, que le ministre n'ait pas, Jusqu'à ce jour,
Jugé opportun de faire part à la Chambre et à la
population de ses intentions concernant l'avenir de la CECM et de la
restructuration scolaire à Montréal.
Il a encore la chance de le faire maintenant. Je lui fais à
nouveau un appel pour qu'il veuille bien informer la population de ce qu'il a
en tête, même s'il n'a pas de projet définitif, ce qui
serait un peu étonnant à la date à laquelle nous sommes
maintenant, mais que le ministre nous dise au moins dans quel esprit il
s'oriente, selon quel critère il entend agir pour régler ce
problème-là.
Je répète une chose qui est indiscutable puisque ce sont
des faits. Il s'agit là d'une population scolaire fort
considérable qui représente plus du cinquième de la
population scolaire dans la province. Il s'agit d'un budget qui dépasse,
si ma mémoire est bonne, les $150 millions, d'où l'importance
pour le gouvernement de ne pas s'enliser à nouveau dans une
ornière semblable à celle du bill 67 et, cette fois, d'apporter
à la population des propositions qui soient conformes aux exigences les
plus élémentaires de la démocratie de participation dont
le gouvernement se gargarise souvent dans de grands discours mais dont nous ne
trouvons pas toujours la réflection dans les projets de loi. Nous en
avons évidemment, Je sais bien que je n'ai pas le droit de commenter
longuement, mais vous me permettrez de souligner seulement le bill 11 sur
l'Office de radiodiffusion qui pêche de ce côté...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! M, le Président, à
l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Je suis d'accord, Je n'ai fait que glisser sur ce
sujet.
M. LE PRESIDENT: Prière de ne pas tomber...
M. LEFEBVRE: C'est bien, M. le Président, je respecterai votre
invitation.
Alors, quant à moi, c'est tout ce que j'avais à dire, mais
je « m'encante » et j'espère écouter le ministre
pendant plusieurs heures sur ce sujet fort important.
M. CARDINAL: Ma première réponse, c'est que le ministre ne
parlera pas pendant plusieurs heures. Je ne crois pas que de longs discours
devant une commission soient des moyens pour résoudre les
problèmes du gouvernement, ni des moyens de mettre la démocratie
en marche. Si l'on croit ceci, c'est une erreur que l'on répand et que
l'on cultive dans le public.
Je remercie le député d'Ahuntsic de sa suggestion positive
et la soumettrai au conseil des ministres qui, présentement,
étudie le rapport du comité de la restructuration et les rapports
précédents qui avaient été préparés.
Il les étudie tous en comparaison avec les recommandations de ce que
l'on a appelé le rapport Parent, cette commission sur l'éducation
au Québec.
A ce sujet, le gouvernement et le ministre verront à
réaliser les voeux des groupes les plus représentatifs. J'entends
par là, non seulement les corps intermédiaires, mais plus
spécialement, les parents qui, dans le domaine de l'éducation,
ont un rôle énorme à jouer, les enseignants qui ont un
rôle aussi qu'on ne peut pas nier, les administrateurs scolaires, etc.
Ces groupes, les plus intéressés dans l'éducation,
étaient tous représentés comme membres du comité de
restructuration qui a remis son rapport au gouvernement du Québec.
Ces propositions que le gouvernement mettra de l'avant seront conformes
aux impératifs de démocratie de participation dont le
gouvernement, malgré les dires de l'Opposition, s'inspire sans cesse
dans sa législation.
Pendant que J'ai la parole, vous me permettrez, comme le
député d'Ahuntsic l'a fait à plusieurs reprises, en
m'invitant à compléter ce que J'ai dit dans le passé, de
répondre à une question posée hier par le
député de Montmorency. Ce sera très bref et cela
répondra à cette question.
Il s'agissait des terrains de la régionale d'Orléans
à Beaupré. Le terrain choisi par la régionale et
entériné par le ministère est décrit comme
étant un certain nombre de lots, dont j'ai le détail ici et nous
pourrons vous le remettre, du cadastre de la paroisse de Sainte-Anne, ville de
Beaupré. Les propriétaires en sont les Pères
Rédemptoristes, la ville de Beaupré et Me René Amyot.
Les terrains appartenant aux Pères ont été acquis
au coût de 8.07 cents le pied carré, environ $4,000, de gré
à gré. La partie de terrain
appartenant à la ville a été cédée
à la commission scolaire pour $1. Quant à la partie appartenant
à Me René Amyot, ce dernier demandait $90,542.68 pour ses
terrains. Le ministère, se basant sur le prix d'achat de ce terrain par
Me Amyot, plus un dédommagement raisonnable pour tenir compte des
intérêts sur les sommes investies par Me Amyot, a commandé
à la commission scolaire de se porter acquéreur du terrain
à un prix n'excédant pas $10,000 ou de procéder par voie
d'expropriation. Le vendeur semble disposé à accepter cette
dernière proposition.
Le terrain de Sainte-Anne suivant un rapport préparé par
les architectes chargés du projet de l'école polyvalente, aurait
coûté $275,000 compte tenu des travaux additionnels exigés
par ce terrain: pieux, fondation, remplissage, etc. Voilà la
réponse, M. le Président.
M. LEFEBVRE: II se fait encore des miracles, apparemment, M. le
Président?
M. CARDINAL: J'espère que le député d'Ahuntsic
examinera d'aussi près les détails de cette transaction dont je
viens de parler que certains détails de contrats qu'il a eus devant
lui.
M. LEFEBVRE: Nous nous intéressons à tout ce que le
gouvernement fait, mais c'est notre rôle particulier de le critiquer;
c'est une norme élémentaire en démocratie. Le ministre
devrait le savoir.
M. GRENIER: Adopté.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais faire un autre
commentaire ou suggestion. La commission protestante du grand Montréal a
aussi un système de nomination qui peut être mis en doute, parce
qu'en effet je crois que c'est le conseil de ville de Montréal qui nomme
quelques membres de la commission, c'est-à-dire que les membres
protestants du conseil de ville de Montréal nomment ces membres. Je
crois qu'à une reprise il n'y avait qu'un protestant parmi les dizaines
de conseillers de la ville et on a nommé cet homme à la
commission. Je ne mets pas en doute ses qualités, mais je trouve que le
système doit être aussi révisé. J'espère que
vous allez étudier cette question en même temps que le
problème soulevé par le député d'Ahuntsic
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, je termine la
parenthèse au sujet d'Orléans et je reviens à l'île
de Montréal.
L'administration scolaire, sur l'île de Montréal je
l'ai mentionné à plusieurs reprises depuis le printemps dernier
c'est-à-dire depuis près d'un an n'est plus conforme au
mode de vie, aux structures de l'éducation telles que modifiées
par le gouvernement; elle devrait être profondément
changée. Des questions comme la langue, la confessionnalité,
l'économie en administration et, si l'on regarde la superficie de
l'île de Montréal, le nombre incroyable de petites commissions
scolaires dont certaines se sont regroupées comme à
Outremont où il y en avait deux est tel que ce système ne
peut pas, évidemment, durer.
Le gouvernement a préféré, dans ce domaine
on le sait, c'est un fait qui est connu de tous créer un
comité spécial qui devait lui faire rapport. Depuis que ce
rapport a été remis au gouvernement, il a été
immédiatement déposé au conseil des ministres. Il a
été déposé aussi, si je ne me trompe pas, à
l'Assemblée nationale à la recommandation du ministre de
l'Education. Et, il y a eu une étude spéciale de ce rapport qui a
été faite au ministère de l'Education. Et quand j'ai
indiqué, tantôt, dans ma réponse, qu'il était
étudié en comparaison avec d'autres rapports et les
recommandations du rapport Parent, c'est qu'un document de travail a
été préparé où l'on indiquait par
comparaison ces recommandations.
Nous avons aussi consulté les membres de cette commission. J'ai
rencontré moi-même les membres de ce comité qui ont pu
exprimer au nom des groupes qu'ils représentaient leurs points de vue
particuliers, qu'ils soient majoritaires ou minoritaires. Et c'est en fonction
de ces recommandations des groupes qui sont directement
préoccupés par l'éducation que le gouvernement entend,
dans les plus brefs délais, établir des dispositions transitoires
conformément, d'ailleurs, à la suggestion faite par le
député d'Ahuntsic, en vue d'en arriver à une
restructuration complète de l'administration scolaire dans l'fle de
Montréal.
M. HOUDE: J'aimerais savoir du ministre s'il y a encore beaucoup de cas
de retard quant aux subventions aux diverses commissions scolaires dans tout le
Québec.
M. CARDINAL: La question est générale. Oui, il y a encore
des cas de retard. Ici, j'apporte une précision et je voudrais bien
qu'on la prenne comme étant simplement une précision pour que
l'on sache comment fonctionne ce système.
Il faut se rappeler que le ministère de l'Education administre
l'éducation au Québec et que, dans ce domaine des commissions
scolaires,
conformément aux prévisions budgétaires qui sont
adoptées par le gouvernement, il établit des normes pour les
subventions aux commissions scolaires, que ce soient des subventions
d'équilibre budgétaire ou des subventions de fonctionnement.
Au ministère, nous procédons ensuite à la mise en
exécution des règles nécessaires au paiement de ces
subventions. Tous les paiements du gouvernement sont effectués par le
ministère des Finances qui fait ces paiements conformément aux
prévisions budgétaires d'une part, et, deuxièmement, selon
les possibilités de sa caisse et de ses possibilités
d'emprunt.
Actuellement, le ministère de l'Education, quant aux
procédures qu'il doit accomplir pour le paiement des subventions aux
commissions scolaires, n'a aucun retard à accuser. Quand je
réponds à la question qu'il y ades retards, c'est qu'il y a deux
raisons: La situation financière parfois, dans le Québec
actuellement et, deuxièmement, le fait que les prévisions
budgétaires s'avèrent insuffisantes. Je rappellerai, ici, une
affirmation même du ministre des Finances qui a mentionné que,
cette année, les subventions d'équilibre budgétaire
étaient presque doublées, portées là, Je
cite de mémoire de $175 millions à $295 millions. Et
lui-même a mentionné que, pour l'année qui s'en vient, il
croyait que ceci lui paraîtrait insuffisant pour couvrir toutes les
demandes des commissions scolaires, mais qu'il ne pourrait évidemment
pas, établir un chiffre précis sur le reliquat à la fin de
l'exercice financier.
Alors, ce n'est que lorsque... Il est facile de critiquer dans ce
domaine. Mais il faut quand même se rendre compte de cet effort
spécial où il y a une augmentation considérable aux
prévisions budgétaires. Encore une fois, je réponds comme
par le passé en donnant la situation réelle. Même ce
montant, tel qu'il est, sera insuffisant pour couvrir toutes les demandes des
commissions scolaires dans tout le Québec.
M. HOUDE: M. le Président, est-ce que ces raisons que vous
invoquez sont également les mêmes pour le retard allant
jusqu'à 66/67?
M. CARDINAL: II y a les mêmes raisons que celles qui ont
été rappelées devant cette commission, à deux
reprises. Tout d'abord, à compter du 10 juin 1968, alors que l'ancien
comité de l'éducation siégeait pour l'étude des
crédits, ensuite, à l'automne 1968, alors que le comité
avait été réuni pour étudier ce qu'on appelait
alors la crise scolaire.
J'ai alors mentionné qu'il y avait des retards avant même
la prise du pouvoir par le gouver- nement actuel dans l'étude des
états financiers des commissions scolaires et l'approbation de leurs
budgets.
Par conséquent, il y a aussi des retards, des arrérages,
si vous voulez ce ne sont pas des retards pour les années
antérieures quant aux subventions aux commissions scolaires. Il y a eu,
à un moment donné, une consolidation des déficits des
commissions scolaires devant être payés sur un certain nombre
d'années dans les limites du budget fixées chaque année
à cette fin.
Cependant, s'il y avait lieu de répondre à une question
plus précise, je pourrais...
M. HOUDE: En somme, une question plus précise, c'est une
question, peut-être, très pratique qui peut aider d'autres
députés.
Des commissaires d'écoles, d'une commission scolaire
située dans notre comté, viennent vous voir ou vous
téléphonent pour vous dire: Ecoutez, est-ce que vous pouvez nous
aider ou est-ce que vous pouvez intervenir? Le ministère, le
gouvernement nous doit des montants X, Y, Z depuis, c'est-à-dire pour
l'année 67/68, etc.
Comme député, je pose un cas bien précis, quel est
le meilleur renseignement à donner à ces mêmes
commissaires? Quelle est la façon de leur venir en aide, si vraiment
nous pouvons leur venir en aide?
M. CARDINAL: Premièrement...
M. HOUDE: Doit-on leur dire de vous écrire?
M. CARDINAL: Non, il y a une première réponse que j'ai
déjà donnée en Chambre et qui n'a pas eu l'air de plaire
à ce moment-là parce qu'on l'a prise dans un contexte
particulier, semble-t-il. C'est que si l'on s'adressait directement et
rapidement au ministère de l'Education ou au ministre dans tous les cas
d'urgence, nous avons fait, nous faisons et nous ferons toujours le possible,
avec le ministère des Finances, pour couvrir ces cas-là. Et l'on
sait que, lors de la dernière session, il y a eu, à plusieurs
reprises, des questions posées par l'honorable chef de l'Opposition dans
ce domaine et que, dans les jours qui ont suivi, j'ai presque toujours pu faire
donner la réponse par l'honorable premier ministre d'alors que la somme
était payée à telle date.
Par conséquent, dans les cas d'urgence qui sont portés
à notre connaissance, nous agissons rapidement. Je ne voudrais pas, ici,
que l'on interprète ma réponse comme voulant dire
de ne pas passer par son député. Je veux tout simplement
dire qu'il y a un moyen rapide. Si l'on passe par son député ou
par la commission scolaire directement, c'est s'adresser au
ministère.
M. LEFEBVRE: Le ministre s'améliore!
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, quelles sont les sommes, en
définitive? Parce que vous dites que, depuis quelque temps, ces
subventions sont payées régulièrement et que les retards
se produisent au conseil de la trésorerie et au ministère des
Finances. Quels sont les montants, actuellement que le gouvernement a en main
et n'a pas payés?
M. CARDINAL: Pour quelles subventions? Parce qu'il y a des subventions
de fonctionnement...
M. TREMBLAY (Montmorency): Enfait, c'est pour les subventions de
fonctionnement aux commissions scolaires.
M. CARDINAL: Un instant.
M. TREMBLAY (Montmorency): Maintenant, je voudrais savoir, M. le
Ministre...
M. CARDINAL: Votre question c'est: Est-ce qu'il y a des retards dans les
subventions de fonctionnement aux commissions scolaires et quel serait le
montant?
M. TREMBLAY (Montmorency): Quels montants sont en retard sur les
paiements et enfin quels sont les montants qui sont devant le ministère
des Finances actuellement et au conseil de la trésorerie? Parce que nos
commissions scolaires, dans le comté de Montmorency, se plaignent qu'il
y a des retards assez fréquents et des retards assez
prolongés.
M. CARDINAL: Au 31 mars, il restait un solde non payé de
$38,500,000 payables aux commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce un solde que le ministère de
l'Education avait retenu pour étude?
M. CARDINAL: Avait recommandé au ministère des
Finances.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, le retard vient du ministère
des Finances, au conseil de la trésorerie.
M. CARDINAL: Je ne veux pas blâmer le ministère des
Finances ou le conseil de la trésorerie. J'ai indiqué
tantôt les raisons qui pouvaient faire que, même devant une demande
du ministère de l'Education, le conseil de la trésorerie pouvait
l'accepter, mais le ministère des Finances pouvait être dans une
situation immédiate où il devait accuser un retard.
M. TREMBLAY (Montmorency): Parce que nos commissions scolaires sont
obligées d'aller au crédit à court terme aux banques, on
se plaint des montants parfois considérables à payer en
intérêts.
M. CARDINAL: C'est exact. Nous avons actuellement...
M. TREMBLAY (Montmorency): Prévoyez-vous, M. le Ministre, que
vous pouvez vous mettre à point et éliminer ces retards
continuels qui se produisent...
M. CARDINAL: M. le Président, en ce domaine, je veux rappeler une
chose. Si on n'avait pas, dans le passé, je veux dire avant le 5 juin
1966, adopté à la vapeur un certain nombre de budgets de
commissions scolaires dans lesquels le déficit très
élevé se trouvait inclus, nous pourrions espérer dans un
bref avenir rattraper le temps perdu et couvrir ces soldes non payés. En
toute franchise, je suis obligé de dire et de répéter,
après le ministre des Finances, que cette situation est telle que,
même avec la somme que nous avons mise cette année au budget, nous
sommes en mesure de croire nous ne prévoyons pas l'avenir
qu'il y aura quand même, en fin d'exercice, des retards qui
s'élèveront à une somme que je ne puis pas
apprécier, évidemment, aujourd'hui. Mais je puis dire, si vous me
permettez, M. le député d'Ahuntsic, que la situation sera
nettement améliorée par rapport à cette année et
à l'année dernière.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que cela signifie que l'on pourra
éliminer, M. le Ministre, ces retards à payer les instituteurs
dans certaines commissions scolaires, parce que les subventions
gouvernementales ne sont pas arrivées?
M. CARDINAL: Ce que vous indiquez, c'est quelque chose d'important.
Dès qu'il est signalé au ministère qu'il y a un retard
dans le paiement des salaires des professeurs... Re-
marquez que parfois nous l'apprenons pas la vole des journaux, je ne
cherche pas à trouver des raisons pour lesquelles parfois nous
l'apprenons par des voies indirectes. Mais dès que ceci nous est
signalé, nous considérons ces cas comme des cas d'urgence et,
immédiatement, nous donnons des directives en conséquence. Chaque
fois que c'est possible nous cherchons ou bien à aider directement la
commission scolaire à obtenir un crédit immédiat si c'est
impossible de verser une subvention, sinon nous versons les subventions dans
les jours ou parfois dans les heures qui suivent.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est parce que, dans certains cas, nos
commissions scolaires sont obligées nécessairement de se rendre
au ministère pour fournir des explications ou réclamer le
paiement plus rapide de ces subventions. Est-ce que, pour l'avenir, vous allez
éliminer ces pélerinages au ministère de l'Education en
vue de recevoir rapidement les sommes qui sont dues et promises?
M. CARDINAL: Je souhaiterais ardemment éliminer ces
pèlerinages. Encore cet après-midi, pendant que j'étais
assis en Chambre, un député m'a envoyé une note me
demandant un rendez-vous pour des choses semblables. D'abord, je pense que ce
pèlerinage-là, comme tel, ne donne rien, il ne change pas la
situation. Un simple télégramme suivi de téléphones
qui permettent d'échanger des renseignements est bien suffisant. Et ici,
je ne pense pas que ce soit le genre de modes de pression qui permettent
justement de régler une telle urgence; c'est plutôt, dans ce
domaine-là, j'y reviens, une question d'efficacité. S'il y avait
un contact immédiat, direct et rapide des responsables auprès des
fonctionnaires affectés à ces fins au ministère de
l'Education, et si on enlevait toute cette partie d'interventions en Chambre
non pas que je m'élève contre l'apport démocratique
que l'on peut retrouver dans ceci les commissions scolaires seraient
servies plus rapidement. La commission scolaire peut entrer en contact direct
et elle peut quand même informer son député qui peut quand
même faire son intervention en Chambre.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je vols mal le rôle du
député qui doit intervenir pour accélérer le
paiement d'une subvention.
M. CARDINAL: Pourtant, on a semblé en Chambre être fort
scandalisé du fait que j'ai affirmé quelque chose qui ressemblait
à peu près à ce que vous venez de dire, M. le
député de Montmorency.
M. LEFEBVRE: Nous avons été scandalisés de la
réponse du ministre.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est parce que les régionales se
plaignent de ne pas avoir suffisamment de deniers pour administrer parce que
les commissions locales ne paient pas leurs contributions aux
régionales, et les commissions locales nous font la réponse. Nous
ne pouvons payer la régionale parce que nous n'avons pas reçu les
subventions promises.
Et dans certains cas, depuis fort longtemps, même parfois, dans
certains cas, quelques années.
C'est un problème qui se répercute à tous les
niveaux, tant local que régional, et vous l'avez au ministère de
l'Education. Je suis très heureux, j'ai entendu parler le ministre
d'efficacité et je pense qu'il mettra de l'efficacité au
ministère de l'Education. On se plaint, justement, de ce manque
d'efficacité qui existe. Les locales en savent quelque chose, les
commissions scolaires locales et les commissions scolaires
régionales.
Je ne veux ici blâmer personne, mais j'ose exprimer, enfin, un
voeu: c'est que ces subventions soient payées
régulièrement, sans qu'on ait la peine même d'envoyer de
télégrammes et que nos administrations locales et
régionales puissent marcher sur un pied solide et savoir qu'elles auront
les sommes prévues dans leur compte en banque pour acquitter leurs
comptes courants.
M. CARDINAL: Je concours dans votre voeu. M. LEFEBVRE: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT". C'est au sujet de la question de M. le
député?
M. LEFEBVRE: Oui, justement, je voudrais d'abord informer les membres de
la commission je suis sûr que mon ami le ministre des Affaires
culturelles sera très triste d'apprendre que je ne pourrai pas
être à la commission ni ce soir, ni demain...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah!
M, CARDINAL: Je partage la tristesse de mon collègue!
M. TRE MBLAY (Chicoutimi): J'en porte déjà le deuil!
M. LEFEBVRE: Je n'en doute pas!
M. CARDINAL: Est-ce qu'il me sera permis un jour de m'absenter aussi,
pour des raisons valables?
M. LEFEBVRE: Certainement. M. CARDINAL: Ah, bon!
M. LEFEBVRE: Je veux rassurer le ministre sur le tait que ceci
n'empêchera aucunement l'Opposition de faire une étude aussi
approfondie que possible puisque nous avons convenu que le critique financier
du parti libéral, le député de Mercier, ferait une
étude particulière de tout ce problème des budgets, du
financement et des dettes des commissions scolaires. Il aura le plaisir de
questionner le ministre sur ces sujets ce soir.
Quant à moi, je serai affecté à d'autres
tâches ce soir et demain. Je voulais, avant que nous ajournions, que nous
tentions de convenir d'un certain calendrier de façon à organiser
le travail.
Si le ministre n'a pas objection, je me demandais si nous ne pourrions
pas disposer également de deux questions particulières je
sais que mon collègue, le député de
Notre-Dame-de-Grâce a une question au sujet de l'université. Vous
ne prévoyez pas être ici demain?
M. LE PRESIDENT: Peut-être ce soir, M. le
député?
M. CARDINAL: Quelle université?
Je l'ai dit tantôt, j'ai toujours beaucoup de bienveillance pour
disposer des questions si ceci sert l'efficacité.
M. LEFEBVRE: Réglons d'abord la question du calendrier...
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Je comprends que nous ajournons à 5 heures 45 pour
reprendre à quelle heure?
M. CARDINAL: A 8 heures 15, si vous voulez?
M. LE PRESIDENT: J'ai décidé 8 heures 15.
M. LEFEBVRE: A 8 heures 15. Et demain, M. le Président?
M. CARDINAL: Après la période des questions,
jusqu'à 1 heure.
M. LEFEBVRE: Est-ce que la Chambre siège demain matin?
M. CARDINAL: A 10 heures 30, oui.
M. LEFEBVRE: A 10 heures 30. Jusqu'à 1 heure, demain?
M. CARDINAL: C'est à 1 heure, normalement..,
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas à 5 heures 30?
M. CARDINAL: Ah, non! 5 heures 30, c'est à partir de l'autre
semaine.
M. LEFEBVRE: Ah, bon! M. CARDINAL: Oui.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, avant que ne soit clos cette
séance...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Close!
M. LE PRESIDENT: Close. Ah, merci! Le ministre des Affaires culturelles
est toujours là, au point de vue linguistique et grammatical. Vous savez
qu'au Parlement, il y a toujours des vedettes et des super-vedettes. Vous les
connaissez, mais d'autres le deviendront un jour. Alors je voudrais vous
présenter tous nos parlementaires qui sont autour de cette table.
A ma droite, le brillant député de Saint-Hyacinthe: M.
Bousquet.
M, Gardner, notre plus jeune et notre plus beau. C'est vrai!
L'honorable Solliciteur de la province: M. le ministre Maltais,
député de Limoilou.
L'honorable M. Morin, député de Lévis, ministre
d'Etat à l'Education.
Le brillant et jeune député de Frontenac: M. Grenier.
Je ne vous présente pas ceux de ma droite, vous les connaissez
certainement.
A ma gauche: l'honorable député de Montmorency, M. Gaston
Tremblay.
Notre nouveau-né au Parlement: M. Tetley, député de
Notre-Dame-de-Grâce, récemment élu dans NDG.
Vous connaissez aussi certainement M. le député Lefebvre,
député d'Ahuntsic, appelé à de grands horizons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En dehors du Parlement.
M. LE PRESIDENT: C'est objectif, c'est impartial.
M. LEFEBVRE: Vous faites un effort aujourd'hui. On croirait que...
M. LE PRESIDENT: M. Gilles Houde, député de Fabre.
C'était une vedette du canal 10, vous vous en souvenez.
Nous avons M. Michaud, député que tout le monde
connaît, mesdames. Evidemment!
Sans doute que vous me connaissez: Jérôme Proulx,
député de Saint-Jean.
A ce soir, 20 h 15!
Reprise de la séance à 20 h 22
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): La
séance est ouverte. M. le député de Mercier.
M. BOURASSA: M. le Président, Je crois que nous sommes rendus
à la question du financement. Le ministre avait déjà
parlé d'un livre blanc sur le financement des commissions scolaires. Le
ministre peut-il dire si on a terminé la rédaction de ce livre
blanc et s'il a l'intention de le rendre public?
M. CARDINAL: Ce livre blanc dont j'ai déjà parlé a
été préparé en partie par le ministère de
l'Education avec la collaboration de certains fonctionnaires du
ministère des Finances. Ce qui en est fait est actuellement au
ministère des Finances. Ce document n'est pas terminé et mon
intention est de le rendre public lorsqu'il sera terminé.
M. BOURASSA: Ce livre blanc n'est pas terminé.
M. CARDINAL: Non, M. le député de Mercier.
M. BOURASSA: Pourrait-on avoir un peu plus de détails sur les
dettes à court terme des commissions scolaires? J'ai déjà
signalé qu'il y avait apparemment une augmentation considérable
des dettes à court terme des commissions scolaires, que ceci
plaçait le gouvernement québécois dans une
dépendance financière certaine vis-à-vis des banques. Je
voudrais savoir du ministre quelle peut être l'estimation pour le 1er
mars 1969. J'ai $231 millions ici pour le 31 janvier 1969. N'y a-t-il pas une
estimation qui a été faite, par exemple, pour le 30 juin
1969?
M. CARDINAL: Pour le 30 juin 1969, l'estimation serait de $663
millions.
M. BOURASSA: D'emprunts à court terme?
M. CARDINAL: A long terme. A court terme, pour le 30 juin 1969, je n'ai
malheureusement pas le chiffre en ma possession actuellement. Je pourrai
l'obtenir, mais je ne l'ai pas ce soir.
M. BOURASSA : A long terme. Ce sont surtout les emprunts à court
terme qui m'intéressent.
M. CARDINAL: Non, je ne l'ai pas. La compilation serait quand même
difficile, parce que le député de Mercier sait probablement
lui qui est au courant de toutes les questions financières
que les budgets et les états financiers des commissions scolaires se
terminent au 30 juin de chaque année. Nous sommes présentement au
1er mai. Pour produire un chiffre semblable pendant les travaux de cette
commission il faudrait communiquer avec chacune des 1,522 commissions scolaires
locales, plus les commissions scolaires régionales pour donner une
réponse précise.
L'évaluation que je donne pour les emprunts à long terme
est plus facile, c'est une évaluation, ce n'est pas un chiffre
précis. Les chiffres précis peuvent être donnés
normalement pour les dettes à long ou à court termes au 30 juin
de chacune des années.
M. BOURASSA: II y a une situation qui existe et qui est
extrêmement inquiétante dans ce secteur-là. C'est qu'il
parait, puisque les dettes à court terme augmentent chaque année,
$140 millions au 1er avril 1967, $198 millions et $231 millions...
M. CARDINAL: Ce sont les chiffres que je vous ai moi-même
fournis.
M. BOURASSA: D'accord. Oui, je sais et je vous en remercie. Ils
pourraient être plus récents, mais est-ce que le ministre a un
autre chiffre à me fournir...
M. CARDINAL: Non et Je viens de donner la raison. Lorsque les
prévisions budgétaires du ministère sont
préparées pour les exercices financiers, l'on sait que c'est une
période qui se termine à la fin de mars pour débuter le
1er avril.
M. BOURASSA: Mais il y a quand même des estimations qui peuvent
être faites. J'ai plusieurs questions à poser au ministre sur les
subventions qui vont être données. Cela m'étonne que le
ministre ne soit pas au courant d'une estimation, soit pour le 1er mars ou le
30 juin, pour les emprunts à court terme des commissions scolaires.
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas. Je puis tenter de l'obtenir.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre trouve normal que des subventions
d'équilibre budgétaire qui sont promises en vertu des normes du
ministère, qui sont promises aux commissions scolaires ne soient pas
acceptées par le ministère des Finances?
M. CARDINAL: Je pense que j'ai déjà répondu
à cette question, cet après-midi, en l'absence du
député de Mercier et en présence du député
d'Ahuntsic. J'ai rappelé la procédure des versements de ces
subventions d'équilibre budgétaire, le rôle du
ministère de l'Education et du ministère des Finances, les
raisons qui faisaient que le ministère des Finances, comme je viens
d'expliquer au député d'Ahuntsic, était en retard dans ses
versements. Je puis rappeler brièvement ce que j'ai mentionné.
Lorsque la consolidation des déficits des commissions scolaires a
été faite, il s'est produit un phénomène...
M. BOURASSA: En quelle année?
M. CARDINAL: De mémoire, il me semble que c'est en 1964 ou en
1965.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CARDINAL. Il y a eu, à ce moment-là, un
phénomène qui s'est produit. Je regrette de le rappeler. C'est
qu'il y a eu des approbations de budgets de commissions scolaires qui se sont
faites avec une rapidité inouïe avec le résultat que ce
n'est qu'après que nous avons constaté la grandeur du
déficit. Ce qui explique qu'aujourd'hui il y a des sommes encore dues
pour des périodes de 65/66, 66/67 et 67/68.
Le ministre des Finances lui-même, dans le discours du budget
qu'il a prononcé cette semaine, a mentionné que, pour parer
à ces retards, le ministère avait, dans ses prévisions
budgétaires, au lieu d'une somme de $175 millions qui apparaissait l'an
passé, une somme de $290 millions cette année.
M. BOURASSA: Je me permets d'interrompre le ministre là-dessus.
La raison que le ministre des Finances a donnée dans le discours du
budget pour expliquer cette hausse, ce n'est pas celle que vous donnez, c'est
tout simplement qu'on arrive maintenant à un taux normalisé dans
la plupart des commissions scolaires et que la croissance des dépenses
sera désormais assumée par le ministère de
l'Education.
Alors, je suggérerais au ministre de relire le discours du
budget.
M. CARDINAL: M. le Président, comme je n'avais pas terminé
mon exposé, je ne nie en rien ce qui vient d'être affirmé,
ce qui n'infirme en rien ce que j'ai déjà dit. Par
conséquent,
ce n'est que plus tard qu'on s'est rendu compte de l'importance du
déficit. Les prévisions budgétaires limitées chaque
année n'ont pas permis de découvrir entièrement la
situation économique au Québec, comme je l'ai mentionné
cet après-midi, n'ont pas permis une situation de caisse qui a toujours
facilité le remboursement rapide de ces sommes. Encore une fois, cette
année, le ministre des finances a mentionné que, malgré
cette augmentation qui apparaissait aux prévisions des dépenses
du ministère de l'Education, qu'en fin d'exercice financier, sans qu'il
n'ait mentionné de chiffres, il y aura encore un montant qui ne sera pas
couvert et qui sera encore dû aux commissions scolaires.
Il est exact que, grâce au taux normalisé, il y aura un
moment où nous pourrons, enfin, couvrir tous ces déficits et
effacer ou éponger le passé.
Je ne voudrais pas faire de la théorie ici. Ceci se relie
d'ailleurs à ce que j'avais déjà déclaré
concernant le livre blanc, c'est que tout ce mode de financement des
commissions scolaires, ce système d'administration des commissions
scolaires, ce nombre imposant des commissions scolaires a rendu, tant pour le
ministère de l'Education que pour le ministère des Finances,
l'administration de ce secteur du financement très difficile. Je n'ai
jamais, devant cette commission permanente de l'éducation, caché
ni les problèmes que nous avions à affronter, ni les
difficultés que nous rencontrions dans le domaine économique, ni
la situation telle qu'elle existait pour autant que je pouvais avoir des
chiffres précis pour le décrire.
M. BOURASSA: M. le président, le ministre me répond par
une série de généralités qui ne se trouvent pas,
disons, à éclairer l'Opposition sur la situation réelle
des commissions scolaires, du ministère de l'Education et du
gouvernement québécois. Je lui dis, moi, que chaque année,
il y a une augmentation d'au moins $100 millions des emprunts à court
terme des commissions scolaires et que ceci signifie que le ministère
des Finances, pour équilibrer artificiellement son budget, réduit
arbitrairement les subventions d'équilibre budgétaire, parce
qu'il y a une augmentation de $100 millions chaque année. C'est
peut-être dans cette question-là on peut parler des CEGEP,
des universités, des hôpitaux, j'aurai l'occasion de le faire dans
la réplique au discours du budget dans la question des emprunts
à court terme des commissions scolaires que se trouve, le plus
dramatiquement exprimée, le sérieux de la situation
financière du Québec, et le ministre ne répond absolument
pas d'une façon satisfaisante à ces questions.
M. CARDINAL: C'est une opinion qu'exprime le député de
Mercier. Je lui rappelle qu'il pourrait lire le journal des Débats sur
les délibérations de cette commission depuis le début et
qu'il verrait que ce que j'ai mentionné, je ne le cache en rien, et que
je suis le premier à admettre je l'ai dit devant cette commission
à plusieurs reprises qu'il y a là vraiment une situation
difficile, un problème, et que le rôle d'un gouvernement n'est pas
de nier les problèmes, mais de les régler à la mesure des
moyens des contribuables dans le plus bref délai possible.
M. BOURASSA: Bon.
M. CARDINAL: Et l'on pourra dire que ce sont là des
généralités. Ce serait manquer de lucidité que de
dire: Non, les commissions scolaires n'empruntent pas; non, ces emprunts
n'augmentent pas de $100 millions environ par année. Je nie en rien ces
faits qui sont exacts. Quand je mentionne que je n'ai pas le chiffre à
un moment donné, c'est que pour l'obtenir, cela prendrait le temps
nécessaire, avant l'échéance, où nous l'obtiendrons
de toute façon. Ce n'est pas un refus de répondre...
M. BOURASSA: Non, mais...
M. CARDINAL: ... et ce n'est pas une façon de répondre par
des généralités.
M.BOURASSA: M. le Président, le ministre parle qu'il est
conscient du problème. Est-ce qu'il peut soumettre à l'Opposition
des éléments de solution? Est-ce qu'à chaque année
ça va augmenter de $100 millions? Parce que vous imaginez que si l'on
prend le pouvoir à l'automne, ça ne sera pas une tâche
facile, pour le ministre des Finances, de faire face à une demi-milliard
de...
M. CARDINAL: M. le Président, je suis obligé de prendre le
débat sur un autre ton pour répondre...
M. LE PRESIDENT: Cet après-midi...
M. CARDINAL: ... à l'honorable député de
Mercier.
M. LE PRESIDENT: ... on a eu des problèmes.
M. BOURASSA: Non, mais je voudrais...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît! Je demanderais au
député de Mercier de ne pas faire d'allusion et de ne pas trop
sortir en dehors du sujet. On m'a accusé de manque d'objectivité.
Je vous demanderais, à vous aussi, de rester dans le domaine très
strict.
M. BOURASSA: D'accord, M. le Président.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais demander au député de
Mercier avec quel chef il va prendre le pouvoir l'automne prochain?
M. BOURASSA: Vous pouvez être assuré que si vous, vous
êtes le chef, les problèmes financiers vont être
sérieux pour l'Opposition. Mais, M. le Président,...
M. CARDINAL: Je suis d'accord, ils vont être sérieux pour
l'Opposition.
M. BOURASSA: Je n'ai pas l'impression que le ministre est conscient du
sérieux de la situation financière. Il ne paraît pas au
courant des données de la situation. Il dit que la situation est
sérieuse. D'accord. Mais quels sont les éléments de
solution? Est-ce que vous prévoyez, d'une façon ou d'une autre,
faire face à ces emprunts à court terme qui montent de $100
millions à chaque année?
M. CARDINAL: Oui, certainement, M. le Président. Pour être
parfaitement sérieux, il existe un comité interministériel
du ministère de l'Education et du ministère des Finances qui
étudie cette question de façon qu'on estime, d'une part, les
soldes des subventions des crédits budgétaires non
acquittés et qu'on puisse, sur une période de temps,
libérer complètement le gouvernement de cette obligation envers
les commissions scolaires.
En même temps, j'ai rappelé à plusieurs reprises, et
ceci, dès mon entrée en fonction, dès décembre
1968, mon désir de voir le nombre de commissions scolaires et leur
administration, considérablement modifiés de façon que
cette situation qui existe et qui tient tant au mode de financement des
commissions scolaires qu'au grand nombre des commissions scolaires, qu'au
manque de contrôle réel possible sur les dépenses des
commissions scolaires, ce sont des sujets qui non seulement préoccupent
le gouvernement, mais pour lesquels le gouvernement fait un travail,
actuellement, dont les résultats seront évidemment connus plus
tard.
Ce problème n'est pas facile. On a vu qu'en Ontario, on a
réduit tout d'un coup le nombre de commissions scolaires à un
nombre de 100. Je pense que la population du Québec n'est pas
prête à un geste semblable. Mais le député de
Mercier sait...
M. BOURASSA: Mais...
M. CARDINAL: ... il a mentionné lui-même tantôt, s'il
me permet, que les dépenses des commissions scolaires sont maintenant
normalisées alors que...
M. BOURASSA: Ah, non! Le taux... Pardon, je m'excuse.
M. CARDINAL: Les dépenses elles-mêmes sont...
M. BOURASSA: Non, non, j'ai dit le taux... Les dépenses ne sont
pas normalisées mais que le taux est normalisé à $1.50
dans toute la province...
M. CARDINAL: Non seulement le taux de perception...
M. BOURASSA: ... mais les dépenses continuent à
croître.
M. CARDINAL: Les dépenses continuent à croître comme
le coût de la vie, comme l'augmentation du nombre des
étudiants...
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. CARDINAL: Et ceci d'ailleurs a été mentionné
dans chacun des discours du budget.
M. BOURASSA: Ce n'est pas ça qui est en discussion.
M. CARDINAL: Les dépenses sont maintenant normalisées, je
réponds à la question.
M. BOURASSA: On parlait des dépenses inadmissibles.
M. CARDINAL: Les dépenses inadmissibles sont maintenant
fixées d'une façon précise...
M. BOURASSA: Oui, on va en parler.
M. CARDINAL: Le taux est normalisé au point de vue de la taxe, le
député l'a mentionné.
L'approbation des états financiers et des budgets est
reliée à toutes ces normalisations et rendent d'autant plus long
et difficile le travail du ministère plutôt que d'approuver d'une
façon globale et rapide et sans critères les budgets comme ceci
s'est fait dans le passé, le ministère suit de très
près cette question des emprunts, aide même les commissions
scolaires à obtenir ce crédit. Le gouvernement et le
ministère se rendent compte que ces emprunts créent une charge de
plus, soit les intérêts, et ils supportent ces dépenses
comme ils supportent les dépenses en capital. Lorsque le
député affirme que le ministre et le gouvernement ne sont pas
conscients de ceci, c'est une affirmation entièrement gratuite. Si l'on
regarde l'estimation des soldes de la subvention d'équilibre
budgétaire non acquittés dans les mêmes années, l'on
constate que, pour l'année scolaire 65/66, il s'agit d'un montant de
$13.6 millions qui seraient payés en 1969 à même le budget
69/70. Pour l'année scolaire 66/67, il s'agit d'un montant de $40.3
millions qui seraient payés en 69/70 à même les
prévisions budgétaires qui sont devant nous pour l'année
69/70. L'extrapolation ou les projets du gouvernement et du ministère en
ce domaine sont tels que l'on prévoit que, pour l'année scolaire
1967-1968, le montant sera de $59.6 millions, qui seraient payables en 1970
à même le budget de 70/71. Enfin, pour l'année scolaire
68/69 qui se termine, le montant sera de $81.3 millions, payés en 70/71
à même le budget de l'année 71/72.
M. BOURASSA: Le ministre ne répond pas du tout à ma
question.
M. CARDINAL: Le ministère est parfaitement conscient de ce
problème et a déjà prévu à quel moment et de
quelle façon il paiera ces montants.
M. BOURASSA: Le ministre n'a pas répondu à ma question.
Alors, je reviens à la charge. Quand le ministre dit qu'il aide, entre
autres, les commissions scolaires à obtenir ce crédit, est-ce que
c'est le ministre qui appelle les banques pour faciliter le crédit?
Entre ses appels aux séparatistes, il appelle le président de la
Banque de Montréal...
M. CARDINAL: M. le Président, j'en appellerais à votre
impartialité pour que le député de Mercier, qui est un
universitaire, un économiste et un juriste renommé s'en tienne
à une hauteur de débats qui...
M. GRENIER: M. le Président, je ne recon- nais pas les propos du
député de Mercier, ce n'est pas le même homme qu'on a connu
en Chambre.
M. MICHAUD: Sa santé est égale à la votre.
M. GRENIER: II répand de l'eau dans l'essence comme les
autres...
M. BOURASSA: Le ministre des Affaires culturelles a été
témoin. Il dit; le ministère aide les commissions scolaires
à obtenir du crédit. Alors, je suppose que le ministre appelle le
président de la banque de Montréal, et lui parle de la
sécurité et de la stabilité politique,
peut-être...
M. CARDINAL: M. le Président, le député de Mercier
montre beaucoup de naïveté.
M. BOURASSA: Je demanderais au ministre de m'expliquer ce qu'il entend
quand il parle de l'aide...
M. CARDINAL: Je lui dis que le directeur général du
service du financement du ministère de l'Education communique avec les
gérants de banque locaux.
M. BOURASSA: Les gérants de banque locaux. Et si les
gérants de banque locaux commencent à se poser des questions sur
l'importance des crédits, est-ce qu'il n'a pas des communications
avec.
M. CARDINAL: Les gérants de banque locaux n'étant pas par
hypothèse des partisans, ils ne se posent pas les questions de
l'Opposition pour ennuyer le gouvernement. Ils tentent de l'aider en aidant les
commissions scolaires.
M. BOURASSA: Mais, lorsque nous constatons une hausse
considérable et successive de $100 millions par année, je pense
que si j'étais gérant de banque, ou si j'étais
président de banque ou quelles que soient mes fonctions, je me dirais:
Quand cela va-t-il finir?
M. CARDINAL: Heureusement que le député de Mercier n'est
pas gérant de banque.
M. BOURASSA: M. le Président, quels sont les moyens? Je
suggérerais au ministre de considérer sérieusement cette
situation, parce que j'ai bien l'impression que le pouvoir politique du
gouvernement québécois est menacé par sa dépendance
financière. Le ministre a peut-être
des exemples concrets à donner à cet effet-là, dans
certaines subventions à certaines universités. Mais je voudrais
savoir du ministre quels sont les moyens qui sont envisagés, parce que,
actuellement, cela monte à chaque année, les $100 millions. Ce
sera peut-être $400 millions au 30 juin 1969. Quels sont les moyens qui
sont envisagés pour faire face à cette situation?
M. CARDINAL: M. le Président, je pense que j'ai
déjà répondu à cette question. Mais, avant d'y
revenir pour y répondre encore une fois, je voudrais rappeler que les
interprétations qui sont données tout particulièrement
vis-à-vis des octrois à nos universités, lesquels ont
été donnés cette année à la suite d'un
rapport d'un comité composé de représentants de ces
universités et dont la décision a été
entérinée et par le ministre des Finances et par le ministre de
l'Education en présence de ces représentants
d'universités, c'est prêter des intentions et c'est
prêter...
M. BOURASSA: Nous reviendrons à cette question tantôt.
M. CARDINAL: Ce sont des situations qui ne permettent en rien de juger
de cette façon. Pour ce qui est de tantôt, M. le Président,
quels projets le gouvernement avaient vis-à-vis du remboursement des
soldes des subventions d'équilibre budgétaire, de façon
que les commissions scolaires n'aient plus à faire face à ces
emprunts à court terme pour se financer...
M. BOURASSA. Il n'y a aucun moyen concret ou précis qui a
été proposé. Le ministre a dit: Je suis conscient du
sérieux de la situation, nous allons faire notre possible, cela devrait
aller mieux plus tard!
M. CARDINAL; Dois-je rappeler, justement, que cette année nous
avons, aux crédits que nous étudions, une somme presque du double
de l'an passé pour parer à ces difficultés des commissions
scolaires?
M. BOURASSA: J'ai dit au ministre que ceci n'est pas une réponse,
que l'augmentation est expliquée dans le budget. Je dois me
répéter parce que le ministre répète l'erreur qu'il
a dite tantôt. Dans le budget je l'ai lu attentivement tout
ce que je vois comme explication, c'est que maintenant que le taux a atteint
son sommet pour les commissions scolaires et que la croissance des
dépenses doit être assumée par le gouvernement, ceci
explique l'augmentation de $120 millions.
Il n'y a rien qui dit, dans le budget, que cette augmentation est pour
faire face à la question des emprunts temporaires.
M. CARDINAL. Il n'y a rien qui le dit, c'est exact. Mais le
député de Mercier, je pense, admettra que cette augmentation dans
le budget est justement pour rattraper le temps perdu, pour rembourser aux
commissions scolaires les sommes qui leur sont dues et leur permettre ainsi
d'avoir une situation de caisse qui ne les oblige pas à emprunter
continuellement des banques.
M. BOURASSA: Pourquoi le ministre des Finances ne l'a-t-il pas dit?
J'avais posé la question en Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Présidentl
M. BOURASSA: Non. M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une opinion.
M. LE PRESIDENT: C'est une question d'opinion.
M. BOURASSA: Mais oui, mais le ministre des Finances, qui doit
être, quand même, au courant de la situation, donne une explication
sur l'augmentation du $120 millions. Le ministre de l'Education, ici ce soir,
dit: Cette explication est incomplète. Ce n'est pas pour l'augmentation
des dépenses, c'est pour les emprunts temporaires.
Etant donné que c'est une question qui est connue les
emprunts temporaires, cela a été soulevé à
plusieurs reprises je trouve étonnant que le ministre des
Finances ne l'ait pas mentionné dans son discours du budget et je me
permets de douter de la réponse du ministre de l'Education sur cette
question.
M. CARDINAL: Moi, je ne doute pas de la parole du député
de Mercier.
M. BOURASSA: Moi, je doute que le problème du financement des
commissions scolaires puisse être envisagé avec optimisme, avec la
nature des réponses du ministre de l'Education.
M. CARDINAL: C'est une opinion.
M. BOURASSA: C'est une opinion qui n'a certainement pas
été contredite par les réponses du ministre.
Alors, nous restons encore dans le vague...
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse. Le
député de Mercier arrive à ce point, dans le débat.
Il n'a pas entendu, ni probablement lu, le texte préliminaire que j'ai
donné au début où il était question de ce
problème. Nous pouvons lui en remettre copie dès ce soir, puisque
cela a été remis à chacun des députés qui
étalent membres de cette commission. Le député pourra
encore interpréter mes paroles et mentionner que je réponds par
des généralités,,
Dans tout ce domaine du financement des commissions scolaires, nous
avons hérité d'une situation...
M. COURCY: M. le Président, vous avez entendu?
M. LE PRESIDENT: Non, je m'excuse, je n'ai pas entendu.
M. CARDINAL: Je n'ai accusé personne, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mais réellement...
M. CARDINAL: Je suis surpris que le deuxième critique
économique de l'Opposition ait siblen reconnu la situation que j'ai
décrite sans la désigner davantage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce qu'il y a toutes sortes de choses
dans les héritages. Il y avait les vaches qu'on pouvait donner aux
cultivateurs...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre, à l'ordre!
M. COURCY: Nous pouvons lire les lettres, M. le Président, si le
ministre des Affaires culturelles, à propos des vaches de Bagot.,.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne les a pas données!
M. CARDINAL: M. le Président...
M. MALTAIS (Limoilou): Les vaches à Saint-Pie?
M. COURCY: Est-ce que le ministre est intéressé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous laisse les vaches!
M. COURCY: Sans cela, le ministre ne serait peut-être pas
là.
M. CARDINAL: Pardon?
M. COURCY: Ce serait peut-être un autre ministre. Ce serait
peut-être le ministre d'Etat à l'Education qui serait à sa
place ce soir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président!
M. COURCY: ... et il répondrait peut-être mieux que le
ministre actuel ne le fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons au sérieux, nous sommes tous
des gens sérieux. Nous l'étions, en tout cas.
M. GARDNER: Cela a été une défaite dure à
encaisser!
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, tout le monde.
M. le député de Mercier.
M. BOURASSA: Non, le ministre avait une réponse à
apporter»
M. CARDINAL: Je n'ai pas terminé, M, le Président, si vous
permettez?
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi.
M. CARDINAL: J'ai mentionné dans cet exposé
préliminaire et je tiens à le dire d'avance, avant que le
député de Mercier ne le fasse, qu'au ministère, dans ce
domaine du service de la Direction générale du financement, il y
a eu, évidemment, une période de rodage, et la plus grande
efficacité que nous apportons maintenant au ministère de
l'Education nous permet sérieusement de croire, en fonction des chiffres
que j'ai donnés ce soir, de l'approbation plus rapide des états
financiers, de l'approbation plus rapide, par rapport au passé et
quand je parle du passé, c'est sans aucune partisanerie par
rapport à l'année dernière, l'année qui a
précédé, me permet de croire qu'à moyen terme, nous
pourrons surmonter cette difficulté.
Il ne sert à rien d'attaquer le gouvernement en disant: La grande
difficulté dans l'éducation, c'est le financement. C'est une
vérité que celui qui vous parle avait déjà dite
avant que le député de Mercier ne l'affirme lui-même.
Par
conséquent, l'on ne vient pas de découvrir quelque chose
de nouveau.
Cette efficacité du ministère se reflétera à
l'avenir au sein même des commissions scolaires, particulièrement
des commissions scolaires qui se regrouperont. Il s'en suivra une
économie réelle et nous savons que, l'an dernier, il y a eu une
réunion des représentants des principales
fédérations des commissions scolaires pour obtenir leur
collaboration de façon à diminuer les dépenses de ces
commissions scolaires et empêcher cette augmentation constante de leurs
emprunts.
J'ai, à ce moment-là, d'ailleurs, devant cette commission,
à plusieurs reprises, à partir du 10 juin de l'an dernier
puisque cette commission siège presque sans arrêt depuis cette
date indiqué plusieurs détails précis qui indiquent
comment les dépenses des commissions scolaires étaient plus ou
moins contrôlées en certains endroits et comment, tant que nous
n'aurions pas atteint le taux normalisé de taxe et une normalisation des
dépenses, il était difficile pour le gouvernement de
contrôler ces agences.
Le ministre lui-même n'est pas du tout satisfait de cette
situation. Il l'a indiqué à plusieurs reprises aux commissions
scolaires elles-mêmes, à l'occasion de deux de leurs
congrès en particulier, et c'est avec la collaboration de ces
commissions scolaires que nous entendons diminuer l'impact de ce
problème important et, si possible, le réduire à des
proportions raisonnables.
M. BOURASSA: Bon, de belles paroles, M. le Président. Mais le
ministre...
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez... Quand on dit
qu'il y a une augmentation de $100 millions par année, il faudrait quand
même, comme on dit en termes comptables, épurer ces chiffres et
les revoir. Si mes réponses sont générales, c'est que les
questions le sont.
En 1967, au 1er avril, le montant était de $140 millions, le
député de Mercier pourra vérifier. En 1968, à la
même date, le montant était de $172 millions, ce qui est une
augmentation, non pas de $100 millions, mais de $32 millions. Et, en 1969, au
1er avril, le montant est de $231 millions, ce qui est une augmentation
de...
M. BOURASSA: Pardon, au 1er avril ou au 31 Janvier?
M. CARDINAL: Au 31 janvier.
M. BOURASSA: Bien, il y a une différence.
M. CARDINAL: Au 31 janvier: $231 millions. Soit une augmentation
d'approximativement $90 $91 millions en deux ans, alors que les
dépenses totales des commissions scolaires ont augmenté de $254
millions durant la même période, soit de $701 millions à
$955 millions.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, sur la question du
regroupement, j'aimerais beaucoup avoir des preuves que le regroupement
produira une meilleure économie et un meilleur contrôle des
activités des commissions scolaires. Avez-vous des chiffres qui nous
prouvent que le fait de regrouper les commissions scolaires vous en avez
déjà regroupées amènera une
économie?
M. CARDINAL: Je ne suis peut-être pas en mesure de prouver
immédiatement par des chiffres ce qui a été fait
par...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je n'accepte pas cela comme une
vérité de foi que ce soit économiser les deniers publics
que de regrouper. Si vous me dites qu'au point de vue pédagogique, vous
allez améliorer la situation; très bien. Mais au point de vue
économique, je n'y croirai pas tant que vous ne nous l'aurez pas
prouvé avec des chiffres à l'appui, avec des exemples. Vous avez
fait du regroupement dans certaines régions, pour certaines zones, je le
sais. Y aurait-il possibilité d'avoir des chiffres comparatifs, avant et
après le regroupement, pour voir ce que cela a donné au point de
vue économique dans les deniers publics?
M. CARDINAL: Ceci est assez théorique. Je pense que le
député admettra ceci. Il y a certainement des commissions
scolaires actuellement qui ont un nombre d'étudiants très
restreint, parfois moins de 100. Chaque fois que vous avez une unité
administrative, vous êtes obligés de donner à cette
unité les mêmes services. Vous avez des commissaires qui ont des
indemnités, vous avez un service de bibliothèque, vous avez des
services aux étudiants, vous avez des locaux et de l'équipement,
vous avez toute une série de services qui doivent être
multipliés et qui peuvent, dans certains cas, jusqu'à un certain
point on me permettra d'employer une expression anglaise ce que
l'on appelle le « break even point », si vous voulez, c'est
qu'au-delà de ce point on n'économise plus rien, mais on commence
une nouvelle courbe qui ne nous aide en rien.
Il est évident qu'en regroupant certaines de ces cellules
administratives, nous en arrivons à une économie de moyens,
à une économie d'équipement, à une meilleure
efficacité dans le
rendement. Cependant, le regroupement, il faut l'envisager non seulement
du point de vue financier, mais au point de vue pédagogique, pour que
les étudiants aient une égalité de service à
travers le Québec. Il faut l'envisager aussi d'un point de vue concret,
non pas d'un point de vue théorique. Je n'ai jamais été
favorable à un regroupement fait à partir d'un plan
réalisé dans des bureaux sans tenir compte des
réalités dans chacune des régions, dans chacun des
comtés.
C'est pourquoi nous avions créé cette commission des cas
exceptionnels qui se rendait sur place pour voir quels étaient les
désirs de la population, les moyens de communication, les ressources en
équipement, les clientèles scolaires, etc., de façon que
ce regroupement se fasse à compter de données concrètes
pour un meilleur service aux étudiants et pour une meilleure
économie pour les contribuables du Québec.
M. BOURASSA: M. le Président, pour revenir à ma question
de tantôt, ma question était le 1er mars 1967, 1968 et 1969...
Alors on voit quand même une augmentation considérable et je pense
que si nous avions le chiffre du 1er mars 1969, on aurait un chiffre encore
plus éloquent.
M. CARDINAL: ...une augmentation considérable, mais vous admettez
que ce n'est pas de $100 millions. Même pas $100 millions sur deux
ans.
M. BOURRASSA: Non. Pardon, c'est le 1er avril 1967 au 31 janvier 1969.
Il reste quand même février et mars. Il reste que la somme...
M. CARDINAL: Combien de millions sur 22 mois?
M. BOURRASSA: Mettons un quart de milliard quand même: $250
millions d'emprunts temporaires. C'est quand même une somme importante.
Le ministre, pour expliquer la façon de résoudre le
problème, élabore considérablement sur les
modalités de financement, mais il ne répond pas du tout à
ma question. Je lui demande comment il va régler ce problème,
quelles sont les sources de financement? Les modalités de financement,
c'est une autre chose. Le député de Montmorency a soulevé
la question du regroupement en disant qu'il n'y avait pas d'économie
prouvée encore dans ce secteur-là. Peut-être a-t-il raison,
mais ce n'est pas la réponse à la question. Moi, je dis que cette
somme-là augmente continuellement que ce soit $50, $60 ou $100 millions,
c'est quand même une aug- mentation considérable, et qu'il n'y a
rien de prévu au budget ou d'autres façons pour faire face
à cette situation. Alors quand la minute de vérité va se
présenter, que ce soit à l'automne ou au printemps, que fera le
gouvernement?
M. CARDINAL: Les sources se présentent sous deux aspects. Un des
deux aspects est celui que j'ai mentionné et que non seulement nous
espérons, par le contrôle que nous établissons, mais nous
sommes assurés que non seulement les taxes, c'est-à-dire les
rentrées, vont être normalisées, mais aussi les
dépenses. C'est-à-dire que nous arrêterons cette
hémorragie des dépenses des commissions scolaires et que, d'autre
part, quant aux sources, nous sommes actuellement, au gouvernement, à
étudier, pour des années à venir, nous l'avons
d'ailleurs mentionné par cette annonce d'un livre blanc les
moyens de financement ou un système d'imposition qui permettent de payer
le coût de l'éducation sans que ce problème, cette
situation que décrit le député de Mercier, ne se
reproduise à l'avenir, comme elle s'est produite dans le passé,
et qu'elle se produit au moment présent.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que, si je comprends bien le ministre,
des nouveaux moyens de financement ou des impôts nouveaux sont
envisagés pour faire face à cette situation.
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit, des impôts nouveaux M. le
Président, et le député de Mercier a assez
d'expérience pour savoir que je ne lui annoncerai pas cette année
le budget de l'an prochain.
M. BOURASSA: Non, non, d'accord. Mais je veux quand même que le
ministre soit aussi franc et direct que possible. Le ministre parle de nouveaux
moyens de financement. Cela veut dire quoi?
M. CARDINAL; Ceux que le gouvernement annoncera lorsqu'il aura
terminé son étude et qu'il aura décidé de
l'annoncer.
M. BOURASSA: Donc les contribuables du Québec doivent envisager
des impôts nouveaux pour faire face à ça.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais dit cela... M. BOURASSA: Bien ça
revient à ça.
M. CARDINAL: ... et le ministre des Finances a même indiqué
le contraire.
M, BOURASSA: Cela revient à ça puisque le ministre de
l'Education a admis que des moyens de financement nouveaux étaient
envisagés.
UNE VOIX: Adopté.
M. CARDINAL: J'ai dit des moyens nouveaux et non pas des moyens
additionnels.
M. BOURASSA: Ce n'est pas tellement difficile de conclure de cela que la
solution à ce problème sera une augmentation des
impôts.
Je voudrais suggérer à cet égard-là au
ministre ou discuter d'un moyen peut-être d'augmenter le rendement fiscal
de l'impôt foncier.
M. CARDINAL: Cette suggestion est bienvenue.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que le ministère attend pour
établir juste avant cette question, je m'excuse et si elle a
déjà été posée est-ce que
l'augmentation des salaires aux enseignants est prévue dans les
estimations budgétaires de cette année, les augmentations qui
vont être données aux enseignants?
M. CARDINAL: Je répondrai à cette question en faisant
peut-être attention à un piège que l'on essaie de me tendre
depuis le début des travaux de cette commission.
Dans les prévisions budgétaires de cette année, une
augmentation certaine et une certaine augmentation des salaires des
enseignants, pour autant que ces salaires sont payables par le gouvernement,
sont prévues dans ces prévisions budgétaires. Cependant,
en disant ceci, je ne veux en rien préjuger du résultat des
négociations ni m'immiscer en rien dans ce domaine des
négociations sur lesquelles nous avons eu un débat à la
première réunion de cette commission.
M. BOURASSA: Si je comprends bien le ministre, il y a seulement une
partie de ce qui est prévu au titre des augmentations des enseignants
qui se trouvent dans les prévisions budgétaires.
M. CARDINAL: C'est une opinion du député de Mercier.
M. BOURASSA: Ai-je bien compris le ministre ou est-ce faux ça? Je
demande au ministre si c'est une partie qui a été prévue
dans les prévisions budgétaires.
M. CARDINAL: J'ai dit que des augmentations étaient
prévues dans le budget du ministère.
M. BOURASSA: Bon! Je vais terminer sur ce point-là, parce que le
ministre a parlé tantôt qu'il serait en mesure prochainement de
faire face à l'augmentation des dépenses des commissions
scolaires. Or, l'augmentation de traitement des enseignants n'est même
pas incluse, évidemment, d'après les réponses du ministre,
dans les prévisions budgétaires.
Alors comment peut-il manifester un tel optimisme vis-à-vis de la
réduction des dépenses des commissions scolaires et la solution
du problème très grave des emprunts temporaires des commissions
scolaires?
M. CARDINAL: Il y a beaucoup d'affirmations dans ce qui vient
d'être dit...
M. BOURASSA: C'est le ministre qui m'y incite.
M. CARDINAL: J'ai mentionné, contrairement à ce qu'on
vient de dire, que les prévisions budgétaires prévoyaient
une augmentation de traitement aux enseignants. D'autre part, je n'ai jamais
mentionné ni d'optimisme ni de pessismisme, ce qui consiste en des
opinions ou des sentiments ou des jugements portés sur des questions
données.
M. BOURASSA: D'accord. Alors, nous allons regarder cela d'une
façon détaillée.
M. MICHAUD: Pardonnez au béotien de l'économie que je suis
d'entrer...
M. LE PRESIDENT: Pardon? Au quoi?
M. MICHAUD: Au béotien de l'économie que je suis d'entrer
dans une discussion savante...
M. LE PRESIDENT: La Béotie de la Thessalie.
M. MICHAUD: Oui, de pénétrer dans votre « inner
sanctum ». Le ministre a dit tout à l'heure, et cela
m'intéresse: Nous allons arrêter l'hémorragie de
dépenses des commissions scolaires. Est-ce qu'il a une idée
où le garrot sera placé? Est-ce que ce sera au niveau des
dépenses du personnel enseignant, de l'équipement des
écoles...
M. CARDINAL: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire par ceci. Si on veut
que je donne
des exemples concrets, je pourrai au moins en citer un. Je veux dire par
ceci qu'il faut un meilleur contrôle de l'utilisation des deniers publics
qui sont accordés aux commissions scolaires. Non pas que je veuille
attaquer ici toutes les commissions scolaires et tous les commissaires, mais
j'ai déjà mentionné, je pense, devant cette commission, un
fait, et je le répète à titre d'exemple. Il y a des normes
qui prévoient qu'un employé d'une commission scolaire, à
tel niveau ou dans tel cadre ou dans telle catégorie, a droit à
un salaire de tant. Il est facile pour une commission scolaire et nous
avons déjà décelé ce fait dans un cas particulier
qu'une personne, qui en pratique était derrière un
comptoir pour vendre ce qu'on appelle des classiques avait, dans ce casier des
postes divers, le titre de directeur général adjoint de la
commission scolaire. Cette commission scolaire était tout à fait
en accord avec les normes en payant à cette personne le salaire dû
à son poste, mais évidemment une autre personne qu'un directeur
général adjoint aurait pu accomplir les fonctions de cette
personne. Ceci n'est pas du tout une diminution ni des effectifs ni des
salaires des préposés à tous les postes, mais un meilleur
contrôle de l'emploi des deniers publics en pratique dans les commissions
scolaires. Aussi je répète ce que je disais tantôt, par une
meilleure régionalisation et par une régionalisation
bâtée des commissions scolaires, je suis assuré que nous
pourrons réaliser des économies aussi.
M. MICHAUD: Mais ces choses que le ministre relève, est-ce que
cela a de l'importance à ce point dans l'ensemble du budget de
l'éducation?
M. CARDINAL: Je citerai un autre cas, par exemple, où nous avons
découvert que, dans une commission scolaire, les frais d'indemnisation
aux commissaires avaient été payés selon le double des
normes prévues par l'arrêté ministériel qui
régit ces indemnisations. Jusqu'à quel point tous ces frais
influent sur le budget total des commissions scolaires, il est difficile de le
dire puisque ce contrôle n'a pas été exercé partout.
Il est impossible d'avoir des inspecteurs dans 1,522 commissions scolaires et
dans les régionales pour contrôler toutes ces dépenses.
M. BOURASSA: Le ministre a parlé tantôt du personnel
enseignant. Est-ce que le ministre a lu, dans les prévisions
budgétaires, qu'il y a seulement $4 millions de plus de prévus
comme rémunération du personnel enseignant. Alors les
augmentations de salaire seront dans ces $4 millions? Je vois ici, subventions
du fonctionnement aux commissions scolaires, rémunération du
personnel enseignant...
M. CARDINAL: Ce sont les subventions statutaires. Cela n'a aucun rapport
avec...
M. BOURASSA: Subventions de fonctionnement aux commissions scolaires,
rémunération du personnel enseignant. Est-ce que le ministre peut
m'indiquer l'endroit où se trouve...
M. CARDINAL: Ce sont les subventions statutaires en vertu de la loi.
M. BOURASSA: Mais est-ce que le ministre peut m'indiquer l'endroit
où apparaît l'augmentation?
M. CARDINAL: Ce qui est significatif, c'est la subvention
d'équilibre budgétaire.
M. BOURASSA: Oui, mais vous m'avez dit tantôt que c'était
pour les emprunts temporaires...
M. CARDINAL: Ecoutez, c'est pour l'ensemble des dépenses... M. le
Président, je m'excuse. On interprète mal mes paroles. Lorsque
vous remettez des fonds à des commissions scolaires, que ce soit pour
des subventions d'équilibre budgétaire ou pour d'autres fins, ce
sont des fonds qui reviennent aux commissions scolaires. Par conséquent,
le poste qu'on a mentionné était purement des subventions
statutaires qui se sont accrues du montant qu'on a indiqué.
Je ne voudrais pas que l'on infère des réponses que j'ai
données tantôt que les subventions d'équilibre
budgétaire ne servent qu'à diminuer l'impact des emprunts.
C'est évident que, si les subventions d'équilibre
budgétaire sont en retard, les commissions scolaires sont
obligées d'emprunter. Vous ne pouvez pas, lorsque vous recevez des fonds
dans une caisse, dire: C'est utilisé pour telle ou telle autre fin. J'ai
souvent entendu ce raisonnement à l'effet que certaines institutions
n'avalent pas suffisamment d'argent et que l'on devait couper, par exemple, sur
les traitements. On aurait pu fort bien couper et là, j'admets
que c'est une aberration, une interprétation que je donne, mais elle
ressemble à celles que l'on me sert sur le chauffage ou sur
d'autres dépenses de la commission scolaire. Par conséquent, non,
je n'accepte pas ces interprétations. C'est dans l'augmentation des
subventions d'équilibre budgétaire
que l'on retrouve en partie aussi la réponse à
l'augmentation possible et probable des traitements.
M. BOURASSA: Avec l'augmentation, du fait que le taux est
normalisé. De toute façon, est-ce que le ministre peut
répondre par un oui ou par un non à cette question? Est-ce que
les emprunts temporaires sont dus au fait que le ministère des Finances
n'approuve pas toutes les subventions d'équilibre budgétaire qui
sont dues en vertu des normes du ministère de l'Education?
M. CARDINAL: Certainement non.
M. BOURASSA: Alors, à quoi est-ce dû?
M. CARDINAL: J'ai déjà donné cette réponse
cet après-midi.
M. BOURASSA: Non, je veux dire: Si les prévisions sont quand
même votées, si toutes les subventions d'équilibre
budgétaire sont votées et acceptées par le
ministère des Finances, pourquoi est-ce que ça augmente de $50
millions ou $75 millions par année? Pourquoi y a-t-il un « switch
forward » ou un report annuel comme ça?
M. CARDINAL: C'est qu'il y a un retard actuellement dans l'approbation
des états financiers des budgets des commissions scolaires, retard que
j'avais mentionné l'année dernière, qui est
considérable et qui fait que nous sommes obligés de rattraper le
passé.
M. BOURASSA: C'est une réponse qui n'explique aucunement
l'augmentation des emprunts temporaires, l'augmentation telle qu'elle est
actuellement.
Je voudrais demander au ministre ce qui arrive avec le double taux. Le
ministre est au courant qu'il y a un taux d'impôt foncier pour les
particuliers et un taux d'impôt foncier pour les corporations qui est
distinct à Montréal; il y a 80% de différence à
Montréal.
M. BOUSQUET: Demandez ça au ministre des Finances.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre envisage d'étendre ce double
taux à toute la province?
M. CARDINAL: Le ministre ne peut pas annoncer d'avance des projets
semblables. Cette suggestion du député de Mercier est l'une de
celles qui peuvent être étudiées par ce co- mité
dont j'ai parlé tantôt et qui étudie le moyen de
résoudre ce problème du financement des commissions
scolaires.
J'ajoute une autre chose que je n'ai pas mentionné depuis le
début. C'est que, même si le taux de taxe est normalisé, il
y a des retards considérables dans la perception des taxes scolaires.
L'on sait que, dans le cas de certaines commissions scolaires locales, il y a
parfois des retards tels que la commission scolaire régionale n'est
à son tour pas payée des contributions que les commissions
scolaires locales lui doivent. Il y a même eu des cas où il y a eu
des menaces de la part de la commission scolaire régionale.
M. BOURASSA: Non, mais je dis au ministre que c'est quand même une
réforme qui a été proposée il y a plusieurs
années. C'est quand même un moyen d'aller chercher des sources de
revenus additionnels.
M. CARDINAL: C'est certainement l'un des moyens. Est-ce que le
député de Mercier veut dire par là que la taxe scolaire
foncière doit être augémentée au Québec?
C'est un impôt traditionnel, ancien, qui ne convient plus du tout
à la réalité, alors que l'éducation est l'affaire
de toute la population et non pas seulement des propriétaires.
M. BOURASSA: Le ministre ne comprend pas ce que je dis. Je dis au
ministre que, pour permettre peut-être et même réellement de
réduire l'impôt foncier des particuliers, on se trouverait
à hausser l'impôt foncier des corporations. Le ministre se
souvient, c'est une chose je me demande même si le ministre ne m'a
pas enseigné ça alors qu'il était professeur à
l'Université de Montréal et à ce moment-là il
était à la fois très brillant et très modeste
le ministre ne se souvient probablement pas...
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, puis-je vous demander quelles
étaient les qualités du député à ce
moment-là?
M. CARDINAL: Le député de Mercier était très
brillant et très modeste.
M. LE PRESIDENT: Ah, bon!
M. CARDINAL: Et il ne posait que des questions pertinentes et
intelligentes.
M. BOURASSA: Je dois dire que le ministre
apportait des réponses beaucoup plus pertinentes
qu'aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il prépare ses examens, 13.
M. GRENIER: Ah ça, il s'en prépare un examen en dedans
d'un an...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons au sérieux!
M. BOURASSA: M. le Président, si le ministre est conscient qu'une
hausse de l'impôt foncier sur les corporations se trouve à
signifier qu'on peut aller chercher indirectement de l'argent du gouvernement
fédéral sans même lui demander la permission je
signale ça au ministre des Affaires culturelles, cela doit
l'intéresser c'est une façon d'aller chercher de l'argent
au gouvernement central sans lui demander la permission.
En haussant l'impôt foncier sur les corporations, on réduit
les profits taxables, donc on réduit l'impôt sur les profits
à Ottawa. Alors qu'est-ce qu'attend le ministre? Cela fait quand
même un bon bout de temps qu'il est ministre de l'Education. C'est un
ministre qui connaît la fiscalité, il a participé à
l'élaboration de plusieurs rapports. Qu'est-ce qu'attend le ministre
pour appliquer cette réforme qui permettrait de réduire
l'impôt foncier des particuliers?
M. CARDINAL: M. le Président, je vais mentionner, pour revenir au
sérieux de ce débat, que c'est l'un des moyens qui est
envisagé dans ce comité qui étudie les nouveaux modes de
financement des commissions scolaires.
M. BOURASSA: Qui fait partie de ce comité afin qu'on le note? Le
ministre devrait être au courant!
M. CARDINAL: M. le Président, les membres de ce comité
sont les suivants: Le représentant du ministère des Finances, M.
Marcel Bélanger, qui est certainement bien connu du député
de Mercier; M. Fernand Gauthier, il est du côté de l'Education; M.
White, directeur général du Service du financement à
l'Education, M. Lessard, M. Yves Martin, sous-ministre et M. Arthur Tremblay,
sous-ministre.
M. BOURASSA: Est-ce que le comité a fait rapport au ministre
actuellement?
M. CARDINAL: Le ministre a rencontré à quelques reprises
ce comité, mais il n'a pas en main un rapport final de ce
comité.
M. BOURASSA: Mais quand le ministre prévoit-il apporter les
réformes?
M. GRENIER: A dix heures et quart!
M. CARDINAL: Le ministre ne prévoit pas la date où il
apportera des réformes. Mais le ministre sait que ce rapport doit lui
être présenté incessamment. Il est d'abord
étudié, particulièrement, pour autant que les travaux en
sont terminés, par le ministère des Finances qui devra remettre
un rapport au ministre de l'Education, mais je n'en connais pas la date.
M. BOURASSA: Alors, pour une réforme qui soulagerait le petit
contribuable, qui apporterait des sommes additionnelles au ministère de
l'Education, qui permettrait de récupérer des sommes du
gouvernement central, on attend encore, trois ou quatre ans après que la
formule a été proposée. Alors, on ne peut pas
féliciter le ministre de son inaction ou de son attitude
vis-à-vis de cette réforme.
M. CARDINAL: M. le Président, ceci est encore matière
d'opinion. Si on retourne quatre ans en arrière, je pense qu'on pourrait
retourner le compliment à un autre ministre de l'Education. Cependant,
ce sujet est particulièrement sérieux et délicat. Le
député de Mercier sait que la taxe foncière scolaire
représente plus de $400 millions pour le Québec. Il sait d'autre
part que, si le moyen qu'il a indiqué est l'un des moyens d'aller
chercher de l'argent au fédéral, ce n'est que l'un des moyens,
mais c'est surtout un moyen direct.
M. BOURASSA: Mais on n'a pas besoin d'aller demander la permission!
Alors, pourquoi se gêner?
M. CARDINAL: Justement, c'est que le ministre a peut-être une
autre philosophie qui consiste à demander directement ce qui nous
revient...
M BOURASSA: Bah! bah! bah!
M. CARDINAL: ... plutôt que de le faire indirectement et de
façon subreptice.
M. BOURASSA: M. le Président, franchement le ministre n'est pas
sérieux dans ses réponses. Il a là l'occasion de soulager
le fardeau du contribuable sans avoir même à négocier. Et
le ministre répond, sans même rire: Bien moi, j'aime mieux
demander directement. Si la réponse est non, ce sont les contribuables
qui vont payer?
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre répond sans rire
parce qu'il ne trouve pas ça drôle du tout.
M. BOURASSA: Oui, mais je me demande si le ministre comprend.
M. COURCY: Cela paraît.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Gouin.
M. MICHAUD: M. le Président, là je parle très
sérieusement, le ministre a parlé...
UNE VOIX: Le grand...
M. MICHAUD: ... tout à l'heure d'hémorragies, de
dépenses et de moyens de pallier la situation actuelle. Il a
parlé d'exercer un meilleur contrôle sur certaines dépenses
dans les secteurs très marginaux de l'administration des commissions
scolaires.
M. CARDINAL: Non, j'ai donné des exemples marginaux, mais je
n»ai pas parlé d'exercer un contrôle dans les secteurs
marginaux.
M. MICHAUD: Dans les secteurs très marginaux, vous allez exercer
une police sur certaines dépenses qui représentent très
peu en pourcentage, sur le budget total des dépenses des commissions
scolaires dans le Québec
Là, je voudrais parler très sérieusement et
rapidement. Je pense que je vais vous donner une suggestion intelligente
il en jugera, sur son bien-fondé qui permettrait d'aller
peut-être au coeur du problème. D'ailleurs ça rejoint un
peu...
UNE VOIX: Ce n'est pas une surprise.
M. MICHAUD: ... ses propres théories constitutionnelles. Je vais
lui révéler un secret.
M. LE PRESIDENT: Messieurs les journalistes...
M. MICHAUD: Je le prierais d'inventorier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut le dire aux autres ce
secret?
M. MICHAUD: ... à l'intérieur de son ministère...
Oui, mais pas pour l'instant. Je me suis laissé dire qu'il existait au
ministère de l'Education...
DES VOIX: Ah?
M. MICHAUD: ... un rapport confidentiel et secret pour ce qui concerne
l'équipement, les cintres, les chaises, les pupitres,
l'équipement scolaire. Ce rapport qui a été fait vers
l'année 1965, donc il n'est pas en cause, prouverait que dans les achats
d'équipement, les commissions scolaires du Québec achètent
pour plus de 30% de meubles en acier, donc produits aux Etats-Unis, 40% de
meubles suédois, du bois qui vient d'Afrique, du teck, usiné en
Suède et revendu par le circuit des commissions scolaires.
Là, il y a tout un problème de patronage politique qui
existe depuis des décennies au niveau des commissions scolaires à
la fois locales et régionales. Chaque petit entremetteur local, vendeur
de meubles, bien sûr, vend à sa commission scolaire. Il n'a pas
une dimension politique de ce problème.
Ne serait-il pas pensable que le ministère de l'Education fouille
un peu plus loin, planifie l'équipement des commissions scolaires du
Québec, privilégiant, bien sûr, les produits
québécois? Cela va aussi dans le sens de la campagne «
Québec sait faire ». Nous avons des ressources naturelles, nous
avons les essences, le merisier, le frêne et l'érable pour
produire et fabriquer ici de très beaux meubles. Est-ce qu'il ne serait
pas normal que le ministère de l'Education pense à ce
problème, suggère même éventuellement la
création d'une industrie étatique ou semi-étatique du
personnel privé pour financer ses propres besoins en équipement
dans des régions qu'il désignera lui-même, des
régions qui seront compatibles avec le progrès économique
du Québec et la décentralisation régionale?
Je me suis laissé dire que ce rapport, s'il était
appliqué, pourrait procurer du travail en certaines régions des
Bois-Francs et dans certaines régions de Gaspésie à des
milliers de personnes qui vivent actuellement de la sécurité
sociale. Cela aurait des effets d'entraînement considérable. Je
donne cette suggestion, je crois que ce rapport existe quelque part. Je me
demande s'il a été étudié par le ministre, s'il est
conscient que cela existe. S'il ne l'est pas il était
préliminaire de pousser plus loin et nous aurions peut-être
là un élément de solution dynamique et permanent
auxproblèmes du financement des commissions scolaires dans leur achat
d'équipement.
Ne serait-il pas normal que le gouvernement du Québec pour ses
propres besoins, sans s'attaquer à l'entreprise privée, invite
à la fois des architectes, des concepteurs de ce que l'on appelle des
concepteurs industriels, dessinant des meubles québécois de chez
nous que le ministère de l'Education achèterait. Cela
pourrait
être calqué sur les modèles d'entreprises
Italiennes, c'est-à-dire du capital versé par l'état et du
capital versé par l'entreprise privée. Je me demande si je suis
complètement hors d'ordre, mais je sais que ce rapport existe. Je lui
donne la suggestion. La suggestion n'est absolument pas partisane, elle
servirait, si elle était appliquée ultérieurement, les
intérêts supérieurs à la fois du ministère de
l'Education et du peuple québécois.
M. CARDINAL: M. le Président, je suis heureux de cette
intervention et je dirai ceci en réponse. Tout d'abord je ne connais pas
l'existence de ce rapport et je vérifierai au ministère.
Deuxièmement, je dirai au député de Gouin que le
ministère a actuellement entrepris avec le gouvernement trois moyens
d'économiser dans le domaine de l'équipement qui est un des
domaines justement où il y a des dépenses très
élevées et où j'emploierais l'expression que j'ai
utilisée plus tôt. Par exemple, il y a le BDAV, le Bureau de
développement audiovisuel, qui a normalisé l'équipement
dans ce domaine. Les commissions scolaires achetant autrefois, chacune des
équipements différents, ce qui ne permettait ni
l'interchangeabilité entre ces équipements, ni l'utilisation par
plusieurs commissions scolaires des mêmes documents qui iraient dans ces
diverses machines, ni la mise en contact entre elles de diverses machines ou de
ces divers équipements. Deuxièmement, le ministre de l'Education
a établi à son propre cabinet un système de
vérification des approbations d'achat et d'acquisition
d'équipement dans les commissions scolaires, parce qu'il s'en
était rendu compte lui-même en signant ces nombreuses approbations
des dépenses énormes faites dans ce domaine.
Troisièmement, il y a déjà un comité de
créé au ministère, comité dit de normalisation pour
l'établissement de normes d'acquisition d'équipement. Ce
comité n'a pas encore fait rapport au ministre. Son travail est long et
fastidieux et, je l'avoue, cela prend du temps avant que l'on en arrive
à des règles facilement applicables. D'autre part, je suis
d'autant plus heureux que le député ait fait cette remarque
qu'à l'occasion d'une autre intervention devant ce comité, j'ai
mentionné que l'on avait choisi une firme québécoise
plutôt qu'une firme américaine au même prix et l'Opposition
m'a fort houspillé pour avoir choisi la firme Lalon-de et Valois
plutôt que la firme Kayser.
M. MICHAUD: Vous devriez le faire à l'Office d'information et de
publicité du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. MICHAUD: Vous comprendrez, M. le Président je n'ajoute
que ceci que la prolifération de tous ces achats
disséminés au niveau de 1,100 ou 1,200 commissions
scolaires...
M. CARDINAL: C'est 1,522.
M. MICHAUD: De 1,522 commissions scolaires, c'est absolument contraire
aux lois de la planification.
Il y aurait peut-être là sans s'engager dans des
débats constitutionnels moyen de nous donner des instruments qui
pourraient favoriser le Québec.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup de cette intervention positive, M. le
député.
M. MICHAUD: Je ne vous demande pas de la qualifier.
M. BOURASSA: Pour les CEGEP, est-ce que le ministre aurait une
Idée des emprunts temporaires des CEGEP...
M. CARDINAL: Je m'excuse, mais la question des collèges
d'enseignement général et professionnel est déjà
passée.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre a fourni les chiffres sur des...
M. CARDINAL: J'ai fourni les réponses à toutes les
questions, à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Je réfère le ministre à la page 72,
poste budgétaire 16, articles 7 et 8, vous verrez, M. le Ministre, que
les subventions aux écoles de Montréal et de Québec sont
au montant de $43 millions environ et aux écoles, ailleurs, elles sont
de $295 millions.
En effet, parce que les écoles hors des deux grandes villes en
ont besoin, évidemment. Il faut subventionner ces écoles d'une
manière beaucoup plus élevée. Je crois que c'est la
politique du gouvernement. Nous noterons aussi que parfois, et souvent, le taux
de taxe foncière est moins élevé à la campagne
qu'à Montréal et à Québec. Je crois que c'est pas
mal vrai. Et parfois le système pour trouver la valeur des terrains et
des propriétés, des bâtisses à la
campagne, le taux est moins élevé à la campagne
qu'à Montréal.
D'autre part, nous notons que nous voulons tous à peu pris les
mêmes normes pour les salaires des enseignants partout dans la province.
Est-ce la politique du gouvernement de considérer ou est-ce que la
commission dont vous avez parlé considère ce problème des
taxes hors de Montréal et Québec et le taux etc...
M. CARDINAL: Oui. De fait, je dois donner une explication avant de
donner la réponse.
C'est que les commissions scolaires de Montréal et de
Québec ne bénéficient pas de subventions
d'équilibre budgétaire, contrairement aux autres commissions
scolaires. Elles doivent donc équilibrer leur budget, elles tombent sous
des lois spéciales, d'ailleurs, qui leur donnent des règles
très précises.
D'autre part, j'ai mentionné cet après-midi que la
restructuration de l'administration scolaire de Montréal est une des
préoccupations du gouvernement et qu'il y aurait, à brêve
échéance, des dispositions administratives transitoires pour
changer ce système.
D'autre part enfin, bien qu'aucun projet de loi ne soit devant la
Chambre et qu'il n'appartienne pas à cette commission de discuter des
projets de législation au moment présent, l'on sait que, quant
à l'île de Montréal, est soumis, présentement, au
ministre de l'Education, un projet de loi qui est étudié par le
ministère, qui a été soumis par la CECM et pour lequel
nous demandons, aussi, l'avis du Greater Protestant School Board of
Montreal.
Ce projet de loi, évidemment, se rapportera en particulier au
taux d'imposition foncière pour l'île de Montréal, de la
ville et enfin, des endroits de l'Ile de Montréal qui dépendent
de ces commissions scolaires.
Il est sûr que c'est un autre problème et que la solution
réside dans la restructuration de l'administration scolaire de
Montréal.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a quelque chose je ne sais pas si
cela a été discuté cet après-midi, je
m'excuse...
M. CARDINAL: Je vous en prie.
M. BOURASSA: J'ai, dans les subventions pour la commission scolaire de
Montréal, $43 millions de prévus contre $40 millions l'an
dernier.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on sait quel sera le déficit de la
Commission des écoles catholiques de Montréal? $10 millions
ou...?
M. CARDINAL: C'est environ $10 millions.
M. BOURASSA: Et combien pour la commission protestante?
M. CARDINAL: Je corrige mes chiffres: pour la CECM, la Commission des
écoles catholiques de Montréal, le déficit prévu
est de $7 millions, pour l'année en cours; pour les protestants, il n'y
a pas de déficit prévu.
M. BOURASSA: Alors, rien n'est prévu, évidemment, dans les
prévisions budgétaires pour y faire face? Est-ce que cela veut
dire qu'ils seront obligés d'argumenter leur...
M. CARDINAL: Cet article est prévu dans les subventions
spéciales. Nous vous indiquerons le poste. Ceci est prévu dans
les $295 millions qui...
M. BOURASSA: Encore? M. CARDINAL: Oui. 7 et 8... M. BOURASSA: Mais
c'est... M. CARDINAL: ... de l'autre.
M. BOURASSA: ... une clause omnibus que ces $295 millions!
M. CARDINAL: L'article 8 est une clause omnibus, c'est exact. Cela
comprend toutes...
M. BOURASSA: A chaque question que je pose au ministre sur les
prévisions budgétaires, tout se trouve dans les $295 millions. Le
ministre ne craint-il pas que la somme se révèle
insuffisante?
M. CARDINAL: Elle se révélera insuffisante comme nous
l'avons déjà affirmé, avoué et reconnu.
M. BOURASSA: Et comme le ministre l'a dit tout à l'heure: Cela
voudrait dire des taxes additionnelles...
M. CARDINAL: Je n'ai jamais dit que le ministre a dit ceci.
M. BOURASSA: M. le Ministre, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Vous faites des extrapolations.
M. BOURASSA: Non, non. Le ministre a mentionné tout à
l'heure qu'il prévoyait des moyens de financement additionnels; alors
tout le monde a compris.
M. CARDINAL: Pardon, M. le Président, j'ai dit des moyens de
financement nouveaux; je n'ai jamais dit « additionnels »; c'est
d'ailleurs l'indication que...
M. BOURASSA: De nouveaux moyens de financement, tout le monde a compris
que cela voulait dire des augmentations.
M. LE PRESIDENT: Vous faites des hypothèses, M. le
député, et je n'ai pas le droit d'accepter cela.
M. BOURASSA: Un instant, s'il vous plaît, je vais voir s'il...
UNE VOIX: Alors adopté. M. BOURASSA: Un instant!
M. MICHAUD: M. le Président, pour ce dont j'ai parlé tout
à l'heure, y aurait-il possibilité de commander une enquête
je sais que ce document existe à quelque part si on ne
peut pas le retrouver, commander une enquête sur ce qui s'achète
vraiment par les commissions scolaires, avoir un état de la situation,
colliger les faits.
M. CARDINAL; C'est justement ce que nous sommes à faire par cette
commission spéciale qui a été créée et dont
j'ai parlé.
M. MICHAUD: Et quand aurons-nous cela?
M. CARDINAL: Eventuellement. J'ai mentionné que cela prendrait du
temps parce qu'il est assez difficile d'obtenir des statistiques
précises des commissions scolaires et de les programmer. J'ai
déjà mentionné devant cette commission qu'actuellement
l'informatique nous permettait de programmer les dépenses des
commissions scolaires par certains postes, leur financement, etc. Mais il n'a
pas été prévu une programmation de tous ces
détails. Pour les obtenir, il faut une longue enquête
auprès des commissions scolaires, qui ne répondent pas toujours
immédiatement. C'est une longue recherche au ministère même
dans les appro- bations que nous avons déjà données. C'est
donc une enquête ou une étude qui prendra nécessairement du
temps.
M. MICHAUD: Nous pouvons prévoir que, d'ici une période
d'un an, cela pourra être terminé pour avoir un portrait exact de
la situation de ce qui s'achète dans le Québec?
M. CARDINAL: Non seulement je l'espère mais je le crois.
UNE VOIX: Adopté.
M. BOURASSA: Non, M. le Président... dans les dépenses non
admissibles.
M. CARDINAL: Oui, M. le Président.
M. GRENIER: Il y a une vingtaine d'articles sur lesquels vous
pouvez...
M. BOURASSA: C'est parce que les subventions aux commissions
scolaires...
M. GRENIER: Est-ce que vous avez l'intention qu'on lise tous ces
articles avant que nous n'allions nous coucher?
M. BOURASSA: Non, non, cela ira très bien: l'enseignement des
Beaux-Arts, cela ne sera pas long.
M. GRENIER: Demain, c'est M. Courcy qui vous remplacera en ce qui
concerne l'agriculture dans le domaine de l'éducation?
M. BOURASSA: M. le Président, pour les subventions non
admissibles, quelles sont les...
M. CARDINAL: Pardon?
M. BOURASSA: Je veux dire les dépenses non admissibles, je
m'excuse. Quelle a été la proportion... Je pense que le
gouvernement, dans l'état financier où il se trouve, n'a
certainement pas les moyens de donner des subventions superflues. Dans les
dépenses non admissibles, quelle est la façon de contribuer du
gouvernement. Il y a quelques années, le gouvernement pouvait contribuer
jusqu'à 50%. Ou il force les commissions scolaires...
M. CARDINAL: Conformément aux règles qui sont remises aux
commissions scolaires, à ma connaissance, au moins deux fois, les
contributions du gouvernement dans les dépenses non admissibles sont
nulles, c'est-à-dire qu'il
ne contribue aucunement dans les dépenses non admissibles.
M. BOURASSA: Est-ce que ceci veut dire que durant l'année 67/68
il n'y a aucune somme je pose une question bien précise
qui ait été donnée par le ministère de l'Education
pour tenir lieu de subventions vis-à-vis des dépenses non
admissibles?
M. CARDINAL: A la connaissance du ministre: non. Mais J'ajouterai
vu que l'on tend cette perche que ceci explique en partie les emprunts
bancaires des commissions scolaires parfois.
M. BOURASSA: Dans quelle proportion?
M. CARDINAL: C'est de $30 à $40 millions actuellement.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que sur...
M. CARDINAL: Sur les montants totaux que nous avons donnés...
M. BOURASSA. Il y aurait $30 à $40 millions...
M. CARDINAL: ... d'emprunts pour des dépenses non admissibles
qui, d'après les règles actuelles, ne sont pas
subventionnées par l'Etat.
M. BOURASSA: D'accord, les emprunts temporaires qui, dans ces cas,
voudraient dire une augmentation du taux de l'impôt foncier.
M. CARDINAL: C'est cela. Voyez-vous il y a des commissions scolaires que
j'appellerai « riches », et d'autres « pauvres ».
Même si vous avez des règles de dépenses non
admissibles, une commission scolaire qui a les moyens à même ses
revenus déjà existants de se payer des dépenses non
admissibles peut le faire. Il arrive que certaines commissions scolaires
n'aient pas ces moyens et qu'elles le fassent quand même, elles doivent
par conséquent s'autofinancer à même les impôts
fonciers locaux. Si vous voulez il y a une question qui dépasse les
prévisions budgétaires et les cadres de cette discussion. Encore
là je reviens à des choses que j'ai déjà
mentionnées parce qu'encore une fois je m'excuse de me
répéter il faut être lucide et voir les choses
telles qu'elles sont. L'on défend beaucoup en certains milieux ce qu'on
appelle l'autonomie des commissions scolaires. Je suis d'accord pour que les
commissions sco- laires aient une certaine autonomie. Cette autonomie ne doit
pas aller au point tel que se produise la situation que vous venez de
décrire.
M. BOURASSA: Ce n'est pas nous qui avons promis l'abolition de
l'impôt foncier scolaire, c'est l'Union Nationale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Depuis quelque temps
le député de Notre-Dame-de-Grâce a demandé la
parole. Je m'excuse, question d'objectivité et
d'impartialité.
M. TETLEY: Merci, M. le Président.
Je reviens à la question que j'ai déjà
posée. Quelle est la solution que vous avez? Etes-vous capable de nous
suggérer des solutions à la question que je viens de poser
à l'effet que les taux d'impôt foncier ne sont pas du tout
égaux, et le député de Mercier a mentionné le cas
des corporations, et aussi à la campagne et même en ville,
même à Montréal. Je peux vous citer des exemples. Les taux
sont inégaux et aussi la valeur imposable ou le pourcentage de valeur
réelle varie même en ville et certainement ailleurs?
M. CARDINAL: Trois réponses à ceci, si vous me le
permettez.
La première est que, si l'on compare, l'on voit qu'à
Montréal, le taux est de 1.60 alors que le taux normalisé moyen
ailleurs dans la province est de $1.41. C'est exact?
M. TETLEY: Le taux est en comparaison?
M. CARDINAL: Sur la même évaluation, sur la valeur
réelle.
Cependant, permettez-moi ce deuxième commentaire, lorsque vous
parlez de valeur réelle, vous ne pouvez avoir un même
évaluateur qui fasse toute la province et qui établisse une
valeur réelle qui soit la même partout. Il ne faut quand
même pas sortir des théories telles que l'on fasse... Il y a des
normes, M. le député de Mercier, vous êtes suffisamment
cultivé pour savoir que, même si vous avez des normes, lorsque
vous venez pour discuter de la valeur réelle...
M. BOURASSA: C'est de l'information...
M. CARDINAL: ... ou de la valeur commerciale d'un immeuble, il peut y
avoir des appréciations différentes selon les évaluateurs
et les régions.
M. BOURASSA: Il y a moyen d'avoir des normes provinciales. On attend
encore depuis trois ans une régie d'évaluation qui permettrait
d'avoir une évaluation comparable...
M. CARDINAL: Troisièmement. Quand vous aurez le remède, le
problème sera ailleurs. Je vais vous donner la réponse suivante
qui se rapporte à la fois à la question des députés
de Notre-Dame-de-Grâce, de Mercier et de Gouin, c'est que, dans le cas de
dépenses non admissibles, vous avez en plus du taux normalisé une
taxe additionnelle pour les dépenses non admissibles.
Présentement si on me demande quel est le moyen d'empêcher
ça, le moyen c'est celui que j'ai mentionné à deux
reprises: vous ne pouvez conserver en même temps le système actuel
avec l'ancienne autonomie des commissions scolaires et en même temps
vouloir corriger la situation. Il faut aller à la racine du mal, et que
ceci soit considéré comme populaire ou non il ne faut
quand même pas interpréter ces paroles. Il faut se rendre compte
que le système de financement des commissions scolaires, que le
système des commissions scolaires lui-même est fondé
beaucoup plus sur l'histoire, sur les traditions que sur la
réalité des choses d'aujourd'hui dans le monde où nous
vivons. Vous pouvez dire que c'est une généralité, mais
c'est comme ça.
M. BOURASSA: Le ministre répond... M. GRENIER: Adopté!
M. BOURASSA: C'est un débat qui est quand même
important.
M. GRENIER: M. le Président, c'est rendu que les discussions en
aparté sont...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: Nous parlons des subventions aux commissions scolaires.
M. LE PRESIDENT: M. Tetley, avez-vous terminé votre question?
M. TETLEY: Non. Merci, M. le Président.
M. GRENIER: On est même arrivé à parler lentement
pour tuer le temps.
M. TETLEY: Je voudrais noter et je sais que le problème est aigu
et je n'ai pas la solution. J'ai quand même une suggestion.
Il y a une commission qui doit étudier cette question
d'évaluation, ou de taux partout dans la province, comme on l'a
déjà fait au Nouveau-Brunswick, comme vous le savez et comme on
va le faire en Ontario. Encore une fois dans le discours du budget de
l'Ontario, le 4 mars 1969, le ministre des Finances a conclu: « Therefore
the Government is determined to overhaul the entire system of property taxation
and to make it as equitable and efficient as possible ». Lorsqu'un
système de taxation n'est pas équitable, souvent ce
système n'est pas efficace. Il y a par exemple des industries
importantes qui ne paient pas de taxes parce qu'elles se trouvent près
d'une ville...
Donc c'est une suggestion.
M. CARDINAL: Je remercie le député de
Notre-Dame-de-Grâce pour sa suggestion. Cette suggestion pourrait nous
mener loin. Le député de Mercier, qui a beaucoup de lettres, a
probablement lu ce volume qui s'intitule: « The Ideology of Taxation
». Volume où l'on finit par prouver en 500 pages que tout
système de taxe pourra toujours être considéré par
un groupe de la population comme étant inéquitable ou inefficace.
Qu'est-ce que vous voulez? Ceux qui sont plus taxés se compareront
toujours à ceux qui sont moins taxés. Cependant, encore une fois,
je le répète, un système idéal de financement de
l'éducation serait un système qui ressemble à celui que
l'on emploie pour l'hospitalisation. C'est qu'il n'y a rien qui relie
l'éducation à la taxe foncière et que, si l'on peut
corriger les inégalités de la taxe foncière pour le
Québec, ce n'est qu'une solution de rechange en attendant un
système qui le remplacera et ceci doit se faire sur un certain nombre
d'années parce qu'on ne peut pas remplacer $400 ou $450 millions de taxe
foncière par des impôts directs ou indirects
déguisés en impôts directs dans une courte période
de temps.
M. BOURASSA: Bon, ça, c'est une vérité de La
Palice. Tout le monde est d'accord. On ne reviendra pas là-dessus,
même si cela a été promis dans le programme. Mais quand le
ministre...
M. CARDINAL: Je serais surpris que tout le monde soit d'accord.
M. BOURASSA: ... parle de l'abolition de l'impôt foncier scolaire,
c'est que le système qui a été proposé, il y a
quelques années, qu'il maintient, ce que nous recommandons, nous, nous
sommes quand même assez réalistes pour ne pas promettre
l'abolition de l'impôt foncier
scolaire d'ici un ou deux ans. Mais quand le ministre dit que le
système idéal, c'est l'assurance-hospitalisation ou que...
M. CARDINAL: Non, non, j'ai dit un système de financement...
M. BOURASSA: Bon, d'accord. Je pense que c'est un débat qui est
important je suis « anxieux » de connaître les
réponses du ministre.
M. CARDINAL: Vous avez peur, si vous êtes anxieux.
M. BOURASSA: Non, je veux dire que j'espère que, pour une fois,
les réponses vont pouvoir m'éclairer un peu. Est-ce que le
ministre prévoit un substitut comme frein naturel au gaspillage des
commissions scolaires pour l'impôt foncier? Si vous abolissez
l'impôt foncier, comment allez-vous pouvoir être capable de
contrôler toutes les dépenses des commissions scolaires
admissibles et non admissibles?
M. CARDINAL: Ceci est une question d'opinion.
M. BOURASSA: Ah! quand même!
M. CARDINAL: Ceci peut nous entraîner loin. Il est évident
que si, en réponse à certaines questions, je m'aventure et parle
de l'abolition éventuelle de l'impôt foncier pour fin scolaire, je
suis d'accord avec le député de Mercier, ici, qu'on appelle les
recommandations d'une commission dont le secrétaire est connu de tous
ici, il faut commencer par mettre un frein avant d'en arriver à cette
solution. Ceci ne se fait pas sans une refonte complète non seulement
pour le système de fiscalité scolaire et même du
système d'administration scolaire et c'est pourquoi, en réponse
au député de Notre-Dame-de-Grâce, je mentionnais que la
vraie solution était dans la restructuration de l'administration
scolaire et non pas simplement dans des modifications du système de
fiscalité foncière.
M. BOURASSA: Alors la réponse du ministre, si je comprends bien,
c'est une réforme de l'administration scolaire. C'est aussi vague, c'est
aussi général que ça, au fait, qu'il n'y a pas de frein
naturel.
Je pose une autre objection. Comment les commissions scolaires
vont-elles financer les services additionnels si elles n'ont pas une source
locale de taxation si mince soit-elle, même si on doit
désirer...
M. CARDINAL: Je regrette, on est rendu à des questions purement
hypothétiques en présumant qu'on ait réalisé...
M. BOURASSA: Le ministre a fait des affirmations.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Le ministre...
M. BOURASSA. Il a dit que, lui, son objectif... j'ai quand
même le droit de poser des questions sur l'affirmation qu'il a faite
quant à lui, même s'il devait être lointain,
c'était l'abolition de l'impôt foncier scolaire. Moi, je lui ai
dit en rapport avec cet objectif, qu'il y a quand même deux
problèmes. Le problème du gaspillage et le problème du
financement...
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): A l'ordre!
M. BOURASSA: S'il vous plaît!!! Je peux terminer quand même,
je réponds au ministre. Le problème du financement des services
additionnels. Qu'est-ce que le ministre répond à cela?
M. CARDINAL: Le ministre répond qu'à une question aussi
théorique je puis donner un exemple pratique.
Les commissions scolaires régionales n'ont jamais eu de
système d'impôt foncier. Elles ont fonctionné et elles ont
réussi à fonctionner.
M. MICHAUD: Si vous permettez, je pense que la question est très
pertinente. Les hommes qui sont responsables du pouvoir doivent se projeter un
peu dans l'avenir. Le système de la taxe foncière, c'est un
système archaïque qui repose sur le principe que la
propriété était la richesse.
Nous disons, et vous le dites vous-même, que ce système
doit être aboli. Le député de Mercier demande: Par quoi?
Et, on ne sait absolument pas dans quelle direction vous allez.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): A l'ordre! A l'ordre! Je crois que c'est
une question strictement hypothétique. Nous sommes à
défendre les crédits pour l'année courante. Pour ce qui
est de l'avenir, le ministre décidera en temps et lieu.
M. MICHAUD: Bon!
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Si les gestes posés par le
ministre au cours de l'année prochaine ne conviennent pas à
l'Opposition, à ce moment-là, vous pourrez mettre en doute la
sagesse des décisions prises.
M. BOURASSA: Est-ce que je pourrais poser l'une de mes dernières
questions au ministre? On a référé quand même, et
ça revient un peu... Plusieurs des questions que j'ai posées ont
trait aux subventions spéciales à certaines commissions
scolaires, $175 millions à $295,000 millions. Que ce soit pour la
réduction des emprunts temporaires, même si j'ai beaucoup de
doutes sur cette réduction on verra dans six mois qui a raison
que ce soit pour les subventions pour le déficit de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, que ce soit pour
l'augmentation des dépenses des commissions scolaires maintenant que le
taux est normalisé, que ce soit pour tous les autres cas auxquels a
référé le ministre, est-ce qu'il pourrait me donner un
minimum de ventilation de cette somme? Parce qu'actuellement c'est tellement
vague que l'on est porté à se poser de sérieuses questions
sur la véracité des réponses.
M CARDINAL: Je vais apporter un peu de ventilation à cette
question, M. le Président.
M, GRENIER: Et dire qu'on voulait revaloriser le travail en commission!
La jeune deputation, à part ça!
M. BOURASSA: On pourrait faire de la démagogie tellement
facilement avec ça, et on pose des questions tout à fait
précises. Je demande la ventilation d'un chiffre aux prévisions
budgétaires.
M. GRENIER: C'est que vous avez une date précise pour terminer
les études. Il faut que vous écouliez le temps jusque là.
C'est si évident que ça. voyons donc! Vous avez pris la
succession de l'autre.
M. BOURASSA: Voyons donc! Qu'on nous donne des réponses
satisfaisantes et ça va aller vite. On nous donne les
vérités de La Palice.
M. CARDINAL: M. le Président, évidemment, c'est mieux
d'être dans les vérités de La Palice que d'être dans
les mensonges.
M. MICHAUD: C'est une autre lapalissade! M. TREMBLAY (Chicoutimi): La
Palice!
M. CARDINAL: C'est vrai que nous avons bénéficié de
la présence d'un chef de parti parmi nous ce soir!
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Nous avons l'honneur! Nous avons un
invité spécial ce soir.
M. LEVESQUE (Laurier): Je suis sidéré par...
M. CARDINAL: Par le ministre?
M. GRENIER: C'est le député de Mercier qui se
révèle dans les culottes de Lévesque, ce soir.
M. MICHAUD: Laissez parler l'Etat policier.
M. CARDINAL: M. le Président, une première ventilation
nous indique les détails suivants: Solde des sommes dues aux commissions
scolaires pour l'année 65/66: $13,600,000. Solde pour l'année
66/67...
UNE VOIX: On va faire des calculs.
M. CARDINAL: ... $40,300,000. Deuxième versement global pour les
commissions scolaires (en 68/69): $ 178,300,000. Les premiers versements pour
l'année 69/70: $62,800,000, ce qui forme un total, si je ne me suis pas
trompé, de $295 millions.
M. BOURASSA: Et ceci comprend le budget pour la Commission des
écoles catholiques de Montréal?
M. CARDINAL: II est dans les $178,300,000 que j'ai mentionnés en
avant-dernier lieu.
M. BOURASSA: A quel titre ça? Aux commissions...
M. CARDINAL: A titre de subventions spéciales. Le montant de $7
millions dont j'ai parlé tantôt est compris dans ces
$178,300,000.
M. BOURASSA: Et l'augmentation de salaire pour les enseignants
également? Alors, cela veut dire que les emprunts temporaires vont
être... Quelle est la part des emprunts temporaires dans les $295
millions? La réduction des emprunts temporaires?
M. CARDINAL: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
répondre à cette question dans le moment.
M. BOURASSA: Oui, mais, M. le Président...
M. CARDINAL: Ce n'est pas ça, M, le Président, c'est que
l'on a interprété mes paroles... ce n'est pas ce que J'ai voulu
affirmer en aucun moment. J'ai mentionné que si ces sommes
étaient versées, elles vont l'être aux commissions
scolaires. Cela aurait pour effet d'aider la situation de caisse des
commissions scolaires et de diminuer, en conséquence, leurs emprunts
auprès des banques. Je n'ai jamais indiqué que c'était
pour...
M. BOURASSA: Ce n'est pas pour les dépenses courantes, alors? Ce
n'est pas pour les dépenses courantes de 69/70?
M. CARDINAL: Pour la partie que j'ai indiquée. J'ai donné
le détail pour chacune des années à partir de 1965
jusqu'à 69/70 dans la ventilation que j'ai présentée. La
dernière somme est un premier versement pour l'année 69/70.
M. BOURASSA: Alors, si je comprends bien le ministre, pour ce qui a
trait aux emprunts temporaires, il s'en trouve inclus dans les $13 millions,
dans les $40 millions et dans...
M. CARDINAL: Il ne s'agit pas d'emprunts temporaires inclus, il s'agit
de sommes dues aux commissions scolaires par le gouvernement, qui auront pour
effet de diminuer les demandes des commissions scolaires auprès des
banques.
M. BOURASSA: Je dis au ministre que, s'il voulait changer de
ministère, il ferait un excellent ministre des Finances parce qu'il
jongle...
UNE VOIX: Adoptél
M. BOURASSA: ... avec les chiffres et nous n'avons aucune réponse
qui nous permette de nous rassurer sur la situation financière des
commissions scolaires.
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. GRENIER: Depuis le début de la soirée, il ne s'est rien
passé. Ne venez pas me dire ensuite que la jeune députation veut
revaloriser le travail en commission.
M, BOURASSA: Je ne sais pas ce qui a piqué le
député de Mégantic. On discute...
M. GRENIER: De Frontenac.
M. BOURASSA: De Frontenac! Je m'excuse. Je pense que nous discutons ce
soir d'une façon aussi précise et concrète que possible de
la situation financière des commissions scolaires.
Toutes les questions que j'ai posées M. le
Président, je suis obligé quand même de me défendre
puisque le député de Frontenac m'attaque avaient trait
à des cas précis et particuliers, avec des chiffres.
Alors, je n'ai pas fait d'affirmations générales de la
nature que les réponses que j'ai obtenues.
Juste pour terminer, quant à moi, le ministre m'assure que, dans
le cas des dépenses non admissibles pour 67/68, le ministère de
l'Education n'a fait aucun versement?
M. CARDINAL: C'est exact. Les renseignements que j'ai au
ministère de la part de mes fonctionnaires responsables sont à
l'effet qu'il n'y a eu aucun paiement dans ce domaine.
M. BOURASSA: Et il n'y a rien de prévu, parce
qu'évidemment ce sont dans les normes du ministère, pour 1969
pour les dépenses non admissibles?
M. CARDINAL: Non plus. M. BOURASSA: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M, Bousquet): Adopté?
M. TREMBLAY (Montmorency): J'aurais une autre question. Concernant les
dépenses non admissibles dont on a parlé tout à l'heure,
il me semble y avoir un petit quelque chose de discrétionnaire dans des
dépenses admissibles ou non admissibles. J'ai un cas en particulier:
pendant quelques années on a toujours accepté une dépense
déterminée, une dépense bien définie, et puis on la
coupe. Cette commission scolaire est obligée de faire une
démarche au ministère et finalement on l'accepte. Je pourrais
peut-être préciser ce cas en particulier mais j'ai d'autres cas
que je pourrais retrouver.
Par exemple, le cas des subventions pour le transport, c'est
considéré comme dépenses non admissibles à l'heure
du dîner. A Sainte-Anne de Beaupré, un cas en particulier,
à la vieille école qui sert d'école secondaire
actuellement, qui est désuète bien entendu et que l'on doit
reconstruire, les enfants du village sont obligés d'aller aux classes au
bout de la paroisse. Donc, il faut qu'ils reviennent... Les années
passées, on a toujours accepté la dépense du transport
à l'heure du dîner comme admissible. Puis, on l'a coupée
à un moment donné et on l'a admise à nouveau cet
automne.
M. CARDINAL: Je peux répondre à cette question. Ce n'est
pas un cas particulier. De fait, les règles d'admissibilité et de
non admissibilité de ces dépenses, dans le fond, c'est que le
terme est peut-être inexact. Ce ne sont pas des dépenses
admissibles ou non admissibles. Ce sont des dépenses non
subventionnées par l'Etat. Ce serait la vraie désignation ou
description de ces dépenses parce que la commission scolaire peut
toujours la faire la dépense. C'est admissible également. Ce
n'est pas illégal de la faire sauf qu'on la fait à ses
dépens au lieu de la faire au dépens du gouvernement.
Deuxièmement, dans le cas du transport en particulier, pour des
raisons stricte ment budgétaires, le ministère avait
modifié en accord avec le ministère des Finances et à la
suite d'une décision du conseil des ministres, la règle
d'admissibilité pour les dépenses de transport. Comme par la
suite il y a eu de la part d'une multitude de commissions scolaires une demande
pour que l'on revienne à l'ancienne règle, le ministre de
l'Education a recommandé j'ai recommandé, si vous me
permettez au conseil des ministres de revenir sur sa décision et
d'ajouter au budget une somme qui était alors de $400,000 pour rendre
admissibles certaines dépenses de transport.
Ce n'est pas l'ancienne règle qui a été
rétablie, c'est la deuxième règle qui a été
corrigée et adoucie pour le bénéfice des contribuables,
des enfants et de leurs parents. C'est un fait, ceci s'est produit. Mais
c'était toujours selon les règles.
Le conseil des ministres, qui fait des règles dans ce domaine,
peut les modifier, s'il juge qu'il y a lieu de le faire, dans les limites
cependant du budget.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je voulais émettre l'opinion à
l'effet qu'il pouvait avoir danger que cela devienne
discrétionnaire...
M. CARDINAL: Je n'appellerais pas ceci discrétionnaire, c'est que
toute règle est un lit de Procuste, M. le ministre des Affaires
culturelles, c'est-à-dire qu'il faut couper ce qui dépasse ou
étendre ce qui ne s'y rend pas. Mais dans ce sens, c'est une certaine
disposition utilisée par le ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le parti libéral, ça!
M. CARDINAL: M. le Président, cependant, vous me permettrez,
maintenant que le député de Mercier a posé, je pense, sa
dernière question sur ce sujet, je veux rappeler ma position devant
cette commission. J'ai toujours désiré donner des réponses
le plus précises possibles, j'ai toujours donné des
réponses à toutes les questions qui ont été
posées. Il ne suffit pas d'affirmer, pour que ceci paraisse au journal
des Débats et soit reproduit dans les journaux, que la nature des
réponses du ministre soient insatisfaisantes pour quelles le soient.
C'est purement une opinion et je voudrais que l'on distinguât bien les
opinions des réalités.
M. BOURASSA: Le ministre de l'Education a signalé à
plusieurs reprises que c'était une question d'opinion. Moi, pour ma
part, que ce soit pour la réforme du système, de l'impôt
foncier, que ce soit sur les emprunts temporaires, je dis que le ministre,
quant à moi, ne m'a pas donné de réponses satisfaisantes.
Et le ministre a admis lui-même, si l'on lit entre les lignes, qu'il y
aurait des moyens nouveaux de financement, et cela veut dire des augmentations
d'impôt.
M. CARDINAL: Je ne veux pas faire de débats, M. le
Président, mais le député de Mercier vient d'avouer
lui-même que c'est en lisant entre les lignes qu'il trouvera les
réponses...
M. BOURASSA: C'est parce que le ministre, dans une campagne pour la
chefferie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: On pourrait mettre des augmentations d'impôt.
M. LE PRESIDENT: Quand j'étais à l'école, on me
disait qu'avant de lire entre les lignes, il fallait lire les lignes.
M. BOURASSA: C'estce que j'ai fait et j'en ai conclu, M. le
Président.
M. CARDINAL: Le député de Laurier n'a pas de questions
dans le domaine économique?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député et le distingué
représentant de Montréal.
M. TETLEY: J'ai une question sur le poste budgétaire 17.
M. LE PRESIDENT: Une minute, pour que ce soit bien clair dans mon
esprit, postes budgétaires 14 à 16, adoptés. Acceptez-vous
cela, honorables députés?
M. BOURASSA: Un instant.
M. LE PRESIDENT: On ne veut bâillonner d'aucune façon
l'Opposition.
M. GRENIER: Jamais, d'aucune façon je ne tolérerai une
telle accusation.
M. BOURASSA: Nous avons terminé à 6 heures, où
étions-nous rendus?
M. LE PRESIDENT: Nous étions rendus pas mal loin.
M. CARDINAL: Le poste budgétaire 15 était
adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, les postes budgétaires 14, 15, 16
adoptés, nous sommes à 17.
M. GRENIER: Les quatre jours, ce sont deux autres qui suivent.
M. LE PRESIDENT: 17. Cela va vite.
M. TETLEY: J'ai une question au sujet du poste budgétaire 17. Les
écoles élémentaires, $22 millions, écoles
secondaires polyvalentes, $103 millions. Où se trouvent ces
écoles, M. le Ministre? Je veux dire les $22 millions d'abord, à
la campagne ou à Montréal et Québec? Etes-vous capable de
diviser ces écoles?
M. GRENIER: Dans la province de Québec.
M. TETLEY: Non, dans la ville de Québec et à
Montréal, est-ce qu'il y a une division? Est-ce qu'il y a des
écoles polyvalentes à Montréal ou à
Québec?
M. CARDINAL: M. le Président, qu'on prenne les $22 millions ou
les $103 millions, ceci ne comprend pas les écoles de Montréal,
lesquelles sont comprises dans les subventions générales dont
nous avons parlé tantôt au poste budgétaire
précédent.
Quant aux $103 millions, ceci comprend les écoles secondaires
polyvalentes qui sont déjà en voie de construction ou dont la
construction sera commencée.
J'ai noté déjà, à plusieurs reprises, que la
liste de ces écoles, quant à leur situation, était
établie selon des normes fixant leur priorité,
préparée par les fonctionnaires du ministère de
l'Education et soumise récemment au ministère des Finances et
que, dès que j'aurai l'approbation du ministère des Finances, Je
se- rai des plus heureux d'annoncer la situation exacte de ces écoles
dans tout le territoire du Québec.
M. MICHAUD: Pour les constructions d'écoles polyvalentes, est-ce
qu'il n'y a pas un changement total dans la philosophie de la politique du
ministère? Apparemment, on se dirigerait vers le
préfabriqué, compte tenu des projections démocratiques qui
ont été faites et le reste...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons déjà discuté
de cette question, monsieur.
M. CARDINAL: Oui.
M. MICHAUD: Serais-je en retard?
M. CARDINAL: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons discuté de cela à la
question de l'équipement.
M. MICHAUD: Je retournerai au journal des Débats et je
m'instruirai.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: Est-ce que le poste budgétaire 17 subventions
aux commissions scolaires pour achat, construction et transformation
d'écoles inclut certains projets de résidences
d'étudiants?
M. CARDINAL: Non, il n'y a pas de résidences d'étudiants
au niveau élémentaire et secondaire.
M. HOUDE: Mais ceux qui en désireraient? Je pense à
certaines cités de jeunes, encore une fois.
M. CARDINAL: Le député de Fabre a déjà
posé la question et j'ai déjà répondu que
ceci...
M. HOUDE: Non, je demande...
M. CARDINAL: Vous la poserez à un autre poste.
M. HOUDE: ... dans ces montants, dans les montants qui sont
prévus actuellement, ici?
M. CARDINAL: Lorsque vous parlez de résidences, il faudrait poser
la question au ministre des Affaires municipales, responsable de la loi qui se
rapporte à la Société d'habitation du Québec. Cela
n'apparaît pas au budget du ministère de l'Education.
M. HOUDE: Vous voulez dire par là que absolument jamais,
jusqu'à maintenant, le ministère de l'Education n'a eu affaire au
projet...
M. CARDINAL. Il n'a pas financé de résidences pour les
étudiants aux niveaux élémentaire et secondaire. C'est
exact.
UNE VOIX: Au collégial?
M. CARDINAL: Au niveau collégial, c'est différent.
M. BOURASSA: Un Instant.
M. CARDINAL: Nous avons déjà disposé de cet
article.
M. BOURASSA: Au poste budgétaire 17...
M. TREMBLAY (Montmorency): Vous ne pourriez pas nous donner la liste, en
fait, de ces constructions...
M. CARDINAL: Au niveau secondaire?
M. TREMBLAY (Montmorency): ... au niveau secondaire?
M. CARDINAL: Non. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises à
cette commission, c'est un document qui n'a pas encore été
approuvé par le conseil des ministres et je ne peux pas le rendre
public.
M. TREMBLAY (Montmorency): Mais comment pouvez-vous prévoir, en
définitive, dans un budget...
M. CARDINAL: C'est différent. La façon dont nous avons
procédé est la suivante; C'est qu'à compter de la
subvention du gouvernement fédéral le ministre des
Finances, je pense, a déjà expliqué, à quelques
reprises, ce qui s'est produit nous avons établi un montant
absolument nécessaire pour, premièrement, terminer ce qui
était déjà en voie de construction. Ceci prenait
déjà $68 millions, je crois, auxquels nous avons ajouté un
montant nécessaire et suffisant pour construire ce qui était
absolument prioritaire, quel que soit le lieu précis de ces
écoles, mais à partir, quand même, d'une liste qui
était le document de travail dont nous avons déduit le montant du
gouvernement fédéral.
Cependant, cette hypothèse était fondée sur le fait
que le gouvernement fédéral fournirait le montant vraiment
indiqué au budget. Une fois que ces démarches eurent
été faites et que les prévisions eurent été
déposées, nous avons revu cette liste de nos priorités.
Nous avions préparé, pour les fins des prévisions
budgétaires, un certain nombre de tableaux indiquant quel montant il
faudrait pour accomplir les priorités, 1, les priorités 1 et 2,
les priorités 1, 2, 3, et les priorités 1, 2, 3, 4. Et le conseil
de ministres a arrêté son choix aux priorités, disons, 1,
et aux priorités 1, 2, si vous voulez...
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors en définitive, ce n'est pas dans
l'intention de maintenir une politique de grandeur en éducation...
M. CARDINAL: Pour ce qui est de la grandeur des écoles, j'ai
déjà mentionné devant cette commission que les
clientèles scolaires avaient été revues et que le ministre
lui-même avait, à plusieurs reprises, en public, indiqué
son désaccord avec la politique des très grandes
écoles.
M. GRENIER: ... on laisse ça au parti libéral la
grandeur.
M. MICHAUD: Non, mais vous... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: J'aurais une question. Il est écrit à la page
103 du discours du budget: « La construction et l'aménagement des
nouvelles écoles par les commissions scolaires coûteront $175
millions ». Nous savons que ce programme est possible grâce aux
crédits qui apparaissent aux dépenses ordinaires du budget du
ministère de l'Education sous forme de subventions. Cela veut dire que
$50 millions seront empruntés?
M. CARDINAL: C'est cela. Il y a une base où l'on sait que les
constructions d'écoles se font à même trois sources de
financement au niveau secondaire: d'une part, un financement fait par la
commission scolaire elle-même et qui peut varier entre 20% et 30%, grosso
modo, une part qui vient du fédéral suivant l'entente
fédérale-provinciale, une autre part qui vient du budget
lui-même.
M. BOURASSA: Alors, l'emprunt peut être un emprunt temporaire?
M. CARDINAL: Non, ce sont des emprunts à long terme.
M. BOURASSA: Oui, mais le ministre est au courant que, dans plusieurs
cas, le gouver-
nement suggère dans le cas des hôpitaux par exemple
des emprunts temporaires aux banques, en attendant le financement par
obligations.
M. CARDINAL: Non, dans le cas des commissions scolaires, il peut y avoir
parfois un emprunt temporaire en attendant le financement par obligations, mais
cela se résout toujours par un financement par obligations à long
terme.
M. BOURASSA: Mais cela veut dire que dans ces $50 millions, il peut y
avoir des emprunts temporaires au cours de la prochaine année?
M. CARDINAL: N'interprétons pas, ne mêlons pas...
M. BOURASSA: Mais le gouvernement paie 8% pour emprunter.
M. CARDINAL: Qu'il n'arrivât qu'une commission scolaire
décidât de faire un emprunt temporaire pour cette fin,
c'est...
M. MICHAUD: C'est dit dans la même clause.
M. CARDINAL: D'après les renseignements que possèdent le
ministre, ceci ne se produit en général Jamais.
M. BOURASSA: Le crédit des commissions scolaires est tel qu'elles
pourront emprunter très facilement.
M. CARDINAL: Très facilement, est une opinion et une
appréciation de la situation. Elles pourront emprunter par
obligations...
M. BOURASSA: Alors, il est curieux qu'il y ait $250 millions d'emprunts
temporaires, si leur crédit est si bon que cela.
M. CARDINAL: Ce n'est pas du tout la même chose.
M. LE PRESIDENT: Le poste 17 adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. MICHAUD: Dieu, que vous êtes expéditif!
M. LEVESQUE (Laurier): Avez-vous des choses pressantes?
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, vous avez l'air bien,
êtes-vous malade?
M. LEVESQUE (Laurier): Je voudrais connaître l'état des
choses inexpliquées.
M. GRENIER: C'est parce que vous n'êtes pas avec nous depuis le
début, parce que cela traîne.
M. LE PRESIDENT: Le poste 18, adopté? UNE VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste 19, adopté? M. GOLDBLOOM: M. le
Président... M. LE PRESIDENT: A quel poste?
M. GOLDBLOOM: 19. C'est simplement pour demander au ministre pourquoi il
n'y avait aucun chiffre à ce poste l'an dernier, et cette année
il y a des crédits de $8 millions.
M. CARDINAL: M. le Président, ce nouveau poste résulte de
la nouvelle présentation qui consiste à identifier
séparément les subventions pour le service de la dette à
long terme Jusqu'à maintenant. Ces subventions étaient comprises
dans l'article précédent, c'est-à-dire: Subventions aux
commissions scolaires pour l'achat de constructions et transformation
d'écoles. C'est-à-dire qu'autrefois le poste 18 n'existait pas
puisque le montant qui est indiqué là apparaissait au poste 17 et
au poste 16. C'est-à-dire qu'en réponse encore à une
question que posait le député de Mercier, c'est une somme
supplémentaire qui n'apparaissait pas au poste précédent
et qui pourra aider les commissions scolaires davantage.
M. BOURASSA: On pourra en reparler dans six mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le poste budgétaire 18 est
adopté.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que cela veut dire, M. le Président, que le
ministère assume davantage la responsabilité des emprunts?
M. CARDINAL: Non, pas davantage. Cela veut simplement dire que c'est une
présentation différente mais qu'il faut ajouter ces $8 millions
aux autres millions qui apparaissent aux deux postes précédents.
Ils étaient autrefois confondus.
M. GOLDBLOOM: Et les frais d'intérêts qui doivent
être versés aux banques par les commissions scolaires.
M. CARDINAL: Ce sont pour les dettes à long terme et non pas
à court terme.
M. BOURASSA: On demande si vous avez un chiffre pour les dettes à
court terme...
M. CARDINAL: Ce poste est déjà passé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le poste budgétaire 17 est
passé.
M. BOURASSA: Je pense, M. le Président, qu'on peut poser la
question à l'occasion des frais à long terme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je regrette, mais l'article...
M. GOLDBLOOM: On ne m'a même pas permis de terminer ma question.
S'il y a une dette à long terme, il faut quand même payer des
intérêts là-dessus. Je ne suis pas un expert
financier....
M. CARDINAL: Ceci apparaît au poste budgétaire 16: Les
subventions d'équilibre budgétaire.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais tout simplement savoir si, toujours dans la
politique du ministère, les intérêts de tels emprunts sont
à la charge de la commission scolaire elle-même, ne sont-ils pas
toujours admis au budget admissible du ministère?
M. CARDINAL: La réponse est la suivante: les
intérêts sur des emprunts faits pour payer des dépenses
admissibles sont admissibles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une vérité de la Palice,
M. le député de Mercier.
M. BOURASSA: C'est la première intéressante que le
ministre donne ce soir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le poste budgétaire 18 est
adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 19, Subventions aux
institutions d'enseignement privé.
M. GRENIER: Ouf! On va passer toute la nuit!
M. CARDINAL: M. le Président, avant d'entendre les questions, je
vais donner une remarque générale. L'augmentation est une
conséquence de la Loi de l'enseignement privé. Le bill
adopté en décembre dernier modifie le mode de subventions et, de
ce fait, les augmente. Au lieu d'une subvention per capita de $350 au niveau
secondaire et de $550 au niveau collégial, ces subventions, comme on le
sait, dans le cas des institutions qui bénéficieront de cette
loi, seront désormais de 60% ou de 80% du coût per capita de
l'enseignement dans les écoles publiques de même niveau. Quant aux
écoles reconnues pour fins de subventions, elles recevront 60%, et
celles reconnues comme étant d'intérêt public recevront
80%. Le ministre des finances, d'ailleurs, a fait allusion à
l'application de cette loi dans son discours du budget.
M. LE PRESIDENT: Tout ça est clair. Le poste budgétaire 19
est accepté.
M. TETLEY: Non, pardon, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'était une taquinerie. M. le
député, allez.
M. TETLEY: M. le Président, vous ne savez peut-être pas que
le collège de Loyola se trouve dans mon comté...
M. LEVESOUE (Laurier): Là, J'ai l'impression qu'on va le
savoir!
M. TETLEY: ... parce que vous connaissez sans doute mon savant
prédécesseur, et je crois que... Je vais prendre deux minutes ce
soir ou de bonne heure demain matin, cela m'est égal.
M. GRENIER: II est mieux de les passer ce soir.
M. TETLEY: Je crois que le collège Loyola tombe sous le poste
budgétaire 19, M. le Ministre?
M. CARDINAL: Non, M. le Président, c'est un cas spécial,
et le collège Loyola d'après...
M. BOURASSA: Le ministre dit que...
M. CARDINAL: Cela a été un cas spécial aussi pour
l'Opposition puisque, pendant des années, elle n'a rien donné
à ce collège.
M. BOURASSA: Non, non, le ministre dit que c'est un cas spécial.
Alors, on va écouter ce que le ministre a à dire...
M. CARDINAL: On peut vérifier ce fait.
M. TETLEY: Je crois que vous donnez une somme au collège
Loyola...
M. CARDINAL: C'est une subvention sous forme de garantie à une
émission d'obligations.
M. TETLEY: Et aussi une somme de $550 par étudiant par
année...
M. CARDINAL: Oui, pour cette année. M. TETLEY: Et l'an dernier
aussi...
M. CARDINAL: Voici, vous avez deux choses. Vous avez la subvention
spéciale dont j'ai parlé, et qui est un financement...
M. TETLEY: Oui, une garantie...
M. CARDINAL: Quant à la subvention per capita, ceci peut entrer
dans les subventions aux institutions d'enseignement privé.
M. TETLEY: Je crois que c'est...
M. CARDINAL: C'est exact, mais je voulais faire la distinction entre les
deux.
M. TETLEY: Oui, donc je parle de la subvention de $550 par année
et j'ai ici, un tableau pour couper la discussion... Je donne quelques copies
de ce tableau à M. le ministre. Au lieu de lire tout cela, je voudrais
noter...
M. CARDINAL: Ce sont les subventions aux universités.
M. LE PRESIDENT: Si je me permettais une suggestion, peut-être que
cela...
M. GARDNER: Nous pouvons siéger jusqu'à minuit, si vous
voulez...
M. MICHAUD: Le ministre est en bonne santé...
M, CARDINAL: Je ferais une suggestion au député de
Notre-Dame-de-Grâce et aux autres députés.
Premièrement, nous avions convenu de lever la séance à 22
heures. J'ai mentionné au début de cette séance que
j'avais un rendez-vous à 22 h 15. Deuxièmement, il nous
présente un tableau qui, à la fois, donne les subventions de
fonctionnement aux universités, aux collèges d'enseignement
général et professionnel et à Loyola; je lui
suggérerais, s'il est d'accord, que nous étudiions ce tableau
à l'occasion de l'étude des crédits de la Direction
générale de l'enseignement supérieur. J'accepterais que
l'on revienne sur cette question à ce moment-là et l'on pourrait
aller plus loin que la simple comparaison...
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, l'assimiler tout de suite à
une institution universitaire...
M. CARDINAL: C'est une interprétation qui dépasse de
beaucoup la pensée de celui qui répond.
M. LEVESQUE (Laurier): Au point de vue de la discussion, ce serait
cela.
M. TETLEY: Avec plaisir, sauf que je ne veux pas trop mêler les
cartes dans le cas de Loyola. Je ne veux pas entrer dans la question des
universités. Je veux tout simplement montrer les faits, faire mes
commentaires et me retirer. Je suis prêt demain matin ou lorsque vous
voudrez, ce soir...
M. CARDINAL: D'accord. Cela me convient.
M. MICHAUD: Est-ce qu'on pourrait terminer par un état du
bulletin de santé du ministre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le poste budgétaire 19,
adopté? Nous l'étudierons dans le cadre de l'enseignement
supérieur...
M, BOURASSA: Pour la question des universités...
M. TETLEY: Est-ce que cela va passer demain matin?
M. CARDINAL: Oui, c'est cela. C'est une des rares promesses que je
fasse...
M. BOURASSA: Vous devez les multiplier de ce temps-ci, les
promesses...
M. CARDINAL: Jamais!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 19, adopté.
M. BOURASSA: Vous êtes rendus à combien de ministres?
M. TETLEY: Non, non, pas adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, demain, nous
revenons, après la période des questions, vers 10 h 45 et
nous reprendrons au poste budgétaire 19.
M. GRENIER: Demain après-midi, nous siégeons.
M. LE PRESIDENT: Oui. Je tiens à faire remarquer aux gens de la
presse et aux honorables députés que nous siégerons demain
après-midi, vers 14 h 30.
M. MICHAUD: Ce n'est pas le 5 mai, la semaine prochaine, cette
affaire-là?
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire que nous le saurons demain dans la
matinée, certainement.
M. CARDINAL: Je m'excuse, je ne fais pas de promesse. Je ne suis pas au
courant. Je ne sais rien pour le comité demain après-midi.
M. LE PRESIDENT: Nous verrons demain. Quitte à vérifier...
Ajourné.
(Fin de la séance: 22h 1)
Séance du 2 mai 1969
(Dix heures cinquante trois)
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): La
séance est ouverte.
M. BOURASSA: J'aurais une question à poser au ministre sur
l'université Laval.
M. CARDINAL: Si vous permettez, M. le Président, pour que nous
nous replacions, nous avions convenu de deux choses hier, si je me souviens
bien. Les postes budgétaires 14, 16, 17, 18, 19 sont acceptés.
Nous sommes au poste budgétaire 20, et nous avions convenu que
monsieur...
M. TETLEY: Non, pas le poste budgétaire 19.Concernant le
collège Loyola...
M. CARDINAL: Justement sur cela, J'avais dit qu'on pourrait aussi bien
poser la question au poste budgétaire 20, si on le désirait.
M. TETLEY: Parfait.
M. CARDINAL: Si on pouvait accepter le poste 19, je permettrais la
question au poste 20. Le député de Mercier pourrait poser ses
questions sur l'université; c'est justement la Direction
générale de l'enseignement supérieur.
M. BOURASSA: C'est parce que le ministre, hier, m'a promis qu'il me
donnerait une réponse sur les emprunts à court terme. Le ministre
a dit: Je vais tenter d'obtenir les emprunts à court terme pour le
premier mars 1969.
M. CARDINAL: Oui. Je n'ai pas eu le temps depuis hier soir.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas eu le temps depuis hier soir.
Peut-être lundi. Cela pourrait m'aider dans ma réplique au
discours du budget.
M. CARDINAL: Pourrions-nous convenir que si, par hasard, nous terminions
ces crédits, je vous donnerais la réponse...
M. BOURASSA: D'accord, il y a des possibilités que cela se
termine aujourd'hui.
M. CARDINAL: Je ne veux pas retenir indûment... J'ai promis de
donner des réponses, je les obtiendrai et je les remettrai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais être libre ce soir, parce
que J'aide le député de Mercier à faire son discours.
M. BOURASSA: II sera mon conseiller financier pour la fin de
semaine.
M. CARDINAL: M. le Président, ]e suis à la disposition de
M. Tetley, le député de Notre-Dame-de-Grâce; on peut parler
de sa question à l'occasion du poste 20.
M. TETLEY: Merci. Je vous ai donné cinq tableaux, le premier
intitulé: Québec universities operating grants per full time
student.Vous notez que le collège de Loyola, suivant les chiffres que
j'ai produits je crois que ces chiffres sont exacts ne
reçoit que $550 par étudiant, par année. Je voudrais noter
que le collège Loyola est une institution qui existe depuis longtemps
dans notre province. Vous verrez à la deuxième page de mes
tableaux que le collège Loyola a plusieurs centaines d'étudiants,
il est beaucoup plus grand que Bishop's et Sherbrooke. Le collège Loyola
ne reçoit que $550 malgré le fait que les CEGEP reçoivent
par étudiant $950 à peu près. On a dit que le chiffre
était $957. Les autres universités reçoivent d'autres
montants dans tous les cas plus élevés que le collège
Loyola.
Avec votre permission, M. le Président, et la permission du
ministre, au lieu de lire ces tableaux, je suggérerais qu'ils soient
inscrits au journal des Débats.
Evidemment, je ne demande pas que le ministre ou les membres de cette
commission, en acceptant ce tableau, acceptent exactement les chiffres. Donc,
puis-je les déposer, M. le Ministre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voulez qu'ils soient inscrits en
annexe...
M. TETLEY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au journal des Débats?
M. CARDINAL: D'accord, M. le Président.
M. TETLEY: J'ai quelques autres copies ici.
Donc, je sais, M. le Président, que ce problème est
difficile et je sais bien que le comité Gauthier siège encore. Je
voudrais que le ministre, si possible, dépose le rapport Gauthier. Je
crois qu'il n'est pas prêt à nous trans- mettre ce rapport cette
année. Etes-vous prêt à déposer le rapport de la
commission Gauthier?
M. CARDINAL: Je prends sa question précise, M. le
Président. La commission Gauthier, comme telle, ne siège plus. La
commission Gauthier a siégé avant que ne soit adoptée la
Loi créant le conseil des universités. Nous sommes actuellement,
au conseil des ministres, à préparer des nominations pour le
conseil des universités.
Le rapport du comité Gauthier est un rapport qui avait toujours
été considéré comme confidentiel à moins que
le conseil des ministres n'en permette le dépôt. Je pourrais dire
ceci: je puis demander au conseil des ministres si l'on est d'accord pour faire
le dépôt de ce document mais je n'ai pas l'autorisation de le
déposer puisque c'est un document qui est présenté
à un comité présidé par le ministre des Finances et
le ministre de l'Education et remis au conseil des ministres pour
préparer le budget.
Mais je puis vérifier ce point et la question pourra même
être posée en Chambre. J'aurai eu le temps de vérifier si
l'on permet le dépôt. Mais si le député de
Notre-Dame-de-Grâce me le permet, je vais reprendre certaines des choses
qu'il a mentionnées.
Disons que je suis d'accord pour le dépôt de ce document.
Je mentionnerai cependant les faits suivants: Le collège Loyola est une
institution privée, et lorsqu'on compare le montant versé par le
gouvernement à Loyola, per capita, avec les collèges
d'enseignement général et professionnel, l'on ne peut pas faire
une comparaison qui nous soit valable.
Dans les collèges d'enseignement général et
professionnel, qui ne sont pas des institutions privées et qui font
partie d'un réseau public, ce n'est pas une bourse ou une subvention qui
est accordée, c'est que le gouvernement paie tous les frais,
l'enseignement est gratuit et le chiffre que l'on peut indiquer est purement le
coût per capita au gouvernement. Ce ne sont pas des bourses ou des sommes
qui sont versées per capita, c'est a partir des budgets de chacun des
collèges d'enseignement général et professionnel.
Je le dirai d'ailleurs en toute honnêteté au
député de Notre-Dame-de-Grâce que cette année le
montant est plus élevé que $950, nous l'avons mentionné
devant cette commission. D'autre part, Je crois que l'on peut difficilement
comparer avec les subventions aux universités, pour deux raisons;
premièrement parce que Loyola, il faut bien le reconnaître, n'est
pas une université, et deuxièmement, parce que le tableau qui est
donné est un tableau que
Je n'Infirme pas, dont je ne nie pas la réalité je
n'ai pas pu le vérifier avec les chiffres que j'ai au ministère
mais parce que les subventions aux universités ne sont pas faites
per capita. L'an passé, l'une des universités de langue anglaise
a commencé à faire un tableau per capita et elle est revenue avec
cette argumentation cette année. J'ai rappelé que les subventions
aux universités n'ont jamais été des subventions per
capita, n'ont jamais été faites en fonction du nombre
d'étudiants ni du niveau de ces étudiants. Les subventions aux
universités sont purement et simplement et strictement des subventions
d'équilibre budgétaire, c'est-à-dire que nous
procédons de la façon suivante pour les établir: d'une
part, nous prenons les budgets acceptés des universités
grâce à la recommandation du comité ad hoc, nous
déduisons de ce budget accepté, les revenus que telle et telle
université reçoivent et la différence, c'est la subvention
qui est accordée. Si bien qu'une université plus riche
reçoit proportionnellement per capita moins qu'une université
plus pauvre, parce que justement la base de calcul n'a jamais été
une subvention per capita, mais une subvention d'équilibre
budgétaire. Ceci avait d'ailleurs été rappelé dans
le discours du budget de l'année dernière.
Autre fait qu'il faut mentionner, je l'ai dit hier et je le
répète, Sir George William est un cas particulier. Nous
l'étudions d'une façon particulière présentement.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce sait probablement qu'il y
a eu ce financement que nous avons accordé pour un montant de $1,600,000
au collège Loyola, c'est un spécial, que c'est à la suite
de discussions que ce montant de $550 par étudiant est accordé,
que ces discussions se continuent. Il est même question
présentement dans des démarches qui sont entreprises entre
diverses institutions, que le collège de Loyola qui ne désire pas
devenir un collège d'enseignement général et
professionnel, qui désire demeurer une institution privée, se
rattache d'une façon ou d'une autre à d'autres institutions
existantes, c'est-à-dire que l'étude du dossier de ce cas
particulier qu'est le collège Loyola n'est pas terminée.
Je note que le collège Loyola pourrait, aussi, s'il le
désirait, bénéficier de la loi des institutions
privées qui est nouvelle, ayant été passée au mois
de décembre dernier. C'est un fait nouveau qui n'existait pas lorsque ce
tableau a été préparé.
J'ajoute aussi que, connaissant parfaitement bien la situation du
collège Loyola, il y a, dans ce collège, des étudiants de
divers niveaux qui correspondent, pour les uns disons, à peu près
au collège d'enseignement général et profes- sionnel; dans
certains autres cas, l'enseignement qui se donne atteint le niveau
universitaire. Ceci est une situation, aussi, qui est analysée
présentement. C'est qu'on ne peut pas prendre le collège Loyola,
si vous voulez, en bloc et dire : Tous les étudiants qui s'y trouvent
sont à tel niveau ou à tel autre niveau.
Mais je termine en mentionnant au député de
Notre-Dame-de-Grâce que c'est une de ces institutions que le
ministère de l'Education étudie de près parce que c'est
vraiment un cas particulier au Québec que le collège Loyola.
Pendant que j'ai la parole, vous me permettrez, en réponse
à une question posée par le député de Mercier de
dire ceci: Le rapport sur les emprunts bancaires pourrait être disponible
et il est impossible de l'avoir avant le ou vers le 15 mai. Les
rapports qui entrent au ministère permettent d'établir ce
résultat...
M. BOURASSA: Ce serait seulement pour les commissions scolaires. Cela ne
comprend pas les CEGEP et les universités?
M. CARDINAL: Non. Cela ne comprend pas les CEGEP. Evidemment, pour les
CEGEP, comme je l'ai mentionné hier, la question n'a pas
été posée à ce moment-là.
M. BOURASSA: Oui.
M. CARDINAL: La question est, dans un sens, hors d'ordre à ce
moment-ci.
M. BOURASSA: Oui, je comprends, le ministre est bienveillant.
M. CARDINAL: Le ministre étant bienveillant, si le
député demandait ce renseignement au ministère...
M. LE PRESIDENT: Condescendant!
M. CARDINAL: Je le considère comme un renseignement à
demander en dehors des cadres de cette commission.
Mais dans ces deux cas, ce n'est qu'à tous les deux mois que l'on
peut établir ce relevé.
M. BOURASSA: Le ministre me donnera les montants d'intérêt
aussi?
M. CARDINAL: Je donnerai tout ce que je pourrai donner d'après ce
que nous avons au ministère.
M. BOURASSA: D'accord. J'espère que ce sera suffisamment complet.
Pour l'université Laval...
M. TETLEY: Pardon, je voudrais terminer... M. BOURASSA: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Au sujet du collège Loyola?
M. TETLEY: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: C'est dans votre comté, n'est-ce pas?
M. TETLEY: Par hasard!
Je voudrais noter que le cas du collège Loyola est un cas
particulier. Je suis d'accord. Je voudrais noter aussi qu'au collège
Loyola, à l'heure actuelle, les finances et l'université sont en
misère. Je note aussi que c'est plus qu'un collège. Il y a quatre
facultés depuis longtemps, depuis des années: arts, sciences,
commerce et génie. C'est une grande institution de la province. Il y a
aussi ce qu'on n'a pas dans les CEGEP, c'est un autre service qu'on
donne des cours de nuit sans aucune subvention, par étudiant, par
année, etc, pour ces études, le soir.
J'espère que le ministre et son ministère regarderont avec
soin et avec bonté et générosité le collège
Loyola parce que je crois que c'est "une institution très importante de
notre province.
M. CARDINAL: Me permettez-vous de compléter ma réponse? Je
reviens à certaines des choses pour être très clair
à ce sujet.
Nous avons une observation sur le tableau présenté par le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Encore une fois, les
subventions per capita m'ap-paraissent ne pas avoir de signification en tant
que telles dans ce tableau. Elles ne sont pas une base de calcul, elles sont
une résultante; elles résultent, comme je l'ai dit, des
subventions d'équilibre budgétaire attribuées aux
universités, ces subventions d'équilibre budgétaire
étant établies par différences entre les dépenses
considérées pour fins de subventions et les revenus.
C'est-à-dire, les revenus, pour les frais de scolarité que paient
les étudiants, les revenus de placements de ces universités, et
d'autres revenus que ces universités peuvent obtenir.
Les dépenses des universités, que ce soit Laval,
Montréal, Sherbrooke, Bishop, McGill, varient énormément
selon la composition de la clientèle de ces universités. Par
exemple, la proportion des étudiants au doctorat dans un tel tableau est
le résultat obtenu per capita. Dya des étudiants qui sont au
niveau du doctorat où le coût est considérablement plus
élevé, des étudiants au niveau de la maîtrise, des
étudiants au niveau universitaire, mais avant la maîtrise, et
même des étudiants au niveau collégial dans les
facultés des arts et dans les Arts faculties, par exemple.
Or, les revenus des universités varient considérablement
de l'une à l'autre; en conséquence, les subventions varient. Les
comparaisons entre les universités par capita et les universités
d'autres institutions per capita me paraissent même fautives, parce
qu'elles ne tiennent pas compte du principe qui est à la base du
financement des universités, à même les fonds publics.
Pour revenir au cas du collège Loyola, il s'agit, je l'ai dit,
d'un cas spécial. Le problème du financement des institutions
privées, y compris Loyola, se pose depuis plusieurs années, et
particulièrement depuis 1964-1965. J'ai mentionné quelle
était cette nouvelle loi qui avait été adoptée. Les
amendements apportés aux lois par le présent gouvernement en 1967
ont amélioré la situation en portant les subventions à
$350 par élève au niveau secondaire, et $550 par
élève au niveau collégial. Le collège Loyola en
68/69 reçoit statutairement $550 par élève. Il s'agit en
fait d'un cas exceptionnel, tout comme le collège Sainte-Marie de
Montréal; ces deux institutions sont à peu près dans la
même situation. Dans les deux cas, aussi bien en matière de
dépenses d'investissement que de dépenses de fonctionnement, le
ministère de l'Education a dû reconnaître une situation
spéciale. Et il l'a reconnue.
Je ne veux pas développer davantage, mais le ministère a
même pris l'initiative de proposer au collège Loyola et à
d'autres institutions d'étudier conjointement diverses solutions
à leur situation. Cette proposition a été
agréée par le collège Loyola, et il y a plusieurs mois un
comité conjoint a été créé pour
étudier diverses formules. Le ministère compte recevoir
bientôt un rapport contenant des propositions précises visant
à coordonner les ressources pour répondre par de meilleures
conditions financières et pédagogiques aux besoins de la
population anglophone dans la région de Montréal en
matière d'enseignement supérieur.
M. BOURASSA: Amen.
M. LE PRESIDENT: Les paroles religieuses me surprennent dans votre
bouche...
M. BOURASSA: Non. Pourquoi? C'est parce que j'ai été
ému par les paroles du ministre de l'Education qui terminait par une
envolée tout à fait convaincante.
Pour l'université Laval, comme j'enseigne
au département d'économique de cette université, je
m'y intéresse peut-être d'une façon particulière.
Cela ne se trouve pas dans mon comté! Mais j'ai quand même des
liens avec l'université. Est-ce que le ministre peut expliquer
l'augmentation plutôt faible pour 68/69 des subventions à Laval:
8.2% par rapport à 21% à Montréal, 21% à
McGill?
M. CARDINAL: II n'y a pas d'autre réponse que celle que j'ai
indiquée tout à l'heure. Nous avons parlé du comité
Gauthier. C'est un comité composé des représentants de
chacune des universités, y compris Laval. Ils se sont réunis
à plusieurs reprises, ont fait un excellent travail. Ils ont
étudié les dépenses, que j'appellerai admissibles, non pas
au sens légal, mais admissibles pour fins de subventions selon les
critères établis, les revenus des universités
d'après les budgets de l'an dernier. Ils sont arrivés au
résultat que l'on connaît et qui est indiqué dans les
prévisions budgétaires.
Pour donner une réponse précise à ceci, il faudrait
analyser chacun de ces meilleurs voeux qui ont été faits; cela
équivaut à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce: Est-ce que le rapport du comité Gauthier
pourrait ou ne pourrait pas être déposé devant la
Chambre?
M. BOURASSA: Parce qu'il y a le rapport étudiant-professeur au
cours des années précédentes...
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas ceci.
M. BOURASSA : II y a les avantages que Laval a obtenus du
côté des terrains et des bâtiments, dont on aurait putenir
compte dans l'établissement des subventions.
M. CARDINAL: Cela n'a pas fonctionné de cette façon pour
une fois. Cela a fonctionné sur la même base que l'an dernier qui
est une base, non pas per capita, ni une base...
M. BOURASSA: On a donné une subvention proportionnée au
coût, en ne tenant pas compte...
M. CARDINAL: Vous parlez de subventions d'investissement ou de
fonctionnement?
M. BOURASSA: De fonctionnement. Alors, j'ai examiné rapidement la
situation et je me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour le cas de
l'université Laval, d'autant plus que le ministre doit être au
courant des nouvelles...
M. CARDINAL: Je pourrais ajouter que le comité qui s'est
réuni a accepté la décision du gouvernement et le tableau
qui est devant nous.
M. BOURASSA: Alors tout ce que nous pouvons faire, c'est de demander le
dépôt du rapport Gauthier.
M. CARDINAL: Si cela est possible, je n'ai pas d'objection personnelle.
Mais je n'ai pas l'autorisation de le faire.
M. BOURASSA: Le ministre pourrait-il donner des explications sur le
changement de la participation du gouvernement fédéral au
financement des universités? C'est-à-dire que la formule a
été modifiée pour l'année 1967-68, s'appliquant
pour les années 1968-69 et 1969-70.
M. CARDINAL: C'est purement une entente fiscale à ce
moment-là. Il ne s'agit pas de subventions remises directement aux
universités. Le gouvernement du Québec peut utiliser les fonds
qu'il reçoit dans cette « péréquation » de la
façon dont il l'entend.
M. BOURASSA: Le ministre est-il sûr de ça?
M. CARDINAL: Ce sont les renseignements que j'ai actuellement.
M. BOURASSA: Depuis les nouveaux arrangements, le gouvernement
fédéral ne se trou-ve-t-il pas à payer 50% des
dépenses de fonctionnement de l'enseignement postsecondaire?
M. CARDINAL: Oui, mais ce n'est qu'une base de calcul. Il ne nous les
paye pas directement, c'est une base de calcul pour établir le virement,
si vous voulez, qui est fait au gouvernement du Québec. Il n'est pas
lié par l'utilisation.
M. BOURASSA: Mais il reste...
M. CARDINAL: Ce que dit le député de Mercier est exact,
mais c'est une base de calcul pour fins d'entente fiscale.
M. BOURASSA: D'accord. Oui mais je veux arriver au point suivant, c'est
que la contribution du gouvernement provincial, en tenant compte des frais de
scolarité, en tenant compte des subventions du gouvernement
fédéral, que la contribution du gouvernement provincial aux
subventions des universités équivaut à peu près
125%.
M. CARDINAL: Nous ne pouvons pas calculer de cette façon, c'est
une interprétation. Je le répète, le gouvernement
provincial n'est pas lié par les constellations du fédéral
dans ce domaine. La somme qu'il reçoit, nous ne pouvons pas dire qu'elle
est à tel endroit ou à tel autre ou à tel autre.
M. BOURASSA: Est-ce, si je comprends bien le ministre...
M. CARDINAL: On peut au contraire dire que les subventions aux
universités sont passées de $85 millions à $115
millions.
M. BOURASSA: Oui, j'ai des chiffres ici. J'ai l'impression que le
Québec ne profite pas comme il pourrait en profiter des subventions du
gouvernement fédéral pour l'enseignement postsecondaire.
M. CARDINAL: C'est une opinion.
M. BOURASSA; Justement Je vais essayer de la démontrer au
ministre s'il veut me donner des réponses un peu plus précises.
Je ne voudrais pas quand même faire tout son boulot. Le ministre
m'assure-t-il que le gouvernement provincial a l'équivalence fiscale
complète et inconditionnelle?
M. CARDINAL: Oui, j'assure le député de Mercier de
ceci.
M. BOURASSA: Donc que le...
M. CARDINAL: Sur la base de calcul indiquée de 50%.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que les subventions qu'il reçoit
pour l'enseignement post-secondaire, il pourrait théoriquement les
affecter à la voirie et aux travaux publics?
M. CARDINAL: Théoriquement oui, tout à fait. Il n'y a
aucune condition, c'est purement mais attention, n'interprétez
pas ma réponse une question de principe, et je ne dis absolument
pas qu'on les utilise pour la voirie ou pour d'autres fins. Ces sommes sont
versées au gouvernement du Québec qui les reçoit sans
condition sur une base de calcul, encore une fois, dans le cadre d'une entente
fiscale.
M. BOURASSA. Il n'y a pas eu de changement dans les derniers
arrangements fiscaux sous ce rapport?
M. CARDINAL: Quant à ces conditions. Non.
M. BOURASSA: Une deuxième question, M. le Président. Je
prends le cas de l'université Laval, par exemple, où j'ai fait
certains calculs. Si on tient compte des frais de scolarité, de la
subvention fédérale qui participe quand même aux frais de
scolarité puisque ça rentre dans les dépenses de
fonctionnement indirectement d'accord ça voudrait dire que
la subvention provinciale, pour le cas que j'ai ici, pour 1968-69,
n'équivaut qu'à 23% des dépenses de fonctionnement. Ce que
je dis au ministre, c'est que je comprends que, dans certains
ministères, il y ait nécessité de comprimer les
dépenses, mais là où la participation provinciale est
quand même de 23%, ce qui est quand même une participation assez
modeste, est-ce qu'on est autant justifié de comprimer les
dépenses comme on l'a fait? Je vols le ministre des Affaires culturelles
qui soumet une note au ministre de l'Education. J'ai bien hâte de voir la
réponse du ministre.
M. CARDINAL. Il y a deux réponses à ceci. D'abord ce que
donne le député de Mercier est purement une
interprétation. A plusieurs reprises, si on me le permet...
M. BOURASSA: Je peux expliciter davantage.
M. CARDINAL: Même si vous explicitiez davantage les subventions
aux universités, je l'ai mentionné, ne sont pas du tout sur cette
base et les montants qui sont reçus du fédéral sont
reçus sans condition et sont dans le budget du ministère de
l'Education partout, si vous voulez, enfin en ce sens qu'ils ne sont pas
attribués en particulier à telle ou telle fin précise.
Ce budget est considérable, on le sait. On en indiquait au
début les augmentations par rapport à l'année
passée. Il n'y a aucune comparaison qui peut être faite à
compter de la base qu'inscrit le député de Mercier. Les montants
correspondant à 50% des dépenses du cours secondaire sont
versés par le fédéral sous deux formes: des points
d'impôt et des paiements d'ajustement. Ils ne sont pas versés pour
que les subventions à l'université surtout, soient en particulier
augmentées, diminuées ou modifiées. D'autre part, comme je
l'ai indiqué, au cours des années passées pour les
subventions aux universités, on voit qu'il y a un effort
considérable du gouvernement. Le ministre des Finances y faisait aussi
allusion. Si l'on suit le raisonnement du député de Mercier, cela
vou-
drait dire qu'il faudrait dépenser encore plus d'argent pour
avoir un plus grand nombre de points d'impôt de la part du
fédéral. Est-ce que c'est une thèse?
M. BOURASSA: Non, non, ce n'est pas ma thèse. Je pense...
M. CARDINAL: Vous avez dit qu'il faudrait même en gaspiller pour
en avoirplus.
M. BOURASSA: Non, c'est malheureux, mais le ministre ne comprend pas du
tout ce que je veux dire. Je m'excuse...
M. CARDINAL: C'est compliqué depuis hier soir.
M. BOURASSA: Non, mais Je suis forcé de le dire parce que le
ministre ne répond pas à mes questions.
Je dis si je prends le cas de l'Ontario, par exemple,
comparé au Québec: est-ce que le ministre a des chiffres pour
68/69? S'il n'en a pas, je vais lui en donner, sur la façon dont a
bénéficié l'Ontario par rapport au Québec dans les
subventions pour l'enseignement postsecondaire.
M. CARDINAL: C'est plus haut, parce que le budget de l'Ontario pour
l'enseignement supérieur est plus élevé que celui du
Québec. Cela équivaut exactement...
M. BOURASSA: Même en proportion... M. CARDINAL: En proportion de
quoi?
M. BOURASSA: ... de la population étudiante. Quelle est la
population étudiante de l'Ontario et du Québec?
M. CARDINAL; Encore une fois, elles sont vraiment différentes.
Les subventions pour l'enseignement supérieur en Ontario sont
données sur une base per capita, d'après une formule qui a
été établie...
M. BOURASSA: Oui, je suis au courant.
M. CARDINAL: ... par le ministère des Affaires universitaires qui
est différent d'ailleurs du ministère de l'Education
et,auQuébec, jusqu'à présent, ces subventions n'ont jamais
été versées sur cette base.
Tout calcul que l'on fait sur cette base est un calcul qui n'est que
résultant et qui note un caractère d'abstraction et de
spéculation de l'esprit. D'autre part, il a été
mentionné à plusieurs reprises que cette façon de calculer
ces subventions aux universités, se faisait pour la dernière fois
et, à l'avenir, le mandat sera accordé au conseil des
universités, de conseiller le gouvernement en ce qui concerne les
subventions aux universités pour l'enseignement postsecondaire et
l'enseignement supérieur.
M. BOURASSA: II reste que j'ai des montants assez frappants. En 68/69
l'Ontario a reçu $195 millions, soit la moitié d'un montant de
$391 millions et le Québec recevait$133 millions correspondant à
la moitié de $266 millions. Je comprends qu'il y a un choix, si je me
souviens bien, dans les formules, c'est-à-dire que, soit qu'on ait une
subvention per capita, ou soit qu'on ait une subvention inconditionnelle comme
a choisie le Québec. Mais, ma question est et le ministre ne m'a
pas répondu et ne m'a pas contredit : Est-il vrai qu'on peut dire
que la subvention du gouvernement provincial équivaut à environ
25% des dépenses de fonctionnement?
M. CARDINAL: Cela n'a aucun rapport avec la question posée.
D'ailleurs je répondrai ceci. C'est qu'actuellement les subventions aux
universités pour fin de fonctionnement sont loin d'etre 25% du
coût des universités. Au contraire. Si on fait un tableau, encore
une fois, si on établit une moyenne à travers les
universités aussi différentes que Laval et Bishop ou
Polytechnique et McGill, on va arriver à un chiffre qui est une pure
abstraction. C'est ce que je dis depuis tantôt. Parce que si l'on prend
les budgets totaux de chacune des universités et l'approbation qui vient
du gouvernement provincial...
M. BOURASSA: 70%.
M. CARDINAL: Oui, en moyenne 70%.
M. BOURASSA: En moyenne 70%, mais là-dessus, il y a la subvention
fédérale qui peut équivaloir à une somme...
M. CARDINAL: Non, je regrette, la subvention fédérale ne
peut pas être calculée dans ceci, parce qu'elle n'est pour le
Québec qu'une base de calcul pour des fins de points d'impôt et
d'ajustement.
M. BOURASSA: Le ministre est au courant qu'il y a quand même un
montant qui est reçu et, comme le ministre l'a dit tantôt,
affecté... Ce que je dis au ministre, c'est quand même important.
Le gouvernement actuel blâme tellement le gou-
vernement fédéral de ne pas donner les sommes
nécessaires au Québec. J'ai donné, hier, une suggestion
qui permet d'aller chercher de l'argent sans demander la per mission. Il y a
d'autres formules, à mon sens, qui pourraient être
exploitées davantage pour avoir des sommes additionnelles du
fédéral sans lancer des ultimatums. Le ministre ne répond
pas là-dessus.
M. CARDINAL: On sait ma théorie sur ceci. C 'est que le
fédéral, plutôt que d'attribuer des sommes pour le cours
secondaire ou pour la recherche ou pour l'enseignement aux adultes ou pour la
télévision éducative ou toutes autres fins en
matière d'éducation, devrait tout simplement se dispenser du
« spending power » et, au lieu de discuter sur des points
d'impôt ou des « opting out » ou des « opting in
» et tout le reste, c'est tout simplement de permettre aux provinces de
prélever elles-mêmes ces sommes et de les utiliser dans leur
juridiction.
M. BOURASSA: Le ministre est au courant que les points d'impôt au
Québec rapportent 50% de moins par tête qu'en Ontario, et que le
Québec peut être très perdant avec cette formule-là.
Dans la société d'habitation, nous recevons 90% avec la formule
fédérale.
M. CARDINAL: Ces paiements pour l'enseignement au cours secondaire ont
justement pour fin, entre autres, d'ajuster ce que vient d'affirmer le
député de Mercier.
M. BOURASSA; Non, M. le Président. Quand le ministre dit, comme
théorie générale, que le « spending power » du
gouvernement fédéral doit être réduit, je lui dis
que nous sommes d'accord en principe avec lui. Mais il faut quand même
évaluer les risques de cette formule, parce que le Québec a un
rendement par tête considérablement inférieur à
plusieurs de ses voisins. S'il assume toutes les dépenses, cela peut lui
coûter beaucoup plus cher.
M. CARDINAL: Ceci veut-il dire, M. le Président, que pour de
l'argent, il faut renoncer aux principes?
M. BOURASSA: Ah! M. le Président, quand le ministre sera ministre
des Finances ou premier ministre, il considérera avec plus d'importance
les problèmes financiers. Je dis qu'actuellement au Québec, avec
les centaines de millions de dettes et avec les problèmes financiers et
économiques considérables que nous connaissons, il faut quand
même utiliser les formules d'une façon optimale pour essayer
d'avoir le plus possible. Je constate que, dans le domaine de l'aide aux
universités, le gouvernement québécois n'utilise pas comme
il le pourrait les avantages de ces formules.
M. CARDINAL: Nous sommes rendus vraiment dans des
généralités. Nous pourrions analyser chacune de ces
choses-là, comparer des tableaux, ce qui serait fort long. La
différence entre l'Ontario et le Québec s'explique par plusieurs
raisons, le député de Mercier le sait. Par exemple, si nous
comparons l'enseignement au cours secondaire au Québec et en Ontario,
nous savons que nous accusons un retard dans ce domaine, c'est un fait. Dans la
composition des étudiants au niveau du cours secondaire en Ontario il y
a un plus grand nombre qu'au Québec de diplômés
postscolalre, de gens à la maîtrise et au doctorat. Cela fait
déjà une différence considérable; je l'avais
indiqué tantôt en réponse à une autre question.
Le coût per capita aussi, si nous l'établissons
j'indiquais tantôt qu'ici c'est comme résultat; là-bas
c'est comme point de départ est très différent,
parce qu'il y a eu en Ontario, au niveau universitaire, une normalisation qui
s'est effectuée au cours des années dernières. Les
universités sont comparables, là-bas, tandis qu'ici elles sont
loin d'être comparables tant par la nature des universités que par
leur histoire une université comme celle de Sherbrooke est
très récente par rapport aux universités Laval, McGlll ou
de Montréal que par la façon dont ces universités
sont divisées en facultés que par les niveaux universitaires
aussi. On sait que le seuil de l'université n'est pas le même du
tout en Ontario qu'au Québec. Les universités comme McGill,
Bishop, Sir George Williams sont constituées au Québec, pour une
grande part, d'étudiants au niveau collégial, ce qui est en train
d'ailleurs de se corriger. Alors, s'il faut analyser tous ces
détails-là, on verra que nous parlons de choses qui ne sont
comparables que si nous établissons une foule de nuances pour que nous
tirions des conclusions qui soient pratiques et réelles.
M. BOURASSA: Je suggère au ministre, en terminant, d'examiner
bien sérieusement, s'il en a le temps... Je comprends qu'il a
peut-être des problèmes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Je suggère au ministre, parce que ce sont quand
même des sommes considérables qui sont en cause... Si nous voulons
évi-
ter une augmentation de $200 millions de taxes à l'automne, il
est important de pouvoir recevoir toutes les sommes auxquelles nous avons
droit. Je suggérerais au ministre de reviser son attitude sur les
subventions aux universités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le nouveau premier ministre vous engagera.
M. BOURASSA: Comme ministre des Finances?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut-être.
M. BOURASSA: Je vais refuser. Je vais attendre qu'elles soient en
ordre.
M. CARDINAL: Je prends bonne note de l'anxiété du
député de Mercier.
M. LE PRESIDENT: Vous reviendrez, M. Bourassa. M. Tetley.
M. TETLEY: M. le Président, J'ai terminé mes commentaires
au sujet du collège Loyola. J'espère que le poste
budgétaire 19 est adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons a-dopté le poste
budgétaire 19 tout à l'heure et nous avions tout simplement fait
une réserve pour permettre au député de
Notre-Dame-de-Grâce de poser une question sur le collège Loyola.
Avant que vous arriviez, M.Goldbloom, nous avions disposé du poste
19.
M. GOLDBLOOM: Si le ministre veut être aussi formel que cela,
très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne voudrais pas être
désagréable, mais avant que vous arriviez, nous avions
disposé de ce poste et...
M. LE PRESIDENT; Je m'excuse. J'avais donné ma parole à M.
Goldbloom, hier soir, que je lui laisserais sa réserve.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse d'avoir été en retard. Je
voulais demander tout simplement si les prévisions budgétaires au
poste 19 tiennent compte des effets financiers du bill 56?
M. CARDINAL: Je vais répondre immédiatement. Oui, je l'ai
mentionné hier soir. Cette augmentation tient compte du fait que des
institutions seront financées à 60% et à 80% au lieu
d'être financées sur une base per capita de $350 ou de $550.
M. GOLDBLOOM: Même si l'on n'a pas encore prévu le nombre
d'institutions qui choisiraient de faire leurs demandes à ma
connaissance...
M. CARDINAL: Non, c'est purement sur une base d'estimation, et l'on sait
d'autre part, malgré que la commission qui devait être
créée en vertu de cette loi ait déjà
été créée, qu'il serait impossible à cette
commission, d'ici septembre 1969, de couvrir toutes les institutions
privées.
Il y en aurait seulement qu'une certaine partie. D'autre part, l'effet
de cette estimation ne jouera que sur une partie de l'exercice financier. C'est
une estimation a partir de cette possibilité que seul un certain nombre
d'institutions puissent bénéficier de la loi, que seule une
partie de l'année sera affectée. C'est compris dans le poste
budgétaire 19 et ça explique l'augmentation à ce poste
budgétaire.
M.GOLDBLOOM: Merci, M. le Ministre.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 19: Subventions aux
institutions d'enseignement privées, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sûrement.
M. TETLEY: M. le Président, au sujet des universités
encore, j'ai deux autres tableaux ici. Je voudrais faire des commentaires.
Peut-être que M. le secrétaire pourrait les distribuer?
M. CARDINAL: Pendant qu'on les distribue, je vais apporter une
réponse à une question posée hier, de façon qu'on
complète, peu à peu... Enfin, il est malheureux que le
député de Gouin ne soit pas présent. Il a posé une
question quant à un présumé rapport sur l'acquisition de
l'équipement par les commissions scolaires et, deuxièmement, il
avait affirmé qu'une grande partie de cet équipement venait d'en
dehors du Québec.
J'ai deux réponses ce matin. Après vérification,
nous n'avons pas ce rapport au ministère. S'il a existé, il
n'existe plus. Le député de Gouin avait mentionné que ce
rapport aurait existé avant juin 1966. D'autre part, d'après ce
que nous possédons déjà au ministère,
d'après les travaux du comité spécial dont J'ai
parlé hier, environ 98% de l'équipement acquis par les
commissions scolaires est acquis au Québec. Bien 98%.
M. GRENIER: Est acquis au Québec? M. CARDINAL: Est acquis au
Québec.
M. GRENIER: Cela va assez à l'encontre de la question
posée par le député de Gouin.
M. CARDINAL: J'ai le tableau, M. le Président. Je souligne
seulement, avant que les questions ne soient posées, que c'est le
même principe que tantôt. Ce tableau est établi
d'après le per capita, ce qui, par conséquent, ne permet aucune
comparaison valable puisque ce n'est pas la base de calcul aux
universités.
Encore une fois, je rappelle que, malgré tout ce qu'en diront
certaines institutions, la base n'a jamais été per capita, je ne
sais pas si elle le sera. Ce résultat indique simplement que certaines
universités sont plus riches que d'autres, et ont des revenus plus
élevés que les autres. Je les en félicite et je suis
heureux pour elles.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. J'aimerais quand
même...
M. CARDINAL: J'admets les questions quand même!
M. TETLEY: Je voudrais soumettre ce document...
M. CARDINAL: Vous voulez le déposer? M. TETLEY: Oui.
M. CARDINAL: D'accord, j'accepte le dépôt du document.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je comprends bien, M. le Président,
le député de Notre-Dame-de-Grâce demande que ce tableau
apparaisse en annexe au journal des Débats...
M. TETLEY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...avec les réserves, naturellement,
qu'a faites le ministre de l'Education. (Voir annexe B)
M. TETLEY: Exactement. Puis-je faire quelques commentaires assez
brefs.
D'abord, vous verrez que le coût, suivant ce tableau il a
déjà été présenté devant le
comité Gauthier, l'an dernier note par exemple, que
l'université Sir George Williams a des dépenses moins
élevées par étudiant que d'autres universités,
etc.
Il faut noter la grande différence et le deuxième tableau,
qui parle par lui-même aussi, note que, par exemple, il en coûte
beaucoup plus cher d'être étudiant à l'université
McGill, disons en sciences, $701, au lieu de $540 à Laval et $573.25
à l'Université de Montréal. En droit, un autre exemple
je vois que le ministre des Affaires culturelles est
diplômé comme moi de Laval et ça coûte moins
cher, évidemment, dans notre université qu'à McGill:
à Laval, $490 au lieu de $588.75 à McGill ou à
l'Université de Montréal, $523.25.
Je ne peux pas donner d'autres commentaires, le tableau est assez
clair.
M. CARDINAL: M. le Président, vous permettez des commentaires?
Justement, ce que vient de dire le député de
Notre-Dame-de-Grâce prouve le point que j'avançais. Il est exact
que les frais de scolarité soient plus élevés à
McGill. Ils étaient plus élevés à McGill avant que
le système actuel ne soit établi, et les frais de
scolarité à McGill, comme dans les autres universités, ont
été bloqués, ont été gelés il y a
deux ans. C'est une des causes pour lesquelles les subventions du gouvernement
sont moins élevées parce que justement les frais de
scolarité sont plus élevés. Là existe vraiment la
relation de cause à effet.
Je prends un deuxième exemple, dans les fonds que l'on appelle
« endowment fund », c'est-à-dire les fonds qui existent dans
les universités, c'est ce qu'on appelle des fondations en
français, les revenus des fondations pour toutes les universités
au Québec sont d'environ $3,600,000 par année et, les revenus de
ces fonds pour toutes les universités sont divisés comme suit: $3
millions pour McGill, $600,000 pour toutes les universités ensemble.
C'est une autre raison pour laquelle la subvention de McGill per capita est
moins élevée parce que c'est une autre source de revenu.
Et l'on pourrait ainsi analyser chaque poste et, tant que nos
subventions aux universités seront sur une base de subventions
d'équilibre budgétaire, ces universités de langue
anglaise, il faut bien dire le mot, pourront nous dire: Vos subventions per
capita sont moins élevées. C'est exact elles sont moins
élevées, parce que ce sont des subventions d'équilibre
budgétaire, nous sommes par analogie dans la même condition que
les commissions scolaires. J'ai mentionné hier soir que certaines
commissions scolaires étaient plus riches que d'autres. Une commission
scolaire plus riche qu'une autre reçoit moins de subventions
d'équilibre budgétaire, elle peut même n'en pas recevoir,
parce qu'elle arrive avec ses revenus.
Par conséquent, ce sont des deniers publics et nous avons
essayé, par cette méthode, pendant quelques années, de
normaliser les universités en permettant à toutes les
universités de pouvoir faire un certain rattrapage et d'avoir une
qualité égale d'enseignement dans toutes les universités
du Québec, quelle que soit la langue d'enseignement. Il ne s'est donc
jamais agi pour le gouvernement de viser l'une ou l'autre des
universités à partir de subventions per capita. Cette
normalisation, en certains points, commence à s'établir. Mais si
l'on prend l'inverse, l'on constate que non seulement les frais de
scolarité sont plus élevés à McGill, mais que les
salaires des professeurs, dans certaines catégories, sont
considérablement plus élevés à McGill qu'à
Montréal, qu'à Sherbrooke ou ailleurs, pour encore la même
raison, parce que les autres universités sont moins riches.
Je ne blâme en rien McGill d'être une université plus
ancienne et plus riche, je l'ai dit tantôt, je suis heureux d'ailleurs
que cette université soit ici plutôt que d'être au Manitoba
ou ailleurs. Cependant, on ne peut pas reprocher à l'Etat d'employer les
deniers publics pour permettre que certaines institutions qui ont moins de
revenus puissent quand même devenir de grandes universités et cela
a été la notion d'ailleurs de rattrapage, en anglais «
catching up » qui avait fait l'objet de débats au comité ad
hoc et l'année dernière et cette année. C'est pourquoi
d'ailleurs le gouvernement a ajouté aux subventions courantes aux
universités pour leur fonctionnement, des subventions spéciales
de recherches et que ces subventions spéciales de recherches sont plus
élevées dans des universités de langue française
où il n'y a pas de fondation ou presque pas.
Je ne nie pas ce tableau. Il est exact comme résultats, mais il
ne permet pas d'expliquer quoi que ce soit parce que si on l'analyse, l'on
constate qu'il ne fait qu'être le résultat d'une situation dans
nos universités jusqu'à présent. Mais encore une fois,
cette situation sera modifiée par le fonctionnement du conseil des
universités. Dans ce que je dis, ce ne sont que des constatations de
faits, des explications du tableau et non pas un jugement de valeur ou une
opinion sur la valeur de ces universités.
M. TETLEY: Merci, M. le Président, si je comprends bien la
réponse du ministre, si par exemple McGill décide de baisser le
coût ou les frais d'un étudiant en droit de $588.75 à $490,
est-ce que le gouvernement a l'intention d'augmenter les subventions à
l'université McGill?
M. CARDINAL: Ma réponse est celle-ci, M. le Président. Je
ne parle pas de ce cas particulier que je n'ai pas analysé, mais lorsque
les revenus d'une université baissent par rapport aux revenus de
l'année antérieure, le gouvernement se trouve à compenser,
puisque ce sont des subventions d'équilibre budgétaire.
Je reviens au tableau. Ce tableau, j'accepte de le déposer,
évidemment, sous les réserves de son interprétation.
M. TETLEY: D'accord.
M. CARDINAL: Quant à la question j'ajoute autre chose.
Cette année, il s'est produit un fait au comité. Dans le
cas d'une université, l'on a fait un déficit l'an passé,
et l'on a voulu évoquer ce déficit pour faire augmenter sa
subvention. Or, le comité avait accepté, l'année
dernière tout le comité ad hoc, qui était formel
l'an passé que le gouvernement ne subventionnerait aucun
déficit qui serait exécuté au cours de l'année. En
ce sens que les universités avaient convenu entre elles et avec le
gouvernement que la subvention de fonctionnement devrait couvrir les
dépenses des universités avec leurs revenus.
Lorsqu'une université décide de diminuer son revenu, il
faudrait cependant, pour que la réponse que j'ai donnée
tantôt soit véridique, que le comité et le gouvernement
soient d'accord pour accepter cette baisse de revenu, sans quoi, l'on voit le
résultat: il suffirait à chacune des universités de couper
tous les frais de scolarité pour dire: L'Etat compensera.
Alors, ma réponse est véridique jusqu'à un point X
qu'il est difficile d'établir. Parce que l'on pourrait partir de
là, évidemment et demander des sommes considérables
à l'Etat tout simplement en abolissant les droits de
scolarité.
M. TETLEY: X est le chiffre inconnul
M. CARDINAL: C'est exact. Disons qu'il faudrait l'approbation des
autorités concernées.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais corriger l'impression laissée tout
à l'heure par le ministre de l'Education. Je ne mets pas en doute sa
déclaration, simplement l'impression qu'elle a pu laisser à
l'effet que certains professeurs de l'université McGill sont mieux
rémunérés que des professeurs qui occupent des postes
comparables dans d'autres universités.
Même si ceci est vrai, la moyenne des salaires versés aux
professeurs de McGlll est moins élevée que la moyenne qui est
versée à d'autres universités comparables.Ce fait a
été souligné l'an dernier dans un éditorial du
journal Le Devoir.
M. CARDINAL: Oui. Je peux répondre à ceci, il y a deux
raisons précises. Si on veut faire des analyses, c'est un niveau que je
connais particulièrement.
Une jeune université qui fait du recrutement de professeurs doit
payer plus cher les jeunes professeurs et elle n'a pas de profes-sieurs
à un haut niveau qui sont des professeurs chevronnés.
Une vieille université recrute au plus haut niveau et n'est pas
intéressée à payer des hauts salaires à de jeunes
professeurs, toutes choses étant les mêmes. Si bien que si l'on
faisait des tableaux comparatifs, on verrait là qu'il y a une
première partie de la réponse, c'est qu'il est exact qu'à
un certain niveau, dans certaines universités, autres que McGlll, les
jeunes professeurs sont payés à un taux plus élevé
que ceux de McGlll.
J'ai voulu dire, par ma réponse tantôt, que les professeurs
au niveau le plus élevé étalent mieux
rémunérés à McGill.
Deuxième réponse à ceci, c'est qu'à McGill,
comme dans trois autres universités, Bishop, Sir George William,
Sherbrooke ce qu'on appelle « Arts Faculty » est
composée de professeurs qui, ailleurs, dans les autres institutions,
sont au niveau collégial et sont payés à des salaires de
niveau collégial.
Le fait d'être sur le campus d'une université, pour un
étudiant, pour un professeur, pour un cours, n'est pas le signe que ce
cours est de niveau universitaire. C'est simplement le fait qu'il se trouve
à tel endroit. Ceci est une autre raison qui explique cette
différence de salaires. Mais je ne nie pas l'affirmation du
député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: Le niveau collégial n'existe pas depuis très
longtemps, n'est-ce pas?
M. CARDINAL: Quand je parle de niveau collégial, je parle par
comparaison.
Si on veut faire l'analyse, un étudiant qui est au « B. A.
General », qui est au « B. A. with Honour » est un
étudiant, dans notre système, qui est au collège
classique. C'est un fait, on peut ne pas être d'accord avec le fait, mais
il existe et il a toujours existé. D'ailleurs, c'est une des
difficultés de l'implantation des collèges d'enseignement
général et professionnel dans le milieu anglophone. Parce que le
système d'éducation était différent
Je ne nie en rien la compétence des professeurs à ce
niveau. Je dis que, dans un autre système, ils sont dans des
institutions qui ne sont pas au niveau universitaire.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il faut dire en toute objectivité que,
constatant les augmentations qui paraissent aux prévisions
budgétaires cette année et ayant écouté
l'intérêt exprimé tout à l'heure par le ministre
dans toutes les universités du Québec, nous ne pouvons que nous
réjouir de cet intérêt et nous pouvons espérer que
les subventions d'équilibre apporteront un véritable
équilibre parmi toutes les universités et les institutions
d'enseignement supérieur.
M. CARDINAL: Je m'aventure peut-être, mais je souhaite que ce mode
de financement, qui ne m'a jamais apparu idéal, soit remplacé,
après étude, par un nouveau mode. C'est-à-dire que nous
avons actuellement deux éléments nouveaux.
D'une part, le conseil des universités, et, d'autre part, le fait
qu'en attendant la création du conseil des universités, un
comité de travail a été créé à la
Direction générale de l'enseignement supérieur du
ministère, pour étudier diverses formules d'un financement des
universités en s'inspirant de formules qui existent déjà
ailleurs que ce soit en Ontario, aux Etats-Unis ou en Angleterre, des formules
que nous pourrions imaginer et qui correspondent à nos modes de vie
ici.
Cependant, ces formules ne pouvaient pas s'appliquer avant qu'une
certaine normalisation ne s'établisse entre les universités. Nous
pouvons dire aujourd'hui que cette normalisation a atteint un point suffisant
pour que nous puissions étudier des nouvelles formules pour les
appliquer dans un avenir plus ou moins rapproché. Et à ce moment,
évidemment, je pense que l'on ne pourra plus invoquer certains
critères que l'on a pu, dans certains milieux, qualifier d'arbitraires
pour les subventions aux universités. Bien qu'ils n'admettent pas que
ces subventions aient un caractère discrétionnaire, elles ont
toujours été établies en collaboration avec les
universités, mais avec la majorité d'entre elles. Il est toujours
arrivé chaque année qu'une ou quelques universités ne
soient pas d'accord avec le résultat, mais c'est un résultat qui
vient d'un concensus commun, c'est le plus grand commun dénominateur que
nous pouvions attendre dans les circonstances.
M. GOLDBLOOM: Le ministre n'est pas
prêt pour l'instant à préciser davantage la nature
de l'évolution dans ce domaine, et je pose la question de façon
plus précise: Est-ce que les calculs seraient basés davantage sur
un montant par étudiant ou est-ce une formule qui est plutôt mise
à l'écart pour l'avenir? Je me rappelle une déclaration de
feu le premier ministre dont le ministre de l'Education est le successeur
spirituel et politique, paraît-il au moins dans son comté
...
M. CARDINAL: C'est à souligner dans le Journal des
Débats.
M. GOLDBLOOM: ... que la subvention devrait suivre l'enfant. Il a fait
cette déclaration d'ordre général sans préciser
à quel niveau de notre système d'éducation la subvention
devrait suivre l'enfant,
M. CARDINAL; La réponse est celle-ci, M. le Président: Je
ne suis pas en mesure de préciser quelle sera la recommandation du
conseil des universités puisqu'il n'est pas encore en état de
fonctionner. Deuxièmement, j'affirmerai qu'il faut quand même
toujours tenir compte des différences considérables de revenus.
Troisièmement, il faut tenir compte que ce sont des deniers publics et
qu'il faut les distribuer suivant une politique planifiée de
l'enseignement supérieur. Avec ces trois réserves, je rappelle
que, quand même, ces modes de financement seront modifiés par
l'existence de nouveaux organismes qui seront des organismes de consultation
pour le gouvernement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, puisque le ministre vient d'ouvrir
le sujet du conseil des universités, serait-il acceptable que nous en
parlions même s'il y a un poste précis qui vient un peu plus tard,
je pense que nous serons en mesure d'adopter les postes...
M. CARDINAL: D'accord.
M. GOLDBLOOM: A l'occasion du débat sur le projet de loi qui a
créé ce conseil des universités, nous avons exprimé
une certaine inquiétude. Le gouvernement a cru bon créer un
organisme auprès duquel les universités ne seraient pas
représentées comme telles, c'est-à-dire que chaque
université ne serait pas en mesure de compter sur la présence
d'un représentant, à elle, au sein de ce conseil. Nous avons
opposé à cette idée l'objection que l'université
qui n'était pas elle-même représentée au conseil
serait désavantagée en ce qui concerne la présentation de
son point de vue, de ses propositions quant à ses considérations
budgétaires et qu'il existait déjà la commission
Gauthier où toutes les universités étaient
représentées. Nous avions l'impression que la commission Gauthier
serait mise à l'écart avec la création du conseil des
universités et que justice serait moins bien rendue par le nouveau
conseil. Est-ce que le ministre est en mesure, aujourd'hui, de préciser
davantage quel sera le rôle du conseil à l'avenir, et de nous dire
si la commission Gauthier sera appelée à continuer ses
activités?
M. CARDINAL: Le rôle du conseil est indiqué dans la loi,
mais je répondrai au point précis soulevé. C'est
volontairement que, dans sonpro-jet de loi, le gouvernement n'a pas mis un
représentant par université. Dans la commission Gauthier le
phénomène suivant s'est produit. Lorsqu'on se réunit
autour d'une table je prends par hypothèse de travail qu'il y a
six universités et je laisse de côté les autres
institutions, et que ces six personnes veulent s'entendre pour établir
les subventions pour l'ensemble des universités il se produit, ce
qui est normal, que chacune d'elles veut avoir le maximum pour sa propre
université. C'est justement pour éviter ce
phénomène qu'au conseil des universités il a
été décidé qu'il y aura une représentation
du monde universitaire comprenant à la fois les administrateurs, les
professeurs et les étudiants sans que ce ne soit une
représentation de chacune des institutions comme telles.De fait, si je
ne me trompe pas, c'est neuf représentants d'universités. Par
conséquent, il pourrait arriver que chaque institution soit
représentée, mais peut-être pas par les mêmes
personnes. Nous avons volontairement bloqué ceci pour cette
première raison, pour que ce ne soit pas six, qu'il aurait fallu changer
d'avec ces sept, d'avec ces huit ou d'avec ces neuf.
La deuxième raison, pour que le monde universitaire soit
représenté et non pas les vice-recteurs de chacune des
universités, pour que tout le monde universitaire, soit des
administrateurs, des professeurs et des étudiants s'entendent sur un
sujet aussi important et délèguent, d'un commun accord, par leurs
organismes nous consultons leurs organismes, afin que la
Conférence des recteurs, la Fédération des associations
des professeurs d'université du Québec, les associations
d'étudiants du Québec, etc. puissent s'entendre pour
désigner neuf personnes qui vont représenter tout ce milieu d'une
façon plus objective que s'ils étaient des
délégués de chacune des institutions. C'est donc une
philosophie qu'il y a au point de départ.
Quant à la réponse à l'effet qu'il y aura, au
sein de la Direction générale de l'enseignement
supérieur, une équipe correspondante à celle de la
commission Gauthier, je ne suis pas en mesure de le dire pour le moment et ceci
dépendra de la recommandation des décisions des membres qui
seront nommés au conseil des universités. Nous travaillons en
collaboration avec eux. Il y aura d'ailleurs à ce conseil des
représentants du ministère. La loi prévoit qu'il y aura
des fonctionnaires sur ce conseil.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est évident que le
gouvernement précédent et le gouvernement actuel avaient pris une
attitude qui, à mon avis, était logique à l'endroit des
universités en leur disant: Ecoutez, messieurs, vous êtes de
grands garçons, vous êtes capables de discuter entre vous vos
problèmes financiers, d'en arriver à une entente raisonnable
quant au partage des montants globaux que le gouvernement est en mesure de
mettre à votre disposition.
Si le gouvernement est pour modifier cette formule et obliger les
universités à venir devant un organisme qui serait appelé
à juger de ces choses-là, plutôt que de prendre
lui-même ses responsabilités...
M. CARDINAL: Non. C'est le gouvernement quand même qui prendra ses
responsabilités. Je pense que le gouvernement doit déterminer le
montant devant être donné aux universités.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais j'aimerais mieux que les universités
plaident directement devant le ministre, ou son représentant, ou bien
discutent entre elles comme au niveau de la commission Gauthier au lieu que
d'être obligées à venir devant un organisme où
quelques-unes seraient représentées et d'autres pas, pour les
bonnes raisons que le ministre vient d'expliquer.
M. CARDINAL: Je suis surpris parce que, de fait, le conseil des
universités a été demandé en tout premier lieu par
la conférence des recteurs. Il y a déjà plusieurs
années lorsque cette conférence a été
créée. Deuxièmement, la loi a été
préparée après consultation auprès de la
conférence des recteurs, des associations d'étudiants et des
associations d'enseignants. Enfin la création de ce conseil a
été très bien reçue par les universités,
d'après les lettres qui sont parvenues au bureau.
Les dernières remarques c'est que, à ma connaissance,
depuis que je suis au ministère, certaines universités ont
été loin d'être satisfaites des procédés de
la commission Gauthier.
Il suffit de référer à certains articles parus dans
les journaux de l'an passé. Tandis que cette année, devant la
création du conseil des universités, il n'y eut aucun mauvais
écho venant des universités à la suite de
l'établissement des subventions.
Comme je vous le disais tantôt, c'est une question d'opinion, de
philosophie, de point de vue. Le gouvernement a pris une attitude qui
était d'ailleurs une attitude recommandée par le rapport Parent,
recommandée par la conférence des recteurs et acceptée par
les institutions concernées. Le projet de loi a été
profondément modifié entre sa première rédaction et
la rédaction finale.
M. GOLDBLOOM: Justement, ayant eu des contacts avec plusieurs
universités pas seulement une seule j'ai conservé
l'impression que les universités auraient préféré
dans certains cas une formule quelque peu différente de celle qui a
été arrêtée et auraient préféré
que le conseil ait un peu plus de pouvoir que celui dont il jouit
actuellement.
M. CARDINAL: Je ne nie pas ce fait. J'ai entendu des choses semblables,
mais ces jugements n'ont pas été portés officiellement
devant la commission de l'éducation ou la Chambre ou le ministre de
l'Education. La loi est maintenant adoptée.
M. GOLDBLOOM: Sauf par celui qui vous parle, à l'occasion du
débat...
M. CARDINAL: D'accord, à l'occasion du débat.
M. LE PRESIDENT (M. Bousquet): Est-ce que ce poste est
adopté?
M. LEVESQUE (Laurier); Sur ce poste-là, je me renseignais, parce
que j'ai manqué forcément des bouts des crédits. Je ne
voudrais pas faire répéter ce qui a été dit.
Sur la question du financement en général,
c'est-à-dire la façon dont les fonds sont affectés aux
universités, est-ce que c'est à peu près ici que l'on
pourrait poser quelques questions?
M. CARDINAL: Oui, c'est à ce poste budgétaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Très rapidement, est-ce qu'on peut dire
qu'il y a un pourcentage j'entends souvent dire 80% plus ou moins
précis qu'on peut établir comme étant la part des fonds
publics dans le financement des universités, par rapport aux fonds
privés ou au...
M. CARDINAL: On peut établir une moyenne de 70%. Parce que les
institutions sont très différentes les unes des autres, elles ont
des degrés de richesse très différents.
M. LEVESQUE (Laurier): Autour de 70%. M. CARDINAL: En moyenne.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous dites une moyenne. Est-ce que le ministre
pourrait dire quels seraient les extrêmes que cache cette moyenne?
M. CARDINAL: Oui, aux deux extrêmes, ce serait près de 55%,
au plus bas, et 80% au plus haut.
M. LEVESQUE (Laurier): Sans compter l'Université du Québec
évidemment.
M. CARDINAL: Sans compter l'Université du Québec dont
justement les montants aux prévisions budgétaires de cette
année environ $11 millions sont en dehors de ces
subventions.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. Maintenant est-ce que vous pouvez
mettre des noms sur les deux extrêmes?
M. CARDINAL: Je pourrais mettre des noms, mais je suis obligé de
me restreindre pour une raison que j'ai donnée tantôt. Tous ces
détails apparaissent dans ce qu'on appelle le rapport Gauthier, et je ne
suis pas autorisé à le rendre public.
M. LEVESQUE (Laurier): Même si cela apparaît dans le rapport
qui, lui, ne doit pas être rendu public, il me semble que les chiffres
dont parle le ministre, enfin les noms qui correspondent à ces
chiffres-là, c'est du domaine public, cela devrait l'être.
Abstraction faite du rapport...
M. CARDINAL: J'admets que c'est entièrement du domaine public et,
à ma connaissance, ce ne sont pas toutes ces institutions privées
qui rendent des comptes publics.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais s'il y a 55% de fonds publics,
même à ce moment-là il faut admettre...
M. CARDINAL: Les montants pour chaque...
M. LEVESQUE (Laurier): Le moins que l'on puisse dire, c'est une
entreprise mixte.
M. CARDINAL: Ne jouons pas sur les mots. C'est que les montants
attribués à chacune des institutions sont indiqués dans
les comptes publics.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais enfin, est-ce qu'on...
M. CARDINAL: Mais ce qui n'est pas indiqué... Si l'on s'en tient
à ma démonstration, ces subventions sont des subventions
d'équilibre budgétaire. Par conséquent, ce sont les
budgets qui sont approuvés. Il y a les revenus qu'il faut
défalquer et qui comprennent les revenus de fondations. J'ai
indiqué tantôt que, dans un cas, les revenus de fondations pour le
Québec sont de $3 millions pour McGill et $600,000 pour les cinq autres
universités ensemble, soit $3,600,000. Les frais de scolarité
sont très variables d'une université à l'autre. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce a indiqué qu'ils
étaient plus élevés à McGill que dans d'autres
institutions. Pour que le budget soit équilibré et qu'il n'y ait
pas déficit, il y a la subvention de l'Etat.
Certaines institutions peuvent rendre publique la première
partie. D'autres ne la rendent pas. Mais, au comité Gauthier, ces faits
sont connus, et ce rapport n'a pas été rendu public cette
année. C'est pourquoi je ferais indirectement une chose que je ne peux
pas faire directement en répondant précisément à la
question du député de Laurier. Encore une fols ce n'est pas le
désir de ne pas répondre. Bien au contraire, j'aimerais avoir
l'autorisation de rendre public ce rapport, et je le ferais
immédiatement. Ce n'est pas sous mon autorité.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, mais cela peut peut-être aider le
ministre dans ses intentions. Je ne pense pas que je révèle de
grands secrets, cela avait été rendu public. Au moment où
il y avait eu un tiraillement dans l'ancien gouvernement où M. Klerans,
par exemple était au centre de la polémique, en 1965 ou quelque
chose comme ça, les subventions régulières avaient
été remarquablement réduites dans le cas de McGill et des
institutions anglaises. Il y a une chose dont on s'était rendu compte.
Je me souviens, entre autres, que l'équipe de M. Jacques Parizeau et
plusieurs autres avaient été chargés d'essayer de voir
clair dans la comptabilité ex-traordinairement
différenciée des universités où une chatte ne
retrouvait plus ses petits. A un certain moment, on avait l'Impression qu'on
était en train de payer une fois et demie pour des édifices qui
rentraient mal dans la comptabilité,
Dans certains cas, on découvrait, entre autres à McGill,
qui est une université riche, des comptes de fiducie, etc., qui
apparaissaient les uns après les autres à mesure qu'on essayait
d'aller les chercher, parce qu'il y avait de l'argent qui dormait à
gauche et à droite et qui servait à l'occasion pour payer
celui-ci ou celui-là. Alors, finalement, le contribuable payait sa large
part. C'est-à-dire que, dans l'ensemble, les universités
donnaient l'impression que l'essentiel dans la comptabilité était
fait d'une façon qu'aucune entreprise pourrait résister pendant
un an à une tenue de livres comme celle-là.
Il y a eu la commission Gauthier, plus ou moins parallèle,
formée pour essayer d'établir le bon sens là-dedans. Si je
ne me trompe pas, il y a au moins quelque chose comme quatre ans que tout le
monde tourne autour du pot et le ministre dit qu'il aurait l'intention
d'éclairer ces choses-là. Est-ce que nous pouvons compter
qu'assez bientôt, parce que c'est rendu dans les $100 millions et quelque
chose...
M. CARDINAL: $115 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon, cela commence à compter pour le
contribuable. Est-ce que nous pourrions savoir de ces institutions
d'enseignement supérieur pour lesquelles nous avons tous le plus profond
respect, quel est l'état de leurs livres, d'où vient leur argent
soi-disant privé, mais qui en fait est d'intérêt public
je le sais et comment se comporte, par rapport l'un à
l'autre, le trésor public dans ce cas-là et leurs ressources
privées?
Tout cela si c'est dans le rapport Gauthier, y a-t-il un espoir que cela
sorte?
M. CARDINAL: M. le Président, je vais répondre deux choses
à ceci. D'abord, je reviens sur une chose que j'ai dite tantôt et
je le répète pour le bénéfice du
député de Laurier, c'est que, pendant ces quatre ans, nous avons
réussi à normaliser les dépenses des
universités...
M. LEVESQUE (Laurier): Dépenses, oui.
M. CARDINAL: Oui, c'était déjà quelque chose.... et
à connaître leurs sources de revenus.
D'autre part, Je vais m'avancer davantage, tout en ne dévoilant
pas le rapport Gauthier pour le moment. Je vais prendre cinq institutions pour
lesquelles je peux établir la part de financement de l'Etat et je vais
vous les donner.
Laval 77%, Montréal 85%, Sherbrooke 82%, McGill 62%, Sir George
Williams 56%.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CARDINAL: II y en a deux qui manquent et c'est environ 70%.
Evidemment là, je ne comprends pas toutes les autres institutions qui
apparaissent au tableau. C'est pourquoi, si nous faisons une moyenne
générale, on me permettra l'expression anglaise « across
the board», nous arrivons avec un chiffre qui, encore une fois, n'est
qu'une abstraction qui probablement n'arrive dans aucun des cas
précis.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant, est-ce que je pourrais poser deux
questions rapides? Quant à moi je ne veux pas perdre plus de temps. Pour
moi ce n'est pas du temps perdu.
Tout à l'heure, le ministre a évoqué le cas des
« under-grads » enfin des « college levels, B.A. general B.A.
honours » etc. Les campus anglo-saxons ont cette habitude je crois
qu'elle vient de très loin de combiner au niveau universitaire,
parauniversitaire, « pre-professional », ce côté
« arts faculties » et les choses qui s'y rapportent.
M. CARDINAL: « Arts à Sciences »
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, cela correspond, enfin peu importe qu'on
« chinoise » sur les définitions d'une culture à
l'autre, cela correspond plus ou moins à ce qu'était le
collège classique ou à ce qu'est, je crois, le CEGEP.
M. CARDINAL: Pour un certain nombre d'années, chacun de ces
baccalauréats qui est très différent, parce que le
baccalauréat spécialisé...
M. LEVESQUE (Laurier): De toute façon, par rapport à
l'avenir dans la vie, cela correspond au même genre de tremplin vers des
professions ou vers des emplois supérieurs. Est-ce que le gouvernement
ou le ministère aurait une proportion? Sherbrooke est un cas qui a
été du même genre et qui l'est encore, je crois.
Jusqu'à quel point? Je ne le sais pas, c'est justement la question que
je voudrais poser. McGill est dans ce cas-là, Sir George Williams, sauf
erreur, l'est aussi, Bishop's est singulièrement un « glorified
college » je crois, et Sherbrooke...
M. TETLEY: Oh!
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, j'ai droit à mes opinions, le
député de Notre-Dame-de-Grâce me reprendra après. Et
Sherbrooke a éga-
lement fait ses débuts avec ce genre de définition. Est-ce
qu'on pourrait savoir grosse modo...
M. CARDINAL: Cela existe dans les autres institutions aussi, pour
être parfaitement franc, dans les lycées ou les facultés de
sciences à Montréal ou à Laval.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, mais je mets Sherbrooke du
côté français, parce que je voudrais avoir une sorte de
point de comparaison. Est-ce que nous pourrions avoir si nous avons
plus, tant mieux les effectifs que cela représente sur un
ensemble qu'on dit à temps plein?
M. CARDINAL: Je n'ai pas de chiffre précis ici, nous pourrions
l'obtenir mais sous toute réserve. Voici pourquoi.
Celui qui vous parle a déjà participé aux travaux
du comité ad hoc, alors qu'il n'était pas ministre. J'ai donc vu
de l'Intérieur, et c'est un sujet sur lequel, pendant trois ans, nous
avons discuté, parce que lorsqu'il faut vraiment établir un
seuil, il faut à ce moment-là prendre chacun de ces
diplômes et les analyser.
Vous vous rendez compte que, dans un cas, c'est une année sur
trois qui correspond au collégial; dans d'autres cas, ce sont deux
années sur trois; dans un autre cas, ce sont trois années sur
trois. Il faut que vous alliez chercher dans les autres institutions les
équivalences.
Par conséquent, tout chiffre qu'on pourrait fournir n'est que le
résultat d'un consentement sur la partie où l'on a pu
s'entendre.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, c'est-à-dire qu'il reste des
zones grises?
M. CARDINAL: Oui, il reste des zones grises, c'est exact.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela étant dit, est-ce que l'on peut avoir
une approximation, au moins?
M. CARDINAL: On pourrait l'avoir, nous pourrions la calculer au
ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): Deuxième question, est-ce que ce serait
possible de l'obtenir, parce qu'entre nous on ne se contera pas
d'histoire...
M. CARDINAL: C'est possible de l'obtenir, on peut le
vérifier.
M. LEVESQUE (Laurier): ... à travers les McGill français
et autres assauts, il peut entrer une bonne part de démagogie. Il entre
aussi beaucoup d'impatience, d'incertitude sur les faits. Il me semble que ce
serait extraordi-nairement sain si on avait des portraits plus précis,
parce qu'on est dans une période de tension, de transition aussi. Je
crois qu'il peut arriver qu'à un moment donné on entretienne soit
les injustices d'un côté, par démagogie, ou un climat
où l'on pourrait vite verser dans la tentation d'injustice. Ou, par
ailleurs, on peut aussi entretenir des privilèges bien camouflés
dans les groupes qui, bien sûr, ont été
privilégiés pas mal longtemps dans le Québec.
Alors, entre ces deux extremes, il me semble que, pour essayer
sereinement de juger la réalité, il faudrait avoir les
éléments d'information les plus précis possibles sur des
sujets comme ceux-là.
La deuxième question en touche un autre. Il y a eu une
espèce de « déboulade » de chiffres contradictoires
à propos des effectifs étrangers. Je dis « étrangers
» de façon globale, les effectifs non québécois dans
les universités de langue anglaise du Québec. Est-ce qu'on a les
chiffres précis sur McGill et sur Sir George Williams, en particulier,
à Montréal?
M. CARDINAL: Nous pourrions les fournir aussi. Il suffirait de les
calculer à partir des renseignements que nous avons au
ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): Je veux dire tous les étudiants qui
entrent dans les effectifs à temps plein des universités, qui,
par conséquent, sont concernés dans le financement public, je
crois, de la même façon que les autres. Quels sont les effectifs
non québécois et, si possible excusez l'expression
avec un « brake down » canadien-anglais et étranger,
c'est-à-dire n'étant pas du pays?
McGill a donné certains éléments de réponse
au moment de cette controverse qui est devenue publique à propos de
McGill français et de manifestations qui ont eu lieu. On aimerait bien
savoir les chiffres officiels des inscriptions. Je crois que ce serait utile de
le savoir pour Sir George Williams et pour McGill et, si possible, à
l'Université de Montréal et à Laval aussi, afin que l'on
puisse établir des comparaisons valables.
C'est bien beau de parler de McGill... En autres, McGill se
défend souvent. Je crois que l'on connaît la position que je
représente. Je voudrais bien défendre, moi aussi, valablement
des institutions auxquelles je crois que nos concitoyens de langue
anglaise ont droit. Mais, d'un autre côté, les défendre
avec des pièces en main, comme tout le monde, en disant, par exemple:
Est-ce qu'on a les moyens de se payer le luxe à supposer que ce
soit vrai d'une université parainternationale qui, en fait,
devient plus ou moins un centre de recrutement pour, si vous voulez, les
Américains qui obtiennent « cheap higher education » ou des
gens du Commonwealth, etc?
Je crois que seulement sur la question des « tuition fees »
ça peut aller chercher dans les $1,500 et dans les $2,000 dans les
grandes universités de l'est américain. Je voudrais bien savoir
quel est le « complement », quels sont les effectifs qui viennent
d'en dehors du Québec et particulièrement de l'étranger
dans nos deux universités, surtout McGill et Sir George Williams qui a
pris une expansion extraordinaire depuis quelques années? Je voudrais
qu'on sache un peu.
M. CARDINAL: M. le Président, nous pourrions fournir ces
chiffres. Je fais la même chose que tantôt. Nous ne pourrions pas
les fournir cet après-midi.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais est-ce qu'on...
M. CARDINAL: Je pourrais les fournir, même après avoir
terminé les débats ici, aux députés qui sont
intéressés. J'ajoute le commentaire suivant. Je pense que le
député de Laurier me le permettra. Sa question se présente
beaucoup plus sous forme de question-commentaire ou de commentaire-question
que...
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, je voulais expliquer la raison de la
question. Ecoutez, je n'essaie pas de jouer et de faire des manchettes. Je
voulais simplement avoir de l'information pour les raisons que j'ai
données. Cela fait peut-être commentaire, mais je crois que les
raisons sont valables.
M. CARDINAL: Ma réponse n'est pas un reproche, M. le
Président. Cependant, pour les fins du journal des Débats, je
voudrais rappeler que, si la position du député de Laurier est
connue dans ce domaine, je pense que celle du ministre est mieux connue,
puisque je l'ai exprimée d'une façon très claire devant
les membres du Canadian Club, il y a peu de temps, et que le texte est à
la disposition des députés.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais ça ne donne pas les faits...
M. CARDINAL: Non, ça aurait été un peu long.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, d'accord. Mais quand pourrions-nous les
avoir?
M. CARDINAL: La semaine prochaine.
M. LEVESQUE (Laurier): Si les crédits sont épuisés,
est-ce que le ministre pourrait les faire parvenir quand même à
ceux que cela intéresse?
M. CARDINAL: II les fera parvenir quand même.
M. LEVESQUE (Laurier): Y compris à son humble serviteur?
M. CARDINAL: A tous les membres de la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne suis pas membre de la commission,
alors?
M. CARDINAL: A tous les membres de la commission et à tous les
autres intéressés.
M. TETLEY: M. le Président, le député de Laurier a
mentionné McGill et je ne veux pas toujours défendre les
institutions anglaises. C'est peut-être la plus grande déception
que j'ai comme député. Je me trouve dans une position, comme
défendeur de la province, de défendeur d'un groupe. Si McGill est
l'université la plus riche, si les frais des étudiants sont les
plus élevés, les subventions du gouvernement sont les moins
élevées. Le nombre de pieds carrés occupés par les
étudiants est le plus élevé et les professeurs mêmes
dans les facultés comme le droit, la médecine sont les moins
payés. Et je voudrais ajouter: Avez-vous le nombre, par hasard, des
étudiants de Québec qui étudient ailleurs?
M. CARDINAL: Nous n'avons pas ces chiffres parce que de fait nous ne
connaissons pas ces étudiants.
M. TETLEY: Vous n'avez aucune idée? M. CARDINAL: Non.
M. TETLEY: Parce que ce serait très intéressant.
M. CARDINAL: Non, parce qu'évidemment ceux qui vont dans des
institutions dans d'autres provinces ou aux Etats-Unis ne tombent d'aucu-
ne façon sous notre juridiction et on ne peut pas les
connaître, ils ont quitté ici les institutions à un moment
X, et nous ne les suivons pas.
M. TETLEY: J'ai déjà parlé à votre
collègue, le ministre des Affaires culturelles, d'un contrat que
l'Université de Montréal, pavillon des sciences sociales, a
accordé pour le nettoyage de cet édifice-là, il m'a
expliqué que l'administration interne de l'université
n'était pas de votre compétence...
M. CARDINAL: Je peux ajouter que les subventions aux universités
sont fondées sur des bases de calcul que j'ai indiquées
tantôt Mais l'argent remis aux universités, sauf pour certains
postes précis, est remis sans condition, c'est-à-dire que si l'on
calcule pour une université donnée ses revenus, ses
dépenses, la masse salariale pour son corps professoral, le nombre
d'étudiants, etc., et qu'on arrive à un résultat d'une
subvention d'équilibre budgétaire de $25 millions, lorsqu'une
université reçoit $25 millions, elle peut l'utiliser pour
d'autres fins que les fins de la base de calcul.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, c'est basé sur son ensemble
d'estimation, c'est à elle de l'administrer.
M. CARDINAL: Par conséquent, nous n'entrons jamais dans
l'administration de ces sommes auprès des universités, le
renseignement que vous avez fourni, que j'ai devant moi, je ne l'avais
même pas, et nous ne savons pas si les universités demandent des
soumissions, n'en demandent pas...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous ne leur imposez pas de normes.
M. TETLEY: Mais cela m'étonne un peu, M. le Président,
parce que le contrat en question est pour 22 mois, plus d'un tiers de million
de dollars, c'est un chiffre assez élevé pour le nettoyage du
pavillon de droit et des sciences sociales à l'Université de
Montréal et, suivant mes informations, on n'a pas accepté la
soumission la plus basse. Devant une dépense assez élevée,
qu'est-ce que je dois faire? Parce que c'est vous qui avez...
M. CARDINAL; Entrez en contact avec l'université
concernée. Je m'excuse, M. le Président, je ne voudrais pas en
rien déplaire au député de Notre-Dame-de-Grâce, mais
cette question est complètement hors d'ordre puisqu'elle ne
dépend pas du tout de la juridiction du ministre. C'est un des
problèmes que nous retrouvons au niveau universitaire où
l'administration, la régie interne, est laissée absolument libre,
sauf dans le domaine des investissements. Les subventions pour fins
d'investissements sont contrôlées par l'Etat. Mais les subventions
pour fins de fonctionnement ne le sont pas. Si une université administre
bien, moins bien ou mieux ou mal, le résultat en est pour elle. Si une
université a employé telle somme pour telles fins de nettoyage,
elle ne peut plus l'employer pour d'autre fins, mais ceci ne joue en rien dans
la subvention que nous lui donnons. Et je reviens ici à un exemple par
analogie, c'est la même chose que pour les bourses aux étudiants;
lorsqu'on me dit qu'un étudiant a acheté une moto-neige avec sa
bourse, c'est possible, mais c'est lui qui a la liberté d'utiliser sa
bourse pour les fins qu'il veut.
Lorsque nous avons calculé qu'il avait besoin d'une bourse,
l'étudiant, comme l'université, peut, à ce
moment-là, par hypothèse, utiliser à bon ou à
mauvais escient les sommes données. Je ne veux en rien juger ce cas. Je
ne suis pas au courant, je n'ai pas fait enquête et je ne le ferai pas
non plus.
M. LEVESQUE (Laurier): A ce propos, cela suggère une couple de
questions rapides, comme complément. Si l'université, dans les
conditions d'administration que décrit le ministre, supposons, gonfle,
en transférant d'un poste budgétaire à l'autre ce
qui, apparemment, est parfaitement son droit...
M. CARDINAL: Sauf dans certains postes.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, enfin, dans l'ensemble, cela finit par
gonfler certains postes d'année en année d'une façon qui,
dans l'année, ne change rien. Mais, au bout de deux, trois ou quatre
ans, est-ce que cela ne peut pas arriver à gonfler indûment,
autrement dit à amener indûment, des hypertrophies de certains
postes budgétaires pendant que les autres, qui sont absolument
essentiels aussi, continuent à grossir également et qu'on finisse
par bâtir des budgets où il a beaucoup de mauvaise graisse,
quoi?
M. CARDINAL: Pas dans le cas présent. De la façon dont le
travail s'est effectué au comité, ceci est impossible pour autant
que nous ayions tous les renseignements puisque nous analysions les
dépenses de l'année précédente par rapport au
budget autorisé.
M. LEVESQUE (Laurier): Poste par poste?
M. CARDINAL: Ce n'est pas un poste aussi précis qu'un contrat
particulier...
M. LEVESQUE (Laurier): Non mais...
M. CARDINAL: Poste par poste, oui. Entretien...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, vous suivez les postes?
M. CARDINAL: Oui, nous suivons les postes et c'est à partir de
postes que ces subventions sont établies.
M. LEVESQUE (Laurier): Une deuxième question très rapide.
Est-ce qu'il arrive ou s'il n'arrive pas? Le ministre a donné une
règle générale qui est: Voici l'ensemble des estimations.
A partir de cela, nous calculons la subvention à laquelle
l'université aura droit $25 millions disons qu'elle a ses $25
millions une fois qu'elle les a, elle peut, quand même, jouer
à travers les postes divers qui ont servi aux estimations, et c'est leur
administration. Si, à un moment donné, ils arrivent avec des
difficultés, est-ce qu'il arrive ou s'il ne peut pas arriver que, dans
l'année, ces difficultés amènent le gouvernement à
ajouter aux subventions?
M. CARDINAL: La réponse est très précise. Ceci est
arrivé dans le cas d'une université, cette année, qui a
fait un déficit et nous n'avons pas couvert ce déficit. Nous
avons refusé de l'ajouter à la subvention.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, il n'y a pas de précédents,
de ce côté-là?
M. CARDINAL: Non, il y a des précédents contraires.
M. GOLDBLOOM: Je pense que nous serions disposés à
procéder assez rapidement...
M. CARDINAL: Poste budgétaire 20, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poste budgétaire 20, adopté.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 20. Est-ce que tout ce que nous
venons d'étudier sur les universités touche les postes de 23
à 31? Est-ce que vous accepteriez cela, messieurs? Auriez-vous, selon
votre esprit, à étudier tout le problème
universitaire?
M. GOLDBLOOM: Pour ma part, j'ai...
M. LE PRESIDENT: Donc, de 23 à 31, le poste des
universités.
M. GOLDBLOOM: J'aurai une question à poser au poste 22:
Enseignement des beaux-arts où l'on voit une diminution assez
importante.
Je sais que le ministre a déjà fourni certaines
explications dans ce domaine, mais peut-être qu'il pourrait
résumer pour nous, surtout avec le dépôt du rapport Rioux,
dont les effets ne paraissent évidemment pas à ce budget de cette
année puisqu'on vient de recevoir le rapport, quel sera l'avenir de
l'enseignement des beaux-arts dans la province de Québec?
M. CARDINAL: Je réponds tout de suite, si nous considérons
le poste budgétaire 20 adopté.
La première raison, c'est que la création de
l'Université du Québec conduit à ce résultat
puisque certaines écoles des beaux-arts sont intégrées
dans certaines des constituantes de l'Université du Québec. Q y a
donc un déplacement de poste: Ecole des beaux-arts à
Université du Québec. C'est alors compris dans les $11
millions.
C'est la principale raison et ceci n'a pas de relation avec le rapport
Rioux comme tel, ces décisions étant prises avant même que
le rapport ne soit reçu par le ministre.
M. GOLDBLOOM: Oui, justement, je savais cela.
M. LE PRESIDENT: De 22 à 31, je pense. M. BIENVENUE: 20 à
29, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. BIENVENUE : Le montant que nous voyons pour Sir George Williams,
a-t-il tenu compte dans ces estimations, des dommages subis lors de la
manifestation...
M. CARDINAL: Absolument pas, M. le Président. Ces dommages ont
été causés après que la commission Gauthier eut
fonctionné et si...
M. LEVESQUE (Laurier): Etait-ce assuré?
M. CARDINAL: Oui, je dois répondre, ils étaient
assurés. Deuxièmement, nous savons que Sir George Williams a
décidé de faire une souscription auprès d'individus ou
d'organismes privés pour payer une partie de ces dommages;
troisièmement, il est possible qu'il reste un ré-
sidu et, à ce moment-là, ce résidu ne pourrait que
se réfléter sur le budget de l'an prochain, mais il
n'apparaît pas dans les prévisions budgétaires de cette
année.
M. BIENVENUE: L'article suivant: Les facultés de la Compagnie de
Jésus, qu'est-ce au juste?
M. CARDINAL: Où voyez-vous cela?
M. LE PRESIDENT: Page 63. Cette compagnie a son usine à
Montréal, son « head office ».
M. CARDINAL: C'est la réponse que j'ai donnée tout
à l'heure en parlant du collège...
M. LE PRESIDENT: Le « head office » est au Vatican.
M. CARDINAL: C'est précisément la faculté de
théologie des Jésuites.
M. BIENVENUE: A Sainte-Marie?
M. CARDINAL: Non, pas Sainte-Marie, c'est la faculté de
théologie des Jésuites, quelque part dans Montréal, ce
n'est pas dans le même édifice.
M. LE PRESIDENT: Je connais ce...
M. BIENVENUE: Je comprends que la diminution est en proportion avec la
diminution des vocations sacerdotales.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela vous inquiète, M. le
député?
M. BIENVENUE: Non, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...c'est possible.
Jean choisit les Dominicains.
M. CARDINAL: M. le Président, les postes 23 à 31 sont tous
reliés ensemble. Je pourrais peut-être donner une idée
générale de ces postes et élucider certaines
questions.
Subventions aux universités et écoles affiliées: 23
à 31, subventions aux universités et aux écoles
affiliées, l'Université du Québec exceptée,
totalisent la somme de $104,161,000 à comparer avec $88,600,000 pour
l'an dernier. L'augmentation de $15,561,000 s'explique principalement par
l'augmentation du nombre des étudiants, tout près de 5,000, et
par l'augmentation du coût des services.
Le mode de répartition, je l'ai indiqué à plu-
sieurs reprises depuis de début. J'ai indiqué la standardisation
de ces sommes, j'ai indiqué que les investissements universitaires
n'étaient pas compris dans ceci, et je dois souligner ici qu'un nouveau
mode de financement prévu, puisqu'il y a eu cette loi du financement des
universités qui a été adoptée. A partir de
1968-1969, les investissements universitaires sont financés au moyen
d'emprunts obligataires contractés par les universités et dont le
capital et les intérêts seront payés par le gouvernement en
vertu de l'article 6 de la Loi des investissements universitaires.
Le programme 1968-1969 prévoyait des émissions
d'obligations au montant total de $43 millions. De ce montant, $26 millions
font l'objet d'émissions, le solde devant être ajouté aux
émissions prévues par le programme au cours de l'année qui
vient. L'année 1969-1970 marque donc le début des premiers
déboursés de capital et d'intérêt pour un montant de
$4 millions. Autrefois, les sommes elles-mêmes é-taient
versées aux universités pour construire.
Il y a donc eu un changement considérable parce que le
système a été changé.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre per-met-il une question incidente sur
les investissements? Si elle a déjà été
posée, n'en parlons plus et je trouverai la réponse ailleurs.
C'est la première fois enfin ça commence qu'on
transfère aux universités la charge d'emprunter, mais le ministre
vient de dire: Capital et intérêt seront évidemment amortis
par le gouvernement en cours de route. Ce qui revient à dire que
forcément c'est une dette garantie, cela rentre dans la dette
indirecte.
M. CARDINAL: Oui, c'est une dette... Oui, mais seulement c'est pour des
projets approuvés...
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, d'accord. Donc, ça rentre de toutes
façons dans les échéances... Autrement dit, si je fais un
prospectus pour les emprunts du Québec, parce qu'à un moment
donné il faut faire un prospectus général, ça
rentre dans la dette globale, dans la dette indirecte, ça rentre dans
les obligations du gouvernement.
M. CARDINAL: Non, ça n'entre pas parce que ces emprunts sont
faits par hypothèques. C'est une technique différente.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais c'est quand même dans les obligation
générales...
M. CARDINAL: Oui, dans le obligations du Québec, si vous voulez;
mais le mot « obligation » pris au sens d'obligation
générale et non d'obligation comme les obligations de la
province.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors comme nous allons tous sur le même
« money market ». Le ministre pourrait-il dire si on voit un
avantage quelconque à ça, et surtout y a-t-il un avantage ou un
désavantage au point de vue on sait quel est le prix de l'argent
actuellement du prix de l'argent?
M. CARDINAL: II y a deux réponses à ceci.
Premièrement, c'est que c'est un autre marché. C'est un
marché différent comme celui, d'ailleurs des collèges
d'enseignement général et professionnel et des hôpitaux.
C'est un marché qui n'existait pas et qui est complètement
différent des autres marchés.
Deuxièmement, c'est qu'il y a un grand avantage. Autrefois, il
fallait pour construire dans les universités que le gouvernement paye
immédiatement. Ce qui équivalait donc à retarder certaines
réalisations. Maintenant l'université peut elle-même se
financer et faire sa réalisation et le gouvernement la finance sur un
certain nombre d'années.
Troisième avantage, c'est qu'il n'est pas normal qu'une seule
génération de personnes paye tout d'un coup pour les
investissements de ce genre qui serviront pendant une longue période de
temps. Le mode de financement est donc conforme à l'investissement qui
est un investissement immobilier pour une longue durée.
M. LEVESQUE (Laurier): Quand le gouvernement empruntait par tranches sur
les investissements universitaires, grosso modo, si vous parlez de la
génération présente par rapport aux
générations futures, cela s'ajoutait quand même aux
obligations à long terme du gouvernement.
M. CARDINAL: D'accord. Ce n'était pas du tout je
répète la première partie de la réponse le
même marché.
M. LEVESQUE (Laurier): Je pense que le coeur de la réponse du
ministre, le reste m'apparaît plutôt approximatif, c'est qu'il y a
un marché plus disponible et différent pour ce genre
d'obligations si on les laisse entre les mains des universités via les
bureaux de courtage...
M. CARDINAL: C'est exact. L'Ontario l'avait découvert avant nous
d'ailleurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Au point de vue du prix, est-ce que ça
change quelque chose? Autrement dit, est-ce qu'ils obtiennent les conditions...
Je pense qu'actuellement s'il y a 2% de différence ou 1 1/2% dans
l'Intérêt, ça compte quand même sur plusieurs
millions, surtout si c'est sur un certain nombre d'années.
M. CARDINAL: C'est de l'ordre de 1/4%, ou 1/2% de 1%.
M. LEVESQUE (Laurier): II y aune marge à peu près de 1/4%
à 1/2% par rapport à ce que le gouvernement pourrait faire?
M. CARDINAL: C'est exact.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce n'était qu'une incidente, je ferme la
parenthèse.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le problème des universités
est terminé? Est-ce qu'on tombe au poste budgétaire 32, au sujet
de l'éducation permanente?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CARDINAL: Jusqu'au numéro 31, c'est adopté.
M. LE PRESIDENT: Oui. Nous sommes au poste budgétaire 32:
Direction générale de l'éducation permanente.
M. GOLDBLOOM: II y a des diminutions importantes à certains
articles.
M. CARDINAL: C'est exact. Je peux vous l'expliquer tout de suite, si
vous le permettez. Depuis l'intégration des écoles de
métiers et des instituts de technologie aux commissions scolaires
régionales et aux collèges, j'en avais parlé dans
l'exposé préliminaire, la Direction générale de
l'éducation permanente ne paie plus directement les salaires des
professeurs et autres dépenses qui étaient chargées
à cet article 8, mais elle verse des subventions, pour ces fins, aux
commissions scolaires et aux collèges, et ces subventions apparaissent
dans les subventions aux commissions scolaires.
Deuxièmement, aux sous-articles 6 et 7, la diminution au
sous-article 6 et l'augmentation au sous-article 7 sont simplement le
résultat d'une redistribution comptable des dépenses.
Alors, ce sont des changements de postes. A l'article 9, il y a une
augmentation de près de $9 millions qui résulte principalement
d'une augmentation considérable du nombre des étudiants, du
nombre de cours dans ce domaine. Le nombre des élèves devant
passer à plus de 250,000 en comparaison avec environ 210,000 pour
l'année précédente. D'autre part, le transfert, à
cet article 9, de sommes qui étaient autrefois à l'article 8,
contribue à l'augmentation. En apparence à cet article, il y a
d'ailleurs $3 millions qui constituent un transfert.
Il y a une diminution à l'article 10. L'article 10
intitulé « projet pilote » réfère à
TEVEC, et j'ai indiqué à plusieurs reprises que ce projet pilote
est terminé et qu'il ne reste que les suites à assumer.
A l'article 14 « autres dépenses », augmentation due
à l'inauguration de cours par correspondance qui n'existaient pas
autrefois. Il y a dix cours de base qui viennent d'être
lancés.
M. GOLDBLOOM: Et les crédits non requis de presque $4 millions,
cela représentait quoi, l'an dernier? Après le sous-article
14...
M. CARDINAL: Ce sont des sommes que l'on payait aux écoles de
métiers directement pour leur personnel et qui sont versées dans
les subventions aux commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poste budgétaire 32, adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 33: Bureaux
régionaux?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 34: Service de
l'information?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 35: Service des moyens
techniques d'enseignement?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 36: Coopération avec
l'extérieur?
M. BIENVENUE: Au poste budgétaire 36, le ministre pourrait-il
nous donner quelques détails?
M. CARDINAL: Certainement. Vous remarquez un montant de $328,800. Il est
à noter que les divers articles se rapportant aux divers programmes de
coopération ont été transférés au
ministère des Affaires intergouvernementales...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'avez pas encore été
invité par M. Pompidou?
M. CARDINAL: Non, pas encore. Il n'a pas encore été
élu, lui non plus.
DES VOIX: Lui non plus?
M. LEVESQUE (Laurier): Mais ces chansons...
M. CARDINAL: Est-ce que le député de Laurier
interviendrait aussi dans la campagne de M. Pompidou?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, s'il ne se mêle pas de nos
oignons...
M. CARDINAL: Pour revenir S. la question, ceci n'est que le montant des
dépenses administratives du service de la coopération et non pas
la substance des opérations de la coopération qui font partie des
prévisions budgétaires du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. BIENVENUE: L'extérieur dont on parle, bien rapidement, M. le
Ministre, c'est quoi cela?
M. CARDINAL: L'extérieur, c'est la France, certains pays
d'Afrique, certains Etats des Etats-Unis d'Amérique et même
certaines provinces du Canada.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce là que nous trouverions les
enseignants coopérants?
M. CARDINAL: Oui, mais sauf qu'ils ne sont plus là. Ils sont au
ministère des Affaires intergouvernementales et ce n'est que
l'administration qui se trouve ici.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que cela représente au point de vue
d'argent se trouve là?
M. CARDINAL: Non. Les coopérants fonctionnent ou dans des
institutions qui sont directement payées par nous, cela se trouve
là, ou dans des institutions qui sont indirectement financées par
nous, cela se trouve dans ces institutions ou dans la coopération avec
l'extérieur dans le cadre je vais dire le chiffre
de ces $6 millions environ, et cela se trouve au budget du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE (Laurier): Je suppose que les chiffres qui nous donneraient
une idée des effectifs, du flot...
M. CARDINAL: C'est un autre ministère. Mais le budget global brut
de la coopération, si on n'enlève pas ce que de toute
façon il faudrait payer; parce que si nous perdons des
coopérants, il faudrait des professeurs, si nous parlons de bourses
à l'enseignement supérieur, il faudrait que nous payions les
bourses qui viennent d'ailleurs, etc. Le montant brut et non pas le montant net
est d'environ $6 millions. Il est là-bas, il n'est pas là parce
que nous n'avons que $328,000 ici.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que les subventions
spéciales au poste 37 sont affectées à la
coopération avec l'extérieur?
M. CARDINAL: Non, pas du tout, cela n'a aucun rapport. Comme le titre
l'indique, ce sont des subventions diverses comme on en a dans tous les
ministères. Il faut prévoir l'imprévu.
M. GOLDBLOOM: C'est la juxtaposition qui m'a frappé.
M. LE PRESIDENT: C'est Aristote qui disait cela?
M. CARDINAL: Je vais donner une réponse qui va satisfaire le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Cela comprend, par exemple,
les cas particuliers comme Loyola, ou Sainte-Marie dont j'ai parlé, et
certains autres cas particuliers qui se représentent dans le cours de
l'année.
M. LE PRESIDENT: Alors poste budgétaire 36, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 37, adopté.
Poste budgétaire 38: Institut de recherche pédagogique,
adopté.
Poste budgétaire 39: Conseil supérieur de
l'éducation, adopté.
Nous allons revenir à la page 64 pour tout épuiser.
Poste budgétaire 40: Conseil supérieur des
universités. Vous en avez parlé, je pense, M. le
député tout à l'heure.
M. CARDINAL: C'est un poste nouveau, il n'existait pas. C'est pour
l'administration de ce conseil des universités.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à la page 64, n'est-ce pas?
Le poste budgétaire 41: Intérêts sur solde du prix
d'achat de propriétés. Adopté, le poste budgétaire
41?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 42: Dépenses diverses ou
imprévues, $100,000.
UNE VOIX: Pas trop pire!
M. CARDINAL: C'est une somme qui appartient à chacun de nos
ministères pour justement, ce que j'appelais, d'avoir des
imprévus. Il y a toujours, en cours d'année, des demandes de
subventions qui sont prévisibles parce qu'on sait qu'il y aura des
demandes, ou des situations spéciales à couvrir. Il y a un
montant... Cela pourrait être un accident de travail, cela pourrait
être, je ne sais pas, un sinistre qui ne soit pas assuré ou...
Je vais vous donner un exemple si vous voulez. L'an passé, si on
se rappelle ceci, pendant la contestation, il y a eu des occupations, entre
autres, dans le bureau du ministre. Il a fallu engager des agences à
certains moments: Ce sont ces genres de dépenses où nous avons
une marge jusqu'à $100,000.
M. LE PRESIDENT: A part ça, nous avions payé le
café...
M. CARDINAL: Non.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais dire, M. le Président...
M. TREMBLAY (Montmorency): Pour revenir au poste budgétaire 37.
Subventions spéciales, de quoi s'agit-il?
M. CARDINAL: Particulièrement aux collèges classiques, aux
collèges Loyola, Sainte-Marie et à certaines institutions
privées, dans des cas spéciaux.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si le ministre ne prévoit
que $100,000 sur $886,000,000, il doit prétendre tout prévoir ou
à peu près?
M. LE PRESIDENT: Avec un petit $100,000!
UNE VOIX: Cela va payer seulement les cafés!
M. CARDINAL: Un autre exemple dans le spécial. Il y a le conseil
des ministres pour l'éducation du Canada auquel chacun des gouvernements
doit contribuer. Enfin, Je pourrais établir une liste, si vous voulez,
mais c'est tellement mince par rapport au reste.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 43: Dépenses en
immobilisation.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. TREMBLAY (Montmorency): Les dépenses en immobilisation paient
quelles dépenses?
M. CARDINAL: C'est: Achat, construction et transformation d'immeubles, y
compris ameublement et équipement.
M. TREMBLAY (Montmorency): Quels immeubles?
M. CARDINAL: C'est dans le réseau interne du ministère
même. Ce ne sont pas pour des institutions à l'extérieur.
Cela passe de $10 millions à $5 millions.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, en définitive, les
budgets précédents ont marqué un grand luxe dans les
dépenses d'immobilisation du ministère tant aux niveaux local que
régional. Alors, vous aviez dit que vous auriez une politique
d'immobilisation.
Je regarde, on a parlé dans les débats
précédents, de politique d'économie, d'efficacité
aussi.
Alors, est-ce que l'on peut espérer que cette année, en
fonction de la dénatalité de notre province, etc., que
réellement vous allez appliquer une programmation d'économie?
Parce que, tout de même, il y a toujours une chose qui en ressort. C'est
que vous ne pouvez pas avoir les yeux partout, ni contrôle partout, dans
tous les services de votre ministère.
Il se produit des choses dont vous n'êtes probablement
même si vous en avez la responsabilité peut-être pas
responsable. Est-ce que le contrôle que vous pouvez exercer sur votre
ministère est tel que vous pouvez nous affirmer que, l'année
prochaine, vous arriverez avec un budget où on saura exactement et
où nous aurons enfin des chiffres comparatifs sur les questions...
M. CARDINAL: A partir de ce poste, je répondrai ceci. Dans ce
cas-là, il s'agit d'immeubles qui dépendent directement du
ministère, certaines écoles sont administrées par le
ministère, on voit déjà qu'il y a une diminution de 50%.
Si l'on sort du poste et qu'on parle des commissions scolaires, j'ai longuement
discouru à ce sujet et l'on sait les difficultés qu'il y a
à contenir ces dépenses. Mais j'ai indiqué que, par toutes
sortes de moyens, nous entendions diminuer certains excès dans ces
dépenses et la dénatalité en particulier nous a fait
reviser la clientèle scolaire et la politique de construction des
écoles. Dans ce domaine, d'ailleurs, il y aura une plus grande
efficacité en même temps qu'une économie, j'ai
indiqué des chiffres à l'occasion...
M. TREMBLAY (Montmorency): Maintenant, dans les comités de
recherche, comités, sous-comités, commissions, etc, il y en a de
nombreux qui existent au ministère de l'Education. Est-ce que cela va
donner des résultats concrets?
M. CARDINAL: C'est une question très générale, je
pense que cela en a donne* jusqu'à présent.Il ne faut pas
multiplier les comités d'études à un point tel que nous ne
puissions même plus suivre ces comités, ni appliquer leurs
rapports. Disons que le ministre est conscient des avis que lui donne le
député de Montmorency, il en fera bon usage.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres questions
de ce côté-ci de la table, j'aimerais dire en guise de conclusion
que nous avons accordé un temps considérable à
l'étude de ce budget. Nous croyons, pour notre part, que c'était
un temps justifié par l'importance, pas tellement des sommes
concernées, mais du rôle du ministère. J'aimerais au nom
des députés de l'Opposition remercier tout
particulièrement les fonctionnaires qui ont contribué à
nous éclairer, à fournir tous les renseignements ou presque tous
que nous avons demandés et je voudrais remercier le ministre de sa
collaboration et dire que c'était assez agréable de
discuter...
M. LE PRESIDENT: M. le député, au nom de l'Opposition,
est-ce que vous admettez que le président n'a pas été
partisan? Je voudrais une réponse. Etes-vous satisfait ou non de
l'objectivité du président?
M. HOUDE: Depuis la dernière minute, c'est parfait.
M. GOLDBLOOM: Aujourd'hui, M. le Président, je ne puis parler que
pour aujourd'hui, parce que ce n'est qu'aujourd'hui que Je suis responsable au
nom de l'Opposition, je suis satisfait.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Oui, M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Montmorency): J'accepte, en définitive, ce que dit
le représentant du comté de D'Arcy-McGee. Malgré la bonne
volonté du ministre, je voudrais faire remarquer que mol, je ne suis pas
satisfait totalement de l'administration et de la marche des affaires au
ministère de l'Education, tant au point de vue pédagogique qu'au
point de vue...
UNE VOIX: Vous voyez des communistes?
M. TREMBLAY (Montmorency): J'en vois, des communistes, et il y en a,
monsieur!
M. ROY: Dans votre groupe?
M. TREMBLAY (Montmorency): J'espère que vous vous ouvrirez des
moyens d'information qui vous éclaireront!
M. LE PRESIDENT: M. Tetley.
M. TETLEY: Tout simplement une question. Vous vous souvenez sans doute
du débat qui a eu lieu au sujet de l'enseignement de l'anglais dans les
écoles françaises et du français dans les écoles
anglaises il y a dix jours à peu pris. Il y avait aussi une série
d'articles par Suzanna Altschul qui est absente aujourd'hui.
Le résultat de ce débat et de ces articles je le
note avec très grand plaisir et c'est un compliment pour toute la
commission c'est que le 30 avril, le Protestant School Board of Greater
Montreal, c'est-à-dire la commission scolaire du grand Montréal a
décidé d'annoncer dans des journaux français qu'elle
cherche des instituteurs et institutrices de langue française pour leurs
écoles. Peut-être avons-nous fait quelque chose de valable durant
ces dix jours, je l'espère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je comprends bien, nous en avons
terminé avec l'étude des prévisions budgétaires. Si
vous me per- mettez, je voudrais revenir sur un point qui avait
été soulevé par le député de
Vaudreuil-Soulanges, qui avait réservé le poste budgétaire
1 parce qu'il voulait qu'on convoquât devant cette commission des gens
afin de les entendre sur le problème général des
négociations.
Or hier, en Chambre, on a proposé une motion, on a fait une
proposition, plutôt afin de convoquer cette commission qui siégera
mardi...
M. CARDINAL: Mardi matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mardi matin. Est-ce que nous pourrions
déclarer que tout le budget est adopté sans réserve
d'aucun article, puisque nous aurons l'occasion de discuter au long et au large
de la proposition qu'avait faite le député de
Vaudreuil-Soulanges, et que d'autre part, pendant le discours du budget, nous
pourrons reprendre de façon générale les problèmes
d'éducation?
M. GOLDBLOOM: C'est vrai ce que le ministre des Affaires culturelles
vient d'affirmer, sauf que je n'avais pas interprété exactement
de la même façon le désir du député de
Vaudreuil-Soulanges de réserver le poste budgétaire 1 pour
discussion en Chambre. Je crois qu'il est d'usage de le faire pour permettre
aux députés qui ont d'autres commentaires à faire;
d'habitude cela n'arrive pas. Mais je ne voudrais pas au nom de l'Opposition,
accepter immédiatement que ce poste soit également adopté.
Je crois que les dirigeants des travaux de la Chambre du côté de
l'Opposition voudraient étudier le rapport que nous, de cette
commission, ferons avant de prendre cette décision, et c'est sans malice
et sans mauvaise intention que je réponds de cette façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'en avals fait une
proposition formelle appuyée par le ministre de l'Education...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, Je crois que cela a
été accepté à l'occasion du débat sur ce
poste budgétaire. Je ne vois pas pourquoi nous devrions insister
davantage. Je reconnais ce que le ministre vient d'affirmer, que le sujet
principal qui n'est pas le seul que le député de
Vaudreuil-Soulanges aurait voulu discuter est maintenant envoyé devant
une autre commission de cette Chambre. Mais le ministre se rappellera aussi que
cette question a été à plusieurs reprises mise aux voix
ici. La question de convoquer des témoins, à deux reprises,
sur
deux sujets différents, et aux voix, a été
rejetée les deux fois. Donc elle n'entre plus en ligne de compte.
Malgré cela, il est d'usage que nous nous réservions du
côté de l'Opposition un poste budgétaire et cette question,
à mon sens, n'est pas sujette à être mise aux voix ici
à la commission. Nous ne sommes pas obligés, par vote majoritaire
des ministériels, d'accepter, d'adopter quelque poste budgétaire
que ce soit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, je ne veux pas
prolonger inutilement les débats. J'ai fait cette proposition, en ce
moment, pour permettre d'accélérer les travaux de la Chambre.
Alors, je n'y tiens pas plus qu'il ne faut, parce que f estime que l'Opposition
a le droit de se faire entendre en Chambre, même si elle a d'autres
occasions, comme le discours sur le budget, où on peut discuter toutes
les questions. Maintenant, je précise toutefois au député
de D'Arcy-McGee que le règlement me permettait quand même de faire
cette proposition et de demander qu'elle fût mise aux voix.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me le permettez, à
moins que quelqu'un d'autre n'ait d'autres interventions à faire,
j'aimerais apporter le mot de la fin.
Je voudrais remercier le président et ses substituts du travail
qu'ils ont accompli pendant les séances de cette commission. Je voudrais
remercier mes collègues de ce côté-ci de la table,
ministres et députés, qui ont été assidus et qui
m'ont sans cesse appuyé. Je voudrais aussi remercier, d'une façon
générale, l'Opposition, qui, sauf en quelques circonstances que
je ne rappellerai pas, s'est conduite d'une façon positive.
Je remercie aussi les fonctionnaires qui m'ont accompagné, y
compris, chaque jour, un membre de mon cabinet, et je le souligne.
En conclusion, je pense que, même si nous avons pris plusieurs
heures à étudier ces prévisions budgétaires, il
valait la peine de le faire, comme l'année dernière ce fut fait,
car ce budget est un des plus importants parmi les prévisions
budgétaires du gouvernement du Québec. Cela a donné
l'occasion à un certain dialogue entre les députés, quelle
que soit la formation politique dont ils soient membres. Et comme ministre de
l'Education, j'ai été très heureux de répondre
à toutes les questions qui ont été posées. Il est
normal que l'Opposition attaque le gouvernement dans ces débats, il est
normal que le gouvernement non pas se défende mais explique sa position.
A plusieurs reprises, j'ai souligné qu'il ne s'agissait pas de
justification, de défense de prévisions budgétaires, mais
bien d'explications de ces prévisions de dépenses pour
l'année 1969-70.
Je termine, M. le Président, en remerciant tous ceux qui ont
participé à ce débat y compris les députés
qui n'étaient pas membres de cette commission. Je les remercie tous de
leur collaboration.
ANNEXE Référer à la version PDF page 1442
(Fin de la séance: 12 h 43)
ANNEXE Référer à la version PDF page 1443
ANNEXE Référer à la version PDF page 1444